ET
MÉMOIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PENDANT L'ANNÉE d850.
|uj L I 8 R A R y 1 ^
*^\ ^
PAllIS. — IMPRIMÉ PAR E. THUNOT ET C»,
J«, me Racine, pré» de l'Odéon
COMPTES mwn dm séances
ET
MÉMOIRES
D£ LA
r r
SOCIETE DE BIOLOGIE.
TOME 11. — miî 4850.
AU BUREAU DE LA GAZETTE MÉDICALE,
14, rue Racine, près de l'Odéon.
ITT
Chez J.-B. BAILLÏÈRE,
Rue Haalefeuille , 19.
1851
6 V^
RÈGLEMENT
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE.
ORGANISATION.
Article. 1*'. — La Société de Biologie est instituée pour l'élude de la
science des êtres organisés, à l'état normal et à l'état pathologique.
Art. 2. — La Société est composée de membres titulaires, de membres
honoraires, d'associés et de correspondants.
Art. 3. — Le nombre des membres titulaires est fixé à quarante.
Art. ù. — Le nombre des membres honoraires est fixé à quinze.
Art. 5. — Le nombre des associés est fixé à vingt.
Art. 6. — Le nombre des membres correspondants est fixé à quatre-
vingts.
Art. 7. — La Société est administrée par un président perpétuel, deux
vice-présidents, quatre secrétaires et un trésorier-archiviste.
Art. 8. — Le président est élu à la majorité absolue des suffrages. Il
dirige les discussions et fait exécuter le règlement.
Art. 9. — Les vice-présidents, les secrétaires et le trésorier-archiviste
sont élus à la majorité absolue des suffrages. Le temps de leur exercice est
d'un an. Ils peuvent être réélus.
Art. 10. — Les secrétaires rédigent les procès- verbaux des séances. Ils
sont chargés de la rédaction et de la publicali ju des travaux de la Société,
et de la «orrcspondance.
VI
Art. 11. — Les mémoires lus à la Société et les notes résumant les
communications verbales sont remis aux secrétaires, séance tenante.
Art. 12. — Le trésorier-archiviste est chargé de recouvrer les sommes
dues à la Société, d'acquitter les dépenses et de veiller à la conservation des
ouvrages, des manuscrits, des pièces d'analomic, etc.^ adressés à la Société
ou acquis par elle.
Art. 13. — Tous les ans, une commission de trois membres examine
les comptes et le catalogue tenus par le trésorier-archiviste.
Art. Ih. — Le Irésorier-arciiiviste est i esponsable des objets qu'il aura
prêtés sans un reçu d'un membre de la Société.
Art. 15. — Lorsqu'une place de membre titulaire sera vacante, il sera
procédé à l'élection un mois après la déclaration de la vacance.
Art. 16. — Une commission fera un rapport sur les travaux des candi-
dats. Ce rapport sera discuté en comité secret.
Art. 17. — L'élection se fera à la séance suivante, à la majorité absolue
des suffrages.
Art. 18. — La nomination des membres honoraires, associés et cor-
respondants, sera soumise aux mêmes règles que celle des membres titu-
laires.
Art. 19. — Les correspondants peuvent prendre part aux discussions
qui s'engagent dans la Société, mais ils n'ont pas voix délibérative.
Art. 20. — Les séances de la Société ont lieu tous les samedis, à trois
heures.
Art. 21. —Les membres titulaires acquittent une cotisation personioelle,
lixée par la Société.
Art. 22. — Toute proposition tendant à modifier l'organisation de la
Société devra être signée par cinq membres titulaires. Elle sera disculée
dans la première séance du semestre suivant.
vu
ADMINISTRATION.
Art. 23. — Les revenus de la Société proviennent :
!• De la contribution annuelle des membres titulaires ;
2" Des frais de diplôme ;
3* Des amendes.
Art. 24. — La contribution annuelle est fixée à 12 francs , elle sera
payable par trimestre, sur avertissement du trésorier.
Art. 25. — Tout membre qui refusera d'acquitter la contributioa an-
nuelle sera considéré comme démissionnaire. Il sera procédé à son rem-
placement.
Art. 26. — Les frais de diplôme sont de 10 francs pour les membres
titulaires. Les membres honoraires, associés et correspondants, en sont
exempts. Le titulaire élu sera tenu de retirer son diplôme dans l'espace
d'un mois.
Art. 27. — Les membres titulaires signeront la feuille de présence. Les
absences, hors le cas de congé, sont passibles de 1 franc d'amende par
séance.
Art. 28. — Les amendes seront payables tous les trois mois, sur avertisse-
ment du trésorier.
Art. 29. — Les membres titulaires dont l'absence, hors le cas de congé,
se prolongerait au delà de trois mois, seront considérés comme démission-
naires.
Art. 30. — Toute proposition tendant à modifier l'administration de la
Société devra être signée de cinq membres titulaires, et sera discutée dans
la première séance du semestre suivant.
LISTE
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE.
(1850-51.)
BUREAU DE LA SOCIÉTÉ.
Président perpétuel :
M. P. Rayer, membre de l'Académie des sciences, membre de l'Académie
nationale de médecine, médecin de l'hôpital de la Charité, etc.
Vlce-présldente :
MM. Claude Bernard, suppléant de M. Magendie au Collège de France, membre
de la Société pbilomatique, etc.
Charles Robin, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris,
membre de la Société philomatique, etc.
Secrétaires :
MM. Brotvn-Sêqdard, secrétaire annuel de la Société pbilomatique, etc.
FoLLiN, proscctcur de la Faculté de médecine, interne des hôpitaux, etc.
MM. Lebert, membre titulaire de la Société de chirurgie, etc.
Second, sous-bibliothécaire de la Faculté de médecine, etc.
Trésorler-Arclilvlste :
M. Davaine, D. m. p.
^(lIBR ARYj^c
MEMBRES HONORAIRES.
Andral, membre de l'Institut, professeur à la Faculté de médecine, etc.
BouiLLAUD, professeur à la Faculté de médecine, etc.
Dumas, membre de l'Institut, professeur à la Faculté de médecine, etc.
DoMÉRir., membre de l'Institut, proresseur à la Faculté de médecine, etc.
MiLNE-ËDWARDS , membre d^ rinstitot, professeur à 1.1 Faculté des
sciences, etc.
Flourens, membre de l'Institut, secrétaire perpétuel de l'Académie des
sciences, professeur de physiologie comparée au Muséum d'bistoire na-
turel lie.
Gaddichadd, membre de l'Institut.
Geoffrot-Saint-Hilaihe (Isidore), membre de l'Institut, professeur à la
Faculté des sciences.
Lallehand, membre de l'Institut, professeur honoraire à la Faculté de mé-
decine de Montpellier.
LiTTRÉ, membre de l'Institut.
Magendie, membre de l'Institut, professeur au Collège de France, etc.
Richard, membre de l'Institut, profeaserr à U Faculté de médecine, etc.
Serres, membre de l'Institut, professeur au Muséum d'histoire natu-
relle.
Valenciennes, membre de l'IfiBUtat, professeur au Muséum d'histoire na-
relle.
Velpeau, membre de l'Institut, professeur à la Faculté de médecine.
MEMBRES TITULAIRES.
M.M. Bell, sous-bibliethécaire de la Faculté de médecine, etc.
Béragd, aide d'anatomie de la Factitté de médecine, etc.
Bernard (Charles}, D. M. P.
Blot, D. M. P.
BoucHCT, médecin du bureau central des hôpitaux.
Boulet (M.-H.), professeur à l'École Tétérinaire d'Alfort, ete.
Cazeaox, membre de l'Académie nationale de médecine, profcsMur agrégé
à la Faculté de médecine de Parls^ etc.
CiiARCOT, interne des hôpitaux, etc.
Chadssat (J.-B.), d. m. p.
Depaul, professeur agréi;é à la Faculté de médecine de Paris, président de
la Société médicale d'émulation, etc.
Oesmarest, secrétaire de la Société entomologique de France, etc.
Germain (de Saint-Pierre), membre de la Société philomatique.
XI
MM. GiRALDÈs, professeur agrégé à la Faculté de nitkleciiie, membre de la Société
philomatique.
GouBAux, pioresseur à l'École vétérinaire d'Alforl, etc.
GrBLER, méilecia du bureau central des hôpitaux, chef de clinique de la
Faculté de médecine.
BiRCHFELD (Ludovic), D. M. P.
HouEL, D. M. P., conservateur du Musée Dupuytren.
Laboulbène, interne des hôpitaux.
Laurent (J.-L.-M.), ancien médecin en chef de la marine, membre de la
Société philomatique, etc.
Leblanc, vétérinaire.
Lebret, d. Mi p.
Leconte, préparateur de M. Ma^^endie au Collège de France, etc.
Livois, D. M. P.
Montagne, membre de la Société philomatique, de l'Académie des curieux
de la nature, etc.
Morel-Lavallée, chirurgien de l'hôpital des Enfants-Trouvés, membre
titulaire de la Société de chirurgie.
Quatrefages (A. de), membre de la Société philomatique, etc.
Racle, D. M. P.
RoDGET, interne des hôpitaux.
Tbolozan, médecin adjoint à l'hôpital du Val-de-Grâce, etc.
Trîqi'et, interne des hôpitaux.
Verdeic, chimiste.
Vernboil, prosecleur de la Faculté de médecine, etc.
ASSOCIÉS.
MM. Agassiz, professeur à l'Univereilé d'Harvard, correspondant de l'Académie
des sciences, à Boston (États-Unis).
Baer (De), membre de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg.
Eensett (Hughes), professeur de physiologie à l'Université d'Edimbourg.
Brigut^ professeur de médecine et médecin à l'hôpital de Guy, à Londres.
DuFoun (Léon), correspondant de l'Académie des sciences, à Saint-Sever
(Laudes).
DcjARDiN, professeur de zoologie et de botanique à la Faculté des sciences
de Rennes (Ile-et-Vilaine).
UnvERNOY, professeur au Muséum d'histoire naturelle et au Collège de
France.
GcRLT (Ernest-Frédéric), professeur à l'École royale vétérinaire de Berlin.
LiEBiG (Justiis), professeur de chimie à Gicssen.
MoHL (Hugo), professeur A l'Université de Tùbingue.
MuELLER (J.), professeur d'aoatomie et dé physiologie à l'Université de
Berlin.
XII
MM. OwEN (Richard), professeur d'anatomie et de physiologie comparatives au
collège des Chirurgiens, à Londres.
Panizza (Bartholomco), professeur d'anatomie de 1 homme à l'Université
de Pavie.
Mayor, chirurgien à Genève.
PoucHET, correspondant de l'Académie des sciences, professeur de zoologie
au Muséum d'histoire naturelle de Rouen.
Rathke, professeur de physiologie et de pathologie à Halle.
Retzius, professeur de chimie et d'histoire naturelle à Stockholm.
SÉDiLLOT, correspondant de l'Académie des sciences, professeur à la Faculté
(Je médecine de Strasbourg.
Valentin, professeur d'anatomie et de physiologie à Berne-
Wagner (Rodolphe), professeur à l'Université de Gœttingiie.
CORRESPONDANTS NATIONAUX.
MM. CoQOEREL, chirurgien delà marine, à Toulon.
Deslongchamps (Eudes), correspondant de l'Académie des sciences, et pro-
fesseur à la Faculté des sciences de Caen.
DuFouR (Gustave), docteur en médecine, à Paris.
Ddplay, médecin de l'hospice des Incurables, à Paris.
GossEiJN, chef des travaux anatomiques de la Faculté de médecine, h
Paris.
GuÉRiN (Jules), membre de l'Académie nationale de médecine de Paris.
HuETTE, docteur en médecine, à Montargis.
.JoBERT (de Laraballe), chirurgien de l'Hôtel-Dieu, membre de l'Académie
nationale de médecine de Paris.
Leroy de Méricocrt, chirurgien de la marine.
CORRESPONDANTS ÉTRANGERS.
Allemagne :
MM. Brucke (Ernest) à Vienne.
Dui{Ois-Reymo>» à Berlin.
Henle à Heidelberg.
Herimg à Stuttgardt.
Hyrtl à Vienne.
KoELtiKER d Wurzbourg.
Meckel (.Mbert) à Halle.
Reinhardt à Berlin.
RoKiTANSKY à Vienne.
Siebold (C.-Th. DE) à Bresluu.
XIII
MM. Stannius à Roslock.
ViRCHow à Wurzbourg,
Weber (Edouard) à Gœltingue.
Webek (Ernest-Henri) ... à Leipzig.
Angleterre :
MM. Bence Jones à Londres.
Berkeley (M.-J.) à King's Cliffe.
BowMAN (W.) à Londres.
Carpenter (W.-B.) à Londres.
Grant (R.-E.) à Londres.
Maclise à Londres.
NuNNELEY à Leeds.
Paget (James) à Londres.
QuEKETT à Londres.
Sharpey à Londres.
Simon (John) à Londres.
ToDD (R.-B.) à Londres.
ToYNBEE à Londres.
WiLLiAMSON à Londres.
Ecosse :
MM. Allen Thomson à Glasgow.
GooDSiR (John) à Edimbourg.
Redfern à Aberdeen.
Simpson à Edimbourg.
Irlande :
MM. MoNTGOMERY à Dubiin.
Jacob (Arthur) à Dubiin.
Italie :
MM. CoRTi (Alphonse) à Turin.
Vella (Louis) à Turin.
Belgique :
MM. Gluge à Bruxelles.
ScHWANN à Liège.
Thiernesse à Bruxelles.
Hollande :
MM. DONDERS à Utrecht.
Harting 'à Utrecht.
ScHRcœDER VAN DEK KoLK . . à Utrccht.
Van der Hoeven à Leyd*j.
Vrolik à Amsterdam.
XIV
Suisse :
MM. DoBï ". . à Genève.
LuDWiG à Zurich.
MiESCHER à Bâie.
Oanemarc^ :
M. HAimovER à Copenhague.
Saède :
M. Santesson à Stockholm.
États-Unis :
MM. BiGELOw à Boston.
Draper à New-York.
Leidt à Philadelphie.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PENDANT L'ANNÉE 1850;
COMPTi: RENDU
DESSÉANCES
DE
r __ -JL
LA SOCIETE DE BIOLOGIE
PENDANT LE MOIS DE JA^IVIKR ÎB50 ;
PAR
MU. les docteurs LEBEBT et SROWK-SÉOCjUU) , setïrétalres.
Présidence de M. RAYER.
I. — ANATOMIE WOKMALE.
!• CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUTl I.'aNATOMIE COMPAUÉE; par M. SECOND.
L'auteur a donné, relativement à Tanatomie comparée, un second complé-
ment de son exposé sur la méthode anatomiquc, (complément annoncé dans son
dernier mémoire sur l'auatomie anormale. Ce nouveau travail, comme les deus
précédents, fera partie des mémoires de la Société.
2" DE LA COBRÉLATION EXISTANT ENTRE LE WÉVELOFPEJIENT DE T-'U'Él'OÎ.
ET CELDI DE LA UAMIXUV, par M. CU. ROBIN.
La Diamclle, comme ou le sait, appartient aux glandes en grappe. Pendant
2
la laclalion, son lissu est dense, résistant, diflicile à déchirer; il se montre
à la coupe formé d'une trame de lissu cellulaire abondant, irès-serré, mais
pourtant d'aspect homogène et blanchâtre. Cette trame est parsemée de grains
Jaunâtres ou rosés, à peu près sphériques, ayant de 1 à 3 millimètres de dia-
mètre ; ce sont autant à'acini. Portés sous le microscope, on reconnaît que
chacun d'eux est formé par la réunion d'un certain nombre de tubes terminés
en cul-de-sac ou doigt de gant, largesde 4 à 6 centièmes de millimètre se jetant
dans un tubeexcrétenrcommuri, enveloppé par une quantité plus ou moins grande
de tissu cellniaire. Leurs parois sont transparentes et dépourvues d'épithélium
tant que la sécrétion est active ; pendant celte période, on remarque des glo-
bules de lait jusque vers le fond aveugle de ces doigts de gant. D^s les tu-
meurs hyperirophiqucs de la mamelle, le lissu est plus homogène, il y a en gé-
nérai moins de tissu cellulaire qu'à l'état normal, mais les culs-de-sac ont le
même aspect général ; ils sont seulement plus larges et tapissés par une épaisse
couche l'.c petites cellules ovoïdes.
Hors de l'état de lactation et de grossesse, lorsque l'utérus est revenu sur
lui-même, que ses libres musculaires sont atrophiées, le tissu de la mamelle
devient dense, homogène, blanchâtre, plus résistant, et crie sous le scalpel.
On ne voit plus les grains jaunâtres ou rougeâtres que forment les acini.
Aussi, lorsqu'on porte ce tissu sous le microscope, on n'y trouve aucune des
traces des cu!s-de-sac caractéristiques du tissu mammaire. Leur atrophie est
complète, et quels que soient les moyens qu'on emploie, on ne peut les voir, même
en se débarrassant du tissu cellulaire par l'acide acétique. Il en est de même,
comme on le sait, pour les libres musculaires lisses de l'utérus, qui, dans l'é-
tat de vacuité de cet organe, sont devenues très-étroites et se confondent avec la
matière homogène naissante des parois utérines, au point qu'à cette époque, on
ne saurait y démontrer l'existence de ces éléments. Mais à partir du deuxième
ou troisième mois de la grossesse, les libres musculaires utérines deviennent
visibles, elles prennent les caractères de celles de l'intestin et de la vessie, et
même à partir du septième mois^, elles sont plus larges qu'elles et plus granu-
leuses (0""",oiO). Toutes les fois qu'une tumeur ou un kyste des organes gé-
nérateurs détermine le développement de l'utérus, le même fait se produit
comme à l'état normal. En même temps qu'ont lieu dans l'utérus ces phéno-
mènes, on en voit d'analogues se passer dans la mamelle. Vers te troisième ou
quatrième mois de la grossesse, les culs-de-sac mammaires deviennent visi-
bles au microscope, et quelque temps après les acini qu'ils forment peuvent
être aperçus sur la coupe de la glande. Les tubes sécréteurs sont d'abord ta-
pissés de leur épitbélium spécial; niais lorsque la sécrétion devient active, cet
épitbélium disparaît. Les mêmes phénomènes se passent lorsqu'une tumeur
détermine l'évolution de l'utérus. Lorsqu'un kyste, ou un abcès ou une tumeur
mammaire détermiucul une congestion de la glande, on voit se développer les
acini et leurs culs-de-sac dans toute la portion congestionnée, et au delà ils
3
restent tout à fait atrophiés. Ainsi, dans deux cas de kystes muUiples occupant
une portion seulement de b mamelle, dans l'épaisseur de l à 2 centimètres au-
tour d'eux, les acini et leurs culs-de-sac tapissés d'cpiihéliura étaient visibles,
et au delà ils étaient tout à fait atrophiés. Ainsi, quand l'utérus revient sur lui-
môme, ses libres s'atrophient, et en même temps les acini mammaires dispa-
raissent, et réciproquement qu:uid l'utérus se développe; il y a une corrélation
constante et intime entre ces deux phénomènes. Sauf les cas pathologiques li-
mités à la mamelle, cette glande ne se développe et ne possède des acini rarai-
liés qu'autant que l'ulériis s'est développé et que ses libres contractiles ont pris
les caractères des libres musculaires orpfaniques. Toutes les fois qu'on trouve
les mamelles présentant des acini jaunâtres ou rougeâtres visibles à l'œil nu»
dans toute leur étendue, on peut en conclure que l'utérus est développé nor-
malement ou paihologiquemenl, et vice versa. J'ai été conduit à trouver ainsi,
d'après l'état de la mamelie, un polype de la muqueuse utérine qui n'avait pas
été recherché à l'autopsie ; le sujet servait aux dissections de l'École pratique.
{Cette noie a été omise dans le compte rendu de 23 juillet 1849.)
II. — PHYSIOLOGIE,
RÉGÉNÉRATION DES TISSUS DE LA MOEI.LK ÉPfVJFBE; par M. BROWN-SÉQUARD,
L'auteur rapporte avoir coupé !a moelle épinière sur un pigeon adulte. Trois
mois après, l'animal fut tué, et l'on trouva les deux bouts de moelle réunis.
M. Follin voulut bien prêter son concours à M. Brown-Séquard et examiner le
tissu cicatriciel au microscope. On y trouva des cellules de substance grise el
des fibres nerveuses en quantité moindre qu'à l'état normal. Celte régénération
anatomique n'avait pas été suflasante pour permettre un retour considérable
de la sensibilité et des mouvements volontaires. Il y avait dans les pattes, la
queue et l'anus, des mouvements réflexes très-énergiques, mais il n'y avait que
des traces de mouvements volontaires. Néanmoins, ce fait est très-intéressant,
en ce qu'il est le premier dans lequel on ait trouvé une régénération de cellules
et de libres nerveuses, après une section transversale complète de la moelle
épinière. Ce fait acquiert encore plus de valeur quand on le rapproche des cas
de retour de la sensibilité et des mouvements volontaires après la section com-
plète de la moelle épinière, cas décrits par M. Browu-Séquard, dans le compte
rendu des séances de la Société, au mois de février 1849. (Gaz. Méd., n" il,
1849.)
ill. — EXPLORATION PATHOLOGIQUE,
1» CAS d'aNESTHÉSIE SANS PARALYSIE DU MOUVEMENT; par M. LeBRET.
M. Lebrel mentionne un fiiil de spina bifida, accompagné d'anesihésie, dans
l'extrémité des membres inférieurs, sans paralysie du mouvement. 1,'enfant
8«yet de cette observation est un jeune garçon de f; ans, couché à l'hôpital des
4
Enfants : il porte au niveau des deux premières vertèbres lombaires une tumeur
fluctuante, représentant assez bien une moitié de grosse pomme, sans tension ni
ebangeuoeot de coulear à la peau, sans battements ni variations de volume :
oa apprécie l'écartement des lames vertébrales entre lesquelles cette tumeur
fait <saillie, et l'enfant accuse une douleur assez vive lorsque l'on comprime
fortement sur elle. Les mouvements des membres sont conservés; ce garçon
est venu à pied à l'bôpital; nous l'avons vu marcher très normalement; mais
la sensibilité a tout à fait disparu, dans les deux membres, de la plante des
pieds inclusivement Jusqu'à la réunion du tiers moyen avec le tiers supérieur
de la jambe, tellement qu'une boule d'eau chaude laissée imprudemment au
contact des pieds a produit une brûlure du deuxième degré dans toute l'éten-
due de la région plantaire, sans que l'enfant en ait eu conscience. Aujourd'hui
encore, oo panse les plaies, on pique la peau vivement; tant que la limite indi-
quée ci-dessus n'est pas dépassée, il n'y a aucune sensation, l'enfant rendant
d'ailleurs parfaitement compte de ce qu'il éprouve. On note encore chez ce ma-
lade quelques douleurs vagues, ressenties souvent dans des points diflërents
des membres; il urine constamment sous lui; les selles ont lieu volontaire-
ment.
M. Lebret perdit de vue ce malade, qui mourut bientôt, et l'autopsie fut
faite en son absence. Il regrelle de ne pouvoir en donner ks détails, mais il
sait positivement qu'on n'a rencontré aucune altération de la moelle épinière;
que le spina-biiitJa était constitué par une dilatation des méninges rachidiennes,
occupant l'espace laissé par l'écartement des lames vertébrales, et que le vo-
lume de la tumeur était dû principalement à une accumulation de tissu adipeux
à l'extérieur.
2o PBÉSENCE DU «LUCOSE PANS LA SÉROSITÉ D'UN VÉSICATOIRE POSÉ A CN
DIABÉTIQUE ; par M. WCRTZ.
(Service de M. Rayer.)
• Le liquide, séreux, coloré ou jaune pâle, et fortement chargé d'albumine, a
été mêlé avec de l'alcool concentré et soumis à 1 ébullition. L'albumine coagulée
ayant été séparée par le (illre, on a évaporé à une douce chaleur et réduit au
sixième du volume primitif la liqueur limpide obtenue après la filtraiion. Cette
liqueur a été mélangée avec du tartrale de cuivre dissous dans la potasse. Par
l'ébullition, il s'est formé un précipité jaune abondant, formé probablement par
de l'hydrate de protoxyde de cuivre. Il y a donc eu réduction du sel cuivrique,
due selon toute probabilité à la présence d'une petite quantité de glucose. Pour
donner à cette conclusion toute la rigueur que l'on doit apporter dans de pa-
reilles recherches, il sera nécessaire de retirer du glucose cristallisé de la sé-
rosité qui a été examinée,
tll esl bon d'ajouter que le liquide d'un vésicatoire posé à un malade all'ecté
5
d'une pleurésie, D'à pas donné, après un traitement identique à celui ()tt'oa
vient de décrire, 1» réaction qui indique la présence du glucose.
3" RECHERCHE Drj StJCRE DANS LES CRACHATS D'UN DIABÉTIQUE; par le Dlême.
(Même service.)
Les crachats que le malade expectorait ont été recueillis dans un vase dans
lequel oïi avait eu soiu de verser de l'alcool. On devait erapêcber ainsi la fer-
ihentatioQ du sucre dans le cas où il y en aurait.
Pour découvrir ce principe, on a fait bouillir la liqueur alcoolique avec les
crachais. On a déc»nté ensuite l'alcool et on a ajouté de l'eau distillée sur le ré-
sidu. La liqueur ayant été portée de nouveau à l'ébullition, ou l'a réunie avec
le liquide alcoolique, on a titré H on a évaporé. Le produit de la concentration,
après avoir été filtré de nouveau, a formé une liqueur parfaitement limpide, qui
devait renfermer tout le sucre contenu dans les crachats. Cette liqueur a été
mélangée avec du tarlrate double de cuivre et de potasse, et portée à l'ébulli-
tion. Elle n'a formé avec ce réactif qu un précipité verdàlre iosignihant, sans
qu'il y ail eu réduction du sel cuivrique. Cette expérience permet de conclure
à l'absence du sucre dans les crachais exanrinés.
On sait que le docteur Francis a trouvé une quantité notable de glucose dans
les crachats de deux diabétiques. Le résultat négatif obtenu par M. Wnrtz
n'infirme en rien les faits du docteur Francis; mais il montre que la présence
du sucre dans les crachats des diabétiques n'est pas un fait constant.
Ù" ORIGINE DU M-.RF FACIAL AU-DESSOns DE L'eNTRECROISEMEMT DES PYRAMIDES;
EXPLICATION ANATOMIQCE DE LA PARALYSIE CliOISEE DE CE NERF; par M. Jo-
bert de Lamballr.
« Il est une question qui me semble digne d'être soumise à la Société, c'est
l'étude de l'origine du nerf facial.
» Après les belles recherches anatomiques de Gall sur l'entrecroisement des
pyramides, on crut trouver sur plusieurs points sa théorie en désaccord avec
les faits que l'on observe sur l'homme malade, et, par exemple, la paralysie
croisée du nerf facial se présenta d'abord à l'esprit du pathologiste ; car on
sait qu'il naît au-dessus de la décussation. Ceci parut d'autant plus inexplica-
ble que la paralysie est directe pour les nerfs trifacial et moteur oculaire com-
muns. Le savant professeur Bérard ne manqua pas de signaler ce fait, et la
théorie de Gall sembla en effet subir une atteinte. J'avance que, pour mon
compte, elle ne me sembla pas non plus complètement satisfaisanie sous ce
rapport. Ce point d'anatomie attira mou attention dès 1828, et j'eus l'occasion
dans un concours pour le proseclorat dans des dissections nombreuses faites
sur le nerf facial et le pm-umogasirique, de me rendre compte de cette contra-
diction apparente de la doctrine de Gall. Je remarquai que si les nerfs moteur
oculaire commun, trifacial, etc., ne se croisaient pas, il n'en était pas de même
6
da nerf facial, dont ia racine prend sa cause excitatrice dans le quatrième ven-
tricule, en s'enfonçant profondémeut dans la substance nerveuse, jusqu'au-
dessous de Tentrecroisement des fibres des pyramides. Jusque-là personne, à
ma connaissance, n'avait suivi le nerf aussi bas, et toujours on avait noté qu'il
naissait au-dessus des pyramides.
B Ainsi donc, si celte disposition anatomique est exacte, l'explication de la
paralysie croisée sera facilement obtenue par là ; et si, pour les nerfs moteur
oculaire commun et trifacial qui vont se rendre à la face, le mouvement et le
sentiment cessent du même côté de l'épanchemenl et de la lésion, c'est que ces
eordons nerveux ne se croisent pas. »
i* REIN, WKETÈRE ET VESSIE ENVAHIS PAR DES TUBEUCUl.ES CHEZ UN MILITAIRE
MORT DANS LE SERVICE DE M. CAZALAS; par M. BiFFELSHEIM.
Le lein gauche, eonsidéiablement liyperliophié, olTie un grand nombre de
«aiilies niameloniices et fluctuantes.
Le base! net et i'urelcre offietit une consistance anormale ; le bassinet a un
volume proportionnel à celui du rein ; l'uretère a un diamètre de 5 millimètres.
Une coupe sur le dos du rein laisse échapper une grande quantité d'un liquidai
séro-purulent, mêlé de détritus caséiformes.
L'intérieur du rein présente un certain nombre d'excavations résultant de la
deslructioa de la substance tuberculeuse et séparées par les prolongements plus
ou moins intacts de la substance coriicale.
Le rein, le bassinet et l'uretère sont recouverts par une matière jaunâtre que
le microscope démontre de nature tuberculeuse. Ce produit héiéromorphe re-
couvre la muqueuse dans une épaisseur de 2 millim. et l'infiltré partout.
Le tubercule, en se ranttollissiint au centre des cônes de Maipighi, a entraîné
cette remarquable perte de substance.
M. Lebert a découvert à l'aide du microscope bs tubes droits infiltrés et rem-
plis de matière tcberculeose, et celte même substance interposée entre les tubes.
La couleur ronge brun des pro'ongements corticaux tranche parfaitement «vec
la couieur jaunâtre du tubercule ramolli.
L'uretère est dans un élat normal au niveau de son ins.rtion au bassinet et
dans l'étendue de 2 centim.; il offre ensuite l'épaisï^istrement considérable déjà si-
gnalé, et une obstruction telle qu'on y introduit avec peine un styîet uès-fin. La
vessie a le même aspect, le même épaississeiuent, ia même augmentation de
consistance, avec un volume ordinaire. Les tubercules là aussi infiltrent et re-
couvrent maniftistement la muqueuse.
Le sujet, dont les antécédents sont encore inconnus, mais seront incessam-
ment publiés dans une observation détaillée, offrait une tuberculisalion générale
des poumons et de plusieurs ganglions mésentériques L'autre rein présealail
pour toute lé?ion un tubercule dans la 8ul)stance lubuleuse.
6" TOURNOIEMENT CHEZ UN ENFANT; par M. LeBRET.
Un jeune garçon, âgé de 12 à 14 ans, assez robuste, couché dans le service de
médecine à l'hôpiial des Enfants, est atteint de crises singulières; au milieu de
ses jeux, en le voit tout à coup s'asseoir dans un coin et, comme en proie à des
hallucinations, faire des signes incohérents à ses camarades; puis il semble ab-
sorbé en lui-mcme; la tèîe s'incline sur la poitrine; le corps s'affaisse, l'enfant
tombe à terre et reste couché de son long sur le sol. Alors les membres sont vio-
lemment contractures, d'une manière tonique; les mâchoires demeurent ser-
rées ; mais ni les traits de la face ni les yeux n'éprouvent de convulsions. Cet
étal de contracture persiste rj uelquefois durant un quart d'heure ou même davan-
tage, sans que le malade semble avoir conscience de ce qui l'entoure. Tout à
coup un bruit comparable à celui du souiTlet rais en action fortement annonce
des contractions énergiques du diaphragme, et c'est à ce moment précis que
l'enfant roule sur son axe longitudinal, d'une extiémité à l'autre de la chambre,
avec une rapidité incroyable. Ajoutons que ce singulier tournoiement a lieu tantôt
d'un côté tantôt de l'autre, sans qu'il y ait besoin pour changer sa direction qu'un
obstacle soit venu l'arrêter; le mouvement est tel qu'il semble aux assistants
que ce raaiheureox va se briser contre les murs.
Nous avons observé l'enfant avec soin, et rious pouvons aflîrmer que les yeux
ne se tournent en aucune fa^on d'un côté ou de l'autre, suivant le mode du tour-
noiement; ils restent ouverts et mobiles, sans fixité; de plus^ le visage n'an-
nonce aucun signe de paralysie partielle, même temporaire.
Au bout de deux à trois minutes environ, le tournoiement a cessé, les mem-
bres se reiàchenl, et il arrive ou bien que l'enfant est pris au bout d'un temps va-
riable de nouvelles contractures, suiviesdcla même scène; ou que la connaissance
lui revient peu à peu. Dans ce dernier cas, on le 'voit se relever avec un air d'hé-
bétude comparable aux suites de l'ivresse; il répond à peine aux questions qu'on
lui adresse ; ses regards se promènent çà et là,.sans motif intelligent, et il ne con-
serve aucun souvenirde ce qui vient de se passer.
Presque dans tous les cas, les crises se succèdent à de courts intervalles; on
«n a compte jusqu'à cinq ou six dans une journée ou une nuit, semblables en
tout à celle à laquelle nous avons assisté durant trois quarts d'heure environ.;
quelquefois elles persistent moins longtemps.
Ce garçon a l'intelligence médiocrement développée; d'ailleurs toutes les fonc-
tions s'accomplissaient régulièrement chez lui à l'époque où nous l'observions.
Les antécédents nous ont manqué.
— A l'occasion de cette communication, M. Brown-Séquard fuit remarquer
que ce fait oonne un démenti à l'explication du tournoiement émise parHenle,
et qui consiste eu ceci que le tournoiement serait la conséquence d'une sorte de
vertige dû à des mouvements convulsifs des yeux Dans le cas observé par M. Le-
bret, les yeux n'étaient aucunement convulsés.
1.
s
T SUR LA STROCTWRt; I) «N ÉPUUS BU MAXILLAIRE INFÉRIEUR; pat M. Cu. ROBIIT..
M. Robin présente une tumeur rlu volume d'une petite noix qui lui a été re-
mise par M. Hionis, intei nr des hôpit.mx. Cette tumeur qui a nécessité l'ampu-
lallon «l'une partie du maxillaire inférieur, parce qu'on !a c; oyait tari 'éri use,
était en réalité dépourvue du suc cnractéristique de celte dégénérescentè. Err
esarrirnanl une portion du tissu de sa sur'îtce» MM, Dionis et Robift y trouvèrent
dés plaques à noyaux mw/tip/e* qu'on tioiive à l'état normal dans la moelle de»
es (voir la description qu'en a donné M. Robin dans notre compte rendu d'octobre
ÎS49). îls diagnoirtiqucreut alors que le mal avait son point de départ dans le
tissu osseux du maxillaire e.l non dans le périoste» comme en l'avait cru d'abord,
dne coirpe de l'os montra en elfel que la tumeur pailait de l'os et avait envahi le
quart de son épaisscnr. Il n'y avait pas d'élément cancéreux; le tissu morbide-
était, exclusivement formé des éléments liomcei-morphes suivants : 1" desplaques
à noyauv multiples très-nombreuses ; 2' des éléments fibro-plastiques (noyaux
et "fibreg fusiformesj ; 3° du tissu cellulaire moins abondant que les éléments ci-
dessTis ; 'i" des vatsseaux capillaires et des uranulations molécolaires.
La piiïpsrt des épulre propremi-itl dits ont pour élément principal comme ce-
lui-ci les plaques à noyaux multiples et les é éinents Jibro-plastiques, et partent
de l'es ; d'autres partent seulement du périoste et sont purement fibreux et fi-
bro-plastiqu0s. Les uns elles autres sont par conséquent honaœomorphes. Di-
verses tumeurs du tibia, du fémur, etc., partant soit du tissu compacte soit
du canal médullaire, et qu'on a souvent pris pour des cancers, sont homœo-
inorpbes et ool pour élément principal les {>laque9 à noyaux nmlliples. (19 jan-
vier î8t>0.)
8" GANOUONS SfiONCHîQUES TUBERCULEUX CHEZ L?î VEAO SAJSS TUBERCULES DANS^
Lr.i po(!MON's; par M. Rayer.
M. Ch. 'Robin montre, an nom de M Rayer, plusieurs. gaiij»liens bronchiques
tuberculeux plus gros qu'un teuf de poule. Ces gani^lions, trouvés cbez un
veau, comprimaient les voies aériennes. Les poumons, examinés avec soin, ne
eontenaienl pas de tubercules On saifc que cbez l'homme, il n'est pas rare de
reiwontrerdans l'enfance les poumons sains et les ganglions bronchiques tu-
berculeux. A cet égard l'observation qui précède est iatéressacte, puisque c'est
sur un jeune aHïmal qu'elle a été faite.
9» SLR l'époque a laquelle ON' i>o; t EXTîRPER LES SÉQUESTRES; par M. UaYOB
(de Genève).
L'anlear s'exprime ainsi :
Dans le commencement du siècle passé, on confondait très-Soutrent la carie
îvec b nécrose ; aujourd'hui encore on trouve au nmsée Dupuylren certaiBCS
BWiadies sypfaiiiliques des os classées aTee les nécroses. Je crois que c'est tme
9
•«Teur. Voiei ce que j'entends par nécrose; c'est la mort complète il'tjne pw-
tion d'os vivant, occasionDée par une inflammation aiguë' ou proycoant de In
iptivatioD de l'os des vaisseaux nourriciers par cause inaurpatiqqv.
J'avais besoin de dire ces quelques mois avant de vous exposer tpes idée»
sur la nécrose et le tr^iilement que je lui ai appliqué depuis plus de vingt ans»
afin qu'oq ne me fit pa^ d'Qlyections liréçs de faits pratiques qui ne se rappor-
tent i>»6 à cette maladie.
Toutes les fois qu'une inflammation a été assez intense pour détruire les
rapports intimes du périoste avec le tissu osseux et faire cesser la circulatiqn
tlu sang dans les vaisseaux sanguins d'un os, celui ci est frappe de mort; dans
ce cas, la périoste se sépare de la partie osseuse et il sécrète par la paroi in-
terne une lymphe abondante, puis du pus qui s'accumule enti<e lui et l'os; celle
«oliection se fraye par elle-même un passage pour arriver plus ou moins vite au
deLors ou pr<r une ouverture que lui fait un bon praticien au grand soulagement
<iu malade: pendant ce temps les parties de l'os restées vivantes se sont ramol-
ii^6 et tuméfiées par rififlammation, tandis que celles de l'os frappé de mort
restent dans le même état; par conséquent la ponion vivante de la libre qui
s'est tumétiée n'a pu rester en rapport avec la ponion morte de cette même
tibre qiù a conservé son état antérieur; dès lors elles ont dû se séparer, comme
l'escarre le fait des parties molles encore vivantes; seulement dans l'un et
l'autre cas, le temps vouly pour la séparation de ces pa^-lies est toujours égal au
temps voulu pour le développement complet de l'inilammalion ; ainsi il est court
pour celle du tissu cellulaire, plus long |>our la peau, plus long encore pour
les tendons, et davantage pour les os. Nous savons tous combien il faut 4e
temps, dans les cas de fracture, pour développer l'inflammation nécessaire au
ramollissement des os pour la formation du cal ; pourquoi n'a-t-on pas fait
l'application de ces connaissances au traiteqient des nécroses? Je crois qtie
c'est parce qu'à tort on a fait de la mobilité du séquestre «ne condition néces-
saire à son extraction, parce que cette mobilité a été regardée comme la preuve
unique de la séparation de l'os vivant; on ne s'est pas assez rappelé que l'os
uécro.<-e se séparait de ce dernier par une surface dentelée, et que par consé-
queiU il devait être comme encltutonné à ses deux extrémités; ainsi, quoique
réellement séparés, il .levait être immobile ; c'est donc bien à tort, gu}r;>nt moi,
qu'on attenil sa mobilité pour en faire l'extraction, extraction que j'aHirmey
d'après ma pratique qui date de trente ai^s, être loujourç |M)ssiWe dans les
trente à quarante jours qui suivent le moment de la plus forte inflammation.
Voyez ce qui se pa.-se dans la nécrose d'un os p at ou dans ceHe d'un os long
qu'une amputation a divisé. Tout ce que je dis sei-apporle à l'âge virH. Dans
l'enfance tout se passe plus rapidement. Chez un enfant de 13 mois, la nécrose
d'une portion de l'omoplate du corps d'une côte était complètement séparée
des parties vivantes de ces os dés le dix-septième jour de la maladie, tandis que
dans la vieillesse un fem|>s p'iis long est nécessaire. Cependant chez une dame
10
de 72 ans, à laquelle j'avais enlevé sur le pariétal une tumeur et le périoste au-
quel elle était adhérente ; une lame de cet os de 2 pouces de diamètre s'ex-
folia et fut enlevée dés le vingt-neuvième jour de l'opération. Tous les médecins
savent qu'il faut aussi tenir compte de la vitalité plus ou moins grande du
malade ; ainsi chez une femme pauvre, depuis longtemps mal nourrie et épuisée
gucore par une longue suppuration, par conséquent très-faible, je n'obtins la
séparation d'une nécrose du tibia que soixante-six jours après l'ouverture de
Fabcés ; mais j'ose affirmer que ce dernier cas fait une exception rare à la thèse
que je soutiens ; la séparation de l'os nécrosé est ordinairement opérée dans la
:iixséine semaine qui suit le début de la maladie; il est vrai quele séquestre est
encore immobile, mais j'en ai expliqué la cause.
Dès le moment où je fus convaincu que le séquestre se séparait plus tôt qu'on
se l'avait cru, et que la question de sa mobilité prétendue nécessaire fut résolue
pour moi, je me posai cette autre question : Est-il nécessaire d'attendre que le
nouvel os soit fornîé pour enlever celui qui est mort? Bientôt j'eus répondu par
la négative, persuadé que l'extraction de la nécrose devait être bien plus facile
lorsqu'il n'y aurait que des parties molles à inciser que lorsqu'il faudrait, à
grand'peine, faire de larges ouvertures dans le nouvel os au moyen du trépan
et de la gacge. Enfin, pour les membres à un seul os, n'avais-je pas à ma dis-
position, pour combattre la contraction des muscles, tous les appareils imagi-
nés dans le même but par les chirurgiens pour les cas de fractures obliques et
eomminulives ?
Bientôt l'occasion se présenta de mettre en pratique mes idées sur ce sujet.
Une jeune filie de 9 ans me fut amenée de la campagne après deux mois et demi
de maladie suite d'«/n coup de froid, au dire de ses parents, c'est-à-dire sai»s
cause i^onnue ; il y avait eu d'abord une inflammation vio!enle de la cuisse, à
laquelle av^it succédé un abcès, puis une fistule située au-dessus du genou et à
rintérieur de ce membre. L'opération consista en une incision de 2 pouces d'é-
tendue pour agrandir la fistule, une extension et une contre-extension pour dé-
gager l'extrémité inférieure du séquestre, qui fat saisi avec une pince de
laoyesme force. Le genou, grâce à la souplesse du périoste, fut porté en de-
hors, c'est~à<Klire que la cuisse fut courbée ayant sa concavité en dehors, sa
convexité en dedans. Le séquestre fut ensuite extrait tout comme on enlève une
dent incisive de son alvéole. Le membre fut redressé et maintenu par l'appareil
à extension de Boyer, modifié par mon compatriote M. Fine. La suppuration
cessa bientôt; la piaie se cicatrisa? le nouvel os se forma et se solidifia pendant
ce temps. A la fin du quatrième mois et demi du début de la maladie, cette en-
faist marchait avec des béquilles. Le sixième mois fini, elle les avait quittées et
était complètement guérie, mais avec un raccourcissement du membre d'un
demi-pouce et une cuisse aplatie d'avant en arrière.
Deux ans plus tard, je procédai de ia même manière pour extraire la nécrose
du corps presque entier de l'humérus du bras droit d'un jeune homme de î4 ans.
11
qui, six semaines auparavant, avait reçu un violent coup sur ce membre. Il y
avait eu une violente inQammation ; uoe suppuration et une ouverture avaient,
été faites sur le point le plus fluctuant, c'est-à-dire auprès de îa base interne de
l'insertion du deltoïde sur l'humérus. Après l'opération, l'exteasion et la con-
tre-extension furent faites avec plus de soin, grâce à la docilité du malade, et
le rDccourcissement qui en est résulté est imoercepiible. Aujourd'hui c'est un
fort et vigoureux agriculteur.
Plus tard j'ai fait encore la même opération à, un homme de 32 ans, avec le
même résultat; seulement, lorsque j'agraadis la fissure ainsi située à la partie
supérieure et à la face un peu intérieure du bras, je trouvai que le périoste
avait déjà la consistance du cartilage; aussi eus-je uu peu de peine à courber
le bras pour faciliter l'extraction du séquestre.
Je dois faire observer que dans \es deux cas de nécrose du corps de l'humé-
rus la fistule spontanée dans l'un et l'ouverture de l'abcès dans l'autre étaient
situées dans le haut du membre et à la partie interne comme je l'ai dit, tandis
qu'à la cuisse la fistule était située à la partie inférieure et interne un peu an-
dessus du genou.
ûanslescas que je n'ai pas pu opérer, j'ai toujours trouvé une fistule située
à la même place dans chacun de ces deux membres ; je ne les ai pas opérés (ex-
cepté à la cuisse dans une occasion favorable), parce que le nouvel os formé ne
me permettait pas de teuter une opération souvent impossible qui alors devient
très-grave et qui peut faire courrir au malade des chances de mort, motif
suSisant pour e'en abstenir; car le malade peut-fori bien vivre avec une mala-
die pareille.
Je ne vous détaillerai pas les opérations que j'ai faites dans des cas nombreux
où j'ai enlevé très-facilemeprt des nécroses plus ou moins complètes d'autres
os, lorsque la maladie était récente, plus difficile iorsquelle était plus an-
cienne, mais toujours sans attendre la formation, du moins la formation com-
plète du nouvel os. Sans doute, lorsque j'y ai été forcé, j'ai aussi fait comme
tous les autres chirurgiens, maLs avec peine, l'ablation de la paroi antérioure
du. nouvel os pour en extraire le séquestre, excepté dans les cas de nécroses du
fémur.
EdCu, je ferai encore cette remarque. Dans tontes les nécroses du cylindre
entier du fémur et de. l'humérus que j'ai exliaites ou que j'ai vues au musée
Dupuytren, à celui de Strasbourg et sur les figures publiées l'extrémité infé-
rieure des nécroses du fémur et l'extrémité supérieure des nécroses de l'hu-
mérus sont celles qui, comparativement avec leurs extréœités opposées, se sout
séparées ie plus également, c'est-à-dire avec les dentelures les moins longues.
Si l'on rapproche le fait dont je viens de parler de la circonstance toujours
observée que la fistule ^e trouve placée dans le voisinage de l'extrémité la
moins dentelée de la nécrose, on comprendra que le procédé d'extraction que
i'ai indiqué en doit être facilité.
1..
12
Je me résume et je dis :
1° Que le séquesti'e est toujoars séparé de Vos vivant dans les quatre ou huit
semaines qui suivent le début de b maladie ;
2* Qu'il n'est pas nécessaire d'attendre la mobilité pour en faire l'estrac-
tion t
3» Que toutes les fois que l'occasion s'en présente, l'extraclion doit être
faite avant que le périoste ait fourni un'nouvel os, et surtout avant qu'il soit
ossifié;
4» Qa'eniin lorsqu'il n'y a qu'un seul os au membre, l'application d'un appa-
reil à extension et contre-extension suffit pour empêcher son trop grand raccour-
cissement pendant l'application.
IV. — TÉRATOLOGIE.
1<* VICE DE CONFORMATION DES OROANES GÉNITADX ; ABSENCE PROBABLE DB LA
PARTIE SCPÉRIEDBE Ot; VAGIN KT SE L'UTÉRCS ; HERNIE DES DEUX OVAIRES ;
par M. Cazeaux.
Tout récemment (novembre 1849), j'ai observé avec mon excellent confrère le
docteur Thirial, une jeune tille âgée de 21 ans, qui n'a été réglée que deux fois
pendant trois jours, et chez laquelle l'hémorrhagic devait nécessairement avoir
son siège sur la muqueuse vaginale.
Celte jeune fille, éprise depuis longtemps d'un officier, finît par céder à ses
instances et se livra complètement à lui. Après plusieurs tentatives renouvelées
avec ardeur, mais toujours infructueuses, le jeune homme reconnut enfin et lui
déclara qu'elle n'était pas faîte comme les autres femmes, et qu'il fallait con-
sulter un médecin. Elle s'adressa d'abord à M. Thirial, qui voulut bien me de-
mander mon avis : voilà ce qu'un examen très-attentif me permit de constater.
Le visage, la taille, le développement des membres, les seins, ne dtifèrent en
Tien de ce qu'ils sont chez les jeunes filles de cet âge. La santé générale a tou-
jours été bonne. Au mois de mai dernier ses règles sont venues pour la pre-
mière fois, bien qu'elle eiit éprouvé depuis plusieurs années des symptômes
de congestion utérine, et ont duré trois jours î elles ont reparu seulement en
juillet et ne se sont plus reproduites. Après les tentatives faites par son amant, elle
a en deux fois un écoulement sanguin assez considérable et qui a duré deux
jours, mais elle l'attribue bien plutôt aux violences amoureuses dont elle a été
victime qu'à un retour périodique des règles.
Le mont de Vénus est complètement dépourvu des poils dont il est ordinai»
rement recouvert. Sur les parties latérales et inférieures, immédiatement au-
dessus de l'orifice externe du cana! inguinal, on aperçoit de chaque côté «ne
tumeur qui soulève les téguments. Cette tumeur a le volume, la forme, la con-
sistance d'un ovaire ou d'un testicule, elle est très-peu douloureuse; dès qu'on
exerce sur elle une très-légère pression, elle fuit dans le canal inguinal et dis-
•^ A Vf f.
13
parait dans le ventre ; mais aassiiôt que l'oa cesse de comprimer l'oritice in-
férieur du canal, elle sort tantôt spontanément, tantôt au moindre mouvement,
au moindre effort do toux et de respiration faite par la femme. Dans aucun
cas, cette tumeur ne m'a permis de constater les signes qui accompagnent w-
dinairement la réduction d'une hernie intestinale ou épiploique.
L'ouverture de la vulve est limitée par les grandes et petites lèvres, mais les
unes et les autres offrent un développement t)eaucoup moins considérable qu'à
l'ordinaire. Le clitoris est si petit qu'on a beaucoup de peine à le distinguer. Le
doiyt à peine introduit dans l'ouverture vulvaire, est arrêté à deux centimètres
de profondeur, de manière que ce n'est qu'en refoulant le fond du vagin qu'on
peut faire pénétrer dans ce canal la première phalange.
Après avoir introduit l'extrémité d'un spéculum, il ne m'a pa.<; été possible de
voir aucune ouverture, aucune partie par laquelle se puisse glisser la pointe
d'un stylet. J'ai pu en même temps constater sur la membrane qui refoulait
rextrémité d:\ spéculum, toutes les rides et les caractères de la muqueuse du
vagin.
Le toucher rectal me permit de constater : 1® que Pampoulc rectale était
beaucoup plus large que dans l'état normal ; 2° qu'au-dessus du foui do vagin
repoussé en même temps par mon pouce, l'index introduit par l'anus et porté
aussi haut que possible, ne sentait ni cordon fibreux, ni tumeur, rien enlln qui
dût faire croire à l'existence de la partie supérieure du vagin etde l'utérus; 3» en-
fin après avoir introduit une sonde dans la vessie, mon doigt rectal constat»
très-facilement qu'il n'existait entre sa face palmaire et la sonde vésicaie, que
l'épaisseur normale de deux parois du rectum et de la vessie. La sensation
éuit identique à celle que l'on perçoit lorsque, pour diriger une sonde dans
l'urètre, on introduit préalablement l'index dans le vagin.
De cet examen je crus pouvoir conclure :
!• Que les deux tumeurs existant dans chaque aine étaient ses deux ovaires ;
2» Que le vagin n'existait que dans son extrémité la plus inférieure »
3* Que les quatre cinquièmes supérieurs de ce canal manquaient complète-
ment;
4» Qu'il n'y avait pas bien probablement d'utérus ;
5' Que les douleurs hypogastriques lombaires éprouvées assez régulièrement
et presque de mois en mois, étaient l'expression du travail ovarien périodique ;
6° Que le sani^de règles survenues deux fois chez cette jeune flile, avait ea sa
source dans la muqueuse vaginale.
a» DES(aiPnON DU SQUELETTE D'DN POtlLET DOUBLE MONOCÉPHAUEN ; par
M. Dataine.
Des cas de monstruosité double monocépbalfenne ont été plusieurs fois
obvîrvéf chez des mammifères et des reptiles, mais ils paraissent beaucoup
pins rares chez les oiseaux, puisque M. Isid, Geofiroy-Saiot-Hilaire n'en cite
itl
point d'exemple dans sonTRArrÉ de tératologie. La rareté d<î ce genre de
monstruosité dans les oiseaux m'a engagé à mettre sous les yeux de b Société
le squelette d'un poulet double monocépbalien, conservé dans la collection de
M. Rayer.
Ce poulet paraissait être né au terme de l'incubation; les organes de l'abdo-
men et de la poitrine avaient été examinés et enlevés. Cette circonstance, jointe
à son long séjour dans l'alcool et à l'imperfection de l'ossiGcaiion, ne me per-
met pas de donner de ce cas une description aussi détaillée que je l'âurais
voulu.
Considéré à Textérieur, ce poulet double présentait une tête unique suppor-
tée par un col très-gros et court, ayant deux colonnes cervicales distinctes ; à
ce col succédaient <leux troncs unis par la face antérieure dans la région de la
poitrine et du ventre, libres et distincts dans les régions iliaque et coccygienne.
CbâOUQ de ces troncs avait deux membres antérieurs et deux postérieurs, en
tout buit membres normaux. J'ai pu constater en outre l'existence d'une langue
déformée, le commencement d'un œsophage unique et deux anus.
La tète unique, outre l'apparence particulière qu'elle doit à la fusion incooi-
plète de deux crânes, est encore modifiée dans sa forme par l'absence congé-
niale de la voûte du crSne et l'atrophie d'une moitié de la face. Celle-ci offre
un bec inférieur normal, une cavité buccale dont la paroi supérieure présente une
fissure médiane très-profonde; à droite de cette fissure se trouve un rudiment
tî-è.s-déformé du bec supérieur, en arrière duquel un épaississement des os
correspond à l'orbite droite qui n'existe pas. A gauche, une portion du bec $upé-
rieurun peu contourné et ne présentant quiune seule ouverture pour les na-
rines. A sa base existe une cavité orbitaire large et profonde qui contenait un
œil d'une apparence tout à fait normale. Le crâne manque complètement de
voùle; sa cavité, peu profonde et largement ouverte, est cireouscrite par un
bord épais, lisse, formé par deux occipitaux en arrière, qui laissent entre eux
une légère échancrure latéralement, et en avant par le bord de l'orbite du côté
gauche et le temporal droit, l'orbite droite n'existant pas. On peut constater
'ex'stence de deux rochers et de la portion écailleuse des deux temporaux plus
ou moins déformée. La base du crâne présenta deux fosses latérales séparées
par une crête médiane mince antérieurement, élargie et bifurquée postérieure-
ment et qui est produite par la fusion des deux crânes incomplète en arrière.
De chaque côté de cette crête et dans le fond de chaque fosse latérale, on re-
marque un trou qui communique avec le canaj •vertébral de chaque rachis ; ce
sont deux trous occipitaux. Le diamètre antéro-postérieur de la cavité du crâne
est moindre que dans un poulet normal. Deux colonnes vertébrales entièrement
distinctes se fixent à la base du crâne en rapport avec les deux trous occi-
pitaAix.
Les thorax forment une cavité unique, les deux rachis étant opposés l'un à
l'autre; les côtes gauches de l'un s'unissent avec les côtes droites de l'autre
15
sur un sternum dont chaque moitié appartient à un individu difiërent ; cette dis-
position se répète de l'autre côté, de sorte qu'entre les deux rachis opposés
existent deux sternums opposés. De même les os de l'épaule gauche de l'un des
troncs sont réunis avec ceux de l'épaule droite de l'autre et superposés aux
sternums formant ensemble (le sternum et i'épaule) une masse commune où vien-
nent aboutir les côtes et les membres antérieurs; par cette disposition les
deux ailes de chacun des deux côtés appartiennent aux deux sujets.
L'ensemble du tronc et de la tète présente un aspect particulier qui est dû
à ce que celle-ci n'est point placée suivant le plan des deux rachis, mais en tra-
vers, le bec et l'occiput correspondant aux deux côtés du thorax.
Les deux côtés de la poitrine offrent une dissemblance notable ; les côtes de
la moitié correspondante à l'occiput forment avec !e rachis un angle presque
droit, tandis que celles de la moitié correspondante au bec sont presque longi-
tudinales. Cette disposition a pour cause une courbure latérale très-forte de la
région dorsale des deux rachis; une seconde courbure en sens inverse existe à la
région cervicale, en même temps qu'une torsion très-marquée, déterminée par
la position de la tète sur les deux colonnes vertébrales-
En résumé, ce monstre présente pour principaux caractères : la fusion de deux
crânes plus complète en avant qu'en arrière; l'exisleoce de deux troncs réunis
par leur sternum et formant ainsi une seule eavité thoracique ; la fusion des
os de l'épaule de chaque côté ; l'existence de quatre membre antérieurs et de
quatre membres postérieurs,
3» EXISTENCE D'DN DOIGT SORNUMÉnAlRE; par M. CaZEADX.
Un nouveau-né portait au bord interne de l'auriculaire gauche et à peu prés
au milieu de la seconde phalange, un appendice charnu tenant à la peau par un
pédicule de 3 millim. de longueur et 2mi)lim. de diamètre. Cet appendice avait
la forme de la troisième phalange du petit doigt et son extrémité offrait sur
la face dorsale un ongle de forme très-régulière, ayant à peu près 2 millim. dans
tous ses diamèlres. •
Ce doigt surnuméraire ne fui coupé que cinq semaines après la naissance.
Pendant ce temps, son augmentation de volume fut en rapport avec la 'crois-
sance générale du petit enfant : sa chaleur, sa sensibilité, sa coloration, étaiedt
les mêmes que celles des autres doigts.
L'auriculaire de la main droite offrait au même point une espèce d'excrois-
sance de la peau, ressemblant à une petite verrue, mais qui n'avait physique-
ment aucune ressemblance avec le doigt surnuméraire de l'autre main. Cette
petite verrue s'est affaissée depuis la naissance, et son volume a diminué asse*
sensiblement iwur que j'aie cru inutile d'en pratiquer l'excision.
i6
U" DBDX CAS DE FUSION DES DENTS, L'UN D'UNE INCISIVE sURNCMÉRAlRË AVEC
UIVE INCISIVE NORMAtfS CHEZ UN ENFANT, L'aCTRE DK DEUX MOLAIRES CHEZ UN
ADULTE ; AVEC DES REMARQUES SUR CE VICB DE CONFORMATION ; par M. Da-
VAINE.
M. Davaine présente la mâchoire inférienre d'un enfanl âgé de 4 à 5 ans. Celte
mâchoire oflVe toutes les dents de la première dentition à l'état normal, excepté
la seconde incisive du côté gauche qui présente deux couronnes distinctes,
en sorte qu'au premier aspect la mâchoire inférieure paraît avoir cinq încisives.
Cette dent anormale, formée par la réunion des deux dents, a ses deux cou-
ronnes cootiguës et distinctes jusqu'au collet de ia racine. Ces couronnes ont
la même largeur et la même forme que celles des autres incisives de la même
mâchoire ; elles font partie de la même rangée, seulement elles sont un peu in-
clinées l'une vers l'autre en arrière. La racine unique de ces deux dents est.
large et aplatie ; elle oBre dans toute sa largeur un sillou qui se continue avec la
tissure de séparation des deux couronnes et qui indique évidemment le point de
soudure des deux racines ; elle a la même longueur que celle de IMncisfve cor-
respondante de l'autre côté ; l'extrémité de cette racine n'est pas bifide ; on y
voit un trou unique, allongé transversalement pour le passaue du nerf et des
vaisseaux dentaires,
M. Davaine doit à l'obligeance de M. Oudet un exemple de soudure entre
deux dents molaires. Ce cas ditière tout à fait du précédent en ce que l'une des
molaires est beaucoup plus petite que l'autre, et en ouire en ce que sa direc-
tion est anormale. Ces molaires sout réunies par leur racine ; la couronne de
l'une, qui paraît être une dent de sagesse, forme ses dimensions et sa direc-
tion naturelles ; la couronne de l'autre n'a que le tiers du volume à peu près de
sa congénère; elle est arrondie, tuberculeuse comme une molaire-, sa surface
Iritureuse est fortement déjeiée de côté, La racine de cette dent, moins longue
que l'autre, n'en est distincte que par un léger sillon apparent sur un côté. On
trouve dans les auteurs des exemples de réunions de deux, ou même de trois
dents incisives. M. Isid. Geotiroy-Saint-Hilaire, dans I'Histoibe dps anomalies
DE l'organisation, a figiuré un cas de réunion de deux incisives. Jos. Fox a
ligure aussi un cas de réunion des deux incisives moyennes de la mâchoire in-
férieure; dans ces deux cas, ia réunion parait avoir eu lieu dans toute la lon-
gueur de la dent. Duval a vu deux dents de lait, incisives de la mâchoire infé-
rieure, réunies par leur racine, de sorte que l'avulsion de l'une a entraîné l'ex-
traction de l'autre. Gérard a observé une incisive supérieure gauche réunie par
la couronne avec sa voisine; cette disposition faisait que la mâchoire supérieure
paraissait n'avoir qu'une seule incisive de ce côté. Otto a vu aussi deux dents
incisives réunies dans leur couronne chez un étudiant en médecine ; le même
auteur a vu trois incisives réunies par leur racine et provenant d'un enfant. Ces
17
cafi ofi'reni (Jes<>^xen)ples de réunion entre des incisives dans la première ei dan»
la seconde dentition. Cette réunion se t'ait tantôt dans la racine, tantôt dans la
couronne, ou bien dans toute la longueur de la dent.
Tous ces cas paraissent différents de celui que M. Davaine présente, en ce
que, dans ce dernier, iA réunion a>'sil lieu avec une incision surnuméraire.
Ou trouve aussi dans les aoteîirs des exeinptes de réunion des dents molaires;
mais la plupart ont présenté une réunion de.s racines seulement.
Fox a tiguré uue réunion de la seconde et de la troisième molaire par leur:»
racine* inférieures,
Laveran a vu une molaire de la mâchoire supérieure dont les racines étaient
réunies, et ne formaient qu'un tout avec la racine d'une autre molaire, sa voi-
sine. Otto parle de deuxdeuts molaires dont les racines offraient un exemple de
fusion. Le muséede Berlin possède un exemple de fusion de deux molaires. La
réunion existe dans toute ta longueur de la dent, à la couronne et aux racines,
Linderer Ta figurée dans son Manuîl dk MÉOEaNE oenxaibe. Le même auteur a
donné aussi la ligure d'une bicuspide soudée par la racine avec une dent sur-
numéraire. Celle-ci, beaucoup plus petite, avait sa couronne très-écartée de
l'autre. Son canal dentaire se réunissait avec celui de la deni normaJe. M. Ou-
det rapporte, dans le Dictionnaire de mèixecine (art- Dent), qu'il a eu en sa
possession plusieurs incisives et canines qui étaient jointes, e<i totalité ou par-
tiellement, par leur couronne ou leur racine.
Les cas de fusion, chez les mammifères, ont été plus rarement observés. Otto
a vu la fusion de deux dents chez une vache. On sait que, dans les éléphants,
il se développe une seule défense de chaque côté de la mâchoire supérieure,
jfobn Tomes a vu et figuré un cas dans lequel il existait trois défenses d'uD
même côté, une. grande et deux i^^etiies immédiatement à côté de la première.
Mais ce qu'il y avait de plus remarquable, c'est que l'extrémité des petites dé-
fenses était unie à la surface de la plus grande. L'union n'était pas produite par
le tissu dentaire des trois défenses, mais seulement 4)ar le ciment. Chaque dent
avait son alvéole propre et ia cavité de la pulpe séparée.
Cies derniers cas, exemples de fusion des dents, sont bien distincts de ceux
dans lesquels des dents normales sont plus ou moius enveloppés de tartre, de
.Tnaniére à ne former en apparence qu'une seule dent. Les exemples que l'oa
rapporte, d'après Platarque et d'autres historiens anciens , de Ja réunion de
toutes les dents -en une seule, un cas semblable, cité par Thomas Barlbolin,
qui ine l'a jtoint vu lui même, n'ont. pas été observés jivec le soin qu'on est en
droit d'exiger pour ua fait aussi exlrsei(':riaire. En admettant ces observations
comme *raies, il n'est pas permis d'y voir autre chose xju'aiie (réunion des dents^
par une matière étrangère, comme dans If cas observé par Schenck, Sabalier
et.<quel«|ucs autres auteurs, pas dans lesquels les dems étaient réunies par du
UtFlre.
Ces observations peuvent être intéressantes à certain point de vue; mais
18
c'est bien à tort qu'on les a rapprochées des cas de fusion des dents qui consti-
tuent une véritable anomalie.
V. — HELMINTHOLOGIE.
EXPOSÉ DES PRINCIPALES OBSERVATIONS SUR LES ANOMALIES DES HELMLNtHES ;
par M. J-B. Chaussât.
Ayant eu l'occasion d'examiuer quelques anomalies d'helminthes dans la col-
lection de M. Rayer, j'ai dii m'enquérir des c?s analogues qui ont été consignés
dans divers recueils, et lorsque j'ai eu terminé ce travail, j'ai pensé que la So-
ciété entendrait avec quelque intérêt un résumé de ces observations.
En eflet, des anomalies plus ou moins remarquables ont été observées dans les
diilërents ordres dont se compose la classe des helminthes. Toutefois ces ano-
malies sont beaucoup plus fréquentes dans l'ordre des cestoîdes.
Dans la première sous-classe des helminthes, dans celle des nématoîdes,
groupe très-nombreux, les cas d'anomalies notées par les uaturalisics sont très-
rares ; j'ai pu cependant eu recueillir quelques-uns.
Treuller (Observation es pathologico-anatomic^ auctarium ad helmlntho-
LOGiAM HfiMANî coRPORis CONTINENTES, 1793, p. 17 ct i8), rapporte qu'ayant ren-
contré dans l'intestin grêle d'une femme une grande quantité d'ascarides, il s'en
trouva un qui différait des autres par la forme de la tête. Au lieu de se termi-
ner par trois tubercules, comme celle des ascarides ordinaires, il se terminait
en pointe et présentait deux tubercules seulement, qui se trouvaient à une pe-
tite dislance de l'extrémité, en dessous et à l'endroit d'une courbure.
Olfers (De VEGETA n VIS et ammalis corpobibus in cobporibus anjmatis bepe-
aiCNDis commentarîds, part, première, 1816, p. 59, obs. I), ayant rencontré dans
le proventricuie d'un mergus merganser (barle vulgaire) un grand nombre de
strongylus elegans^ remarqua qu'un de ces helminthes présentait, vers le mi-
lieu du corps, trois appendices d'une longueur variable d'une à 3 lignes envi-
ron, attaché à la peau du ver, et sans communication avec l'intestin.
Dans la deuxième sous-classe, dans les acantholhéques, groupe qui ne com-
prend encore qu'un seul genre, celui des pentastomes, on n'a pas encore noté
d'anomalie de ces helminthes.
Mais dans la troisième sous-classe, dans celle des trématodes, groupe très-
nombreux, on a dt jà observé des exemples d'anomalies dans quelques espèces.
Ainsi, suivant Rudolphi, il n'est pas rare de rencontrer de petites excroissances,
dures, arrondies, solitaires ou disséminées, sur la surface du corps des disto-
mPE. Ce savant observateur a figuré un distome du brochet (distoma lucii te-
reti collit) qui offrait des excroissances analogues à celles qui avaient été ob-
servées par Olfers sur un strongylus elegans.
Rudolphi rapporte aussi avoir observé sur un distoma spaiiuatum deux ex-
croLssanc<'s pointues;, obiiques et irréguliéres, évidemment accidentelles, et ana-
logues à celles qu'il avait vues sur un distome de brochet.
19
Dans la quatrième sous-classe, daus celle des acantbocéphales, qui ne com-
prend qu'un seul genre, celui des échinorhynques, on n'a pas encore observé
d'anomalies.
Mais la cinquième sous-classe, celle des cestoîdes, ea a présenté à elle seule
plus que toules les autres sous-classes réunies. En elTct, on a noté les anomalies
suivantes :
1* La duplicité de la tête ;
2' Une duplicité au moins apparente de la queue;
3° La perloration d'un ou de plusieurs anneaux;
5* La duplicité plus on moins eemplète des organes génitaux ;
5» Des déformations des anneaux (élargissement, étranglement, etc.J.
1" DuPLicirÉ DE LA TÊTE. — Pallas rapporte qu'il a vu des tricuspidaires
[trianophorus nodulosus) dont les deux extrémités se terminent par une véri-
table tête.
Uudolphi, qui, dans son Histoire naturelle des vers, avait d'abord émis des
doutes sur l'existence de celle monstruosité, se fondant sur ce qu'elle n'avait
point été observée par d'autres naturalistes, en a admis Dostérieuremenl l'exis-
tence dans son Sïnopsis.
Un autre genre de duplicité de la tête a été observé chez les cesioiaes: c'est
celui où deux têtes, unies entre elles par une sorte de fusion, se rencontrent
sur un ver cesloïdeà corps unique. Tel est le cas rapporté par Rudolphi d'un te-
nta crussicolis trouvé dans l'inleslin d'un chat, et conservé dans le musée de
Vienne. La lête de ce ver offrait six oscuies au lieu de quatre, type normal, et
le corps , ordinairement aplati, était prismatique. A cette occasion, Rudolpbi
ajoute qu'il a, dans sa collection, un tœnia cucumerina trouvé dans un cbien,
qui lui a été donné par Brown, et dont le corps était également prismatique,
mais dont la léte était simple.
2» Quant à la duplicité apparente de la queue de certains cestoîdes , dont
M. Rayer a vu plusieurs exemples chez les bolhriocéphales, ce n'est pas une vé-
ritable duplicité : elle parait résulter, au moins dans la plupart des cas, d'une
division accidentelle du corps de ces helminthes, dans une étendue plus ou
moins considérable de leur longueur. On n'observe point de pores génitaux sur
les petits anneaux dont se composent les deux prolongements de la queue. Ces
anneaux ont à peine la moitié de la dimension d'un anneau ordinaire, divisé lon-
gitudinalement. Les perforations médianes qu'on remarque quelquefois sur les
mêmes individus semblent indiquer le mécanisme à l'aide duquel s'opère cette
division des anneaux postérieurs en deux bandelettes. Cette anomalie n'est pas
très-rare.
3» Les perforations des anneaux dans la longueur du corps du ver ne sont pas
rares non plus. Breraser en a figuré plusieurs exemples; elles sont toujours situées
sur la ligne médiane du corps du ver, et sont plus ou moins allongées, suivant le
nombre des anneaux perforés et la réunion plus ou moins complète des perfora-
20
lions. Elles forment ainsi des espèces de boutonnières fort remarquables, situées
là où devraient être les organes de la génération, s'ils n'avaient été détruits par
l'altération qui a amené les perforations. Il se pourrait que ces perforations
fussent le résultat de !a déchirure du corps de ces helminthes, lors de certaines
pontes (Ju par suite de l'altération des ovaires.
Une quatrième anomalie du corps des cestoïdes, et en particulier desbothrio-
céphales de l'homme, est une duplicité plus ou moins complète des organes
génitaux. Chez le boihriocéphale de l'homme, on sait qu'il existe deux pores
génitaux sur les anneaux procréateurs , pores tous deux situés sur la ligne
médiane. Or il arrive quelquefois que Fon observe sur le botbriocépbale de
l'homme des anneaux qui, au lieu d'être régulièrement rectangulaires, sont dé-
formés à leur partie moyenne et semblent constitués par la fusion de deux an-
neaux distincts. Ces mêmes anneaux offrent quatre pores génitaux au lieu de
deux qui existent sur les anneaux à l'état normal ; et lorsqu'on examine à la
loupe les anneaux particuliers, on peut reconnaître sur plusieurs la duplicité
complète des ovaires et la duplicité des organes mâles, ainsi que je l'ai repré-
senté dans une des figures annexées à ce mémoire.
Mais parfois la dupiicilé est incomplète sur d'autres anneaux de ces mêmes
vers. Brera prétend avoir observé un tsenia (cysticerctis simiœ),, hybride, c'est-
à-dire ÛQ ver qui tenait 'e milieu. Il y a souvent un ovaire normal et un autre
ovaire incomplètement développé.
Enfin une cinquième anomalie est celle dans laquelle le corps d'un boihrio-
cépbale ou d'un taenia offre un nombre plus ou moins considérable d'étrangle-
ments. Tel est un cas que j'ai figuré d'après un individu de la collection de
M. Rayer , tel est un autre qui nous a été présenté par notre collègue
M. Polîin.
La dernière sous-classe, celle des cystiques ^ n'a. encore offert qu'ua seul
exemple d'anomalie; mais il est des plus remarquables. Eu effet, Budolphi a
hguré uu cysticerque à deux têtes , résultant probablement de la réunion de
deux individus en un seul.
Je terminerai par une dernière remarque. L'étude des anomalies des vers offre
à un autre point de vue un certain intérêt, d'anciens observateurs ayant décrit et
Oguré comme des espèces particulières des portions d'helminthe qui pré-
sentaient des anomalies ou des déformations plus ou moins considérables. Ainsi,
Tulpe,dans ses Observationes MEDicsa décrit et figuré comme un ver lombaire
à deux têtes, caput geminum, un fragment de bolhriocéphale dont il a pris les
articulations postérieures fondues pour des têtes-, sa figure ressemblée uue
tête d'oiseau et un trou simule l'œil de cette tête. Leclerc a copié celte planche.
Bremser remarque avec raison que les prétendues lèvres de la tête ne sout
autre chose que des déchirures accidentelles des anneaux qu'il n'est pas rare
d'observer dans les vers taenoïdes.
21
VII. — BOTANIQUE.
SUR LES FUMAGÏNES DE FERSOON ; par M- MONTAGNE.
Tous les botanistes connaissent cette couche fuligineuse et noirâtre qui, vers ia
fin ttè l'automne, quelquefois même plus tôt, recouvre les feuilles de certains ar-
bres, et les ferait croii* enduites de saie, (^est surtout dans les serres et sur les
feuilles coriaces que cela se remarque. Peraooa avait désigné sous le nora de
fumago toutes les espèces de champignons parasites auxquels sont dues ces ta-
ches des feuilles. L'obseivation microscopique conduisit Linjt à y distinguer deux
genres bien différents, les antennaires et les cladospores. Mais depuis on a re-
connu qu'il y en avait encore plusieurs autres à établir. C'est ainsi que le genre
capnodium a été dernièrement fondé par notre confrère M. Montagne sur le futnago
citri, dontTurpin a donné une bonne figure dans un Mémoire »e nosologie xé-
GÉTALE, inséré dans le tome VI des Mémoires pes savants étrangers de l'Insti-
tut. Les individus que représenta Turpin ne présentaient point la frueîiûcation
normale, en sorte que cette figure était incomplète. Au lieu des simples conii^s
figurées par cet académicien, on trouve en effet que les vraies sporidies, d'ail-
leurs multiloculées, sont contenues de nombreuses thèques, dont la forme est
celle d'une massue.
C'est de ce genre capnodiMoi que le révéreudM. J. Berkeley et notre compatriote
M. Desmazières (de Lille) ont publié une monographie intére-ssante (I) dans le
Journal de la Société d'horticulture de Londres. On en connaît une dizaine
d'espèces qui ont presque toutes été figurées par nos deux mycologues : ces es-
pèces ont été trouvées sur des feuilles de chêne, de citronnier, d'érable, de cou-
drier, de peuplier, de plusieurs saules de la section cinerella, etc., dont elles
recouvrent le plus ordinairement la face supérieure d'un enduit noirâtre quiaun
aspect velouté. Ce velouté cst fprmé par une couche plus uu moins épaisse de
filaments rameux articulés et à endochrômes sphériques ou oblongs, d'où s'élè-
vent des réceptacles ou péi idiuras en forme de poire, de massue ou de corne,
lesquels renferment les thèques et les sporidies. Les climats iempcrés des deux
hémisphères sont leur centre géographique, et la chaleur et l'humidité les condi-
tions essentielles de leur développement. Elles sont très-nuisibles aux plante»
qu'elles envahissent parce qu'elles bouchent les stomates des feuilles, et rendent
par là difficile, incomplète et impossible la fonction de la respiration. M. Mon-
tagne a déjà communiqué à la Société le fait d'un champignon parasite {ante
maria clœophila), qui détruisit la récolte des olives aux environs de Perpignan,
en 1828. Les oliviers dont les feuilles étaient envahies par le parasite ne îleu-
(I) On some moulds referred by the aulhors to frtmago and on certain aîhed
nr analogOHs forrn; by tiie révérend M. J. Berkeley, M. A. P.. L. S. et H. B. J.
besmaziére.s.
22
rifent pas. Le révérend M. F. Berkeley rapporte qu'à Ceylan feu Gardner ob-
serva une affcclion analogue sur les caféiers.
VIL — BIBLIOGRAPHIE
ANATOMIE ET PATHOLOGIE DES GLANDES DE MÉRY, CONNCES SOCS LE NOM DE
GLANDES DE COWPER ; par M. GUBLER.
En présentant sa thèse à la Société, l'auteur en doane l'analyse sommaire qui
suit. Il appelle glandes de Méry les glandes de Cowper, parce que l'anatoniiste
français les avait décrites quinze ans avant Cowper.
Ces glandes, au nombre de deux, sont situées immédiatement en arrière du
bulbe, au-dessous de Textréraité correspondante de la portioo membraneuse ;
elles pourraient donc, en raison de celle position, s'appeler glandes bulbo-
urétrales. La nature particulière du liquide qu'elles sécrètent indique assez
qu'elles n'ont qu'une analogie fort éloignée avec la prostate : ce sont les ana-
logues des glandes de Barlholin chez la femme (glandes vulvo-vaginales de
M. Hugu'er). Une circonstance très-importante à noter dans l'histoire anato-
inique de ces glandes, c'est qu'elles sont placées entre l'aponévrose moyenne du
périnée et l'aponévrose inférieure : celle-ci étant la moins résistante , il en
résulte que le pus formé dans ces glandes se fraye toujours une issue du côté
de la peau.
Les maladies des glandes de Méry, entrevues par G. Cowper lui-même, indi-
quées par Terraneus, décrites successivement par Liltré, par Astruc , par
J.-L. Petit et d'autres médecins contemporains, étaient méconnues de notre
temps. Cependant, depuis plusieurs années, M. Ricord appelait l'attention sur
les abcès blennorrhagiques de ces glandes, les seuls qui eussent été observés
jusque-là. M. Gubler entreprit de les faire connaître en se fondant sur dés ob-
servations recueillies par lui dans les services de MM. Rayer, Ricord et
Velpeau.
M. Gubler reconnaît une inflammation aiguë et une inflammation chronique j
il s'étend longuement sur la première forme, qu'il dislingue en foUiculeuse et
parcnchymatause. (^ette dernière a souvent pour cause une blennorrbagie deve-
nue profonde, mais il y a d autres circonstances capables de la produire. D'ordi-
naire elle est unilatc-ralc, c'est-à-dire bornée à une seule glande, et c'est la
gauche. L'écoulement persiste, mais il se manifeste une douleur avec tension
dans la région bulbaire, et l'on constate au début une petite tumeur pyriforme à
grosse extrémité postérieure, ayant le siège précis de la glande de Méry, et en-
voyant un prolongement vers le balbe. Bientôt la tuméfadiou phiegmoneuse en-
vahit le côté correspondant du périnée, empiète mèrae sut l'autre côté, gagne les
bourses en suivant l'aponévrose ano-scrotale, et constitue dans celte région une
tu.neur plus volumineuse qui semble app irtenir au testicule, et qui parfois se
soude en clî'el à i'épididyme, comme M. Hicord i'a vu plusieurs fois. Drpuis la pu-
23
blicalion de sa thèse, M. Gubler a vu dans le service de ce chirurgien trois nou-
veaux cas de suppuration d'une glande de Cowper parfaitement caractérisés :
dans l'un de ces cas, le gonflement s'était propagé derrière la bourse correspon-
dante jusqu'à l'origine de la portion libre de la verge en suivant l'aponévrose
ano-pénienne.
Au bout de quelques jours, la bosselure phlegmoneusc placée au niveau de la
glande se ramollit, H se forme un abcès et parfois des fusées purulentes dans
différentes directions. Contrairement à l'opinion de J.-L. Petit et de Swediaur, la
mixtion n'est pas entravée ; la défécation n'est pas non plus douloureuse dans la
grande majorité des cas. Si l'on tarde trop à ouvrir, il n'est pas rare de voir la
paroi de l'urètre perforéee livrer passage à l'urine : quand on pratique l'incision,
il s'écoule alors au milieu de pus phlegmoneux du pus liquide ammoniacal. On
constate toujours que le foyer est multiioculaire.
Ces abcès ont été englobés avec beaucoup d'autres sous le titre d'abcès urineux
avec ou sans perforation de l'urètre : leurs caractères spéciaux permettront dés-
ormais de les reconnaître.
La description donnée par M. Gubler repose sur l'observation clinique et sur
l'inspection cadavérique. La thèse de M. Gubler révèle aussi une cause nouvelle
de rétrécissement de l'urètre; il s'agit de la dilatation ampullairc du canal excré-
teur d'une glande de Méry derrière une oblitération de son orifice : c'est une sorte
de grenouillette observée pour la première fois par Terraneus, et dont notre col-
lègue a rencontré aussi un exemple.
COnXFTS RENDU
DES SÉANCES
DE
LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PERDANT LE SfOIS PE FÉVRIER 1850;
PAR
M. lé Docteur BROWN-SÉQIIARD , iiccr«Ulre.
Présidence de M. RATER.
I. — ANÂTOMIE NORMALE.
f* EXAMEN MICROSCOPIQUE DE L'CRINE DE l'rOMME ; par MM. Cb. ROBISt
et Verdeiu
Lorsqu'on fait évaporer de l'urine humaine fraîche, on aperçoit d'abord se for-
mer à la surface du liquide, lorsque l'évaporation l'a diminué de moitié ou des
trois quarts, une pellicule ; c«tte peau, examinée au microscope, se trouve com-
posée d'une masse amorphe, plus quelques cristaux d'urate de soude, et des cris-
taux de phosphate de chaux neutre. Ce phosphate n'est pas le racme que celui
ées os, et se forme lorsque le 8«i soluble de chaux se trouve en présence du phoe-
26
phale de soude. Si Von évapore davantage le liquide, et qu on !e laisse reposer
pendant quelques Jieures, il se forme une quantité de sel marin et de créatine,
qu'on peut facilement distinguer au moyen de la polarisation. Par un séjour
plus prolongé, on peut aussi distinguer des cristaux d'acide uvique et d'uratede
soude.
Pour faire cristalliser les autres substances contenues dans l'urine, nous pro-
cédons de la manière suivante •• nous filtrons la liqueur qui est à consistance de
sirop, et nous la divisons en troife parties; la plus petite quantité est évaporée jus-
qu'à siccité, puis traitée par l'alcool, qui dissout l'urée, en prenant une goutte de
cette solution et en y ajoutant sous le microscope un peu d'acide nitrique ou
d'acide oxalique, on obtient du nitrate eu de l'oxalatc d'urée qui ont des fermes
cristallines très-caractéristiques, comme l'on peut le voir sur les planches.
A une autre partie de la liqueur, on ajoute quelques gouttes de chlorure de
zinc, et on laisse reposer; au bout de deux jours, il s'est foi me un sel double de
chlorure de zinc et de créatinine qu'il est très-facile de constater, soit à l'œil nu,
soit au n>oyen du microscope. La troisième portion du liquide est introduite
dans une éprouveite, puis mêlée à trois foisson volume d'alcool absolu. Au bout
de douze heures, il apparaît, aux parois du vase, des cristaux; ces cristaux sont
du phosphate de soude neutre, à réaction alcaline ; leur analyse et la forme des
cristaux le démontrent. On laisse le mélange séjourner pendant vingt-quatre
heures encore. Il se forme de nouveaux cristaux sur les parois du vase ; ces
cristaux sont du phosphate acide de soude, comme la forme des cristaux et l'a-
nalyse le prouvent. Le phosphate de chaux et de magnésie se formera en ajou-
tant de l'ammoniaque.
Voilà quels sont les résultats que nous avons obtenus dans nos recherches sur
l'urine de l'homme. Nous allons continuer l'étude des principes des autres tissus.
Vous voyez que, pour faire de i'anatomie, nous nous sommes servis de la chimie
et du microscope comme moyen, nous n'avons pas fait de la chimie et de la mi-
crospie, nous nous en sommes servis comme moyen tout comme de la pola-
risation. Dans le cours de nos recherches, nous pourrons nous servir tout aussi
bien de la physique, en opérant dans le vide, en nous servant de la pression, par
exemple, et cependant nous ferons toujours de Vanatomie.
II. — PHYSIOLOGIE.
!• DE L' ARRÊT PASSIF DES BAITEBENTS DO CŒCR PAE L'EXCITATION GALVANIQUE DE
LA MOELLE ALLONGÉE ET PAR LA DESTROCTION SUBITE DU CENTRE CÉRÉBRO-RACBI-
DiEN; par M. Brown-Séquabd.
On sait que, dans ces dernières années, plusieurs physiologistps allemands,
parmi lesquels Budge, Ed. et E.-H. Weber, et plus récemment Moritz Schiff, ont
constaté que, lorsqu'on galvanise la moelle allongée, au niveau de l'origine des
nerfs vagues, le cœur cesse presque subitement de battre. Cet état de repos du
27
cœur ne consiste pas en une contraction pei-sistante, mais bien >— chose singu-
lière! — dans l'absence même de toute contraction. Ce fait est si facile à repro-
daire, alors qu'on se place dans les conditions signalées par les expérimentateurs
allemands, qu'il serait sans utilité de publier aujourd'hui qu'on a reconnu son
existence, si des doutes émis récemmont par M. Longet (Traité de physiologie.
Paris, 1850, t. II, B. 2* partie, p. 2tl— <2) n'avaient rendu une nouvelle affirma-
tion nécessaire.
M. I^onset déclare n'avoir pas réussi dHiis les tentatives assez nombreuses
qu'il a faites à cet égard. Il lui est difficile d'ndmetlre que la suspension de toute
activité survienne brusquement dans un organe au moment où l'on commence
à stimuler le système nerveux qui l'anime, attendu, dit il, qu'un pareil phéno-
mène est en opposition complète avec ce que les vivisections démontrent chaque
jour aux expérimentateurs.
Avant de passer outre, nous ferons remarquer, à propos de ce raisonnement,
qu'il s'agit ici d'un fait que des physiologistes émineols disent avoir vu et avoir
monlié à un grand nombre de personnes.
M. Longet ajoute : « Quand j'ai fiit usage d'un courant électrique interrompu,
le cœur a présenté des alternatives de contraction et de relâchement ; et quand
j'ai employé un courant continu, il y a bien eu suspension momentanée des bat-
tements cardiaques, mais j'ai pu reconnaître, de visu, qu'il y avait alors con-
traction soutenue de l'organe et non dilatation passive; encore dois-je ajouter
qu'il ne m'a jamais été possible d'obtenir un semblable effet en faisant agir le
courant seuleinent sur l'appareil nerveux cardiaque, et qu'il m'a fallu placer
l'extrémité de l'un des réophores sur le < œur lui-même. »
Ceci montre que M. Longet ne connaissait pas les procédés employés par les
physiologistes allemands, car autrement il aurait su quelle espèce de courant il
fallait employer, et quels sont les meilleurs lieux d'application des réophores. Il
importe beaucoup de savoir où appliquer les conducteurs, car, suivant que l'ap-
plication est faite dans tel endroit ou ilans tel autre, on obtient des efî'els tout
différents les uns des autres. Ainsi, quand les réopiiores sont appliqués l'un sur
le cœur et l'autre sur le nerf vague ou sur la moelle allongée, on voit le cœur
cesser de battre, mnis par suite d'une contraction persistante. Si l'appareil gal-
vaniijue employé est puissant, et si, au lieu d'agir sur un mammifère, on opère
sur des batraciens, on voit le cœur se vider complètement du sang de ses ca-
vités et de .ses vaisseaux, et blanchir d'une façon très-remarquable.
Au contraire., lorsqu'on apiliijue les deux extr(;iuités des réophores sur la
moelle allongée, au niv(au de l'ongin»; des deux nerfs vagues, ou bien sur ces
nerfs eux-mêmes près de leur origine, on voit, quelquefois tout aussitôt, d'autres
fois au bout de quelques minutes, ic cœur cesser de battre s.ms contraction. Si le
courant continue à agir, après l'arrêt passif des battements du cœur, celui-ci
noircit et se gonfle de plus en plus, lo sang y affluant toujours et n'en sortant
plus. Cet état d'inactivité du cœur persiste de quelques secondes à quelques ml-
28
nutes, après que te courant a cessé d'agir. Dans certaines circonstances, J'immo-
bilité du cœur n'est tout à Fait complète qu'à partir du monient où l'on arrête le
cogrant.
M. Bro"wn-Séquard, à l'aide d'un appareil él€clro-maj>nétique énergique, a ré-
pété ces expériences devant la Société, qui a vu le cœur e'arrêler dans un cas, par
cessation de toute contraction, et dans un autre, au contraire, {jar suite d'une
contraction persévérante.
M. Longet dit qu'en employant un courant interrompu, il n'a vu que des al-
ternatives de contraction et de relâchement. Nous devons croire que M. Longet
n fait usage d'un appareil galvanique peu puissant, car c'est précisément à l'aide
fie courants interrompus qu'il est facile d'arrêter les battements du cœur, soil
par l'elTet d'une contraction persistante, soit par cessation de toute contraction.
On peut produire la suspension passive des battements du cœur d'une autre
manière que par l'action du galvanisme sur la moelle allongée ou sur les nerfs
vagues. M. Brown-Séquard a reconnu que c'est une suspension passive, c'est-à-
dire une cessation de toute oontrai'tion, qui a lieu lorsqu'on enfonce subitement
un stylet dans une grande partie de la longueur du canal vertébral, par une ou-
verture faite au crànc d'une grenouille. Cet airét passif des raouvemeuis du
cœur dure moins que celui produit par le galvanisme. Legallois et les commis-
saires de l'Institut, chargés de faire un rapport sur ses expériences (OEuvres de
Legallois, avec des notes de Pariset. Paris, 1830, 1. 1, p. 2.^8) avaient vu qu'en
détruisant, comme nous venons de le dire, le cerveau, la moelle allongée et une
partie de la moelle épinière, on suspend les battements du cœur pendant quel-
ques secondes, mais ils n'ont pas cherché si cette susp<'n8ion tient à une con-
traction soutenue, ou à l'absence de toute contraction.
A l'occasion de cette communication, M. Cl. Dernard rapporte que dans les
curieuses expérienr-es que M. Magendis a faites sur l'influence comparative des
r;;cines antérieures et des racines postérieures des nerfs rachidiens, sur les mou-
vements du cœur, c'est aussi par suspension complète des contractions, et non
par persistance d'une conlraction qu'avait lieu l'arrêt momentané des battements.
(Séances du 22 décembre t8i9 et du y février î850.)
2" DE LA CONSERVATrOX DE LA VIE, SANS TROUBLE APPARENT DES FONCTIONS ORGANI-
QCES, MALGRÉ LA nESTRPCTION D'UNE PORTÎON CONSIDERABLE DE LA UOELLE ÉPI-
NIÈRE CHEZ DES ANIMAUX A SANG CHAUD; par le même.
Personne n'ignore que chez les animaux à sang chaud la rnort a lieu, au bout
d'un temps très-court, après la destruction d'une partie même fort peu étendue
de la moelle épinière. De tous les physiologistes qui ont fait ces expériences,
Wilson Philip et M. Flourens sont ceux qui jusqu'ici ont vu les plus longues
survies. C'est sur des lapins qu'opérait Wilson Philip; il cite 3 cas d'asses
longue survie : l'une a été de vingt-quatre heures, une autre de vingt-sept heures
et une troisième de trente-cinq heures. Malheureusement, à part ce der-
29
nier cas, les portion» de moelle détruites n'ont pas été désignées suffisamment.
Sur ranimai qui survécut trente-cinq heures, on n'avait détruit qu'une partie
très-minime de la moelle épinière, celle située sous la première vertèbre lom-
baire. M. Flourens a expérimenté sur di^s lapins, des cobayes, des chats, des
chiens et des oiseaux. C'est sur un pigeon et sur une poule qu'il a vu la plus
longue survie; ces deux animaux, sur lesquels toute la moelle depuis la der-
nière vertèbre costale jusqu'à sa terminaison avait été détruite, ont survécu près
de deux jours.
M. Brown-Séquard, dans une communication faite à la Société il y a plus
d'un an {le 2 décembre i8^S), a annoncé que la destruction des parties de la
moelle qui ne servent pas esseîUie.llfment à la respiration, était promptement
mortelle, bien plus en raison de l'hémorrhagie, qui en résulte, que de toute
aulre rause. 11 en donnait pour preuves : l*» que chez les animaux qui ont le
sang peu plastique, comme sont les lapins, la mort a lieu après la destruction
de la moelle lombaire, beaucoup plus vite que chez les oiseaux et les cobayes;
ainsi il avaii vu un coSiaye survivre quatre jours et demi à cette destruction ;
'2° qu'en produisant par une blessure de l'artère fémorale chez un lapin la perte
d'une quantité de sang, à peu près la même que celle perdue par un autre lapin
de même taille, lorsqu'on détruit la moelle lombaire, il voyait l'animal mourir
en général aussi vite après la seule hémorrhagie qu'après la destruction de la
moelle ; 3" qu'eu rendant, par transfusion, à dis lapins sur lesquels la moelle lom-
baire venait d'être détruite, une quantité de sang à peu près égale à celle que ces
animaux avait perdue, il en avait vu plusieurs survivre de huit à dix jours à la
perte de la portion de moelle indiquée.
En outre, M. Brown Séquard avait vu que la destruction d'une très-petite
partie de la moelle comme celle qui se trouve sous la dernière vertèbre dorsale
et sous la première vertèbre lombaire, 'ne portait aucune atteinte à la vie des
pigeons. Depuis trois ans, il en a montré plusieurs dans cet état, soit dans ses
cours publics, soit à la Société, quand il a eu à faire voir des mouvements ré-
flexes énergiques.
Tous ces faits l'ont conduit à tenter de nouvelles expériences. Il en a fait un
grand nombre, et elles lui ont fourni ce résultat capital, savoir que chez les pi-
geons la vie peut subsister sans paraître troublée, malgré la destruction d'une
portion de moelle épinière égalant la moitié de la longeur de ce centre ner-
veux.
M. Brown-Séquard se proposant de publier un mémoire développé à ce sujet,
nous nous contenterons de rapporter ici quelques-unes de ses expériences et
de signaler quelques-unes des conclusions qu'on en peut tirer. Il a montré plu-
sieurs pigeons dans les quatre séances du mois ; sur l'un, la moelle était extir-
pée onvirou depuis la quatrième vertèbre costale jusqu'aux dernières vertèbr*^
sacrées. Cet animal était opéré depuis dix-sept jours quand la Société l'a va
pour la première fois, le 2 février dernier : il vil encore. Ses pattes n'ont pas la
30
moindre irace d'action r^exe, mais il n'en est pas de même de la queue ; elle
se meut énergiquement par action réflexe, ce qui est tout simple puisque la
moelle caudale existe. Sur plusieurs autres pigeons très-jeunes, la moelle épi-
nière a été détruite depuis à peu prés ia troisième vertèbre costale jusqu'à son
extrémité caudale; il n'y a plus aucune trace d'action réflexe ni daus les pattes
ni dans la queue. La longueur de celte partie de moelle est au moins la moitié
de celle de l'organe entier. Ces animaux sont parfaitement vivants. Ils gran-
dissent et gagnent en poids aussi vile que des pigeons intacts du même âge.
La circulation, la respiration, la digestion si probablement les sécrétions qui
servent à la digestion, la chaleur animale, la nutrition et enfin la production des
plumes, paraissent exister comme à l'état normal. Les matières fécales et l'u-
rine semblent physiquement ne diflërer en rien de celles rendues par des pi-
geons intacts. Chez les pigeons adultes la survie a lieu tout comme chez les
jeunes pigeons.
Ces faits témoignent énergiquement contre les opinions émises par Legallois,
par Wilson Philip, par Krimer. par Chossat, relativement à l'influence de la
moelle épinière sur ie cœur, sur l'estomac et les poumons, sur la sécrétion
urinaire et sur la chaleur animale.
Dans la séance du 27 février, M. Brovvn-Séquard a montré un rochon d'Inde
adulte paraissant Ircs-vivant, sur lequel la moelle épinière était détruite depuis
trois Jours, à partir de la dixième vertèbre costale jusqu'à la queue de cheval.
Cet animal a survécu sept jours à l'opération ; il est mort de myélite.
5" RAPPORT SCR UN MÉMOIRE DE M. IIIFFBI.SUEIM, INTITULÉ : QUELOCES OBSERVA-
TIONS RELATIVES AU PHÉNOMi;NB I)E LA CIRCULATION; par MM. Cl. BERNARD et
BuowN-SÉQLARD, rapporteur.
« Messieurs, vous nous avez chargé?, M. CI. Bernard et moi, de vous faire
un rapport sur nn mémoire que M. Hiirelsheim a lu à la Société.
Ce travail est intitulé : Ouelqdes observations relatives au phénomène de
LA ciRCCLATiON. L'auleur commence par rappeler que, contrairement à la ma-
nière dont on s'esprîme généraiement, il n'existe pas deux circulations. Pour
que la cit culalion , ou mieux le cerclfi soit complet, il faut que le sang, parti
d'un point, y revienne; or c'est ce qui n'a lieu ni pour la petite ni pour la
grande ciicutaiion,
Mais s'il n'y a qu'un seul cercle, qu'une seule circulation, il n'en est pas
moins vrai que l'on penf compter lout autant de circuits qu'il y a de vaisseaux
capillaires entre l'artère et les veines pulmonaires, d'une part, et entre les ra-
mifications de l'aorte et les racines des veines caves, d'autre part. Ces circuits
.«.i multipliés se confondent tous dans deux portions de leur étendue, de telle
sorte que la masse entière du sang doit nécessairement passer succe.ssivement
par chacune de ces deux portions. Nous n'avons pas besoin de dire que ces
deux parties du cercle circulatoire sont le cœur droit et le cœur gauche. Cela
31
posé, qa«I est le t*mps que met la masse entière du sang à passer à travers un
de ces cœurs, ou, en d'autres termes, quelle est la durée d'une circulation
complète ?
Tel est le problème que M. Hifleisbeim s'est proposé de résoudre. A ce su-
jet, il fait remarquer d'abord la dillérence qui existe entre la durée et la vitesse
de la circulation. On peut trouver la durée du parcours du cercle vasculaire
tout entier par la masse entière du sang, sans pour cela connaître Vespace par-
couru par le sang. Il n'en est pas de même pour la vitesse de la circulation :
pour la trouver, il est essentiel de connaître l'espace parcouru par le sang dans
un temps donné. €es dilTérences élablies, M. HiL'elsheim discute la pssibililé
de trouver la véritable vitesse de la circulation, et il arrive à cette conclusion,
qui nous paraît très-juste, c'est qu'aujourd'hui il ne nous est guère possible de
connaître que la vitesse du sang dans un vaisseau particulier, et non la vitesse
de la circulation tout entière (1).
Les expériences de Heriog, citées presque partout comme des expériences
sur la vitesse de la circulation, ne sont pourtant que des recherches sur la du-
rée de la circulation. On sait que ces expériences ont consisté dans la recher-
che du temps que met une substance, introduite dans une jugulaire de cheval,
à se rendre soit à l'autre jugulaire, soit à un autre vaisseau. Oa voit que par là
on peut trouver la durée du transport de cette substance d'un point à un autre,
mais nullement quel espace elle a parcouru dans un temps donné. M. Hif-
felsbeim examine quelle confiance méritent ces recherches ; il ne les croit pro-
pres qu'à donner une solution approximative du problème , mais il n'en re-
pousse pas moins comme peu fondées les critiques adressées par M. Matteucci
au procédé de Hering. M. HiU'elsheim a préféré employer un autre procédé,
contre lequel s'élèvent moins de chances d'erreur. Étant connus les trois élé-
ments que nous allons rapporter, rien n'est plus facile que de calculer la du^
rée d'une circulation de la quantité totale du sany chez un individu donné.
Mais s'il n'y a à cet égard aucune difficulté, il n'en est malheureusement pas
de même pour l'estimation des trois éléments en question. C'est ce que va nous
montrer l'examen de ces éléments, qui soni : l° la quantité totale de sang
possédée par un homme; 2" la quantité de sang qui est chassée du ventri-
(1) C'est là ce que Huttenbeim a récemment essayé de faire sous la direction
de Volkmann. Le procédé employé par ces physiologistes n'est malheureuse-
ment pas à l'abri de toute cause d'erreur. Quoi qu'il en soit, voici quelques-
uns des résultats obtenus.
La vitesse du sang a été trouvée :
De 273 miliimèlres par seconde dans l.i carotide gauche d'un chien.
De 5/i6 id. id. id. id. d'un cheval.
De 631 id. id. id. id. id.
De 3i8 id. id. id. id. d'une chèvre.
32
cute gauche à chaque systole ; 3* le nombre des systoles dans un temps
dODné.
« 1» Relalivemenl à la quanlilé totale de sang que possède un homme adulte,
nous n'avons que des approximations, dont la meilleure assurément est celle
donnée par Valentin, qui estime que la quantité de sang chez l'homme adulte
est de 12 à U kilogrammes. 2» Relativement à la quantité de sang chassée du
ventricule gauche à chaque systole, on ne la connaît que par la mesure de la
capacité de cette cavité musculaire, et en supposant qu'elle se vide presque
complètement à chaque contraction. M. Hiffelsbeim s'est servi à cet égard des
chiffres fournis par M. Cruvellhier, sur la capacité du ventricule gauche. Nous
cfoyons qu'il aurait pu trouver «ne moyenne plus vraie dans des recherches
publiées récemment en Allemagne et en Angleterre. Il n'a pas fait preuve à cet
égard de l'érudition qu'il montre dans les autres parties de son mémoire. 3° Re-
lativement au nombre des systoles vontriculaires dans un temps donné, M. Hif-
feLsheim a eu lort, pensons-nous, de se servir des chiffres obtenus par M. Ra-
meaux, qui n'a expérimenté que sur des militaires. Nous regrettons qu'il n'ait
pas fait usage des belles recherches du docteur Guy sur le pouls.
» En se servant des données qui précèdent, M. HiSelsbeima obtenu les résul-
tats suivants : l" avec les chiffres les plus forts, il trouve que la durée totale
d'une circulation de toute la masse du sang est de trois minutes et trente-cinq
secondes. 2* Avec leschiflres les plus faibles, il trouve que ceite durée est d'une
miuute et quarante-six secondes. Entre ce niaximuoi et ce minimum, la moyenne
est de deux minutes et quarante secondes. Il suit de là que, chez un homme
aduile, ta massa entière du sang met deux minutes et quarante secondes à
opérer une cÎTCulation complète.
» En calculant sur les mêmes bases, un auteur allemand, dont l'ouvrage était
inconnu à M. Hiflelsheim, avait déjà trouvé une approximation de la durée d'une
circulation complète. (VoyfzGûniher, Lehubuch dkk physiologie, 1847, t. II.)
Le chiffre qu'il donne est inférieur à celui de M. HiQelsheim, ce qui tient sur-
tout à ce que le nombre des systoles pris par ce dernier est plus grand que ce-
lui employé par M. Gùniher. La durée de la circulation totale est, suivant
M. Gûnther, d'environ une uiinute et vingt-deux secondes,
» Ainsi qu'on peut le voir par ce court exposé, le travail de M. Hiffelsheim est
trés-iniéressanl; il démontre chez l'auteur un excellent jugement, uni à des
connaissances qui paraissent étendues. îl donne à un important problème dt-
physiologie une solution qui s'approche beaucoup de la vérité. En conséquence
vos commissaires vous proposent de voter des remerciments à M. Hiffelsheim
pour son beau mémoire. lis regrettent que ce travail soit trop étendu pour
vous demander de le faire publier. »
Les conclusions de ce rapport, mises aux voix, sont adoptées.
33
&*> DE LA TBANSUlSSIO^l CROlStE DES IMPRESSIONS SENSITIVES PAR LA 110eU>K
ÉPINIÈRE ; par M. Brown-Séquard.
Dans une coniniunicalion faite à la Société il y a quelques semaines (voyez
Compte rendu des séances de la Soc. debiol., n» 12, décembre 1849, p. 192),
M. Brown-Séquard a démontré que la transmissioii des impressions sensitives,
pour le train postérieur, se fait d'une manière croisée, c'est-à-dire que c'est la
moitié droite de la moelle qui transmet au centre percepteur les impressions
sensitives faites sur le côté gauche du train postérieur, et vice versa. Aujour-
d'hui H. Brown-Séquard vient montrer qu'il en est de même pour le train an-
térieur que pour le postérieur. Il iait voir un vitroureux cobaye sur lequel la
moitié latérale droite a été coupée transversalement à la hauteur de la troisième
vertèbre cervicale. L'animal peut encore se tenir debout sur ses quatre mem-
bres ; il peut même marcher. Mais ytoat peu qu'il se presse ou qu'on l'escite,
il tombe sur le côté droit. Il y a paralysie incomplète du mouvement volontaire
de ce côté. La sensibilité est intacte, sinon exagérée, à droite; à gauche, le»
deux membres et les parties qui les séparent .sont à peine sensibles, surtout le
membre postérieur.
L'autopsie éiant faite, il fut constaté que toute la moitié latérale dro/^a de la-
moelle était coupée, à l'exception d'une très-minime partie du cordon an-
térieur.
M. Brown-Séquard a toujours obtenu, quant à la sensibiiité , des résultat»
analogues à ceux qui précédent, dans les cas très nombreux où il a fait cette
expérience. Quand, au lieu découper seulement nne moitié latérale de ta moelle,
il empiétait sur l'autre moitié, de manière à en couper une très-faible partie,
la sensibilité n'en subsistait pas moins du côté du corps où la moitié de la moelle
était coupée, et il n'y en avait plus trace de l'autre côté, dans les parties-
recevant des nerfs nés de la moelle eu arriére de l'endroit où existait la
section.
Quelques membres ayant demandé si la persistance de ta sensibilité dans le
côté du corps où une moitié latérale de la moe:le a été coupée transversalement,
ne pourrait pas être expliquée par des anasionioses existant entre les nerfs qui
uaissent au-dessus et ceux qui naissent au-dessous dti point coupé. M. Brown-
Séquard répond que non-seulement l'anatomie n'est aucunement favorable à
cette hypothèse, mais qu'il y a des raisons capitales qui la rendent absolument
inadmissible. Ainsi : 1" S'il était vrai que la persistance de la sensibilité fût due
aux anastomoses supposées, il est évident que la sensibilité ne devrait pas être
ou perdue ou grandement diminuée du côté où la moelle n'a pas été coupée,
puisque de ce côté aussi les mêmes anastomoses existent. 2" Si au point même
où une moitié latérale de la moelle a été coupée, oo coupe l'autre moitié laté-
rale, tout aussitôt la sensibilité, qui était conservée dans les parties qui reçoi-
vent leurs nerfs de la moitié latérale de moelle située du côté et en arrière dé 1»
3Û
première section, se trouve complètement perdue. Or rien n'a été changé dans
les prétendues anastomoses de ce côté ; donc elles ne servent pas à la transmis-
sion des impressions sensilives.
Nous pourrions joindre d'autres preuves à celles-là, si elles d« nous semblaient
plus que suffisantes. (23 février 1850.)
I!I. — EXPLORATION PATHOLOGIQDE.
l» HÉMATÉMÊSE MORTELLE SYMPTOMATrQUE D'ODVERTCRES ARTÉRIELLES DANS L'ES-
TOMAC; ANÉVRYSME DE l' AORTE ABDOMINALE PRÈS DE SA TERMINAISON; par
M. BOULLAY.
Obs. — M. G..., âgé de 76 ans, d'nn embonpoint assez prononcé et d'une santé
bonne en apparence, éprouve depuis environ trente-cinq ans des vomissements
glaireux, quelquefois bilieux, avec une douleur dans la région rénale droite. Cette
douleur et ces vomissements présentent des intermittences de quelques jours,
quelquefois de plusieurs semaines. Il a souvent rendu des graviers. Son appétit
était assez bon ; ses digestions n'étaient point pénibles.
Le 1" février, à une heure du matin, le malade rendit par trois vomissements
successifs, dans l'espace d'une demi-heure, environ 3 litres de sangj il y eut
aussi deâ évacuations alvines sanguinolentes.
Dans les journées du 2 et du 3, le malade était dans l'état de tout individu qui
». eu une hémorrhagie abondante.
Le 4 , à quatre heures du matin, nouvelle hcmatémèse de plus d'un demi-
litre.
Mort à neuf heures et demie.
A l'autopsie, faite le 5, on trouve tous les organes et surtout l'estomac exsan-
gues. La cavité stomacale contient une assez grande quantité de liquide coloré
fortement en rouge. A la surface interne de l'estomac, au niveau de sa petite cour-
bure, à 6 centimètres environ à gauche du pylore, se trouve une dépression de la
largeur d'une pièce de 2 francs, dont la couleur est pâle comme celle do reste
de l'estomac. La circonférence est parfaitement limitée par un bourrelet ayant la
consistance des fibro-carlilages. Au milieu on aperçoit, séparés par une petite
lame blaachâlre, deux orifices béants qui permettent facilement l'introduction
d'un gros stylet. Ces orifices conduisent, l'un dans l'artère pylorique, l'autre dans
l'artère coronaire stomachique. Ces artères sont notablement dilatées; leurs pa-
rois, comme celles de toutes les artères de la cavité abdominale, sont dures,
friables. La muqueuse stomacale est ramollie et plissée. Reins normaux) seu-
lement les artères sont altérées là comme partout ailleurs.
Les veines ne contiennent point de sang.
A 10 centimètres environ au-dessus de la terminaison de l'aorte abdominale, on
trouve sur le côté gauche une tumeur qui se termine à environ 5 centin>èlres d«
la bifurcation. Cette tumeur, du volume d'un petit œuf de poule, présente à l'ex-
35
térleur une coloration rouge brunâtre; eiledonns au toucher la sensation d'une
masse molle, résistante. A la surface interne de l'aorte, depuis l'origine du tron«
cœliaque jusqu'à la tomeur, on troure d*s plaques blanchâtres, dures, crétacées.
La tumeur contient une matière concrète, grisâtre, formée par un dépôt flbriiieux ;
elle est tapissée par une pseudo-membrane qui remonte, sous forme de ruban,
jusqu'au niveau des artères rénales et mésentérique supérieure. Cette pseudo-
membrane est fixée seulement par ses deux extrémités.
2» SDR UN CALCOL SALIViIRE OBSTRUANT LE CONDUIT DE WARTHON ; par M. JOBERT
(de l.amballe.)
M. Bouchut présente, au nom de M. Jobert (de Lamballe), un calcul salivaire
pyriforme, long d'un centimètre et retiré du canal de Warthon. il était résulté
de l'oblitéralion de l'ouverture de ce conduit excréteur par ce calcul une accu-
mulation considérable d'un liquide presque incolore, filant et doué d-3 la propriété
de transformer l'amidon en glucose.
3' KYSTE OSSECX OC DENTAIRE TROUVÉ DANS LA MACHOIRE INFÉRIEURE O'ON CHEVAL ;
par M. Leblanc.
M. Leblanc présente à la Société une tumeur du mnxillaire inférieur trouvée
chez un cheval. Cette tumeur, située entre les incisives et les molaires, était for-
mée par un écarlernent des deux lames de substance compacte qui entrent dans
la composition de l'os, écartemenl que remplissaient des bourgeons charnus sem-
blables aux bourgeons de l'ostéosarcome. A leur centre se trouvait une produc-
tion osseuse maintenue verticale, mais nullement adhérente h l'os. En dessous,
et par conséquent au fond de la cavité produite par l'écaiiement des deux lames,
on apercevait un crochet parfaitement conformé, appliqué contre la lame interne
du maxillaire.
La production osseuse, placée au centre des bourgeons, était grosse comme on
petit œuf, un peu oblongue, présentant à sa face supérieure une surface plane
garnie de granulations osseuses, arrondie inférieurement et divisée en deux demi-
sphères inégales.
La surface intérieure était très-dure, tout à fait semblable à de la substance
compacte. En faisant une coupe transversale de celte tumeur, on voit d'abord
deux substances distinctes, l'une blanche et osseuse, l'îMitre plus jaune et res*
semblant à do l'ivoire. Au centre et entourées par deux lames de substaoïce ébur-
née, se trouvent deux cavités, l'une courbée, l'autre déprimée, qui ressemblent
aux deux culs-de-sac inverses, qui se trouvent dans les incisives. Je pense donc
que cette tumeur n'est qu'un coin caduc qui, n'ayant p«is fait son évolution, k été
repousse en arrière par le coin de remplacement, a é. ^rté les lames osseuses, ir-
rité le tissu spongieux, fuit développer les bourgeon-:, et enfin amené toutes les
lésions qu'on a rencontrées.
36
A* CAS DE DÉFORMATION DE LA TÊTE DE L'HCMI^RDS PAR COMPRGSSiO'< ;
par M. MoREL-liAVALLÉE.
M. MoREL préseiite une pièce qui est un exemple curieux de déformation des
os par pression. Une tumeur axiliaire volumineuse datant d'environ un an avait
forcé le bras à se tenir dans un certain degré d'élévation pendant laquelle la tète
humérale arc-boutait sur la voûte acromio-claviculaire. Le rebord de cette voûte
s'est imprimé à une profondeur de plusieurs millimètres sur !a tète humérale.
Le cartilage est un peu décollé, un peu chiffonné, par suite d'un commencement
de résorption du tissu osseux sous-jacent, lequel est très-raréûé et injecté dans
les environs de la dépression.
M. Morel publiera dans son entier celte observation, importante sous d'autres
rapports.
6* SDR DEUX CAS DE COÏNCIDEMCE DD DÉVELOPPEMENT ANORMAL DE LA MAMELLE CHEZ
l'homme, AVEC VNE TUMEDR CANCÉREllSE DE l'ÉPIDIDYME ; par M. GaLLIET.
L'auteur s'exprime ainsi :
t Le développement de la glande mammaire chez l'homme n'est pas chose
absolument raie ; la plupart des anatomistes en parlent; Burdach, dans sa phy-
siologie, en cite plusieurs cas, ainsi que Huscke. dans sa splanclmologie. Hum-
boldt cite même le cas d'un homme qui nourrit de son lait son (ils pendant l'es-
pace de cinq mois entiers. (Voy. Hist. des Anomalies de l'organisation, de
GeolIVoy-Saint-Hilaire.) Mais aucun des auteurs que j'ai pu consulter ne paraît
avoir rcnci ntré la coincidciice du développement anormal des mamelles cheï
l'homme avec une tumeur cancéreuse de l'épididyme, fait que j'ai eu l'occasion
d'observer récemment chez deux malades.
n On sait que, chez la femme, les organes génitaux et les mamelles sont liés
par une étroite sympathif, qui se manifeste aussi bien dans l'état pathologique
que dans l'état physio'oiîlqnK. FJeriiièiement M. Robin, dans une communication
à celte Société, a rappelé ce fait remarquable, et il a prouvé, par l'emploi du rai*
croscope, que dans les altérations chroniques de l'utérus ou même de l'ovaire, la ma-
melle se congestionnait légèrement, que les grains glanduleux (acmt;, invisibles
hors l'état de grossesse et l'allaitement, devenaient visibles, et qu'il se faisait à la
surface interne de ces parties une sécrétion d'un fluide blanc jaunâtre, visqueux,
formé par l'épithélium mammaire, par les globules de lait et des granulations
de colostrum. Il a établi en outre que ce liquide suivait les mêmes phases que
la maladie utérine, c'est-à-dire auiimentait ou disparaissait avec elle.
» Existerait-il aussi, entre le testicule el la glande mammaire chez l'homme,
une sympathie obscure, que la pathologie mettrait en jeu, et que le peu de vo-
lume de cet organe aurait jusqu'ici empêché d'observer ? Je ne puis l'affirmer,
ne possédant, à l'appui de cette opinion, que les deux faits dont je vais présen-
37
ter un résumé succinct ; cependant la parfaite similitude de ces deux observa-
tions tendrait à la faire admettre. Aussi m'a-t-il semblé utile d'attirer sur ce
point l'attention des observateurs.
xDans le premier cas, il s'agit d'un jeune homme de 28 ans, parfaitement con-
formé, du reste, qui, en juillet dernier, subit l'opération de la castration pour
une tumeur épididymaire du volume du poing; la nature cancéreuse de cette
tumeur fut constatée par l'examen microscopique. Au commencement de janvier
1850, ce malade eniraà l'hôpital des Cliniques portant un cbampiii;non fongueux
énorme qui s'était développé sur la cicatrice de l'opération qu'il avait subie. Ce
rhfimpignon, ulcéré dans presque loute sa surface, donnait lieu à un écoulement
sanieux abondant, à des hémorrhagies fréquentes qui bientôt amenèrent la mort
du malade.
» A l'autopsie, on trouva une chaîne volumineuse de ganglions s'étendant
depuis le pli de l'aine et les fosses iliaques internes jusqu'au diaphragme. Le
foie présentait aussi une douzaine de tumeurs de volume variable. La présence
de la cellule cancéreuse fut constatée dans louti?s ces productions anormales.
Les autres organes étaient sains.
B Chez ce sujet, la région maniraaire faisait une saillie notable, autant que
chez une jeune fille sur le point d'être réglée ; la peau qui la recouvre est plus
fine que celle des narlies voisines ; au centre se voit uu mamelon bien conformé,
entouré d'une aréole brune, de 3 centim. de diamètre, présentant quelques
poils k la circonférence. Le palper donne la même sensation qu'une glande
mammaire de femme, et en pressant fortement même on fait suinter par le ma-
melon une gouttelette d'un liquide blanc jaunâtre assez épais. Après l'avoir dé-
tachée et isolée du tissu cellulaire environnant dont elle se distingue par sa
densité plus grande et sa coloration toute diCTérente, je lui trouve 18 centim. de
circonférence, i c. et demi de profondeur à la circonférence de i'aréa'e, enfin
6 c. plus quelques millimètres dans le sens vertical et horizontal. La substance
qui la forme otTre la même densité que chez la femme grosse. La couleur est
d'un blanc rosé à la circonférence, d'un blanc opaque, un peu laiteux aucentre
et vers le mamelon A la surface d'une coupe antéro-postérieure faite au ni-
veau du mameioD, et surtout vers la circonférence, on voit de petites saillies
de la grosseur d'une tête d'épingle, présentant une couleur rosée qui paraît due
i l'injection sanguine. Si l'on comprime assez fortement le tissu, on voit suinter
de quelques-unes de ses petites saillies ouvertes un liquide blanc jaunâtre,
opaque, épais, un peu visqueux; si, avec la pointe d'un scapel, on perce celles
des petites saillies qui ne sont pas ouvertes, ou peut en faire suinter le même
liquide.
H A l'exaoDen microscopique, il fut facile de reconnaître dans ce liquide les
caractères du coiostrum avec ses corps granuleux, les uns très-gros, les autres
d'un petit volume ; les globules laiteux de volume aussi très-varié; enfin l'épi-
ibélium propre aux culs-de-sac de la glande mammaire; en un mot les éléments
38
anatomiquâs que M, Robin a trouvés dans les mamelles des femmee porrant une
affeclioD ancienne de l'utérus.
» Obs. II. — Le second malade est on jeune homme de 20 ans, garçon de
café à Reviers (Calvados) ; il est grand et bien conformé, abondamment pourvu
de chevewx et de poils d'un cbâtain un peu roux. Son père est mort d'un cancer
de la face. Quant à lui, depuis cinq mois environ il portait une tumeur de l'épi-
didyme du côté droit, d'un volume considérable (la circonférence en eflet était
de 35 c. dans le sens longitudioaUet de 25 1/2 dans le sens transversal) ; elle
avait même déjà déterminé un conjmencement de cachexie, lorsque le 9 février
le malade entra à ia clinique; la tumeur fut opérée le 15 ; le 17 le malade suc-
comba.
» La tumeur siégeait dans l'épididyme, comme dans le fait précédent; elle
était aussi de nature cancéreuse, ce qui futjdémontré par le microscope. J'ajou-
terai que d'autres productions cancéreuses existaient dans les organes inté-
rieurs. EnlJn, comme chez l'autre malade, la mamelle présente un développe-
ment anormal; elle est moins bien caractérisée, il est vrai, et surtout moins
volumineus-' que chez le malade précédent (elle n'a que û cent., 3 miilim. dans
sop diamètre vertical let î cent. 1 /2 dans sou diamètre antéro-postérieur), mais
il suffit de la voir pour êlre convaincu qu'elle présentera structure glanduleuse,
et lecomiaîij e les acini développés. Comme, du reste; Je l'ai déposée sous les
jeux de là Société, je me dispenserai de la décrire.
• J'ajouterai cependant que par la pression on peut, comme dans l'autre cas,
faire suinter par le mamelon un peu de liquide bianc jaunâtre, opaque, un peu
visqueux, pr.-seniant à l'examen microscopique les corps granuleux du colos-
trum, les globules du lait et l'épithélium mammaire bien reconnaissable. Sur
celte pièce, on peut encore distinguer deux conduits galactophores qui se diri-
ge«t de répait,!«eur de la glande vers le mamelon. Il me reste à ajouter que ce
malade igoorail cette particularité de son organisation ; il n'avait jamais souflert
dans la région mammaire, eln'avait pas présenté celle in<luration du mamelon
qui s'observe quelquefois chez les adolescents, à l'âge de puberté.
» Tels sont les deux faits d'où me paraît ressortir l'opinion que j'ai émise au
commencement de celte note *, il serait superflu d'appuyer sur la similitude
presque complète qu'ils présentent, mais deux faits ne peuvent éîablir une opi-
nion ; aussi ce sujet appelle-t-il de nouvelles observations. »
IV. — TÉRATOLOGIE.
1" EXISTENCE D'U» CUBERNACULL'iM TESTIS MUSCULAIRE CHEZ UN CHIEN ADULTE ;
par M. Ch. Robix.
M. Robin montre à la Société un chien adulte qiîc M. Cl. Bernard lui a envoyé,
et sur lequel umies testicules se trouve contenu dans l'abdomen. On y voit cet
organe su8pen4Ϋ à un gubernacnlwniestis de nature musculaire.
39
2* DE L'ABSEnCE CO»GÉ?IITALE DU RADIUS CHEZ L'HOMME; par M. DaVAINE.
Suivant M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, le nombre des parties du système
osseux est plus constant quii celui des organes de presque tous les autres systè-
me», et ce savant lératologiste ne cite qu'un seul cas d'absence du radius, ob-
servé par J.-L. Petit et inséré dans les Mémoires de l'Académie des sciences
(1733, p. 17). J ~F. Meckel émet une opinion différente : suivant lui, Il n'est pas
rare qu'un des os de l'avant-bras manque. Cette assertion ne me parait point
exacte, si j'en juge par le résultat des recherches que j'ai faites à cet égard ; tou-
tefois je dois ajouter qu'Otto, comme Meckel, en pariant des anomalies du sys-
tème osseux, dit que l'absence du radius avec absence du pouce cl déviation delà
main, n'est pas une anomalie rare; il ajoute qu'il en a observé quatre exemples.
Wideman et Fieichmann ont aussi observé ce vice de conformalion ; néanmoins
je persiste dans la même opinion, et je pense que lorsque Meckel et Otto disent
que cette anomalie du système osseux n'est pas rare, ils ont plutôt en vue sa fré-
quence relative eu égard au^ autres anomalies du système osseux ou à des ano
malies du même genre, qu'aux vices de conformation en général.
L'observation de J.-L. Petit, une antre publiée par M. Cruveilhier dans la
deuxième livraison de sun Anatomie pathologiqoe, deux cas présentés à la So-
ciété anatomique, l'un par M. Lediberder (troisième série, c. i, p. 2), l'autre par
M. Prestat (!837, p. 172), sont les seuls exemples que j'aie trouvés dans les col-
lections publiées en France- Il n'eu existe qu'un exemple dans le muséum d'ana-
tomie pathologique de Dupuylren.
M. fiuy ayant eu l'obligeance de mettre à la disposition de M. Rayer deux
squelettes de fœtus qui offrent ce vice de conformation, je vais en donner une
courte description, (jue je ferai suivre de quelques remarques.
Premier cas. — Le squelette, sur lequel on remarque, à l'un des avant-bras
seulement, l'absence du radius, est celui d'un fœtus qui, à en juger par les di-
mensions du système osseux, était âgé d'environ sept mois. La tète, le tronc et les
membres inférieurs n'offrent rien d'anormal , mais le membre supérieur gauche
n'a poini de radius. L'hum'^rns de ce m mbre est plus long que celui du côté
opposé, et plus long même que celui d'un fœtus à terme. Les extrémités sont
aussi plus volumineuses qu'à l'état normal. Il a en longueur l centimètre de plus
à peu près que celui du côté droit. Le cubitus de î'avant-brns, dépourvu de ra-
dius, est plus court que le cubitus droit; il est en général plus volumineux que
celui-ci, surf'iit à son. extrémité supérieure. Le pouce et son méticmpien n'exis-
tent pas. Lfs quatre autres doigts sont bien conformés. La main s'articule avec la
face antérieure de l'extrémité inférieure du cubitus, et forme avec lui un angle
droit. Le corps du cubitus et la main sont dans un même plan.
En résumé, l'anomalie du membre supérieur gauche, principalement caracté-
risée par l'absence du radius, offre en outre plusieurs autres particularités, à sa-
voir : un développement anormal de l'haméru?, surtout en longueur; un rac-
ko
courcissement du cubitus, avec augmentation de volame du corpe et d« l'ex*
trémité supérieure de cet os ; enfin l'absence du pouce et la déviation de la
main.
Le uiembie supérieur du côté opposé présente une particularité qui dépend
peutrétre du mode de préparation de !a pièce, et qui consiste dans la position
du radius au devactdu cubitus et dans l'absence d'un des doigts; mais le pouce
existe.
Oeuxièue cas. — Le second cas d'absence du radius est plus complexe : d'a-
bord les deux radius manquent, tandis qu'un seul était absent dans le cas précé-
dent; puis le squelette offre quelques autres anomalies.
Ce squelette est également celui dun fœtus d'environ 7 mois. Les radius man-
quent complètement à chacun des avant-bras. Les deux cubitus ne présentent
point entre eux de différence sensible ; ils sont manifestement plus courts et plus
gros que des cubitus normaux. Leur extrémité supérieure surtout est plus volu-
mineuse; ils oifrent tous les deux un aplatissement notable et une courbure en
avant et en dehors. Ils s'articulent, par leur extrémité inférieure, avec le carpe.
Le pouce et sou métacarpien n'existent pas. Les mains offrent toutes les deux
quatre doigts, du reste bien conformés. Chaque rnain forme un angle aigu avec
l'axe du cubitus ; l'une des faces de la main regarde cet os. Les os de l'épaule et
les humérus son! normaux.
D'autres parties du squelette offrent des anomalies; on remarque l'absence de
la branche gauche de la mâchoire inférioure ; la di&posilion anormale de plusieurs
vertèbres cervicales dont le corps se présente sous forme de petits tubercules
disposés sans ordre ; la diminution du nombre et l'élargissement considérable des
lames des vertèbres cervicales et des premières dorsales; la fusion des quatre
premières côtes du côté gauche, qui, par leur réunion, forment un os très-large
qulïc bifurque eu avant; enfin la fusion des deux premières côles du côté droit.
Les os pariétaux forment une sailiie exagérée aux bosses pariétales. Le bassin et
les membres inférieurs sont bien conformés.
Si l'on rapproche ces deux cas de ceux qui ont été publiés avec des détails sufB-
«ants, on remarque :
J* Que l'absence du radius entraine celle du pouce et de son métacarpien ;
2" Que la main, non maintenue par le radius, se dévie et forme un angle plus
ou moins aigu avec le cubitus ;
3° Que l'absence des radius coïncide avec quelque autre anomalie, soit du
système osseux, soit d'autres organes.
Dans le cas cité par M. Cruveilhier, on remarque l'absence de l'anus; le rec-
tum venait s'ouvrir par un perlais très-fin à l'extrémité supérieure de la luette
vésicale. Dans le cas observé par M. Lediberder, il y avait on même temps ab-
sence de la clavicule, de l'omopiate et du membre supérieur de l'autre côté. Le
sujet de l'observation de M. Prestat était un monstre pseudo-cépbalien.
J'ajouterai qu'un a plusieurs Tois observé l'absence du radius et du cubitus, la
AI
rnain plus ou moins comptèle s'articulanl alors avec rbaménis ou l'omopiate ;
mais je se coooais p<as de as daos lequel on ait noté l'absence du cubitus et
l'existence du radius. Ce fait pourra paraître d'autant plus curieux que l'on
sait que, dans certains mammifères, chez les solipèdes, les ruminants, et sur-
tout chez les chéiroptères, le cubitus devient rudimeniaire ; le radius est plus
persistant. Chez le cachalot, l'hippopotame et le pécari, le cubitus et le radius
sont soudés ensemble en partie ou en totalité ; mais dans ranomalie qui Tait
le sujet de cette noie, il n'y a point de traces d'une semblable fusion.
Enfin j'ajoute en terminant (la comparaison entre les membres supérieurs et
les membres inférieurs ayant été souvent faite par ^es anaiomisles), qu'on a
plusieurs fois observé l'absence du péroné, et qu'à ma connaissance oa n'a pas
noté celle du tibia, ie péroné subsistant. Or, si, avec Vicq-d'Azyr et J.-F. Meckel,
on regarde le péroné comme l'analogue du radius (1), l'avant-bras et la jambe
ofiriraient un phénomène lératologique tout à fait analogue, savoir l'absence des
os externes de ces parties da corps.
L'absence lératologique du péroné pourrait trouver jusqu'à nn certain point
son analogue dans l'état rudiraentaire du péroné chez les so!if»èdes et chçz les
ruminants; mais je pense qu'il y a quelque chasede forcé ei de peu fondé dans
le rapprochement que quelques auteurs ont tenté entre les anomalies obser-
vées chez l'homme et une disposition normale correspondante chez un autre
animal.
3" DIFFORMITÉS MULTIPLES CHEZ UN PODLET ; par M. RiCLE.
Un coq de quatre mois, provenant d'un œuf couvé par des pigeons, présen-
tait quatre espèces différentes de difformités i î» trois courbures de la colonne
Tcrtébrale ; 2» une inclinaison latérale du bassin ; 3° une déviation de ia queue;
û* enOn, une flexion permanente de la cuisse droite, qui déterminait de la clau-
dication. L'animal ayant été sacrifié, ia dissection montre les dïS)X>siiioDS sui-
vanies :
Système OSSEUX. Colonne vertébrale, — Les courbures de ia colonne ver-
tébrale occupent : la première, la région cervicale ; ia deuxième, la région
cervico-dorsale ; la troisième, la région dorso-lombaire. La courbure cervicale
comprend les deux tiers inférieurs du col et a sa concavité dirigée en arrière ; la
longueur de sa corde est de îO centimètres, celle de sa flèche de 1 centimètre
et demi. Le mouvement de flexion du co! en avant est tout à fait impossible, et
ia tête ne pouvait être portée vers le sol que par la flexion des deux ou trois
premières vertèbres cervicales les unes sur les autres, et par la rotation du
bassin sur les fémurs. Le mouvement de redressement ou de flexion en arriére
est au contraire tellement étendu, que le col peut se ployer en deux, et ce mou-
(1) Suivant Carus, la péroné serait, au contraire, l'analogue du cubitus;
mais cette opinion ue me paraît pas juste et compte peu de partisans.
/
42
Temeut n'est iisaité que par la rencontre de b face postérieure de la moitié su-
périeure avec la face postérieure de la moitié inférieure du col. Quand on aban-
donne les parties dans cette position qui semble leur être naturelle, la tête vient
se placer sur le côté gauche de la région dorsale dans la concavité de la cour-
bure cervico-dorsale.
Celle disposition donne lieu de penser que, pendant le séjour del'aniaiai dans
l'œuf, la tête et le coi se trouvaient renversés en arrière, au lieu d'être placés
sous l'aile, comme cela a lieu d'habitude.
La deuxième courbure s'étend depuis la dernière vertèbre cervicale jusqu'à
la cinquième dorsale; elle est latérale et sa concavité regarde à gauche; la
corde qoi réunit ses deux extrémités est de 3 centimètres environ. Cette cour-
bure est beaucoup plus prononcée du côté des corps vertébraux que du côté
des apophyses épineuses; sa profondeur est indiquée dans le premier
sens par une flèche de 2 centimètres , et dans le second par une flèche
d'un demi -centimètre seulement. Les articulations costo-veriébrales gauches
sont sur un plan antérieur à celui des articulations semblables du côté
droit, en sorte que les côtes gauches ne prcseateni, dans leur trajet, pour venir
se joindre au sternum, qu'une courbure très-légère, tandis, au contraire, que
les côtes droites sont fortement ployées au niveau de leur angle. Enfin, les
côtes droites sont fortement éloignées les unes des autres, laiidis que celles du
côté gauche sont rapprochées au point de se toucher mutuellement. Cette dis-
position des côtes tient à un déplacement des vertèbres, par suite duquel le côté
gauche de leur corps est fortement dirigé en avant, taudis que le côté droit re-
garde en arrière. Les corps des vertèbres qui forment cette courbure sont di-
minués de hauteur et comme écrasés à gauche, tandis qu'ils conservent à droite
leur hauteur normale. Enfin, ils sont tous soudés entre eux ; la cinquième ver-
tèbre seule est mobile sur la sixième.
La troisième courbure commence à cette dernière vertèbre, et s'étend jus-
qu'à l'exlrémifé du rachis; elle n'est pas égale partout; sa plus grande incur-
vation ou son foyer est à la partie supérieure. Dans ce point, les sixième, sep-
tième et huitième vertèbres dorsales sont déviées de leur position normale, à
tel point que leur partie latérale gauche est devenue supérieure, taudis que
leur face supérieure regarde directement à droite. La concavité de cette cour-
bure regarde tout entière dans cette dernière direction. Sa corde a 10 centi-
mètres de long, sa flèche 2 centimètres. Les vertèbres supérieures de cette cour-
bure présentent seules un afiFaissement notable; les vertèbres inférieures, le
sawum, n'offrent qu'une très-légère incurvation laiérale. Cependant tous ces
os ont subi, comme ceux de !a deuxième courbure, un mouvement de rotation
qui a porté leur côté droit en avant et leur côté gauche en arriére. Les apo-
physes épineuses correspondantes ne sont pas sensiblement déviées.
Bassin. — Les os du bassin ont subi des courbures analogues à celles des
côtes, mais en sens inverse. L'os iliaque droit est fortement aplati et n'cflre
V.
43
qu'une courbure trés-Iégère au niveau de la fosse iliaque. Celui du côté gauche
est plojé à angle droit, à peu de distance de son arliculatiou avec le sacrum.
L'arête déterminée par cette courbure formait sur le dos de l'animal une proé-
minence très-considérable du côté gauche du corps. Eniin, l'os iliaque droit est
sensiblement plus élevé que celui du côté opposé, de sorle que les cavités coty-
loides ne sont pas complètement de niveau, et que le genou droit s'élève à 2
centimètres environ plus haut que le gauche.
Têle. — La mandibule inférieure est un peu dcjVtée à droite, la crête est
portée à gauche. La région pariétale droite est légèrement déprimée.
Membres. — Les membres antérieurs ne présentent rien d'anormaL
Membres postérieurs. — Pendant la vie, l'animal boitait de la jambe droite^
qui paraissait plus courte que la gauche. Cependant les os des deux membres
sont égaux, seulement ie fémur droit présente une exagération de sa courbure
interne.
Système mcscdlaibe. — Les deux muscles sus-épineux qui s'étendent depuis
les premières vertèbres du col jusqu'à la première vertèbre dorsale, et qui sont
placés dans la concavité de la première courbure venébraie, forment la cords
même de cette courbure; ce sont eux qui, par leur tension, l'empêchent de fc
redresser,' et qui s'opposent par conséquent aux mouvecRents du col et an l."s
tête en avanL Ces muscles ont leur volume normal ; ils sont rouges et terminés
supérieurement et in férieu renient par des tendons larges , épais , resplen-
dissants.
Les faisceaux inierlransversaires qui s'étendent de la première h la cinquième
vertèbre dorsale, dans la concavité de la deuxième courbure, se présentent sous
la forme d'un cordon cylindrique, tendu, de couleur blanche et entièrement
fibreux.
Les faisceaux correspondants du côté droit sont de moitié plus volumineux, et
à l'état entièrement musculaire.
Les muscles latéraux de la région coccygienne droite sont plus courts que
ceux du côté opposé, d'un plus petit volume et décolorés. Leur brièveté est en
rapport avec la déviation de la queue du côté droit.
Nous avons dit que la cuisse droite était dans un état de flexion permanente.
Cette flexion, combinée avec l'inclinaison latérale du bassin, maintenait le genoo
droit à la hauteur de la deuxième côte, tandis que le genou gauche, dans le plus
grand état possible de flexion, ne remontait que jusqu'à la quatrième côte. La
cause de cette position de la cuisse droite se trouvait dans l'état de ses muscles
fléchisseurs. Eu effet, tous ceux des muscles pelvi-fémoraux qui concourent à ce
mouvement sont dans le plus grand état de raccourcissement possible. La par-
lie antérieure du muscle pelvi-trochanléricn (grand fessier) et !c muscle tenseur
de l'aponévrose crurale, mesurés de leur origine supérieure à la colonne verté-
brale jusqu'au grand trochanter, ont 2 cent, et demi de longueur; ceux un côté
gauche, 3 cent, et demi. Les muscles adducteurs sont tendus comme des cordes.
Le inuscl« iliaque a amené le petit troclianter aussi près que possible de l'échan-
crure du bassin par où il passe. Tous ces muscles s'opposent à l'extension de la
cuisse ; les mouvements ne. sont possibles qu'après leur section. Le muscle ilia-
que droit présentait à sa surface péritonéale un aspect blanc nacré, à reflets
irisés, dû à une couche fibreuse d'une assez forte épaisseur. Le muscle du côté
opposé ne présentait rien de semblable.
Système nerveux. — L'hémisphère droit du cerveau est d'un quart environ
plus petit que celui du côté opposé et légèrement aplati. La pulpe cérébrale est
saine, ainsi que les membranes. Le cervelet présente une déformation notable,
mais dont on ne peut prendre une idée qu'à l'aide d'une figure.
Les viscères intérieurs du corps ne présentent aucun vice de conformation.
Les nombreuses particularités de ce fait ne montrent eu définitif que IroLs
ordres de lésions : l* des lésions des os ; 2' des lésions des muscles ; 3* des lé-
sions du système nerveux. Les premières consistent en courbures anormales qui
affectent la colonne vertébrale, le bassin, le fémur 5 ies secondes en raccourcisse*
ment des muscles correspondants aux. parties courbées; enfin la lésion du sys-
tème nerveux consiste en une atrophie de tout un hémisphère du cerveau.
Ces diverses altérations paraissent lices entre elles par ler» rapports les plus
intimes. En elFet les courbures osseuses ont toutes lieu dans le sens où il existe
des muscles, et il n'y en a pas une dans un sens où il n'existe point de faisceaux
musculaires. 11 est donc rationnel de penser que l'action des muscles est la cause
des courbures. La lésion du système nerveux vient appuyer cette opinion. On
trouve dans cette lésion l'indice d'une maladie antérieure, laquelle a dû mettre
en jeu la contraction musculaire et amener des convulsion» permanentes dont
l'action a été très-prononcée sur la substance encore cartilagineuse du squelette.
Cette opinion est en outre confirmée par cette remarque; qu'il n'y a pas possibi*
lité, dans le cas actuel, d'expliquer ces déformations par une action extérieure,
une position vicieuse, puisque le développement s'e->*t(ait au sein d'un œuf, dans
un liquide où tous les mouveroealsde l'animal étaientlibres et faciies.Enfin i'éîat
ded muscles eux-mêmes montre encore que ces musclesn'ont pas été seulement
pass'fc dans les lésions du squelette, mais qu'ils ont joué un rôle esseaticllement
actif. Eu ua mot la théorie de la rétraction musculaire, comme cause de diiîor-
ïnités du système osseux, nous semble trouver dans ce fait, une confirmation in»
té,resr.Bfite.
COMPTi: RENDU
DES SÉANCES
DK
LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PENDANT LE MOIS DE MARS 1850 ;
PIR
MM. les Doctears BBOWN-SÉQUARD et FOLLIN, ■ecr«l«lr«a.
Présidence de M. RAYER.
I. — PHYSIOLOGIE.
!• DE l'influence DBS NERFS VAGUES SUR LES BATTEMENTS DU CCEUR;
par M. Brown-Séquard.
Il y a deux manières de démontrer qu'un, centre nerveux ou un nerf a de l'in-
fluence sur tel ou tel organe : dans l'une, on essaye de faire voir qu'en excitant
ce centre ou ce nerf, on augmente l'action de cet organe; dans l'antre, on fait
TOir qu'après la séparation du nerf d'avec l'organe, celui-ci cesse bientôt d'agir,
m agit moins éncrgiquèment Cette seconde manière est bien préférable à la
première, patce qu*un nerf peut très-bien agir sur un organe pour l'exciter Bans
46
que les acUoas habituetleâ de cet organe dépendent essentieftement de ce nerf.
Au contraire, on peut parfaitement juger, en général, par l'autre procédé, qnel est
le rôle du nerf dans les action» de l'organe : il suffit de trouver ce qui manque
dans ces actions. C'est ce procédé que M. Brown-Séquard a raiâ en usage pour
découvrir si la moelle allongée et les nerfs vagues sont essentiels ou au moins
Tililes aux battements du cœur. On sait qu'il a vu le cœur battre avec sa régu-
larité et sa vigueur ordinaires pendant plusieurs mois après l'extirpation de la
moelle allongée. Ce fait est sans réplique quant à la moelle allongée; mais on
pouvait supposer, relativement aux nerfs vagues, que, tout séparés de la moelle
allongée qu'ils étaient dans celte expérience, ils pouvaient encore transmettre aa
cœur des excitations venues de leurs ganglions. En effet , le ganglion du nerf
vague est très-gros chez les batraciens, animaux qui sont ceux qui survivent le
plus longtemps à la perte de la moelle allongée. On pouvait donc dire que la sui-
vie est due à cette action supposée du ganglion du nerf vague sur le cœur. Pour
juger de la valeur de cette hypothèse, M. Brown-Séquard a extirpé le ganglion du
nerf vague, des deux côtés, sur un grand nombre de grenouilles intactes ou ayant
déjà subi l'extirpation de leur moelle allongée. Malgré une forte hémorrhagie, ces
animaux ont survécu jusqu'à vingt ou trente jours, et leur survie aurait sans
doute étb plus considérable si l'on avait pu les tenir dans les conditions physi-
ques qui favorisent le plus la vie des batraciens. Pendant toute leur survie, leur
cœur a battu avec autant de force et de régularité qu'à l'ordinaire. Ces expérien-
ces ont été faites à la fin de l'automne, en hiver et au commencement du prin-
temps.
Dans des recherches publiées l'an dernier, M. Moritz Schiff, qui croit que les
battements du cœur dépendent de la moelle allongée et des nerfs vagues, an-
nonce que la section de ces nerfs, chez les batraciens, amène très-promptement
la mort. Cette différence dans les résultats de M. Schiff et ceux de M. Brown-
Séquard paraissent à ce dernier dépendre des conditions physiques dans lesquelles
ont été placés les batraciens. Les meilleures conditions sont : une basse tem-
pérature, de l'humidité, et surtout un abri qui les protège contre les courant»
d'air.
Dans la séance du 2 févr-ier 1850, M. Brown-Sequard a mis sous, les yeux de
la Société deux grenouilles sur lesquelles les deax ganglions de la paire vague
avaient été extirpés depuis quatorze jours. Ces deux grenouilles étaient très-vives,
et les battements de leur cœur étaient réguliers et énergiques,
a° DE LA PERSISTANCE DE LA FACULTÉ BÈFL£XE MALGRÉ DES ALTÉKATlOIfS
CONSIDÉRABLES DE LA MOELLE^ ÉPIMÈRE; par M. BROWN-SÉQDARD.
On trouve dans les recueils de médecine un assez grand nombre de faits qui
prouvent que, chez l'homme, des altérations variées et très-considérables,
quant à leor intensité et à l'étendue des parties où elles siègent, peuvent exis-
ter sans cependant détruire complètement ni même sans porter aucune atteinte
Û7
^nm fonctions de la moelle épiniérc. Dans cca cas isinguticrs, c'est surlout la
sensibilité qui est le plus souvent et le plus coHjpléte»ieut conservée.
Il était intéressant de chercher à produire arijUcieJlement chez les animaux
(les altérations diverses de la moelle épinicre, et d'étudier les effets immédiats
cl les conséquences de ces altérations. Ce mode dexploraiion a même plus de
valeur, à certains égards, que les faits pathologiques dont nous avons parlé. En
■effet, ici on a l'immense avanlas^re de pouvoir faire l'autopsie au moment même
où l'on vient de constater avec soin les symptômes, de telle sorte qu'il ne peut
se produire dans la moelle aucun de ces changements cadavériques ou autres,
qui, chez l'homme, ont si grandement le temps de se faire entre l'instant du
dernier examen des symptômes et le moment de l'ouverture du cadavre.
M. Brown-Séquard a montré à la Société plusieurs animaux chez lesquels il
y avait persistance ou de l'action réflexe, ou de la sensibilité et des mouve-
ments volontaires, malgré certaines lésions étendues de la moelle épinière.
Nous ne parlerons dans cette noie que des faits relatifs à la conseirvation de
l'action réflexe. Deux pigeons ont été dans ce cas : leur moelle épinière avait
été coupée au niveau de la dernière vertèbre costale, puis une tige métallique
avait été introduite dans le racbis et poussée depuis la dernière vertèbre cos-
tale jusqu'à la seconde ou troisième vertèbre caudale. Sur l'un de ces animaux,
il y a eu, très-peu de temps après l'opération, des mouvements réflexes faibles,
mais très-manifestes, dans tout le train postéritur, quel que fût le point excité.
Pendant plusieurs jours et jusqu'au moment où l'animal fut tué. cette action
réflexe s'est montrée chaque fois qu'on l'a cherchée. A l'autopsie, faite sous les
yeux de la Société,on trouva toute la face postérieure du bout de moelle, appartenant
•au train postérieur, couverte de san? coagulé; la moelle était aplatie d'avant
en arriére, ramollie dans toute son epiiisseur, et elle présentait dans divers en-
droits une couleur lie de vin, due sans doute à des Inflltrations sanguines. Cette
substance grise semi-liquide, qui se irouve dans le ventricule rhomhoïdal, était
détruite (!) ; les cordons postérieurs de la moelle étaient presque partout séparés
l'un de l'autre, et la substance grise centrale mise à nu.
Sur l'autre pigeon, il n'y avait de mouvements réflexes que dans le membre
postérieur gauche et dans la queue ; les excitations de la peau du membre pos-
térieur droit ne {iroduisatf-nt ab?oliuuent aucun eiret. Dans l'autre membre, les
mouvements, quoique faibW.'î, étaient irès-manifestes. L'autopsie étant faiie de-
vant la Société, on trouva que, depuis la dernière vertèbre costale jusqu'à la
seconde vertèbre caudale, toufe la moitié droite de la moelle avait élé complè-
tement détruite; l'autre moitié, qui subsistait, était rouge, ramollie ; elle cou-
(1) Sur un grand nombre d'oiseaux de diverses espèces, M. Brown-Séquard
a constaté qu'après la destriiction de celte substance grise fluide, les mouve-
ments volontaires ou réflexes sont affaiblis. Il a aussi vu que la reproduction
tJe colle subslîim^e s'opère quelqn»^fni< avec une promptitude remarquable.
^8
servait ses rapports avec les racines et avec la moelle caudale, qui était en
grande partie intacte.
Ces faits démontrent que des altérations considérables de la moelle épiniére,
bien que survenues rapidement, peuvent laisser subsister l'action réflexe. Eu
outre le second fait montre qu'une moitié latérale delà moelle épinière suffit»
chez le pigeon, pour donner lieu à des mouvements réflexes ^!ans le membre
correspondant, ce qui n'avait été vu jusqu'ici que chez des vertébrés à sang
froid. (Séance du 9 mars.)
3* PREUVE A L'APPCI DE LA NOUVELLE DOCTRINE SUR LA FORUATION DE LA MEMBRANE
CADUQUE ; par M. Cazeaux.
M. Cazeaux présente un œuf de 7 à 8 semaines, expulsé entier avec la mem-
brane caduque, par laquelle il est recouvert dans toute son étendue.
• Cette pièce, dit-il, me paraît de nature à convaincre ceux ijui ne seraietjX pa*
sufOsarament édiflés sur les véritables rapports de l'œuf avec la membrane ca-
duque, et sur la nature de celle-ci.
» La masse qu'elle constitue a tellement la forme de la cavité utérine qu'elle
semble, en vérité, moulée sur cette cavité. Elle offre à cousidéier un bord su-
périeur, deux bords latéraux, et inférieurpment un s^Qnjmtit conique.
» Celte masse est environnée de tous côtés par une membrane qui présente sur
ses deux faces des caractères différents, mais dont la structure intime est pourtant
identique.
» Quand on rapproche cette pièce, expulsée par l'avortement, des œufs que
possède M. Coste, et qu'il a eu le bonheur de pouvoir observer en place dans
l'utérus, on voit entre eux la plus grande ressemblance.
» Sur une de ses faces, on aperçoit une membrane dont la surface est irrégu-
lière, comme grenue, et surmontée de petits fl'aments. Cette membrane étant
incisée avec précaution, on voit qu'elle offre à peine deux tiers de millimètre d'é-
paisseur, et on arrive aussitôt dans une cavité, dans laquelle on voit flotter les
villosités chorialcs.
i»;Sur la face opposée existe aussi une autre membrane beaucoup plus épaisse
que la première, puisqu'elle a plus d'^ 3 millimètres d'épaisseur; elle est opaque,
d'un gris rougeâtre ou jaunâtie, <;omme infiltrée de sang. Sa surface extérieure
est beaucoup plus irrégulière , et hérissée de nombreux filaments Irès-ljns et
très-déliés. On y aperçoit un grand nombre de petites ouvertures. Incisée avec
soin, cette membrane est renversée, et laisse apercevoir une cavité dont h ç parois
sont lisses et recouvertes d'épilhélium. On. peut y voir à la loupe de petites émi-
nences mamelonnées assez semblables aux circonvolutions cérébrales.
» Le plancher de cette cavité est manifestement Ibrmé par une membrane qui,
libre par sa face interne, est évidemment en rapport par sa face externe avec les
villosités du chorion. Cette facç externe constitue un* des parois de !;> cavité dans
laquelle l'œiif se trouve enfermé.
69
• Cette pièce est ia prernlère, je erui:», qui, chtissée à la suite de l'ax'oi tentent,
a permis de voir l'œuf emboîté ninsi dans une poche complèie.
X Elle répond puissamment, à mon avis, ù une des objerîlon*' les plus fortes
formulées tontre ia nouvelle théorie de la formation de la metrtbf^ne ca-
duque.
» Les œufs les plus complets reçus jusqu'à présent, à la suite de l'avoilement
des premiers mois, offraient bien unepof.he complète, formée par le double feuil-
let de !a caduque; mais ils n'étaient recouverts qu'en partie par cette double
membtane, et une portion de leurs villosité<5 était libre et flottante. Or, dira-l-on,
si la membrane caduque est, comme on le prétend, la muqueuse même de l'u-
térus, elle devrait, si elle sort à l'état de poche interne, envelopper l'œuf de tous
côtés, eu si elle ne le recouvre qu'en partie, offrir a» moins des traces de dé-
chirure.
» Cette objection, qui, même en présencodes pièces de M. Cosle, conservait une
partie de sa valeur, au moins comme difficulté inexplicable, me semble annihilée
par la pièce que j'ai l'honneur de présenter. Celle-ci prouve, en effet, qu'en de-
hors comme en dedans de l'utérus, l'œuf peut être environné par la caduque,
comme l'œuf de l'oiseau par sa coquille.
» L'histologie de ces divers feuillets membraneux peut seuie prouver leur iden-
tité. Ce travail a déjà été fait avec succès par M. Robin. (Séance du 23 mars.)
4* DE tA CONSERVATION DE LA VIE, SANS TROUBLE APPARENT DES FONCTIONS ORGANI-
QDES, MALGRE LA DESTRUCTION D'ONE PORTION CONSIDÉRABLE DE LA HOELLE ÉPI-
MÈRE, CHEZ DES ANIMAUX A SANG CHAUD; paf M. BrOWN-SÉQUARD.
Dans le n» 2 de nos Comptes rendus, pour 1850, M. Browo-Séquard a annoncé
que les pigeons pouvaient survivre très-longtemps à la desiniclion de toute la
portion de moelle épinière qui s étend depuis les dernières vertèbres costales jus-
qu'au bout de la queue. Deux des animaux dont il a parle dans cette note sur-
vivent encore ; un autre, moit par accident, a survécu du 4 février au 28 mars à la
destruction de plus de la moitié de la longueur totale de sa moelle épinière. La
destruction s'élendait de la hauteur de l'articulation de la troisième avec la qua-
trième vertèbre costale jusqu'à Ik queue fl). Cet animal, très-jeune au moment
de l'opération, avait les mêmes dimensions et le même âge qu'un autre pigeon
qui fut laissé intact pour servir de terme de comparaison. Le développement en
longueur et l'accroissement en poids eurent lieu également chez l'un et chez l'au-
tre de ces deux animaux.
De ce qui a eu lieu dans ce cas et chez beaucoup d'autres pigeons dépouillés de
toute leur moelle épinière, à partir des quatrième, cinquième ou sixième vertèbres
(I) La Sociélé a pu constater l'exactitude de ce fait : l'animal lui a été montré
et peuplant sa vie et après sa mort.
50
costales jusqu'à la que^e, M. Brown-Séquard croit pouvoir tirer les conclo-
etons suivantes :
!• Cliez les pigeons, la vie peut subsister sans trouble apparent, malgré l'ab-
sence d'une partie considérable de la moelle épinière;
2' La moelle épinière tie paraît pas avoir le r61e qu'on lai a supposé sur la
digestion, sur lu circulation et sur les sécrétions biliaire et urinalre;
3" Malgré la destruction d'une grande partie de la moelle, la chaleur animale
peut conserver son degié normal ;
4" La sécrétion des plumes peut avoir lieu comme à l'ordinaire, dans des par-
ties paralysées^
5* La nutrition et l'accroissement peuvent se faire d'une manière régulière,
malgré l'absence d'une grande partie de la moelle épinière.
II. — ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
1* CAS d'hypertrophie FIBROSO-GLANDtlLAIRE DES GLANDES DE UÉRY ;
par M. GuBLER.
M. Gubler a examiné avec soin les glandes de Méry sur une pièce qui avait été
présentée à la Soeiét'i par M. Duplay. Il a trouve la glande du côté gauche par-
faitement saine , aplatie transversalement et de la grosseur d'un pois. Au con-
traire, la glande droite est arrondie, grosse comme une noisette, fortement lobu-
iée, dure, élastique, jaunâtre pâle, assez semblable, en un mot, pour l'aspect ex-
térieur à la prostate hypertrophiée du même sujet. Mais tandis que l'intérieur de
la prostate est rempli d'un suc épais, blanc, semblable au suc du cancer cncépha-
loide, on ne parvient à exprimer des coupes de la glande de Méry, augmentée de
volume, qu'un liquide transparent, légèrement ambré, très-consistant, extrême-
ment visqueux, ne différant pas du mucus normal. Ainsi, même dans ce cas pa-
thologique, la ditférence entre le liquide prostatique et le mucus des glandes bulbo-
urétrales reste parfaitement tranchée.
La glande de Méry ayant été incisée vers le point d'émergence du canal excré-
teur, M. Gubler a pu constater l'existence de cinq ou six pertuis appartenant à
autant de conduits secondaires réunis en faisceau, et qui avaient été transversa
lemenl coupes. Ces conduits, beaucoup moins déliés que dans l'état ordinaire,
pouvaient admettre chacun une soie de sanglier; ils étaient remplis d'un mucus
transparent, d'une teinte plus brune que celui du corps de la glande. Le canal
excréteur commun était lui-même notablement plus gros que celui du côté
opposé.
Près de son origine existait un lobule olTrant tous les caractères qui appartien-
nent à la glande saine. M. Gubler a suivi les deux canaux excréteurs, dans une
partie de leur trajet, à travers le tissu érectiledu bulbe, sans pouvoir réussir à
découvrir les lobules accessoires, qu'il n'a jusqu'ici rencontrés que deux fois. Leur
embouchure daas l'urètre avait lieu à plus de 3 centimètres de distance des glan-
51
des elles-mêmes. Par l'examen microscopique, MM. Gubler et Robin ont constaté,
dans la glande altérée, un développement considérable du tissu celluloso-flbreux
et des acini glandulaires. En outre, les culs-de-sac glanduleux étaient plus ir-
réguliers, plus épais, plus granuleux que dans les glandes saines. On ne décou-
vrait pas d'épi thélium dans leur cavité, ce qui est fréquent. Deux dessins, mis sous
les yeux de la Société, font ressortir ces différences.
Le mucus des glandes de Méry ne renfermait que des cellules d'épithélium pa-
viœenteux, en partie dissoutes. Le liquide puriforme de la prostate contenait à
la fois de nombreuses cellules d'épithélium, allongées, variables dans leur confi-
guration, et beaucoup de ces corpuscules pâles, ressemblant à des grains de fé-
cule, et qui paraissent être les rudiments des ralculs prostatiques. Il existait une
grande quantité de calculs non-seulement dans les conduits volumineux de la pro-
state, au voisinage de l'urètre, mais même dans l'épaisseur de la glande, et jus-
qu'à sa surface extérieure.
M. Gubler se résume en disant que c'est là le premier cas d'hypertrophie ûbroso-
glandulaire d'une glande de Méry. Le vieillard chez lequel existait cette affec-
tion avait en outre une semblable hypertrophie de la prostate. C'est un nouveau
chapitre à ajouter à la thèse dans laquelle M. Gubler a décrit les maladies des
glandes de Méry. (2 février 1850.)
2* SUR DES DEBRIS O'UiNE GBOSSESSE EXTRA- UTÉRINE ; par M. JOBERT
(de Lamballe.)
Ces débris, qui sont préfentés à la Société, furent trouvés dans une tumeur, du
volume d'un œuf de poule, placée dans le vagin, chez une femme de 41 ans, en
parturition de son neuvième enfant, et chez laquelle cette tumeur devint un ob-
stacle à l'accouchement.
L'application du forceps termina l'accouchement, et l'enfant survécut yAngt-
quatre heures; il succomba le lendemain, d'une hémorrhagie cutanée, causée
par une plaie de la peau du crâne faite par la cuiller du forceps.
Une fois la délivrance opérée, on s'occupa de débarrasser la femme de la tumeur
vaginale qui avait tant gêné l'accouchement.
Celte tumeur, située à la partie inférieure et postérieure du vagin, au-dessus du
rectum, était arrondie, rénitente et du volume d'un gros œuf de poule. Après
l'accouchement, elle pendit à la vulve et parut pédiculée. On jeta un fil sur ce
pédicule, et la tumeur fut ensuite coupée au-dessous du Ql.
La malade eut quelques accidents de péritonite, dont elle guérit parfai-
tement.
L'examen anatomique de la tumeur apprit sa nature. Elle conservait son as-
pect piriforme. Large de 5 centimèires à la base et longue de 8 centimètres, elle
était formée d'une poche remplie de matière adipocireuse, ressemblant à du gras
de cadavre. Dans cette substance se trouvait une grande quantité de cheveux. A
la base de la tumeur, on trouva dans la paroi, incrusté et adhérent, un fragment
52
dur osseux ; c'était une portion de mâchoire ;ivec trois dents, nne molaire mon-
strueuse, une incisive et une canino, avant les proportions que donne l'âge adulte,
A côté se voyait une petite lame osseuse ayant appartenu à un dns os formant la
boîte du crâne, .Mais ce qu'il y avait de curieux dans ce itysle, ce fut l'espèce -de
membrane cellulo-graisseuse surmontant le sommet, laquelle membrane, lavée
et déployée, n'était autre que l'épiploon.
Les parois du kyste étaient constituées de trois membranes, uiie séreuse exté-
rieure, une musculaire médiane et une muqueuse interne.
M. Jobert termine en concluant que la tuoneur qu'il vient de présenter est la
conséquence d'une grossesse extra-utérine abdominale ; que le kyste contenant
l'embryon se sera enflammé, aura contracté des adhérences avec la partie corres-
pondante à la paroi postérieure du vagin, entralnaut avec lui une portion de l'é-
piploon de la mère, ainsi que l« ligament large, facilement recunnaissnble dans
celte espèce de voile membraneux; que plus tard enfin ce kyste ainsi adhérent
aura pu, par suite d'une érosion résultat de l'Inflammation^ se faire jour dans le
vagin, eten dernier lieu être poussé au dehors par la tête de l'en&mt dans le der-
nier accouchement de cette dame.
III. — PATHOLOGIE.
I» REMARCH^ES SrR ON CAS D'OBSTRUCTION DES CANAUX DÉFÉRENTS, ACCOIK'ACNÉK
DE DOULEURS TE5TICUI>A1RES ; par M. DUPLAY.
« J'ai l'honneur, dit l'auteur, de communiquer à la Société un cas de lésion
de l'appareil génito-urinaire, qui m'a offert une circonstance remarquable. 11
s'agit d'un vieillard qui, éprouvant de la difficulté à uriner, s'introduisait habi-
tuellement une sonde, et chez lequel est survenue une cystite chronique suivie
d'un abcès à la paroi postérieure de la vessie, et plus tard, d'une perforation de
cet organe anoenant une péritonite mortelle. Mais ce n'est pas sur ces circon-
stances que j'appellerai l'attention de la Société. Ce sera surtout sur des dou-
leurs festiculaires qui coincidaient. ainsi que l'autopsie l'a démontré, avec une
©bstructio» complète des canaux déférents à 2 centimètres environ de la partie
supérieure tie l'épididyme. Voici le fait, que je ferai suivre de quelques remar-
ques sar le rétrécissement ou l'obstruction des canaux déférents.
» Le nommé Viltard, âgé de "6 ans, d'une haute stature, bien conservé, et pa-
raissant avoir à peine 60 ans, entre à l'infirmerie le 26 août 18/|8. Cet homme a
eu une blennôrrhagie à l'âge de 20 ans, et la maladie a persisté pendant six
onois, malgré le traitement qu'il a suivi. Depuis plusieurs années, il éprouvait de
la difficulté pour uriner, et il s'introduisait lui-même des bougies dans le canal
de l'urètre. L'aggravation de ces accidents le fit entrer à HnOrmerie. Je reconnus
trois obstacles dans le canal de l'urètie; l'un, au niveau de la fosse naviculaire,
l'autre à la partie moyenne de la portion spongieuse, et enfin le troisième au ni-
veau de la région prostatique. Les deux premiers obstacles disparurent sous l'jn-
53
fluence de l'introduction de liougifls Successivement plus fortes. Quant au troi'
eième, les bougies eurent toujours de la peine à le fnmchir. I-e malade rendait
(1rs urines chargées de mucus, et it était tourmenté, surtout la nuit, par des envies
e-Tcessivement fréquentes d'urlncr. Il se plaignait surtout aussi d'un sentiment
de pesanteur dans les deux testicules, et d'une rétraction très-douloureuse de ces
organes vcirs l'otivertuTe du canal irtguinal, lorst^ue le besoin d'uriner se faisait
sentir. Il croyait même, dans son ignorance complète de l'anatomie, que c'était
è «ette sorte d'ascension des testicules qu'était due sa difficulté pour uriner;
aussi revenait-il sans cesse sur cette circortstànce. Le malade resta dans cet état
jas(|u'au 3 février 1849, SB plaignant de temps en temps de douleurs à la région
hypogastriqoe qui cédèrent toujours ilux bains et aux applications émoUienles.
Mais alors, il survînt tout à coup des douleurs très-vives dans l'abdomen, des
vomissements très-fréqaentB ; et malgré tous les moyens rais en usage, le malade
succomba le 4, avec tous les symptômes d'tfne péritonite sur-aigué.
*'"« A i'autopsie du cadavre, je conslalai tous les caractères de la péritonite,
ïougeur, fausses metnbranes, liquide purulent en abondance dans la cavité péri-
tonéale, et surtout dans l'excavation pelvienne. Les deux reins présentaient des
lésions qui caractérisent ta néphrite chronique. La vessie offrait une hypertro-
phie considérable de ses parois, et une teinte ardoisée de toute sa surface inté-
riieure sur laquelle on observait des colonnes saillantes qui s'entrecroisaient en
tous sens. Des laconeé profondes existaient entre plusieurs de ces colonnes. Trois
d'entre elles admettaient une sonde qui pénétrait à la profondeur d'un centimètre
et demi. DeOx de ces lacunes se terminaient en cul-de-sac; mais une troisième,
Sitnée près du sommet de la vessie allait s'ouvrir au milfeu d'une masse de tissu
cellulaire fortement induré qui entduràit le sommet et là face postérieure de la
vessie. Dans le centre de cette maése de tissu cellulaire, il existait une collection
purulente mitlttloculalre, qui (-.ommuniquait avec la cavité péritonéaie par un«
ouverture à bords franges et ramollis.
n Les vésicules séminales étaient plongées au milieu d'un tissu adipeux trcs>
abondant, très-dur, comme lardacé ; elles étaient petites ; leurs parois étaient
très-épaîssies ; les cavités qu'elles présentent à la coupe étaient excessivement
rétrécies par suite de l'hypertrophie des cloisons qui les séparenl, et. elles con-
tenaieut une très- petite quantité de sperme jaunâtre. Leurs cols, ainsi que les
vaisseaux éjaculateurs étaient libres, et admettaient facilement une soie de san-
glier qui venait res'sofrlir facilement par leurs orifices de chaque côté du véru-
mbntannm.
» J'arrive an point qui m'a paru offrir quelque intérêt. Les canaux déférents,
prèà des vésicules séminales, présentent un épaississemeut assez marqué de
tenrs parois, mais ils sont entièrement libres. Dans le reste de leur trajet, ils
D'offrent rien de remarquable, si ce n'est à l'endroit où, multipliant lem's
Oexuosités, ils vont sortir de l'épididyme. Dans ce point, ils ont un aspect tout
particulier. Ils sont blancs et remplis d'une matière à demi liquide qui les a di-
5Zj
jatés comme s'ils avaient été injectés par du mercure ; on peut les suivre dans
leurs contours les plus déliés et jusque près de leur origine. Par la pression,
on peut faire avancer ou reculer dans l'intérieur des canaux, ce liquide blan-
châtre ; mais il est impossible de lui faire franchir un certain point du canal qui
se trouve à environ 2 centimètres de l'endroit où il se sépare de l'épididyme.
Pensant qu'il existait là un rétrécissement et peut-être même une oblitération
da canal, qui s'opposait au passage du liquide, j'ai voulu m'en assurer en in-
troduisant non-seulement une soie de cochon, mais encore une aiguille très-tÎDe
an<dessus et au-dessous de l'obstacle, et je n'ai pu le franchir. J'ai fait plus;
j'ai injfcté avec force de l'eau dans ces conduits, à l'aide d'une seringne d'An-jl,
ot l'eau n'a pu pénétrer au delà de l'obstacle.
» J'ai examiné au microscope la matière blanche contenue dans les canaux
liéférenls, et elle m'a paru tout à fait distincte du sperme ordinaire. Cette ma-
tière n'était point liquide, elle était solide comme une bouillie très-épaisse.
Elle n'olîrait point d'animalcules spermatiques; et, à un grossissement de 'àhO
diamètres, on n'y distinguait que deux sortes de corps; les uns étaient de très-
)K)tUs corpuscules ayant environ tes dimensions des grains tuberculeux, mais
plus transparents; les autres, des cristaux de volumes variables et dont j'ignore
Ta nature.
» J'ajoute que les parois des vaisseaux ne m'ont point paru sensiblement
altérés; de sorie qu'en définitive ce cas me parait être un exemple d'altération
du sperme par suite de sa réteniion, déterminée elle-même par une oblitération
des canaux déférents. L'absence des spermalozoaires dans cette matière blan-
che solide est aussi digne derem.irque, car j'en ai trouvédans le sperme des vieil-
tards, quoiqu'ils y soient moins abondants que dans le sperme des adultes et
des individus d'un âge mûr. Les granules de cette matière m'ont paru aussi
bien distincts de ceux de la matière tuberculeuse. J'ajoute que, chez ce vieil-
lard, il n'existait dans aucun organe de trace de tubercules.
u La substance propre des deux testicules était saine: mais leurs tuniques
vaginales offraient des adhérences entre leur face testicuîaire et leur face parié-
tale. Cette adhérence était plus intime du côté gauche, et, à la coupe, la tunique
albuginée paraissait beaucoup plus épaisse qu'elle ne l'est ordinairement. Le
poids des testicules était de 21 grammes pour le droit, et de 22 grammes pour
!e gauche. Chez l'adulte, on s;i!t qu'il varie entre 16 et 24 grammes. Chez ce
vieillard, il approchait donc du pciiis le plus élevé d'un testicule d'adulte.
» J'ai cherché vainement dans les outeurs qui ont écrit sur le spermaloire ou
sur la stérilité des renseignements po.sitifs sur les altérations des canaux défé-
rents et de l'humeur qu'ils renferment. A cet égard, l'anatomie pathologique
est beaucoup moins avancée qu'en ce qui touche les vésicules séminales qu'on
a tu ouvées plus ou moins distendues par du pus, de la matière tuberculeuse,
de petits calculs, ou plus ou moins dégénérées.
» Je rappellerai toutefois que Mathieu Baillie dit qu'il a vu une portion du
55
canal déférent oblitérée par un rétrécissemenl. Ce phénomène, ajoule-l-il, avaii
été produit par un travail pathologique probablement semblilble à celui qui dé-
termine le réirécissement du canal de l'urètre, ou il a dû empêcher que h:
sperme préparé par le testicule arrivât dans les canaux éjaculaieurs, M. J.-B.
Durand dit aussi, duns une observation relative à une alTeclion tuberculeuse du
testicule, que le canal déférent du côté gauche, par suite de cette atîectioi»,
était transformé en un cordon friable dans jilus de la moitié dt; sa longueur.
(BCLL. DELA Soc. ANAT., ik' année, p. 32.) M. Cruveilhier rapporie en outre,
dans les builelins de la Société anatomique (année 1828, p. 196}, que, dans un
cas de dégénérescence tuberculeuse, des tubercules existaient, non-seulement
dans le testicue et répididyme, mais encore dans le canal déférent, les vési-
cules séminales, les canaux éjaculateurs et la prostate. Le canal conienail de U
matière tuberculeuse qui n'avait pas partout la même consistance, el qui adhé-
rait plus ou moins aux parois de ce conduit.
» Le fait que je viens de rapporter, el ces observations, indiquent, ce me
semble, que l'étude des altérations des canaux déférents, soit dans leurs rap-
ports avec les altérations du teslicule, soit comme obstacle au cours du
sperme, oflTrent un véritable intérêt; aussi je me propose de poursuivre cette
étude. »
(Ce travail a été communiqué à la Société en 1848.)
2' HÉMATURIE GRAISSEUSE (URINE LAITEUSE); par M. RaYER.
M. Rayer a appelé, il y a quelques années, l'attention des médecins du conti-
nent sur une espèce particulière d'hématurie très-commune chez les habitants
de certaines régions tropicales et spécialement chez les habitants de l'île Mau-
rice. Dans l'espoir de se guérir de cette maladie, les individus qui en sont atteints
se rendent quelquefois en Europe. M. Rayer communique un nouvel exemple
de celte hématurie, compliquée d'un rétrécissement de l'urètre.
N..., âgé de 40 ans, d'un tempérament nerveux, né à l'île Bourbon, y a tou-
jours habité, sauf dix années de sa jeunesse passées en France. Sans être d'une
forte constitution, il a généralement joui d'une bonne santé. A l'âge de 18 ans il
a été atteint d'une fièvre tierce qu'il a gardée pendant plusieurs mois. A l'âge de
20 ans environ il a eu deux gonorrhées qui ont été traitées par le baume de co-
pahu. Depuis cette époque, il a conservé un léger suintement du canal de l'urètre,
un sentiment de prurit vers le milieu du canal, accompagné d'ardeur lors de l'é-
mission des urines et de l'cjaculation. Ces inconvénients avalent augmente dans
les dernières années; le jet de l'urine était bifurqué.
En 1846, N... fit une chute violente de voiture; revenu de la commotion, il
rendit de l'urine laiteuse, mais, chose bien singulière, dans une seule émission.
En mars 1849, après quelques mois d'une vie fatigante, N... rendit de nou-
veau et tout à coup des urines laiteuses^ avec dépôt de sang au fond du vase.
(Repos, bains tièdes, petit lait.) Les urines laiteuses continuèrent avec diminu-
56
tion dans le dépôt sanguin. (Application de sangsues, cataplasmes émoliients,
bains locaux, sans amendement notable.)
Un mois après, par siiite d'une excessive transpiration et d'une longue station
dans une fête publique, rétention d'urine occasionnée par un caillot desang dont
Vexpulston s'o, ér& dans un bain.
Plus tard un rétrécissement de l'urètre fut combattu par la cautérisation. L'o-
pération terminée, il s^écoula un peu de sang. Dans la nuit qui suivit, vomisse-
ments, frisêong, éruption d'élevures rouges, prurigineuses, qui de la tête s'éten-
dirent au bas-ventre et aux cuisses. Fièvre violente avec symptômes d'inflam-
mation au bas-ventre et aui testicules. Les urines continuèrent d'être laiteuses
et sanguinolentes.
Quelque temps après, N... se rendit à la campagne, couché dans une voiture;
après une demi-heure de secousses pendant la route, il rendit toitt à coup de
l'urine naturelle, limpide et transparente ; et cet état satisfaisant dura deux
moi^ pendant lesquels il fit usage de la tisane de racine d'ours.
De retour en ville, il reprit ses occupations habituelles et l'hématurie grais-
seuse reparut avec augmentation des caillots de sang.
N... a essayé sans succès d'un séjour de quelques mois dans les montagnes de
i'iie, ce qui lui avait été ordonné comme ayant réussi dans des cas semblables.
S'élant déterminé à venir chercher sa guérison en France, il s'est embarqué en
novembre dernier.
Après un mois de traversée et dans les latitudes tempérées du cap de Bonne-
Espérance, l'hématurie s'amenda, puis disparut totalement pendant vingt
jours, pour se reproduire de nouveau.
Depuis son airivée en France, N... urine huit ou dix fois dans la journée et
une ou deux fois dans la nuit. U rend plus de sang quand il est longtemps assis
que lorsqu'il reste couché, et davantage de caillots après avoir marché.
M. Rayer a vu plusieurs fois, mais non toujours, un séjour prolongé en France
exercer une influence salutaire sur la marche de cette singulière bématarie.
IV. — TÉRATOLOGIE.
1° DOicT suRNUBKRAiRË CHEZ UNE ECREvissE ; par l6 même.
M. Rayer montre une ér.revisse {astacus fluviatiîis) dont la patte antérieure
porte à la pince un doigt fixe surnuméraire,
M. Rayer rappelle que ce vice de conformation a déjà élé observé, et qu'on l'a
rattaché à une circonstance assez singulière. En cCTet, Ad. Wilh. Otto en fait
mention en disant que les pinces reproduites àe l'écrevisse ont un doigt de trop.
Il ajoute que si on enlève les pattes de devant à une salamandre, les pattes re-
produites ont parfois cinq doigts au lieu de quatre. (Ploterelti, Opus. scelti di
SJiLANO, vol. XXVII, parag. 26, note.); de sorte que le vice de conformation d'un
doigt surnuméraire, toujours congénital chez l'homme et les oiseaux, aurait
57
lieu quelquefois dans des conditions bien diiTérentes chez l'écrevisse et la sala-
inandre.
2" QUELQUES REMARQUES SUR 1^ CYCLOPIE; pEF M. Da VAINE.
« J'ai eu l'honneur d'exposer à la Société plusieurs cas dû cyclocéphalie que
J'avais examinés avec MM. Robin et Chaussât, et j'rfi cherché, en les comparant
avec plusieurs autres cas du même genre décrits par les auteurs, à éclairer quel-
ques points de l'histoire de cette monstruosité.
» M. Rayer ayant mis depuis lors à ma disposition un ouvrage récent de M.W.
Vrolik (Tab. ad iliust. embkyogenesfn hosiinis et «a»iuaj.ium, Amst. 1849), où
sont figurés el décrits avciJ soin un assez grand nombre de cas de cyclopie, Je
viens en faire l'exposé succinct à la Société.
» JLcs cas de cyclopie figurés dans cet ouvrage sont au nombre de 21 ; 8 ont été
observés sur le fœtus humain , mais 2 de ces cas seulement sont propres à l'au-
teur ; 8 autres appartiennent au cochon domestique, 3 au mouton, i au Chien et
1 au lupin. De sorte que sous le rapport de la fréquence de cette monstruosité,
solvant les espèces d'animaux, ces résaltats s'accordent avec ceux des autres
observateurs.
» Je vais maintenant exposer ce que chacun de ces cas a de plus remarquable,
et les données générales qu'on peut en déduire en les comparant avec ceux dont
j'ai déjà entretenu la Société-
» Dans les 4 cas que j'ai pu examiner par moi-même, l'encéphale a présenté des
modifications remarquables ; mais qui ont porté uniquement sur les hémisphères
cérébraux. J'ai constamment trouvé complets la moelle allongée, la protubérance,
les tubercules quadrijumeaux et le cervelet; ces deux derniers organes seu)e-
ment ont présenté deu^ fois une augmentation de leur volume. Trois fois les
hémisphères cérébraux étaient remplacés par un lobe antérieur, médian, sans
scissure, ni corps calleux et d'un volume moindre que celui des deux hémi-
sphères normaux; une fois ils étaient réduits au plancher du troisième ventri-
cule. La voûte a trois piliers, les corps striés, les couches optiques, les éminences
mamillaires n'existaient pas on avaient subi des déformations qui les rendaient à
peine reconnaissables , le corps et la tige pituitaires ont existé deux fois.
» Les cas rapportés par M. W. Vrolik concordent parfaitement avec ces faits. Cet
observateur a noté l'existence et l'intégrité constante, à part quelques différences
dans leur volume, de la moelle, de la protubérance, du cervelet et des tubercules
quadrijumeanx; les hémisphères cérébraux au contraire ont constamment pré-
senté des modifications très-notables. Celles qui sont communes à tous les cas
consistent dans la réunion des hémisphères en un seul lobe et dans une diminu-
tion plus ou moins grande de leur masse. Quant aux autres modifications, elles
ont été très-variables : ainsi une fois on a noté la coexistence de l'hydrocéphalie
qui distendait le crâne. Les hémisphères formaient ane poche unique, remplie de
sérosité, les corps striés et les couches optiques étaient très-petites. Dans plu-
v^.
"^
■--"
.*
À r-t
^os
Hr.
^^.
f<^ V
s-^
. L
\B
58
sieurs auUes cas les hémisphères réunis formaient ane poche unique et pleine àc
sérosité.
» Le corps calleux, les couches optiques, les corps striés, la voûte h trois piliers
n'existaient pas le plus souvent ou étaient à l'élat rudimentaire. Les circonvolu-
tions n'ont été observées qu'un petit nombre de fois et toujours très-réduites ;
l'existence du corps pituitaire a été noté assez souvent et une fois celle de !a
glande pinéalc.
» L'existence d'une hydrocéphalie manifeste, dans un cas et dans plusieurs au-
tres, la distension par de la sérosité du lobe ou de la poche remplaçant les hé-
misphères, me paraissent très-importantes à noter au point de vue de l'étiologie,
car elles fournissent un argument puissant contre l'hypothèse de l'arrêt de déve-
loppement comme une cause de cette monstruosité. Les modifications très-va-
riables que présente l'aspect des hémisphères cérébraux de ces monstres me pa-
raît aussi peu susceptible d'une explication satisfaisante par un arrêt de dévelop-
pement.
» L'appareil nasal éprouve'.danslacyclocéphaliedes modifications considérables ;
quelquefois il a complètement disparu ; plus souvent il existe à l'état rudimen-
taire, et il prend à l'ejstérieur l'apparence d'une trompe située au-dessus de l'or-
hitc.delte trompe, (jai existait dans trois de mes cas, est formée presque toujours
par les os propres du noz modifiés, par des cartilages et la peau. On y trouve
ordinairement une petite cavité el quelques vestiges des cornets et de la cloison.
Dans deux cas, j';ii pu constater que le rameau nasal interne du nerf oplithai-
mi(i!ie y pénèîre. Dans aucun cas je n'ai trouvé le nerf olfactif ni de rudiment de
l'ethmoïde Ces résultats qui s'accordent avec ceux deTicdemann et de M. Isidore
Gcoffroy-Saint-Hilaire diirèicnt de ceux de M. W. Vrolik. Jusqu'au jourd'imi, en
France au moins, on considérait comme ua fait constant l'absence do nerf olfac-
tif dans la cjciopie. Mais M. W. Vrolik rapporte C cas dans lesquels ces nerfs
existaient, et il est remarquable que l'existence de ces nerfs n'est pas en rapport
avec celle des nerfs optiques et de l'œil ; et même il peut exister deux nerfs ol-
factifs, tandis qu'il n'y a qu'un seul nerf optique ou réciproquement. Ainsi
M. W. Vrolik rapproche, d'après Otto, le cas d'un fœtus humain dans lequel il
y avait un seul nerf optique et uii œil unique, les deux nerfs olfactifs existant.
» Deux autres cas, l'un fourni par un cochon, l'autre par un chien, dans les-
quels, avec deux nerfs olfactifs, il n'existait qu'un nerf optique et un œil uni-
que. Dans les trois autres cas , dont deux apparlienuent au cochon et un au
mouton, il n'y avait qu'un seul nerf olfactif, naissant sur la ligne médiane du lobe
cérébral unique. Chez l'un, il n'existait qu'un seul œil et pas de nerf optique;
chez un autre, il y avait deux yeux et un seul nerf optique. EnGn, chez le troi-
sième, i! y avait une fusion incomplète des deux yeux et deux nerfs optiques.
Dans tous ces cas, il existait une trompe, et l'on a trouvé des rudiments cartila-
gineux ou osseux de la lame criblée de l'ethmoïde.
» Il résulte de cet exposé que, dans ce genre de cyclopie où le nez est encore
59
représenté par uue trompe Je nerf olfactif peut exister ; qu'il peut être iiDsqnc
ou double, et qu'il est indépendant, daus son exlàteoce ou dans ses modiflca-
tions, de l'étal de l'œil et du nerf optique.
» M.Vrolik insiste à plusieurs reprises sur le fait de l'existence de la suture du
coronal avec l'existence des nerfs olfactifs, et il semble y voir une relation de
cause à effet. Cette suture existe aussi, quoique le nerf olfactif soit absent. Je
l'ai constatée sur un des cas de cyclocépbalie que j'ai examinés avec H. Robin.
• Quant aux modilications de l'appareil de la vision, elles consistent dans l'exis-
tence d'une orbite unique, dans laquelle se trouve un œii simple, ou bien un œil
double, ou enfln deux yeux distincts ; elles constituent trois degrés de la cyclo-
pie, auxquels Vrolik ajoute un quatrième, celui où l'œil n'existe pas. N'ayant
rien trouvé qui ne fût conforme à ce que l'on connaît sur les modifications de
l'œil dans cette monstruosité, je ne m'y arrête pas. Dans deux cas, j'ai pu con-
stater l'absence du nerf optique avec l'exislence d'un œil assez parfait , dont
l'un paraissait contenir des détritus de la rétine.
» M. Vrolik a aussi observé un cas où le nerf optique manquait; l'œil unique
possédait une sclérotique, une choroïde et un cristallin. Les autres parties n'ont
pu être reconnues ; mais il donne, d'après Delle Gbiaje, la figure d'un rhinocé-
pbale bumaio dont l'œil unique parait normalement conformé, quoiqu'il n'y eût
pas de nerf optique. Ces faits sont contraires à l'opinion de Tiedemaun, qui re-
garde comme impossible l'existence de l'œil sans le nerf optique.
» Il ressort encore des observations de Vrolik, comme de celles qui me sonl
propres, que, dans la cyclopie, les mâchoires sont plus ou moins atrophiées, que
la laugue, au contraire, acquiert un développement normal :d'où 51 résulte quo
cet organe, ne pouvant être contenu dans la cavité de la bouche, sort entre les
lèvres, et peut paraître avoir acquis un développement exagéré.
» En résumé, les observations rapportées par M. Vrolik établissent les points
suivants, d'accord en cela avec celles des autres auteurs :
» !• Dans la cyclocéphalie, l'encéphale est toujours gravement déformé ou
altéré.
» 2" Les lésions occupent presque exclusivement les hémisphères cérébraux.
• 3» Ces lésions sont variables; mais il en est deux plus générales, à savoir s
la diminution de volume des hémisphères et leur réunion en un seul lobe.
» &o La trompe est un rudiment du nez.
» 5" L'œil peut exister sans le nerf optique.
» ()• Les parties inférieures de la face, la langue exceptée, participent toujours
plus ou moins de l'atrophie des régions supérieures.
» Enfin elles prouvent, contrairement à l'opinion généralement reçue, que, dans
la cyclocéphalie, les nerfs olfactifs peuvent exister soit distincts l'un de l'autre,
soit confondus en un seul cordon, et que ces modifications ne sont pas en rap-
port avec celles que présentent les nerfs optiques et les yeux, » (Séance du
30 mars.)
60
V. NÉCROLOGIE-
ÉLOGE DC DOCTEUR PRÉVOST COE GENÈVE); par M. LeBERT.
M. le docteur Prévost fde Genévej, connu depuis longtemps dans le inonde
scieblitiqne par ses beaux travaux de physiologie, vient de mourir dans cette
ville à l'âge de 60 ans, après une maladie longue et douloureuse du cœur et dufoie.
Là vie deM. Prévost a été si bien et si dignement remplie par des travaux de
science., par la pratique de la médecine et par' cette véritable pbilanthro'pie
qui fait le bien d'une tîianiére simple et modeste, sans phrases ét^ans ostenta-
tion, que nous osons espérer que nos collègues ne nous verront pas satis inté-
rêt leur retracer les principaux traits de celte belle et noble existence.
lean-Louis Prévost est né à Genève le i**" septembre 1790. Après avoir tev-
mîbé à l'Académie de Genève ses premières études lirtépairesét philosophiques,
il se voua à la théologie et suivit pendant trois ans les tours de la Facnlté de
Ibéologfe {>rotestante de Genève, Mais, malgré un- goût prononcé pour la litté-
rature et la philosopLie, le rare talent d'observation dont M. Prévost étaîf doué
vlflt bientôt se révéler, et le détermina à se vouer à étudier les scleûres
naturelles. Si c'est dans cette branche que M. Prévost a fourbi par la
suite une si brillante carrière, ses premières occupations déficiences plus abs-
traites n'étaient cependant pas perdues pour lui, et elles lui ont laissé pendant
toute s>a vie un goût très-prononcé pour les letires, qtii non-seulement char-
maient jusqu'à sa tin ses rares loisirs, mais ornaient eb même temp^ cette riche
Intelligence etrendyientsaconversatioh des'plusvaHéesètdeS plus attrayantes.
C'est en 1814 que IVL Prévost vint à Paris pour y commencer ses études mé-
dicales. Il embrassa cette nouvelle vocation aVec d'autant p'us de tèle qu'il lui
ea avait sacritié une autre pour laquelle il ne manquait ni de goût ni de talent.
Hais l'ardeur avec laquelle il se livra au travail et surtout aux dissection^ âD3-
tomiques a failli lui être funeste. Il Tut pris à cette époque d'une fièvre ty(iho!de
si grave et si intense que, pendant longtemps, on craignit pour sa vie. Après
avoir passé sa convalescence dans son pays, il vmt reprendre ses études. Il
était alors d'usage, à Genève, que ceux qui embrassaient' la carrière médicale
allaient partager le temps de leurs études entre la France et l'Angleterre, et
c'étaient surtout les Universités d'Edimbourg et de Dublin qui étaient en haut
renom à l'étranger. En 1816, M. Prévost se rendît en Ecosse ou deux ans plus
tard il prit à Edimbourg le grade de docteur, après avoir Souteùu Une thèse sur
l'emploi des bains et des afllisions. L'année suivante II se rendit à Dubliu pour
y continuer ses études médico-chirurgicales. Attaché alors à va hospice de
fiévreux, 11 put observer une de ces épidémies meurtrières de dyssenterie qui
de nos jours encore sont souvent si funestes en Irlande. Victime de nouveau de
son zèle et de son dévouement, il fut lui-même atteint de cette maladie dont il ne
se remit que grâce à sa jeunesse et à la force de sa constitution. Nous dirons
61
ici en passant que M. Prévost était d'une grande force physique, qu'il avait en-
core plus développée par des exercices d'adresse, celui des armes entre autres,
dans lequel. il excellait.. Doua d'un grand courage personnel, il ne se servait
jamais de ses avantages physiquos que dinis ces raonien'vS difficiles où les de-
VQifS du citoyen font pour un moment ou bliei' les labeurs du savant.
, F." 1S20, M. Prévost vint ^'établir à Genève pour y exsjoer sa profession.
Quoique de bonne iieurp ga grande, a pUtudtî pour l'exercice de.notre art se fût
révélée.à ç.eux.qui les premiers lui avaient accordé Içur co^Oance, il eut cepen-
dant l'heureux instinct de ne pas se contenter exclusjveiuful de .rapplication
empirique de ?es connaissances, acquises. NanM d'études l'oftes et profondes,
doué d'une grande perspicacité, pous§é,P9r une i;»aginaiioa, vivç. et ardente à
chercher, par l'observation et l'expérlroenialion, la solution df; ces nombreux
problèmes dont la physiologie abonde, et,qtii,,il y .a trente ans, étaient bien plus,
nombreux encore qu'aujourd'hui, .M. Prévost consacra ses travaux surtout. à
la physiologie expérimentale. C'est avec cet eçprit pénétrant qui distingue
l'homme de génie de la fourmi sciéntilique, simplement active Qt laborieuse,
que le physiologiste genevois avait compris qu'il ne pouvait dérober à la jqaiurp
ses sçcrets, qu'en combinant avec l'expérimentation les diverses, autres méthodes
rjgoureuseÀ dont on n'avait fait avant ce temps qu'une application fort iucom-
Pilète en médecine. Berzéiius venait de fonder, il pst vrai, !a chimie organique,
mais en dehors presque de toute connexion, avecles véritables phénomènes de
la.jie, avec la biologie proprement, dite, Amici venait de , pertectioaner à son
tpuj;l)Ç. microscope; mais l'emploi si biiillant, que l'on a fait dçfHiis de cet inslru-
iDeiit;se Cornait alors tellement entre les ma«is de la plupart des observateurs
à des , recherches de simple curiosité,, qye les grands msûtre^ de la zoologie et
d^ la botanique, Cuvier ft.Djecandolle. s'en servaient à, peine. Malgré l'appa-
rente stéj:iU té de ces deux méthodes, M. Prévost, un des premiers, comprit que
c^çn'estqu'çn demandant des secours à 1? physique età|a .chimie que la phy-
siologie devient une science vraiment philosophique, qu'en un mot on ne com-
prend le fait complexe de la vie que par l'analysede ses divers éléments con-
stituants.
Lorsqu'on a étudié la marche et les progrès des. connaissances humaines,. on
est frappé de cette espèce d'oscillation qui fait alterner le raouvemeal progres-
sif, avec le repos, et .souvent même avec Ja rétrogradation. Aussi voyons-noas
îo» «ours les vrais progrès formulés par un petit nombre d'hommes qui ne pa-
raissent qu'à une certaine dislance les uns des autres, et enco.^e observons-nous
que c'est grâce au concours de circonstances heureuses que ce progrès peut se
réaliser dans toute sou, étendue. Nous sommes, viyement frappés de ce fait dans
la vie de M. Prévost. Nous savoos tous que l'exi-lence d'un seul homme ae suffi-
rait pas si on voulait. embrasser à la fois toutes les sciences qui concourent aux
études biologiques,; aussi M- Prévost chercha-t-il de booue heure un coUabora-
leux capable à la fois , de poursuivre ua but scientifique irés-élevé et de mettre
62
une haute sagacité dans ia mise en exécution et dans la manière de contrôler
les coQceptiOQS de l'inteUigence.
I! y avait alors à Genève un jeune savant venu du midi de la France, attiré
par la réputation lointaine de science, de l'antique cité du lac Léman. Cet
bomme qui s'ignorait encore lui-même, mais qui portait déjà en lui ce besoin
vague du génie d'appliquer dignement ses forces, entra en relations intimes
avec M. Prévost en vertu de cette attraction sympathique qui lie entre eux les
hommes qui poursuivent le même but, surtout si ce but est du domaine de
l'avancement de la science. Tout le monde aura deviné que je veux parler de
M. Dumas, et les beaux et brillants travaux dont il a depuis lors doté la chimie
comme science générale et philosophique et avec toutes ses applications pra-
tiques à la médecine et à l'industrie, fout remonter avec délice à cette époque
où furent posées les premières pierres angulaires de ce vaste et magnihque
édifice ; aussi les noms de Prévost et Dumas, cités depuis vingt-cinq ans dans tous
les travaux importants de chimie et de physiologie, passeront-ils à la postérité
parmi les î-lu': beaux noms des fondateurs de la philosophie expérimentale
d'observation. Nous aurons occasion ailleurs de revenir avec détail sur les
travaux de M. Prévost et de son illustre collaborateur; nous dirons seulement
ici que c'est de cette union si heureuse entre ces deux savants qui, dès leurs
premiers travaux, se placèrent au premier rang parmi les contemporains que
sortirent ces belles et profondes recherches sur la composition physique et
chimique du sang, et sur ia valeur biologique de tous ses éléments. Basés
sur la triple méthode de l'expérimentation sur les|animaux, de l'analyse
chimique et de Pexamen microscopique, ces travaux se distinguent en même
temps par une généralisation à la fois vraie et d'une haute portée et par l'appli-
cation de méthodes nouvelles et ingénieuses là où la science était à peine
ébauchée sur ces questions. L'étude du sang conduisait tout naturellement à
celle du centre circulatoire, et ici nos deux savants comprirent que pour bien
saisir les particularités d'un organe à l'état complet, il fallait étudier jusque
dans ses moindres détails sou mode de développement. C'est ainsi que parut le
premier travail de ces deux auteurs, sur la formation du cœur dans le poulet,
mémoire qui ne fut que le commencement de ces recherches que M. Prévost
continua jusque dans les derniers temps de sa vie. Haller et avant lui Malpigbi
nous avaient légués les premiers éléments de ces études. Beaucoup de savants
de nos jours se sont occupés de ce sujet, mais toujours est-il que le travail de
MM. Prévost et Dumas constitue un progrès réel dans nos notions sur la pre-
mière apparition du cœur.
A l'époque où nos deux savants se livrèrent avec tant d'ardeur et tant de
succès à l'étude de la physiologie, il y avait une autre branche de cette science
qui était bien plus négligée encore, c'était celle qui s'occupe des phénomènes
intimes et initiaux de la génération des êtres vivants. Leuwenhoek avait entrevu
les animalcules spermatiques. Spallanzani avait fait les premières expériences
63
sur la fécoDdaiion artificielle chez les grenouilles ; des nolioDs éparses et des
expériences isolées existaient, il est vrai, sur un grand nombre de points qui
ont rapport à ce sujet, mais ce qui prouve à quel point les bypotbèses prédomi-
naienldans cette partie, c'est que l'œuf des mammifèresétait à peu près inconnu,
et le liquide prolitique, dans sa constitution physique et chimique avait à peine
fait le sujet d'un petit nombre de travaux sérieux. Il n'y a pas de branche de
la physiologie qui de nos jours ait réalisé plus de progrès que «elle qui s'occupe
de tous les phénomènes, depuis les principes fécondants et la fécondation elle-
même du germe jusqu'à son entière évolution, mais nous n'allons assurément
pas trop loin en affirmant que ces premiers travaux de Prévost et Dumas con*
stituent largement la base de tous les travaux postérieurs sur ce point capital
de la physiologie.
On dirait réellement qu'aucune des grandes fonctions de la vie ne devait échap-
per aux labeurs intaiigables de ces deux grands observateurs ; c'est ainsi qu'ils
enrichirent les doctrines sur la digestion de plusieurs faits importants, qu'ils dé-
couvrirent l'urée dans le sang chez les animaux auxquels ils avaient extirpé les
reins. La composition du iaii fit également le sujet de leurs recherches. M. Pré-
vost décrivit un des premiers, et d'une manière fort remarquable, la composi-
tion ioliuie delà fibre musculaire et des nerfs, ot si sa théorie de l'innervation
des muscles n'est plus, à la vérité, soutenable aujourd'hui, elle n'en a pas
.moins le mérite d'avoir ouvert la voie à la combinaison de l'action galvanique
avec l'inspection microscopique des phénomènes mêmes de la contraction mus-
culaire, étude qui devait fournir de si brillants résultats plus tard entre les
mains de E.-H. Weber.
Lorsqu'on compare le nombre des travaux auxquels s'attachent les deux noms
de Prévost et de Dumas, on est à la fois étonné et pénétré d'admiration en ap-
prenant que cette collaboration a à peine duré trois ans, admiration qui aug-
mente encore lorsqu'on a vu tous les travaux commencés et inachevés de cette
époque qui sont restés enfouis dans les riches cartons de l'un et de l'autre de
ces deux observateurs. C'est en effet déjà en 1823 que M. Dumas vint à Paris,
où, dès ses premiers pas, il sut se fonder cette position si éminente dans la
science à laquelle nous aimons tous à rendre un hommage si sincèfe.
Si après le départ de M. Dumas, de Genève, M. Prévost a pu moins se livrer
aux travaux de cabinet, à cause de sa clientèle de médecin uevenue très-con-
sidérable, il n'a pas moins continué à cultiver sans interruption, jusqu'au mo-
ment de sa mort, les études les plus variées de la physiologie. En fait d'anato-
mie comparée, il nous a dotés de plusieurs travaux importants sur les organes
de la génération des gastéropodes ; et pour ceux du genre helixe, il a surtout
eu le mérite de rectifier les erreurs commises par Cuvier dans la détermination
de ces organes, car Cuvier avait pris pour l'ovaire une partie qui, évidemment,
renferme des spermatozoïdes. Les beaux travaux de M. A. Meckelontdu reste
concilié plus tard les deux opinions par la découverte de la glande hermaphrodite
et re^nbotiemeot pour ainsi dire d'un ovaire dans lugiândespernaatogéne. Pour
étudier ia va t^^nr de tous ces organes chez les gastéropodes, M. Prévost a fort judi-
cieusement comparé les espèces hermaphrodites avec les bi-sexuelles. Pour ces
derniers, ses travaux étaient d'autant plus délica^ que ses dissectioas out été
faites sur une petite espèce, le cyclostoma clcgans^ car ce n'est que beaucoup
plus tard que M. Boissier (de Genève) a transplanté dans les fossés de cette
ville une gjraode et belle espèce de paludine provenant du lac Majeur, et bien
autrement apte à ce genre d'études. En faisant des recherches sur la génération
de la moule des peintres {unio batavus) , il a découvert les animalcules
spermatiques de ces animaux inconnus jusqu'alors. Dans ses études sur la gé-
néritiion du sechol, nous trouvons presfjue les premières recherches sur le dé-
veloppement des poissons. Un des premiers aussi, il a démontré que, dans la
régénération des nerfs, la libre nerveuse se reproduisait intégralement. Nos re-
cherches en commua sur la régénération chez les salamandres n'ont pas été
achevées. Dans une série d'expériences physiologiques sur l'intlammation, il a
posé les bases de la thérapeutique physiolQgiqu,e en étudiant avec soin l'action
de plusieurs agents physiques et médiçameuteu* sur les troubles de la circu-
lation et leur rétablissement à l'état normal.
M. Prévost ne s'est pas moins préoccupé de la chimie physiologique, et les
recherches de ce genre qu'il a faites après M. Dumas, et successivement avec
M, Le Royer, et plus tard avec M. Morin (de Genève), ont surtout porté sur la
nulritioa chez le fœtus ou chez l'adulte. Coujointement avec M. Le Royer, il a
fait un mémoire sur le contenu du canal digestif chez le fœtus des vertébrés,
et un autre mémoire sur l'acide libre contenu dans l'estomac des herbivores.
C'est avec M. Morin qu'il a publié successivement des recherches physiologi-
ques et chimiques sur la nutrition du fœtus, sur l'analyse du liquide des coty-
lédons de la vache et de ses fonctions, et sur les changements qui s'opèrent
dans l'œuf de l'oiseau pendant le développement embryonal.
Depuis dix ans, nous avons fait en commun, M. Prévost et moi, une série de
travaux de physiologie et d'aoatomie générale, dont une partie a été publiée
dans les Annales des scje\ces naturelles, tandis que d'autres recherches ont
été successivement communiquées à la Société de biologie à Paris, dans laquelle
nous regrettons doublement la perte de M. Prévost comme savant très-éminent
et comme un de nos membres adjoints les plus actifs. Le plus grand nombre de
nos recherches de cette série a porté sur le développement des organes de la
circulation et du sang dans les diverses classes des animaux vertébrés. Notre
principal but y a été en combinant étroitement l'organogénie et l'histogénie,
de saisir tous les principaux changements qui s'opèrent dans ces organes avant
d'airivfir à leur évolution complète, méthode qui nous a paru la meilleure pour
comprendre ensuite la valeur de tous ces éléments. Nos recherches sur la fibre
muscuâlre dans toutes les classes d'animaux ont été publiées séparément, et
nous nous y sommes proposé le même but, celui d'arriver à la connaissance de
65
ta structure du muscle chez ie mammilére adulte, en le suivant à la fois à tra-
vers toute la série des animaux et à travers toutes les phases de développe-
ment chez les embryons. C'est à cette occasioo que M. Prévost a le premier
étudié avec feaucouo de détails le beau phénomène de la contraction muscu-
laire spontanée dans le carabus aurutust. phénomène physiologique des plus
intéressants, et quej'ai pu étudier depuis sur un grand nombre d'espèces d'a-
nimaux. JVous avons laissé inachevées des recherches sur la production artifi-
cielle des monstruosités chez les animaux, ainsi que des travaux sur divers su-
jets d'einbryologie. Un dernier travail enfin fait en commun m'a été envoyé
par M. Prévost, un mois à peine avant sa mort, et je dois dire ici que tout ce que
ce travail renferme de nouveau et d'important par rapport à la formation du
cœur appartient en entier à M. Prévost. Je citerai enlin plusieurs petits travaux
publiés par M. Prévost dans les mémoires de la Société de physique de Genève,
sur les transformations des organes de la respiration chez le têtard des batra-
ciens ; sur l'altération des globules du sang chez les grenouilles par un jeiine
prolongé; sur les moditicalions des animalcules spermatiques des batraciens
selon les saisons -, sur l'aimantation d'aiguilles de fer doux en contact avec les
nerfs en action, etc.
L'énumération de tous ces travaux, si nombreux et si variés, l'influence in-
contestable qu'ils ont exercée sur les progrès de la physiologie par l'observa-
tion, placent certainement M. Prévost parmi les premiers physiologistes de notre'
époque. Cependant ce n'était là qu'uu côté de l'existence de l'illustre savant
de Genève. M. Prévost était pour le moins aussi distingué comme médecin pra-
ticien que comme savant. A la tète de la pratique genevoise depuis vingt-cinq
ans, au milieu d'une Faculté qui Jusqu'à ce jour a conservé une juste célébrité
par ses lumières, par sou union et par les beaux travaux dont elle a su doter la
science, M. Prévost était de toutes les consultations importantes, e^ maintes et
maintes fois j'ai entendu dire à mes savants confrères de Genève que, dans les
cas les plus désespérés, où toutes les ressources paraissaient épuisées, on trou-
vait souvent encore des conseils salutaires chez M. Prévost. J'ai pu, pour ma
part, pleinenient confirmer la vérité de ce fait pendant les onze ans que j'ai pra-
tiqué la médecine dans le canton de Vaud, et pendant lesquels j'ai traité un
grand nombre de malades en commun avec M. Prévost. Malheureusement il n'a
rien publié sur la médecine pratique. J'ai cherché à faire connaître quelques-
unes de ses méthodes dans mon ouvrage sur les maladies scrofuleuses et tuber-
culeuses et dans notre correspondance très-régulière pendant dix ans, inter-
rompue seulement de temps en temps par les séjours que je fis auprès de mon ami
à Genève, je possède beaucoup de données thérapeutiques qui, j'espère, feront
un jour partie de la publication que je me propose de faire des œuvres com-
plètes de M. Prévost. Sa pratique médicale s'est caractérisée par deux points
d'une haute importance : l'un, sa manière toute physiologique d'envisager les
maladies; l'autre, une connaissance des plivs approfondies de la thérapeutique.
66
IH. Prévost s'inquiétait peu du nom des maladies; il rechercbail avant tout les
troubles fonctionnels des organes pour remonter ensuite à la source des altéra-
tions qui en étaient la cause. Pour lui le lit du malade était ce qu'il doit être,
une application conliuuelie de la physiologie, enrichie toutefois par les données
que l'observation clinique seule peut fournir. Sa thérapeutique était d'autant plus
variée qu'il connaissait à fond les principaux auteurs français, anglais et alle-
mands sur cette matière, et qu'il avait Tbabitude de prendre connaissance de
toutes les productions nouvelles de ce genre à mesure qu'elles paraissaient. 11
était impossible d'être meilleur confrère que M. Prévost, Plein de déférence
pour ses collègues , il ne mettait jamais d'amour-propre à adopter l'opinion
même des plus jeunes, et si son avis était diflférent pour le diagnostic ou pour
le traitement à suivre , il l'émettait avec tant de simplicité et taut d'urbanité
que même les confrères les plus susceptibles ne pouvaient en être cho-
qués. Il était touchant de voir M. Prévost dans les diverses sociétés de méde-
cine de sa ville natale, sociétés dans lesquelles, du reste, l'esprit de la plus
parfaite harmonie rivalise avec la recherche tout impartiale de la vérité. Nous
ne saurious en réalité pas prndiguer assez d'éloges à ces confrères, parmi les-
quels nous avons toujours rencontré une si inaltérable bienveillance, et dont les
travaux nous ont été si éminemment utiles dans le but que nous poursuivions.
Eh bien ! dans ces réunions. M, Prévost était entouré de tant d'égards et de
tant d'affection, il sut les charnser par des cominanications si variées et quel-
quefois si originales, qu'au milieu de ses nombreuses occupations, il sut pen-
dant nombre d'années toujours trouver le temps pour y assister avec une grande
régularité.
Nous serions incomplet entin, dans cette courte esquisse biographique , si
nous n*insistions pas îout particulièrement encore sur la charité toujours ac-
tive que M. Prévost vouait aux classes pauvres de la société, et auxquelles il
prodiguait à la fois les secours éclairés de son art et les secours matériels les
plus judicieusement appliqués.
Nous avwns passé en revue les principales qualités du savant profond , du
praiiciea distingué, du confrère bienveillant, de l'homme pleie! de charité et de
dévouement pour les pauvres, et nous trouvons ainsi réunis chez M. Prévost
une intelligence ues iTiieux douées, un cœur excellent, une activité non inter-
rompue jusqu'à la lin de ses jours, ei nos regrets de sa perte serait'ni bien plus
^•rofonds encore si sa mémoire ne se perpétuait pas parmi nous , comme le
vrai modèle à suivre dans la carrière des sciences et dans l'emploi de la vie.
COBSPTi: RENDU
DES SÉANCES
DE
r r
LA SOCIETE DE BIOLOGIE
PENDA?!! LE MOIS D'AVRIL 1850 :
PAR
mu- les doctenrs LEBERT et BROWTV-SÉQVAIUD » McrCMIres.
Présidence de M. RATER.
I. — ANATOMIE.
StR LES DÉNOMINATIONS DES DIVEKSES PARTIES DE l'iNTESTIN PAR LES ACTEURS
GRECS ET latins; par M. Second.
M. Segond, à la suite d'une exposition générale sur les principes delà nomen-
clature ea biologie, a coramuniqué ses recherches particulières sur la dénomina-
tion des différentes parties de l'intestin. Comme le travail de M. Segond offre de
'.'intérêt pour la lecture des auteurs anciens, nous allons reproduire ici la dernière
p&rtie de sa communication.
68
« La manière aclueUe de décrire l'intestin n'est pas très-favorable pour don-
ner une notion générale de cet organe. Les courtes généralités par lesquelles com-
mencent la plupart des auteurs sont trop vagues pour offrir un véritable intérêt.
La description, séparant bientôt chaque partie de l'organe, laisse à l'esprit une
grande surabondance de détails sur la bouche, le pharynx, l'œsophage, l'estomac,
mais ne comprend aucun exanwn systématique de l'organe. Au lieu d'établir des
divisions de l'organe , il faut baser les divisions d'après les différents points de
vue, et donner successivement la forme, la direction, la situation, la composition
de tout l'organe. Rien n'est plus aisé que de tirer des détails du milieu d'un en-
semble; mais il est, au contraire, très-difDcile de faire sortir les idées d'ensemble
d'une grande accumulation de détails, lorsque surtout cette opération est entiè-
rement abandonnée aux jeunes intelligences qui s'appliquent pour la première
fois à l'étude de l'anatomie.Une réforme aussi désirable, relative à un organe es-
sentiel, ne peut manquer d'avoir immédiatement une grande portée dans l'en-
Beignement de l'anatomie. J'ai dû faire celte observation générale de méthode
pour justifier la dénomination que je veux appliquer à cet organe.
■ Les expressions canal alimentaire, tube dig'esfi"/', employées au point de vue
physiologique, donnent de cet organe une idée trop spéciale. Ce canal n'est pas
seulement alimentaire, seulement digestif : c'est aussi bien un organe de dé-
composition qu'un organe de composition, et la grande complexité des fonctions
qui s'y accomplissent doit faire renoncer à désigner l'ensemble de l'organe d'a-
près tel ou tel rôle exécuté dans un point particulier de son étendue. Les ex-
pressions canai intestinal et tube intestinal seraient plus convenables; mais
elles ont l'inconvénient d'être complexes, en ce sens qu'on a voulu tout à la fois
exprimer la forme et la situation. Or bien des raisons doivent faire rejeter la
comparaison avec un canal ou un tube, et ce qui doit surtout prévaloir, c'est la
nécessité de donner à l'organe un nom simple, comme les mots cœur, poumon,
cerveau. Sans chercher à introduire un mot nouveau, il n'y a qu'à étendre à
l'ensemble de l'organe le mot simplement employé jusqu'ici pour désigner la
portion comprise entre le pylore et l'anus ; habitude déjà prise dans les traités
d'anatomie comparée. Le mot intestin, ainsi appliqué, contribuera à mieux ca-
ractériser la notion générale de l'organe; ce qui doit en outre déterminer à ce
choix, c'est la considération de situation que nous avons indiquée comme devant
être la plus générale dans la nomenclature des organes. Le mot intestin, ainsi
que la plupart des dénominations des différentes parties de cet organe, nous vient
des anatomistes grecs. Le mot IvTspov, dans Hippocrate et Aristote, désigne les
intestins, c'est-à-dire ce qu'il y a au dedans de l'animal, xà èvTÔç. Ce mot rem-
plit donc, par son origine et sa signification, le véritable but, et nous dispense de
recourir à un néologisme. L'estomac, comme le dit Aristote, est comparable à un
intestin plus large que les autres. Quant à l'œsophage, beaucoup d'animaux n'en
nt pas ; il ne faudrait donc pas, en considération de la disposition des parties su-
peri«'arcs de l'organe, repousser une dénomination simple qui, au point de vue de
69
la véritable notion de l'organe, offre un incontestable intérêt. Je désignerai donc
par intestin l'organe fondamental du mouvement de composition et de décompo-
sition.
» Le mot principal dont nous ayons actuellement à rechercher l'origine est le
mot estomac. Il est évident que, dans le principe, le mot <yxô\)jxyfp(; devait s'appli-
quer à la partie de l'intestin qui fait suite à la bouche, <n6\wi. Ce mot, dans plu-
sieurs passages d'Homère, désigne la partie inférieure de la gorge; il s'applique
plus particulièrement à l'œsophage dans Hippocrate. Bien qu'Aristote se serve
du mot olaof iYOî (De part, anim., 1. m, ch. 3), cependant en décrivant les parties
intérieures du cou, dans I'Histoire des anihacx, il se sert du mot m6^-/p'^ POur
caractériser la partie de ouverture qui s'attache en haut à la bouche. Galien
emploie également le mot ordiiaxo; pour désigner le gosier et l'œsophage ; mais
pour cette dernière partie il se sert plus particulièrement du mot olio-fàYoç.Ce qui
paraît le plus certain, c'est que vulgairement on appliquait le mot crdiiaxoç à la
première partie de l'ouverture faisant suite à la bouche, sans préciser nettement
les limites de cette partie, tandis que le mot olaoyâtyoî ^^'^i*^ "" ^^^^ P'"^ arrêté,
plus scientifique. A cet égard Théophile ne laisse aucun doute, et se sert dans le
même passage des deux mots, en spécifiant que olffocpàyoç est le nom propre et
CTO>ax°î Ifi nom commun. Enfin l'usage vulgaire n'a pas seulement étendu ce
dernier mot à l'œsophage, mais à la partie de l'intestin qui fait suite à l'œsophage,
au yauTÎip. Bérenger de Carpi, décrivant le ventrictilus, dit très-bien qu'il est
eommunément appelé stomachus.
n Enfin, que l'on réfléchisse un instant aux expressions vulgairement employées
aujourd'hui dans le langage ordinaire pour désigner les différentes parties de
Pappareil digestif, elles se réduisent essentiellement à quatre : la bouche, le go^
sier, Vestomac. {'intestin. Les anatoniistes modernes n'ont fait autre chose qu'ap-
pliquer particulièrement au renflement intestinal qui fait suite à l'œsophage le
mot vulgaire estomac. Les mots xoiXCa et yaTr^ip, dans Hippocrate, désignent aussi
bien le ventre que l'estomac. Aristote se sert particulièrement du mot xoiXCa pour
désigner cette dernière partie. Le yaTr?,?, dans Ruffus comme dans Hippocrate et
Homère, désigne le ventre; mais dans Galien, il s'applique très-nettement à l'es-
tomac. Il en est de même dans Théophile. 11 eùl sans doute mieux valu faire
comme La Fontaine, et dire messcr gaster, que dire Vestomac; mais c'est par-
ticulièrement dans la nomenclature pathologique que ce mot s'est conservé. Le
cardia et \ç pylore ont été également nommés par les antomislcs grecs; cepen-
dant Théophile dit encore ctdiia xoiX(ac au lieu de xap6(a.
« Le çdpuv;, dans Hippocrate, désigne la gorge. Aristote (De part, an.) décrit
très-nettement sous ce nom le larynx, qui est très-bien appelé îvàpuYî par Ga-
lien. Celui-ci décrit sous le nom de tpâpyYî l'arrièrc-bouche ; il en est de même
dans Théophile.
» Quant aux dénominations de la bouche et de ses difl'érentes parties, nous les
trouvons encore dans les auteurs que je viens de citer. C'est »xû'(jia qui a prévalQ
70
dans la nomenciature pathologique ; c'est, au contraire, le mot bucca, fait de 6û!^o>
(enfler), qui est resté en anatomle. La langue, dans Hippocrate, Aristote, RufTus,
Gâlien, Théophile, est désignée, suivant les dialectes, par T^ibasa, Y^tôrra, y^awsTi. '
Bien que, pour plusieurs dénominations de muscles et de nerfs, nous nous ser-
Yions de Y^wacra, c'est le mot latin qui est resté pour l'anatomie. Lé palais, du
latlù pa/ofwm, est appelé ÛTiEpwov par Hippocrate et Aristote; ce dernier se sert
également du mot oùpavtç. La luette (du latin uva, d'où l'on a fait d'abord uvetté,
ensuite, en préposant l'article, Vuvette, qui s'est changé en luette), est appelée
Yapvapetbv par Hippocrate et RufTus. Aristote , la comparant à une grappe de
raisin, la désigne par dTatpy'Xocpdpov, et par oxatpyX:?) quand elle est enflammée.
Zxa<f\jkfi, dans Théophile, désigne la luette à l'état normal. L'expression yttçfa-
pewva ÔidtppaYjjLaxt (ëpid., 1. ii) désigne, dans Hippocrate, le voile du palais. Les
amygdales (du grec àfiuySaXïi, amande) sont appelées xaptaôjjita dans Hippocrate,
Aristote et Galien. Les dents, ôèoùç, sont toutes dénommées dès Aristote : ôÇsïç
les iticiàives (toiisi;, Théophile); Tckaiûz, (i6Xyi, YopiçÉoç, les molaires; xpavr^paç,
les dernières molaires (aoKppoviffTÎfipaç Ruffus); xuvo'Sovteç, les canines.
» Telles sont les dénominations des diCFérentes parties de l'intestin, de la bouche
au pylore ; viennent ensuite les différentes parties du reste de l'intestin. Hippo-
crate nomme le colon et le mésocolon. Rufîus, outre la grande division en intes-
tin grêle, 5^£-iiTbv Ivrepov, et gros intestin, x(o>>ov, désigne le cœcum, tvcp'Xès*. Hé-
rophile désigne le premiet prolongement àe l'estomac par le mot SwSsxatiàxTyXoç.
Galien nomme la seconde portion, le jéjunum, vyiu'^ii;; la troisième, Xeitrôv êv-
Tspov ; la quatrième, zw-p'Xbv; la cinquième, xwXov, et la sixième, ou rectum,
aitïufiudjiivov. L'usage a introduit le mot iléon (de iXaoç, maladie étudiée par
Hippocrate), à la place de intestin grêle, qui désigne, selon les auteurs, la partie
de l'intestin comprise entre l'estomac et le cœcum, ou seulement entre le duodé-
num et le cœcum. La bouche, le pharynx, l'œsophage, l'estomac, le duodénum,
le jéjunum, l'iléon, le cœcum, le colon et le rectum, telles sont les dénomina-
tions qu'il faut adopter pour désigner les principales divisions de l'intestin. Plu-
sieurs sont évidemment fort impropres ; mais l'usage et le sentiment historique
doivent ici l'emporter sur les règles générales que j'ai moi-même posées. Quant à
la limite précise de ces diltérentes parties, je la donnerai en exposant, à tous les
points de vue, l'anatomie de l'intestin. »
II. — PHYSIOLOGIE,
i» EXPUCATION DE L'HÉIQPLÉGIE CROISÉE DU SENTIMENT; par M. BROWN-SÉQDAao.
On sait que M. Brown-Séquard a trouvé que les impressions sensilives venues
d'une moitié latérale du corps sont, en grande partie, transmises au centre de
perception par la moitié latérale de moelle épiniére du côté opposé. On sait que
quelques instants après cette section, on trouve la sensibilité intacte ou même
71
exagérée dans le côté du corps corrcspondanl au côté de lu secUou, lundis qiie
le côlé opposé a perdu une grande partie de sa sensibîlilé (voyez les Comptes*
RENDUS UE LA Soc. DE BiOL., H» 12, décembre 1849, et n* 2, février 1850).
M. Brown-Séquard a vu en outre qu'on peul faire jusqu'à six et niênae liuil
sections transversales complètes d'une hiêrne nioité latérale, sans diminuer la
sensibilité du côté correspondant, tandis qu'au contraire il afrive très-souveot
alors que ce qui reste dé sensibilité dans le côté opposé, après la première sec-
tion, disparaît presque complètement après les autres. On peul, déplus, sur le
même animal, après ces six ou huit sections, faites à une distance de 8 à 10
millimètres l'une de l'autre aux régions lombaire et costale, faire aussi dans deux
oa (rois endroits la section des deux cordons postérieurs, sans que la sensibilité
se perde dans la moitié du train postérieur où elle a persisté.
Le fait de la transmission croisée des impressioiis sensilives par la moelle
épinière donne une solution exllêmeuient sinipie au problème de l'hémiplégie
croisée du sentiment. Cette solution montre l'inutilité dès efforts qu'on a faits
pour expliquer cette espèce d'hémiplégie croisée par les entre-croisements qui
existent à la partie inférieure de l'encéphale, à partir de la moelle allongée jus-
qu'aux pédoncules cérébraux et aux tubercules quadrijumeaux. Jusqu'aujour-
d'hui les auteurs qui ne croient pas que les fibres sensilives et les fibres mo-
Irices soient disposées en faisceaux isolés dans la moelle épinière, se contentaient
des enire-croisemfenls que l'on rencontre dans la moelle allongée, la pioiubé-
Irance, etc., pour expliquer l'hémiplégie croisée, et ils n'imliquaient aucune
partie de ces enire-croisements, comme servant d'une manière plus spéciale à la
Uransmission croisée des impressions. Au contraire, les auteurs qui admettent que
dans les centres nerveux les faisceaux de fibres sensïlives sont "séparés des
faisceaux de fibres motrices, ont essayé de fixer le lieu où se ferait l'entre-croi-
seuiebl propre aux Cbrés sensilives. Tels sont surtout Ch. Béll et Itf. Longel. Le
premier, dans un mémoire important à plusieurs égards (1), et dans lequel il
donné les raisons qui lui ont fait changer d'opinion et àtlribuer aux cordons la-
téraux ce qu'il avait d'ybord aliHbué aux corduiis postérieurs, soulient que
c^est, à l'endroit où se fait rentre-croisement des fibres des cordons latéraux que
les fibres sensilives venues des racines postérieures rachidiennes s'énlre-croi-
sent. Il dit que cet entre-Croisement a lieu à la face postérieure de la moelle
allongée, dans une grande partie de l'étendue du quatrième ventricule.
D'après M. Longel les cordons postérieurs de la moelle qu*il affirme être seuls
chargés de la transmission des impressions sensilives iraient faire leur décus-
salion (au niveau du bord anléro-supérieur de la protubérance). On sait que
(1) Transact. PBiLosopH., !l835. Ce mémoire a été reproduit darik rouVrâgé
de Ben : tHE NEavous system Of îHe huban bodï, p. 23i-û0. LûBdoïi , lëJiû-
3« édition.
72
c'est dans cet endroit où s'entre-croisent les processus cerebelli ad testes^ que
M. Longet considère comme composés de libres venues des cordons postérieurs
de la moelle à travers le cervelet (i).
M. Brown-Séquard s'est demandé si ces divers enlre-croisemenls pouvaient
rendre compte de la paralysie croisée du sentiment ; il va plus loin et il se pose
cette question : Est-il besoin aujourd'hui de se servir de l'un quelconque des
entre-croisements admis dans la moelle allongée, dans la protubérance ou en
avant, pour s'expliquer la paralysie croisée du sentiment? Il lui semble qu'on
ne peut répondre que négativement à celte question. En efl'et, il est évident
que si, comme le prouvent les résultats de la section d'une moitié latérale delà
moelle, les libres venues des racines sensitives de gauche vont en grande par-
lie à droite, et celles de droite à gauche, presque aussitôt après leur entrée
dans la moelle, on n'a plus besoin de recourir aux entre-croisements qui ont
lieu dans la moelle allongée, dans la protubérance et en avant pour s'expliquer
la paralysie croisée. Il y a plus : si certaines parties de ces entre-croisements
étaient formées par des fibres qui fussent la continuation des fibres des racines
postérieures rachidiennes, il faudrait admettre que ces flbres après être entrées
par les racines postérieures droites, par exemple, se sont portées dans la moi-
tié gauche de la moelle épinière ; qu'ensuite elles en sont sorties, se portant de
nouveau dans la moitié droite, d'où enfin elles se sont reportées à gauche, à
la hauteur de la moelle allongée, de la protubérance ou un peu au-dessus.
Efleclivement, supposons qu'au lieu de trois entre-croisements il n'y en ait que
deux : celui que les expériences de M. Brovvn-Séquard montrent exister dans
la moelle épinière elle-même et l'entre-croisemenlde la moelle allongée, de la
protubérance, etc. Avec l'existence de ces deux entre-croisements, il devient
impossible de comprendre la paralysie croisée du sentiment, puisque le second
entrecroisement annihile l'eflet du premier. Il faut absolument qu'il y ait ou
trois entre-croisements ou un seul, et puisqu'il y en a un incontestable dans la
moelle épinière elle-même, il faut, si l'on veut en admettre un second existant
dans l'encéphale, qu'on suppose qu'il en existe un troisième. Où se ferait ce
troisième entre-croisement? Serait-ce dans la moelle épinière? L'expérience sui-
vante, dont les détails se trouvent dans l'avant-dernier numéro de nos Comptes
RENDDs, démontre qu'il n'y a pas deux enlre-croisemeuts dans ce centre nerveux:
si l'on coupe transversalement une moitié latérale de la moelle épinière, au
voisinage de la moelle allongée, on trouve, presque aussitôt après la section,
que le membre postérieur ainsi que le membre antérieur, du même côté que la
section, sont au moins aussi sensibles qu'à l'état normal. Or ils seraient in-
(1) Si les libres de cet entre-croisement viennent, comme le croit M. Longet,
des cordons postérieurs de la moelle, elles doivent ne servir qu'à peine oa
nullement à la transmission des impressions sensitives, puisque les libres des
-rdons postérieurs n'ont qu'à peine ou n'ont même pas cet usag*'.
73
sensibles s'il y araiL, dans la moelle épinière, tin double enirc-croisemeat des
libres venues des racines sensiiives, car la section aurait atteint précisément
les fibres venues du côté du corps correspondant au côté de moelle coupé. De
plus, on ne devrait pas trouver la sensibilité diminuée dans le côté du corps
opposé au côté de moelle coupé. C'est cependant ce qui a lieu (1). S'il n'y a
pas deux entre-croisements pour les mêmes libres dans la moelle épinière, en
serait-il autrement dans la moelle allongée, la protubérance et au devant? nous
ne croyons pas qu'on puisse faire une telle' supposition. Nous nous bornerons à
dire que cette bypotbèse n'a pour elle aucun fait, ni aucune probabilité, et
qu'eUe est même inutile puisque l'existence d'un entre*croisementdansla nacelle
épinière suffît seul pour expliquer complètement la paralysie croisée du sen-
timent.
De ces faits et de ces raisonnements, M. Brown-Séquard tire ]es conclusions
suivantes :
1° Bien n'est plus facile que d'expliquer aujourd'hui la paralysie croisée du
sentiment ; elle dépend d'uu entre-croisement des libres sensibles de tout le
corps dans toute la longueur de la moelle épinière.
2* Les divers entre-croisements signalés dans la moelle allongée, la protubé-
rance et au devant de ce renflement nerveux ne peuvent plus servir à expliquer
la paralysie croisée du sentiment. Il reste donc à cbercher i quoi ils servent.
(Séance du 2 mars 1S50}.
2* MEMBRANES MOQUEUSES OTÉRINES EXPtJLSÉES PENDANT LA MENSTBXJATÏON ;
par M. Lebert.
Madame M..., âgée de 26 ans, d'une bonne constitution, sujette aux douleurs
de rhumatisme et de névralgie, a été bien réglée depuis l'âge de 15 ans, abon-
damment et régulièrement, mais ayant des coliques vives chaque fois pendant
les premiers jours. Mariée depuis cinq ans, elle a eu un enfant il y a trois ans
et demi. Dernièrement elle a eu dans ses époques un retard de douze jours, au
bout desquels elles parurent accompagnées de douleurs plus vives que de cou-
tume. Pendant la nuit, entre le premier et le second jour, elle sentit un accès
de colique comme pour expulser un corps de l'intérieur de la matrice. Se
croyant enceinte, elle avait la même sensation que si elle faisait une fausse
couche.
(i; Que l'hypothèse suivant laquelle tontes les fibres des racines postérieures
iraient jusqu'au cerveau soit vraie, ou que la vérité soit au contraire dans l'hy-
pothèse suivant laquelle quelques libres seulement iraient an cerveau pour y
représenler toutes les fibres nerveuses au corps, les raisonnements de M. Brown-
Séqnard gardent dans un cas comme dans l'autre toute leur valeur. C'est ce
qu'il fera voir dans son mémoire.
7Û
La partie expulsée ne m'a élé montrée que trente-six heures après, et déjà
un peu altérée, ayant surtout, d'après le dire de la malade, diminué de plus de
moitié de volume. La forme de ce corps était irrégulièrement triangulaire ; il
avait 4 centim. de long sur 2 1/2 à l de large, se rétrécissant tout à fait vers
l'extrémité inférieure, et sur l centim. d'épaisseur. Oa voyait évidemment infé-
rieurement uu orifice, ainsi qu'un autre supérieurement à droite; je n'ai pas pu
en distinguer à gauche. L'orifice inférieur correspondait à celui de la cavité
utérine du côté de la portion vaginale, tandis que l'orifice supérieur paraissait
correspondre à l'ouverture d'une des trompes. Ce corps renfermait une cavité
dont les parois avaient de 2 à /ï millim. d'épaisseur et étaient lisses et rosées à
la surface externe, tomenteuses et d'un rouge lie de vin à la surface interne.
L'examen microscopique mit tout à fait hors de doute que nous avions affaire
à une membrane muqueuse utérine expulsée. Nous avons pu constater, à ne
pas eu douter, de nombreuses glandes utriculaires,les unes intactes, les autres
pai fragments seulement. Ces glandules constituées pour la plupart de tubes
recourbés avaient 1 millim. à l millim. 1/2 de longueur sur i huitième à l dixième
de largeur, et étaient revêtues dans tout leur intérieur d'un épithélium pavi-
menteux, à cellules arrondies de 1 quatre-vingtième à l cinquantième de millim.
de diamètre, renfermant un noyau ovoïde de 1/200 à 1/140 et muni d'un ou deux
très-petits nucléoles ponctiformes. Beaucoup de noyaux étaient libres en dehors
des cellules.
Comme M. Follin avait présenté dernièrement des cas analogues à la Société
de biologie, je l'ai prié d'examiner cette membrane avec moi, et il a pu confir-
mer tous les détails que nous venons d'indiquer.
Nous sommes à nous demander si ce fait, déjà signalé par Simpson, et que
M. Follin a accompagné le premier d'un examen bistologique, ne serait pas
beaucoup plus fréquent qu'il nous parait dans l'état actuel de la scieuce, et il
reste à rechercher s'il n'y a pas, à chaque période menstruelle, une exfoliation
insensible et presque moléculaire d'une portion de la muqueuse utérine. On
rencontre de plus quelquefois dans la matrice des polypes triangulaires moulés
exactement sur sa cavité, qui pourraient bien avoir une exfoliation menstruelle
pour origine. L'expulsion de la muqueuse utérine pendant la menstruation est
enfin un fait du plus haut intérêt en face de l'opinion de E.-H. Weber, Coste et
Robin, aujourd'hui généralement adoptée surl'identité de structure entre la mu-
queuse utérine et la membrane caduque, et il reste à rechercher si la membrane
que nous avons sous les yeux n'est pas une espèce de caduque menstruelle, et
l'analogue pour ainsi dire de la caduque de gestation. (Séance du 6 avril.)
75
m. — ANATOMIE PArnOLOCIQl'E.
1° OSSIFICATION TRÈS-ÉTENDUE DU PÉRICARDE VISCÉRAL AU NIVEAU DE L'OREILLETTE
DROITE; RUPTURE DE CETTE MÊME OREILLETTE; pai' M. VeRNECIL.
Cette pièce pathologique a été trouvée sur le cadavre d'une femme de 70 à
75 ans, destiné aux dissections. Le cœur a contracté avec le péricarde des ad-
hérences celiuleuses complètes en avant, mais qui semblent remonter à une
époque reculée. En détachant les brides fibreuses, on constate que la partie
postérieure du péricarde est remplie par une masse de caillols noirs du volume
au moins du poing d'un adulte. L'autopsie faite alors avec plus de soin permet
de reconnaître que la masse des caillots se continue avec un coagulura sembla-
ble qui distend l'oreillette droite, celle-ci en effet présente une rupture très-
étendue au-dessous de l'auricule, en dehors de la veine cave inférieure. Cette
solution de continuité est presque transversale et présente au moins 4 centimè-
tres d'étendue.
La face supérieure et externe de l'auricule présente une large plaque crétacée,
offrant une épaisseur de 4 à 6 millimètres, au moins 2 centimètres en largeur
et 5 en longueur ; elle s'étend depuis le sommet de l'auricule droite jusqu'au
niveau de la veine cave supérieure par sa face externe ; elle a contracté des ad-
hérences irès-fortes avec le feuillet pariétal. Sa face interne est doublée par les
colonnes charnues de l'&reiilette qui ont conservé leur aspect, leur coloration,
leur consistance normales.
L'ossilicali(m ne siège donc pas dans la substance musculaire elle-même. La
rupture est située au-dessous de l'ossilicalion. Sa direction lui est à peu près
parallèle.
Toutes les autres cavités sont gorgées de sang coagulé. Le cœur est notable-
ment hypertrophié; son tissu est flasque et se déchire avec la plus grande fa-
cilité. Les orilices auriculo-venlriculaire et pulmonaire du cœur droit ne présen-
tent pas d'altérations. Les orifices du cœur gauche sont le siège d'ossifications
légères. La plèvre gauche présente la trace d'une inflammation intense avec
productions plastiques abondantes, mais de date récente.
Cette malade a été affectée anciennement d'une péricardite violente. Sous
l'influence d'une pleurésie aiguë, l'inflammation se sera réveillée dans le cœur
par continuité, et l'oreillette se sera rompue en raison de l'eitréme mollesse du
tissu charnu Je pense que la mort a été immédiate ou à peu près ; j'ai peine à
admettre que la rupture ait précédé la pleurésie et les traces de l'inflammation
ambiante, à moins que l'épanchement sanguin n'ait été progressif ou du moins
très-lent au début, comme cela se fait quelquefois dans les cas de rupture d'a-
névrisme.
76
IV. — PATHOLOGIE.
1" CAS D'HÉMORRHAGIE UTÉRO-PLACENTAIRE ; par M. BLOT.
M. Blot présente un œuf abortif de deux mois, daus lequel on trouve un
exemple remarquable d'hémorrhagie utéro-placentaire.
Cet œuf offre l'aspect d'une masse ovoïde, du volume d'un gros œuf de
poule, de couleur rouge livide; on dirait au premier coup d'œil un gros caillot
sanguin décoloré; mais en l'examinant de plus près, on trouve que cette masse
est enveloppée de toutes parts d'une membrane organisée d'un gris jaunâtre,
lisse et ofirant un grand nombre de petits pertuis elliptiques dont la surface
extérieure est comme criblée. En un mol, on retrouve là tous les caractères de
la caduque à une époque encore peu avancée de la grossesse.C'est en eflet la ca-
duque fœtale. Celte membrane est fermée de toutes parts, excepté en un seul
point où existe une déchirure de 2 à 3 centimètres. Si l'on vient à la fendre en
plusieurs directions, à partir de la déchirure, de manière à pouvoir en renver-
ser les lambeaux en dehors, on trouve au-dessous d'elle uue autre membrane
qui offre tous les caractères du cborion, et en particulier de nombreuses villo-
sités. C'est entre ces deux membranes (caduque fœtale et cborion) que s'est
faite l'hémorrbagie. En effet, les quatre cinquièmes de la surface externe du
cborion, y compris les points occupés par le placenta encore rudimentaire, sont
recouverts par du sang. Cette couche sanguine est retenue là par les ramifi-
cations vasculaires du placenta et les villosités du cborion, qui y sont empri-
sonnées; son épaisseur n'est pas la même dans toute son étendue; elle a de 7
à 8 millimètres au niveau du placenta ; en dehors de lui, elle est moins épaisse.
Sa consistance diffère également dans ces deux points; au niveau du premier,
elle forme un véritable caillot solide ; daus le second, elle est constituée par un
liquide noirâtre, épais et grumeleux, qu'entraîne facilement l'eau dans laquelle
on est obligé de plonger la pièce pour la disséquer. Le foyer hémorrhagique
ne communique nullement avec l'extérieur de l'œuf, pas même au niveau du
placenta, comme on l'observe assez souvent au moyen de déchirures étroites de
la caduque improprement appelée secondaire; aussi la dénomination d'hémor-
rhagie caduco-choriale ferait-elle peut-être mieux comprendre, que celle d'uté-
ro-placentaire, le point précis de l'œuf qu'occupe le sang épanché. Il n'existe
pas non plus de communication entre le foyer hémorrhagique et l'intérieur de
l'amnios. Cette dernière membrane n'offre rien autre chose de particulier qu'une
déchirure correspondant à celle de la caduque fœtale. A travers l'ouverture qui
en résulte, on peut voir très-clairement au fond de la cavité de l'œuf l'insertion
du cordon ombilical dont l'extrémité embryonnaire, libre et flottante dans la
cavité amniotique, présente les traces évidentes d'une déchirure récente. Ce
cordon a U centimètres de longueur, 2 millimètres de diamètre. Il n'existe pas
77
le moindre vestige d'eaibryoD ; il avait été expulsé trois jours avant l'œuf. La
malade, pour nous servir de ses expressions, l'a, dit-elle, rendu avec ses quct-
tre membres. Ainsi donc, dans ce cas, comme dans un assez grand nombre de
cas analogues, l'avortement a eu lieu, pour ainsi dire, en deux temps. Ce ren-
seignement devait être noté, car il aurait pu se faire que l'embryon eût disparu
par absorption.
Le chorion, au lieu d'être séparé de l'amnios par un intervalle d'une certaine
étendue, comme cela existe normalement au deuxième mois de la grossesse,
ui est intimement uni, et il est presque impossible de les séparer l'un de l'au-
tre. Cette disposition tient- elle au refoulement qu'a subi le cborion de la part
du sang épanché? Cela est probable.
L'examen le plus attentif ne peut faire retrouver le plus petit vestige de vé-
sicule ombilicale.
2» TUBERCnUSATION D'UN DES TESTICDLES, CHEZ UN FAISAN DORÉ;
par M. Rater.
L'affection tuberculeuse n'est pas rare chez les oiseaux élevés en domesticité
ou en captivité. On l'a spécialement observée chez les pigeons, les tourterelles,
les faisans et les dindons. Chez ces oiseaux, on trouve le plus ordinairement
la matière tuberculeuse déposée en grains ou en petites masses dans les pou-
mons, dans le foie, dans la rate et dans les os, et sous forme de lamelles d'un
gris jaunâtre dans les sacs aériens.
Presque toujours ou trouve, chez le même individu, de petits dépôts de ma-
tière tuberculeuse dans plusieurs organes.
M. Rayer met sous les yeux de la Société les deux testicules d'un faisan doré.
 l'extrémité extérieure d'un de ces testicules existe une masse tuberculeuse du
volume d'un pois ordinaire. Par une exception très-rare, les autres organes
n'offraient point de traces d'une semblable altération.
3» HÉMORRHAGIE DANS L'AMNIOS DE PLUSIEURS EMBRYONS CHEZ UNE LAPINE
MORTE DE PLEURÉSIE; par M. BrOWN-SÉQUARD.
H. Brown-Séquard montre à la Société une belle lapine morte de pleurésie.
Depuis plusieurs jours cet animal toussait, avait la respiration très-gênée, ne
pouvait plus courir et refusait toute nourriture. On trouve une fausse mem-
brane purulente, tapissant presque toute la cavité de la plèvre gauche.
Celte lapine était pleine d'environ vingt jours; presque tous les petits bai-
gnaient dans du sang ou de l'eau sanguinolente. Une hémorrbagie avait eu
lieu dans l'amnios. On ne peut attribuer cette hémorrbagie à aucune violence
extérieure •* l'animal vivait seul, dans un grand cabinet, sur du foin. Y a-i-il
quelques rapport» de causalité entre cette hémorrbagie et rinOammation pleu-
.•alc? C'est ce que l'on ne saurait dire.
7«
4<> SDR UNE ruMEDR DU SCROTUM ; paT M. JoBEJRT (de Lambàtle),
Celle tumeur, que M, Rozé présente à ia Société de la pari^ M. Jobert, s'est
développée dans te scrolura gauche d'en bommc, âgé de 68 ans, tbrlement
constitué et jouissant habituellement d'une santé parfaite. Il y a vingt ans
qu'elle a été aperçue à la partie inférieure du scrotum. Peu à peu elle a aug-
menté de volume, en gagnant la partie supérieure et chassant au-dessus d'elle
le teslicnte et l'épididyme, qui sont l'un et l'autre restés lout à fait indépea-
danls, et ont conservé leur état de santé. Jamais cette tumeur n'a déterminé
aucun accident, si ce n'est dans ces derniers temps, où, par son volume égal
à pea près à la tête d'un adulte et surtout par son énorme poids, elle occasion-
nait des tiraillements tels, que la marche était devenue tout à Faft fmpossiWfc.
Ce fut alors que M. Jobert se décida à l'enlever ; mais auparavant il se demanda
s'il conserverait le testicule, dont il avait parfaitement reconnu l'a présence à la
partie supérieure de la tumeur. Cette question, selon iui, ne pouvait offrir le
plus léger doute, attendu que : î" l'âge du malade le rendait à peu près inutile ;
2" il était probablement enclavé dans l'intérieur de la tumeur elle-même et ne
pouvait en être retiré que par une dissection longue et minutieuse, et par con-
séquent très-douloureuse ; 3° enfin, en respectant l'organe lui-même, il était
difficile de respecter aussi bien ses enveloppes, la tunique vaginale en particu-
lier; dès lors on devait craindre l'inflammation de celte dernière, et cette in-
flammation probable a paru à M. Jobert mériter une sérieuse considération,
surtout en réfléchissant qu'elle s'ajouterait à l'inOammation traumalique qui
allait être le résultat d'une plaie aussi étendue.
Après tous ces préliminaires, M. Jobert enleva la tumeur par son procédé
opératoire qu'il désigne sous le nom de procédé en coquille, parce qu'en effet,
après l'opération, il ne reste plus que deux valves qui s'appliquent l'une sur
l'autre, à !a manière des coquilles d'huître, et qui permettent le facile écoule-
ment des liquides en évitant qu'ils ne soient retenus dans l'intérieur d'une
poche.
L'examen anatomique de la tumeur prouva qu'elle était formée de deux par-
lies bien distinctes, une partie supérieure graisseuse, Ijpomateuse; une se-
conde plus dure, comme fibreuse, que M. Jobert présume être du tissu fibro-
plastlque. Celle dernière était elle-niéme formée de plusieurs éléments. On re-
connaissait en effet facilement un élément fibreux. Ces fibres, très-serrèeS daiis
certains endroits, donnent au tissu l'aspect nacré, La majeure partie de la tu-
meur était composée d'une substance gélatiniforme, assez dense, ne se laissa»!
écraser qu'avec difficulté. C'est au milieu de celle matière gélatiniforme que
l'on remarquait des petits points blancs, comme tubel-culeux. Enfin, dans d'au-
tres i)oiois, on observait des épanchements sanguins assez semblables à ceux
qu'on remarque dans les tumeurs encéphaloïdes.
79
Le testicule et l'épididyme étaient en eflFet placés à la partie supérieure de
la tumeur, et avaient conservé leur état normal.
Quant à la peau, elle est saine et n'a contracté aucune adhérence avec la
tumeur.
V. — UELMINTUOLOGIE.
DE L'EXISTENCE CONSTANTE DES CYSTICERQDES CHEZ LES LAPINS, RT DE L' ACCROIS-
SEMENT SDIULTANÉ DE CES PARASITES ET DES ANIMAUX QUI LES PORTENT ; par
M. Brown-Séquard.
M. Browu-Séquaid met sous les yeux de la Société une irès-grc-;?? lapine
dont la carilé abdominale contient une gi'ande quantité de cysticerques. I! rap-
pelle à ce sujet que l'an dernier il a con-imuniqué à la Société une note sur la
constance de l'existence des cysikerques dans l'abdomen des lapins. (GofBpies
rendus des séances de la Société de biologie, 1849, p- 46.) Il disait alors avoir
trouvé 50 fois des cysticerques sur 50 lapins ouverts par lui en quelques mois.
Depuis cette époque, il a cherché ces helminthes sur environ 80 lapins, et à
part une seule fois, il en a toujours trouvé (l). Il fait remarquer en outre que ces
parasites, dont on peut en générai constater déjà l'existence sur des lapins nés
seulement depuis quelques jours, se développent avec l'animal qui les^Kn-te, et
arrivent à des dimensions considérables chez les lapins adultes. C'est ce qu'on
voit chez la lapine présentée à la Société.
VI. — CHIMIE.
1» ANALYSE ANaTOMIQCE ET CHIMIQUE DD SANG ; par MM. F. VeRDKIL
et Charijes Dollfos. (Première partie.)
Les auteurs s'expriment ainsi :
« Le sang, quoique ayant été l'objet de nombreuses recherches, n'avait pas
encore été sutSsamment étudié au point de vue anatomique. Les principes im-
médiats du sang normal, qui étaient parfaitement connus, se réduisent à l'al-
bumine, la Uhrine, la matière colorante, l'eau et les sels fixes non décoraposa-
bles par la calcination. On citait bien les substances exlractives, des graisses
non déterminées, un acide que l'on supposait être l'acide lactique, quoiqu'on
ne l'eût jamais obtenu séparé des autres substances.
» L'état d'enfance dans lequel se trouvait l'analomie du sang a dû nécessairement
réagir sur les recherches pathologiciues qui ont été faites sur ce liquide. En ef-
fet, toutes ces recherches n'ont eu pour résultat que de constater la diminution
ou l'augmentation de la quantité d'eau, d'albumine, de Cbrine, de matières
(1) Plus récemment, M. Brown-Séquard a encore rencontré deux cas d'ab-
sence de cysticerques chez deux jeunes lapins provenant du même père et "de
la même mère qu'une dixaine d'autres qui, tous, avaient des cysticerques.
80
colorantes et de graisses. Le sang, à l'état normal, contient d'autres substances.
Les principes immédiats peuvent n'exister qu'en très-petite quantité, mais leurs
proportions peuvent augmenter considérablement sous certaines influences phy-
siologiques ou pathologiques, et par cela même prendre une certaine impor-
tance, Dans ce cas, il sera utile d'avoir des procédés' exacts qui feront recon-
naître à coup sûr la présence ou l'absence de tel ou tel principe immédiat.
» Jusqu'à présent on désignait sous le nom de substances extracHves du
sang tout ce qui n'était pas de l'albumine coagulable, de la fibrine ou de la ma-
tière colorante, et l'on désignait sous le nom de graisses ce qui était soluble
dans l'étber.
» Nous avons entrepris de faire l'analyse anatomique du sang, et d'étudier
les principes immédiats de ce fluide, en quelle quantité qu'ils se rencontrent,
pensant qu'ils peuvent tous acquérir une certaine importance suivant l'état
physiologique ou pathologique, dans lequel se trouveront les animaux ou les
hommes dont on étudiera le sang.
n Wous avons dû commencer nos recherches avec du sang de bœuf, ayant be-
soin, pour découvrir une première fois ia nature des corps que nous recherchons,
d'Une grande quantité do liquide, et jusqu'à ce que nous ajons trouvé un procédé
convenable, il nous a fallu des quantités énormes de sang. Une fois les différentes
substances reconnues au moyen d'un bon procédé, il était possible de les retrou-
ver dans une très-petite quantité de ce fluide.
» Nous avons dû ne pas perdre de vue que c'était une analyse anatomique que
nous avions entreprise, et qu'il fallait par conséquent éviter toute intluence qui
auraitpu altérer le sang que nous étudions et le faire sortir de l'état normal. Aussi,
pour être sûrs que nous n'obtiendrions pas des produits de décomposition, avons-
nous évité d'introduire dans le liquide des substances qui auraient pu l'altérer.
Nous avons de même toujours évaporé au btin-raarie pour éloigner l'eau, et cela
afin que le liquide n'atteigne jamais le point d'ébullition. Dans de certaines cir-
constances, nous avons dû mémo évaporer dans le vide.
» La première opération ronsiste à éliminer la fibrine, ce qui se fait en agitant
le sang encore chaud, à sa sortie du corps de l'animal. Le sang privé de sa
fibrine est mélangé avec son volume d'eau, puis chauffé au bain-rnarie jusqu'à ce
que l'albumine et la matière colorante soient coagulées. On filtre la masse sur
un linge. La partie coagulée reste sur le linge , tandis que le liquide passe au
travers.
» Le liquide est encore un peu coloré par la matière colorante en dissolution,
qui ne s'est pas entièrement coagulée. La liqueur que l'on a recueillie est évapo-
rée au bain-marie, dans une capsule en porcelaine ; la masse coagulée est lavée,
puis pressée fortement pour en extraire complètement les substances solubles
dans l'eau. Les eaux de lavage et celles provenant du pressage de la masse coa-
gulée sont ajoutées au liquide qui se trouve déjà dans la capsule. Ce liquide est
Uès-légèrement alcalin, un peu coloré par la matière colorante du sang; onl'é-
81
vapoie jusqu'à consistance sirupeuse, puis on y ajoute à froid de l'alcool ordi-
naire. Il se forme sur-le-champ un précipité abondant; on ajoute de l'alcool
jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de précipité, puis on laisse le mélange tranquille
pendant vingt-quatre heures, afin que la séparation se fasse complètement. Au
bout de ce temps, la partie liquide est séparée du précipité. Ce dernier est lavé
avec de l'alcool ; il est composé d'une substance albumineuse qui se redissout
dans l'eau. C'est de l'albumine ordinaire, qui n'a pas été coagulée par la chaleur,
et qui est précipitée par l'alcool. Cette propriété de se redissoudre dans l'eau après
avoir été précipitée n'indique pas une albumine particulière. L'albumine du blanc
d'oeuf et du sérum se précipite par l'alcool sans se coaguler, et peut se redissou-
dre de nouveau dans l'eau. Si la solution d'albumine est très-concentrée et que l'on
emploie de l'alcool absolu, il y aura coagulation, et cette albumine ne pourra plu?
se redissoudre dans l'eau.
» Ce précipité contient aussi des cristaux de chlorure de sodium et de phosphate
de 8oude«
» Lorsqu'on redissout ce précipité dans l'eau et qu'on y ajoute de l'acétate de
plomb, il se forme un volumineux précipité.
» La liqueur filtrée est encore précipitée par le sous-acétate de plomb. Ce pré-
cipité est un sel de plomb formé par un acide organique non azoté, et qui a de
l'analogie avec les acides organiques provenant de l'oxydation du sucre. Nous
n'avons pas pu en obtenir jusqu'à présent une quantité suffisante pour en faire
l'analyse. Il forme avec l'oxyde de cuivre un sel cristallin, qui à 140° se décom-
pose en laissant du cuivre métallique. Il brûle en répandant une odeur prononcée
de caramel. Nous nous occupons maintenant à en obtenir une quantité sufiisante
pour en faire l'analyse.
» La solution alcoolique (c'est-à-dire la partie du sang soluble dans l'eau et
qui n'a pas été précipitée par l'alcool) est distillée. Lorsque tout l'alcool a dis-
paru, on ajoute à froid à la liqueur concentrée de l'acide sulfurique très-dilué; il
se forme immédiatement une substance insoluble qui vient nager à la surface du
liquide.
» La liqueur répand alors une odeur très-fétide et piquante, analogue à celle
que répandent les acides gras volatils qui se trouvent dans le beurre. Si l'on
examine au nnicroscope la graisse qui surnage, on la trouve composée de globules
graisseux, polarisant faiblement la lumière. 11 se rencontre aussi quelques masses
opaques rouge foncé, ayant la forme des cristaux, que Virchon a désignées sous
le nom d'hématine ; seulement ils sont moins transparents. La majeure partie
de cette graisse est de l'acide oléique, qui était combiné dans le sang avec de la
soude. On sépare par flitration la masse graisseuse du liquide. Comme l'excès d'a-
cide sulfurlque pourrait altérer les substances que nous nous proposons de re-
chercher, nous neutralisons cet acide par du carbonate de chaux ; puis nous éva-
porons au bain-marie jusqu'à siccité, et enlevons les dernières traces d'eau en
plaçant le résidu dans le vide sur l'acide sulfurique. Lorsque la masse est parfai-
82
tement sèche, on l'extrait par de l'alcool absolu Troid. Ce véhicule dissout alors
presque uniquement de l'urée, qui cristallise de la solution.
» Nous avons présenté à la Société de l'urée cristallisée directement de la solu-
tion alcoolique. Si l'on n'a pas soin de sécher parfaitement le résidu et d'employer
deTakool absolu froid, on obtient en solution un mélange qui ne peut pas cris-
talliser, et qui ne donne aucune réaction nette de Itirôesous le n^croscope, avec
l'acide nitrique et l'acide oxalique.
» L'analyse élémentaire nous a démontré que cette substance était bien de
l'urée.
» Lorsqu'on a extrait de cette manière Tarée, on traite de nouveau le résidu
avec de l'alcool chaud, mélangé d'un peu d'éther. Il se dissout beaucoup d'bip-
porate de chaux, qui cristallise, lorsqu'on évapore ta solution, en aiguilles grou-
pées autour d'un centre. Cet hyppurate de chaux est décomposé par un acide ;
il se forme un sel de chaux et l'acide hippurique cristallisé. On purifie cet acide
par plusieurs cristallisations.
» Nous avons eu l'honneur de présenter à la Société de l'acide hippurique
provenant du sang. L'analyse élémentaire des cristaux que nous avions obte-
nus nous a démontré que c'était bien de l'acide hippurique que nous avions dé-
couvert dans le sang.
» Il se dissout toujours dans l'alcool chaud des sels à acides volatils, qu'on
peut constater par leur odeur particulière lorsqu'on les décompose par un acide.
» Dans un prochain mémoire, nous présenterons l'analyse anatomique de ces
acides volatils, et nous continuerons l'examen des difiérentes substances dont
le sang normal est composé. » (Séance du 6 avril.)
2» SÎIR IJN PROCÉDÇ P' ANALYSE DES UFcINES DIABÉTIQUES •, par M* HiFFELSHElM.
M. Manmené (de Reims) a annoncé, il y a quelque temps, que l'on pouvait
facilement décider la présence du sucre en solution à l'aide do chlorure stan-
Dtque.
A cet effet, il prend une bandelette de laine qu'il trempe dans une solution
concentrée de chlorure stannique; après l'avoir fait sécher au bain-marie, il
suffit de l'imprégner de quelques gouttes d'urine diabétique, par exemple, et
de l'exposer à une température de 130 à 150 degrés sur un charbon rougi pour
obtenir une tache noire sur le tissu.
M. Hiffelsheim, en confirmant l'assertion de M. Manmené, fait observer que
celtetache devient noire sans avoir passé préalablement par une autre coloration,
ce qui ne permet pas à l'expérimentateur d'attribuer la coloration à l'action
unique du feu.
Par sa découverte, M. Maumené a enrichi la science d'un nouveau procédé
aisément praticable par tout le monde.
compte: rendu
DE
LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PENDANT LE MOIS DE MAI 1850 ;
PAR
M. le Docteur BROWN-SÉQIJARU , seerétatro.
Présidence de M. RAYER.
I. — PHVSrOLOGIE.
BIISTBffCE D'CN MODVKHENT BHYTHMIQUE DANS LE iABOT DES OISEACX f
par M. BBOWN-SÉQCAtto.
Quand ofl ouvre te jabot d'un oiseau, et surtout celdî d'un pfgeon, â l'épaque
de la digestion , on voit fréquemment des mouvements rhyt6ûiic(ues, parfaite-
ment réguliers, dans te jabot et t'œsopRage. Si l'on asphyxie l'animal, ces mou-
vements deviennent extrêmement énergiques. Le nombre habîloel des mouve-
ments, dans un temps donné, est de dix à vingt par minute. (25 mai.}
8/1
II. — ANATOMIE PATHOLOGIQDE.
KÏSTES ÉPITHÉLUDX CHEZ LE BOEDF ; par M. FOLLIfC.
M. FoUin met sous les yeux de ta Société une énorme tumeur qui provient du
poitrail d'un bœuf. Cette masse est formée par la réunion d'un certain nombre
de mamelons ; mais à l'extérieur on croirait voir un paquet de circonvolutions
liées les unes aux autres et convergeant toutes vers un pédicule commun plus
étroit.
Les plus saillantes de ces masses ont 13 centimètres de largeur, et les plus
petites 3 seulement. La peau qui recouvre cette tumeur est grisâtre, écailleuse
et sèche. Sur certains points on y voit des dépôts de lamelles d'épiderme dessé-
ché. Quelques poils rares s'y montrent aussi : de là un contraste avec la peau
velue du reste du corps de l'animal, et dont on retrouve les caractères autour
du pédicule de la tumeur.
Quand on fait une coupe sur une de ces masses, on distiajue au centre deux
tissus blanchâtres servant d'enveloppe à une quantité considérable de points
d'une couleur variable, formés par des dépôts de produits divers.
Dans la plupart des masses, ce sont des dépôts d'une matière jaune, de con-
sistance mollasse comme celle du beurre.
Le volume de ces dépôts est très-variable : les uns sont gros comme une tête
d'épingle ; les autres ont plusieurs centimètres de diamètre.
Ces produits jaunâtres ne ne se délayent pas dans l'eau ; ils s'isolent facile-
ment de l'endroit où ils se trouvent, et on les voit alors entourés par une enve-
loppe blanchâtre, lisse en dedans, adhérente en dehors, mais qu'il est facile
d'arracher à l'aide de pinces. Cette poche est formée par du tissu fibreux.
Sur d'autres points on rencontre une matière grisâtre, sans odeur, et analogue
au miel pour son aspect extérieur.
Enfin, dans le mamelon le plus volumineux, l'aspect intérieur n'est plus le
même. Au centre, on trouve uue masse presque sèche, grise, composée de cou-
ches concentriques dont les plus externes sont les plus sèches. Une poche cel-
luio-iilireuse limite cette masse, qui est entourée de plusieurs petits kystes jau-
I) à très.
La disposition anaîomique de ces tumeurs ne permet pas d'y voir autre chose
que des kystes sébacés considérablement développés. L'examen microscopique
de leur contenu vient conflrmer cette idée. Dans les substances d'aspects di-
vers, jaunes ou grises, que nous avons examinées, nous avons toujours trouvé
de grandes cellules épithéliales pâles, avec ou sans noyau, irréguliéres , de
0""",08 en moyrnne pour leur plus grand diamètre. Dans la matière complète-
ment jaune, nous avons de plus trouvé des globules jaunâtres, arrondis, granu-
leux à leur centre, t.a qui resjjeiiiblaienl assez à des noyaux épars de cellules
épithéliales.
85
M. Gelié a souveot trouvé daos le bœuf des kysies à peu près semblables k
ceux-ci ; il les a vus dans l'épaisseur des joues, aux lèvres et dans diverses ré-
gions du corps. Jamais, selon lui, ces kysies ne gaérissent spontanément , ei
pour eu débarrasser l'animal, l'extirpation est le meilleur moyeu.
III. — PATHOLOGIE.
1° OSTÉOSARCOME DU BASSIN; par M. BOUCHUT.
Une femme âgée de 42 ans, malade depuis quatre mois, est morte à l'Hôtel-
Dieu après avoir présenté les symptômes suivants :
Une douleur aiguë, constante, tixée au genou gauche, a signalé l'invasion de
la maladie. Celte douleur, que n'augmentait pas la pression, resta ainsi localisée
quelque teuips ; bientôt elle se Jit sentir à la jambe, dans la direction du péroné ,
et elle s'étendit jusque sur le dos du pied, près des orteils. Elle remontait aussi
quelquefois à la cuisse et jusqu'à la fesse» sur le trajet du nerf scialique ; mais
à ce moment elle devint intermitteale, irréguliére, paraissant tantôt le jour, tan-
tôt la nuit, et accompagnée d'élancements plus ou moins considérables.
Le membre inférieur droit ne présentait rien de semblable.
La malade était couchée sur le dos, le bassin conlourné à droite, la cuisse
demi-flécbie sur le venlre, le genou porté aussi du côté droit et la jambe en état
permanent de flexion. Elle finit par ne pouvoir plus quitter ce décubîlus, que
l'on a donné avec raison comme caractéristique des alfections de la hanche, et
lorsqu'on essayait d'allonger le membre , on déterminait les plus vives dou-
leurs.
La hanche n'était pas déformée, la pression sur le trochauter nullement dou-
loureuse. La pression au pli de l'aine et les mouvements causaient seuls de !a
douleur.
La malade dépérissait chaque jour, quoiqu'on eût réussi bien des fois à calmer
ses douleurs à l'aide d'applications eudermiques de sulfate de morphine-, elle
tomba entln dans le marasme, et elle mourut.
Les viscères tboraciques , examinés avec soin, ne présentaient aucune alté-
ration.
Le foie, les reins et la rate étaient sains.
L'intestin était distendu par des gaz et rempli de matières liquides jaunâtres.
Injection assez vive de la muqueuse du jéjunum et de l'iléon, mais pas d'ulcé-
ratidn en aucun point de son étendue.
Les ganglions mésentériques paraissent très-nombreux, rouges, un peu lu-
méiiés, mais sans autre altération.
L'arliculalion coxo-fémorale gauche est saine à l'extérieur.
Lî« capsule fibreuse est intacte, et après sa division, il s'écoule une grande
quaulité de synovie sanguinolente. Du côtéo|>posé, la synovie est claire, limpide
--< niante. Le ligament cotyloïdien est inlaci.
m
A gauche, la tête du fémur, de volume normal, est molle et se laisse facile*
ment pénétrer par le scalpel. Le cartilage est rugueux, sale et aminci.
Le tissu spongieux est raréiié. très^mou et intiltré de jbouillie rougeâire. Jeté
sur le sol, il sonne comm« du carton mouilla; jeté dansi'eau, il surnage le
liquide.
Du côté opposé, la même partie de l'os, examinée comparativement, est dure,
résistante, impossible à pénétrer par le scalpel, coule au fond de l'eau, ré-
sonne enlin comme de l'os, et rebondit quand on la jette sur de la pierre.
A gauche, la cavité est plus profonde que du côté droit. En y mettant le doigt,
on la défouce et on pénètre daos le bdgsin, dans une masse énorme formée par
Tos iliaque, converti en une substance molle, spongieuse, formée d'aréoles fra-
giles, remplies d'une bouillie rougeâire lienle-vin foncé. Le doigt y pénétre
comme dans uu morceau de poumon splénisé.
L'os coxsl est malade depuis le milieu de la crête du détroit supérieur jusque
près du pubis. La branche transversale, la branche desceadanie et la brancbe
iscbiatique de cet os sont affectées.
Il en résulte une tumeur qui, dass son plus gr»i>d diamètre, a 20 centimètres
de diamètre et qui en a 12 de large.
La coupe, facile à opérer avec le couteau ou la scie, est grenue, remplie d'as-
pérités formées par des cloisons osseuses. Ces cloisons eirconscri vent des aréoles
très-larges ; elles sont très-fragiles et disparaissent sous la moindre prcssioD.
En quelques points, elles paraissent même avoir disparu.
Les aréoles sont remplies d'uoe bouillie rougeêtre, semblable à la boue sp^
nique. En deux ou trois points, dans la largeur d'un centimètre, cette bouiUi«
est plus pùle et semble renfermer une maUére blanchâtre, diffuse, dont nous
allons bientôt donner les caractères.
A droite, bien que l'articulation coxo-fémorale soit saine, l'os coxal est éga»»
lement attecté; seulement l'altéraUon e$t moins avancée que dans le côté
gauche.
Derrière la branche horizontale du pubis, se trouve une tumeur du volume
d'un œuf, formée par la dégénérescence de celte partie de l'os et delà brancbe
descendante du pubis. Cette tumeur ferme à peu près le trou obturateur; elle
est constituée par une trame osseuse développée dans le périoste, et son ioté-
rieur est rempli d'une matière tout à fait semblable à celle que nous venons de
décrire dans l'os iliaque gauche. Les nerfs sciatiques étaient saius.
2» Sl'R VS CAS DE T13MEUR ENCÉPHALOiDE INTRA-CRANIENNE; par M. GIIBI.EB.
« Une femme de 65 ans entra dans le service de M. Rayer, le 11 novembre
I8fi7, pour une paralysie qu'elle rapportait à une chute. On constata une hémi-
plégie incomplète du côte gauche, accompagnée de roideurs,de contractions
involontaires et de douleurs dans les membres paraiysés; les membres droits
étaient eux-mêmes affaiblis.
87
» A la longue» les mains se rétractèrent par la flexion exagérée des doigts ; les
douleurs et les contractions des membres, stationnaires pendant plusieurs moist
prirent à la tin une nouvelle intensité ; l'appétit et le sommeil se perdirent ( la
maigreur et la faiblesse devinrent excessives. Une pneumonie uUime détermina
la mort, qui eut lieu le 29 août 184S.
B Autopsie. — Les articulations interpbalangiennes et métacarpo-phalan-
gieunes des deux mains étaient altérées. Dans chaque jointure, la surface car-
tilagineuse de l'os supérieur était partagée, par une rainure transversale, en
deux moitiés. Tune antérieure, offrant un cartilage sain, en rapport avec l'os
inférieur, l'autre postérieure, recouverte d'un cartilage aminci au point délais-
ser voir par transparence des végétations de la substance osseuse sous-jacente.
Dans les rainures, l'os était à nu. » La synoviale était injectée.
» Les poumons étaient, dans leurs lobes inférieurs surtout, congestionnés
et même hépatisés.
a Le cœur et les organes abdominaux ne présentaient aucune lésion impor-
tante.
• Sur le lobe moyen de l'hémisphère droit du cerveau existait une masse
noirâtre, arrondie, du volume d'un petit oeuf de poule, qui, le cerveau étant
enlevé, restait adhérente à la dure-mère et entraînait avec elle une couche de
substance corticale. Ainsi se trouvait ouverte une cavité creusée aux dépens des
circonvolutions cérébrales, et qui était remplie d'un tissu cellulaire extrême-
ment lia.
Des vaisseaux volumineux, partant de la pie-mère, se répandaient sur la tu-
meur. La dure-mère était, dans le voisinage de celle-ci, couverte d'une couche
vasculaire, mais d'ailleurs nullement altérée dans sa texture. La tumeur était
constituée par une substance molle, demi-transparenle, d'une nuance lilas, sem-
blable, en un mot , à la substance corticale du cerveau d'un fœtus à terme , et
par un épanchement de sang poisseux très-foncé en couleur.
» L'examen microscopique, fait en commun avec M. Leb^rt, a fourni les ré-
sultats suivants :
» Une lame mince du tissu de la tumeur, examinée avec un grossissement de
50 diamètres, montra de très-nombreux vaisseaux sanguins, soit des troncs, soit
des rameaux plus petits, et des réseaux de capillaires à parois nettement délimi-
tées et remplies de globules sanguins. Le tissu qui entourait ces vaisseaux ne
montrait ni libres ni éléments graisseux ; il était eniièremenl composé de cellules
cancéreuses, qui ont été examinées avec un grossissement de 800 diamètres et
ont paru entourées d'une substance intercellulaire. Les cellules sont rondes ou
irrégulières, de o'"'",Ol2 à 0'"'",015, renfermant un noyau ovoïde de 0"'"',0075 à
QTnm^Ol, muni de deux nucléoles de 0""",0025.
» L'épancbemenl sanguin montra des transformations bien diverses d'héma-
line, des taches jaunes, de petits globules d'un jaune doré de ©""'.OOS et de
grands globules ronds ou ovoïdes de 0"'*,025, formés par l'agglomération de
88
ces petits globules d'un jaune doré ; enGn des cristaux losangiques d'un rouge
hyacinthe, qui, traités par l'acide nitrique, ont passé parle série des colora-
tions que ce réactif fait subir à la matière colorante de la bile. Plusieurs mots
auparavant, M. Gubler avait observé le même phénomène en examinant la ma-
tière jaune chamois qu'on trouve à la place des anciens foyers apoplectiques du
cerveau ; mais déjà un observateur très-distingué, M. Virchow, avait, en Alle-
n)agne, fait un travail fort remarquable sur ces altérations de l'héniatine, peu
connues en France.
» M. Gubler pense que celte tumeur cancéreuse s'est développée dans la pie-
mère, et que plus lard elle a contracté des adhérences avec la dure-mère. Selon
lui, dans des cas analogues à celui. ci, les masses cancéreuses se développent
du côté du cerveau, et non point du côté des parois crâniennes, tandis que,dans
les fongus de la dure-mère, la dégénérescence respecte l'encéphale, mais s'em-
pare des os et des téguments. La dure-mère serait donc une barrière infran-
chissable au développement du tissu cancéreux. »
3» SDR UN CAS DE MÔI.E VÉSICULAIRE ; par M. DePAUL.
Une dame âgée de 21 ans, demeurant rue Louis-le-Grand, n» 2/i, était accou-
chée naturellement et à terme pour la première fois à la lin du mois de janvier
1849. L'enfant naquit vivant. Les suites de couches ne présentèrent rien de
particulier. Les régies, qui avaient été supprimées pendant la grossesse, repa-
rurent pour la première fois dans les premiers jours d'avril; mais depuis elles
furent de nouveau suspendues : ce qui, joint à quelques troubles des fonctions
digeslives et à quelques autres phénomènes, lit croire à l'existence d'une nou-
Telle grossesse.
Au 20 avril déjà, il y avait des nausées et des vomissements. Les seins com-
mençaient à se durcir et à devenir un peu douloureux. Cependant la santé gé-
nérale n'était pas mauvaise, et cette dame pouvait se livrer à ses occupations
habituelles. Cet état normal pour une grossesse commençante , et qu'aucune
circonstance extraordinaire n'était venue troubler, persista pendant deux mois
environ ; mais alors, sans cause appréciable, aucune violence extérieure n'ayant
agi, et sans qu'on pût invoquer l'influence de quelque émotion morale, l'utérus
prit en qnelques jour» un accroissement insolite, et qui ne s'accordait nullement
avec la marche ordinaire d'une grossesse régulière. En même temps apparut par
le vagin un écoulement séro-sanguinolent assez considérable pour que madame X.
fût obligée de se garnir, mais qui contenait une très-minime quantité de sang, et
qui continua sans interruption jusqu'au moment où l'utérus se débarrassa du
corps particulier qu'il renfermait. Au reste, aucune douleur ne se fit sentir ni
dans l'utérus ni dans quelque autre point delà cavité abdominale.
Dans les premiers jours du mois d'août, étonnée de la persistance de l'écouie-
89
ment dont nous avons parle, maiiame X. se décida à consulter un médecin , et
voici ce qu'il fut aloi s facile de constater. Le développement de l'utérus parut
énorme pour une grossesse qui était arrivée tout au plus à ia tin du quatrièflif*
mois. Sou fond dépassait de deux travers de doigt la cicatrice ombilicale. La
forme de cet organe oirrait aussi quelque chose d'anormal. Au lieu d'être régu-
lièrement arrondie, elle offrait des bosselures, surtout sur les régions latérales,
bosselures permanentes et n'ayant aucune analogie avec celles qui sont dues à
de» déplacements du fœtus. Le toucher vaginal fit constater que le col était en-
core long, mais souple et mou. La lèvre antérieure, considérablement développée,
parut le siège d'une lésion préexistante à la grossesse. La malade assurait perce-
voir la sensation des mouvements actifs d'un enfant. L'auscultation n'ayant pas
été pratiquée par la personne qui fut chargée de cet examen, je ne puis rien dire
du résultat qu'aurait fourni ce mode d'investigation; j'ajouterai seulement qu'il
est très-probable qu'on aurait perçu uu bruit de souille en tout semblable à celui
de la grossesse ordinaire. C'est au moins ce que j'ai pu constater dans quelques
autres faits qui se sont présentés à mon observation.
Quelques jours après (dans la nuit du 6 au 7 de ce mois), sans c^use piovoca-
trice extérieure, la malade étant couchée, apparurent des douleurs dans le ventre
ayant tous les caractères de celles qui accompagnent les contractions utérines.
L'écoulement séro-sanguinoient, qui n'avait pas discontinué, devint plus abon-
dant à partir de ce moment.
Le mardi 7, à dix heures du matin, une masse du volume des deux poings fut
expulsée. A part quelques petits caillots qui s'étaient déposés dans les anfracluo-
sités qu'elle présentait, elle était exclusivement formée par des séries de vésicules
appendues sur une tige commune et formant des grappes nombreuses. Ce» vési-
cules présentaient, comme on peut le voir sur la portion de môle que je mets sous
les yeux de la Société, des différences quant à leur forme et à leur volume. Les
unes étaient arrondies ou aplaties, les autres ovalaires. Les plus petites avaient
le volume d'un grain de cbènevis, les plus volumineuses celui d'une grosse
amande. Les pédicules communs et les fllets particuliers qui les supportaient
étalent blancs et très- résistants. Les premiers pariaient tous d'une membrane
dont il a été impossible de retrouver la cavité. Les parois de ces diverses vési-
cules étaient minces et transparentes, mais jouissaient d'une résistance assez
grande. Le liquide qu'elles renfermaient était incolore et légèrement visqueux.
La persistance des contractions utérines pouvait facilement faire soupçonuer
que tonte la môle n'avait pas été expulsée, et en effet, à trois heures, le mcoïc
jour, une nouvelle masse, à peu près du même volume que la première, fut ren-
due; elle offrait d'ailleurs les mêmes caractères. Quelques heures de calm- sui-
virent son expulsion ; mais des douleurs reparurent dans la nuit, et le lendemain,
à neuf heures, l'utérus se débarrassa d'une dernière portion un peu moins volu-
mineuse que les deux précédentes.
A partir de ce moment , la matrice, qui ne renfermait plus rjeii, cessa de se
9»
contracter. Un écoulement lochial séreux plutôt que sanguin s'établit, et fut sur-
tout remarquable par son abondance pendant les trois premiers jours. Le qua-
trième il avait presque entièrement disparu, et le fond de l'utérus était au niveau
du détroit abdominal.
Les phénomènes qui constituent ce qu'on appelle la fièvre de lait apparurent
comme à la suite d'un accouchement ordinaire, avec cette différence seulement
qu'ils se déclarèrent à une époque plus rapprochée de la déplétion utérine (c'est-
à-dire vingt-quatre heures après), et qu'ils eurent une durée beaucoup moins
grande.
Aujourd'hui, cinq jours après l'expulsion de cette môle, la santé de madame X.
est aussi bonne que possible, et il est permis de penser que sa santé sera prompte-
ment rétablie.
Le cas qui précède est un nouvel exemple d'une des maladies dont l'œuf peut
être atteint, et dont la cause première est inconnue sans doute, mais dont le point
de départ et les évolutions sont aujourd'hui beaucoup plus convenablement ap-
préciés qu'on ne l'a fait pendant longtemps. Déjà Albinus et Ruysch avaient par-
faitement apprécié la nature de ces masses vésiculaires en plaçant leur siège dans
les petits renflements qui terminent les villosités choriales. Les travaux de
MM. Velpeau et Cruveilhier,ceux de M"'* Boivin, ont depuis pleinement confirmé
cette manière de voir.
i» CAS DE COMPRESSION DE LA PORTION THORACIQUE DE l' OESOPHAGE PAR CNE MASSE
TDBERCULEl/SE DÉVELOPPÉE DANS LES GANGLIONS DO MÉDIASTIN POSTÉRIEUR, AVANT
CASSÉ LA MORT, CHEZ UN SAJOU ORDINAIRE ; par M. Da VAINE.
« On a déjà observé que certains engorgements des glandes lymphatiques qui
ayoisinent l'œsophoge peuvent, par la compression qu'ils exercent sur ce con •
duit, en simuler le rétrécissement organique, entraîner la régurgitation des aU-
ments, et, dans un temps plus ou moins éloigné, la mort du malade.
» L'engorgement de ces glandes se rencontrant plus fréquemment chez les en-
fants scrofuleux et tuberculeux , l'on est porté à penser que la compression de
l'œsophage par ces tumeurs doit avoir été observée plus souvent dans l'enfanee
qu'aux autres âges de la vie; cependant MM. Rilliet et Barthcz (Traité dks ma-
ladies DES ENFANTS, t. III), qui ont décrit avec soin les accidents que détermine
la compression exercée par ces tumeurs, soit sur les bronches, soit sur les nerfs
pueumo-gastriques, déclarent qu'ils n'ont pas rencontré de cas de compresiion
de l'œsophage, et M. Barrier (Traité des maladies de l'enfance, 1. 1, p. 663),
qui s'est aussi occupé de celte question, dit que la compression de l'œsophage par
des ganglions tuberculeux parait très-rare, circonstance qu'il cherche à expliquer
par la disposition anatomique des parties.
» Ces considérations m'ont engagé à rapporter avec quelques détails un cas de
compression de l'œsophage par des ganglions tuberculeux que j'ai rencontré chez
un sajou ordinaire ou sapajou (simia capucina).
n
» 1.0 cadavre de cet animal aélc remis, il y a riueliiuesjours, à M. Robin, qui,
ne pouvant en faire immédiatement la dissection, a en l'obligeance de l'envoyer
à M. Rayer. II parait que, dans les derniers temps de sa vie, l'animal toussait et
rejetait ses aliments, ce (;ui a fait supposer qu'il était atteint d'une maladie de
Testomac et des poumons.
» A l'ouverture de la poitrine, le cœur a paru fortement repoussé en avant par
une tumeur qui occupait tout le nuidiastin posie'rienr, depuis la première côte
jusqu'au diaphrai;me. Celte tumeur était formée par l'agglomération de petites
mas>cs tuberculeuses dont ta plupart avaient le volume d'une noisette. Quelques-
unes étaient encore à l'état cru, et les autres à divers degrés de ramollisse-
ment.
» La tumeur élailiiivisée en d-ux portions par ia bifurcation de la trachée-ar-
lère l-a portion supérieiise, placée entre la trachée en arrière et le cœur en avant,
écartait et comprimait plus ou moins ces organes et les principaux vaisseaux,
tels que l'aorte , la veine cave supérieure et surtout la veine azygos. Les nerfs
pneumo-gastriques étaient aussi déjetés à droite et à gauche. Le pneumo-gastri-
que droit, engage dans un tis^su cellulaire dense et serré qui enveloppait la ta-
uieur, s'amincissait de plus en plus dans son trajet et finissait par se perdre dans
la masse tuberculeuse. Les bronches également faisaient corps avec cette tumeur ,
la droite surtout était très-déformée et d'un calibre beaucoup plus petit que la
gauche. Au-dessous de la bifurcation de la trachée, la seconde portion de la tu-
meur était appliquée au devant et sur les côtés de la colonne vertébrale, envelop-
pant plus ou moins l'œsophage, qui n'était libre qu'en arrière. Immédiatement
au-dessus du diaphragme, les trois quarts au moins de la circonférence de ce
condu t étaient embrassés par la tumeur, dont les portions latérales rappror^hées
le comprimaient transversalement et eCfaçaient presque ccmipléiemcwl sa cavité.
Il était manifeste que les liquides mêmes devaient avoir de la difficulté à franchir
ce passage. As-dessus de ce point, l'œsophage était manifestement élargi ; il co»-
tenait des matières alimentaires semblables à du caséum assez consistant.. La
membrane interne de l'œsophage paraissait plus rouge dans cette portion dilatéa ,
partout ailleurs elle n'offrait aucune lésion appréciable. Les poumons étaien*.
engorgés dans plusieurs points assez circonscrits. Le lobe inférieur du poumon
droit offrait un tubercule cru du volume d'un pois à peu près. L'estomac et les
intestins ne contenaient que des liquides. Ces organes ne présentaient ancune
altération notable. Les ganglions raésentériques, au niveau du tronc cœliaque.
formaient une masse tuberculeuse de la grosseur d'un marron.
» J'ai déjà dit, au commencement de cette note , que les cas de semblable tu-
meur tuberculeuse comprinr.iu.t l'œsophage dans sa portion thorscique, devaient
être très-rares.
» Mauchart, dans une thèse soutenue sous sa présidence, intitulée : De strgma
resopuAGi et insérée dans les Dispctationes CHiBCRcrCiC de Haller (t. Il, p. 39&),
a rassemblé plusieurs observations de compression de l'œsophage par des l«-
'^.
92
meurs formées par les ganglions bronchiques ou préTerlébraiix dégénérés; mais
les caractères de ces tumeurs, qu')l désigne sous le nom de strumeuses, ne sont
pas exposés avec assez de précision pour qu'on puisse décider si elles étaient due»
à une dégénérescence tuberculeuse ou cancéreuse. Ce qu'il résulte seulement des
observations de Mauchart et de telles qu'il a empruntées à divers observateurs
antérieurs, .tels que Tulpe, Verhcj en, Heister, etc., c'est que les principaux symp-
tômes de cette allVction sont la réguruilaiion des aliments, accompagnée d'une
dyspnée pins ou moins considérable.
» Les observations rapportées par Mancbart sont, parmi les faits plus ou moin*
analogues que j'ai trouvés dans les recueils smentiftques, celles qui ont le plus de
rapport avec le cas que je viens d'exposer. On pourrait encore en rapprocher une
observation qui se trouve consignée dans les ISulletins de i.a Société anatomi-
que (ISi'î, p. lOâ) : c'est un cas d'ulcération cancéreuse de l'œsophage, qui aété
présenté à cette Société par MM. Ch. Bernard et l"\illin. Il y avait eu même temps
une tumeur de nature tuberculeuse qui, située entre la trachée-artère et l'œso-
phage, faisait une saillie d'un centimètre environ dans chacun de ces deux con-
duits. »
IV. — TÉRATOLOGIE.
ViCE DE COM'Or.MATlON DES MAINS; par M. GUBLEK.
M- Gubler fait hommage à la Société, au nom de M. Rayer, du moule en plâtre
de la main gauche d'un jeune homme de 20 ans, qui présente une conformation
vicieuse caractérisée par la brièveté excessive des deux dernières phalanges de
tous les doigts, et particulièrement des phalanges onguéales, par la présence d'une
sorte de membrane interdigitale très-prononcée entre l'indicateur et le médius,
où elle atteint le niveau de l'aiiiculation de la première phalange avec la
deuxième, et enfin par la faus>c ankylose des articui.itions interphalangiennes.
La phalange onguéale du pouce est renflée au point de donner à ce doigt la
forme d'une massue. La main droite présentait des vices de conformation sem-
blables.
V. — HELMINTHOLOGIE.
NOTE POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES HÉMATOZOAIRES; par M. FOLUi\.
L'existence de vers dans le sang est un des faits les plus curieux de l'histoire
de ce liquide, et l'observateur qui le premier fit cette découverte dut un instant
se croire sur la voie d'un des résultats les plus importants de la physiologie.
Quoiqu'on n'ait pas retiré de ces observations tout ce que présageait la théorie,
elles n'en sont pas moins dignes d'intérêt.
Aujourd'hui les hématozoaires ont été constatés dans le sang des quatre classes
de vertébrés et chez soixante-dix-sept mollusques.
Oans l'espèce humaine, Treutler a décrit un ver qu'il désigne sous le nom de
hexntkyriditis venorum, et qu'il crut provenir de la viùne tibiale antérieure,
93
ouverte spontanément chez un jeune homme pendant qu'il se baignait. Rien ne
donne à cette observation un caractère de (crtitude qui puisse nous la faire ad-
mettre ; mais si, chez l'homme, les hématozoaires n'ont point été constatés, car
je n'attache guère d'importance à une vague assertion de M. Gros ( de Moscou ),
qui dit en avoir vu dans le sang d'individus syphiHtiques, il n'en est pas de
même pour les mammifères : les observateurs les plus recommandabics les y ont
trouvés.
ïreuller assure avoir vu des vers du genre des fascioles dans les veines pul-
monaires du calocéphaie barbu (phoca barbota) et dans la veine porte d'autres
animaux; il en a constaté aussi dans la veine cave des cerfs.
Klein, Camper, Albers, Rosenthal et Creplln,M.Kuhn et M. Raspail, ont tour
à tour fait connr.ître des espèces particulières de strongles dans les sinus veineux
de la base du crâne et dans les veines pulmonaires du marsouin.
M. Rayer, dans ses Abchives de médecine comparée (premier fascicule), a dé-
crit avec un grand soin ces anévrismes vermineux qu'on rencontre si souvent
chez le cheval, et qui contiennent en grand nombre le strongylus armatus
minor.
MM. Gruby et Delafond ont fait connaître une Claire de 3 à 4 millièmes de
milliuiètre qui se trouve dans le sang des chiens. Le sang d'un mulot a présenté
à M. Gros des vermicules très -nombreux, et tellement amincis qu'ils étaient à
peine reconnaissables à 400 diamètres. Des mêmes vers ont aussi été vus sur des
taupes par le mémo observateur.
Ainsi, dans les mammifères, on semble avoir assez souvent trouvé différentes
espèces d'hématozoaires.
Chez ies reptiles, on a très-souvent constaté l'existence d'hématozoaires : ainsi,
dès 1826, Schenetz, puis plus tard Valentin, Vogt et Gluge,etc., etc., en ont décrit
et figuré chez la grenouille.
Valentin (Muller's Archiv., I8i2) a signalé, mais rarement, un hématozoaire
dans le sang du salmo farîo; il avait 0""°,012. Ces vermicules ont aussi été trou-
ves dans le sang de beaucoup d'autres poissons, du goujon, de la motelle, de la
perche, du sterlet, de la lotte, de la tanche. L'animalcule qui vit dans le sang de
la motelle est de 0""",046 de long sur 0,001 de large ; il y existe en grand nombre.
Doué de mouvement, il change souvent de formes. Dans tous les cas, il est plus
petit qu'une vésicule du sang, qui en logerait plusieurs. Chez la tanche, ces hé-
matozoaires sont très-ténus, allongés, sous forme de filaments légèrement renflés
en leur miUeu.
Les hématozoaires paraissent ne pas être rares dans le sang des oiseaux. J'ai
pu, grâce à l'obligeance de M. Rayer, observer des filaires dans le sang de quel-
ques freux (corvM* frugilegus) tués dans la forêt de Fontainebleau et arrivés à
Paris dans un parfait état de conservation.
Déjà des filaires analogues avaient été vus sur des oiseaux de diverses espèces :
9ft
ainsi M. Gros paraît en avoir vu dans le sang d'engoulevents. Celui d'one grue
en différait de (r°,01 à 0«"»,0J5.
Mais e'est chez l'espèce corvine qu'on paraît trouver surtout ces hématozoaires.
Existe-t-il dans la nourriture de ces êtres quelque chose qui favorise le dévelop-
pemeiil de ces hématozoaires? Cela n'est rien moins que prouvé.
Deux observateurs ont vu ces hématozoaires dans le sang des individus de l'es*
pèce corvine : ce sont M. Gros (de Moscou) et M. Ecker. M. Gros leur donne an
volume qui me fait penser qu'il ne les a pas bien vus. Quant à M. Ecker, il ne les
a observés que dans le saug du cœur.
J'ai examiné avec grand soin le sang du cœur, des veines du cou et des cuisses
chez neuf individus du corvus frugilegus. Chez trois j'ai constaté la présence de
ces âlaires. Dans un cas ils étaient très-nombreux, et se dessinaient nettement
par leur fond obscur. Quand ils sont en petit nombre, on ne peut les aper«
cevoir que difflcilement, mêlés qu'ils sont à la masse des globules sanguins.
Ces hématozoaires m'ont paru sous l'aspect de filaments allongés, légèrement
efSlés à leurs deux extrémités, plus volumineux à leur centre. En moyenne ils
ontO""",090 de longueur sur 0°"",0040 de largeur; M. Ecker leur donne en lon-
gueur 0"""106, et en épaisseur ©""lOai à 0'"'",00g.
Ces vers ont une de leurs extrémités moins effilée, plus arrondie que l'autre;
mais il est impossible de distintjuer l'antérieure de la postérieure; car on ne re-
connaît chez ces fîlaires aucun organe distinct, et rien qui réponde à la télé ou à
la queue.
Par transparence il est facile de voir que leur corps ne contient aucun organe
interne, si ce n'est des granules, m:iis rien qui ressemble à une disposition quel-
conque d'appareils intérieurs.
J'ai rencontré ces Qlairesdans du sang pris dans différentes artères ou veines
du freu. M. Ecker n'a pu les trouver dans du sang tiré de la peau de la cuisse et
des vaisseaux trachéaux. Ces vers ne lui semblent pas devoir circuler avec le
sang, et il en donne pour preuve que lorsqu'on oavre les vaisseaux en saignant
l'animal, on ne trouve pas de ces prétendus fliaires dans le sang qui s'écoule,
tandis qu'on en trouve, au contraire, beaucoup dans le sang du cœur.
J'en ai constaté la présence non-seulement dans le sang du cœur, mais dans
celui pris dans différentes régions du corps. J'ai peine à comprendre comment
ces Qlaires s'y trouveraient sans y circuler, et d'ailleurs on observe celte circula-
tion des niaires dans le sang des grenouilles.
Dans certains cas, le sang du freu prend un aspect comme huileux : c'est alors
que j'ai le plus souvent trouvé lies filaires.
Quant à leur destination ultérieure, on ne peut penser que ce soient de jeunes
embryons de slrongles que l'on voit sur l'estomac, sur le foie, sur le poumon ; car
les embryons de slrongles sont déjà dans l'œuf de deux à trois fols plus gros que
l'hématozoaire en question.
VL — BOTANIQUE.
StR UNE MALADIE DE L\ TIGNE CACSI^.E PAR LE PARASITISIIE d'uNE HDCÉDINÉE
DO GENRE oïDioM ; par M. C. Montagne.
H. Tacker, Jardinier chee M. J. Slater, à Margste , en Angleterre , obserra le
premier en 1845, et pendant deux années consécutives, qne la vigne cultivée soit
dans les serres, soit à l'air libre, était comme saupoudrée de farine sur les feuilles,
l€8 jetraes pousses et même sur les grappes du fruit. Les parties recouvertes de
cette sorte d'efHorescence blanche se gonflaient, se crevassaient ; le raisin con-
tractait on goût désagréable, et finissait bientôt par se gâter e( se corrompre tout
à fait. Soumis à l'observation microscopique, cet enduit farineui fut reconnu pour
être constitué par l'une de ces mucédinées parasites si préjudiciables à plusieurs
végétaux, par une espèce nouvelle du genre oidium.
C'est dans le n* 48 du Gardener's Chroniclb pour l'année 1847 qu'on peut lire
la description et voir la figure qu'a données de ce champignon mon ami le révé-
rend M. J. Berkeley, qui le nomme oidium Tuokeri., du nom de son premier
observateur.
Un état pathologique semblable de la vigne vient de se montrer dans les serres
de Versailles et y occasionne de grands dommages. M. Baudry, bibliothécaire de
l'Institut national agronomique, m'a fait l'amitié de m'apporter, vers la fin de la
semaine dernière (26 avril 1850), un bocal contenant tout à la fois des feuilles et
des grappes contamiaéi-s et malades : c'est celui que j'ai l'honneur de mettre sous
les yeux de la Société. Nous avons examiné ensemble au microscope la produc-
tion fongique, cause présumée du mal, dont il désirait savoir le nom. 11 me fut
bien facile de reconnaître la mucédinée et de la rapporter à son véritable genre.
Ma collection, où se trouve un exemplaire authentique de Voidium Tuckeri^
envoyé par M. Berkeley, me fut d'ailleurs d'un grand secours pour me convain-
cre que je ne me trompais pas en considérant la maladie de la vigne de Versailles
comme produite par un parasite absolument identique à celui qui détermina l'af-
fection piithologique de celle de Margate.
Veut-on savoir maintenant ce que c'est que la mucédinée en question? Je le
dirai en peu de mots. Les ravages qu'elle occasionne et les perles immenses qui
en résultent pour ce genre d'industrie valent bien ;a peine qu'on s'en occupe.
Comme la plupart de ces plantes, elle est constituée par deux sortes de filaments ,
les uns stériles, les autres fertiles.
Les premiers , qui en forment le système végétatif, rampent sous l'épiderme
entre les méats intercellulaires, ainsi que je l'ai constaté dans le botrytis (pero-
nospora) infestans et Voidium erysiphoides, quand la plante se développe sur
la feuille; ils rampent à la surface del'épicarpe lorsqu'elle envahit le fruit. Les
seconds, ou les filaments fertiles sont dressés, longs tout au plus d'un cinquième
à un sixième de millimètre, cloisonnés de distance eu distance et un peu renflés
96
en massue au sommet. Sur les feuilles on les voit sortir par l'ouverture àe^ slo
mates; mais sur les fruits, Tépicarpe étant privé de ces organes, ils s'élèvent di-
rectement du filament qui rampe à la surface de celui-ci, et constituent ce qu'on
appelle le mycélium. C'est le dernier article des filaments fertiles qui se trans-
forme's.a spore ; et comme cette métamorphose peut se iépéter un grand nombre
de fois, le filament croissant incessamment, on conçoit l'énorme quantité qui
s'en produit et la prompte dissémination qui s'en doit faire pour propager la ma-
ladie aux ceps voisins du premier infecté. Ces spores sont elliptiques, et ont à la
maturité une longueur de 0'"'",035 sur un diamètre de près de 2 centièmes de
millimètre. Comme elles ne tombeut pas toujours au fur et à mesure de leur pro-
duction, il en résulte qu'on en trouve quelquefois trois ou quatre qui se suivent
et forment le chapelet. L'épispore est lisse et l'endospore rempli d'un nucléus
granuleux. Toute la plante est blanche et transparente.
M. ïucker a employé sans succès une foule de moyens divers pour s'opposer
aux progrès du mal avant d'arriver à en trouver un efficace. Celui qui lui a le
mitiux réussi consiste en aspersions et en lotions faites avec un mélange de soufre
et d'eau de chaux. C'est à l'aide de ce procédé seulement qu'il est parvenu à se
rendre maître de la maladie et à en arrêter les ravages, (t 1 Mai.)
COMPTE RENDIT
iU SÉANCES
DE
LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PENDANT LE MOIS DB JUIN 1850;
VAR
M. le Doctear BROWN-SÉQ»&IU> , eecr«talrt.
Présidence de M, RATER.
I. — CORRESPONDANCE.
SDR l'N CAS DE t^ÈPRE ET SUR I,ES UAI,API^S VV» Yï^RS A &0H ^ff 3TfllE j lettre
adressée à M. Rayer, par M. {?ÇQUpT.
Je profile du retour en France de M. Jager-Smidt, gérant du consulat généra}
de Beyrout, pour vous envoyer le dessin d'un lépreux qui, je pense, pourra vous
intéresser. Le malade est un jeune prince de la montagne du liiban, de la famille
Chaab, à laquelle appartenait le grand émir Béehir, le dernier prince souverain
de Ja montagne. I) a commencé à être atteint de la lèpre à l'âge de J6 ans j il en
98
a 21 aujourd'hui. La maladie s'est annoncée par des taches et des pustules sur
toute la peau, qui furent prises pour des pustules vénériennes et traitées par
l'emploi du mercure à haute dose. Sous l'influence de ce traitement, la maladie
marcha rapidement; au bout d'un an, la peau perdit sa sensibilité, les cheveux
tombèrent, les forces musculaires s'affaiblirent. La seconde année, la face fut
tuméfice et le gonflement éiait dune rougeur très-prononcée. Bientôt ce gonfle-
ment s'étendit aux mains, et depuis lors ia maladie a suivi une marche progres-
sive. Aujourd'hui le mal paraît être parvenu à son plus haut degré d'intensité,
la voix est presque éteinte, et la féliditc que répandent la respiration et la tota-
lité du corps est telle, que le dessinateur que j'avais amené avec moi n'a pu
colorier le dessin ; il était saisi de vertige et il a dû quitter la chambre où se
trouvait ie malade.
Aii.si que vous le verrez par le dessin, le nez est détruit, la bouche est cou-
verte d'ulcères des-^échés. Le dessin vous donne la forme exacte des mains et
des doigts. Les ongles sont transformes en croûtes pustuleuses noirâtres. EnOn
l'a.ïpect de ce malheureux est hideux, et cependant, jusqu'à l'âge où il a été at-
teint par cette afl'reuse maladie, c'était un beau jeune homme. Aucune personne
de sa famille n'a eu la lèpre, et depuis six ans son frère aîné habite et couche
impunément dans ia même chambre que lui. il existe chez les Arabes, sur les
causes de la lèpre, un préjugé dont je veux vous faire part : ils assurent que tout
enfant conçu à l'époque ties menstrues de la mère doit être atteint fatalement de
Ja lèpre. Ce préjugé n'aurait-il pas son origine dans cette opinion ancienne et
conservée encore aiîjourJ'hui en Syrie, que toute femme est impure aux époques
meastruelles, et que tout rapport avec clic est alors un péché? Et suivant la pé-
ïiaiité établie par Moïse, l'enfant ne seiait-il pas chàiié pour ie père? II y a beau-
coup de judaismo, dans le christianisme .syrien, et il ne serait pas étonnant que
'.'opinion sur l'origine de !a lèpre fût encore un souvenir des antiques pré-
c'.'iiies.
Vous m'aurez souvent accusé de n'avoir pas voulu répondre aux questions que
vous m'aviez posées dsus la lettre que vous avez eu ia bonté de me remettre lors
de mon départ de Paris. Je ne veux pas que vous me croyiez coupable de négli-
gence. Je. vous dirai donc que, depuis deux ans, j'ai recueilli plusieurs notes sur
réduciition cl les maladiss des vers à soie en Syrie, et que je vous adresserai
aprè^ la récolle des cocons de cette année, un petit mémoire qui répondra, je
l'espère, à toutes vos questions. Cependant je puis vous dire dès aujourd'hui que
la museardine n'existe pas en Syrie. J'ai fait et fait faire à plusieurs éleveurs, soit
Arabes, soit Européens, une description exacte de la maladie; personne ici ne
la connaît. Elle ne pourrait passer inaperçue, puisqu'elle sévit presque toujours
épidémiquement, soil en France, soit en Italie.
Voici les mal.'idies de» vers que l'on observe en Syrie; vous verrez, par les
noms arabes <ju'elle3 portent, qu'elles oiïient la plus parfaite analogie avec les
maladies que l'on observe en Europe.
99
!• Les vers tâbek, «'est-à-dire courts ou fermes. Ce sont nos vers écarts.
2* Les vers débldn, c'est-à-dire faibles. C'est la consomption.
3* Les snrçaars. C'est le nom d'un insecte de couleur jaune de la famille des
scolopendres. C'est notre jaunisse.
4" Les vers kayâh, c'est-à-dire purulents. C'est notre hydropisie.
5' Les vers maalouhé, nom que l'on donne à la personne qui a une indisposi-
tion à quelque partie du corps. Les vers ainsi nommés par analogie présentent
au quatrième âge une tache rousse à leur extrémité inférieure. Ils meurent sans
filer.
fi" Enfin, il est une dernière maladie qne j'ai observée l'année dernière, et
que l'on dit très-commune : c'est la maladie nommée par les Arabes mas'hoxtlat
ou diarrhée. Au quatrième âge. les vers rendent une quantité considérable de
matières excrémentielles et meurent sans filer.
IL — PHYSIOLOGIE.
1» QDELQi'ES expi'kiesces scr i/eunice sangïiine (e. sangcinia) (Extrait) ;
par M. A. oe Ql'aïrefages.
L'eunice sanguine, le plus grand des annélides européens, habile les sabies
vaseux qui ne découvrent qu'aux grand<'S marées. Ce n'est donc presque pas un
animal de rivaL'e. Aussi est-elle très-sensiLle à l'action de l'eau douce. Pla-
cée dans ce liquide, elle donne immédiatement des signes de douleur. Le sant;
abandonne les branchies, les vives couleurs de l'animal disparaissent et sont
remplacées par une teinte d'un gris cendré. L'annélide se pelotonne ; le corps
se raccourcit par suite de la contraction des muscles longitudinaux. Puis sur-
vient une héraoniiiigie interne; le sang s'écoule par la bouche, et l'animal de-
vient insensible au bout d'environ quatre minutes et demie. Si on le place alors
dans l'eau de mer, on voit les branchies rougir le corps, se colorer, et au bout
de trois minutes, l'animal a repris toute sa vigueur- On comprend qu'une im-
mersion plus prolongée dans l'eau douce amène la mort.
Dans de l'eau saturée de sel marin, l'eunice donne des signes peu prononcés
de malaise et présente tous les caractères d'une surexcitation vitale très-pronon-
cée. Le corps entier et les branchies sudout se colorent vivement; les mouve-
ments sont accélérés; bientôt une sécrétion exagérée de mucosités entoure l'ani-
mal. Puis survient une période d'aOaissement; les branchies pâlissent, le corps
se décolore, les mouvements se ralentissent. Au bout de cinq heures, l'animal
est à peine sensiLhî aux irritations extérieures, et quand il ne donne plus aucun
signe d'excitabilité, il est entièrement mon.
Les bases solubles agissent très-faiblement sur ces annélides. Placée dans une
dissolution ammoniacale assez concentrée pour que l'odeur en fût sensible n une
certaine distance, une eunice y est restée six heures avant de devenir insensi-
ble, et remise dans l'eau de mer pure, ii a suffi d'un quart d'heure pour qu'elle
fût assez bien rétablie.
100
Au oontraire, les aeides minéraux exercent ^ur ces animauTL une acUon des
plus éuergiques. Deux ou trois gouttes d'aride nitrique ou solfurique du com-
merce dans un demi-litre d'eau de mer déterminent des signes très-marqués
d'une souffrance vive. Les branchies, le corps entier se décolorent; souvent il y
a des hémorrhagios internes, et ranimai meurt complètement au bout de dix à
douze minutes.
Abandonnée à el!e-mcme dnns de l'eau de mer que l'on a Boin de renouveler
fréquemment^ l'eunice manifeste, au bout de vingt-quatre heures, un abatte-
ment, une diminution de forces très-seasibles, mais qui ne marche pas ensuite
avec la même rapidité. Après quarante-huit ou soixante-douze heures de captivité,
elle commence à se fractionner. Les premiers fragments détachés sontgéuéralemenl
pleins de vie, se meuvent, rampent régulièrement et manifestent une certaine
volonté. La segmentation continua ainsi d'arrière en avant. Au bout de quatt-e
ou cinq jours, quelquefois davantage, selon la température, les fragments ne se
détachent plus complètement et se putréfient en adhérant au corps par les té-
guments. Plus tard encore, des points dA gangrène isolés se montrent jusque
dans les quinze ou vingt premiers anneaux. Plus une eunice est vigoureuse, plus
elle s'est fractionnée de bonne heure et plus elle résiste à la captivité et à l'ina-
nition. En plaçant quelques beaux échantillons dans des fucus que j'avais soin de
laver deux fois par jour et de tenir seulement humides, j'en ai conservé quel-
quefois d'une grande marée à l'autre, c'est-à-dire environ quinze jours (1).
L'indépendance des centres nerveux rend les expériences de vivisection moins
claires dans leurs résultats chez les eunices que chez les vertébrés. Voici toute-
fois quelques faits qui jettent quelque jour sur ce point de la physiologie des
annéiides.
La tête d'une eunice fut fendue en deux: l'une de« moitiés fut enlevée. L'ani-
mal, abandonné à lui-même se conduisit à peu près, comme d'ordinaire, et se»
mâchoires, entre autres, jouèrent avec réguiarité.
La portion antérieure du cerveau fut enlevée. Le jeu des pinces ne présent»
rien d'anormal.
En enlevant le cerveau tout entier, tout signe de vie disparut dans l'anneau
buccal. Les mâchoires restèrent à peu près immobiles et ne firent plus que
quelques mouvement très-faibies (3).
(1) Tous les annéiides ne présentent pas au même degré cette tendance à la
segmentation. Elle est portée très-loin chez certains sigalions, elle est nulle chez
les apbrodites. Certaines néréides me semblent tenir le milieu entre ces deux
extrêmes.
(2) Ce fait confirme l'opinion que j'ai émise ailleurs, que cet anneau fait réel-
lement partie de la léte et non du corps, comme l'ont admis Savigny et ses
successeurs.
101
Les antenDes furent enlevées. L'animal donna des signes marqués de douleur.
U se pelotonna sur lui-même, et lorsqu'il se remit en marche, ce ne fut qu'avec
hésitation.
Je détruisis les ganglions des dix-neuf premiers anneaux. L'annélide ne parut
passoufl'rir beaucoup au contact des ganglions, tandis que toute lésion des cou-
ches musculaires amenait des signes de vive douleur. Dans cette expérience, il
est probable qus les ganglions n'avaient pas entièrement disparu, car les pieds
se mouvaient comme auparavant; seulement les mouvements des pieds d'un
même anneau n'étaient plus coordonnés.
J'enlevai, sur une étendue de vingt-cinq à trente anneaux du milieu du corps,
le plan musculaire inférieur, la chaîne ganglionnaire et une portion de l'intes-
tin. Les pieds s'agitèrent d'abord, les soies sortirent et rentrèrent comme à l'or-
dinaire; mais bientôt tout mouvement s'arrêta et les pieds restèrent contractés.
Les branchies seules continuèrent à présenter, quoique plus faiblement, leurs
mouvements d'expansion et de contraction habituels.
Ces faits sont encore trop peu nombreux pour qu'on puisse en tirer des con-
clusions générales et pour qu'on cherche à les rapprocher de ceux qui ont été
observés chez les animaux supérieurs. Toutefois ils montrent dès à présent que
l'indépendance des centres nerveux est portée fort loin chez les annélides.
Maigre cette indépendance, la tête semble en quelque sorte chargée de résu-
mer toutes les sensations perçues par les autres ganglions, et elle a conscience
de l'individu entier. Mais ici encore, il est facile de reconnaître que cette con-
science s'affaiblit pour ainsi dire d'avant en arrière. Dans les convulsions d'une
mort violente, l'eunice mord assez souvent les anneaux de l'extrémité postérieure.
Jamais je ne l'ai vue mordre ses anneaux du milieu du corps ou de la moitié
antérieure. (Séances des 29 juin et 6 juillet.)
III. — ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
1" SUR DEUX CAS 00 L'iNTESTiN OFFRAIT BN DIVERTtCDLCIH ; par M. VeRNEBIL.
M. Verneuil présente deux diverticulums de l'intestin recueilli chez l'homme :
l'un vient d'un homme âgé de 40 ans environ; l'autre d'un un enfant à terme;
ce dernier présente plus d'intérêt, en ce qu'il adhère encore à l'ombilic par un
pédicule grêle ; ce pédicule est formé par un tractus du péritoine ; il a 3 centi-
mètres de long, se fixe a l'ombilic en dehors et à gauche des artères ombilicales ;
on peut suivre dans son intérieur un vaisseau artériel, vestige de l'artère om-
phalo-mésentérique. Sur la pièce recueillie sur l'adulte, le diverticulum est co-
nique et présente environ 3 centimètres de hauteur, l'intestin, à son insertion
mésentérique, présente un éperon très-marqué, La première pièce ofTiedu reste
exactement la même disposition.
La Btructuiede ces diverticulums est la même que celle de l'intestin; toute-
fois j'ai observe dans la pièee d'adulte la disposition suivante : les fibres lonRitu-
■^ I fj R A H "^1 :-?
-v»-^-
s^^^'
&
102
dinales prennent la plus grande part à la formation de la cooche musculaire ;
elles forment de grandes anses à concavité tournée vers le mésentère ; le» fibres
circulaires, réunies au niveau de l'éperon, semblent s'écarter au niveau de l'ap-
pendice cl s'infléchir, en ne prenant qu'une très-faible part dans la formation delà
tuniqiie musculeuse.
Je n'ai pas constaté le siège de l'appendice chez l'adulte, mais chez le fœtus,
elle est distante de 20 centimètres seulement du cœcum.
Il est impossible de méconnaître, dans ces diverticulums de l'intestin, un ves-
tige du pédicule de la vésicule ombilicale.
Les deux pièces sont déposés au musée de la Faculté. (15 juin.)
IV. ~ PATHOLOGIE.
1* TUMEUR DU CERVELET PRODUISANT DES MOUVEMENTS C0NVULS1F8 ET LA PARALTSIE
DU MÊME CÔTÉ OU ELLE SIÉGEAIT; pUr M. MaZIER.
M. D..., habitant d'une petite ville du département de l'FJure, fut pris d'abord
d'étourdissements dont la fréquence augmenta graduellement.
M. D... était âgé de 38 ans environ, ayant le teint coloré, un embonpoint mo-
déré, d'une bonne constitution, taille au-dessus de la moyenne, d'un tempéra-
ment Ijmphalico-sanguin et d'une santé ordinairement bonne.
Les étourdissemcnts, qui finirent par le prendre une ou deux fois par sem.aine.
ne tardèrent pas à s'accompagner de quelques mouvements convulsifs, affectant
tous le« membres et particulièrement ceux du côté droit.
Une perte de connaissance plus ou moins coinplèle se joignit par la suite à ces
premiers symptômes, et donna à cette maladie un caractère épileptiforme très-
tnarqué.
Sans devenir beaucoup plus fréquents, ces accidents devinrent plus graves, et
au lieu d'être suivis d'une disparition complète, comme dans le principe, un
malaise, une courbatuie et même un engourdissement assez marqué dans le côté
droit suivirent ces accès et iinirent par combler l'intervalle qui les séparait. La
maladie mit un an à prendre ce développement.
A cette époque, M. D... recevait les soins d'un médecin qui était en même
temps i)our lui un ami tout dévoué. Les sangsues au siège, les saignées gt'néral^s
soulageaient le malade, sans arrêter la marche de la maladie qui continuait à faire
de» progrès lents, mais cependant appréciables pour tout le monde.
Je fus appelé près de ce malade pour joindre mes conseils à ceux de l'cxcel-
jent ami qui lui donnait des soins. La veille de celte réunion M. D. avait éprouvé
un accès semblable aux précédents, mais beaucoup plus violent et plus long. Cet
accès avait commencé par un étourdissement accompagné de mouvements con-
vulsifs avec perte presque complète de connaissance, et avait été suivie d'un
peu d'embarras dans la parole et d'un engourdissement général qui allait jus-
qu'à l'affaiblissement de la contraction musculaire du côté droit.
103
Lrs saignées générales et locales, les dérivatifs sur la peau, sur la nuque, sur
le tube digestif, les antispasmodiques sous toutes les formes, avaient peut être un
peu ralenti^ mais non arrête les progrès de celte maladie.
Il nous fut impossible après un examen très-attentif et une discussion faite de
bonne foi entre nons, de découvrir la cause des accidents observés, de donner
une explication raisonnable et raisonnce de sa marche, de sa durée et de sa ter-
minaison probable. Il nous fui malheureusement aussi difTuiie de donner au
traitement que nous voulions lui opposer cette direction bien coordonnée que la
connaissance de la maladie permet seule de lui imprimer. Si nous ne pouvions
présumer l'époque de la terminaison de cette malauie, nous étions assez d'ac-
cord sur sa gravité et sur son issue probablement funeste. Nous étions encore
assez unanimes pour penser que le ma! était dans la cavité crânienne et devait
particulièrement se trouver dans le voisinage du cervelet. Une consultation rédi-
gée avec soin et edressce à deux célébrités médicales de Paris ne leur fit rie»
découvrir au delà»
La maladie plus ou moins enrayée par le traitement continua de 8'aggraver
pendant huit mois environ, époque à laquelle un accès beaucoup plus violeiiî
que les précédents fut suivi d'une perte de connaissance complète avec résolu-
tion de l'action musculaiie, respiration stercoreuse, et tous les symptômes d'un
épanchement au cervenu dont rien n'avait pu atténuer les eCTels.
Appelé une dernière fois près de M. D..., la gravité de ces nouveaux arxN
deetsne nous laissa aucun doute sur sa mort inévitable et prochaine.'!! expira
la nuit suivante. La vie s'était aflaissée graduellement et sans secousses nou-
velles.
Parmi tous les moyens employés pendant le cours de cette longue maladie, un
seul avait consiammeut soulagé !e malade, c'était rapplication de sangsues der-
rière les oreilles. Cette saignée locale rendait les accès moins forts et moins
fréquents.
L'autopsie du cerveau seule fat faite dix-buit à vingt heures après la mort,
en présence de trois médecins.
La voùie du crâne fut détachée avec une scie et soulevée avec précaution.
Une rougeur légère colorait la surface externe de la dure-mère sur toute son
étendue, mais cette rougeur devenait de plus en plus foncée à mesure qu'elle
se rapprochait d'un point où cette membrane faisait une saillie assez marquée,
saillie qui correspondait à la bosse occipitale droite 2 centimètres an-dessu^,
environ. Le centre de celte éminence formée par la dure-mère était marqué par
un point rond, d'un centimètre de large, dans lequel on voyait une altération
bien marquée du tissu de cette membrane.
L'occipital présentait une caviîé à l'intérieur, produite par le refoulement df>
cet os dont les tables avaient été repoussccs sur le point correspondant à la Siiil-
lle de la dure-mère.
A l'extérieur, un peu au-dessus de labosse occipitale droite, on .scatiiit avec
■f
la main une saillie bien marquée, et qui eût été visible même si les cheveux
avaient été rasés sur cette partie. Cette saillie n'existait point à gauche.
En ouvrant les enveloppes du cerveau, on vit s'écouler un liquide séro-san-
guinolent assez abondant à la base du cerveau et dans les ventricules surtout.
Le cerveau détaché et enlevé avec soin présenta les altérations suivantes :
Le côté droit du cervelet, fortement déprimé, était presque complètement
détruit. Une caviié, dans laquelle se serait caché aisément le jaune d'un œuf de
poule, était entourée des restes de la substance médullaire de cette partie du
cervelet dont le ramollissement et la destruclion s'étaient communiqués au lobe
correspondant du cerveau dans lequel l'altération avait pénétré d'arrière en
avant à la profondeur de 4 centim. L'altération de la substance cérébrale était
d'autant plus marquée qu'elle s'observait plus en arrière; on voyait même sur
la partie du cervelet qui environnait sa dépression, plusieurs petits points où
la suppuration était manifeste.
La dure-mère présentait sur la partie qui correspondait à celte dépression du
cervelet one tumeur attachée à celte membrane par un pédicule de 12 à 14
millim. de diamètre. Celte tumeur, de forme ronde, avait l'aspect, la forme et
la couleur d'une galle de chêne qui se forme sur les feuilles de cet arbre, et
dont la couleur rose, blanc jaune, donne une idée assez vraie de cette tumeur.
Son volume avait un diamètre de 24 à 30 millim.; elle était légèrement aplatie
d'avant en arriére.
Celle (umeur, divisée avec le bistouri, se trouvait de nature flbreuse, un peu
moins résistante que les tuifteurs fibreuses ordinaires.
Le reste du cerveau et du cervelet n'olTrait aucune alléraiion ; le tissu même
en était assez ferme sur les points éloignés de la tumeur.
Une injection des capillaires se faisait remarquer sur tous les points, et par-
ticulièrement sur les plus rapiirochés de la bosse occipitale droite.
La facilité avec laquelle les tumeurs de la dure-mère repoussent les tables des
os du crâne et les font saillir à l'extérieur devrait porter les médecins à faire
raser la tôle d'un malade dans les cas analogues à celui qui précède quand cette
maladie peut être soup(;onnée. Il est facile alors de reconnaître, par l'examen
externe de la tète, les altérations subies par cette boîle osseuse, quand il y en
a d'appréciables ; et qui sait si ua pai*eil examen ne conduirait pas un prati-
cien habile à tenter, dans ce cas, des moyens extrêmes, justifiés d'ailleurs par
la gravilé de la maladie, et la terminaison fatale à peu près inévitable qui menace
toujours celui qui en est airecté ?
2» REMARQUE A PROPOS DE L'OBSERVATION PRÉCÉDENTE ; par M. BROWN SÉQUARD.
L'observation de M. Mazier est le second fait, présenté à la Société, d'une tu-
meur du cervelet délerminanl la paralysie du côté où elle siégall. M. Tailhé a
lu, l'an dernier, une observation qui est publiée dans nos Mémoires, p. 147-152,
ei dan» laquelle il Ji'agit d'un ancien milllaire, hémiplégique du côté droite mort
105
à la Charilé, dans le service de M. Rayer. On trouva à l'aulopsie un tubercule
dans le lobe droit du cervelet.
A cesujet, nous devons signaler une erreur qui s'est glissée sous la piume de
M. Leheit, à propos de ce malade, dans notre compte rendu de novembre 1849,
p. 178. Ceiie erreur consiste en ce que le lobe gauche au cervelet est di'signé
comme ayant été ie siège du tubercule dans le cas dont l'histoire a été rajtportee
par M. Tailhé.
M. Rayer, qui a examiné chaque jour !e malade en question pendant plusieurs
semaines ; M. Brown-Séquard, qui a, de son côté, recueilli l'observation, ainsi
que plusieurs autres personnes, n'hésitent pas à aflirmer que M. Tailhé ne s'est
pas trompé, et qu'il y a bien eu dans ce cas paralysie et tubercule du côté
droit, c'est-à-dire du même côté.
3' d'une AFF£CTIO>î f.ONVtI.SIVE OL'I SURVIENT CDE/, LES AMMAÎJV AYANT EU
UNE MOITIÉ LATÉRALE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE COUPÉE; par M. BP.0\V.\-SÉ-
QUAUD.
Celte afTection consiste en des mouvements convulsifs très-énergiques des
muscles faciaux, des membres antérieurs et du membre postérieur du côté op-
posé à celui où a été fait l'hémlsection de la moelle. On provoque ces convul-
sions à volonté, en pinçant une des parties sensibles de l'animal et spécialement
sa face. La crise dure de cinq à quinze minutes. Quand elle a cessé, on n'en peut
provoquer une nouvelle que lorsque l'animal s'est reposé plusieurs heures. Les
crise.s sont d'autant plus violentes et plus longues que l'animal est resté plus
longtemps sans en avoir.
C'est sur des cochons d'Inde que cette afieclion a été rencontrée. Elle ne
commence guère à exister que huit ou dix jours après l'opération faite à la
iBoelle. C'est surtout quatre ou cinq semaines après l'opération que les crises
sont violentes et provoquée aisément. Trois ou quatre mois après l'opération, il
faut exciter très-vivement l'animal pour produire une crise. Sur il animaux
ayant eu une moitié latérale de la moelle coupée aux lombes ou à la région dor-
sale, 8 ont été atteints de cette aSection ; les 3 autres sont morts avant l'époque
où cette affection se déclare hîtbituollemont. Ils ne peuvent donc pas être con-
sidérés comme des exceptions à une règle qui établirait que toutes les fois que
la moelle épinière, à partir de la huitième vertèbre dorsale jusqu'à la qua-
trième vertèbre lombaire, a une de ses moitiés latérales coupée transversale-
ment chez un cochon d'Inde, il survient chez cet animal, au bout d'une, deux
ou trois semaines, une affection qui se manifeste par des convulsions, après
l'excitation d'un point sensible.
Les mouvements convulsifs qui se montrent alors ressembleut davantage à
ceux de l'épilepsie qu'à ceux de toute autre affection convulsive.
De tout ce qui précède, il suit qu'après une certaine lésion de la moelle épi»
106
tiière, chez certains animaux, il survient une aflectioa convulsive ayant quelque
pareulé avec l'épilepsie.
La'Sociéié a été plusieurs fois lénioin des convulsions mentionnées ci-dessus.
(8 Juin.)
V. — TÉRATOLOGIE.
i" OBSERVATION d'un FOETUS ANENCÉPHALE ; par M. OuER (d'Orléans).
Le docteur Olier, d'Ovléans (I-oirel), a adresse à M. Rayer la description et le
squelette d'un fœtus anencéphale. Ce cas offre cela de remarquable que, bien
qu'il existât un spina bifida dans toute la longueur du rachis, la moelle épinière
n'était point détruite; elle formait un cordon aplati, bifurqué à son extrémité su-
périeare. Les nerfs rachidiens ne se continuaient point avec elle. Cette observa-
tion confient en outre quelques détails curieux sur les dilTicultés que présente
Je diagnostic de la position du fœtus pendant le travail. Voici le fait :
Le 9 mai i850, la femme ***, jardinière à Orléans, éprouve, à quatre heures
du soir, dans les reins et le bas-ventre, des douleurs assez vives, qui augmentent
avec rapidité d'intensité, et à six heures du soir elle accouche d'un fœtus mort,
du sexe féminin ; à six heures et demi, le délivre est expulsé naturellement.
Celte femme est à sa sixième grossesse. A la première, elle eut deux jumeaux
à terme, le premier mort-né ; le deuxième vécut quatorze jours. Deuxième gros-
sesse, fausse couche à troiS mois. A la troisième, l'enfant remue à quatre mois et
demi et jusqu'au cinquième mois. A celte époque, la mère éprouve des contra-
riétés ; dos lors l'enfant cesse de remuer jusqu'au neuvième mois, où elle accou-
che d'un enfant mort et mal conformé. Quatrième grossesse normale; l'enfant,
du sexe masculin, vit : il est âgé de 13 ans. Cinquième grossesse, fille, qui vit,
aujourd'hui âgée de 7 ans. A toutes ces grossesses, cette femme a reconnu immé-
diatement qu'elle était enceinte, à des dégoûts pour certains aliments, pour le
vin, puis à la cessation de ses règles.
Sixième grossesse. — Le 3 juin 1849, elle a eu ses règles pour la dernière fois;
elle les attend en vain le mois suivant. Son âge (43 ans) fait qu'elle croit être
arrivée à son temps critique. Elle n'éprouve aucun malaise, aucun dégoût, rien
qui lui fasse présumer qu'elle peut cire grosse. Sa santé, du reste, est très-bonne,
cependant elle voit son ventre augmenter lentement, sans songer un seul instant
qu'elle peut être grosse. Elle croit engraisser comme certaines femmes parvenues
à son âge.
Plus tard elle fut fort surprise de sentir remuer. Les mouvements sont fort
sensibles, même pour une main étrangère.
Le 2 avril 1860, elle éprouve de vives contrariétés, et elle ressent des douleurs
dans les reins et dans le ventre, principalement à droite. Ces douleurs, au bout
de quelques jours, cessent d'occuper le tronc; elles se propagent dans la cuisse
et la jambe gauche, et deviennent bientôt tellement violentes qu'elles arrachent
des cris à la malade. Le repos au lit est nécessaire. Tout le membre devient en-
107
fié; la peau est lisse, tendue, douloureuse, pouvant à peine supporter le poids det
couvertures. 12 sangsues et des cataptaBoies appliqués sur les points les plus
douloureux, un repos absolu pendant quelques jours, des boissons délayantes et
un léger purgatif enrayent cos accidents et permettent, au bout de dix à douze
Jours, ^ cette femme de reprendra ses occupations; elle conserve pourtant quel-
que douleur dans tout le membre, qui lui semble pesant pendant tout le reste de
sa grossesse.
Le 8 mai, à cinq heures, elle éprouve des douleurs assez vives dans le bas-
ventre, comme pour accoucher; elle sent remuer pour la dernière fois et me fait
appeler. La femme élanl couchée, le toucher permet de constater un amincis-
sement complet du col ; il est extrêmement dilaté. Son diamètre est d'environ
6 centimètres à H centimètres et demi. La peau des eaux est lisse, fortement ten-
due, large, non ^aillante, malgré la dilatation extrême du col ; elle est profondé-
ment située, et ii faut introduire le doigt tout entier pour y arriver. Dans l'in-
tervalle des contractions, les membranes continuent à être assez tendues, et bien
qu'on les déprime fortement, il est impossible de rien reconnaître au-dessous
d'elles. Sous l'effet d'une contraction énergique, elles se rompent, et une quantité
considérable d'eau est projetée en avant et jusqu'au pied du lit. La femme est
littéralement inondée; on peut estimer à 8 ou 9 litres la quantité totale des eaux
amniotiques. Au toucher, le doigt rencontre, au niveau du détroit supérieur, «n
corps rugueux, dur, hérissé d'aspérités; son volume égale celui d'un demi-ci-
tron. On croit toucher le sacrum dénudé. Le doigt était alors sur la partie pos-
térieure de la tête.
Dans la croyance d'une présentation du siège, je cherchai en avant le coccyx
et l'anus ou les parties génitales, mais en vain. Revenant en arnère et sur les
côtés, je trouvai l'oreille gauche du fœtus, puis la bonche, facilement recon-
naissnble aux arcades dentaires, à la langue et aux lèvres.
Pendant que je passais successivement en revue toutes les positions qui pou-
vaient me rendre raison du toucher, la matrice, en se contractant doucement,
faisait descendre le fœtus peu à peu dans le vagin, et finit par l'expulser complè-
tement.
Une fois dehors, le fœtus resta sans mouvement, malgré les soins qui lui furent
donnés. Le cordon fut lié et coupé. La peau était lisse, rosée, comme dans l'état
normal Les membres étaient bien conformés. Le poids total du fœtus pouvait être
de 3 livres à 3 livres et demie. Le col manquait complètement, et la tête, très-
petiie, semblait logée dans une excavation creusée dans la partie supérieure du
tronc. La poitrine était bien conformée; seulement la mâchoire inférieure, dé-
mesurément large, recouvrait le sternum, sur lequel elle était appuyée, et la peau
du menton se continuait avec celle de la poitrine. Un très-large sillon circulaire
indiquait 'tj limite de séparation enlie la face et le tronc. Le nez était court, re-
troussé; les yeux étaient fermés, dirigés en haut. Les globes oculaires n'avaient
pas plus de 0",007 de diamètre; ils étaient pourvus d'une rétine. La cornée était
lOS
terae. Depuis le bord supérieur âes arcades orbitairest la peaa manquait en ar^
rière sur toute cette surface rugueuse qui forme toute la partie postérieure de la
tête; elle était remplacée par une membrane fibreuse qui envoyait des prolon-
gements dans tous les interstices osseu;. Elle manquait encore dans toute la
hauteur de la paroi postérieure du canal rachidien jusqu'à la troisième vertèbre
lombaire. Sur ces parties dénudées s'étendait une membrane fme, collée anr les
parties profondes, et qu'on ne pouvait isoler sans la déchirer.
Le canal rachidien, ainsi ouvert depuis la base du crâne jusqu'à la région ré-
nale, laissait voir la moeHe sous cette membrane (lue et transparente, qui se con-
tinuait avec la peau au niveau de l'extrémité libre des apophyses transverses.
Cette moelle avait la forme d'un ruban aplati d'environ une ligne et demie d'é-
paisseur ; elle commençait à la base du crâne par une extrémité comme bifurquée
et coupée carrément. A cette extrémité , elle reposait sur un coussinet moitié
graisseux, moitié fibreux, qui remplissait l'excavation profonde que l'on voit en
arrière, à la place du col. En saisissant l'extrémité libre de ce ruban médullaire
avec une pince, on le détache avec une facilité extrême du canal, n'ayant à
rompre que (juelques filaments ceiluleux et fibreux placés <jà et là. Cette moelle
n'avait pas de rapport avec les nerfs, dont les origines ne commençaient que par
une seule extrémité, renfiée et ganglionnaire, placée dans les trous de conju-
gaison. Dans les mepibres et les troncs, les nerfs étaient bien développés.
La poitrine était large; le poumou n'avait pas respiré ; point de vice de con-
formation dans le.s organes tiioraciques.
De chaque côté de la tète se voyaient deux oreilles larges et allongées forte-
ment déjptées en arrière , et dont les lobules descendaient sur les épaules. Au
devant des lobules de ces oreilles et sur une très-petite étendue existaient quel-
ques rares cheveux, lea seuls qu'il y eût pour toute la tête. Cette absence de
cheveux avait été une diQlcuIté de plus pour le diagnostic de la position, lors do
toucher.
Les membres étaient bien conformés , les ongles flos, mous, mais suffisamment
développée. Enfin, pour terminer, on voit sur le squelette, outre le spina bifîda
complet, la soudure des quatrième, cinquième, sixième, septième côtes droites
et des apophyses transverses correspondantes, et une tendance à une soudure
analogue dans la septième côte gauche, dont les bords érodés étaient, dans l'état
frais, fortement resserrés par ceux de» côtes adjacentes.
2* REMAftQUÊS scR l'observation PRÉCÉDENTE; par M. Davainé.
Ce cas d'anencéphaiie, observé et décrit avec soin par le docteur OUer, offre,
dans les circonstances antérieures ou relatives à l'accouchement, plusieurs par-
ticularités intéressantes.
Au point de vue de l'étiologie, je rappellerai l'existenoo antérieure d'une gros-
sesse double, d'un avortomenl et de l'ucconchemeat à terme d'un fœtus mal
conformé, IMntervaile de onze mois entre la dernière époque menstruelle et l'ac-
i09
eouchemeot, l'abondance singulière dea eaux de l'aranlos, dont l'aneacéphale ob-
gervé par M. Lallemand offre un autre exemple remarquable.
Au point de vue de la physiologie, les mouvements du fœtus sensibles,
même pour une main étrangère, et qui ont persisté jusqu'au jour de l'accouche-
ment.
Le squelette de ce fœtus monstrueux présente les caractères qu'on observe le
plus ordinairement chez les anenccphales : c'est la proéminence de la mâchoire
Inférieure, l'épaississement générai des os de la face; au crâne, l'absence com-
plète de la voûte (la portion écailieuse du frontal, du temporal, de la grande aile
du sphc/ioïde, les pariétaux» manquant complètement; les deux occipitaux supé-
rieurs seulement se reirouvent, mais renversés de chaque côté de la portion con-
dylieune de l'occipit?.! et articulés avec elle et le temporal). La base du crâne
présente en dessus une surface convexe qui commence en avant aux arcades sur-
cilières, et se continue en arrière sans interruption avec la gouttière que forme
le canal rachidien, largement ouvert dans toute son étendue. Les os qui forment
normalement cette base se retrouvent tous, mais épaissis et d'une ossification
très-complète. Qnp'ques-uns, la petite aile du sphénoïde et les rochers, offrent
un développement exagéré.
Le rachis présente, dans la région du coi, une déviation antérieure extrême-
ment forte, qui comprend aussi les premières vertèbres dorsales. Le corps des
vertèbres, à partir en remontant de la sixième ou septième dorsale, parait s'être
développé par deux points d'ossification distincts, un pour chaque moitié laté-
rale. Celle séparation dans l'ossification des deux moitiés latérales du corps des
vertèbres est d'autant plus prononcée qu'on l'examine plus près du cot, où elle se
continue jusqu'à l'occipital. I^esos des membres, bien confornaés, n'offcent point
d'apparences de déviations.
Quoique le canal rachidien fût largement ouvert, ainsi que la cavité du crâne,
cependant la moelle épinière existait. Les détails donnés parle docteur Olier ne
peuvent laisser aucun doute à cet égard. L'exirémilé supérieure de celte moelle
était bifide, et les nerfs rachidiens ne se continuaient pas avec elle.
L'existence de ta moelle épiiiière, avec absence du cerveau et spina bifida
complet, a été fort rarement observée; cependant il existe dans la science quel-
ques faits analogues. Billard a observé chez un fœtus anencéphale, avec spmo
bifida, la persistance de la moelle épinière; mais, dans ce cas, la moelle con-
sistait en deux petits filets blancs, assez solides, contigus l'un à l'autre, et pré-
sentant dans leur ensemble le volume d'une plume de corbeau. En haut ils se
confondaient avec une substance pulpeuse, sanguinolente, contenue dans une
poche à la base du ci âne. Les nerfs rachidiens, n'ayant pas toutefois l'apparence
normale, nslss'dietil des parties latérales de chacun de ces filets. Oliivier (d'An-
gers), qui rapporte cette observation dans son Traité de la moeixe i^pinière
{2* éd., t. I, p. 1G7), cite deux autres cas, l'un observé par Zacchias et l'autre
rapporté par Manget, qui paraissent analogues à celui de Bitlard, autant qu'on
110
en peut Juger par la courte description qu'en ont donnée ces auteurs. Dans ces
différents cas, il existait à ia place du cerveau une tumeur ou une poche d'une
nature indéterrainée. Dans le cas de M. Olier, il n'existait rien de. semblable, et
l'on ne retrouvait point dans les téguments les restes d'une poche ou d'une tu-
meur qui se serait rompue pendant ou quelque temps avant l'accouchement. Si,
comme on a lieu de le penser, ce cas d'anencéphalie a été examiné avec soin,
il vient confirmer ce fait très-remarquable de l'existence des mouvements des
membres indépendants de toute communication des nerls avec la moelle épinière-
Ces mouvements ressentis par la mère dans le cas d'anencéphalie rapporté par
M. Lallemand, ont été bien constatés dans celui de M. Olier, et ont persisté jus-
qu'au jour de l'accouchement.
Les observations que l'on pourrait rapprocher de celle-ci, comme des exem-
ples de prolongation de la vie du fœtus pendant quelques instants ou même
plusieurs heures après l'accouchement, quoiqu'il y eût absence compièîe du cer-
veau et de la moelle épinière, sont en petit nombre, et n'ont pas assez d'authen-
ticité pour diminuer l'intérêt que mérite, sous ce rapport, l'observation de
M. Olier.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DK
^ r
LA SOCIETE DE BIOLOGIE
PENDANT LE HOiS DE JUILLET 1850
PAR
M. le Doctenr LEBERT, ■«cr«talr«.
Présidence de M. RATER.
I. — PUTSIOLOGIE VÉGÉTALE.
\* DE LA NATDRE DES COLÉORHIZES , ET DO MODE DE L'ACCROISSEMENT DE l'ÉCORCI
CHEZ LES RACINES ET LES TIGES ; par M. le lioctcur Ernest Germain (de Saint-
Pierre).
Le mode d'accroissement destig*?» a été, pendant ces dernières années, l'objet
de nombreuses controverses dont le résultat n'a pas été jusqu'à ce jour de porter
une même conviction dans l'esprit des observateurs: l'espoir de contribuer par
ëe nouvelles observations à une solution définitive de cette importante question.
112
m'a déterminé à pomsuivre assidûment l'étude de la structure, des racines qui.
jusqu'à ce jour, a éié beaucoup plus négligée que l'étude des tiges qu'elle devait
nécessairement éclairer.
Je rendrai compte dans cette noie des résultats auxquels j'ai été conduit par
l'examen d'un oigane accessoire de certaines racines, connu sous le nom de
coléorhize, organe regardé jusqu'ici comme une membrane assez insigniflante,
et dont l'origine était restée o! scure.
La coléorhize a été considérée comme propre aux végétaux de l'embranche-
ment des monocotylédoncs ; on la décrit comme une sorte de sac membraneux,
d'abord sans ouverture, qui renferme la radicule et qui ne larde pas à être per-
foré par celle radicule dès la première période de la germination de l'embryon.
J'ai constaté que chez les lii lacées, dans le genre allium. par exemple, la co-
léorhize n'est autre chose que la radicule ou racine primordiale elle-même qui
est traversée de haut en bas, selon son axe, par des racines nées postérieurement
et oui la réduiseiil à l'état dégaine; — que chez les graminées, au contraire,
chez le froment par exemple , la radicule primordiale que j'ai démontré
(BvLL. soc. PHiLOMATiQDE , 20 avril 1860) être la partie dorsale de l'hypoblaste,
reste rudimentaire et n'est pas traversée par la seconde racine; cette seconde ra-
cine se développe en dehors et en liberté et c'est elle-même qui est traversée par
une troisième racine et se trouve réduite à l'état de gaine ou coléorhize.
Voici donc la première racine pleine chez le froment, tandis qu'elle est con-
vertie en coléorhize ciiez les allium, et la seconde racine pleine chez les allium ,
tandis qu'elle est convertie en coîéorhyze chez le froment. — De ce fait qu'un
mémo organe est susceptible d'être racine pleine ou d'être racine tubuleuse en-
g: inantp, je conclus que les coléorhizes sont en réalité des racines qui se trou-
vent converties en gaines par suite de l'emboîtement d'une racine plus récente
qui descend dans leur axe et qui, étant douée d'une force de végétation plus ac-
ti\p, les traverse et continue son évolution au dehors.
Ce fait de racines qui s'emboîtent l'une dans l'autre est loin d'être propre aux
inonocotylédonés, les seuls végétaux auxquels on attribuait une coléorhize; au
contraire, il m'est facile de démontrer que chez les dicotylédones les raciries dites
pivotantes sont en réalilé composées de racines emboîtées. — On a toujours con-
sidéré la racine du radis Çraphanus sativus) cotnme le type d'une racine pi-
votante ; or cette racine est constituée dans l'origine par deux coléorhizes soudées
par leurs bords et qui descendent manifestement de la base de chacune des feuilles
cotylédonaires. Plus tard, de nouvelles racines descendent dans l'axe de la pre-
mière comme dans un tube et écartent par leur masse croissante les deux coléo-
rhises dont elle se composait et qui deviennent libres tantôt par lambeaux, tantôt
dans toute leur étendue (j'en ai rencontré adhérente» encore au pivot par leurs
exlréniiiés et libres seulement dans leur partie moyenne, au point où la racine
se rétrécit brusquement pour devenir fililorme). Or, les racines descendues entre
les coléorhizes ne durèrent des coléoihizes elles-mêmes qu'en ce qu'elles restent
113
adhérentes entre elles au lieu de devenir libres après avoir été adhérentes. En
effet, chez le radis, après la destruction ou l'écartement de la coléorhize, qui con-
stituait d'abord l'ëcorce colorée de la racine, on trouve une seionde écorce éga-
'ement colorée et de la même nature que la première, qui représente des coléo-
rhizes sous-jacentes ne difterant des premières qu'en te qu'elles restent sondées
à la racine pivotante.
Les coléiirhizes du raphanus sativus avaient avant moi attiré l'altentiou de
plusieurs observateurs; j'ai remarqué récemment que la racine pivotante des
cheno podium album, murale et hybridum est munie de coléorhizes qui ne
diffèrent en rien de celles du radis, et ces espèces ne sont sans douîe pas les
seules où cet organe est manifeste.
Quant aux racines pivotantes non coléorhizécs, il me semble évident qu'elles
ne diffèrent des racines coléorhizées qu'en ce que leur coléorhize reste adhérente
à la masse au lieu de s'en séparer.
Ce fait que les coléorhizes sont des racines étant bien démontré, il devenait im-
portant de connaître leur structure ; or, une coupe longitudinale de la racine du
raphanus sativus démontre parfaitement que les coléorhizes sont la continua-'
lion de la partie cellulaire de la base des feuilles-, quant aux faisceaux vascu-
laires des feuilles, on les voit se diri'.'er, à partir de la naissance de la coléorhize,
vers le centre du pivot dans lequel ils descendent.
De la structure des coléorhizes, il me serabh^ qu'il découle les conséquences
suivantes :
1' La base de la première ou des premières feuilles d'une plante émettant un
prolongement descendant, les feuilles suivantes, qui sont de même nature que
les premières, émettent de semblables prolongements sondés ou non;
2» La coléorhize des feuilles cotyiédonaires constituant l'écorce de la racine,
la partie analogue des feuilles suivantes constitue l'écorce de la lige ;
Z" Les faisceaux fibro-vasculaires que nous avons vus descendre avec les coléo-
rhizes (les feuilles cotylédonaires du radis, et se diriger vers le centre de la racine,
constituent, au niveau des feuilles caulinaires, la partie ligneuse des tises.
J'ajouterai, comme dernier argument, un exemple manifeste de coléorhizes ap-
partenant aux feuilles supérieures d'une tige aérieune. Dans la section armeria
du genre statice, il existe à la base de chacune des leuiiîes de l'involucre du ca-
pitule un prolongement libre beaucoup plus long qu'elles-mêmes; or, ces pro-
longements ont été à tcrl condamnes comme des éperons, car un éperon est une
dépression située au-dessus de la base d'une feuille et piésente une cavité ou-
verte, tandis qu'ici les prolongements sont situé.-* au-dessous de la base des feuilles
et ne présentent pas de cavité; ces prolongements sont donc de véritables coléo-
rhizes; ils descendent delà base des feuilles sans adhérer a la tige, et s'ils étaient
adhérents à la lige, ils en constitueraient l'écorce (écorce qui, dans le cas actuel,
est le prolongement des feuilles supérieures à celles dont les prolongements sont
libres).
ilZî
Ce fait écjaire le phénomène de la décurrenoe foliacée des feii1Ue«, si remar-
quable chez certaines espèce» de cirsitim, par exemple, où ces décurremccB dc-
cupent toute la longueur de l'entre-nœud ; il devieirt manifeste que ces décurren-
oes foliacées ne montent pas de la partie inférieure de la plante, mais descendent
de la base des feuilles, puisque chez le statice arJncria ces decurrences, qui
sont de la même nature que celles des cirsium, sont libres dès leur naissance
par leur partie inférieure.
Il résulte des observations précédentes, que les coléorhizes constituent, selon
la hauteur des feaiUes mèies, l'écorce de la racine ou l'écorce de la tige. H en
résulte surtout ce fait important dans la discussion non terminée sur le mode
d'accroissement des tiges, que cet accroissement, pour ce qui concerne l'écorce,
a lieu, en partie du moins, par suite de l'élongation de la partie cellulaire des
feuilles au-dessous de leur base.
II. — AWATOMIE COMPARÉE ET ZOOLOGIE.
1» NOTE SUR LE VOLVOX GLOBATOR ? par M. LAURENT.
M. Laurent met sous les yeux de la Société des volvoh globator^ dont les
uns ne contiennent que des gemmes et les autres que des corps oviformes ou de
yéritables œufs.
Les temmes, qui sont verdâtres, transparents et recouverts de cils vibratiles
eommelœ mères, sent quelquefois assez avancés dans leur développement pour
se mouvoir eft tournoyant darjs l'eau qui remplit la cavité sphéroïde du corps
de ces individus mères. Les individus gemmaires contiennent, a-t-on dit, d'autres
gemmes assea avancés «ux-mémes peur fie mouvoir de la même manière dans
ces individus gemmaires non encore nés. M, Laurent, qui en a observé nn très-
grand nombre pendant toutes les saisons de Tannée, n'a jamais eu l'occasion
d'observef dans l'état de tournoiement les deux générations emboîtées dans on
même volvox libre et nageant dans l'eau.: n a vu seulement les individus gem-
ipaires non encore nés se mouvoir en. tournoyant dans la cavité sphérique de
leur .mère et contenir les rudiments de leurs corps reproducteurs. 11 '.rapproche
C3 dernier fait de l'observation de M. Carus qui, avant ouvert le cadavre d'une
jeune fenmie morte en étal de grossesse très-avancée et celui du fœtus femelle^
tjouva dans les ovaires de ce fœtus ries ovules bivésiculaires concentriquemenl.
Ge qui permet d'admettre dans un seul individu trois générations, dont deux
sont eraboité«8 dans l'individu mère. L'observation ne permet donc point d'ad-
mettre remboîtemenl an delà de la troisième génération.
Les corps rrviformes, dont la nature n'avait point encore été constatée, sont
orangés et même rouges, opaques et toujours immobile?. Ehrenherg a considéré
]es volvox qui les contiennent comme appartenante une espèce différente qn'il
» désignée sous le nom de volvox avreus. M. Laurent, ayant conserve pendant
115
tout l'hiver ces corps oviformes rouges du volvox globaior^ les a vus éclore, et 'l
ea est sor^i de véi'itableB volvoa; globator très-verts, qai se soot eux-mêmes re-
produite par des corps gemmifonnes. Il recueillait cette observation dans les
vases placés dans son cabinet. Il s'empressa alors d'aller s'assurer si les vclvox,
qui avaient disparu pendant l'hiver dans les localités de la campagne où il avait
trouvé ceux dont il s'était procuré les œufs, reparaissaient, et c'est ce qui, en
elTet, avait lieu, et ces volvox de la campagne provenant, de même que ceux nés
dans les vases dans son cabinet, évidemment de ces corps oviformes rouges, ne
lui laissent plus aucun doute à cet égard.
Le volvox aureus d'Ehrcnberg ne doit donc plus être considéré comme une
espèce, ni même wmme une variété, ainsi qne l'avait proposé O.-F. Muller.
A l'appui de ce premier résultat de ses observations, M. Laurent met encore
sous les yeux de la Société un individu de volvox globator, contenant en même
temps quatre corps gemmiformes et quatre corps oviformes ; ce fait, dont il avait
fioupi^nné l'existence avant de l'avoir confirmé par l'observation, est assez com-
mun et prouve que chez les volvox, de même que dans les espèces gernmipaies
et ovipares en même temps, du règne animal, on trouve dans une même sjiisoo
des individus isolés se reproduisant les uns par gemmes, les autres par des œufc,
et d'autres individus produisant en même temps des gemmes et des œufs.
2* RÉSUMÉ on MÉHOIBE ZOOLOGIQCE SUR LES VIPÈRES DE FRANCE ; par M. DuGÈS.
Ce mémoire, destiné non pas à donner une monographie des vipères de France,
mais à relever quelques erreurs commises à leur sujet ou à combler des lacunes
de leur histoire, se divise en cinq chapitres.
Le premier chapitre est consacré aux descriptions ;
Le deuxième aux habitudes ;
Jie troisième au venin ;
Le quatrième à quelques auteurs cités ;
Le cinquième contient un corollaire du mémoire.
A. P/eux types auxquels se rapportent toutes les variétés dont on a fait souvent
4es espèces ou des genres, suiTisent pour renfermer les reptiles qui sont le sujet
de ce travail ; les voici en parallèle :
VIf'ERA ASPrS. PEUAS BERDS.
Tête plate uniformément. Grauula- Tête arrondie comme les coulea-
tions sur la partie antérieure; granu- vres, sans groin. Granulations anté-
i^tions acumiaées sur le milieu, Heures plus larges. Pas d'écailles acu-
minées.
Carénées sur l'occiput. Les carénées commencent après les
trois plaques.
Museau en groia. Ideto.
116
PEUAS BEBDS.
Trois larges écailles, dont la ptu»
grande est antérieure et placée entre
les écailles surciliaires.
VlPERJl ASPiS.
Une écaille surciliaire large, et or-
dinairement une autre entre les deux
crochets, faisant former saillie à la peau
sous les yeux.
Au pourtour inférieur de l'œil, écail-
les granulées.
Pupille verticale dilatable.
Narine en C, à concavité postérieure
et dans une fossette.
Tempes, surface massélérine, inter-
valle sous-oculaire, pourtour des na-
rines et granulutions autésiennes des
museau, sans oarèiies.
Écaille rostrale médiane triangulaire.
Voir les fig. A 1, 2, 3, 4.
Cou étroit.
Écailles carénées sur le corps et la
queue qui se termine par un ongle
corné.
Plaques simples sous la gorge, le
ventre et l'auus ; doubles sous la
queue.
Taille ordinaire, 70 centim.
La couleur est fauve, brune, grise, peu accusée.
Les pélias sont souvent roux, et chez eux l'iris est toujours d'un rouge san-
glant. Les mêlas appartiennent aux deux types. Le ventre varie du noir au blanc
presque pur. Les taches qui changent avec chaque individu, mais paraissent plus
constantes chez les pélias, ont pour type le dessin suivant : Une bande tr-ans-
Tersale devant les plaques surciliaires, et son milieu se prolongeant en forme
de T sur le crâne pour venir rejoindre le sommet d'un triangle qui s'épanouit
sur l'occiput. Ce triangle, à base postérieure, donne naissance à une rangée de
taches alternatives qui, par i'accolenient de leurs extrémités, forment le triangle
dorsal. Une marque au coin externe de l'œil et au-dessous une autre qui, pas-
sant sur li joue et le cou, s'arrête sur le commeD«;eîTient du tronc où elle esl
remplacée par une série de points alternant avec les taches du dos.
B. Les vipères aiment la chaleur et suriout la chaleur hum de ; elles se bai-
gnent et Jjoivenl volontiers, mais refusent ordinairemeui de manger en cap-
tivité.
Marche brusque, embarrassée, irrégulière.
Les vipères ne sont pas nocturnes.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Écaille rostrale pentagone, à base
inférieure.
Fig.B 1, 3, 3.
Cou moins étroit.
Idem.
Idem.
D'un quart plus petit.
117
On ne trouve guère les aspis que clans le midi ; mats cependant ie nord n'en
est pas coniplélement dépourvu.
Leur naturel est sauvage et irascible; mais on peut les loucher sans danger
quand on ue leur fait ni peur ni mal.
C. Le venin estjauue, visqueux. Les crochets conducteurs sont creusés d'un
canal ouvert à la base de la dent et à son sommet, en laissant à la face anté-
rieure une rainure qui s'efface quelquefois. Le venin parait agir bien plus vive-
ment chez l'homme que cbez les animaux; ainsi un lézard de muraille est mort
en une demi-heure; mais un orvet a résisté, et le venin pris sur lui et inoculé à
un lézard est reslé sans effet. Un triton idem. Une vipère qui s'implante elle-
même ses crochets d;ins la mâchoire inférieure n'en meurt pas. Viennent pour
l'homme les expériences de M. Dosoard qui cite 4 cas de mort et 7 .le guéri-
son par les frictions d'huile d'olive chaude et l'ingestion du même liquide à
hautes doses. Ligature, frictions d'huile, cautérisation, voilà les trois moyens
à employer successivement dans un cas de morsure.
D. Dans ce chapitre sont criliquées el jugées les figures données par Schle-
gel, ainsi que celles de l'atlas qui accompagne ie grand ouvrage de Cuvier, ac-
tuellement fini, le Règxe animal. Ces figures pèchent par les caractères essen-
Uels, quoique celles de Schlegel soient de beaucoup les plus mauvaises.
Richard, dans sa ZooLOiiiE médicale, se trompe sur la forme des morsures, et
ne décrit pas le pélias comme espèce venimeuse. Mérat et de Leui ont commis
une erreur aussi en ne donnant au col. cher sm-ji {pe lias berus) que 6 pouces de
longueur, et nié à tort, en France, l'existence des vipères noires. — Suit ia des-
cription des figures soit originales, soit copiées.
E. Corollaire. Deux espèces seulement en France, le pelias berus et le vi-
pera aspis.
Caractère bien moins redoutable qu'on ne l'a dit.
Venin plus actif chez l'homme que chez les animaux, et efScacité de l'huile
d'olive.
m. — AISATOMIE PATHOLOGIQUE .ET PATHOLOGIE.
!• KOTE SUR UN CAS DE PLEURÉSIE POBCLENTE, par M. GcBLER.
M, Gubler met successivement sous les yeux des membres de la Société les
pièces pathologiques prises sur deux sujets qui ont succombé l'un à une pleuré-
sie purulente, l'autre à une hydrocéphale aiguë.
Le premier était un jeune homme de dix-huit an$ malade depuis cinq .se-
maines lorsqu'il entra dang le service de M. Bouillaud, et présentant alors avec
une profonde cachexie tous les signes d'un énorme épanchement pleurétique à
gauche , développé à la suite d'un point de côté avec fièvre et mollement traité
9u début par un médecin de la ville. Au-dessus de cet épanchement, immédia-
tement sous la clavicule, on constatait au moment de l'entrée ce bruit exagéra
us
fourni par la p6rcu£Sion qui a été signaié pour la première fols par Skoda (de
VienneJ, et dont M. Gubif.r a déjà entretenu la Société dans une autre occasion.
IjCs vésicatoires volants réitérés, comlnnés aux diurétiques, n'eurent aucun suc-
cès ; un moment l'épancheraent augmenta encore, la malilé envahit les deux
premiers espaces intercostaux ; plus tard, il revint du son dans la même région.
Cependant le jeune homme, sollicité par ses parents, quitta l'hôpital où il fut
forcé lie rentrer au bout de quelques jours parce que son état s'était beaucoup
empiré. Tous les soirs, à la suite d'un frisson, la fièvre s'allumait pour s'apaiser
le matin : les sueurs étaient devenues excessives. A ces symptômes on soupçonna
que l'épanchement était devenu purulent. D'ailleurs une tumeur fluctuante ap-
parut dans la région thoracique antérieure gauche et ne laissa plus aucun doute
sur ce point en raison de la communication évidente du liquide avec l'intérieur
de la cavité pectorale. La mort ne tarda pas à survenir , et l'autopsie révéla les
lésions suivaniesv La cavité pleurale gauche renfermait un litre de pus phlegmo-
neux , mélangé de flocons albumineux , les deux feuillets de la plèvre étaient
épaissis par l'addition de fausses membranes organisées et couvertes de masses
molles jaunâtres, comme caseeuses. Sur !a paroi deux ouvertures arrondies pla-
cées, l'une au-dessus, l'autre au-dessous de la quatrième côte, conduisaient au
travers des intercostaux dans deux cavités purulentes séparées au niveau du
mamelon par une cloison irrégulière. Pas de tubercules dans les poumons. Ce-
pendant l'abdomen présente les lésions de ce qu'on nomme ia péritonite tuber-
culeuse qui chez ce sujet était restée à peu près ialente, comme cela se voit
souvent. Ces lésions consistaient en un peu d'épanchement avec des fausses mem-
branes stratifiées et parsemées de granulations opaques.
" 2» NOTE SUR UN CAS d'hydrocéphale AIGU; par le même.
Voici en quelques mois l'histoire du deuxième sujet. C'est un homme de
28 ans, coiffeur, sur les antécédents duquel on n'a aucun renseignement. Le
lundi 16 juillet , au milieu d'une bonne santé , il se sent à son réveil sous l'in-
fluence d'un violent mal de tète ; néanmoins il se lève pour ouvrir sa boutique,
mais il est forcé de se recoucher; dans la journée se produisent des vomisse-
ments, la nuit suivante est fort agitée; le mardi , la céphalalgie persistant aa
même degré, il se manifeste quelques troubles du côté de l'intelligence, puis de»
hallucinations et bientôt un délire si violent que plusieurs personnes suffisent k
peine à maintenir le malade dans son lit.
A cette exaltation fébrile, à ees niouveinents désordonnés succède un calme
trompeur; alors les membres sont seulement animés de quelques secousses ; par
moments ils se roidissent, ou bien ils tombent dans le relâchement. Pendant ce
temps-là le malade semble avoir perdu connaissance ; c'est alors qu'on le trans-
porte à ia Charité. Au moment de la visite du soir il était dans le coma; ses
membres présentaient une résolutiwi complète sans être d'ailleurs tout à fait pri-
119
vés de motililé ni de sensibilité : car chacun d'eux à peu près indilTéremment s«
contractait sous l'influence d'une piqûre ou d'une aulie épreuve douloureuse.
La respiration stertoreuse , la précipitation et l'irrégularité du pouls font pré-
voir une issue funeste et prochaine. En effet, la mort arrive le lendemain 18.
A l'autopsie on trouve la pie-mère cérébrale fortement congestionnée , le tissu
cellulaire et les espaces sous-arachiioifdiens sont infiltrés de sérosité transpa-
rente ; l'arachnoïde présente au voisinage des scissures de Sylvius quelques gra*
nu lations blanches opaques du volume d'une tête d'épingle; l'une d'elles plus
grosse que les autres est pédiculée , flasque quoique résistante sous le doigt et
peut équivaloir A un grain de chènevis. La substance corticale du cerveau n'ad-
hère pas notablement à la pie-mère : le cerveau est gônéralemeiU mou et sablé;
mais les parties centrales sont converties en une sorte de pulpe ou de putrilage
inodore.
L'altération porte principalement sur la voûte à trois piliers , le septum lucl-
dom et la surface des ventricules latéraux ainsi que du troisième ventricule.
Une sérosité trouble comme du petit-lait baigne toutes ceè parties, et par l'agita-
tion on développe dans son ^ein les lambeaux de la membrane ventriculaire, des
filaments vasculaires et des débris des parties afi'HCtées de ramollissement.
M. Gubler a apporté aussi la calotte crânienne du même individu pour faire
remarquer à la Société l'existence d'une plaque osseuse, d'apparence vermoulue,
sur chaque pariétal. Ces plaques, épaisses d'un millimètre environ et larges de
quatre centimètres en diamètre, sont d'un blanc laiteux qui tranche sur la nuance
jaunâtre du reste de l'os; elles sont aussi plus mates et doivent leur aspect ver-
moulu aux sillons vasculaires très-nombreux dont elles sont creusées : le scalpel
en détache très-facilement des lambeaux, ce qui n'a pas lieu pour la table interne
des os du crâne en général. M. Gubler, qui a rencontré déjà des couches osseuses
semblables chez des hommes, les croit de nouvelle foimationet les rapproche de
celles qui ont été si bien décrites chez les femmes récemment accouchées par
M. le docteur Ducrest.
3* NOTE SDR CNE TUMEUR INDÉTERMINÉE DES OS MAXILLAIRES DU BOEUF;
par M. Davaine.
M. Davaine présente deux mâchoires inférieures et une supérieure du bœuf,
offrant toutes les trois une tumeur considérable. La nature de ces tumeurs^n'a
point encore été bien déterminée; elles sont indiquées sous le nom à'ottéo-sar'
corne dans les ouvr:iges de médecine vétérinaire. Ces pièces pathologiques, re-
mises à M. Rayer par M. ColMgnon, vét<*nnaire inspecteur de l'abattoir Mont-
martre, sont assez rares; car sur plus de aOO bœufs reçus dans cet établissement,
trois seulement ont offert celle maladie. Ces trois bœufs provenaient des prairies
marécageuses des environs de la Ro^-helle.
Premier cas. — Sur l'une des mâchoires inférieures, la tumeur, qui gccupe
If côté droit, est assez considérable pnur rendre ce côlc de la face extrêmement
120
difforme. La peau qui recouvre les parties tuméflées offre plusieurs ouvertures
fistuleuses. L'os maxillaire, considérablement augmenté de volume, forme la
plus grande partie de la tumeur. A la surface de cet os, le derme, le tissu cel-
lulaire sous-cutané et le périosie sont confondus, épaissis, dégénérés, plus denses
et comme fibreux; ils résistent sous le scalpel. Dans ces parties indurées existent
plusieurs foyers d'où, pjir la pression, l'on fait sortir une matière d'un gris jau-
nâtre, ayant l'apparence du tubercule ramolli; mais examinée au microscope,
cette matière n'offre point les caractères du tubercule ni des débris bien distincts
de pus altéré. En d'autres points l'on trouve une matière pulpeuse, mollasse,
d'apparence fongueuse, d'une couleur jaune rougeâtre, qui, malgré la pression
exercée sur les parties voisines, reste adhérente aux parois du foyer qui la con-
tient. Cette matière, examinée au microscope, n'offre point de cellule cancé^
reuse. Quant à l'os lui-même, l'on constate, par des coupes faites en divers sens,
que ses tables interne et externe sont considérablement écartées par une matière
morbide semblable à celle qui se trouve dans le tissu sou&<cutané. Cette matière
existe en quelques points à l'état d'infiltration. En d'autres points, elle forme
des masses plus ou moins volumineuses, quelques-unes aussi grosses qu'an mar-
ron, qui ont écarté, raréûé ou détruit les mailles du tissu osseux ; de sorte que
celles qui occupent la surface de l'os se confondent avec les produits morbides de
la couche sous-cutanée. Çà et là quelques portions de l'os maxillaire sont épais-
sies et irrégulières. Le canal dentaire, les vaisseaux et les nerfs qu'il renferme
sont intacts. Les dents, implantées dans la tumeur, sont pour la plupart vacil-
lantes. Le tissu de la gencive est ramolli et comme fongueux.
Deuxième cas. — Sur l'autre mâchoire inférieure existe une altération sem-
blable.
Troisième cas. — Quant au troisième cas, dans lequel la tumeur occupe la
mâchoire supérieure, l'altération des tissus est de la même nature que les deux
précédentes.
La dégénérescence envahit principalement la tubérosité maxillaire et le bord
alvéolaire. Les dents sont fortement déviées; le sinus maxillaire est presque
effacé.
En résumé, ces tumeurs consistent ;
1» En une altération très-complexe du système osseux, raréfié dans une cer-
taine étendue, condensé et hypertrophié dans d'autres points plus limités;
2» En production d'un tissu fongoïde plus ou moins ramolli;
3« En de petites masses d'une matière jaune qui n'a point les caractères mi-
croscopiques du tubercule ni celui du pus, mais qui est peut-être une transfor-
mation de ce dernier produit morbide ;
4° En un épaississement et une induration du périoste et du tissu cellulaire souS'
cutané.
Les autres parties du squelette n'offraient point de tumeurs analogues, et,
d'après le témoignage de M. Collignon, il n'existait dans les viscères de ces ani-
131
raaux aucune traoe soit de dégénérescence cancéreuse , soit de dégénérescence
tuberculeuse. La dénomination â'ostéo- sarcome, qui a été généralement em-
ployée pour désigner des dégénérescences cancéreuses des os , ne devrait donc
pas être appliquée à ces tumeurs, qui paraissent constituer une altération parti-
culière des os.
Note m secrétaire. — L'examen d'une de ces pièces m'a démontré qu'il s'agit,
dans ces cas, d'une hypertrophie du tissu osseux et de celle du tissu cellulaire
qui revêt les aréoles osseuses. Celui-ci a subi l'altération flbro-plastjque, qui,
dans bien des endroits, est infiltrée d'une quantité notable de matière grasse et
granuleuse.
4" OBSERVATION SUR UNE TDMECR Ét>rrHÉLIALE DU CUÏE CHEVELU, AYANT DÉTRUIT EN
PARTIE LES os DE LA VOUTE CRANIENNE, ET PRÉSENTANT UNE STRUCTURE TOUTE
spéciale; par M. Rouget, interne des hôpitaux.
La femme Rosalie Robin, épuisée par de longues souffrances, à l'époque de
son entrée à l'hôpital ( hôpital Saint-Ântoine, service de M. Chassaignac, salle
Sainte-Marthe, n" t), paraît avoir joui autrefois d'une bonne constitution. Elle
est d'une famille saine ; elle a eu elle-même plusieurs enfants qui vivent et sont
'bien portants.
A l'âge de 25 ans, cette femme s'aperçut qu'elle portait sur le sommet de la
tête deux petites tumeurs, de la grosseur d'une noisette, indolentes même au
toucher, mobiles, molles, dégarnies de cheveux, présentant en un mot tous les
caractères des loupes, si fréquentes dans cette région.
A 40 ans, ces tumeurs avaient à peine acquis le volume d'une noix, lorsque la
femme Robin fut frappée à la tète par une branche de framboisier, dont une
épine pénétra dans une des loupes. Cette ponction accidentelle donna issue à
une matière d'un blanc crémeux, peu liquide, semblable à du fromage blanc, au
dire de la malade. Les suites de ce léger accident étant négligées, la petite plaie
ne se referma pas. La tumeur ne causait toujours aucune douleur, et la femme
Robin n'y apportait d'autre soin que de la presser tous les jours et d'en faire sor-
tir quelques parcelles de cette matière alhéromateuse dont nous avons parlé. La
santé générale est du reste excellente.
La femme Robin a un enfant, le nourrit elle-même. Quelques années après, les
règles se suppriment sans causer d'autres accidents que linéiques douleurs lom*
baires, et pendant dix ans encore la femme Robin continue à jouir d'une santé
excellente. Les deux tumeurs, toujours indolentes, augmentaient lentement
de volume : en trente ans, elles avaient à peine atteint ce'.ui d'un œuf de
poule.
A 60 ans, les choses étant déjà dans cet état, Rosalie Robin fait une chute de
voiture et tombe sur le sommet de la tête, précisément sur le point où étaient
situées les deux tumeurs. Une hémorrhagie assez abondante a lieu. Quinze Jours
après, de vives douleurs, des clr.nceœents insupportables^ se montrent dans le»
122
tumean», qui s'accroissent rapidement et égalent bientôt le volume du poing. En
même temps la petite plaie, qui depuis vingt ans était restée stationnaire et avait
à peine un demi-centimètre de diamètre, s'élargit rapidement. L'ulcération qui
en résulte donne lieu presque tous les jours à un écoulement de sang très-abon-
dant. La suppuration est aussi Irès-abondante et très-fétide. La femme Robin se
décide alors à consulter un médecin, qui lui conseille de ne rien tenter pour lu
guérisim de sa maladie.
Cinq ans se passent, pendact lesquels la constitution de la femme Robin s'af-
faiblit lentement sous l'influence, tant des hémorrhagies répétées que des élance-
ments, des douleurs violentes, dont les tumeurs sont le siège.
A 65 ans, une nouvelle exacerba! ion.a. îiéu dans la maladie. La tumeur re-
commence à croître et atteint bientôt un volume énorme. L'ulcération, de son
côté, fait des progrès, mais plus en surface qu'eu profondeur. Enûn, il y a deux
ans, deux tumeurs nouvelles apparaissent vers l'occiput. Dès le début, elles sont
le siège de douleurs violentes; elles s'accroissent rapidement, acquièrent le vo-
lume du poing, et rejoignent bientôt la première tumeur, qui n'occupait que le
sommet de la tète.
Au commencement de juillet 1850, lorsque la malade, alors âgée de 68 ans,
entre à l'hôpital , elle est dans un étit d'épuisement profond. La face est d'un
jaune de cire, boufQe, légèrement œdématiée, ainsi que les pieds et les mains. La
femme Robin mangea peine; elle ne dort plus, tant les douleurs sont vio-
lentes. Ses forces sont épuisées, la respiration même se fait difficilement.
La région crânienne est surmontée d'une tumeur énorme qui s'évase vers le
haut, et présente assez bien le volurne et la forme d'une toque ou d'un turban-
La face supérieure de cette tumeur est largement ulcérée, inégale, bosselée,
présentant çà et là des excavations, des anfractuosités. La surface de l'ulcération
est d'un gris rougeâtre et saigne très-facilement. Quant à la tumeur elle-même,
elle est formée de plusieurs bosselures volumineuses, dont quelques-unes sont le
siège d'une véritable fluctuation.
Pendant le séjour de la malade à l'hôpital , deux hémorrhagies assez abon-
dantes ont lieu par la surface ulcérée. La suppuration est excessivement abon-
dante et très-fétide. L'ulcération gagne de plus en plus en profondeur, et ses
progrès sont encore accélérés par une cautérisation avec le crayon de potasse
caustique, pratiquée par M. Chassaignac. Les os eux-mêmes, détruits par les pro-
grès de l'ulcération , laissent bientôt apercevoir la dure-mère à nu, et il est
facile de constater les battements du cerveau.
Cependant les forces de la malade déclinent de jour en jour ; la respiration est
de plus en plus gênée. Bientôt elle tombe dans un assoupissement continuel, et
enfln succombe dans un état véritablement comateux.
L'autopsie a lieu le 26 juillet, trente-six heures après la mort.
Tous les viscères sont parfaitement s^ins, sauf le cerveau, qui, dans le point
123
correspondant au fond de l'ulcération, présente une teinte d'un grU Terdàtre qui
s'étend à toute l'épaisseur de la substance grise.
Les ovaires sont couverts de petits kystes séreux. Un petit corps fibreux, de la
grosseur d'un giain de maï^, existe dans la paroi postérieure de l'utérus.
Examen de la tlimeur. — Les cinq sixièmes de la tiimnur ont disparu ; aux.
limites de la région qu'elle occupait, Il existe seulement une espèce de couronne,
constituée par ses débris. La voûte crânienne est presque enlièrernent à nu. Les
0!=, recouverts seulement d'une couche rainée de tissus malades, sont dénudés
dans beaucoup de points. Leur surface est érodée, couverte de petites fossettes
parcourues elles-mêmes par d'innombrables sillons vermiculaires. Au milieu,
une large solution de continuité laisse apercevoir la dure-mère, recouverte en t*>
pcMnt de plaques d'un blanc grisâtre, épaisses à peu prés d'un millimètre. A la
région frontale existe encore une des bosselures de la masse primitive, présen-
tant tié.-*-iteltemenl la fluctuation que nous avons signalée : c'est un kyste du
■volume d'un œuf, entièrement rempli d'une substance gélaliniforme, aréolaire,
seniblal.'îe à de la matière colloïde.
Quant 3(ix portions de la tuuieur qui restent encore, ce n'est pas sans étoone-
ment qu'au lieu de matière cancéreuse que l'on s'attendait à y rencontrer, on ies
trouve constituées par une substance d'aspect singulier : presque entièrement
composée de petits grains blanchâtres, pour la plupart de la posseur d'un grain
de chènevis, beaucoup ont à peine le volume d'une tête d'épingle; quelques-
uns égalent presiine une petite noisette. Ce sont de petits kystes logés dans une
espèce de ganiiue, amorphe, d'un blanc mat, sèche à la coupe et d'apparence psu
vasculaire, à laquelle ils adhèrent si peu qu'on peut les extraire très-facilement
avec la poinie du scalpel. On trouve de ces kystes dans toutes les portions de la
tumeur et à tous les degrés de développement. Dans certains points, ila parais-
sent constituer toute la masse ; dans d'autres, ils sont épars au milie^ d'une sub-
siance finement grenue. Quelques-uns de ces petits kystes sont logés comme dans
une alvéole, dans de petites fossettes creusées à la surface des os.
La peau qui recouvre ces débris de tumeur paraît saine en grande partie; elle
est garnie de cheveux et n'adhère pas aux tissus malades, qui, au contraire, font
en quelque sorte corps avec les couches subjacentes.
Le» kystes renferment tous, dans leur intérieur, une matière demi-liquide,
d'apparence caséiforme, qui ne se dissout pas dans l'eau, mais s'y divine à l'infini.
L'examen microscopique nous montre cette matière constituée entièrement
par des cellules épidermiques polygonales, en partie déformées et détruites; mais
en grattant les parois des kystes, on obtient de petites masses caséiformes plus
consistantes, qui, traitées par l'acide acétique, se résolvent en cellules épidermi-
ques entières et à noyau très-évident. Nulle part je n'ai trouvé de cristaux de
cholestérine. Les parois mêmes des petits kystes paraissent constituées , dans
toute leur épaisseur, par des cellules épidermiques. Ces mêmes cellules parais-
sent être aussi l'élément constituant de la gangue où sont logés les kystes.
J'ai dit qne, dao* certains points de )» tumeur où les kystes étaient moins nom-
breux, on voyait une substance flnement grenue. Examinée à de faibles grossis-
sements, cette substance paraît entièrement composée d'ufricules glandulaires
pédicuiées et réunies en grappe. Il ne m'a pas été possible d'isoler, dans cette
masse, le conduit excréteur commun. A de plus forts grossissements, ces utri-
oules montrent, à travers une paroi enkystée, un contenu grenu de cellules pro-
bablement épidermiques. Enfin cfts mêmes cellules constituent les plaques grisâ-
tres qui recouvrent la face externe de la portion de la dure-nièrc dénudée.
BAPPOHT SUR l'observation PRÉCÉDENTE; par M. LeBERT.
Dans la précédente séance, M. Robin nous a déjà rendu compte, d'une manière
générale, de divers travaux présentés à la Société par M. Rouget ; cependant l'ob-
servation actuelle est un cas si rare, si unique dans la science, qu'un rapport
epcciil, rapprécialion de la nature de cette affection, ne sera pas, nous l'espé-
rons, sans intérêt pour la Société.
Nous voyons une femme arrivée à l'âge de 68 ans, qui offre tous les signes
d'une cachexie fort avancée, présentant au cuir chevelu une va?te tumeur, lar-
gement ulcérée au centre, au point que les battements du cerveau sont distinc-
tement aperçus au fond de l'ulcère. Au premier abord, en faisant abstraction
des antécédents et des résultats de l'examen anatomique, rien ne paraît plus lé-
gitime que de porter le diagnostic du cancer encéphaloïde ulcéré. 11 n'en est rien
cependant, et nous rencontrons ici un de ers cas fort Instructifs qui démontrent
la différence qui existe entre l'étude sérieuse de tous les caractères cliniques et
autres d'un p.'-oduit morbide, et celte pathologie des impressions qui, loin d'ap-
profondir, base ses doctrines sur un examen souvent superficiel, sur des analo-
gies plutôt apparenie.s que réelles, et qui a jeté tout ce qui a rapport an cancer
dans une confusion inextricable. Depuis quelques années seulement, ces opinions
commencent à faire place à des doctrines plus vraies, basées sur l'application des
méthodes exactes dans l'observation clinique et le» études microscopiques comme
complément indispensable de l'étude anatomique.
Dans ce rapport, nous nous proposons de démontrer que, pour le cas actuel,
la marche de la maladie montre déjà qu'il ne s'atjit pas d'une affection carcino-
tnatense -, l'autopsie cadavérique fournit ensuite les preuves incontestables de
ce fait, et nous serons conduits à compléter la détermination de sa véritable
nature.
Avant d'entrer dans ces détails, rendons justice avant tout à la sagacité avec
laquelle M. Rouget a su apprécier, sinon tous les détails, au moins les traits
principaux de cette altération remarquable; et si, sur plusieurs points, nous
cherchons à rectifier ses opinions, nous ne sommes pas moins convaincus qu'il
a fallu être doué d'un bon jugement et mettre beaucoup de discernement à
reconnaître, d'une manière juste et vraie, plusieure caractères essentiels de ee
produit morbide.
125
JetoDB d'abord un coup d'œil sur la marche de la maladie.
Pendant trenle-cinq ans, cette femme porte des tumeurs enkystées au cair
chevelu, avec l'innocuité qui caractérise cette affection ; et pourtant, à l'âge de
40 ans, une épine de framboisier avait pénétré dans l'une des tumeurs, et une
fistule s'était établie dès cette époque, qui donnait itsue à de la matière sébacée.
A cette première violence extérieure vient s'ajouter, à l'âge de 60 ans, une autre
beaucoup plus grave. Elle fait une chute d'une voiture, elle tombe sur le som-
met de la tète et s'y fait une plaie assez considérable pour avoir une forte hé-
morrhagic ; les tumeurs sont meurtries et fortement contuses ; aussi s'accroissent-
elles rapidement, deviennent-elles douloureuses, et la petite fistule de l'une
d'elles, qui depuis vingt ans avait existé .<ans imonvéoient.se transforme en ulcère.
Cependant l'orage se calme jusqu'à u:i certain point, la santé générale reste assea
bonne, et pendant cinq ans encore les tumeurs s'accroissent, l'ulcération fait des
progrès incessants, des hémorrhagies fréquentes ont lieu, et pourtant la constitu-
tion ne subit que des altérations lentes et graduelles, qui s'expliquent parfaite-
ment par le maWocal. Ce n'est qu'à l'âge de 65 ans qu'une nouvelle exacerbation
a lieu, et c'est pendant les deux dernières années que des nombreuses tumeurs
apparaissent sur divers points de la tête. L'ulcération, par ses progrès naturels,
use dans une large étendue une partie des os de la tête; la dure-mère en consti-
tue bientôt le fond; la surface du cerveau lui-même s'enflamme et hâte la mort
de la malade. La suppuration abondante, les hémorrhagies fréquentes avaient de
plus en plus miné sa consiiîution.
Lorsqu'on tient compte de l'absence de tout engorgement de glandes lympha-
tiques, de l'absence de tumeurs dans d'autres points du cuir chevelu, de la mar-
che lente, de la nature toujours strictement localisée, de l'affection, des accidents
simplement consécutifs à des violences externes, on est déjà par cela même au-
torisé à écarter le diagnostic d'un vrai cancer, et à envisauer l'affection comme
l'inflammation, l'ulcération et la multiplication de tumeurs enkystées du cuir
chevelu.
A l'autopsie, on constate l'absence de toute lésion viscérale, et on ne voit qu'un
mal purement local avec les conséquences de sa propagation sur place. M. Rouget
qui, avec beaucoup de modestie, dit qu'il n'est qu'au commencement de ses
études microscopiques, reconnaît rependant et aflirme, sans hésiter, que tous les
caractères à l'œil nu et microscopiques du tissu cancéreux manquent totalement;
et l'examen ultérieur, fait par M. Follin et moi, confirme pleinement cette ma-
nière de voir. On trouve rie nombreuses tumeurs dans la partie profonde du
derme, variant entre le volume d'une tête d'épingle et celui d'une noisette, dont
l'étude m'a conduit à n'y voir autre chose qu'un développement tout à fait in-
solite de glandes sébacées. En effet, on voit, dans les plus petites, les lobules de
ces glandules, et dans toutes uneextrémitée pointue et allongée, qm correspond
à leur conduit excréteur, et leur structure montre une membrane anhyste d'en-
veloppe, des lamelles superposées d'épithélium à la face interne, et un contenu
126
«ébacé et éplthéllal dans leur cavité. Noua y avons vainement cherché des clé-
ments pileux, et l'opinion de leur origine par des follicules pileux doit être eom
plélement rejetée. Ces petits kystes étaient partout faciles à cnucléer, et bon
nombre d'entre eux s'étaient creusé des fossettes à la surface des os du crâne. La
substance intermédiaire entre ces kystes ne nous a présenté qu'un tissu fibroïde
avec des éléments fibro plastiques, infiltré çà et là d'amas d'épiderme. NoUs
n'avons pas pu constater l'existence des feuillets cpidermlques à la surface de
la dure-mère, ce qui tient probablement au fait que îa pièce était déjà un peu
altérée lorsque nous l'avons étudiée. La perte de substance, assez étendue dans
les os du crâne offre, comme l'a du reste fort bien reconnu M. Rouget, tous les
caractères d'une usure moléculaire insensible, suite d'un travail ulcéreux, lent
et progressif.
1! résulte donc, d'une manière non douteuse, que l'affection a eu son siège dans
les glandes sébacées dès le début et jusqu'à la fin, et que la destruction, pendant
les dernières années, n'était due qu'à l'ulcération progressive d'une de ces tu-
meurs qui, occupant une large surface, usant tous les plans sous-jacents jus-
qu'aux enveloppes du cerveau, donnant lieu à une suppuration abondante et sa-
nieuse, h -les îiéinorrhîigies fféquenies, devait fatalement altérer la santé géné-
rale, amener un état cachectique et htter la fin par l'atteinte du cerveau.
Ce qui donne à cette observation un cachet spécial, c'est que nous ne connais-
sons pas d'autres exemples dans la science dans lesquels un nombre si prodi-
gieux de tumeurs glandulaires se serait développe à la tête ; car, d'un autre côté,
l'inflammation et l'ulcération d'une tumeur sébacée volumineuse ne constitue
pas un fait extrêmement rare. Nous avons, entre autres, observé un exemple de
ce genre, en 1843, dans le service de M. Bérard, à l'hôpital de la Pitié, et dans
ce cas, comme dans d'autres analogues, on avait cru que la tumeur avait dé-
généré, ce que l'exa-iien ultérieur de la pièce réfuta complètement.
En jetant à présent un coup d'œil sur tous les détails de cette observation cu-
rieuse, on peut se convaincre, une fois de plus, qu'un diagnostic juste et exact
est la plupart du temps possible, lorsqu'on s'en lient plutôt à l'observation qu'à
l'autorité des doctrines. Nous avons également, par ce cas, une nouvelle preuve
combien peu la bénignité ou la malignité des tumeurs peut constituer un principe
de classification.
La communication de M. Rouget nous paraît en tous cas constituer un beau
titre pour appuyer plus laid sa candidature à la Société de biologie.
50 TDUEIIR ENKYSTÉE D'UNb GLANDE SÉBACÉE MONTRANT LE CONDUIT EXTÉRICDR
OBLITÉRÉ; par M. Lebebt.
La tumeur dont il s'agit avait le volume d'une petite noix ; elle prenait son ori-
gines dans les lames profondés du derme et s'étendait de là dans le tissu cellu-
laire sous-cutané. Elle avait été extirpée avec \A peau ambiante ; il était- facile de
127
l'énucléer. Sa composition montrait les éléments ordinaires des tumeurs enkys-
tées, et, en outre, une hypertrophie flbro-plastique et comtne mamelonnée de la
paroi de cette giande sébacée hypertrophiée.
La partie importante et instructive de cette pièce était une autre tumeur beau-
coup plus petite, du volume d'un petit haricot, qui se trouvait dans le proche
voisinage de la première. Après l'avoir énuclcée, on lui reconnaît une surface
lobulée un peu allongée, et on arrive par une dissection soignée à la suivre jus-
qu'à un petit conduit excréteur d'un derai-roillimèlre de largeur et de 4 a 5 mil-
limètres de longueur, que l'on voit se perdre dans la substance du derme, tout
près de sa couche épidermique. L'intérieur de cette tumeur montre tous les élé-
ments épidermiques gras et sébacés, que l'on rencontre dans les tumeurs enkys-
tées de cette nature. Le conduit excréteur est oblitéré; il est d'une teinte jaune
pâle ; on voit fort bien son origine à la surface de la petite tumeur, avec laquelle
il est en rapport de continuité incontestable.
Nous avons donc ici la preuve anatomique directe d'un fait que nous avons éta-
bli depuis longtemps.d'après l'examen microscopique, savoir : que les tumeurs
dites enkystées de la peau ne sont autre chose que des glandules sébacées dis-
tendues et hypertrophiées par suite d'une oblitération de leur conduit excréteur.
En extirpant dernièrement une tumeur de es genre, nous avons été frappé du
fait que l'énucléation ayant été faite partout avec un même soin, il n'y a eu
qu'une portion située à la surface et presque sur le milieu du sommet de la tu-
meur, qui paraissait beaucoup plus fortement adhérente au derme et où la tu-
meur avait été légèrement entamée, et nous sommes à nous demander si ce n'est
pas là l'endroit où la glande s'abouchait dans son conduit excréteur.
6° PLACENTAS PROVENANT ï>E FEMMES sYPHiUTiQCEs ; par le même.
Deux placentas provenant ^'enfaiits yenus a» monde, l'un et l'autre d'une
mère syphilitique atteinte de symptômes secondaires, m'ont été communi-
qués par l'obligeance de M. CuHerier. J'y ai trouvé une altération asser remar-
quable, savoir.des granulations jaiines, d'apparence tubereuieuse, en quantité con-
sidérable entre les feuillets de l'amnios. Ces granulations., qui étalent ou isolées
ou groupées ensemble, du volume d'une tête d'épingle ou tout au plus d'un grain
de chènevis, avaient à l'œil nu la plus grande ressemblance avec Ips tubercules
miliaires. Le microscope montre de plus, dans leur intérieur, des corpuscules
semblables à ceux du tubercule. Dans l'un de ces placentas, il y avait en outre
à la surface des points plus volumineux de la grosseur d'une noisette et au delà
d'une substance blanchâtre d'apparence fibrineuse, situés dans le voisinage de
l'insertion du cordon ombilical. Ils se montraient, en effet, composés de fibrine
à l'examen microscopique et résultaient probablement d'anciens épanchements
sanguins.
Nous signalons le fait sans en tirer pour le moment de conclusions.
128
7* PRODUCTION CORNÉE AU FRONT ; EXAHEN MICROSCOPIQUE ; par le même.
Une femme déjà âgée é(ait entrée au service de M. Grisolle, à l'hôpital Saint-
Antoine. Elle dit avoir eu depuis un grand nombre d'années beaucoup de ces
cornes, qui étaient toujours à la même place, et qui, au bout d'un certain temps,
étaient tombées pour se reproduire ensuite. La dernière a amené un accident £.s?ez
grave. Un chirurgien a voulu la lier à sa base, il s'en est suivi une inflamma-
tion très-vive et un érysipèle du cuir chevelu qui a fait succomber la malade. La
corne, qui m'a été communiquée par l'obligeance de M, Grisolle, est tournée en
spirale; elle a a centimètres de hauteur, ce qui ferait de !0 à II, si elle était
déroulée, et elle offre une épaisseur de i5 millimètres; elle paraît sur toute sa
longueur striée et comme composée de couches longitudinales ; en pratiquant des
coupes dans divers sens et en soumettant ces coupes à l'examen microscopique,
on peut se convaincre aisément que toute la corne est de formation épidermique ;
elle est composée de feuillets épidermiques comme coinifiés, qui, sur une coupe
longitudinale, ont une apparence presque fibreuse, tandis que sur une transver-
sale, on les voit former des couches concentriijues dans lesquelles on reconnaît
également des feuillets épidermiques, sans noyau, se présentant par place de pro-
fil et dans d'autres de face. Au centre de ces touches concentriques on voit dis-
tinctement un certain nombre de coupes de vaisseaux sanguins remplis encore
d'un plasma rougeàtre qui teint en rouge l'eau dans laquelle on délaye ce^ tran»
ches. 11 y a de plus sur cette coupe des lacunes complètement vides.
En disséquant la base cutanée de cette tumeur, nous n'avons point pu décou-
vrir comme origine un follicule sébacé ; mais 11 est vrai que l'inflammation qui
a entraîné la mort de la malade peu^ avoir bien notablement modifié cette base.
TV. — TÉRATOLOGIE.
FADX BERMAPHROWSMK (ANDROGYNE MASCULIN GURLT.) OBSERVÉ SDR CM
CHEVREAU: par MM. Rayer et Bernard.
Un chevreau, âgé de 6 mois environ, fut adressé à M. Rayer par M. le doc-
teur Lenepveu, médecin à la Cbataigueraie (Vendée). Cet animai, bien portant,
ne présentait aucun autre vicw de conformation en dehors de son hermaphro-
disme apparent.
!• Organes géniiaux externes. — Il existe au périnée, à 4 ou 5 centim. au-
dessous de l'anus, un prolongement légèrement rosé, simulant une sorte de pé-
nis imperforé ou de ciitoris recouvert eu partie par un fragment de peau qui
joue Je rôle d'uu prépuce. Immédiatement au-dessus de cette verge avortée,
entre elle et l'orifice de l'anus, on remarque une fente longitudinale, tapissée
par une membrane muqueuse et par oii s'échappe rurine pendant la miction de
i'^nimal.
139
On voit au dehors deux testicules contenus dans un scrotum qui occupa &«
position normale, et qui se trouve par conséquent situé bien au devant de l'ou-
verture urinaire ci-dessus indiquée (à environ 6 centim. plus bas et en avant).
On remarque encore immédiatement en avant des testicules deux mamelons
assez allongés et recouverts de poils.
2* Organes génitaux internes. — D'abord il a été constaté que les organes
urinaires n'oflraient aucune anomaiie, La vessie était disposée comme à l'ordi-
naire, eî le canal de l'urètre se continuait depuis le col vésical jusqu'à l'ouver-
ture urinaire extérieure. Seulement il recevait dans sa portion membraneuse la
comaïunicalioD de deux conduits séminifères et d'une sorte de matrice,
La matrice de cet androgyne se trouve placée sur la ligne médiane, entre la
vessie et le recteur. Elle a généralement la conGguration d'une matrice nor-
male se terminant en haut par deux cornes et se continuant t<i bas avec un
conduit qui représente le vagin et vient s'aboucher dans la partie membraneuse
du canal de l'urètre. Les cornes de la matrice sont de la grosseur d'une plume
de corbeau à leur origine, et vont chacune en diminuant successivement de ca-
libre et dégénèrent en une sorte de ligament rond qui s'accole au canal défé-
rent, l'acccompagne jusqu'à la tête de l'épididyme où il se perd en se confon-
dant avec le tissu cellulo-tibreux de l'enveloppe du testicule sans qu'on paisse
nettement préciser cette terminaison. A leur origine, les deux cornes utérines
sont perforées, ainsi qu'on le constate en y poussant un liquide coloré; mais
bientôt ce liquide s'arrête et toute la portion qui accompagne le cordon sper-
malique est iniperforée. Le corps de cette matrice ne présente rien d'anormal,
si ce n'est un très-peiit volume ; il se continue en bas avec une cavité beau-
coup plus spacieuse qui représente le vagin ; mais qui au lieu de communiquer
au dehors vient s'ouvrir dans la portion membraneuse de l'urètre par un ori-
fice rétréci. Il résulte de cette disposition que, chez cet animal, c'est le vagin
qui s'ouvre dans l'urètre au lieu que ce soit, comme dans lecas normal, l'urètre
qui débouche dans le vagin. Cette espèce de vagin était considérablement dilatée
par Taccumulation d'une assez grande quantité de liquide ayant l'apparence
du pus. Examiné au microscope, ce liquide contient en effet des globules de
pus mêlés de beaucoup d'autres corpuscules de fornje indéterminée. On n'a
pas pu y constater la présence d'animalcules speraïaîiques.
Les deux testicules, qui étaient normalement descendus dans le scrotum, pré-
sentaient leurs enveloppes et leurs vaisseaux disposés comme à l'ordinaire.
L'épididyme régulièrement conformé donnait naissance, pour chaque testicule,
au canal déférent qui rentrait dans le venire eu étant accompagné, ainsi qu'il a
été dit, par le prolongement ligameuleui provenant des cornes de la motrice.
Après être rentré dans le bassin, le canal déférent, de chaque coté, venait se
placer en arriére du vagin et suivait sa face postérieure pour venir s'ouvrir
dans la portion spongieuse du c?nai urctral, iûimédiatenienl à côté et un peu
en arriére de l'orilice appartenant à la communication urétro-vaginale. Prés de
130
rioseriioD des con^wiîs sémifuiëres daos l'urètre et en dehors d'eux, se irou-
TaH une vésicule séminale. Chaque canal déférent communiquait avçc sa vési-
cule «orrcspopdaute. Un liquide blanchâtre renipUssuit chacune des deux vési-
cules fémioales. Examiné au microscope, on y a constaté des globules particu-
liers et des laraelies d'épithélium, mais on n'a pas pu y découvrir de spermalo-
zoaires.
COMPTE RENDU
DES SEANCES
DE
LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PENDAIfT LE MOIS D'AOUT 1850 ;
»AB
M. FOLLfN , secrétaire.
Présidence de M. RATER»
I. — AlVATOMIE.
1° GLANDE CACDALE DES eori.EUVRES ; par M. DCGÈ*.
Covier CEI à peu près le seul auteur qui, dans son Anatomie couparcr, ait in-
diqué sous la queue des couleuvres femelles une glande sécrétant l'humeur dé-
fensive dont elles aspergent les doigte quand on les saisit. M. Dugès a disséqua
ces glandes, et, contre l'assertion de Cuvier, il les a aussi trouvées chez les mft-
léfi. I) prétend en avoir vu aussi chez les vipères.
132
M. Dugès présente i la Société plusieurs pièces destinées à établir son
opinion.
II. — PHYSIOLOGIE.
!• NOUVELLES RECHERCHES SI3R LES CONTRACTIONS DE LA PEAU PRODUITES PAR LE
GALVANISME ; par M. Brown-Séquard.
La Société a vu , dans la séance du 8 septembre )849 (voir les Comptes ren-
dus, n»9, septembre !849), que la contractîlité de la peau, chez i'hommc, peut
être mise en jeu par un courant électro- magnétique. Quelque? mois après,
M. Kolliker a publié dans son journal (Zeitschrift fur wissenschaftliche Zoo-
logie) une note sur le fait découvert par M. Brown-Séquard. M. Kolliker n'a vu
la chair de poule se produire que dans un cercle d'un demi-pouce à 1 pouce de
circonférence ; M. Brown-Séquard a vu quelquefois la chair de poule envahir jus-
qu'à la presque totalité de la peau d'un membre. A quoi tient cette différence?
Elle provient surtout de ce que l'observateur allemand employait des conduc-
teurs humides dans leur point d'application à la peau, tandis que M. Brown-
Séquard employait des conducteurs secs. Voici, du reste, quelques-unes des
principales causes de variation dans l'énergie et l'étendue des contractions de la
peau :
r Toutes choses égales d'ailleurs, la chair de poule est d'autant plus étendue et
d'autant plus prononcée que le courant est plus fort.
2' Pendant un certain temps, qui varie entre vingt et quarante minutes, chea
des individus différents, la chair de poule s'accroît toujours de plus en plus en
étendue et en énergie.
3* La partie de la peau sur laquelle sont appliquées les extrémités des conduc-
teurs doit être sèche, lorsqu'on veut produire des effets puissants sur une large
surface. Tout le monde sait que, quand on applique sur la peau des conducteurs
humides, le courant traverse presque perpendiculairement la peau, qu'il gagne
aussitôt les muscles ou les autres organes sous-cutanés, qu'il provoque des mou-
vements et n'occasionne guère de douleur. Au contraire, quand les conducteurs
sont secs, le courant ne pénètre, qu'un peu ou pas du tout dans ies parties sous-
cutanées, et alors il n'y a pas de mouvements, mais la tensibilité cutanée est vi-
vement mise en jeu.
Lorsqu'on applique, par exemple, deux conducteurs, se terminant chacun par
une petite plaque mélallique, l'un au poignet, l'autre au milieu du bras, on voit
presque aussitôt, si ces plaques et la peau sont sèches, la chair de poule appa-
raître tout autour des plaques et au-dessous d'elles. La partie de peau atteinte de
chair de poule a la forme d'un cercle qui s'agrandit peu à peu. Au bout de dix à
quinze minutes, au lieu d'un cercle, on voit une ellipse, dont le grand diamètre
est sur la ligne d'union d'un pôle à l'autre. Les deux ellipses, en s'étendant, »c,
rapprochent l'une de l'autre, et quelquefois finissent même par se toucher et n'en
faire plus •lu'une seule. En expt-rimentant comme nous venons de le dire, on
133
voit, dans la plupart des cas, à moins que l'on n'emploie un courant très-faible, la
chair de poule occuper un espace bien plus étendu que celui signalé par Kol-
liker. Du reste, même en employant des conducteurs humides, on peut, che*
certains sujets, obtenir des effets plus étendus que ceux vus par KolJiker.
Le biologiste allemand croit que la chair de poule n'est pas due à unecontrac»
tion du tissu cellulaire de la peau j i! l'attribue exclusivement à la contraction
des fibres-cellules musculaires qui se rencontrent à l'entour des bulbes des
poils. M. Brown^Séquard se refuse à admettre cette opinion exclusive. Il lui sem-
ble que le nombre des fibres-cellules musculaires, dans la peau, est trop faible
pour qu'on puisse s'expliquer, par ia contraction de ces fibres seules, la chair de
poule et les rides produites par le galvanisme. Non-seuiemenl l'anatomie a mon-
tré à Kolliker lui-même que ces cellules musculaires sont rares à la peau, mais
encore la chimie n'a pas jusqu'ici démontré l'existence de la fibrine dans la
peau, ce qui aurait été fait si le nombre des. Isbres-cellules n'y était très-minime,
puisque, comme l'a découvert Kolliker, les fibres-cellules de la peau sont Identi-
ques à celles qui composent les muscles iuletitinaux. et doivent consequemment
contenir de ia fibrine.
M. Brown-Séquard a cherché à résoudre la question de savoir si c'est bien sur
la peau elle-même ou sur les nerfs moteurs des fibres contractiles cutanées qu'agit
le galvanisme. On comprend que chez l'homme à l'état normal, par suite de la
douleur occasionnée par le «ai vanisme, il puisse y avoir une réaction des cen-
très nerveux sur les nerfs moteurs de la peau, ainsi que cela a lieu dans les
émotions; mais M. Brown-Séquard a vu la peau se contracter chez des paralyti'
ques, et c'est même dans des cas de para ysie qu'il a vu les plus fortes contrac-
tions de la peau. Ce fait parait démontrer que c'est par Texcitation directe du
galvanisme, el non pas par suite d'une action du système nerveux, que la peau
est prise de contractions quand on la galvanise. Néanmoins il est permis de con-
seiver des doutes à cet égard. En effet, on pourrait supposer, malgré le peu de
probabilité de cette supposition, que, dans ces ras, les nerfs moteurs de la peau
n'étaient pas paralyses, bien que les nerfs moteurs des muscles locomoteurs voi-
sins le fussent. M. Brown-Sétiuard a essayé de lever ia difficulté de la manière
suivante : il a coupé le nerf facial et le nerf sous-e.rbitalre, d'un côté, chez des
cobayes; huit jour.s après, il a galvanisé la lèvre supérieure paralysée, et il y a
vu la chair de poule se produire aussi bien que sur la ièvre non paralysée des
mêmes aniniaux. ki certainement 1rs centres nerveux re pouvaient plus agir sur
la lèvre paraljsee. Reste ia queslion de savoir si le galvanisme agissait directt-
tement sur les fibres contractiles ou par l'intermédiaire des ramuscuie.^ nerveux.
La première de ces deux opinions est infiniment pins probable que l'autre; C4ir
si l'autre était vraie, il faudrait qu'il y eût entre its nerfs animateurs des mus-
cles locomoteurs et les nerfs animateurs des fibres contractiles de la peau celte
différence que les premiers, séparés des centres nerveux, perdent leur propriété
en moins de cinq ou six jours, tandis que les seconds conserveraient leur pro-
13A
prlété au delà d« ce terme. Or rien n'autorise à supposer une telle diîTérencn. Il
y a donc lieu de croire que le galvanisine peut mettre directement en action les
fibres contractiles de la peau.
1* TRODBLES SDHTEKANT DANS L4 NVTRITIOM DE t'OEIL , FAR SUITE BE Lk SECTIOU
d'une moitié LATÉRALE DE LA HOELLE ÉPiNIÈRE, AU DOS; par le même.
Tout le monde connaît les résultats singuliers que produisent sur l'œil la sec-
tion du nerf trijumeau dans ie crâne ou l'extirpation du ganglion cervical supé-
rieur. Tout le monde sait aussi que Texistence d'helminthes dans le canal intes»
Una!, ainsi que ceituines atrections de la moelle épinière, peuvent amener des
troubles dans la vision ou même des maladies de l'œil, et quelquefois une amau-
rose complète. M. Brown-Séquard vient de trouver un fait qu'on peut rapprocher
de ceux-là. Sur neuf cochons d'Inde auxquels il avait coupé une moitié latérale
de la moelle épinièie h la hauteur de la dixième, de la onzième ou de la douzième
vertèbre dorsale, ii en a vu quatre offrir des altérations plus ou moins considé-
rables de l'œil correspondant au côté coupé de la moelle.
Dans un des quatre cas, l'altéraiion a consisté d'abord dans une opacité de la
cornée; puis la conjonctive s'est enflammée, et l'inflammation a gagné la cornce.^
Au bout de quelques jours , il existait une ophthalroie purulente des plus in-
tenses. La cornée a été en partie détruite ; l'œil s'est vidé, et l'on a pu voir alors
que le cristallin et l'humeur \itrée avaient conservé leur transparence. L'.inirnal
est resté borgne.
Sur un second animal, quatre jours après l'opération faite à la moelle, la cor-
née a présenté un sillon oblique de haut en bas et d'avant en arrière. Le lendc-
lâain, ce siiion était plus profond et ses bords étaient opaques. Le surlendemain,
toute la cornée était opaque. Elle resta ainsi cinq jours, au bout desquels l'o-
pacili^. disparut, et il ne resta aucune trace du sillon assez profond qui s'y était
montré.
Sur un troisième animal, vingt heures après l'opération, la cornée présentait
on 5illon opaque. Dix heures phis tard, toute la cornée était opacifiée. L'animal
mourut cinquante-cinq heures après l'opération ; il existait alors une kérato-con-
jonctivite intense. En ouvrant l'œil, on reconnut que ses parties ii;térieures étaient
h l'état sain.
Sur un quatrième animal six jours seulement après l'opération, on aperçut un
court et léger sillon opaque sur la cornée. Le lendemain, la rornee était un peu
opacifiée. Deux jours plus tard, tout avait disparu, et la cornée ciait revenue à
l'état normal.
Des cinq autres cochons d'Inde opérés, un mourut trois jours après l'opération,
sans que l'œil ait été altéré. Les quatre autres ont survécu ; leurs yeux, exami-
nés avec soin chaque jour, pendant plus de deux mois, n'ont présenté aucune al-
tération.
Comment re rendre compte de cette singnlière altération de l'œil ? Y a-t-il un
i35
lien organique spécial entre i^œil droit, par exempte, et la moitié droite de iû
moells épinière? Quelle est la nature de ce liert et par quelles voies s'opèrc-t-in
Pourquoi enfin ce lien n'exisle-t-il que chez certains individus? Ce sont là des
questions à résoudte. l'onr essayer de le lai;e, M. Browi -Séquard se propose de
couper une moitié de nioi^lle dans dive;«es réjjioris voisines ou éloignées de celle
que nous avons indiquée ci-dessus ; il se propose aussi de produire des lésions sur
les ganiîlions du grand syinjwlhiquedans l'abdomen.
Avant de terminer, nous devons signaler nn fait bizarre : il semble que si un
œil s'altère apiès la scirtion d'une moitié latérale de la moelle, on devra quelque-
fois voir les deu\ yijx, ou au moins l'un des deux, s'altérer après la section de
toute la moelle, c'est-à-dire de ces deux moitiés latérales. Eh bien! jusqu'Ici
M. Brown-Séquard n'a jamais vu rien de semblable, malgré la raulUplicitc extrême
-de ses expériences. (Séance du 22 juin.)
a» viviPAKiTÉ DES COULEUVRES ; par M. DUGËS.
M. Dugès tait part à la Société de quelques remarques sur la presque viviparité
de certaines couleuvre-^, segardce jusqu'alors comme ptoblémaliqueou due à une
influence de domesliiité.
Api es avoir conservé pendant quelque temps une couleuvre lisse de Fontaine-
bleau {col. austriacui), il vil un jour autour d'elle sept à huit petits vivants,
«ans nulle liace d'œufs autre que quelques matières glaireuses. Ces petits avaient
été pondus pendant la nuit. Plus tard, nn chasseur de reptiles assura a M. Dug^s
que toutes les couleuvres lisses étaient vivipare?.
Aujourd'hui (30 août i850) Al. Dugès a vu une couleuvre {col. austriacus)
pondre onze petits entourés (l'tmp membrane transparente à Iravei a laquelle on
distinguait paifaitemeut iebjeunessfirpeiils. Quelques-uns étaient morts; d'autres
ont pu être délivrés de leur enveloppe et de leur reste de vitellus, et être conser--
vés vivants.
En examinant l'objet rejeté par la couleuvre, on trouvait successivement et do
dedans en dehors :
1» Le petit animal, loois de, 16 centimètres^ apte à vivre delà vie ordinaire;
dans les mâles, les pénis étaient sortis de leur fourreau et érigés ;
2* Le cordon ombilical, attenant à un reste de vitellus d'euviron 2 centimètre?
de rtiamèlre;
3' Une mi mbrane enveloppant rallantoïde;
4» Une Une membrane de prol( ction, qui paraît être l'analogue de celle qui
tapisse l'intérieur de ta coqiiile chez l'oiseau. Dans ces couleuvres, la membrane
externe de l'œuf ne s'incruste pas de sels calcaires à son passage dans les ovi*
doctes. Dépourvu de protection, le petit serpent vient au. monde tout forme, tan-
dis que, dans l'œuf des autres couleuvres, on trouve l'embryon à peine ébaucbf
quelques iieures après la ponte.
136
Les ovaires ne montrent aucune trace d'œufs ; ils sont complètement vide»,
«xcepté à leur extrémité , où l'on remarque une douzaine d'ovules non îé~
condes.
Le cloaque et les orifices oviductears sont fortement ecchymoses.
liL — AKATOMIE PATHOLOGIQUE.
1* DC PJED PLAT; par M. J, GUÉRIN.
M. J. Guérin présente quelques considérations sur une variété de picd-bpt dont
ii met un exemple sous les yeux de la Sociélé. Cette [orme de pied-bot, qui avait
été mise en dehors des desciiplions classiques, c'est le pied plat, auquel les sec-
tions tetidirieuses sent aussi applicables. En rappelant ces faits, M. J. Guérin
montre un jeune enfant qui porte un pied-bot varos équin d'un côté, et de l'au-
tre un pied pial tel!em<'iil e:sagéré que la surface planln ire est tonvexe. La ré-
traction des muscles extenseuit. du pied est des plus manifestes.
Cet enfant porte aussi les traces d'un spina bifida guéri. En efi'et, au bas de
la région lombaire, on aperçoit un petit tubercule qui surmonte un enfoncement
trace du trou par lequel sorîait le liquide du spina bi/ida.
M. J. Gucrin communique aussi à la Société des pièces et des dessins relatifs à
cette variété de pied plai. Sur un des dessins, on remarque une grande tension
du jambier antérieur, de l'extenseur commun et des péroaier», en même temps
qu'une tension correspondante du tendon d'Achille.
Sur une pièce sèche, on volt une convexité de ia surface plantaire des os du
pied.
3* ÉRVPTiOK BCLiEUSE SDR vNc ÉpinocHSj par SA. Raver.
M. Rayer montre une cpinoche dont les deux (Aléa de la région dorsale ofirent
des ampoules pleines d'un liquide transparent. Quelques bulles plus petites se
voient du côté de la queue. Rien d'analogue à une pareille éruption bulleuse n'st
été signalé jusqu'alors dans la classe des poi.-sens.
3' EXAttEN MICBOSCOPtQIJE Î>'VH DÉPÔT D'URATE ALCALRi (TOPHUs) DANS LES
AKTIUL'LATIONS DU TARSE ; par M. R0O6ET.
Cette pièce provient d'une femme de 40 ans en viron^ destinée aux dissections.
Toutes les articulations paraissaient parfaitement saines. Le pied lui-même ne
présentait aucune déformation : mais en ouvrant les articulations du tarse du
pied droit, on les trouva remplies par une matière blanche, demi-liquide, ayant
tout à fait l'aspect cl la consistance de la crème ou de la substance blanche de la
moelle épinière. Les ligaments et les cartilages articulaires ne présentaient au-
cune altération. Le siège de ce dépôt morbide porta M. Rouget à penser qu'il de-
vait être rapporté aux dépôis tophacés de la goutte^ bien que les tophus fussent
des concrétions solides.
137
En soumettant une petite portion de cette Ëubstance à l'action de l'acide acéti-
que oa de l'acide nitrique faible, M. Rouget vit sous le microscope la niatière
crayeuse se dissoudre et immédiatement apparaître d'innomhrubles cristaux de
formes variées, mais appartenant toutes aux formes cristallines attribuées à l'acide
urique.
Cette première expérience démontra que le dépôt était constitur par l'acide
urique uni à une base, la soude peut-être. L'aoidc acétique ou nitrique, en s'em-
paiantde la base, avait déterminé In cristallisation de l'acide urique mis en
liberté.
En examinant à de forts grossissements la ni.itière tophacée contenue dans la
cavité articuluire, et en soumellani de très-Iegers fragments de celte matière à
l'action de l'acide acétique, M, Rouj;et a cru remarquer que l'urate alcalin était
contenu à l'intérieur de cellules analogues à celles qui revêtent l'intérieur de la
synoviale. Ainsi ce sel serait contenu, sous forme de dépôts granuleux, à l'inté-
rieur des cellules épithéliales di; la f^jnoviaie. Ce qui le prouve, ajoute M. Rou-
get, c'est que, dans un cas, je pus voir très-nettement, dans un groupe de quatre
ou cinq squammes, traitées par l'acide acétique, les granules intérieures dispa-
raître, les parois coUuiaires elies-niénies se dissoudre, et en même temps, dan»
le même point, se former et s'accroître, à mesure que les cellules disparaissaient,
un groupe de cristaux d'acide urique.
D'aillcuis, ce déiôt minéral à l'intérieur de cellules n'est pas saus exemple,
tant s'en faut, dans les êtres organisés. Ciicz les végétaux, on sait que le» cris-
taux qui constituent i(S raphides se développent à l'intérieur de cellules, et l'oa-
Bification des cartilages du fœtus a lieu en grande partie par le dépôt de phosphate
terreux à l'intérieur des cellules du cartilage.
Cette observation me parait éclairer le mode de formation des tophus. Ces to-
phus ne sont en réalité qu'une altération de la sécrétion de la synoviale. Le»
cellules de l'épithéliura pavimenteux s'imprèanent d'un dépôt d'urale alcalin;
elles se d<'tachent, tombent dans l'intérieur de la cavité articulaire, et au lieu de
ae dissoudre, d'être résorbées comme cela a îieu dans l'état normal, elles s'ag-
glomèrent, forment des amas qui se condensent de plus en plus par la résorp-
tion des par'ies liquides et organiques, et constituent les concrétions topbacées.
Lorsqu'on eFt à même, con)me je l'ai été, d'examiner ces dépôts tophacés, pour
ainsi dire à l'état naissant, on y rencontre les cellules épithéliales libres, isolées
et con?ervani encore leur forme caractéristj'que ; mais plus lard ces cellules s'en-
tassent, se confondent, se soudent en quelque sorte pour constituer les concré-
tions topbacées, dans lesquelles on ne distingue plus autre chose que le dépôt
terieux.
LeuweDhoexîk est d'ailleurs, que je sache, le seul micrographe qui ait examiné
la consijtiition intime de ces concrétions tophacép». Dans la figure qu'il en a
donnée, on retrouve les fines aiguilles criêtailints et les granules innombrables
dont j'ai parlé, el de plus on y TOit quelques plnqtses obscures, irrégulières, qui
t38
poarraient bien être des ccliulea épitliéliales. Il a obtenu aussi, à l'aide d»; fii
chaleur, des cristaux d'acide urique, dont l'acide acétique détermine si prompte»
mer.t la formation.
4* DU FLCIDE NOURRtCIER DES VERS A SOIE; par M. GoËRIN-DlÉNEVlLLE.
M. Guérin-Méneviile fait connaître à la Société le résultat de ses études sur le
fluide nourriciei des insectes, et spécialement des vers à soie, en santé et en ma-
ladie. Il résulte des observations de M. Guérin-Méneville que le fluide nourri-
cier, ou le sang des vers à soie en bonne santé, est rempli d'une quantité innom-
brable de glol>u!c8 sphéroïdes, de grosseurs inégales, contenant d'abord une
sorte de nucleus central et uniforme, qui se divise plus tard en granules rénifor-
mes, lesquels se portent p!us lard en<ore à la circonférence. Arrivés là, ces cor-
puscules produisent à la paroi des alobules des iiosses, la crèvent et sortent pour
constituer de nouveaux globules.
Dans l'état pathologique des vers et des papillon?, ces corpuscules sortis de»
globu!«s, ne trouvant sans doute pas dans le liquide ambiant les conditions né-
cessaires à la production de nouveaux globules, tiemeurent dans ce liquide, s'y
meuvent comme des animalcules microscopiques, et le ver à soie ou le papillon
ne tarde pas à mourir de consomplion.
Quand les veis ont été infectés par des sporulcs ou graines de cryptogame, qui
leur donnent la maladie nommée museardine,ces petits corpuscules animés, que
M. Guérin-Méneville a nommés hématozoïdes, croissent en longueur, perdent
leurs mouvements, s'allongent encore et finissent par former les thallus ou raci-
nes du ciyptoijame qui constitue la musiardine.Si on laisse une goutte de ce sang
sur une lame de verre exposée à une humidité chaude, ces racines ne tardentpas
à émettre des rameaux qui se couvrent bientôt de graines, et l'on obtient une
touffe de botrylis muscardiniques identiques à ceux qui couvrent les versa soie
morts muscardins dans les ma;:naneries.
Cet état du sang, qui semble anormal dans les larves ou chenilles, parait être
l'état normal de celui des pnpillons ou insectes parfaits qui ont terminé tontes
les phases de leur vie. Dans tous, les papillons qui ont fini leur ponte, M. Guérin-
Méneville a trouvé le sang très-pauvre en globules normaux et rempli à'héma-
tozoïdes k tous les degrés de développement, depuis le corpuscule animé jus-
qu'au rudiment très-développé du thallus du végétal muscardinique. Il déduit
des faits qu'il a observés ia loi naturelle suivante :
« Le fluide nourricier des vers à soie, des lépidoptère» en général et probable-
ment de tous les insectes, se renouvelle continuellement et par une sorte de gé-
nération de ses globules pendant la vie de ces insectes ; mais quand ils ont satis-
t»il au vœu de la nature, quand ils ont assuré leur reproduction, ce rcnou?clle-
ment devenant inutile, Il s'opère des changements physiologiques, des modifica-
tions chimiques qui donnent ordinairement lieu à la transformation des éléments
139
•nhnaak en élémenls vëgétau)(, lesquels tendent à remettre cette matière^ désor«
mais inutile sous celte forme, dans la circulation générale. »
6* D0 SYNCHISIS ÉTINCELANT; par M. LeBÏIRT.
M. Lebert montre des cristaux decholestérinc provenant de l'humeur aqueuse
d'un homme qui présentait les symptômes du synchisis et incelant.
6* KYSTE piLEiix DE l'ovaire ; par M , FoixiN.
M. Foilin donne quelques détails sur un kyste pileuï de l'ovaire trouvé sur une
femme de 46 ans, qui a succombé à un cancer de l'estomac. Ce kyste, contenu
dans l'ovaire droit, est divisé en deux loges. La plus grande contient seulement
des poils et une matière graisseuse et épilhélialcf la plus petite renferme un frag-
ment osseux dont la forme générale est celle d'un petit maxillaire inférieur, et
une dent qui parait être une première molaire. Les poils sont pourvus d'un bulbe;
la dent est encaissée dans une sorte de capsule fibreuse, et adhère légèrement au
fragment osseux.
T CONCRÉTIONS TOPHACÉEs ; par M. Lecomte.
M. Leeomle donne les rcsuli.its qu'il a obtenus en examinant chimiquement
des concrétions tophacées provenant des articulations d'un goutteux ; il y a
trouvé beaucoup d'acide urique, pas de soude, mais de la potasse.
rV. — PATHOLOGIE HUMAINE ET COMPARÉE.
1° LIPOME DE LA CAVITÉ ABDOMINALE ;. par M., MOYMER.
Le diagnostic des tumeurs de l'abdomen a, dans ces derniers temps, acquis
un grand degré de précision ; cependant il est souvent obscurci par la présence
de certaines tumeurs que l'on rencontre rarement et que par cela même, dans
un cas donné, l'esprit du praticien n'admet guère probables.
M. Eugène Moynier a mis sous les yeux de la Société un etemple de ces tu-
meurs, raremf ni observées dans la clinique, et dont la science n'a enregistré
qu'un petit nombre d'exemples. Une femme de 47 ans entra, au mois de juillet
18S0, à l'hôpital Saint-Louis, dans le service de M. Nélaton, pour y être traitée
d'Un cancer de rutcruo.
Cette femme était d'une faible constitution et affaiblie par sa maladie, qui da-
tait de piusieur» amiée» et s'accompagnait surtout de niétiorrhagles. D'une
grande maigreur, elle ne se plaignait d'aucun trouble dans le* fonctions diges-
tives, n'avait ni constipation ni diarrhée; toutefois, elle éprouvait des douleurs
pendant la défécation cl l'émission des urines, surtout dans les derniers jours de
sa vie.
Le 5 août, elle fut prise de Msson, de douleurs vives dans l'abdomen, avec ho-
140
quet, nausées, vomissements, ballonnement du ventre, difficulté plus grande
encore dans l'émission des urines.
Le 6, les accidents s'aggravèrent, et la mort survint le 7.
A l'autopsie, on constata les lésions de la péritonite ; épanchement de pus et
de sérosité dans l'abdomen. Le pus est surtout abondant dans le petit bassin. Le
cul-de-sac recto-utérin est le siège d'une perforation qui donne pasirage à la sanie
sécrétée par un vaste ulcère cancéreux pccnpant le vagin, les débris du col de
l'utérus, la paroi recto-vaginale et vésico-vaginale.
Les autres viscères n'offraient aucune altéralion; les i;fingIions hjpogastri-
ques et lombaires n'étaient pas engorgés. Mais à la région iliaque gauche, au-
dessous et un peu en dehors du rein, on trouva une tumeur recouverte en avant
par le colon descendant, en arrière en rapport avec le carré des lombes et le
muscle iliaque. Cette tumeur est lisse, aplatie, deux à trois fois plus volumi-
neuse que le rein, de coneislance mollasse, présentant une sorte de fluc-
tuation*
Pesée avec le rein, elle donne. . . . 430 grammes.
Le rein seul pèse 105 —
La tumeur seule 315 —
La capsule fibreuse du rein se continue sur la tumeur où elle s'amincit con-
sidérablement en devenant celluieuse, lorsqu'après avoir enlevé cette membrane
fibreuse, on cherche la connexilé réelle qui peut exister entre la tumeur et le
tissu du rein, on voit qu'on peut isoler le tissu de la tumeur d'avec le rein, jus-
qu'au point où se trouve une espèce de pédicule du volume du pouce formé de
tissu fibro-celluleux et de vaisseaux volumineux qui communiquent largement
avec les vaisseaux du rein (artère et veim), dont ils semblent provenir, pour al-
ler se ramifier dans le tissu de la tumeur, qui est parcourue par des vaisseaux
nombreux et volumineux, surtout à la partie supérieure adhérente au rein.
L'examen au microscupe fait voir que la tumeur est constituée par des cellules
adipeuses, sans dépôt de matière cancéreuse : c'est un véritable lipome.
Ces lipomes des cavités splanchniques n'ont guère été observés, car nous ne
pouvons ran;jer parmi eux ces sortes de hernies graisseuses produites par le dé-
placement du tissu graisseux développé sous le fascia propre. Ces dernières con-
tiennent à leur intérieur une cavité séreuse communiquant ou non avec le pé-
ritoine.
MM. Lebert et Broca ont rapporté chacun un exemple du lipoaie de l'ab-
domen.
Sur le cadavre d'une femme morte d'un cancer du sein à l'âge de 60 ans.
M. Lebert a trouvé, à la surface péritonéale de l'intestin grêle, une tumeur de la
grosseur d'une nojsette maintenue par un pédicule long de 0,04, mime, vascu-
alre, entouré d'une membrane cellulaire. La tumeur était constituée par des
vésicules graisseuses formant un tissu continu traversé par des fibres cellulaires-
unes et tortueuses, réunies en fiùsceaux.
ilti
M. Broca vil, sar le cadavre d'un homme mort à IMiôpîtal Neeker, ane tumeur
énorme siégeant dans la fosse iliaque gauche, remplissant la moitié inférieure de
l'abdomen, et refoulant en haut l'inleslin. Cette tumeur reposait sur le psoaa
Iliaque ; elle appuyait sur les vaisseaux iliaques primitifs et iliaques externes,
recouverts par le péritoine dans les quatre cinquièmes de sa surface ; sa face an-
térieure était parcourue par une dépression longitudinale qui contenait l'S
Iliaque.
Sa consistance vaiie dans les divers points de son étendue ; en haut et en de-
dans, ou trouve un noyau arrondi, gros comme la tète d'un enfant, presque
aosâi dur qu'une tumeur fibreuse ; le reste de la tumeur est mollasse et eoopé,
présente les caractères du lipome. Dans la portion dure, on voit des lobulea
de graisse emprisonnés dans une espèce de gangue dense, lardacée, friable, vas-
culaife, qui ne laisse suinter à la pression ou par le grattage, aucun liquide iac-
tescenl et où le microscope ne découvre rien de cancéreux. C'est donc à tort,
ajoute M. Broca, qu'on a pris cette partie de la tumeur pour un lipome dégénéré;
on n'y trouve que les produits organisés de l'inflammation chronique, et l'on a
regardé rinflammallon des Hpomes comme n'étant pas très-rare.
Il est fort diill.iie de tracer, à l'aide de ces trois faits, l'histoire de ces tumeurs,
dont la présence n'a été révélée pendant la vie que par leur volume; une coo-
stfpation habituelle existait chez le malade observé par M. Broca; mais il n'y
avait là qu'une affaire mécanique. La femme morte à l'hôpital Saint-Louis éprou*
vait de la vliflicuité à Uriner, mais les uretères n'étaient pas comprimés, et celte
difficulté était due plutôt à la présence du cancer envahissant la vessie.
2° INOCULATION DU SANG DE RATE ; par M. RaYEB.
M, Collignon, inspecteur de l'aba toir Montmartre, ayant remis, le '.m juin, a
M. Rayer, la rate d'un mouton atteint de la maladie connue sous le nom de sang
de rate, et abattu depuis quelques heures, M. Rayer a inoculé du sang prove-
naht de cette rate à un mouton qui avait présenté des symptômes du tournis.
Quatre piqûres ont été faites au pli de lame, de chaque côté, avec un bistouri i
lame très-étroite, imprègne du sang de cette rate malade; quatre autres piqûres
ont été pratiquées au-dessus'de la lèvre supérieure.
Dans les premières vingt-quatre heures, on n'observa rien de particulier ; l'a-
nimal mangea comme d'habitude. Le surlendemain, il parut triste et continua
cependant de prendre des aliments. Dans la soirée, la respiration parât plus ac>
céléréeque de coutume. Le jour suivant (troisième jour), la respiration devint de
plus en plus accélérée ; l'animal avait de la fièvre, il ne se levait que lorsqu'on
le frappait. Les yeux n'étaient point injectés ; il ne s'écoulait point de liquide par
les naseaux, et les huit piqûres n'olTi-alent aucun phénomène d'inflammation. Le
lendemidn matin, la respiration continuait d'être haute et très-accéléréé, l'ani-
mal était très-abattu et refusa complètement de se mouvoir. Vers midi, son
corps parut agité d« mouvements convolsife. La peau, sur des parties où l'on
1&2
avait coupé la laine, avait une teinte violette; l'animal mourut à midi. Quel*
ques instants après la mort, la teinte violelte avait disparu.
A deux heures et demie, le corps était encore cliaud ; on procéda à l'autopsie
du cadavre. Les huit piqûres étaient cicatrisées. Les ganglions voisins étaient
rougeàtres, sans être augmentés sensiblement de volume.
Les caillots offraient une teinte violacée ou vineuse, visible même à l'extérieur,
teinte qui tenait à une très-vive injection de la membrane muqueuse. La panse
contenait une assez grande quantité d'aliments; le foie et le pancréas étaient
Bains ; la rate n'était pas sensiblement augmentée de volume, mais son tissu,
considérablement ramolli, se réduisait facilement en bouillie, comme celui de la
rate dont le sang avait été inoculé.
Le tissu de la raie, examiné à i'œil nu et à la loupe, ne présentait pas d'extra-
Tasation sanguine analogue à celle qu'on a désignée sous le nom à'apoplexie de
la rate ; le sang qu'elle contenait avait une coloratien violacée analogue à celle
du sang de la late d'un animal atteint de la maladie dite sang de rate, colora-
tion distincte de celle que présente le sang d'une rate saine.
Il y avait quatre cysticerques {cysticercus ienuicollis] dans les replis de l'é-
piploon.
Le larynx était sain ; la trachée offrait, entre les anneaux cartilagineux, une
teinte violacée qu'on rencontrait également dans plusieurs ramifications bronchi-
ques. Plusieurs ramiûcations des bronches étaient comme obstruées par une es-
pèce d'helminthes {strongylus filaria) qu'il n'est pas rare de rencontrer dans
le mouton. Il y en avait aussi dans la trachée.
La surface des poumons étuit parsemée d'une grande quantité de pétéchies et
d'ecchymoses; les pétéchies étaient très-nombreuses.
La piupai t de ces inûltrations sanguines s'étendaient dans le tissu du poumon,
à 2 ou 3 lignes de profondeur j quelques-unes semblaient n'occuper que la sur-
face de cet organe.
Les plèvres étaient saines et ne contenaient pas de sérosité dans leur cavité.
Il n'y en avait pas non plus dans la cavité du péricarde. Le cœur, et surtout
ses cavités droites, étaient fortement distendus par des caillots de sang noirâtre,
mous et se réduisant facilement en bouillie. L'aorte et les principaux vaisseaux
avaient leur couleur normale.
Le sang, examiné au microscope, se c mportait comme celui du mouton at-
teint de sang de rate, qui avait servi à l'inoculation. Les globules, au lieu de
rester bien distincts, comme l^s globules du sang sain, s'agglutinaient générale-
ment en masses irrégulières ; il y avait en outre dans le sang de petits corps
filiformes, ayant environ le double en longueur d'un globule sanguin. Ces petits
corps n'offraient point de mouvements spontanés.
Un cœnure développé dans l'hémisphère gauche du cerveau faisait saillie dans
le ventricule latéral correspondant.
En résumé, ce mouton inoculé avec du sang de rate est mort en moins d«
143
quatre jours ; il a présenté dans les poumons de3 pétéchies et des ecchymoses,
et dans la rate un ramollissement semblable à celui qu'on observe chez les mou-
rons qui meurent naturellement du sancf de raie.
A cette occasion, M. Hayer rappelle que M. Barthélémy (en 1823), ayant in-
oculé par piqûre à une brebis saine le sang provenant de la rate d'une brebis
morte du sang de rate ; au bout de soixante heures environ, la bêle inoculée fut
trouvée morte. Mlle avait la rate plus volumineuse et plus profondément altérée
que celle qui avait fourni la matière de l'inoculation. Cinq heures apiès la mort
de cet animal, M. Barlhclemy inocule à une autre brebis, également saine et
provenant du même troupeau, le sang de la rate dont on venait de reconn-iître
l'état maladif. Les eRets furent encore plus prompts; le sujet mourut trente-six
heures après Tinoculation ; la rate avait également éprouvé des altérations très-
profondes.
Pendant les grandes chaleurs des mois de juin et de juillet dernier, le sang de
rate faisant de grands ravages dans la Beauce, spécialement dans les fermes si-
tuées au sud de Chartres, M. Rayer s'est rendu sur les lieux, avec M. Davaine,
dans le but de provoquer de nouvelles observations sur les effets de l'inoculation
du sang de rate.
Deux médecins distingués, MM.Voyet et Manoury, et un vétérinaire aussi ha-
bile qu'instruit, M. Boutet, se sont mis à l'œuvre; en attendant qu'ils fassent
connaître, avec détails, les résultats de leurs expériences, M. Rayer communique
les faits suivants, extraits des lettres qu'ils ont bien voulu lui adresser :
!• Un mouton inoculé par M, Davaine, avec du sang provenant de la rate non
putréfiée d'un mouton (mort la veille, du sang de rate), est mort quarante-huit
heures environ après l'inoculation, et a présenté les lésions caractéristiques du
sang de rate.
2" Un mouton affecté de tournis et faisant partie d'un troupeau non atteint
de i'épizootie, inoculé avec le sang de la rate d'im mouton mort de sang de rate,
a succombé trente-six heures environ après l'inoculation. Les piqûres n'ont pré-
aenté ni enflure ni gangrène. La rate était difllaente ; il y avait de nombreuses
pétéchies dans le tissu cellulaire du médiastin; les reins étaient hypérémiés ;
plaques de Peyer gonflées.
3» Un mouton appartenant à M. Boutet, inoculé avec du sang provenant de la
rate du mouton précédent, est mort quarante-huit heures après l'inoculation, et
a présenté toutes tes lésions du sang de rate.
4* Quatre autres moutons, plus ou moins anémiques, inoculés également
avec du sang de rate, sont morts environ qu&rante-huit heures après l'inocu-
lation. •
5° Un cheval inoculé avec du sang de rate est mort quatre-vingts heures après
l'inoculation.
6* Enfin, un mouton inoculé avec le sang provenant de ce cheval est mort au
bout de cinquante-trois heures.
V^v — y^
iàh
De semblables résullats ne peuvc»t laisser de doutes sur les propriétés scp-
tiques, irèS'éncrgiqiips. du sang des animaux atteints de sang de ratei
".•OBLITÉRATION DE LA VÉSICULE BILIAIRE P\R DIS CALCDL; ANALYSE DU UQOIDE
MCQUEUX DONT EIXE ÉTAIT REMPLIE; par M. GOBLER.
M. le docteur Gubler communique à la Société l'observation suivante :
« Une femme de 53 ans, blanchisseuse, entre le 22 février 1850 à l'hôpital
de la Charité, dans le service de M. le professeorBouillaud, pour une maladie
chrouique organique éa cœur. Je ne l'ai vue qu*^ dans les derniers jours dé sa
>ie, et ne puis donner aucun renseignement sur ses antécédents, si ce n'est
qu'elle avait eu des rhumatismes articulaires aigus.
» Il existait chez elle une voussure irès-pronoûcée et unemalité énorme delà
région précordiale; la main appliquée sur celle région percevait un frémisse-
ment vibratoire très-fort, en même temps qu'elle était violemment soulevée par
une large masse; la pointe du cœur battait dans le sixième espace intercostal
lool à fait en dehors. A l'auseultâiion, on constatait l'existence d'un souffle
râpeux ayant son maximum d'intensité vers la pointe, au niveau de l'oriliee
auriculo-venliiculaire gauche, et couvrant les deux bruits. A la base, le pre-
mier brait était rudeet prolongé; le second claquement bien frappée! parehe-
minéi En outre, il existait vers la base du ventricule droit un bruit de souffle
rude, superliciel, difl'us, perceptible dans une étendue limitée en dehors de la-
quelle il disparaissait bienlôl. Volume du pouls très-petît par rapport à l'im-
pulsion du cœur ; pouls non redoublé ; râles secs et humides dans îa poitrine,
orthopnée.
» M. Bouillaud porta le diagnostic suivant : hypertrophie du cœur (volume
double au moins) portant surtout sur le ventricule gauche ; insufSsance avec
épaississement et induration de la valvule bicuspide; hypertrophie des valvules
sigmotdes de l'aorte; large plaque laiteuse sur le péricarde.
» Malgré le traitement mis en usage, les phénomènes asphyxiques ne Orient
qu'augmenter, et la malade snceemba le il mars, c'est-à-dire un mois appé»
son entrée.
» L'autopsie confirma pleinement le diagnostic. On trouva on véritable cœor
de bœuf ; les deux lames de la valvule mitrate épaissies et chargées de matière
calcaire éiaien? soudées par leur bord libre, <le manière à former un anneau
permanent qui adnieUait l'extrémité du doigt mdicaleur et devait permettre le
reflux du sang dans l'oreillette gauche pendant la systole ventricutaire. Les
valvules sygmoïdes étaient aussi épaissies, opaques par places, mais non dé-
formées. Une plaque laiteuse de 3 à û centimètres carrés couvrait ia base du
ventricuie droit en empiétant un pea sur le venlricale gauche. Les poumon?
étaient forieinent engoués et en partie privés d'air. Le foie, d'un volume nor-
fird\i off.ftil p<v«rtant à sa surfiice convexe an zspecl chagriné eî légèrement
bosselé', la disposition acineuse de la surface des coupes était très prononcée.
ikb
et la couleur uo peu fauve des acini traDchait sur le fond brun rouge de ror(;ane.
La vésicule biliaire, distendue par un liquide dont nous donnerons plus loia
les caractères, était épaissie, fibreuse, et avait perdu à l'intérieur l'aspect réti-
culé et velouté qu'on lui connaît; sa membrane interne lisse et polie ressem-
blait exactement à une séreuse; au-dessous d'elle se dessinaient en relief des
bandelettes blanches, nacrées, presque toutes transversales, entre-croisées à
angles aigu*'. Vers le fond de la cavité, on voyait une petite surface vasculaire
plus molle, formant un léger relief et couverte de granulations miliaires demi-
transparentes. Un calcul de cho'estérine, gros comme une aveline, était libre
dans la cavité de la vésicule Un second calcul, d'un volume à peu près égal,
était engagé et comme enchatouné dans le col, iniercepiant ainsi toute com-
munication avecle conduit cystique et conséquemment avec le foie lui-même.
» Nous avons prié M. Quevenne de vouloir bien examiner le liquide contenu
dans la vésicule. Les résultats auxquels il est arrivé intéresseront la Société de
biologie, car il n'y a encore h ma connaissance qu'une seule analyse, incom-
plète d'ailleurs, d'un liquide semblable.
» Voir! la note que m'a communiquée le savant chimiste :
« A l'autopsie, on trouve que la vésicule biliaire, au lieu de bile, renferme
» environ 200 grammes d'un liquide offrant les propriétés suivantes :
n Teinte jaune pail'e, analogue à celle du sérum du sang, mais plus pâle ,
n limpide ou du moins ne tenant que très-peu de particules en suspension ;
■ consistance sirupeuse, filante; odeur forte, cadavéreuse ; saveur légèrement
» salée, nullement amére. Densité, 1,007 à la température de 16° c. Réaction
» légèrement alcaline. Au microscope, on ne voit rien de particulier ; il y a
• seulement quelques débris sans forme nettement déliuie. Une portion versée
» sur un filtre passe limpide et conserve sa propriété filante, ce qui indique que
n celle-ci n'est pas due à du mucus. »
» Suivent des détails circonstanciés sur !es diverses réactions auxquelles le
liquide ^ été soumis. M. Quevenne termine par ces considérations:
« Le liquide examiné se distinguait :
» 1» Par son aspect filant ;
» 2° En ce qu'un excès d'acide nitrique redissolvait complètement le précipité
» albuminoide d'abord formé;
n 3» En ce que l'ébullition ne coagulait pas le liquide et ne faisait que le
» rendre nébuleux ;
» W Enfin par l'action de l'acide acétique, qui produisait dans le liquide des
■ flocons glaireux, lesquels étaient fortement contractés, mais non entièrement
» redissous par un excès d';icide.
n Ce liquide se rapprochait par ses propriétés chimiques de diflérents autres
» fluides du corps humain sans ressembler complètement à aucun. Ainsi il se
n rapprochait de la synovie par sa propriété d'être filant, de former des flocons
» contractés sous l'influence d'un excès d'acide acétique ; mais il ea diflférait^
Iiï6
T» entre autres choses, par un état de dilution bien plus grand et la cobéresc»
■ du précipité formé par l'alcool.
• Le principe albuminnïde offrait de l'analogie avec le caséuœ par sa pro-
» priété d'être coagulé par .l'acide acétique et de fournir à la calcination des
» phosphates terreux presque en même proportion; mais le caséum ne donne
» jamais lieu à un coagulum cohérent et élastique sous l'influence del'alcoot.
» Si l'on veut comparer ce liquide au sérum du sang, on tpoure tout d'abord
» qu'il est infiniment moins dense, el contient par suite une proportion beaa-
» coup plus faible de principes en dissolution.
» En outre la matière albuminoïde renfermée dans ce liquide diffère de l'ai-
» bumine du sang par sa propriété d'être complètement redissoute par ua
» excès d'acide nitrique.
» Les liquides de l'économie dont celui-ci me semble se rapprocher le plus,
> tant sous le rapport de la faible densité que sous celui de la nature desélé-
* ments, sont ceux de certains kystes.
n Quant aux caractères particuliers offerts par la matière albuminoïde con-
n tenue dans ce liquide, les personnes qui s'occupent de chimie animale ont
» pu avoir occasion de remarquer que le principe atbumineux, si répandu dans
» l'économie, présente des variations dans quelques-unes de ses propriétés,
a soit qu'il diffère en réalité dans sa nature intime, soir, que ces modifications
» ne dépendent que de la présence de matières salines diverses, de l'état de
» réaction acide alcaline ou neutre du liquide, soit que ces diverses causes
» agissent en même temps. »
» En résumé, M. Quévenne est arrivé aux résultats suivants pour la compo-
sition du liquide de la vésicule biliaire calculée pour lOO grammes :
Matières /Matière albuminoïde ou protéique pré-i J
précipita- 1 cipitée par l'alccol 1 ' > o 650
blés par j Phosphate de chaux et de magnésie) «, 095 ( '
l'alcool \ unis à la matière protéique ...,..) ' '
Matières organiques extraciives non >--/»! \ * «sah-
précipitables par l'alcool ) o,5ii!i l ^ i,5oa
/ Chlorure de sodium en forte proportion i ! 0 ft-n
Sels ' — de potassium, des traces, .f «30^1
solubles. j Carbonate sodique (résull;U de la cal- l ' i
l cinalion) en faible proportion. . . . ) 1
Eau 98,500
Total 100,000
» Il n'y avait ni phosphates alcalins solubles ni sulfates. »
4» HÉMORRHAG'.E CÉRÉBItALE PAR SUITE DR LA BUPTCKE D'CKë BRANCHE DE I/aBTÈBB
MÉNINGÉE MOYENNE; par M. DUPLAY.
M. le docteur Duplay communique à la Société F observation suivante:
Le nommé Voisin (Louis), âgé de 78 ans, d'une stature laoyenne, mais fort et
147
bien constitué, préseiiiait depuis quelque temps un peu de dérangemeul de
IMnleUigence. Il était devenu triste, parlait peu avec ses camarades, et l'on re-
marquait de l'incohérence et de ta bizarrerie dans ses idées. Le il juillet, I»
malade sort pour aller se promener, mais il ne rentre pas le soir, et pendant
quatre jours il disparaît de la maison. Le 15 juillet, il est ramené par des
agents de police qui l'ont arrêté à Bercy en état de vagabondage. Comme il
présente des contusions à la face, on le fait entrer à i'intirnierie.
Le 16, je vois le malade pour la première fois. Il porte une ecchymose très-
considérable sur chaque œil et sur la base du nez; il en porte également au;i
deux genoux et sur les deux coudes. Ce sont, dit-il, les agents de police qui
l'ont ain>i frappé lorsqu'ils l'ont arrêté Mais l'individu qui l'a ramené aflirmts
que Voisin présentait res ecchymoses au moment de son arrestation. L'intelli-
gence du malade est évidemment dérangée ; ses réponses se contredisent i
chaque instant, et il lui est impossible de se rappeler ce qu'il a fait depuis son
départ de la maison. La iocoenolilité et la sensibilité sont intactes dans les
membres supérieurs et inférieurs de chaque côté. Pas de céphalalgie. Le pouls
est normal L'examen attentif de tout l'extérieur du corps et des divers appa-
reils organiques ne me fait découvrir aucune fracture ni aucune lésion des
organes intérieurs.
Je {Tescris néanmoins une saignée du bras de deux palettes et demie, des
bains de pieds sinapisés et des boissons délayantes.
17. L'état du malide est le même que la veille. Point de céphalalgie; aucun
trouble de la motilité ou de la sensibilité. Même état de l'intelligence La veille,
©n a seulement observé un mouvement fébrile, caractérisé par une chaleur plus
grande de la peuu, un peu d'injection de la face. Pendant la nuit le malade a
été agité; il pariait seul, et plusieurs fois le veilleur a été obligé de le faire re-
mettre dans son lit, qu'il quittait machinalement et sans savoir pourquoi. Le
matin à la visite cet état avait disparu. (Une bouteille d'eau de Sedlitz; pédi-
luves sinapisés.)
18. L'état du malade est resté trés-bon la veille jusqu'à midi. Mais alors il est
survenu un frisson violent, qui au bout de deux heures a été remplacé par une
fièvre violente. La nuit a été encore agitée ; le malade s'est levé plusieurs fois;
mais à la visite le calme est rétabli. Le pouls a repris une fréquence normale, et
la peau a sa chaleur naturelle. Du reste, même état de l'inteiligence, u.ême état
de la locoraolilité et de la sensibilité. Nouvel examen de la poitrine et des divers
appareils organiques qui donnent tous des signes aussi négatifs que les jours
précédents. (Limonade ; pédiluves sinapisés; 60 cenligr. de sulfate de quinine;
bouillons.)
19. Le frisson est revenu la veille à midi, mais il a clé moins long que le 17.
La chaleur qui l'a suivi a été moins intense ; l'accès fébrile a surtout été carac-
térisé par de l'agildlion ; le malade s'est levé un grand nombre de fois; il tour-
nait autour de son lit, puis il se recoucliait. I.e matin il était assez caUne; son
m
intelligence était darts le même état que la veillé, et aucun awident nouveau n»
s'était rnanifeslé. (Continuatifin du sulTate de quinine à la même dose; lavè-
mfent [iurgatif; bains de pieds sinapisés; bouillons.)
20. I:.e malade n'a pas éprouvé dé frisson la veille; seulement, vers midi, on
a remarqué chfz lui plus d'agitation. I! parlait seul, fc plusieurs fois il s'est levé
comme les jours précédents. A la visite, il est à peu' près dans le même état que
le jour précédent, seulement il y a un peu plus de prostration, un peu de paresse
dans ses réponses. (Continuation du sulfate de quinint-, pcdiluves; boissons
délayantes ; bouillons.)
21. La' veille à midi, rttéme agitation que le jour piécédent, mais sans fris-
son. .Apparition d'un engorgement volumineux à la iccion paiotidienne, survenu
pendant la nniv et formant une saillie volumineuse comme un très-iiros œuf dé
poiiie. Le tiissu ceiluiairequi occupe la région mastoïdienne, et celui de la partie
supérieure du cou, participent à i'en^orgement. I.a peau en d'un rouge terne, et
la tumeur donne la sensation d'une dureté considérable. Un peu au-dessus du
poignet gauche, phiyctène de la largeur d*un centimètre et demi, soulevant i'épi-
derme, et «ntourée d'un cercle d'un rouge violacé. Assoupissemenl. Réponses
lentes et inconsplètes. Aucun trouble de la locomolilitè ni de la sensibilité. Riea'
de nouveau du côté de ia poitrine. La langue e^t sèche, le pouls est petit et faci-
lement dépressiWe. (ISsangsue.s au niveau de l'engorgement; cataidasmes si-
napisés; limonade vineuse; continuation du sulfate de quinine.)
22i L'engorgement de la région parolidienne a encore augraemé depuis la
veille; celui du tissu ceilulahe s'étend presque jusqu'à la base du cou. La peau
de toute cette région est d'un rouge livide. Prostration extrême; somnolence con^
tinuelifr; quand on l'appelle, le malade ouvre les yeux pour les refermer .aussi-
tôt. La sensibilité et la locomolilitè n'ont subi aucun- trouble. Langue très-sèche.
Lctimbredc la voix est changé, et a prie un caractère de raucité qu'il n'avait
p«B la veille. Respiration fréquente, sans lésion appréciable par !a percussion ou
l'auscultation ; pouls petit, misérable. Rien de notable du côté de l'appareil uri*
naire. Émission involontaire des matières fécales et de l'urine. Quant au mouve-
ment fébrile qa<'itidlen, il n'a été caractérisé la veille que par un peu d'agitation
et par des tentatives de la part du malade pour descendre de son lit. (Frictions
mercurielles sur l'engorgement parotidien ; limonade vineuse; cataplasmes.)
Le malade meurt à quatre heures dfi soir. Il avait présenté à midi l'agitation
observée les jours précédents, et il avait même conservé encot-e assez de force
pour essayer, -à plusieurs reprises, de se lever. Vers deux heures, la prostration
augmenta, le malade tomba dfma un coma profoiid, la rcEpiralion s'embarrassa,
et il séîeicnit insensiblement.
L'autopsie, faite vingt-quatre heures après la mort, me donna les résultât»
suivants :
A l'examen de ia tumeur de la région parotidienne, le tissu cellulaire qui re-
eûovTe la glande parotide est infillré d'une sérosité légèrement jaunâtre, airiijî
169
que 1« tissa cellulaire sous-culané, de la région latérale droite du con, jusqu'au
niveau de la clavicule. Le tissu de la glande, incisé dans toute son épaisseur,
donne issue à «ne multitude de gouttelettes de pus qui viennent sourdie à la
surface de la coupe. Chaque gouttelette de pus est fournie par un lobule de la
glande. Le tissu cellulaire interiobulaire est aussi inûltré d'un liquide séro-pu-
rulent. Avant d'inciser la glande, une pression assez forte avait donné issue par
le canal de Sténon à une certaine quantité de pus qui était venue se répandre
sur la face interne de la joue et sur le côté correspondant de la langue. La pblyc-
tène qui s'était montrée sur l'avant-bras est affaissée; l'épidémie est seul d^
truit. Le tissu cellulaire sous-culané est simplement infîUié de sérosité, mai« ne
présente pas de désorganisation profonde.
La peau du crâne ne laisse apercevoir dans aucun point de traces d'eccby-
mose, celles qu'on a observées sur les deux yeux ne dépasserst pas l'arcade sour-
cliière. La surface extérieure des os du crâne, dépouillée de son périoste, et exa-
minée avec le plus grand soin, ne présente aucune trace de fêlure. Leur surface
intérieure n'adhère point à la dure-mère ; aussi, lorsqu'on enlève la boîte os-
seuse, n'éprouve-t-on aucune difflcuilé.. Au moment de cette séparation, l'on
aperçoit sur la surface extérieure de la dure-mère qui revél IhémfSphère iiauche
du cerveau, une couche de sang dont une partie est liquide, et l'autre prise en
caillots peu consistants qui s'étendent sur plusieurs poinss en une membrane
mince. La portion de la dure-mère qui correspond à la partie moyenne, et un
peu inférieure de l'hémisphère gauche, présente une perforation arrondie, à
bords minces, et occupée par un caillot sanguin mince, friable, qui se sépare de
l'ouverture lorsqu'on soulève la dure-mère, et qui ne parait avoir aucune con-
nexion intime avec elle. Une des branches principales de l'artère méningée
moyenne rampe à quelques millimètres en dehors àe la perforation, et la dé-
passe sans avoir été compromise par l'allération de la dure-mère. Mais un de ses
rameaux qui s'en sépare tombe, api es un trajet d'un ou deux millimètres, dans
la perforation, et se trouve comme coupé en travers. L'orifice du vaisseau est
bouché par un petit caillot Obrineux, dont l'extrémité libre flotte sur le bord
correspondant de la perforation. Du reste, ni le tronc principal, ni le rameau,
ainsi arrêté brusquement dans ton trajet, ne présentent d'ciîéralion de structure
ou de dilatation.
En même temps que mon attention éiail frappée par celle solution de conti-
nuité de la dure-mère, elle était attirée vers le point correspondant de 'a surface
interne des os du crâne. Là, en elfet, on apercevait une cavité creusée dansl'é-
paiseeur du pariétal, un peu au-dessus de la suture écailleuse, renfermant du
sang en partie liquide, en partie à moitié coagulé. La table interne de j'os avait
complètement disparu, ainsi que le tissu diploîque, et le fond de la cavité était
formé par la table externe, excessivement amincie, réduite à l'épaisseur d'une
feuille de papier, et prcseniant même une petite perforation. Le pourtour de cette
cavité, assez régulièrement arrondi, était comme tranchant. Quant à la àestruc-
150
floo du tissu diploïque, elle s'étendait un peu au delà du pourtour de la bulutlon
de continuité, doru elle semblait avoir en quelque sorte miné les bords. Il m'a été
lmpossil)le, malgré les recherches les pus minutieuses, de retrouver aucua
fragment osseux, soil dans les caillots, soit à la suiface du cerveau.
La dure-mère enlevée, j'ai rencontré sur riiémisplière gauche du cerveau, une
couche mince de sang liquide qui recouvrait l'arachnobie «-érébrale. La fusse oc-
cipitale du même côlé contenait environ trois cuillerées de sang à moitié coagu-
lé, qui était accumulé au-dessus de la t^nte du cervelet.
Toute la partie postérieure de l'hémisphère gauche présentait une teinte d'un
rouge violacé, qui avait pénétré non-seulement l'arachiioide, mais encore toute
l'épaisseur de la couche corticale. Celle rouaeur, uniftirmc, non pointillée, m'a
paru un simple phénomène d'imbililion. L'arachnoïde était intacte dans toute
l'étendue de l'hémisphère. Vers le pi.int correspondant à la peiforation de la dure-
mère, elle ne présentait aucune altération, aucune dépression. Partout elle se
détachait de la substance cérébrale a vrc la plus grande facilité. La substance
grise du cerveau conservait partout sa consistance et sa couleur naturelles, à
Texception du point où elle avait été en contact avec le sang épanché au-dessus
de la lente du cervelet.
L'hémisphère dio.t ne présentait rien de remarquable. Toutes les autres por-
tions de l'encéphale, examinées avec le plus grand soin, étaient dans un état par-
fait d'intégrité.
Les orgaiies thoraciqueset abdominaux ne présenlxiient aucune altération. La
rate seule était profondément altérée. Son tissu était réduit en une sorte de bouil'^'
lie d'un rou^e terne qui s'écrasait par la pression la plus légère.
Eii analysant toutes les particularités de ce fait singulier, il en wt une qui
échappe et qui laisse une lacune dans l'enchainemeni des accidents qui ont dû
se succéder. D'une paît, l'on peut constater la lésion que présente lavuûtedu
crâne ; de l'autre, celle de la dure-mère et de l'artère méningée moyenne qui a
donné lieu à l'épanchement de sang dans l'intérieur du c:àne. Mais, quant à la
cause qui a porté simultnnémenl son action et sur le pariétal et sur la dure-
mère, elle ne trouve plus son explication dans l'examen des lésions constatées
après la mort.
Cependant, en tenant compte de certaines particularités, et en comparant té
fait à des faits qui ont avec lui le plus d'analogie, il est possible, je crois, sinon de
combler complètement celte lacune, du moins de toucher de bien près à la vérité.
Il est impossible, dans le ciis qui nous occupe, d'admeltie une fracture de lia
table interne de l'os. La forme de la solution de continuité, la régularité de ses'
contours, doivent faire rejeter une pareille supposition. En effet, dans tons les
exemples de déchirures de l'arlère méningée moyenne par suite de fracture du
crâne, on trouve dans la boite osseuse des désordres tels, qu'il serait impossible
de les laisser échapper, même au milieu des recherches les moins attentives. On
peut s'en convaincre en lisant les observations de oe genre publiées par les au-
151
:eon, et en parcourant celle» du même genre que M. ChasBatgnnc a réunies
dans une thèse de concours (Des plaies de tête. Paris, 1 juin 1842). Dans totrtea
ces observations, on retrouve des fêlures plus ou nooins étendue** des os du ciftne,
ou des fragments osseux, soit libres, soit enfoncés dans la substance cérébrale.
Chez le malade qui fait le sujet de cette observation, rien d'analogue n'a été ob-
servé, malgré les recherches les plus attentives.
L'existence d'une tumeur qui aurait simultaDcment porté son action et sur ta
dure-mère, el sur les os du crâne dont elle aurait détruit l'épaisseur par une vé-
ritable usure, et en procédant de dedans en deliors, est seule capable d'expliquer
les désordres que nous avons décrits. Mais ici se présentent encore de nouvelles
di(ncultc$. L'artère méningée moyenne, dont une branche était brusquement in-
terrompue sur le pourtour de la solution de continuité de la duce-mère, a-t-elle
été le siège d'une dilatation anévrismale? Nous allons voir que si certaine* cir-
constances paraissent favorables à cette opinion, d'autres au contraire semblent
de nature à la faire abandonner. La destruction partielle da pariétal, qui n'est
réduit qu'à l'épaisseur de la table externe et qui présente même une petite per-
foration, a la phis grande analogie avec l'usure des os produits par k-s tumeurs
anévrismale?. Mais d'uh autre côté, l'examen attentif des organes na pu faire
découvrir ni les débris d'un sac anévrismal, ni une dilatation plus considérable
de la portion du rameau artériel qui %'clendait depuis sa séparalion du tronc de
l'artère méningée moyenne jusqu'à l'endroit de sa déchirure. Cette circonstance
me paraît importante à noter, cardans les cas d'anévrismes iie l'artère méningée
moyenne que possède la science, l'examen des parties lésées a toujours fait re-
trouver les débris du sac anévrismal, ou du moins une dilatation plus oi^ moins
considérable de l'artère dans les portions voisines de la tumeur. On peut lire à ce
sujet plu.sieurs observations de ce eenre consignées par M. Chai^saignac, dans une
seconde thèse pour le concours de la chaire de clinique chirurgicnle (Des to-
HECRs i)E LA VOUTE hv CRANE. Parls, 1848). Ainsl, dans la première de ces obser-
vations, empruntée au Journal des pkogrès ft. X, p. 237), la tumeur qui avait
perforé les os du crâne, fut prise pour un kyste et ouverte par un chirurgien. Le
sac anévrismal communiquait par un canal très-étroit avec î'arlèie méningée
moyenne, qui avait acquis dans le crâne le volume du petit doigt. Dans la
seconde, qui a été publiée par le docteur Gairdner, la tumeur se rompit pendant
un effort, et le malade mourut. A l'autopsie, on trouva un sac anévrismal situé
sur le trajet de Vartère méningée moyenne formé par la séparation des feuillets
de la duie-mère, et contenant environ 4 onces de sang co:igulé. Enfin, M. Chas-
saignac rappelle encore un cas cité par M. Bégin, et dans lequel un anevrisme
qui occupait l'artère méningée moyenne fit oérir le malade après avoir perforé la
fosse temporale.
Rien d'analogue à ce que nous signalons dans les observations précédentes
n'a été retrouvé chez le malade dont il est ici question. Pour admettre, dans ce
cas, l'existence d'un aDévrisone de l'artère ménijigé^ moyenne, il faudrait snp-
152
po$er que le sac anévrismal, très-petit, formant sar le trajet de l'artère une sail-
lie brusque et sans dilatation de la portion du vaisseau voisin du sac, aurait
été conipiétenient détruit au moment de sa rupture et entraîné par Teflort hé-
morrhagique.
Resie donc la supposition d'une tumeur de toute autre nature, par exemple
d'un fongus de la dure-mére qui, après avoir usé la table interne de l'os, au-
rait déterminé en même temps ralléralion observée sur la dure-mère, et par
suite la lésion du rameau de l'arière méningée moyenne. L'absence de toute di-
latation et de toute altération dans le tronc artériel et son rameau, jusqu'à l'en-
droit de sa déchirure, nous paraît tout à fait favorable à celte dernière opinion.
Mais, dans ce cas, il faut encore admettre qu'au moment de la déchirure de
l'artère déterminée sans doute par la cbule du malade ou les violences exer-
cées sur lui, la tumeur a été complètement détachée de la dure mère, et
entraînée avec a portion altérée de cette membrane, par le flot hémorrha-
gique.
V. — TÉRATOLOGIE.
1» MONSTRUOSITÉS DIVERSES CHEZ UN FOETUS : par M. GiRALDÈS.
H. Giraldès préseiite à la Société un foetus mosistrueux que la pulréfaction a
profondément altéré. Il n'existe point de fente palpébrale, et la peau recouvre
complètement le point normalement occupé par les yeux. Mais, sous celte peau
on trouve deux tumeurs saillantes; d'un côté, c'était l'œil projeté un peu au-
defaors de l'orbite; de l'autre, c'était une masse graisseuse.
Les exlrémiiès terminales des membres supérieurs sont réunies par une sorte
de palmure. Le bout des doigts est seul sali ant et distinct; toutefois il n'existe
pas de soudure des phalanges, ei les doigts pourraient éire séparés jusqu'à leur
racine. La même disposition se rencontre aussi aux membres inférieurs; les
parties génitales externes ne paraissent point déformées ; on voit, à la partie
supérieure de la région génitale un petit tubercule , c'est le clitoris recouvert
par les deux ailerons d'un p(?tit capuchon. I! existe une ouverture pour le con-
duit urinaire, et une autre pour le rectum. Quant au vagin, il ne s'ouvre point
à l'extérieur, mais se termiiie en cul-de-sac.
La vessie, vers son bas-fond, donne naissance à un diverliculum qui se trouve
situé entre cet organe et le conduit vaginal.
L'utérus est plus projeté d'un côié que de l'autre, La sympbjse pubienne est
fibreuse et le siège d'un écariemeut de plus d'un centimètre.
VI. — HELMÎNTHOLOGIE.
SOa BK VER VÉSICULAtRE TROUVÉ DANS DES PETITS KYSTES A LA SURFACE DO POCMO!»
DU LiMAX RCFCs ; par Al. Cbauss&t.
En disséquant des limaces flimax ru fui] prises dans le bois de Meodon, pré»
i53
Paris, M. Chaussât aperçut, à ia surface du pouiuoD de plusieurs d'entre elles
de petites élevures blanchâtres, à peine grosses comme la tète d'une très-petite
épingle. Le nombre de ces petites élevures varie ; quelquefois il n'y en a que
deux ou trois ; d'autres fois toute la surface de la cavité pulmonaire en est
parsemée. Ces petites élevures peuvent s'énucléer, mais assez difficilement.
Étant parvenu à en isoler une, et l'ayant mise sous le microscope, à un faible
grossissement, M. Chaussât a vu distinctement un animai se mouvant dans un
kyste, et dont voici les caractères :
Cet helminthe est constitué par une vésicule ronde, assez transparente, n'ayant
guère qu'un demi-millimètre de diamètre lorsque l'animal a rentré son cou.
Celte vésicule présente, dans ses parois, les petits grains qui se rencontrent
chez les cystiques ; ces petits grains ont à peine un centième de millimètre. Le
fOu, dont on aperçoit assez bien les circonvolutions par transparence, paraît
avoir environ l millimètre de longueur ; mais il est extrêmement difficile de le
faire sortir sans opérer la déchirure de la vésicule. La partie antérieure de ce
cou présente, dans une longueur de un quart de millimètre environ, des plis
transversaux qui n'ont guère que de là3 centièmes de millimètre de largeur. La
partie du cou qui ofire ces plis est large de 5 à 7 centièmes de railUmétres, et
se termine en avant par une tête obtuse, sans ventouses mais pourvue d'une
couronne de vingt crochets de même grandeur, légèrement courbés et disposés
sur une seule rangée. Ces crochets ont 4 centièmes de millimètre de longueur,
et présentent, dans leur milieu, sur le bord concave, un talou assez court in-
cliné du côté de la pointe du crochel.
Cet helminthe n'a été signalé par aucun belminthologiste, et c'est peut-être
le premier exemple d'un ver vésiculaire chez les animaux invertébrés.
NOMINATION.
La Société procède à l'élection d'un membre titulaire. M. Germain ayant
réuni l'unanimité des suffrages, est nommé membre titulaire de la Société de
biologie.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
SE
F r
LA SOCIETE DE BIOLOGIE
PENDANT LE MOIS DE SEPTEMBRE 1850 ;
PAR
M. FOLLIN, •ecr«Uir«.
Présidence de M. RATER.
I. — Optique appliqdée a la biologie.
NODVEAU MICROSCOPE DESTHSÉ SPÉCIALEMENT AUX RECHERCHES CHIMICO-
HiGROSGOPiQUES ; par M. Laurence Shitb.
Ce microscope est composé d'un pied lourd soutenant une platiné touraanto
et ayant une hauteur de iO à \\ centimètres.
Au-dessous de la platine est placé un prisme à quatre faces , disposé de ma-
nière qu'un rayon de lumière entrant par la face supérieure sorte psr uaa
156
autre face , après avoir subi deux réflexions défiectant la lumière de 144* j d«
teile sorte qu'en regardant de haut en las à un angle de 3G* à la perpendicu-
laire , nous pouvons voir ce rayon de lumière.
Sur la face du prisme par laquelle arrive la lumière est placé le tube por-
tant l'objectif; tandis que sur la face du prisme par laquelle sort la lumière
est placé un tube portant l'oculaire.
Le montage des pièces qui composent ce microscope peut s'effectuer d'une
manière très-simple.
En dehors de l'instrument il y a un petit appareil destiné à chauffer à des
températures diverses l'objet que l'on examine.
Les avantages qu'ofl're cet instrument sont :
!• Que la partie optique est à l'abri de l'action des réactifs qui peuvent être
employés , et cela sans nuire à la faculté de voir et d'opérer;
2* On peut voir presque en même temps le corps soumis à l'examen , et son
image dans le microscope;
S" On n'a pas à craindre que les vapeurs, s'cchappant d'un corps déjà chaud
ou chauffé sous le microscope, n'obscurcissent le verre et ne gênent la vision ;
4' On peut soumettre les corps en examen à l'action électrique ou galva-
nique.
Je n'insisterai pas sur les autres avantages qu'on pourra apprécier en se ser-
vant de cet instrument.
Quoique l'instrument ne soit pas destiné à l'examen avec de fort grossisse-
ments, on obtient cependant des effets très-remarqtiables avec le n* 7 de
Nachet, sans se servir d'un éclairage artificiel, mais en prenant la lumière
directe du ciel. On peut ainsi voir les points sur les navicules bipocampus avec
les n" 6 et 7 de Nachet.
Je n'insisterai pas sur les petits détails propres à l'instrument que je présente
à la Société, parce qu'ils pourront être plus ou moins modifiés.
En outre, j'ai l'honneur de présenter deux améliorations que j'ai appliquées
ii ce microscope , et qui peuvent servir aux autres formes de cet instrument.
La première consiste en un nouveau micromètre oculaire, et l'autre est une
'siéthode de mesurer les angles des cristaux. C'est aux habiles opticieni
BIM. Nagher père et ûls que nous devons la confection de ces instruments.
II. — BOTANI<i|D£.
Bwtt HN PARASITE NOUVEAU ; par M. Ernest Germain (de Saint-Pierre. J
Je plaçai dernièrement une anguille vivante dans un bassin d'eau de puits ;
cette anguille avait été blessée dans les filets où on l'avait prise , la peau était
déchirée et contusionnée sur un grand nombre de points des parties dorsales
et latérales. Cette anguille paraissait cependant aussi vive qu'une autre anguille
placée dans le même bassin. Le jour suivant , la surface des points où la peau
était écaillée et saignante prit une couleur d'un gris blanchâtre , et deux ou
157
trois joars après , ces surfaces kiancbâtres prirent de l'épaisseur et présenti^ren;
an aspect gélatineux et floconneux ; des flocons de la matière blanchâtre gélatint
forme s'étant détachés par le froltement de Vanimal contre les parois du bas-
sin, me laissèrent voir que les points dénudés qu'ils occupaient étaient d'un
rouge vif, et tendaient à s'ulcérer plus profondément au lieu de se cicatriser.
Les points malades, d'abord peu nombreux en apparence, se muliiplièrent rapi-
dement , et la plus grande partie de la surface de l'animal^ y compris les mem-
branes des nageoires, fut successivement envahie. Le huitième jour, l'animal
parr-issait fort languissant, se tordait de temps à autre comme s'il eût éprouvé
une vive douleur, puis il se renversa sur le flanc, et périt dans la journée sui-
vante.
Ayant soumis au microscope la matière blanchâtre floconneuse qui se déta-
chait des points malades de la peau , je constatai que 'JfXie substance se compose
d'un nombre inflni de lilaments microscopiques flexueux, plus ou moins ra-
meux, à rameaux irrégulièrement disposés et inégalement espacés, à sommets
brusquement obtus; l'ensemble présente, au microscope , l'aspect du mycaiium
des champignons; ces filaments ramifiés ne sont pas régulièrement cylindri-
ques , leur calibre est irrégulier , et présente çà et là des renflements ou nodosités;
dans toute l'étendue dans laquelle j'ai pu les suivre, les filaments ne sont point
anastomosés entre eux, ils ne présentent aucun diaphragme transversal, même
au niveau des points où ils se ramifient; ils m'ont paru tubuleux et remplis d'un
liquide incolore ; je n'ai vu rien de semblable à des spores ou à des propaguies.
Les tubes paraissent quelquefois remplis d'une matière granuleuse, mais il est
facile de s'assurer que cette matière est une substance étrangère déposée à leur
surface, car on voit souvent les granulations se détacher de la paroi externe du
tube.
Dans quel ordre devrons-nous classer cett« singulière production morbide?
Elle a l'aspect, avons-nous dit, du mycélium de certains champignons; ce n'est
point cependant uu champignon, car un des caractères essentiels des champi-
gnons est V habitat non submergé , et les espèces végétales qui pourraient presque
également être classées parmi les algues ou parmi les champignoM, sont consi-
dérées comme algues si elles croissent dans l'eau. Il s'agirait donc d'une algue
plutôt que d'un cliumpignon ; mais la forme jrrégulière des tubes, et l'absence
jusqu'ici app.irente de corps reproducteurs, éloigne celte production des algues,
même les plus inférieures.
Est-il donc abâuiument nécessaire que cette production rentre dans une de»
grandes classes d'êtres organisés admises? Certaines espèces , qui lient le règne
végétal et le régne animal, ne sont elles pas encore à classer? les navicules et
autres diatomées qui ont un mouvement de translation, les oscillatoires, dont tes
ondulations senildent s'exécuter sous l'influence d'une contraction volontaire ,
n'ont -ils point des caractères en dehors de ceux qui sont assignés, tant aux vé-
gétaux qu'au^i animaux?
158
Pourquoi la production que nous examinons ici ne serait-elle point de nature
à ne rentrer dans aucun des groupes connus? c'est un produit morbide sécrété
par la peau, et dont l'organisation a lieu sous ^influence de l'eau qui baigne
constamment la partie malade. Mais de ce que ce produit morbide s'accroit à la
manière de certains végétaux, par l'allongement et la ramification d'une cellule,
de ce qu'il présente quelque analogie d'aspect avec certaines espèces d'algues
ou de champignons micro^copiques , je ne crois pas pouvoir conclure à ce qu'il
doive prendre place parmi les végétaux.
Quoi qu'il en soit, je propose de donner à celte production, non classée, le
nom de trichothrauma dermale.
Je dois ajouter qu'une anguille non blessée qui a séjourné dans le même bas-
sin que Panguille malade, n'a point été atteinte par le trichothrauma , et
qu'une jeune perche placée dans le bassin après que l'anguille malade en a été
retirée, mais dans la même eau , a péri au bout de quatre jours, la peau envahie
par le trichothrauma; j'ignore encore si dans ce dernier cas la présence du
trichothrauma a été spontanée, ou si elle a été le résultat de la contagion rendue
plus facile chez la perche, déjà malade, que chez f'autr^ anguille encore bien
portante.
[II. -7- Helminthologie.
HELMINTHES DE l'OBDRE.DES NÉMATOÏDES DE RCDOLPHI , OU CAVITAIRES DE CUVIER,
TROUVÉES DANS LES MOYENNES ET PETITES BRONCHES DES DEUX POCHONS d'I'N
l'OHC AGE d'un AN; par M. Perkin.
Nous ne croyons pas qu'on ait re.'icontré jusqu'à présent dans les organes
pulmonaires de l'homme ou des animaux d'autres helminthes que des acépha-
locystes, c'est-à-dire des hydatides renfermant toujours dans leur intérieur, en
«ombre plus ou moins considérable, de petiis vers auxquels on a donné le nom
d'échinoooque. Ceux que le hasard nous a fait rencontrer dernièrement dans
les snojennes et petites bronches d'un jeune porc sont d'un ordre tout diffé-
rent, et appartiennent aux nématoides de Rudolphi , ou cavitaires de Cuvler. A
ce îitre, notre observation rare, unique peut-être, mérite d'être signalée à l'at-
tention des pathologistes et des naturaliste?.
<;e porc était âgé d'un an. Il avait été élevé et eivgraissé par un de nos voi-
sins. Malgré tous ses soins, ce dernier n'avait pu obtenir qu'un produit médiocre :
ce qui lui faisait dire, selon le terme consacré par nos paysan», que son cochon
avait toujours été dur d'amendement. Il attribuait cette difiBcullé qu'il avait
éprouvée, à lui faire prendre de la graisse à une chute que l'animal avait faite
autrefois dans un puits, et d'où cependant on l'avait retiré en apparence sain et
sauf.
Quoi qu'il en soiî, destiné au saloir, il fut tué et ouvert devant nous. Comme
nous désirions faire quelques recherches analomiques sur le cœur et le poumon,
aous fmies détacher ces deux organes par le charcutier eu le priant d'msufller
159
avec soin i«s deux poumons. Lo poumon droit se dilata k peu près cMnpkU'
ment; le poumon gauchp, au contraire, resta en grande partie affaissi- sur Uii^
même. !1 n'y eut que quelques lobules pulmonaires, disséminés eà cl là à 1»
surface du poumon, qui se laissèrent pénétrer par l'air, et dont la coloration na-
turelle, d'un rose tendre, contrastait d'une manière remarquable avec le reste
de l'organe devenu imperméable et comme splénifié.
Sans trop savoir à quelle cause attribuer ce défaut de pénétration de l'air dans
les cellules pulmonaires, nous incisâmes immédiatement le poumon dans les dif-
férents endroits qui nous parurent altérés. Quel fut notre étonnement quand
nous vîmes à l'oriûce des bronches» moyennes et petites, que nous venions d'oa-
vrir, apparaître par une de leurs estrénnités une fouje de petits vers vivants,
allongés, à corps arrondi, cylindrique, élastique, blanc, de 2 à 4 centimètres ^u
moins de longueur, de la grosseur du fil à coudre, accolés parallèlement les un»
aux autres, et formant par leur réunion de véritables faisceaux dont le volume,
en rapport exact avec le diamètre de la bronche où ils siégeaient, nous expli-
quait à merveille, en présence de ces obstructions animées, comment l'air n'a-
vait pu ptnétrer dans les cellules pulmonaires auxquelles cette bronche ainsi
obturée venait aboutir.
Ces helminthes, comme il est facile de s'en assurer par ceux que nous avons
retirés intacts, étaient réunis par cinq, dix, vingt, trente individus et plus,
agglutinés ensemble et enveloppés d'une sorte de mucus filant, épais, limpide,
qui ne nous a pas paru identique aux mucosHés des bronches, et que nous
sommes porté à considérer comme nécessaire à leur existence.
Nous évaluons à mille peut-être le nombre de vers que nous avons renconr-
trés dans les deux poumons, et spécialement dans le poumon gauche. Il n'y en
ayait, nous le répétons, que dans les dernières ramifications bronchiques. Les
portiws de poumon imperméables à l'air n'étaient le siège que d'une simple con-
gestion veineuse, par défaut d'hématose, purement mécanique. Des fragments
jetés dans l'eau restaient à la surface du li(iuide. La muqueuse bronchique dans
toute son étendue, et spécialement dans les points où existaient des helmin-
thes, n'offrait aucune trace de rougeur ni autre altération morbide.
Le système glandulaire était légèrement affecté. Quelques glande» bronchi-
ques, axillaires et abdominales étaient ronges et engorgées. Il n'existait pas de
tubercules dans les poumons. Les autres organes étaient sains.
Nous considérons les helminthes dont nous venons de faire l'histoire, comme
appartenant à l'ordre des vers nématoïdes de Rudolphi, vTipia fil, tiôo^ forme,
qui correspond à l'ordre des cavitaires.de Cuvier. Nous nous garderons bien de
vouloir déterminer le genre auquel ils doivent être rapportés; nous laisserons
ce soin à d'autres plus compétents que nous, ainsi que celui de leur donner, au
point de vue de la médecine comparée, toute la signification pathologiquequ'ils
peuvent offrir. Nous croyons toutefois pouvoir en donner au lecteur une idée
suffisante, et bien préférable à la description incomplète que nous ven<>n8 d'en
160
fuire, en disant qu'ils ressemblaient à premiirr» tm#, par leur forme exté-
rieure, à des ascarides lombricoides extréoxeœent réduits , ou bien encore à dee
cayures Termiculaires considérablement grossis.
IV. — Anatomie.
SUH LESTAISSEADX DES ÉPIPLOONS LOMBAIRES SE LA UARHOTTi:: par
MM. Valee«ciennes et Cl. Bernard.
Indépendamment desépiploons ordinaires, il existe chez les marmottes, ainsi
que chez plusieurs rongeurs, des masses graisseuses spéciales auxquelles on
donne lu nom ù'épiploons lombaires et qui ont été déjà signalés depuis long-
temps.
Chez les marmottes chacun des épiploons lombairéii prend naissance au-
dessous du rein, se continue avec la capsule graisseuse de cet organe et se pro*
longe en bas jusqu'à l'origine des replis périlonéaux des organes génitaux. En-
suite ces deux épiploons lombaires s'avancent vers la ligne médiane sous forme
de pannicule graisseux et s'entrecroisent même à leur point de jonction, il eo
résulte que la masse Inteslinale de la marmotte se trouve recouverte successi-
Tement par le grand ëpipîoon gastro-colique et par les deux couches des épi-
ploons lombaires.
On peut voir celle disposition desépiploons lombaires sur la pièce que nous
présentons. Mais ce que nous voulons faire remarquer, parce que cela peut avoir
<'ie l'importance- au point de vue physiologique, c'est que les épiploont lom-
baires diffèrent des épiploons ordinaires en ce qu'au lien de recevoir leurs
vaisseaux du système abdominal (artère mésentérique et veine-portej, ils les re-
çoivent du système vasculaire général (artères et veines lombaires). A cause de
cette dernière circonstance la graisse qui constitue les épiploons lombaires esi
dans les mêmes conditions que la graisse située dans le tis-u cellulaire sou»-
cutané.
V. — Physiologie.
1* DE L'ABSORrriON ÉLECTIVE DE LA VEINE-PORTE ET DES VAISSEAUX CHYLIFIXES ;
par M. Cu Bernard.
Ce travail, qui a pour objet de déterminer un rôle spécial des ganglions mé-
sentériques, sera publié dans les mémoires de la Société de biologie.
2* RECHERCHES SUR LA PHOSPHORESCENCE DU PORT DE BOULOGNE (rÉSUHÉ) ;
par M. A. de Qoatrefaces.
A Boulogne comme an Havre la phosphorescence du port est due presque ex-
clusivement aux noctiluqucs.
L'uniformité de teinte que semblent prétenter certaines vagufs lumineuses
101
n'est qu'âne illusion produiie par le nombre immense et ta petitesse des points
brillants.
En observant les noctiluques elles-mêmes sous le microscope, jusqu'à des
grossissements de plus de 200 diamètres, on reconnaît que la lumière émise par
chacun de ces animalcules est duc à une multitude d'étincelles isolées et Irès-
petitus. Le plus ordinairement cette lumière ne brille que sur une faible portion
du corps.
Tous les agents physiques ou chimiques qui excitent la conti action des nocti-
luqoes amènent CQ même temps un redoublement d'intensité dans la phospho-
rescence. Certains d'entre eux rendent les animaux momentanément lumineuv
dans toute l'étendue du corps. Ce fait général résulte d'expériences faites «n em-
ployant l'électricité, le vide plus ou moins parfait, ia compreÈsion..., et en sou-
mettant les noctiluques à l'action de divers acides, bases, gaz, etc.
Lus gaz irritants, solubies dans l'^au, exercent une action des plus marquées.
Les gaz propres à, entretenir la combustion et ceux qui éteignent le;^ corps en-
flammés agissent exactement de !a même manière.
De ces dilTérents faits constatés par plusieurs lémoios, je crois pouvoir tirer
les conclusions suivantes :
i» Les noctiluques n'ont point d'organe spécial 4estiné à prniU:ir,> la Uunièref
coiiuiie cela se. voit chez les lampyres.
2» La phosphoiescencc chez les noctiluques n'est pas, comme iheî les !am»
pyres, un phénomène de combustion.
3° Ghez les noctiluques, la phosphorescence se rattache intimement à U con-
struction spontanée ou provoquée de la trame du corps entier.
— Les nudibranehcsphlébentéréset les nuëibranehes ordinairftii, examinés à
réîat de larve, présentent une structure anatomique presque idenii({iif-. Chez
les uns comme chez les autres, le foie est creusé d'une cavité qui communique
largement avec celle de l'estomac. Rien de plus aisé que de suivre les grains de
carminvavalés par l'animai dans leurs mouvements de va-et-vient d'une de ces
cavités dans l'autre. Ce fait montre que le phlébentérisme tel qu'on l'observe
che^ Us adultes n'eât autre chose que lu persistance et le développement chcn
certains nudibrnncbes d'une disposition unatomique embryonnaire comciuae très-
probablement au groupe tout entier. (Séance du 14 septembre.)
,3» OBSERVATION D'UNE MUQPEfSE UTÉRINE RENDUE APRÈS UN MOIS ET DE»! DS
RÉTF.NTIO.N RES RÈGLES ; par MM. DUTARD et LaBOULBÈNE.
Obs. — Leroux (Marie), ou\rière, âgée de 24 ans, née à Paris, entrée le 13sej»-
tembre r850, à l'in^rmerie générale de la Salpétrière, service de M. Darih.
Cette fille, d'une constitution ordinaire, est habituellement d'une bonne aante.
Elle n'a jamais eu de maladies graves, à l'exception de la variole, dont elle porti
des cicatrices légères. Elle a été réglée à 1 1 ans et demi ; les menstrues ont tou-
162
jours été abondantes et régulières. Elle a eu un enfant à 16 ans, et à cette époque,
ses couches furent sans accidents ; mais depuis, elle a fait deux fausses couches,
l'une il y a cinq ans, l'autre il y a trois ans. Après la première, elle a pu voir
le fœtus, qui était âge de 3 mois ; à la deuxième, elle n'a pas vu le fœtus, mai»
le médecin qui la soignait lui a affirmé qu'elle avait fait une fausse couche.
Elle ignore si elle est enceinte, mais elle avoue que cela est possible, elle n'a
pas eu ses règles le 28 août, elle se plaint de coliques et souffre beaucoup de-
puis trois jours.
1 4 septembre. Étal actuel : teinte pâle de la peau ; muqueuses décolorées ; peau
chaude ; céphalalgie médiocre ; quelques étourdissements quand ellese lève ; pouls
fréquent, régulier, souple ; bruit de soufQe continu très-fort à l'auscultation du
cou. Ce bruit d« souffle ne cesse pas quand on comprime la jugulaire externe.
Rien d'anormal à l'auscultation du cœur et des poumons.
Langue humide, vilieuse, blanche; appétit diminué; selles naturelles ; leven-
tre est douloureux à la pression dans sa partie inférieure ; pas de tuméfaction
anormale; coliques vives depuis trois jours.
Pertes en blanc peu abondantes, pas de douleurs en urinant ; le toucher vagi-
nal fait constater que le col utérin est allongé transversalement, un peu frangé;
le volume de l'utérus ne paraît pas considérable ; néanmoins le siège des dou-
leurs abdominales parait devoir être rapportée l'utérus (Catapl.laud.; groseille;
bouillons tl potages.)
16. Même éiat ; coliques un peu moins vives que les jours précédents ; douleur
fixe à l'hypogastre ; écoulement blanc jaunâtre assez abondant; examiné à l'aide
du spéculum, le col présente sur sa lèvre postérieure des ulcérations légères en-
vironnées d'un cercle roui^eâtre. Cet examen n'occasionne aucune douleur.
17. Dans la nuit, les coliques sont si vives, les douleurs si intolérables, que la
malade réveille ses voisines. Ces douleurs sont plus fortes par moments. L'écou-
lement est beaucoup plus abondant; il est sanguinolent.
La malade a tacho deux chemises dans la journée, et le soir, les douleurs ab-
dominales sont moins vives.
Abdomen tendu, un peu tuméflé, douloureux à la pression; envies de vomir et
vomissements de matières filantes, muqueuses. Langue blanche, humide.
Peau cliaude, moite ; pouls fréquent ; céphalalgie.
18. Même état. Le toucher vaginal n'indique rien d'anormal. Le col n'est pas
l'na'ouvert ; écoulement séro-sanguinolent très-abondant. {Ut suprà; lavement
laiid.)
Dfijis la soirée, la malade, en voulant se lever pour aller à la garde-robe, a
senti b'éi'happer par lu vulve un corps qu'elle a pris pour un caillot de sang,
A partir de ce moment, les coliques ont cessé; le ventre n'a plus été tendu et
il ehi devenu moins douloureux. L'écoulement est toujours séro-sanguinolent,
sens odeui marquée. Les seins sont assez fermes, non douloureux.
163
19 septembre. Peau avec sa chaleur normale ; pouls souple, à 70 ; langue na-
turelle; pas d'appétit ; soif médiocre.
20. L'écoulement diminue sensiblement; il est presque entièrement blanc,
séreux ; odeur nulle; plus de fièvre ; plus de céphalalgie; langue naturelle ; ap-
pétit ; selles naturelles.
21. C'est à peine si le linge de la malade est taché en blanc jaunâtre. Plus de
douleurs imlle part ; appétit; toujours un bruit de souffle au cou. (Une portion;
4 pilules de Vallet.)
Elle sort le 26 septembre, guérie.
Le corps rendu par la malade est la muqueuse de l'utérus. Il offre la forme
triangulaire de la cavité utérine, moins la portion du col. Elle présente une ou-
verture inférieure irrégulière, dilacérée sur ses bords, et deux autres petites
ouvertures correspondent à l'entrée des trompes. Sa couleur est d'un rouge vif.
Examinée sous l'eau, elle aune épaisseur de plusieurs millimètres; elle est
villeuse à sa face externe, lisse, douce au toucher à sa face interne. Celle-ci est
criblée de petits orifices en partie visibles à l'œil nu. Elle ressemble pas mal,
pour la consistance et l'aspect, à un petit sac d'agaric ou d'amadou qui serait
poli dans son intérieur et villeux à son extérieur.
Sur un dos points de son intérieur, vers le tiers supérieur et latéral ; au-dessou;
d'une ouverture tubaire, on voit un petit corps pédicule.
L'examen microscopique, fait avec grand soin par M. Ch. Robin, ne laisse au-
cun doute sur la nature de ce produit; les follicules caractéristiques y abondent.
C'est bien une membrane organisée, la muqueuse utérine elle-même.
VI. — ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
1" SUR CM CAS SE FAUSSE ARTICULATION, A LA SUITE B'ONE FRACTURE DE L'EXTRËHITÉ
INFÉRIEURE DU CORPS DE l'UUMÉRUS ; par M. DÉSIR.
J'ai l'honneur de mettre sous les yeux des membres de la Société un exemple
de fausse articulation de l'extrémité inférieure du corps de l'humérus que nous
avons observée, M. Rayer et moi, chez un maiade mort dans son service à la suite
d'une maladie chronique tout à fait étrangère à la fracture.
Mais avant d'exposer les particularités qu'a présentées ce cas, je crois devoir
rappeler brièvement ce qu'on a déjà observé relativement à la disposition dea
fragments dans les cas de non-consolidation des fractures des os longs.
On sait que, dans ces derniers temps, M. Norris a admis quatre variétés de
pseudarlhroscs (1).
« Première vauiété. — Les fragments sont entourés d'une tumeur cartilagi-
» neuse dans laquelle robsiûcalion ne s'est point encore faite, il y a plutôt retard
(1) Malgaigne, Traité des fractures, iu-S", 1847, t. I, p. 158.
164
h q-u'absence de cansôUdation,** le repos et la compression sofilsent géuéralement
» pour la déterminer.
* DeoXièk'e VABîÉrt!. — Les fragments sont tout & fait âcsunis, extrêmement
» moliHes eoos Tes tégument», et lenrs bouts semblent même avoir subi «ne
» sorte d'titroplîiiv l,e membre est incapable de remplir ses fonctions.
» TnoisiKME \AaiitTF,.^ L'union s'est faite par i'intermédhilre d'nu tissu fibreux
» plus ou moins long, R»fl épats, tantôt tenant les Iragraeiits tièe- rapprochés,
• tantôt leur permettant Jcs mouvements de Ûcsioii trèS'étenâiis. Les bouts des
» frflgnients oui été plus ou moins arrondis [.ar l'absorption ; d'autres fois ils res-
» tenl aiguiséB en pûirtte, mais le canal naédullaire est toujours oblitéré à leur
I» surface.
» QUATRIÈME VABitTÉ. — il peut s'etablir une véritable diarlhvose, constituée
» par une capsule horeuse, dense et forte, lisse à l'intérieur et renfermant ub
» liquide analogue à la synovie. Les bouts des fragments sont arrondis et polis,
>» dans quelqijes'cas absorbes, dans d'autres recouverts du «artiîages et d'uu
»» mcmbmne synoviale. »
De ces lîuatTP. varrétes, les deox pleraiè/es ns eoastituent réellement pas des
pseudsithroses, qui, suivant moi, ne forment qut deux séries bien distinctee.
La première ccmprend Ifô t-as dans lesquels *€S fragment» sont isnis pat-nne
espèce de iigameot, îillant de l'un ù l'autre, sans capsule articuiatjs et sans car-
tilage ds nouvelle formation.
La deuxième comprend les cas dans îetquels les frêgmeïîis sotitnnis 'MX une
vêiiîaliie eapstîîe articulaire, et les surlaces des (Vagmenis enduites ou non «le
cartilages.
Les observations de h&yiiT se rapportent à la première de cos deux séries. H
s'exprime ainsi (IJ :
H Daus les cas de noa-consolidalion des fractures des os longs, les extrémités
» des fragments s'arrondissent, secouvrent d'une substance fibreuse, semblablo
» à uu périoste éj/aissi, et 11 te forme ce qu on appelle une articuialion coutre
» nature. Ban» cet ttat, la forme des fragments «t la manière dont ils se cor-
B respondeiil varient; mais je n'ai jamais rien trouvé dans leur disposition qui
» pûl être comparé à ujie articulatioa : ni ligament orbiculaire, ni euifaces lisses
» et cart{iagi^^euses. J'ai toujours trouvé, au contraire, dans les articulations
f contre «aiuie du fémur et de l'hum(irus que j'ai eu occasion de disséquer,
i> une Eubstanc* ûbjouse et comme ligamenteuse qui s'étendait d'un fragment à
» l'autre; et il est très-probable qu'il en est de même, à quelques modifications
»- près, de tous les autres cas que je n'ai point vus. »
Mais Boyer s'exprime, daus nu autre passage, d'une roaaière moins abso-
lue (2) :
(1) Boyer, Traité des malad. chircrg., 1831, t. III, p. 102.
(2) Ibid,, p. 95.
i Dans les articulations contre-nature, les fragments quelquefois arrondis, et
a d'autres foi« pointus, «ont unis entre eux par une substance celluleuse et li-
» gannenteuse, mais leur surface n'est point couverte d'une substance lisse et
i> comme cartllngineuse. et il n'existe pas toujours non plus de liizament orbi-
V culairc. Il s'est convaincu de cette vérité par la dissection de pJuMeurs frac-
n tures non consolidées dont il axait conservé les fragments dans son ca-
u binet. »
Lancenbeck, cité par Sam. Cooper (i), ditauïsi qu'il conserve une mâchoire
inférieure et un oléciâne ilont les fractures ne sont pas consolidées et dont lei)
fragments sont unis par une substance senibiable à un ligament.
Mais d'autres observateurs ont vu à la suite de fractures non consolidées des
articulatiois de nouvelle formation plus ou moins analogues à des articulation»
normales. Ainsi Sam. Cooper (2) dit qu'il existe dans la collection de Hunier une
fausse articulation des os de l'avant-bra» dans laquelle la ressemblance avec une
articulation naturelle est frappante.
Longtemps avant, Fabrice de Hilden avait rapporté un cas à peu près sem»
blable (dans l'observation 91 de la centurie 3*).
Sylvestre avait fait part à liavle d'un cas analogue , maie moins bien carac-
térise (.3).
M. Liii^out a montré à ta Société, anatomiqiie, en ]$4â, rhumérus d'un homme
de quarante-cinq ans environ qui s'éiait fractoré le bras gauche dans la partie
inférieure. « La fracture était obliquf. de baul en bas et d'arrière en avant; cette
» fracture fut soumise à un traitrment, peu approprie. La consolidation ne se
0 fit pas? le maL'ide se remit à ses travaux. Mais bientôt des accidents inflam-
» matoires survinrent, des plaies, des ulcérations se formèrent, La mobilité
» anormale du membre persista, et une amputation fut nécessaire. Autq)8ie de
» la pièce. Point de consolidation, les deux fragments sont recouverts de sub-
> stan.^e cartilagineuse, une capsule fibreuse réunit li?8 deux fragments, it
» semble qu'une synoviale se soit formée sur cette nouvelle articulation. L'ar-
» ticulation normale a conservé sa mobilité. »
Kunholtz, Ev. Home et plusieurs autres observateus-s ont vu cette variété de
fausse articulation , et Breschet, sur neuf fausses articulations obtenues dans
ses expériences sur les chiens , en a trouvé six avec une cavité articulaire.
M. Malgaigne dit qu'il en a obtenu deux sur un vieux chien auquel iî avait
rompu le radius et le cubitus ; les capsules étaient fort épaisses , les bouts de»
08 étaient rac4)!iverts d'une couche chagrinée, blanche, moite, trèa-analogue
aux cartilages passés à l'état fibreux.
(1) DiCT. DE cuiROBG., traduct. frai:iç., t (, p. 480.
(2) DiCT. DE CHIRîJP.G. PRAT., t. i. p. 480.
(3) Nouvelles cf. hx r^.pvblique des lettrix, juillet 1785, p. 7IS.
ie6
Le cas que je mets sous les yeux de la Sociélc est un nouvel exemple défausse
articulation munie d'une capsule fibreuse , et dans laquelle le fragment supé-
rieur est garni d'une couche comme cartilagineuse ; mais ce fait se distingue de
ceux<|ue je viens de rappeler par une circonstance partioUHère. Dans ce cas, la
faussA articulation n'est pas constituée par les deui^ extrénaités des fragments de
Vos fracturé ; le fragment supéiieur se trouve uni par une capsule fibreuse avec
la partie supérieure du condyle externe de l'humérus qui offre dans ce point une
dépression correspondante à l'extrémité du fragment supérieur de l'humérus.
Le fragment inférieur très-court est atrophié, il est situé en dedans de la fausse
articulation avec laquelle il est uni par une production fibro-celluleuse.
L'aspect de la piè^e résulte des circonstances suivantes : La capsule a été ou-
verte en avant suivant sa longueur; eu haut et en bas elle a été détachée en
partie de la circonférence du bout du fragment supérieur et de la surface urU^
culaire creusée sur le condyle. Par le fait de la dessiccation de la capsule, l'ex-p
trémité du fragment supérieur qui, sur la pièce fraîche, pouvait toucher la partie
inférieure de l'humérus, s'en trouve éloignée de plus de 4 centimètres. Cette
extrémité du fragment supérieur offre à noter l'oblitération du canal médullaire
par de la substance compacte , et elle est terminée en une pointe obtuse, arron-
die, qui était recouverte de cartilage. La portion du condyle avec laquelle le
fragment supérieur était en contact était aussi revêtue d'une «ouche ûbro-carti-
lagineuse. La portion du corps de l'os restée sur l'extrémité inférieure après la
fracture est aussi atrophiée : elle n'a pas la cinquième partie de l'épaisseur du
corps de l'humérus.
Il est probable que la fracture avait eu lieu en biseau, et que l'action muscu-
laire avait déterminé le déplacement du fragment inférieur en haut et en dedans,
d'oà résultait le contact de la pointe du fragment supérieur sur le condyle ex-
terne , ce qui a empêché la réunion et produit la fausse articulation , avec cette
particulai ité 8,ur laquelle j'ai cru devoir appeler l'attention de la Société.
2* DILATATION DE L'uRETÈRE ET DU REIN GAUCHES ; par M. LaBODLBÈNE.
M. Laboulbèue met sous les yeux des membres de la Société, un rein et ijin
uretère droits recueillis sur un malade qui a succombé à u,n cancer utérin.
Le col de l'utérus était entièrement détruit, et les ganglions lymphatiques pel-
viens étaient en grande partie cancéreux. L'un d'eux comprimait l'uretère gau>
che, et ne laissait à l'urine qu'un passage extrêmement étroit, admettant à peine
une soie de sanglier. L'uretère adhérant aux ganglions et faisant corps avec lui,
est dilaté jusque auprès du rein. Fendu et étalé, il offre une circonférence
moyenne de 0'n,045; mais au-dessus du point rétréci elle s'élève à ©".Ofi.
Le bassinet se continue avec l'uretère, tans démarcation de volume; enfln, le
rein est au moins du double plus volumineux que celui du côté opposé, qui est
à peine hypertrophié, et du reste tout à fait normal.
Le rein malade, fendu sur sa partie convexe, présente une dilatation conVidé-
167
rable dos calices, avec atrophie de la Êubstance corU(;ale. Les mamplons sont
larges, à peine saillants, les pyramides de Malpiglii semblent afluisBées et ont plu»
de largeur que de hanl»'ur.
Le fait de la grand* largeur des pyramides s'explique Irés-bien par la dilatation
des calkef. L'urine, uccumuliie dans le rejft, a tei'ouié l'intervalle de la pyramide
de Malpighi ; alors la suLstaiice corticale, «'éloignant de sa place normnle pour
se porter plus en dehors, les luLes uriiiifères rectiliguefe se sont écartés les uns
des autres, surtout auprès des mamelons.
La substance corticale prcseï te la coloration chair de veau; les tubes recti-
lignes sont plus rouges. La muqueuse des calices et de l'uretère est uniformément
d'un gris pâle.
Le malade n'avait jamais accusé de gènedansTémissioB des urines, ni de dou-
leurs lombaires du côté droit.
VU. — PATHOLOGIE.
I* IDIOTIE, ALTERATION DE LA GLANDE PINÉALE ; par M. SCHNEPF.
Le 23 juillet >S50, est entré dans la salle Saint-Pierre, n» 29 (Hôtel-Dieu),
service de M. Hoporé, une fille âgée de 29 ans, me à Paris et y demeurant tou-
jours, enceinte de septmois environ. Sa tailleest moyenne, sou teintpâle, chloro-
tique, Basante générale bonne; sa démarche, ses mouvements, d'abord gênés,
prirent bientôt plus de naturel, et nous permellent de l'observer plus «ùre-
ment.
Un visage régulièrement ovoïde et de» If dits assez fins perdent tout leur char-
me par un rire ou souriie presque cominuel qui lui donne un air niais, hébété,
et suspecte tout d'abord son ir^telligence ; l'œil est noir, brillant, la vuciest très-
bonne, l'ouïe est dure, et dans certains momenis ia jeune femme n'entend pres-
que pas. Des parents nous assurent qu'il en a toujours éU ainsi depuis qu'elle
est au monde. Les personnes étrangères qui lui adressent des ilemandes, n'ob-
tiennent d'autre réponse qu'un sourire niais; celles qui lui sont famiiièies lui ar-
rachent des phrases par des n»oiK)S.v!l«bes ; la religieuse, de même que les filles
de service, sont tutoyées indiiit+nctemenl ; l'idiote ne semble connaître que deux
personnes : tu et moi. Le son de sa voix est normal; l'artiiulalion brève, sacca-
dée et incomplète des syllabes, exige une certaine élude piour saisir le sens des
mots. Ses réponses traduisent assez nelleiuenl les impressions qu'elle reçoit; ses
actions sont guidées souvent par un calcul et accomplies avec assez d'adresse et
d'agililé; la mémoire y a peu départ; c'est avec grand'peine qu'où lui rappelle.
un fait arrêté la veille, à moins, toutefois, qu'il s'agisse d'une friandise, d'un n»et8
qu'elle aime et qu'on lui a promis. Klle n'est pas moins poltronne, craintive, de
la douleur, qu'elle n'est gourmande. Ses facultés atfeclives ne paraissent éveil-
lées que momentanément ; ainsi elle est bien sensible à la visite de sa mère et
d'autres parents, et elle est péniblement alFectée de ce qu'unt- jeuiif. amie, «ne
168
consine, ne vient pas la voir ; mais la distraction de l'hôpital l'arrache facile-
ment à celte tristesse ; elle ne sait ni lire ni écrire, et j'ignore si l'on a fait des
tentatives pour l'instruire; les soins de sa personne l'occupent; elle estasses
propre, et elle est d'une certaine utilité dans le service. Nous apprenons que»
dans son enfance, cette fille était moins propre, plus obtuse, timide, joueuse et
rieuse. Si les menstrues, apparues dans sa dix-neuvième année, ont peu stimulé:
élevé ses facultés, elles ont éveille des passions vives dont la vigilance uiaternelh
n'a pas toujours triomphé. Personne dans sa famille n'est atteint de trouble dans
l'intelligence.
Le 18 septembre, celte malheureuse devient mère d'un enfant à terme-, ses
couches se font ?: •'turellement, cependant elle accusait des douleurs utroces, et
une faible hémorrhagie suit la délivrance : elle s'arrête d'elle-même. Tout allait
bien ; 11 n'y avait point eu de flèvre de lait lorsque, le quatrième jour, elle est
prise d'un frisson, de douleurs abdominales, d'une accélération très-grande du
pouls et d'autres sjmplômes de la fièvre puerpérale. Une applicatiou de sang-
sues est suivie d'un amendement de douleurs abdominales, mais la fièvre per-
siste ; le calomel, donné à doses fractionnées ( 10 centigrammes en 20 prises),
produit une révulsion sur le tube digestif; les selles deviennent liquides, verdâ-
tres et très-fréquentes le deuxième jour, sansque la muqueuse buccale soit attaquée
I.e troisième jour le pouls est descendu de l&O à 125 pulsations : le calomel est,
supprimé ; le faciès se grippe, la respiration s'accélère en même temps que la
circulation ; le ventre est souple, indolent ; la diarrhée se tarit, et trois jours plus
tard la malade est morte (le 29 septembre.)
Autopsie. — 36 heures après le décès. Adomen, péritoine ?ains, la cavité pé-
ritonéale normale ne renferme ni sérosité ni fausse membrane ; la face libre du
péritoine viscéral est un peu plus sèche , gluante ; le tube digestif n'offre rien
de particulier, si ce n'est que, dans !a dernière portion de î'iléon , les glanduleâ
solitaires sont saillantes, sons forme d'assez fortes têtes d'épingles , d'une colo-
ration blanche, laissant suinter une mucosité trouble quand on les perce, effet
que nous croyons devoir attribuer au mercure. L'utérus revenu à peu près à son
volume normale ne s'éièv.; pas au-dessus du bassin; son parenchyme est d'un
rose pâle, normal, un détritus fétide est implanté sur la face interne de la paroi
postérieure ; les ovaires, les veines et les lymphatiques qui rampent dans les li-
gaments larges , n'oCfrent rien de particulier.
Le foie est pâle, mais ne présente rien à signaler, la même chose a lieu pour
les veines-
La cavité thoracique ne nous offre rien d'anormal. Les articulations des mem-
bres n'ont pas été ouvertes.
Cavité CRANIENNE. — Méninges normales. Les circonvolutions du cerveau sont
bien prononcées, les lobes cérébraux remplissent bien la cavité encépalique. In
substance cérébrale a une consistance normale.
En arrivant au ventricule moyen, je fus frappé par l'absence de la glandt i>
169
Déale. t'M eiT«t , derrière ce ventricule oa trouve sur le bord «aillant de la cooi-
missure postérieure du cerveau limitant le ventricule en ce point, deux concré-
tions dures, pierreuses, résistantes, rugueuses au toucher ; c'est de ce point que
partent en avant les habense , et ils sont un peu distants l'un de l'autre par un
espace que la glande pinéale occupe ordinairement; deux tractus blancs s'éten-
dent en arrière de ces points vers les nates , circonscrivant ainsi une fossette qui
me paraît beaucoup plus profonde et plus marquée qu'à l'état ordinaire.
Les concrétions dont je viens de parler sont évidemment formées en partie de
carbonate calcaire auquel elles doivent leur dureté, car depuis huit jours que cette
pièce est conservée dans de i'eau aiguisée avec l'acide azotique , les concrétions
ont perdu leur dureté et leur surface rugueuse, et si ce n'était leur forme glo-
bulaire et leur teinte jaunâtre , on les méconaltrait peut-être. Elles ne renfer-
maient donc pas de phosphate, car l'acide nitrique n'aurait pas chassé l'acide
pbosphorique aussi aisément et aussi complètement.
Le cervelet ne présente rien de particulier.
Tels sont les renseignements que je puis joindre à la pièce anatomique que
j'ai l'honneur de soumettre à l'appréciation des membres de la Société.
2» d'une affection convdlsive consécdtivz a la section transversale
DE LA MOELLE ÉPINIÈKE ; par U. BEOWN-SÉQCAED.
M. Brown-Séquard a constaté que l'afiTection convuisive, dont il a annoncé
l'existence chez les animaux ayant eu une moitié latérale de la moelle coupée
transversalement (i), survient aussi chez les cochons d'Inde auxquels on a
coupé transversalement toute la moelle épinîère à la région dorsale ou lombaire.
Sur sept animaux mis'en expérience, cinq ont été atteints de cette afTection con-
vuisive, de neuf à vingt jours après la section transversale complète de la
moelle épinière. La maladie a été en augmentant depuis plusieurs mois que
l'opération est faite. Les accès ont lieu sous t'influence d'une émotion ou d'une
douleur. Les convulsions sont surtout violentes dans les muscles de la face et
du cou ; elles n'existent pas dans le train postérieur qui est paralysé. Les accès
durent huit ou dix minutes. Ils sont d'autant plus violents que l'animal est
resté plus longtemps sans en avoir. (Séance du 24 août.)
(1) Voyez les Comptes rendas de la Société ^de bioloi^ie, n* 6, juio 1850,
p. lOS.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE
LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PENDANT Lï MOIS I>*OCTOBKS 1850 ;
rAK
M. FOLUIV, seerAtalrc.
Présidence de M. RAYER.
■ PHYSIOLOGIE.
!• d'une action 5PÉCIA1.E QUI ACCOMPAGNE LA CONTRACTION MUSCDLAIRE, ET DK
l'existence de cette action dans CERTAINS CAS rATHOLOGIQUES ET DANS CK
QUE M. MAGENrviE A APPELÉ SENSIBILITÉ RÉCDKRENTE ; par M. BROWN-SÉQDARD^
M. Matteucci a découvert il y a quelques années que la contraction d'un mus-
cle, sur lequel repose un nerf allant à un autre muscle, occasionne une con-
traction dans ce dernier. 1! appelle induite la contraction de ce dernier muscle.
172
M. Du Bois-Reymond, qui a donné une bonne explicalion de ce pbénomèo*,
appelle cette contraction secondaire ou dérivée.
M. Brnwn-Séquard a reconnu, et il a communiqué ces faits à la Société en
août IHliS :
lo Que la contraction, induite ou secondaire, est extrêmement faible quand
le muscle inducteur se contracte sans rencontrer de résistance, comme cela a
lien après la section de son tendon ;
2" Qu'il n'est pas nécessaire qu'un muscle se contracte pour produire una
contraction induite ou secondaire dans un autre muscle ; il suffit pour cela que
le muscle inducteur tende à se contracter, ce qui a lieu quand on l'excite après
aTOir fixé ses extrémités. Ce muscle fait alors effort pour se contracter, mais
l'attraction moléculaire qui tend à le raccourcir reste sans eOet k cet égard ;
3a Que plus un muscle se contracte ou tend à se contracter avec énergie,
plus la contraction induite qu'il occasioune est forte ;
V Que lorsqu'un muscle possède une irritabilité très-grande, qu'il soit en
contraction ou en repos, il suilit de le tirailler dans le sens de sa longueur,
pour qu'il agisse sur un nerf musculaire en contact avec lui, et produise con-
séquemment dans le muscle, animé par ce nerf, une contraction induite-,
5' Que les nerfs de sensibilité, ainsi que l'a vu M. Matteucci, lorsqu'ils sont
placés sur un muscle, en reçoivent une excitation au moment de sa contraction,
comme les nerfs moteurs ;
6* Que les nerfs de sensibilité, qui se ramifient dans l'intérieur d'un muscle
en contraction, reçoivent une excitation tout comme les nerfs sensibles ou mo-
teurs placés extérieurement sur ce muscle ;
7° Que l'intensité de l'excitation des nerfs sensibles, à l'intérienr on à l'ex-.
térieur d'un muscle en contraction, est soumise aux mêmes lois que l'intensité
de l'excitation des nerfs moteurs.
M. Brown Séquard croit que l'on peut, à l'aide de ces £ails et de quelques
autres, donner une explication très-simple d'un assez grand nombre de phéno-
mènes physiologiques et pathologiques, considérés jusqu'ici comme bizarres et
Inexplicables. Parmi ces phénomènes, il signale surtout ceux qui suivent:
1* On sait que les tissures à l'anus occasionnent des douleurs très-vives, qui
s'accroissent beaucoup toutes les fois qu'on allonge les libres du sphincter, en
dilatant l'anus, tandis qu'au contraire la douleur cesse ou se localise au niveau
de la fissure et dans son voisinage immédiiit, après que l'on a coupé le muscle,
comme le faisait Boyer, et permis, en conséquence, à ses fibres de se contractée
&ans aucun obstacle. Or, en rapprochant ces faits des résultats d'expériences
rapportés ci-dessus, on trouve leur explication très-aisément : avant l'opéra-
tion, les nerfs sensibles, répandus dans l'intérieur et à la surface du sphincter,
reçoivent des excitations par suite des contractions alternatives des diverses
fibres de ce muscle. Comme ces contractions sont très-énergiques, l'exci .ation
produite sur les nerfs est très-douloureuse. Si l'on tiraille les fibres musculaires
173
^"n agraBdissant la circonférence du sphincter, les libres nerveuses reçolrent,
comme dans l'expérience mentionnée plus i)aut, une rxcitalion plus vive. Si, par
la seciion, on permet au contraire aux fibres musculaires de se raccourcir sans
que rien leur fnsse résistance, l'excilatioB des nerfs n'a plus lieu» tout comm-î
dans l'expérience.
2° Dans certains cas de conlractnre douloureuse, les choses se passent aussi
comme dans les expériences rapportées précédemment : ainsi l'on augmente la
douleur en tirant sur le muscle coulracturé , tandis qu'on la diminue en rac-
courcissant le muscle par l'extension de ses antagonistes, et on la fait disp;i-
raltre en coupant son tendon et en lui permettant ainsi de se raccourcir sans ob-
stacle.
3* Les douleurs utérines, à l'époque de l'accouchement, s'expliquent très-ai-
sément par l'excitation que produit la contraction musculaire sur les nerfs de
l'utérus. Il en est de même des douleurs qu'occasionnent les crampes et toutes
les contractions très-violentes, dans lesquelles il y a des alternatives de repos et
d'action pour les divers faisceaux ou libres musculaires. Il en est de oiènie dans
les névralgies, et surtout celles de la face, où toute contraction musculaire est
accompagnée de douleur.
W On connait toutes les particularités du fait si important que M. Magendie
a découvert, et qu'il a nommé sensibilité récurrente. Ce fait, si singulier en
apparence^ s'explique très-simplement par les expériences qui montrent qu'en
«e contractant, les 4nuscles excitent les nerfs sensibles, ramiGés dans leur inté-
rieur ou au contact de leur surface. C'est donc parce que les racines antérieures
sont motrices cfoe l'on cause de la douleur en les excitant; en d'autres termes,
c'est parce qu'elles font contracter irès-vivement les muscles, dans lesquels elles
envoient des libres, et que cette contraction produit de la douleur. Ce n'est
donc pas parce qu'elles sont sensibles, mais, encore une fois, parce qu'elles
font contracter des muscles, que l'on occasionne de la douleur en les excitant,
pourvu que les racines postérieures correspondantes soient intactes.
Ce que M. Magendie appelle sensibilité récurrente n'a donc plus rien qui
puisse étonner. Ce qui serait étrange, ce serait que l'excitation d'une r:<-
tine antérieure ou motrice, en produisant une contraction musculaire énergi-
que, ne produisît pas, ipso facto, de la douleur.
Toutefois il est probable qu'il se joint à cette cause de douleur deux ou trois
autres causes de moindre importance : l'une d'elles consisterait dans l'existence
de libres nerveuses se repliant en anse et se rendant de la racine postérieure h
l'antérieure; une autre consisterait dans la pression plus ou moins vive que
les libres musculaires, en se raccourcissant et en gagnant en largeur, doivent
exercer sur les libres nerveuses sensibles qui se trouvent dans l'Intérieur du
muscle.
lU
3» KOTE SUH LA PRÉSENCE DD SDCRE DA5S L'cRINE DD FOETDS ET DANS LES LIQUIDE»
AMNIOTIQUE ET ALLANTOÏDÏEN ; par M. CLAUDE BeRNABD.
M. Cl. Bernard fait à la Société la communication suivante :
« Dans d'autres communications, j'ai démoutté que la production du sucre
(glucose) est une fonction normale du foie chez les hommes et les animaux.
J'ai fait voir en outre que cette production de malière sucrée commençait avant
la naissance et existait déjà chez le fœtus. J'ai tout récemment été conduit à
trouver un autre fait bien singulier : c'est que l'urine du fœtus, pendant la vie
jQtrà-utérine, contient normalement du glucose et se montre avec tous les earac-
'^res des urines des diabétiques. En eOet, ces urines fermen>nt au contact de
la levure de bière en donnant de l'alcool et de l'acide carbonique. Elles brunis-
sent par l'ébuilition avec les alcalis caustiques, et réduisent te tartrate de cuivre
■dissous dans la potasse.
» J'ai constaté, dans les abattoirs de Paris, la présence constante du sucre de
raisin dans l'urine chez plus de cent cinquante fœtus de vaches et de brebis.
Les fœtus de vache que j'ai examinés étaient en général âgés de quatre à sept
mois, et les fœtus de brebis de six semaines à deux mois et demi de vie intrà-
utérine. Je n'ai pas encore pu examiner des fœtus à terme, aiin de savoir si le
sucre des urines disparaît au moment même de la naissance ou quelque temps
auparavant.
» J'ai constaté ensuite la présence du sucre ( glucose ) dans le liquide allan-
toïdien et amniotique des fœtus de vache, de brebis ou de truie. Seulement le
principe sucré n'y existe pas toujours en quantité égale, et plusieurs fois, sur
des fœtus de vache de six mois et demi ou sept mois, je n'ai point trouvé de
sucre dans les liquides del'amnios et de rallautoïde, bien qu'il y en eût cepen>
dant dans l'urine des mêmes fœtus.
» Je me borne à rapporter aujourd'hui ces prenners faits, qui ue sont que le
début d'une série d'observations intéressantes que je me propose de poursuivre
sur d'autres animaux ainsi que dans l'espèce humaine. » (5 octobre 1830.)
II. — ANATOMIE PATHOLOGIQDE ET PATHOLOGIE,
î' BÏPERTROPUIE DES PLAQUES DE PETER ; par M. FOLUN,
M. Follin met sous les yeux de la Société l'intestin grêle d'un vieillard qui a
succombé à une affection chronique des voies urinaires. On y constate la pré-
sence de plaques saillantes de 1 à 2 centimètres, en général elliptiques, dont
le plus grand diamètre de l'ellipse est dirigé suivant l'axe de l'intestin. Ces éle-
vures correspondent par leur siège et leur aspect extérieur aux plaques de
Peyer. Peu nombreuses dans la partie supérieure de l'intestin grêle, on les voit
se réunir en groupe au niveau de la valvule iléo-cœcale. Une de ces saillies est
ilevenue assez forte pour constituer dans l'intérieur du tube intestinal un véri-
table polype de la grosseur du pouce.
175
2* DU SILLON DANS M GALE KT QUELQUES OBSERVATIONS SUR LE PORftIGO
SCDXOLATA ; par M. Piogey.
M. Piogey commanique à la Société des observations qu'il a faites sur le sillon
t]u'on trouve dans la gale. Ce sillon, manifestation essentielle de la maladie, n'au-
rait pas, selon lui, été décrit avec soin par les pathologistes qui se sont occupés
tle cette affection. Dans le travail qu'il soumet à la Société M. Piogey insiste en
décrivant ce sillon sur les parties du corps ou l'on en constate la présence, sur
les différences qu'il présente quant au siège , sur le siège anatomique de ce
sillon, sur le diagnostic de ce sillon dans l'espèce humaine, fait important pour
comparer les accidents qu'il entraîne avec ceux de la syphilis (plaques muqueu-
ses). M. Piogey insiste aussi sur la situation de l'acarus par rapport au sillon et
par rapport à la vésicule, enfin sur la destruction de l'acarus.
M. Piogey montre, à l'appui de ses idées, trois malades atteints de gale. Chez
eux le pénis est le siège d'une éruption papuleuse résultat du sillon. Deux aca-
rus sont extraits d'une papule située sur le gland^ et une autre d'une papule
qui siège sur la face dorsale du pénis.
Le même observateur montre aussi un malade atteint depuis dix ans d'un
porrigo scutulata. Le porrigo a envahi !>> cuir chevelu, i'épaule, le bras, le tronc
et enfin le membre abdominal gauche. On rencontre des favi à toutes les
périodes d'évoluUou , et il est impossible d'y reconnaître la présence d'une
pustule.
Le favus le pins petit, celui qui est à peine visible à l'œil, est constitué par
de la matière faveuse, et non par du pus; il peut être énucléé, et un examen au
microscope montre qu'il est de la même nature que les plaques faveuses les
plus larges.
3* EXAMEN D'DN OEIL OPÉRÉ DE LA CATAHACTE PAP. EXTRACTION, QUINZE ANS
AVANT LA MORT DU MALADE; par M. FOLLIN.
Un homme succomba dans le service de M. Rayer, le 12 septembre 1850, à
une pbthisie tuberculeuse ; il portait à l'œil gauche une cataracte et à l'œil
droit il avait été opéré, il y a quinze ans, par M. Roux, d'une aflection analogue.
Le procédé mis en usage avait été l'extraction, et l'on voyait encore sur la cor-
née de l'œil opéré une ligne cicatricielle, blanchâtre, demi-circulaire, à con-
vexité inférieure , d'un centimètre environ d'étendue. Celle cicaiiice linéaire
siégeait à une ligne de l'union de la sclérotique avec la cornée.
Les résultats de Topéralion avaient été satisfaisants, et de l'œil opéré le ma-
lade pouvait facilement distinguer Ips objets et même lire. A l'œil gauche, la
vision avait presque complètement disparu.
Ces détails, que j'avais recueillis de la bouche même du malade, m'engafrè-
reot à examiner avec soin l'état anatomique de ses deux yeux. J'avais surtout
176
le désir de constater la disposition de Poei! que M. Koux avait opéré par l'éx-
traclion.
Voici dans quel état je trouvai les parties.
La sclérotique, la choroïde, la rétine et le corps vifré sont à l'étal normal.
La cornée présente seulement à son bord inférieur la ligne cicatricielle que
j'ai déjà mentionnée.
La couleur de l'iris est grisâtre ; sa face anlérioure semble parcourue par un
très-grand nombre de stries grises posées sur un fond noir. Mais ce qu'il y a de
plus remarquable dans la disposition de l'iris , c'est l'adhérence du segment
inférieur de son bord pupillaire à la cicatrice de la cornée. Par suite de cette
adhérence, la régularité de la pupille est détruite.
La place du cristallin est occupée par une lentille qui m'a paru formée par
!a capsule antérieure et la capsule postérieure du cristallin rapprochées l'une
de l'autre. Cette lenUlle> d'un volume moindie qu'à l'état normal, est d'uî«
blanc opaque à sa circonférence, et au centre elle est transparente dans une
assez petite étendue ; c'est par ce trou dépourvu d'opacité que la vision pou-
vait se faire distinctement.
Je poussai plus loin l'examen, et en disséquant avec soin l'appareil cristalli-
siien, je constatai facilement la présence : l»de deux feniliels primitifs de la cap-
suie, assez transparents lorsqu'on avait détaché les fragments d'une matière
blanchâtre qui la doublait à l'intérieur; 2" entre ces deux feuillets, dans la
portion de la lentille qui avoisinait sa circonférence, j'ai dit qu'il existait une
matière blanche et grumeleuse ; celte matière, examinée au microscope, conte-
nait une masse amorphe, quelques globules arrondis, des plaques formées par
une réunion de libres parallèles du crislallink Dans l'autre cristallin, le micro-
scope montrait au milieu des fibres qu'on voit à l'état normal dans cet organe,
des cristaux très-manifestes et assez nombreux de cholestérine.
L'existence de produits cristallisés dans l'intérieur des cristallins cataractes^
est lin fait qui n'a poiiit éié signalé par les anatomo-pathologistes. Un membre
de cette société que le mort nous a malheureusement enlevé M. le docteur Désir
avait déjà constaté avec M. Rayer l'existence de cristaux dans l'intérieur d'une
catatacte ; mais il n'avait point déterminé la nature de ces produits cristallisés.
Dans le cas que j'ai pu observer, il est certain que j'avais sous les yeux des
plaques de cholestérine.
Cette pièce est intéressante au point de vue de ce qu'on a nommé la repro-
duction du cristallin. On ne peut pas avancer ici qu'il y ait eu reproduction de
cette lentille. En effet, ce que nous avons trouvé entre les deux feuillets de la
capsule, c'est un dépôt qu'on laisse constamment quand on extrait le cristallin.
Tout le monde sait que les couches du cristallin sont d'inégale densité ; les plus
extérieures sont les plus molles, les plus internes ont, au contraire, une cer-
taine dureté. Dans î'exlraclion du cristallin, en laissant la capsule en place,
èes couches (Titérieures, molles, ne se détachent qu'en partie de la capsule; la
177
portion qui reste adhère à la face interne des feuillets capsulaires et à la suite
de la rétraction qu'ils éprouvent, il se forme un noyau d'une niasse blanchâlre
que, dans beaucoup de cas, on a pris pour une reproduction du cristallin.
Cette pièce est encore intéressante quand on considère l'adhérence du bord
pupiilaire de l'iris à la plaie de la cornée-, celle tendance de l'iris à venir se
placer enlre les lèvres d'une plaie de la cornée fait que, dans le plus grand
nombre des plaies pénétrantes de cet organe, l'adhérence se fait avec l'iris; mais
quoiqu'il en soit, cette adhérence, dans ce cas, ne nuisait en rien aux facultés
visuelles.
III. — TÉRATOLOGIE.
EXAMEN D'DN foetus MONSTRUEUX ANENCÉPHALE (PSEUDENCÉPHALE) MANQUANT
DE NEZ ET d'yeux ; par M. GOSSELIN.
M. Gosselin communique à la Société les détails qui suivent sur un fœtus
monstrueux qu'il a disséqué, et dont il montre les pièces :
• Le 2 décembre 1848, madame Daguin, sage-tèmme à Vaugirard, a fait ap-
porter à l'Ecole de médecine un fœtus qu'elle avait reçu la veille; la mère de
ce fœtus a eu déjà quatre enfanls; aucun des accouchements n'avait été labo-
rieux ; les enfants sont tous vivants et bien conformés.
» Cette femme a été désolée de devenir enceinte une cinquième fois ; elle
était dans une grande misère; son mari, mal portant depuis longtemps, devint
p'us malade pendant les premiers mois de la grossesse, et mourut quinze jours
avant l'accouchement.
«Jusqu'au quatrième mois, rien de particulier ne se manifesta; à cette époque,
les mouvements du fetus commencèrent à se faire sentir ; la malade les a trou-
vés bizarres et dillërents de ceux qu'elle éprouvait pendant les autres gros-
sesses ; elle les comparait habituellement aux oscillations d'un pendule.
» L'accouchement est arrivé à terme et n'a pas duré longtemps, il n'a offert
aucun incident particulier ; l'enfant a vécu trois heures, pendant lesquelles il a
poussé des cris très-faibles, puii il est mort.
« Le corps du fœtus est remarquable par son développement bien complet et
semblable à celui d'un fœtus ordinaire bien conformé.
»Sa tèle présente une disposition particulière de la face : la bouche existe,
bien conformée et sans bec-de-liévre, mais au-dessus il n'y a point de nez,
point de fentes palpébrales, point d'yeux ; les oreilles, placées en leur lieu ordi-
naire , sont très-bien développées et peut-être plus volumineuses que norma-
lement.
» A la partie inférieure de cette tête informe se trouve une masse grosse comme
la moitié d'un œuf ordinaire, irrégulière, bosselée, d'une rougeur intense, et
présentant l^s apparences d'un caillot sanguin. Cette tumeur est molle, elle est
comme étranglée et entourée de tous côtés parla peau, qui manque au contraire
ÙL son niveau. Eu arriére et sur les côtés, ia peau vient même se terminer sur
178
les envelo|)pes de la tumeur, eu lut adhérant trës-solidement. A la partie anté-
rieure, au contraire, elle se termine, non pas sur le pédicule de la tumeur,
liiais un peu plus bas, en laissant à nu une surface rougeâtre»
1) Pour disséquer les parties, j'ai fait une incision médiane en avant et en ar-
rière de la tumeur. L'incision antérieure est venue tomber sur !a lèvre supé-
rieure très-bien développée, et sans bec-de-iiévre, comme je l'ai déjà dit ; j'ai
ensuite rabattu la peau de chaque côté. J'ai cherché s'il y avait quelque rudi*
ment du giobe oculaire, je n'en ai trouvé aucun, tout comme nous n'avions
aperçu à l'extérieur as3cune dépression ou fossette indiquant la place des pau-
pières.
u Noos avons vu seulement derrière la peau, au niveau de la place occupée
par la cavité orbiiaire largement ouverte par en li^ut, une couche épaisse de
matière noire, que i'on peut regarder comme du pigment; à part cela, point de
sclérotique, ni autres membranes ; point de nerf optique.
» J'ai cherché également s'il y avait à la partie antérieure quelque trace des
narines et des cavités olfactives ; je n'en ai trouvé aucune. La substance osseuse
se continue de haut en bas sans în moindre interruption.
» La tumeur qui déborde l'ouverture crânienne a été ensuite examinée; elle
a une enveloppe fibreuse qui se continue en bas sous forme de canal dans le
trou occipital et dans celui des vertèbres ; c'est donc la dure-mère; en l'inci»
sant, j'ai trouvé qu'elle ne formait pas une cavité unique, mais que la poche
fibreuse était sul^divisée à l'intérieur en cinq ou six poches secondaires, ne com-
muniquant pas entre elles, et dans chacune desquelles se trouvait un liquide
onctueux et un peu jaunâtre, semblable à de la synovie. Une de ces cavités
était traversée d'un côté à l'autre par un lilet nerveux ; deux autres renfer-
maient une substance rongeâtre, molle, ressemblant à un détritus sanguin mêlé
de quelques portions de matière grise, qu'on pouvait prendre pour de la ma-
tière nerveuse C'était surtout à la partie postérieure que l'on voyait de cette
substance, comparable à la pulpe cérélirale.
B De la partie inférieure de celte substance prenait son origine le bulbe ra-
cbidien, et en même temps que lui quelques nerfs, la cinquième et la septième
paire en particulier.
» Les nerfs émanés du bulbe étaient dans leur état naturel.
» Après avoir examiné ce fœtuô à l'extérieur, j'ai étudié sa conformation in*
térieure. Les cavités tboracique et abdominale étaient ouvertes. J'ai trouvé que
les viscères de ces cavités n'offraient aucun vice de conformation. Le canal in-
testinal se termine par un rectum et un anus bien conformés ; le foie, la rate, le
pancréas, les reins et ks capsules surrénales n'offrent rien de particulier-, les
poumons, le cœur et le thymus présentent aussi les caractères de ces mêmes
parties dans les cm de coaiormalion régulière.
» Il n'y a pas de spina-biûda.
» L examen des prtrties molles extérieures et intérieures ayant été fait, j'ai
179
laissé macérer la tête dans l'eau, et quand elle a pu être bien nettoyée, j'en ai
fait l'étude et la description. La boite crânienne par sa face inférieure ne pré-
sente point d'irrégularités sous le rapport du nombre des objets qui s'y trou-
vent; il n'y a de remarquable que son élargissement transversal à la partie pos-
térieure, dans les points qui correspondent aux apophyses masloïdes ; ces
apophyses forment même des os distincts, qui représentent une des pièces
non encore soudées du tempora!, c'est-à-dire l'os mastoïdien permanent des
animaux.
» Si l'on examine par en haut, on trouve que la paroi supérieure ou voûte du
crâne est excessivement déprimée et très-rapprocbée de la base, de manière à
intercepter une cavité excessivement petite. Celte paroi supérieure présente
sur la ligne médiane et vers sa partie moyenne une ouverture, c'est celle par
laquelle sortaient la dure-mère et le faux encéphale dont nous avons parlé. Cette
ouverture est circonscrite en arrière par des os de la voûte, les pariétaux, et
en avant par des os de la hase, le corps et les petites ailes du sphénoïde. Ea
effet, au devant de ce trou on rencontre une altération profonde de la face.
L'os frontal semble d'abord manquer; mais en y regardant de plus près, on
constate qu'il existe, mais très-rudimenlaire et divisé en deux portions dont
chacune est déjetée de chaque côté de la ligue médiane et jusque sur les parties
latérales. On aura une^idée exacte de la',dispositiondes parties si l'on suppose que
ces deux moitiés du frontal ont été écartées, qu'il y a en même temps absence de
Peibmoïde, du vomer, des unguis, des cornets et des os nasaux. De cette façon,
le squelette de la téie a pour limite en haut et en avant la portion des maxillaires
et des palatins qui forme habituellement la paroi inférieure des foses nasales;
ces fosses nasales n'existent pas; les deux orbites, largement ouverts par en
baut, communiquent l'un avec l'autre sur la ligne médiane, par suite de l'ab-
sence ou plutôt du déjettemeiit des deux moitiés du frontal. Je dis qu'il n'y a
pas d'os nasaux; on en aperçoit cependant à la partie antérieure un rudiment
extrêmement petit, qui vient se terminer en formant un angle droit avec la por-
tion horizontale du maxillaire supérieur; sur cette portion horizontale, en
avant et sur la ligne médiane, se trouve une dépression circulaire qui est comme
un rudiment des fosses nasales.
» Aujourd'hui que l'atienlion des observateurs est appelée sur les monstruo-
sités de ce genre par les beaux travaux de Geoffroy Saint-Hilaire père et fils, et
par ceux plus récents de Otlo (Sexantordm monstrorcm dissectiones, 1841), le
premier soin des anaiomistes qui ont en leur possession un fait nouveau doit
être de rechercher si ce fait est consigné déjà dans la science, et quel nom lai
est assigné dans les diverses nomenclatures.
> Si nous nous en tenions seulement aux dénominations proposées avant les
travaux de Geoffroy Saint-Hilaire, à celles, par exemple, qu'ont employées Bé-
elard, Cbaussier, Brescbet, nous dirions simplement que ce fœtus est on anen-
cépbale; car on ne voit pas bien nettement de cerveau, ou plutôt on n'en trouve
180
que des rudimeuts fort incomplets; mais les travaux de Geoffroy Saint-HiUirtf
ont bien fait voir que parmi tous ces monstres regardés comme anencéphales,
il y avait des distinctions à établir entre ceux qui n'ont pas le moindre vestige
d'encéphale et ceux qui en ont des vestiges plus ou moins prononcés ; ces ves-
tiges eux-mêmes peuvent être situés à l'extérieur du crâne assez bien développé
d'ailleurs, ou surmonter un crâne qui manque d'un certain nombre de ses
pièces naturelles. En un mot, les anencépbales des anciens anatomistes peuvent
former trois classes : les exencéphales, les pseudencéphales et les anencépbales
proprement dits.
» Le sujet dont je viens de donner la description appartiendrait aux pseuden-
eéphales ; en effet la tumeur mollasse qui forme la partie la plus élevée du
centre nerveux encéphato rachidien est constituée, comme dans les observa-
tions de M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, par une substance rougeâtre, sangui-
nolente, offrant des traces de matière nerveuse^ et souvent contenant des poches
séreuses ou hydatiformes. M. Geoffroy Saint-Hilaire établit parmi les pseu-
dencépbaliens deux variétés, suivant que le trou occipital est distinct, ou
qu'il est largement ouvert en arrière, et contenu avec un caual rachidien ouvert
de la même façon. Notre individu, possédant un trou occipital distinct, appar-
tiendrait donc à la deuxième variété (nosencéphale).
» Mais nous avons entre les descriptions de M. Geoffroy Saint-Hilaire et la
nôtre celte différence que l'auteur du Traité de tératologie donne comme
un caractère habituel des pseudencéphaliens, la présence d'un nez épaté et
d'yeux très-saillants, tandis que sur noire fœtus les organes de l'olfaction
manquent entièrement. Il y a par conséquent eu chez lui arrêt de développement
de deux organes sensoriaux en même temps que de l'organe encéphalique.
M. Isid". Geoffroy Saint-Hilaire ne mentionne pas cette variété, et je n'ai trouvé
dans son livre aucune place que je pusse assigner à ce foetus.
» J'ai trouvé, au contraire, dans la classification d'Otto, une variété à laquelle
pourrait se rapporter davantage le monstre que j'ai disséqué. Cet auteur établit
un premier ordre des monstres par défaut (tnonstra defio'entia). Dans cet ordre,
il fait six genres ; un de ces genres, le cinquième, s'appelle momlra anth'
mala, et a les caractères suivants : les yeux manquent ou sont très-petits; le
cerveau est hydropique ; les nerfs antérieurs sont nuls ou manquent; il s'ajoute
quelquefois une déformation du nez et quelque chose qui se rapproche du
cyclope.
M Ces caractères ressemblent à ceux de notre fœtus ; mais Otto paraît avoir
observé plutôt la déformation que l'absence du nez conjointement avec les dés-
ordres de l'encéphale. Sous ce rapport, le fœtus que j'ai examiné et déposé au
musée Dupuytren serait encore une variété à ajouter dans la classification da
l'auteur allemand. «
COMPTi: RENDU
DES SÉANCES
DS
LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PERDANT LX UOIS DZ NOVEMBRE 1850 ;
PAK
M. SEGO!n>, seerCtalr»
Présidence de M. RATER.
I. — Anatomie.
SDR LA NATURE ET LES FONCTIONS RE l' ORGANE i'ALATÎN CES rVPRlNS;
par M. Davaike.
« 1! existe au palais des cyprins un organe particulier, dont l'irritabilité singu-
lière a depuis longtemps attiré l'attention des physiologLsles* Cet organo, situé
souE la voûte palatine, au devant de l'apophyse basilalre, est vulgairement connu
sous le nom de langue d& carpe. On a émis des opinions très-différentes sur
la nature et eur ses fonctions : Ratkka le considérait comme une couche glan-
182
dulaire, ayant des fonctions plus ou moins analogues à celles des glandes sa-
li «/aires des mammifères. Suivant Cuvier et M. P^alenciennes^ sa substance est
composée de granulations très-ûnes. Il reçoit un nombre considérable de filets
nen'eux dont les subdivisions dans l'organe montrent sa nature essentiellement
nerveuse ; ce qui porte ces savants à penser que l'organe palatin des cyprins
peut suppléer à la langue dans la perception des saveurs. E.-H. Webtr y re-
connut des fibres musculaires striées ; J. Muller a également constaté l'exis-
tence de ces fibres striées, et en outre des fibres cellulaires ; plus tard E. de
fFeber y découvrit de plus des fibres musculaires de la vie organique, qui me
paraissent avoir été considérées par Muller comme des fibres cellulaires.
» L'existence de ces fibres musculaires des deux vies explique parfaitement
l'élévation subite et longtemps persistante que produit sur la partie touchée une
piqûre, un frottement ou la simple pression. Il ne paraît pas que la connaissance
de la nature musculaire de cet organe ait apporté de nouvelles lumières sur ces
fonctions; car &. Stannius, dans son Manuel d'anatohie cgmpakée (p. 76), le
considère encore comme l'organe du goût,
» Ayant soumis ce corps à l'inspection microscopique, j'ai constaté, comme
JVeber et Muller, que son parenchyme est principalement formé de fibres
musculaires. Ces fibres sont plus nombreuses et plus serrées vers la surface de
l'organe. Une grande quantité de graisse fluide s'y rencontre aussi, interposée
aux fibres musculaires et comme à l'état d'infiltration. Je n'y ai trouvé aucun
des éléments des glandes. La membrane muqueuse ne présente point de pa
pllies; et son organisation ne m'a paru différer en rien de celle de la muqueuse
qui revêt les autres parties de la bouche.
• La nature essentiellement musculaire du parenchyme de cet organe étant
donc bien déterminée, j'ai cherché, par l'examen anatomique, à reconnaître la
direction et l'arrangement de ses fibres dans le but d'en tirer des inductions re-
lativement à ses fonctions. Cet examen a été fait sur la tanche qui m'a paru
avoir les fibres de ce corps plus apparentes que les autres cyprins.
• L'organe palatin de ce poisson, comme celui de la carpe, forme une couche
épaisse en arrière et succesivement de plus en plus mince en avant où, vers le
voisinage des lèvres, il se termine en une membrane très-mince, sous-jacente à
la muqueuse. Dans cet espace, ses fibres oOrent plusieurs points d'attache :
1» en arrière, un faisceau considérable naît de l'apophyse basilaire et se porte
directement en avant; 2" de chaque côté, un faisceau distinct nait de chacun des
nrcs branchiaux et se porte plus ou moins transversalement et en avant. Le point
d'attache à chaque branchie correspond au milieu de la longueur de la pièce
branchlo-articuîaire. Les faisceaux nés de ces diverses attaches se portent, pour
le plus grand nombre, en avant en s'amincissant graduellement. Deux faisceaux
distincts suivent la direction des branches hyoïdes, auxquelles ils paraissent s'in-
sérer. Les fibres de ce corps offrent donc en arrière une attache sur une partie
immobile, l'apophyse basilaire ; de chaque côté.quatre attaches sur des organes
i83
mobilefl, les arcs branchiaux ; enfin, en avant, elles peuvent agir médiatement
•ur diverses parlies de la bouche. De celte disposition, on doit déduire que la
contraction de cet organe peut diminuer la capacité de la cavité buccale et faci-
liter la déglutition, soit en agissant sur ies parties antérieures de la bouche, soit
en rétrécissant l'arrière-bouche par le rapfjrochenaentdee arcs branchiaux.
n Pour constater les mouvements de l'organe palatin, je l'ai mis à découvert
8ur plusieurs cyprins bien vivants ; on y parvient facilement, en incisant le plan-
cher de la bouche de chaque côté de l'os hjoïde et en renversant cet os en arrière
avec l'appareil branchial. Dans ces conditions, on aperçoit des contractions réité-
rées et spontanées de cet oigane, contractions qui se manifestent surtout lors-
que les pharyngiens inférieurs exercent des mouvements do mastication. Les
contractions de l'organe palatin commencent en avant et se propagent en arrière
en une ondulation très-marquée, qui peut être comparée exactement au mou-
vement péristaitique des intestins ; sa direction est constante d'avant en arrière.
Ce mode de contractions par ondulation m'a paru être lié exclusivement àla
fonction de la déglutition, ou peut-être à la volonté de l'animal, car ni les pi-
qûres ni les irritations mécaniques ne peuvent ie déterminer; le point piqué ou
irrité seul se soulève. Je n'ai jamais vu cette élévation partielle être acconîpagnée
ou suivie d'une contraction générale ou successive de l'organe, phénomène que
l'on voit se produire spontanément toutes les fois que l'animal opère un mou-
vement de déglutition ou de mastication.
» Il est donc manifeste que le corps situé au palais des cyprins est un organe
de mouvements.Ces mouvements sont évidemment liés à l'acte de ia déglutition ;
il me parait superflu d'insister sur ce point.
» L'organe du palais des cyprins serait-il en outre destiné à percevoir les sa-
veurs? Celte opinion, basée autant sur le besoin de lui trouver use fonction que
sur son irritabilité et sur le grand nombre de nerfs qu'il reçoit, me paraît peu
probable ; car, d'une part, son irritabilité est un phéDomène parement muscu-
laire ; d'une autre part ce corps ne me paraît pas recevoir plus de nerfs, eu
égard à son volume, que les muscles qui meuvent les os pharyngiens inférieurs.
Enfin l'organisation de la membrane muqueuse qui le revêt n'ayant rien de
spécial, celte membrane Jouit probablement des mêmes propriétés que celle des
autres parties de la bouche.
B D'après ces considérations, je pense que l'organe qui existe au palais des
cyprins a pour fonctions de faciliter l'acte de la déglutition chez ces animaux.
En effet, si l'on examine par quel mécanisme s'opère la déglutition t bez les pois-
sons, on constate que cette fonction ne s'accomplit pas chez eux au moyen
d'une langue musculeuse et mobile, cet organe, lorsqu'il existe, étant généra-
lement osseux ou cartilagineux ei privé de mouvements propres, incapables
par conséquent de porter en arriére le bol alimentaire. Cbez les poissons, en
général (les cypriens exceptés), le pharynx très-large n'apporte aucun ob-
stacle à la pénétration des aliments dans l'œsophage; diverses parties de la
184
bouche et de l'arrière-bouche sont armées de dents ou de pointes rési<:laDteij
plus ou moins inclinées en arrière, de manière à ne pas permettre à une proie
de suivre une autre direction que celle du pharynx; en sorte que cette proie»
souvent volumineuse et vivante, parvient sans obstacle dans l'œsophage par ta
forme même des parties. Chez les cypriens, au contraire, les mâchoires sont
dépourvues de dents (à part chez un petit nombre d'espèces) ; les autres parties
de la bouche et de l'arrière-bouche ne présentent non plus ni dents ni aspérités
dont la direction force, en quelque sorte, l'aliment à suivre une route déter-
minée ; en outre rarrière-bouche est fermée par un pharynx très-rétréci. Les
dents dont ce dernier organe est pourvu, disposées pour la mastication seu-
lement, ne peuvent nullement servir à la déglutition.
» II fallait donc un organe supplémentaire pour conduire dans ce pharynx
étroit, entre ces dents triturantes, la proie, en général peu volumineuse (mol-
lusques, insectes, végétaux), dont se nourrissent les cyprins. »
II. —Physiologie.
NOTE SUR LES FONCTIONS DO LARYNX StJPÉSIEDB CHEZ LES OISE&ITX }
par M. Second.
« Les travaux d'anatomie et de physiologie, relatifs à l'appareil vocal des oi-
seaux, malgré lenr grande perfection, sont aujourd'hui insufiisants pour faire
l'histoire de ta voix chez ces animaux.
» Les JDtcressantes recherches de Herissaut,Vicq-d*A2yr, Savart, Cuvier, Mul-
1er, etc., ont malheureusement conduit à une opinion trop absolue, d'après la-
quelle te larynx supérieur se trouverait entièrement mis de côté, par suite de
rbypothèse exclusive qu'on a instituée à l'égard du larynx inférieur.
» A toutes les expériences tentées jusqu'à ce jour, j'en opposerai une bien
simjtle.
» Quand on ouvre largement le bec d'un coq ou d'une poule, on apprécie
très-neUemeni à chaque cri de l'animal un frémissement très-marqué dans les
rei<!îs qui bordent en haut l'ouveriure de la trachée artère. Il est bon de remar-
quer que, chez les gallinacés, le larynx inférieur est sans muscles propres et
sans dilatations latérales.
» Dans la même expérience, il est facile d'observer que l'arliculatiou du son
qui, chez d'autres gallinacés, la perdrix, par exemple, est ordinairement repré-
sentée par les lettres suivantes : eae cac cac, est manifestement exécutée par le
mode de séparation des lèvres de cette véritable glotte supérieure, et que, sans
contredit, cette articulation combinée avec divers degrés d'ouverture de la
bouche et du pharynx constitue les conditions essentielles de l'imitation de ui>-
tre langage chez les oiseaux parleurs , bien que la langue doive aussi y con-
courir.
n En attendant qu'un nouveau travail place l'ensemble de la théorie de b voix
185
tur son Trai terrain, cette remarque pourra dés à présent corriger la manière
absolue de raisonner relativement à la phonation chez les oiseaux. »
III, — Anomalies.
1* DESCr.IPTION d'un CHIEN MONSTRUEUX; par M. GotiBAOX.
« Sur un chien de petite taille, de l'âge de 4 mois, qui présentait r inq pattes,
dont trois postérieures, il y avait denx anus et deux pénis. Cet animal est mort
le samedi 23 novembre 184 4, et voici ce que j'ai remarqué à son autopsie.
Intestin. — L'intestin grê!o est bifurque ; une de ses bifurcations vient se ter-
miner en cul-de-sac à l'ombilic, et l'autre se continue jusqu'au cœcum. Du cœ-
cum part le colon qui, après une longueur d'un centimètre et demi, se divise en
deux rectums. Chacun de ces rectums aboutit à un anus.
Le rectum du côté gauche présente une disposition particulière, il communique
avec une poche du volume d'une petite noix {vessie du côté gauche) qui est si-
tuée sur son côté externe et occupe un peu la région du fiisnc gauche.
Chacun de ces rectums est appendu à la région sous-lombaire, au moyen d'une
lame péritonéaie qui, après avoir embrassé le rectum se réunit à celle du côté
opposé en formant un mésentère qui unit longitudinalement ces deux portions
d'intestin.
Foie. — Le foie est peut-être un peu volumineux pour la taille de l'animal,
mais il ne présente rien de pariicuiier.
Reins. — Le rein droit est trèr>-volumineux ; ie gauche ressemble à un ganglion
lymphatique, il a à peu près le vingtième du volume de celui du côté opposé,
et une couleur jaunâtre.
PÉi«i!s. — Ceiui «lu côié droit est bien conformé. Celui du côté gauche pré-
sente aussi un os pénicn, mais le canal de l'urètre, à un cent'mètre de son ex-
trémité libre, est imperforé. La cavité du canal de l'urètre et !a vessie da même
côté, comme le rectum, contiennent d. s matières excrémentielles ; ces trois or-
ganes communiquent directement l'un avec l'antre.
Testicul|:s. — Ils sont au nombre de deux et sont situés dans la cavité abdo-
minale au niveau du flanc gauche.
Vaisseaux. — L'aorte postérieure, en arrivant au niveau de la dernière vertè-
bre lombaire, se divise d'abord en deux branches, l'une envoie des divisions dan»
le membre postérieur gauche; et l'autre, la droite, d'un volume plus considéra-
ble se subdivise en deux parties. La première se porte dans le membre postérieur
droit et dans la cavité pelvienne du même côté, mais les divisions les plus vo-
lumineuses que fournit la seconde côtoient les parois internes de la cavité pel-
vienne du côté gauche pour gagner le membre surnuméraire qui se trouve placé
dans le plan médian.
Neufs. — Pour le membre postérieur gauche, ils proviennent des paires lom-
baires ; les uns gagnent le membre après un court trajet ; les autre», au contraire,
186
rôtoient la face interne de la paroi externe de la cavité pelvienne gauche, sortent
de cette cavité et gagnent la face postérieure du fémur.
Les nerfs du membre postérieur droit ont une disposition normale.
Ceux du membre supplémentaire proviennent des nerfs sacrés gauches ; ils
côtoient la paroi interne de la cavité pelvienne droite.
Os. — Entre deux coxauxbien conformés en existe un troisième de forme très-
irrêgulièrp, situé plus à gauche qu'à droite, et formé d'un iléum auquel s'ajou-
tent en arrière deux put)is et deux ischions , de sorte qu'il existe deux cavités
pelviennes distinctes dont la gauche et la petite est de forme très-irrégulièrc.
C'est au point de jonction de ces deux parties postérieures du canal 8urnuméra:re
qu'est articulé le cinquième membre.
La forme du membre postérieur surnuméraire est très-lrrégulière; les muscles
sont singuliers, mais ils répondent assez cependant à ceux que l'on trouve ordi-
nairement.
Les os qui entrent dans sa composition sont un fémur, un tibia, un péroné (il
n'y a i>as de rotule) et un pied complet, mais tous ces os sont très-irrégu-
liers.
La colonne vertébrale ne présente d'irrégularité que dans la forme du corps
des trois dernières vertèbres lombaires; la forme du corps de ces vertèbres est
altérée^ celui-ci est plus long à gauche qu'à droite: ce qui rend cette portion
du ruchls comme légèrement courbée, suivant sa longueur; et les difiërentes
portioDS qui composent la sixième ne sont pas réunies inférieurement. »
2" ANOMALIES DE IlIHENSIONS DE L'AOP.TE ; par M, VeRNECIL.
M. Verneuil présente l'aorte d'un sujet adulte femme. Cette artère, aussi bien
que îos principales branches qui en naissent (tronc brachio-céphalique, carotide
et soiis-clavière gauches, intestinales, artères viscérales, iliaques primitives),
sont réduites à des dimensions très-minimes; elles semblent appartenir à un su-
jet >1e i'i à 14 ans environ. Leur diamètre égale à peine la moitié de celui qu'il
atteint chez une femme adulte de même taille. L'exiguïté de calibre porte au
reste sur tout le système artériel, qui a été injecté au suif et disséqué ultérieu-
rerocîîl. Cependant les fémorales, les humérales, se rapprochent plus du calibre
normal que les gros troncs précitée, quoique restant beaucoup au-dessous de leur
volume ordinaire. Ces artères, au reste, ne présentent l'apparence d'aucune al-
tératit^u. Le cœur est petit, mais n'a pas été examiné avec tout le soin dé-
8'rable.
Lo sujet est une femme de 4 pieds 10 pouces environ, parfaitement constituée,
morte de suites de couches. Le système musculaire est bien développé ; les mus-
cles sont rouges, et il y a un degré d'embonpoint notable, sans être excessif. Les
«'nviltis pleurales, largement constituées, renferment des poumons très-amples et
comnJétement sains.
'*'t!u'. incomplet que soit cet examen; cette disposition parait congéniale, et
•-Î -H
>
-:' 'V
■r- •■■ »;..
•»->
/.
--' I
»-
- ,-<• -•
■ '■''■'
"'i
1-- ;
■'■■■ A -.-i
'<i '
'. !
i.v./;
'" \
...
/ V, /
^-^ '.
.«
'" ^«V- ' /
.-'■ ' 'v
/
. " x' '■
■ y
■■: c •. , 1
f K
■-"' j^
^-.. <- A
y> -
'■/->, •'■
"t. '
'^;
'i.
€87
l'on ne peut en rendre compte par aucune lésion. Il a été impossible d'avoir det
renseignements sur l'état physiologique da sujet.
IV.-— EXPLORATION PATHOLOGIQUE.
1" TCUEUR OBSERVÉE DANS LA FOSSE SDS-SPnÉNOÏDALE ; par M. HiRCHFELD.
Sur un sujet destiné aux dissections, j'ai trouvé dans la fosse sus-sphénoî-
dale (selle turcique) une tumeur de la grosseur d'une petite noix, d'une con'
sistance molle, d'un aspect blanchâtre, sur le côté droit de laquelle on aperce-
vait la lige piluitaire. Cette tumeur s'était développée entre les deux feuillets
de la dure-mère qui enveloppent la glande; elle avait refoulé de bas en haut le
chiasma des nerfs optiques, le tuber cinereum^ les tubercules roamillaires, et
par conséquent les lobes cérébraux, et transformé l'excavation hexagonale de la
base du cerveau en une excavation hémisphérique. La compression avait sur-
tout porté sur les bandelettes et le chiasma dos nerfs optiques. Ce dernier était
mince, aplati, large à peu prés d'un travers de doigt, épais d'une ligne à une
ligne et demie.
De chaque côté. Tarière carotide interne et le sinus caverneux étaient com-
primées; la carotide avait un aspect cartilagineux, et présentait une flexuosité
plus grande qu'à l'état normal. Les nerfs de la paroi externe du sinus, '^ est-à-
dire le moteur oculaire commun , le pathétique et l'opltlhalmique de Willis
étaient aplatis, atrophiés en partie, d'une consistance molle et d'une couleur
jaunâtre. Le moteur oculaire externe présentait les mêmes caractères. Ces lé-
sions étaient surtout sensibles au côté droit, où la tumeur proémiiait da-
vantage.
A l'extérieur, cette tumeur avait l'aspect d'une tumeur encéphaloïde ; telle a
été l'opinion de M. Cruveilhier, de M. Follin et de quelques autres pathoîogisles
auxquels j'ai montré la pièce. Il était douteux si ia luni«ur s'était développée
dans l'intérieur même de la glande piluitaire oa dans le voisinage; mais une
coupe verticale antéro-poslérieure de la ba^e du crfuie, e f par conséquent de
celle tumeur, nous a montré, non pas une hypertrophie du corps piluitaire, car
on n'a pu reconnaître ni la présence des deux lobes ni leur coloration normale,
qui est d'un rouge jaunâtre pour l'antérieur, d'un gris foncé pour le posté-
rieur, mais une transformation complète de ce corps. Cette tumeur avait en
effet l'aspect d'une masse homogène, d'un blanc jaunâtre, dans laquelle on n'a
reconnu aucune irace de la glande. M. le docteur FoHin, qui a examiné au mi-
croscope une petite trunche de la tumeur, n'a pas trouvé de cellules cancé-
reuses, et après un plus long examen, nous avons reconnu une tumeur fibro-
ptastique.
Il eiit été très-intéressant de savoir quels tioub'es celte ît^sion avait occasion
nés pendan<: la vie, s'il y avait eu cécité, alFaiblisseratnl de 3a mémoire, dispo-
sition au sommeil, comme on l'a déjà observé dans les îr)?!3dies de ce genre •
185
mais il nous a été impossible d'avoir des renseignements antécédents sur îe su-
jet. L'exaïoen du cadavre nous a montré que l'œil n'avait éprouvé aucune al-
tération appréciable, malgré les lésions du cLiasma et di?s bandelettes des nerfs
optiques, et maigre même une légère atrophie des nerfs optiques. Sur toute la
moitié droite du feuillet pariétal de l'arachnoïde crânienne, nous avons trou>é
une fausse membrane épaisse, bien organisée. Un peu de sérosité s'était ré-
pandu entre les deux feuillets de î'aracbnoïde. Le bras gauche svait éprouvé
une altération notable; les muscles étiiieni atrophiés, décolorés. Ils avaient subi
un commencement de tranformaiion graisseuse.
Les doigts étaient fléchis et contractés sur la main ; il était impossible, même
après l'ablation delà peau, de les remettre dans l'extension.
Le nerf médian seul présentaii une espèce d'atrophie et un changemenl de
coloration ; sou névriième était épaissi. D'après l'examen de ce bras, je pus
conclure qu'il avait été paralysé, et que celte paralysie provenait probablement
de la méninsjite située du côté opposé, et non pas de la tumeur qui, étant ëui" la
ligne médiane, aurait dû occasionner la même lésion des deux côtés.
On peut se demander si la méningite a précédé et occasionne la tumeur, ou
bien si ceile-ci, par sa compression sur l'arachnoïde de !a base de l'encéphale et
sa compression latérale sur les sinus caverneux et les artères carotides, aurait
développé la méningite. Cette dernière opinion pourrait être soulenable, à cause
du plus grand volume de la tumeur do côté droit
2° NOTE SUR 1,'HTPERTROPniK DE LA MEMBRANE INTERKE DU GÉSIER OBSERVÉS
scR DEUX GALLiNACÉs; par SÎM. Laboulbène et Roczet.
Vers le milieu du mois d'octobre dernier, deux jeunes poalets (phasianua
gallus, L.), élevés dans une grande volière, cessèrent de manger, et trois jour»
après, l'un d'eux, qui était un mâle, mourut tout à coup. A l'autopsie, nous
avons trouvé le jabot considérablement dilaté par le grain qu'il contenait et
avant environ 12 centimètres de diamètre. Le ventricule succenlurié était aussi
très-élargi , et renfermait des aliments tellement entassés et foulé» qu'il était
très-diffu-ile de les diviser.
Eu ouvrant le gésier, nous fûmes surpris de trouver la membrane interne de
consistance cornée dans toute sa partie supérieure, et ayant totalement boufhé
rorifice du cardia. Ce fait nous parait expliquer i'entassement des aliments dans
le ventricule succenlurié, l'engorgement du jabot, et par conséquent la mort de
l'animal.
L'intérieur du gésier était entièrement dépourvu de ces petits cailloux que l'on
rencontre toujours dans le gosier de tous les gallinacés. Le reste du tube intes-
tinal était dans son état naturel.
Le deuxièrce oiseau, qui était une femelle, fut, comme le mâle, très-malade
pendant trois jours; mais à cette époque il se remit à manger et paraissait guéri,
i89
torsqae, deox jours après, l'inappétence réparât et il euccomba. A l'autopsia ,
l'œsophage, le jabot et ie ventricule auccenturlé ne présentaient rien d'anormal ;
seulement le jabot était, comme dans le m&Ie, considérablement dilaté par la
grande quantité de grains qu'il contenait.
l« gésier était rempli d'uîiments non digérés; toujours absence de caillouy..
une portion do la membrane interne, fortement cornée, adhérait encore dans la
partie supérieure ; mais cette membrane, dans toute sa partie inférieure, qui in-
dubitablement obstruait l'orifice du pylore, s'était détachée et se trouvait enga-
gée dans l'intestin grêle. Là elle s'était bientôt arrêtée en formant un bourrelet
qui avait barré le passage aux aliments et déterminé la mort,
A partir de ce bourrelet, le tube intestinal ne renfermait que des gaz.
11 est évident pour nous que la mort de ces oiseaux a été occasionnée par cette
excroissance cornée de la membrane interne du gésier, qui, en bouchant les oriû'*
ces du pylore et du cardia, a suspendu les fonctions digestives.
Dans le màle, les elTorts faits par l'animal pour se débarrasser des aliments
contenus dans l'œsophage et le ventricule snecenturié, n'ont pu rompre la mem-
brane cornée qui obstruait l'oriflce cardiaque.
Dansla femelle, bienaucontraire.c'étaitroriflcepylorique qui se trouvait obstrué
par cette membrane. Les contractions du gésier, répétées sur une plus grande quan-
tité d'aliments, ont déterminé sa chute et livré passage à une quantité notable de
matières alimentaires. C'est à cette époque que l'animal s'est rerais à manger ;
mais l'amélioration de son état a disparu lorsque la portion de la membrane» en-
gagée dans l'intestin grêle, s'y est arrêtée déQnitivement.
Ces poulets étaient renfermés dans une grande volière, à Belleville, chez
M. Rouzet ; ils étaient abondamment pourvus de grains, mais ils ne pouvaient
trouver dans leur cage du gravier ou des petites pierres. Or, comme il est cer-
tain que lenr mort a été occasionnée par l'accroissement excessif de la mem-
brane interne du gésier et par sa transformation cornée, nous nons demandons si
les petits cailloux introduits par les oiseaux dans leur gésier, à chaque repas, ne
seraient pas destinés non-seulement à broyer les aliments, mais bien plus a
maintenir la membrane interne du gésier dans de justes proportions en l'usant
successivement à mesure que son épithélium s'accroît.
S'il en est ainsi, ces observations nous paraissent devoir présenter quelque in-
térêt sous le rapport de la physiologie des gallinacés , et fournir les données
de l'alimentation indispensable pour ces mêmes animaux élevés dans les vo-
lières.
3° OBSERVATION DE PMEVVO-TUOItAX ; par M. Cir. BCRNAnD.
M. Ch. Bernard présente, au nom de M. Follin et an »ien . le poumon d'un
homme qui a succombé dans ie service de M. Rayer h un pneumo-tborax,douse
heures seulement après le début de la maladie. Le malade, âgé de 4i ans, était
phtbisiqua depuis plusieurs années. I^ ^'v-rforation siège au sommet du lobe in-
190
férieur du poumon gauche ; elle a à peine 2 millimètres de largeur. Elle s'ouvre
directement dans une petite caverne située très-superficiellement. Le poumon
gauche offre des altérations bien moins étendues et bien moins profondes que
le poumon droit. De quelques recherches faites par K. Bernard, il résulte pour lui
l'opinion que !a gravité du pneumo-thorax, très-grande en effet, avait été ce-
pendant exagérée.
Il existe dans la thèse de M, Marais (1847) plusieurs cas de guérison de pneu-
mo-thorax et de cicatrisation des perforations pulmonaires , dont M. Saussier
avait nié la fermeture. Il paraîtrait que telle serait également l'opinion de célè-
bre professeur de Vienne, de M. Skoda.
Le pneumo-thorax consécutif à la phthisie se déclare plus aisément dans le
poumon où la tuberculisation offre îe moins d'étendue.
V. — Eaux minérales.
NOTE sua LES CONFERVES QD! CROISSENT DANS LES BASSINS DE L'ÉTABLISSEMENT
THERMAL DE NÉRIS, par M. E. LEBRET.
o Pendant îe séjour que j'ai fait à Néris l'été dernier, mon attention a dû
se fixer sur l'un des éléments de la thérapeutique suivie dans cet établissement
thermal : je veux parler du limon (c'est ainsi qu'on le qualitie sur les lieux),
et plus scicnliGquement des conferves qui croissent en abondance dans les
eaux chaudes, sous certaines conditions, et qu'on utilise à titre de topiques. Une
pierre placée à dessein dans le petit bassin où se déverse immédiatement la
principale source, s'est recouverte au bout de quatre jours d'un enduit
gluant { quelques jours ensuite, on remarquait sur toutes ces surfaces libres
une oouche de véritables vésicules, comparables à beaucoup d'égards à du frai
de grenouille, et lesquelles ne tardèrent pas à se prolonger en appendices qui
s'éle/aient vers les parties supérieures du bassin. Cette expérience m'a permis
do.oserveria manière dont les amas de conferves en question tapissent 1m ré-
servoirs. Or il est an fait bien constaté, c'est que la conferde ne croit à Néris
qu'à l'aide d'une température élevée ; on en trouve sur les parois du puits de
la Croix, où le thennomèlre marque -f 52*,2 c.,dans le corps de pompe qui sert
à puiser l'eau, dans le déversoir voisin (à + 48° c), dans les réservoirs, où l'eau
offre encore 47 et 45» de température; mais aux bassins de réfrigération, à
37, 33 et 32» c, il n'y a aucune trace de cette matière remarquable. Contraire-
ment à ce qui est observé pour les sulfuraires, aux sources des Pyrénées par
exemple, la conferve de Néris se développerait donc sous l'influence d'une
température élevée ; je dois toutefois mentionner ici que dans un autre puits,
dit puits de César, dont l'enceinte est entourée d'un bâtiment qui sert d'étuvc,
la vue ne distingue aucun enduit analogue sur les parois ée la maçonnerie.
n Soit en couche, soit en amas isolés, les conferves ont une coloration vert
foncé, plutôt grisâtre pour les parties centrales, ou dans celles qui n« sont pas
191
exposées à l'action directe de la lumière. A mesure que les masses se bour-
souflent comme il est dit précédemment, on les voit s'allonger en tuyaux, d'un
demi-mètre de hauteur environ, terminées supérieurement par une ampoule
flottante; cette ampoule est distendue par un gaz; elle ne peut acquérir qu'un
certain volume, à peu près celui d'un gros œuf de poule, passé lequel elle se
distend, se crève, et le mouvement que produit cette rupture se communiquant
au groupe entier, la petite masse se détache comme d'un seul bond et vient
flotter à la surface de l'eau. C'est un aspect assez singulier que celui d'une
véritable végétation se multipliant ainsi au fond des réservoirs thermaux ; lors-
qu'on l'abandonne à elle-même, elle foisonne beaucoup, quelle que soit l'in-
fluence atmosphérique, et si les besoins de l'établissement ne forçaient à en
employer une très-grande partie, ces conferves s'élèveraient à l'envi dans les
eaux dont nous parlons. Chaque fois qu'on les détache ou que leur mouvement
ascensionnel les arrache du sol, on remarque un dégagement considérable de
gaz, lequel était emprisonné dans les mailles entrelacées à la manière d'une
éponge, et qu'on a reconnu pour être de l'azote; et si le limon est laissé flot-
tant de la sorte à la surface des bassins, il ne tarde pas à subir une décompO'
sition au contact de l'air, identique à celle de toute matière organique privée
de sa vie propre. J'ai moi-même expérimenté sur ce dernier fait : les couferves
abandonnées dans de l'eau puisée aux réservoirs et tenues dans des vases ou-
verts, se putréfiaient au bout d'un temps variable, quatre à cinq jours en géné-
ral; leur coloration devenait grisâtre; elles dégageaient une odeur d'hydro-
gène sulfuré de plus en plus prononcée, et ce n'était bieiilôl plus qu'un détri-
tus où lemicroscope démontrait la présence d'un nombre inGni d'irjfusoires.Avec
le même instrument, j'ai vérifié avec soin [quelle pouvait être la nature du
limon; il est hors de doute que c'est là une de ces productions particulières,
siir le classement desquelles on hésite encore : on y retrouve très-nettement
du moins tous les caractères attribués aux ulves, aux tremelles, aux ana~
baines et aux nostocs, et ces diverses formes ont pu être dessinées facilement,
indépendamment des vorticelles et des bacillaires du genre infusoire, qui se
meuvent aussi bien à une température élevée que dans î'eau refroidie. Le limort.
grâce à sa consistance gélatineuse, peut conserver longtemps la température
qu'il a contractée dans le bassin où il croît, et c'est cette propriété qui permet
de l'utiliser comme moyeu de fomentation émollienie. »
COMPTE RENDU
BES SÉANCES
DE
LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
TINbANT LE MOIS DE DÉCEMBRE 1850 ;.
PAR
M. SECOND, secrétaire.
Présidence de M. RATER»
I. — Anatomie.
COLORATION DE LA MEMBRANE MCQUEDSE DEL'OTÉRTJS PAR UN PIGMENT;
par M. GODBAtiX.
M. Goubaux montre à ia Société un utéi'us de brebis dont la inembraDe mu-
queuse est foTiemcnl colorée en noir. L'examen qu'il a lait au microscope lui a
démontré que cette coloration est due à la présence d'un pigment qui, I',«rsqu'il
est isolé du tissu au niijiieu duquel il est plongé, est formé d'une niasse ccnsidé-
19Zi
rable de molécules, animées de mouvements d'altraction et de répulsion extrê-
mement rapides. M. Goubaux a remarqué celte coloration sur huit utérus de
brebis, sur un utérus de chèvre et sur deux utérus de vache. Cette coloration
est plus ou moins forte et a une étendue variable.
M. Goubaux montre un dessin qu'il a fait d'après l'examen d'une portion
de la muqueuse utérine de brebis, sous le microscope.
If. — Physiologie.
1' APPARITION DE LA RIGIDITÉ CADAVÉRIQUE AVANT LA CESSATION DES BATTEMENTS
DU ccœuR ; par M. Bbown-Séquard.
En avril 1848, M. Brown-Séquard, se trouvant à l'hôpital du Gros-Caillou,
près d'un soldat rendant le dernier soupir après une longue maladie, eut
l'occasion d'observer les faits suivants : la respiration ayant cessé depuis un
peu moins de trois minutes, la rigidité apparut aux mâchoires et aux mem-
bres; l'auscultation du cœur montra qu'il avait encore alors vingt batte-
ments par ininule, et il ne cessa de battre que trois minutes et demie après
l'apparition de la rigidité. Un quart d'heure après, la roideur avait déjà dimi-
nué d'iniensité,elil n'y en avait plus de traces après une demi-heure. Des signes
de putréfaction se montrèrent dans les membres dès la première heure après
la mort.
Ce soldat avait eu une tièvre typhoïde, à la suite de laquelle un phlegmon
(lilfus avait envalii le bras droit tout entier; quelques jours déjà avant la mort,
la maigreur et l'état d'adynamie de cet homme étaient arrivés à un degré ex-
cessif.
Depuis l'époque où il a fait cette observation, M. Brown-Séquard a vu trois
faits semblables sur des lapins morts d'une aflection toute spéciale, caractéri-
sée par l'existence de la diarrhée, de l'amaigrissement, de convulsions très-
fréquentes et d'.ibcès multiples à la face et surtout aux lèvres, aucou et sous la
lanîfue. Chez les animaux morts de cette maladie, on trouve du pus presque
aussi dense que du fromage dans un grand nombre de veines de la face et du
cou.
Chez trois lapins, atteints de cette aflection, la rigidité est survenue de
deux à quatre minutes après la dernière respiration. Le thorax ouvert aussitôt,
on a vu les quatre cavités du cœur battant encore pendant une minute et de-
mie dans un cas, deux minutes dans un second et trois minutes dans le troi-
sième, après l'apparition de la rigidité. Dans le cas où la durée des battementi<
persista deux nùnntes, les oreillettes et le ventricule droit battirent encore
vmgl-cinq minutes, et les oreillettes seules trente-cinq minutes, après la venue
Je la rigidité. Chez ces trois animaux, la putréfaction s'est montrée de bonne
heure et a marché avec une grande rapidité.
Ces quatre faits obstrvés chez des lapins et chez l'homme démontrent donc
195
que le cœur, dans certaines condilions, peut battre encort^ après l'apparition
de la rigidité cadavérique. L'état d'épuisement dans if>quel se trouvaient ces
individus (homme et lapins) explique comment la rigidilo ost survenue si vite.
Ces faits sont de nouvelles contirmaiions des lois que M. Rrown-Séqnard a si-
gnalées relativement à la rigidité et à la putréfaction. (Voyez la Gaz. Mé».,
1849 et 1850, ou les Comptes rendus de i.a Soc. de biol.; Paris, I8^i9; in-8',
p. 39, 138,154 et 173.)
7' DE l'action de la SECTION DES PNEUUOGASTBIOtlES SUR L'EMPOISONNEMENT
PAR VA NOIX VOMIQUE ; par M. BOOLEY.
M. Bouley a annoncé un fait relatif à l'empoisonnement par ta noix vomique.
Ayant plusieursfois constaté que cette substance pouvait, à la suite de la section
des pneumogastriques, rester dans l'estomac pendant plus de vingt-quatre
heures sans y exercer d'action notable, il a pensé que peut-être cela lenaii
uniquement à ce que la paralysie de la couche musculaire de l'estomac, suiîe
de la section des nerfs, ne permettait pas à la substance de gagner l'intestin
grêle. Ayant dès lors remplacé la section des pneumogastriques par une liga-
ture au pylore, il est en elTet arrivé aux mêmes résultats.
3° ACTION DU CURARE ET DE LA NICOTINE SUR LE SYSTÈME NERVEUX ET SUR LE S\STÎ.ME
muscelaibe; par M. Cl. Bernard.
Le curare éteint rapidement et complètement les propriétés sensiiive et mu-
tvice du système nerveux. Quand on empoisonne une grenouille avec le curare,
on trouve aussitôt après la mort, qui est très-rapide (quatre à cinq minutes).
que les mouvements réflexes sont entièrement abolis. Si alors on met à nu les
nerfs qui vont aux membres inférieurs, on constate que leur excitation à l'aide
du galvanisme ou du pincement ne détermine aucune convulsion dans les
muscles. Si on agit sur les muscles eux-mêmes, on voit que leurs libres ont
cependant conservé parfaitement leur contractilité, de sorte que le curare ne
paraît avoir porté son action paralysante que sur le système nerveux, en lais-
sant intacte la contractilité musculaire.
La nicotine déposée sur la langue des grenouilles produit rapidement la mort
avec des convulsions violentes. Si aussitôt après la mort on applique le galva-
nisme aux muscles, on constate que ces organes ont cessé d'être contractiles
sous cette influence si énergique. La nicotine agit donc spécialement sur le
système musculaire.
h" DR LA CONSERVATION PARTIELLE DES MOUVEMENTS VOLONTAIRES, APRÈS LA SECTION
TRANSVERSALE d'une MOITIÉ LATÉRALE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE; par M. BROWN-
SÉQUARD.
Si après avoir mis à nu la moelle épinière sur un cobaye, au niveau de la
196
quatrième vertèbre cervicale, on en coupe en travers toute une moitié laté-
rale, c'est-à-dire le cordon postérieur, le cordon antéro-latéral et la substance
grise d'un côté, on trouve que l'animal ne perd pas complètement la faculté de
mouvoir à volonté les men)bres du côté de la section. Quelquefois il peut encore
se tenir sur ses quatre membres, mais il tombe dès qu'il veut marcher. C'est
snrtout le membre postérieur qui, dans ces circonstances, se meut manifeste-
ment sous l'inQuence de la volonté.
Si l'on fait la section au niveau de la dixième vertèbre costale au lieu de la
faire au cou, on trouve que le membre postérieur du côté de la section est en-
core mis en mouvement par la volonté, mais avec un peu moins de force qu'a-
prés la section au cou. La marche est alors possible, bien que le membre posté-
rieur paralysé n'y prenne qu'une faible part.
Chez les pigeons, après l'hémisection de la moelle derrière le renflement brar
ehial, il y a diminuiioo dans les mouvements volontaires d'une des pattes, mais
l'animal peut encore parfaitement se tenir debout et même marcher.
Dans les membres paralysés par suite de la section d'une jnoilié latérale de
la moelle, il y a des mouvements réflexes en outre des mouvements volontaires.
M. BrowuSéquard fait remarquer que l'existence des uns n'exclut pas celle des
autres.
Les diverses expériences que nous venons de rapporter ont été faites plu^
sieurs fois depuis dix huit mois devant la Société.
IlL — Anomalies.
i' ANASTOMOSK DE L'ABTÈRE VERTÉBRALE AVEC LA CERVICALE PROFONDE ; par
M. A. Leroux,
La variété anaiomique que j'ai l'honneur de présenter à la Société n'a encore
été signalée par aucun de nos savants et habiles anatomisies; ni MM. Blandin,
Cruveilbier, Sappey dans leur Anatomie descriptive, ni MM. Velpeau, Péire-
quin, Malgaigne dans leur Anatomie topographiqe, ni M. Dubruei! dans son
Traité dks anomalies artérielles, ne disent un mot qui puisse laisser soup-
çonner qu'ils en aient eu connaissance. Tout porte donc à croire qu'elle est
excessivement rare.
Cptte anomalie trouvée sur un jeune garçon do 5 à 6 ans, bien conformé
d'ailleurs, existe à droite et à gauche, avec de légères diflérences cependant.
L'anomalie porte sur l'origine, le trajet, la terminaison de l'artère, el princi-
palement sur l'anaplomose de la vertébrale avec la cervicale profonde.
A son origine profondément située en arrière des scalènes et des cordons
nerveux du plexus brachial, elle nait eu haut et en arrière de la sousciavière,
en dehors de la vertébrale, par un tronc commun avec la scapuiaire postérieure
ei l'intercostale supérieure. MM. Blandin, Cruveiihier, Dubreuil regardent
i97
l'origine avec l'intercostale comme fréquente, mais ne parlent point de l'ori-
gine avec la scapulaire postérieure.
Née de cette manière, la cervicale profonde du côté gauche se dirige oblique-
ment de bas en baut, de dedans en dehors et d'avant en arrière, entre la hui-
tième branche cervicale et la première dorsale, s'engage dans la coulisse que
lui forment l'apophyse transverse de la septième vertèbre cervicale et la pre-
mière côte, s'y trouve maintenue par le muscle intertransversaire correspon-
dant qui ferme en avant cette espèce de canal ; elle vient ensuite serpenter
dans la couche profonde des muscles de la région latérale et postérieure du
cou.
L'artère cervicale profonde remonte ainsi à gauche jusqu'au-dessus de l'apo-
physe épineuse de l'axis ; là elle change de direction, devient transversale, se
porte en avant et en dedans, croise le grand droit postérieur, vient se placer
dans l'espace celluleux compris entre ce muscle et le grand oblique. Enlin,
après avoir conservé dans tout ce trajet un calibre égal à celui de la radiale et
décrit des ilexuosilés d'autant plus nombreuses et plus prononcées qu'elle se
rapproche d'articulations plus mobiles, la cervicale profonde s'anastomose avec
la vertébrale au niveau de sa grande courbure horizontale et au moment où cette
artère va contourner la niasse latérale de l'atlas.
Les diflérences avec la cervicale profonde du côté droit consistent d'abord
dans la position, la gauche étant sur un plan postérieur à la vertébrale, à son ori-
gine, et occupant dans le reste de son étendue plutôt la région postérieure que
la région latérale du cou ; la cervicale droite, au contraire, naît sur le même
plan que la vertébrale et occupe plutôt la région latérale que postérieure. De
plus, l'artère du côté gauche offre un volume plus considérable, un trajet plus
étendu que l'artère du côté droit qui. moins grosse à son origine, semble épui-
sée par les nombreux rameaux qu'elle fournit aux muscles environnants et qui,
au lieu de remonter au-dessus de l'apophyse épineuse de l'axis, vient se placer
sous le bord inférieur du grand oblique et se jeter dans la vertébrale, au-des-
sous de l'apophyse transverse de l'atlas ; ses flexuosilés sont également moins
nombreuses et moins prononcées qu'à gaui-be
Les rapports sont médiats en avant et en bas avec le scalène antérieur qui
est séparé de l'artère par quelques branches nerveuses; ils sont immédiats
avec les ramitications du plexus brachial et surtout avec la huitième branche
cervicale qui la croise obliquement en haut et en dedans ; l'artère répond au
transversaire é()ineux qui la sépare du rachis, aux droits et obliques posté-
rieurs; en dehors et en arriére, elle est recouverte par le petit et le grand
complexus.
Les branches collatérales sont antérieures ou internes et postérieures ou ex-
ternes; elles se séparent de l'artère à angle droit, et vont les premières au
petit complexus, à l'angulaire, aux interlransversaires ; les deuxièn>es, augraoH
complexus, grand droit, grand oblique et transversaire épineux ; à gauche on
198
remarque un rameau ascendant pour tes insertions occipitales des muscles
splénius, complcxus, etc.
Je veux surtout Gxer l'attention de la Société sur l'anastomose si remarquable
de la cervicale profonde et de la verlébraie. A gauche, l'artère cervicale, s'anas-
.toroose à plein canal et à angle droit avec la vertébrale au moment où elle va
entrer dans le crâne, l'arlére jusqu'à ce niveau n'a pas changé sensiblement
de volume, et de plus la vertébrale présente son calibre normal, de même que
les artères carotides. A droite, l'anastomose est également transversale, mais
l'artère ne semble pas se terminer dans la vertébrale aussi manifestement qu'à
gauche. Dans la moitié de son trajet, elle paraît divisée en deux branches,
une externe musculaire, l'autre interne anaslomolique.
Rien de pareil à gauche; l'artère cervicale fournit bien aux muscles grand
et petit compiexus transversaire et oblique, mais conserve toujours son même
calil)re jusqu'à son abouchement avec la vertébrale.
Telle est la terminaison de celte artère et de l'anastomose dont je n'ai trouvé
trace dans aucun auteur.
2' CAS DE POLYDACTYLIE CHEZ LA POULE ; par M. GERMAIN.
Je présente à la Sociélé la patte droite d'une poule qui présente un doigt
surnuméraire. Ce doigt est accolé au doigt postérieur; l'une des deux pattes
seulement présentait cette anomalie, l'autre était normale.
Au point de vue du système musculaire, l'anomalie est plus complète qu'au
point de vue du système osseux ; chacun des deux doigts postérieurs est égale-
ment pourvu de tendons extenseurs et fléchisseurs distincts.
Au point de vue osseux, l'anomalie est moins complète; en effet, les pha-
langes onguéales sont seules isolées et distinctes ; la phalange précédente de
chacun des deux doigts surnuméraires est soudée longiludinalement dans sa
moitié inférieure ; de telle sorte que ces deux os constituent un os bifurqué,
dont chaque bifurcaiion donne insertion à son sommet à une phalange on-
guéale.
Ce doigt surnuméraire occupait Ipimint où se trouverait le cinquième doigt
chez un mammifère.
IV. ~ Exploration pathologiqde.
1' CORPS ÉTBANGEBS DANS LES CANADX EXCBÉTEimS DES GLANDES;
par M. GOGBAUX.
Il n'est pas rare d'observer chez les vieux chevaux, ou chez ceux qui sont
nourris avec de vieille luzerne, des accidents qui sont la conséquence de l'in-
trodoclion des corps étrangers, et particulièrement des graines du brome sté-
rile (bromiis slerilis), dans le canal excréteur de ta glande maxillaire (canal de
199
Wharton) ; mais M. Goubaux n'a jamais entendu dire qu'on ail signalé la
présence de corps étrangers dans l'intérieur du canal excréteur du pancréas.
Cette semaine, i! a eu l'occasion de trouver, dans le canal excréteur de celte
glande, un morceau de paille d'une longueur de o à 7 centimètres, engagé
compiéiemcot et à une distance de 3 centimètres de l'ouverture de ce canal
dans l'inteslin. Ce tuyau de paille était assez résistant, ramolli seulement un
peu à l'une de ses extrémités. Peut-être le séjour prolongé dans l'intérieur du
canal pancréatique aurait-il occasionné des accidents analogues à ceux qui
sont la conséquence de l'introduction des corps étrangers dans l'intérieur de la
glande maxillaire.
2» RDPTDRE DE LA BATE ET DO FOIE ; par le même.
M. Goubaux a vu la rupture du foie être la conséquence d'un coup violent
porté sur la région du ventre d'un chien. La mort a été le résultat presque
immédiat de cette déchirure.
La rupture de la rate peut avoir lieu dans les mêmes circonstances. M. Gou-
baux a eu entre les mains récemment une rate de cheval qui présentait une
déchirure à sa face interne, dans une étendue de 10 centimètres environ. Cette
rupture était le résultat d'une ruade lancée sur l'hypocondre gauche par un
cheval voisin. Peu de temps après, des coliques te firent remarquer, et au bout
d'une heure l'anima! mourut.
A l'autopsie, il y avait environ dix-huit litres de sang dans la cavité al>domi-
naie.
Ce dernier fait a été communiqué à M. Goubaux par M. Louis, médecin vété-
rinaire à Villejuif.
M. Goubaux pense que ces ruptures du foie et de la rate peuvent être aussi
la conséquence d'une gêne dans la circulation veineuse abdominale.
3° KYSTES BYDATIQDES 00 FOIE; par M. LeBRET.
M. Lebret met sous les yeux de la Société un foie présentant des kystes hy-
daliques multiples. Cette pièce provient d'une femme, âgée de 49 ans, laquelle
a succombé à une pneumonie double dans un service de l'Hôlel-Dieu. Sur le
vivant, la tumeur se circonscrivait dans l'hypocondre gauche, sans donner en
aucun point le frémissement caractéristique à la percussion du doigt. On re-
marque que le tissu du foie a subi déjà un premier degré de cirrhose.
Û° OBSERVATION DE LUXATION SPONTANÉE INCOMPLÈTE DE LA &OTCLE EN DEHORS ;
par M. VERNEtnL.
« J'ai trouvé cette pièce à l'amphithéâtre; je ne possède par conséquent au-
cun renseignement sur les antécédents. Voici maintenant ce que la dissection
m'a démontré :
» Une femme de 5j à 60 ans environ présentait, au genou droit, la déforma-
200
UoQ suivante : la rotule est située au-dessus des condyles fémoraux ; elle est
placée presque de chaoïp, de telle façon que son bord interne, situé immédia-
tement sous la peau, regarde en avant et répond à une ligne verticale qui pas-
serait au milieu de la trochlée fémorale ; le bord externe, situé sur le même
plan que la face externe du condyle externe, regarde en arrière; la face anté-
rieure ou sous-cutanée de la rotule regarde presque directement en dehors.
Cet os jouit d'une faible mobilité. Le genou est dans l'extension presque com-
plète, à peine peut-on te fléebir de quelques degrés; toutefois, les axes de la
jambe et de la cuisse sont dans leur rapport normal ; il n'y a point de déviation
sensible de la jambe en dehors.
» La peau enlevée, on constate l'intégrité de la capsule libreuse et des par-
lies molles péri-ariiculaires; mais la dillormilé devient plus apparente, le liga-
ment rotulien est légèrement tordu sur son axe, le bord externe de la rotule est
àscentim. seulement de l'insertion du ligament latéral interne du genou, le bord
interne est distant de 7 centimètres de l'ioserlion du ligament latéral interne;
or, dans l'état normal, les deux bords de la rotule sont également éloignés (de
5 centimètres environ) des deux points où les ligaments précités s'insèrent aux
condyles fémoraux.
» En ouvrant l'articulation, on constate que la synoviale est généralement
épaissie et comme villeuse, surtout au niveau du grand cul 'de-sac condylien.
Mais l'intérieur de l'articulation est du reste parfaitement sain ; on n'y voit ni
fausses membranes, ni épanchements, ni corps étrangers, ni prolongements
fibreux.
» Les surfaces cartilagineuses du tibia, du fémar, sont parfaitement saines;
sauf une très-légère apparence chagrinée, toute la lésion se borne aux délails
suivants :
• La face postérieure de la rotule présente une grande facette concave creu-
sée surtout aux dépens de la facette interne qui, dans l'élat normal, répond au
condyle externe; la facette interne n'existe pour ainsi dire plus, elle ne touche
plus le condyle externe du fémur, par suite du dénlacement que la rotule a
éprouvé ; la grande facette nouvelle est lisse, éburnée, sans vestige de carti-
lage diarlhrodial ; elle semble creusée par l'usure, car la rotule a perdu de son
épaisseur, presque toute sa circonférence est devenue tranchante, grâce à un
mince anneau de substance osseuse de nouvelle formation qui s'est déposé tout
autour.
• La partie externe de la trochlée fémorale présente à la partie supérieure du
condyle externe, une facette convexe rigoureusement en rapport de forme et
d'étendue avec la facette rotuiienne. Elle est éburnée et, à son pourtour, le car-
tilage arthrodial semble comme taille à l'emporte-pièce. Le fond de la trochîée
et son côté interne ne présentent rien de semblable.
» Au-dessns de celte facette se trouve une dépression assez étendue, mais peu
201
prcionde, qui représenie la dépression sus-condylienne normale, mais qui se
trouve ici fortement rejelée eu dehors.
>»De quelle nature est cette lésion? est-ce, comme l'a pensé un anatomo-patho-
logiste irés-éclairé qui a vu la pièce, une variété de Varthrile chronique sèche?
Je ne le pense pas. Est-ce le vestige d'une ancienne lésion traumalique? Mal-
gré l'absence de renseignements, je me prononce encore contre cette opinion.
M On trouverait peut-être mieux l'explication du fait dans la particularité sui-
vante : le sujet portait une déviation fort considérable de la colonne vertébrale ;
le bassin s'était consécutivement dévié, et le centre des deux cavités cotjioïdes
n'était plus sur le même plan horizontal. La cavité cotyloïde droite est plus
basse de 5 centimètres environ que la gauche. Le membre correspondant avait
été obligé de se porter dans l'abduction, pour pallier son excédant de longueur.
Peut-être alors le changement survenu dans la direction du droit antérieur avait
sulli pour dévier ainsi la rotule.
» Au reste, je donne celte explication sans y attacher grande importance; il
faut être sobre d'hypothèse quand on n'interroge que le cadavre.
» La lésion que je viens de décrire ne mérite peut-être pas le nom de luxa-
lion ; c'est pourtant, à mon avis, celui qui convient le mieux pour désigner
d'une manière générale la perte de rapport survenue entre les surfaces habi-
tuellement conliguës.
n Nous avons affaire ici, je pense, à un de ces déplacements de compensation
qui se produisent lentement, d'une manière sûre, mais en quelque sorte phy-
siologique, à la suite d'une déviation plus considérable d'une autre portion du
squelette. »
5" OBSERVATION DE PLEURÉSIE; par M GCBLER.
M. Gubler montre à la Société les viscères ihoraciques et abdominaux d'un
homme qui a succombé, dans le service de clinique de la Charité, aux consé-
quences d'une ancienne pleurésie contractée il y a quatre ans aux îles Mar-
quises.
Cet homme portait dans le côté gauche de la poitrine un épanchemenl énorme
qui avait refoulé le cœur vers l'aisselle droite, remontait jusqu'au-dessus de la
clavicule et repoussait en bas le muscle diaphragme, de manière à lui faire con-
stituer une bosselure considérable, fluctuante, qui avait abaissé la rate, déplacé
l'estomac à droite en tiraillant Tépiploon gastro-splénique, et récliné le lobe
gauche du foie. Le rein gauche avait suivi le mouvement descensionnel de la
rate.
La thoracenlèse fut pratiquée par M. Trousseau, en l'absence de M. Bouil-
laud, et donna issue à prés de 3 litres et demi de pus un peu séreux, mais d'ail-
leurs de bonne nature.
Il s'ensuivit un soulagement considérable, mais l'épancbement s'étant re-
produit, la dyspnée et les autres accidents reparurent ; entin, il se manifesta de
'202
la douleur de côté et de la lièvre, et la inorl arriva au bout de quelque::
jours.
Au moment de l'ouverture, il s'échappa de la bosselure diaphragmatique un
flot de pus fétide qui remplit bientôt plus d'un sear ordinaire.
Lorsqu'on eut vidé la poche, on détacha avec soiu la plèvre de la paroi cos-
tale, et on enleva tout le paquet des viscères thoraciques et abdominaux à l'ex-
ception des intestins de la vessie et de ses annexes. C'est cet ensemble que
M. Gubler soumet à la Société. 11 fait remarquer l'épaisseur considérable de la
plèvre doublée de membranes de nouvelle l'ormation qui ont plusieurs millimè-
tres d'épaisseur et sont formées par des faisceaux de libres parallèles entremê-
lées de quelques aiguilles ossiformes. Le poumon n'existe qu'à l'état de vestiges
en haut, contre ta colonne vertébrale, et semble réduit à ses bronches, séparées
par un tissu que l'insufiBaiion énergique ne parvient pas à développer. En pra-
tiquant cette insufflation, on s'aperçoit que l'air s'échappe du côté de la cavité
purulente, par une ouverture à bords lisses et arrondis, qui parait s'être faite
spontanément par un travail d'ulcéralion.
Le poumon droit esta peu près sain ; cependant il renferme, vers ses scissures
interlobulaircs, des amas d'une matière semblable au mastic et entourée de
tissu noirâtre condensé; il offre en outre des traces d'emphysème.
Le cœur, en même temps qu'il est transporté à droite, est redressé, en sorte
que sa pointe regarde directement eu bas. De plus, il a subi une torsion autour
de l'axe, passant par la cloison interventriculaire, si bien que la face antérieure
est presque tout entière formée par le ventricule droit, et que l'aorte, cachée
derrière l'organe, semble naître directement de l'oreillette droite allongée dans
le sens vertical.
Le péricarde n'a pas suivi le déplacement du cœur; son côté droit s'est laissé
distendre pour continuer à fournir une enveloppe 5 cet organe ; mais derrière le
Sfernnm, et à gauche de cet os, on retrouve l'ancienne cavité péricardiaque
remplie d'un liquide séreux, ambré, limpide.
Le foie, un peu ratatiné et libreux, offre, sur son bord antérieur, qui est ar-
rondi, un commencement d'altération granuleuse. Au voisinage du ligament
suspens^'ur, on observe, à droite et à gauche, des plaques opaques et des ad-
hérences consécutives h une péritonite partielle diagnostiquée pendnnt la vie,
d'après le frottement ascen<lant et descendant pprceptible à l'oreille et à la
main.
6» PS l'innocuité de Là MISE A NtJ DE LA MOELLE ÉPtNIÈRE ; par M. BROWN-SÉQIJARP.
Sur des cobiiyes et des pigeons, M. Brown-Séquard a enlevé un très-grand
nombre de fois l'arc postérieur d'une, de deux, de trois ou de quatre vertèbres
aux régions dorsale ou lombaire, et il n'a pas vu d'accidents résulter de cette
mise à nu de la moelle. La plaie se cicatrisait promptement et l'animal conser-
20Ô
vait sa vigueur. It a cherché si, en augmentant l'étendue de la lésion, il y aurait
quelque danger pour la vie des animaux. L'expérience a répondu négativement.
Les arcs postérieurs de huit à dix vertèbres, du milieu du dos au sacrum, ont
été enlevés et la dure-mère fendue longitudinalement, sur des cochons d'Inde.
Ces animaux ont survécu, sans autre trouble qu'un peu de gêne dans la raar-
che, provenant de l'excision des muscles des gouttières vertébrales. C'est donc
un fait avéré que la moelle épinière peut être sans danger exposée à l'action de
l'air, au moins chez les cobayes et les pigeons.
V. — Chimie.
AMALTSE DE L'HTDROFEHBOCYANATE DE POTASSE ET D'DRÉE ; par M. LeCONTE.
Cette substance, d'un blanc très-légèrement jaunâtre, offre des masses plus
ou moins volumineuses ré?ultant de l'agglomération d'une multitude de petites
paillettes chatoyantes bien diliërentes, au premier aspect, des cristaux de cya-
nure jaune; mais en examinant au microscope la substance ci-dessus, on la
trouve formée de lamelles cristallines identiques pour la forme aux cristaux de
cyanure jaune ; seulement ces lamelles sont recouvertes d'un grand nombre
de petits grains irrégulièrement disséminés ; par l'addition de l'alcool, on voit
disparaître complètement ces petits grains, tandis que les lamelles de cyanure
jaunes restent intactes. Cette expérience et quelques autres prouvent que i'hy-
droferrocyanate de potasse et d'urée n'est pas un se! définitif, mais bien un
mélange de cyanure jaune de potassium et d'urée dont l'analyse en centièmes
nous a donné les résultats suivants :
Urée sèche 10
Cyanure jaune sec 77,83
Eau 12,12
9S.95
FIN.
MEMOIRES
LUS
A LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PENDANT L'ANNEE 1850.
MEMOIRE
BCR
LA MORT APPARENTE DES NOUVEAU-NÉS ;
1>A«
M. P. CAZEAUX,
Professent agrégé., membre de ia Sociélé de biologie.
pans les condilions ordinaires, le nouVeau-né esl à peine au dehors dois
parties génitales qu'il respire librement, et pousse des cris plus ou moins
violents ; mais il arrive souvent qu'au moment de la naissance i'enfaot
donne à peine quelques signes de vie, et se présente dans un élal de roorl
apparente, qui serait bientôt suivi de la mort réelle si les soins convenables
n'étaient prompîement administrés.
Cet état de mort apparente se montre sous deux aspects bien différents*
décrits par la plupart des accoucheurs sous les noms d'apoplexie et d'as-
phyxie des nouveau-nés. Depuis longtemps déjà quelques accoucheurs an-
glais et allemands ont rejeté ces dénominations, comme caractérisant mal
les étals pathologiques aur^quels on les appliquait. M. P. Dubois, dans un
u
article plus récent, après avoir fail remarquer que le caraclère analoraiqne
le plus constant de l'apoplexie chez Padulle manque dans ce qu'on a appelé
l'apoplexie du fœtus , et que des différences énormes existent entre les
symptômes de l'asphyxie chez l'adulte et ceux de l'état asphyxique du
nouveau-né, conclut aussi qu'on a eu tort de donner le même nom à des
états si dissemblables: avec M. Kaegèle, il désigne, sous le nom de mort
apparente, l'état de l'enfant nouveau-né sur lequel on ne voit aucun signe
de vie, et sur lequel on ne reconnaît aucun de ceux de nnort.
Les deux termes de cette définition sont évidemment contradictoires,
puisque la mort se reconnaît à l'absence complète des signes de la vie. Pour
nous ta mort apparente est un état dans lequel, malgré l'abolition des actes
de la vie animale, il reste au moins quelques-unes des fonctions de la vie
organique et nécessairement les battements du cœur.
En examinant avec soin les symptômes de la mort apparente des nou-
veau-nés, tantôt on voit qu'elle est caractérisée par la rougeur vive de la
face et de la partie supérieure du corps, la saillie et l'injection du globe ocu-
laire, le gonflement du visage dont la peau offre çà et là des taches bleuâ-
tres ; tantôt on est frappé par la décoloration de la peau et la flaccidité des
chairs. Dans le premier cas, la tête est gonflée, extrêmement chaude, les
lèvres gonflées et d'un bleu foncé ; les yeux sortent de la tête ; la langue est
collée au palais; souvent la tête est allongée, dure, le visage un peu gonflé ;
les battements du cœur, quelquefois encore assez forts et distincts, sont
d'autres fois très-obscurs et très-faibles ; le cordon ombilical est parfois gorgé
de sang.
Dans le second, l'enfant est d'une pâleur mortelle; les membres sont
pendants et flasques ; sa peau est décolorée, et souvent souillée par du mé-
conium ; les lèvres sont pâles ; la mâchoire inférieure est pendante ; le cor-
don ombilical palpite faiblement ou point du tout ; les battements du cœur
sont très-affaiblis. Souvent un enfant, dans cet état, remue encore au mo-
ment de la naissance et crie ; mais il retombe aussitôt après dans l'état de
mort apparente.
Ces différences dans les caractères physiques des enfants nés dans un
étal de mort apparente peuvent tenir sans doute à des causes diverses ; mais
souvent aussi ils appartiennent seulement à des périodes différentes du
même état pathologique, et on a eu tort de vouloir en faire absolument les
signes différentiels de lésions très-différentes. Aussi, quoique convainca
que, dans quelques cas, ils doivent modifier profondément le traitement, et
que, sous ce rapport, il est important d'en tenir compte, Je ne crois plus*
5
pouvoir en faire ia base de distinctions nosologiqiies, vraiment impossible»
à justifier. L'expression de mort apparente ne pr('jugeant rien sur la nature
et la cause de cet état, mérite par cela même d'être conservée.
Pour être compris dans ce que nous allons dire de la mort apparente des
nouveau-nés, nous croyons devoir exposer très-brièvement le mécanisme
suivant lequel s'établit la respiration aussitôt après la naissance.
Tous les physiologistes s'accordent à admettre que ia moelle allongée ou
bulbe rachidien est le foyer central et le régulateur des mouvements respi-
ratoires de l'adulte : c'est également d'elle que part l'excitation motrice de
la première inspiration.
Marshall-Hall a essayé de montrer par des expériences que la première
inspiration résultait d'une action réflexe (î), produite par l'excitation que
les nerfs de la surface du corps, et en particulier le trifacial, recevaient du
contact de l'air extérieur, et que la respiration, une fois établie, continuait
sous l'influence de l'action réflexe due à rirritation du nerf pneumogastri-
que, par le contact de l'air introduit dans le poumon.
Les mouvements respiratoires, suivant le même physiologiste, peuvent
aussi s'opérer sous l'influence d'autres causes : telles sont, par exemple,
les modifications imprimées à la moelle allongée par une {grande perte de
sang, et les excitations que produit en elle le sang veineux. Tous les mou-
vements respiratoires de l'asphyxie incomplète rentrent dans celte dernière,
catégorie.
Dans les cas normaux où le fœtus, n'ayant nullement soufi"ert pendant le
travail, a conservé intacte sa sensibilité cutanée, l'irritation produite par le
(() Une impression faite à nosoriianes peut, en parcourant des voies différentei
dan» la masse cérébro-spinale, donner lieu à des mouvements de nature dis-
tincte. Ainsi, tantôt transmise à l'enc^phiile directement par les nerfs sensitifs
crâniens, ou indirectement par les nerfs de la moelle épinière, elle va s'élaborer
dans la réi,'ion encéphalique ofi réside le sensorium commune, s'y transforme en
sensation, et par conséquent arrive à la connaissance de l'animal qui peut réagir
par des mouvements volontaires. Tantôt éuaiement transmise par les nerfs sen-
sitifs, soit à l'encéphale, soit à la moelle épinière, cette impression occasionne,
sans se transformer nécessairement en sensation, une excitation immédiatement
réfléchie sur les nerfs moteurs : d'où des niouvemenis dits réflexes^ à la produc
tion desquels la volonté n*a aucune part.
La puissance qui donne ainsi lieu à des mouvements sans la participation de
la volonté a été considérée comme une faculté spé(!ia!e de l'axe cérébro -rachidien,
ot désignée sou» le nom de pOMi'oi'r, faculté on propriété réflexe.
6
contact de l*âir extérieur trtir les nerfs cutanés se transmet à {a moelle al-
longée, cl celle-ci, à son tour, agissant sur ies nerfs inspirateurs, produit les
mouvements respiratoires.
Mais que, au mcmienl de sa naissance, le fœtus ait été depuis un certain
temps privé des éléments respiratoires qu'il puise dans le placenta, ou qno
ceiui-ci étant décollé immédiatement après Texpulsion de Penfent, on ob-
stacle quelconque s'oppose à rinlroducUon de l'air dans les bronches, il y
3, dans les deun cas, commencement d'asphyxie; le sang non oxygéné ir-
rite par son contact la moelle allongée, et cette irritation, transmise anx
nerfs inspirateurs, peut encore solliciter les mouvemenls respiratoires des
mnscles de la face, de la poitrine , de Pabdonicn , et produire enfin une
première inspiration (i). Le moteur central sera bientôt remplacé par l'ac-
tion réflexe des ramifications des nerfs pneumogastriques irritées par l'air
introduit dans les poumons, et la respiration conlinuera sous l'influence
seule de l'action réflexe.
Lorsque, par suite de la compression du cordon ou du décollement du
placenta, le fœtus est menacé d'asphyxie dans les derniers temps de la gros-
sesse ou pendant le travail, les mouvements convulsifs et les efforts respi-
ratoires précèdent sa mort ; aussi les mères disent alors qu'après avoir beau-
conp remué, isîir enfant a cessé tout à coup de se msuvoir, et Bédard a vn
un fœtus renfermé encore dans sa poche intacte faire des mouvements in-
Spiratoires, et inspirer de l'eau au lieu d'air. C'est ainsi erscore que, dans
certaines positions de ia face, le fœtnsa pu respirer, quoique renfermé en-
core dans le sein de la mère, et le vagissement utérin, qui suppose toujours
uae kispiration antérieure, ne peut s'expliquer que de la même manière.
Dans tous ces cas, en effet, le sang non oxygéné a irrité la moelle allongée,
el celie-cij, à son tour, transmet cette irritation aux nerfs inspirateurs. L'ac-
tion r^l^axe ne peut en aocune façon être invoquée.
(î) Ï«3r8hajl-tîal! enlève le cerveau à un jeune chat ; il coopp les nerfs pneu»
OTOgsàiriqueà et ouvre la trachée-artère. Il voit la respirelicn se raieutir. mais
eciUînner avec rôguiarité. S'il bouche l'ouverture fnitc à la trachée , la scène
change aiissilM : l'animal ouvre sa bouche largement , fait de violents efforts
<t*ln»'p>ratlon et offre quelques mouvements convulsifë. S'il rouvre la trachée, la
respiration devient aussi régulière qu'auparavant; s'il la ferme, les phénomènes
d'asphyxie se reproduisent. Dans les deux cas, c'est évidemment dans l'organe
centrai , on ta moelle, qu'est l'excitation de la respiration , puisque la destrnc*
tion dueerveau, la section des pneumogastriques, rend impossible l'action
réflexe.
7
Gsrdons-nous toatefois de confondre ces deux excitateurs de Tinspira-
UoD : le premier est l'excitant naturel ; Tautre est toujours pathologique, et
seulement destiné à suppléer le stimulus normal. Or toute action patholo-
gique n'est qu'un effort pour accomplir un acte physiologique devenu diffi-
cile ou impossible ; et s'il peut, dans quelques cas, rappeler un enfant à la
vie, il peut, dans beaucoup d'autres, êiré insullisanl.
Souvent, en eiïel, l'enfaof, qui, né dans uu élat de demi-asphyxie à la
suite d'un travail pénible, fait quelques brusques et violents mouvements
d'inspiration, succomberait assez vite si l'action réflexe n'était mise enjeu,
et si celle-ci ne remplaçait bientôt complètement l'excitant pathologique qui
tout à l'heure agissait seul sur la moelle allongée.... Mais comme, dans cet
état, la sensibilité éraoussée de la peau n'est plus suffisamment excitée par
l'air extérieur, des moyens particuliers doivent êlre employés, tant qu'il en
est temps encore, pour réveiller l'action excito-motrice des nerfs cutanés.
et lorsque l'asphyxie n'est pas trop avancée, ils sont suivis de succès. Mais
lorsque l'enfant est très-faible et petit, ou que les causes d'asphyxie ont
trop longtemps fait sentir leur influence, les contractions des muscles in-
spirateurs sont faibles et éloignées ; elles cessent bientôt complètement ; le
cœur cesse de battre, l'enfant est mort. Si, lorsque ie cœur bal encore, ou
parvient à réveiller l'action réflexe des muscles inspirateurs, on produit uri
brusque mouvement inspiratoire à chaque excitation, après lequel les phé-
nomènes de l'asphyxie continuent comme auparavant; et l'enfant succombe,
quoi que l'on fasse.
S'il est vrai que l'impression produite sur la peau du corps et du viaage
par le froid extérieur, soit la première et l'unique cause de l'action réfle:te
de la moelle allongée sur les nerfs inspirateurs, et détermine ainsi la pre-
mière inspiration, on comprend que toutes les circonstances propres à di-
minuer notablement ou à détruire la sensibilité cutanée retardentou rendeut
impossible le premier effort inspiratoire, et placent le fœtus dans un état de
mort apparente. Les causes de celles-ci sont donc toutes celles qui paraly-
sent plus ou moins les centres nerveux, dont l'influence, complètement in-
utile à l'entretien de la vie fœtale, devient indispensable à la prolongation
de la vie extra-ulérine.
Or ces causes sont, assez nombreuses, et à l'exception de quelques-unes,
elles exercent toutes leur inilaence^cbeuse pendant les derniers temps du
travail. Elles peuvent se diviser : i*" en lésions de la respiration ; 2" lésions
de la circulation ; 3° lésions des centres nerveux. Les premières peuvent
produire l'asphyxie à des degrés plus ou moins prononcés -, les secondes
peuvent produire une hémorrhagie fatale à l'enfant; les troisièmes enfin
affectent directement les centres nerveux , et les rendent impropres aux
foDCtioDS qu'ils doivent remplir aussitôt après leur naissance.
1« LÉSIONS DE LA RESPiBATioN. Ellcs résultent toutes d'obstacles à la
respiration ; ainsi pendant le travail on a signalé : la compression du cor-
don ombilical entre les parois du bassin et la tête ou le tronc de l'enfant;
l*entortillement serré du cordon autour du cou ou d'une autre partie, en-
lortillement qui peut tout à la fois gêner la circulation veineuse du cerveau
et celie du sang dans les vaisseaux ombilicaux ; le décollement prématuré
du placenta, qu'il soit ou non inséré sur le col, décollement qui, entraînant
toujours la déchirure des vaisseaux utéro-placentaires, rend l'hématose fœ-
tale lout aussi impossible que la compression ; la rétraction très -prononcée
de l'utérus, lorsque dans l'accouchement par le siège, la tête seule est
dans l'excavation, et l'enfant ne peut pas respirer, car cette rétraction,
portée au delà de certaines limites, rend à peu près imperméables au sang
les vaisseaux utérins. Dans tous ks cas, l'asphyxie est évidemment le ré-
suilni de la suspension de la respiration placentaire : c'est le contact du
sang noir qui, chez le fœtus comme chez l'adulle, asphyxie, paralyse l'ac-
tion du cerveau.
Enfin, après la naissance, ©n comprend facilement que l'accumulatioD
des mucosités dans le nez, la bouche et les voies aériennes, pouvant s'op-
poser à l'introduction de l'air dans les bronches, peut encore produire
l'asphyxie ; mais ici le mécanisme en est absolument le même que chez l'a-
dulte, puisqu'elle résulte d'un obstacle mécanique à l'introductiOD de l'air
extérieur dans les vésicules pulmon-aires.
Les symptômes apoplectiques de cet état sont faciles à reconnaître : la
surface du corps parait gonflée, elle est d'un violet ou plutôt d'un bleu
noiràlre ; cette coloration est plus marquée aux parties supérieures du
corps, et surtout à la face. Les muscles sont sans mouvements; les mem-
bres conservent leur flexibilité, le corps sa chaleur; les pulsations du
cordon, du pouls, celles même du cœur, sont quelquefois obscures et peu
sensibles.
A Fonverture des cadavres, on trouve les vaisseaux de l'encéphale gorgés
de sang ; quelquefois aussi ce fluide est épanché à la surface des mem-
branes, ou dans l'intérieur même de la substance du cerveau. Le plus sou-
venu suivant M. Cruveilhier, l'épancheraent est limité à la surface du cer-
vek't ; quelquefois il recouvre les lob^s postérieurs du cerveau. Rarement
ii occupe la cavité des ventricules. Dans tous les cas observés par M, Cru-
veilhier, il y avait dans rarachnoîde verlébraie assez de sang pour distenore
la dure-mère. G^est alors encore que Ton rencontre ces congestions du foie
si communes chez les enfants naissants ; ces congestions, dit Billard, varient
considérablement sous le rapport de la quantité de sang accumulé dans le
tissu de l'organe ; il s'y trouve quelquefois en assez grande abondance pour
donner lieu à une sorte d'exsudation sanguine à la surface du foie, dont
la face conveie est dans ce cas teinte et humectée par une couche de sang
répandu ou étalé en nappe. J'ai vu même, chez plusieurs enfants, un épan-
chement de sang dans l'abdomen résulter de cette turgescence. Les pou-
mons sont aussi gorgés de sang.
L'étal extérieur du fœtus asphyxié n'est pas toujours celui que nous ve-
nons de décrire, et, comme le fait remarquer M. Jacquemier, rien n'est
plus commun que de voir le fœtus naître sans coloration anormale de la
peau et même avec une pâleur et une flaccidité des membres très-remar-
quables, bien que la cause de la mort apparente ait été ia compression du
cordon. Cette différence tient-elle, comme le pense M. Jacquemier, à ce
que, dans ce dernier cas, la suspension de la respiration placentaire a été
rapide et brusque, tandis que, dans le premier, elle a été lente et gra-
duelle ? Cela est probable, puisque les mêmeâ différences s'observent dans
l'asphyxie des adultes, et que les malheureux qui, suivant l'observation de
M. Devergie, meurent sous un éboulement de terrain, présentent cette
décoloration des téguments. La promptitude de la mort réelle peut ici ex-
pliquer cette parlicularité. Mais il ne faut pas oublier que celte pâleur ex-
térieure est aussi la conséquence d'une asphyxie lente mais par trop pro-
longée, et qu'elle succède souvent à la coloration violacée des tissus ; que
nous voyons tous les jours celle succession s'opérer sous nos yeux, quand
l'asphyxie a duré trop longtemps ; et qu'un enfant né avec une coloration
très-prononcée devient assez rapidement pâle et flasque, si à l'aide des
moyens employés on ne parvient pas à le faire respirer. II est évident que,
dans ce dernier cas, la décoloration des tissus est l'expression symptoma-
tique d'un degré plus avancé ; les batlements du cœur, qui auparavant
étaient encore assez forts et assez nombreux, perdent de leur fréquence et
de leur intensité, reviennent seulement à de longs intervalles, et ta mort
réelle ne larde pas à succéder à la mort apparente. Eh bien ! ces phéno-
mènes dont nous sommes quelquefois témoins se passent de la même ma-
nière quand le fœlus, privé de respiration placentaire, est encore renfermé
dans le sein de la mère. Si, au moment de la naissance, l'asphyxie dure de-
puis peu de temps, l'enfant présentera la turgescence de la face, la couleur
'^ O ^ <^ O- N
rvX iu*<ie>/Ç-..
10
violacée de la peau, \i fermeté des chairs, des pulsations du cœur encore
assez nombreuses et régulières ; qu'un plus long temps se soit écoulé de-
pois rinleîTuplion de la circulation foeto maternelle, Tenfant sera pâle,
décoloré, les batlements du cœur et du cordon faibles et intermittents;
qu'enfin l'asphyxie se soit prolongée au delà des limites compatibles
avec la vie du cœur, et le fœtus sera réellement mort au moment de son
expulsion.
res deus états, en apparence si différents, tiennent donc à la même
cause, et sont simplement deux degrés de l'asphyxie. Si, éliologiquement,
ils ne doivent pas être distingués, il est important d'en tenir compte au
point de vue du pronostic, car l'un est beaucoup plus grave que l'autre;
au point de vue du trailement, car les mêmes moyens ne leur sont pas ap-
plicables.
2* LÉSIONS DE LA ciRCDLATiON iCETALE. Les déchirurcs du cordon ou
do placenta peuvent seules produire une hémorrhagie capable de porter
atteinte à la vie fœtale. Elles sont fort heureusement assez rares. Quand la
perte est abondante, l'enfant succombe avant la terminaison du travail;
mais si une circonstance quelconquft vient s'opposer à la continuation de
['hémorrhagie, l'enfant peut encore naître vivant, mais dans un état de
mort apparente analogue à celui de la syncope. Le défaut d'influence ner-
veuse lient manifestement Ici i ce que le cerveau et le bulbe ne reçoivent
plus la quantité de sang nécessaire pour qu'ils puissent réagir à leur tour
sur les nerfs inspirateurs. Ce cas est des plus graves. L'enfant est décoloré,
tous les muscles dans le relâchement le plus complet ; quelquefois pourtant
il fkit quelques courtes inspirations, pousse quelques cris très-faibles; n>ajs
pour peu que l'héraorrhagie ait été abondante, il s'éteint au bout d'un
temps assez court.
3" LÉSIONS DES CENTRÉS NERVEUX. Le syslèflr.e nerveux céphalo-rachidien
ne préside à aucune des fonctions dont l'intégrité est nécessaire à l'entre-
tien de la vie fœtale, et la respiration, la circulation et la nutrition sont
tout à fait sous la dépendance des nerfs de la vie organique. Ce sont le»
ganglions et leurs nerfs qui, comme des organes sécrétoires, retirent du
«ang régénéré ce principe de sensibilité et de raotilité organiques, nécessaire
aux mouvements involontaires ou automatiques, nécessaire aussi au maii»-
tiefl de rirritabilité et de la vitalité des organes. La vie du fœtus est pure-
ment végétative ou organique, quoique déjà il possède des organes de la vie
animale. Ainsi s'expliquent lavieelle développement des acéphales, car là où
rorgane manque, manquent aussi les fonctions : et pourtant ces monstres
11
sont doués d'irritabilité, ils exercent des mouvemcnls, et leur vie ac main-
tient intaclQ jusqu'au terme de la grossesse.
Puisque le cerveau el la moelle sont compléleroenl étrangers à l'accom-
plissement des fonctions du Cœtus, on prévoit sans peine que les lésions
dont ils peuvent être le siège pendant la grossesse ou le travail» ne doivent
en rien troubler l'harmonie de ces fonctions, et n'exercer aucune influence
snr la vie inlra-ulérine. Aussi n'est-ce qu'après la naissance que l'alléralion
ou la paralysie cérébro-spinale s'opposent à l'établissement de la vie animale,
alors même que la vie organique se manifeste encore par l'intégrité de la
circulation, el môme lie la respiration placentaire. La première respiration
est, comme nous l'avcDs dit plus haut, le résultat des incitations du bulbe
rachidien, incLîalions produites elles-mêmes par l'impression de la tempé-
rature de l'air ambiant sur les léguments du nouveau-né; mais, pour que
celte impression ne soit pas stérile, il faut que la sensation soit perçue par
l'organe central, el celui-ci est incapable de les percevoir dans les lésions
graves de l'axe cérébro-spinal. Il y a donc cette différence importante à éta-
blir entre les diverses circonstances qui peuvent plonger le fœtus dans cet
état de mort apparente, que l'asphyxie et l'hémorrhagie penvent tuer l'en-
fant dan^ le sein de la mère, tandis que les lésions des centres nerveux le
font toujours naître dsns un étal de mort apparente.
C'est ainsi qu'il faut comprecire l'influence que peut avoir : 1' la com-
pression violente que subit le cerveau dans certains cas de rétrécissement
du bassin; 2° celle qui, dans quelques cas difficiles, peut résulter de l'ap-
plication du forceps ou du levier ; 3" celle qni résulte d'une congestion
vasculaire, due à la gène apportée au retour du sang veineux dans certains
accouchements par la face, dans les cas où plusieurs circulaires du cordon
sont fortement serrées autour du cou, et dans les cas où celui-ci est forte-
ment serré par le col utérin spasmodiquemenl rétracté ; W enfin, la com-
pression produite parfois par des épanchements sanguins, .soit à la surface»
soit dans l'intérieur même de la substance cérébrale.
C'est encore de la même manière qu'il faut comprendre l'aclion des lé.-
sions de la moelle allongée, lésions qui, on le sait, sont produites avec la
plus grande facilité par l'exagération du mouvement de rotation imprimé à
la tête, par les tractions exercées sur l'extrémité céphalique, ou sur l'extré-
inilé pelvienne, alors que la tête est arrêtée plus ou moins haut dans le
bassin, par les épanchements enfin qui peuvent se faire à la base du crAne
et à la partie supérieure du canal rachidien.
Les lésions du cerveau ne s'opposant pas d'une manière absolue à l'éta-
12
blissemenl de la respiration, o'ont pas la gravité de celles de la moelle
allongée. La df;structioD de la partie très-considérable de Tencéphale Q*a
pas toujours empêché Tenfaot de respirer, de crier après sa naissance, et
même de vivre plusieurs Jours. Ua fait semblable s'observe chez les anen-
céphales. Cela fait assez pressentir que, dans les accouchements difficiles,
la compression momentanée subie par la tête peut momentanément aussi
suspendre î'aclion cérébrale, mais que cette suspension ne mettant pas un
obstacle absolu à la respiration, l'espèce de commotion, d'ébranlement subi
par le cerveau, peut s'eifacer assez promptement pour que la vie se continue*.
Il n'en est pas de môme des altérations de la moelle allongée, moteur
unique des mouvements respiratoires ; elle ne peut être affectée profondé-
ment sans rendre impossible ia vie extra-utérine. Ainsi s'explique, dans
la présentation de l'extrémité pelvienne, la mort si fréquente des enfants
quand on a pratiqué des tractions sur le tronc pour opérer le dégagement
de la léle.
Traitement. Puisque, quelle qu'en soit la cause, la mort apparente peut
offrir les symptômes si différents dont nous avons parlé plus haut, il est
évident que rinspeclion de l'enfant ne peut rien nous apprendre sur la
cause de l'étal dans lequel il se trouve. Bien que pour nous la décoloration
de la peau et la flaccidité des membres soient des signes d'un pronostic
très-grave, il nous est impossible de préciser le degré des désordres céré-
braux et de prévoir, par conséquent, quel sera le résultat des moyens pro-
pres à ranimer l'enfant. Dans le doute, il faut les soigner tous, comme s'ils
donnaient quelque espoir de guérison. Une demi-heure, une heure, et
même plus, écoulées depuis l'accouchement, ne sont pas un motif suffisant
pour désespérer, et l'on peut citer un grand nombre de faits qui prouvent
que des enfants ont pu résister une heure à l'asphyxie, et être encore rap-
pelés à la vie. Le silence prolongé du cœur, l'absence complète de toute
pulsation à la région précordiaîe constatée plusieurs fois et à plusieurs re-
prises, est le seul signe que l'on puisse considérer comme détruisant toute
espérance. Le cœur est Vultimum moriens, et je ne crois pas qu'on
soit jamais parvenu à réveiller ses pulsations complètement éteintes. Mais
la mollesse et la flaccidité des tissus, le refroidissement du tronc et de la
face (1), n'autorisent nullement à abandonner l'enfant, pour peu que le
(1) Les expériences sur les animaux à sang chaud prouvent qu'ils résistent
d'autant plus longtemps à l'asphyxie, qu'ils sont placés dans une température
plus basse.
13
couur offre encore quelques ballemeols même Irès-faibles, très-éloignés al
Irès-iriéguliers.
Lorsque les nouveau-nés s'offrent à nous avec rinjection générale des
capillaires de la fact et du tronc, lorsqu'ils ofi'rent enlin les caractères àa
cet état appelé autrefois apoplexie, il est évident que l'indication première
est de faire cesser l'engorgement du cerveau et des poumons. C'est ce que
Ton obtient en coupant promptement le cordon ombilical, et eja laissant
écouler quelques cuillerées de sang : le plus souvent la respiration s'éta-
blit aussitôt après, s'il n'y a pas d'obsticies à l'introduction de l'air dans les
poumons, tels que des mucosités qui obstrueraient î'arrière-bouche, mu-
cosités qu'il faut enlever, soit avecl'extrémité du petit doigt, soit avecla
barbe d'une plume; on voit alors la teinte bleue et violacée disparaître peu
à peu, et faire place à une teinte rosée, d'abord sur les lèvres, puis sur les
joues et le reste du corps.
La circulation est quelquefois tellement affaiblie et comme engourdie
que les artères ombilicales ne versent pas de sang ; alors on peut provo-
quer son effusion en plongeant l'enfant dans un bain, et en exprimant à
plusieurs reprises le cordon de son insertion vers le lieu de sa section.
Quand à l'aide de ces moyens on ne parvient pas à obtenir du sang, il faut,
suivant quelques personnes, appliquer une sangsue derrière chaque oreille.
Mais cette application ferait perdre un. temps précieux, bien mieux utilisé
en recourant aux moyens suivants :
Celte petite saignée étant pratiquée, il faut appliquer tous ses soins à ré-
veiller, par des excitations multipliées et variées, la sensibilité de la peau
et l'action réflexe des nerfs cutanés.
Suivant Marshall-Hall, le meilleur moyen consiste à asperger vigoureu-
sement la face et le corps de l'enfant avec de l'eau froide ; aussitôt après on
le trempera dans un bain chaud, puis on l'enveloppera de flanelles chaudes.
L'efficacité de ce mode de traitement, qui peut être répété plusieurs fois de
suite, dépend surtout de la rapidité avec laquelle il sera employé. L'impres-
sion du froid et du chaud doit être brusque et prompte. On emploie ensuite,
pour stimuler la peau, les frictions sèches avec la main, une brosse, une
flanelle sèche, des frictions avec des liqueurs irritantes, comme vinaigre,
eau-de-vie. M. Moreau insiste beaucoup et avec raison sur de légères per-
cussions faites avec la face palmaire des doigts sur les épaules et les fesses ;
il est aussi souvent Irès-ulile de porter une irritation sur les surfaces mu-
queuses. On met dans la bouche un peu d'eau-de-vie, du vinaigre; on in-
suffle dans l'anus de la fumée de carto ou de papier brûlé ; on inlrodui»
daos le nez, dans le fond de la gorge, les barbes d'ime plume trempée dans
du vinaigre, dont on peut se servir encore pour désobstruer en même temps
Vîrrière- bouche des mucosités qui peuvent s'opposer à Taccès de l'air.
Lorsqu'on peut soupçonner que des mucusités sont accumulées dans les
voies aériennes, on doit, suivant le conseil de Dewees, placer l'enfant sur
le ventre, en ayant soin d'élever les pieds plus haut que la lêie, et en im-
primant à tout le tronc quelques légères secousses ; on parvient ainsi à dés-
obstruer la trachée et à rendre plus facile l'arrivée de l'air. C'est, dit Tau-
leur américain, un moyen d'une grande utilité et à l'aide duquel je suis
parvenu à sauver un grand nombre d'enfants (p. 192). Après quelques in-
stants, l'enfant sera de nouveau plongé dans un bain chaud, frotté avec des
flanelles chaudes, puis soumis immédiatement à des aspersions froides.
Ces moyens seront continués longtemps après l'établissement régulier de
la respiration pour prévenir l'asphyxie secondaire.
On exposera encore utilement le corps de l'enfant à un courant d'air
froid, en lui imprimant brusquement des mouvements semblables à ceux
de la balançoire ; et même, après l'avoir ranimé et habillé, on pourra ex-
poser sa figure à l'air frais, ou mieux l'éventer pendant quelques instants.
On a conseillé d*exercer une forte succion sur les mamelles, dans le but
de dilater mécaniquement le thorax. Cette succion, dit Desonneaux, sans
effet pour le but qu'on se propose, me semble propre à stimuler les muscles
qui meuvent les côtes. Mais un moyen plus puissant et que vante beaucoup
le même auteur est une sorte de douche portée directement sur les parois
du thorax , douche qui se fait en prenant dans sa bouche une gorgée d'eau-
de-vie, et en la soufflant avec force contre la paroi antérieure de la poitrine.
Il est, dit-il, rarement nécessaire de réitérer plusieurs fois ce moyen ; on
voit bientôt son emploi produire immédiatement une contraction convul-
sive des muscles inspirateurs ; le sang et l'air pénètrent le poumon ; la res--
piration s'établit irrégulièrement} d'abord elle est faible et comme con-
vulsive, mais bientôt elle devient plus forte et plus régulière.
Si ces excitations sur les nerfs spinaux et facial étaient insuffisantes, on
agirait sur les ramifications du peumo-gastrique par l'insufllalion.
L'insufflation compte aujourd'hui un assez grand nombre de succès pour
qu'on doive y recourir toutes les fois que les moyens dont nous venons de
parler n'ont pas réussi. Dans un très-bon mémoire sur ce sujet, M. Depaul
a victorieusement réfuté les objections formulées contre elle, et confirmé
par ses expériences les résultats obtenus déjà par MM. Duméril et Magendie.
Comme eux il a vu qu'on se faisait une fausse idée de la résistance des vési-
15
Cule8 puImoDairee, et que, pour produire leur déchirure, il faut souiller
avec une force bieu spérieure à celle qui est nécessaire pour obtenir uoe
simple dilâtatioD. Il a prouvé par des faits que rinsufilatiou réussissait i
rappeler à la vie des enfants que l'iûsuccès des moyens généralement pro-
posés semblait vouer à une mort certaine; que même dans les' cas où elle
était impuissante, parce que les lésions causes de la mort apparente étaient
au-dessus des ressources de Tart, elle pouvait, lorsque l'action du cœur
n'était pas encore éteinte, rendre ses pulsations plus fortes et plus fré.*
quenles, et même parfois déterminer uue inspiration spontanée, raaie in-
complète.
M. Depaul, qui a rendu un véritable service en appelant l'attention sur
un moyen généralement abandonné comme dangereux par les uns, comme
inutile par les autres» a proposé quelques règles de conduite que je crois
devoir reproduire, au moins eo abrégé.
Il se sert de la canule de Chaussier ; il en a seulement fait disparaître les
ouvertures latérales et les a remplacées par une ouverture terminale.
L'enfant, dont on entretient la température par des linges chauds, doit
être placé de manière à ce que la poitrine soit plus élevée que le bassin,
et la tèle un peu inclinée en arrière, pour rendre plus saillante la partie an-
térieure du cou. Après avoir débarrassé la langue et le pharynx de toute
mucosité, on porte l'index gauche, en suivant la ligne médiane de la langue,
jusqu'à l'épiglotle. La main droite, tenant le tube comme une plume à
écrire, dirige le long du doigt sa petite extrémité jusqu'à rentrée du larynx,
l'incline vers la commissure gauche des lèvres et, par quelques légers
mouvements, cherche à soulever répiglolle; il suffît alors de redresser Tin-
strument et de le porter en même temps vers la ligne médiane, pour que
son extrémité traverse la glotte. C'est là le seul temps un peu difficile de
^opération, car assez souvent le tube s'engage dans l'œsophage. Aussi,,
avant d'insufller, doil-on s'assurer de sa position, eu promenant le doigt
sur le larynx et la trachée, et en imprimant à Tinslrument des mouvements
de laléi-alilé pour voir s'ils sont suivis par le larynx. D'ailleurs, dès la pre-
mière insufflation, on s'aperç^oit de suite de Terreur, car lorsque l'instru-
ment est porté dans l'œsophage un soulèvement considérable de Tépigastre
précède celui de la base de la poitrine ; s'il est dirigé, au contraire, dans le
larynx, la dilatation de la poitrine est uniforme, et l'abaissement du dia-
phragme seul produit la saillie épigastrique.
Pour empêcher le reflux de l'air qu'on va pousser et le forcer à pénétrer
flans les voies aériennes, on lui ferme toute issue par l'œsophage, la bouche
i6
et les uarines. Une pression modérée, exercée avec rinslrumenl, sert à
appliquer la paroi antérieure de l'œsophage contre la postérieure. Avec le
pouce et l'indicateur, on pince fortement les lèvres des deux côtés de la
canule, et Ton bouche les narines en pressant le nez avec les deux doigts
médius.
Les insulflations doivent être assez rapprochées les unes des auti-es;
M. Depaul croit qu'il faut en faire dix à douze par minute. Après chacune
d'elles, l'élasticité des vésicules sufSl pour expulser par la canule la plus
grande partie de l'air; toutefois il peut être utile de rendre l'expiration
plus complète par des pressions convenablement exercées avec ia main
largement appliquée sur le devant de la poitrine.
Le temps pendant lequel on doit insister sur les insufflations est très*-
variable. Ainsi les faits prouvent que tantôt un quart d'heuie a été suffisant,
tantôt il a fallu les prolonger trois quarts d'heure, une heure et même une
heure et demie.
Lorsque sous leur influence le cœur s'est ranimé et bat 130 fois par mi-
nute, je crois, dit M. Depaul, qu'il est du devoir du médecin de continuer
jusqu'à l'apparition d'inspirations spontanées qui se renouvellent au moins
de cinq à six fois par minute; s'arrêter après une première serait, dans
beaucoup de cas, compromettre la vie de l'enfant; mais lorsque, après avoir
réveillé les battements du cœur et même obtenu quelques efforts des mus-
c'es inspirateurs, on voit tout cela s'affaiblir et disparaître, on peut, après
dix à douze minutes, cesser Tinsufflalion. Je n'ai jamais vu, dans ces cas,
qu'on soit parvenu à ranimer les enfants.
De temps en temps il est nécessaire de retirer la canule pour la débar-
rasser des mucosités qui l'obstruent. Quand la trachée renferme des mu-
cosités abondantes, facilement indiquées par un gargouillement manifeste,
on peut, à l'aide de quelques aspirations, en engager dans la canule des
quantités considérables et rendre ainsi plus efficaces les insufilations ulté-
rieures.
S'il survient quelques inspirations spontanées, il faut momentanément
suspendre l'insufllation.
EnGn si tous ces moyens avaient échoué, et qu'on eût une pile à sa dis-
position, on pourrait faire passer quelques courants électriques à travers
les muscles inspirateurs; mais c'est un auxiliaire sur lequel il ne faut pas
trop compter.
L'électricité est en effet beaucoup moins active sur le fœtus que sur
Padulte. L'expérience a prouvé, par exemple, que des fœtus de serpent bien
17
développés étaient peu sensibles «i l'action du {galvanisme avant d'avoir
respiré, tandis que peu après ils jouissaient d'une sensibilité très-délicate.
Les mêmes moyens doivent être employés dans les cas de mort apparente
où les enranls sont pâles et décolorés; seulement on comprend que, loin
de faire saigner le cordon ombilical, il faut s'empresser de le lier, même
avant de le couper.
Quelques personnes ont conseillé, dans les cas d'asphyxie, de ne couper
le cordon ombilical qu'après l'établissement régulier de la respiration pul-
monaire, espérant que la persistance de la circulation fœto-placentaire rem-
placerait la respiration extra-utérine non encore établie. Sans admettre, avec
le docteur King, que cette pratique, permettant aux contractions du cœur
de chasser tout le sang dans le placenta, expose le fœtus à mourir exsan-
gue, je pense que, dans le plus grand nombre des cas, cette précaution est
au moins inutile , et même nuisible en faisant perdre un temps précieux.
Presque toujours, en eflet, le placenta est décollé en partie et même en to-
talité peu de temps après la sortie de l'enfant, et alors même que ses adhé-
rences fussent intactes, la rétraction de l'utérus, qui succède à l'expulsion
de l'enfant, a tellement modifié la circulation des parois utérines et celle
des vaisseaux utéro-placentaires, que l'enfant ne pourrait certainement y
trouver que des ressources insuflisantes. Cependant, si par le toucher on
ne trouve pas le placenta sur le col, et que par suite on puisse croire qu'il
a conservé ses rapports normaux avec la matrice , on peut , lorsque le
fœtus est pâle et décoloré, ne pas se presser de couper le cordon, surtout
s'il présente encore des pulsations. Mais dès qu'il cesse de battre, ou dès
qu'on s'aperçoit que le placenta est décollé, il faut s'empresser d'en opérer
la section.
Certains enfants, après avoir crié et respiré assez librement, retombent
encore après quelques heures, quelquefois même après quelques jours,
dans un état de mort apparente qui se termine rajiidement par la mort
réelle, si de prompts sccoui s ne sont pas administrés. Celte mort apparente
secondaire peut tenir, comme celle que nous veuoos de décrire, à une vé-
ritable asphyxie, ou à un défaut d influence nerveuse auquel les excitations
employées immédiatement après la naissance n'ont remédié que momenta;-
nément. L'asphyxie est produite soit par un coips étranger placé aux ou-
vertures de la bouche et des narines, soit par Taccumulation de mucosités
dans l'anière-gorge. Enlever les corps étrangers , désobstruer l'arrière-
bouche à l'aide d'une barbe de plume , ou les bronches en sollicitant les
vomissements par la titillation de la luette, tels sont les premiers moyens
2
18
à employer. On pourra, si la face est violacée, appliquer avec succès une
sangsue derrière chaque oreille, ou suivant le conseil de Kennedy, sur les
lontanelles. Lorsqu'on peut attribuer les accidents au défaut d'action céré-
brale , c'est aux excitants déjà conseillés plus haut qu'il faut de nouveau
avoir recours.
RECHERCHES
SUR LES PROPRIÉTÉS PHYSIOLOGIQUES ET THÉRAPEUTIQUES
DU
BROMURE DE POTASSIUM,
Par m. Ch. HUETTE,
Interne en médecine et en rtilrur;;ie de» hôpitaux de Paris
membre fondateur de la Société de biologie, membre de la Société aoalomlque
et de la Société de médecine pratique de Pari».
Il y a quelques anoées, le prix élevé de l'iode reridait les diverses prépara-
tions de ce médicament inaccessibles aux malades pauvres, et Tadministration
des hôpitaux elle-même fut sur le point d'en restreindre l'usage. Les pra-
ticiens, cherchant alors un succédané à l'iodure de potassium, proposèrent
le bromure du même métal. L'analogie chimique le recommandait à leur
attention, et permettait d'espérer quelque conformité de propriétés théra-
peutiques. Moitié sur la foi de celte induction, moitié par nécessité, le bro-
mure vint ainsi prendre place à côlé de l'iodure, dans la médication alté-
rante. Quelques succès observés dans le service de M. Ricord (qui, du
reste, sut les annoncer avec une réserve dont l'avenir prouva toute la sa-
gesse) ; diverses guérisons rapportées par M. Fourché (de Montpellier) ; les
récits des médecins d'Allemagne sur les elTels merveilleux de certaines
eaux très-riches en bromures alcalins, semblèrent justifier cette inno-
vation.
20
Je Q^di pas été à raème, pendaDt moa iulernat i Tbôpifal du Midi, de
vérifier les as?€rlioDS d« M. Fourché relaliveoienl à refficacilé de ce corps
cjonlre la scrofule ; chez les sujets atteints d'accideols stru(neux« od reo»
c«>nlrail des afTectîons qui exigeaient remploi simultané d'autres médicap*
meotB : il est Impossible de détermiaer la part do bromure dans le résultat
de ces traitemcots mixtes. Si mes recherches n'oot pas éclairé ce poiot de
la question, elles m'ont permis de constater maintes fois Tinsuffisance de ce
médicamcot contre ta syphilis, et je puis affirmer qu'un examen minutieux
i^l sévère de Taction du bromure sur les accidents syphilitiques le déshérite
complètement des avantages et de refQcâcité spéciale dont quelques prati*
riens l'ont doté. Mes c-onvictions  cet égard ne reposent pas seulement sur
\ps faits que j'ai personnellement observés Je dois à Tobligeance de M. le
docteur Puche une série de faits circonstanciés, et recueillis par lui-même
avec un scrupule capable de dissiper les doutes qu'on pourrait avoir sur ce
sujet.
Ayant étudié avec te plus graod soin Taction très-remarquable de ce mé-
dicament sur les différents appareils de réconomic, je consacrerai la pre-
mière partie de mon travail aux phénomènes physiologiques que j'ai ob-
servés. En exposaiit le parallèle des effets produits sur l'organisme par
l'iodure et le bromure de potassium, il me sera facile de démontrer com-
bien étaient peu fondées les inductions thérapeutiques basées sur l'analogie
chimique de ctts d«;ux corps. Si l'observation clinique enlève â la médication
altérante une conquête récente sur laquelle reposait plus d'un espoir, la
matière médicale Q%iura cependant rien perdu : l'évidence des faits place
le bromure de potassium parmi les ageots les plus énergiques et les plus
spéciaux de ia médication stupéfiante.
§ ï. -- ACTION PaYSIOLOGÎQUE DO BROMURE DE POTASSIUM.
Phénomènes géî(éraux (i), — Noua allons décrire, dans leor ordre de
succession autant que possible, une série de phénomènes tantôt isolfe,
tantôt réunis, mais dont l'ensemble caractérise nettement la place que doit
occuper le bromure de potassium dans ta matièi*e médicale.
(1) Le bromure de potatôium fut admiaisiré aux doecs quotidienoës de 2^ A
et 6 grammes. Les malades te prenaient en ditisoluUa» dans une potion gom-
tneuse ou dans un pot de tisane. L«s doses étaient ensuite progressivement
perlées à, lo, i5, 20 grammes, à partir du buaième ou du disiième jour du
uaitfmcnl.
2X
La c^hatatgîe est l'un Aef> prea^j'^rs effets produits : parfois on la con-
state dès W. deuxième jour du liaitcmout, quand ka msiades ne prennent
encore que b grammes par jour ; aiais elle s«i déclare ordinairemetit du
quatrième au septième jour, et iorsqu'oa est arrivé aux do-ses de 10 à 15
grammes. Elle n'a rien de commun avec la céphalalgie iodique. Cette der-
nière, on le sait, siège dans les sinus frontaux ; elle est caractérisée par des
élancements douloureux, et s'accompagne d'injection de la conjonctive, de
larnioieoieot et de coryza. Pendant la durée de cet état, une lumière trop
vive blesse la vue, le moindre bruit impressionne désagréablement l'o-
reille, eofiD, la susceptibilité de tous les sens est accrue; souvent une clia.-
leur brûlante de la peau, et une véritable Gèvre s'ajoutent à ces accidents.
La céplialalgîe produite par le bromure ne présente rim de semblable; pas
d'élancements, ni de larmoiement, ni dea>ryza; la tête est lourde, les ma^
lades éprouvent on sentiment de pression continue qu'ils rapportent au
front «taux tempes; s'ils se lèvent, ils oet des élourdibsenients; l'oeil est
morne, le regard sans animation, la physionomie hébétée ; des réponses
lentes annoncent l'aflaiblissemcnt de rintelligeiice, rincerlilude de la vo-
lonté. C'est là le premier degré île cet état de stupeur dans lequel tombent
rapidement les individus qui prolongent remploi du bromure à doses éle-
vées. Quelquefois I! y a des vertiges, cl renscroble de cet état général rap-
pelle assez bien ie premier degré di^s lièvres typhoïdes ; au lieu de Gèvre,
on constate alors un abaissement considérable du pouls ; nous avons quel-
quefois trouvé seulement de 40 à liB pulsations.
Dès qu'on cesse l'emploi du médicament, tous ces effets se dissipent ra-
pidement. Les purgatifs accélèrent le retour à l'état normal; aussi, dès
que les malades accusent une céphalalgie un peu intense, leur prescrit-on
une bouteille d'eau de Sedlitz; à la faveur de cet évacuant et de quelques
jours de repos, on peut ensuite recommencer le trailemeol, et le plus
souvent le conduire à bonne fin, sans nouvelle interruption.
Après la céphalalgie vient V assoupissement; une sojnnolence continuelle
s'empare des malades; leur sommeil, ordinairement calme, esi quelquefois
agité par des rêvasseries. C'est, en moyenne, du dixième au quinzième
jour qu'on observe ces différents troubles, quand les malades ont absorbé,
depuis le commencement du liaiiement, 100 a 160 grammes de bromure.
Cependant l'assoupissement et les vertiges sont aussi survenus du trentième
au cinquante- troisième jour, et sous rinfluence d'une dose totale variant
entre 135 et 420 grammes; ces dliféirences paraissent dépendre de l'idio-
syncrasie des sujets. T-pg malades se plaignent quelquefois d'une sensa-
22
lion de froid qui envahit plus spécialemeol les jambes, ies cuisses elles
bras.
A un degré plus avancé de cet élat d'ivresse, les jdéos se troublent, la
propension au sommeil est plus impérieuse. Quelques excilatioifij extérieures
arrachent-elles les malades à celle stupeur, des paroies incohérentes ac-
compagnées d'un sourire hébêlé s'échappent de leurs lèvres enlr'ouverles ;
leur physionomie exprime celte satisfaction slupide qui caractérise le visage
des idiots, puis leur tête retombe lourdement sur Poreiller, et le sommeil
met bientôt fin à la fatigue de ce réveil momentané. D'autres fois, mais
rarement, il y a une sorte d'agitation et une loquacité qui revêlent plutôt
une inquiétude vague qu'une surexcitation nerveuse réelle. En apportant
quelque attention dans l'étude de ce délire, on peut facilement se convain-
cre qu'il ne piésente aucun des éléments qui caractérisent l'agitation ma-
niaque et souvent furieuse causée par les solanéos vireuses. Un seul malade
nous présenta des hallucinalions de la vue, de l'ouïe et du toucher : il se
plaignait d'entendre des voix la nuit, et le matin nous montrait entre ses
doigts, qui ne tenaient rien, une prétendue épingle avec laquelle on le pi-
quait; cet état persista pendant huit jours. Des purgatifs furent adminis-
trés, et le retour à la santé ne se lit pas longtemps attendre.
Ces accidents divers précèdent et souvent accompagnent une perlurba-
Jion caractérisée par des lésions du mouvement et de la sensibilité
générale. La force musculaire est rapidement prostrée, les membres abdo-
minaux fléchissent sous le poids du corps; la démarche est vacillante, et
les individus n« se dirigent qu'en prenant souvent un point d'appui sur les
objets environnants. Cette faiblesse est ordinairement en rapport avec la
durée du Iraileiflent et proportionnée aux quantités de bromure ingérées.
Nous l'avons constatée une fois vers le sixième jour ; mais dans la grande
majorité des cas, elle ne se manifeste que beaucoup plus tard, et sous l'in-
fluence longtemps prolongée des plus hautes doses.
Pendant que la puissance musculaire diminue peu à peu, la sensibilité
générale s'émousse. Chez quelques malades, elle fut assez abolie pour faire
croire que le bromure de potassium serait un agent aneslhésique de plus.
lin fait hors de doute est qu'il modifie quelquefois la sensibilité, de manière
à 1 endre lolérables des irrilations qui causeraient de vives douleurs aux su-
jets non soumis h son irifiuence. Nous avons vu certains malades qu'on pou-
vait pincor. piijucr avec une aiguille sans délerminer la moindre souffrance.
,^t, Rames, noire collègue, a relaté dans sa thèse les observations circon-
«Unciées de oos cas curieux. Mais hâtons-nous de dire que celte espèce
23
d'aneslhésie est Irès-rare ; au contraire, nous avons vu le plus souvent que
la sensibilité à la douleur n'était pas amortie, bien que l'action générale du
bromure ftU portée à son maximum d'intensité. Or, si Ton songe que pour
avoir chance d'obtenir un effet si rare , il faut porter le médicament à des
doses (20 ou 30 grammes) qui provoquent constamment les accidents que
nous venons d'énumérer, la prudence empêchera toujours les praticiens
de rechercher une sensibilité douteuse, au prix de perturbations inévitables,
et qui ne sont point sans danger. Cependant, si le bromure doit être pro-
scrit et ne peut remplacer le chloroforme dans la pratique des opérations
chirurgicales, nous aurons occasion de signaler plus loin les cas spéciaux
dans lesquels il peut rendre quelques services à la médecine opératoire.
Au milieu des effets si variés qui révèlent un trouble profond dans les
phénomènes de la vie de relation, la plupart des fonctions ae la vie organi-
que jouissent d'une immunité complète el semblent échapper à l'action stu-
péliantedu bromure.
Tous les accidents généraux que nous venons de décrire ne s'enchaînent
et ne se succèdent pas toujours ainsi, nous le répétons, lieur intensité plus
ou moins prononcée semble subordonnée aux idiosyucrasies individuelles.
Certaines constitution-; sont entièrement réfractaires aux effets du bromure ;
12 fois sur 70 le médicament ne produisit aucun effet physiologique appré-
ciable. Mais dans les cas où nous avons constaté cette absence de résultats,
le traitement n'avait été suivi que pendant onze jours, aux doses quoti-
diennes de 5 à 10 grammes.
Étudions les effets spéciaux du bromure de potassium sur quelques ap-
pareils de l'économie animale.
ACTION SUR LES VOIES DIOESTIVKS.
Une saveur amère et salée, analogue à celle de l'iodure de potassium, unrt
sensation d'âcreté dans le pharynx et de clialeui' à restomac, quelquefois
de fraîcheur, tels sont les effets qui se manifestent au moment de l'inges-
tion du bromure dans les voies digeslives. Dès les premiers jours, l'appétit
est rapidement éveillé, et l'exigence de la faim se soutient pendant toute
la durée du traitement. La constipation est presque constante et fréquem-
ment assez opiniâtre pour nécessiter l'administration de purgatifs légers;
les digestions sont eu général faciles el exemptes de coliques. Nous n'avons
observé de phénomène d'irritation que dans le cas où la dose du médica-
ment avait été brusquement élevée ; alors les accidents ne se fout pas lojig-
lemps attendre : c'est ainsi que des amygdalites, desérylhèmes de la gorge,
/■
•A i*-^^'
24
des gengivites se développèrent du premier au cinquième jour, quand le
bromure ingéré fut porté rapidement de 10 à 25 grammes.
Sur tiQ relevé de soixante-dix obserbations, nous n'avons constaté que
cinq fois de la gastralgie, des coliques et de la diarrhée.
En dehors de ces cinq cas nous n'avons jamais obtenu d'autres accidents
du côté des voies digestives, sinon la constipation.
S'il était nécessaire de justifier celte assertion, nous rapporterions ce qui
se passa, dans le courant de janvier 1850, à l'hôpital du Midi. Les ma-
lades de plusieurs salles furent tout à coup et simultanément pris de coli-
ques accompagnées d'évacuations alvines ; ce dérangement dura trois jours.
Xes indi\idus qui se trouvaient alors traités par le bromure échappèrent
seuls à ce-3 accidents.
ACTION SDR LE PHARYNX CT LE VOU.S DO PALAIS.
X'un des efîets les plus singuliers et les plus prompts du bromure est
celui qu'il produit, même à faible dose, sur le voile du palais et le pharynx.
Souvent, dès le second jour , une insensibilité qui persistera pendant toute
la durée du traitement se manifeste dans cette région ; elle est si profonde
et si complète, qu'elle permelde porter le doigtjusqu'à la base de la langue,
de loucher les amygdales, la paroi postérienre du pharynx , de titiller la
luette sans provoquer de nausées, ni de vomisf^eroents, ni de mouvements
de déglutition. Celle aneslbésie toute locale ne mérile-l-e!le pas d'attirer
l'atleution dea chirurgiens ? Son siège et sa persistance semblent la rendre
préférable à celle qu'on obtient par le chloroforme, lorsqu'il s'agit d'opé-
rations délicates et de longue durée, comme la staphyloraphie, l'ablation
des amygdales, l'enlèvement de polypes du pharynx et des fosses nasales,
toutes opérations qui exigent le concours docile et intelligent des patients.
Celle question réclame de nouvelles recherches; car, d'une part, nous
ignorons si la division des parties insensibles au toucher ne causerait pas de
douleur, et, d'autre part, il reste à constater si la glotte ne serait pas elle-
même frappée de stupeur, et par conséquent hors d'état d'indiquer le pas-
sage du sang dans la trachée.
Ces phénomènes sont d'un grand intérêt physiologique; des expériences
multipliées , minutieuses et dirigées avec une méthode que ne comporte
guère l'observation clinique des malades, pourraient seules nous révéler la
cause de celte action. Nous nous proposons de faire ultérieurement, dans
ce but, quelques recherches avec la collaboration de notre ami M. le doc-
teur CI. Bernard.
\^\
* -, '* ■* ■
.;"--i5:3A>vv
!»•
\ ■<:•.
25
ACTION SUR LES ORGANES GINÎTAUX.
On sait que tous les individus soumis à l'iodure de potassium pour des
alTeclioDS autres que les dégénérescences du testicule, sont sujets à des
érections toujours faciles et souvent importunes. Au contraire, cliez ceux
qui prennent du bromure, même à faible dose, les organes génitaux parti-
cipent bientôt de la torpeur générale de Téconomie, et les érections qu'on
observe fréquemment le matin, à Tétat normal, ne se manifestent plus. Un
malade, aujourd'hui couché salie 8, n" ô , malheureusement doué d'une
imagination inquiète, était tourmenté par des pollutions nocturnes qu1l
regardait comme la cause de ses infirmités. On lui administra le bromure
à la dose de un gramme par jour, et le troisième jour du traitement il de-
vançait nos questions en annonçant avec joie que depuis son entrée à Tbô-
pital ses crises avaient cessé. Nous devons dire que tous ne se félicitèrent
point au même titre de cet assoupissement de Torgane vénérien. Quelques-
uns sortis de nos salles, et encore sous TinQuence du médicament, eurent
le chagrin d'avoir à lui reprocher, au milieu de circonstances impérieuses ,
une paresse intempestive des organes génitaux et des mécomptes, sans
exemple dans leur passé. Celte action stupéfiante ne persiste pas; elle di-
minue graduellement, et après quelques jours de repos, la puissance géni-
tale a repris son énergie première.
N'y aurait-il pas là quelque indication thérapeutique? Nous pensons que
le bromure de potassium serait employé avec succès dans ces urétriles
dites cordées, contre lesquelles les opiacés et le camphre sont trop fré-
quemment inefficaces. Ne pourrait-on pas l'utiliser pour modérer des érec-
tions opiniâtres et une susceptibilité nerveuse , contre lesquelles écboue*
raient les narcotiques et les antispasmodiques? De plus, il est probable
qu'il triompheraitdesperles séminales qui, suivantM. le docteur Lallemand,
dépendent des contractions spasmodiques des vésicules; il aggraverait, au
contraire, les pertes, qui survenant pendant les efforts de la défécation,
peuvent être imputées au relâchement des tissus, à l'atonie des organes.
ACTION SU& L'OBGANE OE U VUE.
Les troubles produits sur l'organe de la vue sont de deux ordres : tes uns
lafTectent dans ses fonctions spéciales, les autres dans sa vitalité même ;
mais ceux-ci ne sont qu'une conséquence de l'action stupéfiante du médi-
cament sur l'économie.
Les premiers consistent dans un af&iblissement de la vue plus ou moins
26
prononcé ; les malades ne peuvent plus soutenir une lecture prolongée, les
caractères trop fins les fatiguent. Bientôt ils ne distinguent nettement qu'à
une courte distance. Un de nos malades vit double pendant quatre jours.
Ces phénomènes d'ambliopie, rares et passagers, ne se manifestent que sur
les individus qui sont soumis au bromure depuis un certain temps. Les
vertiges, la céphalalgie sont leur cortège habituel. Nous ne reviendrons pas
ici sur les hallucinations plus haut signalées ; elles se rattachent à la per-
turbation générale des facultés intellectuelles.
Les accidents du second ordre consistent dans une insensibilité plus ou
moins marquée de la conjonctive scléroticale. Ce phénomène n'est pas
constant. On l'observe surtout vers le quatrième jour du traitement, lors-
que les malades prennent le bromure à la dose de 10 à 15 grammes dans les
vingt-quatre heures.
Cette insensibilité locale est parfois si complète, qu'une barbe de plume
ou le doigt passé sur la conjonctive scléroticale ne déterminent aucune
sensation pénible et ne provoquent pas le moindre clignotement delà pau-
pière supérieure. Le plus digne de remarque, c'est que l'iris conserve ses
mouvements et que la cornée transparente jeste très-impressionnable, bien
qu'enchâssée dans un globe oculaire frappé d'insensibilité. Quand les corps
étrangers qu'on promène ainsi sur la conjonctive viennent à loucher le
pourtour de la cornée, les malades accusent de la douleur et rejettent vi-
vement la tête en arrière. Il est probable que le svstème du grand sympa-
lique échappe à l'action stupéfiante du bromure et que l'iris et la cornée
reçoivent leur sensibilité des filets émanés du ganglion ophthalmique
(nerfs iriens ganglionnaires).
ACTION SCR l'organe DE L'ODÏB.
Nous avons souvent observé une dureté notable de l'ouïe ; c'est ordi-
nairement pendant la période d'assoupissement qu'elle se manifeste. Chez
quelques malades qui prirent le bromure à la dose de 25 à 30 grammes,
l'ouïe devint tellement obscure qu'on ne pouvait se faire entendre d'eux
qu'en criant fort et près de leur oreille. Cette espèce de surdité est loin
d'être constante; elle disparaît rapidement dès que les malades ne sont
plus soumis au traitement.
Nous n'avons pu constater si les sens de l'odorat et du goût étaient
émoussés ou pervertis chez les malades que nous avons observés.
En résumé, la prostration des forces, l'engourdissement des mouvements,
la sensibilité générale plus ou moins abolie, les sensations spéciales éraous-
27
sées, rinlelligence affaiblie, le sens génital amorti, tels sont les effets qui
nous ont engagé à classer le bromure de potassium parmi les agents les
plus énergiques et les plus spéciaux de la médication slupéfianle.
g II. — INEFFICACITÉ DC BROMURE DE POTASSIUM DANS LES AFFECTIONS
SYPHILITIQUES.
ACTION SDR LES ÉPIDIDYMITES ET LES URÉTRITES.
Sur 27 cas d'épididymites traités par le bromure de potassium, nous
avons constaté dix fois une exaspération des douleurs, quatre fois le passage
de Tépididymile indolente à l'état aigu ; enfin trois malades sortirent avec
des indurations de l'épididyme après un traitement dont la durée varie
entre un mois et six semaines ; la guérison des autres fut plus ou moins
rapide. Ajoutons que tous ces malades, indépendamment du bromure
qu'ils prenaient, furent soumis au traitement habituel de ces sortes d'af-
fections : sangsues, cataplasmes émollients, compression, emplâtre de
Vigo, etc., etc., suivant la nature et la gravité des cas.
Celte statistique, qui nous montre tantôt l'épididymite chronique rappelée
à l'état aigu, tantôt l'état aigu suivi d'engorgement chronique et qui n'offre
que de rares exemples de guérison, n'est pas faite pour encourager à traiter
cette affection par le bromure de potassium. Cependant, entre des mains
habiles, ce médicament peut encore rendre dos services. M. le docteur
Puche l'emploie quelquefois pour tirer de leur indolence des épididymites
anciennes, dont il favorise ensuite la résolution par un traitement efficace.
Ce médicament ne paraît pas avoir une grande influence sur le cours des
urélrites. Pendant les traitements nous avons souvent observé des écoule-
ments plus abondants et purulents ; l'emploi du bromure serait peut-être
motivé par certaines urétrites dites cordées, à cause des effets stupéûanta
qu'il exerce sur les organes génitaux.
ACTION SUR LES AFFECTIONS SECONDAIRES.
Rien n'est plus contestable que l'efficacité du bromure de potassium dans
les affections syphilitiques secondaires, Nous ne pouvons partager l'opinion
d'Engehiiann, de Prieger, de Bode, qui attribuent au bromure de potassium
et de sodium, contenu dans quelques eaux minérales d'Allemagne, les effets
merveilleux qu'en éprouvent les malades affectés de syphilis constitution-
nelle, avec accidents du côté de la peau. Nous pensons donc que c'est aux
autres agents chimiques contenus dans ces eaux, et principalement aux
iodures, que les malades sont redevables des guérisons rapides observées
28
par les pratidens ailemaods. Nos convictioDS â cet égard reposent sur des
Taits dans lesquels PactioD isolée de ce niéâicanienl était maDii'estetnenl né-
gative. II suffit, pour s^en convaincre, de jeter un coup d*œil sur les e^stralts
d'observations que j'ai relatés & la fin de ce t)'%vail.
Sur dix-neuf cas de syphilis, dont les symptômes révélaient TaiTection
coDstitulionuelIe, ou vit douze fois le développement des manifestations se-
condaires ou tertiaires. Ce forent soit des roséoles, des papules muqueuses,
des engorgements ganglionnaires, des douleurs rhuœatoîdès. solldesexos-
toses, des douleurs osléocopes, etc. Dans aucun cas le bromure n'exerça
nm action résolutive sur les ganglions sympatliiques et symptomatiques
d^affections vénénennes, tant récentes que secondaires ; très-souvent nous
avons constaté sur nos malades Tengorgeroent des ganglions cervicaux
Après un mois ou six semaine û^ traîtement,
ACTION SUfi lES AFFKCTiONâ TSaTUUaCS,
Les principaux symptômes observés sur les vénériens qui furent soumis
à ce traitement consistaient en exostoses^ douleurs ostéocopes nocturnes,
caries» tumeurs gommenses du cou, ulcérations de la gorge&dilTérents de-
grés, etc. Or, chez aucun malade, on ne put constater la moindre amé«
lioration, bien que le bromure ait été continué de trois semaines à deu^t
mois. Chez quelques-uns les douleurs ostéocopesfurent exaspérées; chez
d'autres elles ne furent apaisées que par Taction stupéfiante générale pro-
duite par le médicament pris à haute dose. Ces insuccès devaient engager
à renoncer au bromure ; on revint donc à Tiodure, qui, administré dans les
mêmes cas, fît disparaître avec une merveilleuse rapidité tous les accidentii
que nous venons d'énomérer, et produisit constamment ramélioratiou la
pius manifeste dans la santé générale de nos malades. I/un d'eux, dont l'ob-
servation a couiribué à former mon opinion sur ce sujet, était entré salle 8,
D' 38, pour y être traité d'un testicule vénérien, datant de huit mois,
d'oxostoses du temporal gauche, de douleurs ostéocopes nocturnes dans
les tibias; après deux mois d'un traitement sans succès par le bromure, il
fut soumis à Piodure le il juin et sortit guéri le 13 juillet. A l'appui de
nos assertions, nous préciserons les faits suivants.
Obs. I. — Papules muqueuses de l'anus, du scrotum, datant de trois mots ;
roséole papuleuse du tronc datant de trois mois ; ganglioo cervical supérieur
droit datant de quinze jours*
Traitement du 16 février au SJi mars.
29
L» roséole passe le 2.'i mars à TéUtt de psoriasb, et le malade sort non
guéri.
Oss. II. — Chancres iadurés datant de quatre mois; roséole papaleuse datant
d'un mois et demi ; gaugltons inguinaux engorgés ; ganglion cervical supé-
rieur tré.vvoiumineux.
Traitement du 2 mars au 31 avril
Alopécie; douleurs articulaires le ift uvril ; roséole plus vive le 20.
Ofi&IIIr — Cbancre pbagédénique à circonférence indurée; pas de ganglions
cervtcaox; gonûement inguinal gauche.
Traitement du 3 février au 21 noars.
Le il février, apparition des ganglions cervicaux ; le 14 mars, douleurs arti-
cakires trés-vtves.
Obs, Vf, — Sypbilides pustulo-crustacées ; ulcérations tertiaires du pha-
rynx.
Traitement du 22 novembre au âi décembre.
Pendant îe traitement, douleurs articulaires, exostoses de ta partie inférieure
du cubitus.
Ofis. V, —' Chancres indurés de l'impasse du prépuce ; ganglions cervicaux
engorgés.
Au cinquième Jour du traitement, apparition de papules muqueuses à la
marge de l'anus.
Obs. VI. — Papuies muqueuses végétantes du scrotum et du pi! génito^cru-
ral dataot de deux mois; papules muqueuses végétantes de l'anus datant de
quinze Jonrs; roséole papoleuse du tronc; pléiades inguinales; ganglion cer>
vical supérieur gauche engorgé ; papules muqueuses végétantes des deux pi-
liers do voile du palais.
Au dix-oeuviéme jour du traitement, douleurs dans les membres inférieurs.
Le malade sort, après un mois de traitement, sans amélioration dans son état.
O&s. VII. — Chancres superliciels de l'impasse du prépuce ; roséole du tronc ;
pléiades inguinales ; ganglions cervicaux; plaques muqueuses sur les piliers du
vfHie du palais.
Traitement du 27 février au 26 mat
Pendant ce temps, apparition de psoriasis sur les membres, douleurs dans
les meu)bres inférieurs.
Le malade sort le 26 mai et rentre le V" juillet avec de nouvelles papules, une
roséole conQueute, des engorgements des ganglions et cervicaux, symptômes
qui doivent être rattachés 4 la première <>tIectioo.
Trailemenl mercuriei. Guérison en six semaines.
Obs. Vin. — Chancres indurés de l'impasse du prépuce datant de deux mois ;
f ftngiions inguinaux engorgés j pas de ganglioas cervicaux.
30
Trailé par le bromure <1u 4 mars au 23 avril; le 11 mars, apparition d'une
roséole.
Obs. IX. — Chancre du prépuce ; ecthyma sur les membres abdominaux ;
ganglion mastoïdien droit ; douleurs dans les jambes.
Traité par le bromure du 7 janvier au 16 février.
Herpès de la face interne et inférieure des cuisses; herpès de la même nature
au bras. Le 16 février, roideur ei douleurs des articulations des membres infé-
rieurs.
Le malade sort non guéri.
Obs. X. — Papules muqueuses trés-volumineuses de la marge de l'anus,
du scrotum et du voile du palais; ganglions inguinaux cl cervicaux irès-turaé-
fiés.
Traité par le bromure du IB mars au 3 mai.
Apparition d'une roséole après le traitement.
Sort non guéri le 14 mai.
Obs, XI. — Chancres superficiels indurés de l'impasse du prépuce: pléiade
inguinale; pas de ganglions cervicaux; céphalalgie.
Traité par le bromure du 3 février au 14 mars.
Pityriasis capilis ; céphalalgies plus vives.
Il serait superflu de multiplier davantage les observations de ce genre ;
ce qui précède ne démontre que trop rinefficacité du bromure de potas-
sium dans les affections tertiaires de la syphilis.
Les assertions que nous avançons reposent sur une statistique assez riche
pour dissiper les doutes que pourrait faire naître l'absence de documents
complets sur les propriétés du bromure de potassium ; la valeur négative
des résultats que nous avons rapportés n'est donc pas à dédaigner. Si la
thérapeutique enregistrait avec un empressement égal ses échecs et ses
succès, elle épargnerait peut-être à la pratique de l'art une persévérance
déplorable dans bien des erreurs dont le point de départ fut riDducUon.
HISTOIRE ET SYSTÉMATISATION GÉNÉRALE
DE LA
PHYSIOLOGIE.
Mémoire préi;enlc- à la Société de Biologie, le 8 juin 1850,
PAR
M. LE Docteur L.-A. SECOND,
Secrétaire de la Société, bibliothécaire à l'ÉcoIe-de-Médecine.
Quand on observe la marche de l'esprit humain dans la conceptioD hié-
rarchique des idées scientiflques, on le voit, à mesure qu'il arrive aux no-
lions les plus complexes, lutter de plus en plus entre ses tendances réelles
et l'esprit théologico-métaphysique ; mais, par suite de l'accomplissement
de son évolution normale, les êtres surnaturels et les entités cèdent peu à
peu le terrain et sont finalement culbutés par l'avènement fatal des idées
jtositives. Tel est, quant à cette dernière phase, l'aspect caractéristique de
la biologie se dégageant à peine des dernières entraves de la métaphysique.
Dans cette dernière science, comme dans les autres parties de la philoso-
32
phie nalnrelle, certains points ont pu de bonne heure recevoir un premier
degré de positivilé. Dans mon précédent travail sur Thistoire et la méthode
de l'anatomie (1), on a pu voir comment, au point de vue statique, la sim-
ple observation directe avait, dès le grand Aristole, suscité une première co-
ordinatioa des animaux basée sur des caractères de conformation extérieure
et intérieure. Mais pour étudier les êtres vivants au point de vue dynamique,
Pesprit humain avait besoin d'une préparation préliminaire plus étendue ;
et ce n'est qu'après l'établissement de la physique et de la chimie que, pro-
fitant des procédés logiques émanés de ces dernières sciences, la physiologie
elle-même pouvait se constituer.
f^a simple contemplation directe, dans les phénomènes biologiques, ne
pouvait conduire qu'à des notions élémentaires de dynamique animale.
Quand on fait de nos jours remonter l'histoire de la physiologie aux temps
qui ont précédé ou suivi de près la fondation de l'école d'Alexandrie, c''est
qu'on veut comprendre, dans cette révision du passé, les théories méta-
physiques de l'antiquité sur la vie ou sur certaines expériences résultées
le plus souvent du hasard. Il manquait à la raison humaine, pour explorer
les phénomènes complexes de la vie, deux procédés d'observation : l'expéri-
mentation et la comparaison. C'est dans l'étude des phénomènes physiques
que devait se développer au plus haut degré le procédé expérimental; aussi
peut-on dire que, dès les belles expériences de Gahlée, date aussi bien l'éta-
blissement de la physique que le commencement de la physiologie posi-
tive. C'est dune à partir de celte mémorable époque qu'il faut rechercher
les principaux éléments d'une systématisation ultérieure de la biologie.
L'examen historique que je dois faire va porter sur les éléments fonda-
mentaux de la systématisation et sur la systématisation elle-même. On doit
concevoir que la recherche minutieuse de la série des découvertes effectuées
sur chaque question parlicuHère de physiologie, loin d'être utile à l'objet
de mon travail, ne ferait que le surcharger de documents secondaires. Tout,
dans une science, n'a pas le même degré d'importance et de généralité ;
c'est en confondant des points de vue très-distincts que beaucoup d'histo-
riens de la science ont malheureusement accolé dans les mêmes apprécia-
lions des travaux d'un ordre bien différent et des observateurs d'un inégal
mérite. La faveur obtenue par ces narrateurs n'a que trop dépendu de ce
régime moderne dans lequel les découvertes machinales ont souvent plus
(1) Mkmoirei» oe lA Société de biologie, J" année, 1849, p. 13.
33
de succès que les coordinations les plus essenlielles. Mais il suffit aujour-
d'hui de signaler de pareilles anomalies à la génération scientifique nais-
sante pour qu'elle en soit préservée.
Cette exposition générale ne peut dispenser, dans tous les cas, de la re-
cherche délicate des progrès successifs effectués pour chaque question
particulière de physiologie ; il est au contraire facile de prouver la grande
efficacité de cet ordre de notions historiques dans renseignement de cetto
science. La grande complexité des phénomènes s'oppose bien souvent aux
succès de l'éducation scientifique; et à beaucoup d'égards, on comprend
combien l'histoire précise de l'évolution positive d'une théorie peut offrir
d'intérêt pour sa vulgarisation. En considérant la profonde inégalité intel-
lectuelle et morale des individus, il faut prévoir qu'un professeur, malgré
son mérite, sera compris à des degrés Irès-variés dans une théorie exposée
avec son entier développement. Un auditoire, en un mot, ne peut être com-
posé d'individus appartenant tous à leur siècle, dès lors on conçoit tout
l'avantage qu'on peut retirer dans l'enseignement de l'exposition historique
d'une question, prise aux diversesépoques de son évolution posiliveel offrant;!
chaque progrès un développement nouveau. Du reste, quel que soit le de-
gré d'intensité de rotre esprit, on peut assurer que, pour la conception
d'une idée, rien n'est plus propre à dresser notre intelligence que l'aspect
des degrés successifs de maturité acquis par la raison humaine dans tout
problème d'une certaine complexité ; et de même que l'humanité a conçu
l'espace avant de concevoir les corps, marche rationnelle qu'il est néces-
saire de suivre dans toute éducation scientifique, de même, dans If s no-
tions particulières, la raison humaine a passé par divers degrés de simpli-
cité qu'il est indispensable de parcourir pour que toute intelligence puisse,
à un degré quelconque, se les approprier.
L'esprit philosophique qui domine toute opération historique doit être
essentiellement pris en considération. Il est certain que le peu de cas que
beaucoup d'esprits paraissent faire de la méthode historique dans les
sciences vient précisément d'un mauvais emploi de l'histoire elle-même.
Quel exemple plus caractéristique à citer, à cet égard, que cette Histoire
DES SCIENCES, publiéc il y a peu d'années par le dernier penseur de la bio-
logie, etdans laquelle le choix des typesesl dirigé d'après une déplorable ré-
trogradation théologique; par quelle étrange aberration, dans notre siècle,
l'histoire du réel, du précis, du positif, peut-elle être conduite parla philo-
sophie du chimérique du vague et du fictif I Cette observation est aussi ca-
pitale pour l'histoire générale de la biologie que pour l'examen particulier
3
34
des notions secondaires, et le rôle important que j'essayais plus haut d'assi-
gner à l'histoire dans l'enseignement des sciences, deviendrait très-préju-
diciable, si les diverses phases d'une question se trouvaient ainsi caractéri-
sées par de mauvais types. Le succès d'un tel procédé dépend surtout de la
vraie conception théorique du passé, et ce n'est que d après l'histoire de
l'humanité considérée dans ses divers modes d'existence, qu'il faut régler
l'histoire particulière des sciences, condition qui ne pouvait être remplie
avant que Hume. Adam,Srailh, Dunoyer, eussent exposé la loi d'activité
humaine, et Auguste Comte les lois de l'évolution inteliectuelle de l'huma-
nité. C'est en se subordonnant à cette direction générale que l'histoire des
sciences peut, soit pour la construction, soit pour l'enseignement, jouer un
rôle très étendu.
Pour éviter la confusion que je reprochais plus haut h beaucoup d'histo-
riens, il faut, dans l'exposition que j'entreprends, établir une distinction
nette des parties de la physiologie, pour ne pas mettre en parallèle des do-
cuments hétérogènes. En soumettant la physiologie aux mêmes principes
qui m'ont dirigé pour la systématisation de l'anatomie, il faut y considérer
trois parties : la première, correspondant à l'anatomie générale et embras-
sant l'étude physiologique des éléments, des tissus et des systèmes; la se-
conde, parallèle à Tétude des organes, comprenant les phénomènes des
fonctions; la troisième, enfin, instituant au point de vue dynamique les
démonstrations nouvelles que j'ai caractérisées déjà dans la statique par
l'élude des relations analomiques des appareils qui, en physiologie, com-
prendra l'examen des résultats plus ou moins généraux de la vie. En un
rnol, les trois degrés de l'analyse physiologique sont : les propriétés géné-
rales, les fonctions et les résultats. Je. commencerai donc par examiner
très-rapidement ce que le passé nous a fourni pour la constitution de ces
divers degrés; j'étudierai ensuite les documents plus généraux relatifs à la
systématisation physiologique. L'utilité de celte distinction étant dès à pré-
sent sentie, je vais d'abord parcourir le développement successif des trois
parties de la physiologie, d'après l'ordre analytique de la méthode objective,
tne réservant de signaler, à la fin de ce travail, l'importante réforme qui
doit consister aujourd'hui à introduire dans la biologie, d'une manière sys-
tématique, l'emploi de ta méthode subjective surtout résultée de la connais-
sance du dernier terme de la série des sciences, ce qui permet aujourd'hui
l'usage combiné des deux méthodes, la première fournie par la cosmologie,
la seconde par la sociologie.
Les difficultés qu"a naturellement présentées l'analyse anatomique ont, par
35
suite, retardé la vraie conceptiou de la physiologie générale ; l'analyse des
propriétés devait se subordonner à l'étude préalable des éléments des tissus
et des systèmes. Bien que dès le grand Aristote on commence à indiquer le
vrai préliminaire de l'anatomie, par la division des parties en similaires et
dissimilaires, bien que du temps de Haller on comprenne la généralité de
rétude de la libre et de certains tissus, on a vu cependant que la véritable
systématisation de l'anatomie générale a été eiïectuée par Bicbat. C'est
aussi à partir de ce grand biologiste que se manifestent les germes de la
physiologie générale, bien que, avant Bichat, on eût également étudié
certaines propriétés de tissu. Mais l'idée féconde des propriétés de tissu^
qui n'est dans Bichat qu'un amendement à l'animisme de Stahl ou au vita-
lisme de Barthez, doit devenir le fondement de la physiologie générale et
provoquer finalement la substitution des idées de propriété à toutes les idées
de force. On peut assurer que Bichat lui-même, sans une mort préma-
turée, aurait complété cette absorption définitive de l'ontologie et de la
métaphysique. Mais depuis l'apparition du Traité d'anatomie générale,
aucune tenlalive sérieuse de ce genre n'a été faite; le terraiù de la phy-
siologie générale n'a reçu que des améliorations partielles, sans se consti-
tuer dans son ensemble, et la situation provisoire de Bichat est acceptée
comme déflnitive. Aujourd'hui que, par le perfectionnement des procédés
d'observation directe, l'anatomie générale peut enfin s'organiser, le plan
de la physiologie se trouvera naturellement tracé. Pour le moment, la plus
grande indécision se remarque dans ceux môme qui travaillent directement
à cette partie de la physiologie. Un cas très-caractéristique est celui de
Tiedemann qui, sousle titre de Physiologie générale, publie un traité sur
le procédé comparatif dans l'étude des fonctions. Il est très-vrai que la
cozaparaison est de hature à fournir un certain degré de généralité à la
notion de digestion, de r expiration, de génération, etc. Mais il faut dire
à Tiedemann, avec Bichat : « Quand vous voulez connaître les propriétés et
la vie d'un organe, il faut absolument le décomposer; » et alors seulement
on fait de la physiologie générale, tandis que Tiedemann ne fait que des
généralités sur les fonctions. Un cas plus curieux et entièrement réciproque
est celui de Blainville, qui, pensant étudier les phénomènes des fondions,
construit la véritable physiologie des systèmes. Cette dernière confusion,
très-intéressante à vérifier, sera examinée plus loin à l'occasion du plan de
cet éminent biologiste.
En résumé, quelles que soient les tendances actuelles pour changer un
tel état de choses, il faut reconnaître que nous manquons d'une analyse
36
précise des propriétés générales des corps vivants. Les propriétés phy-
siologiques des éléments sont encore vaguement indiquées par les der-
niers micrographes; celies des tissus sont au point où los a laissées
Bichat, car la critique négative dirigée cuntre lui n'a rien remplacé jus-
qu'à présent; enfin la physiologie des systèmes a été parfaitement ébau-
chée par Blainville, sans que néanmoins ce dernier ait etTectué sciem-
ment un tel progrès, circonstance qui a nécessairement nui à reilicacité
de cette construction partielle. Tel est Télat actuel de la physiologie gé-
nérale ; telles sont les données qui doivent servir à sa constitution, du
moment où des esprits posilil's, convenablement préparés, voudront l'entre-
prendre.
La seconde partie de la physiologie, correspondant à l'anatomie des or-
ganes, a suivi leur destinée, et de même que l'anatomie des organes a été
plus largement cultivée jusqu'ici que celle des tissus, à cause des obser-
vations plus faciles et plus précises dont elle est l'objet, de même la phy-
siologie des fonctions a reçu le plus grand développement, bien que la mé-
thode qui dirige encore celte étude soit ou indéterminée ou routinière. Ce
développement parallèle de l'anatomie et de la physiologie se précise en-
core davantage quand on voil qu'à ces deux points de vue ce sont d'abord
les faits les mieux tranchés qui ont le plus exciîé l'attention des observa-
teurs. Depuis !a révolution anatomique de Vésale, les oiganes de la vie ani-
male ont été particulièrement étudiés , et l'art des classifications et la chi-
rurgie n'ont que trop maintenu la prépondérance de cotte étude, de ma-
nière à masquer la vraie dépendance envers les organes de la vie végétative.
C'est aussi dans les problèmes physiologiques correspondants qu'on s'est
d'abord exercé ; mais les obstacles n'ont pas tardé à entraver ce mouve-
ment prématuré de la physiologie. Aujourd'hui que la subordination de
l'animalité à la végétalité est mieux sentie, on peut déjà noter dans les re-
cherches relatives à la vie organique un degré de positivité bien mieux ca-
ractérisé que dans tous les travaux résultés de l'exploration directe des phé-
nomènes de la vie de relation. La culture précoce des parties les plus com-
plexes a eu le grand avantage de distinguer la vie animale de la vie organique,
comme se rattachant à des propriétés d'un ordre plus élevé, de la même
manière que la culture isolée des phénomènes intellectuels et moraux a
contribué à mieux établir les derniers prolongements de la physiologie des
fooctions. Mais aujourd'hui que ces différentes parties sont convenable-
ment préparées pour leur culture définitive, il faut se hâter de reconnaître
la véritable subordination des fonctions pour ne pas poursuivre prématuré-
37
menl des recherches dont le succès dépend entièremenl de PétaWissement
préalable de notions plus générales.
La marche que je viens d'indiquer, plaçant les expérimentateurs dans la
véritable voie, a déjà permis d'atteindre, pour les phénomènes préUminaires
du mouvement de composition, un degré de posilivité remarquable, et tous les
travaux importants effectués sur les fonctions de Tinlestin, depuis Réaumur
et l'abbé Spallanzani jusqu'à notre collègne M. Cl. Bernard, composent un
ensemble de précieux renseignements très-propre à démontrer les lois
fondamentales de la vie organique. Quant aux phénomènes généraux de la
circulation, leur théorie positive a suivi de près les belles expériences de
Galilée au seizième siècle. Ilarvey ne fit pas seulement cette grande décou-
verte : il commença en outre à porter dans Tétude de la génération des
vues plus précises. Cependant, malgré son exemple et celui de Haller, les
forces plastiques et les vaines recherches sur les générations spontanées
embarrassent encore cette grande question, et nuisent au développement
des travaux plus positifs entrepris sur l'ovologie et l'embryologie.
Si de la vie végétative on passe à la vie animale, bien que les phénomè-
nes de celle-ci soient mieux tranchés, bien qu'on ait employé à leur ex-
ploration des procédés plus nombreux, cependant on y trouve encore un
degré inférieur de précision. Les sens n'ont été appréciés qu'au point de
vue hiérarchique, et leur degré réciproque de généralité est senti depuis le
grand Boerhaave. Quant aux explications données à propos de la fonction
de chacun d'eux, on doit, à part quelques idées nettes sur le siège de la
sensation, écarter un grand nombre de faits que l'insuffîsante préparation
(les observateurs a maladroitement accumulés, et dans lesquels on ne sau-
rait trouver, entre les phénomènes mécaniques et physiologiques, la com-
binaison nécessaire qui doit caractériser cet ensemble de recherches. Restent
pour celte section les phénomènes d'innervation qui, par le vague actuel
sur les propriétés générales des tissus composants, offrent encore une
grande obscurité, si ce n'est Tintéressante distinction établie par Charles
Bell, et débarrassée aujourd'hui du caractère absolu qu'avaient voulu lui
donner des observateurs superficiels.
J'arrive en dernier lieu, pour la physiologie des fonctions, à l'analyse des
phénomènes intellectuels et moraux , dont l'incorporation nouvelle aux
études physiologiques doit être considérée comme une des plus importantes
conquêles de notre siècle, celle qui a définitivement dépossédé les derniers
et tristes représentants de la psychologie.
Ce que le grand Descartes n'avait pu atteindre, ce que Cabanis même,
38
avec son émancipation , n'avait pu concevoir , malgré de méofiorables
efforts, Gall eut la hardiesse de l'accomplir, et de lui date la première théo-
rie physiologique sur les plus hautes fonctions de la vie. Quelle que soit
l'iraperfectioû de cette théorie , tout fait excuser et admirer Gall : la diffi-
culté du sujet, son élévation et Ténergie qu'il fallait dans une aussi auda-
cieuse entreprise. Depuis Gall seulement, l'étude des fonctions peut être
complète et s'étendre jusqu'à ses dernières attributions fondamentales.
Quant à la méthode qn'ii convient d'y suivre, elle sera mieux précisée à
propos de l'examen du pian de la systématisation générale.
En abordant la couslitutiou de la troisième partie de la physiologie,
consacrée à l'étude des résultats, je dois déQnir ce qu'il faut entendre par
anatomie et physiologie des appareils. Ainsi que je l'ai établi, la partie
préliminaire, en anatomie, étudie la décomposition d'un organe, afm d'en
comprendre l'ensemble ; puis la notion des différents organes conduit à
celle de l'appareil. Enfin l'étude des appareils mène à la notion de l'orga-
nisme. Ces divers degrés correspondent exactement à l'analyse physiolo-
gique, dans laquelle l'étude des propriétés doit expliquer l'action parlicu-
lière des organes; puis l'action des organes doit conduire à la fonction ;
eoGn l'étude des fonctions vient aboutir à la notion de la vie. J'ai pu établir
que l'anatoraie des appareils n'existe pas, ou qu'elle s'est machinalement
manifestée pai- quelques travaux de biotaxie dans lesquels la relation anato-
niique des appareils élaol instinctivement sentie, on a conclu avec bonheur
de certaines parties secondaires d'un organisme à tout un système d'orga-
nes, sans appuyer cela sur autre chose qu'une certaine routine. Les pré-
tendus tours de lorce exécutés ainsi en paléontologie n'ont été que de purs
artifices pialiques, sans aucun fondement scientifique. Kn dehors de ses
vues incohérentes, ilfaul citer l'éminent Biainville, qui, soit dans la fonda*
lion philosophique de la série animale, soit dans le cours de paléontologie
professé, il y a peu d'années, à la Sorbonne, a manifesté un profond seuli-
Kient de la relation anatomique des appareils, bien qu'il n'ait laissé à cet
égard aucune trace de systématisation.
L'anatomie des appareils comme elle existe dans nos traité» n'est que la
siraple anatomie des organes dans laquelle, depuis Bicbal, on n'a introduit
aucun perfectionnement. La fondation nouvelle de l'analomie des appareils
doit servir parallèlement de guide pour mesurer le vrai terrain de la phy-
siologie des résultats. Lorsque dans les ouvrages actuels on a décomposé
une fonction en ses diiïérenles actions composantes et qu'on reprend en-
suite la fonction de l'ensemble, on fait la physiologie d'un appareil; mais
39
les fooctioDs ime fois établies isolément, il Tau l en étudier Tensemble en
examinant successivement les relations vitales entre deux ou trois appareils
de manière à saisir des résultats de plus en plus généraux, et finalement ia
vie elle-même dont ia théorie, préalablement à toute recherche, aura élé
établie subjectivement; car l'emploi isolé de la méthode objective entretien-
drait le vague de la physiologie actuelle dont la plupart des recherches sonl
instituées sans que Tobservateur sache jamais au juste ce qu'il veut obser-
ver, et sans qu'il puisse déterminer le véritable but des recherches. Cette
manière d'étudier les appareils n'est pas plus avancée en physiologie qu'en
anatomie,et de même que la constitution actuelle ne permet pas de donner
la démonstration d'une théorie sur l'organisme, de même l'isolement de
cliaque phénomène de fonction ne permet pas de concevoir ia solution
possijsledu problème de ïa vie. Cependant les rares tendances que ^ai si-
gnalées à cet égard pour l'anatomie se sont également présentées en phy-
siologie, et tandis que certains résultais généraux étaient étudiés à ia ma-
nière d'une fonction et comme dépendants d'un appareil spécial, on com-
mence aujourd'hui, soit pour les phénomènes de nutrition, soit pour les
phénomènes de calorification, à sentir ia nécessité d'embrasser plusieurs
fonctions pour arriver à la conception de ces résultats. Mais il y a loin de
ces tendances élémentaires à une organisation compièle ; aussi puis -je
assurer qu'en physiologie comme en anatomie, l'étude systématique des
appareils est à faire. On conçoit que pour une telle fondation la méthode
objective devait rester impuissante et qu elle devait tendre au contraire à
prolonger l'étude isolée des fonctions ; aussi le besoin de l'anatomie et de
la physiologie des appareils ne s'est il présenté à mon esprit que sous
l'intluence préalable d'une théorie subjective sur l'organisme animal.
Les différentes parties du domaine de la physiologie étant ainsi déter-
niinées, il devient dès à présent possible d'y porter de grands perfectionne-
ments. Celte première partie de l'exposition va maintenant me permettre
de donner une juste appréciation des divers plans effectués jusqu'à ce jour
sur l'ensemble de la physiologie.
1,'institution d'un plan de physiologie ne peut résulter que d'une théorie
s\ibjcclive de la vie ; ce n'est que par la conception d'un ensemble qu'on
peut arriver au classement des parties ; le tout est de faire, dans le momf ni,
l'hypothèse la plus compatible avec l'ensemble des renseignements obte-
nus ; logique naturelle dont l'humanité, dans tous les ordres de conception
et à toutes les phases de son évolution mentale, nous donne le salutaire
exemple. Une telle observation se trouve néanmoins fréquemment en
défaut de nos jours, où la décomposition scientifique, suite du régime
des spécialités, a produit tant de travaux précisément remarquables par
un défaut complet de direction théorique. Pour les recherches particu-
lières, cet état présente l'inconvénient de l'accumulation des observations
inutiles, ce qui serait déjà très-grave, sans l'inconvénient beaucoup plus
grave qui en résulte pour la méthode. En général, on se contente aujour-
d'hui, dans nos traités, d'une théorie sur la fonction, ce qui sert à établir le
plan des actes concourant à une fonction. Mais l'impuissance mentale à
l'égard d'une théorie sur la vie fait que la majorité des auteurs ne com-
prend pas, pour le classement des fonctions, les avantages de tel plan plu-
tôt que de tel autre, ce qui constitue une véritable déclaration d'incompé-
tence pour la conception des phénomènes généraux de la vie. Aucun de ces
auteurs ne consentirait en effet à commencer l'histoire delà digestion par
les phénomènes qui se passent dans le duodénum; mais les actes sont à
la fonction ce que les fonctions sont à la vie; comment peuvent-ils alors se
refuser à la nécessité logique de commencer par telle ou telle fonction. Si
on admet qu'en entretenant tel ordre dans l'étude des actes on peut recu-
ler de plus en plus la notion d'une fonction, il faut également admettre
qu'en rejetant le classement des fonctions on doit paralyser le mouvement
de la physiologie, en écartant indéfiniment la conception des résultats géné-
raux de la vie.Quelleque soit, à cet égard, l'obstination des esprits spéciaux,
on peut assurer que la génération nouvelle, à l'aide d'une meilleure édu-
cation scientifique, punira par l'oubli les actes d'indifférence si marqués
aujourd'hui pour les travaux de systématisation et qui tendent à prendre,
dans beaucoup de cas, le caractère de la malveillance, abrités qu'ils sont
par de hautes médiocrités.
En abordant maintenant l'examen historique du plan de la physiologie,
il faut signaler, comme un des types préliminaires qui se sont dessinés sous
l'influence des opérations philosophiques de Descailes, l'illustre Boerhaave,
qui, assistant aux belles découvertes de la physique et de la chimie de son
siècle, chercha à concevoir, d'après elles, la santé et la maladie, et malgré
les imperfections résultées du défaut de données sufTjsantes et de ré-
flexions assez approfondies, conçut un plan très-judicieux de l'étude de
l'homme.
Considérant qu'il faut commencer par les choses les plus simples, les plus
aisées à connaître et les plus certaines, en continuant par celles qui leur
ressemblent le plus, et ainsi de suite, en allant avec ordre aux choses com-
posées, obscures, difïiciles, Boerhaave établit qu'il faut d'abord étudier
/il
l'étal normal, puis la sanlé, puis la maladie, enfin les remèdes, et il déter-
mine ainsi la marche logique par laquelle on va du général au particulier,
du simple au composé , de Tindépendant au dépendant. Son précieux
traité (1) commence par établir la science de l'état normal et anormal avant
l'art de rhygiène et de la thérapeutique. Dans la partie théorique, les points
de vue statique et dynamique sont liés, ce qui résulte du défaut de consis-
tance qu'avaient ces deux parties de la biologie et de la difficulté où on était
de saisir leur véritable caractère. Il est vrai que ce plan manifestait au
moins le sentiment de la stricte dépeutlance du point de vue dynamique au
point de vue statique, comme dans tous les ordres de phénomènes. Quant
au classement de cette partie théorique, il se ressent du peu de cohérence
qu'avaient les notions de physiologie à la On du dix-septième siècle et au
commencement du dix-huitième; néanmoins, à part le défaut complet d'é-
tudes sur les ]iropriétés générales et sur les résultats, Boerhaave sent très-
bien la généralité des fonctions végétatives, en commençant par les fonctions
de l'intestin. Viennent ensuite successivement la circulation, le cerveau,
les glandes, la vessie, la locomotion, la nutrition, la peau et les organes des
sens. Cette dernière partie est suivie de l'étude des sens internes, joie, tris-
tesse, indifférence, faim, soif. Boerhaave place en outre dans celte catégo-
rie les problèmes sur la métnoire, l'imagination, les passions, l'attention,
la veille et le sommeil ; puis vient la respiration, la voix et la parole. Enfin
il termine par la génération, comprenant l'étude de la se.mence. des men-
strues et de la conception , qui elle-même se décompose en analyse des
modifications principales de l'ovaire après !a fécondation et en phénomènes
de l'œuf.
Un tel plan pourrait à la rigueur supporter avantageusement le parallèle
avec bien des traités modernes sur la physiologie des fonctions ; quant i
l'esprit qui en dirigea les développements, il est, comme on sait, tout em-
preint des conquêtes que la raison humaine avait accomplies sur le terrain
de la physique et de la chimie; mais comme ces sciences, et la chimie en
particulier, n'offraient pas assez de consistance pour concevoir une théorie
positive, même bornée à la vie végétative, la doctrine de Boerhaave, par
ses grandes lacunes, prêta le flanc aux attaques, et bientôt la métaphysique,
par une réaction naturelle, se réinstalla brillamment sous l'animis-me de
Stahl, et l'école physico-chimique fut réduite au rôle de critique. Mais par
(1) Institdtioes MEDiCyK, I.cydc, !*0S.
â2
le progrès inévitable de Pesprit positif, la coDception provisoire de Siabl
commença à se transformer dans le principe vital de Barthez et Varchée
de Van Helmunl; enfin le principal élément de sa dissolution définitive se
manifesta dans Bichat par la transformation des entités en simples proprié'
tés de tisHu, germe fécond de la physiologie générale.
Bichat, servi par une riche collection de matériaux, à laquelle avait sur-
tout coopéré le savant et judicieux Haller, et servi par les nouveaux prin-
cipes de physiologie qui résultaient de la fondation de l'analomie générale,
pouvait déjà concevoir le système de la physiologie ; car même pour l'étude
des résultats, il était plus que qui que ce soit capable d'en concevoir Té-
tiide, après le j.roioud sentiment de l'unité de la vie , qu'il avait si bien
manifesté dans ses P.echerches sdr la vie et la mort. Néanmoins Bichat
n'a laissé qu'un plan de la physiologie des fonctions. Ce plan, indiqué par
Bichat au g Vfll des considérations préliminaires du TRArrÉ d'anatomlr
GÉNÉRALE, cst Tcslé sans exécution dans la si courte existence de ce grand
biologiste; mais il a servi de base à un grand nombre de traités. Les graves
imperfections qu'il renierme tiennent en grande partie à l'état de la science
à la fin du dix-huilième siècle. Il en est cependant qui sont en désaccord
avec sa première division en vie animale et vie organique. On voit en
effet, dans ce plan, les fonctions relatives à l'espèce séparées de la vie or-
ganique, tandis que la vie animale et la vie organique sont étudiées dans
une même section. Si la carrière de ce grand biologiste avait pu s'éienfire
jusqu'à l'opération fondamentale de Gall , il n'aurait pas rangé parmi les
fonctions de l'individu les fonctions intellectuelles et morales, qui ne doi-
vent pas être brutalement considérées au même titre que les organes de la
végétalité. Pour éviter cette fâcheuse confusion, il fallait que le cercle des
fonctions lût complété par Gall ; il fallait en outre que le véritable point de
vue de toute recherche fût réglé par l'avènement de la science finale. Dès à
présent, en efTet, toutes les conceptions, pour être dirigées vers leur véri-
table but , doivent cesser de présenter le caractère de séparation qui ne
permet pas d'en saisir les liens. Nous étudions l'homme individuel pour
arriver à comprendre l'être collectif; il faut donc, en traitant les fonctions,
distinguer celles de l'individu, celles de la prolongation temporaire de l'in-
dividu, celles enfin par lesquelles il s'incorpore plus ou moins intimement à
l'être collectif : de cette manière on arrive à saisir, dans la physiologie des
résultats, tous les degrés et tous les modes de la vie. Ou ne peut, à cet
égard , adresser un reproche direct à Biv.hal ; mais tous ceux qui ont usé
de son plan, dans une époque plus rapprochée de la nôIre, doivent évidem-
Û3
ment supporter le blâme pour ne pas avoir suppléé à ses imperfections soui
l'influence des fon.ialioos modernes.
J'arrive acluellemenl au dernier type systématique , à l'éminent Blain-
ville , dont le plan devait nécessairement consacrer de grands perfeclion-
nemeuls, mieux préparé qu'il était à une plus large conception. C'est d'a-
près le plan du cours de physiologie fait à la Faculté des sciences, pendant
les années 1829, 1830, 1831 et 1832, que je vais déterminer les vrais pro-
grès opérés par la biologie sous les derniers efforts du puissant esprit de
coordination qui caractérise toutes les fondations de Blainville, Ce plan
constitue la plus large systématisation qu'on ait opérée en physiologie,
bien qu'il soit Dalurellemenl incomplet à l'égard de divers points fonda-
mentaux.
A la suite des prolégomènes, dont la véritable portée est très-bien dé-
terminée. Blainville divise la piiysiologie en trois parties. La troisièïue cona-
prenaul fcimplemenl l'hisloiie de l'esprit humain dans ia physiologie, nous
pouvons ce considérer que les deux premières. On trouve dans la partie
préliminaire ce que beaucoup d'autres fon< entrer dans les prolégoniènes.
Véluiie de la composition. physique, chimique, analonv'que et inicro-
icojtiqufi de? anirunux, ce qui e-t l'objet propre de l'anaîoniie générale.
Blainville place encore dans celle première partie l'élude de Vaciion
des modificateurs externes sur Vorganisation en masie mort ou
vivant.
L'analyse de l'organisme, dans laquelle Blainville a introduit l'importante
considération des éléments et des produits^ doit précéder l'analoroie des
organes et des appareiis, et si Blainville a compris cette étude dans un plan
de physiologie, il aurait aussi bien pu, avant les phénomènes des fonctions,
placer l'analoinie dts organes , et confondre ainsi , comme Boerbsave et
Hailer, le £ioint de vue statique et dynamique, dont il a si bien senti la
distinction en tête de son premier volume sur l'OnGAWiSATïON des ani-
maux. Quant à l'action des modificateurs externes, j'ai suffisammenî dé-
veloppé, dans mes deux premiers mémoires sur la systématisation de l'a-
nato(nîe (1), la réforme capitale qui consiste k étudier celte action après
l'anatomie etia physiologie, athique le sujet étant aussi coiinu que Tobjet,
on puisse logiquement en apprécier les influences réciproques. Celte pre-
mière partie doit donc disparaître du plan de Blainville, qui se réduit
alors à la seconde ou partie essentielle.
—____--^^i^_ I , , 1^- Il II ■ ■ I II I I ■ I I -- -m-l- I I
(t) Voy. MÉMOIREg »E LA S0€. »E BIOLOCnS, t. I, p. 13.
Avant d'aller plus loin, il faut observer que Blainville, par suite de son
anticipation sur Tétude des modificateurs, a fondu les deux physiologies,
celle de l'organisme, considéré isolément, et celle de l'organisme, en rap-
port avec les modificateurs. Mais cette confusion étant expliquée, nous pou-
vons maintenant étudier cette seconde partie, divisée en phénomènes des
propriétés, des fonctions, des résultats et phénomènes définitifs. Pour
la première fois, nous voyons la physiologie générale nettement systéma-
tisée ; seulement l'incomplète préparation de l'auteur ne lui a pas permis
de la développer, bien qu'il en ait senti la vraie situation logique. Mais par
une singulière transformation, je vais montrer que la physiologie des sys-
tèmes se trouve contenue dans la division suivante, consacrée aux phéno-
mènes des fonctions, dont la première classe comprend Vabsorption, la
sanguification et V exhalation. Pour peu qu'on y réfléchisse, on ne tarde
pas à concevoir que l'absorption, étudiée comme le fait Blainville, dans la
peau, Vintestin, le poumon, n'est que l'examen topographique de la pro-
priété d'absorption qui doit dépendre essentiellement de certaines condi-
tions de texture. On peut en dire autant de l'exhalation, que Blainville
étudie de la même manière. Quant à la sanguification, il est impossible de
ne pas la concevoir comme un résultat ; en sorte qu'il y aurait là à la fois
confusion entre les fonctions et les propriétés, et même entre les fonctions
et les résultats. La même observation est applicable au premier ordre des
fonctions animales, où la contracliUlé et l'irritabilité sont étudiées dans tous
les points de l'organisme où elles concourent à un acte déterminé. Une
telle manière de procéder tend, comme on peut le voir, à absorber l'étude
des fonctions dans la physiologie des systèmes, ce qui nuirait finalement
au but de la physiologie. J'avais raison plus haut de faire honneur à Blain-
ville de l'institution de la physiologie des systèmes ; mais il faut par contre
reconnaître que, dans son plan, les véritables phénomènes des fonctions
sont dissous par la considération prépondérante de l'étude des propriétés
ou môme des résultats. Quant aux phénomènes de sensibilité extérieure,
exléro-interne, intérieure, le plan de Blainville offre diverses systématisa-
tions partielles d'un grand intérêt, sans que, à beaucoup d'égards, il ait
profilé de l'imporlan le fondation de Gall et de celle d'Auguste Comte son
véritable appréciateur.
D^n^\ç% phénomènes résultats, Blainville n'a étudié que la composi-
tion, la décomposition et la calorification ; il n'a donc pas senti autant qu'il
devait le faire la véritable physiologie des appareils.
Tels sont les principaux types de coordination auxquels on peut ratla-
45
cher tous les plans adoptés jusqu'à ce jour. Les avantages et les imperfec-
tions que présente celui de Blainville nous amènent à concevoir aiijourd hui
une combinaison plus intime de la physiologie et de l'anatomie, eu établis-
sant parallèlement aux éludes statiques une série correspondante de dé-
monstrations dynamiques. Les observations mêlées à cet examen doivent
me dispenser de répéter ici, en terminant, quelle doit être la constitution
définitive de la physiologie; il faut seulement rappeler que la marche
analytique dont j'ai tracé les degrés ne doit pas être simplement considé-
rée comme un cadre de recherches, mais bien comme le plan d'une série
de démonstrations devant se subordonner à la méthode subjective. Je dois
surtout rappeler que les physiologistes actuels, sous peine de ne remplir
aucun office social, doivent s'attacher à se représenter l'étude des êtres
vivants comme le préliminaire de la sociologie, de même que la physique
et la chimie ont été te préliminaire immédiat de la biologie. La physiolo-
gie animale, considérée ainsi entre l'étude des végétaux, qui lui sert de
base, et l'étude de la société, qui est son but, réalisera enfin sa haute des-
tination.
RECHERCHES
SUR LES PROPRIÉTÉS PHYSIOLOGIQUES
DE
LITHËR lODnYBRIQVË
INDUCTIONS THÉRAPEUTIQUES.
Par m. Gh. HUETTE,
Interne en médecine «t en chirurgie des hôpitaox de Paris,
membre fondateur do la Société de hiologia, membre do la Société analomiqua
«l de la Société de médecine pratlqoe de Pari».
Parmi les composés iodiques, Télher iodhydrique (1), en raison de sa
(1) L'éther iodhydrique a été docouvrrf par M. Gay-Lussa^, qui l'a obtenu en
faisant un mélange de deux parties d'un volume d'alcool et d'une d'acide iodhy-
drique coloré.
Cet éther n'a point de réaction acide. Son odeur est éthérée ; sa saveur est pi-
quante, légèrement douceâtre et moins acre que celle de l'éther sulfuriqne. Sa
densité est de 1,9201: à 22<>,3; il bout à 6i°,8. Il n'est pas inflammable. Versé
goutte à goutte sur des charbons ardent?, il répand des vapeurs pourprées.
Il n'est pas immédiatement décomposé par la potasse et les acides nitrique et
48
forme de liquide volatil et de sa richesse en iode, méritait une attention
toute spéciale ; cepeudanl , depuis vingt-cinq ans que ce corps est décou-
vert, il est resté sans application en médecine. La crainle des dangers que
pouvait entraîner son inhalation a peut-être empêché les praticiens de le
soumettre aux expériences nécessaires pour en constater les propriétés thé-
rapeutiques.
C'est dans le liut de combler une lacune à la fois préjudiciable aux inté-
rêts de l'humanité et aux progrès de la science que nous avons entrepris
quelques recherches dont le résultat confirma nos prévisions sur la possi-
bilité d'introduire l'iode par les voies pulmonaires. Plus lard nous eûmes
l'occasion d'assister un de nos amis que la crainte de la phthisie détermina
à se soumettre pendant trois mois aux inhalations de l'éther iodhydrique.
Nous ne pensons pas que ses craintes fussent bien fondées; mais nous men-
tionnons ici l'expérience dont il prit la responsabilité, uniquement parce
qu'elle prouve que nous nous étions trompé sur le point si essentiel de
l'innocuité. Il en résulte que l'éther iodhydrique est accessible à une voie
d'absorption plus vaste et plus sûre que la muqueuse gastro-intestinale ; il
est le seul composé iodique qui possède ce privilège. En effet, l'iode lui-
même est volatil; mais les expériences tentées jusqu'à ce jour n'ont
servi qu'à démontrer les dangers des vapeurs corrosives de ce métalloïde.
sulfureux; mais l'acide sulfurique l'attaque plus vivement et meta nu une partie
de son iode.
Sous l'influence de l'air, il brunit un peu, ce qui lient à une partie d'iode mise
à nu ; mais il est rapidement décoloré par les alcalis et le mercure qui s'emparent
de l'iode libre- Dans les inhalations que nous conseillons, il sera nécessaire de
l'avoir aussi pur que possible, aOu d'éviter le contact des vapeurs de l'iode mé-
talloïde avec le poumon.
Une goutte de mercure, versée dans le ll^icon que contient l'éther, suffît pour
tenir ce dernier dans un état de pureté convenable. La densité considérable de
l'éther iodhydrique permet de le conserver sous l'eau, dans laquelle il est inso-
luble.
Pour le préparer, il faut mêler quatre parties d'iode avec dix parties d'alcool à
38° , puis ajouter peu à peu une partie de phosphore et soumettre le tout à la
distillation. Quand la majeure partie de l'alcool a distillé, on verse encore environ
trois parties d'alcool dans la cornue, et on distille jusqu'à siccité. On mêle le
produit de la distillation avec de l'eau pour séparer l'éther de l'alcool, et on rec-
tifie l'éther en le distillant sur du chlorure de calcium.
A9
Quant à l'acide iodhydrique qui existe à l'état gazeux, il est suffocant et tout
à fait inapplicable.
Reste à démontrer que cet élher jouit des mêmes propriétés que les au-
tres préparations d'iode, el qu'il est également un puissant modificateur de
l'économie. Il n'y a aucune raison à priori qui autorise à supposer que ce
corps fasse exception dans la classe des composés iodiques. Sa forme de
liquide difTiisible nous le présente dans les conditions les plus favorables au
maximum d'action de Tiode qu'il contient : Corpora non agunt nisi so~
lula; de plus, il est probable qu'il est promptement transformé en iodures
alcalins, dont l'effet subséquent est assuré.
Avant de décrire l'action de l'éther iodhydrique sur l'économie, nous
indiquerons le procédé d'inhalation que nous avons suivi dans nos expé-
riences, afin de réaliser les conditions d'innocuité, tout en favorisant l'ab-
sorption rapide de ce médicament .
On peut se servir d'un petit flacon bouchant à l'émeri, haut de 3 à 4 cen-
timètres, dans lequel on porte avec une pipette graduée 1 gramme ou 2
d'élher ; on recouvre ensuite cet éther d'une couche d'eau épaisse de 2 à
3 millimètres, qui forme un obturateur mobile, destiné à modérer l'évapo-
ralion ; puis on porte le flacon à l'une des narines, afin d'enlever par in-
spiration l'air superposé au liquide. Les vapeurs éthérées arrivent au jvou-
mon convenablement mélangées à l'air venant du dehors. Pour accélérer
l'évaporalion, il suffit d'amincir l'obturateur liquide en inclinant un peu le
flacon ; toute l'eau se rassemble alors en une grosse goutte qui laisse à nu
la majeure partie de ia couche d'éther. On peut également utiliser la cha-
leur de la main dans le même but. O'iinze ou vingt inhalations, pratiquées
comme il vient d'être dit, imprègnent l'économie de l'iode. L'absorption
est si rapide qu'un quart d'heure après la cessation des inhalalious, les
réactifs indiquent le passage de l'iode dans les urines. Bien que cette sub-
stance soit promptement éliminée, nous en avons plusieurs fois constaté la
présence de cinquante à soixante heures après les inhalations. J'indiquerai
plus loin, en traitant des applications thérapeutiques de l'éther iodhydrique,
les conditions qu'il sera convenable de remplir quand les inhalations seront
prescrites dans un but cnratif.
Décrivons les effets qu'il produit.
Après quelques inspirations, une impression de calme et de bien-être
annonce que l'éther iodhydrique agit d'abord conformément aux propriétés
sédatives des autres éthers employés en médecine. Les mouvements respi-
ratoires s'exécutent aussi avec une facilité et une ampleur immédiates qui
4
50
lourneul au profit de Thématose ; mais à PaCUon anlispasmodique de la Va-
peur éthérée qui favorise l'adminislralion du remède, succède bienlôt l'ac-
Uca ultérieure de l'iode absorbé. Le surcroît de vigueur cesse d'être borné
aux iiiuscles thoraciques pour s'étendre à l'ensemble du système muscu-
laire. L'appélit se développe, les sécrétions sont activées, le sens génital
devient plus exigeant , le pouls acquiert de la plénitude, et la vivacité des
sensations, l'activité de l'intelligence, annoncent que l'impulsion donnée
aux autres organes s'étend jusqu'au cerveau. Tels sont les effets que quatre
séances d'inhalations quotidiennes, et de dix minutes chacune, avaient
produites sur nous au bout de quelques jours. Quant aux accidents, nous
n'avons jamais éprouvé qu'un peu de coryza, et plus souvent, lorsque la
vapeur n'arrivait pas trop concentrée, un sentiment fugace de pression aux
tempes.
L'ensemble de ces phénomènes démontre que l'étber iodbydrique parti-
cipe au plus haut degré des propriétés communes aux autres préparations
d'iode. Si nous considérons maintenant qu'il offre un mode d'administra-
îioh tout spécial, qu'en ralentissant l'évaporation, on peut à son gré mo-
dérer les effets qu'il produit, nous ne pouvons refuser à ce composé, dan»
bien des cas, une certaine supériorité sur les autres iodiques.
L'inhalation de l'iode permet donc d'en fractionner les doses à PinQni, et
d'î le faire absorber par des voies plus étendues, plus simultanément ac-
cessibles dans toutes leurs profondeurs, et mieux appropriées pour l'ab-
go'ption des moindres atomes médicamenteux, que ne le sont les organes
digestifs. Comme chaque prise ne reste en contact avec le poumon que la
âméè d'une inspiration, on pourra prolonger les traitements tout en mé-
nageant la susceptibilité des organes. De plus, il est à remarquer que les
substances ainsi absorbées ne sont expulsées qu'après avoir parcouru le
cercle entier de la circulation, et agi soit chimiquement, soit dynamique-
ineht, sur toute l'économie.
Les avantages généraux des voies respiraloiies sur les voies digestives,
au point de vue de l'absorption, étant manifestes, passons à la recherche
des cas pathologiques spéciaux dans lesquels l'inhalation de Féther iodhy-
drique trouverait une indication motivée à la fois par les propriétés chimi-
ques et physiques de ce corps.
On sait que, dans certains empoisonnements, les iodures métalliques sont
prescrits comme antidotes, parce qu'ils décomposent au sein de nos tissus,
et qu'ils en éliminent les produits accidentels de l'intoxication; l'élher iod-
bydrique serait surtout avantageux dans les cas où la substance toxique
51
aurait irrité l'estomac ou altéré les organes de l'absorpUoD gastro-intesti-
nale; il serait également utile dans les empoisonuemenls par la morphine,
la strychnine, et les autres alcalis végétaux, quand les vomissements s'op-
posent à l'introduction de Piode par les voies digeslives.
Tout récemment, dans uu excellent travail sur l'action des iodiques (1)
(travail où l'oubli de l'élher iodhydrique offre pourtant une lacune regret-
table), M. Dorvault propose les iodures à haule dose contre le choléra asia-
tique, afin d'en combattre le phénomène le plus grave, qui est peut-être
la coagulation du sang; si la nature rie cette maladie et le mode d'action des
iodures étaient ce que M. Dorvault suppose, les inhalations seraient alors
le seul moyen applicable. On suit en effet que, dans le choléra, l'estomac et
les intestins ne fonctionnent pins; les voies pulmonaires sont donc les
seules par lesquelles on pourrait faire absorber Piode rapidement.
La glucosurie, si souvent liée à la luberculisalion du poumon, a été, dans
quelques ca?, traitée avec succès par les iodiques : ici l'emploi de l'élher
iodhydrique serait à la fois justifié par l'affection générale et par Palléralion
locale. J'ai constaté l'efficacité de cet élber dans quelques atTeclioos chro-
niques du poumon.
L'induction nous conduit directement à employer les inhalations d'élher
iodhydrique dans les cas nombreux où l'hérédité, autint que la conslilu-
•ion acquise, fait redouter ces tuberculisalions latentes dont les ravages se
manifestent souvent avec une rapidité qui enlève tout espoir de guérison.
L'action générale du médicament sur la diathèse, l'action locale et réso-
lutive qui dissipe les premières manifestations du mal, enfin l'efficacité évi-
dente contre les scrofules, qui oiîrent tant d'analogie avec l'affection tu-
berculeuse, élablissenl ici une présomption tout à fait favorable à l'appui de
laquelle nous allons invoquer plus d'une autorité.
On sait que Laênnec, Scudamore, Berlon, Murray, etc. , préconisant les
inhalations d'iode contre la phlhisie, firent quelques essais, afin de porter
directement celte substance dans les voies pulmonaires. Ils n'avaient point
alors l'idée d'une nouvelle méUiode de traitement général; ces médecins
n'étaient inspirés que par le désir de mettre le résolutif par excellence,
l'iode, en contact avec le parenchyme pulmonaire, pour y produire les ef-
fets salutaires que l'application topique de ce médicaraenl produit partout
ailleurs. L'induction, sans doute, était saine; mais un choix vicieux des
1) Voy. Gaz. Méu., iSrj Ll ISiO.
52
substances employées amena des résullat-s négatifs el quelquefois désas-
treux.
Laënnec garnissait de varecs les appartements des phlhisiques, pensant
que des émanations iodées agiraient directement sur le poumon. L'expé-
rience a démontré l'inefficacité de ce moyen.
Scudaraore conseillait des inhalations dont voici la formule :
Iode 0,2.^
lodure de potaHSiiitn 0, là
Eau distillée 150
Alcool. i
Teinture de ciguë lô
On voit que ce médecin, redoutant pour le poumon l'action irritante de
l'iode, cherchait à la tempérer par la teinture de ciguë. Baudelocque répéta
depuis ces expériences à l'hôpital des Enfants, mais sans succès.
Engelmann prétend que les enfants scrofulcux et présentant toutes les
prédispositions héréditaires à la phthisie obliennent une amélioration ra-
pide de leur état en respirant l'air des salines de Kreusnach : il explique ces
cures merveilleuses par le contact longtemps prolongé du poumon avec
l'air chargé des principes efficaces qui se trouvent dans les sources de
Kreusnach (chlorures, bromures et iodures alcalins.)
Murray conseillait de tenir, dans la chambre des phthisiques, des sou-
coupes contenant de l'iode humecté d'eau.
L'évaporalion lente de l'jode aurait produit de bons résultats, tels que
la cessation de la toux, plus de facilité dans l'expectoration, plus de calme
dans le sommeil, etc. H est regrettable que Murray n'ait rapporté aucune
observation détaillée à l'appui de ses assertions. L'expérience a depuis long-
temps appris que rio"3e non combiné produit sur les organes respiratoires
des effets entièrement opposés à ceux décnis par cet auteur.
Nous ne rappellerons point ici les Irailements variés ni les opinions des
médecins qui proposèrent contre la phthisie l'administration des indiques
par les voies digestives. Ce qui précède suffit pour ne laisser aucun doute
sur la confiance généralement accordée à l'iode, et sur la préoccupation
qui inspira les tentatives que nous venons de rapporter. Or nous croyons
avoir suffisamment prouvé que les vapeurs d'éther iodhydrique, appliquées
directement aux bronches et aux cellules pulmonaires, n'entraînent point
les dangers qui firent échouer les essais tentés jusqu'à ce jour.
Un étal avancé de la tuherculisation, des cavernes nombreuses, l'intensité
53
de la Oèvre. la prédisposition inflammatoire, nous semblent contre-indi-
quer l'emploi de Péther iodhydrique, à cause de son action ultérieure, qui
est stimulante. Peut-être, dans ces cas graves, pourrait-on, à l'aide de pré-
cautions convenables et par inhalation sagçmenl ménagée, atténuer les
dangers résultant de l'acliou excitante du médicament, sans diminuer les
chances de salut offertes par son action altérante.
On comprendra sans peine que, même dans les cas les plus favorables, l'in-
halation doit être laite de manière à ne point fatiguer le poumon de prime
abord, afin de pouvoir, en multipliant les séances, donner au traitement
une durée proportionnée aux effets qu'on veut obtenir. Lorsque l'inhala-
tion de cet éther sera prescrite dans le but de faire agir localement l'iode
sur le parenchyme pulmonaire, on ne devra point perdre de vue que le
contact du remède avec la membrane pulmonaire n'est que momentané,
et que la vapeur absorbée ne peut imprégner d'une manière permanente
un tissu spongieux, sans doute, mais qui est le siège de mouvements con-
tinuels et d'une absorption incessante.
Celte condition essentielle n'est réalisable qu'avec un air chargé de quan-
tités faibles et déterminées de vapeur, et à l'aide de procédés d'adminis-
tration qui soient commodes pour les malades. Le traitement interne le plus
court a toujours une durée de quelques semaines. Or pour que l'économie
générale n'ait pas à en soulfiir et que les membranes délicates chargées de
l'absorption souvent ré[)élée de l'éther puissent le supporter, il faut déter-
miner la dose du médicament qu'on prendra dans les vingt-quatre heureSv
On le fractionnera ensuite en multipliant les séances de l'inhalation.
Nous pensons qu'il sera convenable de régler l'évaporation de manière à
connaître le temps qu'elle exige, parce.que le temps donnera d'une manière
approximative le nombre d'inspirations que le malade a dû faire pour épui-
ser la quantité donnée d'éther. Ce nombre, placé sous le poids représen-
tant la dose quotidienne, produit une fraction qui exprime la valeur
moyenne de chaque prise de vapeur éthérée.
Supj)Osons, par exemple, que la dose soit d'un gramme et que le malade
la prenne en quatre séances égales de cinq minutes, on pourra évaluer le
nombre des inspirations à 500, et la quantité d'éther que chacune d'elles
fait pénétrer par le poumon à 1/500, c'est-à-dire à 0 gr. 002. Dans cette
expérience, 2 milligr. d'éther se trouvent donc disséminés sur la plus
grande surface absorbante du corps humain. Il sera toujours bon de s'as-
treindre aux précautions que nous avons prises nous-même (voir plus
haut), lesquelles nous ont permis de poursuivre nos expéi iences avec sécu-
rite. Qu'OD ne croie pas cependant que ces précautions soient d*une grande
di£Eicuité pratique, ni d'une nécessité tellement impérieuse que la moindre
négligence soit un danger ; maison pressentira sans doute que ces conseils
nous sont inspirés par la crainte devoir des manœuvres peu méthodiques
ou téméraires corapromellre les résultats que nous osons espérer.
L'avenir apprendra si la possibilité, désormais constatée, d'appliquer di-
reclement et localement l'iode aux organes respiratoires, apporte enGn des
chances de salut aux phlhisiques, dontles progrès récents delà science nous
révèlent l'irrévocable arrêt, sans nous donner le pouvoir de le casser. Ne
sutnt il pas d'une possibilité de ce genre pour éveiller Tatlention des prati-
ciens et encourager de nouveaux efforts 7
ftEFLEXIONS
liDK
LA FIÈVRE INTERMITTENTE SIMPLE
CHEZ LES ENFANTS NOUVEàU-NÉS ET A LA MAMELLE;
Par le Docteur GUIET,
ADcleo iDlcro» de* b6pit«ax de Paris, membre de ia Société anatomti|u«
et de la Socliié médical* de U Sartbe.
Il semble que tout ait été dit sur la fièvre inlermiltonte. G*e$l une de ce»
maladies que le praticien aime à rencontrer sur sa route ; car, quand il s'est
bien assuré de sa nature, il a tout près une panacée infaillible à lui opposer.
Il promet d'avance à son malade la curalion de sa fièvre, et le fébricitant
est tout étonné de voir se réaliser si juste les promes es de la médecine.
Plût à Dieu qu'il en fût ainsi dans toutes les maladies l la médecine serait-
plus honorée qu'elle ne l'est.
Dans certaines localités, ou bien à maintes époques, par suite de coosti-
lutions atmosphériques encore mal déterminées, le principe intermittent
semble apposer son cachet caractéristique sur tous les états morbides. Alor»
56
la thérapeutique est bien simple, bien empirique : le quiuquiua sort de
toutes les officines. Cependant, malgré ces occasions si fréquentes d'obser-
ver la fièvre intermittente, la seule dont l'étude approfondie puisse nous
donner une théorie satisfaisante des fièvres, peu de travaux sérieux et véri-
tablement pratiques se produisent sur celle maladie.
On se croit obligé, par exemple, d'éclairer la science sur la fièvre ty-
phoïde, celle enlilé morbide, sur laquelle on disputera longtemps sans pou-
voir s'entendre, parce que personne ne la comprend de la même manière,
et qu'on s'obstine à faire rentrer dans un même type des étals pathologi-
ques essentiellement différents, qui devraient être séparés en théorie. C'est
ce qu'on ne veut pas faire encore ; car après avoir tant ridiculisé la nosolo-
gie de Pinel, il serait dérisoire de reconnaître, quoiqu'un peu tard, que si,
dans les fièvres, ce grand maître avait exagéré les divisions, il était cepen-
dant dans le vrai en en admettant de diflérenles espèces.
I/esprit de l'homme ne procède jamais autrement. Au lieu de tenir un
compte sage de l'expérience du passé, il la secoue trop souvent comme un
linceul. Il s'adresse, en enthousiaste, à une idée nouvelle, qu'il croit la
seule vraie, la seule capable de le diriger dans ces inexplicables phénomè-
nes dont l'organisation humaine nous offre de Irop fréquents exemples.
L'allrail du génie et la puissance du slyle entraînent presque malgré elle
toute une génération ardente. Bientôt une réaction indispensable s'établit,
et Ton s'aperçoit que ce ne sont pas les révolutions qui avancent le plus la
science, mais que c'est par une action lente et réfléchie que l'on obéit à
celte loi du progrès, qui est la plus belle prérogative de l'humanité.
J'en appelle aux praticiens, et surtout aux praticiens de province. Ceux-
là savent mieux que personne combien ils rencontrent tous les jours d'étals
fébriles qu'on peut appeler essentiels (j'en demande bien pardon à l'école
anatoraique), en ce sens du moins qu'ils ne se rattachent à aucune lésion
locale appréciable, et combien ils sont inhabiles, malgré la meilleure vo-
lonté du monde, à les faire rentrer sous le joug de la dothinenlérie. Disons-
ie franchement r il n'est pas un jeune médecin qui, appelé sur le terrain de
la pratique commune, ne soil obligé de modifier les idées qu'il a puisées
dans la pratique des hôpitaux de Paris. Là, en effet, on ne voit que la fièvre
typhoïde ; on a la ressource de la fièvre légère, grave, muqueuse, bilieuse
ou inHammatoire, ataxique ou dynamique, etc. Avec tout cet attirail, on
serait bien maladroit si Ton ne faisait pas rentrer toutes les pyrexfes dans la
fièvre enléro-mésentérique, qui est la gangue commune de toutes les autres.
Rien de si beau que i'unilé pour l'esprit systématique t.. .
57
Mais si peu qu'on veuille ouvrir les yeux à la lumière, on ne larde pas à
reconnalire qu'il est parfois nécessaire de se débarrasser du lourd bagage
scientifique dont on a fait ample provision dans ses éludes. Tout d'abord
on accuse son incapacité naturelle, son défuul d'aptitude; puis plus lard on
voit que la nature sait varier à l'infini ses types pathologiques en fièvre
comme partout ailleurs. La question des fièvres est, à mon avis, tout en-
tière à refaire au point de vue pratique, et il serait temps enfin que de véri-
tables observateurs songeassent à secouer le joug de cette fièvre typhoïde,
qui prétend à elle seule envahir tout le domaine pyrélologique.
J'ai dû faire ces réflexions , car moi, dans ma pratique, je rencontre
tous les jours des états fébriles que je ne sais comment caractériser, parce
que, dans mes études, on m'a borné la vue avec la fièvre typhoïde. Je me
trouve continuellement dan^ l'humiliante obligation, pour un moderne,
de recourir aux anciens nosologistes pour avoir une idée satisfaisante de
certaines fièvres , qui sont muqueuses, bilieuses, nerveuses, ataxiques,
cérébrales, biosiques même, elc, etc., sans avoir le moindre génie ty-
l)hoïde. Je ne comprends pas comment on ne proteste pas tous les jours
contre un pareil monopole, aussi nuisible à la santé qu'à rhumanité.
Ceci dit , je reviens à la fièvre intermittente , et je m'étonne de l'espèce
d'indifférence qui s'est emparée des médecins à propos de cette fièvre.
Que si par hasard quelques travaux éclosent sur cette maladie, c'est presque
toujours sur la thérapeutique, c'est-à-dire sur la parlie la mieux connue,
qu'ils roulent.
Désolés des récidives si fréquentes que présente celte affection et de son
opiniâtre ténacilédans quelques circonstances, la plupart des médecins ont
essayé de trouver au quinquina un succédané qui pût lutter avec avantage
contre ces récidives. C'est ainsi que la salicice, l'acide arsénieux, le Uni-
ment térébenthine, etc.. ont élé tour à tour préconisés. Je ne blâme en au-
cune façon ces tendances, d'autant mieux que le quinquina, dans ces der-
niers temps, est arrivé à un prix exorbitant; mais pour moi, qui crois à
l'efficacilé complète du quinquina, quand il est bien administré el que la
fièvre ne vient point compliquer un état organique latent, je pense que,
pour juger eu dernier ressort la question des récidives, question si impor-
tante, il faut, avant tout, étudier avec le plus grand soin les conditions élio-
logiques dans lesquelles naît celle fièvre, soit qu'elle soit sporadique, soit, au
contraire, qu'elle règne épidémiquement.
Celte étude est sans contredit la seule qui puisse mener à la solution du
problème. Le quinquina guérit à coup sûr; mais si les causes qui ont pro-
58
duitla fièvieane première fois continuent d'agir sur un organisnne déjà
frappé, et ,iar conséquent prédisposé, la récidive est inévitable, fatale. —
Qui en acctisera-t-oo ? Le quinquina, comme on le fait trop souvent. Accu-
eez-en pluiôt l'iusuffisance des connaissances médicales, et travaillez à
comblei uue lacune qui nous fera toujours échouer dans le traitement de ces
récidivt-. N'avais-je pas raison de dire, en têle de ce travail, que l'histoire
de la fièvre intermittente laissait encore beaucoup à désirer ?
Malheureusement une des parties les plus importantes de la pathologie
est encore à créer, c'est le mot : je veux parler de réli«)logie. Il faudrait
une main puissante et énergique pour porter la lumière dans ce chaos.
Honneur donc à la Gazette Médicale, qui la première a jeté le cri de ré-
forme, en inscrivant sur sa bannière ces mots significatifs ; « Médecine
étiologique. » Celle voie féconde fera germer bien des vérités ; car sous ce
drapeau doivent se ranger toutes les intelligences qui n'ont en vue que les
progrès et l'honneur de la médecine.
Ce mémoire a des vues moins ambitieuses : il est basé sur des faits pra-
tiques, simples et observés sans prétention. Plus on se renferme dans
l'observation patiente et attentive de la maladie, et plus on a de chances
de résoudre le problème le plus difficile à nos yeux, celui de la guérir.
Sous le point de vue de la symplomatologie des maladies de l'enfance, îl
existe une diiïérence immense dans la manière dont elles se manifestent,
soit qu'on observe l'eofanl au moment de sa naissance, soit, au contraire,
qu'on l'étudié à un âge plus avancé.
« L'enfant nouveau-né, dit M. Guersant, est si différent de celui qui a at-
» teint 10 à 12 ans qu'il n'y a plus rien de comparable entre eux. Il n'est
» plus du tout semblable à lui-même : ce sont deux êtres entièrement dis-
» tincts sous le rapport de l'organisation physique et du développement des
» facultés intellectuelles. Quand on rapproche ces deux extrêmes de l'en-
» fance, ou est admirablement surpris des changements extraordinaires qui
» s'opèrent si rapidement dans l'intervalle. »
Consultons Huîeland ; il nous dit : « On peut appeler le temps qui s'écoule
») pendant la première année la suite d'une création dont la moitié s'opère
» dans l'intérieur et l'autre moitié en dehors du sein de la mère. »
Enfin, dans ces derniers temps, un de nos amis, le docteur Bouchut, qui
a fait un bon traité des maladies des nouveau nés, exprime la même idée
en ces lern.es: « L'eu.fanl qui ouvre les yeux à la lumière est un être in-
» complet, dont l'organisme encore inactil demande à se développer. »
Comme on le voit, ces différents auteurs ont tous été frappés de ce fait
59
physiologique re^narquable ; c'est que i'orgauisme de Teofaot, pendant la
première année de son existence, diffère essenliellemeol de celui d'un enfant
plus avancé, et à plus forte raison de celui de l'adulte. Celte différence doit
nécessairement entraîner des modifications dans la manière dont cet orga-
nisme réagit contre les différentes causes de perturbations, et par consé-
quent dans les manifestations symptomatologiques qui en résultent.
Nous verrons plus tard, à propos de la fièvre intermittente, si l'expé-
rience vient confirmer les données fournies par le raisonnement.
En effet, les causes des maladies sont et doivent être les mêmes pour
tous les âges. Si ces maladies diffèrent dans leur symptomatologie, cela
lient évidemment à la réaction que l'organisme oppose à ces différentes
causes. Ceci explique pourquoi les mêmes causes agissent différemment sur
des individus en apparence placés dans les mêmes conditions : c'est que
chaque individu réagit à sa manière, et qu'il existe de plus, dans chaque
machine, une inconnue que, dans notre ignorance, nous avons pompeuse-
ment décorée du nom de prédisposition, et qui fait varier à l'infini le mode
de manifestation des maladies.
Cependant les éléments qui doivent constituer plus lard l'homme fait se
trouvent chez l'enfant né à lélat rudimentaire, et c'est une étude bien cu-
rieuse que de suivre avec attention ces transformations organiques que le
Douveau-né suL)it pour ariiver à son développement complet. C'est une
étude bien sympathique au médecin surtout pour qui tous ces phénomènes
organiques doivent avoir un intérêt réel, car c'est l'étude de l'enfant qui le
mène à la connaissance de l'homme fait; c'est aussi à celte période de la
vie qu'il a le plus de chances de combattre ces prédispositions si obscures
qu'une observation attentive du sujet peut seule lui faire deviner.
Des considérations qui précèdent, il résulte à priori que la cause, quelle
qu'elle soit, qui produit la fièvre intermittente, cette maladie si singulière,
qui seule possède un spécifique, ne doit pas trouver dans l'organisme de
l'enfant le même échosymptomatologique que dans l'organisme de l'adulte,
«t ce en vertu de cet aphorisme hippocratique :
« QvKB faciunt in sano actiones sanas, eadern in œgro morboscu. »
Chez l'adulte, la fièvre intermittente simple se caractérise par trois stade*
distincts :
1" Le stade de frisson ; celui-ci est caractéristique;
S» Le stade de chaleur ;
Z' Enfin, le stade de sueur.
60
La fièvre cesse à la suite de ces stades, et celle période constitue l'apyrexle.
Celle apyrexie établit le type de la fièvre. Ainsi une fièvre est quotidienne
quand elle reste tous les jours chez Tadulie, c'est la variélé la plus rare, et
presque toujours sur deux jours il en est ou où la fièvre faiblit.
La fièvre tierce est la plus fréquente de toutes; puis la fièvre quarte.
Ces trois sortes de fièvres présentent des variétés infinies, sur lesquelles
il est inutile d'insister : je dirai seulement que dans certaines épidémies ces
types se confondent avec la fièvre continue d'une manière toute particu-
lière; ainsi en 1867 nous avions des hameaux entiers en proie ù la fièvre
continue. Voici, entre autres, un fait remarquable et dont j'ai tenu compte
dans mes notes.
Sur cinq individus pris les uns après les autres de la fièvre, les deux pre-
miers présentèrent les caractères de la fièvre typhoïde grave. L'un succom-
ba après quinze jours de maladie, l'autre resta malade six semaines; la
convalescence s'établit lenlement; il guérit en conservant une faiblesse
radicale. Le troisième eut une fièvre muqueuse légère. Les deux autres
enfin furent pris de fièvre tierce facilement curable par le quinquina.
Yaurail-il, dans certains cas, analogie entre le principe qui produit la
fièvre continue et celui d'où émane la fièvre intermittente?
Je n'ai rappelé ces notions vulgaires de la fièvre inlermitienle simple
chez l'adulte que pour l'opposer à ce qu'on sait de la même aflection chez
l'enfanl nouveau-né.
Ce qu'on sait, du reste, de celle maladie au premier âge se réduit à bien
peu de chose, el, à l'exceplion du chapitre que lui a consacré M. Bouchot
dans son ouvrage, les auteurs qui ont traité des maladies de l'enfance se
sont pour ainsi dire copiés les uns les autres, enregistrant ainsi les obser-
vations de leurs devanciers, sans se donner la peine de les soumettre au
creuset de l'observation clinique. C'est à peine si l'on a songé à la fièvre
intermittente pernicieuse, qui, peut-être, enlève beaucoup d'enfants sans
qu'on s'en doute. Je dis peut-être, car une seule fois, dans ma pratique,
j'ai vu un jeune enfant de deux mois enlevé en douze heures au milieu de
la plus florissante santé. Le veille il avait eu un léger mouvement fébrile. La
nuit fut bonne. Le lendemain 1 enfant s'éveilla gai et bien portant; il prit le
sein avec avidité. A midi la fièvre s'empara de lui. Douze heures après, il
avait cessé d'exister. La fièvre seule (1) l'avait emporté. La quinine admi-
(1) Je me sers du moi flévre exprès : les boas praticiens me comprendront.
Le grasid écueil des médecins de province (aux yeux des organiciens de Paris),.
61
nistrée le malia eût sans doute empêché une teraiiDaison si fuaeste.
Chez l'eDfant nouvcau-né et à la maïuelle, ce qui comporte une pé-
riode de quinze mois environ, la fièvre inlermitleule varie dans sa syropto-
raalologie, par rapport aux stades e! par rapport au type.
Ainsi point de stade de froid. C'est à peine si quelques frissons vagues
et erratiques traversent le corps de reniant; c'est une sorte de concentra-
tion. Peut-être est-il moins apte à ressentir cette impression. La physiolo-
gie pourrait-elle nous donner la raison de celte différence ?
La période de chaleur est absolue ; elle est même la seule appréciable.
Le stade de sueur, comme relui du froid, est. avorté chez le tout jeune
«nfanl; c'est à peine si la peau se revêt d'une très-légère moiteur.
Le type quotidien est le seul qu'on observe à cet âge, tandis que chez
l'adulte des rémittences quotidiennes indiquent presque toujours une lé-
sion organique cachée.
De plus, la régularité des accès si remarquable cliez l'adulte manque tou-
jours chez l'enfant.
Pour nous résumer, la fièvre intermittente simple se caractérise ainsi
chez les jeunes enfants :
Invasion subite;
Type quotidien;
Irrégularité des accès ;
Absence presque complète des stades de froid et de sueur;
Stade de chaleur exagéré ;
Apyrexie bien manifeste.
Presque toujours voici ce qui se passe. L'enfant qui était fort gai devient
tout à coup triste et maussade ; il s'impressionne facilement et la moindre
cause attire des larmes; il refuse le sein ou le biberon. Une certaine pâ-
leur se répand sur son visage; ses mains et ses pieds froidissent. Il survient
de fréquents bâillements.
Quelquefois au début ce sont des vomissements de matières glaireuses ou
bilieuses.
Chez d'autres, c'est un mal de tète violent, et la main du pauvre enfant
se porte fréquemment à celle partie.
Parfois c'est un poumon qui se congestionne, et une toux sèche et fati-
c'esl de ne pouvoir faire d'aulopsie ; presque toujours les lésions locales leur
échappent. Est-ce un mal ? et D'arrivenî-iîs pas par ceUe ignorance même à
une idée plus philosophique de la maladie?
'Si
62
gaate, parfois accompagnée de vcmissemeals, marque le début de l'accès.
Dans un cas que nous avons observé, une forte diarrbée survint; bientôt
la peau devient brûlante et sèche. Celle chaleur et celle tension se répan-
dent aux muqueuses. La femme du peuple vous décrit cet état en vous di-
sant : Mon enfant brûle. Venïanie&l HhMM, somnolent parfois, agitent
pris de convulsions. Cet état dure plus ou moins longtemps: puis enfin
Ct'lte tension disparaît, la peau s'assouplit, une légère moiteur y apparaît.
Tout rentre dans Tordre; l'enfant se calme, il sourit, reprend le sein jus-
qu'à ce qu'un nouvel accès vienne reproduire de semblables phénomènes.
Voilà en peu de mots la description d'un accès de fièvre intermitlenle
simple chez un jeune enfant- Celle description est pour ainsi dire copiée
sur la nature, car elle est l'expression même de faits que j'ai observés.
Il est une pbrase que j'ai soulignée à dessein, car elle n'a frappé en ce
sens qu'elle montre que l'observation hippocralique est l'étude de la nature
même.
Dans ces grands accès de fièvre qui semblent menacer la frêle machine
de Tenfant, quel est le symptôme le plus saillant, celui qui saule pour ainsi
dire aux yeux de la mère, ce médecin intelligent qui observe avec son cœur ?
C'est la chaleur animale augmentée; aussi vous dit-elle; Mon enfant
brille. Ce phénomène résume pour elle toute la maladie, et nous voyons
avec plaisir qu'il a été signalé par M. Bouchut.
Celle observation puisée dans la nature elle-même avait frappé le père de
la médecine :
• Hippocrates quidem febrern appcUat ignem, et febricitaiites igné corrfptos »
RiOLAN.
Ainsi, pour Hippocrate, notre maître à tous, quoi qu'on dise et quoi
qu'on fasse, la fièvre, c'est le feu, c'est-à-dire une lésion de celle faculté
première que possède l'organisme de fournir une somme de chaleur inhé-
rente à la vie, car là où il n'y a plus de chaleur, il y a mort; par consé-
quent, pour le père de la médecine, la fièvre était une lésion de la calorifi-
caiion, ou mieux, une lésion vitale. Eh bien! je ne crains pas de le dire,
n'en déplaise aux organiciens de nos jours, il faudra en revenir à ces idées
primitives, si l'on veut avoir vne idée satisfaisante de la fièvre, car, ne l'ou-
blions pas :
« Madicus est interpres n(tlur<e. »
Le diagnostic de la fièvre iotermiltente simple, si facile chez l'adulte , où
63
cette maladie afTecte des allures si caractéristiques, présente au contiaire,
chez l'enfant, la plus grande difficulté. On le comprendra sans peine, si l'on
veut bien lire les considérations qui suivent.
Chez les tout jeunes enfants, en effet, charmantes sensilives, que le
moindre irritant fait crisper, le plus léger trouble fait surgir une réaction
fébrile, qui est tout l'analogue de la lièvre intermittente. Aussi est-il fort
difficile à cet âge d'apprécier au jusle la fréquence de celle maladie, et de
savoir si l'appareil fébrile dont on est appelé à juger, reconnaît pour cause
le principe, quel qu'il soit, qui produit la fièvre intermittente, ou bien s'il
ne tient pas à quelque perturbation intérieure, qui, chez l'enfant, n'agit
pas d'une manière continue, et par cela même échappe presque toujours.
Ainsi j'ai donné mes soins à une très-jeune enfant, à laquelle la consti-
pation donnait plusieurs accès fébriles, qui suivaient en tous points la
inarche que j'ai assignée plus haut à la lièvre intermittente. Une selle co-
pieuse faisait disparaître tous les accidents, Cet enfanta 3 ans aujourd'hui,
les mêmes phénomènes se reproduisent, et le calomel, administré conve-
nablement, produit les meilleurs résultais.
Un enfant de 3 mois et demi, nourri au biberon, me présenta les phéno-
mènes suivants : dans la soirée, de trois à huit heures, cet enfant devenait
triste, de gai qu'il était auparavant ; il bâillait fréquemment ; le pouls fai-
blissait; les extrémités se refroidissaient. Une sorte de concentration géné-
rale existait. Bientôt une chaleur vive se manifestait, la peau se tendait et
présentait le caractère d'âcreté si remarquable et bien connu des prati-
ciens ; les joues étaient d'un rouge violet, et mon petit malade tombait dans
une somnolence interrompue par des plaintes et un peu d'agitation. Au
boQt de deux heures environ, la peau se distendait, se relâchait, si je puis
m'exprimer ainsi : elle se couvrait d'une très-légère moiteur, et l'enfant
s'endormait. Il bavait beaucoup.
Le malin, il avait recouvré toute sa gaieté et son appétit. On n'eût pas
dit qu'il eût souffert la veille. Ces accidents se renouvelèrent, pendant
quatre jours tous les soirs. Je crus voir dans ces symptômes quelque chose
qui se rapprochait de la fièvre intermillenle. En effet, accès quotidiens, ir-
régularité des accès, absence de frissons caractéristiques, apyrexie bien
manifeste. J'étais donc bien fondé à poser un tel diagnostic. Je prescrivis
l(i sulfate de quinine dans les moments d'apyrexie. Les accidents diminuè-
rent sensiblement d'intensité. Cependant il restait un léger malaise, qui n'a-
vait rien de comparable aux premiers accidents. Celte persistance m'élon-
nail, et je coarmençais à faire des théories plus ou moins raisonnables sur
6/i
la non-efiicacité du quinquina, lorsque le huitième jour, l'éruption d'une
première dent vinl lever tous les doutes. Ma fièvre inlerrailtente dis-
parut comnîe par enchantement, et mon petit malade se porta mieux que
jamais.
Chez les jeunes enfants, des milliers de causes peuvent déterminer de
semblables réactions fébriles. Ainsi tous les jours on voit l'éruption des
dénis, la présence de vers intestinaux dans le tube digestif, et surtout la
prédisposition aux affections scrofuleuses, causer, dans l'organisme si irri-
table des jeunes enfants, des accidents quotidiens qui présentent une pé-
riodicité bien remarquable et qu'il faut bien se garder de confondre avec ia
fièvre interraillcnte.
Pour ma part, je crois que la fièvre iotermillenle, c'est-à-dire une affee-
tion se liant à un principe qui reconnaît pour spécifique le quinquina, sans
se lier à aucune modification organique appréciable, est plus rare chez les
jeunes enfants qu'on ne le croit généralement.
Ce qui me confirme dans celte opinion, c'est qu'en 18li7, dans les mois
de juin, juillet, août et septembre, mois dans lesquels la constitution épi-
démique nous donna, dans la Sarthe, des fièvres à quinquina par cen-
taines, et sans caractères pernicieux, je fus appelé deux fois, entre autres,
à la campagne, dans des localités décimées par la fièvre.
Dans une famille de 7 individus, 6 furent Iribulaires de la maladie, qui
céda facilement au quinquina , après l'emploi des purgatifs. Un enfant de
trois mois seul en fut exempt ; il était nourri au biberon. Cependant il était
au foyer même de l'intoxication épidémique.
Dans une autre localité, habitée par cinq personnes, tout le monde
paya son tribut à l'épidémie. Un enfant de deux mois ne fut pas atteint ,
pourtant la mère qui nourrissait fut prise de la fièvre tierce ; elle eut
quatre accès sans cesser de nourrir , par mon ordre. Au cinquième accès,
la fièvre fut enlevée par le sulfate de quinine ; l'enfant resta sain et tra-
versa l'épidémie sans rien éprouver.
Que conclure de ces deux faits? — l\ien, je le sais bien. Je me suis
demandé pourtant si la première enfance ne possédait pas une immunité
particulière pour l'intoxication intermittente. Les deux faits sur lesquels
mon attention s'est portée ne sont pas suffisants (je ne l'ignore pas) pour
ériger en loi ce qui n'est, peut-être, qu'une exception. Mais il doit ro'être
permis d'exposer mes doutes; que la pratique plus étendue des autres ré-
ponde.
Qu'on ne se méprenne pas, cependant, sur ce que j'avance. Je ne veux pas
65
prétendre que le cachet intermittent ne puisse s'apposer sur les actes patho-
logiques de la première enfance ; je tiens seulement à établir que la fièvre
intermittente ou à quinquina est rare dans la première année de l'exis-
tence, et qu'il est bien difficile de poser à cet égasd un diagnostic certain.
Chez les tout jeunes enfants, je le répèle , pour bien faire comprendre
ma pensée, la plus légère souffrance trouve un écho symplomalologique
dans rexcilabililé de leur système nerveux ; et comme celle souffrance
n'agit pas d'une manière continue, l'économie réagit absolument comme
dans le cas de fièvre intermiltenle.
Les petits enfants, ensuite, ne peuvent rendre aucun compte de leurs
impressions et le praticien est trop souvent réduit à deviner. De plus, la
médication elle-même n'est pas toujours suffisante pour faire préjuger de
la oaliire de la maladie {naluram ïnorborum curationes ostendtmt). Tout
le monde accepte que la fièvre intermittente modifie profondément le
système nerveux. Le quinquina modifie aussi ce système, et c'est ainsi
qu'on explique sa spéciticilé dans celle maladie. Ce qui le prouve, c'est
que toutes les fois que le système nerveux se surexcite sympathiquement,
le quinquina est appelé à rendre d'éminenls services.
La présence des vers, par exemple, dans le canal intestinal donne lieu,
chez quelques enfants éminemment irritables, à des manifestations fébriles
quotidiennes que le praticien le plus exercé ne saurait distinguer d'accès
de flèvre intermittente. Ici le système nerveux est surexcité sympathi-
quement. L'appareil circulatoire répond à cette surexcitation ; donner
quelques grains de quinine, vous modifiez l'excitabilité nerveuse et par
suite la fièvre. Avez vous guéri une fièvre intermittente dans l'acception
vraie du mot ? Non, je le conteste.
Cette tendance qu'a l'organisme des jeunes enfants à soulever des réac-
tions fébriles pour la moindre souffrance, fait qu'on s'endort quelquefois
sur leur véritable signification. Dans quelques affections constitutionnelles,
affections si lentes, si insidieuses et si fiéquenles dans le bas âge, l'orga-
nisnie, parfois, témoigne de la souffrance, jusqu'alors ignorée, par de petits
mouvements fébriles qui reviennent par intervalles et disparaissent, ou,
du moins, semblent disparaître sous l'influence des moyens les plus sim-
ples, des lavements de valériane et de quinquina, par exemple. Sans tenir
assez compte de la constitution du sujet et de son hérédité, on se laisse
abuser par l'idée d'une fièvre à quinquina ; on bataille contre cette pré-
tendue fièvre avec les préparations de quinine; puis après un an de sym-
ptômes équivoques , la maladie prend un caractère plus tranché, et la
5
66
mort vient avertir les médecins qu'où ne saurait trop se tenir en garde
contre cos afTeclions à caractère douteux .qui gflecterit une allure inter-
mittente , mais, qui, trop souven;, lieunent à autre chose qu'à une modi-
fication simple du système nerveujc. Je 4d'ai fait gue résumer une de mes
observations.
Tout ceci prouve que la médecine du jeune âge est, sans contredit, la
plus difficile à faire; car trop souvent le praticien manque des éléments
nécessaires pour établir un diagoostic préalable, sans lequel il n'y a guère
de thérapeutique possible. Que. faut il faire en pareil cas ? — Il faut, avant
tout, étudier avec le plus grand soin la constitution du sujet, puiser dans
sa vie pathologique tous les éléments diagnostiques nécessaires pour ne pas
(aire fausse roule, s'éclairer de toutes les lumières que peut donner l'héré-
dité, et avec cette somme de probabilités, marcher aussi sûrement que
possible dans la voie des indications Ihérapeutiques.
Plus on avance dans la voie médicale et plus on apprend à douter. 5e
ne veux pas parler de ce pyrrbonisrae grossier qui ne croit à rien, mais bien
de ce scepticisme éclairé, qui est le complément indispensable du talent.
Il faut bien se garder de conclure trop vite, et comprendre que l'hippocra-
tjsme, forliûé par les conquêtes de la médecine moderne, est le guide le
plus sûr qui puisse nous conduire dans les voies si ténébreuses de la pra-
tique.
EXAMEN D'UNE MAIN
ET DE LA MOITIÉ INFÉRIEURE DE L'AVANT-BRAS
AFFECTES
D'ËLËPHÂNTIÂSIS DES ARABES,
PAR MM. RAYER et DAVAINE.
Pièce adressée a la société par M. L'HERMINIER ,
Médecin de la PoInte-A-Ptu-e.
Bieu que Téléphantiasis des Arabes soit une maladie assez commune
dans cerlaines régions du globe, et qu'un assez grand nombre d'observa-
tions ou de recherches aient été publiées sur cette maladie, on ne possède
encore que des connaissances assez incomplètes sur les lésions qui la ca-
raclérisent à ses diverses périodes. Nous avons pensé qu'une dissection at-
tentive d'un cas d'éléphantiasis de la main et de l'avant-bras adressé à
M. Rayer par M. L'Herminier, médecin de l'hospice civil de la Pointe-à-
Pître et de la salle d'asile aux Abîmes, pourrait offrir quelque inléréf, et
notre attente n'a pas été trompée, ayant été à même de constater plusieurs
particularités qui n'avaient pas encore été signalées.
Cette pièce d'anatomie pathologique, conservée dans une forte solution
alcoolique de sublimé, provenait d'un nègre de 50 ans environ, pêcheur de
68
profession et résidant dans la commune du Porl-Louis (Guadeloupe). Dans
la note jointe à celle pièce, M. L'Herminier fait remarquer que l'éléphan-
tiasis des membres supérieurs, porté au degré dont ce cas offre un exem-
ple, est aussi rare qu'il est commun aux membres inférieurs. Considérant
que, par de nouveaux progrès, celte maladie amènerait des accidents
graves, que par son poids elle était extrêmement fâcheuse pour le malade,
et ayant d'ailleurs constaté qu'; près l'amputation l'éléphantiasis ne se re-
produit pas toujours sur quelque autre partie, M. L'Eerminier se décida à
recourir à l'amputation du bras ; elle fut pratiquée vers le tiers supérieur
de l'humérus, et les suites en furent si heureuses, que la réunion de la
plaie était opérée le dix-septième jour, elle malade sortait complètement
guéri le vingt-cinquiènie.
La main, véritablement monstrueuse, environ quadruplée de volum<%
présentait extérieurement la déformation suivante : les faces dorsale et pal-
maire étaient boursouflées inégalement; le pouce et le petit doigt surtout
étaient très-tuméfiés; le carpe était fortement fléchi sur l'avaol-bras; d'uu
autre côté, les premières phalanges étaient entraînées dans l'extension vers
la face dorsale de la main ; les autres étaient au contraire entraînées dans la
flexion vers la paume rie la main. La main, ainsi déformée et luraéûée, of-
frait A la pression une rési> lance beaucoup plus ferme que celle du tissu
cellulaire œdémateux L'avant-bras était lui-même tuméfié mais propor-
tionnellement beaucoup moins que la main.
Nous allons indiquer successivement les particularités que nous ont pré-
sentées à la dissection la peau, le tissu cellulaire, les artères et les veines,
les muscles, les tendons et leurs bourses synoviales, les nerfs, les os et leur
périoste.
!• La teinte propre à la peau du nègre était bien conservée; seulement,
sur les faces palmaires des doigts, et spécialement sur la face palmaire du
petit doigt, Pépiderme froncé odrait des dépressions très-ii régulières, cir-
constance qui était due probablement en partie à l'action du sublimé et de
l'alcool dans lesquels la pièce avait été conservée. L'épiderme était détaché
de la peau et largement soulevé s^ur plusieurs points. Mais ce qui était très-
remarquable, c'était l'apparence de la face externe de cet épiderme à la
paume de la main. Des élevures épidermiques, en forme de papilles et dis-
posées en séries très-rapprochées, formaient une espèce de gazon ou plutôt
rappelait très-exactement l'aspect de velours d'Ulrecht. Ces papilles épider-
miques, comme nous le dirons plus loin, coiffaient lés papilles hypertro-
phiées de la surface externe du derme. La longueur de ces papilles épider-
69
miques élail variable, d'un niiltimeire ù lu paume i!e la main, d'un denii-
miiliraèlre vers le petit doigt, elles uvaienl jusqu'à Zt ou 5 millimètres le
long du repli de la peau à la base de l'ongle du pouce. L'épaisseur de i'é-
piderme, généralement augmentée, était irès-considérable sur plusieurs
points. A la coupe, il offrait, de dehors en dedans, une espèce de peigne
formé par les élevuies épidermiques; au-df>ssous, une couche d'un blanc
grisâtre et une autre couche plus rapprochée des pupilles du derme qui,
généralement, était imprégnée de pigment. QuahI au derme lui-même, on
remarquait, à l'œil nu, à sa surface, un gazon fin et ténu, formé par des
papilles hypertrophiées et une teinte de pigment répandue assez générale-
ment et assez adhérente pour qu'on ne pûl pas l'enlever par le grattage du
scalpel. En incisant la peau et les tissus sous-jacenis jusqu'aux phalanges
des doigts, par exemple, ou bien à la paume de la main jusqu'au ligament
palmaire, il était impossible de reconnaître les limites piofondes du derme.
Il se continuait avec le tissu cellulaire devenu fibreux et induré ; sur quel
ques autres parties, on pouvait jusqu'à un certain point reconnaître les li-
mites du derme et constater qu'il éiail considérablement augmenté d'épais-
seur. Cette confusion de derme avec le tissu cellulaire sous-culané devenu
fibreux élail si complète que, sur quelques points, le derme paraissait avoir
jusqu'à 16 millimètres d'épaisseur. La distinction entre la face inférieure
du derme et le tissu cellulaire fibreux sous-cutané était d'autant plus im-
possible que le tissu graisseux qui existe normalement, en quantité plus ou
moins grande dans les aréoles du der-ne et au-dessous, avait entièrement
disparu sur un grand nombre de points. Les ongles étaient légèrement dé-
formés et sans altération notable.
2° Le tissu cellulaire sous-cutané et celui qui forme des gaines aux vais-
seaux et aux tendons offrait des altérations non moins remarquables; plus
épais et surtout beaucoup plus résistant qiie dans l'étal naturel, il criait sous
le scalpel comme le tissu dit squirrheux, bien qu'il fût imprégné d'un
liquide séreux. Ce tissu cellulaire induré englobait en une seule masse ces
diverses parties, et l'on ne parvenait à les isoler que par une longue et mi-
nutieuse dissection.
Le tissu adipeux avait presque partout disparu ; sur quelques points
seulement, on rencontrait quelques grains graisseux d'un jaune orangé.
3' En pratiquant plusieurs coupes dans différentes directions, on décou-
vrait çà et là des veines dilatées et des e.'^pèces de sinus veineux acci-
dentels.
Les artères radiale et cubitale avaient acquis un développement consi-
70
dérabie. L^artère radiale, par exemple, près du premier espace ioterosseux,
avait UD volume supérieur à celui qu'elle préseute ordinairement à Pavant-
bras. Toutes les branches que fournissent ces artères étaient, aussi,,
remarquablement développées. Le tissu cellulaire et le derme étaient péné-
trés par des artérioles volumineuses.
A l'occasioû de ces artères, nous croyons devoir appeler Tattenlion sur
un fait qui est peut-être de nature à jeter un nouveau jour sur Torganisa-
lion de la tunique moyenne ou élastique. Les anatomisles considèrent gé-
néralement celte tunique comme formée essentiellement d'anneaux circu-
laires, contigus les uns aux autres et unis par des fibres longitudinaies ou
obliques ; or nous avons constaté que cette membrane se déroulait avec une
grande facilité comme un fil roulé en spirale. Cette disposition, que noua
avons représentée dans une des figures annexées à ce travail, pouvait être
constatée avec îe même facilité dans l'artère radiale et dans la cubitale.
Nous avons déjà dit que certaines veines étaient Irès-développées; nous
ajouterons que c'étaient surtout celles qui accompagnent les artères et leur»
ramifications. Les veines sous-cutanées, au contraire, élaieat peu pronon-
cées ; les parois de quelques-unes étaient évidemment épaissies.
/i" Les muscles de la face dorsale de l'avant-bras, ceux des émincnces
théiiar et bypothéoar et ceux des espaces interosseux offraient des loges
dont les plus grandes auraient pu contenir une noisette, et les plus petites
un grain de blé. De ces loges, les unes étaient de petites cavernes vides,
les autres étaient remplies par une matière concrète d'un blanc jaunâtre,
ayant l'apparence de pus concret ou de tubercules, et qui, à Tinspeclion
microscopique, n'offrait point les caractères dislinctîfs de l'un ou de l'autre
de ces produits morbides. Les parois de quelques-unes de ces cavités
^tai«ut lisses comme celles d'un kyste. Quant aux fibres musculaires elles-
mêmes, elles étaient jaunâtres, et dans les parties qui présentaient ces ca-
vités, elles étaient compléleraent méconnaissables. Il n'y avait pas de ces
loges ou petites cavernes dans les muscles de la face palmaire de l'avant-
bras.
b" Les tendons des extenseurs sur le dos de la main, confondus avec le
tissu cellulaire induré, n'ont pu en être séparés qu'avec beaucoup de peine
et encore pas sur tous les points ; les tendons des muscles fléchisseurs dea
dclgls étaient intacts dans leur gaine synoviale.
Les gaines et les bourses synoviales ne paraissaient point altérées.
6» Le nerf radial et le nerf cubital, ainsi que leurs principales division»,
paraissaient sains.
71
7» Presque tous les os el leur périosle odraienl des traces non équivoques
de périostite el d'ostéite. Le radius, sur la partie inférieure de son corps,
présentait des bosselures avec raréfaction de son tissu ; son extrémité car-
pienne était très-gonflée, poreuse el couverte d'aspérités longues el nom-
breuses.* Le cubitus offrait à un moindre degré des alléralioos analogueg.
Les 06 du carpe et du métacarpe, les phalanges du pouce et du petit doigt
étaient gonflés, poreux, surmontés d'inégalités el d'aspérités à leur surface,
par suite d'ossilications accidentelles du périosle. A la base ûe la premièie
phalange du pouce, une de ces aspérités, longue d'un cenlimèJre à peu
près, se prolongeail en arrière dans le tissu cellulaire fibreux.
En résumé, la dissection de cette main éiéphantiaque a démontré :
i* L'byperlrophie du derme avec développement morbide des vaisseaux,
des papilles el des couches épidermiques;
2° L'induration fibreuse du tissu cellulaire tuméfié el infiUré d'un li-
quide séreux ;
3* Un développement morbide des vaisseaux arfériels et veineux, mais
surlout des artères, dont ia membraue inr-yenn^; peut se déiouler eo sipi-
rale ;
4* De petites cavernes dans la plupart des muscles de la face dorsale de
Tavant-bras el ceux ceux de la main;
5* Des dépôts salins sur plusieurs points du périosle épaissi.
6* Le gonflement el l;i raréfaction du tissu des os;
7' L'intégrité des nerf:?.
SUR LA NATURE ET LES CAUSES
UKS
SUPPURATIONS BLEUES;
PAR M. LE PROFESSEUR SÉDILLOT.
L'existence des suppurations bleues a été fort anciennement connue, el
les recueils scientifiques de nos jours en rapportent plusieurs exemples en
les présentant comme des faits rares el exceptionnels dont on ignore com-
plètement les causes.
C'est au même titre que l'on signale habituellement les sueurs et les urines
bleues, le lait de même couleur, etc., dont on n'est pas arrivé jusqu'à pré-
sent à préciser les conditions étiologiques ni l'explication doctrinale.
MM. Persoz et Dumas avaient admis la production de l'acide hydrocya-
nique dans les suppurations de mauvaise nature et la formation de com-
posés analogues au bleu de Prusse ; mais M. Conté a refuté, par des expé-
riences publiées en 18Z|2 dans la Gazette Médicale de Paris, cette opi-
nion plus ingénieuse que vraie, dont on ne s'est plus occupé depuis ce
moment. On a supposé le développement d'un champignon particulier, dé-
/^.
V-^A'
74
crit sous les noms de calvaria nosocomialis , d'agaricus nosocomiorum
et de champignon des plaies.
M. Cadet de Gassicourt (extrait du Dict. des se. méd., art. Champignon^
1813) dit que Méry le premier observa cette singulière production. Leraery
aurait répété à celte époque les mêmes remarques. Ces cl)ampignons nais-
sent souvent dans les appareils à fracture laissés longtemps en place, et ont
été trouvés quelquefois de la grosseur du petit doigt.
Les colorations bleues dont nous nous occupons sont solublcs, et ne pré-
sentent à l'examen microscopique aucune trace de produits organisés,
comme s'en est assuré notre honorable collègue M. le professeur Fée : on
ne saurait donc supposer la présence d'un champignon, même microsco-
pique, comme cause de ia coloration du j>us.
M. Bailieuil aliribua la couleur bleue du lait à des touffes do byssus qu'un
changement dans ralitAeûtalioBi des animaux eî ifemploi de sel' m'aritf fai*
salent disparaîli-c* (Comptes kïnocs de l'Aca». i>es sciENCES,-t. XVÏU-
p. 1138.)
M.Simon avait découvert une matière a'jalojiue à l'indigo dans des urines
bleues (Comptes rbndiîs'de Bérzéuus,. 18/t9, pi 389) ; mais M. Reins
(Jahr Boch fdr pharm., t. Vni, p. 93) et M. Duméril (Arch. de pharm.,
t. XXXIX, p. Zi8) ont étudié des urines bleues dont la coloralioQ dépendait
d'une substance toute différente (1).
(1) Cette matière était insoluble dans Tenu, sohible dans l'alcool et dans l'é-
tber qu'elle coiorajt lrès-forl«meot. I,a couleur changeait psr la dessiccation. La
dissolaiion élhérée devenait rouge el la dissolution alcoolique verl jaunâtre.
L'acide* sulfurîque'dilué et l'amraoniaqviiiî ne prtjdttisaiéni aiicon changement
dans la coiiieur décos dissoUjJJons ; niais i'.icide salf»i«iqu'e cîontfetitré lt>8-i«ert-
daitvertes. L'iiydr«ef (le potasse éferrdti d'eau en quantité conwnabic t^isaitdis»
paraître complètement la couleur.
La Gazette DES hôpitaux civils et MiuTAines (I850v n» 91) a emprunté à-nn
journal allemand l'analyse d'une urine bleue, rendue par un hvdropique âgé de
56 ans. L'urine, recuoMlie dans un petit verre bien notiové, préstnla un jour
une coloration bleue bien nîarqiice. Le liquide, du poids d'onviroî» une once,
ava'ii la couleur d"uu l)leu vordàtre sale et une odeur ammoniacale. Le papier
rie curcuma était teint en brun parce liquidi».
Par le repos, il se forma un dé^sôt léger d'ua blanc verdâtrte, qui, sur les côtés
do'verre, formait' un aïineau' lileti. De même il s'éleva a la surface' du liquidif!
quelques balles bieuej, qui, en' décantarit la' iiijueur, reslérentadhéPettles alù
vase. Après avoir été filtrée, î* liqueur avait uofe' couleur d'un jaune vçpdâ(re
75
La Gazette Médicale de Paris a cité l'histoire d'une jeune négresse
affectée de sueurs bleues très abondantes», que l'analyse chimique fît com-
parer à la matière de l'indigo.
Telles sont nos notions sommaires sur les colorations bleues acti'lefl-
lellea de quelques uns des liquides de l'économie, et l'on verra que nos
recherches ont réalisa un progrés en précisant mieux l6S condiiioos des
suppurations bleues et en les reproduisant arlificiellemenl.
Il ne sera peut-être pas sans intérêt d'exposer la série des idées e^ des
observations qui nous conduisirent à ce résultat.
Les premiers faits dont nous fûmes frappés ont été rapportés par i\!. le
docteur Weiss, dans le compte rendu de nos cliniques pendant l'année
scolaire I8/18, 18Zj9. (Voy. Gaz. Médic de Strasbourg, 18i»9, Quelques
CONSIDÉRATIONS SDR LES TUMEURS.)
Voici comment s'exprimait, à celte occasion,, notre jeune et zélé con-
frère :
« LÎUQ des 16 cancéreux,, opérés avec succès par M. Sévlillot pendant
» l'année scolaire, nous fournil l'occasion d'observer une suppuration
» blwie.. C'était la troisième fois qu'un pareil phénomène se présentait sous
I» nos yeux dans la pratique de ce professeur.
parfaitement analogue à de la bile étendue; l'acide nitrique y produisit une
vive effervescence. Avec un excès d'acide la liqueur ne changeait pas de colo-
ration; ce qui indiquait que la coloration bleue n'otail pas due à de la bile
brune. Le dépôt dessécbé fournit un demi-grain d'une maiière qui était atta-
chée au lillre par du mucus ; son aspect était terreux. A la loupe, on voyait
quelques petits cristaux brilianis. L'analyse chimique constata du phosphate
de chaux et du phosphate de magnésie.
Cette coloration bleue avait pénétré dans le liltrc et reparut lorsqu'on eut
enlevé le dépôt brunâtre. La tache bleue, de la grandeur d'une pièce de deux
francs, résista à TMction de l'eau distillée, disparut par une goutte d'acide ni-
trique, . laissant une tache jaune, et fut remise à nu par de l'acide pulfurique
concentré» Quelques moments après, une goutte d'une solution de carbonate
de potasse, mise eu conlpct avec la tache, la détacha sur le bord, sous forme
d'un aunoau d'un bleu clair que l'eau distillée entraîna ; et même une partie de
la lâche iraitée par l'acide sulfurique put être lrans|K)rtée surun autre papier,
N'esl-H pas possible d'admettre que dans certaines conditions données, et
sous riidlucoce de l'usage de certains végétaux, il^ se produise de l'indigo daiî^.
rorganisoie humainî (MEDiciMscHf» cohrespondbn'z Bvxxt, lU\ausaiKR
AERZ:ÏER.).
76
» Le premier cas nous fui offert par un officier auquel M. Sédillol enlevai,
» en 1845, un testicule atteint de cancer encéphaloîde. Ce malade, qui
» s'est très-bien porté depuis cette époque et n'a plus éprouvé d'accidents,
» offrit pendant le cours de son traitement une suppuration bleue Irès-
» abondante. Cinq ou six compresses en étaient imbibées chaque jour.
» Toutefois il serait plus exact de dire qu'il y avait sécrétion d'une sérosité
» d'un bleu clair, car le liquide était aqueux, et les globules de pus s'y
n trouvaient en assez faible quantité. Cette disposition insolite, venue sans
» cause appréciable, disparut sans avoir exercé d'influence, ni en bien, ni
M en mal, sur la santé du malade.
») On jeune homme amputé de la cuisse, le 2 mai 18^9, pour une suppu-
» ration du genou, nous présenta celte année lé second exemple de sup-
» puration bleue. Le blessé était fort affaibli, ayant été opéré pendant la
» dei*nière période d'une tumeur blanche du genou. Sa constitution était
» débile, à tel point qu'on l'avait d'abord jugé incapable de supporter l'am-
» putation. Cependant en le voyant résister avec énergie aux accidents de
» vaste suppuration avec carie dont il était atteint depuis plusieurs mois,
» M. Sédillot ne voulut pas l'abandonner et lui enleva la cuisse en mettant
» en usage sa méthode à un seul lambeau antérieur. Le blessé guérit après
» une suppuration assez étendue du moignon, suppuration qui devint et
» resta d'un bleu clair pendant plusieurs jours.Toutes les pièces de panse-
» ment en étaient imprégnées sans qu'on ait pu en découvrir les causes.
» Le troisième cas fut celui d'une malade opéré d'un cancer du sein et
» de l'aisselle. L'appareil fut teint en bleu pendant plusieurs jours. Les
» plaies se fermèrent ensuite régulièrement, et la guérison s'accomplit
» sans accidents.
» Il est à remarquer que ces suppurations bleues ne se déclarèrent ni au
» commencement ni à la fin de la suppuration des plaies. Dans le premier
» et le troisième cas, les os n'étaient pas lésés. Les plaies occupaient cha-
» que fois des régions fort différentes ; les malades avaient des âges divers,
» de 25 à /i5 ans. Les pansemenls avaient consisté en simples boulettes de
» charpie chez les uns, en compresses fenêtrées enduites de cérat simple
» chez la troisième ; raiimenlation ni les localités n'étaient les mêmes.
»» Nous sommes donc obligé d'avouer notre complète ignorance des condi-
» tions éliologiques d'un pareil phénomène qui a déjà plusieurs fois attiré
» l'attention des observateurs. »
On voit, d'après les paroles de M. Weiss, qu'aucune explication ne s'of-
frait encore à notre esprit vers le milieu de l'année dernière, et que nous
77
nous bornions à signaler les faits, en attendant de nouvelles lumières.
Plus lard, nous publiâmes dans notre deuxième mémoire sur les moyens
d'assurer la réussisle des amputations des membres des détails plus étendus
et déjà plus avancés sur le même sujet,
» Depuis le moment, disions-nous, où nous constations de nouveau ce
» phénomène inexpliqué des suppurations bleues (cas d'amputation de la
M cuisse), nous en avons observé six autres exemples qui, joints aux 3 cas
») tirés de notre pratique, et signalés par M. le docteur Weiss dans son
» MÉMOIRE SUR LES TUMEURS, uous doDoenl UD tolal de 9 observations de
» ce genre.
» Nous croyons aujourd'hui en pouvoir mieux indiquer les causes et la
» nature. Il serait trop long d'entrer dans le détail des faits, mais une sim-
» pie énumération montrera l'extrême variété des conditions patholo-
» giques. Nos 9 malades étaient atteints : 1« de cancer opéré du testicule;
» 2° idem du sein ; 3° d'amputation de la cuisse ; li° idem du doigt ; 5" id.
» de la cuisse ; 6° de fracture avec plaie de la jambe; 7* de résection du
» coude; 8' de plaie du talon; 9° de kélotomie inguinale. Aucun de ces
» malades n'a succombé, ^e qui démontre le peu de gravité de ces colora-
» lions anormales sous le rapport du pronostic.
» Voici quelques particularités de ces prétendues suppurations bleues:
i> L'un de nos malades, atteint de fracture compliquée de la jambe, offrait
») une très -petite plaie de 2 centim. Des accidents d'étranglement et de
» gangrène étaient devenus imminents ; nous mîmes le membre complé-
B ment à nu dans un des appareils dont nous nous servons et dont nous
» réservons la description pour un autre travail.
N Des compresses trempées dans une décoction émolliente furent appli-
» quées depuis le pied jusqu'au-dessus du genou, et trois jours plus tard,
A ces compresses les bandes conlentives et les alèses étaient entièrement
» colorées en un beau bleu, tout aussi intense que dans les cas où nous
» avions déjà été frappé do l'apparition du même phénomène.
» Il était évident que toutes ces pièces de pansement n'avaient pas été
» imprégnées de pus; ainsi ce n'était pas un pus bleu qui s'était produit,
» mais une matière colorante accidentelle. Le microscope ne montra pas
» de globules purulents.
» La matière colorante recueillie par expression et par lavage rougissait
» légèrement par les acides, et était ramenée au bleu par les alcalis.
» Nous vîmes alors, en consultant nos notes, que la plupart des malades
» chez lesquels nous avions rencontré des suppurations bleues avaient fait
78
» usage de fomentations émollienles, et nous pûmes constater sur les ma-
» lades observés ultérieurement, et en particulier sur une jeune femme à
» laquelle nous avions réséqué le coude droit, que la teinte bleue était
» bornée aux pièces superficielles du pansement imbibées de fomenia-
» lions, tandis que les pièces plus profondes et plus immédiatement en
» contact avec les plaies et le pus n'offraient aucune coloration anormale.
» La conséquence de ces remarques nous paraît être la négation des sup-
» purations bleues, dont la production s'expliquerait par une modification
» particulière delà sérosité. Nous nous occupons d'expériences à ce sujet. »
(V. Gaz. méd. de Strasbourg, 1869.)
Les pièces d'appareil sur lesquelles avait apparu la coloration bleue
avaient été placées sur des membres ou sur des portions du tronc atleinls
de lésions plus ou moins graves, et avaient été imprégnées de pus, de séro-
sité, d^ produits de la transpiration, et dans un assez grand nombre de cas,
de fomentations végétales.
Il s'agissait de savoir quel avait été le rôle de ces divers éléments dans la
production de la coloration bleue.
Le moyen le plus facile et le plus sûr d'arriver à la connaissance de ce
problème nous parut être de procéder par élimination successive.
Si la coloration bleue continuait à se montrer en l'absence de l'un des
éléments sus-indiqués, nous devions nécessairement mettre ce dernier hors
de cause, et celte méthode simplifiait les conditions de l'expérience en les
éclairant.
Nous commençâmes par éliminer la matière purulente, essentiellemenl
couslituée à nos yeux par les globules et les granules du pus. Nous substi-
tuâmes à ia sérosité de ce produit des plaies celle du sang provenant de dix
saignées faites sur d'autres malades, et séparée avec soin des globules et de
la matière colorante.
Nous avons démontré, dans notre ouvrage sur l'infection purulente, que
ia sérosité du sang et celle du pus étaient chimiquement et pathologique-
ineot identiques, et nous étions autorisés à faire cette substitution.
Nous ajoutâmes à la sérosité du sang une certaine quantité de sueur re-
cueillie sur un malade plongé dans un bain de vapeur, et nous complétâmes
le mélange avec de la fomentation émolliente.
On versa la liqueur ainsi composée sur des compresses et une bande ap-
pliquées autour d'un genou traumatiquement enflammé, et tout l'appareil fut
entouré de coton et de taffetas ciré et fréquemment imbibé pour en éviter
la dessiccation.
79
a. Massifini, mon chef de cliniqwe -à Thôpilal militaire, suivit «t dirigea
TexpérieRce avec autant d'intelligence que de soin, et nous vîmes appa-
raître, vers le cinquième jour, des plaques superficielles d'un beau bleu
clair disséminées sur différents points. Le coton en fut d'abord le siège
unique, mais, deux jours plus tard, les bandes offraient la même co-
loration.
Une odeur fade t^l naiisésbonde se fit sentir, et les teintes bleues passè-
rçnt çà et là au vert, puis au brun.
La présence des parlies solides du pus n'était Dullemenl nécessftir«,
comme le démontrait c^tle expérience, à la production du ptiénomène im-
proprement décrit sous ie nom de suppuration bleue, et il restait à étudier
i'aciiwi de la sueur ei des fomenlations végétales.
Ces deux substances lurent à leur tour éliminées sans que la matière co-
lorante bleue cessât d'apparaitre. et ïioi:s acquîmes ainsi la certitude que
la sérosité maintenue à une lempéraluie rapprochée de celle du corps était
la seule condition dn phénomène dont nous poursuivions l'étude.
te litîge employé jonait-it un rôle spécial ? C'est une question que nous
n'avons pas çompléjemenl résolue 3 mais nous fîmes usage de linge neuf,
lavé à, l'eau distillée.
Nous eûmes également la précaution d'entourer les téguments d'uo tafTe-
tas ciré pour empêcher l'action de la transpiration, et il devint manifeste
que les colorations bleues étaient dues à une réaction particulière de la
sérosité du sang ou du pus imprégnant les pièces de pansement, et
sous l'influence du contact de l'air et d'une température de 26 à 30 de-
grés centigrades.
N0U5; voulûmes rendre Texpéiience plus concluante encore, en la déga-
geant des conditions pathologiques dans lesquelles nous l'avionï entreprise,
et en faisant une œuvre de laboratoire.
Nous parvhimcs, avçc l'habile assistance de M. le professeur Rouclier, à
faire naître des colorations bleues sur un plateau niétailique chauffé au baiu-
marie e! recouvert d'une cloche de verre pour empêcher î'évaporalion. De
l'eau distillée et do sérum du sang éîait^nt versés sur une compresse et
quelques llocons de coton ; et au cinquième jour, les teintes bleues ap-
parurent et s'étendirent gradueilemenl en prenant une coloration plus
foncée.
Les mêmes phénomènes furent également produits au laboratoire de no-
tre savant collègue M. Hepp, pharmacien eu chef de l'hôpital civil, et les
deux chimistes dont je viens d'invoquer l'autorité oH eu la bonté de me
80
remettre une note dans laquelle ils constateot que la nouvelle matière co-
lorante est solubie et jouit d'une grande résistance à Taction d'acides très-
énergiques et concentrés (1).
(1) Note sur la matière colorante bleue des linges a pansement, par M. le
docteur Roucher. Siraslxtiirg, 14 mars 1850.
Les linges colorés en bleu à la suite de certains pansements cèdent leur
teinte à l'eau quand on les agite avec ce liquide; en même temps la liqueur se
trouble et le microscope y décèle une infinité de petits corpuscules arrondis
assez semblables, pour l'aspect et les dimensions, auï granules purulents.
La teinte bleue n'appartient toutefois pas à ces granules, car en tilirant le
liquide, l'eau passe fortement colorée, tandis que les granules d'un blanc gri-
sâtre restent sur le filtre. La solubilité de la substance fait fortement soupçon-
ner qu'elle n'est point occasionnée par le développement d'une matière orga-
nisée, d'une moisissure, par exemple.
Cette teinte est d'un bleu verdâtre très foncé; quand l'eau en est fortement
chargée, son pouvoir colorant parait assez considérable.
Cette couleur présente une assez grande stabilité : i'ébullition, l'acide chlo-
rbydrique froid ou bouillant, l'acide azotique froid, l'acide sulfureux même, ne
ta détruisent pas.
L'acide azotique bouillant la brunit; le chlore la fait rapidement dispa-
raître.
La dissolution aqueuse n'est troublée ni par I'ébullition, ni par l'acide azo-
tique bouillant, ni par le sous-acétate de plomb; d'où il résulte que celte ma-
tière n'est formée ui accompagnée d'aucune substance albuminoïde, et qu'elle
n'est très-probablement point de nature animale.
Les acides énergiques la changent en une couleur rouge otfrant la teinte
pelure d'oignon caractéristique du tournesol rougi, ce qui établit de grandes
probabilités en faveur de la nature végétale de cette substance.
Le sous-acéiate de plomb, qui décolore complètement le tournesol, ne préci-
pite pas la couleur dont il s'agit de sa dissolution aqueuse, laquelle n'oflre pas
la moindre réaction alcaline; mais la liqueur se décolore en partie quand on y
ajoute avant le sel de plomb quelques gouttes d'ammoniaque. Alors le préci-
pité plombique qui apparaît, entraîne avec lui une portion de la matière co-
lorante dissoute.
Tous ces faits paraissent prouver que la matière colorante bleue du linge à
pansement est de nature et d'origine végétale. Ils rejettent bien loin celte idée
qui attribuait l'apparition de cette teinte à la production de bleu de Prusse ou
de phosphate de fer aux dépens du fer contenu dans le sang, et des phos-
phates alcalins ou des combinaisons cyanuré«s séparées des liquides ani-
maux, par suite d'une altération quelconque. Le phosphate de fer est inso-
81
Sans insister ici sur les caractères chimiques, dont je laisserai rappréxia-
lion à des hommes plus compétents, je me bornerai à signaler quelques
questions dont Télucidation serait importante.
Il y aurait à chercher comment les colorations bleues se forment sou-
vent chez les malades en vingt-quatre heures, tandis que nous ne les ob-
tînmes qu'en quatre ou cinq jours dans nos expériences.
LMnfluence d'une température plus élevée à la surface des plaies serait-
elle la cause de cette différence ?
L'état de la sérosité devrait-il également être pris en considération ?
Il semblerait probable que les sueurs bleues, le lait bleu, les urines bleues
dépendent d'une cause identique, se manifestant au sein de l'économie et
résultant d'une réaction toute chimique de la sérosité du sang. Cependant
l'analysé a montré des variétés très-distinctes dans les matières colorantes
bleues produites.
La coloration bleue des cadavres au début de la putréfaction est-elle de
même nature que celle des plaies ?
On parviendra sans doute à éclairer ces questions par une étude plus
approfondie de la nouvelle matière colorante dont nous avons précisé les
conditions de production, et nous devons espérer que la voie dans la-
quelle nous sommes entré conduira bientôt à la connaissance de phéno-
mènes aussi curieux.
lubie dans l'eau ; et ni lui ni le hieu de Prusse ne rougissent par les acides et
ne bleuissent de nouveau par les alcalis, comme il arrive pour la substance co-
lorante dont il s'agit.
NOTE
SUR UNE NOUVELLE VARIÉTÉ D'OBLITÉRATION
DES VOIES SPERMÂTIQOES;
COMMUNIQUÉS PAR M. L. GOSSELIN ,
Chef des traraux anatomiqQea & la Faculté de médociite à« Pn\», et«.
Dans le travail que j'ai communiqué à rAcadéroie de médecine le 29
juin 1847, et que j'ai plus tard inséré dans les Archives (U' série, t. XIV),
j'ai appelé l'allenlion des analomistes el des pathologistes sur une altéra-
tion peu soupçonnée pendant la vie des sujets qui la portent, c'est une
oblitération interceptant la communication entre l'organe sécréteur du
sperme et son réservoir.
J'ai donné la description d'une première variété consistant dans une
oblitération complète du canal déférent à une certaine dislance de la queue
de répididyme, et j'ai rappelé un fait analogue cité par Brugnone. Le cas
intéressant que M. le docteur Duplay a communiqué depuis à la Société de
biologie, et dont la Gazette Médicale du 22 juin dernier, a rendu compte,
se rapporte à cette variété. Ce cas différait du mien et de celui de Bru-
8/i
gnone, en ce que les deux canaux déléreuts, el non point un seul, élaienl
oblitérés.
J'ai montré ensuite qu'une seconde variété consistait en une cblilération,
soit temporaire, soit permanente, au niveau de la queue de l'épididyme.
Ces deux sortes d'oblitérations sont remarquables par la persistance du
testicnle avec son volume ordinaire, et la conservation des dimensions na-
turelles de la vésicule séminale, bien qu'il n'y arrive pas de sperme, et
qu'elle ne contienne pas d'autre liquide que celui qu'elle sécrète elle-
même.
Une troisième variété est due. à l'oblitération d'un on de plusieurs des
canaux eiïérents, c'est-à-dire de ces conduits qui, placés entre le testicule,
et la tête de l'épididyme apportent le sperme dans ce dernier, et donnent
Daissance au canal qui le constitue, en se réunissant successivement les
uns aux autres.
La nouvelle variété sur laquelle j'appelle aujourd'hui l'attention occupe
encore la tête de l'extrémité antérieure de l'épididyme ; elle consiste en
une oblitération et même une disparition complète, non pas de quelques
vaisseaux efiférents, comme dans le cas précédent, mais bien de tous à la
fois, en sorte que la communication entre le testicule et les voies excré-
toires se trouve entièrement interceptée, comme dans les deux premières
variétés. Cette oblitération sur la pièce où je l'ai constatée est d'autant plus
intéressante qu'elle y avait été amenée par une autre affection, par un de
ces kystes de l'épididyme qui ont été de ma part l'objet de quelques recher-
ches nouvelles.
Voici ce fait :
Obs. — Un sujet de 40 à 45 ans, apporté ces jours derniers dans nos aoiptii-
itîéâtres d'anatomie, portait au côté droit du scrotum une tumeur assez volumi-
neuse, fluctuante, qui pouvait au premier abord être prise pour une hydrocèle
ordinaire ; cependant MM. Richard et Verneuil, prosecteurs de la Facnhé, ne
lardèrent pas à reconnaître que le testicule étart distinct de la tumeur, et ne se
trouvait pas entouré de tous côtés par le liquide,- après avoir fendu le scrotum
et ouvert la tunique vaginale, ils virent bien que la collection liquide se trou-
vait en dehors de celte tunique, au bas du cordon, et que l'épididyme était
soulevée par la tumeur et confondue avec elle. Pensant dès lors que cette pièce
serait inléressante pour moi, puisqu'elle se rattachait aune altération que j'a-
vais déjà étudiée, ils voulurent bien me la communiquer; je leur en témoigne
ici toute ma reconnaissance.
La tumeur, grosse comme une petite orange, se trouvait au bas du cordon,
tout près de son insertion, sur le bord supérieur du testicule droit, entre ce der-
85
«ier et l'épididyaie. Sa partie interne était tapissée par la tunique vaginale, dont
le feuillet droit se trouvait refoulé vers sa cavité. La partie inférieure était en
contact avec le bord supérieur du testicule, la supérieure était en rapport avec
l'épididyme. Celte dernière connexion est la plus curieuse ; en effet, l'épididyaie
n'avait conservé sa position naturelle sur le testicule qu'au niveau de sa queue -
à partir de ce point et jusqu'à sa partie antérieure, il s'éloignait du testicule
de plus en plus, soulevé qu'il est par la tumeur interposée entre les deux or-
ganes. A mesure qu'il se rapprochait de la partie antérieure, l'épididyaie deve-
nait de plus en plus mince et Unissait par se confondre tellement avec la paroi
de la poche, qu'il avait perdu sa forme ordinaire et qu'il devenait impossible de
le reconnaître.
J'ai pratiqué d'abord une ponction au kyste, et j'en ai fait écouler une petite
quantité de liquide citrin semblable à celui de l'bydrocèle ordinaire. Ce liquide,
examiné plusieurs fois au microscope, ne contenait pas de spermaiozoaires.
Dans mon travail sur les kystes de l'épididyme (Archives, 4* série, t. XVI),
j'avais indiqué la difficulté que l'on éprouvait souvent à distinguer les kystes
primitivement développés entre l'épididyme et le testicule, et contenant des
spermatozoaires, et ceux qui se forment dans le tissu cellulaire du cordon, tout
à fak à sa partie inférieure. La position, les rapports, et presque tous les sigues
physiques, sont identiques, tant sur le vivant qu'après la mort ; la différence
principale que j'avais constatée était celle-ci : les gros kystes de l'épididyaie,
bien évidemment développés entte cet organe et le testicule, que j'avais eu
l'occasion de rencontrer, conteoaient un liquide troui}le rempli de spermato-
zoaires. Ceux qui appartenaient positivemeat à la partie inférieure du cordon,
renfermaient un liquide citrin, sans spermatozoaires. Je me demandais cepen-
dant si, à la rigueur, un kyste séreux ordinaire, sans animalcules, c'est-à-dire ne
se rattachant primitivement à aucune lésion des voies spermatiques, ne pouvait
pas se développer aussi quelquefois entre l'épididyme et le testicule. Celui au-
quel nous avons affaire, sur la pièce dont je donne la description, pourrait bien
appartenir à cttte catégorie; il a des connexions tellement étroites avec le tes-
ticule et l'épididyme, qu'il est difficile de ne pas croire qu'il a pris son origine
en cet endroit ; il y aurait donc au-dessous de la tète de l'épididyme deux es-
pèces de grands kystes, les uns provenant de quelque lésion des canaux effé-
rents, et contenant des spermatozoaires ; les autres simplement celulleux et
renfermant le même liquide que l'bydrocèle ordinaire.
Le kyste, en se développant, avait éloigne la tète de l'épididyme du testicule
d'environ 3 ou 4 centimètres ; il s'agissait de savoir ce qu'étaient devenus, à la
suite d'une pareille distension, les vaisseaux efférents et la tète de l'épididyme.
Pour le rechercher, j'ai fait une injection à l'essence de térébenthine, avec l'ap-
pareil dont j'ai parlé ailleurs, celui dans lequel une pression exercée par le mer-
cure communique l'impulsion au liquide. La matière à injection, colorée en bleu,
n'a pas tardé à remplir l'épididyme, jusque vers la partie antérieure; une fois
86
arrivée dans ce point, au niveau duquel je ne pouvais plus distinguer nettement
l'épididynse de la paroi du kjfte, elle a cessé de marcher. Il ne s'est pas fait
de rupture, mais l'essence de térébenthine s'est arrêtée obstinément dans des ca-
naux Irès-îina qui paraissaient se lerrRiaer en cul-de-sac. Elle n'est point arrivée
dans le testicule, ce qui a lieu ordinairement avec facilité, au moyen de cet ap-
pareil, lorsque ses voies sont Jibred.
Outre l'iDjectioD, il y avaki un autre moyen de s'éclairer, c'était d'examiner
la liquide pris daus le canal déférent et la vésicule séminaie du côté droit. Cette
exploration faite à diverses reprises m'a toujours fait constater le même résul-
tat, c'est à-dire une absence complète de spermalozoaires dans ce liquide. Au
contraire, celui du caiiai déférent et de la vésicule du côte gaucbe, resté sain,
renfermait un grand nombre de cça auimakules- L'e'ipioraiion répétée par
MM. Robin, Richard et Galliet, leur a donné le même résultat, qui est d'une
grande importance ; car sur les sujets doet les voies spermatiques sont libres,
il est ordinaire de trouver des animalcules des deux côtés à la fois, et sur les
sujets qui portaient des obiitéralsons soit du cansï déférent, soit de la queue de
l'épididyme, j'avais trouvé aussi qu'ils manquaient du côté malade et existaient
éa. côté ssin. Il est donc ^Taisemblable que l'allongement des vaisseaux eflé-
rents sur notre sujet a été porté jusqu'au pomt de les rompre ou de faire dispa-
raître leur calibre. Peut-être pourr«it-oQ croire que !a disteusion a tout siniple-
metit déplissé les fiesuositès qiie forment ces «lisseaux dans ce que l'on appelle
les cônes de l'épididyme. Biais outre qu'eu pareil cas, si une oblitération n'avait
poJat eu lieu, l'Injection aurait pu arriver jusqu'au teslicuie, il est difficile de
croire qu'un dépassement «uraii pu donner, sans les rompre, li ou âcentim. de
longueur à des conduits si ténus et mirmalemeut si courts.
Pour qui y réfléchira un instant, [joui* qui d'ailleurs aura vu la pièce et l'in-
jection que je mets sous les yeux de la Société, il ne restera pas de doute sur
la disparition des canaux eflérents et l'interruption con»p!ète entre l'épididyme
et îe testicule.
Le testicule a conservé son volome naturel ; je n'ai pas trouvé de sper-mato-
zOiiires dans son iniérieur; mais te testicule du côté sain n'en contenait pas non
plus. On sait en efl'et que ces animalcules se trouvent bien plutôt dans les voies
excrétoires que dans ta glande séminale elle-même. La vésicule séminale pré-
sente son volume ordinaire; seulement le liquide y est un peu moins épais,
moins jauue. J'ai constaté la même chose dans les observations que renferm»}
mon travail sur les obUtéra(i(n>$, et c'est certainecuent un fait curieux que cette
interruption dans les voies excrétoires du sperme, sans atropbie ni du testicule
ni de la vésicule séminale.
Sous le rapport pratique, le lait que je coiutBunique à la Société en-
raîne cette conséquence qu'il D'esl pas prudent d'abandonner indéfini-
ment à eux-mêmes les kfsles mi <k h partie intérieure du cordon, soit de
87
répididyme, puisqu'ils peuvent par leur accroissement faire disparaître ies
vaisseaux efférents, et rendre inutile pour la reproduction le leslicuie cor-
respondant. On est souvent disposé, ù cause de la lenteur avec laquelle ils
s'accroissent et du peu de gêne qu'ils occasionnent, à ne les soumettre à
aucun traitement. Les détails que je viens de faire cortnailre montrent qu'il
est beaucoup plus sage, ou de les ponctionner simplement, ou de lesinjec-
ttr avec la teinture d'iode, sans attendre qu^ils aient pris un volume consi-
dérable.
OBSERVATIONS
SUR LE DÉVELOPPEMENT
DU COEUR ET DE L'AORTE
PENDANT LES CENT QUARANTE-QUATRE PREMIERES HEURES DE L'INCUBATION ,
Par MM. les Docteurs VWIKWST et I.EB1:rT.
(Communiquées en juin 1850.)
Le travail que je publie aujourd'hui, après avoir fait la perte douloureuse
de moD excellent ami M. le docteur Prévost, ajoute quelques détails à ceux
que nous avons publiés antérieurement ensemble dans les Annales des
SCIENCES NATURELLES (janvier 18/i4). Parmi les points nouveaux, il yen a
surtout un qui me parait d'une haute importance, c'est la formation du
cœur d'abord comme organe transitoire et ensuite comme oi^ne perma-
nent qui tire son origine d'un sinus médian qui longe la convexité de l'or-
gane primitif et qui peu à peu devient ventricule gauche. Tout ce quia
rapport dans ce travail à ce point appartient à M. Prévost, c'est sa décou-
90
"verle à lui seul el que même je n'ai pas pu confirmer jusqu'à ce jour. Il y
a aussi plusieurs poibls sur la formation de l'aorte sur lesquels des injec
lions faites sur de Irès-jeunes embryons (depuis quarante-huit heures
d'incubation) m'ont conduit à des résultais différents de ceux indiqués
dans ce travail et que je ferai connaître par la suite. (Lebert.)
Le fœtus se montre dès les premières heures de rincubalion dans la
partie moyenne du blastoderme. Il se développe dans la partie de cette
membrane que l'on a appelée le feuillet sanguin ; mais qui serait mieux
dénommée le parenchymatenx ; car c'est dans cet espace limité supérieu-
rement par le feuillet séreux, iuférieureraent par le muqueux, que s'orga-
nisent les parenchymes de l'embryon.
A la partie antérieure et moyenne, on voit le blastoderme se renfler el
former une petite éminencc creuae que Ton a comparée à un doigt de gant.
Celle pyramide s'élève d'abord verlicalement, puis en prenant de l'accrois-
sement elle se couche sur le blastoderme et ses parties latérales contractent
des adhérences avec le feuillet séreux.
Dans les parois de celle éminence se développent supérieurement et en
arrière la tête e1 la région spinale, lai.éralemont el autéricnremcnt l'appa-
reil brachial et les membranes de la cavité oonc'ive. On peut déjà à la
vingtième heure voir le petit Irait Iransverse ou buccal qui formera la fente
de la bouche el mettra eu commuaicallon l'inlérieur de la pyramide avec
l'extérieur ; celle parlie intérieure formera comme un canal large el Irès-
courl qui s'ouvrira, d'une pari à la bouche, de l'autre au jaune ; c'est ce
que nous appelons la cavité commune.
Depuis la vingt-quatrième heure de l'incubation, on aperçoit les premiers
linéaments du cœur ; il se voit comme un renllement cylindrique qui s'é-
lend depuis celte espèce de renflement, au-dessous du trait buccal jusqu'au
sommet de cet angle, plan que forme la pyramide avec la surface du blas-
toderme sur laquelle elle est couchée. Nous ouvrons le péricarde advenlif
que la face antérieure de la pyramide d'une part, le feuillet séreux du blas-
toderme de l'aulrt-, forment au cœur, afin de mieux voir cet organe. Nous
trouvons déjà à rextrémité supérieure deux divisions : l'origine des pre-
miers arcs branchiau);, qui se dirigent à droite el à gauche dans la masse
de substance au-dessous du trait buccal.
Inférieuremenl le cœur est aussi renflé, tourné à gauche et adhérent
au fond de l'angle pian dont nous avons parlé.
Vers la Irenle-deuxiôme heure, le cœur prend l'apparence d'un sac dont
91
l'ouverture serait tournée en bas. A celle forme doit êlre atlribuée l'erreur
où soDl lomMs plusieurs analomisles qui ont avancé que cet organe n'était
d'abord qu'un sac arrondi par le haut ; mais en opérant une Iniclion en
bas avec la pointe d'un stylet, l'erreur se dissipe, la portion arrondie da
sac a'élail qu'un pli, et l'on retrouve le bulbe et les deux divisions des vais-
seaux plus avancées, mais comme nous les avions décrites.
Déji à cette époque si hâtive, on remarque sur la face antérieure du cœur
«ne ligne qui la divise longitudinaleraent en deux portions symétriques et
égales de l'auricule au bulbe ; ce trait est le premier rudiment du ventri-
cule gauche. L'auricule, car pour le présent il n'y en a qu'une, commence
à se soulever du bas en haut, et d'abord d'avant en arrière; on voit déjà
surgii- à sa partie supérieure deux petits filets qui deviendront plus tard les
veines de retour du sang à celte cavité. On observe encore sur l'auricule
deux petits tubercules, l'un en avant, l'autre eu arrière ; en se dévelop-
^>ant, ils deviendront les appendices de l'auricule gauche.
Le cœur à cette époque est très-mou, et si Ton place le i'œlus sur le côté
droit, on croit y voir un nœud ; cette apparence a aussi trompé quelques
anatomistes, elle résulte du croisement l'une sur l'autre des deux portions
snpéiieure et inférieure de cette espèce de boyau que forme l'organe qui
nous occupe. C'est de la trente-sixième à la quarantième heure de l'incuba-
tion que le cœur commence à se contracter d'une manière bien évidente.
Le fœtus est enc-ore placé dans le blaslodernie, de manière à présenter le
dos à l'observaleur, et le cœur paraît à droite, sa convexité en dehors.
Le sang commence à rougir le vaisseau placé sur la grande courbure du
cœur (ce trait longitudinal que nous avons noté) ; il coale dans ce sinus
placé à la base du septum qui divise le cœur en deux cavités loagitudi-
îjales. Ce sepium est lui-même composé de deux feuillets adhérents l'un à
Tautre, sauf sur le point où ilss'éciirtenl pour laisser passer 5e sang. Le dé-
collement s'augmentera peu k peu, et à la place d'un sinus très-étroit se
formera la grande cavité du ventj-icule gauche. Les portions contractiles du
cœur sont au début : l'auricule, le sinus dont nous avons parlé et la portion
de ce sinus engagée dans le bulbe. Les tissus qiù forment le cœur eÀlérisu-
reraent n'ont aucune propriété contractile; ils coasislent en un tissu fibro-
gloiiiileux élastique; les cavités d'une et d'autre partdu septum sont pleines
d'un sérum fort transparent, et celte disposition a donné encore lien à une
illusion dans laquelle estrtjême tombé le grand llaller.
uans les premiers moments, le sang passe par gouttelettes très-petites
dans le sinus, et comme le septum cl le sérum, vu leur grande transpa-
92
rence, ne se dislinguent pas l'uo de l'autre , le sang a Tair de courir au
travers d'un liquide incolore, mais sans s'y répandre et sans sy mêler.
L'auricule prend de l'extension par l'afllux du sang. On remarque dans
sa cavité une espèce d'arête qui s'étend de droite à gauche où elle vient
aboutir à une ouverture, l'orifice auriculo-ventriculaire d'où le fluide
coule par un conduit placé sur la grande courbure dans le ventricule. Le
cœur se rétrécit dans ce point etïorme un canal qui, plus tard, se raccour-
cira tout à fait et ne sera plus au lieu d'un conduit qu'une gorge.
Des deux côtés de ce conduit auriculo-ventriculaire, nous remarquons
de petites languettes élastiques ; lorsque l'auricule se contracte elles se
fléchissent en dehors et se prêtent à la dilatation du passage, puis se re-
dressant par leur élasticité, elles aident à chasser le sang dans la région
ventriculaire. Ces deux bandelettes s'épanouissent et forment les deux pa-
rois antérieure et postérieure du cœur ; puis se rétrécissant de nouveau,
elles deviennent la gorge qui termine la région ventriculaire. Cette gorge
est très-courte ; les fibres qui en partent s'épanouissent de nouveau sous la
forme de deux autres languettes placées sur les côtés du bulbe, comme
celles que nous avons vues sur les côtés du canal auriculo-ventriculaire,
elles ont les mômes fonctions, elles aident à projeter le sang dans le vais-
seau branchial. Nous remarquerons ici que les fibres des deux faces du
cœur se croisent pour former les bandelettes du bulbe, de telle sorte que la
bandelette droite appartient à la face gauche ou antérieure ; la gauche pro-
vient de la face droite ou postérieure. Le canal contractile, qui par son dé-
veloppement formera le ventricule gauche, se renfle dans le bulbe comme
dans la région ventriculaire, composée de deux feuillets adhérents l'un à
l'autre, sauf dans la partie où l'on aperçoit un décollement au travers du-
quel le sang se fraye une route. Ce décollement ira croissant et formera vers
la cinquantième ou la soixantième heure une cavité ovoide entre les deux
languettes, qui se remplit de sang par la contraction ventriculaire, et le
projette dans le vaisseau branchial. Ce vaisseau assez étroit monte vers la
partie supérieure du fœtus et se termine par deux divisions symétriques à
droite et à gauche qui, donnant chacune un gros rameau à la tête et se
courbant en bas, forment deux canaux que nous appelons les sinus bran-
chiaux, parce que successivement de chaque côté nous verrons sortir du
vaisseau branchial des rameaux qui , passant dans le centre des arcs bran-
chiaux, iront s'ouvrir dans ces sinus. Entre la quarantième et la quarante-
huitième heure les deux premières paires d'arcs branchiaux sont achevées,
ils ont leur forme cylindrique, et dans leur partie moyenne ils contiennent
93
les artères branchiales qui vont du vaisseau de ce nom aux sinus. Leur ac-
croissement est d^abord rapide, mais il s'arrête bientôt, et elles s'oblitèrent
vers la fin du troisième jour, alors que les autres croissent. Du vaisseau
branchial part une troisième paire d'artères qui montent d'abord parallèle-
ment à celui-là, et après un chemin assez court se divisent en deux ra-
meaux qui entrent dans les troisième et quatrième paires d'arcs branchiaux.
Sur le vaisseau branchial, nous n'avons donc que quatre paires d'artères,
et non pas cinq comme comptent les embryologistes. Les derniers arcs
branchiaux sont plus grêles que les deux premiers ; le col en s'allongeant
sépare le dernier système du supérieur, dont la circulation s'éteint avec
l'oblitération de la portion correspondante du vaisseau branchial. A l'en-
droit où la troisième artère branchiale entre dans le sinus de même part,
on voit se détacher un vaisseau qui se porte en dehors, c'est l'artère de
l'aile.
Arrêtons-nous un moment dans notre description pour montrer combien,
à l'époque où nous sommes arrivés, la circulation du fœtus chez l'oiseau
ressemble à celle du poisson ; nous avons, en effet, une seule auricule qui
projette le sang dans un ventricule unique, un système branchial au lieu de
poumons, dont le sang passe dans deux sinus qui vont se joindre pour
former l'aorte. Ici peut-être on nous objectera qu'un anatomiste dont la
France à juste titre s'honore, M. le professeur Serres, a cru voir deux aortes
qui se réunissaient plus tard. Voici ce qu'une étude exacte des faits nous a
montré :
Vers la quarante-huitième à la cinquantième heure de l'incubation, en
soulevant le cœur, on voit les deux sinus branchiaux distinctement s'abou-
cher et former un vaisseau extrêmement court qui se divise en deux autres
descendant le long de l'épine dorsale ; ces artères donnent dans la région
pectorale chacune aux vertèbres qui leur correspondent des vaisseaux
nourriciers, et dans la région ventrale un gros rameau qui se porte au jaune,
les artères omphalo-mésentériques, pour le présent au nombre de deux ;
ces deux artères provenant de l'aorte continuent à descendre jusque dans
le bassin. Entre ces deux vaisseaux, depuis leur origine, on observe un
espace vide. Lorsque le volume du sang augmente, la portion antérieure
de l'enveloppe aortique qui, se joignant à la postérieure, formait ainsi une
gaîne à chacun des vaisseaux latéraux qui provenaient du principal, se dé-
colle, et les deux vaisseaux se trouvent ainsi réunis en un seul jusqu'à un
point immédiatement au-dessous de l'origine des omphalo-mésentériques;
celles-ci se trouvent alors placées sur une petite ampoule qui se moule
94
bientôt en un tronc Irès-court, celui de l'artère omphalo-mésentérique
supérieure. Peu à peu l'aorte continue son développement jusqu'au
bassin ; eiîe donne l'évolution de deux nouvelles artères : les iliaques
primitives sur une ampoule aussi, et l'artère sacrée termine son cours. Mais
si nous trouvons des traits de ressemblance entre l'oiseau et le poisson, il
en est d'autres qui déjà les différencient. Le cœur chez le premier n'est
point placé symétriquement sur la ligne médiane; l'auricule présente en
avant sa lace gauche au lieu de montrer la droite. La face droite du cœur et
du bulbe est aussi en avant chez le poisson, et non tournée latéralement
à gauche comme cela a lieu dans le cœur du poulet, ce qui oblige le vais-
seau branchial de ce dernier à décrire une courbe pour arriver aux arcs
branchiaux.
Plus tard, par l'allongement du col et l'atrophie du vaisseau branchial,
le bulbe se déforme et disparaît. Le cœur passe, à cette époque, de la ré-
gion trachéale à la pectorale, où il doit être définitivement placé.
De la centième à la cent trentième heure, le cœur achève de s'organiser
et présente les formes qui appartiennent spécialement aux vertébrés à sang
chaud, son diamètre de l'auricule au bulbe se raccourcit, et ce mouvement
amène l'évolution de la pointe qui se dirige en bas et un peu en arrière, le
bulbe se contourne de droite à gauche et présente sa face en avant.
La face droite de l'auricule, laquelle est demeurée entièrement dépouillée
de fibres musculaires, se gonfle et forme comme une protubérance qui devient
l'auricule droite; elle communique laigement avec la cavité gauche; tou-
tefois une bride circulaire à forme d'anneau indique déjà une division ; si
l'on ouvre k cavité auriculaire, l'on voit sur la limite des deux auricuies
les rudiments des membranes semilunaires qui fermeront le trou de Botal
et la rainure entre ces deux feuillets d'où le sang veineux passe dans l'au-
ricule droite.
Nous remarquons ici que cette face de l'auricule gauche qui se distend
maintenant pour former la cavité auriculaire droite reste dépouillée de
fibres musculaires ; la même chose est arrivée à la partie inférieure du cœun,
dans readroit où sa pointe se prolonge.
Ainsi que nous l'avons déjà dit plus haut, le ventricule gauche perd de sa
longueur lorsque la pointe du cœur se forme, par contre, il gagne en pro-
fondeur ce qu'il perd ainsi. Sur sa face supérieure, qui ne semble plus
qu'une arête, on trouve vers cette époque un vaisseau considérable, dont
se voit, dès la cent huitième heure, l'orifice dans le ventricule gauche; à
droite de l'orifice auriculo-ventriculaire, il rampe sur la face supérieure du
95
cœur, et passant dau^ la languette droite du bulbe, il s'ouvre à rorigine de
l'artère branchiale ; à celle époque, le bulbe cesse ses fonctions. Nous re-
connaissons aisément dans l'artère qui sort du ventricule gauche l'aorte à
son origine; on lui a donné le nom de bulbe de l'aorte, parce qu'on a cru
que cette partie était une transiorraation du bulbe adventif, et c'était encore
là une erreur que nous tenons à relever, parce qu'on la trouve dans tous les
traités d'anatomie. Nous avons laissé l'auricule droite se développant; de
celte cavité part en arrière et à droite un vaisseau mince qui va porter du
sang ù, un gros point rouge qui est le ventricule droit. En dehors du bulbe
de ce point, le sang passe dans un autre conduit qui croise l'origine de
l'aorte, passe au-devant d'elle et se jette dans la languette gauche du bulbe
advenlif : c'est Tarière pulmonaire, dont noub montrerons le parcours un
peu plus loin. Quelques heures plus tard, le ventricule droit s'étend, devient
une véritable cavité, et le canal auriculo-venlriculaire se réduit à un orifice.
L'on a cru que les ventricules, primitivement, se divisaient en deux com-
partiments, par une membrane semblable à celle qui sépare les deux auri-
cules; il n'en est rien et les ventricules sont toujours séparés; le gauche
est formé par l'extension du ventricule originairement moyen ; le droit par
un vaisseau sanguin qui pénètre dans l'espace contenu entre la paroi droite
du ventricule gauche et les téguments musculaires de la droite du cœur.
De la cent vingtième à la cent quarante-quatrième heure de l'incubation,
l'appareil circulatoire grossit et se perfectionne ; ainsi les orifices de l'aorte
et de l'artère pulmonaire sont pourvus de valvules qui fonctionnent toute-
fois à peine. Le cœur, rentré dans la cavité pectorale, est environné d'un
péricarde encore fort transparent
Quant aux vaisseaux, le rameau supérieur de la troisième artère bran-
chiale gauche donne le tronc innorainé de même part, et il en est de môme
à droite ; mais ici nous devons faire remarquer une autre différence entre
les animaux à sang chaud et les poissons. A gauche, le rameau supérieur
de la troisième artère donne le t-onc innomiaé de même part, puis toute la
portion du sinus brancliial qui de ce point va à l'aorte descendante, s'obli-
tère et disparait. A droite, le rameau supérieur de la troisième artère bran-
chiale donne le tronc innominé de même part, l'inférieur donne une por-
tion de l'aorte qui est formée par l'artère branchiale du quatrième arc, et
la portion du sinus branchial qui va du point où cette artère entre dans le
sinus, jusqu'à celui où le sinus va former l'aorte descendante.
DUPLICITÉ DE LA FACE CHEZ LES OISEAUX,
Par m. DAVAINE.
M, le docteur Davaîne communique à la Société de biologie les remar-
ques qu'il a faites sur certains cas de duplicité de la face chez quelques
oiseaux.
J'ai montré à la Société, dit M. Davaine, un poulet monstrueux dont
M. Rayer m'avait confié la dissection.
L'anomalie offerte par cet animal consiste dans la duplicité des pai'ties
antérieures de la tête, ia région postérieure et le corps étant simples. Cette
monstruosité a été assez fréquemment observée, et même dans les quatre
classes d'animaux vertébrés; mais le plus grand nombre des observateurs
s'étanl bornés à l'examen des caractères extérieurs, d'après lesquels ont été
établies la plupart des classitications tératologiques, Thisloire de l'organi-
sation de ces monstres laisse encore à désirer. J'ai donc pensé qu'il ne se-
rait pas sans intérêt de donner une description détaillée du sujet dont je
présente aujourd'hui les pièces analomiqucs. Je mets en môme temps sous
les yeux de la Société trois autres cas provenant également de la collection
de M, Rayer, et qui présentent à des degrés divers le même genre d'ano-
naaUe.
7
1" SUJET. — Le poulet, déjà présente dans une séance précédente, avait le corps
en tout semblable à celui d'un poulet au terme de l'incubation. La tête offre lea
parlicularités suivantes : simple et normale dans la région occipitale, elle pré-»
sente en avant deux faces distinctes, dont les axes divergent à angle droit ; dans
leur écartement, les deux orbites internes, confondues, forment une seule ca-
vité. Cette orbite, commune aux deux tètes, était occupée par un œil volumineux}
entouré par quatre paupières et deux membranes nictitantes rudimentaires. L'œil
externe de chaque tète étant normal, l'ensemble présentait donc trois yeux. Les
deux becs supérieurs sont normaux et divergent suivant l'axe de chaque tête. Le»
becs inférieurs participent davantage de la fusion générale; plus rapprochés l'un
de l'autre, ils se voient dans l'angle rentrant, intercepté par les becs supérieurs,
auxquels ils ne peuvent s'adapter. Deux cavités buccales, séparées en avant par
une cloison membraneuse très-courte, sont confondues en arrière et se conti-
nuent avec un pharyux commun. De la cloison partent deux langues courtes,
nne pour chaque bouche; elles forment entre elles un angle obtus et se con-'
fondent par leur base.
L'examen anatomique a permis de constater que tous les organes abdominaux
et thoraciques étaient semblables à ceux d'un poulet normal. 11 y avait un seul
œsophage, un pharynx, une trachée et un larynx simples.
L'os hyoïde, unique, est normal; mais il supporte un os lingual (encore carti-
lagineux chez ce sujet) modifié dans sa forme et dans sa direction. Il est évidem-
ment formé par la réunion de deux os, un pour chaque langue, et présente quatre
cornes, dont les deux antérieures, plus grandes, forment un croissant placé trans-
Tcrsalement au devant du corps de l'os hyoïde.
L'encéphale, enlevé avec soin de la cavité crânienne, avait une forme assez
exactement cubique , on y reconnaissait une moelle allongée simple, un seul cer-
Telet et deux corps quadrijumeaux plus volumineux que chez un poulet normal,
mais qui étaient trop altérés pour qu'on pût en constater les autres particulari'
tés; enfin deux cerveaux séparés l'un de l'autre par une mince cloison cellu"
laire. L'ensemble de ces deux cerveaux formait un quadrilatère dont le» lobes
olfactifs de chacun occupaient un angle ; leur grande scissure se portait diagona^
lernent en arrière l'une vers l'autre. — Vu par la base, l'encéphale offrait une
double scissure disposée en croix : l'une, longitudinale, était la ligne de sépara*
tion des deux cerveaux ; l'autre, transversale, correspondait aux scissures de
Sylvius. Eu arrière de cette scissure, l'on trouvait sur chaque cerveau l'origine
des nerfs optiques, dont les deux internes se portaient, en convergeant, à l'œil
situé dans l'orbite commune. Cet œil était plus volumineux que chacun- des deux
autres ; on pouvait y constater une sclérotique unique, présentant sur la ligne
médiane supérieurement et inférieurement un sillon profond, trace de la fusion
de deux globes oculaires, une seule choroïde, mais divisée longitudinalement par'
une cloison médiane verticale, qui n'était pas recouverte de pigment. Cette cloi-
son formait ainsi aver ];\ choroïde deux cavitcs,dont chacune contenait le peigne
99
et une rétine. On pouvait y constater en outre l'eiistence de deux cristallins sé-
parés, de deux iris réunis, présentant deux pupilles distinctes; enfin deux cor-
nées rnies par leur bord en 8 tlo chiffre. — Cet œil recevait un nerf optique de
chaque cerveau. Ces nerfs aboutissaient à la sclérotique en deux points dis-
tincU.
La cavité du crâne est formée en arrière par les quatre pièces occipitales, de
chaque côté par un pariétal, par la portion écaiUeuse et pétrée du temporal, la
grande aile du sphénoïde et un frontal, comme chez un poulet normal. A la base,
par un sphénoïde basilaire qui offre les premières traces de la duplicité antérieure
de la tête. Cet os s'élargit d'arrière en avant, où il présente deux selles turci-
ques séparées par une cloison osseuse. Enfin la cavité crânienne est complétée
«n avant et en haut par un frontal unique, formant une voûte au-dessus de l'or-
bite commune. Il est facile de reconnaître que cet os résulte de la fusion de deux
frontaux peu modifiés dans leur forme et appartenant chacun à une tèift diffé-
rente. On observe â la voûte du crâne, entre les trois frontaux et les pariétaux,
une large fontanelle membraneuse. De même la cavité du crâne est séparée de
«elle de l'orbite commune par une u '^mbrane qui occupe tout l'espace compris
entre le sphénoïde et le frontal- Cette membrane offre à sa partie inférieure et
postérieure deux trous optiques.
A la face, toutes les parties situées au devant et de chaque côté des orbites,
parties constituant le bec supérieur, la voûte palatine et les fosses nasales, sont
«onformées pour chaque tête comme chex un poulet normal, à l'exception de
quelques parties voisines de l'axe d'union des deux têtes. Ainsi les arcades zygo-
matiques internes (internes par rapport à cet axe), à partir de l'origine du bec,
se portent transversaleraeni l'une vers l'autre, et s'unissent en formant le bord
antérieur de l'orbite commune. Les deux palatins internes, au lieu de suivre la
direction du bec auquel ils appartiennent, se portent parallèlement d'arrière en
avant et s'unissent, à la naissance de chaque bec, avec les zygomatiques dont il
vient d'être question, formant ensemble un quadrilatère sous l'orbite commune.
Une petite pièce osseuse quadrilatère correspond aux deux ptérygoïdiens in-
ternes.
Les deux mâchoires inférieures se réunissent au niveau de la partie cornée
du bec ; leurs branches internes se confondent et se terminent en arrière par une
pointe aiguë. Les denx branches externes forment avec les deux précédentes un
M majuscule dont la base regarde le crâne.
Ce poulet, «,u t:irme de l'incubation, avait rompu sa coquille en deux points
■correspondants aux deux becs ; mais la portion intermédiaire opposait une ré-
sistance qu'il n'avait pu vaincre. 11 fut trouvé, le lendemain, ayant les bec? en-
gagés dans les deux trous de la coquille. Il est donc probable que ce poulet était
Viable.
2* swET.— Le deuxième cas nous a été offert également par un poulet dont j«
Iprésente le «quelette. Ici la fusion des deux faces est beaucoup plus complète. Les
100
becs inférieurs sont réunis jusqu'auprès de leur extrémité antérieure. Les bec*
supérieurs sont aussi très-rapproctiés, de sorte que l'on aurait pu croire à une
simple fissure médiane de ces organes sans la présence d'une troisième orbite
Celle-ci, située sur la ligne médiane, plus reculée en arrière que celle du poulet
précédent, est à peu près de la grandeur d'une orbite normale. Elle contenait niï
œil unique, petit, et qui, autant qu'on en pouvait juger après son long séjour
dans l'alcool, n'offrait qu'une seule cornée. L'ossification de la tête était plus
eoniplete que dans ie poulet précédent.
Z' SUJET. — Le troisième cas appartient à un pigeon. Dans ce cas, la fusion est
moins complète que dans les deux autres ; il y avait, comme dans le premier su-
jet, un seul cervelet et deux cerveaux. L'orbite commune est très-large, et l'œil
qui l'occupe représente assez exactement deux yeux contigus, chacun d'une gran-
deur égale à celle de l'un des yeux latéraux. Les becs sont complètement séparés.
L'œsophage et la trachée sont simples, ainsi que l'os hyoïde, dont l'extrémité
antérieure supporte deux Os linguaux.
4"> SUJET. — Le quatrième cas appartient^ un canard; mais celui-ci offre un
intérêt particulier par la coexistence d'une monstruosité d'une autre nature,
c'est-à-dire par l'existence de la cyclocéphalie à l'une des têtes. Ce sujet, forte-
ment durci par un long séjour dans un liquide conservateur et ayant déjà été
examiné, ne peut plus donner lieu qu'à une description incomplète; mais la
face et les yeux sont entier?. La tête droite est bien conformée, abstraction faite
de la partie qui s'unit à la tête gauche. Celle-ci, moins volumineuse, présente
un bec inférieur bien développé, épais et recourbé en haut, comme en général
la mâchoire inférieure des monstres rhinocéphales, une langue bien conformée,
un bec supérieur très-rudimcntaire, qui laisse à découvert presque toute la ca-
vité buccale et qui naît immédiatement sous l'orbite, sans aucune trace d'ouver-
ture des narines ou de fosses nasales. Ces organes sont indiqués au-dessus de
l'œil par un petit mamelon qui représente très-exactement, au volume près, la
forme de la trompe des mammifères rhinocéphales.
Les deux orbites de celte tête sont confondues en une seule, qui, étant confon-
due elle-même avec l'orbite interne de la tête voisine, constitue une cavité uni-
que et très-large ; en sorte que l'ensemble de ces deux têtes présente seulement
deux orbites t l'une, normale, est l'orbite externe de la tête droite, l'autre, anor-
male, résulte de la fusion des deux orbites internes entre elles et avec l'orbite
«xterne de la tête gauche affectée de cyclocéphalie.
L'œil contenu dans cette orbite commune représente un seul globe oculaire
très-allongé transversalement, dans lequel on peut distinguer : I"" deux cornées
bien conformées et séparées, appartenant, l'une au côté interne de la tête droite^
l'autre au côté interne de la tête gauche; et 2° en dehors et au-dessus de cette
dernière cornée, une sorte de renflement correspondant à l'œil externe de cette
tétc gauche affectée de cyclopie.
ioi
La cyciocéphalie a été quelquefois observée chez les oiseaux, mais elle
est beaucoup plus rare chez eux que chez les mammifères ; d'un autre côté,
il n'est pas rare de rencontrer la pseudencéphalie ou l'anencéphalie chez
les monstres doubles, principalement chez ceux dont la lête oITre une fu-
sion plus ou moins complète. Chez ce canard opodyme, Texisfence de la
cyciocéphalie, dont les rapports avec les anomalies anencéjihaliques ou
pseudencéphaliques sont très-intimes, ne présente donc ri'^.n d'extraordi-
naire ; néanmoins je ne connais pas d'autre exemple de k réunion sur un
même sujet des anomalies (opodymie, cyciocéphalie) r^ae nous offre ce
monstre.
La monstruosité dont je viens de placer plusieurs exemples sous les yeu
de la Société a été désignée par quelques auteurs (Gurlt , Barkow) sous le
nom de diproropie; elle appartient au genre opodyme de M. Isidore Geof-
froy Saint-Hilaire, genre caractérisé par une tête unique en arrière et se
séparant en deux faces distinctes à partir de la région oculaire. Mais, comme
nous venons de le voir, dans ce genre de monstruosité, les faces elles-
mêmes peuvent ne pas être complètement distinctes. Les régions anté-
î-ieures de la tête participent quelquefois de la fusion des régions posté-
rieures à ce point que l'orbite commune, très-étroite, ne contient plus
qu'un seul œil petit et incomplet, tandis que d'autres fois cette orbite con-
tient deux yeux normaux complètement distincts, et dans quelques cas, les
traces de la duplicité s'observent même au cervelet. Ces cas forment ainsi
la transition de ces monstres, dont la duplicité est à peine indiquée, à ceux
qui offrent deux cerveaux et deux cervelets distincts. Que si l'on recher-
chait le dernier terme de celte duplicité, l'on trouverait, à partir de ces
monstres simples au-dessous de l'ombilic et doubles au-dessus jusqu'aux
opodyraes les plus simples, l'on trouverait, dis-je, une série dans laquelle
on observe des degrés, mais non des catégories, dont les caractères distinc-
tlfs et constants puissent permettre l'établissement de genres ou d'espèces,
comme on l'entend en zoologie.
KECHERCHES
SDK
LES GLOBULES BLANCS DU SANG.
Néstoire lu à la Société
Par m. le Docteur DAVAINE.
Les anatomistes et les physiologistes qui se sont occupés de l'élude riet»
globules sanguins chez l'homme , en ont dislingiié trois espèces :
Les globules rouges , les globulins et les globules blancs.
Je me propose aujourd'hui d'appeler l'attention des membres de la So-
ciété sur un phénomène très-curieux et non indiqué, que présentent les
globules blancs, lorsqu'on soumet à l'inspection microscopique unegoul-
lelelle de sang prise sur l'uomme vivant.
On a déjà remarqué que lorsqu'on place une gouttelette de sang frais
entre deux lames de verre, le globule blanc ne tarde pas à se fixer; il ré^
Bisle au courant qui se manifeste en ce moment dans le liquide , et se
reconnaît en général très-facilement aux Ilots de globules rouges qui se
forment autour de lui. On peut le reconnaître, en outre, «aux caractères
suivants : il est incolore , sphéroïde , irrégulier, granuleux, sans noyau
central , mais offrant un ou plusieurs points distincts ppr leur plus grande
transparence; enfin, il est plus volumineux que le globule rouge. Après
un certain temps, lorsque le sang contenu entre les lamelles de verres'est
répandu uniformément et que ie mouvement du liquide s'est apaisé , com-
mence le phénomène que je me suis proposé de décrire.
Le globule blanc perd sa forme arrondie ; d'un point de sa circonférence
s'avance Irès-lenlemenl une expansion plus transparente que la masse du
globule, qui devient ainsi ovalaire, ou quadrilatère, ou irrégulier, suivant
la forme de l'expansion produite ; bientôt après , il se montre sur un autre
point une nouvelle expansion qui amène une nouvelle forme du globule ,
soit que l'expansion première rentre dans la masse primitive, soit qu'elle
reste étalée au dehors. De nouvelles expansions continuant à se produire,
en même temps que des retraits s'opèrent sur d'autres points de la cir-
conférence du globule, donnent incessamment à ce corpuscule un aspect
nouveau et différent des précédents. Ces expansions et ces retraits se pro-
duisent avec une grande lenteur; il faut beaucoup d'attention pour en
suivre le développement, mais les variations qu'elles déterminent dans la
forme du globule blanc sont très-faciles à constater, si on l'examine à de
courts intervalles.
Pendant que l'on remarque ces changements dans la conformation exté-
rieure du globule, on peut en constater aussi dans son intérieur; ainsi,
certains points deviennent plus ou moins transparents ou cessent de l'être;
sur plusieurs corpuscules j'ai pu constater un , quelquefois deux points
plus clairs, semblables, en apparence, à des vacuoles, qui ne disparais-
saient jamais complètement et qui , par les transformations successives de
la masse, en occupaient tantôt un point central, tantôt un point quelconque
de la circonférence.
J'ai pu suivre sur un globule , dans l'espace d'une demi-heure , une
vingtaine de changements de forme. Toutes les fois qu'une forme a per-
sisté pendant plus de cinq minutes , c'était la dernière.
De tous les micrographes , M. Donné me parait être celni qui a étudié
avec le plus de soin les globules blancs, et il en a donné dans son allas
plusieurs figures très-exactes. Plusieurs de ces globules sont représentés
avec des formes différentes, mais M. Donné ne dit nulle part que ces glo-
bules peuvent prendre un grand nombre de formes différentes et succes-
sives dans un court espace de temps, ainsi que je crois l'avoir constaté le
premier.
Ces variations des globules blancs frappent d'autant plus l'observateur
que les globules rouges dont ils sont entourés conservent leur apparence
primitive pendant longtemps , lorsqu'on ne les déforme point par la com-
pression ou par l'addition de l'eau ou de quelque autre substance qui les
i05
allère; les changements de forme des globules blancs sont, dis-je , si re-
marquables et se succèdent en nombre si considérable que l'idée de mou-
vements spontanés dans ces corpuscules se présente à l'esprit. D'abord, il
est impossible de les attribuer à une dessiccation progressive de ces petits
corps, puisque ces changements de forme ont lieu lorsque les globules
blancs sont baignés par une légère couche de sérum, et pendant que les
globules rouges nagent et circulent dans la gouttelette de sang en obser-
vation ; on ne peut pas davantage regarder ces variations de forme comme
des déchirures ou des éraillements, puisqu'on voit les petites expansions
revenir sur elles-mêmes. A ces raisons, j'ajouterai qu'on a plusieurs fois
constaté , et je l'ai constaté moi-même en étudiant sur la grenouille le
mouvement des globules sanguins dans les vaisseaux, que les globules
blancs restent souvent immobiles et comme adhérents au.x parois de ces
vaisseaux pendant que les globules rouges, beaucoup plus nombreux, sui-
vent le torrent de la circulation ; or je me suis assuré que ces globules
blancs, ainsi fixés sur les parois des vaisseaux, présentent des changements
de forme analogues à ceux qu'ils offrent dans une gouttelette de sang
placée sur une lame de verre.
En définitive, il paraît donc prouvé que ces variations dans la forme des
corpuscules blancs du sang ne peuvent être attribuées à un phénomène
d'altération, et si l'on voulait leur donner une interprétation, on ne pour-
rait guère les comparer qu'à celles de certains animaux infusoires, protées
ou amibes, par exemple. — C'est, du reste, une question que je n'aborderai
pas aujourd'hui ; pour le moment, je me bornerai seulement à signaler un
fait digne de l'attention des physiologistes , à savoir : la propriété remar-
quable qu'ont les globules blancs du sang de prendre des formes très-
variées et successives.
Je dois ajouter que ce n'est pas seulement chez l'homme que les glo-
bules blancs présentent ces changements de forme; je les ai observés en-
core dans plusieurs individus appartenant à chacune des autres classes des
vertébrés ; je ferai remarquer, en outre, qu'ayant étudié le sang d'un assez
grand nombre d'animaux invertébrés et qu'ayant constaté dans les corpus-
cules qu'on y rencontre des caractères et des variations de forme analo-
gues à ceux que j'ai signalés précédemment, je suis porté à conclure que les
globules blancs de Thoianje et des animaux vertébrés doivent être rappro-
chés des corpuscules du sang des animaux inférieurs.
l'
DU GENRE AGÉNOSOME
(GEOFFROY-SAINT'HILAIRE) ;
Méffiolre la à la Sociité
Par m. le Docteur HOUEL,
CocicrTaieor adjoint du Moiée Dopaytreo.
Les monstres célosomiens, par la gravité de leurs anomalies, occupent
un rang élevé dans la science lératologique ; arrivés à un certain degré de
développement, leur rareté est assez grande pour que la science les compte
encore, et leur nombre n'est pas considérable. Ils ne constituent jamais
une monstruosité simple ; ils nous présentent toujours à considérer la com-
binaison d'un plus ou moins grand nombre de vices de conformation qui
peuvent exister indépendamment de la célosomie ; ainsi on rencontre tou-
jours dans celte famille la hernie d'une portion considérable du tube di-
gestif hors de la cavité abdominale; lorsque cette anomalie existe sans perte
de substance des parois abdominales, une portion du canal intestinal ou
i08
de répiploon fait hernie par l'ouverture ombilicale, el forme une lumeur
conteDue dans la base du cordon, c'est l'exomphale.
Dans réventralioD, au contraire, non-seulement il y a beraie des viscères
abdominaux, mais ii y a encore absence plus o i moins complète des parois
abdominales, absence qui n'est que la persistance des conditions embryon-
naires du fœtus, A cette première époque de la vie inlra-ulériue, les in-
testins comme îlcltant au-devant de la colonne vertébrale sont contenus
dans la gaîne fort ample du cordon. L'ombilic à celle époque se trouve
largement ouvert ; c'est cette dernière variété, c'est-à-dire Téventration
abdominale, que l'on rencontre toujours dans la célosomie ; elle peut même
être compliquée de vices de conformation plus ou moins étendus du côté de
la poitrine.
Geoffroy Sainî-Hilaire, dans son excellent ouvrage sur les mcnslres, ca-
ractérise celte famille de la manière suivante : « Ëœistence d'une éoentra-
tion plus on moins étendue, toujours compliquée de diverses anoma~
lies des membres inférieurs, des organes g énito-ur inaires ou même du
tronc dans son ensemble.
De la description que je dois faire de ce fœtus, nous verrons que c'est
bien à cette famille qu'il doit se rattacher; il nous présentera seulement un
degré plus complexe que ne Ta observé Geoffroy Saint-Hilaire. Petit, dans
un travail publié en 1716 dans les Mémoires de l'Académie des sciences,
sous le nom de Fœtus difforme, présente la description d'un monstre qui
a la plus grande analogie avec celui que j'ai décrit. M. Gastelier, dans le
Journal de médecine et de chirurgie, en 1773, sous le nom de Fœtus
monstrueux, nous fait aussi connaître [un fait analogue fort intéressant.
Méry, dès 1700, dans les Mémoires de l'Académie des sciences, signale
un cas semblable aux deux précédents ; il avait observé la torsion des
membres inférieurs. Mais les détails manquent II en est de même de l'ob-
servation publiée dans le Bdlletis philomatique. Les deux observations
les plus complètes que j'aie consultées sont donc celles de Petit et de
M. Gastelier. J'aurai soin, dans le courant de ce travail, de rapprocher l'un
de l'autre ces trois faits, et de montrer que, même dans ce cas de monstruo-
sité, la nature ne marche pas en aveugle, et qu'elle peut se reproduire avec
une grande exactitude.
La grande famille des monstres célosomiens se divise en plusieurs genres ;
M. GeoflroySaint-nilaire en établit six, suivant que l'éventration siège sur
la ligne médiane ou sur l'un des côtés de l'abdomen, avec conservation ou
absence presque complète des organes génito-urinaires. Il peut arriver en-
109
coreque la lésion s'étende jusqu'au thorax, ou bien qu'il y ait une imper-
fection notable des membres pelviens. Dans chacun de ces genres , les
membres inférieurs subissent toujours un changement de rapport ou un
degré d'altération qui est variable suivant le genre qu'on examine. Il peut
même arriver, comme dans les schistosomes, qu'ils viennent à manquer
complètement.
Pour déterminer maintenant d'une manière exacte la place que doit oc-
cuper ce monstre dans la scjence téralologique, il nous reste à indiquer le
genre dans lequel nous devons le placer : il m'a paru appartenir d'une
manière plus directe au second genre, aux agénosomes, quoiqu'il ait aussi
la plupart des caractères assignés aux aspalasomes ; mais ces deux variétés
de la même famille sont tellement rapprochées qu'elles ne diffèrent que par
un seul caractère, une absence plus ou moins complète des organes géni-
taux. C'est chez les agénosomes (1), comme leur nom l'indique, que cette
absence est plus complète, et sous ce rapport, nous avons cru devoir lui
assigner ce rang.
Obs. — Ce fœtus, d'environ 8 mois, a été envoyé de Grenel'.eà M. le docteur
Gosselin, chef des travaux anatoraiques, pour être déposé dans les cabinets du
musée ï)upuytren ; il m'a donc été impossible de me procurer les renseigne-
ments relatifs à la mère pendant la grossesse. Mais ie fait en lui-même est fort
intéressant. Je commencerai par décrire la configuration extérieure de ce mon-
stre; ensuite je chercherai à donner la description la plus exacte et la plus dé-
taillée qu'il me sera possible des organes intérieurs.
Considéré à l'extérieur, ce fœtus olFre une conformation difficile à analyser ;
il semble d'une manière générale qu'à partir de ia région lombaire, la partie
inférieure du tronc, ainsi que les membres pelviens, aient subi un mouvement
de torsion, en vertu duquel les fesses se trouvent tournées en avant ainsi que
les talons, tandis que les genoux et les orteils regardent en arrière. Les membres
Inférieurs sont du reste bien conformés, en apparence du moins, et ne présen-
tent aucune autre anomalie,
A l'endroit où cette torsion s'est opérée, dans la région des hanches, le bas-
ventre manque de peau et de muscles; il est largement ouvert et donne issue à
la presque totalité des viscères abdominaux, qui proém.inént à l'extérieur, enve-
loppés d'une membrane mince et transparente qui se continue avec le cordon
ombilical. Ce dernier se trouve implanté à son côté gauche, un peu au-dessous
de la partie moyenne de la tumeur. La face externe de la membrane qui forme
(i) Geoffroy Saint-Hilaire fait dériver ce nom d'a^rène, de \'à privatif et de
YÊvvau), j'engendre, c'est-à-dire sans génération, sans organes générateurs.
110
la paroi de l'éventration est lisse, libre de toute adhérence avec le placenta. Â la
partie inférieure de cette éventration et sur le côté gauche, immédiatement au-
dessous de l'implantation du cordon ombilical , il existe à la poche une ouver-
ture ovalaire, oblique de haut en bas et de droite à gauche, ayant 4 centimè-
tres dans le sens de son obliquité et 3 dans son diamètre transverse. Les bords
de celte ouverture sont mousses, forment un liséré arrondi et complètement ci-
catrisé ; le fond en est rougeàtre et limité par une membrane lisse, ayant la plus
grande ressemblance avec une muqueuse. On ne peut pénétrer dans la cavité
abdominale que par l'angle supérieur et droit de celte ellipse. Dans ce point, en
effet, se trouve une dépression plus profonde par laquelle s'écoule une matière
verdàtre, de consistance analogue à de la bouillie, et qui est évidemment du
méconium coloré. La sonde cannelée, introduite par cet orifice, pénètre assez pro«
fondement dans la cavité abdominale.
Au bord inférieur et gauche de celle ouverture ovalaire se trouve un corps
arrondi, ressemblant assez bien à une petite verge à l'état d'érection; il offre
2 centimètres environ de longueur. Son extrémité libre est mousse; je n'ai pu
y constater d'orifice urétral. Cette espèce de petite verge, redressée sur l'abdo-
men, adhère par une de ses faces à l'enfoncement elliptique; sa base est im-
plantée sur la membrane lisse qui tapisse le fond de l'ouverture au niveau de son
bord inférieur, et à cause de la disposition des membres pelviens, elle se trouve
alors située au-dessus des fesses.
Les fesses, assez bien conformées du reste, quoique peu développées, sont donc
situées au-dessous de cette éventration et regardent en avant ; elles sont sépa-
rée» l'une de l'autre par une rainure peu profonde, dans laquelle on ne trouve
aucune trace d'orifice anal ni d'organes génito-urinaires. Chacune d'elles est
surmontée d'une petite tumeur mollasse qui paraît en grande partie constituée
par la peau. 11 est difficile, par un examen extérieur et superficiel, de détermi-
ner la signification de ces prolongements cutanés. Sont-ils la trace de deux
scrotums qui n'auraient pu se réunir sur la ligne médiane ? Celte opinion me
paraît la plus vraisemblable, quoique cependant je doive signaler que le prolon-
gement situé sur la fesse gauche, comme aspect extérieur, ait la plus grande ana-
logie avec le mamelon que porte le fœtus. Comme ce dernier, il présente un
petit tubercule circonscrit par un liséré brunâtre. Comparé à la mamelle que
porte le fœtus, ce tubercule offre avec elle ia plus grande ressemblance ; mais le
sein serait alors considérablement développé. C'est donc à la dissection que nous
devons nous adresser pour avoir la solution de cette question.
Bans le point correspondant à la hernie ombilicale, à la partie postérieure du
Û0&, à la jonction du bassin et des cuisses avec le tronc, ce dernier se trouve
assez fortement fléchi en arrière, et lorsqu'on cherche à le redresser la peau se
lend comme la corde d'un arc; dans ce point se trouve une tumeur fluctuante
remplie de liquide ; elle offre environ le volume d'un œuf de poule, elle a toutes
le? apparences d'un spina-bifida.
111
La tête, le thorax et les membres supérieurs sont bien couformés et ne dou9
présentent rien de particulier.
Dissection. — La poitrine, que nous avons vue bien conformée extérieure-'
ment, est normale à l'intérieur } les poumons et le cœur ont une bonne con-
formation; la cloison diaphragmatique est complète. Le cerveau a son volume
ordinaire; il est bien conformé ; c'est donc sur la cavité abdominale, le bassin, la
partie inférieure du canal rachidien et les membres pelviens que portent, en ré-
sumé, toutes les anomalies que nous avons étudiées.
Sqcelettb. — Les anomalies que présentent les os de ce fœtus n'existent que,
pour la colonne vertébrale, le bassin et la côte. Examiné par sa face postérieure,
la colonne vertébrale jusqu'au niveau de la sixième vertèbre dorsale, à l'exagé-
ration près et peu sensible de certaines courbures naturelles, est normale ; mais
6u niveau de ce point elle se dévie fortement à droite, en même temps qu'elle
se porte d'arrière en avant, de manière que la face antérieure du sacrum et du
coccyx qui doit être enfoncée et déjetée en arrière, forme au contraire une saillie
considérable en avant, et se trouve dans une disposition inverse de ce qu'elle
présente ordinairement. Cette disposition, d'une part, raccourcit l'axe vertical
de l'abdomen, en même temps que, par la convexité que la colonne vertébrale
présente par sa face antérieure, elle rétrécit considérablement la capacité de la
cavité abdominale et surtout celle du bassin.
A partir du niveau de la dixième vertèbre dorsale, les lames vertébrales gau-
ches et les apophyses transverses des deux dernières vertèbres dorsales et des
Vertèbres lombaires manquent complètement, de sorte qu'il existe sur ce côté
de la colonne une interruption de l'axe osseux, par laquelle s'échappe un canal
fibreux constitué par la dure-mèré" et qui se rend dans la poche du spina-'
biflda.
Les os des lies sont assez bien conformés et disposés d« telle façon qu'ils se
correspondent par leur face externe qui regarde en arrière et en dedans, elles
ne sont séparées l'une de l'autre que par la poche du spina-biflda. Les deux
fosses iliaques internes regardent en avant et sont plus déjetées en dehors que
dans l'état ordinaire ; les deux pubis se trouvent écartés l'un de l'autre d'envi-
ron 2 centim.
Cavité abdominale. -^ Les parois de l'éventration abdominale incisées, noue
trouvons la plus grande partie des organes contenus dans cette hernie. Nous
avons déjà vu à l'occasion du squelette que la cavité abdominale se trouve ré-
duite à des proportions telles qu'il lui serait impossible de contenir les viscères;
elle présente 4 centimètres et demi dans son diamètre vertical et 7 environ dans
son diamètre transverse. Geoffroy Saint-Hilaire a parfaitement indiqué ce dé-
faut de la capacité du ventre comme un des caractères de la célosomie. La parot
de cette éventration est constituée par deux membranes, qu'il est possible de
séparer dans certaines parties, tandis qu'elles sont intimement unies dans
d'autres de ces deux membranes, l'externe se continue avec la peau et princi-
112
paiement avec sa couche la plus supeiflcielle ; l'interne se continue avec ie pé-
ritoine, dont elle est une dépendance.
A l'exception des deux reins et de leur capsule surrénale qui se trouvent situés
comme à l'ordinaire derrière le péritoine sur les côtés de la colonne vertébrale,
tous les autres viscères sont dans l'cventration ; nous y trouvons, dans ie foie,
l'estomac, la rate, tout l'intestin grêle, la première partie du gros intestin, le reste
manquant.
Le foie est très-developpé, et outre sa scissure ordinaire, il existe un sillon
profond creusé dans sa partie convexe du côté de son lobe gauche. Cette se-
conde scissure sert au passage de la veine ombilicale qui, rampant quelque
temps entre les deux membranes d'enveloppe du cordon, s'est détachée au ni-
veau du bord postérieur du foie pour pénétrer dans ce dernier par sa face supé-
rieure dans la scissure que je viens de signaler, et se rendre de là dans la veine
cave inférieure. Cette disposition anormale a déjà été décrite par Petit dans son
observation; la scissure de la vésicule biliaire est très-profonde et large, quoi-
que la vésicule ne contienne pas de bile.
L'estomac et l'intestin grêle, embrassés dans la duplicalurc du péritoine, sont,
comme nous l'avons vu, situés en dehors de la cavité abdominale, mais n'of-
frent rien de particulier; l'intestin grêle se termine dans la fosse iliaque dans le
cœcum, qui se trouve correspondre au niveau de l'angle supérieur et droit de
l'ouverture elliptique que j'ai signalée aux parois minces de l'éventration, pré-
cisément dans le point que j'avais supposé en communication avec l'intestin.
Dai.s le fond de la cavité qui existe à la poche herniaire qui correspond au cœ-
cum et est même constitué en grande partie par lui, se trouvent deux oriGces, l'un
supérieur, assez étroit, offre 2 centimètres de diamètre environ, communique
avec l'intestin grêle; l'autre oriQce, situé au-dessous du précédent, dont il est
séparé par un espace d'environ 6 centimètres, communique avec le gros intestin ;
H offre un diamètre beaucoup plus considérable, il peut admettre le petit doigt,
mais on arrive bientôt dans un cul-de-sac, de sorte qu'une grande partie
du gros intestin manque, se trouve réduit à un pouce environ de longueur. Il
existe donc là un anus contre nature qui, comme dans le fait de Petit, se trouve
le rendez-vous des matières de l'intestin grêle, ainsi que de celles du gros intestin.
Le cœcum est surmonté de son appendice ; un stjlet introduit dans l'uretère du
côté droit pénètre jusqu'à l'ouverture elliptique que j'ai décrite aux parois de l'é-
ventration; c'est donc dans le fond de cette cavité à l'angle droit que s'ouvre l'u-
retère de ce côté, dans une dépression que la membrane présente dans ce point,
l'uretère du côté gauche s'ouvre dans l'angle opposé, au-dessous des ouvertures
de l'intestin. Cette espèce de cloaque, qui est évidemment constitué par la ves-
sie nous présente donc à considérer quatre orifices, qui sont situés trois dans
l'angle droit de l'ellipse, à savoir de haut en bas : 1» l'ouverture de l'intestin
grêle, 2" celle du gros intestin, Z" l'uretère du même côté, tandis qu'à gauche
nous ne trouvons qu'une seule ouverture, celle de l'uretère correspondant.
113
Quant au petit corps arrondi que j'ai décrit au niveau du bord inférieur d«
l'ouverture ovalaire, sa partie adhérente s'enfonce au-dessous de la membrane
qui tapisse le fond de la vessie, et ne tarde pas à se diviser en deux prolonge-
ments conoîdes qui m'ont paru être les deux racines du corps caverneux, cha-
cune va s'implanter près de la tubérosité de l'ischion correspondante que la rota-
tion de l'os iliaque a dirigée dans ce point. A l'intérieur de l'éventration de
chaque côté, dans le point qui, sur un fœtus normal, correspondrait au canal
inguinal, nous trouvons épanoui sur \es parois du sac de la hernie, et adhérent,
un corps lisse aplati qui, incisé, m'a paru être le testicule plutôt qu'un ovaire ;
du côté droit, où l'évidence e^t plus grande, il est même possible de suivre le ca-
nal déférent qui irait rejoindre l'uretère; de ce côté, on trouve même un petit
corps qui a quelque analogie avec les vésicules séminales.
Spina bifida. — La tumeur située à la partie postérieure du fœtus et correspon-
dant à la région dorsale est pleine d'un liquide rougeâtre (il est vrai que le fœtus
a macéré un grand nombre de jours dans l'alcool). Les parois de cette poche, peu
épaisses, présentent à considérer deux couches unies entre elles par un tissu cel-
lulaire assez lâche ; l'externe cutanée se continue avec la peau du fœtus, l'interne
blanche présente, dans sa partie moyenne, qui se trouve adossée à la colonne
vertébrale, un oriûce de communication à bords libres parfaitement arrondis et
offrant la disposition du diaphragme. Un stylet introduit par cette ouverture
communique dans le canal rachidien, au niveau de la onzième et de la douzième
vertèbre dorsale, par l'intermédiaire d'un canal fibreux obliquement dirigé de
gauche à droite et de bas en haut. Ce canal fibreux est constitué par la dure-
mère, qui fait hernie en dehors de sa cavité naturelle par la perte de substance
que j'ai décrite à la colonne lombaire, dans l'épaisseur de la mentbrane interne
du spina bifida ; les nerfs qui se sont échappés par le canal fibreux forment une
espèce de plexus au pourtour de l'orifice de communication, et de ce plexus s'ir-
radie un grand nombre de filets nerveux qui se perdent dans l'épaisseur des pa-
rois de la poche.
Muscles. — Les muscles de la région antérieure de l'abdomen manquent à peu
près complètement; c'est à peine si on en retrouve quelques traces. Ceux du dos
jusqu'à la région lombaire oirrent la disposition normale, mais à partir de ce
point, la colonne vertébrale se déviant en avant, ils ne présentent plus aucune
régularité.
Les muscles des membres inférieurs ont conservé leurs rapports normaux ;
leur insertion a lieu sur les mêmes points osseux que si le membre était bien
conformé, c'est-à-dire à cause de la rotation qu'a subie l'os iliaque; les muscles
de la région antérieure regardent en avant, et réciproquement.
L'artère aorte, après avoir fourni le tronc cœliaque en avant et les artères ré-
nales sur le côté, ne tarde pas à se bifurquer. Cette division prématurée se fait
an niveau de la deuxième vertèbre lombaire des deux branches; la gauche est
plus volumineuse ; elles se dirigent toutes deux en dehors pour venir passer
8
un
près (le l'eminencc iléo-pcclinéc, l'écartemenl des deux pubis et la déviation des
os iliaques fait que cet écartement est plus considérable. Au niveau de l'arlicu-
lation sacro-iliaque, chacun des troncs de l'artère iliaque primitive se bifurque
pour donner naissance à l'hypogastrique, qui est peu volumineuse, puisqu'il n'y
a point de petit bassin et qu'une grande partie des oriianes qu'il renferme ordi-
nairement manquent,
CONCLOSIONS.
La partie la plus intéressante de ce fœtus est certainement le squelette,
et en particulier l'articulation sacro-iliaque. La plupart des observateurs
ont fort mal décrit la disposition que présentaient ces os ; il est même sou-
vent impossible de pouvoir les suivre dans leur description. Ainsi Petit,
dans son observation que j'ai déjà citée, après avoir mentionné, comme
dans le fait actuel, que le sacrum et le coccyx, au lieu de se voûter en ar-
rière pour fornaer la cavité du bassin, se porte, au contraire, en devant,
ajoute çu'j7 passe par-dessus la symphyse du pubis ; et voilà, dit-il,
pourquoi la pointe du coccyx et les os pubis sont voisins^ et pourquoi
la cavité du bassin est tout effacée. J'avoue qu'en réfléchissant à la dis-
position que devraient avoir les os dans ce cas, je ne puis comprendre le
fait. Je crois que Petit n'a pas assez étudié les rapports qu'avaient entre
tux les os des lies, et qu'il a été induit en erreur; il en fait, du reste, à
peine mention dans sa description. M. Gastelier, dans, son observation, qui
est rapportée avec beaucoup plus de détails que celle de Petit, et qui laisse
cependant encore beaucoup à désirer sous le rapport de la description des
os du bassin, après avoir signalé la disposition de la colonne vertébrale et
du sacrum, qui, comme dans le fait précédent et celui qui fait l'occasion
de ce mémoire, offre sa convexité en avant et sa concavité en arrière, dit
que Von voyait en avant les parties postérieures de l'os ilion et pu-
bis ; et plus loin, il ajoute que la cavité du bassin se trouve située en
arrière. Comme on voit, il est plus explicite que Petit; mais alors il a dû y
avoir transposition des os iliaques ; celui de droite devait se trouver à gau-
che, et réciproquement. Le gros orteil devait alors être en dedans, comme
dans l'état ordinaire, quoique la partie antérieure des cuisses, les genoux
et la pointe du pied regardassent en arrière. C'est ce qui n'a pas lieu dans
le fait que je viens de décrire ; on observe, au contraire, l'inverse, et sous
ce rapport, il existe donc une grande différence entre le fait observé par
M. Gastelier; seulement il esta regretter qu'il n'ait pas bien indiqué la
position des orteils.
115
C'est donc à ia déviation de la colonne vertébrale que j'attribue toutes les
anomalies que j'ai décrites sur ce fœtus. Nous aurons tout à l'heure à en
rechercher la cause; mais elle me paraît le fait importantde cette observa-
lion : c'est par elle que nous pourrons expliquer ces vices de conformation ,
et leur enchaînement est bien naturel. Il est, en effet, facile de comprendre
comment, par suite de la projection en avant de la partie inférieure de la
colonne fertébrale et du sacrum, les surfaces articulaires que présente ce
dernier, au lieu de regarder en avant et en dehors, se trouvent dirigées, au
contraire, en arrière, et par suite le mouvement de rotation sur son axe
qu'a dû subir chaque os iliaque séparément. Les deux pubis ont dû' alors
s'écarter l'un de l'autre, tandis que les faces externes de l'os iliaque se sont
rapprochées ; c'est à l'écartement des deux os pubis que nous devons rat-
tacher l'atrophie de vessie, ainsi que, les vices de conformation, des or-
ganes génitaux. La rotation de chaque membre en particulier en est en-
core la conséquence ; en effet, les deux articulations coxo-fémorales, par
suite de cette déviation, se trouvent fortement rapprochées et se regardent
l'une l'autre. La position du petit orteil en dedans, la pointe du pied diri-
gée en arrière, s'explique tout naturellement par ce mécanisme. Les mus-
cles eux-mêmes nous donnent la preuve que c'est bien ainsi que le fait a
dû se passer ; car ces derniers, pour les membres inférieurs, à l'exception
du grand fessier, n'ont subi aucune modification dans leur insertion : ils
ont seulement suivi les os dans leur mouvement, c'est-à-dire que ceux de
la région antérieure regardent en arrière et ceux de la région interne en
dedans, et réciproquement.
Le bassin, à cause de l'incurvation du scrotum en avant, se trouve telle-
ment rétréci qu'ily a àpei ne trace de cette cavité ; nous avons vu qu'il en était
de même de la cavité addominalc qui se trouve réduite à des proportions
telles qu'elle est dans l'impossibilité de contenir les viscères, qui ont dû
alors faire hernie à l'extérieur. En prenant pour point de départ la lésion
de la colonne vertébrale, j'ai donc pu étudier le mécanisme d'après lequel
a dû s'opérer chaque vice de conformation. L'éventration elle-même peut
s'expliquer par deux raisons : la première, le défaut de capacité de la ré-
gion abdominale; la seconde, l'écartement de l'os iliaque qui a dû entraîner
nécessairement la même modification dans les muscles abdominaux. En
effet, de chaque côté on trouve le vestige de ces muscles s'inséranl à la crête
iliaque, et plus loin ils manquent et sont remplacés par la poche que j'ai
décrite.
L'éventration, suivant son étendue et son siège, a été regardée par
116
M. Geoffroy Saint Hilaire comme devant exercer une grande influence sur
le développement des organes génitaux et des membres inférieurs; lors-
qu'elle arrive jusqu'au pubis, les organes génito-urinaires doivent subir
des modiGcalions profondes *, ce fœtus nous en offre la preuve; mais, d'un
autre côté, il inflrme une autre assertion émise par le célèbre auteur de la
science tératologique ; car nous avons vu que, chez ce fœtus, avec l'éven-
tration médiane et considérable qu'il présente, les membres inférieurs sont
bien conformés, à leur rotation près.
Mais si j'ai pu faire découler de la courbure anormale de la colonne ver-
tébrale tous les vices de conformation de ce fœtus, je n'ai fait que recu-
ler la difficulté; il me resterait à déterminer la cause première. Ici trois
théories sont en présence : !<> rarrêl de développement ; 2» une position
vicieuse qu'aurait occupée le fœtus dans le sein de la mère ; 3«> une rétraction
rauscuiaire, suite de lésion du système nerveux. Nous devons tout d'abord
rejeter l'opinion émise par Geoffroy Saint-Hilaire qui, se basant sur l'adhé-
rence du placenta aux parois de l'évenlration et sur la brièveté du cordon
dans ces cas, pense que le fœtus doit jouir de mouvements peu étendus et
libres; c'est à ce défaut de mobilité qu'il pense qu'il faut attribuer, au moins
en partie, la torsion des membres pelviens. Dans le fait actuel, je ne puis
rien dire sur la brièveté du cordon ombilical, n'ayant pu l'examiner en to-
talité ; mais, pour ce qui a trait aux adhérences du placenta avec les tuni-
ques de l'évenlration, nous avons vu qu'elles n'existaient pas ; cette adhé-
rence n'est donc pas constante.
Quant à l'arrêt de développement, je le rejette également; rien ne le
prouve. Devons-nous admettre, avec M. le professeur Cruveilhier, que ces
vices de conformation sont produits par une mauvaise position du fœtus
dans le sein de la mère ? Sur ce monstre, en effet, il y a une inclinaison la-
térale gauche coïncidant avec la convexité située à droite de la colonne ver-
tébrale; du côté fléchi se trouve le spina-bifîda, elles jambes de ce côté (1)
peuvent arriver presque au contact du ironc du fœtus si l'on cherche à
exagérer celle courbure; dans cette supposition, c'est l'incurvation qui
aurait dû produire le spinabifida. Mes recherches sur ce point d'anatomie
pathologique ne sont pas encore assez nombreuses pour que je puisse me
prononcer sur un point aussi important. Relativement à ce fœtus, la théo-
rie admise par M. J. Guérin sur la réiraction musculaire me paraît cepen-
(I) Comme dans un fait signale dans le g-^aod ouvrage d'anatomie patliolo-
gique de M. Cruveilhier.
117
danl beaucoup plus probable ; elle permet d'expliquer la formation de
toutes les anomalies que j'ai rencontrées; il suppose, dans ce cas, que le
spina-biflda est la lésion primitive principale qui domine toutes les autres,
et par suite de la lésion de certaine partie du système nerveux, certains
muscles ont dû se contracturer et produire alors la déviation de la région
lombaire et sacrée, d'où nous avons vu résulter tous les vices de conforma-
tion signalés.
OBSERVATIONS
SUR LE DÉVSIOPPEUEIVI
DE LA SUBSTANCE ET DU TISSU DES OS.
Eitnii d'DD Mémoire la à la Sociéit, dans u séasce in 23 février 1159,
Par le Docteur CHARLES ROBIN,
Agrégé a la Faculté de Médecine,
fice-président de la Société de Biologie, etc.
On donne le nom d'ostéogénie à l'hisloire de la formatioD et du déve-
loppement ou évolution des os.
L'exposé de ces phénomènes comprend quatre ordres de considérations
bien distinctes, quoique liées l'une à l'autre el dérivant l'une de l'autre,
de telle sorte que les premières ne peuvent être bien étudiées si l'on ne
connaît celles qui !es précèdent, et ainsi des autres.
r En premier lieu, il faut faire connaître le mode de formation de Vélé^
ment analomique osseux ou des os, de la substance même qui compose
le tissu osseux. Elle est, comme on sait, caractérisée par une matière
homogène amorphe, appelée substance fc ndamentale, circonscrivant,
ou si l'on veut creusée de petites cavités, de la périphérie desquelles
parlent des canalicules ramitiés. Quelques auteurs allemands les appelleci
encore cellules des os, cellules osseuses, quoiqu'elles n'aient aucune
ISO
analogie avec les élémeats anatomiques appelés cellule* ; aussi cette déoo-
minatioD doit être rejetée. Ce sont les mêmes carités qui ODt été appelées
corpuscules des os^ corpuscules noirs, ramifiés, corpuscules calcaires,
ostéoplastes (Serres). Ce dernier nom sera employé de préférence, parce
qu'on sait maintenant que les cavités et ramiûcations ne contiennent pas de
carbonate calcaire ; on sait de plus que ce sont des cavités et non des cor
puscules. Il y aura donc à suivre la formation et le développement de la
substance et en même temps celui des ostéoblastes et de leurs canalicules.
2» Il faudra de plus voir de quelle manière, à l'aide de l'élément ou sub-
stance osseuse, se forme le tissu des os , lequel est autre chose que la sub-
stance elle-même, prise isolément en elle-même, car il y a à tenir compte
de six vaisseaux. Ce tissu présente deux formes, aspects ou variétés, l'une
compacte, l'autre spongieuse.
3° Il faut de plus étudier Je comment de la îorm&[ioa du système osseux,
voir de quelle manière se forme l'ensemble de tout le tissu, considéré non
plus dans une partie isolée quelconque du corps, mais dans l'ensemble de
l'organisme. Étudier le tissu se peut faire sur un os quel qu'il soit, et le
fait est connu pour tous les autres os: mais cela est bien différent de l'étude
du système tout entier qui est unique et nécessite d'envisager tout l'orga-
nisme simultanément. Les lois d'osiéogénie établies par M. Serres se rap-
portent principalement au système osseux^ celles d'après lesquelles se
forment et le tissu et Vêlement ou substojnce des os, n'ont pas été spé-
cifiées encore avec autant de soin.
û* Enfin, chaque os pris à part est formé de plusieurs parties ; il a un
corps et des extrémités, ou au moins des surfaces articulaires pour les os
courts. Toutes ces parties ne se développent pas de la même manière, en
môme temps, aussi vite. Ici donc il faut sortir des idées générales, c'est-
à-dire s'appliquant à tout l'organisme ; il faut laisser les faits d'aoalomie
générale dont nous nous occupions tout à l'heure pour entrer dans Tana-
tomie spéciale ou descriptive, pour en un mol faire l'élude spéciale du dé-
veloppement de chaque os en particulier, de chaque os pris successivement,
l'un après l'autre. Nous ne parlerons pas ici de cette partie de l'ostéogénie,
suffisamment traitée dans les ouvrages d'anatomie descriptive.
I. — FORMATION ET DÉVELOPPEMENT DE LA SUBSTANCE DES OS
(SUBSTANCE AMORVBE HOMOGÈNE, ET OSTÉOBLASTES.)
A ce travail communiqué à la Société de biologie au mois de février
121 »
1850, je joindrai chemin faisant les résultats contenus dans un mémoire
publié par H. Mejer (de Zurich), déjà auparavant (Arch. de Mcller,
18Û9), mais que je n'ai reçu que depuis lors; j'y ajouterai aussi ceux con-
tenus dans le volume du Traité d'anatomie microscopiqoe de Kœlliker
paru en septembre 1850.
Pour bien comprendre ce qui va suivre et les interprétations diverses des
mêmes phénomènes donnés par plusieurs auteurs, il faut être prévenu des
faits que voici : faits élémentaires, sur la notion exacte desquels repose
toute la description.
1» Les éléments anatomiques qu'on appelle cellules sont des petits
corps polyédriques en général pourvus d'un noyau avec ou sans nucléoles,
qu'on peut rencontrer tant chez l'embryon que sur le fœtus et l'adulte.
Contrairement à ce qu'admettent beaucoup d'auteurs et à ce qu'indique
leur nom général de cellule, ils sont loin de présenter tous une paroi et
une cavité avec contenu. Le nom de cellule tiré du règne végétal, où il y
a en effet ces trois choses bien distinctes, doit néanmoins être conservé
dans le règne animal, où ordinairement la cellule est formée d'une masse
celluleuse d'égale densité au centre comme à la périphérie, plus d'un
noyau ; il doit être conservé parce que les caractères généraux des véri-
tables cellules s'y retrouvent, savoir : une masse polyédrique limitée dans
son volumt; avec des granulations au dedans, souvent la forme et très-ha-
bituellement le noyau.
Chez presque tous les vertébrés, il n'y a de cellules avec paroi et cavité
distinctes que pendant la période embryonnaire proprement dite, où le
nouvel être n'est encore formé que de cellules. Chez le fœtus et l'adulte,
quand l'animala en outre déjà des élémentssous forme de ^&re«, tubes, etc.,
les cellules (normales et morbides) ne présentent plus de paroi et cavité
distinctes ; ces deux choses ont pris une égale densité. Il n'y a que pour
certaines glandes où la paroi et la cavité et son contenu restent bien dis-
tincts ; ce fait est beaucoup plus général encore dans les invertébrés, où il
est à peu près la règle, que chez les vertébrés.
2"> Il faut savoir encore qu'il y a trois ordres de faits généraux liés les
uns aux autres qui contiennent l'ensemble des phénomènes concernant la
genèse des éléments anatomiques. Us n'ont jamais été clairement enchaî-
nés les uns aux autres par les auteurs, quoique cet enchaînement soit
très-réel.
a. On donne le nom de Théorie cellulaire à ce fait général que tous
les êtres végétaux et animaux dérivent d'éléments aontomiques ayant l'étal
122
de cellule, et tous ceux qui naissent d'un œuf commencent par être entière-
ment formés de cellules qui se forment par segmentation du vitellus et des-
quelles dérivent les autres éléments anatonaiques , tant ceux qui sont sous
forme de cellules modifiées quant à quelques-uns de leurs caractères, que
ceux ayant forme de fibres , tubes, etc. Ces cellules sont les cellules ou
éléments embryonnaires ou transitoires parce qu'elles n'ont qu'une
existence temporaire; elles sont destinées à disparaître ou au moins à pren-
dre d'autres caractères ; elles sont ainsi remplacées par les éléments défini-
tifs ou permanents.
b. On donne le nom de Théorie de la métamorphose des cellules à ce
fait que tous les éléments analomiques des végétaux (cellules du tissu cel-
lulaire, fibres et vaisseaux de divers ordres) et tous les éléments des pro-
DDiTS chez les animaux dérivent des cellules embryonnaires par métamor-
phose , c'est-à-dire changement de forme, volume, consistance, etc., de
celles-ci.
c. On donne le nom de Théorie de la substitution à ce fait que : chez
les animaux tous les éléments des constituants se forment par substitu-
tion de ces éléments aux cellules embryonnaires ou transitoires qui dispa-
raissent. Il y a remplacement d'une partie des cellules embryonnaires qui
se dissolvent par des éléments définitifs qui se forment de toutes pièces ,
par génération nouvelle, spontanée, à leur place, à l'aide du blastèrae ré-
sultant de celte dissolution. Il y a ainsi *u&.«/îtutîon d'éléments perma-
nents, délinilifs, à des cellules embryonnaires, éléments transitoires qui
disparaissent par dissolution et résorption. Cette manière dont certains
éléments définitifs dérivent des cellules embryonnaires est bien plus com-
plexe, bien moins directe que la métamorphose. Il est propre aux animaux
seulemeut et encore uniquement aux éléments de leurs tissus consti-
tuants ou des constituants ; ces éléments ont , comme on sait , pour la
plupart l'état de fibres, de tubes, de matières homogènes, et très-rarement
celui de cellules. C'est l'inverse pour les produits.
Ainsi qu'on vient de le voir, ces trois ordres de faits s'enchaînent l'un à
l'autre, sont liés intimement et décroissent en généralité. D'abord, la
théorie cellulaire est un fait général commun à tous les êtres vivants.
Puis la théorie de la métamorphose s'applique à la formation de tous les
éléments définitifs des végétaux et à ceux des produits seulement chez les
animaux. Enfin la théorie de la substitution ne s'applique qu'à la forma-
tion des éléments anatomiques des tissus constituants animaux, c'est-à-
dire en général aux éléments qui, outre les propriétés végétatives , jouis-
123
sent des propriétés aoimales. (Pour les mots constituants et produits,
V. Ch. Robin. Do microscope et des inject., etc., 1849, in-8% préface,
p. 25, el Tableaux d'anatomie, in-/i". 1850, tableaux 6 à 10.)
30 Enfin, pour le cas spécial qui nous occupe, il faut savoir que les car
tilages qui pendant quelque temps précèdent les os, les cartilages articu-
laires et les permanents sont formés d'une substance fondamentale^ ho-
mogène, amorphe, hyaline, dense, élastique, dans laquelle sont creusées
des cavités : cavités dd cartilage. Dans chacune de ces cavités se trou-
vent une ou plusieurs (quelqu«fois 20 à 30) cellules; cellules dd carti-
lage, de celles pour lesquelles la paroi distincte de la cavité ne peut être
démontrée ; ces cellules sont plus ou moins granuleuses et ont un noyau
nucléole. 11 y a quelquefois des cavités qui reslenl vides : elles sont tou-
jours bien plus petites que leS autres. Chez les fœtus jusqu'à l'âge de U
à 5 mois, plus ou moins, ce n'est pas une ou plusieurs cellules que ren-
ferment les cavités de tous les cartilages, mais un ou plusieurs amas de
granulations jaunâtres, toutes à peu près d'égal volume ; ces amas sont
plus ou moins nettement limités sur les bords, en général mal limités re-
produisant à peu près la forme de la cavité, sans jamais la remplir. Ces
amas j)euvenl être appelés corpuscules du cartilage. Ce fait n'est pas
noté dans les auteurs. l'eu à peu se développent la ou les cellules qui rem-
placent ces corpuscules. Ces cellules se forment de toutes pièces ; mais les
phases de ce développement qui se rapportent soit à la cellule qui naît ,
soit à l'amaas de granulations préexistant sont encore peu connues.
M. Leidy (de Boston) a montré que lorsque le cartilage grandit avec l'âge,
les cavités grandissent aussi et en même temps , aux dépens de la cellule
qui la remplissait s'en forment tfne ou plusieurs autres par segmentation^
de la même manière que se multiplient les cellules du blastoderme animal
et la plupart des cellules végétales. Chez l'adulte, ces cavités sont assez
écartées et proportionnellement peu nombreuses ; chez le fœtus, elles sont
rapprochées et séparées alors par des cloisons un peu plus épaisses que
celles des cellules végétales ; aussi le tissu du cartilage a, dans ce cas, été
quelquefois comparé à celui des plantes; mais cette comparaison ne peut
pas être établie.
Quelques auteurs appellent à tort cellules du cartilage les cavités creu-
;>ées dans la substance fondamentale, et contenu les cellules du cartilage et
les amas de granulations jaunâtres ou corpuscules signalés plus haut chez
le fœtus seulement. On appelle quelquefois corpuscules caractéristiques
du cartilage le tout représenté par la cavité avec sa ou ses cellules; il faut
12A
avoir soin de ue pas faire confusion dans ce cas avec les granulations ou
corpuscule jaunâtre irrégulier contenues, au lieu de cellules, dans les ca-
vités du cartilage du fœtus; il vaut mieux les appeler cavités caractéristi-
ques. Dans les fibro-cartilages la substance londamentale est simplement
fibreuse ou fibroïde au lieu d'être homogène , elle est creusée de cavités
contenant des cellules, comme dans le cartilage proprement dit, avec quel-
ques particularités de disposition qui sont sans importance pour le reste de
cet article.
rOBMATION DE LA SUBSTANCE OSSEDSE.
La formation de la substance des os a lieu dans trois conditions différentes.
Les deux premières seulement sont fondamentales , la troisième est tout à
fait accessoire, parce qu'elle ne se présente que clans quelques cas spéciaux,
et ce mode de formation ne donne naissance qu'à une étendue très-limitée
de matière osseuse. 1» La substance des os est précédée de tissu cartilagi-
neux ou cartilage proprement dit ; elle se développe dans son épaisseur, se
substitue à celui-ci, qui disparaît; elle le remplace. C'est la formation
osseuse par substitution. Tous les os du tronc et ceux du crâne qui en
forment la base se développent ainsi. 2° La substance osseuse se forme par
dépôt des sels terreux dans une trame cartilagineuse homogène, au fur et
à mesure de la formation de celle-ci. Elle est à peine formée qu'elle est en-
vahie par les sels terreux ; et au fur et à mesure elle envahit elle-même les
tissus voisins , d'où agrandissement de l'os. L'organe , dans ce cas , n'est
pas précédé, pendant un certain temps, p'ir un cartilage qui en représente
à peu près la forme, comme dans le premier cas. C'est la formation par
envahissement. Ce mode de formation est propre à la plupart des os de la
tête, tant pour leur apparition primitive que pour leur agrandissement con-
sécutif. C'est en outre par ce mode que s'agrandissent consécutivement, à
leur apparition , les os qui se sont formés par substitution à un cartilage
préexistant. La formation par envahissement a lieu en effet dans les parié-
taux , les frontaux, l'occipital moins les condyles, et l'apophyse basilaire ; la
partie écailleuse du temporal et l'arcade zygomatique , l'anneau tyrapa-
nique, les petites ailes du sphénoïde , la partie mince des grandes ailes ,
l'ethnoïde , les cornets du nez et tous les autres os de la tête , même les
maxillaires supérieurs , et l'inférieur moins le condyle et la portion de la
branche verticale qui le supporte. Dans ces os, dès qu'apparaît la trame
cartilagineuse, comme un point trèà-limité, apparaît aussitôt après la sub-
stance terreuse dans son centre , et elle continue à envahir peu à peu la
125
place que doit occuper l'os; mais la trame ne commence pas par occuper
en petit toute cette place comme pour les autres os ; elle l'envahit peu à
peu, au fur et à mesure du dépôt phosphatique. Ici donc l'os grandit comme
il avait commencé , par le même mode de formation. La formation par en-
vahissement a lieu en outre dans tous les os qui ont été précédés d'un car-
tilage , dès que le périchondre est devenu périoste , dès que tout le carti-
lage préexistant est devenu os. C'est de la sorte que se fait l'accroissement
en volume des os. Ici donc l'os, qui avait commencé par substitution au
cartilage , grandit par envahissement, par un mode de formation un peu
autre.
Tel est le tableau général de la formation de la substance osseuse; car
le troisième mode signalé en commençant est si peu important qu'il est
inutile de s'en embarrasser, et il en sera fait mention chemin faisant.
Avant de donner la description spéciale de ces deux modes de forma-
tion, il faut faire ici quelques remarques.
Celte trame cartilagineuse , qui envahit peu à peu une plaie occupée
d'abord par d'autres tissus et se remplit au fur et à mesure d'un dépôt phos-
phatique , diffère un peu du cartilage proprement dit. On y distingue ,
comme dans le cartilage, une substance fondamentale , creusée de ca-
vités. La substance fondamentale diffère de celle du cartilage ordinaire par
sa coloration légèrement ambrée , jaunâtre ; elle paraît moins homogène ,
surtout pour les os du crâne, ce qui tient à ce qu'on voit les surfaces hbres
de la substance, lesquelles sont toujours un peu irrégulières. Les cavités
surtout diffèrent de celles des cartilages; elles n'ont guères que O"-.©!© à
0'°,020 de largeur en tout sens, c'est à dire un diamètre, en général, au
moins moitié plus peiit que celui des cavités des autres cartilages, sauf les
cavités de la surface des articulaires. Elles sont à peu près d'égal diamètre
eu tout sens aux os du crâne, et un peu allongées dans ceux des membres
en voie d'accroissement. Ce ne sont pas toujours des cavités closes de
toutes paris; ainsi, à la tête, vers le bord ou l'extrémité de la trame enva-
hissante, comme ce bord est très-mince, ce sont de simples orifices qui le
percent de part en part et lui donnent un aspect aréoiaire. Ces petites cavi-
tés sont nombreuses et très-rapprochées.
Ce qui distingue surtout celle trame cartilagineuse des autres cartilages,
c'est que pendant toute la vie intra-utérine , et même pendant quelques
mois après la naissance , ces cavités sont tout à fait dépourvues soit de
corpuscules , soit de cellules. Elles sont hyalines, transparentes, pleines
seulement de liquide. Vers l'époque de la naissance , ou quelques mois
126
aprës,'il se forme un corpuscule ou amas de granulations analogue (quoique
plus petit) à ceux des cavités des cartilages proprement dits des fœtus au-
dessous de /i à 5 mois. Malgré ces différences entre cette trame cartilagi-
neuse envahissante et le vrai cartilage, on ne peut pas dire que les os du
crâne et autres ne soient pas précédés de cartilage ; c'est une forme parti-
culière de la substance cartilagineuse, mais ce n'est pas une substance qui
en diffère.
Ainsi donc Miescher, H. Mcyer et autres ont donc raison contre ceux
qui, avec Nèsbitt, Kœlliker, etc., admettent que Tossificalion des os de la
tête n'est pas précédée de formation cartilagineuse. Seulement, ce ne sont
pas des cartilages ayant d'abord la forme générale que l'os aura plus lard,
c'est une formation successive et envahissante au fur età mesure de l'ossifl-
cation. De plus, ce n'est pas, comme l'admet Kœlliker, par un blastéme
mou, sécrété par le périoste, sans cavités cartilagineuses, que se fait la for-
mation osseuse d'accroissement des os, ainsi que le décrit et figure Kœlli-
ker {loe. ctf., fig. llZj), tant pour les os du tronc (p. 366) que pour ceux
du crâne (p. 376, lig. 117, et p. 379). Les matériaux de cette substance
sont bien fournis par les vaisseaux du périoste, mais ce n'est pas un blas-
téme mou, homogène. C'est celte substance ou trame cartilagineuse parti-
culière, creusée de petites cavités d'égales dimensions en tout sens, en gé-
néral pour les os de la tête; allongées, étroites, à grand diamètre parallèle à
la surface de l'os pour ceux du tronc. Nous l'avons assez fait connaître pour
^u'il suffise de signaler cette différence.
Kœlliker appelle os primaire l'os qui remplace le cartilage primitive-
ment existant ; os secondaire la formation osseuse qui se forme ensuite ,
d'où l'accroissement en volume. Mais cette distinction ne peut être admise,
car on ne peut pas distinguer l'un de ces os de l'autre, les portions de sub-
stance formées d'une manière de celles formées d'une aulre; tout ce qu'on
peut dire, c'est que certaines portions se forment de telle manière {forma-
tion par substitutioH)^ les autres d'une autre {formation par envahis-
sement). On ne peut pas dire non ^\\i% formation primaire ni formation
secondaire , car la formation par envahissement commence dans le crâne
et la mâchoire en même temps que la formation par substitution dans la
plupart des os du tronc; daulre part, le mode par envahissement n'est se-
condaire que pour certains os, tandis qu'il est primitif pour ceux du crâne.
Ce n'est donc pas sur la simultanéité ou la succession des formations
osseuses qu'il faut baser leurs subdivisions en modes réellement divers et
facilitant l'exposé du phénomène, mais bien sur la manière dont elles
127
s'opèrent. Je dis par substitution, parce qu'un tissu se substitue à un
autre qui existait, et formation par envahissement, parce que la Irame
cartilagineuse et l'os envahissent une plaie où ni cartilage ni os n'existaient
en repoussant et prenant la place d'autres tissus , lesquels se résorbent là
et s'accroissent du côté opposé.
Nous allons raainlenant entrer, sans plus nous arrêter, dans les détails
descriptifs qui concernent le développement de la substance osseuse.
a. FORMATION OSSEUSE PAR SUBSTITCTION.
Voici de quelle manière se passe ce phénomène. Lorsqu'on parvient à
trouver un cartilage préexistant dans lequel il n'y ail encore, vers le point
central , qu'un peu plus d'opacité que partout ailleurs , sans point osseux
proprement dit déjà formé , on aperçoit les faits suivants : Un dépôt gra-
nuleux , opaque s'est formé dans la substance fondamentale du cartilage ,
dans les portions de cette substance qui séparent l'une de l'autre les cavités.
Ce dépôt granuleux, d'autant plus opaque qu'il est plus granuleux, peut être
déjà reconnu , à l'aide de l'acide chlorhydiique , comme phosphate et
carbonate de chaux dans les cas mêmes où l'on ne trouve pas encore d'os-
téoblaste bien formé. C'est à lui qu'est due cette oparjté plus jurande des
parties où vont apparaître les véritables points osseux , fait déjà noté par
M. Lebert chez les oiseaux ; il se forme , ainsi que plusieurs des faits que
nous allons décrire, quelques jours avant l'apparition des vaisseaux.
Le dépôt s'avance , s'étend peu à peu vers la surface de Tos et vers ses
extrémités , sous forme de traînées , quelquefois assez longues, de fines
granulations , qui d'abord n'ôlent pas au cartilage toute sa transparence ,
mais finissent par en causer l'opacité en augmentant de nombre el de vo-
lume. Ces granulations sont à bords foncés , noirâtres , à centre jaunâtre»
plus clair. Le dépôt marche d'une égale rapidité eu tout sens, aussi , dans
les os longs et plats, il atteint le périchondre de la diaphyse ou des faces
bien longtemps avant d'arriver aux extrémités ou aux bords. A mesure
qu'il s'étend , les parties phosphatiques primitivement déposées qui étaient
Irès-granuleuses deviennent de plus en plus homogènes- Plus elles sont
devenues cohérentes , homogènes, fonddes l'une avec l'autre, c'est-à-dire
anciennement déposées , plus elles sont transpiirentes et permettent d'a-
percevoir nettement les détails de leur structure. Plus les sels terreux sont
récemment déposés, plus ils sont granuleux, moins cohérents et, par suite,
opaques ; aussi, dans les parties de substance osseuse nouvellement dépo-
138
sées vers la jonction de Tes formé et du cartilage en voie d*ossiiication, les
détails anatomiques concernant les ostéoplastes sont toujours difficiles à
étudier, et demandent beaucoup de temps pour être nettement reconnus.
En général, les traînées de granulations qui semblent marcher en avant-
coureur de Tossification proprement dite , sont plus longues et formées de
granules plus fins chez les jeunes embryons que chez les fœtus à terme ou
les enfants.
Le mode de formation de la substance fondamentale des os, tel que
nous venons de le décrire, est le même pour tous les os et pour l'ossifica-
tion des cartilages costaux laryngiens, etc. Le commencement du dépôt
terreux dans le cartilage n'est pas, chez l'embryon, précédé de la formation
de vaisseaux , ce n'est que consécutivement qu'ils se forment. De plus, il y
a bien des vaisseaux formés chez les fœtus à terme et les enfants dans les
cartilages qui vont s'ossifier ; mais il ne faut pas croire que pendant toute la
vie utérine des vaisseaux rampent dans le cartilage au-devant de la forma-
tion osseuse , qui ne ferait que suivre les vaisseaux» Il n'en est rien , chez
tous les embryons jusqu'au quatrième mois environ de la grossesse, il n'y
a pour les os du tronc de vaisseaux que dans la substance osseuse déjà for-
mée , et le cartilage dans lequel s'avance, en Iraioées grauuleuses, le dépôt
terreux en est dépourvu. Les vaisseaux s'avancent en même temps que le
dépôt, mais sans le précéder. Ce n'est que lorsque les os et cartilages attei-
gnent déjà un certain volume que se développent des capillaires dans tout
le cartilage qui va s'ossiGer. M. Broca a (1), comme on sait, montré que les
cartilages articulaires peuvent s'ossifier par place, surtout vers les bords,
«t que beaucoup de sujets au delà de ZiO anë présentent déjà cette
ossification sous forme de petits points blanchâtres, saillants, qu'on voit par
transparence au travers du cartilage. Les phénomènes de cette ossification
sont les mêmes que ceux que je viens de signaler, et j'ai pu, en vérifiant
l'exactitude des faits observés par M. Broca, voir qu'il ne se développe
pas de vaisseaux dans le cartilage articulaire, au-devant des points en voie
d'ossification.
Voilà pour ce qui est relatif à la formation de la substance fon-
damentale,
La formation des ostéoplastes a lieu en même temps que le dépôt
(i) Broca, Rapport annuel sub les travacx de la Société anatouique de
Paris. 1851.
129
lerreux, et voici de quelle manière. A mesure que le dépôt s'avance dans
la substance fondamentale entre les cavités du cartilage contenant des cor-
puscules chez les jeunes fœtus, des cellules chez les enfants, on voit les
corpusculesdevenir moins réguliers et présenter quelquefois des petits pro-
longements irréguliers sur les bords. Plus le dépôt s'avance, ou, si l'on
veut, plus on approche de la substance osseuse déjà foimée, plus la cavité
du cartilage semble se rétrécir et avoir des bords moins nets, plus diffus ;
ce qui tient à l'étal granuleux du dépôt récemment formé qui, remplaçant
la substance du cartilage, circonscrit chaque cavité. En même temps aussi
on voit le contenu des cavités, tant les corpuscules chez les fœtus que les
cellules chez les enfants, s'atrophier peu à peu pour disparaître bientôt
tout à fait, environ vers la partie moyenne de l'espace rempli par le dépôt
terreux, granuleux et non encore à l'état homogène. Plus le dépôt phos-
phatique devient compacte, plus la cavité devenue vide de son ou ses cor-
puscules ou cellules se rétrécit, diminue de diamètre en tous sens; et au
fur et à mesure qu'on approche de la substance fondamentale tout à fait
compacte et homogène, on voit que ces cavités 'commencent à reprendre
des bords plus nets. Mais les bords de ces cavités, devenues cavités de la
substance osseuse , au lieu d'être pâles comme lorsqu'elles étaient cavités
du cartilage, sont au contraire noirâtres foncés.
Ici la cavité caractéristique de l'os ou cavité de l'ostéoplaste peut
être considéré comme formée. Diamètre, à cette époque, 0,018 à 0,025. A
peu près vers ce moment, lorsque déjà rétrécie, la cavité prend des bords
nets et noirâtres, ou plutôt un peu après, on voit apparaître â la périphérie
de la cavité comme de pelittes incisures, ou fissures noirâtres, généralement
simples, quelquefois bifurquées à leurs extrémités. Ce sont les ramifica-
tions de l'ostéoplaste, qui commencent à apparaître. Au fur et à mesure
que la cavité se rétrécit, la longueur et aussi un peu la largeur de ces cana-
licules augmente; leurs petites flexuosilés et ramifications se multiplient.
Celles-ci commencent ordinairement par une bifurcation de l'extrémité du
canalicule qui s'allonge. Cet allongement de ce petit canal se fait évidem-
ment autant par suite du rétrécissement de la cavité, que par résorption de
substance osseuse à rexlréraité du canalicule. Cette résorption est démon-
trée par le fait suivant : les petits, lorsqu'ils apparaissent, ne sont jamais
anostomosés et sont généralomcnl simples ; une fois l'ostéoplaste entière-
ment développé ou à peu près et ne se rétrécissant plus, ils sont presque
tous subdivisés et beaucoup s'anastomosent par leurs extrémités, avec le»
canaliculcs semblables.
9
130
Yoilà pour les phénomènes de formation de Vostéoptaste.
li se présente alors sous forme d'une cavité soil, ovoide, soil allongée ,
quelquefois anguleuse à cause de l'orifice élargi par lequel s'abouchent les
canalicules. U a environ 0"',01 à 0"',01i!i. Le centre est clair, plus ou moins
brillant, comme celui d'une petite cavité pleine de liquide; les bords sont
foncés, noirâtres, assez nets en dehors, mais larges, à cause de la forme
sphéroidale ou polyédrique de la cavité. On peut s'assUrer à celte époque
de la vie comme chez l'adulte qu'il n'y a pas trace de carbonate calcaire
dans leur cavité ; contrairement à ce que pensent les anciens observateurs,
môme Henle. Aussi les noms de corpuscules el canalicules calcaires ne
sauraient être conservés. Des canalicules flexueux ramilles, souvent anas-
tomosés, partent de leur périphérieo Par suite des progrès de l'âge, les ostéo-
plastes deviennent en généra! plus allongés proporlionnellemenl, mais plus
élroils que chez le fcetus. Les ramifications deviennent plus nombreuses,
plus fines , moins flexueuses, pins parallèles.
En résumé on voit :
1° Qu'un dépôt de sels terreux remplit la substance transparente du car-
tilage, et donne naissance à la substance fondamentale de l'os, qui est d'a-
bord granuleuse, et peu à peu de plus en plus homogène,
2" Les cavités du cartilage donnent naissance aux osléoplastes ; ou mieux
les osléoplastes dérivent des cavités cartilagineuses , dont les corpuscules
ou les cellules, selon le cas, se résorbent , disparaissent pour n'être rem-
placés que par un liquide clair qui remplit l'ostéoplaste. De pâles et nets
qu'étMenl les bords de la cavilé cartilagineuse > ils deviennent d'abord
difî'us àcause du dépôt granuleux de sels terreux dans la substance qui les
limite de toutes paris. En même temps se fait l'atrophie des corpuscules et
cellules.
Il n'est pas rare aussi de voir en même temps une cloison s'avancer des
bords de la cavilé à bords diffus et la partager en deux et même trois plus
petites caviîés, qui chacune deviendra un ostéoplaste. Donc quelquefois,
d'une seule cavilé cartilagineuse dérivent deux ou trois ostéoplastes.
Ordinairement celte cloison ne devient jamais complète, et pendant long-
temps ces osléoplastes communiquent par un simple rétrécissement assez
large et court , ou bien allongée! ressemblant à un canaJicule bien plus gros
que les autres. Au fur et à mesure que le dépôt terreux prend de l'homo-
généité, perd son aspect grenu , les bords de la cavilé se délimitent de
nouveau plus nettement et prennent une teinte foncée ; Tostéoplasle se
rétrécit peu à peu jusqu'à ce qu'ils aient le volume indiqué ci-dessus, et en
lâi
même temps se développent leurs canalicules de la manière déjà décrite.
Bien que les cavités des cartilages qui s'ossifient, surtout pour les os longs
soient généralement disposées en séries régulières, parallèles ou un peu
obliques par rapport au grand axe de l'organe et comme bifurquées ou em-
branchées Tune sur l'antre, on ne retrouve plus cette disposition conservée
par les ostéoplastes. Par suite du resserrement des cavités, plus marqué
soit dans un sens, soit dans l'autre, survenant dès qu'elles sont circonscrites
par le dépôt terreux, par suile de leur division en deux ou en trois par un
prolongement transversal de ce dépôt, il en résulte un dérangement complet
de ces séries des cavités du cartilage.
b. FORMATION OSSEUSK PAR ENVAHISSEMENT,
Nous avons à voir ici comme précédemment:
1° De quelle manière se forme le dépôt qui remplit îa trame cartila-
gineuxe dont nous avons parlé et envahit peu à peu la place occupée par
d'autres tissus;
2° Noos avons à étudier comment se forment les ostéoplastes. Les
phénomènes que nous allons décrire se passeat de îa même manière dans
la trame envahissante de formation et d'accroissement des os de îa tête et
dans celle d'accroissement des os du iroac.
Quoique n'ayant pas pu voir le dépftt primitif dans les os du crâne comme
dans ceux du tronc, il est probable d'après ce que nous allons dire qu'il se
fait de la même manière. Du bord de l'os déjà formé on voit un dépôt
grenu qui s'avance dans la trame cartilagineuse entre les petites cavités ,
et plus noirâtre, moins transparent que la sut«tance osseuse déjà dé-
veloppée. Au fur et à mesure qu'il se prolonge d'un côté, on le voit comnse
dans le premier mode déformation, prendre plus de cohérence et d'homo-
généité dn côté de l'os déjà formé ; en un mot, la substance fondamentale se
forme ici comme dans la formation par substitution.
On psul en dire autant des ostéoplastes, chaque cavité transparente de
ta trame cartilagineuse devient l'origine de l'un d'entre eux et très- rarement
de deux, vu ie petit volume de celles-là. Quelquefois même, dans les pièces
du crâne du moins , il y a des cavités qui sont envahies par le dépôt
terreux, qui disparaissent, sont comblées, et ne donnent naissance à aucun
ostéoplasle. Aussi dans l'os nouvellement formé ces derniers sont dans
quelques régions moins nombreux dans un espace donné que les ca^ité8
ne le sont dans la même étaodue de trame cartilagineuse. Tant que le
dépôt phosphatique est récent, encore grenu , l'osléoplasle est représenté
152
par une cavité sans incisures ni ramifications sur les bords, lesquels ne
sont pas aussi nelleraenl tranchés que pour la formation par substitution.
Seulement ici les cavités sont plus petites et on n'en voit pas qui soient
partagées en deux par un resserrement; au contraire, il semble plutèt
quelquefois que deux cavités du cartilage d'abord bien isolées donnent
quelquefois naissance à deux osléoplastes qui communiquent entre eux par
un canal plus ou moins resserré. Sans avoir pu m'assurer du fait aussi
nettement que du cloisonnement dans la formation par substitution , la
disposition anatomique de certains osléoplastes le rend très-probable. Les
bords se limitent de mieux en mieux au fur et à mesure que le dépôt devient
homogène. C'est alors qu'apparaissent les incisures, origine des ramifications
ou canalicules, dont le développement continue à se faire comme il a été dit
plus haut.
Il est à remarquer que dans les portions osseuses récemment formées, il
y a des ostéopiastes très-petits à côté d'autres volumineux, tandis que dans
les os anciens il y a beaucoup moins de dilférence dans le volume relatif
des osléoplastes. îl est donc probable que ces cavités s'agrandissent par
résorption de la substance qui les limite , fait rendu probable par cet autre
que les osléoplastes sont souvent moins réguliers, plus allongés ou comme
recourbés sur eux-mêmes dans les portions osseuses qui ont achevé de se
former, tandis qu'ils sont presque tous ovoïdes ou à peu près sphériques
tant quMls n'ont pas encore leurs canalicules périphéiiques développés.
C'est en partie à l'abouchement plus ou moins large de ceux-ci que sont
dues ces déformations, peu importantes au fond.
C'est ici le lieu de signaler le troisième mode de formation de la sub-
stance des os.
Je ne l'ai observé que dans les os du crâne. C'est la formation
de cette matière sans préexistence ni de cartilage ni de blastème; c'est
la formation immédiate de celte substance. Kœlliker croit le fait bien
plus général qu'il n'est en réalité, puisqu'il pense que- la formation à peu
près totale des os de la voûte crânienne, etc., se fait de la sorte. Or nous
avons vu qu'il n'en est rien. Ces os envahissent la place qu'ils n'occupaient
pas d'abord en s'avançant sous forme de digitations ou processus osseux
Irès-élroits (1/6 à 3/à de millim.) et de longueur variable, s'irradiant au-
tour d'un centre représenté par la plaque osseuse déjà formée.
Dès que ces processus ou irradiations osseuses, très-rapprochées l'une
de, l'autre, ont atteint une certaine longueur, ils se joignent d'espace en
espace transversalement par des branches transversales, d'où résultent des
133
mailles ou orilicoi. ou mieux d'où résulte que les rayons ainsi réunis for-
ment une plaque pei forée d'espaces en espaces. Plus tard ces orifices, re-
couverts des deux côtés par d'autres productions osseuses analogues, de-
viennent des mailles du tissu spongieux ou des conduits pour les vaisseaux
de la couche compacte. Les processus irradiés présentent toujours à leur
extrémité un prolongement non encore ossifié de la trame cartilagineuse,
ijui les précède pour ainsi dire dans leur envahissement ; ces prolongements
ont déjà environ la largeur qu'aura le processus osseux auquel ils préexis-
tent, et leur longueur varie entre un quart de millimètre et quelquefois
1 ou 2 millim. Le sonuaot de Pangle rentrant qu'ils limitent et la péri-
phérie des orifices de la plaque osseuse déjà formée présentent souvent
aussi un peu de celte trame cartilagineuse, laquelle en s'ossifianl les rétrécit
plus ou moins. Mais de plus on voit que les bords des processus osseux
déjà formés sont dépourvus de tratne cartilagineuse, et pourlantil s'y forme
de la substance osseuse et des ostéoplastes qui élargissent le processus.
Les ostéoplastes apparaissent d'abord sous forme d'un léger enfoncement
du bord des processus; le plus souvent ses bords ne sont pas Irès-aels;
cependant it n'est pas rare de les voir dès le commencement nettement li-
mités. Enfin on voit l'enfoncement devenir de plus en plus profond,
et quelquefois avant qu'il soit complètement fermé les incisures ou fissures,
origines des canalicules ramifiés, se montrent au nombre d'un à quatre
environ. Peu à peu de largement ouvert qu'il était en dehors, il devieut
bientôt resserré de ce côté, puis tout à fait clos. Il est assez commun,
toutefois, d'en voir qui restent en communication avec la surface libre de
l'os par un large canalicule. Ce fait s'observe également dans les ostéo-
plastes qui dérivent de la trame cartilagineuse.
Il y a quelques-uns des ostéoplastes, se développant sur le bord des pro-
cessus de la manière que nous venons de décrire, qui, pendant quelque
temps, représentent un véritable orifice, perçant de part en part la sub-
stance osseuse, trop mince en cet endroit pour circonscrire de toutes parts
l'ostéplaste. Mais bientôt, en s'épaissisanl, elle le limite tant du côté du
cerveau que de celui du cuir chevelu. Dans ce mode de formation, très-
limité comme nous venons de voir, puisque les processus ne l'offrent que
de loin en loin et que tous ne le présentent pas, il est possible qu'un blas-
lèrae précède la substance osseuse et que le dépôt caicairo s'y fasse immé-
diatement, mais le fait n'est pas démontré.
Nous avons renvoyé pour la fin le mode de formation de la substanco
0660use dans le cal.
134
U est le même que la formation par stibstitution, modifié seule-
ment par quelques circonstances accessoires qui ont été développées par
M. Lebert (Physiologie pathologique, 1865, t. II, p. /i35 etZioS).
Après la fracture, k moelle est infiltrée de sang ; il en est de même du
tissu cellulaire ambiant et des muscles rompus. Au bout de quarante- huit
heures, les bouts rompus des muscles sont arrondis, gonflés ; d'une part,
ie périoste adhère aux muscles voisins, et d'autre par!, entre lui et l'os,
s'est développée une exsudation plastique liquide, jaunâtre contenant des
granulations moléculaires. Laissant de côté ce qui se passe dans la moelle
et les autres parties molles, nous voyons vers le quatrième jour (chez les
chiens et les lapins) l'exsudation sous-périoslalt prendre une consistance
cartilagineuse. La substance fondamentale est fibroîde ; elle est creusée de
cavités avec des globules du cartilage dedans. Plus l'épanchement sanguin
S8 résorbe et la moelle devient moins hyperémiée, plus le tissu cartilagi-
neux se caractérise. Vers le septième jour, la portion du cartilage formée
sous le périoste et entre des exirérailés rompues commence déjà à s'ossi-
fier et présente déjà des vaisseaux ; ce n'est qu'à ce moment qu'on voit
se former entre les extrémités libres des fragments au niveau de la moelle,
la substance cartilagineuse, en même temps la substance osseuse rompue
se ramollit à la surface, et ses vaisseaux, ainsi que ceux du {térioste, se
répandent dans la substance. Dans les jours suivants, la formation de la
substance osseu.se s'étend de plus en plus; elle a l'aspect de points rou-
geâtres, grenus, irradiés, dont les radiations se joignent bientôt les unes
aux autres pour former un tissu poreux et alvéolaire, sur lequel nous re-
viendrons plus loin, l^ortanl sous ie microscope ces portions, il est possible
de reconnaître que le dépôt grenu se forme, comme dans les cas que nous
avons vus plus haut, et que les osléoplastes se développent de la même
manière.
Les faits décrits plus haut, jeles ai observés principalement sur des fœtus
humains très-jeunes qui m'ont été remis par mes collègues d'internat Le
Brel et Empis, ainsi que sur divers fœtus que j'ai reçu dans des cas de
fausse couche, dont Tuu entre autres n'avait de point osseux qu'à la clavi-
cule et à la mâchoire inférieure. Je les ai observés également sur des fœtus
de chat, de rat {Mus decumanus) et de lapin. M. Broca, qui a fait des re-
cherches sur le même sujet, est arrivé aux mêmes résultats pour les points
fondamentaux (rapport à la Société anatomique, 1851). L'un et l'autre
nous nous somnoes demandé comment il était possible que l'on eût admis
(Schwanû, Henle, etc.) que les ostéoplasics se formaient aux dépens des
135
cellules du cartilage dont les parois s'épaissiraient par des couches con-
centriques, comme les cellules végétales, en laissanl çà el là des points où
manque le dépôt, d'où formation des canalicuies. Kœlliker, qui admet en-
core le fait, ajoute bien que les raniificalions de ces canalicuies et leurs
anastomoses ont lieu par résorption de la membrane primitive au niveau
des points canalicuies laissés libres par le dépôt, puis par résorption de la
substance fondamentale interposée aux ostéoplastes ; mais pour quiconque
a étudié les différentes dispositions du catilage déjà signalées aux divers
âges de la vie au tronc el à la tête, pour quiconque a étudié la formation
des os qui viennent remplacer ce cartilage, une pareille explication ne
peol supporter examen. La figure prise sur des os de rachitiques que Kœl-
liker apporte à Tappui des opinons des premiers histogénisles est d'une
exécution trop peu délicate el trop peu parfaite, pour qu'il soit possible
d'en tirer parti ou nécessaire de discuter ce qu'elle tend à représenter.
M. Broca et moi pensons donc qu'il est inutile d'analyser plus longuement
cette manière de voir, et qu'elle doit rentrer dans l'histoire de la science,
avec tant d'autres explications qui ont bien eu leur utilité passagère, alors
qu'on ne connaissait pas encore le mode réel de formation de t«l ou tel
élément anatomique, mais qui maintenant sont nuisibles en donnant une
idée fausse et trop grossière du phénomène.
II. — FORMATION ET DÉVELOPPEMENT DU TISSU OSSEUX.
Nous devons actuellement examiner de quelle manière la substance élé-
mentaire des 0$, ou-éiément des os, se dispose, s'arrange avec les vais-
seaux, pour former le tissu osseux en général; puis comment celai-ci se
dispose, d'une part, en tissu spongieux ou aréolaire, d'autre part en
tissu compacte. Ce sont là les deux dispositions ou formes particulières
qu'elle affecte en se réunissant aux vaisseaux pour constituer le tissu os-
seux. Sous un autre point de vue, ce sont là les deux formes affectées par
le tissu osseux. Quoique nous n'ayons pas à dire ici de quelle manière se
forme le tissu de la moelle des os, nous en parlerons dans les limites de ce
qui est nécessaire au reste de ce travail.
a. FORMATION DV TISSU OSSEUX EN GÉNÉRAL.
Nous avons poussé lanalyse anatomique de Tostéogénie au plus haut
degré de minutie possible, jusque dans ses dernières limites, puisque nous
examinions la formation des éléments. Parlons maintenant de là pour voir
136
se former le tissu, qui représente un ordre de parties moins délicates, de-
mandant un exameu moins minutieux. La partie du cartilage qui va être
remplacée par de l'os commence par devenir grisâtre, terne, nuageuse,
aussi bien chez les mammifères que chez les oiseaux, où M. Leberl Ta déjà
noté (Lebert, Mal. scROFtJL. et tdberc, Paris, 18û9, p. 479), Puis s'y
forme la substance de la manière que nous avons indiquée : elle est d'abord
homogène partout à peu près, sans être creusée de cavités ni pourvue de
vaisseaux. Le point osseux ainsi constitué représente du tissu de l'os à l'état
rudimentaire, ou mieux cette substance élémentaire, cet élément n'a pas
encore pris la disposition de tissu, puisqu'il est seul et n'est pas encore uni
à des vaisseaux ou autres éléments. Pendant tout ce temps, la substance
est homogène, non encore creusée de cavités ou de canaux. Les matériaux
de nuti'ition du cartilage et de l'ossification sont donc puisés dans les vais-
seaux du périchondre et des tissus ambiants. J'ai trouvé des capillaires dans
les 03 longs de deux fœtus humains ayant environ douze semaines ; il n'y en
avait pas dans un autre qui avait environ neuf à dix semaines.
On peut donc dire, à quelques jours près, que le tissu osseux commence
à se former vers la dixième ou onzième semaine, époque de l'apparition
des vaisseaux, venant s'adjoindre à la substance osseuse, qui par consé-
quent a existé seule, à l'état d'élément unique et isolé des capillaires pen-
dant une à deux semaines dans les os longs, où elle se trouve en premier
lieu. Dans les os qui s'ossifient plus tard, comme ceux du carpe, du tarse,
les phalanges, etc., les vaisseaux se forment aussi après la première appari-
tion de la substance osseuse, qui par conséquent n'est pas nécessairement
précédée par eux; mais ils s'y forment moins longtemps après cette pre-
mière formation que pour la clavicule, le fémur, le tibia. L'adjonction des
vaisseaux à la substance éléraenlaire de l'os pour former le tissu osseux
proprement dil m'a paru se faire dans les premiers os du fœtus dès que le
point osseux arrive au contact ou à peu près du périchondre du cartilage
qui a précédé l'os. Je n'ai pas fait d'observations à cet égard sur les os
courts.
Nous avons vu déjà que ce n'est que vers la fin du troisième mois ou le
quatrième mois que les vaisseaux s'étendent du tissu osseux dans le carti-
lage non encore ossifié, et du quatrième au cinquième ils apparaissent dans
les épiphyses (Kœlliker, etc.) et les os courts les plus gros ; car la distribu-
tion de ces vaisseaux est généralement corrélative au volume des organes,
il n'a pas encore vu !a pénétration des premiers vaisseaux dans l'os, on
ne peut donc que soupçonner par analogie la manière dont le phénomène
137
se passe. Mais lorsqu'on voit la compacité des parties osseuses nouvelle-
ment formées, lesquelles pourtant seront bientôt après creusées de con-
duits sanguins et de cavités médullaires ; lorsqu'on voit ces dernières se
creuser par résorption de la substance d'abord homogène et compacte, on
ne peut s'empêcher de supposer que c'est par suite de la non-formation de
la couche envahissante d'accroissement, au niveau de quelque vaisseau du
périoste, que commence le canal, et qu'il continue à se creuser et s'avan-
cer par résorption progressive de la substance osseuse à son niveau. Si ce
premier phénomène ne peut qu'ôlre soupçonné par analogie, les suivants
peuvent être vus. La substance nouvellement formée ayant pris la place du
cartilage, est comme lui, immédiatement après sa formation, partout homo-
gène, compacte comme ce cartilage. Mais bientôt elle se résorbe par place;
partout où les vaisseaux arrivent, elle se creuse de cavités, ayant forme de
conduits quand ils sont plus longs que larges. Mais, comme le fait remar-
quer Kœltiker, ce n'est pas par communication des cavités du cartilage
que se forment ces canaux et cellules dans l'os ; ce n'est pas non plus par
dissolution cl résorption de portions cartilagineuses non ossifiées que se
forment ces conduits. Cependant il est possible que le fait se passe acces-
soirement de la sorte dans les cas où, comme dans l'ossification du cartilage
du cal, plusieurs petits points osseux apparaissent simultanément, 8*en-
voient des prolongements étoiles, et finissent par se réunir en circonscri-
vant de petites portions de cartilage non encore ossifié.
Une fois ces cavités creusées dans l'os et les vaisseaux répandus contre
leurs parois, on peut dire d'une manière générale que le tissu osseux est
formé. Dans les os longs, pendant quelques mois ce tissu est séparé du
cartilage par une certaine épaisseur de substance osseuse nouvellement
formée homogène. Mais vers le milieu de la vie intra utérine, ainsi que
nous l'avons dit, les cavités et conduits de l'os, ainsi que leurs capillaires, se
formant plus vite que le dépài calcaire ne s'avance vers les extrémités ar-
ticulaires, ces cavités et conduits, disons-nous, traversent cette substance
nouvellement formée et pénètrent dans le cartilage qui s'ossifiera plus
tard.
11 faut ici dire quelques mots de ces canaux vaiculaires ou médul-
laires du cartilage ou canalicules des cartilages. Ils se forment certai-
nement par résorption de la substance fondamentale et des cavités et cel-
lules du cartilage comme s'est résorbée celle de l'os ; fait admis par Kœl-
liker. Il se passe probablement en même temps quelques changements dans
la substance qui les limite, car celle-ci contient des cavités cartilagineuses
Î38
élroiles, allongées plutôt dans le sens de la direclion du cânal que dans
tout autre. Cescanaux et les vaisseaux qu'ils renferment parlent à peu près
à angle droit de la surface osseuse fonnée qui adhère au cartilage, puis se
ramifient, et s'anastomosent ensemble. Dans }e^: épiphyses et les os courts,
ils sont plus nombreux autour du point osseux déjà formé qu'ailleurs, et
ils sont comme irradiées autour de ce point. Ceux des os longs partent évi-
demment de l'os qui en est l'origine principale, et vont s'anastomoser ac-
cessoirement avec deux du périchoodre. Vers les surfaces articulaires, ils
s'arrêtent assez brusquement avant d'atteindre la cavité, â une distance
mesurée par l'épaisseur du cartilage articulaire. Ils ont de 0""",08 â 0"^,30
et même plus; vers le cartilage articulaire et ailleurs, ils se terminent en
uîi cul-de-sac souvent renflé ; ces renflements se remarquent du reste çà
et là par leurs trajets. Ils renferment des vaisseaux qui ont toutes leurs
parois, même l'adventice ou de tissu cellulaire, laquelle, chez les fœtus et
jeunes sujets, renferme des éléments fibro- plastiques très-allongés et très-
nets. Kœlliker a constaté la paroi musculaire dans les artères, II y a dans
ces canaux, comme Pavait déjà vu Howships, un ou deux gros vaisseaux,
ou bien plusieurs capillaires. Ils s'anastomosent d'un canal à l'autre, et
vers la terminaison des canaux du cartilage, on peut retirer des capillaires
qui se recourbent en anses fiexueuses, et dont certainement un côté est
aflériel et l'autre veineux ; quelquefois celui-ci reste plein de globules
sanguins.
Entre le vaisseau et la substance du cartilage se trouvent des cellules
médullaires et des noyaux libres médullaires tvoy. Charles Robin,
Tableaux d'anatomie, 1850, 9» tableau, n** 20 et 21). Ils forment ce que
Kœlliker appelle moelle du cartilage. Ils sont accompagnés de granulations
moléculaires. Dans de larges conduits de cartilages costaux déjà vascu-
laires, mais non encore ossifiés, là où se trouvaient ces conduits, j'ai trouvé
des vésicules adipeuses avec les éléments ci-dessus. Dans le cartilage ainsi
vasculaire, dès qu'il y a ossification, le tissu osseux exhle, se trouve formé;
c'est l'élément vaisseau capillaire qui préexiste ici au lieu de la subslance
de Vos qui dans les premiers temps se forme la première. Ici encore cepen-
dant, à mesure que l'os augmente de volume, la substance nouvellement
formée se creuse de conduits et cavités, et simultanément les vaisseaux mul-
tiplient leurs ramifications. Mais les premières cavités et conduits vascu-
laires de ce tissu dérivent, sont formées par les canaux vasculaires préexis-
tant dans le cartilage.
Dans les os de la voûte du crâne et de la face qui se forment par enva-
139
hissement, jamais la trame cartilagineuse n'est vasculaîre à proprement
parler comme les cartilages dont nous venons de parier. Les processus de
celte trame qui se prolongent au devant des rayons osseux, anastomosés
entre eux, ou bien la bordure qu'elle forme autour de ces os, déjà assez
avancés dans leur développement, n'est jamais vasculaire. Dès que le point
osseux qui commence l'os est formé, ces processus cartilagineux envahis-
sants, lamelieux, irradiés en tout sens pour les os plats, circonscrivent en
s'anastomosanl transversalement des espaces remplis par du tissu cellulaire
et des vaisseaux. Bientôt, en s'ossifiant, ces rayons donnent naissance aux
rayons et lamelles osseuses qui circonscrivent les mêmes espaces, parcou-
rus par les vaisseaux et le tissu cellulaire ; en sorte que dès l'apparition de
la substance osseuse, il y a tissu osseux formé. Maintenant on voit, à me-
sure que l'os augmente de volume, qu'il perd de plus en plus l'aspect d'une
plaque réticulée, laraelleuse, percée à jour qu'il avait d'abord pour prendre
celui d'une lame plus ou moins épaisse parcourue de canaux va&culaires et
creusée de cavités devenant de plus en plus étroites proportionnement au
volume de Tos.
Ce n'est que sur les bords et jusqu'à l'époque de la naissance à peu près
qu'on retrouve un peu l'aspect réticulé. Pendant longtemps on retrouve
encore sur les os du crâne du tissu cellulaire et des éléments Qbro-plas-
tiques autour des vaisseaux dans les conduits superficiels et périphé-
riques irradiés, comme l'étaient autrefois les rayons osseux formés en pre-
mier lieu. Mais en approchant de l'étal de développement complet, le tissu
cellulaire disparaît peu à peu. L'aspect de ces rayons osseux vus au micros-
cope sur les bords des plaques osseuses du crâne chez le fœtus se trouve &
peu près reproduit en grand par les dentelures enchevêtrées qui forment
les sutures par engrenage des os du crâne; principalement par les ocoipilo-
pariétales, dans le voisinage de l'angle postéroMuférieur ou mastoïdien du
pfariétal.
b. PARTICDLARIXÉS DE LA FORMATION DU TISSO SPONGIEUX.
Dès que les vaisseaux ont pénétré dans la substahce des os, on peut ob-*
server que, d'abord assez compacte, elle se résorbe, se creuse peu à peu,
de manière à ce que les cavités et conduits dont nous avons parié s'agran-
dissent incessamment. Au fur et à mesure que l'os augmente de volume à
la périphérie par envahissement, l'os se creuse au centre, s'y raréfie par
résorption directe, de toutes pièces, sans repasser par Tétai de cartilage.
l/lO
La substance osseuse disparaît de là où elle était d'abord à Tétat compacte,
et se forme, se reporte en quelque sorte à la périphérie.
À celle époque, le centre des portions osseuses formées dans les os longs
ou même celui des points osseux épiphysaires Ee présente comme coD?tUué
par un tissu aréoiaire, formé de lamelles à bords irréguliers, dentelés,
mousses, circonscrivant des cavités irrégulières pleines de moelle et par-
courues par les vaisseaux. Une portion plus complète les sépare du cartilage
en voie d'ossification. Ces cavités sont plus larges que ces lamelles et tra-
bécules de substance osseuse qui les séparent, disposition qui s'accroit jus-
qu'au moment où elle est devenue ce que nous la voyons à l'état adulte.
Pendant un certain temps, la portion d'os qui sera occupée par le canal
médullaire offre celte disposition, et c'est par résorption complète vers le
centre, et à peu près complète ailleurs, que se creuse ce canal, mais non
par adjonction de deux demi- canaux.
Les os de la voûte du crâne sont primitivement du tissu spongieux, formé
par les aréoles dont nous avo3s parlé, qui deviennent cavités communi-
quant entre elles à mesure que les rayons osseux s'épaississant tant du côté
du cerveau que de celui du cuir chevelu, s'étalent de manière à limiter de
ces côtés les espaces d'abord percés à jour. Pour achever complètement
cette partie du sujet, il faudrait décrire de quelle manière se passent les
phénomènes de délimitation des conduits veineux et artériels des vertèbres,
des os de la tête, etc. ; mais nos connaissances à cet égard sont à peu près
nulles, et ce point reste encore à explorer.
C. PARTICULARITÉS DE LA FORMATION DV TISSD COMPACTE.
Dès que la substance osseuse a complètement remplacé le cartilage qui
la précédait, la résorption de la substance compacte primitivement formée,
d'où résultent les cavités du tissu spongieux, n'atteint jamais jusqu'à la
surface de l'os. Il reste toujours là une couche de substance compacte de
2/5 à 2/3 de raillimèlre. L'ossification envahissante d'accroissement tend
toujours à la rendre plus épaisse, mais la résorption vers la face interne la
maintient avec une épaisseur égale à peu près pour les os plais et courts,
et la laisse pourtant augmenter un peu d'épaisseur avec l'âge pour les os
longs. Cette couche de tissu compacte est moins dense chez les jeunes su-
jets, parce que les canaux vasculaires sont plus larges que chez les
adultes.
L'ostéite a quelquefois pour résultai de raréfier plus ou moins ce tissu
compacte, en aiuenaut Paugmeolatiou de volume des vaisseaux et l'aug-
mentation du diamètre de leurs canalicules par résorption au fur et à me-
sure de la dilatation vasculaire.
Les rayons des os du crâne, en épaississant aux faces cérébrales et exté-
rieures par envahissement progressif de la trame cartilagineuse que nous
connaissons, s'envoient des anastomoses de plus en plus nombreuses de
celte substance ; d'où résulte que les surfaces de ces os sont bientôt plus
denses, plus compactes, parcourues de cavités et canaux plus étroits que la
partie intermédiaire. Celle-ci se résorbe de plus en plus, de manière que
ses cavités s'agrandissent, d'où résulte la formation du diploé, tandis que
les parties superficielles, incessamment déposées, restent denses et forment
les deux lames compactes de ces os.
Partis de la substance osseuse non encore apparue, nous devons arriver
à voir naître successivement tout ce qu'on observe dans l'os tout à fait
formé et nous arrêter au moment où plus rien de nouveau ne se forme.
Nous avons vu naître :
i* La substance fondamentale ;
2" Les ostéoplasles ;
3° Les cavités et canaux où sont les vaisseaux et la moelle:
/(° Le tissu spongieux ;
5" Le tissu compacte.
6» Nous avons vu pénétrer les vaisseaux dans les canaux se formant.
Majs il nous reste, pour finir, à voir de quelle manière s'achèvent les ca-
naux ou canalictihs tasculaires (canaux de Havers, canalicules médul-
laires, etc.), et comment se forment les couches concentriques de substance
osseuse qui les entourent. Nous devons en parler surtout à propos du
lissu compacte, parce que c'est dans ce tissu principalement, et accessoire-
ment dans les lamelles et trabécules les plus épaisses du tissu spongieux,
qu'on les rencontre. Les plus fines, au contraire, sont simplement une cou-
che mince ou trabécule de substance osseuse n'ayant de vaisseaux que ceux
qui rampent à sa surface. Celles de ces couches concentriques qu'on ob-
servée la surface de l'os semblent bien provenir de la solidification des cou-
ches de la trame cartilagineuse envahissante d'accroissement. Kœlliker
l'admet comme démontré. 11 ne pense pas que dans les canalicules vascu-
laires. qui, chez les jeunes sujets, sont proportionnellement très-larges, les
couches concentriques qui viennent les rétrécir soient dues à un dépôt di-
rect de substance, par les vaisseaux contenus, fait probable puisqu'il y a
des cellules médullaires et des granulations entre les vaisseaux et la sub-
Iâ2
stance qui limite les cacalicules. D'après lui, un hlastème homogène pius
ou moins ossifié serait fréquemment visible, tapissant ia face interne de ces
conduits et tendant à les rétrécir en s'ossifiant. Il est donc probable que
les matériaux de ce blaslème sont fournis primitivement [)ar les capillaires,
et que, secondairement, il est comme exudé à !a face interne de l'os déjà
formé, par celui-là même ; à moins d'admettre qu'il est déposé par les ca-
pillaires, non pas direcleraent, comme on le pensait, mais indirectement
par suite Ue l'existence des cellules médullaires qui séparent la substance
de l'os formant le canal des vaisseaux que renferme celui-ci. En somme, à
cet égard, on ne sait encore rien de bien précis.
DÉVELOPPEMENT DE LA MOXLLE DES OS.
îl faut, par rapport à la moelle, savoir d'abord qu'elle est composée :
d" de matière amorphe unissante avec des granulations moléculaires ; 2" de
cellules et de noyaux libres médullaires; 3° de plaques à noyaux multiples
(pour des éléments, v. Ch. Robin, Mém. de la Soc. de biol., Î8â9); iS'de
vésicules adipeuses ; 5" de vaisseaux.
On sait qu'il n'y a pas de membrane médullaire dans les os ; c'est là une
des nombreuses créations de l'esprit des anatomistes encore admises. (V.
Gosselin et Begnauld, Arch. de mkd., 18Zi7.) Il n'y a d'autre tissu cellu-
laire et GbrQ-plasîique que celui qui forme la lunique adventice des pius
gros vaisseaux.
La moelle formée par ces éléments peut, par prédominance ou diminu-
tion de l'un d'eux, présenter trois formée ou variétés susceptibles de
passer de l'une à l'autre par gradations insensibles, chez le même indi-
vidu, dans des oa différents, ou chez divers sujets, suivant certaines condi-
tions tant normales que morbides. La première peut être appelée moelle
fœtale, i^âroe. qu'elle existe dans tous les os du foetus et des enfanls jusqu'à
4 ou 5 ans, plus ou moins. Celle forme persiste quelquefois dans la moelle
du tissu spongieux chez l'adulte. Elle est caractérisée anatomiquemenl par
sa couleur rouge et par prédominance des vaisseaux et des cellules et pla-
ques médullaires sur les autres éléments; les vésicules adipeuses même
manquent jusqu'à la naissance et quelquefois plus tard. La deuxième est la
forme gélatineuse; ici c'est la matière amorphe qui l'emporte, principale-
ment sur les vésicules adipeuses. La troisième est la forme graisseuse ca-
ractérisée par sa consistance, sa couleur de graisse, et par prédominance
des vésicules adipeuses ; elle ne se trouve généralement que chez l'adulte,
1Û3
el la moelle, avant de prendre celle ronce, passe cliez les jeunes sujets par
U seconde. LMoflammalion lui fait prendre aussi la forme gélatineuse, el
quelquefois, si elle se prolonge, la forme fœlaie.
Dès que, chez le fetue, l'os se résorbe pour donr.er naissance aux cavités
médullaires el conduits des vaisseaux, en même temps que pénètrent ceux-
ci, on voit se développer, soit dans les os du crâne, soit an tronc des cel-
lules el noyaux libres médullaires, puis les plaques à noyaux multiples, les
granulations moléculaires avec la matière amorphe, qui est souvent presque
liquide el abondante. La manière dont ces éléments commencent à se for-
mer et les phases de lenr développement ne sont pas encore connus. Il s'y
développe aussi les globules sphériques avec ou sans noyaux, ayant 0""",5
environ qui accompagnent généralement les plaques à noyaux multiples,
surtoot dans les os spongieux. (V. Cb. Robin, Tableaux d\\natomie, in-
à", 1850, 9° tableau, n' 23 bis.) La moelle reste ainsi constituée par ces
seuls éléments jusqu'à l'époque de la naissance pour les os longs, et plus
tard pour les og plats et les os spongieux. Elle est alors opaque, rouge et
molle. Ce n'est qu'à l'époque indiquée loul à l'heure que se développent les
vésicules adipeuses, de la manière que j'ai indiquée dans les Mémoires de
LA Société de biologie (18/j9). Mais il en exisle déjà depuis longtemps
lorsque la moelle prend la forme graisseuse, car ce n'est que leur prédo-
minance qui est cause de cet aspect. Si les vésicules restent peu nom-
breuses, comme les cellules médullaires et plaques multiclées, éléments
principaux de la moelle fœtale, se multiplient peu avec les progrès de
Page, la matière amorphe prédominant, on voit apparaître la forme gélati-
neuse, demi-lransparente, souvent rosée ou un peu jaunâtre. Les noyaux
libres et cellules médullaires, ainsi que les plaques à noyaux multiples dont
nous avons parlé, sont, après les vaisseaux, les éléments principaux de la
moelle du fœlus el les éléments accessoires, quant à la masse, de la moelle
de l'adulte.
Les plaques à noyaux multiples sont importantes à connaître, parce
qu'elles sont un élément caractéristique de certaines tumeurs homœo-
morphes des os, entre autres des épulis prenant origine dansle tissu osseux.
Elles deviennent encore plus nombreuses dans ces tumeurs que dans la
moelle du fœtus. Elles sont très-nombreuses aussi dans les couches fon-
gueuses, végétantes, très-vasculaires, partant du tissu spongieux qui, dans
les tumeurs blanches, soulève le cartilage el le détache de la surface
de laquelle il adhérait. (V. Ch. Robin, Mém. de la Soc. de biol., 18û9.)
Kœlliker les figure, ainsi que les noyaux et cellules médullaires, sans en
connaître la signilicalion (fig. 113 et 121) ; peut-être y a-lil aussi des élé-
ments Obro-plasliques dans ses figures, car ils sont nombreux autour des
vaisseaux de la moelle et du fœtus; mais ces dessins ne sont pas assez par-
faits pour qu'il soit possible de porter un jugement sur ce fait.
III. FORMATION ET DÉVELOPPEMEIVT DU SYSTÈME OSSEUX.
On sait qu'on réserve le nom de système pour chacune des parties du
corps constituée par les organes premiers de même espèce, résuUanljlt
la subdivision des organes proprement dits en parties similaires, ou, dans
un autre sens, au tout continu ou subdivisé en parties similaires ou or-
ganes premiers^ se réunissant pour former les organes proprement dits,
que représente chaque tissu considéré dans son ensemble. Dans le dévelop-
pement des os, il y a donc système dès qu'un certain nombre de points os-
seux primitifs ont apparu dans divers os. Le système n'est qu'à l'état rudi-
mentaire, quand il n'y a que la clavicule et la mâchoire qui aient leur point
osseux ; mais déjà il existe. Son développement se fait d'après certaines
lois ; c'est ainsi que les parties du système se développent généralement de
la circonférence du corps vers le centre ; que les os occupant les parties la-
térales du corps se forment avant ceux qui occupent les parties médianes ;
que les côtes s'ossifient avant les vertèbres, les apophyses des vertèbres
avant le corps, etc. N'ayant pas fait de recherches spéciales sur ce sujet, il
suffit d'indiquer les faits' qui précèdent.
DE LA NATURE LOCALE OU GÉNÉRALE
DES TUMEURS.
Mémoire communiqué à la Société en octobre 18t>0,
P.U»
M. LE Docteur LEBEUT.
Dans un ouvrage étendu sur les maladies cancéreuses, qui vient d'être
livré à la publicité, j'ai exposé le résultat de toutes mes études sur l'histoire
générale et spéciale du cancer proprement dit et des maladies curables con-
fondues avec lui.
Je publierai de plus, prochainemeul, dans le troisième volume des Mi-
MoinES DE LA SOCIÉTÉ MÉDICALE d'observation, quelques-uDS des faits les
plus importants qui m'ont servi à établir mes doctrines générales sur le
cancroïde.
Au moment de présenter ces travaux au public, j'éprouve le besoin de
développer spécialement ici le point de doctrine des maladies cancéreuses
que je regarde comme de beaucoup le plus important pour la science aussi
bien que pour la pratique : c'est celui qui est relatif à la nature locale ou
générale du cancer et des tumeurs avec lesquelles on le confond.
10
146
T'entiaot des siècles on a cru, el aujourd'hui encore on imagine, que les
termes de malignité el de bénignité désignent la diflérence fondamenlale
entre le cancer et les autres produits accidentels. Mais quelle déplorable
absence de philosophie médicale dans une division aussi peu rationnelle !
On ne saurait douter que celle division des tumeurs a exercé une
jnilaence très-lâcheuse sur les progrès de la chirurgie. En faisant de
ces termes vagues et élastiques un principe de classification, on n'a pas
mieux fait la science que le vulgaire qui divise les maladies eu celles qui
guérissent et celles qui tuent, ou les bergers, qui classent les plantes en
herbes de pâturage et en herbes vénéneuses.
Ce qui prouve encore toute l'inconsislance scientifique d'une pareille
division, c'est que la même tumeur peut être tour à tour bénigne ou ma-
ligne, selon qu'elle est placée à 1 centimètre plus haut ou plus bas. Citons
un pxemple : une tumeur fibreuse de l'utérus donne lieu à des hémorrha-
gies abondantes qui épuisent les forces de la malade ; cette tumeur est-elle
accessible aux moyens chirurgicaux, on l'extrait et la malade guérit;
mais si celle même tumeur est située dans une partie de l'utérus où l'on ne
puisse l'atteindre, a-t-elle par cela même changé de nature, et de bénigne
est-elle devenue maligne?
La maladie connue par les chirurgiens sous le nom d'ulcère cancéreux
de la face est regardée comme incurable lorsqu'elle a acquis de grandes
dimensions. Quoi de plus malin par conséquent que celle maladie, qui tôt
ou tard doil entraîner la perte du malade? Eh bien ! nous avons vu M. Manec
guérir solidement de ces ulcères, déclarés au-dessus de toutes les ressources
de l'art par des chirurgiens très- renommés.
Il est donc temps d'abandonner un terrain si peu solide, si peu en har-
monie avec l'esprit sévère qui doit dominer aujourd'hui les sciences d'ob-
servilion.
Pour nous, la grande question, dans le pronostic et dans le traitement
des tumeurs, est, nous le répétons, la considération de la nature locale ou
générale de ces productions accidentelles. Ce principe ne nous est point
venu à l'esprit par intuition. Nous ne donnons point ici une théorie nou-
velle ; nous constatons seulement le résultat de l'étude de faits nombreux
et l'analyse de plus de quatre cents observations sur les maladies cancéreuses
pro;)remenl dites, el de prés de six cents observations sur les tumeurs non
cauvéreuses.
iVous allons en quelques mots exposer nos doctrines sur ce point.
Le cancer est, à n'en pas douter, une maladie de réconomie.tout en-
l/l7
lière. Telle a été ropiiiion dos médecins depuis Panliquilé , et si l'opinion
contraire a pu un moment s'accréditer, c'est qu'on ne suivait pas assez
longtemps les malades atteints de cancef , et que l'on confondait eu outre
avec celui-ci beaucoup d'affections qui lui ressemblaient par quelques ca-
ractères, mais qui eu différaieût par beaucoup d^autres. Il y a eu d'ailleurs
de tout temps un certain nombre de médecins qui jugeaient les questions
pathologiques d'après des idées théoriques, les prévisions de l'esprit ayant
pour eux plus d'attrait que les résultJrts de l'observation .
Mais lorsque Ton a étudié le cancer chez un grand nombre de malades
et dans toutes ses principales vafiélés, on sait que malheureusement la
première apparition de la plus petite tumeitr cancéreuse est déjà l'expres-
sion et la manifestation d'une diathèse générale, bien que la santé pendant
quelque temps encore reste intacte, et que les souffrances, durant les pre-
miers temps, puissent être à peu près ûolles. Il en est de ces tumeurs cancé-
reuses naissantes, pour l'œil exercé da chirurgien, comme de ces petits
nuages qui apparaissent sur l'horizon lorsque la mer est calme et le ciel
encore pur, et que le spectateur ordinaire croit à peine dignes de quelque
attention, tandis que, pour le marin exercé, ils sont le présage certain d'un
orage qui va bientôt envelopper l'horizon tout entier.
Quelle que soit la partie du corps sur laquelle le cancer se localise pri-
mitivement, le mal a non seulement de la propension à s'étendre, mais en
outre, qu'il donne lieu ou non à des dépôts secondaires, sa tendance infec-
tante générale est constante et toujours progressive jusqu'à la terminaison
fatate, à moio» que les accidents locaux prennent assez de gravité pour
trancher plus loi le fil de l'existence. Aussi ne suflit-il pas d'extirper de
bonne heure et de la manière la plus complète une tumeur cancéreuse ;
elle reviendra tôt ou tard-, et si ce n'est dans le point primitivement affecté,
ce sera sur quelque point plus éloigné du corps. Si, dans un certain nom-
bre de cas, la période ultime du cancfer, le dépérissement et le marasmo
surviennent sans dépôts cancéreux secondaires, nous n'avons pas moins la
preuve que le mai s'était emparé de l'organisme tout entier. Une femme
atteinte d'un cancer de l'utérus qui ne donne pas lieu à des hémorrhagies
abondantes, un homme atteint d'un cancer de l'estomac placé de façon à
ne presque pas provoquer de vomissement, ne succombent pas moins l'un
et l'autre à cette maladie, et cela après avoir présenté la perte des forces et
de l'embonpoint, l'étiolomenl du teint, des troubles de toutes les grandes
fonctions organiques. Il est clair alors, pour l'observateur attentif, que la
masse tout entière du sang, toute TéconOmie dans son ensemble, a été frap-
l/(8
pée, bien que l'examen pendant la vie el le scalpel après la mort ne décou-
vrent point de cancers secondaires. On trouvera un jour bien plus d'ana-
logie entre ces maladies dialhésiques et les empoisonnements qu'on ne s'en
doute encore aujourd'hui.
Parmi les nombreuses affections que l'on a confondues avec le cancer, il
n'y en a pas une pour laquelle un examen attentif ne soit capable de dé-
montrer des différences fondamentales Plus on mettra de précision dans
l'observation, plus on se convaincra que ces caractères différentiels ne sont
point isolés ni exceptionnels, qu'il ne s'agit pas d'artifices du scalpel ni
d'arguties du microscope, et que le début, le développement, la marche,
toute la physiologie pathologique, en un mot, aussi bien que l'étude des
altérations, concourent à tracer les lignes de démarcation, et à ces limites
naturelles correspondent aussi des circonscriptions thérapeutiques toutes
différentes ; car dès que le mal est tout local, tous les efforts du médecin
ou du chirurgien ne sont plus frappés de cette fatalité des récidives comme
dsns le cancer. Le champ est ouvert aux plus grands efforts de l'intelli-
gence, et le domaine des maladies curables est susceptible d'être considé-
rablement agrandi.
Mais si telle est notre conviction, si telle est, dans la généralité, la diffé-
rence philosophique entre la maladie locale et la maladie générale, n'ou-
blions pas que l'observation nous fait reconnaître, dans les détails de cette
esquisse tracée à grands traits, des différences notables dans la marche el
la gravité des diverses affections locales confondues avec le cancer.
Nous allons envisager un instant les produits accidentels, principalement
au point de vue de la nature locale ou générale. Nous arrivons à un pre-
mier groupe de tumeurs pour lesquelles la nature strictement locale est
la règle générale. Dans cette catégorie se trouvent les tumeurs enkystées
de la peau, les tumeurs érectiles, les tumeurs graisseuses, fibreuses et car-
tilagineuses. L'économie tout entière reste intacte, et ne paraît point pren-
dre part à l'altération nutritive, toute locale, toute circonscrite. Mais déjà,
dans ce groupe de tumeurs, quil ne viendrait à l'esprit de personne de
rapprocher du cancer, nous trouvons d'assez grandes variétés dans cette
manifestation locale. Les tumeurs enkystées qui tirent leur origine de glan-
des sébacées ne peuvent point, à coup sûr, infecter l'économie; mais on
peut en trouver de disséminées sur divers points du cuir chevelu. Nous
avons vu dernièrement un ancien militaire qui portait plus de quatre-vingts
de ces tumeurs sur divers points de la surface du corps, et l'examen d'une
d'entre elles nous a donné les preuves de la nature athéromateuse de ces
ii9
diverses lumeurs. M. Rouget a présenté, l'année dernière, à la Société da
biologie ie crâne d'une femme qui portail depuis longtemps une tumeur
enkystée à la tèle, tumeur qui, à la suite de plusieurs chutes, s'était déve-
loppée outre mesure et avait subi un travail d'inflammation et d'ulcération,
el 80 outre de nombreuses glandules sébacées s'étaient développées au
point de creuser des petites fossettes à la surface du crâne. On voit donc,
par ces exemples, quo cette maladie toule locale peut atteindre un certain
nombre de points du derme à la fois ; mais aucun organe de l'économie n'en
est atteint en dehors de celui qui est primitivement affeclé ; aucune infection de
la masse entière du sang n'a lieu el la santé re^te intacte. Dans l'exemple de
M. Rouget, nous voyons le mal local devenir grave avec le temps, perforer
les os du crâne, entraîner une phlegmas-ie chronique des méninges, con-
duire le malade au tombeau, el pourtant se montrer à l'autopsie, très-soi-
gneusement faite, comme un mal qui est resté tout à fait local. Nous avons
ici le plus bel exemple de la différence qui existe entre la nature locale et la
nature bénigne d'une maladie. A coup sûr celte pauvre femme n'élail pas
atteinte d'un mal bénin; mais la malignité ne résidait pas dans une dété-
rioration de l'économie : les violences extérieures répétées y avaient la
principale part.
Les tumeurs érectiles sont quelquefois multiples; mais elles occupent
toujours le même ordre de tissus, le même organe, el restent, quelle que
puisse être leur gravité, un mal tout à fait circonscrit. En effet, nous voyons
quelquefois ces tumeurs prendre par la suite un certain accroissement;
les vaisseaux dilatés augmentent de nombre el de calibre ; le tissu cellulaire
qui leur est interposé se développe notablement ; une violence extérieure
ou le frottement habituel des vêtements peut produire à leur surface un
travail subinflammatoire et ulcéreux; en un mot, la maladie peut prendre
un accroissement tel que, par la suppuration, par les hémorrhagies répé-
tées, etc., les jours du malade soient mis en danger el qu'une opération
très étendue devienne nécessaire. Beaucoup de chirurgiens diraient alors
que la tumeur a dégénéré, et que de tumeur éreclile elle est devenue fon-
gus hémalode et cancer. Il n'en est rien cependant, el déjà Maunoir (i),
dans son beau travail sur les fongus médullaire et hémalode, a démontré
combien la dilTérence était profonde et constante entre ces deux affections,
dont l'une, cancéreuse, était générale et diasthésique, tandis que l'autre
(l) J.-I*. Maunoir, Mémoire sur les fongus médullaire et hématode. Paris et
Genève, i820.
150
était tout à fait locale et susceptible d'élre guérie coraplétemenl par l'opé-
ration, ce dont il cite des exemples remarquables. Ici encore nous voyons
que la maladie locale peut devenir fort grave, mais qu'à aucune époque de
son existence, elle ne dément sa différence fondamentale d'avec la tumeur
diasthésique par excellence, d'avec le cancer.
Les tumeurs graisseuses constituent, sans nul doute, un des produits
accidentels les plus bénins, les plus strictement localisés, et encore con-
naissons-nous dans la science des exemples de lipomes qui se sont enflam-
més ou ulcérés par suite d'une pression prolongée. Plusieurs fois alors on
a prononcé le nom de dégénérescence; mais pourquoi, au iieu de recourir à
cette hypothèse non démonlrée, n'a-t-on pas cherchée mettre en rapport
ce qui se passait dans ces lipomes, avec le travail inflammatoire et ulcéreux
qui peut survenir dans toute espèce de tissu à nutrition vasculaire? Nous
avons observé également des cas dans lesquels un certain nombre de
tumeurs graisseuses existaient sur divers points du tissu cellulaire sous -
cutané, et ici encore nous rencontrons cette variété de l'état local que l'on
pourrait désigner sous le nom de multiplicité locale, que l'on a souvent
confondu avec une dialhèse générale. Nous admettrious bien, dans ce cas,
que la nutrition du tissu adipeux a subi uneallération dans une plus grande
étendue que sur le point slriclernent circonscrit qui occuperait une tu-
meur unique. Mais d'un autre côté nous constatons l'absence d'altération
de tous les autres tissus, à l'exception du lissu adipeux, et nous trouvonséga-
lement l'absence de toute réaction fâcheuse sur l'économie, absence en un
mot de cette action toxique générale, dont le cancer est tour à tour l'effet
et la cause.
Dans l'étude des tumeurs fibreuses, nous rencontrons des faits analogues
à ceux que nous venons de citer. J'ai observé deux fois des tumeurs fi-
breuses sous-cutanées multiples. Tout le monde connaît la fréquence de
l'existence de plusieurs tumeurs fibreuses dans une seule et même matrice.
C'est dans cet organe que la présence de ces produits accidentels peut en-
traîner des hémorrhagies répétées et abondantes et cousliluer une maladie
fort grave; mais lorsqu'on compare les observations de femmes atteintes de
corps fibreux de la matrice avec celles de femmes atteintes de cancer, on
trouve une ditTérence énorme, pour les deux affections dans la force de
résistance de lorganisme, dans la durée, dans la marche de la maladie, et
la nature locale de l'une par opposition à l'altération générale dans l'autre
sera si bien démontrée par l'observation clinique, que plus tard il ne res-
tera d'autre rôle à l'examen anatomique que d'en donner la confirmation.
151
F/étude des tumeurs cartilagineuses vient encore confirmer tout ce que
nous venons de dire sur la nature locale des tumeurs homoîoinorphes.
Quoique celte maladie soit bien décrite depuis treize ans seulement, depuis
le beau travail de Mùller sur l'enchondrome, nous possédons cependant
aujourd'hui déjà plus de soixante observations authentiques sur ces
lumeurs. Sur ce nombre, il y en a plusieurs où des tumeurs cartilagi-
neuses multiples existaient sur Tune ou plusieurs des extrémités, surtout
les mains et les pieds. Mais en parcourant ces observations, on se con-
vaincra bientôt que, malgré cette apparente multiplicité, la maladie était
toute locale, que la santé restait toujours bonne et que la marche bénigne
ne se démentait point. Une fois de plus cette appréciation doit monJrer
toute la différence qui existe entre l'altération de la nutrition d'un seul
tissu et l'altération de la nutrition générale, entre le roui local et les lunifurs
diathésiques.
On a souvent confondu avec le cancer des hypertrophies glandulaires
diverses. Parmi les méprises de ce genre d'une importance secondaire,
nous citerons l'hypertrophie des glandes lymphatiques ; et ici nous ren-
dons hommage à la perspicacité de M. Velpeau.qui professe depuis long-
temps que les tumeurs, quelquefois énormes, qui se développent dans le
creux axillaire, n'exercent point d'intlueoce fâcheuse sur l'état général de
la santé, et sont, malgré la proximité des gros vaisseaux et des troncs ner-
veux volumineux, bien plus faciles à extirper qu'on ne devrait le croire. La
dissection de plusieurs pièces de ce genre m'a démontré qu'il ne, s'agissait
en effet que d'une hypertrophie considérable des glandes ly^npliatiques, et
toute la marche de la maladie démontre sa nature purement locale.
L'hypertrophie partielle delà glande mammaire est journellement encore
prise pour une affection cancéreuse; mais il est impossible de retrouver à
un plus haut degré toutes les dilférences qui séparent le mal local d'une
tumeur par cause générale et spécifique, qu'en comparant la tumeur mam-
maire hypertrophiquc avec le cancer de la mamelle. Celle comparaison est
-encore des plus démonstratives pour la thèse que nous soutenons, savoir
qu'à des caractères analomiques et microscopiques différentiels covret-
pond ordinaireminl un ensemble de phénomènes cliniques non moins dis-
tincts.
Dans l'hypertrophie partielle de la mamelle, nous rencontrons tantôt une
lumeur unique, tantôt des tumeurs multiples, et le caractère saillant d*' la
multiplicité locale ressort bien évidemment du fait que le ma! s'épuise dans
cet organe lui-même. Nous ne connaissons point d'exemple d'une hyper-
152
trophie de la raameUe qui aurait produit des altérations secondaires daos
des organes éloignés, abstraction faite Jes glandules axillaires qui s'engor-
gent d'une manière sympathique, lorsqu'un travail phtegmasique se fait
ilans la partie hypertrophiée. La santé générale reste intacte, et ici encore
la nature locale de la maladie se caractérise par le fait que la nutrition d'un
organe ou de deux organes symétriques et homologues peut souffrir sans
que le reste de Péconomie en soit directement influencé, en tant que la
nutrition générale et celle de tous les autres organes conservent leurs ca-
Taclères physiologiques. C'est par cette vicialion de la nutrition plus stric-
lement localisée que l'on peut se rendre compte pourquoi les tumeurs
'horaœomorphes altèrent proportionnellement bien moins la nutrition des
•tissus ambiants que le cancer.
Que tout praticien se rappelle à présent l'ensemble des caractères cli-
niques du cancer de la mamelle, sa tendance envahissante, sa propagation
locale et générale, sa propension aux récidives, l'altération profonde de la
sanlé générale qu'il provoque, et nul ne doutera de l'énorme différence
^ui existe entre cett€ maladie de réconomie tout entière et l'hypertrophie
locale.
Si nous passons maintenant à la comparaison anatomique, nous trou-
yons que dans l'hypertrophie partielle la tumeur est bien circonscrite et
composée dans son intérieur de lobes et de lobules glandulaires, et que le
microscope y démontre les cœcums terminaux de la mamelle. Dans le can-
cer, au contraire, la dissection fait voir une tumeur plus diffuse; on con-
state dans celle-ci la destruction des éléments normaux de la glande, et on
retrouve les cellules caractéristiques du cancer, qu'un examen superficiel
seul peut faire confondre avec l'épilhélium glandulaire.
Parmi les tumeurs que j'ai séparées du cancer dans ma Physiologie
PATHOLOGIQUE, 86 trouvenl les tumeurs de nature flbro-plasUque. Je leur
ai donné ce nom, parce qu'elles se composent d'éléments que l'on retrouve
dans le développement embryonnal, dans les tissus à l'étal complet et dans
la formation des produits accidentels, chaque fois qu'un tissu iibreux ou
déri-fant de ce tissu doit prendre origine. A l'état normal, nous trouvons
ces cellules oblongues, à noyaux étroits, ces corps fusiformes, ces fibres
incomplètes, dans la formation et dans la structure faite du derme et de
plusieurs membranes muqueuses, ainsi que dans le périoste. Aussi voyons-
nous souvent des tumeurs fibro-plasliques tirant leur origine du derme, du
tissu cellulaire sous-cutané, du périoste, des membranes séreuses et fibreu-
ses. Dans les méninges, elles forment des tumeurs ordinairement uniques,
153
donl la base large ou le pédicule étroit fait reconnaître le point d'origin*^ ;
elles ont cela de particulier qu'elles peuvent se creuser des loges profondes
dans la substance encéphalique, sans faire corps avec elle. Les tumeurs
kéloîdes de la peau spnl égalenient de nature fibro-plastique ; il en est de
même de certaines tumeurs très-volumineuses et bien circonscrites qui st»
développent dans les membres, et dans la cuisse surtout. Mais ce qui a jeté
le trouble dans lesprit d'un certain nombre d'observateurs sur la nature
de ce tissu, c'est que lorsque ces tumeurs tirent leur origine du périoste,
elles peuvent être très -diffuses, et l'osléosarcome fibro-plaslique peut jus-
qu'à un certain point simuler quelques-uns des caractères du cancer; nous
avons même vu des spicules osseuses se développer dans son intérieur.
Est-ce à dire pour cela qu'il s'agit d'uu cancer, parce que la tumeur a avec
celui-ci quelques points de ressemblance ? Nous répondons nettement par
la négative. La structure microscopique d'abord est tout à fait différente
dans la tumeur fibro-plastique et le cancer ; mais nous aurions sacrifié
peut-être ce caractère si la marche clinique était celle du cancer, et nous
en aurions fait alors une forme spéciale ; mais il en est tout autrement. La
tumeur fibro-plaslique est une maladie locale. Nous avons observé nous-
raême, il est vrai, un cas dans lequel des tumeurs fi bro- plastiques s'étaient
développées dans un grand nombre d'organes. Dans ce cas , la maladie
avait affecté la marche du cancer; mais ce fait est trop exceptionnel pour
changer les doctrines générales sur la nature de ces tumeurs. Aujourd'hui
le nombre des tumeurs fibro-plastiques que nous avons observées est très-
considérable, et d'un côté nous avons par-devers nous des guérisons solides
après des opérations pratiquées depuis plusieurs années ; d'un autre côté,
nous avons constaté maintes fois par l'autopsie l'unicité et la nature pure-
ment locale de ces tumeurs. Ici nous avons cependant à relever une ob-
jection bien légitime que pourraient nous faire les praticiens : on nous
dira, et nous avons observé ce fait nous-même. que des tumeurs fibro-
plastiques, et celles des os surtout, se reproduisaient quelquefois après des
opérations étendues et bien faites. Cela est vrai, mais en pareil cas la réci-
dive est toujours locale ; elle est la continuation plutôt que la reproduction
de la maladie première, dont la guérison a rencontré un puissant obstacle
dans ce que nous appelons «la diffusion locale de la maladie. Le périoste,
qui a donné naissance à la tumeur, est malade dans une plus grande éten-
due que le toucher et l'exploration ne l'ont fait constater, et malgré l'opé-
ration bien faite, on a laissé le germe de la repullulation. On ne rencontre
point, dans ces circonstances, des récidives éloignées du siège primitif de
lu maiudie, ni rinfeclioa circonvoisine des glandes lymphatiques, ni enfin
riofection de l'économie tout, entière avec ses dépôts secondaires. Dans le
cas même dont nous avons parlé plus haut, la multiplicité des tumeurs
oiTrait cela de particulier que, dans le principe, une tumeur libro-plastique
du testicule s'était étendue au delà de l'anneau inguinal et avait envahi
largement le péritoine, et toutes les tumeurs secondaires se trouvaient sur
le péritoine et sur la plèvre.
En résumant toutes nos notions sur la généralité des cas de tumeurs
fibro-plasUques, nous ne pouvons donc les envisager que comme l'expres-
sion d'une altération nutritive toute locale. Une fois de plus nous rencon-
trons ici une différence énorme entre la nature locale et la nature bénigne
d'une maladie; car telle tumeur fibro-plastique qui aurait entraîné la perte
du malade et qui, en ce sens, aurait été tout à fait maligne, ne serait nul-
lement pour cela une affection de l'économie entière, et ne sortirait
point du cadre des affections purement locales.
Ici encore les ùjines doctrines dirigeront et perfectionneront la pratique ;
car ce qu'il serait téméraire de faire contre un mal qui serait l'ex-
pression d'une diathèse implacable , pourrait devenir un devoir pour le
chirurgien lorsque, par une tentative hardie, il serait à même d'atteindre
ou de dépasser les limites du mal, et de le couper ainsi à sa racine.
Nous arrivons à un dernier groupe de maladies qu'on l'on a de tout
temps assimilées avec le véritable cancer : ce sont ces tumeurs végétantes
ou ces ulcères rongeants que l'on rencontre surtout à la surface cutanée,
ainsi que sur les membranes muqueuses les plus rapprochées de cette su-
perficie, telles que la muqueuse de la langue, de la portion vaginale du col
utérin, et même, d'après une de nos observations récentes, dans la mem-
I»'ane niuqueuse des fosses nasales.
L'étude des opinions qui ont régné à diverses époques sur ces tumeurs
est Irès-inslruclive, en ce sens qu'elle nous montre, d'un côté, qu'il y a
un certain bon sens pratique qui peut aller au-devant des découverles
scientifiques, tandis que, d'un autre côté, nous voyons également à quel
point l'observation incomplète et supeificielle conduit à la fois à l'intolérance
et à la fausse interprétation des découvertes.
Les plus grands chirurgiens du dernier siècle savaient déjà très-bien
que le cancer cutané offrait un bien meilleur pronostic que celui des autres
organes, et déjà, antérieurement à celle époque, les guérisons de cette mala-
die, obtenues par l'application de la pâle du frère Côme, étaient des preuves
vivantes de la nature souvent bénigne du cancer cutané, terme sous lequel
155
OD confondait le véritable carcinome dcrma tique el ces tumeurs papiilaires
et les ulcères qui, sous tant de rapports, en difTèrent, et doivent nécessai-
rement en être séparés.
Lorsque phi» tard les doctrines sur le cancer ont plus particulièrement
préoccupé les palhologistes, on tenait bien compte de ce fait, el on disait
qu'à la peau le cancer était une maladie moins grave qu'ailleurs. Mais c'est
une erreur; car le véritable cancer cutané ne le cède en rien, quant à la
malignité et à la marche fatale et rapide, aux cancers des autres organes,
et ViAée si naturelle que l'on pouvait confondre deux affections différentes
sous le même nom venait à peine aux chirurgiens.
Lorsque, il y a six mois environ, M. Ecker, en Allemagne, et moi, en
France, nous démontrâmes que beaucoup de tumeurs, prises pour cancé-
reuses dans les diverses parties du derme, n'étaient autre chose que des
altérations hypertrophiques ou autres des papilles, de l'épiderme, des glau-
dules et du derme lui-même, on reçut celle découverte avec méliancp., el
on nous fil l'objection que ces tumeurs étaient cancéreuses, quoi qu'en
dise le microscope, parce qu'elles pouvaient récidiver après l'opéialion.
En poursuivant, pour nia pari, sans interruption mes recherches sur ces
maladies, je pouvais signaler à mes adversaires des objections bien plu»
fortes encore; j'insistais non-seulement comme eux sur le fait que, dans
certaines régions, à la lèvre inférieure et à la verge surtout, les récidives
locales de ces affections, auxquelles j'avais donné le nom de cancroides,
n'étaient pas rares, mais encore sur ce que le mai local pouvait même in-
fecter les glandes lympliatiques voisines qui étaient avec lui en connexion
analomique directe, et que de plus le mal pouvait gagner de proche en
proche les tissus, au point d'atteindre, à la figure par exemple, les os voi-
sins de la face.
Lorsqu'on a l'habitude de ne se tenir qu'à la superficie des questions, ou
peut envisager tous ces faits, que je me suis empressé, le premier, de si-
gnaler, comme des couct- ssions faites à ceux qui ne voyaient dans ces aifec-
tions qu'une variété du véritable cancer. Il en est tout autrement cepen-
dant en réalité. Si nous comparons d'abord la slructure du cancer el du
cancroîde cutané, nous trouvons dans l'un la substitution d'un tissu nou-
veau, dans l'autre l'exagération de tissus normaux, dans l'un ies cellules
cancéreuses à aspect spécial, dans l'autre les cellules connues de l'épi-
derme, ou les autres éléments microscopiques q\w l'on trouve dans la peau
à rétat physiologique. La marche dans le cancroide esl bien autrement
lente, el lorsqu'on l'a opéré largement, ou il ne revient pas, ou la récidive
156
a lieu sur place. On n'a pas assez tenu compte, en chirurgie, du point où
une récidive peut avoir lieu, et nous n'exagérons certainement pas en affir-
mant que lorsqu'un mal, après des opérations, n'offre jamais d'autre réci-
dive que dans la région même ou dans le proche voisinage du mal primitif,
on peut déjà par cela même présumer qu'il s'agit d'un mal purement local,
et par conséquent d'une affection non cancéreuse. La tendance aux réci-
dives dénote bien qu'une maladie n'est pas bénigne, et derechef nous con-
statons ici la grande différence qu'il peut y avoir entre une maladie locale
et une maladie bénigne.
Si nous tenons compte des éléments aoatoraiques qui composent ces can-
cr(rtdes, nous trouvons que l'épiderme ou l'épithélium y entrent pour une
large part; et, de même que les éléments fibro-plastiques, on les rencontre
sur un grand nombre de points différents de l'économie ; de plus, leur dis-
position histologique locale est diffuse et étendue. Il s'ensuit que leurs alté-
rations morbides doivent pouvoir présenter également cette même exten-
sion. L'anatoraie normale explique donc aiusi la diffusion locale de la ma-
ladie, de même que la structure mullilobaire de la mamelle nouà rend fort
bien compte de la multiplicité locale de certaines hypertrophies partielles
de la glande mammaire. Une récidive locale d'un cancroïde n'est souvent
que la continuation de la maladie première qui existait à l'état naissant lors
de l'opération antérieure. La diffusion physiologique des éléments fibro-
plastiques et épidermiques nous explique donc pourquoi, à l'étal morbide,
ces tissus sont plus envahissants que des tumeurs composées d'éléments
qui, à l'état physiologique, sont toujours plus nettement circonscrits. Nous
savons en outre que l'épiderme naît d'un blastème d'abord liquide, dans
lequel plus tard se forment des cellules. Quoi d'étonnant alors que, lorsque
ce blastème est sécrété en surabondance, il puisse arriver au moyen des
lymphatiques les plus voisins dans les ganglions les plus rapprochés du
siège du mai î Mais quant aux récidives éloignées, aux tumeurs secondaires,
quant à l'affection de l'économie tout entière, nous n'avons rien observé de
semblable jusqu'à ce jour, dans le cancroïde, bien que nous ayons recueilli
plus de cent observations, dont près d'un cinquième avec autopsie cadavé-
rique complète. Le cancroïde, par conséquent, diffère, sous bien des rap-
ports, du cancer, et encore une fois, l'ensemble de toutes ces différences se
résume dans sa nature locale.
Voilà le véritable point de vue sous lequel le pathologisie doit toujours
envisager les tumeurs et le? produits accidentels. Abandonnant la routine
surannée qui consiste à ne considérer que la bénignité ou la malignité de
157
ces maladies, on doit avanl loul se rendre compte si une maladie est gé-
nérale ou locale; ce point déterminé, il faut encore distinguer les diverses
variétés des maux locaux telles que l'unicité locale, la multiplicité locale et
la diffu''ion locale ; et, dans cette dernière, il faut tenir compte d'une plus
grande possibilité de la propagation locale.
Le parti que la pratique tirera de l'appréciation juste de ce point de vue,
est immédiat. Il évitera à quelques malades des opérations inutiles, et il en-
couragera à en pratiquer avec hardiesse et avec persévérance, dans des cas
où une connaissance moins approfondie de la pathologie les aurait peut-être
fait rejeter, au grand détriment des malades.
L'esprit philosophique ne trouve pas moins son compte dans cette dis-
tinction, qui met en évidence la cause fondamentale de la marche patho-
logique différentielle des produits accidentels.
SUE UN CAS DOUTEUX
DE
FARCIN CHRONIQUE,
OBSERVATION RECUEILLIE DANS LE SERVICE DE M. MICHEL LÉVV,
au Val-de -Grâce,
Par m. le Docteur ÏHOLOZAN,
Chef de cliuiqur.
J'ai l'honneur de communiquer à la Société de biologie un fail qui, par
la singularité des symptômes et par quelques-unes des particularités de
l'autopsie, telle que l'infiltration purulente trouvée dans le canal médul-
laire des os longs, me paraît digne d'intérêt. Je rapporterai d'abord l'ob-
servation et je la ferai suivre de quelques remarques.
FIÈVRE INTEBUITTENTE REBELLE ; ENGORGEMENT DE LA RATE ; TUMEURS PAR IN-
FU^TRATION FIBR[NEUSE ET SANGUINE DU DERME, ANALOGUES AUX TUMEURS CO-
TA NÉES DD FARON CHRONIQUE ; TACHES SANGUINES ECCHYMOTIQUES DE LA PEAU,
ANALOGUES AD PURPURA; ENGORGEMENT DES GANGLIONS LYMPHATIQUES; INFIL-
TRATION PURULENTE DD CANAL MÉDULLAIRE DES 08 LONGS; ULCÉRATION DES
INTESTINS ; DYSSENTERIE ULTIME. — MORT.
Obs. — Sohier (Louis), âgé de 26 ans, d'une ronslitulion forte, peau blanche
160
et lachelée d'éphélides, joues colorées, cheveux cbâlaia clair, éJait garçon de
ferme et d'écurie dans le déparlemeni de l'Oise lorsqu'il a été enrôlé dans le 21*
régiment de ligne il y a vingt mois. Il raconte qu'un an avant son entrée au ser-
vice, il eut ii panser un cheval qui portait une tumeur ulcérée au pied. La plaie
cautérisée avec le fer rouge guérit au bout d'un mois, et l'animal fut employé au
labour comme par le passé.
Sobier, qui n'avait point eu de maladie antérieure, entre à l'hôpital de Nevers
pour une lièvre d'accès au bout de six mois de service. Il sort après un mois de
traitement par le sulfate de quinine ; la lièvre récidive au bout de peu de temps,
et il fait encore trois semaines de séjour à l'hôpital.
Depuis cette époque, la Gèvre le reprend à Paris au bout de quinze jours de
résidence ; il a de nombreuses rechutes ; il fait trois entrées dans les hôpitaux
et est envoyé en convalescence dans son pays. Chez lui il est repris de fièvre
intermittente ; il devient sujet à la diarrhée, et il est atteint de la suette qui ré-
gnait à cette époque épidémiquement. Il a été à plusieurs reprises soumis à la
médication quinique; un certificat du médecin de sa localité atteste les re-
chutes de la lièvre intermittente, ainsi que l'augmentation de volume de la
rate.
Vers la fin de l'été de 1849 la sanié de Sohier s'était assez améliorée, et il
avait en partie repris son service au régiment lorsque, au mois de novembre, il
s'aperçut, dans la région de la nuque, d'une tumeur indolore qui augmenta
petit à petit de volume.
Le 1" janvier 1850, notre malade est pris de lassitude, de douleurs articu-
laires, de frissons, avec insomnie, anorexie et diarrhée. Quelques taches arron-
dies, violacées, apparaissent les jours suivants aux jambes et aux bras. Les
forces sont tout à fait prostrées et le malade entre à l'hôpital du Val-de-Grâce
dans le service du professeur Lévy, le 21 janvier (salle 28, n" 39)
Sobier présentait à cette époque les symptômes suivants:
Face pâle et un peu hébétée ; parole saccadée ; 80 pulsations ; douleurs vagues
dans les membres avec diminution considérable des forces et amaigrissement
commençant ; douleur à la base gauche du thorax augmentée par la percussion ;
rate considérablement augmentée, donnant 18 centini. en hauteur; respiration
bonne, sans râle ; pas de toux ; des macules violacées, ardoisées ou bleuâtres,
de 1 à 2 cenlim. de diamètre, donnent un aspect tigré à ta peau. On en remar-
que partout, mais elles sont surtout nombreuses à la face postérieure du tronc
et à la face interne des membres i)elviens. La plupart de ces taches reposent
sur une base indurée, véritables tumeurs aplaties faisant corps avec le derme
qu'elles soulèvent à peine. A la face, au-dessus des sourcils, et à la région mo-
laire gauche, existent des empâtements assez étendus avec coloration violacée
ou bleuâtre de la peau et saillie assez prononcée des téguments. A la face in-
terne dé la cuisse gauche, une tumeur du volume d'une petite noix, d'un
rouge cuivré à la surface, fait une saillie très prononcée et acuminée. A la
161
nuque, vers la naissance des cheveux, existe une tumeur saillante et assez
molle, du volume d'une grosse noix, sans coloration ecchyn-.otique des tégu-
ments. Engorgement notable des ganglions lymphatiques de l'aine et des régions
paroiidiennes sous-maxillaires et axillaires.
Le 22 janvier, on note encore 80 pulsations; température axi'.laire, 37.5;
abattement, prostration des forces, et douleurs scapulo-huméra'es pendant la
nuit.
Le 23, douleurs scapulaires persistantes avec insomnie; 90 pulsations assez
fortes; urine trouble; nouvelles tachjs violacées à la fesse gauche et à la face
externe de la cuisse de ce côté ; macules violacées aux jambes avec piqueté
rouge brun ecchymotique. Une incision pratiquée sur la tumeur de la nuque ne
donne issue qu'à du sang.
24 janvier. Douleurs vagues dans les articulations des membres inférieurs;
prostration moindre ; aucune hébétude dans le faciès ; taches rosées lenticulaires
en assez grand nombre sur la face antérieure du tronc.
25 janvier. Insomnie; douleur scapulaire gauche; 80 pulsations; épistaxis
légère; engorgement notable des ganglions parotidiens et cervicaux du côté
gauche avec rougeur légère des téguments.
27 janvier. Insomnie persistante; douleur aux avant-bras avec apparition de
nouvelles macules ardoisées.
Le malade est depuis son entrée au quart de portion; il prend depuis deux
jours de i'iodure de potassium.
28 janvier. On remarque déjà à cette époque un ciiangement notable dans la
coloration des tumeurs, des empâtements et des simples taches. Les teintes ar-
doisées et cuivrées deviennent plus rares, les aspects bleuâtres, verdâlres et
rouge brun prédominent. 80 p. un peu vives; nouvelle épistaxis ; urine à sédi-
ment briqueté. (1 g. d'iodure de potassium ; lotions vinaigrées sur la peau.)
29 janvier. Empâtement du tissu aréolaire du mamelon gauche, avec teinte
cuivrée de la peau environnante. Le malade accuse des douleurs lancinantes
dans les mollets et les cuisses.
30 janvier. 8S p. ; 39» à l'aisselle. Selles régulières, urine trouble à sédiment
blanchâtre; insomnie, sueur abondante pendant la nuit; douleurs violentes dans
les membres inférieurs.
31 janvier. Les principales tumeurs présentent un commencement de résorp-
tion. Les douleurs sont concentrées à l'épaule droite. (1,5 g. d'iodure de potas-
sium ; frictions avec le jus de citron.)
1" février. 105 p. Douleurs violentes aux membres inférieurs, et principa-
lement à la région trochantérienne et le long de la face externe du fémur
gauche. Insomnie et sueur nocturne abondante ; deux selles. (On suspend I'io-
dure de potassium.)
Le 3 février au soir, vomissement alimentaire, nausées et vomituritions pen-
dant la nuit.
11
162
h février. 90 p.; langue grisâtre, un peu sèche; inétéoii*me léger; borbo-
rygmes; deux selles; douleur à la base latérale gauche, augmentée par la toux 5
gencives un peu saignantes et gonflées ; respiration rude, antéi-ieurement elpas-
t^érieurement. — L'aspect des téguments présente de nouvelles modiligjfj^^jjg^
Les joues ont pris une teinte cuivrée, l' empâtement jgj arcades sourcilières
a disparu; la tumeur cervico-occipitale a diminue ^es quatre cinquièmes; la
tumeur crurale gauche s'est aussi effacée en partie. Les ganglions inguinaux,
cervicaux, axillaîres, ont en même temps diminué de volume.
Le 5, 90 p. i trois selles ; météorisme léger. Rate à 30 centimètres. Douleurs
très-intenses à la cuisse gauche, depuis le grand troehanter jusqu'au creux po-
plité, s'irradiant dans le mollet. (Soupe; sulfate de (quinine, 0,5; extrait d'o-
pium, 0,05.)
Le 8, 90 p.; deux épistaxis; face pâle; sueur nocturne et diarrhée persis-
tantes; voix éteinte. Douleur davicuiairt} gauche auec goufleiaenf sterno-
claviculaire. La tumeur de la nu(iue est complètement elfacée.
Le 10, gonflement étendu de la région claviculaire interne gauche avec rou-
geur des téguments et tache jaunâtre au centre. Il n'ejiiste plus ni taches, ni
d'autres tumeurs sur le corps. Depuis quelques jours, gêne et faiblesse plus
grandes dans les mouvements. Amaigrissement marqué des membres et de la
face. Douleurs profondes à la cuisse gaucbe et au bras droit.
Le Î3, 90 p. Diarrhée et sueur persistantes. Douleur violente à la, cuisse
gauche, avec gonflement notable de tout le corps du fémur de oe eôté. (Quart
d'aliments; sulfate de quinine opiacé.)
Le 14, frissons dans l'après-midi; soubresauts des muscies des membres;
96 p.; 3 selles.
Le 15, moins de tension et de gonflement à la cuisse gauche; 84 p.; persis-
tance de la douleur sterno-claviculaire et fémorale gauche.
Le 17, 90 p.; langue un peu sèche; 2 selles. Rate à 16 centimètres, Sommeil
interrompu. La pression est douloureuse sur la cuisse droite. I! n'y a plus de
gonflement cleïdo-steraal gauche, mais la sensiùiUlé est toujours ejcaaérée dam
celte région.
Le 19, 72 p. ; miliaire rosée sur l'abdomeu ; 4 selles liquides avec coliques.
Le 21, 80 p.; empâtement de la joue droite; gonflement ganglionnaire for-
mant chaîne des deux côtés du cou, de l'apophyse mastoïde à la clavicule, plus
prononcée à droite; h selles .sanguinolentes. (Panade; cataplasme laudanlsé sur
Vabdomen ; potion opiacée.)
Les jours suivants, la, diarrhée et l'amaigrissement font des progrès.
Le 27 février, 90 p.; vomissement alimentaire; vomituritions. fCrème de riz;
riz gom. ; vin sucré ; lav. laudanisé.)
Le 2 mars, éraaciation; voix éteinte; 108 p. ; 10 selles; ventre douloureux;
tangue sèche ; hoquet ; syncope dans la position assise ; respiration sans râles,
un peu rude.
163
Le 4, 140 p.; 48 inspiralioas ; œil bag^rd ; iosomnie, agitation, délire pen-
dant la nuit; 20 selles. (Via sucré) lis. avec exl. raianbia; pot. byd. morphiae,
0,02.)
Le 5, selles involontaires ; subdélire; mort à six heures du matin.
Altopsie 30 heures après la mort.
Habitude exterieurk. Rigidité cadavérique presque nulle ; sujet élancé, irès-
amaigri ; peau pâle à la Taco antérieure du corps, présentant des stases san-
guines rosées ou légèreuienl violacées aux parties déclives. A la partie interne
de la cuisse gauche, une tumeur du volume d'une noisette, reste de la tumeur
crurale volumineuse, esf. formée d'un tissu résistant, translucide, légèrement
jaunâtre, comme tibrineux, et adhérent au derme. Dans les autres points de la
peau, siège d'autres tumeurs, on n'a point trouvé de trace de dépôt plastique ni
sanguin.
Système sioscuLAiRE. Rien do notable, si ce n'est la flaccidité des muscles;
point de traces d'engorgement sanguin.
Système lïmphatiqije. Les ganglions du cou et de l'aisselle sont encore en-
gorgés; ceux de l'aine le sont moins; ils présentent tous une texture rougeâtre,
un pea plus friable qu'à l'état normal.
Appareil circulatoihb et respiratoire. Rien dans les fosses nasales dont la
muqueuse pâle est tapissée de produits filants translucides. Les am;ygdales, un
peu tuméfiées, présentent Its orifices élargis des glandules. La trachée est pâle,
ainsi que les bronches; le tissu pulmonaire aéré et crépitant présente seulement
aux parties postérieures quelques petits noyaux d'engorgement sanguin au mi-
lieu d'une infiltration séro sanguine assez prononcé. Le cœur flasque, avec con-
crétions fibrineusesbien formées dans les deux oreillettes.
AppARiiiL DIGESTIF. Estomac pâle contenant des mucosités filantes. Quel-
ques érosions à fond pâle dans le grand cul-de-sac. Coloration rouge de la
moitié inférieure An jéjunum. Dans Vilèum cette coloration devient plus foncée
dt à vasoularisations très-fines. Des altérations plus avancées commencent à
être aperçues dans la seconde moitié de l'iléum. La muqueuse est d'abord comme
revêuie sur les valvules eonniveotesd'un enduit jaune verdâtre, adhérent, gra-
nuleux (dégénérescence hyperlrophique de la conche épithéliale) ; plus près de
la valvule, elle est érodée profondémeni, et des ulcérations nombreuses, taillées
à pic jusque surJa n>ascateuse forment une suite non interrompue d'aKéralions
jusqu'à la. valvule. Dans le gros intestin, on remarque des ulcérations très-
ûoiTibrenses, taillées à pic et comme dentelées, sur un fond pâle. Les tuniques
IntestinaJes y sont épatssifcs par suite d'infiltration séreuse.
Le péritoine, très-injecté au voisinage de la valvule iléo-coecale, présentait
entre les anses intesnnales quelques lambeaux de pseudo-membranes molles.
Rate, 18 centim. sur 11, a capsule blanchâtre, ridée, d'un tissu assez com-
pacte, à cellules tassées, d'un brun noirâtre.
jFoje; assez volumineux ;la face inférieure un peu déformée et arrondie, cou-
16A
Ifiur d'un jaune orangé uniforme ; texture grenue très-prononcée ; les granula-
tions ont de 1 Diiltim. à 1 millim. 1/2 de diamètre.
Reins. Aucune aUéralion de texture.
Centre nerveux. Sérosité transparente, 60 gr. dans la grande cavité de
l'arachnoïde ; injection assez prononcée ; consistance normale.
articulations. A pari l'articulation sterno-claviculaire gauche, les autres ne
présentaient rien d'anormal ; synovie assez visqueuse.
Système osseox. Pus jaunâtre dans l'articulation sterno-claviculaire gauche
avec absorption partielle des cartilages et de la lame osseuse sous-diarthro-
diale. Une petite portion du tissu spongieux est à demi détachée et en contact
dans l'articulation avec le pus. La clavicule, sciée dans toute sa longueur, pré-
sente à rexlrémité interne une inQllration purulente jaunâtre du tissu spon»
gieux, entourée par un cercle d'un rouge brun.
Le fémur gauche est entouré à son tiers moyen d'une couche d'ostéopbytes,
écl kU raillim. d'épaisseur. C'est un tissu ascolaire que le scalpel entame faci-
lement et dont les cellules contiennent une sorte de gelée transparente et légè-
rement sanguinolente. Ce^ bourgeons osseux s'enlèvent en partie avec le pé-
rioste, dans l'épaisseur duquel ils semblent développés.
' Deux petits abcès, du volume d'une noisette, à la face interne de l'os, à demi
«ncbaionnés par les ostéophytes, présentant un pus à peine jaunâtre, demi-
liquid.% contenu dans une membrane rougeâtre, épaisse d'un millimètre. Une
section longitudinale a fait apprécier les ulcérations suivantes: Intiltralion puru-
lente jaunâtre de tout le cylindre médullaire, avec pus jaunâtre liquide aux
deux extrémités du canal médullaire. Commencement de séquestration dans
toute la longueur de la diapbyse de la moitié interne au moins de la lame com-
pacte déjà séparée par un sillon delà partie vivante. Séquestration d'une portion
considérable du tissu spongieux vers l'extrémité supérieure.
Le fémur droit présente la même couche d'ostéopbytes, la même infiltration
purulente du cylindre médullaire, et aussi un commencement de séquestration
des [orlions compactes ou spongieuses, voisines de la membrane médullaire;
mais toutes ces altérations sont moins prononcées que du côté opposé.
Les liumérus ont aussi dans tout le canal médullaire du pus verdâtre. Ici
pas encore de traces appréciables de séquestration, ni d'ostéopbytes. Les autres
os n'ont rien présenté de notable.
L'observation dont nous venons d'exposer les détails pourrait donner lieu
à des inductions plus ou moins probables sur la relation éliologique des phé-
nomènes ultimes de la maladie avec celte Oèvre intermittente si rebelle qui
a duré près de dix mois, qui a été accompagnée d'engorgement de la rate,
et qui peut-être elle-même relevait d'une infection autre que l'infection pa-
ludéenne. Des indices certains, des caractères positifs nous manquent pour
rien aflirmer à cet égard. Mais d'un autre côté, en nous tenant dans la li-
i65
mile même du fait en question, nous ferons remarquer la grande ressem-
blance des tumeurs cutanées avec les tumeurs que Tou observe dans le far-
cio chronique, avec celte circonstance imjjorlanle que, dans notre cljser-
vation, les tumeurs de la peau ne se sont point abcédées. — La suite de
l'observation fait bien voir que si ces infiltrations sanguines eu plc-iiques
du derme ne se. sont point ulcérées, en d'autres points de l'éconoriiie, dans
d'autres tissus, la transformation purulente a eu lieu, précédée du même.
phénomène, l'infiltration sanguine, « dans l'articulation sterno-cliiviculaire
gauche, à la face interne du fémur du même côté. »
Les détails que nous avons rapportés montrent que, dans ces deux ré-
gions, il s'est produit d'abord un engorgement sanguin : « gonflement de
tout le corps du fémur du côté gauche, tuméfaction sterno-claviculaire gau-
che avec tache violacée au centre. » Il est donc infiniment probable que la
suppuration a eu lieu ici dans des conditions k peu près analogues à celles
que l'on rencontre dans les cas de farcin chronique, au milieu d'engorge-
ment sanguin des lissus. — Celte idée me semble d'autant plus admissible
que dans les affections purement scorbutiques on n'observe point cette dé-
sinence en suppuration. Dans ces affections ainsi que dans les cachexies
spléniques, on n'observe pas non plus ces gonflements ganglionnaires que
nous avons plusieurs fois notés dans le cours de cette maladie.
Il y a donc là, à part Tirapor tance purement analomiqus des altérations
osseuses, un de ces faits complexes que l'on ne sait comment classer, parce
que la filiation de ces phénomènes divers nous échappe complètement, à
savoir : la fièvre intermiltenle, l'engorgement de la raie, les taches et lestu-
meurs sanguines, les gonflements ganglionnaires, la suppuration de la mem-
brane médullaire et du périoste, symptômes en apparence étrangers les uns
aux autres, mais dont la plupart se sont succédé dans un ordre tel qu'il est
permis d'établir entre eux une relation quelconque de cause à effet.
RECHERCHES
SUR
LE TRICHIASIS
DES VOIES IIRI^AIRES
ET
SUR LA PILI-MICTION,
Par m. p. RAYER.
Je crois devoir dire, en coTnmen^ant,, comment j'ai été conduit à me
livrer ides recherches sur la présence des poiJs dans les voies nrinaires, et
sur leur émission avec Turine. Je n'avais jamais été dans le cas d'observer
ce phénomène pathologique, lorsqu'un des plus habile-s praticiens de Paris,
M. le docteur PauUn, ancien professeur de physique à Metz, m'adressa, il
y a quelques mois, un enfant qui venait de lui présenter ce singulier phé-
Doroeoe, sur la nature duquel 11 désirait avoir mon opinion. Mon expérience
personnelle ne m'ayant rien appris à cet égard, je dus m'enquérir des ob-
168
servalious et des remarques consignées dans les annales de la science, et ra?
livrer à de nouvelles recherches. Je publie aujourd'hui le résultat de ces
éludes, dans l'espérance qu'elles pourront jeter quelque lumière sur un
point encore fort obscur et peu connu de la pathologie des voies urinaires.
Plusieurs auteurs attribuent à Hippocrate la première notion relative à la
présence accidentelle des poils dans l'urine (Mitchell, H.- J.- A. Uaedt, etc.),
notion que d'autres lui contestent. Pour les uns, le fait est assez clairement
indiqué dans TAphobisme 76 de la section IV ; pour les autres, et je suis
de ce nombre, la signification de cet Aphorisme est obscure, ou plutôt,
suivant raoïi, ce passage parait s'appliquer à des concrétions fibrineuses pili-
formes, et non à de véritables poils.
Je dois faire remarquer d'abord que les traducteurs et les commentateurs
d'Hippocrate ne sont pas d'accord sur le texte. MM.Lallemand et Pappas (1),
par exemple, adoptent le texte de cet Aphorisme, d'après Galien, et écri-
vent : ôxoioisiv èv t«^ oûptj) TOt/eî èôvîi ffapx\a ffjuxpà, -JJ ÛTnep "cpCj^sç Çuve;ép-
'/ovTat.toutéowivA-Kb twv vesppôiv èxxpCvetat (Ta'Xifjvd;), » qu'ils traduisent ainsi :
« Quand les urines épaisses contiennent de petits morceaux de chairs
» ou des matières filiformes, ce sont les reins qui les fournissent. »
M. Liltré (2), se fondant sur ce que l'addition de ^, daus plusieurs ma-
nuscrits et dans quelques éditions, est due uniquement à Galien, qui déclare
lui-même qu'elle manque dans tous les exemplaires qu'il a consultés, a
rétabli le texte primitif de cet Aphorisme et le traduit ainsi : « Quand, dans
» l'urine épaisse sont rendus de petits filaments de chair comme des
» cheveux, une telle sécrétion provient des reins. »
On voit de suite la différence des deux textes et des deux versions. Pour
en expliquer iorigine, je rapporterai, en entier, le commentaire de Ga-
lien (3) sur cet Aphorisme, malgré les explications hypothétiques dont ce
commentaire est surchargé : «Les})e/2^e£cAatr5,ditGalien,indiquentlasub-
» stance rénale; ce qui est comme des cheveux n'indique nullement cette
» substance. Il n'est pas vrai non plus que ce soit, comme quelques-uns l'ont
» pensé , une urine venant de la dissolution et de l'érosion de la vessie ;
(f) Laiiemand et Pappas, Apuorismes d'Hippocrate, traduits en français, avec
le texte en regard, in- 12, 1839.
(2) Litlré (E.) OEuvkes complètes d'Hippocrate, trad. nouvelle avec le texte
en regard, t. IV, p. 531, in-8». Paris, 1844.
(3) Galcni, In Aphorishos Hippocr., Commtntariut 4, Aph* 76. — Galeni,
Opéra, vol. iii. Basiles, l&OO.
169
» car alors celle exeréliou est plutôt pétalolde, et c'est ce qu'Hippocrate
» lui-même a dénommé, un peu plus haut, squames. Voici ce qu'il en est
» de ce phénomène dont le hasard nous a rendu plusieurs fois témoin ; de
y fait, d'autres médecins qui ont beaucoup de pratique disent aussi l'avoir
» observé maintes fois. Les modernes nomment cette affection trichiasis,
» attendu que ce qui se montre alors dans l'urine, est semblable à dea
» cheveux et particulièrement à des cheveux blancs. Un malade pissait
» de tels petits corps, d'une longueur à peine croyable, car quelques-uns
» atteignaient une demi-coudée de long. Ce malade, presque toute l'année
» précédente, avait vécu de farine de légumes, de fèves, de fromages mous
» et secs. Au reste, tous ceux qui ont rendu de telles urines usaient d'ali-
» ments à sucs épais. De la sorte, ce suc étant cuit dans les reins, les
» concrétions filiformes prennent naissance. De plus, le traitement
» confirme le raisonnement sur la cause. En eflel, les malades ont été gué-
» ris à l'aide de médicaments atténuants et incisifs, et d'un régime humec-
» tant; mais si ces concrétions avaient été dues à l'ulcération soit des
» reins, soit de la vessie, non-seulement les malades n'auraient reçu au-
» cun soulagement par de tels remèdes, mais encore leur mal en aurait été
» aggravé extrêmement. Il faut donc, ici comme dans le reste, admirer
» Hippocrate, qui a reconnu des choses ignorées, même aujouid'hui, de
» beaucoup de médecins. On remarquera aussi l'exactitude merveilleuse
» de l'expression : ces choses sont sécrétées des reins. Il n'accuse pas,
» comme dans l'Aphorisme précédent, l'ulcération des reins, mais il dit
» simplement que celte sécrétion provient des reins; nous dirions de
» même, une pierre étant rendue avec l'urine, qu'elle vient des reins, non
» parce qu'elle est une portion de la substance de ces organes, mais parce
» qu'elle s'y est concrétée. Les petites chairs appartiennent à la sub-
» stance des reins tout à fait ulcérés; les choses comme des cheveux se
» forment à la vérité dans les reins comme les pierres, mais n'appartien-
i> nenl pas à la substance rénale. Cet Aphorisme est mal écrit dans tous
» les exemplaires, sans ti : napxCa a-uxpi ôSjtop «cpCxE^;» ^^ petites chairs
» comme des cheveux. En effet, de petites chairs n'ont jamais ressemblé
» à des cheveux. Mais entre wixtxpi et ûTrep, il faut inlercaller la voyelle
» -fi (ou), de sorte qu'Hippocrate parle de deux choses et non d'une seule.
» La première est de petites chairs^ la seconde : comme des cheveux.
m Quand des concrétions piliformes sont rendues, l'urine est toujours
w épaisse; il semble qu'une substance phlegraatique que les veines ont
» rassemblée est excrétée par les reins. Quand de petites chairs sont ren-
170
» dues, l'urine n'est pas Décessairement épaisse. Je n'ai jamais vu une
» telle affeclion rénale, j'ai \u parfois dnns des fiè\Tes où l'on observe des
» sédiments dits 6po6oet£fe; (semblables à de la farine d'Ers), des choses
» semblablesà des chairs; maisje n'ai jamais vii de véritables {utiles chairs. »
L'insistance que Galien met à prouver qu'Hippocraie a voulu parler,
dans cet Aphorisme, de deux choses distinctes, de petites chairs et de
petii.f cvrps comme des cheveux, ne me paraît pas justifiée. Nul dûu!e
que Galien n'ait vu plusieurs fois évacuer par l'urine deux espèces de
corps, savoir des concrétions sanguinolentes, comme de la chair fou des
caillots) et des filaments semblables à des cheveux. Mais il est incontes-'
table que, dans cet Aphorisme, Hippocrate ne parle que d'une seule de ces
choses, des petites chairs comme des cheveux. Maintenant, que peuvent
être ces petites chairs, ces filaments semblables à des cheveux et surtout
à des cheveux blancs, suivant Galien, et ayant quelquefois une demi-coudée
de long, filaments qu'il n'est pas, dit-il, rare d'observer? J'avoue que je ne
puis croire que ce soient de véritables poils. Ceux qu'on a rencontrés,
dans des cas rares, dans les reins et dans la vessie, ou dans l'urine, ou dans
des calculs, n'ont jamais présenté celle longueur; d'ailleurs Galien dit qu'il
a Vil des corps semblables à des poils, et il eût dit qu'il avait vu des poils
s'il en eût réellement observé. De quels corps parle-t-il donc? Ce ne peut
être, ce me semble, que de filaments fibriueuxgwî proviennent dusang des
reins dans certaines afTections de ces organes, filaments dont la longueur
peu» être réellement d'une demi-coudée lorsqu'ils se sont formés dans toute
l'étendue des uretères. On peut objecter, sans doute, que ces filamenls
tibrineux sont plus volumineux que des cheveux ; mais ayant égard à, la
forme de ces filamenls, Galien a pu dire semblables à des cheveux, sans
s'écarter beaucoup delà vérité. Si cette interprétation est fondée, l'addition
de r-n réclamée par Galien doit être rejelée, et M. Littré a eu raison, à tous
égards, en rétablissant le texte primitif de l'Aphorisme 76.
Un passage de Ceise (.1), souvent cilé comme un témoignage ancien de
rexisleucedelapiiimiclioo, n';\ pas ti'ail évidemment non plus à de véri-
tables poils; c'est la reproduction à peu près textuelle de la pensée expri-
mée dans l'Aphorisme 76 d'flippocraie : « Si h^c crassa (urina) carunculas
» quasdam exiguas quasi capillos habel, aut si buUal et raaiè olet, etc
» uliqucin renibus vitiura est. » Ces peliles chairs, fines comme des che~
(1) CaIsus, De RE MïoiCA, lib. ii, seet. 7, p. 61 , édit. in~l3. Parisiis, 1S234
171
veuXf et qui indiquent une lésion des reins, sont, je le fépète, très-proba-
blement des filamenis fibrineux.
Sur ce point de pathologie, les médecins arabes n'ont rien ajouté, rien
éclairci ; les deux passages suivants d'Avicenne (1) expriment leur pensée
sur la formation, dans les voies urinaires, de ces corps semblables à des
cheveux, et sur la médication qu'elle réclame : « Miclos vcro sanguinis
» permisti cum hnmoribus grossis, fit plurimum propter debilitalem re-
» num. Et simililer micliis rei similis capîllis mictus antem capillorum
1) indiget ut in ipso admioistrantur subtilaliva incisiva, etc. » On le voit,
pour les Arabes, comme pour les médecins grecs et latins, il s'agit évi-
demment, non de véritables poils, mais de corps semblalles à des che-
veux.
Le pass.ige suivanf, d'Acluarius (2), auteur empreint des doclrines dft
Galien et des Arabes, témoigne également qu'au temps où il écrivait, on
admeltail que l'urine pouvait contenir de petits corps semblables à des
poils ; mais on chercherait vainement, dans cet auteur, un mot relatif à la
présence de véritables poils dans l'urine : « Quœ vero similia sunt capillis :
» in iisvasis quœ a renibus advesicam descendmit, generantur. Atque
» quanla est iongiUido vasoriim iolernorum : tanta generatur bumoris
» spissiludo et assatio : atque iila veluli capilli simililer extenduntur.
» Proiudè quum ?aepiushiBC speclaverim in aliquorum urinas: nequicquam
» aberravi à judicio et praevidentia, dicens illos malè habere renibuâ. »
En résumé, rien ne prouve que les observations et les remarques des
médecins de Panliquité et des médecins arabes, sur les corps semblables
à des cheveux ou à des poils, rendus avec l'urine, soient relatives à de
véritables poils. L'analyse des passages où il est fait mention de ces corps,
rapprochée des observations faites dans ces derniers temps sur les appa-
rences que certains éléments du sang peuvent prendre dans les voies uri-
naires, tend à démontrer que ces filaments, semblables à des cheveux,
étaient des filaments fibrineux plus ou moins décolorés.
Les observations des premiers palhologistes français, sur cette matière.
(1) ATicennîB, Libri in re bedica. In-fol.Venetiis, 1504, lib. m, f*n. 19, tract. 2
p. 884, cap. 20. <« De micm ï^anguinis et saniei et urioa simili loturaB camh et
it capillorum, et de urinis exlraneis quœ sunt similes illis. »
(2) ActuariL, De criîiis libri sehtem de crbco sermonk in latincm conversk
In-S". Parisiis, i622, — Decaosis crinardm, lib. xxi, p. 61.
172
ne s'appliquent pas non pius à de véritables poils. Fernel (1), après avoii
dit ; « Filamenla albis capillis similia a renibus reddi, aulhor est Ilippo-
» crates, » ajoute qu'il a vu ces filaments provenir plus souvent, chez
i'horame, des vaisseaux spermatiques, que l'on désigne sous le nom de
prostate, et surtout à la suite des gonorrliéei, et qu'il les a aussi observés
chez les femmes atteintes de fleurs blanches. Évidemment, Fernel parle ici,
non de véritables poils, mais de ces petits filaments blanchâtres fournis soit
par les conduits spermatiques, soit par les conduits prostatiques, par les
follicules de l'utérus et du vagin, par les plis ou par les lacunes de Turèlre,
filaments que l'on remarque assez souvent dans l'urine des individus qui
ont eu des blennorrhagies chroniques. Évidemment aussi, Fernel pense
que l'Aphorisme d'IIippocrate se rapporte à ces filaments blanchâtres^
bien qu'Hippocrate parle simplement de petites chairs comme des che-
veux, sans leur assigner une couleur : c'est Galien qui a dit que ce qui se
montre alors daus l'urine est particulièrement semblable à des cheveux
blancs.
L'opinion que l'urine contient quelquefois des petits corps semblables à
des poils est reproduite dans plusieurs écrits postérieurs à Fernel. L'au-
teur d'une dissertation inaugurale, souteoueen 1703, John-TobiasKU'lt(2),
donne du trichiasis une définition applicable à une inflammation des voies
urinaires, dont un des principaux symptômes serait l'excrétion de filaments
en forme de cheveux {urina cum filamenîis capillaribus) : « rptx'ai'c
B seu roictus pilaris audit depravata urinae excretio cum filamentis capil-
» /arî6M*',admixta haud raro roateria mucosa,pullacea, purulenta, fœtente,
» arenulis, modo cum, modo sine sanguine, pracviaque urinae suppressions,
» aut difficultate, saepè etiam illius incontiuentia ; inquietudine corporis,
» ventris et lumborum tormioibus, dolore et ardore colii vesicae, pubis ac
(I) Fernel, Universa MEDiciNA. In-fol., p. J68.Coloniae Allobrogum, 1679: «At
» ipsi animadvertimus ea saepius ex iis vasis spermaticis derivàriquse parojfafœ
» dicuntur, in quibus teretem figuram sortiuntur ex seminis materià, quae vi
» morbi sensim defluens, calore crassescit. Apparent autem in iis plurima qui
» fœda exulcerataque gonorrheea correpti non ita pridem fuerunt, et iis mulieri-
M bus quibus albicantes menses profluunt, aut utérus fœda colluvie turget, etc.»
(2)Klett(J.-T.), De tkichiasi seu mictc piLARi.Altd., 1703 — Ploucquet indique
deux autres dïÊsertations sur le même sujet, que je regrette de n'avoir pu con-
sulter : ScuUetus (Joh.), Trichiasis adhiranda, seu MORBDS PILARIS OBSERVÀTUS.
Norib. 1668. In-12. — Gœlicke, Diss. de trichosi. Fr., 1724.
173
») perinœi prurilu, virgge erectione, tenesmo, ac frequenli desidendi cupidi-
» tate » Évidemment les expressions Tpt-^iï(jti;,m?c<us pilaris, ne sont
pas prises ici dans leur sens grammatical ; il ne s'agit pas encore ici de vé-
ritables poils ; ces filaments piliformes ne sont autre chose qu'une forme
particulière soit de la fibrine, soit du rauco-pus. soit de l'humeur des folli-
cules ou des lacunes de l'urètre, déposées dans l'urine.
La même remarque s'applique aux mêmes expressions, employées par
des auteurs à peu près du même temps. Ainsi dans le passage suivant, extrait
de l'IIiSTORiA MORBORUM VRATisLAViESsioM, anni 1701, trichiasinseu ca-
pillos cum urina excrcios paraissent d'abord signifier de véritables poils ;
mais la suite du passage où l'auteur rappelle les remarques d'Hippocrate, de
Celse et de Galien prouve qu'il s'agit réellement de petites chairs comme
des poils ou semblables à des poils (1). o Nolavimus eadem tempestale in
» quibusdam tvichiasin,seu capillos unà cura urinâ excrelos,quos a renibus,
* cum crassâ urinâ excerni docel scholallippocratica, secuta l. U, aph. 76,
» et textum ex lib. de naturd humanâ propè finem. Ejus autem generis
» exoreraenla, seu, ut impropriè loquitur Celsus caruncuiae exiguœ, quasi
» capiili, crassos indicant in corpore humores. Hi autem ipsi capillorura
» fjguram induunt, non in venis, sicul credidit Galenus {L 6 de locis
» affectis, c. 3), nec in renum pelvi, sed in illis tubulis exilibus, aut, ut ila
» dicam, fibrillis urinariis, perquas sérum Iranscolatur, quarum figura, si
» Bellino, Borello aliisque credimus, ad filamenta illa producenda est ap-
j» lissima. »
Les opinions des anciens sur le trichiasis sont reproduites dans la plu-
part des traités de médecine de cette époque. Ainsi Lazare Rivière (2) rap-
pelle les passages d'Uippocrale, de Galien, d'Acluarius et de Kernel rela-
tifs à ces corps semblables à des cheveux, quB les uns font provenir des
reins, d'autres des uretères, d'autres enfin de la prostate et des conduits
séminifères; mais comme les auteurs didactiques qui l'ont précédé, il garde
le silence sur l'émission avec l'urine de véritables poils.
Après avoir exposé et discuté plusieurs passages d'auteurs anciens
relatifs au trichiasis, et qui avalent été mal interprétés, j'arrive à
l'examen d'une série de faits très-importante dans l'histoire du tri-
(1) HlSTORIA MORBORUM QVl ANNIS 1699, 1700, 1701, 1702, VRATISLAVtA GRA8-
SATi SONT, praefat. Ilaller. — Ïb-4% p. 262. Lausannae el Genevae, 1746.
(2) Riverii (Laz.), Opéra medica, — In-folio, p. 348. Lugduni, 1738,
174
chiasis des voies urjnaires et de la pili-raiclion, à celle qui est relative à
rémission de véritables poils avec Turine ou de filaments regardés comme
tels, à rexlraclioQ de mèches de poils de la vessie, à la constatation sur le
cadavre de poils dans cet organe ou dans les reins, enfin à la gruvelle pi-
leuse et à rextraction de calculs urinaires ayant des cheveux ou des poils
pour noyau, ou disséminés dans leur intérieur ou appliqués à leur surface,
Ces faits, recueillis de loin eo loin, comme tous les cas rares, par des ob-
servateurs qui ne méritent pas tous une égale confiance, n'ont pas encore
été discutés, au moins dans leur ensemble, et d'une manière approfondie.
J'ai rapproché les uns des autres ceux qui m'ont paru se ressembler le plus
ou s'éclairer mutuellement, et j"ai indiqué ceux qui m'ont semblé manquer
de détails essentiels. En agissant ainsi j'ai cru que j'arriverais plus sûrement
au but que je me suis proposé : celui de faire connaître ce qu'il y a de vrai
et de démontré et ce qu'il a de faux ou d'incertain dans l'histoire du Iri-
chiasisdes voies urinaires et de la pili-miction.
Je discuterai ces faits dans les paragraphes suivants :
§ I. — Poils dans les reios ou plutôt dans le bassinet.— Poils dans les
uretères ?
§ II. — Poils trouvés dans la vessie et développés dans les voies uri-
naires.
§ III. — Poils trouvés dans la vessie ou rendus avec l'urine, provenant
de tumeurs contenant des poils ouvertes dans la vessie.
§ IV. — Poils dans la prostate ou dans le canal de l'urètre.
§ V. — Poils dans des urines qui contenaient en même temps, soit du
mucus, soit du sang, du pus ou d'autres matières animales étrangères.
§ VI. — Poils dans l'urine chez des individus atteints de gravelle uî ique
ou de calculs uriques.
§ Vil. — Poils incrustés de phosphate de chaux et de phosphate de ma-
gnésie et quelquefois d'une certaine quantité d'acide urique {gravelle pi-
leuse, Mageudif). Poils servant de noyau à des calculs phosphatiques ou à
des calculs dont la composition n'a pas été déterminée.
§ VllI. — Poils dans l'urine; graviers dénature indéterminée; urine
purulente.
§ IX. — Filaments piliformes et poils d'animaux observés dans les urines,
les sédiments, tes graviers ou les calculs et confondus à tort avec les poils
de l'homme.
175
§ I. — POILS DANS LES REINS OD PLUTÔT DANS LA CAVITÉ DU BASSINET. —
POILS DANS LES URETÈRES.
J'ai fait remarquer plus haut qu'Hippocrate et Galien avaient pensé qu'il
se formait quelcjuefois tlai>3 les reins des inaiières semblables à des poils,
et qui étaient rendues avec î"unne. Or, malgré les nombreuses recherches
anatomiques faites sur les maladies des voies utinaires, surtout dans ces
derniers temps, personne n'a constaté, dans les reins, ces filaments pili-
formes, admis par Hippocrate et par Galien; mais comme plusieurs chi-
rurgiens et anatomistes, j'ai quelquefois trouvé dans les uretères des fila-
meuts fibriueux, formés par du sang provenant des reins, et auxquels
peuvent s'appliquer les remarques des deux plus célèbres médecins de
l'antiquité,
Je ne connais qu'une seule observation qui établisse la possibilité du
développement ou de lexistence des poils dans le bassinet et les calices.
Cette observation est due à notre célèbre Bichal (1). « Quelquefois, dit-il,
» lise forme des poils à la surface interne des membranes muqueuses; on
» en a vu dans la vessie, l'estomac, les intestins. Divers auteurs en citent
» des exemples. Ten ai trouvé sur des calculs du rein. La vésicule du
» fiel m'en a offert aussi une douzaine d'un pouce à peu près et qui étaient
» évidemment implantés à sa surface. »
J.-Frédéric Meckel (2), en rappelant ce fait, substitue d'abord les mots
calcul vésical, à ceux qui avaient été employés par Rirhat, calculs des
reins. « Le phénomène le plus remarquable de tous, dît Meckel, est celui
)) dent parle Bichat, de la formation de poils sur un calcul vésical. Si ces
» poils n'avaient pas pris naissance dans la membrane muqueuse de la
» vessie, je ne puis me rendre raison de leur développement qu'en adraet-
» tant l'organisation du mucus visqueux que j'ai vu plusieurs fois non-
» seulement entourer de toutes parts les calculs urinaircs, mais encore
» pénétrer dans leurintérieur. » De ces deux suppositions de Meckel, l'une,
applicable à de véritables poils développés à la face interne de la vessie ne
peut être admise, dans ce cas, puisqu'il s'agit d'un calcul rénal; l'autre,
(1) Bichat, An ATOMiE GÉNÉRALE, nouv, éd. parBéclard etBiaudin. Paris, 1830.
T. IV, p. 534.
(2) Meckel (J -Fréd.), Mémoire slr les poils et les dents qui se développent
ACaDENTELLeUENX DANS LE COBPS (JOURN. COMPL. DES SCIENCES MEDICALES, t. IV.
p. 129^
1^6
relative â la possibilité de la transformation de filaments muqueux en de
véritables poils, est très-contestable.
Toutefois il me répugne à penser que Bichat se soit trompé et qu'il n'ait
pas vu de véritables poils; mais il est regrettable qu'en présence d'un fait
aussi rare, il se soit borné à un simple énoncé et qu'il n'ait rien dit de l'élat
de la membrane muqueuse du bassinet et des calices.
Aucune observation anatomique n'est venue prouver qu'il pût se former
de véritables poils dans les uretères.
Lorsque Actuarius dit que les filaments semblables à des poils qu'on ob-
serve, quelquefois dans l'urine proviennent de ces conduits dans lesquels
une matière épaisse s'est concrélée et pour ainsi dire moulée, cette expli-
cation ne peut évidemment s'appliquer qu'à des filaments fibrineux (i) plus
ou moins décolorés. Du mucus ou des fausses membranes se rapprocbe-
raient moins, par leur forme, des véritables poils.
§ II. — POILS TROOVÉS DANS LA VESSIE ET DÉVELOPPÉS DANS LES VOIE»
CRINAIRES.
Guidé par l'analogie de structure des membranes muqueuses, Bichat,
dans un passage cité plus haut, ne met point en doute qu'on n'ait quelque-
fois observé des poils à la face interne de la vessie urioaire ; mais il n'en
cite aucun exemple. J.-F. Meokel (2) paraît d'abord partager cette opinion.
(1) On a peine à comprendre comment Schenck a pu rapporter, comme un
exemple d'émission de poils avec l'urine, l'observation suivante ; « J'ai vu
» (Schenck, Ous. medic, lib. 3 De drlms, obs. 23, p. 486) dans Pierre Cellini
» qu'un malade rendait des poils, longs à peu près d'une demi-palme^ gros
» comme le petit doigt d'un enfant et au-dessus, tirant snr le rouge. En même
» temps élaient rendues d'autres matières inconnues qui tantôt avaient la
» forme de sangsues, tantôt celle de grenouilles au commencement de leur
» existence dans l'eau, et qui avaient plus de consistance que des poils. J'ou-
» vris quelques-uns de ces corps : ils contenaient du sang. Pendant cette
» émission le malade ressentait au pubis des douleurs presque intolérables
» auxquelles il finit par succo^iber. » (Nicolas de ï'iorence, Diss. 5, traité 10,
chap. 21.) Ou voit de suite que ces prétendus poils n'étaient que des concré-
tions librineuses ou des fausses membranes.
(2) Meckel (J,-Fréd.), MÉu. soR les poils, etc. (Journ. compl. des sciences
MÉDIC, t. IV),
177
« Il n'est pas rare, clil-il, que la vessie soit hérissée de poils: Schenck,
» Horsl, Fabrice de ililden. Tulp, Powel, Ilivière, IJamelin, en cilent des
» exemples. » Mais il ajoute : « Cependant Taulopsie cadavérique n'a, dans
» aucun cas, démontré sans réplique que ces poils se fussent formés réel-
» lement dans la vessie ou mêrae seulement dans les voies urinaires. » Il
est évident que l'expression hérissée de poils employée par Meckel
n'est pas exacte et a dépassé sa pensée qui, en réalité n'est qu'une présomp
tion déduite de la pili-miclion et non une certitude anatomique.
Mais Maurice Ilolîiuann a vu des poils à la surface d'un calcul vésical,
comme Bicbat en a vu à la surface d'un calcul rénal. Voici le fait :
STRANGORIE, TÉNliSME CHEZ DN ENFANT ; DYSURIE AVEC ÉMISSION DE POILS ; MORT.
— DEUX CALCULS ET DES POILS DANS LA VESSIE (1).
Obs. f . — Un enfant de 6 ans vécut misérablement à AUorf, ma pairie, con-
stamment tourmenté de sti'angurie, de douleurs d'entrailles et de ténesme. Cet
enfant rendait de temps eu temps des poila, avec une extrême dilliculté pour
uriner. Les parents en cherchaieni la cause dans quelque maléfice; mais de
plus sagaces attribuaient ce phénomène, d'après les autres symptômes, à la
présence d'un calcul dans la vessie. L'enfant étant mort, l'autopsie démontra
la justesse de cette opinion, car dans la vessie urinaire on trouva nu double
calcul que nous avons représenté avec sa forme et ses dimensions. L'un de ces
calculs était reçu dans une excavation de l'autre, laquelle provenait de l'habi-
tude qu'avait le malade de se croiser les jambes à la manière des tailleurs, atin
de diminuer ses atroces douleurs. Cette position, en faisant tourner et se super-
poser les calculs, produisit cette excavation. Le calcul double paraissait formé
d'une substance topbacée et blanchâtre comme du plâtre et laissait sur les
doigts une poussière blanche. Le plus petit, placé au-dessus de l'autre, était
recouvert d'une croûte de couleur rouge foncé, polie et brillante. Des poils
minces se trouvaient çà et là, soit droits, soit enroulés, et parsemés de par-
ticules tibro-muqueuses assez dures.
Si un semblable cas se présentait aujourd'hui à un anatoraiste, nul doute
qu'il ne s'attachât à démontrer par l'inspection microscopique, par la con-
statation d'une substance corticale et d'une substance médullaire dans les
filaments observés à la surface des calculs, qu'il s'agit réellement de véri-
tables poils ; nul doute qu'il ne cherchât à découvrir des poils soit à la face
interne de la vessie, soit dans l'intérieur du bassinet. Cependant il esldiffi-
(1) Hoffmann (Maurice), Trichiasis cdm calcllo vesic^e gencino sibî in medio
INCCMBENTE. (EPHEM. NAT. CURIOS., Cent. V et VI, obs. ItTi.)
12
178
cile de se refuser à admettre, dans ce cas, la coexistence de poils avec des
calculs vésicaux. Non-seuleraent Hoffmann dit que, chez le petit malade,
rémission des poils était accompagnée d'une extrême difficulté d'uriner ,
mais ore, après avoir décrit les deux calculs trouvés dans la vessie, il
îijoute : « Des poils minces se trouvaient çà et là, soit droits, soit en-
roulés, et parsemés de particules tibro- muqueuses assez dures, » Celle
phrase ne me semble permettre aucun doute. Toutefois on ne comprend
pas comment, ayant figuré les deux calculs (curt. viii, obs. /j5, cent. yi)i
Hoffmann ait omis de représenter les poils dont la présence était la circon-
stance véritablement intéressante de l'observation.
M. Maillet (1), qui a rencontré fréquemment des poils sur la membrane
mnqueuse de l'estomac et de riotestin du cheval, les a cherchés Inutile-
ment sur la membrane muqueuse des voies génito-urinaires, chez le cheval,
le tœuf, le mouton et le chien. Comme lui, j'ai observé des poils dans la
portion pylorique de la membrane muqueuse de l'eftomac du cheval. Ces
poiU, que nous avons étudiés M. Davaine et moi (2), n'ont quelquefois
(1) Maillet, Recherches sor les productions pileuses de la mcqueuse diges-
TIVE DD CHEVAL (BOLL. DE LA SOCIÉTÉ ANAT., 1836, p. 41-375).
(2) L'existence de ces poils n'étant pas généralement connue des analomistes
et les irailés d'anatomie de l'tiomnie et des animaux n'en faisant pas mention,
je les décrirai sommairement ici, d'api es l'observation que nous en avons faite,
M. Davaine et moi :
Les poils de l'estomac du ctieval que nous avons recueillis avaient d'un à 2
millinièlres de longueur et 2 cenlièuies de milliinèlre de diamètre. Ils étaient
d'un blanc roussâlre, légèrement arqués, atténués aux deux extrémités. Vus
implantés sur la membrane muqueuse, leur partie libre paraît renQée en mas-
sue par l'adjonction d'une sorte de gaine brunâtre qui la coifle. Cette gaîne
éirangère au poil, se brise parla pression en fragments dont la substance in-
soluble dans l'acide acétique, l'ammoniaque et l'éther, n'offre au microscope
aucune organisation appréciable. La portion adhérente du poil traverse toute
l'épaisseur de la membrane muqueuse, sous laquelle on peut observer un ren-
Oerneni correspondant probablement au bulbe. Celle portion du poil s'amincit
graduellement Jusqu'à sou extrémité qui oUre tout à coup un renflement termi-
nal, comme la tête d'une épingle. Vus au microscope, ces petits poils présentent
une substance corticale et l'apparence d'un canal central. Sur la substance
corticale, on distingue à un fort grossissement de légères stries onduleuses,
transversales, qui rappellent l'aspect squammeux des poils de la peau. Un canal
central ou l'apparence d'un canal central peut être observé dans toute la Ion-
179
qu'un à 2 milHm. de loogueur, et on ne les découvre qu'en les recher-
chant avec beaucoup d'alleuUon, à î'œil nu ou armé d'une loupe. Depuis
celle époque, je les ai cherchés inulilement chez l'homme, non-seulement
dans l'estomac, mais dans les voies urlnaires, et en parliculierdans la vessie;
j'ajoule que je n'ai pas examiné un grand nombre de fois ces organes avec
toute l'allention nécessaire. L'examen du bassinet, de la vessie el du canal
de l'urèlre, tel qu'on le fait habituellement dans nos amphithéâtres, ne per-
mettrait pas d'apercevoir de petits poils, surtout s'ils n'avaient que la di-
mension de ceux que l'on rencontre le plus ordinairement à l'orifice pylo-
rique de l'estomac du cheval. Ce point d'anatomie pathologique réclame de
nouvelles recherches.
$ III. — POILS TROUVÉS DANS LA VESSIE OD RENDUS AVEC l'DRINE, PROVE-
NANT DE TUMGCRS CONTENANT DES POILS, OUVERTES DANS LA CAVITÉ DE
CET ORGANE,
On a plusieurs fois trouvé des poils libres ou attachés à des portions de
peau, dans la cavité de la vessie, chez des femmes qui, pendant la vie,
avaient présenté «ne tumeur plus eu moins considérable dans le voisinage
d'un des ovaires. Lorsque la maladie s'est terminée parla mortel que l'au-
topsie du cadavre a éîé faite avec sein, on a pu constater qu'un kyste con-
tenant dos poils, s'était ouvert dans la vessie, avec les parois de laquelle il
avait contracté d'intimes adhérences. On comprend de suite que la pili-
miction que plusieurs de ces malades ont présentée pendant la vie est tout
à fait distincte par son origine, par ses symplômes et par les lésions qui
l'accompagnent, de la production des poils dans les voies urinaires, du
v^itable trichiam. Lorsqu'on aura rassemblé un assez grand nombre de
cas biea authentiques, de cette dernière affection pour pouvoir en faire
une description générale, satisfaisante, on devra se borner à mentionner,
en traitant du diagnostic, la piii-roiclioo consécutive à l'ouverture de
kystes pileux dans ia veasie. Aujourd'hui l'histoire des diverses espèces de
pili-miclion est si peu avancée que j'ai cru utile de mettre les fails sui-
vants sous les yeux du lecteur.
-• - ■ - ■ ■ ■ ■■ , ^^^_^ — ^ —
gueur du poil jusque vers sen extrémité libre. Son diamètre est du sixiènne aa
huitième de celui du poil. Il parait se terminer dans le renflement bulbaire,
soit en se bifurquant, soit en s'évasant en forme d'ampoule; il offre eu quel-
ques points des granules moléculaires transparents.
180
/
ACCOUCHEMENT A TERME D'UN ENFANT MORT; VINGT-DECX JOURS APRÈS, FIÈVRE
l'UERPÉRALE TERMINÉE PAR LA MORT ; PRÈS DE L'OVAIRE DROIT, TUMEUR DO VO-
LUME d'un oeuf I)E POULE, ADHÉRANT A LA VESSIE QUI CONTENAIT, DANS SA CAVITÉ,
DES POILS, PELA MATIÈRE GRASSE ET UNE MATIÈRE OSSEUSE (1).
Obs. II. — Le docteur Amos Hamelin (de Durham), dans le comté de Grune,
Ëtat de New-York, a communiqué au professeur et sénateur Mitchill une obser-
vation sur des cheveux croissant dans l'intérieur de la vessie dont voici l'ex-
tiait :
Une femme âgée de 24 ans, accoucha à terme d'un enfant mort, et fut atteinte,
six jours après, d'une fièvre puerpérale maligne à laquelle elle succomba au bout
de vingt-deux jours.
A l'ouverture du cadavre, faite en présence de beaucoup de personnes, le
docteur Hamelin trouva la vessie très-distendue et environ la moitié dans un
état de mortification. Il y avait, près de l'ovaire droit, une tumeur à peu près du
volume d'un œuf de poule. L'intérieur de la vessie renfermait une matière
épaisse et fétide, mêlée de cheveux. L'ayant nettoyée, il découvrit que la tumeur
s'étendait dans la cavité de la vessie et que les cheveux naissaient de la mem-
brane interne qui couvrait cette tumeur. Les cheveux, réunis en une masse ovale,
s'étaient accomniorlés à la forme de la vessie ; celte masse, avec la matière qui
y adhérait, avait 5 pouces de longueur et 3 de largeur. Lorsque les cheveux
furent lavés, nettoyés et séchés, ils pesaient deux gros. En incisant la tumeur
du côté intérieur, on y trouva une substance osseuse et une autre en très-petite
quantité qui ressemblait à celle du cerveau. Les intestins étaient distendus par
be.Tucoup d'air; la partie de l'utérus en contact avec la vessie paraissait être
légèrement enflammée; les uretères étaient un peu distendus. Les reins et tous
les autres viscères furent trouvés dans l'état naturel. La longueur des cheveux
était généralement de 4 à 12 pouces; on en a mesuré un de i8 pouces. La mère
de cette femme apprit au médecin que sa fille avait été incommodée d'une stran-
gurie pendant quelque temps, trois ou quatre ans auparavant; qu'elle en avait
Ole reprise quelquefois pendant sa grossesse, et qu'elle n'avait fias eu d'autre en-
fant. Le médecin a envoyé au professeur Mitchill la portion de la vessie et la
tumeur adhérente d'où naissent les cheveux et les cheveux qu'il avait coupés en
présence de témoins.
(1) Observation sur des cheveux trouvés dans l'intérieur de la vessie (extr.
de la correspond, du docteur Valentfu, Bull, de l'Ëcolk et de la Soc. de héd.,
808, n» 4, p. 5«).]
181
GROSSESSE; POJLS RENDUS AVEC L'tlRlNE ; ACCOUCHEMENT NATUREL; INCISION liE
l'urètre ; EXTRACTION d'uN CALCUL DE LA VESSIE ET DE PLUSIEURS MÈCHES
DE POILS ; DEUX MOIS APRÈS , DOULEURS SUIVIES d'uNE NOUVELLE ÉMISSION
DE POILS AVEC l'urine; EXTRACflON d'UN MORCEAU DE PEAU GARNI DE CHEVEUX,
d'un PETIT OS, d'une DENT MOLAIRE; GUÉRISON (t).
Obs. III. — Une femme, âgée de 24 ans, enceinte pour la deuxième fois, est
tout à coup prise de douleurs vives dans la région de la vessie; elle éprouve de
fréquentes envies d'uriner et rend avec les urines des poils dont plusieurs
sont chargés de concrétions salines. Elle accouche heureusement; mais les
urines sont toujours les mêmes. Déjà son mari avait plusieurs fois essayé, avec
un crochet introduit dans l'urètre, d'extraire de ces poils et il y avait réussi. Il
répéta la même manœuvre en présence de M. Delpecli avec un même succès.
Alors celui-ci, soupçonnant la présence d'un calcul dans la vessie, fendit la partie
supérieure du canal de l'urètre et retira en effet un petit calcul avec plusieurs
mèches de poils. Des injections poussées dans la vessie en font sortir encore.
Enfin le doigt porté dans sa cavité en reconnaît d'autres qu'on extrait avec une
pince à pansement. Dès lors la malade va de mieux en mieux, et on la croyait
guérie d'un kyste sous-muqueux, développé dans la vessie, lorsque deux mois
après elle ressent de nouvelles douleurs et rend encore des poils. On explore de
nouveau la vessie et on en retire un corps gros comme un œuf de poule, pré-
sentant à l'une de ses extrémités un morceau de peau à laquelle étaient implantés
des cheveux et renfermant un os assez semblable à l'apophyse zygomatique. Cet
os présentait une alvéole dans laquelle était logée une petite dent molaire, com-
parable pour la grosseur à celle d'un enfant de 5 à 6 ans. Ainsi on acquit la
preuve qu'il ne s'agissait pas réellement d'une pili-miction, maladie niée par
beaucoup d'auteurs, mais bien d'un germe imparfaitement développé.
(1) Observation de pili-miction, reconnaissant pouk cause un k^ste pileux
FAISANT SAILLIE DANS LA CAVITÉ vÉsiCALE, recueillie par M. le professeur Delpech
et communiquée par M. Boyer, chef de clinique à la Faculté de médecine de
Montpellier (rapport à l'Académie royale de médecine par MM. Leveillé, Mérat
et Pâtissier. Rev. méd. franc, et étr. et Journ. de clin., t. IV, année 1827,
p. 487. — Jùurn. des prog. des se. méd., t. VII, p. 256). Cette observation est
rapportée encore et avec beaucoup plus de détails dans Delpech, Chirdrc. clin.
DE Montpellier, 2 vol. iii-4*, t. ll,p. 521; Paris, 1828.
Ig2
FEMME ÂGÉE DE TRENTE ANS ET AYANT ÉPROUVE DÈS SA JEUNESSE 0E LA DVSURIE; A
VtNGT-HUIT ANS, INFLAMMATION DE TESSIE, TRUTÉE PAR LES ANTIPHLOCISTIQOES;
TUMEUR 8'ëTENDANT DE LA FACE INVÉRIEORE DU FOIE VERS l' OMBILIC; SYMPTÔMES
DE PÉRITONITE; MORT. — TUMEUR ENKYSTÉE DÉVELOPPÉE DANS L'OVAIHE DROIT,
CONTENANT UNE MATIÈRE CRÉMEUSE ET UNE TOUFFE DE CHEVEUX ; VESSIE DISTEN-
DUE ET CONTENANT UNE DENT INCISIVE, IMPLANTÉE DANS UNE PORTION d'OS RES-
SEMBLANT A UNE PORTION D'ALVÉOLE; TROIS OUVERTURES ETABLISSANT UNE COM-
MUNICATION ENTRE LA CAVITÉ DE LA TUMEUR ET CELLE DE LA VESSIE (1).
Oes. IV. — La malade dont je rapporte l'histoire à la Société était une femme.»
âgée de 30 ans, d'une santé florissante et bien conformée.
Dès sa jeunesse, elle avait éprouvé à diverses époques de la difliculté à uriner,
et on avait employé dans ces occasions diflerunts remèdes pour la soulager.
Mais comme les attaques étaient légéios ci passagùrcs et que la santé générale
u'éiait pas altérée, elles n'effrayaienl pas Ja nîalade, et ses amis n'avaient pas
d'appréhension pour leurs suites.
Il y a environ deux ans, elle éprouva des syroi/.<Vnes évidents d'infiammatio
de la vessie, pour lesquels elle fut soignée par le flooteur Pitman d'Andover, On
eut recours aux saignées générales et locales, qu'on ciriploya largement. Le«
bains chauds ci un régime antiphlogi&tique persévérant diminuèrent le mal, et
au bout de deux mois elle put reprendre ses occu[iations de maîtresse d'école.
Malgré le soulagement qu'elle éprouva de ce traitement, elle fut frappée de
l'idée a qu'elle avait la gravelle ou quelque chose dans la vessie; » mai.4 il lui fut
impossible de s'expliquer avec son médecin ; elle n'exprimait ses craintes sur la
nature de son aifectlon qu'aux personnes de son sexe.
De grandes douleurs et une tuméfaction considérable se firent sentir i i'hy
pogastie; ia dilUculté d'uriner était augmentée. La malade se décida à aller à la
ville, où elle consulta deux médecins renommés qui s'accordèrent à lui prescrire
des doses altérantes de mcrcnrc, combinées avec l'extrait de cignë et des sab-
tances oléagineuses. Elle persévéra dans l'emploi de ces remèdes pendant un
temps Considérable, sans en éprouver de mieux soutenu, lorsqu^au mois d'août
dernier, elle éprouva de nouveaux symptômes de la nature la plus fâcheuse-
Ce fut à cette période de la maladie que me.s cotiseils furent réclamés, le 20
septembre dernier. J'appris que le siège de la douleuravait passé depuis quelques
semaines de la vessie au côté gauche de l'abdomen, que la malade accusai tune eo-
flme considérable dans cette partie du corps, que les fonctions de la vessie étaient
(1) Of A CASE IN WHICH SOME SINGULAR PR ETERNATURAL APPEARANCE8 WERE
OBSERVED IN THE OVARIUM AND FEHALE BLADDER, by Edward PhilippS, M. D. Of
Andover read, June 24, 1818 (Medico-cuirur. trans., publisbed by the médical
and chirurgical Society of London^ volume tbe nlntb, 1818, p. 42).
183
normales et que l'urine s<5crété€ n'Indiquait pas d'affection de cet organe. Les
menslroes étaietii rôijHiières pour fa quantité et la qualité; le teint ^lait coloré,
le pouls fréiiuent, nriiiis faible. La malade avait fréquemment des frisson.^, qui
étaient suivis d'une abondante transpiration; les douleurs étaient vives et de
longue durée, et elles s'ctentlaient de l'enflure du côté gauche au travers du dos
et parfois dans l'intérieur des deux cuisses. Je vis celte femme plusieurs fols
avant de pouvoir obtenir que M. Pitman ou moi-même examinassions l'enflure
dont elle se plaignait. Lorsque cela nous fut accordé, nous découvrîmes une
large tumeur indurée, de forme obiongue, s'éîendant du foie à l'omliilic.
Dans ces circoiistances, Je fus conduit à penser que la tumeur était formée
par l'ovairo malade, et M.Pitman partagea cette opinion.
Il est utile de remarquer ici que, bien qu'il y eût eu beaucoup de désordre à la
vessie, comme on le vit à i'aulopsie, ot probablement depuis quelques années,
cependant tous les symptômes de l'alîeotion de cet organe s'étaient suspendus
lorsque l'inflammation se porta à l'ovaire, état qui continua jusqu'à la mort de
la malade.
Comme il était évident, d'après l'état de celte femme et le récit de sis .souf-
frances longtemps cachées, que le mal approchait de sa terminaison fatale, il me
parait superflu de rapporter les remèdes qu'on employa sans autre espérance que
celle de prolonger la vie de quelques jours.
Les» symptômes restèrent le» mêmes jusqu'à la dernière «îmojn»; alors le ven-
tre devint uniformément enflé et tendu; la respiration était interrompue et un
sentiment constant de suffocation conduisit cette malheureuse femme à prier
avec ferveur pour !a fln de tant de misères accumulées. Cet cvénemeot désiré
eot lieu le iO novembre.
Le corps fut ouvert, quatorze heures après la mort, par M. PItman junior,
jetine chirurgien de grande espérance. Voici le résultat de son examen :
En ouvrant la cavité de l'abdomen, il s'en échappa deux galions d'eau mélan-
gée de sang. Le côté gauche de la région ombilicale offrait une tumeur ovarique,
plhs volumineuse qu'un cœur d'homme, laquelle contenait une substance semi^
fluide, semblable à de la cième. Au milieu de cette substance crémeuse existait
une touife do cheveux, du volume d'un œuf de poule. La surface de la tumeur
était entièiement couverte par des hydatides transparentes réunies en grappe. Le
ligament large de l'utérus, du côté gauche, était couvert de petites tumeurs
blanches du volume d'un pois ordinaires L'utérus hii-mème n'était pas malade.
La vessie était très-disiendue ou plutOJ tamponnée avec uni; substance semblable
ft celle que contenait la tumeur ovarique On y découvrit aussi une large
touffe de cheveux. Les membranes de la vessie étalent très-indarées, surtout la
membrane interne. L'urètre ne paraissait pas avoir de communication directe
avec la vessie, à la partie inlérieufe et postérieure de laquelle II y av.ilt un petit
kyste rempli de la mtime substance crémeuse déjà décrite, et une quantité de
cheveux. Et, ce qui mérite une mention particuliêfe, li y avait une dent Incisive
184
parfaitement formée, pourvue d'émail et ayant ses racines fermement at-
tachées dans la membrane du kyste (i). Ce kyste ou cette ca vite communiquait
avec la vessie par trois petites ouvertures, et avec l'urètre à sa piT'ie anté-
rieure.
PESANTEUR DANS LE BAS-VENTRE; DYSURIE ; ABONDANTE ÉVACCATICr' DE PUS APRÈS VU
CATHÉTÉRISME ; SOULAGEMENT ; RETOUR ET PERSISTANCE DE LA FIEVRE ; URINES
PURULENTES; VOMISSEMENTS ; DIARRHÉE ; MORT. PORTION d'OS ET PELOTON DE POILS
TROUVÉS DANS LA VESSIE (2).
Obs. V. — Une dame de 58 ans, d'un bon tempérament, se plaignait, depuis
près de sept ans, d'une pesanteur considérable au bas-ventre, particulièrement
quand elle marchait. De temps à autre, elle avait des envies d'uriner fort vives.
Les urines, en passant, lui causaient des cuissons insupportables. Elle consulta,
dans le temps, M. Luro, chirurgien, qui, sur le rapport que lui fit la malade, ju-
gea qu'elle avait un abcès à la vessie. Il lui fit sentir de quelle conséquence cela
était, voulut lui donner quelques avis, mais elle le reçut assez mal, et se refusa
entièrement aux remèdes qu'on lui proposa. Les douleurs ne lui donnaient que
peu de relâche ; elles se renouvelaient presque toutes les trois semaines. Les
urines, pour lors, venaient goutte à goutte d'abord ; quelques instants après, la
malade les rendait par flots ; cela ne l'aiTecta pas davantage; ce ne fut que sur
les deux derniers mois qu'elle s'occupa plus sérieusement de son état et se dé-
termina à se faire visiter.
Une dame de ses amies l'engagea à voir M. Gille, premier gagnant maîtrise en
chirurgie de l'Hôtel-Dieu, qui, le 3* jour de février dernier, surl'exposéde lama*
lade elle-même, soupçonnant, comme il était vraisemblable de le penser, la pré-
sence de quelques pierres dans la vessie, la sonda avec toute la dextérité qu'on lui
connaît généralement pour les opérations. Il sentit, dans le fond de la vessie,
un corps qui lui opposa quelque résistance d'abord, mais qu'il surmonta bientôt
après et fut fort étonné de percer un abcès qui rendit, pour la première fois, près
do trois demi-setiers de pus. La malade se sentit soulagée à l'instant. Le lende-
main même elle se leva, ne s'occupant plus que de ses affaires domestiques. Son
chirurgien lui conseilla cependant de se tenir couchée. Quelques jours après l'ou-
verture de l'abcès, le pus sortit par grumeaux, les urines se troublèrent et paru-
rent noirâtres ; elles s'éclaircirent par la suite et le pus devint plus fluide. La
(1) La préparation est déposée au Muséum du Collège des chirurgiens. En l'exa-
minant plus attentivement, on a trouvé que la dent était implantée dans une
portion d'os ressemblant à une alvéole.
(2) Observation sur plusieurs petites portions d'os et un peloton de poils
TROUVÉS dans LiV VESSIE, par M. de la Rivière le jeune, docteur en médecine de la
l'acuité de Paris (Journal de médecine, chirurgie et pharmacie, etc., par
M. Vandermonde, janvier 1769, t. X, p. 616.)
185
quantité «le pus que la malade rendait tous les jours, tant dans les urines que
dans les injections qu'on lui faisait deux ou trois fois dans la journée, se mon-
tait à près de 2 onces. Je fus appelé vers le huitième jour de la maladie ; je trouvai
la malade avec une fièvre assez considérable ; les sueurs étaient abondantes et
d'une odeur félide ; elle se plaignait d'avoir la Louche mauvaise, et tout ce qu'elle
prenait lui semblait avoir l'odeur du pus. Dans cet état je jugeai à propos de
lui donner un purgatif dont j'eus tout le succès que je pouvais attendre; la fièvre
fut quelques jours sans paraître aussi vive, et la malade se sentit assez bien;
mais cela ne dura pas longtemps, la fièvre reprit avec la même force, la bouche
devint plus mauvaise, la langue se chargea davantage, ce qui me détermina à lui
répéter la purgation, et depuis je n'ai jamais perdu de vue les purgatifs, que je
répétai toutes les fois que le besoin me parut l'exiger. Malgré cependant tous mes
soins, je n'ai pas été assez heureux pour faire cesser entièrement la fièvre. La
malade, quelques jours avant la mort, eut un dévoiement considérable ; les fai-
blesses s'emparèrent d'elle ; des vomissements fréquents survinrent. Je lui fis
faire usage de quelques cordiaux dans la journée, qui n'eurent pas tout le succès
que je m'en étais promis. Les nuits devinrent orageuses. Elle avait à peine, dans
les vingt-quatre heures, une heure de sommeil. Les douleurs à la vessie se re-
nouvelèrent; j'eus recours à de légers narcotiques qui me produisirent tout l'effet
que je pouvais espérer. Je me tins cependant en garde contre eux ; mais pour
peu que je la perdisse de vue, la malade se trouvait plus mal. Je fus quelque
temps sans porter un pronostic assuré ; je fis cependant connaître à la famille l'é-
tat où était la malade. On prit toutes les précautions requises. Elle mourut le
22 avril, vers les huit heures du soir.
Une maladie de cette conséquence me détermina à faire l'ouverture du corps.
M. Gille en fut chargé ; nous examinâmes avec la dernière attention l'état du bas-
ventre. Nous trouvâmes une adhérence considérable du péritoine avec les intes-
tins, qui déjà commençaient à se gangerner. La vessie était pour nous quelque
chose de fort essentiel ; nous la trouvâmes adhérente à la matrice ; elle nous pa-
rut de couleur vert foncé ; nous la détachâmes et nous ne mîmes pas moins d'at-
tention à l'examiner intérieurement. Nous fûmes fort étonnés d'y trouver plu-
sieurs petites portions d'os, dont le plus gros, d'un côté, était creux, lisse et poli ;
ce qui ne nous étonna pas moins, ce fut un petit peloton de poils entrelacés les
uns dans les autres, formant un cercle assez épais et de la largeur d'une pièce
de 24 sols, qui était renfermé dans la portion d'un kyste dont nous vîmes en-
core des vestiges assez distincts. La vessie était remplie d'une matière purulente
qui nous a paru être la même que celle que la malade a toujours reudue, tant
dans les urines que dans les injections.
Étonnés de voir quelque chose d'aussi singulier dans l'intérieur de la vessie,
nons examinâmes, avec le même scrupule la matrice, du côté droit. Nous trou-
vâmes une tumeur squirrheuse que nous eûmes beaucoup de peine à ouvrir,
même avec le scalpel, et dont l'intérieur nous parut être presque ossifié.
188
Ou reste, la vesaieéUit dans son état naturel- Les reine nous ont paru afFeotés;
]o foie s'est trouvé engorgé considérablement.
Je viens d'exposer les faits teis que je les ai vus. D»ng un cas aussi partico-
culier que celui-ci, je ne hasarderai aucun raisonnement. Je laisse à des gens
de l'art plus éclairés que moi à communiquer leurs Idées-, je me contente d'avoir
vu et d'avoir observé.
FEMME DE 33 ANS; TROIS GROSSESSES ; TDMEUR DU VOLUME »'l!N OEUF i>ANS L\ RÉGION
ILIAQDE GAUCHE; ABCÈS A L'hYPOGASTRE SUIVI D'UNE FISTULE D'OU SOKTAîeNT DD
PUS, DES POILS ET DE l'URINE ; ÉMISSION DES POILS AVECL'URINE ; CALCUL AYANT DES
POILS POUR NOYAU ; EXTRACTION d'uNE TUMEUR PILEUSE ET O'UN GALCCÎ.; «ilié-
RISON Cl)'
Obs. VI. — Une paysanne, âgée de 3-3 ans, réglée à 17 ans et mariée à 20,
traversa sans inconvénients noiàbles trois grossesses, suivies chacune d'un ac-
couchement heureux. Rien, dans les aniêcédants de la malade ne peut faire sup-
poser qu'il se fût établi chez elle le moindre trouble fonctionnel, le moindre état
pathologicjue du côté des organes genilo-urinaires. Quelques jours après sa troi-
sième couche, elle ressentit dans là région iliaque gauche une douleur vive, de
la chaleur, du gonflement, et bientôt après une apparence de tumeur mobile, du
volume d'un œuf. Ces premiers accidents ayant promptement perdu de leur in-
tensité permirent à la malade de les négliger, de retourner à ses occupations ha-
bituelles ; au t)0ut de deux mois, la tumeur, qui, loin de s'effacer, avait plutôt
augmenté et acquis le volume du poing, fit naître de nouveaux accidents inflam-
matoires. On appliqua des sangsues, divers topiques; on vit tout à coup les
urines devenir troubles, comme graisseuses, en même temps que les douleurs
hypogastriqucs ^'amoîndrissaient notablement. La santé générale se rétablit en-
suite en grands partie, et plusieurs années se passèrent ainsi sans que la femme
songeât à consulter pour sa tumeur du bas-ventre, qu'elle savait bien n'être point
disparue.
Cette tumeur fit enfin naiire un nouvel actes d'inflammation et s'ouvrit à tra-
vers les parois abdominales, sur la ligne blanche, un peu au-dessous de l'ombi-
lic. Du pus sanieux. Jaunâtre, fétide, qui s'était d'abord échappé par là, fut bien-
tôt remplacé dans la fistule par une mèche de cheveux, puis par un liquide uri-
neux. Des poils, des fragmcnis d'os et de la matière purulente avalent aussi été
expulsés par l'urètre. Muni de tous ces renseignements, et ayant constaté l'exis-
tence d'un corps étranger volumineux dans la vessie, d'un paquet de cheveux
dans la fistule, d'une tumeur qui occupait une partie do l'hypogastre et de la
(1) Larrey (Hipp.), Kyste pileux de l'ovaire compliqué d'une fistule urinaire
VISSIGO-ABDOMINALE ET D'CN GALOUb DANS LA VESSIE (MÉMOIRES dc l' Académie de
médecine, t. XII). — Extrait de cette observation.
187
région iliaque gauche, M. H. Larrey, cédant aux instances de la malade, pratiqua
l'opération suivante. Une incision qui agrandit par en bas la fistule, dans l'é-
tendue de 3 centimètres, lui permit de suivre la mèche de poils à une profon-
deur considérable et d'arriver à une tumeur dure, pcdiculée, mobile, qu'il déta-
cha au moyen du bistouri boutonne pendant que des aides déprimaient, écar-
taient, refoulaient en arrière l'aorte, la veine cave, les gros vaisseaux de l'abdo-
men. Ayant élargi l'oHvertur« du kyste où il était entré, et prolongé son Incision,
par en bas, jusqu'au voisinage du pubis, M. Larrey découvrit une flstule vésico-
abdominale qu'il agrandit, comme il l'avait fait pour la fistule de l'ombilic, et
mit ainsi à nu un gros calcul qu'il saisit aussitôt dans la vessie et qu'il retira dès
]orH sans difllculté.
Lu tumeur enlevée du kyste a le volume d'une noix ; elle est inégale à sa su-
perflcie, résistante sous le doigt, offrant à la coupe un aspect blanchâtre strié,
sans contenir dans son intérieur et sans laisser suinter aucun liquide ; elle pa-
raît, en un mot, d'une nature tout à fait fibreuse, et donne naissance par toute sa
surface libre à la mèche de poils on de cheveux qui ressortait au dehors de la
fistule abdominale.
Cette singulière tumeur, ainsi détachée, ressemble absolument à une portion de
cuir chevelu ratatiné ; elle pèse, avec les poils qui la surmontent, envii on 20 gram-
mes. Cespoiis, dont les plus longs ont de l2à 13 cenlim., sont, dans plusieurs points,
assez doux au toucher et rudes dans d'autres, ce qui tient à la présence d'une cer-
taine quantité de dépôt calcaire dont ils sont imprégnés. Quant au calcul, il pèse 30
grammes etalevolumed'une petite poire aplatie, la formed'uncœurdecarteà jouer;
]a couleur est d'un blanc jaunâtre et sa surface peu inégale. Par sa base, qui était
tournée dv côté du kyste, sortent des poils en assez grand nombre, chargés
aussi de matières calcaires et tordus sur eux-mêmes comme une corde. Ce pé-
dicule pileux, dont la section est nette, passait par l'ouvetture de commanicatioa
du kyste avec la vessie, et venait s'implanler sur la tumeur fibreuse que nous
avons décrite. Il avait été coupé au moment de l'ablation de la tumeur. Lé cal-
cul, scié avec précaution, dans son plus grand diamètre, offre un milieu beau-
coup moins dense que les couches superûcielleâ, ane grande porosité dans son
centre, et dans toute son étendue, la pénétration des poils qui ont évidemment
servi de base au dépôt calcaire. Ce calcul est formé de phosphate de chaux,
comme le démontre l'analyse.
Les suites de cette opération délicate et compliquée, d'aWd trés-heureuses,
furent traversées par le développement inattendu d'une variole confluente vers
le quinzième jour. Cependant la malade résista à ce fâcheux contretemps, et
après quelques autres légers accidents, elle s'est rétablie complètement.
L'observation suivante, recueillie par Schenck, me parait très-analogue
aux précédentes, bien que le défaut d'autopsie du corps après la mort
laisse quelque incertitude sur le siège préds de rallération primitive* Je
188
n'en supprimerai rien, pas même certains détails, sur la part que plu-
sieurs médecins d'alors accordaient aux enchantements dans la produc-
tion des cas rares.
DYSURIE fKÈS-DOnLOCREUSE CHEZ UNE FEMME, SUIVIE DE L'EXCRÉTION INCOM-
PLÈTE d'une Mèche de poils qui reste engagée dans le canal de l'urètre;
NOUVELLES EXCRÉTIONS DE POILS PAR L'URÈTRE; APPARITION O'CNE TUMEUR
AU VENTRE, SUIVIE d'UNE RÉSOLCTION AU MOINS APPARENTE; EXCRÉTION D'UNE
SORTE DE MEMBRANE; AUGMENTATION DE LA DYSURIE ET DES ACCIDENTS INfLAMSIA-
TOIRES ; MORT (1).
Obs. VII. — Parmi mes autres curiosités, je conserve une mèche de vrais
poils, d'une teinte blonde, très-légers, de la longueur du doigt, auxquels s'est
attachée par places une matière caUuieuse, telle que celle qui adhère ordinaire-
ment aux vases qui contiennent de l'urine, présentant à peu près la couleur et
l'odeur du soufre. Ces poils étaient nés dans la vessie d'une femme d'Apulie,
malade à l'hôpital depuis plusieurs mois. Ils ont été rejetés avec l'urine. Us
m'ont été transmis par un habile médecin de cet hôpital, Tobie Cneulin, qui me
consultait sur cette affection extraordinaire.
Dès son entrée à l'hôpital, en 1673, pendant les deux premiers mois, celte ma-
lade commença à souffrir d'une si grande difliculté d'uriner, jointe à des dou-
leurs si intenses et si intolérables, que, sans le secours des remèdes les plus éner-
giques, elle semblait ne pouvoir résister. On lui lit prendre, entre autres choses,
de l'eau de fèves ; l'urine fut excitée, mais en même temps une mèche de poils
vint boucher le col de la vessie, et comme une partie pendait au dehors, le mé-
decin la coupa avec des ciseaux. Il montre celte mèche de poils aux médecins
les plus distingués du pays, expose le fait et le discute avec eux. Dans leur con-
sultation, tous manifestent l'étonncment où les jette cette singulière affection ;
les uns rapportent le trichiasls aux reins; les autres, remarquant que ce sont de
vrais poils, rapportent le fait à un enchantement et à des charmes magiques.
Cependant la maladie se prolonge pendant plusieurs mois, durant lesquels cette
pauvre femme, au milieu de douleurs toujours aussi vives, sans que toutefois
son corps dépérît, rend souvent et par intervalles plusieurs pelotons du même
genre, tantôt arrachés avec quelque force du col de la vessie, tantôt sortant
d'eux-mêmes. On essaye mille remèdes variés. La malade semble quelquefois en
retirer quelque soulagement; mais on n'en trouve pas un capable de la guérir
complètement. Il se développe enfin une tumeur au ventre; l'usage des com-
(1) Cas NOUVEAU ET INOUÏ DE TRICHIASIS DÉVELOPPÉ, NON DANS LES REINS, MAIS
DANS LA VESSIE, ET PAR SUITE DUQUEL UNE FEMME RENDAIT, PAR INTERVALLES, DES
MÈCHES DE POILS, AU MILIEU DE CRUELLES DOULEURS DONT ELLE FINIT PAR MOURIR.
(Schenck, Obs. medig , lib. m. De uriniSf obs. 24« p. 486.)
189
presses et des lotions parvient à )a dissoudre. Peu de temps après, on remarque
avec les poils quelque chose de semblable à une tuile légère ou à une petite
membrane. Enfin la violence et la longueur de la ma"adie ayant épuisé ses for-
ces, on ne trouve plus de remèdes à lui appliquer. Tout le corps se consume; la
gangrène se développe après un débordement d'urine; le col de la vessie est le
siège d'une irritation intolérable, et la malade meurt. Son corps, quelques se-
maines avant sa mort, exhalait une odeur si empestée que personne n'osa, après
sa mort, risquer sa santé pour faire l'autopsie du cadavre. On pen?a que la ves-
sie et les parties voisines étaient entrées en putréfaction. J'ai vu, avec bien d'au-
tres témoins, les poils approchés du feu s'enflaramei comme les poils ordinaires
et répandre l'odeur qui leur est propre. C'est un fait dont j'ai été témoin ocu-
laire, et je puis même aujourd'hui en renouveler l'expérience pour ceux qui le
désireront. On ne peut donc douter que ce sont de vrais poils, et que cette affec-
tion est très-différente du trichiasis de Galien et des écoles.
Indépendamment de ces tumeurs contenant des poils développés dans
les ovaires ou leur voisinage (1), on a va les débris d'un fœtus, mort dans
l'ulérus, s'ouvrir une voie à travers la vessie et le rectum, Pierre-Etienne
Morlanne (2) a publié un fait de ce genre, dans lequel il n'est pas fait
mention spéciale de la pré-ence de poils dans la vessie, mais où des os
du crâne étant devenus le noyau de calculs urinaires, avaient probable-
ment entraîné des poils avec eux.
Des poils peuvent aussi être introduits du dehors dans la ve.ssie. Je
rapporterai plus loin une observation de M. W. Paget, relative à un cal-
cul ayant pour noyau un poil qui, suivant l'auteur de la relation, s'était
introduit dans la vessie par une fistule urinaire, ombilicale, résultant de
la persistance de l'ouraque.
(1) On peut lire dans Ruysch (Thesaurtts anatomicus, IX, p. 25) un cas ana-
logue aux précédents. Ce cas, rapporté d'une manière très-sommaire, est ac-
compa!:né d'une assez mauvaise figure.
(2) Odservation scr l'inflammation de l'ctérds dans une grossesse d'envi-
ron QUATRE MOIS. Le foBtus périt, et les débris sortent par le rectum et la vessie.
Séjour d'un grand nombre de pièces osseuses dans celle-ci ; elles sont incrustées
de substance calcaire, et la malade les rend avec peine par l'urètre. Enfin les
signes certains de calculs dans la vessie font recourir à la lithotomie. On extrait
de la vessie deux pierres qui ont pour base les os pariétaux du fœtus; on en-
traîne aussi quelques pièces osseuses qui ne sont point incrustées de sels uri-
neux. (Sédillot, Recueil périodique de la Société de médecine de Paris,
t. III, p. 70.)
190
Il paraît aussi démontré que des femmes se sont quelquefois introduit
des mèches de cheveux, par le canal de l'urètre, dans la vessie.
J'ajoute, en terminant, que M. Civiaie pense que des malades atteints
de rétention d'urine peuvent quelquefois introduire dans la vessie, en se
servant de la sonde, des poils détachés du pubis et accolés accidentelle-
ment au gland ou au prépuce.
S IV. — POILS OBSERTÉS DANS L'ITRÈTBE, DANS LES CONDUITS PR0STATIOUE3
EP séMINIFÈRES.
Les poils que l'on a quelquefois rencontrés dans le canal de Turètre
provenaient soit de la vossie, comme dans l'observation de Schenck, citée
plus haut, soit du dehors, ainsi que M. Civiale dit l'avoir pliisieurs fois
observé à la suite du caibétéri^^me. Personne, à ma connaissance, n'a vu
de véritables poils dans les voies séminales ou sortir d'un ou plusieurs
follicules de l'urètre.
Quant aux petits filaments qu'on a comparés à des poils, et qu'on a
supposé provenir des lacunes de la prostate ou des lacunes de l'urètre,
je ne les ai pas encore rencontrés dans ces parties sur le cadavre. Plus
communs à la suite des blennorrhogiesque dans toute autre circonstance,
ils sont formés par du pus ou du muco-pus déposé dans les petits sil-
lons de l'urètre, qui , des parties latérales du véruniontanum , se prolon"
gent vers la partie membraneuse, et plus rarement dans d'autres points
du canal.
§ V. — POILS DANS l'urine , LAQUELLE CONTIENT EN MÊME TEMPS SOIT
DU MUCUS, DU SANG, DU PUS OU d' AUTRES MATIÈRES ANIMALES ÉTllAN-
GÈRB8.
Il résulte évidemment des recherches consignées dans les paragraphes
précédents qu'on n'a que très-rarement rencontré de véritables poils dans
les voies urinaires (Obs. de Bichat; Obs. de Maurice Hoffmann;, si on
excepte les cas où des poils provenant de kystes pileux se sont introduits
dans la vessie, par une perforation, et ceux dans lesquels les poils pro-
venaient du dehors.
Cette circonstance conduit naturellement à se demander si, dans les
cas assez nombreux où on a signalé la présence de poils dans l'urine,
il n'y a pas eu supercherie de la part des malades ou erreur de la part
191
des observateurs. Je ne rapporte donc les faits suivants qu'avec la réserve
que commande celle réflexion.
Dans presque lous ces cas, il s'agit bien réellement de véritables poils;
mais le doute peut porler sur leur provenance ou sur leur origine. L'obser-
vation de Tulp paraît fort singulière, pour ne pas dire plus ; les observa-
tions de Zacutus Lusitanus, de Spielenberger et de Fabrice de Hilden ont
contre elles Tépoque déjà ancienne où elles ont été faites, et la possibilité
d'une supercherie plus commune chez les femmes que chez les hommes;
supercherie que la comtesse hongroise de Spielenberger s'est probable-
ment permise. Mais l'observation de M.Kraemer est toute récente, el elle
a été publiée dans la plupart de nos recueils périodiques, sans qu'on ait
exprimé un doute sur la réalité du fait observé.
JECNE GARÇON RENDANT TOUS LES OCATORZE JOORS, AVEC L'URISE. DE PETITS POItS
ENVELOPPÉS DE MUCUS J KJaiSSION DE POILS, ACCOMPAGNÉE DE VIVES DOCLEURS (J),
Obs. VIII. — L'émission des cheveux avec les urines, appelée trichiasis , a
été observée par quelques médecins, mais très-rarement. Or en est-il un qui ait
vu cette émission périodique? C'est ce que nous a offert bien manifestement le
fii.s du consul Hornan, souffrant depuis plus de quatre ans de cette émission
exlraordinnirede cheveux, qullui revint, à plusieurs reprises, le quatorzième jour,
et cela avec de grandes difflcuiés d'uriner et une telle agitation de corps qu'il
avait peine à rester au lit.
Chacun de ces poils égalait en longueur soitlamoitié du doigt, soit même le doigt
tout entier. Ils étaient tellement enveloppés demucus qu'ils sortaient en peloton,
et très-rarement séparés. Chaque accès durait environ quatre jours, pendant les-
quels l'urine était continuellement émise avec douleur, et cependant le malade
passait les jours suivants sans aucune soutFrance, sans rendre de poils, jusqu'au
retour d'un nouvel accèa arrivant à l^époque ordinaire.
DYSURIE ; URINES TANTÔT SANGUINOLENTES, TANTÔT PURULENTES, CONTENANT DES POILS
LONGS ET ROUX ; TRAlTi^MENT PRESCRIT PAR FABRICE DE HILDEN; CESSATION PRES-
QUE COMPLÈTE DES ACCIDENTS ET DE L'ÉMISSION DES POILS (l).
Obs. IX, — Il existe maintenant chez nous, à Berne, une dame veuve, recom-
maudable par ses vertus et sa piété, qui est âgée de plus de CO ans.
(1) Tulp (Nie), Obs, medic, lib. ii, cap, 52, Periedicus capiUorum
mictut,
(1) De TBICHIASI, SEU PILOBUM MICTIONE, EJUSQl'E FELICISSIMA CURATIONE. cl.
vir. Gai. Fabricii Uildani ad Gçory. JUorstium prescripla. G. Horst, Opéra
HEDiCA, lib. IV, p. 262.)
192
11 y a plus de huit ans qu'elle fut prise de douleurs et de coliques dans le ventre
et dans les lombes, dont elle souffrit pendant plus d'une année presque sans in-
terruption. Pendant ce temps, l'urine (qu'elle ne rendait qu'avec de grands efforts)
était tantôt sanguinolente, tantôt purulente et trouble; mais ce qui estélonnant,
c'est que l'urine ne contenait pas seulement des matières purulentes et gluantes,
mais encore beaucoup de poils longs et roux. La malade en rendait chaque jour
en urinant, et cela avec beaucoup de douleur ; car quelques-uns étaient durs et
roides comme des soies de cochon, et piquaient les parties qu'ils traversai' ni.
Elle avait essayé d'un grand nombre de médicaments, conseillés tantôt par des
hommes instruits, tantôt par des ignorants, par des empiriques ou par des bonnes
femmes, mais toujours sans succès.
Appelé auprès d'elle en l'année 1616, j'appris de sa bouche les détails précé-
dents, et spécialement l'exciétion des poils; bien plus, je vis moi-même det
poils dans son urine, ce qui me frappa d/ étonnement.
C'était pour moi un cas nouveau et pour ainsi dire inouï. Sans doute Nicolas
le Florentin, dis. 5, Traité 10, chap 21, et Jean Schenck, Obs. med., lib. m,
rapportent quelque chose de semblable ; mais ils ajoutent que les malades at-
teints de cette affection moururent dans de violentes douleurs. Cependant, à la
prière de cette femme, j'entrepris de la soigner à l'aide des remèdes suivants.
Les forces ayant été épuisées au dernier point, à cause de la violence et de la
persistance des douleurs, ainsi que de l'absence de sommeil, je prescrivis, avant
tout, les substances les plus nutritives. Ensuite je lui conseillai l'usage fréquent
des clystères, ce que j'eus grand'peine à obtenir d'elle, car la plupart des ma-
lades repoussent ce remède puissant et salutaire comme cruel et inhumain. (Suit
une longue liste de médicaments.) A l'aide de ces remèdes employés à temps,
cett femme se rétablit si bien que jusqu'aujourd'hui 13 septembre 1620, où
j'écris ces ligues, elle vit tranquille et heureuse parmi nous, et vaque aux soins
de ses affaires. 11 y a peu de jours qu'elle-même m'avoua que, depuis quelques
années, elle avait le ventre assez libre pour n'avoir plus besoin de clystères et
qu'elle rendait son urine sans difficulté. En outre, tout au plus deux fois par an,
à peu près à l'époque du printemps et de l'automne, elle sent quelques faibles
atteintes de celte maladie, naguère si grave, et rend quelques poils, mais sans
grandes souffrances. Puisse quelqu'autre, doué des yeux du lynx, découvrir
l'endroit où naissent ces poils ! Recherchez-le, je vous en supplie. Adieu, etc. —
Berne, 13 septembre 1620.
DYStaiE HABITUELLE ; POILS DANS l'dRINE, LES UNS BLANCS, LES AUTRES BLONDS,
LES AUTRES ROUX; EMPLOI DES DIURÉTIQUES ; OUÉRISON (1).
Obs. X. — Une comtesse hongroise, sexagénaire, qui avait eu les cheveux
(1) Ephem. nat. cor., dec. 1, an 9 et 10, 1778, p. 50. David Splelenberger, De
CAPILLO PRODIGÎOSO KT PILORUM CANORUM MICTÎONE.
193
noirs, qui aimait beaucoup les petits cliiens et les nourrissait elle-même, de-
▼enue sujette à une dysurie habiluello, remarqua qu'elle rendait avec son urine
de vrais poils, reconnus teU après xiv exnmen attentifs de la longueur du
doigt médius, de difl':rentes couleurs, les uns blancs, les autres blonds, les autres
roux et rappelant tout à fait ceux de ses p^rlits chiens qui étaient de différentes
couleurs, et quon appelait petits chiens de Bologne. Elle fut promptement
délivrée de ce trichiasis ou de cette miction douloureuse de poils par des abster-
sifs et des diurétiques que je prescrivis, sans tenir compte du soupçon de malé-
fice. Plus tard, quoiqu'elle eût conseï vé ses chiens, elle rendit chaque jour avec
l'urine, au lieu de poils, un e;rand nombre de petits flocons très-légers, dissé-
minés comme de petits nuages, ressemblant par leur quantité à des grains de
millet, et de différentes couleurs qui rappelaient celles des différentes eàpèceà de
poils dont j'ai parlé. Combien cet élat durera-t-iI7 Je l'ignore,
tRINES VISOCECSES RENDlirS PAR UN HOMME d'uN AGE MUR; I^.MISStON DE FIL\MENTS
SEMBLABLES A DES LOMBRICS, ACCOMPAGNÉE DE DYSDhlE ; ISCHURiE SCITE DE L'ÉMIS-
SION AVEC L'iIRINE de POILS SEMBLABLES A DES SOIES DE COCHON ; GUÉRISON PAR
L'EAD DISTILLÉE DE TÉRÉBENTHINE (1).
Obs. XI. — Un homme sur le retour de l'âge, qui rendait depuis huit ans une
humeur visqueuse avec ses urines, ne put se garantir, malgré une diète appro-
priée et ^u^age de remèdes évacuants et diurétiques, d'une émission de filaments
longs et blancs (semblables à des lombrics} qui suivaient la même voie, et sou-
vent causaient une grande difficulté d'uriner. Plusieurs remèdes furent employés
sans saccès ; pendant trois jours, à la suite d'une ischuric, il rendit en uri-
nant des poils de la longueur d'une palme, épais et durs, qu'on aurait véri-
tablement pu prendre pour des soies de cochon. Il y en avait une grande quan-
tité et ils provenaient d'une humeur muqueuse trop cuite et desséchée. Les ayant
vus, je fis administrer un bain, du petit-lait de chèvre, etc. Ces remèdes étant
sans effet, il fut complètement guéri par l'usage de l'eau distillée de térébenthine
prise pendant un mois.
HOKME ÂGÉ DE QUARANTE-DECX ANS, ATTEINT d'iSCHURIE DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES ;
PRURIT DANS l'URÊTRE; URINE TROUBLE ET SANGUINOLENTE, PUIS DONNANT UN SÉDI-
MENT MGQUEUX; POILS LONGS DE 4 A 6 POUCES RENDUS AVEC L'URINE ; POINT DE
RENSEIGNEMENTS SUR LA TERJUXAiSOS DE LA MALADIE (2).
Obs. Xll. — Un homme de 42 ans, héraorriioulaircet affecté depuis plusieurs
années d'ischurie, observa que son urine, souvent trouble et sanguinolente,
contenait des cheveux.
(1) Zacutus Lusitanus, Opéra, in-folio, t. II, obs. 72.
(2) Gazette Médicale de Paris, in-4% 185i, p. 192. Kr^emer, Triohiasis c¥^-
TICA
19â
Lorsque l'émission de l'urine était acconapagnée (l'un fort prurit à la partie
ialérfeure du canal de l'urèlt e, il constata ordinairement au méaA la présence
d'un cheveu, qui sortait roulé sous forme d'une petite boule, quelquefois recou-
vert d'incrustations et le prurit cessait. Pendant que M. Kraerner eut occasion
d'observer le malade, l'urine assez copieuse était d'un jaune clair, trouble, avec
un sédiment muqueux. La région vésica,le était non douloureuse. Une sonde
entre lacilement dans la vessie. Pouls, 88 par minute.
Les poils sont fins, et les pi us gros étaient encore plus fins que ceux de la tète,
longs de 4 à 6 pouces, ainsi plus longs que ceux du scrotum; ils étaient d'un
blond clair; les plus fins étaient complètement blancs et crépus. A quelques
endroits ils formaient des pelotons composés d'un feutrage blanc excessivement
fin. A l'étal frais, !e feutrage paraissait rempli rie matières terreuses, Incrustées.
Quelques clievcux avaient des bulbes, les plus grands n'en avaient pas. Exami-
nés sous le microscope, les cheveux se présentèrent comme des cylindres creux,
de diamètre variable. Dans quelques points, ils présentaient une forme spéciale ;
dans d'autres, ils étaient comme couverts de moisissure.
Ces cheveux ne pouvaient point être confondus avec ceux du scrotum : d'abord
parce que ceux-ci étaient plus courts et d'un autre aspect; ensuite le prépuce
était continuellement ramené en arrière. 11 était donc impossible que des poils
provenant des parties génitales aient pu se ramasser en ce point.
§ VI. — POILS DAKS l'urine CHEZ DES INDIVIDUS ATTEINTS DK GRAVELLE
URIQUE 00 0£ CALCOLS CRIQUES.
Je rapporterai, dans ce paragraphe, deux obsei'vations dans lesquellfô
on a constaté la coexisteoce tie poils avec des cristaux et des graviers d'acide
«rique, et Tobservation d'un calcul urique qui avait un poil pour noyau.
L'auteur de cotte dernière observation pense que le poil s'était introduit
du dehors. Dans fes deux autres cas, les poils provenaieul de l'intérieur
des voies urinaires.
Je ferai pi-^!céder ces observations d'une remarque sur une opinioD émise
par iM. Golding Bird (i). Il n'est pas rare, dit~il, de voir des cristaux d'acide
urique se former autour d'un poil, absolument comme le sucre candi cris-
tallise sur un 01 ou une petite corde. Je regarde, au contraire, le fait comme
très-rare s'il s'agit de poils rendus avec l'urine ; il en est tout autrement
s'ils se sont trouvés accideutellemeat mélangés avec elle.
L'examen de la figure que M. G, Bird a donnée d'un de ces poils
(1) Golding Bird, Urinary deposhs, thbir dugnosis, etc., third edit., ln-8"*,
plates, 18^1, p. 125.
195
et des cristaux d'acide urique formés autour de lui me fait douter qu'il
s'agisse réellement, dan.s ce cas, d'uû véritable poil. Eu effet, au grossisse-
meut qu'indique la dimension des cristaux représentés, un véritable poil
aurait beaucoup plus de volume et un autre aspect. Le filament que l'au-
teur a désignéet figuré comme un poil n'est peut-être autre chose qu'un de
Ces petits filaments muqueux piliformes et microscopiques que Je décrirai
plus loin, § IX.
ENFANT DE DIX AK.S SOUMIS DÈS SON BAS AGE A UN RÉGtUE TONIQCE ET TRÈS-AZOTÉ ;
PETITS POILS DANS l'URINE, DONT I.E SÉDIMENT OFFRE EN OUTRE ONE FOCLE DE
CRISTAUX d'acide urique, isolés 00 AGGLOMÉRÉS EN PETITES MASSES (CRAVELLE
microscopique).
Ors. XIU. — Je n'ai observé qu'une seule fois des poils rendus avec l'urine.
C'était cliez un jeune enfant âg« de 10 ans environ, et qui me fut adcessé par
mon honorable confrère M. Paulin. Cet enfant, né à Bruxelles, de parents lym-
phatiques, avait présenté, dès son plus bas âge, les caractères de leur constitu-
tion. Aussi, depuis le sevrage, s'élait-an attaché à la rnodifler par un régime to-
nique porté au plus haut degré. Rentrés en France en i848, les parents de l'en-
fant continuèrent à le soumettre au méine ré^me, dans l'espérance de le forti-
fier de plus en plus. Les résultats de ce régime paraissaient satisfaisants, lors-
qu'une circonstance singulière lit naître les plus vives inquiétudes dans j'esprit
de la mère. Elle surveillait elle-même tous les détails de la vie de l'enfant. Or,
un jour elle fut toute surprise de voir de petits poils dans le vase qui avait reçu
l'urine de l'enfant. Dans la journée, on le fit uriner dans un rase qu'on nettoya
avec le plus giand soin; l'étonnement de ia rnèie redoubla envoyant comme de
petits poils en suspension dans le liquide; la pensée iui vint de !e laisser refroi-
dir après avoir recouvert le vase d'an papier. Le lendemain, l'arine avait formé
un léger dépôt dans lequel elle constata, à n'en pins douter, la présence de pe-
tits poils; la même expérience répétée pendant plusieurs jours ayant donné le
même résultat, cette darne recueillit une assez grande quantité de ces sédimmits
pileux et se rendit à Paris, avec son enfant ei sa sœur, pour consulter M. Pau-
Un, son médecin ordinaire, Cne chose si extraordinaire la préoccupait à un de-
giv inimaginable, bien que l'enfant n'accusât aucune douleur dans les voies
urinai res.
Après avoir entendu ces détails et examiné les petits poils enveloppés de sédi-
ment uiinaire qui lui furent présentés, M. Paulin fit uriner l'enfant, en sa pré-
sence, dans un vase très-propre et constata à son tour, le lendemain, l'existence
de petits poils dans le sédiment de l'urine.
Pensant qu'un cas aussi race pouvait ra'intéresser, M. Paulin accompagna ia
mère et l'eofaut chez moi, et me remit une partie du sédiment urinaire qu'il
avait reouellU. Examiné au microscope, je le trouvai composé de petits poils iso-
196
]éi, (lefiagmcnls de poiis plus ou moînb voîumineux et de nombreux cristaux
«i'acide urique. Ces poils ctaient leconnaissables à leur enveloppe cornée et à leur
eubstance médullaire.
Dans l'ignorance où nous étions de l'origine de ces poils, nous crûmes, M. Pau-
lin et moi, devoir nous borner à conseiller un régime et quelques remèdes pro-
pres à prévenir la lormation Je l'acide urique cristallisé et à entraîner Its poils
et les petits graviers s'il en existait encore. Dans ce but, nous recommandâmes
l'usage de l'eau de Contrexeville, de petites doses de bicarbonate de soude, et un
régime moins azoté que celui auquel l'enfant avait été soumis depuis le sevrage.
Pendant quelque temps encore, on a observé de petits poils dans l'urine, et le
sédiment a continué d'élre formé en très-grande partie par de l'acide urique
cristallisé. Plus tard, la mère de l'enfant a vu disparaître le phénomèue étrange
qui l'avait si vivement préoccupée. L'enfant a continué de se développer régu-
lièrement; de légères affections citarrhales ont été les seules indispositions dont
M. Paulin ait eu à lesoigner, à des intervalles assez éloignés.
Lorsque l'enfant me fut présenté, il ne puturiner, et je le regrettai vivement.
Au reste, toutes les circonstances de l'observation ne permettaient pas d'élever
de doutes sur l'émission de ces poils avec l'urine Le témoignage de la mère, celui
de M. le docteur Paulin, les précautions dont ils s'étaient entourés, enfin b peti-
tesse et la finesse de ces poils, qui n'avaient point leurs semblables sur le corps de
l'enfant, toutes ces cii constances entraînèrent ma conviction.
ÉMISSION d'une QDANTITÉ CONSIDÉRABLE DE PETITS POILS AVEC l'CRINF, , CHEZ ON
CEMLEMAN d'un AGE AVANCÉ, PRl^CÉDÉE DE L'EXCRÉTION DE GRAVIERS D' ACIDE
UKIQUE ; POINT DE DÉTAILS SDR LE TRAITEMENT ET LA TERMINAISON DE LA MA-
LADIE (1).
Obs. XIV. — J'ai été dernièrement consulté par un gentleman d'un âge mûr
pour un phénomène singulier, pour la présence d'un nombre considérable de
petits poils qu'il a fréquemment observés dans son urine. Outre qu'il est au-des-
sus du soupçon de se tromper ou de vouloir tromper les autres, j'ai fait moi-
même les recherches les plus exactes pour m'assurer que ces poils provenaient
réellement de la surface interne de la vessie ou de quelque autre partie des voies
urinaires. Us Sont de diverse longueur, d'un dixième de pouce à un pouce, et
sortent à présent sans faire éprouver de douleur au malade, quoiqu'il ait souf-
fert, dans le temps, de l'expulsion de graviers d'acide urique. Dans une circon-
fitance, ces poil^, avant d'être renJus, s'étaient recouverte d'une couche d'acide
urique. Ce symptô ne ayant pendant un moment fait supposer l'existence d'an
(1) On ORiNARY AND OTHER MORBiD CONCRETIONS, by William HeDry» M. D. F.
Pi. s., etc., Read March. 2, 1819 (Medico-chirorg. transac, publisbed by tbe
médical and chirurgical Society of London; vol. X, p. 143; 1819).
197
rétrécissement de l'urètre, on intrfHiuisit deux fois une bougie sans occasionner
de douleur. L'emploi de la bougie ne fut pas suivi de l'excrétion d'un plus grand
nombre de poils, ce qui peut être aurait eu lieu s'ils s'élaieut développés sur la
membrane interne de l'urètre (1).
BOUUE ACÉ DE OPARANTE ANS; CALCUL B'ACIDE tRIQDE, EN FORHE u' ANNEAU, AYANT
ON POIL POOR NOYAU, EXTRAIT AVEC EUCCJJS PAR l'OORAOV J DONT LE CANAL ET
t'ODVERTCRE OMBILICALE AVAIENT PERSISTÉ; COÏNCIIiEN';:^ îi'USE HERNIE OMW-
UCALE (2).
Ous, XV. — John Conquest, fondeur en fer, figé de 40 ans, soufCrait depuis
un an et plus d'envîes d'uriner fréquentes et douloureuses. En le sondant,
M. Paget lui trouva un calcul. Cet homme lui dit qu'en urinant et pendant les
violents eQbrt£ qu'il faisait dans son travail, une partie de l'urine s'échappait
do nombril par une ouverture qui, d'aussi lont:tenips qu'il se le rappelait, avait
toujours existé. A son admission à l'infirmerie de Leicester le 15 août, M. Paget
reconnut que le bec de la sonde passait facilement de la vessie dans l'ouverture
de l'ombilic, ce qui lui donna l'espérance que la pierre, qui lui paraissait peu
volumineuse, pouvait être extraite par cette voie, sans opération douloureuse.
Après avoir distendu la vessie avec de l'eau tiède, l'ouvertureombilicale de l'ou-
raque étant bouchée, il introduisit ensuite le doigt dans cette ouv '.rture, et par-
vint ainsi à extraire un calcul de forme annulaire et qui avait un poil pour
noyau.
L'auteur pense que le poil provenait du pubis, et qu'il s'était introduit acci-
dentellement dans la vessie par l'ouverture ombilicale de l'ouraque.
Le malade avait, en outre, une hernie ombilicale.
(t) Lorsqu'on examine chimiquement ces poils, ils ne paraissent pas difl'crer
des poils ordinaires. Mais le docteur WoUaston assure qu'ils en djffèrent à quel-
ques égards, en ce qu'ils n'ont pas à leur surface cette légère rugosité à kiqucile
les poils ordinaires doivent leur propriété feutrante.
(2) A CASE IN WHICH THE CRACHCS REMAINED OPEN, AN» À RING 8HAPED CALC'JLLS,
rORMED BPON A HAÏR IN THE BLADDER WAS EXTRACTEO THROKGH THE OMEILICUS,
by Thomas Paget, F. R. C. S., surgeon to th« Leicester infirmaiy, communicated
by William Bowman, F. N S., receivedMay 20th, read June llth 1850 (Medico-
CHiRCRC. TRANSACT., publishcd by the Royal Médical and Surgical Society ofLon-
don ; vol. the thirty-third, p. 293). — Extrait de cette observation.
198
5 VIT. — POILS INCRUSTÉS DE PHOSPHATJÎ DE CHAUX OU DE PHOSî>HATK I>B
MAGNÉSIE ET QUELQUEFOIS D'UNE CERTAINE QUANTITÉ D'ACîDE PRTQUB
(GRAVELLE pileuse, MAGENDIE). ~ POILS SERVANT DE NOYAU A DES
CALCULS PHOSPHATIQUES OU A DES CALCULS DONT LA COMPOSITION N'A
PAS ÉTÉ DÉTERMINÉE.
On a vu piusieurs fois des graviers ou des calculs phosphatiques se for-
mer autour de poils ou de matières semblables à des poils. M. Magendie
a appelé l'aUention sur une espèce de gravelle phosptiatique qui lui a offert
cette particularilé remarquable. Ce qu'il dit à ce sujet mérite d'être rapporté
textuellement :
« La gravelle pileuse (1) se présente tantôt sous la forme d'une pous-
» sière blanchâtre avec laquelle sont confondus les poils, tantôt sous forme
» de graviers de volume variable^ velus à leur surface et quelquefois réu-
» nis en grappes les uns aux autres. Dans l'état pulvérulent, la graveilô
» pileuse est formée par une poudre blanche, mêlée à une quantité de
»i petits poils dont la longueur varie depuis une ligne jusqu'à un pouce et
» plus. Par des lotions dans l'eau, on peut séparer les poils de la poussière
» blanche qui les environne. On reconnaît alors qu'ils diffèrent peu des
» poils ordinaires; ils sont seulement plus fins et d'un gris cendré.
» La malièm saline elle-même se dépose au fond du vase et y forme une
» couche plus ou moins épaisse. Si on l'y laisse quelque temps en repos,
» elle s'y prend pour ainsi dire en masse, et on ne peut plus la détacher
» qu'en lames de plusieurs lignes d'étendue. Pour apercevoir les poils, il
If suffit de rompre ces lames et les extrémités des poils apparaissent sur les
» bords du la cassure. Cette matière saline, analysée par M Pelletier, a été
» trouvée composée en grande partie de phosphate de chaux, d'un peu de
» phosphate de magnésie et de quelques traces d'acide urique. Ia première
» fois que j'ai eu l'occasion d'observer cette maladie, c'était sur un vieil-
» lard, professeur àPanciennê Université. H rendait Une telle quantité de
» cette matiè) e saline pileuse qu'il eu remplissait en quelques jours des
» boites de la contenance d^un litre; cequen aN^ait produit en quelques
» années ce vieillard était vraiment extraordinaire. Le second cas de gra~
» nelle pileuse qui soit venu à ma connaissance s'est offert sur un marin ;
» il rendait par l'urètre, non de ia poudre pileuse, mais des concrétions
(i) Magendie, Uecherches phtsioloriques et médjcales scr les causes, les
SYMPTÔMES ET LE TRAITEMENT DE LA GRAVELLE. In-8<», p. 40; 1828.
199
» velues à leur surface et d'un volume considérable. Ces concrétions étaiect
» friables, mais les parcelles qui résultaient de leur écrasement ne se sépa-
» raient pas entièrement ; elles restaient attachées les unes aux autres par
» de petits poils. »
M. Magendie déclare qu'il n'est pas possible d'expliquer la formation de
ces poils, ni leur présence au milieu de la matière saline déposée par l'urine.
Il ne dit pas s'être assuré, par l'examen microscopique, que les filaments
qui unissaient les graviers étaient bien de véritables poils ; mais la préci-
sion qu'il met dans toutes ses recherches, et qu'il a apportée inévitable-
ment daus l'examen d'on fait très rare, ne permet pas les doutes qu'on,
pourrait élever s'il s'agissait d'un observateur moins exact.
M. Clviale n'a jamais vu la gravelle pileuse, mais il a souvent rencontré
des filaments muqueux desséchés, au centre des pierres; plus souvent
encore il a remarqué que les sables étaient remplis de filaments, ùç. petits
poils qu'il a attribués à la poussière atmosphérique dont les malades ne
prennent aucun soin de les garantir en les faisant sécher. M. Civiale (1) ne
dit pas d'où provenaient ces petits poils suspendus dans l'atmosphère ; il
me semble qu'il fait surtout allusion aux petits filaments de laine, de coton
ou de lin qui peuvent s'échapper des couvertures, des vêlements, etc., ainsi
que je l'ai plusieurs fois constaté à l'hôpital et dans la pratique civile. H
est rare de trouver de semblables corps, dans l'urine recueillie dans les
petits vases cylindriques, employés maintenant dans les hôpitaux et qu'on
n'd pas toujours soin de préserver de la poussière ; on les trouve plus
souvent dans les pots de chambre dont ont fait usage dans les maisons par-
ticulières. Au reste, les filaments de laine et de coton et les petits poils de
laine étant presq^ue toujours colorés par la teinture et offrant des caractères
particuliers, il'examen microscopique, il est toujours possible de les distin-
guer des cheveux et des poils de l'homme.
HOMME D'ON CERTAm AGE AYANT FAIT DN SÉJODR FRÉQUENT DANS LES HÔPITAUX DE
LONDRES, PODR DES DOULEURS DE REINS ; CONDAMNATION A LA DÉPORTATION ,
PENDANT LA TRAVERSÉE, DOULEURS RÉNALES AVEC EMISSION DE GRAVIERS; DEINE
AYANT L'APPARENCE D'DNE MATIÈRE CRAYEUSE ET CONTENANT DES POILS; TRAITE-
MENT PAR LA LIMONADE ETRIQUE ET LES FÉCULENTS ; GUÉRISON (2).
Obs. XVI. — Dans un de mes derniers voyages à la Nouvelle-Galles, en
(1) Cîviale, Traité db L'AFPBCTroN caloûlecse. In-S", p. 113; Paris, 1838.
(2) Cas dans leqcel il y avait des poïls mêlés a l'dkinb, et coirai
200
qualité de chirurgien surintendant des ConvictSy un prisonnier du nom de JeK
let vint me consulter pour de violentes douleurs de reins accompagnées de perte
d'appélit et de fièvre. I! me (jit que depuis plusieurs années il avait été sujet à
celle maladie, pour laquelle il était souvent entré dans les hôpitaux de Londres,
et la dernière fois, peu de temps avant son jugement. Cet homme avait mené
une vie très-dissipée. Lorsqu'il vint à bord, il n'était presque pas malade, mais
denuis quelque temps (le vaisseau était alors en mer depuis deux mois) il avait
souOert de spasmes et d'une grande émission de graviers. Je lui demandai de
me porler de son urine. Je la trouvai épaisse, blanche, ressemblant à une ma-
tière crayeuse. Cet homme était très-maigre, pâle et avait l'air sou&rant, comme
s'il eût manqué de nourriture. Trouvant que l'urine qu'il m'avait apportée con-
servait longtemps le même aspect et déposait, quelque temps aprèsson émission^
uire grande quantité de sédiment contenant des poils, je crus qu'il voulait me
tromper; mais il persista à soutenir que les poils étaient rendus avec l'urine.
Pour prévenir toute tromperie, je le lis uriner devant moi, dans une bouteille
dont je m'étais muni. Je le fis uriner ainsi plusieurs fois, jusqu'à ce que j'eusse
rassemblé une grande quantité de sédiment, qui fut alors séché et examiné
soigneusement. J'y trouvai un nombre considérable de poils variant en lon-
gueur d'un demi-pouce à un pouce et demi, et de diverses couleurs. Examinés
à un fort grossissement, ces poils paraissaient mous et d'un tissu moins serré
que ceux qui croissent à la surface du corps. A tout autre égard, je n'y vis pas
de dilférences.
M'étant ainsi assuré de la vérité de l'histoire de ce pauvre homme, je me
hâlai d'essayer de diminuer ses souffrances, qui, dans mon opinion, tenaient
au passage de la matière pulvérulente et des poils déposés dans les reins. Pen-
sant que celle matière était composée de chaux, je crus que la meilleure ma-
nière d'en rendre l'émission facile et de corriger l'état alcalin de l'urine était de
donnerde larges dosesd'acide nitrique, qui diminueraient les douleurs et accroî-
traient laquantité de l'urine. J'ordonnai de l'opium, de l'esprit de nitre élhéré et
des délayants. Pensant que l'état alcalin de l'urine pouvait être produit ou aug-
menté par une nourriture animale salée, je la remplaçai par des aliments fari-
neux. En peu de semaines, le malade recouvra, par ce traitement, la sanlé et
ses rorces. Son urine cessa d'être trouble; les attaques de douleurs s'éloignè-
rent, et l'urine n'oUrit que peu de dépôt.
Après six mois de traversée, je le débarquai dans la colonie, guéri de sa ma-
adie et propre au travail. Je n'ai point appris, depuis, qu'il ait fait de rechute.
EXIRAIT DE CAS SEMBLABLES PUBLIÉS PAR LES ANCIENS AUTEURS ; par JameS Milchill,
chirurgien de la marine royale et écuyer (Edjnb. med. and surg. Jourxal, juil-
let 1828, p. 58, vol. XXX, n' 96) — JODBN. ..OMPLÉM. DES SC. MÉD., t. XXXIII,
in-S", p. 90, 1829.
201
Il commua, jusqu'à la lin du voyage, l'usage des acides et le régime végétal ;
mais l'opium et l'éther nitrique ne furent employés que pendant un peu plus
d'un mois.
FEMIIE DE33 ANS ; A 23 ANS, CHDTE DANS VS ESCALIER, SUIVIE DE DODLEURS DANS LES
LOMBES, S'ÉTENDAiST AU CÔTÉ GACCUE ; DTSCRIE; TRINES DONNANT UN SÉDIMENT
BIUQUECX, PARFOIS SANGUINOLENT; ÉMISSION FRÉQUENTE DE PETITS CALCULS
PHOSPHATIQUES FORMÉS AUÏOtR D'DN PETIT POIL POURVU DE SON BULBE, PLUS FIN
OD'UN poil ORDINAIRE, HUIS EN OFFRANT D'AILLECRS LES CARACTÈRES MICROSCO'
PIQUES ; POINT DE RENSEIGNEMENTS SUR LE TRAITEMENT ET L'ISSUE DE LA MALA-
DIE (1).
Obs. XVJI. Elisabeth Gailey, âgée de 33 ans, garde à l'hôpital du Nord, di-
sait que sa santé avait toujours été plus ou moius altérée depuis dix ans. Elle
attribuait le commencement de sa maladie à une chute dans un escalier, chute
dans laquelle elle croyait que le dos avait souffert, quoiqu'elle n'eût éprouvé
que peu de douleurs dans le moment. Peu de temps après l'accident, elle com-
mença à ressentir, dans les lombes, des douleurs s'étcndant au côté gauche, et,
plus tard, elle éprouva de fréquentes envies d'uriner, de la gêne et des dou-
leurs en urinant. L'urine, après l'émission, déposait une matière muqueuse.
Plusieurs fois la malade observa que cette matière était mêlée de sang. Ces
symptômes s'étaient aggravés avec le temps. Lorsqu'elle souffrait le plus, la
douleur était rapportée au rein gauche. Le droit était rarement et légèrement
affecté. Ces attaques étaient plus fréquentes dans la saison chaude. Tout ce qui
produisait une abondante transpiration diminuant la quantité des urines, ag-
gravait les symptômes. Depuis la chute, il se passe rarement une semaine sans
que cette femme rende une ou plusieurs pierres. Pendant les deux ou trois
dernières années, elle a souffert de dyspepsie.
Les petits calculs, de forme irréguliére, varient en volume, depuis celui d'un
grain de moutarde à celui d'un pois un peu gros. Ils sont perforés à une ex-
trfmitê par un petit poil, qu'on trouve, lorsqu'on l'examine au microscope,
semblable par sa structure à un poil ordinaire , mais plus mince et plus dé-
lié. L'urine et les calculs ont été examinés par le docteur Brelt, chimiste ho-
noraire de la Société. L'urine est une urine pnospbatique ordinaire, de couleur
pâle, devenant ammoniacale et donnant, par le repos, un sédiment ammoniaco-
magnésien ou de triple phosphate. Les calculs sont principalement composés
des mêqies sels.
(1) Case of urinart calcult containing hairs (gravelle pileuse) ; by Edward
Parker, csq. (Médico-chirurgical transactions, etc., vol. XX VII. Seconde série,
vd. IX, p. 16} )— Extrait.
202
M. Parker ajoute avec raison qu'une circonstance, à savoir que plU'
sieurs des calculs sont traversés par un poil donne un grand intérêt
à cette observation. Dans l'observation de M. Magendie, les poils étaient
nombreux ; dans celle-ci, à peine un des calculs présente-t-il plus d'un
poil. En outre, dans ce cas particulier, Textréniité libre de ces poils pré-
sentait unlforuiément un bulbe, et Texlrémilé opposée étant constamment
revêtue de gravelle, M. Parker a été conduit à penser que ces poils
avaient été fournis par la membrane muqueuse de ia vessie, qu'ils avaient
servi comme de noyau au dépôt des phosphates et qu'ils s'étaient déta-
chés par le poids résultant de cette concrétion.
Si ces poils avaient été introduits dans la vessie, toute leur surface aurait
été plus ou moins enduite de malière calcaire, et il est probable qu'il en
aurait été de même s'ils s'étaient formés dans le bassinet ou les reins.
Dans plusieurs observations qui vont suivre, on verra que des chirur-
giens fort célèbres sont restés incerlaios sur l'origine des poils qu'ils ont
vu servir de noyau à des calculs urinaires. Ces cas, objet de doute, n'en
méritent pas moins d'être mis sous les yeux du lecteur.
« Vous pouvez voir, dit M. Brodiè (1), dans une des préparations de no-
tre Musée plusieurs calculs d'une forme oblonguc spéciale et de grandeur
rariable, dont le plus volumineux a environ trois quarts de pouce de lon-
gueur et h lignes de large, tandis que presque tous les autres sont beaucoup
plus courts et proportionnellement plus <5troits; à leur centre ils offrent
tous un petit cheveu irh-fin, qui les parcourt longitudinalement. J'ai
extrait ces calculs de la vessie d'une femme ; ils sont principalement com-^
posés de phosphate de chaux, ce qui indique, comme je vous le dirai bien-
tôt une maladie de la membrane muqueuse. Il est difficile de dire comment
ces cheveux se trouvaient dans la vessie, si c'étaient des cheveux ordi-
naires introduits accidentellement, ou de ceux qu'on rencontre parfois dans
les tumeurs enkystées et sur d'autres tissus malades; quant à moi, je se-
rais porté à leur attribuer cette dernière origine. »
M. Brodie cite un autre fait non moins curieux : « J'ai soigné, dit il, nn
monsieur qui était atteint d'une affection calculeuse de la vessie et d'une
maladie rénale à laquelle il succomba, et dont les urines charriaient, de
(l) Leçons sor tES MALAniHS des organes brinaires ; parBenj. Brodie; trad.de
la 3* éd., par Patron. Paris, 1846, p. 304. — Brodie, Lectures on the diseases
OF THEURINARY ORGANS. London, 1832.
203
temps en temps, de petits chei''cux que j'étais en droit de considérer
comme venant de la vessie. Malhenreusoment. ni dans ce cas, ni dans celui
de ia femme dont il a été queslion plus haut, il n'y eut d'autopsie ; mais on
sait positivement qu'il n'est pas très-rare de voir naître des cheveux à la
surface interne d'une tumeur enkystée (ï). »
M. Civiale ayant eu l'obligeance de mettre à ma disposition plus d'une
centaine d'échantillons de fragments de calcul^ provenant des nombreuses
opérations de lilliolrilie qu'il a praliquées , je les ai examinés avec le plus
grand soin. Dans quatre de ces échantillons, j'ai trouvé de véritables poils
qui traversaient de petits fragments de calculs. M. Pelouze m'a affirmé
qu'en brisant des calculs pour en analyser les différentes couches, il avait
aussi plusieurs lois observé de ces petits poils dans leur épaisseur.
A cette occasion, je dois cependant prévenir que, lorsqu'on examine des
débris de calculs provenant de la lilhotritie, ou des graviers, il faut se garder
de prendre pour de véritables poils des fils de lin, de soie ou de coton mé-
langés accidentellement avec les matières calculeuses, soit par les mors du
lithotriteiir qui s'en était chargé en le nettoyant, soit autrement. L'inspection
roicroscopique des filaments considérés comme des poils, mettra à l'abri de
toute erreur, chacun d'eux ayant des caractères particuliers que j'ai fait
représenter avec soin.
On sait que, pendant la vie, certaines personnes, des femmes surtout, se
Sont introduit divers corps étrangers dans la vessie et même des poils.
M. Cruvçilhier rapporte, à ce sujet, un fait curieux dont j'ai été té-
moin. Un chirurgien anglais nous montra, à la clinique de Al. Dupuytren,
le 23 juillet 1814, un calcul urinairc formé de phosphaté de chaux et
de phosphate ammooiaco-magnésien, ayant pour noyau uve mèche de
cheveux. Cette mèche était très-longue; nne de ses extiémités était bou-
clée et semblait se terminer par un tissu lanugineux; Taulre exlrémilé
était roide, entourée de phosphate calcaire qu'on avait pu prendre pour les
bulbes des poils. Cette pierre avait été retirée, â Londres, de la vessie d'une
dame de qualité, de mœurs pures, qui assura ne s'être jamais rien intro-
duit dans la vessie. Le chirurgien anglais était persuadé que cette mèche
s'était formée dans cet organe, d'autant plus que sa couleur n'était poiut
celle des cheveux delà malade. Mais il paraît beaucoup plus probable, cooti-
(1) Brodie, Ouvrage cité.
304
oue M. Cruveilhier, qu'elle y avait été introduite (1). Je dois ajouter qu*U
fut reconnu plus tard que les cheveux étaient liés par un fil.
ianssioN nombreuse de petits calculs, puis d'une masse de plus petits calculs
ENCHEVÊTRÉS DANS DES POILS, SUIVIE D'UN ÉTAT DE SANTÉ SATISFAISANT (2).
Obs. XVIII. — « Le trichiasis ou émission de poils avec les urines a déjà été
observé, dit Olaiis Borrich, par F. de Hilden, Horst,TuIp, etc. Quelque chose de
semblable arriva dernièreœeni chez nous, à Jean Blatt, séualeur, qui, par l'effet
de médicaments que je lui administrai, ayant évacué plus de soixante calculs, ren>
dit ensuite une masse oblongue, hérissée de nombreux graviers très-petits, sem-
blables à des diamants enchâssés à la surface. Étonné delà forme de celte masse
et de la propriété qu'elle avait de se laisser plier, et redoutant des suites fâcheu-
ses de cet accident, il me lit appeler, aiin que j'examinasse, devant lui. ce
corps extraordinaire. Je trouvai ceitemasse, de la longueur de la moitié du doigt,
dure à l'extérieur et couverte d'un grand nombre de petits calculs, mais for-
mée à Vintérieur de poils blanchàlres, au nombre d'environ cinquante, tressés
et entortillés d'une manière très-compacte. Ils exhalèrent à la combustion une
odeur de soufre. Cet amas de filaments avait l'apparence de la mèche qui se
trouve au milieu des chandelles.
» Qu'on recherche si l'on veut la cause de ce phénomène dans des humeurs
trop cuites, moi je n'ai eu d'autre but que de rapporter le fait ; que des esprits
plus habiles en trouvent la vraie cause. J'ai parlé autre part de deux cas que
j'ai observés à Copeubague, l'un d'épingles, l'autre de grains de plomb rendus
par les urines, dont les deux sujets vivent encore et se portent bien. Au reste,
le sénateur est aussi bien portant, et montre sans difficulté à ceux qui viennent
le voir cet amas sorti de son propre corps. »
Schenck rapporte, d'après Jean Wier, le fait suivant, qui appartient très-
certainement aux maladies simulées ou aux maladies mal observées :
DOULEUaS OCCASIONNÉES PAR DES CALCULS RÉNAUX; ÏIATIÈRE LANUGINEUSE ET POILS
RENDUS AVEC L'URINE (3)
Obs. XIX. — Une noble dame, encore vivante, après avoir souffert pendant
(1) Cruveilhier, Essai sur l'anatomie pathologique en général, vol. II,
p. 178. In-S". Paris, 1816.
(2) Thomas Bariholin, Acta medica et pbilosophica Hafniensia, vol. n,
p. 157.— Calculas landginosus, Olai Borrichii.— -Collection acadéuique étran-
gère, t. VII, p. 222. In-4*.
(3) Schenck, Obs. bied., lib. 3, Renum trichiasis, obs. 2, p. ftû4. — J. Wier,
De i>£uonum PRASTiGiis ET iNCANTATiONiBus, libri scx. Bâlc, 15M. In-li', lib. 3,
cap, 15.
longtemps de calculs des reins, rendit avec l'urine, au bout de quelques an-
nées, d'abord pendant quelque temps une laine bien liue, quelquefois roulée sur
elle-même, puis de longs tils blancs doublés à l'instar de ceux dont se servent
les tailleurs, et ce qui surpasse toute croyance, souvent avec un nœud, comme
si on les avait préparés pour la couture; mais eusuile, chose qui dura aussi
pendant quelque temps, elle rendit avec l'urine non-seulement de la laine, mais
une membrane laineuse plus compacte, comme mêlée avec de l'ocre, et sem-
blable à celle dont s'enveloppent les petits vers qui nous sont apportés des
îles où se produit la soie. Enfin il n'élaU pas rare qu'elle rendît, outre ces
choses, des poils de la longueur du doigt, les uns blancs à leurs deux extré-
mités et noirs dans leur partie moyenne, les autres noirs, tandis que d'autres
au contraire étaieat blancs. Ces poils, amincis vers une de leurs extrémités,
étaient plus obtus vers l'autre, qui paraissait être leur racine. Celte dame por-
tait avec elle une boîte contenant de cette matière extraordinaire, qu'elle fit voir
k plusieurs personnes et dont elle donna une partie à Ewicb.
Les détails de celte observation font naître plus d'un doute. D'abord rien
ne prouve que ces poils ne provenaient pas du dehors ou n'avaient pas été
mis artificieusement dans.l'urine. En outre, ce serait chose merveilleuse que
de trouver, dans l'urine, des poils ayant un nœud comme un fil qu'on pré-
pare pour la coulure. Ce fait, bien qu'il ail été souvent cité, et récemment
par Breschet, comme un exemple de poils rendus avec VurinCy doit être
relégué parmi ceux que k science ne peut accepter.
§VIII.— POILS DANS l'urine; GRAVIERS DE NATURE INDilERMINÉB ;
URINES PURULENTES.
Je rapporterai, dans ce paragraphe, une observation de pili-miction,
qui donna lieu à une discussion intéressante entre plusieurs savants du
commencement du dix-huitième siècle.
Dans ce cas, l'urine, indépendamment des poils ou des corps regardés
comme tels, contenait du pus comme dans plusieurs cas rapportés plus
haut. La malade avait, en outre, rendu de petits calculs qui n'offraient
pas de poils pour noyau.
Voici le fait:
20S
FEMME ÂGÉE D'ENVIRON CINQUANTE ANS; DOULEURS NÉPHRif.TIOtlES FRÉQUENTES;
URINES PURULENTES; GRAVIERS NOIRS; t!RINE GLAIREUSE; RETOUR DES DOULEURS
QUI CESSENT AU BOLT DE QUELQUES JOURS; NOUVEL ACCÈS DE DOULEURS SUIVI DE
l'excrétion avec L*CK1NE d'une MATIÈRE CONTENANT UNE TOUFFE DE PETITS
POILS; CESSATION DES ACCIDENTS (l).
Obs. XX. — Une femme pléthorique, âgée d'environ 50 ans, qui avait souvent
des douleurs néphrétiques, m'appela auprès d'elle le 9 du mois de mai dernier.
L'état purulent de ses uriues et leur odeur m'indiquèrent qu'elle avait non-seu-
lement la gravelle et la pierre, mais encore un ulcère d'un ou dos deux reins.
En conséquence, je lui ordonnai des pilules de cantharides et de camphre, et de
boire largement d'une éinulsion mucilagineuse. Ces remèdes la firent urine
abondamment; elle rendit des graviers noirs et une maiièrc blanche, épaisse,
semblable à de la glu, sans éprouver aucune douleur et sans symptômes fâcheux.
Elle fut bien pendant huit jours, au bout desquels les douleurs reparurent et
cédèrent aux mêmes remèdes. Environ huit jours après, les douleurs semblant
menacer de reparaître, je répétai encore les mêmes remèdes; mais dans la nuit
elle ressentit de vives douleurs dans le flanc et éprouva des convulsions qui ces-
sèrent après l'émission d'une urine chaigée d'une grande quantité de matière,
dans laquelle se irou\a\l une touffe de cheveux contiSi et altérés. "La malade
continua quelque temps encore un traitement anli néphrétique qui l'a préservée
Jusqu'ici des calculs, des douleurs, des matières morbides et de la dysurie.
Je vous envoie un tiers de cette touffe de pods que la dernière dose de cantha-
rides flt expulser. Je ne fais aucune remarque à ce sujet ; je les laisse à faire aux
savants à qui vous voudrez les présenter. (Plymouth. 28 septembre 1707.)
Une partie de celte touffe de poils fui adressée par Hans-Sloane à Leeu-
venhoek. Celui-ci l'examina avec scia au microscope, et après une élude
miaulieuse et très-attenlive, il reconnut que celle substance pileuse était
composée de matières évideramenl venues du dehors. Voici un extrait du
sa réponse dont je supprime un assez grand nombre de détails et de répé-
titions, qui du reste témoignent de sa bonne foi et du scia qu'il avait ap-
porté dans son examen (2) :
(1) Lettre du docteur James Yonge,' P. R. S., au docteur Hans-Sloane sur
UNE touffe DE POILS RENDUE AVEC LES URINES (PHILOSOP. TRANS., V, XXVI, aunéc
1708 à 1709, p. 41 'i).
(2) Lettre de M. Ant.Van Leeuwenhoek, F. R. S., contenant des observations
SUR LES POILS MENTIONNÉS DANS LA LETTRE PRÉCÉDENTE. Dclf., 22 nOV. STO? (TrANS-
PHILOSOP., V. XXVI, p. 416).
207
M Votre lettre du 24 octobre deruier renfermait une petite masse d'une
substance pileuse rendue avec l'urine par une femme de 60 ans ou envi-
ron, après avoir pris une dose de mouches d'Espagne qui lui avait été or-
donnée pour uu ulcère des reins. J'ai examiné au microscope une portion
de cette substance pileuse, et je pense qu'elle est formée de poils de brebis
ou de laine blanche. Celle laine est brisée ou rompue en parcelles très-
courtes, dont quelques-unes n'ont pas, en longeur, six fois l'épaisseur
d'un poil. Je suppose que ces poils n'ont pu provenir de l'intérieur du
corps, et qu'ils viennent bien plutôt des talons d'un bas. Plus j'ai répété
mes observations, plus je me suis confirmé dans cette opinion ; non-seule-
ment j*ai pu reconnaître les courtes particules de laine brisée, mais sur un
grand nombre j'ai distingué l'ccorcc ou l'extérieur des fds de laine. Les pe-
tits filaments donl la laine est composée étaient si nettement séparés les uns
des autres qu'ils paraissaient former des pinceaux à rexlrémité de ces poils.
Sous cette matière, sous cette touflé de laine blanche, il y avait de petites
parcelles composées de petits tubes que j'ai pris pour de petits morceaux
de paille. Il y avait encore d'autres petites particules semblables à l'en-
veloppe d'un grain de blé ou de riz, et quelques petits morceaux de bois un
peu plus épais qu'un cheveu. Il y avait aussi quelques parcelles d'épi-
derme sur lesquelles je pouvais voir facilement les petites écailles dont il
est composé.
>) Il y avait encore un grand nombre de petits corps particuliers dont je
ne pus découvrir la nature. Ces dernières particules étaient si fortement
liées à quelques poils de laine que je n'ai pu les isoler même avec le secours
de l'eau. J'ai vu encore deux légères particules, que j'aurais prises pour des
lamelles d'épiderme si elles n'avaient pas été plus grandes qu'aucune des
lamelles que j'ai jamais pu détacher de ma peau. Enfin j'ai vu, dans la ma-
tière qui ma été envoyée, d'autres corps dont je ne donnerai pas la des-
cription.
» Maintenant voici mes raisons pour supposer que ces particules lai-
neuses viennent du talon d'un bas. Je porte toujours des bas de laine
blanche, épais, et je couche même avec. Je puis les porter trois semaines
de suite puisque je ne sue pas des pieds Or ayant vu plusieurs fois des par-
ticules de laine brisée, déposées en petits las et adhérentes les unes aux
autres sous mes talons, et les ayant examinés pour me convaincre que la
laine est composée de petits poils, fai reconnu que ces particules lai-
neuses ressemblaient à celles qu'on m'a envoyées. Il est vrai que dans la
laine du talon de mes bas, je n'ai jamais trouvé de parcelles de bois ou de
208
paille ; mais la raison en est que, depuis des années, je n'ai jamais louché
le sol avec mon talon. »
Dans une seconde lettre (1) de M. James Yonge à sir Hans-Sloane insé-
rée dans les Transactions philosophiqdes, on lit : « J'ai encore vu hier
la femme qui a rendu la touffe de poils, ainsi que sa fille et la domestique
qui la servait alors. Elles m'ont affirmé toutes que le pot de chambre dont
cette femme s'était servie était verni en blanc et Irès-propre. La malade dit
qu'elle a senti cette touffe venir de l'intérieur au dehors et qu'une lumcur
qu'elle avait dans un des côtés du ventre s'est évanouie ; que depuis lors,
c'est-à-dire depuis huit mois, elle n'a plus souffert des douleurs et des au-
tres accidents qui revenaient très-souvent autrefois. Seulement elle a de
temps en temps de légères douleurs de reins, et elle rend alors un peu de
mucus. Je ne suis pas très-crédule, et je ne doute pas de la réalité de ce fait. »
La remarque faite par le docteur Yonge, dans celte dernière lettre, que
la malade qui a rendu les poils avec l'urine portait dans un des côlés du
ventre une tumeur qui s'est ensuite évanouie pourrait permettre de
supposer que celte femme était atteinte d'une de ces tumeurs qui contien-
nent des poils et qui s'ouvrent quelquefois dans la vessie, si les observations
microscopiques de Leeuwenhoek ne venaient pas détruire cette hypothèse.
En effet, Leeuwenhoek a constaté que cette matière pileuse était de la laine,
et de plus de la laine brisée en parcelles dont les extrémités se termi-
naient en petits pinceaux. Il a constaté, en outre, que ces brins de laine
étaient mélangés d'autres parcelles, de lamelles d'épiderme, de parcelles
de bois, de paille, etc. Cet ensemble de circonstances, et en particulier
cette apparence en pinceaux des bouts de laine brisée, dont j'ai constaté la
réalité, ne permet pas de regarder, ainsi que l'ont fait James Yonge, Hans-
Sloane et tous les auteurs postérieurs, ce cas comme un exemple de trichia-
sis ou de pili-miction quelle que soit d'ailleurs l'origine de la laine.
Quelque temps après sir Ilans-Sloane reçut de M. John Povv^el (2) une
lettre que je crois devoir rappeler à peu près textuellement :
(1) Lettke de M. James Yonge, à sir Hans-Sloaiie conceknant la touffe dk
POILS RENDUEPAR LES tRINES (Tr.VNS. PHILOS., V. XXVI, 170S-17U9, p. ilO).
(2) Lettre de M. John Powel à sir Hans-Sloane concernant une dame qdi
RENDAIT AVEC SON L'RINE DKS MATIÈRES PILEUSES INCRUSTÉES DE SELS. — RÉPONSE
de sir Hans-Sloane contenant plusieurs observations d;: soustances extraordi-
^AIRES rendues par LES VOIES ORINAIUES (PHILOS. TRANS., V. XLI, pa!t. 1, l'or tllC
\ears 1739-1740, p. 499).
20»
« Je profite d'une occasion sûre pour vous envoyer «ne boîte qui ren-
ferme des matières pileuses rendues par la lille d'un ecclésiastique de nos
environs. Son père est niorl il y a quelques années, ainsi que son mari.
Elle rend de ces matières depuis deux ans, et celte excrétion n'a été sus-
pendue que pendant deux mois, l'été passé ; celle femme a environ tiO ans ;
elle a été mariée à l'âge de 17 ans, et a eu quelques années après un enfant
quia vécu neuf semaines.
» Il y a deux ans, au mois d'août, elle fut prise d'une rétention d'urine,
de douleurs de vessie et d'une grande douleur aux pieds. L'urine était
blanchâtre comme du pelit-iait.
» Cette femme éprouvait de la faiblesse dans les membres et des coliques
pour lesquelles un autre médecin lui ordonna de prendre des bains froids.
Elle en éprouva un grand bien pour la faiblesse des membres ; mais les dou-
leurs des voies urioaires augmentèrent plutôt et les urines commencèrent
à devenir fétides. A la Noël, ayant pris un calmant le soir, elle rendit sans
beaucoup de douleurs le corps le plus volumineux que vous trouverez dans
la boîte. Depuis celle époque ces corps lui causent presque toujours une
douleur excessive avant d'être rendus, et elle est ordinairement forcée de
prendre avec le bout des doigts l'extrémité des poils, pour les attirer
au dehors. Souvent il s'écoule beaucoup de sang à leur sortie, ce qui in-
dique un ulcère intérieur.
» Le printemps dernier, à l'aide de doux évacuants, son état s'améliora
(vomitifs composés d'ipécacuaua ; purgatifs avec de la manne, l'huila
d'amande douce et du calomel). Elle prit très-souvent des diurétiques, des
pilules balsamiques, des éniulsions. La fétidité de l'urine diminua ; la ma-
lade se trouva assez bien pour entreprendre, au mois d'août dernier, un
voyage dans le Herefordshire. Elle le prolongea pendant près de deux
mois. Je crois qu'elle prit froid à son retour, et ses douleurs augmentèrent
très-sensiblement. Elle rendit une grande quantité de matière pileuse.
L'urine devint gluante et fétide, malgré tout ce qu'un autre médecin et
moi-même pûmes faire. L'urine était souvent si épaisse et si gluante qu'on
pouvait à peine la détacher du vase. D'autres fois elle était si filante qu'avec
un petit balai ou une plume on pouvait en prendre une grande quantité qui
retombait comme une masse dans le pot de nuit.
» Depuis un temps considérable, elle a rendu, au moins une fois par jour
et quelquefois plus souvent, de ces matières pileuses encioûtées de sels,
qui, au moment où elles sont évacuées, ressemblaient ii des poils et à des
espèces de coraux. Les douleurs sont si vives que, de tro!^î on trois nuits
ih
*2id
au moios, nous sommes obligés de Iql dotiner des calmants , et les dou-
leurs soQt si aiguës que souvent ils ne les câlinent pas.
» La longueur des souffrances a rendu celle femme très «laigre et très-
faible; elle a souvent essayé le lait, mais il lui fait mal à Testomac, et elle le
vomit,
» Les menstrues ont été régulières, excepté aux deux ou trois dernières
époques. Il y a dix ou douze jours, la malade s'est plainte d'avoir le ventrn
enflé ; il n'existe pas d'enflure aux cuisses et aux jambes.
» La malade éprouve souvent dans la vessie, un crepitus, («n vent),
comme s'il existait une communication entre cet organe et Tinteslin
reclum.
» Un chirurgien habile a sondé la malade et n'a pas trouvé de pierre.
Depuis quelques jours, eUe se plaint d'accès d'asthme qu'on attribue à la
chaleui' de la saison.
» Cette émission avec l'urine de matières pileuses encroûtées de gels
ne s'était jamais présentée dans ma pratique. Je désire savoir votre opinion
à ce sujel, et je vous prie de m'indiquer it; liaileineflt que vous pensez devoir
être suivi. »
Sir Hans-Sloane (1) répondit : a J'ai reçu il y ^ deux jours votre lettre et
son contenu que j'ai examiné. J'ai U conviction que ces matières pilevLses
sont engendrées dans les reins. J'ai vu, dans ma pratique, quelques cas
semblables, et j'ai conservé ce qui a élô rendu avec les urines dans quelques-
uns de ces cas. Le premier dont je me lappelle est celui d'un gentleman,
près d'Exchange, qui, il y a quatre ans, rendait avec, l'oriue de lotif.fs poils.
Lorsqu'il urinail sur un papier blanc à filtrer, l'urine le traversait et les
poils étaient retenus à sa surface, Par leui' transparence, ils donnaient, lors-
qu'on les examinait au microscope, les couleurs les plus nettes, telles
qu'on les observe avec le prisme. Ce gentleman ne soullrait pas beaucoup
quoiqu'il se plaignit d'une âcreté d'urine.
» Un autre cas était celui d'un brasseur qui rendait des poils nattés ou
pelotonnés ensemble, et qui le faisaient beaucoup soufi'rir : mais ils étaient
accon^pagnés de très-peu de matière pierreuse. »
(Suivent quelques exemples de concrétions caiculeuses formées autour
de corps étrangers introduits dans la vessie, et des remarques sur l'utilité
des bains tièdes, des boissons délayantes et mucilagineuses, des opiacés,
(») Réponse de sir Hana-Sloane à M. Powel. Londres, 27 juillet 1733 (I'rans.
PBILLSOP.)
211
de la saignée, etc., dans les cas analogues à ceiui pour lequel ^'auteur esi
consulté.)
J'ai rapporté à peu près textuellement la correspondance entre John
Powel et sir Hans-Sloane afin de montrer combien il est difficile, malgré la
longueur des détails, de juger de semblables faits. La malade de John Powel
avait évidemment un catarrhe de vessie dont les glaires et les matières
niantes étaient un des principaux symptômes. Mais quelles étaient ces
matières pileuses sur la nature desquelles sir Hans-Sloane n'émet aucun
doute, si ce n'étaient de véritables poils? D'un autre côté, je ne sais que
penser de ces poils qui, examinés par cet auteur au microscope, donnaient
les couleurs les plus nettes, telles qu'on les voit à travers un prisme. Ces
faits, qu'on a acceptés et cilés sans examen et sans critique, ne sont bons à
connaître, en réalité, que pour faire sentir la nécessité d'observations plus
complètes et plus précises.
L'attention ayant été appelée sur ies excrétions des poils avec Vurine^
J. KnigUt (l^ adressa à sir Hans-Sloaue la relation d'un cas dans lequel il
avait observé dans l'urine une matière qu'il désigne sous le nom de capil-
lamenta : « Ayant observé un cas extraordinaire, j'ai l'honneur de vous
le communiquer pour savoir si vous en avez rencontré de semblables dans
votre longue et heureuse pratique. La substance pileuse ou les fins capil"
lamenta renfermés dans la boîte que je vous adresse ont été évacués avec
l'uriue par un gentleman pendant une violente attaque de dysurie. La gra-
velle qui fut rendue en même temps était en quantité insignifiante. La cause
principale de la dysurie était due à la substance pileuse et à la matière
terreuse qui lui adhérait. Ces matières enflammèrent les uretères, le sphinc-
ter de la vessie et de parties adjacentes. La phlébolomie, les lavements
adoucissants, les opiacés, les émulsions et d'autres remèdes analogues fu-
rent successivement employés; tout fut inutile jusqu'à ce qu'eût lieu l'éva-
cuation de ces corps étrangers. »
L'auteur, après des détails et des hypothèses sans intérêt, termine en di-
sant qu'il doute que ces substances soient de vrais cheveua:. Ce sont plu-
tôt, dit-il, des concrétions grumeleuses, formées dans les reins, et mou-
lées dans les cunâuits excréteurs de l'urine. Mais alors pourquoi désigner
ces matières sous le nom de capillamenta ? J'ajoute que depuis l'époque à
laquelle les observations de James Yonge,de lians-Sloane, de Leeuwenhock
(ij Lettre de M. J. Knight à 8ir Haos-Sloaae sur les chevecx be^dus par
LES OKiNBS. Fi^vrier 1137 (Transao". philos.).
H
f
'212
et de Po»V(.l ont été insérées dios les TRANSAcrioiNs philosophiqoes, c'est-
à (lire depuis cent citiquante ans environ, aucune autre observation de tri-
chiasis des voies urinaires n'y a été publiée, circonstance qui témoigne de
la rareté de cas semblables.
§ IX. — FILAMENTS PILïFORMES OBSERVÉS DANS LES DRINES » DANS LES
SÉDIMENTS, DANS LES GRAVIERS 00 LES CALCULS, BT CONFONDUS ATKC
LES POILS DE l'homme.
Parmi les substances observées dans l'urine, dans les sédiments urinaires,
dans les graviers et les calculs, et qui ont été confondues ou qui pourraient
l'être avec les poils, on doit noter les suivantes :
!• Les filaments de fibrine plus ou moins décolorés;
2* Les filaments de mucus concrète ou desséché ;
3° Les filaments d'albumine coagulée ?
h" Les coni'erves et les mycélium des mucédioées, développées dans l'u-
rine ou à sa surface, quelque temps après son émission ;
5* Les lils de lin, de colon ou de laine, colorés ou non colorés;
6" Les poils d'autres animaux, ajoutés accidentellement ou artificieuse-
menl à l'urine, après son émission.
l*' Filaments de fibrine. — Dans certaines hématuries, la fibrine se
dépose quelquefois dans l'urine, en filaments qui, à l'œil nu, peuvent plus
ou moins simuler des poils. Cependant celle apparence filameuieuse n'est
pas celle que prend le plus ordinairement la fibrine. Chopart n'était pas
certainement autorisé à dire, en parlant de tous les cas de pili-micliou pu-
bliés antérieurement à sou ouvrage, et en particulier de l'observation de
Schenck citée plus haut (obs. VII) : « Ces prétendus poils ou cheveux ne
» sont que des corxrciions sanguines ou des filaments de matière albu-
» mineuse qui peuvent avoir la forme, la consistance et la couleur des
» poils (1). » J'ajoute que jamais les concrétions fibrineuses n'ont la consis-
tance et surtout la résistance des poils.
2° Filaments de mucus. — Une observation d'André Cnoeffel (2), inti-
tulée : De orina pilosased filosa, indiquée par plusieurs auteurs comme
un exemple d'urine ^«ietwc, appartient évidemment aux urines catarrhalcf
(2) Ephem. nat. cdr., dec. l, ann. IV et V, î673, p. 45.
(3) Chopart, Traité des maladies des voies urinaires, In.8\ t. Il, p. iSI,
nouv, édit. Paris, 1830.
213
ou glaireuses. On comprend difficilement comment on a pu rapprocher
celte urine des urines qui contiennent des poils. Voici le fait : «( Dans l'an-
née 1668, un certain écuyer nommé Schaplan, habitant dans la plus grande
lie de Marienbourg, après avoir éprouvé des douleurs dans le côlé gauche,
rendit, pendant quatre semaines, sans douleur, une urine épaisse, blanche,
dont le dépôt contenait une grande quantité de sable et de graviers rouges.
Cette urine était quelquefois tellement épaisse qu'il fallait la retirer avec les
doigts comme des filaments ; elle se coagulait dans l'urinoir en une masse,
et ne pouvait être transv:isée sans qu'on y ajoutât de l'eau. Ces accidents
étaient accompagnés d'une insomnie telle qu'elle résista à 12 grains d'opm?»
correclum. Il survint de l'amaigrissement, et trois semaines après, les
pieds s'étant gonflés, le malade fit usage, pendant quatorze jours, de spi-
ritu vitrioli sale terrœ natrito et coagulato. Il fut purgé deux fois avec
de l'extrait de rhubarbe et obtint sa guérison. »
Dans des cas analogues au précédent, il sera toujours facile de distinguer
les filaments muqueux et glaireux, capilliformes, des vérilables poils ; mais
un examen plus attentif est nécessaire lorsqu'il s'agit de déterminer la na-
ture de certains filaments piliformes qu'on observe dans quelques sédi-
ments de l'urine recueillis sur le filtre et desséchés. Lorsqu'un sédiment
rose ipink) (1) est séparé de l'urine par la filtralion, dit M. Brctt, la masse
qui reste sur le filtre est douce au loucher, et les particules qui la. compo-
sent étant d'une excessive finesse, leur cohésion est plus marquée que dans
les sédiments d'acide urique. Lorsqu'on laisse sécher sur le filtre ces sédi-
ments rosacés, ils peuvent s'enlever en masse sans que les particules qui
les forment se séparent. Dans uu grand nombre de dépôts de cette espèce,
continue M. Brett, les particules qui les composaient étaient réunies par des
filaments d'une structure délicate, semblables, en apparence, à des j^oils
fins et très-courts. Ces filaments, par leur entrelacement, formaient une
sorte de réseau sur lequel les sels étaient déposés, l^ar l'ébuUition, les sels
étaient dissous, et cette trame filamenteuse, restée en suspension, devenait
plus apparente.
M. Brett rapproche ces filaments piliformes, qu'il a aussi observés dans
des sédim.ents phosphaiiques des poils que M. Magendie a vus réunissant de
petits graviers et qu'il a désignés sous le nom de gravelle pileuse ; mais ils
doivent en être distingués.
(1) Brett, On urinaby deposits (The London medicaX Gazette, t. XVII,
-?. 844).
Ou a souveut observé, dans lescalculg, des filaments qui simulaient des
poils; une pierre calcaire, du volume d'une pelile noJselte, rendue sponta-
nément par un homme qui avait réclamé les soins de M. Civiale (1), con-
tenait des filaments muqueux ressemblant à un paquet de cheveux. De
tels filaments peuvent être facilement distingués, au microscope, des véri-
tables poils, en ce qu'ils n'en ont ni la régularité ni la structure. Les cris-
taux ou la poudre amorphe déposés dans ces filaments peuvent être facile-
ment reconnus, à un fort grossissement et à Taidc de réactifs ; le mucus
perd alors l'apparence d'une substance organise».
3* Filaments d'albumine coagulée. — M. Golding Bird (2) dit qu'on
a quelquefois pris pour des poils de petits tubes vermiculaires d'albuiblne
coagulée qu'on observe souvent dans le sédiment de l'uriue des iudividrts
atteints de la maladie de Bright, et dont le diamètre correspond exartcmeât
à celui des tubes orinifères.
il résulte de mes observations que ces petits tubes, quelquefois par8««r»é5
de globules grusseux, sont bien plus souvent le produit d'une desquam-
malion de l'épithélium des canaliculi des reins, reconnaissable aux cellules
qui lui sonl propres, que de petits dépôts albumioeux. Ces petits tubes né
pouvant être distingués généralement qu'à l'inspection microscopique, ils
doivent avoir été bien rarement pris pour des poils, si cette erreur a jamais
été commise.
h* Il se développe quelquefois assez rapidement dans les urines plus eu
moins chargées de mucus, d'albumine, etc., surtout pendant les chaleurs
de l'été, de véritables conferves reconnaissables à leurs cloisons ou à leurs
sporules. Ces filaments, simples ou ramifiés, seront toujours facilement dis-
tingués des poils. Cette, disposition ramifiée servira toujours à distinguer
les mycélium des muscidines qui, au bout d'un certain temps se dessinent
avec tous leurs car,^ctères à la surface de l'urine.
Je dois prévenir aussi les jîersonnes qut briseront des calculs, extraits
depuis un certain temps de la vessie, dans le but d'étudier les fi!àfiieots
que ces calculs présentent quelquefois dans leur intérieur, qu'elles j)Our-
ronl rencontrer une espèce de penieilHutrij facile à distinguer, au micro-
scope, des véritables poils.
5" Si des fis de /i», de coton ou dé soie sont ajoutés àccirtentelleftteal
ou artificieuseraent à l'urine, au microscope, on les reconnaîtra aisément.
(1) Civiale, Tmité de l'affectïoiv calcoLeosë, p. 77. îà-i". Patis, 183S.
(2) Golding Bird, ouvrage cité.
215
Ces fils sont souvent teiuls en jaune, en bleu, en rose, en vert, etc. , cou-
leurs que les poils ou les cheveux ne présentent jamais.
En outre, ces fils ont des apparences particulières, lorsqu'on les examine
au microscope.
Les fih de lin sont des filaments ordinairement cylindriques, oiïrant
de loin en loin et irrégulièrement des raies ou stries transversales , des
nœuds ou des renflements. Le plus souvent des fibrilles se détachent
de différents points de leur longueur, en leur donnant un aspect ramifié.
Néanmoins des fils de lin provenant d'une toile très-fine et usée pour-
raient facilement être pris pour des poils; j'ai failli commettre cette erreur
en examinant des filaments mêlés à des débris de calculs extraits par la li-
thotritie; ces filaments, du diamètre d'un centième de millimètre environ,
étaient en effet cylfndriquçs et présentaient un canal central ; ils provenaient
certainement du linge avec lequel on avait nettoyé le Hlhotriteur. On peut
les distinguer des poils, en ce qu'ils ne présentent pas comme ceux-ci, à
leur surface, des stries sinueuses formaul des espèf'es de squarames, et en
ce qu'ils oiTrent un reflet légèrement jaunâtre ou verdâtre; en outre, si on
les suit dans toute leur longueur, après les avoir humectés avec de l'eau,
on constate ordinairement soit dans une certaine étendue, soit sur quelque
point circonscrit, un élargissement pouvant aller à deux ou trois fois le
diamètre des filaments, qui est en même temps aplati.
Les fils de soie oflTrenl l'apparence d'une substance homogène qui ne pos-
sède ni moelle centrale, ni les stries squammeuses des productions pi~
leuses.
Les fils de coton ont l'aspect de rubans réguliers, partout égaux.enrou-
lés sur eux-mêmes en spirale et limités par une strie marginale bien accen-
tuée. Les poils de l'homme, les cheveu*, la laine, ne sont jamais rubanés,
quoiqu'ils ne soient pas toujours parfaitement cylindriques. Ils n'ofl'rent ja-
mais non plus de nœuds ou de renflements ; s'ils se divisent en fibrilles, ce
n'est ordinairement que par leurs extrémités ; enfin, l'on peut y recon-
naître soit une moelle centrale, soit à la surface des stries transversales
sinueuses qui donnent à la substance corticale une apparence squammeuse.
Ces détails ne paraîtront pas trop minutieux à ceux qui savent toutes les
chances d'erreur qu'offre l'étude de la pili-miction. Pour n'en citer qu'un
exemple : une femme atteinte d'un rhumatisme s'élant enveloppé l'épaule
avec de la ouate, en avait laissé tomber, par mégarde, quelques fils dans
bocal qui avait reçu son urine. A l'inspection microscopique, nous recon
nûmes la nature de ces filaments, qui avaient l'ajjparence de poils.
216
Les poils de /'/tomme diffèrent des poils du chien, du chat, de la ftr«-
6i5,f<c., par des caractères lacilesàsaisir, en comparant entre elles les figures
que j'en ai données. La connaissance de ces caractères est nécessaire
pour mettre à l'abri de méprises presque inévitables sans l'examen mi-
croscopique. Un homme atteint d'une néphrite albumineuse avait souvent
remarqué dans son urine des espèces de poils très-fins ; il m'en remit un cer-
tain nombre : or, après avoir examiné ces corps piliformes, nous recon-
Dûmes, M. Davaine et moi, que c'étaient des parcelles de laine et des poils
de lapin diversement colorés, qui, tombés accidentellement dans le vase de
nuit, avaient trompé le malade dont je ne peux d'ailleurs soupçonner la
bonne foi.
SÉSOMÉ.
Les poils qu'on observe quelquefois dans les voies urinaires, dans l'u-
rine, la gravelle ou les calculs, peuvent avoir une triple origine : ils peu-
vent : 1° s'être formés dans les voies urinaires (tricbiasis); % provenir de
kystes pileux ouverts dans la vessie ; 3" avoir été introduits du dehors.
i° Le trichiasïs des voies urinaires est une maladie très-rare, qui doit
être inscrite dans nos cadres nosologiques. Elle l'est certainement beau-
coup plus qu'elle ne paraît l'être d'après le nombre d'observations de tri-
cbiasis déjà publiées. Le chiffre de ces observations se réduit beaucoup
lorsqu'on écarte celles dans lesquelles l'urine n'a pas été examinée au mo-
menl de son émission, et celles dans lesquelles l'existence de véritables poils
d'homme dans l'urine ou dans des graviers n'a pas été suffisamment établie.
Le tricliiasis est caractérisé par l'émission de poils avec l'urine non
sensiblement altérée dans son apparence et sa composition, ou avec l'urine
plus ou moins chargée de mucus, de sang ou de pus. Ces poils peuvent
aussi être enchevêtrés dans du sable urique, ou dans des graviers phos-
phatiques, ce qui conslilue alors l'union du trichiasis à la gravelle. Les
poils peuvent aussi être déposés à la surface, ou disséminés, dans l'inté-
rieur de calculs d'une composition plus ou moins complexe.
Dans le trichiasis, l'émission des poils avec l'urine peut quelquefois s'o-
pérer presque sans douleur et même à l'iosu des malades -: c'est le cas du
trichiasis simple. Plus souvent le trichiasis est accompagné de diverses
complications , de dysurie, d'urines sanguinolentes ou purulentes, et
d'autres accidents propres à diverses maladies des voies urinaires. L'émis-
sion <ies poiis peui n'avoir lieu que pendant un temps assez court, et ne se
produire qu'à des intervalles plus ou moins éloignés.
217
Les causes de celte singulière afleclion sont complètement ignorées ; il
résulte seulement de l'analyse des faits observés qu'on l'a vue le plus sou-
vent coexister avec une inflammation de la membrane muqueuse des voies
urinaires, avec des graviers ou des calculs.
Le trichiasis a été observé chez l'enfant, chez l'adulte elle vieillard, chez
l'homme et chez la femme.
On ne sait encore rien sur la disposition des poils et sur l'état anatomi-
que de la membrane muqueuse, du bassinet et de la vessie dans le trichia-
sis des voies urinaires, Maurice Hoffmann et Bichat ayant malheureusement
négligé l'examen de celle membrane dans les deux cas où ils ont constaté
l'exislence de poils dans les voies urinaires après la mort.
Lorsque le trichiasis coïncide avec la gravelle urique, l'usage des alcalis
est indiqué comme dans le cas de simple gravelle; l'emploi des acides
serait préférable s'il s'agissait de la gravelle phosphatique enchevêtrée de
poils.
Quant aux remèdes qui ont été employés avec plus ou moins de succès
dafiS les inflammations des voies urinaires compliquées de trichiasis, ils
appartiennent presque tous à la catégorie de ceux qu'on recommande géné-
ralement contre ces inflammations elles-mêmes.
2» La pili-miction provenant de kystes pileux constitue un état patho-
logique bien distinct du précédent et comme lui fort rare. Ces cas de pili-
miction n'ont été observés que chez la femme , mais ces faits sont en géné-
ral des plus authentiques. Cette émission de poils avec l'urine se distingue
du trichiasis par l'existence d'une tumeur le plus ordinairement située au
voisinage d'un des ovaires, et qu'on pourra reconnaître à l'aide d'une ex-
ploration attentive de la vessie et des autres organes de l'hypogastre par le
rectum et par le vagin. La connaissance des accidents antérieurs à la pili-
miction contribue aussi à éclairer le diagnostic, que d'autres circonstances,
telles que l'émission ou l'extraclion parl'urèire de petites portions de peau
couvertes de poils, de fragments d'os, des dents, elc, pourront rendre tout
à fait certain. Plusieurs observations que j'ai rapportées montrent que le
chirurgien peut quelquefois venir très-efficacement en aide aux efforts de la
nature en favorisant l'expulsion des poils, des dents, des calculs, ou en
pratiquant leur extraction.
3» L'introduction dans la vessie de poils venant du dehors est égale-
ment un fait rare , mais plusieurs fois constaté. On a vu une mèche de
cheveux, introduite volontairement dans la cavité de cet organe, devenir
le noyau d'un calcul. J'ai cité une observation qui tend à prouver qu'un
218
poil du pubis a pu pénétrer dans la vessie par une fistule ombilicale. Sui-
vant quelques chirurgiens, des poils pourraient encore être portés dans la
vessie dans l'opération du calhétérisme. Enfin j*ai trouvé moi-même assez
fréquemment des poils, des lits de laine, de lin et de coton dans des débris
de calculs, pour être conduit à penser que les mors du lithotriteur avaient
pu retenir ces matières et les porter dans la vessie.
FIN DES MÉMOIRES.
PLANCHES.
EXPLICATION DES PLANCHES.
ht» <lCMto« ont été faits d'après nature par M. le Doctear Davaire.
PLiNCHE I.
(Mémoires, page 167.)
Dans cette planche, on a donné les caractères microscopiquee de divers poils
et de filaments qui peuvent se rencontrer accidentellement dans l'urine.
Les figures 1, 2, 3, 4, 5. 6, 7, 15, 16, IS, ont été faites à un grossissement de
340 fois.
Cheveu blond très-fin.
Poil du pubis.
Poil follet d'un enfant de 3 ans (corps et pointe).
Poil de chien.
Poil de chat.
Poil de lapin (deux apparences).
Laine très-fine; l'un des filaments est brisé en pinceau,
comme on l'observe dans la laine, les cheveux ou dans les
autres poils usés.
Poil de l'estomac du cheval (grandeur naturelle).
Le même, vu implanté sur la membrane muqueuse et grossi
environ 10 fois.
FiG. 10. Le même grossi 42 fois, avec la portion de membrane mu-
queuse qu'il traverse.
FiG. 11, 12, 13. Autres poils de l'estomac du cheval dont l'extrémité libre est
entourée d'une gaine de matière amorphe (grossis 42 fois).
Fie. 14. Un autre compléicment isolé (grossi 42 fois).
FiG. 15, 16. Racine de deux poils de l'estomac du cheval (grossie 340 fois),
présentant le renflement terminal dans lequel le canal mé-
dullaire pariiît se continuer en s'évasant (cavité du bouton 7).
La figure J6 montre une membrane régulièrement plissée
qui appartient probablement au bulbe de ce poil.
FiG. 17. Extrémité libre d'un auire poil, grossie 107 fois, avec sa gaine
de matière amorphe brisée.
Fie. 18. Filaments de lin très-fins, grossis 340 fois, ofl"rant un canal
central qui pourrait être pris pour le canal médullaire d'ua
poil, a Élargissement caractéristique de ces filaments, b Fil
se divisant en fibrilles.
Fie. 19. Filaments de coton grossis 107 fois.
FiG.
1.
FiG.
2.
FiG.
3.
FiG.
b.
Fie.
5.
FiG.
6.
Fie.
7.
FiG.
8.
FlG.
9.
PII.
Ltveillt M
Imp Lemeraer.Psns
PLANCHE n.
(Mémoires, page 167.)
FiG. 1. Petits poils rendus par l'enfant dont l'observation est rapportée
dans ce mémoire (obs. XII).
FiG* 2. Masse de poils mélangée de sable urique et rendue par le même
enfant (vue à la loupe).
Un de ces poils recouvert d'acide urique.
Extrémité bulbaire d'un poil rendu dans une autre émission
par le même enfant (grossie 42 fois).
Extrémité libre du même poi!.
Même poil grossi 540 fois. La flg. 6 montre une portion du poil
(vers !a racine) dans laquelle la moelle est très>apparente ; la
flg. 7 le corps, la fig. S la pointe du poil.
FiG. 9. Poil rendu dans une autre émission par le même enfant (grossi
640 fois).
FiG. 10. Graxelle phospbatique déposée sur des poils (d'après M. Ma-
gendie).
FiG. 11. Calcul vésical ayant un poil pour noyau (obs. de M. W. Paget).
Fie. 12. Poil encroûté d'acide urique (d'après M. Goiiling Bird, fig. 20).
FiG. 13. Poil encroûté de matière calculeusc, dans des débris ramenés
par la lithotritie.
Fig. 14. Morceau de peau couverte de poils, extrait de la vessie d'une
femme atteinte d'un kyste pileux (d'après Delpech}.
Fig.
3.
Fig.
4.
Fig.
&.
Fig.
6,
7,
8.
PI n.
i
"4
m,
^^,*v^
•--1
-.'*,-
P«c
7^
•-.«,< ,;.-:£l»d*tû.^'^-^^^^
]4
10
^^>Mêidjt>
12
[ieVei/.''e /ffA
7Jn/5 Lemercier.Pam
PLANCHE m.
(Mémoires, page 1S7.)
Fi6. 1. Poil très-long traversant nn fragment de calcul extrait par la lithotritie
(ce poil a peut-être été porté dans la vessie par le lithotriteur).
FiG. 2. Fragments de calculs ramenés par la lithotritie. Les filaments
nombreux qui les unissent sont des fils de lin qui ne peuvent pro-
venir que de la toile avec laquelle le lithotriteur avait été nettoyé.
FiG. 3. Filament de mucus (grossi) provenant du dépôt d'une urine dans la-
quelle on apercevait un grand nombre de stries très-fines.
FiG. 4. Le même filament, grossi 350 fois, sur lequel on voit des urates en
poudre amorphe.
FiG. 5. Filament provenant de l'urètre d'un individu qui avait eu une bl«n-
norrhagie chronique (grandeur naturelle).
FiG. 6. Portion du même filament grossi 290 fois. Ce filament est formé par
des lamelles épithéliales et des globules de pus.
FiG. 7. Les mêmes globules grossis 340 fois et traités par l'acide acétique.
FiG. 8. Pénicillium développé entre les couches d'un calcul rénal dont la
surface n'olîrait aucune Gssure (grossi 485 fois).
Fie. 9. Filaments confervoides observés dans une urine neutre et purulente,
au moment de l'émission. L'urine, extraite par la sonde et examinée
immédiatement, contenait un grand nombre de ces filaments (gros-
sis 340 fois).
FiG. 10. Les mêmes filaments grossis 700 fois.
FiG. 11. Conferve développée dans le dépôt d'une urine albumineuse (grossie
350 fois).
PI. in.
Liveîllehth.
Inip L emeraer, PârJi
TABLE DES MÉMOIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE.
I. Mémoire sur la mort apparente des nonveau-nés; par M. Cazeaux. ... 3
7. Recherches sur les propriétés physiologiques et thérapeutiques du bromure
de potassium ; par M. Cb. Huetie 19
3. Histoire et systématisation générale delà physiologie; par M. L.-A. Segond. 3i
4. Recherches sur les propriétés physiologiques de l'étber iodhydrique. Induc-
tions thérapeutiques; par M. Ch. Uuetle 47
5. Réflexions sur la fièvre intermittente simple chez les enfants nouveau-nés et
à la mamelle; par M. Guiet. ss
C. Examen d'une main et de la moitié inférieure do l'avant-bras affectés d'élé-
pbantlasis des Arabes; par MM. Rayer et Davaine. (Pièce adressée à la So-
ciété par M. L'Herrainier.) 67
7. Sur la nature et les causes des suppurations bleues; par M. le professeur Sé-
diliot 73
8. Note sur une nouvelle variété d'oblitération des voies sperraatiques ; par
M. L. Gosselin 83
9. Observations sur le développement du cœur et de l'aorte pendant les cent
quaranle-quatre'preniiéres heures de l'inoculation ; par MM. Prévost (de Ge-
nève) et Lebert 89
10. Duplicité de la face chez les oiseaux; par M. Davaine 97
11. Recherches sur les globules blancs du sang; par le même . 103
la. Monstre célosomien du genre agénosorae (Geoffroy-Saint-Hilaire); par
M. Houel 107
13. Observalions sur Ir développement de la substance et du tissu des os; par
M. Charles Robin ii9
14. De la nature locale ou générale des tumeurs; par M. Lebert i45
15. Sur un cas douteux de farcin chronique (observation recueillie dans le ser-
vice de M. Michel Lévy, au Va!-de-Grâce; par M. Tholozan 159
16. Recherches sur le triciiiasis des voies urinaires et sur la pili-miction; par
M. Rayer 187
riV DB LA TABLE DES MEMOIRES.
15
TABLE ANALHIQUE DES HATIËRES
CONTENUES
DANS LES COMPTES RENDUS ET LES MÉMOIRES
DE liA SOCIÉTÉ DE BIOIiOCïIE
POUR l'année 1850 (1).
Allantoîde. — Note sur la présence du sucre dans las liquides amniotique et
allantoïdien; par M. Cl. Bernard !74
Amnios. — Hémorrhagie dans l'amnios de p'usieurb embryons chez une lapine
morte de pleurésie; par M. Brown-Séquard. ........... 7T
Note sur la présence du sucre dans les liquides amniotique et allantoïdien. . 174
Anatomie normale. — De la corrélation existant entre le développement de
l'utérus et celui de la mamelle; par M. Cb. Robin l
Origine du nerf facial au-dessous de l'entre-croisemenl des pyramides; expli-
cation anatoraique de la paralysie croisée de ce nerf; par M. Jobert (de Lam-
balle) 5
Anatomie et pathologie des glandes de Méry, connues sous le nom de glandes
de Cowper; par M. Gubler. 22
Examen microscopique de l'urine de l'homme; par MM. Robin et F. Verdeil. . 75
Sur les dénominations des diverses parties de i'inlcstin par les auteurs grecs
et latins; par M. Segond 67
Analyse anatomique et chimique du sang ; par MM. F. Verdeil et Ch. Dollfus. . 79
Note sur le volvox globater; par M. Laurent U4
Glande caudale des couleuvres; par M. Ougés 131
(1) Le» paKM indlqoéen k In marge sont caIIpi det CoarTEs ke>ibu«. Lei renroii tox MÉiioi*t>
i«nt apécifléa.
29206
IIS
Du fluide nourricier des vers à soie ; par M. Guériii-Méneville iS8
Sur les vaisseaux des épiplooits lombaires de la loarinoUe; par MM. Valen-
ciennes et Cl. Bernard i60
Sur la nature et les fonctions de l'organe palatin des cyprins; par M. Davaine. 181
Coloration de la membrane muqueuse de l'utérus par un pigment; par
M. Goubaux ' t93
Observations sur le développement du coeur et de l'aorte pendant les cent
quarante-quatre premières heures de l'incubation; par MM. Révosl (de Ge-
nève) et Lebert. (Mémoires, p. 89.)
Recherches sur les globules blancs du sang; par M. Davaine- (Voyez les
Mémoires, p. i03.)
Observations sur le développement de la substance et du tissu des os; par
M. Ch. Robin. (Mémoires, p. 119.)
Anatomie pathologique. — Sur la structure d'un épulis du maxillaire infé-
rieur; par M. Ch. Robin 8
Kyste osseux ou dentaire trouvé dans la mâchoire inférieure d'un cheval; par
M. Leblanc 3&
Cas de déformation de la tête de l'humérus par compression; par M. Morel-
Lavallée 36
Cas d'hypertrophie libroso-glandulaire des glandes de Méry; par M. Gubler. . 50
Sur les débris d'une grossesse extra-utérine; par M. Jobert (de Lamballe). . 5i
Ossification trés-éiendue du péricarde viscéral au niveau de l'oreillette droite;
rupture de cette même oreillette, par M. Verneuil 75
Sur une tumeur du scrotum; par M. Jobert (de Lamballe) 78
Kystes épilhéliaux chez le bœuf; par M. Foliin 84
Ostéosarcome du bassin; par M. Bouchut 83
Sur un cas de tumeur encéphaloïde inlra-crânienne; par M. Gubler. ... 86
Sur deux cas où riniesiin offrait un diverticulum; par M. Verneuil 101
Note sur des tumeurs indéterminées des os maxillaires du bœuf; par M. Da-
vaine 119
Observation sur une tumeur épilhéliale du cuir chevelu, ayant détruit en
partie les os de la voûte crânienne et présentant une structure toute spéciale ;
par M. Rouget 121
Rapport sur l'observation précédente ; par M. Lebert 124
Tumeur enkystée d'une glande sébacée montrant le conduit excréteur obli-
téré; par M. Lebert I26
Placentas provenant de femmes syphilitiques ; par M. Lebert 137
Production cornée au front; examen microscopique; par M. Lebert 138
Examen microscopique d'un dépdt d'urato alcalin (topbus) dans les articula-
tions du tarse; par M. Rouget 136
Kyste pileux de l'ovaire; par M. Foliin 139
Lipome de la cavité abdominale; par M. Moynier 139
Sur un cas de fausse articulation, à la suite d'une fracture de l'extrémité infé-
rieure du corps de l'humérus; par M. Désir 163
Dilatation de l'urètre et du i-eiu gauche ; par M. Laboulbéne I66
Hypertrophie des plaques de reyer; par M. Foliin 174
Examen d'un œil opcre do la calar.-icic par extraction, quinze ans avant la
mort du malade : par jM. Foliin 176
Tumeur obstTvce dans la t'ossc sus-sphcnoïdale: par M. L. Ilirchfeld. . . . 187
Note sur Phypertrophie âc la lueinLiiAne interne du gésier, observée sur deux
gallinacés; par MM. Labo'Jlhcnfï et Kouret I88
229
Obserralioti de luialion gpunlanée incomplète de la rolule en deliors; par
M. Venieuii 199
Observation lie pleurésie ; par M. Gubler 301
Examen d'une main et de la moitié inférieure de l'avant-'bras affectés d'élé-
phaniiasis des Arabes; par MM. Rayer <>t Oavaine. (.Pièce adressée à la So-
ciété, par M. L'Bertninier.) (Mémoires, p. <>7.)
Sur la nature locale ou générale des tumeurs; par M. Lebert. (Mémoires, p. 145.)
Anencépbalie. — Observation d'un foetus anencéphale; par M. Ollier. ... 106
Remarques sur l'observation précédente; par M. Davaine 103
Eiamen d'un fœtus monstrueux anencéphale (pseudencéphale) manquant de
neï et d'yeux; par M. Gosselin HT
Anestbésie. — Cas d'aneslhésie sans paralysie du mouvement; par M. Lebret. 3
Explication de l'hémiplégie croisée du sentiment; par M. Brown-Séquard. . . 70
Anévrisnae. — Anévrisme de l'aorte abdominale prés de sa terminaison; par
M. Boullay 31
Anomalies. — Voyez Tératologie.
Aorte. — Anomalies de dimensions de l'aorte; par M. Verneuil 1X6
Observations sur le développement du cwur et de l'aorte pendant les centqua*
rante-quatre premières heures de l'incubation; par MM. Prévost (de Genévej
et Lebert. (Mémoires, p. 89.)
Voyez Anévrisme.
Artères. — Hémorrhagio cérébrale par suite de la rupture d'une branche de
l'artère méningée moyenne; par M. Duplay . . . i46
Anastomose de l'artère vertébrale avec la cervicale profonde; par M. A.
Leroux '96
Asphyxie. — Voyez Mort.
B
Bassin. — Voyez Osléosarcomc.
Bile. — Oblitération de la vésicule biliaire par un calcul ; analyse du liquide mu-
queux dont elle était remplie; par M. Gubler (analyse faite par M. Qué-
venne) '**
Botanique. — Sur les fumagines de Persoun; par M. C. Montagne ai
Sur une maladie de la vi^ne causée par le parasitisme d'une mucédinée du
genre oidîM »i; par M. C. Montagne 95
De la nature des coléorhizcs et du mode d'accroissement de l'écorce chei les
racines et les tiges ; par M. E. Germain (de Saint-Pierre ) m
Sur un parasite nouveau; par M. U. Germain (de Saint-Pierre) 156
Sur les conferves qui croissent dans les bassins de l'établissement thermal de
Néris; par M. Lebret i90
Bromure de potassium. — Recherches su' !cs propriétés physiologiques et
thérapeutiques du bromure «ic potassium; par M. Ch. Huelte. ^Mémoires,
p. 19.)
Bronches. — Helminthes de l'ordre des nématoïdes de Rudolphi ou cavitaires
do Cuvier, trouvés dans les moyennes et les petites bronches des deux pou
mon« d'un porc âgé d'un an ; par M. Perrin i58
230
Caduque (membrane). -- Voyez Utérus.
Calculs.— Sur un calcul salivaire obstruant le conduit de Warthon; par M. Jobert
(de Lamballe) 35
Cervelet. — Tumeur du cervelet produisant des mouvements convulsifs et la
paralysie du même côté où elle siégeait; par M. Mazier iG2
Remarques à propos de l'observation précédente; par M. Browii-Séquard. . io4
Chimie. — Examen microscopique de l'urine de l'homme; par MM. Charles
Robin et F. Verdeil 25
Analyse anatomique et chimi(]ue du sang ; par MM. F. Verdeil et Cb. Dollfus. 79
Sur un procédé d'analyse des urines diabétiques; par M. Uifi'elsbelm. ... è'i
Concrétions topbacées; par M. Lecoule 139
Oblitération de la vésicule biliaire par un calcul; analyse du liquide niuqueux
dont elle était remplie; par M. Gubler. (Analyse faite par M. Quévenne.) . U4
Nouveau microscope destiné spécialetnenl aux recherches chiraico-microsco-
piques;parM. Laurence Smith I55
Analyse de l'hydroferrocyanate Ac potasse et d'urée ; par M. Leconte. . . . 203
Circulation. - Rapport sur un mémoire de M. liilTeIsbeim , intitulé : Quelques
observations relatives au phénomène de la circulatien ; par MM. Cl. Bernard,
et Brown-Sequard , rapporteur 30
Sur les vaisseaux des épiploons lombaires de la marmoiie; par MM. Valen-
ciennes et Cl. Bernard i6o
Cœur. —. De l'arrêt passif des battements du cœur par l'excitation galvanique
de la moelle allongée et par la destruction subite du centre ccrcbro-racbi-
dien ; par M. Brown-Séquard. -jû
De l'influence des nerfs vagues sur les battements du cœur; par M. Brown-
Sequard 45
Apparition de la rigidité cadavérique avant la cessation des battements du
CiKur; par M. Brown-Séquard 191
Observaiioiis sur le uéveloi)pement du cœur et de l'aorte pendant les cent
quarante-(|nalre premières heures de l'incubation; par MM. Prévost (de
Genève) et Leberl. (Mémoires, p. 89.)
Concrétions topbacées. — Examen microscopique d'un dépôt d'urale alcalin
(lophus) dans les articulations du tarse ; par M. Rouget I36
Concrétions tophacées; par M. Leconte 139
Conferves. — Voyez Botanique.
Contraction musculaire. — D'une action spéciale qui accompagne la contrac-
tion musculaire; par M. Brown-Séquard iTi
— Voyez Jabot et Peau.
Convulsions. — Tournoiement chex un enfant ; par M. Lebret 7
Tumeur du cervelet produisant des mouvements convulsifa et la paralysie du
même côté où elle sie^^ealt; par M. Mazier 102
Remarque à propos de l'observation précédente; par M. Brown-Séqtiard. . . io4
D'une affection convulsive qui survient chez les animaux ayant eu une moitié
latérale de la moelle épiniére coupée; par M. Brown-Séquard J05
D'une affection convulsive consécutive à la section transversale complète de la
moelle épiniére; par M. Brown-Séquard tes
231
Corne. — Production cornée au front': examen microscopique; par M. Lebert. va
Corps étrangers. — Corps étrangers dans les canaux excréteurs des glandes ;
par M. Goubaux •*>*
Couleuvres. — Glande caudale des couleuvres; par M. Dugés I3l
Viviparité des couleuvres; par M. Dugés. i35
Crachats. — Voyez Sucre.
Curare. — Voyez Poisons.
CyoIop:e. — Quelques remarques sur la cyclopie; par M. Davaine S7
Cjrsticerques. — De l'existence conslanle des rysiicerques chez les lapins, et de
l'accroissement simultané de ces parasites et des animaux qui les portent;
par M. Krown-Séquard '9
D
Déférents (canaux). — Remarques sur un cas d'obstruction des canaux défé-
rents, accompagnée de douleurs testiculaires; par M. Duplay ii
Voyez : Spermatiques (voies).
Dents. — Deux cas de fusion des dents, l'un d'une incisive surnuméraire avec
une incisive normale, chez un enfant, l'autre de deux molaires chez un
adulte ; avec des remarques sur ce vice de conformation ; par M. Davaine. . i$
Développement. — Voyez Incubation.
Diabètes. — Voyez Sucre et Urine.
DifiFomaités. — Voyez Tératologie.
£
Ëcorce. — Voyez Botanique.
Elépbantiasis des Arabes. — Examen d'une main et de la moitié inférieure de
l'avant-bras affectés d'élephantiasis des Arabes ; par MM. Rayer et Davaine.
(Pièce adressée à la Société par M. L'Berminier. (Mémoires, p. 67.)
Eléphantiasis des Grreos. — Voyez Lèpre.
Empoisonnement. — Voyez Poisons.
Enfant. — Voyez Nouveau-nés.
Epulis.— Sur la structure d'un épulis du maxillaire inférieur ; par M. Ch. Robin. »
Ether iodhydrique. — Recherches sur les propriétés physiologiques de l'élher
iodbydrique; par M. Ch. Huette. (Mémoires, p. 47.)
F
Facial (nerf). — Origine du nerf facial au-dessous de l'enire-croisemenl des py-
ramides; explication analomique de la paralysie croisée de ce nerf; par
M. Jobei-t(de Lamballe ) 5
Faroin. — Sur un cas douteux de farcin chronique (observation recueillie dans le
service de M. Michel Lévy, au Val-de-Grâce); par M. Tholozan. ( Mémoires,
p. l.'iS.)
Fièvre. — Voyez Intermittente (Fièvre).
Fœtus. — Présence du sucre dans l'urine du fœtus et dan*; les liquides am-
miotique et allantoïdien ; par M. Cl. Bernard 17*
Voyez Tératologie.
232
Foie. — Rupture de la raie et (lu foie; pat M. Uuubaux 199
Kystes hydaliques du foie; par M. Lebret , 199
Fumaglnes. — Sur les fumagines d Persouii ; par M. C. Montagne 21
G
Cale.— Du sillon dans la gale; par M. Piogey 175
Génitaux (organes). — Vice de conforiBation des org«nes génitaux; absence
probable de la partie supérieure du vagin ei de l'utérus ; hernie des deux
ovaires; par M. Cazeaux 12
Voyes Glandes de Méry, Déférents (canaux). Hermaphrodisme, Ovaires, Sper-
nialiques (voies), Utérus et Testicule.
Glandes. — Glande caudale des vipères ; par M. Dugés. . . . , 131
Gl ndes de Bléry. — Analotnie el pathologie des glandes de Méry, connues
sous le nont de glandes de Cooper; par M. Gubler îî
Cas d'hypertrophie libroso-glandulaire des glandes de Méry ; par M. Gubler. . 50
Glucose. — Voyez Sucre.
Grossesse extra-utérine. — Sur les débris d'une grossesse extr*-ulérine ; par
M. Jobert (de Lainballe) 51
H
Beliuintbologie. — Exposé des principales observations sur les anomalies des
helminthes; par M. J-B. Chaussât 18
Do l'existence constante de cysticerques chez les lapins , el de l'accroissement
simultané de ces parasites et des animaux qui les portent; par M. Brown-
Séquard 79
Note pour servir à l'histoire des hématozoaires; par M. Follin 9i
Sur un ver vesiculaire trouvé dans du petits kystes à la surface du poumon du
lymax rufus; par M. Chaussai. 1S3
Helminthes de l'ordre des hématoïdes de Kudolphi , ou cavilaires de Cuvier,
trouvés dans les moyennes el les petites bronches des deux poumons d'un
porc âgé d'un an ; par M. Perrin tSS
Hématémèse. — Hématémése mortelle symptomatique d'ouvertures artérielles
dans l'estomac; par M. Boullay 34
Hématozoaires.— Note pour servir à l'histoire des hématozoaires; par M. Follii!. 93
Hématurie. — Hématurie graisseuse (urine laiteuse); par M. Rayer 55
Hémiplégie. — Voyez Anesthésie.
Hémorrhagie. — Cas d'hémorrhagie utéro-placenlaire ; par M. BIol 76
Hémorrhagie dans l'amnios de plusieurs embryons chez une lapine morte de
pleurésie; par M. Brown-Séquard. . , 77
Voyes Artères, Hématémèse, Hématurie.
Hermaphrodisme. — Faux hermaphrodisme (androgync masculin, Gurlt),
observé sur un chevreau ; par MM. Rayer el Cl. Bernard 128
Histolog^ie. — Voyez Anatomie normale.
Hydrocéphale. — Note sur un cas d'hydrocéphale aigu ; par M. Gubler. . . us
Humérus. — Voyes Os (maladies des).
23a
Idiotie. — Idiotie, alléralioii de la glande piiiuale; par M. Sclmepf m'
Intermittente (fièvre).— Réflexions sur la fièvre inlerniiiienlo simple cbez les
enfants nouveau-nés et à la niamelle; par M. Guiet (Mémoires, p. 55.)
Intestin. — Sur les dénominations des diverses parties de l'intestin par les au-
teurs grecs et latins ; par M. Segond 67
Sur deux cas où l'intestin otrrail un diverticulum; par M. Verneuil lot
Incubation. — Observations sur le développement du cœur et de l'aorte pen-
dant les cent quarante-quatre premières heures de l'incubation ; par
MM. Prévost (de Genève] et Lebert. (Mémoires, p. 89.)
lodbydrique (étber). — Voyez Elher.
Jabot. Existence d'un mouvement rhjlbmique dans le jabot des oiseaux ; par
M. Brown-Séquard 83
Kystes. — Kyste osseux ou dentaire trouvé dans la mâchoire inférieure d'un
cheval; par M. Leblanc 3i
Kystes epitbêliaux chez le bœuf; par M. Follin 114
Tumeur enkystée d'une glande sébacée montrant le conduit excréteur obli-
téré; par M. Lebert .126
Kyste pileux de l'ovaire; par M. Follin 139
Kystes hydatiques du foie; par M. Lebret 199
L
Iiapins. — Voyez Cysticerques.
Iiarynx. — Note sur les fonctions du larynx supérieur cbez les oiseaux ; par
M. Segond 184
Iiépre. — Sur un cas de lèpre «t sur les maladies des vers à soie en Syrie ; par
M. Suquet 97
Iiipome. — Lipome de la cavité abdominale ; par M. Moynier 139
Luxation. — Observation de luxation spontanée incomplète de la rotule en
dehors; par M. Verneuil 199
M
Ittatns. — Vice de conformation des mains ; par H. Gubler 92
Mamelle. — De la corrélation existant entre le développement de l'utérus et ce-
lui de la mamelle; par M. Ch. Robin t
Sur deux cas de coïncidence du développement anormal de la mamelle chez
l'homme, avec une tumeur cancéreuse de Tépididyme; par M. Galliet. . . . 38
Marmotte. — Voyez Circulation.
234
Menstruation. — Voyez Utérus.
Microscope. — Nouveau inicrnscope «lestiné spécialement aux recherches cbi-
mico -microscopiques; par M. Laurence Smith 155
Moelle allongpée. — De l'arrêt passif des battements du cœur par l'excitation
galvanique de la moelle allongée et par la destruction subite du centre céré-
bro-rachidien i par M. Brown-Séquard 28
Moelle épinière. — Régénération des tissus de la moelle épiniére -, par
M. Brown-Séquard. . 3
De la conservation de la vie sans trouble apparent des fonctions organiques ,
malgré la destruction d'une portion considérable de la moelle épiniére chez
des animaux à sang chaud; par M. Brown-Séquard 28 et 49
De la transmission croisée des impressions sensitives par la moelle épinière;
par M. Brown-Séquard 33
De la persistance de la faculté réflexe, malgré des altérations considérables de
la moelle épiniére; par M. Brown-Séquard 46
D'une affection convulsive qui survient chez les animaux ayant une moitié la-
térale de la moelle épiniére coupée; par U. Brown-Séquard .103
Troubles survenant dans la nutrition de l'œil, par suite de la section d'une
moitié latérale de la moelle épiniére, au dos; par M. Brown-Séquard. . i34
D'une afl'eclion convulsive consécutive à la section transversale complète de la
moelle épinière ; par M. Brown-Séquard 169
De la conservation partielle des mouvements volontaires, après la section
transversale d'une moitié latérale de la moelle épinière; par M. Brown-
Séquard .195
De l'innocuité de la mise à nu de la moelle épiniére ; par M. Brown-Séquard. . 202
Môle. — Sur un cas de môle vésiculaire ; par M. Depaul 88
Monstruosités — Foyiz Tératologie.
Mort. — Mémoire sur la mort apparente des nouveau-nés; par M. Cadeaux-
(Mémoires, p. 3.)
Morve. — Voyez Farcin.
Musculaire (système). Action de la nicotine et du curare sur le système ner-
veux et le système musculaire; par 11. Cl. Bernard 195
N
lffécrolo§:ie. — Éloge du docteur Prévost (de Genève) ; par M. Lebert. ... 60
Herveux (système). — Voyez Anencéphalie, Anesthésie, Cervelet, Facial (nerf).
Moelle allongée, Moelle épiniére, Pinéale (glande), Vague (nerf).
Micotine. — Voyez Poisons.
Noix vomi<iue. — Voytz Poisons.
Nouveau-nés. — Mémoire sur la mort apparente des nouveau-nés; par M. Ca-
zeaux. (Mémoires, p. 3.)
Réilexions sur la fièvre intermittente simple chez les enfants nouveau-nés et à
la mamelle ; par M. Guiet. (Mémoires, p. 55.)
Nutrition. — Troubles survenant dans la nutrition de l'œil, par suite de la sec-
lion d'une aïoitié latérale de la moelle épiniére, au dos ; par M. Brown-
Séquard 134
o
Œil. — E\a:iien d'un œil opcré de la cataracte par extraction, quinze ans avant
la inort du malade; par M. Folliii I7S
Voyez Anencéphalie et Nutrition.
Oiseaux. —Duplicité de la face chez les oiseaux; par H. Davaine. (Mémoires,
p. 97.)
Voyes Jabot et Larynx.
Os (maladies des). — Sur l'époque à laquelle on doit extirper les séquestres;
par M. Mayor (de Genève) 8
Kyste osseux ou dentaire trouvé dans la mâchoire inférieure d'un cheval; par
M. Leblanc 35
Cas de déformation de la tête de l'humérus par compression ; par M. Morel-
Lavallée 36
I^oie sur des tumeurs indéterminées des os maxillaires du bœuf; par M. Da-
vaine ,11»
Sur un cas de fausse articulation, à la suite d'une fracture de l'extrémité infé-
rieure du corps de l'humérus; par M. Désir 163
Observations sur le développement de la substance et du tissu des os; par
M. Ch. Robin. ( Mémoires, p. u9. )
Ossification. — Voyez Péricarde.
Ostéosarcome. — Osléosarcorae du bassin; par M. Boucbut . 85
Ovaire. — Kyste pileux de l'ovaire ; par M. Follin , . 139
Voyez Génitaux (organes).
P
Par ilysie. — Voyez Aneslhésie, Cervelet, Moelle épiniére
Parasites (animaux et végétaux). — De l'existence constante des cysticer-
ques chez les lapins', et de l'accroissement simultané de ces parasites et
des animaux qui les portent; par M. Brown-Séquard 79
Note pour servir à l'histoire des hématozoaires; par M. Follin 92
Sur une maladie de la vigne, causée par le parasitisme d'une mucédinée du
genre oidium ; par M. C. Montagne 95
Sur un parasite nouveau; par M. E. Germain (de Saint-Pierre) 156
Patholog^ie. — Régénération des tissus de la moelle épiniére; par M. Brown-
Séquard 3
Cas d'anestbésie sans paralysie du mouvement; par M. Lebret 3
Présence du glucose dans la sérosité d'un vésicatoire posé à un diabétique;
par M. Wuriz 4
Recherche du sucre dans les crachats d'un diabétique; par M. Wurtz. ... s
Origine du nerf facial au-dessous de l'enlre-croisemenl des pyramides; expli-
cation anatoraique de la paralysie croisée de ce nerf; par M. Jobert (de
Lamballe) 5
Kein . uretère et vessie envahis par des tubercules chez un militaire, mort
dans le service militaire de M. Cazalas; par M. HifTclsheiin. .... 6
Tournoiement chez un enfant; par M. Lebret . 7
Ganglions bronchiques tuberculeux, chez ura veau . sans tubercules dans les
poumons; par M. Rayer 8
236
Sur l'époque à laciuelle on doil extirper les séquestres; par M. Mayor (de
Genève ) • • 8
Analomie el pathologie tJeâ glandes de Mery, connues sous le nom de glandes
de Cowper; par M. Gubler. , 2^
Hématémèse riiorleîlo syinploroalique d'ouvertures artérielles dans l'estomac;
aaévrisine de l'aorte abdominale près de sa terminaison ; par M. Boullay. . 34
Sur un calcul salivaire obstruant le conduit de 'Warlbon; par M. Joberl (de
Lamballe • 3S
Sur deux cas de coïncidence du développement anormal de la mamelle chei
Thomme, avec une tumeur cancéreuse de l'épididyme ; par M. Galliel. . . 88
De la persistance de la faculté réflexe, malgré des altérations considérables
de la moelle épiniére ; par M. Brown-Séquard 46
Remarques sur un cas d'obstruction des canaux déférents, accompagnée de
douleurs lesliculaires; par M. Duplay 52
Hématurie graisseuse (urine laiteuse); par M. Rayer 55
Cas d'hémorrliagie uléro-placentaire; par M. Blot , î6
Tuberculisation d'un des testicules chez un faisan doré ; par M. Rayer. ... 77
Hémorrhagie dans l'amnios de plusieurs embryons, chez une lapine morte de
pleurésie; par M. Brown-Séquard. î'
Sur une tumeur du scrotum; par M. Jobert ( de Lamballe) • • • ■"*
Osléosarcome du bassin; par M. Bouchut 85
Sur un cas de tumeur encéphaloïde intracrânienne ; par M. Gubler. . , .86
Sur un casde môle vésiculaire; par M. Depaul 88
Cas de compression de la portion Ihoracique de l'œsophage par une masse
tuberculeuse développée dans les ganglions du roédiastin postérieur, ayant
causé la mort, chei un sajou ordinaire; par M. Davatne 90
Sur un cas de lèpre et sur les maladies des vers à soie en Syrie ; par M. Suquet. 97
Tumeur du cervelet produisant des mouvements convulsifs el la paralysie du
même cAté où elle siégeait ; par M. Mazier 103
Remarque à propos de l'observation précédente; par M. Brown-Séquard. . . io4
D'une aiïection convulsive qui survient chez les animaux ayant eu une moitié *
latérale de la moelle épiniére coupée ; par M. Brown-Séquard ics
Note sur un cas de pleurésie purulente; par M. Gubler H7
Note sur un cas d'hydrocéphale aigu ; par M. Gubler tiS
Observation sur une tumeur épithéliale du cuir chevelu, ayant détruit en partie
les os de la voàle crânienne et présentant une structure toute spéciale; par
M. Rouget 121
Rapport sur l'observation précédente ; par M. Leberl 124
Du pied plat ; par M. J. Guérin 13S
Éruption bulbeuse sur une épinocbe; par M. Rayer 139
Du synchisis étincelant ; par M. Lebert . 136
Lipome de la cavité abdominale ; par M. Moynier I39
Inoculation du sang de rate; par M. Rayer I4i
Oblitération de la vésicule biliaire par un calcul; analyse du liquide rauqueux
dont elle était remplie; par M. Gubler i44
ilémorrhagie cérébrale par suite de la rupture d'une branche de l'artère mé-
ningée moyenne; par M. Duplay 146
Idiotie; altération de la glande pinéale; par M. Schnepf I67
D'une affection convulsive consécutive à la section transversale complète de la
moelle épiniére ; par M. Brown-Séquard .169
D'une action spéciale qui accompagne la contraction musculaire et de l'exis-
tence de celte action dans certains cas pathologiques ; par M. Brown Séquard. ni
'237
Du sillon dans la gale et quelques observations sur le porrigo scululala ; par
M. Piogey *'*
Observation de pneumo-lhorax ; par M. Ch. Bernard '89
Do la conservation parlielle des mouvenienls volontaires, après la section
transversale d'une moitié latérale de la moelle épinière ; par M. Brown-
Sequard "''
Corps étrangers dans les canaux excréteurs des glandes; par M. Goubaux. . . 198
Rupture de la rate et du foie; par M. Goubaux IM
Kystes hydaliques du foie ; par M. Lebret >W
Observation de pleurésie; par M. Gubler 201
De l'innocuité de la mise à nu de la moelle épinière ; par M. Brown-Séquard. . 202
Mémoire sur la mort apparente des nouveau-nés; par M. Cazeaux. (Mé-
moires, p. 3.)
Réflexions sur la fièvre intermilenle simple chez les enfants nouveau-nés et à
la mamelle ; par M. Guiet. (Mémoires , p. 55.^
Sur la nature et les causes des suppurations bleues ; par M. le professeur
Sédillot. (Mémoires, p. 73.)
Note sur une nouvelle variété d'oblitération des voies spermatiques ; par
M. L. Gosselin. (Mémoires, p. 83.)
Sur un cas douteux de farcin chronique (observation recueillie dans le service
de M. Michel Lévy.au Val-de-GrAce^; par M. Tliolozan. (Mémoires, p. 159.)
Recherciies sur les irichiasis des voies urinaires et sur lu pih-miction ; par
M. Rayer. (Mémoires, p. 167.)
Peau. — Nouvelles recherches sur les contractions de la peau produites par le
galvanisme; par M. Brown-Séquard 132
Voyez Elépliantiasis des Arabes, Gale, Lèpre et Porrigo.
Péricarde.— Ossification très-étendue du péricarde viscéral au niveau de l'oreil-
lette droite; rupture de cette même oreillette; par M. Yerneuil 75
Phosphorescence. — Recherches sur la phosphorescence du port de Boulogne
(résumé); par M. A. de Quatrefages 160
Physiolog^ie animale. — De la corrélation existant entre le développement de
l'utérus et celui de la mamelle ; par M. Ch. Robin . i
Régénération des tissus de la moelle épinière; par M. Brown-Séquard. . . 3
De l'arrêt passif des battements du coeur par l'excitation galvanique de la
moelle allongée et par la destruction subite du centre cérébro-rachidien ;
par M. Brown-Séquard 26
De ia conservation de la vie, sans trouble apparent des fonctions organiques,
malgré la destruction d'une portion considérable de la moelle épinière chez
des animaux à sang chaud ; par M. Brown-Séquard 28 et 49
Rapport sur un mémoire de M. HifTelsheim, intitulé : Quelques observations
relatives au phénomène de la circulation; par MM. Cl. Bernard, et Brown-
Séquard, rapporteur 30
De la transmission croisée des impressions sensitives par la. moelle épinière ;
par M. Brcwn-Séquard 33
De l'influence des nerfs vagues sur les battements du cœur ; par M. Brown-Sé-
quard 45
De la persistance de la faculté réflexe, malgré des altérations considérables de
la moelle épinière ; par M. Brown-Séquard 46
Preuve à l'appui de la nouvelle doctrine sur Ja formation de la membrane ca-
duque; par M. Cazeaux 48
Explication de l'hémiplégie croisée du sentiment; par M. Brown-Séquard. . 70
238
Membranes muqueuses utérines expulsées pendant la menstruation ; par
M. Lebert 73
Analyse analomique et chimique du sang; par MM. P. Verdeil etCh. Dollfus. 79
Existence d'un mouvement rbythniique dans le jabot des oiseaux; par
M. Brown-Séquard 83
Quelques expériences sur l'eunice sanguine ; par M A. de Quatrefages. . . . 99
Note sur le volvox globalor; par M. Laurent 114
Nouvelles recherches sur les conlraciions de la peau produites par le galva-
nisme; par M. Brown-Séquard 132
Troubles survenant dans la nutrition do l'œil, par suite do la section d'une
moitié latérale delà moelle épiniére, au dos; par M. Brown-Séquard. . . 134
Viviparité des couleuvres; par M. Dugés • .... 135
De l'absorption élective de la veine porte et des vaisseaux chylifères ; par M. CI.
Bernard. t60
Recherches sur la phosphorescence du port de Boulogne i résumé); par M. A.
de Quatrefages -.160
Observation d'uno muqueuse utérine rendue après un mois et demi de réten-
tion des régies ; par MM. Dutard et Laboulbéne I6i
D'une action spéciale qui accompagne la contraction musculaire, et de l'exis-
tence de celle action dans certains cas pathologiques et dans ce que M. Ma-
gendie a appelé sensibilité récurrente ; par M. Brown-Séquard i7»
Note sur la présence du sucre dans l'urine du [ctlus et dans les liquides am-
niotique et allantoidien; par M. Cl. Bernard i74
Sur la nature et les fonctions de l'organe palatin des cyprins ; par M. Davaine. I8i
Note sur les fonctions du larynx supérieur chei les oiseaux ; par M. Segond. . i84
Apparition de la rigidité cadavérique avant la cessation des battements du
cœur; par M. Brown-Séquard 194
Influence de la section des pneumo-gastriques sur l'empoisonnement par la
noix vomique; parM. Bouley 195
Action du curare et de la nicotine sur le système nerveux et le système mus-
culaire; par M. Cl. Bernard 195
De la coaservalion partielle des mouvements volontaires après la section
transversale d'une moitié latérale de la moelle épiniére; par M. Brown-
Séquard 195
Recherches sur les propriétés physiologiques et thérapeutiques du bromure de
potassium; par M. Ch. Huelte. (Mémoires, p. 19.)
Histoire el systématisation générale de la physiologie; par M. L.-A. Segond.
Mémoires, p. 51.)
Recherches sur les propriétés physiologiques de l'èlber lodhydrique; par
M. Ch. Uuette. (I^oj/es les Mémoires, p. 47.)
Observations sur le développement du cœur el de l'aorte pendant les cenl qua-
rante-quatre premières heures de l'incubation; par IW.M. Prévost (de Genève)
et Lebert. (Mémoires, p. 89.)
Recherches sur les globules blancs du sang ; par M. Davaine. (Mémoires, p. 103.)
Physioloi;ie végétale. — Voyet Botanique.
Physique. — Nouveau microscope destiné spéciaiemenl aux recherches chi-
raico-microscopiques; par M. Laurence Smith 155
Pied. — Du pied plat; par M. J- Guérin 136
Pigment. - Coloration de ia muqueuse utérine par un pigment; par M. Gou-
baux 193
Pili-mtoUon. — Foyes IJrinaires (voies).
239
Pinéale (glande) — Idiotie ; altération de la glutido pinéale; par M. Solinepf. 167
Placenta. — Cas d'hénionbagic uléro-placeiitaire; pai M. Blot 7&
Placentas provenant de femmes syphiliqii<>s ; par M. Lebert i'27
Pleurésie. — Lapine morte de pleurésie ; par M. Brown Séquard 77
No:le sur un cas de pleurésie purulente; p«r M. Gubler 117
Observation de pleurésie; par M. Gubler 30i
Pneiuno-gastrique fnerf). — Voyez Vague (nerf*.
Poils. — Voyez Urinaires (voies).
Poisons. — Inoculation du sanf; de raie ; par M. Rayer i4i
Influence de la section des pneumo-gasiriques sur l'empoisonnement par la
noix voiuique; par M. Bouley %9i
Aciion du curare et de la nicotin« sur le système nerveux et le système muscu-
laire; par M. Cl. Bernard • . . . m
Polydaotylie. — Existence d'un doigt surnuméraire; par M. Gâteaux I5
Doigt surnuméraire chez une écrevisse ; par M. Rayer 56
Cas de polydactylie chez la poule; par M. E. Germain (de Saint-Pierre). . . 188
Porrîg:o. — Quelques observations sur le porrigo s&utulata; par M. Piogey. . I7i
Potassium (bromure de ). — Voyez Bromure.
Poumons. — Voyez Bronches.
Pseudarthrose. — Sur un cas de Taussc nrticulstion, à la suite d'une Traclure
de l'extrémité inférieure de l'humérus; par M, Désir I6a
Pseudencéphalie. — Voyez Anencépbalie.
Pus. — Foyez Suppuration.
R
Racine. — Voyez Botanique.
Radius. — .4bsence congénitule du radius chez l'homme; par M Davaine. . . Su
Rate. — Rupture de la rate et du foie; par M. Goubaux 109
Réflexe ( faculté ). — De la persistance de la faculté réflexe, malgré des altéra-
lions considérables de la moelle épiniére; par M. Brown-Séquard 46
Régénération. — Régénération des tissus de la mo«Ue épiniére ; par M. Brown-
Séquard 3
Rein. — Rein, uretère et vessie envahis par d«s tnèerruleschez un miiilaira mort
dans ie service de M. Cazalis ; par M. HiO'elsh«im 6
Dilatation de l'uretère et du rein gauches; par M. Laboulbëne I66
Rif;idité cadavérique.— Apparition de la roideur cadavérique avant la cessa-
tion des battements du cœur ; par M. Brown-Séquard 194
Rotule. — Voyez Luxation.
S
Sang. — Analyse anatomique et ciiimique du sang; par M. F. Verdeil et Ch.
Dollfus 7»
Inoculation du sang de rate ; par M. Rayer t4i
Recherches sur les globules blancs du sang; par M. Davaine. (Toye:; les Mé-
moires, p. it>3.)
Scrotum. — Voyez Tumeurs.
no
Sensibilité. — D'une action spéciale qui accompagne la contraction musculaire
et de l'existence de cette action dans certains cas pathologiques et dans ce
que M. iiagendie a appelé tensibililé récurrente ; par M . Brown-Séquard. . ITI
Voyez Anesthésie et Moelle épinière.
Séquestres. — Sur l'époque à laquelle on doit extirper les séquestres ; par
M. Mayor (de Genève) 8
Sérosité. — Voyez Sucre.
Spermatiques (voies). — Note sur une nouvelle variété d'oblitération des voies
spermaliques ; par M. L. Gosselin. (Mémoires, p. 83.)
Voyez Déférents (canaux).
Sucre. — Présence du glucose dans la sérosité d'un vésicatoire posé à un diabé-
tique; par M. Wuriz 4
Recherche du sucre dans les crachats d'un diabétique; par M. ^A'urtz 8
Note sur la présence du sucre dans Turine du fœtus et dans les liquides am-
niotique et allantoïdien; par M. Cl. Bernard 174
Suppuration. — Sur la nature et les causes des suppurations bleues; par M. le
professeur Sédillot. (Mémoires, p. 73.) ^
Synohisis. — Du synchisis étincelant; par M. Lebert iSO <
Syphilis. — Placentas provenant de femmes syphilitiques; par M. Lebert. . . 137
Tératologrie. — Vice de conformation des organes génitaux; absence probable
de la partie supérieure du vagin et de l'utérus ; hernies des deux ovaires ;
par M. Cazeaux 12
Description du squelette d'un poulet double raonocéphalien ; par M. Davaine. . i3
Existence d'un doigt surnuméraire ; par M. Cazeaux t.s
Deux cas de fusion des dents, Tun d'une incisive surnuméraire avec une inci-
sive norhiale, chez un enfant; l'autre de deux molaires, chez un adulte;
avec des remarques sur ce vice de conformation; par M. Davaine 10
Exposé des principales observations sur les anomalies des helminthes; par
M. J.-B. Chaussât 18
Existence d'un gubernaculum letiit musculaire chez un chien adulte; par
M. Ch. Robin 38
De l'absence congénitale du radius chez l'homme ; par M. Davaine 39
Difformités multiples chez un poulet; par M. Racle 41
Doigt surnuméraire chez une écrevisse; par M. Rayer 58
Quelques remarques sur la cyclopie ; par M. Davaine. 57
Vice de conformation des mains ; par M. Gubler. 93
Observation d'un fœtus anencéphale ; par M. Ollier 1O6
Remarques sur l'observation précédente; par M. Davaine los
Faux hermaphrodisme (androgyne masculin, Gurlt), observé sur un chevreau;
par MM. Rayer et Cl. Bernard 138
Du pied plat; par M. J. Guérin 138
Monstruosités diverses chez un fœtus ; par M. Giraldés !Ï2
Examen d'un fœtus monstrueux anencéphale ( pseudencéphale), manquant de
nez et d'yeux; par M. Gosselin 177
Description d'un chien monstrueux ; par M. Goubaux i85
Anomalies de dimensions de l'aorte; par M. Verncuil 186
Anastomose de l'artère vertébrale avec la cervicale profonde ; par M. A. Leroux. i96
2Ztl
Casde polyt)«»:lylie chez 1.1 poule; par M. E. Gennath (de SaînUPierlfe). . . . i«8
Duplirhéde la face cliei les orseaut; par M. DavKiile. ( Mémoires , p. d7.)
Monstre célosoinien du genre dgeiiosome iGeofrrdy-Sainl-flilaire) ; par
M.HoTiel. (Mémoires, p. lOT.)
Testioule*.— Sur deux cas de coïncidence du développement anomal de la ma-
melle chez l'homme, avec une tumeur cancéreuse de l'épididyme; par
M. Galliet 36
Existence d'un gubernaculum letli» musculaire chez un chien adulte ; par
M. Ch. Robin 38
Tuberciilisation d'un des testicules chez un f^iisan doré; par M. Rayer. ... 77
Voyet Scrotum.
lliérapeutique. — Recherches sur les propriétés physiologiques et thérapeu-
tiques du bromure de potassium; par M. Cb. Iluelte. (Mémoires, p. 19.)
Recherches siir les propnoliês physlologiijfues de l'élber rodhydriqué; îtjdwc-
tiuns thérapeuliques^;'p«ir M. Ch. Iluelife. (M'èmoires, p. 47.)
Tige. — Voyez Botanique.
Toamoieir.enté—<Touftloiement chez utt enfant; par M. Lebireï 7
Triohiasis. — Voyez Urinaires (voies).
Tubercules. — Rein, uretère et vessie envahis par des tubercules, chez un mili-
ta'ire mort dans là service de M. Cazalss; par H. HifTelshcim. ..... &
Ganglions bronchiques tuberculeux, choz un veau, sans tubercules dans les
poumons; par M. Rayef 8
Tuberculisation d'un des testicules chez un faisan doré; par M. Rayer. ... 77
Cas do compression de la portkt» thoracique de l'œsophage par une masse tu-
berculeuse développée dans les gangliuiis du médiaslin postérieur, ayant
causé la mort chez un sajou ordinaire; par M. Davaine 90
Tumeur. — Sur une tumeur du scrotum ; par M. Jobert (de Lamballe). ... 78
Tumeur observée dans la fosse sus-sphénoïdale ; par M. Hirchfcld 187
De la nature locale ou générale des tumeurs; par M. Lebcrt. (Mémoires, p. i45.^
Voyez Ànaiomie pathologique. Kystes, Os (maladies des), Ostéosarcome, Ovai
res et Pathologie.
u
Uretère. — Voyez Rein.
Urinaires ( voies ). — Recherches sur le trichiasis des voies urinaires et sur la
pili-miction; par M. Rayer. (Mémoires, p. 167.)
Urine. — Examen microscopique de l'urine de l'homme; par MM. Robin et
F. Verdeil ,. i:,
Hématurie graisseuse (urine laiteuse); par M. Rayer ss
Sur un procédé d'analyse des urines diabétiques ; par M, Iliffelsbeim. ... 82
Note sur la pnisence du sucre dans l'urine du fœtus et dans les liquides am-
niotique et allantoYdien; par M. Cl. Bernard 174
Utéruf. — De la corrélation existant entre le développement de l'utérus et celui
de la mamelle; par M. Ch. Robin i
Cas d'absence probable de l'utérus; par M. Cazeaux 12
Preuve à l'appui de la nouvelle doctrine sur la formation de la membrane ca-
duque; par M. Cazeaux 48
Membranes muqueuses utérines expulsées penaant la menstruation ; par
M. Lebert 73
16
242
Cas d'hémorrhagie utéro-plauentaiie ; par M. Biot 76
Observation d'une muqueuse utérine rendue après un mois et demi de réten-
tion des régies; par MM. Dutard et Laboulbéne 161
Coloration de la membrane muqueuse de l'utérus par un pigment ; par M- Gou-
baux 193
V
Vag^ue (mrf ). — De l'inlluence des nerfs vagues sur les battementé dn cœrr;
par M. Brown-Séquard 4.">
De l'action de la section des pneumo-gastriques sur l'empoisonnement par la
noix vomique; par M. Bouley. . i95
Vers. — Voyez Helminthologie.
Ver» à soîe. — Sur les maladies des vers à soie en Syrie; par M. Suquc(. - . 91
Du fluide nourricier des vers à soie; par M. Guérin-Méneville .138
Vessie. — Foyez Rein.
Vie. — De la conservation de la vie sans trouble apparent des fonctions orga-
niques, malgré la destruction d'une portion considérable de la moelle épi-
niére chez des animaux à sang chaud; par M. Brown-Séquard. . . . 28 et 49
Vipères. — Résumé d'un mémoire zoologique sur les vipères de France ; par
M. Dugés ^ 115
Viviparité. — Viviparité des couleuvres; par M. Dugés 135
Voies apermatiques. — Voyez Spermatiques (voies).
Volvox. — Note sur le volvox globator ; par M. Laurent il4
Xoologie.— Voyez Vipères et Volvox.
FI.M DE hK TABLE ANALTTIQCE.
TABLE DES MATIÈRES
PAR NOMS D'ATJTEUBS.
(Abréviations : C. R., Comptes rendus; M., Mémoires.)
B
c. h.
Bernard (Charles). Observation de pneumo-thorax i89
Bernard (Claude). De l'absorption élective de la veine porte et des vais-
seaux cliyliféres i60
— Note sur la présence du sucre dans l'urine du fœtus et
dans les liquides amniotique et allantoïdien. . . 174
— Action du curare et de la nicotine sur le système ner-
veux et sur le système musculaire 195
Bernard (Cl.) Rapport sur un mémoire de M. Hiffelsheim, intitulé .-
et Brown-Séqcard. Quelques observations relatives à la circulation du
sang 30
Bernard (CI.) Faux hermaphrodisme (androgyne masculin, Gurll)
et Rayer. observé sur un chevreau. ••....... 128
Bernard (Cl.) Sur les vaisseaux des épiploons lombaires de la mar-
et Valenciennes. motte I60
Blot Cas d'hémorrhagie utéro-placentaire 76
BoucHUT. . . . Ostéosarcome du bassin 85
Boulet De l'action de la section des pneumo-gastriques sar
l'empoisonnement par la noix vomique 195
BouLLAT. . . . Hémalémése mortelle symplomalique d'ouvertures ar-
térielles dans l'estomac; anévrisme <ic l'aorte abdo-
minale près de sa terminaison 34
Brown-Séql'ard. Régénération des tissus de !a moelle épiniére. ... 3
— De l'arrêt passif des battements du cœur par l'excita-
tion galvanique de la moelle allongée et par la des-
truction subite du centre cérébro-rachidien. ... 25
— De la conservation de la vie sans trouble apparent des
fonctions organiques, malgré la destruction d'une
portion considérable de la moelle épiniére chez des
animaux à sang chaud 28 et 49
— De la transmission croisée des impressions sensitives
par la moelle épiniére. 33
c. m.
Bi-.uwN Séquabo . De l'inlluence des nerfs vagues sur les battements du
cœur 45
— De la persistance de la faculté réflexe, mal{;ré des al-
térations ronsidérables de la moelle épiniére. . . 40
— Explication de l'hémiplégie croisée du sentiment. . 70
— Hémorrhagie dans l'amnios de plusieurs embryons
chez une lapine morte de pleurésie 77
— De l'existence constante des cysticerques chei les la-
pins, et de l'accroissement simultané de ces parasites
et des animaux qui les portent 79
— Existence d'un mouvement rhythmique dans le jabot
des oiseaux r • • 83
— Remarque à propos d'une observation de tumeur du
cervelet lOt
— D'une affection convulsive qui survient chez les ani-
maux ayant eu une moitié latérale de la moelle épi-
niére coupée lOS
— Nouvelles recherches sur les contractions de la peau
produites par le galvanisme i32
— Troubles survenant dans la nutrition de l'œil, par
suite de la section d'une moitié latérale d« la moelle
épiniére, au dos i34
- D'une affection convulsive consécutive à la section
transversale complète de la moelle épiniére. . . 169
— D'une action spéciale qui accompagne la contraction
musculaire, et de l'existence de celte action dans
certains cas pathologiques et dans ce que M. Magen-
die a appelé sensibilité récurrente 17I
— Apparition de la rigidité cadavérique avant la cessa*
tion des battements du cœur 194
— Do la conservation partielle des mouvements volon-
taires, après la section transversale d'une moitié la-
térale de la moelle épiniére. ........ iS5
— De l'innocuité de la mise à nu de la moelle épiniére. 303
Rkown-Sëquard Rapport sur un mémoire de M. HiffeUlieim, intitulé:
etCl. Bernard. Quelques observations relatives à la circulation du
sang 30.
CÀ7.KJVX.. Mémoire sur là mort apparente des nouveau-nés. . »
— Vice de conformation des organes génitaux; absence
probable de la partie supérieure du vagin et de
l'utérus ; hernie des deux ovaires 12
— Existence d'un doigt surnuméraire l5
— Preuve à l'appui de la nouvelle doctrine sur la for-
mation de la membrane caduque. . . 48
Chaussât ( J.-B.).. . Kxposé des principales observations sur les anoma-
lies des helminthes . 18
— Sur un ver vésicnlaire trouvé dans de petits kystes
à la surface du poumon du liraax rufus . 152
2/i5
D
C. K. M.
Davaine Description du squelette d'un poulet double niono-
céphalien ..... 13 «
— Deux cas do fusion des dents. Tua d'une incisive
surnuméraire avec une incisive normale , chez un
enfant, l'autre de deux molaires, chez un adulte;
avec des remarques sur ce vice de conformation. t6 »
— De l'absence congénitale du radius chez l'homme. 39 »
— Quelques remarques sur La cyolopie. ...... 57 »
— Cas de compressivo deJa portion thoracique de l'œ-
sophage par une masse tuherculcuse développée
dans les ganglions du raédiasiin postérieur, ajani
causé ia mort ebez un sajou ordinaire 90 »
— Remarques sur une observation de foalus anencé-
phale 106 »
— Note sur une tumeur indéterminée des os maxil-
laires du bœuf 119 »
— Sur la nature el les fonctions de l'organe palatin des
cyprins. J8i »
— Duplicité de la face chez les oiseaux » 97
— Recherches sur les globules blancs du sang. ... » i03
Dataink etRayeb. Examen d'une main el de la moitié inférieure de
l'avant-bras affectés d'éléphantiasis des Arabes. t
( Pièce adressée à la Société par M. L'Herminier.\ » 67
DEPAOt Sur un cas du m6le vcsiculàire «8 »
Désir Sur un cas de fausse articulation à la suite d'une
fracture de l'extrémité inférieure du corps de l'hu-
mérus «6S »
DoLLFDS et P. Verdeil. Analyse anatomique et chimique du sang 79 »
DuGÈs Résumé d'un mémoire zoologique sur tes vipères de
France II4
— Glonde caudale des couleuvres i3« >•
— Viviparité des couleuvres «35 »
DuPLAT. Remarques sur un cas d'obstruction des canaux dé-
férents, accompagnée de douleurs testiculaires. . .S2 >.
— Hémorrhagie céré!>r:ile par suite <ie la rupture d'une
bronche de l'arière méningée moyenne ii6 ••
DiiTARD etLAnouLBE.NK. Observation d'une mu(|ueuse utérine rendue après
un mois et demi de rélenlion des régies. ... i6t »
FOLLiM Kystes épitbéliaux chez le bœuf 85
— Note pour servir à l'histoire des hématozoaires. . . 9i
— Kyste pileux de l'ovaire. . ... ... iw
— Hypertrophie des plaques de Peyer i74
— Examen il'un u;il opcri- fU" b ralarjcte par extrac-
tion, (|iimzc ans avant la inoii <lu malade. . . 17S
2Z|6
G
C. R. M.
GiLLiET Sur deux cas de coïncidence du développement
anormal do la mamelle chez l'homme, avec une
tumeur cancéreuse de l'épididyrce 36 »
GERiiAi!«(deSl-Pierre). De la nature des coléorhyzes et du mode de Tac-
croissement de l'écorce chez les racines et les
liges m »
— Sur un parasite nouveau 156 »
— Cas de polydactylie chez la poule i98 »
GiRALBÈK. ... Monstruosités diverses chez un Tœtus 152 »
GossBLi:« Note sur une nouvelle variété d'oblitération d s
voies spermaliques » 83
— Examen d'un fœtus monstrueux anencéphale (pseu-
dencépbale) , manquant de nez et d'yeux. . . . i77 »
GouBAUX Description d'un chien monstrueux iS5 »
— Coloration de la membrane muqueuse de l'utérus
par un pigment 193 »
— Corps étrangers dans les canaux excréteurs des
glandes 19& »
— Rupture de la raie et (ki foie 199 »
GoBLEB. .... . Anatomie et pathologie des glandes de Méry, con-
nues sous le nom de glandes de Cowper. ... 22 »
— Cas d'hypertrophie Ubroso-glanduiaire des glandes
de Méry 5u »
— Sur un cas de tumeur encéphaloïde inlra-crànienne. 8S >•
— Vice de conformation des mains. ....... 91 ».
— Note sur un cas de pleurésie purulente Iâ7 » ,
— Note sur un cas d^lyd^occphale'aigu. ..... lis »
— Oblitération de la vésicule biliaire par un calcul;
analyse du liquide muqueux dont elle était rem-
plie 144 ,»
— Observation de pleurésie .... 2O1 >>
GiÉniN (Jules).. . . Du pied plat i36 >•
Guérin-Ménevillb. Du lluide nourricier des vers à soie 138 »
GtJiET Recherches sur la lièvre intermilienle sjmple chez
les enfants nouveau-nés et à la raaoïelle.» ... >■ .'>&
H
UiKFEi.sHeiM. . . Rein, uretfre et vessie envahis par des tubercules
chez un militaire mort dans le service de M. Ca-
zalas 6 »
— Rapport sur son Mémoire intitulé .- Quelques obser-
vations relatives au phénomène de la circulation. 30 »
— Sur un procédé d'analyses des urines diabétiques. 82 »
HincBFEi.D (Ludovic). Tumeur observée dans la fosse sus-sphénoidale. . . 187 »
HouEL Monstre célosomien du genre agénosome (Geoffroy-
Saint-Hilaire) "107
Miette (Charles . . Recherches sur les propriétés physiologiques et thé-
rapeutiques du bromure de potassium » 19
— Recherches sur les propriétés physiologiques de l'é-
iher iodhjdrii|uc. Inductions thérapeutiques. . . >• 47
247
JoBBRT (de Lamballe). Origine du nerf facial au-dessous de l'entre-croise-
nient det pyramides ; explication anatomique de
la paralysie croisée de ce nerf i
— Sur un calcul salivaire obstruant le conduit de
Warlhon 35
— Sur les débris d'une grossesse extra-utérine. ... 5i
— Sur une tumeur du scrotum 78
Laboulbème. . . . Dilatation de Turétére et du rein gauches i6ti »
— et DuTARD . . . Observation d'une muqueuse utérine rendue après
un mois et demi de rétention des régies. . . . 181 »
—et RouzET. . . . Note sur l'hypertrophie de la membrane interne du
gésier observée sur deux gallinacés. ..... 188 »
Laurknt Note sur le volvox globator it4 »
Lbbert Eloge du docteur Prévost (de Genève) 60 »
— Membranes muqueuses utérines expulsées pendant
la menstruation 73 »
— Rapport sur une observation de tumeur épilhéliale
du cuir chevelu <2i »
— Tumeur enkystée d'une glande sébacée montrant
le conduit excréteur oblitéré 126 >■
— Placentas provenant de Temmes syphilitiques . . . 127 »
— Production cornée au front; examen microscopique. 128 »
— Du synchisis élincelant i38 »•
— De la nature locale ou générale des tumeurs. . . >■ Hî
— el Pri^vost ( de Observations sur le développement du cœur et de
Genève). l'aorte pendant les cent quarante - quatre pre-
mières heures de l'incubation » 89
LsoLANC Kyste osseux ou dentaire trouvé dans la mâchoire
inférieure d'un cheval 35 »
Lkbrbt Cas d'aneslbésie sans paralysie du mouvement. . . 3 »
— Tournoiement chez un enfant 7 »
— Note sur les eonferves qui croissent dans les bassins
de l'établissement thermal de Néris 490 »
— Kystes hydatiques du foie 489 »
Leconte Concrétions tophacees i39 >•
Analyse de l'hydroferrocyanate de potasse et d'urée. 203 »
Leroux (A). . . . Anastomose de l'artère vertébrale avec la cervicale
profonde '96 »
L'HEHMiniEa. . . . (Foyei Rayer et Davaine.)
M
Mattor (de Genève). Sur l'époque è laquelle on doit extirper les séques-
tres 8 "
MàziBR lumeurducerveletproduisant desmouvements con-
vulsifsetla paralysie du même côléoùellesiégeait. 102 >•
MoMj AGNK (C). . Sur les fumagines de Persoon 21 »
— Surunemaladiede la vit;i)L'caii».'e parle parasitisme
d'une mucédfnée du genre vidium Sh »
248
c. b. a.
Morel-La VALLÉE. Cas de dél'orneation de la (été de l'kumérus par com-
pression 36 »
MoYKiCF. Lipome de |a cavité «h^oininale . i3S) >-
Q
Olier Observation d'un fœtus anencéphaie io(> »
P
Perhim Helminthes de Tordra des nématoYdes de Rudolphi ,
ou caviiaires do Cuvier, trouv^^s dans lea moyennes
et les petites bronches des deux poumons d'un porc
âçé d'un an 158 »
PiocEY Du sillon de la gale et (quelques observations sur le
porrigo scutulata 17S »
Prévost (de Genève). Sa nécrologie , par M- Leberl. ,.,..... ftp, »
Prévost elLEBERT. Observations sur le développement du cœur et de
l'aorte pendant les cent quaraiile-ijualre premières
heuren de l'incubation » 8»
0
QuATRKFACiis (A. de). Quelques eipériences sur l'ounicc sanguine le.
tanguinia ) 99 "
— Recherches sur la pho&pboreseerice du pori de Bou-
logne (réwjmé) »60 «
R
Racls pifTormités. mMUipIei) chez un poulet U »
Raiek Ganglions bronchiques tuberculeux ct^ex un veau,
sans tubercules dans les pouiyons - 8 "
— Hématurie graiïtseuse (urine iaileus^) ii »
— Doigt surnuméraire chei une écrevisse 56 »
— Tubereulisalion d'uQ des testicules cb«z un faisan
doré 77 »
— Éruption bulleuse sur une epinoche i36 »
— Inoculation du sang de rate H» »
— Recherches sur le trichiasis de^ voies t)rin^ites et sur
la pili-miction » l67
— et RER.tAiiD (CI). Faux hermaphrodisme (androgyne inasculiD, Gurlt.)^
observé sur un chevreau 128 <•
— etDAVAirtE. Examen d'une mam et de la moitié inférieure de
l'avant-hras afléctés de d'élcphanliasis des Arabes.
(Pièce adressée à la Société par M. L'Herminier.) >■ 6T
Robin (Charles} De la corrélation existant entre le développement de
l'utérus et celui de la mamelle i "
— Sur !a siruclure d'un cpulis du maxillaire inférieur. 8 »
— Existence d'un guhernaçujum lestis qmsçulaire chez
un chien adulte 38 »
— Observations sur le développement de la substance cl
du tissu de» o.s . » «19
•'^#.
«Ai
'^é
* • ■
- 'f ■
-.«■
V
'x
^ï* ■*■
•^:-.-
'•'■■-\:"' ■
■. x'
4
o
3-
2A9
c. R. m.
Robin et Veroeil (F.). Examen microicopique de l'urine de l'homme. . . 35 »
RoccCT Observation sur une tumeur épilhéliale du cuir che-
velu , ayant détruit en partie les os de la voûte crâ-
nienne, et présentant une structure toute spéciale. i2i »
^ Examen microscopique d'un dépôt d'urate alcalin
(tophus) dans les articulations du tarse 136 »
RouzsT Note sur l'hypertrophie de la membrane interne da
et Laboulbênk. gésier, observée sur deux gallinacés I8S »
S
ScHNEPF Idiotie, altération de la glande pinéale 167 »
Sédillot. . . . Sur la nature et les causes des suppurations bleues. •> 13
Second (L.-A.). . Histoire et systcmalisation générale de la physiologie. » 32
— Sur les dénominations des diverses parties de l'in-
testin par les auteurs grecs et latins 67 »
— Note sur les fonctions du larynx supérieur chei les
oiseaux 184 »
Smith (Laurence). Nouveau microscope destiné spécialement aiu re-
cherches chimico- microscopiques 15S •
SuQUST Sur un cas de lèpre et sur les maladies des vers k soie
en Syrie 91 »
T
Tholozan. . . . Sur un cas douteux de farcin chronique. (Observation
recueillie dans le service de M. Michel Lévy, au
Val-de-Gràce. ) » I5»
V
Valerciemnes Sur les vaisseaux des épiploons lombaires de U mar-
et Bernard (Cl. V motte. . .- 160 »
Verdeil et DoLLFL's (Cb.). Analyse anatomique et chimique du sang. . . 79 >
Verdeil et Robin (Cb). Examen microscopique de l'urine de l'homme. . 35 »
Verheoil. . . . Ossification très-étendue du péricarde viscéral au
niveau de roreilletle droite ; rupture de cette même
oreillette 75 »
— Anomalies de dimensions de l'aorte 186 »
— Sur deux cas où l'intestin offrait un diverticulum. . lOi »
W
Vr'vRTz Présence du glucose dans la sérosité d'un vésicaloire
posé à un diabétique 4 »
~ Recherche du sucre dans les crachats d-'un diabétique. s »
FIN DE LA TABLE DES ACTEURS.
LISTE DES OUVRAGES
OFFERTS A liA SOCIETE DE BIOliOCîIE.
A
AcKERMAN (M. -P.). . . ConnidératioDs anatomico-physiologiques et historiques
sur le coipo du Chili. Paris, f8U. In-4°.
Annales de la Société entomologiqoe de France, année 1844, premier Iri-
meslre. 1849. In-S».
— Résumé des travaux delà Société entomologique pendant
l'nnnée 1844. In-8». — Discours d'installation; par
M. le marquis de Brème. 1844. ln-8%
Dadin d'Hurtebise . .
Bally (Victor)
Barbier (J.-B.-G.). .
Barral (J.-A.). . . .
Bernard (Claude). . .
Bezançon (Alphonse).
Blot (HipjKdylc) . . .
B
Delà paralysie du nerf moteur oculaire externe (sixième
paire). Paris, 1849. Thèse in-4».
Recherches sur les maladies épidécniques et endémiques
des bords de la Méditerranée, et notamment sur la
choladrée lymphatique. Paris, $849. ln-4o.
Voyage d'Horace à travers les marais Pontins. In-8*.
(Extrait du Bulletin de l'Académie de médecine.)
Quelques réflexions sur la psychologie. Amiens et Paris,
1849. In-18.
Statique chimique des animaux, appliquée spécialement
à la question de l'emploi agricole du sel. Paris, 1850.
In-18.
Recherches expérimentales sur les fonctions du nerf spi-
nal. Paris, l851.In-4'>.
Considérations sur l'hystérie, et en particulier sur son
diagnostic. Paris, 1849. Thèse in-4o.
De l'albuminurie chez les femmes enceintes; ses rap-
ports avecl'éclampsie ; son influence sur l'hémorrhagic
utérine après raccouchement. Paris, l869.Thè!-e in-4\
252
BuuenoT (E.) Des maladies virulentes. Paris, 1847. In-4<>.
— Mémoire sur la coagulation du sang veineux dans les
cachexies et dans les maladies chrouiques. (Extrait de
laCiAZEiTË Médicale. Paris, 1846.)
BoULEY (M.-H.) .... Notice historique mr M. AtexiS-Casimir Dupuy, ancien
professeur de l'École nationale vétérinaire d'Alforl et
directeur de l'École nationale vétérinaire de Toulouse,
jparjs, 1860. Id-8o.
— Traité de l'organisation da pied de chevaT, comprenant
l'étude de la structure, des fonctions et des maladies
de cet organe, avec an atlas de 34 planches lithogra-
phiées, dessinées d'après nature par MM. Edm. Pochet,
Première partie. Anatomie et physiologie. Paris, 1851.
Grand in-8' avec atlas.
BouLLAND (l.ouis-Ch.). Recherches microscopiques sur la circulation du sang et
le système vasculaire sanguin, dans le canal digestif,
le foie et les reins. Paris, 1849. (Thèse in-4».)
Brown-Séqcahd (C.-É.) . Ptecherches et expériences sur la physiologie de la moelle
épinière. Paris, 1846. Thèse )n-4».
— Résumé de plusieurs mémoires de physiologie expéri-
mentale, lus ou présentés à l'Académie des 2<!lenee8
en 1847. (Extrait des Comptes rendus des séances de
l'Académie des sciences, t, XXIV et XXV.) In-8*.
Bulletin médical du nord de la France. Pathologie interne. — 1845, n» 1. —
184G, quatre numéros. — 1847, huit numéros. — 1848,
trois numéros. — 1849, deux numéros. — 1850, trois
numéros. — Lille. In-8«.
UiiaQ( Victor) De l'anesthésie et de i'amyosttiésle. ParL»« 1861. Thèse
iiv-8».
Cayla (Fr.-Alexis.). . De l'hydropisie des Tillositéschorlalcs (moles hydallque»
des auteurs. Thèse. Paris, 1849.
Chaussât (J.-B.) . . . Des hématozoaires. Paris, 1850. Thèse in-4».
Claude (C.-A.). . . . De la folie causéu par lespertessémlnales. Thèse. Pari»,
1840.
CoouEREL(Charles.J. . De la cécité nocturne. Thèse. Paris, 1849.
GoRTi (Alphonse). . . De systemale vasorum psammosauri grisei. p'indo-
bonœ, 1847.
— -Recherches sur l'organe de l'ouïe des mammifèrps. Pre-
mière partie, limaçon. 1851. In-S».
CosTE (M.-J.-B.). . . . Recherches expérimentales et observations cliniques sur
le rôle de l'encéphale, et particulièrement de la protu-
bérance annulaire, dans la respiration. Paris, 185l.
Thèse in-4''.
253
D
Oavaine De l'hématocèlc spontanée (!p la Uiniqiie VJiginale. Paris,
1837. Thèse i 0-4».
Delacocr (Charles.). De l'analgésie. Paris, 18L0. Thèse in-4o.
Depaul(A.-J.-H.). . . De l'influence de la saigppe et d'un régime débilitant sur
le développement de l'enfant pendant la vie intra-uté-
rine. Paris, 1849. In-R».
— Mémoire sur l'insufflation de l'air dans les voies aériennes,
chez les enrants qui naissent dans un état de mort
apparente. 1845. In-8».
— De l'emphysème qui succède brusquement à ia rupture
de l'un des points des voies aériennes; de son siège et
de ses terminaisons. Paris. In-S».
— De l'emploi des caustiques dans les maladies chirurgi-
cales. (Concours pour l'agrégation section, de chirurgie.
1847). Paris. Thèse iii-4».
— Du torticolis. (Concours pour l'agrégation, section de
chirurgie.) Paris, 1851. Thé.se in-4».
DÉsin(A.). Delà présence de l'albumine dans l'urine , considérée
comme phénomène et comme signe dans les maladies.
Paris, 1835, Thèee in-4»
Des!1arest (M.-E.) . . Description d'un nouveau genre de crustacés delà sec-
tion des décapodes macroures, famille des salicoques,
irtbu de» paléraoniens (genre léander), (Annales de
la SoeiÉTÉ ENTOMOLOGiQUE, deuxième série, t. VII,
premier trimestre de 1849.)
— Description de deux nouvelles espèces de buprestides du
genre hyperanthcu, Gist, Mannerheim (pœcilonota, So-
lier, Dejean,, eic.) (Extrait des Annales de la Société
ENTOMOLOGIQUE DE FRANCE, deuxième série, t. I, pre-
mier trimestre 1843»)
— Note sur une disposition anormale des organes génitaux
observée dans l'astacus fluviatilis (Fabriclus). (Eitrait
d^sARNALSa DE LA SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE DE FRANCE,
deuxième série, t. VI, 1848.) Paris, 1849.
Desmarkst (M.-E.) . . Notice sur quelques perforations faites par des insectes
dans des plaques métalliques. In-8».
— Renaarques sur plusieurs.cas de pathologie observes che2
les animaux. (Extrait de ia Revue ft Magasin de 700-
tOGiE, février, 18*?.) Drux exemplaires.
Dézeimeris et Littrc. L'Expérience, journal, t. !. Paris, 1837-1838. In-4«.
DorODR (Gustave.). . Essai clinique sur le diagnosuc spécial et différpntie! de»
maladiea.de la vois et du larynx. Paîis, l86l-
254
Ddfour (Léon.). . . . Sur la circulation dans ies insectes. (Extrait des actes
DE LA Société linnéenke be Ijordeaux. ) Bordeaux ,
!849.
— Description et anaîomie d'une larve à branchies externe»
d'hydropsiche. Grand in-8">.
— Recherches anatomiques sur la larve à branchies exté-
rieures du sialis lutarius. Grand in-S".
— Recherches sur l'anaîornie et l'histoire naturclie de l'os-
mylua maculatus. (Extrait des Ankale3 des sciences
NATORELLES, juin 1348.) Grand in-S".
Dci»lat(M.-S.-J.-M.) . Des ramollissements de l'utérus, et principalement de
son ramollissement gangreneux. Paris, i333. Thtee
in-4».
Ddplay (a.) Des maladies dissimulées. (Concours public pour l'agré-
gation.) Paris, J838. Thèse in-4.
Durand-Fardel. . . . Des eaux de Vichy, considérées sous les rapports clini-
que et thérapeutique. Paris, !85!. In-8°.
— Mémoire sur les réactions acides ou alcalines. Paris,
1849. ln-8».
FoLLiN (E.) Études sur les végétations des cicatrices et des ulcères.
In-8o.
— Recherches sur les corps de Wolff. Parie , 1850. Thèse
in-4».
— etLABODLBÈNE (A.). Sur la matière pulvérulente qui recouvre la surface du
corps des lixus et de quelques autres insectes. (Société
entomologique, séance du 23 août 1848.)
Gouroan-Fromentel
(Louis-Edouard.)
GoBLER (Adolphe). .
Gdérin-Méneville
(M.*F.~E.)
Essai sur le suc nourricier et ses modifications patholo-
giques, Paris, 1849. Thèse in-ù».
Des glandes de Méry (vulgairement glandes de Cowper )
et de leurs maladies chez l'homme. Paris, 1849. Thèse
in-4o.
Études sur les maladies des vers à soie. ( Extrait de la
Revl'e et Magasin pe zoologie, novembre 1849, no il.)
In-8«.
H
Hébert (C.-C.). ... De l'inflammation du iipôme. Paris, 1849. Thèse
in-4''.
HervédeLavacr(G.). De la cautérisation delà vessie dans les hématuries vé-
sicales. Paris, 1849. Thèse in-4«.
HiFFELSHEiM Quciques observations relatives au phénomène de la cir
cuiation. Paris, 1850. In-S»
255
HoMOLLE et Qdeve!4mc. Mémoire sur la digitaline; rapport fait à l'Académie na<
tionale de médecine par M. BouiUaud. Paris, 1851.
In-S".
LabouI'Bj^n'e (Alex.)' • Description d'une nouvelle espèce française de laemo-
phlaeus. (Société cntoinologique, séance du 12 juillet
1848.)
Lacaze-Dutuiep.s ... De la paracentèse de la poitrine et des cpanchements
pleuréliques qui nécessitent son emploi. Patis, 1851.
Thèse in-4o.
IjACh (F.-J ) .De l'éther suifuriquc, de son action physiologique et de
son application à la chirurgie, aux accouchements, à la
médecine, avec un aperçu historique sur la découverte
de Jackson. Paris, 1847. Grand in-S".
Lasègue (Gh.) De quelques établissements d'aliénés dans la Russie oc-
ci den taie. (Extrai t des Anna les hédico-psychologiques.)
Paris. In-S».
Laurent Essai sur les tissus élastiques et contractiles. (Extrait
des ANNALES DE LA MÉDECINE PHYSIOLOGIQUE, ln-8».
— Appendice aux recherches sur la signification d'un or-
gane nouvellement découvert dans les mollusques.
(Extrait des Annales d'anatomie et de physiologie.)
Grand in-S».
— Essai sur les monstruosités doubles; observations anato-
noiques sur le squelette d'un monstre double de chat
domestique.
— et ËTooux Recherches anatomiqucs et zoologiques sur les mammi-
fères marsupiaux. (Extraits de plusieurs mémoires in-
sérés dans la Zoologie du voyage de la Favorite
AUTOUR se MONDE PENDANT LES ANNÉES 1830, 1831 et
1832.)
Leroy-d'Étiolles. . . De la paraplégie produite par les désordres des organes
(Raoul-Henri,). génito-urinaires. Paris, 1850. Thèse 10-4».
Lebret(L-E.) Étude clinique de traitement thermal. Paris, 1851. Thèse
in-4«.
Li vois (Eugène). . . . Recherches sur les échinocoques chez l'homme et chez les
animaux. Paris, 1843. Thèse in-4^
Lord (Joseph L.et Henri G.). Défense des droits du docteur Charles T. Jackson à
la découverte de l'éthérisation, suivie de pièces justi-
ficatives. Paris, 1848. In-S».
M
Macquet (Louis-Jules). Recherches cliniques sur l'inflammation des membranes
séreuses pt synoviales. Paris, 1850. Thèse de méde-
cine in-4o.
3Ô6
Martin» (Gh.) Liste de ses travaux. Grand in-go.
— D« la tératologie v^étate, de ses rapports avoc la téra-
tologie animale. Thèse in-4'', présentée à la Faculté de
médecine de Montpellier. (Concours pour la chaire de
botanique et histoire naturelle médicale.) Montpellier,
1851.
MoNSïRET (K.) Thèse in-S" sur la question suivante : La goutte et le
rhumatisme; présentée et soutenue en juin 1851. (Con-
cours pour une thaire de pathologie médicale.) Paris,
1851.
Montagne (C.) .... A micrographie study of the dlsease of saffroa known
. uoder the name of tacon, read before the Socif'y of
biology at Paris, dec. 2, 1848. Grand in-8«.
— Sixième centurie de plant«6 cellulaires nouvelles, tant
iadigènes qu'exotiques. Décades A^lll à X. (Extrait des
Annales des sciences naturelles, t, XII, septembre
1849.) In-8o.
— Observations et expériences sur un champignon ento-
moetone, ou histoire botanique de la muscardin^i (Ex-
trait des Annales de la Société séricicole, 1847, on-
zième volume.) Ib-8'.
MoHEC^iAVAtLÉE (V.). Dcs luxalious de îa clavicule. Paris, 1842. Thèse in-4».
— Des rétractions accidentelles des membres. (Concours
pour l'agrégation, section de chirurgie.) Paris, 1844.
Thèse in-4».
— De l'ostéite et de ses suites» (Concours pour l'agrégation
en chirurgie.) Paris, 1847 . Thèse in-i».
-" Sur les luxations compliquées. (Concours pour une chaire
de clinique chirurgicale.) Paria, 1851. Thèse in-4«.
N
Mélaton (A.) ..... De l'influence de la position dans les niafcidics chirurgi-
cales. (Thèse m^A" présetttée au eow4lifsi piour une
chaire de clinique chipurgitale vacante à ki> Faculté de
médecine de Paris, et soutenue le 2i avril 1851.) Paris,
1851.
PoecHET ftticherches sur les organes de la circulation, de la diges-
tion et de la respiration des animaux infusoires. (In-
sérées dans les Comptes rendus de l'Académie des
SCIENCES, 13 novembre 184S et 1 5 janvier 1849.) Rouen.
Petit in-folio.
Prbvost (J.-Iii.)- • . • Observations microsropi^iîes sur la Obre musculaire.
In-4».
257
QUATiurATïEs (A. »£.)• R^sumc des observations f;iilPs «n 1844 tai les gastéio-
poJrs phlébentérés. Grand in-8*.
— Études sur lea types ioféneurs.de i'embranchemenl d«a
annelés. (Annales des sciences natcmelles, partie zoo-
logique, troisième série.) Paris, 1848. Grand iu-8'.
— Mémoire sur l'embryogénie des annélides. (Elirait des
Annales des sciences naturelles.)
R
IVacuc (Victor.) .... Mémoire sur le choléra sporadiqoe symploniiitique. (Et >
trait delà Revue médico chibcrgicale de pARis.)Graitd
in-8».
— Mémoire sur de nouveaux caractères de la gangcène et
sur l'existence de cette lésion dans des maladies où
elle n'a pas encore été décrite. (Extrait de ta GAZEnx
Médicale de Paris, année 1849.) In-S».
— Recherches sur les alTections du cerveau dans les mata-
dies générales. Paris, 1848. Thèse in-i".
Rater (P.) Observations sur les maladies des poissons (Archives de
MÉDECiHE COMPARÉE.) Pari?, ln-4'. Planches.
Redfern (P.). .... On abnormal nutrition in articulât cartilages. Ëdiobur^hj
1849. In-8».
Requin (A. -P.). ... De la spécialité dans les maladies. (Concours pour une
chaire de pathologie médicale, ouvert le l" mai 1851.
à la Faculté de médecine de Paris.) Paris, 1861. Thèse
in-40.
Robert (Alph.). . . . Des vices congénitaux de conformation des articulations.
Paris, 1851. Thèse in-4».
Robin (Ch.) NiOtice sur ses travaux scleotiflques. Paris. 4 décembre
1848. In-8».
— Mémoire pourservir à l'histoire anatomique et pathologique
de la memhrane muqueuse utérine, de son mucus, de
la caduque et des œufs, ou mieux glandes de Nnboth.
(Extrait des Archives générales de kédecink.) Paris,
1848. In-8».
~- Anatomie chirurgicale de la région de l'aine. Paris, 1846,
Thèse in-4».
— Tableaux d'anatomie, contenant l'exposé de toutes les
parties à étudier dans l'organisme de l'homme et dans
celui des animaux. Paris, 1860. In-i'*.
Thèse de zoologie pour le doctorat es sciences naturelles,
présentée à la Faculté des sciences de Paris en juillet
1847.
17
258
Robin (Ch.) Rftcberohc.-^ sur an appareil qui se trouve sur les poissons
«lu genre des raie» ( raia , Cuv.), et qui présente les
caracU^res anatomiques des organes électriques. (Lues
à rinstitul le 18 mai t8i^ ) Paris, 1847. Grand i n-8'-
U:irtinct.
S
SÊwtNAS • f» ^^''ccîïes sor la nutrition et la sécrétion étudiées dans
la rate et le foie. Paris, 1850. In-8». (Deux exem-
plaires.)
W
WiLLFHiM (A.) .... De la pellagre sporadiquc à Paris; du diagnostic de eetl«
maladie. (Extrait des Archives générales de méde-
cine.) Pari?, 1847. In-8',
—• Rpsumé général de la clinique chirurgicale de la Faculté
de médecine de Strasbourg pendant le semestre d'hiver
t8it-«842. (Leçons de M, Sédillot^ recueillies par
A. Willemin.) Strasbourg et Paris, 1842. In-8<>.
— De la métrite puerpérale idiopathique, ou métrite franche
des nouvelles accouchées, et de sa complication avec
les phlegmoses pelviens. (Extrait des Archives géné-
rales de iiÉDECi.<«E.) Paris, 1847. In-S».
— De la complication des flèvres éruplives entre elles.
(Th«se in-4* pour !e doctorat en médecine.) Paris ,
t84T.
FIN.