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Full text of "Comptes rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales"

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ET 


MÉMOIRES 


DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE 


PENDANT  L'ANNÉE  d850. 


|uj    L  I  8  R  A  R  y  1  ^ 


*^\      ^ 


PAllIS.  —  IMPRIMÉ  PAR  E.  THUNOT  ET  C», 

J«,  me  Racine,  pré»  de  l'Odéon 


COMPTES  mwn  dm  séances 


ET 


MÉMOIRES 


D£  LA 


r  r 


SOCIETE  DE  BIOLOGIE. 


TOME  11.  —  miî  4850. 


AU  BUREAU  DE  LA  GAZETTE  MÉDICALE, 

14,  rue  Racine,  près  de  l'Odéon. 
ITT 

Chez  J.-B.  BAILLÏÈRE, 

Rue  Haalefeuille ,  19. 

1851 


6  V^ 


RÈGLEMENT 


DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE. 


ORGANISATION. 

Article.  1*'.  —  La  Société  de  Biologie  est  instituée  pour  l'élude  de  la 
science  des  êtres  organisés,  à  l'état  normal  et  à  l'état  pathologique. 

Art.  2.  —  La  Société  est  composée  de  membres  titulaires,  de  membres 
honoraires,  d'associés  et  de  correspondants. 

Art.  3.  —  Le  nombre  des  membres  titulaires  est  fixé  à  quarante. 

Art.  ù.  —  Le  nombre  des  membres  honoraires  est  fixé  à  quinze. 

Art.  5.  —  Le  nombre  des  associés  est  fixé  à  vingt. 

Art.  6.  —  Le  nombre  des  membres  correspondants  est  fixé  à  quatre- 
vingts. 

Art.  7.  —  La  Société  est  administrée  par  un  président  perpétuel,  deux 
vice-présidents,  quatre  secrétaires  et  un  trésorier-archiviste. 

Art.  8.  —  Le  président  est  élu  à  la  majorité  absolue  des  suffrages.  Il 
dirige  les  discussions  et  fait  exécuter  le  règlement. 

Art.  9.  —  Les  vice-présidents,  les  secrétaires  et  le  trésorier-archiviste 
sont  élus  à  la  majorité  absolue  des  suffrages.  Le  temps  de  leur  exercice  est 
d'un  an.  Ils  peuvent  être  réélus. 

Art.  10.  —  Les  secrétaires  rédigent  les  procès- verbaux  des  séances.  Ils 
sont  chargés  de  la  rédaction  et  de  la  publicali  ju  des  travaux  de  la  Société, 
et  de  la  «orrcspondance. 


VI 

Art.  11.  —  Les  mémoires  lus  à  la  Société  et  les  notes  résumant  les 
communications  verbales  sont  remis  aux  secrétaires,  séance  tenante. 

Art.  12.  —  Le  trésorier-archiviste  est  chargé  de  recouvrer  les  sommes 
dues  à  la  Société,  d'acquitter  les  dépenses  et  de  veiller  à  la  conservation  des 
ouvrages,  des  manuscrits,  des  pièces  d'analomic,  etc.^  adressés  à  la  Société 
ou  acquis  par  elle. 

Art.  13.  —  Tous  les  ans,  une  commission  de  trois  membres  examine 
les  comptes  et  le  catalogue  tenus  par  le  trésorier-archiviste. 

Art.  Ih.  —  Le  Irésorier-arciiiviste  est  i  esponsable  des  objets  qu'il  aura 
prêtés  sans  un  reçu  d'un  membre  de  la  Société. 

Art.  15.  —  Lorsqu'une  place  de  membre  titulaire  sera  vacante,  il  sera 
procédé  à  l'élection  un  mois  après  la  déclaration  de  la  vacance. 

Art.  16.  —  Une  commission  fera  un  rapport  sur  les  travaux  des  candi- 
dats. Ce  rapport  sera  discuté  en  comité  secret. 

Art.  17.  —  L'élection  se  fera  à  la  séance  suivante,  à  la  majorité  absolue 
des  suffrages. 

Art.  18.  —  La  nomination  des  membres  honoraires,  associés  et  cor- 
respondants, sera  soumise  aux  mêmes  règles  que  celle  des  membres  titu- 
laires. 

Art.  19.  —  Les  correspondants  peuvent  prendre  part  aux  discussions 
qui  s'engagent  dans  la  Société,  mais  ils  n'ont  pas  voix  délibérative. 

Art.  20.  —  Les  séances  de  la  Société  ont  lieu  tous  les  samedis,  à  trois 
heures. 

Art.  21.  —Les  membres  titulaires  acquittent  une  cotisation  personioelle, 
lixée  par  la  Société. 

Art.  22.  —  Toute  proposition  tendant  à  modifier  l'organisation  de  la 
Société  devra  être  signée  par  cinq  membres  titulaires.  Elle  sera  disculée 
dans  la  première  séance  du  semestre  suivant. 


vu 


ADMINISTRATION. 


Art.  23.  —  Les  revenus  de  la  Société  proviennent  : 

!•  De  la  contribution  annuelle  des  membres  titulaires  ; 
2"  Des  frais  de  diplôme  ; 
3*  Des  amendes. 

Art.  24.  —  La  contribution  annuelle  est  fixée  à  12  francs ,  elle  sera 
payable  par  trimestre,  sur  avertissement  du  trésorier. 

Art.  25.  —  Tout  membre  qui  refusera  d'acquitter  la  contributioa  an- 
nuelle sera  considéré  comme  démissionnaire.  Il  sera  procédé  à  son  rem- 
placement. 

Art.  26.  —  Les  frais  de  diplôme  sont  de  10  francs  pour  les  membres 
titulaires.  Les  membres  honoraires,  associés  et  correspondants,  en  sont 
exempts.  Le  titulaire  élu  sera  tenu  de  retirer  son  diplôme  dans  l'espace 
d'un  mois. 

Art.  27.  —  Les  membres  titulaires  signeront  la  feuille  de  présence. Les 
absences,  hors  le  cas  de  congé,  sont  passibles  de  1  franc  d'amende  par 
séance. 

Art.  28. — Les  amendes  seront  payables  tous  les  trois  mois, sur  avertisse- 
ment du  trésorier. 

Art.  29.  —  Les  membres  titulaires  dont  l'absence,  hors  le  cas  de  congé, 
se  prolongerait  au  delà  de  trois  mois,  seront  considérés  comme  démission- 
naires. 

Art.  30.  —  Toute  proposition  tendant  à  modifier  l'administration  de  la 
Société  devra  être  signée  de  cinq  membres  titulaires,  et  sera  discutée  dans 
la  première  séance  du  semestre  suivant. 


LISTE 


DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE. 


(1850-51.) 


BUREAU  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


Président  perpétuel  : 

M.  P.  Rayer,  membre  de  l'Académie  des  sciences,  membre  de  l'Académie 
nationale  de  médecine,  médecin  de  l'hôpital  de  la  Charité,  etc. 

Vlce-présldente  : 

MM.  Claude  Bernard,  suppléant  de  M.  Magendie  au  Collège  de  France,  membre 
de  la  Société  pbilomatique,  etc. 
Charles  Robin,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris, 
membre  de  la  Société  philomatique,  etc. 

Secrétaires  : 

MM.  Brotvn-Sêqdard,  secrétaire  annuel  de  la  Société  pbilomatique,  etc. 

FoLLiN,  proscctcur  de  la  Faculté  de  médecine,  interne  des  hôpitaux,  etc. 
MM.  Lebert,  membre  titulaire  de  la  Société  de  chirurgie,  etc. 

Second,  sous-bibliothécaire  de  la  Faculté  de  médecine,  etc. 

Trésorler-Arclilvlste  : 

M.  Davaine,  D.  m.  p. 


^(lIBR  ARYj^c 


MEMBRES  HONORAIRES. 


Andral,  membre  de  l'Institut,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  etc. 

BouiLLAUD,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  etc. 

Dumas,  membre  de  l'Institut,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  etc. 

DoMÉRir.,  membre  de  l'Institut,  proresseur  à  la  Faculté  de  médecine,  etc. 

MiLNE-ËDWARDS ,  membre  d^  rinstitot,  professeur  à  1.1  Faculté  des 
sciences,  etc. 

Flourens,  membre  de  l'Institut,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des 
sciences,  professeur  de  physiologie  comparée  au  Muséum  d'bistoire  na- 
turel lie. 

Gaddichadd,  membre  de  l'Institut. 

Geoffrot-Saint-Hilaihe  (Isidore),  membre  de  l'Institut,  professeur  à  la 
Faculté  des  sciences. 

Lallehand,  membre  de  l'Institut,  professeur  honoraire  à  la  Faculté  de  mé- 
decine de  Montpellier. 

LiTTRÉ,  membre  de  l'Institut. 

Magendie,  membre  de  l'Institut,  professeur  au  Collège  de  France,  etc. 

Richard,  membre  de  l'Institut,  profeaserr  à  U  Faculté  de  médecine,  etc. 

Serres,  membre  de  l'Institut,  professeur  au  Muséum  d'histoire  natu- 
relle. 

Valenciennes,  membre  de  l'IfiBUtat,  professeur  au  Muséum  d'histoire  na- 
relle. 

Velpeau,  membre  de  l'Institut,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine. 


MEMBRES  TITULAIRES. 


M.M.  Bell,  sous-bibliethécaire  de  la  Faculté  de  médecine,  etc. 
Béragd,  aide  d'anatomie  de  la  Factitté  de  médecine,  etc. 
Bernard  (Charles},  D.  M.  P. 
Blot,  D.  M.  P. 

BoucHCT,  médecin  du  bureau  central  des  hôpitaux. 
Boulet  (M.-H.),  professeur  à  l'École  Tétérinaire  d'Alfort,  ete. 
Cazeaox,  membre  de  l'Académie  nationale  de  médecine,  profcsMur  agrégé 

à  la  Faculté  de  médecine  de  Parls^  etc. 
CiiARCOT,  interne  des  hôpitaux,  etc. 
Chadssat  (J.-B.),  d.  m.  p. 
Depaul,  professeur  agréi;é  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  président  de 

la  Société  médicale  d'émulation,  etc. 
Oesmarest,  secrétaire  de  la  Société  entomologique  de  France,  etc. 
Germain  (de  Saint-Pierre),  membre  de  la  Société  philomatique. 


XI 

MM.  GiRALDÈs,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  nitkleciiie,  membre  de  la  Société 

philomatique. 
GouBAux,  pioresseur  à  l'École  vétérinaire  d'Alforl,  etc. 
GrBLER,  méilecia  du  bureau  central  des  hôpitaux,  chef  de  clinique  de  la 

Faculté  de  médecine. 
BiRCHFELD  (Ludovic),  D.  M.  P. 
HouEL,  D.  M.  P.,  conservateur  du  Musée  Dupuytren. 
Laboulbène,  interne  des  hôpitaux. 
Laurent  (J.-L.-M.),  ancien  médecin  en  chef  de  la  marine,  membre  de  la 

Société  philomatique,  etc. 
Leblanc,  vétérinaire. 
Lebret,  d.  Mi  p. 

Leconte,  préparateur  de  M.  Ma^^endie  au  Collège  de  France,  etc. 
Livois,  D.  M.  P. 
Montagne,  membre  de  la  Société  philomatique,  de  l'Académie  des  curieux 

de  la  nature,  etc. 
Morel-Lavallée,  chirurgien  de  l'hôpital  des  Enfants-Trouvés,  membre 

titulaire  de  la  Société  de  chirurgie. 
Quatrefages  (A.  de),  membre  de  la  Société  philomatique,  etc. 
Racle,  D.  M.  P. 
RoDGET,  interne  des  hôpitaux. 

Tbolozan,  médecin  adjoint  à  l'hôpital  du  Val-de-Grâce,  etc. 
Trîqi'et,  interne  des  hôpitaux. 
Verdeic,  chimiste. 
Vernboil,  prosecleur  de  la  Faculté  de  médecine,  etc. 


ASSOCIÉS. 


MM.  Agassiz,  professeur  à  l'Univereilé  d'Harvard,  correspondant  de  l'Académie 

des  sciences,  à  Boston  (États-Unis). 
Baer  (De),  membre  de  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg. 
Eensett  (Hughes),  professeur  de  physiologie  à  l'Université  d'Edimbourg. 
Brigut^  professeur  de  médecine  et  médecin  à  l'hôpital  de  Guy,  à  Londres. 
DuFoun  (Léon),  correspondant  de  l'Académie  des  sciences,  à  Saint-Sever 

(Laudes). 
DcjARDiN,  professeur  de  zoologie  et  de  botanique  à  la  Faculté  des  sciences 

de  Rennes  (Ile-et-Vilaine). 
UnvERNOY,  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle  et  au  Collège  de 

France. 
GcRLT  (Ernest-Frédéric),  professeur  à  l'École  royale  vétérinaire  de  Berlin. 
LiEBiG  (Justiis),  professeur  de  chimie  à  Gicssen. 
MoHL  (Hugo),  professeur  A  l'Université  de  Tùbingue. 
MuELLER  (J.),  professeur  d'aoatomie  et  dé  physiologie  à  l'Université  de 

Berlin. 


XII 

MM.  OwEN  (Richard),  professeur  d'anatomie  et  de  physiologie  comparatives  au 

collège  des  Chirurgiens,  à  Londres. 
Panizza  (Bartholomco),  professeur  d'anatomie  de  1  homme  à  l'Université 

de  Pavie. 
Mayor,  chirurgien  à  Genève. 
PoucHET,  correspondant  de  l'Académie  des  sciences,  professeur  de  zoologie 

au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Rouen. 
Rathke,  professeur  de  physiologie  et  de  pathologie  à  Halle. 
Retzius,  professeur  de  chimie  et  d'histoire  naturelle  à  Stockholm. 
SÉDiLLOT,  correspondant  de  l'Académie  des  sciences,  professeur  à  la  Faculté 

(Je  médecine  de  Strasbourg. 
Valentin,  professeur  d'anatomie  et  de  physiologie  à  Berne- 
Wagner  (Rodolphe),  professeur  à  l'Université  de  Gœttingiie. 


CORRESPONDANTS  NATIONAUX. 


MM.  CoQOEREL,  chirurgien  delà  marine,  à  Toulon. 

Deslongchamps  (Eudes),  correspondant  de  l'Académie  des  sciences,  et  pro- 
fesseur à  la  Faculté  des  sciences  de  Caen. 

DuFouR  (Gustave),  docteur  en  médecine,  à  Paris. 

Ddplay,  médecin  de  l'hospice  des  Incurables,  à  Paris. 

GossEiJN,  chef  des  travaux  anatomiques  de  la  Faculté  de  médecine,  h 
Paris. 

GuÉRiN  (Jules),  membre  de  l'Académie  nationale  de  médecine  de  Paris. 

HuETTE,  docteur  en  médecine,  à  Montargis. 

.JoBERT  (de  Laraballe),  chirurgien  de  l'Hôtel-Dieu,  membre  de  l'Académie 
nationale  de  médecine  de  Paris. 

Leroy  de  Méricocrt,  chirurgien  de  la  marine. 


CORRESPONDANTS  ÉTRANGERS. 


Allemagne  : 

MM.  Brucke  (Ernest) à  Vienne. 

Dui{Ois-Reymo>» à  Berlin. 

Henle à  Heidelberg. 

Herimg à  Stuttgardt. 

Hyrtl à  Vienne. 

KoELtiKER d  Wurzbourg. 

Meckel  (.Mbert) à  Halle. 

Reinhardt à  Berlin. 

RoKiTANSKY à  Vienne. 

Siebold  (C.-Th.  DE) à  Bresluu. 


XIII 

MM.  Stannius à  Roslock. 

ViRCHow à  Wurzbourg, 

Weber  (Edouard) à  Gœltingue. 

Webek  (Ernest-Henri)  ...  à  Leipzig. 

Angleterre  : 

MM.  Bence  Jones à  Londres. 

Berkeley  (M.-J.) à  King's  Cliffe. 

BowMAN  (W.) à  Londres. 

Carpenter  (W.-B.) à  Londres. 

Grant  (R.-E.) à  Londres. 

Maclise à  Londres. 

NuNNELEY à  Leeds. 

Paget  (James) à  Londres. 

QuEKETT à  Londres. 

Sharpey à  Londres. 

Simon  (John) à  Londres. 

ToDD  (R.-B.) à  Londres. 

ToYNBEE à  Londres. 

WiLLiAMSON à  Londres. 

Ecosse  : 

MM.  Allen  Thomson à  Glasgow. 

GooDSiR  (John) à  Edimbourg. 

Redfern à  Aberdeen. 

Simpson à  Edimbourg. 

Irlande  : 

MM.  MoNTGOMERY à  Dubiin. 

Jacob  (Arthur) à  Dubiin. 

Italie  : 

MM.  CoRTi  (Alphonse) à  Turin. 

Vella  (Louis) à  Turin. 

Belgique  : 

MM.  Gluge à  Bruxelles. 

ScHWANN à  Liège. 

Thiernesse à  Bruxelles. 

Hollande  : 

MM.  DONDERS à  Utrecht. 

Harting 'à  Utrecht. 

ScHRcœDER  VAN  DEK  KoLK  .  .  à  Utrccht. 

Van  der  Hoeven à  Leyd*j. 

Vrolik à  Amsterdam. 


XIV 
Suisse  : 

MM.  DoBï ".  .  à  Genève. 

LuDWiG à  Zurich. 

MiESCHER à  Bâie. 

Oanemarc^  : 

M.  HAimovER à  Copenhague. 

Saède  : 

M.  Santesson à  Stockholm. 

États-Unis  : 

MM.  BiGELOw à  Boston. 

Draper à  New-York. 

Leidt à  Philadelphie. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE 

PENDANT  L'ANNÉE  1850; 


COMPTi:   RENDU 

DESSÉANCES 


DE 


r  __   -JL 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PENDANT  LE   MOIS   DE   JA^IVIKR  ÎB50  ; 


PAR 


MU.  les  docteurs  LEBEBT  et  SROWK-SÉOCjUU)  ,  setïrétalres. 


Présidence  de  M.  RAYER. 


I.  —  ANATOMIE  WOKMALE. 
!•  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES  SUTl  I.'aNATOMIE  COMPAUÉE;   par  M.  SECOND. 

L'auteur  a  donné,  relativement  à  Tanatomie  comparée,  un  second  complé- 
ment de  son  exposé  sur  la  méthode  anatomiquc,  (complément  annoncé  dans  son 
dernier  mémoire  sur  l'auatomie  anormale.  Ce  nouveau  travail,  comme  les  deus 
précédents,  fera  partie  des  mémoires  de  la  Société. 

2"  DE  LA  COBRÉLATION  EXISTANT  ENTRE  LE  WÉVELOFPEJIENT  DE  T-'U'Él'OÎ. 
ET  CELDI  DE  LA  UAMIXUV,    par  M.   CU.    ROBIN. 

La  Diamclle,  comme  ou  le  sait,  appartient  aux  glandes  en  grappe.  Pendant 


2 
la  laclalion,  son  lissu  est  dense,  résistant,  diflicile  à  déchirer;  il  se  montre 
à  la  coupe  formé  d'une  trame  de  lissu  cellulaire  abondant,  irès-serré,  mais 
pourtant  d'aspect  homogène  et  blanchâtre.  Cette  trame  est  parsemée  de  grains 
Jaunâtres  ou  rosés,  à  peu  près  sphériques,  ayant  de  1  à  3  millimètres  de  dia- 
mètre ;  ce  sont  autant  à'acini.  Portés  sous  le  microscope,  on  reconnaît  que 
chacun  d'eux  est  formé  par  la  réunion  d'un  certain  nombre  de  tubes  terminés 
en  cul-de-sac  ou  doigt  de  gant,  largesde  4  à  6  centièmes  de  millimètre  se  jetant 
dans  un  tubeexcrétenrcommuri,  enveloppé  par  une  quantité  plus  ou  moins  grande 
de  tissu  cellniaire.  Leurs  parois  sont  transparentes  et  dépourvues  d'épithélium 
tant  que  la  sécrétion  est  active  ;  pendant  celte  période,  on  remarque  des  glo- 
bules de  lait  jusque  vers  le  fond  aveugle  de  ces  doigts  de  gant.  D^s  les  tu- 
meurs hyperirophiqucs  de  la  mamelle,  le  lissu  est  plus  homogène,  il  y  a  en  gé- 
nérai moins  de  tissu  cellulaire  qu'à  l'état  normal,  mais  les  culs-de-sac  ont  le 
même  aspect  général  ;  ils  sont  seulement  plus  larges  et  tapissés  par  une  épaisse 
couche  l'.c  petites  cellules  ovoïdes. 

Hors  de  l'état  de  lactation  et  de  grossesse,  lorsque  l'utérus  est  revenu  sur 
lui-même,  que  ses  libres  musculaires  sont  atrophiées,  le  tissu  de  la  mamelle 
devient  dense,  homogène,  blanchâtre,  plus  résistant,  et  crie  sous  le  scalpel. 
On  ne  voit  plus  les  grains  jaunâtres  ou  rougeâtres  que  forment  les  acini. 
Aussi,  lorsqu'on  porte  ce  tissu  sous  le  microscope,  on  n'y  trouve  aucune  des 
traces  des  cu!s-de-sac  caractéristiques  du  tissu  mammaire.  Leur  atrophie  est 
complète,  et  quels  que  soient  les  moyens  qu'on  emploie,  on  ne  peut  les  voir,  même 
en  se  débarrassant  du  tissu  cellulaire  par  l'acide  acétique.  Il  en  est  de  même, 
comme  on  le  sait,  pour  les  libres  musculaires  lisses  de  l'utérus,  qui,  dans  l'é- 
tat de  vacuité  de  cet  organe,  sont  devenues  très-étroites  et  se  confondent  avec  la 
matière  homogène  naissante  des  parois  utérines,  au  point  qu'à  cette  époque,  on 
ne  saurait  y  démontrer  l'existence  de  ces  éléments.  Mais  à  partir  du  deuxième 
ou  troisième  mois  de  la  grossesse,  les  libres  musculaires  utérines  deviennent 
visibles,  elles  prennent  les  caractères  de  celles  de  l'intestin  et  de  la  vessie,  et 
même  à  partir  du  septième  mois^,  elles  sont  plus  larges  qu'elles  et  plus  granu- 
leuses (0""",oiO).  Toutes  les  fois  qu'une  tumeur  ou  un  kyste  des  organes  gé- 
nérateurs détermine  le  développement  de  l'utérus,  le  même  fait  se  produit 
comme  à  l'état  normal.  En  même  temps  qu'ont  lieu  dans  l'utérus  ces  phéno- 
mènes, on  en  voit  d'analogues  se  passer  dans  la  mamelle.  Vers  te  troisième  ou 
quatrième  mois  de  la  grossesse,  les  culs-de-sac  mammaires  deviennent  visi- 
bles au  microscope,  et  quelque  temps  après  les  acini  qu'ils  forment  peuvent 
être  aperçus  sur  la  coupe  de  la  glande.  Les  tubes  sécréteurs  sont  d'abord  ta- 
pissés de  leur  épitbélium  spécial;  niais  lorsque  la  sécrétion  devient  active,  cet 
épitbélium  disparaît.  Les  mêmes  phénomènes  se  passent  lorsqu'une  tumeur 
détermine  l'évolution  de  l'utérus.  Lorsqu'un  kyste,  ou  un  abcès  ou  une  tumeur 
mammaire  détermiucul  une  congestion  de  la  glande,  on  voit  se  développer  les 
acini  et  leurs  culs-de-sac  dans  toute  la  portion  congestionnée,  et  au  delà  ils 


3 

restent  tout  à  fait  atrophiés.  Ainsi,  dans  deux  cas  de  kystes  muUiples  occupant 
une  portion  seulement  de  b  mamelle,  dans  l'épaisseur  de  l  à  2  centimètres  au- 
tour d'eux,  les  acini  et  leurs  culs-de-sac  tapissés  d'cpiihéliura  étaient  visibles, 
et  au  delà  ils  étaient  tout  à  fait  atrophiés.  Ainsi,  quand  l'utérus  revient  sur  lui- 
môme,  ses  libres  s'atrophient,  et  en  même  temps  les  acini  mammaires  dispa- 
raissent, et  réciproquement  qu:uid  l'utérus  se  développe;  il  y  a  une  corrélation 
constante  et  intime  entre  ces  deux  phénomènes.  Sauf  les  cas  pathologiques  li- 
mités à  la  mamelle,  cette  glande  ne  se  développe  et  ne  possède  des  acini  rarai- 
liés  qu'autant  que  l'ulériis  s'est  développé  et  que  ses  libres  contractiles  ont  pris 
les  caractères  des  libres  musculaires  orpfaniques.  Toutes  les  fois  qu'on  trouve 
les  mamelles  présentant  des  acini  jaunâtres  ou  rougeâtres  visibles  à  l'œil  nu» 
dans  toute  leur  étendue,  on  peut  en  conclure  que  l'utérus  est  développé  nor- 
malement ou  paihologiquemenl,  et  vice  versa.  J'ai  été  conduit  à  trouver  ainsi, 
d'après  l'état  de  la  mamelie,  un  polype  de  la  muqueuse  utérine  qui  n'avait  pas 
été  recherché  à  l'autopsie  ;  le  sujet  servait  aux  dissections  de  l'École  pratique. 
{Cette  noie  a  été  omise  dans  le  compte  rendu  de  23  juillet  1849.) 

II.  — PHYSIOLOGIE, 
RÉGÉNÉRATION  DES  TISSUS  DE  LA  MOEI.LK  ÉPfVJFBE;   par  M.  BROWN-SÉQUARD, 

L'auteur  rapporte  avoir  coupé  !a  moelle  épinière  sur  un  pigeon  adulte.  Trois 
mois  après,  l'animal  fut  tué,  et  l'on  trouva  les  deux  bouts  de  moelle  réunis. 
M.  Follin  voulut  bien  prêter  son  concours  à  M.  Brown-Séquard  et  examiner  le 
tissu  cicatriciel  au  microscope.  On  y  trouva  des  cellules  de  substance  grise  el 
des  fibres  nerveuses  en  quantité  moindre  qu'à  l'état  normal.  Celte  régénération 
anatomique  n'avait  pas  été  suflasante  pour  permettre  un  retour  considérable 
de  la  sensibilité  et  des  mouvements  volontaires.  Il  y  avait  dans  les  pattes,  la 
queue  et  l'anus,  des  mouvements  réflexes  très-énergiques,  mais  il  n'y  avait  que 
des  traces  de  mouvements  volontaires.  Néanmoins,  ce  fait  est  très-intéressant, 
en  ce  qu'il  est  le  premier  dans  lequel  on  ait  trouvé  une  régénération  de  cellules 
et  de  libres  nerveuses,  après  une  section  transversale  complète  de  la  moelle 
épinière.  Ce  fait  acquiert  encore  plus  de  valeur  quand  on  le  rapproche  des  cas 
de  retour  de  la  sensibilité  et  des  mouvements  volontaires  après  la  section  com- 
plète de  la  moelle  épinière,  cas  décrits  par  M.  Browu-Séquard,  dans  le  compte 
rendu  des  séances  de  la  Société,  au  mois  de  février  1849.  (Gaz.  Méd.,  n"  il, 
1849.) 

ill.  —  EXPLORATION   PATHOLOGIQUE, 

1»  CAS  d'aNESTHÉSIE  SANS  PARALYSIE  DU  MOUVEMENT;    par  M.   LeBRET. 

M.  Lebrel  mentionne  un  fiiil  de  spina  bifida,  accompagné  d'anesihésie,  dans 
l'extrémité  des  membres  inférieurs,  sans  paralysie  du  mouvement.  1,'enfant 
8«yet  de  cette  observation  est  un  jeune  garçon  de  f;  ans,  couché  à  l'hôpital  des 


4 
Enfants  :  il  porte  au  niveau  des  deux  premières  vertèbres  lombaires  une  tumeur 
fluctuante,  représentant  assez  bien  une  moitié  de  grosse  pomme,  sans  tension  ni 
ebangeuoeot  de  coulear  à  la  peau,  sans  battements  ni  variations  de  volume  : 
oa  apprécie  l'écartement  des  lames  vertébrales  entre  lesquelles  cette  tumeur 
fait  <saillie,  et  l'enfant  accuse  une  douleur  assez  vive  lorsque  l'on  comprime 
fortement  sur  elle.  Les  mouvements  des  membres  sont  conservés;  ce  garçon 
est  venu  à  pied  à  l'bôpital;  nous  l'avons  vu  marcher  très  normalement;  mais 
la  sensibilité  a  tout  à  fait  disparu,  dans  les  deux  membres,  de  la  plante  des 
pieds  inclusivement  Jusqu'à  la  réunion  du  tiers  moyen  avec  le  tiers  supérieur 
de  la  jambe,  tellement  qu'une  boule  d'eau  chaude  laissée  imprudemment  au 
contact  des  pieds  a  produit  une  brûlure  du  deuxième  degré  dans  toute  l'éten- 
due de  la  région  plantaire,  sans  que  l'enfant  en  ait  eu  conscience.  Aujourd'hui 
encore,  oo  panse  les  plaies,  on  pique  la  peau  vivement;  tant  que  la  limite  indi- 
quée ci-dessus  n'est  pas  dépassée,  il  n'y  a  aucune  sensation,  l'enfant  rendant 
d'ailleurs  parfaitement  compte  de  ce  qu'il  éprouve.  On  note  encore  chez  ce  ma- 
lade quelques  douleurs  vagues,  ressenties  souvent  dans  des  points  diflërents 
des  membres;  il  urine  constamment  sous  lui;  les  selles  ont  lieu  volontaire- 
ment. 

M.  Lebret  perdit  de  vue  ce  malade,  qui  mourut  bientôt,  et  l'autopsie  fut 
faite  en  son  absence.  Il  regrelle  de  ne  pouvoir  en  donner  ks  détails,  mais  il 
sait  positivement  qu'on  n'a  rencontré  aucune  altération  de  la  moelle  épinière; 
que  le  spina-biiitJa  était  constitué  par  une  dilatation  des  méninges  rachidiennes, 
occupant  l'espace  laissé  par  l'écartement  des  lames  vertébrales,  et  que  le  vo- 
lume de  la  tumeur  était  dû  principalement  à  une  accumulation  de  tissu  adipeux 
à  l'extérieur. 

2o  PBÉSENCE  DU   «LUCOSE   PANS  LA  SÉROSITÉ  D'UN   VÉSICATOIRE  POSÉ  A   CN 
DIABÉTIQUE  ;   par   M.  WCRTZ. 

(Service  de  M.  Rayer.) 

•  Le  liquide,  séreux,  coloré  ou  jaune  pâle,  et  fortement  chargé  d'albumine,  a 
été  mêlé  avec  de  l'alcool  concentré  et  soumis  à  1  ébullition.  L'albumine  coagulée 
ayant  été  séparée  par  le  (illre,  on  a  évaporé  à  une  douce  chaleur  et  réduit  au 
sixième  du  volume  primitif  la  liqueur  limpide  obtenue  après  la  filtraiion.  Cette 
liqueur  a  été  mélangée  avec  du  tartrale  de  cuivre  dissous  dans  la  potasse.  Par 
l'ébullition,  il  s'est  formé  un  précipité  jaune  abondant,  formé  probablement  par 
de  l'hydrate  de  protoxyde  de  cuivre.  Il  y  a  donc  eu  réduction  du  sel  cuivrique, 
due  selon  toute  probabilité  à  la  présence  d'une  petite  quantité  de  glucose.  Pour 
donner  à  cette  conclusion  toute  la  rigueur  que  l'on  doit  apporter  dans  de  pa- 
reilles recherches,  il  sera  nécessaire  de  retirer  du  glucose  cristallisé  de  la  sé- 
rosité qui  a  été  examinée, 
tll  esl  bon  d'ajouter  que  le  liquide  d'un  vésicatoire  posé  à  un  malade  all'ecté 


5 

d'une  pleurésie,  D'à  pas  donné,  après  un  traitement  identique  à  celui  ()tt'oa 
vient  de  décrire,  1»  réaction  qui  indique  la  présence  du  glucose. 

3"  RECHERCHE  Drj   StJCRE   DANS  LES  CRACHATS  D'UN   DIABÉTIQUE;   par  le  Dlême. 

(Même  service.) 

Les  crachats  que  le  malade  expectorait  ont  été  recueillis  dans  un  vase  dans 
lequel  oïi  avait  eu  soiu  de  verser  de  l'alcool.  On  devait  erapêcber  ainsi  la  fer- 
ihentatioQ  du  sucre  dans  le  cas  où  il  y  en  aurait. 

Pour  découvrir  ce  principe,  on  a  fait  bouillir  la  liqueur  alcoolique  avec  les 
crachais.  On  a  déc»nté  ensuite  l'alcool  et  on  a  ajouté  de  l'eau  distillée  sur  le  ré- 
sidu. La  liqueur  ayant  été  portée  de  nouveau  à  l'ébullition,  ou  l'a  réunie  avec 
le  liquide  alcoolique,  on  a  titré  H  on  a  évaporé.  Le  produit  de  la  concentration, 
après  avoir  été  filtré  de  nouveau,  a  formé  une  liqueur  parfaitement  limpide,  qui 
devait  renfermer  tout  le  sucre  contenu  dans  les  crachats.  Cette  liqueur  a  été 
mélangée  avec  du  tarlrate  double  de  cuivre  et  de  potasse,  et  portée  à  l'ébulli- 
tion. Elle  n'a  formé  avec  ce  réactif  qu  un  précipité  verdàlre  iosignihant,  sans 
qu'il  y  ail  eu  réduction  du  sel  cuivrique.  Cette  expérience  permet  de  conclure 
à  l'absence  du  sucre  dans  les  crachais  exanrinés. 

On  sait  que  le  docteur  Francis  a  trouvé  une  quantité  notable  de  glucose  dans 
les  crachats  de  deux  diabétiques.  Le  résultat  négatif  obtenu  par  M.  Wnrtz 
n'infirme  en  rien  les  faits  du  docteur  Francis;  mais  il  montre  que  la  présence 
du  sucre  dans  les  crachats  des  diabétiques  n'est  pas  un  fait  constant. 

Ù"  ORIGINE  DU   M-.RF   FACIAL  AU-DESSOns  DE  L'eNTRECROISEMEMT    DES  PYRAMIDES; 
EXPLICATION    ANATOMIQCE  DE  LA    PARALYSIE  CliOISEE    DE  CE  NERF;   par  M.   Jo- 

bert  de  Lamballr. 

«  Il  est  une  question  qui  me  semble  digne  d'être  soumise  à  la  Société,  c'est 
l'étude  de  l'origine  du  nerf  facial. 

»  Après  les  belles  recherches  anatomiques  de  Gall  sur  l'entrecroisement  des 
pyramides,  on  crut  trouver  sur  plusieurs  points  sa  théorie  en  désaccord  avec 
les  faits  que  l'on  observe  sur  l'homme  malade,  et,  par  exemple,  la  paralysie 
croisée  du  nerf  facial  se  présenta  d'abord  à  l'esprit  du  pathologiste  ;  car  on 
sait  qu'il  naît  au-dessus  de  la  décussation.  Ceci  parut  d'autant  plus  inexplica- 
ble que  la  paralysie  est  directe  pour  les  nerfs  trifacial  et  moteur  oculaire  com- 
muns. Le  savant  professeur  Bérard  ne  manqua  pas  de  signaler  ce  fait,  et  la 
théorie  de  Gall  sembla  en  effet  subir  une  atteinte.  J'avance  que,  pour  mon 
compte,  elle  ne  me  sembla  pas  non  plus  complètement  satisfaisanie  sous  ce 
rapport.  Ce  point  d'anatomie  attira  mou  attention  dès  1828,  et  j'eus  l'occasion 
dans  un  concours  pour  le  proseclorat  dans  des  dissections  nombreuses  faites 
sur  le  nerf  facial  et  le  pm-umogasirique,  de  me  rendre  compte  de  cette  contra- 
diction apparente  de  la  doctrine  de  Gall.  Je  remarquai  que  si  les  nerfs  moteur 
oculaire  commun,  trifacial,  etc.,  ne  se  croisaient  pas,  il  n'en  était  pas  de  même 


6 
da  nerf  facial,  dont  ia  racine  prend  sa  cause  excitatrice  dans  le  quatrième  ven- 
tricule, en  s'enfonçant  profondémeut  dans  la  substance  nerveuse,  jusqu'au- 
dessous  de  Tentrecroisement  des  fibres  des  pyramides.  Jusque-là  personne,  à 
ma  connaissance,  n'avait  suivi  le  nerf  aussi  bas,  et  toujours  on  avait  noté  qu'il 
naissait  au-dessus  des  pyramides. 

B  Ainsi  donc,  si  celte  disposition  anatomique  est  exacte,  l'explication  de  la 
paralysie  croisée  sera  facilement  obtenue  par  là  ;  et  si,  pour  les  nerfs  moteur 
oculaire  commun  et  trifacial  qui  vont  se  rendre  à  la  face,  le  mouvement  et  le 
sentiment  cessent  du  même  côté  de  l'épanchemenl  et  de  la  lésion,  c'est  que  ces 
eordons  nerveux  ne  se  croisent  pas.  » 

i*  REIN,   WKETÈRE   ET    VESSIE    ENVAHIS   PAR    DES    TUBEUCUl.ES    CHEZ    UN    MILITAIRE 
MORT   DANS   LE  SERVICE  DE  M.   CAZALAS;   par   M.   BiFFELSHEIM. 

Le  lein  gauche,  eonsidéiablement  liyperliophié,  olTie  un  grand  nombre  de 
«aiilies  niameloniices  et  fluctuantes. 

Le  base! net  et  i'urelcre  offietit  une  consistance  anormale  ;  le  bassinet  a  un 
volume  proportionnel  à  celui  du  rein  ;  l'uretère  a  un  diamètre  de  5  millimètres. 
Une  coupe  sur  le  dos  du  rein  laisse  échapper  une  grande  quantité  d'un  liquidai 
séro-purulent,  mêlé  de  détritus  caséiformes. 

L'intérieur  du  rein  présente  un  certain  nombre  d'excavations  résultant  de  la 
deslructioa  de  la  substance  tuberculeuse  et  séparées  par  les  prolongements  plus 
ou  moins  intacts  de  la  substance  coriicale. 

Le  rein,  le  bassinet  et  l'uretère  sont  recouverts  par  une  matière  jaunâtre  que 
le  microscope  démontre  de  nature  tuberculeuse.  Ce  produit  héiéromorphe  re- 
couvre la  muqueuse  dans  une  épaisseur  de  2  millim.  et  l'infiltré  partout. 

Le  tubercule,  en  se  ranttollissiint  au  centre  des  cônes  de  Maipighi,  a  entraîné 
cette  remarquable  perte  de  substance. 

M.  Lebert  a  découvert  à  l'aide  du  microscope  bs  tubes  droits  infiltrés  et  rem- 
plis de  matière  tcberculeose,  et  celte  même  substance  interposée  entre  les  tubes. 
La  couleur  ronge  brun  des  pro'ongements  corticaux  tranche  parfaitement  «vec 
la  couieur  jaunâtre  du  tubercule  ramolli. 

L'uretère  est  dans  un  élat  normal  au  niveau  de  son  ins.rtion  au  bassinet  et 
dans  l'étendue  de  2  centim.;  il  offre  ensuite  l'épaisï^istrement  considérable  déjà  si- 
gnalé, et  une  obstruction  telle  qu'on  y  introduit  avec  peine  un  styîet  uès-fin.  La 
vessie  a  le  même  aspect,  le  même  épaississeiuent,  ia  même  augmentation  de 
consistance,  avec  un  volume  ordinaire.  Les  tubercules  là  aussi  infiltrent  et  re- 
couvrent maniftistement  la  muqueuse. 

Le  sujet,  dont  les  antécédents  sont  encore  inconnus,  mais  seront  incessam- 
ment publiés  dans  une  observation  détaillée,  offrait  une  tuberculisalion  générale 
des  poumons  et  de  plusieurs  ganglions  mésentériques  L'autre  rein  présealail 
pour  toute  lé?ion  un  tubercule  dans  la  8ul)stance  lubuleuse. 


6"  TOURNOIEMENT  CHEZ  UN  ENFANT;  par  M.  LeBRET. 

Un  jeune  garçon,  âgé  de  12  à  14  ans,  assez  robuste,  couché  dans  le  service  de 
médecine  à  l'hôpiial  des  Enfants,  est  atteint  de  crises  singulières;  au  milieu  de 
ses  jeux,  en  le  voit  tout  à  coup  s'asseoir  dans  un  coin  et,  comme  en  proie  à  des 
hallucinations,  faire  des  signes  incohérents  à  ses  camarades;  puis  il  semble  ab- 
sorbé en  lui-mcme;  la  tèîe  s'incline  sur  la  poitrine;  le  corps  s'affaisse,  l'enfant 
tombe  à  terre  et  reste  couché  de  son  long  sur  le  sol.  Alors  les  membres  sont  vio- 
lemment contractures,  d'une  manière  tonique;  les  mâchoires  demeurent  ser- 
rées ;  mais  ni  les  traits  de  la  face  ni  les  yeux  n'éprouvent  de  convulsions.  Cet 
étal  de  contracture  persiste  rj uelquefois  durant  un  quart  d'heure  ou  même  davan- 
tage, sans  que  le  malade  semble  avoir  conscience  de  ce  qui  l'entoure.  Tout  à 
coup  un  bruit  comparable  à  celui  du  souiTlet  rais  en  action  fortement  annonce 
des  contractions  énergiques  du  diaphragme,  et  c'est  à  ce  moment  précis  que 
l'enfant  roule  sur  son  axe  longitudinal,  d'une  extiémité  à  l'autre  de  la  chambre, 
avec  une  rapidité  incroyable.  Ajoutons  que  ce  singulier  tournoiement  a  lieu  tantôt 
d'un  côté  tantôt  de  l'autre,  sans  qu'il  y  ait  besoin  pour  changer  sa  direction  qu'un 
obstacle  soit  venu  l'arrêter;  le  mouvement  est  tel  qu'il  semble  aux  assistants 
que  ce  raaiheureox  va  se  briser  contre  les  murs. 

Nous  avons  observé  l'enfant  avec  soin,  et  rious  pouvons  aflîrmer  que  les  yeux 
ne  se  tournent  en  aucune  fa^on  d'un  côté  ou  de  l'autre,  suivant  le  mode  du  tour- 
noiement; ils  restent  ouverts  et  mobiles,  sans  fixité;  de  plus^  le  visage  n'an- 
nonce aucun  signe  de  paralysie  partielle,  même  temporaire. 

Au  bout  de  deux  à  trois  minutes  environ,  le  tournoiement  a  cessé,  les  mem- 
bres se  reiàchenl,  et  il  arrive  ou  bien  que  l'enfant  est  pris  au  bout  d'un  temps  va- 
riable de  nouvelles  contractures,  suiviesdcla  même  scène;  ou  que  la  connaissance 
lui  revient  peu  à  peu.  Dans  ce  dernier  cas,  on  le  'voit  se  relever  avec  un  air  d'hé- 
bétude comparable  aux  suites  de  l'ivresse;  il  répond  à  peine  aux  questions  qu'on 
lui  adresse  ;  ses  regards  se  promènent  çà  et  là,.sans  motif  intelligent,  et  il  ne  con- 
serve aucun  souvenirde  ce  qui  vient  de  se  passer. 

Presque  dans  tous  les  cas,  les  crises  se  succèdent  à  de  courts  intervalles;  on 
«n  a  compte  jusqu'à  cinq  ou  six  dans  une  journée  ou  une  nuit,  semblables  en 
tout  à  celle  à  laquelle  nous  avons  assisté  durant  trois  quarts  d'heure  environ.; 
quelquefois  elles  persistent  moins  longtemps. 

Ce  garçon  a  l'intelligence  médiocrement  développée;  d'ailleurs  toutes  les  fonc- 
tions s'accomplissaient  régulièrement  chez  lui  à  l'époque  où  nous  l'observions. 
Les  antécédents  nous  ont  manqué. 

—  A  l'occasion  de  cette  communication,  M.  Brown-Séquard  fuit  remarquer 
que  ce  fait  oonne  un  démenti  à  l'explication  du  tournoiement  émise  parHenle, 
et  qui  consiste  eu  ceci  que  le  tournoiement  serait  la  conséquence  d'une  sorte  de 
vertige  dû  à  des  mouvements  convulsifs  des  yeux  Dans  le  cas  observé  par  M.  Le- 
bret,  les  yeux  n'étaient  aucunement  convulsés. 

1. 


s 

T   SUR   LA  STROCTWRt;  I)  «N   ÉPUUS  BU   MAXILLAIRE   INFÉRIEUR;   pat    M.  Cu.  ROBIIT.. 

M.  Robin  présente  une  tumeur  rlu  volume  d'une  petite  noix  qui  lui  a  été  re- 
mise par  M.  Hionis,  intei  nr  des  hôpit.mx.  Cette  tumeur  qui  a  nécessité  l'ampu- 
lallon  «l'une  partie  du  maxillaire  inférieur,  parce  qu'on  !a  c; oyait  tari 'éri  use, 
était  en  réalité  dépourvue  du  suc  cnractéristique  de  celte  dégénérescentè.  Err 
esarrirnanl  une  portion  du  tissu  de  sa  sur'îtce»  MM,  Dionis  et  Robift  y  trouvèrent 
dés  plaques  à  noyaux  mw/tip/e*  qu'on  tioiive  à  l'état  normal  dans  la  moelle  de» 
es  (voir  la  description  qu'en  a  donné  M.  Robin  dans  notre  compte  rendu  d'octobre 
ÎS49).  îls  diagnoirtiqucreut  alors  que  le  mal  avait  son  point  de  départ  dans  le 
tissu  osseux  du  maxillaire  e.l  non  dans  le  périoste»  comme  en  l'avait  cru  d'abord, 
dne  coirpe  de  l'os  montra  en  elfel  que  la  tumeur  pailait  de  l'os  et  avait  envahi  le 
quart  de  son  épaisscnr.  Il  n'y  avait  pas  d'élément  cancéreux;  le  tissu  morbide- 
était,  exclusivement  formé  des  éléments  liomcei-morphes  suivants  :  1"  desplaques 
à  noyauv  multiples  très-nombreuses  ;  2'  des  éléments  fibro-plastiques  (noyaux 
et  "fibreg  fusiformesj  ;  3°  du  tissu  cellulaire  moins  abondant  que  les  éléments  ci- 
dessTis  ;  'i"  des  vatsseaux  capillaires  et  des  uranulations  molécolaires. 

La  piiïpsrt  des  épulre  propremi-itl  dits  ont  pour  élément  principal  comme  ce- 
lui-ci les  plaques  à  noyaux  multiples  et  les  é  éinents  Jibro-plastiques,  et  partent 
de  l'es  ;  d'autres  partent  seulement  du  périoste  et  sont  purement  fibreux  et  fi- 
bro-plastiqu0s.  Les  uns  elles  autres  sont  par  conséquent  honaœomorphes.  Di- 
verses tumeurs  du  tibia,  du  fémur,  etc.,  partant  soit  du  tissu  compacte  soit 
du  canal  médullaire,  et  qu'on  a  souvent  pris  pour  des  cancers,  sont  homœo- 
inorpbes  et  ool  pour  élément  principal  les  {>laque9  à  noyaux  nmlliples.  (19  jan- 
vier î8t>0.) 

8"  GANOUONS  SfiONCHîQUES  TUBERCULEUX  CHEZ   L?î   VEAO   SAJSS  TUBERCULES  DANS^ 

Lr.i  po(!MON's;  par  M.  Rayer. 

M.  Ch. 'Robin  montre,  an  nom  de  M  Rayer,  plusieurs.  gaiij»liens  bronchiques 
tuberculeux  plus  gros  qu'un  teuf  de  poule.  Ces  gani^lions,  trouvés  cbez  un 
veau,  comprimaient  les  voies  aériennes.  Les  poumons,  examinés  avec  soin,  ne 
eontenaienl  pas  de  tubercules  On  saifc  que  cbez  l'homme,  il  n'est  pas  rare  de 
reiwontrerdans  l'enfance  les  poumons  sains  et  les  ganglions  bronchiques  tu- 
berculeux. A  cet  égard  l'observation  qui  précède  est  iatéressacte,  puisque  c'est 
sur  un  jeune  aHïmal  qu'elle  a  été  faite. 

9»  SLR   l'époque  a  laquelle  ON'  i>o; t  EXTîRPER  LES  SÉQUESTRES;  par  M.  UaYOB 

(de  Genève). 

L'anlear  s'exprime  ainsi  : 

Dans  le  commencement  du  siècle  passé,  on  confondait  très-Soutrent  la  carie 
îvec  b  nécrose  ;  aujourd'hui  encore  on  trouve  au  nmsée  Dupuylren  certaiBCS 
BWiadies  sypfaiiiliques  des  os  classées  aTee  les  nécroses.  Je  crois  que  c'est  tme 


9 

•«Teur.  Voiei  ce  que  j'entends  par  nécrose;  c'est  la  mort  complète  il'tjne  pw- 
tion  d'os  vivant,  occasionDée  par  une  inflammation  aiguë' ou  proycoant  de  In 
iptivatioD  de  l'os  des  vaisseaux  nourriciers  par  cause  inaurpatiqqv. 

J'avais  besoin  de  dire  ces  quelques  mois  avant  de  vous  exposer  tpes  idée» 
sur  la  nécrose  et  le  tr^iilement  que  je  lui  ai  appliqué  depuis  plus  de  vingt  ans» 
afin  qu'oq  ne  me  fit  pa^  d'Qlyections  liréçs  de  faits  pratiques  qui  ne  se  rappor- 
tent i>»6  à  cette  maladie. 

Toutes  les  fois  qu'une  inflammation  a  été  assez  intense  pour  détruire  les 
rapports  intimes  du  périoste  avec  le  tissu  osseux  et  faire  cesser  la  circulatiqn 
tlu  sang  dans  les  vaisseaux  sanguins  d'un  os,  celui  ci  est  frappe  de  mort;  dans 
ce  cas,  la  périoste  se  sépare  de  la  partie  osseuse  et  il  sécrète  par  la  paroi  in- 
terne une  lymphe  abondante,  puis  du  pus  qui  s'accumule  enti<e  lui  et  l'os;  celle 
«oliection  se  fraye  par  elle-même  un  passage  pour  arriver  plus  ou  moins  vite  au 
deLors  ou  pr<r  une  ouverture  que  lui  fait  un  bon  praticien  au  grand  soulagement 
<iu  malade:  pendant  ce  temps  les  parties  de  l'os  restées  vivantes  se  sont  ramol- 
ii^6  et  tuméfiées  par  rififlammation,  tandis  que  celles  de  l'os  frappé  de  mort 
restent  dans  le  même  état;  par  conséquent  la  ponion  vivante  de  la  libre  qui 
s'est  tumétiée  n'a  pu  rester  en  rapport  avec  la  ponion  morte  de  cette  même 
tibre  qiù  a  conservé  son  état  antérieur;  dès  lors  elles  ont  dû  se  séparer,  comme 
l'escarre  le  fait  des  parties  molles  encore  vivantes;  seulement  dans  l'un  et 
l'autre  cas,  le  temps  vouly  pour  la  séparation  de  ces  pa^-lies  est  toujours  égal  au 
temps  voulu  pour  le  développement  complet  de  l'inilammalion  ;  ainsi  il  est  court 
pour  celle  du  tissu  cellulaire,  plus  long  |>our  la  peau,  plus  long  encore  pour 
les  tendons,  et  davantage  pour  les  os.  Nous  savons  tous  combien  il  faut  4e 
temps,  dans  les  cas  de  fracture,  pour  développer  l'inflammation  nécessaire  au 
ramollissement  des  os  pour  la  formation  du  cal  ;  pourquoi  n'a-t-on  pas  fait 
l'application  de  ces  connaissances  au  traiteqient  des  nécroses?  Je  crois  qtie 
c'est  parce  qu'à  tort  on  a  fait  de  la  mobilité  du  séquestre  «ne  condition  néces- 
saire à  son  extraction,  parce  que  cette  mobilité  a  été  regardée  comme  la  preuve 
unique  de  la  séparation  de  l'os  vivant;  on  ne  s'est  pas  assez  rappelé  que  l'os 
uécro.<-e  se  séparait  de  ce  dernier  par  une  surface  dentelée,  et  que  par  consé- 
queiU  il  devait  être  comme  encltutonné  à  ses  deux  extrémités;  ainsi,  quoique 
réellement  séparés,  il  .levait  être  immobile  ;  c'est  donc  bien  à  tort,  gu}r;>nt  moi, 
qu'on  attenil  sa  mobilité  pour  en  faire  l'extraction,  extraction  que  j'aHirmey 
d'après  ma  pratique  qui  date  de  trente  ai^s,  être  loujourç  |M)ssiWe  dans  les 
trente  à  quarante  jours  qui  suivent  le  moment  de  la  plus  forte  inflammation. 
Voyez  ce  qui  se  pa.-se  dans  la  nécrose  d'un  os  p  at  ou  dans  ceHe  d'un  os  long 
qu'une  amputation  a  divisé.  Tout  ce  que  je  dis  sei-apporle  à  l'âge  virH.  Dans 
l'enfance  tout  se  passe  plus  rapidement.  Chez  un  enfant  de  13  mois,  la  nécrose 
d'une  portion  de  l'omoplate  du  corps  d'une  côte  était  complètement  séparée 
des  parties  vivantes  de  ces  os  dés  le  dix-septième  jour  de  la  maladie,  tandis  que 
dans  la  vieillesse  un  fem|>s  p'iis  long  est  nécessaire.  Cependant  chez  une  dame 


10 
de  72  ans,  à  laquelle  j'avais  enlevé  sur  le  pariétal  une  tumeur  et  le  périoste  au- 
quel elle  était  adhérente  ;  une  lame  de  cet  os  de  2  pouces  de  diamètre  s'ex- 
folia et  fut  enlevée  dés  le  vingt-neuvième  jour  de  l'opération.  Tous  les  médecins 
savent  qu'il  faut  aussi  tenir  compte  de  la  vitalité  plus  ou  moins  grande  du 
malade  ;  ainsi  chez  une  femme  pauvre,  depuis  longtemps  mal  nourrie  et  épuisée 
gucore  par  une  longue  suppuration,  par  conséquent  très-faible,  je  n'obtins  la 
séparation  d'une  nécrose  du  tibia  que  soixante-six  jours  après  l'ouverture  de 
Fabcés  ;  mais  j'ose  affirmer  que  ce  dernier  cas  fait  une  exception  rare  à  la  thèse 
que  je  soutiens  ;  la  séparation  de  l'os  nécrosé  est  ordinairement  opérée  dans  la 
:iixséine  semaine  qui  suit  le  début  de  la  maladie;  il  est  vrai  quele  séquestre  est 
encore  immobile,  mais  j'en  ai  expliqué  la  cause. 

Dès  le  moment  où  je  fus  convaincu  que  le  séquestre  se  séparait  plus  tôt  qu'on 
se  l'avait  cru,  et  que  la  question  de  sa  mobilité  prétendue  nécessaire  fut  résolue 
pour  moi,  je  me  posai  cette  autre  question  :  Est-il  nécessaire  d'attendre  que  le 
nouvel  os  soit  fornîé  pour  enlever  celui  qui  est  mort?  Bientôt  j'eus  répondu  par 
la  négative,  persuadé  que  l'extraction  de  la  nécrose  devait  être  bien  plus  facile 
lorsqu'il  n'y  aurait  que  des  parties  molles  à  inciser  que  lorsqu'il  faudrait,  à 
grand'peine,  faire  de  larges  ouvertures  dans  le  nouvel  os  au  moyen  du  trépan 
et  de  la  gacge.  Enfin,  pour  les  membres  à  un  seul  os,  n'avais-je  pas  à  ma  dis- 
position, pour  combattre  la  contraction  des  muscles,  tous  les  appareils  imagi- 
nés dans  le  même  but  par  les  chirurgiens  pour  les  cas  de  fractures  obliques  et 
eomminulives  ? 

Bientôt  l'occasion  se  présenta  de  mettre  en  pratique  mes  idées  sur  ce  sujet. 
Une  jeune  filie  de  9  ans  me  fut  amenée  de  la  campagne  après  deux  mois  et  demi 
de  maladie  suite  d'«/n  coup  de  froid,  au  dire  de  ses  parents,  c'est-à-dire  sai»s 
cause  i^onnue  ;  il  y  avait  eu  d'abord  une  inflammation  vio!enle  de  la  cuisse,  à 
laquelle  av^it  succédé  un  abcès,  puis  une  fistule  située  au-dessus  du  genou  et  à 
rintérieur  de  ce  membre.  L'opération  consista  en  une  incision  de  2  pouces  d'é- 
tendue pour  agrandir  la  fistule,  une  extension  et  une  contre-extension  pour  dé- 
gager l'extrémité  inférieure  du  séquestre,  qui  fat  saisi  avec  une  pince  de 
laoyesme  force.  Le  genou,  grâce  à  la  souplesse  du  périoste,  fut  porté  en  de- 
hors, c'est~à<Klire  que  la  cuisse  fut  courbée  ayant  sa  concavité  en  dehors,  sa 
convexité  en  dedans.  Le  séquestre  fut  ensuite  extrait  tout  comme  on  enlève  une 
dent  incisive  de  son  alvéole.  Le  membre  fut  redressé  et  maintenu  par  l'appareil 
à  extension  de  Boyer,  modifié  par  mon  compatriote  M.  Fine.  La  suppuration 
cessa  bientôt;  la  piaie  se  cicatrisa?  le  nouvel  os  se  forma  et  se  solidifia  pendant 
ce  temps.  A  la  fin  du  quatrième  mois  et  demi  du  début  de  la  maladie,  cette  en- 
faist  marchait  avec  des  béquilles.  Le  sixième  mois  fini,  elle  les  avait  quittées  et 
était  complètement  guérie,  mais  avec  un  raccourcissement  du  membre  d'un 
demi-pouce  et  une  cuisse  aplatie  d'avant  en  arrière. 

Deux  ans  plus  tard,  je  procédai  de  ia  même  manière  pour  extraire  la  nécrose 
du  corps  presque  entier  de  l'humérus  du  bras  droit  d'un  jeune  homme  de  î4  ans. 


11 

qui,  six  semaines  auparavant,  avait  reçu  un  violent  coup  sur  ce  membre.  Il  y 
avait  eu  une  violente  inQammation  ;  uoe  suppuration  et  une  ouverture  avaient, 
été  faites  sur  le  point  le  plus  fluctuant,  c'est-à-dire  auprès  de  îa  base  interne  de 
l'insertion  du  deltoïde  sur  l'humérus.  Après  l'opération,  l'exteasion  et  la  con- 
tre-extension furent  faites  avec  plus  de  soin,  grâce  à  la  docilité  du  malade,  et 
le  rDccourcissement  qui  en  est  résulté  est  imoercepiible.  Aujourd'hui  c'est  un 
fort  et  vigoureux  agriculteur. 

Plus  tard  j'ai  fait  encore  la  même  opération  à,  un  homme  de  32  ans,  avec  le 
même  résultat;  seulement,  lorsque  j'agraadis  la  fissure  ainsi  située  à  la  partie 
supérieure  et  à  la  face  un  peu  intérieure  du  bras,  je  trouvai  que  le  périoste 
avait  déjà  la  consistance  du  cartilage;  aussi  eus-je  uu  peu  de  peine  à  courber 
le  bras  pour  faciliter  l'extraction  du  séquestre. 

Je  dois  faire  observer  que  dans  \es  deux  cas  de  nécrose  du  corps  de  l'humé- 
rus la  fistule  spontanée  dans  l'un  et  l'ouverture  de  l'abcès  dans  l'autre  étaient 
situées  dans  le  haut  du  membre  et  à  la  partie  interne  comme  je  l'ai  dit,  tandis 
qu'à  la  cuisse  la  fistule  était  située  à  la  partie  inférieure  et  interne  un  peu  an- 
dessus  du  genou. 

ûanslescas  que  je  n'ai  pas  pu  opérer,  j'ai  toujours  trouvé  une  fistule  située 
à  la  même  place  dans  chacun  de  ces  deux  membres  ;  je  ne  les  ai  pas  opérés  (ex- 
cepté à  la  cuisse  dans  une  occasion  favorable),  parce  que  le  nouvel  os  formé  ne 
me  permettait  pas  de  teuter  une  opération  souvent  impossible  qui  alors  devient 
très-grave  et  qui  peut  faire  courrir  au  malade  des  chances  de  mort,  motif 
suSisant  pour  e'en  abstenir;  car  le  malade  peut-fori  bien  vivre  avec  une  mala- 
die pareille. 

Je  ne  vous  détaillerai  pas  les  opérations  que  j'ai  faites  dans  des  cas  nombreux 
où  j'ai  enlevé  très-facilemeprt  des  nécroses  plus  ou  moins  complètes  d'autres 
os,  lorsque  la  maladie  était  récente,  plus  difficile  iorsquelle  était  plus  an- 
cienne, mais  toujours  sans  attendre  la  formation,  du  moins  la  formation  com- 
plète du  nouvel  os.  Sans  doute,  lorsque  j'y  ai  été  forcé,  j'ai  aussi  fait  comme 
tous  les  autres  chirurgiens,  maLs  avec  peine,  l'ablation  de  la  paroi  antérioure 
du.  nouvel  os  pour  en  extraire  le  séquestre,  excepté  dans  les  cas  de  nécroses  du 
fémur. 

EdCu,  je  ferai  encore  cette  remarque.  Dans  tontes  les  nécroses  du  cylindre 
entier  du  fémur  et  de.  l'humérus  que  j'ai  exliaites  ou  que  j'ai  vues  au  musée 
Dupuytren,  à  celui  de  Strasbourg  et  sur  les  figures  publiées  l'extrémité  infé- 
rieure des  nécroses  du  fémur  et  l'extrémité  supérieure  des  nécroses  de  l'hu- 
mérus sont  celles  qui,  comparativement  avec  leurs  extréœités  opposées,  se  sout 
séparées  ie  plus  également,  c'est-à-dire  avec  les  dentelures  les  moins  longues. 

Si  l'on  rapproche  le  fait  dont  je  viens  de  parler  de  la  circonstance  toujours 
observée  que  la  fistule  ^e  trouve  placée  dans  le  voisinage  de  l'extrémité  la 
moins  dentelée  de  la  nécrose,  on  comprendra  que  le  procédé  d'extraction  que 
i'ai  indiqué  en  doit  être  facilité. 

1.. 


12 

Je  me  résume  et  je  dis  : 

1°  Que  le  séquesti'e  est  toujoars  séparé  de  Vos  vivant  dans  les  quatre  ou  huit 
semaines  qui  suivent  le  début  de  b  maladie  ; 

2*  Qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'attendre  la  mobilité  pour  en  faire  l'estrac- 
tion  t 

3»  Que  toutes  les  fois  que  l'occasion  s'en  présente,  l'extraclion  doit  être 
faite  avant  que  le  périoste  ait  fourni  un'nouvel  os,  et  surtout  avant  qu'il  soit 
ossifié; 

4»  Qa'eniin  lorsqu'il  n'y  a  qu'un  seul  os  au  membre,  l'application  d'un  appa- 
reil à  extension  et  contre-extension  suffit  pour  empêcher  son  trop  grand  raccour- 
cissement pendant  l'application. 

IV.  —  TÉRATOLOGIE. 

1<*  VICE  DE  CONFORMATION    DES    OROANES    GÉNITADX  ;  ABSENCE    PROBABLE    DB  LA 
PARTIE    SCPÉRIEDBE    Ot;    VAGIN  KT    SE    L'UTÉRCS  ;  HERNIE  DES  DEUX  OVAIRES  ; 

par  M.  Cazeaux. 

Tout  récemment  (novembre  1849),  j'ai  observé  avec  mon  excellent  confrère  le 
docteur  Thirial,  une  jeune  tille  âgée  de  21  ans,  qui  n'a  été  réglée  que  deux  fois 
pendant  trois  jours,  et  chez  laquelle  l'hémorrhagic  devait  nécessairement  avoir 
son  siège  sur  la  muqueuse  vaginale. 

Celte  jeune  fille,  éprise  depuis  longtemps  d'un  officier,  finît  par  céder  à  ses 
instances  et  se  livra  complètement  à  lui.  Après  plusieurs  tentatives  renouvelées 
avec  ardeur,  mais  toujours  infructueuses,  le  jeune  homme  reconnut  enfin  et  lui 
déclara  qu'elle  n'était  pas  faîte  comme  les  autres  femmes,  et  qu'il  fallait  con- 
sulter un  médecin.  Elle  s'adressa  d'abord  à  M.  Thirial,  qui  voulut  bien  me  de- 
mander mon  avis  :  voilà  ce  qu'un  examen  très-attentif  me  permit  de  constater. 

Le  visage,  la  taille,  le  développement  des  membres,  les  seins,  ne  dtifèrent  en 
Tien  de  ce  qu'ils  sont  chez  les  jeunes  filles  de  cet  âge.  La  santé  générale  a  tou- 
jours été  bonne.  Au  mois  de  mai  dernier  ses  règles  sont  venues  pour  la  pre- 
mière fois,  bien  qu'elle  eiit  éprouvé  depuis  plusieurs  années  des  symptômes 
de  congestion  utérine,  et  ont  duré  trois  jours  î  elles  ont  reparu  seulement  en 
juillet  et  ne  se  sont  plus  reproduites.  Après  les  tentatives  faites  par  son  amant,  elle 
a  en  deux  fois  un  écoulement  sanguin  assez  considérable  et  qui  a  duré  deux 
jours,  mais  elle  l'attribue  bien  plutôt  aux  violences  amoureuses  dont  elle  a  été 
victime  qu'à  un  retour  périodique  des  règles. 

Le  mont  de  Vénus  est  complètement  dépourvu  des  poils  dont  il  est  ordinai» 
rement  recouvert.  Sur  les  parties  latérales  et  inférieures,  immédiatement  au- 
dessus  de  l'orifice  externe  du  cana!  inguinal,  on  aperçoit  de  chaque  côté  «ne 
tumeur  qui  soulève  les  téguments.  Cette  tumeur  a  le  volume,  la  forme,  la  con- 
sistance d'un  ovaire  ou  d'un  testicule,  elle  est  très-peu  douloureuse;  dès  qu'on 
exerce  sur  elle  une  très-légère  pression,  elle  fuit  dans  le  canal  inguinal  et  dis- 


•^  A  Vf  f. 


13 

parait  dans  le  ventre  ;  mais  aassiiôt  que  l'oa  cesse  de  comprimer  l'oritice  in- 
férieur du  canal,  elle  sort  tantôt  spontanément,  tantôt  au  moindre  mouvement, 
au  moindre  effort  do  toux  et  de  respiration  faite  par  la  femme.  Dans  aucun 
cas,  cette  tumeur  ne  m'a  permis  de  constater  les  signes  qui  accompagnent  w- 
dinairement  la  réduction  d'une  hernie  intestinale  ou  épiploique. 

L'ouverture  de  la  vulve  est  limitée  par  les  grandes  et  petites  lèvres,  mais  les 
unes  et  les  autres  offrent  un  développement  t)eaucoup  moins  considérable  qu'à 
l'ordinaire.  Le  clitoris  est  si  petit  qu'on  a  beaucoup  de  peine  à  le  distinguer.  Le 
doiyt  à  peine  introduit  dans  l'ouverture  vulvaire,  est  arrêté  à  deux  centimètres 
de  profondeur,  de  manière  que  ce  n'est  qu'en  refoulant  le  fond  du  vagin  qu'on 
peut  faire  pénétrer  dans  ce  canal  la  première  phalange. 

Après  avoir  introduit  l'extrémité  d'un  spéculum,  il  ne  m'a  pa.<;  été  possible  de 
voir  aucune  ouverture,  aucune  partie  par  laquelle  se  puisse  glisser  la  pointe 
d'un  stylet.  J'ai  pu  en  même  temps  constater  sur  la  membrane  qui  refoulait 
rextrémité  d:\  spéculum,  toutes  les  rides  et  les  caractères  de  la  muqueuse  du 
vagin. 

Le  toucher  rectal  me  permit  de  constater  :  1®  que  Pampoulc  rectale  était 
beaucoup  plus  large  que  dans  l'état  normal  ;  2°  qu'au-dessus  du  foui  do  vagin 
repoussé  en  même  temps  par  mon  pouce,  l'index  introduit  par  l'anus  et  porté 
aussi  haut  que  possible,  ne  sentait  ni  cordon  fibreux,  ni  tumeur,  rien  enlln  qui 
dût  faire  croire  à  l'existence  de  la  partie  supérieure  du  vagin  etde  l'utérus;  3»  en- 
fin après  avoir  introduit  une  sonde  dans  la  vessie,  mon  doigt  rectal  constat» 
très-facilement  qu'il  n'existait  entre  sa  face  palmaire  et  la  sonde  vésicaie,  que 
l'épaisseur  normale  de  deux  parois  du  rectum  et  de  la  vessie.  La  sensation 
éuit  identique  à  celle  que  l'on  perçoit  lorsque,  pour  diriger  une  sonde  dans 
l'urètre,  on  introduit  préalablement  l'index  dans  le  vagin. 

De  cet  examen  je  crus  pouvoir  conclure  : 

!•  Que  les  deux  tumeurs  existant  dans  chaque  aine  étaient  ses  deux  ovaires  ; 

2»  Que  le  vagin  n'existait  que  dans  son  extrémité  la  plus  inférieure  » 

3*  Que  les  quatre  cinquièmes  supérieurs  de  ce  canal  manquaient  complète- 
ment; 

4»  Qu'il  n'y  avait  pas  bien  probablement  d'utérus  ; 

5'  Que  les  douleurs  hypogastriques  lombaires  éprouvées  assez  régulièrement 
et  presque  de  mois  en  mois,  étaient  l'expression  du  travail  ovarien  périodique  ; 

6°  Que  le  sani^de  règles  survenues  deux  fois  chez  cette  jeune  flile,  avait  ea  sa 
source  dans  la  muqueuse  vaginale. 

a»  DES(aiPnON  DU  SQUELETTE  D'DN  POtlLET    DOUBLE   MONOCÉPHAUEN  ;    par 

M.  Dataine. 

Des  cas  de  monstruosité  double  monocépbalfenne  ont  été  plusieurs  fois 
obvîrvéf  chez  des  mammifères  et  des  reptiles,  mais  ils  paraissent  beaucoup 
pins  rares  chez  les  oiseaux,  puisque  M.  Isid,  Geofiroy-Saiot-Hilaire  n'en  cite 


itl 

point  d'exemple  dans  sonTRArrÉ  de  tératologie.  La  rareté  d<î  ce  genre  de 
monstruosité  dans  les  oiseaux  m'a  engagé  à  mettre  sous  les  yeux  de  b  Société 
le  squelette  d'un  poulet  double  monocépbalien,  conservé  dans  la  collection  de 
M.  Rayer. 

Ce  poulet  paraissait  être  né  au  terme  de  l'incubation;  les  organes  de  l'abdo- 
men et  de  la  poitrine  avaient  été  examinés  et  enlevés.  Cette  circonstance,  jointe 
à  son  long  séjour  dans  l'alcool  et  à  l'imperfection  de  l'ossiGcaiion,  ne  me  per- 
met pas  de  donner  de  ce  cas  une  description  aussi  détaillée  que  je  l'âurais 
voulu. 

Considéré  à  Textérieur,  ce  poulet  double  présentait  une  tête  unique  suppor- 
tée par  un  col  très-gros  et  court,  ayant  deux  colonnes  cervicales  distinctes  ;  à 
ce  col  succédaient  <leux  troncs  unis  par  la  face  antérieure  dans  la  région  de  la 
poitrine  et  du  ventre,  libres  et  distincts  dans  les  régions  iliaque  et  coccygienne. 
CbâOUQ  de  ces  troncs  avait  deux  membres  antérieurs  et  deux  postérieurs,  en 
tout  buit  membres  normaux.  J'ai  pu  constater  en  outre  l'existence  d'une  langue 
déformée,  le  commencement  d'un  œsophage  unique  et  deux  anus. 

La  tète  unique,  outre  l'apparence  particulière  qu'elle  doit  à  la  fusion  incooi- 
plète  de  deux  crânes,  est  encore  modifiée  dans  sa  forme  par  l'absence  congé- 
niale  de  la  voûte  du  crSne  et  l'atrophie  d'une  moitié  de  la  face.  Celle-ci  offre 
un  bec  inférieur  normal,  une  cavité  buccale  dont  la  paroi  supérieure  présente  une 
fissure  médiane  très-profonde;  à  droite  de  cette  fissure  se  trouve  un  rudiment 
tî-è.s-déformé  du  bec  supérieur,  en  arrière  duquel  un  épaississement  des  os 
correspond  à  l'orbite  droite  qui  n'existe  pas.  A  gauche,  une  portion  du  bec  $upé- 
rieurun  peu  contourné  et  ne  présentant  quiune  seule  ouverture  pour  les  na- 
rines. A  sa  base  existe  une  cavité  orbitaire  large  et  profonde  qui  contenait  un 
œil  d'une  apparence  tout  à  fait  normale.  Le  crâne  manque  complètement  de 
voùle;  sa  cavité,  peu  profonde  et  largement  ouverte,  est  cireouscrite  par  un 
bord  épais,  lisse,  formé  par  deux  occipitaux  en  arrière,  qui  laissent  entre  eux 
une  légère  échancrure  latéralement,  et  en  avant  par  le  bord  de  l'orbite  du  côté 
gauche  et  le  temporal  droit,  l'orbite  droite  n'existant  pas.  On  peut  constater 
'ex'stence  de  deux  rochers  et  de  la  portion  écailleuse  des  deux  temporaux  plus 
ou  moins  déformée.  La  base  du  crâne  présenta  deux  fosses  latérales  séparées 
par  une  crête  médiane  mince  antérieurement,  élargie  et  bifurquée  postérieure- 
ment et  qui  est  produite  par  la  fusion  des  deux  crânes  incomplète  en  arrière. 
De  chaque  côté  de  cette  crête  et  dans  le  fond  de  chaque  fosse  latérale,  on  re- 
marque un  trou  qui  communique  avec  le  canaj •vertébral  de  chaque  rachis  ;  ce 
sont  deux  trous  occipitaux.  Le  diamètre  antéro-postérieur  de  la  cavité  du  crâne 
est  moindre  que  dans  un  poulet  normal.  Deux  colonnes  vertébrales  entièrement 
distinctes  se  fixent  à  la  base  du  crâne  en  rapport  avec  les  deux  trous  occi- 
pitaAix. 

Les  thorax  forment  une  cavité  unique,  les  deux  rachis  étant  opposés  l'un  à 
l'autre;  les  côtes  gauches  de  l'un  s'unissent  avec  les  côtes  droites  de  l'autre 


15 

sur  un  sternum  dont  chaque  moitié  appartient  à  un  individu  difiërent  ;  cette  dis- 
position se  répète  de  l'autre  côté,  de  sorte  qu'entre  les  deux  rachis  opposés 
existent  deux  sternums  opposés.  De  même  les  os  de  l'épaule  gauche  de  l'un  des 
troncs  sont  réunis  avec  ceux  de  l'épaule  droite  de  l'autre  et  superposés  aux 
sternums  formant  ensemble  (le  sternum  et  i'épaule)  une  masse  commune  où  vien- 
nent aboutir  les  côtes  et  les  membres  antérieurs;  par  cette  disposition  les 
deux  ailes  de  chacun  des  deux  côtés  appartiennent  aux  deux  sujets. 

L'ensemble  du  tronc  et  de  la  tète  présente  un  aspect  particulier  qui  est  dû 
à  ce  que  celle-ci  n'est  point  placée  suivant  le  plan  des  deux  rachis,  mais  en  tra- 
vers, le  bec  et  l'occiput  correspondant  aux  deux  côtés  du  thorax. 

Les  deux  côtés  de  la  poitrine  offrent  une  dissemblance  notable  ;  les  côtes  de 
la  moitié  correspondante  à  l'occiput  forment  avec  !e  rachis  un  angle  presque 
droit,  tandis  que  celles  de  la  moitié  correspondante  au  bec  sont  presque  longi- 
tudinales. Cette  disposition  a  pour  cause  une  courbure  latérale  très-forte  de  la 
région  dorsale  des  deux  rachis;  une  seconde  courbure  en  sens  inverse  existe  à  la 
région  cervicale,  en  même  temps  qu'une  torsion  très-marquée,  déterminée  par 
la  position  de  la  tète  sur  les  deux  colonnes  vertébrales- 

En  résumé,  ce  monstre  présente  pour  principaux  caractères  :  la  fusion  de  deux 
crânes  plus  complète  en  avant  qu'en  arrière;  l'exisleoce  de  deux  troncs  réunis 
par  leur  sternum  et  formant  ainsi  une  seule  eavité  thoracique  ;  la  fusion  des 
os  de  l'épaule  de  chaque  côté  ;  l'existence  de  quatre  membre  antérieurs  et  de 
quatre  membres  postérieurs, 

3»  EXISTENCE  D'DN  DOIGT  SORNUMÉnAlRE;    par  M.  CaZEADX. 

Un  nouveau-né  portait  au  bord  interne  de  l'auriculaire  gauche  et  à  peu  prés 
au  milieu  de  la  seconde  phalange,  un  appendice  charnu  tenant  à  la  peau  par  un 
pédicule  de  3  millim.  de  longueur  et  2mi)lim.  de  diamètre.  Cet  appendice  avait 
la  forme  de  la  troisième  phalange  du  petit  doigt  et  son  extrémité  offrait  sur 
la  face  dorsale  un  ongle  de  forme  très-régulière,  ayant  à  peu  près  2  millim.  dans 
tous  ses  diamèlres.  • 

Ce  doigt  surnuméraire  ne  fui  coupé  que  cinq  semaines  après  la  naissance. 
Pendant  ce  temps,  son  augmentation  de  volume  fut  en  rapport  avec  la  'crois- 
sance générale  du  petit  enfant  :  sa  chaleur,  sa  sensibilité,  sa  coloration,  étaiedt 
les  mêmes  que  celles  des  autres  doigts. 

L'auriculaire  de  la  main  droite  offrait  au  même  point  une  espèce  d'excrois- 
sance de  la  peau,  ressemblant  à  une  petite  verrue,  mais  qui  n'avait  physique- 
ment aucune  ressemblance  avec  le  doigt  surnuméraire  de  l'autre  main.  Cette 
petite  verrue  s'est  affaissée  depuis  la  naissance,  et  son  volume  a  diminué  asse* 
sensiblement  iwur  que  j'aie  cru  inutile  d'en  pratiquer  l'excision. 


i6 


U"  DBDX  CAS  DE  FUSION  DES  DENTS,  L'UN  D'UNE  INCISIVE  sURNCMÉRAlRË  AVEC 
UIVE  INCISIVE  NORMAtfS  CHEZ  UN  ENFANT,  L'aCTRE  DK  DEUX  MOLAIRES  CHEZ  UN 
ADULTE  ;  AVEC  DES  REMARQUES  SUR  CE  VICB  DE  CONFORMATION  ;  par  M.  Da- 
VAINE. 

M.  Davaine  présente  la  mâchoire  inférienre  d'un  enfanl  âgé  de  4  à  5  ans.  Celte 
mâchoire  oflVe  toutes  les  dents  de  la  première  dentition  à  l'état  normal,  excepté 
la  seconde  incisive  du  côté  gauche  qui  présente  deux  couronnes  distinctes, 
en  sorte  qu'au  premier  aspect  la  mâchoire  inférieure  paraît  avoir  cinq  încisives. 
Cette  dent  anormale,  formée  par  la  réunion  des  deux  dents,  a  ses  deux  cou- 
ronnes cootiguës  et  distinctes  jusqu'au  collet  de  ia  racine.  Ces  couronnes  ont 
la  même  largeur  et  la  même  forme  que  celles  des  autres  incisives  de  la  même 
mâchoire  ;  elles  font  partie  de  la  même  rangée,  seulement  elles  sont  un  peu  in- 
clinées l'une  vers  l'autre  en  arrière.  La  racine  unique  de  ces  deux  dents  est. 
large  et  aplatie  ;  elle  oBre  dans  toute  sa  largeur  un  sillou  qui  se  continue  avec  la 
tissure  de  séparation  des  deux  couronnes  et  qui  indique  évidemment  le  point  de 
soudure  des  deux  racines  ;  elle  a  la  même  longueur  que  celle  de  IMncisfve  cor- 
respondante de  l'autre  côté  ;  l'extrémité  de  cette  racine  n'est  pas  bifide  ;  on  y 
voit  un  trou  unique,  allongé  transversalement  pour  le  passaue  du  nerf  et  des 
vaisseaux  dentaires, 

M.  Davaine  doit  à  l'obligeance  de  M.  Oudet  un  exemple  de  soudure  entre 
deux  dents  molaires.  Ce  cas  ditière  tout  à  fait  du  précédent  en  ce  que  l'une  des 
molaires  est  beaucoup  plus  petite  que  l'autre,  et  en  ouire  en  ce  que  sa  direc- 
tion est  anormale.  Ces  molaires  sout  réunies  par  leur  racine  ;  la  couronne  de 
l'une,  qui  paraît  être  une  dent  de  sagesse,  forme  ses  dimensions  et  sa  direc- 
tion naturelles  ;  la  couronne  de  l'autre  n'a  que  le  tiers  du  volume  à  peu  près  de 
sa  congénère;  elle  est  arrondie,  tuberculeuse  comme  une  molaire-,  sa  surface 
Iritureuse  est  fortement  déjeiée  de  côté,  La  racine  de  cette  dent,  moins  longue 
que  l'autre,  n'en  est  distincte  que  par  un  léger  sillon  apparent  sur  un  côté.  On 
trouve  dans  les  auteurs  des  exemples  de  réunions  de  deux,  ou  même  de  trois 
dents  incisives.  M.  Isid.  Geotiroy-Saint-Hilaire,  dans  I'Histoibe  dps  anomalies 
DE  l'organisation,  a  figiuré  un  cas  de  réunion  de  deux  incisives.  Jos.  Fox  a 
ligure  aussi  un  cas  de  réunion  des  deux  incisives  moyennes  de  la  mâchoire  in- 
férieure; dans  ces  deux  cas,  ia  réunion  parait  avoir  eu  lieu  dans  toute  la  lon- 
gueur de  la  dent.  Duval  a  vu  deux  dents  de  lait,  incisives  de  la  mâchoire  infé- 
rieure, réunies  par  leur  racine,  de  sorte  que  l'avulsion  de  l'une  a  entraîné  l'ex- 
traction de  l'autre.  Gérard  a  observé  une  incisive  supérieure  gauche  réunie  par 
la  couronne  avec  sa  voisine;  cette  disposition  faisait  que  la  mâchoire  supérieure 
paraissait  n'avoir  qu'une  seule  incisive  de  ce  côté.  Otto  a  vu  aussi  deux  dents 
incisives  réunies  dans  leur  couronne  chez  un  étudiant  en  médecine  ;  le  même 
auteur  a  vu  trois  incisives  réunies  par  leur  racine  et  provenant  d'un  enfant.  Ces 


17 
cafi  ofi'reni  (Jes<>^xen)ples  de  réunion  entre  des  incisives  dans  la  première  ei  dan» 
la  seconde  dentition.  Cette  réunion  se  t'ait  tantôt  dans  la  racine,  tantôt  dans  la 
couronne,  ou  bien  dans  toute  la  longueur  de  la  dent. 

Tous  ces  cas  paraissent  différents  de  celui  que  M.  Davaine  présente,  en  ce 
que,  dans  ce  dernier,  iA  réunion  a>'sil  lieu  avec  une  incision  surnuméraire. 

Ou  trouve  aussi  dans  les  aoteîirs  des  exeinptes  de  réunion  des  dents  molaires; 
mais  la  plupart  ont  présenté  une  réunion  de.s  racines  seulement. 

Fox  a  tiguré  uue  réunion  de  la  seconde  et  de  la  troisième  molaire  par  leur:» 
racine*  inférieures, 

Laveran  a  vu  une  molaire  de  la  mâchoire  supérieure  dont  les  racines  étaient 
réunies,  et  ne  formaient  qu'un  tout  avec  la  racine  d'une  autre  molaire,  sa  voi- 
sine. Otto  parle  de  deuxdeuts  molaires  dont  les  racines  offraient  un  exemple  de 
fusion.  Le  muséede  Berlin  possède  un  exemple  de  fusion  de  deux  molaires.  La 
réunion  existe  dans  toute  ta  longueur  de  la  dent,  à  la  couronne  et  aux  racines, 
Linderer  Ta  figurée  dans  son  Manuîl  dk  MÉOEaNE  oenxaibe.  Le  même  auteur  a 
donné  aussi  la  ligure  d'une  bicuspide  soudée  par  la  racine  avec  une  dent  sur- 
numéraire. Celle-ci,  beaucoup  plus  petite,  avait  sa  couronne  très-écartée  de 
l'autre.  Son  canal  dentaire  se  réunissait  avec  celui  de  la  deni  normaJe.  M.  Ou- 
det  rapporte,  dans  le  Dictionnaire  de  mèixecine  (art-  Dent),  qu'il  a  eu  en  sa 
possession  plusieurs  incisives  et  canines  qui  étaient  jointes,  e<i  totalité  ou  par- 
tiellement, par  leur  couronne  ou  leur  racine. 

Les  cas  de  fusion,  chez  les  mammifères,  ont  été  plus  rarement  observés.  Otto 
a  vu  la  fusion  de  deux  dents  chez  une  vache.  On  sait  que,  dans  les  éléphants, 
il  se  développe  une  seule  défense  de  chaque  côté  de  la  mâchoire  supérieure, 
jfobn  Tomes  a  vu  et  figuré  un  cas  dans  lequel  il  existait  trois  défenses  d'uD 
même  côté,  une. grande  et  deux  i^^etiies  immédiatement  à  côté  de  la  première. 
Mais  ce  qu'il  y  avait  de  plus  remarquable,  c'est  que  l'extrémité  des  petites  dé- 
fenses était  unie  à  la  surface  de  la  plus  grande.  L'union  n'était  pas  produite  par 
le  tissu  dentaire  des  trois  défenses,  mais  seulement  4)ar  le  ciment.  Chaque  dent 
avait  son  alvéole  propre  et  ia  cavité  de  la  pulpe  séparée. 

Cies  derniers  cas,  exemples  de  fusion  des  dents,  sont  bien  distincts  de  ceux 
dans  lesquels  des  dents  normales  sont  plus  ou  moius  enveloppés  de  tartre,  de 
.Tnaniére  à  ne  former  en  apparence  qu'une  seule  dent.  Les  exemples  que  l'oa 
rapporte,  d'après  Platarque  et  d'autres  historiens  anciens  ,  de  Ja  réunion  de 
toutes  les  dents -en  une  seule,  un  cas  semblable,  cité  par  Thomas  Barlbolin, 
qui  ine  l'a  jtoint  vu  lui  même,  n'ont. pas  été  observés  jivec  le  soin  qu'on  est  en 
droit  d'exiger  pour  ua  fait  aussi  exlrsei(':riaire.  En  admettant  ces  observations 
comme  *raies,  il  n'est  pas  permis  d'y  voir  autre  chose xju'aiie  (réunion  des  dents^ 
par  une  matière  étrangère,  comme  dans  If  cas  observé  par  Schenck,  Sabalier 
et.<quel«|ucs  autres  auteurs,  pas  dans  lesquels  les  dems  étaient  réunies  par  du 
UtFlre. 

Ces  observations  peuvent  être  intéressantes   à  certain  point  de  vue;  mais 


18 
c'est  bien  à  tort  qu'on  les  a  rapprochées  des  cas  de  fusion  des  dents  qui  consti- 
tuent une  véritable  anomalie. 

V.   —   HELMINTHOLOGIE. 
EXPOSÉ  DES  PRINCIPALES  OBSERVATIONS  SUR  LES  ANOMALIES  DES  HELMLNtHES  ; 

par  M.  J-B.  Chaussât. 

Ayant  eu  l'occasion  d'examiuer  quelques  anomalies  d'helminthes  dans  la  col- 
lection de  M.  Rayer,  j'ai  dii  m'enquérir  des  c?s  analogues  qui  ont  été  consignés 
dans  divers  recueils,  et  lorsque  j'ai  eu  terminé  ce  travail,  j'ai  pensé  que  la  So- 
ciété entendrait  avec  quelque  intérêt  un  résumé  de  ces  observations. 

En  eflet,  des  anomalies  plus  ou  moins  remarquables  ont  été  observées  dans  les 
diilërents  ordres  dont  se  compose  la  classe  des  helminthes.  Toutefois  ces  ano- 
malies sont  beaucoup  plus  fréquentes  dans  l'ordre  des  cestoîdes. 

Dans  la  première  sous-classe  des  helminthes,  dans  celle  des  nématoîdes, 
groupe  très-nombreux,  les  cas  d'anomalies  notées  par  les  uaturalisics  sont  très- 
rares  ;  j'ai  pu  cependant  eu  recueillir  quelques-uns. 

Treuller  (Observation es  pathologico-anatomic^  auctarium  ad  helmlntho- 
LOGiAM  HfiMANî  coRPORis  CONTINENTES,  1793,  p.  17  ct  i8),  rapporte  qu'ayant  ren- 
contré dans  l'intestin  grêle  d'une  femme  une  grande  quantité  d'ascarides,  il  s'en 
trouva  un  qui  différait  des  autres  par  la  forme  de  la  tête.  Au  lieu  de  se  termi- 
ner par  trois  tubercules,  comme  celle  des  ascarides  ordinaires,  il  se  terminait 
en  pointe  et  présentait  deux  tubercules  seulement,  qui  se  trouvaient  à  une  pe- 
tite dislance  de  l'extrémité,  en  dessous  et  à  l'endroit  d'une  courbure. 

Olfers  (De  VEGETA n VIS  et  ammalis  corpobibus  in  cobporibus  anjmatis  bepe- 
aiCNDis  commentarîds,  part,  première,  1816,  p.  59,  obs.  I),  ayant  rencontré  dans 
le  proventricuie  d'un  mergus  merganser  (barle  vulgaire)  un  grand  nombre  de 
strongylus  elegans^  remarqua  qu'un  de  ces  helminthes  présentait,  vers  le  mi- 
lieu du  corps,  trois  appendices  d'une  longueur  variable  d'une  à  3  lignes  envi- 
ron, attaché  à  la  peau  du  ver,  et  sans  communication  avec  l'intestin. 

Dans  la  deuxième  sous-classe,  dans  les  acantholhéques,  groupe  qui  ne  com- 
prend encore  qu'un  seul  genre,  celui  des  pentastomes,  on  n'a  pas  encore  noté 
d'anomalie  de  ces  helminthes. 

Mais  dans  la  troisième  sous-classe,  dans  celle  des  trématodes,  groupe  très- 
nombreux,  on  a  dt  jà  observé  des  exemples  d'anomalies  dans  quelques  espèces. 
Ainsi,  suivant  Rudolphi,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  de  petites  excroissances, 
dures,  arrondies,  solitaires  ou  disséminées,  sur  la  surface  du  corps  des  disto- 
mPE.  Ce  savant  observateur  a  figuré  un  distome  du  brochet  (distoma  lucii  te- 
reti  collit)  qui  offrait  des  excroissances  analogues  à  celles  qui  avaient  été  ob- 
servées par  Olfers  sur  un  strongylus  elegans. 

Rudolphi  rapporte  aussi  avoir  observé  sur  un  distoma  spaiiuatum  deux  ex- 
croLssanc<'s  pointues;,  obiiques  et  irréguliéres,  évidemment  accidentelles,  et  ana- 
logues à  celles  qu'il  avait  vues  sur  un  distome  de  brochet. 


19 

Dans  la  quatrième  sous-classe,  daus  celle  des  acantbocéphales,  qui  ne  com- 
prend qu'un  seul  genre,  celui  des  échinorhynques,  on  n'a  pas  encore  observé 
d'anomalies. 

Mais  la  cinquième  sous-classe,  celle  des  cestoîdes,  ea  a  présenté  à  elle  seule 
plus  que  toules  les  autres  sous-classes  réunies.  En  elTct,  on  a  noté  les  anomalies 
suivantes  : 

1*  La  duplicité  de  la  tête  ; 

2'  Une  duplicité  au  moins  apparente  de  la  queue; 

3°  La  perloration  d'un  ou  de  plusieurs  anneaux; 

5*  La  duplicité  plus  on  moins  eemplète  des  organes  génitaux  ; 

5»  Des  déformations  des  anneaux  (élargissement,  étranglement,  etc.J. 

1"  DuPLicirÉ  DE  LA  TÊTE. —  Pallas  rapporte  qu'il  a  vu  des  tricuspidaires 
[trianophorus  nodulosus)  dont  les  deux  extrémités  se  terminent  par  une  véri- 
table tête. 

Uudolphi,  qui,  dans  son  Histoire  naturelle  des  vers,  avait  d'abord  émis  des 
doutes  sur  l'existence  de  celle  monstruosité,  se  fondant  sur  ce  qu'elle  n'avait 
point  été  observée  par  d'autres  naturalistes,  en  a  admis  Dostérieuremenl  l'exis- 
tence dans  son  Sïnopsis. 

Un  autre  genre  de  duplicité  de  la  tête  a  été  observé  chez  les  cesioiaes:  c'est 
celui  où  deux  têtes,  unies  entre  elles  par  une  sorte  de  fusion,  se  rencontrent 
sur  un  ver  cesloïdeà  corps  unique.  Tel  est  le  cas  rapporté  par  Rudolphi  d'un  te- 
nta crussicolis  trouvé  dans  l'inleslin  d'un  chat,  et  conservé  dans  le  musée  de 
Vienne.  La  lête  de  ce  ver  offrait  six  oscuies  au  lieu  de  quatre,  type  normal,  et 
le  corps ,  ordinairement  aplati,  était  prismatique.  A  cette  occasion,  Rudolpbi 
ajoute  qu'il  a,  dans  sa  collection,  un  tœnia  cucumerina  trouvé  dans  un  cbien, 
qui  lui  a  été  donné  par  Brown,  et  dont  le  corps  était  également  prismatique, 
mais  dont  la  léte  était  simple. 

2»  Quant  à  la  duplicité  apparente  de  la  queue  de  certains  cestoîdes ,  dont 
M.  Rayer  a  vu  plusieurs  exemples  chez  les  bolhriocéphales,  ce  n'est  pas  une  vé- 
ritable duplicité  :  elle  parait  résulter,  au  moins  dans  la  plupart  des  cas,  d'une 
division  accidentelle  du  corps  de  ces  helminthes,  dans  une  étendue  plus  ou 
moins  considérable  de  leur  longueur.  On  n'observe  point  de  pores  génitaux  sur 
les  petits  anneaux  dont  se  composent  les  deux  prolongements  de  la  queue.  Ces 
anneaux  ont  à  peine  la  moitié  de  la  dimension  d'un  anneau  ordinaire,  divisé  lon- 
gitudinalement.  Les  perforations  médianes  qu'on  remarque  quelquefois  sur  les 
mêmes  individus  semblent  indiquer  le  mécanisme  à  l'aide  duquel  s'opère  cette 
division  des  anneaux  postérieurs  en  deux  bandelettes.  Cette  anomalie  n'est  pas 
très-rare. 

3»  Les  perforations  des  anneaux  dans  la  longueur  du  corps  du  ver  ne  sont  pas 
rares  non  plus.  Breraser  en  a  figuré  plusieurs  exemples;  elles  sont  toujours  situées 
sur  la  ligne  médiane  du  corps  du  ver,  et  sont  plus  ou  moins  allongées,  suivant  le 
nombre  des  anneaux  perforés  et  la  réunion  plus  ou  moins  complète  des  perfora- 


20 
lions.  Elles  forment  ainsi  des  espèces  de  boutonnières  fort  remarquables,  situées 
là  où  devraient  être  les  organes  de  la  génération,  s'ils  n'avaient  été  détruits  par 
l'altération  qui  a  amené  les  perforations.  Il  se  pourrait  que  ces  perforations 
fussent  le  résultat  de  !a  déchirure  du  corps  de  ces  helminthes,  lors  de  certaines 
pontes  (Ju  par  suite  de  l'altération  des  ovaires. 

Une  quatrième  anomalie  du  corps  des  cestoïdes,  et  en  particulier  desbothrio- 
céphales  de  l'homme,  est  une  duplicité  plus  ou  moins  complète  des  organes 
génitaux.  Chez  le  boihriocéphale  de  l'homme,  on  sait  qu'il  existe  deux  pores 
génitaux  sur  les  anneaux  procréateurs  ,  pores  tous  deux  situés  sur  la  ligne 
médiane.  Or  il  arrive  quelquefois  que  Fon  observe  sur  le  botbriocépbale  de 
l'homme  des  anneaux  qui,  au  lieu  d'être  régulièrement  rectangulaires,  sont  dé- 
formés à  leur  partie  moyenne  et  semblent  constitués  par  la  fusion  de  deux  an- 
neaux distincts.  Ces  mêmes  anneaux  offrent  quatre  pores  génitaux  au  lieu  de 
deux  qui  existent  sur  les  anneaux  à  l'état  normal  ;  et  lorsqu'on  examine  à  la 
loupe  les  anneaux  particuliers,  on  peut  reconnaître  sur  plusieurs  la  duplicité 
complète  des  ovaires  et  la  duplicité  des  organes  mâles,  ainsi  que  je  l'ai  repré- 
senté dans  une  des  figures  annexées  à  ce  mémoire. 

Mais  parfois  la  dupiicilé  est  incomplète  sur  d'autres  anneaux  de  ces  mêmes 
vers.  Brera  prétend  avoir  observé  un  tsenia  (cysticerctis  simiœ),,  hybride,  c'est- 
à-dire  ÛQ  ver  qui  tenait  'e  milieu.  Il  y  a  souvent  un  ovaire  normal  et  un  autre 
ovaire  incomplètement  développé. 

Enfin  une  cinquième  anomalie  est  celle  dans  laquelle  le  corps  d'un  boihrio- 
cépbale  ou  d'un  taenia  offre  un  nombre  plus  ou  moins  considérable  d'étrangle- 
ments. Tel  est  un  cas  que  j'ai  figuré  d'après  un  individu  de  la  collection  de 
M.  Rayer  ,  tel  est  un  autre  qui  nous  a  été  présenté  par  notre  collègue 
M.  Polîin. 

La  dernière  sous-classe,  celle  des  cystiques ^  n'a.  encore  offert  qu'ua  seul 
exemple  d'anomalie;  mais  il  est  des  plus  remarquables.  Eu  effet,  Budolphi  a 
hguré  uu  cysticerque  à  deux  têtes ,  résultant  probablement  de  la  réunion  de 
deux  individus  en  un  seul. 

Je  terminerai  par  une  dernière  remarque.  L'étude  des  anomalies  des  vers  offre 
à  un  autre  point  de  vue  un  certain  intérêt,  d'anciens  observateurs  ayant  décrit  et 
Oguré  comme  des  espèces  particulières  des  portions  d'helminthe  qui  pré- 
sentaient des  anomalies  ou  des  déformations  plus  ou  moins  considérables.  Ainsi, 
Tulpe,dans  ses  Observationes  MEDicsa  décrit  et  figuré  comme  un  ver  lombaire 
à  deux  têtes,  caput  geminum,  un  fragment  de  bolhriocéphale  dont  il  a  pris  les 
articulations  postérieures  fondues  pour  des  têtes-,  sa  figure  ressemblée  uue 
tête  d'oiseau  et  un  trou  simule  l'œil  de  cette  tête.  Leclerc  a  copié  celte  planche. 
Bremser  remarque  avec  raison  que  les  prétendues  lèvres  de  la  tête  ne  sout 
autre  chose  que  des  déchirures  accidentelles  des  anneaux  qu'il  n'est  pas  rare 
d'observer  dans  les  vers  taenoïdes. 


21 

VII.  —  BOTANIQUE. 
SUR   LES   FUMAGÏNES   DE   FERSOON  ;   par   M-   MONTAGNE. 

Tous  les  botanistes  connaissent  cette  couche  fuligineuse  et  noirâtre  qui,  vers  ia 
fin  ttè  l'automne,  quelquefois  même  plus  tôt,  recouvre  les  feuilles  de  certains  ar- 
bres, et  les  ferait  croii*  enduites  de  saie,  (^est  surtout  dans  les  serres  et  sur  les 
feuilles  coriaces  que  cela  se  remarque.  Peraooa  avait  désigné  sous  le  nora  de 
fumago  toutes  les  espèces  de  champignons  parasites  auxquels  sont  dues  ces  ta- 
ches des  feuilles.  L'obseivation  microscopique  conduisit  Linjt  à  y  distinguer  deux 
genres  bien  différents,  les  antennaires  et  les  cladospores.  Mais  depuis  on  a  re- 
connu qu'il  y  en  avait  encore  plusieurs  autres  à  établir.  C'est  ainsi  que  le  genre 
capnodium  a  été  dernièrement  fondé  par  notre  confrère  M.  Montagne  sur  le  futnago 
citri,  dontTurpin  a  donné  une  bonne  figure  dans  un  Mémoire  »e  nosologie  xé- 
GÉTALE,  inséré  dans  le  tome  VI  des  Mémoires  pes  savants  étrangers  de  l'Insti- 
tut. Les  individus  que  représenta  Turpin  ne  présentaient  point  la  frueîiûcation 
normale,  en  sorte  que  cette  figure  était  incomplète.  Au  lieu  des  simples  conii^s 
figurées  par  cet  académicien,  on  trouve  en  effet  que  les  vraies  sporidies,  d'ail- 
leurs multiloculées,  sont  contenues  de  nombreuses  thèques,  dont  la  forme  est 
celle  d'une  massue. 

C'est  de  ce  genre  capnodiMoi  que  le  révéreudM.  J.  Berkeley  et  notre  compatriote 
M.  Desmazières  (de  Lille)  ont  publié  une  monographie  intére-ssante  (I)  dans  le 
Journal  de  la  Société  d'horticulture  de  Londres.  On  en  connaît  une  dizaine 
d'espèces  qui  ont  presque  toutes  été  figurées  par  nos  deux  mycologues  :  ces  es- 
pèces ont  été  trouvées  sur  des  feuilles  de  chêne,  de  citronnier,  d'érable,  de  cou- 
drier, de  peuplier,  de  plusieurs  saules  de  la  section  cinerella,  etc.,  dont  elles 
recouvrent  le  plus  ordinairement  la  face  supérieure  d'un  enduit  noirâtre  quiaun 
aspect  velouté.  Ce  velouté  cst  fprmé  par  une  couche  plus  uu  moins  épaisse  de 
filaments  rameux  articulés  et  à  endochrômes  sphériques  ou  oblongs,  d'où  s'élè- 
vent des  réceptacles  ou  péi  idiuras  en  forme  de  poire,  de  massue  ou  de  corne, 
lesquels  renferment  les  thèques  et  les  sporidies.  Les  climats  iempcrés  des  deux 
hémisphères  sont  leur  centre  géographique,  et  la  chaleur  et  l'humidité  les  condi- 
tions essentielles  de  leur  développement.  Elles  sont  très-nuisibles  aux  plante» 
qu'elles  envahissent  parce  qu'elles  bouchent  les  stomates  des  feuilles,  et  rendent 
par  là  difficile,  incomplète  et  impossible  la  fonction  de  la  respiration.  M.  Mon- 
tagne a  déjà  communiqué  à  la  Société  le  fait  d'un  champignon  parasite  {ante 
maria  clœophila),  qui  détruisit  la  récolte  des  olives  aux  environs  de  Perpignan, 
en  1828.  Les  oliviers  dont  les  feuilles  étaient  envahies  par  le  parasite  ne  îleu- 

(I)  On  some  moulds  referred  by  the  aulhors  to  frtmago  and  on  certain  aîhed 
nr  analogOHs  forrn;  by  tiie  révérend  M.  J.  Berkeley,  M.  A.  P..  L.  S.  et  H.  B.  J. 
besmaziére.s. 


22 
rifent  pas.  Le  révérend  M.  F.  Berkeley  rapporte  qu'à  Ceylan  feu  Gardner  ob- 
serva une  affcclion  analogue  sur  les  caféiers. 

VIL  —  BIBLIOGRAPHIE 

ANATOMIE   ET    PATHOLOGIE   DES    GLANDES   DE    MÉRY,    CONNCES    SOCS  LE    NOM   DE 
GLANDES  DE  COWPER  ;   par  M.  GUBLER. 

En  présentant  sa  thèse  à  la  Société,  l'auteur  en  doane  l'analyse  sommaire  qui 
suit.  Il  appelle  glandes  de  Méry  les  glandes  de  Cowper,  parce  que  l'anatoniiste 
français  les  avait  décrites  quinze  ans  avant  Cowper. 

Ces  glandes,  au  nombre  de  deux,  sont  situées  immédiatement  en  arrière  du 
bulbe,  au-dessous  de  Textréraité  correspondante  de  la  portioo  membraneuse  ; 
elles  pourraient  donc,  en  raison  de  celle  position,  s'appeler  glandes  bulbo- 
urétrales.  La  nature  particulière  du  liquide  qu'elles  sécrètent  indique  assez 
qu'elles  n'ont  qu'une  analogie  fort  éloignée  avec  la  prostate  :  ce  sont  les  ana- 
logues des  glandes  de  Barlholin  chez  la  femme  (glandes  vulvo-vaginales  de 
M.  Hugu'er).  Une  circonstance  très-importante  à  noter  dans  l'histoire  anato- 
inique  de  ces  glandes,  c'est  qu'elles  sont  placées  entre  l'aponévrose  moyenne  du 
périnée  et  l'aponévrose  inférieure  :  celle-ci  étant  la  moins  résistante ,  il  en 
résulte  que  le  pus  formé  dans  ces  glandes  se  fraye  toujours  une  issue  du  côté 
de  la  peau. 

Les  maladies  des  glandes  de  Méry,  entrevues  par  G.  Cowper  lui-même,  indi- 
quées par  Terraneus,  décrites  successivement  par  Liltré,  par  Astruc ,  par 
J.-L.  Petit  et  d'autres  médecins  contemporains,  étaient  méconnues  de  notre 
temps.  Cependant,  depuis  plusieurs  années,  M.  Ricord  appelait  l'attention  sur 
les  abcès  blennorrhagiques  de  ces  glandes,  les  seuls  qui  eussent  été  observés 
jusque-là.  M.  Gubler  entreprit  de  les  faire  connaître  en  se  fondant  sur  dés  ob- 
servations recueillies  par  lui  dans  les  services  de  MM.  Rayer,  Ricord  et 
Velpeau. 

M.  Gubler  reconnaît  une  inflammation  aiguë  et  une  inflammation  chronique  j 
il  s'étend  longuement  sur  la  première  forme,  qu'il  dislingue  en  foUiculeuse  et 
parcnchymatause.  (^ette  dernière  a  souvent  pour  cause  une  blennorrbagie  deve- 
nue profonde,  mais  il  y  a  d  autres  circonstances  capables  de  la  produire.  D'ordi- 
naire elle  est  unilatc-ralc,  c'est-à-dire  bornée  à  une  seule  glande,  et  c'est  la 
gauche.  L'écoulement  persiste,  mais  il  se  manifeste  une  douleur  avec  tension 
dans  la  région  bulbaire,  et  l'on  constate  au  début  une  petite  tumeur  pyriforme  à 
grosse  extrémité  postérieure,  ayant  le  siège  précis  de  la  glande  de  Méry,  et  en- 
voyant un  prolongement  vers  le  balbe.  Bientôt  la  tuméfadiou  phiegmoneuse  en- 
vahit le  côté  correspondant  du  périnée,  empiète  mèrae  sut  l'autre  côté,  gagne  les 
bourses  en  suivant  l'aponévrose  ano-scrotale,  et  constitue  dans  celte  région  une 
tu.neur  plus  volumineuse  qui  semble  app  irtenir  au  testicule,  et  qui  parfois  se 
soude  en  clî'el  à  i'épididyme,  comme  M.  Hicord  i'a  vu  plusieurs  fois.  Drpuis  la  pu- 


23 

blicalion  de  sa  thèse,  M.  Gubler  a  vu  dans  le  service  de  ce  chirurgien  trois  nou- 
veaux cas  de  suppuration  d'une  glande  de  Cowper  parfaitement  caractérisés  : 
dans  l'un  de  ces  cas,  le  gonflement  s'était  propagé  derrière  la  bourse  correspon- 
dante jusqu'à  l'origine  de  la  portion  libre  de  la  verge  en  suivant  l'aponévrose 
ano-pénienne. 

Au  bout  de  quelques  jours,  la  bosselure  phlegmoneusc  placée  au  niveau  de  la 
glande  se  ramollit,  H  se  forme  un  abcès  et  parfois  des  fusées  purulentes  dans 
différentes  directions.  Contrairement  à  l'opinion  de  J.-L.  Petit  et  de  Swediaur,  la 
mixtion  n'est  pas  entravée  ;  la  défécation  n'est  pas  non  plus  douloureuse  dans  la 
grande  majorité  des  cas.  Si  l'on  tarde  trop  à  ouvrir,  il  n'est  pas  rare  de  voir  la 
paroi  de  l'urètre  perforéee  livrer  passage  à  l'urine  :  quand  on  pratique  l'incision, 
il  s'écoule  alors  au  milieu  de  pus  phlegmoneux  du  pus  liquide  ammoniacal.  On 
constate  toujours  que  le  foyer  est  multiioculaire. 

Ces  abcès  ont  été  englobés  avec  beaucoup  d'autres  sous  le  titre  d'abcès  urineux 
avec  ou  sans  perforation  de  l'urètre  :  leurs  caractères  spéciaux  permettront  dés- 
ormais de  les  reconnaître. 

La  description  donnée  par  M.  Gubler  repose  sur  l'observation  clinique  et  sur 
l'inspection  cadavérique.  La  thèse  de  M.  Gubler  révèle  aussi  une  cause  nouvelle 
de  rétrécissement  de  l'urètre;  il  s'agit  de  la  dilatation  ampullairc  du  canal  excré- 
teur d'une  glande  de  Méry  derrière  une  oblitération  de  son  orifice  :  c'est  une  sorte 
de  grenouillette  observée  pour  la  première  fois  par  Terraneus,  et  dont  notre  col- 
lègue a  rencontré  aussi  un  exemple. 


COnXFTS    RENDU 

DES  SÉANCES 


DE 


LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE 


PERDANT    LE    SfOIS   PE    FÉVRIER  1850; 


PAR 


M.  lé  Docteur  BROWN-SÉQIIARD ,  iiccr«Ulre. 


Présidence  de  M.  RATER. 


I.   —  ANÂTOMIE    NORMALE. 


f*   EXAMEN   MICROSCOPIQUE   DE  L'CRINE   DE   l'rOMME  ;   par   MM.   Cb.    ROBISt 

et  Verdeiu 

Lorsqu'on  fait  évaporer  de  l'urine  humaine  fraîche,  on  aperçoit  d'abord  se  for- 
mer à  la  surface  du  liquide,  lorsque  l'évaporation  l'a  diminué  de  moitié  ou  des 
trois  quarts,  une  pellicule  ;  c«tte  peau,  examinée  au  microscope,  se  trouve  com- 
posée d'une  masse  amorphe,  plus  quelques  cristaux  d'urate  de  soude,  et  des  cris- 
taux de  phosphate  de  chaux  neutre.  Ce  phosphate  n'est  pas  le  racme  que  celui 
ées  os,  et  se  forme  lorsque  le  8«i  soluble  de  chaux  se  trouve  en  présence  du  phoe- 


26 
phale  de  soude.  Si  Von  évapore  davantage  le  liquide,  et  qu  on  !e  laisse  reposer 
pendant  quelques  Jieures,  il  se  forme  une  quantité  de  sel  marin  et  de  créatine, 
qu'on  peut  facilement  distinguer  au  moyen  de  la  polarisation.  Par  un  séjour 
plus  prolongé,  on  peut  aussi  distinguer  des  cristaux  d'acide  uvique  et  d'uratede 
soude. 

Pour  faire  cristalliser  les  autres  substances  contenues  dans  l'urine,  nous  pro- 
cédons de  la  manière  suivante  ••  nous  filtrons  la  liqueur  qui  est  à  consistance  de 
sirop,  et  nous  la  divisons  en  troife  parties;  la  plus  petite  quantité  est  évaporée  jus- 
qu'à siccité,  puis  traitée  par  l'alcool,  qui  dissout  l'urée,  en  prenant  une  goutte  de 
cette  solution  et  en  y  ajoutant  sous  le  microscope  un  peu  d'acide  nitrique  ou 
d'acide  oxalique,  on  obtient  du  nitrate  eu  de  l'oxalatc  d'urée  qui  ont  des  fermes 
cristallines  très-caractéristiques,  comme  l'on  peut  le  voir  sur  les  planches. 

A  une  autre  partie  de  la  liqueur,  on  ajoute  quelques  gouttes  de  chlorure  de 
zinc,  et  on  laisse  reposer;  au  bout  de  deux  jours,  il  s'est  foi  me  un  sel  double  de 
chlorure  de  zinc  et  de  créatinine  qu'il  est  très-facile  de  constater,  soit  à  l'œil  nu, 
soit  au  n>oyen  du  microscope.  La  troisième  portion  du  liquide  est  introduite 
dans  une  éprouveite,  puis  mêlée  à  trois  foisson  volume  d'alcool  absolu.  Au  bout 
de  douze  heures,  il  apparaît,  aux  parois  du  vase,  des  cristaux;  ces  cristaux  sont 
du  phosphate  de  soude  neutre,  à  réaction  alcaline  ;  leur  analyse  et  la  forme  des 
cristaux  le  démontrent.  On  laisse  le  mélange  séjourner  pendant  vingt-quatre 
heures  encore.  Il  se  forme  de  nouveaux  cristaux  sur  les  parois  du  vase  ;  ces 
cristaux  sont  du  phosphate  acide  de  soude,  comme  la  forme  des  cristaux  et  l'a- 
nalyse le  prouvent.  Le  phosphate  de  chaux  et  de  magnésie  se  formera  en  ajou- 
tant de  l'ammoniaque. 

Voilà  quels  sont  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  dans  nos  recherches  sur 
l'urine  de  l'homme.  Nous  allons  continuer  l'étude  des  principes  des  autres  tissus. 
Vous  voyez  que,  pour  faire  de  i'anatomie,  nous  nous  sommes  servis  de  la  chimie 
et  du  microscope  comme  moyen,  nous  n'avons  pas  fait  de  la  chimie  et  de  la  mi- 
crospie,  nous  nous  en  sommes  servis  comme  moyen  tout  comme  de  la  pola- 
risation. Dans  le  cours  de  nos  recherches,  nous  pourrons  nous  servir  tout  aussi 
bien  de  la  physique,  en  opérant  dans  le  vide,  en  nous  servant  de  la  pression,  par 
exemple,  et  cependant  nous  ferons  toujours  de  Vanatomie. 

II.  —  PHYSIOLOGIE. 

!•  DE  L' ARRÊT  PASSIF   DES  BAITEBENTS   DO   CŒCR   PAE  L'EXCITATION  GALVANIQUE   DE 
LA  MOELLE  ALLONGÉE  ET  PAR  LA  DESTROCTION  SUBITE  DU  CENTRE  CÉRÉBRO-RACBI- 

DiEN;  par  M.  Brown-Séquabd. 

On  sait  que,  dans  ces  dernières  années,  plusieurs  physiologistps  allemands, 
parmi  lesquels  Budge,  Ed.  et  E.-H.  Weber,  et  plus  récemment  Moritz  Schiff,  ont 
constaté  que,  lorsqu'on  galvanise  la  moelle  allongée,  au  niveau  de  l'origine  des 
nerfs  vagues,  le  cœur  cesse  presque  subitement  de  battre.  Cet  état  de  repos  du 


27 
cœur  ne  consiste  pas  en  une  contraction  pei-sistante,  mais  bien  >—  chose  singu- 
lière! —  dans  l'absence  même  de  toute  contraction.  Ce  fait  est  si  facile  à  repro- 
daire,  alors  qu'on  se  place  dans  les  conditions  signalées  par  les  expérimentateurs 
allemands,  qu'il  serait  sans  utilité  de  publier  aujourd'hui  qu'on  a  reconnu  son 
existence,  si  des  doutes  émis  récemmont  par  M.  Longet  (Traité  de  physiologie. 
Paris,  1850,  t.  II,  B.  2*  partie,  p.  2tl— <2)  n'avaient  rendu  une  nouvelle  affirma- 
tion nécessaire. 

M.  I^onset  déclare  n'avoir  pas  réussi  dHiis  les  tentatives  assez  nombreuses 
qu'il  a  faites  à  cet  égard.  Il  lui  est  difficile  d'ndmetlre  que  la  suspension  de  toute 
activité  survienne  brusquement  dans  un  organe  au  moment  où  l'on  commence 
à  stimuler  le  système  nerveux  qui  l'anime,  attendu,  dit  il,  qu'un  pareil  phéno- 
mène est  en  opposition  complète  avec  ce  que  les  vivisections  démontrent  chaque 
jour  aux  expérimentateurs. 

Avant  de  passer  outre,  nous  ferons  remarquer,  à  propos  de  ce  raisonnement, 
qu'il  s'agit  ici  d'un  fait  que  des  physiologistes  émineols  disent  avoir  vu  et  avoir 
monlié  à  un  grand  nombre  de  personnes. 

M.  Longet  ajoute  :  «  Quand  j'ai  fiit  usage  d'un  courant  électrique  interrompu, 
le  cœur  a  présenté  des  alternatives  de  contraction  et  de  relâchement  ;  et  quand 
j'ai  employé  un  courant  continu,  il  y  a  bien  eu  suspension  momentanée  des  bat- 
tements cardiaques,  mais  j'ai  pu  reconnaître,  de  visu,  qu'il  y  avait  alors  con- 
traction soutenue  de  l'organe  et  non  dilatation  passive;  encore  dois-je  ajouter 
qu'il  ne  m'a  jamais  été  possible  d'obtenir  un  semblable  effet  en  faisant  agir  le 
courant  seuleinent  sur  l'appareil  nerveux  cardiaque,  et  qu'il  m'a  fallu  placer 
l'extrémité  de  l'un  des  réophores  sur  le  <  œur  lui-même.  » 

Ceci  montre  que  M.  Longet  ne  connaissait  pas  les  procédés  employés  par  les 
physiologistes  allemands,  car  autrement  il  aurait  su  quelle  espèce  de  courant  il 
fallait  employer,  et  quels  sont  les  meilleurs  lieux  d'application  des  réophores.  Il 
importe  beaucoup  de  savoir  où  appliquer  les  conducteurs,  car,  suivant  que  l'ap- 
plication est  faite  dans  tel  endroit  ou  ilans  tel  autre,  on  obtient  des  efî'els  tout 
différents  les  uns  des  autres.  Ainsi,  quand  les  réopiiores  sont  appliqués  l'un  sur 
le  cœur  et  l'autre  sur  le  nerf  vague  ou  sur  la  moelle  allongée,  on  voit  le  cœur 
cesser  de  battre,  mnis  par  suite  d'une  contraction  persistante.  Si  l'appareil  gal- 
vaniijue  employé  est  puissant,  et  si,  au  lieu  d'agir  sur  un  mammifère,  on  opère 
sur  des  batraciens,  on  voit  le  cœur  se  vider  complètement  du  sang  de  ses  ca- 
vités et  de  .ses  vaisseaux,  et  blanchir  d'une  façon  très-remarquable. 

Au  contraire.,  lorsqu'on  apiliijue  les  deux  extr(;iuités  des  réophores  sur  la 
moelle  allongée,  au  niv(au  de  l'ongin»;  des  deux  nerfs  vagues,  ou  bien  sur  ces 
nerfs  eux-mêmes  près  de  leur  origine,  on  voit,  quelquefois  tout  aussitôt,  d'autres 
fois  au  bout  de  quelques  minutes,  ic  cœur  cesser  de  battre  s.ms  contraction.  Si  le 
courant  continue  à  agir,  après  l'arrêt  passif  des  battements  du  cœur,  celui-ci 
noircit  et  se  gonfle  de  plus  en  plus,  lo  sang  y  affluant  toujours  et  n'en  sortant 
plus.  Cet  état  d'inactivité  du  cœur  persiste  de  quelques  secondes  à  quelques  ml- 


28 
nutes,  après  que  te  courant  a  cessé  d'agir.  Dans  certaines  circonstances,  J'immo- 
bilité  du  cœur  n'est  tout  à  Fait  complète  qu'à  partir  du  monient  où  l'on  arrête  le 
cogrant. 

M.  Bro"wn-Séquard,  à  l'aide  d'un  appareil  él€clro-maj>nétique  énergique,  a  ré- 
pété ces  expériences  devant  la  Société,  qui  a  vu  le  cœur  e'arrêler  dans  un  cas,  par 
cessation  de  toute  contraction,  et  dans  un  autre,  au  contraire,  {jar  suite  d'une 
contraction  persévérante. 

M.  Longet  dit  qu'en  employant  un  courant  interrompu,  il  n'a  vu  que  des  al- 
ternatives de  contraction  et  de  relâchement.  Nous  devons  croire  que  M.  Longet 
n  fait  usage  d'un  appareil  galvanique  peu  puissant,  car  c'est  précisément  à  l'aide 
fie  courants  interrompus  qu'il  est  facile  d'arrêter  les  battements  du  cœur,  soil 
par  l'elTet  d'une  contraction  persistante,  soit  par  cessation  de  toute  contraction. 

On  peut  produire  la  suspension  passive  des  battements  du  cœur  d'une  autre 
manière  que  par  l'action  du  galvanisme  sur  la  moelle  allongée  ou  sur  les  nerfs 
vagues.  M.  Brown-Séquard  a  reconnu  que  c'est  une  suspension  passive,  c'est-à- 
dire  une  cessation  de  toute  oontrai'tion,  qui  a  lieu  lorsqu'on  enfonce  subitement 
un  stylet  dans  une  grande  partie  de  la  longueur  du  canal  vertébral,  par  une  ou- 
verture faite  au  crànc  d'une  grenouille.  Cet  airét  passif  des  raouvemeuis  du 
cœur  dure  moins  que  celui  produit  par  le  galvanisme.  Legallois  et  les  commis- 
saires de  l'Institut,  chargés  de  faire  un  rapport  sur  ses  expériences  (OEuvres  de 
Legallois,  avec  des  notes  de  Pariset.  Paris,  1830,  1. 1,  p.  2.^8)  avaient  vu  qu'en 
détruisant,  comme  nous  venons  de  le  dire,  le  cerveau,  la  moelle  allongée  et  une 
partie  de  la  moelle  épinière,  on  suspend  les  battements  du  cœur  pendant  quel- 
ques secondes,  mais  ils  n'ont  pas  cherché  si  cette  susp<'n8ion  tient  à  une  con- 
traction soutenue,  ou  à  l'absence  de  toute  contraction. 

A  l'occasion  de  cette  communication,  M.  Cl.  Dernard  rapporte  que  dans  les 
curieuses  expérienr-es  que  M.  Magendis  a  faites  sur  l'influence  comparative  des 
r;;cines  antérieures  et  des  racines  postérieures  des  nerfs  rachidiens,  sur  les  mou- 
vements du  cœur,  c'est  aussi  par  suspension  complète  des  contractions,  et  non 
par  persistance  d'une  conlraction  qu'avait  lieu  l'arrêt  momentané  des  battements. 
(Séances  du  22  décembre  t8i9  et  du  y  février  î850.) 

2"  DE  LA  CONSERVATrOX  DE  LA  VIE,  SANS  TROUBLE  APPARENT  DES  FONCTIONS  ORGANI- 
QCES,  MALGRÉ  LA  nESTRPCTION  D'UNE  PORTÎON  CONSIDERABLE  DE  LA  UOELLE  ÉPI- 
NIÈRE CHEZ  DES  ANIMAUX  A  SANG  CHAUD;  par  le  même. 

Personne  n'ignore  que  chez  les  animaux  à  sang  chaud  la  rnort  a  lieu,  au  bout 
d'un  temps  très-court,  après  la  destruction  d'une  partie  même  fort  peu  étendue 
de  la  moelle  épinière.  De  tous  les  physiologistes  qui  ont  fait  ces  expériences, 
Wilson  Philip  et  M.  Flourens  sont  ceux  qui  jusqu'ici  ont  vu  les  plus  longues 
survies.  C'est  sur  des  lapins  qu'opérait  Wilson  Philip;  il  cite  3  cas  d'asses 
longue  survie  :  l'une  a  été  de  vingt-quatre  heures,  une  autre  de  vingt-sept  heures 
et  une  troisième  de    trente-cinq    heures.  Malheureusement,  à  part  ce  der- 


29 

nier  cas,  les  portion»  de  moelle  détruites  n'ont  pas  été  désignées  suffisamment. 
Sur  ranimai  qui  survécut  trente-cinq  heures,  on  n'avait  détruit  qu'une  partie 
très-minime  de  la  moelle  épinière,  celle  située  sous  la  première  vertèbre  lom- 
baire. M.  Flourens  a  expérimenté  sur  di^s  lapins,  des  cobayes,  des  chats,  des 
chiens  et  des  oiseaux.  C'est  sur  un  pigeon  et  sur  une  poule  qu'il  a  vu  la  plus 
longue  survie;  ces  deux  animaux,  sur  lesquels  toute  la  moelle  depuis  la  der- 
nière vertèbre  costale  jusqu'à  sa  terminaison  avait  été  détruite,  ont  survécu  près 
de  deux  jours. 

M.  Brown-Séquard,  dans  une  communication  faite  à  la  Société  il  y  a  plus 
d'un  an  {le  2  décembre  i8^S),  a  annoncé  que  la  destruction  des  parties  de  la 
moelle  qui  ne  servent  pas  esseîUie.llfment  à  la  respiration,  était  promptement 
mortelle,  bien  plus  en  raison  de  l'hémorrhagie,  qui  en  résulte,  que  de  toute 
aulre  rause.  11  en  donnait  pour  preuves  :  l*»  que  chez  les  animaux  qui  ont  le 
sang  peu  plastique,  comme  sont  les  lapins,  la  mort  a  lieu  après  la  destruction 
de  la  moelle  lombaire,  beaucoup  plus  vite  que  chez  les  oiseaux  et  les  cobayes; 
ainsi  il  avaii  vu  un  coSiaye  survivre  quatre  jours  et  demi  à  cette  destruction  ; 
'2°  qu'en  produisant  par  une  blessure  de  l'artère  fémorale  chez  un  lapin  la  perte 
d'une  quantité  de  sang,  à  peu  près  la  même  que  celle  perdue  par  un  autre  lapin 
de  même  taille,  lorsqu'on  détruit  la  moelle  lombaire,  il  voyait  l'animal  mourir 
en  général  aussi  vite  après  la  seule  hémorrhagie  qu'après  la  destruction  de  la 
moelle  ;  3"  qu'eu  rendant,  par  transfusion,  à  dis  lapins  sur  lesquels  la  moelle  lom- 
baire venait  d'être  détruite,  une  quantité  de  sang  à  peu  près  égale  à  celle  que  ces 
animaux  avait  perdue,  il  en  avait  vu  plusieurs  survivre  de  huit  à  dix  jours  à  la 
perte  de  la  portion  de  moelle  indiquée. 

En  outre,  M.  Brown  Séquard  avait  vu  que  la  destruction  d'une  très-petite 
partie  de  la  moelle  comme  celle  qui  se  trouve  sous  la  dernière  vertèbre  dorsale 
et  sous  la  première  vertèbre  lombaire,  'ne  portait  aucune  atteinte  à  la  vie  des 
pigeons.  Depuis  trois  ans,  il  en  a  montré  plusieurs  dans  cet  état,  soit  dans  ses 
cours  publics,  soit  à  la  Société,  quand  il  a  eu  à  faire  voir  des  mouvements  ré- 
flexes énergiques. 

Tous  ces  faits  l'ont  conduit  à  tenter  de  nouvelles  expériences.  Il  en  a  fait  un 
grand  nombre,  et  elles  lui  ont  fourni  ce  résultat  capital,  savoir  que  chez  les  pi- 
geons la  vie  peut  subsister  sans  paraître  troublée,  malgré  la  destruction  d'une 
portion  de  moelle  épinière  égalant  la  moitié  de  la  longeur  de  ce  centre  ner- 
veux. 

M.  Brown-Séquard  se  proposant  de  publier  un  mémoire  développé  à  ce  sujet, 
nous  nous  contenterons  de  rapporter  ici  quelques-unes  de  ses  expériences  et 
de  signaler  quelques-unes  des  conclusions  qu'on  en  peut  tirer.  Il  a  montré  plu- 
sieurs pigeons  dans  les  quatre  séances  du  mois  ;  sur  l'un,  la  moelle  était  extir- 
pée onvirou  depuis  la  quatrième  vertèbre  costale  jusqu'aux  dernières  vertèbr*^ 
sacrées.  Cet  animal  était  opéré  depuis  dix-sept  jours  quand  la  Société  l'a  va 
pour  la  première  fois,  le  2  février  dernier  :  il  vil  encore.  Ses  pattes  n'ont  pas  la 


30 
moindre  irace  d'action  r^exe,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  queue  ;  elle 
se  meut  énergiquement  par  action  réflexe,  ce  qui  est  tout  simple  puisque  la 
moelle  caudale  existe.  Sur  plusieurs  autres  pigeons  très-jeunes,  la  moelle  épi- 
nière  a  été  détruite  depuis  à  peu  prés  ia  troisième  vertèbre  costale  jusqu'à  son 
extrémité  caudale;  il  n'y  a  plus  aucune  trace  d'action  réflexe  ni  daus  les  pattes 
ni  dans  la  queue.  La  longueur  de  celte  partie  de  moelle  est  au  moins  la  moitié 
de  celle  de  l'organe  entier.  Ces  animaux  sont  parfaitement  vivants.  Ils  gran- 
dissent et  gagnent  en  poids  aussi  vile  que  des  pigeons  intacts  du  même  âge. 
La  circulation,  la  respiration,  la  digestion  si  probablement  les  sécrétions  qui 
servent  à  la  digestion,  la  chaleur  animale,  la  nutrition  et  enfin  la  production  des 
plumes,  paraissent  exister  comme  à  l'état  normal.  Les  matières  fécales  et  l'u- 
rine semblent  physiquement  ne  diflërer  en  rien  de  celles  rendues  par  des  pi- 
geons intacts.  Chez  les  pigeons  adultes  la  survie  a  lieu  tout  comme  chez  les 
jeunes  pigeons. 

Ces  faits  témoignent  énergiquement  contre  les  opinions  émises  par  Legallois, 
par  Wilson  Philip,  par  Krimer.  par  Chossat,  relativement  à  l'influence  de  la 
moelle  épinière  sur  ie  cœur,  sur  l'estomac  et  les  poumons,  sur  la  sécrétion 
urinaire  et  sur  la  chaleur  animale. 

Dans  la  séance  du  27  février,  M.  Brovvn-Séquard  a  montré  un  rochon  d'Inde 
adulte  paraissant  Ircs-vivant,  sur  lequel  la  moelle  épinière  était  détruite  depuis 
trois  Jours,  à  partir  de  la  dixième  vertèbre  costale  jusqu'à  la  queue  de  cheval. 
Cet  animal  a  survécu  sept  jours  à  l'opération  ;  il  est  mort  de  myélite. 

5"   RAPPORT  SCR  UN  MÉMOIRE   DE  M.    IIIFFBI.SUEIM,   INTITULÉ    :  QUELOCES  OBSERVA- 
TIONS RELATIVES  AU  PHÉNOMi;NB   I)E  LA  CIRCULATION;  par   MM.  Cl.    BERNARD   et 

BuowN-SÉQLARD,  rapporteur. 

«  Messieurs,  vous  nous  avez  chargé?,  M.  CI.  Bernard  et  moi,  de  vous  faire 
un  rapport  sur  nn  mémoire  que  M.  Hiirelsheim  a  lu  à  la  Société. 

Ce  travail  est  intitulé  :  Ouelqdes  observations  relatives  au  phénomène  de 
LA  ciRCCLATiON.  L'auleur  commence  par  rappeler  que,  contrairement  à  la  ma- 
nière dont  on  s'esprîme  généraiement,  il  n'existe  pas  deux  circulations.  Pour 
que  la  cit culalion ,  ou  mieux  le  cerclfi  soit  complet,  il  faut  que  le  sang,  parti 
d'un  point,  y  revienne;  or  c'est  ce  qui  n'a  lieu  ni  pour  la  petite  ni  pour  la 
grande  ciicutaiion, 

Mais  s'il  n'y  a  qu'un  seul  cercle,  qu'une  seule  circulation,  il  n'en  est  pas 
moins  vrai  que  l'on  penf  compter  lout  autant  de  circuits  qu'il  y  a  de  vaisseaux 
capillaires  entre  l'artère  et  les  veines  pulmonaires,  d'une  part,  et  entre  les  ra- 
mifications de  l'aorte  et  les  racines  des  veines  caves,  d'autre  part.  Ces  circuits 
.«.i  multipliés  se  confondent  tous  dans  deux  portions  de  leur  étendue,  de  telle 
sorte  que  la  masse  entière  du  sang  doit  nécessairement  passer  succe.ssivement 
par  chacune  de  ces  deux  portions.  Nous  n'avons  pas  besoin  de  dire  que  ces 
deux  parties  du  cercle  circulatoire  sont  le  cœur  droit  et  le  cœur  gauche.  Cela 


31 
posé,  qa«I  est  le  t*mps  que  met  la  masse  entière  du  sang  à  passer  à  travers  un 
de  ces  cœurs,  ou,  en  d'autres  termes,  quelle  est  la  durée  d'une  circulation 
complète  ? 

Tel  est  le  problème  que  M.  Hifleisbeim  s'est  proposé  de  résoudre.  A  ce  su- 
jet, il  fait  remarquer  d'abord  la  dillérence  qui  existe  entre  la  durée  et  la  vitesse 
de  la  circulation.  On  peut  trouver  la  durée  du  parcours  du  cercle  vasculaire 
tout  entier  par  la  masse  entière  du  sang,  sans  pour  cela  connaître  Vespace  par- 
couru par  le  sang.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  la  vitesse  de  la  circulation  : 
pour  la  trouver,  il  est  essentiel  de  connaître  l'espace  parcouru  par  le  sang  dans 
un  temps  donné.  €es  dilTérences  élablies,  M.  HiL'elsheim  discute  la  pssibililé 
de  trouver  la  véritable  vitesse  de  la  circulation,  et  il  arrive  à  cette  conclusion, 
qui  nous  paraît  très-juste,  c'est  qu'aujourd'hui  il  ne  nous  est  guère  possible  de 
connaître  que  la  vitesse  du  sang  dans  un  vaisseau  particulier,  et  non  la  vitesse 
de  la  circulation  tout  entière  (1). 

Les  expériences  de  Heriog,  citées  presque  partout  comme  des  expériences 
sur  la  vitesse  de  la  circulation,  ne  sont  pourtant  que  des  recherches  sur  la  du- 
rée de  la  circulation.  On  sait  que  ces  expériences  ont  consisté  dans  la  recher- 
che du  temps  que  met  une  substance,  introduite  dans  une  jugulaire  de  cheval, 
à  se  rendre  soit  à  l'autre  jugulaire,  soit  à  un  autre  vaisseau.  Oa  voit  que  par  là 
on  peut  trouver  la  durée  du  transport  de  cette  substance  d'un  point  à  un  autre, 
mais  nullement  quel  espace  elle  a  parcouru  dans  un  temps  donné.  M.  Hif- 
felsbeim  examine  quelle  confiance  méritent  ces  recherches  ;  il  ne  les  croit  pro- 
pres qu'à  donner  une  solution  approximative  du  problème ,  mais  il  n'en  re- 
pousse pas  moins  comme  peu  fondées  les  critiques  adressées  par  M.  Matteucci 
au  procédé  de  Hering.  M.  HiU'elsheim  a  préféré  employer  un  autre  procédé, 
contre  lequel  s'élèvent  moins  de  chances  d'erreur.  Étant  connus  les  trois  élé- 
ments que  nous  allons  rapporter,  rien  n'est  plus  facile  que  de  calculer  la  du^ 
rée  d'une  circulation  de  la  quantité  totale  du  sany  chez  un  individu  donné. 
Mais  s'il  n'y  a  à  cet  égard  aucune  difficulté,  il  n'en  est  malheureusement  pas 
de  même  pour  l'estimation  des  trois  éléments  en  question.  C'est  ce  que  va  nous 
montrer  l'examen  de  ces  éléments,  qui  soni  :  l°  la  quantité  totale  de  sang 
possédée  par  un  homme;  2"  la  quantité  de  sang  qui  est  chassée  du  ventri- 

(1)  C'est  là  ce  que  Huttenbeim  a  récemment  essayé  de  faire  sous  la  direction 
de  Volkmann.  Le  procédé  employé  par  ces  physiologistes  n'est  malheureuse- 
ment pas  à  l'abri  de  toute  cause  d'erreur.  Quoi  qu'il  en  soit,  voici  quelques- 
uns  des  résultats  obtenus. 

La  vitesse  du  sang  a  été  trouvée  : 
De  273  miliimèlres  par  seconde  dans  l.i  carotide  gauche  d'un  chien. 
De  5/i6        id.  id.  id.  id.      d'un  cheval. 

De  631        id.  id.  id.  id.  id. 

De  3i8       id.  id.  id.  id.      d'une  chèvre. 


32 
cute  gauche  à  chaque   systole  ;  3*  le  nombre  des  systoles  dans  un  temps 
dODné. 

«  1»  Relalivemenl  à  la  quanlilé  totale  de  sang  que  possède  un  homme  adulte, 
nous  n'avons  que  des  approximations,  dont  la  meilleure  assurément  est  celle 
donnée  par  Valentin,  qui  estime  que  la  quantité  de  sang  chez  l'homme  adulte 
est  de  12  à  U  kilogrammes.  2»  Relativement  à  la  quantité  de  sang  chassée  du 
ventricule  gauche  à  chaque  systole,  on  ne  la  connaît  que  par  la  mesure  de  la 
capacité  de  cette  cavité  musculaire,  et  en  supposant  qu'elle  se  vide  presque 
complètement  à  chaque  contraction.  M.  Hiffelsbeim  s'est  servi  à  cet  égard  des 
chiffres  fournis  par  M.  Cruvellhier,  sur  la  capacité  du  ventricule  gauche.  Nous 
cfoyons  qu'il  aurait  pu  trouver  «ne  moyenne  plus  vraie  dans  des  recherches 
publiées  récemment  en  Allemagne  et  en  Angleterre.  Il  n'a  pas  fait  preuve  à  cet 
égard  de  l'érudition  qu'il  montre  dans  les  autres  parties  de  son  mémoire.  3°  Re- 
lativement au  nombre  des  systoles  vontriculaires  dans  un  temps  donné,  M.  Hif- 
feLsheim  a  eu  lort,  pensons-nous,  de  se  servir  des  chiffres  obtenus  par  M.  Ra- 
meaux, qui  n'a  expérimenté  que  sur  des  militaires.  Nous  regrettons  qu'il  n'ait 
pas  fait  usage  des  belles  recherches  du  docteur  Guy  sur  le  pouls. 

»  En  se  servant  des  données  qui  précèdent,  M.  HiSelsbeima  obtenu  les  résul- 
tats suivants  :  l"  avec  les  chiffres  les  plus  forts,  il  trouve  que  la  durée  totale 
d'une  circulation  de  toute  la  masse  du  sang  est  de  trois  minutes  et  trente-cinq 
secondes.  2*  Avec  leschiflres  les  plus  faibles,  il  trouve  que  ceite  durée  est  d'une 
miuute  et  quarante-six  secondes.  Entre  ce  niaximuoi  et  ce  minimum,  la  moyenne 
est  de  deux  minutes  et  quarante  secondes.  Il  suit  de  là  que,  chez  un  homme 
aduile,  ta  massa  entière  du  sang  met  deux  minutes  et  quarante  secondes  à 
opérer  une  cÎTCulation  complète. 

»  En  calculant  sur  les  mêmes  bases,  un  auteur  allemand,  dont  l'ouvrage  était 
inconnu  à  M.  Hiflelsheim,  avait  déjà  trouvé  une  approximation  de  la  durée  d'une 
circulation  complète.  (VoyfzGûniher,  Lehubuch  dkk  physiologie,  1847,  t.  II.) 
Le  chiffre  qu'il  donne  est  inférieur  à  celui  de  M.  HiQelsheim,  ce  qui  tient  sur- 
tout à  ce  que  le  nombre  des  systoles  pris  par  ce  dernier  est  plus  grand  que  ce- 
lui employé  par  M.  Gùniher.  La  durée  de  la  circulation  totale  est,  suivant 
M.  Gûnther,  d'environ  une  uiinute  et  vingt-deux  secondes, 

»  Ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  ce  court  exposé,  le  travail  de  M.  Hiffelsheim  est 
trés-iniéressanl;  il  démontre  chez  l'auteur  un  excellent  jugement,  uni  à  des 
connaissances  qui  paraissent  étendues.  îl  donne  à  un  important  problème  dt- 
physiologie  une  solution  qui  s'approche  beaucoup  de  la  vérité.  En  conséquence 
vos  commissaires  vous  proposent  de  voter  des  remerciments  à  M.  Hiffelsheim 
pour  son  beau  mémoire.  lis  regrettent  que  ce  travail  soit  trop  étendu  pour 
vous  demander  de  le  faire  publier.  » 

Les  conclusions  de  ce  rapport,  mises  aux  voix,  sont  adoptées. 


33 

&*>  DE  LA  TBANSUlSSIO^l   CROlStE  DES  IMPRESSIONS  SENSITIVES   PAR   LA   110eU>K 
ÉPINIÈRE  ;  par  M.  Brown-Séquard. 

Dans  une  coniniunicalion  faite  à  la  Société  il  y  a  quelques  semaines  (voyez 
Compte  rendu  des  séances  de  la  Soc.  debiol.,  n»  12,  décembre  1849,  p.  192), 
M.  Brown-Séquard  a  démontré  que  la  transmissioii  des  impressions  sensitives, 
pour  le  train  postérieur,  se  fait  d'une  manière  croisée,  c'est-à-dire  que  c'est  la 
moitié  droite  de  la  moelle  qui  transmet  au  centre  percepteur  les  impressions 
sensitives  faites  sur  le  côté  gauche  du  train  postérieur,  et  vice  versa.  Aujour- 
d'hui H.  Brown-Séquard  vient  montrer  qu'il  en  est  de  même  pour  le  train  an- 
térieur que  pour  le  postérieur.  Il  iait  voir  un  vitroureux  cobaye  sur  lequel  la 
moitié  latérale  droite  a  été  coupée  transversalement  à  la  hauteur  de  la  troisième 
vertèbre  cervicale.  L'animal  peut  encore  se  tenir  debout  sur  ses  quatre  mem- 
bres ;  il  peut  même  marcher.  Mais  ytoat  peu  qu'il  se  presse  ou  qu'on  l'escite, 
il  tombe  sur  le  côté  droit.  Il  y  a  paralysie  incomplète  du  mouvement  volontaire 
de  ce  côté.  La  sensibilité  est  intacte,  sinon  exagérée,  à  droite;  à  gauche,  le» 
deux  membres  et  les  parties  qui  les  séparent  .sont  à  peine  sensibles,  surtout  le 
membre  postérieur. 

L'autopsie  éiant  faite,  il  fut  constaté  que  toute  la  moitié  latérale  dro/^a  de  la- 
moelle  était  coupée,  à  l'exception  d'une  très-minime  partie  du  cordon  an- 
térieur. 

M.  Brown-Séquard  a  toujours  obtenu,  quant  à  la  sensibiiité ,  des  résultat» 
analogues  à  ceux  qui  précédent,  dans  les  cas  très  nombreux  où  il  a  fait  cette 
expérience.  Quand, au  lieu  découper  seulement  nne  moitié  latérale  de  ta  moelle, 
il  empiétait  sur  l'autre  moitié,  de  manière  à  en  couper  une  très-faible  partie, 
la  sensibilité  n'en  subsistait  pas  moins  du  côté  du  corps  où  la  moitié  de  la  moelle 
était  coupée,  et  il  n'y  en  avait  plus  trace  de  l'autre  côté,  dans  les  parties- 
recevant  des  nerfs  nés  de  la  moelle  eu  arriére  de  l'endroit  où  existait  la 
section. 

Quelques  membres  ayant  demandé  si  la  persistance  de  ta  sensibilité  dans  le 
côté  du  corps  où  une  moitié  latérale  de  la  moe:le  a  été  coupée  transversalement, 
ne  pourrait  pas  être  expliquée  par  des  anasionioses  existant  entre  les  nerfs  qui 
uaissent  au-dessus  et  ceux  qui  naissent  au-dessous  dti  point  coupé.  M.  Brown- 
Séquard  répond  que  non-seulement  l'anatomie  n'est  aucunement  favorable  à 
cette  hypothèse,  mais  qu'il  y  a  des  raisons  capitales  qui  la  rendent  absolument 
inadmissible.  Ainsi  :  1"  S'il  était  vrai  que  la  persistance  de  la  sensibilité  fût  due 
aux  anastomoses  supposées,  il  est  évident  que  la  sensibilité  ne  devrait  pas  être 
ou  perdue  ou  grandement  diminuée  du  côté  où  la  moelle  n'a  pas  été  coupée, 
puisque  de  ce  côté  aussi  les  mêmes  anastomoses  existent.  2"  Si  au  point  même 
où  une  moitié  latérale  de  la  moelle  a  été  coupée,  oo  coupe  l'autre  moitié  laté- 
rale, tout  aussitôt  la  sensibilité,  qui  était  conservée  dans  les  parties  qui  reçoi- 
vent leurs  nerfs  de  la  moitié  latérale  de  moelle  située  du  côté  et  en  arrière  dé  1» 


3Û 

première  section,  se  trouve  complètement  perdue.  Or  rien  n'a  été  changé  dans 
les  prétendues  anastomoses  de  ce  côté  ;  donc  elles  ne  servent  pas  à  la  transmis- 
sion des  impressions  sensilives. 

Nous  pourrions  joindre  d'autres  preuves  à  celles-là,  si  elles  d«  nous  semblaient 
plus  que  suffisantes.  (23  février  1850.) 

I!I.  —  EXPLORATION   PATHOLOGIQDE. 

l»  HÉMATÉMÊSE  MORTELLE  SYMPTOMATrQUE  D'ODVERTCRES  ARTÉRIELLES  DANS  L'ES- 
TOMAC;  ANÉVRYSME  DE  l' AORTE  ABDOMINALE  PRÈS  DE  SA  TERMINAISON;  par 
M.  BOULLAY. 

Obs.  —  M.  G...,  âgé  de  76  ans,  d'nn  embonpoint  assez  prononcé  et  d'une  santé 
bonne  en  apparence,  éprouve  depuis  environ  trente-cinq  ans  des  vomissements 
glaireux,  quelquefois  bilieux,  avec  une  douleur  dans  la  région  rénale  droite.  Cette 
douleur  et  ces  vomissements  présentent  des  intermittences  de  quelques  jours, 
quelquefois  de  plusieurs  semaines.  Il  a  souvent  rendu  des  graviers.  Son  appétit 
était  assez  bon  ;  ses  digestions  n'étaient  point  pénibles. 

Le  1"  février,  à  une  heure  du  matin,  le  malade  rendit  par  trois  vomissements 
successifs,  dans  l'espace  d'une  demi-heure,  environ  3  litres  de  sangj  il  y  eut 
aussi  deâ  évacuations  alvines  sanguinolentes. 

Dans  les  journées  du  2  et  du  3,  le  malade  était  dans  l'état  de  tout  individu  qui 
».  eu  une  hémorrhagie  abondante. 

Le  4  ,  à  quatre  heures  du  matin,  nouvelle  hcmatémèse  de  plus  d'un  demi- 
litre. 

Mort  à  neuf  heures  et  demie. 

A  l'autopsie,  faite  le  5,  on  trouve  tous  les  organes  et  surtout  l'estomac  exsan- 
gues. La  cavité  stomacale  contient  une  assez  grande  quantité  de  liquide  coloré 
fortement  en  rouge.  A  la  surface  interne  de  l'estomac,  au  niveau  de  sa  petite  cour- 
bure, à  6  centimètres  environ  à  gauche  du  pylore,  se  trouve  une  dépression  de  la 
largeur  d'une  pièce  de  2  francs,  dont  la  couleur  est  pâle  comme  celle  do  reste 
de  l'estomac.  La  circonférence  est  parfaitement  limitée  par  un  bourrelet  ayant  la 
consistance  des  fibro-carlilages.  Au  milieu  on  aperçoit,  séparés  par  une  petite 
lame  blaachâlre,  deux  orifices  béants  qui  permettent  facilement  l'introduction 
d'un  gros  stylet.  Ces  orifices  conduisent,  l'un  dans  l'artère  pylorique,  l'autre  dans 
l'artère  coronaire  stomachique.  Ces  artères  sont  notablement  dilatées;  leurs  pa- 
rois,  comme  celles  de  toutes  les  artères  de  la  cavité  abdominale,  sont  dures, 
friables.  La  muqueuse  stomacale  est  ramollie  et  plissée.  Reins  normaux)  seu- 
lement les  artères  sont  altérées  là  comme  partout  ailleurs. 

Les  veines  ne  contiennent  point  de  sang. 

A  10  centimètres  environ  au-dessus  de  la  terminaison  de  l'aorte  abdominale,  on 
trouve  sur  le  côté  gauche  une  tumeur  qui  se  termine  à  environ  5  centin>èlres  d« 
la  bifurcation.  Cette  tumeur,  du  volume  d'un  petit  œuf  de  poule,  présente  à  l'ex- 


35 
térleur  une  coloration  rouge  brunâtre;  eiledonns  au  toucher  la  sensation  d'une 
masse  molle,  résistante.  A  la  surface  interne  de  l'aorte,  depuis  l'origine  du  tron« 
cœliaque  jusqu'à  la  tomeur,  on  troure  d*s  plaques  blanchâtres,  dures,  crétacées. 
La  tumeur  contient  une  matière  concrète,  grisâtre,  formée  par  un  dépôt  flbriiieux  ; 
elle  est  tapissée  par  une  pseudo-membrane  qui  remonte,  sous  forme  de  ruban, 
jusqu'au  niveau  des  artères  rénales  et  mésentérique  supérieure.  Cette  pseudo- 
membrane est  fixée  seulement  par  ses  deux  extrémités. 

2»  SDR   UN  CALCOL  SALIViIRE  OBSTRUANT  LE  CONDUIT    DE    WARTHON  ;    par    M.  JOBERT 

(de  l.amballe.) 

M.  Bouchut  présente,  au  nom  de  M.  Jobert  (de  Lamballe),  un  calcul  salivaire 
pyriforme,  long  d'un  centimètre  et  retiré  du  canal  de  Warthon.  il  était  résulté 
de  l'oblitéralion  de  l'ouverture  de  ce  conduit  excréteur  par  ce  calcul  une  accu- 
mulation considérable  d'un  liquide  presque  incolore,  filant  et  doué  d-3  la  propriété 
de  transformer  l'amidon  en  glucose. 

3'  KYSTE  OSSECX   OC  DENTAIRE  TROUVÉ  DANS  LA  MACHOIRE  INFÉRIEURE  O'ON  CHEVAL  ; 

par  M.  Leblanc. 

M.  Leblanc  présente  à  la  Société  une  tumeur  du  mnxillaire  inférieur  trouvée 
chez  un  cheval.  Cette  tumeur,  située  entre  les  incisives  et  les  molaires,  était  for- 
mée par  un  écarlernent  des  deux  lames  de  substance  compacte  qui  entrent  dans 
la  composition  de  l'os,  écartemenl  que  remplissaient  des  bourgeons  charnus  sem- 
blables aux  bourgeons  de  l'ostéosarcome.  A  leur  centre  se  trouvait  une  produc- 
tion osseuse  maintenue  verticale,  mais  nullement  adhérente  h  l'os.  En  dessous, 
et  par  conséquent  au  fond  de  la  cavité  produite  par  l'écaiiement  des  deux  lames, 
on  apercevait  un  crochet  parfaitement  conformé,  appliqué  contre  la  lame  interne 
du  maxillaire. 

La  production  osseuse,  placée  au  centre  des  bourgeons,  était  grosse  comme  on 
petit  œuf,  un  peu  oblongue,  présentant  à  sa  face  supérieure  une  surface  plane 
garnie  de  granulations  osseuses,  arrondie  inférieurement  et  divisée  en  deux  demi- 
sphères  inégales. 

La  surface  intérieure  était  très-dure,  tout  à  fait  semblable  à  de  la  substance 
compacte.  En  faisant  une  coupe  transversale  de  celte  tumeur,  on  voit  d'abord 
deux  substances  distinctes,  l'une  blanche  et  osseuse,  l'îMitre  plus  jaune  et  res* 
semblant  à  do  l'ivoire.  Au  centre  et  entourées  par  deux  lames  de  substaoïce  ébur- 
née,  se  trouvent  deux  cavités,  l'une  courbée,  l'autre  déprimée,  qui  ressemblent 
aux  deux  culs-de-sac  inverses,  qui  se  trouvent  dans  les  incisives.  Je  pense  donc 
que  cette  tumeur  n'est  qu'un  coin  caduc  qui,  n'ayant  p«is  fait  son  évolution,  k  été 
repousse  en  arrière  par  le  coin  de  remplacement,  a  é.  ^rté  les  lames  osseuses,  ir- 
rité le  tissu  spongieux,  fuit  développer  les  bourgeon-:,  et  enfin  amené  toutes  les 
lésions  qu'on  a  rencontrées. 


36 

A*  CAS  DE  DÉFORMATION  DE   LA  TÊTE  DE   L'HCMI^RDS   PAR   COMPRGSSiO'<  ; 
par  M.   MoREL-liAVALLÉE. 

M.  MoREL  préseiite  une  pièce  qui  est  un  exemple  curieux  de  déformation  des 
os  par  pression.  Une  tumeur  axiliaire  volumineuse  datant  d'environ  un  an  avait 
forcé  le  bras  à  se  tenir  dans  un  certain  degré  d'élévation  pendant  laquelle  la  tète 
humérale  arc-boutait  sur  la  voûte  acromio-claviculaire.  Le  rebord  de  cette  voûte 
s'est  imprimé  à  une  profondeur  de  plusieurs  millimètres  sur  !a  tète  humérale. 
Le  cartilage  est  un  peu  décollé,  un  peu  chiffonné,  par  suite  d'un  commencement 
de  résorption  du  tissu  osseux  sous-jacent,  lequel  est  très-raréûé  et  injecté  dans 
les  environs  de  la  dépression. 

M.  Morel  publiera  dans  son  entier  celte  observation,  importante  sous  d'autres 
rapports. 

6*  SDR  DEUX  CAS  DE  COÏNCIDEMCE  DD  DÉVELOPPEMENT  ANORMAL  DE    LA  MAMELLE  CHEZ 
l'homme,  AVEC   VNE  TUMEDR  CANCÉREllSE   DE  l'ÉPIDIDYME  ;  par  M.   GaLLIET. 

L'auteur  s'exprime  ainsi  : 

t  Le  développement  de  la  glande  mammaire  chez  l'homme  n'est  pas  chose 
absolument  raie  ;  la  plupart  des  anatomistes  en  parlent;  Burdach,  dans  sa  phy- 
siologie, en  cite  plusieurs  cas,  ainsi  que  Huscke.  dans  sa  splanclmologie.  Hum- 
boldt  cite  même  le  cas  d'un  homme  qui  nourrit  de  son  lait  son  (ils  pendant  l'es- 
pace de  cinq  mois  entiers.  (Voy.  Hist.  des  Anomalies  de  l'organisation,  de 
GeolIVoy-Saint-Hilaire.)  Mais  aucun  des  auteurs  que  j'ai  pu  consulter  ne  paraît 
avoir  rcnci  ntré  la  coincidciice  du  développement  anormal  des  mamelles  cheï 
l'homme  avec  une  tumeur  cancéreuse  de  l'épididyme,  fait  que  j'ai  eu  l'occasion 
d'observer  récemment  chez  deux  malades. 

n  On  sait  que,  chez  la  femme,  les  organes  génitaux  et  les  mamelles  sont  liés 
par  une  étroite  sympathif,  qui  se  manifeste  aussi  bien  dans  l'état  pathologique 
que  dans  l'état  physio'oiîlqnK.  FJeriiièiement  M.  Robin,  dans  une  communication 
à  celte  Société,  a  rappelé  ce  fait  remarquable,  et  il  a  prouvé,  par  l'emploi  du  rai* 
croscope,  que  dans  les  altérations  chroniques  de  l'utérus  ou  même  de  l'ovaire,  la  ma- 
melle se  congestionnait  légèrement,  que  les  grains  glanduleux  (acmt;,  invisibles 
hors  l'état  de  grossesse  et  l'allaitement,  devenaient  visibles,  et  qu'il  se  faisait  à  la 
surface  interne  de  ces  parties  une  sécrétion  d'un  fluide  blanc  jaunâtre,  visqueux, 
formé  par  l'épithélium  mammaire,  par  les  globules  de  lait  et  des  granulations 
de  colostrum.  Il  a  établi  en  outre  que  ce  liquide  suivait  les  mêmes  phases  que 
la  maladie  utérine,  c'est-à-dire  auiimentait  ou  disparaissait  avec  elle. 

»  Existerait-il  aussi,  entre  le  testicule  el  la  glande  mammaire  chez  l'homme, 
une  sympathie  obscure,  que  la  pathologie  mettrait  en  jeu,  et  que  le  peu  de  vo- 
lume de  cet  organe  aurait  jusqu'ici  empêché  d'observer  ?  Je  ne  puis  l'affirmer, 
ne  possédant,  à  l'appui  de  cette  opinion,  que  les  deux  faits  dont  je  vais  présen- 


37 

ter  un  résumé  succinct  ;  cependant  la  parfaite  similitude  de  ces  deux  observa- 
tions tendrait  à  la  faire  admettre.  Aussi  m'a-t-il  semblé  utile  d'attirer  sur  ce 
point  l'attention  des  observateurs. 

xDans  le  premier  cas,  il  s'agit  d'un  jeune  homme  de  28  ans,  parfaitement  con- 
formé, du  reste,  qui,  en  juillet  dernier,  subit  l'opération  de  la  castration  pour 
une  tumeur  épididymaire  du  volume  du  poing;  la  nature  cancéreuse  de  cette 
tumeur  fut  constatée  par  l'examen  microscopique.  Au  commencement  de  janvier 
1850,  ce  malade  eniraà  l'hôpital  des  Cliniques  portant  un  cbampiii;non  fongueux 
énorme  qui  s'était  développé  sur  la  cicatrice  de  l'opération  qu'il  avait  subie.  Ce 
rhfimpignon,  ulcéré  dans  presque  loute  sa  surface,  donnait  lieu  à  un  écoulement 
sanieux  abondant,  à  des  hémorrhagies  fréquentes  qui  bientôt  amenèrent  la  mort 
du  malade. 

»  A  l'autopsie,  on  trouva  une  chaîne  volumineuse  de  ganglions  s'étendant 
depuis  le  pli  de  l'aine  et  les  fosses  iliaques  internes  jusqu'au  diaphragme.  Le 
foie  présentait  aussi  une  douzaine  de  tumeurs  de  volume  variable.  La  présence 
de  la  cellule  cancéreuse  fut  constatée  dans  louti?s  ces  productions  anormales. 
Les  autres  organes  étaient  sains. 

B  Chez  ce  sujet,  la  région  maniraaire  faisait  une  saillie  notable,  autant  que 
chez  une  jeune  fille  sur  le  point  d'être  réglée  ;  la  peau  qui  la  recouvre  est  plus 
fine  que  celle  des  narlies  voisines  ;  au  centre  se  voit  uu  mamelon  bien  conformé, 
entouré  d'une  aréole  brune,  de  3  centim.  de  diamètre,  présentant  quelques 
poils  k  la  circonférence.  Le  palper  donne  la  même  sensation  qu'une  glande 
mammaire  de  femme,  et  en  pressant  fortement  même  on  fait  suinter  par  le  ma- 
melon une  gouttelette  d'un  liquide  blanc  jaunâtre  assez  épais.  Après  l'avoir  dé- 
tachée et  isolée  du  tissu  cellulaire  environnant  dont  elle  se  distingue  par  sa 
densité  plus  grande  et  sa  coloration  toute  diCTérente,  je  lui  trouve  18  centim.  de 
circonférence,  i  c.  et  demi  de  profondeur  à  la  circonférence  de  i'aréa'e,  enfin 
6  c.  plus  quelques  millimètres  dans  le  sens  vertical  et  horizontal.  La  substance 
qui  la  forme  otTre  la  même  densité  que  chez  la  femme  grosse.  La  couleur  est 
d'un  blanc  rosé  à  la  circonférence,  d'un  blanc  opaque,  un  peu  laiteux  aucentre 
et  vers  le  mamelon  A  la  surface  d'une  coupe  antéro-postérieure  faite  au  ni- 
veau du  mameioD,  et  surtout  vers  la  circonférence,  on  voit  de  petites  saillies 
de  la  grosseur  d'une  tête  d'épingle,  présentant  une  couleur  rosée  qui  paraît  due 
i  l'injection  sanguine.  Si  l'on  comprime  assez  fortement  le  tissu,  on  voit  suinter 
de  quelques-unes  de  ses  petites  saillies  ouvertes  un  liquide  blanc  jaunâtre, 
opaque,  épais,  un  peu  visqueux;  si,  avec  la  pointe  d'un  scapel,  on  perce  celles 
des  petites  saillies  qui  ne  sont  pas  ouvertes,  ou  peut  en  faire  suinter  le  même 
liquide. 

H  A  l'exaoDen  microscopique,  il  fut  facile  de  reconnaître  dans  ce  liquide  les 
caractères  du  coiostrum  avec  ses  corps  granuleux,  les  uns  très-gros,  les  autres 
d'un  petit  volume  ;  les  globules  laiteux  de  volume  aussi  très-varié;  enfin  l'épi- 
ibélium  propre  aux  culs-de-sac  de  la  glande  mammaire;  en  un  mot  les  éléments 


38 
anatomiquâs  que  M,  Robin  a  trouvés  dans  les  mamelles  des  femmee  porrant  une 
affeclioD  ancienne  de  l'utérus. 

»  Obs.  II.  —  Le  second  malade  est  on  jeune  homme  de  20  ans,  garçon  de 
café  à  Reviers  (Calvados)  ;  il  est  grand  et  bien  conformé,  abondamment  pourvu 
de  chevewx  et  de  poils  d'un  cbâtain  un  peu  roux.  Son  père  est  mort  d'un  cancer 
de  la  face.  Quant  à  lui,  depuis  cinq  mois  environ  il  portait  une  tumeur  de  l'épi- 
didyme  du  côté  droit,  d'un  volume  considérable  (la  circonférence  en  eflet  était 
de  35  c.  dans  le  sens  longitudioaUet  de  25 1/2  dans  le  sens  transversal)  ;  elle 
avait  même  déjà  déterminé  un  conjmencement  de  cachexie,  lorsque  le  9  février 
le  malade  entra  à  ia  clinique;  la  tumeur  fut  opérée  le  15  ;  le  17  le  malade  suc- 
comba. 

»  La  tumeur  siégeait  dans  l'épididyme,  comme  dans  le  fait  précédent;  elle 
était  aussi  de  nature  cancéreuse,  ce  qui  futjdémontré  par  le  microscope.  J'ajou- 
terai que  d'autres  productions  cancéreuses  existaient  dans  les  organes  inté- 
rieurs. EnlJn,  comme  chez  l'autre  malade,  la  mamelle  présente  un  développe- 
ment anormal;  elle  est  moins  bien  caractérisée,  il  est  vrai,  et  surtout  moins 
volumineus-'  que  chez  le  malade  précédent  (elle  n'a  que  û  cent.,  3  miilim.  dans 
sop  diamètre  vertical  let  î  cent.  1  /2  dans  sou  diamètre  antéro-postérieur),  mais 
il  suffit  de  la  voir  pour  êlre  convaincu  qu'elle  présentera  structure  glanduleuse, 
et  lecomiaîij  e  les  acini  développés.  Comme,  du  reste;  Je  l'ai  déposée  sous  les 
jeux  de  là  Société,  je  me  dispenserai  de  la  décrire. 

•  J'ajouterai  cependant  que  par  la  pression  on  peut,  comme  dans  l'autre  cas, 
faire  suinter  par  le  mamelon  un  peu  de  liquide  bianc  jaunâtre,  opaque,  un  peu 
visqueux,  pr.-seniant  à  l'examen  microscopique  les  corps  granuleux  du  colos- 
trum,  les  globules  du  lait  et  l'épithélium  mammaire  bien  reconnaissable.  Sur 
celte  pièce,  on  peut  encore  distinguer  deux  conduits  galactophores  qui  se  diri- 
ge«t  de  répait,!«eur  de  la  glande  vers  le  mamelon.  Il  me  reste  à  ajouter  que  ce 
malade  igoorail  cette  particularité  de  son  organisation  ;  il  n'avait  jamais  souflert 
dans  la  région  mammaire,  eln'avait  pas  présenté  celle  in<luration  du  mamelon 
qui  s'observe  quelquefois  chez  les  adolescents,  à  l'âge  de  puberté. 

»  Tels  sont  les  deux  faits  d'où  me  paraît  ressortir  l'opinion  que  j'ai  émise  au 
commencement  de  celte  note  *,  il  serait  superflu  d'appuyer  sur  la  similitude 
presque  complète  qu'ils  présentent,  mais  deux  faits  ne  peuvent  éîablir  une  opi- 
nion ;  aussi  ce  sujet  appelle-t-il  de  nouvelles  observations.  » 

IV.    —    TÉRATOLOGIE. 
1"  EXISTENCE  D'U»  CUBERNACULL'iM  TESTIS  MUSCULAIRE  CHEZ  UN  CHIEN  ADULTE  ; 

par  M.  Ch.  Robix. 

M.  Robin  montre  à  la  Société  un  chien  adulte  qiîc  M.  Cl.  Bernard  lui  a  envoyé, 
et  sur  lequel  umies  testicules  se  trouve  contenu  dans  l'abdomen.  On  y  voit  cet 
organe  su8pen4Ϋ  à  un  gubernacnlwniestis  de  nature  musculaire. 


39 

2*  DE  L'ABSEnCE  CO»GÉ?IITALE  DU  RADIUS  CHEZ   L'HOMME;  par  M.  DaVAINE. 

Suivant  M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  le  nombre  des  parties  du  système 
osseux  est  plus  constant  quii  celui  des  organes  de  presque  tous  les  autres  systè- 
me», et  ce  savant  lératologiste  ne  cite  qu'un  seul  cas  d'absence  du  radius,  ob- 
servé par  J.-L.  Petit  et  inséré  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences 
(1733,  p.  17).  J  ~F.  Meckel  émet  une  opinion  différente  :  suivant  lui,  Il  n'est  pas 
rare  qu'un  des  os  de  l'avant-bras  manque.  Cette  assertion  ne  me  parait  point 
exacte,  si  j'en  juge  par  le  résultat  des  recherches  que  j'ai  faites  à  cet  égard  ;  tou- 
tefois je  dois  ajouter  qu'Otto,  comme  Meckel,  en  pariant  des  anomalies  du  sys- 
tème osseux,  dit  que  l'absence  du  radius  avec  absence  du  pouce  cl  déviation  delà 
main,  n'est  pas  une  anomalie  rare;  il  ajoute  qu'il  en  a  observé  quatre  exemples. 
Wideman  et  Fieichmann  ont  aussi  observé  ce  vice  de  conformalion  ;  néanmoins 
je  persiste  dans  la  même  opinion,  et  je  pense  que  lorsque  Meckel  et  Otto  disent 
que  cette  anomalie  du  système  osseux  n'est  pas  rare,  ils  ont  plutôt  en  vue  sa  fré- 
quence relative  eu  égard  au^  autres  anomalies  du  système  osseux  ou  à  des  ano 
malies  du  même  genre,  qu'aux  vices  de  conformation  en  général. 

L'observation  de  J.-L.  Petit,  une  antre  publiée  par  M.  Cruveilhier  dans  la 
deuxième  livraison  de  sun  Anatomie  pathologiqoe,  deux  cas  présentés  à  la  So- 
ciété anatomique,  l'un  par  M.  Lediberder  (troisième  série,  c.  i,  p.  2),  l'autre  par 
M.  Prestat  (!837,  p.  172),  sont  les  seuls  exemples  que  j'aie  trouvés  dans  les  col- 
lections publiées  en  France-  Il  n'eu  existe  qu'un  exemple  dans  le  muséum  d'ana- 
tomie  pathologique  de  Dupuylren. 

M.  fiuy  ayant  eu  l'obligeance  de  mettre  à  la  disposition  de  M.  Rayer  deux 
squelettes  de  fœtus  qui  offrent  ce  vice  de  conformation,  je  vais  en  donner  une 
courte  description,  (jue  je  ferai  suivre  de  quelques  remarques. 

Premier  cas.  —  Le  squelette,  sur  lequel  on  remarque,  à  l'un  des  avant-bras 
seulement,  l'absence  du  radius,  est  celui  d'un  fœtus  qui,  à  en  juger  par  les  di- 
mensions du  système  osseux,  était  âgé  d'environ  sept  mois.  La  tète,  le  tronc  et  les 
membres  inférieurs  n'offrent  rien  d'anormal ,  mais  le  membre  supérieur  gauche 
n'a  poini  de  radius.  L'hum'^rns  de  ce  m  mbre  est  plus  long  que  celui  du  côté 
opposé,  et  plus  long  même  que  celui  d'un  fœtus  à  terme.  Les  extrémités  sont 
aussi  plus  volumineuses  qu'à  l'état  normal.  Il  a  en  longueur  l  centimètre  de  plus 
à  peu  près  que  celui  du  côté  droit.  Le  cubitus  de  î'avant-brns,  dépourvu  de  ra- 
dius, est  plus  court  que  le  cubitus  droit;  il  est  en  général  plus  volumineux  que 
celui-ci,  surf'iit  à  son.  extrémité  supérieure.  Le  pouce  et  son  méticmpien  n'exis- 
tent pas.  Lfs  quatre  autres  doigts  sont  bien  conformés.  La  main  s'articule  avec  la 
face  antérieure  de  l'extrémité  inférieure  du  cubitus,  et  forme  avec  lui  un  angle 
droit.  Le  corps  du  cubitus  et  la  main  sont  dans  un  même  plan. 

En  résumé,  l'anomalie  du  membre  supérieur  gauche,  principalement  caracté- 
risée par  l'absence  du  radius,  offre  en  outre  plusieurs  autres  particularités,  à  sa- 
voir :  un  développement  anormal  de  l'haméru?,  surtout  en  longueur;  un  rac- 


ko 

courcissement  du  cubitus,  avec  augmentation  de  volame  du  corpe  et  d«  l'ex* 
trémité  supérieure  de  cet  os  ;  enfin  l'absence  du  pouce  et  la  déviation  de  la 
main. 

Le  uiembie  supérieur  du  côté  opposé  présente  une  particularité  qui  dépend 
peutrétre  du  mode  de  préparation  de  !a  pièce,  et  qui  consiste  dans  la  position 
du  radius  au  devactdu  cubitus  et  dans  l'absence  d'un  des  doigts;  mais  le  pouce 
existe. 

Oeuxièue  cas.  —  Le  second  cas  d'absence  du  radius  est  plus  complexe  :  d'a- 
bord les  deux  radius  manquent,  tandis  qu'un  seul  était  absent  dans  le  cas  précé- 
dent; puis  le  squelette  offre  quelques  autres  anomalies. 

Ce  squelette  est  également  celui  dun  fœtus  d'environ  7  mois.  Les  radius  man- 
quent complètement  à  chacun  des  avant-bras.  Les  deux  cubitus  ne  présentent 
point  entre  eux  de  différence  sensible  ;  ils  sont  manifestement  plus  courts  et  plus 
gros  que  des  cubitus  normaux.  Leur  extrémité  supérieure  surtout  est  plus  volu- 
mineuse; ils  oifrent  tous  les  deux  un  aplatissement  notable  et  une  courbure  en 
avant  et  en  dehors.  Ils  s'articulent,  par  leur  extrémité  inférieure,  avec  le  carpe. 
Le  pouce  et  sou  métacarpien  n'existent  pas.  Les  mains  offrent  toutes  les  deux 
quatre  doigts,  du  reste  bien  conformés.  Chaque  rnain  forme  un  angle  aigu  avec 
l'axe  du  cubitus  ;  l'une  des  faces  de  la  main  regarde  cet  os.  Les  os  de  l'épaule  et 
les  humérus  son!  normaux. 

D'autres  parties  du  squelette  offrent  des  anomalies;  on  remarque  l'absence  de 
la  branche  gauche  de  la  mâchoire  inférioure  ;  la  di&posilion  anormale  de  plusieurs 
vertèbres  cervicales  dont  le  corps  se  présente  sous  forme  de  petits  tubercules 
disposés  sans  ordre  ;  la  diminution  du  nombre  et  l'élargissement  considérable  des 
lames  des  vertèbres  cervicales  et  des  premières  dorsales;  la  fusion  des  quatre 
premières  côtes  du  côté  gauche,  qui,  par  leur  réunion,  forment  un  os  très-large 
qulïc  bifurque  eu  avant;  enfin  la  fusion  des  deux  premières  côles  du  côté  droit. 
Les  os  pariétaux  forment  une  sailiie  exagérée  aux  bosses  pariétales.  Le  bassin  et 
les  membres  inférieurs  sont  bien  conformés. 

Si  l'on  rapproche  ces  deux  cas  de  ceux  qui  ont  été  publiés  avec  des  détails  sufB- 
«ants,  on  remarque  : 

J*  Que  l'absence  du  radius  entraine  celle  du  pouce  et  de  son  métacarpien  ; 

2"  Que  la  main,  non  maintenue  par  le  radius,  se  dévie  et  forme  un  angle  plus 
ou  moins  aigu  avec  le  cubitus  ; 

3°  Que  l'absence  des  radius  coïncide  avec  quelque  autre  anomalie,  soit  du 
système  osseux,  soit  d'autres  organes. 

Dans  le  cas  cité  par  M.  Cruveilhier,  on  remarque  l'absence  de  l'anus;  le  rec- 
tum venait  s'ouvrir  par  un  perlais  très-fin  à  l'extrémité  supérieure  de  la  luette 
vésicale.  Dans  le  cas  observé  par  M.  Lediberder,  il  y  avait  on  même  temps  ab- 
sence de  la  clavicule,  de  l'omopiate  et  du  membre  supérieur  de  l'autre  côté.  Le 
sujet  de  l'observation  de  M.  Prestat  était  un  monstre  pseudo-cépbalien. 

J'ajouterai  qu'un  a  plusieurs  Tois  observé  l'absence  du  radius  et  du  cubitus,  la 


AI 

rnain  plus  ou  moins  comptèle  s'articulanl  alors  avec  rbaménis  ou  l'omopiate  ; 
mais  je  se  coooais  p<as  de  as  daos  lequel  on  ait  noté  l'absence  du  cubitus  et 
l'existence  du  radius.  Ce  fait  pourra  paraître  d'autant  plus  curieux  que  l'on 
sait  que,  dans  certains  mammifères,  chez  les  solipèdes,  les  ruminants,  et  sur- 
tout chez  les  chéiroptères,  le  cubitus  devient  rudimeniaire  ;  le  radius  est  plus 
persistant.  Chez  le  cachalot,  l'hippopotame  et  le  pécari,  le  cubitus  et  le  radius 
sont  soudés  ensemble  en  partie  ou  en  totalité  ;  mais  dans  ranomalie  qui  Tait 
le  sujet  de  cette  noie,  il  n'y  a  point  de  traces  d'une  semblable  fusion. 

Enfin  j'ajoute  en  terminant  (la  comparaison  entre  les  membres  supérieurs  et 
les  membres  inférieurs  ayant  été  souvent  faite  par  ^es  anaiomisles),  qu'on  a 
plusieurs  fois  observé  l'absence  du  péroné,  et  qu'à  ma  connaissance  oa  n'a  pas 
noté  celle  du  tibia,  ie  péroné  subsistant.  Or,  si,  avec  Vicq-d'Azyr  et  J.-F.  Meckel, 
on  regarde  le  péroné  comme  l'analogue  du  radius  (1),  l'avant-bras  et  la  jambe 
ofiriraient  un  phénomène  lératologique  tout  à  fait  analogue,  savoir  l'absence  des 
os  externes  de  ces  parties  da  corps. 

L'absence  lératologique  du  péroné  pourrait  trouver  jusqu'à  nn  certain  point 
son  analogue  dans  l'état  rudiraentaire  du  péroné  chez  les  so!if»èdes  et  chçz  les 
ruminants;  mais  je  pense  qu'il  y  a  quelque  chasede  forcé  ei  de  peu  fondé  dans 
le  rapprochement  que  quelques  auteurs  ont  tenté  entre  les  anomalies  obser- 
vées chez  l'homme  et  une  disposition  normale  correspondante  chez  un  autre 
animal. 

3"  DIFFORMITÉS  MULTIPLES  CHEZ  UN  PODLET  ;   par  M.   RiCLE. 

Un  coq  de  quatre  mois,  provenant  d'un  œuf  couvé  par  des  pigeons,  présen- 
tait quatre  espèces  différentes  de  difformités  i  î»  trois  courbures  de  la  colonne 
Tcrtébrale  ;  2»  une  inclinaison  latérale  du  bassin  ;  3°  une  déviation  de  ia  queue; 
û*  enOn,  une  flexion  permanente  de  la  cuisse  droite,  qui  déterminait  de  la  clau- 
dication. L'animal  ayant  été  sacrifié,  ia  dissection  montre  les  dïS)X>siiioDS  sui- 
vanies  : 

Système  OSSEUX.  Colonne  vertébrale,  —  Les  courbures  de  ia  colonne  ver- 
tébrale occupent  :  la  première,  la  région  cervicale  ;  ia  deuxième,  la  région 
cervico-dorsale  ;  la  troisième,  la  région  dorso-lombaire.  La  courbure  cervicale 
comprend  les  deux  tiers  inférieurs  du  col  et  a  sa  concavité  dirigée  en  arrière  ;  la 
longueur  de  sa  corde  est  de  îO  centimètres,  celle  de  sa  flèche  de  1  centimètre 
et  demi.  Le  mouvement  de  flexion  du  co!  en  avant  est  tout  à  fait  impossible,  et 
ia  tête  ne  pouvait  être  portée  vers  le  sol  que  par  la  flexion  des  deux  ou  trois 
premières  vertèbres  cervicales  les  unes  sur  les  autres,  et  par  la  rotation  du 
bassin  sur  les  fémurs.  Le  mouvement  de  redressement  ou  de  flexion  en  arriére 
est  au  contraire  tellement  étendu,  que  le  col  peut  se  ployer  en  deux,  et  ce  mou- 

(1)  Suivant  Carus,  la  péroné  serait,  au  contraire,  l'analogue  du  cubitus; 
mais  cette  opinion  ue  me  paraît  pas  juste  et  compte  peu  de  partisans. 


/ 


42 
Temeut  n'est  iisaité  que  par  la  rencontre  de  b  face  postérieure  de  la  moitié  su- 
périeure avec  la  face  postérieure  de  la  moitié  inférieure  du  col.  Quand  on  aban- 
donne les  parties  dans  cette  position  qui  semble  leur  être  naturelle,  la  tête  vient 
se  placer  sur  le  côté  gauche  de  la  région  dorsale  dans  la  concavité  de  la  cour- 
bure cervico-dorsale. 

Celle  disposition  donne  lieu  de  penser  que,  pendant  le  séjour  del'aniaiai  dans 
l'œuf,  la  tête  et  le  coi  se  trouvaient  renversés  en  arrière,  au  lieu  d'être  placés 
sous  l'aile,  comme  cela  a  lieu  d'habitude. 

La  deuxième  courbure  s'étend  depuis  la  dernière  vertèbre  cervicale  jusqu'à 
la  cinquième  dorsale;  elle  est  latérale  et  sa  concavité  regarde  à  gauche;  la 
corde  qoi  réunit  ses  deux  extrémités  est  de  3  centimètres  environ.  Cette  cour- 
bure est  beaucoup  plus  prononcée  du  côté  des  corps  vertébraux  que  du  côté 
des  apophyses  épineuses;  sa  profondeur  est  indiquée  dans  le  premier 
sens  par  une  flèche  de  2  centimètres ,  et  dans  le  second  par  une  flèche 
d'un  demi -centimètre  seulement.  Les  articulations  costo-veriébrales  gauches 
sont  sur  un  plan  antérieur  à  celui  des  articulations  semblables  du  côté 
droit,  en  sorte  que  les  côtes  gauches  ne  prcseateni,  dans  leur  trajet,  pour  venir 
se  joindre  au  sternum,  qu'une  courbure  très-légère,  tandis,  au  contraire,  que 
les  côtes  droites  sont  fortement  ployées  au  niveau  de  leur  angle.  Enfin,  les 
côtes  droites  sont  fortement  éloignées  les  unes  des  autres,  laiidis  que  celles  du 
côté  gauche  sont  rapprochées  au  point  de  se  toucher  mutuellement.  Cette  dis- 
position des  côtes  tient  à  un  déplacement  des  vertèbres,  par  suite  duquel  le  côté 
gauche  de  leur  corps  est  fortement  dirigé  en  avant,  taudis  que  le  côté  droit  re- 
garde en  arrière.  Les  corps  des  vertèbres  qui  forment  cette  courbure  sont  di- 
minués de  hauteur  et  comme  écrasés  à  gauche,  tandis  qu'ils  conservent  à  droite 
leur  hauteur  normale.  Enfin,  ils  sont  tous  soudés  entre  eux  ;  la  cinquième  ver- 
tèbre seule  est  mobile  sur  la  sixième. 

La  troisième  courbure  commence  à  cette  dernière  vertèbre,  et  s'étend  jus- 
qu'à l'exlrémifé  du  rachis;  elle  n'est  pas  égale  partout;  sa  plus  grande  incur- 
vation ou  son  foyer  est  à  la  partie  supérieure.  Dans  ce  point,  les  sixième,  sep- 
tième et  huitième  vertèbres  dorsales  sont  déviées  de  leur  position  normale,  à 
tel  point  que  leur  partie  latérale  gauche  est  devenue  supérieure,  taudis  que 
leur  face  supérieure  regarde  directement  à  droite.  La  concavité  de  cette  cour- 
bure regarde  tout  entière  dans  cette  dernière  direction.  Sa  corde  a  10  centi- 
mètres de  long,  sa  flèche  2  centimètres.  Les  vertèbres  supérieures  de  cette  cour- 
bure présentent  seules  un  afiFaissement  notable;  les  vertèbres  inférieures,  le 
sawum,  n'offrent  qu'une  très-légère  incurvation  laiérale.  Cependant  tous  ces 
os  ont  subi,  comme  ceux  de  !a  deuxième  courbure,  un  mouvement  de  rotation 
qui  a  porté  leur  côté  droit  en  avant  et  leur  côté  gauche  en  arriére.  Les  apo- 
physes épineuses  correspondantes  ne  sont  pas  sensiblement  déviées. 

Bassin.  —  Les  os  du  bassin  ont  subi  des  courbures  analogues  à  celles  des 
côtes,  mais  en  sens  inverse.  L'os  iliaque  droit  est  fortement  aplati  et  n'cflre 


V. 


43 
qu'une  courbure  trés-Iégère  au  niveau  de  la  fosse  iliaque.  Celui  du  côté  gauche 
est  plojé  à  angle  droit,  à  peu  de  distance  de  son  arliculatiou  avec  le  sacrum. 
L'arête  déterminée  par  cette  courbure  formait  sur  le  dos  de  l'animal  une  proé- 
minence très-considérable  du  côté  gauche  du  corps.  Eniin,  l'os  iliaque  droit  est 
sensiblement  plus  élevé  que  celui  du  côté  opposé,  de  sorle  que  les  cavités  coty- 
loides  ne  sont  pas  complètement  de  niveau,  et  que  le  genou  droit  s'élève  à  2 
centimètres  environ  plus  haut  que  le  gauche. 

Têle.  —  La  mandibule  inférieure  est  un  peu  dcjVtée  à  droite,  la  crête  est 
portée  à  gauche.  La  région  pariétale  droite  est  légèrement  déprimée. 

Membres.  —  Les  membres  antérieurs  ne  présentent  rien  d'anormaL 

Membres  postérieurs.  — Pendant  la  vie,  l'animal  boitait  de  la  jambe  droite^ 
qui  paraissait  plus  courte  que  la  gauche.  Cependant  les  os  des  deux  membres 
sont  égaux,  seulement  ie  fémur  droit  présente  une  exagération  de  sa  courbure 
interne. 

Système  mcscdlaibe.  —  Les  deux  muscles  sus-épineux  qui  s'étendent  depuis 
les  premières  vertèbres  du  col  jusqu'à  la  première  vertèbre  dorsale,  et  qui  sont 
placés  dans  la  concavité  de  la  première  courbure  venébraie,  forment  la  cords 
même  de  cette  courbure;  ce  sont  eux  qui,  par  leur  tension,  l'empêchent  de  fc 
redresser,'  et  qui  s'opposent  par  conséquent  aux  mouvecRents  du  col  et  an  l."s 
tête  en  avanL  Ces  muscles  ont  leur  volume  normal  ;  ils  sont  rouges  et  terminés 
supérieurement  et  in férieu renient  par  des  tendons  larges  ,  épais ,  resplen- 
dissants. 

Les  faisceaux  inierlransversaires  qui  s'étendent  de  la  première  h  la  cinquième 
vertèbre  dorsale,  dans  la  concavité  de  la  deuxième  courbure,  se  présentent  sous 
la  forme  d'un  cordon  cylindrique,  tendu,  de  couleur  blanche  et  entièrement 
fibreux. 

Les  faisceaux  correspondants  du  côté  droit  sont  de  moitié  plus  volumineux,  et 
à  l'état  entièrement  musculaire. 

Les  muscles  latéraux  de  la  région  coccygienne  droite  sont  plus  courts  que 
ceux  du  côté  opposé,  d'un  plus  petit  volume  et  décolorés.  Leur  brièveté  est  en 
rapport  avec  la  déviation  de  la  queue  du  côté  droit. 

Nous  avons  dit  que  la  cuisse  droite  était  dans  un  état  de  flexion  permanente. 
Cette  flexion,  combinée  avec  l'inclinaison  latérale  du  bassin,  maintenait  le  genoo 
droit  à  la  hauteur  de  la  deuxième  côte,  tandis  que  le  genou  gauche,  dans  le  plus 
grand  état  possible  de  flexion,  ne  remontait  que  jusqu'à  la  quatrième  côte.  La 
cause  de  cette  position  de  la  cuisse  droite  se  trouvait  dans  l'état  de  ses  muscles 
fléchisseurs.  Eu  effet,  tous  ceux  des  muscles  pelvi-fémoraux  qui  concourent  à  ce 
mouvement  sont  dans  le  plus  grand  état  de  raccourcissement  possible.  La  par- 
lie  antérieure  du  muscle  pelvi-trochanléricn  (grand  fessier)  et  !c  muscle  tenseur 
de  l'aponévrose  crurale,  mesurés  de  leur  origine  supérieure  à  la  colonne  verté- 
brale jusqu'au  grand  trochanter,  ont  2  cent,  et  demi  de  longueur;  ceux  un  côté 
gauche,  3  cent,  et  demi.  Les  muscles  adducteurs  sont  tendus  comme  des  cordes. 


Le  inuscl«  iliaque  a  amené  le  petit  troclianter  aussi  près  que  possible  de  l'échan- 
crure  du  bassin  par  où  il  passe.  Tous  ces  muscles  s'opposent  à  l'extension  de  la 
cuisse  ;  les  mouvements  ne.  sont  possibles  qu'après  leur  section.  Le  muscle  ilia- 
que droit  présentait  à  sa  surface  péritonéale  un  aspect  blanc  nacré,  à  reflets 
irisés,  dû  à  une  couche  fibreuse  d'une  assez  forte  épaisseur.  Le  muscle  du  côté 
opposé  ne  présentait  rien  de  semblable. 

Système  nerveux.  —  L'hémisphère  droit  du  cerveau  est  d'un  quart  environ 
plus  petit  que  celui  du  côté  opposé  et  légèrement  aplati.  La  pulpe  cérébrale  est 
saine,  ainsi  que  les  membranes.  Le  cervelet  présente  une  déformation  notable, 
mais  dont  on  ne  peut  prendre  une  idée  qu'à  l'aide  d'une  figure. 

Les  viscères  intérieurs  du  corps  ne  présentent  aucun  vice  de  conformation. 

Les  nombreuses  particularités  de  ce  fait  ne  montrent  eu  définitif  que  IroLs 
ordres  de  lésions  :  l*  des  lésions  des  os  ;  2'  des  lésions  des  muscles  ;  3*  des  lé- 
sions du  système  nerveux.  Les  premières  consistent  en  courbures  anormales  qui 
affectent  la  colonne  vertébrale,  le  bassin,  le  fémur  5  ies  secondes  en  raccourcisse* 
ment  des  muscles  correspondants  aux.  parties  courbées;  enfin  la  lésion  du  sys- 
tème nerveux  consiste  en  une  atrophie  de  tout  un  hémisphère  du  cerveau. 

Ces  diverses  altérations  paraissent  lices  entre  elles  par  ler»  rapports  les  plus 
intimes.  En  elFet  les  courbures  osseuses  ont  toutes  lieu  dans  le  sens  où  il  existe 
des  muscles,  et  il  n'y  en  a  pas  une  dans  un  sens  où  il  n'existe  point  de  faisceaux 
musculaires.  11  est  donc  rationnel  de  penser  que  l'action  des  muscles  est  la  cause 
des  courbures.  La  lésion  du  système  nerveux  vient  appuyer  cette  opinion.  On 
trouve  dans  cette  lésion  l'indice  d'une  maladie  antérieure,  laquelle  a  dû  mettre 
en  jeu  la  contraction  musculaire  et  amener  des  convulsion»  permanentes  dont 
l'action  a  été  très-prononcée  sur  la  substance  encore  cartilagineuse  du  squelette. 
Cette  opinion  est  en  outre  confirmée  par  cette  remarque;  qu'il  n'y  a  pas  possibi* 
lité,  dans  le  cas  actuel,  d'expliquer  ces  déformations  par  une  action  extérieure, 
une  position  vicieuse,  puisque  le  développement  s'e->*t(ait  au  sein  d'un  œuf,  dans 
un  liquide  où  tous  les  mouveroealsde  l'animal  étaientlibres  et  faciies.Enfin  i'éîat 
ded  muscles  eux-mêmes  montre  encore  que  ces  musclesn'ont  pas  été  seulement 
pass'fc  dans  les  lésions  du  squelette,  mais  qu'ils  ont  joué  un  rôle  esseaticllement 
actif.  Eu  ua  mot  la  théorie  de  la  rétraction  musculaire,  comme  cause  de  diiîor- 
ïnités  du  système  osseux,  nous  semble  trouver  dans  ce  fait,  une  confirmation  in» 
té,resr.Bfite. 


COMPTi:    RENDU 

DES  SÉANCES 


DK 


LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE 


PENDANT    LE    MOIS   DE    MARS  1850  ; 


PIR 


MM.  les  Doctears  BBOWN-SÉQUARD  et  FOLLIN,  ■ecr«l«lr«a. 


Présidence  de  M.  RAYER. 


I.  — PHYSIOLOGIE. 


!•   DE  l'influence   DBS   NERFS  VAGUES    SUR  LES    BATTEMENTS    DU    CCEUR; 

par  M.  Brown-Séquard. 

Il  y  a  deux  manières  de  démontrer  qu'un,  centre  nerveux  ou  un  nerf  a  de  l'in- 
fluence sur  tel  ou  tel  organe  :  dans  l'une,  on  essaye  de  faire  voir  qu'en  excitant 
ce  centre  ou  ce  nerf,  on  augmente  l'action  de  cet  organe;  dans  l'antre,  on  fait 
TOir  qu'après  la  séparation  du  nerf  d'avec  l'organe,  celui-ci  cesse  bientôt  d'agir, 
m  agit  moins  éncrgiquèment  Cette  seconde  manière  est  bien  préférable  à  la 
première,  patce  qu*un  nerf  peut  très-bien  agir  sur  un  organe  pour  l'exciter  Bans 


46 
que  les  acUoas  habituetleâ  de  cet  organe  dépendent  essentieftement  de  ce  nerf. 
Au  contraire,  on  peut  parfaitement  juger,  en  général,  par  l'autre  procédé,  qnel  est 
le  rôle  du  nerf  dans  les  action»  de  l'organe  :  il  suffit  de  trouver  ce  qui  manque 
dans  ces  actions.  C'est  ce  procédé  que  M.  Brown-Séquard  a  raiâ  en  usage  pour 
découvrir  si  la  moelle  allongée  et  les  nerfs  vagues  sont  essentiels  ou  au  moins 
Tililes  aux  battements  du  cœur.  On  sait  qu'il  a  vu  le  cœur  battre  avec  sa  régu- 
larité et  sa  vigueur  ordinaires  pendant  plusieurs  mois  après  l'extirpation  de  la 
moelle  allongée.  Ce  fait  est  sans  réplique  quant  à  la  moelle  allongée;  mais  on 
pouvait  supposer,  relativement  aux  nerfs  vagues,  que,  tout  séparés  de  la  moelle 
allongée  qu'ils  étaient  dans  celte  expérience,  ils  pouvaient  encore  transmettre  aa 
cœur  des  excitations  venues  de  leurs  ganglions.  En  effet ,  le  ganglion  du  nerf 
vague  est  très-gros  chez  les  batraciens,  animaux  qui  sont  ceux  qui  survivent  le 
plus  longtemps  à  la  perte  de  la  moelle  allongée.  On  pouvait  donc  dire  que  la  sui- 
vie est  due  à  cette  action  supposée  du  ganglion  du  nerf  vague  sur  le  cœur.  Pour 
juger  de  la  valeur  de  cette  hypothèse,  M.  Brown-Séquard  a  extirpé  le  ganglion  du 
nerf  vague,  des  deux  côtés,  sur  un  grand  nombre  de  grenouilles  intactes  ou  ayant 
déjà  subi  l'extirpation  de  leur  moelle  allongée.  Malgré  une  forte  hémorrhagie,  ces 
animaux  ont  survécu  jusqu'à  vingt  ou  trente  jours,  et  leur  survie  aurait  sans 
doute  étb  plus  considérable  si  l'on  avait  pu  les  tenir  dans  les  conditions  physi- 
ques qui  favorisent  le  plus  la  vie  des  batraciens.  Pendant  toute  leur  survie,  leur 
cœur  a  battu  avec  autant  de  force  et  de  régularité  qu'à  l'ordinaire.  Ces  expérien- 
ces ont  été  faites  à  la  fin  de  l'automne,  en  hiver  et  au  commencement  du  prin- 
temps. 

Dans  des  recherches  publiées  l'an  dernier,  M.  Moritz  Schiff,  qui  croit  que  les 
battements  du  cœur  dépendent  de  la  moelle  allongée  et  des  nerfs  vagues,  an- 
nonce que  la  section  de  ces  nerfs,  chez  les  batraciens,  amène  très-promptement 
la  mort.  Cette  différence  dans  les  résultats  de  M.  Schiff  et  ceux  de  M.  Brown- 
Séquard  paraissent  à  ce  dernier  dépendre  des  conditions  physiques  dans  lesquelles 
ont  été  placés  les  batraciens.  Les  meilleures  conditions  sont  :  une  basse  tem- 
pérature, de  l'humidité,  et  surtout  un  abri  qui  les  protège  contre  les  courant» 
d'air. 

Dans  la  séance  du  2  févr-ier  1850,  M.  Brown-Sequard  a  mis  sous,  les  yeux  de 
la  Société  deux  grenouilles  sur  lesquelles  les  deax  ganglions  de  la  paire  vague 
avaient  été  extirpés  depuis  quatorze  jours.  Ces  deux  grenouilles  étaient  très-vives, 
et  les  battements  de  leur  cœur  étaient  réguliers  et  énergiques, 

a°  DE  LA  PERSISTANCE  DE  LA  FACULTÉ  BÈFL£XE  MALGRÉ  DES  ALTÉKATlOIfS 
CONSIDÉRABLES  DE  LA  MOELLE^ ÉPIMÈRE;  par  M.  BROWN-SÉQDARD. 

On  trouve  dans  les  recueils  de  médecine  un  assez  grand  nombre  de  faits  qui 
prouvent  que,  chez  l'homme,  des  altérations  variées  et  très-considérables, 
quant  à  leor  intensité  et  à  l'étendue  des  parties  où  elles  siègent,  peuvent  exis- 
ter sans  cependant  détruire  complètement  ni  même  sans  porter  aucune  atteinte 


Û7 
^nm  fonctions  de  la  moelle  épiniérc.  Dans  cca  cas  isinguticrs,  c'est  surlout  la 
sensibilité  qui  est  le  plus  souvent  et  le  plus  coHjpléte»ieut  conservée. 

Il  était  intéressant  de  chercher  à  produire  arijUcieJlement  chez  les  animaux 
(les  altérations  diverses  de  la  moelle  épinicre,  et  d'étudier  les  effets  immédiats 
cl  les  conséquences  de  ces  altérations.  Ce  mode  dexploraiion  a  même  plus  de 
valeur,  à  certains  égards,  que  les  faits  pathologiques  dont  nous  avons  parlé.  En 
■effet,  ici  on  a  l'immense  avanlas^re  de  pouvoir  faire  l'autopsie  au  moment  même 
où  l'on  vient  de  constater  avec  soin  les  symptômes,  de  telle  sorte  qu'il  ne  peut 
se  produire  dans  la  moelle  aucun  de  ces  changements  cadavériques  ou  autres, 
qui,  chez  l'homme,  ont  si  grandement  le  temps  de  se  faire  entre  l'instant  du 
dernier  examen  des  symptômes  et  le  moment  de  l'ouverture  du  cadavre. 

M.  Brown-Séquard  a  montré  à  la  Société  plusieurs  animaux  chez  lesquels  il 
y  avait  persistance  ou  de  l'action  réflexe,  ou  de  la  sensibilité  et  des  mouve- 
ments volontaires,  malgré  certaines  lésions  étendues  de  la  moelle  épinière. 

Nous  ne  parlerons  dans  cette  noie  que  des  faits  relatifs  à  la  conseirvation  de 
l'action  réflexe.  Deux  pigeons  ont  été  dans  ce  cas  :  leur  moelle  épinière  avait 
été  coupée  au  niveau  de  la  dernière  vertèbre  costale,  puis  une  tige  métallique 
avait  été  introduite  dans  le  racbis  et  poussée  depuis  la  dernière  vertèbre  cos- 
tale jusqu'à  la  seconde  ou  troisième  vertèbre  caudale.  Sur  l'un  de  ces  animaux, 
il  y  a  eu,  très-peu  de  temps  après  l'opération,  des  mouvements  réflexes  faibles, 
mais  très-manifestes,  dans  tout  le  train  postéritur,  quel  que  fût  le  point  excité. 
Pendant  plusieurs  jours  et  jusqu'au  moment  où  l'animal  fut  tué.  cette  action 
réflexe  s'est  montrée  chaque  fois  qu'on  l'a  cherchée.  A  l'autopsie,  faite  sous  les 
yeux  de  la  Société,on  trouva  toute  la  face  postérieure  du  bout  de  moelle,  appartenant 
•au  train  postérieur,  couverte  de  san?  coagulé;  la  moelle  était  aplatie  d'avant 
en  arriére,  ramollie  dans  toute  son  epiiisseur,  et  elle  présentait  dans  divers  en- 
droits une  couleur  lie  de  vin,  due  sans  doute  à  des  Inflltrations  sanguines.  Cette 
substance  grise  semi-liquide,  qui  se  irouve  dans  le  ventricule  rhomhoïdal,  était 
détruite  (!)  ;  les  cordons  postérieurs  de  la  moelle  étaient  presque  partout  séparés 
l'un  de  l'autre,  et  la  substance  grise  centrale  mise  à  nu. 

Sur  l'autre  pigeon,  il  n'y  avait  de  mouvements  réflexes  que  dans  le  membre 
postérieur  gauche  et  dans  la  queue  ;  les  excitations  de  la  peau  du  membre  pos- 
térieur droit  ne  {iroduisatf-nt  ab?oliuuent  aucun  eiret.  Dans  l'autre  membre,  les 
mouvements,  quoique  faibW.'î,  étaient  irès-manifestes.  L'autopsie  étant  faiie  de- 
vant la  Société,  on  trouva  que,  depuis  la  dernière  vertèbre  costale  jusqu'à  la 
seconde  vertèbre  caudale,  toufe  la  moitié  droite  de  la  moelle  avait  élé  complè- 
tement détruite;  l'autre  moitié,  qui  subsistait,  était  rouge,  ramollie  ;  elle  cou- 

(1)  Sur  un  grand  nombre  d'oiseaux  de  diverses  espèces,  M.  Brown-Séquard 
a  constaté  qu'après  la  destriiction  de  celte  substance  grise  fluide,  les  mouve- 
ments volontaires  ou  réflexes  sont  affaiblis.  Il  a  aussi  vu  que  la  reproduction 
tJe  colle  subslîim^e  s'opère  quelqn»^fni<  avec  une  promptitude  remarquable. 


^8 

servait  ses  rapports  avec  les  racines  et  avec  la  moelle  caudale,  qui  était  en 
grande  partie  intacte. 

Ces  faits  démontrent  que  des  altérations  considérables  de  la  moelle  épiniére, 
bien  que  survenues  rapidement,  peuvent  laisser  subsister  l'action  réflexe.  Eu 
outre  le  second  fait  montre  qu'une  moitié  latérale  delà  moelle épinière  suffit» 
chez  le  pigeon,  pour  donner  lieu  à  des  mouvements  réflexes  ^!ans  le  membre 
correspondant,  ce  qui  n'avait  été  vu  jusqu'ici  que  chez  des  vertébrés  à  sang 
froid.  (Séance  du  9  mars.) 

3*  PREUVE  A  L'APPCI  DE  LA  NOUVELLE  DOCTRINE  SUR  LA  FORUATION  DE  LA  MEMBRANE 

CADUQUE  ;  par  M.  Cazeaux. 

M.  Cazeaux  présente  un  œuf  de  7  à  8  semaines,  expulsé  entier  avec  la  mem- 
brane caduque,  par  laquelle  il  est  recouvert  dans  toute  son  étendue. 

•  Cette  pièce,  dit-il,  me  paraît  de  nature  à  convaincre  ceux  ijui  ne  seraietjX  pa* 
sufOsarament  édiflés  sur  les  véritables  rapports  de  l'œuf  avec  la  membrane  ca- 
duque, et  sur  la  nature  de  celle-ci. 

»  La  masse  qu'elle  constitue  a  tellement  la  forme  de  la  cavité  utérine  qu'elle 
semble,  en  vérité,  moulée  sur  cette  cavité.  Elle  offre  à  cousidéier  un  bord  su- 
périeur, deux  bords  latéraux,  et  inférieurpment  un  s^Qnjmtit  conique. 

»  Celte  masse  est  environnée  de  tous  côtés  par  une  membrane  qui  présente  sur 
ses  deux  faces  des  caractères  différents,  mais  dont  la  structure  intime  est  pourtant 
identique. 

»  Quand  on  rapproche  cette  pièce,  expulsée  par  l'avortement,  des  œufs  que 
possède  M.  Coste,  et  qu'il  a  eu  le  bonheur  de  pouvoir  observer  en  place  dans 
l'utérus,  on  voit  entre  eux  la  plus  grande  ressemblance. 

»  Sur  une  de  ses  faces,  on  aperçoit  une  membrane  dont  la  surface  est  irrégu- 
lière, comme  grenue,  et  surmontée  de  petits  fl'aments.  Cette  membrane  étant 
incisée  avec  précaution,  on  voit  qu'elle  offre  à  peine  deux  tiers  de  millimètre  d'é- 
paisseur, et  on  arrive  aussitôt  dans  une  cavité,  dans  laquelle  on  voit  flotter  les 
villosités  chorialcs. 

i»;Sur  la  face  opposée  existe  aussi  une  autre  membrane  beaucoup  plus  épaisse 
que  la  première,  puisqu'elle  a  plus  d'^  3  millimètres  d'épaisseur;  elle  est  opaque, 
d'un  gris  rougeâtre  ou  jaunâtie,  <;omme  infiltrée  de  sang.  Sa  surface  extérieure 
est  beaucoup  plus  irrégulière ,  et  hérissée  de  nombreux  filaments  Irès-ljns  et 
très-déliés.  On  y  aperçoit  un  grand  nombre  de  petites  ouvertures.  Incisée  avec 
soin,  cette  membrane  est  renversée,  et  laisse  apercevoir  une  cavité  dont  h  ç  parois 
sont  lisses  et  recouvertes  d'épilhélium.  On. peut  y  voir  à  la  loupe  de  petites  émi- 
nences  mamelonnées  assez  semblables  aux  circonvolutions  cérébrales. 

»  Le  plancher  de  cette  cavité  est  manifestement  Ibrmé  par  une  membrane  qui, 
libre  par  sa  face  interne,  est  évidemment  en  rapport  par  sa  face  externe  avec  les 
villosités  du  chorion.  Cette  facç  externe  constitue  un*  des  parois  de  !;>  cavité  dans 
laquelle  l'œiif  se  trouve  enfermé. 


69 

•  Cette  pièce  est  ia  prernlère,  je  erui:»,  qui,  chtissée  à  la  suite  de  l'ax'oi tentent, 
a  permis  de  voir  l'œuf  emboîté  ninsi  dans  une  poche  complèie. 

X  Elle  répond  puissamment,  à  mon  avis,  ù  une  des  objerîlon*'  les  plus  fortes 
formulées  tontre  ia  nouvelle  théorie  de  la  formation  de  la  metrtbf^ne  ca- 
duque. 

»  Les  œufs  les  plus  complets  reçus  jusqu'à  présent,  à  la  suite  de  l'avoilement 
des  premiers  mois,  offraient  bien  unepof.he  complète,  formée  par  le  double  feuil- 
let de  !a  caduque;  mais  ils  n'étaient  recouverts  qu'en  partie  par  cette  double 
membtane,  et  une  portion  de  leurs  villosité<5  était  libre  et  flottante.  Or,  dira-l-on, 
si  la  membrane  caduque  est,  comme  on  le  prétend,  la  muqueuse  même  de  l'u- 
térus, elle  devrait,  si  elle  sort  à  l'état  de  poche  interne,  envelopper  l'œuf  de  tous 
côtés,  eu  si  elle  ne  le  recouvre  qu'en  partie,  offrir  a»  moins  des  traces  de  dé- 
chirure. 

»  Cette  objection,  qui,  même  en  présencodes  pièces  de  M.  Cosle, conservait  une 
partie  de  sa  valeur,  au  moins  comme  difficulté  inexplicable,  me  semble  annihilée 
par  la  pièce  que  j'ai  l'honneur  de  présenter.  Celle-ci  prouve,  en  effet,  qu'en  de- 
hors comme  en  dedans  de  l'utérus,  l'œuf  peut  être  environné  par  la  caduque, 
comme  l'œuf  de  l'oiseau  par  sa  coquille. 

»  L'histologie  de  ces  divers  feuillets  membraneux  peut  seuie  prouver  leur  iden- 
tité. Ce  travail  a  déjà  été  fait  avec  succès  par  M.  Robin.  (Séance  du  23  mars.) 

4*  DE  tA  CONSERVATION  DE  LA  VIE,  SANS  TROUBLE  APPARENT  DES  FONCTIONS  ORGANI- 
QDES,  MALGRE  LA  DESTRUCTION  D'ONE  PORTION  CONSIDÉRABLE  DE  LA  HOELLE  ÉPI- 
MÈRE,  CHEZ  DES  ANIMAUX  A  SANG  CHAUD;  paf   M.  BrOWN-SÉQUARD. 

Dans  le  n»  2  de  nos  Comptes  rendus,  pour  1850,  M.  Browo-Séquard  a  annoncé 
que  les  pigeons  pouvaient  survivre  très-longtemps  à  la  desiniclion  de  toute  la 
portion  de  moelle  épinière  qui  s  étend  depuis  les  dernières  vertèbres  costales  jus- 
qu'au bout  de  la  queue.  Deux  des  animaux  dont  il  a  parle  dans  cette  note  sur- 
vivent encore  ;  un  autre,  moit  par  accident,  a  survécu  du  4  février  au  28  mars  à  la 
destruction  de  plus  de  la  moitié  de  la  longueur  totale  de  sa  moelle  épinière.  La 
destruction  s'élendait  de  la  hauteur  de  l'articulation  de  la  troisième  avec  la  qua- 
trième vertèbre  costale  jusqu'à  Ik  queue  fl).  Cet  animal,  très-jeune  au  moment 
de  l'opération,  avait  les  mêmes  dimensions  et  le  même  âge  qu'un  autre  pigeon 
qui  fut  laissé  intact  pour  servir  de  terme  de  comparaison.  Le  développement  en 
longueur  et  l'accroissement  en  poids  eurent  lieu  également  chez  l'un  et  chez  l'au- 
tre de  ces  deux  animaux. 

De  ce  qui  a  eu  lieu  dans  ce  cas  et  chez  beaucoup  d'autres  pigeons  dépouillés  de 
toute  leur  moelle  épinière,  à  partir  des  quatrième,  cinquième  ou  sixième  vertèbres 

(I)  La  Sociélé  a  pu  constater  l'exactitude  de  ce  fait  :  l'animal  lui  a  été  montré 
et  peuplant  sa  vie  et  après  sa  mort. 


50 

costales  jusqu'à  la  que^e,  M.  Brown-Séquard  croit  pouvoir  tirer  les  conclo- 
etons  suivantes  : 

!•  Cliez  les  pigeons,  la  vie  peut  subsister  sans  trouble  apparent,  malgré  l'ab- 
sence d'une  partie  considérable  de  la  moelle  épinière; 

2'  La  moelle  épinière  tie  paraît  pas  avoir  le  r61e  qu'on  lai  a  supposé  sur  la 
digestion,  sur  lu  circulation  et  sur  les  sécrétions  biliaire  et  urinalre; 

3"  Malgré  la  destruction  d'une  grande  partie  de  la  moelle,  la  chaleur  animale 
peut  conserver  son  degié  normal  ; 

4"  La  sécrétion  des  plumes  peut  avoir  lieu  comme  à  l'ordinaire,  dans  des  par- 
ties paralysées^ 

5*  La  nutrition  et  l'accroissement  peuvent  se  faire  d'une  manière  régulière, 
malgré  l'absence  d'une  grande  partie  de  la  moelle  épinière. 

II.  —  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 
1*    CAS    d'hypertrophie    FIBROSO-GLANDtlLAIRE    DES    GLANDES    DE    UÉRY  ; 

par  M.  GuBLER. 

M.  Gubler  a  examiné  avec  soin  les  glandes  de  Méry  sur  une  pièce  qui  avait  été 
présentée  à  la  Soeiét'i  par  M.  Duplay.  Il  a  trouve  la  glande  du  côté  gauche  par- 
faitement saine ,  aplatie  transversalement  et  de  la  grosseur  d'un  pois.  Au  con- 
traire, la  glande  droite  est  arrondie,  grosse  comme  une  noisette,  fortement  lobu- 
iée,  dure,  élastique,  jaunâtre  pâle,  assez  semblable,  en  un  mot,  pour  l'aspect  ex- 
térieur à  la  prostate  hypertrophiée  du  même  sujet.  Mais  tandis  que  l'intérieur  de 
la  prostate  est  rempli  d'un  suc  épais,  blanc,  semblable  au  suc  du  cancer  cncépha- 
loide,  on  ne  parvient  à  exprimer  des  coupes  de  la  glande  de  Méry,  augmentée  de 
volume,  qu'un  liquide  transparent,  légèrement  ambré,  très-consistant,  extrême- 
ment visqueux,  ne  différant  pas  du  mucus  normal.  Ainsi,  même  dans  ce  cas  pa- 
thologique, la  ditférence  entre  le  liquide  prostatique  et  le  mucus  des  glandes  bulbo- 
urétrales  reste  parfaitement  tranchée. 

La  glande  de  Méry  ayant  été  incisée  vers  le  point  d'émergence  du  canal  excré- 
teur, M.  Gubler  a  pu  constater  l'existence  de  cinq  ou  six  pertuis  appartenant  à 
autant  de  conduits  secondaires  réunis  en  faisceau,  et  qui  avaient  été  transversa 
lemenl  coupes.  Ces  conduits,  beaucoup  moins  déliés  que  dans  l'état  ordinaire, 
pouvaient  admettre  chacun  une  soie  de  sanglier;  ils  étaient  remplis  d'un  mucus 
transparent,  d'une  teinte  plus  brune  que  celui  du  corps  de  la  glande.  Le  canal 
excréteur  commun  était  lui-même  notablement  plus  gros  que  celui  du  côté 
opposé. 

Près  de  son  origine  existait  un  lobule  olTrant  tous  les  caractères  qui  appartien- 
nent à  la  glande  saine.  M.  Gubler  a  suivi  les  deux  canaux  excréteurs,  dans  une 
partie  de  leur  trajet,  à  travers  le  tissu  érectiledu  bulbe,  sans  pouvoir  réussir  à 
découvrir  les  lobules  accessoires,  qu'il  n'a  jusqu'ici  rencontrés  que  deux  fois.  Leur 
embouchure  daas  l'urètre  avait  lieu  à  plus  de  3  centimètres  de  distance  des  glan- 


51 
des  elles-mêmes.  Par  l'examen  microscopique,  MM.  Gubler  et  Robin  ont  constaté, 
dans  la  glande  altérée,  un  développement  considérable  du  tissu  celluloso-flbreux 
et  des  acini  glandulaires.  En  outre,  les  culs-de-sac  glanduleux  étaient  plus  ir- 
réguliers, plus  épais,  plus  granuleux  que  dans  les  glandes  saines.  On  ne  décou- 
vrait pas  d'épi thélium  dans  leur  cavité, ce  qui  est  fréquent.  Deux  dessins,  mis  sous 
les  yeux  de  la  Société,  font  ressortir  ces  différences. 

Le  mucus  des  glandes  de  Méry  ne  renfermait  que  des  cellules  d'épithélium  pa- 
viœenteux,  en  partie  dissoutes.  Le  liquide  puriforme  de  la  prostate  contenait  à 
la  fois  de  nombreuses  cellules  d'épithélium,  allongées,  variables  dans  leur  confi- 
guration, et  beaucoup  de  ces  corpuscules  pâles,  ressemblant  à  des  grains  de  fé- 
cule, et  qui  paraissent  être  les  rudiments  des  ralculs  prostatiques.  Il  existait  une 
grande  quantité  de  calculs  non-seulement  dans  les  conduits  volumineux  de  la  pro- 
state, au  voisinage  de  l'urètre,  mais  même  dans  l'épaisseur  de  la  glande,  et  jus- 
qu'à sa  surface  extérieure. 

M.  Gubler  se  résume  en  disant  que  c'est  là  le  premier  cas  d'hypertrophie  ûbroso- 
glandulaire  d'une  glande  de  Méry.  Le  vieillard  chez  lequel  existait  cette  affec- 
tion avait  en  outre  une  semblable  hypertrophie  de  la  prostate.  C'est  un  nouveau 
chapitre  à  ajouter  à  la  thèse  dans  laquelle  M.  Gubler  a  décrit  les  maladies  des 
glandes  de  Méry.  (2  février  1850.) 

2*    SUR    DES    DEBRIS    O'UiNE    GBOSSESSE    EXTRA- UTÉRINE  ;    par    M.    JOBERT 

(de  Lamballe.) 

Ces  débris,  qui  sont  préfentés  à  la  Société,  furent  trouvés  dans  une  tumeur, du 
volume  d'un  œuf  de  poule,  placée  dans  le  vagin,  chez  une  femme  de  41  ans,  en 
parturition  de  son  neuvième  enfant,  et  chez  laquelle  cette  tumeur  devint  un  ob- 
stacle à  l'accouchement. 

L'application  du  forceps  termina  l'accouchement,  et  l'enfant  survécut  yAngt- 
quatre  heures;  il  succomba  le  lendemain,  d'une  hémorrhagie  cutanée,  causée 
par  une  plaie  de  la  peau  du  crâne  faite  par  la  cuiller  du  forceps. 

Une  fois  la  délivrance  opérée,  on  s'occupa  de  débarrasser  la  femme  de  la  tumeur 
vaginale  qui  avait  tant  gêné  l'accouchement. 

Celte  tumeur,  située  à  la  partie  inférieure  et  postérieure  du  vagin, au-dessus  du 
rectum,  était  arrondie,  rénitente  et  du  volume  d'un  gros  œuf  de  poule.  Après 
l'accouchement,  elle  pendit  à  la  vulve  et  parut  pédiculée.  On  jeta  un  fil  sur  ce 
pédicule,  et  la  tumeur  fut  ensuite  coupée  au-dessous  du  Ql. 

La  malade  eut  quelques  accidents  de  péritonite,  dont  elle  guérit  parfai- 
tement. 

L'examen  anatomique  de  la  tumeur  apprit  sa  nature.  Elle  conservait  son  as- 
pect piriforme.  Large  de  5  centimèires  à  la  base  et  longue  de  8  centimètres,  elle 
était  formée  d'une  poche  remplie  de  matière  adipocireuse,  ressemblant  à  du  gras 
de  cadavre.  Dans  cette  substance  se  trouvait  une  grande  quantité  de  cheveux.  A 
la  base  de  la  tumeur,  on  trouva  dans  la  paroi,  incrusté  et  adhérent,  un  fragment 


52 

dur  osseux  ;  c'était  une  portion  de  mâchoire  ;ivec  trois  dents,  nne  molaire  mon- 
strueuse, une  incisive  et  une  canino, avant  les  proportions  que  donne  l'âge  adulte, 
A  côté  se  voyait  une  petite  lame  osseuse  ayant  appartenu  à  un  dns  os  formant  la 
boîte  du  crâne, .Mais  ce  qu'il  y  avait  de  curieux  dans  ce  itysle,  ce  fut  l'espèce -de 
membrane  cellulo-graisseuse  surmontant  le  sommet,  laquelle  membrane,  lavée 
et  déployée,  n'était  autre  que  l'épiploon. 

Les  parois  du  kyste  étaient  constituées  de  trois  membranes,  uiie  séreuse  exté- 
rieure, une  musculaire  médiane  et  une  muqueuse  interne. 

M.  Jobert  termine  en  concluant  que  la  tuoneur  qu'il  vient  de  présenter  est  la 
conséquence  d'une  grossesse  extra-utérine  abdominale  ;  que  le  kyste  contenant 
l'embryon  se  sera  enflammé,  aura  contracté  des  adhérences  avec  la  partie  corres- 
pondante à  la  paroi  postérieure  du  vagin,  entralnaut  avec  lui  une  portion  de  l'é- 
piploon de  la  mère,  ainsi  que  l«  ligament  large,  facilement  recunnaissnble  dans 
celte  espèce  de  voile  membraneux;  que  plus  tard  enfin  ce  kyste  ainsi  adhérent 
aura  pu,  par  suite  d'une  érosion  résultat  de  l'Inflammation^  se  faire  jour  dans  le 
vagin,  eten  dernier  lieu  être  poussé  au  dehors  par  la  tête  de  l'en&mt  dans  le  der- 
nier accouchement  de  cette  dame. 

III.  —   PATHOLOGIE. 

I»  REMARCH^ES   SrR   ON   CAS   D'OBSTRUCTION    DES   CANAUX    DÉFÉRENTS,     ACCOIK'ACNÉK 
DE   DOULEURS   TE5TICUI>A1RES  ;    par   M.    DUPLAY. 

«  J'ai  l'honneur,  dit  l'auteur,  de  communiquer  à  la  Société  un  cas  de  lésion 
de  l'appareil  génito-urinaire,  qui  m'a  offert  une  circonstance  remarquable.  11 
s'agit  d'un  vieillard  qui,  éprouvant  de  la  difficulté  à  uriner,  s'introduisait  habi- 
tuellement une  sonde,  et  chez  lequel  est  survenue  une  cystite  chronique  suivie 
d'un  abcès  à  la  paroi  postérieure  de  la  vessie,  et  plus  tard,  d'une  perforation  de 
cet  organe  anoenant  une  péritonite  mortelle.  Mais  ce  n'est  pas  sur  ces  circon- 
stances que  j'appellerai  l'attention  de  la  Société.  Ce  sera  surtout  sur  des  dou- 
leurs festiculaires  qui  coincidaient.  ainsi  que  l'autopsie  l'a  démontré,  avec  une 
©bstructio»  complète  des  canaux  déférents  à  2  centimètres  environ  de  la  partie 
supérieure  tie  l'épididyme.  Voici  le  fait,  que  je  ferai  suivre  de  quelques  remar- 
ques sar  le  rétrécissement  ou  l'obstruction  des  canaux  déférents. 

»  Le  nommé  Viltard,  âgé  de  "6  ans,  d'une  haute  stature,  bien  conservé,  et  pa- 
raissant avoir  à  peine  60  ans,  entre  à  l'infirmerie  le  26  août  18/|8.  Cet  homme  a 
eu  une  blennôrrhagie  à  l'âge  de  20  ans,  et  la  maladie  a  persisté  pendant  six 
onois,  malgré  le  traitement  qu'il  a  suivi.  Depuis  plusieurs  années,  il  éprouvait  de 
la  difficulté  pour  uriner,  et  il  s'introduisait  lui-même  des  bougies  dans  le  canal 
de  l'urètre.  L'aggravation  de  ces  accidents  le  fit  entrer  à  HnOrmerie.  Je  reconnus 
trois  obstacles  dans  le  canal  de  l'urètie;  l'un,  au  niveau  de  la  fosse  naviculaire, 
l'autre  à  la  partie  moyenne  de  la  portion  spongieuse,  et  enfin  le  troisième  au  ni- 
veau de  la  région  prostatique.  Les  deux  premiers  obstacles  disparurent  sous  l'jn- 


53 
fluence  de  l'introduction  de  liougifls  Successivement  plus  fortes.  Quant  au  troi' 
eième,  les  bougies  eurent  toujours  de  la  peine  à  le  fnmchir.  I-e  malade  rendait 
(1rs  urines  chargées  de  mucus,  et  it  était  tourmenté,  surtout  la  nuit,  par  des  envies 
e-Tcessivement  fréquentes  d'urlncr.  Il  se  plaignait  surtout  aussi  d'un  sentiment 
de  pesanteur  dans  les  deux  testicules,  et  d'une  rétraction  très-douloureuse  de  ces 
organes  vcirs  l'otivertuTe  du  canal  irtguinal,  lorst^ue  le  besoin  d'uriner  se  faisait 
sentir.  Il  croyait  même,  dans  son  ignorance  complète  de  l'anatomie,  que  c'était 
è  «ette  sorte  d'ascension  des  testicules  qu'était  due  sa  difficulté  pour  uriner; 
aussi  revenait-il  sans  cesse  sur  cette  circortstànce.  Le  malade  resta  dans  cet  état 
jas(|u'au  3  février  1849,  SB  plaignant  de  temps  en  temps  de  douleurs  à  la  région 
hypogastriqoe  qui  cédèrent  toujours  ilux  bains  et  aux  applications  émoUienles. 
Mais  alors,  il  survînt  tout  à  coup  des  douleurs  très-vives  dans  l'abdomen,  des 
vomissements  très-fréqaentB  ;  et  malgré  tous  les  moyens  rais  en  usage,  le  malade 
succomba  le  4,  avec  tous  les  symptômes  d'tfne  péritonite  sur-aigué. 
*'"«  A  i'autopsie  du  cadavre,  je  conslalai  tous  les  caractères  de  la  péritonite, 
ïougeur,  fausses  metnbranes,  liquide  purulent  en  abondance  dans  la  cavité  péri- 
tonéale,  et  surtout  dans  l'excavation  pelvienne.  Les  deux  reins  présentaient  des 
lésions  qui  caractérisent  ta  néphrite  chronique.  La  vessie  offrait  une  hypertro- 
phie considérable  de  ses  parois,  et  une  teinte  ardoisée  de  toute  sa  surface  inté- 
riieure  sur  laquelle  on  observait  des  colonnes  saillantes  qui  s'entrecroisaient  en 
tous  sens.  Des  laconeé  profondes  existaient  entre  plusieurs  de  ces  colonnes.  Trois 
d'entre  elles  admettaient  une  sonde  qui  pénétrait  à  la  profondeur  d'un  centimètre 
et  demi.  DeOx  de  ces  lacunes  se  terminaient  en  cul-de-sac;  mais  une  troisième, 
Sitnée  près  du  sommet  de  la  vessie  allait  s'ouvrir  au  milfeu  d'une  masse  de  tissu 
cellulaire  fortement  induré  qui  entduràit  le  sommet  et  là  face  postérieure  de  la 
vessie.  Dans  le  centre  de  cette  maése  de  tissu  cellulaire,  il  existait  une  collection 
purulente  mitlttloculalre,  qui  (-.ommuniquait  avec  la  cavité  péritonéaie  par  un« 
ouverture  à  bords  franges  et  ramollis. 

n  Les  vésicules  séminales  étaient  plongées  au  milieu  d'un  tissu  adipeux  trcs> 
abondant,  très-dur,  comme  lardacé  ;  elles  étaient  petites  ;  leurs  parois  étaient 
très-épaîssies  ;  les  cavités  qu'elles  présentent  à  la  coupe  étaient  excessivement 
rétrécies  par  suite  de  l'hypertrophie  des  cloisons  qui  les  séparenl,  et.  elles  con- 
tenaieut  une  très- petite  quantité  de  sperme  jaunâtre.  Leurs  cols,  ainsi  que  les 
vaisseaux  éjaculateurs  étaient  libres,  et  admettaient  facilement  une  soie  de  san- 
glier qui  venait  res'sofrlir  facilement  par  leurs  orifices  de  chaque  côté  du  véru- 
mbntannm. 

»  J'arrive  an  point  qui  m'a  paru  offrir  quelque  intérêt.  Les  canaux  déférents, 
prèà  des  vésicules  séminales,  présentent  un  épaississemeut  assez  marqué  de 
tenrs  parois,  mais  ils  sont  entièrement  libres.  Dans  le  reste  de  leur  trajet,  ils 
D'offrent  rien  de  remarquable,  si  ce  n'est  à  l'endroit  où,  multipliant  lem's 
Oexuosités,  ils  vont  sortir  de  l'épididyme.  Dans  ce  point,  ils  ont  un  aspect  tout 
particulier.  Ils  sont  blancs  et  remplis  d'une  matière  à  demi  liquide  qui  les  a  di- 


5Zj 
jatés  comme  s'ils  avaient  été  injectés  par  du  mercure  ;  on  peut  les  suivre  dans 
leurs  contours  les  plus  déliés  et  jusque  près  de  leur  origine.  Par  la  pression, 
on  peut  faire  avancer  ou  reculer  dans  l'intérieur  des  canaux,  ce  liquide  blan- 
châtre ;  mais  il  est  impossible  de  lui  faire  franchir  un  certain  point  du  canal  qui 
se  trouve  à  environ  2  centimètres  de  l'endroit  où  il  se  sépare  de  l'épididyme. 
Pensant  qu'il  existait  là  un  rétrécissement  et  peut-être  même  une  oblitération 
da  canal,  qui  s'opposait  au  passage  du  liquide,  j'ai  voulu  m'en  assurer  en  in- 
troduisant non-seulement  une  soie  de  cochon,  mais  encore  une  aiguille  très-tÎDe 
an<dessus  et  au-dessous  de  l'obstacle,  et  je  n'ai  pu  le  franchir.  J'ai  fait  plus; 
j'ai  injfcté  avec  force  de  l'eau  dans  ces  conduits,  à  l'aide  d'une  seringne  d'An-jl, 
ot  l'eau  n'a  pu  pénétrer  au  delà  de  l'obstacle. 

»  J'ai  examiné  au  microscope  la  matière  blanche  contenue  dans  les  canaux 
liéférenls,  et  elle  m'a  paru  tout  à  fait  distincte  du  sperme  ordinaire.  Cette  ma- 
tière n'était  point  liquide,  elle  était  solide  comme  une  bouillie  très-épaisse. 
Elle  n'olîrait  point  d'animalcules  spermatiques;  et,  à  un  grossissement  de  'àhO 
diamètres,  on  n'y  distinguait  que  deux  sortes  de  corps;  les  uns  étaient  de  très- 
)K)tUs  corpuscules  ayant  environ  tes  dimensions  des  grains  tuberculeux,  mais 
plus  transparents;  les  autres,  des  cristaux  de  volumes  variables  et  dont  j'ignore 
Ta  nature. 

»  J'ajoute  que  les  parois  des  vaisseaux  ne  m'ont  point  paru  sensiblement 
altérés;  de  sorie  qu'en  définitive  ce  cas  me  parait  être  un  exemple  d'altération 
du  sperme  par  suite  de  sa  réteniion,  déterminée  elle-même  par  une  oblitération 
des  canaux  déférents.  L'absence  des  spermalozoaires  dans  cette  matière  blan- 
che solide  est  aussi  digne  derem.irque,  car  j'en  ai  trouvédans  le  sperme  des  vieil- 
tards,  quoiqu'ils  y  soient  moins  abondants  que  dans  le  sperme  des  adultes  et 
des  individus  d'un  âge  mûr.  Les  granules  de  cette  matière  m'ont  paru  aussi 
bien  distincts  de  ceux  de  la  matière  tuberculeuse.  J'ajoute  que,  chez  ce  vieil- 
lard, il  n'existait  dans  aucun  organe  de  trace  de  tubercules. 

u  La  substance  propre  des  deux  testicules  était  saine:  mais  leurs  tuniques 
vaginales  offraient  des  adhérences  entre  leur  face  testicuîaire  et  leur  face  parié- 
tale. Cette  adhérence  était  plus  intime  du  côté  gauche,  et,  à  la  coupe,  la  tunique 
albuginée  paraissait  beaucoup  plus  épaisse  qu'elle  ne  l'est  ordinairement.  Le 
poids  des  testicules  était  de  21  grammes  pour  le  droit,  et  de  22  grammes  pour 
!e  gauche.  Chez  l'adulte,  on  s;i!t  qu'il  varie  entre  16  et  24  grammes.  Chez  ce 
vieillard,  il  approchait  donc  du  pciiis  le  plus  élevé  d'un  testicule  d'adulte. 

»  J'ai  cherché  vainement  dans  les  outeurs  qui  ont  écrit  sur  le  spermaloire  ou 
sur  la  stérilité  des  renseignements  po.sitifs  sur  les  altérations  des  canaux  défé- 
rents et  de  l'humeur  qu'ils  renferment.  A  cet  égard,  l'anatomie  pathologique 
est  beaucoup  moins  avancée  qu'en  ce  qui  touche  les  vésicules  séminales  qu'on 
a  tu  ouvées  plus  ou  moins  distendues  par  du  pus,  de  la  matière  tuberculeuse, 
de  petits  calculs,  ou  plus  ou  moins  dégénérées. 

»  Je  rappellerai  toutefois  que  Mathieu  Baillie  dit  qu'il  a  vu  une  portion  du 


55 
canal  déférent  oblitérée  par  un  rétrécissemenl.  Ce  phénomène,  ajoule-l-il,  avaii 
été  produit  par  un  travail  pathologique  probablement  semblilble  à  celui  qui  dé- 
termine le  réirécissement  du  canal  de  l'urètre,  ou  il  a  dû  empêcher  que  h: 
sperme  préparé  par  le  testicule  arrivât  dans  les  canaux  éjaculaieurs,  M.  J.-B. 
Durand  dit  aussi,  duns  une  observation  relative  à  une  alTeclion  tuberculeuse  du 
testicule,  que  le  canal  déférent  du  côté  gauche,  par  suite  de  cette  atîectioi», 
était  transformé  en  un  cordon  friable  dans  jilus  de  la  moitié  dt;  sa  longueur. 
(BCLL.  DELA  Soc.  ANAT.,  ik'  année,  p.  32.)  M.  Cruveilhier  rapporie  en  outre, 
dans  les  builelins  de  la  Société  anatomique  (année  1828,  p.  196},  que,  dans  un 
cas  de  dégénérescence  tuberculeuse,  des  tubercules  existaient,  non-seulement 
dans  le  testicue  et  répididyme,  mais  encore  dans  le  canal  déférent,  les  vési- 
cules séminales,  les  canaux  éjaculateurs  et  la  prostate.  Le  canal  conienail  de  U 
matière  tuberculeuse  qui  n'avait  pas  partout  la  même  consistance,  el  qui  adhé- 
rait plus  ou  moins  aux  parois  de  ce  conduit. 

»  Le  fait  que  je  viens  de  rapporter,  el  ces  observations,  indiquent,  ce  me 
semble,  que  l'étude  des  altérations  des  canaux  déférents,  soit  dans  leurs  rap- 
ports avec  les  altérations  du  teslicule,  soit  comme  obstacle  au  cours  du 
sperme,  oflTrent  un  véritable  intérêt;  aussi  je  me  propose  de  poursuivre  cette 
étude.  » 

(Ce  travail  a  été  communiqué  à  la  Société  en  1848.) 

2'  HÉMATURIE  GRAISSEUSE  (URINE  LAITEUSE);  par   M.  RaYER. 

M.  Rayer  a  appelé,  il  y  a  quelques  années,  l'attention  des  médecins  du  conti- 
nent sur  une  espèce  particulière  d'hématurie  très-commune  chez  les  habitants 
de  certaines  régions  tropicales  et  spécialement  chez  les  habitants  de  l'île  Mau- 
rice. Dans  l'espoir  de  se  guérir  de  cette  maladie,  les  individus  qui  en  sont  atteints 
se  rendent  quelquefois  en  Europe.  M.  Rayer  communique  un  nouvel  exemple 
de  celte  hématurie,  compliquée  d'un  rétrécissement  de  l'urètre. 

N...,  âgé  de  40  ans,  d'un  tempérament  nerveux,  né  à  l'île  Bourbon,  y  a  tou- 
jours habité,  sauf  dix  années  de  sa  jeunesse  passées  en  France.  Sans  être  d'une 
forte  constitution,  il  a  généralement  joui  d'une  bonne  santé.  A  l'âge  de  18  ans  il 
a  été  atteint  d'une  fièvre  tierce  qu'il  a  gardée  pendant  plusieurs  mois.  A  l'âge  de 
20  ans  environ  il  a  eu  deux  gonorrhées  qui  ont  été  traitées  par  le  baume  de  co- 
pahu.  Depuis  cette  époque, il  a  conservé  un  léger  suintement  du  canal  de  l'urètre, 
un  sentiment  de  prurit  vers  le  milieu  du  canal,  accompagné  d'ardeur  lors  de  l'é- 
mission des  urines  et  de  l'cjaculation.  Ces  inconvénients  avalent  augmente  dans 
les  dernières  années;  le  jet  de  l'urine  était  bifurqué. 

En  1846,  N...  fit  une  chute  violente  de  voiture;  revenu  de  la  commotion,  il 
rendit  de  l'urine  laiteuse,  mais,  chose  bien  singulière,  dans  une  seule  émission. 

En  mars  1849,  après  quelques  mois  d'une  vie  fatigante,  N...  rendit  de  nou- 
veau et  tout  à  coup  des  urines  laiteuses^  avec  dépôt  de  sang  au  fond  du  vase. 
(Repos,  bains  tièdes,  petit  lait.)  Les  urines  laiteuses  continuèrent  avec  diminu- 


56 
tion  dans  le  dépôt  sanguin.  (Application  de  sangsues,  cataplasmes  émoliients, 
bains  locaux,  sans  amendement  notable.) 

Un  mois  après,  par  siiite  d'une  excessive  transpiration  et  d'une  longue  station 
dans  une  fête  publique,  rétention  d'urine  occasionnée  par  un  caillot  desang  dont 
Vexpulston  s'o,  ér&  dans  un  bain. 

Plus  tard  un  rétrécissement  de  l'urètre  fut  combattu  par  la  cautérisation.  L'o- 
pération terminée,  il  s^écoula  un  peu  de  sang.  Dans  la  nuit  qui  suivit,  vomisse- 
ments, frisêong,  éruption  d'élevures  rouges,  prurigineuses,  qui  de  la  tête  s'éten- 
dirent au  bas-ventre  et  aux  cuisses.  Fièvre  violente  avec  symptômes  d'inflam- 
mation au  bas-ventre  et  aui  testicules.  Les  urines  continuèrent  d'être  laiteuses 
et  sanguinolentes. 

Quelque  temps  après,  N...  se  rendit  à  la  campagne,  couché  dans  une  voiture; 
après  une  demi-heure  de  secousses  pendant  la  route,  il  rendit  toitt  à  coup  de 
l'urine  naturelle,  limpide  et  transparente  ;  et  cet  état  satisfaisant  dura  deux 
moi^  pendant  lesquels  il  fit  usage  de  la  tisane  de  racine  d'ours. 

De  retour  en  ville,  il  reprit  ses  occupations  habituelles  et  l'hématurie  grais- 
seuse reparut  avec  augmentation  des  caillots  de  sang. 

N...  a  essayé  sans  succès  d'un  séjour  de  quelques  mois  dans  les  montagnes  de 
i'iie,  ce  qui  lui  avait  été  ordonné  comme  ayant  réussi  dans  des  cas  semblables. 
S'élant  déterminé  à  venir  chercher  sa  guérison  en  France,  il  s'est  embarqué  en 
novembre  dernier. 

Après  un  mois  de  traversée  et  dans  les  latitudes  tempérées  du  cap  de  Bonne- 
Espérance,  l'hématurie  s'amenda,  puis  disparut  totalement  pendant  vingt 
jours,  pour  se  reproduire  de  nouveau. 

Depuis  son  airivée  en  France,  N...  urine  huit  ou  dix  fois  dans  la  journée  et 
une  ou  deux  fois  dans  la  nuit.  U  rend  plus  de  sang  quand  il  est  longtemps  assis 
que  lorsqu'il  reste  couché,  et  davantage  de  caillots  après  avoir  marché. 

M.  Rayer  a  vu  plusieurs  fois,  mais  non  toujours,  un  séjour  prolongé  en  France 
exercer  une  influence  salutaire  sur  la  marche  de  cette  singulière  bématarie. 

IV.  — TÉRATOLOGIE. 

1°  DOicT  suRNUBKRAiRË  CHEZ  UNE  ECREvissE  ;  par  l6  même. 

M.  Rayer  montre  une  ér.revisse  {astacus  fluviatiîis)  dont  la  patte  antérieure 
porte  à  la  pince  un  doigt  fixe  surnuméraire, 

M.  Rayer  rappelle  que  ce  vice  de  conformation  a  déjà  élé  observé,  et  qu'on  l'a 
rattaché  à  une  circonstance  assez  singulière.  En  cCTet,  Ad.  Wilh.  Otto  en  fait 
mention  en  disant  que  les  pinces  reproduites  àe  l'écrevisse  ont  un  doigt  de  trop. 
Il  ajoute  que  si  on  enlève  les  pattes  de  devant  à  une  salamandre,  les  pattes  re- 
produites ont  parfois  cinq  doigts  au  lieu  de  quatre.  (Ploterelti,  Opus.  scelti  di 
SJiLANO,  vol.  XXVII,  parag.  26,  note.);  de  sorte  que  le  vice  de  conformation  d'un 
doigt  surnuméraire,  toujours  congénital  chez  l'homme  et  les  oiseaux,  aurait 


57 
lieu  quelquefois  dans  des  conditions  bien  diiTérentes  chez  l'écrevisse  et  la  sala- 
inandre. 

2"   QUELQUES    REMARQUES  SUR   1^    CYCLOPIE;  pEF  M.  Da VAINE. 

«  J'ai  eu  l'honneur  d'exposer  à  la  Société  plusieurs  cas  dû  cyclocéphalie  que 
J'avais  examinés  avec  MM.  Robin  et  Chaussât,  et  j'rfi  cherché,  en  les  comparant 
avec  plusieurs  autres  cas  du  même  genre  décrits  par  les  auteurs,  à  éclairer  quel- 
ques points  de  l'histoire  de  cette  monstruosité. 

»  M.  Rayer  ayant  mis  depuis  lors  à  ma  disposition  un  ouvrage  récent  de  M.W. 
Vrolik  (Tab.  ad  iliust.  embkyogenesfn  hosiinis  et  «a»iuaj.ium,  Amst.  1849),  où 
sont  figurés  el  décrits  avciJ  soin  un  assez  grand  nombre  de  cas  de  cyclopie,  Je 
viens  en  faire  l'exposé  succinct  à  la  Société. 

»  JLcs  cas  de  cyclopie  figurés  dans  cet  ouvrage  sont  au  nombre  de  21  ;  8  ont  été 
observés  sur  le  fœtus  humain ,  mais  2  de  ces  cas  seulement  sont  propres  à  l'au- 
teur ;  8  autres  appartiennent  au  cochon  domestique,  3  au  mouton,  i  au  Chien  et 
1  au  lupin.  De  sorte  que  sous  le  rapport  de  la  fréquence  de  cette  monstruosité, 
solvant  les  espèces  d'animaux,  ces  résaltats  s'accordent  avec  ceux  des  autres 
observateurs. 

»  Je  vais  maintenant  exposer  ce  que  chacun  de  ces  cas  a  de  plus  remarquable, 
et  les  données  générales  qu'on  peut  en  déduire  en  les  comparant  avec  ceux  dont 
j'ai  déjà  entretenu  la  Société- 

»  Dans  les  4  cas  que  j'ai  pu  examiner  par  moi-même,  l'encéphale  a  présenté  des 
modifications  remarquables  ;  mais  qui  ont  porté  uniquement  sur  les  hémisphères 
cérébraux.  J'ai  constamment  trouvé  complets  la  moelle  allongée,  la  protubérance, 
les  tubercules  quadrijumeaux  et  le  cervelet;  ces  deux  derniers  organes  seu)e- 
ment  ont  présenté  deu^  fois  une  augmentation  de  leur  volume.  Trois  fois  les 
hémisphères  cérébraux  étaient  remplacés  par  un  lobe  antérieur,  médian,  sans 
scissure,  ni  corps  calleux  et  d'un  volume  moindre  que  celui  des  deux  hémi- 
sphères normaux;  une  fois  ils  étaient  réduits  au  plancher  du  troisième  ventri- 
cule. La  voûte  a  trois  piliers,  les  corps  striés,  les  couches  optiques,  les  éminences 
mamillaires  n'existaient  pas  on  avaient  subi  des  déformations  qui  les  rendaient  à 
peine  reconnaissables ,  le  corps  et  la  tige  pituitaires  ont  existé  deux  fois. 

»  Les  cas  rapportés  par  M.  W.  Vrolik  concordent  parfaitement  avec  ces  faits.  Cet 
observateur  a  noté  l'existence  et  l'intégrité  constante,  à  part  quelques  différences 
dans  leur  volume,  de  la  moelle,  de  la  protubérance,  du  cervelet  et  des  tubercules 
quadrijumeanx;  les  hémisphères  cérébraux  au  contraire  ont  constamment  pré- 
senté des  modifications  très-notables.  Celles  qui  sont  communes  à  tous  les  cas 
consistent  dans  la  réunion  des  hémisphères  en  un  seul  lobe  et  dans  une  diminu- 
tion plus  ou  moins  grande  de  leur  masse.  Quant  aux  autres  modifications,  elles 
ont  été  très-variables  :  ainsi  une  fois  on  a  noté  la  coexistence  de  l'hydrocéphalie 
qui  distendait  le  crâne.  Les  hémisphères  formaient  ane  poche  unique,  remplie  de 
sérosité,  les  corps  striés  et  les  couches  optiques  étaient  très-petites.  Dans  plu- 


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58 

sieurs  auUes  cas  les  hémisphères  réunis  formaient  ane  poche  unique  et  pleine  àc 
sérosité. 

»  Le  corps  calleux,  les  couches  optiques,  les  corps  striés,  la  voûte  h  trois  piliers 
n'existaient  pas  le  plus  souvent  ou  étaient  à  l'élat  rudimentaire.  Les  circonvolu- 
tions n'ont  été  observées  qu'un  petit  nombre  de  fois  et  toujours  très-réduites  ; 
l'existence  du  corps  pituitaire  a  été  noté  assez  souvent  et  une  fois  celle  de  !a 
glande  pinéalc. 

»  L'existence  d'une  hydrocéphalie  manifeste,  dans  un  cas  et  dans  plusieurs  au- 
tres, la  distension  par  de  la  sérosité  du  lobe  ou  de  la  poche  remplaçant  les  hé- 
misphères, me  paraissent  très-importantes  à  noter  au  point  de  vue  de  l'étiologie, 
car  elles  fournissent  un  argument  puissant  contre  l'hypothèse  de  l'arrêt  de  déve- 
loppement comme  une  cause  de  cette  monstruosité.  Les  modifications  très-va- 
riables que  présente  l'aspect  des  hémisphères  cérébraux  de  ces  monstres  me  pa- 
raît aussi  peu  susceptible  d'une  explication  satisfaisante  par  un  arrêt  de  dévelop- 
pement. 

»  L'appareil  nasal  éprouve'.danslacyclocéphaliedes  modifications  considérables  ; 
quelquefois  il  a  complètement  disparu  ;  plus  souvent  il  existe  à  l'état  rudimen- 
taire, et  il  prend  à  l'ejstérieur  l'apparence  d'une  trompe  située  au-dessus  de  l'or- 
hitc.delte  trompe,  (jai  existait  dans  trois  de  mes  cas,  est  formée  presque  toujours 
par  les  os  propres  du  noz  modifiés,  par  des  cartilages  et  la  peau.  On  y  trouve 
ordinairement  une  petite  cavité  el  quelques  vestiges  des  cornets  et  de  la  cloison. 
Dans  deux  cas,  j';ii  pu  constater  que  le  rameau  nasal  interne  du  nerf  oplithai- 
mi(i!ie  y  pénèîre.  Dans  aucun  cas  je  n'ai  trouvé  le  nerf  olfactif  ni  de  rudiment  de 
l'ethmoïde  Ces  résultats  qui  s'accordent  avec  ceux  deTicdemann  et  de  M.  Isidore 
Gcoffroy-Saint-Hilaire  diirèicnt  de  ceux  de  M.  W.  Vrolik.  Jusqu'au jourd'imi,  en 
France  au  moins,  on  considérait  comme  ua  fait  constant  l'absence  do  nerf  olfac- 
tif dans  la  cjciopie.  Mais  M.  W.  Vrolik  rapporte  C  cas  dans  lesquels  ces  nerfs 
existaient,  et  il  est  remarquable  que  l'existence  de  ces  nerfs  n'est  pas  en  rapport 
avec  celle  des  nerfs  optiques  et  de  l'œil  ;  et  même  il  peut  exister  deux  nerfs  ol- 
factifs, tandis  qu'il  n'y  a  qu'un  seul  nerf  optique  ou  réciproquement.  Ainsi 
M.  W.  Vrolik  rapproche,  d'après  Otto,  le  cas  d'un  fœtus  humain  dans  lequel  il 
y  avait  un  seul  nerf  optique  et  uii  œil  unique,   les  deux  nerfs  olfactifs  existant. 

»  Deux  autres  cas,  l'un  fourni  par  un  cochon,  l'autre  par  un  chien,  dans  les- 
quels, avec  deux  nerfs  olfactifs,  il  n'existait  qu'un  nerf  optique  et  un  œil  uni- 
que. Dans  les  trois  autres  cas ,  dont  deux  apparlienuent  au  cochon  et  un  au 
mouton,  il  n'y  avait  qu'un  seul  nerf  olfactif,  naissant  sur  la  ligne  médiane  du  lobe 
cérébral  unique.  Chez  l'un,  il  n'existait  qu'un  seul  œil  et  pas  de  nerf  optique; 
chez  un  autre,  il  y  avait  deux  yeux  et  un  seul  nerf  optique.  EnGn,  chez  le  troi- 
sième, i!  y  avait  une  fusion  incomplète  des  deux  yeux  et  deux  nerfs  optiques. 
Dans  tous  ces  cas,  il  existait  une  trompe,  et  l'on  a  trouvé  des  rudiments  cartila- 
gineux ou  osseux  de  la  lame  criblée  de  l'ethmoïde. 

»  Il  résulte  de  cet  exposé  que,  dans  ce  genre  de  cyclopie  où  le  nez  est  encore 


59 
représenté  par  uue  trompe  Je  nerf  olfactif  peut  exister  ;  qu'il  peut  être  iiDsqnc 
ou  double,  et  qu'il  est  indépendant,  daus  son  exlàteoce  ou  dans  ses  modiflca- 
tions,  de  l'étal  de  l'œil  et  du  nerf  optique. 

»  M.Vrolik  insiste  à  plusieurs  reprises  sur  le  fait  de  l'existence  de  la  suture  du 
coronal  avec  l'existence  des  nerfs  olfactifs,  et  il  semble  y  voir  une  relation  de 
cause  à  effet.  Cette  suture  existe  aussi,  quoique  le  nerf  olfactif  soit  absent.  Je 
l'ai  constatée  sur  un  des  cas  de  cyclocépbalie  que  j'ai  examinés  avec  H.  Robin. 

•  Quant  aux  modilications  de  l'appareil  de  la  vision,  elles  consistent  dans  l'exis- 
tence d'une  orbite  unique,  dans  laquelle  se  trouve  un  œii  simple,  ou  bien  un  œil 
double,  ou  enfln  deux  yeux  distincts  ;  elles  constituent  trois  degrés  de  la  cyclo- 
pie,  auxquels  Vrolik  ajoute  un  quatrième,  celui  où  l'œil  n'existe  pas.  N'ayant 
rien  trouvé  qui  ne  fût  conforme  à  ce  que  l'on  connaît  sur  les  modifications  de 
l'œil  dans  cette  monstruosité,  je  ne  m'y  arrête  pas.  Dans  deux  cas,  j'ai  pu  con- 
stater l'absence  du  nerf  optique  avec  l'exislence  d'un  œil  assez  parfait ,  dont 
l'un  paraissait  contenir  des  détritus  de  la  rétine. 

»  M.  Vrolik  a  aussi  observé  un  cas  où  le  nerf  optique  manquait;  l'œil  unique 
possédait  une  sclérotique,  une  choroïde  et  un  cristallin.  Les  autres  parties  n'ont 
pu  être  reconnues  ;  mais  il  donne,  d'après  Delle  Gbiaje,  la  figure  d'un  rhinocé- 
pbale  bumaio  dont  l'œil  unique  parait  normalement  conformé,  quoiqu'il  n'y  eût 
pas  de  nerf  optique.  Ces  faits  sont  contraires  à  l'opinion  de  Tiedemaun,  qui  re- 
garde comme  impossible  l'existence  de  l'œil  sans  le  nerf  optique. 

»  Il  ressort  encore  des  observations  de  Vrolik,  comme  de  celles  qui  me  sonl 
propres,  que,  dans  la  cyclopie,  les  mâchoires  sont  plus  ou  moins  atrophiées,  que 
la  laugue,  au  contraire,  acquiert  un  développement  normal  :d'où  51  résulte  quo 
cet  organe,  ne  pouvant  être  contenu  dans  la  cavité  de  la  bouche,  sort  entre  les 
lèvres,  et  peut  paraître  avoir  acquis  un  développement  exagéré. 

»  En  résumé,  les  observations  rapportées  par  M.  Vrolik  établissent  les  points 
suivants,  d'accord  en  cela  avec  celles  des  autres  auteurs  : 

»  !•  Dans  la  cyclocéphalie,  l'encéphale  est  toujours  gravement  déformé  ou 
altéré. 
»  2"  Les  lésions  occupent  presque  exclusivement  les  hémisphères  cérébraux. 
•  3»  Ces  lésions  sont  variables;  mais  il  en  est  deux  plus  générales,  à  savoir  s 
la  diminution  de  volume  des  hémisphères  et  leur  réunion  en  un  seul  lobe. 
»  &o  La  trompe  est  un  rudiment  du  nez. 
»  5"  L'œil  peut  exister  sans  le  nerf  optique. 

»  ()•  Les  parties  inférieures  de  la  face,  la  langue  exceptée,  participent  toujours 
plus  ou  moins  de  l'atrophie  des  régions  supérieures. 

»  Enfin  elles  prouvent,  contrairement  à  l'opinion  généralement  reçue,  que,  dans 
la  cyclocéphalie,  les  nerfs  olfactifs  peuvent  exister  soit  distincts  l'un  de  l'autre, 
soit  confondus  en  un  seul  cordon,  et  que  ces  modifications  ne  sont  pas  en  rap- 
port avec  celles  que  présentent  les  nerfs  optiques  et  les  yeux,  »  (Séance  du 
30  mars.) 


60 

V.    NÉCROLOGIE- 
ÉLOGE  DC  DOCTEUR   PRÉVOST  COE  GENÈVE);   par  M.   LeBERT. 

M.  le  docteur  Prévost  fde  Genévej,  connu  depuis  longtemps  dans  le  inonde 
scieblitiqne  par  ses  beaux  travaux  de  physiologie,  vient  de  mourir  dans  cette 
ville  à  l'âge  de  60  ans,  après  une  maladie  longue  et  douloureuse  du  cœur  et  dufoie. 

Là  vie  deM.  Prévost  a  été  si  bien  et  si  dignement  remplie  par  des  travaux  de 
science.,  par  la  pratique  de  la  médecine  et  par' cette  véritable  pbilanthro'pie 
qui  fait  le  bien  d'une  tîianiére  simple  et  modeste,  sans  phrases  ét^ans  ostenta- 
tion, que  nous  osons  espérer  que  nos  collègues  ne  nous  verront  pas  satis  inté- 
rêt leur  retracer  les  principaux  traits  de  celte  belle  et  noble  existence. 

lean-Louis  Prévost  est  né  à  Genève  le  i**"  septembre  1790.  Après  avoir  tev- 
mîbé  à  l'Académie  de  Genève  ses  premières  études  lirtépairesét  philosophiques, 
il  se  voua  à  la  théologie  et  suivit  pendant  trois  ans  les  tours  de  la  Facnlté  de 
Ibéologfe  {>rotestante  de  Genève,  Mais,  malgré  un- goût  prononcé  pour  la  litté- 
rature et  la  philosopLie,  le  rare  talent  d'observation  dont  M.  Prévost  étaîf  doué 
vlflt  bientôt  se  révéler,  et  le  détermina  à  se  vouer  à  étudier  les  scleûres 
naturelles.  Si  c'est  dans  cette  branche  que  M.  Prévost  a  fourbi  par  la 
suite  une  si  brillante  carrière,  ses  premières  occupations  déficiences  plus  abs- 
traites n'étaient  cependant  pas  perdues  pour  lui,  et  elles  lui  ont  laissé  pendant 
toute  s>a  vie  un  goût  très-prononcé  pour  les  letires,  qtii  non-seulement  char- 
maient jusqu'à  sa  tin  ses  rares  loisirs,  mais  ornaient  eb  même  temp^  cette  riche 
Intelligence  etrendyientsaconversatioh  des'plusvaHéesètdeS  plus  attrayantes. 

C'est  en  1814  que  IVL  Prévost  vint  à  Paris  pour  y  commencer  ses  études  mé- 
dicales. Il  embrassa  cette  nouvelle  vocation  aVec  d'autant  p'us  de  tèle  qu'il  lui 
ea  avait  sacritié  une  autre  pour  laquelle  il  ne  manquait  ni  de  goût  ni  de  talent. 
Hais  l'ardeur  avec  laquelle  il  se  livra  au  travail  et  surtout  aux  dissection^  âD3- 
tomiques  a  failli  lui  être  funeste.  Il  Tut  pris  à  cette  époque  d'une  fièvre  ty(iho!de 
si  grave  et  si  intense  que,  pendant  longtemps,  on  craignit  pour  sa  vie.  Après 
avoir  passé  sa  convalescence  dans  son  pays,  il  vmt  reprendre  ses  études.  Il 
était  alors  d'usage,  à  Genève,  que  ceux  qui  embrassaient'  la  carrière  médicale 
allaient  partager  le  temps  de  leurs  études  entre  la  France  et  l'Angleterre,  et 
c'étaient  surtout  les  Universités  d'Edimbourg  et  de  Dublin  qui  étaient  en  haut 
renom  à  l'étranger.  En  1816,  M.  Prévost  se  rendît  en  Ecosse  ou  deux  ans  plus 
tard  il  prit  à  Edimbourg  le  grade  de  docteur,  après  avoir  Souteùu  Une  thèse  sur 
l'emploi  des  bains  et  des  afllisions.  L'année  suivante  II  se  rendit  à  Dubliu  pour 
y  continuer  ses  études  médico-chirurgicales.  Attaché  alors  à  va  hospice  de 
fiévreux,  11  put  observer  une  de  ces  épidémies  meurtrières  de  dyssenterie  qui 
de  nos  jours  encore  sont  souvent  si  funestes  en  Irlande.  Victime  de  nouveau  de 
son  zèle  et  de  son  dévouement,  il  fut  lui-même  atteint  de  cette  maladie  dont  il  ne 
se  remit  que  grâce  à  sa  jeunesse  et  à  la  force  de  sa  constitution.  Nous  dirons 


61 
ici  en  passant  que  M.  Prévost  était  d'une  grande  force  physique,  qu'il  avait  en- 
core plus  développée  par  des  exercices  d'adresse,  celui  des  armes  entre  autres, 
dans  lequel. il  excellait.. Doua  d'un  grand  courage  personnel,  il  ne  se  servait 
jamais  de  ses  avantages  physiquos  que  dinis  ces  raonien'vS  difficiles  où  les  de- 
VQifS  du  citoyen  font  pour  un  moment  ou bliei'  les  labeurs  du  savant. 
,  F."  1S20,  M.  Prévost  vint  ^'établir  à  Genève  pour  y  exsjoer  sa  profession. 
Quoique  de  bonne  iieurp  ga  grande, a pUtudtî  pour  l'exercice  de.notre  art  se  fût 
révélée.à  ç.eux.qui  les  premiers  lui  avaient  accordé  Içur  co^Oance,  il  eut  cepen- 
dant l'heureux  instinct  de  ne  pas  se  contenter  exclusjveiuful  de  .rapplication 
empirique  de  ?es  connaissances,  acquises.  NanM  d'études  l'oftes  et  profondes, 
doué  d'une  grande  perspicacité,  pous§é,P9r  une  i;»aginaiioa,  vivç.  et  ardente  à 
chercher,  par  l'observation  et  l'expérlroenialion,  la  solution  df;  ces  nombreux 
problèmes  dont  la  physiologie  abonde,  et,qtii,,il  y  .a  trente  ans,  étaient  bien  plus, 
nombreux  encore  qu'aujourd'hui,  .M.  Prévost  consacra  ses  travaux  surtout. à 
la  physiologie  expérimentale.  C'est  avec  cet  eçprit  pénétrant  qui  distingue 
l'homme  de  génie  de  la  fourmi  sciéntilique,  simplement  active  Qt  laborieuse, 
que  le  physiologiste  genevois  avait  compris  qu'il  ne  pouvait  dérober  à  la  jqaiurp 
ses  sçcrets,  qu'en  combinant  avec  l'expérimentation  les  diverses,  autres  méthodes 
rjgoureuseÀ  dont  on  n'avait  fait  avant  ce  temps  qu'une  application  fort  iucom- 
Pilète  en  médecine.  Berzéiius  venait  de  fonder,  il  pst  vrai,  !a  chimie  organique, 
mais  en  dehors  presque  de  toute  connexion,  avecles  véritables  phénomènes  de 
la.jie,  avec  la  biologie  proprement, dite,  Amici  venait  de  , pertectioaner  à  son 
tpuj;l)Ç. microscope;  mais  l'emploi  si  biiillant,  que  l'on  a  fait  dçfHiis  de  cet  inslru- 
iDeiit;se  Cornait  alors  tellement  entre  les  ma«is  de  la  plupart  des  observateurs 
à  des , recherches  de  simple  curiosité,,  qye  les  grands  msûtre^  de  la  zoologie  et 
d^ la  botanique,  Cuvier  ft.Djecandolle.  s'en  servaient  à,  peine.  Malgré  l'appa- 
rente stéj:iU  té  de  ces  deux  méthodes,  M.  Prévost,  un  des  premiers,  comprit  que 
c^çn'estqu'çn demandant  des  secours  à  1?  physique  età|a  .chimie  que  la  phy- 
siologie devient  une  science  vraiment  philosophique,  qu'en  un  mot  on  ne  com- 
prend le  fait  complexe  de  la  vie  que  par  l'analysede  ses  divers  éléments  con- 
stituants. 

Lorsqu'on  a  étudié  la  marche  et  les  progrès  des. connaissances  humaines,. on 
est  frappé  de  cette  espèce  d'oscillation  qui  fait  alterner  le  raouvemeal  progres- 
sif, avec  le  repos,  et  .souvent  même  avec  Ja  rétrogradation.  Aussi  voyons-noas 
îo» «ours  les  vrais  progrès  formulés  par  un  petit  nombre  d'hommes  qui  ne  pa- 
raissent qu'à  une  certaine  dislance  les  uns  des  autres,  et  enco.^e  observons-nous 
que  c'est  grâce  au  concours  de  circonstances  heureuses  que  ce  progrès  peut  se 
réaliser  dans  toute  sou,  étendue.  Nous  sommes,  viyement  frappés  de  ce  fait  dans 
la  vie  de  M.  Prévost.  Nous  savoos  tous  que  l'exi-lence  d'un  seul  homme  ae  suffi- 
rait pas  si  on  voulait. embrasser  à  la  fois  toutes  les  sciences  qui  concourent  aux 
études  biologiques,;  aussi  M-  Prévost  chercha-t-il  de  booue  heure  un  coUabora- 
leux  capable  à  la  fois , de  poursuivre  ua  but  scientifique  irés-élevé  et  de  mettre 


62 
une  haute  sagacité  dans  ia  mise  en  exécution  et  dans  la  manière  de  contrôler 
les  coQceptiOQS  de  l'inteUigence. 

I!  y  avait  alors  à  Genève  un  jeune  savant  venu  du  midi  de  la  France,  attiré 
par  la  réputation  lointaine  de  science,  de  l'antique  cité  du  lac  Léman.  Cet 
bomme  qui  s'ignorait  encore  lui-même,  mais  qui  portait  déjà  en  lui  ce  besoin 
vague  du  génie  d'appliquer  dignement  ses  forces,  entra  en  relations  intimes 
avec  M.  Prévost  en  vertu  de  cette  attraction  sympathique  qui  lie  entre  eux  les 
hommes  qui  poursuivent  le  même  but,  surtout  si  ce  but  est  du  domaine  de 
l'avancement  de  la  science.  Tout  le  monde  aura  deviné  que  je  veux  parler  de 
M.  Dumas,  et  les  beaux  et  brillants  travaux  dont  il  a  depuis  lors  doté  la  chimie 
comme  science  générale  et  philosophique  et  avec  toutes  ses  applications  pra- 
tiques à  la  médecine  et  à  l'industrie,  fout  remonter  avec  délice  à  cette  époque 
où  furent  posées  les  premières  pierres  angulaires  de  ce  vaste  et  magnihque 
édifice  ;  aussi  les  noms  de  Prévost  et  Dumas,  cités  depuis  vingt-cinq  ans  dans  tous 
les  travaux  importants  de  chimie  et  de  physiologie,  passeront-ils  à  la  postérité 
parmi  les  î-lu':  beaux  noms  des  fondateurs  de  la  philosophie  expérimentale 
d'observation.  Nous  aurons  occasion  ailleurs  de  revenir  avec  détail  sur  les 
travaux  de  M.  Prévost  et  de  son  illustre  collaborateur;  nous  dirons  seulement 
ici  que  c'est  de  cette  union  si  heureuse  entre  ces  deux  savants  qui,  dès  leurs 
premiers  travaux,  se  placèrent  au  premier  rang  parmi  les  contemporains  que 
sortirent  ces  belles  et  profondes  recherches  sur  la  composition  physique  et 
chimique  du  sang,  et  sur  ia  valeur  biologique  de  tous  ses  éléments.  Basés 
sur  la  triple  méthode  de  l'expérimentation  sur  les|animaux,  de  l'analyse 
chimique  et  de  Pexamen  microscopique,  ces  travaux  se  distinguent  en  même 
temps  par  une  généralisation  à  la  fois  vraie  et  d'une  haute  portée  et  par  l'appli- 
cation de  méthodes  nouvelles  et  ingénieuses  là  où  la  science  était  à  peine 
ébauchée  sur  ces  questions.  L'étude  du  sang  conduisait  tout  naturellement  à 
celle  du  centre  circulatoire,  et  ici  nos  deux  savants  comprirent  que  pour  bien 
saisir  les  particularités  d'un  organe  à  l'état  complet,  il  fallait  étudier  jusque 
dans  ses  moindres  détails  sou  mode  de  développement.  C'est  ainsi  que  parut  le 
premier  travail  de  ces  deux  auteurs,  sur  la  formation  du  cœur  dans  le  poulet, 
mémoire  qui  ne  fut  que  le  commencement  de  ces  recherches  que  M.  Prévost 
continua  jusque  dans  les  derniers  temps  de  sa  vie.  Haller  et  avant  lui  Malpigbi 
nous  avaient  légués  les  premiers  éléments  de  ces  études.  Beaucoup  de  savants 
de  nos  jours  se  sont  occupés  de  ce  sujet,  mais  toujours  est-il  que  le  travail  de 
MM.  Prévost  et  Dumas  constitue  un  progrès  réel  dans  nos  notions  sur  la  pre- 
mière apparition  du  cœur. 

A  l'époque  où  nos  deux  savants  se  livrèrent  avec  tant  d'ardeur  et  tant  de 
succès  à  l'étude  de  la  physiologie,  il  y  avait  une  autre  branche  de  cette  science 
qui  était  bien  plus  négligée  encore,  c'était  celle  qui  s'occupe  des  phénomènes 
intimes  et  initiaux  de  la  génération  des  êtres  vivants.  Leuwenhoek  avait  entrevu 
les  animalcules  spermatiques.  Spallanzani  avait  fait  les  premières  expériences 


63 
sur  la  fécoDdaiion  artificielle  chez  les  grenouilles  ;  des  nolioDs  éparses  et  des 
expériences  isolées  existaient,  il  est  vrai,  sur  un  grand  nombre  de  points  qui 
ont  rapport  à  ce  sujet,  mais  ce  qui  prouve  à  quel  point  les  bypotbèses  prédomi- 
naienldans  cette  partie,  c'est  que  l'œuf  des  mammifèresétait  à  peu  près  inconnu, 
et  le  liquide  prolitique,  dans  sa  constitution  physique  et  chimique  avait  à  peine 
fait  le  sujet  d'un  petit  nombre  de  travaux  sérieux.  Il  n'y  a  pas  de  branche  de 
la  physiologie  qui  de  nos  jours  ait  réalisé  plus  de  progrès  que  «elle  qui  s'occupe 
de  tous  les  phénomènes,  depuis  les  principes  fécondants  et  la  fécondation  elle- 
même  du  germe  jusqu'à  son  entière  évolution,  mais  nous  n'allons  assurément 
pas  trop  loin  en  affirmant  que  ces  premiers  travaux  de  Prévost  et  Dumas  con* 
stituent  largement  la  base  de  tous  les  travaux  postérieurs  sur  ce  point  capital 
de  la  physiologie. 

On  dirait  réellement  qu'aucune  des  grandes  fonctions  de  la  vie  ne  devait  échap- 
per aux  labeurs  intaiigables  de  ces  deux  grands  observateurs  ;  c'est  ainsi  qu'ils 
enrichirent  les  doctrines  sur  la  digestion  de  plusieurs  faits  importants,  qu'ils  dé- 
couvrirent l'urée  dans  le  sang  chez  les  animaux  auxquels  ils  avaient  extirpé  les 
reins.  La  composition  du  iaii  fit  également  le  sujet  de  leurs  recherches.  M.  Pré- 
vost décrivit  un  des  premiers,  et  d'une  manière  fort  remarquable,  la  composi- 
tion ioliuie  delà  fibre  musculaire  et  des  nerfs,  ot  si  sa  théorie  de  l'innervation 
des  muscles  n'est  plus,  à  la  vérité,  soutenable  aujourd'hui,  elle  n'en  a  pas 
.moins  le  mérite  d'avoir  ouvert  la  voie  à  la  combinaison  de  l'action  galvanique 
avec  l'inspection  microscopique  des  phénomènes  mêmes  de  la  contraction  mus- 
culaire, étude  qui  devait  fournir  de  si  brillants  résultats  plus  tard  entre  les 
mains  de  E.-H.  Weber. 

Lorsqu'on  compare  le  nombre  des  travaux  auxquels  s'attachent  les  deux  noms 
de  Prévost  et  de  Dumas,  on  est  à  la  fois  étonné  et  pénétré  d'admiration  en  ap- 
prenant que  cette  collaboration  a  à  peine  duré  trois  ans,  admiration  qui  aug- 
mente encore  lorsqu'on  a  vu  tous  les  travaux  commencés  et  inachevés  de  cette 
époque  qui  sont  restés  enfouis  dans  les  riches  cartons  de  l'un  et  de  l'autre  de 
ces  deux  observateurs.  C'est  en  effet  déjà  en  1823  que  M.  Dumas  vint  à  Paris, 
où,  dès  ses  premiers  pas,  il  sut  se  fonder  cette  position  si  éminente  dans  la 
science  à  laquelle  nous  aimons  tous  à  rendre  un  hommage  si  sincèfe. 

Si  après  le  départ  de  M.  Dumas,  de  Genève,  M.  Prévost  a  pu  moins  se  livrer 
aux  travaux  de  cabinet,  à  cause  de  sa  clientèle  de  médecin  uevenue  très-con- 
sidérable, il  n'a  pas  moins  continué  à  cultiver  sans  interruption,  jusqu'au  mo- 
ment de  sa  mort,  les  études  les  plus  variées  de  la  physiologie.  En  fait  d'anato- 
mie  comparée,  il  nous  a  dotés  de  plusieurs  travaux  importants  sur  les  organes 
de  la  génération  des  gastéropodes  ;  et  pour  ceux  du  genre  helixe,  il  a  surtout 
eu  le  mérite  de  rectifier  les  erreurs  commises  par  Cuvier  dans  la  détermination 
de  ces  organes,  car  Cuvier  avait  pris  pour  l'ovaire  une  partie  qui,  évidemment, 
renferme  des  spermatozoïdes.  Les  beaux  travaux  de  M.  A.  Meckelontdu  reste 
concilié  plus  tard  les  deux  opinions  par  la  découverte  de  la  glande  hermaphrodite 


et  re^nbotiemeot  pour  ainsi  dire  d'un  ovaire  dans  lugiândespernaatogéne.  Pour 
étudier  ia  va t^^nr  de  tous  ces  organes  chez  les  gastéropodes,  M.  Prévost  a  fort  judi- 
cieusement comparé  les  espèces  hermaphrodites  avec  les  bi-sexuelles.  Pour  ces 
derniers,  ses  travaux  étaient  d'autant  plus  délica^  que  ses  dissectioas  out  été 
faites  sur  une  petite  espèce,  le  cyclostoma  clcgans^  car  ce  n'est  que  beaucoup 
plus  tard  que  M.  Boissier  (de  Genève)  a  transplanté  dans  les  fossés  de  cette 
ville  une  gjraode  et  belle  espèce  de  paludine  provenant  du  lac  Majeur,  et  bien 
autrement  apte  à  ce  genre  d'études.  En  faisant  des  recherches  sur  la  génération 
de  la  moule  des  peintres  {unio  batavus)  ,  il  a  découvert  les  animalcules 
spermatiques  de  ces  animaux  inconnus  jusqu'alors.  Dans  ses  études  sur  la  gé- 
néritiion  du  sechol,  nous  trouvons  presfjue  les  premières  recherches  sur  le  dé- 
veloppement des  poissons.  Un  des  premiers  aussi,  il  a  démontré  que,  dans  la 
régénération  des  nerfs,  la  libre  nerveuse  se  reproduisait  intégralement.  Nos  re- 
cherches en  commua  sur  la  régénération  chez  les  salamandres  n'ont  pas  été 
achevées.  Dans  une  série  d'expériences  physiologiques  sur  l'intlammation,  il  a 
posé  les  bases  de  la  thérapeutique  physiolQgiqu,e  en  étudiant  avec  soin  l'action 
de  plusieurs  agents  physiques  et  médiçameuteu*  sur  les  troubles  de  la  circu- 
lation et  leur  rétablissement  à  l'état  normal. 

M.  Prévost  ne  s'est  pas  moins  préoccupé  de  la  chimie  physiologique,  et  les 
recherches  de  ce  genre  qu'il  a  faites  après  M.  Dumas,  et  successivement  avec 
M,  Le  Royer,  et  plus  tard  avec  M.  Morin  (de  Genève),  ont  surtout  porté  sur  la 
nulritioa  chez  le  fœtus  ou  chez  l'adulte.  Coujointement  avec  M.  Le  Royer,  il  a 
fait  un  mémoire  sur  le  contenu  du  canal  digestif  chez  le  fœtus  des  vertébrés, 
et  un  autre  mémoire  sur  l'acide  libre  contenu  dans  l'estomac  des  herbivores. 
C'est  avec  M.  Morin  qu'il  a  publié  successivement  des  recherches  physiologi- 
ques et  chimiques  sur  la  nutrition  du  fœtus,  sur  l'analyse  du  liquide  des  coty- 
lédons de  la  vache  et  de  ses  fonctions,  et  sur  les  changements  qui  s'opèrent 
dans  l'œuf  de  l'oiseau  pendant  le  développement  embryonal. 

Depuis  dix  ans,  nous  avons  fait  en  commun,  M.  Prévost  et  moi,  une  série  de 
travaux  de  physiologie  et  d'aoatomie  générale,  dont  une  partie  a  été  publiée 
dans  les  Annales  des  scje\ces  naturelles,  tandis  que  d'autres  recherches  ont 
été  successivement  communiquées  à  la  Société  de  biologie  à  Paris,  dans  laquelle 
nous  regrettons  doublement  la  perte  de  M.  Prévost  comme  savant  très-éminent 
et  comme  un  de  nos  membres  adjoints  les  plus  actifs.  Le  plus  grand  nombre  de 
nos  recherches  de  cette  série  a  porté  sur  le  développement  des  organes  de  la 
circulation  et  du  sang  dans  les  diverses  classes  des  animaux  vertébrés.  Notre 
principal  but  y  a  été  en  combinant  étroitement  l'organogénie  et  l'histogénie, 
de  saisir  tous  les  principaux  changements  qui  s'opèrent  dans  ces  organes  avant 
d'airivfir  à  leur  évolution  complète,  méthode  qui  nous  a  paru  la  meilleure  pour 
comprendre  ensuite  la  valeur  de  tous  ces  éléments.  Nos  recherches  sur  la  fibre 
muscuâlre  dans  toutes  les  classes  d'animaux  ont  été  publiées  séparément,  et 
nous  nous  y  sommes  proposé  le  même  but,  celui  d'arriver  à  la  connaissance  de 


65 
ta  structure  du  muscle  chez  ie  mammilére  adulte,  en  le  suivant  à  la  fois  à  tra- 
vers toute  la  série  des  animaux  et  à  travers  toutes  les  phases  de  développe- 
ment chez  les  embryons.  C'est  à  cette  occasioo  que  M.  Prévost  a  le  premier 
étudié  avec  feaucouo  de  détails  le  beau  phénomène  de  la  contraction  muscu- 
laire spontanée  dans  le  carabus  aurutust.  phénomène  physiologique  des  plus 
intéressants,  et  quej'ai  pu  étudier  depuis  sur  un  grand  nombre  d'espèces  d'a- 
nimaux. JVous  avons  laissé  inachevées  des  recherches  sur  la  production  artifi- 
cielle des  monstruosités  chez  les  animaux,  ainsi  que  des  travaux  sur  divers  su- 
jets d'einbryologie.  Un  dernier  travail  enfin  fait  en  commun  m'a  été  envoyé 
par  M.  Prévost,  un  mois  à  peine  avant  sa  mort,  et  je  dois  dire  ici  que  tout  ce  que 
ce  travail  renferme  de  nouveau  et  d'important  par  rapport  à  la  formation  du 
cœur  appartient  en  entier  à  M.  Prévost.  Je  citerai  enlin  plusieurs  petits  travaux 
publiés  par  M.  Prévost  dans  les  mémoires  de  la  Société  de  physique  de  Genève, 
sur  les  transformations  des  organes  de  la  respiration  chez  le  têtard  des  batra- 
ciens ;  sur  l'altération  des  globules  du  sang  chez  les  grenouilles  par  un  jeiine 
prolongé;  sur  les  moditicalions  des  animalcules  spermatiques  des  batraciens 
selon  les  saisons  -,  sur  l'aimantation  d'aiguilles  de  fer  doux  en  contact  avec  les 
nerfs  en  action,  etc. 

L'énumération  de  tous  ces  travaux,  si  nombreux  et  si  variés,  l'influence  in- 
contestable qu'ils  ont  exercée  sur  les  progrès  de  la  physiologie  par  l'observa- 
tion, placent  certainement  M.  Prévost  parmi  les  premiers  physiologistes  de  notre' 
époque.  Cependant  ce  n'était  là  qu'uu  côté  de  l'existence  de  l'illustre  savant 
de  Genève.  M.  Prévost  était  pour  le  moins  aussi  distingué  comme  médecin  pra- 
ticien que  comme  savant.  A  la  tète  de  la  pratique  genevoise  depuis  vingt-cinq 
ans,  au  milieu  d'une  Faculté  qui  Jusqu'à  ce  jour  a  conservé  une  juste  célébrité 
par  ses  lumières,  par  sou  union  et  par  les  beaux  travaux  dont  elle  a  su  doter  la 
science,  M.  Prévost  était  de  toutes  les  consultations  importantes,  e^  maintes  et 
maintes  fois  j'ai  entendu  dire  à  mes  savants  confrères  de  Genève  que,  dans  les 
cas  les  plus  désespérés,  où  toutes  les  ressources  paraissaient  épuisées,  on  trou- 
vait souvent  encore  des  conseils  salutaires  chez  M.  Prévost.  J'ai  pu,  pour  ma 
part,  pleinenient  confirmer  la  vérité  de  ce  fait  pendant  les  onze  ans  que  j'ai  pra- 
tiqué la  médecine  dans  le  canton  de  Vaud,  et  pendant  lesquels  j'ai  traité  un 
grand  nombre  de  malades  en  commun  avec  M.  Prévost.  Malheureusement  il  n'a 
rien  publié  sur  la  médecine  pratique.  J'ai  cherché  à  faire  connaître  quelques- 
unes  de  ses  méthodes  dans  mon  ouvrage  sur  les  maladies  scrofuleuses  et  tuber- 
culeuses et  dans  notre  correspondance  très-régulière  pendant  dix  ans,  inter- 
rompue seulement  de  temps  en  temps  par  les  séjours  que  je  fis  auprès  de  mon  ami 
à  Genève,  je  possède  beaucoup  de  données  thérapeutiques  qui,  j'espère,  feront 
un  jour  partie  de  la  publication  que  je  me  propose  de  faire  des  œuvres  com- 
plètes de  M.  Prévost.  Sa  pratique  médicale  s'est  caractérisée  par  deux  points 
d'une  haute  importance  :  l'un,  sa  manière  toute  physiologique  d'envisager  les 
maladies;  l'autre,  une  connaissance  des  plivs  approfondies  de  la  thérapeutique. 


66 

IH.  Prévost  s'inquiétait  peu  du  nom  des  maladies;  il  rechercbail  avant  tout  les 
troubles  fonctionnels  des  organes  pour  remonter  ensuite  à  la  source  des  altéra- 
tions qui  en  étaient  la  cause.  Pour  lui  le  lit  du  malade  était  ce  qu'il  doit  être, 
une  application  conliuuelie  de  la  physiologie,  enrichie  toutefois  par  les  données 
que  l'observation  clinique  seule  peut  fournir.  Sa  thérapeutique  était  d'autant  plus 
variée  qu'il  connaissait  à  fond  les  principaux  auteurs  français,  anglais  et  alle- 
mands sur  cette  matière,  et  qu'il  avait  Tbabitude  de  prendre  connaissance  de 
toutes  les  productions  nouvelles  de  ce  genre  à  mesure  qu'elles  paraissaient.  11 
était  impossible  d'être  meilleur  confrère  que  M.  Prévost,  Plein  de  déférence 
pour  ses  collègues ,  il  ne  mettait  jamais  d'amour-propre  à  adopter  l'opinion 
même  des  plus  jeunes,  et  si  son  avis  était  diflférent  pour  le  diagnostic  ou  pour 
le  traitement  à  suivre ,  il  l'émettait  avec  tant  de  simplicité  et  taut  d'urbanité 
que  même  les  confrères  les  plus  susceptibles  ne  pouvaient  en  être  cho- 
qués. Il  était  touchant  de  voir  M.  Prévost  dans  les  diverses  sociétés  de  méde- 
cine de  sa  ville  natale,  sociétés  dans  lesquelles,  du  reste,  l'esprit  de  la  plus 
parfaite  harmonie  rivalise  avec  la  recherche  tout  impartiale  de  la  vérité.  Nous 
ne  saurious  en  réalité  pas  prndiguer  assez  d'éloges  à  ces  confrères,  parmi  les- 
quels nous  avons  toujours  rencontré  une  si  inaltérable  bienveillance,  et  dont  les 
travaux  nous  ont  été  si  éminemment  utiles  dans  le  but  que  nous  poursuivions. 
Eh  bien  !  dans  ces  réunions.  M,  Prévost  était  entouré  de  tant  d'égards  et  de 
tant  d'affection,  il  sut  les  charnser  par  des  cominanications  si  variées  et  quel- 
quefois si  originales,  qu'au  milieu  de  ses  nombreuses  occupations,  il  sut  pen- 
dant nombre  d'années  toujours  trouver  le  temps  pour  y  assister  avec  une  grande 
régularité. 

Nous  serions  incomplet  entin,  dans  cette  courte  esquisse  biographique ,  si 
nous  n*insistions  pas  îout  particulièrement  encore  sur  la  charité  toujours  ac- 
tive que  M.  Prévost  vouait  aux  classes  pauvres  de  la  société,  et  auxquelles  il 
prodiguait  à  la  fois  les  secours  éclairés  de  son  art  et  les  secours  matériels  les 
plus  judicieusement  appliqués. 

Nous  avwns  passé  en  revue  les  principales  qualités  du  savant  profond ,  du 
praiiciea  distingué,  du  confrère  bienveillant,  de  l'homme  pleie!  de  charité  et  de 
dévouement  pour  les  pauvres,  et  nous  trouvons  ainsi  réunis  chez  M.  Prévost 
une  intelligence  ues  iTiieux  douées,  un  cœur  excellent,  une  activité  non  inter- 
rompue jusqu'à  la  lin  de  ses  jours,  ei  nos  regrets  de  sa  perte  serait'ni  bien  plus 
^•rofonds  encore  si  sa  mémoire  ne  se  perpétuait  pas  parmi  nous ,  comme  le 
vrai  modèle  à  suivre  dans  la  carrière  des  sciences  et  dans  l'emploi  de  la  vie. 


COBSPTi:    RENDU 

DES  SÉANCES 


DE 


r  r 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PENDA?!!    LE   MOIS   D'AVRIL  1850  : 


PAR 


mu-  les  doctenrs  LEBERT  et  BROWTV-SÉQVAIUD  »  McrCMIres. 


Présidence  de  M.  RATER. 


I.  —   ANATOMIE. 
StR    LES   DÉNOMINATIONS  DES  DIVEKSES  PARTIES   DE   l'iNTESTIN    PAR  LES  ACTEURS 

GRECS  ET  latins;  par  M.  Second. 

M.  Segond,  à  la  suite  d'une  exposition  générale  sur  les  principes  delà  nomen- 
clature ea  biologie,  a  coramuniqué  ses  recherches  particulières  sur  la  dénomina- 
tion des  différentes  parties  de  l'intestin.  Comme  le  travail  de  M.  Segond  offre  de 
'.'intérêt  pour  la  lecture  des  auteurs  anciens,  nous  allons  reproduire  ici  la  dernière 
p&rtie  de  sa  communication. 


68 

«  La  manière  aclueUe  de  décrire  l'intestin  n'est  pas  très-favorable  pour  don- 
ner une  notion  générale  de  cet  organe.  Les  courtes  généralités  par  lesquelles  com- 
mencent la  plupart  des  auteurs  sont  trop  vagues  pour  offrir  un  véritable  intérêt. 
La  description,  séparant  bientôt  chaque  partie  de  l'organe,  laisse  à  l'esprit  une 
grande  surabondance  de  détails  sur  la  bouche,  le  pharynx,  l'œsophage,  l'estomac, 
mais  ne  comprend  aucun  exanwn  systématique  de  l'organe.  Au  lieu  d'établir  des 
divisions  de  l'organe ,  il  faut  baser  les  divisions  d'après  les  différents  points  de 
vue,  et  donner  successivement  la  forme,  la  direction,  la  situation,  la  composition 
de  tout  l'organe.  Rien  n'est  plus  aisé  que  de  tirer  des  détails  du  milieu  d'un  en- 
semble; mais  il  est,  au  contraire,  très-difDcile  de  faire  sortir  les  idées  d'ensemble 
d'une  grande  accumulation  de  détails,  lorsque  surtout  cette  opération  est  entiè- 
rement abandonnée  aux  jeunes  intelligences  qui  s'appliquent  pour  la  première 
fois  à  l'étude  de  l'anatomie.Une  réforme  aussi  désirable,  relative  à  un  organe  es- 
sentiel, ne  peut  manquer  d'avoir  immédiatement  une  grande  portée  dans  l'en- 
Beignement  de  l'anatomie.  J'ai  dû  faire  celte  observation  générale  de  méthode 
pour  justifier  la  dénomination  que  je  veux  appliquer  à  cet  organe. 

■  Les  expressions  canal  alimentaire,  tube  dig'esfi"/', employées  au  point  de  vue 
physiologique,  donnent  de  cet  organe  une  idée  trop  spéciale.  Ce  canal  n'est  pas 
seulement  alimentaire,  seulement  digestif  :  c'est  aussi  bien  un  organe  de  dé- 
composition qu'un  organe  de  composition,  et  la  grande  complexité  des  fonctions 
qui  s'y  accomplissent  doit  faire  renoncer  à  désigner  l'ensemble  de  l'organe  d'a- 
près tel  ou  tel  rôle  exécuté  dans  un  point  particulier  de  son  étendue.  Les  ex- 
pressions canai  intestinal  et  tube  intestinal  seraient  plus  convenables;  mais 
elles  ont  l'inconvénient  d'être  complexes,  en  ce  sens  qu'on  a  voulu  tout  à  la  fois 
exprimer  la  forme  et  la  situation.  Or  bien  des  raisons  doivent  faire  rejeter  la 
comparaison  avec  un  canal  ou  un  tube,  et  ce  qui  doit  surtout  prévaloir,  c'est  la 
nécessité  de  donner  à  l'organe  un  nom  simple,  comme  les  mots  cœur,  poumon, 
cerveau.  Sans  chercher  à  introduire  un  mot  nouveau,  il  n'y  a  qu'à  étendre  à 
l'ensemble  de  l'organe  le  mot  simplement  employé  jusqu'ici  pour  désigner  la 
portion  comprise  entre  le  pylore  et  l'anus  ;  habitude  déjà  prise  dans  les  traités 
d'anatomie  comparée.  Le  mot  intestin,  ainsi  appliqué,  contribuera  à  mieux  ca- 
ractériser la  notion  générale  de  l'organe;  ce  qui  doit  en  outre  déterminer  à  ce 
choix,  c'est  la  considération  de  situation  que  nous  avons  indiquée  comme  devant 
être  la  plus  générale  dans  la  nomenclature  des  organes.  Le  mot  intestin,  ainsi 
que  la  plupart  des  dénominations  des  différentes  parties  de  cet  organe,  nous  vient 
des  anatomistes  grecs.  Le  mot  IvTspov,  dans  Hippocrate  et  Aristote,  désigne  les 
intestins,  c'est-à-dire  ce  qu'il  y  a  au  dedans  de  l'animal,  xà  èvTÔç.  Ce  mot  rem- 
plit donc,  par  son  origine  et  sa  signification,  le  véritable  but,  et  nous  dispense  de 
recourir  à  un  néologisme.  L'estomac,  comme  le  dit  Aristote,  est  comparable  à  un 
intestin  plus  large  que  les  autres.  Quant  à  l'œsophage,  beaucoup  d'animaux  n'en 
nt  pas  ;  il  ne  faudrait  donc  pas,  en  considération  de  la  disposition  des  parties  su- 
peri«'arcs  de  l'organe,  repousser  une  dénomination  simple  qui,  au  point  de  vue  de 


69 

la  véritable  notion  de  l'organe,  offre  un  incontestable  intérêt.  Je  désignerai  donc 
par  intestin  l'organe  fondamental  du  mouvement  de  composition  et  de  décompo- 
sition. 

»  Le  mot  principal  dont  nous  ayons  actuellement  à  rechercher  l'origine  est  le 
mot  estomac.  Il  est  évident  que,  dans  le  principe,  le  mot  <yxô\)jxyfp(;  devait  s'appli- 
quer à  la  partie  de  l'intestin  qui  fait  suite  à  la  bouche,  <n6\wi.  Ce  mot,  dans  plu- 
sieurs passages  d'Homère,  désigne  la  partie  inférieure  de  la  gorge;  il  s'applique 
plus  particulièrement  à  l'œsophage  dans  Hippocrate.  Bien  qu'Aristote  se  serve 
du  mot  olaof  iYOî  (De  part,  anim.,  1.  m,  ch.  3),  cependant  en  décrivant  les  parties 
intérieures  du  cou,  dans  I'Histoire  des  anihacx,  il  se  sert  du  mot  m6^-/p'^  POur 
caractériser  la  partie  de  ouverture  qui  s'attache  en  haut  à  la  bouche.  Galien 
emploie  également  le  mot  ordiiaxo;  pour  désigner  le  gosier  et  l'œsophage  ;  mais 
pour  cette  dernière  partie  il  se  sert  plus  particulièrement  du  mot  olio-fàYoç.Ce  qui 
paraît  le  plus  certain,  c'est  que  vulgairement  on  appliquait  le  mot  crdiiaxoç  à  la 
première  partie  de  l'ouverture  faisant  suite  à  la  bouche,  sans  préciser  nettement 
les  limites  de  cette  partie,  tandis  que  le  mot  olaoyâtyoî  ^^'^i*^  ""  ^^^^  P'"^  arrêté, 
plus  scientifique.  A  cet  égard  Théophile  ne  laisse  aucun  doute,  et  se  sert  dans  le 
même  passage  des  deux  mots,  en  spécifiant  que  olffocpàyoç  est  le  nom  propre  et 
CTO>ax°î  Ifi  nom  commun.  Enfin  l'usage  vulgaire  n'a  pas  seulement  étendu  ce 
dernier  mot  à  l'œsophage,  mais  à  la  partie  de  l'intestin  qui  fait  suite  à  l'œsophage, 
au  yauTÎip.  Bérenger  de  Carpi,  décrivant  le  ventrictilus,  dit  très-bien  qu'il  est 
eommunément  appelé stomachus. 

n  Enfin,  que  l'on  réfléchisse  un  instant  aux  expressions  vulgairement  employées 
aujourd'hui  dans  le  langage  ordinaire  pour  désigner  les  différentes  parties  de 
Pappareil  digestif,  elles  se  réduisent  essentiellement  à  quatre  :  la  bouche,  le  go^ 
sier,  Vestomac.  {'intestin.  Les  anatoniistes  modernes  n'ont  fait  autre  chose  qu'ap- 
pliquer particulièrement  au  renflement  intestinal  qui  fait  suite  à  l'œsophage  le 
mot  vulgaire  estomac.  Les  mots  xoiXCa  et  yaTr^ip,  dans  Hippocrate,  désignent  aussi 
bien  le  ventre  que  l'estomac.  Aristote  se  sert  particulièrement  du  mot  xoiXCa  pour 
désigner  cette  dernière  partie.  Le  yaTr?,?,  dans  Ruffus  comme  dans  Hippocrate  et 
Homère,  désigne  le  ventre;  mais  dans  Galien,  il  s'applique  très-nettement  à  l'es- 
tomac. Il  en  est  de  même  dans  Théophile.  11  eùl  sans  doute  mieux  valu  faire 
comme  La  Fontaine,  et  dire  messcr  gaster,  que  dire  Vestomac;  mais  c'est  par- 
ticulièrement dans  la  nomenclature  pathologique  que  ce  mot  s'est  conservé.  Le 
cardia  et  \ç pylore  ont  été  également  nommés  par  les  antomislcs  grecs;  cepen- 
dant Théophile  dit  encore  ctdiia  xoiX(ac  au  lieu  de  xap6(a. 

«  Le  çdpuv;,  dans  Hippocrate,  désigne  la  gorge.  Aristote  (De  part,  an.)  décrit 
très-nettement  sous  ce  nom  le  larynx,  qui  est  très-bien  appelé  îvàpuYî  par  Ga- 
lien. Celui-ci  décrit  sous  le  nom  de  tpâpyYî  l'arrièrc-bouche  ;  il  en  est  de  même 
dans  Théophile. 

»  Quant  aux  dénominations  de  la  bouche  et  de  ses  difl'érentes  parties,  nous  les 
trouvons  encore  dans  les  auteurs  que  je  viens  de  citer.  C'est  »xû'(jia  qui  a  prévalQ 


70 
dans  la  nomenciature  pathologique  ;  c'est,  au  contraire,  le  mot  bucca,  fait  de  6û!^o> 
(enfler),  qui  est  resté  en  anatomle.  La  langue,  dans  Hippocrate,  Aristote,  RufTus, 
Gâlien,  Théophile, est  désignée,  suivant  les  dialectes,  par  T^ibasa,  Y^tôrra,  y^awsTi.  ' 
Bien  que,  pour  plusieurs  dénominations  de  muscles  et  de  nerfs,  nous  nous  ser- 
Yions  de  Y^wacra,  c'est  le  mot  latin  qui  est  resté  pour  l'anatomie.  Lé  palais,  du 
latlù  pa/ofwm,  est  appelé  ÛTiEpwov  par  Hippocrate  et  Aristote;  ce  dernier  se  sert 
également  du  mot  oùpavtç.  La  luette  (du  latin  uva,  d'où  l'on  a  fait  d'abord  uvetté, 
ensuite,  en  préposant  l'article,  Vuvette,  qui  s'est  changé  en  luette),  est  appelée 
Yapvapetbv  par  Hippocrate  et  RufTus.  Aristote ,  la  comparant  à  une  grappe  de 
raisin,  la  désigne  par  dTatpy'Xocpdpov,  et  par  oxatpyX:?)  quand  elle  est  enflammée. 
Zxa<f\jkfi,  dans  Théophile,  désigne  la  luette  à  l'état  normal.  L'expression  yttçfa- 
pewva  ÔidtppaYjjLaxt  (ëpid.,  1.  ii)  désigne,  dans  Hippocrate,  le  voile  du  palais.  Les 
amygdales  (du  grec  àfiuySaXïi,  amande)  sont  appelées  xaptaôjjita  dans  Hippocrate, 
Aristote  et  Galien.  Les  dents,  ôèoùç,  sont  toutes  dénommées  dès  Aristote  :  ôÇsïç 
les  iticiàives  (toiisi;,  Théophile);  Tckaiûz,  (i6Xyi,  YopiçÉoç,  les  molaires;  xpavr^paç, 
les  dernières  molaires  (aoKppoviffTÎfipaç  Ruffus);  xuvo'Sovteç,  les  canines. 

»  Telles  sont  les  dénominations  des  diCFérentes  parties  de  l'intestin,  de  la  bouche 
au  pylore  ;  viennent  ensuite  les  différentes  parties  du  reste  de  l'intestin.  Hippo- 
crate nomme  le  colon  et  le  mésocolon.  Rufîus,  outre  la  grande  division  en  intes- 
tin grêle,  5^£-iiTbv  Ivrepov,  et  gros  intestin,  x(o>>ov,  désigne  le  cœcum,  tvcp'Xès*.  Hé- 
rophile  désigne  le  premiet  prolongement  àe  l'estomac  par  le  mot  SwSsxatiàxTyXoç. 
Galien  nomme  la  seconde  portion,  le  jéjunum,  vyiu'^ii;;  la  troisième,  Xeitrôv  êv- 
Tspov ;  la  quatrième,  zw-p'Xbv;  la  cinquième,  xwXov,  et  la  sixième,  ou  rectum, 
aitïufiudjiivov.  L'usage  a  introduit  le  mot  iléon  (de  iXaoç,  maladie  étudiée  par 
Hippocrate),  à  la  place  de  intestin  grêle,  qui  désigne,  selon  les  auteurs,  la  partie 
de  l'intestin  comprise  entre  l'estomac  et  le  cœcum,  ou  seulement  entre  le  duodé- 
num et  le  cœcum.  La  bouche,  le  pharynx,  l'œsophage,  l'estomac,  le  duodénum, 
le  jéjunum,  l'iléon,  le  cœcum,  le  colon  et  le  rectum,  telles  sont  les  dénomina- 
tions qu'il  faut  adopter  pour  désigner  les  principales  divisions  de  l'intestin.  Plu- 
sieurs sont  évidemment  fort  impropres  ;  mais  l'usage  et  le  sentiment  historique 
doivent  ici  l'emporter  sur  les  règles  générales  que  j'ai  moi-même  posées.  Quant  à 
la  limite  précise  de  ces  diltérentes  parties,  je  la  donnerai  en  exposant,  à  tous  les 
points  de  vue,  l'anatomie  de  l'intestin.  » 

II.  —  PHYSIOLOGIE, 
i»  EXPUCATION  DE  L'HÉIQPLÉGIE  CROISÉE  DU  SENTIMENT;  par  M.  BROWN-SÉQDAao. 

On  sait  que  M.  Brown-Séquard  a  trouvé  que  les  impressions  sensilives  venues 
d'une  moitié  latérale  du  corps  sont,  en  grande  partie,  transmises  au  centre  de 
perception  par  la  moitié  latérale  de  moelle  épiniére  du  côté  opposé.  On  sait  que 
quelques  instants  après  cette  section,  on  trouve  la  sensibilité  intacte  ou  même 


71 

exagérée  dans  le  côté  du  corps  corrcspondanl  au  côté  de  lu  secUou,  lundis  qiie 
le  côlé  opposé  a  perdu  une  grande  partie  de  sa  sensibîlilé  (voyez  les  Comptes* 
RENDUS  UE  LA  Soc.  DE  BiOL.,  H»  12,  décembre  1849,  et  n*  2,  février  1850). 

M.  Brown-Séquard  a  vu  en  outre  qu'on  peul  faire  jusqu'à  six  et  niênae  liuil 
sections  transversales  complètes  d'une  hiêrne  nioité  latérale,  sans  diminuer  la 
sensibilité  du  côté  correspondant,  tandis  qu'au  contraire  il  afrive  très-souveot 
alors  que  ce  qui  reste  dé  sensibilité  dans  le  côté  opposé,  après  la  première  sec- 
tion, disparaît  presque  complètement  après  les  autres.  On  peul,  déplus,  sur  le 
même  animal,  après  ces  six  ou  huit  sections,  faites  à  une  distance  de  8  à  10 
millimètres  l'une  de  l'autre  aux  régions  lombaire  et  costale,  faire  aussi  dans  deux 
oa  (rois  endroits  la  section  des  deux  cordons  postérieurs,  sans  que  la  sensibilité 
se  perde  dans  la  moitié  du  train  postérieur  où  elle  a  persisté. 

Le  fait  de  la  transmission  croisée  des  impressioiis  sensilives  par  la  moelle 
épinière  donne  une  solution  exllêmeuient  sinipie  au  problème  de  l'hémiplégie 
croisée  du  sentiment.  Cette  solution  montre  l'inutilité  dès  efforts  qu'on  a  faits 
pour  expliquer  cette  espèce  d'hémiplégie  croisée  par  les  entre-croisements  qui 
existent  à  la  partie  inférieure  de  l'encéphale,  à  partir  de  la  moelle  allongée  jus- 
qu'aux pédoncules  cérébraux  et  aux  tubercules  quadrijumeaux.  Jusqu'aujour- 
d'hui les  auteurs  qui  ne  croient  pas  que  les  fibres  sensilives  et  les  fibres  mo- 
Irices  soient  disposées  en  faisceaux  isolés  dans  la  moelle  épinière,  se  contentaient 
des  enire-croisemfenls  que  l'on  rencontre  dans  la  moelle  allongée,  la  pioiubé- 
Irance,  etc.,  pour  expliquer  l'hémiplégie  croisée,  et  ils  n'imliquaient  aucune 
partie  de  ces  enire-croisements,  comme  servant  d'une  manière  plus  spéciale  à  la 
Uransmission  croisée  des  impressions.  Au  contraire,  les  auteurs  qui  admettent  que 
dans  les  centres  nerveux  les  faisceaux  de  fibres  sensïlives  sont  "séparés  des 
faisceaux  de  fibres  motrices,  ont  essayé  de  fixer  le  lieu  où  se  ferait  l'entre-croi- 
seuiebl  propre  aux  Cbrés  sensilives.  Tels  sont  surtout  Ch.  Béll  et  Itf.  Longel.  Le 
premier,  dans  un  mémoire  important  à  plusieurs  égards  (1),  et  dans  lequel  il 
donné  les  raisons  qui  lui  ont  fait  changer  d'opinion  et  àtlribuer  aux  cordons  la- 
téraux ce  qu'il  avait  d'ybord  aliHbué  aux  corduiis  postérieurs,  soulient  que 
c^est,  à  l'endroit  où  se  fait  rentre-croisement  des  fibres  des  cordons  latéraux  que 
les  fibres  sensilives  venues  des  racines  postérieures  rachidiennes  s'énlre-croi- 
sent.  Il  dit  que  cet  entre-Croisement  a  lieu  à  la  face  postérieure  de  la  moelle 
allongée,  dans  une  grande  partie  de  l'étendue  du  quatrième  ventricule. 

D'après  M.  Longel  les  cordons  postérieurs  de  la  moelle  qu*il  affirme  être  seuls 
chargés  de  la  transmission  des  impressions  sensilives  iraient  faire  leur  décus- 
salion  (au  niveau  du  bord  anléro-supérieur  de  la  protubérance).  On  sait  que 


(1)  Transact.  PBiLosopH.,  !l835.  Ce  mémoire  a  été  reproduit  darik  rouVrâgé 
de  Ben  :  tHE  NEavous  system  Of  îHe  huban  bodï,  p.  23i-û0.  LûBdoïi ,  lëJiû- 
3«  édition. 


72 
c'est  dans  cet  endroit  où  s'entre-croisent  les  processus  cerebelli  ad  testes^  que 
M.  Longet  considère  comme  composés  de  libres  venues  des  cordons  postérieurs 
de  la  moelle  à  travers  le  cervelet  (i). 

M.  Brown-Séquard  s'est  demandé  si  ces  divers  enlre-croisemenls  pouvaient 
rendre  compte  de  la  paralysie  croisée  du  sentiment  ;  il  va  plus  loin  et  il  se  pose 
cette  question  :  Est-il  besoin  aujourd'hui  de  se  servir  de  l'un  quelconque  des 
entre-croisements  admis  dans  la  moelle  allongée,  dans  la  protubérance  ou  en 
avant,  pour  s'expliquer  la  paralysie  croisée  du  sentiment?  Il  lui  semble  qu'on 
ne  peut  répondre  que  négativement  à  celte  question.  En  efl'et,  il  est  évident 
que  si,  comme  le  prouvent  les  résultats  de  la  section  d'une  moitié  latérale  delà 
moelle,  les  libres  venues  des  racines  sensitives  de  gauche  vont  en  grande  par- 
lie  à  droite,  et  celles  de  droite  à  gauche,  presque  aussitôt  après  leur  entrée 
dans  la  moelle,  on  n'a  plus  besoin  de  recourir  aux  entre-croisements  qui  ont 
lieu  dans  la  moelle  allongée,  dans  la  protubérance  et  en  avant  pour  s'expliquer 
la  paralysie  croisée.  Il  y  a  plus  :  si  certaines  parties  de  ces  entre-croisements 
étaient  formées  par  des  fibres  qui  fussent  la  continuation  des  fibres  des  racines 
postérieures  rachidiennes,  il  faudrait  admettre  que  ces  flbres  après  être  entrées 
par  les  racines  postérieures  droites,  par  exemple,  se  sont  portées  dans  la  moi- 
tié gauche  de  la  moelle  épinière  ;  qu'ensuite  elles  en  sont  sorties,  se  portant  de 
nouveau  dans  la  moitié  droite,  d'où  enfin  elles  se  sont  reportées  à  gauche,  à 
la  hauteur  de  la  moelle  allongée,  de  la  protubérance  ou  un  peu  au-dessus. 
Efleclivement,  supposons  qu'au  lieu  de  trois  entre-croisements  il  n'y  en  ait  que 
deux  :  celui  que  les  expériences  de  M.  Brovvn-Séquard  montrent  exister  dans 
la  moelle  épinière  elle-même  et  l'entre-croisemenlde  la  moelle  allongée,  de  la 
protubérance,  etc.  Avec  l'existence  de  ces  deux  entre-croisements,  il  devient 
impossible  de  comprendre  la  paralysie  croisée  du  sentiment,  puisque  le  second 
entrecroisement  annihile  l'eflet  du  premier.  Il  faut  absolument  qu'il  y  ait  ou 
trois  entre-croisements  ou  un  seul,  et  puisqu'il  y  en  a  un  incontestable  dans  la 
moelle  épinière  elle-même,  il  faut,  si  l'on  veut  en  admettre  un  second  existant 
dans  l'encéphale,  qu'on  suppose  qu'il  en  existe  un  troisième.  Où  se  ferait  ce 
troisième  entre-croisement?  Serait-ce  dans  la  moelle  épinière?  L'expérience  sui- 
vante, dont  les  détails  se  trouvent  dans  l'avant-dernier  numéro  de  nos  Comptes 
RENDDs,  démontre  qu'il  n'y  a  pas  deux  enlre-croisemeuts  dans  ce  centre  nerveux: 
si  l'on  coupe  transversalement  une  moitié  latérale  de  la  moelle  épinière,  au 
voisinage  de  la  moelle  allongée,  on  trouve,  presque  aussitôt  après  la  section, 
que  le  membre  postérieur  ainsi  que  le  membre  antérieur,  du  même  côté  que  la 
section,  sont  au  moins  aussi  sensibles  qu'à  l'état  normal.  Or  ils  seraient  in- 

(1)  Si  les  libres  de  cet  entre-croisement  viennent,  comme  le  croit  M.  Longet, 
des  cordons  postérieurs  de  la  moelle,  elles  doivent  ne  servir  qu'à  peine  oa 
nullement  à  la  transmission  des  impressions  sensitives,  puisque  les  libres  des 

-rdons  postérieurs  n'ont  qu'à  peine  ou  n'ont  même  pas  cet  usag*'. 


73 
sensibles  s'il  y  araiL,  dans  la  moelle  épinière,  tin  double  enirc-croisemeat  des 
libres  venues  des  racines  sensiiives,  car  la  section  aurait  atteint  précisément 
les  fibres  venues  du  côté  du  corps  correspondant  au  côté  de  moelle  coupé.  De 
plus,  on  ne  devrait  pas  trouver  la  sensibilité  diminuée  dans  le  côté  du  corps 
opposé  au  côté  de  moelle  coupé.  C'est  cependant  ce  qui  a  lieu  (1).  S'il  n'y  a 
pas  deux  entre-croisements  pour  les  mêmes  libres  dans  la  moelle  épinière,  en 
serait-il  autrement  dans  la  moelle  allongée,  la  protubérance  et  au  devant?  nous 
ne  croyons  pas  qu'on  puisse  faire  une  telle' supposition.  Nous  nous  bornerons  à 
dire  que  cette  bypotbèse  n'a  pour  elle  aucun  fait,  ni  aucune  probabilité,  et 
qu'eUe  est  même  inutile  puisque  l'existence  d'un  entre*croisementdansla  nacelle 
épinière  suffît  seul  pour  expliquer  complètement  la  paralysie  croisée  du  sen- 
timent. 

De  ces  faits  et  de  ces  raisonnements,  M.  Brown-Séquard  tire  ]es  conclusions 
suivantes  : 

1°  Bien  n'est  plus  facile  que  d'expliquer  aujourd'hui  la  paralysie  croisée  du 
sentiment  ;  elle  dépend  d'uu  entre-croisement  des  libres  sensibles  de  tout  le 
corps  dans  toute  la  longueur  de  la  moelle  épinière. 

2*  Les  divers  entre-croisements  signalés  dans  la  moelle  allongée,  la  protubé- 
rance et  au  devant  de  ce  renflement  nerveux  ne  peuvent  plus  servir  à  expliquer 
la  paralysie  croisée  du  sentiment.  Il  reste  donc  à  cbercher  i  quoi  ils  servent. 
(Séance  du  2  mars  1S50}. 

2*  MEMBRANES  MOQUEUSES   OTÉRINES  EXPtJLSÉES   PENDANT  LA  MENSTBXJATÏON  ; 

par  M.  Lebert. 

Madame  M...,  âgée  de  26  ans,  d'une  bonne  constitution,  sujette  aux  douleurs 
de  rhumatisme  et  de  névralgie,  a  été  bien  réglée  depuis  l'âge  de  15  ans,  abon- 
damment et  régulièrement,  mais  ayant  des  coliques  vives  chaque  fois  pendant 
les  premiers  jours.  Mariée  depuis  cinq  ans,  elle  a  eu  un  enfant  il  y  a  trois  ans 
et  demi.  Dernièrement  elle  a  eu  dans  ses  époques  un  retard  de  douze  jours,  au 
bout  desquels  elles  parurent  accompagnées  de  douleurs  plus  vives  que  de  cou- 
tume. Pendant  la  nuit,  entre  le  premier  et  le  second  jour,  elle  sentit  un  accès 
de  colique  comme  pour  expulser  un  corps  de  l'intérieur  de  la  matrice.  Se 
croyant  enceinte,  elle  avait  la  même  sensation  que  si  elle  faisait  une  fausse 
couche. 


(i;  Que  l'hypothèse  suivant  laquelle  tontes  les  fibres  des  racines  postérieures 
iraient  jusqu'au  cerveau  soit  vraie,  ou  que  la  vérité  soit  au  contraire  dans  l'hy- 
pothèse suivant  laquelle  quelques  libres  seulement  iraient  an  cerveau  pour  y 
représenler  toutes  les  fibres  nerveuses  au  corps,  les  raisonnements  de  M.  Brown- 
Séqnard  gardent  dans  un  cas  comme  dans  l'autre  toute  leur  valeur.  C'est  ce 
qu'il  fera  voir  dans  son  mémoire. 


7Û 

La  partie  expulsée  ne  m'a  élé  montrée  que  trente-six  heures  après,  et  déjà 
un  peu  altérée,  ayant  surtout,  d'après  le  dire  de  la  malade,  diminué  de  plus  de 
moitié  de  volume.  La  forme  de  ce  corps  était  irrégulièrement  triangulaire  ;  il 
avait  4  centim.  de  long  sur  2  1/2  à  l  de  large,  se  rétrécissant  tout  à  fait  vers 
l'extrémité  inférieure,  et  sur  l  centim.  d'épaisseur.  Oa  voyait  évidemment  infé- 
rieurement  uu  orifice,  ainsi  qu'un  autre  supérieurement  à  droite;  je  n'ai  pas  pu 
en  distinguer  à  gauche.  L'orifice  inférieur  correspondait  à  celui  de  la  cavité 
utérine  du  côté  de  la  portion  vaginale,  tandis  que  l'orifice  supérieur  paraissait 
correspondre  à  l'ouverture  d'une  des  trompes.  Ce  corps  renfermait  une  cavité 
dont  les  parois  avaient  de  2  à  /ï  millim.  d'épaisseur  et  étaient  lisses  et  rosées  à 
la  surface  externe,  tomenteuses  et  d'un  rouge  lie  de  vin  à  la  surface  interne. 

L'examen  microscopique  mit  tout  à  fait  hors  de  doute  que  nous  avions  affaire 
à  une  membrane  muqueuse  utérine  expulsée.  Nous  avons  pu  constater,  à  ne 
pas  eu  douter,  de  nombreuses  glandes  utriculaires,les  unes  intactes,  les  autres 
pai  fragments  seulement.  Ces  glandules  constituées  pour  la  plupart  de  tubes 
recourbés  avaient  1  millim.  à  l  millim.  1/2  de  longueur  sur  i  huitième  à  l  dixième 
de  largeur,  et  étaient  revêtues  dans  tout  leur  intérieur  d'un  épithélium  pavi- 
menteux,  à  cellules  arrondies  de  1  quatre-vingtième  à  l  cinquantième  de  millim. 
de  diamètre,  renfermant  un  noyau  ovoïde  de  1/200  à  1/140  et  muni  d'un  ou  deux 
très-petits  nucléoles  ponctiformes.  Beaucoup  de  noyaux  étaient  libres  en  dehors 
des  cellules. 

Comme  M.  Follin  avait  présenté  dernièrement  des  cas  analogues  à  la  Société 
de  biologie,  je  l'ai  prié  d'examiner  cette  membrane  avec  moi,  et  il  a  pu  confir- 
mer tous  les  détails  que  nous  venons  d'indiquer. 

Nous  sommes  à  nous  demander  si  ce  fait,  déjà  signalé  par  Simpson,  et  que 
M.  Follin  a  accompagné  le  premier  d'un  examen  bistologique,  ne  serait  pas 
beaucoup  plus  fréquent  qu'il  nous  parait  dans  l'état  actuel  de  la  scieuce,  et  il 
reste  à  rechercher  s'il  n'y  a  pas,  à  chaque  période  menstruelle,  une  exfoliation 
insensible  et  presque  moléculaire  d'une  portion  de  la  muqueuse  utérine.  On 
rencontre  de  plus  quelquefois  dans  la  matrice  des  polypes  triangulaires  moulés 
exactement  sur  sa  cavité,  qui  pourraient  bien  avoir  une  exfoliation  menstruelle 
pour  origine.  L'expulsion  de  la  muqueuse  utérine  pendant  la  menstruation  est 
enfin  un  fait  du  plus  haut  intérêt  en  face  de  l'opinion  de  E.-H.  Weber,  Coste  et 
Robin,  aujourd'hui  généralement  adoptée  surl'identité  de  structure  entre  la  mu- 
queuse utérine  et  la  membrane  caduque,  et  il  reste  à  rechercher  si  la  membrane 
que  nous  avons  sous  les  yeux  n'est  pas  une  espèce  de  caduque  menstruelle,  et 
l'analogue  pour  ainsi  dire  de  la  caduque  de  gestation.  (Séance  du  6  avril.) 


75 

m.  —  ANATOMIE  PArnOLOCIQl'E. 

1°  OSSIFICATION  TRÈS-ÉTENDUE  DU  PÉRICARDE  VISCÉRAL  AU  NIVEAU  DE  L'OREILLETTE 
DROITE;  RUPTURE  DE  CETTE  MÊME  OREILLETTE;  pai'  M.  VeRNECIL. 

Cette  pièce  pathologique  a  été  trouvée  sur  le  cadavre  d'une  femme  de  70  à 
75  ans,  destiné  aux  dissections.  Le  cœur  a  contracté  avec  le  péricarde  des  ad- 
hérences celiuleuses  complètes  en  avant,  mais  qui  semblent  remonter  à  une 
époque  reculée.  En  détachant  les  brides  fibreuses,  on  constate  que  la  partie 
postérieure  du  péricarde  est  remplie  par  une  masse  de  caillols  noirs  du  volume 
au  moins  du  poing  d'un  adulte.  L'autopsie  faite  alors  avec  plus  de  soin  permet 
de  reconnaître  que  la  masse  des  caillots  se  continue  avec  un  coagulura  sembla- 
ble qui  distend  l'oreillette  droite,  celle-ci  en  effet  présente  une  rupture  très- 
étendue  au-dessous  de  l'auricule,  en  dehors  de  la  veine  cave  inférieure.  Cette 
solution  de  continuité  est  presque  transversale  et  présente  au  moins  4  centimè- 
tres d'étendue. 

La  face  supérieure  et  externe  de  l'auricule  présente  une  large  plaque  crétacée, 
offrant  une  épaisseur  de  4  à  6  millimètres,  au  moins  2  centimètres  en  largeur 
et  5  en  longueur  ;  elle  s'étend  depuis  le  sommet  de  l'auricule  droite  jusqu'au 
niveau  de  la  veine  cave  supérieure  par  sa  face  externe  ;  elle  a  contracté  des  ad- 
hérences irès-fortes  avec  le  feuillet  pariétal.  Sa  face  interne  est  doublée  par  les 
colonnes  charnues  de  l'&reiilette  qui  ont  conservé  leur  aspect,  leur  coloration, 
leur  consistance  normales. 

L'ossilicali(m  ne  siège  donc  pas  dans  la  substance  musculaire  elle-même.  La 
rupture  est  située  au-dessous  de  l'ossilicalion.  Sa  direction  lui  est  à  peu  près 
parallèle. 

Toutes  les  autres  cavités  sont  gorgées  de  sang  coagulé.  Le  cœur  est  notable- 
ment hypertrophié;  son  tissu  est  flasque  et  se  déchire  avec  la  plus  grande  fa- 
cilité. Les  orilices  auriculo-venlriculaire  et  pulmonaire  du  cœur  droit  ne  présen- 
tent pas  d'altérations.  Les  orifices  du  cœur  gauche  sont  le  siège  d'ossifications 
légères.  La  plèvre  gauche  présente  la  trace  d'une  inflammation  intense  avec 
productions  plastiques  abondantes,  mais  de  date  récente. 

Cette  malade  a  été  affectée  anciennement  d'une  péricardite  violente.  Sous 
l'influence  d'une  pleurésie  aiguë,  l'inflammation  se  sera  réveillée  dans  le  cœur 
par  continuité,  et  l'oreillette  se  sera  rompue  en  raison  de  l'eitréme  mollesse  du 
tissu  charnu  Je  pense  que  la  mort  a  été  immédiate  ou  à  peu  près  ;  j'ai  peine  à 
admettre  que  la  rupture  ait  précédé  la  pleurésie  et  les  traces  de  l'inflammation 
ambiante,  à  moins  que  l'épanchement  sanguin  n'ait  été  progressif  ou  du  moins 
très-lent  au  début,  comme  cela  se  fait  quelquefois  dans  les  cas  de  rupture  d'a- 
névrisme. 


76 

IV.   —  PATHOLOGIE. 
1"  CAS  D'HÉMORRHAGIE  UTÉRO-PLACENTAIRE  ;   par  M.  BLOT. 

M.  Blot  présente  un  œuf  abortif  de  deux  mois,  daus  lequel  on  trouve  un 
exemple  remarquable  d'hémorrhagie  utéro-placentaire. 

Cet  œuf  offre  l'aspect  d'une  masse  ovoïde,  du  volume  d'un  gros  œuf  de 
poule,  de  couleur  rouge  livide;  on  dirait  au  premier  coup  d'œil  un  gros  caillot 
sanguin  décoloré;  mais  en  l'examinant  de  plus  près,  on  trouve  que  cette  masse 
est  enveloppée  de  toutes  parts  d'une  membrane  organisée  d'un  gris  jaunâtre, 
lisse  et  ofirant  un  grand  nombre  de  petits  pertuis  elliptiques  dont  la  surface 
extérieure  est  comme  criblée.  En  un  mol,  on  retrouve  là  tous  les  caractères  de 
la  caduque  à  une  époque  encore  peu  avancée  de  la  grossesse.C'est  en  eflet  la  ca- 
duque fœtale.  Celte  membrane  est  fermée  de  toutes  parts,  excepté  en  un  seul 
point  où  existe  une  déchirure  de  2  à  3  centimètres.  Si  l'on  vient  à  la  fendre  en 
plusieurs  directions,  à  partir  de  la  déchirure,  de  manière  à  pouvoir  en  renver- 
ser les  lambeaux  en  dehors,  on  trouve  au-dessous  d'elle  uue  autre  membrane 
qui  offre  tous  les  caractères  du  cborion,  et  en  particulier  de  nombreuses  villo- 
sités.  C'est  entre  ces  deux  membranes  (caduque  fœtale  et  cborion)  que  s'est 
faite  l'hémorrbagie.  En  effet,  les  quatre  cinquièmes  de  la  surface  externe  du 
cborion,  y  compris  les  points  occupés  par  le  placenta  encore  rudimentaire,  sont 
recouverts  par  du  sang.  Cette  couche  sanguine  est  retenue  là  par  les  ramifi- 
cations vasculaires  du  placenta  et  les  villosités  du  cborion,  qui  y  sont  empri- 
sonnées; son  épaisseur  n'est  pas  la  même  dans  toute  son  étendue;  elle  a  de  7 
à  8  millimètres  au  niveau  du  placenta  ;  en  dehors  de  lui,  elle  est  moins  épaisse. 
Sa  consistance  diffère  également  dans  ces  deux  points;  au  niveau  du  premier, 
elle  forme  un  véritable  caillot  solide  ;  daus  le  second,  elle  est  constituée  par  un 
liquide  noirâtre,  épais  et  grumeleux,  qu'entraîne  facilement  l'eau  dans  laquelle 
on  est  obligé  de  plonger  la  pièce  pour  la  disséquer.  Le  foyer  hémorrhagique 
ne  communique  nullement  avec  l'extérieur  de  l'œuf,  pas  même  au  niveau  du 
placenta,  comme  on  l'observe  assez  souvent  au  moyen  de  déchirures  étroites  de 
la  caduque  improprement  appelée  secondaire;  aussi  la  dénomination  d'hémor- 
rhagie caduco-choriale  ferait-elle  peut-être  mieux  comprendre,  que  celle  d'uté- 
ro-placentaire,  le  point  précis  de  l'œuf  qu'occupe  le  sang  épanché.  Il  n'existe 
pas  non  plus  de  communication  entre  le  foyer  hémorrhagique  et  l'intérieur  de 
l'amnios.  Cette  dernière  membrane  n'offre  rien  autre  chose  de  particulier  qu'une 
déchirure  correspondant  à  celle  de  la  caduque  fœtale.  A  travers  l'ouverture  qui 
en  résulte,  on  peut  voir  très-clairement  au  fond  de  la  cavité  de  l'œuf  l'insertion 
du  cordon  ombilical  dont  l'extrémité  embryonnaire,  libre  et  flottante  dans  la 
cavité  amniotique,  présente  les  traces  évidentes  d'une  déchirure  récente.  Ce 
cordon  a  U  centimètres  de  longueur,  2  millimètres  de  diamètre.  Il  n'existe  pas 


77 
le  moindre  vestige  d'eaibryoD  ;  il  avait  été  expulsé  trois  jours  avant  l'œuf.  La 
malade,  pour  nous  servir  de  ses  expressions,  l'a,  dit-elle,  rendu  avec  ses  quct- 
tre  membres.  Ainsi  donc,  dans  ce  cas,  comme  dans  un  assez  grand  nombre  de 
cas  analogues,  l'avortement  a  eu  lieu,  pour  ainsi  dire,  en  deux  temps.  Ce  ren- 
seignement devait  être  noté,  car  il  aurait  pu  se  faire  que  l'embryon  eût  disparu 
par  absorption. 

Le  chorion,  au  lieu  d'être  séparé  de  l'amnios  par  un  intervalle  d'une  certaine 
étendue,  comme  cela  existe  normalement  au  deuxième  mois  de  la  grossesse, 
ui  est  intimement  uni,  et  il  est  presque  impossible  de  les  séparer  l'un  de  l'au- 
tre. Cette  disposition  tient- elle  au  refoulement  qu'a  subi  le  cborion  de  la  part 
du  sang  épanché?  Cela  est  probable. 

L'examen  le  plus  attentif  ne  peut  faire  retrouver  le  plus  petit  vestige  de  vé- 
sicule ombilicale. 

2»  TUBERCnUSATION  D'UN  DES  TESTICDLES,  CHEZ   UN  FAISAN  DORÉ; 

par  M.  Rater. 

L'affection  tuberculeuse  n'est  pas  rare  chez  les  oiseaux  élevés  en  domesticité 
ou  en  captivité.  On  l'a  spécialement  observée  chez  les  pigeons,  les  tourterelles, 
les  faisans  et  les  dindons.  Chez  ces  oiseaux,  on  trouve  le  plus  ordinairement 
la  matière  tuberculeuse  déposée  en  grains  ou  en  petites  masses  dans  les  pou- 
mons, dans  le  foie,  dans  la  rate  et  dans  les  os,  et  sous  forme  de  lamelles  d'un 
gris  jaunâtre  dans  les  sacs  aériens. 

Presque  toujours  ou  trouve,  chez  le  même  individu,  de  petits  dépôts  de  ma- 
tière tuberculeuse  dans  plusieurs  organes. 

M.  Rayer  met  sous  les  yeux  de  la  Société  les  deux  testicules  d'un  faisan  doré. 
  l'extrémité  extérieure  d'un  de  ces  testicules  existe  une  masse  tuberculeuse  du 
volume  d'un  pois  ordinaire.  Par  une  exception  très-rare,  les  autres  organes 
n'offraient  point  de  traces  d'une  semblable  altération. 

3»  HÉMORRHAGIE  DANS  L'AMNIOS  DE  PLUSIEURS  EMBRYONS  CHEZ  UNE  LAPINE 
MORTE  DE  PLEURÉSIE;  par  M.  BrOWN-SÉQUARD. 

H.  Brown-Séquard  montre  à  la  Société  une  belle  lapine  morte  de  pleurésie. 
Depuis  plusieurs  jours  cet  animal  toussait,  avait  la  respiration  très-gênée,  ne 
pouvait  plus  courir  et  refusait  toute  nourriture.  On  trouve  une  fausse  mem- 
brane purulente,  tapissant  presque  toute  la  cavité  de  la  plèvre  gauche. 

Celte  lapine  était  pleine  d'environ  vingt  jours;  presque  tous  les  petits  bai- 
gnaient dans  du  sang  ou  de  l'eau  sanguinolente.  Une  hémorrbagie  avait  eu 
lieu  dans  l'amnios.  On  ne  peut  attribuer  cette  hémorrbagie  à  aucune  violence 
extérieure  •*  l'animal  vivait  seul,  dans  un  grand  cabinet,  sur  du  foin.  Y  a-i-il 
quelques  rapport»  de  causalité  entre  cette  hémorrbagie  et  rinOammation  pleu- 
.•alc?  C'est  ce  que  l'on  ne  saurait  dire. 


7« 

4<>  SDR  UNE  ruMEDR  DU  SCROTUM  ;  paT  M.  JoBEJRT  (de  Lambàtle), 

Celle  tumeur,  que  M,  Rozé  présente  à  ia  Société  de  la  pari^  M.  Jobert,  s'est 
développée  dans  te  scrolura  gauche  d'en  bommc,  âgé  de  68  ans,  tbrlement 
constitué  et  jouissant  habituellement  d'une  santé  parfaite.  Il  y  a  vingt  ans 
qu'elle  a  été  aperçue  à  la  partie  inférieure  du  scrotum.  Peu  à  peu  elle  a  aug- 
menté de  volume,  en  gagnant  la  partie  supérieure  et  chassant  au-dessus  d'elle 
le  teslicnte  et  l'épididyme,  qui  sont  l'un  et  l'autre  restés  lout  à  fait  indépea- 
danls,  et  ont  conservé  leur  état  de  santé.  Jamais  cette  tumeur  n'a  déterminé 
aucun  accident,  si  ce  n'est  dans  ces  derniers  temps,  où,  par  son  volume  égal 
à  pea  près  à  la  tête  d'un  adulte  et  surtout  par  son  énorme  poids,  elle  occasion- 
nait des  tiraillements  tels,  que  la  marche  était  devenue  tout  à  Faft  fmpossiWfc. 
Ce  fut  alors  que  M.  Jobert  se  décida  à  l'enlever  ;  mais  auparavant  il  se  demanda 
s'il  conserverait  le  testicule,  dont  il  avait  parfaitement  reconnu  l'a  présence  à  la 
partie  supérieure  de  la  tumeur.  Cette  question,  selon  iui,  ne  pouvait  offrir  le 
plus  léger  doute,  attendu  que  :  î"  l'âge  du  malade  le  rendait  à  peu  près  inutile  ; 
2"  il  était  probablement  enclavé  dans  l'intérieur  de  la  tumeur  elle-même  et  ne 
pouvait  en  être  retiré  que  par  une  dissection  longue  et  minutieuse,  et  par  con- 
séquent très-douloureuse  ;  3°  enfin,  en  respectant  l'organe  lui-même,  il  était 
difficile  de  respecter  aussi  bien  ses  enveloppes,  la  tunique  vaginale  en  particu- 
lier; dès  lors  on  devait  craindre  l'inflammation  de  celte  dernière,  et  cette  in- 
flammation probable  a  paru  à  M.  Jobert  mériter  une  sérieuse  considération, 
surtout  en  réfléchissant  qu'elle  s'ajouterait  à  l'inOammation  traumalique  qui 
allait  être  le  résultat  d'une  plaie  aussi  étendue. 

Après  tous  ces  préliminaires,  M.  Jobert  enleva  la  tumeur  par  son  procédé 
opératoire  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  procédé  en  coquille,  parce  qu'en  effet, 
après  l'opération,  il  ne  reste  plus  que  deux  valves  qui  s'appliquent  l'une  sur 
l'autre,  à  !a  manière  des  coquilles  d'huître,  et  qui  permettent  le  facile  écoule- 
ment des  liquides  en  évitant  qu'ils  ne  soient  retenus  dans  l'intérieur  d'une 
poche. 

L'examen  anatomique  de  la  tumeur  prouva  qu'elle  était  formée  de  deux  par- 
lies  bien  distinctes,  une  partie  supérieure  graisseuse,  Ijpomateuse;  une  se- 
conde plus  dure,  comme  fibreuse,  que  M.  Jobert  présume  être  du  tissu  fibro- 
plastlque.  Celle  dernière  était  elle-niéme  formée  de  plusieurs  éléments.  On  re- 
connaissait en  effet  facilement  un  élément  fibreux.  Ces  fibres,  très-serrèeS  daiis 
certains  endroits,  donnent  au  tissu  l'aspect  nacré,  La  majeure  partie  de  la  tu- 
meur était  composée  d'une  substance  gélatiniforme,  assez  dense,  ne  se  laissa»! 
écraser  qu'avec  difficulté.  C'est  au  milieu  de  celle  matière  gélatiniforme  que 
l'on  remarquait  des  petits  points  blancs,  comme  tubel-culeux.  Enfin,  dans  d'au- 
tres i)oiois,  on  observait  des  épanchements  sanguins  assez  semblables  à  ceux 
qu'on  remarque  dans  les  tumeurs  encéphaloïdes. 


79 

Le  testicule  et  l'épididyme  étaient  en  eflFet  placés  à  la  partie  supérieure  de 
la  tumeur,  et  avaient  conservé  leur  état  normal. 

Quant  à  la  peau,  elle  est  saine  et  n'a  contracté  aucune  adhérence  avec  la 
tumeur. 

V.   —   UELMINTUOLOGIE. 

DE  L'EXISTENCE  CONSTANTE  DES  CYSTICERQDES  CHEZ  LES  LAPINS,   RT  DE  L' ACCROIS- 
SEMENT SDIULTANÉ   DE   CES  PARASITES  ET   DES  ANIMAUX  QUI  LES  PORTENT  ;   par 

M.  Brown-Séquard. 

M.  Browu-Séquaid  met  sous  les  yeux  de  la  Société  une  irès-grc-;??  lapine 
dont  la  carilé  abdominale  contient  une  gi'ande  quantité  de  cysticerques.  I!  rap- 
pelle à  ce  sujet  que  l'an  dernier  il  a  con-imuniqué  à  la  Société  une  note  sur  la 
constance  de  l'existence  des  cysikerques  dans  l'abdomen  des  lapins.  (GofBpies 
rendus  des  séances  de  la  Société  de  biologie,  1849,  p-  46.)  Il  disait  alors  avoir 
trouvé  50  fois  des  cysticerques  sur  50  lapins  ouverts  par  lui  en  quelques  mois. 
Depuis  cette  époque,  il  a  cherché  ces  helminthes  sur  environ  80  lapins,  et  à 
part  une  seule  fois,  il  en  a  toujours  trouvé  (l).  Il  fait  remarquer  en  outre  que  ces 
parasites,  dont  on  peut  en  générai  constater  déjà  l'existence  sur  des  lapins  nés 
seulement  depuis  quelques  jours,  se  développent  avec  l'animal  qui  les^Kn-te,  et 
arrivent  à  des  dimensions  considérables  chez  les  lapins  adultes.  C'est  ce  qu'on 
voit  chez  la  lapine  présentée  à  la  Société. 

VI.  —  CHIMIE. 
1»  ANALYSE  ANaTOMIQCE  ET  CHIMIQUE  DD  SANG  ;   par  MM.   F.   VeRDKIL 

et  Charijes  Dollfos.  (Première  partie.) 

Les  auteurs  s'expriment  ainsi  : 

«  Le  sang,  quoique  ayant  été  l'objet  de  nombreuses  recherches,  n'avait  pas 
encore  été  sutSsamment  étudié  au  point  de  vue  anatomique.  Les  principes  im- 
médiats du  sang  normal,  qui  étaient  parfaitement  connus,  se  réduisent  à  l'al- 
bumine, la  Uhrine,  la  matière  colorante,  l'eau  et  les  sels  fixes  non  décoraposa- 
bles  par  la  calcination.  On  citait  bien  les  substances  exlractives,  des  graisses 
non  déterminées,  un  acide  que  l'on  supposait  être  l'acide  lactique,  quoiqu'on 
ne  l'eût  jamais  obtenu  séparé  des  autres  substances. 

»  L'état  d'enfance  dans  lequel  se  trouvait  l'analomie  du  sang  a  dû  nécessairement 
réagir  sur  les  recherches  pathologiciues  qui  ont  été  faites  sur  ce  liquide.  En  ef- 
fet, toutes  ces  recherches  n'ont  eu  pour  résultat  que  de  constater  la  diminution 
ou  l'augmentation  de  la  quantité  d'eau,  d'albumine,  de  Cbrine,  de  matières 

(1)  Plus  récemment,  M.  Brown-Séquard  a  encore  rencontré  deux  cas  d'ab- 
sence de  cysticerques  chez  deux  jeunes  lapins  provenant  du  même  père  et  "de 
la  même  mère  qu'une  dixaine  d'autres  qui,  tous,  avaient  des  cysticerques. 


80 
colorantes  et  de  graisses.  Le  sang,  à  l'état  normal,  contient  d'autres  substances. 
Les  principes  immédiats  peuvent  n'exister  qu'en  très-petite  quantité,  mais  leurs 
proportions  peuvent  augmenter  considérablement  sous  certaines  influences  phy- 
siologiques ou  pathologiques,  et  par  cela  même  prendre  une  certaine  impor- 
tance, Dans  ce  cas,  il  sera  utile  d'avoir  des  procédés'  exacts  qui  feront  recon- 
naître à  coup  sûr  la  présence  ou  l'absence  de  tel  ou  tel  principe  immédiat. 

»  Jusqu'à  présent  on  désignait  sous  le  nom  de  substances  extracHves  du 
sang  tout  ce  qui  n'était  pas  de  l'albumine  coagulable,  de  la  fibrine  ou  de  la  ma- 
tière colorante,  et  l'on  désignait  sous  le  nom  de  graisses  ce  qui  était  soluble 
dans  l'étber. 

»  Nous  avons  entrepris  de  faire  l'analyse  anatomique  du  sang,  et  d'étudier 
les  principes  immédiats  de  ce  fluide,  en  quelle  quantité  qu'ils  se  rencontrent, 
pensant  qu'ils  peuvent  tous  acquérir  une  certaine  importance  suivant  l'état 
physiologique  ou  pathologique,  dans  lequel  se  trouveront  les  animaux  ou  les 
hommes  dont  on  étudiera  le  sang. 

n  Wous  avons  dû  commencer  nos  recherches  avec  du  sang  de  bœuf,  ayant  be- 
soin, pour  découvrir  une  première  fois  ia  nature  des  corps  que  nous  recherchons, 
d'Une  grande  quantité  do  liquide,  et  jusqu'à  ce  que  nous  ajons  trouvé  un  procédé 
convenable,  il  nous  a  fallu  des  quantités  énormes  de  sang.  Une  fois  les  différentes 
substances  reconnues  au  moyen  d'un  bon  procédé,  il  était  possible  de  les  retrou- 
ver dans  une  très-petite  quantité  de  ce  fluide. 

»  Nous  avons  dû  ne  pas  perdre  de  vue  que  c'était  une  analyse  anatomique  que 
nous  avions  entreprise,  et  qu'il  fallait  par  conséquent  éviter  toute  intluence  qui 
auraitpu  altérer  le  sang  que  nous  étudions  et  le  faire  sortir  de  l'état  normal.  Aussi, 
pour  être  sûrs  que  nous  n'obtiendrions  pas  des  produits  de  décomposition,  avons- 
nous  évité  d'introduire  dans  le  liquide  des  substances  qui  auraient  pu  l'altérer. 
Nous  avons  de  même  toujours  évaporé  au  btin-raarie  pour  éloigner  l'eau,  et  cela 
afin  que  le  liquide  n'atteigne  jamais  le  point  d'ébullition.  Dans  de  certaines  cir- 
constances, nous  avons  dû  mémo  évaporer  dans  le  vide. 

»  La  première  opération  ronsiste  à  éliminer  la  fibrine,  ce  qui  se  fait  en  agitant 
le  sang  encore  chaud,  à  sa  sortie  du  corps  de  l'animal.  Le  sang  privé  de  sa 
fibrine  est  mélangé  avec  son  volume  d'eau,  puis  chauffé  au  bain-rnarie  jusqu'à  ce 
que  l'albumine  et  la  matière  colorante  soient  coagulées.  On  filtre  la  masse  sur 
un  linge.  La  partie  coagulée  reste  sur  le  linge ,  tandis  que  le  liquide  passe  au 
travers. 

»  Le  liquide  est  encore  un  peu  coloré  par  la  matière  colorante  en  dissolution, 
qui  ne  s'est  pas  entièrement  coagulée.  La  liqueur  que  l'on  a  recueillie  est  évapo- 
rée au  bain-marie,  dans  une  capsule  en  porcelaine  ;  la  masse  coagulée  est  lavée, 
puis  pressée  fortement  pour  en  extraire  complètement  les  substances  solubles 
dans  l'eau.  Les  eaux  de  lavage  et  celles  provenant  du  pressage  de  la  masse  coa- 
gulée sont  ajoutées  au  liquide  qui  se  trouve  déjà  dans  la  capsule.  Ce  liquide  est 
Uès-légèrement  alcalin,  un  peu  coloré  par  la  matière  colorante  du  sang;  onl'é- 


81 
vapoie  jusqu'à  consistance  sirupeuse,  puis  on  y  ajoute  à  froid  de  l'alcool  ordi- 
naire. Il  se  forme  sur-le-champ  un  précipité  abondant;  on  ajoute  de  l'alcool 
jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  forme  plus  de  précipité,  puis  on  laisse  le  mélange  tranquille 
pendant  vingt-quatre  heures,  afin  que  la  séparation  se  fasse  complètement.  Au 
bout  de  ce  temps,  la  partie  liquide  est  séparée  du  précipité.  Ce  dernier  est  lavé 
avec  de  l'alcool  ;  il  est  composé  d'une  substance  albumineuse  qui  se  redissout 
dans  l'eau.  C'est  de  l'albumine  ordinaire,  qui  n'a  pas  été  coagulée  par  la  chaleur, 
et  qui  est  précipitée  par  l'alcool.  Cette  propriété  de  se  redissoudre  dans  l'eau  après 
avoir  été  précipitée  n'indique  pas  une  albumine  particulière.  L'albumine  du  blanc 
d'oeuf  et  du  sérum  se  précipite  par  l'alcool  sans  se  coaguler,  et  peut  se  redissou- 
dre de  nouveau  dans  l'eau. Si  la  solution  d'albumine  est  très-concentrée  et  que  l'on 
emploie  de  l'alcool  absolu,  il  y  aura  coagulation,  et  cette  albumine  ne  pourra  plu? 
se  redissoudre  dans  l'eau. 

»  Ce  précipité  contient  aussi  des  cristaux  de  chlorure  de  sodium  et  de  phosphate 
de  8oude« 

»  Lorsqu'on  redissout  ce  précipité  dans  l'eau  et  qu'on  y  ajoute  de  l'acétate  de 
plomb,  il  se  forme  un  volumineux  précipité. 

»  La  liqueur  filtrée  est  encore  précipitée  par  le  sous-acétate  de  plomb.  Ce  pré- 
cipité est  un  sel  de  plomb  formé  par  un  acide  organique  non  azoté,  et  qui  a  de 
l'analogie  avec  les  acides  organiques  provenant  de  l'oxydation  du  sucre.  Nous 
n'avons  pas  pu  en  obtenir  jusqu'à  présent  une  quantité  suffisante  pour  en  faire 
l'analyse.  Il  forme  avec  l'oxyde  de  cuivre  un  sel  cristallin,  qui  à  140°  se  décom- 
pose en  laissant  du  cuivre  métallique.  Il  brûle  en  répandant  une  odeur  prononcée 
de  caramel.  Nous  nous  occupons  maintenant  à  en  obtenir  une  quantité  sufiisante 
pour  en  faire  l'analyse. 

»  La  solution  alcoolique  (c'est-à-dire  la  partie  du  sang  soluble  dans  l'eau  et 
qui  n'a  pas  été  précipitée  par  l'alcool)  est  distillée.  Lorsque  tout  l'alcool  a  dis- 
paru, on  ajoute  à  froid  à  la  liqueur  concentrée  de  l'acide  sulfurique  très-dilué;  il 
se  forme  immédiatement  une  substance  insoluble  qui  vient  nager  à  la  surface  du 
liquide. 

»  La  liqueur  répand  alors  une  odeur  très-fétide  et  piquante,  analogue  à  celle 
que  répandent  les  acides  gras  volatils  qui  se  trouvent  dans  le  beurre.  Si  l'on 
examine  au  nnicroscope  la  graisse  qui  surnage,  on  la  trouve  composée  de  globules 
graisseux,  polarisant  faiblement  la  lumière.  11  se  rencontre  aussi  quelques  masses 
opaques  rouge  foncé,  ayant  la  forme  des  cristaux,  que  Virchon  a  désignées  sous 
le  nom  d'hématine  ;  seulement  ils  sont  moins  transparents.  La  majeure  partie 
de  cette  graisse  est  de  l'acide  oléique,  qui  était  combiné  dans  le  sang  avec  de  la 
soude.  On  sépare  par  flitration  la  masse  graisseuse  du  liquide.  Comme  l'excès  d'a- 
cide sulfurlque  pourrait  altérer  les  substances  que  nous  nous  proposons  de  re- 
chercher, nous  neutralisons  cet  acide  par  du  carbonate  de  chaux  ;  puis  nous  éva- 
porons au  bain-marie  jusqu'à  siccité,  et  enlevons  les  dernières  traces  d'eau  en 
plaçant  le  résidu  dans  le  vide  sur  l'acide  sulfurique.  Lorsque  la  masse  est  parfai- 


82 
tement  sèche,  on  l'extrait  par  de  l'alcool  absolu  Troid.  Ce  véhicule  dissout  alors 
presque  uniquement  de  l'urée,  qui  cristallise  de  la  solution. 

»  Nous  avons  présenté  à  la  Société  de  l'urée  cristallisée  directement  de  la  solu- 
tion alcoolique.  Si  l'on  n'a  pas  soin  de  sécher  parfaitement  le  résidu  et  d'employer 
deTakool  absolu  froid,  on  obtient  en  solution  un  mélange  qui  ne  peut  pas  cris- 
talliser, et  qui  ne  donne  aucune  réaction  nette  de  Itirôesous  le  n^croscope,  avec 
l'acide  nitrique  et  l'acide  oxalique. 

»  L'analyse  élémentaire  nous  a  démontré  que  cette  substance  était  bien  de 
l'urée. 

»  Lorsqu'on  a  extrait  de  cette  manière  Tarée,  on  traite  de  nouveau  le  résidu 
avec  de  l'alcool  chaud,  mélangé  d'un  peu  d'éther.  Il  se  dissout  beaucoup  d'bip- 
porate  de  chaux,  qui  cristallise,  lorsqu'on  évapore  ta  solution,  en  aiguilles  grou- 
pées autour  d'un  centre.  Cet  hyppurate  de  chaux  est  décomposé  par  un  acide  ; 
il  se  forme  un  sel  de  chaux  et  l'acide  hippurique  cristallisé.  On  purifie  cet  acide 
par  plusieurs  cristallisations. 

»  Nous  avons  eu  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  de  l'acide  hippurique 
provenant  du  sang.  L'analyse  élémentaire  des  cristaux  que  nous  avions  obte- 
nus nous  a  démontré  que  c'était  bien  de  l'acide  hippurique  que  nous  avions  dé- 
couvert dans  le  sang. 

»  Il  se  dissout  toujours  dans  l'alcool  chaud  des  sels  à  acides  volatils,  qu'on 
peut  constater  par  leur  odeur  particulière  lorsqu'on  les  décompose  par  un  acide. 

»  Dans  un  prochain  mémoire,  nous  présenterons  l'analyse  anatomique  de  ces 
acides  volatils,  et  nous  continuerons  l'examen  des  difiérentes  substances  dont 
le  sang  normal  est  composé.  »  (Séance  du  6  avril.) 

2»  SÎIR  IJN  PROCÉDÇ  P' ANALYSE  DES  UFcINES  DIABÉTIQUES  •,  par  M*  HiFFELSHElM. 

M.  Manmené  (de  Reims)  a  annoncé,  il  y  a  quelque  temps,  que  l'on  pouvait 
facilement  décider  la  présence  du  sucre  en  solution  à  l'aide  do  chlorure  stan- 
Dtque. 

A  cet  effet,  il  prend  une  bandelette  de  laine  qu'il  trempe  dans  une  solution 
concentrée  de  chlorure  stannique;  après  l'avoir  fait  sécher  au  bain-marie,  il 
suffit  de  l'imprégner  de  quelques  gouttes  d'urine  diabétique,  par  exemple,  et 
de  l'exposer  à  une  température  de  130  à  150  degrés  sur  un  charbon  rougi  pour 
obtenir  une  tache  noire  sur  le  tissu. 

M.  Hiffelsheim,  en  confirmant  l'assertion  de  M.  Manmené,  fait  observer  que 
celtetache  devient  noire  sans  avoir  passé  préalablement  par  une  autre  coloration, 
ce  qui  ne  permet  pas  à  l'expérimentateur  d'attribuer  la  coloration  à  l'action 
unique  du  feu. 

Par  sa  découverte,  M.  Maumené  a  enrichi  la  science  d'un  nouveau  procédé 
aisément  praticable  par  tout  le  monde. 


compte:  rendu 


DE 


LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE 


PENDANT   LE   MOIS  DE    MAI  1850  ; 


PAR 


M.  le  Docteur  BROWN-SÉQIJARU ,  seerétatro. 


Présidence  de  M.  RAYER. 


I.  — PHVSrOLOGIE. 


BIISTBffCE  D'CN  MODVKHENT  BHYTHMIQUE  DANS  LE  iABOT  DES  OISEACX  f 

par  M.  BBOWN-SÉQCAtto. 

Quand  ofl  ouvre  te  jabot  d'un  oiseau,  et  surtout  celdî  d'un  pfgeon,  â  l'épaque 
de  la  digestion  ,  on  voit  fréquemment  des  mouvements  rhyt6ûiic(ues,  parfaite- 
ment réguliers,  dans  te  jabot  et  t'œsopRage.  Si  l'on  asphyxie  l'animal,  ces  mou- 
vements deviennent  extrêmement  énergiques.  Le  nombre  habîloel  des  mouve- 
ments, dans  un  temps  donné,  est  de  dix  à  vingt  par  minute.  (25  mai.} 


8/1 

II.  —  ANATOMIE   PATHOLOGIQDE. 
KÏSTES  ÉPITHÉLUDX  CHEZ  LE  BOEDF  ;   par  M.  FOLLIfC. 

M.  FoUin  met  sous  les  yeux  de  ta  Société  une  énorme  tumeur  qui  provient  du 
poitrail  d'un  bœuf.  Cette  masse  est  formée  par  la  réunion  d'un  certain  nombre 
de  mamelons  ;  mais  à  l'extérieur  on  croirait  voir  un  paquet  de  circonvolutions 
liées  les  unes  aux  autres  et  convergeant  toutes  vers  un  pédicule  commun  plus 
étroit. 

Les  plus  saillantes  de  ces  masses  ont  13  centimètres  de  largeur,  et  les  plus 
petites  3  seulement.  La  peau  qui  recouvre  cette  tumeur  est  grisâtre,  écailleuse 
et  sèche.  Sur  certains  points  on  y  voit  des  dépôts  de  lamelles  d'épiderme  dessé- 
ché. Quelques  poils  rares  s'y  montrent  aussi  :  de  là  un  contraste  avec  la  peau 
velue  du  reste  du  corps  de  l'animal,  et  dont  on  retrouve  les  caractères  autour 
du  pédicule  de  la  tumeur. 

Quand  on  fait  une  coupe  sur  une  de  ces  masses,  on  distiajue  au  centre  deux 
tissus  blanchâtres  servant  d'enveloppe  à  une  quantité  considérable  de  points 
d'une  couleur  variable,  formés  par  des  dépôts  de  produits  divers. 

Dans  la  plupart  des  masses,  ce  sont  des  dépôts  d'une  matière  jaune,  de  con- 
sistance mollasse  comme  celle  du  beurre. 

Le  volume  de  ces  dépôts  est  très-variable  :  les  uns  sont  gros  comme  une  tête 
d'épingle  ;  les  autres  ont  plusieurs  centimètres  de  diamètre. 

Ces  produits  jaunâtres  ne  ne  se  délayent  pas  dans  l'eau  ;  ils  s'isolent  facile- 
ment de  l'endroit  où  ils  se  trouvent,  et  on  les  voit  alors  entourés  par  une  enve- 
loppe blanchâtre,  lisse  en  dedans,  adhérente  en  dehors,  mais  qu'il  est  facile 
d'arracher  à  l'aide  de  pinces.  Cette  poche  est  formée  par  du  tissu  fibreux. 

Sur  d'autres  points  on  rencontre  une  matière  grisâtre,  sans  odeur, et  analogue 
au  miel  pour  son  aspect  extérieur. 

Enfin,  dans  le  mamelon  le  plus  volumineux,  l'aspect  intérieur  n'est  plus  le 
même.  Au  centre,  on  trouve  uue  masse  presque  sèche,  grise,  composée  de  cou- 
ches concentriques  dont  les  plus  externes  sont  les  plus  sèches.  Une  poche  cel- 
luio-iilireuse  limite  cette  masse,  qui  est  entourée  de  plusieurs  petits  kystes  jau- 
I)  à  très. 

La  disposition  anaîomique  de  ces  tumeurs  ne  permet  pas  d'y  voir  autre  chose 
que  des  kystes  sébacés  considérablement  développés.  L'examen  microscopique 
de  leur  contenu  vient  conflrmer  cette  idée.  Dans  les  substances  d'aspects  di- 
vers, jaunes  ou  grises,  que  nous  avons  examinées,  nous  avons  toujours  trouvé 
de  grandes  cellules  épithéliales  pâles,  avec  ou  sans  noyau,  irréguliéres ,  de 
0""",08  en  moyrnne  pour  leur  plus  grand  diamètre.  Dans  la  matière  complète- 
ment jaune,  nous  avons  de  plus  trouvé  des  globules  jaunâtres,  arrondis,  granu- 
leux à  leur  centre,  t.a  qui  resjjeiiiblaienl  assez  à  des  noyaux  épars  de  cellules 
épithéliales. 


85 

M.  Gelié  a  souveot  trouvé  daos  le  bœuf  des  kysies  à  peu  près  semblables  k 
ceux-ci  ;  il  les  a  vus  dans  l'épaisseur  des  joues,  aux  lèvres  et  dans  diverses  ré- 
gions du  corps.  Jamais,  selon  lui,  ces  kysies  ne  gaérissent  spontanément ,  ei 
pour  eu  débarrasser  l'animal,  l'extirpation  est  le  meilleur  moyeu. 

III.   —   PATHOLOGIE. 
1°  OSTÉOSARCOME  DU  BASSIN;   par  M.  BOUCHUT. 

Une  femme  âgée  de  42  ans,  malade  depuis  quatre  mois,  est  morte  à  l'Hôtel- 
Dieu  après  avoir  présenté  les  symptômes  suivants  : 

Une  douleur  aiguë,  constante,  tixée  au  genou  gauche,  a  signalé  l'invasion  de 
la  maladie.  Celte  douleur,  que  n'augmentait  pas  la  pression,  resta  ainsi  localisée 
quelque  teuips  ;  bientôt  elle  se  Jit  sentir  à  la  jambe,  dans  la  direction  du  péroné , 
et  elle  s'étendit  jusque  sur  le  dos  du  pied,  près  des  orteils.  Elle  remontait  aussi 
quelquefois  à  la  cuisse  et  jusqu'à  la  fesse»  sur  le  trajet  du  nerf  scialique  ;  mais 
à  ce  moment  elle  devint  intermitteale,  irréguliére,  paraissant  tantôt  le  jour,  tan- 
tôt la  nuit,  et  accompagnée  d'élancements  plus  ou  moins  considérables. 

Le  membre  inférieur  droit  ne  présentait  rien  de  semblable. 

La  malade  était  couchée  sur  le  dos,  le  bassin  conlourné  à  droite,  la  cuisse 
demi-flécbie  sur  le  venlre,  le  genou  porté  aussi  du  côté  droit  et  la  jambe  en  état 
permanent  de  flexion.  Elle  finit  par  ne  pouvoir  plus  quitter  ce  décubîlus,  que 
l'on  a  donné  avec  raison  comme  caractéristique  des  alfections  de  la  hanche,  et 
lorsqu'on  essayait  d'allonger  le  membre ,  on  déterminait  les  plus  vives  dou- 
leurs. 

La  hanche  n'était  pas  déformée,  la  pression  sur  le  trochauter  nullement  dou- 
loureuse. La  pression  au  pli  de  l'aine  et  les  mouvements  causaient  seuls  de  !a 
douleur. 

La  malade  dépérissait  chaque  jour,  quoiqu'on  eût  réussi  bien  des  fois  à  calmer 
ses  douleurs  à  l'aide  d'applications  eudermiques  de  sulfate  de  morphine-,  elle 
tomba  entln  dans  le  marasme,  et  elle  mourut. 

Les  viscères  tboraciques ,  examinés  avec  soin,  ne  présentaient  aucune  alté- 
ration. 

Le  foie,  les  reins  et  la  rate  étaient  sains. 

L'intestin  était  distendu  par  des  gaz  et  rempli  de  matières  liquides  jaunâtres. 
Injection  assez  vive  de  la  muqueuse  du  jéjunum  et  de  l'iléon,  mais  pas  d'ulcé- 
ratidn  en  aucun  point  de  son  étendue. 

Les  ganglions  mésentériques  paraissent  très-nombreux,  rouges,  un  peu  lu- 
méiiés,  mais  sans  autre  altération. 

L'arliculalion  coxo-fémorale  gauche  est  saine  à  l'extérieur. 

Lî«  capsule  fibreuse  est  intacte,  et  après  sa  division,  il  s'écoule  une  grande 
quaulité  de  synovie  sanguinolente.  Du  côtéo|>posé,  la  synovie  est  claire,  limpide 
--<  niante.  Le  ligament  cotyloïdien  est  inlaci. 


m 

A  gauche,  la  tête  du  fémur,  de  volume  normal,  est  molle  et  se  laisse  facile* 
ment  pénétrer  par  le  scalpel.  Le  cartilage  est  rugueux,  sale  et  aminci. 

Le  tissu  spongieux  est  raréiié.  très^mou  et  intiltré  de  jbouillie  rougeâire.  Jeté 
sur  le  sol,  il  sonne  comm«  du  carton  mouilla;  jeté  dansi'eau,  il  surnage  le 
liquide. 

Du  côté  opposé,  la  même  partie  de  l'os,  examinée  comparativement,  est  dure, 
résistante,  impossible  à  pénétrer  par  le  scalpel,  coule  au  fond  de  l'eau,  ré- 
sonne enlin  comme  de  l'os,  et  rebondit  quand  on  la  jette  sur  de  la  pierre. 

A  gauche,  la  cavité  est  plus  profonde  que  du  côté  droit.  En  y  mettant  le  doigt, 
on  la  défouce  et  on  pénètre  daos  le  bdgsin,  dans  une  masse  énorme  formée  par 
Tos  iliaque,  converti  en  une  substance  molle,  spongieuse,  formée  d'aréoles  fra- 
giles, remplies  d'une  bouillie  rougeâire  lienle-vin  foncé.  Le  doigt  y  pénétre 
comme  dans  uu  morceau  de  poumon  splénisé. 

L'os  coxsl  est  malade  depuis  le  milieu  de  la  crête  du  détroit  supérieur  jusque 
près  du  pubis.  La  branche  transversale,  la  branche  desceadanie  et  la  brancbe 
iscbiatique  de  cet  os  sont  affectées. 

Il  en  résulte  une  tumeur  qui,  dass  son  plus  gr»i>d  diamètre,  a  20  centimètres 
de  diamètre  et  qui  en  a  12  de  large. 

La  coupe,  facile  à  opérer  avec  le  couteau  ou  la  scie,  est  grenue,  remplie  d'as- 
pérités formées  par  des  cloisons  osseuses.  Ces  cloisons  eirconscri  vent  des  aréoles 
très-larges  ;  elles  sont  très-fragiles  et  disparaissent  sous  la  moindre  prcssioD. 
En  quelques  points,  elles  paraissent  même  avoir  disparu. 

Les  aréoles  sont  remplies  d'uoe  bouillie  rougeêtre,  semblable  à  la  boue  sp^ 
nique.  En  deux  ou  trois  points,  dans  la  largeur  d'un  centimètre,  cette  bouiUi« 
est  plus  pùle  et  semble  renfermer  une  maUére  blanchâtre,  diffuse,  dont  nous 
allons  bientôt  donner  les  caractères. 

A  droite,  bien  que  l'articulation  coxo-fémorale  soit  saine,  l'os  coxal  est  éga»» 
lement  attecté;  seulement  l'altéraUon  e$t  moins  avancée  que  dans  le  côté 
gauche. 

Derrière  la  branche  horizontale  du  pubis,  se  trouve  une  tumeur  du  volume 
d'un  œuf,  formée  par  la  dégénérescence  de  celte  partie  de  l'os  et  delà  brancbe 
descendante  du  pubis.  Cette  tumeur  ferme  à  peu  près  le  trou  obturateur;  elle 
est  constituée  par  une  trame  osseuse  développée  dans  le  périoste,  et  son  ioté- 
rieur  est  rempli  d'une  matière  tout  à  fait  semblable  à  celle  que  nous  venons  de 
décrire  dans  l'os  iliaque  gauche.  Les  nerfs  sciatiques  étaient  saius. 

2»   Sl'R   VS  CAS  DE  T13MEUR   ENCÉPHALOiDE  INTRA-CRANIENNE;    par    M.   GIIBI.EB. 

«  Une  femme  de  65  ans  entra  dans  le  service  de  M.  Rayer,  le  11  novembre 
I8fi7,  pour  une  paralysie  qu'elle  rapportait  à  une  chute.  On  constata  une  hémi- 
plégie incomplète  du  côte  gauche,  accompagnée  de  roideurs,de  contractions 
involontaires  et  de  douleurs  dans  les  membres  paraiysés;  les  membres  droits 
étaient  eux-mêmes  affaiblis. 


87 

»  A  la  longue»  les  mains  se  rétractèrent  par  la  flexion  exagérée  des  doigts  ;  les 
douleurs  et  les  contractions  des  membres,  stationnaires  pendant  plusieurs  moist 
prirent  à  la  tin  une  nouvelle  intensité  ;  l'appétit  et  le  sommeil  se  perdirent  (  la 
maigreur  et  la  faiblesse  devinrent  excessives.  Une  pneumonie  uUime  détermina 
la  mort,  qui  eut  lieu  le  29  août  184S. 

B  Autopsie.  —  Les  articulations  interpbalangiennes  et  métacarpo-phalan- 
gieunes  des  deux  mains  étaient  altérées.  Dans  chaque  jointure,  la  surface  car- 
tilagineuse de  l'os  supérieur  était  partagée,  par  une  rainure  transversale,  en 
deux  moitiés.  Tune  antérieure,  offrant  un  cartilage  sain,  en  rapport  avec  l'os 
inférieur,  l'autre  postérieure, recouverte  d'un  cartilage  aminci  au  point  délais- 
ser voir  par  transparence  des  végétations  de  la  substance  osseuse  sous-jacente. 
Dans  les  rainures,  l'os  était  à  nu.  »  La  synoviale  était  injectée. 

»  Les  poumons  étaient,  dans  leurs  lobes  inférieurs  surtout,  congestionnés 
et  même  hépatisés. 

a  Le  cœur  et  les  organes  abdominaux  ne  présentaient  aucune  lésion  impor- 
tante. 

•  Sur  le  lobe  moyen  de  l'hémisphère  droit  du  cerveau  existait  une  masse 
noirâtre,  arrondie,  du  volume  d'un  petit  oeuf  de  poule,  qui,  le  cerveau  étant 
enlevé,  restait  adhérente  à  la  dure-mère  et  entraînait  avec  elle  une  couche  de 
substance  corticale.  Ainsi  se  trouvait  ouverte  une  cavité  creusée  aux  dépens  des 
circonvolutions  cérébrales,  et  qui  était  remplie  d'un  tissu  cellulaire  extrême- 
ment lia. 

Des  vaisseaux  volumineux,  partant  de  la  pie-mère,  se  répandaient  sur  la  tu- 
meur. La  dure-mère  était,  dans  le  voisinage  de  celle-ci,  couverte  d'une  couche 
vasculaire,  mais  d'ailleurs  nullement  altérée  dans  sa  texture.  La  tumeur  était 
constituée  par  une  substance  molle,  demi-transparenle,  d'une  nuance  lilas,  sem- 
blable, en  un  mot ,  à  la  substance  corticale  du  cerveau  d'un  fœtus  à  terme ,  et 
par  un  épanchement  de  sang  poisseux  très-foncé  en  couleur. 

»  L'examen  microscopique,  fait  en  commun  avec  M.  Leb^rt,  a  fourni  les  ré- 
sultats suivants  : 

»  Une  lame  mince  du  tissu  de  la  tumeur,  examinée  avec  un  grossissement  de 
50  diamètres,  montra  de  très-nombreux  vaisseaux  sanguins,  soit  des  troncs,  soit 
des  rameaux  plus  petits,  et  des  réseaux  de  capillaires  à  parois  nettement  délimi- 
tées et  remplies  de  globules  sanguins.  Le  tissu  qui  entourait  ces  vaisseaux  ne 
montrait  ni  libres  ni  éléments  graisseux  ;  il  était  eniièremenl  composé  de  cellules 
cancéreuses,  qui  ont  été  examinées  avec  un  grossissement  de  800  diamètres  et 
ont  paru  entourées  d'une  substance  intercellulaire.  Les  cellules  sont  rondes  ou 
irrégulières,  de  o'"'",Ol2  à  0'"'",015,  renfermant  un  noyau  ovoïde  de  0"'"',0075  à 
QTnm^Ol,  muni  de  deux  nucléoles  de  0""",0025. 

»  L'épancbemenl  sanguin  montra  des  transformations  bien  diverses  d'héma- 
line,  des  taches  jaunes,  de  petits  globules  d'un  jaune  doré  de  ©""'.OOS  et  de 
grands  globules  ronds  ou  ovoïdes  de  0"'*,025,  formés  par  l'agglomération  de 


88 
ces  petits  globules  d'un  jaune  doré  ;  enGn  des  cristaux  losangiques  d'un  rouge 
hyacinthe,  qui,  traités  par  l'acide  nitrique,  ont  passé  parle  série  des  colora- 
tions que  ce  réactif  fait  subir  à  la  matière  colorante  de  la  bile.  Plusieurs  mots 
auparavant,  M.  Gubler  avait  observé  le  même  phénomène  en  examinant  la  ma- 
tière jaune  chamois  qu'on  trouve  à  la  place  des  anciens  foyers  apoplectiques  du 
cerveau  ;  mais  déjà  un  observateur  très-distingué,  M.  Virchow,  avait,  en  Alle- 
n)agne,  fait  un  travail  fort  remarquable  sur  ces  altérations  de  l'héniatine,  peu 
connues  en  France. 

»  M.  Gubler  pense  que  celte  tumeur  cancéreuse  s'est  développée  dans  la  pie- 
mère,  et  que  plus  lard  elle  a  contracté  des  adhérences  avec  la  dure-mère.  Selon 
lui,  dans  des  cas  analogues  à  celui. ci,  les  masses  cancéreuses  se  développent 
du  côté  du  cerveau,  et  non  point  du  côté  des  parois  crâniennes,  tandis  que,dans 
les  fongus  de  la  dure-mère,  la  dégénérescence  respecte  l'encéphale,  mais  s'em- 
pare des  os  et  des  téguments.  La  dure-mère  serait  donc  une  barrière  infran- 
chissable au  développement  du  tissu  cancéreux.  » 

3»  SDR  UN  CAS  DE  MÔI.E  VÉSICULAIRE  ;   par    M.   DePAUL. 

Une  dame  âgée  de  21  ans,  demeurant  rue  Louis-le-Grand,  n»  2/i,  était  accou- 
chée naturellement  et  à  terme  pour  la  première  fois  à  la  lin  du  mois  de  janvier 
1849.  L'enfant  naquit  vivant.  Les  suites  de  couches  ne  présentèrent  rien  de 
particulier.  Les  régies,  qui  avaient  été  supprimées  pendant  la  grossesse,  repa- 
rurent pour  la  première  fois  dans  les  premiers  jours  d'avril;  mais  depuis  elles 
furent  de  nouveau  suspendues  :  ce  qui,  joint  à  quelques  troubles  des  fonctions 
digeslives  et  à  quelques  autres  phénomènes,  lit  croire  à  l'existence  d'une  nou- 
Telle  grossesse. 

Au  20  avril  déjà,  il  y  avait  des  nausées  et  des  vomissements.  Les  seins  com- 
mençaient à  se  durcir  et  à  devenir  un  peu  douloureux.  Cependant  la  santé  gé- 
nérale n'était  pas  mauvaise,  et  cette  dame  pouvait  se  livrer  à  ses  occupations 
habituelles.  Cet  état  normal  pour  une  grossesse  commençante ,  et  qu'aucune 
circonstance  extraordinaire  n'était  venue  troubler,  persista  pendant  deux  mois 
environ  ;  mais  alors,  sans  cause  appréciable,  aucune  violence  extérieure  n'ayant 
agi,  et  sans  qu'on  pût  invoquer  l'influence  de  quelque  émotion  morale,  l'utérus 
prit  en  qnelques  jour»  un  accroissement  insolite,  et  qui  ne  s'accordait  nullement 
avec  la  marche  ordinaire  d'une  grossesse  régulière.  En  même  temps  apparut  par 
le  vagin  un  écoulement  séro-sanguinolent  assez  considérable  pour  que  madame  X. 
fût  obligée  de  se  garnir,  mais  qui  contenait  une  très-minime  quantité  de  sang, et 
qui  continua  sans  interruption  jusqu'au  moment  où  l'utérus  se  débarrassa  du 
corps  particulier  qu'il  renfermait.  Au  reste,  aucune  douleur  ne  se  fit  sentir  ni 
dans  l'utérus  ni  dans  quelque  autre  point  delà  cavité  abdominale. 

Dans  les  premiers  jours  du  mois  d'août,  étonnée  de  la  persistance  de  l'écouie- 


89 
ment  dont  nous  avons  parle,  maiiame  X.  se  décida  à  consulter  un  médecin ,  et 
voici  ce  qu'il  fut  aloi s  facile  de  constater.  Le  développement  de  l'utérus  parut 
énorme  pour  une  grossesse  qui  était  arrivée  tout  au  plus  à  ia  tin  du  quatrièflif* 
mois.  Sou  fond  dépassait  de  deux  travers  de  doigt  la  cicatrice  ombilicale.  La 
forme  de  cet  organe  oirrait  aussi  quelque  chose  d'anormal.  Au  lieu  d'être  régu- 
lièrement arrondie,  elle  offrait  des  bosselures,  surtout  sur  les  régions  latérales, 
bosselures  permanentes  et  n'ayant  aucune  analogie  avec  celles  qui  sont  dues  à 
de»  déplacements  du  fœtus.  Le  toucher  vaginal  fit  constater  que  le  col  était  en- 
core long,  mais  souple  et  mou.  La  lèvre  antérieure,  considérablement  développée, 
parut  le  siège  d'une  lésion  préexistante  à  la  grossesse.  La  malade  assurait  perce- 
voir la  sensation  des  mouvements  actifs  d'un  enfant.  L'auscultation  n'ayant  pas 
été  pratiquée  par  la  personne  qui  fut  chargée  de  cet  examen,  je  ne  puis  rien  dire 
du  résultat  qu'aurait  fourni  ce  mode  d'investigation;  j'ajouterai  seulement  qu'il 
est  très-probable  qu'on  aurait  perçu  uu  bruit  de  souille  en  tout  semblable  à  celui 
de  la  grossesse  ordinaire.  C'est  au  moins  ce  que  j'ai  pu  constater  dans  quelques 
autres  faits  qui  se  sont  présentés  à  mon  observation. 

Quelques  jours  après  (dans  la  nuit  du  6  au  7  de  ce  mois),  sans  c^use  piovoca- 
trice  extérieure,  la  malade  étant  couchée,  apparurent  des  douleurs  dans  le  ventre 
ayant  tous  les  caractères  de  celles  qui  accompagnent  les  contractions  utérines. 
L'écoulement  séro-sanguinoient,  qui  n'avait  pas  discontinué,  devint  plus  abon- 
dant à  partir  de  ce  moment. 

Le  mardi  7,  à  dix  heures  du  matin,  une  masse  du  volume  des  deux  poings  fut 
expulsée.  A  part  quelques  petits  caillots  qui  s'étaient  déposés  dans  les  anfracluo- 
sités  qu'elle  présentait,  elle  était  exclusivement  formée  par  des  séries  de  vésicules 
appendues  sur  une  tige  commune  et  formant  des  grappes  nombreuses.  Ce»  vési- 
cules présentaient,  comme  on  peut  le  voir  sur  la  portion  de  môle  que  je  mets  sous 
les  yeux  de  la  Société,  des  différences  quant  à  leur  forme  et  à  leur  volume.  Les 
unes  étaient  arrondies  ou  aplaties,  les  autres  ovalaires.  Les  plus  petites  avaient 
le  volume  d'un  grain  de  cbènevis,  les  plus  volumineuses  celui  d'une  grosse 
amande.  Les  pédicules  communs  et  les  fllets  particuliers  qui  les  supportaient 
étalent  blancs  et  très- résistants.  Les  premiers  pariaient  tous  d'une  membrane 
dont  il  a  été  impossible  de  retrouver  la  cavité.  Les  parois  de  ces  diverses  vési- 
cules étaient  minces  et  transparentes,  mais  jouissaient  d'une  résistance  assez 
grande.  Le  liquide  qu'elles  renfermaient  était  incolore  et  légèrement  visqueux. 

La  persistance  des  contractions  utérines  pouvait  facilement  faire  soupçonuer 
que  tonte  la  môle  n'avait  pas  été  expulsée,  et  en  effet,  à  trois  heures,  le  mcoïc 
jour,  une  nouvelle  masse,  à  peu  près  du  même  volume  que  la  première,  fut  ren- 
due; elle  offrait  d'ailleurs  les  mêmes  caractères.  Quelques  heures  de  calm-  sui- 
virent son  expulsion  ;  mais  des  douleurs  reparurent  dans  la  nuit,  et  le  lendemain, 
à  neuf  heures,  l'utérus  se  débarrassa  d'une  dernière  portion  un  peu  moins  volu- 
mineuse que  les  deux  précédentes. 

A  partir  de  ce  moment ,  la  matrice,  qui  ne  renfermait  plus  rjeii,  cessa  de  se 


9» 

contracter.  Un  écoulement  lochial  séreux  plutôt  que  sanguin  s'établit,  et  fut  sur- 
tout remarquable  par  son  abondance  pendant  les  trois  premiers  jours.  Le  qua- 
trième il  avait  presque  entièrement  disparu,  et  le  fond  de  l'utérus  était  au  niveau 
du  détroit  abdominal. 

Les  phénomènes  qui  constituent  ce  qu'on  appelle  la  fièvre  de  lait  apparurent 
comme  à  la  suite  d'un  accouchement  ordinaire,  avec  cette  différence  seulement 
qu'ils  se  déclarèrent  à  une  époque  plus  rapprochée  de  la  déplétion  utérine  (c'est- 
à-dire  vingt-quatre  heures  après),  et  qu'ils  eurent  une  durée  beaucoup  moins 
grande. 

Aujourd'hui,  cinq  jours  après  l'expulsion  de  cette  môle,  la  santé  de  madame  X. 
est  aussi  bonne  que  possible,  et  il  est  permis  de  penser  que  sa  santé  sera  prompte- 
ment  rétablie. 

Le  cas  qui  précède  est  un  nouvel  exemple  d'une  des  maladies  dont  l'œuf  peut 
être  atteint,  et  dont  la  cause  première  est  inconnue  sans  doute,  mais  dont  le  point 
de  départ  et  les  évolutions  sont  aujourd'hui  beaucoup  plus  convenablement  ap- 
préciés qu'on  ne  l'a  fait  pendant  longtemps.  Déjà  Albinus  et  Ruysch  avaient  par- 
faitement apprécié  la  nature  de  ces  masses  vésiculaires  en  plaçant  leur  siège  dans 
les  petits  renflements  qui  terminent  les  villosités  choriales.  Les  travaux  de 
MM.  Velpeau  et  Cruveilhier,ceux  de  M"'*  Boivin,  ont  depuis  pleinement  confirmé 
cette  manière  de  voir. 

i»  CAS  DE  COMPRESSION  DE  LA  PORTION  THORACIQUE  DE  l' OESOPHAGE  PAR  CNE  MASSE 
TDBERCULEl/SE  DÉVELOPPÉE  DANS  LES  GANGLIONS  DO  MÉDIASTIN  POSTÉRIEUR,  AVANT 
CASSÉ  LA  MORT,  CHEZ  UN  SAJOU  ORDINAIRE  ;  par  M.    Da VAINE. 

«  On  a  déjà  observé  que  certains  engorgements  des  glandes  lymphatiques  qui 
ayoisinent  l'œsophoge  peuvent,  par  la  compression  qu'ils  exercent  sur  ce  con  • 
duit,  en  simuler  le  rétrécissement  organique,  entraîner  la  régurgitation  des  aU- 
ments,  et,  dans  un  temps  plus  ou  moins  éloigné,  la  mort  du  malade. 

»  L'engorgement  de  ces  glandes  se  rencontrant  plus  fréquemment  chez  les  en- 
fants scrofuleux  et  tuberculeux ,  l'on  est  porté  à  penser  que  la  compression  de 
l'œsophage  par  ces  tumeurs  doit  avoir  été  observée  plus  souvent  dans  l'enfanee 
qu'aux  autres  âges  de  la  vie;  cependant  MM.  Rilliet  et  Barthcz  (Traité  dks  ma- 
ladies DES  ENFANTS,  t.  III),  qui  ont  décrit  avec  soin  les  accidents  que  détermine 
la  compression  exercée  par  ces  tumeurs,  soit  sur  les  bronches,  soit  sur  les  nerfs 
pueumo-gastriques,  déclarent  qu'ils  n'ont  pas  rencontré  de  cas  de  compresiion 
de  l'œsophage,  et  M.  Barrier  (Traité  des  maladies  de  l'enfance,  1. 1,  p.  663), 
qui  s'est  aussi  occupé  de  celte  question,  dit  que  la  compression  de  l'œsophage  par 
des  ganglions  tuberculeux  parait  très-rare,  circonstance  qu'il  cherche  à  expliquer 
par  la  disposition  anatomique  des  parties. 

»  Ces  considérations  m'ont  engagé  à  rapporter  avec  quelques  détails  un  cas  de 
compression  de  l'œsophage  par  des  ganglions  tuberculeux  que  j'ai  rencontré  chez 
un  sajou  ordinaire  ou  sapajou  (simia  capucina). 


n 

»  1.0  cadavre  de  cet  animal  aélc  remis,  il  y  a  riueliiuesjours,  à  M.  Robin,  qui, 
ne  pouvant  en  faire  immédiatement  la  dissection,  a  en  l'obligeance  de  l'envoyer 
à  M.  Rayer.  II  parait  que,  dans  les  derniers  temps  de  sa  vie,  l'animal  toussait  et 
rejetait  ses  aliments,  ce  (;ui  a  fait  supposer  qu'il  était  atteint  d'une  maladie  de 
Testomac  et  des  poumons. 

»  A  l'ouverture  de  la  poitrine,  le  cœur  a  paru  fortement  repoussé  en  avant  par 
une  tumeur  qui  occupait  tout  le  nuidiastin  posie'rienr,  depuis  la  première  côte 
jusqu'au  diaphrai;me.  Celte  tumeur  était  formée  par  l'agglomération  de  petites 
mas>cs  tuberculeuses  dont  ta  plupart  avaient  le  volume  d'une  noisette.  Quelques- 
unes  étaient  encore  à  l'état  cru,  et  les  autres  à  divers  degrés  de  ramollisse- 
ment. 

»  La  tumeur  élailiiivisée  en  d-ux  portions  par  ia  bifurcation  de  la  trachée-ar- 
lère  l-a  portion  supérieiise,  placée  entre  la  trachée  en  arrière  et  le  cœur  en  avant, 
écartait  et  comprimait  plus  ou  moins  ces  organes  et  les  principaux  vaisseaux, 
tels  que  l'aorte ,  la  veine  cave  supérieure  et  surtout  la  veine  azygos.  Les  nerfs 
pneumo-gastriques  étaient  aussi  déjetés  à  droite  et  à  gauche.  Le  pneumo-gastri- 
que  droit,  engage  dans  un  tis^su  cellulaire  dense  et  serré  qui  enveloppait  la  ta- 
uieur,  s'amincissait  de  plus  en  plus  dans  son  trajet  et  finissait  par  se  perdre  dans 
la  masse  tuberculeuse.  Les  bronches  également  faisaient  corps  avec  cette  tumeur , 
la  droite  surtout  était  très-déformée  et  d'un  calibre  beaucoup  plus  petit  que  la 
gauche.  Au-dessous  de  la  bifurcation  de  la  trachée,  la  seconde  portion  de  la  tu- 
meur était  appliquée  au  devant  et  sur  les  côtés  de  la  colonne  vertébrale,  envelop- 
pant plus  ou  moins  l'œsophage,  qui  n'était  libre  qu'en  arrière.  Immédiatement 
au-dessus  du  diaphragme,  les  trois  quarts  au  moins  de  la  circonférence  de  ce 
condu  t  étaient  embrassés  par  la  tumeur,  dont  les  portions  latérales  rappror^hées 
le  comprimaient  transversalement  et  eCfaçaient  presque  ccmipléiemcwl  sa  cavité. 
Il  était  manifeste  que  les  liquides  mêmes  devaient  avoir  de  la  difficulté  à  franchir 
ce  passage.  As-dessus  de  ce  point,  l'œsophage  était  manifestement  élargi  ;  il  co»- 
tenait  des  matières  alimentaires  semblables  à  du  caséum  assez  consistant..  La 
membrane  interne  de  l'œsophage  paraissait  plus  rouge  dans  cette  portion  dilatéa  , 
partout  ailleurs  elle  n'offrait  aucune  lésion  appréciable.  Les  poumons  étaien*. 
engorgés  dans  plusieurs  points  assez  circonscrits.  Le  lobe  inférieur  du  poumon 
droit  offrait  un  tubercule  cru  du  volume  d'un  pois  à  peu  près.  L'estomac  et  les 
intestins  ne  contenaient  que  des  liquides.  Ces  organes  ne  présentaient  ancune 
altération  notable.  Les  ganglions  raésentériques,  au  niveau  du  tronc  cœliaque. 
formaient  une  masse  tuberculeuse  de  la  grosseur  d'un  marron. 

»  J'ai  déjà  dit,  au  commencement  de  cette  note ,  que  les  cas  de  semblable  tu- 
meur tuberculeuse  comprinr.iu.t  l'œsophage  dans  sa  portion  thorscique,  devaient 
être  très-rares. 

»  Mauchart,  dans  une  thèse  soutenue  sous  sa  présidence,  intitulée  :  De  strgma 
resopuAGi  et  insérée  dans  les  Dispctationes  CHiBCRcrCiC  de  Haller  (t.  Il,  p.  39&), 
a  rassemblé  plusieurs  observations  de  compression  de  l'œsophage  par  des  l«- 


'^. 


92 
meurs  formées  par  les  ganglions  bronchiques  ou  préTerlébraiix  dégénérés;  mais 
les  caractères  de  ces  tumeurs,  qu')l  désigne  sous  le  nom  de  strumeuses,  ne  sont 
pas  exposés  avec  assez  de  précision  pour  qu'on  puisse  décider  si  elles  étaient  due» 
à  une  dégénérescence  tuberculeuse  ou  cancéreuse.  Ce  qu'il  résulte  seulement  des 
observations  de  Mauchart  et  de  telles  qu'il  a  empruntées  à  divers  observateurs 
antérieurs,  .tels  que  Tulpe,  Verhcj  en,  Heister,  etc.,  c'est  que  les  principaux  symp- 
tômes de  cette  allVction  sont  la  réguruilaiion  des  aliments,  accompagnée  d'une 
dyspnée  pins  ou  moins  considérable. 

»  Les  observations  rapportées  par  Mancbart  sont,  parmi  les  faits  plus  ou  moin* 
analogues  que  j'ai  trouvés  dans  les  recueils  smentiftques,  celles  qui  ont  le  plus  de 
rapport  avec  le  cas  que  je  viens  d'exposer.  On  pourrait  encore  en  rapprocher  une 
observation  qui  se  trouve  consignée  dans  les  ISulletins  de  i.a  Société  anatomi- 
que  (ISi'î,  p.  lOâ)  :  c'est  un  cas  d'ulcération  cancéreuse  de  l'œsophage,  qui  aété 
présenté  à  cette  Société  par  MM.  Ch.  Bernard  et  l"\illin.  Il  y  avait  eu  même  temps 
une  tumeur  de  nature  tuberculeuse  qui,  située  entre  la  trachée-artère  et  l'œso- 
phage, faisait  une  saillie  d'un  centimètre  environ  dans  chacun  de  ces  deux  con- 
duits. » 

IV.  — TÉRATOLOGIE. 
ViCE   DE   COM'Or.MATlON   DES   MAINS;    par   M.   GUBLEK. 

M-  Gubler  fait  hommage  à  la  Société,  au  nom  de  M.  Rayer,  du  moule  en  plâtre 
de  la  main  gauche  d'un  jeune  homme  de  20  ans,  qui  présente  une  conformation 
vicieuse  caractérisée  par  la  brièveté  excessive  des  deux  dernières  phalanges  de 
tous  les  doigts,  et  particulièrement  des  phalanges  onguéales,  par  la  présence  d'une 
sorte  de  membrane  interdigitale  très-prononcée  entre  l'indicateur  et  le  médius, 
où  elle  atteint  le  niveau  de  l'aiiiculation  de  la  première  phalange  avec  la 
deuxième,  et  enfin  par  la  faus>c  ankylose  des  articui.itions  interphalangiennes. 
La  phalange  onguéale  du  pouce  est  renflée  au  point  de  donner  à  ce  doigt  la 
forme  d'une  massue.  La  main  droite  présentait  des  vices  de  conformation  sem- 
blables. 

V.   —   HELMINTHOLOGIE. 
NOTE  POUR  SERVIR  A  L'HISTOIRE   DES  HÉMATOZOAIRES;   par    M.    FOLUi\. 

L'existence  de  vers  dans  le  sang  est  un  des  faits  les  plus  curieux  de  l'histoire 
de  ce  liquide,  et  l'observateur  qui  le  premier  fit  cette  découverte  dut  un  instant 
se  croire  sur  la  voie  d'un  des  résultats  les  plus  importants  de  la  physiologie. 
Quoiqu'on  n'ait  pas  retiré  de  ces  observations  tout  ce  que  présageait  la  théorie, 
elles  n'en  sont  pas  moins  dignes  d'intérêt. 

Aujourd'hui  les  hématozoaires  ont  été  constatés  dans  le  sang  des  quatre  classes 
de  vertébrés  et  chez  soixante-dix-sept  mollusques. 

Oans  l'espèce  humaine,  Treutler  a  décrit  un  ver  qu'il  désigne  sous  le  nom  de 
hexntkyriditis  venorum,  et  qu'il  crut  provenir  de  la  viùne  tibiale  antérieure, 


93 
ouverte  spontanément  chez  un  jeune  homme  pendant  qu'il  se  baignait.  Rien  ne 
donne  à  cette  observation  un  caractère  de  (crtitude  qui  puisse  nous  la  faire  ad- 
mettre ;  mais  si,  chez  l'homme,  les  hématozoaires  n'ont  point  été  constatés,  car 
je  n'attache  guère  d'importance  à  une  vague  assertion  de  M.  Gros  (  de  Moscou  ), 
qui  dit  en  avoir  vu  dans  le  sang  d'individus  syphiHtiques,  il  n'en  est  pas  de 
même  pour  les  mammifères  :  les  observateurs  les  plus  recommandabics  les  y  ont 
trouvés. 

ïreuller  assure  avoir  vu  des  vers  du  genre  des  fascioles  dans  les  veines  pul- 
monaires du  calocéphaie  barbu  (phoca  barbota)  et  dans  la  veine  porte  d'autres 
animaux;  il  en  a  constaté  aussi  dans  la  veine  cave  des  cerfs. 

Klein,  Camper,  Albers,  Rosenthal  et  Creplln,M.Kuhn  et  M.  Raspail,  ont  tour 
à  tour  fait  connr.ître  des  espèces  particulières  de  strongles  dans  les  sinus  veineux 
de  la  base  du  crâne  et  dans  les  veines  pulmonaires  du  marsouin. 

M.  Rayer,  dans  ses  Abchives  de  médecine  comparée  (premier  fascicule),  a  dé- 
crit avec  un  grand  soin  ces  anévrismes  vermineux  qu'on  rencontre  si  souvent 
chez  le  cheval,  et  qui  contiennent  en  grand  nombre  le  strongylus  armatus 
minor. 

MM.  Gruby  et  Delafond  ont  fait  connaître  une  Claire  de  3  à  4  millièmes  de 
milliuiètre  qui  se  trouve  dans  le  sang  des  chiens.  Le  sang  d'un  mulot  a  présenté 
à  M.  Gros  des  vermicules  très -nombreux,  et  tellement  amincis  qu'ils  étaient  à 
peine  reconnaissables  à  400  diamètres.  Des  mêmes  vers  ont  aussi  été  vus  sur  des 
taupes  par  le  mémo  observateur. 

Ainsi,  dans  les  mammifères,  on  semble  avoir  assez  souvent  trouvé  différentes 
espèces  d'hématozoaires. 

Chez  ies  reptiles,  on  a  très-souvent  constaté  l'existence  d'hématozoaires  :  ainsi, 
dès  1826,  Schenetz,  puis  plus  tard  Valentin,  Vogt  et  Gluge,etc.,  etc.,  en  ont  décrit 
et  figuré  chez  la  grenouille. 

Valentin  (Muller's  Archiv.,  I8i2)  a  signalé,  mais  rarement,  un  hématozoaire 
dans  le  sang  du  salmo  farîo;  il  avait  0""°,012.  Ces  vermicules  ont  aussi  été  trou- 
ves dans  le  sang  de  beaucoup  d'autres  poissons,  du  goujon,  de  la  motelle,  de  la 
perche,  du  sterlet,  de  la  lotte,  de  la  tanche.  L'animalcule  qui  vit  dans  le  sang  de 
la  motelle  est  de  0""",046  de  long  sur  0,001  de  large  ;  il  y  existe  en  grand  nombre. 
Doué  de  mouvement,  il  change  souvent  de  formes.  Dans  tous  les  cas,  il  est  plus 
petit  qu'une  vésicule  du  sang,  qui  en  logerait  plusieurs.  Chez  la  tanche,  ces  hé- 
matozoaires sont  très-ténus,  allongés,  sous  forme  de  filaments  légèrement  renflés 
en  leur  miUeu. 

Les  hématozoaires  paraissent  ne  pas  être  rares  dans  le  sang  des  oiseaux.  J'ai 
pu,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Rayer,  observer  des  filaires  dans  le  sang  de  quel- 
ques freux  (corvM*  frugilegus)  tués  dans  la  forêt  de  Fontainebleau  et  arrivés  à 
Paris  dans  un  parfait  état  de  conservation. 

Déjà  des  filaires  analogues  avaient  été  vus  sur  des  oiseaux  de  diverses  espèces  : 


9ft 

ainsi  M.  Gros  paraît  en  avoir  vu  dans  le  sang  d'engoulevents.  Celui  d'one  grue 
en  différait  de  (r°,01  à  0«"»,0J5. 

Mais  e'est  chez  l'espèce  corvine  qu'on  paraît  trouver  surtout  ces  hématozoaires. 
Existe-t-il  dans  la  nourriture  de  ces  êtres  quelque  chose  qui  favorise  le  dévelop- 
pemeiil  de  ces  hématozoaires?  Cela  n'est  rien  moins  que  prouvé. 

Deux  observateurs  ont  vu  ces  hématozoaires  dans  le  sang  des  individus  de  l'es* 
pèce  corvine  :  ce  sont  M.  Gros  (de  Moscou)  et  M.  Ecker.  M.  Gros  leur  donne  an 
volume  qui  me  fait  penser  qu'il  ne  les  a  pas  bien  vus.  Quant  à  M.  Ecker,  il  ne  les 
a  observés  que  dans  le  saug  du  cœur. 

J'ai  examiné  avec  grand  soin  le  sang  du  cœur,  des  veines  du  cou  et  des  cuisses 
chez  neuf  individus  du  corvus  frugilegus.  Chez  trois  j'ai  constaté  la  présence  de 
ces  âlaires.  Dans  un  cas  ils  étaient  très-nombreux,  et  se  dessinaient  nettement 
par  leur  fond  obscur.  Quand  ils  sont  en  petit  nombre,  on  ne  peut  les  aper« 
cevoir  que  difflcilement,  mêlés  qu'ils  sont  à  la  masse  des  globules  sanguins. 

Ces  hématozoaires  m'ont  paru  sous  l'aspect  de  filaments  allongés,  légèrement 
efSlés  à  leurs  deux  extrémités,  plus  volumineux  à  leur  centre.  En  moyenne  ils 
ontO""",090  de  longueur  sur  0°"",0040  de  largeur;  M.  Ecker  leur  donne  en  lon- 
gueur 0"""106,  et  en  épaisseur  ©""lOai  à  0'"'",00g. 

Ces  vers  ont  une  de  leurs  extrémités  moins  effilée,  plus  arrondie  que  l'autre; 
mais  il  est  impossible  de  distintjuer  l'antérieure  de  la  postérieure;  car  on  ne  re- 
connaît chez  ces  fîlaires  aucun  organe  distinct,  et  rien  qui  réponde  à  la  télé  ou  à 
la  queue. 

Par  transparence  il  est  facile  de  voir  que  leur  corps  ne  contient  aucun  organe 
interne,  si  ce  n'est  des  granules,  m:iis  rien  qui  ressemble  à  une  disposition  quel- 
conque d'appareils  intérieurs. 

J'ai  rencontré  ces  Qlairesdans  du  sang  pris  dans  différentes  artères  ou  veines 
du  freu.  M.  Ecker  n'a  pu  les  trouver  dans  du  sang  tiré  de  la  peau  de  la  cuisse  et 
des  vaisseaux  trachéaux.  Ces  vers  ne  lui  semblent  pas  devoir  circuler  avec  le 
sang,  et  il  en  donne  pour  preuve  que  lorsqu'on  oavre  les  vaisseaux  en  saignant 
l'animal,  on  ne  trouve  pas  de  ces  prétendus  fliaires  dans  le  sang  qui  s'écoule, 
tandis  qu'on  en  trouve,  au  contraire,  beaucoup  dans  le  sang  du  cœur. 

J'en  ai  constaté  la  présence  non-seulement  dans  le  sang  du  cœur,  mais  dans 
celui  pris  dans  différentes  régions  du  corps.  J'ai  peine  à  comprendre  comment 
ces  Qlaires  s'y  trouveraient  sans  y  circuler,  et  d'ailleurs  on  observe  celte  circula- 
tion des  niaires  dans  le  sang  des  grenouilles. 

Dans  certains  cas,  le  sang  du  freu  prend  un  aspect  comme  huileux  :  c'est  alors 
que  j'ai  le  plus  souvent  trouvé  lies  filaires. 

Quant  à  leur  destination  ultérieure,  on  ne  peut  penser  que  ce  soient  de  jeunes 
embryons  de  slrongles  que  l'on  voit  sur  l'estomac,  sur  le  foie,  sur  le  poumon  ;  car 
les  embryons  de  slrongles  sont  déjà  dans  l'œuf  de  deux  à  trois  fols  plus  gros  que 
l'hématozoaire  en  question. 


VL  —  BOTANIQUE. 
StR  UNE  MALADIE  DE  L\  TIGNE  CACSI^.E  PAR   LE  PARASITISIIE  d'uNE    HDCÉDINÉE 

DO  GENRE  oïDioM  ;  par  M.  C.  Montagne. 

H.  Tacker,  Jardinier  chee  M.  J.  Slater,  à  Margste ,  en  Angleterre ,  obserra  le 
premier  en  1845,  et  pendant  deux  années  consécutives,  qne  la  vigne  cultivée  soit 
dans  les  serres,  soit  à  l'air  libre,  était  comme  saupoudrée  de  farine  sur  les  feuilles, 
l€8  jetraes  pousses  et  même  sur  les  grappes  du  fruit.  Les  parties  recouvertes  de 
cette  sorte  d'efHorescence  blanche  se  gonflaient,  se  crevassaient  ;  le  raisin  con- 
tractait on  goût  désagréable,  et  finissait  bientôt  par  se  gâter  e(  se  corrompre  tout 
à  fait.  Soumis  à  l'observation  microscopique,  cet  enduit  farineui  fut  reconnu  pour 
être  constitué  par  l'une  de  ces  mucédinées  parasites  si  préjudiciables  à  plusieurs 
végétaux,  par  une  espèce  nouvelle  du  genre  oidium. 

C'est  dans  le  n*  48  du  Gardener's  Chroniclb  pour  l'année  1847  qu'on  peut  lire 
la  description  et  voir  la  figure  qu'a  données  de  ce  champignon  mon  ami  le  révé- 
rend M.  J.  Berkeley,  qui  le  nomme  oidium  Tuokeri.,  du  nom  de  son  premier 
observateur. 

Un  état  pathologique  semblable  de  la  vigne  vient  de  se  montrer  dans  les  serres 
de  Versailles  et  y  occasionne  de  grands  dommages.  M.  Baudry,  bibliothécaire  de 
l'Institut  national  agronomique,  m'a  fait  l'amitié  de  m'apporter,  vers  la  fin  de  la 
semaine  dernière  (26  avril  1850),  un  bocal  contenant  tout  à  la  fois  des  feuilles  et 
des  grappes  contamiaéi-s  et  malades  :  c'est  celui  que  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous 
les  yeux  de  la  Société.  Nous  avons  examiné  ensemble  au  microscope  la  produc- 
tion fongique,  cause  présumée  du  mal,  dont  il  désirait  savoir  le  nom.  11  me  fut 
bien  facile  de  reconnaître  la  mucédinée  et  de  la  rapporter  à  son  véritable  genre. 
Ma  collection,  où  se  trouve  un  exemplaire  authentique  de  Voidium  Tuckeri^ 
envoyé  par  M.  Berkeley,  me  fut  d'ailleurs  d'un  grand  secours  pour  me  convain- 
cre que  je  ne  me  trompais  pas  en  considérant  la  maladie  de  la  vigne  de  Versailles 
comme  produite  par  un  parasite  absolument  identique  à  celui  qui  détermina  l'af- 
fection piithologique  de  celle  de  Margate. 

Veut-on  savoir  maintenant  ce  que  c'est  que  la  mucédinée  en  question?  Je  le 
dirai  en  peu  de  mots.  Les  ravages  qu'elle  occasionne  et  les  perles  immenses  qui 
en  résultent  pour  ce  genre  d'industrie  valent  bien  ;a  peine  qu'on  s'en  occupe. 
Comme  la  plupart  de  ces  plantes,  elle  est  constituée  par  deux  sortes  de  filaments , 
les  uns  stériles,  les  autres  fertiles. 

Les  premiers ,  qui  en  forment  le  système  végétatif,  rampent  sous  l'épiderme 
entre  les  méats  intercellulaires,  ainsi  que  je  l'ai  constaté  dans  le  botrytis  (pero- 
nospora)  infestans  et  Voidium  erysiphoides,  quand  la  plante  se  développe  sur 
la  feuille;  ils  rampent  à  la  surface  del'épicarpe  lorsqu'elle  envahit  le  fruit.  Les 
seconds,  ou  les  filaments  fertiles  sont  dressés,  longs  tout  au  plus  d'un  cinquième 
à  un  sixième  de  millimètre,  cloisonnés  de  distance  eu  distance  et  un  peu  renflés 


96 

en  massue  au  sommet.  Sur  les  feuilles  on  les  voit  sortir  par  l'ouverture  àe^  slo 
mates;  mais  sur  les  fruits,  Tépicarpe  étant  privé  de  ces  organes,  ils  s'élèvent  di- 
rectement du  filament  qui  rampe  à  la  surface  de  celui-ci,  et  constituent  ce  qu'on 
appelle  le  mycélium.  C'est  le  dernier  article  des  filaments  fertiles  qui  se  trans- 
forme's.a  spore  ;  et  comme  cette  métamorphose  peut  se  iépéter  un  grand  nombre 
de  fois,  le  filament  croissant  incessamment,  on  conçoit  l'énorme  quantité  qui 
s'en  produit  et  la  prompte  dissémination  qui  s'en  doit  faire  pour  propager  la  ma- 
ladie aux  ceps  voisins  du  premier  infecté.  Ces  spores  sont  elliptiques,  et  ont  à  la 
maturité  une  longueur  de  0'"'",035  sur  un  diamètre  de  près  de  2  centièmes  de 
millimètre.  Comme  elles  ne  tombeut  pas  toujours  au  fur  et  à  mesure  de  leur  pro- 
duction, il  en  résulte  qu'on  en  trouve  quelquefois  trois  ou  quatre  qui  se  suivent 
et  forment  le  chapelet.  L'épispore  est  lisse  et  l'endospore  rempli  d'un  nucléus 
granuleux.  Toute  la  plante  est  blanche  et  transparente. 

M.  ïucker  a  employé  sans  succès  une  foule  de  moyens  divers  pour  s'opposer 
aux  progrès  du  mal  avant  d'arriver  à  en  trouver  un  efficace.  Celui  qui  lui  a  le 
mitiux  réussi  consiste  en  aspersions  et  en  lotions  faites  avec  un  mélange  de  soufre 
et  d'eau  de  chaux.  C'est  à  l'aide  de  ce  procédé  seulement  qu'il  est  parvenu  à  se 
rendre  maître  de  la  maladie  et  à  en  arrêter  les  ravages,  (t  1  Mai.) 


COMPTE    RENDIT 

iU  SÉANCES 


DE 


LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE 


PENDANT    LE    MOIS   DB    JUIN  1850; 


VAR 


M.  le  Doctear  BROWN-SÉQ»&IU> ,  eecr«talrt. 


Présidence  de  M,  RATER. 


I.  —  CORRESPONDANCE. 
SDR   l'N  CAS  DE  t^ÈPRE   ET  SUR  I,ES  UAI,API^S   VV»  Yï^RS  A  &0H  ^ff   3TfllE  j   lettre 

adressée  à  M.  Rayer,  par  M.  {?ÇQUpT. 

Je  profile  du  retour  en  France  de  M.  Jager-Smidt,  gérant  du  consulat  généra} 
de  Beyrout,  pour  vous  envoyer  le  dessin  d'un  lépreux  qui,  je  pense,  pourra  vous 
intéresser.  Le  malade  est  un  jeune  prince  de  la  montagne  du  liiban,  de  la  famille 
Chaab,  à  laquelle  appartenait  le  grand  émir  Béehir,  le  dernier  prince  souverain 
de  Ja  montagne.  I)  a  commencé  à  être  atteint  de  la  lèpre  à  l'âge  de  J6  ans  j  il  en 


98 

a  21  aujourd'hui.  La  maladie  s'est  annoncée  par  des  taches  et  des  pustules  sur 
toute  la  peau,  qui  furent  prises  pour  des  pustules  vénériennes  et  traitées  par 
l'emploi  du  mercure  à  haute  dose.  Sous  l'influence  de  ce  traitement,  la  maladie 
marcha  rapidement;  au  bout  d'un  an,  la  peau  perdit  sa  sensibilité,  les  cheveux 
tombèrent,  les  forces  musculaires  s'affaiblirent.  La  seconde  année,  la  face  fut 
tuméfice  et  le  gonflement  éiait  dune  rougeur  très-prononcée.  Bientôt  ce  gonfle- 
ment s'étendit  aux  mains,  et  depuis  lors  ia  maladie  a  suivi  une  marche  progres- 
sive. Aujourd'hui  le  mal  paraît  être  parvenu  à  son  plus  haut  degré  d'intensité, 
la  voix  est  presque  éteinte,  et  la  féliditc  que  répandent  la  respiration  et  la  tota- 
lité du  corps  est  telle,  que  le  dessinateur  que  j'avais  amené  avec  moi  n'a  pu 
colorier  le  dessin  ;  il  était  saisi  de  vertige  et  il  a  dû  quitter  la  chambre  où  se 
trouvait  ie  malade. 

Aii.si  que  vous  le  verrez  par  le  dessin,  le  nez  est  détruit,  la  bouche  est  cou- 
verte d'ulcères  des-^échés.  Le  dessin  vous  donne  la  forme  exacte  des  mains  et 
des  doigts.  Les  ongles  sont  transformes  en  croûtes  pustuleuses  noirâtres.  EnOn 
l'a.ïpect  de  ce  malheureux  est  hideux,  et  cependant,  jusqu'à  l'âge  où  il  a  été  at- 
teint par  cette  afl'reuse  maladie,  c'était  un  beau  jeune  homme.  Aucune  personne 
de  sa  famille  n'a  eu  la  lèpre,  et  depuis  six  ans  son  frère  aîné  habite  et  couche 
impunément  dans  ia  même  chambre  que  lui.  il  existe  chez  les  Arabes,  sur  les 
causes  de  la  lèpre,  un  préjugé  dont  je  veux  vous  faire  part  :  ils  assurent  que  tout 
enfant  conçu  à  l'époque  ties  menstrues  de  la  mère  doit  être  atteint  fatalement  de 
Ja  lèpre.  Ce  préjugé  n'aurait-il  pas  son  origine  dans  cette  opinion  ancienne  et 
conservée  encore  aiîjourJ'hui  en  Syrie,  que  toute  femme  est  impure  aux  époques 
meastruelles,  et  que  tout  rapport  avec  clic  est  alors  un  péché?  Et  suivant  la  pé- 
ïiaiité  établie  par  Moïse,  l'enfant  ne  seiait-il  pas  chàiié  pour  ie  père?  II  y  a  beau- 
coup de  judaismo,  dans  le  christianisme  .syrien,  et  il  ne  serait  pas  étonnant  que 
'.'opinion  sur  l'origine  de  !a  lèpre  fût  encore  un  souvenir  des  antiques  pré- 
c'.'iiies. 

Vous  m'aurez  souvent  accusé  de  n'avoir  pas  voulu  répondre  aux  questions  que 
vous  m'aviez  posées  dsus  la  lettre  que  vous  avez  eu  ia  bonté  de  me  remettre  lors 
de  mon  départ  de  Paris.  Je  ne  veux  pas  que  vous  me  croyiez  coupable  de  négli- 
gence. Je.  vous  dirai  donc  que,  depuis  deux  ans,  j'ai  recueilli  plusieurs  notes  sur 
réduciition  cl  les  maladiss  des  vers  à  soie  en  Syrie,  et  que  je  vous  adresserai 
aprè^  la  récolle  des  cocons  de  cette  année,  un  petit  mémoire  qui  répondra,  je 
l'espère,  à  toutes  vos  questions.  Cependant  je  puis  vous  dire  dès  aujourd'hui  que 
la  museardine  n'existe  pas  en  Syrie.  J'ai  fait  et  fait  faire  à  plusieurs  éleveurs,  soit 
Arabes,  soit  Européens,  une  description  exacte  de  la  maladie;  personne  ici  ne 
la  connaît.  Elle  ne  pourrait  passer  inaperçue,  puisqu'elle  sévit  presque  toujours 
épidémiquement,  soil  en  France,  soit  en  Italie. 

Voici  les  mal.'idies  de»  vers  que  l'on  observe  en  Syrie;  vous  verrez,  par  les 
noms  arabes  <ju'elle3  portent,  qu'elles  oiïient  la  plus  parfaite  analogie  avec  les 
maladies  que  l'on  observe  en  Europe. 


99 

!•  Les  vers  tâbek,  «'est-à-dire  courts  ou  fermes.  Ce  sont  nos  vers  écarts. 

2*  Les  vers  débldn,  c'est-à-dire  faibles.  C'est  la  consomption. 

3*  Les  snrçaars.  C'est  le  nom  d'un  insecte  de  couleur  jaune  de  la  famille  des 
scolopendres.  C'est  notre  jaunisse. 

4"  Les  vers  kayâh,  c'est-à-dire  purulents.  C'est  notre  hydropisie. 

5'  Les  vers  maalouhé,  nom  que  l'on  donne  à  la  personne  qui  a  une  indisposi- 
tion à  quelque  partie  du  corps.  Les  vers  ainsi  nommés  par  analogie  présentent 
au  quatrième  âge  une  tache  rousse  à  leur  extrémité  inférieure.  Ils  meurent  sans 
filer. 

fi"  Enfin,  il  est  une  dernière  maladie  qne  j'ai  observée  l'année  dernière,  et 
que  l'on  dit  très-commune  :  c'est  la  maladie  nommée  par  les  Arabes  mas'hoxtlat 
ou  diarrhée.  Au  quatrième  âge.  les  vers  rendent  une  quantité  considérable  de 
matières  excrémentielles  et  meurent  sans  filer. 

IL  —    PHYSIOLOGIE. 

1»  QDELQi'ES  expi'kiesces  scr  i/eunice  sangïiine  (e.  sangcinia)  (Extrait)  ; 
par  M.  A.  oe  Ql'aïrefages. 

L'eunice  sanguine,  le  plus  grand  des  annélides  européens,  habile  les  sabies 
vaseux  qui  ne  découvrent  qu'aux  grand<'S  marées.  Ce  n'est  donc  presque  pas  un 
animal  de  rivaL'e.  Aussi  est-elle  très-sensiLle  à  l'action  de  l'eau  douce.  Pla- 
cée dans  ce  liquide,  elle  donne  immédiatement  des  signes  de  douleur.  Le  sant; 
abandonne  les  branchies,  les  vives  couleurs  de  l'animal  disparaissent  et  sont 
remplacées  par  une  teinte  d'un  gris  cendré.  L'annélide  se  pelotonne  ;  le  corps 
se  raccourcit  par  suite  de  la  contraction  des  muscles  longitudinaux.  Puis  sur- 
vient une  héraoniiiigie  interne;  le  sang  s'écoule  par  la  bouche,  et  l'animal  de- 
vient insensible  au  bout  d'environ  quatre  minutes  et  demie.  Si  on  le  place  alors 
dans  l'eau  de  mer,  on  voit  les  branchies  rougir  le  corps,  se  colorer,  et  au  bout 
de  trois  minutes,  l'animal  a  repris  toute  sa  vigueur-  On  comprend  qu'une  im- 
mersion plus  prolongée  dans  l'eau  douce  amène  la  mort. 

Dans  de  l'eau  saturée  de  sel  marin,  l'eunice  donne  des  signes  peu  prononcés 
de  malaise  et  présente  tous  les  caractères  d'une  surexcitation  vitale  très-pronon- 
cée. Le  corps  entier  et  les  branchies  sudout  se  colorent  vivement;  les  mouve- 
ments sont  accélérés;  bientôt  une  sécrétion  exagérée  de  mucosités  entoure  l'ani- 
mal. Puis  survient  une  période  d'aOaissement;  les  branchies  pâlissent,  le  corps 
se  décolore,  les  mouvements  se  ralentissent.  Au  bout  de  cinq  heures,  l'animal 
est  à  peine  sensiLhî  aux  irritations  extérieures,  et  quand  il  ne  donne  plus  aucun 
signe  d'excitabilité,  il  est  entièrement  mon. 

Les  bases  solubles  agissent  très-faiblement  sur  ces  annélides.  Placée  dans  une 
dissolution  ammoniacale  assez  concentrée  pour  que  l'odeur  en  fût  sensible  n  une 
certaine  distance,  une  eunice  y  est  restée  six  heures  avant  de  devenir  insensi- 
ble, et  remise  dans  l'eau  de  mer  pure,  ii  a  suffi  d'un  quart  d'heure  pour  qu'elle 
fût  assez  bien  rétablie. 


100 

Au  oontraire,  les  aeides  minéraux  exercent  ^ur  ces  animauTL  une  acUon  des 
plus  éuergiques.  Deux  ou  trois  gouttes  d'aride  nitrique  ou  solfurique  du  com- 
merce dans  un  demi-litre  d'eau  de  mer  déterminent  des  signes  très-marqués 
d'une  souffrance  vive.  Les  branchies,  le  corps  entier  se  décolorent;  souvent  il  y 
a  des  hémorrhagios  internes,  et  ranimai  meurt  complètement  au  bout  de  dix  à 
douze  minutes. 

Abandonnée  à  el!e-mcme  dnns  de  l'eau  de  mer  que  l'on  a  Boin  de  renouveler 
fréquemment^  l'eunice  manifeste,  au  bout  de  vingt-quatre  heures,  un  abatte- 
ment, une  diminution  de  forces  très-seasibles,  mais  qui  ne  marche  pas  ensuite 
avec  la  même  rapidité.  Après  quarante-huit  ou  soixante-douze  heures  de  captivité, 
elle  commence  à  se  fractionner.  Les  premiers  fragments  détachés  sontgéuéralemenl 
pleins  de  vie,  se  meuvent,  rampent  régulièrement  et  manifestent  une  certaine 
volonté.  La  segmentation  continua  ainsi  d'arrière  en  avant.  Au  bout  de  quatt-e 
ou  cinq  jours,  quelquefois  davantage,  selon  la  température,  les  fragments  ne  se 
détachent  plus  complètement  et  se  putréfient  en  adhérant  au  corps  par  les  té- 
guments. Plus  tard  encore,  des  points  dA  gangrène  isolés  se  montrent  jusque 
dans  les  quinze  ou  vingt  premiers  anneaux.  Plus  une  eunice  est  vigoureuse,  plus 
elle  s'est  fractionnée  de  bonne  heure  et  plus  elle  résiste  à  la  captivité  et  à  l'ina- 
nition. En  plaçant  quelques  beaux  échantillons  dans  des  fucus  que  j'avais  soin  de 
laver  deux  fois  par  jour  et  de  tenir  seulement  humides,  j'en  ai  conservé  quel- 
quefois d'une  grande  marée  à  l'autre,  c'est-à-dire  environ  quinze  jours  (1). 

L'indépendance  des  centres  nerveux  rend  les  expériences  de  vivisection  moins 
claires  dans  leurs  résultats  chez  les  eunices  que  chez  les  vertébrés.  Voici  toute- 
fois quelques  faits  qui  jettent  quelque  jour  sur  ce  point  de  la  physiologie  des 
annéiides. 

La  tête  d'une  eunice  fut  fendue  en  deux:  l'une  de«  moitiés  fut  enlevée.  L'ani- 
mal, abandonné  à  lui-même  se  conduisit  à  peu  près,  comme  d'ordinaire,  et  se» 
mâchoires,  entre  autres,  jouèrent  avec  réguiarité. 

La  portion  antérieure  du  cerveau  fut  enlevée.  Le  jeu  des  pinces  ne  présent» 
rien  d'anormal. 

En  enlevant  le  cerveau  tout  entier,  tout  signe  de  vie  disparut  dans  l'anneau 
buccal.  Les  mâchoires  restèrent  à  peu  près  immobiles  et  ne  firent  plus  que 
quelques  mouvement  très-faibies  (3). 

(1)  Tous  les  annéiides  ne  présentent  pas  au  même  degré  cette  tendance  à  la 
segmentation.  Elle  est  portée  très-loin  chez  certains  sigalions,  elle  est  nulle  chez 
les  apbrodites.  Certaines  néréides  me  semblent  tenir  le  milieu  entre  ces  deux 
extrêmes. 

(2)  Ce  fait  confirme  l'opinion  que  j'ai  émise  ailleurs,  que  cet  anneau  fait  réel- 
lement partie  de  la  léte  et  non  du  corps,  comme  l'ont  admis  Savigny  et  ses 
successeurs. 


101 

Les  antenDes  furent  enlevées.  L'animal  donna  des  signes  marqués  de  douleur. 
U  se  pelotonna  sur  lui-même,  et  lorsqu'il  se  remit  en  marche,  ce  ne  fut  qu'avec 
hésitation. 

Je  détruisis  les  ganglions  des  dix-neuf  premiers  anneaux.  L'annélide  ne  parut 
passoufl'rir  beaucoup  au  contact  des  ganglions,  tandis  que  toute  lésion  des  cou- 
ches musculaires  amenait  des  signes  de  vive  douleur.  Dans  cette  expérience,  il 
est  probable  qus  les  ganglions  n'avaient  pas  entièrement  disparu,  car  les  pieds 
se  mouvaient  comme  auparavant;  seulement  les  mouvements  des  pieds  d'un 
même  anneau  n'étaient  plus  coordonnés. 

J'enlevai,  sur  une  étendue  de  vingt-cinq  à  trente  anneaux  du  milieu  du  corps, 
le  plan  musculaire  inférieur,  la  chaîne  ganglionnaire  et  une  portion  de  l'intes- 
tin. Les  pieds  s'agitèrent  d'abord,  les  soies  sortirent  et  rentrèrent  comme  à  l'or- 
dinaire; mais  bientôt  tout  mouvement  s'arrêta  et  les  pieds  restèrent  contractés. 
Les  branchies  seules  continuèrent  à  présenter,  quoique  plus  faiblement,  leurs 
mouvements  d'expansion  et  de  contraction  habituels. 

Ces  faits  sont  encore  trop  peu  nombreux  pour  qu'on  puisse  en  tirer  des  con- 
clusions générales  et  pour  qu'on  cherche  à  les  rapprocher  de  ceux  qui  ont  été 
observés  chez  les  animaux  supérieurs.  Toutefois  ils  montrent  dès  à  présent  que 
l'indépendance  des  centres  nerveux  est  portée  fort  loin  chez  les  annélides. 

Maigre  cette  indépendance,  la  tête  semble  en  quelque  sorte  chargée  de  résu- 
mer toutes  les  sensations  perçues  par  les  autres  ganglions,  et  elle  a  conscience 
de  l'individu  entier.  Mais  ici  encore,  il  est  facile  de  reconnaître  que  cette  con- 
science s'affaiblit  pour  ainsi  dire  d'avant  en  arrière.  Dans  les  convulsions  d'une 
mort  violente,  l'eunice  mord  assez  souvent  les  anneaux  de  l'extrémité  postérieure. 
Jamais  je  ne  l'ai  vue  mordre  ses  anneaux  du  milieu  du  corps  ou  de  la  moitié 
antérieure.  (Séances  des  29  juin  et  6  juillet.) 

III.   —   ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 
1"  SUR  DEUX  CAS  00   L'iNTESTiN   OFFRAIT  BN   DIVERTtCDLCIH  ;   par  M.    VeRNEBIL. 

M.  Verneuil  présente  deux  diverticulums  de  l'intestin  recueilli  chez  l'homme  : 
l'un  vient  d'un  homme  âgé  de  40  ans  environ;  l'autre  d'un  un  enfant  à  terme; 
ce  dernier  présente  plus  d'intérêt,  en  ce  qu'il  adhère  encore  à  l'ombilic  par  un 
pédicule  grêle  ;  ce  pédicule  est  formé  par  un  tractus  du  péritoine  ;  il  a  3  centi- 
mètres de  long,  se  fixe  a  l'ombilic  en  dehors  et  à  gauche  des  artères  ombilicales  ; 
on  peut  suivre  dans  son  intérieur  un  vaisseau  artériel,  vestige  de  l'artère  om- 
phalo-mésentérique.  Sur  la  pièce  recueillie  sur  l'adulte,  le  diverticulum  est  co- 
nique et  présente  environ  3  centimètres  de  hauteur,  l'intestin,  à  son  insertion 
mésentérique,  présente  un  éperon  très-marqué,  La  première  pièce  ofTiedu  reste 
exactement  la  même  disposition. 

La  Btructuiede  ces  diverticulums  est  la  même  que  celle  de  l'intestin;  toute- 
fois j'ai  observe  dans  la  pièee  d'adulte  la  disposition  suivante  :  les  fibres  lonRitu- 


■^  I  fj  R  A  H  "^1  :-? 


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& 


102 
dinales  prennent  la  plus  grande  part  à  la  formation  de  la  cooche  musculaire  ; 
elles  forment  de  grandes  anses  à  concavité  tournée  vers  le  mésentère  ;  le»  fibres 
circulaires,  réunies  au  niveau  de  l'éperon,  semblent  s'écarter  au  niveau  de  l'ap- 
pendice cl  s'infléchir,  en  ne  prenant  qu'une  très-faible  part  dans  la  formation  delà 
tuniqiie  musculeuse. 

Je  n'ai  pas  constaté  le  siège  de  l'appendice  chez  l'adulte,  mais  chez  le  fœtus, 
elle  est  distante  de  20  centimètres  seulement  du  cœcum. 

Il  est  impossible  de  méconnaître,  dans  ces  diverticulums  de  l'intestin,  un  ves- 
tige du  pédicule  de  la  vésicule  ombilicale. 

Les  deux  pièces  sont  déposés  au  musée  de  la  Faculté.  (15  juin.) 

IV.  ~  PATHOLOGIE. 

1*  TUMEUR    DU  CERVELET  PRODUISANT  DES  MOUVEMENTS  C0NVULS1F8  ET  LA   PARALTSIE 
DU   MÊME   CÔTÉ  OU    ELLE  SIÉGEAIT;    pUr  M.  MaZIER. 

M.  D...,  habitant  d'une  petite  ville  du  département  de  l'FJure,  fut  pris  d'abord 
d'étourdissements  dont  la  fréquence  augmenta  graduellement. 

M.  D...  était  âgé  de  38  ans  environ,  ayant  le  teint  coloré,  un  embonpoint  mo- 
déré, d'une  bonne  constitution,  taille  au-dessus  de  la  moyenne,  d'un  tempéra- 
ment Ijmphalico-sanguin  et  d'une  santé  ordinairement  bonne. 

Les  étourdissemcnts,  qui  finirent  par  le  prendre  une  ou  deux  fois  par  sem.aine. 
ne  tardèrent  pas  à  s'accompagner  de  quelques  mouvements  convulsifs,  affectant 
tous  le«  membres  et  particulièrement  ceux  du  côté  droit. 

Une  perte  de  connaissance  plus  ou  moins  coinplèle  se  joignit  par  la  suite  à  ces 
premiers  symptômes,  et  donna  à  cette  maladie  un  caractère  épileptiforme  très- 
tnarqué. 

Sans  devenir  beaucoup  plus  fréquents,  ces  accidents  devinrent  plus  graves,  et 
au  lieu  d'être  suivis  d'une  disparition  complète,  comme  dans  le  principe,  un 
malaise,  une  courbatuie  et  même  un  engourdissement  assez  marqué  dans  le  côté 
droit  suivirent  ces  accès  et  iinirent  par  combler  l'intervalle  qui  les  séparait.  La 
maladie  mit  un  an  à  prendre  ce  développement. 

A  cette  époque,  M.  D...  recevait  les  soins  d'un  médecin  qui  était  en  même 
temps  i)our  lui  un  ami  tout  dévoué.  Les  sangsues  au  siège,  les  saignées  gt'néral^s 
soulageaient  le  malade,  sans  arrêter  la  marche  de  la  maladie  qui  continuait  à  faire 
de»  progrès  lents,  mais  cependant  appréciables  pour  tout  le  monde. 

Je  fus  appelé  près  de  ce  malade  pour  joindre  mes  conseils  à  ceux  de  l'cxcel- 
jent  ami  qui  lui  donnait  des  soins.  La  veille  de  celte  réunion  M.  D.  avait  éprouvé 
un  accès  semblable  aux  précédents,  mais  beaucoup  plus  violent  et  plus  long.  Cet 
accès  avait  commencé  par  un  étourdissement  accompagné  de  mouvements  con- 
vulsifs avec  perte  presque  complète  de  connaissance,  et  avait  été  suivie  d'un 
peu  d'embarras  dans  la  parole  et  d'un  engourdissement  général  qui  allait  jus- 
qu'à l'affaiblissement  de  la  contraction  musculaire  du  côté  droit. 


103 

Lrs  saignées  générales  et  locales,  les  dérivatifs  sur  la  peau,  sur  la  nuque,  sur 
le  tube  digestif,  les  antispasmodiques  sous  toutes  les  formes,  avaient  peut  être  un 
peu  ralenti^  mais  non  arrête  les  progrès  de  celte  maladie. 

Il  nous  fut  impossible  après  un  examen  très-attentif  et  une  discussion  faite  de 
bonne  foi  entre  nons,  de  découvrir  la  cause  des  accidents  observés,  de  donner 
une  explication  raisonnable  et  raisonnce  de  sa  marche,  de  sa  durée  et  de  sa  ter- 
minaison probable.  Il  nous  fui  malheureusement  aussi  difTuiie  de  donner  au 
traitement  que  nous  voulions  lui  opposer  cette  direction  bien  coordonnée  que  la 
connaissance  de  la  maladie  permet  seule  de  lui  imprimer.  Si  nous  ne  pouvions 
présumer  l'époque  de  la  terminaison  de  cette  malauie,  nous  étions  assez  d'ac- 
cord sur  sa  gravité  et  sur  son  issue  probablement  funeste.  Nous  étions  encore 
assez  unanimes  pour  penser  que  le  ma!  était  dans  la  cavité  crânienne  et  devait 
particulièrement  se  trouver  dans  le  voisinage  du  cervelet.  Une  consultation  rédi- 
gée avec  soin  et  edressce  à  deux  célébrités  médicales  de  Paris  ne  leur  fit  rie» 
découvrir  au  delà» 

La  maladie  plus  ou  moins  enrayée  par  le  traitement  continua  de  8'aggraver 
pendant  huit  mois  environ,  époque  à  laquelle  un  accès  beaucoup  plus  violeiiî 
que  les  précédents  fut  suivi  d'une  perte  de  connaissance  complète  avec  résolu- 
tion de  l'action  musculaiie,  respiration  stercoreuse,  et  tous  les  symptômes  d'un 
épanchement  au  cervenu  dont  rien  n'avait  pu  atténuer  les  eCTels. 

Appelé  une  dernière  fois  près  de  M.  D...,  la  gravité  de  ces  nouveaux  arxN 
deetsne  nous  laissa  aucun  doute  sur  sa  mort  inévitable  et  prochaine.'!!  expira 
la  nuit  suivante.  La  vie  s'était  aflaissée  graduellement  et  sans  secousses  nou- 
velles. 

Parmi  tous  les  moyens  employés  pendant  le  cours  de  cette  longue  maladie,  un 
seul  avait  consiammeut  soulagé  !e  malade,  c'était  rapplication  de  sangsues  der- 
rière les  oreilles.  Cette  saignée  locale  rendait  les  accès  moins  forts  et  moins 
fréquents. 

L'autopsie  du  cerveau  seule  fat  faite  dix-buit  à  vingt  heures  après  la  mort, 
en  présence  de  trois  médecins. 

La  voùie  du  crâne  fut  détachée  avec  une  scie  et  soulevée  avec  précaution. 

Une  rougeur  légère  colorait  la  surface  externe  de  la  dure-mère  sur  toute  son 
étendue,  mais  cette  rougeur  devenait  de  plus  en  plus  foncée  à  mesure  qu'elle 
se  rapprochait  d'un  point  où  cette  membrane  faisait  une  saillie  assez  marquée, 
saillie  qui  correspondait  à  la  bosse  occipitale  droite  2  centimètres  an-dessu^, 
environ.  Le  centre  de  celte  éminence  formée  par  la  dure-mère  était  marqué  par 
un  point  rond,  d'un  centimètre  de  large,  dans  lequel  on  voyait  une  altération 
bien  marquée  du  tissu  de  cette  membrane. 

L'occipital  présentait  une  caviîé  à  l'intérieur,  produite  par  le  refoulement  df> 
cet  os  dont  les  tables  avaient  été  repoussccs  sur  le  point  correspondant  à  la  Siiil- 
lle  de  la  dure-mère. 

A  l'extérieur,  un  peu  au-dessus  de  labosse  occipitale  droite,  on  .scatiiit  avec 

■f 


la  main  une  saillie  bien  marquée,  et  qui  eût  été  visible  même  si  les  cheveux 
avaient  été  rasés  sur  cette  partie.  Cette  saillie  n'existait  point  à  gauche. 

En  ouvrant  les  enveloppes  du  cerveau,  on  vit  s'écouler  un  liquide  séro-san- 
guinolent  assez  abondant  à  la  base  du  cerveau  et  dans  les  ventricules  surtout. 

Le  cerveau  détaché  et  enlevé  avec  soin  présenta  les  altérations  suivantes  : 

Le  côté  droit  du  cervelet,  fortement  déprimé,  était  presque  complètement 
détruit.  Une  caviié,  dans  laquelle  se  serait  caché  aisément  le  jaune  d'un  œuf  de 
poule,  était  entourée  des  restes  de  la  substance  médullaire  de  cette  partie  du 
cervelet  dont  le  ramollissement  et  la  destruclion  s'étaient  communiqués  au  lobe 
correspondant  du  cerveau  dans  lequel  l'altération  avait  pénétré  d'arrière  en 
avant  à  la  profondeur  de  4  centim.  L'altération  de  la  substance  cérébrale  était 
d'autant  plus  marquée  qu'elle  s'observait  plus  en  arrière;  on  voyait  même  sur 
la  partie  du  cervelet  qui  environnait  sa  dépression,  plusieurs  petits  points  où 
la  suppuration  était  manifeste. 

La  dure-mère  présentait  sur  la  partie  qui  correspondait  à  celte  dépression  du 
cervelet  one  tumeur  attachée  à  celte  membrane  par  un  pédicule  de  12  à  14 
millim.  de  diamètre.  Celte  tumeur,  de  forme  ronde,  avait  l'aspect,  la  forme  et 
la  couleur  d'une  galle  de  chêne  qui  se  forme  sur  les  feuilles  de  cet  arbre,  et 
dont  la  couleur  rose,  blanc  jaune,  donne  une  idée  assez  vraie  de  cette  tumeur. 
Son  volume  avait  un  diamètre  de  24  à  30  millim.;  elle  était  légèrement  aplatie 
d'avant  en  arriére. 

Celle  (umeur,  divisée  avec  le  bistouri,  se  trouvait  de  nature  flbreuse,  un  peu 
moins  résistante  que  les  tuifteurs  fibreuses  ordinaires. 

Le  reste  du  cerveau  et  du  cervelet  n'olTrait  aucune  alléraiion  ;  le  tissu  même 
en  était  assez  ferme  sur  les  points  éloignés  de  la  tumeur. 

Une  injection  des  capillaires  se  faisait  remarquer  sur  tous  les  points,  et  par- 
ticulièrement sur  les  plus  rapiirochés  de  la  bosse  occipitale  droite. 

La  facilité  avec  laquelle  les  tumeurs  de  la  dure-mère  repoussent  les  tables  des 
os  du  crâne  et  les  font  saillir  à  l'extérieur  devrait  porter  les  médecins  à  faire 
raser  la  tôle  d'un  malade  dans  les  cas  analogues  à  celui  qui  précède  quand  cette 
maladie  peut  être  soup(;onnée.  Il  est  facile  alors  de  reconnaître,  par  l'examen 
externe  de  la  tète,  les  altérations  subies  par  cette  boîle  osseuse,  quand  il  y  en 
a  d'appréciables  ;  et  qui  sait  si  ua  pai*eil  examen  ne  conduirait  pas  un  prati- 
cien habile  à  tenter,  dans  ce  cas,  des  moyens  extrêmes,  justifiés  d'ailleurs  par 
la  gravilé  de  la  maladie,  et  la  terminaison  fatale  à  peu  près  inévitable  qui  menace 
toujours  celui  qui  en  est  airecté  ? 

2»  REMARQUE  A   PROPOS  DE  L'OBSERVATION   PRÉCÉDENTE  ;   par  M.  BROWN  SÉQUARD. 

L'observation  de  M.  Mazier  est  le  second  fait,  présenté  à  la  Société,  d'une  tu- 
meur du  cervelet  délerminanl  la  paralysie  du  côté  où  elle  siégall.  M.  Tailhé  a 
lu,  l'an  dernier,  une  observation  qui  est  publiée  dans  nos  Mémoires,  p.  147-152, 
ei  dan»  laquelle  il  Ji'agit  d'un  ancien  milllaire,  hémiplégique  du  côté  droite  mort 


105 

à  la  Charilé,  dans  le  service  de  M.  Rayer.  On  trouva  à  l'aulopsie  un  tubercule 
dans  le  lobe  droit  du  cervelet. 

A  cesujet,  nous  devons  signaler  une  erreur  qui  s'est  glissée  sous  la  piume  de 
M.  Leheit,  à  propos  de  ce  malade,  dans  notre  compte  rendu  de  novembre  1849, 
p.  178.  Ceiie  erreur  consiste  en  ce  que  le  lobe  gauche  au  cervelet  est  di'signé 
comme  ayant  été  ie  siège  du  tubercule  dans  le  cas  dont  l'histoire  a  été  rajtportee 
par  M.  Tailhé. 

M.  Rayer,  qui  a  examiné  chaque  jour  !e  malade  en  question  pendant  plusieurs 
semaines  ;  M.  Brown-Séquard,  qui  a, de  son  côté,  recueilli  l'observation,  ainsi 
que  plusieurs  autres  personnes,  n'hésitent  pas  à  aflirmer  que  M.  Tailhé  ne  s'est 
pas  trompé,  et  qu'il  y  a  bien  eu  dans  ce  cas  paralysie  et  tubercule  du  côté 
droit,  c'est-à-dire  du  même  côté. 

3'  d'une  AFF£CTIO>î  f.ONVtI.SIVE  OL'I  SURVIENT  CDE/,  LES  AMMAÎJV  AYANT  EU 
UNE  MOITIÉ  LATÉRALE  DE  LA  MOELLE  ÉPINIÈRE  COUPÉE;  par  M.  BP.0\V.\-SÉ- 
QUAUD. 

Celte  afTection  consiste  en  des  mouvements  convulsifs  très-énergiques  des 
muscles  faciaux,  des  membres  antérieurs  et  du  membre  postérieur  du  côté  op- 
posé à  celui  où  a  été  fait  l'hémlsection  de  la  moelle.  On  provoque  ces  convul- 
sions à  volonté,  en  pinçant  une  des  parties  sensibles  de  l'animal  et  spécialement 
sa  face.  La  crise  dure  de  cinq  à  quinze  minutes.  Quand  elle  a  cessé,  on  n'en  peut 
provoquer  une  nouvelle  que  lorsque  l'animal  s'est  reposé  plusieurs  heures.  Les 
crise.s  sont  d'autant  plus  violentes  et  plus  longues  que  l'animal  est  resté  plus 
longtemps  sans  en  avoir. 

C'est  sur  des  cochons  d'Inde  que  cette  afieclion  a  été  rencontrée.  Elle  ne 
commence  guère  à  exister  que  huit  ou  dix  jours  après  l'opération  faite  à  la 
iBoelle.  C'est  surtout  quatre  ou  cinq  semaines  après  l'opération  que  les  crises 
sont  violentes  et  provoquée  aisément.  Trois  ou  quatre  mois  après  l'opération,  il 
faut  exciter  très-vivement  l'animal  pour  produire  une  crise.  Sur  il  animaux 
ayant  eu  une  moitié  latérale  de  la  moelle  coupée  aux  lombes  ou  à  la  région  dor- 
sale, 8  ont  été  atteints  de  cette  aSection  ;  les  3  autres  sont  morts  avant  l'époque 
où  cette  affection  se  déclare  hîtbituollemont.  Ils  ne  peuvent  donc  pas  être  con- 
sidérés comme  des  exceptions  à  une  règle  qui  établirait  que  toutes  les  fois  que 
la  moelle  épinière,  à  partir  de  la  huitième  vertèbre  dorsale  jusqu'à  la  qua- 
trième vertèbre  lombaire,  a  une  de  ses  moitiés  latérales  coupée  transversale- 
ment chez  un  cochon  d'Inde,  il  survient  chez  cet  animal,  au  bout  d'une,  deux 
ou  trois  semaines,  une  affection  qui  se  manifeste  par  des  convulsions,  après 
l'excitation  d'un  point  sensible. 

Les  mouvements  convulsifs  qui  se  montrent  alors  ressembleut  davantage  à 
ceux  de  l'épilepsie  qu'à  ceux  de  toute  autre  affection  convulsive. 

De  tout  ce  qui  précède,  il  suit  qu'après  une  certaine  lésion  de  la  moelle  épi» 


106 

tiière,  chez  certains  animaux,  il  survient  une  aflectioa  convulsive  ayant  quelque 
pareulé  avec  l'épilepsie. 
La'Sociéié  a  été  plusieurs  fois  lénioin  des  convulsions  mentionnées  ci-dessus. 

(8  Juin.) 

V.    —    TÉRATOLOGIE. 

i"  OBSERVATION  d'un  FOETUS  ANENCÉPHALE  ;  par  M.  OuER  (d'Orléans). 

Le  docteur  Olier,  d'Ovléans  (I-oirel),  a  adresse  à  M.  Rayer  la  description  et  le 
squelette  d'un  fœtus  anencéphale.  Ce  cas  offre  cela  de  remarquable  que,  bien 
qu'il  existât  un  spina  bifida  dans  toute  la  longueur  du  rachis, la  moelle  épinière 
n'était  point  détruite;  elle  formait  un  cordon  aplati,  bifurqué  à  son  extrémité  su- 
périeare.  Les  nerfs  rachidiens  ne  se  continuaient  point  avec  elle.  Cette  observa- 
tion confient  en  outre  quelques  détails  curieux  sur  les  dilTicultés  que  présente 
Je  diagnostic  de  la  position  du  fœtus  pendant  le  travail.  Voici  le  fait  : 

Le  9  mai  i850,  la  femme  ***,  jardinière  à  Orléans,  éprouve,  à  quatre  heures 
du  soir,  dans  les  reins  et  le  bas-ventre,  des  douleurs  assez  vives,  qui  augmentent 
avec  rapidité  d'intensité,  et  à  six  heures  du  soir  elle  accouche  d'un  fœtus  mort, 
du  sexe  féminin  ;  à  six  heures  et  demi,  le  délivre  est  expulsé  naturellement. 

Celte  femme  est  à  sa  sixième  grossesse.  A  la  première,  elle  eut  deux  jumeaux 
à  terme,  le  premier  mort-né  ;  le  deuxième  vécut  quatorze  jours.  Deuxième  gros- 
sesse, fausse  couche  à  troiS  mois.  A  la  troisième,  l'enfant  remue  à  quatre  mois  et 
demi  et  jusqu'au  cinquième  mois.  A  celte  époque,  la  mère  éprouve  des  contra- 
riétés ;  dos  lors  l'enfant  cesse  de  remuer  jusqu'au  neuvième  mois,  où  elle  accou- 
che d'un  enfant  mort  et  mal  conformé.  Quatrième  grossesse  normale;  l'enfant, 
du  sexe  masculin,  vit  :  il  est  âgé  de  13  ans.  Cinquième  grossesse,  fille,  qui  vit, 
aujourd'hui  âgée  de  7  ans.  A  toutes  ces  grossesses,  cette  femme  a  reconnu  immé- 
diatement qu'elle  était  enceinte,  à  des  dégoûts  pour  certains  aliments,  pour  le 
vin,  puis  à  la  cessation  de  ses  règles. 

Sixième  grossesse.  —  Le  3  juin  1849,  elle  a  eu  ses  règles  pour  la  dernière  fois; 
elle  les  attend  en  vain  le  mois  suivant.  Son  âge  (43  ans)  fait  qu'elle  croit  être 
arrivée  à  son  temps  critique.  Elle  n'éprouve  aucun  malaise,  aucun  dégoût,  rien 
qui  lui  fasse  présumer  qu'elle  peut  cire  grosse.  Sa  santé,  du  reste,  est  très-bonne, 
cependant  elle  voit  son  ventre  augmenter  lentement,  sans  songer  un  seul  instant 
qu'elle  peut  être  grosse.  Elle  croit  engraisser  comme  certaines  femmes  parvenues 
à  son  âge. 

Plus  tard  elle  fut  fort  surprise  de  sentir  remuer.  Les  mouvements  sont  fort 
sensibles,  même  pour  une  main  étrangère. 

Le  2  avril  1860,  elle  éprouve  de  vives  contrariétés,  et  elle  ressent  des  douleurs 
dans  les  reins  et  dans  le  ventre,  principalement  à  droite.  Ces  douleurs,  au  bout 
de  quelques  jours,  cessent  d'occuper  le  tronc;  elles  se  propagent  dans  la  cuisse 
et  la  jambe  gauche,  et  deviennent  bientôt  tellement  violentes  qu'elles  arrachent 
des  cris  à  la  malade.  Le  repos  au  lit  est  nécessaire.  Tout  le  membre  devient  en- 


107 

fié;  la  peau  est  lisse,  tendue,  douloureuse,  pouvant  à  peine  supporter  le  poids  det 
couvertures.  12  sangsues  et  des  cataptaBoies  appliqués  sur  les  points  les  plus 
douloureux,  un  repos  absolu  pendant  quelques  jours,  des  boissons  délayantes  et 
un  léger  purgatif  enrayent  cos  accidents  et  permettent,  au  bout  de  dix  à  douze 
Jours,  ^  cette  femme  de  reprendra  ses  occupations;  elle  conserve  pourtant  quel- 
que douleur  dans  tout  le  membre,  qui  lui  semble  pesant  pendant  tout  le  reste  de 
sa  grossesse. 

Le  8  mai,  à  cinq  heures,  elle  éprouve  des  douleurs  assez  vives  dans  le  bas- 
ventre,  comme  pour  accoucher;  elle  sent  remuer  pour  la  dernière  fois  et  me  fait 
appeler.  La  femme  élanl  couchée,  le  toucher  permet  de  constater  un  amincis- 
sement complet  du  col  ;  il  est  extrêmement  dilaté.  Son  diamètre  est  d'environ 
6  centimètres  à  H  centimètres  et  demi.  La  peau  des  eaux  est  lisse,  fortement  ten- 
due, large,  non  ^aillante,  malgré  la  dilatation  extrême  du  col  ;  elle  est  profondé- 
ment située,  et  ii  faut  introduire  le  doigt  tout  entier  pour  y  arriver.  Dans  l'in- 
tervalle des  contractions,  les  membranes  continuent  à  être  assez  tendues,  et  bien 
qu'on  les  déprime  fortement,  il  est  impossible  de  rien  reconnaître  au-dessous 
d'elles.  Sous  l'effet  d'une  contraction  énergique,  elles  se  rompent,  et  une  quantité 
considérable  d'eau  est  projetée  en  avant  et  jusqu'au  pied  du  lit.  La  femme  est 
littéralement  inondée;  on  peut  estimer  à  8  ou  9  litres  la  quantité  totale  des  eaux 
amniotiques.  Au  toucher,  le  doigt  rencontre,  au  niveau  du  détroit  supérieur,  «n 
corps  rugueux,  dur,  hérissé  d'aspérités;  son  volume  égale  celui  d'un  demi-ci- 
tron. On  croit  toucher  le  sacrum  dénudé.  Le  doigt  était  alors  sur  la  partie  pos- 
térieure de  la  tête. 

Dans  la  croyance  d'une  présentation  du  siège,  je  cherchai  en  avant  le  coccyx 
et  l'anus  ou  les  parties  génitales,  mais  en  vain.  Revenant  en  arnère  et  sur  les 
côtés,  je  trouvai  l'oreille  gauche  du  fœtus,  puis  la  bonche,  facilement  recon- 
naissnble  aux  arcades  dentaires,  à  la  langue  et  aux  lèvres. 

Pendant  que  je  passais  successivement  en  revue  toutes  les  positions  qui  pou- 
vaient me  rendre  raison  du  toucher,  la  matrice,  en  se  contractant  doucement, 
faisait  descendre  le  fœtus  peu  à  peu  dans  le  vagin,  et  finit  par  l'expulser  complè- 
tement. 

Une  fois  dehors,  le  fœtus  resta  sans  mouvement,  malgré  les  soins  qui  lui  furent 
donnés.  Le  cordon  fut  lié  et  coupé.  La  peau  était  lisse,  rosée,  comme  dans  l'état 
normal  Les  membres  étaient  bien  conformés.  Le  poids  total  du  fœtus  pouvait  être 
de  3  livres  à  3  livres  et  demie.  Le  col  manquait  complètement,  et  la  tête,  très- 
petiie,  semblait  logée  dans  une  excavation  creusée  dans  la  partie  supérieure  du 
tronc.  La  poitrine  était  bien  conformée;  seulement  la  mâchoire  inférieure,  dé- 
mesurément large,  recouvrait  le  sternum,  sur  lequel  elle  était  appuyée,  et  la  peau 
du  menton  se  continuait  avec  celle  de  la  poitrine.  Un  très-large  sillon  circulaire 
indiquait  'tj  limite  de  séparation  enlie  la  face  et  le  tronc.  Le  nez  était  court,  re- 
troussé; les  yeux  étaient  fermés,  dirigés  en  haut.  Les  globes  oculaires  n'avaient 
pas  plus  de  0",007  de  diamètre;  ils  étaient  pourvus  d'une  rétine.  La  cornée  était 


lOS 
terae.  Depuis  le  bord  supérieur  âes  arcades  orbitairest  la  peaa  manquait  en  ar^ 
rière  sur  toute  cette  surface  rugueuse  qui  forme  toute  la  partie  postérieure  de  la 
tête;  elle  était  remplacée  par  une  membrane  fibreuse  qui  envoyait  des  prolon- 
gements dans  tous  les  interstices  osseu;.  Elle  manquait  encore  dans  toute  la 
hauteur  de  la  paroi  postérieure  du  canal  rachidien  jusqu'à  la  troisième  vertèbre 
lombaire.  Sur  ces  parties  dénudées  s'étendait  une  membrane  fme,  collée  anr  les 
parties  profondes,  et  qu'on  ne  pouvait  isoler  sans  la  déchirer. 

Le  canal  rachidien,  ainsi  ouvert  depuis  la  base  du  crâne  jusqu'à  la  région  ré- 
nale, laissait  voir  la  moeHe  sous  cette  membrane  (lue  et  transparente,  qui  se  con- 
tinuait avec  la  peau  au  niveau  de  l'extrémité  libre  des  apophyses  transverses. 
Cette  moelle  avait  la  forme  d'un  ruban  aplati  d'environ  une  ligne  et  demie  d'é- 
paisseur ;  elle  commençait  à  la  base  du  crâne  par  une  extrémité  comme  bifurquée 
et  coupée  carrément.  A  cette  extrémité ,  elle  reposait  sur  un  coussinet  moitié 
graisseux,  moitié  fibreux,  qui  remplissait  l'excavation  profonde  que  l'on  voit  en 
arrière,  à  la  place  du  col.  En  saisissant  l'extrémité  libre  de  ce  ruban  médullaire 
avec  une  pince,  on  le  détache  avec  une  facilité  extrême  du  canal,  n'ayant  à 
rompre  que  (juelques  filaments  ceiluleux  et  fibreux  placés  <jà  et  là.  Cette  moelle 
n'avait  pas  de  rapport  avec  les  nerfs,  dont  les  origines  ne  commençaient  que  par 
une  seule  extrémité,  renfiée  et  ganglionnaire,  placée  dans  les  trous  de  conju- 
gaison. Dans  les  mepibres  et  les  troncs,  les  nerfs  étaient  bien  développés. 

La  poitrine  était  large;  le  poumou  n'avait  pas  respiré  ;  point  de  vice  de  con- 
formation dans  le.s  organes  tiioraciques. 

De  chaque  côté  de  la  tète  se  voyaient  deux  oreilles  larges  et  allongées  forte- 
ment déjptées  en  arrière ,  et  dont  les  lobules  descendaient  sur  les  épaules.  Au 
devant  des  lobules  de  ces  oreilles  et  sur  une  très-petite  étendue  existaient  quel- 
ques rares  cheveux,  lea  seuls  qu'il  y  eût  pour  toute  la  tête.  Cette  absence  de 
cheveux  avait  été  une  diQlcuIté  de  plus  pour  le  diagnostic  de  la  position,  lors  do 
toucher. 

Les  membres  étaient  bien  conformés ,  les  ongles  flos,  mous,  mais  suffisamment 
développée.  Enfin,  pour  terminer,  on  voit  sur  le  squelette,  outre  le  spina  bifîda 
complet,  la  soudure  des  quatrième,  cinquième,  sixième,  septième  côtes  droites 
et  des  apophyses  transverses  correspondantes,  et  une  tendance  à  une  soudure 
analogue  dans  la  septième  côte  gauche,  dont  les  bords  érodés  étaient,  dans  l'état 
frais,  fortement  resserrés  par  ceux  de»  côtes  adjacentes. 

2*  REMAftQUÊS  scR  l'observation  PRÉCÉDENTE;  par  M.  Davainé. 

Ce  cas  d'anencéphaiie,  observé  et  décrit  avec  soin  par  le  docteur  OUer,  offre, 
dans  les  circonstances  antérieures  ou  relatives  à  l'accouchement,  plusieurs  par- 
ticularités intéressantes. 

Au  point  de  vue  de  l'étiologie,  je  rappellerai  l'existenoo  antérieure  d'une  gros- 
sesse double,  d'un  avortomenl  et  de  l'ucconchemeat  à  terme  d'un  fœtus  mal 
conformé,  IMntervaile  de  onze  mois  entre  la  dernière  époque  menstruelle  et  l'ac- 


i09 

eouchemeot,  l'abondance  singulière  dea  eaux  de  l'aranlos,  dont  l'aneacéphale  ob- 
gervé  par  M.  Lallemand  offre  un  autre  exemple  remarquable. 

Au  point  de  vue  de  la  physiologie,  les  mouvements  du  fœtus  sensibles, 
même  pour  une  main  étrangère,  et  qui  ont  persisté  jusqu'au  jour  de  l'accouche- 
ment. 

Le  squelette  de  ce  fœtus  monstrueux  présente  les  caractères  qu'on  observe  le 
plus  ordinairement  chez  les  anenccphales  :  c'est  la  proéminence  de  la  mâchoire 
Inférieure,  l'épaississement  générai  des  os  de  la  face;  au  crâne,  l'absence  com- 
plète de  la  voûte  (la  portion  écailieuse  du  frontal,  du  temporal,  de  la  grande  aile 
du  sphc/ioïde,  les  pariétaux» manquant  complètement;  les  deux  occipitaux  supé- 
rieurs seulement  se  reirouvent,  mais  renversés  de  chaque  côté  de  la  portion  con- 
dylieune  de  l'occipit?.!  et  articulés  avec  elle  et  le  temporal).  La  base  du  crâne 
présente  en  dessus  une  surface  convexe  qui  commence  en  avant  aux  arcades  sur- 
cilières,  et  se  continue  en  arrière  sans  interruption  avec  la  gouttière  que  forme 
le  canal  rachidien,  largement  ouvert  dans  toute  son  étendue.  Les  os  qui  forment 
normalement  cette  base  se  retrouvent  tous,  mais  épaissis  et  d'une  ossification 
très-complète.  Qnp'ques-uns,  la  petite  aile  du  sphénoïde  et  les  rochers,  offrent 
un  développement  exagéré. 

Le  rachis  présente,  dans  la  région  du  coi,  une  déviation  antérieure  extrême- 
ment forte,  qui  comprend  aussi  les  premières  vertèbres  dorsales.  Le  corps  des 
vertèbres,  à  partir  en  remontant  de  la  sixième  ou  septième  dorsale,  parait  s'être 
développé  par  deux  points  d'ossification  distincts,  un  pour  chaque  moitié  laté- 
rale. Celle  séparation  dans  l'ossification  des  deux  moitiés  latérales  du  corps  des 
vertèbres  est  d'autant  plus  prononcée  qu'on  l'examine  plus  près  du  cot,  où  elle  se 
continue  jusqu'à  l'occipital.  I^esos  des  membres,  bien  confornaés,  n'offcent  point 
d'apparences  de  déviations. 

Quoique  le  canal  rachidien  fût  largement  ouvert,  ainsi  que  la  cavité  du  crâne, 
cependant  la  moelle  épinière  existait.  Les  détails  donnés  parle  docteur  Olier  ne 
peuvent  laisser  aucun  doute  à  cet  égard.  L'exirémilé  supérieure  de  celte  moelle 
était  bifide,  et  les  nerfs  rachidiens  ne  se  continuaient  pas  avec  elle. 

L'existence  de  ta  moelle  épiiiière,  avec  absence  du  cerveau  et  spina  bifida 
complet,  a  été  fort  rarement  observée;  cependant  il  existe  dans  la  science  quel- 
ques faits  analogues.  Billard  a  observé  chez  un  fœtus  anencéphale,  avec  spmo 
bifida,  la  persistance  de  la  moelle  épinière;  mais,  dans  ce  cas,  la  moelle  con- 
sistait en  deux  petits  filets  blancs,  assez  solides,  contigus  l'un  à  l'autre,  et  pré- 
sentant dans  leur  ensemble  le  volume  d'une  plume  de  corbeau.  En  haut  ils  se 
confondaient  avec  une  substance  pulpeuse,  sanguinolente,  contenue  dans  une 
poche  à  la  base  du  ci  âne.  Les  nerfs  rachidiens,  n'ayant  pas  toutefois  l'apparence 
normale,  nslss'dietil  des  parties  latérales  de  chacun  de  ces  filets.  Oliivier  (d'An- 
gers), qui  rapporte  cette  observation  dans  son  Traité  de  la  moeixe  i^pinière 
{2*  éd.,  t.  I,  p.  1G7),  cite  deux  autres  cas,  l'un  observé  par  Zacchias  et  l'autre 
rapporté  par  Manget,  qui  paraissent  analogues  à  celui  de  Bitlard,  autant  qu'on 


110 
en  peut  Juger  par  la  courte  description  qu'en  ont  donnée  ces  auteurs.  Dans  ces 
différents  cas,  il  existait  à  ia  place  du  cerveau  une  tumeur  ou  une  poche  d'une 
nature  indéterrainée.  Dans  le  cas  de  M.  Olier,  il  n'existait  rien  de.  semblable,  et 
l'on  ne  retrouvait  point  dans  les  téguments  les  restes  d'une  poche  ou  d'une  tu- 
meur qui  se  serait  rompue  pendant  ou  quelque  temps  avant  l'accouchement.  Si, 
comme  on  a  lieu  de  le  penser,  ce  cas  d'anencéphalie  a  été  examiné  avec  soin, 
il  vient  confirmer  ce  fait  très-remarquable  de  l'existence  des  mouvements  des 
membres  indépendants  de  toute  communication  des  nerls  avec  la  moelle  épinière- 
Ces  mouvements  ressentis  par  la  mère  dans  le  cas  d'anencéphalie  rapporté  par 
M.  Lallemand,  ont  été  bien  constatés  dans  celui  de  M.  Olier,  et  ont  persisté  jus- 
qu'au jour  de  l'accouchement. 

Les  observations  que  l'on  pourrait  rapprocher  de  celle-ci,  comme  des  exem- 
ples de  prolongation  de  la  vie  du  fœtus  pendant  quelques  instants  ou  même 
plusieurs  heures  après  l'accouchement,  quoiqu'il  y  eût  absence  compièîe  du  cer- 
veau et  de  la  moelle  épinière,  sont  en  petit  nombre,  et  n'ont  pas  assez  d'authen- 
ticité pour  diminuer  l'intérêt  que  mérite,  sous  ce  rapport,  l'observation  de 
M.  Olier. 


COMPTE    RENDU 

DES  SÉANCES 


DK 


^  r 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PENDANT    LE    HOiS    DE    JUILLET  1850 


PAR 


M.  le  Doctenr  LEBERT,  ■«cr«talr«. 


Présidence  de  M.  RATER. 


I.  —  PUTSIOLOGIE  VÉGÉTALE. 


\*   DE   LA   NATDRE   DES  COLÉORHIZES ,  ET  DO  MODE  DE  L'ACCROISSEMENT  DE   l'ÉCORCI 

CHEZ  LES  RACINES  ET  LES  TIGES  ;  par  M.  le  lioctcur  Ernest  Germain  (de  Saint- 
Pierre). 

Le  mode  d'accroissement  destig*?»  a  été,  pendant  ces  dernières  années,  l'objet 
de  nombreuses  controverses  dont  le  résultat  n'a  pas  été  jusqu'à  ce  jour  de  porter 
une  même  conviction  dans  l'esprit  des  observateurs:  l'espoir  de  contribuer  par 
ëe  nouvelles  observations  à  une  solution  définitive  de  cette  importante  question. 


112 

m'a  déterminé  à  pomsuivre  assidûment  l'étude  de  la  structure,  des  racines  qui. 
jusqu'à  ce  jour,  a  éié  beaucoup  plus  négligée  que  l'étude  des  tiges  qu'elle  devait 
nécessairement  éclairer. 

Je  rendrai  compte  dans  cette  noie  des  résultats  auxquels  j'ai  été  conduit  par 
l'examen  d'un  oigane  accessoire  de  certaines  racines,  connu  sous  le  nom  de 
coléorhize,  organe  regardé  jusqu'ici  comme  une  membrane  assez  insigniflante, 
et  dont  l'origine  était  restée  o!  scure. 

La  coléorhize  a  été  considérée  comme  propre  aux  végétaux  de  l'embranche- 
ment des  monocotylédoncs  ;  on  la  décrit  comme  une  sorte  de  sac  membraneux, 
d'abord  sans  ouverture,  qui  renferme  la  radicule  et  qui  ne  larde  pas  à  être  per- 
foré par  celle  radicule  dès  la  première  période  de  la  germination  de  l'embryon. 

J'ai  constaté  que  chez  les  lii lacées,  dans  le  genre  allium.  par  exemple,  la  co- 
léorhize n'est  autre  chose  que  la  radicule  ou  racine  primordiale  elle-même  qui 
est  traversée  de  haut  en  bas,  selon  son  axe,  par  des  racines  nées  postérieurement 
et  oui  la  réduiseiil à  l'état  dégaine;  —  que  chez  les  graminées,  au  contraire, 
chez  le  froment  par  exemple ,  la  radicule  primordiale  que  j'ai  démontré 
(BvLL.  soc.  PHiLOMATiQDE ,  20  avril  1860)  être  la  partie  dorsale  de  l'hypoblaste, 
reste  rudimentaire  et  n'est  pas  traversée  par  la  seconde  racine;  cette  seconde  ra- 
cine se  développe  en  dehors  et  en  liberté  et  c'est  elle-même  qui  est  traversée  par 
une  troisième  racine  et  se  trouve  réduite  à  l'état  de  gaine  ou  coléorhize. 

Voici  donc  la  première  racine  pleine  chez  le  froment,  tandis  qu'elle  est  con- 
vertie en  coléorhize  ciiez  les  allium,  et  la  seconde  racine  pleine  chez  les  allium , 
tandis  qu'elle  est  convertie  en  coîéorhyze  chez  le  froment.  —  De  ce  fait  qu'un 
mémo  organe  est  susceptible  d'être  racine  pleine  ou  d'être  racine  tubuleuse  en- 
g:  inantp,  je  conclus  que  les  coléorhizes  sont  en  réalité  des  racines  qui  se  trou- 
vent converties  en  gaines  par  suite  de  l'emboîtement  d'une  racine  plus  récente 
qui  descend  dans  leur  axe  et  qui,  étant  douée  d'une  force  de  végétation  plus  ac- 
ti\p,  les  traverse  et  continue  son  évolution  au  dehors. 

Ce  fait  de  racines  qui  s'emboîtent  l'une  dans  l'autre  est  loin  d'être  propre  aux 
inonocotylédonés,  les  seuls  végétaux  auxquels  on  attribuait  une  coléorhize;  au 
contraire,  il  m'est  facile  de  démontrer  que  chez  les  dicotylédones  les  raciries  dites 
pivotantes  sont  en  réalilé  composées  de  racines  emboîtées. —  On  a  toujours  con- 
sidéré la  racine  du  radis  Çraphanus  sativus)  cotnme  le  type  d'une  racine  pi- 
votante ;  or  cette  racine  est  constituée  dans  l'origine  par  deux  coléorhizes  soudées 
par  leurs  bords  et  qui  descendent  manifestement  de  la  base  de  chacune  des  feuilles 
cotylédonaires.  Plus  tard,  de  nouvelles  racines  descendent  dans  l'axe  de  la  pre- 
mière comme  dans  un  tube  et  écartent  par  leur  masse  croissante  les  deux  coléo- 
rhises  dont  elle  se  composait  et  qui  deviennent  libres  tantôt  par  lambeaux,  tantôt 
dans  toute  leur  étendue  (j'en  ai  rencontré  adhérente»  encore  au  pivot  par  leurs 
exlréniiiés  et  libres  seulement  dans  leur  partie  moyenne,  au  point  où  la  racine 
se  rétrécit  brusquement  pour  devenir  fililorme).  Or,  les  racines  descendues  entre 
les  coléorhizes  ne  durèrent  des  coléoihizes  elles-mêmes  qu'en  ce  qu'elles  restent 


113 

adhérentes  entre  elles  au  lieu  de  devenir  libres  après  avoir  été  adhérentes.  En 
effet,  chez  le  radis,  après  la  destruction  ou  l'écartement  de  la  coléorhize,  qui  con- 
stituait  d'abord  l'ëcorce  colorée  de  la  racine,  on  trouve  une  seionde  écorce  éga- 
'ement  colorée  et  de  la  même  nature  que  la  première,  qui  représente  des  coléo- 
rhizes  sous-jacentes  ne  difterant  des  premières  qu'en  te  qu'elles  restent  sondées 
à  la  racine  pivotante. 

Les  coléiirhizes  du  raphanus  sativus  avaient  avant  moi  attiré  l'altentiou  de 
plusieurs  observateurs;  j'ai  remarqué  récemment  que  la  racine  pivotante  des 
cheno podium  album,  murale  et  hybridum  est  munie  de  coléorhizes  qui  ne 
diffèrent  en  rien  de  celles  du  radis,  et  ces  espèces  ne  sont  sans  douîe  pas  les 
seules  où  cet  organe  est  manifeste. 

Quant  aux  racines  pivotantes  non  coléorhizécs,  il  me  semble  évident  qu'elles 
ne  diffèrent  des  racines  coléorhizées  qu'en  ce  que  leur  coléorhize  reste  adhérente 
à  la  masse  au  lieu  de  s'en  séparer. 

Ce  fait  que  les  coléorhizes  sont  des  racines  étant  bien  démontré,  il  devenait  im- 
portant de  connaître  leur  structure  ;  or,  une  coupe  longitudinale  de  la  racine  du 
raphanus  sativus  démontre  parfaitement  que  les  coléorhizes  sont  la  continua-' 
lion  de  la  partie  cellulaire  de  la  base  des  feuilles-,  quant  aux  faisceaux  vascu- 
laires  des  feuilles,  on  les  voit  se  diri'.'er,  à  partir  de  la  naissance  de  la  coléorhize, 
vers  le  centre  du  pivot  dans  lequel  ils  descendent. 

De  la  structure  des  coléorhizes,  il  me  serabh^  qu'il  découle  les  conséquences 
suivantes  : 

1'  La  base  de  la  première  ou  des  premières  feuilles  d'une  plante  émettant  un 
prolongement  descendant,  les  feuilles  suivantes,  qui  sont  de  même  nature  que 
les  premières,  émettent  de  semblables  prolongements  sondés  ou  non; 

2»  La  coléorhize  des  feuilles  cotyiédonaires  constituant  l'écorce  de  la  racine, 
la  partie  analogue  des  feuilles  suivantes  constitue  l'écorce  de  la  lige  ; 

Z"  Les  faisceaux  fibro-vasculaires  que  nous  avons  vus  descendre  avec  les  coléo- 
rhizes (les  feuilles  cotylédonaires  du  radis,  et  se  diriger  vers  le  centre  de  la  racine, 
constituent,  au  niveau  des  feuilles  caulinaires,  la  partie  ligneuse  des  tises. 

J'ajouterai,  comme  dernier  argument,  un  exemple  manifeste  de  coléorhizes  ap- 
partenant aux  feuilles  supérieures  d'une  tige  aérieune.  Dans  la  section  armeria 
du  genre  statice,  il  existe  à  la  base  de  chacune  des  leuiiîes  de  l'involucre  du  ca- 
pitule un  prolongement  libre  beaucoup  plus  long  qu'elles-mêmes;  or,  ces  pro- 
longements ont  été  à  tcrl  condamnes  comme  des  éperons,  car  un  éperon  est  une 
dépression  située  au-dessus  de  la  base  d'une  feuille  et  piésente  une  cavité  ou- 
verte, tandis  qu'ici  les  prolongements  sont  situé.-*  au-dessous  de  la  base  des  feuilles 
et  ne  présentent  pas  de  cavité;  ces  prolongements  sont  donc  de  véritables  coléo- 
rhizes; ils  descendent  delà  base  des  feuilles  sans  adhérer  a  la  tige,  et  s'ils  étaient 
adhérents  à  la  lige,  ils  en  constitueraient  l'écorce  (écorce  qui,  dans  le  cas  actuel, 
est  le  prolongement  des  feuilles  supérieures  à  celles  dont  les  prolongements  sont 
libres). 


ilZî 

Ce  fait  écjaire  le  phénomène  de  la  décurrenoe  foliacée  des  feii1Ue«,  si  remar- 
quable chez  certaines  espèce»  de  cirsitim,  par  exemple,  où  ces  décurremccB  dc- 
cupent  toute  la  longueur  de  l'entre-nœud  ;  il  devieirt  manifeste  que  ces  décurren- 
oes  foliacées  ne  montent  pas  de  la  partie  inférieure  de  la  plante,  mais  descendent 
de  la  base  des  feuilles,  puisque  chez  le  statice  arJncria  ces  decurrences,  qui 
sont  de  la  même  nature  que  celles  des  cirsium,  sont  libres  dès  leur  naissance 
par  leur  partie  inférieure. 

Il  résulte  des  observations  précédentes,  que  les  coléorhizes  constituent,  selon 
la  hauteur  des  feaiUes  mèies,  l'écorce  de  la  racine  ou  l'écorce  de  la  tige.  H  en 
résulte  surtout  ce  fait  important  dans  la  discussion  non  terminée  sur  le  mode 
d'accroissement  des  tiges,  que  cet  accroissement,  pour  ce  qui  concerne  l'écorce, 
a  lieu,  en  partie  du  moins,  par  suite  de  l'élongation  de  la  partie  cellulaire  des 
feuilles  au-dessous  de  leur  base. 

II.   —  AWATOMIE  COMPARÉE  ET  ZOOLOGIE. 
1»  NOTE  SUR   LE  VOLVOX   GLOBATOR  ?   par    M.  LAURENT. 

M.  Laurent  met  sous  les  yeux  de  la  Société  des  volvoh  globator^  dont  les 
uns  ne  contiennent  que  des  gemmes  et  les  autres  que  des  corps  oviformes  ou  de 
yéritables  œufs. 

Les  temmes,  qui  sont  verdâtres,  transparents  et  recouverts  de  cils  vibratiles 
eommelœ  mères,  sent  quelquefois  assez  avancés  dans  leur  développement  pour 
se  mouvoir  eft  tournoyant  darjs  l'eau  qui  remplit  la  cavité  sphéroïde  du  corps 
de  ces  individus  mères.  Les  individus  gemmaires  contiennent,  a-t-on  dit,  d'autres 
gemmes  assea  avancés  «ux-mémes  peur  fie  mouvoir  de  la  même  manière  dans 
ces  individus  gemmaires  non  encore  nés.  M,  Laurent,  qui  en  a  observé  nn  très- 
grand  nombre  pendant  toutes  les  saisons  de  Tannée,  n'a  jamais  eu  l'occasion 
d'observef  dans  l'état  de  tournoiement  les  deux  générations  emboîtées  dans  on 
même  volvox  libre  et  nageant  dans  l'eau.:  n  a  vu  seulement  les  individus  gem- 
ipaires  non  encore  nés  se  mouvoir  en.  tournoyant  dans  la  cavité  sphérique  de 
leur  .mère  et  contenir  les  rudiments  de  leurs  corps  reproducteurs.  11 '.rapproche 
C3  dernier  fait  de  l'observation  de  M.  Carus  qui,  avant  ouvert  le  cadavre  d'une 
jeune  fenmie  morte  en  étal  de  grossesse  très-avancée  et  celui  du  fœtus  femelle^ 
tjouva  dans  les  ovaires  de  ce  fœtus  ries  ovules  bivésiculaires  concentriquemenl. 
Ge  qui  permet  d'admettre  dans  un  seul  individu  trois  générations,  dont  deux 
sont  eraboité«8  dans  l'individu  mère.  L'observation  ne  permet  donc  point  d'ad- 
mettre remboîtemenl  an  delà  de  la  troisième  génération. 

Les  corps  rrviformes,  dont  la  nature  n'avait  point  encore  été  constatée,  sont 
orangés  et  même  rouges,  opaques  et  toujours  immobile?.  Ehrenherg  a  considéré 
]es  volvox  qui  les  contiennent  comme  appartenante  une  espèce  différente  qn'il 
»  désignée  sous  le  nom  de  volvox  avreus.  M.  Laurent,  ayant  conserve  pendant 


115 
tout  l'hiver  ces  corps  oviformes  rouges  du  volvox  globaior^  les  a  vus  éclore,  et  'l 
ea  est  sor^i  de  véi'itableB  volvoa;  globator  très-verts,  qai  se  soot eux-mêmes  re- 
produite par  des  corps  gemmifonnes.  Il  recueillait  cette  observation  dans  les 
vases  placés  dans  son  cabinet.  Il  s'empressa  alors  d'aller  s'assurer  si  les  vclvox, 
qui  avaient  disparu  pendant  l'hiver  dans  les  localités  de  la  campagne  où  il  avait 
trouvé  ceux  dont  il  s'était  procuré  les  œufs,  reparaissaient,  et  c'est  ce  qui,  en 
elTet,  avait  lieu,  et  ces  volvox  de  la  campagne  provenant,  de  même  que  ceux  nés 
dans  les  vases  dans  son  cabinet,  évidemment  de  ces  corps  oviformes  rouges,  ne 
lui  laissent  plus  aucun  doute  à  cet  égard. 

Le  volvox  aureus  d'Ehrcnberg  ne  doit  donc  plus  être  considéré  comme  une 
espèce,  ni  même  wmme  une  variété,  ainsi  qne  l'avait  proposé  O.-F.  Muller. 

A  l'appui  de  ce  premier  résultat  de  ses  observations,  M.  Laurent  met  encore 
sous  les  yeux  de  la  Société  un  individu  de  volvox  globator,  contenant  en  même 
temps  quatre  corps  gemmiformes  et  quatre  corps  oviformes  ;  ce  fait,  dont  il  avait 
fioupi^nné  l'existence  avant  de  l'avoir  confirmé  par  l'observation,  est  assez  com- 
mun et  prouve  que  chez  les  volvox,  de  même  que  dans  les  espèces  gernmipaies 
et  ovipares  en  même  temps,  du  règne  animal,  on  trouve  dans  une  même  sjiisoo 
des  individus  isolés  se  reproduisant  les  uns  par  gemmes,  les  autres  par  des  œufc, 
et  d'autres  individus  produisant  en  même  temps  des  gemmes  et  des  œufs. 

2*  RÉSUMÉ  on  MÉHOIBE  ZOOLOGIQCE  SUR  LES  VIPÈRES  DE  FRANCE  ;  par  M.   DuGÈS. 

Ce  mémoire,  destiné  non  pas  à  donner  une  monographie  des  vipères  de  France, 
mais  à  relever  quelques  erreurs  commises  à  leur  sujet  ou  à  combler  des  lacunes 
de  leur  histoire,  se  divise  en  cinq  chapitres. 

Le  premier  chapitre  est  consacré  aux  descriptions  ; 

Le  deuxième  aux  habitudes  ; 

Jie  troisième  au  venin  ; 

Le  quatrième  à  quelques  auteurs  cités  ; 

Le  cinquième  contient  un  corollaire  du  mémoire. 

A.  P/eux  types  auxquels  se  rapportent  toutes  les  variétés  dont  on  a  fait  souvent 
4es  espèces  ou  des  genres,  suiTisent  pour  renfermer  les  reptiles  qui  sont  le  sujet 
de  ce  travail  ;  les  voici  en  parallèle  : 

VIf'ERA    ASPrS.  PEUAS  BERDS. 

Tête  plate  uniformément.  Grauula-  Tête  arrondie  comme  les  coulea- 
tions  sur  la  partie  antérieure;  granu-  vres,  sans  groin.  Granulations  anté- 
i^tions  acumiaées  sur  le  milieu,  Heures  plus  larges.  Pas  d'écailles  acu- 

minées. 
Carénées  sur  l'occiput.  Les  carénées  commencent  après  les 

trois  plaques. 
Museau  en  groia.  Ideto. 


116 


PEUAS  BEBDS. 

Trois  larges  écailles,  dont  la  ptu» 
grande  est  antérieure  et  placée  entre 
les  écailles  surciliaires. 


VlPERJl  ASPiS. 

Une  écaille  surciliaire  large,  et  or- 
dinairement une  autre  entre  les  deux 
crochets,  faisant  former  saillie  à  la  peau 
sous  les  yeux. 

Au  pourtour  inférieur  de  l'œil,  écail- 
les granulées. 

Pupille  verticale  dilatable. 

Narine  en  C,  à  concavité  postérieure 
et  dans  une  fossette. 

Tempes,  surface  massélérine,  inter- 
valle sous-oculaire,  pourtour  des  na- 
rines et  granulutions  autésiennes  des 
museau,  sans  oarèiies. 

Écaille rostrale  médiane  triangulaire. 

Voir  les  fig.  A  1,  2,  3,  4. 

Cou  étroit. 

Écailles  carénées  sur  le  corps  et  la 
queue  qui  se  termine  par  un  ongle 
corné. 

Plaques  simples  sous  la  gorge,  le 
ventre  et  l'auus  ;  doubles  sous  la 
queue. 

Taille  ordinaire,  70  centim. 

La  couleur  est  fauve,  brune,  grise,  peu  accusée. 

Les  pélias  sont  souvent  roux,  et  chez  eux  l'iris  est  toujours  d'un  rouge  san- 
glant. Les  mêlas  appartiennent  aux  deux  types.  Le  ventre  varie  du  noir  au  blanc 
presque  pur.  Les  taches  qui  changent  avec  chaque  individu,  mais  paraissent  plus 
constantes  chez  les  pélias,  ont  pour  type  le  dessin  suivant  :  Une  bande  tr-ans- 
Tersale  devant  les  plaques  surciliaires,  et  son  milieu  se  prolongeant  en  forme 
de  T  sur  le  crâne  pour  venir  rejoindre  le  sommet  d'un  triangle  qui  s'épanouit 
sur  l'occiput.  Ce  triangle,  à  base  postérieure,  donne  naissance  à  une  rangée  de 
taches  alternatives  qui,  par  i'accolenient  de  leurs  extrémités,  forment  le  triangle 
dorsal.  Une  marque  au  coin  externe  de  l'œil  et  au-dessous  une  autre  qui,  pas- 
sant sur  li  joue  et  le  cou,  s'arrête  sur  le  commeD«;eîTient  du  tronc  où  elle  esl 
remplacée  par  une  série  de  points  alternant  avec  les  taches  du  dos. 

B.  Les  vipères  aiment  la  chaleur  et  suriout  la  chaleur  hum  de  ;  elles  se  bai- 
gnent et  Jjoivenl  volontiers,  mais  refusent  ordinairemeui  de  manger  en  cap- 
tivité. 

Marche  brusque,  embarrassée,  irrégulière. 

Les  vipères  ne  sont  pas  nocturnes. 


Idem. 
Idem. 

Idem. 


Idem. 

Écaille  rostrale  pentagone,  à  base 
inférieure. 

Fig.B  1,  3,  3. 
Cou  moins  étroit. 


Idem. 


Idem. 

D'un  quart  plus  petit. 


117 

On  ne  trouve  guère  les  aspis  que  clans  le  midi  ;  mats  cependant  ie  nord  n'en 
est  pas  coniplélement  dépourvu. 

Leur  naturel  est  sauvage  et  irascible;  mais  on  peut  les  loucher  sans  danger 
quand  on  ue  leur  fait  ni  peur  ni  mal. 

C.  Le  venin  estjauue,  visqueux.  Les  crochets  conducteurs  sont  creusés  d'un 
canal  ouvert  à  la  base  de  la  dent  et  à  son  sommet,  en  laissant  à  la  face  anté- 
rieure une  rainure  qui  s'efface  quelquefois.  Le  venin  parait  agir  bien  plus  vive- 
ment chez  l'homme  que  cbez  les  animaux;  ainsi  un  lézard  de  muraille  est  mort 
en  une  demi-heure;  mais  un  orvet  a  résisté,  et  le  venin  pris  sur  lui  et  inoculé  à 
un  lézard  est  reslé  sans  effet.  Un  triton  idem.  Une  vipère  qui  s'implante  elle- 
même  ses  crochets  d;ins  la  mâchoire  inférieure  n'en  meurt  pas.  Viennent  pour 
l'homme  les  expériences  de  M.  Dosoard  qui  cite  4  cas  de  mort  et  7  .le  guéri- 
son  par  les  frictions  d'huile  d'olive  chaude  et  l'ingestion  du  même  liquide  à 
hautes  doses.  Ligature,  frictions  d'huile,  cautérisation,  voilà  les  trois  moyens 
à  employer  successivement  dans  un  cas  de  morsure. 

D.  Dans  ce  chapitre  sont  criliquées  el  jugées  les  figures  données  par  Schle- 
gel,  ainsi  que  celles  de  l'atlas  qui  accompagne  ie  grand  ouvrage  de  Cuvier,  ac- 
tuellement fini,  le  Règxe  animal.  Ces  figures  pèchent  par  les  caractères  essen- 
Uels,  quoique  celles  de  Schlegel  soient  de  beaucoup  les  plus  mauvaises. 

Richard,  dans  sa  ZooLOiiiE  médicale,  se  trompe  sur  la  forme  des  morsures,  et 
ne  décrit  pas  le  pélias  comme  espèce  venimeuse.  Mérat  et  de  Leui  ont  commis 
une  erreur  aussi  en  ne  donnant  au  col.  cher sm-ji  {pe lias  berus)  que  6  pouces  de 
longueur,  et  nié  à  tort,  en  France,  l'existence  des  vipères  noires.  —  Suit  ia  des- 
cription des  figures  soit  originales,  soit  copiées. 

E.  Corollaire.  Deux  espèces  seulement  en  France,  le  pelias  berus  et  le  vi- 
pera  aspis. 

Caractère  bien  moins  redoutable  qu'on  ne  l'a  dit. 

Venin  plus  actif  chez  l'homme  que  chez  les  animaux,  et  efScacité  de  l'huile 
d'olive. 

m. — AISATOMIE   PATHOLOGIQUE  .ET  PATHOLOGIE. 
!•  KOTE  SUR  UN  CAS  DE  PLEURÉSIE   POBCLENTE,   par  M.   GcBLER. 

M,  Gubler  met  successivement  sous  les  yeux  des  membres  de  la  Société  les 
pièces  pathologiques  prises  sur  deux  sujets  qui  ont  succombé  l'un  à  une  pleuré- 
sie purulente,  l'autre  à  une  hydrocéphale  aiguë. 

Le  premier  était  un  jeune  homme  de  dix-huit  an$  malade  depuis  cinq  .se- 
maines lorsqu'il  entra  dang  le  service  de  M.  Bouillaud,  et  présentant  alors  avec 
une  profonde  cachexie  tous  les  signes  d'un  énorme  épanchement  pleurétique  à 
gauche ,  développé  à  la  suite  d'un  point  de  côté  avec  fièvre  et  mollement  traité 
9u  début  par  un  médecin  de  la  ville.  Au-dessus  de  cet  épanchement,  immédia- 
tement sous  la  clavicule,  on  constatait  au  moment  de  l'entrée  ce  bruit  exagéra 


us 

fourni  par  la  p6rcu£Sion  qui  a  été  signaié  pour  la  première  fols  par  Skoda  (de 
VienneJ,  et  dont  M.  Gubif.r  a  déjà  entretenu  la  Société  dans  une  autre  occasion. 
IjCs  vésicatoires  volants  réitérés,  comlnnés  aux  diurétiques,  n'eurent  aucun  suc- 
cès ;  un  moment  l'épancheraent  augmenta  encore,  la  malilé  envahit  les  deux 
premiers  espaces  intercostaux  ;  plus  tard,  il  revint  du  son  dans  la  même  région. 
Cependant  le  jeune  homme,  sollicité  par  ses  parents,  quitta  l'hôpital  où  il  fut 
forcé  lie  rentrer  au  bout  de  quelques  jours  parce  que  son  état  s'était  beaucoup 
empiré.  Tous  les  soirs,  à  la  suite  d'un  frisson,  la  fièvre  s'allumait  pour  s'apaiser 
le  matin  :  les  sueurs  étaient  devenues  excessives.  A  ces  symptômes  on  soupçonna 
que  l'épanchement  était  devenu  purulent.  D'ailleurs  une  tumeur  fluctuante  ap- 
parut dans  la  région  thoracique  antérieure  gauche  et  ne  laissa  plus  aucun  doute 
sur  ce  point  en  raison  de  la  communication  évidente  du  liquide  avec  l'intérieur 
de  la  cavité  pectorale.  La  mort  ne  tarda  pas  à  survenir  ,  et  l'autopsie  révéla  les 
lésions  suivaniesv  La  cavité  pleurale  gauche  renfermait  un  litre  de  pus  phlegmo- 
neux ,  mélangé  de  flocons  albumineux ,  les  deux  feuillets  de  la  plèvre  étaient 
épaissis  par  l'addition  de  fausses  membranes  organisées  et  couvertes  de  masses 
molles  jaunâtres,  comme  caseeuses.  Sur  !a  paroi  deux  ouvertures  arrondies  pla- 
cées, l'une  au-dessus,  l'autre  au-dessous  de  la  quatrième  côte,  conduisaient  au 
travers  des  intercostaux  dans  deux  cavités  purulentes  séparées  au  niveau  du 
mamelon  par  une  cloison  irrégulière.  Pas  de  tubercules  dans  les  poumons.  Ce- 
pendant l'abdomen  présente  les  lésions  de  ce  qu'on  nomme  ia  péritonite  tuber- 
culeuse qui  chez  ce  sujet  était  restée  à  peu  près  ialente,  comme  cela  se  voit 
souvent.  Ces  lésions  consistaient  en  un  peu  d'épanchement  avec  des  fausses  mem- 
branes stratifiées  et  parsemées  de  granulations  opaques. 

"      2»  NOTE  SUR  UN  CAS  d'hydrocéphale  AIGU;  par  le  même. 

Voici  en  quelques  mois  l'histoire  du  deuxième  sujet.  C'est  un  homme  de 
28  ans,  coiffeur,  sur  les  antécédents  duquel  on  n'a  aucun  renseignement.  Le 
lundi  16  juillet ,  au  milieu  d'une  bonne  santé  ,  il  se  sent  à  son  réveil  sous  l'in- 
fluence d'un  violent  mal  de  tète  ;  néanmoins  il  se  lève  pour  ouvrir  sa  boutique, 
mais  il  est  forcé  de  se  recoucher;  dans  la  journée  se  produisent  des  vomisse- 
ments, la  nuit  suivante  est  fort  agitée;  le  mardi ,  la  céphalalgie  persistant  aa 
même  degré,  il  se  manifeste  quelques  troubles  du  côté  de  l'intelligence,  puis  de» 
hallucinations  et  bientôt  un  délire  si  violent  que  plusieurs  personnes  suffisent  k 
peine  à  maintenir  le  malade  dans  son  lit. 

A  cette  exaltation  fébrile,  à  ees  niouveinents  désordonnés  succède  un  calme 
trompeur;  alors  les  membres  sont  seulement  animés  de  quelques  secousses  ;  par 
moments  ils  se  roidissent,  ou  bien  ils  tombent  dans  le  relâchement.  Pendant  ce 
temps-là  le  malade  semble  avoir  perdu  connaissance  ;  c'est  alors  qu'on  le  trans- 
porte à  ia  Charité.  Au  moment  de  la  visite  du  soir  il  était  dans  le  coma;  ses 
membres  présentaient  une  résolutiwi  complète  sans  être  d'ailleurs  tout  à  fait  pri- 


119 

vés  de  motililé  ni  de  sensibilité  :  car  chacun  d'eux  à  peu  près  indilTéremment  s« 
contractait  sous  l'influence  d'une  piqûre  ou  d'une  aulie  épreuve  douloureuse. 

La  respiration  stertoreuse  ,  la  précipitation  et  l'irrégularité  du  pouls  font  pré- 
voir une  issue  funeste  et  prochaine.  En  effet,  la  mort  arrive  le  lendemain  18. 

A  l'autopsie  on  trouve  la  pie-mère  cérébrale  fortement  congestionnée ,  le  tissu 
cellulaire  et  les  espaces  sous-arachiioifdiens  sont  infiltrés  de  sérosité  transpa- 
rente ;  l'arachnoïde  présente  au  voisinage  des  scissures  de  Sylvius  quelques  gra* 
nu lations  blanches  opaques  du  volume  d'une  tête  d'épingle;  l'une  d'elles  plus 
grosse  que  les  autres  est  pédiculée ,  flasque  quoique  résistante  sous  le  doigt  et 
peut  équivaloir  A  un  grain  de  chènevis.  La  substance  corticale  du  cerveau  n'ad- 
hère pas  notablement  à  la  pie-mère  :  le  cerveau  est  gônéralemeiU  mou  et  sablé; 
mais  les  parties  centrales  sont  converties  en  une  sorte  de  pulpe  ou  de  putrilage 
inodore. 

L'altération  porte  principalement  sur  la  voûte  à  trois  piliers ,  le  septum  lucl- 
dom  et  la  surface  des  ventricules  latéraux  ainsi  que  du  troisième  ventricule. 
Une  sérosité  trouble  comme  du  petit-lait  baigne  toutes  ceè  parties,  et  par  l'agita- 
tion on  développe  dans  son  ^ein  les  lambeaux  de  la  membrane  ventriculaire,  des 
filaments  vasculaires  et  des  débris  des  parties  afi'HCtées  de  ramollissement. 

M.  Gubler  a  apporté  aussi  la  calotte  crânienne  du  même  individu  pour  faire 
remarquer  à  la  Société  l'existence  d'une  plaque  osseuse,  d'apparence  vermoulue, 
sur  chaque  pariétal.  Ces  plaques,  épaisses  d'un  millimètre  environ  et  larges  de 
quatre  centimètres  en  diamètre,  sont  d'un  blanc  laiteux  qui  tranche  sur  la  nuance 
jaunâtre  du  reste  de  l'os;  elles  sont  aussi  plus  mates  et  doivent  leur  aspect  ver- 
moulu aux  sillons  vasculaires  très-nombreux  dont  elles  sont  creusées  :  le  scalpel 
en  détache  très-facilement  des  lambeaux,  ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  la  table  interne 
des  os  du  crâne  en  général.  M.  Gubler,  qui  a  rencontré  déjà  des  couches  osseuses 
semblables  chez  des  hommes,  les  croit  de  nouvelle  foimationet  les  rapproche  de 

celles  qui  ont  été  si  bien  décrites  chez  les  femmes  récemment  accouchées  par 
M.  le  docteur  Ducrest. 

3*  NOTE   SDR   CNE  TUMEUR    INDÉTERMINÉE   DES   OS  MAXILLAIRES   DU   BOEUF; 

par  M.  Davaine. 

M.  Davaine  présente  deux  mâchoires  inférieures  et  une  supérieure  du  bœuf, 
offrant  toutes  les  trois  une  tumeur  considérable.  La  nature  de  ces  tumeurs^n'a 
point  encore  été  bien  déterminée;  elles  sont  indiquées  sous  le  nom  à'ottéo-sar' 
corne  dans  les  ouvr:iges  de  médecine  vétérinaire.  Ces  pièces  pathologiques,  re- 
mises à  M.  Rayer  par  M.  ColMgnon,  vét<*nnaire  inspecteur  de  l'abattoir  Mont- 
martre, sont  assez  rares;  car  sur  plus  de  aOO  bœufs  reçus  dans  cet  établissement, 
trois  seulement  ont  offert  celle  maladie.  Ces  trois  bœufs  provenaient  des  prairies 
marécageuses  des  environs  de  la  Ro^-helle. 

Premier  cas.  —  Sur  l'une  des  mâchoires  inférieures,  la  tumeur,  qui  gccupe 
If  côté  droit,  est  assez  considérable  pnur  rendre  ce  côlc  de  la  face  extrêmement 


120 
difforme.  La  peau  qui  recouvre  les  parties  tuméflées  offre  plusieurs  ouvertures 
fistuleuses.  L'os  maxillaire,  considérablement  augmenté  de  volume,  forme  la 
plus  grande  partie  de  la  tumeur.  A  la  surface  de  cet  os,  le  derme,  le  tissu  cel- 
lulaire sous-cutané  et  le  périosie  sont  confondus,  épaissis,  dégénérés,  plus  denses 
et  comme  fibreux;  ils  résistent  sous  le  scalpel.  Dans  ces  parties  indurées  existent 
plusieurs  foyers  d'où,  pjir  la  pression,  l'on  fait  sortir  une  matière  d'un  gris  jau- 
nâtre, ayant  l'apparence  du  tubercule  ramolli;  mais  examinée  au  microscope, 
cette  matière  n'offre  point  les  caractères  du  tubercule  ni  des  débris  bien  distincts 
de  pus  altéré.  En  d'autres  points  l'on  trouve  une  matière  pulpeuse,  mollasse, 
d'apparence  fongueuse,  d'une  couleur  jaune  rougeâtre,  qui,  malgré  la  pression 
exercée  sur  les  parties  voisines,  reste  adhérente  aux  parois  du  foyer  qui  la  con- 
tient. Cette  matière,  examinée  au  microscope,  n'offre  point  de  cellule  cancé^ 
reuse.  Quant  à  l'os  lui-même,  l'on  constate,  par  des  coupes  faites  en  divers  sens, 
que  ses  tables  interne  et  externe  sont  considérablement  écartées  par  une  matière 
morbide  semblable  à  celle  qui  se  trouve  dans  le  tissu  sou&<cutané.  Cette  matière 
existe  en  quelques  points  à  l'état  d'infiltration.  En  d'autres  points,  elle  forme 
des  masses  plus  ou  moins  volumineuses,  quelques-unes  aussi  grosses  qu'an  mar- 
ron, qui  ont  écarté,  raréûé  ou  détruit  les  mailles  du  tissu  osseux  ;  de  sorte  que 
celles  qui  occupent  la  surface  de  l'os  se  confondent  avec  les  produits  morbides  de 
la  couche  sous-cutanée.  Çà  et  là  quelques  portions  de  l'os  maxillaire  sont  épais- 
sies et  irrégulières.  Le  canal  dentaire,  les  vaisseaux  et  les  nerfs  qu'il  renferme 
sont  intacts.  Les  dents,  implantées  dans  la  tumeur,  sont  pour  la  plupart  vacil- 
lantes. Le  tissu  de  la  gencive  est  ramolli  et  comme  fongueux. 

Deuxième  cas.  —  Sur  l'autre  mâchoire  inférieure  existe  une  altération  sem- 
blable. 

Troisième  cas.  —  Quant  au  troisième  cas,  dans  lequel  la  tumeur  occupe  la 
mâchoire  supérieure,  l'altération  des  tissus  est  de  la  même  nature  que  les  deux 
précédentes. 

La  dégénérescence  envahit  principalement  la  tubérosité  maxillaire  et  le  bord 
alvéolaire.  Les  dents  sont  fortement  déviées;  le  sinus  maxillaire  est  presque 
effacé. 

En  résumé,  ces  tumeurs  consistent  ; 

1»  En  une  altération  très-complexe  du  système  osseux,  raréfié  dans  une  cer- 
taine étendue,  condensé  et  hypertrophié  dans  d'autres  points  plus  limités; 

2»  En  production  d'un  tissu  fongoïde  plus  ou  moins  ramolli; 

3«  En  de  petites  masses  d'une  matière  jaune  qui  n'a  point  les  caractères  mi- 
croscopiques du  tubercule  ni  celui  du  pus,  mais  qui  est  peut-être  une  transfor- 
mation de  ce  dernier  produit  morbide  ; 

4°  En  un  épaississement  et  une  induration  du  périoste  et  du  tissu  cellulaire  souS' 
cutané. 

Les  autres  parties  du  squelette  n'offraient  point  de  tumeurs  analogues,  et, 
d'après  le  témoignage  de  M.  Collignon,  il  n'existait  dans  les  viscères  de  ces  ani- 


131 

raaux  aucune  traoe  soit  de  dégénérescence  cancéreuse ,  soit  de  dégénérescence 
tuberculeuse.  La  dénomination  â'ostéo- sarcome,  qui  a  été  généralement  em- 
ployée pour  désigner  des  dégénérescences  cancéreuses  des  os ,  ne  devrait  donc 
pas  être  appliquée  à  ces  tumeurs,  qui  paraissent  constituer  une  altération  parti- 
culière des  os. 

Note  m  secrétaire.  —  L'examen  d'une  de  ces  pièces  m'a  démontré  qu'il  s'agit, 
dans  ces  cas,  d'une  hypertrophie  du  tissu  osseux  et  de  celle  du  tissu  cellulaire 
qui  revêt  les  aréoles  osseuses.  Celui-ci  a  subi  l'altération  flbro-plastjque,  qui, 
dans  bien  des  endroits,  est  infiltrée  d'une  quantité  notable  de  matière  grasse  et 
granuleuse. 

4"  OBSERVATION   SUR  UNE  TDMECR  Ét>rrHÉLIALE  DU  CUÏE  CHEVELU,  AYANT  DÉTRUIT  EN 
PARTIE  LES  os    DE  LA  VOUTE    CRANIENNE,    ET   PRÉSENTANT    UNE  STRUCTURE  TOUTE 

spéciale;  par  M.  Rouget,  interne  des  hôpitaux. 

La  femme  Rosalie  Robin,  épuisée  par  de  longues  souffrances,  à  l'époque  de 

son  entrée  à  l'hôpital  (  hôpital  Saint-Ântoine,  service  de  M.  Chassaignac,  salle 

Sainte-Marthe,  n"  t),  paraît  avoir  joui  autrefois  d'une  bonne  constitution.  Elle 

est  d'une  famille  saine  ;  elle  a  eu  elle-même  plusieurs  enfants  qui  vivent  et  sont 

'bien  portants. 

A  l'âge  de  25  ans,  cette  femme  s'aperçut  qu'elle  portait  sur  le  sommet  de  la 
tête  deux  petites  tumeurs,  de  la  grosseur  d'une  noisette,  indolentes  même  au 
toucher,  mobiles,  molles,  dégarnies  de  cheveux,  présentant  en  un  mot  tous  les 
caractères  des  loupes,  si  fréquentes  dans  cette  région. 

A  40  ans,  ces  tumeurs  avaient  à  peine  acquis  le  volume  d'une  noix,  lorsque  la 
femme  Robin  fut  frappée  à  la  tète  par  une  branche  de  framboisier,  dont  une 
épine  pénétra  dans  une  des  loupes.  Cette  ponction  accidentelle  donna  issue  à 
une  matière  d'un  blanc  crémeux,  peu  liquide,  semblable  à  du  fromage  blanc,  au 
dire  de  la  malade.  Les  suites  de  ce  léger  accident  étant  négligées,  la  petite  plaie 
ne  se  referma  pas.  La  tumeur  ne  causait  toujours  aucune  douleur,  et  la  femme 
Robin  n'y  apportait  d'autre  soin  que  de  la  presser  tous  les  jours  et  d'en  faire  sor- 
tir quelques  parcelles  de  cette  matière  alhéromateuse  dont  nous  avons  parlé.  La 
santé  générale  est  du  reste  excellente. 

La  femme  Robin  a  un  enfant,  le  nourrit  elle-même.  Quelques  années  après,  les 
règles  se  suppriment  sans  causer  d'autres  accidents  que  linéiques  douleurs  lom* 
baires,  et  pendant  dix  ans  encore  la  femme  Robin  continue  à  jouir  d'une  santé 
excellente.  Les  deux  tumeurs,  toujours  indolentes,  augmentaient  lentement 
de  volume  :  en  trente  ans,  elles  avaient  à  peine  atteint  ce'.ui  d'un  œuf  de 
poule. 

A  60  ans,  les  choses  étant  déjà  dans  cet  état,  Rosalie  Robin  fait  une  chute  de 
voiture  et  tombe  sur  le  sommet  de  la  tête,  précisément  sur  le  point  où  étaient 
situées  les  deux  tumeurs.  Une  hémorrhagie  assez  abondante  a  lieu.  Quinze  Jours 
après,  de  vives  douleurs,  des  clr.nceœents  insupportables^  se  montrent  dans  le» 


122 

tumean»,  qui  s'accroissent  rapidement  et  égalent  bientôt  le  volume  du  poing.  En 
même  temps  la  petite  plaie,  qui  depuis  vingt  ans  était  restée  stationnaire  et  avait 
à  peine  un  demi-centimètre  de  diamètre,  s'élargit  rapidement.  L'ulcération  qui 
en  résulte  donne  lieu  presque  tous  les  jours  à  un  écoulement  de  sang  très-abon- 
dant. La  suppuration  est  aussi  Irès-abondante  et  très-fétide.  La  femme  Robin  se 
décide  alors  à  consulter  un  médecin,  qui  lui  conseille  de  ne  rien  tenter  pour  lu 
guérisim  de  sa  maladie. 

Cinq  ans  se  passent,  pendact  lesquels  la  constitution  de  la  femme  Robin  s'af- 
faiblit lentement  sous  l'influence,  tant  des  hémorrhagies  répétées  que  des  élance- 
ments, des  douleurs  violentes,  dont  les  tumeurs  sont  le  siège. 

A  65  ans,  une  nouvelle  exacerba! ion.a.  îiéu  dans  la  maladie.  La  tumeur  re- 
commence à  croître  et  atteint  bientôt  un  volume  énorme.  L'ulcération,  de  son 
côté,  fait  des  progrès,  mais  plus  en  surface  qu'eu  profondeur.  Enûn,  il  y  a  deux 
ans,  deux  tumeurs  nouvelles  apparaissent  vers  l'occiput.  Dès  le  début,  elles  sont 
le  siège  de  douleurs  violentes;  elles  s'accroissent  rapidement,  acquièrent  le  vo- 
lume du  poing,  et  rejoignent  bientôt  la  première  tumeur,  qui  n'occupait  que  le 
sommet  de  la  tète. 

Au  commencement  de  juillet  1850,  lorsque  la  malade,  alors  âgée  de  68  ans, 
entre  à  l'hôpital ,  elle  est  dans  un  étit  d'épuisement  profond.  La  face  est  d'un 
jaune  de  cire,  boufQe,  légèrement  œdématiée,  ainsi  que  les  pieds  et  les  mains.  La 
femme  Robin  mangea  peine;  elle  ne  dort  plus,  tant  les  douleurs  sont  vio- 
lentes. Ses  forces  sont  épuisées,  la  respiration  même  se  fait  difficilement. 

La  région  crânienne  est  surmontée  d'une  tumeur  énorme  qui  s'évase  vers  le 
haut,  et  présente  assez  bien  le  volurne  et  la  forme  d'une  toque  ou  d'un  turban- 
La  face  supérieure  de  cette  tumeur  est  largement  ulcérée,  inégale,  bosselée, 
présentant  çà  et  là  des  excavations,  des  anfractuosités.  La  surface  de  l'ulcération 
est  d'un  gris  rougeâtre  et  saigne  très-facilement.  Quant  à  la  tumeur  elle-même, 
elle  est  formée  de  plusieurs  bosselures  volumineuses,  dont  quelques-unes  sont  le 
siège  d'une  véritable  fluctuation. 

Pendant  le  séjour  de  la  malade  à  l'hôpital ,  deux  hémorrhagies  assez  abon- 
dantes ont  lieu  par  la  surface  ulcérée.  La  suppuration  est  excessivement  abon- 
dante et  très-fétide.  L'ulcération  gagne  de  plus  en  plus  en  profondeur,  et  ses 
progrès  sont  encore  accélérés  par  une  cautérisation  avec  le  crayon  de  potasse 
caustique,  pratiquée  par  M.  Chassaignac.  Les  os  eux-mêmes,  détruits  par  les  pro- 
grès de  l'ulcération  ,  laissent  bientôt  apercevoir  la  dure-mère  à  nu,  et  il  est 
facile  de  constater  les  battements  du  cerveau. 

Cependant  les  forces  de  la  malade  déclinent  de  jour  en  jour  ;  la  respiration  est 
de  plus  en  plus  gênée.  Bientôt  elle  tombe  dans  un  assoupissement  continuel,  et 
enfln  succombe  dans  un  état  véritablement  comateux. 

L'autopsie  a  lieu  le  26  juillet,  trente-six  heures  après  la  mort. 

Tous  les  viscères  sont  parfaitement  s^ins,  sauf  le  cerveau,  qui,  dans  le  point 


123 

correspondant  au  fond  de  l'ulcération,  présente  une  teinte  d'un  grU  Terdàtre  qui 
s'étend  à  toute  l'épaisseur  de  la  substance  grise. 

Les  ovaires  sont  couverts  de  petits  kystes  séreux.  Un  petit  corps  fibreux,  de  la 
grosseur  d'un  giain  de  maï^,  existe  dans  la  paroi  postérieure  de  l'utérus. 

Examen  de  la  tlimeur.  —  Les  cinq  sixièmes  de  la  tiimnur  ont  disparu  ;  aux. 
limites  de  la  région  qu'elle  occupait,  Il  existe  seulement  une  espèce  de  couronne, 
constituée  par  ses  débris.  La  voûte  crânienne  est  presque  enlièrernent  à  nu.  Les 
0!=,  recouverts  seulement  d'une  couche  rainée  de  tissus  malades,  sont  dénudés 
dans  beaucoup  de  points.  Leur  surface  est  érodée,  couverte  de  petites  fossettes 
parcourues  elles-mêmes  par  d'innombrables  sillons  vermiculaires.  Au  milieu, 
une  large  solution  de  continuité  laisse  apercevoir  la  dure-mère,  recouverte  en  t*> 
pcMnt  de  plaques  d'un  blanc  grisâtre,  épaisses  à  peu  prés  d'un  millimètre.  A  la 
région  frontale  existe  encore  une  des  bosselures  de  la  masse  primitive,  présen- 
tant tié.-*-iteltemenl  la  fluctuation  que  nous  avons  signalée  :  c'est  un  kyste  du 
■volume  d'un  œuf,  entièrement  rempli  d'une  substance  gélaliniforme,  aréolaire, 
seniblal.'îe  à  de  la  matière  colloïde. 

Quant  3(ix  portions  de  la  tuuieur  qui  restent  encore,  ce  n'est  pas  sans  étoone- 
ment  qu'au  lieu  de  matière  cancéreuse  que  l'on  s'attendait  à  y  rencontrer,  on  ies 
trouve  constituées  par  une  substance  d'aspect  singulier  :  presque  entièrement 
composée  de  petits  grains  blanchâtres,  pour  la  plupart  de  la  posseur  d'un  grain 
de  chènevis,  beaucoup  ont  à  peine  le  volume  d'une  tête  d'épingle;  quelques- 
uns  égalent  presiine  une  petite  noisette.  Ce  sont  de  petits  kystes  logés  dans  une 
espèce  de  ganiiue,  amorphe,  d'un  blanc  mat,  sèche  à  la  coupe  et  d'apparence  psu 
vasculaire,  à  laquelle  ils  adhèrent  si  peu  qu'on  peut  les  extraire  très-facilement 
avec  la  poinie  du  scalpel.  On  trouve  de  ces  kystes  dans  toutes  les  portions  de  la 
tumeur  et  à  tous  les  degrés  de  développement.  Dans  certains  points,  ila  parais- 
sent constituer  toute  la  masse  ;  dans  d'autres,  ils  sont  épars  au  milie^  d'une  sub- 
siance  finement  grenue.  Quelques-uns  de  ces  petits  kystes  sont  logés  comme  dans 
une  alvéole,  dans  de  petites  fossettes  creusées  à  la  surface  des  os. 

La  peau  qui  recouvre  ces  débris  de  tumeur  paraît  saine  en  grande  partie;  elle 
est  garnie  de  cheveux  et  n'adhère  pas  aux  tissus  malades,  qui,  au  contraire,  font 
en  quelque  sorte  corps  avec  les  couches  subjacentes. 

Le»  kystes  renferment  tous,  dans  leur  intérieur,  une  matière  demi-liquide, 
d'apparence  caséiforme,  qui  ne  se  dissout  pas  dans  l'eau,  mais  s'y  divine  à  l'infini. 

L'examen  microscopique  nous  montre  cette  matière  constituée  entièrement 
par  des  cellules  épidermiques  polygonales,  en  partie  déformées  et  détruites;  mais 
en  grattant  les  parois  des  kystes,  on  obtient  de  petites  masses  caséiformes  plus 
consistantes,  qui,  traitées  par  l'acide  acétique,  se  résolvent  en  cellules  épidermi- 
ques entières  et  à  noyau  très-évident.  Nulle  part  je  n'ai  trouvé  de  cristaux  de 
cholestérine.  Les  parois  mêmes  des  petits  kystes  paraissent  constituées ,  dans 
toute  leur  épaisseur,  par  des  cellules  épidermiques.  Ces  mêmes  cellules  parais- 
sent être  aussi  l'élément  constituant  de  la  gangue  où  sont  logés  les  kystes. 


J'ai  dit  qne,  dao*  certains  points  de  )»  tumeur  où  les  kystes  étaient  moins  nom- 
breux, on  voyait  une  substance  flnement  grenue.  Examinée  à  de  faibles  grossis- 
sements, cette  substance  paraît  entièrement  composée  d'ufricules  glandulaires 
pédicuiées  et  réunies  en  grappe.  Il  ne  m'a  pas  été  possible  d'isoler,  dans  cette 
masse,  le  conduit  excréteur  commun.  A  de  plus  forts  grossissements,  ces  utri- 
oules  montrent,  à  travers  une  paroi  enkystée,  un  contenu  grenu  de  cellules  pro- 
bablement épidermiques.  Enfin  cfts  mêmes  cellules  constituent  les  plaques  grisâ- 
tres qui  recouvrent  la  face  externe  de  la  portion  de  la  dure-nièrc  dénudée. 

BAPPOHT  SUR   l'observation  PRÉCÉDENTE;   par  M.    LeBERT. 

Dans  la  précédente  séance,  M.  Robin  nous  a  déjà  rendu  compte,  d'une  manière 
générale,  de  divers  travaux  présentés  à  la  Société  par  M.  Rouget  ;  cependant  l'ob- 
servation actuelle  est  un  cas  si  rare,  si  unique  dans  la  science,  qu'un  rapport 
epcciil,  rapprécialion  de  la  nature  de  cette  affection,  ne  sera  pas,  nous  l'espé- 
rons, sans  intérêt  pour  la  Société. 

Nous  voyons  une  femme  arrivée  à  l'âge  de  68  ans,  qui  offre  tous  les  signes 
d'une  cachexie  fort  avancée,  présentant  au  cuir  chevelu  une  va?te  tumeur,  lar- 
gement ulcérée  au  centre,  au  point  que  les  battements  du  cerveau  sont  distinc- 
tement aperçus  au  fond  de  l'ulcère.  Au  premier  abord,  en  faisant  abstraction 
des  antécédents  et  des  résultats  de  l'examen  anatomique,  rien  ne  paraît  plus  lé- 
gitime que  de  porter  le  diagnostic  du  cancer  encéphaloïde  ulcéré.  11  n'en  est  rien 
cependant,  et  nous  rencontrons  ici  un  de  ers  cas  fort  Instructifs  qui  démontrent 
la  différence  qui  existe  entre  l'étude  sérieuse  de  tous  les  caractères  cliniques  et 
autres  d'un  p.'-oduit  morbide,  et  celte  pathologie  des  impressions  qui,  loin  d'ap- 
profondir, base  ses  doctrines  sur  un  examen  souvent  superficiel,  sur  des  analo- 
gies plutôt  apparenie.s  que  réelles,  et  qui  a  jeté  tout  ce  qui  a  rapport  an  cancer 
dans  une  confusion  inextricable.  Depuis  quelques  années  seulement,  ces  opinions 
commencent  à  faire  place  à  des  doctrines  plus  vraies,  basées  sur  l'application  des 
méthodes  exactes  dans  l'observation  clinique  et  le»  études  microscopiques  comme 
complément  indispensable  de  l'étude  anatomique. 

Dans  ce  rapport,  nous  nous  proposons  de  démontrer  que,  pour  le  cas  actuel, 
la  marche  de  la  maladie  montre  déjà  qu'il  ne  s'atjit  pas  d'une  affection  carcino- 
tnatense  -,  l'autopsie  cadavérique  fournit  ensuite  les  preuves  incontestables  de 
ce  fait,  et  nous  serons  conduits  à  compléter  la  détermination  de  sa  véritable 
nature. 

Avant  d'entrer  dans  ces  détails,  rendons  justice  avant  tout  à  la  sagacité  avec 
laquelle  M.  Rouget  a  su  apprécier,  sinon  tous  les  détails,  au  moins  les  traits 
principaux  de  cette  altération  remarquable;  et  si,  sur  plusieurs  points,  nous 
cherchons  à  rectifier  ses  opinions,  nous  ne  sommes  pas  moins  convaincus  qu'il 
a  fallu  être  doué  d'un  bon  jugement  et  mettre  beaucoup  de  discernement  à 
reconnaître,  d'une  manière  juste  et  vraie,  plusieure  caractères  essentiels  de  ee 
produit  morbide. 


125 

JetoDB  d'abord  un  coup  d'œil  sur  la  marche  de  la  maladie. 

Pendant  trenle-cinq  ans,  cette  femme  porte  des  tumeurs  enkystées  au  cair 
chevelu,  avec  l'innocuité  qui  caractérise  cette  affection  ;  et  pourtant,  à  l'âge  de 
40  ans,  une  épine  de  framboisier  avait  pénétré  dans  l'une  des  tumeurs,  et  une 
fistule  s'était  établie  dès  cette  époque,  qui  donnait  itsue  à  de  la  matière  sébacée. 
A  cette  première  violence  extérieure  vient  s'ajouter,  à  l'âge  de  60  ans,  une  autre 
beaucoup  plus  grave.  Elle  fait  une  chute  d'une  voiture,  elle  tombe  sur  le  som- 
met de  la  tète  et  s'y  fait  une  plaie  assez  considérable  pour  avoir  une  forte  hé- 
morrhagic  ;  les  tumeurs  sont  meurtries  et  fortement  contuses  ;  aussi  s'accroissent- 
elles  rapidement,  deviennent-elles  douloureuses,  et  la  petite  fistule  de  l'une 
d'elles,  qui  depuis  vingt  ans  avait  existé  .<ans  imonvéoient.se  transforme  en  ulcère. 
Cependant  l'orage  se  calme  jusqu'à  u:i  certain  point,  la  santé  générale  reste  assea 
bonne,  et  pendant  cinq  ans  encore  les  tumeurs  s'accroissent,  l'ulcération  fait  des 
progrès  incessants,  des  hémorrhagies  fréquentes  ont  lieu,  et  pourtant  la  constitu- 
tion ne  subit  que  des  altérations  lentes  et  graduelles,  qui  s'expliquent  parfaite- 
ment par  le  maWocal.  Ce  n'est  qu'à  l'âge  de  65  ans  qu'une  nouvelle  exacerbation 
a  lieu,  et  c'est  pendant  les  deux  dernières  années  que  des  nombreuses  tumeurs 
apparaissent  sur  divers  points  de  la  tête.  L'ulcération,  par  ses  progrès  naturels, 
use  dans  une  large  étendue  une  partie  des  os  de  la  tête;  la  dure-mère  en  consti- 
tue bientôt  le  fond;  la  surface  du  cerveau  lui-même  s'enflamme  et  hâte  la  mort 
de  la  malade.  La  suppuration  abondante,  les  hémorrhagies  fréquentes  avaient  de 
plus  en  plus  miné  sa  consiiîution. 

Lorsqu'on  tient  compte  de  l'absence  de  tout  engorgement  de  glandes  lympha- 
tiques, de  l'absence  de  tumeurs  dans  d'autres  points  du  cuir  chevelu,  de  la  mar- 
che lente,  de  la  nature  toujours  strictement  localisée,  de  l'affection,  des  accidents 
simplement  consécutifs  à  des  violences  externes,  on  est  déjà  par  cela  même  au- 
torisé à  écarter  le  diagnostic  d'un  vrai  cancer,  et  à  envisauer  l'affection  comme 
l'inflammation,  l'ulcération  et  la  multiplication  de  tumeurs  enkystées  du  cuir 
chevelu. 

A  l'autopsie,  on  constate  l'absence  de  toute  lésion  viscérale,  et  on  ne  voit  qu'un 
mal  purement  local  avec  les  conséquences  de  sa  propagation  sur  place.  M.  Rouget 
qui,  avec  beaucoup  de  modestie,  dit  qu'il  n'est  qu'au  commencement  de  ses 
études  microscopiques,  reconnaît  rependant  et  aflirme,  sans  hésiter,  que  tous  les 
caractères  à  l'œil  nu  et  microscopiques  du  tissu  cancéreux  manquent  totalement; 
et  l'examen  ultérieur,  fait  par  M.  Follin  et  moi,  confirme  pleinement  cette  ma- 
nière de  voir.  On  trouve  rie  nombreuses  tumeurs  dans  la  partie  profonde  du 
derme,  variant  entre  le  volume  d'une  tête  d'épingle  et  celui  d'une  noisette,  dont 
l'étude  m'a  conduit  à  n'y  voir  autre  chose  qu'un  développement  tout  à  fait  in- 
solite de  glandes  sébacées.  En  effet,  on  voit,  dans  les  plus  petites,  les  lobules  de 
ces  glandules,  et  dans  toutes  uneextrémitée  pointue  et  allongée,  qm  correspond 
à  leur  conduit  excréteur,  et  leur  structure  montre  une  membrane  anhyste  d'en- 
veloppe, des  lamelles  superposées  d'épithélium  à  la  face  interne,  et  un  contenu 


126 

«ébacé  et  éplthéllal  dans  leur  cavité.  Noua  y  avons  vainement  cherché  des  clé- 
ments pileux,  et  l'opinion  de  leur  origine  par  des  follicules  pileux  doit  être  eom 
plélement  rejetée.  Ces  petits  kystes  étaient  partout  faciles  à  cnucléer,  et  bon 
nombre  d'entre  eux  s'étaient  creusé  des  fossettes  à  la  surface  des  os  du  crâne.  La 
substance  intermédiaire  entre  ces  kystes  ne  nous  a  présenté  qu'un  tissu  fibroïde 
avec  des  éléments  fibro  plastiques,  infiltré  çà  et  là  d'amas  d'épiderme.  NoUs 
n'avons  pas  pu  constater  l'existence  des  feuillets  cpidermlques  à  la  surface  de 
la  dure-mère,  ce  qui  tient  probablement  au  fait  que  îa  pièce  était  déjà  un  peu 
altérée  lorsque  nous  l'avons  étudiée.  La  perte  de  substance,  assez  étendue  dans 
les  os  du  crâne  offre,  comme  l'a  du  reste  fort  bien  reconnu  M.  Rouget,  tous  les 
caractères  d'une  usure  moléculaire  insensible,  suite  d'un  travail  ulcéreux,  lent 
et  progressif. 

1!  résulte  donc,  d'une  manière  non  douteuse,  que  l'affection  a  eu  son  siège  dans 
les  glandes  sébacées  dès  le  début  et  jusqu'à  la  fin,  et  que  la  destruction,  pendant 
les  dernières  années,  n'était  due  qu'à  l'ulcération  progressive  d'une  de  ces  tu- 
meurs qui,  occupant  une  large  surface,  usant  tous  les  plans  sous-jacents  jus- 
qu'aux enveloppes  du  cerveau,  donnant  lieu  à  une  suppuration  abondante  et  sa- 
nieuse,  h  -les  îiéinorrhîigies  fféquenies,  devait  fatalement  altérer  la  santé  géné- 
rale, amener  un  état  cachectique  et  htter  la  fin  par  l'atteinte  du  cerveau. 

Ce  qui  donne  à  cette  observation  un  cachet  spécial,  c'est  que  nous  ne  connais- 
sons pas  d'autres  exemples  dans  la  science  dans  lesquels  un  nombre  si  prodi- 
gieux de  tumeurs  glandulaires  se  serait  développe  à  la  tête  ;  car,  d'un  autre  côté, 
l'inflammation  et  l'ulcération  d'une  tumeur  sébacée  volumineuse  ne  constitue 
pas  un  fait  extrêmement  rare.  Nous  avons,  entre  autres,  observé  un  exemple  de 
ce  genre,  en  1843,  dans  le  service  de  M.  Bérard,  à  l'hôpital  de  la  Pitié,  et  dans 
ce  cas,  comme  dans  d'autres  analogues,  on  avait  cru  que  la  tumeur  avait  dé- 
généré, ce  que  l'exa-iien  ultérieur  de  la  pièce  réfuta  complètement. 

En  jetant  à  présent  un  coup  d'œil  sur  tous  les  détails  de  cette  observation  cu- 
rieuse, on  peut  se  convaincre,  une  fois  de  plus,  qu'un  diagnostic  juste  et  exact 
est  la  plupart  du  temps  possible,  lorsqu'on  s'en  lient  plutôt  à  l'observation  qu'à 
l'autorité  des  doctrines.  Nous  avons  également,  par  ce  cas,  une  nouvelle  preuve 
combien  peu  la  bénignité  ou  la  malignité  des  tumeurs  peut  constituer  un  principe 
de  classification. 

La  communication  de  M.  Rouget  nous  paraît  en  tous  cas  constituer  un  beau 
titre  pour  appuyer  plus  laid  sa  candidature  à  la  Société  de  biologie. 

50  TDUEIIR   ENKYSTÉE   D'UNb   GLANDE   SÉBACÉE    MONTRANT   LE   CONDUIT   EXTÉRICDR 

OBLITÉRÉ;  par  M.  Lebebt. 

La  tumeur  dont  il  s'agit  avait  le  volume  d'une  petite  noix  ;  elle  prenait  son  ori- 
gines dans  les  lames  profondés  du  derme  et  s'étendait  de  là  dans  le  tissu  cellu- 
laire sous-cutané.  Elle  avait  été  extirpée  avec  \A  peau  ambiante  ;  il  était-  facile  de 


127 
l'énucléer.  Sa  composition  montrait  les  éléments  ordinaires  des  tumeurs  enkys- 
tées, et,  en  outre,  une  hypertrophie  flbro-plastique  et  comtne  mamelonnée  de  la 
paroi  de  cette  giande  sébacée  hypertrophiée. 

La  partie  importante  et  instructive  de  cette  pièce  était  une  autre  tumeur  beau- 
coup plus  petite,  du  volume  d'un  petit  haricot,  qui  se  trouvait  dans  le  proche 
voisinage  de  la  première.  Après  l'avoir  énuclcée,  on  lui  reconnaît  une  surface 
lobulée  un  peu  allongée,  et  on  arrive  par  une  dissection  soignée  à  la  suivre  jus- 
qu'à un  petit  conduit  excréteur  d'un  derai-roillimèlre  de  largeur  et  de  4  a  5  mil- 
limètres de  longueur,  que  l'on  voit  se  perdre  dans  la  substance  du  derme,  tout 
près  de  sa  couche  épidermique.  L'intérieur  de  cette  tumeur  montre  tous  les  élé- 
ments épidermiques  gras  et  sébacés,  que  l'on  rencontre  dans  les  tumeurs  enkys- 
tées de  cette  nature.  Le  conduit  excréteur  est  oblitéré;  il  est  d'une  teinte  jaune 
pâle  ;  on  voit  fort  bien  son  origine  à  la  surface  de  la  petite  tumeur,  avec  laquelle 
il  est  en  rapport  de  continuité  incontestable. 

Nous  avons  donc  ici  la  preuve  anatomique  directe  d'un  fait  que  nous  avons  éta- 
bli depuis  longtemps.d'après  l'examen  microscopique,  savoir  :  que  les  tumeurs 
dites  enkystées  de  la  peau  ne  sont  autre  chose  que  des  glandules  sébacées  dis- 
tendues et  hypertrophiées  par  suite  d'une  oblitération  de  leur  conduit  excréteur. 

En  extirpant  dernièrement  une  tumeur  de  es  genre,  nous  avons  été  frappé  du 
fait  que  l'énucléation  ayant  été  faite  partout  avec  un  même  soin,  il  n'y  a  eu 
qu'une  portion  située  à  la  surface  et  presque  sur  le  milieu  du  sommet  de  la  tu- 
meur, qui  paraissait  beaucoup  plus  fortement  adhérente  au  derme  et  où  la  tu- 
meur avait  été  légèrement  entamée,  et  nous  sommes  à  nous  demander  si  ce  n'est 
pas  là  l'endroit  où  la  glande  s'abouchait  dans  son  conduit  excréteur. 

6°  PLACENTAS  PROVENANT  ï>E  FEMMES  sYPHiUTiQCEs  ;  par  le  même. 

Deux  placentas  provenant  ^'enfaiits  yenus  a»  monde,  l'un  et  l'autre  d'une 
mère  syphilitique  atteinte  de  symptômes  secondaires,  m'ont  été  communi- 
qués par  l'obligeance  de  M.  CuHerier.  J'y  ai  trouvé  une  altération  asser  remar- 
quable, savoir.des  granulations  jaiines,  d'apparence  tubereuieuse,  en  quantité  con- 
sidérable entre  les  feuillets  de  l'amnios.  Ces  granulations.,  qui  étalent  ou  isolées 
ou  groupées  ensemble,  du  volume  d'une  tête  d'épingle  ou  tout  au  plus  d'un  grain 
de  chènevis,  avaient  à  l'œil  nu  la  plus  grande  ressemblance  avec  Ips  tubercules 
miliaires.  Le  microscope  montre  de  plus,  dans  leur  intérieur,  des  corpuscules 
semblables  à  ceux  du  tubercule.  Dans  l'un  de  ces  placentas,  il  y  avait  en  outre 
à  la  surface  des  points  plus  volumineux  de  la  grosseur  d'une  noisette  et  au  delà 
d'une  substance  blanchâtre  d'apparence  fibrineuse,  situés  dans  le  voisinage  de 
l'insertion  du  cordon  ombilical.  Ils  se  montraient,  en  effet,  composés  de  fibrine 
à  l'examen  microscopique  et  résultaient  probablement  d'anciens  épanchements 
sanguins. 

Nous  signalons  le  fait  sans  en  tirer  pour  le  moment  de  conclusions. 


128 

7*  PRODUCTION  CORNÉE  AU   FRONT  ;  EXAHEN   MICROSCOPIQUE  ;   par  le  même. 

Une  femme  déjà  âgée  é(ait  entrée  au  service  de  M.  Grisolle,  à  l'hôpital  Saint- 
Antoine.  Elle  dit  avoir  eu  depuis  un  grand  nombre  d'années  beaucoup  de  ces 
cornes,  qui  étaient  toujours  à  la  même  place,  et  qui,  au  bout  d'un  certain  temps, 
étaient  tombées  pour  se  reproduire  ensuite.  La  dernière  a  amené  un  accident  £.s?ez 
grave.  Un  chirurgien  a  voulu  la  lier  à  sa  base,  il  s'en  est  suivi  une  inflamma- 
tion très-vive  et  un  érysipèle  du  cuir  chevelu  qui  a  fait  succomber  la  malade.  La 
corne,  qui  m'a  été  communiquée  par  l'obligeance  de  M,  Grisolle,  est  tournée  en 
spirale;  elle  a  a  centimètres  de  hauteur,  ce  qui  ferait  de  !0  à  II,  si  elle  était 
déroulée,  et  elle  offre  une  épaisseur  de  i5  millimètres;  elle  paraît  sur  toute  sa 
longueur  striée  et  comme  composée  de  couches  longitudinales  ;  en  pratiquant  des 
coupes  dans  divers  sens  et  en  soumettant  ces  coupes  à  l'examen  microscopique, 
on  peut  se  convaincre  aisément  que  toute  la  corne  est  de  formation  épidermique  ; 
elle  est  composée  de  feuillets  épidermiques  comme  coinifiés,  qui,  sur  une  coupe 
longitudinale,  ont  une  apparence  presque  fibreuse,  tandis  que  sur  une  transver- 
sale, on  les  voit  former  des  couches  concentriijues  dans  lesquelles  on  reconnaît 
également  des  feuillets  épidermiques,  sans  noyau,  se  présentant  par  place  de  pro- 
fil et  dans  d'autres  de  face.  Au  centre  de  ces  touches  concentriques  on  voit  dis- 
tinctement un  certain  nombre  de  coupes  de  vaisseaux  sanguins  remplis  encore 
d'un  plasma  rougeàtre  qui  teint  en  rouge  l'eau  dans  laquelle  on  délaye  ce^  tran» 
ches.  11  y  a  de  plus  sur  cette  coupe  des  lacunes  complètement  vides. 

En  disséquant  la  base  cutanée  de  cette  tumeur,  nous  n'avons  point  pu  décou- 
vrir comme  origine  un  follicule  sébacé  ;  mais  11  est  vrai  que  l'inflammation  qui 
a  entraîné  la  mort  de  la  malade  peu^  avoir  bien  notablement  modifié  cette  base. 

TV.  — TÉRATOLOGIE. 
FADX  BERMAPHROWSMK   (ANDROGYNE  MASCULIN  GURLT.)  OBSERVÉ  SDR  CM 

CHEVREAU:  par  MM.  Rayer  et  Bernard. 

Un  chevreau,  âgé  de  6  mois  environ,  fut  adressé  à  M.  Rayer  par  M.  le  doc- 
teur Lenepveu,  médecin  à  la  Cbataigueraie  (Vendée).  Cet  animai,  bien  portant, 
ne  présentait  aucun  autre  vicw  de  conformation  en  dehors  de  son  hermaphro- 
disme apparent. 

!•  Organes  géniiaux  externes.  —  Il  existe  au  périnée,  à  4  ou  5  centim.  au- 
dessous  de  l'anus,  un  prolongement  légèrement  rosé,  simulant  une  sorte  de  pé- 
nis imperforé  ou  de  ciitoris  recouvert  eu  partie  par  un  fragment  de  peau  qui 
joue  Je  rôle  d'uu  prépuce.  Immédiatement  au-dessus  de  cette  verge  avortée, 
entre  elle  et  l'orifice  de  l'anus,  on  remarque  une  fente  longitudinale,  tapissée 
par  une  membrane  muqueuse  et  par  oii  s'échappe  rurine  pendant  la  miction  de 
i'^nimal. 


139 

On  voit  au  dehors  deux  testicules  contenus  dans  un  scrotum  qui  occupa  &« 
position  normale,  et  qui  se  trouve  par  conséquent  situé  bien  au  devant  de  l'ou- 
verture urinaire  ci-dessus  indiquée  (à  environ  6  centim.  plus  bas  et  en  avant). 
On  remarque  encore  immédiatement  en  avant  des  testicules  deux  mamelons 
assez  allongés  et  recouverts  de  poils. 

2*  Organes  génitaux  internes.  —  D'abord  il  a  été  constaté  que  les  organes 
urinaires  n'oflraient  aucune  anomaiie,  La  vessie  était  disposée  comme  à  l'ordi- 
naire, eî  le  canal  de  l'urètre  se  continuait  depuis  le  col  vésical  jusqu'à  l'ouver- 
ture urinaire  extérieure.  Seulement  il  recevait  dans  sa  portion  membraneuse  la 
comaïunicalioD  de  deux  conduits  séminifères  et  d'une  sorte  de  matrice, 

La  matrice  de  cet  androgyne  se  trouve  placée  sur  la  ligne  médiane,  entre  la 
vessie  et  le  recteur.  Elle  a  généralement  la  conGguration  d'une  matrice  nor- 
male se  terminant  en  haut  par  deux  cornes  et  se  continuant  t<i  bas  avec  un 
conduit  qui  représente  le  vagin  et  vient  s'aboucher  dans  la  partie  membraneuse 
du  canal  de  l'urètre.  Les  cornes  de  la  matrice  sont  de  la  grosseur  d'une  plume 
de  corbeau  à  leur  origine,  et  vont  chacune  en  diminuant  successivement  de  ca- 
libre et  dégénèrent  en  une  sorte  de  ligament  rond  qui  s'accole  au  canal  défé- 
rent, l'acccompagne  jusqu'à  la  tête  de  l'épididyme  où  il  se  perd  en  se  confon- 
dant avec  le  tissu  cellulo-tibreux  de  l'enveloppe  du  testicule  sans  qu'on  paisse 
nettement  préciser  cette  terminaison.  A  leur  origine,  les  deux  cornes  utérines 
sont  perforées,  ainsi  qu'on  le  constate  en  y  poussant  un  liquide  coloré;  mais 
bientôt  ce  liquide  s'arrête  et  toute  la  portion  qui  accompagne  le  cordon  sper- 
malique  est  iniperforée.  Le  corps  de  cette  matrice  ne  présente  rien  d'anormal, 
si  ce  n'est  un  très-peiit  volume  ;  il  se  continue  en  bas  avec  une  cavité  beau- 
coup plus  spacieuse  qui  représente  le  vagin  ;  mais  qui  au  lieu  de  communiquer 
au  dehors  vient  s'ouvrir  dans  la  portion  membraneuse  de  l'urètre  par  un  ori- 
fice rétréci.  Il  résulte  de  cette  disposition  que,  chez  cet  animal,  c'est  le  vagin 
qui  s'ouvre  dans  l'urètre  au  lieu  que  ce  soit,  comme  dans  lecas  normal,  l'urètre 
qui  débouche  dans  le  vagin.  Cette  espèce  de  vagin  était  considérablement  dilatée 
par  Taccumulation  d'une  assez  grande  quantité  de  liquide  ayant  l'apparence 
du  pus.  Examiné  au  microscope,  ce  liquide  contient  en  effet  des  globules  de 
pus  mêlés  de  beaucoup  d'autres  corpuscules  de  fornje  indéterminée.  On  n'a 
pas  pu  y  constater  la  présence  d'animalcules  speraïaîiques. 

Les  deux  testicules,  qui  étaient  normalement  descendus  dans  le  scrotum,  pré- 
sentaient leurs  enveloppes  et  leurs  vaisseaux  disposés  comme  à  l'ordinaire. 
L'épididyme  régulièrement  conformé  donnait  naissance,  pour  chaque  testicule, 
au  canal  déférent  qui  rentrait  dans  le  venire  eu  étant  accompagné,  ainsi  qu'il  a 
été  dit,  par  le  prolongement  ligameuleui  provenant  des  cornes  de  la  motrice. 
Après  être  rentré  dans  le  bassin,  le  canal  déférent,  de  chaque  coté,  venait  se 
placer  en  arriére  du  vagin  et  suivait  sa  face  postérieure  pour  venir  s'ouvrir 
dans  la  portion  spongieuse  du  c?nai  urctral,  iûimédiatenienl  à  côté  et  un  peu 
en  arriére  de  l'orilice  appartenant  à  la  communication  urétro-vaginale.  Prés  de 


130 
rioseriioD  des  con^wiîs  sémifuiëres  daos  l'urètre  et  en  dehors  d'eux,  se  irou- 
TaH  une  vésicule  séminale.  Chaque  canal  déférent  communiquait  avçc  sa  vési- 
cule «orrcspopdaute.  Un  liquide  blanchâtre  renipUssuit  chacune  des  deux  vési- 
cules fémioales.  Examiné  au  microscope,  on  y  a  constaté  des  globules  particu- 
liers et  des  laraelies  d'épithélium,  mais  on  n'a  pas  pu  y  découvrir  de  spermalo- 
zoaires. 


COMPTE    RENDU 

DES  SEANCES 


DE 


LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE 


PENDAIfT   LE    MOIS   D'AOUT  1850  ; 


»AB 


M.  FOLLfN  ,  secrétaire. 


Présidence  de  M.  RATER» 


I.   —    AlVATOMIE. 
1°   GLANDE   CACDALE  DES   eori.EUVRES  ;   par   M.    DCGÈ*. 

Covier  CEI  à  peu  près  le  seul  auteur  qui,  dans  son  Anatomie  couparcr,  ait  in- 
diqué sous  la  queue  des  couleuvres  femelles  une  glande  sécrétant  l'humeur  dé- 
fensive dont  elles  aspergent  les  doigte  quand  on  les  saisit.  M.  Dugès  a  disséqua 
ces  glandes,  et,  contre  l'assertion  de  Cuvier,  il  les  a  aussi  trouvées  chez  les  mft- 
léfi.  I)  prétend  en  avoir  vu  aussi  chez  les  vipères. 


132 
M.  Dugès   présente  i  la   Société  plusieurs  pièces  destinées  à  établir  son 
opinion. 

II.  —   PHYSIOLOGIE. 
!•  NOUVELLES  RECHERCHES  SI3R   LES   CONTRACTIONS  DE  LA  PEAU  PRODUITES   PAR  LE 

GALVANISME  ;  par  M.  Brown-Séquard. 

La  Société  a  vu  ,  dans  la  séance  du  8  septembre  )849  (voir  les  Comptes  ren- 
dus, n»9,  septembre  !849),  que  la  contractîlité  de  la  peau,  chez  i'hommc,  peut 
être  mise  en  jeu  par  un  courant  électro- magnétique.  Quelque?  mois  après, 
M.  Kolliker  a  publié  dans  son  journal  (Zeitschrift  fur  wissenschaftliche  Zoo- 
logie) une  note  sur  le  fait  découvert  par  M.  Brown-Séquard.  M.  Kolliker  n'a  vu 
la  chair  de  poule  se  produire  que  dans  un  cercle  d'un  demi-pouce  à  1  pouce  de 
circonférence  ;  M.  Brown-Séquard  a  vu  quelquefois  la  chair  de  poule  envahir  jus- 
qu'à la  presque  totalité  de  la  peau  d'un  membre.  A  quoi  tient  cette  différence? 
Elle  provient  surtout  de  ce  que  l'observateur  allemand  employait  des  conduc- 
teurs humides  dans  leur  point  d'application  à  la  peau,  tandis  que  M.  Brown- 
Séquard  employait  des  conducteurs  secs.  Voici,  du  reste,  quelques-unes  des 
principales  causes  de  variation  dans  l'énergie  et  l'étendue  des  contractions  de  la 
peau  : 

r  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  la  chair  de  poule  est  d'autant  plus  étendue  et 
d'autant  plus  prononcée  que  le  courant  est  plus  fort. 

2'  Pendant  un  certain  temps,  qui  varie  entre  vingt  et  quarante  minutes,  chea 
des  individus  différents,  la  chair  de  poule  s'accroît  toujours  de  plus  en  plus  en 
étendue  et  en  énergie. 

3*  La  partie  de  la  peau  sur  laquelle  sont  appliquées  les  extrémités  des  conduc- 
teurs doit  être  sèche,  lorsqu'on  veut  produire  des  effets  puissants  sur  une  large 
surface.  Tout  le  monde  sait  que,  quand  on  applique  sur  la  peau  des  conducteurs 
humides,  le  courant  traverse  presque  perpendiculairement  la  peau,  qu'il  gagne 
aussitôt  les  muscles  ou  les  autres  organes  sous-cutanés,  qu'il  provoque  des  mou- 
vements et  n'occasionne  guère  de  douleur.  Au  contraire,  quand  les  conducteurs 
sont  secs,  le  courant  ne  pénètre,  qu'un  peu  ou  pas  du  tout  dans  ies  parties  sous- 
cutanées,  et  alors  il  n'y  a  pas  de  mouvements,  mais  la  tensibilité  cutanée  est  vi- 
vement mise  en  jeu. 

Lorsqu'on  applique,  par  exemple,  deux  conducteurs,  se  terminant  chacun  par 
une  petite  plaque  mélallique,  l'un  au  poignet,  l'autre  au  milieu  du  bras,  on  voit 
presque  aussitôt,  si  ces  plaques  et  la  peau  sont  sèches,  la  chair  de  poule  appa- 
raître tout  autour  des  plaques  et  au-dessous  d'elles.  La  partie  de  peau  atteinte  de 
chair  de  poule  a  la  forme  d'un  cercle  qui  s'agrandit  peu  à  peu.  Au  bout  de  dix  à 
quinze  minutes,  au  lieu  d'un  cercle,  on  voit  une  ellipse,  dont  le  grand  diamètre 
est  sur  la  ligne  d'union  d'un  pôle  à  l'autre.  Les  deux  ellipses,  en  s'étendant,  »c, 
rapprochent  l'une  de  l'autre,  et  quelquefois  finissent  même  par  se  toucher  et  n'en 
faire  plus  •lu'une  seule.   En  expt-rimentant  comme  nous  venons  de  le  dire,  on 


133 
voit,  dans  la  plupart  des  cas,  à  moins  que  l'on  n'emploie  un  courant  très-faible,  la 
chair  de  poule  occuper  un  espace  bien  plus  étendu  que  celui  signalé  par  Kol- 
liker.  Du  reste,  même  en  employant  des  conducteurs  humides,  on  peut,  che* 
certains  sujets,  obtenir  des  effets  plus  étendus  que  ceux  vus  par  KolJiker. 

Le  biologiste  allemand  croit  que  la  chair  de  poule  n'est  pas  due  à  unecontrac» 
tion  du  tissu  cellulaire  de  la  peau  j  i!  l'attribue  exclusivement  à  la  contraction 
des  fibres-cellules  musculaires  qui  se  rencontrent  à  l'entour  des  bulbes  des 
poils.  M.  Brown^Séquard  se  refuse  à  admettre  cette  opinion  exclusive.  Il  lui  sem- 
ble que  le  nombre  des  fibres-cellules  musculaires,  dans  la  peau,  est  trop  faible 
pour  qu'on  puisse  s'expliquer,  par  ia  contraction  de  ces  fibres  seules,  la  chair  de 
poule  et  les  rides  produites  par  le  galvanisme.  Non-seuiemenl  l'anatomie  a  mon- 
tré à  Kolliker  lui-même  que  ces  cellules  musculaires  sont  rares  à  la  peau,  mais 
encore  la  chimie  n'a  pas  jusqu'ici  démontré  l'existence  de  la  fibrine  dans  la 
peau, ce  qui  aurait  été  fait  si  le  nombre  des.  Isbres-cellules  n'y  était  très-minime, 
puisque,  comme  l'a  découvert  Kolliker,  les  fibres-cellules  de  la  peau  sont  Identi- 
ques à  celles  qui  composent  les  muscles  iuletitinaux.  et  doivent  consequemment 
contenir  de  ia  fibrine. 

M.  Brown-Séquard  a  cherché  à  résoudre  la  question  de  savoir  si  c'est  bien  sur 
la  peau  elle-même  ou  sur  les  nerfs  moteurs  des  fibres  contractiles  cutanées  qu'agit 
le  galvanisme.  On  comprend  que  chez  l'homme  à  l'état  normal,  par  suite  de  la 
douleur  occasionnée  par  le  «ai vanisme,  il  puisse  y  avoir  une  réaction  des  cen- 
très  nerveux  sur  les  nerfs  moteurs  de  la  peau,  ainsi  que  cela  a  lieu  dans  les 
émotions;  mais  M.  Brown-Séquard  a  vu  la  peau  se  contracter  chez  des  paralyti' 
ques,  et  c'est  même  dans  des  cas  de  para  ysie  qu'il  a  vu  les  plus  fortes  contrac- 
tions de  la  peau.  Ce  fait  parait  démontrer  que  c'est  par  Texcitation  directe  du 
galvanisme,  el  non  pas  par  suite  d'une  action  du  système  nerveux,  que  la  peau 
est  prise  de  contractions  quand  on  la  galvanise.  Néanmoins  il  est  permis  de  con- 
seiver  des  doutes  à  cet  égard.  En  effet,  on  pourrait  supposer,  malgré  le  peu  de 
probabilité  de  cette  supposition,  que,  dans  ces  ras,  les  nerfs  moteurs  de  la  peau 
n'étaient  pas  paralyses,  bien  que  les  nerfs  moteurs  des  muscles  locomoteurs  voi- 
sins le  fussent.  M.  Brown-Sétiuard  a  essayé  de  lever  ia  difficulté  de  la  manière 
suivante  :  il  a  coupé  le  nerf  facial  et  le  nerf  sous-e.rbitalre,  d'un  côté,  chez  des 
cobayes;  huit  jour.s  après,  il  a  galvanisé  la  lèvre  supérieure  paralysée,  et  il  y  a 
vu  la  chair  de  poule  se  produire  aussi  bien  que  sur  la  ièvre  non  paralysée  des 
mêmes  aniniaux.  ki  certainement  1rs  centres  nerveux  re  pouvaient  plus  agir  sur 
la  lèvre  paraljsee.  Reste  ia  queslion  de  savoir  si  le  galvanisme  agissait  directt- 
tement  sur  les  fibres  contractiles  ou  par  l'intermédiaire  des  ramuscuie.^  nerveux. 
La  première  de  ces  deux  opinions  est  infiniment  pins  probable  que  l'autre;  C4ir 
si  l'autre  était  vraie,  il  faudrait  qu'il  y  eût  entre  its  nerfs  animateurs  des  mus- 
cles locomoteurs  et  les  nerfs  animateurs  des  fibres  contractiles  de  la  peau  celte 
différence  que  les  premiers,  séparés  des  centres  nerveux,  perdent  leur  propriété 
en  moins  de  cinq  ou  six  jours,  tandis  que  les  seconds  conserveraient  leur  pro- 


13A 
prlété  au  delà  d«  ce  terme.  Or  rien  n'autorise  à  supposer  une  telle  diîTérencn.  Il 
y  a  donc  lieu  de  croire  que  le  galvanisine  peut  mettre  directement  en  action  les 
fibres  contractiles  de  la  peau. 

1*  TRODBLES  SDHTEKANT  DANS  L4  NVTRITIOM  DE  t'OEIL  ,   FAR   SUITE  BE    Lk  SECTIOU 
d'une  moitié  LATÉRALE  DE  LA   HOELLE  ÉPiNIÈRE,   AU  DOS;   par   le  même. 

Tout  le  monde  connaît  les  résultats  singuliers  que  produisent  sur  l'œil  la  sec- 
tion du  nerf  trijumeau  dans  ie  crâne  ou  l'extirpation  du  ganglion  cervical  supé- 
rieur. Tout  le  monde  sait  aussi  que  Texistence  d'helminthes  dans  le  canal  intes» 
Una!,  ainsi  que  ceituines  atrections  de  la  moelle  épinière,  peuvent  amener  des 
troubles  dans  la  vision  ou  même  des  maladies  de  l'œil,  et  quelquefois  une  amau- 
rose  complète.  M.  Brown-Séquard  vient  de  trouver  un  fait  qu'on  peut  rapprocher 
de  ceux-là.  Sur  neuf  cochons  d'Inde  auxquels  il  avait  coupé  une  moitié  latérale 
de  la  moelle  épinièie  h  la  hauteur  de  la  dixième,  de  la  onzième  ou  de  la  douzième 
vertèbre  dorsale,  ii  en  a  vu  quatre  offrir  des  altérations  plus  ou  moins  considé- 
rables de  l'œil  correspondant  au  côté  coupé  de  la  moelle. 

Dans  un  des  quatre  cas,  l'altéraiion  a  consisté  d'abord  dans  une  opacité  de  la 
cornée;  puis  la  conjonctive  s'est  enflammée,  et  l'inflammation  a  gagné  la  cornce.^ 
Au  bout  de  quelques  jours  ,  il  existait  une  ophthalroie  purulente  des  plus  in- 
tenses. La  cornée  a  été  en  partie  détruite  ;  l'œil  s'est  vidé,  et  l'on  a  pu  voir  alors 
que  le  cristallin  et  l'humeur  \itrée  avaient  conservé  leur  transparence.  L'.inirnal 
est  resté  borgne. 

Sur  un  second  animal,  quatre  jours  après  l'opération  faite  à  la  moelle,  la  cor- 
née a  présenté  un  sillon  oblique  de  haut  en  bas  et  d'avant  en  arrière.  Le  lendc- 
lâain,  ce  siiion  était  plus  profond  et  ses  bords  étaient  opaques.  Le  surlendemain, 
toute  la  cornée  était  opaque.  Elle  resta  ainsi  cinq  jours,  au  bout  desquels  l'o- 
pacili^.  disparut,  et  il  ne  resta  aucune  trace  du  sillon  assez  profond  qui  s'y  était 
montré. 

Sur  un  troisième  animal,  vingt  heures  après  l'opération,  la  cornée  présentait 
on  5illon  opaque.  Dix  heures  phis  tard,  toute  la  cornée  était  opacifiée.  L'animal 
mourut  cinquante-cinq  heures  après  l'opération  ;  il  existait  alors  une  kérato-con- 
jonctivite  intense.  En  ouvrant  l'œil, on  reconnut  que  ses  parties  ii;térieures  étaient 
h  l'état  sain. 

Sur  un  quatrième  animal  six  jours  seulement  après  l'opération,  on  aperçut  un 
court  et  léger  sillon  opaque  sur  la  cornée.  Le  lendemain,  la  rornee  était  un  peu 
opacifiée.  Deux  jours  plus  tard,  tout  avait  disparu,  et  la  cornée  ciait  revenue  à 
l'état  normal. 

Des  cinq  autres  cochons  d'Inde  opérés,  un  mourut  trois  jours  après  l'opération, 
sans  que  l'œil  ait  été  altéré.  Les  quatre  autres  ont  survécu  ;  leurs  yeux,  exami- 
nés avec  soin  chaque  jour,  pendant  plus  de  deux  mois,  n'ont  présenté  aucune  al- 
tération. 

Comment  re  rendre  compte  de  cette  singnlière  altération  de  l'œil  ?  Y  a-t-il  un 


i35 

lien  organique  spécial  entre  i^œil  droit,  par  exempte,  et  la  moitié  droite  de  iû 
moells  épinière?  Quelle  est  la  nature  de  ce  liert  et  par  quelles  voies  s'opèrc-t-in 
Pourquoi  enfin  ce  lien  n'exisle-t-il  que  chez  certains  individus?  Ce  sont  là  des 
questions  à  résoudte.  l'onr  essayer  de  le  lai;e,  M.  Browi  -Séquard  se  propose  de 
couper  une  moitié  de  nioi^lle  dans  dive;«es  réjjioris  voisines  ou  éloignées  de  celle 
que  nous  avons  indiquée  ci-dessus  ;  il  se  propose  aussi  de  produire  des  lésions  sur 
les  ganiîlions  du  grand  syinjwlhiquedans  l'abdomen. 

Avant  de  terminer,  nous  devons  signaler  nn  fait  bizarre  :  il  semble  que  si  un 
œil  s'altère  apiès  la  scirtion  d'une  moitié  latérale  de  la  moelle,  on  devra  quelque- 
fois voir  les  deu\  yijx,  ou  au  moins  l'un  des  deux,  s'altérer  après  la  section  de 
toute  la  moelle,  c'est-à-dire  de  ces  deux  moitiés  latérales.  Eh  bien!  jusqu'Ici 
M.  Brown-Séquard  n'a  jamais  vu  rien  de  semblable,  malgré  la  raulUplicitc  extrême 
-de  ses  expériences.  (Séance  du  22  juin.) 

a»  viviPAKiTÉ  DES  COULEUVRES  ;  par  M.  DUGËS. 

M.  Dugès  tait  part  à  la  Société  de  quelques  remarques  sur  la  presque  viviparité 
de  certaines  couleuvre-^,  segardce  jusqu'alors  comme  ptoblémaliqueou  due  à  une 
influence  de  domesliiité. 

Api  es  avoir  conservé  pendant  quelque  temps  une  couleuvre  lisse  de  Fontaine- 
bleau {col.  austriacui),  il  vil  un  jour  autour  d'elle  sept  à  huit  petits  vivants, 
«ans  nulle  liace  d'œufs  autre  que  quelques  matières  glaireuses.  Ces  petits  avaient 
été  pondus  pendant  la  nuit.  Plus  tard,  nn  chasseur  de  reptiles  assura  a  M.  Dug^s 
que  toutes  les  couleuvres  lisses  étaient  vivipare?. 

Aujourd'hui  (30  août  i850)  Al.  Dugès  a  vu  une  couleuvre  {col.  austriacus) 
pondre  onze  petits  entourés  (l'tmp  membrane  transparente  à  Iravei a  laquelle  on 
distinguait  paifaitemeut  iebjeunessfirpeiils.  Quelques-uns  étaient  morts;  d'autres 
ont  pu  être  délivrés  de  leur  enveloppe  et  de  leur  reste  de  vitellus,  et  être  conser-- 
vés  vivants. 

En  examinant  l'objet  rejeté  par  la  couleuvre,  on  trouvait  successivement  et  do 
dedans  en  dehors  : 

1»  Le  petit  animal,  loois  de,  16  centimètres^  apte  à  vivre  delà  vie  ordinaire; 
dans  les  mâles,  les  pénis  étaient  sortis  de  leur  fourreau  et  érigés  ; 

2*  Le  cordon  ombilical,  attenant  à  un  reste  de  vitellus  d'euviron  2  centimètre? 
de  rtiamèlre; 

3'  Une  mi  mbrane  enveloppant  rallantoïde; 

4»  Une  Une  membrane  de  prol(  ction,  qui  paraît  être  l'analogue  de  celle  qui 
tapisse  l'intérieur  de  ta  coqiiile  chez  l'oiseau.  Dans  ces  couleuvres,  la  membrane 
externe  de  l'œuf  ne  s'incruste  pas  de  sels  calcaires  à  son  passage  dans  les  ovi* 
doctes.  Dépourvu  de  protection,  le  petit  serpent  vient  au.  monde  tout  forme,  tan- 
dis que,  dans  l'œuf  des  autres  couleuvres,  on  trouve  l'embryon  à  peine  ébaucbf 
quelques  iieures  après  la  ponte. 


136 

Les  ovaires  ne  montrent  aucune  trace  d'œufs  ;  ils  sont  complètement  vide», 
«xcepté  à  leur  extrémité ,  où  l'on  remarque  une  douzaine  d'ovules  non  îé~ 
condes. 

Le  cloaque  et  les  orifices  oviductears  sont  fortement  ecchymoses. 

liL  —  AKATOMIE   PATHOLOGIQUE. 
1*   DC   PJED   PLAT;   par   M.  J,    GUÉRIN. 

M.  J.  Guérin  présente  quelques  considérations  sur  une  variété  de  picd-bpt  dont 
ii  met  un  exemple  sous  les  yeux  de  la  Sociélé.  Cette  [orme  de  pied-bot,  qui  avait 
été  mise  en  dehors  des  desciiplions  classiques,  c'est  le  pied  plat,  auquel  les  sec- 
tions tetidirieuses  sent  aussi  applicables.  En  rappelant  ces  faits,  M.  J.  Guérin 
montre  un  jeune  enfant  qui  porte  un  pied-bot  varos  équin  d'un  côté,  et  de  l'au- 
tre un  pied  pial  tel!em<'iil  e:sagéré  que  la  surface  planln ire  est  tonvexe.  La  ré- 
traction des  muscles  extenseuit.  du  pied  est  des  plus  manifestes. 

Cet  enfant  porte  aussi  les  traces  d'un  spina  bifida  guéri.  En  efi'et,  au  bas  de 
la  région  lombaire,  on  aperçoit  un  petit  tubercule  qui  surmonte  un  enfoncement 
trace  du  trou  par  lequel  sorîait  le  liquide  du  spina  bi/ida. 

M.  J.  Gucrin  communique  aussi  à  la  Société  des  pièces  et  des  dessins  relatifs  à 
cette  variété  de  pied  plai.  Sur  un  des  dessins,  on  remarque  une  grande  tension 
du  jambier  antérieur,  de  l'extenseur  commun  et  des  péroaier»,  en  même  temps 
qu'une  tension  correspondante  du  tendon  d'Achille. 

Sur  une  pièce  sèche,  on  volt  une  convexité  de  ia  surface  plantaire  des  os  du 
pied. 

3*  ÉRVPTiOK  BCLiEUSE  SDR  vNc  ÉpinocHSj  par  SA.  Raver. 

M.  Rayer  montre  une  cpinoche  dont  les  deux  (Aléa  de  la  région  dorsale  ofirent 
des  ampoules  pleines  d'un  liquide  transparent.  Quelques  bulles  plus  petites  se 
voient  du  côté  de  la  queue.  Rien  d'analogue  à  une  pareille  éruption  bulleuse  n'st 
été  signalé  jusqu'alors  dans  la  classe  des  poi.-sens. 

3'   EXAttEN  MICBOSCOPtQIJE   Î>'VH   DÉPÔT   D'URATE   ALCALRi  (TOPHUs)   DANS   LES 
AKTIUL'LATIONS   DU  TARSE  ;   par  M.   R0O6ET. 

Cette  pièce  provient  d'une  femme  de  40  ans  en viron^  destinée  aux  dissections. 
Toutes  les  articulations  paraissaient  parfaitement  saines.  Le  pied  lui-même  ne 
présentait  aucune  déformation  :  mais  en  ouvrant  les  articulations  du  tarse  du 
pied  droit,  on  les  trouva  remplies  par  une  matière  blanche,  demi-liquide,  ayant 
tout  à  fait  l'aspect  cl  la  consistance  de  la  crème  ou  de  la  substance  blanche  de  la 
moelle  épinière.  Les  ligaments  et  les  cartilages  articulaires  ne  présentaient  au- 
cune altération.  Le  siège  de  ce  dépôt  morbide  porta  M.  Rouget  à  penser  qu'il  de- 
vait être  rapporté  aux  dépôis  tophacés  de  la  goutte^  bien  que  les  tophus  fussent 
des  concrétions  solides. 


137 

En  soumettant  une  petite  portion  de  cette  Ëubstance  à  l'action  de  l'acide  acéti- 
que oa  de  l'acide  nitrique  faible,  M.  Rouget  vit  sous  le  microscope  la  niatière 
crayeuse  se  dissoudre  et  immédiatement  apparaître  d'innomhrubles  cristaux  de 
formes  variées,  mais  appartenant  toutes  aux  formes  cristallines  attribuées  à  l'acide 
urique. 

Cette  première  expérience  démontra  que  le  dépôt  était  constitur  par  l'acide 
urique  uni  à  une  base,  la  soude  peut-être.  L'aoidc  acétique  ou  nitrique,  en  s'em- 
paiantde  la  base,  avait  déterminé  In  cristallisation  de  l'acide  urique  mis  en 
liberté. 

En  examinant  à  de  forts  grossissements  la  ni.itière  tophacée  contenue  dans  la 
cavité  articuluire,  et  en  soumellani  de  très-Iegers  fragments  de  celte  matière  à 
l'action  de  l'acide  acétique,  M,  Rouj;et  a  cru  remarquer  que  l'urate  alcalin  était 
contenu  à  l'intérieur  de  cellules  analogues  à  celles  qui  revêtent  l'intérieur  de  la 
synoviale.  Ainsi  ce  sel  serait  contenu,  sous  forme  de  dépôts  granuleux,  à  l'inté- 
rieur des  cellules  épithéliales  di;  la  f^jnoviaie.  Ce  qui  le  prouve,  ajoute  M.  Rou- 
get, c'est  que,  dans  un  cas,  je  pus  voir  très-nettement,  dans  un  groupe  de  quatre 
ou  cinq  squammes,  traitées  par  l'acide  acétique,  les  granules  intérieures  dispa- 
raître, les  parois  coUuiaires  elies-niénies  se  dissoudre,  et  en  même  temps,  dan» 
le  même  point,  se  former  et  s'accroître,  à  mesure  que  les  cellules  disparaissaient, 
un  groupe  de  cristaux  d'acide  urique. 

D'aillcuis,  ce  déiôt  minéral  à  l'intérieur  de  cellules  n'est  pas  saus  exemple, 
tant  s'en  faut,  dans  les  êtres  organisés.  Ciicz  les  végétaux,  on  sait  que  le»  cris- 
taux qui  constituent  i(S  raphides  se  développent  à  l'intérieur  de  cellules,  et  l'oa- 
Bification  des  cartilages  du  fœtus  a  lieu  en  grande  partie  par  le  dépôt  de  phosphate 
terreux  à  l'intérieur  des  cellules  du  cartilage. 

Cette  observation  me  parait  éclairer  le  mode  de  formation  des  tophus.  Ces  to- 
phus  ne  sont  en  réalité  qu'une  altération  de  la  sécrétion  de  la  synoviale.  Le» 
cellules  de  l'épithéliura  pavimenteux  s'imprèanent  d'un  dépôt  d'urale  alcalin; 
elles  se  d<'tachent,  tombent  dans  l'intérieur  de  la  cavité  articulaire,  et  au  lieu  de 
ae  dissoudre,  d'être  résorbées  comme  cela  a  îieu  dans  l'état  normal,  elles  s'ag- 
glomèrent, forment  des  amas  qui  se  condensent  de  plus  en  plus  par  la  résorp- 
tion des  par'ies  liquides  et  organiques,  et  constituent  les  concrétions  topbacées. 
Lorsqu'on  eFt  à  même,  con)me  je  l'ai  été,  d'examiner  ces  dépôts  tophacés,  pour 
ainsi  dire  à  l'état  naissant,  on  y  rencontre  les  cellules  épithéliales  libres,  isolées 
et  con?ervani  encore  leur  forme  caractéristj'que  ;  mais  plus  lard  ces  cellules  s'en- 
tassent, se  confondent,  se  soudent  en  quelque  sorte  pour  constituer  les  concré- 
tions topbacées,  dans  lesquelles  on  ne  distingue  plus  autre  chose  que  le  dépôt 
terieux. 

LeuweDhoexîk  est  d'ailleurs,  que  je  sache,  le  seul  micrographe  qui  ait  examiné 
la  consijtiition  intime  de  ces  concrétions  tophacép».  Dans  la  figure  qu'il  en  a 
donnée,  on  retrouve  les  fines  aiguilles  criêtailints  et  les  granules  innombrables 
dont  j'ai  parlé,  el  de  plus  on  y  TOit  quelques  plnqtses  obscures,  irrégulières,  qui 


t38 
poarraient  bien  être  des  ccliulea  épitliéliales.  Il  a  obtenu  aussi,  à  l'aide  d»;  fii 
chaleur,  des  cristaux  d'acide  urique,  dont  l'acide  acétique  détermine  si  prompte» 
mer.t  la  formation. 

4*  DU   FLCIDE   NOURRtCIER   DES    VERS  A    SOIE;    par    M.   GoËRIN-DlÉNEVlLLE. 

M.  Guérin-Méneviile  fait  connaître  à  la  Société  le  résultat  de  ses  études  sur  le 
fluide  nourriciei  des  insectes,  et  spécialement  des  vers  à  soie,  en  santé  et  en  ma- 
ladie. Il  résulte  des  observations  de  M.  Guérin-Méneville  que  le  fluide  nourri- 
cier, ou  le  sang  des  vers  à  soie  en  bonne  santé,  est  rempli  d'une  quantité  innom- 
brable de  glol>u!c8  sphéroïdes,  de  grosseurs  inégales,  contenant  d'abord  une 
sorte  de  nucleus  central  et  uniforme,  qui  se  divise  plus  tard  en  granules  rénifor- 
mes,  lesquels  se  portent  p!us  lard  en<ore  à  la  circonférence.  Arrivés  là,  ces  cor- 
puscules produisent  à  la  paroi  des  alobules  des  iiosses,  la  crèvent  et  sortent  pour 
constituer  de  nouveaux  globules. 

Dans  l'état  pathologique  des  vers  et  des  papillon?,  ces  corpuscules  sortis  de» 
globu!«s,  ne  trouvant  sans  doute  pas  dans  le  liquide  ambiant  les  conditions  né- 
cessaires à  la  production  de  nouveaux  globules,  tiemeurent  dans  ce  liquide,  s'y 
meuvent  comme  des  animalcules  microscopiques,  et  le  ver  à  soie  ou  le  papillon 
ne  tarde  pas  à  mourir  de  consomplion. 

Quand  les  veis  ont  été  infectés  par  des  sporulcs  ou  graines  de  cryptogame,  qui 
leur  donnent  la  maladie  nommée  museardine,ces  petits  corpuscules  animés,  que 
M.  Guérin-Méneville  a  nommés  hématozoïdes,  croissent  en  longueur,  perdent 
leurs  mouvements,  s'allongent  encore  et  finissent  par  former  les  thallus  ou  raci- 
nes du  ciyptoijame  qui  constitue  la  musiardine.Si  on  laisse  une  goutte  de  ce  sang 
sur  une  lame  de  verre  exposée  à  une  humidité  chaude,  ces  racines  ne  tardentpas 
à  émettre  des  rameaux  qui  se  couvrent  bientôt  de  graines,  et  l'on  obtient  une 
touffe  de  botrylis  muscardiniques  identiques  à  ceux  qui  couvrent  les  versa  soie 
morts  muscardins  dans  les  ma;:naneries. 

Cet  état  du  sang,  qui  semble  anormal  dans  les  larves  ou  chenilles,  parait  être 
l'état  normal  de  celui  des  pnpillons  ou  insectes  parfaits  qui  ont  terminé  tontes 
les  phases  de  leur  vie.  Dans  tous,  les  papillons  qui  ont  fini  leur  ponte,  M.  Guérin- 
Méneville  a  trouvé  le  sang  très-pauvre  en  globules  normaux  et  rempli  à'héma- 
tozoïdes  k  tous  les  degrés  de  développement,  depuis  le  corpuscule  animé  jus- 
qu'au rudiment  très-développé  du  thallus  du  végétal  muscardinique.  Il  déduit 
des  faits  qu'il  a  observés  ia  loi  naturelle  suivante  : 

«  Le  fluide  nourricier  des  vers  à  soie,  des  lépidoptère»  en  général  et  probable- 
ment de  tous  les  insectes,  se  renouvelle  continuellement  et  par  une  sorte  de  gé- 
nération de  ses  globules  pendant  la  vie  de  ces  insectes  ;  mais  quand  ils  ont  satis- 
t»il  au  vœu  de  la  nature,  quand  ils  ont  assuré  leur  reproduction,  ce  rcnou?clle- 
ment  devenant  inutile,  Il  s'opère  des  changements  physiologiques,  des  modifica- 
tions chimiques  qui  donnent  ordinairement  lieu  à  la  transformation  des  éléments 


139 
•nhnaak  en  élémenls  vëgétau)(,  lesquels  tendent  à  remettre  cette  matière^  désor« 
mais  inutile  sous  celte  forme,  dans  la  circulation  générale.  » 

6*   D0   SYNCHISIS  ÉTINCELANT;   par   M.   LeBÏIRT. 

M.  Lebert  montre  des  cristaux  decholestérinc  provenant  de  l'humeur  aqueuse 
d'un  homme  qui  présentait  les  symptômes  du  synchisis  et  incelant. 

6*  KYSTE  piLEiix  DE  l'ovaire  ;  par  M ,  FoixiN. 

M.  Foilin  donne  quelques  détails  sur  un  kyste  pileuï  de  l'ovaire  trouvé  sur  une 
femme  de  46  ans,  qui  a  succombé  à  un  cancer  de  l'estomac.  Ce  kyste,  contenu 
dans  l'ovaire  droit,  est  divisé  en  deux  loges.  La  plus  grande  contient  seulement 
des  poils  et  une  matière  graisseuse  et  épilhélialcf  la  plus  petite  renferme  un  frag- 
ment osseux  dont  la  forme  générale  est  celle  d'un  petit  maxillaire  inférieur,  et 
une  dent  qui  parait  être  une  première  molaire.  Les  poils  sont  pourvus  d'un  bulbe; 
la  dent  est  encaissée  dans  une  sorte  de  capsule  fibreuse,  et  adhère  légèrement  au 
fragment  osseux. 

T  CONCRÉTIONS  TOPHACÉEs  ;  par  M.  Lecomte. 

M.  Leeomle  donne  les  rcsuli.its  qu'il  a  obtenus  en  examinant  chimiquement 
des  concrétions  tophacées  provenant  des  articulations  d'un  goutteux  ;  il  y  a 
trouvé  beaucoup  d'acide  urique,  pas  de  soude,  mais  de  la  potasse. 

rV.  —  PATHOLOGIE  HUMAINE  ET  COMPARÉE. 
1°   LIPOME    DE    LA   CAVITÉ   ABDOMINALE  ;.  par   M.,  MOYMER. 

Le  diagnostic  des  tumeurs  de  l'abdomen  a,  dans  ces  derniers  temps,  acquis 
un  grand  degré  de  précision  ;  cependant  il  est  souvent  obscurci  par  la  présence 
de  certaines  tumeurs  que  l'on  rencontre  rarement  et  que  par  cela  même,  dans 
un  cas  donné,  l'esprit  du  praticien  n'admet  guère  probables. 

M.  Eugène  Moynier  a  mis  sous  les  yeux  de  la  Société  un  etemple  de  ces  tu- 
meurs, raremf  ni  observées  dans  la  clinique,  et  dont  la  science  n'a  enregistré 
qu'un  petit  nombre  d'exemples.  Une  femme  de  47  ans  entra,  au  mois  de  juillet 
18S0,  à  l'hôpital  Saint-Louis,  dans  le  service  de  M.  Nélaton,  pour  y  être  traitée 
d'Un  cancer  de  rutcruo. 

Cette  femme  était  d'une  faible  constitution  et  affaiblie  par  sa  maladie,  qui  da- 
tait de  piusieur»  amiée»  et  s'accompagnait  surtout  de  niétiorrhagles.  D'une 
grande  maigreur,  elle  ne  se  plaignait  d'aucun  trouble  dans  le*  fonctions  diges- 
tives,  n'avait  ni  constipation  ni  diarrhée;  toutefois,  elle  éprouvait  des  douleurs 
pendant  la  défécation  cl  l'émission  des  urines,  surtout  dans  les  derniers  jours  de 
sa  vie. 

Le  5  août,  elle  fut  prise  de  Msson,  de  douleurs  vives  dans  l'abdomen,  avec  ho- 


140 
quet,  nausées,  vomissements,  ballonnement  du  ventre,  difficulté  plus  grande 
encore  dans  l'émission  des  urines. 
Le  6,  les  accidents  s'aggravèrent,  et  la  mort  survint  le  7. 
A  l'autopsie,  on  constata  les  lésions  de  la  péritonite  ;  épanchement  de  pus  et 
de  sérosité  dans  l'abdomen.  Le  pus  est  surtout  abondant  dans  le  petit  bassin.  Le 
cul-de-sac  recto-utérin  est  le  siège  d'une  perforation  qui  donne  pasirage  à  la  sanie 
sécrétée  par  un  vaste  ulcère  cancéreux  pccnpant  le  vagin,  les  débris  du  col  de 
l'utérus,  la  paroi  recto-vaginale  et  vésico-vaginale. 

Les  autres  viscères  n'offraient  aucune  altéralion;  les  i;fingIions  hjpogastri- 
ques  et  lombaires  n'étaient  pas  engorgés.  Mais  à  la  région  iliaque  gauche,  au- 
dessous  et  un  peu  en  dehors  du  rein,  on  trouva  une  tumeur  recouverte  en  avant 
par  le  colon  descendant,  en  arrière  en  rapport  avec  le  carré  des  lombes  et  le 
muscle  iliaque.  Cette  tumeur  est  lisse,  aplatie,  deux  à  trois  fois  plus  volumi- 
neuse que  le  rein,  de  coneislance  mollasse,  présentant  une  sorte  de  fluc- 
tuation* 

Pesée  avec  le  rein,  elle  donne.  .  .  .    430  grammes. 

Le  rein  seul  pèse 105        — 

La  tumeur  seule 315        — 

La  capsule  fibreuse  du  rein  se  continue  sur  la  tumeur  où  elle  s'amincit  con- 
sidérablement en  devenant  celluieuse,  lorsqu'après  avoir  enlevé  cette  membrane 
fibreuse,  on  cherche  la  connexilé  réelle  qui  peut  exister  entre  la  tumeur  et  le 
tissu  du  rein,  on  voit  qu'on  peut  isoler  le  tissu  de  la  tumeur  d'avec  le  rein,  jus- 
qu'au point  où  se  trouve  une  espèce  de  pédicule  du  volume  du  pouce  formé  de 
tissu  fibro-celluleux  et  de  vaisseaux  volumineux  qui  communiquent  largement 
avec  les  vaisseaux  du  rein  (artère  et  veim),  dont  ils  semblent  provenir,  pour  al- 
ler se  ramifier  dans  le  tissu  de  la  tumeur,  qui  est  parcourue  par  des  vaisseaux 
nombreux  et  volumineux,  surtout  à  la  partie  supérieure  adhérente  au  rein. 

L'examen  au  microscupe  fait  voir  que  la  tumeur  est  constituée  par  des  cellules 
adipeuses,  sans  dépôt  de  matière  cancéreuse  :  c'est  un  véritable  lipome. 

Ces  lipomes  des  cavités  splanchniques  n'ont  guère  été  observés,  car  nous  ne 
pouvons  ran;jer  parmi  eux  ces  sortes  de  hernies  graisseuses  produites  par  le  dé- 
placement du  tissu  graisseux  développé  sous  le  fascia  propre.  Ces  dernières  con- 
tiennent à  leur  intérieur  une  cavité  séreuse  communiquant  ou  non  avec  le  pé- 
ritoine. 

MM.  Lebert  et  Broca  ont  rapporté  chacun  un  exemple  du  lipoaie  de  l'ab- 
domen. 

Sur  le  cadavre  d'une  femme  morte  d'un  cancer  du  sein  à  l'âge  de  60  ans. 
M.  Lebert  a  trouvé,  à  la  surface  péritonéale  de  l'intestin  grêle,  une  tumeur  de  la 
grosseur  d'une  nojsette  maintenue  par  un  pédicule  long  de  0,04,  mime,  vascu- 
alre,  entouré  d'une  membrane  cellulaire.  La  tumeur  était  constituée  par  des 
vésicules  graisseuses  formant  un  tissu  continu  traversé  par  des  fibres  cellulaires- 
unes  et  tortueuses,  réunies  en  fiùsceaux. 


ilti 

M.  Broca  vil,  sar  le  cadavre  d'un  homme  mort  à  IMiôpîtal  Neeker,  ane  tumeur 
énorme  siégeant  dans  la  fosse  iliaque  gauche,  remplissant  la  moitié  inférieure  de 
l'abdomen,  et  refoulant  en  haut  l'inleslin.  Cette  tumeur  reposait  sur  le  psoaa 
Iliaque  ;  elle  appuyait  sur  les  vaisseaux  iliaques  primitifs  et  iliaques  externes, 
recouverts  par  le  péritoine  dans  les  quatre  cinquièmes  de  sa  surface  ;  sa  face  an- 
térieure était  parcourue  par  une  dépression  longitudinale  qui  contenait  l'S 
Iliaque. 

Sa  consistance  vaiie  dans  les  divers  points  de  son  étendue  ;  en  haut  et  en  de- 
dans, ou  trouve  un  noyau  arrondi,  gros  comme  la  tète  d'un  enfant,  presque 
aosâi  dur  qu'une  tumeur  fibreuse  ;  le  reste  de  la  tumeur  est  mollasse  et  eoopé, 
présente  les  caractères  du  lipome.  Dans  la  portion  dure,  on  voit  des  lobulea 
de  graisse  emprisonnés  dans  une  espèce  de  gangue  dense,  lardacée,  friable,  vas- 
culaife,  qui  ne  laisse  suinter  à  la  pression  ou  par  le  grattage,  aucun  liquide  iac- 
tescenl  et  où  le  microscope  ne  découvre  rien  de  cancéreux.  C'est  donc  à  tort, 
ajoute  M.  Broca,  qu'on  a  pris  cette  partie  de  la  tumeur  pour  un  lipome  dégénéré; 
on  n'y  trouve  que  les  produits  organisés  de  l'inflammation  chronique,  et  l'on  a 
regardé  rinflammallon  des  Hpomes  comme  n'étant  pas  très-rare. 

Il  est  fort  diill.iie  de  tracer,  à  l'aide  de  ces  trois  faits,  l'histoire  de  ces  tumeurs, 
dont  la  présence  n'a  été  révélée  pendant  la  vie  que  par  leur  volume;  une  coo- 
stfpation  habituelle  existait  chez  le  malade  observé  par  M.  Broca;  mais  il  n'y 
avait  là  qu'une  affaire  mécanique.  La  femme  morte  à  l'hôpital  Saint-Louis  éprou* 
vait  de  la  vliflicuité  à  Uriner,  mais  les  uretères  n'étaient  pas  comprimés,  et  celte 
difficulté  était  due  plutôt  à  la  présence  du  cancer  envahissant  la  vessie. 

2°   INOCULATION   DU   SANG   DE  RATE  ;  par  M.   RaYEB. 

M,  Collignon,  inspecteur  de  l'aba  toir  Montmartre,  ayant  remis,  le  '.m  juin,  a 
M.  Rayer,  la  rate  d'un  mouton  atteint  de  la  maladie  connue  sous  le  nom  de  sang 
de  rate,  et  abattu  depuis  quelques  heures,  M.  Rayer  a  inoculé  du  sang  prove- 
naht  de  cette  rate  à  un  mouton  qui  avait  présenté  des  symptômes  du  tournis. 
Quatre  piqûres  ont  été  faites  au  pli  de  lame,  de  chaque  côté,  avec  un  bistouri  i 
lame  très-étroite,  imprègne  du  sang  de  cette  rate  malade;  quatre  autres  piqûres 
ont  été  pratiquées  au-dessus'de  la  lèvre  supérieure. 

Dans  les  premières  vingt-quatre  heures,  on  n'observa  rien  de  particulier  ;  l'a- 
nimal mangea  comme  d'habitude.  Le  surlendemain,  il  parut  triste  et  continua 
cependant  de  prendre  des  aliments.  Dans  la  soirée,  la  respiration  parât  plus  ac> 
céléréeque  de  coutume.  Le  jour  suivant  (troisième  jour),  la  respiration  devint  de 
plus  en  plus  accélérée  ;  l'animal  avait  de  la  fièvre,  il  ne  se  levait  que  lorsqu'on 
le  frappait.  Les  yeux  n'étaient  point  injectés  ;  il  ne  s'écoulait  point  de  liquide  par 
les  naseaux,  et  les  huit  piqûres  n'olTi-alent  aucun  phénomène  d'inflammation.  Le 
lendemidn  matin,  la  respiration  continuait  d'être  haute  et  très-accéléréé,  l'ani- 
mal était  très-abattu  et  refusa  complètement  de  se  mouvoir.  Vers  midi,  son 
corps  parut  agité  d«  mouvements  convolsife.  La  peau,  sur  des  parties  où  l'on 


1&2 

avait  coupé  la  laine,  avait  une  teinte  violette;  l'animal  mourut  à  midi.  Quel* 
ques  instants  après  la  mort,  la  teinte  violelte  avait  disparu. 

A  deux  heures  et  demie,  le  corps  était  encore  cliaud  ;  on  procéda  à  l'autopsie 
du  cadavre.  Les  huit  piqûres  étaient  cicatrisées.  Les  ganglions  voisins  étaient 
rougeàtres,  sans  être  augmentés  sensiblement  de  volume. 

Les  caillots  offraient  une  teinte  violacée  ou  vineuse,  visible  même  à  l'extérieur, 
teinte  qui  tenait  à  une  très-vive  injection  de  la  membrane  muqueuse.  La  panse 
contenait  une  assez  grande  quantité  d'aliments;  le  foie  et  le  pancréas  étaient 
Bains  ;  la  rate  n'était  pas  sensiblement  augmentée  de  volume,  mais  son  tissu, 
considérablement  ramolli,  se  réduisait  facilement  en  bouillie,  comme  celui  de  la 
rate  dont  le  sang  avait  été  inoculé. 

Le  tissu  de  la  raie,  examiné  à  i'œil  nu  et  à  la  loupe,  ne  présentait  pas  d'extra- 
Tasation  sanguine  analogue  à  celle  qu'on  a  désignée  sous  le  nom  à'apoplexie  de 
la  rate  ;  le  sang  qu'elle  contenait  avait  une  coloratien  violacée  analogue  à  celle 
du  sang  de  la  late  d'un  animal  atteint  de  la  maladie  dite  sang  de  rate,  colora- 
tion distincte  de  celle  que  présente  le  sang  d'une  rate  saine. 

Il  y  avait  quatre  cysticerques  {cysticercus  ienuicollis]  dans  les  replis  de  l'é- 
piploon. 

Le  larynx  était  sain  ;  la  trachée  offrait,  entre  les  anneaux  cartilagineux,  une 
teinte  violacée  qu'on  rencontrait  également  dans  plusieurs  ramifications  bronchi- 
ques. Plusieurs  ramiûcations  des  bronches  étaient  comme  obstruées  par  une  es- 
pèce d'helminthes  {strongylus  filaria)  qu'il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  dans 
le  mouton.  Il  y  en  avait  aussi  dans  la  trachée. 

La  surface  des  poumons  étuit  parsemée  d'une  grande  quantité  de  pétéchies  et 
d'ecchymoses;  les  pétéchies  étaient  très-nombreuses. 

La  piupai  t  de  ces  inûltrations  sanguines  s'étendaient  dans  le  tissu  du  poumon, 
à  2  ou  3  lignes  de  profondeur  j  quelques-unes  semblaient  n'occuper  que  la  sur- 
face de  cet  organe. 

Les  plèvres  étaient  saines  et  ne  contenaient  pas  de  sérosité  dans  leur  cavité. 
Il  n'y  en  avait  pas  non  plus  dans  la  cavité  du  péricarde.  Le  cœur,  et  surtout 
ses  cavités  droites,  étaient  fortement  distendus  par  des  caillots  de  sang  noirâtre, 
mous  et  se  réduisant  facilement  en  bouillie.  L'aorte  et  les  principaux  vaisseaux 
avaient  leur  couleur  normale. 

Le  sang,  examiné  au  microscope,  se  c  mportait  comme  celui  du  mouton  at- 
teint de  sang  de  rate,  qui  avait  servi  à  l'inoculation.  Les  globules,  au  lieu  de 
rester  bien  distincts,  comme  l^s  globules  du  sang  sain,  s'agglutinaient  générale- 
ment en  masses  irrégulières  ;  il  y  avait  en  outre  dans  le  sang  de  petits  corps 
filiformes,  ayant  environ  le  double  en  longueur  d'un  globule  sanguin.  Ces  petits 
corps  n'offraient  point  de  mouvements  spontanés. 

Un  cœnure  développé  dans  l'hémisphère  gauche  du  cerveau  faisait  saillie  dans 
le  ventricule  latéral  correspondant. 

En  résumé,  ce  mouton  inoculé  avec  du  sang  de  rate  est  mort  en  moins  d« 


143 
quatre  jours  ;  il  a  présenté  dans  les  poumons  de3  pétéchies  et  des  ecchymoses, 
et  dans  la  rate  un  ramollissement  semblable  à  celui  qu'on  observe  chez  les  mou- 
rons qui  meurent  naturellement  du  sancf  de  raie. 

A  cette  occasion,  M.  Hayer  rappelle  que  M.  Barthélémy  (en  1823),  ayant  in- 
oculé par  piqûre  à  une  brebis  saine  le  sang  provenant  de  la  rate  d'une  brebis 
morte  du  sang  de  rate  ;  au  bout  de  soixante  heures  environ,  la  bêle  inoculée  fut 
trouvée  morte.  Mlle  avait  la  rate  plus  volumineuse  et  plus  profondément  altérée 
que  celle  qui  avait  fourni  la  matière  de  l'inoculation.  Cinq  heures  apiès  la  mort 
de  cet  animal,  M.  Barlhclemy  inocule  à  une  autre  brebis,  également  saine  et 
provenant  du  même  troupeau,  le  sang  de  la  rate  dont  on  venait  de  reconn-iître 
l'état  maladif.  Les  eRets  furent  encore  plus  prompts;  le  sujet  mourut  trente-six 
heures  après  Tinoculation  ;  la  rate  avait  également  éprouvé  des  altérations  très- 
profondes. 

Pendant  les  grandes  chaleurs  des  mois  de  juin  et  de  juillet  dernier,  le  sang  de 
rate  faisant  de  grands  ravages  dans  la  Beauce,  spécialement  dans  les  fermes  si- 
tuées au  sud  de  Chartres,  M.  Rayer  s'est  rendu  sur  les  lieux,  avec  M.  Davaine, 
dans  le  but  de  provoquer  de  nouvelles  observations  sur  les  effets  de  l'inoculation 
du  sang  de  rate. 

Deux  médecins  distingués,  MM.Voyet  et  Manoury,  et  un  vétérinaire  aussi  ha- 
bile qu'instruit,  M.  Boutet,  se  sont  mis  à  l'œuvre;  en  attendant  qu'ils  fassent 
connaître,  avec  détails,  les  résultats  de  leurs  expériences,  M.  Rayer  communique 
les  faits  suivants,  extraits  des  lettres  qu'ils  ont  bien  voulu  lui  adresser  : 

!•  Un  mouton  inoculé  par  M,  Davaine,  avec  du  sang  provenant  de  la  rate  non 
putréfiée  d'un  mouton  (mort  la  veille,  du  sang  de  rate),  est  mort  quarante-huit 
heures  environ  après  l'inoculation,  et  a  présenté  les  lésions  caractéristiques  du 
sang  de  rate. 

2"  Un  mouton  affecté  de  tournis  et  faisant  partie  d'un  troupeau  non  atteint 
de  i'épizootie,  inoculé  avec  le  sang  de  la  rate  d'im  mouton  mort  de  sang  de  rate, 
a  succombé  trente-six  heures  environ  après  l'inoculation.  Les  piqûres  n'ont  pré- 
aenté  ni  enflure  ni  gangrène.  La  rate  était  difllaente  ;  il  y  avait  de  nombreuses 
pétéchies  dans  le  tissu  cellulaire  du  médiastin;  les  reins  étaient  hypérémiés  ; 
plaques  de  Peyer  gonflées. 

3»  Un  mouton  appartenant  à  M.  Boutet,  inoculé  avec  du  sang  provenant  de  la 
rate  du  mouton  précédent,  est  mort  quarante-huit  heures  après  l'inoculation,  et 
a  présenté  toutes  tes  lésions  du  sang  de  rate. 

4*  Quatre  autres  moutons,  plus  ou  moins  anémiques,  inoculés  également 
avec  du  sang  de  rate,  sont  morts  environ  qu&rante-huit  heures  après  l'inocu- 
lation. • 

5°  Un  cheval  inoculé  avec  du  sang  de  rate  est  mort  quatre-vingts  heures  après 
l'inoculation. 

6*  Enfin,  un  mouton  inoculé  avec  le  sang  provenant  de  ce  cheval  est  mort  au 
bout  de  cinquante-trois  heures. 


V^v  —  y^ 


iàh 

De  semblables  résullats  ne  peuvc»t  laisser  de  doutes  sur  les  propriétés  scp- 
tiques,  irèS'éncrgiqiips.  du  sang  des  animaux  atteints  de  sang  de  ratei 

".•OBLITÉRATION   DE    LA  VÉSICULE    BILIAIRE  P\R    DIS    CALCDL;  ANALYSE   DU    UQOIDE 
MCQUEUX  DONT  EIXE  ÉTAIT  REMPLIE;  par  M.  GOBLER. 

M.  le  docteur  Gubler  communique  à  la  Société  l'observation  suivante  : 

«  Une  femme  de  53  ans,  blanchisseuse,  entre  le  22  février  1850  à  l'hôpital 
de  la  Charité,  dans  le  service  de  M.  le  professeorBouillaud,  pour  une  maladie 
chrouique  organique  éa  cœur.  Je  ne  l'ai  vue  qu*^  dans  les  derniers  jours  dé  sa 
>ie,  et  ne  puis  donner  aucun  renseignement  sur  ses  antécédents,  si  ce  n'est 
qu'elle  avait  eu  des  rhumatismes  articulaires  aigus. 

»  Il  existait  chez  elle  une  voussure  irès-pronoûcée  et  unemalité  énorme  delà 
région  précordiale;  la  main  appliquée  sur  celle  région  percevait  un  frémisse- 
ment vibratoire  très-fort,  en  même  temps  qu'elle  était  violemment  soulevée  par 
une  large  masse;  la  pointe  du  cœur  battait  dans  le  sixième  espace  intercostal 
lool  à  fait  en  dehors.  A  l'auseultâiion,  on  constatait  l'existence  d'un  souffle 
râpeux  ayant  son  maximum  d'intensité  vers  la  pointe,  au  niveau  de  l'oriliee 
auriculo-venliiculaire  gauche,  et  couvrant  les  deux  bruits.  A  la  base,  le  pre- 
mier brait  était  rudeet  prolongé;  le  second  claquement  bien  frappée!  parehe- 
minéi  En  outre,  il  existait  vers  la  base  du  ventricule  droit  un  bruit  de  souffle 
rude,  superliciel,  difl'us,  perceptible  dans  une  étendue  limitée  en  dehors  de  la- 
quelle il  disparaissait  bienlôl.  Volume  du  pouls  très-petît  par  rapport  à  l'im- 
pulsion du  cœur  ;  pouls  non  redoublé  ;  râles  secs  et  humides  dans  îa  poitrine, 
orthopnée. 

»  M.  Bouillaud  porta  le  diagnostic  suivant  :  hypertrophie  du  cœur  (volume 
double  au  moins)  portant  surtout  sur  le  ventricule  gauche  ;  insufSsance  avec 
épaississement  et  induration  de  la  valvule  bicuspide;  hypertrophie  des  valvules 
sigmotdes  de  l'aorte;  large  plaque  laiteuse  sur  le  péricarde. 

»  Malgré  le  traitement  mis  en  usage,  les  phénomènes  asphyxiques  ne  Orient 
qu'augmenter,  et  la  malade  snceemba  le  il  mars,  c'est-à-dire  un  mois  appé» 
son  entrée. 

»  L'autopsie  confirma  pleinement  le  diagnostic.  On  trouva  on  véritable  cœor 
de  bœuf  ;  les  deux  lames  de  la  valvule  mitrate  épaissies  et  chargées  de  matière 
calcaire  éiaien?  soudées  par  leur  bord  libre,  <le  manière  à  former  un  anneau 
permanent  qui  adnieUait  l'extrémité  du  doigt  mdicaleur  et  devait  permettre  le 
reflux  du  sang  dans  l'oreillette  gauche  pendant  la  systole  ventricutaire.  Les 
valvules  sygmoïdes  étaient  aussi  épaissies,  opaques  par  places,  mais  non  dé- 
formées. Une  plaque  laiteuse  de  3  à  û  centimètres  carrés  couvrait  ia  base  du 
ventricuie  droit  en  empiétant  un  pea  sur  le  venlricale  gauche.  Les  poumon? 
étaient  forieinent  engoués  et  en  partie  privés  d'air.  Le  foie,  d'un  volume  nor- 
fird\i  off.ftil  p<v«rtant  à  sa  surfiice  convexe  an  zspecl  chagriné  eî  légèrement 
bosselé',  la  disposition  acineuse  de  la  surface  des  coupes  était  très  prononcée. 


ikb 

et  la  couleur  uo  peu  fauve  des  acini  traDchait  sur  le  fond  brun  rouge  de  ror(;ane. 
La  vésicule  biliaire,  distendue  par  un  liquide  dont  nous  donnerons  plus  loia 
les  caractères,  était  épaissie,  fibreuse,  et  avait  perdu  à  l'intérieur  l'aspect  réti- 
culé et  velouté  qu'on  lui  connaît;  sa  membrane  interne  lisse  et  polie  ressem- 
blait exactement  à  une  séreuse;  au-dessous  d'elle  se  dessinaient  en  relief  des 
bandelettes  blanches,  nacrées,  presque  toutes  transversales,  entre-croisées  à 
angles  aigu*'.  Vers  le  fond  de  la  cavité,  on  voyait  une  petite  surface  vasculaire 
plus  molle,  formant  un  léger  relief  et  couverte  de  granulations  miliaires  demi- 
transparentes.  Un  calcul  de  cho'estérine,  gros  comme  une  aveline,  était  libre 
dans  la  cavité  de  la  vésicule  Un  second  calcul,  d'un  volume  à  peu  près  égal, 
était  engagé  et  comme  enchatouné  dans  le  col,  iniercepiant  ainsi  toute  com- 
munication avecle  conduit  cystique  et conséquemment  avec  le  foie  lui-même. 

»  Nous  avons  prié  M.  Quevenne  de  vouloir  bien  examiner  le  liquide  contenu 
dans  la  vésicule.  Les  résultats  auxquels  il  est  arrivé  intéresseront  la  Société  de 
biologie,  car  il  n'y  a  encore  h  ma  connaissance  qu'une  seule  analyse,  incom- 
plète d'ailleurs,  d'un  liquide  semblable. 

»  Voir!  la  note  que  m'a  communiquée  le  savant  chimiste  : 

«  A  l'autopsie,  on  trouve  que  la  vésicule  biliaire,  au  lieu  de  bile,  renferme 
»  environ  200  grammes  d'un  liquide  offrant  les  propriétés  suivantes  : 

n  Teinte  jaune  pail'e,  analogue  à  celle  du  sérum  du  sang,  mais  plus  pâle , 
n  limpide  ou  du  moins  ne  tenant  que  très-peu  de  particules  en  suspension  ; 

■  consistance  sirupeuse,  filante;  odeur  forte,  cadavéreuse  ;  saveur  légèrement 
»  salée,  nullement  amére.  Densité,  1,007  à  la  température  de  16°  c.  Réaction 
»  légèrement  alcaline.  Au  microscope,  on  ne  voit  rien  de  particulier  ;  il  y  a 
•  seulement  quelques  débris  sans  forme  nettement  déliuie.  Une  portion  versée 
»  sur  un  filtre  passe  limpide  et  conserve  sa  propriété  filante,  ce  qui  indique  que 
n  celle-ci  n'est  pas  due  à  du  mucus.  » 

»  Suivent  des  détails  circonstanciés  sur  !es  diverses  réactions  auxquelles  le 
liquide  ^  été  soumis.  M.  Quevenne  termine  par  ces  considérations: 

«  Le  liquide  examiné  se  distinguait  : 

»  1»  Par  son  aspect  filant  ; 

»  2°  En  ce  qu'un  excès  d'acide  nitrique  redissolvait  complètement  le  précipité 
»  albuminoide  d'abord  formé; 

n  3»  En  ce  que  l'ébullition  ne  coagulait  pas  le  liquide  et  ne  faisait  que  le 
»  rendre  nébuleux  ; 

»  W  Enfin  par  l'action  de  l'acide  acétique,  qui  produisait  dans  le  liquide  des 

■  flocons  glaireux,  lesquels  étaient  fortement  contractés,  mais  non  entièrement 
»  redissous  par  un  excès  d';icide. 

n  Ce  liquide  se  rapprochait  par  ses  propriétés  chimiques  de  diflérents  autres 
»  fluides  du  corps  humain  sans  ressembler  complètement  à  aucun.  Ainsi  il  se 
n  rapprochait  de  la  synovie  par  sa  propriété  d'être  filant,  de  former  des  flocons 
»  contractés  sous  l'influence  d'un  excès  d'acide  acétique  ;  mais  il  ea  diflférait^ 


Iiï6 
T»  entre  autres  choses,  par  un  état  de  dilution  bien  plus  grand  et  la  cobéresc» 
■  du  précipité  formé  par  l'alcool. 

•  Le  principe  albuminnïde  offrait  de  l'analogie  avec  le  caséuœ  par  sa  pro- 
»  priété  d'être  coagulé  par  .l'acide  acétique  et  de  fournir  à  la  calcination  des 
»  phosphates  terreux  presque  en  même  proportion;  mais  le  caséum  ne  donne 
»  jamais  lieu  à  un  coagulum  cohérent  et  élastique  sous  l'influence  del'alcoot. 

»  Si  l'on  veut  comparer  ce  liquide  au  sérum  du  sang,  on  tpoure  tout  d'abord 
»  qu'il  est  infiniment  moins  dense,  el  contient  par  suite  une  proportion  beaa- 
»  coup  plus  faible  de  principes  en  dissolution. 

»  En  outre  la  matière  albuminoïde  renfermée  dans  ce  liquide  diffère  de  l'ai- 
»  bumine  du  sang  par  sa  propriété  d'être  complètement  redissoute  par  ua 
»  excès  d'acide  nitrique. 

»  Les  liquides  de  l'économie  dont  celui-ci  me  semble  se  rapprocher  le  plus, 
>  tant  sous  le  rapport  de  la  faible  densité  que  sous  celui  de  la  nature  desélé- 
*  ments,  sont  ceux  de  certains  kystes. 

n  Quant  aux  caractères  particuliers  offerts  par  la  matière  albuminoïde  con- 
n  tenue  dans  ce  liquide,  les  personnes  qui  s'occupent  de  chimie  animale  ont 
»  pu  avoir  occasion  de  remarquer  que  le  principe  atbumineux,  si  répandu  dans 
»  l'économie,  présente  des  variations  dans  quelques-unes  de  ses  propriétés, 
a  soit  qu'il  diffère  en  réalité  dans  sa  nature  intime,  soir,  que  ces  modifications 
»  ne  dépendent  que  de  la  présence  de  matières  salines  diverses,  de  l'état  de 
»  réaction  acide  alcaline  ou  neutre  du  liquide,  soit  que  ces  diverses  causes 
»  agissent  en  même  temps.  » 

»  En  résumé,  M.  Quévenne  est  arrivé  aux  résultats  suivants  pour  la  compo- 
sition du  liquide  de  la  vésicule  biliaire  calculée  pour  lOO  grammes  : 

Matières  /Matière albuminoïde  ou  protéique  pré-i  J 

précipita- 1     cipitée  par  l'alccol 1        '       >     o  650 

blés  par  j  Phosphate  de  chaux  et  de  magnésie)      «,  095  (       ' 
l'alcool     \  unis  à  la  matière  protéique  ...,..)        '       ' 

Matières  organiques  extraciives  non  >--/»!  \     *  «sah- 

précipitables  par  l'alcool )     o,5ii!i  l  ^     i,5oa 

/  Chlorure  de  sodium  en  forte  proportion  i              !     0  ft-n 
Sels      '     —        de  potassium,  des  traces,  .f     «30^1 
solubles.  j  Carbonate  sodique  (résull;U  de  la  cal-  l       '       i 
l     cinalion)  en  faible  proportion.  .  .  .  )              1 
Eau 98,500 


Total 100,000 

»  Il  n'y  avait  ni  phosphates  alcalins  solubles  ni  sulfates.  » 

4»  HÉMORRHAG'.E   CÉRÉBItALE  PAR  SUITE  DR  LA  BUPTCKE  D'CKë  BRANCHE  DE  I/aBTÈBB 
MÉNINGÉE  MOYENNE;    par  M.    DUPLAY. 

M.  le  docteur  Duplay  communique  à  la  Société  F  observation  suivante: 

Le  nommé  Voisin  (Louis),  âgé  de  78  ans,  d'une  stature  laoyenne,  mais  fort  et 


147 
bien  constitué,  préseiiiait  depuis  quelque  temps  un  peu  de  dérangemeul  de 
IMnleUigence.  Il  était  devenu  triste,  parlait  peu  avec  ses  camarades,  et  l'on  re- 
marquait de  l'incohérence  et  de  ta  bizarrerie  dans  ses  idées.  Le  il  juillet,  I» 
malade  sort  pour  aller  se  promener,  mais  il  ne  rentre  pas  le  soir,  et  pendant 
quatre  jours  il  disparaît  de  la  maison.  Le  15  juillet,  il  est  ramené  par  des 
agents  de  police  qui  l'ont  arrêté  à  Bercy  en  état  de  vagabondage.  Comme  il 
présente  des  contusions  à  la  face,  on  le  fait  entrer  à  i'intirnierie. 

Le  16,  je  vois  le  malade  pour  la  première  fois.  Il  porte  une  ecchymose  très- 
considérable  sur  chaque  œil  et  sur  la  base  du  nez;  il  en  porte  également  au;i 
deux  genoux  et  sur  les  deux  coudes.  Ce  sont,  dit-il,  les  agents  de  police  qui 
l'ont  ain>i  frappé  lorsqu'ils  l'ont  arrêté  Mais  l'individu  qui  l'a  ramené  aflirmts 
que  Voisin  présentait  res  ecchymoses  au  moment  de  son  arrestation.  L'intelli- 
gence du  malade  est  évidemment  dérangée  ;  ses  réponses  se  contredisent  i 
chaque  instant,  et  il  lui  est  impossible  de  se  rappeler  ce  qu'il  a  fait  depuis  son 
départ  de  la  maison.  La  iocoenolilité  et  la  sensibilité  sont  intactes  dans  les 
membres  supérieurs  et  inférieurs  de  chaque  côté.  Pas  de  céphalalgie.  Le  pouls 
est  normal  L'examen  attentif  de  tout  l'extérieur  du  corps  et  des  divers  appa- 
reils organiques  ne  me  fait  découvrir  aucune  fracture  ni  aucune  lésion  des 
organes  intérieurs. 

Je  {Tescris  néanmoins  une  saignée  du  bras  de  deux  palettes  et  demie,  des 
bains  de  pieds  sinapisés  et  des  boissons  délayantes. 

17.  L'état  du  malide  est  le  même  que  la  veille.  Point  de  céphalalgie;  aucun 
trouble  de  la  motilité  ou  de  la  sensibilité.  Même  état  de  l'intelligence  La  veille, 
©n  a  seulement  observé  un  mouvement  fébrile,  caractérisé  par  une  chaleur  plus 
grande  de  la  peuu,  un  peu  d'injection  de  la  face.  Pendant  la  nuit  le  malade  a 
été  agité;  il  pariait  seul,  et  plusieurs  fois  le  veilleur  a  été  obligé  de  le  faire  re- 
mettre dans  son  lit,  qu'il  quittait  machinalement  et  sans  savoir  pourquoi.  Le 
matin  à  la  visite  cet  état  avait  disparu.  (Une  bouteille  d'eau  de  Sedlitz;  pédi- 
luves  sinapisés.) 

18.  L'état  du  malade  est  resté  trés-bon  la  veille  jusqu'à  midi.  Mais  alors  il  est 
survenu  un  frisson  violent,  qui  au  bout  de  deux  heures  a  été  remplacé  par  une 
fièvre  violente.  La  nuit  a  été  encore  agitée  ;  le  malade  s'est  levé  plusieurs  fois; 
mais  à  la  visite  le  calme  est  rétabli.  Le  pouls  a  repris  une  fréquence  normale,  et 
la  peau  a  sa  chaleur  naturelle.  Du  reste,  même  état  de  l'inteiligence,  u.ême  état 
de  la  locoraolilité  et  de  la  sensibilité.  Nouvel  examen  de  la  poitrine  et  des  divers 
appareils  organiques  qui  donnent  tous  des  signes  aussi  négatifs  que  les  jours 
précédents. (Limonade  ;  pédiluves  sinapisés;  60  cenligr.  de  sulfate  de  quinine; 
bouillons.) 

19.  Le  frisson  est  revenu  la  veille  à  midi,  mais  il  a  clé  moins  long  que  le  17. 
La  chaleur  qui  l'a  suivi  a  été  moins  intense  ;  l'accès  fébrile  a  surtout  été  carac- 
térisé par  de  l'agildlion ;  le  malade  s'est  levé  un  grand  nombre  de  fois;  il  tour- 
nait autour  de  son  lit,  puis  il  se  recoucliait.  I.e  matin  il  était  assez  caUne;  son 


m 

intelligence  était  darts  le  même  état  que  la  veillé,  et  aucun  awident  nouveau  n» 
s'était  rnanifeslé.  (Continuatifin  du  sulTate  de  quinine  à  la  même  dose;  lavè- 
mfent  [iurgatif;  bains  de  pieds  sinapisés;  bouillons.) 

20.  I:.e  malade  n'a  pas  éprouvé  dé  frisson  la  veille;  seulement,  vers  midi,  on 
a  remarqué  chfz  lui  plus  d'agitation.  I!  parlait  seul,  fc  plusieurs  fois  il  s'est  levé 
comme  les  jours  précédents.  A  la  visite,  il  est  à  peu'  près  dans  le  même  état  que 
le  jour  précédent,  seulement  il  y  a  un  peu  plus  de  prostration,  un  peu  de  paresse 
dans  ses  réponses.  (Continuation  du  sulfate  de  quinint-,  pcdiluves;  boissons 
délayantes  ;  bouillons.) 

21.  La' veille  à  midi,  rttéme  agitation  que  le  jour  piécédent,  mais  sans  fris- 
son. .Apparition  d'un  engorgement  volumineux  à  la  iccion  paiotidienne,  survenu 
pendant  la  nniv  et  formant  une  saillie  volumineuse  comme  un  très-iiros  œuf  dé 
poiiie.  Le  tiissu  ceiluiairequi  occupe  la  région  mastoïdienne,  et  celui  de  la  partie 
supérieure  du  cou,  participent  à  i'en^orgement.  I.a  peau  en  d'un  rouge  terne,  et 
la  tumeur  donne  la  sensation  d'une  dureté  considérable.  Un  peu  au-dessus  du 
poignet  gauche,  phiyctène  de  la  largeur  d*un  centimètre  et  demi,  soulevant  i'épi- 
derme,  et  «ntourée  d'un  cercle  d'un  rouge  violacé.  Assoupissemenl.  Réponses 
lentes  et  inconsplètes.  Aucun  trouble  de  la  locomolilitè  ni  de  la  sensibilité.  Riea' 
de  nouveau  du  côté  de  ia  poitrine.  La  langue  e^t  sèche,  le  pouls  est  petit  et  faci- 
lement dépressiWe.  (ISsangsue.s  au  niveau  de  l'engorgement;  cataidasmes  si- 
napisés;  limonade  vineuse;  continuation  du  sulfate  de  quinine.) 

22i  L'engorgement  de  la  région  parolidienne  a  encore  augraemé  depuis  la 
veille;  celui  du  tissu  ceilulahe  s'étend  presque  jusqu'à  la  base  du  cou.  La  peau 
de  toute  cette  région  est  d'un  rouge  livide.  Prostration  extrême;  somnolence con^ 
tinuelifr;  quand  on  l'appelle,  le  malade  ouvre  les  yeux  pour  les  refermer  .aussi- 
tôt. La  sensibilité  et  la  locomolilitè  n'ont  subi  aucun-  trouble.  Langue  très-sèche. 
Lctimbredc  la  voix  est  changé,  et  a  prie  un  caractère  de  raucité  qu'il  n'avait 
p«B  la  veille.  Respiration  fréquente,  sans  lésion  appréciable  par  !a  percussion  ou 
l'auscultation  ;  pouls  petit,  misérable.  Rien  de  notable  du  côté  de  l'appareil  uri* 
naire.  Émission  involontaire  des  matières  fécales  et  de  l'urine.  Quant  au  mouve- 
ment fébrile  qa<'itidlen,  il  n'a  été  caractérisé  la  veille  que  par  un  peu  d'agitation 
et  par  des  tentatives  de  la  part  du  malade  pour  descendre  de  son  lit.  (Frictions 
mercurielles  sur  l'engorgement  parotidien  ;  limonade  vineuse;  cataplasmes.) 

Le  malade  meurt  à  quatre  heures  dfi  soir.  Il  avait  présenté  à  midi  l'agitation 
observée  les  jours  précédents,  et  il  avait  même  conservé  encot-e  assez  de  force 
pour  essayer,  -à  plusieurs  reprises,  de  se  lever.  Vers  deux  heures,  la  prostration 
augmenta,  le  malade  tomba  dfma  un  coma  profoiid,  la  rcEpiralion  s'embarrassa, 
et  il  séîeicnit  insensiblement. 

L'autopsie,  faite  vingt-quatre  heures  après  la  mort,  me  donna  les  résultât» 
suivants  : 

A  l'examen  de  ia  tumeur  de  la  région  parotidienne,  le  tissu  cellulaire  qui  re- 
eûovTe  la  glande  parotide  est  infillré  d'une  sérosité  légèrement  jaunâtre,  airiijî 


169 
que  1«  tissa  cellulaire  sous-culané,  de  la  région  latérale  droite  du  con,  jusqu'au 
niveau  de  la  clavicule.  Le  tissu  de  la  glande,  incisé  dans  toute  son  épaisseur, 
donne  issue  à  «ne  multitude  de  gouttelettes  de  pus  qui  viennent  sourdie  à  la 
surface  de  la  coupe.  Chaque  gouttelette  de  pus  est  fournie  par  un  lobule  de  la 
glande.  Le  tissu  cellulaire  interiobulaire  est  aussi  inûltré  d'un  liquide  séro-pu- 
rulent.  Avant  d'inciser  la  glande,  une  pression  assez  forte  avait  donné  issue  par 
le  canal  de  Sténon  à  une  certaine  quantité  de  pus  qui  était  venue  se  répandre 
sur  la  face  interne  de  la  joue  et  sur  le  côté  correspondant  de  la  langue.  La  pblyc- 
tène  qui  s'était  montrée  sur  l'avant-bras  est  affaissée;  l'épidémie  est  seul  d^ 
truit.  Le  tissu  cellulaire  sous-culané  est  simplement  infîUié  de  sérosité,  mai«  ne 
présente  pas  de  désorganisation  profonde. 

La  peau  du  crâne  ne  laisse  apercevoir  dans  aucun  point  de  traces  d'eccby- 
mose,  celles  qu'on  a  observées  sur  les  deux  yeux  ne  dépasserst  pas  l'arcade  sour- 
cliière.  La  surface  extérieure  des  os  du  crâne,  dépouillée  de  son  périoste,  et  exa- 
minée avec  le  plus  grand  soin,  ne  présente  aucune  trace  de  fêlure.  Leur  surface 
intérieure  n'adhère  point  à  la  dure-mère  ;  aussi,  lorsqu'on  enlève  la  boîte  os- 
seuse, n'éprouve-t-on  aucune  difflcuilé..  Au  moment  de  cette  séparation,  l'on 
aperçoit  sur  la  surface  extérieure  de  la  dure-mère  qui  revél  IhémfSphère  iiauche 
du  cerveau,  une  couche  de  sang  dont  une  partie  est  liquide,  et  l'autre  prise  en 
caillots  peu  consistants  qui  s'étendent  sur  plusieurs  poinss  en  une  membrane 
mince.  La  portion  de  la  dure-mère  qui  correspond  à  la  partie  moyenne,  et  un 
peu  inférieure  de  l'hémisphère  gauche,  présente  une  perforation  arrondie,  à 
bords  minces,  et  occupée  par  un  caillot  sanguin  mince,  friable,  qui  se  sépare  de 
l'ouverture  lorsqu'on  soulève  la  dure-mère,  et  qui  ne  parait  avoir  aucune  con- 
nexion intime  avec  elle.  Une  des  branches  principales  de  l'artère  méningée 
moyenne  rampe  à  quelques  millimètres  en  dehors  àe  la  perforation,  et  la  dé- 
passe sans  avoir  été  compromise  par  l'allération  de  la  dure-mère.  Mais  un  de  ses 
rameaux  qui  s'en  sépare  tombe,  api  es  un  trajet  d'un  ou  deux  millimètres,  dans 
la  perforation,  et  se  trouve  comme  coupé  en  travers.  L'orifice  du  vaisseau  est 
bouché  par  un  petit  caillot  Obrineux,  dont  l'extrémité  libre  flotte  sur  le  bord 
correspondant  de  la  perforation.  Du  reste,  ni  le  tronc  principal,  ni  le  rameau, 
ainsi  arrêté  brusquement  dans  ton  trajet,  ne  présentent  d'ciîéralion  de  structure 
ou  de  dilatation. 

En  même  temps  que  mon  attention  éiail  frappée  par  celle  solution  de  conti- 
nuité de  la  dure-mère,  elle  était  attirée  vers  le  point  correspondant  de  'a  surface 
interne  des  os  du  crâne.  Là,  en  elfet,  on  apercevait  une  cavité  creusée  dansl'é- 
paiseeur  du  pariétal,  un  peu  au-dessus  de  la  suture  écailleuse,  renfermant  du 
sang  en  partie  liquide,  en  partie  à  moitié  coagulé.  La  table  interne  de  j'os  avait 
complètement  disparu,  ainsi  que  le  tissu  diploîque,  et  le  fond  de  la  cavité  était 
formé  par  la  table  externe,  excessivement  amincie,  réduite  à  l'épaisseur  d'une 
feuille  de  papier,  et  prcseniant  même  une  petite  perforation.  Le  pourtour  de  cette 
cavité,  assez  régulièrement  arrondi,  était  comme  tranchant.  Quant  à  la  àestruc- 


150 
floo  du  tissu  diploïque,  elle  s'étendait  un  peu  au  delà  du  pourtour  de  la  bulutlon 
de  continuité,  doru  elle  semblait  avoir  en  quelque  sorte  miné  les  bords.  Il  m'a  été 
lmpossil)le,  malgré   les  recherches  les  pus  minutieuses,  de  retrouver  aucua 
fragment  osseux,  soil  dans  les  caillots,  soit  à  la  suiface  du  cerveau. 

La  dure-mère  enlevée,  j'ai  rencontré  sur  riiémisplière  gauche  du  cerveau,  une 
couche  mince  de  sang  liquide  qui  recouvrait  l'arachnobie  «-érébrale.  La  fusse  oc- 
cipitale du  même  côlé  contenait  environ  trois  cuillerées  de  sang  à  moitié  coagu- 
lé, qui  était  accumulé  au-dessus  de  la  t^nte  du  cervelet. 

Toute  la  partie  postérieure  de  l'hémisphère  gauche  présentait  une  teinte  d'un 
rouge  violacé,  qui  avait  pénétré  non-seulement  l'arachiioide,  mais  encore  toute 
l'épaisseur  de  la  couche  corticale.  Celle  rouaeur,  uniftirmc,  non  pointillée,  m'a 
paru  un  simple  phénomène  d'imbililion.  L'arachnoïde  était  intacte  dans  toute 
l'étendue  de  l'hémisphère.  Vers  le  pi.int  correspondant  à  la  peiforation  de  la  dure- 
mère,  elle  ne  présentait  aucune  altération,  aucune  dépression.  Partout  elle  se 
détachait  de  la  substance  cérébrale  a vrc  la  plus  grande  facilité.  La  substance 
grise  du  cerveau  conservait  partout  sa  consistance  et  sa  couleur  naturelles,  à 
Texception  du  point  où  elle  avait  été  en  contact  avec  le  sang  épanché  au-dessus 
de  la  lente  du  cervelet. 

L'hémisphère  dio.t  ne  présentait  rien  de  remarquable.  Toutes  les  autres  por- 
tions de  l'encéphale,  examinées  avec  le  plus  grand  soin,  étaient  dans  un  état  par- 
fait d'intégrité. 

Les  orgaiies  thoraciqueset  abdominaux  ne  présenlxiient  aucune  altération.  La 
rate  seule  était  profondément  altérée.  Son  tissu  était  réduit  en  une  sorte  de  bouil'^' 
lie  d'un  rou^e  terne  qui  s'écrasait  par  la  pression  la  plus  légère. 

Eii  analysant  toutes  les  particularités  de  ce  fait  singulier,  il  en  wt  une  qui 
échappe  et  qui  laisse  une  lacune  dans  l'enchainemeni  des  accidents  qui  ont  dû 
se  succéder.  D'une  paît,  l'on  peut  constater  la  lésion  que  présente  lavuûtedu 
crâne  ;  de  l'autre,  celle  de  la  dure-mère  et  de  l'artère  méningée  moyenne  qui  a 
donné  lieu  à  l'épanchement  de  sang  dans  l'intérieur  du  c:àne.  Mais,  quant  à  la 
cause  qui  a  porté  simultnnémenl  son  action  et  sur  le  pariétal  et  sur  la  dure- 
mère,  elle  ne  trouve  plus  son  explication  dans  l'examen  des  lésions  constatées 
après  la  mort. 

Cependant,  en  tenant  compte  de  certaines  particularités,  et  en  comparant  té 
fait  à  des  faits  qui  ont  avec  lui  le  plus  d'analogie,  il  est  possible,  je  crois,  sinon  de 
combler  complètement  celte  lacune,  du  moins  de  toucher  de  bien  près  à  la  vérité. 

Il  est  impossible,  dans  le  ciis  qui  nous  occupe,  d'admeltie  une  fracture  de  lia 
table  interne  de  l'os.  La  forme  de  la  solution  de  continuité,  la  régularité  de  ses' 
contours,  doivent  faire  rejeter  une  pareille  supposition.  En  effet,  dans  tons  les 
exemples  de  déchirures  de  l'arlère  méningée  moyenne  par  suite  de  fracture  du 
crâne,  on  trouve  dans  la  boite  osseuse  des  désordres  tels,  qu'il  serait  impossible 
de  les  laisser  échapper,  même  au  milieu  des  recherches  les  moins  attentives.  On 
peut  s'en  convaincre  en  lisant  les  observations  de  oe  genre  publiées  par  les  au- 


151 

:eon,  et  en  parcourant  celle»  du  même  genre  que  M.  ChasBatgnnc  a  réunies 
dans  une  thèse  de  concours  (Des  plaies  de  tête.  Paris,  1  juin  1842).  Dans  totrtea 
ces  observations,  on  retrouve  des  fêlures  plus  ou  nooins  étendue**  des  os  du  ciftne, 
ou  des  fragments  osseux,  soit  libres,  soit  enfoncés  dans  la  substance  cérébrale. 
Chez  le  malade  qui  fait  le  sujet  de  cette  observation,  rien  d'analogue  n'a  été  ob- 
servé, malgré  les  recherches  les  plus  attentives. 

L'existence  d'une  tumeur  qui  aurait  simultaDcment  porté  son  action  et  sur  ta 
dure-mère,  el  sur  les  os  du  crâne  dont  elle  aurait  détruit  l'épaisseur  par  une  vé- 
ritable usure,  et  en  procédant  de  dedans  en  deliors,  est  seule  capable  d'expliquer 
les  désordres  que  nous  avons  décrits.  Mais  ici  se  présentent  encore  de  nouvelles 
di(ncultc$.  L'artère  méningée  moyenne,  dont  une  branche  était  brusquement  in- 
terrompue sur  le  pourtour  de  la  solution  de  continuité  de  la  duce-mère,  a-t-elle 
été  le  siège  d'une  dilatation  anévrismale?  Nous  allons  voir  que  si  certaine*  cir- 
constances paraissent  favorables  à  cette  opinion,  d'autres  au  contraire  semblent 
de  nature  à  la  faire  abandonner.  La  destruction  partielle  da  pariétal,  qui  n'est 
réduit  qu'à  l'épaisseur  de  la  table  externe  et  qui  présente  même  une  petite  per- 
foration, a  la  phis  grande  analogie  avec  l'usure  des  os  produits  par  k-s  tumeurs 
anévrismale?.  Mais  d'uh  autre  côté,  l'examen  attentif  des  organes  na  pu  faire 
découvrir  ni  les  débris  d'un  sac  anévrismal,  ni  une  dilatation  plus  considérable 
de  la  portion  du  rameau  artériel  qui  %'clendait  depuis  sa  séparalion  du  tronc  de 
l'artère  méningée  moyenne  jusqu'à  l'endroit  de  sa  déchirure.  Cette  circonstance 
me  paraît  importante  à  noter,  cardans  les  cas  d'anévrismes  iie  l'artère  méningée 
moyenne  que  possède  la  science,  l'examen  des  parties  lésées  a  toujours  fait  re- 
trouver les  débris  du  sac  anévrismal,  ou  du  moins  une  dilatation  plus  oi^  moins 
considérable  de  l'artère  dans  les  portions  voisines  de  la  tumeur.  On  peut  lire  à  ce 
sujet  plu.sieurs  observations  de  ce  eenre  consignées  par  M.  Chai^saignac,  dans  une 
seconde  thèse  pour  le  concours  de  la  chaire  de  clinique  chirurgicnle  (Des  to- 
HECRs  i)E  LA  VOUTE  hv  CRANE.  Parls,  1848).  Ainsl,  dans  la  première  de  ces  obser- 
vations, empruntée  au  Journal  des  pkogrès  ft.  X,  p.  237),  la  tumeur  qui  avait 
perforé  les  os  du  crâne,  fut  prise  pour  un  kyste  et  ouverte  par  un  chirurgien.  Le 
sac  anévrismal  communiquait  par  un  canal  très-étroit  avec  î'arlèie  méningée 
moyenne,  qui  avait  acquis  dans  le  crâne  le  volume  du  petit  doigt.  Dans  la 
seconde,  qui  a  été  publiée  par  le  docteur  Gairdner,  la  tumeur  se  rompit  pendant 
un  effort,  et  le  malade  mourut.  A  l'autopsie,  on  trouva  un  sac  anévrismal  situé 
sur  le  trajet  de  Vartère  méningée  moyenne  formé  par  la  séparation  des  feuillets 
de  la  duie-mère,  et  contenant  environ  4  onces  de  sang  co:igulé.  Enfin,  M.  Chas- 
saignac  rappelle  encore  un  cas  cité  par  M.  Bégin,  et  dans  lequel  un  anevrisme 
qui  occupait  l'artère  méningée  moyenne  fit  oérir  le  malade  après  avoir  perforé  la 
fosse  temporale. 

Rien  d'analogue  à  ce  que  nous  signalons  dans  les  observations  précédentes 
n'a  été  retrouvé  chez  le  malade  dont  il  est  ici  question.  Pour  admettre,  dans  ce 
cas,  l'existence  d'un  aDévrisone  de  l'artère  ménijigé^  moyenne,  il  faudrait  snp- 


152 
po$er  que  le  sac  anévrismal,  très-petit,  formant  sar  le  trajet  de  l'artère  une  sail- 
lie brusque  et  sans  dilatation  de  la  portion  du  vaisseau  voisin  du  sac,  aurait 
été  conipiétenient  détruit  au  moment  de  sa  rupture  et  entraîné  par  Teflort  hé- 
morrhagique. 

Resie  donc  la  supposition  d'une  tumeur  de  toute  autre  nature,  par  exemple 
d'un  fongus  de  la  dure-mére  qui,  après  avoir  usé  la  table  interne  de  l'os,  au- 
rait déterminé  en  même  temps  ralléralion  observée  sur  la  dure-mère,  et  par 
suite  la  lésion  du  rameau  de  l'arière  méningée  moyenne.  L'absence  de  toute  di- 
latation et  de  toute  altération  dans  le  tronc  artériel  et  son  rameau,  jusqu'à  l'en- 
droit de  sa  déchirure,  nous  paraît  tout  à  fait  favorable  à  celte  dernière  opinion. 
Mais,  dans  ce  cas,  il  faut  encore  admettre  qu'au  moment  de  la  déchirure  de 
l'artère  déterminée  sans  doute  par  la  cbule  du  malade  ou  les  violences  exer- 
cées sur  lui,  la  tumeur  a  été  complètement  détachée  de  la  dure  mère,  et 
entraînée  avec  a  portion  altérée  de  cette  membrane,  par  le  flot  hémorrha- 
gique. 

V.    —    TÉRATOLOGIE. 
1»  MONSTRUOSITÉS  DIVERSES  CHEZ  UN  FOETUS  :   par  M.   GiRALDÈS. 

H.  Giraldès  préseiite  à  la  Société  un  foetus  mosistrueux  que  la  pulréfaction  a 
profondément  altéré.  Il  n'existe  point  de  fente  palpébrale,  et  la  peau  recouvre 
complètement  le  point  normalement  occupé  par  les  yeux.  Mais,  sous  celte  peau 
on  trouve  deux  tumeurs  saillantes;  d'un  côté,  c'était  l'œil  projeté  un  peu  au- 
defaors  de  l'orbite;  de  l'autre,  c'était  une  masse  graisseuse. 

Les  exlrémiiès  terminales  des  membres  supérieurs  sont  réunies  par  une  sorte 
de  palmure.  Le  bout  des  doigts  est  seul  sali  ant  et  distinct;  toutefois  il  n'existe 
pas  de  soudure  des  phalanges,  ei  les  doigts  pourraient  éire  séparés  jusqu'à  leur 
racine.  La  même  disposition  se  rencontre  aussi  aux  membres  inférieurs;  les 
parties  génitales  externes  ne  paraissent  point  déformées  ;  on  voit,  à  la  partie 
supérieure  de  la  région  génitale  un  petit  tubercule ,  c'est  le  clitoris  recouvert 
par  les  deux  ailerons  d'un  p(?tit  capuchon.  I!  existe  une  ouverture  pour  le  con- 
duit urinaire,  et  une  autre  pour  le  rectum.  Quant  au  vagin,  il  ne  s'ouvre  point 
à  l'extérieur,  mais  se  termiiie  en  cul-de-sac. 

La  vessie,  vers  son  bas-fond,  donne  naissance  à  un  diverliculum  qui  se  trouve 
situé  entre  cet  organe  et  le  conduit  vaginal. 

L'utérus  est  plus  projeté  d'un  côié  que  de  l'autre,  La  sympbjse  pubienne  est 
fibreuse  et  le  siège  d'un  écariemeut  de  plus  d'un  centimètre. 

VI.   —   HELMÎNTHOLOGIE. 
SOa  BK  VER  VÉSICULAtRE  TROUVÉ  DANS  DES  PETITS  KYSTES  A  LA  SURFACE  DO  POCMO!» 

DU  LiMAX  RCFCs  ;  par  Al.  Cbauss&t. 
En  disséquant  des  limaces  flimax  ru  fui]  prises  dans  le  bois  de  Meodon,  pré» 


i53 
Paris,  M.  Chaussât  aperçut,  à  ia  surface  du  pouiuoD  de  plusieurs  d'entre  elles 
de  petites  élevures  blanchâtres,  à  peine  grosses  comme  la  tète  d'une  très-petite 
épingle.  Le  nombre  de  ces  petites  élevures  varie  ;  quelquefois  il  n'y  en  a  que 
deux  ou  trois  ;  d'autres  fois  toute  la  surface  de  la  cavité  pulmonaire  en  est 
parsemée.  Ces  petites  élevures  peuvent  s'énucléer,  mais  assez  difficilement. 
Étant  parvenu  à  en  isoler  une,  et  l'ayant  mise  sous  le  microscope,  à  un  faible 
grossissement,  M.  Chaussât  a  vu  distinctement  un  animai  se  mouvant  dans  un 
kyste,  et  dont  voici  les  caractères  : 

Cet  helminthe  est  constitué  par  une  vésicule  ronde,  assez  transparente,  n'ayant 
guère  qu'un  demi-millimètre  de  diamètre  lorsque  l'animal  a  rentré  son  cou. 
Celte  vésicule  présente,  dans  ses  parois,  les  petits  grains  qui  se  rencontrent 
chez  les  cystiques  ;  ces  petits  grains  ont  à  peine  un  centième  de  millimètre.  Le 
fOu,  dont  on  aperçoit  assez  bien  les  circonvolutions  par  transparence,  paraît 
avoir  environ  l  millimètre  de  longueur  ;  mais  il  est  extrêmement  difficile  de  le 
faire  sortir  sans  opérer  la  déchirure  de  la  vésicule.  La  partie  antérieure  de  ce 
cou  présente,  dans  une  longueur  de  un  quart  de  millimètre  environ,  des  plis 
transversaux  qui  n'ont  guère  que  de  là3  centièmes  de  millimètre  de  largeur.  La 
partie  du  cou  qui  ofire  ces  plis  est  large  de  5  à  7  centièmes  de  railUmétres,  et 
se  termine  en  avant  par  une  tête  obtuse,  sans  ventouses  mais  pourvue  d'une 
couronne  de  vingt  crochets  de  même  grandeur,  légèrement  courbés  et  disposés 
sur  une  seule  rangée.  Ces  crochets  ont  4  centièmes  de  millimètre  de  longueur, 
et  présentent,  dans  leur  milieu,  sur  le  bord  concave,  un  talou  assez  court  in- 
cliné du  côté  de  la  pointe  du  crochel. 

Cet  helminthe  n'a  été  signalé  par  aucun  belminthologiste,  et  c'est  peut-être 
le  premier  exemple  d'un  ver  vésiculaire  chez  les  animaux  invertébrés. 

NOMINATION. 

La  Société  procède  à  l'élection  d'un  membre  titulaire.  M.  Germain  ayant 
réuni  l'unanimité  des  suffrages,  est  nommé  membre  titulaire  de  la  Société  de 
biologie. 


COMPTE    RENDU 


DES  SÉANCES 


SE 


F r 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PENDANT   LE   MOIS   DE   SEPTEMBRE  1850  ; 


PAR 


M.  FOLLIN,  •ecr«Uir«. 


Présidence  de  M.  RATER. 


I.  —  Optique  appliqdée  a  la  biologie. 

NODVEAU    MICROSCOPE    DESTHSÉ    SPÉCIALEMENT   AUX    RECHERCHES    CHIMICO- 

HiGROSGOPiQUES  ;  par  M.  Laurence  Shitb. 

Ce  microscope  est  composé  d'un  pied  lourd  soutenant  une  platiné  touraanto 
et  ayant  une  hauteur  de  iO  à  \\  centimètres. 

Au-dessous  de  la  platine  est  placé  un  prisme  à  quatre  faces ,  disposé  de  ma- 
nière qu'un  rayon  de  lumière  entrant  par  la  face  supérieure  sorte  psr  uaa 


156 

autre  face ,  après  avoir  subi  deux  réflexions  défiectant  la  lumière  de  144*  j  d« 
teile  sorte  qu'en  regardant  de  haut  en  las  à  un  angle  de  3G*  à  la  perpendicu- 
laire ,  nous  pouvons  voir  ce  rayon  de  lumière. 

Sur  la  face  du  prisme  par  laquelle  arrive  la  lumière  est  placé  le  tube  por- 
tant l'objectif;  tandis  que  sur  la  face  du  prisme  par  laquelle  sort  la  lumière 
est  placé  un  tube  portant  l'oculaire. 

Le  montage  des  pièces  qui  composent  ce  microscope  peut  s'effectuer  d'une 
manière  très-simple. 

En  dehors  de  l'instrument  il  y  a  un  petit  appareil  destiné  à  chauffer  à  des 
températures  diverses  l'objet  que  l'on  examine. 

Les  avantages  qu'ofl're  cet  instrument  sont  : 

!•  Que  la  partie  optique  est  à  l'abri  de  l'action  des  réactifs  qui  peuvent  être 
employés ,  et  cela  sans  nuire  à  la  faculté  de  voir  et  d'opérer; 

2*  On  peut  voir  presque  en  même  temps  le  corps  soumis  à  l'examen ,  et  son 
image  dans  le  microscope; 

S"  On  n'a  pas  à  craindre  que  les  vapeurs,  s'cchappant  d'un  corps  déjà  chaud 
ou  chauffé  sous  le  microscope,  n'obscurcissent  le  verre  et  ne  gênent  la  vision  ; 

4'  On  peut  soumettre  les  corps  en  examen  à  l'action  électrique  ou  galva- 
nique. 

Je  n'insisterai  pas  sur  les  autres  avantages  qu'on  pourra  apprécier  en  se  ser- 
vant de  cet  instrument. 

Quoique  l'instrument  ne  soit  pas  destiné  à  l'examen  avec  de  fort  grossisse- 
ments, on  obtient  cependant  des  effets  très-remarqtiables  avec  le  n*  7  de 
Nachet,  sans  se  servir  d'un  éclairage  artificiel,  mais  en  prenant  la  lumière 
directe  du  ciel.  On  peut  ainsi  voir  les  points  sur  les  navicules  bipocampus  avec 
les  n"  6  et  7  de  Nachet. 

Je  n'insisterai  pas  sur  les  petits  détails  propres  à  l'instrument  que  je  présente 
à  la  Société,  parce  qu'ils  pourront  être  plus  ou  moins  modifiés. 

En  outre,  j'ai  l'honneur  de  présenter  deux  améliorations  que  j'ai  appliquées 
ii  ce  microscope ,  et  qui  peuvent  servir  aux  autres  formes  de  cet  instrument. 
La  première  consiste  en  un  nouveau  micromètre  oculaire,  et  l'autre  est  une 
'siéthode  de  mesurer  les  angles  des  cristaux.  C'est  aux  habiles  opticieni 
BIM.  Nagher  père  et  ûls  que  nous  devons  la  confection  de  ces  instruments. 

II. — BOTANI<i|D£. 

Bwtt  HN  PARASITE  NOUVEAU  ;  par  M.  Ernest  Germain  (de  Saint-Pierre. J 

Je  plaçai  dernièrement  une  anguille  vivante  dans  un  bassin  d'eau  de  puits  ; 
cette  anguille  avait  été  blessée  dans  les  filets  où  on  l'avait  prise ,  la  peau  était 
déchirée  et  contusionnée  sur  un  grand  nombre  de  points  des  parties  dorsales 
et  latérales.  Cette  anguille  paraissait  cependant  aussi  vive  qu'une  autre  anguille 
placée  dans  le  même  bassin.  Le  jour  suivant  ,  la  surface  des  points  où  la  peau 
était  écaillée  et  saignante  prit  une  couleur  d'un  gris  blanchâtre ,  et  deux  ou 


157 
trois  joars  après ,  ces  surfaces  kiancbâtres  prirent  de  l'épaisseur  et  présenti^ren; 
an  aspect  gélatineux  et  floconneux  ;  des  flocons  de  la  matière  blanchâtre  gélatint 
forme  s'étant  détachés  par  le  froltement  de  Vanimal  contre  les  parois  du  bas- 
sin, me  laissèrent  voir  que  les  points  dénudés  qu'ils  occupaient  étaient  d'un 
rouge  vif,  et  tendaient  à  s'ulcérer  plus  profondément  au  lieu  de  se  cicatriser. 
Les  points  malades,  d'abord  peu  nombreux  en  apparence,  se  muliiplièrent  rapi- 
dement ,  et  la  plus  grande  partie  de  la  surface  de  l'animal^  y  compris  les  mem- 
branes  des  nageoires,  fut  successivement  envahie.  Le  huitième  jour,  l'animal 
parr-issait  fort  languissant,  se  tordait  de  temps  à  autre  comme  s'il  eût  éprouvé 
une  vive  douleur,  puis  il  se  renversa  sur  le  flanc,  et  périt  dans  la  journée  sui- 
vante. 

Ayant  soumis  au  microscope  la  matière  blanchâtre  floconneuse  qui  se  déta- 
chait des  points  malades  de  la  peau  ,  je  constatai  que  'JfXie  substance  se  compose 
d'un  nombre  inflni  de  lilaments  microscopiques  flexueux,  plus  ou  moins  ra- 
meux,  à  rameaux  irrégulièrement  disposés  et  inégalement  espacés,  à  sommets 
brusquement  obtus;  l'ensemble  présente,  au  microscope ,  l'aspect  du  mycaiium 
des  champignons;  ces  filaments  ramifiés  ne  sont  pas  régulièrement  cylindri- 
ques ,  leur  calibre  est  irrégulier ,  et  présente  çà  et  là  des  renflements  ou  nodosités; 
dans  toute  l'étendue  dans  laquelle  j'ai  pu  les  suivre,  les  filaments  ne  sont  point 
anastomosés  entre  eux,  ils  ne  présentent  aucun  diaphragme  transversal,  même 
au  niveau  des  points  où  ils  se  ramifient;  ils  m'ont  paru  tubuleux  et  remplis  d'un 
liquide  incolore  ;  je  n'ai  vu  rien  de  semblable  à  des  spores  ou  à  des  propaguies. 
Les  tubes  paraissent  quelquefois  remplis  d'une  matière  granuleuse,  mais  il  est 
facile  de  s'assurer  que  cette  matière  est  une  substance  étrangère  déposée  à  leur 
surface,  car  on  voit  souvent  les  granulations  se  détacher  de  la  paroi  externe  du 
tube. 

Dans  quel  ordre  devrons-nous  classer  cett«  singulière  production  morbide? 
Elle  a  l'aspect,  avons-nous  dit,  du  mycélium  de  certains  champignons;  ce  n'est 
point  cependant  uu  champignon,  car  un  des  caractères  essentiels  des  champi- 
gnons est  V habitat  non  submergé ,  et  les  espèces  végétales  qui  pourraient  presque 
également  être  classées  parmi  les  algues  ou  parmi  les  champignoM,  sont  consi- 
dérées comme  algues  si  elles  croissent  dans  l'eau.  Il  s'agirait  donc  d'une  algue 
plutôt  que  d'un  cliumpignon  ;  mais  la  forme  jrrégulière  des  tubes,  et  l'absence 
jusqu'ici  app.irente de  corps  reproducteurs,  éloigne  celte  production  des  algues, 
même  les  plus  inférieures. 

Est-il  donc  abâuiument  nécessaire  que  cette  production  rentre  dans  une  de» 
grandes  classes  d'êtres  organisés  admises?  Certaines  espèces ,  qui  lient  le  règne 
végétal  et  le  régne  animal,  ne  sont  elles  pas  encore  à  classer?  les  navicules  et 
autres  diatomées  qui  ont  un  mouvement  de  translation,  les  oscillatoires,  dont  tes 
ondulations  senildent  s'exécuter  sous  l'influence  d'une  contraction  volontaire , 
n'ont -ils  point  des  caractères  en  dehors  de  ceux  qui  sont  assignés,  tant  aux  vé- 
gétaux qu'au^i  animaux? 


158 

Pourquoi  la  production  que  nous  examinons  ici  ne  serait-elle  point  de  nature 
à  ne  rentrer  dans  aucun  des  groupes  connus?  c'est  un  produit  morbide  sécrété 
par  la  peau,  et  dont  l'organisation  a  lieu  sous  ^influence  de  l'eau  qui  baigne 
constamment  la  partie  malade.  Mais  de  ce  que  ce  produit  morbide  s'accroit  à  la 
manière  de  certains  végétaux,  par  l'allongement  et  la  ramification  d'une  cellule, 
de  ce  qu'il  présente  quelque  analogie  d'aspect  avec  certaines  espèces  d'algues 
ou  de  champignons  micro^copiques ,  je  ne  crois  pas  pouvoir  conclure  à  ce  qu'il 
doive  prendre  place  parmi  les  végétaux. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  propose  de  donner  à  celte  production,  non  classée,  le 
nom  de  trichothrauma  dermale. 

Je  dois  ajouter  qu'une  anguille  non  blessée  qui  a  séjourné  dans  le  même  bas- 
sin que  Panguille  malade,  n'a  point  été  atteinte  par  le  trichothrauma ,  et 
qu'une  jeune  perche  placée  dans  le  bassin  après  que  l'anguille  malade  en  a  été 
retirée,  mais  dans  la  même  eau  ,  a  péri  au  bout  de  quatre  jours,  la  peau  envahie 
par  le  trichothrauma;  j'ignore  encore  si  dans  ce  dernier  cas  la  présence  du 
trichothrauma  a  été  spontanée,  ou  si  elle  a  été  le  résultat  de  la  contagion  rendue 
plus  facile  chez  la  perche,  déjà  malade,  que  chez  f'autr^  anguille  encore  bien 
portante. 

[II.  -7-  Helminthologie. 

HELMINTHES  DE  l'OBDRE.DES   NÉMATOÏDES  DE  RCDOLPHI  ,  OU  CAVITAIRES  DE   CUVIER, 
TROUVÉES    DANS    LES  MOYENNES    ET    PETITES   BRONCHES   DES  DEUX   POCHONS   d'I'N 

l'OHC  AGE  d'un  AN;  par  M.  Perkin. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'on  ait  re.'icontré  jusqu'à  présent  dans  les  organes 
pulmonaires  de  l'homme  ou  des  animaux  d'autres  helminthes  que  des  acépha- 
locystes,  c'est-à-dire  des  hydatides  renfermant  toujours  dans  leur  intérieur,  en 
«ombre  plus  ou  moins  considérable,  de  petiis  vers  auxquels  on  a  donné  le  nom 
d'échinoooque.  Ceux  que  le  hasard  nous  a  fait  rencontrer  dernièrement  dans 
les  snojennes  et  petites  bronches  d'un  jeune  porc  sont  d'un  ordre  tout  diffé- 
rent, et  appartiennent  aux  nématoides  de  Rudolphi ,  ou  cavitaires  de  Cuvler.  A 
ce  îitre,  notre  observation  rare,  unique  peut-être,  mérite  d'être  signalée  à  l'at- 
tention des  pathologistes  et  des  naturaliste?. 

<;e  porc  était  âgé  d'un  an.  Il  avait  été  élevé  et  eivgraissé  par  un  de  nos  voi- 
sins. Malgré  tous  ses  soins,  ce  dernier  n'avait  pu  obtenir  qu'un  produit  médiocre  : 
ce  qui  lui  faisait  dire,  selon  le  terme  consacré  par  nos  paysan»,  que  son  cochon 
avait  toujours  été  dur  d'amendement.  Il  attribuait  cette  difiBcullé  qu'il  avait 
éprouvée, à  lui  faire  prendre  de  la  graisse  à  une  chute  que  l'animal  avait  faite 
autrefois  dans  un  puits,  et  d'où  cependant  on  l'avait  retiré  en  apparence  sain  et 
sauf. 

Quoi  qu'il  en  soiî,  destiné  au  saloir,  il  fut  tué  et  ouvert  devant  nous.  Comme 
nous  désirions  faire  quelques  recherches  analomiques  sur  le  cœur  et  le  poumon, 
aous  fmies  détacher  ces  deux  organes  par  le  charcutier  eu  le  priant  d'msufller 


159 
avec  soin  i«s  deux  poumons.  Lo  poumon  droit  se  dilata  k  peu  près  cMnpkU' 
ment;  le  poumon  gauchp,  au  contraire,  resta  en  grande  partie  affaissi- sur  Uii^ 
même.  !1  n'y  eut  que  quelques  lobules  pulmonaires,  disséminés  eà  cl  là  à  1» 
surface  du  poumon,  qui  se  laissèrent  pénétrer  par  l'air,  et  dont  la  coloration  na- 
turelle, d'un  rose  tendre,  contrastait  d'une  manière  remarquable  avec  le  reste 
de  l'organe  devenu  imperméable  et  comme  splénifié. 

Sans  trop  savoir  à  quelle  cause  attribuer  ce  défaut  de  pénétration  de  l'air  dans 
les  cellules  pulmonaires,  nous  incisâmes  immédiatement  le  poumon  dans  les  dif- 
férents endroits  qui  nous  parurent  altérés.  Quel  fut  notre  étonnement  quand 
nous  vîmes  à  l'oriûce  des  bronches»  moyennes  et  petites,  que  nous  venions  d'oa- 
vrir,  apparaître  par  une  de  leurs  estrénnités  une  fouje  de  petits  vers  vivants, 
allongés,  à  corps  arrondi,  cylindrique,  élastique,  blanc,  de  2  à  4  centimètres  ^u 
moins  de  longueur,  de  la  grosseur  du  fil  à  coudre,  accolés  parallèlement  les  un» 
aux  autres,  et  formant  par  leur  réunion  de  véritables  faisceaux  dont  le  volume, 
en  rapport  exact  avec  le  diamètre  de  la  bronche  où  ils  siégeaient,  nous  expli- 
quait à  merveille,  en  présence  de  ces  obstructions  animées,  comment  l'air  n'a- 
vait pu  ptnétrer  dans  les  cellules  pulmonaires  auxquelles  cette  bronche  ainsi 
obturée  venait  aboutir. 

Ces  helminthes,  comme  il  est  facile  de  s'en  assurer  par  ceux  que  nous  avons 
retirés  intacts,  étaient  réunis  par  cinq,  dix,  vingt,  trente  individus  et  plus, 
agglutinés  ensemble  et  enveloppés  d'une  sorte  de  mucus  filant,  épais,  limpide, 
qui  ne  nous  a  pas  paru  identique  aux  mucosHés  des  bronches,  et  que  nous 
sommes  porté  à  considérer  comme  nécessaire  à  leur  existence. 

Nous  évaluons  à  mille  peut-être  le  nombre  de  vers  que  nous  avons  renconr- 
trés  dans  les  deux  poumons,  et  spécialement  dans  le  poumon  gauche.  Il  n'y  en 
ayait,  nous  le  répétons,  que  dans  les  dernières  ramifications  bronchiques.  Les 
portiws  de  poumon  imperméables  à  l'air  n'étaient  le  siège  que  d'une  simple  con- 
gestion veineuse,  par  défaut  d'hématose,  purement  mécanique.  Des  fragments 
jetés  dans  l'eau  restaient  à  la  surface  du  li(iuide.  La  muqueuse  bronchique  dans 
toute  son  étendue,  et  spécialement  dans  les  points  où  existaient  des  helmin- 
thes, n'offrait  aucune  trace  de  rougeur  ni  autre  altération  morbide. 

Le  système  glandulaire  était  légèrement  affecté.  Quelques  glande»  bronchi- 
ques, axillaires  et  abdominales  étaient  ronges  et  engorgées.  Il  n'existait  pas  de 
tubercules  dans  les  poumons.  Les  autres  organes  étaient  sains. 

Nous  considérons  les  helminthes  dont  nous  venons  de  faire  l'histoire,  comme 
appartenant  à  l'ordre  des  vers  nématoïdes  de  Rudolphi,  vTipia  fil,  tiôo^  forme, 
qui  correspond  à  l'ordre  des  cavitaires.de  Cuvier.  Nous  nous  garderons  bien  de 
vouloir  déterminer  le  genre  auquel  ils  doivent  être  rapportés;  nous  laisserons 
ce  soin  à  d'autres  plus  compétents  que  nous,  ainsi  que  celui  de  leur  donner,  au 
point  de  vue  de  la  médecine  comparée,  toute  la  signification  pathologiquequ'ils 
peuvent  offrir.  Nous  croyons  toutefois  pouvoir  en  donner  au  lecteur  une  idée 
suffisante,  et  bien  préférable  à  la  description  incomplète  que  nous  ven<>n8  d'en 


160 
fuire,  en  disant  qu'ils  ressemblaient  à  premiirr»  tm#,  par  leur  forme  exté- 
rieure, à  des  ascarides  lombricoides  extréoxeœent  réduits ,  ou  bien  encore  à  dee 
cayures  Termiculaires  considérablement  grossis. 

IV.  —  Anatomie. 

SUH  LESTAISSEADX  DES  ÉPIPLOONS  LOMBAIRES    SE  LA  UARHOTTi::    par 

MM.  Valee«ciennes  et  Cl.  Bernard. 

Indépendamment  desépiploons  ordinaires,  il  existe  chez  les  marmottes,  ainsi 
que  chez  plusieurs  rongeurs,  des  masses  graisseuses  spéciales  auxquelles  on 
donne  lu  nom  ù'épiploons  lombaires  et  qui  ont  été  déjà  signalés  depuis  long- 
temps. 

Chez  les  marmottes  chacun  des  épiploons  lombairéii  prend  naissance  au- 
dessous  du  rein,  se  continue  avec  la  capsule  graisseuse  de  cet  organe  et  se  pro* 
longe  en  bas  jusqu'à  l'origine  des  replis  périlonéaux  des  organes  génitaux.  En- 
suite ces  deux  épiploons  lombaires  s'avancent  vers  la  ligne  médiane  sous  forme 
de  pannicule  graisseux  et  s'entrecroisent  même  à  leur  point  de  jonction,  il  eo 
résulte  que  la  masse  Inteslinale  de  la  marmotte  se  trouve  recouverte  successi- 
Tement  par  le  grand  ëpipîoon  gastro-colique  et  par  les  deux  couches  des  épi- 
ploons lombaires. 

On  peut  voir  celle  disposition  desépiploons  lombaires  sur  la  pièce  que  nous 
présentons.  Mais  ce  que  nous  voulons  faire  remarquer,  parce  que  cela  peut  avoir 
<'ie  l'importance- au  point  de  vue  physiologique,  c'est  que  les  épiploont  lom- 
baires diffèrent  des  épiploons  ordinaires  en  ce  qu'au  lien  de  recevoir  leurs 
vaisseaux  du  système  abdominal  (artère  mésentérique  et  veine-portej,  ils  les  re- 
çoivent du  système  vasculaire  général  (artères  et  veines  lombaires).  A  cause  de 
cette  dernière  circonstance  la  graisse  qui  constitue  les  épiploons  lombaires  esi 
dans  les  mêmes  conditions  que  la  graisse  située  dans  le  tis-u  cellulaire  sou»- 
cutané. 

V.  — Physiologie. 

1*   DE  L'ABSORrriON    ÉLECTIVE  DE  LA  VEINE-PORTE  ET  DES  VAISSEAUX  CHYLIFIXES  ; 

par  M.  Cu  Bernard. 

Ce  travail,  qui  a  pour  objet  de  déterminer  un  rôle  spécial  des  ganglions  mé- 
sentériques,  sera  publié  dans  les  mémoires  de  la  Société  de  biologie. 

2*  RECHERCHES  SUR  LA  PHOSPHORESCENCE  DU  PORT  DE  BOULOGNE  (rÉSUHÉ)  ; 

par  M.  A.  de  Qoatrefaces. 

A  Boulogne  comme  an  Havre  la  phosphorescence  du  port  est  due  presque  ex- 
clusivement aux  noctiluqucs. 
L'uniformité  de  teinte  que  semblent  prétenter  certaines  vagufs  lumineuses 


101 

n'est  qu'âne  illusion  produiie  par  le  nombre  immense  et  ta  petitesse  des  points 
brillants. 

En  observant  les  noctiluques  elles-mêmes  sous  le  microscope,  jusqu'à  des 
grossissements  de  plus  de  200  diamètres,  on  reconnaît  que  la  lumière  émise  par 
chacun  de  ces  animalcules  est  duc  à  une  multitude  d'étincelles  isolées  et  Irès- 
petitus.  Le  plus  ordinairement  cette  lumière  ne  brille  que  sur  une  faible  portion 
du  corps. 

Tous  les  agents  physiques  ou  chimiques  qui  excitent  la  conti  action  des  nocti- 
luqoes  amènent  CQ  même  temps  un  redoublement  d'intensité  dans  la  phospho- 
rescence. Certains  d'entre  eux  rendent  les  animaux  momentanément  lumineuv 
dans  toute  l'étendue  du  corps.  Ce  fait  général  résulte  d'expériences  faites  «n  em- 
ployant l'électricité,  le  vide  plus  ou  moins  parfait,  ia  compreÈsion...,  et  en  sou- 
mettant les  noctiluques  à  l'action  de  divers  acides,  bases,  gaz,  etc. 

Lus  gaz  irritants,  solubies  dans  l'^au,  exercent  une  action  des  plus  marquées. 

Les  gaz  propres  à, entretenir  la  combustion  et  ceux  qui  éteignent  le;^  corps  en- 
flammés agissent  exactement  de  !a  même  manière. 

De  ces  dilTérents  faits  constatés  par  plusieurs  lémoios,  je  crois  pouvoir  tirer 
les  conclusions  suivantes  : 

i»  Les  noctiluques  n'ont  point  d'organe  spécial  4estiné  à  prniU:ir,>  la  Uunièref 
coiiuiie  cela  se.  voit  chez  les  lampyres. 

2»  La  phosphoiescencc  chez  les  noctiluques  n'est  pas,  comme  iheî  les  !am» 
pyres,  un  phénomène  de  combustion. 

3°  Ghez  les  noctiluques,  la  phosphorescence  se  rattache  intimement  à  U  con- 
struction spontanée  ou  provoquée  de  la  trame  du  corps  entier. 

—  Les  nudibranehcsphlébentéréset  les  nuëibranehes  ordinairftii,  examinés  à 
réîat  de  larve,  présentent  une  structure  anatomique  presque  idenii({iif-.  Chez 
les  uns  comme  chez  les  autres,  le  foie  est  creusé  d'une  cavité  qui  communique 
largement  avec  celle  de  l'estomac.  Rien  de  plus  aisé  que  de  suivre  les  grains  de 
carminvavalés  par  l'animai  dans  leurs  mouvements  de  va-et-vient  d'une  de  ces 
cavités  dans  l'autre.  Ce  fait  montre  que  le  phlébentérisme  tel  qu'on  l'observe 
che^  Us  adultes  n'eât  autre  chose  que  lu  persistance  et  le  développement  chcn 
certains  nudibrnncbes  d'une  disposition  unatomique  embryonnaire  comciuae  très- 
probablement  au  groupe  tout  entier.  (Séance  du  14  septembre.) 

,3»  OBSERVATION  D'UNE  MUQPEfSE  UTÉRINE  RENDUE  APRÈS  UN   MOIS   ET  DE»!  DS 
RÉTF.NTIO.N  RES  RÈGLES  ;  par  MM.  DUTARD  et  LaBOULBÈNE. 

Obs.  —  Leroux  (Marie),  ou\rière,  âgée  de  24  ans,  née  à  Paris,  entrée  le  13sej»- 
tembre  r850,  à  l'in^rmerie  générale  de  la  Salpétrière,  service  de  M.  Darih. 

Cette  fille,  d'une  constitution  ordinaire,  est  habituellement  d'une  bonne  aante. 
Elle  n'a  jamais  eu  de  maladies  graves,  à  l'exception  de  la  variole,  dont  elle  porti 
des  cicatrices  légères.  Elle  a  été  réglée  à  1 1  ans  et  demi  ;  les  menstrues  ont  tou- 


162 

jours  été  abondantes  et  régulières.  Elle  a  eu  un  enfant  à  16  ans,  et  à  cette  époque, 
ses  couches  furent  sans  accidents  ;  mais  depuis,  elle  a  fait  deux  fausses  couches, 
l'une  il  y  a  cinq  ans,  l'autre  il  y  a  trois  ans.  Après  la  première,  elle  a  pu  voir 
le  fœtus,  qui  était  âge  de  3  mois  ;  à  la  deuxième,  elle  n'a  pas  vu  le  fœtus,  mai» 
le  médecin  qui  la  soignait  lui  a  affirmé  qu'elle  avait  fait  une  fausse  couche. 

Elle  ignore  si  elle  est  enceinte,  mais  elle  avoue  que  cela  est  possible,  elle  n'a 
pas  eu  ses  règles  le  28  août,  elle  se  plaint  de  coliques  et  souffre  beaucoup  de- 
puis trois  jours. 

1 4  septembre.  Étal  actuel  :  teinte  pâle  de  la  peau  ;  muqueuses  décolorées  ;  peau 
chaude  ;  céphalalgie  médiocre  ;  quelques  étourdissements  quand  ellese  lève  ;  pouls 
fréquent,  régulier,  souple  ;  bruit  de  soufQe  continu  très-fort  à  l'auscultation  du 
cou.  Ce  bruit  d«  souffle  ne  cesse  pas  quand  on  comprime  la  jugulaire  externe. 

Rien  d'anormal  à  l'auscultation  du  cœur  et  des  poumons. 

Langue  humide,  vilieuse,  blanche;  appétit  diminué;  selles  naturelles  ;  leven- 
tre  est  douloureux  à  la  pression  dans  sa  partie  inférieure  ;  pas  de  tuméfaction 
anormale;  coliques  vives  depuis  trois  jours. 

Pertes  en  blanc  peu  abondantes,  pas  de  douleurs  en  urinant  ;  le  toucher  vagi- 
nal fait  constater  que  le  col  utérin  est  allongé  transversalement,  un  peu  frangé; 
le  volume  de  l'utérus  ne  paraît  pas  considérable  ;  néanmoins  le  siège  des  dou- 
leurs abdominales  parait  devoir  être  rapportée  l'utérus  (Catapl.laud.;  groseille; 
bouillons  tl  potages.) 

16.  Même  éiat  ;  coliques  un  peu  moins  vives  que  les  jours  précédents  ;  douleur 
fixe  à  l'hypogastre  ;  écoulement  blanc  jaunâtre  assez  abondant;  examiné  à  l'aide 
du  spéculum,  le  col  présente  sur  sa  lèvre  postérieure  des  ulcérations  légères  en- 
vironnées d'un  cercle  roui^eâtre.  Cet  examen  n'occasionne  aucune  douleur. 

17.  Dans  la  nuit,  les  coliques  sont  si  vives,  les  douleurs  si  intolérables,  que  la 
malade  réveille  ses  voisines.  Ces  douleurs  sont  plus  fortes  par  moments.  L'écou- 
lement est  beaucoup  plus  abondant;  il  est  sanguinolent. 

La  malade  a  tacho  deux  chemises  dans  la  journée,  et  le  soir,  les  douleurs  ab- 
dominales sont  moins  vives. 

Abdomen  tendu,  un  peu  tuméflé,  douloureux  à  la  pression;  envies  de  vomir  et 
vomissements  de  matières  filantes,  muqueuses.  Langue  blanche,  humide. 

Peau  cliaude,  moite  ;  pouls  fréquent  ;  céphalalgie. 

18.  Même  état.  Le  toucher  vaginal  n'indique  rien  d'anormal.  Le  col  n'est  pas 
l'na'ouvert  ;  écoulement  séro-sanguinolent  très-abondant.  {Ut  suprà;  lavement 
laiid.) 

Dfijis  la  soirée,  la  malade,  en  voulant  se  lever  pour  aller  à  la  garde-robe,  a 
senti  b'éi'happer  par  lu  vulve  un  corps  qu'elle  a  pris  pour  un  caillot  de  sang, 

A  partir  de  ce  moment,  les  coliques  ont  cessé;  le  ventre  n'a  plus  été  tendu  et 
il  ehi  devenu  moins  douloureux.  L'écoulement  est  toujours  séro-sanguinolent, 
sens  odeui  marquée.  Les  seins  sont  assez  fermes,  non  douloureux. 


163 

19  septembre.  Peau  avec  sa  chaleur  normale  ;  pouls  souple,  à  70  ;  langue  na- 
turelle; pas  d'appétit  ;  soif  médiocre. 

20.  L'écoulement  diminue  sensiblement;  il  est  presque  entièrement  blanc, 
séreux  ;  odeur  nulle;  plus  de  fièvre  ;  plus  de  céphalalgie;  langue  naturelle  ;  ap- 
pétit ;  selles  naturelles. 

21.  C'est  à  peine  si  le  linge  de  la  malade  est  taché  en  blanc  jaunâtre.  Plus  de 
douleurs  imlle  part  ;  appétit;  toujours  un  bruit  de  souffle  au  cou.  (Une  portion; 
4  pilules  de  Vallet.) 

Elle  sort  le  26  septembre,  guérie. 

Le  corps  rendu  par  la  malade  est  la  muqueuse  de  l'utérus.  Il  offre  la  forme 
triangulaire  de  la  cavité  utérine,  moins  la  portion  du  col.  Elle  présente  une  ou- 
verture inférieure  irrégulière,  dilacérée  sur  ses  bords,  et  deux  autres  petites 
ouvertures  correspondent  à  l'entrée  des  trompes.  Sa  couleur  est  d'un  rouge  vif. 

Examinée  sous  l'eau,  elle  aune  épaisseur  de  plusieurs  millimètres;  elle  est 
villeuse  à  sa  face  externe,  lisse,  douce  au  toucher  à  sa  face  interne.  Celle-ci  est 
criblée  de  petits  orifices  en  partie  visibles  à  l'œil  nu.  Elle  ressemble  pas  mal, 
pour  la  consistance  et  l'aspect,  à  un  petit  sac  d'agaric  ou  d'amadou  qui  serait 
poli  dans  son  intérieur  et  villeux  à  son  extérieur. 

Sur  un  dos  points  de  son  intérieur,  vers  le  tiers  supérieur  et  latéral  ;  au-dessou; 
d'une  ouverture  tubaire,  on  voit  un  petit  corps  pédicule. 

L'examen  microscopique,  fait  avec  grand  soin  par  M.  Ch.  Robin,  ne  laisse  au- 
cun doute  sur  la  nature  de  ce  produit;  les  follicules  caractéristiques  y  abondent. 
C'est  bien  une  membrane  organisée,  la  muqueuse  utérine  elle-même. 

VI.    —  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

1"  SUR  CM  CAS  SE  FAUSSE  ARTICULATION,  A  LA  SUITE  B'ONE  FRACTURE  DE  L'EXTRËHITÉ 
INFÉRIEURE   DU  CORPS  DE  l'UUMÉRUS  ;  par  M.  DÉSIR. 

J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  des  membres  de  la  Société  un  exemple 
de  fausse  articulation  de  l'extrémité  inférieure  du  corps  de  l'humérus  que  nous 
avons  observée,  M.  Rayer  et  moi,  chez  un  maiade  mort  dans  son  service  à  la  suite 
d'une  maladie  chronique  tout  à  fait  étrangère  à  la  fracture. 

Mais  avant  d'exposer  les  particularités  qu'a  présentées  ce  cas,  je  crois  devoir 
rappeler  brièvement  ce  qu'on  a  déjà  observé  relativement  à  la  disposition  dea 
fragments  dans  les  cas  de  non-consolidation  des  fractures  des  os  longs. 

On  sait  que,  dans  ces  derniers  temps,  M.  Norris  a  admis  quatre  variétés  de 
pseudarlhroscs  (1). 

«  Première  vauiété.  —  Les  fragments  sont  entourés  d'une  tumeur  cartilagi- 
»  neuse  dans  laquelle  robsiûcalion  ne  s'est  point  encore  faite,  il  y  a  plutôt  retard 


(1)  Malgaigne,  Traité  des  fractures,  iu-S",  1847,  t.  I,  p.  158. 


164 
h  q-u'absence  de  cansôUdation,**  le  repos  et  la  compression  sofilsent  géuéralement 
»  pour  la  déterminer. 

*  DeoXièk'e  VABîÉrt!.  —  Les  fragments  sont  tout  &  fait  âcsunis,  extrêmement 
»  moliHes  eoos  Tes  tégument»,  et  lenrs  bouts  semblent  même  avoir  subi  «ne 
»  sorte  d'titroplîiiv  l,e  membre  est  incapable  de  remplir  ses  fonctions. 

»  TnoisiKME  \AaiitTF,.^  L'union  s'est  faite  par  i'intermédhilre  d'nu  tissu  fibreux 
»  plus  ou  moins  long,  R»fl  épats,  tantôt  tenant  les  Iragraeiits  tièe- rapprochés, 
•  tantôt  leur  permettant  Jcs  mouvements  de  Ûcsioii  trèS'étenâiis.  Les  bouts  des 
»  frflgnients  oui  été  plus  ou  moins  arrondis  [.ar  l'absorption  ;  d'autres  fois  ils  res- 
»  tenl  aiguiséB  en  pûirtte,  mais  le  canal  naédullaire  est  toujours  oblitéré  à  leur 
I»  surface. 

»  QUATRIÈME  VABitTÉ.  —  il  peut  s'etablir  une  véritable  diarlhvose,  constituée 
»  par  une  capsule  horeuse,  dense  et  forte,  lisse  à  l'intérieur  et  renfermant  ub 
»  liquide  analogue  à  la  synovie.  Les  bouts  des  fragments  sont  arrondis  et  polis, 
>»  dans  quelqijes'cas  absorbes,  dans  d'autres  recouverts  du  «artiîages  et  d'uu 
»»  mcmbmne  synoviale.  » 

De  ces  lîuatTP.  varrétes,  les  deox  pleraiè/es  ns  eoastituent  réellement  pas  des 
pseudsithroses,  qui,  suivant  moi,  ne  forment  qut  deux  séries  bien  distinctee. 

La  première  ccmprend  Ifô  t-as  dans  lesquels  *€S  fragment»  sont  isnis  pat-nne 
espèce  de  iigameot,  îillant  de  l'un  ù  l'autre,  sans  capsule  articuiatjs  et  sans  car- 
tilage ds  nouvelle  formation. 

La  deuxième  comprend  les  cas  dans  îetquels  les  frêgmeïîis  sotitnnis  'MX  une 
vêiiîaliie  eapstîîe  articulaire,  et  les  surlaces  des  (Vagmenis  enduites  ou  non  «le 
cartilages. 

Les  observations  de  h&yiiT  se  rapportent  à  la  première  de  cos  deux  séries.  H 
s'exprime  ainsi  (IJ  : 

H  Daus  les  cas  de  noa-consolidalion  des  fractures  des  os  longs,  les  extrémités 
»  des  fragments  s'arrondissent,  secouvrent  d'une  substance  fibreuse,  semblablo 
»  à  uu  périoste  éj/aissi,  et  11  te  forme  ce  qu  on  appelle  une  articuialion  coutre 
»  nature.  Ban»  cet  ttat,  la  forme  des  fragments  «t  la  manière  dont  ils  se  cor- 
B  respondeiil  varient;  mais  je  n'ai  jamais  rien  trouvé  dans  leur  disposition  qui 
»  pûl  être  comparé  à  ujie  articulatioa  :  ni  ligament  orbiculaire,  ni  euifaces  lisses 
»  et  cart{iagi^^euses.  J'ai  toujours  trouvé,  au  contraire,  dans  les  articulations 
f  contre  «aiuie  du  fémur  et  de  l'hum(irus  que  j'ai  eu  occasion  de  disséquer, 
i>  une  Eubstanc*  ûbjouse  et  comme  ligamenteuse  qui  s'étendait  d'un  fragment  à 
»  l'autre;  et  il  est  très-probable  qu'il  en  est  de  même,  à  quelques  modifications 
»-  près,  de  tous  les  autres  cas  que  je  n'ai  point  vus.  » 

Mais  Boyer  s'exprime,  daus  nu  autre  passage,  d'une  roaaière  moins  abso- 
lue (2)  : 

(1)  Boyer,  Traité  des  malad.  chircrg.,  1831,  t.  III,  p.  102. 

(2)  Ibid,,  p.  95. 


i  Dans  les  articulations  contre-nature,  les  fragments  quelquefois  arrondis,  et 
a  d'autres  foi«  pointus,  «ont  unis  entre  eux  par  une  substance  celluleuse  et  li- 
»  gannenteuse,  mais  leur  surface  n'est  point  couverte  d'une  substance  lisse  et 
i>  comme  cartllngineuse.  et  il  n'existe  pas  toujours  non  plus  de  liizament  orbi- 
V  culairc.  Il  s'est  convaincu  de  cette  vérité  par  la  dissection  de  pJuMeurs  frac- 
n  tures  non  consolidées  dont  il  axait  conservé  les  fragments  dans  son  ca- 
u  binet.  » 

Lancenbeck,  cité  par  Sam.  Cooper  (i),  ditauïsi  qu'il  conserve  une  mâchoire 
inférieure  et  un  oléciâne  ilont  les  fractures  ne  sont  pas  consolidées  et  dont  lei) 
fragments  sont  unis  par  une  substance  senibiable  à  un  ligament. 

Mais  d'autres  observateurs  ont  vu  à  la  suite  de  fractures  non  consolidées  des 
articulatiois  de  nouvelle  formation  plus  ou  moins  analogues  à  des  articulation» 
normales.  Ainsi  Sam.  Cooper  (2)  dit  qu'il  existe  dans  la  collection  de  Hunier  une 
fausse  articulation  des  os  de  l'avant-bra»  dans  laquelle  la  ressemblance  avec  une 
articulation  naturelle  est  frappante. 

Longtemps  avant,  Fabrice  de  Hilden  avait  rapporté  un  cas  à  peu  près  sem» 
blable  (dans  l'observation  91  de  la  centurie  3*). 

Sylvestre  avait  fait  part  à  liavle  d'un  cas  analogue  ,  maie  moins  bien  carac- 
térise (.3). 

M.  Liii^out  a  montré  à  ta  Société,  anatomiqiie,  en  ]$4â,  rhumérus  d'un  homme 
de  quarante-cinq  ans  environ  qui  s'éiait  fractoré  le  bras  gauche  dans  la  partie 
inférieure.  «  La  fracture  était  obliquf.  de  baul  en  bas  et  d'arrière  en  avant;  cette 
»  fracture  fut  soumise  à  un  traitrment,  peu  approprie.  La  consolidation  ne  se 
0  fit  pas?  le  maL'ide  se  remit  à  ses  travaux.  Mais  bientôt  des  accidents  inflam- 
»  matoires  survinrent,  des  plaies,  des  ulcérations  se  formèrent,  La  mobilité 
»  anormale  du  membre  persista,  et  une  amputation  fut  nécessaire.  Autq)8ie  de 
»  la  pièce.  Point  de  consolidation,  les  deux  fragments  sont  recouverts  de  sub- 
>  stan.^e  cartilagineuse,  une  capsule  fibreuse  réunit  li?8  deux  fragments,  it 
»  semble  qu'une  synoviale  se  soit  formée  sur  cette  nouvelle  articulation.  L'ar- 
»  ticulation  normale  a  conservé  sa  mobilité.  » 

Kunholtz,  Ev.  Home  et  plusieurs  autres  observateus-s  ont  vu  cette  variété  de 
fausse  articulation ,  et  Breschet,  sur  neuf  fausses  articulations  obtenues  dans 
ses  expériences  sur  les  chiens ,  en  a  trouvé  six  avec  une  cavité  articulaire. 

M.  Malgaigne  dit  qu'il  en  a  obtenu  deux  sur  un  vieux  chien  auquel  iî  avait 
rompu  le  radius  et  le  cubitus  ;  les  capsules  étaient  fort  épaisses ,  les  bouts  de» 
08  étaient  rac4)!iverts  d'une  couche  chagrinée,  blanche,  moite,  trèa-analogue 
aux  cartilages  passés  à  l'état  fibreux. 


(1)  DiCT.  DE  cuiROBG.,  traduct.  frai:iç.,  t  (,  p.  480. 

(2)  DiCT.  DE  CHIRîJP.G.  PRAT.,  t.  i.  p.  480. 

(3)  Nouvelles  cf.  hx  r^.pvblique  des  lettrix,  juillet  1785,  p.  7IS. 


ie6 

Le  cas  que  je  mets  sous  les  yeux  de  la  Sociélc  est  un  nouvel  exemple  défausse 
articulation  munie  d'une  capsule  fibreuse ,  et  dans  laquelle  le  fragment  supé- 
rieur est  garni  d'une  couche  comme  cartilagineuse  ;  mais  ce  fait  se  distingue  de 
ceux<|ue  je  viens  de  rappeler  par  une  circonstance  partioUHère.  Dans  ce  cas,  la 
faussA  articulation  n'est  pas  constituée  par  les  deui^  extrénaités  des  fragments  de 
Vos  fracturé  ;  le  fragment  supéiieur  se  trouve  uni  par  une  capsule  fibreuse  avec 
la  partie  supérieure  du  condyle  externe  de  l'humérus  qui  offre  dans  ce  point  une 
dépression  correspondante  à  l'extrémité  du  fragment  supérieur  de  l'humérus. 
Le  fragment  inférieur  très-court  est  atrophié,  il  est  situé  en  dedans  de  la  fausse 
articulation  avec  laquelle  il  est  uni  par  une  production  fibro-celluleuse. 

L'aspect  de  la  piè^e  résulte  des  circonstances  suivantes  :  La  capsule  a  été  ou- 
verte en  avant  suivant  sa  longueur;  eu  haut  et  en  bas  elle  a  été  détachée  en 
partie  de  la  circonférence  du  bout  du  fragment  supérieur  et  de  la  surface  urU^ 
culaire  creusée  sur  le  condyle.  Par  le  fait  de  la  dessiccation  de  la  capsule,  l'ex-p 
trémité  du  fragment  supérieur  qui,  sur  la  pièce  fraîche,  pouvait  toucher  la  partie 
inférieure  de  l'humérus,  s'en  trouve  éloignée  de  plus  de  4  centimètres.  Cette 
extrémité  du  fragment  supérieur  offre  à  noter  l'oblitération  du  canal  médullaire 
par  de  la  substance  compacte ,  et  elle  est  terminée  en  une  pointe  obtuse,  arron- 
die, qui  était  recouverte  de  cartilage.  La  portion  du  condyle  avec  laquelle  le 
fragment  supérieur  était  en  contact  était  aussi  revêtue  d'une  «ouche  ûbro-carti- 
lagineuse.  La  portion  du  corps  de  l'os  restée  sur  l'extrémité  inférieure  après  la 
fracture  est  aussi  atrophiée  :  elle  n'a  pas  la  cinquième  partie  de  l'épaisseur  du 
corps  de  l'humérus. 

Il  est  probable  que  la  fracture  avait  eu  lieu  en  biseau,  et  que  l'action  muscu- 
laire avait  déterminé  le  déplacement  du  fragment  inférieur  en  haut  et  en  dedans, 
d'oà  résultait  le  contact  de  la  pointe  du  fragment  supérieur  sur  le  condyle  ex- 
terne ,  ce  qui  a  empêché  la  réunion  et  produit  la  fausse  articulation ,  avec  cette 
particulai  ité  8,ur  laquelle  j'ai  cru  devoir  appeler  l'attention  de  la  Société. 

2*  DILATATION  DE  L'uRETÈRE  ET  DU  REIN  GAUCHES  ;  par  M.  LaBODLBÈNE. 

M.  Laboulbèue  met  sous  les  yeux  des  membres  de  la  Société,  un  rein  et  ijin 
uretère  droits  recueillis  sur  un  malade  qui  a  succombé  à  u,n  cancer  utérin. 

Le  col  de  l'utérus  était  entièrement  détruit,  et  les  ganglions  lymphatiques  pel- 
viens étaient  en  grande  partie  cancéreux.  L'un  d'eux  comprimait  l'uretère  gau> 
che,  et  ne  laissait  à  l'urine  qu'un  passage  extrêmement  étroit,  admettant  à  peine 
une  soie  de  sanglier.  L'uretère  adhérant  aux  ganglions  et  faisant  corps  avec  lui, 
est  dilaté  jusque  auprès  du  rein.  Fendu  et  étalé,  il  offre  une  circonférence 
moyenne  de  0'n,045;  mais  au-dessus  du  point  rétréci  elle  s'élève  à  ©".Ofi. 

Le  bassinet  se  continue  avec  l'uretère,  tans  démarcation  de  volume;  enfln,  le 
rein  est  au  moins  du  double  plus  volumineux  que  celui  du  côté  opposé,  qui  est 
à  peine  hypertrophié,  et  du  reste  tout  à  fait  normal. 

Le  rein  malade,  fendu  sur  sa  partie  convexe,  présente  une  dilatation  conVidé- 


167 

rable  dos  calices,  avec  atrophie  de  la  Êubstance  corU(;ale.  Les  mamplons  sont 
larges,  à  peine  saillants,  les  pyramides  de  Malpiglii  semblent  afluisBées  et  ont  plu» 
de  largeur  que  de  hanl»'ur. 

Le  fait  de  la  grand*  largeur  des  pyramides  s'explique  Irés-bien  par  la  dilatation 
des  calkef.  L'urine,  uccumuliie  dans  le  rejft,  a  tei'ouié  l'intervalle  de  la  pyramide 
de  Malpighi  ;  alors  la  suLstaiice  corticale,  «'éloignant  de  sa  place  normnle  pour 
se  porter  plus  en  dehors,  les  luLes  uriiiifères  rectiliguefe  se  sont  écartés  les  uns 
des  autres,  surtout  auprès  des  mamelons. 

La  substance  corticale  prcseï  te  la  coloration  chair  de  veau;  les  tubes  recti- 
lignes  sont  plus  rouges.  La  muqueuse  des  calices  et  de  l'uretère  est  uniformément 
d'un  gris  pâle. 

Le  malade  n'avait  jamais  accusé  de  gènedansTémissioB  des  urines,  ni  de  dou- 
leurs lombaires  du  côté  droit. 

VU.   —   PATHOLOGIE. 
I*   IDIOTIE,   ALTERATION   DE   LA   GLANDE  PINÉALE  ;   par  M.  SCHNEPF. 

Le  23  juillet  >S50,  est  entré  dans  la  salle  Saint-Pierre,  n»  29  (Hôtel-Dieu), 
service  de  M.  Hoporé,  une  fille  âgée  de  29  ans,  me  à  Paris  et  y  demeurant  tou- 
jours, enceinte  de  septmois  environ.  Sa  tailleest  moyenne, sou  teintpâle,  chloro- 
tique,  Basante  générale  bonne;  sa  démarche,  ses  mouvements,  d'abord  gênés, 
prirent  bientôt  plus  de  naturel,  et  nous  permellent  de  l'observer  plus  «ùre- 
ment. 

Un  visage  régulièrement  ovoïde  et  de»  If  dits  assez  fins  perdent  tout  leur  char- 
me par  un  rire  ou  souriie  presque  cominuel  qui  lui  donne  un  air  niais,  hébété, 
et  suspecte  tout  d'abord  son  ir^telligence  ;  l'œil  est  noir,  brillant,  la  vuciest  très- 
bonne,  l'ouïe  est  dure,  et  dans  certains  momenis  ia  jeune  femme  n'entend  pres- 
que pas.  Des  parents  nous  assurent  qu'il  en  a  toujours  éU  ainsi  depuis  qu'elle 
est  au  monde.  Les  personnes  étrangères  qui  lui  adressent  des  ilemandes,  n'ob- 
tiennent d'autre  réponse  qu'un  sourire  niais;  celles  qui  lui  sont  famiiièies  lui  ar- 
rachent des  phrases  par  des  n»oiK)S.v!l«bes  ;  la  religieuse,  de  même  que  les  filles 
de  service,  sont  tutoyées  indiiit+nctemenl  ;  l'idiote  ne  semble  connaître  que  deux 
personnes  :  tu  et  moi.  Le  son  de  sa  voix  est  normal;  l'artiiulalion  brève,  sacca- 
dée et  incomplète  des  syllabes,  exige  une  certaine  élude  piour  saisir  le  sens  des 
mots.  Ses  réponses  traduisent  assez  nelleiuenl  les  impressions  qu'elle  reçoit;  ses 
actions  sont  guidées  souvent  par  un  calcul  et  accomplies  avec  assez  d'adresse  et 
d'agililé;  la  mémoire  y  a  peu  départ;  c'est  avec  grand'peine  qu'où  lui  rappelle. 
un  fait  arrêté  la  veille,  à  moins,  toutefois,  qu'il  s'agisse  d'une  friandise, d'un  n»et8 
qu'elle  aime  et  qu'on  lui  a  promis.  Klle  n'est  pas  moins  poltronne,  craintive,  de 
la  douleur,  qu'elle  n'est  gourmande.  Ses  facultés  atfeclives  ne  paraissent  éveil- 
lées que  momentanément  ;  ainsi  elle  est  bien  sensible  à  la  visite  de  sa  mère  et 
d'autres  parents,  et  elle  est  péniblement  alFectée  de  ce  qu'unt-  jeuiif.  amie,  «ne 


168 

consine,  ne  vient  pas  la  voir  ;  mais  la  distraction  de  l'hôpital  l'arrache  facile- 
ment à  celte  tristesse  ;  elle  ne  sait  ni  lire  ni  écrire,  et  j'ignore  si  l'on  a  fait  des 
tentatives  pour  l'instruire;  les  soins  de  sa  personne  l'occupent;  elle  estasses 
propre,  et  elle  est  d'une  certaine  utilité  dans  le  service.  Nous  apprenons  que» 
dans  son  enfance,  cette  fille  était  moins  propre,  plus  obtuse,  timide,  joueuse  et 
rieuse.  Si  les  menstrues,  apparues  dans  sa  dix-neuvième  année,  ont  peu  stimulé: 
élevé  ses  facultés,  elles  ont  éveille  des  passions  vives  dont  la  vigilance  uiaternelh 
n'a  pas  toujours  triomphé.  Personne  dans  sa  famille  n'est  atteint  de  trouble  dans 
l'intelligence. 

Le  18  septembre,  celte  malheureuse  devient  mère  d'un  enfant  à  terme-,  ses 
couches  se  font  ?:  •'turellement,  cependant  elle  accusait  des  douleurs  utroces,  et 
une  faible  hémorrhagie  suit  la  délivrance  :  elle  s'arrête  d'elle-même.  Tout  allait 
bien  ;  11  n'y  avait  point  eu  de  flèvre  de  lait  lorsque,  le  quatrième  jour,  elle  est 
prise  d'un  frisson,  de  douleurs  abdominales,  d'une  accélération  très-grande  du 
pouls  et  d'autres  sjmplômes  de  la  fièvre  puerpérale.  Une  applicatiou  de  sang- 
sues est  suivie  d'un  amendement  de  douleurs  abdominales,  mais  la  fièvre  per- 
siste ;  le  calomel,  donné  à  doses  fractionnées  (  10  centigrammes  en  20  prises), 
produit  une  révulsion  sur  le  tube  digestif;  les  selles  deviennent  liquides,  verdâ- 
tres  et  très-fréquentes  le  deuxième  jour,  sansque  la  muqueuse  buccale  soit  attaquée 
I.e  troisième  jour  le  pouls  est  descendu  de  l&O  à  125  pulsations  :  le  calomel  est, 
supprimé  ;  le  faciès  se  grippe,  la  respiration  s'accélère  en  même  temps  que  la 
circulation  ;  le  ventre  est  souple,  indolent  ;  la  diarrhée  se  tarit,  et  trois  jours  plus 
tard  la  malade  est  morte  (le  29  septembre.) 

Autopsie.  —  36  heures  après  le  décès.  Adomen,  péritoine  ?ains,  la  cavité  pé- 
ritonéale  normale  ne  renferme  ni  sérosité  ni  fausse  membrane  ;  la  face  libre  du 
péritoine  viscéral  est  un  peu  plus  sèche ,  gluante  ;  le  tube  digestif  n'offre  rien 
de  particulier,  si  ce  n'est  que,  dans  !a  dernière  portion  de  î'iléon ,  les  glanduleâ 
solitaires  sont  saillantes,  sons  forme  d'assez  fortes  têtes  d'épingles  ,  d'une  colo- 
ration blanche,  laissant  suinter  une  mucosité  trouble  quand  on  les  perce,  effet 
que  nous  croyons  devoir  attribuer  au  mercure.  L'utérus  revenu  à  peu  près  à  son 
volume  normale  ne  s'éièv.;  pas  au-dessus  du  bassin;  son  parenchyme  est  d'un 
rose  pâle,  normal,  un  détritus  fétide  est  implanté  sur  la  face  interne  de  la  paroi 
postérieure  ;  les  ovaires,  les  veines  et  les  lymphatiques  qui  rampent  dans  les  li- 
gaments larges ,  n'oCfrent  rien  de  particulier. 

Le  foie  est  pâle,  mais  ne  présente  rien  à  signaler,  la  même  chose  a  lieu  pour 
les  veines- 
La  cavité  thoracique  ne  nous  offre  rien  d'anormal.  Les  articulations  des  mem- 
bres n'ont  pas  été  ouvertes. 

Cavité  CRANIENNE.  —  Méninges  normales.  Les  circonvolutions  du  cerveau  sont 
bien  prononcées,  les  lobes  cérébraux  remplissent  bien  la  cavité  encépalique.  In 
substance  cérébrale  a  une  consistance  normale. 
En  arrivant  au  ventricule  moyen,  je  fus  frappé  par  l'absence  de  la  glandt  i> 


169 

Déale.  t'M  eiT«t ,  derrière  ce  ventricule  oa  trouve  sur  le  bord  «aillant  de  la  cooi- 
missure  postérieure  du  cerveau  limitant  le  ventricule  en  ce  point,  deux  concré- 
tions dures,  pierreuses,  résistantes,  rugueuses  au  toucher  ;  c'est  de  ce  point  que 
partent  en  avant  les  habense  ,  et  ils  sont  un  peu  distants  l'un  de  l'autre  par  un 
espace  que  la  glande  pinéale  occupe  ordinairement;  deux  tractus  blancs  s'éten- 
dent en  arrière  de  ces  points  vers  les  nates ,  circonscrivant  ainsi  une  fossette  qui 
me  paraît  beaucoup  plus  profonde  et  plus  marquée  qu'à  l'état  ordinaire. 

Les  concrétions  dont  je  viens  de  parler  sont  évidemment  formées  en  partie  de 
carbonate  calcaire  auquel  elles  doivent  leur  dureté,  car  depuis  huit  jours  que  cette 
pièce  est  conservée  dans  de  i'eau  aiguisée  avec  l'acide  azotique ,  les  concrétions 
ont  perdu  leur  dureté  et  leur  surface  rugueuse,  et  si  ce  n'était  leur  forme  glo- 
bulaire et  leur  teinte  jaunâtre ,  on  les  méconaltrait  peut-être.  Elles  ne  renfer- 
maient donc  pas  de  phosphate,  car  l'acide  nitrique  n'aurait  pas  chassé  l'acide 
pbosphorique  aussi  aisément  et  aussi  complètement. 

Le  cervelet  ne  présente  rien  de  particulier. 

Tels  sont  les  renseignements  que  je  puis  joindre  à  la  pièce  anatomique  que 
j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'appréciation  des  membres  de  la  Société. 

2»  d'une  affection  convdlsive  consécdtivz  a  la  section  transversale 

DE  LA  MOELLE  ÉPINIÈKE  ;  par  U.  BEOWN-SÉQCAED. 

M.  Brown-Séquard  a  constaté  que  l'afiTection  convuisive,  dont  il  a  annoncé 
l'existence  chez  les  animaux  ayant  eu  une  moitié  latérale  de  la  moelle  coupée 
transversalement  (i),  survient  aussi  chez  les  cochons  d'Inde  auxquels  on  a 
coupé  transversalement  toute  la  moelle  épinîère  à  la  région  dorsale  ou  lombaire. 
Sur  sept  animaux  mis'en  expérience,  cinq  ont  été  atteints  de  cette  afTection  con- 
vuisive, de  neuf  à  vingt  jours  après  la  section  transversale  complète  de  la 
moelle  épinière.  La  maladie  a  été  en  augmentant  depuis  plusieurs  mois  que 
l'opération  est  faite.  Les  accès  ont  lieu  sous  t'influence  d'une  émotion  ou  d'une 
douleur.  Les  convulsions  sont  surtout  violentes  dans  les  muscles  de  la  face  et 
du  cou  ;  elles  n'existent  pas  dans  le  train  postérieur  qui  est  paralysé.  Les  accès 
durent  huit  ou  dix  minutes.  Ils  sont  d'autant  plus  violents  que  l'animal  est 
resté  plus  longtemps  sans  en  avoir.  (Séance  du  24  août.) 

(1)  Voyez  les  Comptes  rendas  de  la  Société  ^de  bioloi^ie,  n*  6,  juio  1850, 
p.  lOS. 


COMPTE  RENDU 


DES  SÉANCES 


DE 


LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE 


PENDANT   Lï   MOIS   I>*OCTOBKS  1850  ; 


rAK 


M.  FOLUIV,  seerAtalrc. 


Présidence  de  M.  RAYER. 


■  PHYSIOLOGIE. 


!•  d'une  action  5PÉCIA1.E  QUI  ACCOMPAGNE  LA  CONTRACTION  MUSCDLAIRE,  ET  DK 
l'existence  de  cette  action  dans  CERTAINS  CAS  rATHOLOGIQUES  ET  DANS  CK 
QUE  M.   MAGENrviE  A  APPELÉ  SENSIBILITÉ  RÉCDKRENTE  ;  par  M.  BROWN-SÉQDARD^ 

M.  Matteucci  a  découvert  il  y  a  quelques  années  que  la  contraction  d'un  mus- 
cle, sur  lequel  repose  un  nerf  allant  à  un  autre  muscle,  occasionne  une  con- 
traction dans  ce  dernier.  1!  appelle  induite  la  contraction  de  ce  dernier  muscle. 


172 
M.  Du  Bois-Reymond,  qui  a  donné  une  bonne  explicalion  de  ce  pbénomèo*, 
appelle  cette  contraction  secondaire  ou  dérivée. 

M.  Brnwn-Séquard  a  reconnu,  et  il  a  communiqué  ces  faits  à  la  Société  en 
août  IHliS  : 

lo  Que  la  contraction,  induite  ou  secondaire,  est  extrêmement  faible  quand 
le  muscle  inducteur  se  contracte  sans  rencontrer  de  résistance,  comme  cela  a 
lien  après  la  section  de  son  tendon  ; 

2"  Qu'il  n'est  pas  nécessaire  qu'un  muscle  se  contracte  pour  produire  una 
contraction  induite  ou  secondaire  dans  un  autre  muscle  ;  il  suffit  pour  cela  que 
le  muscle  inducteur  tende  à  se  contracter,  ce  qui  a  lieu  quand  on  l'excite  après 
aTOir  fixé  ses  extrémités.  Ce  muscle  fait  alors  effort  pour  se  contracter,  mais 
l'attraction  moléculaire  qui  tend  à  le  raccourcir  reste  sans  eOet  k  cet  égard  ; 

3a  Que  plus  un  muscle  se  contracte  ou  tend  à  se  contracter  avec  énergie, 
plus  la  contraction  induite  qu'il  occasioune  est  forte  ; 

V  Que  lorsqu'un  muscle  possède  une  irritabilité  très-grande,  qu'il  soit  en 
contraction  ou  en  repos,  il  suilit  de  le  tirailler  dans  le  sens  de  sa  longueur, 
pour  qu'il  agisse  sur  un  nerf  musculaire  en  contact  avec  lui,  et  produise  con- 
séquemment  dans  le  muscle,  animé  par  ce  nerf,  une  contraction  induite-, 

5'  Que  les  nerfs  de  sensibilité,  ainsi  que  l'a  vu  M.  Matteucci,  lorsqu'ils  sont 
placés  sur  un  muscle,  en  reçoivent  une  excitation  au  moment  de  sa  contraction, 
comme  les  nerfs  moteurs  ; 

6*  Que  les  nerfs  de  sensibilité,  qui  se  ramifient  dans  l'intérieur  d'un  muscle 
en  contraction,  reçoivent  une  excitation  tout  comme  les  nerfs  sensibles  ou  mo- 
teurs placés  extérieurement  sur  ce  muscle  ; 

7°  Que  l'intensité  de  l'excitation  des  nerfs  sensibles,  à  l'intérienr  on  à  l'ex-. 
térieur  d'un  muscle  en  contraction,  est  soumise  aux  mêmes  lois  que  l'intensité 
de  l'excitation  des  nerfs  moteurs. 

M.  Brown  Séquard  croit  que  l'on  peut,  à  l'aide  de  ces  £ails  et  de  quelques 
autres,  donner  une  explication  très-simple  d'un  assez  grand  nombre  de  phéno- 
mènes physiologiques  et  pathologiques,  considérés  jusqu'ici  comme  bizarres  et 
Inexplicables.  Parmi  ces  phénomènes,  il  signale  surtout  ceux  qui  suivent: 

1*  On  sait  que  les  tissures  à  l'anus  occasionnent  des  douleurs  très-vives,  qui 
s'accroissent  beaucoup  toutes  les  fois  qu'on  allonge  les  libres  du  sphincter,  en 
dilatant  l'anus,  tandis  qu'au  contraire  la  douleur  cesse  ou  se  localise  au  niveau 
de  la  fissure  et  dans  son  voisinage  immédiiit,  après  que  l'on  a  coupé  le  muscle, 
comme  le  faisait  Boyer,  et  permis,  en  conséquence,  à  ses  fibres  de  se  contractée 
&ans  aucun  obstacle.  Or,  en  rapprochant  ces  faits  des  résultats  d'expériences 
rapportés  ci-dessus,  on  trouve  leur  explication  très-aisément  :  avant  l'opéra- 
tion, les  nerfs  sensibles,  répandus  dans  l'intérieur  et  à  la  surface  du  sphincter, 
reçoivent  des  excitations  par  suite  des  contractions  alternatives  des  diverses 
fibres  de  ce  muscle.  Comme  ces  contractions  sont  très-énergiques,  l'exci  .ation 
produite  sur  les  nerfs  est  très-douloureuse.  Si  l'on  tiraille  les  fibres  musculaires 


173 

^"n  agraBdissant  la  circonférence  du  sphincter,  les  libres  nerveuses  reçolrent, 
comme  dans  l'expérience  mentionnée  plus  i)aut,  une  rxcitalion  plus  vive.  Si,  par 
la  seciion,  on  permet  au  contraire  aux  fibres  musculaires  de  se  raccourcir  sans 
que  rien  leur  fnsse  résistance,  l'excilatioB  des  nerfs  n'a  plus  lieu»  tout  comm-î 
dans  l'expérience. 

2°  Dans  certains  cas  de  conlractnre  douloureuse,  les  choses  se  passent  aussi 
comme  dans  les  expériences  rapportées  précédemment  :  ainsi  l'on  augmente  la 
douleur  en  tirant  sur  le  muscle  coulracturé ,  tandis  qu'on  la  diminue  en  rac- 
courcissant le  muscle  par  l'extension  de  ses  antagonistes,  et  on  la  fait  disp;i- 
raltre  en  coupant  son  tendon  et  en  lui  permettant  ainsi  de  se  raccourcir  sans  ob- 
stacle. 

3*  Les  douleurs  utérines,  à  l'époque  de  l'accouchement,  s'expliquent  très-ai- 
sément par  l'excitation  que  produit  la  contraction  musculaire  sur  les  nerfs  de 
l'utérus.  Il  en  est  de  même  des  douleurs  qu'occasionnent  les  crampes  et  toutes 
les  contractions  très-violentes,  dans  lesquelles  il  y  a  des  alternatives  de  repos  et 
d'action  pour  les  divers  faisceaux  ou  libres  musculaires.  Il  en  est  de  oiènie  dans 
les  névralgies,  et  surtout  celles  de  la  face,  où  toute  contraction  musculaire  est 
accompagnée  de  douleur. 

W  On  connait  toutes  les  particularités  du  fait  si  important  que  M.  Magendie 
a  découvert,  et  qu'il  a  nommé  sensibilité  récurrente.  Ce  fait,  si  singulier  en 
apparence^  s'explique  très-simplement  par  les  expériences  qui  montrent  qu'en 
«e  contractant,  les  4nuscles  excitent  les  nerfs  sensibles,  ramiGés  dans  leur  inté- 
rieur ou  au  contact  de  leur  surface.  C'est  donc  parce  que  les  racines  antérieures 
sont  motrices  cfoe  l'on  cause  de  la  douleur  en  les  excitant;  en  d'autres  termes, 
c'est  parce  qu'elles  font  contracter  irès-vivement  les  muscles,  dans  lesquels  elles 
envoient  des  libres,  et  que  cette  contraction  produit  de  la  douleur.  Ce  n'est 
donc  pas  parce  qu'elles  sont  sensibles,  mais,  encore  une  fois,  parce  qu'elles 
font  contracter  des  muscles,  que  l'on  occasionne  de  la  douleur  en  les  excitant, 
pourvu  que  les  racines  postérieures  correspondantes  soient  intactes. 

Ce  que  M.  Magendie  appelle  sensibilité  récurrente  n'a  donc  plus  rien  qui 
puisse  étonner.  Ce  qui  serait  étrange,  ce  serait  que  l'excitation  d'une  r:<- 
tine  antérieure  ou  motrice,  en  produisant  une  contraction  musculaire  énergi- 
que, ne  produisît  pas,  ipso  facto,  de  la  douleur. 

Toutefois  il  est  probable  qu'il  se  joint  à  cette  cause  de  douleur  deux  ou  trois 
autres  causes  de  moindre  importance  :  l'une  d'elles  consisterait  dans  l'existence 
de  libres  nerveuses  se  repliant  en  anse  et  se  rendant  de  la  racine  postérieure  h 
l'antérieure;  une  autre  consisterait  dans  la  pression  plus  ou  moins  vive  que 
les  libres  musculaires,  en  se  raccourcissant  et  en  gagnant  en  largeur,  doivent 
exercer  sur  les  libres  nerveuses  sensibles  qui  se  trouvent  dans  l'Intérieur  du 
muscle. 


lU 

3»  KOTE  SUH  LA  PRÉSENCE  DD  SDCRE  DA5S  L'cRINE  DD  FOETDS  ET  DANS  LES  LIQUIDE» 
AMNIOTIQUE  ET  ALLANTOÏDÏEN  ;  par  M.  CLAUDE  BeRNABD. 

M.  Cl.  Bernard  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

«  Dans  d'autres  communications,  j'ai  démoutté  que  la  production  du  sucre 
(glucose)  est  une  fonction  normale  du  foie  chez  les  hommes  et  les  animaux. 
J'ai  fait  voir  en  outre  que  cette  production  de  malière  sucrée  commençait  avant 
la  naissance  et  existait  déjà  chez  le  fœtus.  J'ai  tout  récemment  été  conduit  à 
trouver  un  autre  fait  bien  singulier  :  c'est  que  l'urine  du  fœtus,  pendant  la  vie 
jQtrà-utérine,  contient  normalement  du  glucose  et  se  montre  avec  tous  les  earac- 
'^res  des  urines  des  diabétiques.  En  eOet,  ces  urines  fermen>nt  au  contact  de 
la  levure  de  bière  en  donnant  de  l'alcool  et  de  l'acide  carbonique.  Elles  brunis- 
sent par  l'ébuilition  avec  les  alcalis  caustiques,  et  réduisent  te  tartrate  de  cuivre 
■dissous  dans  la  potasse. 

»  J'ai  constaté,  dans  les  abattoirs  de  Paris,  la  présence  constante  du  sucre  de 
raisin  dans  l'urine  chez  plus  de  cent  cinquante  fœtus  de  vaches  et  de  brebis. 
Les  fœtus  de  vache  que  j'ai  examinés  étaient  en  général  âgés  de  quatre  à  sept 
mois,  et  les  fœtus  de  brebis  de  six  semaines  à  deux  mois  et  demi  de  vie  intrà- 
utérine.  Je  n'ai  pas  encore  pu  examiner  des  fœtus  à  terme,  aiin  de  savoir  si  le 
sucre  des  urines  disparaît  au  moment  même  de  la  naissance  ou  quelque  temps 
auparavant. 

»  J'ai  constaté  ensuite  la  présence  du  sucre  (  glucose  )  dans  le  liquide  allan- 
toïdien  et  amniotique  des  fœtus  de  vache,  de  brebis  ou  de  truie.  Seulement  le 
principe  sucré  n'y  existe  pas  toujours  en  quantité  égale,  et  plusieurs  fois,  sur 
des  fœtus  de  vache  de  six  mois  et  demi  ou  sept  mois,  je  n'ai  point  trouvé  de 
sucre  dans  les  liquides  del'amnios  et  de  rallautoïde,  bien  qu'il  y  en  eût  cepen> 
dant  dans  l'urine  des  mêmes  fœtus. 

»  Je  me  borne  à  rapporter  aujourd'hui  ces  prenners  faits,  qui  ue  sont  que  le 
début  d'une  série  d'observations  intéressantes  que  je  me  propose  de  poursuivre 
sur  d'autres  animaux  ainsi  que  dans  l'espèce  humaine.  »  (5  octobre  1830.) 

II.  —  ANATOMIE  PATHOLOGIQDE   ET  PATHOLOGIE, 
î'   BÏPERTROPUIE  DES  PLAQUES  DE  PETER  ;  par  M.  FOLUN, 

M.  Follin  met  sous  les  yeux  de  la  Société  l'intestin  grêle  d'un  vieillard  qui  a 
succombé  à  une  affection  chronique  des  voies  urinaires.  On  y  constate  la  pré- 
sence de  plaques  saillantes  de  1  à  2  centimètres,  en  général  elliptiques,  dont 
le  plus  grand  diamètre  de  l'ellipse  est  dirigé  suivant  l'axe  de  l'intestin.  Ces  éle- 
vures  correspondent  par  leur  siège  et  leur  aspect  extérieur  aux  plaques  de 
Peyer.  Peu  nombreuses  dans  la  partie  supérieure  de  l'intestin  grêle,  on  les  voit 
se  réunir  en  groupe  au  niveau  de  la  valvule  iléo-cœcale.  Une  de  ces  saillies  est 
ilevenue  assez  forte  pour  constituer  dans  l'intérieur  du  tube  intestinal  un  véri- 
table polype  de  la  grosseur  du  pouce. 


175 

2*  DU  SILLON  DANS  M  GALE  KT  QUELQUES  OBSERVATIONS  SUR  LE  PORftIGO 

SCDXOLATA  ;  par  M.  Piogey. 

M.  Piogey  commanique  à  la  Société  des  observations  qu'il  a  faites  sur  le  sillon 
t]u'on  trouve  dans  la  gale.  Ce  sillon,  manifestation  essentielle  de  la  maladie,  n'au- 
rait pas,  selon  lui,  été  décrit  avec  soin  par  les  pathologistes  qui  se  sont  occupés 
tle  cette  affection.  Dans  le  travail  qu'il  soumet  à  la  Société  M.  Piogey  insiste  en 
décrivant  ce  sillon  sur  les  parties  du  corps  ou  l'on  en  constate  la  présence,  sur 
les  différences  qu'il  présente  quant  au  siège ,  sur  le  siège  anatomique  de  ce 
sillon,  sur  le  diagnostic  de  ce  sillon  dans  l'espèce  humaine,  fait  important  pour 
comparer  les  accidents  qu'il  entraîne  avec  ceux  de  la  syphilis  (plaques  muqueu- 
ses). M.  Piogey  insiste  aussi  sur  la  situation  de  l'acarus  par  rapport  au  sillon  et 
par  rapport  à  la  vésicule,  enfin  sur  la  destruction  de  l'acarus. 

M.  Piogey  montre,  à  l'appui  de  ses  idées,  trois  malades  atteints  de  gale.  Chez 
eux  le  pénis  est  le  siège  d'une  éruption  papuleuse  résultat  du  sillon.  Deux  aca- 
rus  sont  extraits  d'une  papule  située  sur  le  gland^  et  une  autre  d'une  papule 
qui  siège  sur  la  face  dorsale  du  pénis. 

Le  même  observateur  montre  aussi  un  malade  atteint  depuis  dix  ans  d'un 
porrigo  scutulata.  Le  porrigo  a  envahi  !>>  cuir  chevelu,  i'épaule,  le  bras,  le  tronc 
et  enfin  le  membre  abdominal  gauche.  On  rencontre  des  favi  à  toutes  les 
périodes  d'évoluUou ,  et  il  est  impossible  d'y  reconnaître  la  présence  d'une 
pustule. 

Le  favus  le  pins  petit,  celui  qui  est  à  peine  visible  à  l'œil,  est  constitué  par 
de  la  matière  faveuse,  et  non  par  du  pus;  il  peut  être  énucléé,  et  un  examen  au 
microscope  montre  qu'il  est  de  la  même  nature  que  les  plaques  faveuses  les 
plus  larges. 

3*  EXAMEN  D'DN  OEIL  OPÉRÉ  DE  LA  CATAHACTE  PAP.  EXTRACTION,  QUINZE  ANS 
AVANT  LA  MORT  DU  MALADE;   par  M.  FOLLIN. 

Un  homme  succomba  dans  le  service  de  M.  Rayer,  le  12  septembre  1850,  à 
une  pbthisie  tuberculeuse  ;  il  portait  à  l'œil  gauche  une  cataracte  et  à  l'œil 
droit  il  avait  été  opéré,  il  y  a  quinze  ans,  par  M.  Roux,  d'une  aflection  analogue. 
Le  procédé  mis  en  usage  avait  été  l'extraction,  et  l'on  voyait  encore  sur  la  cor- 
née de  l'œil  opéré  une  ligne  cicatricielle,  blanchâtre,  demi-circulaire,  à  con- 
vexité inférieure ,  d'un  centimètre  environ  d'étendue.  Celle  cicaiiice  linéaire 
siégeait  à  une  ligne  de  l'union  de  la  sclérotique  avec  la  cornée. 

Les  résultats  de  Topéralion  avaient  été  satisfaisants,  et  de  l'œil  opéré  le  ma- 
lade pouvait  facilement  distinguer  Ips  objets  et  même  lire.  A  l'œil  gauche,  la 
vision  avait  presque  complètement  disparu. 

Ces  détails,  que  j'avais  recueillis  de  la  bouche  même  du  malade,  m'engafrè- 
reot  à  examiner  avec  soin  l'état  anatomique  de  ses  deux  yeux.  J'avais  surtout 


176 

le  désir  de  constater  la  disposition  de  Poei!  que  M.  Koux  avait  opéré  par  l'éx- 
traclion. 

Voici  dans  quel  état  je  trouvai  les  parties. 

La  sclérotique,  la  choroïde,  la  rétine  et  le  corps  vifré  sont  à  l'étal  normal. 

La  cornée  présente  seulement  à  son  bord  inférieur  la  ligne  cicatricielle  que 
j'ai  déjà  mentionnée. 

La  couleur  de  l'iris  est  grisâtre  ;  sa  face  anlérioure  semble  parcourue  par  un 
très-grand  nombre  de  stries  grises  posées  sur  un  fond  noir.  Mais  ce  qu'il  y  a  de 
plus  remarquable  dans  la  disposition  de  l'iris ,  c'est  l'adhérence  du  segment 
inférieur  de  son  bord  pupillaire  à  la  cicatrice  de  la  cornée.  Par  suite  de  cette 
adhérence,  la  régularité  de  la  pupille  est  détruite. 

La  place  du  cristallin  est  occupée  par  une  lentille  qui  m'a  paru  formée  par 
!a  capsule  antérieure  et  la  capsule  postérieure  du  cristallin  rapprochées  l'une 
de  l'autre.  Cette  lenUlle>  d'un  volume  moindie  qu'à  l'état  normal,  est  d'uî« 
blanc  opaque  à  sa  circonférence,  et  au  centre  elle  est  transparente  dans  une 
assez  petite  étendue  ;  c'est  par  ce  trou  dépourvu  d'opacité  que  la  vision  pou- 
vait se  faire  distinctement. 

Je  poussai  plus  loin  l'examen,  et  en  disséquant  avec  soin  l'appareil  cristalli- 
siien,  je  constatai  facilement  la  présence  :  l»de  deux  feniliels  primitifs  de  la  cap- 
suie,  assez  transparents  lorsqu'on  avait  détaché  les  fragments  d'une  matière 
blanchâtre  qui  la  doublait  à  l'intérieur;  2"  entre  ces  deux  feuillets,  dans  la 
portion  de  la  lentille  qui  avoisinait  sa  circonférence,  j'ai  dit  qu'il  existait  une 
matière  blanche  et  grumeleuse  ;  celte  matière,  examinée  au  microscope,  conte- 
nait une  masse  amorphe,  quelques  globules  arrondis,  des  plaques  formées  par 
une  réunion  de  libres  parallèles  du crislallink  Dans  l'autre  cristallin,  le  micro- 
scope montrait  au  milieu  des  fibres  qu'on  voit  à  l'état  normal  dans  cet  organe, 
des  cristaux  très-manifestes  et  assez  nombreux  de  cholestérine. 

L'existence  de  produits  cristallisés  dans  l'intérieur  des  cristallins  cataractes^ 
est  lin  fait  qui  n'a  poiiit  éié  signalé  par  les  anatomo-pathologistes.  Un  membre 
de  cette  société  que  le  mort  nous  a  malheureusement  enlevé  M.  le  docteur  Désir 
avait  déjà  constaté  avec  M.  Rayer  l'existence  de  cristaux  dans  l'intérieur  d'une 
catatacte  ;  mais  il  n'avait  point  déterminé  la  nature  de  ces  produits  cristallisés. 
Dans  le  cas  que  j'ai  pu  observer,  il  est  certain  que  j'avais  sous  les  yeux  des 
plaques  de  cholestérine. 

Cette  pièce  est  intéressante  au  point  de  vue  de  ce  qu'on  a  nommé  la  repro- 
duction du  cristallin.  On  ne  peut  pas  avancer  ici  qu'il  y  ait  eu  reproduction  de 
cette  lentille.  En  effet,  ce  que  nous  avons  trouvé  entre  les  deux  feuillets  de  la 
capsule,  c'est  un  dépôt  qu'on  laisse  constamment  quand  on  extrait  le  cristallin. 
Tout  le  monde  sait  que  les  couches  du  cristallin  sont  d'inégale  densité  ;  les  plus 
extérieures  sont  les  plus  molles,  les  plus  internes  ont,  au  contraire,  une  cer- 
taine dureté.  Dans  î'exlraclion  du  cristallin,  en  laissant  la  capsule  en  place, 
èes  couches  (Titérieures,  molles,  ne  se  détachent  qu'en  partie  de  la  capsule;  la 


177 
portion  qui  reste  adhère  à  la  face  interne  des  feuillets  capsulaires  et  à  la  suite 
de  la  rétraction  qu'ils  éprouvent,  il  se  forme  un  noyau  d'une  niasse  blanchâlre 
que,  dans  beaucoup  de  cas,  on  a  pris  pour  une  reproduction  du  cristallin. 

Cette  pièce  est  encore  intéressante  quand  on  considère  l'adhérence  du  bord 
pupiilaire  de  l'iris  à  la  plaie  de  la  cornée-,  celle  tendance  de  l'iris  à  venir  se 
placer  enlre  les  lèvres  d'une  plaie  de  la  cornée  fait  que,  dans  le  plus  grand 
nombre  des  plaies  pénétrantes  de  cet  organe,  l'adhérence  se  fait  avec  l'iris;  mais 
quoiqu'il  en  soit,  cette  adhérence,  dans  ce  cas,  ne  nuisait  en  rien  aux  facultés 
visuelles. 

III.    —  TÉRATOLOGIE. 

EXAMEN  D'DN  foetus   MONSTRUEUX  ANENCÉPHALE  (PSEUDENCÉPHALE)  MANQUANT 
DE   NEZ  ET  d'yeux  ;  par  M.  GOSSELIN. 

M.  Gosselin  communique  à  la  Société  les  détails  qui  suivent  sur  un  fœtus 
monstrueux  qu'il  a  disséqué,  et  dont  il  montre  les  pièces  : 

•  Le  2  décembre  1848,  madame  Daguin,  sage-tèmme  à  Vaugirard,  a  fait  ap- 
porter à  l'Ecole  de  médecine  un  fœtus  qu'elle  avait  reçu  la  veille;  la  mère  de 
ce  fœtus  a  eu  déjà  quatre  enfanls;  aucun  des  accouchements  n'avait  été  labo- 
rieux ;  les  enfants  sont  tous  vivants  et  bien  conformés. 

»  Cette  femme  a  été  désolée  de  devenir  enceinte  une  cinquième  fois  ;  elle 
était  dans  une  grande  misère;  son  mari,  mal  portant  depuis  longtemps,  devint 
p'us  malade  pendant  les  premiers  mois  de  la  grossesse,  et  mourut  quinze  jours 
avant  l'accouchement. 

«Jusqu'au  quatrième  mois,  rien  de  particulier  ne  se  manifesta;  à  cette  époque, 
les  mouvements  du  fetus  commencèrent  à  se  faire  sentir  ;  la  malade  les  a  trou- 
vés bizarres  et  dillërents  de  ceux  qu'elle  éprouvait  pendant  les  autres  gros- 
sesses ;  elle  les  comparait  habituellement  aux  oscillations  d'un  pendule. 

»  L'accouchement  est  arrivé  à  terme  et  n'a  pas  duré  longtemps,  il  n'a  offert 
aucun  incident  particulier  ;  l'enfant  a  vécu  trois  heures,  pendant  lesquelles  il  a 
poussé  des  cris  très-faibles,  puii  il  est  mort. 

«  Le  corps  du  fœtus  est  remarquable  par  son  développement  bien  complet  et 
semblable  à  celui  d'un  fœtus  ordinaire  bien  conformé. 

»Sa  tèle  présente  une  disposition  particulière  de  la  face  :  la  bouche  existe, 
bien  conformée  et  sans  bec-de-liévre,  mais  au-dessus  il  n'y  a  point  de  nez, 
point  de  fentes  palpébrales,  point  d'yeux  ;  les  oreilles,  placées  en  leur  lieu  ordi- 
naire ,  sont  très-bien  développées  et  peut-être  plus  volumineuses  que  norma- 
lement. 

»  A  la  partie  inférieure  de  cette  tête  informe  se  trouve  une  masse  grosse  comme 
la  moitié  d'un  œuf  ordinaire,  irrégulière,  bosselée,  d'une  rougeur  intense,  et 
présentant  l^s  apparences  d'un  caillot  sanguin.  Cette  tumeur  est  molle,  elle  est 
comme  étranglée  et  entourée  de  tous  côtés  parla  peau,  qui  manque  au  contraire 
ÙL  son  niveau.  Eu  arriére  et  sur  les  côtés,  ia  peau  vient  même  se  terminer  sur 


178 

les  envelo|)pes  de  la  tumeur,  eu  lut  adhérant  trës-solidement.  A  la  partie  anté- 
rieure, au  contraire,  elle  se  termine,  non  pas  sur  le  pédicule  de  la  tumeur, 
liiais  un  peu  plus  bas,  en  laissant  à  nu  une  surface  rougeâtre» 

1)  Pour  disséquer  les  parties,  j'ai  fait  une  incision  médiane  en  avant  et  en  ar- 
rière de  la  tumeur.  L'incision  antérieure  est  venue  tomber  sur  !a  lèvre  supé- 
rieure très-bien  développée,  et  sans  bec-de-iiévre,  comme  je  l'ai  déjà  dit  ;  j'ai 
ensuite  rabattu  la  peau  de  chaque  côté.  J'ai  cherché  s'il  y  avait  quelque  rudi* 
ment  du  giobe  oculaire,  je  n'en  ai  trouvé  aucun,  tout  comme  nous  n'avions 
aperçu  à  l'extérieur  as3cune  dépression  ou  fossette  indiquant  la  place  des  pau- 
pières. 

u  Noos  avons  vu  seulement  derrière  la  peau,  au  niveau  de  la  place  occupée 
par  la  cavité  orbiiaire  largement  ouverte  par  en  li^ut,  une  couche  épaisse  de 
matière  noire,  que  i'on  peut  regarder  comme  du  pigment;  à  part  cela,  point  de 
sclérotique,  ni  autres  membranes  ;  point  de  nerf  optique. 

»  J'ai  cherché  également  s'il  y  avait  à  la  partie  antérieure  quelque  trace  des 
narines  et  des  cavités  olfactives  ;  je  n'en  ai  trouvé  aucune.  La  substance  osseuse 
se  continue  de  haut  en  bas  sans  în  moindre  interruption. 

»  La  tumeur  qui  déborde  l'ouverture  crânienne  a  été  ensuite  examinée;  elle 
a  une  enveloppe  fibreuse  qui  se  continue  en  bas  sous  forme  de  canal  dans  le 
trou  occipital  et  dans  celui  des  vertèbres  ;  c'est  donc  la  dure-mère;  en  l'inci» 
sant,  j'ai  trouvé  qu'elle  ne  formait  pas  une  cavité  unique,  mais  que  la  poche 
fibreuse  était  sul^divisée  à  l'intérieur  en  cinq  ou  six  poches  secondaires,  ne  com- 
muniquant  pas  entre  elles,  et  dans  chacune  desquelles  se  trouvait  un  liquide 
onctueux  et  un  peu  jaunâtre,  semblable  à  de  la  synovie.  Une  de  ces  cavités 
était  traversée  d'un  côté  à  l'autre  par  un  lilet  nerveux  ;  deux  autres  renfer- 
maient une  substance  rongeâtre,  molle,  ressemblant  à  un  détritus  sanguin  mêlé 
de  quelques  portions  de  matière  grise,  qu'on  pouvait  prendre  pour  de  la  ma- 
tière nerveuse  C'était  surtout  à  la  partie  postérieure  que  l'on  voyait  de  cette 
substance,  comparable  à  la  pulpe  cérélirale. 

B  De  la  partie  inférieure  de  celte  substance  prenait  son  origine  le  bulbe  ra- 
cbidien,  et  en  même  temps  que  lui  quelques  nerfs,  la  cinquième  et  la  septième 
paire  en  particulier. 

»  Les  nerfs  émanés  du  bulbe  étaient  dans  leur  état  naturel. 

»  Après  avoir  examiné  ce  fœtuô  à  l'extérieur,  j'ai  étudié  sa  conformation  in* 
térieure.  Les  cavités  tboracique  et  abdominale  étaient  ouvertes.  J'ai  trouvé  que 
les  viscères  de  ces  cavités  n'offraient  aucun  vice  de  conformation.  Le  canal  in- 
testinal se  termine  par  un  rectum  et  un  anus  bien  conformés  ;  le  foie,  la  rate,  le 
pancréas,  les  reins  et  ks  capsules  surrénales  n'offrent  rien  de  particulier-,  les 
poumons,  le  cœur  et  le  thymus  présentent  aussi  les  caractères  de  ces  mêmes 
parties  dans  les  cm  de  coaiormalion  régulière. 

»  Il  n'y  a  pas  de  spina-biûda. 

»  L  examen  des  prtrties  molles  extérieures  et  intérieures  ayant  été  fait,  j'ai 


179 
laissé  macérer  la  tête  dans  l'eau,  et  quand  elle  a  pu  être  bien  nettoyée,  j'en  ai 
fait  l'étude  et  la  description.  La  boite  crânienne  par  sa  face  inférieure  ne  pré- 
sente point  d'irrégularités  sous  le  rapport  du  nombre  des  objets  qui  s'y  trou- 
vent; il  n'y  a  de  remarquable  que  son  élargissement  transversal  à  la  partie  pos- 
térieure, dans  les  points  qui  correspondent  aux  apophyses  masloïdes  ;  ces 
apophyses  forment  même  des  os  distincts,  qui  représentent  une  des  pièces 
non  encore  soudées  du  tempora!,  c'est-à-dire  l'os  mastoïdien  permanent  des 
animaux. 

»  Si  l'on  examine  par  en  haut,  on  trouve  que  la  paroi  supérieure  ou  voûte  du 
crâne  est  excessivement  déprimée  et  très-rapprocbée  de  la  base,  de  manière  à 
intercepter  une  cavité  excessivement  petite.  Celte  paroi  supérieure  présente 
sur  la  ligne  médiane  et  vers  sa  partie  moyenne  une  ouverture,  c'est  celle  par 
laquelle  sortaient  la  dure-mère  et  le  faux  encéphale  dont  nous  avons  parlé.  Cette 
ouverture  est  circonscrite  en  arrière  par  des  os  de  la  voûte,  les  pariétaux,  et 
en  avant  par  des  os  de  la  hase,  le  corps  et  les  petites  ailes  du  sphénoïde.  Ea 
effet,  au  devant  de  ce  trou  on  rencontre  une  altération  profonde  de  la  face. 
L'os  frontal  semble  d'abord  manquer;  mais  en  y  regardant  de  plus  près,  on 
constate  qu'il  existe,  mais  très-rudimenlaire  et  divisé  en  deux  portions  dont 
chacune  est  déjetée  de  chaque  côté  de  la  ligue  médiane  et  jusque  sur  les  parties 
latérales.  On  aura  une^idée  exacte  de  la',dispositiondes  parties  si  l'on  suppose  que 
ces  deux  moitiés  du  frontal  ont  été  écartées,  qu'il  y  a  en  même  temps  absence  de 
Peibmoïde,  du  vomer,  des  unguis,  des  cornets  et  des  os  nasaux.  De  cette  façon, 
le  squelette  de  la  téie  a  pour  limite  en  haut  et  en  avant  la  portion  des  maxillaires 
et  des  palatins  qui  forme  habituellement  la  paroi  inférieure  des  foses  nasales; 
ces  fosses  nasales  n'existent  pas;  les  deux  orbites,  largement  ouverts  par  en 
baut,  communiquent  l'un  avec  l'autre  sur  la  ligne  médiane,  par  suite  de  l'ab- 
sence ou  plutôt  du  déjettemeiit  des  deux  moitiés  du  frontal.  Je  dis  qu'il  n'y  a 
pas  d'os  nasaux;  on  en  aperçoit  cependant  à  la  partie  antérieure  un  rudiment 
extrêmement  petit,  qui  vient  se  terminer  en  formant  un  angle  droit  avec  la  por- 
tion horizontale  du  maxillaire  supérieur;  sur  cette  portion  horizontale,  en 
avant  et  sur  la  ligne  médiane,  se  trouve  une  dépression  circulaire  qui  est  comme 
un  rudiment  des  fosses  nasales. 

»  Aujourd'hui  que  l'atienlion  des  observateurs  est  appelée  sur  les  monstruo- 
sités de  ce  genre  par  les  beaux  travaux  de  Geoffroy  Saint-Hilaire  père  et  fils,  et 
par  ceux  plus  récents  de  Otlo  (Sexantordm  monstrorcm  dissectiones,  1841),  le 
premier  soin  des  anaiomistes  qui  ont  en  leur  possession  un  fait  nouveau  doit 
être  de  rechercher  si  ce  fait  est  consigné  déjà  dans  la  science,  et  quel  nom  lai 
est  assigné  dans  les  diverses  nomenclatures. 

>  Si  nous  nous  en  tenions  seulement  aux  dénominations  proposées  avant  les 
travaux  de  Geoffroy  Saint-Hilaire,  à  celles,  par  exemple,  qu'ont  employées  Bé- 
elard,  Cbaussier,  Brescbet,  nous  dirions  simplement  que  ce  fœtus  est  on  anen- 
cépbale;  car  on  ne  voit  pas  bien  nettement  de  cerveau,  ou  plutôt  on  n'en  trouve 


180 
que  des  rudimeuts  fort  incomplets;  mais  les  travaux  de  Geoffroy  Saint-HiUirtf 
ont  bien  fait  voir  que  parmi  tous  ces  monstres  regardés  comme  anencéphales, 
il  y  avait  des  distinctions  à  établir  entre  ceux  qui  n'ont  pas  le  moindre  vestige 
d'encéphale  et  ceux  qui  en  ont  des  vestiges  plus  ou  moins  prononcés  ;  ces  ves- 
tiges eux-mêmes  peuvent  être  situés  à  l'extérieur  du  crâne  assez  bien  développé 
d'ailleurs,  ou  surmonter  un  crâne  qui  manque  d'un  certain  nombre  de  ses 
pièces  naturelles.  En  un  mot,  les  anencépbales  des  anciens  anatomistes  peuvent 
former  trois  classes  :  les  exencéphales,  les  pseudencéphales  et  les  anencépbales 
proprement  dits. 

»  Le  sujet  dont  je  viens  de  donner  la  description  appartiendrait  aux  pseuden- 
eéphales  ;  en  effet  la  tumeur  mollasse  qui  forme  la  partie  la  plus  élevée  du 
centre  nerveux  encéphato  rachidien  est  constituée,  comme  dans  les  observa- 
tions de  M.  Isid.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  par  une  substance  rougeâtre,  sangui- 
nolente, offrant  des  traces  de  matière  nerveuse^  et  souvent  contenant  des  poches 
séreuses  ou  hydatiformes.  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  établit  parmi  les  pseu- 
dencépbaliens  deux  variétés,  suivant  que  le  trou  occipital  est  distinct,  ou 
qu'il  est  largement  ouvert  en  arrière,  et  contenu  avec  un  caual  rachidien  ouvert 
de  la  même  façon.  Notre  individu,  possédant  un  trou  occipital  distinct,  appar- 
tiendrait donc  à  la  deuxième  variété  (nosencéphale). 

»  Mais  nous  avons  entre  les  descriptions  de  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  et  la 
nôtre  celte  différence  que  l'auteur  du  Traité  de  tératologie  donne  comme 
un  caractère  habituel  des  pseudencéphaliens,  la  présence  d'un  nez  épaté  et 
d'yeux  très-saillants,  tandis  que  sur  noire  fœtus  les  organes  de  l'olfaction 
manquent  entièrement.  Il  y  a  par  conséquent  eu  chez  lui  arrêt  de  développement 
de  deux  organes  sensoriaux  en  même  temps  que  de  l'organe  encéphalique. 
M.  Isid".  Geoffroy  Saint-Hilaire  ne  mentionne  pas  cette  variété,  et  je  n'ai  trouvé 
dans  son  livre  aucune  place  que  je  pusse  assigner  à  ce  foetus. 

»  J'ai  trouvé,  au  contraire,  dans  la  classification  d'Otto,  une  variété  à  laquelle 
pourrait  se  rapporter  davantage  le  monstre  que  j'ai  disséqué.  Cet  auteur  établit 
un  premier  ordre  des  monstres  par  défaut  (tnonstra  defio'entia).  Dans  cet  ordre, 
il  fait  six  genres  ;  un  de  ces  genres,  le  cinquième,  s'appelle  momlra  anth' 
mala,  et  a  les  caractères  suivants  :  les  yeux  manquent  ou  sont  très-petits;  le 
cerveau  est  hydropique  ;  les  nerfs  antérieurs  sont  nuls  ou  manquent;  il  s'ajoute 
quelquefois  une  déformation  du  nez  et  quelque  chose  qui  se  rapproche  du 
cyclope. 

M  Ces  caractères  ressemblent  à  ceux  de  notre  fœtus  ;  mais  Otto  paraît  avoir 
observé  plutôt  la  déformation  que  l'absence  du  nez  conjointement  avec  les  dés- 
ordres de  l'encéphale.  Sous  ce  rapport,  le  fœtus  que  j'ai  examiné  et  déposé  au 
musée  Dupuytren  serait  encore  une  variété  à  ajouter  dans  la  classification  da 
l'auteur  allemand.  « 


COMPTi:  RENDU 


DES  SÉANCES 


DS 


LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE 


PERDANT  LX  UOIS  DZ  NOVEMBRE  1850  ; 


PAK 


M.  SEGO!n>,  seerCtalr» 


Présidence  de  M.  RATER. 


I.  —  Anatomie. 


SDR  LA  NATURE  ET  LES  FONCTIONS  RE  l' ORGANE  i'ALATÎN  CES  rVPRlNS; 

par  M.  Davaike. 

«  1!  existe  au  palais  des  cyprins  un  organe  particulier,  dont  l'irritabilité  singu- 
lière a  depuis  longtemps  attiré  l'attention  des  physiologLsles*  Cet  organo,  situé 
souE  la  voûte  palatine,  au  devant  de  l'apophyse  basilalre,  est  vulgairement  connu 
sous  le  nom  de  langue  d&  carpe.  On  a  émis  des  opinions  très-différentes  sur 
la  nature  et  eur  ses  fonctions  :  Ratkka  le  considérait  comme  une  couche  glan- 


182 

dulaire,  ayant  des  fonctions  plus  ou  moins  analogues  à  celles  des  glandes  sa- 
li «/aires  des  mammifères.  Suivant  Cuvier  et  M.  P^alenciennes^  sa  substance  est 
composée  de  granulations  très-ûnes.  Il  reçoit  un  nombre  considérable  de  filets 
nen'eux  dont  les  subdivisions  dans  l'organe  montrent  sa  nature  essentiellement 
nerveuse  ;  ce  qui  porte  ces  savants  à  penser  que  l'organe  palatin  des  cyprins 
peut  suppléer  à  la  langue  dans  la  perception  des  saveurs.  E.-H.  Webtr  y  re- 
connut des  fibres  musculaires  striées  ;  J.  Muller  a  également  constaté  l'exis- 
tence de  ces  fibres  striées,  et  en  outre  des  fibres  cellulaires  ;  plus  tard  E.  de 
fFeber  y  découvrit  de  plus  des  fibres  musculaires  de  la  vie  organique,  qui  me 
paraissent  avoir  été  considérées  par  Muller  comme  des  fibres  cellulaires. 

»  L'existence  de  ces  fibres  musculaires  des  deux  vies  explique  parfaitement 
l'élévation  subite  et  longtemps  persistante  que  produit  sur  la  partie  touchée  une 
piqûre,  un  frottement  ou  la  simple  pression.  Il  ne  paraît  pas  que  la  connaissance 
de  la  nature  musculaire  de  cet  organe  ait  apporté  de  nouvelles  lumières  sur  ces 
fonctions;  car  &.  Stannius,  dans  son  Manuel  d'anatohie  cgmpakée  (p.  76),  le 
considère  encore  comme  l'organe  du  goût, 

»  Ayant  soumis  ce  corps  à  l'inspection  microscopique,  j'ai  constaté,  comme 
JVeber  et  Muller,  que  son  parenchyme  est  principalement  formé  de  fibres 
musculaires.  Ces  fibres  sont  plus  nombreuses  et  plus  serrées  vers  la  surface  de 
l'organe.  Une  grande  quantité  de  graisse  fluide  s'y  rencontre  aussi,  interposée 
aux  fibres  musculaires  et  comme  à  l'état  d'infiltration.  Je  n'y  ai  trouvé  aucun 
des  éléments  des  glandes.  La  membrane  muqueuse  ne  présente  point  de  pa 
pllies;  et  son  organisation  ne  m'a  paru  différer  en  rien  de  celle  de  la  muqueuse 
qui  revêt  les  autres  parties  de  la  bouche. 

•  La  nature  essentiellement  musculaire  du  parenchyme  de  cet  organe  étant 
donc  bien  déterminée,  j'ai  cherché,  par  l'examen  anatomique,  à  reconnaître  la 
direction  et  l'arrangement  de  ses  fibres  dans  le  but  d'en  tirer  des  inductions  re- 
lativement à  ses  fonctions.  Cet  examen  a  été  fait  sur  la  tanche  qui  m'a  paru 
avoir  les  fibres  de  ce  corps  plus  apparentes  que  les  autres  cyprins. 

•  L'organe  palatin  de  ce  poisson,  comme  celui  de  la  carpe,  forme  une  couche 
épaisse  en  arrière  et  succesivement  de  plus  en  plus  mince  en  avant  où,  vers  le 
voisinage  des  lèvres,  il  se  termine  en  une  membrane  très-mince,  sous-jacente  à 
la  muqueuse.  Dans  cet  espace,  ses  fibres  oOrent  plusieurs  points  d'attache  : 
1»  en  arrière,  un  faisceau  considérable  naît  de  l'apophyse  basilaire  et  se  porte 
directement  en  avant;  2"  de  chaque  côté,  un  faisceau  distinct  nait  de  chacun  des 
nrcs  branchiaux  et  se  porte  plus  ou  moins  transversalement  et  en  avant.  Le  point 
d'attache  à  chaque  branchie  correspond  au  milieu  de  la  longueur  de  la  pièce 
branchlo-articuîaire.  Les  faisceaux  nés  de  ces  diverses  attaches  se  portent,  pour 
le  plus  grand  nombre,  en  avant  en  s'amincissant  graduellement.  Deux  faisceaux 
distincts  suivent  la  direction  des  branches  hyoïdes,  auxquelles  ils  paraissent  s'in- 
sérer. Les  fibres  de  ce  corps  offrent  donc  en  arrière  une  attache  sur  une  partie 
immobile,  l'apophyse  basilaire  ;  de  chaque  côté.quatre  attaches  sur  des  organes 


i83 
mobilefl,  les  arcs  branchiaux  ;  enfin,  en  avant,  elles  peuvent  agir  médiatement 
•ur  diverses  parlies  de  la  bouche.  De  celte  disposition,  on  doit  déduire  que  la 
contraction  de  cet  organe  peut  diminuer  la  capacité  de  la  cavité  buccale  et  faci- 
liter la  déglutition,  soit  en  agissant  sur  ies  parties  antérieures  de  la  bouche,  soit 
en  rétrécissant  l'arrière-bouche  par  le  rapfjrochenaentdee  arcs  branchiaux. 

n  Pour  constater  les  mouvements  de  l'organe  palatin,  je  l'ai  mis  à  découvert 
8ur  plusieurs  cyprins  bien  vivants  ;  on  y  parvient  facilement,  en  incisant  le  plan- 
cher de  la  bouche  de  chaque  côté  de  l'os  hjoïde  et  en  renversant  cet  os  en  arrière 
avec  l'appareil  branchial.  Dans  ces  conditions,  on  aperçoit  des  contractions  réité- 
rées et  spontanées  de  cet  oigane,  contractions  qui  se  manifestent  surtout  lors- 
que les  pharyngiens  inférieurs  exercent  des  mouvements  do  mastication.  Les 
contractions  de  l'organe  palatin  commencent  en  avant  et  se  propagent  en  arrière 
en  une  ondulation  très-marquée,  qui  peut  être  comparée  exactement  au  mou- 
vement péristaitique  des  intestins  ;  sa  direction  est  constante  d'avant  en  arrière. 
Ce  mode  de  contractions  par  ondulation  m'a  paru  être  lié  exclusivement  àla 
fonction  de  la  déglutition,  ou  peut-être  à  la  volonté  de  l'animal,  car  ni  les  pi- 
qûres ni  les  irritations  mécaniques  ne  peuvent  ie  déterminer;  le  point  piqué  ou 
irrité  seul  se  soulève.  Je  n'ai  jamais  vu  cette  élévation  partielle  être  acconîpagnée 
ou  suivie  d'une  contraction  générale  ou  successive  de  l'organe,  phénomène  que 
l'on  voit  se  produire  spontanément  toutes  les  fois  que  l'animal  opère  un  mou- 
vement de  déglutition  ou  de  mastication. 

»  Il  est  donc  manifeste  que  le  corps  situé  au  palais  des  cyprins  est  un  organe 
de  mouvements.Ces  mouvements  sont  évidemment  liés  à  l'acte  de  ia  déglutition  ; 
il  me  parait  superflu  d'insister  sur  ce  point. 

»  L'organe  du  palais  des  cyprins  serait-il  en  outre  destiné  à  percevoir  les  sa- 
veurs? Celte  opinion,  basée  autant  sur  le  besoin  de  lui  trouver  use  fonction  que 
sur  son  irritabilité  et  sur  le  grand  nombre  de  nerfs  qu'il  reçoit,  me  paraît  peu 
probable  ;  car,  d'une  part,  son  irritabilité  est  un  phéDomène  parement  muscu- 
laire ;  d'une  autre  part  ce  corps  ne  me  paraît  pas  recevoir  plus  de  nerfs,  eu 
égard  à  son  volume,  que  les  muscles  qui  meuvent  les  os  pharyngiens  inférieurs. 
Enfin  l'organisation  de  la  membrane  muqueuse  qui  le  revêt  n'ayant  rien  de 
spécial,  celte  membrane  Jouit  probablement  des  mêmes  propriétés  que  celle  des 
autres  parties  de  la  bouche. 

B  D'après  ces  considérations,  je  pense  que  l'organe  qui  existe  au  palais  des 
cyprins  a  pour  fonctions  de  faciliter  l'acte  de  la  déglutition  chez  ces  animaux. 
En  effet,  si  l'on  examine  par  quel  mécanisme  s'opère  la  déglutition  t  bez  les  pois- 
sons, on  constate  que  cette  fonction  ne  s'accomplit  pas  chez  eux  au  moyen 
d'une  langue  musculeuse  et  mobile,  cet  organe,  lorsqu'il  existe,  étant  généra- 
lement osseux  ou  cartilagineux  ei  privé  de  mouvements  propres,  incapables 
par  conséquent  de  porter  en  arriére  le  bol  alimentaire.  Cbez  les  poissons,  en 
général  (les  cypriens  exceptés),  le  pharynx  très-large  n'apporte  aucun  ob- 
stacle à  la  pénétration  des  aliments  dans  l'œsophage;  diverses  parties  de  la 


184 
bouche  et  de  l'arrière-bouche  sont  armées  de  dents  ou  de  pointes  rési<:laDteij 
plus  ou  moins  inclinées  en  arrière,  de  manière  à  ne  pas  permettre  à  une  proie 
de  suivre  une  autre  direction  que  celle  du  pharynx;  en  sorte  que  cette  proie» 
souvent  volumineuse  et  vivante,  parvient  sans  obstacle  dans  l'œsophage  par  ta 
forme  même  des  parties.  Chez  les  cypriens,  au  contraire,  les  mâchoires  sont 
dépourvues  de  dents  (à  part  chez  un  petit  nombre  d'espèces)  ;  les  autres  parties 
de  la  bouche  et  de  l'arrière-bouche  ne  présentent  non  plus  ni  dents  ni  aspérités 
dont  la  direction  force,  en  quelque  sorte,  l'aliment  à  suivre  une  route  déter- 
minée ;  en  outre  rarrière-bouche  est  fermée  par  un  pharynx  très-rétréci.  Les 
dents  dont  ce  dernier  organe  est  pourvu,  disposées  pour  la  mastication  seu- 
lement, ne  peuvent  nullement  servir  à  la  déglutition. 

»  II  fallait  donc  un  organe  supplémentaire  pour  conduire  dans  ce  pharynx 
étroit,  entre  ces  dents  triturantes,  la  proie,  en  général  peu  volumineuse  (mol- 
lusques, insectes,  végétaux),  dont  se  nourrissent  les  cyprins.  » 

II.  —Physiologie. 

NOTE  SUR  LES  FONCTIONS  DO  LARYNX  StJPÉSIEDB  CHEZ  LES  OISE&ITX  } 

par  M.  Second. 

«  Les  travaux  d'anatomie  et  de  physiologie,  relatifs  à  l'appareil  vocal  des  oi- 
seaux, malgré  lenr  grande  perfection,  sont  aujourd'hui  insufiisants  pour  faire 
l'histoire  de  ta  voix  chez  ces  animaux. 

»  Les  JDtcressantes  recherches  de  Herissaut,Vicq-d*A2yr,  Savart,  Cuvier,  Mul- 
1er,  etc.,  ont  malheureusement  conduit  à  une  opinion  trop  absolue,  d'après  la- 
quelle te  larynx  supérieur  se  trouverait  entièrement  mis  de  côté,  par  suite  de 
rbypothèse  exclusive  qu'on  a  instituée  à  l'égard  du  larynx  inférieur. 

»  A  toutes  les  expériences  tentées  jusqu'à  ce  jour,  j'en  opposerai  une  bien 
simjtle. 

»  Quand  on  ouvre  largement  le  bec  d'un  coq  ou  d'une  poule,  on  apprécie 
très-neUemeni  à  chaque  cri  de  l'animal  un  frémissement  très-marqué  dans  les 
rei<!îs  qui  bordent  en  haut  l'ouveriure  de  la  trachée  artère.  Il  est  bon  de  remar- 
quer que,  chez  les  gallinacés,  le  larynx  inférieur  est  sans  muscles  propres  et 
sans  dilatations  latérales. 

»  Dans  la  même  expérience,  il  est  facile  d'observer  que  l'arliculatiou  du  son 
qui,  chez  d'autres  gallinacés,  la  perdrix,  par  exemple,  est  ordinairement  repré- 
sentée par  les  lettres  suivantes  :  eae  cac  cac,  est  manifestement  exécutée  par  le 
mode  de  séparation  des  lèvres  de  cette  véritable  glotte  supérieure,  et  que,  sans 
contredit,  cette  articulation  combinée  avec  divers  degrés  d'ouverture  de  la 
bouche  et  du  pharynx  constitue  les  conditions  essentielles  de  l'imitation  de  ui>- 
tre  langage  chez  les  oiseaux  parleurs ,  bien  que  la  langue  doive  aussi  y  con- 
courir. 

n  En  attendant  qu'un  nouveau  travail  place  l'ensemble  de  la  théorie  de  b  voix 


185 

tur  son  Trai  terrain,  cette  remarque  pourra  dés  à  présent  corriger  la  manière 
absolue  de  raisonner  relativement  à  la  phonation  chez  les  oiseaux.  » 

III,  —  Anomalies. 

1*  DESCr.IPTION  d'un  CHIEN  MONSTRUEUX;   par  M.   GotiBAOX. 

«  Sur  un  chien  de  petite  taille,  de  l'âge  de  4  mois,  qui  présentait  r inq  pattes, 
dont  trois  postérieures,  il  y  avait  denx  anus  et  deux  pénis.  Cet  animal  est  mort 
le  samedi  23  novembre  184  4,  et  voici  ce  que  j'ai  remarqué  à  son  autopsie. 

Intestin.  —  L'intestin  grê!o  est  bifurque  ;  une  de  ses  bifurcations  vient  se  ter- 
miner en  cul-de-sac  à  l'ombilic,  et  l'autre  se  continue  jusqu'au  cœcum.  Du  cœ- 
cum  part  le  colon  qui,  après  une  longueur  d'un  centimètre  et  demi,  se  divise  en 
deux  rectums.  Chacun  de  ces  rectums  aboutit  à  un  anus. 

Le  rectum  du  côté  gauche  présente  une  disposition  particulière,  il  communique 
avec  une  poche  du  volume  d'une  petite  noix  {vessie  du  côté  gauche)  qui  est  si- 
tuée sur  son  côté  externe  et  occupe  un  peu  la  région  du  fiisnc  gauche. 

Chacun  de  ces  rectums  est  appendu  à  la  région  sous-lombaire,  au  moyen  d'une 
lame  péritonéaie  qui,  après  avoir  embrassé  le  rectum  se  réunit  à  celle  du  côté 
opposé  en  formant  un  mésentère  qui  unit  longitudinalement  ces  deux  portions 
d'intestin. 

Foie.  —  Le  foie  est  peut-être  un  peu  volumineux  pour  la  taille  de  l'animal, 
mais  il  ne  présente  rien  de  pariicuiier. 

Reins.  —  Le  rein  droit  est  trèr>-volumineux  ;  ie  gauche  ressemble  à  un  ganglion 
lymphatique,  il  a  à  peu  près  le  vingtième  du  volume  de  celui  du  côté  opposé, 
et  une  couleur  jaunâtre. 

PÉi«i!s.  —  Ceiui  «lu  côié  droit  est  bien  conformé.  Celui  du  côté  gauche  pré- 
sente aussi  un  os  pénicn,  mais  le  canal  de  l'urètre,  à  un  cent'mètre  de  son  ex- 
trémité libre,  est  imperforé.  La  cavité  du  canal  de  l'urètre  et  !a  vessie  da  même 
côté,  comme  le  rectum,  contiennent  d.  s  matières  excrémentielles  ;  ces  trois  or- 
ganes communiquent  directement  l'un  avec  l'antre. 

Testicul|:s.  —  Ils  sont  au  nombre  de  deux  et  sont  situés  dans  la  cavité  abdo- 
minale  au  niveau  du  flanc  gauche. 

Vaisseaux.  —  L'aorte  postérieure,  en  arrivant  au  niveau  de  la  dernière  vertè- 
bre lombaire,  se  divise  d'abord  en  deux  branches,  l'une  envoie  des  divisions  dan» 
le  membre  postérieur  gauche;  et  l'autre,  la  droite,  d'un  volume  plus  considéra- 
ble se  subdivise  en  deux  parties.  La  première  se  porte  dans  le  membre  postérieur 
droit  et  dans  la  cavité  pelvienne  du  même  côté,  mais  les  divisions  les  plus  vo- 
lumineuses que  fournit  la  seconde  côtoient  les  parois  internes  de  la  cavité  pel- 
vienne du  côté  gauche  pour  gagner  le  membre  surnuméraire  qui  se  trouve  placé 
dans  le  plan  médian. 

Neufs.  —  Pour  le  membre  postérieur  gauche,  ils  proviennent  des  paires  lom- 
baires ;  les  uns  gagnent  le  membre  après  un  court  trajet  ;  les  autre»,  au  contraire, 


186 

rôtoient  la  face  interne  de  la  paroi  externe  de  la  cavité  pelvienne  gauche,  sortent 
de  cette  cavité  et  gagnent  la  face  postérieure  du  fémur. 

Les  nerfs  du  membre  postérieur  droit  ont  une  disposition  normale. 

Ceux  du  membre  supplémentaire  proviennent  des  nerfs  sacrés  gauches  ;  ils 
côtoient  la  paroi  interne  de  la  cavité  pelvienne  droite. 

Os.  —  Entre  deux  coxauxbien  conformés  en  existe  un  troisième  de  forme  très- 
irrêgulièrp,  situé  plus  à  gauche  qu'à  droite,  et  formé  d'un  iléum  auquel  s'ajou- 
tent en  arrière  deux  put)is  et  deux  ischions  ,  de  sorte  qu'il  existe  deux  cavités 
pelviennes  distinctes  dont  la  gauche  et  la  petite  est  de  forme  très-irrégulièrc. 
C'est  au  point  de  jonction  de  ces  deux  parties  postérieures  du  canal  8urnuméra:re 
qu'est  articulé  le  cinquième  membre. 

La  forme  du  membre  postérieur  surnuméraire  est  très-lrrégulière;  les  muscles 
sont  singuliers,  mais  ils  répondent  assez  cependant  à  ceux  que  l'on  trouve  ordi- 
nairement. 

Les  os  qui  entrent  dans  sa  composition  sont  un  fémur,  un  tibia,  un  péroné  (il 
n'y  a  i>as  de  rotule)  et  un  pied  complet,  mais  tous  ces  os  sont  très-irrégu- 
liers. 

La  colonne  vertébrale  ne  présente  d'irrégularité  que  dans  la  forme  du  corps 
des  trois  dernières  vertèbres  lombaires;  la  forme  du  corps  de  ces  vertèbres  est 
altérée^  celui-ci  est  plus  long  à  gauche  qu'à  droite:  ce  qui  rend  cette  portion 
du  ruchls  comme  légèrement  courbée,  suivant  sa  longueur;  et  les  difiërentes 
portioDS  qui  composent  la  sixième  ne  sont  pas  réunies  inférieurement.  » 

2"   ANOMALIES  DE   IlIHENSIONS  DE  L'AOP.TE  ;   par  M,  VeRNECIL. 

M.  Verneuil  présente  l'aorte  d'un  sujet  adulte  femme.  Cette  artère,  aussi  bien 
que  îos  principales  branches  qui  en  naissent  (tronc  brachio-céphalique,  carotide 
et  soiis-clavière  gauches,  intestinales,  artères  viscérales,  iliaques  primitives), 
sont  réduites  à  des  dimensions  très-minimes;  elles  semblent  appartenir  à  un  su- 
jet >1e  i'i  à  14  ans  environ.  Leur  diamètre  égale  à  peine  la  moitié  de  celui  qu'il 
atteint  chez  une  femme  adulte  de  même  taille.  L'exiguïté  de  calibre  porte  au 
reste  sur  tout  le  système  artériel,  qui  a  été  injecté  au  suif  et  disséqué  ultérieu- 
rerocîîl.  Cependant  les  fémorales,  les  humérales,  se  rapprochent  plus  du  calibre 
normal  que  les  gros  troncs  précitée,  quoique  restant  beaucoup  au-dessous  de  leur 
volume  ordinaire.  Ces  artères,  au  reste,  ne  présentent  l'apparence  d'aucune  al- 
tératit^u.  Le  cœur  est  petit,  mais  n'a  pas  été  examiné  avec  tout  le  soin  dé- 
8'rable. 

Lo  sujet  est  une  femme  de  4  pieds  10  pouces  environ,  parfaitement  constituée, 
morte  de  suites  de  couches.  Le  système  musculaire  est  bien  développé  ;  les  mus- 
cles sont  rouges,  et  il  y  a  un  degré  d'embonpoint  notable,  sans  être  excessif.  Les 
«'nviltis  pleurales,  largement  constituées,  renferment  des  poumons  très-amples  et 
comnJétement  sains. 

'*'t!u'.  incomplet  que  soit  cet  examen;  cette  disposition  parait  congéniale,  et 


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l'on  ne  peut  en  rendre  compte  par  aucune  lésion.  Il  a  été  impossible  d'avoir  det 
renseignements  sur  l'état  physiologique  da  sujet. 

IV.-— EXPLORATION  PATHOLOGIQUE. 
1"  TCUEUR  OBSERVÉE  DANS  LA  FOSSE  SDS-SPnÉNOÏDALE  ;  par  M.   HiRCHFELD. 

Sur  un  sujet  destiné  aux  dissections,  j'ai  trouvé  dans  la  fosse  sus-sphénoî- 
dale  (selle  turcique)  une  tumeur  de  la  grosseur  d'une  petite  noix,  d'une  con' 
sistance  molle,  d'un  aspect  blanchâtre,  sur  le  côté  droit  de  laquelle  on  aperce- 
vait la  lige  piluitaire.  Cette  tumeur  s'était  développée  entre  les  deux  feuillets 
de  la  dure-mère  qui  enveloppent  la  glande;  elle  avait  refoulé  de  bas  en  haut  le 
chiasma  des  nerfs  optiques,  le  tuber  cinereum^  les  tubercules  roamillaires,  et 
par  conséquent  les  lobes  cérébraux,  et  transformé  l'excavation  hexagonale  de  la 
base  du  cerveau  en  une  excavation  hémisphérique.  La  compression  avait  sur- 
tout porté  sur  les  bandelettes  et  le  chiasma  dos  nerfs  optiques.  Ce  dernier  était 
mince,  aplati,  large  à  peu  prés  d'un  travers  de  doigt,  épais  d'une  ligne  à  une 
ligne  et  demie. 

De  chaque  côté.  Tarière  carotide  interne  et  le  sinus  caverneux  étaient  com- 
primées; la  carotide  avait  un  aspect  cartilagineux,  et  présentait  une  flexuosité 
plus  grande  qu'à  l'état  normal.  Les  nerfs  de  la  paroi  externe  du  sinus,  '^  est-à- 
dire  le  moteur  oculaire  commun ,  le  pathétique  et  l'opltlhalmique  de  Willis 
étaient  aplatis,  atrophiés  en  partie,  d'une  consistance  molle  et  d'une  couleur 
jaunâtre.  Le  moteur  oculaire  externe  présentait  les  mêmes  caractères.  Ces  lé- 
sions étaient  surtout  sensibles  au  côté  droit,  où  la  tumeur  proémiiait  da- 
vantage. 

A  l'extérieur,  cette  tumeur  avait  l'aspect  d'une  tumeur  encéphaloïde  ;  telle  a 
été  l'opinion  de  M.  Cruveilhier,  de  M.  Follin  et  de  quelques  autres  pathoîogisles 
auxquels  j'ai  montré  la  pièce.  Il  était  douteux  si  ia  luni«ur  s'était  développée 
dans  l'intérieur  même  de  la  glande  piluitaire  oa  dans  le  voisinage;  mais  une 
coupe  verticale  antéro-poslérieure  de  la  ba^e  du  crfuie,  e f  par  conséquent  de 
celle  tumeur,  nous  a  montré,  non  pas  une  hypertrophie  du  corps  piluitaire,  car 
on  n'a  pu  reconnaître  ni  la  présence  des  deux  lobes  ni  leur  coloration  normale, 
qui  est  d'un  rouge  jaunâtre  pour  l'antérieur,  d'un  gris  foncé  pour  le  posté- 
rieur, mais  une  transformation  complète  de  ce  corps.  Cette  tumeur  avait  en 
effet  l'aspect  d'une  masse  homogène,  d'un  blanc  jaunâtre,  dans  laquelle  on  n'a 
reconnu  aucune  irace  de  la  glande.  M.  le  docteur  FoHin,  qui  a  examiné  au  mi- 
croscope une  petite  trunche  de  la  tumeur,  n'a  pas  trouvé  de  cellules  cancé- 
reuses, et  après  un  plus  long  examen,  nous  avons  reconnu  une  tumeur fibro- 
ptastique. 

Il  eiit  été  très-intéressant  de  savoir  quels  tioub'es  celte  ît^sion  avait  occasion 
nés  pendan<:  la  vie,  s'il  y  avait  eu  cécité,  alFaiblisseratnl  de  3a  mémoire,  dispo- 
sition au  sommeil,  comme  on  l'a  déjà  observé  dans  les  îr)?!3dies  de  ce  genre  • 


185 
mais  il  nous  a  été  impossible  d'avoir  des  renseignements  antécédents  sur  îe  su- 
jet. L'exaïoen  du  cadavre  nous  a  montré  que  l'œil  n'avait  éprouvé  aucune  al- 
tération appréciable,  malgré  les  lésions  du  cLiasma  et  di?s  bandelettes  des  nerfs 
optiques,  et  maigre  même  une  légère  atrophie  des  nerfs  optiques.  Sur  toute  la 
moitié  droite  du  feuillet  pariétal  de  l'arachnoïde  crânienne,  nous  avons  trou>é 
une  fausse  membrane  épaisse,  bien  organisée.  Un  peu  de  sérosité  s'était  ré- 
pandu entre  les  deux  feuillets  de  î'aracbnoïde.  Le  bras  gauche  svait  éprouvé 
une  altération  notable;  les  muscles  étiiieni  atrophiés,  décolorés. Ils  avaient  subi 
un  commencement  de  tranformaiion  graisseuse. 

Les  doigts  étaient  fléchis  et  contractés  sur  la  main  ;  il  était  impossible,  même 
après  l'ablation  delà  peau,  de  les  remettre  dans  l'extension. 

Le  nerf  médian  seul  présentaii  une  espèce  d'atrophie  et  un  changemenl  de 
coloration  ;  sou  névriième  était  épaissi.  D'après  l'examen  de  ce  bras,  je  pus 
conclure  qu'il  avait  été  paralysé,  et  que  celte  paralysie  provenait  probablement 
de  la  méninsjite  située  du  côté  opposé,  et  non  pas  de  la  tumeur  qui,  étant  ëui"  la 
ligne  médiane,  aurait  dû  occasionner  la  même  lésion  des  deux  côtés. 

On  peut  se  demander  si  la  méningite  a  précédé  et  occasionne  la  tumeur,  ou 
bien  si  ceile-ci,  par  sa  compression  sur  l'arachnoïde  de  !a  base  de  l'encéphale  et 
sa  compression  latérale  sur  les  sinus  caverneux  et  les  artères  carotides,  aurait 
développé  la  méningite.  Cette  dernière  opinion  pourrait  être  soulenable,  à  cause 
du  plus  grand  volume  de  la  tumeur  do  côté  droit 

2°  NOTE   SUR   1,'HTPERTROPniK   DE  LA   MEMBRANE   INTERKE  DU   GÉSIER   OBSERVÉS 

scR  DEUX  GALLiNACÉs;  par  SÎM.  Laboulbène  et  Roczet. 

Vers  le  milieu  du  mois  d'octobre  dernier,  deux  jeunes  poalets  (phasianua 
gallus,  L.),  élevés  dans  une  grande  volière,  cessèrent  de  manger,  et  trois  jour» 
après,  l'un  d'eux,  qui  était  un  mâle,  mourut  tout  à  coup.  A  l'autopsie,  nous 
avons  trouvé  le  jabot  considérablement  dilaté  par  le  grain  qu'il  contenait  et 
avant  environ  12  centimètres  de  diamètre.  Le  ventricule  succenlurié  était  aussi 
très-élargi ,  et  renfermait  des  aliments  tellement  entassés  et  foulé»  qu'il  était 
très-diffu-ile  de  les  diviser. 

Eu  ouvrant  le  gésier,  nous  fûmes  surpris  de  trouver  la  membrane  interne  de 
consistance  cornée  dans  toute  sa  partie  supérieure,  et  ayant  totalement  boufhé 
rorifice  du  cardia.  Ce  fait  nous  parait  expliquer  i'entassement  des  aliments  dans 
le  ventricule  succenlurié,  l'engorgement  du  jabot,  et  par  conséquent  la  mort  de 
l'animal. 

L'intérieur  du  gésier  était  entièrement  dépourvu  de  ces  petits  cailloux  que  l'on 
rencontre  toujours  dans  le  gosier  de  tous  les  gallinacés.  Le  reste  du  tube  intes- 
tinal était  dans  son  état  naturel. 

Le  deuxièrce  oiseau,  qui  était  une  femelle,  fut,  comme  le  mâle,  très-malade 
pendant  trois  jours;  mais  à  cette  époque  il  se  remit  à  manger  et  paraissait  guéri, 


i89 

torsqae,  deox  jours  après,  l'inappétence  réparât  et  il  euccomba.  A  l'autopsia , 
l'œsophage,  le  jabot  et  ie  ventricule  auccenturlé  ne  présentaient  rien  d'anormal  ; 
seulement  le  jabot  était,  comme  dans  le  m&Ie,  considérablement  dilaté  par  la 
grande  quantité  de  grains  qu'il  contenait. 

l«  gésier  était  rempli  d'uîiments  non  digérés;  toujours  absence  de  caillouy.. 
une  portion  do  la  membrane  interne,  fortement  cornée,  adhérait  encore  dans  la 
partie  supérieure  ;  mais  cette  membrane,  dans  toute  sa  partie  inférieure,  qui  in- 
dubitablement obstruait  l'orifice  du  pylore,  s'était  détachée  et  se  trouvait  enga- 
gée dans  l'intestin  grêle.  Là  elle  s'était  bientôt  arrêtée  en  formant  un  bourrelet 
qui  avait  barré  le  passage  aux  aliments  et  déterminé  la  mort, 

A  partir  de  ce  bourrelet,  le  tube  intestinal  ne  renfermait  que  des  gaz. 

11  est  évident  pour  nous  que  la  mort  de  ces  oiseaux  a  été  occasionnée  par  cette 
excroissance  cornée  de  la  membrane  interne  du  gésier,  qui,  en  bouchant  les  oriû'* 
ces  du  pylore  et  du  cardia,  a  suspendu  les  fonctions  digestives. 

Dans  le  màle,  les  elTorts  faits  par  l'animal  pour  se  débarrasser  des  aliments 
contenus  dans  l'œsophage  et  le  ventricule  snecenturié,  n'ont  pu  rompre  la  mem- 
brane cornée  qui  obstruait  l'oriflce  cardiaque. 

Dansla  femelle,  bienaucontraire.c'étaitroriflcepylorique  qui  se  trouvait  obstrué 
par  cette  membrane.  Les  contractions  du  gésier,  répétées  sur  une  plus  grande  quan- 
tité d'aliments,  ont  déterminé  sa  chute  et  livré  passage  à  une  quantité  notable  de 
matières  alimentaires.  C'est  à  cette  époque  que  l'animal  s'est  rerais  à  manger  ; 
mais  l'amélioration  de  son  état  a  disparu  lorsque  la  portion  de  la  membrane»  en- 
gagée dans  l'intestin  grêle,  s'y  est  arrêtée  déQnitivement. 

Ces  poulets  étaient  renfermés  dans  une  grande  volière,  à  Belleville,  chez 
M.  Rouzet  ;  ils  étaient  abondamment  pourvus  de  grains,  mais  ils  ne  pouvaient 
trouver  dans  leur  cage  du  gravier  ou  des  petites  pierres.  Or,  comme  il  est  cer- 
tain que  lenr  mort  a  été  occasionnée  par  l'accroissement  excessif  de  la  mem- 
brane interne  du  gésier  et  par  sa  transformation  cornée,  nous  nons  demandons  si 
les  petits  cailloux  introduits  par  les  oiseaux  dans  leur  gésier,  à  chaque  repas,  ne 
seraient  pas  destinés  non-seulement  à  broyer  les  aliments,  mais  bien  plus  a 
maintenir  la  membrane  interne  du  gésier  dans  de  justes  proportions  en  l'usant 
successivement  à  mesure  que  son  épithélium  s'accroît. 

S'il  en  est  ainsi,  ces  observations  nous  paraissent  devoir  présenter  quelque  in- 
térêt sous  le  rapport  de  la  physiologie  des  gallinacés ,  et  fournir  les  données 
de  l'alimentation  indispensable  pour  ces  mêmes  animaux  élevés  dans  les  vo- 
lières. 

3°  OBSERVATION   DE   PMEVVO-TUOItAX  ;  par   M.   Cir.    BCRNAnD. 

M.  Ch.  Bernard  présente,  au  nom  de  M.  Follin  et  an  »ien  .  le  poumon  d'un 
homme  qui  a  succombé  dans  ie  service  de  M.  Rayer  h  un  pneumo-tborax,douse 
heures  seulement  après  le  début  de  la  maladie.  Le  malade,  âgé  de  4i  ans,  était 
phtbisiqua  depuis  plusieurs  années.  I^  ^'v-rforation  siège  au  sommet  du  lobe  in- 


190 

férieur  du  poumon  gauche  ;  elle  a  à  peine  2  millimètres  de  largeur.  Elle  s'ouvre 
directement  dans  une  petite  caverne  située  très-superficiellement.  Le  poumon 
gauche  offre  des  altérations  bien  moins  étendues  et  bien  moins  profondes  que 
le  poumon  droit.  De  quelques  recherches  faites  par  K.  Bernard,  il  résulte  pour  lui 
l'opinion  que  !a  gravité  du  pneumo-thorax,  très-grande  en  effet,  avait  été  ce- 
pendant exagérée. 

Il  existe  dans  la  thèse  de  M,  Marais  (1847)  plusieurs  cas  de  guérison  de  pneu- 
mo-thorax  et  de  cicatrisation  des  perforations  pulmonaires ,  dont  M.  Saussier 
avait  nié  la  fermeture.  Il  paraîtrait  que  telle  serait  également  l'opinion  de  célè- 
bre professeur  de  Vienne,  de  M.  Skoda. 

Le  pneumo-thorax  consécutif  à  la  phthisie  se  déclare  plus  aisément  dans  le 
poumon  où  la  tuberculisation  offre  îe  moins  d'étendue. 

V.  —  Eaux  minérales. 

NOTE  sua  LES  CONFERVES  QD!    CROISSENT  DANS   LES  BASSINS  DE  L'ÉTABLISSEMENT 
THERMAL  DE  NÉRIS,  par  M.  E.  LEBRET. 

o  Pendant  îe  séjour  que  j'ai  fait  à  Néris  l'été  dernier,  mon  attention  a  dû 
se  fixer  sur  l'un  des  éléments  de  la  thérapeutique  suivie  dans  cet  établissement 
thermal  :  je  veux  parler  du  limon  (c'est  ainsi  qu'on  le  qualitie  sur  les  lieux), 
et  plus  scicnliGquement  des  conferves  qui  croissent  en  abondance  dans  les 
eaux  chaudes,  sous  certaines  conditions,  et  qu'on  utilise  à  titre  de  topiques.  Une 
pierre  placée  à  dessein  dans  le  petit  bassin  où  se  déverse  immédiatement  la 
principale  source,  s'est  recouverte  au  bout  de  quatre  jours  d'un  enduit 
gluant  {  quelques  jours  ensuite,  on  remarquait  sur  toutes  ces  surfaces  libres 
une  oouche  de  véritables  vésicules,  comparables  à  beaucoup  d'égards  à  du  frai 
de  grenouille,  et  lesquelles  ne  tardèrent  pas  à  se  prolonger  en  appendices  qui 
s'éle/aient  vers  les  parties  supérieures  du  bassin.  Cette  expérience  m'a  permis 
do.oserveria  manière  dont  les  amas  de  conferves  en  question  tapissent  1m  ré- 
servoirs. Or  il  est  an  fait  bien  constaté,  c'est  que  la  conferde  ne  croit  à  Néris 
qu'à  l'aide  d'une  température  élevée  ;  on  en  trouve  sur  les  parois  du  puits  de 
la  Croix,  où  le  thennomèlre  marque  -f  52*,2  c.,dans  le  corps  de  pompe  qui  sert 
à  puiser  l'eau,  dans  le  déversoir  voisin  (à  +  48°  c),  dans  les  réservoirs,  où  l'eau 
offre  encore  47  et  45»  de  température;  mais  aux  bassins  de  réfrigération,  à 
37,  33  et  32»  c,  il  n'y  a  aucune  trace  de  cette  matière  remarquable.  Contraire- 
ment à  ce  qui  est  observé  pour  les  sulfuraires,  aux  sources  des  Pyrénées  par 
exemple,  la  conferve  de  Néris  se  développerait  donc  sous  l'influence  d'une 
température  élevée  ;  je  dois  toutefois  mentionner  ici  que  dans  un  autre  puits, 
dit  puits  de  César,  dont  l'enceinte  est  entourée  d'un  bâtiment  qui  sert  d'étuvc, 
la  vue  ne  distingue  aucun  enduit  analogue  sur  les  parois  ée  la  maçonnerie. 

n  Soit  en  couche,  soit  en  amas  isolés,  les  conferves  ont  une  coloration  vert 
foncé,  plutôt  grisâtre  pour  les  parties  centrales,  ou  dans  celles  qui  n«  sont  pas 


191 
exposées  à  l'action  directe  de  la  lumière.  A  mesure  que  les  masses  se  bour- 
souflent comme  il  est  dit  précédemment,  on  les  voit  s'allonger  en  tuyaux,  d'un 
demi-mètre  de  hauteur  environ,  terminées  supérieurement  par  une  ampoule 
flottante;  cette  ampoule  est  distendue  par  un  gaz;  elle  ne  peut  acquérir  qu'un 
certain  volume,  à  peu  près  celui  d'un  gros  œuf  de  poule,  passé  lequel  elle  se 
distend,  se  crève,  et  le  mouvement  que  produit  cette  rupture  se  communiquant 
au  groupe  entier,  la  petite  masse  se  détache  comme  d'un  seul  bond  et  vient 
flotter  à  la  surface  de  l'eau.  C'est  un  aspect  assez  singulier  que  celui  d'une 
véritable  végétation  se  multipliant  ainsi  au  fond  des  réservoirs  thermaux  ;  lors- 
qu'on l'abandonne  à  elle-même,  elle  foisonne  beaucoup,  quelle  que  soit  l'in- 
fluence atmosphérique,  et  si  les  besoins  de  l'établissement  ne  forçaient  à  en 
employer  une  très-grande  partie,  ces  conferves  s'élèveraient  à  l'envi  dans  les 
eaux  dont  nous  parlons.  Chaque  fois  qu'on  les  détache  ou  que  leur  mouvement 
ascensionnel  les  arrache  du  sol,  on  remarque  un  dégagement  considérable  de 
gaz,  lequel  était  emprisonné  dans  les  mailles  entrelacées  à  la  manière  d'une 
éponge,  et  qu'on  a  reconnu  pour  être  de  l'azote;  et  si  le  limon  est  laissé  flot- 
tant de  la  sorte  à  la  surface  des  bassins,  il  ne  tarde  pas  à  subir  une  décompO' 
sition  au  contact  de  l'air,  identique  à  celle  de  toute  matière  organique  privée 
de  sa  vie  propre.  J'ai  moi-même  expérimenté  sur  ce  dernier  fait  :  les  couferves 
abandonnées  dans  de  l'eau  puisée  aux  réservoirs  et  tenues  dans  des  vases  ou- 
verts, se  putréfiaient  au  bout  d'un  temps  variable,  quatre  à  cinq  jours  en  géné- 
ral; leur  coloration  devenait  grisâtre;  elles  dégageaient  une  odeur  d'hydro- 
gène sulfuré  de  plus  en  plus  prononcée,  et  ce  n'était  bieiilôl  plus  qu'un  détri- 
tus où  lemicroscope  démontrait  la  présence  d'un  nombre inGni  d'irjfusoires.Avec 
le  même  instrument,  j'ai  vérifié  avec  soin  [quelle  pouvait  être  la  nature  du 
limon;  il  est  hors  de  doute  que  c'est  là  une  de  ces  productions  particulières, 
siir  le  classement  desquelles  on  hésite  encore  :  on  y  retrouve  très-nettement 
du  moins  tous  les  caractères  attribués  aux  ulves,  aux  tremelles,  aux  ana~ 
baines  et  aux  nostocs,  et  ces  diverses  formes  ont  pu  être  dessinées  facilement, 
indépendamment  des  vorticelles  et  des  bacillaires  du  genre  infusoire,  qui  se 
meuvent  aussi  bien  à  une  température  élevée  que  dans  î'eau  refroidie.  Le  limort. 
grâce  à  sa  consistance  gélatineuse,  peut  conserver  longtemps  la  température 
qu'il  a  contractée  dans  le  bassin  où  il  croît,  et  c'est  cette  propriété  qui  permet 
de  l'utiliser  comme  moyeu  de  fomentation  émollienie.  » 


COMPTE  RENDU 


BES  SÉANCES 


DE 


LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE 


TINbANT   LE    MOIS    DE   DÉCEMBRE  1850  ;. 


PAR 


M.  SECOND,  secrétaire. 


Présidence  de  M.  RATER» 


I.  —  Anatomie. 

COLORATION  DE  LA  MEMBRANE  MCQUEDSE  DEL'OTÉRTJS  PAR  UN  PIGMENT; 

par  M.  GODBAtiX. 

M.  Goubaux  montre  à  ia  Société  un  utéi'us  de  brebis  dont  la  inembraDe  mu- 
queuse est  foTiemcnl  colorée  en  noir.  L'examen  qu'il  a  lait  au  microscope  lui  a 
démontré  que  cette  coloration  est  due  à  la  présence  d'un  pigment  qui,  I',«rsqu'il 
est  isolé  du  tissu  au  niijiieu  duquel  il  est  plongé,  est  formé  d'une  niasse  ccnsidé- 


19Zi 
rable  de  molécules,  animées  de  mouvements  d'altraction  et  de  répulsion  extrê- 
mement rapides.  M.  Goubaux  a  remarqué  celte  coloration  sur  huit  utérus  de 
brebis,  sur  un  utérus  de  chèvre  et  sur  deux  utérus  de  vache.  Cette  coloration 
est  plus  ou  moins  forte  et  a  une  étendue  variable. 

M.  Goubaux  montre  un  dessin  qu'il  a  fait  d'après  l'examen  d'une  portion 
de  la  muqueuse  utérine  de  brebis,  sous  le  microscope. 

If.  —  Physiologie. 

1'  APPARITION  DE  LA  RIGIDITÉ  CADAVÉRIQUE  AVANT   LA  CESSATION  DES  BATTEMENTS 

DU  ccœuR  ;  par  M.  Bbown-Séquard. 

En  avril  1848,  M.  Brown-Séquard,  se  trouvant  à  l'hôpital  du  Gros-Caillou, 
près  d'un  soldat  rendant  le  dernier  soupir  après  une  longue  maladie,  eut 
l'occasion  d'observer  les  faits  suivants  :  la  respiration  ayant  cessé  depuis  un 
peu  moins  de  trois  minutes,  la  rigidité  apparut  aux  mâchoires  et  aux  mem- 
bres; l'auscultation  du  cœur  montra  qu'il  avait  encore  alors  vingt  batte- 
ments par  ininule,  et  il  ne  cessa  de  battre  que  trois  minutes  et  demie  après 
l'apparition  de  la  rigidité.  Un  quart  d'heure  après,  la  roideur  avait  déjà  dimi- 
nué d'iniensité,elil  n'y  en  avait  plus  de  traces  après  une  demi-heure.  Des  signes 
de  putréfaction  se  montrèrent  dans  les  membres  dès  la  première  heure  après 
la  mort. 

Ce  soldat  avait  eu  une  tièvre  typhoïde,  à  la  suite  de  laquelle  un  phlegmon 
(lilfus  avait  envalii  le  bras  droit  tout  entier;  quelques  jours  déjà  avant  la  mort, 
la  maigreur  et  l'état  d'adynamie  de  cet  homme  étaient  arrivés  à  un  degré  ex- 
cessif. 

Depuis  l'époque  où  il  a  fait  cette  observation,  M.  Brown-Séquard  a  vu  trois 
faits  semblables  sur  des  lapins  morts  d'une  aflection  toute  spéciale,  caractéri- 
sée par  l'existence  de  la  diarrhée,  de  l'amaigrissement,  de  convulsions  très- 
fréquentes  et  d'.ibcès  multiples  à  la  face  et  surtout  aux  lèvres,  aucou  et  sous  la 
lanîfue.  Chez  les  animaux  morts  de  cette  maladie,  on  trouve  du  pus  presque 
aussi  dense  que  du  fromage  dans  un  grand  nombre  de  veines  de  la  face  et  du 
cou. 

Chez  trois  lapins,  atteints  de  cette  aflection,  la  rigidité  est  survenue  de 
deux  à  quatre  minutes  après  la  dernière  respiration.  Le  thorax  ouvert  aussitôt, 
on  a  vu  les  quatre  cavités  du  cœur  battant  encore  pendant  une  minute  et  de- 
mie dans  un  cas,  deux  minutes  dans  un  second  et  trois  minutes  dans  le  troi- 
sième, après  l'apparition  de  la  rigidité.  Dans  le  cas  où  la  durée  des  battementi< 
persista  deux  nùnntes,  les  oreillettes  et  le  ventricule  droit  battirent  encore 
vmgl-cinq  minutes,  et  les  oreillettes  seules  trente-cinq  minutes,  après  la  venue 
Je  la  rigidité.  Chez  ces  trois  animaux,  la  putréfaction  s'est  montrée  de  bonne 
heure  et  a  marché  avec  une  grande  rapidité. 

Ces  quatre  faits  obstrvés  chez  des  lapins  et  chez  l'homme  démontrent  donc 


195 
que  le  cœur,  dans  certaines  condilions,  peut  battre  encort^  après  l'apparition 
de  la  rigidité  cadavérique.  L'état  d'épuisement  dans  if>quel  se  trouvaient  ces 
individus  (homme  et  lapins)  explique  comment  la  rigidilo  ost  survenue  si  vite. 
Ces  faits  sont  de  nouvelles  contirmaiions  des  lois  que  M.  Rrown-Séqnard  a  si- 
gnalées relativement  à  la  rigidité  et  à  la  putréfaction.  (Voyez  la  Gaz.  Mé»., 
1849  et  1850,  ou  les  Comptes  rendus  de  i.a  Soc.  de  biol.;  Paris,  I8^i9;  in-8', 
p.  39,  138,154  et  173.) 

7'  DE  l'action   de   la  SECTION    DES    PNEUUOGASTBIOtlES   SUR    L'EMPOISONNEMENT 
PAR  VA  NOIX    VOMIQUE  ;  par  M.  BOOLEY. 

M.  Bouley  a  annoncé  un  fait  relatif  à  l'empoisonnement  par  ta  noix  vomique. 
Ayant  plusieursfois  constaté  que  cette  substance  pouvait,  à  la  suite  de  la  section 
des  pneumogastriques,  rester  dans  l'estomac  pendant  plus  de  vingt-quatre 
heures  sans  y  exercer  d'action  notable,  il  a  pensé  que  peut-être  cela  lenaii 
uniquement  à  ce  que  la  paralysie  de  la  couche  musculaire  de  l'estomac,  suiîe 
de  la  section  des  nerfs,  ne  permettait  pas  à  la  substance  de  gagner  l'intestin 
grêle.  Ayant  dès  lors  remplacé  la  section  des  pneumogastriques  par  une  liga- 
ture au  pylore,  il  est  en  elTet  arrivé  aux  mêmes  résultats. 

3°  ACTION  DU  CURARE  ET  DE  LA  NICOTINE  SUR  LE  SYSTÈME  NERVEUX  ET  SUR  LE  S\STÎ.ME 

muscelaibe;  par  M.  Cl.  Bernard. 

Le  curare  éteint  rapidement  et  complètement  les  propriétés  sensiiive  et  mu- 
tvice  du  système  nerveux.  Quand  on  empoisonne  une  grenouille  avec  le  curare, 
on  trouve  aussitôt  après  la  mort,  qui  est  très-rapide  (quatre  à  cinq  minutes). 
que  les  mouvements  réflexes  sont  entièrement  abolis.  Si  alors  on  met  à  nu  les 
nerfs  qui  vont  aux  membres  inférieurs,  on  constate  que  leur  excitation  à  l'aide 
du  galvanisme  ou  du  pincement  ne  détermine  aucune  convulsion  dans  les 
muscles.  Si  on  agit  sur  les  muscles  eux-mêmes,  on  voit  que  leurs  libres  ont 
cependant  conservé  parfaitement  leur  contractilité,  de  sorte  que  le  curare  ne 
paraît  avoir  porté  son  action  paralysante  que  sur  le  système  nerveux,  en  lais- 
sant intacte  la  contractilité  musculaire. 

La  nicotine  déposée  sur  la  langue  des  grenouilles  produit  rapidement  la  mort 
avec  des  convulsions  violentes.  Si  aussitôt  après  la  mort  on  applique  le  galva- 
nisme aux  muscles,  on  constate  que  ces  organes  ont  cessé  d'être  contractiles 
sous  cette  influence  si  énergique.  La  nicotine  agit  donc  spécialement  sur  le 
système  musculaire. 

h"  DR  LA  CONSERVATION  PARTIELLE  DES  MOUVEMENTS  VOLONTAIRES,  APRÈS  LA  SECTION 
TRANSVERSALE  d'une  MOITIÉ  LATÉRALE  DE  LA  MOELLE  ÉPINIÈRE;  par  M.  BROWN- 
SÉQUARD. 

Si  après  avoir  mis  à  nu  la  moelle  épinière  sur  un  cobaye,  au  niveau  de  la 


196 
quatrième  vertèbre  cervicale,  on  en  coupe  en  travers  toute  une  moitié  laté- 
rale, c'est-à-dire  le  cordon  postérieur,  le  cordon  antéro-latéral  et  la  substance 
grise  d'un  côté,  on  trouve  que  l'animal  ne  perd  pas  complètement  la  faculté  de 
mouvoir  à  volonté  les  men)bres  du  côté  de  la  section.  Quelquefois  il  peut  encore 
se  tenir  sur  ses  quatre  membres,  mais  il  tombe  dès  qu'il  veut  marcher.  C'est 
snrtout  le  membre  postérieur  qui,  dans  ces  circonstances,  se  meut  manifeste- 
ment sous  l'inQuence  de  la  volonté. 

Si  l'on  fait  la  section  au  niveau  de  la  dixième  vertèbre  costale  au  lieu  de  la 
faire  au  cou,  on  trouve  que  le  membre  postérieur  du  côté  de  la  section  est  en- 
core mis  en  mouvement  par  la  volonté,  mais  avec  un  peu  moins  de  force  qu'a- 
prés  la  section  au  cou.  La  marche  est  alors  possible,  bien  que  le  membre  posté- 
rieur paralysé  n'y  prenne  qu'une  faible  part. 

Chez  les  pigeons,  après  l'hémisection  de  la  moelle  derrière  le  renflement  brar 
ehial,  il  y  a  diminuiioo  dans  les  mouvements  volontaires  d'une  des  pattes,  mais 
l'animal  peut  encore  parfaitement  se  tenir  debout  et  même  marcher. 

Dans  les  membres  paralysés  par  suite  de  la  section  d'une  jnoilié  latérale  de 
la  moelle,  il  y  a  des  mouvements  réflexes  en  outre  des  mouvements  volontaires. 
M.  BrowuSéquard  fait  remarquer  que  l'existence  des  uns  n'exclut  pas  celle  des 
autres. 

Les  diverses  expériences  que  nous  venons  de  rapporter  ont  été  faites  plu^ 
sieurs  fois  depuis  dix  huit  mois  devant  la  Société. 

IlL  —  Anomalies. 

i'  ANASTOMOSK  DE  L'ABTÈRE  VERTÉBRALE  AVEC  LA   CERVICALE  PROFONDE  ;  par 

M.  A.  Leroux, 

La  variété  anaiomique  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  n'a  encore 
été  signalée  par  aucun  de  nos  savants  et  habiles  anatomisies;  ni  MM.  Blandin, 
Cruveilbier,  Sappey  dans  leur  Anatomie  descriptive,  ni  MM.  Velpeau,  Péire- 
quin,  Malgaigne  dans  leur  Anatomie  topographiqe,  ni  M.  Dubruei!  dans  son 
Traité  dks  anomalies  artérielles,  ne  disent  un  mot  qui  puisse  laisser  soup- 
çonner qu'ils  en  aient  eu  connaissance.  Tout  porte  donc  à  croire  qu'elle  est 
excessivement  rare. 

Cptte  anomalie  trouvée  sur  un  jeune  garçon  do  5  à  6  ans,  bien  conformé 
d'ailleurs,  existe  à  droite  et  à  gauche,  avec  de  légères  diflérences  cependant. 

L'anomalie  porte  sur  l'origine,  le  trajet,  la  terminaison  de  l'artère,  el  princi- 
palement sur  l'anaplomose  de  la  vertébrale  avec  la  cervicale  profonde. 

A  son  origine  profondément  située  en  arrière  des  scalènes  et  des  cordons 
nerveux  du  plexus  brachial,  elle  nait  eu  haut  et  en  arrière  de  la  sousciavière, 
en  dehors  de  la  vertébrale,  par  un  tronc  commun  avec  la  scapuiaire  postérieure 
ei  l'intercostale  supérieure.  MM.  Blandin,    Cruveiihier,   Dubreuil  regardent 


i97 
l'origine  avec  l'intercostale  comme  fréquente,  mais  ne  parlent  point  de  l'ori- 
gine avec  la  scapulaire  postérieure. 

Née  de  cette  manière,  la  cervicale  profonde  du  côté  gauche  se  dirige  oblique- 
ment de  bas  en  baut,  de  dedans  en  dehors  et  d'avant  en  arrière,  entre  la  hui- 
tième branche  cervicale  et  la  première  dorsale,  s'engage  dans  la  coulisse  que 
lui  forment  l'apophyse  transverse  de  la  septième  vertèbre  cervicale  et  la  pre- 
mière côte,  s'y  trouve  maintenue  par  le  muscle  intertransversaire  correspon- 
dant qui  ferme  en  avant  cette  espèce  de  canal  ;  elle  vient  ensuite  serpenter 
dans  la  couche  profonde  des  muscles  de  la  région  latérale  et  postérieure  du 
cou. 

L'artère  cervicale  profonde  remonte  ainsi  à  gauche  jusqu'au-dessus  de  l'apo- 
physe épineuse  de  l'axis  ;  là  elle  change  de  direction,  devient  transversale,  se 
porte  en  avant  et  en  dedans,  croise  le  grand  droit  postérieur,  vient  se  placer 
dans  l'espace  celluleux  compris  entre  ce  muscle  et  le  grand  oblique.  Enlin, 
après  avoir  conservé  dans  tout  ce  trajet  un  calibre  égal  à  celui  de  la  radiale  et 
décrit  des  ilexuosilés  d'autant  plus  nombreuses  et  plus  prononcées  qu'elle  se 
rapproche  d'articulations  plus  mobiles,  la  cervicale  profonde  s'anastomose  avec 
la  vertébrale  au  niveau  de  sa  grande  courbure  horizontale  et  au  moment  où  cette 
artère  va  contourner  la  niasse  latérale  de  l'atlas. 

Les  diflérences  avec  la  cervicale  profonde  du  côté  droit  consistent  d'abord 
dans  la  position,  la  gauche  étant  sur  un  plan  postérieur  à  la  vertébrale,  à  son  ori- 
gine, et  occupant  dans  le  reste  de  son  étendue  plutôt  la  région  postérieure  que 
la  région  latérale  du  cou  ;  la  cervicale  droite,  au  contraire,  naît  sur  le  même 
plan  que  la  vertébrale  et  occupe  plutôt  la  région  latérale  que  postérieure.  De 
plus,  l'artère  du  côté  gauche  offre  un  volume  plus  considérable,  un  trajet  plus 
étendu  que  l'artère  du  côté  droit  qui.  moins  grosse  à  son  origine,  semble  épui- 
sée par  les  nombreux  rameaux  qu'elle  fournit  aux  muscles  environnants  et  qui, 
au  lieu  de  remonter  au-dessus  de  l'apophyse  épineuse  de  l'axis,  vient  se  placer 
sous  le  bord  inférieur  du  grand  oblique  et  se  jeter  dans  la  vertébrale,  au-des- 
sous de  l'apophyse  transverse  de  l'atlas  ;  ses  flexuosilés  sont  également  moins 
nombreuses  et  moins  prononcées  qu'à  gaui-be 

Les  rapports  sont  médiats  en  avant  et  en  bas  avec  le  scalène  antérieur  qui 
est  séparé  de  l'artère  par  quelques  branches  nerveuses;  ils  sont  immédiats 
avec  les  ramitications  du  plexus  brachial  et  surtout  avec  la  huitième  branche 
cervicale  qui  la  croise  obliquement  en  haut  et  en  dedans  ;  l'artère  répond  au 
transversaire  é()ineux  qui  la  sépare  du  rachis,  aux  droits  et  obliques  posté- 
rieurs; en  dehors  et  en  arriére,  elle  est  recouverte  par  le  petit  et  le  grand 
complexus. 

Les  branches  collatérales  sont  antérieures  ou  internes  et  postérieures  ou  ex- 
ternes; elles  se  séparent  de  l'artère  à  angle  droit,  et  vont  les  premières  au 
petit  complexus,  à  l'angulaire,  aux  interlransversaires  ;  les  deuxièn>es,  augraoH 
complexus,  grand  droit,  grand  oblique  et  transversaire  épineux  ;  à  gauche  on 


198 
remarque  un  rameau  ascendant  pour  tes  insertions  occipitales  des  muscles 
splénius,  complcxus,  etc. 

Je  veux  surtout  Gxer  l'attention  de  la  Société  sur  l'anastomose  si  remarquable 
de  la  cervicale  profonde  et  de  la  verlébraie.  A  gauche,  l'artère  cervicale,  s'anas- 
.toroose  à  plein  canal  et  à  angle  droit  avec  la  vertébrale  au  moment  où  elle  va 
entrer  dans  le  crâne,  l'arlére  jusqu'à  ce  niveau  n'a  pas  changé  sensiblement 
de  volume,  et  de  plus  la  vertébrale  présente  son  calibre  normal,  de  même  que 
les  artères  carotides.  A  droite,  l'anastomose  est  également  transversale,  mais 
l'artère  ne  semble  pas  se  terminer  dans  la  vertébrale  aussi  manifestement  qu'à 
gauche.  Dans  la  moitié  de  son  trajet,  elle  paraît  divisée  en  deux  branches, 
une  externe  musculaire,  l'autre  interne  anaslomolique. 

Rien  de  pareil  à  gauche;  l'artère  cervicale  fournit  bien  aux  muscles  grand 
et  petit  compiexus  transversaire  et  oblique,  mais  conserve  toujours  son  même 
calil)re  jusqu'à  son  abouchement  avec  la  vertébrale. 

Telle  est  la  terminaison  de  celte  artère  et  de  l'anastomose  dont  je  n'ai  trouvé 
trace  dans  aucun  auteur. 

2'  CAS  DE  POLYDACTYLIE  CHEZ  LA  POULE  ;  par  M.  GERMAIN. 

Je  présente  à  la  Sociélé  la  patte  droite  d'une  poule  qui  présente  un  doigt 
surnuméraire.  Ce  doigt  est  accolé  au  doigt  postérieur;  l'une  des  deux  pattes 
seulement  présentait  cette  anomalie,  l'autre  était  normale. 

Au  point  de  vue  du  système  musculaire,  l'anomalie  est  plus  complète  qu'au 
point  de  vue  du  système  osseux  ;  chacun  des  deux  doigts  postérieurs  est  égale- 
ment pourvu  de  tendons  extenseurs  et  fléchisseurs  distincts. 

Au  point  de  vue  osseux,  l'anomalie  est  moins  complète;  en  effet,  les  pha- 
langes onguéales  sont  seules  isolées  et  distinctes  ;  la  phalange  précédente  de 
chacun  des  deux  doigts  surnuméraires  est  soudée  longiludinalement  dans  sa 
moitié  inférieure  ;  de  telle  sorte  que  ces  deux  os  constituent  un  os  bifurqué, 
dont  chaque  bifurcaiion  donne  insertion  à  son  sommet  à  une  phalange  on- 
guéale. 

Ce  doigt  surnuméraire  occupait  Ipimint  où  se  trouverait  le  cinquième  doigt 
chez  un  mammifère. 

IV.  ~  Exploration  pathologiqde. 

1'    CORPS  ÉTBANGEBS  DANS  LES  CANADX   EXCBÉTEimS  DES  GLANDES; 

par  M.  GOGBAUX. 

Il  n'est  pas  rare  d'observer  chez  les  vieux  chevaux,  ou  chez  ceux  qui  sont 
nourris  avec  de  vieille  luzerne,  des  accidents  qui  sont  la  conséquence  de  l'in- 
trodoclion  des  corps  étrangers,  et  particulièrement  des  graines  du  brome  sté- 
rile (bromiis  slerilis),  dans  le  canal  excréteur  de  ta  glande  maxillaire  (canal  de 


199 
Wharton)  ;  mais  M.  Goubaux  n'a  jamais  entendu  dire  qu'on  ail  signalé  la 
présence  de  corps  étrangers  dans  l'intérieur  du  canal  excréteur  du  pancréas. 
Cette  semaine,  i!  a  eu  l'occasion  de  trouver,  dans  le  canal  excréteur  de  celte 
glande,  un  morceau  de  paille  d'une  longueur  de  o  à  7  centimètres,  engagé 
compiéiemcot  et  à  une  distance  de  3  centimètres  de  l'ouverture  de  ce  canal 
dans  l'inteslin.  Ce  tuyau  de  paille  était  assez  résistant,  ramolli  seulement  un 
peu  à  l'une  de  ses  extrémités.  Peut-être  le  séjour  prolongé  dans  l'intérieur  du 
canal  pancréatique  aurait-il  occasionné  des  accidents  analogues  à  ceux  qui 
sont  la  conséquence  de  l'introduction  des  corps  étrangers  dans  l'intérieur  de  la 
glande  maxillaire. 

2»  RDPTDRE  DE  LA  BATE  ET  DO  FOIE  ;  par  le  même. 

M.  Goubaux  a  vu  la  rupture  du  foie  être  la  conséquence  d'un  coup  violent 
porté  sur  la  région  du  ventre  d'un  chien.  La  mort  a  été  le  résultat  presque 
immédiat  de  cette  déchirure. 

La  rupture  de  la  rate  peut  avoir  lieu  dans  les  mêmes  circonstances.  M.  Gou- 
baux a  eu  entre  les  mains  récemment  une  rate  de  cheval  qui  présentait  une 
déchirure  à  sa  face  interne,  dans  une  étendue  de  10  centimètres  environ.  Cette 
rupture  était  le  résultat  d'une  ruade  lancée  sur  l'hypocondre  gauche  par  un 
cheval  voisin.  Peu  de  temps  après,  des  coliques  te  firent  remarquer,  et  au  bout 
d'une  heure  l'anima!  mourut. 

A  l'autopsie,  il  y  avait  environ  dix-huit  litres  de  sang  dans  la  cavité  al>domi- 
naie. 

Ce  dernier  fait  a  été  communiqué  à  M.  Goubaux  par  M.  Louis,  médecin  vété- 
rinaire à  Villejuif. 

M.  Goubaux  pense  que  ces  ruptures  du  foie  et  de  la  rate  peuvent  être  aussi 
la  conséquence  d'une  gêne  dans  la  circulation  veineuse  abdominale. 

3°  KYSTES  BYDATIQDES  00  FOIE;   par  M.  LeBRET. 

M.  Lebret  met  sous  les  yeux  de  la  Société  un  foie  présentant  des  kystes  hy- 
daliques  multiples.  Cette  pièce  provient  d'une  femme,  âgée  de  49  ans,  laquelle 
a  succombé  à  une  pneumonie  double  dans  un  service  de  l'Hôlel-Dieu.  Sur  le 
vivant,  la  tumeur  se  circonscrivait  dans  l'hypocondre  gauche,  sans  donner  en 
aucun  point  le  frémissement  caractéristique  à  la  percussion  du  doigt.  On  re- 
marque que  le  tissu  du  foie  a  subi  déjà  un  premier  degré  de  cirrhose. 

Û°  OBSERVATION  DE  LUXATION  SPONTANÉE  INCOMPLÈTE  DE  LA  &OTCLE  EN  DEHORS  ; 

par  M.  VERNEtnL. 

«  J'ai  trouvé  cette  pièce  à  l'amphithéâtre;  je  ne  possède  par  conséquent  au- 
cun renseignement  sur  les  antécédents.  Voici  maintenant  ce  que  la  dissection 
m'a  démontré  : 

»  Une  femme  de  5j  à  60  ans  environ  présentait,  au  genou  droit,  la  déforma- 


200 

UoQ  suivante  :  la  rotule  est  située  au-dessus  des  condyles  fémoraux  ;  elle  est 
placée  presque  de  chaoïp,  de  telle  façon  que  son  bord  interne,  situé  immédia- 
tement sous  la  peau,  regarde  en  avant  et  répond  à  une  ligne  verticale  qui  pas- 
serait au  milieu  de  la  trochlée  fémorale  ;  le  bord  externe,  situé  sur  le  même 
plan  que  la  face  externe  du  condyle  externe,  regarde  en  arrière;  la  face  anté- 
rieure ou  sous-cutanée  de  la  rotule  regarde  presque  directement  en  dehors. 
Cet  os  jouit  d'une  faible  mobilité.  Le  genou  est  dans  l'extension  presque  com- 
plète, à  peine  peut-on  te  fléebir  de  quelques  degrés;  toutefois,  les  axes  de  la 
jambe  et  de  la  cuisse  sont  dans  leur  rapport  normal  ;  il  n'y  a  point  de  déviation 
sensible  de  la  jambe  en  dehors. 

»  La  peau  enlevée,  on  constate  l'intégrité  de  la  capsule  libreuse  et  des  par- 
lies  molles  péri-ariiculaires;  mais  la  dillormilé  devient  plus  apparente,  le  liga- 
ment rotulien  est  légèrement  tordu  sur  son  axe,  le  bord  externe  de  la  rotule  est 
àscentim.  seulement  de  l'insertion  du  ligament  latéral  interne  du  genou,  le  bord 
interne  est  distant  de  7  centimètres  de  l'ioserlion  du  ligament  latéral  interne; 
or,  dans  l'état  normal,  les  deux  bords  de  la  rotule  sont  également  éloignés  (de 
5  centimètres  environ)  des  deux  points  où  les  ligaments  précités  s'insèrent  aux 
condyles  fémoraux. 

»  En  ouvrant  l'articulation,  on  constate  que  la  synoviale  est  généralement 
épaissie  et  comme  villeuse,  surtout  au  niveau  du  grand  cul  'de-sac  condylien. 
Mais  l'intérieur  de  l'articulation  est  du  reste  parfaitement  sain  ;  on  n'y  voit  ni 
fausses  membranes,  ni  épanchements,  ni  corps  étrangers,  ni  prolongements 
fibreux. 

»  Les  surfaces  cartilagineuses  du  tibia,  du  fémar,  sont  parfaitement  saines; 
sauf  une  très-légère  apparence  chagrinée,  toute  la  lésion  se  borne  aux  délails 
suivants  : 

•  La  face  postérieure  de  la  rotule  présente  une  grande  facette  concave  creu- 
sée surtout  aux  dépens  de  la  facette  interne  qui,  dans  l'élat  normal,  répond  au 
condyle  externe;  la  facette  interne  n'existe  pour  ainsi  dire  plus,  elle  ne  touche 
plus  le  condyle  externe  du  fémur,  par  suite  du  dénlacement  que  la  rotule  a 
éprouvé  ;  la  grande  facette  nouvelle  est  lisse,  éburnée,  sans  vestige  de  carti- 
lage diarlhrodial  ;  elle  semble  creusée  par  l'usure,  car  la  rotule  a  perdu  de  son 
épaisseur,  presque  toute  sa  circonférence  est  devenue  tranchante,  grâce  à  un 
mince  anneau  de  substance  osseuse  de  nouvelle  formation  qui  s'est  déposé  tout 
autour. 

•  La  partie  externe  de  la  trochlée  fémorale  présente  à  la  partie  supérieure  du 
condyle  externe,  une  facette  convexe  rigoureusement  en  rapport  de  forme  et 
d'étendue  avec  la  facette  rotuiienne.  Elle  est  éburnée  et,  à  son  pourtour,  le  car- 
tilage arthrodial  semble  comme  taille  à  l'emporte-pièce.  Le  fond  de  la  trochîée 
et  son  côté  interne  ne  présentent  rien  de  semblable. 

»  Au-dessns  de  celte  facette  se  trouve  une  dépression  assez  étendue,  mais  peu 


201 
prcionde,  qui  représenie  la  dépression  sus-condylienne  normale,  mais  qui  se 
trouve  ici  fortement  rejelée  eu  dehors. 

>»De  quelle  nature  est  cette  lésion?  est-ce,  comme  l'a  pensé  un  anatomo-patho- 
logiste  irés-éclairé  qui  a  vu  la  pièce,  une  variété  de  Varthrile  chronique  sèche? 
Je  ne  le  pense  pas.  Est-ce  le  vestige  d'une  ancienne  lésion  traumalique?  Mal- 
gré l'absence  de  renseignements,  je  me  prononce  encore  contre  cette  opinion. 

M  On  trouverait  peut-être  mieux  l'explication  du  fait  dans  la  particularité  sui- 
vante :  le  sujet  portait  une  déviation  fort  considérable  de  la  colonne  vertébrale  ; 
le  bassin  s'était  consécutivement  dévié,  et  le  centre  des  deux  cavités  cotjioïdes 
n'était  plus  sur  le  même  plan  horizontal.  La  cavité  cotyloïde  droite  est  plus 
basse  de  5  centimètres  environ  que  la  gauche.  Le  membre  correspondant  avait 
été  obligé  de  se  porter  dans  l'abduction,  pour  pallier  son  excédant  de  longueur. 
Peut-être  alors  le  changement  survenu  dans  la  direction  du  droit  antérieur  avait 
sulli  pour  dévier  ainsi  la  rotule. 

»  Au  reste,  je  donne  celte  explication  sans  y  attacher  grande  importance;  il 
faut  être  sobre  d'hypothèse  quand  on  n'interroge  que  le  cadavre. 

»  La  lésion  que  je  viens  de  décrire  ne  mérite  peut-être  pas  le  nom  de  luxa- 
lion  ;  c'est  pourtant,  à  mon  avis,  celui  qui  convient  le  mieux  pour  désigner 
d'une  manière  générale  la  perte  de  rapport  survenue  entre  les  surfaces  habi- 
tuellement conliguës. 

n  Nous  avons  affaire  ici,  je  pense,  à  un  de  ces  déplacements  de  compensation 
qui  se  produisent  lentement,  d'une  manière  sûre,  mais  en  quelque  sorte  phy- 
siologique, à  la  suite  d'une  déviation  plus  considérable  d'une  autre  portion  du 
squelette.  » 

5"  OBSERVATION  DE  PLEURÉSIE;  par  M    GCBLER. 

M.  Gubler  montre  à  la  Société  les  viscères  ihoraciques  et  abdominaux  d'un 
homme  qui  a  succombé,  dans  le  service  de  clinique  de  la  Charité,  aux  consé- 
quences d'une  ancienne  pleurésie  contractée  il  y  a  quatre  ans  aux  îles  Mar- 
quises. 

Cet  homme  portait  dans  le  côté  gauche  de  la  poitrine  un  épanchemenl  énorme 
qui  avait  refoulé  le  cœur  vers  l'aisselle  droite,  remontait  jusqu'au-dessus  de  la 
clavicule  et  repoussait  en  bas  le  muscle  diaphragme,  de  manière  à  lui  faire  con- 
stituer une  bosselure  considérable,  fluctuante,  qui  avait  abaissé  la  rate,  déplacé 
l'estomac  à  droite  en  tiraillant  Tépiploon  gastro-splénique,  et  récliné  le  lobe 
gauche  du  foie.  Le  rein  gauche  avait  suivi  le  mouvement  descensionnel  de  la 
rate. 

La  thoracenlèse  fut  pratiquée  par  M.  Trousseau,  en  l'absence  de  M.  Bouil- 
laud,  et  donna  issue  à  prés  de  3  litres  et  demi  de  pus  un  peu  séreux,  mais  d'ail- 
leurs de  bonne  nature. 

Il  s'ensuivit  un  soulagement  considérable,  mais  l'épancbement  s'étant  re- 
produit, la  dyspnée  et  les  autres  accidents  reparurent  ;  entin,  il  se  manifesta  de 


'202 
la  douleur  de  côté  et  de  la  lièvre,  et  la  inorl  arriva  au  bout  de  quelque:: 
jours. 

Au  moment  de  l'ouverture,  il  s'échappa  de  la  bosselure  diaphragmatique  un 
flot  de  pus  fétide  qui  remplit  bientôt  plus  d'un  sear  ordinaire. 

Lorsqu'on  eut  vidé  la  poche,  on  détacha  avec  soiu  la  plèvre  de  la  paroi  cos- 
tale, et  on  enleva  tout  le  paquet  des  viscères  thoraciques  et  abdominaux  à  l'ex- 
ception des  intestins  de  la  vessie  et  de  ses  annexes.  C'est  cet  ensemble  que 
M.  Gubler  soumet  à  la  Société.  11  fait  remarquer  l'épaisseur  considérable  de  la 
plèvre  doublée  de  membranes  de  nouvelle  l'ormation  qui  ont  plusieurs  millimè- 
tres d'épaisseur  et  sont  formées  par  des  faisceaux  de  libres  parallèles  entremê- 
lées de  quelques  aiguilles  ossiformes.  Le  poumon  n'existe  qu'à  l'état  de  vestiges 
en  haut,  contre  ta  colonne  vertébrale,  et  semble  réduit  à  ses  bronches,  séparées 
par  un  tissu  que  l'insufiBaiion  énergique  ne  parvient  pas  à  développer.  En  pra- 
tiquant cette  insufflation,  on  s'aperçoit  que  l'air  s'échappe  du  côté  de  la  cavité 
purulente,  par  une  ouverture  à  bords  lisses  et  arrondis,  qui  parait  s'être  faite 
spontanément  par  un  travail  d'ulcéralion. 

Le  poumon  droit  esta  peu  près  sain  ;  cependant  il  renferme,  vers  ses  scissures 
interlobulaircs,  des  amas  d'une  matière  semblable  au  mastic  et  entourée  de 
tissu  noirâtre  condensé;  il  offre  en  outre  des  traces  d'emphysème. 

Le  cœur,  en  même  temps  qu'il  est  transporté  à  droite,  est  redressé,  en  sorte 
que  sa  pointe  regarde  directement  eu  bas.  De  plus,  il  a  subi  une  torsion  autour 
de  l'axe,  passant  par  la  cloison  interventriculaire,  si  bien  que  la  face  antérieure 
est  presque  tout  entière  formée  par  le  ventricule  droit,  et  que  l'aorte,  cachée 
derrière  l'organe,  semble  naître  directement  de  l'oreillette  droite  allongée  dans 
le  sens  vertical. 

Le  péricarde  n'a  pas  suivi  le  déplacement  du  cœur;  son  côté  droit  s'est  laissé 
distendre  pour  continuer  à  fournir  une  enveloppe  5  cet  organe  ;  mais  derrière  le 
Sfernnm,  et  à  gauche  de  cet  os,  on  retrouve  l'ancienne  cavité  péricardiaque 
remplie  d'un  liquide  séreux,  ambré,  limpide. 

Le  foie,  un  peu  ratatiné  et  libreux,  offre,  sur  son  bord  antérieur,  qui  est  ar- 
rondi, un  commencement  d'altération  granuleuse.  Au  voisinage  du  ligament 
suspens^'ur,  on  observe,  à  droite  et  à  gauche,  des  plaques  opaques  et  des  ad- 
hérences consécutives  h  une  péritonite  partielle  diagnostiquée  pendnnt  la  vie, 
d'après  le  frottement  ascen<lant  et  descendant  pprceptible  à  l'oreille  et  à  la 
main. 

6»  PS  l'innocuité  de  Là  MISE  A  NtJ  DE  LA  MOELLE  ÉPtNIÈRE  ;  par  M.  BROWN-SÉQIJARP. 

Sur  des  cobiiyes  et  des  pigeons,  M.  Brown-Séquard  a  enlevé  un  très-grand 
nombre  de  fois  l'arc  postérieur  d'une,  de  deux,  de  trois  ou  de  quatre  vertèbres 
aux  régions  dorsale  ou  lombaire,  et  il  n'a  pas  vu  d'accidents  résulter  de  cette 
mise  à  nu  de  la  moelle.  La  plaie  se  cicatrisait  promptement  et  l'animal  conser- 


20Ô 
vait  sa  vigueur.  It  a  cherché  si,  en  augmentant  l'étendue  de  la  lésion,  il  y  aurait 
quelque  danger  pour  la  vie  des  animaux.  L'expérience  a  répondu  négativement. 
Les  arcs  postérieurs  de  huit  à  dix  vertèbres,  du  milieu  du  dos  au  sacrum,  ont 
été  enlevés  et  la  dure-mère  fendue  longitudinalement,  sur  des  cochons  d'Inde. 
Ces  animaux  ont  survécu,  sans  autre  trouble  qu'un  peu  de  gêne  dans  la  raar- 
che,  provenant  de  l'excision  des  muscles  des  gouttières  vertébrales.  C'est  donc 
un  fait  avéré  que  la  moelle  épinière  peut  être  sans  danger  exposée  à  l'action  de 
l'air,  au  moins  chez  les  cobayes  et  les  pigeons. 

V.  —  Chimie. 

AMALTSE  DE  L'HTDROFEHBOCYANATE  DE  POTASSE  ET  D'DRÉE  ;  par  M.  LeCONTE. 

Cette  substance,  d'un  blanc  très-légèrement  jaunâtre,  offre  des  masses  plus 
ou  moins  volumineuses  ré?ultant  de  l'agglomération  d'une  multitude  de  petites 
paillettes  chatoyantes  bien  diliërentes,  au  premier  aspect,  des  cristaux  de  cya- 
nure jaune;  mais  en  examinant  au  microscope  la  substance  ci-dessus,  on  la 
trouve  formée  de  lamelles  cristallines  identiques  pour  la  forme  aux  cristaux  de 
cyanure  jaune  ;  seulement  ces  lamelles  sont  recouvertes  d'un  grand  nombre 
de  petits  grains  irrégulièrement  disséminés  ;  par  l'addition  de  l'alcool,  on  voit 
disparaître  complètement  ces  petits  grains,  tandis  que  les  lamelles  de  cyanure 
jaunes  restent  intactes.  Cette  expérience  et  quelques  autres  prouvent  que  i'hy- 
droferrocyanate  de  potasse  et  d'urée  n'est  pas  un  se!  définitif,  mais  bien  un 
mélange  de  cyanure  jaune  de  potassium  et  d'urée  dont  l'analyse  en  centièmes 
nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Urée  sèche 10 

Cyanure  jaune  sec 77,83 

Eau 12,12 

9S.95 


FIN. 


MEMOIRES 


LUS 


A  LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE 


PENDANT  L'ANNEE  1850. 


MEMOIRE 


BCR 


LA  MORT  APPARENTE  DES  NOUVEAU-NÉS  ; 


1>A« 


M.   P.  CAZEAUX, 

Professent  agrégé.,  membre  de  ia  Sociélé  de  biologie. 


pans  les  condilions  ordinaires,  le  nouVeau-né  esl  à  peine  au  dehors  dois 
parties  génitales  qu'il  respire  librement,  et  pousse  des  cris  plus  ou  moins 
violents  ;  mais  il  arrive  souvent  qu'au  moment  de  la  naissance  i'enfaot 
donne  à  peine  quelques  signes  de  vie,  et  se  présente  dans  un  élal  de  roorl 
apparente,  qui  serait  bientôt  suivi  de  la  mort  réelle  si  les  soins  convenables 
n'étaient  prompîement  administrés. 

Cet  état  de  mort  apparente  se  montre  sous  deux  aspects  bien  différents* 
décrits  par  la  plupart  des  accoucheurs  sous  les  noms  d'apoplexie  et  d'as- 
phyxie des  nouveau-nés.  Depuis  longtemps  déjà  quelques  accoucheurs  an- 
glais et  allemands  ont  rejeté  ces  dénominations,  comme  caractérisant  mal 
les  étals  pathologiques  aur^quels  on  les  appliquait.  M.  P.  Dubois,  dans  un 


u 

article  plus  récent,  après  avoir  fail  remarquer  que  le  caraclère  analoraiqne 
le  plus  constant  de  l'apoplexie  chez  Padulle  manque  dans  ce  qu'on  a  appelé 
l'apoplexie  du  fœtus ,  et  que  des  différences  énormes  existent  entre  les 
symptômes  de  l'asphyxie  chez  l'adulte  et  ceux  de  l'état  asphyxique  du 
nouveau-né,  conclut  aussi  qu'on  a  eu  tort  de  donner  le  même  nom  à  des 
états  si  dissemblables:  avec  M.  Kaegèle,  il  désigne,  sous  le  nom  de  mort 
apparente,  l'état  de  l'enfant  nouveau-né  sur  lequel  on  ne  voit  aucun  signe 
de  vie,  et  sur  lequel  on  ne  reconnaît  aucun  de  ceux  de  nnort. 

Les  deux  termes  de  cette  définition  sont  évidemment  contradictoires, 
puisque  la  mort  se  reconnaît  à  l'absence  complète  des  signes  de  la  vie.  Pour 
nous  ta  mort  apparente  est  un  état  dans  lequel,  malgré  l'abolition  des  actes 
de  la  vie  animale,  il  reste  au  moins  quelques-unes  des  fonctions  de  la  vie 
organique  et  nécessairement  les  battements  du  cœur. 

En  examinant  avec  soin  les  symptômes  de  la  mort  apparente  des  nou- 
veau-nés, tantôt  on  voit  qu'elle  est  caractérisée  par  la  rougeur  vive  de  la 
face  et  de  la  partie  supérieure  du  corps,  la  saillie  et  l'injection  du  globe  ocu- 
laire, le  gonflement  du  visage  dont  la  peau  offre  çà  et  là  des  taches  bleuâ- 
tres ;  tantôt  on  est  frappé  par  la  décoloration  de  la  peau  et  la  flaccidité  des 
chairs.  Dans  le  premier  cas,  la  tête  est  gonflée,  extrêmement  chaude,  les 
lèvres  gonflées  et  d'un  bleu  foncé  ;  les  yeux  sortent  de  la  tête  ;  la  langue  est 
collée  au  palais;  souvent  la  tête  est  allongée, dure, le  visage  un  peu  gonflé  ; 
les  battements  du  cœur,  quelquefois  encore  assez  forts  et  distincts,  sont 
d'autres  fois  très-obscurs  et  très-faibles  ;  le  cordon  ombilical  est  parfois  gorgé 
de  sang. 

Dans  le  second,  l'enfant  est  d'une  pâleur  mortelle;  les  membres  sont 
pendants  et  flasques  ;  sa  peau  est  décolorée,  et  souvent  souillée  par  du  mé- 
conium  ;  les  lèvres  sont  pâles  ;  la  mâchoire  inférieure  est  pendante  ;  le  cor- 
don ombilical  palpite  faiblement  ou  point  du  tout  ;  les  battements  du  cœur 
sont  très-affaiblis.  Souvent  un  enfant,  dans  cet  état,  remue  encore  au  mo- 
ment de  la  naissance  et  crie  ;  mais  il  retombe  aussitôt  après  dans  l'état  de 
mort  apparente. 

Ces  différences  dans  les  caractères  physiques  des  enfants  nés  dans  un 
étal  de  mort  apparente  peuvent  tenir  sans  doute  à  des  causes  diverses  ;  mais 
souvent  aussi  ils  appartiennent  seulement  à  des  périodes  différentes  du 
même  état  pathologique,  et  on  a  eu  tort  de  vouloir  en  faire  absolument  les 
signes  différentiels  de  lésions  très-différentes.  Aussi,  quoique  convainca 
que,  dans  quelques  cas,  ils  doivent  modifier  profondément  le  traitement,  et 
que,  sous  ce  rapport,  il  est  important  d'en  tenir  compte,  Je  ne  crois  plus* 


5 
pouvoir  en  faire  ia  base  de  distinctions  nosologiqiies,  vraiment  impossible» 
à  justifier.  L'expression  de  mort  apparente  ne  pr('jugeant  rien  sur  la  nature 
et  la  cause  de  cet  état,  mérite  par  cela  même  d'être  conservée. 

Pour  être  compris  dans  ce  que  nous  allons  dire  de  la  mort  apparente  des 
nouveau-nés,  nous  croyons  devoir  exposer  très-brièvement  le  mécanisme 
suivant  lequel  s'établit  la  respiration  aussitôt  après  la  naissance. 

Tous  les  physiologistes  s'accordent  à  admettre  que  ia  moelle  allongée  ou 
bulbe  rachidien  est  le  foyer  central  et  le  régulateur  des  mouvements  respi- 
ratoires de  l'adulte  :  c'est  également  d'elle  que  part  l'excitation  motrice  de 
la  première  inspiration. 

Marshall-Hall  a  essayé  de  montrer  par  des  expériences  que  la  première 
inspiration  résultait  d'une  action  réflexe  (î),  produite  par  l'excitation  que 
les  nerfs  de  la  surface  du  corps,  et  en  particulier  le  trifacial,  recevaient  du 
contact  de  l'air  extérieur,  et  que  la  respiration,  une  fois  établie,  continuait 
sous  l'influence  de  l'action  réflexe  due  à  rirritation  du  nerf  pneumogastri- 
que, par  le  contact  de  l'air  introduit  dans  le  poumon. 

Les  mouvements  respiratoires,  suivant  le  même  physiologiste,  peuvent 
aussi  s'opérer  sous  l'influence  d'autres  causes  :  telles  sont,  par  exemple, 
les  modifications  imprimées  à  la  moelle  allongée  par  une  {grande  perte  de 
sang,  et  les  excitations  que  produit  en  elle  le  sang  veineux.  Tous  les  mou- 
vements respiratoires  de  l'asphyxie  incomplète  rentrent  dans  celte  dernière, 
catégorie. 

Dans  les  cas  normaux  où  le  fœtus,  n'ayant  nullement  soufi"ert  pendant  le 
travail,  a  conservé  intacte  sa  sensibilité  cutanée,  l'irritation  produite  par  le 

(()  Une  impression  faite  à  nosoriianes  peut,  en  parcourant  des  voies  différentei 
dan»  la  masse  cérébro-spinale,  donner  lieu  à  des  mouvements  de  nature  dis- 
tincte. Ainsi,  tantôt  transmise  à  l'enc^phiile  directement  par  les  nerfs  sensitifs 
crâniens,  ou  indirectement  par  les  nerfs  de  la  moelle  épinière,  elle  va  s'élaborer 
dans  la  réi,'ion  encéphalique  ofi  réside  le  sensorium  commune,  s'y  transforme  en 
sensation,  et  par  conséquent  arrive  à  la  connaissance  de  l'animal  qui  peut  réagir 
par  des  mouvements  volontaires.  Tantôt  éuaiement  transmise  par  les  nerfs  sen- 
sitifs,  soit  à  l'encéphale,  soit  à  la  moelle  épinière,  cette  impression  occasionne, 
sans  se  transformer  nécessairement  en  sensation,  une  excitation  immédiatement 
réfléchie  sur  les  nerfs  moteurs  :  d'où  des  niouvemenis  dits  réflexes^  à  la  produc 
tion  desquels  la  volonté  n*a  aucune  part. 

La  puissance  qui  donne  ainsi  lieu  à  des  mouvements  sans  la  participation  de 
la  volonté  a  été  considérée  comme  une  faculté  spé(!ia!e  de  l'axe  cérébro -rachidien, 
ot  désignée  sou»  le  nom  de  pOMi'oi'r,  faculté  on  propriété  réflexe. 


6 

contact  de  l*âir  extérieur  trtir  les  nerfs  cutanés  se  transmet  à  {a  moelle  al- 
longée, cl  celle-ci,  à  son  tour,  agissant  sur  ies  nerfs  inspirateurs,  produit  les 
mouvements  respiratoires. 

Mais  que,  au  mcmienl  de  sa  naissance,  le  fœtus  ait  été  depuis  un  certain 
temps  privé  des  éléments  respiratoires  qu'il  puise  dans  le  placenta,  ou  qno 
ceiui-ci  étant  décollé  immédiatement  après  Texpulsion  de  Penfent,  on  ob- 
stacle quelconque  s'oppose  à  rinlroducUon  de  l'air  dans  les  bronches,  il  y 
3, dans  les  deun  cas,  commencement  d'asphyxie;  le  sang  non  oxygéné  ir- 
rite par  son  contact  la  moelle  allongée,  et  cette  irritation,  transmise  anx 
nerfs  inspirateurs,  peut  encore  solliciter  les  mouvemenls  respiratoires  des 
mnscles  de  la  face,  de  la  poitrine  ,  de  Pabdonicn  ,  et  produire  enfin  une 
première  inspiration  (i).  Le  moteur  central  sera  bientôt  remplacé  par  l'ac- 
tion réflexe  des  ramifications  des  nerfs  pneumogastriques  irritées  par  l'air 
introduit  dans  les  poumons,  et  la  respiration  conlinuera  sous  l'influence 
seule  de  l'action  réflexe. 

Lorsque,  par  suite  de  la  compression  du  cordon  ou  du  décollement  du 
placenta,  le  fœtus  est  menacé  d'asphyxie  dans  les  derniers  temps  de  la  gros- 
sesse ou  pendant  le  travail,  les  mouvements  convulsifs  et  les  efforts  respi- 
ratoires précèdent  sa  mort  ;  aussi  les  mères  disent  alors  qu'après  avoir  beau- 
conp  remué,  isîir  enfant  a  cessé  tout  à  coup  de  se  msuvoir,  et  Bédard  a  vn 
un  fœtus  renfermé  encore  dans  sa  poche  intacte  faire  des  mouvements  in- 
Spiratoires,  et  inspirer  de  l'eau  au  lieu  d'air.  C'est  ainsi  erscore  que,  dans 
certaines  positions  de  ia  face,  le  fœtnsa  pu  respirer,  quoique  renfermé  en- 
core dans  le  sein  de  la  mère,  et  le  vagissement  utérin, qui  suppose  toujours 
uae  kispiration  antérieure,  ne  peut  s'expliquer  que  de  la  même  manière. 
Dans  tous  ces  cas,  en  effet,  le  sang  non  oxygéné  a  irrité  la  moelle  allongée, 
el  celie-cij,  à  son  tour,  transmet  cette  irritation  aux  nerfs  inspirateurs.  L'ac- 
tion r^l^axe  ne  peut  en  aocune  façon  être  invoquée. 


(î)  Ï«3r8hajl-tîal!  enlève  le  cerveau  à  un  jeune  chat  ;  il  coopp  les  nerfs  pneu» 
OTOgsàiriqueà  et  ouvre  la  trachée-artère.  Il  voit  la  respirelicn  se  raieutir.  mais 
eciUînner  avec  rôguiarité.  S'il  bouche  l'ouverture  fnitc  à  la  trachée ,  la  scène 
change  aiissilM  :  l'animal  ouvre  sa  bouche  largement ,  fait  de  violents  efforts 
<t*ln»'p>ratlon  et  offre  quelques  mouvements  convulsifë.  S'il  rouvre  la  trachée,  la 
respiration  devient  aussi  régulière  qu'auparavant;  s'il  la  ferme,  les  phénomènes 
d'asphyxie  se  reproduisent.  Dans  les  deux  cas,  c'est  évidemment  dans  l'organe 
centrai ,  on  ta  moelle,  qu'est  l'excitation  de  la  respiration  ,  puisque  la  destrnc* 
tion  dueerveau,  la  section  des  pneumogastriques,  rend  impossible  l'action 
réflexe. 


7 

Gsrdons-nous  toatefois  de  confondre  ces  deux  excitateurs  de  Tinspira- 
UoD  :  le  premier  est  l'excitant  naturel  ;  Tautre  est  toujours  pathologique,  et 
seulement  destiné  à  suppléer  le  stimulus  normal.  Or  toute  action  patholo- 
gique n'est  qu'un  effort  pour  accomplir  un  acte  physiologique  devenu  diffi- 
cile ou  impossible  ;  et  s'il  peut,  dans  quelques  cas,  rappeler  un  enfant  à  la 
vie,  il  peut,  dans  beaucoup  d'autres,  êiré  insullisanl. 

Souvent,  en  eiïel,  l'enfaof,  qui,  né  dans  uu  élat  de  demi-asphyxie  à  la 
suite  d'un  travail  pénible,  fait  quelques  brusques  et  violents  mouvements 
d'inspiration,  succomberait  assez  vite  si  l'action  réflexe  n'était  mise  enjeu, 
et  si  celle-ci  ne  remplaçait  bientôt  complètement  l'excitant  pathologique  qui 
tout  à  l'heure  agissait  seul  sur  la  moelle  allongée....  Mais  comme,  dans  cet 
état,  la  sensibilité  éraoussée  de  la  peau  n'est  plus  suffisamment  excitée  par 
l'air  extérieur,  des  moyens  particuliers  doivent  êlre  employés,  tant  qu'il  en 
est  temps  encore,  pour  réveiller  l'action  excito-motrice  des  nerfs  cutanés. 
et  lorsque  l'asphyxie  n'est  pas  trop  avancée,  ils  sont  suivis  de  succès.  Mais 
lorsque  l'enfant  est  très-faible  et  petit,  ou  que  les  causes  d'asphyxie  ont 
trop  longtemps  fait  sentir  leur  influence,  les  contractions  des  muscles  in- 
spirateurs sont  faibles  et  éloignées  ;  elles  cessent  bientôt  complètement  ;  le 
cœur  cesse  de  battre,  l'enfant  est  mort.  Si,  lorsque  ie  cœur  bal  encore,  ou 
parvient  à  réveiller  l'action  réflexe  des  muscles  inspirateurs,  on  produit  uri 
brusque  mouvement  inspiratoire  à  chaque  excitation,  après  lequel  les  phé- 
nomènes de  l'asphyxie  continuent  comme  auparavant;  et  l'enfant  succombe, 
quoi  que  l'on  fasse. 

S'il  est  vrai  que  l'impression  produite  sur  la  peau  du  corps  et  du  viaage 
par  le  froid  extérieur,  soit  la  première  et  l'unique  cause  de  l'action  réfle:te 
de  la  moelle  allongée  sur  les  nerfs  inspirateurs,  et  détermine  ainsi  la  pre- 
mière inspiration,  on  comprend  que  toutes  les  circonstances  propres  à  di- 
minuer notablement  ou  à  détruire  la  sensibilité  cutanée  retardentou  rendeut 
impossible  le  premier  effort  inspiratoire,  et  placent  le  fœtus  dans  un  état  de 
mort  apparente.  Les  causes  de  celles-ci  sont  donc  toutes  celles  qui  paraly- 
sent plus  ou  moins  les  centres  nerveux,  dont  l'influence,  complètement  in- 
utile à  l'entretien  de  la  vie  fœtale,  devient  indispensable  à  la  prolongation 
de  la  vie  extra-ulérine. 

Or  ces  causes  sont,  assez  nombreuses,  et  à  l'exception  de  quelques-unes, 
elles  exercent  toutes  leur  inilaence^cbeuse  pendant  les  derniers  temps  du 
travail.  Elles  peuvent  se  diviser  :  i*"  en  lésions  de  la  respiration  ;  2"  lésions 
de  la  circulation  ;  3°  lésions  des  centres  nerveux.  Les  premières  peuvent 
produire  l'asphyxie  à  des  degrés  plus  ou  moins  prononcés  -,  les  secondes 


peuvent  produire  une  hémorrhagie  fatale  à  l'enfant;  les  troisièmes  enfin 
affectent  directement  les  centres  nerveux ,  et  les  rendent  impropres  aux 
foDCtioDS  qu'ils  doivent  remplir  aussitôt  après  leur  naissance. 

1«  LÉSIONS  DE  LA  RESPiBATioN.  Ellcs  résultent  toutes  d'obstacles  à  la 
respiration  ;  ainsi  pendant  le  travail  on  a  signalé  :  la  compression  du  cor- 
don ombilical  entre  les  parois  du  bassin  et  la  tête  ou  le  tronc  de  l'enfant; 
l*entortillement  serré  du  cordon  autour  du  cou  ou  d'une  autre  partie,  en- 
lortillement  qui  peut  tout  à  la  fois  gêner  la  circulation  veineuse  du  cerveau 
et  celie  du  sang  dans  les  vaisseaux  ombilicaux  ;  le  décollement  prématuré 
du  placenta,  qu'il  soit  ou  non  inséré  sur  le  col,  décollement  qui,  entraînant 
toujours  la  déchirure  des  vaisseaux  utéro-placentaires,  rend  l'hématose  fœ- 
tale lout  aussi  impossible  que  la  compression  ;  la  rétraction  très -prononcée 
de  l'utérus,  lorsque  dans  l'accouchement  par  le  siège,  la  tête  seule  est 
dans  l'excavation,  et  l'enfant  ne  peut  pas  respirer,  car  cette  rétraction, 
portée  au  delà  de  certaines  limites,  rend  à  peu  près  imperméables  au  sang 
les  vaisseaux  utérins.  Dans  tous  ks  cas,  l'asphyxie  est  évidemment  le  ré- 
suilni  de  la  suspension  de  la  respiration  placentaire  :  c'est  le  contact  du 
sang  noir  qui,  chez  le  fœtus  comme  chez  l'adulle,  asphyxie,  paralyse  l'ac- 
tion du  cerveau. 

Enfin,  après  la  naissance,  ©n  comprend  facilement  que  l'accumulatioD 
des  mucosités  dans  le  nez,  la  bouche  et  les  voies  aériennes,  pouvant  s'op- 
poser à  l'introduction  de  l'air  dans  les  bronches,  peut  encore  produire 
l'asphyxie  ;  mais  ici  le  mécanisme  en  est  absolument  le  même  que  chez  l'a- 
dulte, puisqu'elle  résulte  d'un  obstacle  mécanique  à  l'introductiOD  de  l'air 
extérieur  dans  les  vésicules  pulmon-aires. 

Les  symptômes  apoplectiques  de  cet  état  sont  faciles  à  reconnaître  :  la 
surface  du  corps  parait  gonflée,  elle  est  d'un  violet  ou  plutôt  d'un  bleu 
noiràlre  ;  cette  coloration  est  plus  marquée  aux  parties  supérieures  du 
corps,  et  surtout  à  la  face.  Les  muscles  sont  sans  mouvements;  les  mem- 
bres conservent  leur  flexibilité,  le  corps  sa  chaleur;  les  pulsations  du 
cordon,  du  pouls,  celles  même  du  cœur,  sont  quelquefois  obscures  et  peu 
sensibles. 

A  Fonverture  des  cadavres,  on  trouve  les  vaisseaux  de  l'encéphale  gorgés 
de  sang  ;  quelquefois  aussi  ce  fluide  est  épanché  à  la  surface  des  mem- 
branes, ou  dans  l'intérieur  même  de  la  substance  du  cerveau.  Le  plus  sou- 
venu suivant  M.  Cruveilhier,  l'épancheraent  est  limité  à  la  surface  du  cer- 
vek't  ;  quelquefois  il  recouvre  les  lob^s  postérieurs  du  cerveau.  Rarement 
ii  occupe  la  cavité  des  ventricules.  Dans  tous  les  cas  observés  par  M,  Cru- 


veilhier,  il  y  avait  dans  rarachnoîde  verlébraie  assez  de  sang  pour  distenore 
la  dure-mère.  G^est  alors  encore  que  Ton  rencontre  ces  congestions  du  foie 
si  communes  chez  les  enfants  naissants  ;  ces  congestions,  dit  Billard,  varient 
considérablement  sous  le  rapport  de  la  quantité  de  sang  accumulé  dans  le 
tissu  de  l'organe  ;  il  s'y  trouve  quelquefois  en  assez  grande  abondance  pour 
donner  lieu  à  une  sorte  d'exsudation  sanguine  à  la  surface  du  foie,  dont 
la  face  conveie  est  dans  ce  cas  teinte  et  humectée  par  une  couche  de  sang 
répandu  ou  étalé  en  nappe.  J'ai  vu  même,  chez  plusieurs  enfants,  un  épan- 
chement  de  sang  dans  l'abdomen  résulter  de  cette  turgescence.  Les  pou- 
mons sont  aussi  gorgés  de  sang. 

L'étal  extérieur  du  fœtus  asphyxié  n'est  pas  toujours  celui  que  nous  ve- 
nons de  décrire,  et,  comme  le  fait  remarquer  M.  Jacquemier,  rien  n'est 
plus  commun  que  de  voir  le  fœtus  naître  sans  coloration  anormale  de  la 
peau  et  même  avec  une  pâleur  et  une  flaccidité  des  membres  très-remar- 
quables, bien  que  la  cause  de  la  mort  apparente  ait  été  ia  compression  du 
cordon.  Cette  différence  tient-elle,  comme  le  pense  M.  Jacquemier,  à  ce 
que,  dans  ce  dernier  cas,  la  suspension  de  la  respiration  placentaire  a  été 
rapide  et  brusque,  tandis  que,  dans  le  premier,  elle  a  été  lente  et  gra- 
duelle ?  Cela  est  probable,  puisque  les  mêmeâ  différences  s'observent  dans 
l'asphyxie  des  adultes,  et  que  les  malheureux  qui,  suivant  l'observation  de 
M.  Devergie,  meurent  sous  un  éboulement  de  terrain,  présentent  cette 
décoloration  des  téguments.  La  promptitude  de  la  mort  réelle  peut  ici  ex- 
pliquer cette  parlicularité.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  celte  pâleur  ex- 
térieure est  aussi  la  conséquence  d'une  asphyxie  lente  mais  par  trop  pro- 
longée, et  qu'elle  succède  souvent  à  la  coloration  violacée  des  tissus  ;  que 
nous  voyons  tous  les  jours  celle  succession  s'opérer  sous  nos  yeux,  quand 
l'asphyxie  a  duré  trop  longtemps  ;  et  qu'un  enfant  né  avec  une  coloration 
très-prononcée  devient  assez  rapidement  pâle  et  flasque,  si  à  l'aide  des 
moyens  employés  on  ne  parvient  pas  à  le  faire  respirer.  II  est  évident  que, 
dans  ce  dernier  cas,  la  décoloration  des  tissus  est  l'expression  symptoma- 
tique  d'un  degré  plus  avancé  ;  les  batlements  du  cœur,  qui  auparavant 
étaient  encore  assez  forts  et  assez  nombreux,  perdent  de  leur  fréquence  et 
de  leur  intensité,  reviennent  seulement  à  de  longs  intervalles,  et  ta  mort 
réelle  ne  larde  pas  à  succéder  à  la  mort  apparente.  Eh  bien  !  ces  phéno- 
mènes dont  nous  sommes  quelquefois  témoins  se  passent  de  la  même  ma- 
nière quand  le  fœlus,  privé  de  respiration  placentaire,  est  encore  renfermé 
dans  le  sein  de  la  mère.  Si,  au  moment  de  la  naissance,  l'asphyxie  dure  de- 
puis peu  de  temps,  l'enfant  présentera  la  turgescence  de  la  face,  la  couleur 


'^    O  ^   <^  O-  N 


rvX  iu*<ie>/Ç-.. 


10 
violacée  de  la  peau,  \i  fermeté  des  chairs,  des  pulsations  du  cœur  encore 
assez  nombreuses  et  régulières  ;  qu'un  plus  long  temps  se  soit  écoulé  de- 
pois  rinleîTuplion  de  la  circulation  foeto  maternelle,  Tenfant  sera  pâle, 
décoloré,  les  batlements  du  cœur  et  du  cordon  faibles  et  intermittents; 
qu'enfin  l'asphyxie  se  soit  prolongée  au  delà  des  limites  compatibles 
avec  la  vie  du  cœur,  et  le  fœtus  sera  réellement  mort  au  moment  de  son 
expulsion. 

res  deus  états,  en  apparence  si  différents,  tiennent  donc  à  la  même 
cause,  et  sont  simplement  deux  degrés  de  l'asphyxie.  Si,  éliologiquement, 
ils  ne  doivent  pas  être  distingués,  il  est  important  d'en  tenir  compte  au 
point  de  vue  du  pronostic,  car  l'un  est  beaucoup  plus  grave  que  l'autre; 
au  point  de  vue  du  trailement,  car  les  mêmes  moyens  ne  leur  sont  pas  ap- 
plicables. 

2*  LÉSIONS  DE  LA  ciRCDLATiON  iCETALE.  Les  déchirurcs  du  cordon  ou 
do  placenta  peuvent  seules  produire  une  hémorrhagie  capable  de  porter 
atteinte  à  la  vie  fœtale.  Elles  sont  fort  heureusement  assez  rares.  Quand  la 
perte  est  abondante,  l'enfant  succombe  avant  la  terminaison  du  travail; 
mais  si  une  circonstance  quelconquft  vient  s'opposer  à  la  continuation  de 
['hémorrhagie,  l'enfant  peut  encore  naître  vivant,  mais  dans  un  état  de 
mort  apparente  analogue  à  celui  de  la  syncope.  Le  défaut  d'influence  ner- 
veuse lient  manifestement  Ici  i  ce  que  le  cerveau  et  le  bulbe  ne  reçoivent 
plus  la  quantité  de  sang  nécessaire  pour  qu'ils  puissent  réagir  à  leur  tour 
sur  les  nerfs  inspirateurs.  Ce  cas  est  des  plus  graves.  L'enfant  est  décoloré, 
tous  les  muscles  dans  le  relâchement  le  plus  complet  ;  quelquefois  pourtant 
il  fkit  quelques  courtes  inspirations,  pousse  quelques  cris  très-faibles;  n>ajs 
pour  peu  que  l'héraorrhagie  ait  été  abondante,  il  s'éteint  au  bout  d'un 
temps  assez  court. 

3"  LÉSIONS  DES  CENTRÉS  NERVEUX.  Le  syslèflr.e  nerveux  céphalo-rachidien 
ne  préside  à  aucune  des  fonctions  dont  l'intégrité  est  nécessaire  à  l'entre- 
tien de  la  vie  fœtale,  et  la  respiration,  la  circulation  et  la  nutrition  sont 
tout  à  fait  sous  la  dépendance  des  nerfs  de  la  vie  organique.  Ce  sont  le» 
ganglions  et  leurs  nerfs  qui,  comme  des  organes  sécrétoires,  retirent  du 
«ang  régénéré  ce  principe  de  sensibilité  et  de  raotilité  organiques,  nécessaire 
aux  mouvements  involontaires  ou  automatiques,  nécessaire  aussi  au  maii»- 
tiefl  de  rirritabilité  et  de  la  vitalité  des  organes.  La  vie  du  fœtus  est  pure- 
ment végétative  ou  organique,  quoique  déjà  il  possède  des  organes  de  la  vie 
animale.  Ainsi  s'expliquent  lavieelle  développement  des  acéphales,  car  là  où 
rorgane  manque,  manquent  aussi  les  fonctions  :  et  pourtant  ces  monstres 


11 
sont  doués  d'irritabilité,  ils  exercent  des  mouvemcnls,  et  leur  vie  ac  main- 
tient intaclQ  jusqu'au  terme  de  la  grossesse. 

Puisque  le  cerveau  el  la  moelle  sont  compléleroenl  étrangers  à  l'accom- 
plissement des  fonctions  du  Cœtus,  on  prévoit  sans  peine  que  les  lésions 
dont  ils  peuvent  être  le  siège  pendant  la  grossesse  ou  le  travail»  ne  doivent 
en  rien  troubler  l'harmonie  de  ces  fonctions,  et  n'exercer  aucune  influence 
snr  la  vie  inlra-ulérine.  Aussi  n'est-ce  qu'après  la  naissance  que  l'alléralion 
ou  la  paralysie  cérébro-spinale  s'opposent  à  l'établissement  de  la  vie  animale, 
alors  même  que  la  vie  organique  se  manifeste  encore  par  l'intégrité  de  la 
circulation,  el  môme  lie  la  respiration  placentaire.  La  première  respiration 
est,  comme  nous  l'avcDs  dit  plus  haut,  le  résultat  des  incitations  du  bulbe 
rachidien,  incLîalions  produites  elles-mêmes  par  l'impression  de  la  tempé- 
rature de  l'air  ambiant  sur  les  léguments  du  nouveau-né;  mais,  pour  que 
celte  impression  ne  soit  pas  stérile,  il  faut  que  la  sensation  soit  perçue  par 
l'organe  central,  el  celui-ci  est  incapable  de  les  percevoir  dans  les  lésions 
graves  de  l'axe  cérébro-spinal.  Il  y  a  donc  cette  différence  importante  à  éta- 
blir entre  les  diverses  circonstances  qui  peuvent  plonger  le  fœtus  dans  cet 
état  de  mort  apparente,  que  l'asphyxie  et  l'hémorrhagie  penvent  tuer  l'en- 
fant dan^  le  sein  de  la  mère,  tandis  que  les  lésions  des  centres  nerveux  le 
font  toujours  naître  dsns  un  étal  de  mort  apparente. 

C'est  ainsi  qu'il  faut  comprecire  l'influence  que  peut  avoir  :  1'  la  com- 
pression violente  que  subit  le  cerveau  dans  certains  cas  de  rétrécissement 
du  bassin;  2°  celle  qui,  dans  quelques  cas  difficiles,  peut  résulter  de  l'ap- 
plication du  forceps  ou  du  levier  ;  3"  celle  qni  résulte  d'une  congestion 
vasculaire,  due  à  la  gène  apportée  au  retour  du  sang  veineux  dans  certains 
accouchements  par  la  face,  dans  les  cas  où  plusieurs  circulaires  du  cordon 
sont  fortement  serrées  autour  du  cou,  et  dans  les  cas  où  celui-ci  est  forte- 
ment serré  par  le  col  utérin  spasmodiquemenl  rétracté  ;  W  enfin,  la  com- 
pression produite  parfois  par  des  épanchements  sanguins,  .soit  à  la  surface» 
soit  dans  l'intérieur  même  de  la  substance  cérébrale. 

C'est  encore  de  la  même  manière  qu'il  faut  comprendre  l'aclion  des  lé.- 
sions  de  la  moelle  allongée,  lésions  qui,  on  le  sait,  sont  produites  avec  la 
plus  grande  facilité  par  l'exagération  du  mouvement  de  rotation  imprimé  à 
la  tête,  par  les  tractions  exercées  sur  l'extrémité  céphalique,  ou  sur  l'extré- 
inilé  pelvienne,  alors  que  la  tête  est  arrêtée  plus  ou  moins  haut  dans  le 
bassin,  par  les  épanchements  enfin  qui  peuvent  se  faire  à  la  base  du  crAne 
et  à  la  partie  supérieure  du  canal  rachidien. 

Les  lésions  du  cerveau  ne  s'opposant  pas  d'une  manière  absolue  à  l'éta- 


12 

blissemenl  de  la  respiration,  o'ont  pas  la  gravité  de  celles  de  la  moelle 
allongée.  La  df;structioD  de  la  partie  très-considérable  de  Tencéphale  Q*a 
pas  toujours  empêché  Tenfaot  de  respirer,  de  crier  après  sa  naissance,  et 
même  de  vivre  plusieurs  Jours.  Ua  fait  semblable  s'observe  chez  les  anen- 
céphales.  Cela  fait  assez  pressentir  que,  dans  les  accouchements  difficiles, 
la  compression  momentanée  subie  par  la  tête  peut  momentanément  aussi 
suspendre  î'aclion  cérébrale,  mais  que  cette  suspension  ne  mettant  pas  un 
obstacle  absolu  à  la  respiration,  l'espèce  de  commotion,  d'ébranlement  subi 
par  le  cerveau,  peut  s'eifacer  assez  promptement  pour  que  la  vie  se  continue*. 

Il  n'en  est  pas  de  môme  des  altérations  de  la  moelle  allongée,  moteur 
unique  des  mouvements  respiratoires  ;  elle  ne  peut  être  affectée  profondé- 
ment sans  rendre  impossible  ia  vie  extra-utérine.  Ainsi  s'explique,  dans 
la  présentation  de  l'extrémité  pelvienne,  la  mort  si  fréquente  des  enfants 
quand  on  a  pratiqué  des  tractions  sur  le  tronc  pour  opérer  le  dégagement 
de  la  léle. 

Traitement.  Puisque,  quelle  qu'en  soit  la  cause,  la  mort  apparente  peut 
offrir  les  symptômes  si  différents  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  il  est 
évident  que  rinspeclion  de  l'enfant  ne  peut  rien  nous  apprendre  sur  la 
cause  de  l'étal  dans  lequel  il  se  trouve.  Bien  que  pour  nous  la  décoloration 
de  la  peau  et  la  flaccidité  des  membres  soient  des  signes  d'un  pronostic 
très-grave,  il  nous  est  impossible  de  préciser  le  degré  des  désordres  céré- 
braux et  de  prévoir,  par  conséquent,  quel  sera  le  résultat  des  moyens  pro- 
pres à  ranimer  l'enfant.  Dans  le  doute,  il  faut  les  soigner  tous,  comme  s'ils 
donnaient  quelque  espoir  de  guérison.  Une  demi-heure,  une  heure,  et 
même  plus,  écoulées  depuis  l'accouchement,  ne  sont  pas  un  motif  suffisant 
pour  désespérer,  et  l'on  peut  citer  un  grand  nombre  de  faits  qui  prouvent 
que  des  enfants  ont  pu  résister  une  heure  à  l'asphyxie,  et  être  encore  rap- 
pelés à  la  vie.  Le  silence  prolongé  du  cœur,  l'absence  complète  de  toute 
pulsation  à  la  région  précordiaîe  constatée  plusieurs  fois  et  à  plusieurs  re- 
prises, est  le  seul  signe  que  l'on  puisse  considérer  comme  détruisant  toute 
espérance.  Le  cœur  est  Vultimum  moriens,  et  je  ne  crois  pas  qu'on 
soit  jamais  parvenu  à  réveiller  ses  pulsations  complètement  éteintes.  Mais 
la  mollesse  et  la  flaccidité  des  tissus,  le  refroidissement  du  tronc  et  de  la 
face  (1),  n'autorisent  nullement  à  abandonner  l'enfant,  pour  peu  que  le 


(1)  Les  expériences  sur  les  animaux  à  sang  chaud  prouvent  qu'ils  résistent 
d'autant  plus  longtemps  à  l'asphyxie,  qu'ils  sont  placés  dans  une  température 
plus  basse. 


13 

couur  offre  encore  quelques  ballemeols  même  Irès-faibles,  très-éloignés  al 
Irès-iriéguliers. 

Lorsque  les  nouveau-nés  s'offrent  à  nous  avec  rinjection  générale  des 
capillaires  de  la  fact  et  du  tronc,  lorsqu'ils  ofi'rent  enlin  les  caractères  àa 
cet  état  appelé  autrefois  apoplexie,  il  est  évident  que  l'indication  première 
est  de  faire  cesser  l'engorgement  du  cerveau  et  des  poumons.  C'est  ce  que 
Ton  obtient  en  coupant  promptement  le  cordon  ombilical,  et  eja  laissant 
écouler  quelques  cuillerées  de  sang  :  le  plus  souvent  la  respiration  s'éta- 
blit aussitôt  après,  s'il  n'y  a  pas  d'obsticies  à  l'introduction  de  l'air  dans  les 
poumons,  tels  que  des  mucosités  qui  obstrueraient  î'arrière-bouche,  mu- 
cosités qu'il  faut  enlever,  soit  avecl'extrémité  du  petit  doigt,  soit  avecla 
barbe  d'une  plume;  on  voit  alors  la  teinte  bleue  et  violacée  disparaître  peu 
à  peu,  et  faire  place  à  une  teinte  rosée,  d'abord  sur  les  lèvres,  puis  sur  les 
joues  et  le  reste  du  corps. 

La  circulation  est  quelquefois  tellement  affaiblie  et  comme  engourdie 
que  les  artères  ombilicales  ne  versent  pas  de  sang  ;  alors  on  peut  provo- 
quer son  effusion  en  plongeant  l'enfant  dans  un  bain,  et  en  exprimant  à 
plusieurs  reprises  le  cordon  de  son  insertion  vers  le  lieu  de  sa  section. 
Quand  à  l'aide  de  ces  moyens  on  ne  parvient  pas  à  obtenir  du  sang,  il  faut, 
suivant  quelques  personnes,  appliquer  une  sangsue  derrière  chaque  oreille. 
Mais  cette  application  ferait  perdre  un.  temps  précieux,  bien  mieux  utilisé 
en  recourant  aux  moyens  suivants  : 

Celte  petite  saignée  étant  pratiquée,  il  faut  appliquer  tous  ses  soins  à  ré- 
veiller, par  des  excitations  multipliées  et  variées,  la  sensibilité  de  la  peau 
et  l'action  réflexe  des  nerfs  cutanés. 

Suivant  Marshall-Hall,  le  meilleur  moyen  consiste  à  asperger  vigoureu- 
sement la  face  et  le  corps  de  l'enfant  avec  de  l'eau  froide  ;  aussitôt  après  on 
le  trempera  dans  un  bain  chaud,  puis  on  l'enveloppera  de  flanelles  chaudes. 
L'efficacité  de  ce  mode  de  traitement,  qui  peut  être  répété  plusieurs  fois  de 
suite,  dépend  surtout  de  la  rapidité  avec  laquelle  il  sera  employé.  L'impres- 
sion du  froid  et  du  chaud  doit  être  brusque  et  prompte.  On  emploie  ensuite, 
pour  stimuler  la  peau,  les  frictions  sèches  avec  la  main,  une  brosse,  une 
flanelle  sèche,  des  frictions  avec  des  liqueurs  irritantes,  comme  vinaigre, 
eau-de-vie.  M.  Moreau  insiste  beaucoup  et  avec  raison  sur  de  légères  per- 
cussions faites  avec  la  face  palmaire  des  doigts  sur  les  épaules  et  les  fesses  ; 
il  est  aussi  souvent  Irès-ulile  de  porter  une  irritation  sur  les  surfaces  mu- 
queuses. On  met  dans  la  bouche  un  peu  d'eau-de-vie,  du  vinaigre;  on  in- 
suffle dans  l'anus  de  la  fumée  de  carto  ou  de  papier  brûlé  ;  on  inlrodui» 


daos  le  nez,  dans  le  fond  de  la  gorge,  les  barbes  d'ime  plume  trempée  dans 
du  vinaigre,  dont  on  peut  se  servir  encore  pour  désobstruer  en  même  temps 
Vîrrière- bouche  des  mucosités  qui  peuvent  s'opposer  à  Taccès  de  l'air. 
Lorsqu'on  peut  soupçonner  que  des  mucusités  sont  accumulées  dans  les 
voies  aériennes,  on  doit,  suivant  le  conseil  de  Dewees,  placer  l'enfant  sur 
le  ventre,  en  ayant  soin  d'élever  les  pieds  plus  haut  que  la  lêie,  et  en  im- 
primant à  tout  le  tronc  quelques  légères  secousses  ;  on  parvient  ainsi  à  dés- 
obstruer la  trachée  et  à  rendre  plus  facile  l'arrivée  de  l'air.  C'est,  dit  Tau- 
leur  américain,  un  moyen  d'une  grande  utilité  et  à  l'aide  duquel  je  suis 
parvenu  à  sauver  un  grand  nombre  d'enfants  (p.  192).  Après  quelques  in- 
stants, l'enfant  sera  de  nouveau  plongé  dans  un  bain  chaud,  frotté  avec  des 
flanelles  chaudes,  puis  soumis  immédiatement  à  des  aspersions  froides. 

Ces  moyens  seront  continués  longtemps  après  l'établissement  régulier  de 
la  respiration  pour  prévenir  l'asphyxie  secondaire. 

On  exposera  encore  utilement  le  corps  de  l'enfant  à  un  courant  d'air 
froid,  en  lui  imprimant  brusquement  des  mouvements  semblables  à  ceux 
de  la  balançoire  ;  et  même,  après  l'avoir  ranimé  et  habillé,  on  pourra  ex- 
poser sa  figure  à  l'air  frais,  ou  mieux  l'éventer  pendant  quelques  instants. 

On  a  conseillé  d*exercer  une  forte  succion  sur  les  mamelles,  dans  le  but 
de  dilater  mécaniquement  le  thorax.  Cette  succion,  dit  Desonneaux,  sans 
effet  pour  le  but  qu'on  se  propose,  me  semble  propre  à  stimuler  les  muscles 
qui  meuvent  les  côtes.  Mais  un  moyen  plus  puissant  et  que  vante  beaucoup 
le  même  auteur  est  une  sorte  de  douche  portée  directement  sur  les  parois 
du  thorax ,  douche  qui  se  fait  en  prenant  dans  sa  bouche  une  gorgée  d'eau- 
de-vie,  et  en  la  soufflant  avec  force  contre  la  paroi  antérieure  de  la  poitrine. 
Il  est,  dit-il,  rarement  nécessaire  de  réitérer  plusieurs  fois  ce  moyen  ;  on 
voit  bientôt  son  emploi  produire  immédiatement  une  contraction  convul- 
sive  des  muscles  inspirateurs  ;  le  sang  et  l'air  pénètrent  le  poumon  ;  la  res-- 
piration  s'établit  irrégulièrement}  d'abord  elle  est  faible  et  comme  con- 
vulsive,  mais  bientôt  elle  devient  plus  forte  et  plus  régulière. 

Si  ces  excitations  sur  les  nerfs  spinaux  et  facial  étaient  insuffisantes,  on 
agirait  sur  les  ramifications  du  peumo-gastrique  par  l'insufllalion. 

L'insufflation  compte  aujourd'hui  un  assez  grand  nombre  de  succès  pour 
qu'on  doive  y  recourir  toutes  les  fois  que  les  moyens  dont  nous  venons  de 
parler  n'ont  pas  réussi.  Dans  un  très-bon  mémoire  sur  ce  sujet,  M.  Depaul 
a  victorieusement  réfuté  les  objections  formulées  contre  elle,  et  confirmé 
par  ses  expériences  les  résultats  obtenus  déjà  par  MM.  Duméril  et  Magendie. 
Comme  eux  il  a  vu  qu'on  se  faisait  une  fausse  idée  de  la  résistance  des  vési- 


15 
Cule8  puImoDairee,  et  que,  pour  produire  leur  déchirure,  il  faut  souiller 
avec  une  force  bieu  spérieure  à  celle  qui  est  nécessaire  pour  obtenir  uoe 
simple  dilâtatioD.  Il  a  prouvé  par  des  faits  que  rinsufilatiou  réussissait  i 
rappeler  à  la  vie  des  enfants  que  l'iûsuccès  des  moyens  généralement  pro- 
posés semblait  vouer  à  une  mort  certaine;  que  même  dans  les' cas  où  elle 
était  impuissante,  parce  que  les  lésions  causes  de  la  mort  apparente  étaient 
au-dessus  des  ressources  de  Tart,  elle  pouvait,  lorsque  l'action  du  cœur 
n'était  pas  encore  éteinte,  rendre  ses  pulsations  plus  fortes  et  plus  fré.* 
quenles,  et  même  parfois  déterminer  uue  inspiration  spontanée,  raaie  in- 
complète. 

M.  Depaul,  qui  a  rendu  un  véritable  service  en  appelant  l'attention  sur 
un  moyen  généralement  abandonné  comme  dangereux  par  les  uns,  comme 
inutile  par  les  autres»  a  proposé  quelques  règles  de  conduite  que  je  crois 
devoir  reproduire,  au  moins  eo  abrégé. 

Il  se  sert  de  la  canule  de  Chaussier  ;  il  en  a  seulement  fait  disparaître  les 
ouvertures  latérales  et  les  a  remplacées  par  une  ouverture  terminale. 

L'enfant,  dont  on  entretient  la  température  par  des  linges  chauds,  doit 
être  placé  de  manière  à  ce  que  la  poitrine  soit  plus  élevée  que  le  bassin, 
et  la  tèle  un  peu  inclinée  en  arrière,  pour  rendre  plus  saillante  la  partie  an- 
térieure du  cou.  Après  avoir  débarrassé  la  langue  et  le  pharynx  de  toute 
mucosité,  on  porte  l'index  gauche,  en  suivant  la  ligne  médiane  de  la  langue, 
jusqu'à  l'épiglotle.  La  main  droite,  tenant  le  tube  comme  une  plume  à 
écrire,  dirige  le  long  du  doigt  sa  petite  extrémité  jusqu'à  rentrée  du  larynx, 
l'incline  vers  la  commissure  gauche  des  lèvres  et,  par  quelques  légers 
mouvements,  cherche  à  soulever  répiglolle;  il  suffît  alors  de  redresser  Tin- 
strument  et  de  le  porter  en  même  temps  vers  la  ligne  médiane,  pour  que 
son  extrémité  traverse  la  glotte.  C'est  là  le  seul  temps  un  peu  difficile  de 
^opération,  car  assez  souvent  le  tube  s'engage  dans  l'œsophage.  Aussi,, 
avant  d'insufller,  doil-on  s'assurer  de  sa  position,  eu  promenant  le  doigt 
sur  le  larynx  et  la  trachée,  et  en  imprimant  à  Tinslrument  des  mouvements 
de  laléi-alilé  pour  voir  s'ils  sont  suivis  par  le  larynx.  D'ailleurs,  dès  la  pre- 
mière insufflation,  on  s'aperç^oit  de  suite  de  Terreur,  car  lorsque  l'instru- 
ment est  porté  dans  l'œsophage  un  soulèvement  considérable  de  Tépigastre 
précède  celui  de  la  base  de  la  poitrine  ;  s'il  est  dirigé,  au  contraire,  dans  le 
larynx,  la  dilatation  de  la  poitrine  est  uniforme,  et  l'abaissement  du  dia- 
phragme seul  produit  la  saillie  épigastrique. 

Pour  empêcher  le  reflux  de  l'air  qu'on  va  pousser  et  le  forcer  à  pénétrer 
flans  les  voies  aériennes,  on  lui  ferme  toute  issue  par  l'œsophage,  la  bouche 


i6 

et  les  uarines.  Une  pression  modérée,  exercée  avec  rinslrumenl,  sert  à 
appliquer  la  paroi  antérieure  de  l'œsophage  contre  la  postérieure.  Avec  le 
pouce  et  l'indicateur,  on  pince  fortement  les  lèvres  des  deux  côtés  de  la 
canule,  et  Ton  bouche  les  narines  en  pressant  le  nez  avec  les  deux  doigts 
médius. 

Les  insulflations  doivent  être  assez  rapprochées  les  unes  des  auti-es; 
M.  Depaul  croit  qu'il  faut  en  faire  dix  à  douze  par  minute.  Après  chacune 
d'elles,  l'élasticité  des  vésicules  sufSl  pour  expulser  par  la  canule  la  plus 
grande  partie  de  l'air;  toutefois  il  peut  être  utile  de  rendre  l'expiration 
plus  complète  par  des  pressions  convenablement  exercées  avec  ia  main 
largement  appliquée  sur  le  devant  de  la  poitrine. 

Le  temps  pendant  lequel  on  doit  insister  sur  les  insufflations  est  très*- 
variable.  Ainsi  les  faits  prouvent  que  tantôt  un  quart  d'heuie  a  été  suffisant, 
tantôt  il  a  fallu  les  prolonger  trois  quarts  d'heure,  une  heure  et  même  une 
heure  et  demie. 

Lorsque  sous  leur  influence  le  cœur  s'est  ranimé  et  bat  130  fois  par  mi- 
nute, je  crois,  dit  M.  Depaul,  qu'il  est  du  devoir  du  médecin  de  continuer 
jusqu'à  l'apparition  d'inspirations  spontanées  qui  se  renouvellent  au  moins 
de  cinq  à  six  fois  par  minute;  s'arrêter  après  une  première  serait,  dans 
beaucoup  de  cas,  compromettre  la  vie  de  l'enfant;  mais  lorsque,  après  avoir 
réveillé  les  battements  du  cœur  et  même  obtenu  quelques  efforts  des  mus- 
c'es  inspirateurs,  on  voit  tout  cela  s'affaiblir  et  disparaître,  on  peut,  après 
dix  à  douze  minutes,  cesser  Tinsufflalion.  Je  n'ai  jamais  vu,  dans  ces  cas, 
qu'on  soit  parvenu  à  ranimer  les  enfants. 

De  temps  en  temps  il  est  nécessaire  de  retirer  la  canule  pour  la  débar- 
rasser des  mucosités  qui  l'obstruent.  Quand  la  trachée  renferme  des  mu- 
cosités abondantes,  facilement  indiquées  par  un  gargouillement  manifeste, 
on  peut,  à  l'aide  de  quelques  aspirations,  en  engager  dans  la  canule  des 
quantités  considérables  et  rendre  ainsi  plus  efficaces  les  insufilations  ulté- 
rieures. 

S'il  survient  quelques  inspirations  spontanées,  il  faut  momentanément 
suspendre  l'insufllation. 

EnGn  si  tous  ces  moyens  avaient  échoué,  et  qu'on  eût  une  pile  à  sa  dis- 
position, on  pourrait  faire  passer  quelques  courants  électriques  à  travers 
les  muscles  inspirateurs;  mais  c'est  un  auxiliaire  sur  lequel  il  ne  faut  pas 
trop  compter. 

L'électricité  est  en  effet  beaucoup  moins  active  sur  le  fœtus  que  sur 
Padulte.  L'expérience  a  prouvé,  par  exemple,  que  des  fœtus  de  serpent  bien 


17 
développés  étaient  peu  sensibles  «i  l'action  du  {galvanisme  avant  d'avoir 
respiré,  tandis  que  peu  après  ils  jouissaient  d'une  sensibilité  très-délicate. 

Les  mêmes  moyens  doivent  être  employés  dans  les  cas  de  mort  apparente 
où  les  enranls  sont  pâles  et  décolorés;  seulement  on  comprend  que,  loin 
de  faire  saigner  le  cordon  ombilical,  il  faut  s'empresser  de  le  lier,  même 
avant  de  le  couper. 

Quelques  personnes  ont  conseillé,  dans  les  cas  d'asphyxie,  de  ne  couper 
le  cordon  ombilical  qu'après  l'établissement  régulier  de  la  respiration  pul- 
monaire, espérant  que  la  persistance  de  la  circulation  fœto-placentaire  rem- 
placerait la  respiration  extra-utérine  non  encore  établie.  Sans  admettre,  avec 
le  docteur  King,  que  cette  pratique,  permettant  aux  contractions  du  cœur 
de  chasser  tout  le  sang  dans  le  placenta,  expose  le  fœtus  à  mourir  exsan- 
gue, je  pense  que,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  cette  précaution  est 
au  moins  inutile  ,  et  même  nuisible  en  faisant  perdre  un  temps  précieux. 
Presque  toujours,  en  eflet,  le  placenta  est  décollé  en  partie  et  même  en  to- 
talité peu  de  temps  après  la  sortie  de  l'enfant,  et  alors  même  que  ses  adhé- 
rences fussent  intactes,  la  rétraction  de  l'utérus,  qui  succède  à  l'expulsion 
de  l'enfant,  a  tellement  modifié  la  circulation  des  parois  utérines  et  celle 
des  vaisseaux  utéro-placentaires,  que  l'enfant  ne  pourrait  certainement  y 
trouver  que  des  ressources  insuflisantes.  Cependant,  si  par  le  toucher  on 
ne  trouve  pas  le  placenta  sur  le  col,  et  que  par  suite  on  puisse  croire  qu'il 
a  conservé  ses  rapports  normaux  avec  la  matrice ,  on  peut ,  lorsque  le 
fœtus  est  pâle  et  décoloré,  ne  pas  se  presser  de  couper  le  cordon,  surtout 
s'il  présente  encore  des  pulsations.  Mais  dès  qu'il  cesse  de  battre,  ou  dès 
qu'on  s'aperçoit  que  le  placenta  est  décollé,  il  faut  s'empresser  d'en  opérer 
la  section. 

Certains  enfants,  après  avoir  crié  et  respiré  assez  librement,  retombent 
encore  après  quelques  heures,  quelquefois  même  après  quelques  jours, 
dans  un  état  de  mort  apparente  qui  se  termine  rajiidement  par  la  mort 
réelle,  si  de  prompts  sccoui  s  ne  sont  pas  administrés.  Celte  mort  apparente 
secondaire  peut  tenir,  comme  celle  que  nous  veuoos  de  décrire,  à  une  vé- 
ritable asphyxie,  ou  à  un  défaut  d  influence  nerveuse  auquel  les  excitations 
employées  immédiatement  après  la  naissance  n'ont  remédié  que  momenta;- 
nément.  L'asphyxie  est  produite  soit  par  un  coips  étranger  placé  aux  ou- 
vertures de  la  bouche  et  des  narines,  soit  par  Taccumulation  de  mucosités 
dans  l'anière-gorge.  Enlever  les  corps  étrangers ,  désobstruer  l'arrière- 
bouche  à  l'aide  d'une  barbe  de  plume ,  ou  les  bronches  en  sollicitant  les 
vomissements  par  la  titillation  de  la  luette,  tels  sont  les  premiers  moyens 

2 


18 

à  employer.  On  pourra,  si  la  face  est  violacée,  appliquer  avec  succès  une 
sangsue  derrière  chaque  oreille,  ou  suivant  le  conseil  de  Kennedy,  sur  les 
lontanelles.  Lorsqu'on  peut  attribuer  les  accidents  au  défaut  d'action  céré- 
brale ,  c'est  aux  excitants  déjà  conseillés  plus  haut  qu'il  faut  de  nouveau 
avoir  recours. 


RECHERCHES 

SUR  LES  PROPRIÉTÉS  PHYSIOLOGIQUES  ET  THÉRAPEUTIQUES 


DU 


BROMURE  DE  POTASSIUM, 


Par  m.  Ch.  HUETTE, 

Interne  en  médecine  et  en  rtilrur;;ie  de»  hôpitaux  de  Paris 

membre  fondateur  de  la  Société  de  biologie,  membre  de  la  Société  aoalomlque 

et  de  la  Société  de  médecine  pratique  de  Pari». 


Il  y  a  quelques  anoées,  le  prix  élevé  de  l'iode  reridait  les  diverses  prépara- 
tions de  ce  médicament  inaccessibles  aux  malades  pauvres,  et  Tadministration 
des  hôpitaux  elle-même  fut  sur  le  point  d'en  restreindre  l'usage.  Les  pra- 
ticiens, cherchant  alors  un  succédané  à  l'iodure  de  potassium,  proposèrent 
le  bromure  du  même  métal.  L'analogie  chimique  le  recommandait  à  leur 
attention,  et  permettait  d'espérer  quelque  conformité  de  propriétés  théra- 
peutiques. Moitié  sur  la  foi  de  celte  induction,  moitié  par  nécessité,  le  bro- 
mure vint  ainsi  prendre  place  à  côlé  de  l'iodure,  dans  la  médication  alté- 
rante. Quelques  succès  observés  dans  le  service  de  M.  Ricord  (qui,  du 
reste,  sut  les  annoncer  avec  une  réserve  dont  l'avenir  prouva  toute  la  sa- 
gesse) ;  diverses  guérisons  rapportées  par  M.  Fourché  (de  Montpellier)  ;  les 
récits  des  médecins  d'Allemagne  sur  les  elTels  merveilleux  de  certaines 
eaux  très-riches  en  bromures  alcalins,  semblèrent  justifier  cette  inno- 
vation. 


20 

Je  Q^di  pas  été  à  raème,  pendaDt  moa  iulernat  i  Tbôpifal  du  Midi,  de 
vérifier  les  as?€rlioDS  d«  M.  Fourché  relaliveoienl  à  refficacilé  de  ce  corps 
cjonlre  la  scrofule  ;  chez  les  sujets  atteints  d'accideols  stru(neux«  od  reo» 
c«>nlrail  des  afTectîons  qui  exigeaient  remploi  simultané  d'autres  médicap* 
meotB  :  il  est  Impossible  de  détermiaer  la  part  do  bromure  dans  le  résultat 
de  ces  traitemcots  mixtes.  Si  mes  recherches  n'oot  pas  éclairé  ce  poiot  de 
la  question,  elles  m'ont  permis  de  constater  maintes  fois  Tinsuffisance  de  ce 
médicamcot  contre  ta  syphilis,  et  je  puis  affirmer  qu'un  examen  minutieux 
i^l  sévère  de  Taction  du  bromure  sur  les  accidents  syphilitiques  le  déshérite 
complètement  des  avantages  et  de  refQcâcité  spéciale  dont  quelques  prati* 
riens  l'ont  doté.  Mes  c-onvictions  Â  cet  égard  ne  reposent  pas  seulement  sur 
\ps  faits  que  j'ai  personnellement  observés  Je  dois  à  Tobligeance  de  M.  le 
docteur  Puche  une  série  de  faits  circonstanciés,  et  recueillis  par  lui-même 
avec  un  scrupule  capable  de  dissiper  les  doutes  qu'on  pourrait  avoir  sur  ce 
sujet. 

Ayant  étudié  avec  te  plus  graod  soin  Taction  très-remarquable  de  ce  mé- 
dicament sur  les  différents  appareils  de  réconomic,  je  consacrerai  la  pre- 
mière partie  de  mon  travail  aux  phénomènes  physiologiques  que  j'ai  ob- 
servés. En  exposaiit  le  parallèle  des  effets  produits  sur  l'organisme  par 
l'iodure  et  le  bromure  de  potassium,  il  me  sera  facile  de  démontrer  com- 
bien étaient  peu  fondées  les  inductions  thérapeutiques  basées  sur  l'analogie 
chimique  de  ctts  d«;ux  corps.  Si  l'observation  clinique  enlève  â  la  médication 
altérante  une  conquête  récente  sur  laquelle  reposait  plus  d'un  espoir,  la 
matière  médicale  Q%iura  cependant  rien  perdu  :  l'évidence  des  faits  place 
le  bromure  de  potassium  parmi  les  ageots  les  plus  énergiques  et  les  plus 
spéciaux  de  ia  médication  stupéfiante. 

§  ï.    --  ACTION   PaYSIOLOGÎQUE  DO  BROMURE  DE  POTASSIUM. 

Phénomènes  géî(éraux  (i),  —  Noua  allons  décrire,  dans  leor  ordre  de 
succession  autant  que  possible,  une  série  de  phénomènes  tantôt  isolfe, 
tantôt  réunis,  mais  dont  l'ensemble  caractérise  nettement  la  place  que  doit 
occuper  le  bromure  de  potassium  dans  ta  matièi*e  médicale. 

(1)  Le  bromure  de  potatôium  fut  admiaisiré  aux  doecs  quotidienoës  de  2^  A 
et  6  grammes.  Les  malades  te  prenaient  en  ditisoluUa»  dans  une  potion  gom- 
tneuse  ou  dans  un  pot  de  tisane.  L«s  doses  étaient  ensuite  progressivement 
perlées  à,  lo,  i5,  20  grammes,  à  partir  du  buaième  ou  du  disiième  jour  du 
uaitfmcnl. 


2X 

La  c^hatatgîe  est  l'un  Aef>  prea^j'^rs  effets  produits  :  parfois  on  la  con- 
state dès  W.  deuxième  jour  du  liaitcmout,  quand  ka  msiades  ne  prennent 
encore  que  b  grammes  par  jour  ;  aiais  elle  s«i  déclare  ordinairemetit  du 
quatrième  au  septième  jour,  et  iorsqu'oa  est  arrivé  aux  do-ses  de  10  à  15 
grammes.  Elle  n'a  rien  de  commun  avec  la  céphalalgie  iodique.  Cette  der- 
nière, on  le  sait,  siège  dans  les  sinus  frontaux  ;  elle  est  caractérisée  par  des 
élancements  douloureux,  et  s'accompagne  d'injection  de  la  conjonctive,  de 
larnioieoieot  et  de  coryza.  Pendant  la  durée  de  cet  état,  une  lumière  trop 
vive  blesse  la  vue,  le  moindre  bruit  impressionne  désagréablement  l'o- 
reille, eofiD,  la  susceptibilité  de  tous  les  sens  est  accrue;  souvent  une  clia.- 
leur  brûlante  de  la  peau,  et  une  véritable  Gèvre  s'ajoutent  à  ces  accidents. 
La  céplialalgîe  produite  par  le  bromure  ne  présente  rim  de  semblable;  pas 
d'élancements,  ni  de  larmoiement,  ni  dea>ryza;  la  tête  est  lourde,  les  ma^ 
lades  éprouvent  on  sentiment  de  pression  continue  qu'ils  rapportent  au 
front  «taux  tempes;  s'ils  se  lèvent,  ils  oet  des  élourdibsenients;  l'oeil  est 
morne,  le  regard  sans  animation,  la  physionomie  hébétée  ;  des  réponses 
lentes  annoncent  l'aflaiblissemcnt  de  rintelligeiice,  rincerlilude  de  la  vo- 
lonté. C'est  là  le  premier  degré  île  cet  état  de  stupeur  dans  lequel  tombent 
rapidement  les  individus  qui  prolongent  remploi  du  bromure  à  doses  éle- 
vées. Quelquefois  I!  y  a  des  vertiges,  cl  renscroble  de  cet  état  général  rap- 
pelle assez  bien  ie  premier  degré  di^s  lièvres  typhoïdes  ;  au  lieu  de  Gèvre, 
on  constate  alors  un  abaissement  considérable  du  pouls  ;  nous  avons  quel- 
quefois trouvé  seulement  de  40  à  liB  pulsations. 

Dès  qu'on  cesse  l'emploi  du  médicament,  tous  ces  effets  se  dissipent  ra- 
pidement. Les  purgatifs  accélèrent  le  retour  à  l'état  normal;  aussi,  dès 
que  les  malades  accusent  une  céphalalgie  un  peu  intense,  leur  prescrit-on 
une  bouteille  d'eau  de  Sedlitz;  à  la  faveur  de  cet  évacuant  et  de  quelques 
jours  de  repos,  on  peut  ensuite  recommencer  le  trailemeol,  et  le  plus 
souvent  le  conduire  à  bonne  fin,  sans  nouvelle  interruption. 

Après  la  céphalalgie  vient  V assoupissement;  une  sojnnolence  continuelle 
s'empare  des  malades;  leur  sommeil,  ordinairement  calme, esi  quelquefois 
agité  par  des  rêvasseries.  C'est,  en  moyenne,  du  dixième  au  quinzième 
jour  qu'on  observe  ces  différents  troubles,  quand  les  malades  ont  absorbé, 
depuis  le  commencement  du  liaiiement,  100  a  160  grammes  de  bromure. 
Cependant  l'assoupissement  et  les  vertiges  sont  aussi  survenus  du  trentième 
au  cinquante- troisième  jour,  et  sous  rinfluence  d'une  dose  totale  variant 
entre  135  et  420  grammes;  ces  dliféirences  paraissent  dépendre  de  l'idio- 
syncrasie  des  sujets.  T-pg  malades  se  plaignent  quelquefois  d'une  sensa- 


22 
lion  de  froid  qui  envahit  plus  spécialemeol  les  jambes,  ies  cuisses  elles 
bras. 

A  un  degré  plus  avancé  de  cet  élat  d'ivresse,  les  jdéos  se  troublent,  la 
propension  au  sommeil  est  plus  impérieuse.  Quelques  excilatioifij extérieures 
arrachent-elles  les  malades  à  celle  stupeur,  des  paroies  incohérentes  ac- 
compagnées d'un  sourire  hébêlé  s'échappent  de  leurs  lèvres  enlr'ouverles  ; 
leur  physionomie  exprime  celte  satisfaction  slupide  qui  caractérise  le  visage 
des  idiots,  puis  leur  tête  retombe  lourdement  sur  Poreiller,  et  le  sommeil 
met  bientôt  fin  à  la  fatigue  de  ce  réveil  momentané.  D'autres  fois,  mais 
rarement,  il  y  a  une  sorte  d'agitation  et  une  loquacité  qui  revêlent  plutôt 
une  inquiétude  vague  qu'une  surexcitation  nerveuse  réelle.  En  apportant 
quelque  attention  dans  l'étude  de  ce  délire,  on  peut  facilement  se  convain- 
cre qu'il  ne  piésente  aucun  des  éléments  qui  caractérisent  l'agitation  ma- 
niaque et  souvent  furieuse  causée  par  les  solanéos  vireuses.  Un  seul  malade 
nous  présenta  des  hallucinalions  de  la  vue,  de  l'ouïe  et  du  toucher  :  il  se 
plaignait  d'entendre  des  voix  la  nuit,  et  le  matin  nous  montrait  entre  ses 
doigts,  qui  ne  tenaient  rien,  une  prétendue  épingle  avec  laquelle  on  le  pi- 
quait; cet  état  persista  pendant  huit  jours.  Des  purgatifs  furent  adminis- 
trés, et  le  retour  à  la  santé  ne  se  lit  pas  longtemps  attendre. 

Ces  accidents  divers  précèdent  et  souvent  accompagnent  une  perlurba- 
Jion  caractérisée  par  des  lésions  du  mouvement  et  de  la  sensibilité 
générale.  La  force  musculaire  est  rapidement  prostrée,  les  membres  abdo- 
minaux fléchissent  sous  le  poids  du  corps;  la  démarche  est  vacillante,  et 
les  individus  n«  se  dirigent  qu'en  prenant  souvent  un  point  d'appui  sur  les 
objets  environnants.  Cette  faiblesse  est  ordinairement  en  rapport  avec  la 
durée  du  Iraileiflent  et  proportionnée  aux  quantités  de  bromure  ingérées. 
Nous  l'avons  constatée  une  fois  vers  le  sixième  jour  ;  mais  dans  la  grande 
majorité  des  cas,  elle  ne  se  manifeste  que  beaucoup  plus  tard,  et  sous  l'in- 
fluence longtemps  prolongée  des  plus  hautes  doses. 

Pendant  que  la  puissance  musculaire  diminue  peu  à  peu,  la  sensibilité 
générale  s'émousse.  Chez  quelques  malades,  elle  fut  assez  abolie  pour  faire 
croire  que  le  bromure  de  potassium  serait  un  agent  aneslhésique  de  plus. 
lin  fait  hors  de  doute  est  qu'il  modifie  quelquefois  la  sensibilité,  de  manière 
à  1  endre  lolérables  des  irrilations  qui  causeraient  de  vives  douleurs  aux  su- 
jets non  soumis  h  son  irifiuence.  Nous  avons  vu  certains  malades  qu'on  pou- 
vait pincor.  piijucr  avec  une  aiguille  sans  délerminer  la  moindre  souffrance. 
,^t,  Rames,  noire  collègue,  a  relaté  dans  sa  thèse  les  observations  circon- 
«Unciées  de  oos  cas  curieux.  Mais  hâtons-nous  de  dire  que  celte  espèce 


23 
d'aneslhésie  est  Irès-rare  ;  au  contraire,  nous  avons  vu  le  plus  souvent  que 
la  sensibilité  à  la  douleur  n'était  pas  amortie,  bien  que  l'action  générale  du 
bromure  ftU  portée  à  son  maximum  d'intensité.  Or,  si  Ton  songe  que  pour 
avoir  chance  d'obtenir  un  effet  si  rare  ,  il  faut  porter  le  médicament  à  des 
doses  (20  ou  30  grammes)  qui  provoquent  constamment  les  accidents  que 
nous  venons  d'énumérer,  la  prudence  empêchera  toujours  les  praticiens 
de  rechercher  une  sensibilité  douteuse,  au  prix  de  perturbations  inévitables, 
et  qui  ne  sont  point  sans  danger.  Cependant,  si  le  bromure  doit  être  pro- 
scrit et  ne  peut  remplacer  le  chloroforme  dans  la  pratique  des  opérations 
chirurgicales,  nous  aurons  occasion  de  signaler  plus  loin  les  cas  spéciaux 
dans  lesquels  il  peut  rendre  quelques  services  à  la  médecine  opératoire. 

Au  milieu  des  effets  si  variés  qui  révèlent  un  trouble  profond  dans  les 
phénomènes  de  la  vie  de  relation,  la  plupart  des  fonctions  ae  la  vie  organi- 
que jouissent  d'une  immunité  complète  el  semblent  échapper  à  l'action  stu- 
péliantedu  bromure. 

Tous  les  accidents  généraux  que  nous  venons  de  décrire  ne  s'enchaînent 
et  ne  se  succèdent  pas  toujours  ainsi,  nous  le  répétons,  lieur  intensité  plus 
ou  moins  prononcée  semble  subordonnée  aux  idiosyucrasies  individuelles. 
Certaines  constitution-;  sont  entièrement  réfractaires  aux  effets  du  bromure  ; 
12  fois  sur  70  le  médicament  ne  produisit  aucun  effet  physiologique  appré- 
ciable. Mais  dans  les  cas  où  nous  avons  constaté  cette  absence  de  résultats, 
le  traitement  n'avait  été  suivi  que  pendant  onze  jours,  aux  doses  quoti- 
diennes de  5  à  10  grammes. 

Étudions  les  effets  spéciaux  du  bromure  de  potassium  sur  quelques  ap- 
pareils de  l'économie  animale. 

ACTION    SUR    LES    VOIES   DIOESTIVKS. 

Une  saveur  amère  et  salée,  analogue  à  celle  de  l'iodure  de  potassium,  unrt 
sensation  d'âcreté  dans  le  pharynx  et  de  clialeui'  à  restomac,  quelquefois 
de  fraîcheur,  tels  sont  les  effets  qui  se  manifestent  au  moment  de  l'inges- 
tion du  bromure  dans  les  voies  digeslives.  Dès  les  premiers  jours,  l'appétit 
est  rapidement  éveillé,  et  l'exigence  de  la  faim  se  soutient  pendant  toute 
la  durée  du  traitement.  La  constipation  est  presque  constante  et  fréquem- 
ment assez  opiniâtre  pour  nécessiter  l'administration  de  purgatifs  légers; 
les  digestions  sont  eu  général  faciles  el  exemptes  de  coliques.  Nous  n'avons 
observé  de  phénomène  d'irritation  que  dans  le  cas  où  la  dose  du  médica- 
ment avait  été  brusquement  élevée  ;  alors  les  accidents  ne  se  fout  pas  lojig- 
lemps  attendre  :  c'est  ainsi  que  des  amygdalites,  desérylhèmes  de  la  gorge, 


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24 
des  gengivites  se  développèrent  du  premier  au  cinquième  jour,  quand  le 
bromure  ingéré  fut  porté  rapidement  de  10  à  25  grammes. 

Sur  tiQ  relevé  de  soixante-dix  obserbations,  nous  n'avons  constaté  que 
cinq  fois  de  la  gastralgie,  des  coliques  et  de  la  diarrhée. 

En  dehors  de  ces  cinq  cas  nous  n'avons  jamais  obtenu  d'autres  accidents 
du  côté  des  voies  digestives,  sinon  la  constipation. 

S'il  était  nécessaire  de  justifier  celte  assertion,  nous  rapporterions  ce  qui 
se  passa,  dans  le  courant  de  janvier  1850,  à  l'hôpital  du  Midi.  Les  ma- 
lades de  plusieurs  salles  furent  tout  à  coup  et  simultanément  pris  de  coli- 
ques accompagnées  d'évacuations  alvines  ;  ce  dérangement  dura  trois  jours. 
Xes  indi\idus  qui  se  trouvaient  alors  traités  par  le  bromure  échappèrent 
seuls  à  ce-3  accidents. 

ACTION  SDR  LE  PHARYNX  CT  LE  VOU.S  DO  PALAIS. 

X'un  des  efîets  les  plus  singuliers  et  les  plus  prompts  du  bromure  est 
celui  qu'il  produit,  même  à  faible  dose,  sur  le  voile  du  palais  et  le  pharynx. 
Souvent,  dès  le  second  jour ,  une  insensibilité  qui  persistera  pendant  toute 
la  durée  du  traitement  se  manifeste  dans  cette  région  ;  elle  est  si  profonde 
et  si  complète,  qu'elle  permelde  porter  le  doigtjusqu'à  la  base  de  la  langue, 
de  loucher  les  amygdales,  la  paroi  postérienre  du  pharynx  ,  de  titiller  la 
luette  sans  provoquer  de  nausées,  ni  de  vomisf^eroents,  ni  de  mouvements 
de  déglutition.  Celle  aneslbésie  toute  locale  ne  mérile-l-e!le  pas  d'attirer 
l'atleution  dea  chirurgiens  ?  Son  siège  et  sa  persistance  semblent  la  rendre 
préférable  à  celle  qu'on  obtient  par  le  chloroforme,  lorsqu'il  s'agit  d'opé- 
rations délicates  et  de  longue  durée,  comme  la  staphyloraphie,  l'ablation 
des  amygdales,  l'enlèvement  de  polypes  du  pharynx  et  des  fosses  nasales, 
toutes  opérations  qui  exigent  le  concours  docile  et  intelligent  des  patients. 
Celle  question  réclame  de  nouvelles  recherches;  car,  d'une  part,  nous 
ignorons  si  la  division  des  parties  insensibles  au  toucher  ne  causerait  pas  de 
douleur,  et,  d'autre  part,  il  reste  à  constater  si  la  glotte  ne  serait  pas  elle- 
même  frappée  de  stupeur,  et  par  conséquent  hors  d'état  d'indiquer  le  pas- 
sage du  sang  dans  la  trachée. 

Ces  phénomènes  sont  d'un  grand  intérêt  physiologique;  des  expériences 
multipliées ,  minutieuses  et  dirigées  avec  une  méthode  que  ne  comporte 
guère  l'observation  clinique  des  malades,  pourraient  seules  nous  révéler  la 
cause  de  celte  action.  Nous  nous  proposons  de  faire  ultérieurement,  dans 
ce  but,  quelques  recherches  avec  la  collaboration  de  notre  ami  M.  le  doc- 
teur CI.  Bernard. 


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25 

ACTION  SUR  LES  ORGANES  GINÎTAUX. 

On  sait  que  tous  les  individus  soumis  à  l'iodure  de  potassium  pour  des 
alTeclioDS  autres  que  les  dégénérescences  du  testicule,  sont  sujets  à  des 
érections  toujours  faciles  et  souvent  importunes.  Au  contraire,  cliez  ceux 
qui  prennent  du  bromure,  même  à  faible  dose,  les  organes  génitaux  parti- 
cipent bientôt  de  la  torpeur  générale  de  Téconomie,  et  les  érections  qu'on 
observe  fréquemment  le  matin,  à  Tétat  normal,  ne  se  manifestent  plus.  Un 
malade,  aujourd'hui  couché  salie  8,  n"  ô ,  malheureusement  doué  d'une 
imagination  inquiète,  était  tourmenté  par  des  pollutions  nocturnes  qu1l 
regardait  comme  la  cause  de  ses  infirmités.  On  lui  administra  le  bromure 
à  la  dose  de  un  gramme  par  jour,  et  le  troisième  jour  du  traitement  il  de- 
vançait nos  questions  en  annonçant  avec  joie  que  depuis  son  entrée  à  Tbô- 
pital  ses  crises  avaient  cessé.  Nous  devons  dire  que  tous  ne  se  félicitèrent 
point  au  même  titre  de  cet  assoupissement  de  Torgane  vénérien.  Quelques- 
uns  sortis  de  nos  salles,  et  encore  sous  TinQuence  du  médicament,  eurent 
le  chagrin  d'avoir  à  lui  reprocher,  au  milieu  de  circonstances  impérieuses , 
une  paresse  intempestive  des  organes  génitaux  et  des  mécomptes,  sans 
exemple  dans  leur  passé.  Celte  action  stupéfiante  ne  persiste  pas;  elle  di- 
minue graduellement,  et  après  quelques  jours  de  repos,  la  puissance  géni- 
tale a  repris  son  énergie  première. 

N'y  aurait-il  pas  là  quelque  indication  thérapeutique?  Nous  pensons  que 
le  bromure  de  potassium  serait  employé  avec  succès  dans  ces  urétriles 
dites  cordées,  contre  lesquelles  les  opiacés  et  le  camphre  sont  trop  fré- 
quemment inefficaces.  Ne  pourrait-on  pas  l'utiliser  pour  modérer  des  érec- 
tions opiniâtres  et  une  susceptibilité  nerveuse ,  contre  lesquelles  écboue* 
raient  les  narcotiques  et  les  antispasmodiques?  De  plus,  il  est  probable 
qu'il  triompheraitdesperles séminales  qui,  suivantM.  le  docteur Lallemand, 
dépendent  des  contractions  spasmodiques  des  vésicules;  il  aggraverait,  au 
contraire,  les  pertes,  qui  survenant  pendant  les  efforts  de  la  défécation, 
peuvent  être  imputées  au  relâchement  des  tissus,  à  l'atonie  des  organes. 

ACTION  SU&  L'OBGANE  OE  U  VUE. 

Les  troubles  produits  sur  l'organe  de  la  vue  sont  de  deux  ordres  :  tes  uns 
lafTectent  dans  ses  fonctions  spéciales,  les  autres  dans  sa  vitalité  même  ; 
mais  ceux-ci  ne  sont  qu'une  conséquence  de  l'action  stupéfiante  du  médi- 
cament sur  l'économie. 

Les  premiers  consistent  dans  un  af&iblissement  de  la  vue  plus  ou  moins 


26 
prononcé  ;  les  malades  ne  peuvent  plus  soutenir  une  lecture  prolongée,  les 
caractères  trop  fins  les  fatiguent.  Bientôt  ils  ne  distinguent  nettement  qu'à 
une  courte  distance.  Un  de  nos  malades  vit  double  pendant  quatre  jours. 
Ces  phénomènes  d'ambliopie,  rares  et  passagers,  ne  se  manifestent  que  sur 
les  individus  qui  sont  soumis  au  bromure  depuis  un  certain  temps.  Les 
vertiges,  la  céphalalgie  sont  leur  cortège  habituel.  Nous  ne  reviendrons  pas 
ici  sur  les  hallucinations  plus  haut  signalées  ;  elles  se  rattachent  à  la  per- 
turbation générale  des  facultés  intellectuelles. 

Les  accidents  du  second  ordre  consistent  dans  une  insensibilité  plus  ou 
moins  marquée  de  la  conjonctive  scléroticale.  Ce  phénomène  n'est  pas 
constant.  On  l'observe  surtout  vers  le  quatrième  jour  du  traitement,  lors- 
que les  malades  prennent  le  bromure  à  la  dose  de  10  à  15  grammes  dans  les 
vingt-quatre  heures. 

Cette  insensibilité  locale  est  parfois  si  complète,  qu'une  barbe  de  plume 
ou  le  doigt  passé  sur  la  conjonctive  scléroticale  ne  déterminent  aucune 
sensation  pénible  et  ne  provoquent  pas  le  moindre  clignotement  delà  pau- 
pière supérieure.  Le  plus  digne  de  remarque,  c'est  que  l'iris  conserve  ses 
mouvements  et  que  la  cornée  transparente  jeste  très-impressionnable,  bien 
qu'enchâssée  dans  un  globe  oculaire  frappé  d'insensibilité.  Quand  les  corps 
étrangers  qu'on  promène  ainsi  sur  la  conjonctive  viennent  à  loucher  le 
pourtour  de  la  cornée,  les  malades  accusent  de  la  douleur  et  rejettent  vi- 
vement la  tête  en  arrière.  Il  est  probable  que  le  svstème  du  grand  sympa- 
lique  échappe  à  l'action  stupéfiante  du  bromure  et  que  l'iris  et  la  cornée 
reçoivent  leur  sensibilité  des  filets  émanés  du  ganglion  ophthalmique 
(nerfs  iriens  ganglionnaires). 

ACTION  SCR  l'organe  DE  L'ODÏB. 

Nous  avons  souvent  observé  une  dureté  notable  de  l'ouïe  ;  c'est  ordi- 
nairement pendant  la  période  d'assoupissement  qu'elle  se  manifeste.  Chez 
quelques  malades  qui  prirent  le  bromure  à  la  dose  de  25  à  30  grammes, 
l'ouïe  devint  tellement  obscure  qu'on  ne  pouvait  se  faire  entendre  d'eux 
qu'en  criant  fort  et  près  de  leur  oreille.  Cette  espèce  de  surdité  est  loin 
d'être  constante;  elle  disparaît  rapidement  dès  que  les  malades  ne  sont 
plus  soumis  au  traitement. 

Nous  n'avons  pu  constater  si  les  sens  de  l'odorat  et  du  goût  étaient 
émoussés  ou  pervertis  chez  les  malades  que  nous  avons  observés. 

En  résumé,  la  prostration  des  forces,  l'engourdissement  des  mouvements, 
la  sensibilité  générale  plus  ou  moins  abolie,  les  sensations  spéciales  éraous- 


27 
sées,  rinlelligence  affaiblie,  le  sens  génital  amorti,  tels  sont  les  effets  qui 
nous  ont  engagé  à  classer  le  bromure  de  potassium  parmi  les  agents  les 
plus  énergiques  et  les  plus  spéciaux  de  la  médication  slupéfianle. 

g  II.  —  INEFFICACITÉ    DC    BROMURE    DE   POTASSIUM   DANS   LES   AFFECTIONS 

SYPHILITIQUES. 

ACTION   SDR  LES  ÉPIDIDYMITES  ET  LES  URÉTRITES. 

Sur  27  cas  d'épididymites  traités  par  le  bromure  de  potassium,  nous 
avons  constaté  dix  fois  une  exaspération  des  douleurs,  quatre  fois  le  passage 
de  Tépididymile  indolente  à  l'état  aigu  ;  enfin  trois  malades  sortirent  avec 
des  indurations  de  l'épididyme  après  un  traitement  dont  la  durée  varie 
entre  un  mois  et  six  semaines  ;  la  guérison  des  autres  fut  plus  ou  moins 
rapide.  Ajoutons  que  tous  ces  malades,  indépendamment  du  bromure 
qu'ils  prenaient,  furent  soumis  au  traitement  habituel  de  ces  sortes  d'af- 
fections :  sangsues,  cataplasmes  émollients,  compression,  emplâtre  de 
Vigo,  etc.,  etc.,  suivant  la  nature  et  la  gravité  des  cas. 

Celte  statistique,  qui  nous  montre  tantôt  l'épididymite  chronique  rappelée 
à  l'état  aigu,  tantôt  l'état  aigu  suivi  d'engorgement  chronique  et  qui  n'offre 
que  de  rares  exemples  de  guérison,  n'est  pas  faite  pour  encourager  à  traiter 
cette  affection  par  le  bromure  de  potassium.  Cependant,  entre  des  mains 
habiles,  ce  médicament  peut  encore  rendre  dos  services.  M.  le  docteur 
Puche  l'emploie  quelquefois  pour  tirer  de  leur  indolence  des  épididymites 
anciennes,  dont  il  favorise  ensuite  la  résolution  par  un  traitement  efficace. 

Ce  médicament  ne  paraît  pas  avoir  une  grande  influence  sur  le  cours  des 
urélrites.  Pendant  les  traitements  nous  avons  souvent  observé  des  écoule- 
ments plus  abondants  et  purulents  ;  l'emploi  du  bromure  serait  peut-être 
motivé  par  certaines  urétrites  dites  cordées,  à  cause  des  effets  stupéûanta 
qu'il  exerce  sur  les  organes  génitaux. 

ACTION  SUR  LES  AFFECTIONS  SECONDAIRES. 

Rien  n'est  plus  contestable  que  l'efficacité  du  bromure  de  potassium  dans 
les  affections  syphilitiques  secondaires,  Nous  ne  pouvons  partager  l'opinion 
d'Engehiiann,  de  Prieger,  de  Bode,  qui  attribuent  au  bromure  de  potassium 
et  de  sodium,  contenu  dans  quelques  eaux  minérales  d'Allemagne,  les  effets 
merveilleux  qu'en  éprouvent  les  malades  affectés  de  syphilis  constitution- 
nelle, avec  accidents  du  côté  de  la  peau.  Nous  pensons  donc  que  c'est  aux 
autres  agents  chimiques  contenus  dans  ces  eaux,  et  principalement  aux 
iodures,  que  les  malades  sont  redevables  des  guérisons  rapides  observées 


28 
par  les  pratidens  ailemaods.  Nos  convictioDS  â  cet  égard  reposent  sur  des 
Taits  dans  lesquels  PactioD  isolée  de  ce  niéâicanienl  était  maDii'estetnenl  né- 
gative. II  suffit,  pour  s^en  convaincre,  de  jeter  un  coup  d*œil  sur  les  e^stralts 
d'observations  que  j'ai  relatés  &  la  fin  de  ce  t)'%vail. 

Sur  dix-neuf  cas  de  syphilis,  dont  les  symptômes  révélaient  TaiTection 
coDstitulionuelIe,  ou  vit  douze  fois  le  développement  des  manifestations  se- 
condaires ou  tertiaires.  Ce  forent  soit  des  roséoles,  des  papules  muqueuses, 
des  engorgements  ganglionnaires,  des  douleurs  rhuœatoîdès.  solldesexos- 
toses,  des  douleurs  osléocopes,  etc.  Dans  aucun  cas  le  bromure  n'exerça 
nm  action  résolutive  sur  les  ganglions  sympatliiques  et  symptomatiques 
d^affections  vénénennes,  tant  récentes  que  secondaires  ;  très-souvent  nous 
avons  constaté  sur  nos  malades  Tengorgeroent  des  ganglions  cervicaux 
Après  un  mois  ou  six  semaine  û^  traîtement, 

ACTION  SUfi  lES  AFFKCTiONâ  TSaTUUaCS, 

Les  principaux  symptômes  observés  sur  les  vénériens  qui  furent  soumis 
à  ce  traitement  consistaient  en  exostoses^  douleurs  ostéocopes  nocturnes, 
caries»  tumeurs  gommenses  du  cou,  ulcérations  de  la  gorge&dilTérents  de- 
grés, etc.  Or,  chez  aucun  malade,  on  ne  put  constater  la  moindre  amé« 
lioration,  bien  que  le  bromure  ait  été  continué  de  trois  semaines  à  deu^t 
mois.  Chez  quelques-uns  les  douleurs  ostéocopesfurent  exaspérées;  chez 
d'autres  elles  ne  furent  apaisées  que  par  Taction  stupéfiante  générale  pro- 
duite par  le  médicament  pris  à  haute  dose.  Ces  insuccès  devaient  engager 
à  renoncer  au  bromure  ;  on  revint  donc  à  Tiodure,  qui,  administré  dans  les 
mêmes  cas,  fît  disparaître  avec  une  merveilleuse  rapidité  tous  les  accidentii 
que  nous  venons  d'énomérer,  et  produisit  constamment  ramélioratiou  la 
pius  manifeste  dans  la  santé  générale  de  nos  malades.  I/un  d'eux,  dont  l'ob- 
servation a  couiribué  à  former  mon  opinion  sur  ce  sujet,  était  entré  salle  8, 
D' 38,  pour  y  être  traité  d'un  testicule  vénérien,  datant  de  huit  mois, 
d'oxostoses  du  temporal  gauche,  de  douleurs  ostéocopes  nocturnes  dans 
les  tibias;  après  deux  mois  d'un  traitement  sans  succès  par  le  bromure,  il 
fut  soumis  à  Piodure  le  il  juin  et  sortit  guéri  le  13  juillet.  A  l'appui  de 
nos  assertions,  nous  préciserons  les  faits  suivants. 

Obs.  I.  —  Papules  muqueuses  de  l'anus,  du  scrotum,  datant  de  trois  mots  ; 
roséole  papuleuse  du  tronc  datant  de  trois  mois  ;  ganglioo  cervical  supérieur 
droit  datant  de  quinze  jours* 

Traitement  du  16  février  au  SJi  mars. 


29 
L»  roséole  passe  le  2.'i  mars  à  TéUtt  de  psoriasb,  et  le  malade  sort  non 
guéri. 

Oss.  II.  —  Chancres  iadurés  datant  de  quatre  mois;  roséole  papaleuse  datant 
d'un  mois  et  demi  ;  gaugltons  inguinaux  engorgés  ;  ganglion  cervical  supé- 
rieur tré.vvoiumineux. 

Traitement  du  2  mars  au  31  avril 

Alopécie;  douleurs  articulaires  le  ift  uvril  ;  roséole  plus  vive  le  20. 

Ofi&IIIr  —  Cbancre  pbagédénique  à  circonférence  indurée;  pas  de  ganglions 
cervtcaox;  gonûement  inguinal  gauche. 

Traitement  du  3  février  au  21  noars. 

Le  il  février,  apparition  des  ganglions  cervicaux  ;  le  14  mars,  douleurs  arti- 
cakires  trés-vtves. 

Obs,  Vf,  —  Sypbilides  pustulo-crustacées  ;  ulcérations  tertiaires  du  pha- 
rynx. 

Traitement  du  22  novembre  au  âi  décembre. 

Pendant  îe  traitement,  douleurs  articulaires,  exostoses  de  ta  partie  inférieure 
du  cubitus. 

Ofis.  V,  —'  Chancres  indurés  de  l'impasse  du  prépuce  ;  ganglions  cervicaux 
engorgés. 

Au  cinquième  Jour  du  traitement,  apparition  de  papules  muqueuses  à  la 
marge  de  l'anus. 

Obs.  VI.  —  Papuies  muqueuses  végétantes  du  scrotum  et  du  pi!  génito^cru- 
ral  dataot  de  deux  mois;  papules  muqueuses  végétantes  de  l'anus  datant  de 
quinze  Jonrs;  roséole  papoleuse  du  tronc;  pléiades  inguinales;  ganglion  cer> 
vical  supérieur  gauche  engorgé  ;  papules  muqueuses  végétantes  des  deux  pi- 
liers do  voile  du  palais. 

Au  dix-oeuviéme  jour  du  traitement,  douleurs  dans  les  membres  inférieurs. 
Le  malade  sort,  après  un  mois  de  traitement,  sans  amélioration  dans  son  état. 

O&s.  VII.  —  Chancres  superliciels  de  l'impasse  du  prépuce  ;  roséole  du  tronc  ; 
pléiades  inguinales  ;  ganglions  cervicaux;  plaques  muqueuses  sur  les  piliers  du 
vfHie  du  palais. 

Traitement  du  27  février  au  26  mat 

Pendant  ce  temps,  apparition  de  psoriasis  sur  les  membres,  douleurs  dans 
les  meu)bres  inférieurs. 

Le  malade  sort  le  26  mai  et  rentre  le  V"  juillet  avec  de  nouvelles  papules,  une 
roséole  conQueute,  des  engorgements  des  ganglions  et  cervicaux,  symptômes 
qui  doivent  être  rattachés  4  la  première  <>tIectioo. 

Trailemenl  mercuriei.  Guérison  en  six  semaines. 

Obs.  Vin.  —  Chancres  indurés  de  l'impasse  du  prépuce  datant  de  deux  mois  ; 
f  ftngiions  inguinaux  engorgés  j  pas  de  ganglioas  cervicaux. 


30 
Trailé  par  le  bromure  <1u  4  mars  au  23  avril;  le  11  mars,  apparition  d'une 
roséole. 

Obs.  IX.  —  Chancre  du  prépuce  ;  ecthyma  sur  les  membres  abdominaux  ; 
ganglion  mastoïdien  droit  ;  douleurs  dans  les  jambes. 

Traité  par  le  bromure  du  7  janvier  au  16  février. 

Herpès  de  la  face  interne  et  inférieure  des  cuisses;  herpès  de  la  même  nature 
au  bras.  Le  16  février,  roideur  ei  douleurs  des  articulations  des  membres  infé- 
rieurs. 

Le  malade  sort  non  guéri. 

Obs.  X.  —  Papules  muqueuses  trés-volumineuses  de  la  marge  de  l'anus, 
du  scrotum  et  du  voile  du  palais;  ganglions  inguinaux  cl  cervicaux  irès-turaé- 
fiés. 

Traité  par  le  bromure  du  IB  mars  au  3  mai. 

Apparition  d'une  roséole  après  le  traitement. 

Sort  non  guéri  le  14  mai. 

Obs,  XI.  —  Chancres  superficiels  indurés  de  l'impasse  du  prépuce:  pléiade 
inguinale;  pas  de  ganglions  cervicaux;  céphalalgie. 

Traité  par  le  bromure  du  3  février  au  14  mars. 

Pityriasis  capilis  ;  céphalalgies  plus  vives. 

Il  serait  superflu  de  multiplier  davantage  les  observations  de  ce  genre  ; 
ce  qui  précède  ne  démontre  que  trop  rinefficacité  du  bromure  de  potas- 
sium dans  les  affections  tertiaires  de  la  syphilis. 

Les  assertions  que  nous  avançons  reposent  sur  une  statistique  assez  riche 
pour  dissiper  les  doutes  que  pourrait  faire  naître  l'absence  de  documents 
complets  sur  les  propriétés  du  bromure  de  potassium  ;  la  valeur  négative 
des  résultats  que  nous  avons  rapportés  n'est  donc  pas  à  dédaigner.  Si  la 
thérapeutique  enregistrait  avec  un  empressement  égal  ses  échecs  et  ses 
succès,  elle  épargnerait  peut-être  à  la  pratique  de  l'art  une  persévérance 
déplorable  dans  bien  des  erreurs  dont  le  point  de  départ  fut  riDducUon. 


HISTOIRE  ET  SYSTÉMATISATION  GÉNÉRALE 


DE  LA 


PHYSIOLOGIE. 


Mémoire  préi;enlc-  à  la  Société  de  Biologie,  le  8  juin  1850, 


PAR 


M.  LE  Docteur  L.-A.  SECOND, 

Secrétaire  de  la  Société,  bibliothécaire  à  l'ÉcoIe-de-Médecine. 


Quand  on  observe  la  marche  de  l'esprit  humain  dans  la  conceptioD  hié- 
rarchique des  idées  scientiflques,  on  le  voit,  à  mesure  qu'il  arrive  aux  no- 
lions  les  plus  complexes,  lutter  de  plus  en  plus  entre  ses  tendances  réelles 
et  l'esprit  théologico-métaphysique  ;  mais,  par  suite  de  l'accomplissement 
de  son  évolution  normale,  les  êtres  surnaturels  et  les  entités  cèdent  peu  à 
peu  le  terrain  et  sont  finalement  culbutés  par  l'avènement  fatal  des  idées 
jtositives.  Tel  est,  quant  à  cette  dernière  phase,  l'aspect  caractéristique  de 
la  biologie  se  dégageant  à  peine  des  dernières  entraves  de  la  métaphysique. 
Dans  cette  dernière  science,  comme  dans  les  autres  parties  de  la  philoso- 


32 
phie  nalnrelle,  certains  points  ont  pu  de  bonne  heure  recevoir  un  premier 
degré  de  positivilé.  Dans  mon  précédent  travail  sur  Thistoire  et  la  méthode 
de  l'anatomie  (1),  on  a  pu  voir  comment,  au  point  de  vue  statique,  la  sim- 
ple observation  directe  avait,  dès  le  grand  Aristole,  suscité  une  première  co- 
ordinatioa  des  animaux  basée  sur  des  caractères  de  conformation  extérieure 
et  intérieure.  Mais  pour  étudier  les  êtres  vivants  au  point  de  vue  dynamique, 
Pesprit  humain  avait  besoin  d'une  préparation  préliminaire  plus  étendue  ; 
et  ce  n'est  qu'après  l'établissement  de  la  physique  et  de  la  chimie  que,  pro- 
fitant des  procédés  logiques  émanés  de  ces  dernières  sciences,  la  physiologie 
elle-même  pouvait  se  constituer. 

f^a  simple  contemplation  directe,  dans  les  phénomènes  biologiques,  ne 
pouvait  conduire  qu'à  des  notions  élémentaires  de  dynamique  animale. 
Quand  on  fait  de  nos  jours  remonter  l'histoire  de  la  physiologie  aux  temps 
qui  ont  précédé  ou  suivi  de  près  la  fondation  de  l'école  d'Alexandrie,  c''est 
qu'on  veut  comprendre,  dans  cette  révision  du  passé,  les  théories  méta- 
physiques de  l'antiquité  sur  la  vie  ou  sur  certaines  expériences  résultées 
le  plus  souvent  du  hasard.  Il  manquait  à  la  raison  humaine,  pour  explorer 
les  phénomènes  complexes  de  la  vie,  deux  procédés  d'observation  :  l'expéri- 
mentation et  la  comparaison.  C'est  dans  l'étude  des  phénomènes  physiques 
que  devait  se  développer  au  plus  haut  degré  le  procédé  expérimental;  aussi 
peut-on  dire  que,  dès  les  belles  expériences  de Gahlée,  date  aussi  bien  l'éta- 
blissement de  la  physique  que  le  commencement  de  la  physiologie  posi- 
tive. C'est  dune  à  partir  de  celte  mémorable  époque  qu'il  faut  rechercher 
les  principaux  éléments  d'une  systématisation  ultérieure  de  la  biologie. 

L'examen  historique  que  je  dois  faire  va  porter  sur  les  éléments  fonda- 
mentaux de  la  systématisation  et  sur  la  systématisation  elle-même.  On  doit 
concevoir  que  la  recherche  minutieuse  de  la  série  des  découvertes  effectuées 
sur  chaque  question  parlicuHère  de  physiologie,  loin  d'être  utile  à  l'objet 
de  mon  travail,  ne  ferait  que  le  surcharger  de  documents  secondaires.  Tout, 
dans  une  science,  n'a  pas  le  même  degré  d'importance  et  de  généralité  ; 
c'est  en  confondant  des  points  de  vue  très-distincts  que  beaucoup  d'histo- 
riens de  la  science  ont  malheureusement  accolé  dans  les  mêmes  apprécia- 
lions  des  travaux  d'un  ordre  bien  différent  et  des  observateurs  d'un  inégal 
mérite.  La  faveur  obtenue  par  ces  narrateurs  n'a  que  trop  dépendu  de  ce 
régime  moderne  dans  lequel  les  découvertes  machinales  ont  souvent  plus 


(1)  Mkmoirei»  oe  lA  Société  de  biologie,  J"  année,  1849,  p.  13. 


33 
de  succès  que  les  coordinations  les  plus  essenlielles.  Mais  il  suffit  aujour- 
d'hui de  signaler  de  pareilles  anomalies  à  la  génération  scientifique  nais- 
sante pour  qu'elle  en  soit  préservée. 

Cette  exposition  générale  ne  peut  dispenser,  dans  tous  les  cas,  de  la  re- 
cherche délicate  des  progrès  successifs  effectués  pour  chaque  question 
particulière  de  physiologie  ;  il  est  au  contraire  facile  de  prouver  la  grande 
efficacité  de  cet  ordre  de  notions  historiques  dans  renseignement  de  cetto 
science.  La  grande  complexité  des  phénomènes  s'oppose  bien  souvent  aux 
succès  de  l'éducation  scientifique;  et  à  beaucoup  d'égards,  on  comprend 
combien  l'histoire  précise  de  l'évolution  positive  d'une  théorie  peut  offrir 
d'intérêt  pour  sa  vulgarisation.  En  considérant  la  profonde  inégalité  intel- 
lectuelle et  morale  des  individus,  il  faut  prévoir  qu'un  professeur,  malgré 
son  mérite,  sera  compris  à  des  degrés  Irès-variés  dans  une  théorie  exposée 
avec  son  entier  développement.  Un  auditoire,  en  un  mot,  ne  peut  être  com- 
posé d'individus  appartenant  tous  à  leur  siècle,  dès  lors  on  conçoit  tout 
l'avantage  qu'on  peut  retirer  dans  l'enseignement  de  l'exposition  historique 
d'une  question,  prise  aux  diversesépoques  de  son  évolution  posiliveel  offrant;! 
chaque  progrès  un  développement  nouveau.  Du  reste,  quel  que  soit  le  de- 
gré d'intensité  de  rotre  esprit,  on  peut  assurer  que,  pour  la  conception 
d'une  idée,  rien  n'est  plus  propre  à  dresser  notre  intelligence  que  l'aspect 
des  degrés  successifs  de  maturité  acquis  par  la  raison  humaine  dans  tout 
problème  d'une  certaine  complexité  ;  et  de  même  que  l'humanité  a  conçu 
l'espace  avant  de  concevoir  les  corps,  marche  rationnelle  qu'il  est  néces- 
saire de  suivre  dans  toute  éducation  scientifique,  de  même,  dans  If  s  no- 
tions particulières,  la  raison  humaine  a  passé  par  divers  degrés  de  simpli- 
cité qu'il  est  indispensable  de  parcourir  pour  que  toute  intelligence  puisse, 
à  un  degré  quelconque,  se  les  approprier. 

L'esprit  philosophique  qui  domine  toute  opération  historique  doit  être 
essentiellement  pris  en  considération.  Il  est  certain  que  le  peu  de  cas  que 
beaucoup  d'esprits  paraissent  faire  de  la  méthode  historique  dans  les 
sciences  vient  précisément  d'un  mauvais  emploi  de  l'histoire  elle-même. 
Quel  exemple  plus  caractéristique  à  citer,  à  cet  égard,  que  cette  Histoire 
DES  SCIENCES,  publiéc  il  y  a  peu  d'années  par  le  dernier  penseur  de  la  bio- 
logie, etdans  laquelle  le  choix  des  typesesl  dirigé  d'après  une  déplorable  ré- 
trogradation théologique;  par  quelle  étrange  aberration,  dans  notre  siècle, 
l'histoire  du  réel,  du  précis,  du  positif,  peut-elle  être  conduite  parla  philo- 
sophie du  chimérique  du  vague  et  du  fictif  I  Cette  observation  est  aussi  ca- 
pitale pour  l'histoire  générale  de  la  biologie  que  pour  l'examen  particulier 

3 


34 
des  notions  secondaires,  et  le  rôle  important  que  j'essayais  plus  haut  d'assi- 
gner à  l'histoire  dans  l'enseignement  des  sciences,  deviendrait  très-préju- 
diciable, si  les  diverses  phases  d'une  question  se  trouvaient  ainsi  caractéri- 
sées par  de  mauvais  types.  Le  succès  d'un  tel  procédé  dépend  surtout  de  la 
vraie  conception  théorique  du  passé,  et  ce  n'est  que  d  après  l'histoire  de 
l'humanité  considérée  dans  ses  divers  modes  d'existence,  qu'il  faut  régler 
l'histoire  particulière  des  sciences,  condition  qui  ne  pouvait  être  remplie 
avant  que  Hume.  Adam,Srailh,  Dunoyer,  eussent  exposé  la  loi  d'activité 
humaine,  et  Auguste  Comte  les  lois  de  l'évolution  inteliectuelle  de  l'huma- 
nité. C'est  en  se  subordonnant  à  cette  direction  générale  que  l'histoire  des 
sciences  peut,  soit  pour  la  construction,  soit  pour  l'enseignement,  jouer  un 
rôle  très  étendu. 

Pour  éviter  la  confusion  que  je  reprochais  plus  haut  h  beaucoup  d'histo- 
riens, il  faut,  dans  l'exposition  que  j'entreprends,  établir  une  distinction 
nette  des  parties  de  la  physiologie,  pour  ne  pas  mettre  en  parallèle  des  do- 
cuments hétérogènes.  En  soumettant  la  physiologie  aux  mêmes  principes 
qui  m'ont  dirigé  pour  la  systématisation  de  l'anatomie,  il  faut  y  considérer 
trois  parties  :  la  première,  correspondant  à  l'anatomie  générale  et  embras- 
sant l'étude  physiologique  des  éléments,  des  tissus  et  des  systèmes;  la  se- 
conde, parallèle  à  Tétude  des  organes,  comprenant  les  phénomènes  des 
fonctions;  la  troisième,  enfin,  instituant  au  point  de  vue  dynamique  les 
démonstrations  nouvelles  que  j'ai  caractérisées  déjà  dans  la  statique  par 
l'élude  des  relations  analomiques  des  appareils  qui,  en  physiologie,  com- 
prendra l'examen  des  résultats  plus  ou  moins  généraux  de  la  vie.  En  un 
rnol,  les  trois  degrés  de  l'analyse  physiologique  sont  :  les  propriétés  géné- 
rales, les  fonctions  et  les  résultats.  Je. commencerai  donc  par  examiner 
très-rapidement  ce  que  le  passé  nous  a  fourni  pour  la  constitution  de  ces 
divers  degrés;  j'étudierai  ensuite  les  documents  plus  généraux  relatifs  à  la 
systématisation  physiologique.  L'utilité  de  celte  distinction  étant  dès  à  pré- 
sent sentie,  je  vais  d'abord  parcourir  le  développement  successif  des  trois 
parties  de  la  physiologie,  d'après  l'ordre  analytique  de  la  méthode  objective, 
tne  réservant  de  signaler,  à  la  fin  de  ce  travail,  l'importante  réforme  qui 
doit  consister  aujourd'hui  à  introduire  dans  la  biologie,  d'une  manière  sys- 
tématique, l'emploi  de  ta  méthode  subjective  surtout  résultée  de  la  connais- 
sance du  dernier  terme  de  la  série  des  sciences,  ce  qui  permet  aujourd'hui 
l'usage  combiné  des  deux  méthodes,  la  première  fournie  par  la  cosmologie, 
la  seconde  par  la  sociologie. 

Les  difficultés  qu"a  naturellement  présentées  l'analyse  anatomique  ont,  par 


35 
suite,  retardé  la  vraie  conceptiou  de  la  physiologie  générale  ;  l'analyse  des 
propriétés  devait  se  subordonner  à  l'étude  préalable  des  éléments  des  tissus 
et  des  systèmes.  Bien  que  dès  le  grand  Aristote  on  commence  à  indiquer  le 
vrai  préliminaire  de  l'anatomie,  par  la  division  des  parties  en  similaires  et 
dissimilaires,  bien  que  du  temps  de  Haller  on  comprenne  la  généralité  de 
rétude  de  la  libre  et  de  certains  tissus,  on  a  vu  cependant  que  la  véritable 
systématisation  de  l'anatomie  générale  a  été  eiïectuée  par  Bicbat.  C'est 
aussi  à  partir  de  ce  grand  biologiste  que  se  manifestent  les  germes  de  la 
physiologie  générale,  bien  que,  avant  Bichat,  on  eût  également  étudié 
certaines  propriétés  de  tissu.  Mais  l'idée  féconde  des  propriétés  de  tissu^ 
qui  n'est  dans  Bichat  qu'un  amendement  à  l'animisme  de  Stahl  ou  au  vita- 
lisme  de  Barthez,  doit  devenir  le  fondement  de  la  physiologie  générale  et 
provoquer  finalement  la  substitution  des  idées  de  propriété  à  toutes  les  idées 
de  force.  On  peut  assurer  que  Bichat  lui-même,  sans  une  mort  préma- 
turée, aurait  complété  cette  absorption  définitive  de  l'ontologie  et  de  la 
métaphysique.  Mais  depuis  l'apparition  du  Traité  d'anatomie  générale, 
aucune  tenlalive  sérieuse  de  ce  genre  n'a  été  faite;  le  terraiù  de  la  phy- 
siologie générale  n'a  reçu  que  des  améliorations  partielles,  sans  se  consti- 
tuer dans  son  ensemble,  et  la  situation  provisoire  de  Bichat  est  acceptée 
comme  déflnitive.  Aujourd'hui  que,  par  le  perfectionnement  des  procédés 
d'observation  directe,  l'anatomie  générale  peut  enfin  s'organiser,  le  plan 
de  la  physiologie  se  trouvera  naturellement  tracé.  Pour  le  moment,  la  plus 
grande  indécision  se  remarque  dans  ceux  môme  qui  travaillent  directement 
à  cette  partie  de  la  physiologie.  Un  cas  très-caractéristique  est  celui  de 
Tiedemann  qui,  sousle  titre  de  Physiologie  générale,  publie  un  traité  sur 
le  procédé  comparatif  dans  l'étude  des  fonctions.  Il  est  très-vrai  que  la 
cozaparaison  est  de  hature  à  fournir  un  certain  degré  de  généralité  à  la 
notion  de  digestion,  de  r expiration,  de  génération,  etc.  Mais  il  faut  dire 
à  Tiedemann,  avec  Bichat  :  «  Quand  vous  voulez  connaître  les  propriétés  et 
la  vie  d'un  organe,  il  faut  absolument  le  décomposer;  »  et  alors  seulement 
on  fait  de  la  physiologie  générale,  tandis  que  Tiedemann  ne  fait  que  des 
généralités  sur  les  fonctions.  Un  cas  plus  curieux  et  entièrement  réciproque 
est  celui  de  Blainville,  qui,  pensant  étudier  les  phénomènes  des  fondions, 
construit  la  véritable  physiologie  des  systèmes.  Cette  dernière  confusion, 
très-intéressante  à  vérifier,  sera  examinée  plus  loin  à  l'occasion  du  plan  de 
cet  éminent  biologiste. 

En  résumé,  quelles  que  soient  les  tendances  actuelles  pour  changer  un 
tel  état  de  choses,  il  faut  reconnaître  que  nous  manquons  d'une  analyse 


36 

précise  des  propriétés  générales  des  corps  vivants.  Les  propriétés  phy- 
siologiques des  éléments  sont  encore  vaguement  indiquées  par  les  der- 
niers micrographes;  celies  des  tissus  sont  au  point  où  los  a  laissées 
Bichat,  car  la  critique  négative  dirigée  cuntre  lui  n'a  rien  remplacé  jus- 
qu'à présent;  enfin  la  physiologie  des  systèmes  a  été  parfaitement  ébau- 
chée par  Blainville,  sans  que  néanmoins  ce  dernier  ait  etTectué  sciem- 
ment un  tel  progrès,  circonstance  qui  a  nécessairement  nui  à  reilicacité 
de  cette  construction  partielle.  Tel  est  Télat  actuel  de  la  physiologie  gé- 
nérale ;  telles  sont  les  données  qui  doivent  servir  à  sa  constitution,  du 
moment  où  des  esprits  posilil's,  convenablement  préparés,  voudront  l'entre- 
prendre. 

La  seconde  partie  de  la  physiologie,  correspondant  à  l'anatomie  des  or- 
ganes, a  suivi  leur  destinée,  et  de  même  que  l'anatomie  des  organes  a  été 
plus  largement  cultivée  jusqu'ici  que  celle  des  tissus,  à  cause  des  obser- 
vations plus  faciles  et  plus  précises  dont  elle  est  l'objet,  de  même  la  phy- 
siologie des  fonctions  a  reçu  le  plus  grand  développement,  bien  que  la  mé- 
thode qui  dirige  encore  celte  étude  soit  ou  indéterminée  ou  routinière.  Ce 
développement  parallèle  de  l'anatomie  et  de  la  physiologie  se  précise  en- 
core davantage  quand  on  voil  qu'à  ces  deux  points  de  vue  ce  sont  d'abord 
les  faits  les  mieux  tranchés  qui  ont  le  plus  exciîé  l'attention  des  observa- 
teurs. Depuis  !a  révolution  anatomique  de  Vésale,  les  oiganes  de  la  vie  ani- 
male ont  été  particulièrement  étudiés ,  et  l'art  des  classifications  et  la  chi- 
rurgie n'ont  que  trop  maintenu  la  prépondérance  de  cotte  étude,  de  ma- 
nière à  masquer  la  vraie  dépendance  envers  les  organes  de  la  vie  végétative. 
C'est  aussi  dans  les  problèmes  physiologiques  correspondants  qu'on  s'est 
d'abord  exercé  ;  mais  les  obstacles  n'ont  pas  tardé  à  entraver  ce  mouve- 
ment prématuré  de  la  physiologie.  Aujourd'hui  que  la  subordination  de 
l'animalité  à  la  végétalité  est  mieux  sentie,  on  peut  déjà  noter  dans  les  re- 
cherches relatives  à  la  vie  organique  un  degré  de  positivité  bien  mieux  ca- 
ractérisé que  dans  tous  les  travaux  résultés  de  l'exploration  directe  des  phé- 
nomènes de  la  vie  de  relation.  La  culture  précoce  des  parties  les  plus  com- 
plexes a  eu  le  grand  avantage  de  distinguer  la  vie  animale  de  la  vie  organique, 
comme  se  rattachant  à  des  propriétés  d'un  ordre  plus  élevé,  de  la  même 
manière  que  la  culture  isolée  des  phénomènes  intellectuels  et  moraux  a 
contribué  à  mieux  établir  les  derniers  prolongements  de  la  physiologie  des 
fooctions.  Mais  aujourd'hui  que  ces  différentes  parties  sont  convenable- 
ment préparées  pour  leur  culture  définitive,  il  faut  se  hâter  de  reconnaître 
la  véritable  subordination  des  fonctions  pour  ne  pas  poursuivre  prématuré- 


37 
menl  des  recherches  dont  le  succès  dépend  entièremenl  de  PétaWissement 
préalable  de  notions  plus  générales. 

La  marche  que  je  viens  d'indiquer,  plaçant  les  expérimentateurs  dans  la 
véritable  voie,  a  déjà  permis  d'atteindre,  pour  les  phénomènes  préUminaires 
du  mouvement  de  composition,  un  degré  de  posilivité  remarquable,  et  tous  les 
travaux  importants  effectués  sur  les  fonctions  de  Tinlestin,  depuis  Réaumur 
et  l'abbé  Spallanzani  jusqu'à  notre  collègne  M.  Cl.  Bernard,  composent  un 
ensemble  de  précieux  renseignements  très-propre  à  démontrer  les  lois 
fondamentales  de  la  vie  organique.  Quant  aux  phénomènes  généraux  de  la 
circulation,  leur  théorie  positive  a  suivi  de  près  les  belles  expériences  de 
Galilée  au  seizième  siècle.  Ilarvey  ne  fit  pas  seulement  cette  grande  décou- 
verte :  il  commença  en  outre  à  porter  dans  Tétude  de  la  génération  des 
vues  plus  précises.  Cependant,  malgré  son  exemple  et  celui  de  Haller,  les 
forces  plastiques  et  les  vaines  recherches  sur  les  générations  spontanées 
embarrassent  encore  cette  grande  question,  et  nuisent  au  développement 
des  travaux  plus  positifs  entrepris  sur  l'ovologie  et  l'embryologie. 

Si  de  la  vie  végétative  on  passe  à  la  vie  animale,  bien  que  les  phénomè- 
nes de  celle-ci  soient  mieux  tranchés,  bien  qu'on  ait  employé  à  leur  ex- 
ploration des  procédés  plus  nombreux,  cependant  on  y  trouve  encore  un 
degré  inférieur  de  précision.  Les  sens  n'ont  été  appréciés  qu'au  point  de 
vue  hiérarchique,  et  leur  degré  réciproque  de  généralité  est  senti  depuis  le 
grand  Boerhaave.  Quant  aux  explications  données  à  propos  de  la  fonction 
de  chacun  d'eux,  on  doit,  à  part  quelques  idées  nettes  sur  le  siège  de  la 
sensation,  écarter  un  grand  nombre  de  faits  que  l'insuffîsante  préparation 
(les  observateurs  a  maladroitement  accumulés,  et  dans  lesquels  on  ne  sau- 
rait trouver,  entre  les  phénomènes  mécaniques  et  physiologiques,  la  com- 
binaison nécessaire  qui  doit  caractériser  cet  ensemble  de  recherches.  Restent 
pour  celte  section  les  phénomènes  d'innervation  qui,  par  le  vague  actuel 
sur  les  propriétés  générales  des  tissus  composants,  offrent  encore  une 
grande  obscurité,  si  ce  n'est  Tintéressante  distinction  établie  par  Charles 
Bell,  et  débarrassée  aujourd'hui  du  caractère  absolu  qu'avaient  voulu  lui 
donner  des  observateurs  superficiels. 

J'arrive  en  dernier  lieu,  pour  la  physiologie  des  fonctions,  à  l'analyse  des 
phénomènes  intellectuels  et  moraux ,  dont  l'incorporation  nouvelle  aux 
études  physiologiques  doit  être  considérée  comme  une  des  plus  importantes 
conquêles  de  notre  siècle,  celle  qui  a  définitivement  dépossédé  les  derniers 
et  tristes  représentants  de  la  psychologie. 

Ce  que  le  grand  Descartes  n'avait  pu  atteindre,  ce  que  Cabanis  même, 


38 
avec  son  émancipation ,  n'avait  pu  concevoir ,  malgré  de  méofiorables 
efforts,  Gall  eut  la  hardiesse  de  l'accomplir,  et  de  lui  date  la  première  théo- 
rie physiologique  sur  les  plus  hautes  fonctions  de  la  vie.  Quelle  que  soit 
l'iraperfectioû  de  cette  théorie ,  tout  fait  excuser  et  admirer  Gall  :  la  diffi- 
culté du  sujet,  son  élévation  et  Ténergie  qu'il  fallait  dans  une  aussi  auda- 
cieuse entreprise.  Depuis  Gall  seulement,  l'étude  des  fonctions  peut  être 
complète  et  s'étendre  jusqu'à  ses  dernières  attributions  fondamentales. 
Quant  à  la  méthode  qn'ii  convient  d'y  suivre,  elle  sera  mieux  précisée  à 
propos  de  l'examen  du  pian  de  la  systématisation  générale. 

En  abordant  la  couslitutiou  de  la  troisième  partie  de  la  physiologie, 
consacrée  à  l'étude  des  résultats,  je  dois  déQnir  ce  qu'il  faut  entendre  par 
anatomie  et  physiologie  des  appareils.  Ainsi  que  je  l'ai  établi,  la  partie 
préliminaire,  en  anatomie,  étudie  la  décomposition  d'un  organe,  afm  d'en 
comprendre  l'ensemble  ;  puis  la  notion  des  différents  organes  conduit  à 
celle  de  l'appareil.  Enfin  l'étude  des  appareils  mène  à  la  notion  de  l'orga- 
nisme. Ces  divers  degrés  correspondent  exactement  à  l'analyse  physiolo- 
gique, dans  laquelle  l'étude  des  propriétés  doit  expliquer  l'action  parlicu- 
lière  des  organes;  puis  l'action  des  organes  doit  conduire  à  la  fonction  ; 
eoGn  l'étude  des  fonctions  vient  aboutir  à  la  notion  de  la  vie.  J'ai  pu  établir 
que  l'anatoraie  des  appareils  n'existe  pas,  ou  qu'elle  s'est  machinalement 
manifestée  pai-  quelques  travaux  de  biotaxie  dans  lesquels  la  relation  anato- 
niique  des  appareils  élaol  instinctivement  sentie,  on  a  conclu  avec  bonheur 
de  certaines  parties  secondaires  d'un  organisme  à  tout  un  système  d'orga- 
nes, sans  appuyer  cela  sur  autre  chose  qu'une  certaine  routine.  Les  pré- 
tendus tours  de  lorce  exécutés  ainsi  en  paléontologie  n'ont  été  que  de  purs 
artifices  pialiques,  sans  aucun  fondement  scientifique.  Kn  dehors  de  ses 
vues  incohérentes,  ilfaul  citer  l'éminent  Biainville,  qui,  soit  dans  la  fonda* 
lion  philosophique  de  la  série  animale,  soit  dans  le  cours  de  paléontologie 
professé,  il  y  a  peu  d'années,  à  la  Sorbonne,  a  manifesté  un  profond  seuli- 
Kient  de  la  relation  anatomique  des  appareils,  bien  qu'il  n'ait  laissé  à  cet 
égard  aucune  trace  de  systématisation. 

L'anatomie  des  appareils  comme  elle  existe  dans  nos  traité»  n'est  que  la 
siraple  anatomie  des  organes  dans  laquelle,  depuis  Bicbal,  on  n'a  introduit 
aucun  perfectionnement.  La  fondation  nouvelle  de  l'analomie  des  appareils 
doit  servir  parallèlement  de  guide  pour  mesurer  le  vrai  terrain  de  la  phy- 
siologie des  résultats.  Lorsque  dans  les  ouvrages  actuels  on  a  décomposé 
une  fonction  en  ses  diiïérenles  actions  composantes  et  qu'on  reprend  en- 
suite la  fonction  de  l'ensemble,  on  fait  la  physiologie  d'un  appareil;  mais 


39 

les  fooctioDs  ime  fois  établies  isolément,  il  Tau l  en  étudier  Tensemble  en 
examinant  successivement  les  relations  vitales  entre  deux  ou  trois  appareils 
de  manière  à  saisir  des  résultats  de  plus  en  plus  généraux,  et  finalement  ia 
vie  elle-même  dont  ia  théorie,  préalablement  à  toute  recherche,  aura  élé 
établie  subjectivement;  car  l'emploi  isolé  de  la  méthode  objective  entretien- 
drait le  vague  de  la  physiologie  actuelle  dont  la  plupart  des  recherches  sonl 
instituées  sans  que  Tobservateur  sache  jamais  au  juste  ce  qu'il  veut  obser- 
ver, et  sans  qu'il  puisse  déterminer  le  véritable  but  des  recherches.  Cette 
manière  d'étudier  les  appareils  n'est  pas  plus  avancée  en  physiologie  qu'en 
anatomie,et  de  même  que  la  constitution  actuelle  ne  permet  pas  de  donner 
la  démonstration  d'une  théorie  sur  l'organisme,  de  même  l'isolement  de 
cliaque  phénomène  de  fonction  ne  permet  pas  de  concevoir  ia  solution 
possijsledu  problème  de  ïa  vie.  Cependant  les  rares  tendances  que  ^ai  si- 
gnalées à  cet  égard  pour  l'anatomie  se  sont  également  présentées  en  phy- 
siologie, et  tandis  que  certains  résultais  généraux  étaient  étudiés  à  ia  ma- 
nière d'une  fonction  et  comme  dépendants  d'un  appareil  spécial,  on  com- 
mence aujourd'hui,  soit  pour  les  phénomènes  de  nutrition,  soit  pour  les 
phénomènes  de  calorification,  à  sentir  ia  nécessité  d'embrasser  plusieurs 
fonctions  pour  arriver  à  la  conception  de  ces  résultats.  Mais  il  y  a  loin  de 
ces  tendances  élémentaires  à  une  organisation  compièle  ;  aussi  puis -je 
assurer  qu'en  physiologie  comme  en  anatomie,  l'étude  systématique  des 
appareils  est  à  faire.  On  conçoit  que  pour  une  telle  fondation  la  méthode 
objective  devait  rester  impuissante  et  qu  elle  devait  tendre  au  contraire  à 
prolonger  l'étude  isolée  des  fonctions  ;  aussi  le  besoin  de  l'anatomie  et  de 
la  physiologie  des  appareils  ne  s'est  il  présenté  à  mon  esprit  que  sous 
l'intluence  préalable  d'une  théorie  subjective  sur  l'organisme  animal. 

Les  différentes  parties  du  domaine  de  la  physiologie  étant  ainsi  déter- 
niinées,  il  devient  dès  à  présent  possible  d'y  porter  de  grands  perfectionne- 
ments. Celte  première  partie  de  l'exposition  va  maintenant  me  permettre 
de  donner  une  juste  appréciation  des  divers  plans  effectués  jusqu'à  ce  jour 
sur  l'ensemble  de  la  physiologie. 

1,'institution  d'un  plan  de  physiologie  ne  peut  résulter  que  d'une  théorie 
s\ibjcclive  de  la  vie  ;  ce  n'est  que  par  la  conception  d'un  ensemble  qu'on 
peut  arriver  au  classement  des  parties  ;  le  tout  est  de  faire,  dans  le  momf  ni, 
l'hypothèse  la  plus  compatible  avec  l'ensemble  des  renseignements  obte- 
nus ;  logique  naturelle  dont  l'humanité,  dans  tous  les  ordres  de  conception 
et  à  toutes  les  phases  de  son  évolution  mentale,  nous  donne  le  salutaire 
exemple.    Une  telle  observation   se  trouve  néanmoins  fréquemment  en 


défaut  de  nos  jours,  où  la  décomposition  scientifique,  suite  du  régime 
des  spécialités,  a  produit  tant  de  travaux  précisément  remarquables  par 
un  défaut  complet  de  direction  théorique.  Pour  les  recherches  particu- 
lières, cet  état  présente  l'inconvénient  de  l'accumulation  des  observations 
inutiles,  ce  qui  serait  déjà  très-grave,  sans  l'inconvénient  beaucoup  plus 
grave  qui  en  résulte  pour  la  méthode.  En  général,  on  se  contente  aujour- 
d'hui, dans  nos  traités,  d'une  théorie  sur  la  fonction,  ce  qui  sert  à  établir  le 
plan  des  actes  concourant  à  une  fonction.  Mais  l'impuissance  mentale  à 
l'égard  d'une  théorie  sur  la  vie  fait  que  la  majorité  des  auteurs  ne  com- 
prend pas,  pour  le  classement  des  fonctions,  les  avantages  de  tel  plan  plu- 
tôt que  de  tel  autre,  ce  qui  constitue  une  véritable  déclaration  d'incompé- 
tence pour  la  conception  des  phénomènes  généraux  de  la  vie.  Aucun  de  ces 
auteurs  ne  consentirait  en  effet  à  commencer  l'histoire  delà  digestion  par 
les  phénomènes  qui  se  passent  dans  le  duodénum;  mais  les  actes  sont  à 
la  fonction  ce  que  les  fonctions  sont  à  la  vie;  comment  peuvent-ils  alors  se 
refuser  à  la  nécessité  logique  de  commencer  par  telle  ou  telle  fonction.  Si 
on  admet  qu'en  entretenant  tel  ordre  dans  l'étude  des  actes  on  peut  recu- 
ler de  plus  en  plus  la  notion  d'une  fonction,  il  faut  également  admettre 
qu'en  rejetant  le  classement  des  fonctions  on  doit  paralyser  le  mouvement 
de  la  physiologie,  en  écartant  indéfiniment  la  conception  des  résultats  géné- 
raux de  la  vie.Quelleque  soit,  à  cet  égard,  l'obstination  des  esprits  spéciaux, 
on  peut  assurer  que  la  génération  nouvelle,  à  l'aide  d'une  meilleure  édu- 
cation scientifique,  punira  par  l'oubli  les  actes  d'indifférence  si  marqués 
aujourd'hui  pour  les  travaux  de  systématisation  et  qui  tendent  à  prendre, 
dans  beaucoup  de  cas,  le  caractère  de  la  malveillance,  abrités  qu'ils  sont 
par  de  hautes  médiocrités. 

En  abordant  maintenant  l'examen  historique  du  plan  de  la  physiologie, 
il  faut  signaler,  comme  un  des  types  préliminaires  qui  se  sont  dessinés  sous 
l'influence  des  opérations  philosophiques  de  Descailes,  l'illustre  Boerhaave, 
qui,  assistant  aux  belles  découvertes  de  la  physique  et  de  la  chimie  de  son 
siècle,  chercha  à  concevoir,  d'après  elles,  la  santé  et  la  maladie,  et  malgré 
les  imperfections  résultées  du  défaut  de  données  sufTjsantes  et  de  ré- 
flexions assez  approfondies,  conçut  un  plan  très-judicieux  de  l'étude  de 
l'homme. 

Considérant  qu'il  faut  commencer  par  les  choses  les  plus  simples,  les  plus 
aisées  à  connaître  et  les  plus  certaines,  en  continuant  par  celles  qui  leur 
ressemblent  le  plus,  et  ainsi  de  suite,  en  allant  avec  ordre  aux  choses  com- 
posées, obscures,  difïiciles,  Boerhaave  établit  qu'il  faut  d'abord  étudier 


/il 

l'étal  normal,  puis  la  sanlé,  puis  la  maladie,  enfin  les  remèdes,  et  il  déter- 
mine ainsi  la  marche  logique  par  laquelle  on  va  du  général  au  particulier, 
du  simple  au  composé ,  de  Tindépendant  au  dépendant.  Son  précieux 
traité  (1)  commence  par  établir  la  science  de  l'état  normal  et  anormal  avant 
l'art  de  rhygiène  et  de  la  thérapeutique.  Dans  la  partie  théorique,  les  points 
de  vue  statique  et  dynamique  sont  liés,  ce  qui  résulte  du  défaut  de  consis- 
tance qu'avaient  ces  deux  parties  de  la  biologie  et  de  la  difficulté  où  on  était 
de  saisir  leur  véritable  caractère.  Il  est  vrai  que  ce  plan  manifestait  au 
moins  le  sentiment  de  la  stricte  dépeutlance  du  point  de  vue  dynamique  au 
point  de  vue  statique,  comme  dans  tous  les  ordres  de  phénomènes.  Quant 
au  classement  de  cette  partie  théorique,  il  se  ressent  du  peu  de  cohérence 
qu'avaient  les  notions  de  physiologie  à  la  On  du  dix-septième  siècle  et  au 
commencement  du  dix-huitième;  néanmoins,  à  part  le  défaut  complet  d'é- 
tudes sur  les  ]iropriétés  générales  et  sur  les  résultats,  Boerhaave  sent  très- 
bien  la  généralité  des  fonctions  végétatives,  en  commençant  par  les  fonctions 
de  l'intestin.  Viennent  ensuite  successivement  la  circulation,  le  cerveau, 
les  glandes,  la  vessie,  la  locomotion,  la  nutrition,  la  peau  et  les  organes  des 
sens.  Cette  dernière  partie  est  suivie  de  l'étude  des  sens  internes,  joie,  tris- 
tesse, indifférence,  faim,  soif.  Boerhaave  place  en  outre  dans  celte  catégo- 
rie les  problèmes  sur  la  métnoire,  l'imagination,  les  passions,  l'attention, 
la  veille  et  le  sommeil  ;  puis  vient  la  respiration,  la  voix  et  la  parole.  Enfin 
il  termine  par  la  génération,  comprenant  l'étude  de  la  se.mence.  des  men- 
strues et  de  la  conception ,  qui  elle-même  se  décompose  en  analyse  des 
modifications  principales  de  l'ovaire  après  !a  fécondation  et  en  phénomènes 
de  l'œuf. 

Un  tel  plan  pourrait  à  la  rigueur  supporter  avantageusement  le  parallèle 
avec  bien  des  traités  modernes  sur  la  physiologie  des  fonctions  ;  quant  i 
l'esprit  qui  en  dirigea  les  développements,  il  est,  comme  on  sait,  tout  em- 
preint des  conquêtes  que  la  raison  humaine  avait  accomplies  sur  le  terrain 
de  la  physique  et  de  la  chimie;  mais  comme  ces  sciences,  et  la  chimie  en 
particulier,  n'offraient  pas  assez  de  consistance  pour  concevoir  une  théorie 
positive,  même  bornée  à  la  vie  végétative,  la  doctrine  de  Boerhaave,  par 
ses  grandes  lacunes,  prêta  le  flanc  aux  attaques,  et  bientôt  la  métaphysique, 
par  une  réaction  naturelle,  se  réinstalla  brillamment  sous  l'animis-me  de 
Stahl,  et  l'école  physico-chimique  fut  réduite  au  rôle  de  critique.  Mais  par 


(1)  Institdtioes  MEDiCyK,  I.cydc,  !*0S. 


â2 

le  progrès  inévitable  de  Pesprit  positif,  la  coDception  provisoire  de  Siabl 
commença  à  se  transformer  dans  le  principe  vital  de  Barthez  et  Varchée 
de  Van  Helmunl;  enfin  le  principal  élément  de  sa  dissolution  définitive  se 
manifesta  dans  Bichat  par  la  transformation  des  entités  en  simples  proprié' 
tés  de  tisHu,  germe  fécond  de  la  physiologie  générale. 

Bichat,  servi  par  une  riche  collection  de  matériaux,  à  laquelle  avait  sur- 
tout coopéré  le  savant  et  judicieux  Haller,  et  servi  par  les  nouveaux  prin- 
cipes de  physiologie  qui  résultaient  de  la  fondation  de  l'analomie  générale, 
pouvait  déjà  concevoir  le  système  de  la  physiologie  ;  car  même  pour  l'étude 
des  résultats,  il  était  plus  que  qui  que  ce  soit  capable  d'en  concevoir  Té- 
tiide,  après  le  j.roioud  sentiment  de  l'unité  de  la  vie ,  qu'il  avait  si  bien 
manifesté  dans  ses  P.echerches  sdr  la  vie  et  la  mort.  Néanmoins  Bichat 
n'a  laissé  qu'un  plan  de  la  physiologie  des  fonctions.  Ce  plan,  indiqué  par 
Bichat  au  g  Vfll  des  considérations  préliminaires  du  TRArrÉ  d'anatomlr 
GÉNÉRALE,  cst  Tcslé  sans  exécution  dans  la  si  courte  existence  de  ce  grand 
biologiste;  mais  il  a  servi  de  base  à  un  grand  nombre  de  traités.  Les  graves 
imperfections  qu'il  renierme  tiennent  en  grande  partie  à  l'état  de  la  science 
à  la  fin  du  dix-huilième  siècle.  Il  en  est  cependant  qui  sont  en  désaccord 
avec  sa  première  division  en  vie  animale  et  vie  organique.  On  voit  en 
effet,  dans  ce  plan,  les  fonctions  relatives  à  l'espèce  séparées  de  la  vie  or- 
ganique, tandis  que  la  vie  animale  et  la  vie  organique  sont  étudiées  dans 
une  même  section.  Si  la  carrière  de  ce  grand  biologiste  avait  pu  s'éienfire 
jusqu'à  l'opération  fondamentale  de  Gall ,  il  n'aurait  pas  rangé  parmi  les 
fonctions  de  l'individu  les  fonctions  intellectuelles  et  morales,  qui  ne  doi- 
vent pas  être  brutalement  considérées  au  même  titre  que  les  organes  de  la 
végétalité.  Pour  éviter  cette  fâcheuse  confusion,  il  fallait  que  le  cercle  des 
fonctions  lût  complété  par  Gall  ;  il  fallait  en  outre  que  le  véritable  point  de 
vue  de  toute  recherche  fût  réglé  par  l'avènement  de  la  science  finale.  Dès  à 
présent,  en  efTet,  toutes  les  conceptions,  pour  être  dirigées  vers  leur  véri- 
table but ,  doivent  cesser  de  présenter  le  caractère  de  séparation  qui  ne 
permet  pas  d'en  saisir  les  liens.  Nous  étudions  l'homme  individuel  pour 
arriver  à  comprendre  l'être  collectif;  il  faut  donc,  en  traitant  les  fonctions, 
distinguer  celles  de  l'individu,  celles  de  la  prolongation  temporaire  de  l'in- 
dividu, celles  enfin  par  lesquelles  il  s'incorpore  plus  ou  moins  intimement  à 
l'être  collectif  :  de  cette  manière  on  arrive  à  saisir,  dans  la  physiologie  des 
résultats,  tous  les  degrés  et  tous  les  modes  de  la  vie.  Ou  ne  peut,  à  cet 
égard ,  adresser  un  reproche  direct  à  Biv.hal  ;  mais  tous  ceux  qui  ont  usé 
de  son  plan,  dans  une  époque  plus  rapprochée  de  la  nôIre,  doivent  évidem- 


Û3 
ment  supporter  le  blâme  pour  ne  pas  avoir  suppléé  à  ses  imperfections  soui 

l'influence  des  fon.ialioos  modernes. 

J'arrive  acluellemenl  au  dernier  type  systématique ,  à  l'éminent  Blain- 
ville ,  dont  le  plan  devait  nécessairement  consacrer  de  grands  perfeclion- 
nemeuls,  mieux  préparé  qu'il  était  à  une  plus  large  conception.  C'est  d'a- 
près le  plan  du  cours  de  physiologie  fait  à  la  Faculté  des  sciences,  pendant 
les  années  1829,  1830, 1831  et  1832,  que  je  vais  déterminer  les  vrais  pro- 
grès opérés  par  la  biologie  sous  les  derniers  efforts  du  puissant  esprit  de 
coordination  qui  caractérise  toutes  les  fondations  de  Blainville,  Ce  plan 
constitue  la  plus  large  systématisation  qu'on  ait  opérée  en  physiologie, 
bien  qu'il  soit  Dalurellemenl  incomplet  à  l'égard  de  divers  points  fonda- 
mentaux. 

A  la  suite  des  prolégomènes,  dont  la  véritable  portée  est  très-bien  dé- 
terminée. Blainville  divise  la  piiysiologie  en  trois  parties.  La  troisièïue  cona- 
prenaul  fcimplemenl  l'hisloiie  de  l'esprit  humain  dans  ia  physiologie,  nous 
pouvons  ce  considérer  que  les  deux  premières.  On  trouve  dans  la  partie 
préliminaire  ce  que  beaucoup  d'autres  fon<  entrer  dans  les  prolégoniènes. 
Véluiie  de  la  composition. physique,  chimique,  analonv'que  et  inicro- 
icojtiqufi  de?  anirunux,  ce  qui  e-t  l'objet  propre  de  l'anaîoniie  générale. 
Blainville  place  encore  dans  celle  première  partie  l'élude  de  Vaciion 
des  modificateurs  externes  sur  Vorganisation  en  masie  mort  ou 
vivant. 

L'analyse  de  l'organisme,  dans  laquelle  Blainville  a  introduit  l'importante 
considération  des  éléments  et  des  produits^  doit  précéder  l'analoroie  des 
organes  et  des  appareiis,  et  si  Blainville  a  compris  cette  étude  dans  un  plan 
de  physiologie,  il  aurait  aussi  bien  pu,  avant  les  phénomènes  des  fonctions, 
placer  l'analoinie  dts  organes  ,  et  confondre  ainsi ,  comme  Boerbsave  et 
Hailer,  le  £ioint  de  vue  statique  et  dynamique,  dont  il  a  si  bien  senti  la 
distinction  en  tête  de  son  premier  volume  sur  l'OnGAWiSATïON  des  ani- 
maux. Quant  à  l'action  des  modificateurs  externes,  j'ai  suffisammenî  dé- 
veloppé, dans  mes  deux  premiers  mémoires  sur  la  systématisation  de  l'a- 
nato(nîe  (1),  la  réforme  capitale  qui  consiste  k  étudier  celte  action  après 
l'anatomie  etia  physiologie,  athique  le  sujet  étant  aussi  coiinu  que  Tobjet, 
on  puisse  logiquement  en  apprécier  les  influences  réciproques.  Celte  pre- 
mière partie  doit  donc  disparaître  du  plan  de  Blainville,  qui  se  réduit 
alors  à  la  seconde  ou  partie  essentielle. 

—____--^^i^_     I     ,   ,  1^-  Il  II  ■      ■  I  II    I  I        ■     I  I  --  -m-l-     I  I 

(t)   Voy.  MÉMOIREg  »E  LA  S0€.  »E  BIOLOCnS,  t.   I,   p.  13. 


Avant  d'aller  plus  loin,  il  faut  observer  que  Blainville,  par  suite  de  son 
anticipation  sur  Tétude  des  modificateurs,  a  fondu  les  deux  physiologies, 
celle  de  l'organisme,  considéré  isolément,  et  celle  de  l'organisme,  en  rap- 
port avec  les  modificateurs.  Mais  cette  confusion  étant  expliquée,  nous  pou- 
vons maintenant  étudier  cette  seconde  partie,  divisée  en  phénomènes  des 
propriétés,  des  fonctions,  des  résultats  et  phénomènes  définitifs.  Pour 
la  première  fois,  nous  voyons  la  physiologie  générale  nettement  systéma- 
tisée ;  seulement  l'incomplète  préparation  de  l'auteur  ne  lui  a  pas  permis 
de  la  développer,  bien  qu'il  en  ait  senti  la  vraie  situation  logique.  Mais  par 
une  singulière  transformation,  je  vais  montrer  que  la  physiologie  des  sys- 
tèmes se  trouve  contenue  dans  la  division  suivante,  consacrée  aux  phéno- 
mènes des  fonctions,  dont  la  première  classe  comprend  Vabsorption,  la 
sanguification  et  V exhalation.  Pour  peu  qu'on  y  réfléchisse,  on  ne  tarde 
pas  à  concevoir  que  l'absorption,  étudiée  comme  le  fait  Blainville,  dans  la 
peau,  Vintestin,  le  poumon,  n'est  que  l'examen  topographique  de  la  pro- 
priété d'absorption  qui  doit  dépendre  essentiellement  de  certaines  condi- 
tions de  texture.  On  peut  en  dire  autant  de  l'exhalation,  que  Blainville 
étudie  de  la  même  manière.  Quant  à  la  sanguification,  il  est  impossible  de 
ne  pas  la  concevoir  comme  un  résultat  ;  en  sorte  qu'il  y  aurait  là  à  la  fois 
confusion  entre  les  fonctions  et  les  propriétés,  et  même  entre  les  fonctions 
et  les  résultats.  La  même  observation  est  applicable  au  premier  ordre  des 
fonctions  animales,  où  la  contracliUlé  et  l'irritabilité  sont  étudiées  dans  tous 
les  points  de  l'organisme  où  elles  concourent  à  un  acte  déterminé.  Une 
telle  manière  de  procéder  tend,  comme  on  peut  le  voir,  à  absorber  l'étude 
des  fonctions  dans  la  physiologie  des  systèmes,  ce  qui  nuirait  finalement 
au  but  de  la  physiologie.  J'avais  raison  plus  haut  de  faire  honneur  à  Blain- 
ville de  l'institution  de  la  physiologie  des  systèmes  ;  mais  il  faut  par  contre 
reconnaître  que,  dans  son  plan,  les  véritables  phénomènes  des  fonctions 
sont  dissous  par  la  considération  prépondérante  de  l'étude  des  propriétés 
ou  môme  des  résultats.  Quant  aux  phénomènes  de  sensibilité  extérieure, 
exléro-interne,  intérieure,  le  plan  de  Blainville  offre  diverses  systématisa- 
tions partielles  d'un  grand  intérêt,  sans  que,  à  beaucoup  d'égards,  il  ait 
profilé  de  l'imporlan le  fondation  de  Gall  et  de  celle  d'Auguste  Comte  son 
véritable  appréciateur. 

D^n^\ç%  phénomènes  résultats,  Blainville  n'a  étudié  que  la  composi- 
tion, la  décomposition  et  la  calorification  ;  il  n'a  donc  pas  senti  autant  qu'il 
devait  le  faire  la  véritable  physiologie  des  appareils. 

Tels  sont  les  principaux  types  de  coordination  auxquels  on  peut  ratla- 


45 
cher  tous  les  plans  adoptés  jusqu'à  ce  jour.  Les  avantages  et  les  imperfec- 
tions que  présente  celui  de  Blainville  nous  amènent  à  concevoir  aiijourd  hui 
une  combinaison  plus  intime  de  la  physiologie  et  de  l'anatomie,  eu  établis- 
sant parallèlement  aux  éludes  statiques  une  série  correspondante  de  dé- 
monstrations dynamiques.  Les  observations  mêlées  à  cet  examen  doivent 
me  dispenser  de  répéter  ici,  en  terminant,  quelle  doit  être  la  constitution 
définitive  de  la  physiologie;  il  faut  seulement  rappeler  que  la  marche 
analytique  dont  j'ai  tracé  les  degrés  ne  doit  pas  être  simplement  considé- 
rée comme  un  cadre  de  recherches,  mais  bien  comme  le  plan  d'une  série 
de  démonstrations  devant  se  subordonner  à  la  méthode  subjective.  Je  dois 
surtout  rappeler  que  les  physiologistes  actuels,  sous  peine  de  ne  remplir 
aucun  office  social,  doivent  s'attacher  à  se  représenter  l'étude  des  êtres 
vivants  comme  le  préliminaire  de  la  sociologie,  de  même  que  la  physique 
et  la  chimie  ont  été  te  préliminaire  immédiat  de  la  biologie.  La  physiolo- 
gie animale,  considérée  ainsi  entre  l'étude  des  végétaux,  qui  lui  sert  de 
base,  et  l'étude  de  la  société,  qui  est  son  but,  réalisera  enfin  sa  haute  des- 
tination. 


RECHERCHES 

SUR  LES  PROPRIÉTÉS  PHYSIOLOGIQUES 


DE 


LITHËR  lODnYBRIQVË 


INDUCTIONS  THÉRAPEUTIQUES. 


Par  m.  Gh.  HUETTE, 

Interne  en  médecine  «t  en  chirurgie  des  hôpitaox  de  Paris, 

membre  fondateur  do  la  Société  de  hiologia,  membre  do  la  Société  analomiqua 

«l  de  la  Société  de  médecine  pratlqoe  de  Pari». 


Parmi  les  composés  iodiques,  Télher  iodhydrique  (1),  en  raison  de  sa 

(1)  L'éther  iodhydrique  a  été  docouvrrf  par  M.  Gay-Lussa^,  qui  l'a  obtenu  en 
faisant  un  mélange  de  deux  parties  d'un  volume  d'alcool  et  d'une  d'acide  iodhy- 
drique coloré. 

Cet  éther  n'a  point  de  réaction  acide.  Son  odeur  est  éthérée  ;  sa  saveur  est  pi- 
quante, légèrement  douceâtre  et  moins  acre  que  celle  de  l'éther  sulfuriqne.  Sa 
densité  est  de  1,9201:  à  22<>,3;  il  bout  à  6i°,8.  Il  n'est  pas  inflammable.  Versé 
goutte  à  goutte  sur  des  charbons  ardent?,  il  répand  des  vapeurs  pourprées. 

Il  n'est  pas  immédiatement  décomposé  par  la  potasse  et  les  acides  nitrique  et 


48 
forme  de  liquide  volatil  et  de  sa  richesse  en  iode,  méritait  une  attention 
toute  spéciale  ;  cepeudanl ,  depuis  vingt-cinq  ans  que  ce  corps  est  décou- 
vert, il  est  resté  sans  application  en  médecine.  La  crainle  des  dangers  que 
pouvait  entraîner  son  inhalation  a  peut-être  empêché  les  praticiens  de  le 
soumettre  aux  expériences  nécessaires  pour  en  constater  les  propriétés  thé- 
rapeutiques. 

C'est  dans  le  liut  de  combler  une  lacune  à  la  fois  préjudiciable  aux  inté- 
rêts de  l'humanité  et  aux  progrès  de  la  science  que  nous  avons  entrepris 
quelques  recherches  dont  le  résultat  confirma  nos  prévisions  sur  la  possi- 
bilité d'introduire  l'iode  par  les  voies  pulmonaires.  Plus  lard  nous  eûmes 
l'occasion  d'assister  un  de  nos  amis  que  la  crainte  de  la  phthisie  détermina 
à  se  soumettre  pendant  trois  mois  aux  inhalations  de  l'éther  iodhydrique. 
Nous  ne  pensons  pas  que  ses  craintes  fussent  bien  fondées;  mais  nous  men- 
tionnons ici  l'expérience  dont  il  prit  la  responsabilité,  uniquement  parce 
qu'elle  prouve  que  nous  nous  étions  trompé  sur  le  point  si  essentiel  de 
l'innocuité.  Il  en  résulte  que  l'éther  iodhydrique  est  accessible  à  une  voie 
d'absorption  plus  vaste  et  plus  sûre  que  la  muqueuse  gastro-intestinale  ;  il 
est  le  seul  composé  iodique  qui  possède  ce  privilège.  En  effet,  l'iode  lui- 
même  est  volatil;  mais  les  expériences  tentées  jusqu'à  ce  jour  n'ont 
servi  qu'à  démontrer  les  dangers  des  vapeurs  corrosives  de  ce  métalloïde. 


sulfureux;  mais  l'acide  sulfurique  l'attaque  plus  vivement  et  meta  nu  une  partie 
de  son  iode. 

Sous  l'influence  de  l'air,  il  brunit  un  peu,  ce  qui  lient  à  une  partie  d'iode  mise 
à  nu  ;  mais  il  est  rapidement  décoloré  par  les  alcalis  et  le  mercure  qui  s'emparent 
de  l'iode  libre-  Dans  les  inhalations  que  nous  conseillons,  il  sera  nécessaire  de 
l'avoir  aussi  pur  que  possible,  aOu  d'éviter  le  contact  des  vapeurs  de  l'iode  mé- 
talloïde avec  le  poumon. 

Une  goutte  de  mercure,  versée  dans  le  ll^icon  que  contient  l'éther,  suffît  pour 
tenir  ce  dernier  dans  un  état  de  pureté  convenable.  La  densité  considérable  de 
l'éther  iodhydrique  permet  de  le  conserver  sous  l'eau,  dans  laquelle  il  est  inso- 
luble. 

Pour  le  préparer,  il  faut  mêler  quatre  parties  d'iode  avec  dix  parties  d'alcool  à 
38° ,  puis  ajouter  peu  à  peu  une  partie  de  phosphore  et  soumettre  le  tout  à  la 
distillation.  Quand  la  majeure  partie  de  l'alcool  a  distillé,  on  verse  encore  environ 
trois  parties  d'alcool  dans  la  cornue,  et  on  distille  jusqu'à  siccité.  On  mêle  le 
produit  de  la  distillation  avec  de  l'eau  pour  séparer  l'éther  de  l'alcool,  et  on  rec- 
tifie l'éther  en  le  distillant  sur  du  chlorure  de  calcium. 


A9 

Quant  à  l'acide  iodhydrique  qui  existe  à  l'état  gazeux,  il  est  suffocant  et  tout 
à  fait  inapplicable. 

Reste  à  démontrer  que  cet  élher  jouit  des  mêmes  propriétés  que  les  au- 
tres préparations  d'iode,  el  qu'il  est  également  un  puissant  modificateur  de 
l'économie.  Il  n'y  a  aucune  raison  à  priori  qui  autorise  à  supposer  que  ce 
corps  fasse  exception  dans  la  classe  des  composés  iodiques.  Sa  forme  de 
liquide  difTiisible  nous  le  présente  dans  les  conditions  les  plus  favorables  au 
maximum  d'action  de  Tiode  qu'il  contient  :  Corpora  non  agunt  nisi  so~ 
lula;  de  plus,  il  est  probable  qu'il  est  promptement  transformé  en  iodures 
alcalins,  dont  l'effet  subséquent  est  assuré. 

Avant  de  décrire  l'action  de  l'éther  iodhydrique  sur  l'économie,  nous 
indiquerons  le  procédé  d'inhalation  que  nous  avons  suivi  dans  nos  expé- 
riences, afin  de  réaliser  les  conditions  d'innocuité,  tout  en  favorisant  l'ab- 
sorption rapide  de  ce  médicament . 

On  peut  se  servir  d'un  petit  flacon  bouchant  à  l'émeri,  haut  de  3  à  4  cen- 
timètres, dans  lequel  on  porte  avec  une  pipette  graduée  1  gramme  ou  2 
d'élher  ;  on  recouvre  ensuite  cet  éther  d'une  couche  d'eau  épaisse  de  2  à 
3  millimètres,  qui  forme  un  obturateur  mobile,  destiné  à  modérer  l'évapo- 
ralion  ;  puis  on  porte  le  flacon  à  l'une  des  narines,  afin  d'enlever  par  in- 
spiration l'air  superposé  au  liquide.  Les  vapeurs  éthérées  arrivent  au  jvou- 
mon  convenablement  mélangées  à  l'air  venant  du  dehors.  Pour  accélérer 
l'évaporalion,  il  suffit  d'amincir  l'obturateur  liquide  en  inclinant  un  peu  le 
flacon  ;  toute  l'eau  se  rassemble  alors  en  une  grosse  goutte  qui  laisse  à  nu 
la  majeure  partie  de  ia  couche  d'éther.  On  peut  également  utiliser  la  cha- 
leur de  la  main  dans  le  même  but.  O'iinze  ou  vingt  inhalations,  pratiquées 
comme  il  vient  d'être  dit,  imprègnent  l'économie  de  l'iode.  L'absorption 
est  si  rapide  qu'un  quart  d'heure  après  la  cessation  des  inhalalious,  les 
réactifs  indiquent  le  passage  de  l'iode  dans  les  urines.  Bien  que  cette  sub- 
stance soit  promptement  éliminée,  nous  en  avons  plusieurs  fois  constaté  la 
présence  de  cinquante  à  soixante  heures  après  les  inhalations.  J'indiquerai 
plus  loin, en  traitant  des  applications  thérapeutiques  de  l'éther  iodhydrique, 
les  conditions  qu'il  sera  convenable  de  remplir  quand  les  inhalations  seront 
prescrites  dans  un  but  cnratif. 

Décrivons  les  effets  qu'il  produit. 

Après  quelques  inspirations,  une  impression  de  calme  et  de  bien-être 
annonce  que  l'éther  iodhydrique  agit  d'abord  conformément  aux  propriétés 
sédatives  des  autres  éthers  employés  en  médecine.  Les  mouvements  respi- 
ratoires s'exécutent  aussi  avec  une  facilité  et  une  ampleur  immédiates  qui 

4 


50 
lourneul  au  profit  de  Thématose  ;  mais  à  PaCUon  anlispasmodique  de  la  Va- 
peur éthérée  qui  favorise  l'adminislralion  du  remède,  succède  bienlôt  l'ac- 
Uca  ultérieure  de  l'iode  absorbé.  Le  surcroît  de  vigueur  cesse  d'être  borné 
aux  iiiuscles  thoraciques  pour  s'étendre  à  l'ensemble  du  système  muscu- 
laire. L'appélit  se  développe,  les  sécrétions  sont  activées,  le  sens  génital 
devient  plus  exigeant ,  le  pouls  acquiert  de  la  plénitude,  et  la  vivacité  des 
sensations,  l'activité  de  l'intelligence,  annoncent  que  l'impulsion  donnée 
aux  autres  organes  s'étend  jusqu'au  cerveau.  Tels  sont  les  effets  que  quatre 
séances  d'inhalations  quotidiennes,  et  de  dix  minutes  chacune,  avaient 
produites  sur  nous  au  bout  de  quelques  jours.  Quant  aux  accidents,  nous 
n'avons  jamais  éprouvé  qu'un  peu  de  coryza,  et  plus  souvent,  lorsque  la 
vapeur  n'arrivait  pas  trop  concentrée,  un  sentiment  fugace  de  pression  aux 
tempes. 

L'ensemble  de  ces  phénomènes  démontre  que  l'étber  iodbydrique  parti- 
cipe au  plus  haut  degré  des  propriétés  communes  aux  autres  préparations 
d'iode.  Si  nous  considérons  maintenant  qu'il  offre  un  mode  d'administra- 
îioh  tout  spécial,  qu'en  ralentissant  l'évaporation,  on  peut  à  son  gré  mo- 
dérer les  effets  qu'il  produit,  nous  ne  pouvons  refuser  à  ce  composé,  dan» 
bien  des  cas,  une  certaine  supériorité  sur  les  autres  iodiques. 

L'inhalation  de  l'iode  permet  donc  d'en  fractionner  les  doses  à  PinQni,  et 
d'î  le  faire  absorber  par  des  voies  plus  étendues,  plus  simultanément  ac- 
cessibles dans  toutes  leurs  profondeurs,  et  mieux  appropriées  pour  l'ab- 
go'ption  des  moindres  atomes  médicamenteux,  que  ne  le  sont  les  organes 
digestifs.  Comme  chaque  prise  ne  reste  en  contact  avec  le  poumon  que  la 
âméè  d'une  inspiration,  on  pourra  prolonger  les  traitements  tout  en  mé- 
nageant la  susceptibilité  des  organes.  De  plus,  il  est  à  remarquer  que  les 
substances  ainsi  absorbées  ne  sont  expulsées  qu'après  avoir  parcouru  le 
cercle  entier  de  la  circulation,  et  agi  soit  chimiquement,  soit  dynamique- 
ineht,  sur  toute  l'économie. 

Les  avantages  généraux  des  voies  respiraloiies  sur  les  voies  digestives, 
au  point  de  vue  de  l'absorption,  étant  manifestes,  passons  à  la  recherche 
des  cas  pathologiques  spéciaux  dans  lesquels  l'inhalation  de  Féther  iodhy- 
drique  trouverait  une  indication  motivée  à  la  fois  par  les  propriétés  chimi- 
ques et  physiques  de  ce  corps. 

On  sait  que,  dans  certains  empoisonnements,  les  iodures  métalliques  sont 
prescrits  comme  antidotes,  parce  qu'ils  décomposent  au  sein  de  nos  tissus, 
et  qu'ils  en  éliminent  les  produits  accidentels  de  l'intoxication;  l'élher  iod- 
bydrique serait  surtout  avantageux  dans  les  cas  où  la  substance  toxique 


51 

aurait  irrité  l'estomac  ou  altéré  les  organes  de  l'absorpUoD  gastro-intesti- 
nale; il  serait  également  utile  dans  les  empoisonuemenls  par  la  morphine, 
la  strychnine,  et  les  autres  alcalis  végétaux,  quand  les  vomissements  s'op- 
posent à  l'introduction  de  Piode  par  les  voies  digeslives. 

Tout  récemment,  dans  uu  excellent  travail  sur  l'action  des  iodiques  (1) 
(travail  où  l'oubli  de  l'élher  iodhydrique  offre  pourtant  une  lacune  regret- 
table), M.  Dorvault  propose  les  iodures  à  haule  dose  contre  le  choléra  asia- 
tique, afin  d'en  combattre  le  phénomène  le  plus  grave,  qui  est  peut-être 
la  coagulation  du  sang;  si  la  nature  rie  cette  maladie  et  le  mode  d'action  des 
iodures  étaient  ce  que  M.  Dorvault  suppose,  les  inhalations  seraient  alors 
le  seul  moyen  applicable.  On  suit  en  effet  que,  dans  le  choléra,  l'estomac  et 
les  intestins  ne  fonctionnent  pins;  les  voies  pulmonaires  sont  donc  les 
seules  par  lesquelles  on  pourrait  faire  absorber  Piode  rapidement. 

La  glucosurie,  si  souvent  liée  à  la  luberculisalion  du  poumon,  a  été,  dans 
quelques  ca?,  traitée  avec  succès  par  les  iodiques  :  ici  l'emploi  de  l'élher 
iodhydrique  serait  à  la  fois  justifié  par  l'affection  générale  et  par  Palléralion 
locale.  J'ai  constaté  l'efficacité  de  cet  élber  dans  quelques  atTeclioos  chro- 
niques du  poumon. 

L'induction  nous  conduit  directement  à  employer  les  inhalations  d'élher 
iodhydrique  dans  les  cas  nombreux  où  l'hérédité,  autint  que  la  conslilu- 
•ion  acquise,  fait  redouter  ces  tuberculisalions  latentes  dont  les  ravages  se 
manifestent  souvent  avec  une  rapidité  qui  enlève  tout  espoir  de  guérison. 

L'action  générale  du  médicament  sur  la  diathèse,  l'action  locale  et  réso- 
lutive qui  dissipe  les  premières  manifestations  du  mal,  enfin  l'efficacité  évi- 
dente contre  les  scrofules,  qui  oiîrent  tant  d'analogie  avec  l'affection  tu- 
berculeuse, élablissenl  ici  une  présomption  tout  à  fait  favorable  à  l'appui  de 
laquelle  nous  allons  invoquer  plus  d'une  autorité. 

On  sait  que  Laênnec,  Scudamore,  Berlon,  Murray,  etc. ,  préconisant  les 
inhalations  d'iode  contre  la  phlhisie,  firent  quelques  essais,  afin  de  porter 
directement  celte  substance  dans  les  voies  pulmonaires.  Ils  n'avaient  point 
alors  l'idée  d'une  nouvelle  méUiode  de  traitement  général;  ces  médecins 
n'étaient  inspirés  que  par  le  désir  de  mettre  le  résolutif  par  excellence, 
l'iode,  en  contact  avec  le  parenchyme  pulmonaire,  pour  y  produire  les  ef- 
fets salutaires  que  l'application  topique  de  ce  médicaraenl  produit  partout 
ailleurs.  L'induction,  sans  doute,  était  saine;  mais  un  choix  vicieux  des 


1)  Voy.  Gaz.  Méu.,  iSrj  Ll  ISiO. 


52 
substances  employées  amena  des  résullat-s  négatifs  el  quelquefois  désas- 
treux. 

Laënnec  garnissait  de  varecs  les  appartements  des  phlhisiques,  pensant 
que  des  émanations  iodées  agiraient  directement  sur  le  poumon.  L'expé- 
rience a  démontré  l'inefficacité  de  ce  moyen. 

Scudaraore  conseillait  des  inhalations  dont  voici  la  formule  : 

Iode 0,2.^ 

lodure  de  potaHSiiitn 0, là 

Eau  distillée 150 

Alcool. i 

Teinture  de  ciguë lô 

On  voit  que  ce  médecin,  redoutant  pour  le  poumon  l'action  irritante  de 
l'iode,  cherchait  à  la  tempérer  par  la  teinture  de  ciguë.  Baudelocque  répéta 
depuis  ces  expériences  à  l'hôpital  des  Enfants,  mais  sans  succès. 

Engelmann  prétend  que  les  enfants  scrofulcux  et  présentant  toutes  les 
prédispositions  héréditaires  à  la  phthisie  obliennent  une  amélioration  ra- 
pide de  leur  état  en  respirant  l'air  des  salines  de  Kreusnach  :  il  explique  ces 
cures  merveilleuses  par  le  contact  longtemps  prolongé  du  poumon  avec 
l'air  chargé  des  principes  efficaces  qui  se  trouvent  dans  les  sources  de 
Kreusnach  (chlorures,  bromures  et  iodures  alcalins.) 

Murray  conseillait  de  tenir,  dans  la  chambre  des  phthisiques,  des  sou- 
coupes contenant  de  l'iode  humecté  d'eau. 

L'évaporalion  lente  de  l'jode  aurait  produit  de  bons  résultats,  tels  que 
la  cessation  de  la  toux,  plus  de  facilité  dans  l'expectoration,  plus  de  calme 
dans  le  sommeil,  etc.  H  est  regrettable  que  Murray  n'ait  rapporté  aucune 
observation  détaillée  à  l'appui  de  ses  assertions.  L'expérience  a  depuis  long- 
temps appris  que  rio"3e  non  combiné  produit  sur  les  organes  respiratoires 
des  effets  entièrement  opposés  à  ceux  décnis  par  cet  auteur. 

Nous  ne  rappellerons  point  ici  les  Irailements  variés  ni  les  opinions  des 
médecins  qui  proposèrent  contre  la  phthisie  l'administration  des  indiques 
par  les  voies  digestives.  Ce  qui  précède  suffit  pour  ne  laisser  aucun  doute 
sur  la  confiance  généralement  accordée  à  l'iode,  et  sur  la  préoccupation 
qui  inspira  les  tentatives  que  nous  venons  de  rapporter.  Or  nous  croyons 
avoir  suffisamment  prouvé  que  les  vapeurs  d'éther  iodhydrique,  appliquées 
directement  aux  bronches  et  aux  cellules  pulmonaires,  n'entraînent  point 
les  dangers  qui  firent  échouer  les  essais  tentés  jusqu'à  ce  jour. 

Un  étal  avancé  de  la  tuherculisation,  des  cavernes  nombreuses,  l'intensité 


53 

de  la  Oèvre.  la  prédisposition  inflammatoire,  nous  semblent  contre-indi- 
quer  l'emploi  de  Péther  iodhydrique,  à  cause  de  son  action  ultérieure,  qui 
est  stimulante.  Peut-être,  dans  ces  cas  graves,  pourrait-on,  à  l'aide  de  pré- 
cautions convenables  et  par  inhalation  sagçmenl  ménagée,  atténuer  les 
dangers  résultant  de  l'acliou  excitante  du  médicament,  sans  diminuer  les 
chances  de  salut  offertes  par  son  action  altérante. 

On  comprendra  sans  peine  que,  même  dans  les  cas  les  plus  favorables,  l'in- 
halation doit  être  laite  de  manière  à  ne  point  fatiguer  le  poumon  de  prime 
abord,  afin  de  pouvoir,  en  multipliant  les  séances,  donner  au  traitement 
une  durée  proportionnée  aux  effets  qu'on  veut  obtenir.  Lorsque  l'inhala- 
tion de  cet  éther  sera  prescrite  dans  le  but  de  faire  agir  localement  l'iode 
sur  le  parenchyme  pulmonaire,  on  ne  devra  point  perdre  de  vue  que  le 
contact  du  remède  avec  la  membrane  pulmonaire  n'est  que  momentané, 
et  que  la  vapeur  absorbée  ne  peut  imprégner  d'une  manière  permanente 
un  tissu  spongieux,  sans  doute,  mais  qui  est  le  siège  de  mouvements  con- 
tinuels et  d'une  absorption  incessante. 

Celte  condition  essentielle  n'est  réalisable  qu'avec  un  air  chargé  de  quan- 
tités faibles  et  déterminées  de  vapeur,  et  à  l'aide  de  procédés  d'adminis- 
tration qui  soient  commodes  pour  les  malades.  Le  traitement  interne  le  plus 
court  a  toujours  une  durée  de  quelques  semaines.  Or  pour  que  l'économie 
générale  n'ait  pas  à  en  soulfiir  et  que  les  membranes  délicates  chargées  de 
l'absorption  souvent  ré[)élée  de  l'éther  puissent  le  supporter,  il  faut  déter- 
miner la  dose  du  médicament  qu'on  prendra  dans  les  vingt-quatre  heureSv 
On  le  fractionnera  ensuite  en  multipliant  les  séances  de  l'inhalation. 

Nous  pensons  qu'il  sera  convenable  de  régler  l'évaporation  de  manière  à 
connaître  le  temps  qu'elle  exige,  parce.que  le  temps  donnera  d'une  manière 
approximative  le  nombre  d'inspirations  que  le  malade  a  dû  faire  pour  épui- 
ser la  quantité  donnée  d'éther.  Ce  nombre,  placé  sous  le  poids  représen- 
tant la  dose  quotidienne,  produit  une  fraction  qui  exprime  la  valeur 
moyenne  de  chaque  prise  de  vapeur  éthérée. 

Supj)Osons,  par  exemple,  que  la  dose  soit  d'un  gramme  et  que  le  malade 
la  prenne  en  quatre  séances  égales  de  cinq  minutes,  on  pourra  évaluer  le 
nombre  des  inspirations  à  500,  et  la  quantité  d'éther  que  chacune  d'elles 
fait  pénétrer  par  le  poumon  à  1/500,  c'est-à-dire  à  0  gr.  002.  Dans  cette 
expérience,  2  milligr.  d'éther  se  trouvent  donc  disséminés  sur  la  plus 
grande  surface  absorbante  du  corps  humain.  Il  sera  toujours  bon  de  s'as- 
treindre aux  précautions  que  nous  avons  prises  nous-même  (voir  plus 
haut),  lesquelles  nous  ont  permis  de  poursuivre  nos  expéi  iences  avec  sécu- 


rite.  Qu'OD  ne  croie  pas  cependant  que  ces  précautions  soient  d*une  grande 
di£Eicuité  pratique,  ni  d'une  nécessité  tellement  impérieuse  que  la  moindre 
négligence  soit  un  danger  ;  maison  pressentira  sans  doute  que  ces  conseils 
nous  sont  inspirés  par  la  crainte  devoir  des  manœuvres  peu  méthodiques 
ou  téméraires  corapromellre  les  résultats  que  nous  osons  espérer. 

L'avenir  apprendra  si  la  possibilité,  désormais  constatée,  d'appliquer  di- 
reclement  et  localement  l'iode  aux  organes  respiratoires,  apporte  enGn  des 
chances  de  salut  aux  phlhisiques,  dontles  progrès  récents  delà  science  nous 
révèlent  l'irrévocable  arrêt,  sans  nous  donner  le  pouvoir  de  le  casser.  Ne 
sutnt  il  pas  d'une  possibilité  de  ce  genre  pour  éveiller  Tatlention  des  prati- 
ciens et  encourager  de  nouveaux  efforts  7 


ftEFLEXIONS 


liDK 


LA  FIÈVRE  INTERMITTENTE  SIMPLE 


CHEZ  LES  ENFANTS  NOUVEàU-NÉS  ET  A  LA  MAMELLE; 


Par  le  Docteur  GUIET, 

ADcleo  iDlcro»  de*  b6pit«ax  de  Paris,  membre  de  ia  Société  anatomti|u« 
et  de  la  Socliié  médical*  de  U  Sartbe. 


Il  semble  que  tout  ait  été  dit  sur  la  fièvre  inlermiltonte.  G*e$l  une  de  ce» 
maladies  que  le  praticien  aime  à  rencontrer  sur  sa  route  ;  car,  quand  il  s'est 
bien  assuré  de  sa  nature,  il  a  tout  près  une  panacée  infaillible  à  lui  opposer. 
Il  promet  d'avance  à  son  malade  la  curalion  de  sa  fièvre,  et  le  fébricitant 
est  tout  étonné  de  voir  se  réaliser  si  juste  les  promes  es  de  la  médecine. 
Plût  à  Dieu  qu'il  en  fût  ainsi  dans  toutes  les  maladies  l  la  médecine  serait- 
plus  honorée  qu'elle  ne  l'est. 

Dans  certaines  localités,  ou  bien  à  maintes  époques,  par  suite  de  coosti- 
lutions  atmosphériques  encore  mal  déterminées,  le  principe  intermittent 
semble  apposer  son  cachet  caractéristique  sur  tous  les  états  morbides.  Alor» 


56 
la  thérapeutique  est  bien  simple,  bien  empirique  :  le  quiuquiua  sort  de 
toutes  les  officines.  Cependant,  malgré  ces  occasions  si  fréquentes  d'obser- 
ver la  fièvre  intermittente,  la  seule  dont  l'étude  approfondie  puisse  nous 
donner  une  théorie  satisfaisante  des  fièvres,  peu  de  travaux  sérieux  et  véri- 
tablement pratiques  se  produisent  sur  celle  maladie. 

On  se  croit  obligé,  par  exemple,  d'éclairer  la  science  sur  la  fièvre  ty- 
phoïde, celle  enlilé  morbide,  sur  laquelle  on  disputera  longtemps  sans  pou- 
voir s'entendre,  parce  que  personne  ne  la  comprend  de  la  même  manière, 
et  qu'on  s'obstine  à  faire  rentrer  dans  un  même  type  des  étals  pathologi- 
ques essentiellement  différents,  qui  devraient  être  séparés  en  théorie.  C'est 
ce  qu'on  ne  veut  pas  faire  encore  ;  car  après  avoir  tant  ridiculisé  la  nosolo- 
gie de  Pinel,  il  serait  dérisoire  de  reconnaître,  quoiqu'un  peu  tard,  que  si, 
dans  les  fièvres,  ce  grand  maître  avait  exagéré  les  divisions,  il  était  cepen- 
dant dans  le  vrai  en  en  admettant  de  diflérenles  espèces. 

I/esprit  de  l'homme  ne  procède  jamais  autrement.  Au  lieu  de  tenir  un 
compte  sage  de  l'expérience  du  passé,  il  la  secoue  trop  souvent  comme  un 
linceul.  Il  s'adresse,  en  enthousiaste,  à  une  idée  nouvelle,  qu'il  croit  la 
seule  vraie,  la  seule  capable  de  le  diriger  dans  ces  inexplicables  phénomè- 
nes dont  l'organisation  humaine  nous  offre  de  Irop  fréquents  exemples. 
L'allrail  du  génie  et  la  puissance  du  slyle  entraînent  presque  malgré  elle 
toute  une  génération  ardente.  Bientôt  une  réaction  indispensable  s'établit, 
et  Ton  s'aperçoit  que  ce  ne  sont  pas  les  révolutions  qui  avancent  le  plus  la 
science,  mais  que  c'est  par  une  action  lente  et  réfléchie  que  l'on  obéit  à 
celte  loi  du  progrès,  qui  est  la  plus  belle  prérogative  de  l'humanité. 

J'en  appelle  aux  praticiens,  et  surtout  aux  praticiens  de  province.  Ceux- 
là  savent  mieux  que  personne  combien  ils  rencontrent  tous  les  jours  d'étals 
fébriles  qu'on  peut  appeler  essentiels  (j'en  demande  bien  pardon  à  l'école 
anatoraique),  en  ce  sens  du  moins  qu'ils  ne  se  rattachent  à  aucune  lésion 
locale  appréciable,  et  combien  ils  sont  inhabiles,  malgré  la  meilleure  vo- 
lonté du  monde,  à  les  faire  rentrer  sous  le  joug  de  la  dothinenlérie.  Disons- 
ie  franchement  r  il  n'est  pas  un  jeune  médecin  qui,  appelé  sur  le  terrain  de 
la  pratique  commune,  ne  soil  obligé  de  modifier  les  idées  qu'il  a  puisées 
dans  la  pratique  des  hôpitaux  de  Paris.  Là,  en  effet,  on  ne  voit  que  la  fièvre 
typhoïde  ;  on  a  la  ressource  de  la  fièvre  légère,  grave,  muqueuse,  bilieuse 
ou  inHammatoire,  ataxique  ou  dynamique,  etc.  Avec  tout  cet  attirail,  on 
serait  bien  maladroit  si  Ton  ne  faisait  pas  rentrer  toutes  les  pyrexfes  dans  la 
fièvre  enléro-mésentérique,  qui  est  la  gangue  commune  de  toutes  les  autres. 
Rien  de  si  beau  que  i'unilé  pour  l'esprit  systématique  t.. . 


57 

Mais  si  peu  qu'on  veuille  ouvrir  les  yeux  à  la  lumière,  on  ne  larde  pas  à 
reconnalire  qu'il  est  parfois  nécessaire  de  se  débarrasser  du  lourd  bagage 
scientifique  dont  on  a  fait  ample  provision  dans  ses  éludes.  Tout  d'abord 
on  accuse  son  incapacité  naturelle,  son  défuul  d'aptitude;  puis  plus  lard  on 
voit  que  la  nature  sait  varier  à  l'infini  ses  types  pathologiques  en  fièvre 
comme  partout  ailleurs.  La  question  des  fièvres  est,  à  mon  avis,  tout  en- 
tière à  refaire  au  point  de  vue  pratique,  et  il  serait  temps  enfin  que  de  véri- 
tables observateurs  songeassent  à  secouer  le  joug  de  cette  fièvre  typhoïde, 
qui  prétend  à  elle  seule  envahir  tout  le  domaine  pyrélologique. 

J'ai  dû  faire  ces  réflexions ,  car  moi,  dans  ma  pratique,  je  rencontre 
tous  les  jours  des  états  fébriles  que  je  ne  sais  comment  caractériser,  parce 
que,  dans  mes  études,  on  m'a  borné  la  vue  avec  la  fièvre  typhoïde.  Je  me 
trouve  continuellement  dan^  l'humiliante  obligation,  pour  un  moderne, 
de  recourir  aux  anciens  nosologistes  pour  avoir  une  idée  satisfaisante  de 
certaines  fièvres ,  qui  sont  muqueuses,  bilieuses,  nerveuses,  ataxiques, 
cérébrales,  biosiques  même,  elc,  etc.,  sans  avoir  le  moindre  génie  ty- 
l)hoïde.  Je  ne  comprends  pas  comment  on  ne  proteste  pas  tous  les  jours 
contre  un  pareil  monopole,  aussi  nuisible  à  la  santé  qu'à  rhumanité. 

Ceci  dit ,  je  reviens  à  la  fièvre  intermittente ,  et  je  m'étonne  de  l'espèce 
d'indifférence  qui  s'est  emparée  des  médecins  à  propos  de  cette  fièvre. 
Que  si  par  hasard  quelques  travaux  éclosent  sur  cette  maladie,  c'est  presque 
toujours  sur  la  thérapeutique,  c'est-à-dire  sur  la  parlie  la  mieux  connue, 
qu'ils  roulent. 

Désolés  des  récidives  si  fréquentes  que  présente  celte  affection  et  de  son 
opiniâtre  ténacilédans  quelques  circonstances,  la  plupart  des  médecins  ont 
essayé  de  trouver  au  quinquina  un  succédané  qui  pût  lutter  avec  avantage 
contre  ces  récidives.  C'est  ainsi  que  la  salicice,  l'acide  arsénieux,  le  Uni- 
ment térébenthine,  etc..  ont  élé  tour  à  tour  préconisés.  Je  ne  blâme  en  au- 
cune façon  ces  tendances,  d'autant  mieux  que  le  quinquina,  dans  ces  der- 
niers temps,  est  arrivé  à  un  prix  exorbitant;  mais  pour  moi,  qui  crois  à 
l'efficacilé  complète  du  quinquina,  quand  il  est  bien  administré  el  que  la 
fièvre  ne  vient  point  compliquer  un  état  organique  latent,  je  pense  que, 
pour  juger  eu  dernier  ressort  la  question  des  récidives,  question  si  impor- 
tante, il  faut,  avant  tout,  étudier  avec  le  plus  grand  soin  les  conditions  élio- 
logiques  dans  lesquelles  naît  celle  fièvre,  soit  qu'elle  soit  sporadique,  soit, au 
contraire,  qu'elle  règne  épidémiquement. 

Celte  étude  est  sans  contredit  la  seule  qui  puisse  mener  à  la  solution  du 
problème.  Le  quinquina  guérit  à  coup  sûr;  mais  si  les  causes  qui  ont  pro- 


58 
duitla  fièvieane  première  fois  continuent  d'agir  sur  un  organisnne  déjà 
frappé,  et  ,iar  conséquent  prédisposé,  la  récidive  est  inévitable,  fatale.  — 
Qui  en  acctisera-t-oo  ?  Le  quinquina,  comme  on  le  fait  trop  souvent.  Accu- 
eez-en  pluiôt  l'iusuffisance  des  connaissances  médicales,  et  travaillez  à 
comblei  uue  lacune  qui  nous  fera  toujours  échouer  dans  le  traitement  de  ces 
récidivt-.  N'avais-je  pas  raison  de  dire,  en  têle  de  ce  travail,  que  l'histoire 
de  la  fièvre  intermittente  laissait  encore  beaucoup  à  désirer  ? 

Malheureusement  une  des  parties  les  plus  importantes  de  la  pathologie 
est  encore  à  créer,  c'est  le  mot  :  je  veux  parler  de  réli«)logie.  Il  faudrait 
une  main  puissante  et  énergique  pour  porter  la  lumière  dans  ce  chaos. 
Honneur  donc  à  la  Gazette  Médicale,  qui  la  première  a  jeté  le  cri  de  ré- 
forme, en  inscrivant  sur  sa  bannière  ces  mots  significatifs  ;  «  Médecine 
étiologique.  »  Celle  voie  féconde  fera  germer  bien  des  vérités  ;  car  sous  ce 
drapeau  doivent  se  ranger  toutes  les  intelligences  qui  n'ont  en  vue  que  les 
progrès  et  l'honneur  de  la  médecine. 

Ce  mémoire  a  des  vues  moins  ambitieuses  :  il  est  basé  sur  des  faits  pra- 
tiques, simples  et  observés  sans  prétention.  Plus  on  se  renferme  dans 
l'observation  patiente  et  attentive  de  la  maladie,  et  plus  on  a  de  chances 
de  résoudre  le  problème  le  plus  difficile  à  nos  yeux,  celui  de  la  guérir. 

Sous  le  point  de  vue  de  la  symplomatologie  des  maladies  de  l'enfance,  îl 
existe  une  diiïérence  immense  dans  la  manière  dont  elles  se  manifestent, 
soit  qu'on  observe  l'eofanl  au  moment  de  sa  naissance,  soit,  au  contraire, 
qu'on  l'étudié  à  un  âge  plus  avancé. 

«  L'enfant  nouveau-né,  dit  M.  Guersant,  est  si  différent  de  celui  qui  a  at- 
»  teint  10  à  12  ans  qu'il  n'y  a  plus  rien  de  comparable  entre  eux.  Il  n'est 
»  plus  du  tout  semblable  à  lui-même  :  ce  sont  deux  êtres  entièrement  dis- 
»  tincts  sous  le  rapport  de  l'organisation  physique  et  du  développement  des 
»  facultés  intellectuelles.  Quand  on  rapproche  ces  deux  extrêmes  de  l'en- 
»  fance,  ou  est  admirablement  surpris  des  changements  extraordinaires  qui 
»  s'opèrent  si  rapidement  dans  l'intervalle.  » 

Consultons  Huîeland  ;  il  nous  dit  :  «  On  peut  appeler  le  temps  qui  s'écoule 
»)  pendant  la  première  année  la  suite  d'une  création  dont  la  moitié  s'opère 
»  dans  l'intérieur  et  l'autre  moitié  en  dehors  du  sein  de  la  mère.  » 

Enfin,  dans  ces  derniers  temps,  un  de  nos  amis,  le  docteur  Bouchut,  qui 

a  fait  un  bon  traité  des  maladies  des  nouveau  nés,  exprime  la  même  idée 

en  ces  lern.es:  «  L'eu.fanl  qui  ouvre  les  yeux  à  la  lumière  est  un  être  in- 

»  complet,  dont  l'organisme  encore  inactil  demande  à  se  développer.  » 

Comme  on  le  voit,  ces  différents  auteurs  ont  tous  été  frappés  de  ce  fait 


59 

physiologique  re^narquable  ;  c'est  que  i'orgauisme  de  Teofaot,  pendant  la 
première  année  de  son  existence,  diffère  essenliellemeol  de  celui  d'un  enfant 
plus  avancé,  et  à  plus  forte  raison  de  celui  de  l'adulte.  Celte  différence  doit 
nécessairement  entraîner  des  modifications  dans  la  manière  dont  cet  orga- 
nisme réagit  contre  les  différentes  causes  de  perturbations,  et  par  consé- 
quent dans  les  manifestations  symptomatologiques  qui  en  résultent. 

Nous  verrons  plus  tard,  à  propos  de  la  fièvre  intermittente,  si  l'expé- 
rience vient  confirmer  les  données  fournies  par  le  raisonnement. 

En  effet,  les  causes  des  maladies  sont  et  doivent  être  les  mêmes  pour 
tous  les  âges.  Si  ces  maladies  diffèrent  dans  leur  symptomatologie,  cela 
lient  évidemment  à  la  réaction  que  l'organisme  oppose  à  ces  différentes 
causes.  Ceci  explique  pourquoi  les  mêmes  causes  agissent  différemment  sur 
des  individus  en  apparence  placés  dans  les  mêmes  conditions  :  c'est  que 
chaque  individu  réagit  à  sa  manière,  et  qu'il  existe  de  plus,  dans  chaque 
machine,  une  inconnue  que,  dans  notre  ignorance,  nous  avons  pompeuse- 
ment décorée  du  nom  de  prédisposition,  et  qui  fait  varier  à  l'infini  le  mode 
de  manifestation  des  maladies. 

Cependant  les  éléments  qui  doivent  constituer  plus  lard  l'homme  fait  se 
trouvent  chez  l'enfant  né  à  lélat  rudimentaire,  et  c'est  une  étude  bien  cu- 
rieuse que  de  suivre  avec  attention  ces  transformations  organiques  que  le 
Douveau-né  suL)it  pour  ariiver  à  son  développement  complet.  C'est  une 
étude  bien  sympathique  au  médecin  surtout  pour  qui  tous  ces  phénomènes 
organiques  doivent  avoir  un  intérêt  réel,  car  c'est  l'étude  de  l'enfant  qui  le 
mène  à  la  connaissance  de  l'homme  fait;  c'est  aussi  à  celte  période  de  la 
vie  qu'il  a  le  plus  de  chances  de  combattre  ces  prédispositions  si  obscures 
qu'une  observation  attentive  du  sujet  peut  seule  lui  faire  deviner. 

Des  considérations  qui  précèdent,  il  résulte  à  priori  que  la  cause,  quelle 
qu'elle  soit,  qui  produit  la  fièvre  intermittente,  cette  maladie  si  singulière, 
qui  seule  possède  un  spécifique,  ne  doit  pas  trouver  dans  l'organisme  de 
l'enfant  le  même  échosymptomatologique  que  dans  l'organisme  de  l'adulte, 
«t  ce  en  vertu  de  cet  aphorisme  hippocratique  : 

«  QvKB  faciunt  in  sano  actiones  sanas,  eadern  in  œgro  morboscu.  » 

Chez  l'adulte,  la  fièvre  intermittente  simple  se  caractérise  par  trois  stade* 
distincts  : 
1"  Le  stade  de  frisson  ;  celui-ci  est  caractéristique; 
S»  Le  stade  de  chaleur  ; 
Z'  Enfin,  le  stade  de  sueur. 


60 

La  fièvre  cesse  à  la  suite  de  ces  stades,  et  celle  période  constitue  l'apyrexle. 

Celle  apyrexie  établit  le  type  de  la  fièvre.  Ainsi  une  fièvre  est  quotidienne 
quand  elle  reste  tous  les  jours  chez  Tadulie,  c'est  la  variélé  la  plus  rare,  et 
presque  toujours  sur  deux  jours  il  en  est  ou  où  la  fièvre  faiblit. 

La  fièvre  tierce  est  la  plus  fréquente  de  toutes;  puis  la  fièvre  quarte. 

Ces  trois  sortes  de  fièvres  présentent  des  variétés  infinies,  sur  lesquelles 
il  est  inutile  d'insister  :  je  dirai  seulement  que  dans  certaines  épidémies  ces 
types  se  confondent  avec  la  fièvre  continue  d'une  manière  toute  particu- 
lière; ainsi  en  1867  nous  avions  des  hameaux  entiers  en  proie  ù  la  fièvre 
continue.  Voici,  entre  autres,  un  fait  remarquable  et  dont  j'ai  tenu  compte 
dans  mes  notes. 

Sur  cinq  individus  pris  les  uns  après  les  autres  de  la  fièvre,  les  deux  pre- 
miers  présentèrent  les  caractères  de  la  fièvre  typhoïde  grave.  L'un  succom- 
ba après  quinze  jours  de  maladie,  l'autre  resta  malade  six  semaines;  la 
convalescence  s'établit  lenlement;  il  guérit  en  conservant  une  faiblesse 
radicale.  Le  troisième  eut  une  fièvre  muqueuse  légère.  Les  deux  autres 
enfin  furent  pris  de  fièvre  tierce  facilement  curable  par  le  quinquina. 

Yaurail-il,  dans  certains  cas,  analogie  entre  le  principe  qui  produit  la 
fièvre  continue  et  celui  d'où  émane  la  fièvre  intermittente? 

Je  n'ai  rappelé  ces  notions  vulgaires  de  la  fièvre  inlermitienle  simple 
chez  l'adulte  que  pour  l'opposer  à  ce  qu'on  sait  de  la  même  aflection  chez 
l'enfanl  nouveau-né. 

Ce  qu'on  sait,  du  reste,  de  celle  maladie  au  premier  âge  se  réduit  à  bien 
peu  de  chose,  el,  à  l'exceplion  du  chapitre  que  lui  a  consacré  M.  Bouchot 
dans  son  ouvrage,  les  auteurs  qui  ont  traité  des  maladies  de  l'enfance  se 
sont  pour  ainsi  dire  copiés  les  uns  les  autres,  enregistrant  ainsi  les  obser- 
vations de  leurs  devanciers,  sans  se  donner  la  peine  de  les  soumettre  au 
creuset  de  l'observation  clinique.  C'est  à  peine  si  l'on  a  songé  à  la  fièvre 
intermittente  pernicieuse,  qui,  peut-être,  enlève  beaucoup  d'enfants  sans 
qu'on  s'en  doute.  Je  dis  peut-être,  car  une  seule  fois,  dans  ma  pratique, 
j'ai  vu  un  jeune  enfant  de  deux  mois  enlevé  en  douze  heures  au  milieu  de 
la  plus  florissante  santé.  Le  veille  il  avait  eu  un  léger  mouvement  fébrile.  La 
nuit  fut  bonne.  Le  lendemain  1  enfant  s'éveilla  gai  et  bien  portant;  il  prit  le 
sein  avec  avidité.  A  midi  la  fièvre  s'empara  de  lui.  Douze  heures  après,  il 
avait  cessé  d'exister.  La  fièvre  seule  (1)  l'avait  emporté.  La  quinine  admi- 


(1)  Je  me  sers  du  moi  flévre  exprès  :  les  boas  praticiens  me  comprendront. 
Le  grasid  écueil  des  médecins  de  province  (aux  yeux  des  organiciens  de  Paris),. 


61 
nistrée   le   malia  eût  sans  doute  empêché  une  teraiiDaison  si   fuaeste. 

Chez  l'eDfant  nouvcau-né  et  à  la  maïuelle,  ce  qui  comporte  une  pé- 
riode de  quinze  mois  environ,  la  fièvre  inlermitleule  varie  dans  sa  syropto- 
raalologie,  par  rapport  aux  stades  e!  par  rapport  au  type. 

Ainsi  point  de  stade  de  froid.  C'est  à  peine  si  quelques  frissons  vagues 
et  erratiques  traversent  le  corps  de  reniant;  c'est  une  sorte  de  concentra- 
tion. Peut-être  est-il  moins  apte  à  ressentir  cette  impression.  La  physiolo- 
gie pourrait-elle  nous  donner  la  raison  de  celte  différence  ? 

La  période  de  chaleur  est  absolue  ;  elle  est  même  la  seule  appréciable. 

Le  stade  de  sueur,  comme  relui  du  froid,  est.  avorté  chez  le  tout  jeune 
«nfanl;  c'est  à  peine  si  la  peau  se  revêt  d'une  très-légère  moiteur. 

Le  type  quotidien  est  le  seul  qu'on  observe  à  cet  âge,  tandis  que  chez 
l'adulte  des  rémittences  quotidiennes  indiquent  presque  toujours  une  lé- 
sion organique  cachée. 

De  plus,  la  régularité  des  accès  si  remarquable  cliez  l'adulte  manque  tou- 
jours chez  l'enfant. 

Pour  nous  résumer,  la  fièvre  intermittente  simple  se  caractérise  ainsi 
chez  les  jeunes  enfants  : 
Invasion  subite; 
Type  quotidien; 
Irrégularité  des  accès  ; 

Absence  presque  complète  des  stades  de  froid  et  de  sueur; 
Stade  de  chaleur  exagéré  ; 
Apyrexie  bien  manifeste. 

Presque  toujours  voici  ce  qui  se  passe.  L'enfant  qui  était  fort  gai  devient 
tout  à  coup  triste  et  maussade  ;  il  s'impressionne  facilement  et  la  moindre 
cause  attire  des  larmes;  il  refuse  le  sein  ou  le  biberon.  Une  certaine  pâ- 
leur se  répand  sur  son  visage;  ses  mains  et  ses  pieds  froidissent.  Il  survient 
de  fréquents  bâillements. 

Quelquefois  au  début  ce  sont  des  vomissements  de  matières  glaireuses  ou 
bilieuses. 

Chez  d'autres,  c'est  un  mal  de  tète  violent,  et  la  main  du  pauvre  enfant 
se  porte  fréquemment  à  celle  partie. 

Parfois  c'est  un  poumon  qui  se  congestionne,  et  une  toux  sèche  et  fati- 

c'esl  de  ne  pouvoir  faire  d'aulopsie  ;  presque  toujours  les  lésions  locales  leur 
échappent.  Est-ce  un  mal  ?  et  D'arrivenî-iîs  pas  par  ceUe  ignorance  même  à 
une  idée  plus  philosophique  de  la  maladie? 


'Si 


62 
gaate,  parfois  accompagnée  de  vcmissemeals,  marque  le  début  de  l'accès. 

Dans  un  cas  que  nous  avons  observé,  une  forte  diarrbée  survint;  bientôt 
la  peau  devient  brûlante  et  sèche.  Celle  chaleur  et  celle  tension  se  répan- 
dent aux  muqueuses.  La  femme  du  peuple  vous  décrit  cet  état  en  vous  di- 
sant :  Mon  enfant  brûle.  Venïanie&l  HhMM,  somnolent  parfois,  agitent 
pris  de  convulsions.  Cet  état  dure  plus  ou  moins  longtemps:  puis  enfin 
Ct'lte  tension  disparaît,  la  peau  s'assouplit,  une  légère  moiteur  y  apparaît. 
Tout  rentre  dans  Tordre;  l'enfant  se  calme,  il  sourit,  reprend  le  sein  jus- 
qu'à ce  qu'un  nouvel  accès  vienne  reproduire  de  semblables  phénomènes. 

Voilà  en  peu  de  mots  la  description  d'un  accès  de  fièvre  intermitlenle 
simple  chez  un  jeune  enfant-  Celle  description  est  pour  ainsi  dire  copiée 
sur  la  nature,  car  elle  est  l'expression  même  de  faits  que  j'ai  observés. 
Il  est  une  pbrase  que  j'ai  soulignée  à  dessein,  car  elle  n'a  frappé  en  ce 
sens  qu'elle  montre  que  l'observation  hippocralique  est  l'étude  de  la  nature 
même. 

Dans  ces  grands  accès  de  fièvre  qui  semblent  menacer  la  frêle  machine 
de  Tenfant,  quel  est  le  symptôme  le  plus  saillant,  celui  qui  saule  pour  ainsi 
dire  aux  yeux  de  la  mère,  ce  médecin  intelligent  qui  observe  avec  son  cœur  ? 
C'est  la  chaleur  animale  augmentée;  aussi  vous  dit-elle;  Mon  enfant 
brille.  Ce  phénomène  résume  pour  elle  toute  la  maladie,  et  nous  voyons 
avec  plaisir  qu'il  a  été  signalé  par  M.  Bouchut. 

Celle  observation  puisée  dans  la  nature  elle-même  avait  frappé  le  père  de 
la  médecine  : 

•  Hippocrates  quidem  febrern  appcUat  ignem,  et  febricitaiites  igné  corrfptos  » 

RiOLAN. 

Ainsi,  pour  Hippocrate,  notre  maître  à  tous,  quoi  qu'on  dise  et  quoi 
qu'on  fasse,  la  fièvre,  c'est  le  feu,  c'est-à-dire  une  lésion  de  celle  faculté 
première  que  possède  l'organisme  de  fournir  une  somme  de  chaleur  inhé- 
rente à  la  vie,  car  là  où  il  n'y  a  plus  de  chaleur,  il  y  a  mort;  par  consé- 
quent, pour  le  père  de  la  médecine,  la  fièvre  était  une  lésion  de  la  calorifi- 
caiion,  ou  mieux,  une  lésion  vitale.  Eh  bien!  je  ne  crains  pas  de  le  dire, 
n'en  déplaise  aux  organiciens  de  nos  jours,  il  faudra  en  revenir  à  ces  idées 
primitives,  si  l'on  veut  avoir  vne  idée  satisfaisante  de  la  fièvre,  car,  ne  l'ou- 
blions pas  : 

«  Madicus  est  interpres  n(tlur<e.  » 

Le  diagnostic  de  la  fièvre  iotermiltente  simple,  si  facile  chez  l'adulte ,  où 


63 
cette  maladie  afTecte  des  allures  si  caractéristiques,  présente  au  contiaire, 
chez  l'enfant,  la  plus  grande  difficulté.  On  le  comprendra  sans  peine,  si  l'on 
veut  bien  lire  les  considérations  qui  suivent. 

Chez  les  tout  jeunes  enfants,  en  effet,  charmantes  sensilives,  que  le 
moindre  irritant  fait  crisper,  le  plus  léger  trouble  fait  surgir  une  réaction 
fébrile,  qui  est  tout  l'analogue  de  la  lièvre  intermittente.  Aussi  est-il  fort 
difficile  à  cet  âge  d'apprécier  au  jusle  la  fréquence  de  celle  maladie,  et  de 
savoir  si  l'appareil  fébrile  dont  on  est  appelé  à  juger,  reconnaît  pour  cause 
le  principe,  quel  qu'il  soit,  qui  produit  la  fièvre  intermittente,  ou  bien  s'il 
ne  tient  pas  à  quelque  perturbation  intérieure,  qui,  chez  l'enfant,  n'agit 
pas  d'une  manière  continue,  et  par  cela  même  échappe  presque  toujours. 

Ainsi  j'ai  donné  mes  soins  à  une  très-jeune  enfant,  à  laquelle  la  consti- 
pation donnait  plusieurs  accès  fébriles,  qui  suivaient  en  tous  points  la 
inarche  que  j'ai  assignée  plus  haut  à  la  lièvre  intermittente.  Une  selle  co- 
pieuse faisait  disparaître  tous  les  accidents,  Cet  enfanta  3  ans  aujourd'hui, 
les  mêmes  phénomènes  se  reproduisent,  et  le  calomel,  administré  conve- 
nablement, produit  les  meilleurs  résultais. 

Un  enfant  de  3  mois  et  demi,  nourri  au  biberon,  me  présenta  les  phéno- 
mènes suivants  :  dans  la  soirée,  de  trois  à  huit  heures,  cet  enfant  devenait 
triste,  de  gai  qu'il  était  auparavant  ;  il  bâillait  fréquemment  ;  le  pouls  fai- 
blissait; les  extrémités  se  refroidissaient.  Une  sorte  de  concentration  géné- 
rale existait.  Bientôt  une  chaleur  vive  se  manifestait,  la  peau  se  tendait  et 
présentait  le  caractère  d'âcreté  si  remarquable  et  bien  connu  des  prati- 
ciens ;  les  joues  étaient  d'un  rouge  violet,  et  mon  petit  malade  tombait  dans 
une  somnolence  interrompue  par  des  plaintes  et  un  peu  d'agitation.  Au 
boQt  de  deux  heures  environ,  la  peau  se  distendait,  se  relâchait,  si  je  puis 
m'exprimer  ainsi  :  elle  se  couvrait  d'une  très-légère  moiteur,  et  l'enfant 
s'endormait.  Il  bavait  beaucoup. 

Le  malin,  il  avait  recouvré  toute  sa  gaieté  et  son  appétit.  On  n'eût  pas 
dit  qu'il  eût  souffert  la  veille.  Ces  accidents  se  renouvelèrent,  pendant 
quatre  jours  tous  les  soirs.  Je  crus  voir  dans  ces  symptômes  quelque  chose 
qui  se  rapprochait  de  la  fièvre  intermillenle.  En  effet,  accès  quotidiens,  ir- 
régularité des  accès,  absence  de  frissons  caractéristiques,  apyrexie  bien 
manifeste.  J'étais  donc  bien  fondé  à  poser  un  tel  diagnostic.  Je  prescrivis 
l(i  sulfate  de  quinine  dans  les  moments  d'apyrexie.  Les  accidents  diminuè- 
rent sensiblement  d'intensité.  Cependant  il  restait  un  léger  malaise,  qui  n'a- 
vait rien  de  comparable  aux  premiers  accidents.  Celte  persistance  m'élon- 
nail,  et  je  coarmençais  à  faire  des  théories  plus  ou  moins  raisonnables  sur 


6/i 
la  non-efiicacité  du  quinquina,  lorsque  le  huitième  jour,  l'éruption  d'une 
première  dent  vinl  lever  tous  les  doutes.  Ma  fièvre  inlerrailtente  dis- 
parut comnîe  par  enchantement,  et  mon  petit  malade  se  porta  mieux  que 
jamais. 

Chez  les  jeunes  enfants,  des  milliers  de  causes  peuvent  déterminer  de 
semblables  réactions  fébriles.  Ainsi  tous  les  jours  on  voit  l'éruption  des 
dénis,  la  présence  de  vers  intestinaux  dans  le  tube  digestif,  et  surtout  la 
prédisposition  aux  affections  scrofuleuses,  causer,  dans  l'organisme  si  irri- 
table des  jeunes  enfants,  des  accidents  quotidiens  qui  présentent  une  pé- 
riodicité bien  remarquable  et  qu'il  faut  bien  se  garder  de  confondre  avec  ia 
fièvre  interraillcnte. 

Pour  ma  part,  je  crois  que  la  fièvre  iotermillenle,  c'est-à-dire  une  affee- 
tion  se  liant  à  un  principe  qui  reconnaît  pour  spécifique  le  quinquina,  sans 
se  lier  à  aucune  modification  organique  appréciable,  est  plus  rare  chez  les 
jeunes  enfants  qu'on  ne  le  croit  généralement. 

Ce  qui  me  confirme  dans  celte  opinion,  c'est  qu'en  18li7,  dans  les  mois 
de  juin,  juillet,  août  et  septembre,  mois  dans  lesquels  la  constitution  épi- 
démique  nous  donna,  dans  la  Sarthe,  des  fièvres  à  quinquina  par  cen- 
taines, et  sans  caractères  pernicieux,  je  fus  appelé  deux  fois,  entre  autres, 
à  la  campagne,  dans  des  localités  décimées  par  la  fièvre. 

Dans  une  famille  de  7  individus,  6  furent  Iribulaires  de  la  maladie,  qui 
céda  facilement  au  quinquina  ,  après  l'emploi  des  purgatifs.  Un  enfant  de 
trois  mois  seul  en  fut  exempt  ;  il  était  nourri  au  biberon.  Cependant  il  était 
au  foyer  même  de  l'intoxication  épidémique. 

Dans  une  autre  localité,  habitée  par  cinq  personnes,  tout  le  monde 
paya  son  tribut  à  l'épidémie.  Un  enfant  de  deux  mois  ne  fut  pas  atteint , 
pourtant  la  mère  qui  nourrissait  fut  prise  de  la  fièvre  tierce  ;  elle  eut 
quatre  accès  sans  cesser  de  nourrir ,  par  mon  ordre.  Au  cinquième  accès, 
la  fièvre  fut  enlevée  par  le  sulfate  de  quinine  ;  l'enfant  resta  sain  et  tra- 
versa l'épidémie  sans  rien  éprouver. 

Que  conclure  de  ces  deux  faits?  —  l\ien,  je  le  sais  bien.  Je  me  suis 
demandé  pourtant  si  la  première  enfance  ne  possédait  pas  une  immunité 
particulière  pour  l'intoxication  intermittente.  Les  deux  faits  sur  lesquels 
mon  attention  s'est  portée  ne  sont  pas  suffisants  (je  ne  l'ignore  pas)  pour 
ériger  en  loi  ce  qui  n'est,  peut-être,  qu'une  exception.  Mais  il  doit  ro'être 
permis  d'exposer  mes  doutes;  que  la  pratique  plus  étendue  des  autres  ré- 
ponde. 

Qu'on  ne  se  méprenne  pas,  cependant,  sur  ce  que  j'avance.  Je  ne  veux  pas 


65 

prétendre  que  le  cachet  intermittent  ne  puisse  s'apposer  sur  les  actes  patho- 
logiques de  la  première  enfance  ;  je  tiens  seulement  à  établir  que  la  fièvre 
intermittente  ou  à  quinquina  est  rare  dans  la  première  année  de  l'exis- 
tence, et  qu'il  est  bien  difficile  de  poser  à  cet  égasd  un  diagnostic  certain. 
Chez  les  tout  jeunes  enfants,  je  le  répèle ,  pour  bien  faire  comprendre 
ma  pensée,  la  plus  légère  souffrance  trouve  un  écho  symplomalologique 
dans  rexcilabililé  de  leur  système  nerveux  ;  et  comme  celle  souffrance 
n'agit  pas  d'une  manière  continue,  l'économie  réagit  absolument  comme 
dans  le  cas  de  fièvre  intermiltenle. 

Les  petits  enfants,  ensuite,  ne  peuvent  rendre  aucun  compte  de  leurs 
impressions  et  le  praticien  est  trop  souvent  réduit  à  deviner.  De  plus,  la 
médication  elle-même  n'est  pas  toujours  suffisante  pour  faire  préjuger  de 
la  oaliire  de  la  maladie  {naluram  ïnorborum  curationes  ostendtmt).  Tout 
le  monde  accepte  que  la  fièvre  intermittente  modifie  profondément  le 
système  nerveux.  Le  quinquina  modifie  aussi  ce  système,  et  c'est  ainsi 
qu'on  explique  sa  spéciticilé  dans  celle  maladie.  Ce  qui  le  prouve,  c'est 
que  toutes  les  fois  que  le  système  nerveux  se  surexcite  sympathiquement, 
le  quinquina  est  appelé  à  rendre  d'éminenls  services. 

La  présence  des  vers,  par  exemple,  dans  le  canal  intestinal  donne  lieu, 
chez  quelques  enfants  éminemment  irritables,  à  des  manifestations  fébriles 
quotidiennes  que  le  praticien  le  plus  exercé  ne  saurait  distinguer  d'accès 
de  flèvre  intermittente.  Ici  le  système  nerveux  est  surexcité  sympathi- 
quement. L'appareil  circulatoire  répond  à  cette  surexcitation  ;  donner 
quelques  grains  de  quinine,  vous  modifiez  l'excitabilité  nerveuse  et  par 
suite  la  fièvre.  Avez  vous  guéri  une  fièvre  intermittente  dans  l'acception 
vraie  du  mot  ?  Non,  je  le  conteste. 

Cette  tendance  qu'a  l'organisme  des  jeunes  enfants  à  soulever  des  réac- 
tions fébriles  pour  la  moindre  souffrance,  fait  qu'on  s'endort  quelquefois 
sur  leur  véritable  signification.  Dans  quelques  affections  constitutionnelles, 
affections  si  lentes,  si  insidieuses  et  si  fiéquenles  dans  le  bas  âge,  l'orga- 
nisnie, parfois,  témoigne  de  la  souffrance,  jusqu'alors  ignorée,  par  de  petits 
mouvements  fébriles  qui  reviennent  par  intervalles  et  disparaissent,  ou, 
du  moins,  semblent  disparaître  sous  l'influence  des  moyens  les  plus  sim- 
ples, des  lavements  de  valériane  et  de  quinquina,  par  exemple.  Sans  tenir 
assez  compte  de  la  constitution  du  sujet  et  de  son  hérédité,  on  se  laisse 
abuser  par  l'idée  d'une  fièvre  à  quinquina  ;  on  bataille  contre  cette  pré- 
tendue fièvre  avec  les  préparations  de  quinine;  puis  après  un  an  de  sym- 
ptômes équivoques ,  la  maladie  prend  un  caractère  plus  tranché,  et  la 

5 


66 
mort  vient  avertir  les  médecins  qu'où  ne  saurait  trop  se  tenir  en  garde 
contre  cos  afTeclions  à  caractère  douteux  .qui  gflecterit  une  allure  inter- 
mittente ,  mais,  qui,  trop  souven;,  lieunent  à  autre  chose  qu'à  une  modi- 
fication simple  du  système  nerveujc.  Je  4d'ai  fait  gue  résumer  une  de  mes 
observations. 

Tout  ceci  prouve  que  la  médecine  du  jeune  âge  est,  sans  contredit,  la 
plus  difficile  à  faire;  car  trop  souvent  le  praticien  manque  des  éléments 
nécessaires  pour  établir  un  diagoostic  préalable,  sans  lequel  il  n'y  a  guère 
de  thérapeutique  possible.  Que.  faut  il  faire  en  pareil  cas  ?  —  Il  faut,  avant 
tout,  étudier  avec  le  plus  grand  soin  la  constitution  du  sujet,  puiser  dans 
sa  vie  pathologique  tous  les  éléments  diagnostiques  nécessaires  pour  ne  pas 
(aire  fausse  roule,  s'éclairer  de  toutes  les  lumières  que  peut  donner  l'héré- 
dité, et  avec  cette  somme  de  probabilités,  marcher  aussi  sûrement  que 
possible  dans  la  voie  des  indications  Ihérapeutiques. 

Plus  on  avance  dans  la  voie  médicale  et  plus  on  apprend  à  douter.  5e 
ne  veux  pas  parler  de  ce  pyrrbonisrae  grossier  qui  ne  croit  à  rien,  mais  bien 
de  ce  scepticisme  éclairé,  qui  est  le  complément  indispensable  du  talent. 
Il  faut  bien  se  garder  de  conclure  trop  vite,  et  comprendre  que  l'hippocra- 
tjsme,  forliûé  par  les  conquêtes  de  la  médecine  moderne,  est  le  guide  le 
plus  sûr  qui  puisse  nous  conduire  dans  les  voies  si  ténébreuses  de  la  pra- 
tique. 


EXAMEN  D'UNE  MAIN 

ET  DE  LA  MOITIÉ  INFÉRIEURE  DE  L'AVANT-BRAS 


AFFECTES 


D'ËLËPHÂNTIÂSIS  DES  ARABES, 

PAR  MM.  RAYER  et  DAVAINE. 

Pièce  adressée  a  la  société  par  M.  L'HERMINIER , 
Médecin  de  la  PoInte-A-Ptu-e. 


Bieu  que  Téléphantiasis  des  Arabes  soit  une  maladie  assez  commune 
dans  cerlaines  régions  du  globe,  et  qu'un  assez  grand  nombre  d'observa- 
tions ou  de  recherches  aient  été  publiées  sur  cette  maladie,  on  ne  possède 
encore  que  des  connaissances  assez  incomplètes  sur  les  lésions  qui  la  ca- 
raclérisent  à  ses  diverses  périodes.  Nous  avons  pensé  qu'une  dissection  at- 
tentive d'un  cas  d'éléphantiasis  de  la  main  et  de  l'avant-bras  adressé  à 
M.  Rayer  par  M.  L'Herminier,  médecin  de  l'hospice  civil  de  la  Pointe-à- 
Pître  et  de  la  salle  d'asile  aux  Abîmes,  pourrait  offrir  quelque  inléréf,  et 
notre  attente  n'a  pas  été  trompée,  ayant  été  à  même  de  constater  plusieurs 
particularités  qui  n'avaient  pas  encore  été  signalées. 

Cette  pièce  d'anatomie  pathologique,  conservée  dans  une  forte  solution 
alcoolique  de  sublimé,  provenait  d'un  nègre  de  50  ans  environ,  pêcheur  de 


68 
profession  et  résidant  dans  la  commune  du  Porl-Louis  (Guadeloupe).  Dans 
la  note  jointe  à  celle  pièce,  M.  L'Herminier  fait  remarquer  que  l'éléphan- 
tiasis  des  membres  supérieurs,  porté  au  degré  dont  ce  cas  offre  un  exem- 
ple, est  aussi  rare  qu'il  est  commun  aux  membres  inférieurs.  Considérant 
que,  par  de  nouveaux  progrès,  celte  maladie  amènerait  des  accidents 
graves,  que  par  son  poids  elle  était  extrêmement  fâcheuse  pour  le  malade, 
et  ayant  d'ailleurs  constaté  qu';  près  l'amputation  l'éléphantiasis  ne  se  re- 
produit pas  toujours  sur  quelque  autre  partie,  M.  L'Eerminier  se  décida  à 
recourir  à  l'amputation  du  bras  ;  elle  fut  pratiquée  vers  le  tiers  supérieur 
de  l'humérus,  et  les  suites  en  furent  si  heureuses,  que  la  réunion  de  la 
plaie  était  opérée  le  dix-septième  jour,  elle  malade  sortait  complètement 
guéri  le  vingt-cinquiènie. 

La  main,  véritablement  monstrueuse,  environ  quadruplée  de  volum<% 
présentait  extérieurement  la  déformation  suivante  :  les  faces  dorsale  et  pal- 
maire étaient  boursouflées  inégalement;  le  pouce  et  le  petit  doigt  surtout 
étaient  très-tuméfiés;  le  carpe  était  fortement  fléchi  sur  l'avaol-bras;  d'uu 
autre  côté,  les  premières  phalanges  étaient  entraînées  dans  l'extension  vers 
la  face  dorsale  de  la  main  ;  les  autres  étaient  au  contraire  entraînées  dans  la 
flexion  vers  la  paume  rie  la  main.  La  main,  ainsi  déformée  et  luraéûée,  of- 
frait A  la  pression  une  rési>  lance  beaucoup  plus  ferme  que  celle  du  tissu 
cellulaire  œdémateux  L'avant-bras  était  lui-même  tuméfié  mais  propor- 
tionnellement beaucoup  moins  que  la  main. 

Nous  allons  indiquer  successivement  les  particularités  que  nous  ont  pré- 
sentées à  la  dissection  la  peau,  le  tissu  cellulaire,  les  artères  et  les  veines, 
les  muscles,  les  tendons  et  leurs  bourses  synoviales,  les  nerfs,  les  os  et  leur 
périoste. 

!•  La  teinte  propre  à  la  peau  du  nègre  était  bien  conservée;  seulement, 
sur  les  faces  palmaires  des  doigts,  et  spécialement  sur  la  face  palmaire  du 
petit  doigt,  Pépiderme  froncé  odrait  des  dépressions  très-ii  régulières,  cir- 
constance qui  était  due  probablement  en  partie  à  l'action  du  sublimé  et  de 
l'alcool  dans  lesquels  la  pièce  avait  été  conservée.  L'épiderme  était  détaché 
de  la  peau  et  largement  soulevé  s^ur  plusieurs  points.  Mais  ce  qui  était  très- 
remarquable,  c'était  l'apparence  de  la  face  externe  de  cet  épiderme  à  la 
paume  de  la  main.  Des  élevures  épidermiques,  en  forme  de  papilles  et  dis- 
posées en  séries  très-rapprochées,  formaient  une  espèce  de  gazon  ou  plutôt 
rappelait  très-exactement  l'aspect  de  velours  d'Ulrecht.  Ces  papilles  épider- 
miques, comme  nous  le  dirons  plus  loin,  coiffaient  lés  papilles  hypertro- 
phiées de  la  surface  externe  du  derme.  La  longueur  de  ces  papilles  épider- 


69 
miques  élail  variable,  d'un  niiltimeire  ù  lu  paume  i!e  la  main,  d'un  denii- 
miiliraèlre  vers  le  petit  doigt,  elles  uvaienl  jusqu'à  Zt  ou  5  millimètres  le 
long  du  repli  de  la  peau  à  la  base  de  l'ongle  du  pouce.  L'épaisseur  de  i'é- 
piderme,  généralement  augmentée,  était  irès-considérable  sur  plusieurs 
points.  A  la  coupe,  il  offrait,  de  dehors  en  dedans,  une  espèce  de  peigne 
formé  par  les  élevuies  épidermiques;  au-df>ssous,  une  couche  d'un  blanc 
grisâtre  et  une  autre  couche  plus  rapprochée  des  pupilles  du  derme  qui, 
généralement,  était  imprégnée  de  pigment.  QuahI  au  derme  lui-même,  on 
remarquait,  à  l'œil  nu,  à  sa  surface,  un  gazon  fin  et  ténu,  formé  par  des 
papilles  hypertrophiées  et  une  teinte  de  pigment  répandue  assez  générale- 
ment et  assez  adhérente  pour  qu'on  ne  pûl  pas  l'enlever  par  le  grattage  du 
scalpel.  En  incisant  la  peau  et  les  tissus  sous-jacenis  jusqu'aux  phalanges 
des  doigts,  par  exemple,  ou  bien  à  la  paume  de  la  main  jusqu'au  ligament 
palmaire,  il  était  impossible  de  reconnaître  les  limites  piofondes  du  derme. 
Il  se  continuait  avec  le  tissu  cellulaire  devenu  fibreux  et  induré  ;  sur  quel 
ques  autres  parties,  on  pouvait  jusqu'à  un  certain  point  reconnaître  les  li- 
mites du  derme  et  constater  qu'il  éiail  considérablement  augmenté  d'épais- 
seur. Cette  confusion  de  derme  avec  le  tissu  cellulaire  sous-culané  devenu 
fibreux  élail  si  complète  que,  sur  quelques  points,  le  derme  paraissait  avoir 
jusqu'à  16  millimètres  d'épaisseur.  La  distinction  entre  la  face  inférieure 
du  derme  et  le  tissu  cellulaire  fibreux  sous-cutané  était  d'autant  plus  im- 
possible que  le  tissu  graisseux  qui  existe  normalement,  en  quantité  plus  ou 
moins  grande  dans  les  aréoles  du  der-ne  et  au-dessous,  avait  entièrement 
disparu  sur  un  grand  nombre  de  points.  Les  ongles  étaient  légèrement  dé- 
formés et  sans  altération  notable. 

2°  Le  tissu  cellulaire  sous-cutané  et  celui  qui  forme  des  gaines  aux  vais- 
seaux et  aux  tendons  offrait  des  altérations  non  moins  remarquables;  plus 
épais  et  surtout  beaucoup  plus  résistant  qiie  dans  l'étal  naturel, il  criait  sous 
le  scalpel  comme  le  tissu  dit  squirrheux,  bien  qu'il  fût  imprégné  d'un 
liquide  séreux.  Ce  tissu  cellulaire  induré  englobait  en  une  seule  masse  ces 
diverses  parties,  et  l'on  ne  parvenait  à  les  isoler  que  par  une  longue  et  mi- 
nutieuse dissection. 

Le  tissu  adipeux  avait  presque  partout  disparu  ;  sur  quelques  points 
seulement,  on  rencontrait  quelques  grains  graisseux  d'un  jaune  orangé. 

3'  En  pratiquant  plusieurs  coupes  dans  différentes  directions,  on  décou- 
vrait çà  et  là  des  veines  dilatées  et  des  e.'^pèces  de  sinus  veineux  acci- 
dentels. 

Les  artères  radiale  et  cubitale  avaient  acquis  un  développement  consi- 


70 
dérabie.  L^artère  radiale,  par  exemple,  près  du  premier  espace  ioterosseux, 
avait  UD  volume  supérieur  à  celui  qu'elle  préseute  ordinairement  à  Pavant- 
bras.  Toutes  les  branches  que  fournissent  ces  artères  étaient,  aussi,, 
remarquablement  développées.  Le  tissu  cellulaire  et  le  derme  étaient  péné- 
trés par  des  artérioles  volumineuses. 

A  l'occasioû  de  ces  artères,  nous  croyons  devoir  appeler  Tattenlion  sur 
un  fait  qui  est  peut-être  de  nature  à  jeter  un  nouveau  jour  sur  Torganisa- 
lion  de  la  tunique  moyenne  ou  élastique.  Les  anatomisles  considèrent  gé- 
néralement celte  tunique  comme  formée  essentiellement  d'anneaux  circu- 
laires, contigus  les  uns  aux  autres  et  unis  par  des  fibres  longitudinaies  ou 
obliques  ;  or  nous  avons  constaté  que  cette  membrane  se  déroulait  avec  une 
grande  facilité  comme  un  fil  roulé  en  spirale.  Cette  disposition,  que  noua 
avons  représentée  dans  une  des  figures  annexées  à  ce  travail,  pouvait  être 
constatée  avec  îe  même  facilité  dans  l'artère  radiale  et  dans  la  cubitale. 
Nous  avons  déjà  dit  que  certaines  veines  étaient  Irès-développées;  nous 
ajouterons  que  c'étaient  surtout  celles  qui  accompagnent  les  artères  et  leur» 
ramifications.  Les  veines  sous-cutanées,  au  contraire,  élaieat  peu  pronon- 
cées ;  les  parois  de  quelques-unes  étaient  évidemment  épaissies. 

/i"  Les  muscles  de  la  face  dorsale  de  l'avant-bras,  ceux  des  émincnces 
théiiar  et  bypothéoar  et  ceux  des  espaces  interosseux  offraient  des  loges 
dont  les  plus  grandes  auraient  pu  contenir  une  noisette,  et  les  plus  petites 
un  grain  de  blé.  De  ces  loges,  les  unes  étaient  de  petites  cavernes  vides, 
les  autres  étaient  remplies  par  une  matière  concrète  d'un  blanc  jaunâtre, 
ayant  l'apparence  de  pus  concret  ou  de  tubercules,  et  qui,  à  Tinspeclion 
microscopique,  n'offrait  point  les  caractères  dislinctîfs  de  l'un  ou  de  l'autre 
de  ces  produits  morbides.  Les  parois  de  quelques-unes  de  ces  cavités 
^tai«ut  lisses  comme  celles  d'un  kyste.  Quant  aux  fibres  musculaires  elles- 
mêmes,  elles  étaient  jaunâtres,  et  dans  les  parties  qui  présentaient  ces  ca- 
vités, elles  étaient  compléleraent  méconnaissables.  Il  n'y  avait  pas  de  ces 
loges  ou  petites  cavernes  dans  les  muscles  de  la  face  palmaire  de  l'avant- 
bras. 

b"  Les  tendons  des  extenseurs  sur  le  dos  de  la  main,  confondus  avec  le 
tissu  cellulaire  induré,  n'ont  pu  en  être  séparés  qu'avec  beaucoup  de  peine 
et  encore  pas  sur  tous  les  points  ;  les  tendons  des  muscles  fléchisseurs  dea 
dclgls  étaient  intacts  dans  leur  gaine  synoviale. 

Les  gaines  et  les  bourses  synoviales  ne  paraissaient  point  altérées. 

6»  Le  nerf  radial  et  le  nerf  cubital,  ainsi  que  leurs  principales  division», 
paraissaient  sains. 


71 

7»  Presque  tous  les  os  el  leur  périosle  odraienl  des  traces  non  équivoques 
de  périostite  el  d'ostéite.  Le  radius,  sur  la  partie  inférieure  de  son  corps, 
présentait  des  bosselures  avec  raréfaction  de  son  tissu  ;  son  extrémité  car- 
pienne  était  très-gonflée,  poreuse  el  couverte  d'aspérités  longues  el  nom- 
breuses.* Le  cubitus  offrait  à  un  moindre  degré  des  alléralioos  analogueg. 
Les  06  du  carpe  et  du  métacarpe,  les  phalanges  du  pouce  et  du  petit  doigt 
étaient  gonflés,  poreux,  surmontés  d'inégalités  el  d'aspérités  à  leur  surface, 
par  suite  d'ossilications  accidentelles  du  périosle.  A  la  base  ûe  la  premièie 
phalange  du  pouce,  une  de  ces  aspérités,  longue  d'un  cenlimèJre  à  peu 
près,  se  prolongeail  en  arrière  dans  le  tissu  cellulaire  fibreux. 

En  résumé,  la  dissection  de  cette  main  éiéphantiaque  a  démontré  : 

i*  L'byperlrophie  du  derme  avec  développement  morbide  des  vaisseaux, 
des  papilles  el  des  couches  épidermiques; 

2°  L'induration  fibreuse  du  tissu  cellulaire  tuméfié  el  infiUré  d'un  li- 
quide séreux  ; 

3*  Un  développement  morbide  des  vaisseaux  arfériels  et  veineux,  mais 
surlout  des  artères,  dont  ia  membraue  inr-yenn^;  peut  se  déiouler  eo  sipi- 
rale  ; 

4*  De  petites  cavernes  dans  la  plupart  des  muscles  de  la  face  dorsale  de 
Tavant-bras  el  ceux  ceux  de  la  main; 

5*  Des  dépôts  salins  sur  plusieurs  points  du  périosle  épaissi. 

6*  Le  gonflement  el  l;i  raréfaction  du  tissu  des  os; 

7'  L'intégrité  des  nerf:?. 


SUR  LA  NATURE  ET  LES  CAUSES 


UKS 


SUPPURATIONS  BLEUES; 


PAR  M.   LE   PROFESSEUR  SÉDILLOT. 


L'existence  des  suppurations  bleues  a  été  fort  anciennement  connue,  el 
les  recueils  scientifiques  de  nos  jours  en  rapportent  plusieurs  exemples  en 
les  présentant  comme  des  faits  rares  el  exceptionnels  dont  on  ignore  com- 
plètement les  causes. 

C'est  au  même  titre  que  l'on  signale  habituellement  les  sueurs  et  les  urines 
bleues,  le  lait  de  même  couleur,  etc.,  dont  on  n'est  pas  arrivé  jusqu'à  pré- 
sent à  préciser  les  conditions  étiologiques  ni  l'explication  doctrinale. 

MM.  Persoz  et  Dumas  avaient  admis  la  production  de  l'acide  hydrocya- 
nique  dans  les  suppurations  de  mauvaise  nature  et  la  formation  de  com- 
posés analogues  au  bleu  de  Prusse  ;  mais  M.  Conté  a  refuté,  par  des  expé- 
riences publiées  en  18Z|2  dans  la  Gazette  Médicale  de  Paris,  cette  opi- 
nion plus  ingénieuse  que  vraie,  dont  on  ne  s'est  plus  occupé  depuis  ce 
moment.  On  a  supposé  le  développement  d'un  champignon  particulier,  dé- 


/^. 


V-^A' 


74 
crit  sous  les  noms  de  calvaria  nosocomialis ,  d'agaricus  nosocomiorum 
et  de  champignon  des  plaies. 

M.  Cadet  de  Gassicourt  (extrait  du  Dict.  des  se.  méd.,  art.  Champignon^ 
1813)  dit  que  Méry  le  premier  observa  cette  singulière  production.  Leraery 
aurait  répété  à  celte  époque  les  mêmes  remarques.  Ces  cl)ampignons  nais- 
sent souvent  dans  les  appareils  à  fracture  laissés  longtemps  en  place,  et  ont 
été  trouvés  quelquefois  de  la  grosseur  du  petit  doigt. 

Les  colorations  bleues  dont  nous  nous  occupons  sont  solublcs,  et  ne  pré- 
sentent à  l'examen  microscopique  aucune  trace  de  produits  organisés, 
comme  s'en  est  assuré  notre  honorable  collègue  M.  le  professeur  Fée  :  on 
ne  saurait  donc  supposer  la  présence  d'un  champignon,  même  microsco- 
pique, comme  cause  de  ia  coloration  du  j>us. 

M.  Bailieuil  aliribua  la  couleur  bleue  du  lait  à  des  touffes  do  byssus  qu'un 
changement  dans  ralitAeûtalioBi  des  animaux  eî  ifemploi  de  sel'  m'aritf  fai* 
salent  disparaîli-c*  (Comptes  kïnocs  de  l'Aca».  i>es  sciENCES,-t.  XVÏU- 
p.  1138.) 

M.Simon  avait  découvert  une  matière  a'jalojiue  à  l'indigo  dans  des  urines 
bleues  (Comptes  rbndiîs'de  Bérzéuus,.  18/t9,  pi  389)  ;  mais  M.  Reins 
(Jahr  Boch  fdr  pharm.,  t.  Vni,  p.  93)  et  M.  Duméril  (Arch.  de  pharm., 
t.  XXXIX,  p.  Zi8)  ont  étudié  des  urines  bleues  dont  la  coloralioQ  dépendait 
d'une  substance  toute  différente  (1). 


(1)  Cette  matière  était  insoluble  dans  Tenu,  sohible  dans  l'alcool  et  dans  l'é- 
tber  qu'elle  coiorajt  lrès-forl«meot.  I,a  couleur  changeait  psr  la  dessiccation.  La 
dissolaiion  élhérée  devenait  rouge  el  la  dissolution  alcoolique  verl  jaunâtre. 
L'acide*  sulfurîque'dilué  et  l'amraoniaqviiiî  ne  prtjdttisaiéni  aiicon  changement 
dans  la  coiiieur  décos  dissoUjJJons  ;  niais i'.icide  salf»i«iqu'e  cîontfetitré  lt>8-i«ert- 
daitvertes.  L'iiydr«ef  (le  potasse  éferrdti  d'eau  en  quantité  conwnabic  t^isaitdis» 
paraître  complètement  la  couleur. 

La  Gazette  DES  hôpitaux  civils  et  MiuTAines  (I850v  n»  91)  a  emprunté  à-nn 
journal  allemand  l'analyse  d'une  urine  bleue,  rendue  par  un  hvdropique  âgé  de 
56  ans.  L'urine,  recuoMlie  dans  un  petit  verre  bien  notiové,  préstnla  un  jour 
une  coloration  bleue  bien  nîarqiice.  Le  liquide,  du  poids  d'onviroî»  une  once, 
ava'ii  la  couleur  d"uu  l)leu  vordàtre  sale  et  une  odeur  ammoniacale.  Le  papier 
rie  curcuma  était  teint  en  brun  parce  liquidi». 

Par  le  repos,  il  se  forma  un  dé^sôt  léger  d'ua  blanc  verdâtrte,  qui,  sur  les  côtés 
do'verre,  formait' un  aïineau' lileti.  De  même  il  s'éleva  a  la  surface'  du  liquidif! 
quelques  balles  bieuej,  qui,  en'  décantarit  la'  iiijueur,  reslérentadhéPettles  alù 
vase.  Après  avoir  été  filtrée,  î*  liqueur  avait  uofe' couleur  d'un  jaune  vçpdâ(re 


75 

La  Gazette  Médicale  de  Paris  a  cité  l'histoire  d'une  jeune  négresse 
affectée  de  sueurs  bleues  très  abondantes»,  que  l'analyse  chimique  fît  com- 
parer à  la  matière  de  l'indigo. 

Telles  sont  nos  notions  sommaires  sur  les  colorations  bleues  acti'lefl- 
lellea  de  quelques  uns  des  liquides  de  l'économie,  et  l'on  verra  que  nos 
recherches  ont  réalisa  un  progrés  en  précisant  mieux  l6S  condiiioos  des 
suppurations  bleues  et  en  les  reproduisant  arlificiellemenl. 

Il  ne  sera  peut-être  pas  sans  intérêt  d'exposer  la  série  des  idées  e^  des 
observations  qui  nous  conduisirent  à  ce  résultat. 

Les  premiers  faits  dont  nous  fûmes  frappés  ont  été  rapportés  par  i\!.  le 
docteur  Weiss,  dans  le  compte  rendu  de  nos  cliniques  pendant  l'année 
scolaire  I8/18, 18Zj9.  (Voy.  Gaz.  Médic  de  Strasbourg,  18i»9,  Quelques 

CONSIDÉRATIONS  SDR  LES  TUMEURS.) 

Voici  comment  s'exprimait,  à  celte  occasion,,  notre  jeune  et  zélé  con- 
frère : 

«  LÎUQ  des  16  cancéreux,,  opérés  avec  succès  par  M.  Sévlillot  pendant 
»  l'année  scolaire,  nous  fournil  l'occasion  d'observer  une  suppuration 
»  blwie..  C'était  la  troisième  fois  qu'un  pareil  phénomène  se  présentait  sous 
I»  nos  yeux  dans  la  pratique  de  ce  professeur. 


parfaitement  analogue  à  de  la  bile  étendue;  l'acide  nitrique  y  produisit  une 
vive  effervescence.  Avec  un  excès  d'acide  la  liqueur  ne  changeait  pas  de  colo- 
ration; ce  qui  indiquait  que  la  coloration  bleue  n'otail  pas  due  à  de  la  bile 
brune.  Le  dépôt  dessécbé  fournit  un  demi-grain  d'une  maiière  qui  était  atta- 
chée au  lillre  par  du  mucus  ;  son  aspect  était  terreux.  A  la  loupe,  on  voyait 
quelques  petits  cristaux  brilianis.  L'analyse  chimique  constata  du  phosphate 
de  chaux  et  du  phosphate  de  magnésie. 

Cette  coloration  bleue  avait  pénétré  dans  le  liltrc  et  reparut  lorsqu'on  eut 
enlevé  le  dépôt  brunâtre.  La  tache  bleue,  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  deux 
francs,  résista  à  TMction  de  l'eau  distillée,  disparut  par  une  goutte  d'acide  ni- 
trique, .  laissant  une  tache  jaune,  et  fut  remise  à  nu  par  de  l'acide  pulfurique 
concentré»  Quelques  moments  après,  une  goutte  d'une  solution  de  carbonate 
de  potasse,  mise  eu  conlpct  avec  la  tache,  la  détacha  sur  le  bord,  sous  forme 
d'un  aunoau  d'un  bleu  clair  que  l'eau  distillée  entraîna  ;  et  même  une  partie  de 
la  lâche  iraitée  par  l'acide  sulfurique  put  être  lrans|K)rtée  surun  autre  papier, 

N'esl-H  pas  possible  d'admettre  que  dans  certaines  conditions  données,  et 
sous  riidlucoce  de  l'usage  de  certains  végétaux,  il^  se  produise  de  l'indigo  daiî^. 
rorganisoie   humainî    (MEDiciMscHf»   cohrespondbn'z    Bvxxt,    lU\ausaiKR 

AERZ:ÏER.). 


76 

»  Le  premier  cas  nous  fui  offert  par  un  officier  auquel  M.  Sédillol  enlevai, 
»  en  1845,  un  testicule  atteint  de  cancer  encéphaloîde.  Ce  malade,  qui 
»  s'est  très-bien  porté  depuis  cette  époque  et  n'a  plus  éprouvé  d'accidents, 
»  offrit  pendant  le  cours  de  son  traitement  une  suppuration  bleue  Irès- 
»  abondante.  Cinq  ou  six  compresses  en  étaient  imbibées  chaque  jour. 
»  Toutefois  il  serait  plus  exact  de  dire  qu'il  y  avait  sécrétion  d'une  sérosité 
»  d'un  bleu  clair,  car  le  liquide  était  aqueux,  et  les  globules  de  pus  s'y 
n  trouvaient  en  assez  faible  quantité.  Cette  disposition  insolite,  venue  sans 
»  cause  appréciable,  disparut  sans  avoir  exercé  d'influence,  ni  en  bien,  ni 
M  en  mal,  sur  la  santé  du  malade. 

»)  On  jeune  homme  amputé  de  la  cuisse,  le  2  mai  18^9,  pour  une  suppu- 
»  ration  du  genou,  nous  présenta  celte  année  lé  second  exemple  de  sup- 
»  puration  bleue.  Le  blessé  était  fort  affaibli,  ayant  été  opéré  pendant  la 
»  dei*nière  période  d'une  tumeur  blanche  du  genou.  Sa  constitution  était 
»  débile,  à  tel  point  qu'on  l'avait  d'abord  jugé  incapable  de  supporter  l'am- 
»  putation.  Cependant  en  le  voyant  résister  avec  énergie  aux  accidents  de 
»  vaste  suppuration  avec  carie  dont  il  était  atteint  depuis  plusieurs  mois, 
»  M.  Sédillot  ne  voulut  pas  l'abandonner  et  lui  enleva  la  cuisse  en  mettant 
»  en  usage  sa  méthode  à  un  seul  lambeau  antérieur.  Le  blessé  guérit  après 
»  une  suppuration  assez  étendue  du  moignon,  suppuration  qui  devint  et 
»  resta  d'un  bleu  clair  pendant  plusieurs  jours.Toutes  les  pièces  de  panse- 
»  ment  en  étaient  imprégnées  sans  qu'on  ait  pu  en  découvrir  les  causes. 

»  Le  troisième  cas  fut  celui  d'une  malade  opéré  d'un  cancer  du  sein  et 
»  de  l'aisselle.  L'appareil  fut  teint  en  bleu  pendant  plusieurs  jours.  Les 
»  plaies  se  fermèrent  ensuite  régulièrement,  et  la  guérison  s'accomplit 
»  sans  accidents. 

»  Il  est  à  remarquer  que  ces  suppurations  bleues  ne  se  déclarèrent  ni  au 
»  commencement  ni  à  la  fin  de  la  suppuration  des  plaies.  Dans  le  premier 
»  et  le  troisième  cas,  les  os  n'étaient  pas  lésés.  Les  plaies  occupaient  cha- 
»  que  fois  des  régions  fort  différentes  ;  les  malades  avaient  des  âges  divers, 
»  de  25  à  /i5  ans.  Les  pansemenls  avaient  consisté  en  simples  boulettes  de 
»  charpie  chez  les  uns,  en  compresses  fenêtrées  enduites  de  cérat  simple 
»  chez  la  troisième  ;  raiimenlation  ni  les  localités  n'étaient  les  mêmes. 
»»  Nous  sommes  donc  obligé  d'avouer  notre  complète  ignorance  des  condi- 
»  tions  éliologiques  d'un  pareil  phénomène  qui  a  déjà  plusieurs  fois  attiré 
»  l'attention  des  observateurs.  » 

On  voit,  d'après  les  paroles  de  M.  Weiss,  qu'aucune  explication  ne  s'of- 
frait encore  à  notre  esprit  vers  le  milieu  de  l'année  dernière,  et  que  nous 


77 
nous  bornions  à  signaler  les  faits,  en  attendant  de  nouvelles  lumières. 

Plus  lard,  nous  publiâmes  dans  notre  deuxième  mémoire  sur  les  moyens 
d'assurer  la  réussisle  des  amputations  des  membres  des  détails  plus  étendus 
et  déjà  plus  avancés  sur  le  même  sujet, 

»  Depuis  le  moment,  disions-nous,  où  nous  constations  de  nouveau  ce 
»  phénomène  inexpliqué  des  suppurations  bleues  (cas  d'amputation  de  la 
M  cuisse),  nous  en  avons  observé  six  autres  exemples  qui,  joints  aux  3  cas 
»)  tirés  de  notre  pratique,  et  signalés  par  M.  le  docteur  Weiss  dans  son 
»  MÉMOIRE  SUR  LES  TUMEURS,  uous  doDoenl  UD  tolal  de  9  observations  de 
»  ce  genre. 

»  Nous  croyons  aujourd'hui  en  pouvoir  mieux  indiquer  les  causes  et  la 
»  nature.  Il  serait  trop  long  d'entrer  dans  le  détail  des  faits,  mais  une  sim- 
»  pie  énumération  montrera  l'extrême  variété  des  conditions  patholo- 
»  giques.  Nos  9  malades  étaient  atteints  :  1«  de  cancer  opéré  du  testicule; 
»  2°  idem  du  sein  ;  3°  d'amputation  de  la  cuisse  ;  li°  idem  du  doigt  ;  5"  id. 
»  de  la  cuisse  ;  6°  de  fracture  avec  plaie  de  la  jambe;  7*  de  résection  du 
»  coude;  8'  de  plaie  du  talon;  9°  de  kélotomie  inguinale.  Aucun  de  ces 
»  malades  n'a  succombé,  ^e  qui  démontre  le  peu  de  gravité  de  ces  colora- 
»  lions  anormales  sous  le  rapport  du  pronostic. 

»  Voici  quelques  particularités  de  ces  prétendues  suppurations  bleues: 

i>  L'un  de  nos  malades,  atteint  de  fracture  compliquée  de  la  jambe,  offrait 
»)  une  très -petite  plaie  de  2  centim.  Des  accidents  d'étranglement  et  de 
»  gangrène  étaient  devenus  imminents  ;  nous  mîmes  le  membre  complé- 
B  ment  à  nu  dans  un  des  appareils  dont  nous  nous  servons  et  dont  nous 
»  réservons  la  description  pour  un  autre  travail. 

N  Des  compresses  trempées  dans  une  décoction  émolliente  furent  appli- 
»  quées  depuis  le  pied  jusqu'au-dessus  du  genou,  et  trois  jours  plus  tard, 
A  ces  compresses  les  bandes  conlentives  et  les  alèses  étaient  entièrement 
»  colorées  en  un  beau  bleu,  tout  aussi  intense  que  dans  les  cas  où  nous 
»  avions  déjà  été  frappé  do  l'apparition  du  même  phénomène. 

»  Il  était  évident  que  toutes  ces  pièces  de  pansement  n'avaient  pas  été 
»  imprégnées  de  pus;  ainsi  ce  n'était  pas  un  pus  bleu  qui  s'était  produit, 
»  mais  une  matière  colorante  accidentelle.  Le  microscope  ne  montra  pas 
»  de  globules  purulents. 

»  La  matière  colorante  recueillie  par  expression  et  par  lavage  rougissait 
»  légèrement  par  les  acides,  et  était  ramenée  au  bleu  par  les  alcalis. 

»  Nous  vîmes  alors,  en  consultant  nos  notes,  que  la  plupart  des  malades 
»  chez  lesquels  nous  avions  rencontré  des  suppurations  bleues  avaient  fait 


78 
»  usage  de  fomentations  émollienles,  et  nous  pûmes  constater  sur  les  ma- 
»  lades  observés  ultérieurement,  et  en  particulier  sur  une  jeune  femme  à 
»  laquelle  nous  avions  réséqué  le  coude  droit,  que  la  teinte  bleue  était 
»  bornée  aux  pièces  superficielles  du  pansement  imbibées  de  fomenia- 
»  lions,  tandis  que  les  pièces  plus  profondes  et  plus  immédiatement  en 
»  contact  avec  les  plaies  et  le  pus  n'offraient  aucune  coloration  anormale. 
»  La  conséquence  de  ces  remarques  nous  paraît  être  la  négation  des  sup- 
»  purations  bleues,  dont  la  production  s'expliquerait  par  une  modification 
»  particulière  delà  sérosité.  Nous  nous  occupons  d'expériences  à  ce  sujet.  » 
(V.  Gaz.  méd.  de  Strasbourg,  1869.) 

Les  pièces  d'appareil  sur  lesquelles  avait  apparu  la  coloration  bleue 
avaient  été  placées  sur  des  membres  ou  sur  des  portions  du  tronc  atleinls 
de  lésions  plus  ou  moins  graves,  et  avaient  été  imprégnées  de  pus,  de  séro- 
sité, d^  produits  de  la  transpiration,  et  dans  un  assez  grand  nombre  de  cas, 
de  fomentations  végétales. 

Il  s'agissait  de  savoir  quel  avait  été  le  rôle  de  ces  divers  éléments  dans  la 
production  de  la  coloration  bleue. 

Le  moyen  le  plus  facile  et  le  plus  sûr  d'arriver  à  la  connaissance  de  ce 
problème  nous  parut  être  de  procéder  par  élimination  successive. 

Si  la  coloration  bleue  continuait  à  se  montrer  en  l'absence  de  l'un  des 
éléments  sus-indiqués,  nous  devions  nécessairement  mettre  ce  dernier  hors 
de  cause,  et  celte  méthode  simplifiait  les  conditions  de  l'expérience  en  les 
éclairant. 

Nous  commençâmes  par  éliminer  la  matière  purulente,  essentiellemenl 
couslituée  à  nos  yeux  par  les  globules  et  les  granules  du  pus.  Nous  substi- 
tuâmes à  ia  sérosité  de  ce  produit  des  plaies  celle  du  sang  provenant  de  dix 
saignées  faites  sur  d'autres  malades,  et  séparée  avec  soin  des  globules  et  de 
la  matière  colorante. 

Nous  avons  démontré,  dans  notre  ouvrage  sur  l'infection  purulente,  que 
ia  sérosité  du  sang  et  celle  du  pus  étaient  chimiquement  et  pathologique- 
ineot  identiques,  et  nous  étions  autorisés  à  faire  cette  substitution. 

Nous  ajoutâmes  à  la  sérosité  du  sang  une  certaine  quantité  de  sueur  re- 
cueillie sur  un  malade  plongé  dans  un  bain  de  vapeur,  et  nous  complétâmes 
le  mélange  avec  de  la  fomentation  émolliente. 

On  versa  la  liqueur  ainsi  composée  sur  des  compresses  et  une  bande  ap- 
pliquées autour  d'un  genou  traumatiquement  enflammé,  et  tout  l'appareil  fut 
entouré  de  coton  et  de  taffetas  ciré  et  fréquemment  imbibé  pour  en  éviter 
la  dessiccation. 


79 

a.  Massifini,  mon  chef  de  cliniqwe  -à  Thôpilal  militaire,  suivit  «t  dirigea 
TexpérieRce  avec  autant  d'intelligence  que  de  soin,  et  nous  vîmes  appa- 
raître, vers  le  cinquième  jour,  des  plaques  superficielles  d'un  beau  bleu 
clair  disséminées  sur  différents  points.  Le  coton  en  fut  d'abord  le  siège 
unique,  mais,  deux  jours  plus  tard,  les  bandes  offraient  la  même  co- 
loration. 

Une  odeur  fade  t^l  naiisésbonde  se  fit  sentir,  et  les  teintes  bleues  passè- 
rçnt  çà  et  là  au  vert,  puis  au  brun. 

La  présence  des  parlies  solides  du  pus  n'était  Dullemenl  nécessftir«, 
comme  le  démontrait  c^tle  expérience,  à  la  production  du  ptiénomène  im- 
proprement décrit  sous  ie  nom  de  suppuration  bleue,  et  il  restait  à  étudier 
i'aciiwi  de  la  sueur  ei  des  fomenlations  végétales. 

Ces  deux  substances  lurent  à  leur  tour  éliminées  sans  que  la  matière  co- 
lorante bleue  cessât  d'apparaitre.  et  ïioi:s  acquîmes  ainsi  la  certitude  que 
la  sérosité  maintenue  à  une  lempéraluie  rapprochée  de  celle  du  corps  était 
la  seule  condition  dn  phénomène  dont  nous  poursuivions  l'étude. 

te  litîge  employé  jonait-it  un  rôle  spécial  ?  C'est  une  question  que  nous 
n'avons  pas  çompléjemenl  résolue 3  mais  nous  fîmes  usage  de  linge  neuf, 
lavé  à,  l'eau  distillée. 

Nous  eûmes  également  la  précaution  d'entourer  les  téguments  d'uo  tafTe- 
tas  ciré  pour  empêcher  l'action  de  la  transpiration,  et  il  devint  manifeste 
que  les  colorations  bleues  étaient  dues  à  une  réaction  particulière  de  la 
sérosité  du  sang  ou  du  pus  imprégnant  les  pièces  de  pansement,  et 
sous  l'influence  du  contact  de  l'air  et  d'une  température  de  26  à  30  de- 
grés centigrades. 

N0U5;  voulûmes  rendre  Texpéiience  plus  concluante  encore,  en  la  déga- 
geant des  conditions  pathologiques  dans  lesquelles  nous  l'avionï  entreprise, 
et  en  faisant  une  œuvre  de  laboratoire. 

Nous  parvhimcs,  avçc  l'habile  assistance  de  M.  le  professeur  Rouclier,  à 
faire  naître  des  colorations  bleues  sur  un  plateau  niétailique  chauffé  au  baiu- 
marie  e!  recouvert  d'une  cloche  de  verre  pour  empêcher  î'évaporalion.  De 
l'eau  distillée  et  do  sérum  du  sang  éîait^nt  versés  sur  une  compresse  et 
quelques  llocons  de  coton  ;  et  au  cinquième  jour,  les  teintes  bleues  ap- 
parurent et  s'étendirent  gradueilemenl  en  prenant  une  coloration  plus 
foncée. 

Les  mêmes  phénomènes  furent  également  produits  au  laboratoire  de  no- 
tre savant  collègue  M.  Hepp,  pharmacien  eu  chef  de  l'hôpital  civil,  et  les 
deux  chimistes  dont  je  viens  d'invoquer  l'autorité  oH  eu  la  bonté  de  me 


80 
remettre  une  note  dans  laquelle  ils  constateot  que  la  nouvelle  matière  co- 
lorante est  solubie  et  jouit  d'une  grande  résistance  à  Taction  d'acides  très- 
énergiques  et  concentrés  (1). 

(1)  Note  sur  la  matière  colorante  bleue  des  linges  a  pansement,  par  M.  le 
docteur  Roucher.  Siraslxtiirg,  14  mars  1850. 

Les  linges  colorés  en  bleu  à  la  suite  de  certains  pansements  cèdent  leur 
teinte  à  l'eau  quand  on  les  agite  avec  ce  liquide;  en  même  temps  la  liqueur  se 
trouble  et  le  microscope  y  décèle  une  infinité  de  petits  corpuscules  arrondis 
assez  semblables,  pour  l'aspect  et  les  dimensions,  auï  granules  purulents. 

La  teinte  bleue  n'appartient  toutefois  pas  à  ces  granules,  car  en  tilirant  le 
liquide,  l'eau  passe  fortement  colorée,  tandis  que  les  granules  d'un  blanc  gri- 
sâtre restent  sur  le  filtre.  La  solubilité  de  la  substance  fait  fortement  soupçon- 
ner qu'elle  n'est  point  occasionnée  par  le  développement  d'une  matière  orga- 
nisée, d'une  moisissure,  par  exemple. 

Cette  teinte  est  d'un  bleu  verdâtre  très  foncé;  quand  l'eau  en  est  fortement 
chargée,  son  pouvoir  colorant  parait  assez  considérable. 

Cette  couleur  présente  une  assez  grande  stabilité  :  i'ébullition,  l'acide  chlo- 
rbydrique  froid  ou  bouillant,  l'acide  azotique  froid,  l'acide  sulfureux  même,  ne 
ta  détruisent  pas. 

L'acide  azotique  bouillant  la  brunit;  le  chlore  la  fait  rapidement  dispa- 
raître. 

La  dissolution  aqueuse  n'est  troublée  ni  par  I'ébullition,  ni  par  l'acide  azo- 
tique bouillant,  ni  par  le  sous-acétate  de  plomb;  d'où  il  résulte  que  celte  ma- 
tière n'est  formée  ui  accompagnée  d'aucune  substance  albuminoïde,  et  qu'elle 
n'est  très-probablement  point  de  nature  animale. 

Les  acides  énergiques  la  changent  en  une  couleur  rouge  otfrant  la  teinte 
pelure  d'oignon  caractéristique  du  tournesol  rougi,  ce  qui  établit  de  grandes 
probabilités  en  faveur  de  la  nature  végétale  de  cette  substance. 

Le  sous-acéiate  de  plomb,  qui  décolore  complètement  le  tournesol,  ne  préci- 
pite pas  la  couleur  dont  il  s'agit  de  sa  dissolution  aqueuse,  laquelle  n'oflre  pas 
la  moindre  réaction  alcaline;  mais  la  liqueur  se  décolore  en  partie  quand  on  y 
ajoute  avant  le  sel  de  plomb  quelques  gouttes  d'ammoniaque.  Alors  le  préci- 
pité plombique  qui  apparaît,  entraîne  avec  lui  une  portion  de  la  matière  co- 
lorante dissoute. 

Tous  ces  faits  paraissent  prouver  que  la  matière  colorante  bleue  du  linge  à 
pansement  est  de  nature  et  d'origine  végétale.  Ils  rejettent  bien  loin  celte  idée 
qui  attribuait  l'apparition  de  cette  teinte  à  la  production  de  bleu  de  Prusse  ou 
de  phosphate  de  fer  aux  dépens  du  fer  contenu  dans  le  sang,  et  des  phos- 
phates alcalins  ou  des  combinaisons  cyanuré«s  séparées  des  liquides  ani- 
maux, par  suite  d'une  altération  quelconque.  Le  phosphate  de  fer  est  inso- 


81 

Sans  insister  ici  sur  les  caractères  chimiques,  dont  je  laisserai  rappréxia- 
lion  à  des  hommes  plus  compétents,  je  me  bornerai  à  signaler  quelques 
questions  dont  Télucidation  serait  importante. 

Il  y  aurait  à  chercher  comment  les  colorations  bleues  se  forment  sou- 
vent chez  les  malades  en  vingt-quatre  heures,  tandis  que  nous  ne  les  ob- 
tînmes qu'en  quatre  ou  cinq  jours  dans  nos  expériences. 

LMnfluence  d'une  température  plus  élevée  à  la  surface  des  plaies  serait- 
elle  la  cause  de  cette  différence  ? 

L'état  de  la  sérosité  devrait-il  également  être  pris  en  considération  ? 

Il  semblerait  probable  que  les  sueurs  bleues,  le  lait  bleu,  les  urines  bleues 
dépendent  d'une  cause  identique,  se  manifestant  au  sein  de  l'économie  et 
résultant  d'une  réaction  toute  chimique  de  la  sérosité  du  sang.  Cependant 
l'analysé  a  montré  des  variétés  très-distinctes  dans  les  matières  colorantes 
bleues  produites. 

La  coloration  bleue  des  cadavres  au  début  de  la  putréfaction  est-elle  de 
même  nature  que  celle  des  plaies  ? 

On  parviendra  sans  doute  à  éclairer  ces  questions  par  une  étude  plus 
approfondie  de  la  nouvelle  matière  colorante  dont  nous  avons  précisé  les 
conditions  de  production,  et  nous  devons  espérer  que  la  voie  dans  la- 
quelle nous  sommes  entré  conduira  bientôt  à  la  connaissance  de  phéno- 
mènes aussi  curieux. 


lubie  dans  l'eau  ;  et  ni  lui  ni  le  hieu  de  Prusse  ne  rougissent  par  les  acides  et 
ne  bleuissent  de  nouveau  par  les  alcalis,  comme  il  arrive  pour  la  substance  co- 
lorante dont  il  s'agit. 


NOTE 

SUR  UNE  NOUVELLE  VARIÉTÉ  D'OBLITÉRATION 

DES  VOIES  SPERMÂTIQOES; 

COMMUNIQUÉS  PAR  M.  L.  GOSSELIN , 

Chef  des  traraux  anatomiqQea  &  la  Faculté  de  médociite  à«  Pn\»,  et«. 


Dans  le  travail  que  j'ai  communiqué  à  rAcadéroie  de  médecine  le  29 
juin  1847,  et  que  j'ai  plus  tard  inséré  dans  les  Archives  (U'  série,  t.  XIV), 
j'ai  appelé  l'allenlion  des  analomistes  el  des  pathologistes  sur  une  altéra- 
tion peu  soupçonnée  pendant  la  vie  des  sujets  qui  la  portent,  c'est  une 
oblitération  interceptant  la  communication  entre  l'organe  sécréteur  du 
sperme  et  son  réservoir. 

J'ai  donné  la  description  d'une  première  variété  consistant  dans  une 
oblitération  complète  du  canal  déférent  à  une  certaine  dislance  de  la  queue 
de  répididyme,  et  j'ai  rappelé  un  fait  analogue  cité  par  Brugnone.  Le  cas 
intéressant  que  M.  le  docteur  Duplay  a  communiqué  depuis  à  la  Société  de 
biologie,  et  dont  la  Gazette  Médicale  du  22  juin  dernier,  a  rendu  compte, 
se  rapporte  à  cette  variété.  Ce  cas  différait  du  mien  et  de  celui  de  Bru- 


8/i 
gnone,  en  ce  que  les  deux  canaux  déléreuts,  el  non  point  un  seul,  élaienl 
oblitérés. 

J'ai  montré  ensuite  qu'une  seconde  variété  consistait  en  une  cblilération, 
soit  temporaire,  soit  permanente,  au  niveau  de  la  queue  de  l'épididyme. 

Ces  deux  sortes  d'oblitérations  sont  remarquables  par  la  persistance  du 
testicnle  avec  son  volume  ordinaire,  et  la  conservation  des  dimensions  na- 
turelles de  la  vésicule  séminale,  bien  qu'il  n'y  arrive  pas  de  sperme,  et 
qu'elle  ne  contienne  pas  d'autre  liquide  que  celui  qu'elle  sécrète  elle- 
même. 

Une  troisième  variété  est  due.  à  l'oblitération  d'un  on  de  plusieurs  des 
canaux  eiïérents,  c'est-à-dire  de  ces  conduits  qui,  placés  entre  le  testicule, 
et  la  tête  de  l'épididyme  apportent  le  sperme  dans  ce  dernier,  et  donnent 
Daissance  au  canal  qui  le  constitue,  en  se  réunissant  successivement  les 
uns  aux  autres. 

La  nouvelle  variété  sur  laquelle  j'appelle  aujourd'hui  l'attention  occupe 
encore  la  tête  de  l'extrémité  antérieure  de  l'épididyme  ;  elle  consiste  en 
une  oblitération  et  même  une  disparition  complète,  non  pas  de  quelques 
vaisseaux  efiférents,  comme  dans  le  cas  précédent,  mais  bien  de  tous  à  la 
fois,  en  sorte  que  la  communication  entre  le  testicule  et  les  voies  excré- 
toires se  trouve  entièrement  interceptée,  comme  dans  les  deux  premières 
variétés.  Cette  oblitération  sur  la  pièce  où  je  l'ai  constatée  est  d'autant  plus 
intéressante  qu'elle  y  avait  été  amenée  par  une  autre  affection,  par  un  de 
ces  kystes  de  l'épididyme  qui  ont  été  de  ma  part  l'objet  de  quelques  recher- 
ches nouvelles. 

Voici  ce  fait  : 

Obs.  —  Un  sujet  de  40  à  45  ans,  apporté  ces  jours  derniers  dans  nos  aoiptii- 
itîéâtres  d'anatomie,  portait  au  côté  droit  du  scrotum  une  tumeur  assez  volumi- 
neuse, fluctuante,  qui  pouvait  au  premier  abord  être  prise  pour  une  hydrocèle 
ordinaire  ;  cependant  MM.  Richard  et  Verneuil,  prosecteurs  de  la  Facnhé,  ne 
lardèrent  pas  à  reconnaître  que  le  testicule  étart  distinct  de  la  tumeur,  et  ne  se 
trouvait  pas  entouré  de  tous  côtés  par  le  liquide,-  après  avoir  fendu  le  scrotum 
et  ouvert  la  tunique  vaginale,  ils  virent  bien  que  la  collection  liquide  se  trou- 
vait en  dehors  de  celte  tunique,  au  bas  du  cordon,  et  que  l'épididyme  était 
soulevée  par  la  tumeur  et  confondue  avec  elle.  Pensant  dès  lors  que  cette  pièce 
serait  inléressante  pour  moi,  puisqu'elle  se  rattachait  aune  altération  que  j'a- 
vais déjà  étudiée,  ils  voulurent  bien  me  la  communiquer;  je  leur  en  témoigne 
ici  toute  ma  reconnaissance. 

La  tumeur,  grosse  comme  une  petite  orange,  se  trouvait  au  bas  du  cordon, 
tout  près  de  son  insertion,  sur  le  bord  supérieur  du  testicule  droit,  entre  ce  der- 


85 
«ier  et  l'épididyaie.  Sa  partie  interne  était  tapissée  par  la  tunique  vaginale,  dont 
le  feuillet  droit  se  trouvait  refoulé  vers  sa  cavité.  La  partie  inférieure  était  en 
contact  avec  le  bord  supérieur  du  testicule,  la  supérieure  était  en  rapport  avec 
l'épididyme.  Celte  dernière  connexion  est  la  plus  curieuse  ;  en  effet,  l'épididyaie 
n'avait  conservé  sa  position  naturelle  sur  le  testicule  qu'au  niveau  de  sa  queue - 
à  partir  de  ce  point  et  jusqu'à  sa  partie  antérieure,  il  s'éloignait  du  testicule 
de  plus  en  plus,  soulevé  qu'il  est  par  la  tumeur  interposée  entre  les  deux  or- 
ganes. A  mesure  qu'il  se  rapprochait  de  la  partie  antérieure,  l'épididyaie  deve- 
nait de  plus  en  plus  mince  et  Unissait  par  se  confondre  tellement  avec  la  paroi 
de  la  poche,  qu'il  avait  perdu  sa  forme  ordinaire  et  qu'il  devenait  impossible  de 
le  reconnaître. 

J'ai  pratiqué  d'abord  une  ponction  au  kyste,  et  j'en  ai  fait  écouler  une  petite 
quantité  de  liquide  citrin  semblable  à  celui  de  l'bydrocèle  ordinaire.  Ce  liquide, 
examiné  plusieurs  fois  au  microscope,  ne  contenait  pas  de  spermaiozoaires. 
Dans  mon  travail  sur  les  kystes  de  l'épididyme  (Archives,  4*  série,  t.  XVI), 
j'avais  indiqué  la  difficulté  que  l'on  éprouvait  souvent  à  distinguer  les  kystes 
primitivement  développés  entre  l'épididyme  et  le  testicule,  et  contenant  des 
spermatozoaires,  et  ceux  qui  se  forment  dans  le  tissu  cellulaire  du  cordon,  tout 
à  fak  à  sa  partie  inférieure.  La  position,  les  rapports,  et  presque  tous  les  sigues 
physiques,  sont  identiques,  tant  sur  le  vivant  qu'après  la  mort  ;  la  différence 
principale  que  j'avais  constatée  était  celle-ci  :  les  gros  kystes  de  l'épididyaie, 
bien  évidemment  développés  entte  cet  organe  et  le  testicule,  que  j'avais  eu 
l'occasion  de  rencontrer,  conteoaient  un  liquide  troui}le  rempli  de  spermato- 
zoaires. Ceux  qui  appartenaient  positivemeat  à  la  partie  inférieure  du  cordon, 
renfermaient  un  liquide  citrin,  sans  spermatozoaires.  Je  me  demandais  cepen- 
dant si,  à  la  rigueur,  un  kyste  séreux  ordinaire,  sans  animalcules,  c'est-à-dire  ne 
se  rattachant  primitivement  à  aucune  lésion  des  voies  spermatiques,  ne  pouvait 
pas  se  développer  aussi  quelquefois  entre  l'épididyme  et  le  testicule.  Celui  au- 
quel  nous  avons  affaire,  sur  la  pièce  dont  je  donne  la  description,  pourrait  bien 
appartenir  à  cttte  catégorie;  il  a  des  connexions  tellement  étroites  avec  le  tes- 
ticule et  l'épididyme,  qu'il  est  difficile  de  ne  pas  croire  qu'il  a  pris  son  origine 
en  cet  endroit  ;  il  y  aurait  donc  au-dessous  de  la  tète  de  l'épididyme  deux  es- 
pèces de  grands  kystes,  les  uns  provenant  de  quelque  lésion  des  canaux  effé- 
rents,  et  contenant  des  spermatozoaires  ;  les  autres  simplement  celulleux  et 
renfermant  le  même  liquide  que  l'bydrocèle  ordinaire. 

Le  kyste,  en  se  développant,  avait  éloigne  la  tète  de  l'épididyme  du  testicule 
d'environ  3  ou  4  centimètres  ;  il  s'agissait  de  savoir  ce  qu'étaient  devenus,  à  la 
suite  d'une  pareille  distension,  les  vaisseaux  efférents  et  la  tète  de  l'épididyme. 
Pour  le  rechercher,  j'ai  fait  une  injection  à  l'essence  de  térébenthine,  avec  l'ap- 
pareil dont  j'ai  parlé  ailleurs,  celui  dans  lequel  une  pression  exercée  par  le  mer- 
cure communique  l'impulsion  au  liquide.  La  matière  à  injection,  colorée  en  bleu, 
n'a  pas  tardé  à  remplir  l'épididyme,  jusque  vers  la  partie  antérieure;  une  fois 


86 
arrivée  dans  ce  point,  au  niveau  duquel  je  ne  pouvais  plus  distinguer  nettement 
l'épididynse  de  la  paroi  du  kjfte,  elle  a  cessé  de  marcher.  Il  ne  s'est  pas  fait 
de  rupture,  mais  l'essence  de  térébenthine  s'est  arrêtée  obstinément  dans  des  ca- 
naux Irès-îina  qui  paraissaient  se  lerrRiaer  en  cul-de-sac.  Elle  n'est  point  arrivée 
dans  le  testicule,  ce  qui  a  lieu  ordinairement  avec  facilité,  au  moyen  de  cet  ap- 
pareil, lorsque  ses  voies  sont  Jibred. 

Outre  l'iDjectioD,  il  y  avaki  un  autre  moyen  de  s'éclairer,  c'était  d'examiner 
la  liquide  pris  daus  le  canal  déférent  et  la  vésicule  séminaie  du  côté  droit.  Cette 
exploration  faite  à  diverses  reprises  m'a  toujours  fait  constater  le  même  résul- 
tat, c'est  à-dire  une  absence  complète  de  spermalozoaires  dans  ce  liquide.  Au 
contraire,  celui  du  caiiai  déférent  et  de  la  vésicule  du  côte  gaucbe,  resté  sain, 
renfermait  un  grand  nombre  de  cça  auimakules-  L'e'ipioraiion  répétée  par 
MM.  Robin,  Richard  et  Galliet,  leur  a  donné  le  même  résultat,  qui  est  d'une 
grande  importance  ;  car  sur  les  sujets  doet  les  voies  spermatiques  sont  libres, 
il  est  ordinaire  de  trouver  des  animalcules  des  deux  côtés  à  la  fois,  et  sur  les 
sujets  qui  portaient  des  obiitéralsons  soit  du  cansï  déférent,  soit  de  la  queue  de 
l'épididyme,  j'avais  trouvé  aussi  qu'ils  manquaient  du  côté  malade  et  existaient 
éa.  côté  ssin.  Il  est  donc  ^Taisemblable  que  l'allongement  des  vaisseaux  eflé- 
rents  sur  notre  sujet  a  été  porté  jusqu'au  pomt  de  les  rompre  ou  de  faire  dispa- 
raître leur  calibre.  Peut-être  pourr«it-oQ  croire  que  !a  disteusion  a  tout  siniple- 
metit  déplissé  les  fiesuositès  qiie  forment  ces  «lisseaux  dans  ce  que  l'on  appelle 
les  cônes  de  l'épididyme.  Biais  outre  qu'eu  pareil  cas,  si  une  oblitération  n'avait 
poJat  eu  lieu,  l'Injection  aurait  pu  arriver  jusqu'au  teslicuie,  il  est  difficile  de 
croire  qu'un  dépassement  «uraii  pu  donner,  sans  les  rompre,  li  ou  âcentim.  de 
longueur  à  des  conduits  si  ténus  et  mirmalemeut  si  courts. 

Pour  qui  y  réfléchira  un  instant,  [joui*  qui  d'ailleurs  aura  vu  la  pièce  et  l'in- 
jection que  je  mets  sous  les  yeux  de  la  Société,  il  ne  restera  pas  de  doute  sur 
la  disparition  des  canaux  eflérents  et  l'interruption  con»p!ète  entre  l'épididyme 
et  îe  testicule. 

Le  testicule  a  conservé  son  volome  naturel  ;  je  n'ai  pas  trouvé  de  sper-mato- 
zOiiires  dans  son  iniérieur;  mais  te  testicule  du  côté  sain  n'en  contenait  pas  non 
plus.  On  sait  en  efl'et  que  ces  animalcules  se  trouvent  bien  plutôt  dans  les  voies 
excrétoires  que  dans  ta  glande  séminale  elle-même.  La  vésicule  séminale  pré- 
sente son  volume  ordinaire;  seulement  le  liquide  y  est  un  peu  moins  épais, 
moins  jauue.  J'ai  constaté  la  même  chose  dans  les  observations  que  renferm»} 
mon  travail  sur  les  obUtéra(i(n>$,  et  c'est  certainecuent  un  fait  curieux  que  cette 
interruption  dans  les  voies  excrétoires  du  sperme,  sans  atropbie  ni  du  testicule 
ni  de  la  vésicule  séminale. 

Sous  le  rapport  pratique,  le  lait  que  je  coiutBunique  à  la  Société  en- 
raîne  cette  conséquence  qu'il  D'esl  pas  prudent  d'abandonner  indéfini- 
ment  à  eux-mêmes  les  kfsles  mi  <k  h  partie  intérieure  du  cordon,  soit  de 


87 
répididyme,  puisqu'ils  peuvent  par  leur  accroissement  faire  disparaître  ies 
vaisseaux  efférents,  et  rendre  inutile  pour  la  reproduction  le  leslicuie  cor- 
respondant. On  est  souvent  disposé,  ù  cause  de  la  lenteur  avec  laquelle  ils 
s'accroissent  et  du  peu  de  gêne  qu'ils  occasionnent,  à  ne  les  soumettre  à 
aucun  traitement.  Les  détails  que  je  viens  de  faire  cortnailre  montrent  qu'il 
est  beaucoup  plus  sage,  ou  de  les  ponctionner  simplement,  ou  de  lesinjec- 
ttr  avec  la  teinture  d'iode,  sans  attendre  qu^ils  aient  pris  un  volume  consi- 
dérable. 


OBSERVATIONS 


SUR  LE  DÉVELOPPEMENT 


DU  COEUR  ET  DE  L'AORTE 


PENDANT  LES  CENT  QUARANTE-QUATRE  PREMIERES  HEURES  DE  L'INCUBATION , 


Par  MM.  les  Docteurs  VWIKWST  et  I.EB1:rT. 


(Communiquées  en  juin  1850.) 


Le  travail  que  je  publie  aujourd'hui,  après  avoir  fait  la  perte  douloureuse 
de  moD  excellent  ami  M.  le  docteur  Prévost,  ajoute  quelques  détails  à  ceux 
que  nous  avons  publiés  antérieurement  ensemble  dans  les  Annales  des 
SCIENCES  NATURELLES  (janvier  18/i4).  Parmi  les  points  nouveaux,  il  yen  a 
surtout  un  qui  me  parait  d'une  haute  importance,  c'est  la  formation  du 
cœur  d'abord  comme  organe  transitoire  et  ensuite  comme  oi^ne  perma- 
nent qui  tire  son  origine  d'un  sinus  médian  qui  longe  la  convexité  de  l'or- 
gane primitif  et  qui  peu  à  peu  devient  ventricule  gauche.  Tout  ce  quia 
rapport  dans  ce  travail  à  ce  point  appartient  à  M.  Prévost,  c'est  sa  décou- 


90 
"verle  à  lui  seul  el  que  même  je  n'ai  pas  pu  confirmer  jusqu'à  ce  jour.  Il  y 
a  aussi  plusieurs  poibls  sur  la  formation  de  l'aorte  sur  lesquels  des  injec 
lions  faites  sur  de  Irès-jeunes  embryons  (depuis  quarante-huit  heures 
d'incubation)  m'ont  conduit  à  des  résultais  différents  de  ceux  indiqués 
dans  ce  travail  et  que  je  ferai  connaître  par  la  suite.        (Lebert.) 

Le  fœtus  se  montre  dès  les  premières  heures  de  rincubalion  dans  la 
partie  moyenne  du  blastoderme.  Il  se  développe  dans  la  partie  de  cette 
membrane  que  l'on  a  appelée  le  feuillet  sanguin  ;  mais  qui  serait  mieux 
dénommée  le  parenchymatenx  ;  car  c'est  dans  cet  espace  limité  supérieu- 
rement par  le  feuillet  séreux,  iuférieureraent  par  le  muqueux,  que  s'orga- 
nisent les  parenchymes  de  l'embryon. 

A  la  partie  antérieure  et  moyenne,  on  voit  le  blastoderme  se  renfler  el 
former  une  petite  éminencc  creuae  que  Ton  a  comparée  à  un  doigt  de  gant. 
Celle  pyramide  s'élève  d'abord  verlicalement,  puis  en  prenant  de  l'accrois- 
sement elle  se  couche  sur  le  blastoderme  et  ses  parties  latérales  contractent 
des  adhérences  avec  le  feuillet  séreux. 

Dans  les  parois  de  celle  éminence  se  développent  supérieurement  et  en 
arrière  la  tête  e1  la  région  spinale,  lai.éralemont  el  autéricnremcnt  l'appa- 
reil brachial  et  les  membranes  de  la  cavité  oonc'ive.  On  peut  déjà  à  la 
vingtième  heure  voir  le  petit  Irait  Iransverse  ou  buccal  qui  formera  la  fente 
de  la  bouche  el  mettra  eu  commuaicallon  l'inlérieur  de  la  pyramide  avec 
l'extérieur  ;  celle  parlie  intérieure  formera  comme  un  canal  large  el  Irès- 
courl  qui  s'ouvrira,  d'une  pari  à  la  bouche,  de  l'autre  au  jaune  ;  c'est  ce 
que  nous  appelons  la  cavité  commune. 

Depuis  la  vingt-quatrième  heure  de  l'incubation,  on  aperçoit  les  premiers 
linéaments  du  cœur  ;  il  se  voit  comme  un  renllement  cylindrique  qui  s'é- 
lend  depuis  celte  espèce  de  renflement,  au-dessous  du  trait  buccal  jusqu'au 
sommet  de  cet  angle,  plan  que  forme  la  pyramide  avec  la  surface  du  blas- 
toderme sur  laquelle  elle  est  couchée.  Nous  ouvrons  le  péricarde  advenlif 
que  la  face  antérieure  de  la  pyramide  d'une  part,  le  feuillet  séreux  du  blas- 
toderme de  l'aulrt-,  forment  au  cœur,  afin  de  mieux  voir  cet  organe.  Nous 
trouvons  déjà  à  rextrémité  supérieure  deux  divisions  :  l'origine  des  pre- 
miers arcs  branchiau);,  qui  se  dirigent  à  droite  el  à  gauche  dans  la  masse 
de  substance  au-dessous  du  trait  buccal. 

Inférieuremenl  le  cœur  est  aussi  renflé,  tourné  à  gauche  et  adhérent 
au  fond  de  l'angle  pian  dont  nous  avons  parlé. 

Vers  la  Irenle-deuxiôme  heure,  le  cœur  prend  l'apparence  d'un  sac  dont 


91 

l'ouverture  serait  tournée  en  bas.  A  celle  forme  doit  êlre  atlribuée  l'erreur 
où  soDl  lomMs  plusieurs  analomisles  qui  ont  avancé  que  cet  organe  n'était 
d'abord  qu'un  sac  arrondi  par  le  haut  ;  mais  en  opérant  une  Iniclion  en 
bas  avec  la  pointe  d'un  stylet,  l'erreur  se  dissipe,  la  portion  arrondie  da 
sac  a'élail  qu'un  pli,  et  l'on  retrouve  le  bulbe  et  les  deux  divisions  des  vais- 
seaux plus  avancées,  mais  comme  nous  les  avions  décrites. 

Déji  à  cette  époque  si  hâtive,  on  remarque  sur  la  face  antérieure  du  cœur 
«ne  ligne  qui  la  divise  longitudinaleraent  en  deux  portions  symétriques  et 
égales  de  l'auricule  au  bulbe  ;  ce  trait  est  le  premier  rudiment  du  ventri- 
cule gauche.  L'auricule,  car  pour  le  présent  il  n'y  en  a  qu'une,  commence 
à  se  soulever  du  bas  en  haut,  et  d'abord  d'avant  en  arrière;  on  voit  déjà 
surgii-  à  sa  partie  supérieure  deux  petits  filets  qui  deviendront  plus  tard  les 
veines  de  retour  du  sang  à  celte  cavité.  On  observe  encore  sur  l'auricule 
deux  petits  tubercules,  l'un  en  avant,  l'autre  eu  arrière  ;  en  se  dévelop- 
^>ant,  ils  deviendront  les  appendices  de  l'auricule  gauche. 

Le  cœur  à  cette  époque  est  très-mou,  et  si  Ton  place  le  i'œlus  sur  le  côté 
droit,  on  croit  y  voir  un  nœud  ;  cette  apparence  a  aussi  trompé  quelques 
anatomistes,  elle  résulte  du  croisement  l'une  sur  l'autre  des  deux  portions 
snpéiieure  et  inférieure  de  cette  espèce  de  boyau  que  forme  l'organe  qui 
nous  occupe.  C'est  de  la  trente-sixième  à  la  quarantième  heure  de  l'incuba- 
tion que  le  cœur  commence  à  se  contracter  d'une  manière  bien  évidente. 
Le  fœtus  est  enc-ore  placé  dans  le  blaslodernie,  de  manière  à  présenter  le 
dos  à  l'observaleur,  et  le  cœur  paraît  à  droite,  sa  convexité  en  dehors. 

Le  sang  commence  à  rougir  le  vaisseau  placé  sur  la  grande  courbure  du 
cœur  (ce  trait  longitudinal  que  nous  avons  noté)  ;  il  coale  dans  ce  sinus 
placé  à  la  base  du  septum  qui  divise  le  cœur  en  deux  cavités  loagitudi- 
îjales.  Ce  sepium  est  lui-même  composé  de  deux  feuillets  adhérents  l'un  à 
Tautre,  sauf  sur  le  point  où  ilss'éciirtenl  pour  laisser  passer  5e  sang.  Le  dé- 
collement s'augmentera  peu  k  peu,  et  à  la  place  d'un  sinus  très-étroit  se 
formera  la  grande  cavité  du  ventj-icule  gauche.  Les  portions  contractiles  du 
cœur  sont  au  début  :  l'auricule,  le  sinus  dont  nous  avons  parlé  et  la  portion 
de  ce  sinus  engagée  dans  le  bulbe.  Les  tissus  qiù  forment  le  cœur  eÀlérisu- 
reraent  n'ont  aucune  propriété  contractile;  ils  coasislent  en  un  tissu  fibro- 
gloiiiileux  élastique;  les  cavités  d'une  et  d'autre  partdu  septum  sont  pleines 
d'un  sérum  fort  transparent,  et  celte  disposition  a  donné  encore  lien  à  une 
illusion  dans  laquelle  estrtjême  tombé  le  grand  llaller. 

uans  les  premiers  moments,  le  sang  passe  par  gouttelettes  très-petites 
dans  le  sinus,  et  comme  le  septum  cl  le  sérum,  vu  leur  grande  transpa- 


92 
rence,  ne  se  dislinguent  pas  l'uo  de  l'autre ,  le  sang  a  Tair  de  courir  au 
travers  d'un  liquide  incolore,  mais  sans  s'y  répandre  et  sans  sy  mêler. 

L'auricule  prend  de  l'extension  par  l'afllux  du  sang.  On  remarque  dans 
sa  cavité  une  espèce  d'arête  qui  s'étend  de  droite  à  gauche  où  elle  vient 
aboutir  à  une  ouverture,  l'orifice  auriculo-ventriculaire  d'où  le  fluide 
coule  par  un  conduit  placé  sur  la  grande  courbure  dans  le  ventricule.  Le 
cœur  se  rétrécit  dans  ce  point  etïorme  un  canal  qui,  plus  tard,  se  raccour- 
cira tout  à  fait  et  ne  sera  plus  au  lieu  d'un  conduit  qu'une  gorge. 

Des  deux  côtés  de  ce  conduit  auriculo-ventriculaire,  nous  remarquons 
de  petites  languettes  élastiques  ;  lorsque  l'auricule  se  contracte  elles  se 
fléchissent  en  dehors  et  se  prêtent  à  la  dilatation  du  passage,  puis  se  re- 
dressant par  leur  élasticité,  elles  aident  à  chasser  le  sang  dans  la  région 
ventriculaire.  Ces  deux  bandelettes  s'épanouissent  et  forment  les  deux  pa- 
rois antérieure  et  postérieure  du  cœur  ;  puis  se  rétrécissant  de  nouveau, 
elles  deviennent  la  gorge  qui  termine  la  région  ventriculaire.  Cette  gorge 
est  très-courte  ;  les  fibres  qui  en  partent  s'épanouissent  de  nouveau  sous  la 
forme  de  deux  autres  languettes  placées  sur  les  côtés  du  bulbe,  comme 
celles  que  nous  avons  vues  sur  les  côtés  du  canal  auriculo-ventriculaire, 
elles  ont  les  mômes  fonctions,  elles  aident  à  projeter  le  sang  dans  le  vais- 
seau branchial.  Nous  remarquerons  ici  que  les  fibres  des  deux  faces  du 
cœur  se  croisent  pour  former  les  bandelettes  du  bulbe,  de  telle  sorte  que  la 
bandelette  droite  appartient  à  la  face  gauche  ou  antérieure  ;  la  gauche  pro- 
vient de  la  face  droite  ou  postérieure.  Le  canal  contractile,  qui  par  son  dé- 
veloppement formera  le  ventricule  gauche,  se  renfle  dans  le  bulbe  comme 
dans  la  région  ventriculaire,  composée  de  deux  feuillets  adhérents  l'un  à 
l'autre,  sauf  dans  la  partie  où  l'on  aperçoit  un  décollement  au  travers  du- 
quel le  sang  se  fraye  une  route.  Ce  décollement  ira  croissant  et  formera  vers 
la  cinquantième  ou  la  soixantième  heure  une  cavité  ovoide  entre  les  deux 
languettes,  qui  se  remplit  de  sang  par  la  contraction  ventriculaire,  et  le 
projette  dans  le  vaisseau  branchial.  Ce  vaisseau  assez  étroit  monte  vers  la 
partie  supérieure  du  fœtus  et  se  termine  par  deux  divisions  symétriques  à 
droite  et  à  gauche  qui,  donnant  chacune  un  gros  rameau  à  la  tête  et  se 
courbant  en  bas,  forment  deux  canaux  que  nous  appelons  les  sinus  bran- 
chiaux, parce  que  successivement  de  chaque  côté  nous  verrons  sortir  du 
vaisseau  branchial  des  rameaux  qui ,  passant  dans  le  centre  des  arcs  bran- 
chiaux, iront  s'ouvrir  dans  ces  sinus.  Entre  la  quarantième  et  la  quarante- 
huitième  heure  les  deux  premières  paires  d'arcs  branchiaux  sont  achevées, 
ils  ont  leur  forme  cylindrique,  et  dans  leur  partie  moyenne  ils  contiennent 


93 
les  artères  branchiales  qui  vont  du  vaisseau  de  ce  nom  aux  sinus.  Leur  ac- 
croissement est  d^abord  rapide,  mais  il  s'arrête  bientôt,  et  elles  s'oblitèrent 
vers  la  fin  du  troisième  jour,  alors  que  les  autres  croissent.  Du  vaisseau 
branchial  part  une  troisième  paire  d'artères  qui  montent  d'abord  parallèle- 
ment à  celui-là,  et  après  un  chemin  assez  court  se  divisent  en  deux  ra- 
meaux qui  entrent  dans  les  troisième  et  quatrième  paires  d'arcs  branchiaux. 
Sur  le  vaisseau  branchial,  nous  n'avons  donc  que  quatre  paires  d'artères, 
et  non  pas  cinq  comme  comptent  les  embryologistes.  Les  derniers  arcs 
branchiaux  sont  plus  grêles  que  les  deux  premiers  ;  le  col  en  s'allongeant 
sépare  le  dernier  système  du  supérieur,  dont  la  circulation  s'éteint  avec 
l'oblitération  de  la  portion  correspondante  du  vaisseau  branchial.  A  l'en- 
droit où  la  troisième  artère  branchiale  entre  dans  le  sinus  de  même  part, 
on  voit  se  détacher  un  vaisseau  qui  se  porte  en  dehors,  c'est  l'artère  de 
l'aile. 

Arrêtons-nous  un  moment  dans  notre  description  pour  montrer  combien, 
à  l'époque  où  nous  sommes  arrivés,  la  circulation  du  fœtus  chez  l'oiseau 
ressemble  à  celle  du  poisson  ;  nous  avons,  en  effet,  une  seule  auricule  qui 
projette  le  sang  dans  un  ventricule  unique,  un  système  branchial  au  lieu  de 
poumons,  dont  le  sang  passe  dans  deux  sinus  qui  vont  se  joindre  pour 
former  l'aorte.  Ici  peut-être  on  nous  objectera  qu'un  anatomiste  dont  la 
France  à  juste  titre  s'honore,  M.  le  professeur  Serres,  a  cru  voir  deux  aortes 
qui  se  réunissaient  plus  tard.  Voici  ce  qu'une  étude  exacte  des  faits  nous  a 
montré  : 

Vers  la  quarante-huitième  à  la  cinquantième  heure  de  l'incubation,  en 
soulevant  le  cœur,  on  voit  les  deux  sinus  branchiaux  distinctement  s'abou- 
cher et  former  un  vaisseau  extrêmement  court  qui  se  divise  en  deux  autres 
descendant  le  long  de  l'épine  dorsale  ;  ces  artères  donnent  dans  la  région 
pectorale  chacune  aux  vertèbres  qui  leur  correspondent  des  vaisseaux 
nourriciers,  et  dans  la  région  ventrale  un  gros  rameau  qui  se  porte  au  jaune, 
les  artères  omphalo-mésentériques,  pour  le  présent  au  nombre  de  deux  ; 
ces  deux  artères  provenant  de  l'aorte  continuent  à  descendre  jusque  dans 
le  bassin.  Entre  ces  deux  vaisseaux,  depuis  leur  origine,  on  observe  un 
espace  vide.  Lorsque  le  volume  du  sang  augmente,  la  portion  antérieure 
de  l'enveloppe  aortique  qui,  se  joignant  à  la  postérieure,  formait  ainsi  une 
gaîne  à  chacun  des  vaisseaux  latéraux  qui  provenaient  du  principal,  se  dé- 
colle, et  les  deux  vaisseaux  se  trouvent  ainsi  réunis  en  un  seul  jusqu'à  un 
point  immédiatement  au-dessous  de  l'origine  des  omphalo-mésentériques; 
celles-ci  se  trouvent  alors  placées  sur  une  petite  ampoule  qui  se  moule 


94 
bientôt  en  un  tronc  Irès-court,  celui  de  l'artère  omphalo-mésentérique 
supérieure.  Peu  à  peu  l'aorte  continue  son  développement  jusqu'au 
bassin  ;  eiîe  donne  l'évolution  de  deux  nouvelles  artères  :  les  iliaques 
primitives  sur  une  ampoule  aussi,  et  l'artère  sacrée  termine  son  cours.  Mais 
si  nous  trouvons  des  traits  de  ressemblance  entre  l'oiseau  et  le  poisson,  il 
en  est  d'autres  qui  déjà  les  différencient.  Le  cœur  chez  le  premier  n'est 
point  placé  symétriquement  sur  la  ligne  médiane;  l'auricule  présente  en 
avant  sa  lace  gauche  au  lieu  de  montrer  la  droite.  La  face  droite  du  cœur  et 
du  bulbe  est  aussi  en  avant  chez  le  poisson,  et  non  tournée  latéralement 
à  gauche  comme  cela  a  lieu  dans  le  cœur  du  poulet,  ce  qui  oblige  le  vais- 
seau branchial  de  ce  dernier  à  décrire  une  courbe  pour  arriver  aux  arcs 
branchiaux. 

Plus  tard,  par  l'allongement  du  col  et  l'atrophie  du  vaisseau  branchial, 
le  bulbe  se  déforme  et  disparaît.  Le  cœur  passe,  à  cette  époque,  de  la  ré- 
gion trachéale  à  la  pectorale,  où  il  doit  être  définitivement  placé. 

De  la  centième  à  la  cent  trentième  heure,  le  cœur  achève  de  s'organiser 
et  présente  les  formes  qui  appartiennent  spécialement  aux  vertébrés  à  sang 
chaud,  son  diamètre  de  l'auricule  au  bulbe  se  raccourcit,  et  ce  mouvement 
amène  l'évolution  de  la  pointe  qui  se  dirige  en  bas  et  un  peu  en  arrière,  le 
bulbe  se  contourne  de  droite  à  gauche  et  présente  sa  face  en  avant. 

La  face  droite  de  l'auricule,  laquelle  est  demeurée  entièrement  dépouillée 
de  fibres  musculaires,  se  gonfle  et  forme  comme  une  protubérance  qui  devient 
l'auricule  droite;  elle  communique  laigement  avec  la  cavité  gauche;  tou- 
tefois une  bride  circulaire  à  forme  d'anneau  indique  déjà  une  division  ;  si 
l'on  ouvre  k  cavité  auriculaire,  l'on  voit  sur  la  limite  des  deux  auricuies 
les  rudiments  des  membranes  semilunaires  qui  fermeront  le  trou  de  Botal 
et  la  rainure  entre  ces  deux  feuillets  d'où  le  sang  veineux  passe  dans  l'au- 
ricule droite. 

Nous  remarquons  ici  que  cette  face  de  l'auricule  gauche  qui  se  distend 
maintenant  pour  former  la  cavité  auriculaire  droite  reste  dépouillée  de 
fibres  musculaires  ;  la  même  chose  est  arrivée  à  la  partie  inférieure  du  cœun, 
dans  readroit  où  sa  pointe  se  prolonge. 

Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit  plus  haut,  le  ventricule  gauche  perd  de  sa 
longueur  lorsque  la  pointe  du  cœur  se  forme,  par  contre,  il  gagne  en  pro- 
fondeur ce  qu'il  perd  ainsi.  Sur  sa  face  supérieure,  qui  ne  semble  plus 
qu'une  arête,  on  trouve  vers  cette  époque  un  vaisseau  considérable,  dont 
se  voit,  dès  la  cent  huitième  heure,  l'orifice  dans  le  ventricule  gauche;  à 
droite  de  l'orifice  auriculo-ventriculaire,  il  rampe  sur  la  face  supérieure  du 


95 
cœur,  et  passant  dau^  la  languette  droite  du  bulbe,  il  s'ouvre  à  rorigine  de 
l'artère  branchiale  ;  à  celle  époque,  le  bulbe  cesse  ses  fonctions.  Nous  re- 
connaissons aisément  dans  l'artère  qui  sort  du  ventricule  gauche  l'aorte  à 
son  origine;  on  lui  a  donné  le  nom  de  bulbe  de  l'aorte,  parce  qu'on  a  cru 
que  cette  partie  était  une  transiorraation  du  bulbe  adventif,  et  c'était  encore 
là  une  erreur  que  nous  tenons  à  relever,  parce  qu'on  la  trouve  dans  tous  les 
traités  d'anatomie.  Nous  avons  laissé  l'auricule  droite  se  développant;  de 
celte  cavité  part  en  arrière  et  à  droite  un  vaisseau  mince  qui  va  porter  du 
sang  ù,  un  gros  point  rouge  qui  est  le  ventricule  droit.  En  dehors  du  bulbe 
de  ce  point,  le  sang  passe  dans  un  autre  conduit  qui  croise  l'origine  de 
l'aorte,  passe  au-devant  d'elle  et  se  jette  dans  la  languette  gauche  du  bulbe 
advenlif  :  c'est  Tarière  pulmonaire,  dont  noub  montrerons  le  parcours  un 
peu  plus  loin.  Quelques  heures  plus  tard,  le  ventricule  droit  s'étend,  devient 
une  véritable  cavité,  et  le  canal  auriculo-venlriculaire  se  réduit  à  un  orifice. 
L'on  a  cru  que  les  ventricules,  primitivement,  se  divisaient  en  deux  com- 
partiments, par  une  membrane  semblable  à  celle  qui  sépare  les  deux  auri- 
cules;  il  n'en  est  rien  et  les  ventricules  sont  toujours  séparés;  le  gauche 
est  formé  par  l'extension  du  ventricule  originairement  moyen  ;  le  droit  par 
un  vaisseau  sanguin  qui  pénètre  dans  l'espace  contenu  entre  la  paroi  droite 
du  ventricule  gauche  et  les  téguments  musculaires  de  la  droite  du  cœur. 

De  la  cent  vingtième  à  la  cent  quarante-quatrième  heure  de  l'incubation, 
l'appareil  circulatoire  grossit  et  se  perfectionne  ;  ainsi  les  orifices  de  l'aorte 
et  de  l'artère  pulmonaire  sont  pourvus  de  valvules  qui  fonctionnent  toute- 
fois à  peine.  Le  cœur,  rentré  dans  la  cavité  pectorale,  est  environné  d'un 
péricarde  encore  fort  transparent 

Quant  aux  vaisseaux,  le  rameau  supérieur  de  la  troisième  artère  bran- 
chiale gauche  donne  le  tronc  innorainé  de  même  part,  et  il  en  est  de  môme 
à  droite  ;  mais  ici  nous  devons  faire  remarquer  une  autre  différence  entre 
les  animaux  à  sang  chaud  et  les  poissons.  A  gauche,  le  rameau  supérieur 
de  la  troisième  artère  donne  le  t-onc  innomiaé  de  même  part,  puis  toute  la 
portion  du  sinus  brancliial  qui  de  ce  point  va  à  l'aorte  descendante,  s'obli- 
tère et  disparait.  A  droite,  le  rameau  supérieur  de  la  troisième  artère  bran- 
chiale donne  le  tronc  innominé  de  même  part,  l'inférieur  donne  une  por- 
tion de  l'aorte  qui  est  formée  par  l'artère  branchiale  du  quatrième  arc,  et 
la  portion  du  sinus  branchial  qui  va  du  point  où  cette  artère  entre  dans  le 
sinus,  jusqu'à  celui  où  le  sinus  va  former  l'aorte  descendante. 


DUPLICITÉ  DE  LA  FACE  CHEZ  LES  OISEAUX, 


Par  m.  DAVAINE. 


M,  le  docteur  Davaîne  communique  à  la  Société  de  biologie  les  remar- 
ques qu'il  a  faites  sur  certains  cas  de  duplicité  de  la  face  chez  quelques 
oiseaux. 

J'ai  montré  à  la  Société,  dit  M.  Davaine,  un  poulet  monstrueux  dont 
M.  Rayer  m'avait  confié  la  dissection. 

L'anomalie  offerte  par  cet  animal  consiste  dans  la  duplicité  des  pai'ties 
antérieures  de  la  tête,  ia  région  postérieure  et  le  corps  étant  simples.  Cette 
monstruosité  a  été  assez  fréquemment  observée,  et  même  dans  les  quatre 
classes  d'animaux  vertébrés;  mais  le  plus  grand  nombre  des  observateurs 
s'étanl  bornés  à  l'examen  des  caractères  extérieurs,  d'après  lesquels  ont  été 
établies  la  plupart  des  classitications  tératologiques,  Thisloire  de  l'organi- 
sation de  ces  monstres  laisse  encore  à  désirer.  J'ai  donc  pensé  qu'il  ne  se- 
rait pas  sans  intérêt  de  donner  une  description  détaillée  du  sujet  dont  je 
présente  aujourd'hui  les  pièces  analomiqucs.  Je  mets  en  môme  temps  sous 
les  yeux  de  la  Société  trois  autres  cas  provenant  également  de  la  collection 
de  M,  Rayer,  et  qui  présentent  à  des  degrés  divers  le  même  genre  d'ano- 

naaUe. 

7 


1"  SUJET.  — Le  poulet, déjà  présente  dans  une  séance  précédente,  avait  le  corps 
en  tout  semblable  à  celui  d'un  poulet  au  terme  de  l'incubation.  La  tête  offre  lea 
parlicularités  suivantes  :  simple  et  normale  dans  la  région  occipitale,  elle  pré-» 
sente  en  avant  deux  faces  distinctes,  dont  les  axes  divergent  à  angle  droit  ;  dans 
leur  écartement,  les  deux  orbites  internes,  confondues,  forment  une  seule  ca- 
vité. Cette  orbite,  commune  aux  deux  tètes,  était  occupée  par  un  œil  volumineux} 
entouré  par  quatre  paupières  et  deux  membranes  nictitantes  rudimentaires.  L'œil 
externe  de  chaque  tète  étant  normal,  l'ensemble  présentait  donc  trois  yeux.  Les 
deux  becs  supérieurs  sont  normaux  et  divergent  suivant  l'axe  de  chaque  tête.  Le» 
becs  inférieurs  participent  davantage  de  la  fusion  générale;  plus  rapprochés  l'un 
de  l'autre,  ils  se  voient  dans  l'angle  rentrant,  intercepté  par  les  becs  supérieurs, 
auxquels  ils  ne  peuvent  s'adapter.  Deux  cavités  buccales,  séparées  en  avant  par 
une  cloison  membraneuse  très-courte,  sont  confondues  en  arrière  et  se  conti- 
nuent avec  un  pharyux  commun.  De  la  cloison  partent  deux  langues  courtes, 
nne  pour  chaque  bouche;  elles  forment  entre  elles  un  angle  obtus  et  se  con-' 
fondent  par  leur  base. 

L'examen  anatomique  a  permis  de  constater  que  tous  les  organes  abdominaux 
et  thoraciques  étaient  semblables  à  ceux  d'un  poulet  normal.  11  y  avait  un  seul 
œsophage,  un  pharynx,  une  trachée  et  un  larynx  simples. 

L'os  hyoïde,  unique,  est  normal;  mais  il  supporte  un  os  lingual  (encore  carti- 
lagineux chez  ce  sujet)  modifié  dans  sa  forme  et  dans  sa  direction.  Il  est  évidem- 
ment formé  par  la  réunion  de  deux  os,  un  pour  chaque  langue,  et  présente  quatre 
cornes,  dont  les  deux  antérieures,  plus  grandes,  forment  un  croissant  placé  trans- 
Tcrsalement  au  devant  du  corps  de  l'os  hyoïde. 

L'encéphale,  enlevé  avec  soin  de  la  cavité  crânienne,  avait  une  forme  assez 
exactement  cubique ,  on  y  reconnaissait  une  moelle  allongée  simple,  un  seul  cer- 
Telet  et  deux  corps  quadrijumeaux  plus  volumineux  que  chez  un  poulet  normal, 
mais  qui  étaient  trop  altérés  pour  qu'on  pût  en  constater  les  autres  particulari' 
tés;  enfin  deux  cerveaux  séparés  l'un  de  l'autre  par  une  mince  cloison  cellu" 
laire.  L'ensemble  de  ces  deux  cerveaux  formait  un  quadrilatère  dont  le»  lobes 
olfactifs  de  chacun  occupaient  un  angle  ;  leur  grande  scissure  se  portait  diagona^ 
lernent  en  arrière  l'une  vers  l'autre.  —  Vu  par  la  base,  l'encéphale  offrait  une 
double  scissure  disposée  en  croix  :  l'une,  longitudinale,  était  la  ligne  de  sépara* 
tion  des  deux  cerveaux  ;  l'autre,  transversale,  correspondait  aux  scissures  de 
Sylvius.  Eu  arrière  de  cette  scissure,  l'on  trouvait  sur  chaque  cerveau  l'origine 
des  nerfs  optiques,  dont  les  deux  internes  se  portaient,  en  convergeant,  à  l'œil 
situé  dans  l'orbite  commune.  Cet  œil  était  plus  volumineux  que  chacun- des  deux 
autres  ;  on  pouvait  y  constater  une  sclérotique  unique,  présentant  sur  la  ligne 
médiane  supérieurement  et  inférieurement  un  sillon  profond,  trace  de  la  fusion 
de  deux  globes  oculaires,  une  seule  choroïde,  mais  divisée  longitudinalement  par' 
une  cloison  médiane  verticale,  qui  n'était  pas  recouverte  de  pigment.  Cette  cloi- 
son formait  ainsi  aver  ];\  choroïde  deux  cavitcs,dont  chacune  contenait  le  peigne 


99 

et  une  rétine.  On  pouvait  y  constater  en  outre  l'eiistence  de  deux  cristallins  sé- 
parés, de  deux  iris  réunis,  présentant  deux  pupilles  distinctes;  enfin  deux  cor- 
nées rnies  par  leur  bord  en  8  tlo  chiffre.  —  Cet  œil  recevait  un  nerf  optique  de 
chaque  cerveau.  Ces  nerfs  aboutissaient  à  la  sclérotique  en  deux  points  dis- 
tincU. 

La  cavité  du  crâne  est  formée  en  arrière  par  les  quatre  pièces  occipitales,  de 
chaque  côté  par  un  pariétal,  par  la  portion  écaiUeuse  et  pétrée  du  temporal,  la 
grande  aile  du  sphénoïde  et  un  frontal,  comme  chez  un  poulet  normal.  A  la  base, 
par  un  sphénoïde  basilaire  qui  offre  les  premières  traces  de  la  duplicité  antérieure 
de  la  tête.  Cet  os  s'élargit  d'arrière  en  avant,  où  il  présente  deux  selles  turci- 
ques  séparées  par  une  cloison  osseuse.  Enfin  la  cavité  crânienne  est  complétée 
«n  avant  et  en  haut  par  un  frontal  unique,  formant  une  voûte  au-dessus  de  l'or- 
bite commune.  Il  est  facile  de  reconnaître  que  cet  os  résulte  de  la  fusion  de  deux 
frontaux  peu  modifiés  dans  leur  forme  et  appartenant  chacun  à  une  tèift  diffé- 
rente. On  observe  â  la  voûte  du  crâne,  entre  les  trois  frontaux  et  les  pariétaux, 
une  large  fontanelle  membraneuse.  De  même  la  cavité  du  crâne  est  séparée  de 
«elle  de  l'orbite  commune  par  une  u  '^mbrane  qui  occupe  tout  l'espace  compris 
entre  le  sphénoïde  et  le  frontal-  Cette  membrane  offre  à  sa  partie  inférieure  et 
postérieure  deux  trous  optiques. 

A  la  face,  toutes  les  parties  situées  au  devant  et  de  chaque  côté  des  orbites, 
parties  constituant  le  bec  supérieur,  la  voûte  palatine  et  les  fosses  nasales,  sont 
«onformées  pour  chaque  tête  comme  chex  un  poulet  normal,  à  l'exception  de 
quelques  parties  voisines  de  l'axe  d'union  des  deux  têtes.  Ainsi  les  arcades  zygo- 
matiques  internes  (internes  par  rapport  à  cet  axe),  à  partir  de  l'origine  du  bec, 
se  portent  transversaleraeni  l'une  vers  l'autre,  et  s'unissent  en  formant  le  bord 
antérieur  de  l'orbite  commune.  Les  deux  palatins  internes,  au  lieu  de  suivre  la 
direction  du  bec  auquel  ils  appartiennent,  se  portent  parallèlement  d'arrière  en 
avant  et  s'unissent,  à  la  naissance  de  chaque  bec,  avec  les  zygomatiques  dont  il 
vient  d'être  question,  formant  ensemble  un  quadrilatère  sous  l'orbite  commune. 
Une  petite  pièce  osseuse  quadrilatère  correspond  aux  deux  ptérygoïdiens  in- 
ternes. 

Les  deux  mâchoires  inférieures  se  réunissent  au  niveau  de  la  partie  cornée 
du  bec  ;  leurs  branches  internes  se  confondent  et  se  terminent  en  arrière  par  une 
pointe  aiguë.  Les  denx  branches  externes  forment  avec  les  deux  précédentes  un 
M  majuscule  dont  la  base  regarde  le  crâne. 

Ce  poulet,  «,u  t:irme  de  l'incubation,  avait  rompu  sa  coquille  en  deux  points 
■correspondants  aux  deux  becs  ;  mais  la  portion  intermédiaire  opposait  une  ré- 
sistance qu'il  n'avait  pu  vaincre.  11  fut  trouvé,  le  lendemain,  ayant  les  bec?  en- 
gagés dans  les  deux  trous  de  la  coquille.  Il  est  donc  probable  que  ce  poulet  était 
Viable. 

2*  swET.— Le  deuxième  cas  nous  a  été  offert  également  par  un  poulet  dont  j« 
Iprésente  le  «quelette.  Ici  la  fusion  des  deux  faces  est  beaucoup  plus  complète.  Les 


100 
becs  inférieurs  sont  réunis  jusqu'auprès  de  leur  extrémité  antérieure.  Les  bec* 
supérieurs  sont  aussi  très-rapproctiés,  de  sorte  que  l'on  aurait  pu  croire  à  une 
simple  fissure  médiane  de  ces  organes  sans  la  présence  d'une  troisième  orbite 
Celle-ci,  située  sur  la  ligne  médiane,  plus  reculée  en  arrière  que  celle  du  poulet 
précédent,  est  à  peu  près  de  la  grandeur  d'une  orbite  normale.  Elle  contenait  niï 
œil  unique,  petit,  et  qui,  autant  qu'on  en  pouvait  juger  après  son  long  séjour 
dans  l'alcool,  n'offrait  qu'une  seule  cornée.  L'ossification  de  la  tête  était  plus 
eoniplete  que  dans  ie  poulet  précédent. 

Z'  SUJET.  —  Le  troisième  cas  appartient  à  un  pigeon.  Dans  ce  cas,  la  fusion  est 
moins  complète  que  dans  les  deux  autres  ;  il  y  avait,  comme  dans  le  premier  su- 
jet, un  seul  cervelet  et  deux  cerveaux.  L'orbite  commune  est  très-large,  et  l'œil 
qui  l'occupe  représente  assez  exactement  deux  yeux  contigus,  chacun  d'une  gran- 
deur égale  à  celle  de  l'un  des  yeux  latéraux.  Les  becs  sont  complètement  séparés. 
L'œsophage  et  la  trachée  sont  simples,  ainsi  que  l'os  hyoïde,  dont  l'extrémité 
antérieure  supporte  deux  Os  linguaux. 

4">  SUJET.  —  Le  quatrième  cas  appartient^  un  canard;  mais  celui-ci  offre  un 
intérêt  particulier  par  la  coexistence  d'une  monstruosité  d'une  autre  nature, 
c'est-à-dire  par  l'existence  de  la  cyclocéphalie  à  l'une  des  têtes.  Ce  sujet,  forte- 
ment durci  par  un  long  séjour  dans  un  liquide  conservateur  et  ayant  déjà  été 
examiné,  ne  peut  plus  donner  lieu  qu'à  une  description  incomplète;  mais  la 
face  et  les  yeux  sont  entier?.  La  tête  droite  est  bien  conformée,  abstraction  faite 
de  la  partie  qui  s'unit  à  la  tête  gauche.  Celle-ci,  moins  volumineuse,  présente 
un  bec  inférieur  bien  développé,  épais  et  recourbé  en  haut,  comme  en  général 
la  mâchoire  inférieure  des  monstres  rhinocéphales,  une  langue  bien  conformée, 
un  bec  supérieur  très-rudimcntaire,  qui  laisse  à  découvert  presque  toute  la  ca- 
vité buccale  et  qui  naît  immédiatement  sous  l'orbite,  sans  aucune  trace  d'ouver- 
ture des  narines  ou  de  fosses  nasales.  Ces  organes  sont  indiqués  au-dessus  de 
l'œil  par  un  petit  mamelon  qui  représente  très-exactement,  au  volume  près,  la 
forme  de  la  trompe  des  mammifères  rhinocéphales. 

Les  deux  orbites  de  celte  tête  sont  confondues  en  une  seule,  qui,  étant  confon- 
due elle-même  avec  l'orbite  interne  de  la  tête  voisine,  constitue  une  cavité  uni- 
que et  très-large  ;  en  sorte  que  l'ensemble  de  ces  deux  têtes  présente  seulement 
deux  orbites  t  l'une,  normale,  est  l'orbite  externe  de  la  tête  droite,  l'autre,  anor- 
male, résulte  de  la  fusion  des  deux  orbites  internes  entre  elles  et  avec  l'orbite 
«xterne  de  la  tête  gauche  affectée  de  cyclocéphalie. 

L'œil  contenu  dans  cette  orbite  commune  représente  un  seul  globe  oculaire 
très-allongé  transversalement,  dans  lequel  on  peut  distinguer  :  I""  deux  cornées 
bien  conformées  et  séparées,  appartenant,  l'une  au  côté  interne  de  la  tête  droite^ 
l'autre  au  côté  interne  de  la  tête  gauche;  et  2°  en  dehors  et  au-dessus  de  cette 
dernière  cornée,  une  sorte  de  renflement  correspondant  à  l'œil  externe  de  cette 
tétc  gauche  affectée  de  cyclopie. 


ioi 

La  cyciocéphalie  a  été  quelquefois  observée  chez  les  oiseaux,  mais  elle 
est  beaucoup  plus  rare  chez  eux  que  chez  les  mammifères  ;  d'un  autre  côté, 
il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  la  pseudencéphalie  ou  l'anencéphalie  chez 
les  monstres  doubles,  principalement  chez  ceux  dont  la  lête  oITre  une  fu- 
sion plus  ou  moins  complète.  Chez  ce  canard  opodyme,  Texisfence  de  la 
cyciocéphalie,  dont  les  rapports  avec  les  anomalies  anencéjihaliques  ou 
pseudencéphaliques  sont  très-intimes,  ne  présente  donc  ri'^.n  d'extraordi- 
naire ;  néanmoins  je  ne  connais  pas  d'autre  exemple  de  k  réunion  sur  un 
même  sujet  des  anomalies  (opodymie,  cyciocéphalie)  r^ae  nous  offre  ce 
monstre. 

La  monstruosité  dont  je  viens  de  placer  plusieurs  exemples  sous  les  yeu 
de  la  Société  a  été  désignée  par  quelques  auteurs  (Gurlt ,  Barkow)  sous  le 
nom  de  diproropie;  elle  appartient  au  genre  opodyme  de  M.  Isidore  Geof- 
froy Saint-Hilaire,  genre  caractérisé  par  une  tête  unique  en  arrière  et  se 
séparant  en  deux  faces  distinctes  à  partir  de  la  région  oculaire.  Mais,  comme 
nous  venons  de  le  voir,  dans  ce  genre  de  monstruosité,  les  faces  elles- 
mêmes  peuvent  ne  pas  être  complètement  distinctes.  Les  régions  anté- 
î-ieures  de  la  tête  participent  quelquefois  de  la  fusion  des  régions  posté- 
rieures à  ce  point  que  l'orbite  commune,  très-étroite,  ne  contient  plus 
qu'un  seul  œil  petit  et  incomplet,  tandis  que  d'autres  fois  cette  orbite  con- 
tient deux  yeux  normaux  complètement  distincts,  et  dans  quelques  cas,  les 
traces  de  la  duplicité  s'observent  même  au  cervelet.  Ces  cas  forment  ainsi 
la  transition  de  ces  monstres,  dont  la  duplicité  est  à  peine  indiquée,  à  ceux 
qui  offrent  deux  cerveaux  et  deux  cervelets  distincts.  Que  si  l'on  recher- 
chait le  dernier  terme  de  celte  duplicité,  l'on  trouverait,  à  partir  de  ces 
monstres  simples  au-dessous  de  l'ombilic  et  doubles  au-dessus  jusqu'aux 
opodyraes  les  plus  simples,  l'on  trouverait,  dis-je,  une  série  dans  laquelle 
on  observe  des  degrés,  mais  non  des  catégories,  dont  les  caractères  distinc- 
tlfs  et  constants  puissent  permettre  l'établissement  de  genres  ou  d'espèces, 
comme  on  l'entend  en  zoologie. 


KECHERCHES 


SDK 


LES  GLOBULES  BLANCS  DU  SANG. 


Néstoire  lu  à  la  Société 


Par  m.  le  Docteur  DAVAINE. 


Les  anatomistes  et  les  physiologistes  qui  se  sont  occupés  de  l'élude  riet» 
globules  sanguins  chez  l'homme ,  en  ont  dislingiié  trois  espèces  : 

Les  globules  rouges ,  les  globulins  et  les  globules  blancs. 

Je  me  propose  aujourd'hui  d'appeler  l'attention  des  membres  de  la  So- 
ciété sur  un  phénomène  très-curieux  et  non  indiqué,  que  présentent  les 
globules  blancs,  lorsqu'on  soumet  à  l'inspection  microscopique  unegoul- 
lelelle  de  sang  prise  sur  l'uomme  vivant. 

On  a  déjà  remarqué  que  lorsqu'on  place  une  gouttelette  de  sang  frais 
entre  deux  lames  de  verre,  le  globule  blanc  ne  tarde  pas  à  se  fixer;  il  ré^ 
Bisle  au  courant  qui  se  manifeste  en  ce  moment  dans  le  liquide ,  et  se 
reconnaît  en  général  très-facilement  aux  Ilots  de  globules  rouges  qui  se 
forment  autour  de  lui.  On  peut  le  reconnaître,  en  outre, «aux  caractères 
suivants  :  il  est  incolore ,  sphéroïde ,  irrégulier,  granuleux,  sans  noyau 
central ,  mais  offrant  un  ou  plusieurs  points  distincts  ppr  leur  plus  grande 
transparence;  enfin,  il  est  plus  volumineux  que  le  globule  rouge.  Après 
un  certain  temps,  lorsque  le  sang  contenu  entre  les  lamelles  de  verres'est 


répandu  uniformément  et  que  ie  mouvement  du  liquide  s'est  apaisé ,  com- 
mence le  phénomène  que  je  me  suis  proposé  de  décrire. 

Le  globule  blanc  perd  sa  forme  arrondie  ;  d'un  point  de  sa  circonférence 
s'avance  Irès-lenlemenl  une  expansion  plus  transparente  que  la  masse  du 
globule,  qui  devient  ainsi  ovalaire,  ou  quadrilatère,  ou  irrégulier,  suivant 
la  forme  de  l'expansion  produite  ;  bientôt  après ,  il  se  montre  sur  un  autre 
point  une  nouvelle  expansion  qui  amène  une  nouvelle  forme  du  globule , 
soit  que  l'expansion  première  rentre  dans  la  masse  primitive,  soit  qu'elle 
reste  étalée  au  dehors.  De  nouvelles  expansions  continuant  à  se  produire, 
en  même  temps  que  des  retraits  s'opèrent  sur  d'autres  points  de  la  cir- 
conférence du  globule,  donnent  incessamment  à  ce  corpuscule  un  aspect 
nouveau  et  différent  des  précédents.  Ces  expansions  et  ces  retraits  se  pro- 
duisent avec  une  grande  lenteur;  il  faut  beaucoup  d'attention  pour  en 
suivre  le  développement,  mais  les  variations  qu'elles  déterminent  dans  la 
forme  du  globule  blanc  sont  très-faciles  à  constater,  si  on  l'examine  à  de 
courts  intervalles. 

Pendant  que  l'on  remarque  ces  changements  dans  la  conformation  exté- 
rieure du  globule,  on  peut  en  constater  aussi  dans  son  intérieur;  ainsi, 
certains  points  deviennent  plus  ou  moins  transparents  ou  cessent  de  l'être; 
sur  plusieurs  corpuscules  j'ai  pu  constater  un ,  quelquefois  deux  points 
plus  clairs,  semblables,  en  apparence,  à  des  vacuoles,  qui  ne  disparais- 
saient jamais  complètement  et  qui ,  par  les  transformations  successives  de 
la  masse,  en  occupaient  tantôt  un  point  central,  tantôt  un  point  quelconque 
de  la  circonférence. 

J'ai  pu  suivre  sur  un  globule ,  dans  l'espace  d'une  demi-heure ,  une 
vingtaine  de  changements  de  forme.  Toutes  les  fois  qu'une  forme  a  per- 
sisté pendant  plus  de  cinq  minutes ,  c'était  la  dernière. 

De  tous  les  micrographes ,  M.  Donné  me  parait  être  celni  qui  a  étudié 
avec  le  plus  de  soin  les  globules  blancs,  et  il  en  a  donné  dans  son  allas 
plusieurs  figures  très-exactes.  Plusieurs  de  ces  globules  sont  représentés 
avec  des  formes  différentes,  mais  M.  Donné  ne  dit  nulle  part  que  ces  glo- 
bules peuvent  prendre  un  grand  nombre  de  formes  différentes  et  succes- 
sives dans  un  court  espace  de  temps,  ainsi  que  je  crois  l'avoir  constaté  le 
premier. 

Ces  variations  des  globules  blancs  frappent  d'autant  plus  l'observateur 
que  les  globules  rouges  dont  ils  sont  entourés  conservent  leur  apparence 
primitive  pendant  longtemps ,  lorsqu'on  ne  les  déforme  point  par  la  com- 
pression ou  par  l'addition  de  l'eau  ou  de  quelque  autre  substance  qui  les 


i05 
allère;  les  changements  de  forme  des  globules  blancs  sont,  dis-je ,  si  re- 
marquables et  se  succèdent  en  nombre  si  considérable  que  l'idée  de  mou- 
vements spontanés  dans  ces  corpuscules  se  présente  à  l'esprit.  D'abord,  il 
est  impossible  de  les  attribuer  à  une  dessiccation  progressive  de  ces  petits 
corps,  puisque  ces  changements  de  forme  ont  lieu  lorsque  les  globules 
blancs  sont  baignés  par  une  légère  couche  de  sérum,  et  pendant  que  les 
globules  rouges  nagent  et  circulent  dans  la  gouttelette  de  sang  en  obser- 
vation ;  on  ne  peut  pas  davantage  regarder  ces  variations  de  forme  comme 
des  déchirures  ou  des  éraillements,  puisqu'on  voit  les  petites  expansions 
revenir  sur  elles-mêmes.  A  ces  raisons,  j'ajouterai  qu'on  a  plusieurs  fois 
constaté ,  et  je  l'ai  constaté  moi-même  en  étudiant  sur  la  grenouille  le 
mouvement  des  globules  sanguins  dans  les  vaisseaux,  que  les  globules 
blancs  restent  souvent  immobiles  et  comme  adhérents  au.x  parois  de  ces 
vaisseaux  pendant  que  les  globules  rouges,  beaucoup  plus  nombreux,  sui- 
vent le  torrent  de  la  circulation  ;  or  je  me  suis  assuré  que  ces  globules 
blancs,  ainsi  fixés  sur  les  parois  des  vaisseaux,  présentent  des  changements 
de  forme  analogues  à  ceux  qu'ils  offrent  dans  une  gouttelette  de  sang 
placée  sur  une  lame  de  verre. 

En  définitive,  il  paraît  donc  prouvé  que  ces  variations  dans  la  forme  des 
corpuscules  blancs  du  sang  ne  peuvent  être  attribuées  à  un  phénomène 
d'altération,  et  si  l'on  voulait  leur  donner  une  interprétation,  on  ne  pour- 
rait guère  les  comparer  qu'à  celles  de  certains  animaux  infusoires,  protées 
ou  amibes,  par  exemple.  —  C'est,  du  reste,  une  question  que  je  n'aborderai 
pas  aujourd'hui  ;  pour  le  moment,  je  me  bornerai  seulement  à  signaler  un 
fait  digne  de  l'attention  des  physiologistes ,  à  savoir  :  la  propriété  remar- 
quable qu'ont  les  globules  blancs  du  sang  de  prendre  des  formes  très- 
variées  et  successives. 

Je  dois  ajouter  que  ce  n'est  pas  seulement  chez  l'homme  que  les  glo- 
bules blancs  présentent  ces  changements  de  forme;  je  les  ai  observés  en- 
core dans  plusieurs  individus  appartenant  à  chacune  des  autres  classes  des 
vertébrés  ;  je  ferai  remarquer,  en  outre,  qu'ayant  étudié  le  sang  d'un  assez 
grand  nombre  d'animaux  invertébrés  et  qu'ayant  constaté  dans  les  corpus- 
cules qu'on  y  rencontre  des  caractères  et  des  variations  de  forme  analo- 
gues à  ceux  que  j'ai  signalés  précédemment,  je  suis  porté  à  conclure  que  les 
globules  blancs  de  Thoianje  et  des  animaux  vertébrés  doivent  être  rappro- 
chés des  corpuscules  du  sang  des  animaux  inférieurs. 


l' 


DU  GENRE  AGÉNOSOME 

(GEOFFROY-SAINT'HILAIRE)  ; 

Méffiolre  la  à  la  Sociité 

Par  m.  le  Docteur  HOUEL, 

CocicrTaieor  adjoint  du  Moiée  Dopaytreo. 


Les  monstres  célosomiens,  par  la  gravité  de  leurs  anomalies,  occupent 
un  rang  élevé  dans  la  science  lératologique  ;  arrivés  à  un  certain  degré  de 
développement,  leur  rareté  est  assez  grande  pour  que  la  science  les  compte 
encore,  et  leur  nombre  n'est  pas  considérable.  Ils  ne  constituent  jamais 
une  monstruosité  simple  ;  ils  nous  présentent  toujours  à  considérer  la  com- 
binaison d'un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  vices  de  conformation  qui 
peuvent  exister  indépendamment  de  la  célosomie  ;  ainsi  on  rencontre  tou- 
jours dans  celte  famille  la  hernie  d'une  portion  considérable  du  tube  di- 
gestif hors  de  la  cavité  abdominale;  lorsque  cette  anomalie  existe  sans  perte 
de  substance  des  parois  abdominales,  une  portion  du  canal  intestinal  ou 


i08 

de  répiploon  fait  hernie  par  l'ouverture  ombilicale,  el  forme  une  lumeur 
conteDue  dans  la  base  du  cordon,  c'est  l'exomphale. 

Dans  réventralioD,  au  contraire,  non-seulement  il  y  a  beraie  des  viscères 
abdominaux,  mais  ii  y  a  encore  absence  plus  o  i  moins  complète  des  parois 
abdominales,  absence  qui  n'est  que  la  persistance  des  conditions  embryon- 
naires du  fœtus,  A  cette  première  époque  de  la  vie  inlra-ulériue,  les  in- 
testins comme  îlcltant  au-devant  de  la  colonne  vertébrale  sont  contenus 
dans  la  gaîne  fort  ample  du  cordon.  L'ombilic  à  celle  époque  se  trouve 
largement  ouvert  ;  c'est  cette  dernière  variété,  c'est-à-dire  Téventration 
abdominale,  que  l'on  rencontre  toujours  dans  la  célosomie  ;  elle  peut  même 
être  compliquée  de  vices  de  conformation  plus  ou  moins  étendus  du  côté  de 
la  poitrine. 

Geoffroy  Sainî-Hilaire,  dans  son  excellent  ouvrage  sur  les  mcnslres,  ca- 
ractérise celte  famille  de  la  manière  suivante  :  «  Ëœistence  d'une  éoentra- 
tion  plus  on  moins  étendue,  toujours  compliquée  de  diverses  anoma~ 
lies  des  membres  inférieurs,  des  organes  g énito-ur inaires  ou  même  du 
tronc  dans  son  ensemble. 

De  la  description  que  je  dois  faire  de  ce  fœtus,  nous  verrons  que  c'est 
bien  à  cette  famille  qu'il  doit  se  rattacher;  il  nous  présentera  seulement  un 
degré  plus  complexe  que  ne  Ta  observé  Geoffroy  Saint-Hilaire.  Petit,  dans 
un  travail  publié  en  1716  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences, 
sous  le  nom  de  Fœtus  difforme,  présente  la  description  d'un  monstre  qui 
a  la  plus  grande  analogie  avec  celui  que  j'ai  décrit.  M.  Gastelier,  dans  le 
Journal  de  médecine  et  de  chirurgie,  en  1773,  sous  le  nom  de  Fœtus 
monstrueux,  nous  fait  aussi  connaître  [un  fait  analogue  fort  intéressant. 
Méry,  dès  1700,  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  signale 
un  cas  semblable  aux  deux  précédents  ;  il  avait  observé  la  torsion  des 
membres  inférieurs.  Mais  les  détails  manquent  II  en  est  de  même  de  l'ob- 
servation publiée  dans  le  Bdlletis  philomatique.  Les  deux  observations 
les  plus  complètes  que  j'aie  consultées  sont  donc  celles  de  Petit  et  de 
M.  Gastelier.  J'aurai  soin,  dans  le  courant  de  ce  travail,  de  rapprocher  l'un 
de  l'autre  ces  trois  faits,  et  de  montrer  que,  même  dans  ce  cas  de  monstruo- 
sité, la  nature  ne  marche  pas  en  aveugle,  et  qu'elle  peut  se  reproduire  avec 
une  grande  exactitude. 

La  grande  famille  des  monstres  célosomiens  se  divise  en  plusieurs  genres  ; 
M.  GeoflroySaint-nilaire  en  établit  six,  suivant  que  l'éventration  siège  sur 
la  ligne  médiane  ou  sur  l'un  des  côtés  de  l'abdomen,  avec  conservation  ou 
absence  presque  complète  des  organes  génito-urinaires.  Il  peut  arriver  en- 


109 
coreque  la  lésion  s'étende  jusqu'au  thorax,  ou  bien  qu'il  y  ait  une  imper- 
fection notable  des  membres  pelviens.  Dans  chacun  de  ces  genres ,  les 
membres  inférieurs  subissent  toujours  un  changement  de  rapport  ou  un 
degré  d'altération  qui  est  variable  suivant  le  genre  qu'on  examine.  Il  peut 
même  arriver,  comme  dans  les  schistosomes,  qu'ils  viennent  à  manquer 
complètement. 

Pour  déterminer  maintenant  d'une  manière  exacte  la  place  que  doit  oc- 
cuper ce  monstre  dans  la  scjence  téralologique,  il  nous  reste  à  indiquer  le 
genre  dans  lequel  nous  devons  le  placer  :  il  m'a  paru  appartenir  d'une 
manière  plus  directe  au  second  genre,  aux  agénosomes,  quoiqu'il  ait  aussi 
la  plupart  des  caractères  assignés  aux  aspalasomes  ;  mais  ces  deux  variétés 
de  la  même  famille  sont  tellement  rapprochées  qu'elles  ne  diffèrent  que  par 
un  seul  caractère,  une  absence  plus  ou  moins  complète  des  organes  géni- 
taux. C'est  chez  les  agénosomes  (1),  comme  leur  nom  l'indique,  que  cette 
absence  est  plus  complète,  et  sous  ce  rapport,  nous  avons  cru  devoir  lui 
assigner  ce  rang. 

Obs.  —  Ce  fœtus,  d'environ  8  mois,  a  été  envoyé  de  Grenel'.eà  M.  le  docteur 
Gosselin,  chef  des  travaux  anatoraiques,  pour  être  déposé  dans  les  cabinets  du 
musée  ï)upuytren  ;  il  m'a  donc  été  impossible  de  me  procurer  les  renseigne- 
ments relatifs  à  la  mère  pendant  la  grossesse.  Mais  ie  fait  en  lui-même  est  fort 
intéressant.  Je  commencerai  par  décrire  la  configuration  extérieure  de  ce  mon- 
stre; ensuite  je  chercherai  à  donner  la  description  la  plus  exacte  et  la  plus  dé- 
taillée qu'il  me  sera  possible  des  organes  intérieurs. 

Considéré  à  l'extérieur,  ce  fœtus  olFre  une  conformation  difficile  à  analyser  ; 
il  semble  d'une  manière  générale  qu'à  partir  de  ia  région  lombaire,  la  partie 
inférieure  du  tronc,  ainsi  que  les  membres  pelviens,  aient  subi  un  mouvement 
de  torsion,  en  vertu  duquel  les  fesses  se  trouvent  tournées  en  avant  ainsi  que 
les  talons,  tandis  que  les  genoux  et  les  orteils  regardent  en  arrière.  Les  membres 
Inférieurs  sont  du  reste  bien  conformés,  en  apparence  du  moins,  et  ne  présen- 
tent aucune  autre  anomalie, 

A  l'endroit  où  cette  torsion  s'est  opérée,  dans  la  région  des  hanches,  le  bas- 
ventre  manque  de  peau  et  de  muscles;  il  est  largement  ouvert  et  donne  issue  à 
la  presque  totalité  des  viscères  abdominaux,  qui  proém.inént  à  l'extérieur,  enve- 
loppés d'une  membrane  mince  et  transparente  qui  se  continue  avec  le  cordon 
ombilical.  Ce  dernier  se  trouve  implanté  à  son  côté  gauche,  un  peu  au-dessous 
de  la  partie  moyenne  de  la  tumeur.  La  face  externe  de  la  membrane  qui  forme 


(i)  Geoffroy  Saint-Hilaire  fait  dériver  ce  nom  d'a^rène,  de  \'à  privatif  et  de 
YÊvvau),  j'engendre,  c'est-à-dire  sans  génération,  sans  organes  générateurs. 


110 
la  paroi  de  l'éventration  est  lisse,  libre  de  toute  adhérence  avec  le  placenta.  Â  la 
partie  inférieure  de  cette  éventration  et  sur  le  côté  gauche,  immédiatement  au- 
dessous  de  l'implantation  du  cordon  ombilical ,  il  existe  à  la  poche  une  ouver- 
ture ovalaire,  oblique  de  haut  en  bas  et  de  droite  à  gauche,  ayant  4  centimè- 
tres dans  le  sens  de  son  obliquité  et  3  dans  son  diamètre  transverse.  Les  bords 
de  celte  ouverture  sont  mousses,  forment  un  liséré  arrondi  et  complètement  ci- 
catrisé ;  le  fond  en  est  rougeàtre  et  limité  par  une  membrane  lisse,  ayant  la  plus 
grande  ressemblance  avec  une  muqueuse.  On  ne  peut  pénétrer  dans  la  cavité 
abdominale  que  par  l'angle  supérieur  et  droit  de  celte  ellipse.  Dans  ce  point,  en 
effet,  se  trouve  une  dépression  plus  profonde  par  laquelle  s'écoule  une  matière 
verdàtre,  de  consistance  analogue  à  de  la  bouillie,  et  qui  est  évidemment  du 
méconium  coloré.  La  sonde  cannelée,  introduite  par  cet  orifice,  pénètre  assez  pro« 
fondement  dans  la  cavité  abdominale. 

Au  bord  inférieur  et  gauche  de  celle  ouverture  ovalaire  se  trouve  un  corps 
arrondi,  ressemblant  assez  bien  à  une  petite  verge  à  l'état  d'érection;  il  offre 
2  centimètres  environ  de  longueur.  Son  extrémité  libre  est  mousse;  je  n'ai  pu 
y  constater  d'orifice  urétral.  Cette  espèce  de  petite  verge,  redressée  sur  l'abdo- 
men, adhère  par  une  de  ses  faces  à  l'enfoncement  elliptique;  sa  base  est  im- 
plantée sur  la  membrane  lisse  qui  tapisse  le  fond  de  l'ouverture  au  niveau  de  son 
bord  inférieur,  et  à  cause  de  la  disposition  des  membres  pelviens,  elle  se  trouve 
alors  située  au-dessus  des  fesses. 

Les  fesses,  assez  bien  conformées  du  reste,  quoique  peu  développées,  sont  donc 
situées  au-dessous  de  cette  éventration  et  regardent  en  avant  ;  elles  sont  sépa- 
rée» l'une  de  l'autre  par  une  rainure  peu  profonde,  dans  laquelle  on  ne  trouve 
aucune  trace  d'orifice  anal  ni  d'organes  génito-urinaires.  Chacune  d'elles  est 
surmontée  d'une  petite  tumeur  mollasse  qui  paraît  en  grande  partie  constituée 
par  la  peau.  11  est  difficile,  par  un  examen  extérieur  et  superficiel,  de  détermi- 
ner la  signification  de  ces  prolongements  cutanés.  Sont-ils  la  trace  de  deux 
scrotums  qui  n'auraient  pu  se  réunir  sur  la  ligne  médiane  ?  Celte  opinion  me 
paraît  la  plus  vraisemblable,  quoique  cependant  je  doive  signaler  que  le  prolon- 
gement situé  sur  la  fesse  gauche,  comme  aspect  extérieur,  ait  la  plus  grande  ana- 
logie avec  le  mamelon  que  porte  le  fœtus.  Comme  ce  dernier,  il  présente  un 
petit  tubercule  circonscrit  par  un  liséré  brunâtre.  Comparé  à  la  mamelle  que 
porte  le  fœtus,  ce  tubercule  offre  avec  elle  ia  plus  grande  ressemblance  ;  mais  le 
sein  serait  alors  considérablement  développé.  C'est  donc  à  la  dissection  que  nous 
devons  nous  adresser  pour  avoir  la  solution  de  cette  question. 

Bans  le  point  correspondant  à  la  hernie  ombilicale,  à  la  partie  postérieure  du 
Û0&,  à  la  jonction  du  bassin  et  des  cuisses  avec  le  tronc,  ce  dernier  se  trouve 
assez  fortement  fléchi  en  arrière,  et  lorsqu'on  cherche  à  le  redresser  la  peau  se 
lend  comme  la  corde  d'un  arc;  dans  ce  point  se  trouve  une  tumeur  fluctuante 
remplie  de  liquide  ;  elle  offre  environ  le  volume  d'un  œuf  de  poule,  elle  a  toutes 
le?  apparences  d'un  spina-bifida. 


111 

La  tête,  le  thorax  et  les  membres  supérieurs  sont  bien  couformés  et  ne  dou9 
présentent  rien  de  particulier. 

Dissection.  —  La  poitrine,  que  nous  avons  vue  bien  conformée  extérieure-' 
ment,  est  normale  à  l'intérieur }  les  poumons  et  le  cœur  ont  une  bonne  con- 
formation; la  cloison  diaphragmatique  est  complète.  Le  cerveau  a  son  volume 
ordinaire;  il  est  bien  conformé  ;  c'est  donc  sur  la  cavité  abdominale,  le  bassin,  la 
partie  inférieure  du  canal  rachidien  et  les  membres  pelviens  que  portent,  en  ré- 
sumé, toutes  les  anomalies  que  nous  avons  étudiées. 

Sqcelettb.  —  Les  anomalies  que  présentent  les  os  de  ce  fœtus  n'existent  que, 
pour  la  colonne  vertébrale,  le  bassin  et  la  côte.  Examiné  par  sa  face  postérieure, 
la  colonne  vertébrale  jusqu'au  niveau  de  la  sixième  vertèbre  dorsale,  à  l'exagé- 
ration près  et  peu  sensible  de  certaines  courbures  naturelles,  est  normale  ;  mais 
6u  niveau  de  ce  point  elle  se  dévie  fortement  à  droite,  en  même  temps  qu'elle 
se  porte  d'arrière  en  avant,  de  manière  que  la  face  antérieure  du  sacrum  et  du 
coccyx  qui  doit  être  enfoncée  et  déjetée  en  arrière,  forme  au  contraire  une  saillie 
considérable  en  avant,  et  se  trouve  dans  une  disposition  inverse  de  ce  qu'elle 
présente  ordinairement.  Cette  disposition,  d'une  part,  raccourcit  l'axe  vertical 
de  l'abdomen,  en  même  temps  que,  par  la  convexité  que  la  colonne  vertébrale 
présente  par  sa  face  antérieure,  elle  rétrécit  considérablement  la  capacité  de  la 
cavité  abdominale  et  surtout  celle  du  bassin. 

A  partir  du  niveau  de  la  dixième  vertèbre  dorsale,  les  lames  vertébrales  gau- 
ches et  les  apophyses  transverses  des  deux  dernières  vertèbres  dorsales  et  des 
Vertèbres  lombaires  manquent  complètement,  de  sorte  qu'il  existe  sur  ce  côté 
de  la  colonne  une  interruption  de  l'axe  osseux,  par  laquelle  s'échappe  un  canal 
fibreux  constitué  par  la  dure-mèré"  et  qui  se  rend  dans  la  poche  du  spina-' 
biflda. 

Les  os  des  lies  sont  assez  bien  conformés  et  disposés  d«  telle  façon  qu'ils  se 
correspondent  par  leur  face  externe  qui  regarde  en  arrière  et  en  dedans,  elles 
ne  sont  séparées  l'une  de  l'autre  que  par  la  poche  du  spina-biflda.  Les  deux 
fosses  iliaques  internes  regardent  en  avant  et  sont  plus  déjetées  en  dehors  que 
dans  l'état  ordinaire  ;  les  deux  pubis  se  trouvent  écartés  l'un  de  l'autre  d'envi- 
ron 2  centim. 

Cavité  abdominale.  -^  Les  parois  de  l'éventration  abdominale  incisées,  noue 
trouvons  la  plus  grande  partie  des  organes  contenus  dans  cette  hernie.  Nous 
avons  déjà  vu  à  l'occasion  du  squelette  que  la  cavité  abdominale  se  trouve  ré- 
duite  à  des  proportions  telles  qu'il  lui  serait  impossible  de  contenir  les  viscères; 
elle  présente  4  centimètres  et  demi  dans  son  diamètre  vertical  et  7  environ  dans 
son  diamètre  transverse.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  parfaitement  indiqué  ce  dé- 
faut de  la  capacité  du  ventre  comme  un  des  caractères  de  la  célosomie.  La  parot 
de  cette  éventration  est  constituée  par  deux  membranes,  qu'il  est  possible  de 
séparer  dans  certaines  parties,  tandis  qu'elles  sont  intimement  unies  dans 
d'autres  de  ces  deux  membranes,  l'externe  se  continue  avec  la  peau  et  princi- 


112 

paiement  avec  sa  couche  la  plus  supeiflcielle  ;  l'interne  se  continue  avec  ie  pé- 
ritoine, dont  elle  est  une  dépendance. 

A  l'exception  des  deux  reins  et  de  leur  capsule  surrénale  qui  se  trouvent  situés 
comme  à  l'ordinaire  derrière  le  péritoine  sur  les  côtés  de  la  colonne  vertébrale, 
tous  les  autres  viscères  sont  dans  l'cventration  ;  nous  y  trouvons,  dans  ie  foie, 
l'estomac,  la  rate,  tout  l'intestin  grêle,  la  première  partie  du  gros  intestin,  le  reste 
manquant. 

Le  foie  est  très-developpé,  et  outre  sa  scissure  ordinaire,  il  existe  un  sillon 
profond  creusé  dans  sa  partie  convexe  du  côté  de  son  lobe  gauche.  Cette  se- 
conde scissure  sert  au  passage  de  la  veine  ombilicale  qui,  rampant  quelque 
temps  entre  les  deux  membranes  d'enveloppe  du  cordon,  s'est  détachée  au  ni- 
veau du  bord  postérieur  du  foie  pour  pénétrer  dans  ce  dernier  par  sa  face  supé- 
rieure dans  la  scissure  que  je  viens  de  signaler,  et  se  rendre  de  là  dans  la  veine 
cave  inférieure.  Cette  disposition  anormale  a  déjà  été  décrite  par  Petit  dans  son 
observation;  la  scissure  de  la  vésicule  biliaire  est  très-profonde  et  large,  quoi- 
que la  vésicule  ne  contienne  pas  de  bile. 

L'estomac  et  l'intestin  grêle,  embrassés  dans  la  duplicalurc  du  péritoine,  sont, 
comme  nous  l'avons  vu,  situés  en  dehors  de  la  cavité  abdominale,  mais  n'of- 
frent rien  de  particulier;  l'intestin  grêle  se  termine  dans  la  fosse  iliaque  dans  le 
cœcum,  qui  se  trouve  correspondre  au  niveau  de  l'angle  supérieur  et  droit  de 
l'ouverture  elliptique  que  j'ai  signalée  aux  parois  minces  de  l'éventration,  pré- 
cisément dans  le  point  que  j'avais  supposé  en  communication  avec  l'intestin. 
Dai.s  le  fond  de  la  cavité  qui  existe  à  la  poche  herniaire  qui  correspond  au  cœ- 
cum et  est  même  constitué  en  grande  partie  par  lui,  se  trouvent  deux  oriGces,  l'un 
supérieur,  assez  étroit,  offre  2  centimètres  de  diamètre  environ,  communique 
avec  l'intestin  grêle;  l'autre  oriQce,  situé  au-dessous  du  précédent,  dont  il  est 
séparé  par  un  espace  d'environ  6  centimètres,  communique  avec  le  gros  intestin  ; 
H  offre  un  diamètre  beaucoup  plus  considérable,  il  peut  admettre  le  petit  doigt, 
mais  on  arrive  bientôt  dans  un  cul-de-sac,  de  sorte  qu'une  grande  partie 
du  gros  intestin  manque,  se  trouve  réduit  à  un  pouce  environ  de  longueur.  Il 
existe  donc  là  un  anus  contre  nature  qui,  comme  dans  le  fait  de  Petit,  se  trouve 
le  rendez-vous  des  matières  de  l'intestin  grêle,  ainsi  que  de  celles  du  gros  intestin. 
Le  cœcum  est  surmonté  de  son  appendice  ;  un  stjlet  introduit  dans  l'uretère  du 
côté  droit  pénètre  jusqu'à  l'ouverture  elliptique  que  j'ai  décrite  aux  parois  de  l'é- 
ventration; c'est  donc  dans  le  fond  de  cette  cavité  à  l'angle  droit  que  s'ouvre  l'u- 
retère de  ce  côté,  dans  une  dépression  que  la  membrane  présente  dans  ce  point, 
l'uretère  du  côté  gauche  s'ouvre  dans  l'angle  opposé,  au-dessous  des  ouvertures 
de  l'intestin.  Cette  espèce  de  cloaque,  qui  est  évidemment  constitué  par  la  ves- 
sie nous  présente  donc  à  considérer  quatre  orifices,  qui  sont  situés  trois  dans 
l'angle  droit  de  l'ellipse,  à  savoir  de  haut  en  bas  :  1»  l'ouverture  de  l'intestin 
grêle,  2"  celle  du  gros  intestin,  Z"  l'uretère  du  même  côté,  tandis  qu'à  gauche 
nous  ne  trouvons  qu'une  seule  ouverture,  celle  de  l'uretère  correspondant. 


113 

Quant  au  petit  corps  arrondi  que  j'ai  décrit  au  niveau  du  bord  inférieur  d« 
l'ouverture  ovalaire,  sa  partie  adhérente  s'enfonce  au-dessous  de  la  membrane 
qui  tapisse  le  fond  de  la  vessie,  et  ne  tarde  pas  à  se  diviser  en  deux  prolonge- 
ments conoîdes  qui  m'ont  paru  être  les  deux  racines  du  corps  caverneux,  cha- 
cune va  s'implanter  près  de  la  tubérosité  de  l'ischion  correspondante  que  la  rota- 
tion de  l'os  iliaque  a  dirigée  dans  ce  point.  A  l'intérieur  de  l'éventration  de 
chaque  côté,  dans  le  point  qui,  sur  un  fœtus  normal,  correspondrait  au  canal 
inguinal,  nous  trouvons  épanoui  sur  \es  parois  du  sac  de  la  hernie,  et  adhérent, 
un  corps  lisse  aplati  qui,  incisé,  m'a  paru  être  le  testicule  plutôt  qu'un  ovaire  ; 
du  côté  droit,  où  l'évidence  e^t  plus  grande,  il  est  même  possible  de  suivre  le  ca- 
nal déférent  qui  irait  rejoindre  l'uretère;  de  ce  côté,  on  trouve  même  un  petit 
corps  qui  a  quelque  analogie  avec  les  vésicules  séminales. 

Spina  bifida. — La  tumeur  située  à  la  partie  postérieure  du  fœtus  et  correspon- 
dant à  la  région  dorsale  est  pleine  d'un  liquide  rougeâtre  (il  est  vrai  que  le  fœtus 
a  macéré  un  grand  nombre  de  jours  dans  l'alcool).  Les  parois  de  cette  poche,  peu 
épaisses,  présentent  à  considérer  deux  couches  unies  entre  elles  par  un  tissu  cel- 
lulaire assez  lâche  ;  l'externe  cutanée  se  continue  avec  la  peau  du  fœtus,  l'interne 
blanche  présente,  dans  sa  partie  moyenne,  qui  se  trouve  adossée  à  la  colonne 
vertébrale,  un  oriûce  de  communication  à  bords  libres  parfaitement  arrondis  et 
offrant  la  disposition  du  diaphragme.  Un  stylet  introduit  par  cette  ouverture 
communique  dans  le  canal  rachidien,  au  niveau  de  la  onzième  et  de  la  douzième 
vertèbre  dorsale,  par  l'intermédiaire  d'un  canal  fibreux  obliquement  dirigé  de 
gauche  à  droite  et  de  bas  en  haut.  Ce  canal  fibreux  est  constitué  par  la  dure- 
mère,  qui  fait  hernie  en  dehors  de  sa  cavité  naturelle  par  la  perte  de  substance 
que  j'ai  décrite  à  la  colonne  lombaire,  dans  l'épaisseur  de  la  mentbrane  interne 
du  spina  bifida  ;  les  nerfs  qui  se  sont  échappés  par  le  canal  fibreux  forment  une 
espèce  de  plexus  au  pourtour  de  l'orifice  de  communication,  et  de  ce  plexus  s'ir- 
radie un  grand  nombre  de  filets  nerveux  qui  se  perdent  dans  l'épaisseur  des  pa- 
rois de  la  poche. 

Muscles. —  Les  muscles  de  la  région  antérieure  de  l'abdomen  manquent  à  peu 
près  complètement;  c'est  à  peine  si  on  en  retrouve  quelques  traces.  Ceux  du  dos 
jusqu'à  la  région  lombaire  oirrent  la  disposition  normale,  mais  à  partir  de  ce 
point,  la  colonne  vertébrale  se  déviant  en  avant,  ils  ne  présentent  plus  aucune 
régularité. 

Les  muscles  des  membres  inférieurs  ont  conservé  leurs  rapports  normaux  ; 
leur  insertion  a  lieu  sur  les  mêmes  points  osseux  que  si  le  membre  était  bien 
conformé,  c'est-à-dire  à  cause  de  la  rotation  qu'a  subie  l'os  iliaque;  les  muscles 
de  la  région  antérieure  regardent  en  avant,  et  réciproquement. 

L'artère  aorte,  après  avoir  fourni  le  tronc  cœliaque  en  avant  et  les  artères  ré- 
nales sur  le  côté,  ne  tarde  pas  à  se  bifurquer.  Cette  division  prématurée  se  fait 
an  niveau  de  la  deuxième  vertèbre  lombaire  des  deux  branches;  la  gauche  est 
plus  volumineuse  ;  elles  se  dirigent  toutes  deux  en  dehors  pour  venir  passer 

8 


un 

près  (le  l'eminencc  iléo-pcclinéc,  l'écartemenl  des  deux  pubis  et  la  déviation  des 
os  iliaques  fait  que  cet  écartement  est  plus  considérable.  Au  niveau  de  l'arlicu- 
lation  sacro-iliaque,  chacun  des  troncs  de  l'artère  iliaque  primitive  se  bifurque 
pour  donner  naissance  à  l'hypogastrique,  qui  est  peu  volumineuse,  puisqu'il  n'y 
a  point  de  petit  bassin  et  qu'une  grande  partie  des  oriianes  qu'il  renferme  ordi- 
nairement manquent, 

CONCLOSIONS. 

La  partie  la  plus  intéressante  de  ce  fœtus  est  certainement  le  squelette, 
et  en  particulier  l'articulation  sacro-iliaque.  La  plupart  des  observateurs 
ont  fort  mal  décrit  la  disposition  que  présentaient  ces  os  ;  il  est  même  sou- 
vent impossible  de  pouvoir  les  suivre  dans  leur  description.  Ainsi  Petit, 
dans  son  observation  que  j'ai  déjà  citée,  après  avoir  mentionné,  comme 
dans  le  fait  actuel,  que  le  sacrum  et  le  coccyx,  au  lieu  de  se  voûter  en  ar- 
rière pour  fornaer  la  cavité  du  bassin,  se  porte,  au  contraire,  en  devant, 
ajoute  çu'j7  passe  par-dessus  la  symphyse  du  pubis  ;  et  voilà,  dit-il, 
pourquoi  la  pointe  du  coccyx  et  les  os  pubis  sont  voisins^  et  pourquoi 
la  cavité  du  bassin  est  tout  effacée.  J'avoue  qu'en  réfléchissant  à  la  dis- 
position que  devraient  avoir  les  os  dans  ce  cas,  je  ne  puis  comprendre  le 
fait.  Je  crois  que  Petit  n'a  pas  assez  étudié  les  rapports  qu'avaient  entre 
tux  les  os  des  lies,  et  qu'il  a  été  induit  en  erreur;  il  en  fait,  du  reste,  à 
peine  mention  dans  sa  description.  M.  Gastelier,  dans, son  observation,  qui 
est  rapportée  avec  beaucoup  plus  de  détails  que  celle  de  Petit,  et  qui  laisse 
cependant  encore  beaucoup  à  désirer  sous  le  rapport  de  la  description  des 
os  du  bassin,  après  avoir  signalé  la  disposition  de  la  colonne  vertébrale  et 
du  sacrum,  qui,  comme  dans  le  fait  précédent  et  celui  qui  fait  l'occasion 
de  ce  mémoire,  offre  sa  convexité  en  avant  et  sa  concavité  en  arrière,  dit 
que  Von  voyait  en  avant  les  parties  postérieures  de  l'os  ilion  et  pu- 
bis ;  et  plus  loin,  il  ajoute  que  la  cavité  du  bassin  se  trouve  située  en 
arrière.  Comme  on  voit,  il  est  plus  explicite  que  Petit;  mais  alors  il  a  dû  y 
avoir  transposition  des  os  iliaques  ;  celui  de  droite  devait  se  trouver  à  gau- 
che, et  réciproquement.  Le  gros  orteil  devait  alors  être  en  dedans,  comme 
dans  l'état  ordinaire,  quoique  la  partie  antérieure  des  cuisses,  les  genoux 
et  la  pointe  du  pied  regardassent  en  arrière.  C'est  ce  qui  n'a  pas  lieu  dans 
le  fait  que  je  viens  de  décrire  ;  on  observe,  au  contraire,  l'inverse,  et  sous 
ce  rapport,  il  existe  donc  une  grande  différence  entre  le  fait  observé  par 
M.  Gastelier;  seulement  il  esta  regretter  qu'il  n'ait  pas  bien  indiqué  la 
position  des  orteils. 


115 

C'est  donc  à  ia  déviation  de  la  colonne  vertébrale  que  j'attribue  toutes  les 
anomalies  que  j'ai  décrites  sur  ce  fœtus.  Nous  aurons  tout  à  l'heure  à  en 
rechercher  la  cause;  mais  elle  me  paraît  le  fait  importantde  cette  observa- 
lion  :  c'est  par  elle  que  nous  pourrons  expliquer  ces  vices  de  conformation , 
et  leur  enchaînement  est  bien  naturel.  Il  est,  en  effet,  facile  de  comprendre 
comment,  par  suite  de  la  projection  en  avant  de  la  partie  inférieure  de  la 
colonne  fertébrale  et  du  sacrum,  les  surfaces  articulaires  que  présente  ce 
dernier,  au  lieu  de  regarder  en  avant  et  en  dehors,  se  trouvent  dirigées,  au 
contraire,  en  arrière,  et  par  suite  le  mouvement  de  rotation  sur  son  axe 
qu'a  dû  subir  chaque  os  iliaque  séparément.  Les  deux  pubis  ont  dû' alors 
s'écarter  l'un  de  l'autre,  tandis  que  les  faces  externes  de  l'os  iliaque  se  sont 
rapprochées  ;  c'est  à  l'écartement  des  deux  os  pubis  que  nous  devons  rat- 
tacher l'atrophie  de  vessie,  ainsi  que,  les  vices  de  conformation,  des  or- 
ganes génitaux.  La  rotation  de  chaque  membre  en  particulier  en  est  en- 
core la  conséquence  ;  en  effet,  les  deux  articulations  coxo-fémorales,  par 
suite  de  cette  déviation,  se  trouvent  fortement  rapprochées  et  se  regardent 
l'une  l'autre.  La  position  du  petit  orteil  en  dedans,  la  pointe  du  pied  diri- 
gée en  arrière,  s'explique  tout  naturellement  par  ce  mécanisme.  Les  mus- 
cles eux-mêmes  nous  donnent  la  preuve  que  c'est  bien  ainsi  que  le  fait  a 
dû  se  passer  ;  car  ces  derniers,  pour  les  membres  inférieurs,  à  l'exception 
du  grand  fessier,  n'ont  subi  aucune  modification  dans  leur  insertion  :  ils 
ont  seulement  suivi  les  os  dans  leur  mouvement,  c'est-à-dire  que  ceux  de 
la  région  antérieure  regardent  en  arrière  et  ceux  de  la  région  interne  en 
dedans,  et  réciproquement. 

Le  bassin,  à  cause  de  l'incurvation  du  scrotum  en  avant,  se  trouve  telle- 
ment rétréci  qu'ily  a  àpei ne  trace  de  cette  cavité  ;  nous  avons  vu  qu'il  en  était 
de  même  de  la  cavité  addominalc  qui  se  trouve  réduite  à  des  proportions 
telles  qu'elle  est  dans  l'impossibilité  de  contenir  les  viscères,  qui  ont  dû 
alors  faire  hernie  à  l'extérieur.  En  prenant  pour  point  de  départ  la  lésion 
de  la  colonne  vertébrale,  j'ai  donc  pu  étudier  le  mécanisme  d'après  lequel 
a  dû  s'opérer  chaque  vice  de  conformation.  L'éventration  elle-même  peut 
s'expliquer  par  deux  raisons  :  la  première,  le  défaut  de  capacité  de  la  ré- 
gion abdominale;  la  seconde,  l'écartement  de  l'os  iliaque  qui  a  dû  entraîner 
nécessairement  la  même  modification  dans  les  muscles  abdominaux.  En 
effet,  de  chaque  côté  on  trouve  le  vestige  de  ces  muscles  s'inséranl  à  la  crête 
iliaque,  et  plus  loin  ils  manquent  et  sont  remplacés  par  la  poche  que  j'ai 
décrite. 

L'éventration,  suivant  son  étendue  et  son  siège,  a  été  regardée  par 


116 

M.  Geoffroy  Saint  Hilaire  comme  devant  exercer  une  grande  influence  sur 
le  développement  des  organes  génitaux  et  des  membres  inférieurs;  lors- 
qu'elle arrive  jusqu'au  pubis,  les  organes  génito-urinaires  doivent  subir 
des  modiGcalions  profondes  *,  ce  fœtus  nous  en  offre  la  preuve;  mais,  d'un 
autre  côté,  il  inflrme  une  autre  assertion  émise  par  le  célèbre  auteur  de  la 
science  tératologique  ;  car  nous  avons  vu  que,  chez  ce  fœtus,  avec  l'éven- 
tration  médiane  et  considérable  qu'il  présente,  les  membres  inférieurs  sont 
bien  conformés,  à  leur  rotation  près. 

Mais  si  j'ai  pu  faire  découler  de  la  courbure  anormale  de  la  colonne  ver- 
tébrale tous  les  vices  de  conformation  de  ce  fœtus,  je  n'ai  fait  que  recu- 
ler la  difficulté;  il  me  resterait  à  déterminer  la  cause  première.  Ici  trois 
théories  sont  en  présence  :  !<>  rarrêl  de  développement  ;  2»  une  position 
vicieuse  qu'aurait  occupée  le  fœtus  dans  le  sein  de  la  mère  ;  3«>  une  rétraction 
rauscuiaire,  suite  de  lésion  du  système  nerveux.  Nous  devons  tout  d'abord 
rejeter  l'opinion  émise  par  Geoffroy  Saint-Hilaire  qui,  se  basant  sur  l'adhé- 
rence du  placenta  aux  parois  de  l'évenlration  et  sur  la  brièveté  du  cordon 
dans  ces  cas,  pense  que  le  fœtus  doit  jouir  de  mouvements  peu  étendus  et 
libres;  c'est  à  ce  défaut  de  mobilité  qu'il  pense  qu'il  faut  attribuer,  au  moins 
en  partie,  la  torsion  des  membres  pelviens.  Dans  le  fait  actuel,  je  ne  puis 
rien  dire  sur  la  brièveté  du  cordon  ombilical,  n'ayant  pu  l'examiner  en  to- 
talité ;  mais,  pour  ce  qui  a  trait  aux  adhérences  du  placenta  avec  les  tuni- 
ques de  l'évenlration,  nous  avons  vu  qu'elles  n'existaient  pas  ;  cette  adhé- 
rence n'est  donc  pas  constante. 

Quant  à  l'arrêt  de  développement,  je  le  rejette  également;  rien  ne  le 
prouve.  Devons-nous  admettre,  avec  M.  le  professeur  Cruveilhier,  que  ces 
vices  de  conformation  sont  produits  par  une  mauvaise  position  du  fœtus 
dans  le  sein  de  la  mère  ?  Sur  ce  monstre,  en  effet,  il  y  a  une  inclinaison  la- 
térale gauche  coïncidant  avec  la  convexité  située  à  droite  de  la  colonne  ver- 
tébrale; du  côté  fléchi  se  trouve  le  spina-bifîda,  elles  jambes  de  ce  côté  (1) 
peuvent  arriver  presque  au  contact  du  ironc  du  fœtus  si  l'on  cherche  à 
exagérer  celle  courbure;  dans  cette  supposition,  c'est  l'incurvation  qui 
aurait  dû  produire  le spinabifida.  Mes  recherches  sur  ce  point  d'anatomie 
pathologique  ne  sont  pas  encore  assez  nombreuses  pour  que  je  puisse  me 
prononcer  sur  un  point  aussi  important.  Relativement  à  ce  fœtus,  la  théo- 
rie admise  par  M.  J.  Guérin  sur  la  réiraction  musculaire  me  paraît  cepen- 


(I)  Comme  dans  un  fait  signale  dans  le  g-^aod  ouvrage  d'anatomie  patliolo- 
gique  de  M.  Cruveilhier. 


117 
danl  beaucoup  plus  probable  ;  elle  permet  d'expliquer  la  formation  de 
toutes  les  anomalies  que  j'ai  rencontrées;  il  suppose,  dans  ce  cas,  que  le 
spina-biflda  est  la  lésion  primitive  principale  qui  domine  toutes  les  autres, 
et  par  suite  de  la  lésion  de  certaine  partie  du  système  nerveux,  certains 
muscles  ont  dû  se  contracturer  et  produire  alors  la  déviation  de  la  région 
lombaire  et  sacrée,  d'où  nous  avons  vu  résulter  tous  les  vices  de  conforma- 
tion signalés. 


OBSERVATIONS 


SUR  LE  DÉVSIOPPEUEIVI 


DE  LA  SUBSTANCE  ET  DU  TISSU  DES  OS. 


Eitnii  d'DD  Mémoire  la  à  la  Sociéit,  dans  u  séasce  in  23  février  1159, 


Par  le   Docteur  CHARLES  ROBIN, 

Agrégé  a  la  Faculté  de  Médecine, 
fice-président  de  la  Société  de  Biologie,  etc. 


On  donne  le  nom  d'ostéogénie  à  l'hisloire  de  la  formatioD  et  du  déve- 
loppement ou  évolution  des  os. 

L'exposé  de  ces  phénomènes  comprend  quatre  ordres  de  considérations 
bien  distinctes,  quoique  liées  l'une  à  l'autre  el  dérivant  l'une  de  l'autre, 
de  telle  sorte  que  les  premières  ne  peuvent  être  bien  étudiées  si  l'on  ne 
connaît  celles  qui  !es  précèdent,  et  ainsi  des  autres. 

r  En  premier  lieu,  il  faut  faire  connaître  le  mode  de  formation  de  Vélé^ 
ment  analomique  osseux  ou  des  os,  de  la  substance  même  qui  compose 
le  tissu  osseux.  Elle  est,  comme  on  sait,  caractérisée  par  une  matière 
homogène  amorphe,  appelée  substance  fc  ndamentale,  circonscrivant, 
ou  si  l'on  veut  creusée  de  petites  cavités,  de  la  périphérie  desquelles 
parlent  des  canalicules  ramitiés.  Quelques  auteurs  allemands  les  appelleci 
encore  cellules  des  os,  cellules  osseuses,  quoiqu'elles  n'aient  aucune 


ISO 
analogie  avec  les  élémeats  anatomiques  appelés  cellule*  ;  aussi  cette  déoo- 
minatioD  doit  être  rejetée.  Ce  sont  les  mêmes  carités  qui  ODt  été  appelées 
corpuscules  des  os^  corpuscules  noirs,  ramifiés,  corpuscules  calcaires, 
ostéoplastes  (Serres).  Ce  dernier  nom  sera  employé  de  préférence,  parce 
qu'on  sait  maintenant  que  les  cavités  et  ramiûcations  ne  contiennent  pas  de 
carbonate  calcaire  ;  on  sait  de  plus  que  ce  sont  des  cavités  et  non  des  cor 
puscules.  Il  y  aura  donc  à  suivre  la  formation  et  le  développement  de  la 
substance  et  en  même  temps  celui  des  ostéoblastes  et  de  leurs  canalicules. 

2»  Il  faudra  de  plus  voir  de  quelle  manière,  à  l'aide  de  l'élément  ou  sub- 
stance osseuse,  se  forme  le  tissu  des  os ,  lequel  est  autre  chose  que  la  sub- 
stance elle-même,  prise  isolément  en  elle-même,  car  il  y  a  à  tenir  compte 
de  six  vaisseaux.  Ce  tissu  présente  deux  formes,  aspects  ou  variétés,  l'une 
compacte,  l'autre  spongieuse. 

3°  Il  faut  de  plus  étudier  Je  comment  de  la  îorm&[ioa  du  système  osseux, 
voir  de  quelle  manière  se  forme  l'ensemble  de  tout  le  tissu,  considéré  non 
plus  dans  une  partie  isolée  quelconque  du  corps,  mais  dans  l'ensemble  de 
l'organisme.  Étudier  le  tissu  se  peut  faire  sur  un  os  quel  qu'il  soit,  et  le 
fait  est  connu  pour  tous  les  autres  os:  mais  cela  est  bien  différent  de  l'étude 
du  système  tout  entier  qui  est  unique  et  nécessite  d'envisager  tout  l'orga- 
nisme simultanément.  Les  lois  d'osiéogénie  établies  par  M.  Serres  se  rap- 
portent principalement  au  système  osseux^  celles  d'après  lesquelles  se 
forment  et  le  tissu  et  Vêlement  ou  substojnce  des  os,  n'ont  pas  été  spé- 
cifiées encore  avec  autant  de  soin. 

û*  Enfin,  chaque  os  pris  à  part  est  formé  de  plusieurs  parties  ;  il  a  un 
corps  et  des  extrémités,  ou  au  moins  des  surfaces  articulaires  pour  les  os 
courts.  Toutes  ces  parties  ne  se  développent  pas  de  la  même  manière,  en 
môme  temps,  aussi  vite.  Ici  donc  il  faut  sortir  des  idées  générales,  c'est- 
à-dire  s'appliquant  à  tout  l'organisme  ;  il  faut  laisser  les  faits  d'aoalomie 
générale  dont  nous  nous  occupions  tout  à  l'heure  pour  entrer  dans  Tana- 
tomie  spéciale  ou  descriptive,  pour  en  un  mol  faire  l'élude  spéciale  du  dé- 
veloppement de  chaque  os  en  particulier,  de  chaque  os  pris  successivement, 
l'un  après  l'autre.  Nous  ne  parlerons  pas  ici  de  cette  partie  de  l'ostéogénie, 
suffisamment  traitée  dans  les  ouvrages  d'anatomie  descriptive. 

I.  —  FORMATION   ET  DÉVELOPPEMENT   DE  LA  SUBSTANCE  DES   OS 

(SUBSTANCE  AMORVBE  HOMOGÈNE,  ET  OSTÉOBLASTES.) 

A  ce  travail  communiqué  à  la  Société  de  biologie  au  mois  de  février 


121  » 

1850,  je  joindrai  chemin  faisant  les  résultats  contenus  dans  un  mémoire 
publié  par  H.  Mejer  (de  Zurich),  déjà  auparavant  (Arch.  de  Mcller, 
18Û9),  mais  que  je  n'ai  reçu  que  depuis  lors;  j'y  ajouterai  aussi  ceux  con- 
tenus dans  le  volume  du  Traité  d'anatomie  microscopiqoe  de  Kœlliker 
paru  en  septembre  1850. 

Pour  bien  comprendre  ce  qui  va  suivre  et  les  interprétations  diverses  des 
mêmes  phénomènes  donnés  par  plusieurs  auteurs,  il  faut  être  prévenu  des 
faits  que  voici  :  faits  élémentaires,  sur  la  notion  exacte  desquels  repose 
toute  la  description. 

1»  Les  éléments  anatomiques  qu'on  appelle  cellules  sont  des  petits 
corps  polyédriques  en  général  pourvus  d'un  noyau  avec  ou  sans  nucléoles, 
qu'on  peut  rencontrer  tant  chez  l'embryon  que  sur  le  fœtus  et  l'adulte. 
Contrairement  à  ce  qu'admettent  beaucoup  d'auteurs  et  à  ce  qu'indique 
leur  nom  général  de  cellule,  ils  sont  loin  de  présenter  tous  une  paroi  et 
une  cavité  avec  contenu.  Le  nom  de  cellule  tiré  du  règne  végétal,  où  il  y 
a  en  effet  ces  trois  choses  bien  distinctes,  doit  néanmoins  être  conservé 
dans  le  règne  animal,  où  ordinairement  la  cellule  est  formée  d'une  masse 
celluleuse  d'égale  densité  au  centre  comme  à  la  périphérie,  plus  d'un 
noyau  ;  il  doit  être  conservé  parce  que  les  caractères  généraux  des  véri- 
tables cellules  s'y  retrouvent,  savoir  :  une  masse  polyédrique  limitée  dans 
son  volumt;  avec  des  granulations  au  dedans,  souvent  la  forme  et  très-ha- 
bituellement le  noyau. 

Chez  presque  tous  les  vertébrés,  il  n'y  a  de  cellules  avec  paroi  et  cavité 
distinctes  que  pendant  la  période  embryonnaire  proprement  dite,  où  le 
nouvel  être  n'est  encore  formé  que  de  cellules.  Chez  le  fœtus  et  l'adulte, 
quand  l'animala  en  outre  déjà  des  élémentssous  forme  de  ^&re«,  tubes,  etc., 
les  cellules  (normales  et  morbides)  ne  présentent  plus  de  paroi  et  cavité 
distinctes  ;  ces  deux  choses  ont  pris  une  égale  densité.  Il  n'y  a  que  pour 
certaines  glandes  où  la  paroi  et  la  cavité  et  son  contenu  restent  bien  dis- 
tincts ;  ce  fait  est  beaucoup  plus  général  encore  dans  les  invertébrés,  où  il 
est  à  peu  près  la  règle,  que  chez  les  vertébrés. 

2">  Il  faut  savoir  encore  qu'il  y  a  trois  ordres  de  faits  généraux  liés  les 
uns  aux  autres  qui  contiennent  l'ensemble  des  phénomènes  concernant  la 
genèse  des  éléments  anatomiques.  Us  n'ont  jamais  été  clairement  enchaî- 
nés les  uns  aux  autres  par  les  auteurs,  quoique  cet  enchaînement  soit 
très-réel. 

a.  On  donne  le  nom  de  Théorie  cellulaire  à  ce  fait  général  que  tous 
les  êtres  végétaux  et  animaux  dérivent  d'éléments  aontomiques  ayant  l'étal 


122 
de  cellule,  et  tous  ceux  qui  naissent  d'un  œuf  commencent  par  être  entière- 
ment formés  de  cellules  qui  se  forment  par  segmentation  du  vitellus  et  des- 
quelles dérivent  les  autres  éléments  anatonaiques ,  tant  ceux  qui  sont  sous 
forme  de  cellules  modifiées  quant  à  quelques-uns  de  leurs  caractères,  que 
ceux  ayant  forme  de  fibres ,  tubes,  etc.  Ces  cellules  sont  les  cellules  ou 
éléments  embryonnaires  ou  transitoires  parce  qu'elles  n'ont  qu'une 
existence  temporaire;  elles  sont  destinées  à  disparaître  ou  au  moins  à  pren- 
dre d'autres  caractères  ;  elles  sont  ainsi  remplacées  par  les  éléments  défini- 
tifs ou  permanents. 

b.  On  donne  le  nom  de  Théorie  de  la  métamorphose  des  cellules  à  ce 
fait  que  tous  les  éléments  analomiques  des  végétaux  (cellules  du  tissu  cel- 
lulaire, fibres  et  vaisseaux  de  divers  ordres)  et  tous  les  éléments  des  pro- 
DDiTS  chez  les  animaux  dérivent  des  cellules  embryonnaires  par  métamor- 
phose ,  c'est-à-dire  changement  de  forme,  volume,  consistance,  etc.,  de 
celles-ci. 

c.  On  donne  le  nom  de  Théorie  de  la  substitution  à  ce  fait  que  :  chez 
les  animaux  tous  les  éléments  des  constituants  se  forment  par  substitu- 
tion de  ces  éléments  aux  cellules  embryonnaires  ou  transitoires  qui  dispa- 
raissent. Il  y  a  remplacement  d'une  partie  des  cellules  embryonnaires  qui 
se  dissolvent  par  des  éléments  définitifs  qui  se  forment  de  toutes  pièces  , 
par  génération  nouvelle,  spontanée,  à  leur  place,  à  l'aide  du  blastèrae  ré- 
sultant de  celte  dissolution.  Il  y  a  ainsi  *u&.«/îtutîon  d'éléments  perma- 
nents, délinilifs,  à  des  cellules  embryonnaires,  éléments  transitoires  qui 
disparaissent  par  dissolution  et  résorption.  Cette  manière  dont  certains 
éléments  définitifs  dérivent  des  cellules  embryonnaires  est  bien  plus  com- 
plexe, bien  moins  directe  que  la  métamorphose.  Il  est  propre  aux  animaux 
seulemeut  et  encore  uniquement  aux  éléments  de  leurs  tissus  consti- 
tuants ou  des  constituants  ;  ces  éléments  ont ,  comme  on  sait ,  pour  la 
plupart  l'état  de  fibres,  de  tubes,  de  matières  homogènes,  et  très-rarement 
celui  de  cellules.  C'est  l'inverse  pour  les  produits. 

Ainsi  qu'on  vient  de  le  voir,  ces  trois  ordres  de  faits  s'enchaînent  l'un  à 
l'autre,  sont  liés  intimement  et  décroissent  en  généralité.  D'abord,  la 
théorie  cellulaire  est  un  fait  général  commun  à  tous  les  êtres  vivants. 
Puis  la  théorie  de  la  métamorphose  s'applique  à  la  formation  de  tous  les 
éléments  définitifs  des  végétaux  et  à  ceux  des  produits  seulement  chez  les 
animaux.  Enfin  la  théorie  de  la  substitution  ne  s'applique  qu'à  la  forma- 
tion des  éléments  anatomiques  des  tissus  constituants  animaux,  c'est-à- 
dire  en  général  aux  éléments  qui,  outre  les  propriétés  végétatives ,  jouis- 


123 
sent  des  propriétés  aoimales.  (Pour  les  mots  constituants  et  produits, 
V.  Ch.  Robin.  Do  microscope  et  des  inject.,  etc.,  1849,  in-8%  préface, 
p.  25,  el  Tableaux  d'anatomie,  in-/i".  1850,  tableaux  6  à  10.) 

30  Enfin,  pour  le  cas  spécial  qui  nous  occupe,  il  faut  savoir  que  les  car 
tilages  qui  pendant  quelque  temps  précèdent  les  os,  les  cartilages  articu- 
laires et  les  permanents  sont  formés  d'une  substance  fondamentale^  ho- 
mogène, amorphe,  hyaline,  dense,  élastique,  dans  laquelle  sont  creusées 
des  cavités  :  cavités  dd  cartilage.  Dans  chacune  de  ces  cavités  se  trou- 
vent une  ou  plusieurs  (quelqu«fois  20  à  30)  cellules;  cellules  dd  carti- 
lage, de  celles  pour  lesquelles  la  paroi  distincte  de  la  cavité  ne  peut  être 
démontrée  ;  ces  cellules  sont  plus  ou  moins  granuleuses  et  ont  un  noyau 
nucléole.  11  y  a  quelquefois  des  cavités  qui  reslenl  vides  :  elles  sont  tou- 
jours bien  plus  petites  que  leS  autres.  Chez  les  fœtus  jusqu'à  l'âge  de  U 
à  5  mois,  plus  ou  moins,  ce  n'est  pas  une  ou  plusieurs  cellules  que  ren- 
ferment les  cavités  de  tous  les  cartilages,  mais  un  ou  plusieurs  amas  de 
granulations  jaunâtres,  toutes  à  peu  près  d'égal  volume  ;  ces  amas  sont 
plus  ou  moins  nettement  limités  sur  les  bords,  en  général  mal  limités  re- 
produisant à  peu  près  la  forme  de  la  cavité,  sans  jamais  la  remplir.  Ces 
amas  j)euvenl  être  appelés  corpuscules  du  cartilage.  Ce  fait  n'est  pas 
noté  dans  les  auteurs.  l'eu  à  peu  se  développent  la  ou  les  cellules  qui  rem- 
placent ces  corpuscules.  Ces  cellules  se  forment  de  toutes  pièces  ;  mais  les 
phases  de  ce  développement  qui  se  rapportent  soit  à  la  cellule  qui  naît , 
soit  à  l'amaas  de  granulations    préexistant   sont  encore  peu  connues. 
M.  Leidy  (de  Boston)  a  montré  que  lorsque  le  cartilage  grandit  avec  l'âge, 
les  cavités  grandissent  aussi  et  en  même  temps ,  aux  dépens  de  la  cellule 
qui  la  remplissait  s'en  forment  tfne  ou  plusieurs  autres  par  segmentation^ 
de  la  même  manière  que  se  multiplient  les  cellules  du  blastoderme  animal 
et  la  plupart  des  cellules  végétales.  Chez  l'adulte,  ces  cavités  sont  assez 
écartées  et  proportionnellement  peu  nombreuses  ;  chez  le  fœtus,  elles  sont 
rapprochées  et  séparées  alors  par  des  cloisons  un  peu  plus  épaisses  que 
celles  des  cellules  végétales  ;  aussi  le  tissu  du  cartilage  a,  dans  ce  cas,  été 
quelquefois  comparé  à  celui  des  plantes;  mais  cette  comparaison  ne  peut 
pas  être  établie. 

Quelques  auteurs  appellent  à  tort  cellules  du  cartilage  les  cavités  creu- 
;>ées  dans  la  substance  fondamentale,  et  contenu  les  cellules  du  cartilage  et 
les  amas  de  granulations  jaunâtres  ou  corpuscules  signalés  plus  haut  chez 
le  fœtus  seulement.  On  appelle  quelquefois  corpuscules  caractéristiques 
du  cartilage  le  tout  représenté  par  la  cavité  avec  sa  ou  ses  cellules;  il  faut 


12A 

avoir  soin  de  ue  pas  faire  confusion  dans  ce  cas  avec  les  granulations  ou 
corpuscule  jaunâtre  irrégulier  contenues,  au  lieu  de  cellules,  dans  les  ca- 
vités du  cartilage  du  fœtus;  il  vaut  mieux  les  appeler  cavités  caractéristi- 
ques. Dans  les  fibro-cartilages  la  substance  londamentale  est  simplement 
fibreuse  ou  fibroïde  au  lieu  d'être  homogène ,  elle  est  creusée  de  cavités 
contenant  des  cellules,  comme  dans  le  cartilage  proprement  dit,  avec  quel- 
ques particularités  de  disposition  qui  sont  sans  importance  pour  le  reste  de 
cet  article. 

rOBMATION  DE  LA  SUBSTANCE  OSSEDSE. 

La  formation  de  la  substance  des  os  a  lieu  dans  trois  conditions  différentes. 
Les  deux  premières  seulement  sont  fondamentales ,  la  troisième  est  tout  à 
fait  accessoire,  parce  qu'elle  ne  se  présente  que  clans  quelques  cas  spéciaux, 
et  ce  mode  de  formation  ne  donne  naissance  qu'à  une  étendue  très-limitée 
de  matière  osseuse.  1»  La  substance  des  os  est  précédée  de  tissu  cartilagi- 
neux ou  cartilage  proprement  dit  ;  elle  se  développe  dans  son  épaisseur,  se 
substitue  à  celui-ci,  qui  disparaît;  elle  le  remplace.  C'est  la  formation 
osseuse  par  substitution.  Tous  les  os  du  tronc  et  ceux  du  crâne  qui  en 
forment  la  base  se  développent  ainsi.  2°  La  substance  osseuse  se  forme  par 
dépôt  des  sels  terreux  dans  une  trame  cartilagineuse  homogène,  au  fur  et 
à  mesure  de  la  formation  de  celle-ci.  Elle  est  à  peine  formée  qu'elle  est  en- 
vahie par  les  sels  terreux  ;  et  au  fur  et  à  mesure  elle  envahit  elle-même  les 
tissus  voisins  ,  d'où  agrandissement  de  l'os.  L'organe ,  dans  ce  cas ,  n'est 
pas  précédé,  pendant  un  certain  temps,  p'ir  un  cartilage  qui  en  représente 
à  peu  près  la  forme,  comme  dans  le  premier  cas.  C'est  la  formation  par 
envahissement.  Ce  mode  de  formation  est  propre  à  la  plupart  des  os  de  la 
tête,  tant  pour  leur  apparition  primitive  que  pour  leur  agrandissement  con- 
sécutif. C'est  en  outre  par  ce  mode  que  s'agrandissent  consécutivement,  à 
leur  apparition  ,  les  os  qui  se  sont  formés  par  substitution  à  un  cartilage 
préexistant.  La  formation  par  envahissement  a  lieu  en  effet  dans  les  parié- 
taux ,  les  frontaux,  l'occipital  moins  les  condyles,  et  l'apophyse  basilaire  ;  la 
partie  écailleuse  du  temporal  et  l'arcade  zygomatique  ,  l'anneau  tyrapa- 
nique,  les  petites  ailes  du  sphénoïde  ,  la  partie  mince  des  grandes  ailes , 
l'ethnoïde  ,  les  cornets  du  nez  et  tous  les  autres  os  de  la  tête ,  même  les 
maxillaires  supérieurs ,  et  l'inférieur  moins  le  condyle  et  la  portion  de  la 
branche  verticale  qui  le  supporte.  Dans  ces  os,  dès  qu'apparaît  la  trame 
cartilagineuse,  comme  un  point  trèà-limité,  apparaît  aussitôt  après  la  sub- 
stance terreuse  dans  son  centre ,  et  elle  continue  à  envahir  peu  à  peu  la 


125 
place  que  doit  occuper  l'os;  mais  la  trame  ne  commence  pas  par  occuper 
en  petit  toute  cette  place  comme  pour  les  autres  os  ;  elle  l'envahit  peu  à 
peu,  au  fur  et  à  mesure  du  dépôt  phosphatique.  Ici  donc  l'os  grandit  comme 
il  avait  commencé ,  par  le  même  mode  de  formation.  La  formation  par  en- 
vahissement a  lieu  en  outre  dans  tous  les  os  qui  ont  été  précédés  d'un  car- 
tilage ,  dès  que  le  périchondre  est  devenu  périoste  ,  dès  que  tout  le  carti- 
lage préexistant  est  devenu  os.  C'est  de  la  sorte  que  se  fait  l'accroissement 
en  volume  des  os.  Ici  donc  l'os,  qui  avait  commencé  par  substitution  au 
cartilage  ,  grandit  par  envahissement,  par  un  mode  de  formation  un  peu 
autre. 

Tel  est  le  tableau  général  de  la  formation  de  la  substance  osseuse;  car 
le  troisième  mode  signalé  en  commençant  est  si  peu  important  qu'il  est 
inutile  de  s'en  embarrasser,  et  il  en  sera  fait  mention  chemin  faisant. 

Avant  de  donner  la  description  spéciale  de  ces  deux  modes  de  forma- 
tion, il  faut  faire  ici  quelques  remarques. 

Celte  trame  cartilagineuse ,  qui  envahit  peu  à  peu  une  plaie  occupée 
d'abord  par  d'autres  tissus  et  se  remplit  au  fur  et  à  mesure  d'un  dépôt  phos- 
phatique ,  diffère  un  peu  du  cartilage  proprement  dit.  On  y  distingue , 
comme  dans  le  cartilage,  une  substance  fondamentale ,  creusée  de  ca- 
vités. La  substance  fondamentale  diffère  de  celle  du  cartilage  ordinaire  par 
sa  coloration  légèrement  ambrée ,  jaunâtre  ;  elle  paraît  moins  homogène  , 
surtout  pour  les  os  du  crâne,  ce  qui  tient  à  ce  qu'on  voit  les  surfaces  hbres 
de  la  substance,  lesquelles  sont  toujours  un  peu  irrégulières.  Les  cavités 
surtout  diffèrent  de  celles  des  cartilages;  elles  n'ont  guères  que  O"-.©!©  à 
0'°,020  de  largeur  en  tout  sens,  c'est  à  dire  un  diamètre,  en  général,  au 
moins  moitié  plus  peiit  que  celui  des  cavités  des  autres  cartilages,  sauf  les 
cavités  de  la  surface  des  articulaires.  Elles  sont  à  peu  près  d'égal  diamètre 
eu  tout  sens  aux  os  du  crâne,  et  un  peu  allongées  dans  ceux  des  membres 
en  voie  d'accroissement.  Ce  ne  sont  pas  toujours  des  cavités  closes  de 
toutes  paris;  ainsi,  à  la  tête,  vers  le  bord  ou  l'extrémité  de  la  trame  enva- 
hissante, comme  ce  bord  est  très-mince,  ce  sont  de  simples  orifices  qui  le 
percent  de  part  en  part  et  lui  donnent  un  aspect  aréoiaire.  Ces  petites  cavi- 
tés sont  nombreuses  et  très-rapprochées. 

Ce  qui  distingue  surtout  celle  trame  cartilagineuse  des  autres  cartilages, 
c'est  que  pendant  toute  la  vie  intra-utérine ,  et  même  pendant  quelques 
mois  après  la  naissance  ,  ces  cavités  sont  tout  à  fait  dépourvues  soit  de 
corpuscules ,  soit  de  cellules.  Elles  sont  hyalines,  transparentes,  pleines 
seulement  de  liquide.  Vers  l'époque  de  la  naissance ,  ou  quelques  mois 


126 
aprës,'il  se  forme  un  corpuscule  ou  amas  de  granulations  analogue  (quoique 
plus  petit)  à  ceux  des  cavités  des  cartilages  proprement  dits  des  fœtus  au- 
dessous  de  /i  à  5  mois.  Malgré  ces  différences  entre  cette  trame  cartilagi- 
neuse envahissante  et  le  vrai  cartilage,  on  ne  peut  pas  dire  que  les  os  du 
crâne  et  autres  ne  soient  pas  précédés  de  cartilage  ;  c'est  une  forme  parti- 
culière de  la  substance  cartilagineuse,  mais  ce  n'est  pas  une  substance  qui 
en  diffère. 

Ainsi  donc  Miescher,  H.  Mcyer  et  autres  ont  donc  raison  contre  ceux 
qui,  avec  Nèsbitt,  Kœlliker,  etc.,  admettent  que  Tossificalion  des  os  de  la 
tête  n'est  pas  précédée  de  formation  cartilagineuse.  Seulement,  ce  ne  sont 
pas  des  cartilages  ayant  d'abord  la  forme  générale  que  l'os  aura  plus  lard, 
c'est  une  formation  successive  et  envahissante  au  fur  età  mesure  de  l'ossifl- 
cation.  De  plus,  ce  n'est  pas,  comme  l'admet  Kœlliker,  par  un  blastéme 
mou,  sécrété  par  le  périoste,  sans  cavités  cartilagineuses,  que  se  fait  la  for- 
mation osseuse  d'accroissement  des  os,  ainsi  que  le  décrit  et  figure  Kœlli- 
ker {loe.  ctf.,  fig.  llZj),  tant  pour  les  os  du  tronc  (p.  366)  que  pour  ceux 
du  crâne  (p.  376,  lig.  117,  et  p.  379).  Les  matériaux  de  cette  substance 
sont  bien  fournis  par  les  vaisseaux  du  périoste,  mais  ce  n'est  pas  un  blas- 
téme mou,  homogène.  C'est  celte  substance  ou  trame  cartilagineuse  parti- 
culière, creusée  de  petites  cavités  d'égales  dimensions  en  tout  sens,  en  gé- 
néral pour  les  os  de  la  tête;  allongées,  étroites,  à  grand  diamètre  parallèle  à 
la  surface  de  l'os  pour  ceux  du  tronc.  Nous  l'avons  assez  fait  connaître  pour 
^u'il  suffise  de  signaler  cette  différence. 

Kœlliker  appelle  os  primaire  l'os  qui  remplace  le  cartilage  primitive- 
ment existant  ;  os  secondaire  la  formation  osseuse  qui  se  forme  ensuite  , 
d'où  l'accroissement  en  volume.  Mais  cette  distinction  ne  peut  être  admise, 
car  on  ne  peut  pas  distinguer  l'un  de  ces  os  de  l'autre,  les  portions  de  sub- 
stance formées  d'une  manière  de  celles  formées  d'une  aulre;  tout  ce  qu'on 
peut  dire,  c'est  que  certaines  portions  se  forment  de  telle  manière  {forma- 
tion par  substitutioH)^  les  autres  d'une  autre  {formation  par  envahis- 
sement). On  ne  peut  pas  dire  non  ^\\i%  formation  primaire  ni  formation 
secondaire ,  car  la  formation  par  envahissement  commence  dans  le  crâne 
et  la  mâchoire  en  même  temps  que  la  formation  par  substitution  dans  la 
plupart  des  os  du  tronc;  daulre  part,  le  mode  par  envahissement  n'est  se- 
condaire que  pour  certains  os,  tandis  qu'il  est  primitif  pour  ceux  du  crâne. 
Ce  n'est  donc  pas  sur  la  simultanéité  ou  la  succession  des  formations 
osseuses  qu'il  faut  baser  leurs  subdivisions  en  modes  réellement  divers  et 
facilitant  l'exposé  du  phénomène,  mais  bien  sur  la  manière  dont  elles 


127 
s'opèrent.  Je  dis  par  substitution,  parce  qu'un  tissu  se  substitue  à  un 
autre  qui  existait,  et  formation  par  envahissement,  parce  que  la  Irame 
cartilagineuse  et  l'os  envahissent  une  plaie  où  ni  cartilage  ni  os  n'existaient 
en  repoussant  et  prenant  la  place  d'autres  tissus ,  lesquels  se  résorbent  là 
et  s'accroissent  du  côté  opposé. 

Nous  allons  raainlenant  entrer,  sans  plus  nous  arrêter,  dans  les  détails 
descriptifs  qui  concernent  le  développement  de  la  substance  osseuse. 

a.  FORMATION  OSSEUSE  PAR  SUBSTITCTION. 

Voici  de  quelle  manière  se  passe  ce  phénomène.  Lorsqu'on  parvient  à 
trouver  un  cartilage  préexistant  dans  lequel  il  n'y  ail  encore,  vers  le  point 
central ,  qu'un  peu  plus  d'opacité  que  partout  ailleurs  ,  sans  point  osseux 
proprement  dit  déjà  formé  ,  on  aperçoit  les  faits  suivants  :  Un  dépôt  gra- 
nuleux ,  opaque  s'est  formé  dans  la  substance  fondamentale  du  cartilage , 
dans  les  portions  de  cette  substance  qui  séparent  l'une  de  l'autre  les  cavités. 
Ce  dépôt  granuleux,  d'autant  plus  opaque  qu'il  est  plus  granuleux,  peut  être 
déjà  reconnu  ,  à  l'aide  de  l'acide  chlorhydiique ,  comme  phosphate  et 
carbonate  de  chaux  dans  les  cas  mêmes  où  l'on  ne  trouve  pas  encore  d'os- 
téoblaste  bien  formé.  C'est  à  lui  qu'est  due  cette  oparjté  plus  jurande  des 
parties  où  vont  apparaître  les  véritables  points  osseux ,  fait  déjà  noté  par 
M.  Lebert  chez  les  oiseaux  ;  il  se  forme ,  ainsi  que  plusieurs  des  faits  que 
nous  allons  décrire,  quelques  jours  avant  l'apparition  des  vaisseaux. 

Le  dépôt  s'avance ,  s'étend  peu  à  peu  vers  la  surface  de  Tos  et  vers  ses 
extrémités ,  sous  forme  de  traînées ,  quelquefois  assez  longues,  de  fines 
granulations  ,  qui  d'abord  n'ôlent  pas  au  cartilage  toute  sa  transparence  , 
mais  finissent  par  en  causer  l'opacité  en  augmentant  de  nombre  el  de  vo- 
lume. Ces  granulations  sont  à  bords  foncés ,  noirâtres ,  à  centre  jaunâtre» 
plus  clair.  Le  dépôt  marche  d'une  égale  rapidité  eu  tout  sens,  aussi ,  dans 
les  os  longs  et  plats,  il  atteint  le  périchondre  de  la  diaphyse  ou  des  faces 
bien  longtemps  avant  d'arriver  aux  extrémités  ou  aux  bords.  A  mesure 
qu'il  s'étend ,  les  parties  phosphatiques  primitivement  déposées  qui  étaient 
Irès-granuleuses  deviennent  de  plus  en  plus  homogènes-  Plus  elles  sont 
devenues  cohérentes  ,  homogènes,  fonddes  l'une  avec  l'autre,  c'est-à-dire 
anciennement  déposées ,  plus  elles  sont  transpiirentes  et  permettent  d'a- 
percevoir nettement  les  détails  de  leur  structure.  Plus  les  sels  terreux  sont 
récemment  déposés,  plus  ils  sont  granuleux,  moins  cohérents  et,  par  suite, 
opaques  ;  aussi,  dans  les  parties  de  substance  osseuse  nouvellement  dépo- 


138 

sées  vers  la  jonction  de  Tes  formé  et  du  cartilage  en  voie  d*ossiiication,  les 
détails  anatomiques  concernant  les  ostéoplastes  sont  toujours  difficiles  à 
étudier,  et  demandent  beaucoup  de  temps  pour  être  nettement  reconnus. 
En  général,  les  traînées  de  granulations  qui  semblent  marcher  en  avant- 
coureur  de  Tossification  proprement  dite ,  sont  plus  longues  et  formées  de 
granules  plus  fins  chez  les  jeunes  embryons  que  chez  les  fœtus  à  terme  ou 
les  enfants. 

Le  mode  de  formation  de  la  substance  fondamentale  des  os,  tel  que 
nous  venons  de  le  décrire,  est  le  même  pour  tous  les  os  et  pour  l'ossifica- 
tion des  cartilages  costaux  laryngiens,  etc.  Le  commencement  du  dépôt 
terreux  dans  le  cartilage  n'est  pas,  chez  l'embryon,  précédé  de  la  formation 
de  vaisseaux  ,  ce  n'est  que  consécutivement  qu'ils  se  forment.  De  plus,  il  y 
a  bien  des  vaisseaux  formés  chez  les  fœtus  à  terme  et  les  enfants  dans  les 
cartilages  qui  vont  s'ossifier  ;  mais  il  ne  faut  pas  croire  que  pendant  toute  la 
vie  utérine  des  vaisseaux  rampent  dans  le  cartilage  au-devant  de  la  forma- 
tion osseuse  ,  qui  ne  ferait  que  suivre  les  vaisseaux»  Il  n'en  est  rien ,  chez 
tous  les  embryons  jusqu'au  quatrième  mois  environ  de  la  grossesse,  il  n'y 
a  pour  les  os  du  tronc  de  vaisseaux  que  dans  la  substance  osseuse  déjà  for- 
mée ,  et  le  cartilage  dans  lequel  s'avance,  en  Iraioées  grauuleuses,  le  dépôt 
terreux  en  est  dépourvu.  Les  vaisseaux  s'avancent  en  même  temps  que  le 
dépôt,  mais  sans  le  précéder.  Ce  n'est  que  lorsque  les  os  et  cartilages  attei- 
gnent déjà  un  certain  volume  que  se  développent  des  capillaires  dans  tout 
le  cartilage  qui  va  s'ossiGer.  M.  Broca  a  (1),  comme  on  sait,  montré  que  les 
cartilages  articulaires  peuvent  s'ossifier  par  place,  surtout  vers  les  bords, 
«t  que  beaucoup  de  sujets  au  delà  de  ZiO  anë  présentent  déjà  cette 
ossification  sous  forme  de  petits  points  blanchâtres,  saillants,  qu'on  voit  par 
transparence  au  travers  du  cartilage.  Les  phénomènes  de  cette  ossification 
sont  les  mêmes  que  ceux  que  je  viens  de  signaler,  et  j'ai  pu,  en  vérifiant 
l'exactitude  des  faits  observés  par  M.  Broca,  voir  qu'il  ne  se  développe 
pas  de  vaisseaux  dans  le  cartilage  articulaire,  au-devant  des  points  en  voie 
d'ossification. 

Voilà  pour  ce  qui  est  relatif  à  la  formation  de  la  substance  fon- 
damentale, 

La  formation  des  ostéoplastes  a  lieu  en  même  temps  que  le  dépôt 


(i)  Broca,  Rapport  annuel  sub  les  travacx  de  la  Société  anatouique  de 
Paris.  1851. 


129 
lerreux,  et  voici  de  quelle  manière.  A  mesure  que  le  dépôt  s'avance  dans 
la  substance  fondamentale  entre  les  cavités  du  cartilage  contenant  des  cor- 
puscules chez  les  jeunes  fœtus,  des  cellules  chez  les  enfants,  on  voit  les 
corpusculesdevenir  moins  réguliers  et  présenter  quelquefois  des  petits  pro- 
longements irréguliers  sur  les  bords.  Plus  le  dépôt  s'avance,  ou,  si  l'on 
veut,  plus  on  approche  de  la  substance  osseuse  déjà  foimée,  plus  la  cavité 
du  cartilage  semble  se  rétrécir  et  avoir  des  bords  moins  nets,  plus  diffus  ; 
ce  qui  tient  à  l'étal  granuleux  du  dépôt  récemment  formé  qui,  remplaçant 
la  substance  du  cartilage,  circonscrit  chaque  cavité.  En  même  temps  aussi 
on  voit  le  contenu  des  cavités,  tant  les  corpuscules  chez  les  fœtus  que  les 
cellules  chez  les  enfants,  s'atrophier  peu  à  peu  pour  disparaître  bientôt 
tout  à  fait,  environ  vers  la  partie  moyenne  de  l'espace  rempli  par  le  dépôt 
terreux,  granuleux  et  non  encore  à  l'état  homogène.  Plus  le  dépôt  phos- 
phatique  devient  compacte,  plus  la  cavité  devenue  vide  de  son  ou  ses  cor- 
puscules ou  cellules  se  rétrécit,  diminue  de  diamètre  en  tous  sens;  et  au 
fur  et  à  mesure  qu'on  approche  de  la  substance  fondamentale  tout  à  fait 
compacte  et  homogène,  on  voit  que  ces  cavités  'commencent  à  reprendre 
des  bords  plus  nets.  Mais  les  bords  de  ces  cavités,  devenues  cavités  de  la 
substance  osseuse ,  au  lieu  d'être  pâles  comme  lorsqu'elles  étaient  cavités 
du  cartilage,  sont  au  contraire  noirâtres  foncés. 

Ici  la  cavité  caractéristique  de  l'os  ou  cavité  de  l'ostéoplaste  peut 
être  considéré  comme  formée.  Diamètre,  à  cette  époque,  0,018  à  0,025.  A 
peu  près  vers  ce  moment,  lorsque  déjà  rétrécie,  la  cavité  prend  des  bords 
nets  et  noirâtres,  ou  plutôt  un  peu  après,  on  voit  apparaître  â  la  périphérie 
de  la  cavité  comme  de  pelittes  incisures,  ou  fissures  noirâtres,  généralement 
simples,  quelquefois  bifurquées  à  leurs  extrémités.  Ce  sont  les  ramifica- 
tions de  l'ostéoplaste,  qui  commencent  à  apparaître.  Au  fur  et  à  mesure 
que  la  cavité  se  rétrécit,  la  longueur  et  aussi  un  peu  la  largeur  de  ces  cana- 
licules  augmente;  leurs  petites  flexuosilés  et  ramifications  se  multiplient. 
Celles-ci  commencent  ordinairement  par  une  bifurcation  de  l'extrémité  du 
canalicule  qui  s'allonge.  Cet  allongement  de  ce  petit  canal  se  fait  évidem- 
ment autant  par  suite  du  rétrécissement  de  la  cavité,  que  par  résorption  de 
substance  osseuse  à  rexlréraité  du  canalicule.  Cette  résorption  est  démon- 
trée par  le  fait  suivant  :  les  petits,  lorsqu'ils  apparaissent,  ne  sont  jamais 
anostomosés  et  sont  généralomcnl  simples  ;  une  fois  l'ostéoplaste  entière- 
ment développé  ou  à  peu  près  et  ne  se  rétrécissant  plus,  ils  sont  presque 
tous  subdivisés  et  beaucoup  s'anastomosent  par  leurs  extrémités,  avec  le» 
canaliculcs  semblables. 

9 


130 

Yoilà  pour  les  phénomènes  de  formation  de  Vostéoptaste. 

li  se  présente  alors  sous  forme  d'une  cavité  soil,  ovoide,  soil  allongée  , 
quelquefois  anguleuse  à  cause  de  l'orifice  élargi  par  lequel  s'abouchent  les 
canalicules.  U  a  environ  0"',01  à  0"',01i!i.  Le  centre  est  clair,  plus  ou  moins 
brillant,  comme  celui  d'une  petite  cavité  pleine  de  liquide;  les  bords  sont 
foncés,  noirâtres,  assez  nets  en  dehors,  mais  larges,  à  cause  de  la  forme 
sphéroidale  ou  polyédrique  de  la  cavité.  On  peut  s'assUrer  à  celte  époque 
de  la  vie  comme  chez  l'adulte  qu'il  n'y  a  pas  trace  de  carbonate  calcaire 
dans  leur  cavité  ;  contrairement  à  ce  que  pensent  les  anciens  observateurs, 
môme  Henle.  Aussi  les  noms  de  corpuscules  el  canalicules  calcaires  ne 
sauraient  être  conservés.  Des  canalicules  flexueux  ramilles,  souvent  anas- 
tomosés, partent  de  leur  périphérieo  Par  suite  des  progrès  de  l'âge,  les  ostéo- 
plastes  deviennent  en  généra!  plus  allongés  proporlionnellemenl,  mais  plus 
élroils  que  chez  le  fcetus.  Les  ramifications  deviennent  plus  nombreuses, 
plus  fines ,  moins  flexueuses,  pins  parallèles. 

En  résumé  on  voit  : 

1°  Qu'un  dépôt  de  sels  terreux  remplit  la  substance  transparente  du  car- 
tilage, et  donne  naissance  à  la  substance  fondamentale  de  l'os,  qui  est  d'a- 
bord granuleuse,  et  peu  à  peu  de  plus  en  plus  homogène, 

2"  Les  cavités  du  cartilage  donnent  naissance  aux  osléoplastes  ;  ou  mieux 
les  osléoplastes  dérivent  des  cavités  cartilagineuses ,  dont  les  corpuscules 
ou  les  cellules,  selon  le  cas,  se  résorbent ,  disparaissent  pour  n'être  rem- 
placés que  par  un  liquide  clair  qui  remplit  l'ostéoplaste.  De  pâles  et  nets 
qu'étMenl  les  bords  de  la  cavilé  cartilagineuse  >  ils  deviennent  d'abord 
difî'us  àcause  du  dépôt  granuleux  de  sels  terreux  dans  la  substance  qui  les 
limite  de  toutes  paris.  En  même  temps  se  fait  l'atrophie  des  corpuscules  et 
cellules. 

Il  n'est  pas  rare  aussi  de  voir  en  même  temps  une  cloison  s'avancer  des 
bords  de  la  cavilé  à  bords  diffus  et  la  partager  en  deux  et  même  trois  plus 
petites  caviîés,  qui  chacune  deviendra  un  ostéoplaste.  Donc  quelquefois, 
d'une  seule  cavilé  cartilagineuse  dérivent  deux  ou  trois  ostéoplastes. 
Ordinairement  celte  cloison  ne  devient  jamais  complète,  et  pendant  long- 
temps ces  osléoplastes  communiquent  par  un  simple  rétrécissement  assez 
large  et  court ,  ou  bien  allongée!  ressemblant  à  un  canaJicule  bien  plus  gros 
que  les  autres.  Au  fur  et  à  mesure  que  le  dépôt  terreux  prend  de  l'homo- 
généité, perd  son  aspect  grenu ,  les  bords  de  la  cavilé  se  délimitent  de 
nouveau  plus  nettement  et  prennent  une  teinte  foncée  ;  Tostéoplasle  se 
rétrécit  peu  à  peu  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  le  volume  indiqué  ci-dessus,  et  en 


lâi 

même  temps  se  développent  leurs  canalicules  de  la  manière  déjà  décrite. 
Bien  que  les  cavités  des  cartilages  qui  s'ossifient,  surtout  pour  les  os  longs 
soient  généralement  disposées  en  séries  régulières,  parallèles  ou  un  peu 
obliques  par  rapport  au  grand  axe  de  l'organe  et  comme  bifurquées  ou  em- 
branchées Tune  sur  l'antre,  on  ne  retrouve  plus  cette  disposition  conservée 
par  les  ostéoplastes.  Par  suite  du  resserrement  des  cavités,  plus  marqué 
soit  dans  un  sens,  soit  dans  l'autre,  survenant  dès  qu'elles  sont  circonscrites 
par  le  dépôt  terreux,  par  suile  de  leur  division  en  deux  ou  en  trois  par  un 
prolongement  transversal  de  ce  dépôt,  il  en  résulte  un  dérangement  complet 
de  ces  séries  des  cavités  du  cartilage. 

b.   FORMATION    OSSEUSK    PAR   ENVAHISSEMENT, 

Nous  avons  à  voir  ici  comme  précédemment: 

1°  De  quelle  manière  se  forme  le  dépôt  qui  remplit  îa  trame  cartila- 
gineuxe  dont  nous  avons  parlé  et  envahit  peu  à  peu  la  place  occupée  par 
d'autres  tissus; 

2°  Noos  avons  à  étudier  comment  se  forment  les  ostéoplastes.  Les 
phénomènes  que  nous  allons  décrire  se  passeat  de  îa  même  manière  dans 
la  trame  envahissante  de  formation  et  d'accroissement  des  os  de  îa  tête  et 
dans  celle  d'accroissement  des  os  du  iroac. 

Quoique  n'ayant  pas  pu  voir  le  dépftt  primitif  dans  les  os  du  crâne  comme 
dans  ceux  du  tronc,  il  est  probable  d'après  ce  que  nous  allons  dire  qu'il  se 
fait  de  la  même  manière.  Du  bord  de  l'os  déjà  formé  on  voit  un  dépôt 
grenu  qui  s'avance  dans  la  trame  cartilagineuse  entre  les  petites  cavités  , 
et  plus  noirâtre,  moins  transparent  que  la  sut«tance  osseuse  déjà  dé- 
veloppée. Au  fur  et  à  mesure  qu'il  se  prolonge  d'un  côté,  on  le  voit  comnse 
dans  le  premier  mode  déformation,  prendre  plus  de  cohérence  et  d'homo- 
généité dn  côté  de  l'os  déjà  formé  ;  en  un  mot,  la  substance  fondamentale  se 
forme  ici  comme  dans  la  formation  par  substitution. 

On  psul  en  dire  autant  des  ostéoplastes,  chaque  cavité  transparente  de 
ta  trame  cartilagineuse  devient  l'origine  de  l'un  d'entre  eux  et  très- rarement 
de  deux,  vu  ie  petit  volume  de  celles-là.  Quelquefois  même,  dans  les  pièces 
du  crâne  du  moins  ,  il  y  a  des  cavités  qui  sont  envahies  par  le  dépôt 
terreux,  qui  disparaissent,  sont  comblées,  et  ne  donnent  naissance  à  aucun 
ostéoplasle.  Aussi  dans  l'os  nouvellement  formé  ces  derniers  sont  dans 
quelques  régions  moins  nombreux  dans  un  espace  donné  que  les  ca^ité8 
ne  le  sont  dans  la  même  étaodue  de  trame  cartilagineuse.  Tant  que  le 
dépôt  phosphatique  est  récent,  encore  grenu  ,  l'osléoplasle  est  représenté 


152 
par  une  cavité  sans  incisures  ni  ramifications  sur  les  bords,  lesquels  ne 
sont  pas  aussi  nelleraenl  tranchés  que  pour  la  formation  par  substitution. 

Seulement  ici  les  cavités  sont  plus  petites  et  on  n'en  voit  pas  qui  soient 
partagées  en  deux  par  un  resserrement;  au  contraire,  il  semble  plutèt 
quelquefois  que  deux  cavités  du  cartilage  d'abord  bien  isolées  donnent 
quelquefois  naissance  à  deux  osléoplastes  qui  communiquent  entre  eux  par 
un  canal  plus  ou  moins  resserré.  Sans  avoir  pu  m'assurer  du  fait  aussi 
nettement  que  du  cloisonnement  dans  la  formation  par  substitution ,  la 
disposition  anatomique  de  certains  osléoplastes  le  rend  très-probable.  Les 
bords  se  limitent  de  mieux  en  mieux  au  fur  et  à  mesure  que  le  dépôt  devient 
homogène.  C'est  alors  qu'apparaissent  les  incisures,  origine  des  ramifications 
ou  canalicules,  dont  le  développement  continue  à  se  faire  comme  il  a  été  dit 
plus  haut. 

Il  est  à  remarquer  que  dans  les  portions  osseuses  récemment  formées,  il 
y  a  des  ostéopiastes  très-petits  à  côté  d'autres  volumineux,  tandis  que  dans 
les  os  anciens  il  y  a  beaucoup  moins  de  dilférence  dans  le  volume  relatif 
des  osléoplastes.  îl  est  donc  probable  que  ces  cavités  s'agrandissent  par 
résorption  de  la  substance  qui  les  limite  ,  fait  rendu  probable  par  cet  autre 
que  les  osléoplastes  sont  souvent  moins  réguliers,  plus  allongés  ou  comme 
recourbés  sur  eux-mêmes  dans  les  portions  osseuses  qui  ont  achevé  de  se 
former,  tandis  qu'ils  sont  presque  tous  ovoïdes  ou  à  peu  près  sphériques 
tant  quMls  n'ont  pas  encore  leurs  canalicules  périphéiiques  développés. 
C'est  en  partie  à  l'abouchement  plus  ou  moins  large  de  ceux-ci  que  sont 
dues  ces  déformations,  peu  importantes  au  fond. 

C'est  ici  le  lieu  de  signaler  le  troisième  mode  de  formation  de  la  sub- 
stance des  os. 

Je  ne  l'ai  observé  que  dans  les  os  du  crâne.  C'est  la  formation 
de  cette  matière  sans  préexistence  ni  de  cartilage  ni  de  blastème;  c'est 
la  formation  immédiate  de  celte  substance.  Kœlliker  croit  le  fait  bien 
plus  général  qu'il  n'est  en  réalité,  puisqu'il  pense  que-  la  formation  à  peu 
près  totale  des  os  de  la  voûte  crânienne,  etc.,  se  fait  de  la  sorte.  Or  nous 
avons  vu  qu'il  n'en  est  rien.  Ces  os  envahissent  la  place  qu'ils  n'occupaient 
pas  d'abord  en  s'avançant  sous  forme  de  digitations  ou  processus  osseux 
Irès-élroits  (1/6  à  3/à  de  millim.)  et  de  longueur  variable,  s'irradiant  au- 
tour d'un  centre  représenté  par  la  plaque  osseuse  déjà  formée. 

Dès  que  ces  processus  ou  irradiations  osseuses,  très-rapprochées  l'une 
de, l'autre,  ont  atteint  une  certaine  longueur,  ils  se  joignent  d'espace  en 
espace  transversalement  par  des  branches  transversales,  d'où  résultent  des 


133 
mailles  ou  orilicoi.  ou  mieux  d'où  résulte  que  les  rayons  ainsi  réunis  for- 
ment une  plaque  pei  forée  d'espaces  en  espaces.  Plus  tard  ces  orifices,  re- 
couverts des  deux  côtés  par  d'autres  productions  osseuses  analogues,  de- 
viennent des  mailles  du  tissu  spongieux  ou  des  conduits  pour  les  vaisseaux 
de  la  couche  compacte.  Les  processus  irradiés  présentent  toujours  à  leur 
extrémité  un  prolongement  non  encore  ossifié  de  la  trame  cartilagineuse, 
ijui  les  précède  pour  ainsi  dire  dans  leur  envahissement  ;  ces  prolongements 
ont  déjà  environ  la  largeur  qu'aura  le  processus  osseux  auquel  ils  préexis- 
tent, et  leur  longueur  varie  entre  un  quart  de  millimètre  et  quelquefois 
1  ou  2  millim.  Le  sonuaot  de  Pangle  rentrant  qu'ils  limitent  et  la  péri- 
phérie des  orifices  de  la  plaque  osseuse  déjà  formée  présentent  souvent 
aussi  un  peu  de  celte  trame  cartilagineuse,  laquelle  en  s'ossifianl  les  rétrécit 
plus  ou  moins.  Mais  de  plus  on  voit  que  les  bords  des  processus  osseux 
déjà  formés  sont  dépourvus  de  tratne  cartilagineuse,  et  pourlantil  s'y  forme 
de  la  substance  osseuse  et  des  ostéoplastes  qui  élargissent  le  processus. 

Les  ostéoplastes  apparaissent  d'abord  sous  forme  d'un  léger  enfoncement 
du  bord  des  processus;  le  plus  souvent  ses  bords  ne  sont  pas  Irès-aels; 
cependant  it  n'est  pas  rare  de  les  voir  dès  le  commencement  nettement  li- 
mités. Enfin  on  voit  l'enfoncement  devenir  de  plus  en  plus  profond, 
et  quelquefois  avant  qu'il  soit  complètement  fermé  les  incisures  ou  fissures, 
origines  des  canalicules  ramifiés,  se  montrent  au  nombre  d'un  à  quatre 
environ.  Peu  à  peu  de  largement  ouvert  qu'il  était  en  dehors,  il  devieut 
bientôt  resserré  de  ce  côté,  puis  tout  à  fait  clos.  Il  est  assez  commun, 
toutefois,  d'en  voir  qui  restent  en  communication  avec  la  surface  libre  de 
l'os  par  un  large  canalicule.  Ce  fait  s'observe  également  dans  les  ostéo- 
plastes qui  dérivent  de  la  trame  cartilagineuse. 

Il  y  a  quelques-uns  des  ostéoplastes,  se  développant  sur  le  bord  des  pro- 
cessus de  la  manière  que  nous  venons  de  décrire,  qui,  pendant  quelque 
temps,  représentent  un  véritable  orifice,  perçant  de  part  en  part  la  sub- 
stance osseuse,  trop  mince  en  cet  endroit  pour  circonscrire  de  toutes  parts 
l'ostéplaste.  Mais  bientôt,  en  s'épaissisanl,  elle  le  limite  tant  du  côté  du 
cerveau  que  de  celui  du  cuir  chevelu.  Dans  ce  mode  de  formation,  très- 
limité  comme  nous  venons  de  voir,  puisque  les  processus  ne  l'offrent  que 
de  loin  en  loin  et  que  tous  ne  le  présentent  pas,  il  est  possible  qu'un  blas- 
lèrae  précède  la  substance  osseuse  et  que  le  dépôt  caicairo  s'y  fasse  immé- 
diatement, mais  le  fait  n'est  pas  démontré. 

Nous  avons  renvoyé  pour  la  fin  le  mode  de  formation  de  la  substanco 
0660use  dans  le  cal. 


134 

U  est  le  même  que  la  formation  par  stibstitution,  modifié  seule- 
ment par  quelques  circonstances  accessoires  qui  ont  été  développées  par 
M.  Lebert  (Physiologie  pathologique,  1865,  t.  II,  p.  /i35  etZioS). 
Après  la  fracture,  k  moelle  est  infiltrée  de  sang  ;  il  en  est  de  même  du 
tissu  cellulaire  ambiant  et  des  muscles  rompus.  Au  bout  de  quarante- huit 
heures,  les  bouts  rompus  des  muscles  sont  arrondis,  gonflés  ;  d'une  part, 
ie  périoste  adhère  aux  muscles  voisins,  et  d'autre  par!,  entre  lui  et  l'os, 
s'est  développée  une  exsudation  plastique  liquide,  jaunâtre  contenant  des 
granulations  moléculaires.  Laissant  de  côté  ce  qui  se  passe  dans  la  moelle 
et  les  autres  parties  molles,  nous  voyons  vers  le  quatrième  jour  (chez  les 
chiens  et  les  lapins)  l'exsudation  sous-périoslalt  prendre  une  consistance 
cartilagineuse.  La  substance  fondamentale  est  fibroîde  ;  elle  est  creusée  de 
cavités  avec  des  globules  du  cartilage  dedans.  Plus  l'épanchement  sanguin 
S8  résorbe  et  la  moelle  devient  moins  hyperémiée,  plus  le  tissu  cartilagi- 
neux se  caractérise.  Vers  le  septième  jour,  la  portion  du  cartilage  formée 
sous  le  périoste  et  entre  des  exirérailés  rompues  commence  déjà  à  s'ossi- 
fier et  présente  déjà  des  vaisseaux  ;  ce  n'est  qu'à  ce  moment  qu'on  voit 
se  former  entre  les  extrémités  libres  des  fragments  au  niveau  de  la  moelle, 
la  substance  cartilagineuse,  en  même  temps  la  substance  osseuse  rompue 
se  ramollit  à  la  surface,  et  ses  vaisseaux,  ainsi  que  ceux  du  {térioste,  se 
répandent  dans  la  substance.  Dans  les  jours  suivants,  la  formation  de  la 
substance  osseu.se  s'étend  de  plus  en  plus;  elle  a  l'aspect  de  points  rou- 
geâtres,  grenus,  irradiés,  dont  les  radiations  se  joignent  bientôt  les  unes 
aux  autres  pour  former  un  tissu  poreux  et  alvéolaire,  sur  lequel  nous  re- 
viendrons plus  loin,  l^ortanl  sous  ie  microscope  ces  portions,  il  est  possible 
de  reconnaître  que  le  dépôt  grenu  se  forme,  comme  dans  les  cas  que  nous 
avons  vus  plus  haut,  et  que  les  osléoplastes  se  développent  de  la  même 
manière. 

Les  faits  décrits  plus  haut,  jeles  ai  observés  principalement  sur  des  fœtus 
humains  très-jeunes  qui  m'ont  été  remis  par  mes  collègues  d'internat  Le 
Brel  et  Empis,  ainsi  que  sur  divers  fœtus  que  j'ai  reçu  dans  des  cas  de 
fausse  couche,  dont  Tuu  entre  autres  n'avait  de  point  osseux  qu'à  la  clavi- 
cule et  à  la  mâchoire  inférieure.  Je  les  ai  observés  également  sur  des  fœtus 
de  chat,  de  rat  {Mus  decumanus)  et  de  lapin.  M.  Broca,  qui  a  fait  des  re- 
cherches sur  le  même  sujet,  est  arrivé  aux  mêmes  résultats  pour  les  points 
fondamentaux  (rapport  à  la  Société  anatomique,  1851).  L'un  et  l'autre 
nous  nous  somnoes  demandé  comment  il  était  possible  que  l'on  eût  admis 
(Schwanû,  Henle,  etc.)  que  les  ostéoplasics  se  formaient  aux  dépens  des 


135 
cellules  du  cartilage  dont  les  parois  s'épaissiraient  par  des  couches  con- 
centriques, comme  les  cellules  végétales,  en  laissanl  çà  el  là  des  points  où 
manque  le  dépôt,  d'où  formation  des  canalicuies.  Kœlliker,  qui  admet  en- 
core le  fait,  ajoute  bien  que  les  raniificalions  de  ces  canalicuies  et  leurs 
anastomoses  ont  lieu  par  résorption  de  la  membrane  primitive  au  niveau 
des  points  canalicuies  laissés  libres  par  le  dépôt,  puis  par  résorption  de  la 
substance  fondamentale  interposée  aux  ostéoplastes  ;  mais  pour  quiconque 
a  étudié  les  différentes  dispositions  du  catilage  déjà  signalées  aux  divers 
âges  de  la  vie  au  tronc  el  à  la  tête,  pour  quiconque  a  étudié  la  formation 
des  os  qui  viennent  remplacer  ce  cartilage,  une  pareille  explication  ne 
peol  supporter  examen.  La  figure  prise  sur  des  os  de  rachitiques  que  Kœl- 
liker apporte  à  Tappui  des  opinons  des  premiers  histogénisles  est  d'une 
exécution  trop  peu  délicate  el  trop  peu  parfaite,  pour  qu'il  soit  possible 
d'en  tirer  parti  ou  nécessaire  de  discuter  ce  qu'elle  tend  à  représenter. 
M.  Broca  et  moi  pensons  donc  qu'il  est  inutile  d'analyser  plus  longuement 
cette  manière  de  voir,  et  qu'elle  doit  rentrer  dans  l'histoire  de  la  science, 
avec  tant  d'autres  explications  qui  ont  bien  eu  leur  utilité  passagère,  alors 
qu'on  ne  connaissait  pas  encore  le  mode  réel  de  formation  de  t«l  ou  tel 
élément  anatomique,  mais  qui  maintenant  sont  nuisibles  en  donnant  une 
idée  fausse  et  trop  grossière  du  phénomène. 

II.  —  FORMATION  ET  DÉVELOPPEMENT  DU  TISSU  OSSEUX. 

Nous  devons  actuellement  examiner  de  quelle  manière  la  substance  élé- 
mentaire des  0$,  ou-éiément  des  os,  se  dispose,  s'arrange  avec  les  vais- 
seaux, pour  former  le  tissu  osseux  en  général;  puis  comment  celai-ci  se 
dispose,  d'une  part,  en  tissu  spongieux  ou  aréolaire,  d'autre  part  en 
tissu  compacte.  Ce  sont  là  les  deux  dispositions  ou  formes  particulières 
qu'elle  affecte  en  se  réunissant  aux  vaisseaux  pour  constituer  le  tissu  os- 
seux. Sous  un  autre  point  de  vue,  ce  sont  là  les  deux  formes  affectées  par 
le  tissu  osseux.  Quoique  nous  n'ayons  pas  à  dire  ici  de  quelle  manière  se 
forme  le  tissu  de  la  moelle  des  os,  nous  en  parlerons  dans  les  limites  de  ce 
qui  est  nécessaire  au  reste  de  ce  travail. 

a.   FORMATION    DV   TISSU   OSSEUX    EN   GÉNÉRAL. 

Nous  avons  poussé  lanalyse  anatomique  de  Tostéogénie  au  plus  haut 
degré  de  minutie  possible,  jusque  dans  ses  dernières  limites,  puisque  nous 
examinions  la  formation  des  éléments.  Parlons  maintenant  de  là  pour  voir 


136 
se  former  le  tissu,  qui  représente  un  ordre  de  parties  moins  délicates,  de- 
mandant un  exameu  moins  minutieux.  La  partie  du  cartilage  qui  va  être 
remplacée  par  de  l'os  commence  par  devenir  grisâtre,  terne,  nuageuse, 
aussi  bien  chez  les  mammifères  que  chez  les  oiseaux,  où  M.  Leberl  Ta  déjà 
noté  (Lebert,  Mal.  scROFtJL.  et  tdberc,  Paris,  18û9,  p.  479),  Puis  s'y 
forme  la  substance  de  la  manière  que  nous  avons  indiquée  :  elle  est  d'abord 
homogène  partout  à  peu  près,  sans  être  creusée  de  cavités  ni  pourvue  de 
vaisseaux.  Le  point  osseux  ainsi  constitué  représente  du  tissu  de  l'os  à  l'état 
rudimentaire,  ou  mieux  cette  substance  élémentaire,  cet  élément  n'a  pas 
encore  pris  la  disposition  de  tissu,  puisqu'il  est  seul  et  n'est  pas  encore  uni 
à  des  vaisseaux  ou  autres  éléments.  Pendant  tout  ce  temps,  la  substance 
est  homogène,  non  encore  creusée  de  cavités  ou  de  canaux.  Les  matériaux 
de  nuti'ition  du  cartilage  et  de  l'ossification  sont  donc  puisés  dans  les  vais- 
seaux du  périchondre  et  des  tissus  ambiants.  J'ai  trouvé  des  capillaires  dans 
les  03  longs  de  deux  fœtus  humains  ayant  environ  douze  semaines  ;  il  n'y  en 
avait  pas  dans  un  autre  qui  avait  environ  neuf  à  dix  semaines. 

On  peut  donc  dire,  à  quelques  jours  près,  que  le  tissu  osseux  commence 
à  se  former  vers  la  dixième  ou  onzième  semaine,  époque  de  l'apparition 
des  vaisseaux,  venant  s'adjoindre  à  la  substance  osseuse,  qui  par  consé- 
quent a  existé  seule,  à  l'état  d'élément  unique  et  isolé  des  capillaires  pen- 
dant une  à  deux  semaines  dans  les  os  longs,  où  elle  se  trouve  en  premier 
lieu.  Dans  les  os  qui  s'ossifient  plus  tard,  comme  ceux  du  carpe,  du  tarse, 
les  phalanges,  etc.,  les  vaisseaux  se  forment  aussi  après  la  première  appari- 
tion de  la  substance  osseuse,  qui  par  conséquent  n'est  pas  nécessairement 
précédée  par  eux;  mais  ils  s'y  forment  moins  longtemps  après  cette  pre- 
mière formation  que  pour  la  clavicule,  le  fémur,  le  tibia.  L'adjonction  des 
vaisseaux  à  la  substance  éléraenlaire  de  l'os  pour  former  le  tissu  osseux 
proprement  dil  m'a  paru  se  faire  dans  les  premiers  os  du  fœtus  dès  que  le 
point  osseux  arrive  au  contact  ou  à  peu  près  du  périchondre  du  cartilage 
qui  a  précédé  l'os.  Je  n'ai  pas  fait  d'observations  à  cet  égard  sur  les  os 
courts. 

Nous  avons  vu  déjà  que  ce  n'est  que  vers  la  fin  du  troisième  mois  ou  le 
quatrième  mois  que  les  vaisseaux  s'étendent  du  tissu  osseux  dans  le  carti- 
lage non  encore  ossifié,  et  du  quatrième  au  cinquième  ils  apparaissent  dans 
les  épiphyses  (Kœlliker,  etc.)  et  les  os  courts  les  plus  gros  ;  car  la  distribu- 
tion de  ces  vaisseaux  est  généralement  corrélative  au  volume  des  organes, 
il  n'a  pas  encore  vu  !a  pénétration  des  premiers  vaisseaux  dans  l'os,  on 
ne  peut  donc  que  soupçonner  par  analogie  la  manière  dont  le  phénomène 


137 
se  passe.  Mais  lorsqu'on  voit  la  compacité  des  parties  osseuses  nouvelle- 
ment formées,  lesquelles  pourtant  seront  bientôt  après  creusées  de  con- 
duits sanguins  et  de  cavités  médullaires  ;  lorsqu'on  voit  ces  dernières  se 
creuser  par  résorption  de  la  substance  d'abord  homogène  et  compacte,  on 
ne  peut  s'empêcher  de  supposer  que  c'est  par  suite  de  la  non-formation  de 
la  couche  envahissante  d'accroissement,  au  niveau  de  quelque  vaisseau  du 
périoste,  que  commence  le  canal,  et  qu'il  continue  à  se  creuser  et  s'avan- 
cer par  résorption  progressive  de  la  substance  osseuse  à  son  niveau.  Si  ce 
premier  phénomène  ne  peut  qu'ôlre  soupçonné  par  analogie,  les  suivants 
peuvent  être  vus.  La  substance  nouvellement  formée  ayant  pris  la  place  du 
cartilage,  est  comme  lui,  immédiatement  après  sa  formation,  partout  homo- 
gène, compacte  comme  ce  cartilage.  Mais  bientôt  elle  se  résorbe  par  place; 
partout  où  les  vaisseaux  arrivent,  elle  se  creuse  de  cavités,  ayant  forme  de 
conduits  quand  ils  sont  plus  longs  que  larges.  Mais,  comme  le  fait  remar- 
quer Kœltiker,  ce  n'est  pas  par  communication  des  cavités  du  cartilage 
que  se  forment  ces  canaux  et  cellules  dans  l'os  ;  ce  n'est  pas  non  plus  par 
dissolution  cl  résorption  de  portions  cartilagineuses  non  ossifiées  que  se 
forment  ces  conduits.  Cependant  il  est  possible  que  le  fait  se  passe  acces- 
soirement de  la  sorte  dans  les  cas  où,  comme  dans  l'ossification  du  cartilage 
du  cal,  plusieurs  petits  points  osseux  apparaissent  simultanément,  8*en- 
voient  des  prolongements  étoiles,  et  finissent  par  se  réunir  en  circonscri- 
vant de  petites  portions  de  cartilage  non  encore  ossifié. 

Une  fois  ces  cavités  creusées  dans  l'os  et  les  vaisseaux  répandus  contre 
leurs  parois,  on  peut  dire  d'une  manière  générale  que  le  tissu  osseux  est 
formé.  Dans  les  os  longs,  pendant  quelques  mois  ce  tissu  est  séparé  du 
cartilage  par  une  certaine  épaisseur  de  substance  osseuse  nouvellement 
formée  homogène.  Mais  vers  le  milieu  de  la  vie  intra  utérine,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit,  les  cavités  et  conduits  de  l'os,  ainsi  que  leurs  capillaires,  se 
formant  plus  vite  que  le  dépài  calcaire  ne  s'avance  vers  les  extrémités  ar- 
ticulaires, ces  cavités  et  conduits,  disons-nous,  traversent  cette  substance 
nouvellement  formée  et  pénètrent  dans  le  cartilage  qui  s'ossifiera  plus 
tard. 

11  faut  ici  dire  quelques  mots  de  ces  canaux  vaiculaires  ou  médul- 
laires du  cartilage  ou  canalicules  des  cartilages.  Ils  se  forment  certai- 
nement par  résorption  de  la  substance  fondamentale  et  des  cavités  et  cel- 
lules du  cartilage  comme  s'est  résorbée  celle  de  l'os  ;  fait  admis  par  Kœl- 
liker.  Il  se  passe  probablement  en  même  temps  quelques  changements  dans 
la  substance  qui  les  limite,  car  celle-ci  contient  des  cavités  cartilagineuses 


Î38 
élroiles,  allongées  plutôt  dans  le  sens  de  la  direclion  du  cânal  que  dans 
tout  autre.  Cescanaux  et  les  vaisseaux  qu'ils  renferment  parlent  à  peu  près 
à  angle  droit  de  la  surface  osseuse  fonnée  qui  adhère  au  cartilage,  puis  se 
ramifient,  et  s'anastomosent  ensemble.  Dans  }e^:  épiphyses  et  les  os  courts, 
ils  sont  plus  nombreux  autour  du  point  osseux  déjà  formé  qu'ailleurs,  et 
ils  sont  comme  irradiées  autour  de  ce  point.  Ceux  des  os  longs  partent  évi- 
demment de  l'os  qui  en  est  l'origine  principale,  et  vont  s'anastomoser  ac- 
cessoirement avec  deux  du  périchoodre.  Vers  les  surfaces  articulaires,  ils 
s'arrêtent  assez  brusquement  avant  d'atteindre  la  cavité,  â  une  distance 
mesurée  par  l'épaisseur  du  cartilage  articulaire.  Ils  ont  de  0""",08  â  0"^,30 
et  même  plus;  vers  le  cartilage  articulaire  et  ailleurs,  ils  se  terminent  en 
uîi  cul-de-sac  souvent  renflé  ;  ces  renflements  se  remarquent  du  reste  çà 
et  là  par  leurs  trajets.  Ils  renferment  des  vaisseaux  qui  ont  toutes  leurs 
parois,  même  l'adventice  ou  de  tissu  cellulaire,  laquelle,  chez  les  fœtus  et 
jeunes  sujets,  renferme  des  éléments  fibro- plastiques  très-allongés  et  très- 
nets.  Kœlliker  a  constaté  la  paroi  musculaire  dans  les  artères,  II  y  a  dans 
ces  canaux,  comme  Pavait  déjà  vu  Howships,  un  ou  deux  gros  vaisseaux, 
ou  bien  plusieurs  capillaires.  Ils  s'anastomosent  d'un  canal  à  l'autre,  et 
vers  la  terminaison  des  canaux  du  cartilage,  on  peut  retirer  des  capillaires 
qui  se  recourbent  en  anses  fiexueuses,  et  dont  certainement  un  côté  est 
aflériel  et  l'autre  veineux  ;  quelquefois  celui-ci  reste  plein  de  globules 


sanguins. 


Entre  le  vaisseau  et  la  substance  du  cartilage  se  trouvent  des  cellules 
médullaires  et  des  noyaux  libres  médullaires  tvoy.  Charles  Robin, 
Tableaux  d'anatomie,  1850,  9»  tableau,  n**  20  et  21).  Ils  forment  ce  que 
Kœlliker  appelle  moelle  du  cartilage.  Ils  sont  accompagnés  de  granulations 
moléculaires.  Dans  de  larges  conduits  de  cartilages  costaux  déjà  vascu- 
laires,  mais  non  encore  ossifiés,  là  où  se  trouvaient  ces  conduits,  j'ai  trouvé 
des  vésicules  adipeuses  avec  les  éléments  ci-dessus.  Dans  le  cartilage  ainsi 
vasculaire,  dès  qu'il  y  a  ossification,  le  tissu  osseux  exhle,  se  trouve  formé; 
c'est  l'élément  vaisseau  capillaire  qui  préexiste  ici  au  lieu  de  la  subslance 
de  Vos  qui  dans  les  premiers  temps  se  forme  la  première.  Ici  encore  cepen- 
dant, à  mesure  que  l'os  augmente  de  volume,  la  substance  nouvellement 
formée  se  creuse  de  conduits  et  cavités,  et  simultanément  les  vaisseaux  mul- 
tiplient leurs  ramifications.  Mais  les  premières  cavités  et  conduits  vascu- 
laires  de  ce  tissu  dérivent,  sont  formées  par  les  canaux  vasculaires  préexis- 
tant dans  le  cartilage. 

Dans  les  os  de  la  voûte  du  crâne  et  de  la  face  qui  se  forment  par  enva- 


139 

hissement,  jamais  la  trame  cartilagineuse  n'est  vasculaîre  à  proprement 
parler  comme  les  cartilages  dont  nous  venons  de  parier.  Les  processus  de 
celte  trame  qui  se  prolongent  au  devant  des  rayons  osseux,  anastomosés 
entre  eux,  ou  bien  la  bordure  qu'elle  forme  autour  de  ces  os,  déjà  assez 
avancés  dans  leur  développement,  n'est  jamais  vasculaire.  Dès  que  le  point 
osseux  qui  commence  l'os  est  formé,  ces  processus  cartilagineux  envahis- 
sants, lamelieux,  irradiés  en  tout  sens  pour  les  os  plats,  circonscrivent  en 
s'anastomosanl  transversalement  des  espaces  remplis  par  du  tissu  cellulaire 
et  des  vaisseaux.  Bientôt,  en  s'ossifiant,  ces  rayons  donnent  naissance  aux 
rayons  et  lamelles  osseuses  qui  circonscrivent  les  mêmes  espaces,  parcou- 
rus par  les  vaisseaux  et  le  tissu  cellulaire  ;  en  sorte  que  dès  l'apparition  de 
la  substance  osseuse,  il  y  a  tissu  osseux  formé.  Maintenant  on  voit,  à  me- 
sure que  l'os  augmente  de  volume,  qu'il  perd  de  plus  en  plus  l'aspect  d'une 
plaque  réticulée,  laraelleuse,  percée  à  jour  qu'il  avait  d'abord  pour  prendre 
celui  d'une  lame  plus  ou  moins  épaisse  parcourue  de  canaux  va&culaires  et 
creusée  de  cavités  devenant  de  plus  en  plus  étroites  proportionnement  au 
volume  de  Tos. 

Ce  n'est  que  sur  les  bords  et  jusqu'à  l'époque  de  la  naissance  à  peu  près 
qu'on  retrouve  un  peu  l'aspect  réticulé.  Pendant  longtemps  on  retrouve 
encore  sur  les  os  du  crâne  du  tissu  cellulaire  et  des  éléments  Qbro-plas- 
tiques  autour  des  vaisseaux  dans  les  conduits  superficiels  et  périphé- 
riques irradiés,  comme  l'étaient  autrefois  les  rayons  osseux  formés  en  pre- 
mier lieu.  Mais  en  approchant  de  l'étal  de  développement  complet,  le  tissu 
cellulaire  disparaît  peu  à  peu.  L'aspect  de  ces  rayons  osseux  vus  au  micros- 
cope sur  les  bords  des  plaques  osseuses  du  crâne  chez  le  fœtus  se  trouve  & 
peu  près  reproduit  en  grand  par  les  dentelures  enchevêtrées  qui  forment 
les  sutures  par  engrenage  des  os  du  crâne;  principalement  par  les  ocoipilo- 
pariétales,  dans  le  voisinage  de  l'angle  postéroMuférieur  ou  mastoïdien  du 
pfariétal. 

b.  PARTICDLARIXÉS  DE  LA    FORMATION  DU    TISSO  SPONGIEUX. 

Dès  que  les  vaisseaux  ont  pénétré  dans  la  substahce  des  os,  on  peut  ob-* 
server  que,  d'abord  assez  compacte,  elle  se  résorbe,  se  creuse  peu  à  peu, 
de  manière  à  ce  que  les  cavités  et  conduits  dont  nous  avons  parié  s'agran- 
dissent incessamment.  Au  fur  et  à  mesure  que  l'os  augmente  de  volume  à 
la  périphérie  par  envahissement,  l'os  se  creuse  au  centre,  s'y  raréfie  par 
résorption  directe,  de  toutes  pièces,  sans  repasser  par  Tétai  de  cartilage. 


l/lO 
La  substance  osseuse  disparaît  de  là  où  elle  était  d'abord  à  Tétat  compacte, 
et  se  forme,  se  reporte  en  quelque  sorte  à  la  périphérie. 

À  celle  époque,  le  centre  des  portions  osseuses  formées  dans  les  os  longs 
ou  même  celui  des  points  osseux  épiphysaires  Ee  présente  comme  coD?tUué 
par  un  tissu  aréoiaire,  formé  de  lamelles  à  bords  irréguliers,  dentelés, 
mousses,  circonscrivant  des  cavités  irrégulières  pleines  de  moelle  et  par- 
courues par  les  vaisseaux.  Une  portion  plus  complète  les  sépare  du  cartilage 
en  voie  d'ossification.  Ces  cavités  sont  plus  larges  que  ces  lamelles  et  tra- 
bécules  de  substance  osseuse  qui  les  séparent,  disposition  qui  s'accroit  jus- 
qu'au moment  où  elle  est  devenue  ce  que  nous  la  voyons  à  l'état  adulte. 
Pendant  un  certain  temps,  la  portion  d'os  qui  sera  occupée  par  le  canal 
médullaire  offre  celte  disposition,  et  c'est  par  résorption  complète  vers  le 
centre,  et  à  peu  près  complète  ailleurs,  que  se  creuse  ce  canal,  mais  non 
par  adjonction  de  deux  demi- canaux. 

Les  os  de  la  voûte  du  crâne  sont  primitivement  du  tissu  spongieux,  formé 
par  les  aréoles  dont  nous  avo3s  parlé,  qui  deviennent  cavités  communi- 
quant entre  elles  à  mesure  que  les  rayons  osseux  s'épaississant  tant  du  côté 
du  cerveau  que  de  celui  du  cuir  chevelu,  s'étalent  de  manière  à  limiter  de 
ces  côtés  les  espaces  d'abord  percés  à  jour.  Pour  achever  complètement 
cette  partie  du  sujet,  il  faudrait  décrire  de  quelle  manière  se  passent  les 
phénomènes  de  délimitation  des  conduits  veineux  et  artériels  des  vertèbres, 
des  os  de  la  tête,  etc.  ;  mais  nos  connaissances  à  cet  égard  sont  à  peu  près 
nulles,  et  ce  point  reste  encore  à  explorer. 

C.  PARTICULARITÉS  DE   LA  FORMATION  DV  TISSD  COMPACTE. 

Dès  que  la  substance  osseuse  a  complètement  remplacé  le  cartilage  qui 
la  précédait,  la  résorption  de  la  substance  compacte  primitivement  formée, 
d'où  résultent  les  cavités  du  tissu  spongieux,  n'atteint  jamais  jusqu'à  la 
surface  de  l'os.  Il  reste  toujours  là  une  couche  de  substance  compacte  de 
2/5  à  2/3  de  raillimèlre.  L'ossification  envahissante  d'accroissement  tend 
toujours  à  la  rendre  plus  épaisse,  mais  la  résorption  vers  la  face  interne  la 
maintient  avec  une  épaisseur  égale  à  peu  près  pour  les  os  plais  et  courts, 
et  la  laisse  pourtant  augmenter  un  peu  d'épaisseur  avec  l'âge  pour  les  os 
longs.  Cette  couche  de  tissu  compacte  est  moins  dense  chez  les  jeunes  su- 
jets, parce  que  les  canaux  vasculaires  sont  plus  larges  que  chez  les 
adultes. 

L'ostéite  a  quelquefois  pour  résultai  de  raréfier  plus  ou  moins  ce  tissu 


compacte,  en  aiuenaut  Paugmeolatiou  de  volume  des  vaisseaux  et  l'aug- 
mentation du  diamètre  de  leurs  canalicules  par  résorption  au  fur  et  à  me- 
sure de  la  dilatation  vasculaire. 

Les  rayons  des  os  du  crâne,  en  épaississant  aux  faces  cérébrales  et  exté- 
rieures par  envahissement  progressif  de  la  trame  cartilagineuse  que  nous 
connaissons,  s'envoient  des  anastomoses  de  plus  en  plus  nombreuses  de 
celte  substance  ;  d'où  résulte  que  les  surfaces  de  ces  os  sont  bientôt  plus 
denses,  plus  compactes,  parcourues  de  cavités  et  canaux  plus  étroits  que  la 
partie  intermédiaire.  Celle-ci  se  résorbe  de  plus  en  plus,  de  manière  que 
ses  cavités  s'agrandissent,  d'où  résulte  la  formation  du  diploé,  tandis  que 
les  parties  superficielles,  incessamment  déposées,  restent  denses  et  forment 
les  deux  lames  compactes  de  ces  os. 

Partis  de  la  substance  osseuse  non  encore  apparue,  nous  devons  arriver 
à  voir  naître  successivement  tout  ce  qu'on  observe  dans  l'os  tout  à  fait 
formé  et  nous  arrêter  au  moment  où  plus  rien  de  nouveau  ne  se  forme. 
Nous  avons  vu  naître  : 

i*  La  substance  fondamentale  ; 

2"  Les  ostéoplasles  ; 

3°  Les  cavités  et  canaux  où  sont  les  vaisseaux  et  la  moelle: 

/(°  Le  tissu  spongieux  ; 

5"  Le  tissu  compacte. 

6»  Nous  avons  vu  pénétrer  les  vaisseaux  dans  les  canaux  se  formant. 

Majs  il  nous  reste,  pour  finir,  à  voir  de  quelle  manière  s'achèvent  les  ca- 
naux  ou  canalictihs  tasculaires  (canaux  de  Havers,  canalicules  médul- 
laires, etc.),  et  comment  se  forment  les  couches  concentriques  de  substance 
osseuse  qui  les  entourent.  Nous  devons  en  parler  surtout  à  propos  du 
lissu  compacte,  parce  que  c'est  dans  ce  tissu  principalement,  et  accessoire- 
ment dans  les  lamelles  et  trabécules  les  plus  épaisses  du  tissu  spongieux, 
qu'on  les  rencontre.  Les  plus  fines,  au  contraire,  sont  simplement  une  cou- 
che mince  ou  trabécule  de  substance  osseuse  n'ayant  de  vaisseaux  que  ceux 
qui  rampent  à  sa  surface.  Celles  de  ces  couches  concentriques  qu'on  ob- 
servée la  surface  de  l'os  semblent  bien  provenir  de  la  solidification  des  cou- 
ches de  la  trame  cartilagineuse  envahissante  d'accroissement.  Kœlliker 
l'admet  comme  démontré.  11  ne  pense  pas  que  dans  les  canalicules  vascu- 
laires.  qui,  chez  les  jeunes  sujets,  sont  proportionnellement  très-larges,  les 
couches  concentriques  qui  viennent  les  rétrécir  soient  dues  à  un  dépôt  di- 
rect de  substance,  par  les  vaisseaux  contenus,  fait  probable  puisqu'il  y  a 
des  cellules  médullaires  et  des  granulations  entre  les  vaisseaux  et  la  sub- 


Iâ2 
stance  qui  limite  les  cacalicules.  D'après  lui,  un  hlastème  homogène  pius 
ou  moins  ossifié  serait  fréquemment  visible,  tapissant  ia  face  interne  de  ces 
conduits  et  tendant  à  les  rétrécir  en  s'ossifiant.  Il  est  donc  probable  que 
les  matériaux  de  ce  blaslème  sont  fournis  primitivement  [)ar  les  capillaires, 
et  que,  secondairement,  il  est  comme  exudé  à  !a  face  interne  de  l'os  déjà 
formé,  par  celui-là  même  ;  à  moins  d'admettre  qu'il  est  déposé  par  les  ca- 
pillaires, non  pas  direcleraent,  comme  on  le  pensait,  mais  indirectement 
par  suite  Ue  l'existence  des  cellules  médullaires  qui  séparent  la  substance 
de  l'os  formant  le  canal  des  vaisseaux  que  renferme  celui-ci.  En  somme,  à 
cet  égard,  on  ne  sait  encore  rien  de  bien  précis. 

DÉVELOPPEMENT   DE  LA  MOXLLE  DES  OS. 

îl  faut,  par  rapport  à  la  moelle,  savoir  d'abord  qu'elle  est  composée  : 
d"  de  matière  amorphe  unissante  avec  des  granulations  moléculaires  ;  2"  de 
cellules  et  de  noyaux  libres  médullaires;  3°  de  plaques  à  noyaux  multiples 
(pour  des  éléments,  v.  Ch.  Robin,  Mém.  de  la  Soc.  de  biol.,  Î8â9);  iS'de 
vésicules  adipeuses  ;  5"  de  vaisseaux. 

On  sait  qu'il  n'y  a  pas  de  membrane  médullaire  dans  les  os  ;  c'est  là  une 
des  nombreuses  créations  de  l'esprit  des  anatomistes  encore  admises.  (V. 
Gosselin  et  Begnauld,  Arch.  de  mkd.,  18Zi7.)  Il  n'y  a  d'autre  tissu  cellu- 
laire et  GbrQ-plasîique  que  celui  qui  forme  la  lunique  adventice  des  pius 
gros  vaisseaux. 

La  moelle  formée  par  ces  éléments  peut,  par  prédominance  ou  diminu- 
tion de  l'un  d'eux,  présenter  trois  formée  ou  variétés  susceptibles  de 
passer  de  l'une  à  l'autre  par  gradations  insensibles,  chez  le  même  indi- 
vidu, dans  des  oa  différents,  ou  chez  divers  sujets,  suivant  certaines  condi- 
tions tant  normales  que  morbides.  La  première  peut  être  appelée  moelle 
fœtale, i^âroe.  qu'elle  existe  dans  tous  les  os  du  foetus  et  des  enfanls  jusqu'à 
4  ou  5  ans,  plus  ou  moins.  Celle  forme  persiste  quelquefois  dans  la  moelle 
du  tissu  spongieux  chez  l'adulte.  Elle  est  caractérisée  anatomiquemenl  par 
sa  couleur  rouge  et  par  prédominance  des  vaisseaux  et  des  cellules  et  pla- 
ques médullaires  sur  les  autres  éléments;  les  vésicules  adipeuses  même 
manquent  jusqu'à  la  naissance  et  quelquefois  plus  tard.  La  deuxième  est  la 
forme  gélatineuse;  ici  c'est  la  matière  amorphe  qui  l'emporte,  principale- 
ment sur  les  vésicules  adipeuses.  La  troisième  est  la  forme  graisseuse  ca- 
ractérisée par  sa  consistance,  sa  couleur  de  graisse,  et  par  prédominance 
des  vésicules  adipeuses  ;  elle  ne  se  trouve  généralement  que  chez  l'adulte, 


1Û3 
el  la  moelle,  avant  de  prendre  celle  ronce,  passe  cliez  les  jeunes  sujets  par 
U  seconde.  LMoflammalion  lui  fait  prendre  aussi  la  forme  gélatineuse,  el 
quelquefois,  si  elle  se  prolonge,  la  forme  fœlaie. 

Dès  que,  chez  le  fetue,  l'os  se  résorbe  pour  donr.er  naissance  aux  cavités 
médullaires  el  conduits  des  vaisseaux,  en  même  temps  que  pénètrent  ceux- 
ci,  on  voit  se  développer,  soit  dans  les  os  du  crâne,  soit  an  tronc  des  cel- 
lules el  noyaux  libres  médullaires,  puis  les  plaques  à  noyaux  multiples,  les 
granulations  moléculaires  avec  la  matière  amorphe,  qui  est  souvent  presque 
liquide  el  abondante.  La  manière  dont  ces  éléments  commencent  à  se  for- 
mer et  les  phases  de  lenr  développement  ne  sont  pas  encore  connus.  Il  s'y 
développe  aussi  les  globules  sphériques  avec  ou  sans  noyaux,  ayant  0""",5 
environ  qui  accompagnent  généralement  les  plaques  à  noyaux  multiples, 
surtoot  dans  les  os  spongieux.  (V.  Cb.  Robin,  Tableaux  d\\natomie,  in- 
à",  1850,  9°  tableau,  n'  23  bis.)  La  moelle  reste  ainsi  constituée  par  ces 
seuls  éléments  jusqu'à  l'époque  de  la  naissance  pour  les  os  longs,  et  plus 
tard  pour  les  og  plats  et  les  os  spongieux.  Elle  est  alors  opaque,  rouge  et 
molle.  Ce  n'est  qu'à  l'époque  indiquée  loul  à  l'heure  que  se  développent  les 
vésicules  adipeuses,  de  la  manière  que  j'ai  indiquée  dans  les  Mémoires  de 
LA  Société  de  biologie  (18/j9).  Mais  il  en  exisle  déjà  depuis  longtemps 
lorsque  la  moelle  prend  la  forme  graisseuse,  car  ce  n'est  que  leur  prédo- 
minance qui  est  cause  de  cet  aspect.  Si  les  vésicules  restent  peu  nom- 
breuses, comme  les  cellules  médullaires  et  plaques  multiclées,  éléments 
principaux  de  la  moelle  fœtale,  se  multiplient  peu  avec  les  progrès  de 
Page,  la  matière  amorphe  prédominant,  on  voit  apparaître  la  forme  gélati- 
neuse, demi-lransparente,  souvent  rosée  ou  un  peu  jaunâtre.  Les  noyaux 
libres  et  cellules  médullaires,  ainsi  que  les  plaques  à  noyaux  multiples  dont 
nous  avons  parlé,  sont,  après  les  vaisseaux,  les  éléments  principaux  de  la 
moelle  du  fœlus  el  les  éléments  accessoires,  quant  à  la  masse,  de  la  moelle 
de  l'adulte. 

Les  plaques  à  noyaux  multiples  sont  importantes  à  connaître,  parce 
qu'elles  sont  un  élément  caractéristique  de  certaines  tumeurs  homœo- 
morphes  des  os,  entre  autres  des  épulis  prenant  origine  dansle  tissu  osseux. 
Elles  deviennent  encore  plus  nombreuses  dans  ces  tumeurs  que  dans  la 
moelle  du  fœtus.  Elles  sont  très-nombreuses  aussi  dans  les  couches  fon- 
gueuses, végétantes,  très-vasculaires,  partant  du  tissu  spongieux  qui,  dans 
les  tumeurs  blanches,  soulève  le  cartilage  el  le  détache  de  la  surface 
de  laquelle  il  adhérait.  (V.  Ch.  Robin,  Mém.  de  la  Soc.  de  biol.,  18û9.) 
Kœlliker  les  figure,  ainsi  que  les  noyaux  et  cellules  médullaires,  sans  en 


connaître  la  signilicalion  (fig.  113  et  121)  ;  peut-être  y  a-lil  aussi  des  élé- 
ments Obro-plasliques  dans  ses  figures,  car  ils  sont  nombreux  autour  des 
vaisseaux  de  la  moelle  et  du  fœtus;  mais  ces  dessins  ne  sont  pas  assez  par- 
faits pour  qu'il  soit  possible  de  porter  un  jugement  sur  ce  fait. 

III.  FORMATION  ET  DÉVELOPPEMEIVT  DU  SYSTÈME  OSSEUX. 

On  sait  qu'on  réserve  le  nom  de  système  pour  chacune  des  parties  du 
corps  constituée  par  les  organes  premiers  de  même  espèce,  résuUanljlt 
la  subdivision  des  organes  proprement  dits  en  parties  similaires,  ou,  dans 
un  autre  sens,  au  tout  continu  ou  subdivisé  en  parties  similaires  ou  or- 
ganes premiers^  se  réunissant  pour  former  les  organes  proprement  dits, 
que  représente  chaque  tissu  considéré  dans  son  ensemble.  Dans  le  dévelop- 
pement des  os,  il  y  a  donc  système  dès  qu'un  certain  nombre  de  points  os- 
seux primitifs  ont  apparu  dans  divers  os.  Le  système  n'est  qu'à  l'état  rudi- 
mentaire,  quand  il  n'y  a  que  la  clavicule  et  la  mâchoire  qui  aient  leur  point 
osseux  ;  mais  déjà  il  existe.  Son  développement  se  fait  d'après  certaines 
lois  ;  c'est  ainsi  que  les  parties  du  système  se  développent  généralement  de 
la  circonférence  du  corps  vers  le  centre  ;  que  les  os  occupant  les  parties  la- 
térales du  corps  se  forment  avant  ceux  qui  occupent  les  parties  médianes  ; 
que  les  côtes  s'ossifient  avant  les  vertèbres,  les  apophyses  des  vertèbres 
avant  le  corps,  etc.  N'ayant  pas  fait  de  recherches  spéciales  sur  ce  sujet,  il 
suffit  d'indiquer  les  faits'  qui  précèdent. 


DE  LA  NATURE  LOCALE  OU  GÉNÉRALE 


DES  TUMEURS. 


Mémoire  communiqué  à  la  Société  en  octobre  18t>0, 


P.U» 


M.  LE  Docteur  LEBEUT. 


Dans  un  ouvrage  étendu  sur  les  maladies  cancéreuses,  qui  vient  d'être 
livré  à  la  publicité,  j'ai  exposé  le  résultat  de  toutes  mes  études  sur  l'histoire 
générale  et  spéciale  du  cancer  proprement  dit  et  des  maladies  curables  con- 
fondues avec  lui. 

Je  publierai  de  plus,  prochainemeul,  dans  le  troisième  volume  des  Mi- 
MoinES  DE  LA  SOCIÉTÉ  MÉDICALE  d'observation,  quelques-uDS  des  faits  les 
plus  importants  qui  m'ont  servi  à  établir  mes  doctrines  générales  sur  le 
cancroïde. 

Au  moment  de  présenter  ces  travaux  au  public,  j'éprouve  le  besoin  de 
développer  spécialement  ici  le  point  de  doctrine  des  maladies  cancéreuses 
que  je  regarde  comme  de  beaucoup  le  plus  important  pour  la  science  aussi 
bien  que  pour  la  pratique  :  c'est  celui  qui  est  relatif  à  la  nature  locale  ou 
générale  du  cancer  et  des  tumeurs  avec  lesquelles  on  le  confond. 

10 


146 

T'entiaot  des  siècles  on  a  cru,  el  aujourd'hui  encore  on  imagine,  que  les 
termes  de  malignité  el  de  bénignité  désignent  la  diflérence  fondamenlale 
entre  le  cancer  et  les  autres  produits  accidentels.  Mais  quelle  déplorable 
absence  de  philosophie  médicale  dans  une  division  aussi  peu  rationnelle  ! 
On  ne  saurait  douter  que  celle  division  des  tumeurs  a  exercé  une 
jnilaence  très-lâcheuse  sur  les  progrès  de  la  chirurgie.  En  faisant  de 
ces  termes  vagues  et  élastiques  un  principe  de  classification,  on  n'a  pas 
mieux  fait  la  science  que  le  vulgaire  qui  divise  les  maladies  eu  celles  qui 
guérissent  et  celles  qui  tuent,  ou  les  bergers,  qui  classent  les  plantes  en 
herbes  de  pâturage  et  en  herbes  vénéneuses. 

Ce  qui  prouve  encore  toute  l'inconsislance  scientifique  d'une  pareille 
division,  c'est  que  la  même  tumeur  peut  être  tour  à  tour  bénigne  ou  ma- 
ligne, selon  qu'elle  est  placée  à  1  centimètre  plus  haut  ou  plus  bas.  Citons 
un  pxemple  :  une  tumeur  fibreuse  de  l'utérus  donne  lieu  à  des  hémorrha- 
gies  abondantes  qui  épuisent  les  forces  de  la  malade  ;  cette  tumeur  est-elle 
accessible  aux  moyens  chirurgicaux,  on  l'extrait  et  la  malade  guérit; 
mais  si  celle  même  tumeur  est  située  dans  une  partie  de  l'utérus  où  l'on  ne 
puisse  l'atteindre,  a-t-elle  par  cela  même  changé  de  nature,  et  de  bénigne 
est-elle  devenue  maligne? 

La  maladie  connue  par  les  chirurgiens  sous  le  nom  d'ulcère  cancéreux 
de  la  face  est  regardée  comme  incurable  lorsqu'elle  a  acquis  de  grandes 
dimensions.  Quoi  de  plus  malin  par  conséquent  que  celle  maladie,  qui  tôt 
ou  tard  doil  entraîner  la  perte  du  malade?  Eh  bien  !  nous  avons  vu  M.  Manec 
guérir  solidement  de  ces  ulcères,  déclarés  au-dessus  de  toutes  les  ressources 
de  l'art  par  des  chirurgiens  très- renommés. 

Il  est  donc  temps  d'abandonner  un  terrain  si  peu  solide,  si  peu  en  har- 
monie avec  l'esprit  sévère  qui  doit  dominer  aujourd'hui  les  sciences  d'ob- 
servilion. 

Pour  nous,  la  grande  question,  dans  le  pronostic  et  dans  le  traitement 
des  tumeurs,  est,  nous  le  répétons,  la  considération  de  la  nature  locale  ou 
générale  de  ces  productions  accidentelles.  Ce  principe  ne  nous  est  point 
venu  à  l'esprit  par  intuition.  Nous  ne  donnons  point  ici  une  théorie  nou- 
velle ;  nous  constatons  seulement  le  résultat  de  l'étude  de  faits  nombreux 
et  l'analyse  de  plus  de  quatre  cents  observations  sur  les  maladies  cancéreuses 
pro;)remenl  dites,  el  de  prés  de  six  cents  observations  sur  les  tumeurs  non 
cauvéreuses. 

iVous  allons  en  quelques  mots  exposer  nos  doctrines  sur  ce  point. 

Le  cancer  est,  à  n'en  pas  douter,  une  maladie  de  réconomie.tout  en- 


l/l7 
lière.  Telle  a  été  ropiiiion  dos  médecins  depuis  Panliquilé ,  et  si  l'opinion 
contraire  a  pu  un  moment  s'accréditer,  c'est  qu'on  ne  suivait  pas  assez 
longtemps  les  malades  atteints  de  cancef ,  et  que  l'on  confondait  eu  outre 
avec  celui-ci  beaucoup  d'affections  qui  lui  ressemblaient  par  quelques  ca- 
ractères, mais  qui  eu  différaieût  par  beaucoup  d^autres.  Il  y  a  eu  d'ailleurs 
de  tout  temps  un  certain  nombre  de  médecins  qui  jugeaient  les  questions 
pathologiques  d'après  des  idées  théoriques,  les  prévisions  de  l'esprit  ayant 
pour  eux  plus  d'attrait  que  les  résultJrts  de  l'observation . 

Mais  lorsque  Ton  a  étudié  le  cancer  chez  un  grand  nombre  de  malades 
et  dans  toutes  ses  principales  vafiélés,  on  sait  que  malheureusement  la 
première  apparition  de  la  plus  petite  tumeitr  cancéreuse  est  déjà  l'expres- 
sion et  la  manifestation  d'une  diathèse  générale,  bien  que  la  santé  pendant 
quelque  temps  encore  reste  intacte,  et  que  les  souffrances,  durant  les  pre- 
miers temps,  puissent  être  à  peu  près  ûolles.  Il  en  est  de  ces  tumeurs  cancé- 
reuses naissantes,  pour  l'œil  exercé  da  chirurgien,  comme  de  ces  petits 
nuages  qui  apparaissent  sur  l'horizon  lorsque  la  mer  est  calme  et  le  ciel 
encore  pur,  et  que  le  spectateur  ordinaire  croit  à  peine  dignes  de  quelque 
attention,  tandis  que,  pour  le  marin  exercé,  ils  sont  le  présage  certain  d'un 
orage  qui  va  bientôt  envelopper  l'horizon  tout  entier. 

Quelle  que  soit  la  partie  du  corps  sur  laquelle  le  cancer  se  localise  pri- 
mitivement, le  mal  a  non  seulement  de  la  propension  à  s'étendre,  mais  en 
outre,  qu'il  donne  lieu  ou  non  à  des  dépôts  secondaires,  sa  tendance  infec- 
tante générale  est  constante  et  toujours  progressive  jusqu'à  la  terminaison 
fatate,  à  moio»  que  les  accidents  locaux  prennent  assez  de  gravité  pour 
trancher  plus  loi  le  fil  de  l'existence.  Aussi  ne  suflit-il  pas  d'extirper  de 
bonne  heure  et  de  la  manière  la  plus  complète  une  tumeur  cancéreuse  ; 
elle  reviendra  tôt  ou  tard-,  et  si  ce  n'est  dans  le  point  primitivement  affecté, 
ce  sera  sur  quelque  point  plus  éloigné  du  corps.  Si,  dans  un  certain  nom- 
bre de  cas,  la  période  ultime  du  cancfer,  le  dépérissement  et  le  marasmo 
surviennent  sans  dépôts  cancéreux  secondaires,  nous  n'avons  pas  moins  la 
preuve  que  le  mai  s'était  emparé  de  l'organisme  tout  entier.  Une  femme 
atteinte  d'un  cancer  de  l'utérus  qui  ne  donne  pas  lieu  à  des  hémorrhagies 
abondantes,  un  homme  atteint  d'un  cancer  de  l'estomac  placé  de  façon  à 
ne  presque  pas  provoquer  de  vomissement,  ne  succombent  pas  moins  l'un 
et  l'autre  à  cette  maladie,  et  cela  après  avoir  présenté  la  perte  des  forces  et 
de  l'embonpoint,  l'étiolomenl  du  teint,  des  troubles  de  toutes  les  grandes 
fonctions  organiques.  Il  est  clair  alors,  pour  l'observateur  attentif,  que  la 
masse  tout  entière  du  sang,  toute  TéconOmie  dans  son  ensemble,  a  été  frap- 


l/(8 
pée,  bien  que  l'examen  pendant  la  vie  el  le  scalpel  après  la  mort  ne  décou- 
vrent point  de  cancers  secondaires.  On  trouvera  un  jour  bien  plus  d'ana- 
logie entre  ces  maladies  dialhésiques  et  les  empoisonnements  qu'on  ne  s'en 
doute  encore  aujourd'hui. 

Parmi  les  nombreuses  affections  que  l'on  a  confondues  avec  le  cancer,  il 
n'y  en  a  pas  une  pour  laquelle  un  examen  attentif  ne  soit  capable  de  dé- 
montrer des  différences  fondamentales  Plus  on  mettra  de  précision  dans 
l'observation,  plus  on  se  convaincra  que  ces  caractères  différentiels  ne  sont 
point  isolés  ni  exceptionnels,  qu'il  ne  s'agit  pas  d'artifices  du  scalpel  ni 
d'arguties  du  microscope,  et  que  le  début,  le  développement,  la  marche, 
toute  la  physiologie  pathologique,  en  un  mot,  aussi  bien  que  l'étude  des 
altérations,  concourent  à  tracer  les  lignes  de  démarcation,  et  à  ces  limites 
naturelles  correspondent  aussi  des  circonscriptions  thérapeutiques  toutes 
différentes  ;  car  dès  que  le  mal  est  tout  local,  tous  les  efforts  du  médecin 
ou  du  chirurgien  ne  sont  plus  frappés  de  cette  fatalité  des  récidives  comme 
dsns  le  cancer.  Le  champ  est  ouvert  aux  plus  grands  efforts  de  l'intelli- 
gence, et  le  domaine  des  maladies  curables  est  susceptible  d'être  considé- 
rablement agrandi. 

Mais  si  telle  est  notre  conviction,  si  telle  est,  dans  la  généralité,  la  diffé- 
rence philosophique  entre  la  maladie  locale  et  la  maladie  générale,  n'ou- 
blions pas  que  l'observation  nous  fait  reconnaître,  dans  les  détails  de  cette 
esquisse  tracée  à  grands  traits,  des  différences  notables  dans  la  marche  el 
la  gravité  des  diverses  affections  locales  confondues  avec  le  cancer. 

Nous  allons  envisager  un  instant  les  produits  accidentels,  principalement 
au  point  de  vue  de  la  nature  locale  ou  générale.  Nous  arrivons  à  un  pre- 
mier groupe  de  tumeurs  pour  lesquelles  la  nature  strictement  locale  est 
la  règle  générale.  Dans  cette  catégorie  se  trouvent  les  tumeurs  enkystées 
de  la  peau,  les  tumeurs  érectiles,  les  tumeurs  graisseuses,  fibreuses  et  car- 
tilagineuses. L'économie  tout  entière  reste  intacte,  et  ne  paraît  point  pren- 
dre part  à  l'altération  nutritive,  toute  locale,  toute  circonscrite.  Mais  déjà, 
dans  ce  groupe  de  tumeurs,  quil  ne  viendrait  à  l'esprit  de  personne  de 
rapprocher  du  cancer,  nous  trouvons  d'assez  grandes  variétés  dans  cette 
manifestation  locale.  Les  tumeurs  enkystées  qui  tirent  leur  origine  de  glan- 
des sébacées  ne  peuvent  point,  à  coup  sûr,  infecter  l'économie;  mais  on 
peut  en  trouver  de  disséminées  sur  divers  points  du  cuir  chevelu.  Nous 
avons  vu  dernièrement  un  ancien  militaire  qui  portait  plus  de  quatre-vingts 
de  ces  tumeurs  sur  divers  points  de  la  surface  du  corps,  et  l'examen  d'une 
d'entre  elles  nous  a  donné  les  preuves  de  la  nature  athéromateuse  de  ces 


ii9 
diverses  lumeurs.  M.  Rouget  a  présenté,  l'année  dernière,  à  la  Société  da 
biologie  ie  crâne  d'une  femme  qui  portail  depuis  longtemps  une  tumeur 
enkystée  à  la  tèle,  tumeur  qui,  à  la  suite  de  plusieurs  chutes,  s'était  déve- 
loppée outre  mesure  et  avait  subi  un  travail  d'inflammation  et  d'ulcération, 
el  80  outre  de  nombreuses  glandules  sébacées  s'étaient  développées  au 
point  de  creuser  des  petites  fossettes  à  la  surface  du  crâne.  On  voit  donc, 
par  ces  exemples,  quo  cette  maladie  toule  locale  peut  atteindre  un  certain 
nombre  de  points  du  derme  à  la  fois  ;  mais  aucun  organe  de  l'économie  n'en 
est  atteint  en  dehors  de  celui  qui  est  primitivement  affeclé  ;  aucune  infection  de 
la  masse  entière  du  sang  n'a  lieu  el  la  santé  re^te  intacte.  Dans  l'exemple  de 
M.  Rouget,  nous  voyons  le  mal  local  devenir  grave  avec  le  temps,  perforer 
les  os  du  crâne,  entraîner  une  phlegmas-ie  chronique  des  méninges,  con- 
duire le  malade  au  tombeau,  el  pourtant  se  montrer  à  l'autopsie,  très-soi- 
gneusement faite,  comme  un  mal  qui  est  resté  tout  à  fait  local.  Nous  avons 
ici  le  plus  bel  exemple  de  la  différence  qui  existe  entre  la  nature  locale  et  la 
nature  bénigne  d'une  maladie.  A  coup  sûr  celte  pauvre  femme  n'élail  pas 
atteinte  d'un  mal  bénin;  mais  la  malignité  ne  résidait  pas  dans  une  dété- 
rioration de  l'économie  :  les  violences  extérieures  répétées  y  avaient  la 
principale  part. 

Les  tumeurs  érectiles  sont  quelquefois  multiples;  mais  elles  occupent 
toujours  le  même  ordre  de  tissus,  le  même  organe,  el  restent,  quelle  que 
puisse  être  leur  gravité,  un  mal  tout  à  fait  circonscrit.  En  effet,  nous  voyons 
quelquefois  ces  tumeurs  prendre  par  la  suite  un  certain  accroissement; 
les  vaisseaux  dilatés  augmentent  de  nombre  el  de  calibre  ;  le  tissu  cellulaire 
qui  leur  est  interposé  se  développe  notablement  ;  une  violence  extérieure 
ou  le  frottement  habituel  des  vêtements  peut  produire  à  leur  surface  un 
travail  subinflammatoire  et  ulcéreux;  en  un  mot, la  maladie  peut  prendre 
un  accroissement  tel  que,  par  la  suppuration,  par  les  hémorrhagies  répé- 
tées, etc.,  les  jours  du  malade  soient  mis  en  danger  el  qu'une  opération 
très  étendue  devienne  nécessaire.  Beaucoup  de  chirurgiens  diraient  alors 
que  la  tumeur  a  dégénéré,  et  que  de  tumeur  éreclile  elle  est  devenue  fon- 
gus  hémalode  et  cancer.  Il  n'en  est  rien  cependant,  el  déjà  Maunoir  (i), 
dans  son  beau  travail  sur  les  fongus  médullaire  et  hémalode,  a  démontré 
combien  la  dilTérence  était  profonde  et  constante  entre  ces  deux  affections, 
dont  l'une,  cancéreuse,  était  générale  et  diasthésique,  tandis  que  l'autre 

(l)  J.-I*.  Maunoir,  Mémoire  sur  les  fongus  médullaire  et  hématode.  Paris  et 
Genève,  i820. 


150 

était  tout  à  fait  locale  et  susceptible  d'élre  guérie  coraplétemenl  par  l'opé- 
ration, ce  dont  il  cite  des  exemples  remarquables.  Ici  encore  nous  voyons 
que  la  maladie  locale  peut  devenir  fort  grave,  mais  qu'à  aucune  époque  de 
son  existence,  elle  ne  dément  sa  différence  fondamentale  d'avec  la  tumeur 
diasthésique  par  excellence,  d'avec  le  cancer. 

Les  tumeurs  graisseuses  constituent,  sans  nul  doute,  un  des  produits 
accidentels  les  plus  bénins,  les  plus  strictement  localisés,  et  encore  con- 
naissons-nous dans  la  science  des  exemples  de  lipomes  qui  se  sont  enflam- 
més ou  ulcérés  par  suite  d'une  pression  prolongée.  Plusieurs  fois  alors  on 
a  prononcé  le  nom  de  dégénérescence;  mais  pourquoi,  au  iieu  de  recourir  à 
cette  hypothèse  non  démonlrée,  n'a-t-on  pas  cherchée  mettre  en  rapport 
ce  qui  se  passait  dans  ces  lipomes,  avec  le  travail  inflammatoire  et  ulcéreux 
qui  peut  survenir  dans  toute  espèce  de  tissu  à  nutrition  vasculaire?  Nous 
avons  observé  également  des  cas  dans  lesquels  un  certain  nombre  de 
tumeurs  graisseuses  existaient  sur  divers  points  du  tissu  cellulaire  sous - 
cutané,  et  ici  encore  nous  rencontrons  cette  variété  de  l'état  local  que  l'on 
pourrait  désigner  sous  le  nom  de  multiplicité  locale,  que  l'on  a  souvent 
confondu  avec  une  dialhèse  générale.  Nous  admettrious  bien,  dans  ce  cas, 
que  la  nutrition  du  tissu  adipeux  a  subi  uneallération  dans  une  plus  grande 
étendue  que  sur  le  point  slriclernent  circonscrit  qui  occuperait  une  tu- 
meur unique.  Mais  d'un  autre  côté  nous  constatons  l'absence  d'altération 
de  tous  les  autres  tissus,  à  l'exception  du  lissu  adipeux,  et  nous  trouvonséga- 
lement  l'absence  de  toute  réaction  fâcheuse  sur  l'économie,  absence  en  un 
mot  de  cette  action  toxique  générale,  dont  le  cancer  est  tour  à  tour  l'effet 
et  la  cause. 

Dans  l'étude  des  tumeurs  fibreuses,  nous  rencontrons  des  faits  analogues 
à  ceux  que  nous  venons  de  citer.  J'ai  observé  deux  fois  des  tumeurs  fi- 
breuses sous-cutanées  multiples.  Tout  le  monde  connaît  la  fréquence  de 
l'existence  de  plusieurs  tumeurs  fibreuses  dans  une  seule  et  même  matrice. 
C'est  dans  cet  organe  que  la  présence  de  ces  produits  accidentels  peut  en- 
traîner des  hémorrhagies  répétées  et  abondantes  et  cousliluer  une  maladie 
fort  grave;  mais  lorsqu'on  compare  les  observations  de  femmes  atteintes  de 
corps  fibreux  de  la  matrice  avec  celles  de  femmes  atteintes  de  cancer,  on 
trouve  une  ditTérence  énorme,  pour  les  deux  affections  dans  la  force  de 
résistance  de  lorganisme,  dans  la  durée,  dans  la  marche  de  la  maladie,  et 
la  nature  locale  de  l'une  par  opposition  à  l'altération  générale  dans  l'autre 
sera  si  bien  démontrée  par  l'observation  clinique,  que  plus  tard  il  ne  res- 
tera d'autre  rôle  à  l'examen  anatomique  que  d'en  donner  la  confirmation. 


151 

F/étude  des  tumeurs  cartilagineuses  vient  encore  confirmer  tout  ce  que 
nous  venons  de  dire  sur  la  nature  locale  des  tumeurs  homoîoinorphes. 
Quoique  celte  maladie  soit  bien  décrite  depuis  treize  ans  seulement,  depuis 
le  beau  travail  de  Mùller  sur  l'enchondrome,  nous  possédons  cependant 
aujourd'hui  déjà  plus  de  soixante  observations  authentiques  sur  ces 
lumeurs.  Sur  ce  nombre,  il  y  en  a  plusieurs  où  des  tumeurs  cartilagi- 
neuses multiples  existaient  sur  Tune  ou  plusieurs  des  extrémités,  surtout 
les  mains  et  les  pieds.  Mais  en  parcourant  ces  observations,  on  se  con- 
vaincra bientôt  que,  malgré  cette  apparente  multiplicité,  la  maladie  était 
toute  locale,  que  la  santé  restait  toujours  bonne  et  que  la  marche  bénigne 
ne  se  démentait  point.  Une  fois  de  plus  cette  appréciation  doit  monJrer 
toute  la  différence  qui  existe  entre  l'altération  de  la  nutrition  d'un  seul 
tissu  et  l'altération  de  la  nutrition  générale, entre  le  roui  local  et  les  lunifurs 
diathésiques. 

On  a  souvent  confondu  avec  le  cancer  des  hypertrophies  glandulaires 
diverses.  Parmi  les  méprises  de  ce  genre  d'une  importance  secondaire, 
nous  citerons  l'hypertrophie  des  glandes  lymphatiques  ;  et  ici  nous  ren- 
dons hommage  à  la  perspicacité  de  M.  Velpeau.qui  professe  depuis  long- 
temps que  les  tumeurs,  quelquefois  énormes,  qui  se  développent  dans  le 
creux  axillaire,  n'exercent  point  d'intlueoce  fâcheuse  sur  l'état  général  de 
la  santé,  et  sont,  malgré  la  proximité  des  gros  vaisseaux  et  des  troncs  ner- 
veux volumineux,  bien  plus  faciles  à  extirper  qu'on  ne  devrait  le  croire.  La 
dissection  de  plusieurs  pièces  de  ce  genre  m'a  démontré  qu'il  ne, s'agissait 
en  effet  que  d'une  hypertrophie  considérable  des  glandes  ly^npliatiques,  et 
toute  la  marche  de  la  maladie  démontre  sa  nature  purement  locale. 

L'hypertrophie  partielle  delà  glande  mammaire  est  journellement  encore 
prise  pour  une  affection  cancéreuse;  mais  il  est  impossible  de  retrouver  à 
un  plus  haut  degré  toutes  les  dilférences  qui  séparent  le  mal  local  d'une 
tumeur  par  cause  générale  et  spécifique,  qu'en  comparant  la  tumeur  mam- 
maire hypertrophiquc  avec  le  cancer  de  la  mamelle.  Celle  comparaison  est 
-encore  des  plus  démonstratives  pour  la  thèse  que  nous  soutenons,  savoir 
qu'à  des  caractères  analomiques  et  microscopiques  différentiels  covret- 
pond  ordinaireminl  un  ensemble  de  phénomènes  cliniques  non  moins  dis- 
tincts. 

Dans  l'hypertrophie  partielle  de  la  mamelle,  nous  rencontrons  tantôt  une 
lumeur  unique,  tantôt  des  tumeurs  multiples,  et  le  caractère  saillant  d*'  la 
multiplicité  locale  ressort  bien  évidemment  du  fait  que  le  ma!  s'épuise  dans 
cet  organe  lui-même.  Nous  ne  connaissons  point  d'exemple  d'une  hyper- 


152 
trophie  de  la  raameUe  qui  aurait  produit  des  altérations  secondaires  daos 
des  organes  éloignés,  abstraction  faite  Jes  glandules  axillaires  qui  s'engor- 
gent d'une  manière  sympathique,  lorsqu'un  travail  phtegmasique  se  fait 
ilans  la  partie  hypertrophiée.  La  santé  générale  reste  intacte,  et  ici  encore 
la  nature  locale  de  la  maladie  se  caractérise  par  le  fait  que  la  nutrition  d'un 
organe  ou  de  deux  organes  symétriques  et  homologues  peut  souffrir  sans 
que  le  reste  de  Péconomie  en  soit  directement  influencé,  en  tant  que  la 
nutrition  générale  et  celle  de  tous  les  autres  organes  conservent  leurs  ca- 
Taclères  physiologiques.  C'est  par  cette  vicialion  de  la  nutrition  plus  stric- 
lement  localisée  que  l'on  peut  se  rendre  compte  pourquoi  les  tumeurs 
'horaœomorphes  altèrent  proportionnellement  bien  moins  la  nutrition  des 
•tissus  ambiants  que  le  cancer. 

Que  tout  praticien  se  rappelle  à  présent  l'ensemble  des  caractères  cli- 
niques du  cancer  de  la  mamelle,  sa  tendance  envahissante,  sa  propagation 
locale  et  générale,  sa  propension  aux  récidives,  l'altération  profonde  de  la 
sanlé  générale  qu'il  provoque,  et  nul  ne  doutera  de  l'énorme  différence 
^ui  existe  entre  cett€  maladie  de  réconomie  tout  entière  et  l'hypertrophie 
locale. 

Si  nous  passons  maintenant  à  la  comparaison  anatomique,  nous  trou- 
yons  que  dans  l'hypertrophie  partielle  la  tumeur  est  bien  circonscrite  et 
composée  dans  son  intérieur  de  lobes  et  de  lobules  glandulaires,  et  que  le 
microscope  y  démontre  les  cœcums  terminaux  de  la  mamelle.  Dans  le  can- 
cer, au  contraire,  la  dissection  fait  voir  une  tumeur  plus  diffuse;  on  con- 
state dans  celle-ci  la  destruction  des  éléments  normaux  de  la  glande,  et  on 
retrouve  les  cellules  caractéristiques  du  cancer,  qu'un  examen  superficiel 
seul  peut  faire  confondre  avec  l'épilhélium  glandulaire. 

Parmi  les  tumeurs  que  j'ai  séparées  du  cancer  dans  ma  Physiologie 
PATHOLOGIQUE,  86  trouvenl  les  tumeurs  de  nature  flbro-plasUque.  Je  leur 
ai  donné  ce  nom,  parce  qu'elles  se  composent  d'éléments  que  l'on  retrouve 
dans  le  développement  embryonnal,  dans  les  tissus  à  l'étal  complet  et  dans 
la  formation  des  produits  accidentels,  chaque  fois  qu'un  tissu  iibreux  ou 
déri-fant  de  ce  tissu  doit  prendre  origine.  A  l'état  normal,  nous  trouvons 
ces  cellules  oblongues,  à  noyaux  étroits,  ces  corps  fusiformes,  ces  fibres 
incomplètes,  dans  la  formation  et  dans  la  structure  faite  du  derme  et  de 
plusieurs  membranes  muqueuses,  ainsi  que  dans  le  périoste.  Aussi  voyons- 
nous  souvent  des  tumeurs  fibro-plasliques  tirant  leur  origine  du  derme,  du 
tissu  cellulaire  sous-cutané,  du  périoste,  des  membranes  séreuses  et  fibreu- 
ses. Dans  les  méninges,  elles  forment  des  tumeurs  ordinairement  uniques, 


153 
donl  la  base  large  ou  le  pédicule  étroit  fait  reconnaître  le  point  d'origin*^  ; 
elles  ont  cela  de  particulier  qu'elles  peuvent  se  creuser  des  loges  profondes 
dans  la  substance  encéphalique,  sans  faire  corps  avec  elle.  Les  tumeurs 
kéloîdes  de  la  peau  spnl  égalenient  de  nature  fibro-plastique  ;  il  en  est  de 
même  de  certaines  tumeurs  très-volumineuses  et  bien  circonscrites  qui  st» 
développent  dans  les  membres,  et  dans  la  cuisse  surtout.  Mais  ce  qui  a  jeté 
le  trouble  dans  lesprit  d'un  certain  nombre  d'observateurs  sur  la  nature 
de  ce  tissu,  c'est  que  lorsque  ces  tumeurs  tirent  leur  origine  du  périoste, 
elles  peuvent  être  très -diffuses,  et  l'osléosarcome  fibro-plaslique  peut  jus- 
qu'à un  certain  point  simuler  quelques-uns  des  caractères  du  cancer;  nous 
avons  même  vu  des  spicules  osseuses  se  développer  dans  son  intérieur. 
Est-ce  à  dire  pour  cela  qu'il  s'agit  d'uu  cancer,  parce  que  la  tumeur  a  avec 
celui-ci  quelques  points  de  ressemblance  ?  Nous  répondons  nettement  par 
la  négative.  La  structure  microscopique  d'abord  est  tout  à  fait  différente 
dans  la  tumeur  fibro-plastique  et  le  cancer  ;  mais  nous  aurions  sacrifié 
peut-être  ce  caractère  si  la  marche  clinique  était  celle  du  cancer,  et  nous 
en  aurions  fait  alors  une  forme  spéciale  ;  mais  il  en  est  tout  autrement.  La 
tumeur  fibro-plaslique  est  une  maladie  locale.  Nous  avons  observé  nous- 
raême,  il  est  vrai,  un  cas  dans  lequel  des  tumeurs  fi bro- plastiques  s'étaient 
développées  dans  un  grand  nombre  d'organes.  Dans  ce  cas ,  la  maladie 
avait  affecté  la  marche  du  cancer;  mais  ce  fait  est  trop  exceptionnel  pour 
changer  les  doctrines  générales  sur  la  nature  de  ces  tumeurs.  Aujourd'hui 
le  nombre  des  tumeurs  fibro-plastiques  que  nous  avons  observées  est  très- 
considérable,  et  d'un  côté  nous  avons  par-devers  nous  des  guérisons  solides 
après  des  opérations  pratiquées  depuis  plusieurs  années  ;  d'un  autre  côté, 
nous  avons  constaté  maintes  fois  par  l'autopsie  l'unicité  et  la  nature  pure- 
ment locale  de  ces  tumeurs.  Ici  nous  avons  cependant  à  relever  une  ob- 
jection bien  légitime  que  pourraient  nous  faire  les  praticiens  :  on  nous 
dira,  et  nous  avons  observé  ce  fait  nous-même.  que  des  tumeurs  fibro- 
plastiques,  et  celles  des  os  surtout,  se  reproduisaient  quelquefois  après  des 
opérations  étendues  et  bien  faites.  Cela  est  vrai,  mais  en  pareil  cas  la  réci- 
dive est  toujours  locale  ;  elle  est  la  continuation  plutôt  que  la  reproduction 
de  la  maladie  première,  dont  la  guérison  a  rencontré  un  puissant  obstacle 
dans  ce  que  nous  appelons  «la  diffusion  locale  de  la  maladie.  Le  périoste, 
qui  a  donné  naissance  à  la  tumeur,  est  malade  dans  une  plus  grande  éten- 
due que  le  toucher  et  l'exploration  ne  l'ont  fait  constater,  et  malgré  l'opé- 
ration bien  faite,  on  a  laissé  le  germe  de  la  repullulation.  On  ne  rencontre 
point,  dans  ces  circonstances,  des  récidives  éloignées  du  siège  primitif  de 


lu  maiudie,  ni  rinfeclioa  circonvoisine  des  glandes  lymphatiques,  ni  enfin 
riofection  de  l'économie  tout,  entière  avec  ses  dépôts  secondaires.  Dans  le 
cas  même  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  la  multiplicité  des  tumeurs 
oiTrait  cela  de  particulier  que,  dans  le  principe,  une  tumeur  libro-plastique 
du  testicule  s'était  étendue  au  delà  de  l'anneau  inguinal  et  avait  envahi 
largement  le  péritoine,  et  toutes  les  tumeurs  secondaires  se  trouvaient  sur 
le  péritoine  et  sur  la  plèvre. 

En  résumant  toutes  nos  notions  sur  la  généralité  des  cas  de  tumeurs 
fibro-plasUques,  nous  ne  pouvons  donc  les  envisager  que  comme  l'expres- 
sion d'une  altération  nutritive  toute  locale.  Une  fois  de  plus  nous  rencon- 
trons ici  une  différence  énorme  entre  la  nature  locale  et  la  nature  bénigne 
d'une  maladie;  car  telle  tumeur  fibro-plastique  qui  aurait  entraîné  la  perte 
du  malade  et  qui,  en  ce  sens,  aurait  été  tout  à  fait  maligne,  ne  serait  nul- 
lement pour  cela  une  affection  de  l'économie  entière,  et  ne  sortirait 
point  du  cadre  des  affections  purement  locales. 

Ici  encore  les  ùjines  doctrines  dirigeront  et  perfectionneront  la  pratique  ; 
car  ce  qu'il  serait  téméraire  de  faire  contre  un  mal  qui  serait  l'ex- 
pression d'une  diathèse  implacable ,  pourrait  devenir  un  devoir  pour  le 
chirurgien  lorsque,  par  une  tentative  hardie,  il  serait  à  même  d'atteindre 
ou  de  dépasser  les  limites  du  mal,  et  de  le  couper  ainsi  à  sa  racine. 

Nous  arrivons  à  un  dernier  groupe  de  maladies  qu'on  l'on  a  de  tout 
temps  assimilées  avec  le  véritable  cancer  :  ce  sont  ces  tumeurs  végétantes 
ou  ces  ulcères  rongeants  que  l'on  rencontre  surtout  à  la  surface  cutanée, 
ainsi  que  sur  les  membranes  muqueuses  les  plus  rapprochées  de  cette  su- 
perficie, telles  que  la  muqueuse  de  la  langue,  de  la  portion  vaginale  du  col 
utérin,  et  même,  d'après  une  de  nos  observations  récentes,  dans  la  mem- 
I»'ane  niuqueuse  des  fosses  nasales. 

L'étude  des  opinions  qui  ont  régné  à  diverses  époques  sur  ces  tumeurs 
est  Irès-inslruclive,  en  ce  sens  qu'elle  nous  montre,  d'un  côté,  qu'il  y  a 
un  certain  bon  sens  pratique  qui  peut  aller  au-devant  des  découverles 
scientifiques,  tandis  que,  d'un  autre  côté,  nous  voyons  également  à  quel 
point  l'observation  incomplète  et  supeificielle  conduit  à  la  fois  à  l'intolérance 
et  à  la  fausse  interprétation  des  découvertes. 

Les  plus  grands  chirurgiens  du  dernier  siècle  savaient  déjà  très-bien 
que  le  cancer  cutané  offrait  un  bien  meilleur  pronostic  que  celui  des  autres 
organes,  et  déjà,  antérieurement  à  celle  époque,  les  guérisons  de  cette  mala- 
die, obtenues  par  l'application  de  la  pâle  du  frère  Côme,  étaient  des  preuves 
vivantes  de  la  nature  souvent  bénigne  du  cancer  cutané,  terme  sous  lequel 


155 

OD  confondait  le  véritable  carcinome  dcrma tique  el  ces  tumeurs  papiilaires 
et  les  ulcères  qui,  sous  tant  de  rapports,  en  difTèrent,  et  doivent  nécessai- 
rement en  être  séparés. 

Lorsque  phi»  tard  les  doctrines  sur  le  cancer  ont  plus  particulièrement 
préoccupé  les  palhologistes,  on  tenait  bien  compte  de  ce  fait,  el  on  disait 
qu'à  la  peau  le  cancer  était  une  maladie  moins  grave  qu'ailleurs.  Mais  c'est 
une  erreur;  car  le  véritable  cancer  cutané  ne  le  cède  en  rien,  quant  à  la 
malignité  et  à  la  marche  fatale  et  rapide,  aux  cancers  des  autres  organes, 
et  ViAée  si  naturelle  que  l'on  pouvait  confondre  deux  affections  différentes 
sous  le  même  nom  venait  à  peine  aux  chirurgiens. 

Lorsque,  il  y  a  six  mois  environ,  M.  Ecker,  en  Allemagne,  et  moi,  en 
France,  nous  démontrâmes  que  beaucoup  de  tumeurs,  prises  pour  cancé- 
reuses dans  les  diverses  parties  du  derme,  n'étaient  autre  chose  que  des 
altérations  hypertrophiques  ou  autres  des  papilles,  de  l'épiderme,  des  glau- 
dules  et  du  derme  lui-même,  on  reçut  celle  découverte  avec  méliancp.,  el 
on  nous  fil  l'objection  que  ces  tumeurs  étaient  cancéreuses,  quoi  qu'en 
dise  le  microscope,  parce  qu'elles  pouvaient  récidiver  après  l'opéialion. 
En  poursuivant,  pour  nia  pari,  sans  interruption  mes  recherches  sur  ces 
maladies,  je  pouvais  signaler  à  mes  adversaires  des  objections  bien  plu» 
fortes  encore;  j'insistais  non-seulement  comme  eux  sur  le  fait  que,  dans 
certaines  régions,  à  la  lèvre  inférieure  et  à  la  verge  surtout,  les  récidives 
locales  de  ces  affections,  auxquelles  j'avais  donné  le  nom  de  cancroides, 
n'étaient  pas  rares,  mais  encore  sur  ce  que  le  mai  local  pouvait  même  in- 
fecter les  glandes  lympliatiques  voisines  qui  étaient  avec  lui  en  connexion 
analomique  directe,  et  que  de  plus  le  mal  pouvait  gagner  de  proche  en 
proche  les  tissus,  au  point  d'atteindre,  à  la  figure  par  exemple,  les  os  voi- 
sins de  la  face. 

Lorsqu'on  a  l'habitude  de  ne  se  tenir  qu'à  la  superficie  des  questions,  ou 
peut  envisager  tous  ces  faits,  que  je  me  suis  empressé,  le  premier,  de  si- 
gnaler, comme  des  couct- ssions  faites  à  ceux  qui  ne  voyaient  dans  ces  aifec- 
tions  qu'une  variété  du  véritable  cancer.  Il  en  est  tout  autrement  cepen- 
dant en  réalité.  Si  nous  comparons  d'abord  la  slructure  du  cancer  el  du 
cancroîde  cutané,  nous  trouvons  dans  l'un  la  substitution  d'un  tissu  nou- 
veau, dans  l'autre  l'exagération  de  tissus  normaux,  dans  l'un  ies  cellules 
cancéreuses  à  aspect  spécial,  dans  l'autre  les  cellules  connues  de  l'épi- 
derme, ou  les  autres  éléments  microscopiques  q\w  l'on  trouve  dans  la  peau 
à  rétat  physiologique.  La  marche  dans  le  cancroide  esl  bien  autrement 
lente,  el  lorsqu'on  l'a  opéré  largement,  ou  il  ne  revient  pas,  ou  la  récidive 


156 
a  lieu  sur  place.  On  n'a  pas  assez  tenu  compte,  en  chirurgie,  du  point  où 
une  récidive  peut  avoir  lieu,  et  nous  n'exagérons  certainement  pas  en  affir- 
mant que  lorsqu'un  mal,  après  des  opérations,  n'offre  jamais  d'autre  réci- 
dive que  dans  la  région  même  ou  dans  le  proche  voisinage  du  mal  primitif, 
on  peut  déjà  par  cela  même  présumer  qu'il  s'agit  d'un  mal  purement  local, 
et  par  conséquent  d'une  affection  non  cancéreuse.  La  tendance  aux  réci- 
dives dénote  bien  qu'une  maladie  n'est  pas  bénigne,  et  derechef  nous  con- 
statons ici  la  grande  différence  qu'il  peut  y  avoir  entre  une  maladie  locale 
et  une  maladie  bénigne. 

Si  nous  tenons  compte  des  éléments  aoatoraiques  qui  composent  ces  can- 
cr(rtdes,  nous  trouvons  que  l'épiderme  ou  l'épithélium  y  entrent  pour  une 
large  part;  et,  de  même  que  les  éléments  fibro-plastiques,  on  les  rencontre 
sur  un  grand  nombre  de  points  différents  de  l'économie  ;  de  plus,  leur  dis- 
position histologique  locale  est  diffuse  et  étendue.  Il  s'ensuit  que  leurs  alté- 
rations morbides  doivent  pouvoir  présenter  également  cette  même  exten- 
sion. L'anatoraie  normale  explique  donc  aiusi  la  diffusion  locale  de  la  ma- 
ladie, de  même  que  la  structure  mullilobaire  de  la  mamelle  nouà  rend  fort 
bien  compte  de  la  multiplicité  locale  de  certaines  hypertrophies  partielles 
de  la  glande  mammaire.  Une  récidive  locale  d'un  cancroïde  n'est  souvent 
que  la  continuation  de  la  maladie  première  qui  existait  à  l'état  naissant  lors 
de  l'opération  antérieure.  La  diffusion  physiologique  des  éléments  fibro- 
plastiques  et  épidermiques  nous  explique  donc  pourquoi,  à  l'étal  morbide, 
ces  tissus  sont  plus  envahissants  que  des  tumeurs  composées  d'éléments 
qui,  à  l'état  physiologique,  sont  toujours  plus  nettement  circonscrits.  Nous 
savons  en  outre  que  l'épiderme  naît  d'un  blastème  d'abord  liquide,  dans 
lequel  plus  tard  se  forment  des  cellules.  Quoi  d'étonnant  alors  que,  lorsque 
ce  blastème  est  sécrété  en  surabondance,  il  puisse  arriver  au  moyen  des 
lymphatiques  les  plus  voisins  dans  les  ganglions  les  plus  rapprochés  du 
siège  du  mai  î  Mais  quant  aux  récidives  éloignées,  aux  tumeurs  secondaires, 
quant  à  l'affection  de  l'économie  tout  entière,  nous  n'avons  rien  observé  de 
semblable  jusqu'à  ce  jour,  dans  le  cancroïde,  bien  que  nous  ayons  recueilli 
plus  de  cent  observations,  dont  près  d'un  cinquième  avec  autopsie  cadavé- 
rique complète.  Le  cancroïde,  par  conséquent,  diffère,  sous  bien  des  rap- 
ports, du  cancer,  et  encore  une  fois,  l'ensemble  de  toutes  ces  différences  se 
résume  dans  sa  nature  locale. 

Voilà  le  véritable  point  de  vue  sous  lequel  le  pathologisie  doit  toujours 
envisager  les  tumeurs  et  le?  produits  accidentels.  Abandonnant  la  routine 
surannée  qui  consiste  à  ne  considérer  que  la  bénignité  ou  la  malignité  de 


157 
ces  maladies,  on  doit  avanl  loul  se  rendre  compte  si  une  maladie  est  gé- 
nérale ou  locale;  ce  point  déterminé,  il  faut  encore  distinguer  les  diverses 
variétés  des  maux  locaux  telles  que  l'unicité  locale,  la  multiplicité  locale  et 
la  diffu''ion  locale  ;  et,  dans  cette  dernière,  il  faut  tenir  compte  d'une  plus 
grande  possibilité  de  la  propagation  locale. 

Le  parti  que  la  pratique  tirera  de  l'appréciation  juste  de  ce  point  de  vue, 
est  immédiat.  Il  évitera  à  quelques  malades  des  opérations  inutiles,  et  il  en- 
couragera à  en  pratiquer  avec  hardiesse  et  avec  persévérance,  dans  des  cas 
où  une  connaissance  moins  approfondie  de  la  pathologie  les  aurait  peut-être 
fait  rejeter,  au  grand  détriment  des  malades. 

L'esprit  philosophique  ne  trouve  pas  moins  son  compte  dans  cette  dis- 
tinction, qui  met  en  évidence  la  cause  fondamentale  de  la  marche  patho- 
logique différentielle  des  produits  accidentels. 


SUE  UN  CAS  DOUTEUX 


DE 


FARCIN  CHRONIQUE, 

OBSERVATION  RECUEILLIE  DANS  LE  SERVICE  DE  M.  MICHEL  LÉVV, 
au  Val-de -Grâce, 

Par  m.  le  Docteur  ÏHOLOZAN, 

Chef  de  cliuiqur. 


J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  la  Société  de  biologie  un  fail  qui,  par 
la  singularité  des  symptômes  et  par  quelques-unes  des  particularités  de 
l'autopsie,  telle  que  l'infiltration  purulente  trouvée  dans  le  canal  médul- 
laire des  os  longs,  me  paraît  digne  d'intérêt.  Je  rapporterai  d'abord  l'ob- 
servation et  je  la  ferai  suivre  de  quelques  remarques. 

FIÈVRE  INTEBUITTENTE  REBELLE  ;  ENGORGEMENT  DE  LA  RATE  ;  TUMEURS  PAR  IN- 
FU^TRATION  FIBR[NEUSE  ET  SANGUINE  DU  DERME,  ANALOGUES  AUX  TUMEURS  CO- 
TA NÉES  DD  FARON  CHRONIQUE  ;  TACHES  SANGUINES  ECCHYMOTIQUES  DE  LA  PEAU, 
ANALOGUES  AD  PURPURA;  ENGORGEMENT  DES  GANGLIONS  LYMPHATIQUES;  INFIL- 
TRATION PURULENTE  DD  CANAL  MÉDULLAIRE  DES  08  LONGS;  ULCÉRATION  DES 
INTESTINS  ;   DYSSENTERIE  ULTIME.  —  MORT. 

Obs.  —  Sohier  (Louis),  âgé  de  26  ans,  d'une  ronslitulion  forte,  peau  blanche 


160 

et  lachelée  d'éphélides,  joues  colorées,  cheveux  cbâlaia  clair,  éJait  garçon  de 
ferme  et  d'écurie  dans  le  déparlemeni  de  l'Oise  lorsqu'il  a  été  enrôlé  dans  le  21* 
régiment  de  ligne  il  y  a  vingt  mois.  Il  raconte  qu'un  an  avant  son  entrée  au  ser- 
vice, il  eut  ii  panser  un  cheval  qui  portait  une  tumeur  ulcérée  au  pied.  La  plaie 
cautérisée  avec  le  fer  rouge  guérit  au  bout  d'un  mois,  et  l'animal  fut  employé  au 
labour  comme  par  le  passé. 

Sobier,  qui  n'avait  point  eu  de  maladie  antérieure,  entre  à  l'hôpital  de  Nevers 
pour  une  lièvre  d'accès  au  bout  de  six  mois  de  service.  Il  sort  après  un  mois  de 
traitement  par  le  sulfate  de  quinine  ;  la  lièvre  récidive  au  bout  de  peu  de  temps, 
et  il  fait  encore  trois  semaines  de  séjour  à  l'hôpital. 

Depuis  cette  époque,  la  Gèvre  le  reprend  à  Paris  au  bout  de  quinze  jours  de 
résidence  ;  il  a  de  nombreuses  rechutes  ;  il  fait  trois  entrées  dans  les  hôpitaux 
et  est  envoyé  en  convalescence  dans  son  pays.  Chez  lui  il  est  repris  de  fièvre 
intermittente  ;  il  devient  sujet  à  la  diarrhée,  et  il  est  atteint  de  la  suette  qui  ré- 
gnait à  cette  époque  épidémiquement.  Il  a  été  à  plusieurs  reprises  soumis  à  la 
médication  quinique;  un  certificat  du  médecin  de  sa  localité  atteste  les  re- 
chutes de  la  lièvre  intermittente,  ainsi  que  l'augmentation  de  volume  de  la 
rate. 

Vers  la  fin  de  l'été  de  1849  la  sanié  de  Sohier  s'était  assez  améliorée,  et  il 
avait  en  partie  repris  son  service  au  régiment  lorsque,  au  mois  de  novembre,  il 
s'aperçut,  dans  la  région  de  la  nuque,  d'une  tumeur  indolore  qui  augmenta 
petit  à  petit  de  volume. 

Le  1"  janvier  1850,  notre  malade  est  pris  de  lassitude,  de  douleurs  articu- 
laires, de  frissons,  avec  insomnie,  anorexie  et  diarrhée.  Quelques  taches  arron- 
dies, violacées,  apparaissent  les  jours  suivants  aux  jambes  et  aux  bras.  Les 
forces  sont  tout  à  fait  prostrées  et  le  malade  entre  à  l'hôpital  du  Val-de-Grâce 
dans  le  service  du  professeur  Lévy,  le  21  janvier  (salle  28,  n"  39) 

Sobier  présentait  à  cette  époque  les  symptômes  suivants: 

Face  pâle  et  un  peu  hébétée  ;  parole  saccadée  ;  80  pulsations  ;  douleurs  vagues 
dans  les  membres  avec  diminution  considérable  des  forces  et  amaigrissement 
commençant  ;  douleur  à  la  base  gauche  du  thorax  augmentée  par  la  percussion  ; 
rate  considérablement  augmentée,  donnant  18  centini.  en  hauteur;  respiration 
bonne,  sans  râle  ;  pas  de  toux  ;  des  macules  violacées,  ardoisées  ou  bleuâtres, 
de  1  à  2  cenlim.  de  diamètre,  donnent  un  aspect  tigré  à  ta  peau.  On  en  remar- 
que partout,  mais  elles  sont  surtout  nombreuses  à  la  face  postérieure  du  tronc 
et  à  la  face  interne  des  membres  i)elviens.  La  plupart  de  ces  taches  reposent 
sur  une  base  indurée,  véritables  tumeurs  aplaties  faisant  corps  avec  le  derme 
qu'elles  soulèvent  à  peine.  A  la  face,  au-dessus  des  sourcils,  et  à  la  région  mo- 
laire gauche,  existent  des  empâtements  assez  étendus  avec  coloration  violacée 
ou  bleuâtre  de  la  peau  et  saillie  assez  prononcée  des  téguments.  A  la  face  in- 
terne dé  la  cuisse  gauche,  une  tumeur  du  volume  d'une  petite  noix,  d'un 
rouge  cuivré  à  la  surface,  fait  une  saillie  très  prononcée  et  acuminée.  A  la 


161 

nuque,  vers  la  naissance  des  cheveux,  existe  une  tumeur  saillante  et  assez 
molle,  du  volume  d'une  grosse  noix,  sans  coloration  ecchyn-.otique  des  tégu- 
ments. Engorgement  notable  des  ganglions  lymphatiques  de  l'aine  et  des  régions 
paroiidiennes  sous-maxillaires  et  axillaires. 

Le  22  janvier,  on  note  encore  80  pulsations;  température  axi'.laire,  37.5; 
abattement,  prostration  des  forces,  et  douleurs  scapulo-huméra'es  pendant  la 
nuit. 

Le  23,  douleurs  scapulaires  persistantes  avec  insomnie;  90  pulsations  assez 
fortes;  urine  trouble;  nouvelles  tachjs  violacées  à  la  fesse  gauche  et  à  la  face 
externe  de  la  cuisse  de  ce  côté  ;  macules  violacées  aux  jambes  avec  piqueté 
rouge  brun  ecchymotique.  Une  incision  pratiquée  sur  la  tumeur  de  la  nuque  ne 
donne  issue  qu'à  du  sang. 

24  janvier.  Douleurs  vagues  dans  les  articulations  des  membres  inférieurs; 
prostration  moindre  ;  aucune  hébétude  dans  le  faciès  ;  taches  rosées  lenticulaires 
en  assez  grand  nombre  sur  la  face  antérieure  du  tronc. 

25  janvier.  Insomnie;  douleur  scapulaire  gauche;  80  pulsations;  épistaxis 
légère;  engorgement  notable  des  ganglions  parotidiens  et  cervicaux  du  côté 
gauche  avec  rougeur  légère  des  téguments. 

27  janvier.  Insomnie  persistante;  douleur  aux  avant-bras  avec  apparition  de 
nouvelles  macules  ardoisées. 

Le  malade  est  depuis  son  entrée  au  quart  de  portion;  il  prend  depuis  deux 
jours  de  i'iodure  de  potassium. 

28  janvier.  On  remarque  déjà  à  cette  époque  un  ciiangement  notable  dans  la 
coloration  des  tumeurs,  des  empâtements  et  des  simples  taches.  Les  teintes  ar- 
doisées et  cuivrées  deviennent  plus  rares,  les  aspects  bleuâtres,  verdâlres  et 
rouge  brun  prédominent.  80  p.  un  peu  vives;  nouvelle  épistaxis  ;  urine  à  sédi- 
ment briqueté.  (1  g.  d'iodure  de  potassium  ;  lotions  vinaigrées  sur  la  peau.) 

29  janvier.  Empâtement  du  tissu  aréolaire  du  mamelon  gauche,  avec  teinte 
cuivrée  de  la  peau  environnante.  Le  malade  accuse  des  douleurs  lancinantes 
dans  les  mollets  et  les  cuisses. 

30  janvier.  8S  p.  ;  39»  à  l'aisselle.  Selles  régulières,  urine  trouble  à  sédiment 
blanchâtre;  insomnie,  sueur  abondante  pendant  la  nuit;  douleurs  violentes  dans 
les  membres  inférieurs. 

31  janvier.  Les  principales  tumeurs  présentent  un  commencement  de  résorp- 
tion. Les  douleurs  sont  concentrées  à  l'épaule  droite.  (1,5  g.  d'iodure  de  potas- 
sium ;  frictions  avec  le  jus  de  citron.) 

1"  février.  105  p.  Douleurs  violentes  aux  membres  inférieurs,  et  principa- 
lement à  la  région  trochantérienne  et  le  long  de  la  face  externe  du  fémur 
gauche.  Insomnie  et  sueur  nocturne  abondante  ;  deux  selles.  (On  suspend  I'io- 
dure de  potassium.) 

Le  3  février  au  soir,  vomissement  alimentaire,  nausées  et  vomituritions  pen- 
dant la  nuit. 

11 


162 

h  février.  90  p.;  langue  grisâtre,  un  peu  sèche;  inétéoii*me  léger;  borbo- 
rygmes;  deux  selles;  douleur  à  la  base  latérale  gauche,  augmentée  par  la  toux  5 
gencives  un  peu  saignantes  et  gonflées  ;  respiration  rude,  antéi-ieurement  elpas- 
t^érieurement.  —  L'aspect  des  téguments  présente  de  nouvelles  modiligjfj^^jjg^ 
Les  joues  ont  pris  une  teinte  cuivrée,  l' empâtement  jgj  arcades  sourcilières 
a  disparu;  la  tumeur  cervico-occipitale  a  diminue  ^es  quatre  cinquièmes;  la 
tumeur  crurale  gauche  s'est  aussi  effacée  en  partie.  Les  ganglions  inguinaux, 
cervicaux,  axillaîres,  ont  en  même  temps  diminué  de  volume. 

Le  5,  90  p.  i  trois  selles  ;  météorisme  léger.  Rate  à  30  centimètres.  Douleurs 
très-intenses  à  la  cuisse  gauche,  depuis  le  grand  troehanter  jusqu'au  creux  po- 
plité,  s'irradiant  dans  le  mollet.  (Soupe;  sulfate  de  (quinine,  0,5;  extrait  d'o- 
pium, 0,05.) 

Le  8,  90  p.;  deux  épistaxis;  face  pâle;  sueur  nocturne  et  diarrhée  persis- 
tantes; voix  éteinte.  Douleur  davicuiairt}  gauche  auec  goufleiaenf  sterno- 
claviculaire.  La  tumeur  de  la  nu(iue  est  complètement  elfacée. 

Le  10,  gonflement  étendu  de  la  région  claviculaire  interne  gauche  avec  rou- 
geur des  téguments  et  tache  jaunâtre  au  centre.  Il  n'ejiiste  plus  ni  taches,  ni 
d'autres  tumeurs  sur  le  corps.  Depuis  quelques  jours,  gêne  et  faiblesse  plus 
grandes  dans  les  mouvements.  Amaigrissement  marqué  des  membres  et  de  la 
face.  Douleurs  profondes  à  la  cuisse  gaucbe  et  au  bras  droit. 

Le  Î3,  90  p.  Diarrhée  et  sueur  persistantes.  Douleur  violente  à  la,  cuisse 
gauche,  avec  gonflement  notable  de  tout  le  corps  du  fémur  de  oe  eôté.  (Quart 
d'aliments;  sulfate  de  quinine  opiacé.) 

Le  14,  frissons  dans  l'après-midi;  soubresauts  des  muscies  des  membres; 
96  p.;  3  selles. 

Le  15,  moins  de  tension  et  de  gonflement  à  la  cuisse  gauche;  84  p.;  persis- 
tance de  la  douleur  sterno-claviculaire  et  fémorale  gauche. 

Le  17,  90  p.;  langue  un  peu  sèche;  2  selles.  Rate  à  16  centimètres,  Sommeil 
interrompu.  La  pression  est  douloureuse  sur  la  cuisse  droite.  I!  n'y  a  plus  de 
gonflement  cleïdo-steraal  gauche,  mais  la  sensiùiUlé  est  toujours  ejcaaérée  dam 
celte  région. 
Le  19,  72  p.  ;  miliaire  rosée  sur  l'abdomeu  ;  4  selles  liquides  avec  coliques. 
Le  21,  80  p.;  empâtement  de  la  joue  droite;  gonflement  ganglionnaire  for- 
mant chaîne  des  deux  côtés  du  cou,  de  l'apophyse  mastoïde  à  la  clavicule,  plus 
prononcée  à  droite;  h  selles  .sanguinolentes.  (Panade;  cataplasme  laudanlsé  sur 
Vabdomen  ;  potion  opiacée.) 
Les  jours  suivants,  la,  diarrhée  et  l'amaigrissement  font  des  progrès. 
Le  27  février,  90  p.;  vomissement  alimentaire;  vomituritions.  fCrème  de  riz; 
riz  gom.  ;  vin  sucré  ;  lav.  laudanisé.) 

Le  2  mars,  éraaciation;  voix  éteinte;  108  p.  ;  10  selles;  ventre  douloureux; 
tangue  sèche  ;  hoquet  ;  syncope  dans  la  position  assise  ;  respiration  sans  râles, 
un  peu  rude. 


163 

Le  4,  140  p.;  48  inspiralioas ;  œil  bag^rd ;  iosomnie,  agitation,  délire  pen- 
dant la  nuit;  20  selles.  (Via  sucré)  lis.  avec  exl.  raianbia;  pot.  byd.  morphiae, 
0,02.) 
Le  5,  selles  involontaires  ;  subdélire;  mort  à  six  heures  du  matin. 
Altopsie  30  heures  après  la  mort. 

Habitude  exterieurk.  Rigidité  cadavérique  presque  nulle  ;  sujet  élancé,  irès- 
amaigri  ;  peau  pâle  à  la  Taco  antérieure  du  corps,  présentant  des  stases  san- 
guines rosées  ou  légèreuienl  violacées  aux  parties  déclives.  A  la  partie  interne 
de  la  cuisse  gauche,  une  tumeur  du  volume  d'une  noisette,  reste  de  la  tumeur 
crurale  volumineuse,  esf.  formée  d'un  tissu  résistant,  translucide,  légèrement 
jaunâtre,  comme  tibrineux,  et  adhérent  au  derme.  Dans  les  autres  points  de  la 
peau,  siège  d'autres  tumeurs,  on  n'a  point  trouvé  de  trace  de  dépôt  plastique  ni 
sanguin. 

Système  sioscuLAiRE.  Rien  do  notable,  si  ce  n'est  la  flaccidité  des  muscles; 
point  de  traces  d'engorgement  sanguin. 

Système  lïmphatiqije.  Les  ganglions  du  cou  et  de  l'aisselle  sont  encore  en- 
gorgés; ceux  de  l'aine  le  sont  moins;  ils  présentent  tous  une  texture  rougeâtre, 
un  pea  plus  friable  qu'à  l'état  normal. 

Appareil  circulatoihb  et  respiratoire.  Rien  dans  les  fosses  nasales  dont  la 
muqueuse  pâle  est  tapissée  de  produits  filants  translucides.  Les  am;ygdales,  un 
peu  tuméfiées,  présentent  Its  orifices  élargis  des  glandules.  La  trachée  est  pâle, 
ainsi  que  les  bronches;  le  tissu  pulmonaire  aéré  et  crépitant  présente  seulement 
aux  parties  postérieures  quelques  petits  noyaux  d'engorgement  sanguin  au  mi- 
lieu d'une  infiltration  séro  sanguine  assez  prononcé.  Le  cœur  flasque,  avec  con- 
crétions fibrineusesbien  formées  dans  les  deux  oreillettes. 

AppARiiiL  DIGESTIF.  Estomac  pâle  contenant  des  mucosités  filantes.  Quel- 
ques érosions  à  fond  pâle  dans  le  grand  cul-de-sac.  Coloration  rouge  de  la 
moitié  inférieure  An  jéjunum.  Dans  Vilèum  cette  coloration  devient  plus  foncée 
dt  à  vasoularisations  très-fines.  Des  altérations  plus  avancées  commencent  à 
être  aperçues  dans  la  seconde  moitié  de  l'iléum.  La  muqueuse  est  d'abord  comme 
revêuie  sur  les  valvules  eonniveotesd'un  enduit  jaune  verdâtre,  adhérent,  gra- 
nuleux (dégénérescence  hyperlrophique  de  la  conche  épithéliale)  ;  plus  près  de 
la  valvule,  elle  est  érodée  profondémeni,  et  des  ulcérations  nombreuses,  taillées 
à  pic  jusque  surJa  n>ascateuse  forment  une  suite  non  interrompue  d'aKéralions 
jusqu'à  la. valvule.  Dans  le  gros  intestin,  on  remarque  des  ulcérations  très- 
ûoiTibrenses,  taillées  à  pic  et  comme  dentelées,  sur  un  fond  pâle.  Les  tuniques 
IntestinaJes  y  sont  épatssifcs  par  suite  d'infiltration  séreuse. 

Le  péritoine,  très-injecté  au  voisinage  de  la  valvule  iléo-coecale,  présentait 
entre  les  anses  intesnnales  quelques  lambeaux  de  pseudo-membranes  molles. 

Rate,  18  centim.  sur  11,  a  capsule  blanchâtre,  ridée,  d'un  tissu  assez  com- 
pacte, à  cellules  tassées,  d'un  brun  noirâtre. 
jFoje;  assez  volumineux  ;la  face  inférieure  un  peu  déformée  et  arrondie,  cou- 


16A 

Ifiur  d'un  jaune  orangé  uniforme  ;  texture  grenue  très-prononcée  ;  les  granula- 
tions ont  de  1  Diiltim.  à  1  millim.  1/2  de  diamètre. 

Reins.  Aucune  aUéralion  de  texture. 

Centre  nerveux.  Sérosité  transparente,  60  gr.  dans  la  grande  cavité  de 
l'arachnoïde  ;  injection  assez  prononcée  ;  consistance  normale. 

articulations.  A  pari  l'articulation  sterno-claviculaire  gauche,  les  autres  ne 
présentaient  rien  d'anormal  ;  synovie  assez  visqueuse. 

Système  osseox.  Pus  jaunâtre  dans  l'articulation  sterno-claviculaire  gauche 
avec  absorption  partielle  des  cartilages  et  de  la  lame  osseuse  sous-diarthro- 
diale.  Une  petite  portion  du  tissu  spongieux  est  à  demi  détachée  et  en  contact 
dans  l'articulation  avec  le  pus.  La  clavicule,  sciée  dans  toute  sa  longueur,  pré- 
sente à  rexlrémité  interne  une  inQllration  purulente  jaunâtre  du  tissu  spon» 
gieux,  entourée  par  un  cercle  d'un  rouge  brun. 

Le  fémur  gauche  est  entouré  à  son  tiers  moyen  d'une  couche  d'ostéopbytes, 
écl  kU  raillim.  d'épaisseur.  C'est  un  tissu  ascolaire  que  le  scalpel  entame  faci- 
lement et  dont  les  cellules  contiennent  une  sorte  de  gelée  transparente  et  légè- 
rement sanguinolente.  Ce^  bourgeons  osseux  s'enlèvent  en  partie  avec  le  pé- 
rioste, dans  l'épaisseur  duquel  ils  semblent  développés. 
'  Deux  petits  abcès,  du  volume  d'une  noisette,  à  la  face  interne  de  l'os,  à  demi 
«ncbaionnés  par  les  ostéophytes,  présentant  un  pus  à  peine  jaunâtre,  demi- 
liquid.%  contenu  dans  une  membrane  rougeâtre,  épaisse  d'un  millimètre.  Une 
section  longitudinale  a  fait  apprécier  les  ulcérations  suivantes:  Intiltralion  puru- 
lente jaunâtre  de  tout  le  cylindre  médullaire,  avec  pus  jaunâtre  liquide  aux 
deux  extrémités  du  canal  médullaire.  Commencement  de  séquestration  dans 
toute  la  longueur  de  la  diapbyse  de  la  moitié  interne  au  moins  de  la  lame  com- 
pacte déjà  séparée  par  un  sillon  delà  partie  vivante.  Séquestration  d'une  portion 
considérable  du  tissu  spongieux  vers  l'extrémité  supérieure. 

Le  fémur  droit  présente  la  même  couche  d'ostéopbytes,  la  même  infiltration 
purulente  du  cylindre  médullaire,  et  aussi  un  commencement  de  séquestration 
des  [orlions  compactes  ou  spongieuses,  voisines  de  la  membrane  médullaire; 
mais  toutes  ces  altérations  sont  moins  prononcées  que  du  côté  opposé. 

Les  liumérus  ont  aussi  dans  tout  le  canal  médullaire  du  pus  verdâtre.  Ici 
pas  encore  de  traces  appréciables  de  séquestration,  ni  d'ostéopbytes.  Les  autres 
os  n'ont  rien  présenté  de  notable. 

L'observation  dont  nous  venons  d'exposer  les  détails  pourrait  donner  lieu 
à  des  inductions  plus  ou  moins  probables  sur  la  relation  éliologique  des  phé- 
nomènes ultimes  de  la  maladie  avec  celte  Oèvre  intermittente  si  rebelle  qui 
a  duré  près  de  dix  mois,  qui  a  été  accompagnée  d'engorgement  de  la  rate, 
et  qui  peut-être  elle-même  relevait  d'une  infection  autre  que  l'infection  pa- 
ludéenne. Des  indices  certains,  des  caractères  positifs  nous  manquent  pour 
rien  aflirmer  à  cet  égard.  Mais  d'un  autre  côté,  en  nous  tenant  dans  la  li- 


i65 
mile  même  du  fait  en  question,  nous  ferons  remarquer  la  grande  ressem- 
blance des  tumeurs  cutanées  avec  les  tumeurs  que  Tou  observe  dans  le  far- 
cio  chronique,  avec  celte  circonstance  imjjorlanle  que,  dans  notre  cljser- 
vation,  les  tumeurs  de  la  peau  ne  se  sont  point  abcédées.  — La  suite  de 
l'observation  fait  bien  voir  que  si  ces  infiltrations  sanguines  eu  plc-iiques 
du  derme  ne  se.  sont  point  ulcérées,  en  d'autres  points  de  l'éconoriiie,  dans 
d'autres  tissus,  la  transformation  purulente  a  eu  lieu,  précédée  du  même. 
phénomène,  l'infiltration  sanguine,  «  dans  l'articulation  sterno-cliiviculaire 
gauche,  à  la  face  interne  du  fémur  du  même  côté.  » 

Les  détails  que  nous  avons  rapportés  montrent  que,  dans  ces  deux  ré- 
gions, il  s'est  produit  d'abord  un  engorgement  sanguin  :  «  gonflement  de 
tout  le  corps  du  fémur  du  côté  gauche,  tuméfaction  sterno-claviculaire  gau- 
che avec  tache  violacée  au  centre.  »  Il  est  donc  infiniment  probable  que  la 
suppuration  a  eu  lieu  ici  dans  des  conditions  k  peu  près  analogues  à  celles 
que  l'on  rencontre  dans  les  cas  de  farcin  chronique,  au  milieu  d'engorge- 
ment sanguin  des  lissus.  —  Celte  idée  me  semble  d'autant  plus  admissible 
que  dans  les  affections  purement  scorbutiques  on  n'observe  point  cette  dé- 
sinence en  suppuration.  Dans  ces  affections  ainsi  que  dans  les  cachexies 
spléniques,  on  n'observe  pas  non  plus  ces  gonflements  ganglionnaires  que 
nous  avons  plusieurs  fois  notés  dans  le  cours  de  cette  maladie. 

Il  y  a  donc  là,  à  part  Tirapor tance  purement  analomiqus  des  altérations 
osseuses,  un  de  ces  faits  complexes  que  l'on  ne  sait  comment  classer,  parce 
que  la  filiation  de  ces  phénomènes  divers  nous  échappe  complètement,  à 
savoir  :  la  fièvre  intermiltenle,  l'engorgement  de  la  raie,  les  taches  et  lestu- 
meurs  sanguines,  les  gonflements  ganglionnaires,  la  suppuration  de  la  mem- 
brane médullaire  et  du  périoste,  symptômes  en  apparence  étrangers  les  uns 
aux  autres,  mais  dont  la  plupart  se  sont  succédé  dans  un  ordre  tel  qu'il  est 
permis  d'établir  entre  eux  une  relation  quelconque  de  cause  à  effet. 


RECHERCHES 


SUR 


LE  TRICHIASIS 


DES  VOIES  IIRI^AIRES 


ET 


SUR  LA  PILI-MICTION, 

Par  m.  p.  RAYER. 


Je  crois  devoir  dire,  en  coTnmen^ant,,  comment  j'ai  été  conduit  à  me 
livrer  ides  recherches  sur  la  présence  des  poiJs  dans  les  voies  nrinaires,  et 
sur  leur  émission  avec  Turine.  Je  n'avais  jamais  été  dans  le  cas  d'observer 
ce  phénomène  pathologique,  lorsqu'un  des  plus  habile-s  praticiens  de  Paris, 
M.  le  docteur  PauUn,  ancien  professeur  de  physique  à  Metz,  m'adressa,  il 
y  a  quelques  mois,  un  enfant  qui  venait  de  lui  présenter  ce  singulier  phé- 
Doroeoe,  sur  la  nature  duquel  11  désirait  avoir  mon  opinion.  Mon  expérience 
personnelle  ne  m'ayant  rien  appris  à  cet  égard,  je  dus  m'enquérir  des  ob- 


168 
servalious  et  des  remarques  consignées  dans  les  annales  de  la  science,  et  ra? 
livrer  à  de  nouvelles  recherches.  Je  publie  aujourd'hui  le  résultat  de  ces 
éludes,  dans  l'espérance  qu'elles  pourront  jeter  quelque  lumière  sur  un 
point  encore  fort  obscur  et  peu  connu  de  la  pathologie  des  voies  urinaires. 

Plusieurs  auteurs  attribuent  à  Hippocrate  la  première  notion  relative  à  la 
présence  accidentelle  des  poils  dans  l'urine  (Mitchell,  H.-  J.- A.  Uaedt,  etc.), 
notion  que  d'autres  lui  contestent.  Pour  les  uns,  le  fait  est  assez  clairement 
indiqué  dans  TAphobisme  76  de  la  section  IV  ;  pour  les  autres,  et  je  suis 
de  ce  nombre,  la  signification  de  cet  Aphorisme  est  obscure,  ou  plutôt, 
suivant  raoïi,  ce  passage  parait  s'appliquer  à  des  concrétions  fibrineuses  pili- 
formes,  et  non  à  de  véritables  poils. 

Je  dois  faire  remarquer  d'abord  que  les  traducteurs  et  les  commentateurs 
d'Hippocrate  ne  sont  pas  d'accord  sur  le  texte.  MM.Lallemand  et  Pappas  (1), 
par  exemple,  adoptent  le  texte  de  cet  Aphorisme,  d'après  Galien,  et  écri- 
vent :  ôxoioisiv  èv  t«^  oûptj)  TOt/eî  èôvîi  ffapx\a  ffjuxpà,  -JJ  ÛTnep  "cpCj^sç  Çuve;ép- 
'/ovTat.toutéowivA-Kb  twv  vesppôiv  èxxpCvetat  (Ta'Xifjvd;),  »  qu'ils  traduisent  ainsi  : 
«  Quand  les  urines  épaisses  contiennent  de  petits  morceaux  de  chairs 
»  ou  des  matières  filiformes,  ce  sont  les  reins  qui  les  fournissent.  » 

M.  Liltré  (2),  se  fondant  sur  ce  que  l'addition  de  ^,  daus  plusieurs  ma- 
nuscrits et  dans  quelques  éditions,  est  due  uniquement  à  Galien,  qui  déclare 
lui-même  qu'elle  manque  dans  tous  les  exemplaires  qu'il  a  consultés,  a 
rétabli  le  texte  primitif  de  cet  Aphorisme  et  le  traduit  ainsi  :  «  Quand,  dans 
»  l'urine  épaisse  sont  rendus  de  petits  filaments  de  chair  comme  des 
»  cheveux,  une  telle  sécrétion  provient  des  reins.  » 

On  voit  de  suite  la  différence  des  deux  textes  et  des  deux  versions.  Pour 
en  expliquer  iorigine,  je  rapporterai,  en  entier,  le  commentaire  de  Ga- 
lien (3)  sur  cet  Aphorisme,  malgré  les  explications  hypothétiques  dont  ce 
commentaire  est  surchargé  :  «Les})e/2^e£cAatr5,ditGalien,indiquentlasub- 
»  stance  rénale;  ce  qui  est  comme  des  cheveux  n'indique  nullement  cette 
»  substance.  Il  n'est  pas  vrai  non  plus  que  ce  soit,  comme  quelques-uns  l'ont 
»  pensé ,  une  urine  venant  de  la  dissolution  et  de  l'érosion  de  la  vessie  ; 


(f)  Laiiemand  et  Pappas,  Apuorismes  d'Hippocrate,  traduits  en  français,  avec 
le  texte  en  regard,  in- 12,  1839. 

(2)  Litlré  (E.)  OEuvkes  complètes  d'Hippocrate,  trad.  nouvelle  avec  le  texte 
en  regard,  t.  IV,  p.  531,  in-8».  Paris,  1844. 

(3)  Galcni,  In  Aphorishos  Hippocr.,  Commtntariut  4,  Aph*  76.  —  Galeni, 
Opéra,  vol.  iii.  Basiles,  l&OO. 


169 

»  car  alors  celle  exeréliou  est  plutôt  pétalolde,  et  c'est  ce  qu'Hippocrate 
»  lui-même  a  dénommé,  un  peu  plus  haut,  squames.  Voici  ce  qu'il  en  est 
»  de  ce  phénomène  dont  le  hasard  nous  a  rendu  plusieurs  fois  témoin  ;  de 
y  fait,  d'autres  médecins  qui  ont  beaucoup  de  pratique  disent  aussi  l'avoir 
»  observé  maintes  fois.  Les  modernes  nomment  cette  affection  trichiasis, 
»  attendu  que  ce  qui  se  montre  alors  dans  l'urine,  est  semblable  à  dea 
»  cheveux  et  particulièrement  à  des  cheveux  blancs.  Un  malade  pissait 
»  de  tels  petits  corps,  d'une  longueur  à  peine  croyable,  car  quelques-uns 
»  atteignaient  une  demi-coudée  de  long.  Ce  malade,  presque  toute  l'année 
»  précédente,  avait  vécu  de  farine  de  légumes,  de  fèves,  de  fromages  mous 
»  et  secs.  Au  reste,  tous  ceux  qui  ont  rendu  de  telles  urines  usaient  d'ali- 
»  ments  à  sucs  épais.  De  la  sorte,  ce  suc  étant  cuit  dans  les  reins,  les 
»  concrétions  filiformes  prennent  naissance.  De  plus,  le  traitement 
»  confirme  le  raisonnement  sur  la  cause.  En  eflel,  les  malades  ont  été  gué- 
»  ris  à  l'aide  de  médicaments  atténuants  et  incisifs,  et  d'un  régime  humec- 
»  tant;  mais  si  ces  concrétions  avaient  été  dues  à  l'ulcération  soit  des 
»  reins,  soit  de  la  vessie,  non-seulement  les  malades  n'auraient  reçu  au- 
»  cun  soulagement  par  de  tels  remèdes,  mais  encore  leur  mal  en  aurait  été 
»  aggravé  extrêmement.  Il  faut  donc,  ici  comme  dans  le  reste,  admirer 
»  Hippocrate,  qui  a  reconnu  des  choses  ignorées,  même  aujouid'hui,  de 
»  beaucoup  de  médecins.  On  remarquera  aussi  l'exactitude  merveilleuse 
»  de  l'expression  :  ces  choses  sont  sécrétées  des  reins.  Il  n'accuse  pas, 
»  comme  dans  l'Aphorisme  précédent,  l'ulcération  des  reins,  mais  il  dit 
»  simplement  que  celte  sécrétion  provient  des  reins;  nous  dirions  de 
»  même,  une  pierre  étant  rendue  avec  l'urine,  qu'elle  vient  des  reins,  non 
»  parce  qu'elle  est  une  portion  de  la  substance  de  ces  organes,  mais  parce 
»  qu'elle  s'y  est  concrétée.  Les  petites  chairs  appartiennent  à  la  sub- 
»  stance  des  reins  tout  à  fait  ulcérés;  les  choses  comme  des  cheveux  se 
»  forment  à  la  vérité  dans  les  reins  comme  les  pierres,  mais  n'appartien- 
i>  nenl  pas  à  la  substance  rénale.  Cet  Aphorisme  est  mal  écrit  dans  tous 
»  les  exemplaires,  sans  ti  :  napxCa  a-uxpi  ôSjtop  «cpCxE^;»  ^^  petites  chairs 
»  comme  des  cheveux.  En  effet,  de  petites  chairs  n'ont  jamais  ressemblé 
»  à  des  cheveux.  Mais  entre  wixtxpi  et  ûTrep,  il  faut  inlercaller  la  voyelle 
»  -fi  (ou),  de  sorte  qu'Hippocrate  parle  de  deux  choses  et  non  d'une  seule. 
»  La  première  est  de  petites  chairs^  la  seconde  :  comme  des  cheveux. 
m  Quand  des  concrétions  piliformes  sont  rendues,  l'urine  est  toujours 
w  épaisse;  il  semble  qu'une  substance  phlegraatique  que  les  veines  ont 
»  rassemblée  est  excrétée  par  les  reins.  Quand  de  petites  chairs  sont  ren- 


170 
»  dues,  l'urine  n'est  pas  Décessairement  épaisse.  Je  n'ai  jamais  vu  une 
»  telle  affeclion  rénale,  j'ai  \u  parfois  dnns  des  fiè\Tes  où  l'on  observe  des 
»  sédiments  dits  6po6oet£fe;  (semblables  à  de  la  farine  d'Ers),  des  choses 
»  semblablesà  des  chairs;  maisje  n'ai  jamais  vii  de  véritables  {utiles  chairs.  » 

L'insistance  que  Galien  met  à  prouver  qu'Hippocraie  a  voulu  parler, 
dans  cet  Aphorisme,  de  deux  choses  distinctes,  de  petites  chairs  et  de 
petii.f  cvrps  comme  des  cheveux,  ne  me  paraît  pas  justifiée.  Nul  dûu!e 
que  Galien  n'ait  vu  plusieurs  fois  évacuer  par  l'urine  deux  espèces  de 
corps,  savoir  des  concrétions  sanguinolentes,  comme  de  la  chair  fou  des 
caillots)  et  des  filaments  semblables  à  des  cheveux.  Mais  il  est  incontes-' 
table  que,  dans  cet  Aphorisme,  Hippocrate  ne  parle  que  d'une  seule  de  ces 
choses,  des  petites  chairs  comme  des  cheveux.  Maintenant,  que  peuvent 
être  ces  petites  chairs,  ces  filaments  semblables  à  des  cheveux  et  surtout 
à  des  cheveux  blancs,  suivant  Galien,  et  ayant  quelquefois  une  demi-coudée 
de  long,  filaments  qu'il  n'est  pas,  dit-il,  rare  d'observer?  J'avoue  que  je  ne 
puis  croire  que  ce  soient  de  véritables  poils.  Ceux  qu'on  a  rencontrés, 
dans  des  cas  rares,  dans  les  reins  et  dans  la  vessie,  ou  dans  l'urine,  ou  dans 
des  calculs,  n'ont  jamais  présenté  celle  longueur;  d'ailleurs  Galien  dit  qu'il 
a  Vil  des  corps  semblables  à  des  poils,  et  il  eût  dit  qu'il  avait  vu  des  poils 
s'il  en  eût  réellement  observé.  De  quels  corps  parle-t-il  donc?  Ce  ne  peut 
être,  ce  me  semble,  que  de  filaments  fibriueuxgwî  proviennent  dusang  des 
reins  dans  certaines  afTections  de  ces  organes,  filaments  dont  la  longueur 
peu»  être  réellement  d'une  demi-coudée  lorsqu'ils  se  sont  formés  dans  toute 
l'étendue  des  uretères.  On  peut  objecter,  sans  doute,  que  ces  filamenls 
tibrineux  sont  plus  volumineux  que  des  cheveux  ;  mais  ayant  égard  à,  la 
forme  de  ces  filamenls,  Galien  a  pu  dire  semblables  à  des  cheveux,  sans 
s'écarter  beaucoup  delà  vérité.  Si  cette  interprétation  est  fondée,  l'addition 
de  r-n  réclamée  par  Galien  doit  être  rejelée,  et  M.  Littré  a  eu  raison,  à  tous 
égards,  en  rétablissant  le  texte  primitif  de  l'Aphorisme  76. 

Un  passage  de  Ceise  (.1),  souvent  cilé  comme  un  témoignage  ancien  de 
rexisleucedelapiiimiclioo,  n';\  pas  ti'ail  évidemment  non  plus  à  de  véri- 
tables poils;  c'est  la  reproduction  à  peu  près  textuelle  de  la  pensée  expri- 
mée dans  l'Aphorisme  76  d'flippocraie  :  «  Si  h^c  crassa  (urina)  carunculas 

»  quasdam  exiguas  quasi  capillos  habel,  aut  si  buUal  et  raaiè  olet,  etc 

»  uliqucin  renibus  vitiura  est.  »  Ces  peliles  chairs,  fines  comme  des  che~ 


(1)  CaIsus,  De  RE  MïoiCA,  lib.  ii,  seet.  7,  p.  61 ,  édit.  in~l3.  Parisiis,  1S234 


171 

veuXf  et  qui  indiquent  une  lésion  des  reins,  sont,  je  le  fépète,  très-proba- 
blement des  filamenis  fibrineux. 

Sur  ce  point  de  pathologie,  les  médecins  arabes  n'ont  rien  ajouté,  rien 
éclairci  ;  les  deux  passages  suivants  d'Avicenne  (1)  expriment  leur  pensée 
sur  la  formation,  dans  les  voies  urinaires,  de  ces  corps  semblables  à  des 
cheveux,  et  sur  la  médication  qu'elle  réclame  :  «  Miclos  vcro  sanguinis 
»  permisti  cum  hnmoribus  grossis,  fit  plurimum  propter  debilitalem  re- 

»  num.  Et  simililer  micliis  rei  similis  capîllis mictus  antem  capillorum 

1)  indiget  ut  in  ipso  admioistrantur  subtilaliva  incisiva,  etc.  »  On  le  voit, 
pour  les  Arabes,  comme  pour  les  médecins  grecs  et  latins,  il  s'agit  évi- 
demment, non  de  véritables  poils,  mais  de  corps  semblalles  à  des  che- 
veux. 

Le  pass.ige  suivanf,  d'Acluarius  (2),  auteur  empreint  des  doclrines  dft 
Galien  et  des  Arabes,  témoigne  également  qu'au  temps  où  il  écrivait,  on 
admeltail  que  l'urine  pouvait  contenir  de  petits  corps  semblables  à  des 
poils  ;  mais  on  chercherait  vainement,  dans  cet  auteur,  un  mot  relatif  à  la 
présence  de  véritables  poils  dans  l'urine  :  «  Quœ  vero  similia  sunt  capillis  : 
»  in  iisvasis  quœ  a  renibus  advesicam  descendmit,  generantur.  Atque 
»  quanla  est  iongiUido  vasoriim  iolernorum  :  tanta  generatur  bumoris 
»  spissiludo  et  assatio  :  atque  iila  veluli  capilli  simililer  extenduntur. 
»  Proiudè  quum  ?aepiushiBC  speclaverim in aliquorum urinas:  nequicquam 
»  aberravi  à  judicio  et  praevidentia,  dicens  illos  malè  habere  renibuâ.  » 

En  résumé,  rien  ne  prouve  que  les  observations  et  les  remarques  des 
médecins  de  Panliquité  et  des  médecins  arabes,  sur  les  corps  semblables 
à  des  cheveux  ou  à  des  poils,  rendus  avec  l'urine,  soient  relatives  à  de 
véritables  poils.  L'analyse  des  passages  où  il  est  fait  mention  de  ces  corps, 
rapprochée  des  observations  faites  dans  ces  derniers  temps  sur  les  appa- 
rences que  certains  éléments  du  sang  peuvent  prendre  dans  les  voies  uri- 
naires, tend  à  démontrer  que  ces  filaments,  semblables  à  des  cheveux, 
étaient  des  filaments  fibrineux  plus  ou  moins  décolorés. 

Les  observations  des  premiers  palhologistes  français,  sur  cette  matière. 


(1)  ATicennîB,  Libri  in  re  bedica.  In-fol.Venetiis,  1504,  lib.  m,  f*n.  19,  tract.  2 
p.  884,  cap.  20.  <«  De  micm  ï^anguinis  et  saniei  et  urioa  simili  loturaB  camh  et 
it  capillorum,  et  de  urinis  exlraneis  quœ  sunt  similes  illis.  » 

(2)  ActuariL,  De  criîiis  libri  sehtem  de  crbco  sermonk  in  latincm  conversk 
In-S".  Parisiis,  i622,  —  Decaosis  crinardm,  lib.  xxi,  p.  61. 


172 

ne  s'appliquent  pas  non  pius  à  de  véritables  poils.  Fernel  (1),  après  avoii 
dit  ;  «  Filamenla  albis  capillis  similia  a  renibus  reddi,  aulhor  est  Ilippo- 
»  crates,  »  ajoute  qu'il  a  vu  ces  filaments  provenir  plus  souvent,  chez 
i'horame,  des  vaisseaux  spermatiques,  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de 
prostate,  et  surtout  à  la  suite  des  gonorrliéei,  et  qu'il  les  a  aussi  observés 
chez  les  femmes  atteintes  de  fleurs  blanches.  Évidemment,  Fernel  parle  ici, 
non  de  véritables  poils,  mais  de  ces  petits  filaments  blanchâtres  fournis  soit 
par  les  conduits  spermatiques,  soit  par  les  conduits  prostatiques,  par  les 
follicules  de  l'utérus  et  du  vagin,  par  les  plis  ou  par  les  lacunes  de  Turèlre, 
filaments  que  l'on  remarque  assez  souvent  dans  l'urine  des  individus  qui 
ont  eu  des  blennorrhagies  chroniques.  Évidemment  aussi,  Fernel  pense 
que  l'Aphorisme  d'IIippocrate  se  rapporte  à  ces  filaments  blanchâtres^ 
bien  qu'Hippocrate  parle  simplement  de  petites  chairs  comme  des  che- 
veux, sans  leur  assigner  une  couleur  :  c'est  Galien  qui  a  dit  que  ce  qui  se 
montre  alors  daus  l'urine  est  particulièrement  semblable  à  des  cheveux 
blancs. 

L'opinion  que  l'urine  contient  quelquefois  des  petits  corps  semblables  à 
des  poils  est  reproduite  dans  plusieurs  écrits  postérieurs  à  Fernel.  L'au- 
teur d'une  dissertation  inaugurale,  souteoueen  1703,  John-TobiasKU'lt(2), 
donne  du  trichiasis  une  définition  applicable  à  une  inflammation  des  voies 
urinaires,  dont  un  des  principaux  symptômes  serait  l'excrétion  de  filaments 
en  forme  de  cheveux  {urina  cum  filamenîis  capillaribus)  :  «  rptx'ai'c 
B  seu  roictus  pilaris  audit  depravata  urinae  excretio  cum  filamentis  capil- 
»  /arî6M*',admixta  haud  raro  roateria  mucosa,pullacea,  purulenta,  fœtente, 
»  arenulis,  modo  cum,  modo  sine  sanguine,  pracviaque  urinae  suppressions, 
»  aut  difficultate,  saepè  etiam  illius  incontiuentia  ;  inquietudine  corporis, 
»  ventris  et  lumborum  tormioibus,  dolore  et  ardore  colii  vesicae,  pubis  ac 


(I)  Fernel,  Universa  MEDiciNA.  In-fol.,  p.  J68.Coloniae  Allobrogum,  1679:  «At 
»  ipsi  animadvertimus  ea  saepius  ex  iis  vasis  spermaticis  derivàriquse  parojfafœ 
»  dicuntur,  in  quibus  teretem  figuram  sortiuntur  ex  seminis  materià,  quae  vi 
»  morbi  sensim  defluens,  calore  crassescit.  Apparent  autem  in  iis  plurima  qui 
»  fœda  exulcerataque  gonorrheea  correpti  non  ita  pridem  fuerunt,  et  iis  mulieri- 
M  bus  quibus  albicantes  menses  profluunt,  aut  utérus  fœda  colluvie  turget,  etc.» 

(2)Klett(J.-T.),  De  tkichiasi  seu  mictc  piLARi.Altd.,  1703 — Ploucquet  indique 
deux  autres  dïÊsertations  sur  le  même  sujet,  que  je  regrette  de  n'avoir  pu  con- 
sulter :  ScuUetus  (Joh.),  Trichiasis  adhiranda,  seu  MORBDS  PILARIS  OBSERVÀTUS. 
Norib.  1668.  In-12.  —  Gœlicke,  Diss.  de  trichosi.  Fr.,  1724. 


173 
»)  perinœi  prurilu,  virgge  erectione,  tenesmo,  ac  frequenli  desidendi  cupidi- 

»  tate »  Évidemment  les  expressions  Tpt-^iï(jti;,m?c<us  pilaris,  ne  sont 

pas  prises  ici  dans  leur  sens  grammatical  ;  il  ne  s'agit  pas  encore  ici  de  vé- 
ritables poils  ;  ces  filaments  piliformes  ne  sont  autre  chose  qu'une  forme 
particulière  soit  de  la  fibrine,  soit  du  rauco-pus.  soit  de  l'humeur  des  folli- 
cules ou  des  lacunes  de  l'urètre,  déposées  dans  l'urine. 

La  même  remarque  s'applique  aux  mêmes  expressions,  employées  par 
des  auteurs  à  peu  près  du  même  temps.  Ainsi  dans  le  passage  suivant,  extrait 
de  l'IIiSTORiA  MORBORUM  VRATisLAViESsioM,  anni  1701,  trichiasinseu  ca- 
pillos  cum  urina  excrcios  paraissent  d'abord  signifier  de  véritables  poils  ; 
mais  la  suite  du  passage  où  l'auteur  rappelle  les  remarques  d'Hippocrate,  de 
Celse  et  de  Galien  prouve  qu'il  s'agit  réellement  de  petites  chairs  comme 
des  poils  ou  semblables  à  des  poils  (1).  o  Nolavimus  eadem  tempestale  in 
»  quibusdam  tvichiasin,seu  capillos  unà  cura  urinâ  excrelos,quos  a  renibus, 
*  cum  crassâ  urinâ  excerni  docel  scholallippocratica,  secuta  l.  U,  aph.  76, 
»  et  textum  ex  lib.  de  naturd  humanâ  propè  finem.  Ejus  autem  generis 
»  exoreraenla,  seu,  ut  impropriè  loquitur  Celsus  caruncuiae  exiguœ,  quasi 
»  capiili,  crassos  indicant  in  corpore  humores.  Hi  autem  ipsi  capillorura 
»  fjguram  induunt,  non  in  venis,  sicul  credidit  Galenus  {L  6  de  locis 
»  affectis,  c.  3),  nec  in  renum  pelvi,  sed  in  illis  tubulis  exilibus,  aut,  ut  ila 
»  dicam,  fibrillis  urinariis,  perquas  sérum  Iranscolatur,  quarum  figura,  si 
»  Bellino,  Borello  aliisque  credimus,  ad  filamenta  illa  producenda  est  ap- 
j»  lissima.  » 

Les  opinions  des  anciens  sur  le  trichiasis  sont  reproduites  dans  la  plu- 
part des  traités  de  médecine  de  cette  époque.  Ainsi  Lazare  Rivière  (2)  rap- 
pelle les  passages  d'Uippocrale,  de  Galien,  d'Acluarius  et  de  Kernel  rela- 
tifs à  ces  corps  semblables  à  des  cheveux,  quB  les  uns  font  provenir  des 
reins,  d'autres  des  uretères,  d'autres  enfin  de  la  prostate  et  des  conduits 
séminifères;  mais  comme  les  auteurs  didactiques  qui  l'ont  précédé,  il  garde 
le  silence  sur  l'émission  avec  l'urine  de  véritables  poils. 

Après  avoir  exposé  et  discuté  plusieurs  passages  d'auteurs  anciens 
relatifs  au  trichiasis,  et  qui  avalent  été  mal  interprétés,  j'arrive  à 
l'examen  d'une   série   de  faits  très-importante  dans  l'histoire   du  tri- 

(1)  HlSTORIA  MORBORUM  QVl  ANNIS  1699,  1700,  1701,  1702,  VRATISLAVtA  GRA8- 

SATi  SONT,  praefat.  Ilaller.  —  Ïb-4%  p.  262.  Lausannae  el  Genevae,  1746. 

(2)  Riverii  (Laz.),  Opéra  medica,  —  In-folio,  p.  348.  Lugduni,  1738, 


174 
chiasis  des  voies  urjnaires  et  de  la  pili-raiclion,  à  celle  qui  est  relative  à 
rémission  de  véritables  poils  avec  Turine  ou  de  filaments  regardés  comme 
tels,  à  rexlraclioQ  de  mèches  de  poils  de  la  vessie,  à  la  constatation  sur  le 
cadavre  de  poils  dans  cet  organe  ou  dans  les  reins,  enfin  à  la  gruvelle  pi- 
leuse et  à  rextraction  de  calculs  urinaires  ayant  des  cheveux  ou  des  poils 
pour  noyau,  ou  disséminés  dans  leur  intérieur  ou  appliqués  à  leur  surface, 
Ces  faits,  recueillis  de  loin  eo  loin,  comme  tous  les  cas  rares,  par  des  ob- 
servateurs qui  ne  méritent  pas  tous  une  égale  confiance,  n'ont  pas  encore 
été  discutés,  au  moins  dans  leur  ensemble,  et  d'une  manière  approfondie. 
J'ai  rapproché  les  uns  des  autres  ceux  qui  m'ont  paru  se  ressembler  le  plus 
ou  s'éclairer  mutuellement,  et  j"ai  indiqué  ceux  qui  m'ont  semblé  manquer 
de  détails  essentiels.  En  agissant  ainsi  j'ai  cru  que  j'arriverais  plus  sûrement 
au  but  que  je  me  suis  proposé  :  celui  de  faire  connaître  ce  qu'il  y  a  de  vrai 
et  de  démontré  et  ce  qu'il  a  de  faux  ou  d'incertain  dans  l'histoire  du  Iri- 
chiasisdes  voies  urinaires  et  de  la  pili-miction. 

Je  discuterai  ces  faits  dans  les  paragraphes  suivants  : 

§  I.  —  Poils  dans  les  reios  ou  plutôt  dans  le  bassinet.— Poils  dans  les 
uretères  ? 

§  II.  —  Poils  trouvés  dans  la  vessie  et  développés  dans  les  voies  uri- 
naires. 

§  III.  —  Poils  trouvés  dans  la  vessie  ou  rendus  avec  l'urine,  provenant 
de  tumeurs  contenant  des  poils  ouvertes  dans  la  vessie. 

§  IV.  —  Poils  dans  la  prostate  ou  dans  le  canal  de  l'urètre. 

§  V.  —  Poils  dans  des  urines  qui  contenaient  en  même  temps,  soit  du 
mucus,  soit  du  sang,  du  pus  ou  d'autres  matières  animales  étrangères. 

§  VI.  —  Poils  dans  l'urine  chez  des  individus  atteints  de  gravelle  uî  ique 
ou  de  calculs  uriques. 

§  Vil.  —  Poils  incrustés  de  phosphate  de  chaux  et  de  phosphate  de  ma- 
gnésie et  quelquefois  d'une  certaine  quantité  d'acide  urique  {gravelle  pi- 
leuse, Mageudif).  Poils  servant  de  noyau  à  des  calculs  phosphatiques  ou  à 
des  calculs  dont  la  composition  n'a  pas  été  déterminée. 

§  VllI. —  Poils  dans  l'urine;  graviers  dénature  indéterminée;  urine 
purulente. 

§  IX.  —  Filaments  piliformes  et  poils  d'animaux  observés  dans  les  urines, 
les  sédiments,  tes  graviers  ou  les  calculs  et  confondus  à  tort  avec  les  poils 
de  l'homme. 


175 

§  I.  —  POILS  DANS  LES  REINS  OD    PLUTÔT  DANS  LA  CAVITÉ  DU  BASSINET.  — 

POILS  DANS  LES  URETÈRES. 

J'ai  fait  remarquer  plus  haut  qu'Hippocrate  et  Galien  avaient  pensé  qu'il 
se  formait  quelcjuefois  tlai>3  les  reins  des  inaiières  semblables  à  des  poils, 
et  qui  étaient  rendues  avec  î"unne.  Or,  malgré  les  nombreuses  recherches 
anatomiques  faites  sur  les  maladies  des  voies  utinaires,  surtout  dans  ces 
derniers  temps,  personne  n'a  constaté,  dans  les  reins,  ces  filaments  pili- 
formes,  admis  par  Hippocrate  et  par  Galien;  mais  comme  plusieurs  chi- 
rurgiens et  anatomistes,  j'ai  quelquefois  trouvé  dans  les  uretères  des  fila- 
meuts  fibriueux,  formés  par  du  sang  provenant  des  reins,  et  auxquels 
peuvent  s'appliquer  les  remarques  des  deux  plus  célèbres  médecins  de 
l'antiquité, 

Je  ne  connais  qu'une  seule  observation  qui  établisse  la  possibilité  du 
développement  ou  de  lexistence  des  poils  dans  le  bassinet  et  les  calices. 
Cette  observation  est  due  à  notre  célèbre  Bichal  (1).  «  Quelquefois,  dit-il, 
»  lise  forme  des  poils  à  la  surface  interne  des  membranes  muqueuses;  on 
»  en  a  vu  dans  la  vessie,  l'estomac,  les  intestins.  Divers  auteurs  en  citent 
»  des  exemples.  Ten  ai  trouvé  sur  des  calculs  du  rein.  La  vésicule  du 
»  fiel  m'en  a  offert  aussi  une  douzaine  d'un  pouce  à  peu  près  et  qui  étaient 
»  évidemment  implantés  à  sa  surface.  » 

J.-Frédéric  Meckel  (2),  en  rappelant  ce  fait,  substitue  d'abord  les  mots 
calcul  vésical,  à  ceux  qui  avaient  été  employés  par  Rirhat,  calculs  des 
reins.  «  Le  phénomène  le  plus  remarquable  de  tous,  dît  Meckel,  est  celui 
))  dent  parle  Bichat,  de  la  formation  de  poils  sur  un  calcul  vésical.  Si  ces 
»  poils  n'avaient  pas  pris  naissance  dans  la  membrane  muqueuse  de  la 
»  vessie,  je  ne  puis  me  rendre  raison  de  leur  développement  qu'en  adraet- 
»  tant  l'organisation  du  mucus  visqueux  que  j'ai  vu  plusieurs  fois  non- 
»  seulement  entourer  de  toutes  parts  les  calculs  urinaircs,  mais  encore 
»  pénétrer  dans  leurintérieur.  »  De  ces  deux  suppositions  de  Meckel,  l'une, 
applicable  à  de  véritables  poils  développés  à  la  face  interne  de  la  vessie  ne 
peut  être  admise,  dans  ce  cas,  puisqu'il  s'agit  d'un  calcul  rénal;  l'autre, 

(1)  Bichat,  An ATOMiE  GÉNÉRALE,  nouv,  éd.  parBéclard  etBiaudin.  Paris,  1830. 
T.  IV,  p.  534. 

(2)  Meckel  (J  -Fréd.),  Mémoire  slr  les  poils  et  les  dents  qui  se  développent 

ACaDENTELLeUENX  DANS  LE  COBPS  (JOURN.  COMPL.  DES  SCIENCES  MEDICALES,  t.  IV. 
p.  129^ 


1^6 
relative  â  la  possibilité  de  la  transformation  de  filaments  muqueux  en  de 
véritables  poils,  est  très-contestable. 

Toutefois  il  me  répugne  à  penser  que  Bichat  se  soit  trompé  et  qu'il  n'ait 
pas  vu  de  véritables  poils;  mais  il  est  regrettable  qu'en  présence  d'un  fait 
aussi  rare,  il  se  soit  borné  à  un  simple  énoncé  et  qu'il  n'ait  rien  dit  de  l'élat 
de  la  membrane  muqueuse  du  bassinet  et  des  calices. 

Aucune  observation  anatomique  n'est  venue  prouver  qu'il  pût  se  former 
de  véritables  poils  dans  les  uretères. 

Lorsque  Actuarius  dit  que  les  filaments  semblables  à  des  poils  qu'on  ob- 
serve, quelquefois  dans  l'urine  proviennent  de  ces  conduits  dans  lesquels 
une  matière  épaisse  s'est  concrélée  et  pour  ainsi  dire  moulée,  cette  expli- 
cation ne  peut  évidemment  s'appliquer  qu'à  des  filaments  fibrineux  (i)  plus 
ou  moins  décolorés.  Du  mucus  ou  des  fausses  membranes  se  rapprocbe- 
raient  moins,  par  leur  forme,  des  véritables  poils. 

§  II.  —  POILS  TROOVÉS    DANS    LA    VESSIE  ET  DÉVELOPPÉS    DANS   LES  VOIE» 

CRINAIRES. 

Guidé  par  l'analogie  de  structure  des  membranes  muqueuses,  Bichat, 
dans  un  passage  cité  plus  haut,  ne  met  point  en  doute  qu'on  n'ait  quelque- 
fois observé  des  poils  à  la  face  interne  de  la  vessie  urioaire  ;  mais  il  n'en 
cite  aucun  exemple.  J.-F.  Meokel  (2)  paraît  d'abord  partager  cette  opinion. 


(1)  On  a  peine  à  comprendre  comment  Schenck  a  pu  rapporter,  comme  un 
exemple  d'émission  de  poils  avec  l'urine,  l'observation  suivante  ;  «  J'ai  vu 
»  (Schenck,  Ous.  medic,  lib.  3  De  drlms,  obs.  23,  p.  486)  dans  Pierre  Cellini 
»  qu'un  malade  rendait  des  poils,  longs  à  peu  près  d'une  demi-palme^  gros 
»  comme  le  petit  doigt  d'un  enfant  et  au-dessus,  tirant  snr  le  rouge.  En  même 
»  temps  élaient  rendues  d'autres  matières  inconnues  qui  tantôt  avaient  la 
»  forme  de  sangsues,  tantôt  celle  de  grenouilles  au  commencement  de  leur 
»  existence  dans  l'eau,  et  qui  avaient  plus  de  consistance  que  des  poils.  J'ou- 
»  vris  quelques-uns  de  ces  corps  :  ils  contenaient  du  sang.  Pendant  cette 
»  émission  le  malade  ressentait  au  pubis  des  douleurs  presque  intolérables 
»  auxquelles  il  finit  par  succo^iber.  »  (Nicolas  de  ï'iorence,  Diss.  5,  traité  10, 
chap.  21.)  Ou  voit  de  suite  que  ces  prétendus  poils  n'étaient  que  des  concré- 
tions librineuses  ou  des  fausses  membranes. 

(2)  Meckel  (J,-Fréd.),  MÉu.  soR  les  poils,  etc.  (Journ.  compl.  des  sciences 

MÉDIC,  t.  IV), 


177 
«  Il  n'est  pas  rare,  clil-il,  que  la  vessie  soit  hérissée  de  poils:  Schenck, 
»  Horsl,  Fabrice  de  ililden.  Tulp,  Powel,  Ilivière,  IJamelin,  en  cilent  des 
»  exemples.  »  Mais  il  ajoute  :  «  Cependant  Taulopsie  cadavérique  n'a,  dans 
»  aucun  cas,  démontré  sans  réplique  que  ces  poils  se  fussent  formés  réel- 
»  lement  dans  la  vessie  ou  mêrae  seulement  dans  les  voies  urinaires.  »  Il 
est  évident  que  l'expression  hérissée  de  poils  employée  par  Meckel 
n'est  pas  exacte  et  a  dépassé  sa  pensée  qui,  en  réalité  n'est  qu'une  présomp 
tion  déduite  de  la  pili-miclion  et  non  une  certitude  anatomique. 

Mais  Maurice  Ilolîiuann  a  vu  des  poils  à  la  surface  d'un  calcul  vésical, 
comme  Bicbat  en  a  vu  à  la  surface  d'un  calcul  rénal.  Voici  le  fait  : 

STRANGORIE,  TÉNliSME  CHEZ  DN  ENFANT  ;    DYSURIE  AVEC  ÉMISSION  DE  POILS  ;  MORT. 
—  DEUX  CALCULS  ET  DES  POILS  DANS  LA  VESSIE  (1). 

Obs.  f .  —  Un  enfant  de  6  ans  vécut  misérablement  à  AUorf,  ma  pairie,  con- 
stamment tourmenté  de  sti'angurie,  de  douleurs  d'entrailles  et  de  ténesme.  Cet 
enfant  rendait  de  temps  eu  temps  des  poila,  avec  une  extrême  dilliculté  pour 
uriner.  Les  parents  en  cherchaieni  la  cause  dans  quelque  maléfice;  mais  de 
plus  sagaces  attribuaient  ce  phénomène,  d'après  les  autres  symptômes,  à  la 
présence  d'un  calcul  dans  la  vessie.  L'enfant  étant  mort,  l'autopsie  démontra 
la  justesse  de  cette  opinion,  car  dans  la  vessie  urinaire  on  trouva  nu  double 
calcul  que  nous  avons  représenté  avec  sa  forme  et  ses  dimensions.  L'un  de  ces 
calculs  était  reçu  dans  une  excavation  de  l'autre,  laquelle  provenait  de  l'habi- 
tude qu'avait  le  malade  de  se  croiser  les  jambes  à  la  manière  des  tailleurs,  atin 
de  diminuer  ses  atroces  douleurs.  Cette  position,  en  faisant  tourner  et  se  super- 
poser les  calculs,  produisit  cette  excavation.  Le  calcul  double  paraissait  formé 
d'une  substance  topbacée  et  blanchâtre  comme  du  plâtre  et  laissait  sur  les 
doigts  une  poussière  blanche.  Le  plus  petit,  placé  au-dessus  de  l'autre,  était 
recouvert  d'une  croûte  de  couleur  rouge  foncé,  polie  et  brillante.  Des  poils 
minces  se  trouvaient  çà  et  là,  soit  droits,  soit  enroulés,  et  parsemés  de  par- 
ticules tibro-muqueuses  assez  dures. 

Si  un  semblable  cas  se  présentait  aujourd'hui  à  un  anatoraiste,  nul  doute 
qu'il  ne  s'attachât  à  démontrer  par  l'inspection  microscopique,  par  la  con- 
statation d'une  substance  corticale  et  d'une  substance  médullaire  dans  les 
filaments  observés  à  la  surface  des  calculs,  qu'il  s'agit  réellement  de  véri- 
tables poils  ;  nul  doute  qu'il  ne  cherchât  à  découvrir  des  poils  soit  à  la  face 
interne  de  la  vessie,  soit  dans  l'intérieur  du  bassinet.  Cependant  il  esldiffi- 


(1)  Hoffmann  (Maurice),  Trichiasis  cdm  calcllo  vesic^e  gencino  sibî  in  medio 

INCCMBENTE.  (EPHEM.  NAT.  CURIOS.,  Cent.  V  et  VI,  obs.  ItTi.) 


12 


178 

cile  de  se  refuser  à  admettre,  dans  ce  cas,  la  coexistence  de  poils  avec  des 
calculs  vésicaux.  Non-seuleraent  Hoffmann  dit  que,  chez  le  petit  malade, 
rémission  des  poils  était  accompagnée  d'une  extrême  difficulté  d'uriner , 
mais  ore,  après  avoir  décrit  les  deux  calculs  trouvés  dans  la  vessie,  il 
îijoute  :  «  Des  poils  minces  se  trouvaient  çà  et  là,  soit  droits,  soit  en- 
roulés, et  parsemés  de  particules  tibro- muqueuses  assez  dures,  »  Celle 
phrase  ne  me  semble  permettre  aucun  doute.  Toutefois  on  ne  comprend 
pas  comment,  ayant  figuré  les  deux  calculs  (curt.  viii,  obs.  /j5,  cent.  yi)i 
Hoffmann  ait  omis  de  représenter  les  poils  dont  la  présence  était  la  circon- 
stance véritablement  intéressante  de  l'observation. 

M.  Maillet  (1),  qui  a  rencontré  fréquemment  des  poils  sur  la  membrane 
mnqueuse  de  l'estomac  et  de  riotestin  du  cheval,  les  a  cherchés  Inutile- 
ment sur  la  membrane  muqueuse  des  voies  génito-urinaires,  chez  le  cheval, 
le  tœuf,  le  mouton  et  le  chien.  Comme  lui,  j'ai  observé  des  poils  dans  la 
portion  pylorique  de  la  membrane  muqueuse  de  l'eftomac  du  cheval.  Ces 
poiU,  que  nous  avons  étudiés  M.  Davaine  et  moi  (2),  n'ont  quelquefois 


(1)  Maillet,  Recherches  sor  les  productions  pileuses  de  la  mcqueuse  diges- 

TIVE  DD  CHEVAL  (BOLL.  DE  LA  SOCIÉTÉ  ANAT.,  1836,  p.  41-375). 

(2)  L'existence  de  ces  poils  n'étant  pas  généralement  connue  des  analomistes 
et  les  irailés  d'anatomie  de  l'tiomnie  et  des  animaux  n'en  faisant  pas  mention, 
je  les  décrirai  sommairement  ici,  d'api  es  l'observation  que  nous  en  avons  faite, 
M.  Davaine  et  moi  : 

Les  poils  de  l'estomac  du  ctieval  que  nous  avons  recueillis  avaient  d'un  à  2 
millinièlres  de  longueur  et  2  cenlièuies  de  milliinèlre  de  diamètre.  Ils  étaient 
d'un  blanc  roussâlre,  légèrement  arqués,  atténués  aux  deux  extrémités.  Vus 
implantés  sur  la  membrane  muqueuse,  leur  partie  libre  paraît  renQée  en  mas- 
sue par  l'adjonction  d'une  sorte  de  gaine  brunâtre  qui  la  coifle.  Cette  gaîne 
éirangère  au  poil,  se  brise  parla  pression  en  fragments  dont  la  substance  in- 
soluble dans  l'acide  acétique,  l'ammoniaque  et  l'éther,  n'offre  au  microscope 
aucune  organisation  appréciable.  La  portion  adhérente  du  poil  traverse  toute 
l'épaisseur  de  la  membrane  muqueuse,  sous  laquelle  on  peut  observer  un  ren- 
Oerneni  correspondant  probablement  au  bulbe.  Celle  portion  du  poil  s'amincit 
graduellement  Jusqu'à  sou  extrémité  qui  oUre  tout  à  coup  un  renflement  termi- 
nal, comme  la  tête  d'une  épingle.  Vus  au  microscope,  ces  petits  poils  présentent 
une  substance  corticale  et  l'apparence  d'un  canal  central.  Sur  la  substance 
corticale,  on  distingue  à  un  fort  grossissement  de  légères  stries  onduleuses, 
transversales,  qui  rappellent  l'aspect  squammeux  des  poils  de  la  peau.  Un  canal 
central  ou  l'apparence  d'un  canal  central  peut  être  observé  dans  toute  la  Ion- 


179 
qu'un  à  2  milHm.  de  loogueur,  et  on  ne  les  découvre  qu'en  les  recher- 
chant avec  beaucoup  d'alleuUon,  à  î'œil  nu  ou  armé  d'une  loupe.  Depuis 
celle  époque,  je  les  ai  cherchés  inulilement  chez  l'homme,  non-seulement 
dans  l'estomac,  mais  dans  les  voies  urlnaires,  et  en  parliculierdans  la  vessie; 
j'ajoule  que  je  n'ai  pas  examiné  un  grand  nombre  de  fois  ces  organes  avec 
toute  l'allention  nécessaire.  L'examen  du  bassinet,  de  la  vessie  el  du  canal 
de  l'urèlre,  tel  qu'on  le  fait  habituellement  dans  nos  amphithéâtres,  ne  per- 
mettrait pas  d'apercevoir  de  petits  poils,  surtout  s'ils  n'avaient  que  la  di- 
mension de  ceux  que  l'on  rencontre  le  plus  ordinairement  à  l'orifice  pylo- 
rique  de  l'estomac  du  cheval.  Ce  point  d'anatomie  pathologique  réclame  de 
nouvelles  recherches. 

$  III.  —  POILS  TROUVÉS  DANS  LA  VESSIE  OD  RENDUS  AVEC  l'DRINE,  PROVE- 
NANT DE  TUMGCRS  CONTENANT  DES  POILS,  OUVERTES  DANS  LA  CAVITÉ  DE 
CET  ORGANE, 

On  a  plusieurs  fois  trouvé  des  poils  libres  ou  attachés  à  des  portions  de 
peau,  dans  la  cavité  de  la  vessie,  chez  des  femmes  qui,  pendant  la  vie, 
avaient  présenté  «ne  tumeur  plus  eu  moins  considérable  dans  le  voisinage 
d'un  des  ovaires.  Lorsque  la  maladie  s'est  terminée  parla  mortel  que  l'au- 
topsie du  cadavre  a  éîé  faite  avec  sein,  on  a  pu  constater  qu'un  kyste  con- 
tenant dos  poils,  s'était  ouvert  dans  la  vessie,  avec  les  parois  de  laquelle  il 
avait  contracté  d'intimes  adhérences.  On  comprend  de  suite  que  la  pili- 
miction  que  plusieurs  de  ces  malades  ont  présentée  pendant  la  vie  est  tout 
à  fait  distincte  par  son  origine,  par  ses  symplômes  et  par  les  lésions  qui 
l'accompagnent,  de  la  production  des  poils  dans  les  voies  urinaires,  du 
v^itable  trichiam.  Lorsqu'on  aura  rassemblé  un  assez  grand  nombre  de 
cas  biea  authentiques,  de  cette  dernière  affection  pour  pouvoir  en  faire 
une  description  générale,  satisfaisante,  on  devra  se  borner  à  mentionner, 
en  traitant  du  diagnostic,  la  piii-roiclioo  consécutive  à  l'ouverture  de 
kystes  pileux  dans  ia  veasie.  Aujourd'hui  l'histoire  des  diverses  espèces  de 
pili-miclion  est  si  peu  avancée  que  j'ai  cru  utile  de  mettre  les  fails  sui- 
vants sous  les  yeux  du  lecteur. 

-• -    ■         -    ■  ■        ■       ■■ , ^^^_^ — ^ — 

gueur  du  poil  jusque  vers  sen  extrémité  libre.  Son  diamètre  est  du  sixiènne  aa 
huitième  de  celui  du  poil.  Il  parait  se  terminer  dans  le  renflement  bulbaire, 
soit  en  se  bifurquant,  soit  en  s'évasant  en  forme  d'ampoule;  il  offre  eu  quel- 
ques points  des  granules  moléculaires  transparents. 


180 
/ 

ACCOUCHEMENT  A  TERME  D'UN  ENFANT  MORT;  VINGT-DECX  JOURS  APRÈS,  FIÈVRE 
l'UERPÉRALE  TERMINÉE  PAR  LA  MORT  ;  PRÈS  DE  L'OVAIRE  DROIT,  TUMEUR  DO  VO- 
LUME d'un  oeuf  I)E  POULE,  ADHÉRANT  A  LA  VESSIE  QUI  CONTENAIT,  DANS  SA  CAVITÉ, 
DES  POILS,  PELA  MATIÈRE  GRASSE  ET  UNE  MATIÈRE  OSSEUSE  (1). 

Obs.  II.  —  Le  docteur  Amos  Hamelin  (de  Durham),  dans  le  comté  de  Grune, 
Ëtat  de  New-York,  a  communiqué  au  professeur  et  sénateur  Mitchill  une  obser- 
vation sur  des  cheveux  croissant  dans  l'intérieur  de  la  vessie  dont  voici  l'ex- 
tiait  : 

Une  femme  âgée  de  24  ans,  accoucha  à  terme  d'un  enfant  mort,  et  fut  atteinte, 
six  jours  après,  d'une  fièvre  puerpérale  maligne  à  laquelle  elle  succomba  au  bout 
de  vingt-deux  jours. 

A  l'ouverture  du  cadavre,  faite  en  présence  de  beaucoup  de  personnes,  le 
docteur  Hamelin  trouva  la  vessie  très-distendue  et  environ  la  moitié  dans  un 
état  de  mortification.  Il  y  avait,  près  de  l'ovaire  droit,  une  tumeur  à  peu  près  du 
volume  d'un  œuf  de  poule.  L'intérieur  de  la  vessie  renfermait  une  matière 
épaisse  et  fétide,  mêlée  de  cheveux.  L'ayant  nettoyée,  il  découvrit  que  la  tumeur 
s'étendait  dans  la  cavité  de  la  vessie  et  que  les  cheveux  naissaient  de  la  mem- 
brane interne  qui  couvrait  cette  tumeur.  Les  cheveux,  réunis  en  une  masse  ovale, 
s'étaient  accomniorlés  à  la  forme  de  la  vessie  ;  celte  masse,  avec  la  matière  qui 
y  adhérait,  avait  5  pouces  de  longueur  et  3  de  largeur.  Lorsque  les  cheveux 
furent  lavés,  nettoyés  et  séchés,  ils  pesaient  deux  gros.  En  incisant  la  tumeur 
du  côté  intérieur,  on  y  trouva  une  substance  osseuse  et  une  autre  en  très-petite 
quantité  qui  ressemblait  à  celle  du  cerveau.  Les  intestins  étaient  distendus  par 
be.Tucoup  d'air;  la  partie  de  l'utérus  en  contact  avec  la  vessie  paraissait  être 
légèrement  enflammée;  les  uretères  étaient  un  peu  distendus.  Les  reins  et  tous 
les  autres  viscères  furent  trouvés  dans  l'état  naturel.  La  longueur  des  cheveux 
était  généralement  de  4  à  12  pouces;  on  en  a  mesuré  un  de  i8  pouces.  La  mère 
de  cette  femme  apprit  au  médecin  que  sa  fille  avait  été  incommodée  d'une  stran- 
gurie  pendant  quelque  temps,  trois  ou  quatre  ans  auparavant;  qu'elle  en  avait 
Ole  reprise  quelquefois  pendant  sa  grossesse,  et  qu'elle  n'avait  fias  eu  d'autre  en- 
fant. Le  médecin  a  envoyé  au  professeur  Mitchill  la  portion  de  la  vessie  et  la 
tumeur  adhérente  d'où  naissent  les  cheveux  et  les  cheveux  qu'il  avait  coupés  en 
présence  de  témoins. 


(1)  Observation  sur  des  cheveux  trouvés  dans  l'intérieur  de  la  vessie  (extr. 
de  la  correspond,  du  docteur  Valentfu,  Bull,  de  l'Ëcolk  et  de  la  Soc.  de  héd., 

808,  n»  4,  p.  5«).] 


181 

GROSSESSE;  POJLS  RENDUS  AVEC  L'tlRlNE  ;  ACCOUCHEMENT  NATUREL;  INCISION  liE 
l'urètre  ;  EXTRACTION  d'uN  CALCUL  DE  LA  VESSIE  ET  DE  PLUSIEURS  MÈCHES 
DE  POILS  ;  DEUX  MOIS  APRÈS  ,  DOULEURS  SUIVIES  d'uNE  NOUVELLE  ÉMISSION 
DE  POILS  AVEC  l'urine;  EXTRACflON  d'UN  MORCEAU  DE  PEAU  GARNI  DE  CHEVEUX, 
d'un  PETIT  OS,    d'une  DENT  MOLAIRE;  GUÉRISON  (t). 

Obs.  III.  —  Une  femme,  âgée  de  24  ans,  enceinte  pour  la  deuxième  fois,  est 
tout  à  coup  prise  de  douleurs  vives  dans  la  région  de  la  vessie;  elle  éprouve  de 
fréquentes  envies  d'uriner  et  rend  avec  les  urines  des  poils  dont  plusieurs 
sont  chargés  de  concrétions  salines.  Elle  accouche  heureusement;  mais  les 
urines  sont  toujours  les  mêmes.  Déjà  son  mari  avait  plusieurs  fois  essayé,  avec 
un  crochet  introduit  dans  l'urètre,  d'extraire  de  ces  poils  et  il  y  avait  réussi.  Il 
répéta  la  même  manœuvre  en  présence  de  M.  Delpecli  avec  un  même  succès. 
Alors  celui-ci,  soupçonnant  la  présence  d'un  calcul  dans  la  vessie,  fendit  la  partie 
supérieure  du  canal  de  l'urètre  et  retira  en  effet  un  petit  calcul  avec  plusieurs 
mèches  de  poils.  Des  injections  poussées  dans  la  vessie  en  font  sortir  encore. 
Enfin  le  doigt  porté  dans  sa  cavité  en  reconnaît  d'autres  qu'on  extrait  avec  une 
pince  à  pansement.  Dès  lors  la  malade  va  de  mieux  en  mieux,  et  on  la  croyait 
guérie  d'un  kyste  sous-muqueux,  développé  dans  la  vessie,  lorsque  deux  mois 
après  elle  ressent  de  nouvelles  douleurs  et  rend  encore  des  poils.  On  explore  de 
nouveau  la  vessie  et  on  en  retire  un  corps  gros  comme  un  œuf  de  poule,  pré- 
sentant à  l'une  de  ses  extrémités  un  morceau  de  peau  à  laquelle  étaient  implantés 
des  cheveux  et  renfermant  un  os  assez  semblable  à  l'apophyse  zygomatique.  Cet 
os  présentait  une  alvéole  dans  laquelle  était  logée  une  petite  dent  molaire,  com- 
parable pour  la  grosseur  à  celle  d'un  enfant  de  5  à  6  ans.  Ainsi  on  acquit  la 
preuve  qu'il  ne  s'agissait  pas  réellement  d'une  pili-miction,  maladie  niée  par 
beaucoup  d'auteurs,  mais  bien  d'un  germe  imparfaitement  développé. 


(1)  Observation  de  pili-miction,  reconnaissant  pouk  cause  un  k^ste  pileux 
FAISANT  SAILLIE  DANS  LA  CAVITÉ  vÉsiCALE,  recueillie  par  M.  le  professeur  Delpech 
et  communiquée  par  M.  Boyer,  chef  de  clinique  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Montpellier  (rapport  à  l'Académie  royale  de  médecine  par  MM.  Leveillé,  Mérat 
et  Pâtissier.  Rev.  méd.  franc,  et  étr.  et  Journ.  de  clin.,  t.  IV,  année  1827, 
p.  487.  —  Jùurn.  des  prog.  des  se.  méd.,  t.  VII,  p.  256).  Cette  observation  est 
rapportée  encore  et  avec  beaucoup  plus  de  détails  dans  Delpech,  Chirdrc.  clin. 
DE  Montpellier,  2  vol.  iii-4*,  t.  ll,p.  521;  Paris,  1828. 


Ig2 

FEMME  ÂGÉE  DE  TRENTE  ANS  ET  AYANT  ÉPROUVE  DÈS  SA  JEUNESSE  0E  LA  DVSURIE;  A 
VtNGT-HUIT  ANS,  INFLAMMATION  DE  TESSIE,  TRUTÉE  PAR  LES  ANTIPHLOCISTIQOES; 
TUMEUR  8'ëTENDANT  DE  LA  FACE  INVÉRIEORE  DU  FOIE  VERS  l' OMBILIC;  SYMPTÔMES 
DE  PÉRITONITE;  MORT.  — TUMEUR  ENKYSTÉE  DÉVELOPPÉE  DANS  L'OVAIHE  DROIT, 
CONTENANT  UNE  MATIÈRE  CRÉMEUSE  ET  UNE  TOUFFE  DE  CHEVEUX  ;  VESSIE  DISTEN- 
DUE ET  CONTENANT  UNE  DENT  INCISIVE,  IMPLANTÉE  DANS  UNE  PORTION  d'OS  RES- 
SEMBLANT A  UNE  PORTION  D'ALVÉOLE;  TROIS  OUVERTURES  ETABLISSANT  UNE  COM- 
MUNICATION ENTRE  LA  CAVITÉ  DE  LA  TUMEUR  ET  CELLE  DE  LA  VESSIE  (1). 

Oes.  IV.  —  La  malade  dont  je  rapporte  l'histoire  à  la  Société  était  une  femme.» 
âgée  de  30  ans,  d'une  santé  florissante  et  bien  conformée. 

Dès  sa  jeunesse,  elle  avait  éprouvé  à  diverses  époques  de  la  difliculté  à  uriner, 
et  on  avait  employé  dans  ces  occasions  diflerunts  remèdes  pour  la  soulager. 
Mais  comme  les  attaques  étaient  légéios  ci  passagùrcs  et  que  la  santé  générale 
u'éiait  pas  altérée,  elles  n'effrayaienl  pas  Ja  nîalade,  et  ses  amis  n'avaient  pas 
d'appréhension  pour  leurs  suites. 

Il  y  a  environ  deux  ans,  elle  éprouva  des  syroi/.<Vnes  évidents  d'infiammatio 
de  la  vessie,  pour  lesquels  elle  fut  soignée  par  le  flooteur  Pitman  d'Andover,  On 
eut  recours  aux  saignées  générales  et  locales,  qu'on  ciriploya  largement.  Le« 
bains  chauds  ci  un  régime  antiphlogi&tique  persévérant  diminuèrent  le  mal,  et 
au  bout  de  deux  mois  elle  put  reprendre  ses  occu[iations  de  maîtresse  d'école. 

Malgré  le  soulagement  qu'elle  éprouva  de  ce  traitement,  elle  fut  frappée  de 
l'idée  a  qu'elle  avait  la  gravelle  ou  quelque  chose  dans  la  vessie;  »  mai.4  il  lui  fut 
impossible  de  s'expliquer  avec  son  médecin  ;  elle  n'exprimait  ses  craintes  sur  la 
nature  de  son  aifectlon  qu'aux  personnes  de  son  sexe. 

De  grandes  douleurs  et  une  tuméfaction  considérable  se  firent  sentir  i  i'hy 
pogastie;  ia  dilUculté  d'uriner  était  augmentée.  La  malade  se  décida  à  aller  à  la 
ville,  où  elle  consulta  deux  médecins  renommés  qui  s'accordèrent  à  lui  prescrire 
des  doses  altérantes  de  mcrcnrc,  combinées  avec  l'extrait  de  cignë  et  des  sab- 
tances  oléagineuses.  Elle  persévéra  dans  l'emploi  de  ces  remèdes  pendant  un 
temps  Considérable,  sans  en  éprouver  de  mieux  soutenu,  lorsqu^au  mois  d'août 
dernier,  elle  éprouva  de  nouveaux  symptômes  de  la  nature  la  plus  fâcheuse- 
Ce  fut  à  cette  période  de  la  maladie  que  me.s  cotiseils  furent  réclamés,  le  20 
septembre  dernier.  J'appris  que  le  siège  de  la  douleuravait  passé  depuis  quelques 
semaines  de  la  vessie  au  côté  gauche  de  l'abdomen,  que  la  malade  accusai  tune  eo- 
flme  considérable  dans  cette  partie  du  corps,  que  les  fonctions  de  la  vessie  étaient 

(1)  Of  A  CASE  IN  WHICH  SOME  SINGULAR  PR  ETERNATURAL  APPEARANCE8  WERE 
OBSERVED    IN    THE    OVARIUM  AND  FEHALE   BLADDER,   by  Edward  PhilippS,   M.    D.  Of 

Andover  read,  June  24, 1818  (Medico-cuirur.  trans.,   publisbed  by  the  médical 
and  chirurgical  Society  of  London^  volume  tbe  nlntb,  1818,  p.  42). 


183 
normales  et  que  l'urine  s<5crété€  n'Indiquait  pas  d'affection  de  cet  organe.  Les 
menslroes  étaietii  rôijHiières  pour  fa  quantité  et  la  qualité;  le  teint  ^lait  coloré, 
le  pouls  fréiiuent,  nriiiis  faible.  La  malade  avait  fréquemment  des  frisson.^,  qui 
étaient  suivis  d'une  abondante  transpiration;  les  douleurs  étaient  vives  et  de 
longue  durée,  et  elles  s'ctentlaient  de  l'enflure  du  côté  gauche  au  travers  du  dos 
et  parfois  dans  l'intérieur  des  deux  cuisses.  Je  vis  celte  femme  plusieurs  fols 
avant  de  pouvoir  obtenir  que  M.  Pitman  ou  moi-même  examinassions  l'enflure 
dont  elle  se  plaignait.  Lorsque  cela  nous  fut  accordé,  nous  découvrîmes  une 
large  tumeur  indurée,  de  forme  obiongue,  s'éîendant  du  foie  à  l'omliilic. 

Dans  ces  circoiistances,  Je  fus  conduit  à  penser  que  la  tumeur  était  formée 
par  l'ovairo  malade,  et  M.Pitman  partagea  cette  opinion. 

Il  est  utile  de  remarquer  ici  que,  bien  qu'il  y  eût  eu  beaucoup  de  désordre  à  la 
vessie,  comme  on  le  vit  à  i'aulopsie,  ot  probablement  depuis  quelques  années, 
cependant  tous  les  symptômes  de  l'alîeotion  de  cet  organe  s'étaient  suspendus 
lorsque  l'inflammation  se  porta  à  l'ovaire,  état  qui  continua  jusqu'à  la  mort  de 
la  malade. 

Comme  il  était  évident,  d'après  l'état  de  celte  femme  et  le  récit  de  sis  .souf- 
frances longtemps  cachées,  que  le  mal  approchait  de  sa  terminaison  fatale,  il  me 
parait  superflu  de  rapporter  les  remèdes  qu'on  employa  sans  autre  espérance  que 
celle  de  prolonger  la  vie  de  quelques  jours. 

Les»  symptômes  restèrent  le»  mêmes  jusqu'à  la  dernière  «îmojn»;  alors  le  ven- 
tre devint  uniformément  enflé  et  tendu;  la  respiration  était  interrompue  et  un 
sentiment  constant  de  suffocation  conduisit  cette  malheureuse  femme  à  prier 
avec  ferveur  pour  !a  fln  de  tant  de  misères  accumulées.  Cet  cvénemeot  désiré 
eot  lieu  le  iO  novembre. 

Le  corps  fut  ouvert,  quatorze  heures  après  la  mort,  par  M.  PItman  junior, 
jetine  chirurgien  de  grande  espérance.  Voici  le  résultat  de  son  examen  : 

En  ouvrant  la  cavité  de  l'abdomen,  il  s'en  échappa  deux  galions  d'eau  mélan- 
gée de  sang.  Le  côté  gauche  de  la  région  ombilicale  offrait  une  tumeur  ovarique, 
plhs  volumineuse  qu'un  cœur  d'homme,  laquelle  contenait  une  substance  semi^ 
fluide,  semblable  à  de  la  cième.  Au  milieu  de  cette  substance  crémeuse  existait 
une  touife  do  cheveux,  du  volume  d'un  œuf  de  poule.  La  surface  de  la  tumeur 
était  entièiement  couverte  par  des  hydatides  transparentes  réunies  en  grappe.  Le 
ligament  large  de  l'utérus,  du  côté  gauche,  était  couvert  de  petites  tumeurs 
blanches  du  volume  d'un  pois  ordinaires  L'utérus  hii-mème  n'était  pas  malade. 
La  vessie  était  très-disiendue  ou  plutOJ  tamponnée  avec  uni;  substance  semblable 
ft  celle  que  contenait  la  tumeur  ovarique  On  y  découvrit  aussi  une  large 
touffe  de  cheveux.  Les  membranes  de  la  vessie  étalent  très-indarées,  surtout  la 
membrane  interne.  L'urètre  ne  paraissait  pas  avoir  de  communication  directe 
avec  la  vessie,  à  la  partie  inlérieufe  et  postérieure  de  laquelle  II  y  av.ilt  un  petit 
kyste  rempli  de  la  mtime  substance  crémeuse  déjà  décrite,  et  une  quantité  de 
cheveux.  Et,  ce  qui  mérite  une  mention  particuliêfe,  li  y  avait  une  dent  Incisive 


184 
parfaitement  formée,   pourvue  d'émail  et  ayant  ses  racines   fermement    at- 
tachées dans  la  membrane  du  kyste  (i).  Ce  kyste  ou  cette  ca vite  communiquait 
avec  la  vessie  par  trois  petites  ouvertures,  et  avec  l'urètre  à  sa  piT'ie  anté- 
rieure. 

PESANTEUR  DANS  LE  BAS-VENTRE;  DYSURIE  ;  ABONDANTE  ÉVACCATICr'  DE  PUS  APRÈS  VU 
CATHÉTÉRISME  ;  SOULAGEMENT  ;  RETOUR  ET  PERSISTANCE  DE  LA  FIEVRE  ;  URINES 
PURULENTES;  VOMISSEMENTS  ;  DIARRHÉE  ;  MORT.  PORTION  d'OS  ET  PELOTON  DE  POILS 
TROUVÉS  DANS  LA  VESSIE  (2). 

Obs.  V.  —  Une  dame  de  58  ans,  d'un  bon  tempérament,  se  plaignait,  depuis 
près  de  sept  ans,  d'une  pesanteur  considérable  au  bas-ventre,  particulièrement 
quand  elle  marchait.  De  temps  à  autre,  elle  avait  des  envies  d'uriner  fort  vives. 
Les  urines,  en  passant,  lui  causaient  des  cuissons  insupportables.  Elle  consulta, 
dans  le  temps,  M.  Luro,  chirurgien,  qui,  sur  le  rapport  que  lui  fit  la  malade,  ju- 
gea qu'elle  avait  un  abcès  à  la  vessie.  Il  lui  fit  sentir  de  quelle  conséquence  cela 
était,  voulut  lui  donner  quelques  avis,  mais  elle  le  reçut  assez  mal,  et  se  refusa 
entièrement  aux  remèdes  qu'on  lui  proposa.  Les  douleurs  ne  lui  donnaient  que 
peu  de  relâche  ;  elles  se  renouvelaient  presque  toutes  les  trois  semaines.  Les 
urines,  pour  lors,  venaient  goutte  à  goutte  d'abord  ;  quelques  instants  après,  la 
malade  les  rendait  par  flots  ;  cela  ne  l'aiTecta  pas  davantage;  ce  ne  fut  que  sur 
les  deux  derniers  mois  qu'elle  s'occupa  plus  sérieusement  de  son  état  et  se  dé- 
termina à  se  faire  visiter. 

Une  dame  de  ses  amies  l'engagea  à  voir  M.  Gille,  premier  gagnant  maîtrise  en 
chirurgie  de  l'Hôtel-Dieu, qui,  le  3*  jour  de  février  dernier,  surl'exposéde  lama* 
lade  elle-même,  soupçonnant,  comme  il  était  vraisemblable  de  le  penser,  la  pré- 
sence de  quelques  pierres  dans  la  vessie,  la  sonda  avec  toute  la  dextérité  qu'on  lui 
connaît  généralement  pour  les  opérations.  Il  sentit,  dans  le  fond  de  la  vessie, 
un  corps  qui  lui  opposa  quelque  résistance  d'abord,  mais  qu'il  surmonta  bientôt 
après  et  fut  fort  étonné  de  percer  un  abcès  qui  rendit,  pour  la  première  fois,  près 
do  trois  demi-setiers  de  pus.  La  malade  se  sentit  soulagée  à  l'instant.  Le  lende- 
main même  elle  se  leva,  ne  s'occupant  plus  que  de  ses  affaires  domestiques.  Son 
chirurgien  lui  conseilla  cependant  de  se  tenir  couchée.  Quelques  jours  après  l'ou- 
verture de  l'abcès,  le  pus  sortit  par  grumeaux,  les  urines  se  troublèrent  et  paru- 
rent noirâtres  ;  elles  s'éclaircirent  par  la  suite  et  le  pus  devint  plus  fluide.  La 

(1)  La  préparation  est  déposée  au  Muséum  du  Collège  des  chirurgiens.  En  l'exa- 
minant plus  attentivement,  on  a  trouvé  que  la  dent  était  implantée  dans  une 
portion  d'os  ressemblant  à  une  alvéole. 

(2)  Observation  sur  plusieurs  petites  portions  d'os  et  un  peloton  de  poils 
TROUVÉS  dans  LiV  VESSIE,  par  M.  de  la  Rivière  le  jeune,  docteur  en  médecine  de  la 
l'acuité  de  Paris  (Journal  de  médecine,  chirurgie  et  pharmacie,  etc.,  par 
M.  Vandermonde,  janvier  1769,  t.  X,  p.  616.) 


185 

quantité  «le  pus  que  la  malade  rendait  tous  les  jours,  tant  dans  les  urines  que 
dans  les  injections  qu'on  lui  faisait  deux  ou  trois  fois  dans  la  journée,  se  mon- 
tait à  près  de  2  onces.  Je  fus  appelé  vers  le  huitième  jour  de  la  maladie  ;  je  trouvai 
la  malade  avec  une  fièvre  assez  considérable  ;  les  sueurs  étaient  abondantes  et 
d'une  odeur  félide  ;  elle  se  plaignait  d'avoir  la  Louche  mauvaise,  et  tout  ce  qu'elle 
prenait  lui  semblait  avoir  l'odeur  du  pus.  Dans  cet  état  je  jugeai  à  propos  de 
lui  donner  un  purgatif  dont  j'eus  tout  le  succès  que  je  pouvais  attendre;  la  fièvre 
fut  quelques  jours  sans  paraître  aussi  vive,  et  la  malade  se  sentit  assez  bien; 
mais  cela  ne  dura  pas  longtemps,  la  fièvre  reprit  avec  la  même  force,  la  bouche 
devint  plus  mauvaise,  la  langue  se  chargea  davantage,  ce  qui  me  détermina  à  lui 
répéter  la  purgation,  et  depuis  je  n'ai  jamais  perdu  de  vue  les  purgatifs,  que  je 
répétai  toutes  les  fois  que  le  besoin  me  parut  l'exiger.  Malgré  cependant  tous  mes 
soins,  je  n'ai  pas  été  assez  heureux  pour  faire  cesser  entièrement  la  fièvre.  La 
malade,  quelques  jours  avant  la  mort,  eut  un  dévoiement  considérable  ;  les  fai- 
blesses s'emparèrent  d'elle  ;  des  vomissements  fréquents  survinrent.  Je  lui  fis 
faire  usage  de  quelques  cordiaux  dans  la  journée,  qui  n'eurent  pas  tout  le  succès 
que  je  m'en  étais  promis.  Les  nuits  devinrent  orageuses.  Elle  avait  à  peine,  dans 
les  vingt-quatre  heures,  une  heure  de  sommeil.  Les  douleurs  à  la  vessie  se  re- 
nouvelèrent; j'eus  recours  à  de  légers  narcotiques  qui  me  produisirent  tout  l'effet 
que  je  pouvais  espérer.  Je  me  tins  cependant  en  garde  contre  eux  ;  mais  pour 
peu  que  je  la  perdisse  de  vue,  la  malade  se  trouvait  plus  mal.  Je  fus  quelque 
temps  sans  porter  un  pronostic  assuré  ;  je  fis  cependant  connaître  à  la  famille  l'é- 
tat où  était  la  malade.  On  prit  toutes  les  précautions  requises.  Elle  mourut  le 
22  avril,  vers  les  huit  heures  du  soir. 

Une  maladie  de  cette  conséquence  me  détermina  à  faire  l'ouverture  du  corps. 
M.  Gille  en  fut  chargé  ;  nous  examinâmes  avec  la  dernière  attention  l'état  du  bas- 
ventre.  Nous  trouvâmes  une  adhérence  considérable  du  péritoine  avec  les  intes- 
tins, qui  déjà  commençaient  à  se  gangerner.  La  vessie  était  pour  nous  quelque 
chose  de  fort  essentiel  ;  nous  la  trouvâmes  adhérente  à  la  matrice  ;  elle  nous  pa- 
rut de  couleur  vert  foncé  ;  nous  la  détachâmes  et  nous  ne  mîmes  pas  moins  d'at- 
tention à  l'examiner  intérieurement.  Nous  fûmes  fort  étonnés  d'y  trouver  plu- 
sieurs petites  portions  d'os,  dont  le  plus  gros,  d'un  côté,  était  creux,  lisse  et  poli  ; 
ce  qui  ne  nous  étonna  pas  moins,  ce  fut  un  petit  peloton  de  poils  entrelacés  les 
uns  dans  les  autres,  formant  un  cercle  assez  épais  et  de  la  largeur  d'une  pièce 
de  24  sols,  qui  était  renfermé  dans  la  portion  d'un  kyste  dont  nous  vîmes  en- 
core des  vestiges  assez  distincts.  La  vessie  était  remplie  d'une  matière  purulente 
qui  nous  a  paru  être  la  même  que  celle  que  la  malade  a  toujours  reudue,  tant 
dans  les  urines  que  dans  les  injections. 

Étonnés  de  voir  quelque  chose  d'aussi  singulier  dans  l'intérieur  de  la  vessie, 
nons  examinâmes,  avec  le  même  scrupule  la  matrice,  du  côté  droit.  Nous  trou- 
vâmes une  tumeur  squirrheuse  que  nous  eûmes  beaucoup  de  peine  à  ouvrir, 
même  avec  le  scalpel,  et  dont  l'intérieur  nous  parut  être  presque  ossifié. 


188 

Ou  reste,  la  vesaieéUit  dans  son  état  naturel-  Les  reine  nous  ont  paru  afFeotés; 
]o  foie  s'est  trouvé  engorgé  considérablement. 

Je  viens  d'exposer  les  faits  teis  que  je  les  ai  vus.  D»ng  un  cas  aussi  partico- 
culier  que  celui-ci,  je  ne  hasarderai  aucun  raisonnement.  Je  laisse  à  des  gens 
de  l'art  plus  éclairés  que  moi  à  communiquer  leurs  Idées-,  je  me  contente  d'avoir 
vu  et  d'avoir  observé. 

FEMME  DE  33  ANS;  TROIS  GROSSESSES  ;  TDMEUR  DU  VOLUME  »'l!N  OEUF  i>ANS  L\  RÉGION 
ILIAQDE  GAUCHE;  ABCÈS  A  L'hYPOGASTRE  SUIVI  D'UNE  FISTULE  D'OU  SOKTAîeNT  DD 
PUS,  DES  POILS  ET  DE  l'URINE  ;  ÉMISSION  DES  POILS  AVECL'URINE  ;  CALCUL  AYANT  DES 
POILS  POUR  NOYAU  ;  EXTRACTION  d'uNE  TUMEUR  PILEUSE  ET  O'UN  GALCCÎ.;  «ilié- 
RISON   Cl)' 

Obs.  VI.  —  Une  paysanne,  âgée  de  3-3  ans,  réglée  à  17  ans  et  mariée  à  20, 
traversa  sans  inconvénients  noiàbles  trois  grossesses,  suivies  chacune  d'un  ac- 
couchement heureux.  Rien,  dans  les  aniêcédants  de  la  malade  ne  peut  faire  sup- 
poser qu'il  se  fût  établi  chez  elle  le  moindre  trouble  fonctionnel,  le  moindre  état 
pathologicjue  du  côté  des  organes  genilo-urinaires.  Quelques  jours  après  sa  troi- 
sième couche,  elle  ressentit  dans  là  région  iliaque  gauche  une  douleur  vive,  de 
la  chaleur,  du  gonflement,  et  bientôt  après  une  apparence  de  tumeur  mobile,  du 
volume  d'un  œuf.  Ces  premiers  accidents  ayant  promptement  perdu  de  leur  in- 
tensité permirent  à  la  malade  de  les  négliger,  de  retourner  à  ses  occupations  ha- 
bituelles ;  au  t)0ut  de  deux  mois,  la  tumeur,  qui,  loin  de  s'effacer,  avait  plutôt 
augmenté  et  acquis  le  volume  du  poing,  fit  naître  de  nouveaux  accidents  inflam- 
matoires. On  appliqua  des  sangsues,  divers  topiques;  on  vit  tout  à  coup  les 
urines  devenir  troubles,  comme  graisseuses,  en  même  temps  que  les  douleurs 
hypogastriqucs  ^'amoîndrissaient  notablement.  La  santé  générale  se  rétablit  en- 
suite en  grands  partie,  et  plusieurs  années  se  passèrent  ainsi  sans  que  la  femme 
songeât  à  consulter  pour  sa  tumeur  du  bas-ventre,  qu'elle  savait  bien  n'être  point 
disparue. 

Cette  tumeur  fit  enfin  naiire  un  nouvel  actes  d'inflammation  et  s'ouvrit  à  tra- 
vers les  parois  abdominales,  sur  la  ligne  blanche,  un  peu  au-dessous  de  l'ombi- 
lic. Du  pus  sanieux.  Jaunâtre,  fétide,  qui  s'était  d'abord  échappé  par  là,  fut  bien- 
tôt remplacé  dans  la  fistule  par  une  mèche  de  cheveux,  puis  par  un  liquide  uri- 
neux.  Des  poils,  des  fragmcnis  d'os  et  de  la  matière  purulente  avalent  aussi  été 
expulsés  par  l'urètre.  Muni  de  tous  ces  renseignements,  et  ayant  constaté  l'exis- 
tence d'un  corps  étranger  volumineux  dans  la  vessie,  d'un  paquet  de  cheveux 
dans  la  fistule,  d'une  tumeur  qui  occupait  une  partie  do  l'hypogastre  et  de  la 

(1)  Larrey  (Hipp.),  Kyste  pileux  de  l'ovaire  compliqué  d'une  fistule  urinaire 

VISSIGO-ABDOMINALE  ET  D'CN   GALOUb  DANS  LA  VESSIE  (MÉMOIRES  dc  l' Académie  de 

médecine,  t.  XII).  —  Extrait  de  cette  observation. 


187 

région  iliaque  gauche,  M.  H.  Larrey,  cédant  aux  instances  de  la  malade,  pratiqua 
l'opération  suivante.  Une  incision  qui  agrandit  par  en  bas  la  fistule,  dans  l'é- 
tendue de  3  centimètres,  lui  permit  de  suivre  la  mèche  de  poils  à  une  profon- 
deur considérable  et  d'arriver  à  une  tumeur  dure,  pcdiculée,  mobile,  qu'il  déta- 
cha au  moyen  du  bistouri  boutonne  pendant  que  des  aides  déprimaient,  écar- 
taient, refoulaient  en  arrière  l'aorte,  la  veine  cave,  les  gros  vaisseaux  de  l'abdo- 
men. Ayant  élargi  l'oHvertur«  du  kyste  où  il  était  entré,  et  prolongé  son  Incision, 
par  en  bas,  jusqu'au  voisinage  du  pubis,  M.  Larrey  découvrit  une  flstule  vésico- 
abdominale  qu'il  agrandit,  comme  il  l'avait  fait  pour  la  fistule  de  l'ombilic,  et 
mit  ainsi  à  nu  un  gros  calcul  qu'il  saisit  aussitôt  dans  la  vessie  et  qu'il  retira  dès 
]orH  sans  difllculté. 

Lu  tumeur  enlevée  du  kyste  a  le  volume  d'une  noix  ;  elle  est  inégale  à  sa  su- 
perflcie,  résistante  sous  le  doigt,  offrant  à  la  coupe  un  aspect  blanchâtre  strié, 
sans  contenir  dans  son  intérieur  et  sans  laisser  suinter  aucun  liquide  ;  elle  pa- 
raît, en  un  mot,  d'une  nature  tout  à  fait  fibreuse,  et  donne  naissance  par  toute  sa 
surface  libre  à  la  mèche  de  poils  on  de  cheveux  qui  ressortait  au  dehors  de  la 
fistule  abdominale. 

Cette  singulière  tumeur,  ainsi  détachée, ressemble  absolument  à  une  portion  de 
cuir  chevelu  ratatiné  ;  elle  pèse,  avec  les  poils  qui  la  surmontent,  envii  on  20  gram- 
mes. Cespoiis,  dont  les  plus  longs  ont  de  l2à  13  cenlim.,  sont,  dans  plusieurs  points, 
assez  doux  au  toucher  et  rudes  dans  d'autres,  ce  qui  tient  à  la  présence  d'une  cer- 
taine quantité  de  dépôt  calcaire  dont  ils  sont  imprégnés.  Quant  au  calcul,  il  pèse  30 
grammes etalevolumed'une  petite  poire  aplatie,  la  formed'uncœurdecarteà  jouer; 
]a  couleur  est  d'un  blanc  jaunâtre  et  sa  surface  peu  inégale.  Par  sa  base,  qui  était 
tournée  dv  côté  du  kyste,  sortent  des  poils  en  assez  grand  nombre,  chargés 
aussi  de  matières  calcaires  et  tordus  sur  eux-mêmes  comme  une  corde.  Ce  pé- 
dicule pileux,  dont  la  section  est  nette,  passait  par  l'ouvetture  de  commanicatioa 
du  kyste  avec  la  vessie,  et  venait  s'implanler  sur  la  tumeur  fibreuse  que  nous 
avons  décrite.  Il  avait  été  coupé  au  moment  de  l'ablation  de  la  tumeur.  Lé  cal- 
cul, scié  avec  précaution,  dans  son  plus  grand  diamètre,  offre  un  milieu  beau- 
coup moins  dense  que  les  couches  superûcielleâ,  ane  grande  porosité  dans  son 
centre,  et  dans  toute  son  étendue,  la  pénétration  des  poils  qui  ont  évidemment 
servi  de  base  au  dépôt  calcaire.  Ce  calcul  est  formé  de  phosphate  de  chaux, 
comme  le  démontre  l'analyse. 

Les  suites  de  cette  opération  délicate  et  compliquée,  d'aWd  trés-heureuses, 
furent  traversées  par  le  développement  inattendu  d'une  variole  confluente  vers 
le  quinzième  jour.  Cependant  la  malade  résista  à  ce  fâcheux  contretemps,  et 
après  quelques  autres  légers  accidents,  elle  s'est  rétablie  complètement. 

L'observation  suivante,  recueillie  par  Schenck,  me  parait  très-analogue 
aux  précédentes,  bien  que  le  défaut  d'autopsie  du  corps  après  la  mort 
laisse  quelque  incertitude  sur  le  siège  préds  de  rallération  primitive*  Je 


188 

n'en  supprimerai  rien,  pas  même  certains  détails,  sur  la  part  que  plu- 
sieurs médecins  d'alors  accordaient  aux  enchantements  dans  la  produc- 
tion des  cas  rares. 

DYSURIE    fKÈS-DOnLOCREUSE    CHEZ    UNE    FEMME,    SUIVIE    DE    L'EXCRÉTION     INCOM- 
PLÈTE d'une  Mèche  de  poils  qui  reste  engagée  dans  le  canal  de  l'urètre; 

NOUVELLES  EXCRÉTIONS  DE  POILS  PAR  L'URÈTRE;  APPARITION  O'CNE  TUMEUR 
AU  VENTRE,  SUIVIE  d'UNE  RÉSOLCTION  AU  MOINS  APPARENTE;  EXCRÉTION  D'UNE 
SORTE  DE  MEMBRANE;  AUGMENTATION  DE  LA  DYSURIE  ET  DES  ACCIDENTS  INfLAMSIA- 
TOIRES  ;   MORT  (1). 

Obs.  VII.  —  Parmi  mes  autres  curiosités,  je  conserve  une  mèche  de  vrais 
poils,  d'une  teinte  blonde,  très-légers,  de  la  longueur  du  doigt,  auxquels  s'est 
attachée  par  places  une  matière  caUuieuse,  telle  que  celle  qui  adhère  ordinaire- 
ment aux  vases  qui  contiennent  de  l'urine,  présentant  à  peu  près  la  couleur  et 
l'odeur  du  soufre.  Ces  poils  étaient  nés  dans  la  vessie  d'une  femme  d'Apulie, 
malade  à  l'hôpital  depuis  plusieurs  mois.  Ils  ont  été  rejetés  avec  l'urine.  Us 
m'ont  été  transmis  par  un  habile  médecin  de  cet  hôpital,  Tobie  Cneulin,  qui  me 
consultait  sur  cette  affection  extraordinaire. 

Dès  son  entrée  à  l'hôpital,  en  1673,  pendant  les  deux  premiers  mois,  celte  ma- 
lade commença  à  souffrir  d'une  si  grande  difliculté  d'uriner,  jointe  à  des  dou- 
leurs si  intenses  et  si  intolérables,  que,  sans  le  secours  des  remèdes  les  plus  éner- 
giques, elle  semblait  ne  pouvoir  résister.  On  lui  lit  prendre,  entre  autres  choses, 
de  l'eau  de  fèves  ;  l'urine  fut  excitée,  mais  en  même  temps  une  mèche  de  poils 
vint  boucher  le  col  de  la  vessie,  et  comme  une  partie  pendait  au  dehors,  le  mé- 
decin la  coupa  avec  des  ciseaux.  Il  montre  celte  mèche  de  poils  aux  médecins 
les  plus  distingués  du  pays,  expose  le  fait  et  le  discute  avec  eux.  Dans  leur  con- 
sultation, tous  manifestent  l'étonncment  où  les  jette  cette  singulière  affection  ; 
les  uns  rapportent  le  trichiasls  aux  reins;  les  autres,  remarquant  que  ce  sont  de 
vrais  poils,  rapportent  le  fait  à  un  enchantement  et  à  des  charmes  magiques. 
Cependant  la  maladie  se  prolonge  pendant  plusieurs  mois,  durant  lesquels  cette 
pauvre  femme,  au  milieu  de  douleurs  toujours  aussi  vives,  sans  que  toutefois 
son  corps  dépérît,  rend  souvent  et  par  intervalles  plusieurs  pelotons  du  même 
genre,  tantôt  arrachés  avec  quelque  force  du  col  de  la  vessie,  tantôt  sortant 
d'eux-mêmes.  On  essaye  mille  remèdes  variés.  La  malade  semble  quelquefois  en 
retirer  quelque  soulagement;  mais  on  n'en  trouve  pas  un  capable  de  la  guérir 
complètement.  Il  se  développe  enfin  une  tumeur  au  ventre;  l'usage  des  com- 

(1)  Cas  NOUVEAU  ET  INOUÏ  DE  TRICHIASIS  DÉVELOPPÉ,  NON  DANS  LES  REINS,  MAIS 
DANS  LA  VESSIE,  ET  PAR  SUITE  DUQUEL  UNE  FEMME  RENDAIT,  PAR  INTERVALLES,  DES 
MÈCHES   DE  POILS,  AU  MILIEU  DE  CRUELLES  DOULEURS  DONT  ELLE  FINIT  PAR  MOURIR. 

(Schenck,  Obs.  medig  ,  lib.  m.  De  uriniSf  obs.  24«  p.  486.) 


189 

presses  et  des  lotions  parvient  à  )a  dissoudre.  Peu  de  temps  après,  on  remarque 
avec  les  poils  quelque  chose  de  semblable  à  une  tuile  légère  ou  à  une  petite 
membrane.  Enfin  la  violence  et  la  longueur  de  la  ma"adie  ayant  épuisé  ses  for- 
ces, on  ne  trouve  plus  de  remèdes  à  lui  appliquer.  Tout  le  corps  se  consume;  la 
gangrène  se  développe  après  un  débordement  d'urine;  le  col  de  la  vessie  est  le 
siège  d'une  irritation  intolérable,  et  la  malade  meurt.  Son  corps,  quelques  se- 
maines avant  sa  mort,  exhalait  une  odeur  si  empestée  que  personne  n'osa,  après 
sa  mort,  risquer  sa  santé  pour  faire  l'autopsie  du  cadavre.  On  pen?a  que  la  ves- 
sie et  les  parties  voisines  étaient  entrées  en  putréfaction.  J'ai  vu,  avec  bien  d'au- 
tres témoins,  les  poils  approchés  du  feu  s'enflaramei  comme  les  poils  ordinaires 
et  répandre  l'odeur  qui  leur  est  propre.  C'est  un  fait  dont  j'ai  été  témoin  ocu- 
laire, et  je  puis  même  aujourd'hui  en  renouveler  l'expérience  pour  ceux  qui  le 
désireront.  On  ne  peut  donc  douter  que  ce  sont  de  vrais  poils,  et  que  cette  affec- 
tion est  très-différente  du  trichiasis  de  Galien  et  des  écoles. 

Indépendamment  de  ces  tumeurs  contenant  des  poils  développés  dans 
les  ovaires  ou  leur  voisinage  (1),  on  a  va  les  débris  d'un  fœtus,  mort  dans 
l'ulérus,  s'ouvrir  une  voie  à  travers  la  vessie  et  le  rectum,  Pierre-Etienne 
Morlanne  (2)  a  publié  un  fait  de  ce  genre,  dans  lequel  il  n'est  pas  fait 
mention  spéciale  de  la  pré-ence  de  poils  dans  la  vessie,  mais  où  des  os 
du  crâne  étant  devenus  le  noyau  de  calculs  urinaires,  avaient  probable- 
ment entraîné  des  poils  avec  eux. 

Des  poils  peuvent  aussi  être  introduits  du  dehors  dans  la  ve.ssie.  Je 
rapporterai  plus  loin  une  observation  de  M.  W.  Paget,  relative  à  un  cal- 
cul ayant  pour  noyau  un  poil  qui,  suivant  l'auteur  de  la  relation,  s'était 
introduit  dans  la  vessie  par  une  fistule  urinaire,  ombilicale,  résultant  de 
la  persistance  de  l'ouraque. 


(1)  On  peut  lire  dans  Ruysch  (Thesaurtts  anatomicus,  IX,  p.  25)  un  cas  ana- 
logue aux  précédents.  Ce  cas,  rapporté  d'une  manière  très-sommaire,  est  ac- 
compa!:né  d'une  assez  mauvaise  figure. 

(2)  Odservation  scr  l'inflammation  de  l'ctérds  dans  une  grossesse  d'envi- 
ron QUATRE  MOIS.  Le  foBtus  périt,  et  les  débris  sortent  par  le  rectum  et  la  vessie. 
Séjour  d'un  grand  nombre  de  pièces  osseuses  dans  celle-ci  ;  elles  sont  incrustées 
de  substance  calcaire,  et  la  malade  les  rend  avec  peine  par  l'urètre.  Enfin  les 
signes  certains  de  calculs  dans  la  vessie  font  recourir  à  la  lithotomie.  On  extrait 
de  la  vessie  deux  pierres  qui  ont  pour  base  les  os  pariétaux  du  fœtus;  on  en- 
traîne aussi  quelques  pièces  osseuses  qui  ne  sont  point  incrustées  de  sels  uri- 
neux.  (Sédillot,  Recueil  périodique  de  la  Société  de  médecine  de  Paris, 
t.  III,  p.  70.) 


190 

Il  paraît  aussi  démontré  que  des  femmes  se  sont  quelquefois  introduit 
des  mèches  de  cheveux,  par  le  canal  de  l'urètre,  dans  la  vessie. 

J'ajoute,  en  terminant,  que  M.  Civiaie  pense  que  des  malades  atteints 
de  rétention  d'urine  peuvent  quelquefois  introduire  dans  la  vessie,  en  se 
servant  de  la  sonde,  des  poils  détachés  du  pubis  et  accolés  accidentelle- 
ment au  gland  ou  au  prépuce. 

S  IV.  —  POILS  OBSERTÉS  DANS  L'ITRÈTBE,  DANS  LES  CONDUITS  PR0STATIOUE3 

EP  séMINIFÈRES. 

Les  poils  que  l'on  a  quelquefois  rencontrés  dans  le  canal  de  Turètre 
provenaient  soit  de  la  vossie,  comme  dans  l'observation  de  Schenck,  citée 
plus  haut,  soit  du  dehors,  ainsi  que  M.  Civiale  dit  l'avoir  pliisieurs  fois 
observé  à  la  suite  du  caibétéri^^me.  Personne,  à  ma  connaissance,  n'a  vu 
de  véritables  poils  dans  les  voies  séminales  ou  sortir  d'un  ou  plusieurs 
follicules  de  l'urètre. 

Quant  aux  petits  filaments  qu'on  a  comparés  à  des  poils,  et  qu'on  a 
supposé  provenir  des  lacunes  de  la  prostate  ou  des  lacunes  de  l'urètre, 
je  ne  les  ai  pas  encore  rencontrés  dans  ces  parties  sur  le  cadavre.  Plus 
communs  à  la  suite  des  blennorrhogiesque  dans  toute  autre  circonstance, 
ils  sont  formés  par  du  pus  ou  du  muco-pus  déposé  dans  les  petits  sil- 
lons de  l'urètre,  qui ,  des  parties  latérales  du  véruniontanum ,  se  prolon" 
gent  vers  la  partie  membraneuse,  et  plus  rarement  dans  d'autres  points 
du  canal. 

§  V.  —  POILS  DANS  l'urine  ,  LAQUELLE  CONTIENT  EN  MÊME  TEMPS  SOIT 
DU  MUCUS,  DU  SANG,  DU  PUS  OU  d' AUTRES  MATIÈRES  ANIMALES  ÉTllAN- 
GÈRB8. 

Il  résulte  évidemment  des  recherches  consignées  dans  les  paragraphes 
précédents  qu'on  n'a  que  très-rarement  rencontré  de  véritables  poils  dans 
les  voies  urinaires  (Obs.  de  Bichat;  Obs.  de  Maurice  Hoffmann;,  si  on 
excepte  les  cas  où  des  poils  provenant  de  kystes  pileux  se  sont  introduits 
dans  la  vessie,  par  une  perforation,  et  ceux  dans  lesquels  les  poils  pro- 
venaient du  dehors. 

Cette  circonstance  conduit  naturellement  à  se  demander  si,  dans  les 
cas  assez  nombreux  où  on  a  signalé  la  présence  de  poils  dans  l'urine, 
il  n'y  a  pas  eu  supercherie  de  la  part  des  malades  ou  erreur  de  la  part 


191 

des  observateurs.  Je  ne  rapporte  donc  les  faits  suivants  qu'avec  la  réserve 
que  commande  celle  réflexion. 

Dans  presque  lous  ces  cas,  il  s'agit  bien  réellement  de  véritables  poils; 
mais  le  doute  peut  porler  sur  leur  provenance  ou  sur  leur  origine.  L'obser- 
vation de  Tulp  paraît  fort  singulière,  pour  ne  pas  dire  plus  ;  les  observa- 
tions de  Zacutus  Lusitanus,  de  Spielenberger  et  de  Fabrice  de  Hilden  ont 
contre  elles  Tépoque  déjà  ancienne  où  elles  ont  été  faites,  et  la  possibilité 
d'une  supercherie  plus  commune  chez  les  femmes  que  chez  les  hommes; 
supercherie  que  la  comtesse  hongroise  de  Spielenberger  s'est  probable- 
ment permise.  Mais  l'observation  de  M.Kraemer  est  toute  récente,  el  elle 
a  été  publiée  dans  la  plupart  de  nos  recueils  périodiques,  sans  qu'on  ait 
exprimé  un  doute  sur  la  réalité  du  fait  observé. 

JECNE  GARÇON  RENDANT   TOUS  LES  OCATORZE  JOORS,  AVEC    L'URISE.  DE  PETITS    POItS 
ENVELOPPÉS  DE  MUCUS  J  KJaiSSION  DE   POILS,  ACCOMPAGNÉE  DE  VIVES  DOCLEURS  (J), 

Obs.  VIII.  —  L'émission  des  cheveux  avec  les  urines,  appelée  trichiasis ,  a 
été  observée  par  quelques  médecins,  mais  très-rarement.  Or  en  est-il  un  qui  ait 
vu  cette  émission  périodique?  C'est  ce  que  nous  a  offert  bien  manifestement  le 
fii.s  du  consul  Hornan,  souffrant  depuis  plus  de  quatre  ans  de  cette  émission 
exlraordinnirede  cheveux,  qullui  revint,  à  plusieurs  reprises,  le  quatorzième  jour, 
et  cela  avec  de  grandes  difflcuiés  d'uriner  et  une  telle  agitation  de  corps  qu'il 
avait  peine  à  rester  au  lit. 

Chacun  de  ces  poils  égalait  en  longueur  soitlamoitié  du  doigt,  soit  même  le  doigt 
tout  entier.  Ils  étaient  tellement  enveloppés  demucus  qu'ils  sortaient  en  peloton, 
et  très-rarement  séparés.  Chaque  accès  durait  environ  quatre  jours,  pendant  les- 
quels l'urine  était  continuellement  émise  avec  douleur,  et  cependant  le  malade 
passait  les  jours  suivants  sans  aucune  soutFrance,  sans  rendre  de  poils,  jusqu'au 
retour  d'un  nouvel  accèa  arrivant  à  l^époque  ordinaire. 

DYSURIE  ;  URINES  TANTÔT  SANGUINOLENTES,  TANTÔT  PURULENTES,  CONTENANT  DES  POILS 
LONGS  ET  ROUX  ;  TRAlTi^MENT  PRESCRIT  PAR  FABRICE  DE  HILDEN;  CESSATION  PRES- 
QUE COMPLÈTE  DES  ACCIDENTS  ET  DE  L'ÉMISSION  DES  POILS  (l). 

Obs.  IX,  —  Il  existe  maintenant  chez  nous,  à  Berne,  une  dame  veuve,  recom- 
maudable  par  ses  vertus  et  sa  piété,  qui  est  âgée  de  plus  de  CO  ans. 

(1)  Tulp  (Nie),  Obs,  medic,  lib.  ii,  cap,  52,  Periedicus  capiUorum 
mictut, 

(1)    De    TBICHIASI,    SEU    PILOBUM    MICTIONE,    EJUSQl'E    FELICISSIMA  CURATIONE.  cl. 

vir.  Gai.  Fabricii  Uildani  ad  Gçory.  JUorstium  prescripla.  G.  Horst,  Opéra 
HEDiCA,  lib.  IV,  p.  262.) 


192 

11  y  a  plus  de  huit  ans  qu'elle  fut  prise  de  douleurs  et  de  coliques  dans  le  ventre 
et  dans  les  lombes,  dont  elle  souffrit  pendant  plus  d'une  année  presque  sans  in- 
terruption. Pendant  ce  temps,  l'urine  (qu'elle  ne  rendait  qu'avec  de  grands  efforts) 
était  tantôt  sanguinolente,  tantôt  purulente  et  trouble;  mais  ce  qui  estélonnant, 
c'est  que  l'urine  ne  contenait  pas  seulement  des  matières  purulentes  et  gluantes, 
mais  encore  beaucoup  de  poils  longs  et  roux.  La  malade  en  rendait  chaque  jour 
en  urinant,  et  cela  avec  beaucoup  de  douleur  ;  car  quelques-uns  étaient  durs  et 
roides  comme  des  soies  de  cochon,  et  piquaient  les  parties  qu'ils  traversai'  ni. 

Elle  avait  essayé  d'un  grand  nombre  de  médicaments,  conseillés  tantôt  par  des 
hommes  instruits,  tantôt  par  des  ignorants,  par  des  empiriques  ou  par  des  bonnes 
femmes,  mais  toujours  sans  succès. 

Appelé  auprès  d'elle  en  l'année  1616,  j'appris  de  sa  bouche  les  détails  précé- 
dents, et  spécialement  l'exciétion  des  poils;  bien  plus,  je  vis  moi-même  det 
poils  dans  son  urine,  ce  qui  me  frappa  d/ étonnement. 

C'était  pour  moi  un  cas  nouveau  et  pour  ainsi  dire  inouï.  Sans  doute  Nicolas 
le  Florentin,  dis.  5,  Traité  10,  chap  21,  et  Jean  Schenck,  Obs.  med.,  lib.  m, 
rapportent  quelque  chose  de  semblable  ;  mais  ils  ajoutent  que  les  malades  at- 
teints de  cette  affection  moururent  dans  de  violentes  douleurs.  Cependant,  à  la 
prière  de  cette  femme,  j'entrepris  de  la  soigner  à  l'aide  des  remèdes  suivants. 
Les  forces  ayant  été  épuisées  au  dernier  point,  à  cause  de  la  violence  et  de  la 
persistance  des  douleurs,  ainsi  que  de  l'absence  de  sommeil,  je  prescrivis,  avant 
tout,  les  substances  les  plus  nutritives.  Ensuite  je  lui  conseillai  l'usage  fréquent 
des  clystères,  ce  que  j'eus  grand'peine  à  obtenir  d'elle,  car  la  plupart  des  ma- 
lades repoussent  ce  remède  puissant  et  salutaire  comme  cruel  et  inhumain.  (Suit 
une  longue  liste  de  médicaments.)  A  l'aide  de  ces  remèdes  employés  à  temps, 
cett  femme  se  rétablit  si  bien  que  jusqu'aujourd'hui  13  septembre  1620,  où 
j'écris  ces  ligues,  elle  vit  tranquille  et  heureuse  parmi  nous,  et  vaque  aux  soins 
de  ses  affaires.  11  y  a  peu  de  jours  qu'elle-même  m'avoua  que,  depuis  quelques 
années,  elle  avait  le  ventre  assez  libre  pour  n'avoir  plus  besoin  de  clystères  et 
qu'elle  rendait  son  urine  sans  difficulté.  En  outre,  tout  au  plus  deux  fois  par  an, 
à  peu  près  à  l'époque  du  printemps  et  de  l'automne,  elle  sent  quelques  faibles 
atteintes  de  celte  maladie,  naguère  si  grave,  et  rend  quelques  poils,  mais  sans 
grandes  souffrances.  Puisse  quelqu'autre,  doué  des  yeux  du  lynx,  découvrir 
l'endroit  où  naissent  ces  poils  !  Recherchez-le,  je  vous  en  supplie.  Adieu,  etc.  — 
Berne,  13  septembre  1620. 

DYStaiE  HABITUELLE  ;    POILS    DANS   l'dRINE,  LES  UNS    BLANCS,   LES   AUTRES  BLONDS, 
LES    AUTRES  ROUX;  EMPLOI  DES    DIURÉTIQUES  ;  OUÉRISON  (1). 

Obs.  X.  —  Une  comtesse  hongroise,  sexagénaire,  qui  avait  eu  les  cheveux 
(1)  Ephem.  nat.  cor.,  dec.  1,  an  9  et  10,  1778,  p.  50.  David  Splelenberger,  De 

CAPILLO  PRODIGÎOSO    KT  PILORUM  CANORUM  MICTÎONE. 


193 

noirs,  qui  aimait  beaucoup  les  petits  cliiens  et  les  nourrissait  elle-même,  de- 
▼enue  sujette  à  une  dysurie  habiluello,  remarqua  qu'elle  rendait  avec  son  urine 
de  vrais  poils,  reconnus  teU  après  xiv  exnmen  attentifs  de  la  longueur  du 
doigt  médius,  de  difl':rentes  couleurs,  les  uns  blancs,  les  autres  blonds,  les  autres 
roux  et  rappelant  tout  à  fait  ceux  de  ses  p^rlits  chiens  qui  étaient  de  différentes 
couleurs,  et  quon  appelait  petits  chiens  de  Bologne.  Elle  fut  promptement 
délivrée  de  ce  trichiasis  ou  de  cette  miction  douloureuse  de  poils  par  des  abster- 
sifs  et  des  diurétiques  que  je  prescrivis,  sans  tenir  compte  du  soupçon  de  malé- 
fice. Plus  tard,  quoiqu'elle  eût  conseï  vé  ses  chiens,  elle  rendit  chaque  jour  avec 
l'urine,  au  lieu  de  poils,  un  e;rand  nombre  de  petits  flocons  très-légers,  dissé- 
minés comme  de  petits  nuages,  ressemblant  par  leur  quantité  à  des  grains  de 
millet,  et  de  différentes  couleurs  qui  rappelaient  celles  des  différentes  eàpèceà  de 
poils  dont  j'ai  parlé.  Combien  cet  élat  durera-t-iI7  Je  l'ignore, 

tRINES  VISOCECSES  RENDlirS  PAR  UN  HOMME  d'uN  AGE  MUR;  I^.MISStON  DE  FIL\MENTS 
SEMBLABLES  A  DES  LOMBRICS,  ACCOMPAGNÉE  DE  DYSDhlE  ;  ISCHURiE  SCITE  DE  L'ÉMIS- 
SION AVEC  L'iIRINE  de  POILS  SEMBLABLES  A  DES  SOIES  DE  COCHON  ;  GUÉRISON  PAR 
L'EAD  DISTILLÉE  DE  TÉRÉBENTHINE  (1). 

Obs.  XI.  —  Un  homme  sur  le  retour  de  l'âge,  qui  rendait  depuis  huit  ans  une 
humeur  visqueuse  avec  ses  urines,  ne  put  se  garantir,  malgré  une  diète  appro- 
priée et  ^u^age  de  remèdes  évacuants  et  diurétiques,  d'une  émission  de  filaments 
longs  et  blancs  (semblables  à  des  lombrics}  qui  suivaient  la  même  voie,  et  sou- 
vent causaient  une  grande  difficulté  d'uriner.  Plusieurs  remèdes  furent  employés 
sans  saccès  ;  pendant  trois  jours,  à  la  suite  d'une  ischuric,  il  rendit  en  uri- 
nant des  poils  de  la  longueur  d'une  palme,  épais  et  durs,  qu'on  aurait  véri- 
tablement pu  prendre  pour  des  soies  de  cochon.  Il  y  en  avait  une  grande  quan- 
tité et  ils  provenaient  d'une  humeur  muqueuse  trop  cuite  et  desséchée.  Les  ayant 
vus,  je  fis  administrer  un  bain,  du  petit-lait  de  chèvre,  etc.  Ces  remèdes  étant 
sans  effet,  il  fut  complètement  guéri  par  l'usage  de  l'eau  distillée  de  térébenthine 
prise  pendant  un  mois. 

HOKME  ÂGÉ  DE  QUARANTE-DECX  ANS,  ATTEINT  d'iSCHURIE  DEPUIS  PLUSIEURS  ANNÉES  ; 
PRURIT  DANS  l'URÊTRE;  URINE  TROUBLE  ET  SANGUINOLENTE,  PUIS  DONNANT  UN  SÉDI- 
MENT MGQUEUX;  POILS  LONGS  DE  4  A  6  POUCES  RENDUS  AVEC  L'URINE  ;  POINT  DE 
RENSEIGNEMENTS  SUR  LA  TERJUXAiSOS  DE  LA  MALADIE   (2). 

Obs.  Xll.  —  Un  homme  de  42  ans,  héraorriioulaircet  affecté  depuis  plusieurs 
années  d'ischurie,  observa  que  son  urine,  souvent  trouble  et  sanguinolente, 
contenait  des  cheveux. 

(1)  Zacutus  Lusitanus,  Opéra,  in-folio,  t.  II,  obs.  72. 

(2)  Gazette  Médicale  de  Paris,  in-4%  185i,  p.  192.  Kr^emer,  Triohiasis  c¥^- 

TICA 


19â 

Lorsque  l'émission  de  l'urine  était  acconapagnée  (l'un  fort  prurit  à  la  partie 
ialérfeure  du  canal  de  l'urèlt  e,  il  constata  ordinairement  au  méaA  la  présence 
d'un  cheveu,  qui  sortait  roulé  sous  forme  d'une  petite  boule,  quelquefois  recou- 
vert d'incrustations  et  le  prurit  cessait.  Pendant  que  M.  Kraerner  eut  occasion 
d'observer  le  malade,  l'urine  assez  copieuse  était  d'un  jaune  clair,  trouble,  avec 
un  sédiment  muqueux.  La  région  vésica,le  était  non  douloureuse.  Une  sonde 
entre  lacilement  dans  la  vessie.  Pouls,  88  par  minute. 

Les  poils  sont  fins,  et  les  pi  us  gros  étaient  encore  plus  fins  que  ceux  de  la  tète, 
longs  de  4  à  6  pouces,  ainsi  plus  longs  que  ceux  du  scrotum;  ils  étaient  d'un 
blond  clair;  les  plus  fins  étaient  complètement  blancs  et  crépus.  A  quelques 
endroits  ils  formaient  des  pelotons  composés  d'un  feutrage  blanc  excessivement 
fin.  A  l'étal  frais,  !e  feutrage  paraissait  rempli  rie  matières  terreuses,  Incrustées. 
Quelques  clievcux  avaient  des  bulbes,  les  plus  grands  n'en  avaient  pas.  Exami- 
nés sous  le  microscope,  les  cheveux  se  présentèrent  comme  des  cylindres  creux, 
de  diamètre  variable.  Dans  quelques  points,  ils  présentaient  une  forme  spéciale  ; 
dans  d'autres,  ils  étaient  comme  couverts  de  moisissure. 

Ces  cheveux  ne  pouvaient  point  être  confondus  avec  ceux  du  scrotum  :  d'abord 
parce  que  ceux-ci  étaient  plus  courts  et  d'un  autre  aspect;  ensuite  le  prépuce 
était  continuellement  ramené  en  arrière.  11  était  donc  impossible  que  des  poils 
provenant  des  parties  génitales  aient  pu  se  ramasser  en  ce  point. 

§  VI.  —  POILS  DAKS  l'urine  CHEZ  DES  INDIVIDUS  ATTEINTS    DK    GRAVELLE 
URIQUE  00  0£  CALCOLS  CRIQUES. 

Je  rapporterai,  dans  ce  paragraphe,  deux  obsei'vations  dans  lesquellfô 
on  a  constaté  la  coexisteoce  tie  poils  avec  des  cristaux  et  des  graviers  d'acide 
«rique,  et  Tobservation  d'un  calcul  urique  qui  avait  un  poil  pour  noyau. 

L'auteur  de  cotte  dernière  observation  pense  que  le  poil  s'était  introduit 
du  dehors.  Dans  fes  deux  autres  cas,  les  poils  provenaieul  de  l'intérieur 
des  voies  urinaires. 

Je  ferai  pi-^!céder  ces  observations  d'une  remarque  sur  une  opinioD  émise 
par  iM.  Golding  Bird  (i).  Il  n'est  pas  rare,  dit~il,  de  voir  des  cristaux  d'acide 
urique  se  former  autour  d'un  poil,  absolument  comme  le  sucre  candi  cris- 
tallise sur  un  01  ou  une  petite  corde.  Je  regarde,  au  contraire,  le  fait  comme 
très-rare  s'il  s'agit  de  poils  rendus  avec  l'urine  ;  il  en  est  tout  autrement 
s'ils  se  sont  trouvés  accideutellemeat  mélangés  avec  elle. 

L'examen  de  la  figure  que  M.  G,  Bird  a  donnée  d'un  de  ces  poils 

(1)  Golding  Bird,  Urinary  deposhs,  thbir  dugnosis,  etc.,  third  edit.,  ln-8"*, 
plates,  18^1,  p.  125. 


195 

et  des  cristaux  d'acide  urique  formés  autour  de  lui  me  fait  douter  qu'il 
s'agisse  réellement,  dan.s  ce  cas,  d'uû  véritable  poil.  Eu  effet,  au  grossisse- 
meut  qu'indique  la  dimension  des  cristaux  représentés,  un  véritable  poil 
aurait  beaucoup  plus  de  volume  et  un  autre  aspect.  Le  filament  que  l'au- 
teur a  désignéet  figuré  comme  un  poil  n'est  peut-être  autre  chose  qu'un  de 
Ces  petits  filaments  muqueux  piliformes  et  microscopiques  que  Je  décrirai 
plus  loin,  §  IX. 

ENFANT  DE  DIX  AK.S  SOUMIS  DÈS  SON  BAS  AGE  A  UN  RÉGtUE  TONIQCE  ET  TRÈS-AZOTÉ  ; 
PETITS  POILS  DANS  l'URINE,  DONT  I.E  SÉDIMENT  OFFRE  EN  OUTRE  ONE  FOCLE  DE 
CRISTAUX  d'acide    urique,   isolés  00   AGGLOMÉRÉS  EN  PETITES  MASSES  (CRAVELLE 

microscopique). 

Ors.  XIU.  —  Je  n'ai  observé  qu'une  seule  fois  des  poils  rendus  avec  l'urine. 
C'était  cliez  un  jeune  enfant  âg«  de  10  ans  environ,  et  qui  me  fut  adcessé  par 
mon  honorable  confrère  M.  Paulin.  Cet  enfant,  né  à  Bruxelles,  de  parents  lym- 
phatiques, avait  présenté,  dès  son  plus  bas  âge,  les  caractères  de  leur  constitu- 
tion. Aussi,  depuis  le  sevrage,  s'élait-an  attaché  à  la  rnodifler  par  un  régime  to- 
nique porté  au  plus  haut  degré.  Rentrés  en  France  en  i848,  les  parents  de  l'en- 
fant continuèrent  à  le  soumettre  au  méine  ré^me,  dans  l'espérance  de  le  forti- 
fier de  plus  en  plus.  Les  résultats  de  ce  régime  paraissaient  satisfaisants,  lors- 
qu'une circonstance  singulière  lit  naître  les  plus  vives  inquiétudes  dans  j'esprit 
de  la  mère.  Elle  surveillait  elle-même  tous  les  détails  de  la  vie  de  l'enfant.  Or, 
un  jour  elle  fut  toute  surprise  de  voir  de  petits  poils  dans  le  vase  qui  avait  reçu 
l'urine  de  l'enfant.  Dans  la  journée,  on  le  fit  uriner  dans  un  rase  qu'on  nettoya 
avec  le  plus  giand  soin;  l'étonnement  de  ia  rnèie  redoubla  envoyant  comme  de 
petits  poils  en  suspension  dans  le  liquide;  la  pensée  iui  vint  de  !e  laisser  refroi- 
dir après  avoir  recouvert  le  vase  d'an  papier.  Le  lendemain,  l'arine  avait  formé 
un  léger  dépôt  dans  lequel  elle  constata,  à  n'en  pins  douter,  la  présence  de  pe- 
tits poils;  la  même  expérience  répétée  pendant  plusieurs  jours  ayant  donné  le 
même  résultat,  cette  darne  recueillit  une  assez  grande  quantité  de  ces  sédimmits 
pileux  et  se  rendit  à  Paris,  avec  son  enfant  ei  sa  sœur,  pour  consulter  M.  Pau- 
Un,  son  médecin  ordinaire,  Cne  chose  si  extraordinaire  la  préoccupait  à  un  de- 
giv  inimaginable,  bien  que  l'enfant  n'accusât  aucune  douleur  dans  les  voies 
urinai  res. 

Après  avoir  entendu  ces  détails  et  examiné  les  petits  poils  enveloppés  de  sédi- 
ment uiinaire  qui  lui  furent  présentés,  M.  Paulin  fit  uriner  l'enfant,  en  sa  pré- 
sence, dans  un  vase  très-propre  et  constata  à  son  tour,  le  lendemain,  l'existence 
de  petits  poils  dans  le  sédiment  de  l'urine. 

Pensant  qu'un  cas  aussi  race  pouvait  ra'intéresser,  M.  Paulin  accompagna  ia 
mère  et  l'eofaut  chez  moi,  et  me  remit  une  partie  du  sédiment  urinaire  qu'il 
avait  reouellU.  Examiné  au  microscope,  je  le  trouvai  composé  de  petits  poils  iso- 


196 

]éi,  (lefiagmcnls  de  poiis  plus  ou  moînb  voîumineux  et  de  nombreux  cristaux 
«i'acide  urique.  Ces  poils  ctaient  leconnaissables  à  leur  enveloppe  cornée  et  à  leur 
eubstance  médullaire. 

Dans  l'ignorance  où  nous  étions  de  l'origine  de  ces  poils,  nous  crûmes,  M.  Pau- 
lin et  moi,  devoir  nous  borner  à  conseiller  un  régime  et  quelques  remèdes  pro- 
pres à  prévenir  la  lormation  Je  l'acide  urique  cristallisé  et  à  entraîner  Its  poils 
et  les  petits  graviers  s'il  en  existait  encore.  Dans  ce  but,  nous  recommandâmes 
l'usage  de  l'eau  de  Contrexeville,  de  petites  doses  de  bicarbonate  de  soude,  et  un 
régime  moins  azoté  que  celui  auquel  l'enfant  avait  été  soumis  depuis  le  sevrage. 

Pendant  quelque  temps  encore,  on  a  observé  de  petits  poils  dans  l'urine,  et  le 
sédiment  a  continué  d'élre  formé  en  très-grande  partie  par  de  l'acide  urique 
cristallisé.  Plus  tard,  la  mère  de  l'enfant  a  vu  disparaître  le  phénomèue  étrange 
qui  l'avait  si  vivement  préoccupée.  L'enfant  a  continué  de  se  développer  régu- 
lièrement; de  légères  affections  citarrhales  ont  été  les  seules  indispositions  dont 
M.  Paulin  ait  eu  à  lesoigner,  à  des  intervalles  assez  éloignés. 

Lorsque  l'enfant  me  fut  présenté,  il  ne  puturiner,  et  je  le  regrettai  vivement. 
Au  reste,  toutes  les  circonstances  de  l'observation  ne  permettaient  pas  d'élever 
de  doutes  sur  l'émission  de  ces  poils  avec  l'urine  Le  témoignage  de  la  mère, celui 
de  M.  le  docteur  Paulin,  les  précautions  dont  ils  s'étaient  entourés,  enfin  b  peti- 
tesse et  la  finesse  de  ces  poils,  qui  n'avaient  point  leurs  semblables  sur  le  corps  de 
l'enfant,  toutes  ces  cii constances  entraînèrent  ma  conviction. 

ÉMISSION  d'une  QDANTITÉ  CONSIDÉRABLE  DE  PETITS  POILS  AVEC  l'CRINF,  ,  CHEZ  ON 
CEMLEMAN  d'un  AGE  AVANCÉ,  PRl^CÉDÉE  DE  L'EXCRÉTION  DE  GRAVIERS  D' ACIDE 
UKIQUE  ;  POINT  DE  DÉTAILS  SDR  LE  TRAITEMENT  ET  LA  TERMINAISON  DE  LA  MA- 
LADIE (1). 

Obs.  XIV.  —  J'ai  été  dernièrement  consulté  par  un  gentleman  d'un  âge  mûr 
pour  un  phénomène  singulier,  pour  la  présence  d'un  nombre  considérable  de 
petits  poils  qu'il  a  fréquemment  observés  dans  son  urine.  Outre  qu'il  est  au-des- 
sus du  soupçon  de  se  tromper  ou  de  vouloir  tromper  les  autres,  j'ai  fait  moi- 
même  les  recherches  les  plus  exactes  pour  m'assurer  que  ces  poils  provenaient 
réellement  de  la  surface  interne  de  la  vessie  ou  de  quelque  autre  partie  des  voies 
urinaires.  Us  Sont  de  diverse  longueur,  d'un  dixième  de  pouce  à  un  pouce,  et 
sortent  à  présent  sans  faire  éprouver  de  douleur  au  malade,  quoiqu'il  ait  souf- 
fert, dans  le  temps,  de  l'expulsion  de  graviers  d'acide  urique.  Dans  une  circon- 
fitance,  ces  poil^,  avant  d'être  renJus,  s'étaient  recouverte  d'une  couche  d'acide 
urique.  Ce  symptô  ne  ayant  pendant  un  moment  fait  supposer  l'existence  d'an 

(1)  On  ORiNARY  AND  OTHER  MORBiD  CONCRETIONS,  by  William  HeDry»  M.  D.  F. 
Pi.  s.,  etc.,  Read  March.  2,  1819  (Medico-chirorg.  transac,  publisbed  by  tbe 
médical  and  chirurgical  Society  of  London;  vol.  X,  p.  143;  1819). 


197 

rétrécissement  de  l'urètre,  on  intrfHiuisit  deux  fois  une  bougie  sans  occasionner 
de  douleur.  L'emploi  de  la  bougie  ne  fut  pas  suivi  de  l'excrétion  d'un  plus  grand 
nombre  de  poils,  ce  qui  peut  être  aurait  eu  lieu  s'ils  s'élaieut  développés  sur  la 
membrane  interne  de  l'urètre  (1). 

BOUUE  ACÉ  DE  OPARANTE  ANS;  CALCUL  B'ACIDE  tRIQDE,  EN  FORHE  u' ANNEAU,  AYANT 
ON  POIL  POOR  NOYAU,  EXTRAIT  AVEC  EUCCJJS  PAR  l'OORAOV  J  DONT  LE  CANAL  ET 
t'ODVERTCRE  OMBILICALE  AVAIENT  PERSISTÉ;  COÏNCIIiEN';:^  îi'USE  HERNIE  OMW- 
UCALE  (2). 

Ous,  XV.  — John  Conquest,  fondeur  en  fer,  figé  de  40  ans,  soufCrait  depuis 
un  an  et  plus  d'envîes  d'uriner  fréquentes  et  douloureuses.  En  le  sondant, 
M.  Paget  lui  trouva  un  calcul.  Cet  homme  lui  dit  qu'en  urinant  et  pendant  les 
violents  eQbrt£  qu'il  faisait  dans  son  travail,  une  partie  de  l'urine  s'échappait 
do  nombril  par  une  ouverture  qui,  d'aussi  lont:tenips  qu'il  se  le  rappelait,  avait 
toujours  existé.  A  son  admission  à  l'infirmerie  de  Leicester  le  15  août,  M.  Paget 
reconnut  que  le  bec  de  la  sonde  passait  facilement  de  la  vessie  dans  l'ouverture 
de  l'ombilic,  ce  qui  lui  donna  l'espérance  que  la  pierre,  qui  lui  paraissait  peu 
volumineuse,  pouvait  être  extraite  par  cette  voie,  sans  opération  douloureuse. 
Après  avoir  distendu  la  vessie  avec  de  l'eau  tiède,  l'ouvertureombilicale  de  l'ou- 
raque  étant  bouchée,  il  introduisit  ensuite  le  doigt  dans  cette  ouv  '.rture,  et  par- 
vint ainsi  à  extraire  un  calcul  de  forme  annulaire  et  qui  avait  un  poil  pour 
noyau. 

L'auteur  pense  que  le  poil  provenait  du  pubis,  et  qu'il  s'était  introduit  acci- 
dentellement dans  la  vessie  par  l'ouverture  ombilicale  de  l'ouraque. 

Le  malade  avait,  en  outre,  une  hernie  ombilicale. 


(t)  Lorsqu'on  examine  chimiquement  ces  poils,  ils  ne  paraissent  pas  difl'crer 
des  poils  ordinaires.  Mais  le  docteur  WoUaston  assure  qu'ils  en  djffèrent  à  quel- 
ques égards,  en  ce  qu'ils  n'ont  pas  à  leur  surface  cette  légère  rugosité  à  kiqucile 
les  poils  ordinaires  doivent  leur  propriété  feutrante. 

(2)  A  CASE  IN  WHICH  THE  CRACHCS  REMAINED  OPEN,  AN»  À  RING  8HAPED  CALC'JLLS, 
rORMED  BPON    A  HAÏR    IN  THE    BLADDER    WAS   EXTRACTEO   THROKGH    THE   OMEILICUS, 

by  Thomas  Paget,  F.  R.  C.  S.,  surgeon  to  th«  Leicester  infirmaiy,  communicated 
by  William  Bowman,  F.  N  S.,  receivedMay  20th,  read  June  llth  1850  (Medico- 
CHiRCRC.  TRANSACT.,  publishcd  by  the  Royal  Médical  and  Surgical  Society  ofLon- 
don  ;  vol.  the  thirty-third,  p.  293).  —  Extrait  de  cette  observation. 


198 

5  VIT.  —  POILS  INCRUSTÉS  DE  PHOSPHATJÎ  DE  CHAUX  OU  DE  PHOSî>HATK  I>B 
MAGNÉSIE  ET  QUELQUEFOIS  D'UNE  CERTAINE  QUANTITÉ  D'ACîDE  PRTQUB 
(GRAVELLE  pileuse,  MAGENDIE).  ~  POILS  SERVANT  DE  NOYAU  A  DES 
CALCULS  PHOSPHATIQUES  OU  A  DES  CALCULS  DONT  LA  COMPOSITION  N'A 
PAS   ÉTÉ  DÉTERMINÉE. 

On  a  vu  piusieurs  fois  des  graviers  ou  des  calculs  phosphatiques  se  for- 
mer autour  de  poils  ou  de  matières  semblables  à  des  poils.  M.  Magendie 
a  appelé  l'aUention  sur  une  espèce  de  gravelle  phosptiatique  qui  lui  a  offert 
cette  particularilé  remarquable.  Ce  qu'il  dit  à  ce  sujet  mérite  d'être  rapporté 
textuellement  : 

«  La  gravelle  pileuse  (1)  se  présente  tantôt  sous  la  forme  d'une  pous- 
»  sière  blanchâtre  avec  laquelle  sont  confondus  les  poils,  tantôt  sous  forme 
»  de  graviers  de  volume  variable^  velus  à  leur  surface  et  quelquefois  réu- 
»  nis  en  grappes  les  uns  aux  autres.  Dans  l'état  pulvérulent,  la  graveilô 
»  pileuse  est  formée  par  une  poudre  blanche,  mêlée  à  une  quantité  de 
»i  petits  poils  dont  la  longueur  varie  depuis  une  ligne  jusqu'à  un  pouce  et 
»  plus.  Par  des  lotions  dans  l'eau,  on  peut  séparer  les  poils  de  la  poussière 
»  blanche  qui  les  environne.  On  reconnaît  alors  qu'ils  diffèrent  peu  des 
»  poils  ordinaires;  ils  sont  seulement  plus  fins  et  d'un  gris  cendré. 
»  La  malièm  saline  elle-même  se  dépose  au  fond  du  vase  et  y  forme  une 
»  couche  plus  ou  moins  épaisse.  Si  on  l'y  laisse  quelque  temps  en  repos, 
»  elle  s'y  prend  pour  ainsi  dire  en  masse,  et  on  ne  peut  plus  la  détacher 
»  qu'en  lames  de  plusieurs  lignes  d'étendue.  Pour  apercevoir  les  poils,  il 
If  suffit  de  rompre  ces  lames  et  les  extrémités  des  poils  apparaissent  sur  les 
»  bords  du  la  cassure.  Cette  matière  saline,  analysée  par  M  Pelletier,  a  été 
»  trouvée  composée  en  grande  partie  de  phosphate  de  chaux,  d'un  peu  de 
»  phosphate  de  magnésie  et  de  quelques  traces  d'acide  urique.  Ia  première 
»  fois  que  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  cette  maladie,  c'était  sur  un  vieil- 
»  lard,  professeur  àPanciennê  Université.  H  rendait  Une  telle  quantité  de 
»  cette  matiè)  e  saline  pileuse  qu'il  eu  remplissait  en  quelques  jours  des 
»  boites  de  la  contenance  d^un  litre;  cequen  aN^ait  produit  en  quelques 
»  années  ce  vieillard  était  vraiment  extraordinaire.  Le  second  cas  de  gra~ 
»  nelle pileuse  qui  soit  venu  à  ma  connaissance  s'est  offert  sur  un  marin  ; 
»  il  rendait  par  l'urètre,  non  de  ia  poudre  pileuse,  mais  des  concrétions 

(i)  Magendie,  Uecherches  phtsioloriques  et  médjcales  scr  les  causes,  les 

SYMPTÔMES  ET  LE  TRAITEMENT  DE  LA  GRAVELLE.  In-8<»,  p.  40;  1828. 


199 
»  velues  à  leur  surface  et  d'un  volume  considérable.  Ces  concrétions  étaiect 
»  friables,  mais  les  parcelles  qui  résultaient  de  leur  écrasement  ne  se  sépa- 
»  raient  pas  entièrement  ;  elles  restaient  attachées  les  unes  aux  autres  par 
»  de  petits  poils.  » 

M.  Magendie  déclare  qu'il  n'est  pas  possible  d'expliquer  la  formation  de 
ces  poils,  ni  leur  présence  au  milieu  de  la  matière  saline  déposée  par  l'urine. 
Il  ne  dit  pas  s'être  assuré,  par  l'examen  microscopique,  que  les  filaments 
qui  unissaient  les  graviers  étaient  bien  de  véritables  poils  ;  mais  la  préci- 
sion qu'il  met  dans  toutes  ses  recherches,  et  qu'il  a  apportée  inévitable- 
ment daus  l'examen  d'on  fait  très  rare,  ne  permet  pas  les  doutes  qu'on, 
pourrait  élever  s'il  s'agissait  d'un  observateur  moins  exact. 

M.  Clviale  n'a  jamais  vu  la  gravelle  pileuse,  mais  il  a  souvent  rencontré 
des  filaments  muqueux  desséchés,  au  centre  des  pierres;  plus  souvent 
encore  il  a  remarqué  que  les  sables  étaient  remplis  de  filaments,  ùç.  petits 
poils  qu'il  a  attribués  à  la  poussière  atmosphérique  dont  les  malades  ne 
prennent  aucun  soin  de  les  garantir  en  les  faisant  sécher.  M.  Civiale  (1)  ne 
dit  pas  d'où  provenaient  ces  petits  poils  suspendus  dans  l'atmosphère  ;  il 
me  semble  qu'il  fait  surtout  allusion  aux  petits  filaments  de  laine,  de  coton 
ou  de  lin  qui  peuvent  s'échapper  des  couvertures,  des  vêlements,  etc.,  ainsi 
que  je  l'ai  plusieurs  fois  constaté  à  l'hôpital  et  dans  la  pratique  civile.  H 
est  rare  de  trouver  de  semblables  corps,  dans  l'urine  recueillie  dans  les 
petits  vases  cylindriques,  employés  maintenant  dans  les  hôpitaux  et  qu'on 
n'd  pas  toujours  soin  de  préserver  de  la  poussière  ;  on  les  trouve  plus 
souvent  dans  les  pots  de  chambre  dont  ont  fait  usage  dans  les  maisons  par- 
ticulières. Au  reste,  les  filaments  de  laine  et  de  coton  et  les  petits  poils  de 
laine  étant  presq^ue  toujours  colorés  par  la  teinture  et  offrant  des  caractères 
particuliers,  il'examen  microscopique,  il  est  toujours  possible  de  les  distin- 
guer des  cheveux  et  des  poils  de  l'homme. 

HOMME  D'ON  CERTAm  AGE  AYANT  FAIT  DN  SÉJODR  FRÉQUENT  DANS  LES  HÔPITAUX  DE 
LONDRES,  PODR  DES  DOULEURS  DE  REINS  ;  CONDAMNATION  A  LA  DÉPORTATION  , 
PENDANT  LA  TRAVERSÉE,  DOULEURS  RÉNALES  AVEC  EMISSION  DE  GRAVIERS;  DEINE 
AYANT  L'APPARENCE  D'DNE  MATIÈRE  CRAYEUSE  ET  CONTENANT  DES  POILS;  TRAITE- 
MENT PAR  LA  LIMONADE  ETRIQUE  ET  LES  FÉCULENTS  ;  GUÉRISON  (2). 

Obs.  XVI.  —  Dans  un  de  mes  derniers  voyages  à  la  Nouvelle-Galles,  en 


(1)  Cîviale,  Traité  db  L'AFPBCTroN  caloûlecse.  In-S",  p.  113;  Paris,  1838. 

(2)  Cas  dans   leqcel  il  y  avait   des  poïls  mêlés  a  l'dkinb,  et  coirai 


200 
qualité  de  chirurgien  surintendant  des  ConvictSy  un  prisonnier  du  nom  de  JeK 
let  vint  me  consulter  pour  de  violentes  douleurs  de  reins  accompagnées  de  perte 
d'appélit  et  de  fièvre.  I!  me  (jit  que  depuis  plusieurs  années  il  avait  été  sujet  à 
celle  maladie,  pour  laquelle  il  était  souvent  entré  dans  les  hôpitaux  de  Londres, 
et  la  dernière  fois,  peu  de  temps  avant  son  jugement.  Cet  homme  avait  mené 
une  vie  très-dissipée.  Lorsqu'il  vint  à  bord,  il  n'était  presque  pas  malade,  mais 
denuis  quelque  temps  (le  vaisseau  était  alors  en  mer  depuis  deux  mois)  il  avait 
souOert  de  spasmes  et  d'une  grande  émission  de  graviers.  Je  lui  demandai  de 
me  porler  de  son  urine.  Je  la  trouvai  épaisse,  blanche,  ressemblant  à  une  ma- 
tière crayeuse. Cet  homme  était  très-maigre,  pâle  et  avait  l'air  sou&rant,  comme 
s'il  eût  manqué  de  nourriture.  Trouvant  que  l'urine  qu'il  m'avait  apportée  con- 
servait longtemps  le  même  aspect  et  déposait,  quelque  temps  aprèsson  émission^ 
uire  grande  quantité  de  sédiment  contenant  des  poils,  je  crus  qu'il  voulait  me 
tromper;  mais  il  persista  à  soutenir  que  les  poils  étaient  rendus  avec  l'urine. 
Pour  prévenir  toute  tromperie,  je  le  lis  uriner  devant  moi,  dans  une  bouteille 
dont  je  m'étais  muni.  Je  le  fis  uriner  ainsi  plusieurs  fois,  jusqu'à  ce  que  j'eusse 
rassemblé  une  grande  quantité  de  sédiment,  qui  fut  alors  séché  et  examiné 
soigneusement.  J'y  trouvai  un  nombre  considérable  de  poils  variant  en  lon- 
gueur d'un  demi-pouce  à  un  pouce  et  demi,  et  de  diverses  couleurs.  Examinés 
à  un  fort  grossissement,  ces  poils  paraissaient  mous  et  d'un  tissu  moins  serré 
que  ceux  qui  croissent  à  la  surface  du  corps.  A  tout  autre  égard,  je  n'y  vis  pas 
de  dilférences. 

M'étant  ainsi  assuré  de  la  vérité  de  l'histoire  de  ce  pauvre  homme,  je  me 
hâlai  d'essayer  de  diminuer  ses  souffrances,  qui,  dans  mon  opinion,  tenaient 
au  passage  de  la  matière  pulvérulente  et  des  poils  déposés  dans  les  reins.  Pen- 
sant que  celle  matière  était  composée  de  chaux,  je  crus  que  la  meilleure  ma- 
nière d'en  rendre  l'émission  facile  et  de  corriger  l'état  alcalin  de  l'urine  était  de 
donnerde  larges  dosesd'acide  nitrique,  qui  diminueraient  les  douleurs  et  accroî- 
traient laquantité  de  l'urine.  J'ordonnai  de  l'opium,  de  l'esprit  de  nitre  élhéré  et 
des  délayants.  Pensant  que  l'état  alcalin  de  l'urine  pouvait  être  produit  ou  aug- 
menté par  une  nourriture  animale  salée,  je  la  remplaçai  par  des  aliments  fari- 
neux. En  peu  de  semaines,  le  malade  recouvra,  par  ce  traitement,  la  sanlé  et 
ses  rorces.  Son  urine  cessa  d'être  trouble;  les  attaques  de  douleurs  s'éloignè- 
rent, et  l'urine  n'oUrit  que  peu  de  dépôt. 

Après  six  mois  de  traversée,  je  le  débarquai  dans  la  colonie,  guéri  de  sa  ma- 
adie  et  propre  au  travail.  Je  n'ai  point  appris,  depuis,  qu'il  ait  fait  de  rechute. 


EXIRAIT  DE  CAS  SEMBLABLES  PUBLIÉS  PAR  LES  ANCIENS  AUTEURS  ;  par  JameS  Milchill, 

chirurgien  de  la  marine  royale  et  écuyer  (Edjnb.  med.  and  surg.  Jourxal,  juil- 
let 1828,  p.  58,  vol.  XXX,  n'  96)  —  JODBN.  ..OMPLÉM.  DES  SC.  MÉD.,  t.  XXXIII, 
in-S",  p.  90, 1829. 


201 

Il  commua,  jusqu'à  la  lin  du  voyage,  l'usage  des  acides  et  le  régime  végétal  ; 
mais  l'opium  et  l'éther  nitrique  ne  furent  employés  que  pendant  un  peu  plus 
d'un  mois. 

FEMIIE  DE33  ANS  ;  A  23  ANS,  CHDTE  DANS  VS  ESCALIER,  SUIVIE  DE  DODLEURS  DANS  LES 
LOMBES,  S'ÉTENDAiST  AU  CÔTÉ  GACCUE  ;  DTSCRIE;  TRINES  DONNANT  UN  SÉDIMENT 
BIUQUECX,  PARFOIS  SANGUINOLENT;  ÉMISSION  FRÉQUENTE  DE  PETITS  CALCULS 
PHOSPHATIQUES  FORMÉS  AUÏOtR  D'DN  PETIT  POIL  POURVU  DE  SON  BULBE,  PLUS  FIN 
OD'UN  poil  ORDINAIRE,  HUIS  EN  OFFRANT  D'AILLECRS  LES  CARACTÈRES  MICROSCO' 
PIQUES  ;  POINT  DE  RENSEIGNEMENTS  SUR  LE  TRAITEMENT  ET  L'ISSUE  DE  LA  MALA- 
DIE (1). 

Obs.  XVJI.  Elisabeth  Gailey,  âgée  de  33  ans,  garde  à  l'hôpital  du  Nord, di- 
sait que  sa  santé  avait  toujours  été  plus  ou  moius  altérée  depuis  dix  ans.  Elle 
attribuait  le  commencement  de  sa  maladie  à  une  chute  dans  un  escalier,  chute 
dans  laquelle  elle  croyait  que  le  dos  avait  souffert,  quoiqu'elle  n'eût  éprouvé 
que  peu  de  douleurs  dans  le  moment.  Peu  de  temps  après  l'accident,  elle  com- 
mença à  ressentir,  dans  les  lombes,  des  douleurs s'étcndant  au  côté  gauche,  et, 
plus  tard,  elle  éprouva  de  fréquentes  envies  d'uriner,  de  la  gêne  et  des  dou- 
leurs en  urinant.  L'urine,  après  l'émission,  déposait  une  matière  muqueuse. 
Plusieurs  fois  la  malade  observa  que  cette  matière  était  mêlée  de  sang.  Ces 
symptômes  s'étaient  aggravés  avec  le  temps.  Lorsqu'elle  souffrait  le  plus,  la 
douleur  était  rapportée  au  rein  gauche.  Le  droit  était  rarement  et  légèrement 
affecté.  Ces  attaques  étaient  plus  fréquentes  dans  la  saison  chaude.  Tout  ce  qui 
produisait  une  abondante  transpiration  diminuant  la  quantité  des  urines,  ag- 
gravait les  symptômes.  Depuis  la  chute,  il  se  passe  rarement  une  semaine  sans 
que  cette  femme  rende  une  ou  plusieurs  pierres.  Pendant  les  deux  ou  trois 
dernières  années,  elle  a  souffert  de  dyspepsie. 

Les  petits  calculs,  de  forme  irréguliére,  varient  en  volume,  depuis  celui  d'un 
grain  de  moutarde  à  celui  d'un  pois  un  peu  gros.  Ils  sont  perforés  à  une  ex- 
trfmitê  par  un  petit  poil,  qu'on  trouve,  lorsqu'on  l'examine  au  microscope, 
semblable  par  sa  structure  à  un  poil  ordinaire ,  mais  plus  mince  et  plus  dé- 
lié. L'urine  et  les  calculs  ont  été  examinés  par  le  docteur  Brelt,  chimiste  ho- 
noraire de  la  Société.  L'urine  est  une  urine  pnospbatique  ordinaire,  de  couleur 
pâle,  devenant  ammoniacale  et  donnant,  par  le  repos,  un  sédiment  ammoniaco- 
magnésien  ou  de  triple  phosphate.  Les  calculs  sont  principalement  composés 
des  mêqies  sels. 


(1)  Case  of  urinart  calcult  containing  hairs  (gravelle  pileuse)  ;  by  Edward 
Parker,  csq.  (Médico-chirurgical transactions, etc.,  vol.  XX VII.  Seconde  série, 
vd.  IX,  p.  16}  )—  Extrait. 


202 

M.  Parker  ajoute  avec  raison  qu'une  circonstance,  à  savoir  que  plU' 
sieurs  des  calculs  sont  traversés  par  un  poil  donne  un  grand  intérêt 
à  cette  observation.  Dans  l'observation  de  M.  Magendie,  les  poils  étaient 
nombreux  ;  dans  celle-ci,  à  peine  un  des  calculs  présente-t-il  plus  d'un 
poil.  En  outre,  dans  ce  cas  particulier,  Textréniité  libre  de  ces  poils  pré- 
sentait unlforuiément  un  bulbe,  et  Texlrémilé  opposée  étant  constamment 
revêtue  de  gravelle,  M.  Parker  a  été  conduit  à  penser  que  ces  poils 
avaient  été  fournis  par  la  membrane  muqueuse  de  ia  vessie,  qu'ils  avaient 
servi  comme  de  noyau  au  dépôt  des  phosphates  et  qu'ils  s'étaient  déta- 
chés par  le  poids  résultant  de  cette  concrétion. 

Si  ces  poils  avaient  été  introduits  dans  la  vessie,  toute  leur  surface  aurait 
été  plus  ou  moins  enduite  de  malière  calcaire,  et  il  est  probable  qu'il  en 
aurait  été  de  même  s'ils  s'étaient  formés  dans  le  bassinet  ou  les  reins. 

Dans  plusieurs  observations  qui  vont  suivre,  on  verra  que  des  chirur- 
giens fort  célèbres  sont  restés  incerlaios  sur  l'origine  des  poils  qu'ils  ont 
vu  servir  de  noyau  à  des  calculs  urinaires.  Ces  cas,  objet  de  doute,  n'en 
méritent  pas  moins  d'être  mis  sous  les  yeux  du  lecteur. 

«  Vous  pouvez  voir,  dit  M.  Brodiè  (1),  dans  une  des  préparations  de  no- 
tre Musée  plusieurs  calculs  d'une  forme  oblonguc  spéciale  et  de  grandeur 
rariable,  dont  le  plus  volumineux  a  environ  trois  quarts  de  pouce  de  lon- 
gueur et  h  lignes  de  large,  tandis  que  presque  tous  les  autres  sont  beaucoup 
plus  courts  et  proportionnellement  plus  <5troits;  à  leur  centre  ils  offrent 
tous  un  petit  cheveu  irh-fin,  qui  les  parcourt  longitudinalement.  J'ai 
extrait  ces  calculs  de  la  vessie  d'une  femme  ;  ils  sont  principalement  com-^ 
posés  de  phosphate  de  chaux,  ce  qui  indique,  comme  je  vous  le  dirai  bien- 
tôt une  maladie  de  la  membrane  muqueuse.  Il  est  difficile  de  dire  comment 
ces  cheveux  se  trouvaient  dans  la  vessie,  si  c'étaient  des  cheveux  ordi- 
naires introduits  accidentellement,  ou  de  ceux  qu'on  rencontre  parfois  dans 
les  tumeurs  enkystées  et  sur  d'autres  tissus  malades;  quant  à  moi,  je  se- 
rais porté  à  leur  attribuer  cette  dernière  origine.  » 

M.  Brodie  cite  un  autre  fait  non  moins  curieux  :  «  J'ai  soigné,  dit  il,  nn 
monsieur  qui  était  atteint  d'une  affection  calculeuse  de  la  vessie  et  d'une 
maladie  rénale  à  laquelle  il  succomba,  et  dont  les  urines  charriaient,  de 


(l)  Leçons  sor  tES  MALAniHS  des  organes  brinaires ;  parBenj.  Brodie;  trad.de 
la  3*  éd.,  par  Patron.  Paris,  1846,  p.  304.  —  Brodie,  Lectures  on  the  diseases 

OF  THEURINARY  ORGANS.  London,  1832. 


203 
temps  en  temps,  de  petits  chei''cux  que  j'étais  en  droit  de  considérer 
comme  venant  de  la  vessie.  Malhenreusoment.  ni  dans  ce  cas,  ni  dans  celui 
de  ia  femme  dont  il  a  été  queslion  plus  haut,  il  n'y  eut  d'autopsie  ;  mais  on 
sait  positivement  qu'il  n'est  pas  très-rare  de  voir  naître  des  cheveux  à  la 
surface  interne  d'une  tumeur  enkystée  (ï).  » 

M.  Civiale  ayant  eu  l'obligeance  de  mettre  à  ma  disposition  plus  d'une 
centaine  d'échantillons  de  fragments  de  calcul^  provenant  des  nombreuses 
opérations  de  lilliolrilie  qu'il  a  praliquées  ,  je  les  ai  examinés  avec  le  plus 
grand  soin.  Dans  quatre  de  ces  échantillons,  j'ai  trouvé  de  véritables  poils 
qui  traversaient  de  petits  fragments  de  calculs.  M.  Pelouze  m'a  affirmé 
qu'en  brisant  des  calculs  pour  en  analyser  les  différentes  couches,  il  avait 
aussi  plusieurs  lois  observé  de  ces  petits  poils  dans  leur  épaisseur. 

A  cette  occasion,  je  dois  cependant  prévenir  que,  lorsqu'on  examine  des 
débris  de  calculs  provenant  de  la  lilhotritie,  ou  des  graviers,  il  faut  se  garder 
de  prendre  pour  de  véritables  poils  des  fils  de  lin,  de  soie  ou  de  coton  mé- 
langés accidentellement  avec  les  matières  calculeuses,  soit  par  les  mors  du 
lithotriteiir  qui  s'en  était  chargé  en  le  nettoyant,  soit  autrement.  L'inspection 
roicroscopique  des  filaments  considérés  comme  des  poils,  mettra  à  l'abri  de 
toute  erreur,  chacun  d'eux  ayant  des  caractères  particuliers  que  j'ai  fait 
représenter  avec  soin. 

On  sait  que,  pendant  la  vie,  certaines  personnes,  des  femmes  surtout,  se 
Sont  introduit  divers  corps  étrangers  dans  la  vessie  et  même  des  poils. 
M.  Cruvçilhier  rapporte,  à  ce  sujet,  un  fait  curieux  dont  j'ai  été  té- 
moin. Un  chirurgien  anglais  nous  montra,  à  la  clinique  de  Al.  Dupuytren, 
le  23  juillet  1814,  un  calcul  urinairc  formé  de  phosphaté  de  chaux  et 
de  phosphate  ammooiaco-magnésien,  ayant  pour  noyau  uve  mèche  de 
cheveux.  Cette  mèche  était  très-longue;  nne  de  ses  extiémités  était  bou- 
clée et  semblait  se  terminer  par  un  tissu  lanugineux;  Taulre  exlrémilé 
était  roide,  entourée  de  phosphate  calcaire  qu'on  avait  pu  prendre  pour  les 
bulbes  des  poils.  Cette  pierre  avait  été  retirée,  â  Londres,  de  la  vessie  d'une 
dame  de  qualité,  de  mœurs  pures,  qui  assura  ne  s'être  jamais  rien  intro- 
duit dans  la  vessie.  Le  chirurgien  anglais  était  persuadé  que  cette  mèche 
s'était  formée  dans  cet  organe,  d'autant  plus  que  sa  couleur  n'était  poiut 
celle  des  cheveux  delà  malade.  Mais  il  paraît  beaucoup  plus  probable,  cooti- 


(1)  Brodie,  Ouvrage  cité. 


304 

oue  M.  Cruveilhier,  qu'elle  y  avait  été  introduite  (1).  Je  dois  ajouter  qu*U 
fut  reconnu  plus  tard  que  les  cheveux  étaient  liés  par  un  fil. 

ianssioN  nombreuse  de  petits  calculs,  puis  d'une  masse  de  plus  petits  calculs 

ENCHEVÊTRÉS  DANS  DES  POILS,  SUIVIE  D'UN  ÉTAT  DE  SANTÉ  SATISFAISANT  (2). 

Obs.  XVIII.  —  «  Le  trichiasis  ou  émission  de  poils  avec  les  urines  a  déjà  été 
observé,  dit  Olaiis  Borrich,  par  F.  de  Hilden,  Horst,TuIp,  etc.  Quelque  chose  de 
semblable  arriva  dernièreœeni  chez  nous,  à  Jean  Blatt,  séualeur,  qui,  par  l'effet 
de  médicaments  que  je  lui  administrai,  ayant  évacué  plus  de  soixante  calculs,  ren> 
dit  ensuite  une  masse  oblongue,  hérissée  de  nombreux  graviers  très-petits,  sem- 
blables à  des  diamants  enchâssés  à  la  surface. Étonné  delà  forme  de  celte  masse 
et  de  la  propriété  qu'elle  avait  de  se  laisser  plier,  et  redoutant  des  suites  fâcheu- 
ses de  cet  accident,  il  me  lit  appeler,  aiin  que  j'examinasse,  devant  lui.  ce 
corps  extraordinaire.  Je  trouvai  ceitemasse,  de  la  longueur  de  la  moitié  du  doigt, 
dure  à  l'extérieur  et  couverte  d'un  grand  nombre  de  petits  calculs,  mais  for- 
mée à  Vintérieur  de  poils  blanchàlres,  au  nombre  d'environ  cinquante,  tressés 
et  entortillés  d'une  manière  très-compacte.  Ils  exhalèrent  à  la  combustion  une 
odeur  de  soufre.  Cet  amas  de  filaments  avait  l'apparence  de  la  mèche  qui  se 
trouve  au  milieu  des  chandelles. 

»  Qu'on  recherche  si  l'on  veut  la  cause  de  ce  phénomène  dans  des  humeurs 
trop  cuites,  moi  je  n'ai  eu  d'autre  but  que  de  rapporter  le  fait  ;  que  des  esprits 
plus  habiles  en  trouvent  la  vraie  cause.  J'ai  parlé  autre  part  de  deux  cas  que 
j'ai  observés  à  Copeubague,  l'un  d'épingles,  l'autre  de  grains  de  plomb  rendus 
par  les  urines,  dont  les  deux  sujets  vivent  encore  et  se  portent  bien.  Au  reste, 
le  sénateur  est  aussi  bien  portant,  et  montre  sans  difficulté  à  ceux  qui  viennent 
le  voir  cet  amas  sorti  de  son  propre  corps.  » 

Schenck  rapporte,  d'après  Jean  Wier,  le  fait  suivant,  qui  appartient  très- 
certainement  aux  maladies  simulées  ou  aux  maladies  mal  observées  : 

DOULEUaS  OCCASIONNÉES  PAR  DES  CALCULS  RÉNAUX;  ÏIATIÈRE LANUGINEUSE  ET  POILS 

RENDUS  AVEC  L'URINE  (3) 

Obs.  XIX.  —  Une  noble  dame,  encore  vivante,  après  avoir  souffert  pendant 


(1)  Cruveilhier,  Essai  sur  l'anatomie  pathologique  en  général,  vol.  II, 
p.  178.  In-S".  Paris,  1816. 

(2)  Thomas  Bariholin,  Acta  medica  et  pbilosophica  Hafniensia,  vol.  n, 
p.  157.— Calculas  landginosus,  Olai  Borrichii.— -Collection  acadéuique  étran- 
gère, t.  VII,  p.  222.  In-4*. 

(3)  Schenck,  Obs.  bied.,  lib.  3,  Renum  trichiasis,  obs.  2,  p.  ftû4.  —  J.  Wier, 
De  i>£uonum  PRASTiGiis  ET  iNCANTATiONiBus,  libri  scx.  Bâlc,  15M.  In-li',  lib.  3, 
cap,  15. 


longtemps  de  calculs  des  reins,  rendit  avec  l'urine,  au  bout  de  quelques  an- 
nées, d'abord  pendant  quelque  temps  une  laine  bien  liue,  quelquefois  roulée  sur 
elle-même,  puis  de  longs  tils  blancs  doublés  à  l'instar  de  ceux  dont  se  servent 
les  tailleurs,  et  ce  qui  surpasse  toute  croyance,  souvent  avec  un  nœud,  comme 
si  on  les  avait  préparés  pour  la  couture;  mais  eusuile,  chose  qui  dura  aussi 
pendant  quelque  temps,  elle  rendit  avec  l'urine  non-seulement  de  la  laine,  mais 
une  membrane  laineuse  plus  compacte,  comme  mêlée  avec  de  l'ocre,  et  sem- 
blable à  celle  dont  s'enveloppent  les  petits  vers  qui  nous  sont  apportés  des 
îles  où  se  produit  la  soie.  Enfin  il  n'élaU  pas  rare  qu'elle  rendît,  outre  ces 
choses,  des  poils  de  la  longueur  du  doigt,  les  uns  blancs  à  leurs  deux  extré- 
mités et  noirs  dans  leur  partie  moyenne,  les  autres  noirs,  tandis  que  d'autres 
au  contraire  étaieat  blancs.  Ces  poils,  amincis  vers  une  de  leurs  extrémités, 
étaient  plus  obtus  vers  l'autre,  qui  paraissait  être  leur  racine.  Celte  dame  por- 
tait avec  elle  une  boîte  contenant  de  cette  matière  extraordinaire,  qu'elle  fit  voir 
k  plusieurs  personnes  et  dont  elle  donna  une  partie  à  Ewicb. 

Les  détails  de  celte  observation  font  naître  plus  d'un  doute.  D'abord  rien 
ne  prouve  que  ces  poils  ne  provenaient  pas  du  dehors  ou  n'avaient  pas  été 
mis  artificieusement  dans.l'urine.  En  outre,  ce  serait  chose  merveilleuse  que 
de  trouver,  dans  l'urine,  des  poils  ayant  un  nœud  comme  un  fil  qu'on  pré- 
pare pour  la  coulure.  Ce  fait,  bien  qu'il  ail  été  souvent  cité,  et  récemment 
par  Breschet,  comme  un  exemple  de  poils  rendus  avec  VurinCy  doit  être 
relégué  parmi  ceux  que  k  science  ne  peut  accepter. 

§VIII.— POILS    DANS    l'urine;    GRAVIERS    DE    NATURE  INDilERMINÉB  ; 

URINES  PURULENTES. 

Je  rapporterai,  dans  ce  paragraphe,  une  observation  de  pili-miction, 
qui  donna  lieu  à  une  discussion  intéressante  entre  plusieurs  savants  du 
commencement  du  dix-huitième  siècle. 

Dans  ce  cas,  l'urine,  indépendamment  des  poils  ou  des  corps  regardés 
comme  tels,  contenait  du  pus  comme  dans  plusieurs  cas  rapportés  plus 
haut.  La  malade  avait,  en  outre,  rendu  de  petits  calculs  qui  n'offraient 
pas  de  poils  pour  noyau. 

Voici  le  fait: 


20S 

FEMME  ÂGÉE  D'ENVIRON  CINQUANTE  ANS;  DOULEURS  NÉPHRif.TIOtlES  FRÉQUENTES; 
URINES  PURULENTES;  GRAVIERS  NOIRS;  t!RINE  GLAIREUSE;  RETOUR  DES  DOULEURS 
QUI  CESSENT  AU  BOLT  DE  QUELQUES  JOURS;  NOUVEL  ACCÈS  DE  DOULEURS  SUIVI  DE 
l'excrétion  avec  L*CK1NE  d'une  MATIÈRE  CONTENANT  UNE  TOUFFE  DE  PETITS 
POILS;  CESSATION  DES  ACCIDENTS  (l). 

Obs.  XX.  —  Une  femme  pléthorique,  âgée  d'environ  50  ans,  qui  avait  souvent 
des  douleurs  néphrétiques,  m'appela  auprès  d'elle  le  9  du  mois  de  mai  dernier. 
L'état  purulent  de  ses  uriues  et  leur  odeur  m'indiquèrent  qu'elle  avait  non-seu- 
lement la  gravelle  et  la  pierre,  mais  encore  un  ulcère  d'un  ou  dos  deux  reins. 
En  conséquence,  je  lui  ordonnai  des  pilules  de  cantharides  et  de  camphre,  et  de 
boire  largement  d'une  éinulsion  mucilagineuse.  Ces  remèdes  la  firent  urine 
abondamment;  elle  rendit  des  graviers  noirs  et  une  maiièrc  blanche,  épaisse, 
semblable  à  de  la  glu,  sans  éprouver  aucune  douleur  et  sans  symptômes  fâcheux. 
Elle  fut  bien  pendant  huit  jours,  au  bout  desquels  les  douleurs  reparurent  et 
cédèrent  aux  mêmes  remèdes.  Environ  huit  jours  après,  les  douleurs  semblant 
menacer  de  reparaître,  je  répétai  encore  les  mêmes  remèdes;  mais  dans  la  nuit 
elle  ressentit  de  vives  douleurs  dans  le  flanc  et  éprouva  des  convulsions  qui  ces- 
sèrent après  l'émission  d'une  urine  chaigée  d'une  grande  quantité  de  matière, 
dans  laquelle  se  irou\a\l  une  touffe  de  cheveux  contiSi  et  altérés.  "La  malade 
continua  quelque  temps  encore  un  traitement  anli néphrétique  qui  l'a  préservée 
Jusqu'ici  des  calculs,  des  douleurs,  des  matières  morbides  et  de  la  dysurie. 

Je  vous  envoie  un  tiers  de  cette  touffe  de  pods  que  la  dernière  dose  de  cantha- 
rides flt  expulser.  Je  ne  fais  aucune  remarque  à  ce  sujet  ;  je  les  laisse  à  faire  aux 
savants  à  qui  vous  voudrez  les  présenter.  (Plymouth.  28  septembre  1707.) 

Une  partie  de  celte  touffe  de  poils  fui  adressée  par  Hans-Sloane  à  Leeu- 
venhoek.  Celui-ci  l'examina  avec  scia  au  microscope,  et  après  une  élude 
miaulieuse  et  très-attenlive,  il  reconnut  que  celle  substance  pileuse  était 
composée  de  matières  évideramenl  venues  du  dehors.  Voici  un  extrait  du 
sa  réponse  dont  je  supprime  un  assez  grand  nombre  de  détails  et  de  répé- 
titions, qui  du  reste  témoignent  de  sa  bonne  foi  et  du  scia  qu'il  avait  ap- 
porté dans  son  examen  (2)  : 

(1)  Lettre  du  docteur  James  Yonge,'  P.  R.  S.,  au  docteur  Hans-Sloane  sur 

UNE  touffe  DE  POILS  RENDUE  AVEC  LES  URINES  (PHILOSOP.  TRANS.,  V,  XXVI,  aunéc 
1708  à  1709,  p.  41 'i). 

(2)  Lettre  de  M.  Ant.Van  Leeuwenhoek,  F.  R.  S., contenant  des  observations 

SUR  LES  POILS  MENTIONNÉS  DANS  LA  LETTRE  PRÉCÉDENTE.  Dclf.,  22  nOV.  STO?  (TrANS- 
PHILOSOP.,  V.  XXVI,  p.  416). 


207 

M  Votre  lettre  du  24  octobre  deruier  renfermait  une  petite  masse  d'une 
substance  pileuse  rendue  avec  l'urine  par  une  femme  de  60  ans  ou  envi- 
ron, après  avoir  pris  une  dose  de  mouches  d'Espagne  qui  lui  avait  été  or- 
donnée pour  uu  ulcère  des  reins.  J'ai  examiné  au  microscope  une  portion 
de  cette  substance  pileuse,  et  je  pense  qu'elle  est  formée  de  poils  de  brebis 
ou  de  laine  blanche.  Celle  laine  est  brisée  ou  rompue  en  parcelles  très- 
courtes,  dont  quelques-unes  n'ont  pas,  en  longeur,  six  fois  l'épaisseur 
d'un  poil.  Je  suppose  que  ces  poils  n'ont  pu  provenir  de  l'intérieur  du 
corps,  et  qu'ils  viennent  bien  plutôt  des  talons  d'un  bas.  Plus  j'ai  répété 
mes  observations,  plus  je  me  suis  confirmé  dans  cette  opinion  ;  non-seule- 
ment j*ai  pu  reconnaître  les  courtes  particules  de  laine  brisée,  mais  sur  un 
grand  nombre  j'ai  distingué  l'ccorcc  ou  l'extérieur  des  fds  de  laine.  Les  pe- 
tits filaments  donl  la  laine  est  composée  étaient  si  nettement  séparés  les  uns 
des  autres  qu'ils  paraissaient  former  des  pinceaux  à  rexlrémité  de  ces  poils. 
Sous  cette  matière,  sous  cette  touflé  de  laine  blanche,  il  y  avait  de  petites 
parcelles  composées  de  petits  tubes  que  j'ai  pris  pour  de  petits  morceaux 
de  paille.  Il  y  avait  encore  d'autres  petites  particules  semblables  à  l'en- 
veloppe d'un  grain  de  blé  ou  de  riz,  et  quelques  petits  morceaux  de  bois  un 
peu  plus  épais  qu'un  cheveu.  Il  y  avait  aussi  quelques  parcelles  d'épi- 
derme  sur  lesquelles  je  pouvais  voir  facilement  les  petites  écailles  dont  il 
est  composé. 

>)  Il  y  avait  encore  un  grand  nombre  de  petits  corps  particuliers  dont  je 
ne  pus  découvrir  la  nature.  Ces  dernières  particules  étaient  si  fortement 
liées  à  quelques  poils  de  laine  que  je  n'ai  pu  les  isoler  même  avec  le  secours 
de  l'eau.  J'ai  vu  encore  deux  légères  particules,  que  j'aurais  prises  pour  des 
lamelles  d'épiderme  si  elles  n'avaient  pas  été  plus  grandes  qu'aucune  des 
lamelles  que  j'ai  jamais  pu  détacher  de  ma  peau.  Enfin  j'ai  vu,  dans  la  ma- 
tière qui  ma  été  envoyée,  d'autres  corps  dont  je  ne  donnerai  pas  la  des- 
cription. 

»  Maintenant  voici  mes  raisons  pour  supposer  que  ces  particules  lai- 
neuses  viennent  du  talon  d'un  bas.  Je  porte  toujours  des  bas  de  laine 
blanche,  épais,  et  je  couche  même  avec.  Je  puis  les  porter  trois  semaines 
de  suite  puisque  je  ne  sue  pas  des  pieds  Or  ayant  vu  plusieurs  fois  des  par- 
ticules de  laine  brisée,  déposées  en  petits  las  et  adhérentes  les  unes  aux 
autres  sous  mes  talons,  et  les  ayant  examinés  pour  me  convaincre  que  la 
laine  est  composée  de  petits  poils,  fai  reconnu  que  ces  particules  lai- 
neuses ressemblaient  à  celles  qu'on  m'a  envoyées.  Il  est  vrai  que  dans  la 
laine  du  talon  de  mes  bas,  je  n'ai  jamais  trouvé  de  parcelles  de  bois  ou  de 


208 
paille  ;  mais  la  raison  en  est  que,  depuis  des  années,  je  n'ai  jamais  louché 
le  sol  avec  mon  talon.  » 

Dans  une  seconde  lettre  (1)  de  M.  James  Yonge  à  sir  Hans-Sloane  insé- 
rée dans  les  Transactions  philosophiqdes,  on  lit  :  «  J'ai  encore  vu  hier 
la  femme  qui  a  rendu  la  touffe  de  poils,  ainsi  que  sa  fille  et  la  domestique 
qui  la  servait  alors.  Elles  m'ont  affirmé  toutes  que  le  pot  de  chambre  dont 
cette  femme  s'était  servie  était  verni  en  blanc  et  Irès-propre.  La  malade  dit 
qu'elle  a  senti  cette  touffe  venir  de  l'intérieur  au  dehors  et  qu'une  lumcur 
qu'elle  avait  dans  un  des  côtés  du  ventre  s'est  évanouie  ;  que  depuis  lors, 
c'est-à-dire  depuis  huit  mois,  elle  n'a  plus  souffert  des  douleurs  et  des  au- 
tres accidents  qui  revenaient  très-souvent  autrefois.  Seulement  elle  a  de 
temps  en  temps  de  légères  douleurs  de  reins,  et  elle  rend  alors  un  peu  de 
mucus.  Je  ne  suis  pas  très-crédule,  et  je  ne  doute  pas  de  la  réalité  de  ce  fait.  » 

La  remarque  faite  par  le  docteur  Yonge,  dans  celte  dernière  lettre,  que 
la  malade  qui  a  rendu  les  poils  avec  l'urine  portait  dans  un  des  côlés  du 
ventre  une  tumeur  qui  s'est  ensuite  évanouie  pourrait  permettre  de 
supposer  que  celte  femme  était  atteinte  d'une  de  ces  tumeurs  qui  contien- 
nent des  poils  et  qui  s'ouvrent  quelquefois  dans  la  vessie,  si  les  observations 
microscopiques  de  Leeuwenhoek  ne  venaient  pas  détruire  cette  hypothèse. 
En  effet,  Leeuwenhoek  a  constaté  que  cette  matière  pileuse  était  de  la  laine, 
et  de  plus  de  la  laine  brisée  en  parcelles  dont  les  extrémités  se  termi- 
naient en  petits  pinceaux.  Il  a  constaté,  en  outre,  que  ces  brins  de  laine 
étaient  mélangés  d'autres  parcelles,  de  lamelles  d'épiderme,  de  parcelles 
de  bois,  de  paille,  etc.  Cet  ensemble  de  circonstances,  et  en  particulier 
cette  apparence  en  pinceaux  des  bouts  de  laine  brisée,  dont  j'ai  constaté  la 
réalité,  ne  permet  pas  de  regarder,  ainsi  que  l'ont  fait  James  Yonge,  Hans- 
Sloane  et  tous  les  auteurs  postérieurs,  ce  cas  comme  un  exemple  de  trichia- 
sis  ou  de  pili-miction  quelle  que  soit  d'ailleurs  l'origine  de  la  laine. 

Quelque  temps  après  sir  Ilans-Sloane  reçut  de  M.  John  Povv^el  (2)  une 
lettre  que  je  crois  devoir  rappeler  à  peu  près  textuellement  : 

(1)  Lettke  de  M.  James  Yonge,  à  sir  Hans-Sloaiie  conceknant  la  touffe  dk 

POILS  RENDUEPAR  LES  tRINES   (Tr.VNS.   PHILOS.,  V.  XXVI,  170S-17U9,  p.  ilO). 

(2)  Lettre  de  M.  John  Powel  à  sir  Hans-Sloane  concernant  une  dame  qdi 

RENDAIT  AVEC  SON  L'RINE  DKS  MATIÈRES  PILEUSES   INCRUSTÉES   DE  SELS.  —  RÉPONSE 

de  sir  Hans-Sloane  contenant  plusieurs  observations  d;:  soustances  extraordi- 

^AIRES  rendues  par  LES  VOIES  ORINAIUES  (PHILOS.  TRANS.,  V.  XLI,  pa!t.  1,   l'or  tllC 

\ears  1739-1740,  p.  499). 


20» 
«  Je  profite  d'une  occasion  sûre  pour  vous  envoyer  «ne  boîte  qui  ren- 
ferme des  matières  pileuses  rendues  par  la  lille  d'un  ecclésiastique  de  nos 
environs.  Son  père  est  niorl  il  y  a  quelques  années,  ainsi  que  son  mari. 
Elle  rend  de  ces  matières  depuis  deux  ans,  et  celte  excrétion  n'a  été  sus- 
pendue que  pendant  deux  mois,  l'été  passé  ;  celle  femme  a  environ  tiO  ans  ; 
elle  a  été  mariée  à  l'âge  de  17  ans,  et  a  eu  quelques  années  après  un  enfant 
quia  vécu  neuf  semaines. 

»  Il  y  a  deux  ans,  au  mois  d'août,  elle  fut  prise  d'une  rétention  d'urine, 
de  douleurs  de  vessie  et  d'une  grande  douleur  aux  pieds.  L'urine  était 
blanchâtre  comme  du  pelit-iait. 

»  Cette  femme  éprouvait  de  la  faiblesse  dans  les  membres  et  des  coliques 
pour  lesquelles  un  autre  médecin  lui  ordonna  de  prendre  des  bains  froids. 
Elle  en  éprouva  un  grand  bien  pour  la  faiblesse  des  membres  ;  mais  les  dou- 
leurs des  voies  urioaires  augmentèrent  plutôt  et  les  urines  commencèrent 
à  devenir  fétides.  A  la  Noël,  ayant  pris  un  calmant  le  soir,  elle  rendit  sans 
beaucoup  de  douleurs  le  corps  le  plus  volumineux  que  vous  trouverez  dans 
la  boîte.  Depuis  celle  époque  ces  corps  lui  causent  presque  toujours  une 
douleur  excessive  avant  d'être  rendus,  et  elle  est  ordinairement  forcée  de 
prendre  avec  le  bout  des  doigts  l'extrémité  des  poils,  pour  les  attirer 
au  dehors.  Souvent  il  s'écoule  beaucoup  de  sang  à  leur  sortie,  ce  qui  in- 
dique un  ulcère  intérieur. 

»  Le  printemps  dernier,  à  l'aide  de  doux  évacuants,  son  état  s'améliora 
(vomitifs  composés  d'ipécacuaua  ;  purgatifs  avec  de  la  manne,  l'huila 
d'amande  douce  et  du  calomel).  Elle  prit  très-souvent  des  diurétiques,  des 
pilules  balsamiques,  des  éniulsions.  La  fétidité  de  l'urine  diminua  ;  la  ma- 
lade se  trouva  assez  bien  pour  entreprendre,  au  mois  d'août  dernier,  un 
voyage  dans  le  Herefordshire.  Elle  le  prolongea  pendant  près  de  deux 
mois.  Je  crois  qu'elle  prit  froid  à  son  retour,  et  ses  douleurs  augmentèrent 
très-sensiblement.  Elle  rendit  une  grande  quantité  de  matière  pileuse. 
L'urine  devint  gluante  et  fétide,  malgré  tout  ce  qu'un  autre  médecin  et 
moi-même  pûmes  faire.  L'urine  était  souvent  si  épaisse  et  si  gluante  qu'on 
pouvait  à  peine  la  détacher  du  vase.  D'autres  fois  elle  était  si  filante  qu'avec 
un  petit  balai  ou  une  plume  on  pouvait  en  prendre  une  grande  quantité  qui 
retombait  comme  une  masse  dans  le  pot  de  nuit. 

»  Depuis  un  temps  considérable,  elle  a  rendu,  au  moins  une  fois  par  jour 
et  quelquefois  plus  souvent,  de  ces  matières  pileuses  encioûtées  de  sels, 
qui,  au  moment  où  elles  sont  évacuées,  ressemblaient  ii  des  poils  et  à  des 
espèces  de  coraux.  Les  douleurs  sont  si  vives  que,  de  tro!^î  on  trois  nuits 

ih 


*2id 
au  moios,  nous  sommes  obligés  de  Iql  dotiner  des  calmants ,  et  les  dou- 
leurs soQt  si  aiguës  que  souvent  ils  ne  les  câlinent  pas. 

»  La  longueur  des  souffrances  a  rendu  celle  femme  très  «laigre  et  très- 
faible;  elle  a  souvent  essayé  le  lait,  mais  il  lui  fait  mal  à  Testomac,  et  elle  le 
vomit, 

»  Les  menstrues  ont  été  régulières,  excepté  aux  deux  ou  trois  dernières 
époques.  Il  y  a  dix  ou  douze  jours,  la  malade  s'est  plainte  d'avoir  le  ventrn 
enflé  ;  il  n'existe  pas  d'enflure  aux  cuisses  et  aux  jambes. 

»  La  malade  éprouve  souvent  dans  la  vessie,  un  crepitus,  («n  vent), 
comme  s'il  existait  une  communication  entre  cet  organe  et  Tinteslin 
reclum. 

»  Un  chirurgien  habile  a  sondé  la  malade  et  n'a  pas  trouvé  de  pierre. 
Depuis  quelques  jours,  eUe  se  plaint  d'accès  d'asthme  qu'on  attribue  à  la 
chaleui'  de  la  saison. 

»  Cette  émission  avec  l'urine  de  matières  pileuses  encroûtées  de  gels 
ne  s'était  jamais  présentée  dans  ma  pratique.  Je  désire  savoir  votre  opinion 
à  ce  sujel,  et  je  vous  prie  de  m'indiquer  it;  liaileineflt  que  vous  pensez  devoir 
être  suivi.  » 

Sir  Hans-Sloane  (1)  répondit  :  a  J'ai  reçu  il  y  ^  deux  jours  votre  lettre  et 
son  contenu  que  j'ai  examiné.  J'ai  U  conviction  que  ces  matières  pilevLses 
sont  engendrées  dans  les  reins.  J'ai  vu,  dans  ma  pratique,  quelques  cas 
semblables,  et  j'ai  conservé  ce  qui  a  élô  rendu  avec  les  urines  dans  quelques- 
uns  de  ces  cas.  Le  premier  dont  je  me  lappelle  est  celui  d'un  gentleman, 
près  d'Exchange,  qui,  il  y  a  quatre  ans,  rendait  avec,  l'oriue  de  lotif.fs  poils. 
Lorsqu'il  urinail  sur  un  papier  blanc  à  filtrer,  l'urine  le  traversait  et  les 
poils  étaient  retenus  à  sa  surface,  Par  leui'  transparence,  ils  donnaient,  lors- 
qu'on les  examinait  au  microscope,  les  couleurs  les  plus  nettes,  telles 
qu'on  les  observe  avec  le  prisme.  Ce  gentleman  ne  soullrait  pas  beaucoup 
quoiqu'il  se  plaignit  d'une  âcreté  d'urine. 

»  Un  autre  cas  était  celui  d'un  brasseur  qui  rendait  des  poils  nattés  ou 
pelotonnés  ensemble,  et  qui  le  faisaient  beaucoup  soufi'rir  :  mais  ils  étaient 
accon^pagnés  de  très-peu  de  matière  pierreuse.  » 

(Suivent  quelques  exemples  de  concrétions  caiculeuses  formées  autour 
de  corps  étrangers  introduits  dans  la  vessie,  et  des  remarques  sur  l'utilité 
des  bains  tièdes,  des  boissons  délayantes  et  mucilagineuses,  des  opiacés, 


(»)  Réponse  de  sir  Hana-Sloane  à  M.  Powel.  Londres,  27  juillet  1733  (I'rans. 

PBILLSOP.) 


211 
de  la  saignée,  etc.,  dans  les  cas  analogues  à  ceiui  pour  lequel  ^'auteur  esi 
consulté.) 

J'ai  rapporté  à  peu  près  textuellement  la  correspondance  entre  John 
Powel  et  sir  Hans-Sloane  afin  de  montrer  combien  il  est  difficile,  malgré  la 
longueur  des  détails,  de  juger  de  semblables  faits.  La  malade  de  John  Powel 
avait  évidemment  un  catarrhe  de  vessie  dont  les  glaires  et  les  matières 
niantes  étaient  un  des  principaux  symptômes.  Mais  quelles  étaient  ces 
matières  pileuses  sur  la  nature  desquelles  sir  Hans-Sloane  n'émet  aucun 
doute,  si  ce  n'étaient  de  véritables  poils?  D'un  autre  côté,  je  ne  sais  que 
penser  de  ces  poils  qui,  examinés  par  cet  auteur  au  microscope,  donnaient 
les  couleurs  les  plus  nettes,  telles  qu'on  les  voit  à  travers  un  prisme.  Ces 
faits,  qu'on  a  acceptés  et  cilés  sans  examen  et  sans  critique,  ne  sont  bons  à 
connaître,  en  réalité,  que  pour  faire  sentir  la  nécessité  d'observations  plus 
complètes  et  plus  précises. 

L'attention  ayant  été  appelée  sur  ies  excrétions  des  poils  avec  Vurine^ 
J.  KnigUt  (l^  adressa  à  sir  Hans-Sloaue  la  relation  d'un  cas  dans  lequel  il 
avait  observé  dans  l'urine  une  matière  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  capil- 
lamenta  :  «  Ayant  observé  un  cas  extraordinaire,  j'ai  l'honneur  de  vous 
le  communiquer  pour  savoir  si  vous  en  avez  rencontré  de  semblables  dans 
votre  longue  et  heureuse  pratique.  La  substance  pileuse  ou  les  fins  capil" 
lamenta  renfermés  dans  la  boîte  que  je  vous  adresse  ont  été  évacués  avec 
l'uriue  par  un  gentleman  pendant  une  violente  attaque  de  dysurie.  La  gra- 
velle  qui  fut  rendue  en  même  temps  était  en  quantité  insignifiante.  La  cause 
principale  de  la  dysurie  était  due  à  la  substance  pileuse  et  à  la  matière 
terreuse  qui  lui  adhérait.  Ces  matières  enflammèrent  les  uretères,  le  sphinc- 
ter de  la  vessie  et  de  parties  adjacentes.  La  phlébolomie,  les  lavements 
adoucissants,  les  opiacés,  les  émulsions  et  d'autres  remèdes  analogues  fu- 
rent successivement  employés;  tout  fut  inutile  jusqu'à  ce  qu'eût  lieu  l'éva- 
cuation de  ces  corps  étrangers.  » 

L'auteur,  après  des  détails  et  des  hypothèses  sans  intérêt,  termine  en  di- 
sant qu'il  doute  que  ces  substances  soient  de  vrais  cheveua:.  Ce  sont  plu- 
tôt, dit-il,  des  concrétions  grumeleuses,  formées  dans  les  reins,  et  mou- 
lées dans  les  cunâuits  excréteurs  de  l'urine.  Mais  alors  pourquoi  désigner 
ces  matières  sous  le  nom  de  capillamenta  ?  J'ajoute  que  depuis  l'époque  à 
laquelle  les  observations  de  James  Yonge,de  lians-Sloane,  de  Leeuwenhock 

(ij  Lettre  de  M.  J.  Knight  à  8ir  Haos-Sloaae  sur  les  chevecx  be^dus  par 
LES  OKiNBS.  Fi^vrier  1137  (Transao".  philos.). 


H 


f 


'212 
et  de  Po»V(.l  ont  été  insérées  dios  les  TRANSAcrioiNs  philosophiqoes,  c'est- 
à  (lire  depuis  cent  citiquante  ans  environ,  aucune  autre  observation  de  tri- 
chiasis  des  voies  urinaires  n'y  a  été  publiée,  circonstance  qui  témoigne  de 
la  rareté  de  cas  semblables. 

§  IX.  —  FILAMENTS  PILïFORMES  OBSERVÉS  DANS  LES  DRINES  »  DANS  LES 
SÉDIMENTS,  DANS  LES  GRAVIERS  00  LES  CALCULS,  BT  CONFONDUS  ATKC 
LES  POILS  DE  l'homme. 

Parmi  les  substances  observées  dans  l'urine,  dans  les  sédiments  urinaires, 
dans  les  graviers  et  les  calculs,  et  qui  ont  été  confondues  ou  qui  pourraient 
l'être  avec  les  poils,  on  doit  noter  les  suivantes  : 

!•  Les  filaments  de  fibrine  plus  ou  moins  décolorés; 

2*  Les  filaments  de  mucus  concrète  ou  desséché  ; 

3°  Les  filaments  d'albumine  coagulée  ? 

h"  Les  coni'erves  et  les  mycélium  des  mucédioées,  développées  dans  l'u- 
rine ou  à  sa  surface,  quelque  temps  après  son  émission  ; 

5*  Les  lils  de  lin,  de  colon  ou  de  laine,  colorés  ou  non  colorés; 

6"  Les  poils  d'autres  animaux,  ajoutés  accidentellement  ou  artificieuse- 
menl  à  l'urine,  après  son  émission. 

l*'  Filaments  de  fibrine.  —  Dans  certaines  hématuries,  la  fibrine  se 
dépose  quelquefois  dans  l'urine,  en  filaments  qui,  à  l'œil  nu,  peuvent  plus 
ou  moins  simuler  des  poils.  Cependant  celle  apparence  filameuieuse  n'est 
pas  celle  que  prend  le  plus  ordinairement  la  fibrine.  Chopart  n'était  pas 
certainement  autorisé  à  dire,  en  parlant  de  tous  les  cas  de  pili-micliou  pu- 
bliés antérieurement  à  sou  ouvrage,  et  en  particulier  de  l'observation  de 
Schenck  citée  plus  haut  (obs.  VII)  :  «  Ces  prétendus  poils  ou  cheveux  ne 
»  sont  que  des  corxrciions  sanguines  ou  des  filaments  de  matière  albu- 
»  mineuse  qui  peuvent  avoir  la  forme,  la  consistance  et  la  couleur  des 
»  poils  (1).  »  J'ajoute  que  jamais  les  concrétions  fibrineuses  n'ont  la  consis- 
tance et  surtout  la  résistance  des  poils. 

2°  Filaments  de  mucus. —  Une  observation  d'André  Cnoeffel  (2),  inti- 
tulée :  De  orina  pilosased  filosa,  indiquée  par  plusieurs  auteurs  comme 
un  exemple  d'urine  ^«ietwc,  appartient  évidemment  aux  urines  catarrhalcf 

(2)  Ephem.  nat.  cdr.,  dec.  l,  ann.  IV  et  V,  î673,  p.  45. 

(3)  Chopart,  Traité  des  maladies  des  voies  urinaires,  In.8\  t.  Il,  p.  iSI, 
nouv,  édit.  Paris,  1830. 


213 

ou  glaireuses.  On  comprend  difficilement  comment  on  a  pu  rapprocher 
celte  urine  des  urines  qui  contiennent  des  poils.  Voici  le  fait  :  «(  Dans  l'an- 
née 1668,  un  certain  écuyer  nommé  Schaplan,  habitant  dans  la  plus  grande 
lie  de  Marienbourg,  après  avoir  éprouvé  des  douleurs  dans  le  côlé  gauche, 
rendit,  pendant  quatre  semaines,  sans  douleur,  une  urine  épaisse,  blanche, 
dont  le  dépôt  contenait  une  grande  quantité  de  sable  et  de  graviers  rouges. 
Cette  urine  était  quelquefois  tellement  épaisse  qu'il  fallait  la  retirer  avec  les 
doigts  comme  des  filaments  ;  elle  se  coagulait  dans  l'urinoir  en  une  masse, 
et  ne  pouvait  être  transv:isée  sans  qu'on  y  ajoutât  de  l'eau.  Ces  accidents 
étaient  accompagnés  d'une  insomnie  telle  qu'elle  résista  à  12  grains  d'opm?» 
correclum.  Il  survint  de  l'amaigrissement,  et  trois  semaines  après,  les 
pieds  s'étant  gonflés,  le  malade  fit  usage,  pendant  quatorze  jours,  de  spi- 
ritu  vitrioli  sale  terrœ  natrito  et  coagulato.  Il  fut  purgé  deux  fois  avec 
de  l'extrait  de  rhubarbe  et  obtint  sa  guérison.  » 

Dans  des  cas  analogues  au  précédent,  il  sera  toujours  facile  de  distinguer 
les  filaments  muqueux  et  glaireux,  capilliformes,  des  vérilables  poils  ;  mais 
un  examen  plus  attentif  est  nécessaire  lorsqu'il  s'agit  de  déterminer  la  na- 
ture de  certains  filaments  piliformes  qu'on  observe  dans  quelques  sédi- 
ments de  l'urine  recueillis  sur  le  filtre  et  desséchés.  Lorsqu'un  sédiment 
rose  ipink)  (1)  est  séparé  de  l'urine  par  la  filtralion,  dit  M.  Brctt,  la  masse 
qui  reste  sur  le  filtre  est  douce  au  loucher,  et  les  particules  qui  la. compo- 
sent étant  d'une  excessive  finesse,  leur  cohésion  est  plus  marquée  que  dans 
les  sédiments  d'acide  urique.  Lorsqu'on  laisse  sécher  sur  le  filtre  ces  sédi- 
ments rosacés,  ils  peuvent  s'enlever  en  masse  sans  que  les  particules  qui 
les  forment  se  séparent.  Dans  uu  grand  nombre  de  dépôts  de  cette  espèce, 
continue  M.  Brett,  les  particules  qui  les  composaient  étaient  réunies  par  des 
filaments  d'une  structure  délicate,  semblables,  en  apparence,  à  des  j^oils 
fins  et  très-courts.  Ces  filaments,  par  leur  entrelacement,  formaient  une 
sorte  de  réseau  sur  lequel  les  sels  étaient  déposés,  l^ar  l'ébuUition,  les  sels 
étaient  dissous,  et  cette  trame  filamenteuse,  restée  en  suspension,  devenait 
plus  apparente. 

M.  Brett  rapproche  ces  filaments  piliformes,  qu'il  a  aussi  observés  dans 
des  sédim.ents  phosphaiiques  des  poils  que  M.  Magendie  a  vus  réunissant  de 
petits  graviers  et  qu'il  a  désignés  sous  le  nom  de  gravelle  pileuse  ;  mais  ils 
doivent  en  être  distingués. 

(1)  Brett,  On  urinaby  deposits  (The  London  medicaX  Gazette,  t.  XVII, 
-?.  844). 


Ou  a  souveut  observé,  dans  lescalculg,  des  filaments  qui  simulaient  des 
poils;  une  pierre  calcaire,  du  volume  d'une  pelile  noJselte,  rendue  sponta- 
nément par  un  homme  qui  avait  réclamé  les  soins  de  M.  Civiale  (1),  con- 
tenait des  filaments  muqueux  ressemblant  à  un  paquet  de  cheveux.  De 
tels  filaments  peuvent  être  facilement  distingués,  au  microscope,  des  véri- 
tables poils,  en  ce  qu'ils  n'en  ont  ni  la  régularité  ni  la  structure.  Les  cris- 
taux ou  la  poudre  amorphe  déposés  dans  ces  filaments  peuvent  être  facile- 
ment reconnus,  à  un  fort  grossissement  et  à  Taidc  de  réactifs  ;  le  mucus 
perd  alors  l'apparence  d'une  substance  organise». 

3*  Filaments  d'albumine  coagulée.  —  M.  Golding  Bird  (2)  dit  qu'on 
a  quelquefois  pris  pour  des  poils  de  petits  tubes  vermiculaires  d'albuiblne 
coagulée  qu'on  observe  souvent  dans  le  sédiment  de  l'uriue  des  iudividrts 
atteints  de  la  maladie  de  Bright,  et  dont  le  diamètre  correspond  exartcmeât 
à  celui  des  tubes  orinifères. 

il  résulte  de  mes  observations  que  ces  petits  tubes,  quelquefois  par8««r»é5 
de  globules  grusseux,  sont  bien  plus  souvent  le  produit  d'une  desquam- 
malion  de  l'épithélium  des  canaliculi  des  reins,  reconnaissable  aux  cellules 
qui  lui  sonl  propres,  que  de  petits  dépôts  albumioeux.  Ces  petits  tubes  né 
pouvant  être  distingués  généralement  qu'à  l'inspection  microscopique,  ils 
doivent  avoir  été  bien  rarement  pris  pour  des  poils,  si  cette  erreur  a  jamais 
été  commise. 

h*  Il  se  développe  quelquefois  assez  rapidement  dans  les  urines  plus  eu 
moins  chargées  de  mucus,  d'albumine,  etc.,  surtout  pendant  les  chaleurs 
de  l'été,  de  véritables  conferves  reconnaissables  à  leurs  cloisons  ou  à  leurs 
sporules.  Ces  filaments,  simples  ou  ramifiés,  seront  toujours  facilement  dis- 
tingués des  poils.  Cette, disposition  ramifiée  servira  toujours  à  distinguer 
les  mycélium  des  muscidines  qui,  au  bout  d'un  certain  temps  se  dessinent 
avec  tous  leurs  car,^ctères  à  la  surface  de  l'urine. 

Je  dois  prévenir  aussi  les  jîersonnes  qut  briseront  des  calculs,  extraits 
depuis  un  certain  temps  de  la  vessie,  dans  le  but  d'étudier  les  fi!àfiieots 
que  ces  calculs  présentent  quelquefois  dans  leur  intérieur,  qu'elles  j)Our- 
ronl  rencontrer  une  espèce  de  penieilHutrij  facile  à  distinguer,  au  micro- 
scope,  des  véritables  poils. 

5"  Si  des  fis  de  /i»,  de  coton  ou  dé  soie  sont  ajoutés  àccirtentelleftteal 
ou  artificieuseraent  à  l'urine,  au  microscope,  on  les  reconnaîtra  aisément. 

(1)  Civiale,  Tmité  de  l'affectïoiv  calcoLeosë,  p.  77.  îà-i".  Patis,  183S. 

(2)  Golding  Bird,  ouvrage  cité. 


215 
Ces  fils  sont  souvent  teiuls  en  jaune,  en  bleu,  en  rose,  en  vert,  etc. ,  cou- 
leurs que  les  poils  ou  les  cheveux  ne  présentent  jamais. 

En  outre,  ces  fils  ont  des  apparences  particulières,  lorsqu'on  les  examine 
au  microscope. 

Les  fih  de  lin  sont  des  filaments  ordinairement  cylindriques,  oiïrant 
de  loin  en  loin  et  irrégulièrement  des  raies  ou  stries  transversales ,  des 
nœuds  ou  des  renflements.  Le  plus  souvent  des  fibrilles  se  détachent 
de  différents  points  de  leur  longueur,  en  leur  donnant  un  aspect  ramifié. 
Néanmoins  des  fils  de  lin  provenant  d'une  toile  très-fine  et  usée  pour- 
raient facilement  être  pris  pour  des  poils;  j'ai  failli  commettre  cette  erreur 
en  examinant  des  filaments  mêlés  à  des  débris  de  calculs  extraits  par  la  li- 
thotritie;  ces  filaments,  du  diamètre  d'un  centième  de  millimètre  environ, 
étaient  en  effet  cylfndriquçs  et  présentaient  un  canal  central  ;  ils  provenaient 
certainement  du  linge  avec  lequel  on  avait  nettoyé  le  Hlhotriteur.  On  peut 
les  distinguer  des  poils,  en  ce  qu'ils  ne  présentent  pas  comme  ceux-ci,  à 
leur  surface,  des  stries  sinueuses  formaul  des  espèf'es  de  squarames,  et  en 
ce  qu'ils  oiTrent  un  reflet  légèrement  jaunâtre  ou  verdâtre;  en  outre,  si  on 
les  suit  dans  toute  leur  longueur,  après  les  avoir  humectés  avec  de  l'eau, 
on  constate  ordinairement  soit  dans  une  certaine  étendue,  soit  sur  quelque 
point  circonscrit,  un  élargissement  pouvant  aller  à  deux  ou  trois  fois  le 
diamètre  des  filaments,  qui  est  en  même  temps  aplati. 

Les  fils  de  soie  oflTrenl  l'apparence  d'une  substance  homogène  qui  ne  pos- 
sède ni  moelle  centrale,  ni  les  stries  squammeuses  des  productions  pi~ 
leuses. 

Les  fils  de  coton  ont  l'aspect  de  rubans  réguliers,  partout  égaux.enrou- 
lés  sur  eux-mêmes  en  spirale  et  limités  par  une  strie  marginale  bien  accen- 
tuée. Les  poils  de  l'homme,  les  cheveu*,  la  laine,  ne  sont  jamais  rubanés, 
quoiqu'ils  ne  soient  pas  toujours  parfaitement  cylindriques.  Ils  n'ofl'rent  ja- 
mais non  plus  de  nœuds  ou  de  renflements  ;  s'ils  se  divisent  en  fibrilles,  ce 
n'est  ordinairement  que  par  leurs  extrémités  ;  enfin,  l'on  peut  y  recon- 
naître soit  une  moelle  centrale,  soit  à  la  surface  des  stries  transversales 
sinueuses  qui  donnent  à  la  substance  corticale  une  apparence  squammeuse. 
Ces  détails  ne  paraîtront  pas  trop  minutieux  à  ceux  qui  savent  toutes  les 
chances  d'erreur  qu'offre  l'étude  de  la  pili-miction.  Pour  n'en  citer  qu'un 
exemple  :  une  femme  atteinte  d'un  rhumatisme  s'élant  enveloppé  l'épaule 
avec  de  la  ouate,  en  avait  laissé  tomber,  par  mégarde,  quelques  fils  dans 
bocal  qui  avait  reçu  son  urine.  A  l'inspection  microscopique,  nous  recon 
nûmes  la  nature  de  ces  filaments,  qui  avaient  l'ajjparence  de  poils. 


216 
Les  poils  de  /'/tomme  diffèrent  des  poils  du  chien,  du  chat,  de  la  ftr«- 
6i5,f<c.,  par  des  caractères  lacilesàsaisir,  en  comparant  entre  elles  les  figures 
que  j'en  ai  données.  La  connaissance  de  ces  caractères  est  nécessaire 
pour  mettre  à  l'abri  de  méprises  presque  inévitables  sans  l'examen  mi- 
croscopique. Un  homme  atteint  d'une  néphrite  albumineuse  avait  souvent 
remarqué  dans  son  urine  des  espèces  de  poils  très-fins  ;  il  m'en  remit  un  cer- 
tain nombre  :  or,  après  avoir  examiné  ces  corps  piliformes,  nous  recon- 
Dûmes,  M.  Davaine  et  moi,  que  c'étaient  des  parcelles  de  laine  et  des  poils 
de  lapin  diversement  colorés,  qui,  tombés  accidentellement  dans  le  vase  de 
nuit,  avaient  trompé  le  malade  dont  je  ne  peux  d'ailleurs  soupçonner  la 
bonne  foi. 

SÉSOMÉ. 

Les  poils  qu'on  observe  quelquefois  dans  les  voies  urinaires,  dans  l'u- 
rine, la  gravelle  ou  les  calculs,  peuvent  avoir  une  triple  origine  :  ils  peu- 
vent :  1°  s'être  formés  dans  les  voies  urinaires  (tricbiasis);  %  provenir  de 
kystes  pileux  ouverts  dans  la  vessie  ;  3"  avoir  été  introduits  du  dehors. 

i°  Le  trichiasïs  des  voies  urinaires  est  une  maladie  très-rare,  qui  doit 
être  inscrite  dans  nos  cadres  nosologiques.  Elle  l'est  certainement  beau- 
coup plus  qu'elle  ne  paraît  l'être  d'après  le  nombre  d'observations  de  tri- 
cbiasis déjà  publiées.  Le  chiffre  de  ces  observations  se  réduit  beaucoup 
lorsqu'on  écarte  celles  dans  lesquelles  l'urine  n'a  pas  été  examinée  au  mo- 
menl  de  son  émission,  et  celles  dans  lesquelles  l'existence  de  véritables  poils 
d'homme  dans  l'urine  ou  dans  des  graviers  n'a  pas  été  suffisamment  établie. 

Le  tricliiasis  est  caractérisé  par  l'émission  de  poils  avec  l'urine  non 
sensiblement  altérée  dans  son  apparence  et  sa  composition,  ou  avec  l'urine 
plus  ou  moins  chargée  de  mucus,  de  sang  ou  de  pus.  Ces  poils  peuvent 
aussi  être  enchevêtrés  dans  du  sable  urique,  ou  dans  des  graviers  phos- 
phatiques,  ce  qui  conslilue  alors  l'union  du  trichiasis  à  la  gravelle.  Les 
poils  peuvent  aussi  être  déposés  à  la  surface,  ou  disséminés,  dans  l'inté- 
rieur de  calculs  d'une  composition  plus  ou  moins  complexe. 

Dans  le  trichiasis,  l'émission  des  poils  avec  l'urine  peut  quelquefois  s'o- 
pérer presque  sans  douleur  et  même  à  l'iosu  des  malades  -:  c'est  le  cas  du 
trichiasis  simple.  Plus  souvent  le  trichiasis  est  accompagné  de  diverses 
complications ,  de  dysurie,  d'urines  sanguinolentes  ou  purulentes,  et 
d'autres  accidents  propres  à  diverses  maladies  des  voies  urinaires.  L'émis- 
sion <ies  poiis  peui  n'avoir  lieu  que  pendant  un  temps  assez  court,  et  ne  se 
produire  qu'à  des  intervalles  plus  ou  moins  éloignés. 


217 

Les  causes  de  celte  singulière  afleclion  sont  complètement  ignorées  ;  il 
résulte  seulement  de  l'analyse  des  faits  observés  qu'on  l'a  vue  le  plus  sou- 
vent coexister  avec  une  inflammation  de  la  membrane  muqueuse  des  voies 
urinaires,  avec  des  graviers  ou  des  calculs. 

Le  trichiasis  a  été  observé  chez  l'enfant,  chez  l'adulte  elle  vieillard,  chez 
l'homme  et  chez  la  femme. 

On  ne  sait  encore  rien  sur  la  disposition  des  poils  et  sur  l'état  anatomi- 
que  de  la  membrane  muqueuse,  du  bassinet  et  de  la  vessie  dans  le  trichia- 
sis des  voies  urinaires,  Maurice  Hoffmann  et  Bichat  ayant  malheureusement 
négligé  l'examen  de  celle  membrane  dans  les  deux  cas  où  ils  ont  constaté 
l'exislence  de  poils  dans  les  voies  urinaires  après  la  mort. 

Lorsque  le  trichiasis  coïncide  avec  la  gravelle  urique,  l'usage  des  alcalis 
est  indiqué  comme  dans  le  cas  de  simple  gravelle;  l'emploi  des  acides 
serait  préférable  s'il  s'agissait  de  la  gravelle  phosphatique  enchevêtrée  de 
poils. 

Quant  aux  remèdes  qui  ont  été  employés  avec  plus  ou  moins  de  succès 
dafiS  les  inflammations  des  voies  urinaires  compliquées  de  trichiasis,  ils 
appartiennent  presque  tous  à  la  catégorie  de  ceux  qu'on  recommande  géné- 
ralement contre  ces  inflammations  elles-mêmes. 

2»  La  pili-miction  provenant  de  kystes  pileux  constitue  un  état  patho- 
logique bien  distinct  du  précédent  et  comme  lui  fort  rare.  Ces  cas  de  pili- 
miction  n'ont  été  observés  que  chez  la  femme ,  mais  ces  faits  sont  en  géné- 
ral des  plus  authentiques.  Cette  émission  de  poils  avec  l'urine  se  distingue 
du  trichiasis  par  l'existence  d'une  tumeur  le  plus  ordinairement  située  au 
voisinage  d'un  des  ovaires,  et  qu'on  pourra  reconnaître  à  l'aide  d'une  ex- 
ploration attentive  de  la  vessie  et  des  autres  organes  de  l'hypogastre  par  le 
rectum  et  par  le  vagin.  La  connaissance  des  accidents  antérieurs  à  la  pili- 
miction  contribue  aussi  à  éclairer  le  diagnostic,  que  d'autres  circonstances, 
telles  que  l'émission  ou  l'extraclion  parl'urèire  de  petites  portions  de  peau 
couvertes  de  poils,  de  fragments  d'os,  des  dents,  elc,  pourront  rendre  tout 
à  fait  certain.  Plusieurs  observations  que  j'ai  rapportées  montrent  que  le 
chirurgien  peut  quelquefois  venir  très-efficacement  en  aide  aux  efforts  de  la 
nature  en  favorisant  l'expulsion  des  poils,  des  dents,  des  calculs,  ou  en 
pratiquant  leur  extraction. 

3»  L'introduction  dans  la  vessie  de  poils  venant  du  dehors  est  égale- 
ment un  fait  rare ,  mais  plusieurs  fois  constaté.  On  a  vu  une  mèche  de 
cheveux,  introduite  volontairement  dans  la  cavité  de  cet  organe,  devenir 
le  noyau  d'un  calcul.  J'ai  cité  une  observation  qui  tend  à  prouver  qu'un 


218 
poil  du  pubis  a  pu  pénétrer  dans  la  vessie  par  une  fistule  ombilicale.  Sui- 
vant quelques  chirurgiens,  des  poils  pourraient  encore  être  portés  dans  la 
vessie  dans  l'opération  du  calhétérisme.  Enfin  j*ai  trouvé  moi-même  assez 
fréquemment  des  poils,  des  lits  de  laine,  de  lin  et  de  coton  dans  des  débris 
de  calculs,  pour  être  conduit  à  penser  que  les  mors  du  lithotriteur  avaient 
pu  retenir  ces  matières  et  les  porter  dans  la  vessie. 


FIN  DES  MÉMOIRES. 


PLANCHES. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


ht»  <lCMto«  ont  été  faits  d'après  nature  par  M.  le  Doctear  Davaire. 

PLiNCHE  I. 

(Mémoires,  page  167.) 

Dans  cette  planche,  on  a  donné  les  caractères  microscopiquee  de  divers  poils 
et  de  filaments  qui  peuvent  se  rencontrer  accidentellement  dans  l'urine. 

Les  figures  1, 2,  3,  4,  5.  6,  7,  15,  16,  IS,  ont  été  faites  à  un  grossissement  de 
340  fois. 

Cheveu  blond  très-fin. 
Poil  du  pubis. 

Poil  follet  d'un  enfant  de  3  ans  (corps  et  pointe). 
Poil  de  chien. 
Poil  de  chat. 

Poil  de  lapin  (deux  apparences). 

Laine  très-fine;  l'un  des  filaments  est  brisé  en  pinceau, 
comme  on  l'observe  dans  la  laine,  les  cheveux  ou  dans  les 
autres  poils  usés. 
Poil  de  l'estomac  du  cheval  (grandeur  naturelle). 
Le  même,  vu  implanté  sur  la  membrane  muqueuse  et  grossi 
environ  10  fois. 
FiG.  10.  Le  même  grossi  42  fois,  avec  la  portion  de  membrane  mu- 

queuse qu'il  traverse. 
FiG.  11,  12,  13.    Autres  poils  de  l'estomac  du  cheval  dont  l'extrémité  libre  est 
entourée  d'une  gaine  de  matière  amorphe  (grossis  42  fois). 
Fie.  14.  Un  autre  compléicment  isolé  (grossi  42  fois). 

FiG.  15, 16.  Racine  de  deux  poils  de  l'estomac  du  cheval  (grossie  340  fois), 

présentant  le  renflement  terminal  dans  lequel  le  canal  mé- 
dullaire pariiît  se  continuer  en  s'évasant  (cavité  du  bouton  7). 
La  figure   J6  montre  une  membrane  régulièrement  plissée 
qui  appartient  probablement  au  bulbe  de  ce  poil. 
FiG.  17.  Extrémité  libre  d'un  auire  poil,  grossie  107  fois,  avec  sa  gaine 

de  matière  amorphe  brisée. 
Fie.  18.  Filaments  de  lin  très-fins,  grossis  340  fois,  ofl"rant  un  canal 

central  qui  pourrait  être  pris  pour  le  canal  médullaire  d'ua 
poil,  a  Élargissement  caractéristique  de  ces  filaments,  b  Fil 
se  divisant  en  fibrilles. 
Fie.  19.  Filaments  de  coton  grossis  107  fois. 


FiG. 

1. 

FiG. 

2. 

FiG. 

3. 

FiG. 

b. 

Fie. 

5. 

FiG. 

6. 

Fie. 

7. 

FiG. 

8. 

FlG. 

9. 

PII. 


Ltveillt  M 


Imp  Lemeraer.Psns 


PLANCHE  n. 

(Mémoires,  page  167.) 


FiG.    1.  Petits  poils  rendus  par  l'enfant  dont  l'observation  est  rapportée 

dans  ce  mémoire  (obs.  XII). 
FiG*    2.  Masse  de  poils  mélangée  de  sable  urique  et  rendue  par  le  même 

enfant  (vue  à  la  loupe). 
Un  de  ces  poils  recouvert  d'acide  urique. 
Extrémité  bulbaire  d'un  poil  rendu  dans  une  autre  émission 

par  le  même  enfant  (grossie  42  fois). 
Extrémité  libre  du  même  poi!. 
Même  poil  grossi  540  fois.  La  flg.  6  montre  une  portion  du  poil 

(vers  !a  racine)  dans  laquelle  la  moelle  est  très>apparente  ;  la 

flg.  7  le  corps,  la  fig.  S  la  pointe  du  poil. 
FiG.    9.  Poil  rendu  dans  une  autre  émission  par  le  même  enfant  (grossi 

640  fois). 
FiG.  10.  Graxelle  phospbatique  déposée  sur  des  poils  (d'après  M.  Ma- 

gendie). 
FiG.  11.  Calcul  vésical  ayant  un  poil  pour  noyau  (obs.  de  M.  W.  Paget). 

Fie.  12.  Poil  encroûté  d'acide  urique  (d'après  M.  Goiiling  Bird,  fig.  20). 

FiG.  13.  Poil  encroûté  de  matière  calculeusc,  dans  des  débris  ramenés 

par  la  lithotritie. 
Fig.  14.  Morceau  de  peau  couverte  de  poils,  extrait  de  la  vessie  d'une 

femme  atteinte  d'un  kyste  pileux  (d'après  Delpech}. 


Fig. 

3. 

Fig. 

4. 

Fig. 

&. 

Fig. 

6, 

7, 

8. 

PI  n. 


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10 


^^>Mêidjt> 


12 


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7Jn/5  Lemercier.Pam 


PLANCHE  m. 

(Mémoires,  page  1S7.) 

Fi6.  1.  Poil  très-long  traversant  nn  fragment  de  calcul  extrait  par  la  lithotritie 
(ce  poil  a  peut-être  été  porté  dans  la  vessie  par  le  lithotriteur). 

FiG.  2.  Fragments  de  calculs  ramenés  par  la  lithotritie.  Les  filaments 
nombreux  qui  les  unissent  sont  des  fils  de  lin  qui  ne  peuvent  pro- 
venir que  de  la  toile  avec  laquelle  le  lithotriteur  avait  été  nettoyé. 

FiG.  3.  Filament  de  mucus  (grossi)  provenant  du  dépôt  d'une  urine  dans  la- 
quelle on  apercevait  un  grand  nombre  de  stries  très-fines. 

FiG.  4.  Le  même  filament,  grossi  350  fois,  sur  lequel  on  voit  des  urates  en 
poudre  amorphe. 

FiG.  5.  Filament  provenant  de  l'urètre  d'un  individu  qui  avait  eu  une  bl«n- 
norrhagie  chronique  (grandeur  naturelle). 

FiG.  6.  Portion  du  même  filament  grossi  290  fois.  Ce  filament  est  formé  par 
des  lamelles  épithéliales  et  des  globules  de  pus. 

FiG.    7.    Les  mêmes  globules  grossis  340  fois  et  traités  par  l'acide  acétique. 

FiG.  8.  Pénicillium  développé  entre  les  couches  d'un  calcul  rénal  dont  la 
surface  n'olîrait  aucune  Gssure  (grossi  485  fois). 

Fie.  9.  Filaments  confervoides  observés  dans  une  urine  neutre  et  purulente, 
au  moment  de  l'émission.  L'urine,  extraite  par  la  sonde  et  examinée 
immédiatement,  contenait  un  grand  nombre  de  ces  filaments  (gros- 
sis 340  fois). 

FiG.  10.    Les  mêmes  filaments  grossis  700  fois. 

FiG.  11.  Conferve  développée  dans  le  dépôt  d'une  urine  albumineuse  (grossie 
350  fois). 


PI. in. 


Liveîllehth. 


Inip  L  emeraer,  PârJi 


TABLE  DES  MÉMOIRES 


DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  BIOLOGIE. 


I.  Mémoire  sur  la  mort  apparente  des  nonveau-nés;  par  M.  Cazeaux.    ...       3 
7.  Recherches  sur  les  propriétés  physiologiques  et  thérapeutiques  du  bromure 

de  potassium  ;  par  M.  Cb.  Huetie 19 

3.  Histoire  et  systématisation  générale  delà  physiologie;  par  M.  L.-A.  Segond.      3i 

4.  Recherches  sur  les  propriétés  physiologiques  de  l'étber  iodhydrique.  Induc- 

tions thérapeutiques;  par  M.  Ch.  Uuetle 47 

5.  Réflexions  sur  la  fièvre  intermittente  simple  chez  les  enfants  nouveau-nés  et 

à  la  mamelle;  par  M.  Guiet. ss 

C.  Examen  d'une  main  et  de  la  moitié  inférieure  do  l'avant-bras  affectés  d'élé- 
pbantlasis  des  Arabes;  par  MM.  Rayer  et  Davaine.  (Pièce  adressée  à  la  So- 
ciété par  M.  L'Herrainier.) 67 

7.  Sur  la  nature  et  les  causes  des  suppurations  bleues;  par  M.  le  professeur  Sé- 

diliot 73 

8.  Note  sur  une  nouvelle  variété  d'oblitération  des  voies  sperraatiques  ;  par 

M.  L.  Gosselin 83 

9.  Observations  sur  le  développement  du  cœur  et  de  l'aorte  pendant  les  cent 

quaranle-quatre'preniiéres  heures  de  l'inoculation  ;  par  MM.  Prévost  (de  Ge- 
nève) et  Lebert 89 

10.  Duplicité  de  la  face  chez  les  oiseaux;  par  M.  Davaine 97 

11.  Recherches  sur  les  globules  blancs  du  sang;  par  le  même .    103 

la.  Monstre    célosomien    du    genre    agénosorae  (Geoffroy-Saint-Hilaire);  par 

M.  Houel 107 

13.  Observalions  sur  Ir  développement  de  la  substance  et  du  tissu  des  os;  par 

M.  Charles  Robin ii9 

14.  De  la  nature  locale  ou  générale  des  tumeurs;  par  M.  Lebert i45 

15.  Sur  un  cas  douteux  de  farcin  chronique  (observation  recueillie  dans  le  ser- 

vice de  M.  Michel  Lévy,  au  Va!-de-Grâce;  par  M.  Tholozan 159 

16.  Recherches  sur  le  triciiiasis  des  voies  urinaires  et  sur  la  pili-miction;  par 

M.  Rayer 187 


riV    DB   LA   TABLE   DES    MEMOIRES. 

15 


TABLE  ANALHIQUE  DES  HATIËRES 


CONTENUES 


DANS  LES  COMPTES  RENDUS  ET  LES  MÉMOIRES 

DE  liA  SOCIÉTÉ  DE  BIOIiOCïIE 

POUR  l'année  1850  (1). 


Allantoîde.  —  Note  sur  la  présence  du  sucre  dans  las  liquides  amniotique  et 

allantoïdien;  par  M.  Cl.  Bernard !74 

Amnios.  —  Hémorrhagie  dans  l'amnios  de  p'usieurb  embryons  chez  une  lapine 

morte  de  pleurésie;  par  M.  Brown-Séquard.    ...........      7T 

Note  sur  la  présence  du  sucre  dans  les  liquides  amniotique  et  allantoïdien.    .    174 

Anatomie  normale. —  De  la  corrélation  existant  entre  le  développement  de 

l'utérus  et  celui  de  la  mamelle;  par  M.  Cb.  Robin l 

Origine  du  nerf  facial  au-dessous  de  l'entre-croisemenl  des  pyramides;  expli- 
cation anatoraique  de  la  paralysie  croisée  de  ce  nerf;  par  M.  Jobert  (de  Lam- 

balle) 5 

Anatomie  et  pathologie  des  glandes  de  Méry,  connues  sous  le  nom  de  glandes 

de  Cowper;  par  M.  Gubler. 22 

Examen  microscopique  de  l'urine  de  l'homme;  par  MM.  Robin  et  F.  Verdeil.    .      75 
Sur  les  dénominations  des  diverses  parties  de  i'inlcstin  par  les  auteurs  grecs 

et  latins;  par  M.  Segond 67 

Analyse  anatomique  et  chimique  du  sang  ;  par  MM.  F.  Verdeil  et  Ch.  Dollfus.  .      79 

Note  sur  le  volvox  globater;  par  M.  Laurent U4 

Glande  caudale  des  couleuvres;  par  M.  Ougés 131 

(1)  Le»  paKM  indlqoéen  k  In  marge  sont  caIIpi  det  CoarTEs  ke>ibu«.  Lei  renroii  tox  MÉiioi*t> 
i«nt  apécifléa. 


29206 


IIS 

Du  fluide  nourricier  des  vers  à  soie  ;  par  M.  Guériii-Méneville iS8 

Sur  les  vaisseaux  des  épiplooits  lombaires  de  la  loarinoUe;  par  MM.  Valen- 

ciennes  et  Cl.  Bernard i60 

Sur  la  nature  et  les  fonctions  de  l'organe  palatin  des  cyprins;  par  M.  Davaine.    181 
Coloration  de  la   membrane   muqueuse  de  l'utérus  par    un   pigment;    par 

M.  Goubaux ' t93 

Observations  sur  le  développement  du  coeur  et  de  l'aorte  pendant  les  cent 

quarante-quatre  premières  heures  de  l'incubation;  par  MM.  Révosl  (de  Ge- 

nève)  et  Lebert.  (Mémoires,  p.  89.) 
Recherches  sur  les  globules  blancs  du   sang;  par  M.   Davaine-  (Voyez   les 

Mémoires,  p.  i03.) 
Observations  sur  le  développement  de   la  substance  et  du  tissu  des  os;  par 

M.  Ch.  Robin.  (Mémoires,  p.  119.) 

Anatomie  pathologique.  —  Sur  la  structure  d'un  épulis  du  maxillaire  infé- 
rieur; par  M.  Ch.  Robin 8 

Kyste  osseux  ou  dentaire  trouvé  dans  la  mâchoire  inférieure  d'un  cheval;  par 

M.  Leblanc 3& 

Cas  de  déformation  de  la  tête  de  l'humérus  par  compression;  par  M.  Morel- 

Lavallée 36 

Cas  d'hypertrophie  libroso-glandulaire  des  glandes  de  Méry;  par  M.  Gubler.    .  50 

Sur  les  débris  d'une  grossesse  extra-utérine;  par  M.  Jobert  (de  Lamballe).    .  5i 
Ossification  trés-éiendue  du  péricarde  viscéral  au  niveau  de  l'oreillette  droite; 

rupture  de  cette  même  oreillette,  par  M.  Verneuil 75 

Sur  une  tumeur  du  scrotum;  par  M.  Jobert  (de  Lamballe) 78 

Kystes  épilhéliaux  chez  le  bœuf;  par  M.  Foliin 84 

Ostéosarcome  du  bassin;  par  M.  Bouchut 83 

Sur  un  cas  de  tumeur  encéphaloïde  inlra-crânienne;  par  M.  Gubler.    ...      86 

Sur  deux  cas  où  riniesiin  offrait  un  diverticulum;  par  M.  Verneuil 101 

Note  sur  des  tumeurs  indéterminées  des  os  maxillaires  du  bœuf;  par  M.  Da- 
vaine   119 

Observation  sur  une  tumeur  épilhéliale   du  cuir  chevelu,  ayant  détruit  en 
partie  les  os  de  la  voûte  crânienne  et  présentant  une  structure  toute  spéciale  ; 

par  M.  Rouget 121 

Rapport  sur  l'observation  précédente  ;  par  M.  Lebert 124 

Tumeur  enkystée  d'une  glande  sébacée  montrant  le  conduit  excréteur  obli- 
téré; par  M.  Lebert I26 

Placentas  provenant  de  femmes  syphilitiques  ;  par  M.  Lebert 137 

Production  cornée  au  front;  examen  microscopique;  par  M.  Lebert 138 

Examen  microscopique  d'un  dépdt  d'urato  alcalin  (topbus)  dans  les  articula- 
tions du  tarse;  par  M.  Rouget 136 

Kyste  pileux  de  l'ovaire;  par  M.  Foliin 139 

Lipome  de  la  cavité  abdominale;  par  M.  Moynier 139 

Sur  un  cas  de  fausse  articulation,  à  la  suite  d'une  fracture  de  l'extrémité  infé- 
rieure du  corps  de  l'humérus;  par  M.  Désir 163 

Dilatation  de  l'urètre  et  du  i-eiu  gauche  ;  par  M.  Laboulbéne I66 

Hypertrophie  des  plaques  de  reyer;  par  M.  Foliin 174 

Examen  d'un  œil  opcre  do  la  calar.-icic  par  extraction,  quinze  ans  avant  la 

mort  du  malade  :  par  jM.  Foliin 176 

Tumeur  obstTvce  dans  la  t'ossc  sus-sphcnoïdale:  par  M.  L.  Ilirchfeld.    .    .    .  187 
Note  sur  Phypertrophie  âc  la  lueinLiiAne  interne  du  gésier,  observée  sur  deux 

gallinacés;  par  MM.  Labo'Jlhcnfï  et  Kouret I88 


229 

Obserralioti  de  luialion  gpunlanée  incomplète  de  la  rolule  en  deliors;  par 
M.  Venieuii 199 

Observation  lie  pleurésie  ;  par  M.  Gubler 301 

Examen  d'une  main  et  de  la  moitié  inférieure  de  l'avant-'bras  affectés  d'élé- 
phaniiasis  des  Arabes;  par  MM.  Rayer  <>t  Oavaine.  (.Pièce  adressée  à  la  So- 
ciété, par  M.  L'Bertninier.)  (Mémoires,  p.  <>7.) 

Sur  la  nature  locale  ou  générale  des  tumeurs;  par  M.  Lebert.  (Mémoires, p.  145.) 

Anencépbalie.  —  Observation  d'un  foetus  anencéphale;  par  M.  Ollier.    ...  106 

Remarques  sur  l'observation  précédente;  par  M.  Davaine 103 

Eiamen  d'un  fœtus  monstrueux  anencéphale  (pseudencéphale)  manquant  de 

neï  et  d'yeux;  par  M.  Gosselin HT 

Anestbésie.  —  Cas  d'aneslhésie  sans  paralysie  du  mouvement;  par  M.  Lebret.       3 
Explication  de  l'hémiplégie  croisée  du  sentiment;  par  M.  Brown-Séquard.  .    .      70 

Anévrisnae.  —  Anévrisme  de  l'aorte  abdominale  prés  de  sa  terminaison;  par 
M.  Boullay 31 

Anomalies.  —  Voyez  Tératologie. 

Aorte.  —  Anomalies  de  dimensions  de  l'aorte;  par  M.  Verneuil 1X6 

Observations  sur  le  développement  du  cwur  et  de  l'aorte  pendant  les  centqua* 
rante-quatre  premières  heures  de  l'incubation;  par  MM.  Prévost  (de  Genévej 
et  Lebert.  (Mémoires,  p.  89.) 
Voyez  Anévrisme. 

Artères.  —  Hémorrhagio  cérébrale  par  suite  de  la  rupture  d'une  branche  de 

l'artère  méningée  moyenne;  par  M.  Duplay .     .    .    i46 

Anastomose  de  l'artère  vertébrale  avec  la  cervicale  profonde;  par  M.  A. 
Leroux '96 

Asphyxie.  —  Voyez  Mort. 

B 

Bassin.  —  Voyez  Osléosarcomc. 

Bile.  —  Oblitération  de  la  vésicule  biliaire  par  un  calcul  ;  analyse  du  liquide  mu- 
queux  dont  elle  était  remplie;  par  M.  Gubler  (analyse  faite  par  M.  Qué- 
venne) '** 

Botanique.  —  Sur  les  fumagines  de  Persoun;  par  M.  C.  Montagne ai 

Sur  une  maladie  de  la  vi^ne  causée  par  le  parasitisme  d'une  mucédinée  du 

genre  oidîM »i;  par  M.  C.  Montagne 95 

De  la  nature  des  coléorhizcs  et  du  mode  d'accroissement  de  l'écorce  chei  les 

racines  et  les  tiges  ;  par  M.  E.  Germain  (de  Saint-Pierre  ) m 

Sur  un  parasite  nouveau;  par  M.  U.  Germain  (de  Saint-Pierre) 156 

Sur  les  conferves  qui  croissent  dans  les  bassins  de  l'établissement  thermal  de 

Néris;  par  M.  Lebret i90 

Bromure  de  potassium.  —  Recherches  su'  !cs  propriétés  physiologiques  et 
thérapeutiques  du  bromure  «ic  potassium;  par  M.  Ch.  Huelte.  ^Mémoires, 
p.  19.) 

Bronches.  —  Helminthes  de  l'ordre  des  nématoïdes  de  Rudolphi  ou  cavitaires 
do  Cuvier,  trouvés  dans  les  moyennes  et  les  petites  bronches  des  deux  pou 
mon«  d'un  porc  âgé  d'un  an  ;  par  M.  Perrin i58 


230 


Caduque  (membrane).  --  Voyez  Utérus. 

Calculs.— Sur  un  calcul  salivaire  obstruant  le  conduit  de  Warthon;  par  M.  Jobert 

(de  Lamballe) 35 

Cervelet.  — Tumeur  du  cervelet  produisant  des  mouvements  convulsifs  et  la 

paralysie  du  même  côté  où  elle  siégeait;  par  M.  Mazier iG2 

Remarques  à  propos  de  l'observation  précédente;  par  M.  Browii-Séquard.    .     io4 

Chimie.  —  Examen  microscopique  de  l'urine  de  l'homme;   par  MM.  Charles 

Robin   et  F.  Verdeil 25 

Analyse  anatomique  et  chimi(]ue  du  sang  ;  par  MM.  F.  Verdeil  et  Cb.  Dollfus.  79 

Sur  un  procédé  d'analyse  des  urines  diabétiques;  par  M.  Uifi'elsbelm.    ...  è'i 

Concrétions  topbacées;  par  M.  Lecoule 139 

Oblitération  de  la  vésicule  biliaire  par  un  calcul;  analyse  du  liquide  niuqueux 

dont  elle  était  remplie;  par  M.  Gubler.  (Analyse  faite  par  M.  Quévenne.)    .  U4 
Nouveau  microscope  destiné  spécialetnenl  aux  recherches  chiraico-microsco- 

piques;parM.  Laurence  Smith I55 

Analyse  de  l'hydroferrocyanate  Ac  potasse  et  d'urée  ;  par  M.  Leconte.    .    .     .  203 

Circulation.  -  Rapport  sur  un  mémoire  de  M.  liilTeIsbeim ,  intitulé  :  Quelques 
observations  relatives  au  phénomène  de  la  circulatien  ;  par  MM.  Cl.  Bernard, 

et  Brown-Sequard  ,   rapporteur 30 

Sur  les  vaisseaux  des  épiploons  lombaires  de  la  marmoiie;  par  MM.  Valen- 
ciennes  et  Cl.  Bernard i6o 

Cœur. —.  De  l'arrêt  passif  des  battements  du  cœur  par  l'excitation  galvanique 
de  la  moelle  allongée  et  par  la  destruction  subite  du  centre  ccrcbro-racbi- 
dien  ;  par  M.  Brown-Séquard. -jû 

De  l'influence  des  nerfs  vagues  sur  les  battements  du  cœur;  par  M.  Brown- 
Sequard 45 

Apparition  de  la  rigidité  cadavérique  avant  la  cessation  des  battements  du 
CiKur;   par   M.  Brown-Séquard 191 

Observaiioiis  sur  le  uéveloi)pement  du  cœur  et  de  l'aorte  pendant  les  cent 
quarante-(|nalre  premières  heures  de  l'incubation;  par  MM.  Prévost  (de 
Genève)  et  Leberl.  (Mémoires,  p.  89.) 

Concrétions  topbacées.  —  Examen  microscopique  d'un  dépôt  d'urale  alcalin 

(lophus)  dans  les  articulations  du  tarse  ;  par  M.  Rouget I36 

Concrétions  tophacées;  par  M.  Leconte 139 

Conferves.  —  Voyez  Botanique. 

Contraction  musculaire.  —  D'une  action  spéciale  qui  accompagne  la  contrac- 
tion musculaire;  par  M.  Brown-Séquard iTi 

—  Voyez  Jabot  et  Peau. 

Convulsions.  —  Tournoiement  chex  un  enfant  ;  par  M.  Lebret 7 

Tumeur  du  cervelet  produisant  des  mouvements  convulsifa  et  la  paralysie  du 

même  côté  où  elle  sie^^ealt;  par  M.  Mazier 102 

Remarque  à  propos  de  l'observation  précédente;  par  M.  Brown-Séqtiard.  .  .  io4 
D'une  affection  convulsive  qui  survient  chez  les  animaux  ayant  eu  une  moitié 

latérale  de  la  moelle  épiniére  coupée;  par  M.  Brown-Séquard J05 

D'une  affection  convulsive  consécutive  à  la  section  transversale  complète  de  la 

moelle  épiniére;  par  M.  Brown-Séquard tes 


231 

Corne.  —  Production  cornée  au  front':  examen  microscopique;  par  M.  Lebert.  va 
Corps  étrangers.  —  Corps  étrangers  dans  les  canaux  excréteurs  des  glandes  ; 

par  M.  Goubaux •*>* 

Couleuvres.  —  Glande  caudale  des  couleuvres;  par  M.  Dugés I3l 

Viviparité  des  couleuvres;  par  M.  Dugés.        i35 

Crachats.  —  Voyez  Sucre. 
Curare.  —  Voyez  Poisons. 

CyoIop:e.  —  Quelques  remarques  sur  la  cyclopie;  par  M.  Davaine S7 

Cjrsticerques.  —  De  l'existence  conslanle  des  rysiicerques  chez  les  lapins,  et  de 

l'accroissement  simultané  de  ces  parasites  et  des  animaux  qui  les  portent; 

par  M.  Krown-Séquard '9 

D 

Déférents  (canaux).  —  Remarques  sur  un  cas  d'obstruction  des  canaux  défé- 
rents, accompagnée  de  douleurs  testiculaires;  par  M.  Duplay ii 

Voyez  :  Spermatiques  (voies). 

Dents.  —  Deux  cas  de  fusion  des  dents,  l'un  d'une  incisive  surnuméraire  avec 
une  incisive  normale,  chez  un  enfant,  l'autre  de  deux  molaires  chez  un 
adulte  ;  avec  des  remarques  sur  ce  vice  de  conformation  ;  par  M.  Davaine.  .      i$ 

Développement.  —  Voyez  Incubation. 

Diabètes.  —  Voyez  Sucre  et  Urine. 

DifiFomaités.  —  Voyez  Tératologie. 

£ 

Ëcorce.  —  Voyez  Botanique. 

Elépbantiasis  des  Arabes.  — Examen  d'une  main  et  de  la  moitié  inférieure  de 

l'avant-bras  affectés  d'élephantiasis  des  Arabes  ;  par  MM.  Rayer  et  Davaine. 

(Pièce  adressée  à  la  Société  par  M.  L'Berminier.  (Mémoires,  p.  67.) 

Eléphantiasis  des  Grreos.  —  Voyez  Lèpre. 

Empoisonnement.  —  Voyez  Poisons. 

Enfant.  —  Voyez  Nouveau-nés. 

Epulis.—  Sur  la  structure  d'un  épulis  du  maxillaire  inférieur  ;  par  M.  Ch.  Robin.        » 

Ether  iodhydrique.  —  Recherches  sur  les  propriétés  physiologiques  de  l'élher 
iodbydrique;  par  M.  Ch.  Huette.  (Mémoires,  p.  47.) 

F 

Facial  (nerf).  —  Origine  du  nerf  facial  au-dessous  de  l'enire-croisemenl  des  py- 
ramides; explication  analomique  de  la  paralysie  croisée  de  ce  nerf;  par 
M.  Jobei-t(de  Lamballe  ) 5 

Faroin. — Sur  un  cas  douteux  de  farcin  chronique  (observation  recueillie  dans  le 
service  de  M.  Michel  Lévy,  au  Val-de-Grâce);  par  M.  Tholozan.  (  Mémoires, 

p.  l.'iS.) 
Fièvre.  —  Voyez  Intermittente  (Fièvre). 
Fœtus.  —  Présence  du  sucre  dans  l'urine  du  fœtus  et  dan*;  les  liquides  am- 

miotique  et  allantoïdien  ;  par  M.  Cl.  Bernard 17* 

Voyez  Tératologie. 


232 

Foie. — Rupture  de  la  raie  et  (lu  foie;  pat  M.  Uuubaux 199 

Kystes  hydaliques  du  foie;  par  M.  Lebret , 199 

Fumaglnes.  —  Sur  les  fumagines  d    Persouii  ;  par  M.  C.  Montagne 21 

G 

Cale.— Du  sillon  dans  la  gale;  par  M.  Piogey 175 

Génitaux  (organes). —  Vice  de  conforiBation  des  org«nes  génitaux;  absence 

probable  de  la  partie  supérieure  du  vagin  ei  de  l'utérus  ;  hernie  des  deux 

ovaires;  par  M.  Cazeaux 12 

Voyes  Glandes  de  Méry,  Déférents  (canaux).  Hermaphrodisme,  Ovaires,  Sper- 

nialiques  (voies),  Utérus  et  Testicule. 

Glandes.  —  Glande  caudale  des  vipères  ;  par  M.  Dugés.    .    .    .    , 131 

Gl  ndes  de  Bléry.  —  Analotnie  el  pathologie  des  glandes  de  Méry,  connues 

sous  le  nont  de  glandes  de  Cooper;  par  M.  Gubler îî 

Cas  d'hypertrophie  libroso-glandulaire  des  glandes  de  Méry  ;  par  M.  Gubler.  .      50 
Glucose.  —  Voyez  Sucre. 
Grossesse  extra-utérine.  —  Sur  les  débris  d'une  grossesse  extr*-ulérine  ;  par 

M.  Jobert  (de  Lainballe) 51 

H 

Beliuintbologie.  —  Exposé  des  principales  observations  sur  les  anomalies  des 

helminthes;  par  M.  J-B. Chaussât 18 

Do  l'existence  constante  de  cysticerques  chez  les  lapins ,  el  de  l'accroissement 
simultané  de  ces  parasites  et  des  animaux  qui  les  portent;  par  M.  Brown- 
Séquard 79 

Note  pour  servir  à  l'histoire  des  hématozoaires;  par  M.  Follin 9i 

Sur  un  ver  vesiculaire  trouvé  dans  du  petits  kystes  à  la  surface  du  poumon  du 
lymax  rufus;  par  M.  Chaussai. 1S3 

Helminthes  de  l'ordre  des  hématoïdes  de  Kudolphi ,  ou  cavilaires  de  Cuvier, 
trouvés  dans  les  moyennes  el  les  petites  bronches  des  deux  poumons  d'un 
porc  âgé  d'un  an  ;  par  M.  Perrin tSS 

Hématémèse.  —  Hématémése  mortelle  symptomatique  d'ouvertures  artérielles 

dans  l'estomac;  par  M.  Boullay 34 

Hématozoaires.— Note  pour  servir  à  l'histoire  des  hématozoaires;  par  M.  Follii!.      93 

Hématurie. —  Hématurie  graisseuse  (urine  laiteuse);  par  M.  Rayer 55 

Hémiplégie.  —  Voyez  Anesthésie. 

Hémorrhagie.  —  Cas  d'hémorrhagie  utéro-placenlaire  ;  par  M.  BIol 76 

Hémorrhagie  dans  l'amnios  de  plusieurs  embryons  chez  une  lapine  morte  de 

pleurésie;  par  M.  Brown-Séquard.    .     , 77 

Voyes  Artères,  Hématémèse,  Hématurie. 

Hermaphrodisme.  —  Faux  hermaphrodisme  (androgync  masculin,  Gurlt), 

observé  sur  un  chevreau  ;  par  MM.  Rayer  el  Cl.  Bernard 128 

Histolog^ie.  —  Voyez  Anatomie  normale. 

Hydrocéphale.  —  Note  sur  un  cas  d'hydrocéphale  aigu  ;  par  M.  Gubler.     .     .     us 

Humérus.  —  Voyes  Os  (maladies  des). 


23a 


Idiotie.  —  Idiotie,  alléralioii  de  la  glande  piiiuale;  par  M.  Sclmepf m' 

Intermittente  (fièvre).—  Réflexions  sur  la  fièvre  inlerniiiienlo  simple  cbez  les 
enfants  nouveau-nés  et  à  la  niamelle;  par  M.  Guiet  (Mémoires,  p.  55.) 

Intestin.  —  Sur  les  dénominations  des  diverses  parties  de  l'intestin  par  les  au- 
teurs grecs  et  latins  ;  par  M.  Segond 67 

Sur  deux  cas  où  l'intestin  otrrail  un  diverticulum;  par  M.  Verneuil lot 

Incubation.  —  Observations  sur  le  développement  du  cœur  et  de  l'aorte  pen- 
dant les  cent  quarante-quatre  premières  heures  de  l'incubation  ;  par 
MM.  Prévost  (de  Genève]  et  Lebert.  (Mémoires,  p.  89.) 

lodbydrique  (étber).  —  Voyez  Elher. 


Jabot.  Existence  d'un  mouvement  rhjlbmique  dans  le  jabot  des  oiseaux  ;  par 
M.  Brown-Séquard 83 


Kystes.  —  Kyste  osseux  ou  dentaire  trouvé  dans  la  mâchoire  inférieure  d'un 

cheval;  par  M.  Leblanc 3i 

Kystes  epitbêliaux  chez  le  bœuf;  par  M.  Follin 114 

Tumeur  enkystée  d'une  glande  sébacée  montrant  le  conduit  excréteur  obli- 
téré;  par  M.  Lebert .126 

Kyste  pileux  de  l'ovaire;  par  M.  Follin 139 

Kystes  hydatiques  du  foie;  par  M.  Lebret 199 

L 

Iiapins.  —  Voyez  Cysticerques. 

Iiarynx.  —  Note  sur  les  fonctions  du  larynx  supérieur  cbez  les  oiseaux  ;  par 

M.  Segond 184 

Iiépre.  —  Sur  un  cas  de  lèpre  «t  sur  les  maladies  des  vers  à  soie  en  Syrie  ;  par 

M.  Suquet 97 

Iiipome. — Lipome  de  la  cavité  abdominale  ;  par  M.  Moynier 139 

Luxation. — Observation  de  luxation  spontanée  incomplète  de  la  rotule  en 

dehors;  par  M.  Verneuil 199 

M 

Ittatns.  —  Vice  de  conformation  des  mains  ;  par  H.  Gubler 92 

Mamelle.  —  De  la  corrélation  existant  entre  le  développement  de  l'utérus  et  ce- 
lui de  la  mamelle;  par  M.  Ch.  Robin t 

Sur  deux  cas  de  coïncidence  du  développement  anormal  de  la  mamelle  chez 
l'homme,  avec  une  tumeur  cancéreuse  de  Tépididyme;  par  M.  Galliet.  .    .    .      38 

Marmotte.  —  Voyez  Circulation. 


234 

Menstruation.  —  Voyez  Utérus. 

Microscope.  — Nouveau  inicrnscope  «lestiné  spécialement  aux  recherches  cbi- 

mico -microscopiques;  par  M.  Laurence  Smith 155 

Moelle  allongpée.  —  De  l'arrêt  passif  des  battements  du  cœur  par  l'excitation 
galvanique  de  la  moelle  allongée  et  par  la  destruction  subite  du  centre  céré- 
bro-rachidien  i  par  M.  Brown-Séquard 28 

Moelle  épinière.  —   Régénération  des  tissus  de  la    moelle   épiniére  -,   par 

M.  Brown-Séquard.    . 3 

De  la  conservation  de  la  vie  sans  trouble  apparent  des  fonctions  organiques , 
malgré  la  destruction  d'une  portion  considérable  de  la  moelle  épiniére  chez 
des  animaux  à  sang  chaud;  par  M.  Brown-Séquard 28  et      49 

De  la  transmission  croisée  des  impressions  sensitives  par  la  moelle  épinière; 
par  M.  Brown-Séquard 33 

De  la  persistance  de  la  faculté  réflexe,  malgré  des  altérations  considérables  de 
la  moelle  épiniére;  par  M.  Brown-Séquard 46 

D'une  affection  convulsive  qui  survient  chez  les  animaux  ayant  une  moitié  la- 
térale de  la  moelle  épiniére  coupée;  par  U.  Brown-Séquard .103 

Troubles  survenant  dans  la  nutrition  de  l'œil,  par  suite  de  la  section  d'une 
moitié  latérale  de  la  moelle  épiniére,  au  dos;  par  M.  Brown-Séquard.    .    i34 

D'une  afl'eclion  convulsive  consécutive  à  la  section  transversale  complète  de  la 
moelle  épinière  ;  par  M.  Brown-Séquard 169 

De  la  conservation  partielle  des  mouvements  volontaires,  après  la  section 
transversale  d'une  moitié  latérale  de  la  moelle  épinière;  par  M.  Brown- 
Séquard .195 

De  l'innocuité  de  la  mise  à  nu  de  la  moelle  épiniére  ;  par  M.  Brown-Séquard.  .    202 

Môle.  —  Sur  un  cas  de  môle  vésiculaire  ;  par  M.  Depaul 88 

Monstruosités —  Foyiz  Tératologie. 

Mort.  —  Mémoire  sur  la  mort  apparente  des  nouveau-nés;  par  M.  Cadeaux- 
(Mémoires,  p.  3.) 

Morve.  —  Voyez  Farcin. 

Musculaire  (système).  Action  de  la  nicotine  et  du  curare  sur  le  système  ner- 
veux et  le  système  musculaire;  par  11.  Cl.  Bernard 195 

N 

lffécrolo§:ie.  —  Éloge  du  docteur  Prévost  (de  Genève)  ;  par  M.  Lebert.    ...      60 

Herveux  (système).  —  Voyez  Anencéphalie,  Anesthésie,  Cervelet,  Facial  (nerf). 
Moelle  allongée,  Moelle  épiniére,  Pinéale  (glande),  Vague  (nerf). 

Micotine.  —  Voyez  Poisons. 

Noix  vomi<iue.  —  Voytz  Poisons. 

Nouveau-nés.  —  Mémoire  sur  la  mort  apparente  des  nouveau-nés;  par  M.  Ca- 
zeaux.  (Mémoires,  p.  3.) 
Réilexions  sur  la  fièvre  intermittente  simple  chez  les  enfants  nouveau-nés  et  à 
la  mamelle  ;  par  M.  Guiet.  (Mémoires,  p.  55.) 

Nutrition.  —  Troubles  survenant  dans  la  nutrition  de  l'œil,  par  suite  de  la  sec- 
lion  d'une  aïoitié  latérale  de  la  moelle  épiniére,  au  dos  ;  par  M.  Brown- 
Séquard 134 


o 

Œil.  —  E\a:iien  d'un  œil  opcré  de  la  cataracte  par  extraction,  quinze  ans  avant 

la  inort  du  malade;  par  M.  Folliii I7S 

Voyez  Anencéphalie  et  Nutrition. 

Oiseaux.  —Duplicité  de  la  face  chez  les  oiseaux;  par  H.  Davaine.  (Mémoires, 
p.  97.) 
Voyes  Jabot  et  Larynx. 

Os  (maladies  des).  —  Sur  l'époque  à   laquelle  on  doit  extirper  les  séquestres; 

par  M.  Mayor  (de  Genève) 8 

Kyste  osseux  ou  dentaire  trouvé  dans  la  mâchoire  inférieure  d'un  cheval;  par 

M.  Leblanc 35 

Cas  de  déformation  de  la  tête  de  l'humérus  par  compression  ;  par  M.  Morel- 

Lavallée 36 

I^oie  sur  des  tumeurs  indéterminées  des  os  maxillaires  du  bœuf;  par  M.  Da- 
vaine  ,11» 

Sur  un  cas  de  fausse  articulation,  à  la  suite  d'une  fracture  de  l'extrémité  infé- 
rieure du  corps  de  l'humérus;  par  M.  Désir 163 

Observations  sur  le  développement  de  la  substance  et  du  tissu  des  os;  par 
M.  Ch.  Robin.  (  Mémoires,  p.  u9.  ) 
Ossification.  —  Voyez  Péricarde. 
Ostéosarcome.  —  Osléosarcorae  du  bassin;   par  M.  Boucbut .      85 

Ovaire.  —  Kyste  pileux  de  l'ovaire  ;  par  M.  Follin ,    .    139 

Voyez  Génitaux  (organes). 

P 

Par  ilysie.  —  Voyez  Aneslhésie,  Cervelet,  Moelle  épiniére 

Parasites  (animaux  et  végétaux).  —  De  l'existence  constante  des  cysticer- 
ques  chez  les  lapins',  et  de  l'accroissement  simultané  de  ces  parasites  et 

des  animaux  qui   les  portent;  par  M.  Brown-Séquard 79 

Note  pour  servir  à  l'histoire  des  hématozoaires;  par  M.  Follin 92 

Sur  une  maladie  de  la  vigne,  causée  par  le  parasitisme  d'une  mucédinée  du 

genre  oidium  ;  par  M.  C.  Montagne 95 

Sur  un  parasite  nouveau;  par  M.  E.  Germain  (de  Saint-Pierre) 156 

Patholog^ie. —  Régénération  des  tissus  de  la  moelle  épiniére;  par  M.  Brown- 
Séquard 3 

Cas  d'anestbésie  sans  paralysie  du  mouvement;  par  M.  Lebret 3 

Présence  du  glucose  dans  la  sérosité  d'un  vésicatoire  posé  à  un  diabétique; 

par  M.  Wuriz 4 

Recherche  du  sucre  dans  les  crachats  d'un  diabétique;  par  M.  Wurtz.    ...        s 
Origine  du  nerf  facial  au-dessous  de  l'enlre-croisemenl  des  pyramides;  expli- 
cation anatoraique  de  la  paralysie  croisée  de  ce  nerf;  par  M.  Jobert  (de 

Lamballe) 5 

Kein .  uretère  et  vessie  envahis  par  des  tubercules  chez  un  militaire,  mort 
dans  le  service  militaire  de  M.  Cazalas;  par  M.  HifTclsheiin.     ....  6 

Tournoiement  chez  un  enfant;  par  M.  Lebret .        7 

Ganglions  bronchiques  tuberculeux,  chez  ura  veau  .  sans  tubercules  dans  les 
poumons;  par  M.  Rayer 8 


236 
Sur  l'époque  à  laciuelle  on  doil  extirper  les  séquestres;  par  M.  Mayor  (de 

Genève  ) •     •        8 

Analomie  el  pathologie  tJeâ  glandes  de  Mery,  connues  sous  le  nom  de  glandes 

de  Cowper;  par  M.  Gubler.    , 2^ 

Hématémèse  riiorleîlo  syinploroalique  d'ouvertures  artérielles  dans  l'estomac; 

aaévrisine  de  l'aorte  abdominale  près  de  sa  terminaison  ;  par  M.  Boullay.    .      34 
Sur  un  calcul  salivaire  obstruant  le  conduit  de  'Warlbon;  par  M.  Joberl  (de 

Lamballe • 3S 

Sur  deux  cas  de  coïncidence  du  développement  anormal  de  la  mamelle  chei 

Thomme,  avec  une  tumeur  cancéreuse  de  l'épididyme  ;  par  M.  Galliel.    .    .      88 
De  la  persistance  de  la  faculté  réflexe,  malgré  des  altérations  considérables 

de  la  moelle  épiniére  ;  par  M.  Brown-Séquard 46 

Remarques  sur  un  cas  d'obstruction  des  canaux  déférents,  accompagnée  de 

douleurs  lesliculaires;  par  M.  Duplay 52 

Hématurie  graisseuse  (urine  laiteuse);  par  M.  Rayer 55 

Cas  d'hémorrliagie  uléro-placentaire;  par  M.  Blot , î6 

Tuberculisation  d'un  des  testicules  chez  un  faisan  doré  ;  par  M.  Rayer.    ...      77 
Hémorrhagie  dans  l'amnios  de  plusieurs  embryons,  chez  une  lapine  morte  de 

pleurésie;  par  M.  Brown-Séquard. î' 

Sur  une  tumeur  du  scrotum;  par  M.  Jobert  (  de  Lamballe) •    •    •      ■"* 

Osléosarcome  du  bassin;  par  M.  Bouchut 85 

Sur  un  cas  de  tumeur  encéphaloïde  intracrânienne  ;  par  M.  Gubler.      .    ,    .86 

Sur  un  casde  môle  vésiculaire;  par  M.  Depaul 88 

Cas  de  compression  de  la  portion  Ihoracique  de  l'œsophage  par  une  masse 
tuberculeuse  développée  dans  les  ganglions  du  roédiastin  postérieur,  ayant 

causé  la  mort,  chei  un  sajou  ordinaire;  par  M.  Davatne 90 

Sur  un  cas  de  lèpre  et  sur  les  maladies  des  vers  à  soie  en  Syrie  ;  par  M.  Suquet.      97 
Tumeur  du  cervelet  produisant  des  mouvements  convulsifs  el  la  paralysie  du 

même  cAté  où  elle  siégeait  ;  par  M.  Mazier 103 

Remarque  à  propos  de  l'observation  précédente;  par  M.  Brown-Séquard.    .    .     io4 
D'une  aiïection  convulsive  qui  survient  chez  les  animaux  ayant  eu  une  moitié  * 

latérale  de  la  moelle  épiniére  coupée  ;  par  M.  Brown-Séquard ics 

Note  sur  un  cas  de  pleurésie  purulente;  par  M.  Gubler H7 

Note  sur  un  cas  d'hydrocéphale  aigu  ;  par  M.  Gubler tiS 

Observation  sur  une  tumeur  épithéliale  du  cuir  chevelu,  ayant  détruit  en  partie 
les  os  de  la  voàle  crânienne  et  présentant  une  structure  toute  spéciale;  par 

M.  Rouget 121 

Rapport  sur  l'observation  précédente  ;  par  M.  Leberl 124 

Du  pied  plat  ;  par  M.  J.  Guérin 13S 

Éruption  bulbeuse  sur  une  épinocbe;  par  M.  Rayer 139 

Du  synchisis  étincelant  ;  par  M.  Lebert .     136 

Lipome  de  la  cavité  abdominale  ;  par  M.  Moynier I39 

Inoculation  du  sang  de  rate;  par  M.  Rayer I4i 

Oblitération  de  la  vésicule  biliaire  par  un  calcul;  analyse  du  liquide  rauqueux 

dont  elle  était  remplie;  par  M.  Gubler i44 

ilémorrhagie  cérébrale  par  suite  de  la  rupture  d'une  branche  de  l'artère  mé- 
ningée moyenne;  par  M.  Duplay 146 

Idiotie;  altération  de  la  glande  pinéale;  par  M.  Schnepf I67 

D'une  affection  convulsive  consécutive  à  la  section  transversale  complète  de  la 

moelle  épiniére  ;  par  M.  Brown-Séquard .169 

D'une  action  spéciale  qui  accompagne  la  contraction  musculaire  et  de  l'exis- 
tence de  celte  action  dans  certains  cas  pathologiques  ;  par  M.  Brown  Séquard.     ni 


'237 
Du  sillon  dans  la  gale  et  quelques  observations  sur  le  porrigo  scululala  ;   par 

M.  Piogey *'* 

Observation  de  pneumo-lhorax  ;  par  M.  Ch.  Bernard '89 

Do  la  conservation  parlielle  des  mouvenienls  volontaires,  après  la  section 

transversale  d'une  moitié  latérale  de  la  moelle  épinière  ;  par  M.  Brown- 

Sequard "'' 

Corps  étrangers  dans  les  canaux  excréteurs  des  glandes;  par  M.  Goubaux.   .    .     198 

Rupture  de  la  rate  et  du  foie;  par  M.  Goubaux IM 

Kystes  hydaliques  du  foie  ;  par  M.  Lebret >W 

Observation  de  pleurésie;  par  M.  Gubler 201 

De  l'innocuité  de  la  mise  à  nu  de  la  moelle  épinière  ;  par  M.  Brown-Séquard.    .    202 
Mémoire  sur  la  mort  apparente  des  nouveau-nés;  par  M.   Cazeaux.  (Mé- 
moires, p.  3.) 
Réflexions  sur  la  fièvre  intermilenle  simple  chez  les  enfants  nouveau-nés  et  à 

la  mamelle  ;  par  M.  Guiet.  (Mémoires ,  p.  55.^ 
Sur  la  nature  et  les  causes  des  suppurations  bleues  ;  par  M.  le  professeur 

Sédillot.  (Mémoires,  p.  73.) 
Note  sur  une  nouvelle  variété  d'oblitération  des   voies  spermatiques  ;  par 

M.  L.  Gosselin.  (Mémoires,  p.  83.) 
Sur  un  cas  douteux  de  farcin  chronique  (observation  recueillie  dans  le  service 

de  M.  Michel  Lévy.au  Val-de-GrAce^;  par  M.  Tliolozan.  (Mémoires,  p.  159.) 
Recherciies  sur  les  irichiasis  des  voies  urinaires  et  sur  lu  pih-miction  ;  par 

M.  Rayer.  (Mémoires,  p.  167.) 
Peau.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  contractions  de  la  peau  produites  par  le 

galvanisme;  par  M.  Brown-Séquard 132 

Voyez  Elépliantiasis  des  Arabes,  Gale,  Lèpre  et  Porrigo. 

Péricarde.— Ossification  très-étendue  du  péricarde  viscéral  au  niveau  de  l'oreil- 
lette droite;  rupture  de  cette  même  oreillette;  par  M.  Yerneuil 75 

Phosphorescence.  —  Recherches  sur  la  phosphorescence  du  port  de  Boulogne 

(résumé);  par  M.  A.  de  Quatrefages 160 

Physiolog^ie  animale.  —  De  la  corrélation  existant  entre  le  développement  de 

l'utérus  et  celui  de  la  mamelle  ;  par  M.  Ch.  Robin .        i 

Régénération  des  tissus  de  la  moelle  épinière;  par  M.  Brown-Séquard.    .    .        3 

De  l'arrêt  passif  des  battements  du  coeur  par  l'excitation  galvanique  de  la 
moelle  allongée  et  par  la  destruction  subite  du  centre  cérébro-rachidien  ; 
par  M.  Brown-Séquard 26 

De  ia  conservation  de  la  vie,  sans  trouble  apparent  des  fonctions  organiques, 
malgré  la  destruction  d'une  portion  considérable  de  la  moelle  épinière  chez 
des  animaux  à  sang  chaud  ;  par  M.  Brown-Séquard 28  et  49 

Rapport  sur  un  mémoire  de  M.  HifTelsheim,  intitulé  :  Quelques  observations 
relatives  au  phénomène  de  la  circulation;  par  MM.  Cl.  Bernard,  et  Brown- 
Séquard,  rapporteur 30 

De  la  transmission  croisée  des  impressions  sensitives  par  la.  moelle  épinière  ; 
par  M.  Brcwn-Séquard 33 

De  l'influence  des  nerfs  vagues  sur  les  battements  du  cœur  ;  par  M.  Brown-Sé- 
quard  45 

De  la  persistance  de  la  faculté  réflexe,  malgré  des  altérations  considérables  de 
la  moelle  épinière  ;  par  M.  Brown-Séquard 46 

Preuve  à  l'appui  de  la  nouvelle  doctrine  sur  Ja  formation  de  la  membrane  ca- 
duque; par  M.  Cazeaux 48 

Explication  de  l'hémiplégie  croisée  du  sentiment;  par  M.  Brown-Séquard.    .      70 


238 

Membranes  muqueuses  utérines  expulsées  pendant  la  menstruation  ;  par 
M.  Lebert 73 

Analyse  analomique  et  chimique  du  sang;  par  MM.  P.  Verdeil  etCh.  Dollfus.      79 

Existence  d'un  mouvement  rbythniique  dans  le  jabot  des  oiseaux;  par 
M.  Brown-Séquard 83 

Quelques  expériences  sur  l'eunice  sanguine  ;  par  M   A.  de  Quatrefages.  .    .    .      99 

Note  sur  le  volvox  globalor;  par  M.  Laurent 114 

Nouvelles  recherches  sur  les  conlraciions  de  la  peau  produites  par  le  galva- 
nisme; par  M.  Brown-Séquard 132 

Troubles  survenant  dans  la  nutrition  do  l'œil,  par  suite  do  la  section  d'une 
moitié  latérale  delà  moelle  épiniére,  au  dos;  par  M.  Brown-Séquard.    .    .    134 

Viviparité  des  couleuvres;  par  M.  Dugés •    ....     135 

De  l'absorption  élective  de  la  veine  porte  et  des  vaisseaux  chylifères  ;  par  M.  CI. 
Bernard. t60 

Recherches  sur  la  phosphorescence  du  port  de  Boulogne  i résumé);  par  M.  A. 
de  Quatrefages -.160 

Observation  d'uno  muqueuse  utérine  rendue  après  un  mois  et  demi  de  réten- 
tion des  régies  ;  par  MM.  Dutard  et  Laboulbéne I6i 

D'une  action  spéciale  qui  accompagne  la  contraction  musculaire,  et  de  l'exis- 
tence de  celle  action  dans  certains  cas  pathologiques  et  dans  ce  que  M.  Ma- 
gendie  a  appelé  sensibilité  récurrente  ;  par  M.  Brown-Séquard i7» 

Note  sur  la  présence  du  sucre  dans  l'urine  du  [ctlus  et  dans  les  liquides  am- 
niotique et  allantoidien;  par  M.  Cl.  Bernard i74 

Sur  la  nature  et  les  fonctions  de  l'organe  palatin  des  cyprins  ;  par  M.  Davaine.     I8i 

Note  sur  les  fonctions  du  larynx  supérieur  chei  les  oiseaux  ;  par  M.  Segond.    .     i84 

Apparition  de  la  rigidité  cadavérique  avant  la  cessation  des  battements  du 
cœur;  par  M.  Brown-Séquard 194 

Influence  de  la  section  des  pneumo-gastriques  sur  l'empoisonnement  par  la 
noix  vomique;  parM.  Bouley 195 

Action  du  curare  et  de  la  nicotine  sur  le  système  nerveux  et  le  système  mus- 
culaire; par  M.  Cl.  Bernard 195 

De  la  coaservalion  partielle  des  mouvements  volontaires  après  la  section 
transversale  d'une  moitié  latérale  de  la  moelle  épiniére;  par  M.  Brown- 
Séquard 195 

Recherches  sur  les  propriétés  physiologiques  et  thérapeutiques  du  bromure  de 
potassium;  par  M.  Ch.  Huelte.  (Mémoires,  p.  19.) 

Histoire  el  systématisation  générale  de  la  physiologie;  par  M.  L.-A.  Segond. 
Mémoires,  p.  51.) 

Recherches  sur  les  propriétés  physiologiques  de  l'èlber  lodhydrique;  par 
M.  Ch.  Uuette.  (I^oj/es  les  Mémoires,  p.  47.) 

Observations  sur  le  développement  du  cœur  el  de  l'aorte  pendant  les  cenl  qua- 
rante-quatre premières  heures  de  l'incubation;  par  IW.M.  Prévost  (de  Genève) 
et  Lebert.  (Mémoires,  p.  89.) 

Recherches  sur  les  globules  blancs  du  sang  ;  par  M.  Davaine.  (Mémoires,  p.  103.) 
Physioloi;ie  végétale.  —  Voyet  Botanique. 
Physique.  —  Nouveau  microscope  destiné  spéciaiemenl  aux   recherches  chi- 

raico-microscopiques;  par  M.  Laurence  Smith 155 

Pied.  —  Du  pied  plat;  par  M.  J-  Guérin 136 

Pigment.  -  Coloration  de  ia  muqueuse  utérine  par  un  pigment;  par  M.  Gou- 

baux 193 

Pili-mtoUon.  —  Foyes  IJrinaires  (voies). 


239 

Pinéale  (glande)  —  Idiotie  ;  altération  de  la  glutido  pinéale;  par  M.  Solinepf.      167 

Placenta.  —  Cas  d'hénionbagic  uléro-placeiitaire;  pai  M.  Blot 7& 

Placentas  provenant  de  femmes  syphiliqii<>s  ;  par  M.  Lebert i'27 

Pleurésie. — Lapine  morte  de  pleurésie  ;  par  M.  Brown  Séquard 77 

No:le  sur  un  cas  de  pleurésie  purulente;  p«r  M.  Gubler 117 

Observation  de  pleurésie;  par  M.  Gubler 30i 

Pneiuno-gastrique  fnerf). —  Voyez  Vague  (nerf*. 

Poils.  —  Voyez  Urinaires  (voies). 

Poisons.  —  Inoculation  du  sanf;  de  raie  ;  par  M.  Rayer i4i 

Influence  de  la  section  des  pneumo-gasiriques  sur  l'empoisonnement  par  la 

noix  voiuique;  par  M.  Bouley %9i 

Aciion  du  curare  et  de  la  nicotin«  sur  le  système  nerveux  et  le  système  muscu- 
laire; par  M.  Cl.  Bernard •    .    .    .    m 

Polydaotylie. — Existence  d'un  doigt  surnuméraire;  par  M.  Gâteaux I5 

Doigt  surnuméraire  chez  une  écrevisse  ;  par  M.  Rayer 56 

Cas  de  polydactylie  chez  la  poule;  par  M.  E.  Germain  (de  Saint-Pierre).    .    .  188 

Porrîg:o.  —  Quelques  observations  sur  le  porrigo  s&utulata;  par  M.  Piogey.    .  I7i 

Potassium  (bromure  de  ).  —  Voyez  Bromure. 

Poumons.  —  Voyez  Bronches. 

Pseudarthrose.  —  Sur  un  cas  de  Taussc  nrticulstion,  à  la  suite  d'une  Traclure 

de  l'extrémité  inférieure  de  l'humérus;  par  M,  Désir I6a 

Pseudencéphalie.  —  Voyez  Anencépbalie. 
Pus. —  Foyez  Suppuration. 

R 

Racine.  —  Voyez  Botanique. 

Radius.  —  .4bsence  congénitule  du  radius  chez  l'homme;  par  M  Davaine.    .    .      Su 

Rate. — Rupture  de  la  rate  et  du  foie;  par  M.  Goubaux 109 

Réflexe  (  faculté  ).  —  De  la  persistance  de  la  faculté  réflexe,  malgré  des  altéra- 
lions  considérables  de  la  moelle  épiniére;  par  M.  Brown-Séquard 46 

Régénération.  —  Régénération  des  tissus  de  la  mo«Ue  épiniére  ;  par  M.  Brown- 
Séquard 3 

Rein. —  Rein,  uretère  et  vessie  envahis  par  d«s  tnèerruleschez  un  miiilaira  mort 

dans  ie  service  de  M.  Cazalis  ;  par  M.  HiO'elsh«im 6 

Dilatation  de  l'uretère  et  du  rein  gauches;  par  M.  Laboulbëne I66 

Rif;idité  cadavérique.—  Apparition  de  la  roideur  cadavérique  avant  la  cessa- 
tion des  battements  du  cœur  ;  par  M.  Brown-Séquard 194 

Rotule.  —  Voyez  Luxation. 

S 

Sang.  — Analyse  anatomique  et  ciiimique  du  sang;  par  M.  F.  Verdeil  et  Ch. 

Dollfus 7» 

Inoculation  du  sang  de  rate  ;  par  M.  Rayer t4i 

Recherches  sur  les  globules  blancs  du  sang;  par  M.  Davaine.  (Toye:;  les  Mé- 
moires, p.  it>3.) 
Scrotum.  —  Voyez  Tumeurs. 


no 

Sensibilité.  —  D'une  action  spéciale  qui  accompagne  la  contraction  musculaire 
et  de  l'existence  de  cette  action  dans  certains  cas  pathologiques  et  dans  ce 
que  M.  iiagendie  a  appelé  tensibililé  récurrente  ;  par  M .  Brown-Séquard.    .    ITI 
Voyez  Anesthésie  et  Moelle  épinière. 

Séquestres.  —  Sur  l'époque  à  laquelle  on  doit  extirper  les  séquestres  ;  par 
M.  Mayor  (de  Genève) 8 

Sérosité.  —  Voyez  Sucre. 

Spermatiques  (voies). —  Note  sur  une  nouvelle  variété  d'oblitération  des  voies 
spermaliques  ;  par  M.  L.  Gosselin.  (Mémoires,  p.  83.) 
Voyez  Déférents  (canaux). 

Sucre.  —  Présence  du  glucose  dans  la  sérosité  d'un  vésicatoire  posé  à  un  diabé- 
tique; par  M.  Wuriz 4 

Recherche  du  sucre  dans  les  crachats  d'un  diabétique;  par  M.  ^A'urtz 8 

Note  sur  la  présence  du  sucre  dans  Turine  du  fœtus  et  dans  les  liquides  am- 
niotique et  allantoïdien;  par  M.  Cl.  Bernard 174 

Suppuration.  —  Sur  la  nature  et  les  causes  des  suppurations  bleues;  par  M.  le 
professeur  Sédillot.  (Mémoires,  p.  73.)  ^ 

Synohisis. —  Du  synchisis  étincelant;  par  M.  Lebert iSO  < 

Syphilis.  —  Placentas  provenant  de  femmes  syphilitiques;  par  M.  Lebert.  .    .    137 

Tératologrie.  —  Vice  de  conformation  des  organes  génitaux;  absence  probable 
de  la  partie  supérieure  du  vagin  et  de  l'utérus  ;  hernies  des  deux  ovaires  ; 

par  M.  Cazeaux 12 

Description  du  squelette  d'un  poulet  double  raonocéphalien  ;  par  M.  Davaine. .  i3 

Existence  d'un  doigt  surnuméraire  ;  par  M.  Cazeaux t.s 

Deux  cas  de  fusion  des  dents,  Tun  d'une  incisive  surnuméraire  avec  une  inci- 
sive norhiale,  chez  un  enfant;  l'autre  de  deux  molaires,  chez  un  adulte; 

avec  des  remarques  sur  ce  vice  de  conformation;  par  M.  Davaine 10 

Exposé  des  principales  observations  sur  les  anomalies  des  helminthes;  par 

M.  J.-B.  Chaussât 18 

Existence  d'un  gubernaculum  letiit  musculaire  chez  un  chien  adulte;  par 

M.  Ch.  Robin 38 

De  l'absence  congénitale  du  radius  chez  l'homme  ;  par  M.  Davaine 39 

Difformités  multiples  chez  un  poulet;  par  M.  Racle 41 

Doigt  surnuméraire  chez  une  écrevisse;  par  M.  Rayer 58 

Quelques  remarques  sur  la  cyclopie  ;  par  M.  Davaine. 57 

Vice  de  conformation  des  mains  ;  par  M.  Gubler. 93 

Observation  d'un  fœtus  anencéphale  ;  par  M.  Ollier 1O6 

Remarques  sur  l'observation  précédente;  par  M.  Davaine los 

Faux  hermaphrodisme  (androgyne  masculin,  Gurlt),  observé  sur  un  chevreau; 

par  MM.  Rayer  et  Cl.  Bernard 138 

Du  pied  plat;  par  M.  J.  Guérin 138 

Monstruosités  diverses  chez  un  fœtus  ;  par  M.  Giraldés !Ï2 

Examen  d'un  fœtus  monstrueux  anencéphale  (  pseudencéphale),  manquant  de 

nez  et  d'yeux;  par  M.  Gosselin 177 

Description  d'un  chien  monstrueux  ;  par  M.  Goubaux i85 

Anomalies  de  dimensions  de  l'aorte;  par  M.  Verncuil 186 

Anastomose  de  l'artère  vertébrale  avec  la  cervicale  profonde  ;  par  M.  A.  Leroux.  i96 


2Ztl 

Casde  polyt)«»:lylie  chez  1.1  poule;  par  M.  E.  Gennath  (de  SaînUPierlfe).   .    .     .    i«8 

Duplirhéde  la  face  cliei  les  orseaut;  par  M.  DavKiile.  (  Mémoires ,  p.  d7.) 

Monstre   célosoinien   du  genre  dgeiiosome  iGeofrrdy-Sainl-flilaire)  ;  par 
M.HoTiel.  (Mémoires,  p.  lOT.) 
Testioule*.— Sur  deux  cas  de  coïncidence  du  développement  anomal  de  la  ma- 
melle chez   l'homme,  avec  une  tumeur  cancéreuse  de  l'épididyme;  par 
M.  Galliet 36 

Existence  d'un  gubernaculum  letli»  musculaire  chez  un  chien  adulte  ;  par 
M.  Ch.  Robin 38 

Tuberciilisation  d'un  des  testicules  chez  un  f^iisan  doré;  par  M.  Rayer.    ...      77 

Voyet  Scrotum. 
lliérapeutique.  —  Recherches  sur  les  propriétés  physiologiques  et  thérapeu- 
tiques du  bromure  de  potassium;  par  M.  Cb.  Iluelte.  (Mémoires,  p.  19.) 

Recherches  siir  les  propnoliês  physlologiijfues  de  l'élber  rodhydriqué;  îtjdwc- 
tiuns  thérapeuliques^;'p«ir  M.  Ch.  Iluelife.  (M'èmoires,  p.  47.) 

Tige.  —  Voyez  Botanique. 

Toamoieir.enté—<Touftloiement  chez  utt  enfant;  par  M.  Lebireï 7 

Triohiasis. —  Voyez  Urinaires  (voies). 

Tubercules.  —  Rein,  uretère  et  vessie  envahis  par  des  tubercules,  chez  un  mili- 
ta'ire  mort  dans  là  service  de  M.  Cazalss;  par  H.  HifTelshcim.    .....       & 

Ganglions  bronchiques  tuberculeux,  choz  un  veau,  sans  tubercules  dans  les 

poumons;  par  M.  Rayef 8 

Tuberculisation  d'un  des  testicules  chez  un  faisan  doré;  par  M.  Rayer.    ...      77 
Cas  do  compression  de  la  portkt»  thoracique  de  l'œsophage  par  une  masse  tu- 
berculeuse développée  dans  les  gangliuiis  du  médiaslin  postérieur,  ayant 
causé  la  mort  chez  un  sajou  ordinaire;  par  M.  Davaine 90 

Tumeur.  —  Sur  une  tumeur  du  scrotum  ;  par  M.  Jobert  (de  Lamballe).    ...      78 
Tumeur  observée  dans  la  fosse  sus-sphénoïdale  ;  par  M.  Hirchfcld 187 

De  la  nature  locale  ou  générale  des  tumeurs;  par  M.  Lebcrt.  (Mémoires,  p.  i45.^ 
Voyez  Ànaiomie  pathologique.  Kystes,  Os  (maladies  des),  Ostéosarcome,  Ovai 
res  et  Pathologie. 

u 

Uretère.  —  Voyez  Rein. 

Urinaires  (  voies  ).  —  Recherches  sur  le  trichiasis  des  voies  urinaires  et  sur  la 
pili-miction;  par  M.  Rayer.  (Mémoires,  p.  167.) 

Urine.  —  Examen   microscopique   de  l'urine  de  l'homme;  par  MM.  Robin  et 

F.  Verdeil ,.  i:, 

Hématurie  graisseuse  (urine  laiteuse);  par  M.  Rayer ss 

Sur  un  procédé  d'analyse  des  urines  diabétiques  ;  par  M,  Iliffelsbeim.    ...  82 
Note  sur  la  pnisence  du  sucre  dans  l'urine  du  fœtus  et  dans  les  liquides  am- 
niotique et  allantoYdien;  par  M.  Cl.  Bernard 174 

Utéruf.  —  De  la  corrélation  existant  entre  le  développement  de  l'utérus  et  celui 

de  la  mamelle;  par  M.  Ch.  Robin i 

Cas  d'absence  probable  de  l'utérus;  par  M.  Cazeaux 12 

Preuve  à  l'appui  de  la  nouvelle  doctrine  sur  la  formation  de  la  membrane  ca- 
duque; par  M.  Cazeaux 48 

Membranes  muqueuses   utérines   expulsées   penaant   la  menstruation  ;   par 
M.  Lebert 73 

16 


242 

Cas  d'hémorrhagie  utéro-plauentaiie  ;  par  M.  Biot 76 

Observation  d'une  muqueuse  utérine  rendue  après  un  mois  et  demi  de  réten- 
tion des  régies;  par  MM.  Dutard  et  Laboulbéne 161 

Coloration  de  la  membrane  muqueuse  de  l'utérus  par  un  pigment  ;  par  M-  Gou- 
baux 193 

V 

Vag^ue  (mrf  ).  —  De  l'inlluence  des  nerfs  vagues  sur  les  battementé  dn  cœrr; 

par  M.  Brown-Séquard 4."> 

De  l'action  de  la  section  des  pneumo-gastriques  sur  l'empoisonnement  par  la 
noix  vomique;  par  M.  Bouley.    . i95 

Vers.  —  Voyez  Helminthologie. 

Ver»  à  soîe.  —  Sur  les  maladies  des  vers  à  soie  en  Syrie;  par  M.  Suquc(.     -    .      91 

Du  fluide  nourricier  des  vers  à  soie;  par  M.  Guérin-Méneville .138 

Vessie.  —  Foyez  Rein. 

Vie.  —  De  la  conservation  de  la  vie  sans  trouble  apparent  des  fonctions  orga- 
niques, malgré  la  destruction  d'une  portion  considérable  de  la  moelle  épi- 
niére  chez  des  animaux  à  sang  chaud;  par  M.  Brown-Séquard.    .    .    .    28  et  49 

Vipères.  —  Résumé  d'un  mémoire  zoologique  sur  les  vipères  de  France  ;  par 

M.  Dugés ^ 115 

Viviparité.  —  Viviparité  des  couleuvres;  par  M.  Dugés 135 

Voies  apermatiques.  —  Voyez  Spermatiques  (voies). 

Volvox. — Note  sur  le  volvox  globator  ;  par  M.  Laurent il4 


Xoologie.—  Voyez  Vipères  et  Volvox. 


FI.M    DE    hK    TABLE    ANALTTIQCE. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


PAR  NOMS  D'ATJTEUBS. 


(Abréviations  :  C.  R.,  Comptes  rendus;  M.,  Mémoires.) 

B 

c.  h. 

Bernard  (Charles).    Observation  de  pneumo-thorax i89 

Bernard  (Claude).  De  l'absorption  élective  de  la  veine  porte  et  des  vais- 
seaux cliyliféres i60 

—  Note  sur  la  présence  du  sucre  dans  l'urine  du  fœtus  et 

dans  les  liquides  amniotique  et  allantoïdien.    .    .      174 

—  Action  du  curare  et  de  la  nicotine  sur  le  système  ner- 

veux et  sur  le  système  musculaire 195 

Bernard  (Cl.)      Rapport  sur  un  mémoire  de  M.  Hiffelsheim,  intitulé  .- 
et  Brown-Séqcard.      Quelques  observations  relatives  à  la  circulation  du 

sang 30 

Bernard  (CI.)      Faux  hermaphrodisme  (androgyne  masculin,  Gurll) 
et  Rayer.  observé   sur  un  chevreau.    ••.......      128 

Bernard  (Cl.)      Sur  les  vaisseaux  des  épiploons  lombaires  de  la  mar- 

et  Valenciennes.      motte I60 

Blot Cas  d'hémorrhagie  utéro-placentaire 76 

BoucHUT.      .    .    .    Ostéosarcome  du  bassin 85 

Boulet De  l'action  de  la  section  des  pneumo-gastriques  sar 

l'empoisonnement  par  la  noix  vomique 195 

BouLLAT.  .  .  .  Hémalémése  mortelle  symplomalique  d'ouvertures  ar- 
térielles dans  l'estomac;  anévrisme  <ic  l'aorte  abdo- 
minale près  de  sa  terminaison 34 

Brown-Séql'ard.      Régénération  des  tissus  de  !a  moelle  épiniére.    ...         3 

—  De  l'arrêt  passif  des  battements  du  cœur  par  l'excita- 

tion galvanique  de  la  moelle  allongée  et  par  la  des- 
truction subite  du  centre  cérébro-rachidien.    ...       25 

—  De  la  conservation  de  la  vie  sans  trouble  apparent  des 

fonctions  organiques,  malgré  la  destruction  d'une 
portion  considérable  de  la  moelle  épiniére  chez  des 
animaux  à  sang  chaud 28  et  49 

—  De  la  transmission  croisée  des  impressions  sensitives 

par  la  moelle  épiniére. 33 


c.  m. 
Bi-.uwN  Séquabo  .    De  l'inlluence  des  nerfs  vagues  sur  les  battements  du 

cœur 45 

—  De  la  persistance  de  la  faculté  réflexe,  mal{;ré  des  al- 

térations ronsidérables  de  la  moelle  épiniére.    .     .        40 

—  Explication  de  l'hémiplégie  croisée  du  sentiment.    .        70 

—  Hémorrhagie  dans   l'amnios  de  plusieurs  embryons 

chez  une  lapine  morte  de  pleurésie 77 

—  De  l'existence  constante  des  cysticerques  chei  les  la- 

pins, et  de  l'accroissement  simultané  de  ces  parasites 

et  des  animaux  qui  les  portent 79 

—  Existence  d'un  mouvement  rhythmique  dans  le  jabot 

des  oiseaux r    •    •        83 

—  Remarque  à  propos  d'une  observation  de  tumeur  du 

cervelet lOt 

—  D'une  affection  convulsive  qui  survient  chez  les  ani- 

maux ayant  eu  une  moitié  latérale  de  la  moelle  épi- 
niére coupée lOS 

—  Nouvelles  recherches  sur  les  contractions  de  la  peau 

produites  par  le  galvanisme i32 

—  Troubles  survenant  dans  la   nutrition   de  l'œil,  par 

suite  de  la  section  d'une  moitié  latérale  d«  la  moelle 

épiniére,  au  dos i34 

-    D'une  affection  convulsive  consécutive  à  la  section 

transversale  complète  de  la  moelle  épiniére.    .    .      169 

—  D'une  action  spéciale  qui  accompagne  la  contraction 

musculaire,  et  de  l'existence  de  celte  action  dans 
certains  cas  pathologiques  et  dans  ce  que  M.  Magen- 
die  a  appelé  sensibilité  récurrente 17I 

—  Apparition  de  la  rigidité  cadavérique  avant  la  cessa* 

tion  des  battements  du  cœur 194 

—  Do  la  conservation  partielle  des  mouvements  volon- 

taires, après  la  section  transversale  d'une  moitié  la- 
térale de  la  moelle  épiniére.    ........      iS5 

—  De  l'innocuité  de  la  mise  à  nu  de  la  moelle  épiniére.      303 
Rkown-Sëquard    Rapport  sur  un  mémoire  de  M.  HiffeUlieim,  intitulé: 

etCl.  Bernard.         Quelques  observations  relatives  à  la  circulation  du 

sang 30. 


CÀ7.KJVX..  Mémoire  sur  là  mort  apparente  des  nouveau-nés.  .  » 

—  Vice  de  conformation  des  organes  génitaux;  absence 

probable  de  la  partie  supérieure  du  vagin  et  de 
l'utérus  ;  hernie  des  deux  ovaires 12 

—  Existence  d'un  doigt  surnuméraire l5 

—  Preuve  à  l'appui  de  la  nouvelle  doctrine  sur  la  for- 

mation de  la  membrane  caduque.    .  .  48 

Chaussât  (  J.-B.)..  .     Kxposé  des  principales  observations  sur  les  anoma- 
lies des  helminthes .  18 

—  Sur  un  ver  vésicnlaire  trouvé  dans  de  petits  kystes 

à  la  surface  du  poumon  du  liraax  rufus    .  152 


2/i5 
D 

C.  K.        M. 

Davaine Description  du  squelette  d'un  poulet  double  niono- 

céphalien .....        13       « 

—  Deux  cas  do  fusion  des  dents.  Tua  d'une  incisive 

surnuméraire  avec  une  incisive  normale ,  chez  un 
enfant,  l'autre  de  deux  molaires,  chez  un  adulte; 
avec  des  remarques  sur  ce  vice  de  conformation.        t6       » 

—  De  l'absence  congénitale  du  radius  chez  l'homme.  39       » 

—  Quelques  remarques  sur  La  cyolopie.  ......        57        » 

—  Cas  de  compressivo  deJa  portion  thoracique  de  l'œ- 

sophage par  une  masse  tuherculcuse  développée 
dans  les  ganglions  du  raédiasiin  postérieur,  ajani 
causé  ia  mort  ebez  un  sajou  ordinaire 90        » 

—  Remarques  sur  une  observation  de  foalus  anencé- 

phale 106       » 

—  Note  sur  une  tumeur  indéterminée  des  os  maxil- 

laires du  bœuf 119        » 

—  Sur  la  nature  el  les  fonctions  de  l'organe  palatin  des 

cyprins. J8i  » 

—  Duplicité  de  la  face  chez  les  oiseaux »  97 

—  Recherches  sur  les  globules  blancs  du  sang.  ...  »  i03 
Dataink  etRayeb.      Examen  d'une   main  el  de  la  moitié  inférieure  de 

l'avant-bras  affectés   d'éléphantiasis  des  Arabes.  t 

(  Pièce  adressée  à  la  Société  par  M.  L'Herminier.\         »      67 

DEPAOt Sur  un  cas  du  m6le  vcsiculàire «8        » 

Désir Sur  un  cas  de  fausse  articulation  à  la  suite  d'une 

fracture  de  l'extrémité  inférieure  du  corps  de  l'hu- 
mérus       «6S        » 

DoLLFDS  et  P.  Verdeil.  Analyse  anatomique  et  chimique  du  sang 79       » 

DuGÈs Résumé  d'un  mémoire  zoologique  sur  tes  vipères  de 

France II4 

—  Glonde  caudale  des  couleuvres i3«        >• 

—  Viviparité  des  couleuvres «35        » 

DuPLAT. Remarques  sur  un  cas  d'obstruction  des  canaux  dé- 
férents, accompagnée  de  douleurs  testiculaires.  .        .S2        >. 

—  Hémorrhagie  céré!>r:ile  par  suite  <ie  la  rupture  d'une 

bronche  de  l'arière  méningée  moyenne ii6        •• 

DiiTARD  etLAnouLBE.NK. Observation  d'une  mu(|ueuse  utérine  rendue  après 

un  mois  et  demi  de  rélenlion  des  régies.  ...       i6t        » 


FOLLiM Kystes  épitbéliaux  chez  le  bœuf 85 

—  Note  pour  servir  à  l'histoire  des  hématozoaires.  .     .  9i 

—  Kyste  pileux  de  l'ovaire.  .              ...         ...  iw 

—  Hypertrophie  des  plaques  de  Peyer i74 

—  Examen  il'un  u;il  opcri-  fU"  b  ralarjcte  par  extrac- 

tion, (|iimzc  ans  avant  la  inoii  <lu  malade.     .     .  17S 


2Z|6 
G 

C.  R.         M. 

GiLLiET Sur  deux  cas  de    coïncidence  du   développement 

anormal  do  la  mamelle  chez  l'homme,  avec  une 

tumeur  cancéreuse  de  l'épididyrce 36        » 

GERiiAi!«(deSl-Pierre).  De  la  nature  des  coléorhyzes  et  du  mode  de  Tac- 
croissement  de  l'écorce  chez  les  racines  et  les 
liges m        » 

—  Sur  un  parasite  nouveau 156        » 

—  Cas  de  polydactylie  chez  la  poule i98        » 

GiRALBÈK.        ...    Monstruosités  diverses  chez  un  Tœtus 152        » 

GossBLi:« Note  sur   une  nouvelle  variété   d'oblitération  d  s 

voies  spermaliques »      83 

—  Examen  d'un  fœtus  monstrueux  anencéphale  (pseu- 

dencépbale) ,  manquant  de  nez  et  d'yeux.    .    .     .      i77        » 
GouBAUX Description  d'un  chien  monstrueux iS5        » 

—  Coloration  de  la  membrane  muqueuse  de  l'utérus 

par  un  pigment 193        » 

—  Corps  étrangers   dans  les   canaux  excréteurs  des 

glandes 19&       » 

—  Rupture  de  la  raie  et  (ki  foie 199        » 

GoBLEB.  ....  .  Anatomie  et  pathologie  des  glandes  de  Méry,  con- 
nues sous  le  nom  de  glandes  de  Cowper.    ...       22       » 

—  Cas  d'hypertrophie  Ubroso-glanduiaire  des  glandes 

de  Méry 5u  » 

—  Sur  un  cas  de  tumeur  encéphaloïde  inlra-crànienne.  8S  >• 

—  Vice  de  conformation  des  mains.     .......  91  ». 

—  Note  sur  un  cas  de  pleurésie  purulente Iâ7  »  , 

—  Note  sur  un  cas  d^lyd^occphale'aigu.  .....  lis  » 

—  Oblitération  de  la  vésicule  biliaire  par  un  calcul; 

analyse  du  liquide  muqueux  dont  elle  était  rem- 
plie   144  ,» 

—  Observation  de  pleurésie ....  2O1  >> 

GiÉniN  (Jules)..  .     .    Du  pied  plat i36  >• 

Guérin-Ménevillb.     Du  lluide  nourricier  des  vers  à  soie 138  » 

GtJiET Recherches  sur  la  lièvre  intermilienle   sjmple  chez 

les  enfants  nouveau-nés  et  à  la  raaoïelle.»    ...         >■      .'>& 

H 

UiKFEi.sHeiM.  .  .  Rein,  uretfre  et  vessie  envahis  par  des  tubercules 
chez  un  militaire  mort  dans  le  service  de  M.  Ca- 
zalas 6        » 

—  Rapport  sur  son  Mémoire  intitulé  .-  Quelques  obser- 

vations relatives  au  phénomène  de  la  circulation.  30  » 

—  Sur  un  procédé  d'analyses  des  urines  diabétiques.  82  » 
HincBFEi.D  (Ludovic).  Tumeur  observée  dans  la  fosse  sus-sphénoidale.  .  .  187  » 
HouEL Monstre  célosomien  du  genre  agénosome  (Geoffroy- 

Saint-Hilaire) "107 

Miette  (Charles  .  .  Recherches  sur  les  propriétés  physiologiques  et  thé- 
rapeutiques du  bromure  de  potassium »      19 

—  Recherches  sur  les  propriétés  physiologiques  de  l'é- 

iher  iodhjdrii|uc.  Inductions  thérapeutiques.  .    .         >•      47 


247 


JoBBRT  (de  Lamballe).  Origine  du  nerf  facial  au-dessous  de  l'entre-croise- 
nient  det  pyramides  ;  explication  anatomique  de 
la  paralysie  croisée  de  ce  nerf i 

—  Sur  un    calcul   salivaire   obstruant   le   conduit  de 

Warlhon 35 

—  Sur  les  débris  d'une  grossesse  extra-utérine.  ...        5i 

—  Sur  une  tumeur  du  scrotum 78 


Laboulbème.  .    .    .    Dilatation  de  Turétére  et  du  rein  gauches i6ti       » 

— et  DuTARD    .     .    .    Observation  d'une  muqueuse  utérine  rendue  après 

un  mois  et  demi  de  rétention  des  régies.  .  .  .  181  » 
—et  RouzET.   .     .     .    Note  sur  l'hypertrophie  de  la  membrane  interne  du 

gésier  observée  sur  deux  gallinacés.    .....      188        » 

Laurknt Note  sur  le  volvox  globator it4        » 

Lbbert Eloge  du  docteur  Prévost  (de  Genève) 60        » 

—  Membranes  muqueuses  utérines  expulsées  pendant 

la  menstruation 73        » 

—  Rapport  sur  une  observation  de  tumeur  épilhéliale 

du  cuir  chevelu <2i        » 

—  Tumeur  enkystée  d'une  glande  sébacée  montrant 

le  conduit  excréteur  oblitéré 126        >■ 

—  Placentas  provenant  de  Temmes  syphilitiques .    .    .      127        » 

—  Production  cornée  au  front;  examen  microscopique.      128        » 

—  Du  synchisis  élincelant i38        »• 

—  De  la  nature  locale  ou  générale  des  tumeurs.    .     .         >■      Hî 
—   el  Pri^vost    (  de    Observations  sur  le  développement  du  cœur  et  de 

Genève).                l'aorte  pendant  les  cent  quarante  -  quatre   pre- 
mières heures  de  l'incubation »      89 

LsoLANC Kyste  osseux  ou  dentaire  trouvé  dans  la  mâchoire 

inférieure  d'un  cheval 35        » 

Lkbrbt Cas  d'aneslbésie  sans  paralysie  du  mouvement.    .    .  3        » 

—  Tournoiement  chez  un  enfant 7        » 

—  Note  sur  les  eonferves  qui  croissent  dans  les  bassins 

de  l'établissement  thermal  de  Néris 490        » 

—  Kystes  hydatiques  du  foie 489        » 

Leconte Concrétions  tophacees i39        >• 

Analyse  de  l'hydroferrocyanate  de  potasse  et  d'urée.      203        » 
Leroux  (A).   .    .     .    Anastomose  de  l'artère  vertébrale  avec  la  cervicale 

profonde '96        » 

L'HEHMiniEa.  .     .     .     (Foyei  Rayer  et  Davaine.) 

M 

Mattor  (de  Genève).  Sur  l'époque  è  laquelle  on  doit  extirper  les  séques- 
tres    8        " 

MàziBR lumeurducerveletproduisant  desmouvements  con- 

vulsifsetla  paralysie  du  même  côléoùellesiégeait.       102        >• 

MoMj AGNK  (C).    .         Sur  les  fumagines  de  Persoon 21        » 

—  Surunemaladiede  la  vit;i)L'caii».'e  parle  parasitisme 

d'une  mucédfnée  du  genre  vidium Sh        » 


248 

c.  b.  a. 
Morel-La  VALLÉE.    Cas  de  dél'orneation  de  la  (été  de  l'kumérus  par  com- 
pression         36  » 

MoYKiCF. Lipome  de  |a  cavité  «h^oininale .      i3S)  >- 

Q 

Olier Observation  d'un  fœtus  anencéphaie io(>       » 

P 

Perhim Helminthes  de  Tordra  des  nématoYdes  de  Rudolphi , 

ou  caviiaires  do  Cuvier,  trouv^^s  dans  lea  moyennes 
et  les  petites  bronches  des  deux  poumons  d'un  porc 
âçé  d'un   an 158       » 

PiocEY Du  sillon  de  la  gale  et  (quelques  observations  sur  le 

porrigo   scutulata 17S        » 

Prévost  (de  Genève).  Sa  nécrologie ,  par  M- Leberl.    ,.,.....       ftp,       » 

Prévost  elLEBERT.  Observations  sur  le  développement  du  cœur  et  de 
l'aorte  pendant  les  cent  quaraiile-ijualre  premières 
heuren  de  l'incubation »      8» 

0 

QuATRKFACiis  (A.   de).  Quelques  eipériences  sur  l'ounicc  sanguine  le. 

tanguinia  ) 99        " 

—  Recherches  sur  la  pho&pboreseerice  du  pori  de  Bou- 

logne (réwjmé) »60       « 

R 

Racls pifTormités.  mMUipIei)  chez  un  poulet U  » 

Raiek Ganglions    bronchiques    tuberculeux  ct^ex  un  veau, 

sans  tubercules  dans  les  pouiyons -  8  " 

—  Hématurie  graiïtseuse  (urine  iaileus^) ii  » 

—  Doigt  surnuméraire  chei  une  écrevisse 56  » 

—  Tubereulisalion  d'uQ   des  testicules   cb«z  un  faisan 

doré 77  » 

—  Éruption  bulleuse  sur  une  epinoche i36  » 

—  Inoculation  du  sang  de  rate H»  » 

—  Recherches  sur  le  trichiasis  de^  voies  t)rin^ites  et  sur 

la  pili-miction »     l67 

— et  RER.tAiiD  (CI).    Faux  hermaphrodisme  (androgyne  inasculiD,  Gurlt.)^ 

observé  sur  un    chevreau 128        <• 

— etDAVAirtE.  Examen  d'une  mam  et  de  la    moitié  inférieure  de 

l'avant-hras  afléctés  de  d'élcphanliasis  des  Arabes. 

(Pièce  adressée  à  la  Société  par  M.  L'Herminier.)  >■  6T 
Robin  (Charles}         De  la  corrélation  existant  entre  le  développement  de 

l'utérus  et  celui  de  la  mamelle i        " 

—  Sur  !a  siruclure  d'un  cpulis  du  maxillaire  inférieur.  8        » 

—  Existence  d'un  guhernaçujum  lestis  qmsçulaire  chez 

un  chien  adulte 38        » 

—  Observations  sur  le  développement  de  la  substance  cl 

du  tissu  de»  o.s .  »    «19 


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3- 

2A9 

c.  R.       m. 
Robin  et  Veroeil  (F.).  Examen  microicopique  de  l'urine  de  l'homme.    .    .       35       » 
RoccCT Observation  sur  une  tumeur  épilhéliale  du  cuir  che- 
velu ,  ayant  détruit  en  partie  les  os  de  la  voûte  crâ- 
nienne,  et  présentant  une  structure  toute  spéciale.      i2i        » 
^  Examen  microscopique   d'un    dépôt   d'urate  alcalin 

(tophus)  dans  les  articulations  du  tarse 136        » 

RouzsT           Note  sur  l'hypertrophie  de  la  membrane  interne  da 
et  Laboulbênk.        gésier,  observée  sur  deux  gallinacés I8S       » 

S 

ScHNEPF Idiotie,  altération  de  la  glande  pinéale 167  » 

Sédillot.     .    .    .    Sur  la  nature  et  les  causes  des  suppurations  bleues.  •>  13 

Second  (L.-A.).    .    Histoire  et  systcmalisation  générale  de  la  physiologie.  »  32 

—  Sur  les  dénominations   des   diverses  parties  de  l'in- 

testin par  les  auteurs  grecs  et  latins 67       » 

—  Note  sur  les  fonctions  du  larynx  supérieur  chei  les 

oiseaux 184        » 

Smith  (Laurence).  Nouveau  microscope  destiné  spécialement  aiu  re- 
cherches chimico- microscopiques 15S        • 

SuQUST Sur  un  cas  de  lèpre  et  sur  les  maladies  des  vers  k  soie 

en  Syrie 91       » 

T 

Tholozan.  .  .  .  Sur  un  cas  douteux  de  farcin  chronique.  (Observation 
recueillie  dans  le  service  de  M.  Michel  Lévy,  au 
Val-de-Gràce.  ) »    I5» 

V 

Valerciemnes      Sur  les  vaisseaux  des  épiploons  lombaires  de  U  mar- 

et  Bernard  (Cl. V        motte.  .   .- 160  » 

Verdeil  et  DoLLFL's  (Cb.).  Analyse  anatomique  et  chimique  du  sang.     .    .  79  > 

Verdeil  et  Robin  (Cb).  Examen  microscopique  de  l'urine  de  l'homme.    .  35  » 
Verheoil.    .    .    .    Ossification    très-étendue   du   péricarde  viscéral  au 
niveau  de  roreilletle  droite  ;  rupture  de  cette  même 

oreillette 75  » 

—  Anomalies  de  dimensions  de  l'aorte 186  » 

—  Sur  deux  cas  où  l'intestin  offrait  un  diverticulum.    .  lOi  » 

W 

Vr'vRTz Présence  du  glucose  dans  la  sérosité  d'un  vésicaloire 

posé  à  un  diabétique 4        » 

~  Recherche  du  sucre  dans  les  crachats  d-'un  diabétique.         s       » 


FIN   DE    LA   TABLE    DES    ACTEURS. 


LISTE  DES  OUVRAGES 


OFFERTS  A  liA  SOCIETE  DE   BIOliOCîIE. 


A 

AcKERMAN  (M. -P.).  .  .  ConnidératioDs  anatomico-physiologiques  et  historiques 

sur  le  coipo  du  Chili.  Paris,  f8U.  In-4°. 

Annales  de  la  Société  entomologiqoe  de  France,  année  1844,  premier  Iri- 

meslre.  1849.  In-S». 
—  Résumé  des  travaux  delà  Société  entomologique  pendant 
l'nnnée   1844.  In-8».  —  Discours  d'installation;  par 
M.  le  marquis  de  Brème.  1844.  ln-8% 


Dadin  d'Hurtebise  .  . 
Bally  (Victor) 


Barbier  (J.-B.-G.).  . 
Barral  (J.-A.).  .  .  . 


Bernard  (Claude).  .  . 
Bezançon  (Alphonse). 
Blot  (HipjKdylc)  .  .  . 


B 

Delà  paralysie  du  nerf  moteur  oculaire  externe  (sixième 
paire).  Paris,  1849.  Thèse  in-4». 

Recherches  sur  les  maladies  épidécniques  et  endémiques 
des  bords  de  la  Méditerranée,  et  notamment  sur  la 
choladrée  lymphatique.  Paris,  $849.  ln-4o. 

Voyage  d'Horace  à  travers  les  marais  Pontins.  In-8*. 
(Extrait  du  Bulletin  de  l'Académie  de  médecine.) 

Quelques  réflexions  sur  la  psychologie.  Amiens  et  Paris, 
1849.  In-18. 

Statique  chimique  des  animaux,  appliquée  spécialement 
à  la  question  de  l'emploi  agricole  du  sel.  Paris,  1850. 
In-18. 

Recherches  expérimentales  sur  les  fonctions  du  nerf  spi- 
nal. Paris,  l851.In-4'>. 

Considérations  sur  l'hystérie,  et  en  particulier  sur  son 
diagnostic.  Paris,  1849.  Thèse  in-4o. 

De  l'albuminurie  chez  les  femmes  enceintes;  ses  rap- 
ports avecl'éclampsie  ;  son  influence  sur  l'hémorrhagic 
utérine  après  raccouchement.  Paris,  l869.Thè!-e  in-4\ 


252 

BuuenoT  (E.) Des  maladies  virulentes.  Paris,  1847.  In-4<>. 

—  Mémoire  sur  la  coagulation  du  sang  veineux  dans  les 

cachexies  et  dans  les  maladies  chrouiques.  (Extrait  de 
laCiAZEiTË  Médicale.  Paris,  1846.) 
BoULEY  (M.-H.) ....  Notice  historique  mr  M.  AtexiS-Casimir  Dupuy,  ancien 

professeur  de  l'École  nationale  vétérinaire  d'Alforl  et 
directeur  de  l'École  nationale  vétérinaire  de  Toulouse, 
jparjs,  1860.  Id-8o. 

—  Traité  de  l'organisation  da  pied  de  chevaT,  comprenant 

l'étude  de  la  structure,  des  fonctions  et  des  maladies 
de  cet  organe,  avec  an  atlas  de  34  planches  lithogra- 
phiées,  dessinées  d'après  nature  par  MM.  Edm.  Pochet, 
Première  partie.  Anatomie  et  physiologie.  Paris,  1851. 
Grand  in-8'  avec  atlas. 

BouLLAND  (l.ouis-Ch.).  Recherches  microscopiques  sur  la  circulation  du  sang  et 

le  système  vasculaire  sanguin,  dans  le  canal  digestif, 
le  foie  et  les  reins.  Paris,  1849.  (Thèse  in-4».) 

Brown-Séqcahd  (C.-É.)  .  Ptecherches  et  expériences  sur  la  physiologie  de  la  moelle 

épinière.  Paris,  1846.  Thèse  )n-4». 

—  Résumé  de  plusieurs  mémoires  de  physiologie  expéri- 

mentale, lus  ou  présentés  à  l'Académie  des  2<!lenee8 
en  1847.  (Extrait  des  Comptes  rendus  des  séances  de 
l'Académie  des  sciences,  t,  XXIV  et  XXV.)  In-8*. 

Bulletin  médical  du  nord  de  la  France.  Pathologie  interne.  — 1845,  n»  1.  — 

184G,  quatre  numéros.  —  1847,  huit  numéros. —  1848, 
trois  numéros.  —  1849,  deux  numéros.  —  1850,  trois 
numéros.  —  Lille.  In-8«. 

UiiaQ(  Victor) De  l'anesthésie  et  de  i'amyosttiésle.  ParL»«  1861.  Thèse 

iiv-8». 


Cayla  (Fr.-Alexis.).  .  De  l'hydropisie  des  Tillositéschorlalcs  (moles  hydallque» 

des  auteurs.  Thèse.  Paris,  1849. 

Chaussât  (J.-B.)  .  .  .  Des  hématozoaires.  Paris,  1850.  Thèse  in-4». 

Claude  (C.-A.).  .  .  .  De  la  folie  causéu  par  lespertessémlnales.  Thèse.  Pari», 

1840. 

CoouEREL(Charles.J.  .  De  la  cécité  nocturne.  Thèse.  Paris,  1849. 

GoRTi  (Alphonse).  .  .  De  systemale  vasorum  psammosauri  grisei.  p'indo- 

bonœ,  1847. 
—  -Recherches  sur  l'organe  de  l'ouïe  des  mammifèrps.  Pre- 
mière partie,  limaçon.  1851.  In-S». 

CosTE  (M.-J.-B.).  .  .  .  Recherches  expérimentales  et  observations  cliniques  sur 

le  rôle  de  l'encéphale,  et  particulièrement  de  la  protu- 
bérance annulaire,  dans  la  respiration.  Paris,  185l. 
Thèse  in-4''. 


253 


D 


Oavaine De  l'hématocèlc  spontanée  (!p  la  Uiniqiie  VJiginale.  Paris, 

1837.  Thèse  i  0-4». 

Delacocr  (Charles.).  De  l'analgésie.  Paris,  18L0.  Thèse  in-4o. 

Depaul(A.-J.-H.).  .  .  De  l'influence  de  la  saigppe  et  d'un  régime  débilitant  sur 

le  développement  de  l'enfant  pendant  la  vie  intra-uté- 
rine. Paris,  1849.  In-R». 

—  Mémoire  sur  l'insufflation  de  l'air  dans  les  voies  aériennes, 

chez  les  enrants  qui  naissent  dans  un  état  de  mort 
apparente.  1845.  In-8». 

—  De  l'emphysème  qui  succède  brusquement  à  ia  rupture 

de  l'un  des  points  des  voies  aériennes;  de  son  siège  et 
de  ses  terminaisons.  Paris.  In-S». 

—  De  l'emploi  des  caustiques  dans  les  maladies  chirurgi- 

cales. (Concours  pour  l'agrégation  section,  de  chirurgie. 
1847).  Paris.  Thèse  iii-4». 

—  Du  torticolis.  (Concours  pour  l'agrégation,  section  de 

chirurgie.)  Paris,  1851.  Thé.se  in-4». 

DÉsin(A.). Delà  présence  de  l'albumine  dans  l'urine ,  considérée 

comme  phénomène  et  comme  signe  dans  les  maladies. 
Paris,  1835,  Thèee  in-4» 

Des!1arest  (M.-E.)  .  .  Description  d'un  nouveau  genre  de  crustacés  delà  sec- 
tion des  décapodes  macroures,  famille  des  salicoques, 
irtbu  de»  paléraoniens  (genre  léander),  (Annales  de 
la  SoeiÉTÉ  ENTOMOLOGiQUE,  deuxième  série,  t.  VII, 
premier  trimestre  de  1849.) 

—  Description  de  deux  nouvelles  espèces  de  buprestides  du 

genre  hyperanthcu,  Gist,  Mannerheim  (pœcilonota,  So- 
lier,  Dejean,,  eic.)  (Extrait  des  Annales  de  la  Société 
ENTOMOLOGIQUE  DE  FRANCE,  deuxième  série,  t.  I,  pre- 
mier trimestre  1843») 

—  Note  sur  une  disposition  anormale  des  organes  génitaux 

observée  dans  l'astacus  fluviatilis  (Fabriclus).  (Eitrait 

d^sARNALSa  DE  LA  SOCIÉTÉ  ENTOMOLOGIQUE  DE  FRANCE, 

deuxième  série,  t.  VI,  1848.)  Paris,  1849. 
Desmarkst  (M.-E.)  .  .  Notice  sur  quelques  perforations  faites  par  des  insectes 

dans  des  plaques  métalliques.  In-8». 

—  Renaarques  sur  plusieurs.cas  de  pathologie  observes  che2 

les  animaux.  (Extrait  de  ia  Revue  ft  Magasin  de  700- 
tOGiE,  février,  18*?.)  Drux  exemplaires. 

Dézeimeris  et  Littrc.  L'Expérience,  journal,  t.  !.  Paris,  1837-1838.  In-4«. 

DorODR  (Gustave.).  .  Essai  clinique  sur  le  diagnosuc  spécial  et  différpntie!  de» 

maladiea.de  la  vois  et  du  larynx.  Paîis,  l86l- 


254 

Ddfour  (Léon.).  .  .  .  Sur  la  circulation  dans  ies  insectes.  (Extrait  des  actes 

DE  LA  Société  linnéenke  be  Ijordeaux.  )  Bordeaux , 
!849. 

—  Description  et  anaîomie  d'une  larve  à  branchies  externe» 

d'hydropsiche.  Grand  in-8">. 

—  Recherches  anatomiques  sur  la  larve  à  branchies  exté- 

rieures du  sialis  lutarius.  Grand  in-S". 

—  Recherches  sur  l'anaîornie  et  l'histoire  naturclie  de  l'os- 

mylua  maculatus.  (Extrait  des  Ankale3  des  sciences 
NATORELLES,  juin  1348.)  Grand  in-S". 

Dci»lat(M.-S.-J.-M.)  .  Des  ramollissements  de  l'utérus,  et  principalement  de 

son  ramollissement  gangreneux.  Paris,  i333.  Thtee 
in-4». 

Ddplay  (a.) Des  maladies  dissimulées.  (Concours  public  pour  l'agré- 
gation.) Paris,  J838.  Thèse  in-4. 

Durand-Fardel.  .  .  .  Des  eaux  de  Vichy,  considérées  sous  les  rapports  clini- 
que et  thérapeutique.  Paris,  !85!.  In-8°. 

—  Mémoire  sur  les  réactions  acides  ou  alcalines.  Paris, 

1849.  ln-8». 


FoLLiN  (E.) Études  sur  les  végétations  des  cicatrices  et  des  ulcères. 

In-8o. 
—  Recherches  sur  les  corps  de  Wolff.  Parie ,  1850.  Thèse 

in-4». 
—  etLABODLBÈNE  (A.).  Sur  la  matière  pulvérulente  qui  recouvre  la  surface  du 

corps  des  lixus  et  de  quelques  autres  insectes.  (Société 

entomologique,  séance  du  23  août  1848.) 


Gouroan-Fromentel 
(Louis-Edouard.) 
GoBLER  (Adolphe).  . 


Gdérin-Méneville 
(M.*F.~E.) 


Essai  sur  le  suc  nourricier  et  ses  modifications  patholo- 
giques, Paris,  1849.  Thèse  in-ù». 

Des  glandes  de  Méry  (vulgairement glandes  de  Cowper  ) 
et  de  leurs  maladies  chez  l'homme.  Paris,  1849.  Thèse 
in-4o. 

Études  sur  les  maladies  des  vers  à  soie.  (  Extrait  de  la 
Revl'e  et  Magasin  pe  zoologie, novembre  1849,  no  il.) 
In-8«. 

H 


Hébert  (C.-C.).  ...  De    l'inflammation    du    iipôme.    Paris,    1849.   Thèse 

in-4''. 
HervédeLavacr(G.).  De  la  cautérisation  delà  vessie  dans  les  hématuries  vé- 

sicales.  Paris,  1849.  Thèse  in-4«. 
HiFFELSHEiM Quciques  observations  relatives  au  phénomène  de  la  cir 

cuiation.  Paris,  1850.  In-S» 


255 

HoMOLLE  et  Qdeve!4mc.  Mémoire  sur  la  digitaline;  rapport  fait  à  l'Académie  na< 

tionale  de  médecine  par  M.  BouiUaud.  Paris,  1851. 
In-S". 


LabouI'Bj^n'e  (Alex.)'  •  Description  d'une  nouvelle  espèce  française  de  laemo- 

phlaeus.  (Société  cntoinologique,  séance  du  12  juillet 

1848.) 
Lacaze-Dutuiep.s  ...  De  la  paracentèse  de  la  poitrine  et  des  cpanchements 

pleuréliques  qui  nécessitent  son  emploi.  Patis,  1851. 

Thèse  in-4o. 

IjACh  (F.-J  ) .De  l'éther  suifuriquc,  de  son  action  physiologique  et  de 

son  application  à  la  chirurgie,  aux  accouchements,  à  la 
médecine,  avec  un  aperçu  historique  sur  la  découverte 
de  Jackson.  Paris,  1847.  Grand  in-S". 

Lasègue  (Gh.) De  quelques  établissements  d'aliénés  dans  la  Russie  oc- 
ci  den  taie.  (Extrai  t  des  Anna  les  hédico-psychologiques.) 
Paris.  In-S». 

Laurent Essai  sur  les  tissus  élastiques  et  contractiles.  (Extrait 

des  ANNALES  DE  LA  MÉDECINE  PHYSIOLOGIQUE,  ln-8». 

—  Appendice  aux  recherches  sur  la  signification  d'un  or- 

gane nouvellement  découvert  dans  les  mollusques. 
(Extrait  des  Annales  d'anatomie  et  de  physiologie.) 
Grand  in-S». 

—  Essai  sur  les  monstruosités  doubles;  observations  anato- 

noiques  sur  le  squelette  d'un  monstre  double  de  chat 
domestique. 
—  et  ËTooux Recherches  anatomiqucs  et  zoologiques  sur  les  mammi- 
fères marsupiaux.  (Extraits  de  plusieurs  mémoires  in- 
sérés dans   la  Zoologie  du  voyage  de  la  Favorite 

AUTOUR  se   MONDE   PENDANT  LES  ANNÉES  1830,     1831   et 

1832.) 

Leroy-d'Étiolles.  .  .  De  la  paraplégie  produite  par  les  désordres  des  organes 
(Raoul-Henri,).  génito-urinaires.  Paris,  1850.  Thèse  10-4». 

Lebret(L-E.) Étude  clinique  de  traitement  thermal.  Paris,  1851.  Thèse 

in-4«. 

Li  vois  (Eugène).  .  .  .  Recherches  sur  les  échinocoques  chez  l'homme  et  chez  les 

animaux.  Paris,  1843.  Thèse  in-4^ 

Lord  (Joseph  L.et  Henri  G.).  Défense  des  droits  du  docteur  Charles  T.  Jackson  à 

la  découverte  de  l'éthérisation,  suivie  de  pièces  justi- 
ficatives. Paris,  1848.  In-S». 

M 

Macquet (Louis-Jules).  Recherches  cliniques  sur  l'inflammation  des  membranes 

séreuses  pt  synoviales.  Paris,  1850.  Thèse  de  méde- 
cine in-4o. 


3Ô6 

Martin»  (Gh.) Liste  de  ses  travaux.  Grand  in-go. 

—  D«  la  tératologie  v^étate,  de  ses  rapports  avoc  la  téra- 

tologie animale.  Thèse  in-4'',  présentée  à  la  Faculté  de 
médecine  de  Montpellier.  (Concours  pour  la  chaire  de 
botanique  et  histoire  naturelle  médicale.)  Montpellier, 
1851. 

MoNSïRET  (K.) Thèse  in-S"  sur  la  question  suivante  :  La  goutte  et  le 

rhumatisme;  présentée  et  soutenue  en  juin  1851.  (Con- 
cours pour  une  thaire  de  pathologie  médicale.)  Paris, 
1851. 
Montagne  (C.)  ....  A  micrographie  study  of  the  dlsease  of  saffroa  known 
.  uoder  the  name  of  tacon,  read  before  the  Socif'y  of 

biology  at  Paris,  dec.  2,  1848.  Grand  in-8«. 

—  Sixième  centurie  de  plant«6  cellulaires  nouvelles,  tant 

iadigènes  qu'exotiques.  Décades  A^lll  à  X.  (Extrait  des 
Annales  des  sciences  naturelles,  t,  XII,  septembre 
1849.)  In-8o. 

—  Observations  et  expériences  sur  un  champignon  ento- 

moetone,  ou  histoire  botanique  de  la  muscardin^i  (Ex- 
trait des  Annales  de  la  Société  séricicole,  1847,  on- 
zième volume.)  Ib-8'. 
MoHEC^iAVAtLÉE  (V.).  Dcs  luxalious  de  îa  clavicule.  Paris,  1842.  Thèse  in-4». 

—  Des  rétractions  accidentelles  des  membres.  (Concours 

pour  l'agrégation,  section  de  chirurgie.)  Paris,  1844. 
Thèse  in-4». 

—  De  l'ostéite  et  de  ses  suites»  (Concours  pour  l'agrégation 

en  chirurgie.)  Paris,  1847 .  Thèse  in-i». 
-"  Sur  les  luxations  compliquées.  (Concours  pour  une  chaire 
de  clinique  chirurgicale.)  Paria,  1851.  Thèse  in-4«. 

N 

Mélaton  (A.)  .....  De  l'influence  de  la  position  dans  les  niafcidics  chirurgi- 
cales. (Thèse  m^A"  présetttée  au  eow4lifsi  piour  une 
chaire  de  clinique  chipurgitale  vacante  à  ki> Faculté  de 
médecine  de  Paris,  et  soutenue  le  2i  avril  1851.)  Paris, 
1851. 


PoecHET ftticherches  sur  les  organes  de  la  circulation,  de  la  diges- 
tion et  de  la  respiration  des  animaux  infusoires.  (In- 
sérées  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  des 
SCIENCES,  13  novembre  184S  et  1 5  janvier  1849.) Rouen. 
Petit  in-folio. 

Prbvost  (J.-Iii.)-  •  .  •  Observations   microsropi^iîes  sur  la  Obre   musculaire. 

In-4». 


257 


QUATiurATïEs  (A.  »£.)•  R^sumc  des  observations  f;iilPs  «n  1844  tai  les  gastéio- 

poJrs  phlébentérés.  Grand  in-8*. 

—  Études  sur  lea  types  ioféneurs.de  i'embranchemenl  d«a 

annelés.  (Annales  des  sciences  natcmelles,  partie  zoo- 
logique,  troisième  série.)  Paris,  1848.  Grand  iu-8'. 

—  Mémoire  sur  l'embryogénie  des  annélides.  (Elirait  des 

Annales  des  sciences  naturelles.) 

R 

IVacuc  (Victor.)  ....  Mémoire  sur  le  choléra  sporadiqoe  symploniiitique.  (Et  > 

trait  delà  Revue  médico  chibcrgicale  de  pARis.)Graitd 
in-8». 

—  Mémoire  sur  de  nouveaux  caractères  de  la  gangcène  et 

sur  l'existence  de  cette  lésion  dans  des  maladies  où 
elle  n'a  pas  encore  été  décrite.  (Extrait  de  ta  GAZEnx 
Médicale  de  Paris,  année  1849.)  In-S». 

—  Recherches  sur  les  alTections  du  cerveau  dans  les  mata- 

dies  générales.  Paris,  1848.  Thèse  in-i". 
Rater  (P.) Observations  sur  les  maladies  des  poissons  (Archives  de 

MÉDECiHE  COMPARÉE.)  Pari?,  ln-4'.  Planches. 
Redfern  (P.).    ....  On  abnormal  nutrition  in  articulât  cartilages.  Ëdiobur^hj 

1849.  In-8». 
Requin   (A. -P.).  ...  De  la  spécialité  dans  les  maladies.  (Concours  pour  une 

chaire  de  pathologie  médicale,  ouvert  le  l"  mai  1851. 

à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris.)  Paris,  1861. Thèse 

in-40. 
Robert  (Alph.).  .  .  .  Des  vices  congénitaux  de  conformation  des  articulations. 

Paris,  1851.  Thèse  in-4». 

Robin  (Ch.) NiOtice  sur  ses  travaux  scleotiflques.  Paris.  4  décembre 

1848.  In-8». 

—  Mémoire  pourservir  à  l'histoire  anatomique  et  pathologique 

de  la  memhrane  muqueuse  utérine,  de  son  mucus,  de 
la  caduque  et  des  œufs,  ou  mieux  glandes  de  Nnboth. 
(Extrait  des  Archives  générales  de  kédecink.)  Paris, 
1848.  In-8». 
~-  Anatomie  chirurgicale  de  la  région  de  l'aine.  Paris,  1846, 
Thèse  in-4». 

—  Tableaux  d'anatomie,  contenant  l'exposé  de  toutes  les 

parties  à  étudier  dans  l'organisme  de  l'homme  et  dans 
celui  des  animaux.  Paris,  1860.  In-i'*. 
Thèse  de  zoologie  pour  le  doctorat  es  sciences  naturelles, 
présentée  à  la  Faculté  des  sciences  de  Paris  en  juillet 
1847. 

17 


258 

Robin  (Ch.) Rftcberohc.-^  sur  an  appareil  qui  se  trouve  sur  les  poissons 

«lu  genre  des  raie»  (  raia ,  Cuv.),  et  qui  présente  les 
caracU^res  anatomiques  des  organes  électriques.  (Lues 
à  rinstitul  le  18  mai  t8i^  )  Paris,  1847.  Grand  i n-8'- 
U:irtinct. 

S 

SÊwtNAS •  f»  ^^''ccîïes  sor  la  nutrition  et  la  sécrétion  étudiées  dans 

la  rate  et  le  foie.  Paris,  1850.  In-8».  (Deux  exem- 
plaires.) 

W 

WiLLFHiM  (A.)  ....  De  la  pellagre  sporadiquc  à  Paris;  du  diagnostic  de  eetl« 

maladie.  (Extrait  des  Archives  générales  de  méde- 
cine.) Pari?,  1847.  In-8', 
—•  Rpsumé  général  de  la  clinique  chirurgicale  de  la  Faculté 
de  médecine  de  Strasbourg  pendant  le  semestre  d'hiver 
t8it-«842.  (Leçons  de  M,  Sédillot^  recueillies  par 
A.  Willemin.)  Strasbourg  et  Paris,  1842.  In-8<>. 

—  De  la  métrite  puerpérale  idiopathique,  ou  métrite  franche 

des  nouvelles  accouchées,  et  de  sa  complication  avec 
les  phlegmoses  pelviens.  (Extrait  des  Archives  géné- 
rales de  iiÉDECi.<«E.)  Paris,  1847.  In-S». 

—  De  la  complication  des  flèvres  éruplives    entre  elles. 

(Th«se  in-4*  pour  !e  doctorat  en  médecine.)  Paris , 
t84T. 


FIN.