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Full text of "Comptes rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales"

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COMPTES RENDUS HÉDOMADAIRES 


DES SÉANCES ET MAIRES DE LA 


DIE Cassette, 1 


COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES 


DES SÉANCES ET MÉMOIRES 


DE LA 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ANNÉE 1913 — TOME PREMIER 


(SOIXANTE-QUATORZIÈME DE LA COLLECTION) 


PARIS 
MASSON ET C*° ÉDITEURS 
LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 


120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6°) 


1913 


‘ ; 


+ 


LISTE 


DES 


AU 31 DÉCEMBRE 1913 


ABRÉVIATIONS 


A A M, associé de l'Académie de médecine. 

A A s, associé de l’Académie des sciences. 

«EP, agrégé à l’École de pharmacie. 7 

A E M, agrégé à la Faculté de médecine. 

A M, assistant au Muséum. ; 

c L, chef de laboratoire. 

c s, chef de service. 

c A w, correspondant de l’Académie de médecine. 
© À s, correspondant de l’Académie des sciences. 
D, directeur. 

D» 4, directeur-adjoint. 

FRS, membre de la Société royale de Londres. 
M À M, membre de l’Académie de médecine. 

mA s, membre de l’Académie des sciences. 


M crs, maitre de conférences à la Faculté des sciences. 


M H, médecin des Hôpitaux. 


M #, médecin honoraire des Hôpitaux. 


M 1, membre de l'Institut. 

e Gr, professeur au Collège de France. 

PEN, professeur à l'École de médecine. 

E P, professeur à l'École de pharmacie, 

» E v, professeur à l'École vétérinaire. 

P F M, professeur à la Faculté de médecine. 
F s, professeur à la Faculté des sciences. 
H, pharmacien des Hôpitaux. 


m 


P 
P 

_ PH Fr M, professeur honoraire à la Faculté de médecine. 
P 


H M, professeur honoraire au Muséum. 
1 P, professeur à l'Institut Pasteur. 

P M, professeur au Muséum. 

P U, professeur à l'Université. 


Lol 


DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


LINE 


ANCIENS PRÉSIDENTS 


Présidents perpétuels. 


MM. 


Rayer (1848-1867). Claude Bernard (1868-1878). Paul Bert (1879-1886). 


Présidents quinquennaux. 


MM. 

Brown-Séquard (1887-1892). 
Chauveau (1892-1896). 
Bouchard (1897-1901). 


MM. 

Marey (1902-1904). 
Giard (1905-1908). 
Malassez (1909). 


COMPOSITION DU BUREAU 
(1913) 


Présidents... Re. 


Vice-présidents................ 


Secrétaire général..........., 


Secrétaires ordinaires. ....... 


M. Dastre. 

M. Hallion. 

M. Mesnil. 

M. Pettit. 

M. Guieysse. 

M. Levaditi. 

M. P. Émile-We 
M. Wintrebert. 
M. J. Jolly. 

M. Nicloux. 


MEMBRES HONORAIRES 


MM. 

Albert I ($. A. S.), Prince de Mo- 
naco, AAS. 

Cajal (Ramon y), 4AM, pu, à Ma- 
drid. 

Chauveau, MAS, MAM, PM, 4, rue du 
Cloître-Notre-Dame (4°). 

Ehrlich, 4aM, p K. Institut f. expe- 
rimentelle Therapie, 44, Paul- 
Ehrlichstrasse, Frankfurt-a-M. 

Fischer (E.), cas, AAM, pu, Hessi- 
schestrasse, 2, à Berlin. 

Haeckel (E.), pu, à léna. 

Hermann (L.), pu, à Kônigsberg. 


MM. 

Hertwig (O.), AAM, pu, à Berlin. 

Metchnikoff, AAS, AAM, Sous-prP, 
25, rue Dutot (15°). 

Maupas, cas, à Alger. 

Pavloff, cas, AAM, professeur à l’In- 


stitut de médecine expérimen- 


tale, à Saint-Pétershourg. 
Ray-Lankester, FRS, «AS, à Londres. 
Roux (E.), MAS, MAM, piP, 25, rue 
Dutot, Paris (15°). 
Schwendener, A4S, PU, à Berlin. 
Waldeyer (W.), cas, pu, ‘Lüther- 
strasse, 35, à Berlin. 


1 
À. 

3 
3 


a 


MEMBRES TITULAIRES HONORAIRES 


à MM. 


Achard, MaM, PFM, Mn, 164, rue du 
Faubourg-Saint-Honoré (8°). 
Arsonval (A. d’), MAS, MAM, PCF, 

12, rue Claude-Bernard (5°). 
Babinski, mam, mu, 170 bis, boule- 
vard Haussmann (8°). 
Balzer, man, ME, 8, rue de l’Arcade 


(8). 


Barrier, MAM, inspecteur général. 


des Écoles vétérinaires, 5, rue 
Bouley, à Alfort. 

Bloch (A. M.), 9, boulevard Jules- 
Sandeau (16°). 


. Blanchard (Raphaël), man, PrM, 226, 


boulevard Saint-Germain (7°). 

Bonnier (Gaston), mas, PrFs, 15, rue 
de l'Estrapade (5°). 

Bonnier (Pierre), 166, rue du Fau- 
bourg-Saint-Honoré (8°). 

Borrel, pr, 207, rue de Vaugirard 
(AS). 


_ Bouchard, MAS, MAM, PHFN, MEH, 


174, rue de Rivoli (1°). 
Bourquelot, MAM, PEP, PH, 42, rue 
de Sèvres (1°). 

Bouvier, mAs, PM, 55, rue de Buffon 
(5°). | 
Camus (Lucien), chef technique de 
l’Institut supérieur de vaccine à 
l’Académie de médecine, 14, rue 

Monsieur-le-Prince (6°). 


_ Capitan, MA, chargé de cours cr, 


5, rue des Ursulines (5°. 


. Carnot (Paul), AFM, ME, 8, avenue 


Élisée-Reclus (7°). 
Chabrié, Prs, 83, rue Denfert-Ro- 
chereau (14°). 


Chantemesse, MAM, PFM, Mu, 30, rue 


Boissy-d’Anglas (8°). 
Darier, ma, 77, boulevard Males- 
herbes (8°). 


MM. 
Dastre, MAS, MAM, PFS, À, rue Victor- 
Cousin (5°). 
Dejerine, MA, PrM, mx, 479, boule- 
vard Saint-Germain (7°). 

Delezenne (C.), MAM, rip, 6, rue 
Mizon (15°). 

Desgrez, PFrM, 78, boulevard Saint- 
Germain (5°). 

Duguet, MAM, AFM, MH, 60, rue de 
Londres (8°). 

Dupuy (E.), 23, rue Franklin (16°). 

Fabre-Domergue, inspecteur géné- 
ral des pêches maritimes, 223, 
boulevard Raspail (14°). 

François-Franck, MAM, PCF, 5, rue 
Saint-Philippe-du-Roule (8°). 

Galippe, man, 2, avenue des Til- 
leuils, villa Montmorency (16°). 

Gautier (A.), MAS, MAM, PHFM, 9, place 
des Vosges (4°). 

Gellé, 40, avenue de ia Grande- 
Armée (17°). 

Gilbert, MAM, PFM, Mu, 27, rue de 
Rome (8°). 

Gley, ma, pcr, L4, rue Monsieur- 
le-Prince (6°). 

Grimbert, MAM, PEP, PH, 47, quai 
de la Tournelle (5°). 


 Guignard, MAS, MAM, PEP, 6, rue 


du Val-de-Grâce (5°). 

Hallion, pa à l’École des Hautes- 
Études, 54, rue du Faubourg- 
Saint-Honoré (8°). 

Hallopeau, Ma, AFM, Mau, 91, bou- 
levard Malesherbes (8°). 

Hanriot, MAM, AFM, à la Monnaie(6°). 

Hayem (G.), MAM, PuFM, muu, 97, 
boulevard Malesherbes (8°). 

Henneguy, MA£, MAM, PCF, 9, rue 
Thénard (5°). 

Héricourt, 12, rue de Douai (9°). 


MM. 

Jolly, » à l'École des Hautes-Études, 
56, avenue de Breteuil (7°). 

Kaufmann, MAM, PEV, à Alfort. 

Künckel d’Herculais, AM, 55, rue 
de Buffon (5°). 

Landouzy, MAM, PFM, Mu, 15, rue 
de l’Université (1°). 

Langlois (J.-P.), AFM, 155, boul. 
St-Germain (6°). 

Lapicque, PM, 24, boul. Henri-IV 
(4.) 

Larcher (0.), 97, r. de Passy (16°). 

Laveran, MAS, MAM, 25, rue du Mont- 
parnasse (6°). 

Letulle, MAM, PFM, Mu, 7, rue de 


Magdebourg (16°). 

Linossier, cAM, 51, rue de Lille 
(Hs): 

Loisel, 6, rue de l'École-de-Méde- 
cine (6°). 

Magnan, MAM, max, L, rue Cabanis 
(14°). 

Mangin, mas, PM, 2, rue de la Sor- 
bonne (5°). 


Manouvrier, P à l'École d’anthro- 
pologie, 15, rue de l’École-de- 
Médecine (6°). 

Marchal, mas, p à l’Institut agrono- 
mique, 89, rue du Cherche-Midi, 
Paris (6°). 

Marie (Pierre), MAM, PFM, MH, 209, 
boulevard Saint-Germain (8°). 
Martin (Louis), csrP, 205, rue de 

Vaugirard (15°). 

Meillère, ma, px, 15, rue du Cher- 
Midi (6°). 

Mesnil, Pptp, 21, rue Ernest-Renan 
(45°). 

Moussu, pEev, à Alfort. 

Netter, MAM, ArM, MH, 104, boule- 
vard Saint-Germain (6°). 

Nicloux, AFM, AM, 15, rue Duguay- 
Trouin (6°). 


MM. 

Onimus, Cap Fleuri, Cap d’Ail (Al- 
pes-Maritimes). 

Perrier (Edmond), MAS, MAM, PM, 
57, rue Cuvier (5°). ’ 

Pettit, czir, 28, avenue de Mont- 
souris (14°). 

Raïlliet, MAM, PEV, 9, avenue de 
l'Asile, à St-Maurice. 

Ranvier, MAS, MAM, PHCF, à Thélys, 
Cr de Vendrange, par St-Sym- 
phorien de Lay (Loire). 

Regnard (Paul), mam, p de l'Insti- 
tut agronomique, 195, rue Saint- 
Jacques (5°). 

Rémy, Ar“, 46, rue de Londres 
(8°). 

Rénon, AFM, Mg, 5, rue de Cons- 
tantine (7°). 

Retterer, AFM, 29, boulevard Saint- 
Marcel (13°). 

Richer (Paul), m1, mam, 50, rue du 
Luxembourg (6°). 

Richet (Ch.), mas, ma, PrM, 15, rue 
de l’Université (1°). 

Robin (Albert), MAM, PFM, Mu, 
53, boulevard de Courcelles (8°). 

Roger (H.), MAM, PFM, MH, 132, rue 
de Rennes (6°). 

Sinéty (de), 14, place Vendôme 
(Ac), 

Suchard, 75, rue Notre-Dame-des- 
Champs (6°). 

Thomas (André), 75, rue de Chail- 
lot (8°). 

Troisier, MAM, AFM, M4, 25, rue La 
Boétie (8°). 

Trouessarl, PM, 57, rue Cuvier (5e). 

Vaillant (L.), Pam, 8, quai Henri-IV 


(4). 
Varigny (Henri de), 18, rue 
Lalo (16°). 


Vaquez, AFM, MH, 27, rue du Géné- 
ral-Foy (8°). 


Vincent. 


M. 


Mam, au Val-de-Gràce 
(5°). 
Weiss (G.), MaAM, PFM, 20, avenue 


 _ _Jules-Janin (46°). 


— V — 


M. 


Widal, mam, PFM, Mu, 155, boule- 


vard Haussmann (8°). 
Wurtz, MAM, AFM, M4, 18. rue de 
Grenelle (7°). 


MEMBRES TITULAIRES 


MM. 
_ Bierry (H.), mc à l'École des Hau- 


tes-Études, 11, avenue de la 
‘Grande-Armée (16°) (19 mars 
1910). 
Bohn., » à l’École des Hautes- 
Études, 12, rue Cuvier (5°) (2 fé- 
wrier 4907). 


Branca (A), AFM, 5, rue Palatine 


(6°) (28 janvier 1911). 


Camus (Jean), arm, 71, rue de Gre- 


nelle (7°) (21 décembre 1907). 
Caullery, Prs, 6, rue Mizon (15° 
_(25 février 1905). 
Claude (Henri), AFM, My, 62, rue de 
Monceau (8°) (3 juillet 1909). 
Clerc (A.), Ma, 52, avenue de Wa- 
-gram (17°) (3 mai 1913). 
Courtade (D.),cLrM,166, rue du Fau- 
bourg-Saint-Honoré(s°) (17 mars 
1906). 


Coutière, PEP, 4, avenue de l'Ob- 


servatoire (6°) (20 mars 1909). 

Dopter (Ch.), P à l'École d'appli- 
cation de la médecine et de la 
pharmacie militaires au Val-de- 
Grèce, 64. rue Claude-Bernard 
(5°) (48 novembre 1911). 


. Garnier (M.), mu, 82, rue du Ro- 


cher (8°) (20 mai 1911). 

Gravier (Ch.), AM, 55, rue de Buffon 
(5°) (4 juillet 1908). 

Guéguen (F.), AEP, Hospice Le- 
prince, 109, r. Saint-Dominique 
(72) (A® juillet 1911). 


MM. 

Gruieysse-Pellissier (A.), AFM, 26, 
rue Vavin (5°) (11 mai 1912). 

Henri (Victor), préparateur Fs, 8, 
rue du Puits-de-l’Ermite (5°) 
(28 janvier 1905). 

Bérissey, AEP, PH, 96, rue Didot 
(14°) (16 mars 1907). 

Josué, mu, 7,avenue de Villiers (17°) 
(4° juin 1907). : 

Legendre (R.), préparateur m, 126, 
rue d’Assas (6°) (14 juin 1913). 
Levaditi (C.), cciP, 54, rue des 

Volontaires (15°) (29 juin 1912). 

Maillard, arm“, 2, quai de Ges- 
vres (4°) (23 novembre 1907). 

Marchoux, csrp, 96, rue Falguière 
(15°) (25 juin 1910). 

Mayer (André), pa à l'École des 
Hautes-Études, 33, faubourg 
Poissonnière (9°) (11 avril 1908). 

Menegaux, Am, 55, rue de Buffon 
(5°) (16 décembre 1911). 

Mulon (P.), AFM, 27, avenue Bu- 
geaud (16°) (10 décembre 1910). 
Nageotte, Pcr, mu, 82, rue Notre- 
Dame-des-Champs (6°) (10 no- 

vembre 1906). 

Nicolas (A.), PrM, 7, rue Nicolle 
prolongée (5°) (25 janvier 1908). 

Pagniez, Mu, 24, rue Jean-Goujon 
(8°) (5 février 1910). 

Pérez (Ch.), P adjoint Fs, 3, rue 
d'Ulm (5°), (28 avril 1911). . 


UE — 


MM. 

Pieron (H.), » à l'École des Hautes- 
Études, 52, route de la Plaine, Le 
Vésinet (S.-et-0.) (27 décembre 
1913). 

Pinoy (E.), sous-czrP, 25, rue Du- 
tot (15°) (22 novembre 1893). 

Portier (Paul), mcrs, p à l'Institut 
Océanographique, 12, rue des 
Jardins, à Fontenay-aux-Roses 
(Seine) (10 février 1906). 

Prenant, mMam, PFM, 6, rue Toullier 
(5°) (15 février 1908). 

Rabaud, mers, 3, rue Vauquelin (5°) 
(7 mars 1908). 

Rathery (F.), AFM, MH, 108, boule- 
vard Saint-Germain (6°) (22 fé- 
vrier 1913). 


MM. 

Roule, PM, 57, rue Cuvier (5°) 
(25 janvier 1913). 

Teissier (P.-J.), PrM, Mu, 442 bis; 
r. de Grenelle (7°) (4° avril 1905). 

Tissot (J.), AM, 57, rue Cuvier (5°) 
(25 novembre 1905). 

Vallée, nev, à Alfort (15 décembre 
1906). 

Weil(P.-Emile), mu, 24 bis, avenue 
du Trocadéro (16°) (23 novembre 
1912). 

Weinberg (M.), cup, 459, rue de 
la Convention (15°) (21 décembre 
1912). 

Wintrebert (P.), Préparateur Fs, 
41, rue de Jussieu (5°) (17 février 
1912). 


MEMBRES ASSOCIÉS 


MM. 

Beaunis, PHFM, villa Printemps, 
Le Cannet, près Cannes. 

Calmette, cas, cam, PFM, ptp, à Lille. 

Behring, AA, PU, à Marbourg. 

Bütschli, pu, à Heidelberg. 

Exner, PU, à Vienne. 

Frèdericq (Léon), pu, à Liége. 

Hubrecht, pu, à Utrecht. 

Jolyet, cam, PFM, à Bordeaux. ( 

Kossel (A.), cam, PU, à Heidelberg. 

Kronecker, pu, à Berne. 

Lépine, cAS, AAM, PHFM, 30, place 
Bellecour, à Lyon. 

Loeb (J.), P à l'Institut Rockefeller, 
à New-York. 

Luciani, pu, à Rome. 


MM. 

Morat, CAM, PFM, à Lyon. 

Pfeffer (W.), pu, à Leipzig. 

Pitres, AAM, PFM, 119, cours d'Al- 
sace-Lorraine, à Bordeaux. 

Renaut (J.), cAS, AAM, PFM, 6, rue 
de l'Hôpital, à Lyon. 

Rubner, pu, à Berlin. 

Schäfer (A. E.), pu, à Edimbourg. 


. Vejdovsky, pu, à Prague. 


H. de Vries, pu, à Amsterdam. 

Waller (Aug.), FRS, PrFs, à Lon- 
dres. 

Weismann (A.), pu, à Fribourg-en- 
Brisgau. 

Wilson (Ed.}), pu, à New-York. 

Wertheimer, cam, PFM, à Lille. 


MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX 


MM. 

Abelous, cam, PrM, à Toulouse. 
Arthus, pu, à Lausanne. 
Bardier, PrM, à Toulouse. 
Baréty, à Nice. 


MM. 

Bergonié, cam, PrM, à Bordeaux. 
Bouin (P.), Pru, à Nancy. 
Cazeneuve (Paul), AAM, PFu,à Lyon. 
Charpentier, cAM, PFM, à Nancy. 


PRE PU Del) Me AIO AT Le ere MN NE PRE Ut 
Re ne ins Do 


Æ VIT — 
_ MM. MM. 
 Courmont (Jules), cam,prm, àLyon. | Lucet, MAM, AM, 8, rue . Arènes, 
_ Courmont (Paul), PFM, à Lyon. Paris (5°). 
_ Cuénot, prs, à Nancy. + ‘ Maurel, CAM, PHFM, à Houlouees 
4 à Curtis, PrM, à Lille. Morel (A.), Pr, à Lyon. 
. Debierre (Ch.), cam, PF, à Lille. Moynier de Villepoix, PEM, à 
È  Dhéré, Prs, à Fribourg (Suisse). Amiens. 
_ Doyon (Maurice), P adjoint rm, à | Nicolle (Ch.), mr, à Tunis. 
C: Lyon. OEchsner de Coninck, PrFs, à Mont- 
Dubois (Raphaël), prs, à Lyon. pellier. 


…  Duboscq (0.), prs, à Montpellier. Pachon, PF», à Bordeaux. 
_ Duret, AM, P à l’Université libre, | Pelvet, à Vire. 


"à Lille. Perraud, P de viticulture, à Ville- 
1 Gilis, cam, prM, à Montpellier. franche (Rhône). 
_ Guilliermond, chargé de cours rs | Pierret, AAM, PHrM, à Lyon. 
Da Lyon. Policard, AFM, à Lyon. 
Guilloz, cam, P adjoint rm, à | Porcher, pev, à Lyon. 
Nancy. Regaud, rip, 12 , Square Delambre, 
 Hédon, PFM, à Montpellier. Paris (14°). 
. Herrmann (G.), pru, à Toulouse. Remlinger, pip, à Tanger. 
Imbert, cam, PFM, à Montpellier. Rodet, Prm, à Montpellier. 
3 … Jourdan, Prs, PEM, à Marseille. Sellier, chargé de cours FM, à Bor- 
ne | Lagüesse, cam, PFn, à Lille, deaux. 
. Lambert, arm, à Nancy. Sergent (Ed.), pr, 24, boulevard 
- Lambling, cam, Pr, à Lille. Carnot, à Alger. 
N. - Lataste, ancien pu, à Cadillac (Gi- | Simond, Médecin Inspecteur des 
D | ronde). troupes coloniales. 
Re, . Lécaillon, Prs, à Toulouse. Testut (Léo), AAM, FM, à Lyon. 
0 _ Lefèvre (A.),26,r.Thiers, au Havre, | Tourneux (Fréd.), cam, Pr, à Tou- 
…… Léger (L.), pFs, à Grenoble. louse. | 
D. Livon, cam, PEM, à Marseille. Vialleton, Pr», à Montpellier. 


MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS 


È Allemagne Australie. 
Abderhalden, pu, à Halle. Haswell, pu, à Sidney. 
Blumenthal (F.), Pu, à Berlin. 

Boveri, ru, à Würzburg. Autriche-Hongrie. 
Hertwig (R.), pu, à Munich. 
oux (Wilhelm), pu, à Halle. Adamkiewiez (Albert), cam, pu, à 
illstätter (R.), PU, Faradayweg Cracovie. 
10, à Berlin. | Apathy, pu, à Kolosvar. 


Zuntz, pu, à Berlin.  * Siedlecki, pu, à Cracovie. 


Ê AE PR LE OO AT DEN AP ET) DS TI EU 


— NI — 


Belgique. 

MM. 

Bambeke (Ch. van), pu, à Gand. 

Bordet, pre, à Bruxelles. | 

Dollo, conservateur du Musée d’his- 
toire naturelle, à Bruxelles. 

Heger (P.), Pau, à Bruxelles. 

Nolf, pu, à Liège. 

Pelseneer (P.), Directeur de l’Aca- 
démie des Sciences de Belgique, 
56, Bd Léopold, à Gand. 

Van der Stricht (O.), PU, à Gand. 


Cuba. 
Sanchez Toledo, à Paris. 


États-Unis. 


Minot (S.), P Harvard University, 
Boston. 

Stiles (CI. W.), cam, Chief of the 
Division of Zoology U. S. Public 
Health and Marine Hospital ser- 
vice, Washington. 


Finlande. 
Tigerstedt (R.), pu, à Helsingfors. 
Grande-Bretagne. 


Bateson, p de l'Institut Biologique 
John-Irmes (Merton, près Wim- 
bledon, Surrey). 

Ferrier (David), Frs, P King's 
College, 34, Cavendish square, 
à Londres, W. 

Horsley (sir Viclor), Frs, 80, 
Park street, Grosvenor square, 
à Londres, W. 

Langley, FRS, PU, à Cambridge. 

Sherrington, FRS, PU, à Liverpool. 

Starling, Frs, P, University College, 
à Londres. 


Hollande. 
MM. 


Hamburger (J.), Pt, PrϾdiniuss- 
ingel 2, Grüningen. 


Italie. 


Fano, pu, à Florence. 

Golgi, AAM, PU, à Pavie. 

Perroncito (Eduardo), CAM, PU, à 
Turin. 


Roumanie. 


Athanasiu, pu, à Bucarest. 
Babes, cam, pu, à Bucarest. 
Cantacuzène (J.), PFM, à Bucarest. 


Russie. 


Dogiel, pu, à Kazan. 

Famintzin, Wassiliew Ostrow, 7°, 
ligne 2, à Saint-Pétershourg. 
Gamaleïa, à Saint-Pétershourg. ne 
Mendelssohn (Maurice), cam, 49, 
rue de Courcelles, Paris {8°). 
Metalnikov (S.), Angliisky pr. 32. 

à Saint-Pétershbourg. 
Mislavsky, pu, à Kazan. 
Wedensky, pu, à Saint-Péters- 
bourg. 


Serbie. F2 
Giaja, pu, à Belgrade. 
Suède. 


Retzius (G.), cas, AAM, PU, à Sloc- 
kholm., 


Suisse. 


Bugnion, ru. à Lausanne. 
Bunge (G. von), cam, pu, à Bâle. 
Prévost, PU, à (renéve. 


Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, {, rue Casseile. Son 1 * 


M -BArrez (G.) et BouLer (L.,) : Ac- 
… tion de l'extrait de prostate humaine 
_ sur la vessie et sur la pression ar- 
férielle D odi0 IC: AU. -| 

_ Bueron(M.), Massoz (L.)etBRuvANT 
) : Technique de la transfusion 
du sang chez le cobaye. . . . . . . . 

Bronx (P.) : Modification de la 
teneur azotée du sérum sanguin au 
cours de l’insufäsance hépatique . . 
CAzugrre (A.\ et Massoc /L.) : Re- 
cherches sur le Bacille tuberculi- 
MÉNbe Perrans.2 1 24 an 2 
CRUVEILHIER (E.) : Traitement an- 
igonococciqne au moyen d'injec- 
- tions sous-cutanées de virus-vaccins 
ensibilisés vivants. . ... ..... 
HENRY (A) et Cruca (A.) : Re- 
herche d'anticorps spécifiques dans 
e. sus de lapin porteur de Cæ- 
Keicin (D.) : Sur les conditions de 
nutrition de certaines larves de 
ipières parasites de fruits. . . .. 
LEAcane (L.) : Bacillurie lépreuse. 
- Eucxez-Lavasrine et Jonnesco 
108) : Recherches histologiques 
les lipoides de la moelle épi- 


LS os Action de 


tee 


Rene, sole. ele, jee: 8. 


et LEvADrrr (C.) : 


SÉANCE DU 4 JANVIER 


COMPTES RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


[913 


SOMMAIRE 


Nouvelles recherches sur la théra- 
peutique mercurielle des spirilloses 
(sp. des poules et syphilis du la- 
pin) ee A SMTP" 

MAGxe (H.) : Pathogénie de l’hy- 
perglycémie cnrarique . . . . . . . . 

Maupas (E.) et Seurar (L.-(t.): La 
mue et l’enkystement chez les Stron- 
gles du fube digestif . .:. .. …. .. 

More (L.) : Les relations fonc- 
tionnelles entre le foie et les ‘pas 
HHVÉOIdES Enr À elec 

PerritT (AUGUSTE) : Procédé simp'e 
pour prélever du sang chez les pe- 
LHÉSTONSeUTS Ve ET CL Ar 

Ropet (A. Action du bacille 
d'Eberth sur les éléments figurés 
du sang. Pouvoir hémolytique. . . . 

Roupsky (D.) : Quelques remar- 
ques à propos de l’immunité natu- 
relle et de la spécificité parasi- 
CIRE RER Se Er M RE TR 

SAUTON (B.) : Sur la sporulalion 
de l'Aspergillus fumigalus. . ..,. 


Réunion biologique de Nancy. 


Durour (M.) : Sur la vision sté- 


TÉOSCODIQUER Cr NA ERE PATTEREC 
Durour (M.) : Vision binoculaire 
CHABUCES RAA SE ARR RC Ne . 
ETIENXE (G.) : L'intersystole du 


cœur humain normal 


Biocoate. Couptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 1 


28 


A1 


©2 


38 


19 


GAIN (Enmonp) et Broco-ROUSSEU : 
Résistance à l’iodure de potassium 
de l'Acremonium Potronii Vuill. : . 46 


Lasseur (Pn.) : Contribution à 


l'étude de Bacillus Le Monnieri, Charneras I) ER RTE 55 
now. spec. (Note préliminaire) . . . 41 Ger8Eer (C.) et SALKkINp (J.) : Action 
Parisor (JACQUuES) et MATHIEU physiologique des latex. 1. — Injec- £ 
(Prerrs) : Modifications de la nutri- tions. sous-cutanées de latex dé- 
tion générale sous l'influence de caoutchouté ou non de l'icuscaricaL. æ 
l'hyperglycémie expérimentale. . . 48 | chez le pigeon. .. . . . . . . . . .. 65 
SarrTory (A.) : Études morpholo- Joeaub (A.) : E. — Séries longi- | 
gique et biologique d'un bacille tudinales et séries transversales de 
DOUPOR JE TRUE MAN ce AL EEE 51 | plaques dans les Cirrhipèdes pri- 
mitifs et dans les Cirrhièdes pédon- 
Réunion biologique de Marseille. c'lés. Simplification de la nomen- 
clature. L'évolution dans le genre # 
BERG (A.) : La peroxydase d’Ec- IBOPICULONSNE LENOIR ARRET 58 


ballium elalerium A. Rich. . . . .. 63 
Costa (S.) : Sur la présence d’un 
blastomycète dans le sang des rou- 


geoleux. (Note préliminaire.) . . .. 62 | lobaire de l'hypophyse. . . . . . . . 61 
GErBEr (C.) : Analogies entre la RANQUE et SÉNEZ : Action de l'iode 
coagulation du jaune d'œuf et la sur le bacille d'Eberth. (Note préli- 
caséification du lait par le latex de ID OS ÉN0 ELD NEc PEAE LAE dPE E 57 
l’'euphorbe des vallous (Euphorbia SALKIND (J.) : Sur la thymectomie 
Chez lescrapaudi eee nee - 66 


Chants) PERS ERS RENE 53 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


GERBER (C.) : Différences entre la 
coagulation du jaune d’œuf et la ca- 
séification du lait par ie latex de 
l’euphorbe des vallons (Euphorbia 


Livon {Cu.) et PEYRON : Sur les” 


phénomènes de stase de la subs- 
tance colloïde dans lä région inter- 


Présidence de M. F. Mesnil, Vice-président. 


MM. E. Roux, nommé membre honoraire ; CALMETTE, nommé membre 
associé; P. Bouin, Doro, O. Dusosco et L. LÉGER, nommés membres 
correspondants, adressent leurs remerciements à la Société. 


M. Aruanasiu, membre correspondant de la Société de Biologie et 
secrétaire général de la Réunion biologique de Bucarest, assisle à la 
séance. Le Président lui souhaite la bienvenue. M. Athanasiu lui répond 


en ces termes : de 


-Monsieur le Président, 
Messieurs, pe 

Je suis heureux. de vous apporter le salut cordial de notre Réunion 
biologique de Bucarest, et de vous exprimer les sentiments de recon- 
naissance que nous vous gardons pour l'appui dont vous avez bien 
voulu nous honorer. Nous chercherons à mériter la confiance que vous 


nous avez témoignée. 


SÉANCE DU- # JANVIER 3 


. Je souhaite à la Société de Biologie de Paris d'étendre ses branches 
pleines de vie dans d’autres pays et de réunir dans la même famille 
les biologistes du monde entier. Elle aura rendu ainsi un grand service 
aux sciences biologiques et aura mis la plus importante pierre à 
l'édifice désiré par tous les hommes de science à savoir, l'entente entre 
tous les peuples. (Applaudissements.) 


_ LE PRÉSIDENT remercie M. Athanasiu des sentiments qu'il vient 
d'exprimeret auxquels la Société tout entière s'est déjà associée par ses 
à applaudissements. Il le prie, à son relour en Roumanie, de transmettre 
le salut cordial de la Société de Biologie de Paris à sa filiale, la Réunion 
É biologique de Bucarest. 


QUELQUES REMARQUES A PROPOS DE L'IMMUNITÉ NATURELLE 
- ET DE LA SPÉCIFICITÉ PARASITAIRE, 


Note de D. Roupsky, présentée par A. LAvERAN. 


… J'ai signalé (1) que les phénomènes phagocytaires font partie du 
… mécanisme de l’immunité naturelle de la souris à l'égard de 77. lewisi. 
… Delanoë (2), dans ses recherches sur l'importance de la phagocytose 
. dans l'immunité de la souris à l’égard de quelques flagellés, considère 
. la phagocytose comme le seul mode de destruction des parasites. Tout 
en reconnaissant l'importance des phénomèngs phagocytaires, il me 
semble qu’on néglige trop, dans le cas de l’immunité naturelle, un autre 
facteur plus important peut-être que le premier, c'est que le parasite 
lui-même ne peut pas se développer dans le nouveau milieu où il est 
introduit. Rte Sion 

. Pour qu'un parasite puisse vivre dans un milieu-hôte donné, il faut 
qu'il élabore des diastases définies capables de disloquer et de dégrader 
les molécules des principes immédiats de ce milieu. Or, les diastases 
sont éminemment adaptées à 


à des actions chimiques précises et leur 
ction est subordonnée, non seulement à la constitution, mais aussi à la 
configuration (au sens stéréochimique du mot) de la molécule à lrans- 
former. C'est même là une des propriétés fondamentales des diastases, 
… ainsi que l'avait remarqué déjà Pasteur pour l'acide tartrique, dont seul 
lisomère droit peut être facilement dédoublé. E. Fischer a insisté sur 
importance biologique de ce fait curieux, et à établi à son tour que le 


| {1 D.R Roudsky. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXX, p. 693. 
— (2). P. Delanoë. Ann. de l’Institut Pasteur, t. XXVI, p. 172. 


"1 ‘SOCTÉTÉ DE BIOLOGIE at 


Saccharomyces cerevisiæ ne fait fermenter parmi les monosaccharides que 
ceux qui ont dans leur molécule un nombre d'atomes de C égal à 3, ou 


à un multiple de 3. Il a montré également que parmi les seize combi- … 


naisons isomériques qui correspondent à la molécule d'hexose, trois 
seulement sont dédoublées en alcool et acide carbonique par le 5. cere- ÿ 
visiæ, ce sont : le d-glucose, le d-monose el le d-galactose. . 
Cette adaptation de la diastase à la molécule à dégrader est si étroite 
que Fischer a pu dire que l’une doit être adaptée à à l’autre comme là clef 
à la serrure. 
Nous ne connaissons pas encore la structure stéréochimique av 
molécule albuminoïde ; nous ignorons également sur quel principe 
immédiat se porte mo. de dégradation moléculaire produite par les 
diastases variées des différents microorganismes parasitaires d’origine 
animale. Il est évident qu'il est impossible, dans l’état actuel de nos 
connaissances insuffisantes sur la structure intime de la molécule chi- 
mique des différents albuminoïdes, de montrer la diversité de nature 
qu'elle présente d’une espèce animale à une autre. Néanmoins il est 


vraisemblable d'admettre qu'une grande partie des principes immédiats 


qui constituent la trame vivante de l'animal, tout en conservant les 
traits essentiels de la famille chimique, diffèrent d’une espèce ou même 2 
d'une race animale à une autre. 


À. Gautier a établi ce fait fondamental que tous les nier propres 


à l'espèce et à la famille (lanin, pigments, essences, chlorophylle, 
alcaloïdes, etc.) varient à ce point qu'ils sont décelables à à l'analyse et 
à la balance, même d’une race de plante à l’autre. 

Ce que l’on sait de la spécificité des agglutinines, des précipitines et 
des lysines, témoigne, il me semble, en faveur d’une pareille diversité 
chez les animaux. Le fait qu’ une précipitine, une lysine ou une agglu- 
tinine est spécifique et n’agit que sur le sérum ou sur les hémalies à 
d’une espèce donnée, ne peut, en effet, se concevoir que dans Île. cas où : 
certaines molécules varient d'une espèce animale. à l'autre. 

Il suffit alors qu’un micrope sécrète une diastase n ‘agissant que sur 
une substance donnée, par exemple dextrogyre, pour qu'il ne puisse pas 
atlaquer la même substance lévogyre et pour qu'il lui soit, par suite, 
impossible de vivre dans le nouveau milieu-hôle où il est introduit. Un 
parasite dont les diastases cellulaires sont étroitement adaptées pour 
un milieu-hôte donné ne peut pas continuer à vivre dans un autre milieu-. 
hôte parce que l'hôte se défend, mais surtout parce qu'il ne peut pas 
toujours modifier d'emblée ses diastases adaptées pour un milieu 
chimique différent. «On ne saurait, dit Armand Gautier à propos du 
plasma végétal, faire pénétrer une vis dextrogyre dans un écrou lévogyre 
du même pas et du même diamètre ». 

Au contraire, si le parasite peut modifier ses diastases et les RE | 
au chimisme imposé par le nouveau milieu-hôte, il se développera et. 


SÉANCE DU # JANVIER 5 


produira une infeclion malgré la défense de l'organisme qui dans une 
. certaine mesure existe toujours contre les éléments étrangers. On 
comprend de même qu'un parasite puisse s ‘adapter à un hôle autre que 
_ l'hôte ordinaire et se désadapter de ce dernier. 


… Le régime alimentaire peut faire apparaître des diastases nouvelles comme 
— il peut faire disparaître des diastases existantes (1); Duclaux a beaucoup insisté 
. sur ce fait capital à propos de la culture des Mucédinées. Plus tard, Portier et 
… Bierry, Maumus et Launoy ont apporté des faits nouveaux à l'appui de cette 
conception. Du fait que le lactose n’est pas digéré par le suc intestinal d’un 
canard alimenté normalement, ou l’amidon par le suc cæcal d'un poulet 
…_ soumis pendant des mois à un régime carné, on ne pourra pas conclure que 

… Je lactose et l’amidon possèdent une immunité naturelle propre contre les 
- sucs digestifs en question; ils ne sont pas attaqués parce que les diastases 
Ë nécessaires ne sont pas adaptées ou bien se sont désadaptées à cet effet. De 
même, il est plausible d'admettre que si un parasite ne peut pas se développer 
. chez un hôte donné, ce n’est pas uniquement parce que l’hôte se défend, 
- mais suriout parce que ses diastases sont orientées dans une direction chi- 
 mique différente de celle qu'impose la chimie intime de l'hôte. Ce n'est pas 
une spécificité du parasite ; ce n’est qu’une spécificité de ses diastases, et une 
modification dans la production des diastases pourra adapter un parasite à un 
- hôte qui lui était primitivement réfractaire, comme je l'ai démontré pour 
. Tr. lewisi et Tr. duttoni. 


. Pour 77. dultoni de la souris, l'adaptation au rat à été suivie au bout 
… d'un an d'une désadaptation complète à la souris. 

. Le déséquilibre dans la production des diastases consécutif au chan- 
-_ gement d'hôte et leur adaptation à un nouveau milieu-hôte peut orienter 
celte production dans une voie chimique nouvelle, à ce point qu'un 
- parasite en apparence inoffensif comme 77. /ewisi du rat est devenu 
… franchement pathogène à la suite de passage en série par souris, et une 
… légère différence dans cette direction chimique suffit pour créer des 
. espèces nosologiques différentes dans une même espèce élémentaire. 


(Travail du laboratoire de M. A. Laveran..) 


(1) C’est même là une des propriétés générales des diastases. En effet: «ce 
qu'on sait de l’ontogenèse des diastases, la production constante d'anti- 
3 ë P 


6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ACTION DU BACILLE D ’ÉBERTH SUR LES ÉLÉMENTS FIGURÉS DU SANG. 
Pouvoir HÉMOLYTIQUE, 


par À. Roper (1). 


Ayant entrepris de suivre les varialions des globules dans le sang des 
chevaux employés à la préparation du sérum antilyphique, j'ai été 
amené à m'occuper de l’action que le bacille d’Eberth et ses produits, 
mis in vitro au contact des éléments figurés du sang, peuvent exercer 
sur eux. Jusqu'ici j'ai étudié surtout l’action sur les globules rouges. 

Un certain nombre d’expérimentateurs se sont déjà occupés de 
l'« hémolysine » du bacille typhique, avec des résullats quelque peu 
discordants, en rapport avec les conditions différentes dans lesquelles 
on l’a recherchée, les uns semant le bacille sur des milieux au sang, 
d’autres prenant une culture liquide plus ou moins avancée et la faisant 
agir sur des globules rouges. Avec cette dernière technique, E. et 
P. Lévy (2) ont constaté que les cultures de bacille typhique sont, à un 
certain âge, douées d’un pouvoir hémolytique, qui a son maximum à la 
fin de la deuxième semaine. C'est également celte technique que j'ai 
employée, avec des résullais qui cadrent avec les leurs. 

Des baciiles, recueillis dans une culture sur agar, jeunes, émulsionnés 


dans l’eau salée, mis en contact avec des globules rouges de cheval, ne … 


donnent pas d'hémolyse. Les cultures en bouillon sont également sans 
action, tant qu’elles sont jeunes; elles deviennent hémolysantes tardi- 
vement.. Au cours du séjour à l’étuve, le pouvoir hémolytique peut 
apparaître après quatre à six jours; il croit ensuite progressivement, 
pour atteindre son maximum à la fin du deuxième septénaire ou dans 
le cours du troisième. Un peu plus tard il décroit. 

La condition requise pour constater le maximum du pouvoir hémo- 
lytique est donc l'inverse de celle qui concerne la virulence et la toxicité. 
Celles-ci sont l'apanage des cultures jeunes. Au moment du maximum 
d'activité infectieuse ou toxique, les cultures sont totalement dépourvues 
de pouvoir hémolytique; celui-ci se développe beaucoup plus tard, alors 
que les deux autres propriétés ont considérablement décliné. Le produit 
bacillaire qui est responsable du pouvoir hémolytique est donc tout 
autre que le principe toxique. : ane 

La filtration sur porcelaine respecte le pouvoir Kéoistioue ” le- 
liquide filtré donne des résultats beaucoup plus nets que la culture 
complète. Son activité n'est pas atteinte par le chauffage à 56 degrés. 


L'activité hémolylique n'est d’ailleurs pas très intense : pour la 


(1) Communication faite dans la séance du 21 décembre 1912. 
(2) Centralblatt für Bakteriologie, etc., t. XXX, 190 


SÉANCE DU À JANVIER T 


constater, il faut faire agir le liquide pur ou faiblement dilué. On peut 
laisser le mélange des globules rouges et de culture à la température 
ambiante; il est mieux de lui faire subir d’abord un séjour à l’étuve, de 
deux heures par exemple. L'hémolyse, qui quelquefois a déjà commencé 
au sortir de l'étuve, se fait progressivement dans les heures qui suivent. 
Cette propriété n’est pas, comme certains auteurs l'ont prétendu en se 
—._ plaçant dans des conditions de technique différentes, le propre de 
certaines races de bacilles d’Eberth. Je l’ai du moins constatée avec 
plusieurs échantillons. En comparant les cultures de bacilles sélec- 
tionnés quant à l’agglutinabilité, j'ai constaté un pouvoir hémolytique 
plus élevé dans les cultures les plus agglutinables. 
La plupart de mes expériences ont été faites avec les globules de 
de chevaux fournisseurs de sérum antityphique, soumis à des injections 
- intra-veineuses de bacilles vivants. Mais quelques essais faits avec des 
globuies de cheval normaï ont bien montré que l'aptitude à être hémo- 
lysés par les cultures typhiques n’est pas spéciale aux globules de 
chevaux immunisés; je n'ai pas consiaté de différences importantes 
entre ces derniers et des globules normaux. Cependant, plusieurs fois 
…. les globules d'un cheval (le plus anciennement immunisé) ont paru un 
—…._… peu moins sensibles que ceux de l’autre. Il est possible qu'il y ait 
- quelques varialions de sensibilité des globules en rapport avec la phase 
_ de l'immunisation; mais elles ne sont cerlainement pas importantes. À 
plusieurs reprises, j'ai comparé à ce point de vue des globules 
recueillis à de courts intervalles après une injection inlra-veineuse de 
culture aux globules recueillis avant l’injeclion, sans trouver entre eux 
_ de différences sensibles. 
/ J'ai expérimenté également avec des globules de cobayes immunisés 
par des injections intra-péritonéales dans deux condilions différentes ; 
les uns avec des cultures jeunes, les autres avec des cultures vieilles; les 
globules de l’une et de l’autre provenance se sont montrés également 
sensibles. 
: Les globules lavés sont un peu plus sensibles à l’action hémolysante 
des cultures que non lavés; c’est du moins ce que j'ai constaté pour les 
: globules des chevaux fournisseurs de sérum, globules préparés avec du 
sang citralé. Il est plausible d’après cela d'attribuer une légère action 
4 ‘empêchante à la petite quantité de plasma qui accompagne les globules 
_ non lavés, Ê 
En opérant avec des globules lavés, et faisant intervenir dans la 
…— réaction du sérum de chevaux ou de cobayes immunisés, je n’ai jamais 
observé, de la part du sérum, d'influence bien accentuée. L'action la 
plus nelte que j'aie constalée est, contrairement! aux prévisions, une 
action favorisante que le sérum exerce à forle dose aux proportions de 
4/4, 4/0, parfois un peu moins, de sérum ; l'hémolyse peut être un peu 
accélérée. Pour le cas où il s’agit de sérum de cobaye et de globules de 


8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE é 


cheval, je me suis assuré que le même sérum de cobaye agissant seul 
était sans action. Le chauffage à 56 degrés, soit du sérum, soit du 
liquide de culture lui-même, ne modifie pas le phénomène. J'ai cru 
saisir quelquefois une légère action empêéchante ou retardante de la part 


de doses plus faibles de sérum, mais non constamment. L'influence que 


le sérum d’animali immunisé peut exercer sur l'hémolyse parles pr oduits si 
du bacille d'Eberth est une question à poursuivre. 

Mes expériences avec les globules blancs sont moins avancées. Je 
mentionnerai seulement ici que, en mettant des leucocytes au contact de 
cultures en bouillon complètes et vivantes, j'ai constaté, après un 
cerlain nombre d'heures, de la leucolyse, qui ne s’observe pas au même 
degré dans un mélange témoin, c'est-à-dire dans du bouillon pur. IL 
y a, dans les mêmes conditions, une action lytique sur les hémato- 
blasles. 


Ces expériences ont été faites à Lyon dans le laboratoire de 
M. Auguste Lumière, auxquel j'exprime mes plus vifs remerciements, 


- pour son aimable accueil. 


ACTION DE L'EXTRAIT DE PROSTATE HUMAINE 
SUR LA VESSIE ET SUR LA PRESSION ARTÉRIELLE. 


Note de G. Barrez et L. BouLer, présentée par E. Grey. 


Dans une note précédente (1), l’un de nous, en collaboration avec 
Ch. Dubois, a montré que les extraits frais de prostale de chien provo- 
quent en injection intra-veineuse de vives contractions de la vessie, 
et que ce résultat s'observe encore sur les animaux chez lesquels on a. 
préalablement pratiqué l’ablalion de la moelle. Cette ablation, faut-il 
le rappeler, avait pour but de supprimer les effets hypotenseurs de 
l’extrait prostatique, sur lesquels on reviendra dans une prochaine 
note. 

Nous avons eu l'occasion, le 30 mai dernier, d'enlever, une demi- 
heure après l'exécution, la prostate d'un supplicié âgé de vingt ans, 
dont l'appareil génito-urinaire était parfaitement sain et l’état général 
excellent. Nous en avons fait un extrait suivant une méthode déjà 
décrite, et nous avons recherché si la prostate humaine avait, sur la 
vessie et sur la pression arlérielle, la même action que la prostate de 
chien. | 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du # mai 1912, t. LXXII, 
p. 701. ; | 


SÉANCE DU # JANVIER 9. 


L'expérience a été faite à onze heures du matin, le jour méme de 
l'exécution, sur un chien de huit kilos, curarisé ; la pression artérielle a 
été prise au moyen du manomètre de Marey, dans la carotide, et on a 
eu recours à la méthode manométrique pour enregistrer les contrac- 
_ tions vésicales. 

L'injection dans la veine saphène de 10 centimètres cubes d'extrait, 
soil 12 cenlig. 5 de glande par kilogramme, a provoqué, 26 secondes 
Fi après le début de cette injection, une contraction très violente de la 
_ vessie, dont la période d'énergie croissante a duré quinze secondes et 
celle d'énergie décroissante dix secondes; et les contractions rythmi- 
ques, peu nombreuses et à peine marquées avantlinjection, ont présenté 
ensuite une fréquence et une amplitude beaucoup plus grandes. 

Une deuxième injection, faite dix minutes environ après la première, 
_ s'est montrée moins active : l’'auimal était vraisemblablement en état de 
tachyphylaxie. 

Sur la pression artérielle, la même injection intraveineuse a produit : 


cmHo. 

20 secondes . . . après le début de l’inj., une très légère augmentation de. 17 à 18 

De 20 5. à 30 s. . — — une chute assez rapide de. . . . 18 à 12 
DersUNS AT ni. — — une réascension passagère de . . 12 à 45 

De 1 à 1 m. los. = —_ une nouvelle chute de. . . . . . 15 à 13 

A2 Em 30sS." — = une réascension lente et progressive. à 15 

AO ne : … — = — — — à 16 

A 8 m — — = — — à AT 


La Huet injection à 4e comme pour la vessie, moins active que 
la première. 

L'extrait de prostate humaine active in, comme l'extrait de prostate 
de chien, les mouvements de la vessie et exerce sur la pression arté- 
rielle une action hypotensive ; sur ce dernier point, nos résultats 
s'accordent encore avec ceux qu'ont obtenus d’autres auteurs sur la 
prostale de chien [(Ch. Dubois et L. Boulet (1), F. Legueu et R. Gail- 
lardot (2)] et sur la prostate de cheval (F. Legueu et R. Gaillardot : une 
fois sur deux expériences). 


(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Lille.) 
(4) Loc. cit. 


: (2) F. Legueu et R. Gaiïllardot. Toxicité générale des extraits de prostate 
- hypertrophiée. Journal d'Urologie, t. I, n° 1, page 1, 15 juillet 1912. 


10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


TRAITEMENT ANTIGONOCOCCIQUE AU MOYEN D'INJECTIONS SOUS-CUTANÉES 
DE VIRUS-VACCINS SENSIBILISÉS VIVANTS, 


par L. CRUVEILHIER. 


Depuis que Besredka (1) a établi que les virus-vaccins sensibilisés 
. constituent un moyen inoffensif, rapide et sûr pour conférer une iwmu- 
nité active de longue durée, cette méthode, dirigée d’abord contre la 
peste, le choléra et l'infection typhique, n’a cessé de s'étendre à d’autres 
maladies. 

A la suite de la communication de Besredka, le procédé des virus- 
vaccins sensibilisés à été appliqué successivement au virus rabique, 
au bacille de Shiga, au bacille de la tubereulose, au pneumocoque, au 
streptocoque, au bacille de la diphtérie, au virus de la clavelée et tout 
récemment enfin au staphylocoque. 

Encouragés par les résultats obtenus, nous avons appliqué au gono- 
coque la méthode des virus-vaccins sensibilisés de Besredka. 

Après avoir été assurés, par de nombreuses expériences chez les ani- 
maux, de l'innocuilté complète du virus-vaccin sensibilisé antigono- 
coccique, nous avons pensé que nous étions en droit d'intervenir chez 
l’homme. 

Le sérum auquel nous avons eu recours dans nos interventions pro- 
venait d’une chèvre que nous avions réussi à immuniser par la voie 
veineuse, grâce au procédé des injections subintrantes de Besredka. 

Nous avons considéré qu'il n’etait pas utile de prélever sur le malade: 
lui-même les gonocoques quil s’agissait de seusibiliser, et nous les avons 
empruutés au stock de cultures que nous conservons depuis quelques: 
années el dont nous devons plusieurs échantillons à l’extrème obli- 
geance de M. Morax. 

Nos observations, que nous exposerons ailleurs en détail, ont trait à 
des malades atteints de blennorragie aiguë, de blennorragie chronique, 
d’orchite ou d’arthrite blennorragique. 

Nos injections ont été pratiquées constamment dans le tissu cellulaire 
sous-cutané et ont été répétées, suivant les cas, de trois à sept fois, avec 
des intervalles variant de deux à cinq jours entre chaque injection. 

Aucun des malades qui ont bien voulu se confier à nos soins n'a 
présenté de réaction générale importante. Quelques-uns accusèrent tou- 
tefois une légère élévation de la température durant la nuit qui suivit 
l'injection. 


(1) A. Besredka. Annales de l'Institut Pasteur, 1901, p. 227. — Comptes 
rendus de l’Acad. des Sciences, 1902, t. CXXXIV, p. 1330. — Annales de l’Ins- 
titut Pasteur, 1902, p. 918. — Bulletin de l’Institut Pasteur, 1910, p. 241. 


SÉANCE DU # JANVIER 11 


Parfois, nous avons observé, au niveau de l'injection, une réaction 
caractérisée par de l’érythème et une douleur dont la durée n’a jamais 
dépassé quarante-huit heures. 

Ainsi que l'ont établi, à propos de la vaccination antityphique, 
Metchnikoff et Besredka (1), nous avons observé combien il est utile 
d'injecter du vaccin vivant. Seuls les virus-vaceins sensibilisés vivants 
nous ont permis d'obtenir une action efficace par l'emploi de la vacei- 
nation antisonococcique. 

A la suite de la première injection, le plus ordinairement vingt- 


quatre heures après, nous avons observé chez nos malades une atté- 


nuation marquée de la douleur et une diminulion notable des phéno- 
mènes locaux inflammatoires en même temps que la rétrocession des 
symptômes généraux. ; 

Ce n’est qu'un peu plus tard que la sécrétion purulente se modifie 


pour cesser complètement, dans les cas d’urétrite aiguë, d'ordinaire à 


la fin de la seconde semaine ou au cours de la troisième. Si l’écoule - 
ment persiste, on ne constate plus alors de gonocoques. 
Chez tous nos malades, la durée de la maladie à paru sensiblement 
modifiée, el ceci en dehors, bien entendu, de tout autre traitement. 
Nous n'avons eu à enregistrer aucune complication. 


(Travail du laboratoire de M. Roux.) 


PROCÉDÉ SIMPLE POUR PRÉLEVER DU SANG CHEZ LES PETITS RONGEURS, 


par AUGUSTE PETTIT. 


Au cours des expériences qui portent sur les petits rongeurs, on peut 
avoir besoin de prélever une certaine quantité de sang sans tuer les 
animaux, 

Le procédé suivant permet d'obtenir facilement ce résultat aussi bien 
chez le cobaye que chez le ratet la souris, pour lesquels on ne peut 
guère songer à employer la ponction du cœur. 

La technique est simple : on applique l’animal sur le flanc contre 
une table et on immobilise la tête avec la main gauche et, s’il s'agit 
d'un cobaye, le tronc avec l’avant-bras. 

On repère ensuite l’angle interne de l'orbite et, à ce niveau, on 
enfonce la pipette, modérément effilée, entre le globe oculaire et la 


. paroi osseuse ; on la fait cheminer le long de l'os d'avant en arrière, en 


la maintenant inclinée à 45 degrés environ eten la dirigeant vers le 


(1) Metchnikoff et Besredka. Annales de l'Institut Pasteur, 1911, p. 865. 


12 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


nerf optique jusqu’à ce que le sinus caverneux soit perforé. ce 
qu'indique immédiatement la montée du sang. 

La pipette doit être enfoncée d'environ 5 millimètres chez la souris, 
de 10 millimètres chez le rat et de 12 millimètres chez le cobaye. 

Dans quelques cas, il pent y avoir avantage à faire une légère aspi- 
ration au moyen d’un tube de caoutchouc, mais, en général, la pression 
sanguine est amplement suffisante. 

Le sang ainsi recueilli n’est évidemment pas aseptique ; pour pallier 
cet inconvénient, on instillera dans l’œil une goutle d'une solution 
antiseptique. 

Suivant le cas, on peut remplacer la pipette par une boule en verre 
ou un trocart métallique. 

L'opération est inoffensive et on peut la répéter à diverses reprises 
dans l’un et l’autre orbile ; elle est assez simple pour que les collègues, 
auxquels je l’ai signalée, l’aient réussie dès ia première tentative (1). 

La même voie peut être utilisée pour les injections intraveineuses. 


RECHERCHES HISTOLOGIQUES SUR LES LIPOÏDES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE, 


par M. LAIGNEL-LAVASTINE et VIcror JONNESCo. 


Nos recherches ont porté sur la moelle épinière du cobaye. 
1° Lipoïides du tissu névroglique. 
a) La méthode d’Altmann nous a permis de confirmer les faits découverts 
par Nageotte. 


s 


b) Par fixation de pièces fraiches dans le mordant de Weigert, coupes 
à la congélation, double coloration au Soudan III ou Scharlach et 
hématoxyline, nous avons vu une grande quantité de grains et de 
boules lipoidiques dans les cellules épendymaires. 

Dans le protoplasma de ces cellules sont agglomérés ou dispersés des 
grains et des boules très brillants orange clair. Grains et boules sont 
encore beaucoup plus abondants dans la zone ciliaire, masse conique 
faiblement hématoxylinophile, des cellules épendymaires. 

Les grains lipoïdiques des cellules épendymaires paraissent être 
d'autant plus nombreux que l’animal est plus jeune. 

Dans le reste du Lissu névroglique, on ne trouve que de rares grains 
lipoïdiques prenant le Soudan III. 


c) La méthode de Regaud nous a permis de mettre en évidence entre les 
fibres névrogliques de grosses boules à double contour constituées d'une 


(1) Ce procédé est également applicable aux oiseaux et à nombre de mam- 
mifères, mais il est évident que, chez le lapin, les veines auriculaires offrent 
encore plus d'avantages. 


SÉANCE DU # JANVIER 13 


partie centrale fortement hématoxylinophile et d’une mince zone PEPRE- 
rique colorée en gris rose par l'hématoxyline-éosine. 

_ Ces formations nous ont d’ailleurs paru inconstantes et pour les retrouver 
il faut souvent parcourir un grand nombre de coupes. 


20, Lipoides des cellules nerveuses. 


a) Par la méthode (fixateur formol-Weigert) que nous avons employée pour 

le cervelet, nous n'avons apercu aucune formation lipoïdique; 
b) Par le bichromate acide (bichromate acide (72 ou 24 heures) et ete 
chromatisation) nous avons vu dans les cellules des cornes antérieures de 


x 


très petits grains, peu nombreux, de quatre à cinq par cellule, et entourés 
d'une zone claire. 


c) La méthode de Regaud met en évidence une formation caracté- 
ristique, qu'on peut frapprocher de l’appareil réticulaire {interne de 
Golgi. 

Si nous prenons comme type de description une grande cellule 
radiculaire antérieure, nous voyons l’aspect suivant. 

De la périphérie du noyau partent en divergeant de grosses brides 
plus ou moins droites ou sinueuses, fortement teintées par la laque 
hématoxylique, et qui se fondent dans une large bordure de même 
couleur qui longe les bords du corps cellulaire. | 

De ces brides radiées se détachent d’autres brides secondaires ou 
tertiaires, moins épaisses, qui dessinent dans le cytoplasma des mailles 
polygonales. 

Très souvent des brides secondaires, détachées des primaires, s’unis- 
sent entre elles et dessinent un mince anneau, plus ou moins régulier, 
concentrique au noyau et à la bordure périphérique épaisse. Cette bor- 
dure, se continue au niveau de la base des dendrites, dans lesquels elle 
n'envoie aucun prolongement. Elle en envoie au contraire parfois dans 
le cône d'émergence de l’axone, au niveau duquel elle est en général 
interrompue. Toutes les parties de cet appareil réticulaire apparaissent, 
à un faible grossissement, constituées par une masse fondamentale 
hématoxylinophile criblée d’un grand nombre de vacuoles de taille à 
peu près égale. À l'immersion, ces vacuoles se montrent délimitées 
par des anneaux hématoxylinophiles bien calibrés, régulièrement cir- 
culaires, et la masse fondamentale se résout en une agglomération de 
grains et granules hématoxylinophiles. 

La structure intime de cet appareil réticulo-annulaire se dévoile dans 
certains états pathologiques, au cours desquels les éléments Pei0- 
mérés, grains et anneaux, se dispersent et s’individualisent,. 

Pour juger des réactions pathologiques de l'appareil réticulo-annu- 
laire, nous avons examiné par la même technique des moelles de 
cobayes intoxiqués par la strychaine, à raison de 1 milligramme par 
100 grammes d'animal, en injection intrapéritonéale. 


22 


14 SOCIÉTÉ DE. BIOLOGIE 


Dans ces conditions, nous avons observé des modifications intenses 
de l’appareil réticulo-annulaire. 

a) Dans les a à noyau périphérique, les ie primaires con- 
vergent vers lui, et, d’une facon générale, tout l'appareil réticulo- 
annulaire suit le  . dans ses Li 

b) Dans d’autres cellules, à noyau excentrique ou non, tout l appareil 
réticulo-annulaire est fragmenté en tronçons de taille différente; 

c) Dans d’autres cellules, à noyau le plus souvent homogène, l’appa- 
reil réticulo-annulaire est remplacé par un grand nombre de grains et 
d’anneaux disséminés dans le cytoplasma ; 

d) Enfin d’autres cellules, à noyau homogène ou disparu, ne con- 
tiennent plus qu’un nombre très restreint de grains et d’anneaux perdus 
dans le cytoplasma coloré en rose par l’éosine. : 

Ces altérations : la désorientation de l'appareil réticulo- annulaire en 
rapport avec la migration nucléaire; sa /ragmentalion, sa désagrégation 
en grains el en anneaux; Sa dissolution et sa disparition dans le cyto- 
plasma, sont très analogues aux lésions de l’appareil réticulaire interne 
de Golgi qu'on a décrites dans différents états pathologiques, Marcora 
dans les cellules d'origine de l’hypoglosse après arraciement ou section 
de ce nerf, et R. Legendre dans les greffes des ganglions spinaux du 
lapin. 

On voit donc que si l'appareil rétieulo-annulaire, mis en évidence par 
la méthode de Regaud, diffère par son aspect et sa structure de l'appa- 
reil réliculaire interne de Golgi, il s’en rapproche sensiblement dans 
quelques-unes de ses réac:ions pathologiques, en particulier dans 
l'intoxication par la strychnine. 


(Laboratoire de la clinique des maladies mentales et de l'encéphale. 
Professeur Gilbert Ballet.) 


RECHERCHE D'ANTICORPS SPÉCIFIQUES DANS LE SÉRUM DE LAPIN PORTEUR 
DE Cœnurus serialis. 


Note de À. Henry et A. Cruca, présentée par M. WEINBERG. 
Nous avons récemment fait connaître les propriétés anaphylactiques 
du sérum des lapins porleurs de Cœnurus serialis (1). Nous avons éga- 


(1) A. Henry et A Ciuca. Essais d’anaphylaxie à l’aide de produits parasi- 
taires. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 45 juin 1912, t. LXXIT, 
p. 983. — De l’anaphylaxie active avec le liquide de Cœnurus serialis. Comptes 
rendus de lu Soc. de Biologie, séance du 21 décembre 1912, t. LXXIIT, p. 435. 


Ê 


PASS UM RSR Co ET LR 


S 


SÉANCE DU # JANVIER 45 


lement recherché si ce sérum renferme des substances Iytiques déce- 
labl:s par la réaction de fixation. 

_ Comme antigène, nous avons cherché à utiliser soit le liquide du 
kyste, soit l'extrait aqueux de membrane et de scolex, soit encore 
Lextrait aqueux de Z'ænia serialis; mais nous avons été obligés de 
renoncer à ces deux derniers, parce qu'ils donnent parfois aussi une 
fixation avec le sérum de lapins normaux. Quelques échantillons de 
liquide kystique peuvent amener aussi une fixalion, mais légère et 
seulement lorsqu'on dépasse la dose de 1 c.c. Nous avons donc 
employé dans nos expériences des doses inférieures (0,1, 0,2 et 
0,4 c.c.). 

Dans ces conditions, nous avons oblenu la réaction de fixation très 
nette 2 fois sur 9 sérums de porteurs. 

Ce faible pourcentage nous a fait penser qu'il pourrait se passer pour 
le Cœnurus serialis, le même phénomène que celui décrit par Wein- 
berg (1) pour les porteurs de £ystes hydatiques : à l’état normal, le liquide 
parasilaire ne traverse pas ou traverse irès difficitement la paroi du 
kyste; l'absence d'anticorps est donc naturellement attribuable à la 
non-résorption de l’antigène par l'organisme. Les anticorps apparais- 
sent au contraire aussitôt qu’un traumatisme ou une altération quel- 
conque de la membrane du parasite a permis le passage du liquide 
dans les tissus vivants. : 

Pour vérifier celte hypothèse, nous avons injecté à des lapins dont le 
sérum avait donné une réaction négative, de 10 à 15 c.c. de liquide 
prélevé par ponction de leur propre kyste. 

Dans ces conditions, trois lapins ont reçu chacun une seule injection 
sous-culanée ou intrapéritonéale. Les animaux ont été examinés 
seulement au bout de soixante-cinq jours; le sérum de deux d’entre eux 
a donné une réaction positive nette; celui du troisième, une réaction très 
légère. Chez ce dernier, on a oblenu une réaction fortement posilive dix- 
buit jours après une deuxième injection de liquide parasilaire. Un qua- 
_trième et un cinquième lapin ont été injectés avec leur propre liquide 
parasitaire, mais après exlirpation de leurs kystes absolument intacts. 
Chez un sixième et un septième lapin, nous avons incisé légèrement les 
kystes in situ, de manière à laisser écouler librement du liquide dans 
le tissu sous-cutané. 

Le sérum de ces quatre derniers animaux a été examiné à plusieurs 
_ reprises. Dès le dixième jour, il commençait à renfermer des anticorps 
spécifiques; mais la réaction de fixation s'est montrée très forte au 
bout de trois semaines, après l’injeclion d’antigène. 

… Le sérum de lapins soit porteurs de Cœnurus serialis, soit injectés 


LA 


_ | (1) Weïnberg. Séro-diagnostic de l’échinococcose. Annales de l'Institut 
Pasteur, t. XXIIE, 1909, p. #72. 


16 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


avec du liquide de ce parasite ne donne pas de réaction de fixation avec 
le liquide hydatique. | | RS 

Nous avons également examiné le sérum de deux chiens qui héber- 
geaient de nombreux 7ænia serialis. Nos essais ne nous ont donné que 
des résullats négalifs aussi bien avec ie liquide du kyste qu'avec 
: extrait aqueux de l'ænia serialis. 


Conclusions. 
porteurs de Cænurus serialis est parfaitement capable d'élaborer des 
anticorps spécifiques vis-à-vis du liquide de leurs kystes. 

L'absence de ces anticorps dans le sérum de certains porteurs 
indique tout simplement que la membrane de leur parasite, lorsqu elle | 
est intacte, ne laisse pas filtrer le HS parasitaire. 


(RE de MM. Railliet, à Alfort, et Weinberg, 
à l’Institul Pasteur.) 


BACILLURIE LÉPREUSE, 


par L. LAGANE. 


Nous avons indiqué récemment, à la Société de pathologie exo- 
tique (1), que nous avions pu constater le passage du bacille de Hansen 
dans l'urine des lépreux, à la suite d’injections intraveineuses d’arséno- 
benzol. La bacillurie lépreuse est une nolion nouvelle. Cette bacillurie 
peut non seulement être provoquée, mais exister spontanément, en 
dehors de toute intervention expérimentale. 

Nous avons étudié à ce point de vue quatre lépreux traités à l° hôpital 
Pasteur. | 


DE de ces malades se trouvent, l’un, R..., âgé de seize ans, au début de 
sa maladie, caractérisée par des troubles sensitifs ; l’autre, de M..., trente- 
trois ans, à une période déjà avancée de la sienne, dont le début remonte à 
dix ans. Il présente une forme mixte, à évolution lente, mais avec fonte, 
actuellement visible, de plusieurs tubercules cutanés. Ni l’un ni l’autre n’ont 
recu d’injections d’arsénobenzol. À | 

Les deux autres ont recu une série de cinq injections d’ arsénobenzol, aux 
doses de 50 et 60 centigrammes chaque fois. L'un est atteint de lèpre à début 
récent, avec éruptions maculeuses, troubles sensitifs et présence de quelques 
tubercules; l’autre, de lèpre mixte peu ancienne (six ans), mais semblant 
évoluer assez rapidement, avec fréquentes poussées fébriles et formation 


(4) Séance du 11 décembre 1912. £ 


SÉANCE DU À JANVIER 17 


. de multiples tubercules cutanés. C’est chez ces deux derniers malades que 


nous avons constaté le passage de bacilles de Hansen dans l’urine, après, non 


pas toutes, mais un certain nombre des injections d'arsénobenzol, les 


deuxième et troisième jours qui suivaient l'injection. L'ingestion de divers 
autres médicaments n'avait pas provoqué de bacillurie. 

Le dernier de ces malades, dix jours après sa dernière injection d’arséno- 
benzol, a eu une forte poussée fébrile, avec température évoluant autour de 
39 degrés, accompagnant l'apparition d’une véritable infiltration tuberculeuse 
de la peau des membres inférieurs. Cette poussée persiste depuis vingt jours. 


Pendant toute sa durée, nous avons pu constater l'existence de bacilles de 


Hensen dans l'urine de ce malade. La poussée évolutive aiguë de la maladie 
pouvait être la cause de la bacillurie, mais le fait que des injections d’arséno- 
benzol avaient été faites peu auparavant ne permettait pas de l’admettre sans 
restriction. Aussi avons-nous examiné soigneusement à ce point de,vue, d’une 
part, les urines des malades non traites par l’arséno-benzol et, d'autre part, 
des préparations d’'urines de ce même malade, faites il y a trois mois, lors 
d'une poussée antérieure à la série d’injections. i 

Dans ces dernières préparations, et dans le culot des urines du second 
de nos malades (de M.), nous avons trouvé des bacilles. Nous n’en avons pas 
trouvé chez le premier et le troisième, c'est-à-dire chez les malades atteints 
de lésions peu avancées et surtout nerveuses. Chez de M., nos constatations 
n'ont été positives que deux fois. 

Nous avons pratiqué concurremment la recherche du bacille dans le sang, 
en particulier chez le malade en poussée aiguë (1), en le cherchant soit direc- 
tement sur lames de sang étalé, soit plutôt dans le culot de centrifugation de 
20 centimètres cubes de sang hémolysé par l’eau distillée ou un mélange 
d'alcool et d’eau. Nous ne l’avons jamais constaté. 

La recherche du bacille dans l'urine nous a semblé demander la centrifu- 
gation d’une assez grande quantité d'urine, avec examen patient, dans certains 
cas, des préparations. 

Nous colorions avec la fuchsine de Ziehl, avec ou sans mordancage par 
une solution saturée d'acide picrique diluée de son volume d'alcool absolu, 
et décolorions de facon à éliminer les bacilles du smegma, soit par l'acide 
azotique au tiers et l'alcool absolu, soit par l’alcool chlorhydrique à 3 p.100. 

Les bacilles que nous voyions étaient relativement peu nombreux (en dehors 


{1) La formule hématologique de ce malade était, à ce moment : 


Hémoslobine (MallquiS 0) ER ER ER 0.80 
CIDOUIE STONES NEC ET EN DO UE DO 
Glonuilesblanc SEMESTRE EEE 16.800 
à Equilibre leucocytaire (sur 400) : Q 
LENS AE MOMENT TERRE Po An ol 
Mononucléaires (petits et moyens) . . . 5 en 
Grandsimononucléaires MMM RC EN CRUE — 
BORYMUCIÉNTE SN RENE EN RER SRE TE Pr ALT — 
Polynucléaires éosinophiles . . . . . . . A2 RD: 100 
MVÉTOGYLE SERRES ER EE ET) 


Anisocytose légère. 
Pas d'hématies nucléées. 


Brococre. Compres rENDus. — 1913. T. LXXIV. 


L> 


KE PIRE 


18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


des globi) ;  quelqués- uns étaient isolés ou formaient de petits amas, mais la 
plupart étaient réunis en gros amas globuleux, extrêmement compacts où la 
numération des bacilles centraux devenait impossible. Il y avait environ 4 à 
3 de ces globi par préparation. 

Ces bacilles étaient peu granuleux ; la plupart, isolés ou non, étaient libres 
et ne se trouvaient que fort onu au nombre de deux ou trois 
dans l'intérieur de mononucléaires, dont Iles préparations ne montraiïent 
d’ailleurs que de rares échantillons. La recherche de l’albumine dans ces : 
urines fut toujours négative, ainsi que la recherche du sang. 

Ces malades ne présentent pas de symplômes urinaires ou génitaux de 
lèpre ou de tuberculose ; ils ne présentent pas de signes de tuberculose pul- : 
monaire. Les urines de ceux qui présentaient de là bacillurie, injectées au 
cobaye, ne les ont pas tuberculisés. Dans l'intervalle des poussées aiguës ou 
des périodes consécutives aux injections d’arséno-benzol, leurs urines, maïntes 
fois examinées, ne montrèrent pas de bacilles acido-résistants. Ces divers 
faits et aussi Paspect si spécial du groupement des bacilles eu globi nous . 
semble pouvoir permettre d'affirmer la présence des bacilles de Hansen dans 


ces urines. 


La bacillurie lépreuse existe donc, d’une façon inconstante, il est 
vrai, et seulement, si nous en jugeons par nos cas, dans des formes 
lubereuleuses lors de lésions ulcératives ou de poussées aiguës de 
tubercules, où encore lorsqu'on la provoque par certaines interventions 
comme les injections intraveineuses d'arsénobenzol à haules doses. 
Vraisemblablement, il y a, dans ces cas, mobilisation des bacilles des 
tissus infiltrés ou mise en liberté des bacilles inclus dans les mononu- 


cléaires du sang. 


NOUVYELLES RECHERCHES SUR LA THÉRAPEUTIQUE MERCURIELLE 
DES SPIRILLOSES (SP. D&S. POULES ET SYPHILIS DU LAPIN), 


par L. Launoy et C. LEvaprri. 


En continuant nos recherches sur l’action thérapeutique exercée dans 
les spirilloses expérimentales, en particulier dans la syphilis, par les. 
composés mereuriels de structure complexe, nous avons été amenés à 
éludier un nouveau groupe de produits, à savoir les dérivés dinitrés et 
diaminés du para-dioxydiphénylmercure préparés par MM. Fourneau et 
Vila. La constitution chimique et le mode de préparation de ces corps 
ont élé décrits par ces auteurs (1); nous rappelons simplement qu'il 
s’agit de dérivés dicycliques, dans lesquels le Hg est tout à fait dissi 


(1) Fourneau et Vila. Journal de pharmäcie et de chimie, 16 novembre 1912, 
LIVIÉp 2700 


_ SÉANGE DU # JANVIER 49 


- 


 mulé, comme le montre la stabilité de leur solution sodiqueen présence 
des sulfures alcalins et de l'hydrosulfite de soude. 
Nous avons rejelé comme trop toxique ou peu stable le dioxydim- 
D mere et le diorydiaminodiphénylmercure et nous nous 
sommes servis uniquement du dérivé diacétylé du second de ces corps. 
L'acétylation de la fonction aminée du corps [(NH°) (OH) Cf)] “Hg 
4 _ désintoxique, stabilise et rend très maniable ce composé. 
Le dérivé diacétylé est notre corps n° 114; il contient 42,8 p. 100 de 
… Hg. Nous l'employons en solution sodique de la facon suivante : 0,20 du 


‘ÈS ax 
corps 114 +72 c . 


En injection Pine la toxicité est la suivante : a) Pour le lapin, 
. la dose mortelle (nous appelons dose mortelle la quantité de corps pro- 
- duisant la mort en 15 à 20 jours) est de 0,04 à 0,05 p. 1.000. Avec 0,04, 
on observe le plus habituellement uñe très longue survie. 

… D) Pour la poule, contrairement à ce qu’on observe avec les dérivés 
… meércuriels simpies, ainsi qu'avec le phényldithiocarbonate de Hg 
= (corps n° 3) précédemment étudiés par nous, la dose mortelle : 
… 0,05 p. 1.000, est à peine supérieure à celle qui tue le lapin. 


+ {8 e. ce. NaCF 9,5 p. 2.000 


SPIRILLOSE DES POULES (Spirochæla Gallinarum de Marchoux et Salimbeni). 
Ex». 4. — Trois poules sont infectées le 16 décembre avec 4 c.c. de sang 
- riche en spirilles. La poule À (poids, 2.390 gr.) reçoit, en même temps que le 
virus, @ gr. 09 du produit 114 (environ 0,04 par aie la poule B 
ee 2.255 gr.) recoit la même dose du produit 144 trois jowrs après l’infec- 
lion, à un moment où on constate de très nombreux spirilles dans le sang. 


% j La poule C sert comme témoin. — Résultats : 
POULES 16 47 18 19 20 24 
A Infection. 0 tr. tr. 0 » 
B Infection. ( rt tn. O0 mort » 
En: 0 û in tn. ta. () 
Exp. 2. — Trois poules sont infectées, le 20: décembre, avec 0,25 de sang 


- ziche em spirilles La poule À recoit, vingt-quatre heures après l'infection, 
_ 0,04 p. 1.000 du produit 114; la poule. B recoit au même moment 0,03; la 


; À poule € sert comme témoin. — Résultats : 
 rouss 20 A 22 23 24 25 26 
A Infection. 0 Qi (0) () (u (0 
B Infection. (1] 0 Be tn. D. (0 
& C Infeetron. 0 (1) tr. tn. ttn. Q 
Concrustons. — On observe une action préventive manifeste lorsqu'on 


: administre le produit 114 dans les veines même vingt-quatre heures après 
_ l'infection, et à la dose de 0,04 p. 1.000. Le pouvoir euratif est moins 


20 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


évident ; on observe iciune augmentation de la toxicité chez les animaux 
traités à l’acmé de l'infection, par suite de la diminution de la résis- 
tance provoquée par cette infection. 


JT. — SYPHILIS EXPÉRIMENTALE DU LAPIN (virus Truffi). 

Exe. 1. — Lapin n° B. 77, très gros chancres du scrotum (poids, 3.030 gr.) 
Ee 12 septembre, on injecte 0,05 dans les veines. Le lendemain, aucune 
modification des lésions, très nombreux tréponèmes dans les deux chancres. 
Réinjection de 0,04, également dans les veines (en tout 0,03 p. 1.000). Le 17, 
les lésions ont diminué de moitié, la croûte du chancre droit commence à se 
détacher. Pas de spirochètes. Le 19, pas de changement; à gauche, spiro- 

‘ehètes mobiles. Nouvelle injection de 0 gr. 03 p. 1.000 (en tout 0 gr. 19). Le 27, 
lésions très diminuées, plus de spirochètes. Mort le 30 octobre. 

Exp. 2. — Lapin n° 72 B. Assez gros chancres du scrotum. Poids, 2.840. Le 
8 septembre, on injecte 0 gr. 10 du 114 dans les veines (soit 0,035 par kilogr.). 
Le 20, lésion diminuée de moitié, la croûte s'enfonce, se détache, plus de 
spirochètes. Le 23, même état. Poids, 2.130 gr. Le 27, diminution de la 
lésion d’un tiers, plus de spirochètes. Le 1°’ octobre, trace de lésion, sans 
spirochètes. Le 23 novembre, l’animal se porte bien, il pèse 2.990 grammes. 
Guérison en douze jours, par une seule injection de 0,035 p. 1.000. | 

Exp. 3. — Lapin n° 63 B. Enormes chancres du scrotum, à droite; à gauche, deux 
lésions, une supérieure, ulcérée et très grosse et une autre inférieure plus petite 
et fermée. Poids, 3.250. Le 22 octobre, injection de 0,10 du corps 114 dans les 
veines (soit 0,03 p. 1000). Six jours après : poids, 3.180. À droite, lésion rata- 
tinée, aplatie, pas de spirochètes; à gauche : lésion supérieure, diminuée de 
moitié, croûte tombée, pas de spirochètes; lésion inférieure, diminuée de 
moitié, nombreux spirochètes. Le 5 novembre, la lésion de droite diminuée des 
deux tiers; la lésion supérieure, à gauche, diminue de moitié; l’inférieure 
augmente de volume. Nombreux spirochètes partout. Donc : récidive. Le 
8 novembre : poids, 3.270. Nouvelle injection de 0 gr. 10. Le 18 novembre : 
poids, 2.900. Lésion de droite de la grosseur d’un petit pois (diminution de 
98 °/, de la lésion primitive), lésion de gauche très réduite. Plus de spiro- 
chètes. Le 23 novembre, guérison presque complète, avec très rares spiro- 
chètes à droite. 28 novembre, guérison complète. Donc : énormes lésions, 
action thérapeutique manifeste, mais récidive (1); guérison complète à la suite 
d'une seconde injection de 114, faite quinze jours après lu première. 

Exp. 4. — Lapin C 7. Gros chancres du scrotum. Poids, 3.150. Le 30 novem- 
bre, injection de 0,126 (0,04 p. 1.000) du produit 114. Le 2 décembre, diminu- 
tion de moitié, pas de spirochètes. Poids, 2.950. Le 10 décembre : poids, 2.690, 
les lésions très diminuées, presque disparues, toujours pas de spirochètes. 
Le 13 décembre, lésions à l’état de trace (ulcération de surface), sans spiro- 
chètes. L'animal meurt le 17 décembre. Donc : avec une seule injection de 
0,0% p. 1.000, disparition permanente des spirochètes, dès le second jour après 
lPinjection. Guérison presque complète du chancre au bout de treize jours. 

Nous avons, en outre, expérimenté avec des lapins porteurs de chancres 


(1) Nous avons volontairement retardé la seconde injection pour que la 
récidive soit très manifeste. 


SÉANCE DU 4 JANVIER PE 


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4 provoqués par notre race de tréponèmes qui était résistante au phényldi- 
thiocarbamate de mercure (1). Le produit 114, dans deux expériences faites 
avec le 5° et le 6° passage de cette race, s'est montré actif ; toutefois, chez le 
…… second lapin (race R°), il est resté un petit nodule où les spirochètes ont per- 
- sisté, malgré le traitement. 

; Expérience Sur lu race R°. — Lapin B 79. Deux très gros chancres. Poids, 
…. 2.940. Le 12 septembre, injection de 0,05 n° 114 dans la veine (0,016 p. 1.000). 
Le lendemain, congestion des lésions, les croûtes s’enfoncent, diminution du 
diamètre. Pas de spirochètes à droite, très rares à gauche. Le 13 septembre, 
injection de 0,04. Le lendemain : poids, 3,030 grammes; cadavres rares à 
droite, pas de parasites à gauche. Le 24 septembre, lésion à l’état de trace, 
plus de spirochètes; poids, 2.995. Le 27, guérison complète; poids, 3.025. Le 
22 octobre : poids, 3.190 grammes. 


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3 CONCLUSIONS. — Ces recherches montrent pour lu première fois qu'un 
… corps mercuriel à structure complexe et relativement peu toxique, par 
rapport à la quantité de mercure qu'il permet d'introduire dans l'orga- 
-  nisme, exerce une action curative manifeste et assez rapide dans la syphilis 


expérimentale du lapin. Il résulte toutefois du rapport = que ce corps, 


malgré sa faible toxicité, n'agit efficacement qu'à des doses voisines de 
- celle qui provoque au moins une diminution de poids (2); à la dose théra- 
_ peulique, cetie diminution peut, d'ailleurs, n'être que passagère. 


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_ RECHERCHES SUR LE BACILLE TUBERCULIGÈNE DE FERRAN, 


: par À. CALMETTE et L. Massor. 


. Dans sa note du 29 juin 1912, J. Ferran donne la technique qui lui 
4 permet « par passage chez le cobaye, de transformer en bacilles de 


…— atoxique ». Nous avons pu, grâce à l’obligeance de l’auteur, étudier 
- diverses propriétés de cette bactérie: 

En employant exactement la technique de Ferran, sur un lot de 
25 cobayes, nous n'avons pu réussir à obtenir des résultats comparables 
aux siens. Nos animaux ont continué à se maintenir en excellent état, et 


‘4 Koch acido-résistants une bactérie non acido-résistante et complètement 
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(1) Launoy et Levaditi. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXNM, 
- 21 avril 4912, p. 653. 

(2) En cela, il se comporte comme tous les autres composés mercuriels 
étudiés jusqu’à ce jour; ce fait renforce nos conclusions (Comptes rendus de 
l'Acad. des Sciences, t. CLIII, p. 1520, 26 décembre 1911) sur le non-parallé- 
lisme entre la teneur d’un composé mercuriel en Hg et sa valeur thérapeu- 
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29 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


l’autopsie de quelques-uns que nous avons sacrifiés ne nous a pas er 
de découvrir de lésions macroscopiques. 

Chacun de nos 25 cobaves avait recu successivement, les 24 juillet et 
3 août 1912, 2 c.c. de culture en D ALtE du bactlle que J. Ferran nous 
a fait parvenir : 6 c.c. le 19 août, 5 c.c. le 19 septembre. 

Un mois après la dernière injection, nous avons repris quatre des 
animaux du lot précédent et leur avons injecté 2 c.c. de culture sans 
plus de succès. 

Nous avons recherché quelle est l’action de la tuberculine sur des 
animaux ainsi préparés, sur des cobayes normaux et sur des cobayes 
tuberculeux. Nous avons pris dix animaux de chacune des trois catégories 
et leur avons injecté sous la peau respectivement Qc.c.005, Oe e. O1, 
Oc.c.02; Oc:c: 03: 0.6°c.104/101e:c.05;0c:c 400 2 00e 0 Dem 
et 0c.c.5 de tuberculine de Koch. Les courbes de températures établies 
pendant les six heures consécutives à l'injection sont analogues pour 
les cobayes normaux et pour les cobayes injectés de bacilles de Ferran ; 
les courbes de température des cobayes tuberculeux s’en différencient 
très nettement. L'élévation thermique, à peine sensible pour les cobayes 
normaux et pour les cobayes de Ferran jusqu’à la dose de O0 c.c. 04 de 
tuberculme, est au contraire très manifeste pour les cobayes tubercu- 
leux. Pour la dose de tuberculine la plus faible, Oc.e. 005, ces derniers 
présentent une élévation de température de 1°9. Avec les quantités plus 
grandes que 0 c.c. 04 de tuberculine, les deux premiers lots de cobayes 
accusent des accroissements de température comparables et restent en 
parfait élat; tous les cobayes tuberculeux qui ont reçu Oc.e. 05 de 
tuberculine ou une dose plus forte ont succombé. 

Le bacille de Ferran ne sensibilise donc pas les cobayes vis-à-vis de la 
tuberculine. / 

Nous avons recherché si le même bacille peut jouer le rôle d'antigène 
en présence de sérums à anticorps tuberculeux. Mis en présence de 
sérum de Ruppel et Rickmann, de sérums de bovidés hypervaccinés de 
l’Institut Pasteur de Lille, de sérum de cheval préparé par nous au 
moyen d'injection d'extrait bacillaire, il ne dévie pas le complément, 
quelles que soient les doses employées. 

D'un autre côté, les cobayes préparés à l'aide du bacille de Ferran 
fournissent un sérum dont on peut rechercher les anticorps. Mis en pré- 
sence du bacille de Ferran comme antigène, le sérum de ces cobayes 
dévie le complément; au contraire, en présence de nos divers antigènes 
tuberculeux, il ne donne pas de déviation. 

En résumé, avec le bacille non acido-résistant que J. Ferran à bien 
voulu nous adresser, il nous a été impossible de confirmer les faits 
annoncés par l’auteur. Aucun de nos animaux ne s’est tuberculisé eb 
tous sont restés en bon état. 

La tubereuline ne nous a pas permis de différencier les cobayes 


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SÉANCE DU # JANVIER % 


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imoculés avec ce bacille des cobayes normaux, et d'obtenir des résultats 
-comparables à ceux que fournissent les cobayes tuberculeux. 
Le bacille ne renferme pas d’antigène tuberculeux décelable par nos 


divers sérums riches en anticorps tuberculeux. Le sérum des cobayes, 


traités par le bacille de Ferran, renferme l'anticorps correspondant à ce 
bacille, sans pouvoir donner la déviation du complément avec les 


-antigènes tuberculeux. 


(Institut Pasteur de Lille.) 


TECHNIQUE DE LA TRANSFUSION DU SANG CHEZ LE COBAYE, 


par M. Brerow, L. Massoz et L. BRUYANT. 


Les travaux récents sur la technique de la transfusion du sang chez 
l'homme nous ont incités à uliliser cette méthode et à l'appliquer à 
l'étude des réactions humorales’ chez les animaux de laboratoire. 
L'animal habituellement employé étant le cobaye, c’est chez lui que 
nous avons pratiqué la transfusion. 

Ea technique est la suivante : les animaux sont placés sur deux 
appareils Latapie contigus, dont l’un est surélevé d'environ 20 centi- 
mètres. Sur la planche supérieure, se trouve le cobaye donneur, dont la 
-carotide dénudée est prête à être ligaturée. La planche inférieure porte 
le cobaye receveur, dont une portion de la jugulaire {droite de préfé- 
rence) est isolée entre deux fils souples. Pour faciliter l'expérience, 


il est bon qu'une pression exercée dans la région sus-claviculaire 


permette la turgescence de la veine, qui se dérobera moins sous le 
biseau de la canule. Les plaies opéraloires sont recouvertes d'huile de 
vaseline. 

L'appareil se compose d’un tube de caoutchouc dont la partie 
médiane porte un aJutage en verre et dont les extrémités sont formées 
-de deux tubes de verre, recourbés à angle droit, élirés vers leurs extré- 
mités. Sa longueur est de 35 centimètres environ, son diamètre de 3 à 
4 millimètres. Les biseaux ont sensiblement 1 millimètre de diamètre; 
celui de la jugulaire est d’une dimension supérieure à celui de la caro- 
tide. L'appareil, séché préalablement à l'étuve, est paraffiné. Il est 


“ensuite remph d'eau salée physiologique dont on empêche l'écoulement 


à l'aide d'une pince de Mohr, placée sur le caoutchouc. 

I ne reste plus qu'à transfuser : la veine est piquée la première, et 
Pascension du sang veineux dans le biseau de la canule témoigne du 
succès de l'opération. Immédiatement après, le second opérateur intro- 
-duit l’autre biseau dans la carotide préalablement liée, en même temps 


24 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


qu'un aide enlève la pince de Mohr. On juge du suceès de l'intervention 
en voyant la colonne d'eau physiologique chassée sous l'influence de la 
pression artérielle sanguine qui oscille chez le cobaye autour de 
85 millimètres de mercure. Si la paroi veineuse n’est pas venue s’accoler 
au biseau de l'appareil (ce que l’on évite en maintenant la canule dans 
la direction de la veine, on peut admettre que les échanges se sont 
produits aussi complètement que possible. La thrombose est exception- 
nelle dans les condilions où nous nous placons. On lie les vaisseaux et 
l’on referme les plaies. 

Le cobaye receveur ayant été pesé préalablement, son augmentation 
de poids, déduction faite de la quantité d’eau salée contenue dans le 
tube, indique par défaut le poids de sang transfusé. Celle-ci est en 
moyenne de 9 grammes et peut atteindre au plus 15 grammes. 

Pour rendre la pesée plus sensible, on peut aussi, avant la transfu- 
sion, équilibrer les deux cobayes sur la balance. Après l'opération, on 
rétablit l'équilibre en ajoutant du côté du donneur des poids marqués 
dont la moitié, déduction faile de l’eau salée contenue dans l’appareil, 
représente le sang transfusé. 

On observe chez l'animal donneur, pendant la transfusion, de l’accé- 
lération des mouvements respiratoires. Chez le receveur, la tempéra- 
ture baisse immédiatement après l'opération et cette chute peut atteindre 
trois degrés. L'équilibre de température se rétablit une heure plus tard 
et le shock opératoire ne semble plus laisser de traces. Il est donc pos- 
sible, dès ce moment, de juger des propriétés transmises par le sang de 
l'animal donneur. x À 

Si nous présentons celte méthode, c'est que nous la jugeons plus 
apte que tout autre procédé sérothérapique à rechercher la transmis- 
sion à un animal sain des propriétés humorales d'un animal infecté ou 
immunisé. 

(Institut Pasteur de Lille.) 


SUR LES CONDITIONS DE NUTRITION 
DE CERTAINES LARVES DE DIPTÈRES PARASITES DE FRUITS. 


Note de D. KeIziN, présentée par M. CAULLERY. ; 
En m'appuyant sur de nombreux exemples, j'ai pu établir, dans une 
noteantérieure (1), queles larves de Diptères cyclorhaphes, soit parasites 


des plantes ou des animaux, soit prédatrices el carnivores, c’est à-dire 
les larves qui, d'une manière générale, se nourrissent de tissus vivants, 


(1) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, t. CLV, p. 1548, 1912. 


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SÉANCE DU # JANVIER 9 


_ n'ont jamais de côtes dans leur pharynx,; ces côtes existent toujours, 
au contraire, dans le pharynx des larves saprophages, c'est-à-dire 
vivant aux dépens de substances animales ou végétales en décompo- 
=  silion. Dans la même note, j'ai montré qu'une famille donnée peut 
_  renfermer des genres ayant ou n’ayant pas de côtes, suivant leur mode 
de vie. 
Parmi les Trypelidæ, j'ai pu étudier La larve de 7rypela sp. et 
…  Urophora sp., toutes les deux parasites des capitules de Cenlaurée; 
leur pharynx, comme celui de tous les autres parasites, ne présente 
pas de côtes sur sa paroi ventrale, qui est complètement lisse. Tous les 
Trypétides dont on connaît la larve ont été signalés comme parasites de 
différentes plantes ; on trouve ces larves soit dans la tige, soit dans la 
_ fleur, soit dans les fruits. Parmi les larves des fruits, on en connaît 
- plusieurs qui font des ravages considérables dans les cultures; des 
études nombreuses ont été faites sur leur biologie et les moyens de les 
combattre. J'ai pu, tout dernièrement, éludier deux de ces larves 
Anaslrepha ludens Loew (1) provenant des fruits mürs de Psidrum de 
Costa-Rica (Amérique Centrale) et Dacus oleæ Meig. (2) qui détruit les 
olives. Contrairement à toutes mes observations précédentes, ces deux 
larves ont les côtes bien développées comme les larves saprophages. 
Nous avons donc, dans la famille des Trypétides, deux cas : 1° les larves 
de T'rypela et d’Urophora parasites des Centaurées et dont le pharynx, 
. comme celui de toutes les autres larves parasites, est dépourvu de côtes; 
2° les larves d'Anastrepha ludens et Dacus oleæ qui vivent dans les 
fruits, et dont le pharynx présente cependant des côtes, comme si elles 
étaient saprophages. 

Comment expliquer ce fait? Nous sommes contraints d'admettre que 
les conditions de la vie dans les fruits sont, sous quelque rapport, 
analogues à celles de la vie saprophage, et, dans ce cas, il faut rechercher 
quelles sont les conditions particulières déterminant cette convergence. 

Deux évertualités sont possibles : 1° les diastases qui se trouvent 
dans les fruits joueraient un rôle important dans la préparation du 
milieu nutritif de la larve. Ces diastases, issues des cellules déchirées 
par la tarière de la femelle du Diptère, lors de la ponte, commence- 
raient à digérer les tissus végétaux autour de l'œuf, qui, chez les olives, 
par exemple, est entouré d’une zone brunätre (3). Puis, la larve, une 
fois éelose, déchirant les cellules en creusant sa galerie, ne ferait que 
continuer à provoquer l’émission de diastases; 2° dans la seconde 


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(1) Un travail spécial sera consacré à l'étude de la biologie et de la morpho- 
logie larvaire de ce Diptère. 

(2) Je dois cette larve à l’obligeance de M. P. Marchal, à qui j'adresse ici 
(ous mes remerciements. 

(3) Redia, vol. IV, 1907. 


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26 SOCIÉTÉ DE BIOLOGTE 


éventualité, les diastases proviendraient, non plus des cellules du fruit, 
mais des microorganismes introduits par la tarière de la femelle du 
Diptère, au moment de la ponte et inoeulés progressivement par la 
larve creusant les canaux dans les fruits ; la larve serait alors vérita- 
blement saprophage. Ces deux éventualités ne sont nullement contra- 
dictoires et il est fort possible que le milieu nutritif de la larve #oïit 
préparé à la fois par les diastases du fruit et par celles de microorga- 
nismes introduits avec la larve. 

Il me semble donc que des observations et des expériences faites sur 
place sont indispensables pour élucider cette question qui a un certain 
intérêt à la fois biologique et pratique. Il faudrait étudier d’une façon 
précise le régime de ces larves et rechercher, par exemple, si la larve 
d'Anastrepha ludens et celle de Dacus oleæ peuvent se nourrir des fruits, 
sans intervention d'un microorganisme; dans le cas contraire, il faut 
chercher si ce microorganisme, indispensable pour la vie de la larve, 
ne se trouve pas à l'état permanent sur le fruit ou tout près de lui. Sa 
destruction par un procédé quelconque serait alors, contre ces insectes 
nuisibles, un moyen de lutte s’ajoutant à ceux que l’on utilise déjà. 


(Laboratoire d'évolution des L'lres organisés à la Sorbonne.) 


MODIFICATION DE LA TENEUR AZOTÉE DU SÉRUM SANGUIN 
AU COURS DE L'INSUFFISANCE HÉPATIQUE,. 


par P. BRopix. * 


De nombreuses techniques basées sur l'examen des urines ont été 
proposées pour mettre en évidence l'insuffisance hépatique et plus parti- 


<ulièrement l'imperfection uréogénique. 


Aucune d'elles ne semble avoir donné jusqu'ici de résultats pleinement 
satisfaisants. Sur les conseils de notre maitre le professeur Chauffard et 
guidé par lui, rous avons cherché si l'étude, non plus des urines, mais 
du sérum sanguin me pourrait fournir à ce sujet des renseignements 
intéressants. 

Nous avons dars ce but, effectué une série de recherches sur plus de 
soixante individus normaux ou atteints d'affections diverses ; nous en 
apportons ici les résultats. 

Chez tous ces sujets, nous avons dosé l’azote lotal et détcniee la part 
revenant dans le chiffre global ainsi obtenu, à l'azote uréique et ammo- 
niacal d'une part, à l'azote non uréique d'autre part. 

L’azote non uréique que nous appellerons azote résiduelest un groupe 
évidemment très complexe dont nous n'avons pas cherché à préciser les 


SÉANCE DU 4 JANVIER 27 


éléments; nous en avons seulement étudié les variations et ce sont 
ces variations qu'il nous paraît important de considérer. 
- Le sérum a été additionné d’un égal volume d'acide trichloracétique 
à 20 p. 100, puis filtré et c'est sur le filtrat ainsi oblenu qu'ont élé 
effectués les dosages. 

Pour le dosage de l'azote total, nous avons utilisé la méthode de 
Kjeldhal, terminée par distillation à l'appareil d'Aubin dans un acide 

titré. Nous nous sommes assuré que la présence de l’acide trichlor- 
acétique ne modifiait nullement les résultats obtenus. 

Pour le dosage de l'urée et de l'ammoniaque, mous avons employé la 
méthoie à l’hypobromite. Le dégagement gazeux oblenu paraissant 
fonction de la concentralion du sérum en urée, nous avons éliminé cette 
cause d’erfeur en opérant sur 30 centimètres cubes de solution trichlo- 
racétique et en les concentrant par évaporation partielle au bain-marie. 

L'azote uréique retranché de l’azote total nous a donné l'azote non 
uréique ou ré-iduel. Nos résultats sont les suivants : 

1° Chez les sujets normaux, l'organisme proportionnant toujours sa 
_désassimilation azotée à la grandeur de l'apport alimentaire azoté (loi 
de l'équilibre azoté), ie chiffre de l'azote lotal est éminemment variable 
avec l'alimentation. 

L'azote uréique suit les mêmes variations. 

L'azote résiduel, au contraire, n’oscille qu'entre des limites très res- 
treintes ét reste toujours inférieure à 10 centigrammes par litre ; 

29 Chez les malades atteints de lésion rénale même avancée, sans 
lésion hépatique appréciable, les chiffres d'azote total et d'azote uréique 
sont d'autant plus élevés que l’imperméabilité rénale est plus accentuée. 
 L'azote résiduel, au contraire, reste remarquablement constant, compa- 
rable à celui des sujets normaux et toujours inférieur à 10 centigrammes. 

Comme l’a montré M. Widal, chez ces malades presque tout l’azote 
retenu est sous forme d’urée. 

-3° Lorsqu'il existe une lésion de la cellule hépatique, le chiffre de 
l'azote résiduel s'élève et cette élévation paraît proportionnelle au degré 
de l'altération hépatique : à 

Dans 11 cas de cirrhoses cardiaques, nous avons trouvé des chiffres 
d'azote résiduel, oscillañt entre 12 et 25 centigrammes et d'autant plus 
élevés que la lésion était plus ancienne et plus grave. 

Dans 4 cas de cirrhoses alcooliques atrophiques avancées, 1 cas de 
cirrhose syphilitique, 4 cas de cirrhose paludéenne, le chiffre de l’azote 
résiduel à varié entre 11 centigr. 1/2 et 16 centigrammes. 

Dans quatre iclères catarrhaux, deux cancers du foie, une -colique 
hépatique avec angiocholite, une hépatite tuberculeuse grave, deux 
paeumonies terminées par la mort, nous avons trouvé un chiffre d'azote 
résiduel oscillant entre 12 et 20 centigrammes. 

& Au contraire dans les cirrhoses au début, la colique hépatique sans 


28 \ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


infection, la congestion pulmonaire simple et une série d’affections 


chroniques : pleurésies anciennes, emphysème, artério-sclérose, nous 


n'avons pas constaté d'augmentation de l'azote résiduel, dont le chiffre 
à toujours été inférieur à 10 centigrammes. 


Quoique la technique employée ne soit pas à l'abri de toute critique 
et demande à être perfectionnée, ce qui fera l'objet d'un travail ulté- 
rieur, de l’ensemble de ces recherches nous croyons pouvoir conclure 
que l’augmentation de l'azote résiduel et son’élévation au-dessus du taux 
normal de 10 centigrammes, sont liées à une altération hépatique. Son 
dosage peut ainsi être utilisé pour mettre en évidence l'insuffisance 
hépatique. 


LES RELATIONS FONCTIONNELLES ENTRE LE FOIE ET LES PARATHYROÏIES, 


par L. Morez. 


L'étude des relations de la parathyroïde avec les autres glandes à 
sécrétion interne a permis d'établir la réalité d'associations fonction- 
nelles plus ou moins intimes : entre la parathyroïde et le corps 
hyroïde par exemple, ou entre la parathyroïde et l’hypophyse . 

Un certain nombre de preuves nous permettent d'affirmer l'existence 
d'une relation fonctionnelle entre la parathyroïde et le foie : 


1° Au point de vue anatomique, après parathyroïdectomie chez le 
chien, les lésions les plus constantes, les plus précoces et les plus 
manifestes, semblent se localiser sur le foie {1). 

2° Au point de vue clinique, les accidents parathyroprives rappellent 
ceux de l'exclusion physiologique du foie. 

3° Au point de vue bio-chimique, la parathyroïdectomie chez le chien 
entraîne l’acidose, caractérisée par l'élimination urinaire excessive de 
l'azote, par la présence d'acide diacétique dans ces urines, par l’aug- 
mentation de la concentration de l’AzH° dansde sang, par la diminu- 
tion du pouvoir d'utilisation du dextrose, par l'intoxication carbamique 
(Frouin) (2). 

4° Au point de vue thérapeutique, nous allons montrer l’action 
de l'opothérapie hépatique sur l'évolution des accidents parathyro- 
prives. 


(1) L. Morel et F. Rathery. Le foie des chiens parthyroprivés. Comptes 
rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXII, p. 590. 
(2) A. Frouin. Comptes rendus de Acad. des Sciences, t. CLNIIT, 7 juin 1909. 


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\ 


30 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : an. 


E ER PR QU = = n 


Sur des chiens groupés par paire, de même poids, et autant que 
possible de même âge el de même race, nous pratiquons soit la para- 
thyroïdectomie totale, soit la bilobectomie partielle (dont les effets sont Se 
tous ceux de la parathyroïdectomie, et seulement ceux de la parathy> 
_roïdectomie). Lorsque les accidents parathyroprives sont en pleine 
évolution, c’est-à-dire en moyenne le cinquième jour après l'opération, 
nous attribuons à l'un des opérés, À, lopothérapie hépatique; l’autre 
chien, B, non médicamenté, sert de témoin. Nous avous utilisé comme 
matériel opothérapique, tantôt l'extrait hépatique sec en ingestion à 
la sonde, tantôt l'extrait glycériné, et tantôt l'extrait aqueux de foie de 
porc. À c.c. de ces extraits glycériné ou aqueux, correspondait à je 
1 gr. 25 de foie frais. 
Il ressort du tableau ei-dessus : 
a) Que les chiens parathyroprivés, auxquels on attribue, après appa- 
rilion des accidents parathyroprives, l'opothérapie hépatique, survivent 
plus longtemps que les témoins (au moins le double). 
b) Que chez les parathyroprivés soumis à l’opothérapie hépatique, 
il y à atténuation très nette des accidents convulsi's, relèvement de à 
l’état général, disparition de l’anorexie, des vomissements, de 
l’asthénie. 

°c) Que, l’opothérapie hépatique chez ces animaux entraîne l'appa- 
rition d’une diurèse abondante. 

Une preuve opothérapique vient done s'ajouter aux preuves précé- Oo: M 
demment fournies des relations fonctionnelles entre le foie et les para- 
thyroïdes. ae 


F £ 
Se Se. 
D TRE CE EX TE Te 


PATHOGÉNIE DE L'UYPERGLYCÉMIE CURARIQUE, 


par H. MAGNE. 


Les physiologistes reconnaissent généralement l'intervention de deux 
facteurs dans la production de l'hyperglycémie et du diabr:te curarique : 
l'hypersécrétion de sucre par le foie et le défaut de consommation de 
cet aliment par les muscles paralvsés (1). Claude Bernard (2) admettait 
le premier de ces deux mécanismes et sa réalité fut démontrée par 
Demant (3), qui trouva moins de glycocène dans le foie et les muscles de 
lapins curarisés que dans celui d’animaux témeins. e 
= Nous avons cherché à reconnaitre la réalité de la seconde cause parle 


(4) Laulanié. Éléments de Physiologie, 1905, p. 402. — Lépine. Le diabète 
sucré, 4909, p. 316. 
(2) Gl. Bernard. Leçons de Physiologie expérimentale, [, p. 340. — Leçons sur 
«+ le diabète, p. 313. 
(3) Cité par Lépine. 


\ SÉANCE DU # JANVIER 21 


dosage comparatif du sucre dans les sangs artériel el veineux. En noue : 16 
servant de chiens, nous avons analysé le sang artériel carotidien ou 

ee _ fémoral et Le sang veineux puisé dans la veine cave inférieure en arrière 

_ des rénales, par une sonde introduite par la veine fémorale. La différence 

entre la teneur en glucose des deux sangs fut toujours plus considérable - 


_ sation qu'avant elle. 
Exemple. — Chien nourri à la soupe, avec respiration artificiellesuff- 
- sante et conservation de la température rectale initiale par des couver- 


tures chaudes. Sucre en grammes par litre : 
De SANG SANG ne SUCRE 
FRS artériel. veineux. disparu. 
Avant curare . 0 gr. 97 0 gr. 85 (or. 12 12,4 p. 100 
DPh 59m. apres. ere20 0 gr. 92 N gr. 28 23,3 -— 
196125" mn. apres!- 1 gr. 66 £ gr. 29 0 gr. 37 22,3 — 
2h. 19m. aprés : … 4 gr. 02 3 gr. 69 0 gr. 35 8,2(1) — 


La glycolyse parait donc plus que doublée. Bien qu’il soit peut-être 
imprudent, surtout si l’on ne tient pas compte de la vitesse de la circu- 
… lation, d'accorder une valeur probante absolue aux résultats donnés par 
js le dosage du sucre sanguin, il est certain que l'animal curarisé détruit 
…. plus de sucre qu'à l'état normal. D'autant plus que du glycogène mus- 
- culaire disparaissant en même temps, il faudrait faire subir à nos chiffres 
une correction additive pour avoir le taux réel de la destruction fotale. 
_  Réste maintenant à en rechercher la nature. On peut écarter l'hypo- 
_ thèse d'une oxydation. D'abord, a priori, les muscles paralysés ne font 
… pas de consowamation de luxe, et ensuite les combustions respiraloires 
subissent une diminution déjà signalée et qui, dans nos expériences, fut 
en moyenne de 38 p. 100 chez le chien et de 31 p. 400 chez le lapin. 
4 Mais si l'on examine les variations du quotient respiratoire, dans 
. … toutes nos expériences (5 sur des chiens, 2 sur des lapins), on le voit 
—. augmenter et presque toujours dépasser de beaucoup l'unilé. Exemples : 


, AVANT PENDANT 
| PIN AR LT 0e MOD ME er D MER Gel co USE 1.20 
De = RADAR SR ARR PSE MR AR TE PS 1.49 
| MOHienpar CUT rene 21 dvi re AO 66 1.00 
Ghana jaune pen RENE en 02 1.10 
CEA FIEUND ARR RAP ee OP CT 1.01 
CHient Soupe EME RC 070006 1.50 


On regarde ce phénomène depuis les expériences de Hanriot et Richet 


_ (1) Ce chiffre paraît faible, la glycolyse ne reste pas proportionnelle à la 
glycémie. À ce moment, la respiration artificielle s'était un peu ralentie, l'air 
expiré conteuait 2,9 p.100 de CO?, il y avait sans doute un peu d'asphyxie. 


32 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


comme le signe de la transformation des hydrates de carbone en 
graisse. 

Sous l'influence du curare, l'organisme a donc perdu le pouvoir d’em- 
magasiner le glucose à l’état de glycogène, il détruit même le glycogène 
préexistant, mais il a conservé la faculté de faire de la graisse avec ce 
sucre, il peut ainsi en éviter la perte. C’est ce qui se passe dans le dia- 
bête gras et probablement aussi dans d’autres hyperglycémies, contrai- 
rement à ce qui a lieu dans le diabète pancréatique. 


{Laboratoire de Physiologie de l'Ecole d'Alfort.) 


7 


ACTION DE LA CAFÉINE SUR L'EXCITABILITÉ DE LA MOELLE, 


par MARCELLE LAPICQUE. 


Je me suis proposé de caractériser, par la nouvelle méthode d’explo- 
ration de l’excitabilité réflexe (1), l'action de la caféine sur la moelle. 


En étudiant, il y a quelques années, la modification de la secousse muscu- 
laire produite par la caféine, sur la grenouille verte (2), j'étais arrivée à cette 
conclusion que le dicrotisme observé peut se rapporter à une origine ner- 
veuse, qu'il existe une tonicité accrue de la moelle, et que la secousse secon- 
daire est de nature réflexe. Je me basais principalement sur ce fait que la 
constante de temps de la loi d’excitation (chronaxie) est plus grande pour 
l'apparition de la secousse secondaire que pour l’apparition du seuil : j'en 
concluais que j'avais affaire, dans le second cas, à une loi d’excitation concer- 
nant le nerf sensitif. 

Il m'a paru nécessaire de reprendre la question en me servant comme 
excitant d'ondes rythmiques de condensateurs (3). 

Les hémisphères cérébraux de la grenouille étaient enlevés deux ou trois 
heures avant le commencement de l’expérience; le sciatique isolé était chargé 
sur un excitateur à couvercle et l’on faisait la détermination de la chronaxie 
du nerf moteur. Le sciatique était alors lié près du genou afin d'interrompre 
sa conduction du côté périphérique, et sur l’animal n'ayant pas encore reçu 
de caféine, l’excitabilité croisée était interrogée. 


(1) Louis et Marcelle Lapicque. Comptes rendus de la Soc. de Biologie. 
CS rares 

(2) Me L. Lapicque. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 23 juin 1906. 

(3) L. Lapicque. Dispositif pour les excitations rythmiques par décharges 
de condensateurs. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 23 décembre 1911. 
L'appareil d'interruption employé dans ces expériences fut une lame vibrante 
munie d’archets de Guillet telle qu’elle est décrite dans la note ci-dessus. Je 
remercie M. François-Franck d’avoir bien voulu mettre à ma disposition cet 
appareil qu'il avait fait réaliser pour son laboratoire. 


SÉANCE DU 4 JANVIER 33 


Je déterminais : 1° une loi en fonction de la capacité donnant la chro- 
naxie de la fibre sensitive du sciatique normal (le rythme adopté pour 
cette mesure fut le plus lent, environ huit par seconde); 

2° Une loi en fonction du rythme caractérisant l'excitabilité des 
centres. 

La grenouille recevait ensuite une injection d'un centigramme de 
caféine (solution à 1 p. 100 dans l’eau physiologique contenant 1 p. 100 
de benzoate de soude). Au bout de quelques minutes, on constate qu'il 
se produit déjà une modification du voltage nécessaire pour obtenir le 
réflexe : pour les rythmes rapides, le voltage nécessaire baisse, il aug- 
mente, au contraire, souvent pour les rythmes lents. L'effet atteint son 
maximum environ trois quart d'heures après l'injection. La chronaxie de 
la fibre sensitive, par contre, ne change pas. 

Voici deux expériences tirées d’une vingtaine, toutes concordantes; 

Je donne deux séries de déterminations faites sur la grenouille 
caféinée, la première peu de temps après l'injection, la deuxième trois 
quarts d'heure après. 


Expérience du 24 novembre. — Rana esculenta. Temp. 12 degrés. Résis- 
tances de 3.000 ohms dans la charge, 13.000 ohms dans la décharge. Chro- 
naxie des fibres sensitives, 30 (exprimée en centièmes de microfarad); chro- 
naxie des fibres motrices, 30. 


FRÉQUENCE VOLTAGES 
ar NTI 
seconde. Animal normal. Caféine 
= — an. CS 
30. : 3,4 3.4 417 
DA ARE" APOENTAEE ; 3,6 ‘4,1 3,1 
s 4,25 5,4 7,00 
ExPéRience du 27 novembre. — Rana esculenta. Temp. 16 degrés. Mêmes 


résistances. Chronaxie des fibres motrices, 15; fibres sensitives, 14. 


FRÉQUENCE VULTAGES 
par 
seconde. Animal normal. Caféine. 


0,42 
14: 
A 

Sur la grenouille caféinée, la chronaxie des fibres sensitives est 
trouvée — à 15. La chronaxie du nerf moteur du côté opposé excité 
dans sa continuité, apparaît — à 6; on sectionne ce nerf en haut de la 
cuisse de façon à le séparer des centres. On retrouve la chronaxie— à 15, 
c'est-à-dire la valeur primitive. 

En résumé : 1° il ÿy a une modification de l’excitabilité de la moelle, 
comparable à celle produite par un échauffement des centres ; 

2° La chronaxie du nerf sensitif ne varie pas. 


BIioLOG1Ee. Comptes RENDUS. — 1913. T, LXXIV. e 3 


Je 


34: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


3° La chronaxie du nerf moteur parait au contraire fortement 
diminuée quand le Te reste en rapport avec les centres. Ainsi 
s'explique la différence _ j'avais observée dans la Chronaxie des deux 
éléments du nerf caféiné. 


{Fravaill du laboratoire de Physiologie générale 
du Muséum d'Histoire naturelle) 


LA MUE ET L'ENKYSTEMENT CHEZ LES STRONGLES DU TUBE MIGESTIF, 


par E. Maupas el L.-G. SEURAT.. 


L'étude de l’évolution des Strongles présente un intérêt tout, particulier en 
raison des enseignements, qu'on peut en lirer pour la prophylaxie des affec- 
tions vermineuses; tout en restant soumise à un même plan général, cette 
évolution présente des modalités différentes sur lesquelles il nous paraît inté- 
ressant d'attirer l’attention. 


a) Gerlains Strongles, et c’est le cas de l'Hæmonchus contortus (Rud.) 
de la caillette des Ovins, ont une évolution normale, identique à celle de 
l’Angiostoma limacis Duj. décrite par l’un de nous. Les œufs (75 à 80 y 
de longueur sur 45 de largeur), remarquables par leur eytoplasme gris 
clair, presque translucide, donnent naissance à une larve rhabditiforme, 
absolument transparente, à tractus intestinal grisälre clair, sans le 


moindre dépôt de granulations opaques de réserves dans les tissus et. 


qui, par conséquent, se trouve dans la nécessité, pour se nourrir, 
d’absorber immédiatement des aliments. 


Cette larve s'aceroît, subit une première mue, continue son existence 


libre, puis s’enkyste et devient alors infestante, c'est-à-dire apte à rega- 
gner son hôte pour y achever son développement. | 

b) Strongylus auricularis Zeder. Les œufs de ce Strongle, de taille 
relativement grande (125 L de longueur sur 90 y de largeur), sont remar- 
quables par la quantité considérable de réserves nutritives accumulées 
dans le cytoplasme, réserves qui leur donnent un aspect noirâtre très 
opaque. Ë 

Eeur évolution. jusqu’à formation complète de la larve, dure de huit 


à dix jours (à une température de #4 à 15 degrés C.). La jeune larve 
n’éclôt pas immédiatement, comme celle du Strongle contourné; elle 


reste enfermée dans la coque, enroulée et rephiée sur elle-même, dans 
un étal d’immobilité à peu près complète, pendant encore quinze à dix- 
huit jours. Son développement n'est cependant pas arrêté, car elle par- 
court Son premier et son second stade dans son étroite prison et sort à 


l'état de larve enkystée; lors de l’éclosion, la dépouille exuviale de la. 


& 


ourée 14 la membrane vitelline; 
1 js done sur le vivant. 


4, larve 


(Le LATE indiqué par l'échelle, est 
méme pour les figures 1, 3, 4; dl est plus 
é pour les figures 2 el 5) 


inée sur le vivant; 9, HAE génital. 
xtrémité antérieure d’une larve fortement 
iée et très rétractée dans son kyste. 


. 8. — Larve enkystée d'Osterlagia Mar- 


e grossissement des figures 6 el 8 est in- 
ù diqué … Véchelle.) 


36 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


fin du premier stade est intacte (comme le montre bien la fig. À) et cette 
mue est entrainée hors de la coque en même temps que la larve: l’enkys- 
tement de cette dernière se reconnait d’ailleurs aisément à un grossis- 
sement moyen (fig. 2). 

Les larves du Strongylus auricularis parcourent donc leurs premiers 
stades à l’intérieur de la coque de l'œuf, sans emprunter d'aliments au 
monde extérieur; ce développement se fait uniquement aux dépens des 
substances de réserves alimentaires emmagasinées dans l’œuf lors de 
sa formation. La larve enkystée peut, au sortir de l’œuf, envahir et 
infester directement l'hôte définitif, Lacertien ou Batracien. 


Ce développement des larves à l’intérieur de la coque n’est pas exclusive- 
ment spécial au Strongle à oreillette; Ransom, puis Railliet et Henry, à propos 
des Nematodirus, font observer que « l'embryon se développe à l’intérieur de la 
coque et y subit deux mues, après quoi il est apte à rentrer directement dans 
l'organisme, sans phase de liberté dans le milieu extérieur. » 


L’enkystement, chez le Nematodirus mauritanicus Maupas et Seurat et 
chez la forme ovovivipare du A. filicollis Rud. que nous avons signalée 
chez le Mouton se produit dans l’utérus de la mère, avant la ponte. Le 
kyste libre et détaché du corps est très facile à voir ; dans les courbures 
de la larve, replié sur lui-même sur le côté concave, il y forme des 
festons réguliers très apparents (fig. 3). En outre, dans certains mouve- 
ments favorables de la larve, on réussit à apercevoir, un peu plus écartée 
du corps, une seconde membrane extrêmement fine et plissée irrégu- 
lièrement : la larve enkystée est donc encore enveloppée de la dépouille 
exuviale de sa première mue. Elle s’en débarrasse seulement en sortant 
de l’œuf, dans la coque vide duquel on la trouve bien conservée (fig. 5). 


La larve enkystée du Strongle filicol est caractérisée par une queue grêle, 
filiforme, dont la longueur égale le tiers de la longueur du corps (fig. 6). L’en- 
veloppe kystique, marquée d’une striation transversale très fine et très serrée, 
est d'une grande épaisseur (1 45) comparée à celle de la cuticule tégumen- 
taire qui ne mesure guère que deux à trois dixièmes de y. 

Le tube digestif présente des particularités très remarquables : tout, dans 
son organisation, dénote un appareil encore inapte à fonctionner et qui, 
d’ailleurs, n’a eu jusqu'ici aucun rôle à jouer par suite de l’évolution de la 
larve à l’intérieur de l’œuf. L’œsophage est très mince et sa partie musculaire 
à peine développée. Le bulbe est représenté par un léger renflement dépourvu 


des dents caractéristiques de la larve rhabditiforme des Strongles; sa subs- ne 


tance est homogène et sans fibrilles, comme toutes les autres régions de 
l’æsophage. 


Le tractus intestinal est représenté par un cordon noirâtre opaque; 
cette opacité tient aux nombreuses granulations de réserves albumino- 
graisseuses dont ses cellules sont chargées. Les cellules de l'intestin, au. 
milieu de l’évolution et de la différenciation de tous les autres tissus, 
demeurent slationnaires et se maintiennent dans leur état embryonnaire 


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44 


SÉANCE DU À JANVIER 27 


——____—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—]—…—…—…—…—…—….…—…—…—…—….…—….…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…——…—…—…——…—…—…—…—…————…——————………………—…—…—…—“—_—…—…—……—….—…—…—…—…—…—……………“……………… 


primitif. Elles ne se multiplient même pas : au moment de l'éclosion, 
on n’en compte que huit, très nettement séparées les unes des autres par des 
cloisons dirigées obliquement. Elles constituent ainsi un cordon opaque et 
massif, non perforé par un canal longitudinal. Il n'y a donc pas encore de 
tube digestif au sens réel du mot, mais une simple ébauche de cet organe, 
ébauche incapable de fonctionner dans son état actuel (1). 


La dissémination du Strongylus auricularis et des Nematodirus se fait 
sous la forme d'œufs expulsés par l'hôte avec les fèces; les œufs ainsi 


. expulsés tombent, ou bien dans un milieu défavorable (aridité, séche- 


resse), et alors attendent la réhumectation, ou bien dans un milieu 
favorable (eau, humidité), et alors continuent leur évolution jusqu à 
éclosion à l’état de larve enkystée. Celle-ci, avec son agilité connue et 
sa tendance innée au mouvement, se répandra de tous côtés dans le 
milieu ambiant, flaques d’eau ou sol humide couvert de débris et 
d'herbes. Dans ces milieux humides, les larves enkystées peuvent 
vivre des mois d’une existence libre et active et attendre ainsi l’occasion 
favorable de pénétrer et envahir l'hôte dans {lequel elles achèveront 
leur développement. Les larves que le hasard de leur course aurait 
conduites en des milieux desséchés ne seront pas immédiatement 
condamnées à périr pour cela. 

Les larves enkystées supportent, en effet, très bien la dessiccation à 
l’état de vie latente et celles du Strongle filicol sont très remarquables à 
ce point de vue : un œuf conservé à sec depuis le 31 octobre 1910 et 
réhumecté le 5 juillet suivant (soit huit mois plus tard) a donné, au 
bout d’une heure et demie, une larve bien vivante; une réhumectation 
faite après quatorze mois (31 octobre 1911, 20 décembre 1912) de 
crottins de mouton renfermant des Jarves nous a donné une larve 
vivante au milieu de nombreuses larves mortes. 

c) Ostertagia Marshalli Ransom. Les utérus de ce Nématode 
renferment 16 à 18 œufs relativement volumineux (180 « de longueur 
sur 70 w de largeur), à cytoplasme très opaque, noîrâtre, les plus 
avancées dans leur développement étant à l’état de morula. 

Ces œufs évoluent rapidement et donnent naissance à une larve qui 
s'enkyste peu après (deux à trois jours) son éclosion, sans avoir pris de 
nourriture dans le milieu extérieur pendant ce laps de temps. Son 
tractus intestinal est d’ailleurs inapte à fonctionner, il est représenté 
par un cordon plein de 11 à 12 cellules; le bulbe œsophagien est 
dépourvu de clapets caractéristiques des larves rhabditiformes. La larve 


(1) Les larves à éclosion normale, c’est-à-dire qui sortent de l’œuf au début 
du premier stade, ont leurs appareils œsophagien et intestinal complets, 
conformes au type rhabditiforme; ces appareils entrent de suite en fonction, 
aspirant les aliments et les digérant. Leur tractus intestinal est composé de 
20 à 32 cellules, soit trois à quatre fois plus que chez les Nematodirus. 


38 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE | 


de l'Ostertagia est donc à la fin du second stade quand elle éelôt ét par | 


suite elle parcourt son premier stade et effectue sa première mue dans. 
l'œuf; on retrouve à l’intérieur de la coque une fine membrane d’exu- 
viation plissée et fripée. 

Ces larves enkystées, très agiles, se désenkystent très fréquemment 
el présentent alors une résistance vitale plus faible. 
_ Ce développement partiel où complet de la larve à l'intérieur de la 
coque de l’œuf n'est pas limité au groupe des Strongles : nous l'avons. 
observé chez les Ascarides des Carnivores (l'oxascaris leonina (Linst.), 
T. limbata Raïlliet et Henry) et chez l'Oxryuris vivigara (Wedl.), dont les. 
larves éclosent également à l'état enkysté. Cette accélération embryogé- 


nique marque un progrès, une adaptation plus parfaite de ces Néma- | 


todes à là vie parasitaire. 


SUR LA SPORULATION DE L'Aspergillus fumigalus. 


Note de B. SauToN, présentée par GC. DELEZENNE. 


Dans un précédent travail, j'ai indiqué que, sur un liquide Rauli 
dépourvu de sulfate de fer, l'A. niger forme un mycélium vermiculé (1) 
qui né sporule pas. 

De nouvelles expériences de Javillier et moi même (2) ont établi que, 
malgré l'absence de fer décelable par les méthodes chimiques, les 
spores prenaient naissance si le zinc faisait simultanément défaut. 

D'autre part, j'ai constaté que la sporulation n’avait pas lieu même 
en présence de fer, quand cet élément était introduit dans le liquide 
nutritif, non à l’état de sulfate, mais à l’état de citrate ammoniacal (3). 

À ces expériences qui mettaient en doute l'importance du rôle du fer 
sont venues s'ajouter celles de G. Bertrand, apportant cette motion 
nouvelle qu’une trace de manganèse est indispensable pour assurer la 
sporulalion (4). En l'absence de cet élément, le mycélium prend l'aspect 
vermiculé précédemment observé sur le milieu sans sulfate de fer. 
J'avais donc, dans ma première expérience, supprimé à mon insu le 
manganèse, qui est une impureté constante du sulfate ferreux et, 
d'autre part, l'asporulation en présence du citrate de fer ammoniacal 
s'expliquait par ce fait que ce sel ne renferme pas de manganèse. 

On ne saurait toutefois conclure de ces résullats qu'une trace de fer 


(4) Bulletin de l'Institut Pasteur, 1910, p. 23. 

(2) Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, décembre 1911, p. 1177. 
(3) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, décembre 1914, p. 589-590. 
(4) Comptes rendus de l’'Acad. des Sciences, février, 1912, p. 383-386. 


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SÉANCE DU 4 JANVIER 39 


n'est pas indispensable, aussi bien qu’une trace de manganèse, à la 
formation des spores. En l'absence de toute quantité décelable de ces 
deux éléments — ce qu’on réalise par la suppression du sulfate de fer — 
la sporulation a lieu si le zinc fait défaut. Si pourtant on admet que le 
manganèse agit dans cette expérience à une dose qui échappe à l'analyse, 
on doit également admettre la possibilité de l’action du fer à une dose 
qui, dans une même expérience, serait, comme Javillier et moi-même 
l'avons constaté, inférieure au moins à un dix-millionnième. 

J'ai repris mon premier travail en mettant à profit les nouvelles 
données acquises et en m'adressant à l'A. fumigalus, qui se prête mieux 
que l’A. niger à ces expériences délicates. 

En présence du manganèse, les conidies de l'A. fumigatus ne 
prennent pas naissance après quinze jours, si le fer fait défaut, et cela 
aussi bien en présence qu'en l'absence de zinc. Le mycélium d’une 
culture temoin sur liquide Raulin complet se couvre au contraire de 
spores dès le troisième jour. Ces résullats permettent de lier la produc- 
tion des conidies à la présence du fer dans le milieu nutritif. 

De même la suppression du soufre, du manganèse ou du potassium a 
pour conséquence l'absence totale des spores. Ces expériences, avec 
quelques précautions, réussissent également bien en l'absence simul- 
tanée du zinc. 

Quand le liquide nutritif est dépourvu de phosphore ou de magné- 
sium, la culture ne commence même pas, qu'il s'agisse de l’A. niger ou 
de l’A. fumigalus. Je me propose d'étudier l’action des faibles doses de 
ces éléments sur la sporulation. 

Etant donnée l'étroite parenté de l'A. fumigatus avec l'A. niger, il 
est à présumer qu'une technique perfectionnée permettrait d'établir 
l'utilité des mêmes éléments pour la sporulation de l’une et l’autre de 
ces moisissures. 

En résumé : le soufre, le fer, le manganèse, le potassium sont, comme 
loxygène, également indispensables à la formation des conidies de l'A. 
faumigalus. 

Il résulte de ces expériences qu'on ne saurait lier la sporulation à 


l’état de souffrance de la plante. En vertu d’une loi naturelle, chaque 


végétal forme ses organes de reproduction, et dans l'exemple cité plus 
haut, il les forme même d'autant mieux qu'il est plus vigoureux. 


“ 


sut | SUBVENTIONS 


La Société consacre une somme de 3.000 francs à l'attribution fé 
subventions à des recherches intéressant les sciences biologiques. Le: gir 
_ demandes doivent parvenir à la Sociélé avant le 37 mars 19 15. ;; 


Les candidats sont priés d'indiquer pour quels moyens matériels 
travail leurs recherches nécessitent une subvention. et 


ERRATUM 


NOTE DE I. CANTACUZÈNE. 


— 


T. LXXILI, p. 664, ligne 3, au lieu de : 9/10.000, Zire : 9/1000. Ligne 29, au lieu 

de : après chauffage à 55°, lire : après chauffage à 50e. , 
P. 665, ligne 16, au lieu de : 170, lire : 370. à 4 ê 
P. 665, ligne 21, au lieu de : Je n'ai jamais constaté d'hémolysine, lire : Je n'ai 

jamais constaté d'hémolyse même légère. : 4 


3 
* 
? 
1 
4 


22) 


REUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1912 


SOMMAIRE 


Durour (M.) : Sur la vision sté- l'étude de Bacillus Le Monnieri, 
MÉDÉCODIQUE 12 M ce ee 41 | nov. spec. (Note préliminaire) . .. 41 
Durour (M.) : Vision binoculaire Parrsor (JAcQuESs) et Maruieu : Mo- 
ÉPOUSER I RUE 43 | difications de la nutrition générale 
Ertenne (G.) : L’intersystole du sous l'influence de l'hyperglycémie 
cœur humain normal . . . ..... 44 | expérimentale. . . .......... 48 
GAIN (Epmoxp) et Broco-Rousseu : Sarrory (A.) : Études morpholo- 
Résistance à l’iodure de potassium gique et biologique d'un bacille 
ce omum PolronmiNuill.s..n 461 | rouge... Let. ave & ae 51 


LAssEur (Pu.) : Contribution à 


Présidence de M. Meyer. 


SUR LA VISION STÉRÉOSCOPIQUE, 


par M. Durour, 


Parinaud disait, en 1898, à propos de la théorie des points rétiniens 
identiques : « À l'identité géométrique ou anatomique, il faut opposer 
Videntité psychologique, impliquant une certaine élasticité de l’appa- 
reil nécessaire pour son fonctionnement » (1). L'expérience met facile- 
ment cette élasticité en évidence dans la vision stéréoscopique. 

Deux yeux isométropes, examinant à travers des lentilles sphériques 
bien centrées à leur écartement des épreuves stéréoscopiques correc- 
tement montées, c’est-à-dire réalisant le parallélisme des lignes verli- 
cales, et rigoureusement centrées, constituent ce que M. von Rohr 
appelle un appareil à vision binoculaire physique, et on peut dire qu'il 
en est de même plus simplement de deux vues stéréoscopiques correc- 
tement placées que l’on regarde à l’œil nu. Nous supposons en outre que, 


(4) Parinaud. La Vision, p. 154 et 155. 


42 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (17} 


les muscles oculaires étant au repos, les axes des deux yeux sont paral- 
lèles. 

Mais ces conditions sont loin d’être loujoursexactement remplies. Dans 
la plupart des stéréoscopes, les oculaires, qui sont fixes, ne peuvent être 
centrés correctement devant les yeux de l’observateur; de plus, les 
photographies ne présentent pas toujours avec une rigueur absolue le 
parallélisme des lignes verticales. Enfin, les yeux peuvent présenter 
une divergence latente. Malgré cela, avec les instruments du commerce 
et avec les vues stéréoscopiques courantes, on obtient un relief satis- 
faisant. Ce sont là des appareils à vision binoculaire physiologique, 
selon l'expression de M. le.D' M. von Rohr. 
= Si on examine sléréoscopiquement, avec ou sans stéréoscope, deux 
images stéréoscopiques qui ne sont pas montées sur la même feuille de 
carton ou sur la même lame de verre et qui peuvent se déplacer l’une 


par rapport à l'autre, on constate qu'ilest possible d’obtenir le fasionne- 


ment stéréoscopique pour diverses positions données aux images. 
On peut déplacer les images en hauteur et en fargeur, on peut 
même faire tourner une image dans son plan en laissant l’auire 
fixe; bien entendu, l'amplitude de ces divers mouvements est assez 
restreinte et l’on atteint rapidement la limite de la tolérance de l'œil. 
Les positions extrêmes compatibles avec le fusionnement nous ren- 
seignent sur la valeur de l’élasticité dont parle Parinaud. 

C’est pour les déplacements latéraux que la tolérance est le plus 
grande. Pour les déplacements en hauteur, nos yeux sont plus 
exigeants. M. Hegner s’est proposé cette année, sur le conseil de 
M. von Rohr, de mesurer avec précision le décalage vertical des images 
stéréoscopiques que peuvent compenser les deux yeux pour maintenir 
la vision binoculaire (4). 

J'ai fait quelques expériences relatives aux déplacements par rotalion 
d'une des images stéréoscopiques dans son plan. Les résultats m'ont 
paru varier un peu d'un jour à l’autre, el la tolérance de mon appareil 
visuel diminue quand je suis fatigué. Mais j'ai remarqué très nettement 
que, chez moi, l'exercice élargissait notablement les limites de cette 
tolérance. Avec un pen d'entraînement, j'arrive à conserver le fusion- 
nement stéréoscopique quand, par un mouvement très lent, je donne à 
l'une des images une rotation de 10 degrés environ, dans un sens ou 
dans l’autre, à partir de la position correcte, ce qui correspondrait à un 
mouvement de rotation de l'œil autour de son axe visuel; mais pour le 
moment je dois faire quelques réserves en ce qui concerne l'interpréta- 
tion des faits. L'’amplitude de ce mouvement de rotation possible serait 


(1) G. A. Hegner. Zur Verteilung der überwindbaren Hôhenfehler im 
Blickfelde (Thèse de l'Université d'Iéna, 1912). Je donnerai de ce travail une 
courte analyse dans l'Année psychologique, pour 1913. 


SÉANCE DU 46 DÉCEMBRE 43. 


_ d'une vingtaine de degrés, soit une dizaine de degrés de chaque côté 
_ de la position normale. Le réflexe rétinien intervenant ici serait donc 
* capable d'imprimer à nos veux des mouvements que nous nè pouvons 
pas leur donner volontairement (1). 


SA VISTON BINOCULAIRE ET FATIGQUE, 


par M. Durour. 


_ En général, quand nous regardons un point lumineux, nous n’avons 
à faire, pour le voir simple, aucun effort conscient : il nous semble que 
. notre appareil visuel soit construit de facon à nous donner pour ainsi 
dire mécaniquement la vision simple. Cependant une expérience facile 
à faire montre qu'il n’en est pas toujours ainsi. En placant devant l’un 
_ des yeux un petit cyliñdre de verre ou baguette de Maddox, on déforme 
_ Tune des images rétiniennes d'un point lumineux éloigné, et l'image 
_ non déformée de ce point ne se trouve pas toujours sur la ligne 
_ brillante qui constitue l’autre image. Dans la théorie musculaire des 
_ symptômes associés (2), cette direction ne dépend que de l'élasticité 
des muscles oculaires au repos. Pour que l'appareil visuel donnât 
mécaniquement la vision simple, il faudrait que, les muscles oculaires 
étant au repos, les axes des deux yeux fussent parallèles. L'expérience 
faite avec la baguette de Maddox montre que, pour certaines personnes, 


% cette condition n'est pas réalisée. Dans ces cas, si le sujet voit simple, il 
le doit à l'intervention d’un phénomène physiologique, qui se produit 
Es . la plupart du temps sans qu'il en prenne conscience, et qu'on apppelle 


le réflexe rétinien de convergence où réflexe de Parinaud (3). 

Le réflexe de Parinaud intervient très souvent tant dans la vision 
_ binoculaire sans verres que dans la vision binoculaire avec des verres 
— de lunettes ou des instruments d'optique. IL intervient constamment 
_ dans la vision des sujets qui présentent à l'état latent le non-parallé- 
lisme des axes visuels que met en évidence la baguette de Maddox. 

: Il se produit d'autant mieux, d’autant plus rapidement et d'autant 
- plus sûrement que le sujet est moins fatigué (4). 


7 


à (1) À ce propos, on peut rappeler que certains enfants, par manière de jeu, 
— arrivent à loucher quand ils regardent leur nez, et ne pourraient le faire 
4 sans la représentation mentale d’un objet très rapproché à fixer. 
… (2) Sulzer. In Encyclopédie francaise d'Ophtalmologie, t. HI, p. 528. 
—_ (3) Parinaud. La vision, p.175. 

4 (4) N. Bishop Harman. The measurement ofthe desire for binocular 
…__ vision by means of the diaphragm test, in Transactions of the Ophtalmological 
À Society of the United Kingdom, 1910, p. 56. 


A4 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (79) 


Je puis apporter ici mon observation personnelle. Quand j'étais 
au lycée, s’il m'arrivait de travailler très tard dans la soirée, je voyais à 
la fin les lignes du livre où je lisais se dédoubler. En secouant mon état 
de fatigue et de somnolence, je pouvais travailler de nouveau pendant 
quelque temps en ayant la vision simple, puis la diplopie se reprodui- 
sait. Dans ce temps-là, je ne cherchais pas à expliquer le phénomène. 
Depuis que je fais de l’ophtalmologie, j'ai naturellement cherché 
l'explication qui est très simple: mes deux yeux présentent une cer- 
taine divergence latente, qui, à l’état ordinaire, ne me gêne pas du 
tout au point de vue de la vision binoculaire, mais qui exige de ma 
part, quand je suis fatigué, un certain contrôle sans lequel la double 
image apparait. Il m'est arrivé par exemple, il y a quelques mois, au 
cours d'un voyage, de rester une trentaine d’heures à peu près sans 
sommeil; au bout de ce temps, j'étais passablement gêné par la diver- 
gence latente qui faisait de temps à autre apparaître la double image, 
et je n’arrivais pas, par un effort volontaire, à fusionner facilement et 
du premier coup les deux images. 

Certaines personnes ne louchent pas quand elles se surveillent, mais 
leur strabisme apparaît quand elles sont fatiguées, ou dès qu’elles sont 
sous le coup d’une émotion vive, par exemple d’un accès de colère. 

Nous venons de voir que la fatigue est susceptible d’entraver le fonc- 
tionnement du réflexe rétinien de convergence. Inversement, la mise 
en œuvre de ce réflexe peut, dans certains cas, devenir une cause de 
fatigue. Les oculistes sont parfois consultés par des personnes ayant, 
avec ou sans verres correcteurs, une bonne acuité visuelle, et chez les- 
quelles le mécanisme de l’accommodation fonctionne convenablement, 
qui ne peuvent lire ou écrire que pendant un certain temps, après quoi 
« tout se brouille ». Il faut savoir que, dans le langage des malades, 
« je vois trouble » signifie souvent « je vois double », la plupart des 
malades ne sachant pas analyser leurs sensations d’une facon nette. 
Dans ces cas, on trouve souvent qu'il existe une divergence latente, et 
le patient peut avoir intérêt à porter des verres prismatiques ou des 
verres correcteurs décentrés, au moins quand il est fatigué. 


L'INTERSYSTOLE DU COŒUR HUMAIN NORMAL (1), 


par G. ETIENNE. 


Chez trois adultes âgés de vingt et un ans, pris au hasard, l'inscription 
du cardiogramme avec l'appareil de Jacquet montre nettement l’inter- 


(1) Voir tracé et observations dans Intersystole chez l'homme. Archives des 
maladies de cœur, 1913. 


# 


SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 45 


systole sous forme d'un petit ressaut à au pied de la ligne ascendante 
systolique de mise en tension du ventricule, la précédant d'environ 
1/10 de seconde. Ce ressaut 1, très bien marqué dans deux cas, est 
intercalé entre la ligne systolique et l’onde de contraction auriculaire. 

Il est bifide dans un cas. 

Cette contraction se présente sur le cœur normal avec les mêmes 
caractères que sur un groupe de cœurs hypertrophiés précédemment 
observés. Sur les cardiogrammes de ces cœurs hypertrophiés, hyper- 
3 trophie d’artério-scléreux rénaux ou d'insuffisance aorlique, le relief 
_  de’est cependant plus marqué. 

Mais dans les deux cas, c’est une contraction complète, aclive, avec 
sa ligne ascendante et sa ligne descendante, intervenant alors que la 
contraction auriculaire est complètement terminée, sa ligne de descente 
_ étant achevée. | | 

Dans un cas d'insuffisance aortique, grâce au fait que la ligne a du 
phlébogramme jugulaire est anticipée sans être prolongée, la distance 
ac étant en conséquence allongée, ? s’est inscrit également au phlébo- 
gramme, au fond de la dépression intersystolique entre le sommet de a 
etc,exactement dans les conditions signalées par le professeur Bard. 

Or ? du phlébogramme coïncide exactement avec 1 du cardiogramme. 

à ne peut êlre confondu avec la contraction auriculaire a du cardio- 
gramme; car le sommet de la contraction auriculaire du cardiogramme 
concorde avec le début de la ligne «à jugulaire, et à est entre cette 
contraction terminée et le pied de la ligne systolique ventriculaire. 

Si nous mesurons 1/5 de seconde aboulissant au pied de la perpendi- 
culaire élevée par le sommet de la ligne de mise en tension préshygmique 
du ventricule, correspondant donc à c jugulaire, le début de ce cin- 
quième de seconde précède 1 et tombe sur le cours de la contraction 
auriculaire, différenciant donc encore + de a ; et la ligne passant par le 
commencement de la contraction auriculaire précède le début du cin- 
È quième de seconde séparant «a du prolongement de c. Cette ligne est 
| donc plus grande que ac jugulaire ; en effet, a jugulaire ne doit com- 

mencer que lorsque la contraction auriculaire est déjà effective. 
È Ces inscriptions combinées montrent donc l’intersystole chez l'homme 
2 de facon plus précise encore que les phlébogrammes de M. Bard ou le 
cardiogramme de MM. Pezzi et Sabri. 

Elles établissent nettement qu'il s’agit bien là du phénomène découvert 

4 chez le cheval par Chauveau, puis étudié chez Le chien par Pachon. 
5 Elles prouvent surtout que, chez l'homme, l’intersysiole n’est pas 
ne: accidentelle, mais normale. Dans nos cas d’hypertrophie cardiaque, 
4 lPhypertrophie, celle des muscles papillaires notamment, intervient 
+ seulement pour intensifier le phénomène physiologique. Et nous le 
à trouvons marqué de facon très précise sur le cœur humain normal. 


Dee. - 


46 RÉUNION. BIOLOGIQUE - DE NANCY 84) 


RÉSISTANCE A L'IODURE DE POTASSIUM DE L'Acremonium Potfronii NuxLr. 
par Epmoxp Ga et BRoco-RoUssEu. 


L'expérience de la clinique a démontré que les mycoses actuellement 
connues cèdent toutes au traitement par l’iodure de potassium. 
Les doses d'iodure à administrer ne sont pas encore fixées d’une 


façon rigoureuse dans les différents cas, et cela peut avair quelques 
inconvénients en raison des accidents d'iodisme graves qui peuvent se 


produire au cours des traitements. On peut donc espérer que l'étude, 
_en cultures, de l’action de l'iodure de potassium, sur différents champi- 
gnons pathogènes, pourra donner quelques résultats intéressants au 
point de vue des doses minima et maxima qui doivent être conseillées. 


Nous avons opéré d'abord sur l’un des derniers champignons reconnus 
comme pathogènes, l'A cremonium Potronü Vuill. trouvé chez un homme 


par MM. Potxon et Noisette (1) de qui nous tenons l'échaatillon. 

Ce champignon cultivant bien dans le bouillon peptone, nous avons 
ajouté, à des tubes de bouillon, des doses croissantes de différentes 
solutions d’iodure à des taux différents. Le dosage à été fait goutte à 
goutte avec un comple-goultes calibré à 50 gouttes au c.e 

Avec une solution telle que 4 goutte de la solution — 0 gr. 002 d'IK, et 
en ajoutant celte solution à 5 €.c. de bouillon, on voit, après ensemen- 
cement, et en conservant des tubes témoins, que tous les tubes de 
bouillon cultivent jusque, et y compris, celui qui contient 40 gouttes de 
la solution d'IK. Au delà de cette dose l'Acremonium ne pousse plus. 

La dose maxima qu'il supporte est donc de 0 gr. 02 d'iodure dans 
5 e.c. de bouillon, ce qui fait un pourcentage de 4 p. 1000. Cette expé- 
rience, appliquée aux différents champignons pathogènes, montrerait 
sans doute des différences dans la résistance à l'IK et permettrait de 


noter peut-être la saturation suffisante de l'organisme envahi, en tenant 


compte de l'élimination normale. 

Il reste, il est vrai, à vérifier si celte résistance à l’IK est ue 
pour des Acremonium Potronii el, d'une facon générale, pour des cul- 
tures d’une espèce de diverses origines. C’est ce que pourront indiquer 
des recherches ultérieures. | 


(Travail du Laboratoire de Botanique 
de la Faculté des Sciences de Nancy.) 


(4) Voir notamment: Dr H. Gougerot. Nouvelle mycose: Acrémoniose de 
Potron et Noisette, Paris médical, 30 décembre 1914, n° 5, p. 400. 
_ Potron et Noisette. Un cas de mycose. Rev. médicale de l'Est, 1° mars 1912, 
t. XLIIT, n° V, p. 133. 


” 


SÉANCE Du 46 DÉCEMBRE AT. 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE 
Bacillus Le Monnieri, Nov. SrEc. 


(Note préliminaire), 
par Pu. Lasseur. 


J'ai isolé, d'une eau de puits, un Bacille fluorescent offrant la parti- 
eularité d’être coloré naturellement en bleu. Cette Bactérie, par certains 


de ses caractères, peut être rapprochée de nombreux chromogènes con- 


nus, mais elle présente toujours, avec chacun des types considérés, des 


_ différences telles que je crois être en droit d'en faire une espèce nou- 


“ 


TE 


velle: je lui donne le nom de Bacillus Le Monnieri, la dédiant à mon 
excellent maître, M. le professeur G. Le Monnier. 

Une des propriétés caractéristiques du À. Le Monnier est la produc- 

tion d'une matière colorante bleue. Cette substance, non seulement 
_colore les éléments bactériens, mais se retrouve précipitée dans les 
cultures sous forme d'aiguilles, de-prismes ou de polyèdres irréguliers. 
Indépendamment de ce colorant, la Bactérie produit encore des corps 
colorés solubles : rouge, jaune ou violet. 

Morphologie. — Bacillus Le Monnieri se présente sous l'aspect de 
bätonnets, à extrémités arrondies ou effilées, dont les dimensions 
(Ha 2u X 0,5 à 0,7u) varient avec le milieu, le degré d'aération et l'âge 
de la culture. 

La structure du Bacille est tantôt homogène, tantôt vacuolaire; dans 
ce dernier cas, on y voit des grains électivement colorables par les 
couleurs basiques d’aniline. Les éléments bactériens sont isolés ou 
réunis en diplobacilles. #. £e Monnieri est mobile et présente un 
flagellum polaire. Je n'ai pas encore observé de spores, même dans des 
cullures âgées de six mois. Enfin, la Bactérie ne reste pas colorée par 
les méthodes de Gram ou de Claudius. 

Caractères de culture. — La température optima pour la végétation et 
là fonction chromogène est comprise entre 20 et 25 degrés centigrades. 
Un chauffage à 55 degrés centigrades durant 10 minutes suffit pour tuer 
le Bacille. B. Le Monnreri est aérobie, illiquéfie la gélatine et peptonifie 
la caséine du lait sans coagulation préalable; il reste sans action sur le 
sérum coagulé et l’albumine cuite. Il verdit l’artichaut, réduit les 
nitrales en nitrites, mais ne produit pas d'indol. 


Sur gélose et gélatine peptonées, la Bactérie produit seulement un pigment 
fluorescent, tandis que sur gélose et gélatine peptonées glucosées, elle donne 
_<moutreune matière colorante bleue (1). 


Avecles pommes de terre glycérinées, on obtient un polychromisme encore 


(1) Couleur voisine du bieu, n° 428 du Code des couleurs. 


48 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (83) 


plus accentué. En effet, dans un même tube, on observe fréquemment des 
colorations bleue (1), jaune, verte, violette. 

Les solutions peptonées, au contraire, ne permettent pas la manifestation 
de la fonction chromogène. 

J'ai obtenu les cultures les plus caractéristiques sur un milieu de composi- 
tion suivante : 


DENTS SN EU is Later Elton Le ANR EE NE 729 AS 100 gr. » 
ASNATACINE RCE ee RS A COS TRE 0 gr. 90 
Succinate d'AMMONIAQUE NT. NN EN 0 gr. 10 
GVCÉTINE AN MEME ROLE PRERNT PAR UE ARREEER DSC) 
Glucose sm ae e tre LAC HE 1 gr. » 
Phosphate dipotassique . . . . . . . . NE 0 gr. 25 
SUITE UE MMAPNÉSIE PU ET UT ACER $ on 
Chlorure 4e CAlCIUEN RSR TERRE RER LE 0 gr. 04 
Sulfate Merreux eme Ed de VS che 0 gr. 01 


Ensemencé sur ce milieu, réparti en tubes, B. Le Monnieri se développe 
rapidement. Au bout de quarante-huit heures (à 20-25 degrés centigrades), 
les cultures montrent à la surface libre du liquide un beau voile bleu (2) 
au-dessous duquel on perçoit une zone colorée en rouge violet (3). A cette 
zone fait suite une colonne de liquide dont la blancheur contribue à 
augmenter le contraste des deux premières couches. 


Pigment. — Le pigment bleu est pratiquement insoluble dans l’eau et 
les solvants neutres usuels. L’acide chlorhydrique, l'acide sulfurique, 
l'acide azotique, l’ammoniaque, la soude et la potasse ne peuvent être 
utilisés comme solvants de la matière colorante. 

Par contre la pyridine et l'acide acétique nermettent l'obtention de 
belles solutions bleues. De la liqueur acétique, on peut reprécipiter le 
colorant en neutralisant l'acide par l’ammoniaque. Enfin, les bases et 
les acides dilués n’ont pas d'action sur le pigment. 

Dans un mémoire qui paraîtra prochainement, j'étudierai plus 
longuement les fonctions bio-chisniques de #. Le Monnieri. 


MODIFICATIONS DE LA NUTRITION GÉNÉRALE SOUS L'INFLUENCE 
DE L'HYPERGLYCÉMIE EXPÉRIMENTALE, 


par JACQUES PARISOT et PIERRE MATHIEU. 


Au cours de recherches sur les effets de l’hyperglycémie expérimen- 
tale prolongée, nous avons soumis un grand nombre de lapins, 


(4) Couleur — 40, atro-cyaneus du Chromotaxia seu Nomenclator, de 
Saccardo. 

(2) Couleur voisine du bleu, n° 428 du Code des couleurs. 

(3) Couleur voisine du violet rouge, n° 576 du Code des couleurs. 


CRT 4 


# 


RAA E ele is LES 


Dre 
[10 


TR A TE PR Te 


ï 


SÉANCE DU 16 DÉCEMPRRE 49 


pendant un temps variable de quelques semaines à plusieurs mois, à 
l’ingeslion répétée de sucre (glucose et saccharose), à l’aide d’une sonde 
appropriée introduite par voie buccale. 

Nous envisagerons ici les modifications survenues dans Ja nutrition 
générale sous l'influence de ce traitement. 


Pour mettre en évidence ces modifications, nous nous baserons sur les 
variations de poids qui peuvent être considérées comme l’un des modes 
d'expression exacts de l’état de nutrition de l'organisme et de sa réaction vis- 
à-vis de la substance ingérée. 

Sans doute les courbes de poids des herbivores et notamment du lapin sont 
d'une interprétation difficile en raison des variations journalières et horaires 
considérables qu’elles présentent. Mais l'expérience nous à montré que l’on 
peut y remédier grâce à un contrôle rigoureux portant sur la quantité de 
nourriture effectivement ingérée, la fréquence et le moment des pesées. En : 
prenant ces précaulions, nous avons obtenu des résullats sinon exactement 
superposables, du moins très voi-ins pour un grand nombre de séries d’ani- 
maux. Ces résullats peuvent se résumer comme suit. 


Une première phase très courte, pendant laquelle il y a diminution de 
poids, peut êlre considérée comme une phase d’accoutumance ; l’orga- 
nisme est surpris par l'introduction du sucre; puis 1l s'adapte, et, dans 
une deuxième phase, non seulement il y a tolérance, mais sans doute 


_utilisalion du sucre, manifestée par un accroissement rapide qui amène 


l'animal en expérience à atteindre le poids du témoin et le plus 
souvent à le dépasser. Pendant ces deux périodes la quantité de sucre 
rejelée est assez faible, phénomène sur lequel nous reviendrons dans 
une étude d'ensemble de la glycosurie au cours de l’hyperglycémie 
expérimentale. Dans une troisième phase le poids fléchit, l'intolérance de 
l'organisme se manifeste; à ce moment on constate des signes de 
dénutrition, l'augmentation de la glycosurie, l’ammoniurie; dans une 
période ultime où la diminution du poids s'accentue davantage, se 
manifestent des phénomènes toxiques et mortels dus à l’acidose. 

Nos expériences ont porté sur des lapins en voie d’accroissement à 
différents âges et sur des lapins adultes, en faisant varier la quantité 
de sucre ingérée et la fréquence des ingestions. La durée de chaque 
phase n’est pas rigoureusement constante, mais nous avons toujours 
trouvé les trois phases décrites. | 

Quand il s’agit d'animaux adultes, l'ingestion de sucre élant suspendue 


_ pendant l’une des deux premières phases, la courbe de poids devient 


presque immédiatement parallèle à celle du témoin, puis s’en rapproche 
peu à peu; mais la suppression de l’intoxication sucrée au cours de la 
troisième phase n’est pas suivie d’un retour immédiat des échanges à la 
normale, car l’écart de poids persiste pendaut plusieurs semaines, voire 
pendant plusieurs mois, fait en relation avec les lésions profondes de 
divers organes, du foie, des reins, etc. 


BioLocre. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 


rs 


50 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (85) 


Chez les animaux Jeunes, la première phase peut n'être caractérisée 
que par le ralentissement ou un arrêt de la croissance: à la troisième 
phase il ÿ a toujours régression du poids. Si on interrompt l'expérience 
vers la fin de la première phase, l'animal qui a reçu du sucre conserve 
longtemps un poids inférieur au témoin; ce fait semble ‘établir que 
l’utilisation du sucre a une part active dans l’accroissement rapide de 
la deuxième phase. Au cours de cetle deuxième phase la cessation du 
sucre ne parait pas avoir grande influence; au bout de quelques jours, 
en effet, les deux animaux sont sensiblement de même poids. L'inter- 
ruption au cours de la troisième phase, si elle est faite assez tôt, pro- 
voque un relèvement de la courbe, mais l’animal qui a ingéré du sucre 
garde indéfiniment l’infériorité acquise. Les animaux jeunes présentent 
en effet une sensibilité particulière à l’hyperglycémie expérimentale qui 
se manifeste fréquemment. par la précocité du fléchissement de poids de 
la troisième phase, brusquement interrompue par les accidents 
terminaux. Cette résistance moindre des organismes en voie de 
croissance (1), que l’un de nous à déjà signalée, est à rapprocher de 
l’observation clinique journalière qui montre la gravité du diabète chez 
les enfants et son influence prolongée sur leur‘ accroissement et leur 
développement ultérieur. 


En résumé : 1° L'étude de la courbe des poids chez le lapin soumis à 
l'ingestion répétée de sucre mABAEStE l'existence de trois phases 
successives : 

a) diminution du poids ou ralentissement de l'accroissement); 
b) reprise ou augmentation ; c) diminution; correspondant à trois modes 
de réaction de l'organisme, accoutumance, tolérance (et probablement 
utilisation), intolérance ; 

2° Les troubles de nutrition causés par les premières ingestions de 
sucre (1" phase) sont assez rapidement réparables; ceux amenés par 
des quantités considérables de sucre (3° phase) sont plus durables; ils 
correspondent à des lésions profondes qui ne se réparent que fort 
lentement; 

3° Ces animaux 5e ressentent indéfiniment de l'obstacle apporté à 
leur développement par l'hyperglycémie prolongée quéique temps 
pendant leur période de croissance. 


(4) Jacques Parisot. L'acidose par hyperglycémie, Recherches expérimen- 
tales. XIIe Congrès français de médecine. Lyon, 1911. 


lat es à a Sr 


(86) SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 51 


ETUDES MORPHOLOGIQUE ET BIOLOGIQUE D'UN BACILLE ROUGE, 


par A. SARTORY. 


-Au cours de recherches sur les bactéries du sol, nous avons isolé un 
bacille rouge présentant les caractères suivants. 
Morphologie. — Ce bacille prend des formes variables un peu suivant 


les milieux. Parfois les éléments sont ovalaires, tantôt ils sont longs 


tantôt au contraire lrès courts et carrés aux extrémités. Nous n'avons 
jamais observé la forme coceus. Le plus habituellement, il se présente 
sous forme de bätonnets assez longs de 2 à 3 w en moyenne, avec une 
largeur de 1/2 à 1 y, souvent isolés, mais réunis quelquefois par 2, 3 ou 
même 4. Il présente une capsule transparente. Sur les milieux usuels 
employés en bactériologie, le bacille est toujours pourvu de sa capsule. 


Dans les cultures âgées, elle persiste. 


Coloration. — Ce microorganisme se colore bien par le violet de 
gentiane, la thionine phéniquée. Pour colorer la capsule, un procédé qui 
réussit très bien consiste à colorer la préparation très fortement par le 
violet de gentiane et à décolorer ensuite progressivement par l’alcool- 
acétone (parties égales). Capsule et microbe se décolorent toujours par 


la méthode de Gram. 


Culture. — Ce microbe se cultive facilement sur tous les milieux. 

Culture. sur gélatine. — En piqûre dans le tube de gélaline, on voil 
après trente-six heures une colonie rouge qui grandit el donne une 
masse d'un rouge brillant très caractéristique. Le long du canal de la 
piqûre, on n observe jamais de petites colonies. L'aspect de la culture 
dite en clou nest pas net comme dans le pneumobacille type de 
Friedlander. La gélatine n’ést pas liquéfiée. 

- Culture sur gélose. — Colonie d’un rouge vif présentant une consi- 
stance mucilagineuse avec reflets brillants. Sur ce milieu la coque est 
exagérée. La gélose n'est pas attaquée. 


Culture sur sérum. — Culture peu abondante, couleur rouge ver- 
millon. 
Culture sur pomme de terre. — Milieu de choix. Culture épaisse rouge 


ponceau, puis vermillon, dans laquelle il ne se forme jamais à l'étuve des 
bulles de gaz. 


Culture dans le bouillon. — Le milieu se trouble très rapidement, il 


se forme avec le temps un dépôt assez abondant au fond du tube. 


Couleur rouge vif. 

Culture dans le lait. — 11 ne s’est jamais produit de coagulation 
même après deux mois. Couleur rouge vermillon. 

Cultures dans les milieux sucrés. — En semant ce bacille sur différents 
milieux à base de glucose, laclose, saccharose, nous avons constaté que 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (87) 


© 
19 


le microorganisme fait fermenter ces hydrates de carbone. L’érythrite 
ne fermente pas. Les différents produits de fermentation sont de l'acide 
lactique gauche, de l'alcool éthylique, de l'acide acétique. 

Influence des rayons ullra-violets. — Sous l'influence des rayons 
ultra-violets le bacille résiste assez bien, mais perd pour quelque temps 
la propriété de sécréler son pigment rouge. Cette pigmentation 
réapparaît après une série de deux ou trois repiquages, elle est accélérée 
par de faibles doses d'asparagine. | 


En semant ce bacille incolore sur les milieux g/ucosés, qgalactosés, 


saccharosés, la fermentation de ces hydrates de carbone est supprimée ou 
très amoindrie. Elle redevient normale avec l'apparilion du pigment. 

Etude du pigment. — Le pigment est insoluble dans l'eau, l'alcool 
amylique et l'alcool méthylique. Ilest soluble dans le sulfure de carbone, 
la benzine. le chloroforme, l'alcool éthylique, léther, l'acétone, 
l’alcool-éther, le xylol. Il est décoloré par les acides et les alcalis ainsi 
que par l’eau de chlore, l'hypochlorite de chaux. A l'examen spectro- 
scopique, rien de particulier à signaler, aueune bande d'absorption 
visible. 

Nous nous proposons d'ailleurs de faire une série de recherches 
nouvelles qui compléteront cette étude préliminaire. 


Conclusions. — Ce bacille a, si ce n’est sa couleur, de grandes ressem- 
blances avec le pneumobacille de Friedlander, il s'en rapproche par ses 
propriélés morphologiques et biologiques. Nous jugeons inutile de lui 
donvuer un no:n spécial. 


(Travail du laboraloire de pharmacie chimique de l'Ecole supérieure 
de pharmacie de Nancy.) 


ANS 


# 


D3 


SEANGE DU TL DÉCEMBRE: (9.2 


SOMMAIRE 


BerG (A.): La peroxydase d'Ec- caoutchouté ou non d : ficus caricaL. 
ballium elaterium A. Rich. . . . .. CEMIMCNEZAIEMDISE ON MEN ART AAA PNEES 65 
Cos1A (S.) : Sur la présence d’un JoLEAuUD (A.):E. — Séries longi- 
blastomycète dans le sang des rou- tudinales et séries transversales de 
geoleux (Note préliminaire). . . .. 62 | plaques dans les Cirrhipèdes pri- 
GERBER (C.) : Ana'ogies entre la mitifs et dans les Cirrhipèdes pédon- 
coagulation du jaune d'œuf et la cules. Simplification de la nomen- 
caséification du lait par le latex de clature. L'évolution dans le genre 
l'Euphorbe des Vallons (Euphorbia HOMO ESS OR ET Ne 58 
CITE LORIE APEEE 53 Livon {Cu.) et PEevron : Sur les 
Gerger (C.) : Différences entre la phénomènes de stase de la sub- 
coagulation du jaune d'œuf et la ca- slance colloïde dans la région inter- 
séification du lait par le latex de lobaïre de l'hypophyse. . +. : .. 61 
l’'Euphorbe des vallons (E. Chura- RanQuE et SÉNEz : Action de l'iode 
CiGs Les RENE RE 55 | sur le bacille d'Eberth (Note préli- 
Ger8Er (C.) et Sazkiwo (J.) : Action DT ANTE) Re re ee mn INRA sE te 51 
physiologique des latex. 1. — lujec- SALKIND (J.) : Sur la thymectomie 
tions sous-cutanées de latex dé- chezdlecropandics sul teur: 66 


Présidence de M. F. Arnaud. 


ANALOGIES ENTRE LA COAGULATION DU JAUNE D'OEUF 
ET LA CASÉIFICATION DU LAIT 
PAR LE LATEX DE L EUPHORBE DES VALLONS (Æuphorbia Characias L.), 


par C. GERBER. 


En faisant agir 1 e.c. de latex frais de Æ. Characias à 50 degrés sur 
10 c.c. d’une dilution au tiers, dans l’eau distillée, de jaune d'œuf, 
nous ayons obtenu, en six minutes, la prise en masse du liquide. Le 
caillot formé de la vitelline retenant dans ses mailles la lécithine, les 
corps gras et le lipochrome du jaune d'œuf se délache peu à peu des 
parois du tube à essai; il se retracte en un bloc cylindrique, parfois 
fractionné, et laisse exsuder un liquide clair, transparent, limpide, qui 
occupe le fond du tube et que surnage ledit caillot. 


5 L/rapes RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


— 


Cette coagulation du jaune d'œuf se rapproche, par certains caractères, 
de la caséification du lait par les présures; elles s’en éloigne, au 
contraire, par d’autres. ; 

1° Comme la caséification du lait, la coagulation du jaune d'œuf est. 
d'origine diastasique, car en opérant dans les mêmes conditions que 
précédemment, mais avec du latex préalablement maintenu un quart 
d'heure à la température du bain-marie d’eau bouillante, le jaune est 
resté incoagulé, à la fin de l'expérience (4 heures). 

2° Également comme la caséification du lait par la présure dulatex de 
E. Characias , la coagulation du jaune d'œuf n’obéit à la loi de propor- 
tionnalité inverse que lorsqu'elle est due à des doses fortes, la pro- 
voquant, aux températures moyennes, en des temps relativement courts. 
Dès que la dose s’abaisse au point que les coagulations exigent, à ces 
températures, des temps supérieurs à trente minutes, ceux-ci sont 
plus grands que ne le veut la loi de proportionnalité inverse, et la 
dérogation est d’autant plus accusée que la dose est plus faible. C'est 
ce que montre très netlement notre série suivante d'expériences faites 
le 6 seplembre, où 1,60 c.c. de latex frais a coagulé, à 50 degrés, 
10 c.c. de jaune d’œuf dilué au tiers en 4 minutes; 1,20 c.c. en 5 min. 
30 sec., 0,80 c.c. en 8 min. 30 sec., 0,40 c.c. en 35 minutes, tandis que 
0,20 c.c. laissaient le jaune incoagulé après 6 heures. Si l’on fait le 
produit des temps de coagulation par les doses correspondantes de 
latex, on ne trouve de nombres voisins que pour les trois premières 
expériences (640, 670, 680); pour la quatrième, le produit est environ 
deux fois plus élevé (1400), et pour la cinquième il est au moins onze 
fois plus fort (supérieur à 7.200). 

3° Comme dans le cas de la caséification du lait, les temps de coagu- 
lation du jaune d'œuf par le latex d’Euphorbe sont d'autant plus courts 
que la température est plus élevée. 

Au-dessus de 40 degrés et jusqu’à 70 degrés, la vilesse de coagula- 
tion double à peu près pour chaque élévation de 5 degrés, comme le 
montrent les deux séries d’expériences ci-dessous, faites le 15 sep- 
tembre, au cours desquelles les temps de coagulation de 10 c.ce. de 
jaune d'œuf dilué au tiers ont élé, aux températures suivantes : 


400 450 500 550 60° 650 700 
avec 2 c.c. de latex frais. 
25 m. 12 w. 6 m. on MMS UMSEC » » 
et avec 0 c.c. 50 de latex frais. 
150 m. 60 m. 24 m. 12 6m $S m. 3 m. 30 sec. 1 m. 30 sec. 


Au-dessous de 40 degrés, la vitesse de coagulation décroit beaucoup 
plus vite que ne le voudrait la loi précédente, et, vers 20 degrés, la 
prise en masse du jaune d'œuf ne s’observe plus qu'avec des doses 
massives de Jatex. 


ait 7 


N- 


SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 55 


Comme la diastase présurante du latex d'Euphorbe, la diastase caus 
de la coagulation du jaune d'œuf est très résistante à la chaleur; elle 
est même plus résistante que la présure. 

Nous avons trouvé, en effet, le 20 septembre, qu'à la température 
de 45 degrés, 2 c.c. de latex frais ajoutés à 10 c. c. de jaune d'œuf dilué 


au tiers, après avoir été maintenus antérieurement pendant une demi- 


heure aux températures croissantes suivantes : 


55° 600 650 700 
déterminaient la coagulation en : 
12 min. 12 min. : 13 min. 36 min. 


Ce qui montre que l’activité coagulante du latex sur le jaune d'œuf 
reste entière après une chauffe prolongée à 65 degrés et n’est réduite 
que des deux tiers après le même temps de chauffe à 70 degrés, alors 
que l’activité présurante de ce même latex sur le lait tombe déjà, 
comme nous l'avons indiqué dans une note précédente, au tiers de sa 
valeur après un pareil séjour à 65 degrés et est six fois moins forte 
quand on a soumis ce latex à la température de 70 degrés. 


DIFFÉRENCES ENTRE LA COAGULATION DU JAUNE D'ŒUF ET LA CASÉIFICATION 
DU LAIT PAR LE LATEX DE L'EUPHORBE DES VALLONS (Æ. Characias L.), 


par C. GERBER. 


Ces différences sont surtout remarquables dans l'influence des électro- 
lytes sur les deux phénomènes. 

4° Acides. — A l’encontre de ce que nous avons observé, dans la 
caséification du lait, accélérée par l'acide borique, BO‘X° retarde la 
coagulation du jaune d'œuf par le latex de Æ. Characias. 


En effet, dansune série d'expériences faites à 50 degrés, avec 0 €. c.50 de latex 
pour 5 c.c. de jaune d'œuf dilué au tiers dans l’eau distillée, la coagulation, 
qui n’a exigé que # min. {5 secondes en absence complète d’avide, s’est 
faite en 5 minutes, en présence de 10 mol. milligr. de BOH*, en 6 minutes 
(20 mol. milligr.), en 7 minutes (50 mol. milligr.) et en $ minutes(100 mol. 
milligr.). 


Quant à l'acide chlorhydrique, qui est un puissant adjuvant de la 
caséification du lait, il n’est accélérateur — et encore très peu — qu'à 


faibles doses de la coagulation du jaune d'œuf; à doses moyennes, il la 


retarde et il devient empêchant dès que la dose est un peu forte. 


C'est ainsi qu’à 50 degrés, 2,5 mol. milligr. HCI par litre de jaune dilué au 
tiers ont fait passer le temps de coagulation de 5 c. c. de jaune par 0,23 €. c. de 


56 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


latex de 11 minutes à 9 min. 30 secondes, que 5 mol. milligr. l'ont 
abaissé à 8 minutes, mais que 10 mol. milligr. l'ont élevé à 12 minutes, 
45 mol. milligr. à 35 minutes, 20 mol. milligr. à 90 minutes et qu'avec 
30 et 60 mol. milligr. le jaune d’œuf est resté incoagulé après 4 heures d’expé- 
rience; mais, en neutralisant après ce dernier temps l'acide par addition de 
30 et 60 mol. milligr. de soude, le liquide se prend instantanément en 
masse. 


Les acides qui, à dose convenable, déterminent la coagulation adias- 
tasique du jaune se comportent néanmoins, en présence du latex de 
E. Characias, comme HCI. C'est ce que montrent les chiffres suivants 
obtenus avec l'acide oxalique expérimenté dans les mêmes conditions 
que l'acide chlorhydrique et qui contrastent avec ceux obtenus dans le 
cas du lait. 


Demi-mol. milligr. CO‘H? par litre jaune d'œuf ou lail: 


0 1,93 2,5 3,15 5 7,5 15 30 
Temps de coagulalion du jaune d'œuf : 
10 m. $ m. 1 m. 6 m. 30 s. coag.sanslatex 90 m. pas dé coag. 
Temps de coagulation du lait bouilli : 
9m 30/5018 m-30s 7 mr: 6 m. DNS SN: 1 m. coag.sans latex. 
2° Bases. — Contrairement à ce que nous avons signalé dans une note 


précédente concernant la caséification du lait qui n’est empêchée que 
par des doses moyennes d’alcali et est, au contraire, accélérée par des 
doses fortes, il suffit de moins de 5 mol. milligrammes de soude par litre 
de jaune d'œuf dilué au tiers pour arrêler toute coagulation par le latex 
de £’. Characias, et le liquide reste incoagulé, si forte que soit sa teneur 
en alcali. 

3° Sels neutres. — Le chlorure de calcium, cet adjuvant classique de 
la caséification du lait, est retardateur à doses faibles et empêchant à 
doses moyennes et fortes de la coagulation du jaune-d’œuf par le latex 
‘de Z. Characias. | 


C'est ainsi que, à 50 degrés, 5 mol. milligr. de CaCl° ont élevé le temps de 
coagulatiou de 5 c.c. de jaune d'œuf dilué au tiers par 0,30 c.c. de latex, de 
7 minutes à 8 minutes, alors qu'ils abaissaient celui de 5 c.c. de lait buuilli 
par 0,015 c.c. du même latex de plus de 360 miuutes à 25 minutes; que 
10 mol. milligr. de ce sel portaient ces /temps respectivement à 9 min. 
30 secondes (œuf) et à 8 min. 30 secondes (lait); que 15 mol. milligr. les 
portaient à 15 minutes (œuf) et à 3 min. 30 secondes (lait); que 20 mol. mil- 
ligr. élevaient la coagulation du jaune d'œuf à 30 minutes et qu'enfin, à 
partir de 40 mol. milligr. de CaCE, il nous a été impossible d'obtenir la. 
coagulation du jaune d'œuf dans les limites de l’expérience (2 heures). 


Il va de soi que tous les sels neutres à bases fortes (les sels de métaux 
alcalins plus spécialement) se comportent comme le chlorure de calcium. 
Citons deux exemples : 


SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 57 


Nall que nous avons vu précédemment accélérer la caséification du lait 
par le latex de E. Characias, retarde la coagulation du jaune d'œuf énergique- 
ment; NaFl, que nous avons également vu précédemment n’empêcher la 


_ caséification qu'aux doses moyennes et la laisser se produire aux doses fortes, 


s'oppose à la coagulation du jaune d'œuf aux doses moyennes et fortes. 


À plus forte raison en est-il de même pour les sels d'argent, de 
mercure, d'or dont l’action sur la coagulation du jaune d’œuf contraste 
ainsi avec celle sur la caséification du lait. 


En prenant comme exemple le bichlorure de mercure, nous avons trouvé 
que 0 mol. milligr. 25 de HgC!° par litre de jaune d'œuf dilué au tiers élève le 
temps de coagulation de 10 c.c. de ce liquide à 50 degrés pour 0,50 c.c. du 
latex de E. Characias, de 12 minutes à 14 minutes, et qu'il suffit de 0 mol. mil- 
ligr. 50 pour empêcher toute coagulation dans les limites de l'expérience 
(2 heures). 


Les sels cuivriques se comportent un peu différemment. Avant de 
devenir relardateurs, ils sont, à très faibles doses, légèrement accéléra- 
teurs. 

- Quant aux sels de platine, ils s'opposent complètement aux sels 
neutres précédents. Ils sont, en effet, de puissants adjuvants de la 
coagulation, par le latex de £’. Characias, du jaune d'œuf, liquide que, 
d’ailleurs, à doses plus élevées, ils coagulent sans l’aide du latex. 


ACTION DE LIODE SUR LE BACILLE D EBERTH 
(Note préliminaire), 


par RANQUE et SÉNEZ. 


Depuis plusieurs mois, nous nous sommes attachés à étudier l’action 
de certains antiseptiques sur le bacille d'Eberth, et en particulier de 
l'iode. 

Dans toutes les expériences faites, et que nous communiquerons en 
détail ultérieurement, l’addition à une dilution de bacilles d’Eberth 
(500 millions par cenlimètre cube) de solution iodoiodurée en quantité 
progressivement décroissante jusqu'à la dose da 20 milligrammes par 
litre, a suffi pour empêcher toute reproduction ultérieure du bacille 
ensemencé sur bouillon. 

L'action de l’antiseptique était arrêtée en temps déterminé par une 
solution d'hyposulfite qui neutralisait exactement l’iode mélangé à la 
dilution microbienne. Un quart d'heure de contact, entre la solution 
iodurée, et les bacilles a toujours suffi pour annihiler leur faculté de 
reproduction. 

Les bacilles ainsi traités n'avaient rien perdu de leur morphologie : 


58 ë RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


la mobilité notamment se conservait encore plusieurs jours. Cette 
mobilité n’est arrêtée qu'en addilionnant Ia dilution microbienne de 
3 volumes de solution d’iode à 8 p. 100. 

En présence de ces résultats, nous avons songé à les utiliser pour la 
préparation d’un vaccin antityphique. J 

Une dilation de bacilles (dix-huit heures sur gélose) à 400 millions 
par centimètre cube est stérilisée par addition de 5 p. 400 de solution 
d’iode décinormale. 

On laisse agir l’antiseptique pendant trente minutes, puis on neutra- 
lise l'iode et l’on arrête son action par une solution d’hyposulfite 
stérilisée. : 

Après cette stérilisation, les ballons sont laissés au repos et, quinze 
à vingt jours après, les bacilles morts se décantent au fond du récipient. 

Le liquide surnageant est soutiré et remplacé par un égal volume 
d’eau physiologique. Le vacein est mis en ampoules et prêt à servir. 
__ Les avantages de ce procédé nous paraissent être : 

1° L’emploi d’un antiseptique diffusible avec lequel tous les baeïlles 
sont facilement et sûrement en contact; 

2° La possibilité de limiter exactement l’action de l’antiseptique; 

3° La possibilité, grâce à la décantation, d'éliminer toute trace des 
peptones et albuminoïdes des milieux de culture qui pourraient causer 
des accidents anaphylactiques. Cette décantation élimine également les 
exotoxines produites pendant le temps qui s'écoule entre la stérilisation 
du bacille et sa mort. 

Nous pouvons d’ores et déjà signaler que les réactions agglutinantes 
constatées chez les animaux immunisés ressortissént au taux de 1/5000 
en moyenne. 

Les injections faites chez l’homme n’ont produit aucune réaction 


fébrile. 
(Travail du laboratoire médical de biblogie.) 


E. — SERIES LONGITUDINALES ET SÉRIES TRANSVERSALES DE PLAQUES DANS 
LES° CIRRHIPÈDES PRIMITIFS ET DANS LES CIRRHIPÈDES PÉDONCULÉS. SIM- 
PLIFICATION DE LA NOMENCLATURE. L’ÉVOLUTION DANS LE GENRE Lori- 
gula (1), 

par À. JOLEAUD. 


Les exemplaires bien conservés de Cirrhipèdes primitifs montrent 
leurs plaques disposées en rangées longitudinales régulières. C’est ce 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. EXIX, p. 659, etc.; t. LXX, 
p. 389, etc. ; t. LXXIT, p. 1.118. Erratum, p. 1.119, lignes 10-11, lire adductrice 
au lieu de articulaire. 


SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 59 


que l’on peut observer dans les genres primaires Lepidocoleus Faber, 
dont la gaine est forméé de deux séries de plaques seulement, Turri- 
lepas H. Woodward, qui présente deux, quatre ou un plus grand 
nombre de séries, Scrobilepis Clarke, qui en possède quatre séries. 


… Darwin admettait l'existence de dix séries d’écailles calcaires dans la partie 
pédonculaire de Loricula pulchella du Cénomanien, savoir : « six rangées Jaté- 
rales, très allongées transversalement », et « quatre rangées terminales 
étroites » (deux sur le bord carénal du pédoncule et deux sur le bord ros- 
tral). La figure de £. Darwini donnée par M. Henri Woodward dans la belle 
étude qu'il a publiée de ce cirrhipède, confirme cette manière de voir, car 
indépendamment des cinq rangées d’écailles qui recouvrent le côté gauche 
de la région pédonculaire, on y voit une deuxième série d’écailles subros- 
trales appartenant au côté droit, qui laissent supposer que les écailles subca- 
rénales doivent exister aussi en double série. Les plaques postérieures pro- 
longent d’ailleurs ces séries longitudinales. La figure donnée par M. Wood- 
ward nous montre en eflet : 1° un grand latéral supérieur triangulaire conti- 
nuant la série médiane; 2° le fergum au-dessus d’un grand caréno-latéral 
surmontant lui-même l’une des larges séries latérales ; 3° une carène à peme 
courbée au-dessus de la série subcarénale visible; 4° un scutum à umbo non 
apical en contact avec le latéral supérieur et terminant la troisième large 
série des écailles pédonculaires. Du dessous de ce scutum gauche émerge le 
bord du seutum droit. Il n’y a pas de rostre surmontant les séries subrostrales. 
Cette pièce, très peu élevée sans doute, a dû se détacher du corps du fossile. 


Nous pouvons donc conclure qu’il y a continuité dans les séries lon- 
gitudinales de formation cuticulaires chez Loricula. Cette continuité se 
retrouvant avec diverses variantes, dans tous les genres, on peut se 
borner, pour la désignation d’une pièce de Cirrhipède, à indiquer la 
série (rostrale, scutale, médiane, tergale, carénale) dont elle dépend 
avec le numéro du verticelle auquel elle appartient. Ainsi, la plaque 
caréno-latérale s'appeilera Zergum 3 ou plus simplement T', l'infra- 
médian-latus sera M, la Subsubcarena deviendra C°. L'on désignera faci- 
lement ainsi des pièces innomées jusqu'à présent malgré la complica- 
tion de la nomenclature en usage. 

Les rapports de position des plaques dans le capitule des Pédonculés, 
tels que nous les avons exposés précédemment et l'alternance des élé- 
ments constilutifs des verticelles d'ordre impair avec ceux des verticelles 
d'ordre pair nous conduisaient tout naturellement à considérer deux 
verticelles successifs, le premier d'ordre impair et le second d'ordre 
pair, comme formant un anneau autour du corps du Cirrhipède. 

Les observations que nous venons de faire sur ZLoricula justifient 
pleinement cette interprétation, avec la seule différence que les animaux 
que nous avons envisagés d'abord ne présentaient que huit pièces 
par suite de la soudure et de la concrescence des deux pièces carénales 
d’une part, des deux pièces rostrales de l'autre. C’est ainsi que, dans 


60 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


une carène de Scalpellum, chaque moitié du toit, avec la paroi et l'entre- 
paroi y adjacents, appartiennent à une même plaque primitive distinete. 
Dans Lepas. Dichelaspis, l'origine binaire de la carène est démontrée, 
d’ailleurs, par la dissociation de ses deux éléments dans sa partie infra- 
umbonale, à la fois rudimentaire et régressive (fourche). 


Lorsque l’on compare Loricula pulehella de Darwin avec L. Durwini de 
M. H. Woodward, on est frappé de ce que l’obliquité de la base de la portion 
capitulaire est beaucoup plus grande dans la seconde que dans la première 
de ces deux espèces. Ainsi, le mouvement de rotation qui nous a paru être 
l'une des caractériques de l'évolution dans Scalpellum, etc., s'est manifesté 
également ici, mais par un procédé différent, par la surélévation du côté 
dorsal, laquelle, dans Loricula Darwini, du Middle Chalk (Turonien) est sensi- 
blement plus considérable que dans L. pulchella de Darwin du Lower Chalk 
(Cénomanien). 


Comme, d'autre part, la carène est peu développée dans ces deux 
espèces, il est suppléé à l'insuffisance de sa protection par un grand 
accroissement du caréno-latéral T°, qui devient un véritable tergum 
subordonné au tergum proprement dit et qui justifie ainsi l'assimilation 
que nous avons faile des plaques d'une même série longitudinale. 

Une autre conséquence de l'évolution dans Loricula, c'est comme dans 
oxynaspis, ele., l'extension du scultum au-dessus de son umbo. Dans 
L. Darwini, celte extension parait bien plus considérable que dans 
L. pulchella et elle est bien plus importante encore dans L. expansa du 
Sénonien supérieur que vient de décrire d'une façon remarquable 
M.T.H. Withers dans « The Geological Magazine ». 


L'importance relativement faible de la région capitulaire comparati- 
vement à la région pédonculaire dans Loricula, la continuité des séries 
longitudinales d'écailles ou de plaques dans ces deux régions, le passage 
du troisième verticille de l'une à l’autre, parce que le rostro-latéral (S°), 
faiblement développé, semble rester dans la région pédoneulaire sont 
autant de faits démontrant surabondamment qu’il n'y à pas lieu de dis- 
tinguer un capitule et un pédoncule dans Zoricula, comme on le fait 
généralement. Ce genre est resté franchement archaïque et à poursuivi 
son évolution propre, jusqu'au Crétacé supérieur parallèlement aux véri- 
tables Pédonculés qui, depuis le Jurassique, s'acheminaient vers les 
formes actuelles. 


SÉANCE DU Â7 DÉCEMBRE 


D rm 7 _— 


SUR LES PIHÉNOMÈNES DE STASE DE LA SUBSTANCE COLLOÏDE 
DANS LA RÉGION INTERLOBAIRE DE L'HYPOPHYSE, 


par Cu. Livon et PEYRON. 


culeux. 


; 


Nous avons indiqué antérieurement (1) les raisons histo-physiolo- 
giques favorables à l'hypothèse émise par l’un de nous, d'un passage 
d'une partie de Ja substance colloïde du lobe glandulaire dans la neuro- 
hypophyse. Nous croyons devoir rapporter à l'appui de celte donnée 

_ les particularités histologiques observées sur une hypophyse de luber- 


Il s’agit d’un adulte jeune présentant depuis quelques années des 
lésions de tuberculose pulmonaire à évolution lente, et chez lequel 
apparurent brusquement des accidents de sérite aiguë, en particulier 
de méningite à évolution rapidement mortelle. L'examen anatomo- 
pathologique pratiqué après fixation des organes par le liquide de 
Bouin, deux heures après la mort, a montré dans les méninges les 
lésions conjonctivo-vasculaires habituelles, avec, par places, envahisse- 
ment du cortex cérébral. Les cellules géantes sont très nombreuses 
dans le foie, le rein, la rate; dans les surrénales, la périphérie de la 
veine centrale est le siège d'une simple infiltration, d'ailleurs discrète, 
d'éléments Iympho-conjonctifs. À l'examen de l’hypophyse, on trouve 
une légère sclérose du lobe glandulaire ; les éléments éosinophiles et 


plus remarquable résulte du nombre et du volume considérables des 


>. : ! À 17 

4 sidérophiles gardant leur fréquence normale. Mais Ja particularité Ja 
* “ 

n 


és 


lacs colloïdes distendant la région interlobaire. 


éléments cellulaires de bordure montrent des lésions de caryolyse. 


M) Les pigmentophores du lobe nerveux de l'hypophyse. Réunion 


prolongée. Acad. de Médecine, 23 avril 1912. 


Leurs formes et leurs dimensions sont des plus variables ; leur paroi 
est constituée par un revétement régulier de cellules cubiques, qui sont 
aplaties et allongées par places, à la suite de la distension exercée par 
le contenu des lacs. Les minces septa conjonctifs qui les séparent font 
parfois défaut, et les cellules épithéliales des deux parois adossées 
entrent alors en contact. À la suite de la fonte pariétale de ces cellules 
de revétement, des communications secondaires s'établissent entre les 
divers lacs ; c’est ainsi que les volumineuses cavités s'incorporent pro- 
gressivement les plus petites. Au niveau des unes et des autres, les 


Sur les parties latérales de la région interlobaire, ces lacs colloïdes 
se continuent avec une fente, régulièrement tapissée d'un épithélium 


gique de Marseille, 25 avril 1911. — Contribution à l’étude des synergies HY Ypo: 
physo-glandulaires. Les résultats de l'hypophysectomie subtotale avec sur 


62 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


cubique sur toute sa longueur, et qui contient des amas de substance 
colloïde. 


Par sa topographie, cette fente rappelle celle qu'on observe dans. 


l'hypophyse embryonnaire, mais il est manifeste qu’elle résulte de la 
fusion secondaire de toute une série de lacs primitivement distinets. 

La neuro-hypophyse, normale dans sa disposition générale, offre une 
série de dilatations vasculaires indiquant un processus récent de conges- 
tion et qui sont surtout marquées sur les parties latérales. On y voit, en 
effet, des capillaires distendus, gorgés de globules rouges, en contact 
immédiat avec le revêtement épithélial de la fente juxta-nerveuse; 
comme si la dilatation vaseulaire de la neuro-hyphophyse et la poussée 
résultant de l'accroissement des lacs interlobaires s'étaient exercées en 
sens inverse, à la rencontre l’une de l’autre. 

En résumé, la zone interlobaire présente une véritable "stase de 
substance colloïde coïncidant avec une distension des cavités vascu- 
laires de la neuro-hypophyse, elle-même accompagnée d'un certain 
degré d'œdème interstitiel. Il nous paraît que l’ensemble de ces lésions 
pourrait être attribué à la compression exercée sur la tige infundi- 
bulaire par les exsudats méningés de la base de l’encéphale; et qui 
aurait opposé un obstacle mécanique (œdème interstitiel et distension 
vasculaire) à l'immigration des éosinophiles et basophiles dans Ia 
neuro-hypophyse, ainsi qu’à la résorption consécutive des formations 
colloïdes aberrantes (corps énigmatiques) ou intravasculaires. Cette 
interprétation paraît corroborée par l'absence presque complète de ces 
derniers dans le tissu névroglique et les vaisseaux. Dans la même 
hypothèse, on pourrait Lenir compte également de l'hypertension nette- 
ment constatée (à la ponction) du liquide céphalo-rachidien, comme 
susceptible de contribuer à la distension de la cavité infundibulaire. 


SUR LA PRÉSENCE D'UN BLASTOMYCÈTE DANS LE-SANG DES ROUGEOLEUX 


(Note préliminaire), 


par S. Cosra. 


Bien grand est le nombre des bactéries trouvées dans le sang des 
rougeoleux. Nous y avons décelé nous-même, à différentes reprises, des 
cocci divers, staphylocoques ou streptocoques. Mais ce ne sont là que 
des témoins de l'infection vraie. 

A l’occasion d’une épidémie récenle, nous avons repris cette étude 
dans d’autres conditions, et il nous a été donné, huit fois de suite sur 
huit cas, de constater dans le sang des rougeoleux la présence d’un 
microorganisme que quelques-uns de ses caractères permettent. de 


SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 63 


| classer, provisoirement, dans le groupe, provisoire lui-même, des blas- 
tomycétes, 

. Nos recherches et expériences étant encore en cours, nous nous 
| contenterons pour le moment de signaler ce fait, nous réservant de 
| revenir prochainement sur les caractères, les cultures et le rôle patho- 
: gène de ce blastomycète (1). 

| (Laboratoire de Bactériologie du 15° corps d'armée. 

3 Hôpital militaire de Marseille.) 


LA PEROXYDASE D’ECBALLIUM ELATERIUM A. RicH, 


par À. BEP«. 


L'Echballium elaterium contient une peroxydase qui, en présence d’eau 
oxygénée, se mauifeste en donnant de vives colorations avec les réactifs 
habituellement employés dans ce cas : benzidine, pyrogallol, p. phé- 
nylène-diamine, teinture de gaïac, etc. 

C’est la benzidine qui m’a servi à étudier cette diastase et sa répar- 
tition. 

Le réactif employé à été préparé en dissolvant 2 grammes de benzidine 
pure dans 25 c.c. d'acide acélique cristallisable et ajoutant de l’eau 
pour compléter à 250 c.c. À 5 c.c. de cette solution, fraichement pré- 
parée, on ajoute 4 gouttes d’eau oxygénée faible (perhydrol de Merk 

étendu à 1 p. 100), puis un volume variable du suc à étudier étendu 
ou non d’eau. Avec seulement 1/500° de centimètre cube de suc de 
tige (4/10 de centimètre cube de ce suc élendu au 1/50), on obtient 
rapidement une belle coloration bleue qui devient très foncée, puis passe 
à la longue au violet et au rouge. 

En employant les divers sues d’Ecballium en quantité variable et à des 
dilutions appropriées, de facon à obtenir des colorations se produisant 
dans le même temps et avec la même intensité, il est facile de déter- 

_ miner les activités relatives de ces sucs. 


À 1° Action de la filtration. — Les sucs troubles provenant de la simple 
Æ expression et les mêmes sucs filtrés ne présentent pas de différences 
sensibles dans leur activité. La diastase n’est donc pas entraïnée par les 
substances en suspension ; 


(1) A ces 8 cas, nous pouvons maintenant en ajouter 5 autres, 
De plus, nous avons trouvé, dans le sang de trois scarlatineux, un blasto- 
mycète différent de celui observé chez les rougeoleux. 


'_n ' 4 D-éRs 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


(ep) 
EC 


2% Action de la chaleur. — L'expérience a été faite avec le suc de tige 
porté pendant une demi-heure aux températures : 60, 70, 75, 80 et 
90 degrés. Les résultats oblenus sont consignés dans le lableau suivant: 


TABLEAU I. 


Température de chauffe du suc. 


NON CHAUFFÉ 60° 10° su TE 80° 90° 
Dilulions auxquelles les sucs ont élé comparés. 

1,50 1/50 1/50 1/25 1/25 1/1 

Aclivilés comparées à celle du suc non chauffé prise égale à 100. 


100 95 80 48 31 2 


Le ferment, à peine altéré à 60 degrés, ne perd qu'un cinquième de 
son activité à 70 degrés, la moitié à 75 degrés, les deux tiers à 80 degrés 
et en conserve encore le cinquantième à 90 degrés. Il est donc très 
résistant à l’action de la chaleur, comme cela a lieu d’ailleurs pour les 
peroxydases signalées par divers auteurs. | 

Il résiste mème assez fortement à la température de 100 degrés, car 
chauffé pendant cinq minutes au bain-marie bouillant, le suc bleuit 
encore faiblement le réactif et il faut prolonger la chauffe pendant vingt 
minutes pour qu’il n’y ait plus aucune réaction ; 

3° Répartition. — En comparant les activités des sucs des différentes 
parties de la plante au suc de tige pris comme type, j'ai obtenu les 
résultats suivants : 


TABLEAU Il. 
Nalure du suc employé. 
| PULPE PÉRICARPE LIMBE PÉTIOLE TIGE RACINE 
Dilutions auxquelles la comparaison a élé faile. 
1} 1/10 1/50 1/50 1/50 1/50 
Aclivilé des sucs non dilués comparée à celle du suc de lige prise égale à 100. 


0,4 oi 81,5 58 100 14 


Dans la tige, la racine, le limbe, le pétiole, l’activité varie relativement 
peu (entre 58 et 100). Pour le péricarpe, elle est dix fois moins forte que 
dans la tige et devient extrêmement faible dans le suc de pulpe. 


ou a ie À dl à te dl ARS 


Les 


SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 63 


ACTION PHYSIOLOGIQUE DES LATEX. 


Î. —— INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DE LATEX DÉCAOUTCHOUTÉ 
OU NON DE Picus carica L. CHEZ LE PIGEON, 


par C. GERBER et J. SALKIND. 


Nous avons injecté, dans le tissu cellulaire sous-cutané de la poitrine 
et de la cuisse à divers pigeons, 2,5 c.c. de dilution dans du sérum arti- 
ficiel de latex frais de Figuier ou d’extrait décaoutchouté correspondant, 
préparé suivant la méthode indiquée par un de nous (1). 

Le pouvoir protéolytique des solutions injectées a été préalablement 
déterminé d’après le temps nécessaire à la coagulation à 40 degrés de 
20 c. c. de lait bouilli emprésuré avec 0,95 c. c. de ces liquides. 

1° Phénomènes morbides. — Tous les pigeons sont morts après avoir 
présenté les phénomènes suivants : 

Quelques minutes après l'injection, une fièvre se déclare, ouvrant une 
période d’abattement progressif. Le pigeon fait la boule, s’affaisse et, 
quelques instants avant la mort, présente des soubresauts convulsifs et 
des contractions musculaires désordonnées. 

La survie a été en moyenne de trois heures avec la dilution de latex 
coagulant le lait en une minute; de vingt-quatre heures avec la dilution 
coagulant en quatre minutes, et de douze heures avec la solution d'extrait 
décaoutchouté coagulant le lait également en quatre minutes. 

On voit que : 1° la présence du caoutchouc n’augmente pas la noci- 
vité du liquide ; 2° quand l’activité protéolytique décroit, la survie croît 
et cela plus rapidement que ne le voudrait la loi de proportionnalité 
inverse, ce qui est à rapprocher du fait observé par un de nous dans la 
coagulation par le latex du Figuier du lait cru pur ou du lait bouilli 
additionné de diverses albumines et globulines animales; 

- 2? Lésions locales. — Rougissement immédiat de toute la peau de la 
partie injectée. Cette surface congestionnée s’élargit continuellement. 
Bientôt la couche cornée tombe par lambeaux, mettant à nu le derme. 
Plumes et duvet tombent. Les parties cellulaires du derme sont dissoutes, 
ne laissant que la charpente conjonctive qui elle-même subit finalement 
une sorte de gélatinisation à la suite de laquelle la peau entière présente 
l'aspect d'une couche semi-liquifiée et sanguirolente: 

, À leur tour, les muscles sous-jacents sont attaqués et digérés — 
congestion, d'abord aponévrotique, puis musculaire, se propageant de 
plus en plus en profondeur, jusqu’à 3 cm. dans le cas du musele 
pectoral et. une survie de vingt-quatre heures; désagrégation subsé- 
quente et progressive du muscle, qui perd sa striation, sa colorabilité et 


(1) Soc. Bot. Fr. Session de vacance, juillet-août 1912. 
BIOLOGIE. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. ) 


D. 2 2 cs At En fs  £ 


66 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


prend un aspect pultacé. — Ajoutons que les leucocytes, en particulier 
les lymphocytes, abondent dans le voisinage de la partie nécrosée. 

Quant à la graisse, elle reste intacte, ce qui correspond au caractère 
lipolytique peu accusé du latex de Figuier. En somme, on assiste à une 
véritable protéolyse in vivo provoquée par le latex du Figuier. 

3° Lésions des autres organes et tissus. — L'examen macroscopique et 
histologique du tube digestif, du poumon, du rein, de la rate, du 
cerveau et du thymus ne montre rien de particulier; le foie est légè- 
rement congestionné. Le cœur toujours arrêté en systole. La coagulation 
du sang est beaucoup plus lente que chez les témoins. Quant à la formule 
hématologique, elle varie selon le stade de la maladie : au début, 
poussée leucocytaire générale, puis prédominance de lymphocytes dont 
le nombre est double de celui des témoins, et présence de myélocytes 
basophiles ; chez le pigeon mort, le sang du cœur ne contient que de 
rares globules blancs. II n’y a pas d'hémolyse histologiquement appré- 
ciable. 

En résumé, l’action physiologique d’une injection sous-cutanée de 
latex de Figuier frais est identique à celle de l'extrait décaoutchouté et 
est comparable aux actions des ferments protéolytiques d’origine 
animale, telles qu’elles ont élé décrites, entre autres, par Hildebrandt 
(pepsine) et Kircheim ‘trypsine) : fièvre, lésions locales ayant un carac- 
tère de nécrose, convulsions, mort dans le coma. 


SUR LA THYMECTOMIE CHEZ LE CRAPAUD, 


par J. SALKIND. 


En présence des résultats contradictoires obtenus avec les grenouilles 
déthymées d’une part par Abelous et Billard (mort rapide par intoxica- 
tion et paralysie) et d'autre part par Ver Ecke et Hammar (pas de phéno= 
mènes morbides pendant une durée d'observation maximale de deux 
mois), il était intéressant d'essayer la thymectomie chez un autre 
Anoure. 

L'opération ne présente pas de difficultés chez Bufo vulgaris, ainsi 
que chez B. pardalis d'Afrique : une incision longitudinale, immédiate- 
ment sous la glande parotide, permet d'aborder le thymus pigmenté 
disposé sous la partie supérieure du muscle abaisseur de la mâchoire. 
Pour éviter toute erreur, nous avons chaque fois fixé et coupé en série 
les parties éliminées. 

Malgré les précautions d'asepsie habituelles, on constate dans chaque 
série d'expériences la mort assez rapide d’une partie des animaux 
(20 p. 100 en moyenne), mort due à une infection généralisée. En 


al 


SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 67 


général, les plaies cutanées des animaux de contrôle guérissent mieu x 
et plus vite que celles des animaux déthymés, qui néanmoins finissent 
par les cicatriser complètement au bout de trois à quatre semaines. 

Le fait fsaillant de la période postopératoire est une perte de poids 
continuelle et progressive, mais lente, amenant les animaux privés 
de thymus à une cachexie mortelle au bout d’un temps parfois long 
(six à sept mois). 

Nous donnons ici les moyennes des pesées régulières faites avec une 
série de six mâles et quatre femelles, en regard avec les moyennes des 
animaux témoins : 


EN GRAMMES 
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre 
65 63 58 60 D9 58 56 
témoins. 
Son i02 01 51 4% 39 34 30 
opérés. (1 mort) (2 morts) (autopsie) 
435 142 1500 150 139 130 133 
témoins. 
140 139 122 110 103 90 86 
opérés. (2 mortes) (1 morte et autopsie) 


Les animaux opérés ne présentent pas de décoloration, ni d’ulcé« 
rations de la peau, les mouvements ne sont aucunement ralentis, si 
bien qu'un de nos crapauds déthymés depuis deux mois a pu recon- 
quérir sa liberté et n’a été repris qu'un mois plus tard; il accusait 
d’ailleurs une baisse de poids analogue à celle des animaux de sa série, 
restés dans les conditions de la captivité. 

On ne remarque aucune différence entre la résistance de pièces sque- 
lettiques des opérés et des témoins, tous nos crapauds étant des 
adultes. Les prélèvements de sang n’ont indiqué qu’une hyperleuco- 
cytose passagère, pendant les deux à trois semaines qui suivent 
l'opération. 

A l’autopsie, on constate principalement une augmentation de volume 
et des modifications compensatrices de la rate et du pancréas, dont 
l'étude histologique est entreprise par nous. 

En résumé, la thymectomie chez le crapaud n’est pas nécessairement 
une opération rapidement mortelle; elle entraine toujours une hypo- 


_trophie progressive, aboutissant à la mort après une survie prolongée. 


(Travail du laboratoire Marion. Directeur, M. le professeur 
Et. Jourdan.) : 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


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69 


106 


56 


109 


111 


115 


SEANCE DU II JANVIER 1913 
SOMMAIRE 
Bezin (M.) : De la toxicité des sé- conjonctif dans l'atrésie folliculaire 
rums : moyen d'y remédier. . . .. 19 | physiologique chez la femme . . . 
BerrrAnD (D.-M.) : Étude d'un ba- MaAGnan (A.) : Observations ana- 
cille lactique de l’appareil digestif tomiques sur les Dauphins . . ... 
CRAN ME lee ed de eee 96 Mawas (J.): Sur la nature de la 
Brzcaro ((r.) : Sur l’action des e&ux plaque blanche rétinienne et sur les 
minérales (Royat) dans l’anaphy- lipoïdes de la rétine dans un cas de 
ie RER EE 99 | rétinite albuminurique . . . . . . .. 
CHampy (Cx.) : Conservation des Pozicarp (A.) Sur quelques 
spermatozoïdes en divers milieux. 12 | points de la structure du muscle du 
Doyon (M.)et SarvowaT (F.) : Pas- marteau chez le chien. (Première 
sage d'une nucléo-protéide anti- TO OP) Me EU AV MEN Remo PQ 
coagulante dans le sang. . . . .. RARE Réox (L.) et Targaur : Rapports 
ENrIQUEZ (Ep.) et GUTMANN (R.-A.) : entre l’hémolyse et la toxicité du 
Sur les injections intra-veineuses sérum humain. Influence de la ré- 
de solutions sucrées hypertoniques ACHVALODE ES EN AN RENTE 
au cours des états toxi-infectieux. RETTERER (Ep.) et LELIÈVRE (AUG.) : 
Action sur la diurèse et sur l’état De l'amygdale d’un supplicié . . 
RÉ OTOMEDE  Lflads 20e ont i se à T5 Ropet (A.): Observations sur les 
GÉRARD (Er.) et DELABY (R.) : Con- variations des éléments figurés du 
tribution à la composition chimique sang chez les chevaux fournisseurs 
des lipoïdes. IL. Ferrométrie des du sérum antityphique. . . . . ... 
LEROCUES CN SR NE RE 9% SEURAT (L.-G.) : Sur un Dispha- 
GOÉRÉ (J.) : Le choléra et la fièvre rage de la Chevèche et les affinités 
typhoïde peuvent-ils être propagés du genre Acuaria Bremser . . . .. 
HamMes lErards 9 is nn. 91 
GuyÉNor (Euire) : Etudes biolo- Réunion biologique de Bucarest. 
giques sur une mouche, Drosophila 
ampelophila Low. I. — Possibilité CANTAOUZÈNE (J.) Observations 
de vie aseptique pour l'individu et relatives à certaines propriétés du 
la LTÉE RER RER A 97 | sang de Carcinus mænas parasité 
LAIGNEL-LAVASTINE (M.) etJonxesco pabilatsacculine PAIEMENT AU 
(Vicror) : Note sur l’autolyse asep- CanTACUZzÈNE (J.) : Recherches sur 
tique du rein de cobaye. . ..... 10 | la production expérimentale d'an- 
LAROGRE (G.), Ricner fils (Cx.) et ticorps chez quelques invertébrés 
SAINT GIRONS : Anaphylaxie et im- MATINS) EU ND der core 
munité alimentaires expérimentales, Cruca (M.) et Daxrecopozu (D.): 
Mlovoalbamine: .-. 5, 1... 81 | Recherches sur la perméabilité des 
Lépine (R.) et BouLup : A propos méninges aux albumines hétérolo- 
des sucres du sang. I. — Sur l’exis- gues et aux précipilines. . . . . .. 
tence de maltose dans le sang. Il. DanrEroPpoLu (D.) : Sur la fragilité 
— Sur le sucre faiblement combiné des hématies du chien et sur l’ac- 
SAC SON Ha. LR. 16 | tion hémolytique du sérum et du 


Loyez (Mile MaRtE) : Rôle du tissu 


liquide céphalo-rachidien 


Brococie. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 6 


LATE re TR PP re EN APM EN > 0 LE SAN PARENT RE 
AE HI GRNEE SERRE DA ÉD ee re MU VUS 


70 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Hallion, Vice-président. 
M. Auc. WaLLEer, membre associé, assiste à la séance. 


MM. E. Fiscuer, nommé membre honoraire ; VEsDoYsKY et WERTHEIMER, 
nommés membres associés ; ABDERHALDEN, BATESON, Gt4aJ4, Nozr, Por- 
CHER, SIEDLECKI et SIMON, nommés membres correspondants, adressent 
leurs remerciements à la Société. 


OUVRAGE OFFERT. 


M. F. GuÉGUEN. — Au nom de MM. Sarrory et LANGLAIS, j'ai l'honneur 
d'offrir à la bibliothèque de la Société un exemplaire de l'ouvrage qu'ils 
viennent de publier sur les Poussières et Microbes de l'air. 


Ce livre renferme l'exposé et la discussion des analyses bactériolo- : 


giques — au nombre de plusieurs centaines — effectuées par MM. Sar- 
tory et Langlais, en des conditions d'ambiance aussi variées que 
possible, sur l'air des villes, l’air des campagnes, les atmosphères 
souterraines (égouts, métropolitain, grottes), et l'air des ateliers 
affectés aux industries les plus diverses. Un chapitre est consacré à 
l'étude des poussières organisées des cavités nasales, et un autre aux 
méthodes de purification de l'air. Les données numériques, toutes 
comparables entre elles, que renferme cet ouvrage s’accompagnent de 
la détermination précise des microorganismes, bactéries et moisissures, 
rencontrés dans chaque sorte d'atmosphère. Les hygiénistes y trou- 
veron! d’utiles renseignements qu'ils chercheraient vainement ailleurs. 


NOTE SUR L'AUTOLYSE ASEPTIQUE DU REIN DE COBAYE, 


par M. LaAIlGNEL-LAvasrTINE el Vicror JoNNESco.- 


Dans cette note, nous ne nous proposons pas de faire une description 
détaillée et dans l’ordre chronologique de toutes les lésions autolytiques 
visibles dans le rein. Nous ne voulons que signaler les lésions autoly- 
tiques du glomérule de Malpighi et du segment grêle de l'anse de Henle, 


Technique. — L'ouverture de l'abdomen et le prélèvement des pièces 
ont été faits avec des instruments stérilisés. De petits fragments de rein 


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SÉANCE DU Al JANVIER 11 


ont été ainsi.mis dans des ballons remplis de soiution stérilisée physio- 


Zlogique de NaCl et le tout a été maintenu à l’étuve à 38 degrés. 


Après des temps variables de séjour à l’étuye, de une heure à qua- 
rante-huit heures, les fragments ont été traités par la méthode de 
Regaud (formol-bichromate-postchromatisation, hématoxyline au fer). 

Lésions des glomérules. — La majorité des glomérules sont augmentés 
de volume. Cette augmentation est due au gonflement du peloton vascu- 
laire et à la distension considérable de la capsule de Bowmann. 

Entre le feuillet pariétal et le peloton vasculaire, on remarque, plus ou 
moins près de ce dernier, une sorle de caloite spongieuse ou 2rume- 
leuse, qui se colore en rose par les couleurs acides et parait coiffer le 
peloton yaseulaire sur une certaine étendue. 

À un faible grossissement, on a l'impression d'un simple coagulum 
albumineux; mais à l'immersion, on voit que la calotte acidophile est 
formée d'un spongioplasma dans les mailles duquel sont disséminés de 
très nombreux petits grains hématoxylinophiles (grains lipoïdiques). 
Les grains existent aussi auprès des noyaux. Ceux-ci sont volumineux, 
ovales, disposés sur un seul rang, el de chromaticité variable. 

Gette constitution plasmodiale de la coiffe acidophile se voit le mieux 
sur des pièces qui ont séjourné de trois à cinq heures à l’étuve à- 


38 degrés. 


Déjà, au bout d’une heure d'’autolyse, la couche endothéliale de 
Bowmann apparait formée de cellules volumineuses, cylindriques, à 
noyau ovalaire, bourré de granulations hématoxylinophiles (grains 
lipoïdiques). Leur protoplasma luméfié commence à s’effriter sur ses 
bords et présente une série de transitions jusqu’à l'aspect spongieux, 
qui domine dans les pièces plus âgées. 

En effet, après un séjour de cinq à sept heures à l’étuve à 38 degrés, 
la coiffe du peloton vasculaire perd toute trace de structure cellulaire. 
Les noyaux et le cytoplasma ont disparu. Il ne reste qu'une masse gra- 
nuleuse semée de nombreux grains hématoxylinophiles, qui persis- 
teront encore longtemps. 

Cette formation, que nous venons de décrire, est essentiellement cons- 


_ tituée par le feuillet viscéral de la capsule de Bowmann. Le feuillet parié- 


tal, très distendu, présente de place en place des noyaux fusiformes et 
pycnotiques, tantôt nus, tantôt pourvus d’un protoplasma abondant, 
dessinant parfois une véritable cellule épithéliale cylindrique, remplie, 
comme celles du feuillet viscéral, de grains hématoxylinophiles. 

Quant aux noyaux du peloton vasculaire, ils sont tuméfiés, ovoïdes, 
arrondis, irréguliers ou mal délimités, tantôt à peine colorables et 
tantôt fortement teintés par l'hématoxyline au fer. 

Lésions du segment grêle de l'anse de Henle.— La lumière du segment 
grêle devient à peine égale à celle de la portion ascendante. Cette der- 
nière a gardé son calibre normal. 


"er EFLETR 


79 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les cellules du segment grêle, très gonflées, bombent dans la lumière. 
Le cytoplasma, normalement clair et très pauvre en granules, est main- 
tenant rempli de grains hématoxylinophiles. Les noyaux en pycnose 
ou ne sont plus colorables ou prennent avec énergie la laque hématoxy- 
lique. 

Ces faits nous paraissent intéressants à rapprocher du travail récent 
de Policard sur l’histogenèse du rein du rat et de la souris (1). Cet auteur 
a, en effet, montré que : 1° les glomérules de ces animaux à la naissance 
sont encore du type embryonnaire, c’est-à-dire ont un épithélium à 
hautes cellules cylindriques, et que : 2° le segment grêle ne se différen- 
cierait comme tel de l’anse de Henle qu'après la naissance. 

Or, dans l’autolyse aseptique du rein, nous avons été surtout frappés 
par l'aspect en quelque sorte embryonnaire qu'ont pris, d'une part, le 
glomérule de Malpighi (couche cylindrique de Bowmann plus ou moins 
fondue en plasmode), et, d’autre part, le segment grêle de l’anse de 
Henle {diminution de sa lumière et augmentation de son calibre par 
tuméfaction de ses cellules). 

Comme ces deux parties, glomérule de Malpighi et segment grêle de 
l’anse de Henle, à évolution tardive, retrouvent en partie, à un certain 
moment, au cours de l’autolyse, leur aspect embryonnaire, on pourrait 
peut-être se demander s’il n’existe pas une certaine relation entre cette 
involution autolytique et l’évolution autogénique de ces deux parties. 


(Laboratoire de la Clinique des maladies mentales et de l’encéphale. 
Professeur (rilbert Ballet.) 


CONSERVATION DES SPERMATOZOÏDES EN DIVERS MILIEUX, 


par Cn. CHampy. 


Les spermatozoïdes de lapin (extraits de l'épididyme) et placés dans 
du plasma de l’animal ont conservé leur mobilité pendant cinq jours 
(je n'ai pas essayé davantage, l'expérience manquant un peu d'intérêt). 
Leur mobilité est d'ailleurs faible, car ils sont emprisonnés dans les 
mailles du réseau fibrineux et ne peuvent se déplacer; ils s’agitent 
seulement sur place. 

Dans un milieu isotonique stérile, ils conservent aussi leur vitalité. 
Ils la conservent plus longtemps à froid qu'à 37 degrés. On sait 


(4) A. Policard. Recherches histophysiologiques sur les premiers stades de 
la sécrétion urinaire. Arch. d'Anat. microscopique, t. XIV, p. 1 et 2, 15 octobre 
1912: 


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SÉANCE DU 11 JANVIER Ta: 


d’ailleurs que les spermatozoïdes restent mobiles un temps très long 
dans les liquides assez variés de l'appareil génital de la femelle. 

J'ai fait sur les spermatozoïdes de Batraciens quelques expériences 
que je me réserve d'exposer en détail, et qui me semblent plus inté- 
ressantes. 

Les spermatozoïdes de grenouille (Rana esculenta) sont peu mobiles 
en milieu isotonique, ils deviennent très mobiles dans l’eau pure. En 
milieu isotonique, ils conservent leur vitalité très longtemps. J'en ai 
conservé de mobiles (mais peu activement, comme en milieu isoto- 
nique), cinq semaines dans du plasma de grenouille. Au bout de ce 
temps, l'addition d’eau pure activait encore leurs mouvements. Au 
contraire, dans l’eau distillée où ils sont très mobiles, ils s'altèrent en 
dix-huit à vingt-quatre heures. 

Lorsqu'on brise les spermatozoïdes au niveau du collet, la queue 
séparée constituée par le flagelle avec le corpuscule central distal et la 
gaine mitochondriale devient très mobile, bien plus que le sperma- 
tozoïde complet, comme si elle était débarrassée d’un poids mort : la 
tête. ÿ 

De ces observations, on peut tirer cette conclusion : Le mouvement 
du flagelle des spermatozoïdes de grenouille n’est véritablement 


déclanché que par le contact de l’eau pure. Dès ce moment, il est 


rapide et use plus vite les matériaux destinés à l'entretenir. 

On doit admettre que ce mouvement. que ce travail consomme des 
matériaux. Ces matériaux ne doivent pas être situés dans la tête des 
spermatozoïdes, puisque, débarrassé de cette tête, le flagelle ne se 
meut que mieux. Je pense qu’ils sont représentés par la gaine mito- 
chondriale, les mitochondries de celte gaine jouant sans doute le 
même rôle que les mitochondries du muscle. 


SUR LES INJECTIONS INTRA-VEINEUSES DE SOLUTIONS SUCRÉES HYPERTONIQUES 
AU COURS DES ÉTATS TOXI-INFECTIEUX. ACTION SUR LA DIURÈSE ET SUR 
L'ÉTAT GÉNÉRAL, 

par Evo. ENRIQUEZ et R.-A. GUTMANN. 


L'action fortement diurélique des injections de solutions concentrées 
de sucre dans les veines est un fait étudié depuis longtemps par les . 
physiologistes ; il nous semble que les médecins n’en ont pastiré l’avan- 
tage qu'il convient dans certains cas pathologiques. Malgré les intéres- 
sants travaux de Fleig, Labougle et Boutin, Arrous et Jeanbrau, cette 
médication reste peu employée. D'ailleurs la question a été plutôt étudiée 
expérimentalement. 

Nous avons appliqué cette thérapeutique à sept malades chez qui 


is ARE ne « 


RU 
ue 


ÿ 
7 


14 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


l'indication primordiale était de rétablir une diarèse absente où totale- 
ment insuffisante, et de remonter un organisme profondément infecté 
(une fièvre typhoïde grave, quatre broncho-pneumonies, une urémie, 
une oligurie post-chloroformique). De ces observations, nous donnons 
ici le résumé des trois premières. 


OBs. [. — Femme, quinze ans. Fièvre typhoïde au 6° jour. Sérodiagnostie 
et hémoculture positives. 


DATES TEMPÉRATURE VOLUME À 
Er. NS des REMARQUES 
Nov:1917. mat. Soir: urinés. 
LE 2003 Embryovcardie. 
12 3900 3908 0,250 Embryoc. Pouls, 135. Après la 2 temp... 
iujection de 500 c. c. de solut. glucosée 
à 30 p. 100. 
13 3606 3801 2,000 Pouls, 90. 
3800 39t5 0,500 » 
45 3805 4003 0,500 Avant la 2° temp., 500 c. c. de glucose 
à 50 p. 100. 
16 9102 3804 1,000 » 
17 3102 3802 0,150 » 
18 3301 + 3809 0,800 » 
19 4002 3106 1,000 Après la 1'e temp., inject. de 500 c.c. 
de glucose à 30 p. 100. 
20 3608 370 0,€00 » 
21 3606 3607 0,500 Guérison. é 


Remarque. — Après chäque injection, il y à un frisson de moins en moins 
fort. Dès la première injection, la langue, auparavant rôlie, devient humide. 
L'abattement disparaît. Le pouls se régularise. Cette malade n’a jamais été 
baignée. 


Os. Il. — Homme, soixante-sept ans. Bronchopneumonie à foyers multiples. 
Embryocardie. Entre le 19 octobre 1912. Du 19 au 26, la température oscille 
entre 39 et 40. 


DATES TEMPÉRATURE VOLUME 


A des 3 REMARQUES 
Oct: 1912. mat. Soir: urines. 
26 - 3905 3909 0,250 y 
27 390 3902 0.200 Râle trachéal.: Délire. 
28 3808 3106 0,250 Inject. après la 1'e température. . 
29 MOT 3801 1,250 » 
30 3105 3802 0,800 Inject. après la l'° température. 
21 3102 3104 1,100 » 
Nov. 1912. 
1e 3606 3608 0,100 » 
2 3605 3101 0,600 Guérison. 
Reïnarque. — Au moment où la première injection a été pratiquée, le 


malade était dans un état désespéré : délire, langue rôtie, carphologie, 
dyspnée, hypotension. Tous ces phénomènes ont disparu rapidement. 


tele lac at se dl ipipte à à à 


kb, —- ds ÉtÉS. 


SÉANCE DU 1Â1 JANVIER — 75 


nu 


Os. III. — Femme, cinquante-sept ans, éthylique. Bronchopneumonie à 
foyers multiples, délire, carphologie, langue rôtie. 


DATES - TEMPÉRATURE VOLUME 
nn des REMARQUES 
Nov. 1912. mat. soir. urines. 
3 3809 3993 (?) » 
4 3808 4009 250 Injection intraveineuse hypertonique 
après la 1re température. 
Gr 2 3102 3105 1,750 Inject. sous-cut. de sérum sucré iso- 
tonique après la 2° température. 
NA: 2105 3706 1,000 Injection intraveineuse hypertonique. 
+. 37102 3104 4,200 » 


De ces observations et d’autres dont nous publierons ultérieurement 
le détail, nous désirons dégager les constatations suivantes : 


1° Parmi les oliguries, celles qui relèvent de causes toxi-infectieuses 
ne peuvent être combattues utilement à notre avis que par les injections 
hypertoniques faites dans les veines. Nous savons, en effet, que ces 
oliguries sont peu modifiées par l'emploi de toni-cardiaques (digitale), 
de médicaments rénaux (théobromine) et qu'on ne peut augmenter la 
diurèse en faisant beaucoup boire ces malades qui présentent un dégoût 
particulier pour les boissons. Par contre, ces oliguries réagissent aux 
injections intraveineuses hypertoniques comme le montrent nos sept 


- observations. 


2° Par ailleurs, cette médication présente des avantages qui paraissent 
considérables au point de vue de l'amélioration de l’état général, de la 
force des contractions cardiaques. Les chutes de température qui suivent 
les injections sont aussi des plus remarquables. Chez une typhique 
traitée par les injections intraveineuses à l'exclusion de toute autre 
thérapeutique, la langue est redevenue rose, le tuphos a complètement 
disparu, et la guérison est rapidement survenue; de même chez un 


bronchopneumonique nous avons obtenu une guérison qui ne pouvait 


plus être espérée. Les analyses faites dans les différents cas montrent 
que le sucre est fixé en presque totalité. 


En résumé, il nous a paru intéressant d'attirer l'attention sur ce fait 
qu'on peut, dans des états toxiques ou infectieux, obtenir par des injec- 
tions intraveineuses hypertoniques de glucose des diurèses relativement 
abondantes en améliorant en même temps l’état général. 


76 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


À PROPOS DES SUCRES DU SANG. 


I. — SUR L’'EXISTENCE DE MALTOSE DANS LE SANG. 
Il. — SUR LE SUCRE FAIBLEMENT COMBINÉ DANS LE SANG, 


par R. Lépine et BouLup. 


I. — Notre note du 7 décembre 1912, p. 589 renferme deux erreurs : 

La première est une faute d'impression : chez le chien 2150; le pouvoir. 
réducteur du sang artériel, avant l'hydrolysation, était 2 gr.°1 (et non 
3 gr. L). Ainsi, dans ce cas, l'hydrolisation a nettement produit la dimi- 
nution du pouvoir dextrogyre et l'augmentation du pouvoir réduc- 
teur (1). J 

La seconde erreur se trouve dans l'énoncé de l'œuvre de M. Cou- 
vreur. En effet, ce physiologiste a reconnu que des extraits de sang de 
lapin, préparés par la méthode de CI. Bernard, présentaient après 
l’hydrolisation, une augmentation très nette de leur pouvoir réducteur. 
Mais il n’a pas examiné leur pouvoir rotatoire (2). 

Ainsi que nous l'avons fait remarquer, la maltosurie implique la 
maltosémie, tant que l’on aura pas prouvé que du maltose peut se pro- 
duire dans le rein. Or, d’après les savants les plus compétents, la 
maltosurie ne peut être mise en doute : ainsi, M. Geelmuyden, dont 
l'autorité en cette manière est si grande, accepte très explicitement, 
dans son second mémoire, les faits publiés par nous, se rapportant au 
chien dépancréaté et aux diabétiques (3). 


Il. — Depuis notre note du 7 décembre 1919, p. 591, nous avons fait 
le relevé de nos cahiers d'expériences. Il en résulte que sur plus de 
200 chiens, nous avons dosé non seulement le sucre libre, mais celui qui 
se dégage in vitro, lorsque le sang, recu dans de l’eau à 58 degrés, y est 
maintenu un quart d'heure, pour détruire le ferment glycolytique, 
puis additionné d'émulsine ou d’invertine, et laissé à 39 degrés pendant 
trois quarts d'heure (4). Nos expériences ayant porté sur plus de 
200 chiens, et ceux-ci ayant été saignés plusieurs fois (soit dans la 
même journée, soit à des jours différents) jusqu'à 6 ou 8 fois, nous 
pouvons, d'un si grand nombre de dosages, tirer quelques conclusions : 


(1) Le chiffre 2 gr. 1 est celui que l’on peut lire dans le texte auquel nous 
avons renvoyé (Le diabète sucré, 1909, p. 342). 

(2) Soc. linnéenne de Lyon, 1898. 

(3) Zeitschrift für KL. Medic., 1907, t. LXIIL, p. 335. 

(4) Ainsi que nous l’avons déjà dit, ce sucre n’est qu une partie du sucre 
virtuel. L'autre partie, celle qui a été découverte par Pavy, ne se dégage que 
par le chauffage de l'extrait de sang, en présence d'un acide. 


L dii dé 


SÉANCE DU 1Â1 JANVIER 1 


Quant à la quantité de sucre dégagée comparativement dans lès sangs 
artériel et veineux du même animal, recueillis au même moment, 
nous n’avons rien trouvé de fixe : tantôt c'est le sang artériel, et tantôt 
le sang veineux qui en dégage davantage. 

Le sang d’un chien neuf en dégage relativement peu; parfois même 
il n’en dégage pas. Exceptionnellement, nous avons trouvé que la 
quantité dégagée peut s'élever jusqu’à 0 gr. 30. 

Celle-ci est parfois beaucoup plus considérable après certaines pertur- 
bations graves de l'équilibre physiologique : 

1° Voici, par exemple, le chien 2584, qui, par suite de la chute d'une 
ligature de la carotide, avait perdu beaucoup de sang, quelques heures 
plus tard. 


POUVOIR RÉDUCTEUR 
(en glucose). 


LAUS AE Le ARR ER RENE as 1 gr. 76 
— après 1/4 heure, à 58 degrés. . . 2 gr. 24 
— après addition d'émulsine . . . . 2 gr. 60 


Ainsi, le dégagement total a été 0 gr. 84. Ce cas esl tout à fait excep- 
tionnel; car, après les hémorragies, on observe au contraire assez 
souvent que, corrélalivement avec l'augmentation du sucre libre, le 
sucre virtuel a presque complètement disparu. 

2° Après l'injection dans une veine d'environ 0 gr. 025 amylase par 
kilogramme, ou d’une très petite quantité de pancréatine, nous avons 
souvent observé des dégagements de sucre variant entre 0,20 et 0,30. 
Nous possédons 12 expériences de ce genre. 

3° Après l'injection dans le sang d'extraits de pancréas et de foie, nous 
avons vu dans presque tous les cas un dégagement notable de sucre (1) 
(14 expériences). 

4° Chez le chien phloriziné, surtout quelques heures après l'injection 
de phlorizine, nous avons constaté généralement un dégagement de 
sucre très notable, soit qu'il y ait hypoglycémie, soit qu'il y ait une 
augmentation du sucre du sang (20 expériences). 

5° Quelques heures après l'injection intraveineuse d’une solution de 
glucose (2 grammes par kilogramme) on peut observer, mais pas 
toujours, une notable augmentation du dégagement du sucre. Ainsi, 


‘ dans certains cas, mais pas dans tous, une partie du sucre introduit 


dans le sang s’y combine. En tous cas, cette combinaison demande 
quelques heures pour se faire. 


(4) Nous avons dit antérieurement que ces extraits amènent généralement 
de l’hypoglycémie et souvent de la glucosurie (Comptes rendus de l'Acad. des 
Sciences, 10 décembre 1906. 


78 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


PASSAGE D'UNE NUCLÉO-PROTÉIDE ANTICOAGULANTE DANS LE SANG, 


par M. Doyon et F. Sarvonar. 


I. — L'atropine injectée dans le canal cholédoque détermine chez le 
chien l'incoagulabilité du sang, par suite du passage dans ce milieu d’une 
nucléo-protéide anticoagulante (1). Nous apportons de ces faits une 
démonstration nouvelle et plus élégante. 

Il. — L'expérience consiste à prélever, sur un même animal, à quel- 
ques instants d'intervalle, deux prises de sang, l’une avant (A), l’autre 
après (B) l'injection d’atropine. On sépare le plasma des deux échan- 
tillons ; on isole les nucléo-protéides du plasma ; une partie de ces nucléo- 
protéides est utilisée pour un dosage de phosphore, l’autre est dissoute 
et mêlée à du sang normal. Après l'injection d’atropine, la nucléo-pro- 
téide augmente en quantité et se montre nettement anticoagulante. 

IT. — ExPÉRIENCE : Chien de 18 kilogrammes. Deux prises successives, 
de 200 grammes chacune, de sang dans une carotide. Immédiatement 
après la première prise, on injecte dans le cholédoque 30 c.c. d'une 
solution à 1 sur 50 de sulfate neutre d’atropine dans de l’eau salée à 
9 p. 1000. La seconde prise est effectuée deux minutes après l’injec- 
lion. 

Pour égaliser les conditions, chaque prise est reçue sur 10 c.c. d’une 
solution d’oxalate de potasse à 24 p. 400. On prend 100 c. c. de plasma 
bien centrifugé dans chaque cas. 

Le plasma est désalbuminé par chauffage au bain-marie pendant 
trente minutes, centrifugé, additionné d'acide acétique. Le précipité de 
nucléo-protéide est lavé à l’eau distillée par centrifugalion pendant 
une beure, laissé en contact pendant deux heures avec 100 c.c. de car- 
bonate de soude à 4 p. 1000 où il se dissout presque intégralement ; la 
solution est reprécipitée par l'acide acétique, le précipité est lavé, puis 
finalement dissous dans 15 c.c. de la solution alcaline faible (2). 

5 e.c. de la solution sont additionnés d’un volume égal de sang nor- 
mal : l'échantillon A coagule en masse en trois à quatre minutes; 
l'échantillon B commence à coaguler, partiellement, une heure trente 
après le mélange. 10 c.c. de la solution sont utilisés pour le dosage 
du phosphore par pesée de phospho-molybdate d’ammoniaque 
A 00105 BE U/TUS: 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine 
de Lyon.) 


(1) Doyon, Morel et Policard. Comptes rendus de la Soc. de Biolngie, 25 mars 
1911, p. 463. 
(2) Eau distillée, 1000; carbonate de soude, #; chlorure de sodium, 5. 


SÉANCE DU 11 JANVIER 19 


DE LA TOXICITÉ DES SÉRUMS : MOYEN D Ÿ REÉMÉDIER. 
Note de M. BELIN, présentée par G. Moussu. 


Est-il possible d'obtenir, en se servant de sérum toxique, le phéno- 
mène d'immunisation rapide décrit par M. Gley, sous le nom de {achy- 
phylaxie? 


Exp. — 1° Lapin témoin pesant 1 kilogr. 750. Temp. 39 degrés. — 
10 h. 12 : Injection intraveineuse de 5. c.c. de sérum de bœuf, par 
kilogramme d'animal. — 10 h. 16 : Somnolence, l'animal s’affaisse peu 
à peu, polypnée. — 10 h. 17 : Mouvements convulsifs, quelques efforts 
inspiratoires, mort; le cœur continue à battre pendant 30 secondes. 

2° Lapin pesant 2 kilogr. 200. Temp. 39 degrés. — 10 h. 38: 
Injection intraveineuse de 1/4 de c.c. de sérum. — 11 h. 3 (soit 
25 minutes après) : on injecte la dose mortelle de sérum. — {1 h. 6 
polypnée. — 1L h. 30 : 388, la respiration est toujours rapide. — 
‘4 heures : l'animal est complètement rétabli. 

Exe. II. — Le sérum de bœuf est injecté dans les mêmes conditions, 
à la même dose. 1° Témoin : lapin pesant 800 grammes. Temp. 39°7. 
Mort en 8 minutes. 

2° Lapin pesant 850 grammes. Temp. 39°4. [njection sous-cutanée de 
1/4 de c.c. de sérum. 7rente-cing minutes après, injection de la dose 
mortelle : polypnée, la température s’abaisse légèrement, l'animal se 
rétablit rapidement. 

3° Lapin pesant 850 grammes. Temp. 39°2. Injection sous-cutanée de 
1/4 dec.c. de sérum. 

Dix minutes après, injection de la dose mortelle. Un peu à agitation 
pendant quelques heures et tout rentre dans l’ordre. 

Or, la dose de 5 c. c. de ce sérum par kilogramme d'animal est la dose 
minima mortelle; voyons comment se comportent les animaux recevant 
des quantités plus grandes de sérum toxique. 

Exp. III. — 1° Témoin : lapin pesant 2 kil. 200. Temp., 39°2, injec- 
tion intraveineuse de 7 c. €. de Sérum par kilogramme : mort en cinq 
minutes. 

2% Eapin pesant 2 kil. 200. Temp., 3993, ingection sous-culanée de 
1/4 de c.c. de sérum. Une demi-heure après, injection intraveineuse 
de 7 €.c. de sérum par kilogramme d'animal : mort en deux minutes. 

3° Lapin pesant 2 kil. 100. Temp., 39°2, injection intraveineuse de 
1/4 dec. c. de sérum. Une demi-heure après, injection intraveineuse de 
7 c.c. de sérum par kilogramme : mort en deux minutes. 

4° Lapin pesant 1 Kil. 700. Temp., 3993, injection intraveineuse de 
3 €. c. par kilogramme : la respiration se ralentit considérablement, la 


80 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


température atteint 40 degrés. Une heure et demie après, l'animal est 
rétabli. Temp.. 3993. On injecte alors par la même voie 7 €. c. de sérum 
par kilogramme : mort en deux minutes. 

5° Lapin pesant 2 kil. 250. Temp., 39°3; 9 h. 40 : injection ae 
neuse de 1/2 c.c. de sérum; 10 h. 93 : injection semblable de 4 c. c.; 
10 h. 33 : injection par la même voie de 7 c.c. de sérum par kilogramme 
d'animal ; 10 h. 40 : l'animal se déplace péniblement. Temp., 38°8; 
10 h. 50 : il est très abattu. Temp., 38°7; le lendemain il est rétabli. 

Des résultats identiques ont été obtenus en employant les cobayes. 


ConcLusioN. — Il est possible d'éviter les accidents dus à la toxicité 
du sérum non seulement en le laissant vieillir ou en le chauffant, mais 
aussi et surlout en faisant précéder l'injection de la dose thérapeutique 
soit d'une seule injection sous-cutanée ou intraveineuse d’une faible 
dose de sérum, soit de plusieurs injections faites à doses croissantes. 


(Laboratoire de bactériologie et de l’Institut vaccinal de Tours.) 


OBSERVATIONS SUR LES VARIATIONS DES ÉLÉMENTS FIGURÉS DU SANG CHEZ 
LES CHEVAUX FOURNISSEURS DU SÉRUM ANTITYPHIQUE, 


par À. RODET. 


Je me suis appliqué à suivre les variations du nombre des éléments 
figurés du sang chez les chevaux soumis à des injections intra-veineuses 
de bacilles d'Eberth, pour la production du sérum antityphique. 

G'obules rouges. — Chez un cheval en immunisation soutenue depuis 
plus ou moins longtemps, le taux des globules rouges est en moyenne 
supérieur au taux normal, avec des oscillations provoquées par les 
injections intra-veineuses. 

Immédiatement après une injection, ou dans les heures qui suivent, 
habituellement il n’y a pas de variations notables. Quelquefois cepen- 
dant, j'ai observé, après une heure, deux heures, trois heures, sept 
heures, soit un abaissement généralement modéré, soit au contraire 
une hausse. Ce qui caractérise ces variations immédiates, c’est leur 
fugacité. 4 

Dans les jours qui suivent une injection, la règle est que, à un 
moment donné, le nombre des hématies s'élève au-dessus du taux 
précédant l’injection. Cette hausse est variable quant au moment de sa 
production, quant à son importance et sa durée. Quelquefois, on peut 
observer une phase contraire d’'hypoglobulie. La marche du nombre des 
globules rouges, dans l'intervalle de deux injections, semble, de prime 


SÉANCE DU LA JANVIER 81 


abord, n’obéir à aucune règle. Voici quelques-uns des principaux cas 
observés: phase prochaine (lendemain de l'injection) d'hyperglobulie 
modérée (6 à 7 millions), suivie d'une phase d’hyperglobulie plus mar- 
quée (8 à 10 millions) à laquelle succède un abaissement à un plateau 
un peu supérieur au niveau normal; hyperglobulie moins précoce et 
modérée, prolongée en plateau; phase de hausse modérée suivie d’un 
surcroît de forte hyperglobulie à la fin de l'intervalle; phase de baisse 
modérée et de courte durée, suivie d’une phase de hausse, ou (rarement) 
hypoglobalie prolongée, à laquelle fait suite un relèvement tardif; plus 
rarement, hypoglobulie tardive; quelquefois, taux à peu près station- 
naire. Ces divers cas sont eommandés par les doses et les intervalles 
des injections. Les faits sont d'interprétation délicate : il ne m'est pas 


possible d'entrer ici dans une discussion. Je dirai seulement comment 


je comprends le sens général des phénomènes. 

Une injection immunisante exerce, suivant sa dose, absolue ou par 
rapport aux injections antécédentes, suivant l'intervalle qui la sépare de 
la précédente, suivant aussi l'état de l'animal, une action toxique plus ou 
moins forte; aux degrés divers de l’action toxique correspondraient les 
divers cas observés. L'hyperglobulie modérée est en rapport avec une 
action toxique légère; elle indique une injection bien tolérée, surtout si 
elle est précoce et de courte durée. Une action toxique plus intense pro- 
voque une hyperglobulie plus forte ou plus prolongée. À un degré de 
plus, elle détermine une poussée globulaire plus tardive qui peut être 
précédée d’une phase d’'abaissement ; l'hyperglobulie retardée semble en 
rapport avec un fléchissement de tolérance. Une action toxique plus 
marquée encore où une accumulation d'effets toxiques s'expriment par 
un abaissement du nombre des globules rouges, soit d'un taux d’hyper- 
globulie au taux normal, soit au-dessous de ce dernier; c’est surtout 
l'hypoglobulie qui traduit un fléchissement sensible de la tolérance. 

En somme, considérée dans la marche générale de l’immunisation, 
l'hyperglobulie exprime un certain degré d'’intoxicalion contre laquelle 
l'organisme réagit. Modérée, elle est compatible avec une bonne marche 
du traitement, et aussi avec une bonne qualité du sérum; forte, elle 
traduit un traitement trop intensif; plus encore, l’abaissement graduel 
au-dessous de la normale est de signification fâcheuse et impose des 
précautions. 

Globules blancs. — Mes observations sur les globules blancs sont 
moins avancées. Comme formule générale, le taux moyen des leucocytes 
chez les chevaux immunisés est en hyperleucocytose, avec des variations 
en rapport avec les injections intraveineuses. 

Le trait le plus caractéristique, c’est l’appauvrissement du sang en 
leucocytes après chaque injection. La chute est considérable : de 8.000, 
9.000, 10.000, le nombre par millimètre cube peut tomber à 2.000 et au- 
dessous. Elle se produit très vite, atteignant son maximum une ou deux 


82 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


heures après l'injection. Cette phase d’hypoleucoeytose est de courte 
durée : déjà après six à sept heures, même quatre heures, on peut voir 
le nombre des leucocytes se relever au voisinage du point de départ. 
Cette chute des globules blanes peut être diversement interprétée. Faut- 
il l’attribuer exclusivement à une destruction brutale des leucocytes par 
les produits bacillaires? Il me parait plus probable qu'elle s'explique, 
partiellement au moins, par un arrêt des leucocytes dans les paren- 
chymes, en rapport avec le phénomène bien connu de la rétention (dans 
la rate notamment) des bacilles lancés dans la cireulation. 

Le lendemain d’une injection, le taux des leucocytes est ce qu'il était 
avant l'injection, ou supérieur; puis la marche, jusqu’à l'injection sui- 
vante, est variable. Parfois, il n'y a, abstraction faite de la courte phase 
d'hypoleucocytose immédiate, que des varialions sans importance; plus 
fréquemment, on observe une phase d'hyperleucocytose, iei encore plus 
ou moins intense, plus ou moins précoce, plus ou moins soutenue. Sou- 
vent, l'hyperleucocylose a son maximum le lendemain de l’injection: le 
taux s’abaisse ensuite rapidement où graduellement, pour osciller, soit 
au niveau du point de départ, soit au-dessous. D'autres fois, l'hyper- 
leucocytose modérée, observée le lendemain, se maintient sans oscilla- 
tions importantes ou bien s’accentue pendant deux ou trois jours, pour 
diminuer ensuite. Dans d’autres cas, la poussée d’hyperleucocytose est 
plus tardive. Bien rarement, on observe, en dehors de la chute initiale, 
une phase d’hypoleucocytose modérée. 

Comme pour les globules rouges, les divers cas observés sont en rap- 
port avec les doses, les intervalles d’injections et l'état du sujet. Une 
hyperleucocytose modérée traduit une action toxique faible, provoquant 
une réaction convenable. Une action toxique plus forte provoque une 
hyperleucocytose plus intense ou plus prolongée; et l’on peut trouver, 
dans l’importance de cette hyperleucocytose, l'époque du fastigium et 
sa durée, des indications utiles sur l’état de tolérance du sujet et, ajoutés 
à ceux que fouruissent les globules rouges, des éléments pour la diner: 
tion du traitement immunisateur. 

Les variations des éléments figurés dans le sang des chevaux soumis 
au traitement immunisateur s’expliquent-elles par une aclion directe, 
sur ces éléments, des bacilles injectés dans les veines ou de leurs pro- 
duits? En ce qui concerne les globules rouges, lorsqu'on assiste à une 
baisse brusque et fugace ou à un abaissement tardif et prolongé, est-ce 
la propriété hémolytique des cultures de bacilles d'Eberth qui entre en 
jeu? Quoique cette explication soit tout d'abord très séduisante, il y a 
plusieurs raisons de la mettre en doute : les cultures n’exercent in vitro 
leur action hémolysante qu'à l'élat pur ou faiblement diluées, tandis 
que, dans l’organisme des chevaux, elles se trouvent dans un état de 
dilution extrême; d'autre part, la propriété hémolytique est, comme 
l'indique ma note précédente, l'apanage des eultures plus ou moins 


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SÉANCE DU A1 JANVIER 83 


vieilles, et les cultures injectées aux chevaux sont des cultures jeunes, 
toujours totalement dépourvues de cette propriété. Quant aux globules 
blancs, je réserve la réponse à la question jusqu’à plus ample informé 
sur l’action ?n vitro des cultures de ces éléments. 


Ces observations, commencées à Montpellier avec la collaboration de 
M. Lagriffoul, ont été continuées à Lyon au laboratoire de M. Auguste 
Lumière, que je remercie encore de son extrême obligeance. 


DE L’AMYGDALE D'UN SUPPLICIÉ, 


par Éo. ReTrERER et AUG. LELIÈVRE. 


L'origine des éléments de l’amygdale continue à être discutée chez les 
Mammifères et les Amphibiens, comme le montrent les récentes 
recherches de Kingsbury. Aussi adressons-nous nos remerciements à 
M. Branca, qui nous a offert l’une des amygdales du supplicié de vingt- 
quatre ans dont nous avons étudié antérieurement le tendon rotulien. 


Le grand axe de l’amygdale est long de 20 millimètres: sa largeur est de 
45 millimètres et son épaisseur de 8 millimètres. Fixée fraîche dans le 
liquide de Bouin et débitée en coupes rigoureusement sériées, l’amygdale 
montre la structure suivante : 


A. Follicules clos. — Les uns sont longs de 028 à ("m9 et larges de 0ww3: 
les autres sont arrondis et mesurent un demi-millimètre en moyenne. Au 
point de vue de leur structure, on peut en distinguer trois types : le premier 
est représenté par des nodules dont le centre est constitué par des cellules 
épithéliales de même forme et de même structure que le revêtement épithé- 
lial du crypte correspondant et dont le cortex est formé de tissu réticulé. Le 
second type comprend les follicules dont le centre est un syncytium à noyaux 
volumineux et clairs et dont le cortex est un réticulum contenant de peiits 
éléments libres à noyaux hyperchromatiques, moitié plus petits que les 
noyaux du syncytium. Le troisième type enfin montre : 1° un centre réticulé 
avec les éléments à petits noyaux hyperchromatiques, de ces éléments, beau- 
coup sont libres ; et 2° un cortex de tissu conjonctif dense. 

Le centre épithélial du premier type possède des cellules de même espèce 
que le revêtement épithélial; Leur noyau est volumineux, à réticulum très fin, 
à caryoplasma abondant; d’où leur faible colorabilité et leur aspect vésicu- 
leux,; leur cytoplasma est granuleux et les filaments chromophiles, épais et 
serrés, ne sont séparés que par de minces espaces remplis d’hyaloplasma. 
On rencontre cependant des points où les espaces clairs ont augmenté de lar- 
geur, où le cytoplasma granuleux se réduit à un liséré périnucléaire et à de 
très fins prolongements, qui cloisonnent l’hyaloplasma réunissant les noyaux 
voisins. Autrement dit, le centre épithélial se transforme en syncytium à noyaux 


84 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


clairs et volumineux avec accroissement du cytoplasma homogène (hyalo- 
plasma). Les noyaux clairs et volumineux sont encore quelques-uns le siège 
de mitoses : en un mot, le syncytium à noyaux clairs et volumineux repré- 
sente le centre germinatif des auteurs, et ses éléments correspondent aux /ym- 
phoblastes de certains histologistes. 

À la limite du cortex et du syncytium à noyaux volumineux et clairs, on 
observe des noyaux plus petits (3 à 6 y) et très chromatiques, car à peine si 
l'on y peut distinguer un ou deux points clairs. Tout le cytoplasma granuleux 
périnucléaire semble avoir disparu, et, dans l'intervalle de deux noyaux qui 
ne dépasse pas 1 ou 2 v, on ne voit que de très fins filaments granuleux cloi- 
sonnant l’hyaloplasma ou s'étendant dans des espaces vides. Donc les follicules 
clos du second type présentent un syncytium à noyaux clairs et volumineux 
et un cortex dont les éléments ont un petit noyau hyperchromatique. Dans ses 
couches périphériques, le cortex se modifie : de nombreux petits éléments 
sont devenus libres par fonte de l’hyaloplasma et par désagrégation du réti- 


culum chromophile. Ces éléments disparaissent peu à peu, de sorte que les 


espaces internucléaires des cellules restantes s’élargissent. 

Les follicules clos du troisième type ne possèdent plus qu’un centre dont 
les petits éléments ont un noyau hyperchromatique et un cytoplasma réticulé 
à mailles, la plupart, vides d’hyaloplasma. Quant au cortex, il est constitué 
par un tissu dont le réticulum chromophile renferme des faisceaux de 
fibrilles conjonctives. Ce cortex est partout continu avec le tissu conjonctivo- 
élastique des travées interfolliculaires. 

En résumé, les follicules clos montrent tous les termes intermédiaires entre 
la cellule épithéliale de revêtement et le tissu réticulé à lymphocytes : 1° syn- 
cytium dont les noyaux sont identiques à ceux des cellules épithéliales, 
29 syncytium à petits noyaux hyperchromatiques; 3° tissu réticulé à lympho- 
cytes libres. 


B. Epithélium de revétement. — En de nombreux points, toute limite a 
disparu entre le revêtement de surface ou de celui des cryptes : au lieu 
d'assises régulières de cellules cylindriques ou polyédriques, les couches 
profondes de l’épithélium sont constituées par des travées de cellules épithé- 
liales qui circonscrivent des alvéoles ou logettes contenant des éléments 
libres à l’état de leucocytes polynucléaires ou de lymphocytes (épithélium 
infiltré de cellules rondes ou thèques intra-épilhéliales des auteurs). 


Résultals et crilique. — Pour interpréter les images que nous venons 
de décrire, on commença par invoquer l'’amiboïsme des leucocytes 
polynucléaires qui, par mouvements propres, s’infiltreraient dans le 


tissu conjonctif. S'apercevant ensuite qu'il s'agissait surtout de lympho- 


cytes, on dota ces derniers de la faculté de progresser par amiboïsme. 
 Brieger (1902), Gürke (1907), constatant que les lymphocytes sont privés 
de la faculté de se déplacer par mouvements amiboïdes, admirent qu'ils 
immigrent par transport purement mécanique. La formation des centres 
clairs ou germinatifs serait due à la transformation du lÿmphocyte : le 
no yau s'hyperlrophierait et deviendrait clair pendant que le corps cellu- 


PDP E CPR UE OR re CNP TE 


at ns st mr À 5 te. 


it Lie DOS dés, à À 1 


SÉANCE DU 11 JANVIER 85 


laire s’accroitrait et pousserait des prolongements. De cette facon, le 
lymphocyte deviendrait un lymphoblastle, qui en serait le stade adulte, 
capable de donner naissance, par voie mitosique, à de nouveaux lym- 
phocytes. 

Les lymphocytes seraient attirés dans la muqueuse pharyngienne par 
des végétations épithéliales qui, selon les uns, feraient office d'épine 
inflammatoire, selon d'autres, n'auraient qu’une valeur morphogéné- 
tique ou représentative. Après avoir ainsi marqué l'emplacement où se 
groupent les follicules clos, les végétations épithéliales serviraient de 
päture aux lymphocytes qui finiraient par les dévorer pour aller tomber 
dans la cavité digestive. 

Pour démontrer le bien-fondé de la théorie de la migration lympho- 
cytaire, il faudrait préalablement prouver: 1° que le lymphocyte est une 
cellule spécifique ; 2° qu’il progresse par mouvements amiboïdes ; 3° qu’il 
est un élément jeune ; 4° qu’il est capable de se transformer en lympho- 
blaste ; 5° que les lymphoblastes, en se fusionnant, donnent naissance à 
des centres germinatifs; 6° que le lymphocyte a la faculté de ronger et 
de détruire l’épithélium. 

Tant qu'on ne nous aura pas indiqué les procédés qui nous permet- 
tront de réaliser ces desiderata, nous considérerons la migration lym- 
phocytaire comme une hypothèse bâtie sur du sable mouvant qui, comme 
toute croyance, échappe à la discussion. Nous nous en tiendrons donc 
aux phénomènes accessibles à l'observation directe et concordant avec 
la loi générale de l’histogenèse. Le leucocyte et le lymphocyte, en parti- 
culier, dérive d'une cellule quelconque qui, pour lui donner naissance, 
perd, par fonte protoplasmique, une partie de son corps cellulaire. Loin 
d’être une cellule primitive, le lymphocyte n’est qu'un restant cellulaire 
et il n'apparaît qu'à la suite des cellules réunies en tissus (mésoderme 
ou épithélium). Après que l’épithélium a produit des complexus épithé- 
liaux, ceux-ci continuent à se diviser et à se transformer : les cellules 
originelles à noyau volumineux et clair produisent par voie mitosique 
des générations de petites cellules à noyaux hyperchromatiques. Ces 
dernières sont des formes plus avancées au point de vue évolutif, des 
cellules vieilles dont le cytoplasma se fluidifie, tandis que le noyau, 
entouré d’un mince liséré, devient libre à l’état de /ymphocyle. Le plasma 
dû à la liquéfaction du cytoplasma et les lymphocytes passent dans le 
errant lymphatique ou sanguin. Dans les amygdales, les cellules-mères 
ds lymphocytes sont représentées par les cellules épithéliales ou leurs 
descendants, les lymphoblastes, Les lymphocytes, au contraire, ont 
perdu la faculté proliférative et sont, d’autre part, incapables de re- 
tourner en arrière pour redevenir lymphoblastes et pour reconstituer 
des centres germinatifs. Si, chez l'adulte et les mammifères âgés, le 
cytoplasma des follicules clos cesse de subir la fonte, il ne retourne pas 
davantage à l’état de syncytium épithélial, mais il élabore des fibrilles 

BioLocie. Comptes kExDuS. — 1913. T. LXXIV. ï 


86 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : 


conjonclives ; d'où la transformation fibreuse de l'amygdale du 
vieillard. : 

En résumé, c'est l’épithélium qui, chez l'adulte comme dans le jeune 
âge, donne naissance, par voie mitosique et par transformations cellu- 
laires, aux follicules clos de l’amygdale. 


SUR LA NATURE DE LA PLAQUE BLANCHE RÉTINIENNE ET SUR LES LIPOIÏDES 
DE LA RÉTINE DANS UN CAS DE RÉTINITE ALBÜMINURIQUE, 


par J. Mawas. 


J'ai eu l'occasion d'étudier récemment un cas de rélinite albuminu- 
rique, dont les yeux furent fixés par injection de formol dans le corps 
vitré, puis mordancés différemment et inclus dans la celloïdine. 

La fixation n'a pu être faite que douze heures après la mort; elle 
a permis cependant la bonne conservation de toutes les membranes 
oculaires, et ce qui importait le plus, de la rétine qui présente le 
minimum d’altération possible. L'injection, dans le corps vitré de quel- 
ques gouttes du liquide fixateur, est le seul moyen vraiment pratique 
d'empêcher l'autolyse cadavérique de la rétine, inévitable et très rapide 
sans celte précaution, en attendant les délais légaux de l’autopsie et 
l'immersion de la pièce entière dans le fixateur. 

Un segment postérieur a été mordancé dans le bichromate de potasse 
à 3 p. 100, additionné de quelques gouttes d'acide acétique, dans le but 
d’oxyder et d'insolubiliser les substances grasses. L'autre a été, après 
un lavage prolongé dans l’eau courante, soumis à l’action de l'acide 
osmique en solution aqueuse à 2 p. 100, Il s’est produit de la sorte une 
osmisation secondaire des graisses et des lipoïdes, plus ou moins noircis 
par l’osmium. Les colorations habituelles (hémalun-éosine; hémalun 
picro-panceau; hématoxyline) et la coloration par le Sudan I se font 
sans difficulté spéciale après l’action prolongée du bichromate et celle 
de l'acide osmique. Voici les résultats obtenus : 

1° Formol. Mordançage au chrome. Coloration par l'hémalun, la 
rubine S et l'orange G. — Les plaques blanches rétiniennes, qui corres- 
pondent incontestablement aux nombreux exsudats situés entre la 
couche des grains externes et celles des grains internes, et qui ont une 
structure finement fibrillaire ou aréolaire, se colorent intensement en 
rouge par la rubine S, tandis que l’orange G, colorant électif des 
lipoïdes après l'action prolongée du chrome, reste sans action sur elles, 
et colore en jaune orange, la myéline des fibres nerveuses du nerf 
optique. Les cellules granuleuses ne présentent aucune coloration 
spéciale. 


SÉANCE DU 11 JANVIER 87 


2 Même technique que len° 1. Coloration par le Sudan III. Conserva- 
tion dans la glycérine ou le milieu sucré d'Apathy. — Les exsudats fibril- 
 laïres, appelés aussi exsudats fibrineux, et qui correspondent aux 
plaques blanches, décelables à l’ophtalmoscope, ne sont pas colorés par 
le Sudan III. 

Seules, les cellules granuleuses sont colorées par le Sudan III en 
rouge orange, de la même manière que la myéline optique. Le proto- 
plasma de ces cellules est farci par une série de granulations, que teint 
électivement le Sudan III. Quelques vaisseaux de la rétine, et même de 
la choroïde, sont infiltrés par une substance lipoïde, qui se colore par 
le Sudan IIT; 

3° Formol. H°0. Acide osmique 2 p. 100. — Les exsudats fibrineux 
ne sont pas plus colorés que le restant de la réline par l'acide osmique, 
elles ont une teinte grise. | 

Les cellules granuleuses, en amas ou isolées, montrent nettement 
dans leur protoplasma des granulations nombreuses, et que l'acide 
osmique a coloré, soit en gris foncé, soit en noir d'encre de Chine. 

Il résulte, de ce qui vient d’êlre dit, qu'il ne semble pas exister dans 
€e qu'on est convenu d'appeler la « plaque blanche rétinienne » de la 
rétinite albuminurique, des matières grasses spéciales, et que les seuls 


_ éléments qui en contiennent sont les cellules granuleuses. 


Cette conclusion est en désaccord avec l'opinion émise par M. le pro- 
fesseur Chauffard et par ses élèves, pour qui la plaque blanche réti- 


nienne est une plaque lipoïdique, et plus exactement une plaque de 
nature cholestérinique. 


Les recherches antérieures de H. Lauber et V. Adamük (1909), de 
Ginsberg (1912), ne prouvent nullement que la plaque blanche réti- 
nienne soit constituée par des lipoïdes ou par un dépôt de cholestérine, 
comme l'enseigne M. Chauffard. Elles ont simplement précisé la nature 
des inclusions des cellules granuleuses. 


(Travail du laboratoire de la Fondation ophtalmologique À.de Rothschild.) 


ANAPHYLAXIE ET IMMUNITÉ 
ALIMENTAIRES EXPÉRIMENTALES, À L'OVOALBUMINE, 


par G. LarocHE, Cu. RICIHET FILS et SAINT GiRons. 


Létude de l’anaphylaxie expérimentale alimentaire aux œufs, déjà 
prouvée par les recherches de Nobécourt, de Wells et Osborne, etc., et 
par les nôtres nous a conduits à des résultats intéressants sur les rap- 
ports de lanaphylaxie et de l'immunité alimentaires. 


88 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nous avons nourri des cobayes, pendant un laps de temps variable, avec une 
grande quantité d'œufs (de 4 à 2 œufs par jour et par cobaye) mélangés aux 
aliments. Nous les explorions par voie intrapéritonéale avec du blanc 
d'œuf (1 c.c.). 

Si on les nourrit pendant un laps de temps très court (de 1 à 3 jours) et 
si on les explore 15 à 20 jours après, on à les résultats suivants (1) : 


Degré de l’anaphylaxie . . . . A4 A3 A9 Al A0 
Nombre de ldobayes +. 1-#""007 ïl 1 3 2 3 


Ainsi, l'ingestion d'œufs pendant 1,2 ou 3 jours détermine l’état anaphylac- 
tique de manière à peu près constante (78 p. 100 des cas positifs en ne tenant 
compte, ni dans un sens ni dans l’autre, des anaphylaxies légères [A1 |). 

Mais si, au lieu de 3 jours, on alimente les cobayes 14 à 17 jours, l'anaphy- 
laxie est plus rare, et le tableau suivant résume nos expériences : 


Desréide lanaphylaxie HAE EN RTE A% Al AO 
Nombre delCobAyES RS EN CT UE 2 1 5 


Ce qui fait, toujours en ne tenant pas compte des anaphylaxies légères, 
25 p. 100 de résultats positifs. 

Avec le même régime, mais prolongé 30 à 45 jours, le pourcentage diminue 
encore et on obtient les résultats suivants : 


Degré de l’anaphylaxie . . . . . . . A3 A2 A A0 


= 


Nombre de case ee ARE UNE 2 L 19 


soit 13 p. 100 de cas positifs. 


Le tableau suivant résume nos expériences : 


Nombre de jours d'alimentation aux œufs. . , . 3 17 45 


Pourcentage à Ga Joe SAS 78 p.100 25 p. 100 43 p. 100 


En résumé, l’ingestion d'œufs détermine : quand elle est éphémère, l'ana- 
phylaxie; quand elle est prolongée, l'immunité. 

Il s’agit bien là, en effet, d'immunité, non d'antianaphylaxie. Si, en 
effet, à ces ce ainsi immunisés, par ingestion d'œufs pendant 


45 jours, on supprime les œufs pendant 17 ou 22 jours, l'injection intra- 


péritonéale ne détermine pas de phénomènes ou seulement des phéno- 
mènes insignifiants. Or, d’après Besredka, un laps de temps de 7 à 
21 jours est suffisant pour faire disparaître l’état antianaphylactique. 


(4) A4: mort; A3: anaph. très forte; A2 : anaphylaxie moyenne ; A! : 
Anaphylaxie faible: AO : Anaphylaxie nulle. 


Û 


D A D | 


SÉANCE DU A1 JANVIER. 89 


Ainsi, dans ces expériences, tout s’est passé comme si « l’anaphyÿlaxie 


_ était le premier stade de l'immunité ». 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine (1).) 


RAPPORTS ENTRE L'HÉMOLYSE ET LA TOXICITÉ DU SÉRUM HUMAIN. 
INFLUENCE DE LA RÉACTIVATION, 


par L. RÉNON et TuarBAUT. 


Depuis longtemps, on a émis l'hypothèse que les phénomènes toxiques 
et hémolytiques sont de nature identique. Celte hypothèse reposait sur 
la disparition simultanée de ces deux phénomènes par la chaleur. 

C'est sur de nouveaux rapports entre l’hémolyse et la toxicité que 
nous voulons appeler l’attention. 

Depuis les travaux d'Ehrlich et surtout depuis ceux de Sachs, nous 
savons que tout sérum, chauffé à une certaine température, perd son 
pouvoir hémolytique et que ce même sérum peut le récupérer par 
addition de complément, c’est-à-dire d'un sérum frais quelconque : c’est 
la réactivalion du sérum chauffé. 

Pour que cette réactivation puisse se produire, il est nécessaire dene 
pas avoir porté le sérum à une température trop élevée. 

Nous avons à nouveau constaté le fait pour le sérum humain : ce 
dernier perd son pouvoir hémolytique entre 49 et 51 degrés, mais la 
réactivation en est facile ; elle disparaît quand le sérum est chauffé à 60 
et 62 degrés. 

Si le parallélisme entre les propriétés toxiques et globulicides existe, 
le sérum doit, en récupérant les secondes, récupérer les premières. En 
un mot, un sérum réactivable, c'est-à-dire chauffé à 49 et50 degrés, peut 
encore être toxique alors qu'un sérum chauffé à 60 degrés, ne pouvant 
plus être réactivé, ne peut plus être toxique. Admettant avec la plupart 
des auteurs l'existence de l’alexine dans le plasma circulant, nous pen- 
sons que, le sérum chauffé à 49 et 51 degrés, capable d’être réactivé in 
vivo, doit pouvoir tuer l'animal, tandis que le sérum chauffé à 62 degrés 
n’est plus susceptible d’être réactivé; il doit être inoffensif. 

Ce fait est démontré par une série de dix-neuf expériences instituées 


d'après la technique suivante : nous prenons du sérum humain 


vieux de vingt-quatre heures; une partie de ce sérum est mise pendant 
une demi-heure à l’étuve au bain-marie à 50 degrés, une autre partie du 
sérum est chauffée à 62 degrés pendant le même temps. 


(1) Wells et Osborne étaient arrivés à une conception identique dans leurs 
recherches sur l’anaphylaxie alimentaire aux albumines végétales. 


90 , . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


= 


Le dosage du pouvoir hémolytique du sérum chauffé à 50 degrés est 
ensuite fait d'une façon minutieuse, puis on l'injecte à l'animal seulement 
après s'être bien assuré que le sérum ne peut déterminer à lui seul 
l'hémolyse et qu'il la produit au contraire assez rapidement après 
addition de complément (sérum de lapin dans les cas particulier afin de 
ne pas avoir à redouter une hémolyse due au complément ajouté). 

Si, après trois heures d'étuve à 37 degrés, on agite le mélange 
(globule de lapin + sérum humain chauffé à 51 degrés), on voit parfois 
se développer dans le liquide surnageant une teinte jaune pâle. À la 
rigueur, elle peut être considérée comme une hémolyse au début, 
d’ailleurs négligeable, à côté de celle qui apparaît soit après réactivation 

soit avec le sérum frais. 

Après ces opérations préliminaires, indispensables à répéter pour 
chaque sérum à examiner, on injecte à un premier lapin le sérum 
chauffé à 50 et 51 degrés et à un second le sérum chauffé à 61 et 
62 degrés. La dose administrée varie de 4 à 2 c.c. par 100 grammes. 
Très souvent le lapin, qui était inoculé avec le sérum à 61 degrés, 
recevait une quantité plus considérable de sérum. 

L'injection est poussée à la vitesse maxima, d’un seul coup de pompe. 

Les effets sont les suivants ; 

1° Avec le sérum chauffé à 50 et 51 degrés, la mort survint de une e heure 
à quatre heures après l'injection; l'animal présente tous les signes qui 
caractérisent une hémolyse intense in vivo, analogues à ceux déterminés 
par l'injection de sérum frais (destruction globulaire, hémogblobinurie, 
lésions viscérales spléniques ou rénales). 

2° Avec le sérum chauffé à 61 degrés, on note une gêne passagère de 
l'animal, quelquefois nulle. La destruction globulaire est nulle ou à 
peine marquée. Une série d'effets intermédiaires a pu être observée. 
Après chauffage du sérum à 55 degrés, il existe un malaise assez grave : 
une ou deux hémoglobinuries peuvent se produire, mais JERES se 
remet au bout d’un certain temps. 


Les résultats de ces expériences nous paraissent intéressants, car ils 


démontrent la disparition et la réapparition des propriétés hémolytiques 
sous l'influence des mêmes causes. 


Peut-on aller plus loin et conclure à l'identité absolue des deux 


phénomènes? Nous pouvons poser la question, mais nous n'avons pas 
encore le droit de la résoudre. 


(Travail du laboratoire de M. Rénon, à l'hôpital Necker.) 


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SÉANCE DU AÂ1 JANVIER 91 


LE CHOLÉRA ET LA FIÈVRE TYPHOIDE 
PEUVENT-ILS ÉTRE PROPAGÉS PAR LES LÉZARDS ? 


Note de J. GOoËÉRÉ, présentée par F. Mesnir. 


A Sidi-Abdallah (Tunisie), les lézards verts sont très nombreux 
pendant l'été. Ils cherchent leur nourriture parmi les détritus aban- 
donnés dans les champs. Ils peuvent ainsi ingérer des germes patho- 
gènes et, grâce à la rapidité de leurs déplacements, les transporter 
dans les gourbis à d'assez grandes distances. 

Je me suis demandé si ces animaux ne seraient pas des agents 
propagateurs du choléra (épidémie tunisienne de 1911) et de la fièvre 
typhoïde. 

Pour s’en assurer, il fallait instituer deux séries d'expériences : 

1° Voir, d’une part, ce que deviennent les germes des deux maladies 
dans l'organisme des lézards verts à qui on les a fait ingérer expéri- 
mentalement; 

2° Rechercher d'autre part dans les excréments de lézards capturés 
{principalement en temps d’épidémie) les dits germes pathogènes. 

Je n’ai pu réaliser jusqu'ici que la première partie de ce programme; 
je la publie aujourd’hui, parce qu'elle me parait présenter un certain 
intérêt. 

A quatre lézards verts de grande taille (12 centimètres de long, queue 
non comprise), j'ai fait ingérer 0 c.c. 5 d'une culture de vibrion cholé- 
rique en bouillon, datant de vingt-quatre heures. Ce vibrion provenait 
d’un de mes malades. L'ingestion fut nocive pour tous les animaux, 
mais à des degrés très différents. Le plus atteint a été pris de diarrhée 
aigué à terminaison fatale au bout de trente heures; les selles conte- 
naient des grains blanchâtres et étaient riches en vibrions cholériques ; 
le cadavre était comme desséché; l'intestin renfermait un enduit 
crémeux, où abondaient les vibrions. Un second lézard eut de la 


‘diarrhée pendant deux jours, puis dépérit peu à peu, pour succomber 


au bout d'un mois; jusqu'à la fin, les selles continrent des vibrions, et 
si, à l’'autopsie, l’inlestin était vide, sa paroi n’en était pas moins 
tapissée de germes, car, en ensemencçant en eau peptonée un fragment 
de muqueuse, on obtenait une culture de vibrions typiques. Les deux 
autres animaux ne présenlèrent de diarrhée que pendant un jour. J'ai 
trouvé des wibrions dans les selles de l’un pendant cinq jours et 
pendant deux jours seulement dans les selles de l’autre; le premier 
vient de mourir après trois mois de captivité et l'intestin ensemencé 
m'a encore donné des vibrions ; le second parait bien portant. 

À deux autres lézards verts de même grosseur que les précédents, 
j'ai fait ingérer o c.c. 5 d’une culture de bacille d’Eberth en bouillon. 


99 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Ces deux animaux restèrent parfaitement normaux, et la recherche du 
bacille typhique dans leurs excréments fut constamment négative. 


Conclusions. — Les lézards verts sont sensibles à l'ingestion de 
vibrions cholériques qui peut déterminer chez eux une entérite mor- 
telle ou seulement des troubles bénins et passagers. Dans tous les cas, 
les vibrions restent vivants dans l'intestin et sont éliminés par les 
selles, parfois pendant fort longtemps, en sorte que ces animaux 
peuvent jouer, en ce qui concerne le choléra, le rôle de porteurs de 
germes. 


Par contre, le bacille Lyphique ne semble pas pouvoir être propagé 
par les lézards verts. 


RÔLE DU TISSU CONJONCTIF 
DANS L'ATRÉSIE FOLLICULAIRE PHYSIOLOGIQUE CHEZ LA FEMME, 


par Mie MARIE Lovez. 


L'importance des phénomènes conjonctifs pendant l’atrésie follicu- 
laire est bien connue. J'indiquerai seulement dans cette note les. 
quelques remarques que j'ai pu faire sur ce sujel, afin àe préciser le 
rôle des éléments conjonctifs dans la régression. 

1° Oblitéralion de la cavité folliculaire. — Dans une note précé- 
dente (1), j'ai montré que, dans les follicules déjà bien développés, 
c'est en général la granulosa folliculaire qui dégénère la première, 
tandis que la granulosa ovulaire subsiste plus longtemps. Or, c'est 
aussi par la partie opposée au disque proligère que commence le rem- 
plissage de la cavité par la pénétration de petits éléments conjonctifs. 
Ces éléments, ainsi que Cohn l’a déjà signalé, proviennent du stroma 
ovarien et non de la théca; on voit, en effet, les petites cellules du 
stroma s’insinuer entre celles de la théca et venir constituer à l'inté- 
rieur de celle-ci un tissu à mailles lâches qui rétrécit et comble peu à 
peu la cavité. Cette invasion débute dès que les cellules de la granulosa 
disparaissent; certains follicules sont ainsi partiellement oblitérés d’un 
côté, alors que de l’autre le disque proligère existe encore. Je n'ai 
jamais observé de figures de mitose dans ce tissu; sa prolifération se 
fait donc, peut-être un peu par division directe, mais surtout par 
déplacement et pénétration de nouvelles cellules du stroma. 

2% Membrane festonnée de Slawiansky. — Cette membrane a été sou- 
vent considérée comme formée par la dégénérescence de la théca 
interne. D’après Cohn, elle est produite par le tissu du stroma. C'est 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie. Séance du 21 décembre 1912. 


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SÉANCE DU A1 JANVIER 93 


aussi Le résultat auquel je suis arrivée : les petites cellules qui pénètrent 
dans le follicule entraînent avec elles de la substance collagène qui se 
dépose entre les cellules de la théca et à la face interne de celle-ci 
où elle se modifie plus ou moins pour constituer la membrane ondulée. 
Cette membrane se forme aussi bien aux points où la théca s’épaissit 
qu'aux endroits où elle régresse. On peut l’observer autour de follicules 
encore peu développés, n'ayant pas encore de théca différenciée, mais 
non dans la régression des petils follicules au stade de repos, qui 
disparaissent sans laisser de traces. Elle est généralement plus déve- 
loppée d'un côté que de l’autre, et souvent incomplète, mais d’une 
manière indépendante de la théca. J’ajouterai enfin que, dans certains 
ovaires très sclérosés, on observe des formations semblables autour 
des vaisseaux, et là on ne peut vraisemblablement faire intervenir la 
théca. 

3° Théca interne. — On a généralement signalé dans l’atrésie follicu- 
laire une hypertrophie de la théca. Mes observations, faites sur des 
ovaires de grossesse (les autres étant toujours plus ou moins suspects 
au point de vue normal) me permettent de faire les remarques sui- 
vantes : 1° l’épaississement de la théca est, en général, plus marqué, 
ou bien il existe seulement du côté du follicule le plus rapproché de la 
surface de l'ovaire; 2° il peut faire défaut dans les follicules situés plus 
profondément; d'autre part, on peut l'observer même autour de folli- 
cules non régressifs ; 3° l’hypertrophie, aux points où elle existe, résulte 
à la fois de l’accroissement des cellules déjà existantes qui prennent 
nettement les caractères de cellules à lutéine, et de la transformation 
de nouvelles cellules du stroma. On n'y rencontre pas de mitoses, ainsi 
qu’il est fréquent d’en observer autour des follicules non régressifs en 
dehors de la gravidité. 

Ces faits me paraissent devoir être interprétés de la façon suivante : 
l’hypertrophie de la théca résulte de la tendance générale des cellules 
conjonctives de l'ovaire à se transformer en cellules à lutéine pendant 
la grossesse. Cette tendance est surtout marquée dans la zone supertfi- 
cielle de l'ovaire, où l’on peut voir, pendant toute la période d'état du 
corps jaune, en dehors des follicules atrésiés, des groupes de cellules à 
lutéine qui, souvent, constituent des bourgeons pouvant faire saillie à la 
surface de l’organe. Plusieurs préparations provenant de grossesses 
cctopiques, qui m'ont été communiqués par le D' Champy, sont très 
démonstratives à cet égard. Il semble donc que la régression folliculaire 
ne puisse être regardée comme provoquée par un développement 
excessif de la théca qui étoufferait le follicule, mais qu'il s’agit simple- 
ment de phénomènes concomitants. La cause de l’atrésie folliculaire 
doit être recherchée dans les modifications chimiques subies par les 
apports nutritifs de l'ovaire, soit par suite de la sécrétion interne du 
corps jaune, soit du fait de l’involution sénile. 


94 ‘ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 
\ 


Dans tous les cas, les phénomènes conjonctifs qui aboutissent à 
l'eblitération du follicule sont secondaires, et la théca n’y prend aueune 
part. 

(Travail du laboratoire de M. le Professeur Claude, 
à l'hôpital Saint-Antoine.) 


CONTRIBUTION A LA COMPOSITION CHIMIQUE DES LIPOIDES. 


II. FERROMÉTRIE DES LIPOIDES, 


par Er. GÉRARD et R. DELABY. 


Dans une note antérieure (1), nous avons indiqué que les lipoïdes 
extraits des organes par un dissolvant déterminé, comme l'éther 
anhydre, pouvaient renfermer, en plus des produits fondamentaux qui 
les constituent (cholestérine, phosphatides, graisses) descomposés acides 
comme l'acide formique et l'acide lactique dont la proportion augmente 
avec l'autolyse des organes, Dans des recherches encore en cours, nous 
avons même pu nous convaincre que cerlains lipoïdes renfermaient des 
composés indoliques et scatoliques entraînés par les dissolvants des 
lipoïdes; nous aurons l’occasion de revenir sur ce point particulier 
pour montrer combien sont complexes les substances qu’il est suscep- 
tible d'isoler des lipoïdes, c’est-à-dire de ces corps seulement définis 
par leur mode d'extraction. Aujourd’hui, nous présentons les résultats 
de l'examen ferrométrique des lipoïdes obtenus par l’action dissolvante 
de l'éther sur des poudres d'organes préparées par dessiccation dans le 
vide profond, sous pression réduile à 4 ou 2 millimètres et à froid 
(poudre d'organes préparées par Choay, à l'exception de celles de rate, 
prostate et poumon). 

La présence du fer dans les lipoïdes et les graisses végétales a déjà 
été signalée par divers auteurs et, en particulier, Gilkin (2) a montré 
qu'il existe des composés ferrugineux dans la rate et la moelle des 
jeunes animaux, et dans toutes les graisses des tissus et organes; 
d’après cet auteur, tous les échantillons de cholestérine et de lécithine 
renferment des composés ferrugineux pouvant être enlevés par l'acide 
chlorhydrique dilué. Burow (3), de son côté, a pu isoler de la rate 
humaine des phosphalides saturés et non saturés contenant du fer, 

Nous avons repris cette étude de la ferrométrie des lipoïdes extraits 
de divers organes par la méthode indiquée plus haut et, après divers 
essais, nous avons adopté, pour le dosage du fer, la technique de 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 23 décembre 1911. 


(2) Berichte deut. chem. Ges., t. XLI, p. 910, 1908. 
(3) Biochem. Zeits., t. XXV, p. 115, 1910, 


SÉANCE DU 11 JANVIER 95 


B. Moreau, À. Morel et CI. Gautier (1), qui mettent à profit la propriété 
que possède une solution acétique de nitroso-8-naphlol (réactif de 
Jolles) de précipiter complètement le fer en une combinaison d’un poids 
moléeulaire élevé. Pour cela, nous avons suivi exactement le mode opé- 
ratoire de ces auteurs : un poids connu de lipoïde est incinéré avec son 
poids d’un mélange de nitrate de potasse, de carbonate de potasse et de 
carbonate de soude anhydres. La solution chlorhydrique des cendres 
est saturée par l’ammoniaque, puis acidifiée par l'acide acétique, on y 
précipite le fer par une solution acétique de nitroso-B-naphtol. Au bout 
de vingt-quatre heures, on recueille le précipité noir de nitroso- 
naphtolate de fer qui, après lavage à l’eau distillée et dessiccation, est 
redissous dans l'alcool bouillant. La liqueur alcoolique est évaporée dans 
des capsules de verre tarées et on pèse après dessiceation complète. 

Le poids du précipité obtenu, multiplié par 0,0979, donne la propor- 
tion de fer. 

Inutile de dire que nous nous sommes assurés par des essais préalables 
que tous les réactifs employés étaient bien exempts au fer. En outre, 
l'application de la technique de Moreau, Morel et Gautier à des solu- 
tions contenant des quantités déterminées de fer nous a donné des 
résultats d’une exactitude presque mathématique. 

Nous résumons, dans le tableau suivant, les proportions de fer, 
exprimées en milligrammes pour 100 grammes de lipoïdes : 

Fer (Fe) 


MATIÈRE DES LIPOIDES pour {00 gr. de lipoïdes 
en milligrammes. 


hatesde- Veau ts balai NE HR Te 118 
BrOS te de AUTEURS RE Er RS RSS 
HOT UCÉ DOC eee ee de ne en ee Vite tee PVten etui D) 10 
MPOUMONTAE VOUS PAR MUNIE RTE en re OL 0 
Capsules surrénales de mouton 41,9 
Relndepones 82 PEU: LÉTO ET ENS HSM U LS ND 
Mr ES de TUTe RS Mo Eh Mi ed 00 
Pancréas de porc . . 10,9 


En résumé, tous les lipoïdes, provenant d'organes non autolysés et 
desséchés rapidement dans le vide et à basse température, contiennent des 
composés ferrugineux solubles dans l’éther sec. Bien que ces lipoïdes 
soient fournis par des animaux différents (veau, porc, mouton), nous 
avons établi, dans notre tableau, la hiérarchie des organes d’après leur 
richesse en fer et il est intéressant de constater qu'à cet égard la rate et 
la prostate tiennent la tête par leur richesse en fer. 


(Travail du laboratoire de pharmacologie KT T2 
de la Faculté de médecine de Lille.) > À 
(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 11 janvier 1907, p. 64. Li 
Z 


a 


96 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ETUDE D'UN BACILLE LACTIQUE DE L'APPAREIL DIGESTIF DU FAISAN, 


par D. M. BERTRAND. 


Nous avons réussi à isoler ce microbe qui se trouvait dans les diffé- 
rentes parties de l'appareil digestif du faisan. Après ensemencement du 
matériel en bouillon acide puis passage sur gélose acide de Sabouraud, 
nous avons obtenu, après vingt-quatre heures d’étuve, de petites 
colonies très nettement isolées, arrondies, très légèrement saillantes à 
la surface du milieu et formées d’un microbe très polymorphe, au point 
que la culture parut être impure. En effet, sur les préparations, on 
pouvait observer après quarante-huit heures de séjour à l’étuve à 
37 degrés des formes longues, serpentines à côté de formes rappelant 
des cocci. La coloration était aussi inégale, une partie des bactéries 
gardant le Gram, les autres étant décolorées. Plusieurs passages sur ce 
même milieu en partant de colonies très nettement isolées donnèrent 
toujours le même résultat. Nous avons alors essayé de cultiver sur 
gélose ordinaire. Après plusieurs jours d'incubation à l'étuve à 
31 degrés, il n'existait à la surface du milieu que de petites colonies 
transparentes ponctiformes. 

Nous avons alors, en partant de ces cultures paraissant impures, 
ensemencé dans du lail tournesolé; vingt heures après, le tournesol 
était rouge et, en trente-six heures, le lait était complètement coagulé. 
Le caillot resta toujours compact, la caséine ne fut jamais attaquée. 

En bouillon ordinaire, il fut impossible d'obtenir de culture, de même 
sur pomme de terre glycérinée et en piqüre sur gélatine, l’amidon ne 
fut jamais attaqué. 

Nous avons alors ensemencé dans du bouillon sucré où il poussa 
abondamment. L'examen des préparations faites avec le lait où le 
bouillon sucré ne permit jamais de retrouver ce polymorphisme que nous 
avions dans le milieu de Sabouraud et qui amenait à penser à l’impureté 
de ces cultures. Ici, en effet, nous avions affaire à un bacille prenant le 
Gram et qui n’était pas mobile. Il était coloré d’une façon homogène, les 
formes longues et en cocci avaient disparu. Souvent, ces bactéries se 
trouvaient réunies par paire, leurs dimensions variaient de 2 à 3u de 
long sur 1 x à 1 x 15 de large. 

Nous avons réussi plus tard à le cultiver dans un milieu liquide à la 
peplone de caséine et sur lequel il ne donna pas d'indol. 

Nous avons aussi cherché s'il avait un pouvoir pathogène quelconque 
pour les animaux de laboratoire : jamais il ne fut observé le moindre 
trouble chez la souris ou le cobaye de même que chez le pigeon et la 
poule. 

Sur le lacto-sérum, il donna une culture très abondante. Nous l'avons 


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SÉANCE DU Â1 JANVIER 97 


ensemencé sur des milieux additionnés de différents sucres; il y pousse 
bien et donne plus ou moins rapidement, suivant les sucres, une assez 
grande acidité. Par exemple, le tournesol est rouge en vingt-quatre 
heures avec Le glucose et le lévulose, tandis qu'il faut trente-six heures 
avec le lactose et quarante-huit avec le saccharose., En même temps, 
nous avons recherché quelle était son acidité d'arrêt sur ces différents 
sucres (1) : avec le glucose, 4 gr. 25 par litre ; avec le maltose, 3 gr. 95: le 
saccharose, 3 gr. 20; enfin, avec la mammite, il ne donne que 2 gr. 05. 
Nous avons alors entrepris l'étude des produits qu'il donnait au cours 
de la fermentation des sucres. Suivant la méthode ordinaire, nous 
avons ensemencé un ballon d’un litre contenant 20 p. 1.000 de peptone et 
30 p. 1.000 de glucose avec un excès de CO*Ca. Le ballon laissé à l'étuve 
pendant plus de deux semaines, nous avons alors fait l'analyse qualita- 
tives des produits formés. Voici les résultats : une petite quantité 
d'acide acétique, des traces d’acide formique, un peu d’acide succinique 
et surtout de l’acide lactique. Il ne produit ni acétylméthylcarbinol, ni 
alcooï, ni acétone, ni acide butyrique. 
Par cértains de ses caractères morphologiques, il rappelle un peu le 
_bacille I de Mereschowski que Distaso appelle Bacillus acetogenus B. ou 
encore le Bacillus ücetogenus proteiformis (Distaso) (2); néanmoins, dans 
les milieux liquides, notre bactérie ne présente plus le même polymor- 
phisme et surtout alors que les autres produisent principalement de 
l'acide acétique, celui-ci est surtout un producteur d'acide lactique. En 
outre, son acidité d'arrêt est beaucoup plus forte que celle donnée par 
ces deux espèces. C’est pourquoi nous pensons que l'on à affaire à une 
espèce différente que nous appellerons Bacillus lacticus polymorphus. 


(Laboratoire de M. Metchnikoff. Institut Pasteur.) 


ÉTUDES BIOLOGIQUES SUR UNE MOUCHE, Drosophila ampelophila Lüw. 


I. — PosSiBiILITÉ DE VIE ASEPTIQUE POUR L'INDIVIDU ET LA LIGNÉE, 


par EMILE GUYÉNOT. 


Diverses recherches expérimentales onl montré que des animaux 
peuvent vivre, au moins pendant quelque temps, dans des conditions 
aseptiques. C'est ainsi que Thierfelder et Nüttal ont réussi à maintenir 
en vieet à faire s’accroître pendant quelques jours (treize jours au plus) 


(1) Cette acidité est calculée en acide sulfurique. 
(2) Distaso. Centralbl. f. Baklerio. Parasitenkunde, etc., 1, Abt, originale, 
Bd LIX, Heft 1. 


PC PP TR RN ST: STAR RSS I TNT 


98 ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


de jeunes cobayes extraits de l’utérus maternel et élevés aseptiquement. 
De même, Schottelius a pu faire vivre aseptiquement des poussins et 
Me O. Metchnikoff des têtards de grenouille. Dans ces deux dernières 
catégories d'expériences, les animaux élevés sans microbes furent 
toujours plus petits, plus chétifs que les témoins. Ce résultat défectueux 
tient sans doute aux difficultés de l'élevage, car Cohendy, qui a tout 
récemment (1912) répété les expériences de Schottelius, en utilisant un 
dispositif très perfectionné, a pu conserver en vie aseptique, pendant 
quelques jours (quarante-cinq au plus), des poussins dont la croissance 
s’effectua aussi bien que celle des témoins. 

Aucun des auteurs que je viens de citer ne s’est préoccupé d'obtenir 
la reproduction des organismes adultes élevés aseptiquement, ni d'en 
suivre la descendance dans les mêmes conditions. C'est cetle étude 
que permettent de faire les élevages aseptiques de Drosophila ampelo- 
phila que je poursuis depuis près de deux ans. 


En juillet 1910, M. Delcourt et moi obtinmes des Drosophila ampelophila asep- 
tiques, grâce à une technique qui a été précédemment décrite (1). Depuis 
mai 1911, les élevages aseptiques comprennent un grand nombre de généra- 
tions consécutives régulièrement suivies. A 24 degrés, dans les conditions de 
milieu nutritif utilisées, le développement, de l’œuf à l’imago, dure douze jours; 
les femelles s’accouplent et commencent à pondre au cours du 1° ou du 
2° jour qui suivent leur éclosion. On obtient ainsi deux générations par mois. 
Chaque génération se compose d’au moins 10.000 mouches. 


La lignée aseptique (2) que je suis depuis mai1911 comprend donc une 
quarantaine de générations ; elle est représentée par une population 
d’au moins 400.000 individus. Non seulement les organismes qui cons- 
tituent cette lignée n'ont présenté aucune diminution de vigueur ni de 
fécondité, mais on peut dire que leur développement et leur reproduc- 
tion s'effectuent, en milieu aseptique, dans des conditions optima qui ne 


(1) A. Delcourt et E. Guyénot. Bulletin scientifique France et Belgique, 
t. XLV, 4911. 

(2) L’asepsie des mouches constituant cette lignée a été contrôlée à maintes 
reprises de la manière suivante : 4° absence de culture visible sur un mor- 
ceau de pomme de terre-introduit dans tous les tubes comme témoin de 
l’asepsie, ni dans aucune partie du tube d'élevage ; 2° Absence de moi- 
sissures, levures ou microbes sur des froîtis faits soit avec le milieu 
nutritif, soit avec des mouches ou des larves écrasées : colorations diverses; 
30. Absence de culture après ensemencement de fragments de milieu 
nutritif, de mouches, larves ou pupes écrasées, sur bouillon, milieux gélosés, 
gélatinés, acides, neutres ou alcalins, pomme de terre, carotte, milieux glu- 
cosés, etc. (15 à 40 degrés); 4° Absence de culture en milieu anaérobie; 
5° Absence de microorganismes visibles sur des coupes dans l'intestin des 
larves ou des mouches. EMX 


| 3 
| 
| 


SÉANCE DU A1 JANVIER 99 


se rencontrent pas danslanature ; tandis que, dans les élevages septiques, 
la mortalilé au cours du développement, portant sur les larves el les 
pupes, est souvent considérable, dans les conditions asepliques, cette 
mortalité est pratiquement nulle. 

Ce résullat est d'autant plus remarquable qu'il s'agit d'organismes 
vivant dans la nature — comme là très grande généralité des 
mouches — sur des milieux putréfiés ou en fermentation. En 1907, 
étudiant le développement et les conditions de nutrition des larves de 
Luciliaet de Calliphora, vivant sur des viandes putréfiées, j'étais arrivé 
à cette conclusion que ces organismes se nourrissent aux dépens des 
produits dus à la transformation des substances albuminoïdes par les 
microbes protéolytiques. Bogdanow, puis Wollman, qui ont pu faire se 
développer, en condition aseptique, des œufs de Lucilia et de Calliphora, 
préalablement stérilisés, ont confirmé pleinement les conclusions de 


mon travail. Les jeunes larves ne se développent pas ou seulement 


d’une facon incomplète sur la viande stérilisée; mais si cette viande a 
été au préalable transformée par de la trypsine ou par les microbes de 
la putréfaction, le développement des larves aseptiques se fait dans de 
bonnes conditions. : 

Malgré l'existence d’un rapport éthologique aussi étroit entre les 
mouches étudiées et les microorganismes, les conditions d'élevage 
aseptique représentent, pour ces mouches, par rapport aux conditions 
naturelles, des conditions optima. Ce sont aussi, au point de vue expé- 
rimental, des conditions définies, qui permettent une analyse plus serrée 
des rapports qui existent entre l’organisme et le milieu. 


(Travail du laboratoire d'Evolution des Etres organisés.) 


SUR L'ACTION DES EAUX MINÉRALES (ROYAT) DANS L'ANAPHYLAXIE. 


Note de G. BrcLarp,. présentée par E. GLEx. 


J'ai été l'un des premiers, sinon le premier (1), à dire le rôle essentiel 
que joue l’anaphylaxie dans l’asthme des foins d'abord, dans l'asthme 
essentiel ensuite et dans les maladies dites par ralentissement de la 
nutrition de Bouchard ou dans l’arthrilisme de Landouzy. 


(1) a) Essais de sérothérapie contre le rhume des foins et contre l'asthme 
par G. Billard et Mallet. Journ. de Physiol. et de Path. gén., mars 1907. 

b) L'anaphylaxie dans la fièvre des foins, l’urticaire et l'asthme. Gazette des 
hôpitaux, 2 juin 1910. 

c) Billard. The Lancet, 22 octobre 1910. 


100 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : 


Si l'on considère ma conception comme exacte (1), le plus grand 
nombre des malades soignés dans les stations thermales se compose 
d'anaphylactisés. Il paraît donc logique de supposer que les eaux miné- 
rales doivent désanaphylactiser les malades. 

C'est en partant de cette idée que j'ai été amené à faire l'expérience 
suivante. Les eaux de Royat à proximité de Clermont m'ont permis de 
traiter à la source même dix-huit cobayes. 

L'antigène a été le sérum de cheval. Chez les dix-huit animaux, 
l'injection préparante étant faite le 10 décembre 1912, je réserve un lot 
de six témoins; les douze autres recoivent journellement une injection 
intrapéritonéale de 2 c.c., six cobayes d'eau de César et les six autres 
d’eau de Saint-Mart. 

L'injection déchainante est faite aux dix-huit animaux le 24 décembre 
et, le 25 au soir, on constate que seuls survivent avec de très légers 
accidents anaphylactiques les six cobayes traités à Saint-Mart. 

Ce résultat a priori surprenant entre l’action des deux sources 
employées, loin d'infirmer l'idée directrice de mes recherches, paraît au 
contraire apporter une nouvelle confirmation. En effet, l’empirisme 
thermal a démontré depuis longtemps l'action bienfaisante de l’eau de 
Saint-Mart (source des goutteux) chez les ralentis de la nutrition. 
Celle de César, au contraire, est surtout utilisée pour sa haute teneur 
en acide carbonique dans les bains carbo-gazeux et possède par suite 
une action plutôt mécanique. 

J’ajouterai que je poursuis actuellement avec l’aide de mon prépara- 
teur Chavany des recherches sur toutes les sources de Royat, que déjà 
l’eau de mer — plasma de Quinton — et l’eau de la Bourboule sont en 
expérience dans mon laboratoire. 

Il sera peut-être possible un jour d'affirmer la spécificité d'action des 
diverses eaux suivant la localisation des réactions anaphylactiques au 
niveau des divers émonctoires naturels (peau, poumon, intestin, 
rein, etc.). 


(Travail du laboratoire de Physiologie de l'Ecole de Médecine 
de Clermont-Ferrand.) 


(1) À propos d’une communication de M. Albert Deschamps sur la magnésie 
urinaire. Extrait du Bulletin de la Société des Sciences médicales de Clermont, 
novembre 4911, n° 7. 


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PRE PP EN 7 


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LI 


SÉANCE DU 11 JANVIER 101 


SUR QUELQUES POINTS DE LA STRUCTURE DU MUSCLE 
DU MARTEAU CHEZ LE CHIEN 


(Première note), 


par A. PoLicARD. 


M. le professeur Morat a bien voulu nous confier un certain nombre 
de pièces provenant de ses recherches physiologiques sur l’innervation 
du muscle du marteau (1). En les examinant histologiquement par 
diverses méthodes, il nous a été donné de pouvoir mettre en évidence 
quelques dispositifs anatomiques assez curieux. 

Chez Le chien,le muscle du marteau est relativement volumineux : sa 
situation assez superficielle sous le toit du rocher le rend assez facile- 
ment et rapidement accessible. C'est un muscle strié de forme globu- 
leuse ; les fibres musculaires à disposition approximativement radiaire 
et insérées plus ou moins obliquement sur l’aponévrose d’enveloppe 
convergent vers le centre exclusivement tendineux de l'organe. De ce 
centre naît le tendon qui va s’insérer sur le marteau. Les fibres tendi- 
neuses ne sont pas dans le prolongement des fibres musculaires mais 
forment avec elles un certain angle: l'appareil musculo-tendineux est 
donc ici coudé. Une forte aponévrose entoure ce muscle; sur elle, sont 


_insérées les fibres musculaires. À son niveau règne un riche dispositif 


nerveux, comprenant en particulier un ganglion sympathique (ganglion 
de Morat), qui recoit une branche du trijumeau et un rameau venant du 
#losso-pharyngien par le nerf de Jacobson. 


I. Caractères des éléments musculaires. — Le muscle du marteau 
renferme deux espèces absolument différentes de fibres musculaires 
striées. Les unes sont volumineuses, d’un diamètre d'environ 35 u.. Les 


_ autres sont très étroites, d'un diamètre de 9 w environ. Comme cela 


est habituel pour les muscles hautement différenciés des appareils 
sensoriels, les fibres musculaires sont dans chaque catégorie d’une 
remarquable régularité de diamètre. Dans chaque groupe, l’unifor- 
mité de diamètre est absolue. 

Ces fibres ne constituent pas des faisceaux spéciaux : elles sont 
intimement mélangées en quantités à peu près équivalentes dans les 
divers fascicules musculaires. Leur disposition est identique. Les unes 
comme les autres s’insèrent plus ou moins obliquemert sur l’aponé- 
vrose d'enveloppe et vont s’insérer sur les fibres tendineuses centrales. 
Ilne nous a pas semblé que leurs insertions soient différentes. 


(4) J.-P. Morat. Sur l’innervation du muscle du marteau. Rev. de Médecine, 
1911 (vol. jubilaire du professeur R. Lépine). 


Broocie. Comptes RENDUS. — 1913, T. LXXIV. 9 


1:02 SOCIÉTÉ DE BTOLOGJE 


La structure histologique de la fibre est dans les deux groupes. 
identique quant a ses grandes lignes (1). Les petites fibres n'appar- 
tiennent pas, comme on pourrait le croire, à des fuseaux neuro-mus- 
culaires. Les deux catégories d'éléments musculaires diffèrent surtout 
par leur diamètre. Nous aurons l'occasion d'indiquer dans une note 
ultérieure les caractères particuliers de l'appareil nerveux moteur de 
ces fibres. 

Il apparait en somme que le muscle du marteau du chien renferme, 
mélangés en un seul organe, deux muscles histologiquement très dif- 
férents par la taille de leurs fibres. À des différences morphologiques 
si nettes, il nous semble logique de rattacher les différences de fonc- 
tionnement. Dans des organes aussi profondément adaptés, des varia- 
tions aussi régulières ne peuvent être attribuées qu'à des fonctions 
différentes (2). Mais si l’on peut penser que le fonctionnement des fibres 
grosses n'est pas le même que celui des fibres grêles, nous ne savons 
pas en quoi consiste cette différence. Peut-être les grosses fibres 
correspondent-elles à des mouvements plus lents et plus soutenus, les 
fibres grêles à des mouvements plus rapides et plus brefs, amenant 
une rapide mise en tension du tympan? C’est là une hypothèse. Quoi 
qu'il en soit, nous pensons que dans toute théorie du fonctionnement 
du muscle du marteau on devra tenir compte de la disposition anato- 
mique quenous venons de signaler. 


- IL. Dispositifs vésiculo-tendineux. — Vers la région centrale de 
l'organe, au voisinage du point de réflexion des fibres tendineuses, 
entre les gros faisceaux qu'elles forment, on peut voir des amas allongés 
de volumineuses cellules conjonctives du type vésiculo-tendineux. Ce 
sont des cellules vésiculeuses à contenu parfaitement clair et trans- 
parent. La structure de ces éléments ne semble pas différer de ceux, 
bien connus, qui constituent les nodules fibro-hyalins de Renaut des 
troncs nerveux, et de ceux qui ont fait l’objet des récentes et impor- 
tantes recherches morphogénétiques de Retterer sur les tendons 
réfléchis des mammifères. 


(1) Thulin, élève de Holmgren, a signalé dans les muscles de la langue 
des Batraciens l'existence de deux catégories de fibres musculaires diffé- 
rant par le calibre. Comme pour le muscle du marteau, il s'agit aussi d’un 
organe à mouvements extrêmement rapides. Mais Thulin décrit aux fibres de 
gros diamètre une disposition spiralée des fibrilles que nous n'avons pas 
retrouvée au niveau des fibres larges du marteau. (Thulin, Anaf. Anz., 
t. XX VIII, 1908, cité d'après Prenant. Problèmes cytologiques généraux, etc. ; 
Journ. Anat. et Phys., t. LXVIIT, 1912, p. 325 et suiv., fig. 15.) 

(2) On connaît l'importance des résultats de Schiefferdecker sur les 
rapports étroits qui unissent la fonction et le calibre des fibres d’un muscle 
(1902-1909. Exposé dans Prenant, loc. cit., p. 291 et suiv.). 


SÉANCE DU 11 JANVIER 103 


It sémblé bien probable que l'apparition de ces cellules vésiculeuses 


…— est en rapport avec la disposition réfléchie des faisceaux tendineux. 
… Elles sont assimilables à des espèces de poulies de réflexion, dont 


Ca LT DL és LÉ 


nt Dh) 


l'ensemble est uni en un tout d'une certaine rigidité. 


SUR UN DISPHARAGE DE LA CHEVÈCHE 
ET LES AFFINITÉS DU GENRE Acudri4 BREMSER, 


par L.-G. SEURAT. 


Dans une note récente relative au genre Acuaria Bremser, MM. Railliet, 
Henry et Sisoff ont réparti les Dispharages en cinq sous-genres, établis 
d’après la forme et la longueur relative des spieules et la conformation 


des cordons cutanés qui ornent la région antérieure du corps. À ce 


propos, il nous paraît intéressan® de faire connaître un Nématode 
appartenant à ce genre, trouvé dans l'œsophage d'une Chevêche dans 
la région des Hauts plateaux de la province d'Alger. 

Par la disposition de ses cordons cutanés récurrents, qui descendent 
sur une longueur de 0"%5 à 0""6 chez la femelle, de 0"#36 chez le mäle, 
el par ses spicules inégaux et dissemblables, ce Dispharage se range 
dans le sous-genre Dispharynx récemment créé. Il se distingue des 
autres Dispharynx par la présence, à une petite distance (100 y) en 
arrière des ourlets cutanés, de deux papilles bicuspides très appa- 
rentes (1), la papille droite, plus éloignée vers l'arrière que la papille 
gauche (fig. 2). 

Nous donnons ci-dessous une courte diagnose de cette nouvelle forme : 


Acuaria (Dispharynx) noctuae n. sp. Ver allongé, légèrement atténué aux 
deux extrémités. Cuticule épaisse (10 y), finement striéé, à stries réguliè- 
rement espacées de 6u5; lignes latérales étroites (70 u) séparées par une 
trentaine de cellules musculaires (14 & de largeur) et très allongées (540 y) 
dans le sens de l’axe longitudinal du corps, ce qui donne à celui-ci l’appa- 
rence d’une striation longitudinale. ‘ 

Bouche limitée latéralemént par deux lèvrés triangulaires portant une 
grossé papille à leur base. Cavité buccale étroite et rémarquable par sa 
longueur : 170 à 200 y chez le mâle, 280 à 300 y chez la femelle. OEsophage 


. musculaire entouré dans sa partie tout à fait antérieure par l'anneau 


nérvéux. Pore excréteur situé sur la ligne médiane ventrale, entre les 
branches récurrentes des cordons cutanés. 
Femelle. Longueur 10 à 11 millimètres; épaisseur maxima au niveau de la 


(#) Les papilles céphaliques existent vraisemblablement chez les autres 
Dispharynæ, mais, petites et cachées au milieu des bourrelets cuticulaires, 
elles ont échappé à l'observation. C’est ainsi que nous les avons trouvées 
chez lé Dispharagus spiralis Molin, au niveau du pore excréteur. 


NUS NUE DUC RO AT PE ANR Tee EURE LS UAT, PAZ 
NN de US US à | 


. 


104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


vulve 350 y, queue régulièrement atténuée à partir de l'anus, arrondie à son - 
extrémité et mesurant 170 &. Vulve immmédiatement (1) en arrière du milieu « 
du corps (fig. 1), s'ouvrant sur un plateau ovalaire en saillie, formé par un 
épaississement de la cuticule (fig. 5); c’est un orifice ovale à bord mince, à 


- Éd 
DST EARET EEE EE TS 


POP 0 PRIS RS CON SES NES ST RE ER 1 


EE 


(Face ventrale). 


Fic. À à 4. — Acuaria (Dispharynx) noctuae Seurat. 
1. individu femelle (longueur 10»»b) ; o, limite de l’œsophage et de l'intestin ; v, 
vulve ; &, anus. 


2. Le même vu par la face ventrale ; 3. id., vue latéralement; p, cavité buccale ;: 
e, pore excréteur. 


4. Ovéjecteur; V, vestibule; on a figuré le contour d'un œuf dans la trompe 
antérieure. | 


peu près de la dimension des œufs : la vulve mesure en effet 43 L de diamètre 


transversal sur 25 4 de hauteur, les œufs 43 à de longueur sur 21 p de largeur. 


(1) La vulve est quelquefois plus éloignée du milieu du corps, sur un spé- 
cimen de 10mw5 de longueur, elle est située à 68 de l’extrémité céphalique. 


a 
4 


SÉANCE DU À JANVIER 105 


_OEufs elliptiques, à coque épaisse, renfermant une larve au moment de la 


ponte. 
Mûle. Longueur 65 ; queue enroulée à l'extrémité. Bursa formée de deux 


- ailes latérales très larges, soutenues par neuf côtes, quatre préanales, cinq 


postanales. Spicule principal arqué, long de 260 u; le second, naviculaire, 


- "mesure 415 y de longueur, : 


Habitat. OEsophage de la Chevêche, petite Chouette du Sud (Carine noctua 
glaux Sax.), enfoncés par leur tête dans l'épaisseur de la muqueuse. 
Birine, Hauts plateaux algériens, avril 1911. 


(Spirura talpae). (Acuaria noctuae). 
A — 
EE ——— 
— RTS 
a  —- 
+ = — 
—_— == 

Ne) — 

[æ} = 

ES EE —— 
RSS ——————— 
= =— 

EE 


. ic. 5. — Vulve de l’Acuäria noctuae vue de face ; 6, vulve du Spirura gastro- 


phila Müller (du Renard d’Algérie). La striation cuticulaire transversale a été in- 


diquée et le grossissement est le même pour ces deux figures. 


Ce Nématode, par la disposition de ses cordons cutanés, la forme et 
la grandeur relative des spicules, la bursa, rappelle le Dispharagus 
spiralhis Molin. Il s’en distingue nettement par une longueur plus consi- 
dérable de la cavité buccale, et ses papilles bicuspides situées en arrière 
des cordons cutanés. 

La discussion des affinités des Acuaria nécessite la connaissance de 
Porganisation de l'appareil génital femelle et en particulier de l'ovéjec- 
teur; ce dernier estremarquable par sa brièveté; cet organe cylindrique, 


. à musculature très puissante, ne mesure guère, en effet, plus de 250 pu. 


3 


: 
* 


; 


dire dal 


HPCRE "en 


EE 


+9 


Il comprend (fig. 4) essentiellement un vestibule en rapport avec la 
vulve par un court vagin et un sphincter remarquable par l'épaisseur 
de l’assise cuticulaire interne; ce sphincter est un puissant organe 
d'expulsion des œufs. La trompe, musculo-épithéliale, très courte, se 
divise presque aussitôt en une branche qui remonte vers l'avant et une 
branche qui descend vers l'arrière, ces deux branches allant rejoindre 
les utérus. 
Cette disposition de l’ovéjecteur rappelle beaucoup celle qui est 
réalisée chez les espèces du genre Physaloptera Rud.; chez celles-ci, la 
vulve, située sur un plateau allongé, en saillie sur la cuticule, est éga- 
lement de l’ordre de grandeur des œufs; l’orifice circulaire mesure 45 
de diamètre chez le Physaloptera clausa Rud,,les œufs, 68 L de longueur 
sur 47 y. de largeur (les œufs sortent suivant leur grand axe). 


; 
S 
à 


4 RE OS à 


106 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les Physaloptères et les Dispharages se rapprochent d'ailleurs par 
d'autres détails d'organisation similaires : conformation de la bouche, 
présence de papilles situées en arrière de l'anneau nerveux (1), absence 
d’ailes latérales. 

Les Acuaria (Dispharynx) n'ont, au contraire, aucune affinité avec 
les Spiruridés et en particulier avee le genre Spiruwra, type de celte” 
famille. Chez ce dernier, la vulve très apparente (visible à l'œil nu), 
limitée par un cadre cuticulaire fortement épaissi et des lèvres sail- 
lantes (fig. 5) est énorme par rapport aux dimensions des œufs, puis- 
qu'elle mesure plus de 2004 de diamètre transversal, alors que les 
dimensions des œufs sont de 50 x de longueur sur 30 y de largeur. 
D'autre part, les Sperura sont caractérisés par des papilles senso- 
rielles situées dans la région céphalique tout à fait antérieure, en avant 
de l'anneau nerveux; enfin il existe, au moins chez la larve, deux ailes 
latérales qui naissent un peu en arrière des papilles précervicales et 
s'étendent sur la moitié antérieure du corps. 


Nous placerons donc les Acuaria à edté des Physaloptera dans une 
même famille que nous proposons d'appeler À cuariidae et qui comprendra 
les Acuarinae Raïlliet, Henrr et Sisof et les Physalopterinæ. 


OBSERVATIONS ANATOMIQUES SUR LES DAUPHINS, 


par À. MAN, 


Les Cétacés sont des animaux qu'il est difficile de se procurer. 
Aussi les données numériques les concernant sont-elles très rares et 
depuis que Cuvier (2) a publié ses observations et celles de ses prédéces- 
seurs dans son Anatomie comparée, peu d'auteurs ont effectué des 
mensurations sur ces Mammifères. 


Nous avons pu disséquer deux espèces de Dauphins dans un état de 
fraicheur très grande. Les observations que nous allons #elater, tout en 
augmentant nos connaissances à leur auiels sosk nouvelles en ce qui 
concerne la plupart des organes. 

Nous donnons dans les tableaux suivants les rapports organomé- 
triques que nous avons établis : 


(1) Chez les Physaloptères, les papilles latérales post-cervicales sont situées 
au niveau du pore excréteur, très en arrière de l'anneau nerveux; chez le 
P. Cluusa, elles sont à une distance de 029 de l’extrémité céphalique. 

(2) Cuvier. Lecons d'Anatomie comparée. Paris, 1835. 


sé -. di Pit 


SÉANCE DU Al JANVIER 107 


Dauphin douteux, Delphinus dubius G. Cuv. Poids, 32 kilogr. 700. 


DONNÉE RÉELLE DONNÉE RELATIVE (1) 

Bords du: foler ARS Aur 1.660 gr. 22.9 

En es TeINS LI - ei Ces 560 gr. des 

ICT EN ce. É 508 gr. ï 

— des poumons. . . . . . .. 12025 26.0 

de talrTate PPDA TA 18 gr. 1 
Longueur de l'intestin . . . . . . 20mm6) 49.4 
Surface de l'intestin . , . . . . . 8.240 cq. 4.7 
Porddenlestomac nes 0% TANGER 40.1 


Dauphin commun, Delphinus delphis L. Poids, 72 kilogr. 500. 


DONNÉE RÉELLE DONNÉE RELATIVE 
HPDIUE AR POLE 5 0 Nr LA SITES, 960 gr. 29.9 
1 desreins 141.1... HS 285 gr. 56:1 
A ECŒUT,-- nr AR: 280 gr. ; 8.5 
des POUMONS. 0-2 900 gr. DES 
= ONE NOMREMME Go 20 gr. 0.60 
Longueur de-l'intestin . . . . . . \4m 23 44,6 
SuEfageide lintestin. Wet... 4.269 cq. Dit 
Poidsede l'intestin. 11: 1.250 gr. 38.2 
de lestonma Me He 285 gr. 8.7 


Les Dauphins possèdent un intestin très long, bien -plus long que 
celui de la Loutre, piscivore comme eux. Par contre, leur intestin est 
très étroit, aussi viennent-ils se placer au milieu des Mammifères à 
alimentation animale lorsqu'on examine leur surface relative d’intestin, 
ce qui vient confirmer la loi que nous avons établie sur les Mammifères 
et les Oiseaux (2). 

Comme la Loutre et la plupart des Carnivores, les Dauphins sont 
dépourvus de cæcum. Leur estomac, compliqué, se rapproche par le 
poids de celui des Herbivores. 

Leur foie est relativement petit, ainsi que leur rein. À ce sujet, de 
nombreuses recherches seraient intéressantes, car tous ces animaux 
sont adaptés à la vie aquatique. On pourrait se rendre compte s’il 
existe véritablement une relation entre le poids du foie, gros producteur 
de la chaleur animale, et la surface du corps, lieu du rayonnement calo- 


(1) Les données relatives sont obtenues en rapportant le poids des orne 
au poids du corps, la longueur de l'intestin à la JOSRSnr du corps == VF P 


et la surface de l'intestin à la surface du corps S — VT P2 

(2) A. Magnan. La surface de l'intestin chez les Mammifères. Comptes rendus 
de l'Acad. des sciences, 29 janvier 1912. 

A. Magnan. La surface totale de l'intestin chez les Oiseaux. Comptes rendus 
de la Soc. de Biologie, 9 décembre 1911. 


CS A RE T7 RÉ R E ANT R 7 EE 
CS Ù a VAE TILO CS DRE 


108 ï SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


rique. Il faudrait aussi tenir compte de l’épaisse couche de graisse con- 
tenue dans leur derme et qui fait écran à la déperdition de la chaleur. 

Le cœur des Dauphins est moyennement développé; il est probable 
que la nage ne leur demande que des efforts restreints. 

Par contre, leurs poumons sont volumineux. Il faut voir là évidem- 
ment le résultat d'une adaptation à la vie aquatique, d'une adaptation à 
des plongées fréquentes qui a développé partout des sinus, comme l'a 
bien mis en relief Bouvier (1) dans ses recherches sur les Cétacés. 

Il ne saurait être question de comparer ces Mammifères pisciformes 
aux autres Mammifères par suite des modifications que l’eau a fait 
subir à leur corps tout entier. Nous estimons que le poids de leur corps 
a subi une réduction d’un quart par suite de la perte des membres. Si 
l’on faisait la reclification nécessaire pour obtenir une comparaison 
équitable, tous les rapports seraient diminués. Les Dauphins se classe- 
raient cependant encore dans le voisinage de la Loutre, sauf pour les 
poumons, qui restent supérieurs à 20 après rectification et de beaucoup 
plus volumineux que ceux d'aucun autre Mammifère. 


(1) Bouvier. Observations anatomiques surles Cétacés. Congr. intern. de zool. 
de Paris, p. 302-304, 889. — Les Cétacés souffleurs, 1 vol. in-4° de 200 pages. 


109 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1912 


SOMMAIRE 

CANTACUZÈNE (J.) : Observations Cruca (M.) et DaxrecopoLu (D.) : 
relatives à certaines propriétés du Recherches sur la perméabilité des 
sang de Carcinus mænas parasité méninges aux albumines hétérolo- 
BAR Saceulne 10... 109 | gues et aux précipitines. . . . . . . 115 

CANTACUZÈNE (J.) : Recherches sur DanrezoPozu (D.) : Sur la fragilité 
la production expérimentale d’an- des hématies du chien et sur l’ac- 
ticorps chez quelques invertébrés tion hémolytique du sérum et du 
CIRE RSS PERTE 111 | liquide céphalo-rachidien . . . . .. 113 


Présidence de M. C. Parhon, Vice-président. 


OBSERVATIONS RELATIVES A CERTAINES PROPRIÉTÉS DU SANG 
DE Carcinus Mænas PARASITÉ PAR LA SACCULINE, 


par J. CANTACUZÈNE. 


Les expériences exposées plus loin font voir que dans le sang du 
Carcinus mænas sacculiné existent des substances qui jouent le rôle 
d’ambocepteurs vis-à-vis d’un antigène fourni par la sacculine d’une 
part et l’alexine de cobaye de l’autre. 

On choisit des sacculines bien développées mais non arrivées à 
maturité complète. La sacculine externe est fragmentée, broyée avec de 
la poudre de verre stérile; cette bouillie est ensuite précipitée par de 
l'alcool absolu en excès el laissée quarante-huit heures au contact de 

- cette substance. On évapore jusqu'à dessiccation complète, on pulvérise 
le résidu et l’on ajoute de la solution à 9 p. 100 de NaCI à raison de 
2 c.c. de solution par sacculine employée; on laisse macérer vingt- 
quatre heures à la température du laboratoire, puis l’'émulsion laiteuse 
est simplement filtrée sur coton. C’est là l’antigène au moyen duquel on 
opère la recherche classique de la fixation du complément de cobaye. 
Comme anticorps on emploie le sérum de crabe sacculaire en se servant 


110 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


comme témoin du sang de crabe non parasité. Ces crabes témoins pro- 
venaient en partie de la région de Cette où la sacculine est très fré- 
quente, en partie des étangs de La Nouvelle où la sacculine est plus 
rare. Les crabes sacculinés provenaient tous de Cette (1). Voici le 
tableau d’une de nos expériences : 


HÉMOLYSE 


EXTRAIT 
de 
sacculine 
SÉRUM 
de crabe 
saceuliné, 
SÉRUM 
de crabe 
ALEXINE 
de mouton 
(émulsion 1/20). 
SÉRUM 
anti- 
mouton. 
SOLUTION 
de NaCl 
à 9 p. 1000: 


Q 
= 
© 


0 
Extrèmement légère. 
Extrêmement légère. 

Légère. 
Légère. 
Légère. 
Totale. 
Totale. 
Totale. 
Totale. 
Totale. 
Totale. 
Totale. 
Totale. 
Totale. 
Totale. 
Totale. 
Totale. 

0 

Totale. 


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MOMENT CMON OMAN MORT EAN 
eee ee Ce eee 
EEE BR R RER LR RE RnB Fr 


ÆS © 4 
© Co 


On peut voir par ce tableau que l'hémolyse est nulle ou faible dans 
les tubes (de 4 à 6) contenant du sérum de crabe sacculiné; qu'elle a 
été totale dans les tubes (de 7 à 12) préparés avec du sérum de crabe 
normal. < Ê 

J'ajoute que ces résultats sont moins nets dans les cas où, au lieu de 
procéder comme il est dit plus haut, on prépare l'antigène par simple 
macération de sacculines fraiches et broyées dans la solution de NaCI. 

Il ne nous semble pas douteux que le sang du carcinus saceuliné 
acquiert des propriétés fixatrices nouvelles vis-à-vis des tissus de la 


(1) J’adresse, à cette occasion, tous mes remerciements au professeur 
Dubosc, de Montpellier, pour l’empressement qu'il a mis à m'envoyer de la 
station de Cette le matériel sacculiné qui me faisait défaut à Banyuls. 


Re 


Dell 


SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE til 


saceuline ou de ses produits. Le fait est d'autant plus curieux qu'il est 
impossible de déceler dans le sang du crabe {sacculiné ou non) de pro- 
priétés complémentaires au sens où nous l'entendons chez les mammi- 
fères. 

(Travail du laboratoire de Banyuls-sur-Mer.) 


RECHERCHES SUR LA PRODUCTION EXPÉRIMENTALE D ANTICORPS 
CHEZ QUELQUES INVERTÉBRÉS MARINS, 


par J. CANTACUZÈNE. 


Après Mesnil, Noguchi, v. Dungeru, H. Frédéricq, Harold-Fred, j'ai 
tenté de réaliser chez divers invertébrés marins la production artificielle 
d'anticorps en leur injectant divers antigènes. 

Les espèces soumises à l'expérience ont été les suivantes: Aphrodile 
aculeata, Eledone moschata; Phallusia mamillata, Eupaqurus Prideauxii. 
Les antigènes employés furent: des hématies de mammifères (mouton 
ou lapin), des sérums de mammifères {cheval ou lapin), des cultures sur 
gélose de bacterium coli (vieilles de vingt-quatre heures). Les recherches 
dès anticorps portent sur les hémolysines, les précipitines sériques et les 
agglutinines bactériennes. 

Il importe d’abord de signaler la lenteur avec laquelle sont résorbés 
certains antigènes. Chez £ledone moschata, deux semaines après l’injec- 
tion d'hématies de lapin dans la cavité générale on trouve encore bon 
nombre d'hématies libres dans le sang, non déformées. La plupart des 
hématies forment des amas à l’intérieur des phagocytes, digérés en 
partie, le plus souvent intacts. Chez Phallusia mamillafa, un mois après 
l'injection de globules rouges de mouton ou de lapin dans les sinus 
sous-endostylaires de la tunique, on trouve les amibocytes de la tunique 
bourrés d'hématies, à peine fragmentées, le plus souvent intactes. Les 
hacterium coli inoculés dans la cavité générale d'£upagurus Prideauxii 
sont en majeure partie digérés à l'intérieur des phagocytes de la 
branchie, mais non pas tous. Bon nombre d’amas agglutinés sont encore 
intacts à l’intérieur des plasmodies phagocytaires. 

- Ilen résulte une indication pratique : Les injections d'antigènes doivent 
être pratiquées à longs intervalles. 

Voici maintenant en résumé les résultats de mes observations : 


PHALLUSIA MAMILLATA. — Ces animaux ont reçu en six semaines quatre 
injections de sang défibriné de lapin (à chaque injection, un quart de c.c. 
d’une émulsion à 25 p. 100 dans la solution de NaCI à 9 p. 1000). L'in- 
jection était pratiquée dans le sinus sous-endostylaire. La saignée a eu 
lieu dix jours après la dernière injection. 


1192 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Le pouvoir hémolytique du sang sur les hématies de lapin s'est montré 
nul. On constate seulement une forte agglutination que l'on obtient, au 
même degré, avec le sang de phallusie normale. 

D'autres phallusies ont reçu dans le même espace de temps quatre 
injections de sérum de lapin (chauffé à 56 degrés). On injectait à chaque 
fois 1 c.c. de sérum. 

Dix jours après la quatrième injection le sang des individus immunisés 
donne lieu, quand on le mélange avec le sérum de lapin, à un précipité 
abondant à gros flocons. Le sang normal possède un pouvoir précipitant 
des plus faibles. Cette propriété précipitante n’est apparue qu'après la 
quatrième injection ; elle n'existait pas encore après la troisième. Elle 
n’est pas spécifique et porte également sur le sérum de lapin et sur celui 
de cheval. 

APHRODITE ACULEATA. — Les animaux ont reçu. en l’espace de trente- 
deux jours, trois injections de sang de lapin (chaque fois 1/2 c.c. de 
l’'émulsion signalée plus haut). Ces injections ont été faites dans la 
cavité générale. Elles sont très bien supportées. Les animaux sont sai- 
gnés (liquide cavitaire) à différents intervalles après la dernière injec- 
tion (de 3 à 14 jours). 

Le pouvoir hémolytique du sang a été nul, aussi bien avec que sans 
addition d’alexine de cobaye. Le sang n’a pas davantage acquis de pro- 
priétés précipitantes sur le sérum de cheval ou de lapin. 

ELEDONE MOSCHATA. — Les injections d’hématies de lapin sont mal 
supportées sitôt que la dose inoculée est trop forte. Il se produit rapide- 
ment un encombrement des sinus branchiaux par les corpuscules étran- 
gers et par les amas d'amibocytes. L'animal dans ce cas meurt asphyxié. 
IL est nécessaire de n’injecter à chaque fois dans la cavité générale que 
quelques gouttes d’une émulsion très diluée dans l’eau de mer isoto- 
nique. 

Vu l'extrême lenteur de la résorption, le temps m'a manqué pour pra- 
tiquer plus de deux injections à quinze jours d'intervalle. Ze sang 
recueilli, comparativement dans l'aorte et dans la cavité générale, deux 
semaines après la seconde injection, a montré un pouvoir hémolytique 
nul. À ce moment, la résorplion des hématies injectées était loin d’être 
achevée. 


Il résulte des faits ci-dessus que, dans aucun des trois cas étudiés, il 
ne m'a été possible d'obtenir d'anticorps hémolytiques. 

D'autre part, j'ai pu obtenir chez les phallusies une précipitine réelle- 
ment active, puisque le phénomène est encore très net dans la dilution 
à 1/20 (le sang normal non dilué ne donne qu’un précipité léger). 


On verra dans une note prochaine que les résultats sont infiniment 


plus positifs chez £'upagurus Prideauxü. 


(Travail du laboratoire de Banyuls-sur-Mer.) 


D. 


RP A PJ QUAT ME = 
. 


PONS 


SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 113 


SUR LA FRAGILITÉ DES HÉMATIES DU CHIEN ET SUR L'ACTION HÉMOLYTIQUE 
DU SÉRUM ET DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN, 


par D. DANIELOPOLU. 


Dans plusieurs travaux antérieurs (1) nous avons démontré que le 
liquide céphalo-rachidien contient une substance hémolytique pour les 
hématies du chien. Cette substance résiste à 70 degrés et agit seule, 
sans le concours de l’alexine. Il ne s’agit donc pas d’un anticorps hémo- 
lytique. 

En dehors de cette propriété hémolytique le liquide céphalo-rachidien 
possède le pouvoir d'empêcher l'hémolyse provoquée par différentes 
substances, dont le taurocholate de soude. C’est sur cette dernière pro- 
_priété qu'est basée la réaclion au taurocholate que nous avons imaginée. 
pour le diagnostic des processus inflammatoires méningés (2). 

Dans la séance du 1” novembre 1912 de la Réunion biologique de 
Bucarest (3), nous avons démontré que les substances hémolytique et 
empêchante du liquide céphalo-rachidien sont antagonistes et que par 
l'exposition de ce produit aux rayons ultra-violets on peut détruire, au 
moins partiellement, la substance antihémolytique. En effet, l’action 
empêchante du liquide exposé diminue, landis que sa propriété hémo- 
lytique augmente par le fait de la destruction de la substance antihé- 
molytique. 

Nous poursuivons d'autre part, depuis plus d’un an, des recherches 
sur l’action hémolytique du sérum de différentes espèces d'animaux 
vis-à-vis des globules du chien; nos résultats n’ont pas encore été 
publiés sous la forme d'une note, mais on pourra trouver quelques 
mots sur ces recherches, sous forme de commumication verbale, dans le 
Traité du sang qui va paraître sous la direction de M. le professeur 
Gilbert et de M. Weinberg de l’Institut Pasteur. 

Dans les séances du 30 novembre et du 7 décembre 1912 de la Société 
de Biologie de Paris, MM. Achard, Foix et Salin exposent les résultats 
de leurs recherches sur la fragilité spéciale des globules de chien et sur 
l’action hémolytique du sérum normal vis-à-vis des hématies de cet 
animal. Les sérums de chien et d'homme employés à l’étal frais n'auraient 
aucune action hémolytique vis-à-vis des globules de chien; celte propriété 
n'apparaitrait qu'après le chauffage du sérum à 56 degrés. Les auteurs 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1910 et 1911, et Centralblatt für 
Bakt., 1910. . 

(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1910 et 1911. 

(3) Danielopolu. Action des rayons ultra-violets sur le liquide céphalo- 
rachidien. 


FE a AT EVE > UE | 


414 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


expliquent ce phénomène par l'existence dans le sérum de deux substances, 
l’une hémolytique ihermostable, l'autre empéchante thermolabile. 

Nos recherches entreprises, tant sur le Hiquide céphalo-rachidien que 
sur le sérum de différentes espèces d'animaux, ne nous permettent pas 
d'être entièrement d’accord avec MM. Achard et Foix. Vous avons 
trouvé, en effet, que le sérum normal possède aussi bien à l'état frais 
qu'après le chauffuge à 56 degrés une action hémolytique manifeste vis- 
à-vis des globules de chien. Le chauffage à 56 degrés ne modifie nullement 
l'intensité de l’hémolyse. 


Nous avons fait, d'autre part, des recherches comparatives sur le 


liquide céphalo-rachidien normal ou pathologique (tabes, méningite 
aiguë) frais et chauffé à 56 degrés et nous n’avons remarqué aucune 
différence; le liquide frais hémolyse, avec la même intensité que le 
liquide chauffé, les globules de chien (recherches avec liquides céphalo- 
rachidiens). 

Et même le chauffage à 70 degrés ne modifie d'aucune facon Faction 
hémolytique du liquide. 

En étudiant l’action hémolytique du sérum chez plusieurs espèces 
d'animaux, nous avons trouvé que le sérum de chien et d'homme ont la 
propriété hémolytique la plus intense sur les globules de chien ; cette 
propriété est nettement plus faible dans le sérum de mouton, presque 
nulle dans le sérum de lapin et nulle dans le séram de cobaye. 


Le sérum de ces différentes espèces d'animaux était employé frais ou 
chauffé à 56 degrés dans la proportion de 0,2 à 0,6 c.c. et les hématies de 
chien (plusieurs fois lavées) à la dose d’un c.c. d’une dilution à 2 p. 100 dans 
l'eau physiologique à 0,95 p. 100. Les mélangesétaient raménés à 5 c.c. à 
l'aide de l’eau physiologique au même fitre et tenus à 57 degrés pendant 
deux à trois heures et à la glacière pendant vingt-quatre heures. L'hémolyse 
était très manifesté déjà après le séjour à 37 degrés. Avec aucun de ces 
sérums nous n’avons remarqué de différences entre le sérum frais et le sérum 
chauffé à 56 degrés. 

Nous regrettons de ne pas connaître d’une manière détaillée la technique 
que MM. Achard et Foix ont employée; ikserait en effet possible qu'en variant 
dans des limites assez étendues les proportions du sérum et des globules de 
chien, les résultats de l’hémolyse soient différents. 


Quant à l'existence de deux substances anlagonistes dans le sérum, 
nous sommes du même avis que MM. Achard et Foix; c’est ce que nous 
avions d’ailleurs démontré pour le liquide céphalo-rachidien. 

Mais d'après nos recherches, aucune de ces substances n'est thermolabile 
et le Sérumnormal n'a pas besoin d’être chauffé pour acquérir la propriété 
d'hémolyser les globules de chien. L'action hémolytique du sérum, tant 
frais que chauffé à 56 degrés, est très probablement due à une neutrali- 
salion incomplète de la propriété hémolytique par la substance empèê- 
chante. Nous sommes en train de rechercher si l'absence d'action hémo- 


+0 nb 
| 


SÉANCE DU: 19 DÉCEMBRE 115 


lytique du sérum de certaines espèces d'animaux comme le cobaye ne 


.serait pas due à un excès de substance empêchante. 


Si nous jugeons par analogie avec ce qui se passe dans le liquide 
céphalo-rachidien, nous éroyons & priori que nous ne possédons 
jusqu’à présent aucun moyen autre que les rayons ultra-violets pour 
modifier l’action hémolytique du sérum. C’est ce que noussommes en 
train de rechercher. 


(Travail du laboratoire de médecine expérimentale de la Faculté de 


Bucarest.) 


- 


RECHERCHES SUR LA PERMÉABILITÉ DES MÉNINGES 
AUX ALBUMINES HÉTÉROLOGUES ET AUX PRÉCIPITINES, 


par M. Cuca et D. DANELoPpoLu. 


Dans une communication à la Société de Biologie (1910), et dans un 
article paru dans les Annales de Biologie, l'un de nous (1) a démontré 
que les anticorps, comme les agglutinines et la substance fixatrice, ne 
passent pas à travers les méninges. Dans Ia fièvre typhoïde, par 
exemple, le pouvoir agglutinant du liquide est nul même chez les 
malades dont le sérum agglutine le bacille d'Eberth dans des dilutions 
très faibles. De même, les agglutinines introduites sous la peau de 
l'homme sous forme d’un sérum étranger (sérum antityphique Bezredka 
et sérum antidysentérique dans les expériences antérieures) ne se 
retrouvent pas dans le liquide céphalo-rachidien. La recherche de la 
substance fixatrice à donné les mêmes résultats négatifs. 

Nous exposons dans cette note nos recherches entreprises dans le but 
de savoir si les albumines hétérologues et les précipitines passent, à 
travers les méninges, de la circulation générale dans le liquide cépha- 
lo-rachidien. 

1° Injection sous-cutanée de sérum de cheval; recherches dans le sérum 
el le liquide céphalo-rachidien du sérum de cheval à l’aide d'un sérum 
précipitant lapin anticheval. 

Nous faisons chez deux malades trois injections de 100 c.c. de sérum 
de cheval à douze heures d'intervalle et nous recherchons le sérum de 
cheval dans le sérum et le liquide céphalo-rachidien, chez l’un des 
malades douze heures et chez l’autre quatre-vingt-quatre heures après 
la dernière injection, et cela à l’aide d’un sérum précipitant 1 p. 1.000 
lapin anticheval. 


(1) M. Ciuca. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1910; Annales de Biologie, 
AOMDEN 


4 
ral: 
Fe. 
CAN 
EL 


116 3 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


ES à 0 2 CN AE USE EE = Un 2 mm 
Nous avons trouvé chez les deux malades des quantités appréciables 
de sérum de cheval dans le sérum sanguin, mais les résultats ont été 
complètement négatifs pour le liquide céphalo-rachidien. La quantité 
d'albumine hétérologue dans le sérum était beaucoup plus grande chez 
le malade qui a été saigné douze heures après la dernière injection de 
sérum de cheval. 

2 {Injection sous-cutanée de sérum de cheval. Recherche des précipilines 
dans le sérum et dans le liquide céphalo-rachidien. 

Nous faisons chez trois malades trois injections sou$-cutanées de 
100 c.c. de sérum de cheval et nous recherchons les précipitines dans le 
sérum sanguin et dans le liquide céphalo-rachidien, chez le premier 
douze heures, chez le deuxième dix jours, chez le dernier dix-neuf jours 
après la dernière injection. 

Le résultat a été négatif chez ie premier malade (intervalle de temps 
trop petit pour la formation des précipitines) et positif dans le sérum 
chez les deux autres malades. Par contre, nous n'avons trouvé chez 
aucun de nos malades des précipitines dans le liquide céphalo-rachi- 
dien. 

Ainsi donc, il résulte de ces recherches : 

1° Les albumines hétérologues introduites sous la peau se retrouvent 
avec facilité dans le sérum sanguin, mais ne passent pas dans le liquide 
céphalo-rachidien ; 

2° Les précipilines provoquées chez l'homme par des injections répé- 
tées de sérum de cheval, qu'on peut retrouver facilement dans la circu- 
lation générale, ne passent pas dans le liquide céphalo-rachidien. 


(Travail du laboratoire de médecine expérimentale 
de la Faculté de Bucarest, professeur J. Cantacuzène.) 


Le (Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETSEUX. imprimeur, 1, rue Cassette 


SÉANCE DU 


BoTELzHo junior : Technique de la 
biochromoréaction appliquée au 
diagnostic bactériologique de la 


; EURE PVDHeidel 1... 118 

a Carnor (PauL) et GLÉNARD (ROGER) : 

& De l’action du séné sur les mouve- 
ments de l'intestin perfusé. . . ... 120 


CHavurer (Enmonp) et BELIN (Mar- 
cEL) : Une maladie éruptive non 
décrite, déterminée chez l'âne par 
l'inoculation de produits varioliques 


MMS LD 5 do leche 138 
FrouIm (Azrertr) : Action des 
acides aminés sur la sécrétion pan- 
DÉSRCTES ENRRPERREEIEEE 131 
Jouxorr (N.-M.) : Culture du pa- 
rasite de la malaria . .. : . . . .. 136 


MaruzzAz (M.) et Roupsxy (D.) : 
Contribution à l'étude de Hæmo- 
gregarina terzii Sambon et Selig- 


Pékarp et, Ramon : De l'existence 

des tuberculides chez les bovidés. 133 
ReTTeRER (Ép.) et LELIÈVRE (AUG.): 

Transformation normale, chez le 

£ lièvre et le lapin, d'une bourse mu- 

me queuse en une cavité à parois fibro- 

-cartilagineuses. . . . . .. PRE 405 
Sazuon (Paur) : L’acridine dans 

le traitement de la maladie du 


ls 
* 


sommeil expérimentale . . . . . .. 134 
Vrës (FREo) : À propos de l’image 
dun Mibéde verre: .. : . : |. . 126 


JousTcnÉNKo (A.) : Contribution à 
la physiologie du corps thyroïde. 
La teneur en azote, en phosphore, 
en lipoïdes de différents organes des 


animaux thyroïdectomisés. . . . .. 145 
Kaoroprxowsx«y (N.-A.) : Sur les 
espèces biologiques . . . . . . .‘.: 143 


- Poïarxov (E.) : L'influence du 
jeûne sur le travail des glandes 


Réunion biologique de St-Pétersbourg. 


(8 JANVIER 1913 


SOMMAIRE 


sexuelles du chien (Communication 
DÉSHBENAILE NE EE EE Re Te, 

TonisToviTcn et ARINKINE (M.) : 
Pouvoir phagocytaire des leucocytes 
danshlesslencéemesmi er ee. 


Réunion biologique de Bordeaux. 


Caine (J.) : Traitement des buis 
contrele Monarthropalpus buxi Lab. 

DerAuNaY (H.) : Sur la répartition 
de l'azote restant du sang et du 
liquide cavitaire de quelques in- 
VERTE DTÉS RIRE ELEC E NN APE 

DELAUNAY (H.) : Sur quelques faits 
particuliers à la répartition de 
l’azote dans le liquide cavitaire des 
vers (Aphrodile aculeata, Sipuncu- 
USA TU US) ee Sn NE JM 

DeniGÈs (G.) et CHELLE (L.) : Dé- 
termination rapide des bromures 
dAinseleSEUBineS RAP ETAT e 


Réunion biologique de Nancy. 


Cuéxor (L.) : Excrétion et phago- 
cytose chez les sipunculiens . . .. 
Durour (M.) : Miroir grossissant 
destiné à donner de bonnes images 
par réflexion sous l'incidence obli- 
UE en be mar eme UE Reese 
Lasseur (Px.) et Tairy (G.) : Nou- 
velles colorations- présentées par 
certains microorganismes cultivés 
en milieux synthétiques. . . . . .. 
MErCIER (L.): À propos des né- 
phrophagocytes de l'utérus de la 
1apinefoes ante ee eee 
Parisor ({JACQUES) et MATurEu 
(PrERRE) : Hyperglycémie expéri- 
mentale et diurese-151. "100. 
SartToRY (A.) : Note sur un nou- 
veau champignon pathogène du 
MÉRNEADOSDOL CNET REUTERS 


BioLocte. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. ne 


156 


151 


118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. F. Mesnil, Vice-président. 


MM. ExxEr et RUBNER, nommés membres associés, adressent leurs 


remerciemen!{s à la Société. | 


TECHNIQUE DE LA BIOCHROMORÉACTION APPFLIQUÉE AU DIAGNOSTIC 
BACTÉRIOLOGIQUE DE LA FIÈVRE TNPHOÏDE. 


Note de Borerno junior, présentée par A. LAVERAN. 


Pour faire une biochromoréaction {yphique, suivant le principe indi- 
qué dans la note précédente (1), il faut avoir à sa disposition : 4° du 
bleu coton Poirier (2); 2° une solution à base de fuchsine; 3° un mélange 
à parties égales, dans l’eau distillée, d’un sirop de gomme arabique du 
Codex à 10 p. 100, D. 4, 33; 4° un sérum antityphique humain ou expé- 
rimental agglutinant des bacilles d'Eberth légitimes au taux de 1 p. 50 
ou 1 p. 100; 5° une culture pure, sur gélose, de préférence, âgée de 
vingt-quatre heures, de bacilles d'Eberth légitimes agglutinables au 
moins au b0° en présence d’un sérum antityphique humain ou expéri- 
mental; 6° le matériel que l’on se propose d'examiner. De toute la série 
des bleus essayés, c’est le bleu coton Poirier c Bbbb en poudre, dissous 
dans la liqueur d’Amann au lacto-phénol, qui nous a donné les meil- 
leurs résultats. Il à répondu, en effet, à tous les désiderata : coloration 
franchement bleue, instantanée, absence complète du dichroïsme (dans 
le lacto-phénol), grande intensité et longue durée de coloration, sans 
action immédiate, ni sur la vie, ni sur la morphologie des hactéries 
employées (pas d’agglutination spontanée). 


Faire dissoudre : Blew coton Poirier, © bbbb en poudre 0, 50 gr. dans 
liqueur d'Amann (lacto-phénol) (30 c.c.). Verser le bleu en poudre dans un 
flacon bouché à l’émeri et contenant déjà la liqueur d’Amann däns les pro- 
portions voulues et agiter jusqu’à dissolution complète ; filtrer et puiser au 
moment de s’en servir une goutte avec une baguette de verre. F 

Colorant rouge. — La coloration rouge a été la partie la plus délicate de la 
mise au point de la biochromoréaction. La fuchsine employée seule, soit en 
* solution hydrique, soit en solution hydroalcoolique faible (pour éviter les 
agglutinations spontanées) n’a donné que des résultats médiocres et incons- 
tants. Une grande partie des germes mis en émulsion dans une goutt: des 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 décembre 1912. 
(2) Formule dérivée du bleu Langeron. 


à 
À 
i 
È 


SÉANCE DU 48 JANVIER 119 


différentes solutions de fuchsine restaient souvent incolores ou très faiblement 
colorés. De plus, ceux mêmes qui avaient fortement fixé la couleur se déco- 
loraient aussitôt qu’on les mettait en contact avec la goutte gommo-aggluti- 


 nante contenant les microbes bleus. Parmi les causes qui contribuaïent à 


\ 


cette décoloration presque instantanée des microbes rouges, la principale 
était, les expériences le prouvèrent, l’action décolorante sur ceux-ci, de cer- 
tains produits (glycérine, acide lactique, etc.) contenus dans la liqueur 
d'Amann de la solution bleue. J’ai tenté de remédier à cet inconvénient en 
faisant une solution de fuchsine dans laquelle j'introduisais une certaine 
quantité de bleu lacto-phénol à titre de mordant. Les résultats répondirent 
à mon attente et ce mélange me permit d'obtenir une coloration rouge 
intense et constante qui n’était plus sensible à l’action décolorante du lacto- 
phénol. Pour préparer ce rouge, je verse dans un tube à essai une certaine 
quantité du bleu au lacto-phénol, puis, dans le même tube, progressivement, 
une solution hydro-alcoolique de fuchsine dont on trouvera ci-dessous la 
composition. La coloration bleue passe au violet, puis au rouge franc. Cette 
liqueur, filtrée aussitôt, est prête à être employée. Voici les proportions de ce 
mélange : 

Bleu au lacto-phénol, 1c.c.; Solution hydro-alcoolique de fuchsine, 
Q.S. pour coloration franchement rouge du mélange. 

Solution hydro-alcoolique de fuchsine : Eau distillée, 10 c.c.; alcool absolu, 


CAC Huchsine D (Gruber), Q.S. pour saturation, dissoudre à chaud et 
filtrer. 


Liquide gommo-agqlutinant. — Si, après avoir obtenu séparément les 
colorations vitales des germes, on les mettait en contactavec une même 
soutte d'un liquide quelconque : eau, bouillon, par exemple, contenant 
le sérum agglutinant ou non, on verrait,au moment de porter la spatule 
chargée des microbes rouges témoins sur cette goutte contenant déjà les 
microbes bleus, les deux couleurs se mélanger. Examinés au micro- 
scope, les germes n'auraient plus deux colorations distinctes, mais une 
couleur violacée uniforme rendant loute réaction impossible. C'est pour 
obvier à cet inconvénient que j'emploie un liquide de consistance plus 
ou moins dense. Le sirop de gomme de Codex a été choisi à cause de sa 
densité connue et de sa composition fixe. C'est avec ce sirop dilué à 
parties égales dans l’eau distillée, que l'on préparera, à l'aide d'un 


—. sérum antityphique expérimental ou humain, les dilulions en série de 


4 p. 50, £ p. 100, 1 p. 200, etc., avec lesquelles on fera la réaction. Il est 
préférable, dans la pratique, de s'adresser à un sérum antityphique 
humain, parce qu'en se servant d'une dilution de celui-ci au 50°, ou 
mieux au 100°, on pourra avoir la certilude que les bacilles que ce sérum 
agglutinera seront des bacilles d’Eberth légitimes. 

Lorsqu'on se sert d’un sérum expérimental, il faut chercher, par tâton- 
nement, une dilution à partir de celle au 50° avec laquelle l'agglutination 
nesefait pas trop brusquement, parce que, dans ce cas, quelquesmicrobes 
bleus mélangés aux agglutinations rouges, peuvent avoir été entrainés 


L'ATR e Mt 


120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


mécaniquement dans cette agglulination HN. sans qu'il s'agisse 
d’une agglutination spécifique. 

On procède de la maniére suivante : prendre, par exemple, # deux 
parties d’une boîte de Petri et déposer une goutte de bleu au lacto- 


phénol dans l’une et une goutte de rouge dans l’autre, prendre ensuite 


à l’aide d’un fil de platine stérile et bien refroidi une parcelle du maté- 
riel à examiner et y mélanger intimement la goutte bleue, prendre, 
d'autre part, à l’aide d’un fil de platine, une bonne quantité d’une colo- 
nie de bacilles typhiques sur gélose et les émulsionner dans la goutte 
rouge. Après avoir préparé, à l’aide de la dilution indiquée, du sirop de 


gomme, les différentes dilutions agglutinantes avecle sérumanlityphique, 


prendre une goutte de ces solutions, celle au 100°, par exemple, déposée 
sur une lame. Tremper légèrement la pointe d’un fil de platine dans la 
goutte bleue et la promener ensuite dans la goutte agglutinante, faire 
de même avec la goutte rouge. Recouvrir d’une lamelle et examiner. 


(Travail du laboratoire de M. Morax, à l'hôpital Lariboisière.) 


DE L'ACTION DU SÉNÉ SUR LES MOUVEMENTS DE LINTESTIN PERFUSÉ, 


par Pauz CaRNor et ROGER GLÉNARD. 


Dans une série de notes antérieures, nous avons appliqué la méthode 
de la perfusion intestinale à l’étude d'une série de problèmes physiolo- 
giques et thérapeutiques : nous avons montré, notamment, que cette 
méthode permettait de préciser le mode d’action différent des De. 
paux purgatifs sur les divers segments de l'intestin. 

Nous indiquerons ici, plus en détail, certains résultats obtenus avec 
l'infusion de follicules de séné à 2 p. 100, sur les anses d'’intestin de 
lapin isolées, maintenues à 38 degrés et perfusées avec une solution de 
Ringer oxygénée, à la vitesse uniforme de 10 c.c. par minute. 


À. — Hyperexcilabilité des anses, après action directe du séné. Si l'on 


introduit, dans la cavité d’une anse intestinale isolée et perfusée, 
10 c.c. d’une infusion de séné, il se produit, ainsi que nous l'avons 
anlérieurement montré, une hyperexcitabilité générale de cette anse. 
Les mouvements péristaltiques en sont notablement accrus : il se 
produit même des étranglements et des bagues de contraction. Il suffit, 
d’ailleurs, de frôler légèrement l’anse pour provoquer des mouvements 
particulièrement énergiques et spasmés. Le remplissage progressif de 
cette anse par un liquide intestinal de transfusion aboutit à une exagé- 


ration progressive des mouvements et, finalement, à la production de 


SÉANCE DU 18 JANVIER 121 


- trains d'ondes énergiques qui chassent la totalité du liquide par le bout 
inférieur ; l'intestin reste contracté quelques instants, puis se relâche; 
les mouvements péristaltiques recommencent et le phénomène précé- 
dent se renouvelle. L’anse intestinale reste ainsi très excitable pendant 
assez longtemps. 
Si l’on introduit l’infusion de séné par voie vasculaire, après addition 

- du liquide de perfusion, on assiste, en parlie, aux mêmes phénomènes, 
_ qui, cependant, apparaissent moins énergiques et moins longtemps 
_ prolongés. 

Le contacl direct, èn vitro, du séné avec les éléments musculaires et 
sympathiques de l’anse perfusée, en augmente donc très manifestement 
l’hyperexcitabilité. 


3 
1 
| 
à 
£ 


B. — Hyperexcilabilité des anses provenant d'un animal soumis avant 
sa mort à l'action du séné. Si l'on fait ingérer à un lapin, une demi- 
-heure avant sa mort, 20 c.c. d'une infusion de séné à 2 p. 100 et quon 
le sacrifie par saignée, les anses intestinales, isolées et perfusées avec 
la même technique que précédemment, se montrent douées d'une 
grande hyperexcitabilité, alors même qu'il n'y a plus contact direct du 
séné avec les éléments musculaires ou nerveux de ces anses. En effet, 
les mouvements péristaltiques de l'intestin se montrent notablement 
plus forts que ceux d’anses normales témoins et persistent ainsi 
pendant fort longtemps : ici encore, il suffit de la moindre excitation 
(frôlement, élévation de température, contact de liquide à l'intérieur, 
augmentation de vitesse du passage du liquide perfuseur, etc.) pour 
provoquer une exacerbation des mouvements et la production de 
contractures intenses. Cette excitabilité particulière persiste plusieurs 
heures, elle est donc plus forte et se prolonge bien davantage que 
- l’excitabilité d’une anse perfusée normale. On ne peut pas ineriminer, 
+ semble-t-il, l’action directe du séné : car celui-ci ‘en admettant qu'il ait 
impressionné, au début, l’anse perfusée) a été chassé complètement 
par les évacuations successives de liquide; d’ailleurs, l’anse perfusée 
nest nullement colorée par le séné (ainsi qu'elle l'est lorsqu'il y a 
présence d'une quantité, même minime, d'infusion dans la paroi). 
On doit done admettre que l’hyperexcitabilité de l'intestin survit à la 
cause qui l'a provoquée initialement. 


ha 


nl ds 


hi 


C. — Hyperexcitabilité d'anses provenant d'un animal témoin, sous 
Pinfluence du sérum d’un animal traité par le séné. Si l'on recueille le 
sérum d'un animal ayant reçu, une demi-heure auparavant, 20 c.c. de 

_ l'infusion de séné par voie gastrique, et qu'on en introduise de 2 à 
5 c.c. dans la cavité d’une anse perfusée provenant d'un autre animal 
sain, on constate que cette introduction provoque presque immédia- 

tement une exagération considérable de sa contractilité. 


a Li} 
F 


129 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE- 


L'anse perfusée qui ne se contractaitque modérément sous l'influence 
de la seule perfusion, présente alors des mouvements très amples, très 
énergiques, très efficaces quant à l'évacuation, et très prolongés. 

Les mouvements provoqués par le sérum à séné, comparés aux mou- 
vements provoqués directement par le séné, apparaissent moins mor- 
bides, moins spasmés, plus amples, plus efficaces, et surtout, ils se pro- 
longent sans modifications pendant un temps beaucoup plus grand (4). 

On doit, d'ailleurs, remarquer que l'introduction de sérum normal 
paraît, à elle seule, susceptible de provoquer une augmentation de la 
vitalité et de la motricité d'une anse perfusée. Mais l'introduction de 
sérum provenant d'un animal traité par le séné aboutit à des résultats 
beaucoup plus énergiques encore. 

On ne peut, semble-t-il, expliquer l'action particulière de ce sérum par 
la présence de faibles quantités de séné : car, outre qu'il n'offre aucune 
coloration spéciale, la quantité de séné qu'il pourrait contenir serait, 
semble-t-il, beaucoup trop faible pour impressionner aussi vivement 
les anses perfusées. D'ailleurs, la recherche directe du :séné dans ce 
sérum nous renseignera complètement à cet égard. Ilest à remarquer, 
d’autre part, que les particularités de contraction etde durée de l’hyper- 


excitabilité sont différentes suivant qu'on met au contact de l'ange, 


perfusée, le séné ou le sérum d’un animal impressionné par le séné. 

On pourrait, peut-être, interpréter cette expérience par l'hypothèse 
suivante : le séné, au contact de différents organes (de la muqueuse 
digestive en particulier), provoquerait la production de substances 
-péristaltogènes qui passeraient dans la circulation : ces substances, par 
l'amplitude des contraclions et la durée de l'hyperexcitabilité qu'elles 
provoquent diffèrent des principes anthraquinoniques actifs du séné. 
ILs’agirait, en réalité, d'hormones péristaltiques d'origine physiologique 
indirectement provoquées par le contact du séné avec divers tissus de 
l'organisme. 

L'étude sur la contractilité intestinale de différents extraits 
d'organes (muqueuse gastrique, intestinale ; rate, etc.) provenant d'ani- 
maux traités par le séné, semble venir à l’appui de celte hypothèse. 


(1) Sur une anse isolée, mais non perfusée et simplement abandonnée à 
38 degrés dans du Ringer, l'introduction de séné provoque une hyperexcita- 
bilité qui se caractérise par une série de mouvements musculaires plus 
énergiques que ceux des anses témoins, mais beaucoup moins énergiques que 
ceux des anses perfusées. L'introduction sur une anse isolée maïsnon perfusée 
de sérum à séné provoque, également, une augmentation d'excitabilité etume 
persistance prolongée de mouvements vermiculaires. 


| 
| 
| 


0 ce LD Re ÇA 2 HER mn ec RAR 5e ON CE NS NS GNT PES UN, PUERTO EE EE M RCE ER TE 


SÉANCE DU 48 JANVIER 123 


TRANSFORMATION NORMALE, CHEZ LE LIÈVRE ET LE LAPIN, 
D'UNE BOURSE MUQUEUSE EN UNE CAVITÉ A PAROIS FIBRO-CARTILAGINEUSES, 


par Ép. RETrERER et AUG. LELIÈVRE. 


Chez le lièvre et le lapin, la face supérieure ou proximale de l'olé- 
crane est pourvue d’une rainure ou gouttière dans laquelle glisse le 
‘tendon de la longue portion du triceps brachial. W. Krause (1884) dit 
que cette souttière est revêtue de cartilage, et, selon Hultkrantz (1897), 
le tendon du triceps est renflé, chez le lièvre, en un nodule sésamoïde. 

La gouttière de l’olécrane correspond chez le lapin et le lièvre à la 
bourse muqueuse qui existe en ce point chez l’homme et la plupart 
des mammifères. Comme [a cavité séreuse a reçu le nom de bourse 
sous-tendineuse de l'olécrane (bursa subtendinea olecrani), nous donne- 
rons le nom de gouttière sous-tendineuse de l’olécrane à la rainure de la 
face proximale du cubitus, et celui de nodule tendineux du triceps à 
l’épaississement correspondant du tendon. 


I. Gouttière sous-tendineuse de l’olécrane. — Comme Daubenton l’a montré 
en 1756, les os de l’avant-bras sont, chez le lièvre, d’un tiers plus long que 
chez le lapin. Il en est de même de la longueur ou hauteur de la gouttière, 
qui est de 10 millimètres chez le lièvre et de 5 millimètres seulement chez le 
lapin. Sa largeur et sa profondeur sont peu différentes, car, chez les deux, la 
gouttière est large de 3 à 4 millimètres et profonde de 08 à 1 millimètre. 
Sa structure est également à peu près la même chez les deux. En coupe 
transversale, c’est une cupule à bords arrondis, dont la surface est revêtue 
de cartilage. Sur les bords, le fibro-cartilage est épais de 0®m3 ; à partir de 
là, son épaisseur va en diminuant et, vers le fond de la gouttière, il ne forme 
plus qu'un revêtement de Omm04 à Onn05. De nombreuses assises de cellules 
qui sont la plupart arrondies ou ovalaires, constituent le bourrelet marginal. 
Ce sont des cellules cartilagineuses, dont le noyau mesure 7 à 8 u; leur cyto- 
plasma, clair et réticulé, est limité par une capsule chromophile. Ges 
cellules de 10 à 14 y sont séparées les unes des autres par une substance 
fondamentale conjonctivo-élastique. Le réseau chromophile et élastique de 
celle-ci est formé de filaments ou trabécules insérées sur la capsule cellulaire 
et richement anastomosés; dans ses mailles, très larges, sont contenus des 
faisceaux de fibrilles conjonctives. À partir des bords, les cellules cartilagi- 
neuses diminuent de nombre (4 à 5 rangées seulement vers le centre); leur 
grand axe devient parallèle à la surface libre du fibro-cartilage et, au lieu 
d’être isolées, elles se groupent en traïnées. 

TE Nodule tendineux. — Au niveau de la gouttière sous-tendineuse, le ten- 
don du triceps s’épaissit et, au toucher, on dirait un sésamoïde de consis- 
lance cartilagineuse ou osseuse. Ni sur le lapin, ni sur le lièvre adulte, nous 
n'avons jamais observé de cartilage hyalin, ni d'os. Sur le lièvre, la couche 
profonde du nodule tendineux présente, outre les cellules conjonctives ou 
tendineuses ordinaires, des cellules dont les noyaux, longs de 8 à 10 u et 


124 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


larges de 2 à 3 pu, sont entourés d’une bordure cytoplasmique claire et 
épaisse de 2,5 &; de plus, elles sont séparées de la substance fondamentale 
tendineuse ou fibrillaire par une fine capsule hématoxylinophile. Ainsi, chez 
le lièvre, on observe dans le nodule tendineux des cellules vésiculeuses qui 
ne constituent pas une couche distincte, mais sont éparses au milieu des 
cellules conjonctives. Nous avons examiné le nodule tendineux delapins âgés 
de six mois, un et deux ans, et nous n’avons pas constaté la présence nette de 
cellules vésiculeuses. Donc le nodule tendineux du triceps brachial du lièvre 
est partiellement vésiculo-fibreux, alors que, chez le lapin, il serable rester 
toujours à l’état fibreux. En résumé, dans la gouttière sous-tendineuse de 
l’olécrane, le tissu osseux est tapissé d'un revêtement fibro-cartilagineux et 
l’'épaississement correspondant au sésamoïde du tendon est. constitué par 
du tissu vésiculo-fibreux ou fibreux. 

Le développement de la cavité sous-tendineuse est identique à celui des 
bourses muqueuses achilléo-plantaire et achilléo-calcanéenne : d’abord repré- 
sentée par un territoire plein de tissu conjonctif, elle apparaît sous la forme 
d’une cavité qui prend naissance par fonte protoplasmique. Sur les fœtus de 
7 à 8 centimètres, elle n’existe encore que dans la portion centrale ou fond 
de la gouttière, dont les bords continuent à être reliés par des lames conjonc- 
tives aux parties latérales du tendon. Enfin la cavité n’est encore revêtue que 
de tissu conjonctif jeune, sans cellules vésiculeuses ni cartilagineuses. 


Résullats et critique. — Chez l'homme et les mammifères marcheurs, 
le tendon de la longue portion du triceps passe à une certaine distance 
de la face proximale de l’olécrane, avant de s’insérer à la crête qui 
sépare sa face proximale de sa face dorsale. Le développement de 
l'olécrane est corrélatif de celui des muscles extenseurs de l’avant bras; 
plus est lourde la masse du corps à déplacer pour le porter en avant, 
plus le triceps brachial et l’olécrane sont développés. Chez ces ani- 
maux, il n'y a que glissement du tendon sur la face proximale de l'olé- 
crane; d’où la formation de la bourse sous-tendineuse olécranienne. 
Sauf l'existence de la cavité séreuse, la structure de l’olécrane et du 
tendon ne sont pas modifiées, les deux surfaces correspondantes n’étant 
recouvertes que d’une couche de cellules plates. 

Chez le lapin et le lièvre, dont l’allure se caractérise par une succes- 
sion de sauts, non seulement le tendon glisse sur la face proximale de 
l’olécrane, mais il frotte sur la gouttière dont l’olécrane est creusé. Il 
exerce une certaine pression sur les éléments de l’olécrane et y déter- 
mine la formation d’une couche vésiculo-fibreuse ou fibro-cartilagineuse. 
D'autre part, la structure de la portion correspondante du tendon se 
modifie ; après s'être épaissie en nodule, la portion profonde du tendon 
se recouvre d'une couche de tissu vésiculo-fibreux (1). Pendant la vie 
intra-utérine, il n'existe chez le lièvre et le lapin que la bourse mu- 


(1) Le tendon qui, sous l'influence de la contraction musculaire, frotte, 
acquiert un tissu de moindre consistance que le segment sur lequel il frotte. 


| 
| 
| 


SÉANCE DU 18 JANVIER 125 


queuse sous-tendineuse olécranienne telle qu’on l’observe chez les autres 
mammifères adultes. Il est vrai que la face proximale de l’olécrane est 
déjà creusée d'une gouttière qui est héréditaire, comme la bourse 
muqueuse et le nodule tendineux ; ce sont les efforts du saut et de la 
course qui y font apparaître des cellules vésiculeuses et cartilagineuses. 

Ces faits sont instructifs, car ils renseignent sur la facon dont le 
mouvement influence la genèse et la vitalité des cartilages articulaires. 
Selon Todd et Bowman (1843), le frottement détruirait les couches 
superficielles des cartilages d'encroûtement ; Hueter (1876) mettait de 
* même la disparition sur le compte du mouvement. À l'encontre de 
ces hypothèses, l’un de nous a montré, par l'histogenèse et la voie 
expérimentale (1), qu'une pression moindre ou plus forte modifie 
totalement le développement et la structure du cartilage diarthro- 
dial : l'augmentation de pression exagère la prolifération des cou- 
ches superficielles du cartilage et détermine la production abondante 
de substance fondamentale. L’absence de pression entraîne l’amincis- 
sement du cartilage : les cellules cartilagineuses prennent des carac- 
tères épithélioides et ne sont plus séparées que par de minces trabécules 
intercellulaires. 

Nous avons montré, d'autre part, que la fraction seule a pour résultat 
de provoquer le développement des cellules et des fibres conjonctives ; 
si la pression s'ajoute à la traction, les cellules conjonctives se trans- 
forment en cellules cartilagineuses, puis osseuses avec élaboration de 
substance fondamentale cartilagineuse ou osseuse (2). 

Le cartilage et l'os apparaissent chez l'embryon et le fœtus à une 
époque où les contractions musculaires sont faibles ou nulles. Il nous 
semble impossible de faire à cet égard la part qui revient à l’hérédité ou 
à la compression réciproque qu’exercent les segments l’un sur l'autre. 
Plus tard, le cartilage disparaît dans les régions soumises à l’immo- 
bilité (vertèbres sacrées, par exemple); il persiste, au contraire, à la 
surface des segments qui jouissent de mouvements. Pendant longtemps, 
on a pensé que le mouvement retarde l’usure des cartilages en empêchant 
eur calcification et leur ossification. Les effets du mouvement sont 
purement mécaniques ; le mouvement produit le frottement qui active 
la nutrition et la reproduction des cellules cartilagineuses. C'est là la 
conclusion naturelle qui découle de l'étude comparée du tendon du 
triceps brachial et de la face proximale de l’olécrane : chez les animaux 
où le tendon glisse dans le tissu conjonctif sus-olécranien, le mouvement 
ne produit qu’une bourse muqueuse ; ni la structure du tendon, ni celle 


(1) Voir Retlerer. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 25 janvier 1908, 
p- {17%et 4° février 1908, p. 155. 

(2) Voir l'index de nos travaux sur cette question. Comptes rendus de la Soc. 
de Biologie, 19 octobre 1912, p. 379. 


126 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


de la face proximale ne sont modifiées. Chez le lièvre et le lapim, le 


tendon arrive au eontact de cetle face et frotte contre elle; celle-ci 
se revêt d'une couche fibro-cartilagineuse. Quant à la portion corres- 
pondante du tendon, elle ne fait que s’épaissir chez le lapin, tandis 
que, chez le lièvre, elle se transforme en un sésamoïde vésiculo-fibneux. 


À PROPOS DE L'IMAGE D'UN TUBE DE VERRE, 


par M. FRED VLES. 


Le problème posé par M. Nageotte (1) à propos de l'« image para- 
doxale » de la surface interne d’un tube de verre paraît avoir une 
solution relativement simple. L'expérience et la théorie montrent en 
effet, comme il était facile de le prévoir, que l’« image paradoxale » ne 
représente pas une « image » du calibre interne du tube, mais dérive 
d’un phénomène parasite de réflexion totale pouvant se superposer 
pour l'observateur à l’image correcte de ce calibre. 


[. — Image du calibre intérieur du tube de verre. — Le diamètre d — 2r, du 
cylindre intérieur est vu de l’observateur 0’ (que nous supposerons à l'infini 
pour simplifier), sous une longueur apparente 2 H, telle que les extrémités 
de 2 H, soient délimitées par les rayons tangents à la surface inlérieure du 
tube et capables d’émerger de la surface extérieure parallèlement à 00". — 
Soient n et n' les indices en présence. 


HT sine: 


nv Ç n 
| SINVe—— "Sin, d'où: BH; ——;0d. 1 
On a : < n 2e ent (M) 


1 
— 
.G 


1 


sin m— 


Une condition limite importante est donnée par : 
FLN : : n' 
= Sin Cd OU TE CT ma 
If. — Phénomènes de réflexion totale. — D'autre part, il se superpose à la 
famille de rayons fournissant H, au moins deux autres familles de rayons : 
l’une comprenant les rayons venus de l'extérieur du tube, et réfléchis 
totalement sur la surface intérieure fonctionnant comme miroir cylindrique 
convexe; l’autre comprenant les rayons tels que 09" venus de l'intérieur 
même du tube. 
Les limites communes de ces deux familles de rayons déterminent une zone 


2H, empiétant sur 2H,, mais, sauf cas particulier, sans s'y superposer rigou- 


reusement. Celte zone 2H, est donnée par le calcul suivant : 


H,—=sin 2/$in et sine 
‘ n 


(1} Comptes rendus de la Soc. de Biol., 1912, p. 725. 


PET 


SÉANCE DU 18 JANVIER 


5 . r r, ea TADNEESE 
D'autre part, dans le triangle Oim/, —"—. ——-, d'où H, = 7, — sin à- 
A san ’sinm  sini à m4 
La limite inférieure de à est l'incidence critique de réflexion totale; donc, 
Il 


si w! est l'indice du cylindre intérieur, sin = : 
nn - m'' n" 
d’où : rm et2H 14. (2) 
n Lo 
n' 
Condition limite : 7, < FN 


2H, ne peut donc se trouver égal à d que dans le cas tout particulier où 
n' —n/, cas qui est précisément celui examiné par M. Nageotte au moyen de 
tubes de verre remplis d'air et plongés dans l’air. Mais on s'exposerait à de 
graves erreurs en admettant a priori l'extension de cette égalité à d’autres 
conditions (1). 


(1) Voici quelques mesures montrant la variation de H, effectuées sur un tube 
déenretdenr, Ur 97388" plonsé dans l'airret rempli successive 
ment de divers fluides. D’après les conditions de l'expérience, on doit avoir 
2H, —n", ce qui se vérifie dans la limite d’approximation des mesures. 


VALEURS MESURÉES VALEURS CALCULÉES 
de de 
FLUIDE AE À 
TR li ne CE EN RSR. ES RS 
ONE GARE 2H. ONE 


LESC RER SES ARE Imms5 |{mmOQ + 0,025 1,55 1,00 
LA. S''NNPARR EE Imm5s 1,34 1,55 1,33 
Alcoo! éthylique . . . . . 1am55 1,36 1,55 1,36 
Uhilaroforme : .. 1: .. 1wm55 1,46 1,55 1,4% 
Gigeérime.… . .. : . . . fmms 1,48 1,55 1,46 


128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les deux effets optiques H, et H, coexistants, peuvent avoir des inten- 
sités relatives différentes. Y 

On conçoit que, dans les divers cas rencontrés, la grandeur relative 
des indices n, n'et n” ainsi que la couleur des milieux en présen cc, 
puisse intervenir pour avantager l’un des phénomènes anx dépens de 
l’autre. 

Au point de vue de l'optique microscopique, les conditions précé- 
dentes restent évidemment applicables, bien qu’elles soient quelquefois 
compliquées par l'extension d'effets interférentiels accessoires, négli- 
geables en oplique ordinaire, et pour lesquels je renvoie sans insister à 
mes recherches antérieures. Toujours est-il que l’on n’est nullement en 
droit a priori d'assimiler au diamètre du calibre intérieur du tube 
examiné, l'écart 2H, des deux franges de réflexion totale sur la surface 
interne; tout au plus la chose peut-elle être donnée comme une approxi- 
mation. J'estime que celle-ci, dans ces cas usuels de tissus plongés 
dans une solution physiologique, doit être de l'ordre du dixième (1). 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE Ææmogregarina lerzii SAMBON ET SELIGMANN. 


Note de M. MaruLraz et D. Roupsxy, présentée par A. LAVERAN. 


L'un de nous a donné, il y a peu de temps, une description détaillée 
de A. terzii (2). Ce parasite est fréquent chez le Boa constrictor (L.), 
ainsi que nous avons pü nous en rendre compte par l'examen de cinq 
serpents de cette espèce (3), mis à notre disposition par M. le professeur 
Laveran, et dont quatre possédaient des hémogrégarines non rares. 
Nous ne reviendrons pas sur la description générale de 77. terzü, ni sur 
les altérations des hématies parasitées. Nous nous proposons d’éludier 
spécialement dans cette note les noyaux des hémogrégarines ren- 
contrées chez un de nos boas. 


(4) Il est intéressant de remarquer que les valeurs H, etH, pourraient servir 
de base à une méthode assez élégante pour la mesure microscopique de 
l'indice de réfraction d’inclusions que l’on ne peut aborder directement. 

: ARS H, 

On a en effet, d’après les égalités (1) et (2) :n!=—n n 
1 

La mesure de l'indice périphérique n est chose facile; en prenant des 


moyennes de plusieurs mesures effectuées dans des liquides d'immersion 
différents, on aboutirait très probablement à une approximation assez 
satisfaisante sur n”. 

(2) M. Marullaz. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 20 janvier 1912. 

(3) Nous sommes redevables de la détermination des animaux à l’obligeance 
de MM. Pellegrin et Despax, du laboratoire de M. le D' Roule, professeur au 
Muséum d'histoire naturelle. 


£. 
2 
28 
FE 


SÉANCE DU 18 JANVIER 199 


Les parasites ont été examinés dans des préparations colorées soit par 
le Giemsa, soit par un nouveau procédé, avec l'hématoxyline et l’alun 
d'ammoniaque, imaginé par M. Roudsky. 


Fixer les préparations à l’état frais, en évitant soigneusement la dessicca- 
tion, dans le liquide de Schaudinn ; mordancer pendant quarante-huit heures 
dans une solution d’alun d’ammoniaque, exempt de fer, à 5 p. 100; laver à. 
l’eau courante; colorer six heures, ou plus s’il le faut, dans une solution 


2 


Hæmogregarina terzi. 


1, 2, 3, 4, formes moyennes montrant les divers aspects des noyaux ; 5, 1, formes 
moyenne et grande en état d'involution avancée; 6, grande forme avec altérations 
graves de l’hématie ; 8, H. drymobii avec pseudo-centrosome formé par hernie de la 
chromatine ; 9, H. lupinambis avec centrosome (?), d'après A. Carini. 


d'hématoxyline de Grübler à 1 p. 100, et, sans différencier, passer dans les 
alcools et xylol ; monter au baume du Canada. On obtient une triple colora- 
tion, jaune pour le protoplasma des hématies, brune ou rouge brique pour 
leurs noyaux, et bleue pour les hémogrégarines. 


Les hémogrégarines existent dans le sang à l'élat de formes endoglo- 
bulaires moyennes et grandes. Nous avons pu observer exceptionnelle- 
ment des formes libres ét de multiplication. Les plus intéressantes sont 
les formes moyennes (fig. 1, 2, 3, 4), qui mesurent de 15 y à 18 p de 


130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


long sur 4 y à 5 L de large; leur protoplasme est homogène et se teinte 
faiblement en bleu par le Giemsa ; quelquefois on discerne une ou deux 
petites vacuoles situées à l’une ou l’autre extrémité du corps. Le noyau 
est allongé et volumineux, et arrive à représenter la moitié et même les 
deux tiers du corps; il est formé par un épais cordon de chromatine 
enroulé en spirale de 4 ou 5 tours, et occupant toute la largeur de 
l’'hémogrégarine, ou bien — c’est le cas le plus fréquent — par une 
agglomération de 4, 5 ou 6 boules de chromatine — 5 en général — 
rangées assez régulièrement les unes à côté des autres. Certains noyaux 
sont constitués par des granulations, au nombre de8, 10, 12 et même 95. 
Le volume des granulations diminue à mesure que leur nombre aug- 
mente. Cette structure du noyau, reconnaissable également chez des 
hémogrégarines libres du sang et du foie, apparaît avec beaucoup de 
netteté dans les préparations colorées par l'hématoxyline à l’alun 
d'ammoniaque. On trouve parfois deux hémogrégarines dans la même 
hématie. Parmi les éléments de cette dimension, on rencontre des 
formes d’involution très avancée du parasile. La capsule et le corps 
sont ralatinés ; le protoplasme se teinte à peine; le noyau présente un 
contour diffus et se colore mal (fig. 5). 

A côté de ces éléments de taille moyenne, on trouve de grandes 
formes endoglobulaires (fig. 6), typiques pour À. terzü, tant par 
l'aspect du parasite lui-même que par les altérations profondes du 
noyau et du protoplasme de l’hématie parasitée. Il est très facile de 
reconnaitre, chez ces grandes hémogrégarines endoglobulaires, la struc- 
ture du noyau, qui se compose de granulations chromatiniennes agglo- 
mérées. 

Comme formes libres, nous en trouvons quelques-unes dans le sang 
cardiaque; ce sont des éléments incurvés légèrement, eftilés à leur 
extrémité antérieure, mesurant 20 4 de long sur 2 y de largeur maxima ; 
le protoplasme est finement granuleux, quelquefois avec une vacuole; 
en général, le noyau, compact, homogène, se colore fortement et occupe 
toute la largeur du corps sur une longueur de 9 & à 410 1. 

Les formes de multiplication s’observent dans les frottis de foie broyé ; 
elles sont en tous points semblables à celles que nous avons décrites 
précédemment (1). 

Les aspects différents sous lesquels se présentent les parasites ne 
nous paraissent pas correspondre à des formes sexuées. Pour admettre 
une différenciation sexu®lle, il faudrait observer des phénomènes de 
conjugaison qui n’ont pas été constatés jusqu'ici. 

Il est admissible de considérer le polymorphisme nucléaire comme 
correspondant à différents stades d'évolution des hémogrégarines. 

Pour ce qui concerne l’existence d’un centrosome ou d’un blépharo- 


(1) M. Marullaz. Loc. cit. 


PR» 


SÉANCE DU ÀS JANVIER 131 


plaste, nous avons constaté, chez À. lerzii comme chez AH. drymrobii (4), 


qu'il n'existe pas, à côté du noyau, d’élément chromatinien où chroma- 


toïde assimilable au centrosome des trypanosomes. Nos recherches sur 
des préparations colorées tant par le Giemsa que par l'hématoxyline à 
l’alun d'ammoniaque ont été absolument négatives à ce sujet. Seule, 
une préparation de Æ. drymobü, colorée par l'hématoxyline au perchlo- 
rure de fer, nous a fourni une figure, n° 8, exactement superposable à 
celle publiée par À. Carini (2) pour Æ. tupinambis (fig. n° 9); et l'on voit 
très nettement que le corpuseule chromatinien considéré par cet auteur 
comme un cenirosome fait partie intégrante du noyau, et qu’il est 
formé simplement par une hernie accidentelle de la chromatine. 

Chez quelques hémogrégarines, nous avons pu voir une où même deux 
granulations chromatiniennes, situées en dehors du noyau, maïs ce sont 
des cas absolument fortuils. 


(Travail du laboratoire de M. Laveran.) 


ACTION DES ACIDES AMINÉS SUR LA SÉCRÉTION PANCRÉATIQUE, 


par ALBERT FROUIN. 


- Dans des communications antérieures, j'ai étudié l'influence des pro- 
duits de la digestion des albuminoïdes et des sucres introduits dans 
l'intestin, en même temps qu'une solution d'acide, sur la sécrétion pan- 
créalique (1). Je rappelle les résultats de ces expériences, qui sont les 
suivants : 


4° Les sucres (lactose et saccharose) que j'ai étudiés à la concentration de 
5: à 10: p. 100, augmentent l’action sécrétoire des acides introduits dans l’in- 
testin ; 2° les produits de la digestion gastrique des albuminoïdes, les peptones 
ou les albumines à la concentration de 2,5 à 10 p. 100 dans les solutions à 
1 p. 1000, 2 p. 1000, 4 p. 1000, diminuent considérablement l’action sécré- 
toire de ces acides introduits dans l'intestin ; 3° au contraire, les peptones ou 
les albumines introduites dans l’intestin aux mêmes concentrations, dans des 
solutions d'acides organiques ne diminuent pas l’action sécrétoire de ces acides. 


Ces faits permettent d'expliquer les variations de la sécrélion pancréa- 
tique que l’on observe chez un même animal, sous l'influence de diffé- 


(1) M. Marullaz. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 23 novembre 1912. 

(2) A. Carini. Centralblatt für Bakteriologie und Parasitenkunde, vol. LXI, 
fascicule 6. 

(3) Albert Frouin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXIIT, p. 549, 
1907. 

Albert Frouin et S. Marbé. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXVHT, 


p- 176, 29 janvier 1940. rEA 


132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


rents régimes, de même que les variations quantilatives de la sécrétion 
chez les différentes espèces animales. 

J'ai montré que la peptone et les albumoses s'opposent dans le cas des 
acides minéraux à la formation ou à l'extraction de la sécrétine de la 
muqueuse intestinale, tandis que ces substances n’ont aucune influence 
en présence des acides organiques, on pourrait supposer que la 
peptone et la sécrétine sont détruites par l’érepsine intestinale en 
présence des acides minéraux, tandis que les acides organiques ne 
favorisent pas l’action de cette diastase. Des expériences en cours me 
permettront, je l'espère, de résoudre cette question. 

Dans la présente note, j'étudie l’action des acides aminés sur la sécré- 
tion pancréatique. Mes expériences, faites sur des animaux à jeun depuis » : 
vingt-quatre ou trente-six heures, morphinés ou chloroformés, chez les: 
quels on établit une fistule pancréatique temporaire, se divisent en deux 
séries. | 

Première série. — Les Riute étudiés : glycocolle, leucine, alamine, : 
thyrosine, asparagine, acide aspartique, acide glutamique, ainsi que le 
produit global provenant de l’hydrolyse du sérum, ont été injectés . 
directement dans les veines en a dans l’eau physiologique à des 
concentrations variant de 0 gr. 5 p. 100 jusqu’à la saturation. Ces solu- 
tions ont été injectées telles quelles ou neutralisées. Les quantités injec- 
tées ont été de 20, 50 ou 100 c. c. Les résultats de ces expériences peuvent 
se résumer de la facon suivante : aucun de ces produits ne provoque de 
sécrétion pancréatique quelle que soit la dose injectée. 

Deuxième série. — Les animaux étaient opérés suivant la technique 
que j'ai indiquée antérieurement, c’est-à-dire que j’établis une fistule 
pancréatique suivant le procédé ordinaire, puis une fistule biliaire. En 
sectionnant le canal cholédoque, on introduit dans chaque orifice une 
canule; l’une de ces canules permet de recueillir la bile, l’autre permet 
d’injecter facilement dans l'intestin les solutions que l’on veut étudier. 

Voici les protocoles de deux expériences de cette nature : 


Ex le. At 


bars mA MS 1 


AT) Ca Co HI, DID EU DDR JC pren /2#h: 4 cc. otend/2"107 T2 
50 c.c. nides ne à 3 P- 100 DNCAC 2, — DRCACAEINRSES 
50 c.c. acide glutannique à 3 p. 100. 6 c.c.» — ATErC SAS 
50 c.c. leucine à 3 p. 100. . : 0 c.c. 4 — 0 c.c17 — 
50 c.c. alanine à 3 p. 100 . . 0 c.c*6 — DÉCO 
50 c.c. glycocolle à 3 p. 100 . DEcrem — 0 — 


On voit, d'après ces expériences, que les produits ultimes de la diges- 
tion des albuminoïdes (acides aminés) n’exercent aucune action sécré- 
toire sur le pancréas, s'ils sont injectés dans les veines. 

Ils ont une action plus ou moins marquée s'ils sont introduits en 
solution concentrée directement dans l'intestin. Ils agissent dans ce cas 
par leur fonction acide. Les solulions de ces divers corps ‘neutralisées, 
ne possèdent plus d'action sécrétoire. Ces produits ont donc des effets 


. SÉANCE DU 18 JANVIER 133 


inverses de ceux de la peptone qui, introduite directement dans l’intes- 
tin ne possède aucune action sécrétoire sur le pancréas et empêche 
même l’action sécrétoire des acides minéraux de se manifester (1). 


Ce fait se trouve implicitement contenu dans mes publications antérieures. 

Je n’ai pas insisté antérieurement sur l’action propre qu'exerce la peptone, 
introduite directement dans l'intestin, sur la sécrétion pancréatique, parce 
que cette action me paraissait évidente d’après les résultats expérimentaux 
que j'ai publiés. J’ai montré, en effet, que la peptone introduite dans l’intes- 
tin, dans une solution d'acide, diminue l'action sécrétoire des acides 
minéraux, tandis qu'elle augmente celle des acides organiques (2). Pour 
apprécier ces deux actions inverses, il faut évidemment que la peptone n'ait 
pas d'action sécrétoire propre, ou bien, si elle en a uve, il faut en tenir 
compte, c'est-à-dire la signaler. Dans ce dernier cas, du reste, l'influence 
inhibitrice que la peptone, introduite dans l'intestin, exerce vis-à-vis de 
l’action sécrétoire des acides minéraux sur la sécrétion pancréatique, devien- 
drait plus intéressante. 

Cette action indifférente de la peptone, introduite dans l'intestin, sur la 
sécrétion pancréatique, me semble implicitement signalée dans ma com- 
munication du 1° juillet 1911, qui se termine ainsi: « Les expériences 
antérieures que j ai rappelées au début de ma note, rapprochées des résultats de 
M. Gley, prouvent que l’action propre de la peptone sur la sécrétion pancréa- 
tique est différente suivant le mode d'introduction que l'on adopte. » 

En résumé, cette action indifférente de la peptone introduite dans 
l'intestin, sur la sécrétion pancréatique, qui découle logiquement et évidem- 
ment des résultats que j'ai communiqués antérieurement à la Société, a été 
confirmée par M. Gl2y dans 10 expériences. 


DE L'EXISTENCE DES TUBERCULIDES CHEZ LES BOVIDÉS. 


Note de PÉRARo et RAMON, présentée par H..VALLÉE. 


Au cours de nombreuses autopsies praliquées durant ces dernières 
années, nous avons eu l’occasion de rencontrer sur trois bovidés des 
lésions d’un caractère spécial et d'une rareté relalive. 

Ces altérations consistent en de très nombreux nodules régulièrement 


(4) M. Gley (Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 16 mars 1912, p. 465) a 
constaté dans 10 expériences que les solutions de peptone injectées directe- 
ment dans l'intestin au moyen d’une canule placée dans le canal cholédoque 
(c'est-à-dire en employant la technique que je viens de rappeler et que 
j'avais indiquée dans ma communication à la Société, 23 novembre 1907, 
p- 519), ne provoquent pas la sécrétion pancréatique chez les animaux à fistule 
temporaire. 


(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 29 janvier 1910, p. 176). 


BroLoctie. Comertes RENDUS. — 14913. T. LXXIV\. 10 


134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


arrondis ou ovalaires, isolés ou confluents, allant de la grosseur d'un 
grain de: plomb à celle d’une noix. Nom intimement soudées à la peau, 
elles siègent. mamifestement dans le tissu conjonctif sous-cutané et, en 
certains points, pénètrent parmi les fibres des muscles superficiels. 
Chez nos trois malades, ces nodules étaient suritout répartis sur la 
croupe, la queue, les reins, les flancs et l’encolure. Ils étaient constitués 
par une substance homogène, de consistance légèrement fibreuse et de 
teinte jaune foncé ou jaune verdâtre. Dans les trois cas aussi, les 
animaux étaient porteurs de lésions viscérales d'un aspect comparable 
aux altérations sous-cutanées, maïs à centre ramolli, caséeux ou caséo- 
calcaire. 

Des recherches baetériologiques et histologiques, entreprises dans un 
but de diagnostic, nous ont permis de conclure à la nature tuberculeuse 
des lésions viscérales et sous-cutanées. 

Une étude plus approfondie, poursuivie depuis 1910, nous permet, à 
l'heure actuelle, de penser que les lésions sous-cutanées rencontrées 
chez nos bovidés sont comparables à celles groupées en médecine 
humaine sous la dénomination de tuberculides, et dont certaines formes 
ont été si bien étudiées par Darier et Roussy, sous le nom de sarcoïdes 
sous-eutanées. , 

11 semble bien que, chez les bovidés comme chez l'homme, il s'agisse 
en ces cas de tuberculoses de virulence atténuée. C’est dans cette voie 
que nous nous proposons de continuer nos recherches. 


L'ACRIDINE DANS LE TRAITEMENT DE LA MALADIE DU SOMMEIL EXPÉRIMENTALE, 


par PAUL SALMON. 


Certaines couleurs de la série de l’acridine ou de l'oxacine attaquent 
les trypanosomes d’une façon spéciale : coloration vitale du blépharo- 
blaste, disparition de ce corpuscule nucléaire, et finalement destruction 
du parasite. Ces faits, établis par Ebrlich et ses collaborateurs, Wer- 
bitzki, Kudicke, Gonder, par Laveran et Roudsky, sont intéressants par 
leur interprétation ; ils permettent de démontrer la fixation directe du 
médicament sur l'agent pathogène et par suite le bien-fondé de la 
théorie des chimiocepteurs d’Ebrlich. 

Nous avons constaté, au cours de recherches sur le mode d'action de 
ces substances chimiques (aimablement adressées par le professeur 
Ehrlich), des résultats thérapeutiques favorables dans les affections à 
trypanosomes, en particulier avec le 77. gambiense. 

Le virus (virus de passage par souris dù à l’obligeance du professeur 
Mesnil) tuait régulièrement les animaux en six jours. La couleur qui 


De de nl on dd nd) dé den dé dd AS 


RSR 


SÉANCE DU 18 JANVIER 135 


nous à donné les meilleurs résultats, trypoflavine A (acridine), était 
employée em injection sous-cutanée. 

Une souris de 15 grammes, recevant en même temps le virus et une 
dose de O milligr. 06, a été préservée. Bien entendu, une souris de 
12 grammes, recevant une dose plus forte, 0 milligr. 12, n'a pas été 
atteinte. 

Nous n'insisterons pas sur le rôle préventif et prophylactique de 
l’acridine. Employée à titre curatif, la trypoflavine s’est révélée non 
moins àctive. Voici une de nos expériences : 


Six souris, au 4° jour de l’infection, présentent de nombreux trypanosomes 
dans le sang. On injecte la trypoflavine à doses décroissantes : souris de 
12 grammes : 0 milligr. 25; — souris de 14 grammes : 0 milligr. 12; — souris 
de 13 grammes : 0 milligr. 10; — souris de 15 gr. : 0 milligr. 06; — souris 
de 12 grammes : 0 milligr. 04. Les animaux guérissent, sauf la dernière, qui 
présente encore des parasites le 7° jour de la maladie {le témoin a succombé 
le 6° jour). 


On remarquera l'écart qui sépare la dose curative forte, 0 milligr. 2%, 
de la dose la plus faible, O0 milligr. 04. En d'autres termes, le rapport 
entre la dose thérapeutique maxima et la dose thérapeutique minima 


Mx sH Er Er ) | 
qi ©St supérieur à? il existe donc une large marge entre la dose 


curative et la dose toxique (1). Cependant, si l’on considère la toxicilé 


comparée entre les diverses couleurs d’aniline, la trypoflavine se classe 


parmi les composés à toxicilé relativement élevée, ce qui exige une 
grande prudence dans son emploi. 

- La destruction des trypanosomes se fait lentement; on retrouve des 
parasiles plusieurs heures après l'injection de trypoflavine, tandis que 
les arsenicaux stérilisent le sang en moins d'une heure. 

En faveur de l'emploi de l’acridine se place cette considération qu'il 
s’agit d’une couleur jaune (fluorescente dans l'urine), ne colorant pas 
les tissus de l’animal, sauf au point d'introduction du médicament. Au 
contraire, les séries de couleurs (trypanrot, trypanbleu...) reconnues 
efficaces dans les affections à trypanosomes, colorent vivement les 
téguments en rouge ou en bleu. D'autre part, on sait que ces couleurs, 
expérimentées avec succès chez les animaux infectés, se sont montrées 


peu efficaces chez l'homme. 


En résumé, la trypoflavine (acridine) possède un pouvoir préventif et 
(4) Ces constatations (sur souris et Tr. gambiense) ne concordent pas avec 
celles faites par Kudicke dans d’autres conditions (rat et Tr. Lewisi); pour cet 
Fe : (Ce 
expérimentateur, le rapport entre les doses curative et toxique = 2st moindre 


que 1; d’où la conclusion que la Trypofl. ne peut être utilisée en théra- 
peulique. 


136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


curatif remarquable dans l'infection de la souris par le Trypanosoma 
yambiense. Il existe une large marge entre le pouvoir thérapeutique 
Mx 


maximum et le pouvoir thérapeutique minimum, rapport; de plus 


1 à Ë 
de =: Des recherches ultérieures permettront de préciser la valeur de 


cette couleur dans la thérapeutique de la maladie du sommeil. 


(Laboratoire du professeur Meichnikoff.) 


CULTURE DU PARASITE DE LA MALARIA. 


Note de N. M. Jourorr, présentée par M. WEINBERG. 


Depuis le travail de Novy et Mc. Neal, qui ont réussi à cultiver les 
trypanosomes in vivo, on a entrepris de nombreuses recherches sur la 
culture des protozoaires. On a publié beaucoup de travaux sur la 
culture des piroplasmes, des différentes espèces de Leishmania et de 
trypanosomes; cependant les essais de culture des parasites de la 
malaria sont restés pendant longtemps sans résultat. 

En 1911, Bass (1) a affirmé avoir réussi à cultiver trois espèces de 
parasites de la malaria et il a donné quelques indications techniques. 
Récemment, Sinton (2) à essayé de vérifier le travail de Bass, mais, 
moins heureux, il n’est parvenu qu’à conserver le parasite dans le sang 
pendant un temps assez long sans observer de multiplication du para- 
site. 

Enfin, dernièrement, J.Gordon-Thompson et Mc. Lellan (3) ont observé 
en culture des formes schizogoniques, autrement dit le cycle du para- 
site dans le sang humain. Ignorant ces recherches, nous avons essayé 
l’élé dernier, au cours d'une mission dans la partie du Caucase qui 


touche la mer Noire, de retrouver dans les cultures les formes que l’on 


observe chez l’anophèle. 


À notre retour, ayant lu les travaux cités, nous avons recommencé - 


nos cultures en modifiant un peu la technique de Bass ; nous avons 
ulilisé le sang d’un paludéen contenant le Plasmodium præcox. 


1) Bass. Cité par Sinton. 

2) J. A. Sinton. Some attempts at the cultivation of the malarial parasite 

by Bass’s method. Annals of tropical Medicine and Parasitoloyy, t. VI, n° 3, 

18 décembre 1912. 6 
(3) J. Gordon-Thompson and S. W. Mc. Lellan. The cultivation of one 

generation of malarial parasites (P1.. falciparum) in vitro by Bass’s methode. 

Annals of tropical Medicine and Parasitology, t. VI, n° 4, 30 décembre 1912. 


( 


SÉANCE DU 18 JANVIER 134 


Technique. — 10 c.c. de sang prélevé par ponction veineuse sont 
distribués dans quatre tubes stériles. On ajoute dans chaque tube 
1/2 c.e. de citrate de soude à 10 p. 100, on mélangeet on porte à 
l’étuve pendant une demi-heure deux tubes à 41 degrés et deux tubes 
à 44 degrés. 

Étant donné que la schizogonie se produit chez l’homme entre 37 et 
40 degrés, on doit soumettre, comme l'ont fait Gordon et Mc. Lellan, 
les cultures à 40 degrés pour obtenir les formes schizogoniques. 


LE 


A, Corps en croissant, ookinètes. B, Sporoblastes, sporozoïtes. 


Désirant avoir les formes sporogoniques, qui se produisent normale- 
ment chez l’anophèle entre 95 et 30 degrés, nous avons soumis nos cul- 
tures à une température de 25 à 26 degrés. Deux heures après l’ense- 
mencement, nous avons commencé à faire des prélèvements successifs 
de gouttes de sang qui ont élé étalées sur lame, fixées et colorées par 
le Giemsa. 

Dans les tubes soumis préalablement à un chauffage à 44 degrés, on 
ne retrouvait pas de parasites. Par contre, dans les tubes chauffés à 
41 degrés, nous avons obtenu les premiers stades du cycle sexué du 
parasite. À côté des copula et des ookinètes piriformes, présentant un 


138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pigment irrégulièrement disposé à l’une des extrémités, on trouve des 
ookinètes mürs à noyau central et à pigment plus régalèriement dissé- 
miné dans la même partie du parasite. Cette culture n’a vécu que trois 
jours. 

Nous avons fait une deuxième expérience avec du sang de paludéen 
contenant le Plasmodium malariæ. Nous avons ajouté dans les tubes 
chauffés à 41 degrés, 1 1/2 à 2 c.c. de sérum de Lokke pour 4 à 5 e.c. 
de sang citraté. Dans ces conditions, nous avons observé non seule- 
ment la conjugaison, mais encore la segmentation ultérieure des élé- 
ments fécondés. Au sixième jour de culture, nous avons rencontré un 
grand nombre de sporozoïtes de toutes formes, depuis les formes non 
encore divisées, jusqu'aux formes complètement müres et libres. 
Comme les conditions réalisées dans les cultures diffèrent de celles 
rencontrées par le parasite dans l'estomac de l’anophèle, la segmenta- 
tion du parasite suit un mode différent. 

Dans un travail ultérieur, nous donnerons des détails plus précis sur 
ces cultures, des microphotographies des préparations et les résultats 
de l’inoculation de ce ces cultures au singe. 


UNE MALADIE ÉRUPTIVE NON DÉCRITE, DÉTERMINÉE CHEZ L'ANE 
PAR L'INOCULATION DE PRODUITS VARIOLIQUES HUMAINS, 


par EnMmonp CHAUmIER et MARCEL BELIN. 


Au premier Congrès de pathologie comparée, MM. Boinet et Huon ont 
rapporté une observation de transmission de la variole à l’âne qui nous 
a paru ne devoir pas être une observation de variole asine. 

L’allure générale de la maladie et la forme de l'éruption ne répon- 
daient nullement à ce que nous savions du développement de la variole 
humaine chez l'âne, la génisse ou le lapin. Chez ces animaux, l’inocula- 
tion variolique ne donnelieu qu'à une éruption locale sans phénomènes 
généraux. Chez le singe seul, l'éruption peut se généraliser, la fièvre 
peut être forte et l'infection peut déterminer la mort. Dans l'observation 
de MM. Boinet et Huon, l’éruption vésiculeuse se généralisa et atteignit 
même les muqueuses. Un œdème considérable envahit et dépassa le 
champ d'inoculation; la fièvre fut forte et l’état général assez grave 
pour faire craindre la mort à bref délai. 

La non concordance de ces symplômes avec ceux observés par les 
auteurs et par nous, dans les expériences de transformation de la variole 
en vaccin, la nature de la matière variolique employée (mélange d’une 
petite quantité de sérosité de pustules avec des croûtes et le produit de 
grattages des lésions d’un varioleux mort) qui nous semblait devoir être 
trop peu. virulente pour avoir déterminé, chez l'animal, des lésions 


SÉANCE DU 18 JANVIER 139 


varioliques notables, nous ont conduits à penser qu il s'agissait là de toute 
autre chose que la variole; aussi, avons-nous été contents d’avoir la 
possibilité de contrôler l'expérience de nos collègues de Marseille. Gräce 
à leur amabilité, nous possédions une partie de la matière variolique 
qu'ils avaient utilisée et qu'ils nous avaient envoyée pour nous per- 
mettre de poursuivre, concurremment à eux, des expériences de trans- 
formation variolo-vaccinale. 

Gelte matière variolique, nous la conservions, depuis juillet, au frigo- 
rifique, lorsque nous l’utilisämes, en novembre. 

Nous avions justement un âne nous ayant servi récemment à la trans- 
formation positive de la variole en vaccin. Il avait été inoculé, d'une 
part, avec la variole humaine; d'autre part, avec cette même variole 
passée, en série, sur trois singes. Nous avions disposé, sur cinq plaques 
séparées de scarifications, nos différents produits. Toutes les plaques 
réussirent, et les récoltes furent reportées sur une génisse chez laquelle, 
seules, les inoculations provenant de la variole ayant passé directement 
sur l’âne (sans le concours du singe), donnèrent du vaccin. Ce vaccin 
inoculé à l'enfant et au lapin donna naissance aux lésions ordinaires de 
la vaccine antivariolique. 

Cet âne, sur lequel, du reste, une vaccination d’épreuve avait été faite 
ensuite, était donc un sujet de choix pour le contrôle en question. 

L’inoculation du produit variolique de MM. Boinet et Huon eut lieu le 
22 novembre dernier, et nous fûmes assez heureux pour obtenir, bien 
que réduite et privée deses symptômes bruyants, une maladie semblable 
à celle si bien observée par nos collègues, c’est-à-dire une éruption 
vésiculeuse ne siégeant pas seulement au lieu d’inoculation, mais géné- 
ralisée sur la peau du tronc, et un œdème assez considérable, dépassant 
le champ d’inoculation et remarquable sur ce qu'il était particulièrement 
douloureux. Tout cela sans fièvre. 

La différence entre notre observalion et celle de MM. Boinet et Huon 
tient sans doute au vieillissement de la matière virulente en présence de 
la glycérine. Nous avions donc vu juste. 

Nous croyons utile de faire connaître ces faits, non seulement au 
point de vue purement scientifique, mais encore au point de vue pra- 
tique, car nous jugeons utile que les expérimentateurs, voulant repro- 
duire le vaccin à l’aide de la variole humaine, soient avertis de la possi- 
bilité de voir, dans leurs expériences, naître la maladie en question. 


ERRATUM 
Norte DE L. RÉNON ET THiBAuT. 


T. LXXIV, p. 90, avant-dernier alinéa, au lieu de : .…. car ils démontrent la dis 
parition et la réapparition des propriétés hémolytiques sous l'influence des mêmes 
causes, lire : propriétés hémolytiques et toxiques, etc. 


1Al 


RÉUNION BIOLOGIQUE 
DE SAINT-PÉTERSBOURG 


SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1912 


SOMMAIRE 


L'influence du 


JousrcHéNKO (A.) : Contribution à 
la physiologie du corps thyroïde. 
La teneur en azote, en phosphore, 


Poïarkxov (E.) 
jeûne sur le travail des glandes 
sexuelles du chien (Communication 


en lipoïdes de différents organes des préliminaire) 0e NE ENTRER ARS 141 

animaux thyroïdectomisés . . . .. 145 TcnisrovircH et ARINKINE (M. : 
Kaoconxowsky (N. A.) : Sur les Pouvoir phagocytaire des leucocytes 

espèces biologiques. . . . . . . . .. ISO dansile S TeUCÉMIESE SN EE 147 


Présidence de M. Famintzin. 


L'INFLUENCE DU JEUNE SUR LE TRAVAIL DES GLANDES SEXUELLES DU CHIEN 
(Communication préliminaire), 


par E. Poïarkov. 


Deux chiens mâles ont été soumis à un jeüne partiel; ils recevaient tous 
les jours à peu près un quart de livre (russe) d'avoine en bouillon de viande. 
Les chiens ont subi ce régime environ trois mois. Le poids d'un de ces 
chiens est tombé de 46 à 31 livres; le poids de l’autre, de 32 à 21 livres. 

Les chiens ont passé ensuite à un régime d’alimentation renforcée et, 
deux mois plus tard, ils ont récupéré leur poids primilif. Les chiens sont restés 
tout le temps sains et ont pu marcher même dans la période de l’épuisement 
le plus fort. 

De temps à autre, on faisait des prises de liquide séminal en ayant recours à 
Pexcitation mécanique. Durant la période du jeûne, le volume du liquide est 
tombé de 10 c. c. à 1 à 2 gouttes. 

À mesure que le chien reprend son poids normal, la quantité du sperme 
éliminé se rétablit peu à peu, mais plus lentement que l’augmentalion du 
poids. 


* 


149 RÉUNION BIOLOGIQUE: DE SAINT-PÉTERSBOURG 


Le nombre de spermatozoïdes, rejetés par ces chiens esl tombé au 
cours du jeûne de 1 milliard et 1/2 jusqu’à plusieurs centaines de mille. 
Ce nombre a continué de déeroiître, même lorsque les chiens ont passé au 
régime d'alimentation renforcée, puis ila recommencé à s’accroilre, mais 
plus lentement que la sécrétion de la glande prostatique. Chez un chien, 
après deux mois et demi d’alimentation renforcée, ce nombre n’a 
atteint que 100 millions; l’autre chien n’a pas donné de spermatozoïdes 
durant un mois et demi et ce n’est que récemment qu'il a donné 
2 millions de spermatozoïdes. 

En ce qui concerne les propriétés de ces spermatozoïdes, elles ont 
subi des changements profonds pendant ce temps. Avant le jeûne, on 
obtenait de ces chiens des spermatozoïdes dont on pouvait observer 
les mouvements pendant deux et trois jours. 

Durant la première période de jeûne, la vitalité des spermatozoïdes 
n’était pas altérée, mais pendant la période d’inanition absolue ont com- 
mencé à apparaître des spermatozoïdes peu mobiles ou des spermato- 
zoïdes tout à fait incapables de se mouvoir. Au lieu des spermatozoïdes 
à queue droite, on obtenait des spermatozoïdes à queue plus ou moins 
tordue; puis la queue ne se développait plus; certains spermatozoïdes 
n'avaient qu'une tête avec un fragment protoplasmique ou une tête 
entourée d’un anneau de protopläsme. On observait aussi en même 
temps d'autres anomalies, par exemple des spermatozoïdes à deux 
têles, ete. Ces anomalies ont été observées longtemps encore après la 
suppression du jeûne. À présent, un de ces chiens donne des sperma- 
tozoïdes de forme normale, mais peu viables. Ces spermatozoïdes cessent 
de se mouvoir au bout de huit ou dix heures. 

Pendant la période d’inanition, on a enlevé une glande à un des 
chiens. Dans de nombreux points, les canalicules ne contenaient que 
des cellules de Sertoli. Dans d’autres, il y avait beaucoup de sperma- 
tocytes; il y avait en général très peu de spermatogonies; beau- 
coup d'entre elles présentaient des signes manifestes de dégénéres- 
cence. Il y a onze ans, M. Loisel étudiait l’influence du jeûne sur la 
spermatogenèse chez le chien : cet auteur a également constaté que, 
sous l'influence du jeûne, l'épithélium des canalicules a une tendance à 
se réduire aux seules cellules de Sertoli; en conformité avec ses idées 
sur le rôle de ces cellules, il a émis la supposition que, si l’on avait fait 
passer le chien au régime normal, la fonction normale du testicule se 
serait rétablie grâce aux cellules de Sertoli. qui peuvent, de l’avis de cet 
auteur, donner naissance aux spermatogonies. À présent, on peut consi- 
dérer comme abandonnée celte conception concernant les cellules de 
Sertoli; si la spermatogenèse se rétablit chez nos chiens, cela tient 
à une petite quantité de spermatogonies qui reslent intactes, c’est 
pourquoi la spermatogenèse se rétablit lentement. À présent, comme 
il est établi que ies cellules de Sertoli ne prennent pas part directe- 


SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 143 


ment à la spermatogenèse, on peut se demander si l'on ne peut pas 
obtenir, en soumettant les animaux au jeûne, la disparition de toutes 
les spermatogonies, autrement dit si on ne peut pas provoquer une 
castration par le jeüne. J'ai l'intention d'essayer celle expérience. 

Les expériences citées montrent ainsi qu'un jeùne non complet de 
longue durée d'un mammifère, provoquant la perte d'environ un tiers 
du poids normal de l'animal, peut : 1° réduire jusqu’au minimum le 
travail des glandes accessoires sexuelles et séminales ; 2° occasionner 
un arrêt bien prononcé dans les phénomènes de spermatogenèse ; 
3° provoquer l'apparition de formes tératologiques des spermatozoïdes. 


(Service de Physiologie du laboratoire de l'Administration vétérinaire 
du ministère de l'Intérieur.) 


SUR LES ESPÈCES BIOLOGIQUES, 


par N. A. KaoLoDKowsKY. 


On reconnaît et on désigne ordinairement les espèces animales et 
végétales d’après les caractères morphologiques. Dans ces derniers 
temps, cependant, le eritérium morphologique a paru souvent insuf- 
fisant, c’est pourquoi on le complète par des données biologiques, 
par exemple d'indications sur la propagation géographique ou (pour 
les parasites) sur l'hôte, etc. IL y a des espèces que l’on peut déter- 
miner plus facilement et d’une manière plus exacte d’après les 
caractères biologiques que d’après les caractères morphologiques et 
même des espèces qu'on ne peut déterminer avec certitude que d’après 
les données biologiques. Les botanistes ont été les premiers à constater 
des espèces biologiques semblables. De Bary a constaté déjà en 1879 que 
Aecidium abietinum passe dans les montagnes du Sapin sur le Rhodo- 
dendron et dans les terrains bas sur Ledum; c’est pourquoi il a ensuite 
divisé cette espèce en deux : Chrysomyxa ledi et C. rhododendri. Plus 
tard, divers chercheurs ont établi une série d'espèces biologiques pour 
une quantité de champignons occasionnant la rouille (U/redinæ). 

Chez les plantes supérieures, les espèces biologiques sont encore peu 
étudiées; on distingue, par exemple, trois races biologiques du gui 
(Viseum album), et dernièrement deux variétés du sapin commun (Picea 
excelsa), deux formes (var. erythrocarpa et var. chlorocarpa) qui pré- 
sentent des différences constantes dans la couleur de leurs cônes et 
dans le moment de l'épanouissement de leurs bourgeons printaniers. 

En zoologie la notion d'espèces biologiques est encore peu répandue. 
Dans mes recherches sur les pucerons du genre Chermès, j'ai pu 


144 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


établir plusieurs espèces se distinguant à peine par leurs caractères 
morphologiques, mais présentant des cycles biologiques tout à fait 
différents : les uns ont un cycle bisannuel, lié à une migration et à 
une succession périodique des générations parthénogénétiques et 
bisexuelles; les autres, un cycle annuel sans migration et exclusi- 
vement parthénogénétique. On peut citer comme exemples : Ch. viridis 
Ratz et Ch. abietis Kalt., Ch. strobilobius Kalt. et Ch. lapponicus 
Chol. On peut trouver des exemples analogues parmi les autres insectes; 
on peut, par exemple, à peine distinguer les coléoptères corticicoles, 
Myelophilus piniperda L. et M. minor Hartig, d'après la sculpture de 
la partie postérieure de leurs élytres, mais on peut le faire très bien 
d’après la différence très nelte des galeries qu'ils creusent; la mouche 
de Hesse, Cecidomyia destructor Say, habite sur le froment, mais ne peut 
pas se développer sur l’avoine, et c’est l'inverse pour C. avenæ Mir- 
chal, que l’on peut à peine distinguer de l'espèce précédente ; la 
mouche ordinaire des champs, Wuscu corvinat, est ovipare, et la A]. cor- 
vipara Portsch, qui se distingue à peine de la précédente par les carac- 
tères extérieurs, est vivipare et a une structure d'ovaires tout à fait 
différente, etc. 

Les biologistes systématiciens ont fait une série d’objections contre 
la théorie des espèces biologiques. On n’a pas voulu, par exemple, 
reconnaître l'existence des espèces purement parthénogénétiques; 
mais, à présent, on a reconnu une quantité d'espèces semblables non 
seulement dans le règne animal, mais aussi dans le règne végétal où 
la parthénogenèse était considérée, il n’y à pas encore longtemps, 
comme un phénomène rare. On a voulu contester l'exactitude de mes 
observations sur les Chermès, mais je les ai confirmées maintes fois et 
dans beaucoup de fois mes adversaires les plus fermes ont dû recon- 
naître leur exactitude. On a opposé que l’espèce est, dans son essence 
même, une notion purement morphologique, mais cela n’est pas vrai; 
déjà Linné était forcé de compléter le critérium morphologique de 
l'espèce, vu son caractère indéterminé, d’un critérium physiologique (la 
stérilité des métis). 

À mon avis, on doit attribuer les caractères des espèces biologiques 
qui trouvent leur expression dans le cycle de développement (de même 
que les caractères morphologiques) aux propriétés du protoplasme, 
c’est-à-dire de la substance héréditaire de l'espèce, qui se trouve, d’après 
la conception courante, principalement dans les chromosomes de l’or- 
ganieme. On connaît des cas où des formes qui ne se distinguent 
pas morphologiquement n’ont pas le même nombre de chromosomes; il 
y à ainsi deux varialions d’Ascaris megalocephala: univalens et bivalens. 
Dans un des derniers cahiers des Mémoires de l’Académie des Sciences 
de Saint-Pétersbourg (1912, n° 4), M. Navachine indique que, chez 
Galtonia caudicans (une Liliacée), il y a deux races qui se distinguent par 


SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 445 


le nombre de chromosomes, et discute l'importance de ce phénomène 
pour la fécondation croisée des plantes. 

J'ai commencé, il y a déjà beaucoup d'années, l'étude cytologique 
des Chermèés, afin de constater le nombre des chromosomes chez 
diverses espèces et générations de ces insectes et d’y trouver une base, 
s’il est possible, pour l'explication des cycles biologiques. Les résultats 
que j'ai obtenus semblent montrer que les espèces Ch. abielis et 
Ch. viridis, tout en se ressemblant extérieurement, présentent une 
différence dans le nombre des chromosomes et dans le mode du pro- 
cessus de réduction qui a lieu au cours de la division du noyau 
de l'œuf; mais des difficultés techniques et des obstacles purement 
extérieurs m'ont empêché d'arriver à des conclusions plus précises. 


CONTRIBUTION A LA PHYSIOLOGIE DU CORPS THYROÏDE. LA TENEUR EN AZOTE, 
EN PHOSPHORE, EN LIPOÏDES DE DIFFÉRENTS ORGANES DES ANIMAUX THY- 
ROÏDECTOMISÉS, 
; par À. JOUSTCHÉNKO. 


L'activité des glandes à sécrétion interne intéresse autant les cliniciens 
praticiens que les biologistes théoriciens, mais la médecine pratique pose 
souvent des questions que la médecine théorique ne peut pas résoudre. 

Si l’on en juge d’après ses débuts, notre siècle sera en médecine le siècle de 
la chimie physique en général et des recherches biochimiques en particulier, 
dont les progrès ouvrent déjà à présent une voie large pour des nouvelles 
recherches dans quelques-unes de parties de la médecine, notamment dans 
la neurologie el dans la psychiatrie. Les recherches sur l’état des glandes à 
sécrétion interne dans les maladies nerveuses et mentales, l'étude des 
troubles dans les processus d’assimilation et de désassimilation, et des phé- 
nomènes d’auto-intoxication que l'on constate au cours des maladies men- 
tales, l'étude des processus de fermentation et de ceux liés à l’immunité, 
tels sont les problèmes posés par les doctrines les plus intéressantes de la 
psychiatrie moderne. 

En ce qui concerne l'étude des glandes à sécrétion interne, la plupart des 
recherches qui ont trait à ce problème se rapportent au corps.parathy- 
roïde. Beaucoup de travaux et d’hypothèses ont été consacrés à l'étude de 
la fonction de cet organe, mais il existe encore peu de faits bien établis. On 
sait que cet appareil est nécessaire pour la vie des animaux supérieurs, qu'il 
joue un rôle plus important chez les carnivores que chez les herbivores. 
L'ablation de cet appareil provoque ou bien des crises convulsives aiguës ou 
bien des troubles graves dans la nutrition, que l'on appelle « cachexie 
thyréoprive ». On établit ordinairement un lien entre les convulsions et 
l'ablation des corps parathyroïdes et entre la cachexie et l'absence des corps 
thyroïdes proprement dits. Une quantité de faits plaide en faveur de la thèse, 
selon laquelle les corps thyroïdes et parathyroïdes ne sont pas antlago- 


1246 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


nistes, mais synénergiques. Il existe un lien entre le principe actif de 
toutes les glandes citées et l’albumine iodée. Il y a, entre autres, des observa- 
tions, parmi lesquelles il faut signaler aussi celles de l’auteur, qui témoignent 
d’une atténuation des propriétés hémolytiques et immunisantes du sérum de 
même que des processus fermentatifs des tissus d'animaux parathyroïdec- 
tomisés. 


En présence de toutes ces constatations, l’auteur a cru qu’il y avait 
intérêt à soumettre à une étude comparative la teneur en azote, en 
phosphore et en lipoïdes, des organes d'animaux sains thyroïdeclo- 
misés et hyperlhyroïdés; on connaît le rôle important joué par les 
lipoïdes dans les processus de fermentation et d’immunité. L'auteur 
a opéré sur des jeunes chiens. Les expériences ont porté sur deux 
familles de chiens, élevés au laboratoire, tous dans les mêmes condi- 
tions. La présente communication ne s’occupera que de résullats des 
recherches concernant six jeunes chiens. Deux de ces chiens étaient 
sains, trois ont élé thyroïdectomisés et un fortement hyperthyroïdé. 

Le phosphore total a été déterminé d’après la méthode de Neumann, 
le phosphore inorganique d’après la méthode de Stutzer, l'azote, d’après 
Kjeldahl. L'étude quantitative montre que la quantité de phosphore 
total et de phosphore organique contenue dans le cerveau, le foie, le 
cœur et la rate des animaux thyroïdectomisés a diminué, et que la 
quantilé de phosphore inorganique a augmenté par rapport à la quan- 
tité contenue dans les organes des animaux sains. Dans les reins des 
animaux malades, la teneur en phosphore, sous toutes ses formes, a 
augmenté; dans le sérum, la quantité du phosphore total et de phos- 
phore organique a également augmenté, mais la quantité de phosphore 
inorganique a plutôt diminué. 

Après avoir éliminé les lipoïdes des organes, d'après la méthode citée 
plus bas, on déterminait de nouveau, dans les résidus, le phosphore 
On à constaté que, tandis que la teneur en phosphore total est lrès 
variable dans les différents organes non privés de lipoïdes, elle reste 
toujours constante, présentant 2,12 p. 100 du poids dans les lissus 
privés de lipoïdes. Il est possible que la diversité dans la teneur en 
phosphore de différents organes dépend de leur teneur en lipoïdes- 
phosphatides et que la teneur en phosphore qui n’est pas extrait sous 
forme de phosphalides et qui représente la base stable de la cellule 
est à peu près la même dans tous les organes. 

L'analyse des organes au point de vue de leur teneur en àzote montre 
que la teneur en azote du cerveau, du foie, des muscles, du cœur et de 
la rate des animaux thyroïdectomisés a augmenté, tandis que la teneur 
en azote des reins et du sérum a diminué. Les changements se font 
ici d'une manière inverse de celle que l’on constate dans la répartition 
du phosphore. Dans les organes privés de lipoïdes, la quantité d'azote 
augmente. 


| 
A 


SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 147 


. Les lipoïdes ont été extraits d'après la méthode de Fränkel modifiée. 

On extrayait par l'acétone bouillant les graisses, la cholestérine et un 
peu de phosphatides, par l’éther de pétrole bouillant les lipoïdes 
libres, et par l’alcool bouïillant les lipoïdes fiés. On a constaté que la 
quantité totale des lipoïdes contenue dans les organes des animaux 
thyroïdectomisés a indubitablement augmenté, tandis que celle contenue 
dans le sérum a, au contraire, diminué. 

L'analyse fractionnée montre que la quantité des lipoïdes extraits 
par l’acétone a diminué dans le cœur,les muscles, le cerveau et les 
reins des animaux thyroïdectomisés ; la quantité des lipoïdes extraits 
par l’éther a diminué dans, le cerveau et le foie et a augmenté dans le. 
sérum ; la quantité de lipoïdes extraits par l'alcool à augmenté dans les 
reins et le sérum et a diminué dans le cerveau, les muscles et le foie. 
Les lipoïdes que l’on a extraits du cerveau, du cœur, du foie et du 
sérum ont été analysés au point de vue de leur teneur en azote et en 
phosphore. On a constaté que l’athyroïdisme provoque des change- 
ments, peu prononcés, dans la structure des lipoïdes au point de vue 
de leur teneur en azote et en phosphore. 

Cilons encore les résultats de l’étude des organes et du sérum des 
animaux sains et des animaux thyroïdectomisés au point de vue de 
leur teneur en bases puriques (d’après Krüger et Schmidt). On a 
constaté que la quantité de bases puriques a augmenté, chezles animaux 
thyroïdectomisés, dans tous les organes et surtout dans les reins, le 
cœur, le cerveau et le sérum. 

Sans s'arrêter aux théories qui pourraient expliquer les résultats 
constatés, l’auteur suppose que, sous l'influence de l’ablation de l'appa- 
reil parathyroïde, apparaissent, principalement et en premier lieu, des 
troubles dans le biochimisme des corps albuminoïdes et entre autres 
des nucléoprotéides. 


POUVOIR PHAGOCYTAIRE DES LEUCOCYTES DANS LES LEUCÉMIES, 


par Tcuisrovircn et M. ARINKRINE. 


En 1908, MM. Achard, Ramond et Feuillié (1) ont été les premiers à constater 
que le pouvoir phagocytaire des leucocytes d’un leucémique myélogène est 
plus faible que celui d'un homme bien portant. 

Au cours de la même année, M. Parvu (2) a constaté ce fait intéressant que 
les polynucléaires neutrophiles d’un leucémique myélogène possèdent un pou- 


(1) Achard, Ramond et Feuillié. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
11 juillet 4908, p. 56. 
(2) Parvu. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1908, p. 480. 


KL HT s: Ses +54 


148 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


voir phagocytaire très faible. Ce fait doit être attribué en grande partie à 
l’affaiblissement du pouvoir opsonique du sang. Les mêmes leucocytes du 
leucémique, mêlés au sérum du sang d’un homme bien portant, possèdent ce 
pouvoir à un plus haut degré. M. Parvu a constaté encore le fait important 
que les leucocytes mononucléaires remplacent, jusqu'à un certain point, les 
polynucléaires dans leur fonction phagocytaire. 

Les recherches d’Achard et de ses élèves MM. Ramond et Foix (1) sont en 
désaccord avec les idées de M. Parvu. Ces auteurs soutiennent que chez 
leurs leucémiques les polynucléaires neutrophiles seuls possèdent le pouvoir 
phagocytaire. Quant à toutes les formes pathologiques de leucocytes, elles 
sont complètement dépourvues de ce pouvoir. Leurs expériences étaient 
faites avec le sang de leucémiques chroniques, myélogène et lymphatique et 
avec celui d’un leucémique atteint d’une forme aiguë. 

Dernièrement, M. de Marchio (2) a publié ses expériences faites sur quatre 
cas de leucémie myélogène. Selon lui, la faculté phagocytaire et opsonique 
était affaiblie, mais en revanche, tous les leucocytes de ses malades possédaient 
le pouvoir phagocytaire, les lymphocytes exceptés. 

Au cours de l’année 1911-1912, nous avons pu observer, dans notre 
clinique thérapeutique, trois cas de leucémie, et nous avons étudié le 
pouvoir phagocytaire de ces malades. Deux d’entre eux souffraient d’une. 
forme chronique de leucémie. 

Le premier de ces malades, un paysan âgé de trente-huit ans, pré- 
sentait une splénomégalie considérable; pas de ganglions. Son sang 
contenait : érythrocytes, 3.100.000 par mm. c.; Hb, 68 p. 100 ; leuco- 
cytes, 250.000. Indiquons que les leucocytes de provenance myélogène 
prévalaient en nombre. 

Formule leucocytaire : polynucléaires neutrophiles, 37,4 p. 100 ; pol. 
éosinophiles, 4,4 p. 100; pol. basophiles, 7,4 p. 100; myélocytes, 
10,8 p. 100: leucocytes de formes de transition à noyaux en fer à cheval, 
à des granulations neutrophiles, éosinophiles et basophiles, 12,4 p. 100 ; 
grands mononucléaires, 3,4 p. 100 ; lÿmphocytes grands et petits, - 
23,2 p. 100. | 

Pour déterminer le pouvoir phagocytaire des différentes formes de 
leucocytes, nous avons fait des expériences d'après la méthode de 
Wright. Dans ces expériences, nous nous sommes servis d'émulsion de 
bacilles typhiques, de staphylocoques, de globules rouges de cobaye, 
de souris ou de poule et de charbon pilé. 

Nous avons obtenu, dans toutes ces expériences, des résultats à peu 
près analogues. Presque seuls les polynucléaires neutrophiles possé- 
daient le pouvoir phagocytaire et encore était-il peu prononcé. L'on ne 


(1) Foix. Activité leucocylaire et pouvoir leucoactivant des humeurs. Thése 
deParts, AOA1. 

(2) De Marchio. Lo Sperimentale, 1911. 22 novembre. Cité d’après Vratch, 
41912; m°%3;p-. 4100! 


DR La Lit Dé un init lat. mslie-i diff F 


SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 149 


trouvait guère de leucocytes bourrés de microbes, comme on le voit 
ordinairement dans des expériences analogues faites avec du sang 
normal. Outre les polynucléaires neutrophiles, on trouvait parfois des 
leucocytes de forme de transition à noyau réniforme et à granulations 
neutrophiles peu abondantes, qui avaient englobé des microbes ou des 
érythrocytes. L'on observait aussi des myélocytes rares contenant très 
peu de microbes. On voit ainsi que la fonction phagocytaire chez ce 
malade était remplie surtout par les polynucléaires neutrophiles et que 
les formes pathologiques étaient incapables d'assurer cette fonction. 
Les mêmes résultats ont élé obtenus avec le sang du second malade, 


un vieux militaire de soixaute-quatorze ans, très épuisé. 


Splénomégalie considérable, gros foie, ganglions tuméfiés muitiples. 
Numérations : érythrocytes, 2.500.000 ; Hb, 25 p. 100. 

Le nombre de leucocytes atteint 532.000, ils sont presque tous 
mononucléaires. Gros lymphocytes, 68,7 p. 100; petits lymphocytes, 
2J 0 D. 100 : polynucléaires neutrophiles, 1 p. 100; plus tard même, 


0,1 p. 100. 


Nous étions donc en présence d’un cas de leucémie lymphatique, à 
gros lymphocytes. Nos expériences ont porté sur la phagocytose des 
staphylocoques, des bacilles pyocyaniques et des globules rouges de 
cobaye. Dans ce cas également, les polynucléaires neutrophiles seuls 
possédaient le pouvoir phagocylaire et encore était-il bien faible. 

En résumé, chez les deux leucémiques, les polynucléaires neutro- 
philes, qui généralement jouent un grand rôle dans la phagocytose, pos- 
sédaient seuls une activité phagocytaire marquée, et encore, celte 
faculté était-elle amoindrie. Tous les leucocytes non mûrs dont la pré- 
sence dans le sang témoigne d’un prôcessus pathologique ne possé- 
daient pas le pouvoir phagocytaire. Ces résultats, qui sont d'accord 
avec ceux obtenus par MM. Achard, Ramond et Foix, contredisent 
ceux de MM. Parvu et de Marchio. 

Mais cette contradiction n’est qu'apparente. Un troisième cas de 
leucémie, que nous avons observé, nous l’a démontré. Il s'agissait d’une 
jeune fille de vingt-neuf ans, souffrant d’une leucémie aiguë. Elle fut 
placée dans notre clinique deux mois après les premiers symptômes de 
la maladie. En analysant son sang, nous avons trouvé : 1.660.000 
érythrocytes, Hb, 38 p. 100 ; leucocytes, 143.250, dont la plupart 
étaient des lymphocytes grands et petits ; gros lymphocytes, 50,0 p. 100; 
petits lymphocytes, 21,3 p.100 ; gros mononucléaires, 16,7 p. 100; poly- 
nucléaires neutrophiles, 11,7 p. 100 ; forme de transition, 0,3 p. 100. 


La malade avait des paquets de ganglions au cou, aux aisselles et aux aines. 
Le foie et la rate étaient un peu augmentés de volume. 

Nos expériences étaient faites avec une émulsion de staphylocoques. Ici 
encore, l’on observait que le pouvoir phagocytaire des polynucl!éaires neutro- 
philes était affaibli, comparé à celui des neutrophiles normaux. 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 11 


150 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


En mélangeant les leucocytes de notre malade avec son propre sérum, nous 
avons obtenu l'indice phagocytaire de 0,9, tandis que les mêmes leucocytes, 
dans le sérum d’un homme normal, donnaient l'indice phagocytaire 1,2. Les 
leucocytes de ce même individu normal ont donné l'indice phagocytaire 
de 3,6, 

Néanmoins, dans ce cas, les polynucléaires neutrophiles ont été trouvés 
doués d’un pouvoir phagocytaire plus considérable que chez nos deux pre- 
._ miers malades. 

Ce qui distinguait surtout le sang de cette malade, c'est que ses mononu- 
cléaires étaient aussi capables de phagocytose. On voyait des leucocytes à 
noyau en fer à cheval, sans granulations, à protoplasma légèrement baso- 
phile et même de gros mononucléaires à noyau rond, contenant des coccies. 
Nous voyons que, dans ce cas particulier, le pouvoir phagocytaire n’était pas 
exclusivement concentré dans les polynucléaires neutrophiles, comme c'était 
le cas chez nos deux premiers leucémiques chroniques. 


En comparant ces faits avec ceux trouvés dans la littérature, nous 
arrivons aux conclusions suivantes : 

1° Le pouvoir phagocytaire chez les leucémiques est toujours affaibli : 

2 Le pouvoir phagocytaire est surtout marqué chez les ne 
neutrophiles, qui sont aussi les phagocytes par excellence du sang 
normal ; 

3° Les formes non mûres de leucocytes qu'on trouve en grande 
quantité dans le sang des leucémiques possèdent un pouvoir phagocy- 
taire faible, ou bien en sont complètement privées. Ce pouvoir appar- 
tient à quelques formes mononucléaires, probablement à celles d’où 
dérivent les polynucléaires neutrophiles. Donc, il n'apparait qu'à un 
certain stade du développement des leucocytes ; 

4 Les leucémies qui se ressemblent au point de vue de leurs for- 
mules leucocytaires peuvent présenter des dissemblances très accusées 
quant à leur pouvoir phagocytaire. 


(De la clinique médicale à l'Académie de médecine de Saint-Pétersbourgq.) 


| 


151 


REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


SÉANCE DU 7 JANVIER 1913 


Came (J.) : Traitement des buis 
contre le Monarthropalpus buxi Lab. 
DeLaunsy (H.) : Sur la répartition 
de. l'azote restant du sang et du 
liquide cavitaire de quelques inver- 
tébrés 
DerauxaAY (H.) : Sur quelques faits 


SOMMAIRE 


particuliers à la répartition de 
l’azote dans le liquide cavitaire des 
vers (Aphiodile aculeata, Sipuncu- 
LUS ITU) MEET SP RE PE 

DExiGès (G.) et Cnezze (L.) : Dé- 
termination rapide des bromures 
dans lesiunines PE Pen Ter s 


Présidence de M. J. Bergonié, président. 


SUR LA RÉPARTITION DE L'AZOTE RESTANT DU SANG 
ET DU LIQUIDE CAVITAIRE DE QUELQUES INVERTÉBRÉS, 


par H. DELAUNAY. 


Dans une note précédente (1), j'ai établi les rapports qu'affectent, 
dans le sang et le liquide cavitaire de quelques invertébrés, l’azote 
restant et l'azote protéique; dans cette note, J'étudierai les corps qui 
forment l’azote restant de ces liquides. 

La technique utilisée pour ces recherches, qui sera publiée en détail 
ultérieurement, consiste essentiellement à doser: 

1° L’azote restant total (azote non 'précipitable par l'acide mélaphos- 


phorique ou trichloracétique) ; 


2 L'azote restant titrable au formol (azote de NH° et NH°) ; 
3° L’azote ammoniacal, après distillation dans le vide à 40 degrés ; 
% L’azote restant tilrable à l'hypobromite (azote de NH° et de 


l’urée). 


(1) H. Delaunay. Sur l'azote restant du sang et du liquide cavitaire de 


quelques invertébrés. Ses rapports avec l'azote protéique. Comples rendus 


la Soc. de Biologie, t. LXXIIE, p. 492. 


152 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


Cette méthode m'a permis de déterminer la teneur en azote aminé 
libre'titrable au formol, en azote ammoniacal et en azote uréique des 
liquides cavitaires. Toutefois, en additionnant les chiffres ainsi obtenus, 
on ne relrouve pas le chiffre de l'azote restant total, il reste toujours 
une certaine quantité d'azote de nature inconnue, que j'ai dû mettre 
sous la rubrique « azote indéterminé ». 

Dans le tableau suivant, j'ai réuni quelques-uns de nos résultats 
(moyennes) relatifs à des invertébrés pris dans des groupes très diffé- 
rents. 


ASTERTAS SIPUNCULUS MAJA SEPIA 
RUBENS NUDUS SQUINADO OFFICINALIS 
Azote restant total : 
pA101)c rc mer) ER SET DE 20,0 16,0 15,0 
Azote aminé : 
DaMODIC CN mon) ee 10 8,0 4,1 8,0 
Rapport p. 100 d'N. . . . . (46,8) (40,0) (25,6) (53,0) 
Azote ammoniacal : 
DA EC Em En) EME SET 0,4 1,0 22 2,4 
Rapport p. 100 d'N . . . .. (12,5) (5.0) (13,1) (16,0) 
Azote uréique : 
PaAl0DEC AC A(Nor Eee 0,1 2,0 552 — 
Rapport p. 100 d'N. . . .. (21E0) (10,0) (20,0) — 
Azote indéterminé : 
p'A0DeTC mer) ere 0,6 9,0 6,5 4,6 
Rapport p. 100 d'N . . . . . (18,7) (45,0) (40,6) (31,0) 


Ces résultats sont intéressants en ce sens qu'ils montrent que, parmi 
les corps qui forment l'azote restant, il existe chez les invertébrés 
étudiés, à côté des corps azotés de déchets destinés à l’excrélion (ammo- 
niaque et urée) des corps aminés libres titrablesau formol, appartenant 
vraisemblablement à des acides aminés. à 
(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine 

de Bordeaux.) 


DÉTERMINATION RAPIDE DES BROMURES DANS LES URINES, 


par G. DENIGÈS et L. CHELLE. 


La déterminalion qualitative el surtout quantitative de l'ion brome 
dans les urines, est une des opérationsles plus laborieuses de l’urologie. 


SÉANCE DU 7 JANVIER 153 


L'un de nous a déjà donné (1) une solution pratique de la question au 
point de vue qualitatif. Labat, dans ses belles recherches sur la présence 
du brome dans les organes de l’homme (2), a été plus loin dans cette voie 
el, par une heureuse modification du procédé de Swartz-Baubigny, a pu 
même démontrer, d'une manière définitive, que chez l’être humain sou- 
mis à une alimentation chlorurée moyenne, les urines renfermaient 
constamment quelques milligrammes de brome combiné, par litre. 

Toutefois, la méthode de Labat, établie surtout en vue de résoudre 
d'une manière définitive une question bio-chimique restée en suspens, 
estencore un peu longue dans la pratique courante. La suivante, d’une 

. très grande facilité et rapidité d'exécution, nous paraît répondre à tous 
les desiderata. 

Elle est fondée sur l'emploi de la réaction que nous avons récemment 
fait connaître (3) et d’après laquelle le brome, libre ou extemporané- 
ment libéré de ses combinaisons, donne, avec la fuchsine préalable- 
ment décolorée par l'acide sulfurique, un dérivé bromé de forte intensité 
colorante et soluble dans le chloroforme à l'exclusion des sels de rosa- 
niline, Le réactif s'obtient comme suit : 

Dans un mélange, refroidi, de 5 c.c. d'acide sulfurique pur et de suf- 
fisamment d’eau distillée, pour avoir 100 c.c. de liquide, verser, en agi- 
tant, 10c.c. d’une solution de fuchsine au millième. Le mélange se 
décolore peu à peu. En moins d’une heure, il est prêt pour l'emploi et 
est inaltérable. : 


Mode opératoire. — S'il s’agit de la recherche des bromures adminis- 
trés à dose médicamenteuse, il suffit d'opérer sur 1 c.c. d'urine; pour 
la détermination du brome normal, on opérera sur 10 à 50 c.c. de ce 
liquide selon que l'alimentation est moins ou plus chlorurée. On ajoute, 
à la prise d'essai, le dixième de son volume de soude ou de potasse pure 
à 4 ou 5 p. 100 (de solution normale, par exemple) et on évapore rapide- 
ment à sec puis on incinère. Le résidu est repris par 5 c.c. d’eau et 
filtré sur un petit filtre plat, préalablement mouillé. 

Le filtrat, recueilli dans un tube à essai, est additionné de 4 gouttes 
d'acide chlorhydrique pur, puis, après agitation, de 1 c.c. d’acide sul- 
furique pur. Aussitôt après le départ complet de GO° et agitalion, on 
ajoute Ac.c. de réactif fuchsiné, Oc.c.2 d’une solution de CrO* K° à 
10 p. 100 et on mélange. Puis on ajoute 1 c.c. de chloroforme et, obtu- 
rant le tube, on agite très violemment son contenu pendant au moins 


(4) Bulletin de la Société de Pharmacie de Bordeaux, 1909, p. 71. 

(2) Thèse de Médecine de la Faculté de médecine et de pharmacie de Bor- 
deaux, 1912. 

(3) Comptes rendus de l’Acad. des sciences, 25 novembre 1912, et Bulletin de 
- - la Société de Pharmacie de Bordeaux, novembre 1912. 


154 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


une demi-minute. On laisse reposer : le chloroforme se sépare coloré en 
rouge violet d'autant plus intense qu'il y avait plus de bromures dans 
l'urine (1). On peut déceler ainsi jusqu’à 0 milligr. 01 de brome com- 
biné dans la prise d'essai. Si l'on soupconnait la présence simultanée 
d'iode (ce qu'un essai direet à l’avotite de soade, en milieu acide, en 
présence de chloroforme, äpprendrait aisément), une ou plusieurs 
gouttes de bisulfite de soude en solution suffisamment diluée, agitées 
avec le mélange, feraient disparaître instantanément la coloration due 
à l'iode, tout en respectant celle qu’aurait produite le brome. Tant que 
la dose d’iode ne dépasse pas 0 milligr. 05 dans la prise d'essai, on n’a 
pas besoin d’avoir recours à cette addition ; pour les doses supérieures, 
il faut augmenter la quantité de chromate et employer le bisulfite ou 
chasser, au préalable, l'iode par ébullition en présence d’un sel ferrique 
(alun ferrique ou chlorure). 

Des essais comparatifs avec des solutions bromurées litrées per- 
mettent d'effectuer des dosages colorimétriques rapides après ou sans 
décantation du chloroforme dont on pourra augmenter le volume pour 
les fortes teneurs en brome. Nous avons pu ainsi vérifier, d'une manière 
complète, les chiffres trouvés par Labat pour la teneur des urines nor- 
males en brome combiné. 

Une technique analogue est applicable aux autres liquides de l’orga- 
nisme et aux produits biologiques quelconques. 


SUR QUELQUES FAITS PARTICULIERS A LA RÉPARTITION DE L'AZOTE DANS LE 
LIQUIDE CAVITAIRE DES VERS (Aphrodite aculeata, Sipunculus nudus), 


par H. DELAUNAY. 


Au cours de mes recherches sur les échanges azotés des invertébrés, 
j'ai observé chez les Vers deux faits qui me paraissent intéressants et 
sur lesquels je désire atlirer l'attention. Le premier est relatif aux varia- 
tions considérables de l'azote dans le liquide cavitaire d'Aphrodite 
aculeata déjà signalées dans une note précédente, l’autre se rapporte à 
la présence d'une quantité importante d'azote restant dans les éléments 
figurés du liquide cavitaire de Sipunculus nudus. 

Lorsqu'on examine le liquide cavitaire d'Aphrodite à diverses époques 


(1) Si l’on veut faire cesser très rapidement l’émulsion du chloroforme et 
assurer une longue durée à la coloration prise par ce dissolvant, il est bon 
d'ajouter, après l’agitation, au mélange, 5 c.c. d’eau chlorhydrique à 4 ou 
5 p. 109 en volume et de retourner plusieurs fois le tube sur lui-même sans 
émulsionner de nouveau. Cette pratique est très recommandable. 


SÉANCE DU 7 JANVIER : 155 


de l’année, on constate que tantôt il est clair limpide comme l’eau de 
mer et ne contient que quelques rares éléments figurés, tantôt au 
contraire il apparaît lactescent, plus ou moins visqueux, tenant en 
suspension des produits sexuels œufs ou spermatozoïdes. Si l’on soumet 
ces liquides non centrifugés à l'analyse et à l'examen microscopique, on 
constate que les variations en éléments azotés du liquide cavitaire sont 
en rapport avec la présence en plus ou moins grande quantité des 
produits génitaux. 
Dans le tableau suivant, j'ai noté la tir de l'azote dans quatre 

liquides cavitaires non centrifugés, contenant des quantités croissantes 
de produits génitaux. 3 


LIQUIDE TNA 


Clair 
limpide. 


Visqueux Très visqueux 


Lactescent. lactescent. lactescent. 


ASPECT 


NAHOtAl RES 
N. protéique. . 
N:restant . . 
NAN): 

. (NHS) . 

. (uréique) . 

. indéterminé. 


B 


oc 


294,0 mg. 


5 
te 


4 cr 00 I co ur 


4 
A + 
ES 
2 
€ =) 
CHE 
Au 
5 - 
CE 
A 


10 © bo © 1 
© © 1 S Gi © 


# Où  s 


D 0 © ND © © 


Ainsi, au moment de la ponte, chez Aphrodite aculeata, il y a dans 
le liquide cavitaire une augmentation considérable de l'azote protéique 
et de l'azote restant total. Parmi les constituants de ce dernier la plus- 
value porte principalement sur l’azote aminé libre titrable au formol et 
l'azote indéterminé. J'ai pu m'assurer que l'azote indé!erminé est, en 
partie tout au moins, de l'azote polypeptidique, car le liquide cavitaire 
débarrassé de ses albumines et additionné à froid de réactif de 
Tanret devient trouble. Ce trouble disparaît à chaud; c’est là, comme 
on sail, une réaction propre aux peptones. 

La présence en quantité notable d'azote aminé et d’azote polypepti- 
dique dans le liquide cavitaire d'Aphrodite à l’époque de l’ovogenèse et 
de la spermatogenèse s'explique bien, si l'on considère que chez les Vers 
en général, et en particulier chez celui qui nous occupe, les produits 
génitaux, aussitôt après leur formation, ne sont pas excrétés au dehors 
comme chez les autres invertébrés, mais restent un certain temps dans 
la cavité générale, où ils se développent. Le liquide cavitaire devient à ce 
moment le milieu nutritif des produits sexuels. Puisqu'il contient alors, 
et alors seulement, une importante quantité d'azote aminé et d'azote 
polypeptidique, on est autorisé à penser que ces corps azotés simples 
sontutilisés pour la formation des produits génitaux, et l'on saisit ainsi 
in vivo les diverses étapes d’un processus albuminogénique simple. 


156 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


_ Chez Sipunculus nudus, j'ai pu mettre en évidence un autre fait, la 
présence d'une quantité importante d’azote restant dans les éléments 
figurés du liquide cavitaire de cet animal. 

Le Sipencle se prête particulièrement bien à ce genre de recherches, 
car son sang est riche en éléments figurés divers, qu'il est facile de 
séparer par centrifugation. 

Dans le tableau suivant, je donne comparativement, pour un même 
liquide cavitaire, la teneur en divers éléments azotés du liquide total, 
des éléments figurés et du plasma. 


RÉPARTITION DE L'AZOTE LIQUIDE CAVITAIRE ÉLÉMENTS 

pour 4100 c.c. £ total. figurés. LS 

AZOLESLOLal RES Ve 2 MEET Ee 720,0 mg. 682,0 mo. 38.0 mg 
AZOLe PrOleIQUe te NP CNE 599,0 581,0 18,0 
AZzoterrestantitotal tentent 121 ,0 104,0 20,0 
Arote amInE er De ras 18,0 10,0 8.0 
Azote ammoniacal. . . . … . . . 1,8 0,8 1.0 
AZoOleLUTÉiqUue. NL CN AS 10,2 8,2 2,0 
AZOLE MUÉCERNINEMEN PR 31.0 22,0 9,0 


Il ressort de ce tableau que les éléments figurés du sang de Siponcle 
sont riches en azote restant, et surtout en azote aminé et indéterminé. 
Là encore l'azote indéterminé est en partie de nature polypeptidique, 
comme j'ai pu m'en assurer. 

En résumé, il apparaît que, chez les Vers (Aphrodite, Siponcle), le 
liquide cavitaire contient en quantité notable de l'azote aminé libre 
titrable au formol et de l'azote polypeptidique, provenant vraisembla- 
blement de la digestion: que ces corps azotés simples sont fixés par 
les éléments figurés et ulilisés largement pour la formation des pro- 
duits sexuels. 

(Travail du laboratoire de physiologie 
de la Faculté de médecine de Bordeaux.) 


TRAITEMENT DES BUIS CONTRE LE Monarthropalpus buxi Las., 


par J. CHAINE. 


La Cécidomyie du Buis {Monarthropalpus buxi Lab.) est un frêle petit 
Diptère dont la larve parasite les Buis, principalement le Buis commun, 
vivant à l'intérieur du parenchyme foliaire, qu'elle creuse. 

Pour détruire cet animal et protéger les arbustes, il ne faut guère 
songer à combattre l’Insecte adulte. Celui-ci vole et, par conséquent, est 


= 


SÉANCE DU 7 JANVIER 45 


très difficile à atteindre. Quant à tuer les larves et les nymphes, c'est 
bien difficile aussi, même impossible, car elles sont à l'abri dans leur 
loge bien close et rien ne peut les y atteindre. 

Le principal moyen que l’on ait à sa disposition est donc d'empêcher 
la Cécidomyie de se reproduire, autrement dit de pondre. Pour cela j'ai 
imaginé un procédé qui m'a donné de bons résultats: j'ai été conduit à 
l'appliquer à la suite d'observations que j'avais faites sur mes arbustes 
en expérience dans les jardins de la ville de Bordeaux. 

J'ai constaté, en effet, que la Cécidomyie du Buis ne pond pas sur les 
feuilles souillées par des poussières. La femelle s'approche bien de ces 
feuilles, voltige autour d’elles, cherche un endroit propice pour se poser 
et, lasse de ne pas trouver de régions propres, finit par s'envoler au loin. 
Les pieds croissant le long des routes sont ainsi naturellement pro- 

tégés. 

De mes observations, ilrésulte encore que ce qui éloigne la Cécidomyie 
des feuilles du Buis, lors de la ponte, ce n’est pas tant la nature de la 
substance répandue sur celles-ci que le fait que la surface foliaire est 
sale. J'ai réussi à empêcher l’Insecte de pondre sur les Buis en insuf- 
flant sur ceux-ci du soufre ou de la suie; je suis persuadé, bien que ne 
l'ayant pas tenté, qu on réussirait tout aussi bien avec de la cendre ou 
tout autre corps pulvérisé. 

J'ajouterai même que ce ne sont pas seulement les poussières qui sont 
susceptibles de jouer un rôle utile pour éloigner le Monarthropalpus 
buxi des feuilles du Buis; il semble qu'il suffit que les feuilles soient 
souillées d'une facon quelconque. C’est ainsi, par exemple, que j'ai 
réussi à éloigner ces êtres en aspergeant, avant la ponte, de la nicotine 
sur les feuilles de l’arbuste ou même seulement de l'eau savonneuse. 

Lorsque l’on asperge le Buis d’une substance liquide ou que l’on 
répand sur lui une matière réduite en fine poussière dans le but d’em- 
pêcher les Cécidomyies femelles de déposer leurs œufs, il faut avoir soin 
de veiller à ce que le corps que l’on emploie adhère à la face inférieure 
de la feuille, car c'est là l’unique lieu de ponte de ces êtres. Si l’on 
asperge ou saupoudre l’arbuste äe Ja même façon que l’on « sulfate » ou 
« soufre » la vigne, c'est à peu près comme si l'on ne faisait rien. il 
faut aussi avoir soin de ne faire ces opérations qu'au moment où la 
ponte va avoir lieu. Ici, comme dans toute lutte contre les Insectes, Le 
traitement doit être appliqué au moment rare trop tôt ou trop tard, 
il ne donne rien. 

Après avoir essayé diverses substances, J'ai adieu choisi la 
fleur de soufre qui m’a donné des résultats bien supérieurs à l'emploi de 
tout autre corps. La partie difficile de l'opération est de faire adhérer la 
fleur de soufre à la face inférieure des feuilles; à cet effet, je recom- 
mande le procédé spécial suivant qui m'a été suggéré par l'expérience 
etqui m'a donné d'excellents résultats. 


Le 


158 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX À 


Avec de l’eau, au moyen d’un vaporisateur, on mouille la face inférieure 
des feuilles en suivant les rameaux de bas en haut ; immédiatement après, on 
opère de la même façon avec un petit soufflet muni d’une fine toile métal- 
lique à l'extrémité de son tube, et contenant de la fleur de soufre. Les parti- 
cules de la poudre lancées sur la feuille mouillée y adhèrent assez solidement 
et cette adhérence persiste lorsque l’eau est évaporée. L'opération doit ètre 
faite avec soin, de facon à ne pas laisser de rameaux indemnes, toute feuille 
jeune non soupoudrée étant certainement visitée par les femelles et cela 
d'autant mieuxque les autres ne sont pas abordables pour l’Insecte. 


La période de ponte de la Cécidomyie durant de deux àtroissemaines, 
il peut être utile de renouveler l'opération une ou deux fois pendant ce 
laps de temps pourdiverses raisons (croissance des feuilles, pluie, etc). 
Quel que soit cependant Le soin apporté, il arrive toujours que certaines 
feuilles reçoivent la visite de femelles et recèlent par conséquent des 
œufs, soit que ces feuilles n'aient pas été saupoudrées, soit que pourune 
raison quelconque elles aient perdu la couche de soufre qui les recou- 
vrait, Pour débarrasser les arbustes de ces derniers parasites, je 
conseille de les visiter vers la fin du mois de janvier ou au commence- 
ment de février; on enlève les feuilles gallisées qüi sont alors très faci- 
lement reconnaissables. Rien de plus facile que de se débarrasser des 
feuilles coupées; il n’y a qu'à les laissser tomber à terre sans aucune 
crainte de contagion, car les larves du NWonarthropalpus buxi meurent 
assez rapidement lorsque la feuille qui les contient a été séparée de son 
rameau. 


COMPOSITION DU BUREAU POUR 1913. 


Président : M. J. BERGONIÉ. 

Vice-présidents : MM. SaBrazÈs et PAcHoN. 
Secrétaire général : M. H. VERGER. 

Trésorier : M. Moxcocr. 

Secrétaires des séances : MM. Buarp et MouxiNié. 


(4) 159 
SEANCE DU 13 JANVIER 1913 
SOMMAIRE 

” Cuévor (L.) : Excrétion et phago- Mercier (L.) : À propos des né- 
cytose chez les Sipunculiens . . . . phrophagocytes de l'utérus de la 
Durocr (M.) : Miroir grossissant lapine westante. 140 JM EAU 1 
destiné à donner de bonnes images. Parisot (JACQUES) et MaTniEU 
par réflexion sous l'incidence obli- (PIERRE) Hyperglycémie expéri- 
QUE SE LR MENLAIE EL TIUTESE 0 20.00 10 
Lasseur (Ps.) et Tairy (G.) : Nou- SARTORY (A.) : Note sur un nou- 
velles  colorations présentées par veau champignon pathogène du 
certains microorganismes cultivés DenreN DES AOC E CRM ENTER 8 


en milieux synthétiques. . . . . .. 


Présidence de M. Cuénot. 


EXCRÉTION ET PHAGOCYTOSE CHEZ LES SIPUNCULIENS, 


par L. Cuénor. 


Dans le groupe des Sipunculiens, les cellules ou organes en rapport 
avec l'élimination des déchets solubles et figurés sont {rès nombreux, et 
leur fonetionnement est des plus intéressants; j'ai essayé, dans cette 
note, en reliant et complétant les connaissances très fragmentaires que 
l’on possédait sur ce sujet, de présenter un lableau à peu près complet 
des processus éliminateurs, qu'on peut commodément étudier par la 
méthode des injections physiologiques. 

1° Les hématies à hémérythrine du liquide cælomique et des canaux 
de Poli renferment une ou plusieurs vacuoles -dont le liquide tient en 
suspension de pelits granules jaunes à mouvements browniens. Le 
carmin soluble et le bleu de méthyle des injections physiologiques 
passent dans la vacuole, qui est ainsi comparable dans une certaine 
mesure à la vacuole excrétrice des Protozoaires. Les granules 
browniens sont sans aucun doute un produit de déchet ; 


160 | RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (2) 


2° Les néphridies éliminent électivement l'indigocarmin et la FuchsinS; 
leurs cellules, bourrées de boules d’excrétion (urate chez Phascolion 
strombi), ont une réaction acide; chez Phascolosoma, elles sont capables 
d'ingérer en plus ou moins grand nombre des grains d'encre de Chine 
en contact avec leur face libre ; 

3° Des cellules péritonéales ou chloragogènes, brièvement signalées par 
Kowalevsky (1889) chez Phascolosoma et Aspidosiphon, revêtent princi- 
palement la surface exlerne de l’æœsophage et de :a spire ascendante de 
l'intestin jusqu'au rectum; il y a également des chloragogènes, de 

structure un peu différente, à la surface interne des canaux de Poli. Les 
chloragogènes éliminent électivement le carmin soluble et le tournesol 
dissous des injections physiologiques, à un degré plus faible la Fuchsin S 
et l’indigocarmin, et ont une réaction acide. Normalement ces cellules 
fabriquent des granules incolores ou jaunâtres, dont la nature chimique 
est inconnue, qu'elles rejettent dans le cœlome (ou dans la cavité des 
canaux de Poli). En plus de cette fonction-excrétrice, les chloragogènes 
cœlomiques ont un haut pouvoir phagocytaire pour les fins granules 
d'encre de Chine et de carmin solide (Phascolosoma, Phascolion, Phys- 
conosoma), et on peut les rendre visibles aussi bien par une injection 
cœlomique de carmin soluble que par une injection d’encre : ee sont 
donc des néphrophagocytes tout à fait typiques, comme ceux que l’on 
connaît chez les Crustacés, les Echinodermes et les Vertébrés ; 

4° Comme d'ordinaire, les stades jeunes des amibocytes, à cytoplasme 
hyalin, ont aussi le pouvoir phagocytaire et la réaction acide. Je 
parlerai plus loin de leur fonction excrétrice, que je ne puis affirmer 
que chez Sipunculus nudus et Siphonosoma arcassonensis ; 

5° Enfin il existe des appareils vibratiles très singuliers, les urnes; 
soit fixées à la surface externe de l'intestin ascendant, soit libres dans le 
cœlome (Physconosoma, Sipunculus nudus), qui ont la propriété d’agglu- 
tiner avec une rapidité extrême les particules solides ou les cellules 
chargées de produits de déchet qui passent dans leur sphère d'action, de 
les agglomérer avec des phagocytes également attirés, pour finalement 
les rejeter dans le cælome en paquets compacts. Chez le Sipunculus 
nudus, en plus des urnes libres du cœlome, il existe aussi à l’intérieur 
des deux canaux de Poli de nombreuses urnes fixes, qui ont le même 
pouvoir agglutinant. 

Chez le Sipunculus nudus, l'espèce si souvent prise comme type du 
groupe, l’excrétion présente des particularités intéressantes : Les chlo- 
ragogènes, qui jusqu'ici n'avaient pas été vus, sont notablement moins 
développés que chez les Sipunculiens précédents : il y en a sur 
l’œsophage, sur une parlie de la spire descendante, sur toute la 
spire ascendante jusqu'au rectum, et à la surface interne et externe des 
canaux de Poli; à l'état normal, ces cellules sont remplies de granules 
incolores ou jaune d'or, suivant les régions; après injection de carmin 


(à) : SÉANCE DU 13 JANVIER | 161 


soluble ou de tournesol, ces substances se retrouvent dans de petites 
vacuoies à réaction acide, mélangées aux granules. Mais les chlorago- 
gènes n'ont pas le pouvoir phagocytaire; peut-être celui-ci est-il rendu 
inutile par le très remarquable pouvoir agglutinant et le grand nombre 
des urnes libres. 3 

D'autre part, chez Sipunculus nudus et Siphonosoma arcassonensis, les 
chloragogènes sont doublés au point de vue de l’excrétion par les ami- 
bocytes jeunes, qui possèdent la propriété d'éliminer très activement le 
carmin soluble et le tournesol des injections physiologiques, en même 
temps qu'ils sont phagocytes pour les particules figurées. Outre les ami- 
bocytes libres, on lrouve, spécialement dans l’épaisseur des parois 
intestinales, des canaux de Poli, dans les glandes anales, etc., des 
aimibocytes migrants qui, à la suite d'injection de tournesol ou de 
carmin soluble, apparaissent remplis de vacuoles ou de grains roses, à 
réaction acide. Le grand nombre et l’activité de ces amibocytes excré- 
teurs suppléent sans doute au faible pouvoir éliminateur des chlorago- 
gènes péritonéaux. 

Amibocytes excréteurs et chloragogènes fabriquent à l’état normal un 
produit d’excrétion sous forme de granules jaunes, dont la nature 
chimique est inconnue (ce n’est certainement pas de l'acide urique, 
comme l'a avancé Ladreyt). De nombreux paquets de ces granules 
forment des amas bruns, logés à demeure dans le conjonctif ou les 
canaux de Poli; une petite partie traverse la paroi du tube digestif, 
parvientdans salumière, etestainsidéfinitivement éliminée ; cequitombe 
dans le cœlome, agglutiné par l’action des urnes avec d’autres parli- 
cules étrangères (kystes de Grégarines, grains de sable ayant perforé la 
paroi intestinale), contribue à former de volumineux « corps bruns », 
dont quelques-uns peuvent, de temps à autre, passer par l’entonnoir 
vibratile des néphridies et être expulsés au dehors. 


MIROIR GROSSISSANT DESTINÉ A DONNER DE BONNES IMAGES PAR RÉFLEXION 
SOUS L'INCIDENCE OBLIQUE, 
par M. Durour. 

L'instrument que j'ai l'honneur de présenter à mes collègues de la 
Réunion biologique est de nature à rendre service aux laryngologistes, 
aux dentistes et plus généralement à tous ceux qui peuvent avoir à exa- 
miner une image par réflexion produite par des rayons lumineux qui 
se réfléchissent sous une incidence oblique. 

Quand, pour produire une image par réflexion, on emploie un miroir 
vlan, l’image est bonne, quelle que soit l'incidence des rayons utiles ; 


162 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


quand on emploie un miroir grossissant ordinaire, un miroir sphérique 
concave, on peut obtenir une bonne image à condition que les rayons 
- Jumineux rencontrent le miroir sous une incidence très voisine de la 
normale ; par exemple, on peut se voir convenablement dans un miroir 
à faire la barbe. Mais, dès que les rayons lumineux s’écartent sen- 
siblement de l'incidence normale, les images sont plus ou moins 
déformées et manquent de netteté. Celte constatalion facile à faire 
est en accord complet avec la théorie des miroirs sphériques telle 
qu'on l’établit dans les cours de Physique élémentaire. Pour pou- 
voir démontrer qu'il se produit une image, on est obligé de supposer 
qu'il s'agit d'un miroir de très faible ouverture et que les rayons Iumi- 
neux sont très peu inclinés sur l’axe du miroir. Des considérations 
d'optique géométrique un peu plus poussées montrent que, dans le cas 
plus général où un faisceau de rayons isogènes ou homocentriques tombe 
obliquement sur une portion de miroir sphérique, le faisceau réfléchi 
n’est plus homocentrique, c’est-à-dire que tous les rayons du faisceau 
ne vont plus passer par un même point, mais que, en première approxi- 
mation, le faisceau réfléchi présente deux étranglements dans lesquels 
les rayons viennent s'appuyer sur deux petites droites qu'on appelle les 
focales de Sturm : le faisceau est dit astigmate. Jusqu'à présent, on 
n'avait pas cherché à employer les miroirs sphériques sous l'incidence 
oblique. 

Pourtant, dans certains cas, il y aurait intérêt à obtenir par une seule 
réflexion une image agrandie, et, d’autre part, on sait aujourd'hui se 
servir des faisceaux astigmates : avee un verre asymétrique convenable 
(cylindrique, sphéro-cylindrique, torique) et convenablement orienté, 
on transforme un faisceau astigmate en un faisceau anastigmale, qui 
n’est pas un faisceau de rayons isogènes, mais où les deux lignes focales 
rencontrent en un même point l'axe du faisceau. La surface d'onde 
correspondante n’esi pas une sphère : le point où elle est rencontrée par 
l'axe du faisceau ést un ombilic, pour lequel les deux rayons de cour- 
bure principaux sont égaux entre eux. Les faisceaux anastigmates nous 
donnent des images acceptables. Les faisceaux qui atteignent la rétine 
des yeux astigmates munis de leur verre correcteur sont des faisceaux 
de ce genre; les faisceaux émergeant des objectifs photographiques du 
Lype anastigmat sont aussi des faisceaux de ce genre. 

Connaissant la position d’un point-objet par rapport à un miroir 
sphérique, on peut déterminer facilement la position et l'orientation des 
lignes focales correspondantes du faisceau réfléchi, et il serait facile 
d'indiquer le verre correcteur et l'orientation à lui donner devant l'œil 
pour corriger l’astigmatisme du faisceau réfléchi. Maïs on serait ainsi 
obligé de porter un verre correcteur spécial pour se servir du miroir. 
La Maison Carl Zeiss, d'Iéna, a fait mieux : la face sphérique réfléchis- 
sante est la face postérieure argentée d’une lentille dont la face anté- 


(3) SÉANCE DU 43 JANVIER 165 


rieure présente une forme cylindrique ou torique, et cette forme est cal- 
culée de telle sorte que le faisceau lumineux, venant d’un point de 
l'objet, réfracté une première fois à sa pénétration dans le verre par la 
face antérieure, puis réfléchi par la face postérieure et enfin réfracté 
une seconde fois par la face antérieure cylindrique ou torique, quand il 
repasse du verre dans l'air, soit un faisceau anastigmate. Le caleul à 
effecluer est sans doute un peu compliqué, mais, pratiquement, le manie- 
ment de l’appareil est très simple, et c’est l'important. Il suffit, pour se 
servir du miroir, de le placer convenablement, par rapport à l'objet. Le 
manche de l'instrument livré par la maison Zeiss est disposé de facon à 
permettre aux laryngologistes l'examen facile des cordes vocales (4). 


: NOUVELLES COLORATIONS PRÉSENTÉES PAR CERTAINS MICROORGANISMES 
CULTIVÉS EN MILIEUX SYNTHÉTIQUES, 


par Pu. Lasseur et G. Tairy. 


Dans cette note, nous nous proposons d'exposer les résultats de nos 
recherches sur les phénomènes de coloration que présentent certaines 
Bactéries et quelques Champignons cultivés en milieux synthétiques. 

4° Bactéries. — Nous avons montré (2) que l'emploi d’un milieu chi- 
miquement défini (3) permettait d'obtenir des cultures colorées, avec 
des Baetéries considérées jusqu’à présent comme achromogènes. 

Poursuivant nos recherches dans le même ordre d'idée, nous avons 
constalé que 8. mesentericus fuscus Fluegge (4) donne dans ce milieu 
défini (5) (liquide 4) un beau voile de couleur rouge brique. De plus, le 


(4) M. le D' M. von Robhr, collaborateur scientifique de la maison Zeiss, qui 
a eu l'extrême obligeance de m'écrire au sujet des miroirs anastigmates, m'a 
fait remarquer qu'il serait possible de construire un miroir anastigmate dont 
la face antérieure très courbe aurait une forme symétrique par rapport à 
laxe. Le miroir ainsi obtenu donnerait bien d'un point déterminé une image 
ponctuelle, mais l'appareil serait entaché de distorsion à un degré notable. 

(2) Ph. Lasseur et G. Thiry. Cultures colorées de Bactéries considérées jus- 
qu’à présent comme achromogènes. — Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 
t. CEVI, p. 166, 4913. 

(3) Eau, 100 gr.; glycérine, 2,5; asparagine, 0,9; phosphate dipotassique, 
0,25; sulfate de magnésie, 0,50; chlorure de calcium, 0,04; sulfate ferreux, 
0,040, — Ph. Lasseur. Contribution à l'étude de Bacillus chlororaphis. — Gui- 
gnard et Sauvageau. Thèse de doctorat ès sciences, Nancy, 1911, p. 56. 

(4) Echautillon provenant de la collection de Kral. 

(5) Pour faciliter la compréhension du tableau, nous appelons ce milieu 
liquide I. 


164 : RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (6) 


liquide de la cullure est lui-même coloré en rouge violacé. De même, 
B. mesentericus niger Biel et Lunt est connu pour donner habituellement 
des cullures de coloration gris bleu, gris brun qui noircissent rapide- 
ment en vieillissant, Or, en cultivant ce Bacille, soit dans le milieu syn- 
thétique I, soit dans un autre milieu (1) (liquide II), on observe des colo- 
rations nouvelles qui sont indiquées dans le tableau suivant : 


NII NN EN I 


MILIEU |TEMPÉRATURE 


PROVENANCE COLORATIONS SUCCESSIVES 


des échantillons. ANS Re du liquide. 
B. m. niger. 
Liquide 1.| 37° cent. Rose, rouge violet, violetrouge, 
Collecten/Rral Nate : puis noir. ; 
LiquideIl.| 31° cent. Bleu par réflexion, violet foncé 
par trausparence, puis noir. 
Collection Beiyerinck.|Liquide I.| 37° cent. Bleu par réflexion, violet par 
transparence, puis noir. 
Collection Courmont .|Liquide II.| 20° cent. Bleu ciel, bleu foncé, puis noir. 


A la température de 20° centigrades et avec les deux milieux de culture, les 
bacilles des trois collections K. B. C. donnent la même série de colorations (bleu 
ciel, bleu foncé, noir). A 31° centigrades la mème série de colorations se retrouve 
encore pour B. et C.surliquide 11. Il faut faire intervenir la température de 31 degrés 
et l’action du milieu 1 pour obtenir une nouvelle coloration avec B. et C. (violet 
par transparence). L'échantillon K. donne le même résultat à 31° centigrades 
sur milieu 11, et sur liquide 1 sa tendance à produire le pigment rouge s'exalte. 

Remarques : 1. Dans les cultures violacées la prédominance du rose ou du bleu 
varie avec les semences du type considéré. Il. Les échantillons K.et B. donnent 
sur pomme de terre (à 31° centigrades) des cultures : gris cendré, gris souris, 
noir. Le type C colore le tubercule en gris bleuâtre, gris souris, noir. 


2° Champignons. — Nous avons constaté avec certains Champignons 


des faits analogues à ceux que nous venons de signaler pour les Bacté- 
ries. Deux Actinomyces (Oospora, Nocardia, Stlreptothrix, Disco- 
myces, ete., des auteurs) isolés de la bouche de l’Homme colorent le 
liquide I en jaune d’or alors que leurs cultures ordinaires sont achromo- 
-gènes. 

Nous avons isolé, de la bouche de l'Homme, un autre Aclinomyces 
dont le mycelium est teinté en jaune, sur les milieux usuels. Or, ce 
Champignon donne au liquide I une belle coloration rose. 


(1) Nous appelons liquide IT le milieu de composition suivante : Eau, 100 gr.; 
asparagine, 0,9; succinate d'ammoniaque, 0,1; glycérine, 2; glucose, 1 ; phos- 
phate dipotassique, 0,25 ; sulfate de magnésie, 0,50 ; chlorure de calcium, 0,04; 
sulfate ferreux, 0,010. — Ph. Lasseur.-Contribution à l'étude de Bacillus Le 
Monnier Lasseur. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. #7, 1913. 


(7) SÉANCE DU 13 JANVIER 165 


Conclusions. — En résumé, nous croyons pouvoir formuler les con- 
clusions suivantes : 

1° Des microorganismes, considérés jusqu’à présent comme achromo- 
gènes, donnent en liquides synthétiques des cultures colorées; 

2° Les milieux chimiquement définis permettent d'obtenir, avec cer- 
tains microorganismes chromogènes, des cultures présentant des colo- 
rations qui, jusqu alors, n'avaient pas été constatées. 


À PROPOS DES NÉPIROPHAGOCYTES DE L'UTÉRUS DE LA LAPINE GESTANTE, 


par L. MERCIER. 


En 1911, Ancel et P. Bouin ont étudié spécialement les grandes 
cellules qui apparaissent dans l'utérus de la Lapine au cours de la 
gestation; ils reconnaissent à ces cellules les caractères cytolo- 
giques d'éléments glandulaires et les considèrent comme formant 
une glande à sécrétion interne à laquelle ils donnent le nom de 
« glande myométriale » ; de plus, ils émettent l'hypothèse que cette 
glande conditionne la phase glandulaire gravidique de la mamelle. 

De mon côté, j'ai constaté que l'utérus de la Lapine en gestation 
renferme, à mi-terme, de nombreux « néphrophagocytes »; dans une 
communication toute récente (1), j'ai annoncé que j'avais pu, d’une part, 
identifier ces néphrophagocytes aux cellules de la glande myométriale 
d’Ancel et P. Bouin et, d'autre part, obtenir « au vingt-deuxième jour, 
ia sécrétion mammaire en l'absence de fœtus, de placenta et de néphro- 
phagocytes ». 

Ancel et P. Bouin (2), dans une note présentée à la séance de la Société 
de Biologie du 14 décembre 1912, ont formulé quelques critiques au 
sujet de mes observations. Mais, avant de répondre à leurs objections, 
je tiens à faire remarquer qu'il est un point sur lequel nous sommes 
bien certainement d'accord. Ancel et P. Bouin ont pu se convaincre, 
par l'étude d’une préparation que je leur ai offerte, que les cellules de 
leur glande myométriale sont phagocytaires, puisqu'elles capturent des 
grains de carmin solide, et qu’elles sont excrétrices, puisqu'elles 
retirent de l'organisme du carmin soluble injecté. Or, avec Cuénot, 
Bruntz, etc., je donne aux éléments qui présentent cette double pro- 
priété physiologique le nom de néphrophagocytes. 


(1) L. Mercier. Recherches sur les néphrophagocytes de l'utérus gravide 
chez la Lapine. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIIT, 1912, p. 534. 

(2) Bouin et Ancel. A propos de la glande myométriale. Comptes rendus de la 
Soc. de Biologie, t. LXXIIT, 1912, p. 637. 


Biozoc:Ee. Compres RENDuSs. — 1913. T. LXXIV. 12 


166 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (8) 


Ancel et P. Bouin pensent, qu'indépendamment de leur propriété 
excrétrice et phagocytaire, les néphrophagocytes sécrètent une hormone 
qui condilionnerait la phase glandulaire gravidique de la mamelle. 
J'admets volontiers qu'un néphrocyte, un néphrophagocyte, peuvent 
avoir plusieurs fonctions; il y a longtemps que Cuénot (1892-1900) a 
montré que les cellules de Leydig des Gastropodes pulmonés sont, à la 
fois, cellules de réserve de glycogène et cellules excrétrices. Cependant, 
au premier abord, on ne voit pas pourquoi les néphrophagocytes de la 
musculature utérine sécréteraient une hormone agissant sur la glande 
mammaire, plutôt que les néphrophagocytes du revêtement péritonéal 
de l’utérus, que les néphrophagocytes des capillaires du foie, etc. Et 
cela d'autant plus que, dans l'expérience très simple que j'ai réalisée, 
j'ai obtenu la sécrétion de lait sans néphrophagocytes utérins. 

Mais Ancel et P. Bouin ne tiennent pas cette expérience pour démons- 
trative ; ils pensent que si je n'ai pas eu de néphrophagocytes au vingt- 
deuxième Jour, c’est que ces cellules, peu nombreuses et fugaces, 
avaient déjà disparu ou étaient en voie de régression. Or, dans leur 
expérience fondamentale (coït non fécondant, incisions longitudinales 
des cornes utérines huit jours après, apparition de sécrétion lactée) (4), 
ces auteurs affirment que « vers le vingtième jour, après la rupture des 
follicules ovariens, les éléments constitutifs de la glande myométriale 
deviennent à leur tour nettement reconnaissables». Il serait bien sur- 
prenant que ces éléments (qui, dars mon expérience, auraient dû se 
charger de carmin à la suite de l'injection faite le vingtième jour) aient 
disparu d’une facon si complète que je n'ai pu retrouver trace de leur 
contenu. 

Je me crois donc autorisé, jusqu'ici, à maintenir mes conclusions 
antérieures. 


NOTE SUR UN NOUVEAU CHAMPIGNON PATHOGÈNE DU GENRE Oospora W., 


par A. SARTORY. 


Le 4 octobre 1912, entrait à la fondation Emile-Loubet un homme de 
quarante ans qui se plaignait de toux et d’essoufflement. Depuis quatre 
années cet homme souffre continuellement. Est-ce à la suite d’une affec- 
tion aiguë, il l’ignore. Toujours est-il que depuis ce temps, il tousse 


presque continuellement. Jamais il n’a eu d’hémoptysie ; jamais son état 


général n'avait été sérieusement atteint. C’est sans trop de fatigue ni de 


‘(1) P. Bouin et Ancel. Sur l'évolution de la glande mammaire pendant la 
gestation. Déterminisme de la phase glandulaire gravidique. Comptes rendus 
de la Soc. de Biologie, t. LXXII, 1912, p. 429. 


(9) SÉANCE DU 13 JANVIER 167 


chômages qu'il avait pu exercer sa profession de menuisier; il était 
seulement court d’haleine et devait éviter les efforts et les marches 
rapides. 

Ïl y a trois mois environ, brusquement une modification s’est produite 
et le docteur Michaud appelé à soigner ce malade me priait de faire 
l'analyse des crachats, l’auscullation lui ayant fait constater à la base 
gauche un souffle rude inspiratoire et expiratoire à tonalité assez basse, 
à timbre caverneux. 

L'examen microscopique ne montre pas de bacilles acido-résistants, 
il fait constater des filaments mycéliens qui se développent sur le bouil- 
lon maltosé et sur le milieu de Sabouraud. 

Pour avoir du parasite une idée exacte nous le cultivons en goutte- 
pendante dans du bouillon maltosé à une température de + 37 degrés. 

Dans ces conditions, on constate, au bout de quarante-huit heures, 
que les filaments mycéliens se sont allongés et qu'ils forment des sortes 
de lignes brisées, dont chaque angle est occupé par un espace très clair. 
Ces filaments ont une largeur de 044 à 045, Leur longueur est très 
variable et peut atteindre deux millimètres. Ces filaments sont immo- 
biles, assez enchevêtrés les uns dans les autres. Is portent des ramifi- 
cations latérales nombreuses très irrégulièrement distribuées. Ces rami- 
fications naissent sur les côtés du filament priacipal sous forme 
d'un léger soulèvement arrondi, qui grandit et donne un prolonge- 
ment cylindrique, identique au précédent. 

Les appareils conidiens n'apparaissent que le quarantième jour, ils 
prennent naissance à l'extrémité d’un filament qui s’allonge et se renfle 
de facon à constituer une petite massue dont la base se sépare de la 
tige-mêre par une cloison. Le même phénomène se reproduisant à 
plusieurs reprises, il en résulte une série de conidies disposées les unes 
derrière les autres de façon à former une chaïnette. Au début de leur 
développement, les conidies ont la forme d’un petit tonnelet, elles 
s'arrondissent ensuite. Ainsi constituées, ces chainettes sont assez 
fragiles; elles se détachent et se btisent facilement. Le nombre des 
grains est très variable. Les plus grosses conidies mesurent 0 48 de 
diamètre. 


L’examen de vieilles cultures montre souvent un aspect curieux qui pour- 
rait induire en erreur. Les filaments se segmentent en bâtonnets et ces débris 
réssemblent à s’y méprendre à des bacilles agglulinés. Dans d’autres cas 
certains articles se segmentent pour produire des arthrospores. Enfin, il est 
fréquent de constater la présence de chlamydospores et de filaments d’aspect 
particulier, affectant la forme de spirales à quatre ou cinq tours. Ces tire- 
bouchons signalés par Guéguen pour la première fois dans l'Oospora lingualis 
GUÉGUEN s'observent très souvent dans les Gymnoascées. Cetle étude nous 


permet d'affirmer que ce champignon appartient au genre Oospora de 
Wallroth. 


168 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (10) 


Il pousse assez bien sur carotte et sur gélose maltosée en donnant des 
colonies qui atteignent facilement un centimètre de diamètre. Ces thalles 
passent insensiblement du blanc au blanc crème. Sur gélatine maltosée on 
observe le dixième jour une culture punctiforme s’étalant vers le vingtième 
jour et mesurant alors huit à dix millimètres de diamètre; la gélatine n'est 
pas liquéfiée. Elle est toutefois pigmentée de rouge sur une assez grande 
longueur. Ce champignon sécrète en effet un pigment rouge qui diffuse rapi- 
dement dans la gélatine. 

Sur Raulin neutre, sérum coagulé, albumine d'œuf, pomme de terre simple, 
pomme de terre glycérinée nous ne constatons aucune végétation. 

Le pouvoir pathogène de cet oospora a été essayé sur le cobaye. 

Un des cobayes pesant 590 grammes fut inoculé dans le péritoine avec 
2 c.c. d’une émulsion de culture d’oospora dans du sérum physiologique. Il 
mourut un mois et demi plus tard. Son poids était tombé à 460 grammes. 

L’autopsie révéla une pleurésie purulente bilatérale, des fausses membranes 
encapuchonnant les poumons. Le péricarde était distendu d’une sérosité 
claire. L’exsudat pleural ne contenait que de longs filaments contournés et 
segmentés; cet exsudat a été semé sur divers milieux (bouillon maltosé, 
gélatine et gélose). Ces cultures ont été fertiles et l'organisme trouvé était 
bien l’oospora injecté. 

Une seconde expérience sur un cobaye nous a donné le même résultat. 


Cet oospora se rapproche de l'Oospora pulmonalis précédemment 
décrit par M. Roger Bory et nous. Il en diffère néanmoins par ses 
caractères culturaux et par la production d’un pigment rouge que nous 
nous proposons d'étudier. 

Disons en terminant que le malade porteur de cet oospora a trouvé 
un très grand soulagement par le traitement ioduré. 


(Travail des laboratoires de Botanique cryptogamique de l’École supé- 
rieure de Pharmacie de Paris et de Pharmacie chimique de l'Ecole 
supérieure de Pharmacie de Nancy.) 


HYPERGLYCÉMIE EXPÉRIMENTALE ET DIURÈSE, 


par JACQUES ParisoT et PIERRE MATHIEU. 


L'étude des variations de la quantité des urines rejetées par les 
lapins soumis à l’hyperglycémie expérimentale alimentaire montre, à 
côté de caractères déjà décrits et d’autres sur lesquels nous reviendrons, 
l'existence des faits suivants. 


L — Tandis que l'injection intraveineuse de sucre détermine de la 
polyurie, l'ingestion de glucose ou de saccharose provoque au contraire 
une diminution de la diurèse. On constate que : 

a) L’ingestion d'une quantité de sucre suffisante pour réaliser une 


(41) SÉANCE DU 13 JANVIER | 169 


hyperglycémie certaine (15 à 20 gr. de glucose par kil. p. e.) est 
toujours suivie d’une diminution de la quantité des urines dont la 
densité augmente, et le plus souvent d’une anurie passagère dont la 
durée varie de quelques heures à un jour et plus. 

b) À ce ralentissement de la diurèse fait suite une légère polyurie 
avec abaissement de la densité, mais, au total, la quantité d’urine 
rejetée par les animaux en expérience est inférieure (parfois de près de 
moitié) à celle rejetée par les témoins. 


Il. — L'alimentation n'est pas en cause dans ce phénomène car : 

a) D'une part, la quantité de nourriture et par suite la quantité d’eau 
effectivement ingérée est la même pour les animaux en expérience et 
pour les témoins, fait remarquable déjà signalé par l’un de nous. 
Les animaux qui reçoivent du sucre absorbent même en plus la 
quantité d’eau nécessaire pour dissoudre le sucre (15 à 20 cent. par kil.). 

b) Le phénomène reste le même quand on soumet les lapins à un 
jeûne plus ou moins prolongé et qu’on administre le sucre soit au début, 
soit au cours, soit à la fin du jeûne. 

c) Si l’on met de l’eau à la disposition des animaux, les témoins n'y 
touchent pas; ceux qui ont ingéré du sucre en absorbent des quantités 
considérables sans qu'il en résulte une augmentation notable de la 
diurèse. 

Nous avons observé entre autres un lapin de 2 kilogr. 1/2 qui reçut à dix 
heures du matin 40 grammes de glucose, absorba vers onze heures 150 c.c. 
d’eau et ne présenta pas moins de l’anurie pendant plus de vingt heures. 


III. — 1 n'y a pas élimination compensatrice d’eau par les fèces ; en 
effet : 

a) En raison dela concentration de la solution sucrée (50 p. 100) (con- 
centration nécessaire pour réaliser l’ingestion de quantités de sucre 
suffisantes pour faire apparaître l'hyperglycémie chez les herbivores), 
on conçoit qu'il puisse se produire un appel d’eau vers l'intestin en 
même temps qu’une partie du sucre est résorbée; l’autopsie d'animaux 
sacrifiés moins d’une heure après l'ingestion et n'ayant pas absorbé 
d’eau nous a montré qu'il en était bien ainsi; l'intestin renfermait une 
solution sucrée présentant non seulement une teneur en sucre moindre, 
mais aussi un volume plus considérable que la solution ingérée. 

b) Mais contrairement à ce qui se passe pour certaines solutions 
salines (sulfates), la réabsorption se fait très rapidement, comme l'ont 
montré quelques autopsies et aussi l’absence de diarrhée consécutive. 

c) La comparaison de la courbe des quantités d'urine et de celle des 
poids des animaux montre qu'il y a une relation directe entre les varia- 
tions de la diurèse et les oscillations secondaires de la courbe de poids 
et que la diminution de la diurèse correspond à une véritable rétention 
d’eau. 


170 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


IV. — Cette diminulion de la diurèse va en s'atlénuant; très marquée 
au Cours de la première phase où elle atteint jusqu’à 40 et même 
50 p. 100, elle n’est plus au cours de la deuxième phase que d’un tiers. 
Vers la fin de la troisième phase, l’ingestion de sucre est suivie d'une 
polyurie d'émblée au même titre que l’injection intraveineuse. 

Nous citerons à titre d'exemple le cas d’un animal de 2 kilogr. 1/2, 
observé trois semaines, qui rejeta au cours de la première période 456 c.c. 
d'urine, au cours de la deuxième 1021 €.c., au cours de la troisième 750 c.c., 
contre 709 c.c., 1384 et 650 pour le témoin. 


En résumé. — Alors que l'injeclion intraveineuse de sucre détermine 
la polyurie, l’ingestion d’une quantité de glucose ou de saccharose 
suffisante pour réaliser une hyperglycémie certaine provoque toujours, 
chez le lapin, une diminution de la diurèse, où l'alimentation est hors 
de cause et sans qu'il y ait élimination compensatrice d’eau par les fèces. 
Ce phénomène s’atténue à mesure que l'on prolonge l'expérience 
jusqu'au moment où l’ingestion de sucre provoque comme l'injection 
intraveineuse de la polyurie d'emblée. 

Nous indiquerons ultérieurement quelle interprétation parait devoir 


être donnée à ces faits. 


Le (Gérant : OCcTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


ATA 


SÉANCE DU 25 JANVIER 1913 


ALBAHARY (J.-M.) : Sur les toxines 
tuberculeuses et leurs antitoxines. 
AYNAUD (MARCEL) Action du 
sérum antiglobulin « in vivo » . . . 
BELIN (MARCEL) : Traitement des 
accidents sériques . .. . . . . . . . 
Brior (AuGusrin) et Aynaup (Mar- 
CEL) : Hypersensibilité du cobaye 
dJuisérumPte cheval". ne 
FERRAN (JAIME) : Réponse à la note 
du professeur Calmette : « Recher- 
ches sur le bacille tuberculigène de 
À AMEN RE Re 
FrouIN (ALBERT) : Action du sul- 
fate de lanthane sur le développe- 
EH UP SAMOPDISR ELA AE er 
Gouin (ANDRÉ) et AnvouarD {(P.) : 
Des échanges azotés de l'organisme. 
Guvévor {Éuice) : Études biologi- 
ques sur une mouche, Drosophila 
ampelophila Low. — II. Rôle des 
levures dans l'alimentation . . . .. 
Lassé (H.) : Dosages de l'azote 


SOMMAIRE 


175 


193 


178 


uréiqüe et de l'azote résiduel dans 
lersérumisaneuin RUN 
La (H.) et DEBRÉ (R.) : Formol 
titration du séram et des humeurs. 
Loris-MÉLiKov (J.) : Présence du 
B. satelitis dans les huîtres . . . . . 
MassoL (L.), BRETON(M.) et Bruant 
(L.) : Transmission au cobaye sain 
de l’hypersensibilité à la tubercu- 
line, au moyen de transfusion du 
sang de cobaye tuberculeux . . . 
Mawas (J.) : Structure de la mem- 


brane propre du tube contourné du: 


RC OM OS ON OE CCE T0 WIN 


tions ventriculaires automatiques 
ebarythmie/complète,. #22. 

PozrcaRo (A.) : Sur quelques points 
de la structure du muscle du mar- 
teau chez le chien. (Deuxième note). 

RETTERER (Eb.) et LELIÈVRE (AUG.) : 
Nouvelles recherches sur la bourse 
dentabriClIuser er PRE 2000 


Présidence de M. Hallion, Vice-président. 


LA 


MM. E. À. Scnærer et E. WiLson, 
adressent leurs remerciements à la Société. 


OUVRAGE OFFERT. 


49n 


199 


190 


187 


nommés membres associés, 


M. Gzey. — Notre collègue, le professeur F. Blumenthal (de Berlin), 
membre correspondant, m'a prié d'offrir, en son nom, à la Société, 
l'ouvrage qu’il vient de publier sous ce titre : Handbuch der speciellen 
Pathologie des Harnes (un vol. grand in-8, de vrrr-492 pages, Berlin et 
Vienne, Urban et Schwarzenberg, 1913). C'est, en quelque sorte, la 


Brococte. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 


13 


479 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


continuation et l'achèvement de la Pathologie des Harnes am Kranken- ; 


belle qu'il avait fait paraître il y a dix ans, en 4903, chez les mêmes édi- 
teurs. Sous un titre modeste, ce dernier livre était un remarquable 
exposé général de nos connaissances sur la nutrition et ses troubles. 
Le présent ouvrage est comme la partie spéciale du précédent, en ce 
sens que l’auteur y considère successivement les variations des urines et 
de tous les éléments de l'urine sous l'influence des diverses maladies, 
maladies infectieuses, depuis la fièvre typhoïde jusqu’à la syphilis, en 
passant par la tuberculose, inanition, maladies de la nutrition (Stof- 
wechselkrankheiten), diabète sous toutes ses formes, goutte, obésité, 
maladies de l’appareil thyroïdien, etc., tumeurs malignes, maladies du 
sang, aflections de l'estomac et de l'intestin, du foie, nerveuses, respira- 
toires, des reins, etc. C’est donc là une étude très complète; on y trouve 
réunis et classés les innombrables documents épars sur toutes ces 
questions dans une foule de périodiques, et elle est écrite par un savant 
d’une rare compétence en ces matières. 


RÉPONSE A LA NOTE DU PROFESSEUR GALMETTE : 
« RECHERCHES SUR LE BACILLE TUBERCULIGÈNE DE J. FERRAN » (1), 


par JAIME FERRAN. 


Je suis sincèrement reconnaissant au professeur Calmette de s'être 
donné la peine de vérifier quelques-uns des faits que j’exposais dans 
ma note du 29 juin 1912. 

Le résultat négatif qu'il a obtenu est loin de me surprendre. Sans 
doute faut-il l’attribuer à ce que la dose de culture injectée à ses 
cobayes n’a pas été assez forte pour les rendre cachectiques. Lorsque 
la cachexie se manifeste, l’on doit encore laisser le temps à ces animaux 
de se tuberculiser, et si l’on constate chez eux quelque augmentation de 
poids, il y a lieu de leur injecter une nouvelle quantité de culture. 

L'expérience relatée dans ma note ne constitue nullement un patron 
auquel il est indispensable de se conformer strictement. : certes, il est 
bon de s'en inspirer, mais il ne s'ensuit pas qu'il faille le reproduire 
dans tous ses détails. Pour réussir, il est essentiel de tenir le plus grand 
compte de l’âge des cobayes, du degré d’atoxicité de la bactérie injectée 
comme de la versatilité et de la fragilité vraiment extraordinaires de 
sa virulence; en outre, il ne faut pas non plus perdre de vue qu'il peut 
se faire qu’il existe des conditions insoupçonnées, capables de modifier 
le résultat et la durée de ces expériences. 


(1) Séance du 4 janvier 1913. 


dl éstté us de à ts mis te 


PPT 


SÉANCE DU 25 JANVIER 173 


Le vague règne encore dans cerlaines de nos connaissances touchant 
la tuberculose ; c'est pourquoi je demeure persuadé que si mon dis- 
tingué collègue veut bien tenir compte des circonstances que j'invoque 
et répéter l'expérience, en ayant soin d'augmenter la dose de culture ou 
en renforçant quelque peu la virulence de la bactérie, de façon que 

ses cobayes deviennent sûrement cachectiques, ses affirmations et les 
miennes, quelque discordantes qu'elles soïent présentement, finiront 
par coïncider. 

Au cours de mes expériences, ils eh trouvé certain cobaye qui, après 

avoir reçu une quantité de culture sept fois plus forte que celle qui 
été injectée par mon collègue, a néanmoins tardé plus de dix-huit mois 
avant de mourir tuberculeux. Rien m'imite mieux l'extraordinaire 
lenteur avec laquelle se déroulent la plupart des tuberculoses spon- 
tanées que les infections provoquées expérimentalement au moyen de 
bactéries tuherculigènes atoxiques non acido-résistantes; les unes &t 
les autres durent parfois si longtemps qu'elles triomphent de la 
patience du clinicien aussi bien que celle de l'expérimentateur. 

Je m'attends à d’autres insuccès du même genre; mais la question 
que j'ai soulevée et résolue n'étant pas de celles qui peuvent être jugées 
par la voie exécutive, je ne doute pas un seul instant qu'elle ne soit 


x 


appelée à surgir de nouveau et à recevoir peu à peu la sanction que 
wuérile tout fait démontrable. 


TRATLEMENT DES ACCIDENTS SÉRIQUES 


Note de Marcez BELIN, présentée par G. Moussu. 


T1. — Traitement des accidents sériques en général. Nous avons montré 
dans nolre précédente communication (1) qu’il était possible d'éviter les 
accidents dus à la toxicité des sérums en faisant précéder l'injection de 
la dose thérapeutique soit d'une seule injection sous-cutanée ou intra- 
veineuse d’une faible dose de sérum, soit de plusieurs injections faites 
à doses croissantes. FN 

Nous avons voulu chercher à appliquer la méthode qui nous a donné 
‘de bons résultats dans les traitements préventif et curatif des accidents 
anaphylactiques (2): diminution de la production de toxogénine par 
administration de chlorure de calcium, oxydation de la toxogénine et 
de l’apotoxine in vivo à l'aide de chlorates ou de terpène ozoné ; nous 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 11 janvier 1913. 
(2) Belin. Mécanisme de production de l'anaphylaxie PRE: Journal de 
physiologie et de pathologie générale, mai 1911. 


174 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


n'avons jamais obtenu de résultat positif, le chlorure de calcium 
semble même augmenter sensiblement la gravité des symptômes. 

Or, le procédé d'immunisation qne nous avons indiqué pour éviter 
les troubles dus à la toxicité des sérums se trouve être en tous points 
semblable à celui imaginé par M. Besredka pour prévenir les accidents 
anaphylactiques. 

D'ailleurs, à notre avis, le procédé d’antianaphylaxie de cet auteur 
est basé sur l'obtention d’une tachyphylaxie vis-à-vis de l'apotoxine. Une 
injection déchainante faite à faible dose détermine la formation d’une 
petite quantité d’apotoxine, qui immunise immédiatement l’organisme 
contre la dose mortelle de cette substance, laquelle se formera lors de 
l'injection thérapeutique ou expérimentale. Iei également, si la quantité 
d'apotoxine formée lors de la seconde injection, est trop grande, il se 
produit des (roubles plus ou moins graves, que l'on ne peut éviter qu’à 
la condition de faire ‘plusieurs injections vaccinantes à doses crois- 
santes. 

Etant donné que les troubles dus à la toxicité des sérums ou à l'ana- 
phylaxie sont en tous points semblables au point de vue symptomatolo- 
gique, seul le procédé permettant de les éviter tous, quelle qu’en soit 
l'origine, doit être employé. Celui de M. Besredka, qui devient de la 
sorte applicable dans tous les cas, est dès lors le procédé de choix et le 
seul qu'il soit logique d'employer toutes les fois que l’on free une 
injection de sérum. 

Toutefois, au point de vue curalif, en présence d'accidents nettement 
de nature anaphylactique, c’est-à-dire survenant alors qu'il a déjà été 
fait une ou plusieurs injections de sérum, l'emploi de solution de chlo- 
rate de soude, en particulier, paraît être rationnel, conformément aux 
résultats expérimentaux que nous avons obtenus en cherchant à oxyder 
la toxogénine et l’apotoxine in vivo. 


IT. — Anaphylaxie et toxicité en général. Ces résultats doivent per- 
mettre, à notre avis, de différencier pratiquement les troubles anaphy- - 
lictiques et toxiques quelle qu’en soit [a cause. Le chlorure de calcium 
atténue très nettement les troubles anaphylactiques quand il est admi- 
naistré préventivement, comme l'ont montré Netter, Cousin, Gervin, 
Arthus pour le sérum, et nous-mème pour le sérum et la tubercu- 
line (1); or, il est absolument sans action quand on se trouve en 
présence d'une substance agissant par sa toxicité propre, le sérum dans 
nos expériences. De plus, nous avons montré que les oxydants se com- 
portent de la même facon. Ce sont Hà des différences nettes et très 
faciles à saisir, expérimentalement au moins. 


(1) Belin. Les réactions fournies par la tuberculine sont des réactions 
anaphylactiques. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, k mai 1912. 


SÉANCE DU 25 JANVIER 175 


Il nous paraît donc rationnel, dès lors, de ne considérer comme phéno- 
mène anaphylactique que toute manifestation dont les symptômes 
peuvent être atténués soit par le chlorure de calcium, soil par un oxydant, 
ou mieux par les deux. 


(Laboratoire de bactériologie de l'Institut vaccinal de Tours.) 


SUR LES TOXINES TUBERCULEUSES ET LEURS ANTITOXINES, 


par J.-M. ALBAHARY. 


L'introduction de la protéine constitutive du bacille de Koch (tuber- 
line) dans un organisme sain ne provoque aucune réaction; le cobaye 
sain supporte sans inconvénient, quelquefois jusqu’à 2 grammes de 
l’ancienne tuberculine de Koch. Mais une quantité infinilésimale de ces 
mêmes tuberculines introduite dans un organisme tant soit peu tuber- 
culeux, détermine une réaction remarquable et disproportionnée à la 
quantité injectée. 

Lorsqu'on mélange une quantité de tuberculine (0,03 c.c. de TR) avec 
2 e.c. de sérum sanguin d’un animal normal, et qu'on laisse ce mélange 
reposer pendant quelque temps, son injection à un animal indemne de 
tuberculose ne produit aucun effet; par contre, lorsqu'on remplace, dans 
ce mélange, le sérum normal par un sérum provenant d’un tuberculeux 
(le sérum d'origine tuberculeuse ne détermine à lui seul aucun effetsur 
l'animal sain), il se produit une réation. 

Il en résulte que la protéine bacillaire n’est pas toxique par elle- 
même et ne devient toxique pour un animal sain qu'en présence d’un 
sérum d'origine tuberculeuse. Le sang des tuberculeux renferme, par 
conséquent, une matière sensibilisatrice pour la protéine bacillaire, qui 
n'existe pas chez l'homme sain, et la tuberculine n'a une aclion toxique 
qu'en présence de cette sensibilisatrice qui lui est probablement spéci- 
fique. 

La présence de cette sensibilisatrice étant constante chez les luber- 
culeux (Wassermann et Bruck, von Pirquet, Wolff-Eisner, etc.), tous ces 
malades devraient constamment présenter des réactions fébriles. Or, 
nous observons couramment des tuberculoses apyrétiques. Si, chez ces 
dernières, la protéine bacillaire sensibilisée n'arrive pas à déterminer 
des effets toxiques, c’est probablement parce qu'elle est neutralisée au 
fur et à mesure de sa formation, tandis que chez les fébricitants 
l'organisme n’oppose aucune résistance à l’action du couple toxique. 

En fait de sécrétion neutralisante que l'organisme peut opposer à 
action d’une toxine en général, nous savons aujourd'hui que ce rôle 


176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


incombe aux glandes endocrines principalement et leur hypertrophie ow 
leur épuisement au cours des maladies infectieuses en serait plutôt 
une preuve. | 

Nous considérons les sécrétions internes chez les vaccinés comme 
une sorte de complément neutralisant ou antitoxine qui, en se com- 
binant ou en se fixant au couple tuberculine-sensibilisatrice, enlève à 
celui-ci son caractère toxique et le rend inoffensif. 

Cette facon de voir trouve sa confirmation dans ce fait que la tuber- 
culine sensibilisée perd sa faculté de provoquer une réaction chez 
l’animal sain, lorsqu'on la fait auparavant digérer pendant quelque. 
temps avec un extrait physiologique de glandes endocrines provenant 
d'un animal sain, traité préalablement avec de la tuberculine plus ou 
moins sensibilisée. De même, en la broyant intimement avec de la 
matière cérébrale, on arrive à atténuer de beaucoup l'effet toxique de la: 
tubereuline sensibilisée. Ces procédés permettent également d’atténuer 
ou d’annihiler l’action pyrétogène de la tuberculine sur les tuber- 
culeux. 

Toutes ces considérations nous ont amené aux conclusions suivantes : 

1° Si la tuberculine n’est relativement pas toxique pour l’homme et 
l'animal sain, c’est parce qu'à l’état normal ceux-ci sont dépourvus de 
sensibilisatrices ; | 

2° Si la tuberculine est, par contre, toxique pour les porteurs de foyers 
tuberculeux, c’est grâce à la présence dans leur sang d’une sensibilisa- 
trice spécifique qui, en se conjugant avec la protéine bacillaire, donne 
naissance à une toxine. Le temps nécessaire à la sensibilisation de la 
tuberculine injectée correspond à la phase d’incubation; 

3° Cette toxine provoque des réactions plus ou moïns fortes selon [a 
capacité défensive de l'organisme par son élaboration d’antitoxine 
d'origine endocrine ; 

4° La sensibilité à la tuberculose s'explique, selon nous, par une 
insuffisance glandulaire qui est congénitale chez les tuberculeux héré- 
ditaires, et conséquence d’une hygiène défectueuse ou de là misère 
physiologique dans la tuberculose acquise. Les intoxications chroniques 
exogènes (alcool, éther, morphine, etc.) etendogènes (infections, troubles. 
digestifs et intestinaux, etc.), en affaiblissant ou en épuisant les glandes. 
endocrines, privent l'organisme de sa défense naturelle. La répercus- 
sion de ces intoxications sur Les cellules a une diminution de leur résis- 
tance passive pour conséquence ; 

5° L'’immunité à la tuberculose $ explique par les vaccinations 
fortuites et répétées de l'organisme accidentellement affaibli, mais 
pourvu de tous ses moyens de défense, et la production subséquente 
d’antitoxines, fonction qui reste acquise. 

La source des antitoxines tuberculeuses étant dans les glandes endo- 
crines des organismes vaccinés, nous avons pensé qu'ii ÿ avait lieu 


SÉANCE DU 25 JANVIER 477 


d'essayer si les extraits des glandes des animaux normaux luberculi- 
nisés pouvaient neutraliser les toxines chez les luberculeux. Des essais 
faits dans ce sens nous autorisent d'attribuer à ces extraits un pouvoir 
curatif incontestable. En traitant des animaux sains avec de latubercu- 
line sensibilisée, leur sérum devient riche en antitoxine tuberculeuse. 


PRÉSENCE pu P. satelitis DANS LES HuüîÎTRES (1), 


par J. Loris-MÉKOv. 


La question des huîtres envisagée au point de vue de l’étiologie de la 
fièvre typhoïde, a été soulevée depuis longtemps et, dans la littérature, 
abondent des observations cliniques et des recherches bactériologiques. 
Plusieurs commissions de l’Académie de médecine se sont occupées à 
résoudre cette importante question d'hygiène publique. Trois récentes 
thèses de doctorat : de M'® Gornschien, 1908 (Montpellier), MM. Sau- 
treau, 1909, et Dubois, 1910 (Paris), ont donné tous les arguments pour 
et contre. 

Grâce à la bienveillante permission du professeur Caullery, nous 
avons examiné, à la Station zoologique de Wimereux, avec un outillage 
bactériologique restreint apporté de l’Institut Pasteur, des huîtres d’un 
pare voisin, entretenu dans des conditions irréprochables de propreté. 

Après avoir ouvert les huîtres stérilement, nous ensemencions le 
liquide qui baigne les mollusques, puis nous entrions, avec une pipette 
très effilée, dans l’anus pour puiser le contenu composé d'un liquide plus 
ow moins clair, avec des grumeaux brunätres. Ensuite nous prenions 
le contenu stomacal après avoir fait une incision pour arriver à l'estomac. 
Nous ensemencions sur le milieu Conradi-Drigalski pour les aérobies et 
dans la gélose sucrée profonde pour les anaérobies. 

Vu l'insuffisance de notre matériel, nous nous sommes borné à savoir 
si on rencontre le bacille d'Eberth et le Pacterium col: et aussi l’anaé- 
robie satellite (1). Nous avons examiné une cinquantaine d’huîtres et 
les résultats ont toujours été concordants. L’eau de mer qui baigne 
l'huître dans sa coquille, le contenu de l'intestin qui se déverse à 
l'extérieur par l’anus, étaient presque stériles, sauf quelques colonies qui, 
d’après leur aspect sur le milieu Drigalsky, ne pouvaient être rapportées 
ni au B. d'Eberth ni au B. Coli. L'examen microscopique a confirmé 
cette conclusion. Le contenu de l’estomac, par contre, nous a donné des 
colonies nombreuses aérobies et anaérobies. Les premières ressem- 
blaient à celles obtenues avec le contenu intestinal. 


(1) B. satelitis, un nouveau bacille anaérobie dans les selles typhiques. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 mai 1911. 


178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2 


Parmi les anaérobies, nous avons rencontré un microbe très ressem- 
blant à notre anaérobie de la fièvre typhoïde. Il se trouvait dans le tiers 
environ des cas. Il augmentait de nombre quand nous placions les 
huîtres dans l’eau douce de puits. Queiquefois nous avons observé le 
B. sporogenes de Metchnikoff. Jamais L. perfringens. 

Pour arriver à une conclusion définitive, nous avons apporté le 
microbe ressemblant à notre anaérobie, el nous l'avons étudié en détail 
à l'Institut Pasteur. Cette étude nous a confirmé dans notre supposition, 
car il a présenté tous les caractères morphologique, biologique et chi- 
mique de notre anaérobie. 


(Travail de la station zoologique de Wimereux et du laboratoire du 
professeur Metchnikoff.) 


ÉTUDES BIOLOGIQUES SUR UNE MOUCHE, Drosophila ampelophila Lüw. 
II. — RÔLE DES LEVURES DANS L'ALIMENTATION, 


par ÉuILE GuYyÉNor. 


Les élevages de Drosophila ampelophila sur des milieux nutritifs sté- 
rilisés donnent des résultats très différents, suivant qu'il s’agit de 
mouches septiques ou de mouches aseptiques. Cest ainsi que les Dro- 
sophiles septiques s'élèvent assez bien sur de la pomme de terre sté-. 
rilisée, milieu sur lequel poussent les divers champignons ou bactéries 
ensemencés par les mouches. Par contre, lorsqu'il s’agit de mouches 
aseptiques, ce même milieu devient impropre à l'élevage. Cette consta- 
lation indique immédiatement que les microorganismes ne sont pas 
sans jouer un rôle important dans la nutrition des larves et des adultes. 
Est-ce par les diastases qu'ils sont susceptibles de sécréter, modifiant. 
ainsi le milieu nutritif, ou constituent-ils de véritables aliments simple- 
ment digérés dans le tube digestif de l’insecte? 

L'examen de coupes d’intestin de larves, montrant des cellules de 
levure désagrégées et digérées, permet d’affirmer que les levures peu- 
vent servir d'aliment. Les expériences suivantes permettent de préciser 
davantage et montrent que ces champignons jouent dans l'alimentation 
de la Drosophile un rôle prépondérant. 


1° Milieu pomme de terre et levure vivante. — Des Dr. ampelophila aseptiques 
sont élevées en tubes sur de la purée de pomme de terre ou sur des morceaux 
de pomme de terre (1); ces milieux ont été stérilisés, puis ensemencés avec 


(1) Les morceaux de pomme de terre employés sont taillés en parallélipi- 
pèdes comme on le fait dans la pratique bactériologique. 


SÉANCE DU 25 JANVIER 179 


une culture pure d’une levure de cidre. La levure se développe abondamment. 
À 24 degrés, le développement (de l’œuf à l'adulte) a lieu en 10 à 12 jours et 
la presque totalité des larves donnent des pupes et celles-ci des mouches. 

20 Milieu levure morte. — Des Dr. ampelophila aseptiques sont élevées en 
tubes, sur un milieu nutritif constitué par de la levure de boulangerie diluée 
dans l’eau, supportée par du coton hydrophile, le tout stérilisé., Dans les 
mêmes conditions de température et d'humidité que précédemment, le déve- 
loppement se fait (de l'œuf à la mouche) en 10 à 12 jours. Pratiquement 
toutes les larves donnent des pupes et celles-ci des mouches. 


L'aliment est ici composé exclusivement de levure morte; ceci fait 
penser que dans l’expérience 1°, l'aliment était surtout constitué par la 
levure vivante qui cullivait à la surface de la pomme de terre. Cette 
conclusion ressort encore plus neltemeut de l’expérience suivante. 


3° Milieux pomme de terre ct pomme de terre levure. — a) 36 femelles, pon- 
deuses, aseptiques, sœurs et de même âge, sont réparties en autant de tubes 
contenant de la levure de boulangerie diluée, sur coton, plus un morceau de 
pomme de terre; le tout stérilisé. 24 degrés. Dans ces conditions, la vie lar- 
vaire dure en moyenne 6 jours ; la vie nymphale # à 5 jours. Les mouches 
naissent au bout de 10 à 12 jours; les plus tardives du 12° au 17° jour après 
la fin de la ponte. Toutes les larves aboutissent à la mouche. 

b) Les 36 femelles sont transportées dans autant de tubes renfermant 
seulement un morceau de pomme de terre /sans levure) et du coton imbibé 
d’eau; le tout stérilisé; 24 degrés; humidité aussi constante que possible. 
Les premières pupes apparaissent plus tardivement et plus irrégulièrement 
que dans l'expérience précédente : entre le 14° et le 24° jour. Les dernières 
pupes se sont formées le plus souvent du 25° au 26° jour; mais dans 11 tubes 
on observait encore des larves vivantes quarante-deux jours et dans 2 tubes 
‘ soivante-huit jours après la fin de la ponte. 

La durée de la vie larvaire est ainsi considérablement augmentée. De plus, 
un très grand nombre de larves meurent sans pupe; on n’a observé en effet 
que 600 pupes environ pour plus de 4.000 larves. La durée de la vie nymphale 
est légèrement augmentée : 5 à 6 jours au lieu de 4 à 5 dans l'expérience a; 
elle a pu cependant atteindre dans certains cas 10 jours. Une fois formées, 
beaucoup de pupes meurent. Il à été recueiili en tout 131 mouches pour 
environ 600 pupes. Les premières mouches sont écloses du 20° au 25° jour 
après la ponte; les dernières mouches sont nées le 27° et même le 33° jour. 

c) Les 36 © sont transportées sur des tubes renfermant un milieu nutritif 
semblable à celui utilisé en a. Ce deuxième lot témoin donne les mêmes 
résultats que le premier lol témoin «a. 


Ces expériences montrent : 
1° Que les Drosophila ampelophila aseptiques sont De de se 
nourrir, pendant toute leur existence, uniquement de levure morte; 


20 Que, dans la nature, ces diptères se nourrissent principalement 
aux dépens de levures et autres microorganismes vivants; 


3° Que l’absence de levure morte ou vivante rend impropres à l’ali- 


180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


mentation des Drosophiles certains milieux qui, dans les conditions 
septiques naturelles, par le fait qu'ils constituent des milieux de cul- 
ture pour les microorganismes, et principalement pour les levures, se 
prêtent à l'élevage des Drosophiles. 


Je tiens à faire remarquer que ces résultats ne sea être obtenus. 


que par la méthode des élevages aseptiques. Ils montrent d’ailleurs 
combien cette méthode est indispensable pour étudier l’action des 
facteurs externes ow les phénomènes d’hérédité chez les Drosophiles. 
Toute variation dans la composition du milieu nutritif, dans la tempé- 
rature, l'humidité dans la nature des associations de microorganismes 
agissant à la fois sur l’insecte et sur les êtres dont il se nourrit, [a 
recherche d'un déterminisme est impossible dans les conditions habi- 
tuelles ; la constance du milieu nutritif fourni n’est qu'une trompeuse 


apparence, et, en l'absence de conditions constantes, il est impossible 
de rien interpréter comme phénomène de variation actuelle ou de: 


transmission héréditaire. 


(Laboratoire d'Évolution des Étres organisés.) 


HYPERSENSIBILITÉ DU COBAYE AU SÉRUM DE CHEVAL, 


par AUGUSTIN Brior et MARCEL AYNAUD. 


Jusqu'ici, on s’est borné à étudier chez le cobaye le phénomène de 
Theobald Smith, c’est-à-dire l’hypersensibilité produite par une seule 
. inoculation sous-cutanée d’albuminoïde étranger. 

Nous avons voulu faire une préparation prolongée et intensive des 
animaux, et dans ce but, au lieu d’une seule inoculation préparatoire, 
nous en avons pratiqué 3, 4, 5, 6 ou 7, espacées chacune de trois ow 
quatre jours. Elles étaient, en général, de O0 c.c. 01 de sérum sous la 
peau. Ginq à six semaines après la dernière injection, nous essayions [a 
sensibilité veineuse et sous-cutanée de nos cobayes au sérum de cheval. 


1° SENSIBILITÉ DES ANIMAUX. — a) Par voie intraveineuse. Tandis que: 


par une seule injection préparante on n’est guère descendu, comme dose 
déchaînante du choc anaphylactique mortel, au-dessous de 1/40 c.c., 
nous sommes arrivés à tuer couramment nos cobayes avec 1/100 de c. c. 
et même 1/200 e.c. Nous avons remarqué des différences individuelles 


assez grandes dans la sensibilité des animaux d’une même série, la dose. 


mortelle pouvant varier du simple au double et même au triple, sans 
paraître avoir un grand rapport avec le poids, les gros individus de 5 à 
600 grammes étant aussi sensibles que ceux de 3 à 400 grammes. 


ab die. 


SÉANCE DU 25 JANVIER 18# 


b) Par voie sous-cutanée. — Les cobayes préparés par des injections 
multiples présentent une sensibilité assez accusée à l'épreuve par voie 
sous-cutanée. Lorsqu'on leur inocule une dose allant de 4/100 c. c. à 4 ou 
2 c.c. de sérum, ils réagissent par des phénomènes généraux : chute de 
température (dans quelques cas elle est descendue jusqu'à 35°5, même 
à la suite d’une inoculation d’épreuve de 1/100 c.e.), dyspnée, éternue- 
ments, démangeaisons. 

À cette réaction générale de l’organisme, vient s'ajouter une réaction 
locale intense. 


Au lieu d'une rapide résolution de la masse injectée, amenée à 1 c.c. 
par dilution dans l'eau physiologique, s’il est nécessaire, comme cela 
s'observe chez le cobaye témoin, on constate qu'il se forme un œdème. Au 
bout de vingt-quatre heures, cet œdème s’est étendu, il a un aspect et une 
consistance comparables à l’œdème charbonneux; il se résorbe de trois à 
quatre jours après l’inoculation. Nous ne sommes pas encore parvenus à la 
production d’escarres ou de nécrose des tissus. Nous nous sommes arrêtés 
au premier stade du phénomène d’Arthus. Chez plusieurs animaux, nous 
avons prélevé du liquide d’æœdème et en avons constaté la stérilité. 


20 DrFFICULTÉS DE LA DÉSENSIBILISATION DES ANIMAUX. — En voulant 
essayer les méthodes de désensibilisation qui réussissent avec les 
cobayes anaphylactiques ordinaires, nous nous sommes heurtés, avec 
nos animaux préparés intensivement, à un insuccès presque com- 
plet. 

Nous commencions par inoculer, dans la jugulaire, une dose moitié ou 
quart de la dose mortelle minima moyenne des animaux de la série, 
puis on continuait en doublant successivement la dose. En général, dès 
la seconde ou troisième injection, on détermine une crise grave ou 
même la mort. 

Voici quelques exemples choisis parmi nos tableaux d'expérience : 


a) Gobaye 3/299, 490 grammes. Injections préparantes. Epreuve : 1/100 c.c. 
sérum dans la veine. Réaction par une cerise légère. Dix minutes après, une 
nouvelle injection de 1/50 c.c. détermine la mort en 25 minutes. 

b) Cobaye 3/296, 455 grammes de la même série. 1/100 c.c. dans la veine 
provoque une crise grave, dyspnéique surtout; 38 minutes après, une nou- 
velle inoculation de 1/100 c. c. fait mourir l'animal en 37 minutes. À l’autop- 
sie : poumons anaphylactiques, organes abdominaux congestionnés, et sang 
liquide dans la veine porte. 


Quelquefois nous réussissions à faire franchir aux animaux le passage 
critique, à déterminer chez eux des crises dyspnéiques successives, età leur 
faire supporter des doses relativement fortes de sérum, étant donnée leur 
sensibilité primitive. D'une manière assez générale, quand il se produi- 
sait, sous l'influence d’une dose de sérum, une crise grave prolongée, on 


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182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pouvait, durant cette crise, faire supporter à l'animal de nouvelles imocu- 
lations de doses plus fortes : on provoquait une simple aggravation 
momentanée de la dyspnée. Mais cet état anti-anaphylactique était de 
courte durée, car en essayant, à vingt-quatre heures de distance, de faire 
supporler à ces animaux une dose de sérum égale à la dernière à 
laquelle ils avaient résisté la veille, ils succombaient rapidement. 

Les cobayes chez lesquels nous déterminions des phénomènes locaux 
par la voie sous-cutanée, n'étaient pas complètement désensibilisés le 
lendemain, et beaucoup succombaient à l'injection intraveineuse de la 
même dose de sérum qu'ils avaient reçue sous la peau la veille. Seuls 
résistaient les cobayes qui avaient reçu sous la peau les quantités les 
plus fortes de sérum. 

En résumé, nos cobayes se différencient des cobayes Theobald Smith : 
1° par la diminution de la dose mortelle intraveineuse ; 2° par la pro- 
duction du premier stade du phénomène d’Arthus; 3° par la très grande 
difficulté de la désensibilisation. 


NOUVELLES RECHERCHES SUR LA BOURSE DE FABRICIUS, 


par Év. RETTERER et AUG. LELIÈVRE. 


Etendant nos investigations à de nouvelles espèces d'oiseaux, nous 
avons rencontré des faits qui nous semblent jeter quelque lumière sur 
l’évolution de la bourse de Fabricius. 

Nous nous bornons à résumer ce que nous avons observé sur le pin- 
gouin et le cormoran d'une part, sur le balbusard de l’autre. 


Premier TYPE. — Pingouin (Alca torda Lin.) et Cormoran (Phalacrocorax carbo 
Leach). La muqueuse, épaisse de plusieurs millimètres, contient des folli- 
cules clos dont les dimensions varient entre 0®m1{5 et Ommÿ, Chez le cormoran, 
les cloisons conjonctives qui réunissent les follicules entre eux sont plus 
minces que chez le pingouin, où elles atteignent une épaisseur de 20 y. Quant 
aux follicules proprement dits, ils offrent une constitution identique : on y 
distingue, en effet, un cortex plus sombre, et un centre plus clair, séparés 
l’un de l’autre par plusieurs assises cellulaires offrant tous les caractères de 
la couche basilaire d’un épithélium pavimenteux stratifié. La face externe 
de la couche basilaire n'a pas de membrane basale, car ses éléments se con- 
tinuent avec ceux du cortex dont le réticulum chromophile est très serré. La 
seule différence est la suivante : dans le cortex, le réticulum est à mailles 
étroites et il y a plus de vaisseaux sanguins que dans le centre. En ce 
qui concerne la face interne de la couche basilaire, elle est suivie de nom- 
breuses assises cellulaires correspondant aux couches moyennes et superfi- 
cielles d'un épithélium pavimenteux stratifié. Leur structure est celle d’un 
tissu réticulé dont le réseau de cellules anastomotiques est à mailles larges 
et remplies de lymphocytes et d’hématies. 


SÉANCE DU 25 JANVIER 183 


En résumé, les invaginations épithéliales qui ont donné naissance aux folli- 
cules cios ont produit un tissu réticulé aussi bien par la face externe que 
par la face interne de la membrane épithéliale ; il ne reste des bourgeons 
épithéliaux que des diverticules ou cryptes qui persistent sur l’une des faces 
de la plupart des follicules. Ces cryptes sont revêlues d’un épithélium cubique 
ou cylindrique, haut de 8 à 15 y. - 


DeuxiÈMe TYPE. — Balbusard {Pandion hahaëtos Cuv.). — Au lieu d’être 
inclus davs le tissu conjonctif, les follicules clos font saillie à la surface de la 
muqueuse. De part et d'autre des plis de la muqueuse, épais de 0""05, se 
succèdent des saillies en forme de papilles que séparent des portions amin- 
cies longues de Omm1 et épaisses seulement de 0®%05. L'ensemble de la 
coupe figure un chapelet, avec cette différence que les épaississements locaux 
ne dépassent pas l’une ou l'autre face des plis de la muqueuse. Les papilles 
ou follicules sont hauts de 0222 à Omm6 et larges de Omm4, Les uns sont 
implantés par une large base sur les plis de la muqueuse, tandis que les 
autres ont la forme d'un haricot dont le bord concave, ou hile, est relié à la 
muqueuse par un mince pédicule; le pédicule a un axe formé d’un tissu con- 
jonctif lâche. 6 

Dans l’étranglement interfolliculaire, le long du pédicule ét sur les parties 
latérales du follicule, l’épithélium qui revêt le chorion de la muqueuse est 
formé de deux à quatre assises cellulaires dont la rangée superficielle pos- 
sède des éléments allongés avec des noyaux en bâtonnet. Vers le milieu des 
faces latérales des papilles, l’épithélium s’épaissit et change de caractères : il 
mesure, vers la face libre ou interne, 02x05 et davantage ; il possède de nom- 
breuses assises cellulaires qui, en certains points, forment un tissu épithélial 
plein, c’est-à-dire à cytoplasma continu et sans éléments libres, tandis qu’en 
d’autres points plus étendus l’épithélium est représenté par un tissu réticulé 
contenant des lymphocytes en quantité considérable. Toute la face libre du 
follicule papillaire est revêtue d’une assise continue de cellules épithéliales 
aplaties de 2 à 3 y, nucléées et à cytoplasma plein. Cette assise correspond 
à La rangée de cellules superficielles des épithéliums pavimenteux stratifiés. 

Sous ces cellules moyennes et superficielles du revêtement épithélial 
s'étend la couche basilaire, épaisse de 15 y et formée d’un cytoplasma plein, 
qui est avide d’éosine et d'orange, et de noyaux très chromatiques. La face 
profonde de la couche basilaire est partout continue avec la masse centrale, 
sans trace de membrane basale. La masse centrale est un syncytium dont la 
plus grande partie est constituée par un cytoplasma commun à nombreux 
noyaux. Ceux-ci sont arrondis, ont 6 à 7,5 y, sont très chromatiques et ne 
sont séparés les uns des autres que par des intervalles cytoplasmiques de 
4 ou 2 y. Le cytoplasma est finement réticulé (filaments granuleux ou chro- 
mophiles). Par endroits, surtout vers la face adhérente de la papille, on 
trouve des éléments libres sous la forme de lymphocytes ou d’hématies. 

En résumé, l'évolution de l’épithélium des follicules clos du balbusard se 
fait d’après un processus identique à celui qu'on observe dans celui de la 
muqueuse glando-préputiale du chien dans les points où il s’y développe des 
follicules clos (1). 


(4) Voir Retterer, Journal de l'Anatomie, 1904, p. 348, pl. IX, fig. HI à V. 


184 s SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Résultats et critique. — Chez le pingouin et le cormoran, les follicules 
«les se produisent par invaginations épithéliales, tandis que chez le 

balbusard c'est par évagination qu'ils se développent. Wenckebach a 
parlé d'inversion; c'est-à-dire que, dans le premier type, le cortex 
périphérique serait de provenance mésodermique, la masse centrale 
d'origine épithéliale ; dans les Rapaces, au contraire, le centre serait 
produit par le mésoderme, et le cortex par l'épithéhum. Wenckebach, 
croyant à la spécificité des feuillets blastodermiques, a méconnu 
l’évolution profonde des cellules épithéliales dont la couche basilaire 
est capable de produire, par proliférations et par transformations, un 
syncytium de tissu conjonctif jeune, qui devient très vasculaire et 
acquiert un réticulum serré. 

Les couches moyennes de l'invagination ou de l’évagination épithé- 
liales deviennent également réticulées et faiblement vasculaires. Ce 
fait, annoncé par Retterer en 1885, a été confirmé par Disselhorst (4) et 
par Osawa (2). 11 est vrai que ces histologistes partagent «encore d'opi- 
nion première de Relterer, à savoir que les vaisseaux et le tissu con- 
jonctif viennent du mésoderme et pénètrent secondairement dans 
lépithélium. 

Comme dans les follicules clos tégumentaires, et comme $S. v. Schu- 
macher l’a montré pour la bourse de Fabricius, c’est l’épithélium lui- 
même qui se transforme en trame réticulée et fournit les éléments 
libres et les vaisseaux. 

De ces éléments libres, les lymphocytes prennent naissance dans 
l’épithélium de revêtement ou le syncytium d'origine épithéliale, par 
fonte du cytoplasma de certaines cellules. Ceux qui invoquent l’ami- 
boïsme des lymphocytes hématogènes pour expliquer leur présence 
dans l’épithélium ont jusqu’à présent négligé de nous indiquer la 

_ technique dont ils se sont servis pour constater la marche des lvm- 
phocytes par mouvements amiboïdes. | 

Si, sous l'influence du jeûne ou par l’action des rayons Rôntgen (3), 
les lymphocytes diminuent jusqu’à disparaitre dans les follicules clos 
de la bourse, tandis que leur nombre augmente si l’on suralimente les 
animaux, ces résultats ne prouvent aucunement qu'il y ait eu émigra- 
tion ou immigration de lymphocytes hématogènes. Comme Unzeitig 
le spécifie, l'irritation produite par les rayons Rôntgen détermine 
la formation de masses claires dans les cellules épithéliales qui 
paraissent criblées de vacuoles. Par la liquéfaction de ces dernières et 
la désagrégation du rélieulum, les restes cellulaires et nucléaires sont 
mis en liberté sous la forme de lymphocytes. C'est le même processus 


(1) Die accessorischen Geschlechtsdrüsen, etc., 1897, p. 82. 
(2) Milteil. aus der med. Fakultät zu Tokyo, t. IX, p. 321, 1911. 
(3) Voir l'historique in Unzeitig, Analomischer Anzeiger, t. XLII, p. 22, 4912. 


SÉANCE DU 25 JANVIER 185 


qu'on observe sur les ganglions lymphatiques, lorsque à la suite du 
jeûne ou des émissions sanguines on diminue la masse et la pression 
du sang : il en résulte une fonte plus abondante de protoplasma et 
un appel plus considérable de lymphe et de lymphocytes. Si l’on nourrit 
de nouveau l’animal en expérience, les tissus se réparent et prolifèrent, 
_ parce que la désassimilation y diminue. 

Conclusion. — Que la végétation épithéliale se produise par invagina- 
tion, comme chez la plupart des Oiseaux (1° type), ou par évagination, 
comme chez les Rapaces (2° type), l'histogenèse des follicules clos est 
partout identique : la couche basilaire de l'épithélium donne naissance 
par sa face mésodermique à un syncytium de tissu conjonctif jeune 
(cortex du 1° type, centre du 2° type) qui se transforme ensuite en tissu 
conjonelif vasculaire. Quant aux couches moyennes de l'épithélium inva- 
giné ou évaginé, elles subissent également la transformation réticulée 
(épithélium infiltré des classiques). Si la bourse de Fabricius s’atrophie 
«et disparaît presque totalement chez l'adulte, c’est que la plupart de ses 
‘éléments finissent par devenir des lymphocytes ou des hématies qui 
sont versées dans le torrent circulatoire. 


TRANSMISSION AU COBAYE SAIN DE L'HYPERSENSIBILITÉ !A LA TUBERCULINE, 
AU MOYEN DE LA TRANSFUSION DU SANG ‘DE COBAYE TUBERCULEUX, 


par L. Massoz, M. BRETON et L BRuyaANr. 


Yamanouchi, le premier, a montré la possibilité de transmettre l’hy- 
persensibilité à la tuberculine, en injectant à de jeunes lapins du sang 
de tuberculeux et en provoquant leur mort par la tuberculine. Ses 
travaux ont été confirmés par Novotny, Austrian, Bail et Baüer, 
infirmés par Carles Joseph, Vallardi, Kraus, Lüwenstein et Volck, Neu- 
feld et Dold, par Fränkel, etc. Baïl substitua l’inoculation d'organes 
tuberculeux à l'injection préparante de sang citraté ou de sérum. La 
question ne semble pas actuellement élucidée, et l'hypothèse de Wasser- 
mann et Brück qui limite au foyer tuberculeux la production et la pré- 
sence d'anticorps dans l’organisme, n’est pas vérifiée. 

Nous avons repris l'étude de la question en utilisant la pratique de la 
transfusion du sang chez le cobaye (1), pensant ainsi transmettre inté- 
gralement les propriétés humorales. 

Nous avons transfusé à des cobayes sains du sang provenant de 
cobayes tuberculeux. Ceux-ci, préparés avec des doses de bacilles 
variant de 0 milligr. 001 à 1 milligramme, avaient été inoculés de vingt 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 4 janvier 1913. 


186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


EEE —— En — — 


à quarante jours avant l'expérience. Quelle que soit la dose de sang 
reçu (5 à 18 grammes), jamais l'injection massive (1 c.c.5) de tuber- 
culine de Koch, faite sous la peau vingt-quatre heures plus tard, n’a 
permis d'obtenir la mort de l'animal et de le différencier ainsi du 
témoin injecté de sang normal. D'autre part, les courbes thermiques 
obtenues chez de semblables cobayes avec des doses de tuberculine 
comprises entre 0 c.c. 01 et 0 c.c. %5, diffèrent peu de celles que l’on 
obtient chez le cobaye sain. Il nous a donc semblé que ces deux 
méthodes étaient incapables de nous donner la solution du problème. 


En conséquence, nous avons modifié notre technique en injectant préala- 
blement à des cobayes normaux des doses massives de tuberculine comprises 
entre 0 c.c. 25 et 0 c.c. 5. L'animal fait une élévation thermique de 1°%5 entre 
la deuxième et la troisième heure; la défervescence est totale six heures 
après. Dès ce moment, les phénomènes thermiques sont désormais fonction 
de la nature du sang transfusé. Nos résultats ont été obtenus en des laps de 
temps variables, distants de seize heures au plus de l'injection de tuber- 
culine. Nous signalerons ultérieurement la durée d'impréguation du cobaye 
normal par la tuberculine injectée. 

Les résultats de nos expériences sont résumés dans le tableau suivant : 


EE DE A EE RC EEE NE EP D GP CE 


TEMPÉRATURES MAXIMA ET MOYENNES 
QUALITÉS | DES RECEVEURS 


des | = 


MOYENNES, APRÈS : 
PR NT GR IMAX TT. 


DONNEURS RECEVEURS | 1h. »|2h. »|2h.3013h. »|3h.3014h. »|51h. » 
| en | 1 

1) S AN OLRAUXE EAES Normaux MA) VONT EE Al 38°04138°60|39°27|38°99|39032|39034139090|1390 » 
b) 8 Tuberculeux . .|Normaux. . . . . . .138.91138.75139.43139.47139.90]39.32]39.47|39.40 


c) 15 Tuberculeux . .|Normaux tuberculinés.|388.97139.42139.83|40.08]|40.04|40.17 40 »|39.88/1. 


d) 7 Normaux. . , .|Normaux tuberculinés.|39.33138.63139.61 39.58) ;9.77|39.86|39.62|39.66 
e) ? Tuberculeux . .|Tuberc. tuberculinés.|38.70138.40|139.15139.60139.65| » |39.50/139.60) 
f) 4Nrm.tuberculinés|Tuberculeux . , . . . 39.65139.85|40.42/40.32|40.20|40.40/49.20|39.80| 
D'RANormaute er TUDErCUIeUXI Sr 39.80138.62139.52139.92139.97|40.07| 40 05|39.85 
IL) UNE AR Cas Normaux. RE ere le 38.80[27.80/39.15/39.40|30.45/39.60/39.05|39.20 
i) RCaction tuberculinique chez 3 cobayes 

tubPerculeux ue AMEN Eee *. .189.07/40.33/40.43|40.65|41.06|40.90|40.33|40.57 


SERA EE ED ER CP RE CE NET 


Dans les mêmes conditions, l'injection intraveineuse de sérums de cobayes 
tuberculeux ne nous a pas donné de résultats satisfaisants. De 7 cobayes 
préalablement (uberculinés, un seul a présenté une élévation de température 
de 1 degré; les autres n’ont gu're oscillé. L'emploi de sérums hétérologues 
très riches en anticorps n’a pas été plus efficace; la réaction tuberculinique 


ne dépend donc pas de la sensibilisatrice tuberculeuse. 


1H 


eee de lu ae à dt dl de dot ti de ie Ne 


= SÉANCE DU 25 JANVIER 481 


f 


Il résulte de ce schéma d'expérience que la plus grande réaction ther- 
mique obtenue en c) chez les cobayes sains tuberculinés est bien fonc- 
tion de la qualité du sang transfusé, puisque des cobayes sains ne peu- 
vent en d) répéter l'expérience. D'autre part, cette même réaction 
dépend de la présence de tuberculine, la transfusion du sang tuber- 
culeux à l'animal normal ne donnant en b) aucune élévation de tempé- 
rature comparable. On peut assimiler les variations (hermiques obie- 
nues chez le cobaye sain tuberculiné receveur de sang tuberculeux, à 
celles constatées en 1, chez des cobayes tubercuieux tuberculinés, en 
tenant compte de ia température initiale plus élevée chez ces derniers. 
Le cobaye tuberculeux tuberculiné semble moins aple que le normal 
tuberculiné à réagir thermiquement. Enfin, la présence de tubereuline 
d libre, en très faible quantité au moment de la transfusion, dans le sang 
| des animaux tuberculinés, semble résulter des expériences relatées en 
D foetk. 

En résumé, il nous a été impossible de provoquer la mort du cobaye 
normal par injection de tuberculine, après transfusion de sang tuber- 
2 culeux homologue. Par contre, un cobaye normal tuberculiné recevant 
ce même sang tuberculeux, fait une ascension thermique qui, ainsi que 
nous l'avons montré, semble liée à la réaction humorale du sang trans- 
fusé. Cette réaclion doit être considérée comme spécifique. Nous recher- 
chons actuellement si le sang humain peut donner lieu à de semblables 
observalions. 


1 


LES 


(Institut Pasteur de Lille.) 


SUR QUELQUES POINTS 
DE LA STRUCTURE DU MUSCLE DU MARTEAU CHEZ LE CHIEN 


(Deuxième note), 


à par À. PoLicarp. 


IL. — Innervation du muscle. Chez le chien l’innervation est anatomiquemeni 
la suivante (Morat). Appliqué sur la partie saillante du muscle se trouve un 
ganglion sympathique, le ganglion de Morat. Les fibres qui arrivent à ce 
ganglion sont de deux ordres: 1° un rameau du trijumeau, rameau moteur. 

«a M. Morat a pu démontrer que l'excitation électrique de ce filet nerveux faisait 
contracter le muscle; 2° un rameau plus petit vraisemblablement sensitif et 
provenant du glosso-pharyngien par le nerf de Jacobson, Histologiquement, 
on peut constater que de nombreux filets nerveux du rameau moteur traver- 

- sent le ganglion sans s’y arrêter et vont directement au muscle sous-jacent. 

Les cellules nerveuses ganglionnaires qui composent le ganglion sont du 
iype sympathique multipolaire ; leur axone semble pénétrer dans le muscle 
en se confondant avec les fibres afférentes directes. 


BioLocie. Coupres RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 14 


188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Dans le muscle, les filets nerveux forment de gros faisceaux dont la direction: 
générale est perpendiculaire à celle des faisceaux musculaires entre lesquels 


ils Sont logés. 
Pour étudier les ramifications nerveuses terminales dans le muscle, nous 


avons utilisé la méthode neurofibrillaire de Sand (1): Grâce à elle, nous avons. 
pu faire les constatations suivantes : 


Terminaisons motrices au niveau des fibres de grand diamètre. — 
Une fibre nerveuse fournit habituellement des plaques motrices à un: 
petit nombre de fibres musculaires, 3 à 8 environ; généralement, une 
Sbre nerveuse logée dans l'espace situé entre 3 ou 4 éléments muscu- 
läires donne des plaques à ces éléments et à peu près au même niveau: 
pour tous. Immédiatement avant d'aborder la fibre musculaire, les neuro- 
fibrilles qui constituent le cylindre axe semblent particulièrement 
dénses, serrées et colorables. 

La plaque motrice proprement dite est très volumineuse et constituée 
par une masse de protoplasma très finement granuleux, abondant et 
avec seulement de très rares noyaux; cette plaque à la forme générale. 
d'une sole épaisse qui fait saillie à la surface de la fibre. 

Dans le protoplasma, le cylindre axe se ramifie, non par dichotomie 
régulière; mais par des divisions successives très inégales, des branches 
très gréles naissant sur des troncs relativement épais. Les dernières. 
ramilications colorables ne Sont jamäis anastomosées ; leur ensemble: 
constitue un plexus serré, mais non üunñ réseau. Nous n'avons jamais pu 
constater l’existence de fibrilies ultra-terminales. < 

2 Jerminaisons motrices au niveau des fibres de petit diamètre. — 
Autant les plaques motrices sur les grosses fibres sont faciles à colorer, 
autant celles-ci sont difficiles à mettre en évidence. 

La fibre nerveuse destinée à une fibre musculaire l’aborde à un niveau 
très différent de celui des plaques motrices des grosses fibres. Au point 
de pénétration, on peut constater l'existence de nombreux noyaux appar- 
tenant aux gaines nerveuses et musculaires. La ramification cylindre 
axile est très difficile à saisir, car le plus souvent elle est mal colorée: 
par la métode de Sand. Autant qu’il nous a été possible de le constater, 
il semble que le cylindre axe se ramifie en 4 ou 5 branches inégales ; de 
celles-ci les unes, montent parallèlement au grand axe de l'élément mus- 
culaire ; d’autres, grêles, entourent la fibre comme d’un bracelet. Les. 
figures obtenues sont très comparables à celles que P. Krebs donne 
dans son mémoire sur le muscle de l’étrier (2). 


(4) R. Sand. Comptes rendus de l'Association des Anatomistes, XII° réunion. 


Bruxelles, 1910. 

(2) P. Krebs. Die Nervenendigungen im Musculus Stapedius, mit besonderer 
Berucksichtigung der bei der Färbung angewandten Technik. Arch. f. mikr. 
Anat., LXV, p. 704-727, 1 pl., 1905. Cf. figure dans le texte, p. 715, et fig. 3, 4 


5 de la planche. 


tie 4 A de Ds, 


SÉANCE DU 25 JANVIER 189 


3° Terminæisons sensilives. — Malgré des recherches attentives, il ne 
nous à pas été possible de rencontrer dans lé muscle du marteau de 
faisceaux neuro-musculaires. Les seules terminaisons sensitives que 
nous avons pu noter semblent être des ramifications plus ou moins 


_iches, non encapsulées, qui se rencontrent dans la région des fibres 
tendineuses. La méthode de Sand les colore du reste mal. Il semble 


cependant qu'on doive les rapprocher des formations sensitives ana- 
logues décrites par Krebs dans le muscle de l’étrier. 

I semble bien que la différence entre les appareïls moteurs des deux 
espèces de fibres dont se compose le muscle du marteau vient à l'appui 
de l'hypothèse que nous avons formulée dans une note précédente, d'une 
différence de fonctionnement entre ces deux catégories d'éléments mus- 
culaires. À chacune de ces catégories correspond vraisemblablement 
une variété spéciale de nerfs. L'analogie de diamètre et d’aspect entre 
les fibres nerveuses qui vont aux grosses fibres musculaires et celles 
qui, venues du trijumeau, traversent le ganglion de Morat sans sy 
arrêter, nous amènerait à penser volontiers que l'innervation des fibres 
de grand diamètre est assurée directement par le trijumeau, landis que 


_ les fibres motrices des fibres gréles viendraient du ganglion. C’est à 


l’expérimentation histologique de résoudre la question définitivement. 


SYTRUCTURE DE LA MEMBRANE PROPRE DU TUBE CONTOURNÉ DU REIN, 


par J. Mawas. 


La membrane propre du tube contourné du rein des mammifères cst 
généralement décrite comme une membrane vitrée, anhisle et transpa- 
rente. Elle formerait un manchon solide et sans structure autour des 
cellules sécrétantes. 

L'étude approfondie de cette vitrée chez le rat montre, au contraire, 
qu’elle n’est pas aussi simple qu'on le eroit communément, et qu’elle 
présente une structure réelle. La méthode qui nous a permis de mettre 
le mieux en évidence cette structure, est l'emploi comme fixateur du 
bichromate-acétique de Tellyesniczki et comme colorant l’hématoxyline 
au fer. 

Dans ces conditions, la membrane propre du tube contourné parait 
comme striée circulairement lorsqu'elle se présente en coupe plus ou 
moins oblique dans le champ de ja préparalion. Coupée langentielle- 
ment et vue de haut, la striation de la membrane propre est d’une 
grande netleté et forme des stries parallèles à la surface du lube 
contourné. Lorsque celui-ci est coupé transversalement, la membrane 
propre présente une série d'élevures, du côté interne, sorte d’ CHASSE 
sement en forme de dents de scie. 


1490 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


==— = 


Ces épaississements correspondent aux cercles décrits plus haut. 

A quoi correspond cette structure et qu’elle est sa signification 
probable? : 

On peut dire, tout d’abord, qu’elle n’est pas de nature conjonctive et 
qu’elle ne semble pas faire suite à la trame fibrillaire intertubulaire, 
décrite et figurée par Mall (1891 et 1901) et par Disse (1902). 

Ele ne correspond pas non plus au dessin que forme la base d'implan- 
tation des cellules épithéliales striées des tubes contournés. Ce dessin, 
de forme endothéliforme, découpé en jeu de patience (J. Renaut et 
Hortolès), ne ressemble nullement aux stries régulièrement circulaires 
que nous venons de décrire. 

Elle ne ressemble pas non plus à ce que Zimmermann (1898, figure à 
la base de la cellule épithéliale dans le protoplasma cellulaire, et non 
en dehors de lui. Il s’agit dans les figures données par Zimmermann 
d'un pointillé, qu'on retrouve aussi dans les cellules du segment excré- 
teur, tandis que les stries parallèles ne se voient qu’au niveau du tube 
contourné. 

Seul, E. Bizzozero (1901) a décrit chez l’homme, d’abord dans la 
branche ascendante de Henle, puis dans le tube contourné, des stries 
transversales, circulaires, qui ressemblent à ce que nous décrivons chez 
le rat. 

En ce qui nous concerne, nous pensons qu'il s’agit, dans le cas que 
nous venons d'étudier, d’une membrane véritablement striée. Nous 
inclinons à penser qu'il s’agit vraisemblablement de canellures dans la 
membrane propre, sans pouvoir dire actuellement quelle est leur signi- 
fication fonctionnelle. 


(Laboratoire d'histologie des Hautes-Etudes au Collège de France.) 


CoNTRACTIONS VENTRICULAIRES AUTOMATIQUES ET ARYTHMIE COMPLÈTE, 


par C. Pezzi et A. CLERC. 


On sait aujourd'hui que l’arythmie complète, cliniquement caracté- 
risée par des contractions ventriculaires désordonnées où les pauses 
diastoliques sont toujours inégales, est le plus souvent sous la dépen- 
dance d’une fibrillation des oreillettes. Toutefois, cette condition n'est 
pas nécessaire et, malgré son absence, le trouble en question peut 
s’observer. Mais alors le rythme fondamental du cœur persiste et l'irre- 
gularité ventriculaire ne fait que traduire l'irrégularité de la fonction 
sinusale. Cette variété d'arythmie est d’ailleurs rare : nous l’avons ren- 
contrée quelquefois en expérimentation, et une fois aussi en clinique 


nf RS ne PET 8 


déc, sr | 


LE 


SÉANCE DU 29 JANVIER 101 


au cours d'une bradycardie toxique d’origine ictérique. Néanmoins, que 


l'on invoque la fibrillation auriculaire ou, ce qui est plus rare, un 
trouble chronotrope du sinus, il faut admettre que le ventricule trouve, 
en dehors de lui-même, la cause de son irrégularité. 

Certaines expériences tendraient à prouver qu'il pourrait en être 
autrement, car, en étudiant l’action de la nicotine sur le cœur isolé de 
lapin privé d'oreillettes et de cloison interauriculaire, il nous est arrivé 
de provoquer des troubles du rythme ayant tous les caractères de 
l’arythmie complète. 

La figure 4 montre deux tracés. Le supérieur à été pris avant le pas- 


Fr6. 1. — Cœur isolé de lapin privé d'oreillettes et de cloison interauriculaire. Le 
tracé supérieur montre des contractions ventriculaires lentes et automatiques, deux 
extrasystoles provoquées (+) ne s’accompagnent pas de repos compensateur. Le 
tracé inférieur, enregistré à une phase où passait la nicotine, montre une arythmie 
ventriculaire complète : Temps : 1/5 de seconde. 


sage de l’alcaloïde ; les contractions ventriculaires sont lentes et auto- 
matiques ; deux extrasystoles (+) provoquées par un choc d’induction 
ne s'accompagnent pas de repos compensateur. Le tracé inférieur a été 
fourni par le même cœur à une phase où passait une solution de nico- 
tine à 1/5.000. Après une première période d’arrêt cardiaque, suivie 
d'accélération et de renforcement, le cœur a présenté, pendant un cer- 
tain temps, un véritable affolement dont le tracé inférieur de la figure 1 
est le témoin. Nous n'avons observé ce phénomène qu une seule fois, 
car, si en général le cœur privé d’oreillettes et de cloison interauricu- 
laire s'accélère sous l'influence de la nicotine, les battements sont assez 
réguliers. ; 

Notre observation n’en prouve pas moins que, dans certaines circon- 


192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


stances, le ventricule peut trouver en lui-même Le primum movens de 

ses contractions désordonnées. 

Travail des laboratoires de physiologie et de pathologie expérimentale 
de la Faculté de médecine de Paris.) 


DES ÉCHANGES AZOTÉS DE L'ORGANISME, 


par ANdRÉ Gouin el P. ANDOUARD. 


À la séance du 30 novembre 1907, nous montrions que l'importance 
journalière des échanges azotés de l'organisme ne dépassait pas 
9,5 gr. d'azote par Jour, et par 400 kïlogrammes, chez les bovidés en 
. croissance. Notre chiffre semble avoir été généralement admis par les 
zootechniciens. 

Depuis, nous avons été amenés à reconnaitre qu'il pouvait s'abaisser 
encore notablement. Nous n'avions pas osé, en 1907, faire état d'une 
expérience qui remontait à 1902, époque à laquelle nous commencions 
à établir pour nos animaux en expérience le bilan général de la nutri- 
tion ; mais de nouvelles observations, au cours des années 1909, 4941 
et 1912, sont venues en apporter la confirmation complète. 

Nous croyons à propos d’en reproduire sommairement les résultats : 


AZOTE AZOTE 
C J AGE CROIT alimentaire uriuaire 
ANNÉE DURÉE à . ; 
du sujet. journalier. ST RE 
par 100 kilosrammes. 
Jours. Jours. Grammes. Grammes. Grammes. 

1902 D 21% 1.026 55,24 7,61 
1909 28 462 96% 30-19 5,09 
1911 28 205 186 41,49 8,63 
1912 28 952 892 41 24 DOI 


Ainsi que l'indiquent les chiffres de l'azote urinaire, le taux des 
échanges azotés de l'organisme s’est abaissé, dans deux des expériences, 
au-dessous de 6 grammes par 100 kilogrammes. 

S'il y avait eu pénurie d’azotedigestible, il est manifesteique la-crois- 
sance en aurait souflert autant, sinon beaucoup plus, que les échanges 
organiques. Or, ce n'a pas élé le cas, puisque, «dans les conditions les 
meilleures, on ne saurait compter sur des augmentalions de poids 


sensiblement plus élevées que celles qui se sont réalisées au cours de 
nos expériences. 


SÉANCE DU 25 JANVIER 193 


Hl nous paraît donc certain maintenan{ que les échanges azolés de 
l'organisme n’ont pas l'amplitude qu’on leur prêtait jusqu'ici. 

Il n’est peut-être pas superflu d’ajouter que, dans ces quatre expé- 
riences, l'alimentation comprenait une certaine quantité de sucres, 
fournis dans les trois premières par la betterave et dans la dernière 
par des caroubes. 

Avec l'installation que nous possédons, aucune perte d'urine n'est à 
craindre. Nos échantillons étaient si bien préservés contre toute fer- 
mentation, qu'au bout d’un an leur titre en azote se relrouvait encore 
le même. | 


ACTION DU SÉRUM ANTIGLOBULIN « IN VIVO », 


par MARCEL AYNAUD. 


En 1906, Le Sourd et Pagniez ont appliqué au globulin la méthode des: 
anticorps ; Sacerdotti a, depuis, consacré un important mémoire à cette 
question, el moi-même, dans une note antérieure, j'ai exposé ici-même 
mes recherches sur l'action du sérum antiglobulin èn vitro (1); inoculant 
à des chiens le sérum antiglobulant, j'ai reproduit les accidents graves 
qu'avait obtenus Sacerdotti et constaté que la rétractilité ou l'irrétrac- 
tilité du caillot étaient indépendantes de la présence ou de l'absence 
des globulins. La difficulté de pratiquer des numérations de globuliné 
en série chez les animaux courants du laboratoire m'a conduit à étudier 
l’action du sérum antiglobulin chez le cheval, qu'on peut saigner aussi 
‘souvent que l’on désire à la jugulaire. 


Les numérations de globulins ont été faites, avec ma technique habituelle, 
sur le sang obtenu par ponction de la jugulaire et recueilli dans un verre 
paraffiné. Les chiffres de la courbe correspondent à 100.000 globulins. Le: 
dosage du complément a été exécuté en faisant agir 0,1 de sérum sur des 
quantités croissantes d’un mélange ainsi constitué : 


GlobulesMemouton ta Ep AA0OR NERO RE EU 
SOHMNCOBAVe ne INaCtivé).s MINE MENT REA tn 
Sésum dopiniantimouton, inaativél 15100) 0S Nr CU LE 140,5 


Les chiffres de la courbe correspondant au titrage du complément repré- 
“sentent le nombre de c.c. hémolysés par 0,1 de sérum frais. 

Le fibrin-ferment a été dosé en faisant agir 0,1 de sérum sur le mélange 
suivant : 200 c.c. de sang de cheval sont reçus dans 100 c. c. de solution de 
sulfate de magnésie à 30 p. 100 : 4 c.c. de plasma mélangés à 4 parties d’eau 
distillée m'ont fourni la liqueur d’essai : le pouvoir coagulant des sérums est 
représenté par le nombre de c.c. coagulés par 0,1 de sérum. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 24 décembre 1911. 


194 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


A un cheval de 435 kilogrammes, j'injecte 370 c.c. de sérum de mouton 
dans la veine. L'examen du sang, la veille, a donné : gl. rouges, 5.750.000; 
gl. blancs, 3.700 ; globulins, 160.000. 

Immédiatement avant l'injection, on recueille un échantillon A, qui coagule 
= en 60 minutes (verre). L’injection est faite à 10 h. 45 ; à 10 h. 18, l'animal crotte 
et devient inquiet. À 10 h. 25, dyspnée intense et violentes secousses muscu- 
laires. À 11 heures, même état. L'état est stationnaire dans le reste de la 
journée; animal couché, se lève avec peine, démarche hésitante, diarrhée 
abondante. 


ù 310 11 12/45 16 15 16° 17 18 19 20 212223 2e 25 26 


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Saignée B.; 10 h. 27, coagulé à 10 h. 42 (verre flambé, 10°). GIL. rouges, 
8.840.000; gl. blancs, 1.000; globulins, presque complètement disparus : on 
en rencontre dans le plasma un tous les cinq ou six champs. 


Saignée G. — 10 h. 42, coagulé 11 h. 15. GL. rouges, 5.600.000 ; gl. blancs, 
#00. Les globulins sont aussi rares et non numérables. 


Saignée D. — 15 h. 20, coagulé 16 heures. GI. rouges, 5.800.000 ; gl. blancs, 
300 ; globulins, 47.000. 

Conniément À :1,6;: Bet C: 0,1; D: 0,2. 

Fibrin-ferment. A: 1; B, G et D: O. 

Rétraction. B, C, D, faible ; sérum limpide, sans traces d'hémolyse. 

2e jour. Animal debout; mais encore dyspnéique. GI. rouges, 6.800.000 ; gl. 
blancs, 9.000 ; globulins, 68.000 ; coagulation en 20 minutes; rétraction nor- 
male ; complément, 0,2; fibrin-ferment, 0. 

3° jour. À maigri de 25 kilogs. Gl. rouges, 6.000.000; gl. blancs, 9.000; 
globulins, 96.000. 

3e jour. G1. rouges, 5.460.000 ; gi. blancs, 8.406 ; globulins, 89.000 ; complé- 
ment, 1,4; fibrin-ferment, 1. 

6e jour. Gl. rouges, 4.690.000 ; gl. blancs, 7.500 ; slobulins, 126.000. 

1° jour. GI. rouges, 4.350.000 ; gl. blancs, 6.000 ; globulins, 67.000. 


+ “motte 


SÉANCE DU 25 JANVIER 195 


9° jour. Gl. rouges, 4.608.000 ; gl. blancs, 6.600 ; globulins, 147.000. 

10° jour. Gl. rouges, 4.020.000, gl. blancs, 4.400; globulins, 205.000. Les 
précipitines anti-mouton commencent à apparaître. 

12° jour. GI. rouges, 4.740.000 ; gl. blancs, 6.600 ; globulins, 215.000. Préci- 
pitines abondantes. 

14° jour. G1. rouges, 4.560.000 ; gl. blancs, 4.900; globulins, 285.000; com- 
plément, 3; fibrin-ferment, 3. 

16° jour. GI. rouges, 4.330.000 ; gl. blancs, 3.000 ; globulins, 300.000 ; com- 
plément, 4; fibrin-ferment, 6. 

17° jour. Gl. rouges, 4.260.000 ; gl. blancs, 3.600 ; globulins, 257.000. 
. 19° jour. Gl. rouges, 4.300.000; gl. blancs, 2.400 ; globulins, 143.000; com- 
plément, 2,5 ; fibrin-ferment, 3. 

21° jour. GI. rouges, 4.980.000 ; gl. blancs, 3.300 ; globulins, 207.000. 

23° jour. GI. rouges, 5.400.000 ; gl. blancs, 3.200 ; globulins, 181.000. 

26° jour. Gl. rouges, 5.190.000 ; gl. blancs, 2.700; globulins, 154.000 ; com- 
plément, 1; fibrin-ferment, 2. 


Un premier fait se dégage de cette expérience, c'est que le sérum 
antiglobulin parait agir in vivo avec une plus grande spécificité qu'in 
vitro. Les accidents toxiques observés après l'injection présentent une 
analogie frappante avec les accidents, d'ordre anaphylactique, observés 
chez les chevaux en voie d’immunisation dans les services de sérothé- 
rapie : ce sont les accidents que l'on observe lorsqu'on met en pré- 
sence in vivo l'antigène et l'anticorps ; chez le chien, les phènomènes 
sont différents d'allure; ce sont les phénomènes bien connus de l'in- 
toxication peptonique, de la <séro-anaphylaxie; ce sont ceux qu'avait 
obtenus Sacerdotti chez le chien et que j'ai reproduits ensuite. La 
baisse du complément et du fibrin-ferment dans le sérum après l'injec- 
tion déchainante font partie du même syndrome expérimental; il en 
est de même des troubles de la coagulation et de la rétraction du 
caillot, sans qu'il soit nécessaire d'invoquer une intervention spéciale 
des globulins. Il est d’ailleurs à noter que ces troubles ont été minimes, 
et que même, chez le chien, j'ai pu constater une rétractilité parfaite 
concordant avec une absence complète de globulins. 

La manière dont s’est opérée la régénération des globulins diffère 
complètement de ce que l’on observe après la saignée : les globulins 
n’ont commencé à augmenter de nombre que vers le quatrième jour, et 
cette augmentation a coïncidé avec l’apparition des précipitines pour le 
sérum de mouton. Ils ont subi ensuite une forte augmentation et nesont 
revenus à la normale que vers le vingtième jour. Il est curieux de cons- 
later que, dans cette expérience, globulins, complément et fibrin-fer- 
ment ont varié parallèlement et augmenté du simple au double le 
seizième jour. 


196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ACTION DU SULFATE DE LANÇHANE SUR LE DÉVELOPPEMENT DU #. sublilis, 


par ALBERT FROUIN. 


J'ai montré antérieurement que la plupart de sels de terres rares 
favorisent le développement de certains microorganismes cultivés sur 
des milieux de constitution simple (1). 

Dans la présente note, j'étudie l’action du sulfate de lanthane, sur 
le développement du 2. subtilis. 

Lorsqu'on ensemence le bacille dans un milieu constitué par des 
acides aminés comme aliment azoté, du phosphate de potasse, du 
sulfate de magnésie comme aliments minéraux, le microbe se dé- 
veloppe parfaitement bien avec tous ses caractères morphologiques 
habituels ; si l’on ajoute à ce milieu du glucose et de la glycérine, le 
développement est généralement plus rapide.et plus abondant. 

L'addition de divers sels de terres rares, tels que les sulfates 
de cérium de .néadyme, de praséodyme, de thorium, d'yttrium aux 
doses de 0 gr. 5, À gramme, À gr. 5, n’a aucune action sur le dévelop- 
pement du ire au-dessus des ne de 2p.4. 000 le développement 
ne se produit plus. 

Avec le sulfate de lanthane ajouté à ce milieu de culture à la dose de 
1 gramme ou 1 gr. 50 par litre, on observe que le B. subiihs se déve- 
loppe d’une façon homogène dans le milieu de culture sans donner le 
voile qui caractérise habituellement ce microbe; mais malgré des pas- 
sages successifs du microbe dans un milieu renfermant du lanthane, 
le bacille subtilis reprend ses caractères habituels de culture et se 
développe en voile, dès qu’on le reporte sur un milieu nutritif me 
contenant pas de lanthane. 

J'ai cherché si d'autres microbes essentiellement aérobies, comme le 
B. tuberculeux, ne pourraient pas eux aussi donner une culture homo- 
gène en présence de sels de lanthane. Jusqu'ici, les résultats de ces 
‘expériences ont été négatifs. 

L'action du sulfate de lanthane sur le ae aidhe du bacille 
subtilis me paraissait intéressante à signaler, parce que cette modifi- 
cation des caractères de culture se produit seulement en présence du 
sulfate de lanthane et nullement avec les autres sels de terres 


(1) Albert Frouin et S. Ledebt. Action du vanadate de soude et des terres 
rares sur le développement du bacille pyocyanique et la production de ses 
pigments. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXII, p. 981; — Action 
du vanadate de soude et des sels de terres rares sur le développement du 
bacille tuberculeux. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXII, p. 1034; 
— Jbid. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIIX, p. 640. 


SÉANCE DU 25 JANVIER 197 


 ————————_———— 2 —— 
F 


æares que j'ai étudiés. Il y a donc là une sorte de spécificité que l’on 
doit altribuer, dans l’état de pureté où lon peut obtenir les sels de 
Janthane, au lanthane lui-même. 


À 


DoOSAGES DE L’AZOTE URÉIQUE ET DE L'AZOTE RÉSIDUEL 
DANS LE SÉRUM SANGUIN, 


par H. LaBpé. 


Depuis la mise en lumière, par les travaux du P' Widal, de l’intérêtqui 
s'atlache à l'estimation de l'azote uréique dans le sérum sanguin, on a 
cherché à diverses reprises, sans y réussir pleinement, à améliorer les 
conditions techniques de ce dosage délicat. La détermination de l'azote 
uréique du sérum sanguin comporte deux causes demneur prineipales 
qui correspondent à ses deux temps successifs : 

4° Désalbumination. 

2 Libération de l'azote uréique et titrage. 

Pour la désalbumination, on utilise généralement la précipitation par 
des acides, et, en particulier, par l'acide trichloracétique. Les reproches 
qu'on a faits à l'emploi des précipitants acides sont nombreux. 

Les intéressantes recherches de Vallery (4) sur la précipitation de 
J’albumine urinaire et des albumines du sérum ont montré que l'acide 
trichloracélique, possédant au maximum les défauts qui s'appliquent à 
un précipitant dissocié dans ses solutions, paraissait susceptible d'hy- 
drolyser régulièrement à chaud une certaine quantité de protéine. 

En conséquence, une certaine quantité d'azote doit rester soluble dans 
l'extrait sérique ainsi désalbuminé, après filtration. C’est là une cause 
possible d'erreur dans l'estimation de l'azote uréique, et peut-être davan- 
tage dans celle de l'azote dit résiduel [Ntot—(Nur.— Nalb.)) qu'on obtient 
directement en dosant l’azole total du a désalbuminé. En outre, 
comme l'a judicieusement fait remarquer M. Brodin dans une récente 
communication (2), c'est, au moins, la somme (ANU + N Ammon.) 
qu'on évalue au moyen de l'hypobromite, d’où l'apparition d’une petite 
cause d'erreur qui peut paraître négligeable vu l’évaporation qui pré- 
cède la décomposition, tout au moins dans les dosages cliniques (3). 
On ne saurait, a priori, en dire autant de l’autre cause d'erreur que j'ai 


(4) Journ. Phys. et Path., t. XIV, p. 947, 1912. 

(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 17 janvier 1913. - 

(3) Moog a proposé à juste titre de substituer le nom d'N (hypobr.) à celui 
d'Nur. pour désigner l’azote libéré dans ces conditions. Comptes rendus de la 
Soc. de Biologie, t. LXXII, p. 386, 1912. 


198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


EE 


signalée, Tous les procédés de désalbumination qui mettent en jeu un 
acide fort et dissocié, ne paraissent pas donner une sécurité suffisante. 

Aussi, depuis fort longtemps, ai-je utilisé, pour ma pratique person- 
nelle, des précipitants neutres agissant par leur masse (1). Celui auquel 
je me suis arrêté comme donnant le plus de satisfaction est le mélange 
d'alcool et d'éther (alcool 96, 2 p.; éther à 15 degrés, 1 p.). Il fournit, en 
outre, la précipitation et l’évaporation de beaucoup la plus rapide à 
température moins élevée, ce qui atténue, en conséquence, les risques 
de décomposition. 

2c.c. ou (5 c.c.) de sérum sont précipités par 50c.c. (ou 125 c.c.) du 
mélange alcool + éther. La précipitation est instantanée. On filtre sur 
un tout petit filtre à plis le liquide clair, lave par décantation, puis sur 
filtre avec une pissette Salet remplie du mélange éthéro-alcoolique. On 
reçoit le filtrat limpide dans un cristallisoir de 9 centimètres de dia- 
mètre, addilionne de quelques centigrammes de magnésie hydratée 
(pour éliminer N H°) et évapore au bain-marie. Lorsqu'il n'y a plus que 
quelques centimètres de liquide, on filtre à nouveau sur un petit filtre 
en rinçant le cristallisoir. Le filtrat limpide est évaporé à 60 degrés en 
ajoutant quelques centimètres cubes d'eau; on réduit à très petit 
volume. C’est sur ce liquide très concentré (2) qu'on opère comme usuel- 
lement la mesure volumétrique de l'azote dégagé, soit par l’hypobro- 
mite, soit par le réactif de Desgrez. 

Ce procédé permet simultanément le dosage de l’albumine urinaire 
par pesée. Il suffit de recueillir le précipité sur un petit filtre taré, 
passer à l'étuve à 80 degrés pendant 10 minutes, achever le lavage à 
l'eau distillée, sécher à poids constant et peser. 

L’azole total du filtrat ainsi désalbuminé peut être effectué par le 
procédé Kjeldahl usuel (3). 


(1) Notons que la technique habituellement employée dans le laboratoire 
de M. Widal utilise un procédé de désalbumination analogue (alcool à 
900). CF. F. Widal. In Mouvement médical, t. 1, p. 10, 1913. 

(2) Cf. Grigaut et Brodin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913. 

(3) Vu les très petites quantités d’azote ammoniacal à distiller dans ces 
conditions, il ne paraît pas inutile de signaler la cause d erreur susceptible 
de s'attacher à l'emploi de l'acide sulfurique pur du commerce, dans le pre- 
mier temps de l'opération de Kjeldahl(attaque en présence du mercure métal- 
lique). L’acide sulfurique susdit contient souvent de petites quantités de dérivés 
azotés dont l’azote, dans ces conditions, devient susceptible de distiller sous 
forme d'N ammoniacal, qui vient s'ajouter à l'N ammoniacal provenant de la 
transformation de l’N de la prise d’essai. Pour remédier à cette cause d'erreur, 
il suffit de déterminer le coefficient de correction applicable, par une opéra- 
tion à blanc, et de le retrancher du total obtenu. Cette quantité, parfois nulle, 
généralement petite, est loin d'être négligeable. Elle oscille entre 0 c.c. 
et3 c.c. pour 100 c. c. pour des acides purs commerciaux usuels. 


SÉANCE DU 25 5ANVIER 199 


FORMOL TITRATION DU SÉRUM ET DES HUMEURS, 


par H. Lars et R. DEBRÉ. 


On sait que l'action du formol sur une molécule de sel ammoniacal 
engage le groupement ammoniacal dans une combinaison indifférente 
à certains indicateurs. La partie acide de la molécule ainsi libérée peut 
être titrée vis-à-vis d'un indicateur convenable, notamment la phénol- 
phtaléine. Malgré son imprécision notable, tenant à des causes diverses, 
la simplicité de cette méthode à engagé certains expérimentateurs à 
l’appliquer à l’urine (Ronchèse, Malfatti). Sôrensen a proposé ensuite 
de l’étendre au dosage des acides aminés, dont le groupe aminé 5e laisse 
également « bloquer » par la formaldéhyde. L'extension de cette mé- 
thode à l'étude des sérums sanguins et des divers liquides physiolo- 
giques a été proposée en France par Delaunay (1). Ce dernier auteur a 
effectué la formol titration du sérum sanguin après désalbumination. 

Depuis assez longlemps, nous poursuivons l'étude de la réaction au 
formol sur le sérum sanguin brut, après simple neutralisation préalable. 
On obtient ainsi des chiffres de titrage qui se signalent, à la fois, par la 
rapidité extrême avec laquelle on les obtient et par leur grandeur 
numérique. 


5 c.c. ou 10 c.c. de sérum (ventouse ou veine) sont étendus à 50 c.c. avec 
de l’eau distillée, on verse 2 gouttes de solution de phénolphtaléine à 5 p. 100, 
neutralise exactement, si nécessaire, avec 1 ou 2? gouttes de NaOH 1/10 
(généralement 0 c.c. 05 à 0 c.c. 1). On ajoute alors 5 c. c. de solution de formol 
neutralisé ou dont on a déterminé préalablement l'acidité propre. Le liquide 
redevenu acide est neutralisé à nouveau par la NaOH 1/10, jusqu’à très faible 
coloration rose (le virage sans être très net est très visible et l’indécision 
reste inférieure à 1/10 de c.c.). On calcule en azote comme usuellement. 


Les résultats obtenus dans ces conditions nous ont paru présenter un 
double intérêt physiologique et clinique. 

Cette nouvelle constante du sérum, remarquable par la simplicité de 
son expression et de son obtention, peut être logiquement supposée en 
relation avec le fonctionnement hépatique ou rénal, ainsi que de nature 
à contribuer à l'éclaircissement du mécanisme de certains processus 
physiologiques, encore si obscurs, tels que l’anaphylaxie, etc... Comme 
indice, elle nous paraît en outre former une caractéristique, assez 
constante dans sa valeur, de produits physiologiques, tels que le sang 
Ou certaines humeurs (lait, liquide de transformation péritonéale, 
d’ascite, ete., sérum des crachats). 


(1) Thèse de Bordeaux, 1910. 


200 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nos premiers résultats de titration du sérum sanguin d’individus- 
humains et de quelques animaux tels que le lapin nous ont semblé ne 
pas décevoir notre attente : 

a) La titration directe du sérum au formol est constamment positive. 

b) Les chiffres obtenus sont numériquement importants. Ils attei- 
gnent l’ordre de grandeur de 0,30 à 0,50 d’N (formol) p. 4.000. 

c) Les grandeurs d’N (formol) dans les sérums d'homme et de lapin: 
sont peu différentes. | 

d) Les rapports de V’N (formol) à FN (total) et à l’'N albuminoïde du: 
sérum nous ont paru particulièrement intéressants à établir. C’est le: 
moyen d'arriver à la solution du point qui nous à préoccupés de savoir 
si les résultats de la formot-titration restent constamment proportion -- 
nels à l’azote total du sérum, ou à l’azote albuminoïde. 

Dès nos premiers résultats, il nous a semblé être amenés à constater 
des variations pathologiques intéressantes sur lesquelles nous revien-- 
drons ultérieurement. 

Pour légitimer notre « séro-formol index », une question nous a parw 
urgente à solutionner : Que dose la formol-tilration? Malgré des tenta- 
tives intéressantes, ce point reste obscur. Delaumay (loc. cit.) par des. 
expériences et d’ingénieuses déductions, s’est convaincu qu'il existait,. 
dans tout sérum animal ou humain, une certaine quantité de molécules. 
aminées en circulation. 

En admettant cette facon de voir (à notre connaissance, il n’a pas. 
encore été isolé en nature, en proportion appréciable et d’une façon 
irréprochable, d'acides aminés dans le sérum) (1) et en tout état de. 
cause, une très faible proportion seulement de notre formol index res- 
sortirait à l’azote aminé. Quant aux molécules ammoniacales, on sait. 
que leur proportion reste infime, même dans les circonstances de patho- 
logie expérimentale les plus favorables. 

Ce n’est donc pas dans ces deux origines, l’une possible et exiguë 
(molécules aminées), l’autre certaine, mais infime (moléc. ammoniac.), 
qu’il faut aller chercher la principale explication de nos chiffres de. 
formol-titration. 

Dans une prochaine note, nous montrerons qué des recherches 
récentes d'Obermayer, rapprochées de nos propres expériences de con- 
trôle, conduisent à attribuer une origine des plus plausibles à 
formol-titration du sérum sanguin. * 


(Travail du laboratoire de la Clinique médicale Laënnec.) 


(1) CF. Abderhalden et London. Zeits. f. phys. Chem., t. LXV, 1910, cité in. ©! 
Thèse Delaunay. 


SÉANCE DU 25 JANVIER 201 


E ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE 


Liste de présentation. 


Première ligne : M. Roule. 
Deuxième ligne : M. Rathery. 
Troisième ligne : MM. Clere, Legendre, M° Loyez et M. Piéron. 


Vote. 

1 (our. — Votants : 49. 
MARROUle MES PRE e obtient : 24 voix. 
MÉBRAtREr y es Le vu — 8 — 
MÉMLONEZ me Rene — 5 — 

1 MARIE F CRT LE MEME nn — RE 

M. Laignel-Lavastine , . . — 2 — 
Ke PROPRES SRE — = 
M. Armand-Delille . . . . . —. dd — 
MPRIANOY T0 tue LU — L — 
hi. HÉNEINREMERNSR ER Re —— A — 
MSAReSendres.. re eu, — 1 — 
MAPIÉTONS. MAR NN — 1 — 

2° tour. — Votants : 47. 
MR Ole MARNE DUR EN ES obtient : 30 voix. Élu. 
MÉRAther Ye A rx — 10 — 
DITE TON CARMEN Se — 5 — 
MRPAUNOY ae — = 
ML Sendre. env 2 _ = 


Le (Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. 


D Re | 


SÉANCE DU 


Bassar et ULau : Recherches sur 
l'absorption des gaz par la vessie. . 
BATTELLI (F.) et- Srerx (L.) : Ca- 
ractères distinctifs entre les oxy- 
SESEMIES OX YAONES NE 0. 
Borper (J.) : Le mécanisme de 
LS ARR RES FAR ENIER Re 
CLacDE (HENRI) et Porak (RENÉ) : 
Sur l'action cardio-vasculaire de 
certsins extraits d'hypophyse. . . 
DistTaso (A.) Contribution à 
l'étude de la composition de la flore 
intestinale de l'homme adulte nor- 
ONE AU LAN NES Et 
Guyénor (ÉwLe) : Études biolo- 
giques sur une mouche, Drosophila 
ampelophila Lôw. IIT. — Change- 
ment de milieu et adaptation . . .. 
Hévox (E.) : Le sang veineux pan- 
créatique possède-t-il une propriété 


LEMATtTE (L.) : Séparation et do- 
sage volumétrique de l’urée et de 
l'ammoniaque urinaires. . . . . .. 

Lorrs-MéuiKov (J.) et OSTROVSEY : 
Tuberculose et B. perfringens . . . 

Lorrs-MéciKov (J.) : Mesure de 
TMDUITÉRACILONE 207 7: 0 007, 

MaGnan (A.) : Variations du poids 
de la rate chez les mammifère:. . . 

Marre (A.): Glandes surrénales et 
toxi-infections. (Troisième note) . . 

Maver (ANDRÉ), SCHÆFFER (G.) et 
RaraEry (K.) : Valeur de que'ques 
méthodes histologiques pour la fixa- 
HORATES CORPS LTAS, 5 ie à + ee 


NaGeoTte (J.) : Image paradoxale 


du calibre intérieur des tubes à pa- 
rois réfringentes (Deuxième note). 

NETTER (ARNOLD) et WEIL (MaATurEu- 
PiERRE) : La déviation du complé- 
ment par le bacille de Bordet et 
Gengeu dans la coqueluche. (Pre- 
FLIÈRS HO) AN BRIE RO 

PAGntez (Pn.) A propos du 
procès-verbal. Remarques au sujet 
de la note de M. Aynaud : Action 


10 
[er] 


FÉVRIER 1913 


SOMMAIRE 


du sérum antiglobulin « in vivo ». 

Ramapier (Jacoues) : Note sur la 
topographie de l’antre mastoïdien 
et de « l'aditus ad antrum ». chez 
Hate RE DO EE CUP M ee 

Roxcxise (A.) : Sur le séro-dia- 
gnostic de la mélitococcie avec des 
cultures tuées par le formol . . .. 

SouLA (L.-C.) : Sur le mécanisme 
de l’anaphylaxie. Modifications du 
coefficient d’autoprotéolyse dans les 
centres nerveux et modifications 
des urines après l'injection d’un an- 
DST 8 LATE NS MONT: 

Tourneux (F.) et FAURE (Cu) : Évo- 
lution de la cloison pharyngo-æso- 
phagienne chez l'embryon de Vi- 
DERUSIASPISI EE 0 PTE MER 

Uco MELLo : Etude du sérum de 
chevaux porteurs de tumeurs ma- 
lignes par la méthode de Freund et 
KAMIN ERA ER CLEAN SEE Ie 

Weger (A.):A propos de la struc- 
ture des filaments achromatiques 
delaslen MST Rte. AUEES 


Réunion biologique de Marseille. 


GeRBER (C.) : Les lipases des latex. 
I. — Activité lipolytique des divers 
latex. Variation saisonnière. Résis- 
tanceratla chaleur UMA AOC 

GERBER (C.) et SALKxinp (J.) : Ac- 
tion physiologique des latex. Il. — 
Injections sous-cutanées, sous-péri- 
tonéales et intramusculaires de latex 
de Ficus coronata Reinw., chez Mus 
decumanus var. alba, Columba do- 
mestica, Tarentula maurilanica, 
Rana temporaria et Maenajusculum. 

Oppo (C.) et Payax (L.) : Coïnci- 
dences de la courbe des chlorures 
urinaires avec les manifestations 
EDITED AUE SR CES ACT EP NUE 

Rouscacrorx : Histologie des lé- 
sions cutanées initiales du mycosis 
ON COTE RE ANR te 


Biococte. Comptes RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 15 


no 
CO 


204 ‘SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Mesnil, Vice-président. 


À PROPOS DU PROCÈS-VERBAL. 


M. Pu. PAGNIEZ. — Je voudrais présenter quelques observations à 
propos de la note apportée par M. Aynaud (1) à la dernière séance 
sur l’action du sérum antiglobulin in vivo. 

Les varialions numériques que M. Aynaud a observées chez le cheval 
après injection de sérum antiplaquette sont tout à fait analogues à celles 
que nous avons indiquées chez le lapin,dès nos premières publications (2), 
comme traduisant la spécificité de ce sérum, c’est-à-dire que les pla- 
queltes disparaissent à la suite de l'injection pour reparaître ensuite 
progressivement et lentement. Il s’agit par conséquent bien là d’une 
propriété spécifique, et ces phénomènes par là même se différencient 
complètement des modifications transitoires que l'on peut observer 
après injection d'un sérum hétérogène quelconque. C'est ce que nous 
avons toujours soutenu, M. Le Sourd et moi. 

ILest intéressant par ailleurs de souligner le parallélisme que 
M. Aynaud indique dans sa très complète observation entre les varia- 
tions numériques des plaquettes et la teneur du sérum en fibrin- 
ferment. Ce fait cadre bien avec les données actuelles sur le rôle des pla- 
quetltes dans la coagulation du sang, données que nous avons contribué 
à établir et que les beaux travaux de Bordet et Delange ont mis en 
pleine lumière. 

Quant aux variations de la rétractilité du caillot chez les animaux 
injectés de sérum antiplaquette, nous persistons à différer d'avis avec 
M. Aynaud sur ce point, car nous avons toujours vu l'absence de 
rétraction coïncider avec la disparition totale des plaquettes chez les 
animaux injectés de sérum antiplaquette. 


(1) M. Aynaud. Action du sérum antiglobuleux « àn vivo ». Comptes rendus 
de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 193. - 

(2) L. Le Sourd et Ph. Pagniez. L'irrétractilité du caillot et sa production 
expérimentale par action directe sur les hématoblastes. Comptes rendus de la 
Soc. de Biologie, 8 décembre 1906: — Le sér um DnqueUs Journ. de Phy- 
sil. et de Path. gén., janvier 1911. 


SÉANCE DU l°’ FÉVRIER 205 


SUR L ACTION CARDIO-VASCULAIRE DE CERTAINS EXTRAITS D'HYPOPHYSE, 


par HENRI CLAUDE et RENÉ PoRak. 


Nous avons étudié cliniquenrent et vérifié expérimentalement l’action 
cardio-vasculaire de certains extraits d'hypophyse. 

Ces observations concernent des sujets, atteints de maladies diverses 
qui justifiaient l'emploi du traitement hypophysaire. Nous nous sommes 
servis de l'extrait délipoïdé et puritié qui a élé déjà employé dans les 
-expériences antérieures de MM. Claude et Beaudouin. 

Nous avons utilisé uniquement les extraits de lobe postérieur d'hypo- 
physe à la dose de 1 à 2 c.c., répondant à 6 et 12 centigrammes d'extrait 
frais en injections intramusculaires. 

La pression artérielle est prise avec l'appareil de Pachon une fois 
avant l'injection et, après l'injection, de 5 à 10 fois, de quart d'heure 
en quart d'heure. 

Cinquante observations de ce genre sur 30 malades différents nous ont 
fourni les résullats suivants : 

4° Action de l'extrait hypophysaire sur la tension maxima. La tension 
maxima baisse de 3 à 5 c. de mercure après les injections d'extrait 
hypophysaire. Cet effet est constant et s'établit d'emblée sans phase 
d'hypertension transitoire antérieure, comme cela s’observe quelquefois 
lorsqu'on injecte des extraits hypophysaires totaux. 

2 Aclion sur la tension minima. Sous l’action de nos extraits, la 
tension minima reste immuable. Quelquefois elle baisse d’un centimètre 
cube de mercure et très rarement davantage. 

3° Action sur la tension différentielle (c'est-à-dire l'écart entre la 
tension maxima et la tension minima). La tension différentielle se 
modifie parallèlement à la tension maxima : elle diminue, en effet, de 
2 à 4e. de mercure. 

4° Acihon sur l'amplitude maxima des oscillations. L'oscillation 
maxima exécutée par l'aiguille de l’appareil de Pachon diminue 
toujours après les injections d'extrait hypophysaire. Elle diminue de 
moitié ou plus. Dans une de nos observations, l’oscillation maxima de 
6 e.c. 5 avant l'injection d'extrait hypophysaire est réduite 50 minutes 
après l'injection à À c.e. 5. 

Evolution des phénomènes précédents. La tension maxima, la 
tension différentielle et l'oscillation maxima commencent à diminuer de 
5 à 10 minutes après l'injection inlramusculaire de 2 c.c. d'extrait 
hypophysaire (lobe postérieur). Ces effets deviennent de he en plus 
Mmarqués ; leur plus grande intensité est alteinte 25 à 35 minutes après 
l'injection etse maintient une demi-heure environ. La courbe se relève 
progressivement et deux à trois heures après l’injection une phase 


206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


réactionnelle peut être saisie. Cetle phase se manifeste par une légère 
élévation de la pression maxima, ne dépassant pas dans les cas extrêmes 
2 c. de mercure, ou seulement par une augmentation de l’oscillation 
maxima. 

G° L'action de l'extrait hypophysaire (lobe postérieur) sur la fréquence 
du pouls paraît moins conslante. Toutefois, un léger ralentissement du 
pouls est noté dans nos observations. Dans un seul cas, — il s’agit d'un 
cas de maladie de Basedow, — le ralentissement à été considérable : 
120 pulsations radiales 5 minutes avant l'injection d'hypophyse; 80 pal- 
sations 10 minutes après l'injection. 

Nous avons confirmé expérimentalement l’action de l’extrait hypo- 


physaire. Nos expériences ont été failes sur un chien et sur deux lapins. . 


L’extrait hypophysaire à la dose de 0,25 à 1 c.c. est injecté dans la 
veine saphène du chien et dans une veine auriculaire de l'oreille du 
lapin. La pression carotidienne est prise à l’aide d’un manomètre 
à mercure. Les tracés graphiques montrent une hypotension marquée 
et une diminution d'amplitude des batlements cardiaques, suivies 
d'une légère augmentation d'amplitude des mouvements du cœur. 

Nos observations cliniques sont donc confirmées par ces expériences 
et nous sommes autorisés, pensons-nous, à interpréter ces résultats en 
disant que les extraits de lobe postérieur d'hypophyse délipoïdés et 
purifiés provoquent un abaissement de l’activité cardiaque et une dimi- 
nution du déhit sanguin dans les artères périphériques. Les faits que 
nous rapportons viennent confirmer certaines données établies par 
Schæfer et Vincent, Halliburton et Houssaye. 

Nous comptons montrer ultérieurement l'intérêt de ces données 
physiologiques pour l'emploi thérapeutique de ces extraits. 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA COMPOSITION DE LA FLORE INTESTINALE 
DE L'IOMME ADULTE NORMAL, 


par À. Disraso. 


Il. — Le groupe du B. coli. Dans notre premier travail sur ce sujet, 
nous avons montré la constance de cerlains microbes quipouvaient être 
isolés par les méthodes ordinaires aérobies et anaérobies des selles de 
l’horame adulte à l'état normal. 


Dans ces études nous étions frappés par un fait d'observation constante, 
c'est-à-dire que beaucoup de microbes étaient isolés, mais leur isolement était 
inconstant même dans la flore d'un même individu. Il n’y avait que deux 
routes qui nous pouvaient amener à établir la constance de ces microbes, ce 
postulat indispensable à établir tout d’abord dans les études de la flore 


Luil st f 


SÉANCE DU l°’ RÉVRIER 207 


intestinale : ou bien créer pour chaque microbe un milieu d'élection ou bien 
faire varier l’état des selles. C’est cette deuxième méthode qui a attiré notre 
attention étant donné qu’elle est facile et accessible à tout le monde. 


Nous savions, en effet, par nos études sur la putréfaction de la paroi 
intestinale, que certains microbes pendant ce processus disparaissent 
ou diminuent; nous avions ainsi pris des selles de l’homme adulte, le 
plus stérilement possible, mises dans un tube, portées à 37 degrés et 
laissées putréfier. Chaque jour était fait un ensemencement sur le 
milieu de Drigalski., qui nous a rendu de grands services. Les colonies 
qui ressemblaient au PB. coli élaient repiquées. Parfois nous avons 
repiqué jusqu'à 50 colonies à la fois pour établir la constance des 
microbes de ce groupe. Voilà un tableau qui montre leurs caractères. 

Lequel de ces microbes est le 2. coli commune de Escherich? 


: 2 BE, 
E el [e] 2 = [) 4 ” 
En EN EAN DEEE EIRE ALES EC 
MICROBES ÉD RES DEN ME NOETS ER ES a CP AC RS EE AN An 
ES) EN EE SRE MENU SAN EMI 
= a SNS ON El EHIRERIRS A 
\ D | 
À 

1° Bac: coli vulgaris. | — | — | AG| AG/ AG) — | AG] — | AC} À |EG| T | + | + 
2 Bac: coli immobilis | = | — | AG | AG | AG} — | AG! — | AG! A | EG] T | + | =- 

3. Bac. coli commune |G—| + | AG| AG | AG} — | AG|AG|AC| A |FG| T | + 

(Escheric). 
4. Bac. coli communis |G—| + | AG | AG | AG | AG | AG! — | AC! A | EG] T 1 Lits 
inversus. 
5. Bac. coli communior|G —| + | AG | AG | AG! AG | AG/| AG | CA | A |FG|! 17 Hi 2 
(Durham) 

6. Bac. coli anomalus. |K —| + | AG | AG | AG] A | AG|AG|AC!I A | FG| T =L 
RAS "mm — 
s OBSERVATIONS- — Les caractères de ces microbes sont restés fixes 

pendant 18 mois. 


AG = Acide + gaz; AC — acidifié d'abord, coagulé ensuite. FG— fluorescence et gaz, 
A = acide; T = trouble; P — positif; — négatif. 


Nous avons lu à ce sujet la monographie de Escherich et Pfaundler dans la 
vieille édition de Kolle et Wassermann, mais ces auteurs parlent du groupe 
du B. coli. J'adopte pour fixer les idées la dénomination employée par les 
savants anglais, qui appellent B. coli communis Escherich le microbe de ce 
groupe qui attaque la dulcite avec production de gaz, tandis qu'il n’a aucune 
action sur le saccharose. Ainsi nous appellerons B. coli communior Durham 
celui qui produit de l'acide et du gaz dans le saccharose. 


Pendant un an et demi que nous avons étudié ces microbes, nous 
n aVons jamais observé de changements dans leurs propriétés biolo- 
giques. Bien entendu que chaque fois que nous étudiions leurs carac- 


208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tères, nous nous assurions lout d’abord de la pureté de nos cultures. 
Même ce PB. coli immobilis s'est montré toujours immobile. 

L'avoir cru être ces différents microorganismes le P. coli communis 
d’Escherich a fait méconnaître leur importance dans les selles humaines. 

En étudiant les selles à l’état pathologique (diarrhée, constipation) et 
la marche de la putréfaction des selles minérales nous nous sommes 
aperçu que la présence des microorganismes de ce groupe varie selon 
l’état des selles. Même nous en faisons un signe diagnostique. En effet, 
quand on fait l'ensemencement des selles d’individu normal, on s’aper- 
coit qu'on isole le 2. coli vulgaris seulement ou rarement quelque: 
colonie du 2. coli communior. Quand, au contraire, on fait un ensemen- 
cement des selles pathologiques, le Z. coli vulgaris disparaît ou presque, 
tandis que les autres deviennent les prédominants. Il en est ainsi quand 
on suit la marche de la putréfaction des selles. Ces faits sont constants 
et ils ont l'air d'êlre donnés par la même loi. Il se fait dans tous les cas” 
une réduction de la flore qui, d’un côté, à cause de la destruction d’un 
microbe, permet que les autres poussent; d'autre côté, le milieu change 
en favorisant la poussée de ces derniers. 

Toutes ces observations nous indiquent que ces microbes sont cons- 
Lants dans la flore de l'homme adulte normal et qu'ils sont des micro- 
organismes différents. La preuve la plus évidente en est la succession 
de ces microbes dans la putréfaction des selles. Il n’y aura lieu à 
penser, en effet, dans ce cas ni à variations, ni à imitations, ni à adap- 
tations fonctionnelles, à cause de la brièvelé du processus et du milieu 
qui s’établil. Nous venons maintenant à un fait de grande importance, 
si les microbes de ce groupe donnent constamment de l'indol. 

Cette réaction a été faite avec le réactif de Bühme, en cultivant les 
microbes dans le milieu au tryptophane. Le résultat en est que jamais un 
de ces microorganismes n'a manqué de donner cette réaction. ' 

Ce milieu au tryptophan'e très précieux pour ce groupe et en général 
pour le coliformus, nous pensions, pouvait nous donner des indications 
sur le fait devenu désormais élassique que les milieux sucrés empêchent 
au B. coli de donner l'indol. Aussi, au milieu tryptophane on ajoutait 
1: p. 100 de lactose. Après vingt-quatre heures de séjour à l’étuve, la 
réaction était faite {ant dans ces tubes que dans les témoins. L’h bien, 
dans les deux cas, la réaction élait toujours positive. 


(Bacteriological Department of the Royal Institute of Public Health, 
Londres.) 


SÉANCE DU 1° FÉVRIER R 209 


VARIATIONS DU POIDS DE LA RATE CHEZ LES MAMMIFÈRES, 


par A. MaGnan. 


Richet a recherché, comme pour le foie, la variation en poids de la 
. rate (1); il est arrivé aux conclusions suivantes : 
1° La rate est très sensiblement, chez les divers mammifères, propor- 
tionnelle au poids du corps, soit en moyenne 2 grammes par kilo, avec 
un maximum chez l'homme {3 gr. 8) et un minimum chez le lapin 
(O0 gr. 54). 
2e Le poids de la rate par unité de surface va en augmentant à mesure 
que le poids de l'animal est plus fort. 
Examinons pour chacune des espèces de mammifères que nous avons 
étudiées, les quantilés relatives de rate. 


POIDS POIDS 

total de rate 

moyen. par kilo. 
na epusCunieutusiL) = tHerhivore. NN UN 1722783 0.8 
Ecureuil (Sciurus vulgaris L.). — Granivore. . : . . . . . . 294.1 art 
Rat noir (Mus satlus L.). — Omnivore. . . . . , : . . . . . 90.4 1.4 
Genette (Genetta vulgaris G. Cuv.). — Carnivore.. . 1.421.8 1.6 
Gerboïse (Dipus ægyplius Hasselq). — Granivore. , . . . . . 122 » 1.6 
Campagnol (Arvicola agreslis L.). — Granivore . . . . . . . 20 » ane 
NV. de Natlerer (Vespertilio Natlereri Kuhl). — Insectivore . . DA 1e 
V. de Bechstein ! Vespertilio Bechsteinii Leisl.). — Insectivore. 9 » 222 
Rat d'eau {A4rvicola amphibius Pallas.). — Herbivore. . . . . 141 .4 223 
Lérot (Myoxus nilela Schr.). — Frugivore. ER 54 » 2.4 
Hermine (Mustela herminea L.). — Carnivore . . . . . . . . 178.9 DE 
Souris (Mus musculus L.). — Omnivore . : 18€) 2.6 
Oreillard (Plecotus auritus L.). — Insectivore . 12"! PT] 
Belette (Mustela vulgaris Briss). — Carnivore. . . . . . . . 67.4 3.3 
Renard (Canis DUIDES AE) NCALMIVORE: NERO RECENT OS ENT Boul 
N. de Kuhl (Vesperugo Kuhlii Natt.). — Insectivore . . . . . 5.4 Bo ll 
NV. Serotine (Vesperugo serotinus Schr.). — Insectivore. . . . 20.9 3.7 
Douce (Pitravulyaris Erx].)"— Piscivore . 4 - 4... . .. 5.160 » 3.8 
Putois ( Mustela pulorius L.). — Omnicarnivore . . . . . . . 976.6 3.5 
Fouine (Martes foina Gm.). — Carnivore. . . . . . . . . . . 1.362 » 3e 
PertiCeroastetaphusL.). = /Herbivores 4h M 6000-21.) 77188- 580 4.6 
Mulot (Mus sylvalicus L.). — Omnivore. . . . . . . . . . .. 18.3 4.9 
Taupe (Talpa europæa L.). — Omnicarnivore. . . . . . He) 61.7 D 
Blaireau (Meles taxzus Schr). — Frugivore . AE De De 8.895 » 5.0 
Hérissor (Erinaceus europæus L.). — Omnicarnivore. . , . . EAU 6.1 
Rat (Mus decumanus Pallas). — Omnivore. . . . . . . . . . 268 » 6.1 
N. pipistrelle | Vesperugo pipistrellus Schr.). — Insectivore. . 2 7.4 
Carrelet (Sorex vulgaris L.). — Omnicarnivore. . . . . . . . 74e 10.6 
Musaraigne (Crocidura araneus L.). — Omnicarnivore. . . . 8.7 201.4 


-(4) Richet. Le poids du cerveau, du foie et de la rate des mammifères. 
Archives de Physiologie, 1894. 


210 Ô SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Il ressort de ce tableau que, dans l’ensemble, les végétariens possè- 
_dent le moins de rate. Par contre, les individus à régime carné, quel 
qu'il soit, en offrent en général le plus. 


La loi apparaîtra avec plus de netteté si nous donnons les poids 
moyens de rate suivant les différents régimes. 


POIDS TOTAL POIDS MOYEN 


moyen. de rale par kilo. 
GTANIVOT ES RER ET RCE IPS 17118 20 L 4 
HeLDIvOreS MP NE AN PO Ron DT STONE 00 Dr 
FÉUSIMOLES SEULE ENS SR RS ROME RARE 109 » 2,1 
CATDINOLES EE ER NE ES 546.70 2.8 
PISCIVOLES RES ER Re AR ME TE 5.160 » 3.8 
OMNIVOTES LU D LOIRE PME RE AUS 99.20 403, 
DMMICALNIVORES EN M RC CEE ÉD ET En 0 
INSeCLIVOTES TE ENTRER EN PR ANT RES 7.50 6.2 


Nos chiffres ne sont d'ailleurs nullement en désaccord avec ceux de 
Richet, qui a surtout étudié des omnivores (rat, souris, chien), dont le 
poids relatif de rate varie de 2.72 à 4.1 et des herbivores (mouton, 
lapin), dont le poids de rate par kilo varie de 0.54 à 1.70. 

De plus, nos résultats se comprennent mieux si l’on tient compte des 
récents travaux de Richet (1), qui a montré que, chez les chiens dératés, 
la dénutrition est plus active; par conséquent, pour se maintenir 
intacts, ils ont besoin de consommer plus d’aliments (un tiers en plus) 
que les chiens normaux. De plus, soumis au jeûne, ils perdent plus 
que ces derniers. 


SUR LE SÉRO-DIAGNOSTIC DE LA MÉLITOCOCCIE AVEC DES CULTURES TUÉES 
PAR LE FORMOL, 


par À. RONCHÈSE. 


On connaît les dangers de contagion que présentent les manipulations 
du micrococcus melitensis et les infections de laboratoire qui ont été 
signalées de divers côtés. Récemment, M. le professeur Widal (1) en 
faisait connaître deux cas survenus dans son laboratoire et conseillait 
d'opérer avec des cultures luées par le formol pour la pratique du séro- 
diagnostic de la mélitococeie. ; 

Nous nous sommes demandé si les microcoques de Bruce ainsi 
formolés conservaient longtemps leur agglutinabilité ou si, au contraire, 
il fallait pratiquer le séro-diagnostic avec des germes récemment tués. 


(1) Richet. Des effets de l’ablation de la rate sur la nutrition chez les chiens. 
Journal de Physiologie et de Pathologie générale, t. XIV, n° 4, 45 juillet 1912. 


+ 


9 


4] 


SÉANCE DU 1° FÉVRIER, 1 


Nous avons préparé, à dix mois de distance, deux suspensions dans l’eau 
physiologique de cultures sur gélose de micrococcus melitensis âgées, chaque 
fois, de trois jours. Chaque suspension a été additionnée, au moment de la 
préparation, de deux gouttes de formol du commerce à 40 p. 100 pour 
15 centimètres cubes de suspension, comme le conseillent Widal et Sicard (1) 
pour les cultures de bacilles d’Eberth. Les tubes contenant les suspensions 
ont été ensuite bien capuchonnés. 

Les essais ont été pratiqués : 1° Avec le sérum d’une personne guérie de 
la mélitococcie depuis plusieurs mois, agglutinant le micrococcus melitensis au 
1/100 et n’agglutinant pas le bacille d'Eberth. 2° Avec une suspension récente 
d’une culture sur gélose âgée de trois jours de micrococcus melitensis. 3° et 
40 Avec deux suspensions formolées de micrococcus melitensis préparées 
comme il a été dit plus haut et âgées respectivement de deux mois et d’un an. 

Les agglutinations pratiquées avec ces diverses suspensions ont montré que 
les suspensions formolées depuis deux mois et depuis un an sont agglutinées 
au même taux que les suspensions non formolées de cultures sur gélose âgées 
de trois jours. La seule différence, qui est même un avantage en faveur des 
suspensions formolées, paraît être une agglutinabilité plus rapide des micro- 
coques formolés depuis quelque temps, cela d’autant plus que la suspension 
est formolée depuis longtemps. 


Ainsi, avec le même sérum non chauffé, les faits observés ont été les 
suivant(s : 


DILUTION DILUTION DILUTION DILUTION 
au 1/10. au 1/50. au 1/100. au 1/200. 
Suspension récente el| Agoolutin.com-| Agglutin.com-| Agglutin.com-| Pas d'aggluli- 


non formolée d'une cul- 
ture sur gélose âgée de 
3 jours. 


plète après 40 m.|plète après 40 m.|plète après 3 h. |nation après 5 h. 


Pas 


Suspension formolée 
depuis ? mois d'une cul- 


ture sur gélose âgée 
de 3 jours. 
Suspension formolée 


depuis 1 an d'une cul- 
ture sur 
de 3 jours. 


gélose âgée 


Agglutin. com- 
plète après 15 m. 


Agolutin. com- 
plète après 5 m. 


Agelutin.com- 
pléte après 15 m. 


Agelutin.com- 
plète après 5 m. 


Agglutin.com- 
plète après 2 h. 


Agcolutin.com- 
plète après 20 
minutes. 


d'aggluti- 
nation après 5 h. 


Pas d'aggluti- 
nation apprécia- 
ble. On ne cons- 
state que quelques 


petits groupes ne 
pouvant faire pen- 
ser à un résultat 
positif. 


On voit que, dans les trois cas, la limite du pouvoir agglutinant aurait 
été fixée au 1/100. Mais c’est avec la suspension formolée depuis plus 
longtemps que le phénomène a été le plus net et le plus rapide. 

I fallait naturellement s'assurer que l’agglutinabilité plus facile des 


(4) Widal et Sicard. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 30 janvier 1897, 
p. 116. 


. 


212 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : 


germes formolés ne décelait pas une tendance des microcoques à s’ag- 
glutiner en présence de sérums non spécifiques. Nous avons pratiqué 
des dilutions d’un sérum de typhique agglutinant le bacille d'Eberth 
au 1/150 avec les suspensions de micrococcus melitensis formolées depuis 
deux ans et depuis un an. Aucune agglutination de microcoques n’a été 
constatée même au 1/10 et après trois heures de contact. 

Pendant l’année qui s’est écoulée après l'addilion de formol à l’une 
des suspensions, nous avons pratiqué une trentaine de séro-diagnosties 
avec cette suspension et des sérums de fébricitants; tous ont été négatifs. 
Dans ces derniers cas, le temps de contact à été généralement-de deux 
heures. Il n'est pas sans intérêt de signaler que les microcoques 
formolés n'ont aucune tendance à former de faux amas et qu'il suffit de 
rouler entre les doigts la suspension formolée pour avoir une émulsion 
de germes parfaitement libres. 

Nous avons vérifié que le chauffage à 56 degrés n’'enlevait pas au 
sérum son pouvoir agglutinant vis-à-vis du micrococcus melilensis 
vivant, comme l'ont montré Nègre (1), et Nègre et Raynaud (2), ni 
vis-à-vis du microcoque formolé. Dans tous les essais, le pouvoir agglu- 
tinant est resté le même, mais l’agglutination s’est produite après 
un temps de contact un peu plus long. 

En résumé, il nous paraît qu'il n’y ait que des avantages à pratiquer 
le séro-diagnostic de la mélitococcie avec des cultures tuées par le 
formol à la dose de deux gouttes pour 15 centimètres cubes de suspen- 
sion. 

Les suspensions formolées conservent toutes leurs propriétés au moins 
un ap, et rien ne fait penser qu'elles ne puissent les conserver pendant 
plus longtemps encore. 


CARACTÈRES DISTINCTIFS ENTRE LES OXYDASES ET LES OXYDONES, 


par F. BarreLnt et L. STERN. 


Dans les tissus animaux existent deux types bien distincts de cata- 
lyseurs, qui accélèrent l'oxydation de certaines substances. Au premier 
type appartiennent les oxydases. Nous donnons le nom d'oxydones aux 
catalyseurs qui représentent le second type. 

Parmi les 6xydases, dont l'étude a été faite d'une manière un peu 
approfondie dans les tissus animaux, on doit surtout citer la tyrosin- 
oxydase, l'alcooloxydase, l’uricoxydase et la xantinoxydase. La polyphé- 


(1) Nègre. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXIX, p. 564, 1910. 
(2) Nègre et Raynaud. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXX, p. 472, 
1911. 


SÉANCE DU 1°" FÉVRIER 213 


noloxydase existe dans les leucocytes, mais sa présence dans les tissus 
des animaux supérieurs reste douteuse. 

Les oxydones étudiées jusqu'ici sont représentées par les catalyseurs 
qui accélèrent l'oxydation de l’acide succinique, de l'acide citrique et de 
la para-phénylènediamine (ou d'un mélange de para-phénylènediamine 
et d’alpha-naphtol). Nous donnons à ces catalyseurs les noms respectifs 
de succimcoæydone, de citricoxydone et de phénylènediaminoxzydone. La 
succinicoxydone et la citricoxydone sont bien distinctes, comme nous le 
verrons. Il est au contraire difficile de dire si dans la majorité des tissus 
la suecinicoxydone et la phénylènediaminoxydone sont représentées par 
* un seul catalyseur ou bien par deux catalyseurs distincts. Toutefois, dans 
le cerveau, les deux catalyseurs paraissent présenter des caractères 
différents. Nous croyons par conséquent utile de séparer ces deux 
catalyseurs. 

La succinicoxydone oxyde l'acide succinique en acide malique. La 
phénylènediaminoxydone oxyde la para-phénylènediamine en un ou 
plusieurs produits colorés, dont la constitution chimique est mal 
connue. Tout porte à admettre que c'est la même oxydone qui donne 
lieu à la formation du bleu d'indophénol en oxydant un mélange 
d’alpha-naphtol et de para-phénylènediamine. La citricoxydone brüle 
complètement l'acide citrique en eau et C0”; elle brûle de mème l'acide 
malique et fumarique, mais la combustion de ces deux acides est moins 
intense que celle de l'acide citrique. 

Le premier caractère distinctif entre les oxydases et les oxydones est 
constitué par la solubilité dans l’eau. Si un tissu broyé est additionné 
d'eau, les oxydases passent dans l'extrait aqueux. Les oxydones, au 
contraire, restent dans les parties insolubles du tissu, et ne se retrouvent 
pas dans l'extrait aqueux, si celui-ci est bien débarrassé des parties 
insolubles. L'expérience réussit particulièrement bien avec les muscles 
dont l'extrait aqueux contient peu de débris cellulaires en suspension. 
On peut laver les muscles un nombre infini de fois sans que l’activité de 
l’'oxydone soit diminuée d’une manière bien appréciable, s'il s'agit d'une 
oxydone qui n'est pas détruite par des lavages à l’eau, la succinicoxy- 
done par exemple. 

Les oxydones et les oxydases se distinguent aussi nettement dans 
leur manière de se comporter vis-à-vis de l'alcool et de l’acétone. On 
peut facilement préparer les différentes oxydases en traitant les tissus 
broyés par plusieurs volumes d’alcool ou d’acétone et en séchant le 
résidu dans le vide. L'alcool ou l’acétone au contraire détruisent com- 
plèlement et rapidement les oxydones, même si on emploie une concen- 
tration relativement peu élevée de ces substances (30 p. 100 par 
exemple). 

La trypsine n’exerce aucune action sur les oxydases; elle détruit au 
contraire rapidement les oxydones. 


214 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


EEE 


Les oxydases sont très peu affaiblies si les tissus ou leurs extraits 
aqueux sont exposés pendant quinze minutes à la température de 
60 degrés. Dans les mêmes conditions, une température de 55 degrés ne 
produit aucun effet appréciable. Les oxydones au contraire sont déjà 
fortement affaiblies à 55 degrés et presque complètement détruites à la 
température de 60 degrés. De même l’optimum de température dans 
l’action des oxydases est à 55 degrés environ, tandis que pour les 
oxydones cet optimum est environ à 40 degrés. 

Les caractères que nous venons d’énumérer permettent ainsi de 
distinguer facilement les oxydases des oxydones. 

On peut encore ajouter que la présence d’une oxydase donnée parait 
ètre toujours limitée à certains tissus, tandis que d’autres tissus en 
sont dépourvus. Ainsi l’uricoxydase et l'alcooloxydase, qui, chez la 
majorité des mammifères, se trouvent généralement abondantes dans le 
foie, le rein, etc., n'existent pas en quantité appréciable dans les muscles 
et le cerveau. Les oxydones au contraire se trouvent en quantilé plus 
ou moins élevée dans tous les tissus que n&us avous examinés jusqu'ici. 
Cetle constatation donne une importance spéciale à l'étude des oxydones 
qui probablement jouent un rôle essentiel dans le mécanisme de la 
respiration principale des Lissus. 

Les oxydones présentent entre elles des différences assez marquées 
dans leur manière de se comporter. Le caractère distinctif le plus net 
est représenté par la résistance des différentes oxydones au lavage des 
tissus par l’eau. La succinicoxydone et la phénylènediaminoxydone 
résistent à un lavage répété, tandis que dans ces conditions la citri- 
coxydone est rapidement détruite. En outre, les deux premières gardent 
intacte leur activité dans les tissus longtemps après la mort de 
l'animal. La citricoxydone au contraire disparait rapidement dans 
quelques tissus (foie, cerveau, etc.) ou persiste un peu plus longtemps 
dans d’autres tissus et surtout dans les muscles. Elle se comporte à ce 
point de vue comme la respiration principale des tissus. En outre, 
tandis que l’antipneumine n’exerce aucune action sur la suecini- 
coxydone et la phénylènediaminoxydone, elle diminue nettement 
l’activité de la citricoxydone. 


(Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Genève. ) 


RECHERCHES SUR L'ABSORPTION DES GAZ PAR LA VESSIF. 


Note de Bassar et ULEAU, présentée par RETTERER. 


Dans une précédente note, nous avons relaté nos recherches sur 
l'absorption des gaz par l'estomac ; nous avons continué nos expériences 


SÉANCE DU 1° FÉVRIER M5 


— 


en opérant sur la vessie. Cet organe n'absorbe pas les liquides, comme 
l'ont montré les travaux de Ségalas et Pousson, et nous nous sommes 
demandé s’il en élait de même pour les gaz et les vapeurs ; 

Nous avons choisi le chien comme animal d'expérience, et nous avons 
employé le même dispositif que dans nos expériences sur l'estomac. 
Une sonde à double courant est introduite dans la vessie de l'animal par 
catéthérisme et reliée, d'une part, à l'appareil contenant le gaz et, d’autre 
part, à une éprouvelte renversée sur la cuve à eau pour recueillir le gaz 
à sa sortie de la vessie. Un manomètre à mercure, intercalé sur le tube 
d'évacuation, permet de mesurer la pression intravésicale. 

Nous avons employé comme précédemment de l'oxyde de carbone 
pur ou de l’air chargé de vapeurs de chloroforme ou d'éther. 

La pression utilisée a été de 2 à 3 c.c. de mercure environ en 
moyenne, mais la distension de la vessie était très variable. Celle-ci se 
laissait dilater assez fortement par moments, puis se contractait éner- 
giquement, expulsant avec force son contenu. 

_ Les résultats de nos expériences ont été les suivants : 

Un courant d'oxyde de carbone pur, passant pendant trente minutes 
dans la vessie du chien, n’a provoqué aucun symptôme d'intoxication, 
et la recherche de la carboxyhémoglob'ne dans le sang par le spec- 
troscope et la réaction de Lehman a été négative. 

L'air chargé de vapeurs de chloroforme, administré pendant vingl- 
cinq minutes, n’a déterminé l'apparition d'aucun symptôme appréciable ; 
nous n'avons rien observé qui püt être considéré comme un début 
d’anesthésie. - 

Le résultat a été identique avee l'air chargé de vapeurs d’éther. 

En présence de ces résultats, nous croyons pouvoir conclure, comme 
nous l’avons fait pour l'estomac, que, dans les conditions où nous nous 
sommes placés, la vessie saine du chien n’absorbe pas ou absorbe d'une 
facon inappréciable et avec une extrême lenteur l’oxyde de carbone, 
ainsi que les vapeurs de chloroforme ou d'éther. 


NOTE SUR LA TOPOGRAPHIE DE L'ANTRE MASTOÏDIEN 
ET DE « L'ADITUS AD ANTRUM », CHEZ L'ADULTE, 


par JACQUES RAMADIER. 


On admet généralement que l’antre mastoïdien est situé en arrière 
de la moitié supérieure du conduit auditif externe, entre un plan hori- 
zonlal tangent au pôle supérieur du conduit auditif ou au bord inférieur 
de la crête sus-masloïdienne et un second plan parallèle au précédent, 
et passant par le milieu de la paroi postérieure du conduit auditif 


216 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


externe. Le centre de la cavité antrale est pie au niveau del’épine de 
Henie. 

On admet également que la paroi supérieure de l’aditus est sur le 
même plan horizontal que le plafond de l’antre et que sa paroi inférieure 
est à 3 millimètres au-dessous. 


On a bien signalé certains cas dans lesquels. l’antre était placé 
q P 


au-dessus de l’épine de Henle; mais ces cas sont OREES EE comme 
exceptionnels. 

Dieulafé et Bellocq (1) admettent cependant que la limite exlerne. du 
plancher de l’étage sphéno-temporal est toujours située au-dessus de la 
crêle sus-mastoïdienne. « Parfois cette différence de niveau est considé- 
rable, atteignant 4 à 5 millimètres. La paroi externe de l’aditus est dans 
ce cas placée en partie au-dessus de la crête sus-mastoïdienne. » 


Les conclusions de ces auteurs se rapprochent des nôtres; nous n'y 


{trouvons pas cependant de données précises concernant les limites supé- 
rieures el inférieures de l’antre et de l’aditus. 


Nos recherches ont porté sur 40 temporaux d'adultes ou de vieillards. 
Elles ont été faites à l’aide de coupes. Voici les faits principaux qui se 
dégagent de nos recherches : 

1° Le plancher de l'antre n’atteint que très rarement le plan | 
passant à mi-hauteur du conduit auditif externe. Il reste en moyenne à 
5 millimètres au-dessus de lui : 30 fois sur 40, le plancher est sus-jacent 
au sommet de l’épine de Henle et 43 fois sus-jacent au pôle supérieur a 
conduit auditif externe. 

2 Le centre de l'antre est toujours situé au-dessus de l’épine de 
Henle; il est à 6 millimètres en movenne au-dessus du sommet de cette 
épine. 

3° Le seuil de l'aditus est toujours placé au-dessus d’un plan ee 
zontal tangent au pôle supérieur du conduit auditif externe. IL est 
toujours sus-jacent (de 5 millimètres en moyenne) au sommet de 
l’épine de Henle. Il est le plus souvent (27 fois) situé au-dessus d’un 
plan horizontal mené par le bord inférieur de la crête sus-mastoïdienne. 
Il ressort de cela le fait important suivant : 

Una plan horizontal mené par la limite supérieure de la zone classique 
de la trépanation de l’antre et de l’aditus, intéresse le facial dans la ma- 
jorité des cas. 

4° Le pôle supérieur du conduit auditif externe nous a paru être le 

point de repère le plus constant dans ses rapports avec le seuil de 
l’'aditus et avec le coude du facial. 

L'antre et l'aditus. chez l'adulte, sont donc situés plus haut qu'on 
ne l’admet. | 


CE) ‘Association des Anatomistes, 1941. 


1 


SÉANCE DU 1° FÉVRIER 217 


Ces conclusions sont les premiers résultats précis des recherches que 
nous avons entreprises sur la topographie des cavités creusées dans le 
temporal. 

(Travail du laboratoire de M. Rouvière, 
chef des travaux anatomiques de la Faculté de médecine de Paris. 


SÉPARATION ET DOSAGE VOLUMÉTRIQUE 
DE L'URÉE ET DE L'AMMONIAQUE URINAIRES, 


par L. LEMATTE. 


Notre méthode est fondée sur les principes suivants : 

1° Si on ajoute à l'urine, dans des proportions déterminées, de l'acide 
phosphotungstique et du chlorure de magnésium, tous les sels ammo- 
niacaux sont précipités à l’état de composés insolubles. Dans ces condi- 
tions l’urée n'est pas touchée et peut être titrée volumétriquement par 
l'hypobromite de soude ; 

20 Si on lraite l’urine par le sous-acétate de plomb, on précipite tous 
. les composés azotés, excepté l’ammoniaque, l’urée et les acides aminés. 
Une telle urine traitée par l’hypobromite de soude nous donnera la 
somme : Azote de l’ammoniaque + azote de l’urée. 

Les acides aminés ne sont pas décomposés par l'hypobromite. 

Pour pratiquer ce dosage, il faut : 

1° Une solution d'acide phosphotungstique chimiquement pur à 
30 p. 100 (solution W), obtenue en faisant dissoudre le sel dans de l’eau 
distillée, au bain-marie, à 100 degrés; 

2° Du chlorure de magnésium pur et sec ; 


. 
3° Une solution de soude à ï 


Mode opératoire. — Introduire dans un ballon gradué de 100 c.c. : 30 c. c. 
d'urine, 50 c. c. de la solution W. 

Agiter, laisser déposer pendant dix minutes et ajouter 4 grammes de 
chlorure de magnésium; compléter le volume à 100 c.c. avec quantité suffi- 
sante d’eau distillée. Agiter et laisser déposer. On ne filtrera la liqueur que 
lorsque le précipité sera totalement rassemblé au fond du ballon. Sur le 
filtre, on ne mettra que la partie décantée et limpide, le précipité est telle- 
ment ténu qu'il passerait à travers le filtre. 

_Introduire dans un uréomètre à eau 10 c.c. du filtratum correspondant à 
3c. c. d'urine et quelques gouttes de solution de phénolphtaléine. 


3 ; IN: : à 
Ajouter goutte à goutte de la soude i Jusqu'à ce qu’on obtienne une teinte 


complète ; le nombre de centimètres cubes d'azote libéré permettra de cacu 


la quantité d'urée décomposée. / > 208 HO 


9218 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Déféquer l'urine primitive au sous-acétate de plomb; filtrer et décomposer 
cette urine dans l’uréomètre par l'hypobromite de soude ; le nombre de cen- 
timètres cubes d’azote libéré correspond à la somme ammoniaque + urée. La 
différence entre les deux volumes mesurés donne la quantité d'azote prove- 
nant des composés ammoniacaux. À 

Pour traduire les chiffres obtenus en poids d’azote, il ne faut pas se servir 
des tables qu’on trouve dans les livres d’urologie ; l'erreur qu’on commettrait 
ainsi enlèverait à notre procédé toute son exactitude. Pour éviter tout calcul 
où il faudrait faire entrer en ligne de compte la température et la pression 
barométrique, on opérera de la facon suivante : 

Faire deux solutions contenant, l’une un poids de sulfate d’ammoniaque, 
et l’autre un poids d’urée correspondant à 10 grammes d’azote par litre. 

Prendre 1, 2, 3 c.c. de la solution de sulfate d'ammoniaque qu'on introduit 
dans l'uréomètre et qu'on décompose par l’hypobromite. Répéter les mêmes 
opérations avec la solution d'urée. — On peut donc calcultr en grammes ce que 
vaut le centimètre cube d'azote de la cloche. Ce coefficient nous servira dans 
toutes nos opérations à traduire pondéralement les lectures. Il faudra faire 
cette opération avant chaque séance pour avoir des nombres comparables entre 
eux. 


L'uréomèêtre imaginé par M. Moreigne (1) nous a donné toute satis- 
faction. 

Les volumes donnés d'urine et de solution d’acide phosphotung- 
slique correspondent à des liquides dont on suppose que la leneur en 
ammoniaque n’est pas supérieure à 4 grammes par litre. Si la méthode 
de Ronchèse appliquée directement à l'urine donne pour la somme : 

Ammoniaque + acides aminé*, un chiffre d'azote par litre supérieur 
à 3, il faut augmenter les doses du liquide W et de MgCl proportionnel- 
lement, c’est-à-dire 10 c. ce. de W et Og, 10 de MgCl par gramme d’azote 
en plus. À 


Critique du procédé. — Le problème que nous avons résolu avait 
tenté plusieurs auteurs (2). Pflüger avail signalé la propriété que 
possèdent les phosphotungstates de précipiter les sels ammoniacaux. 
M. Moreigne traite l'urine par un mélange de phosphotungstate de soude 
et d'acide chlorhydrique. Mürner et Sjoevist, Gumlich, Folin disent que 
l'acide phospholungstique précipite en partie l'urée; des expériences 
précises nous permettent d'affirmer que l'acide phosphotungstique chi- 
miquement pur u’attaque pas l’urée. Les solutions de ce corps s’altèrent 
très vite; après quarante-huit heures, nous avons obtenu dans une solu- 
tion d'urée un précipité par l'addition d'acide phosphotungstique. Gette 


(4) Dr H. Moreigne. Considérations générales sur les uréomètres. Nouvel 
uréomètre à eau. Journal de Pharmacie et de Chimie, 1899. 

(2) M. Frenkel. Dosage de petites quantités d’ammoniaque en présence 
d'urée. Bull. Soc. Chim. de Paris, 3° série, t; XXXV, p. 250, 1906: 


SÉANCE DU 1° FÉVRIER 219 


réaction nous fait voir qu'une partie de l’urée était déjà transformée en 
sels ammoniacaux (1). 

En résumé, notre méthode permet de doser exactement et séparément 
l’'ammoniaque et l'urée avec une exactitude qu'on ne peut obtenir qu'avec 
des méthodes beaucoup plus compliquées, comme celle de Braunstein, 
Salaskin et Zaleski (2), Folin (3). De plus, elle permet de titrer les acides 
aminés par une méthode que nous exposerons dans la prochaine note. 


ÉVOLUTION DE LA CLOISON PHARYNGO-OŒESOPHAGIENNE CHEZ L'EMBRYON 
DE Vipera aspis. 


Note de F. Tourneux et Ch. FAURE, présentée par ÉD: RETTERER. 


On sait que chez tous les vertébrés, les mammifères exceptés, l’œso- 
phage est obturé, à un moment donné du développement, par un bouchon 
épithélial, résultant de la soudure des parois opposées du canal. Ce 
bouchon, qui s’étend sur une hauteur plus ou moins considérable, siège 
de préférence au niveau de l'extrémité supérieure de l’æsophage, au 
point où ce conduit se continue avec le pharynx. L'amas épithélial figu- 
rant le bouchon œsophagien persiste à l’état plein plus ou moins long- 
temps suivant les groupes. Dans certains cas de perforation ou de 
résorption tardive, on le voit au moment de la dilatation de l’œsophage 
s'étirer transversalement et former une membrane épithéliale minceque 
l’on peut désigner sous le nom de cloison pharyngo-æsophagienne. Nous 
avons étudié l’évolution de cette cloison chez l'embryon de Vipera aspis. 

Sur un embryon mesurant une longueur de 9 millimètres (sans tenir 
compte des quatre tours de spire que décrit l'extrémité caudale), et dont 
l'extrémité céphalique a été décomposée en coupes sagittales sériées, 
l'œsophage, encore rétréci, se montre obturé, au niveau de son extré- 
mité supérieure attenante au pharynx largement ouvert, par un bouchon 
épithélial d'une longueur de 480 y sur une épaisseur de 90 y. Immédiate- 
ment en avant de l'œsophage, s'ouvre le tube laryngo-trachéal encore 
perméable. La distance du bouchon œscphagien à la poche de Rathke, 
mesurée sur Le plafond du pharynx, atteint 4 millimètres environ. 

Sur un embryon, plus âgé, d’une longueur totale de 75 millimètres 
(après déroulement de l'extrémité caudale, également débitée en coupes 


(1) H. Moreigne. Nouveaux procédés de dosage volumétrique de l'azote 
et de l’urée. Journal de pharmacie et de chimie, 1898. — L. Morand. Acidité ct 
ammoniaque urinaires. Th. de Doct. en pharmacie, Legendre, édit., Lyon, 1942. 

(2) Zeitschr. f. physiol. Chemie, t. XXVIIL, p. 71, 1899. 5 

(3) Ch. Sallerin. Thèse de Doctorat en pharmacie. Dugardin, éditeur, Lille, 
1902. Cette thèse contient des renseignements bibliographiques très complets, 


Brorocie. CoMpres RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 16 


DATA) RME SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sagittales), l’'oœsophage s’est sensiblement élargi, et le bouchon épithé- 
lial, étiré transversalement, s'est transformé en une mince membrane 
formant la séparation entre le pharynx et l'œsophage. Sur la tête sup- 


posée placée dans le sens vertical, cette cloison pharyngo-æsophagienne - 


d’une épaisseur de 4 à 12 y, sur une largeur de 500 y, se dirige d’arrière 
en avant et de bas en haut; elle est exclusivement formée de cellules 
épithéliales aplaties parallèlement à la surface et agencées sur deux ou 
plusieurs plans. Le tube laryngo-trachéal a été entrainé en avant, dans 
l'allongement de la paroi ventrale du pharynx, et son extrémité, mainte- 
nant remplie par un bouchon épithélial, se trouve située au même 
niveau que l'hypophyse, à une distance de 1300 y de l’'œsophage. 

L’extrémité céphalique d’un troisième embryon, mesurant 110 milli- 
mètres, a été décomposée en coupes transversales sériées. L'examen 
comparalif des différentes coupes nous apprend que la cloison pharyngo- 
œæsophagienne, dont l'insertion s'effectue sur le pourtour du pharynx, à 
une distance de 1 à 5 millimètres du larynx, affecte dans son ensemble 
la forme d'une bourse dont le fond vient bomber en avant du côté de 
l'ouverture buccale. La cloison, d’une épaisseur de 5 y, se compose 
exclusivement de cellules épithéliales aplaties. 

Au stade de 140 millimètres, la cloison, distante de 4 millimètres de 
l'orifice laryngé, encore clos, a augmenté d'épaisseur, mesurant 35 u 
sur son pourtour et 140 y dans sa partie centrale; elle s'étend sur une 
largeur de 1,5 millimètre. Elle est formée d'une couche moyenne de 
cellules épithéliales aplaties, d'un aspect fusiforme sur la coupe, que 
revêtent sur les deux faces des cellules en général plus épaisses, bom- 
bant en dehors, parfois même pédiculées. 

Au voisinage de la naissance (embryons de 190 millimètres), la cloison 
s’est résorbée dans toute son étendue, sans laisser aucune trace sur son 
pourtour. La muqueuse de l’œsophage s’est soulevée en plis longitudi- 
naux nettement accusés (1). 


(4) Nous ignorons si l’évolution de la cloison pharyngo-æsophagienne a été 
l’objet d’une étude suivie chez les ophidiens. Les seules indications que nous 
ayons pu recueillir sont les suivantes. Karl Thäter, élève du professeur Fleis- 
chann, dans ses recherches par le plafond buccal des ophidiens et des chélo- 
niens (Morphol. Jahrbuch, 1910), représente quatre coupes longitudinales 
idéales portant sur l'extrémité céphalique d’embryons de Trepidonotus natrix 
de plus en plus développés (fig. 13, 14, 15 et 16 de la planche IX°). La cloison 
est figurée en noir, et l'explication des planches mentionne le nom de cloison 
pharyngienne (Rachenseptum). Le texte ne consacre toutefois à cette mem- 
brane azcune description. De son côté, B. Peyer, dans une étude sur le déve- 
loppement du crâne chez Vipera aspis, publiée également dans Morphol. 
Jahrbuch (1912), figure manifestement la cloison sur trois coupes transver- 
sales (fig. 4, 5 ét 6 intercalées dans le texte), mais sans la désigner par une 


lettre de renvoi. 


SÉANCE DU À°" FÉVRIER 291 


GLANDES SURRÉNALES ET TOXI-INFECTIONS 
(Troisième note), 


par A. MARIE. 


Les solutions millésimales de suprarénine synthélique gauche (tar- 
trate), de suprarénine droite (bitartrate), de suprarénine racémique 
(chlorhydrate), toutes également neutres au tournesol, se sont montrées 
actives sur la loxine létanique, et la suprarénine synthétique gauche (1) 
en particulier exerce son pouvoir neutralisant sur la télanotoxine aux 
mêmes doses que l'adrénaline naturelle. 

Enfin un alcaloïde synthétique, le chlorydrate de dioxybenzylméthy- 
lamine (Tiffeneau), peut, à la dose de 0,001 gr., neutraliser environ 
50 doses de toxine mortelles pour la souris. Or, cet alcaloïde, voisin de 
l'adrénaline, est doué d'une action vasoconstrictive très nette, moins 
forte seulement que celle de la suprarénine. 

Si la neutralisation de la toxine tétanique par ces substances nous 
apparait bien comme étant due à une réaction chimique, elle présente 
aussi un côté physiologique intéressant car, de même que des mélanges 
toxine-antitoxine tétaniques neutres pour une espèce animale ne le sont 
pas pour une autre, de même une préparation toxine tétanique-adré- 
naline, inoffensive pour la souris, ne l'est pas pour le cobaye. 

L'étude, chez le cobaye, de l’action de ces mélanges présente une 
double difficulté en raison de Îla sensibilité très grande de cette espèce 
vis-à-vis de l'adrénaline comme de Ja toxine tétanique. Un cobaye de 
350 grammes succombe rapidement après l'injection sous-cutanée de 
0,0008 gr. d'adrénaline dont une souris de 15 grammes supporte 
0,0001 gr. ; de plus, on n’ignore pas qu'il faut 6-7 fois moins de tétano- 
toxine par gramme d'animal pour tuer un cobaye que pour tuer une 
souris. Il résulte de ces affinités différentes qu'un mélange neutre pour 
la souris se montrera tétanique pour le cobaye, à moins que celui-ci ne 
succombe à l’intoxication adrénalinique si la dose de l’alcaloïde a été 
augmentée. Dans ces conditions, on s'explique comment le cobaye 
ltolère la neutralisalion par l’adrénaline seulement de 5-6 doses de 
toxine tétanique, mortelles pour lui, soit d'une quantité 10 fois moindre 
que pour la souris, bien que les proportions réciproques de toxine et 
d’alcaloïde soient à peu près les mêmes. 

La toxine tétanique n’est pas la seule toxine bactérienne qui soit 
neutralisée par l’'adrénaline, mais cet alcaloïde exerce de même sur la 


(1) D'après Arthur R. Cushny (Journ. of phys., t. XXXVIL, f. 2, p. 130), 
l’action de l'adrénaline naturelle sur la pression sanguine, chez le chien, 
serait deux fois plus forte que celle de son isomère synthétique. 


[RS 
19 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


toxine diphiérique une activité assez comparable, puisqu'il peut en 
neutraliser environ 5-6 doses mortelles pour le cobaye. 

Qu'il s'agisse des toxines tétanique ou diphtérique, l’action de l’adré- 
naline sur elles est toujours une action de contact et qui ne s’opère 
jamais à distance. /n vivo, le mélange neutre toxine-adrénaline ne 
saurait protéger contre l'injection d’une seule dose mortelle de Ix 
toxine correspondante. Toutefois, il se peut qu'une fois introduite dans 
l’organisme, une toxine bactérienne exerce, par l'intermédiaire du 
système nerveux, une influence sur la fonction adrénalique des surré- 


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après une exposilion de 20 heures à 57°. 


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CRÉAMEDIENS EC EE NT =} 


ox. dipht. 
adr. syn. 1 p. 1000. . () 0 (0 () () 


2, 


nales. Si l’on se reporte aux expériences de Luksch (1), on voit que 
chez des lapins soumis à une intoxication subaiguë par la toxine diphté- 
rique, toujours on à pu noter une diminution énorme du pouvoir hyper- 
lensif de leurs capsules, comme si ces glandes avaient épuisé leur 
réserve d'adrénaline. Des observations analogues ont été faites en 
étudiant expérimentalement l’action d’autres antigènes, et si elles se 
trouvaient confirmées pour les toxi-infections, on serait conduit logi- 


(4) Berlin. klin. Woch. , 1909, n° 4 


SÉANCE DU 1°" FÉVRIER 293 


quement à rattacher les accidents d'asthénie cardiaque, si fréquents 
dans les maladies infectieuses, à une insuffisance de la fonction adréna- . 
linique et à l’affaiblissement consécutif du système vasculaire. On 
n'ignore pas la fréquence de semblables accidents au cours des diffé- 
rentes manifestations de la diphtérie et que l'emploi de l’adrénaline a été 
préconisé pour les combattre. 


ÉTUDES BIOLOGIQUES SUR UNE MOUCHE, Drosophila ampelophila Lüw. 


[IT — CHANGEMENT DE MILIEU ET ADAPTATION, 


par ÉMILE GUYÉNOT. 


Le passage de la vie septique à la vie aseptique doitretenir l'attention 
du biologiste, car il constitue, pour les organismes qui en sont l’objet, 
un véritable changement de milieu que l’on peut produire à volonté et 
dont les éléments sont connaissables. 

Comment les organismes se comportent-ils dans les conditions nou- 
velles qui ieur sont faites? Peuvent-ils s’y adapter et, si oui, comment 
cette adaptation se fait-elle? L'étude des Dr. ampelophila rendues asep- 
tiques permet, semble-t-il, de répondre aux questions posées. 

Lorsque des Dr. ampelophila se nourrissant de levure vivante sont 
rendues aseptiques, puis nourries de levure stérilisée, diluée dans l’eau, 
le changement de milieu se trouve être, relativement à la Drosophile, 
peu considérable; le développement s'effectue dans de bonnes condi- 
tions. 

Si ces Dr. ampeloph:la aseptiques sont, au contraire, transportées 
sur pomme de terre stérilisée, sans levure, le changement de milieu, 
relativement à la Drosophile, est très important. 


On observe alors, ainsi que je l'ai relaté, une forte mortalité des larves et 
des pupes ainsi qu'un ralentissement très marqué du développement. Les 
larves sont molles, peu actives. Leur tissu adipeux est formé de cellules 
petites, rondes ou losangiques, presque entièrement dépourvues de réserves, 
Les pupes sont petites. Beaucoup de mouches meurent au moment de l’éclo- 
sion, sans pouvoir se dégager de la dépouille larvaire ; celles qui écloseni, 
souveut malformées, sont peu résistantes, peu actives, et de plus, non mûres 
génitalement. 


Ces résultats sont, dans leurs grandes lignes, superposables à ceux 
qui ont été obtenus, en 1911, par E. Wollman (1) sur des Calliphora sté- 
riles.… ; 


(1) Annales de l'Institut Pasteur, 1911, p. 19-88. 


29, SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


Sur viande stérilisée à 120 degrés, les larves de Calliphora aseptiques meu- 
rent en grand nombre et s’accroissent lentement, tandis que sur viande crue 
stérile ou {yndallisée Le retard de croissance est très atténué, et les larves 
donnent régulièrement des mouches. L'auteur pense que la viande stérilisée 
à 120 degrés représente une condition défavorable et que, dans ce cas, les 
larves ne produisent pas suffisamment de ferments digestifs. 


Comment interpréter ces résultats, simplement énoncés par Wollman? 
Dans tous les cas, les témoins septiques se nourrissent, ainsi que je l’ai 
montré (1), aux dépens de la viande solubilisée et digérée par les 
microbes, et ne sécrètent pas de ferments digestifs (du moins tels que 
pepsine, trypsine, amylase) en quantité décelable. Placées sur viande 
crue, les larves aseptiques peuvent absorber des albuminoïdes solubles 
dont l'arrivée dans l'intestin provoque vraisemblablement la production 
rapide de ferments digestifs. Le changement de milieu se trouve être, 
par rapport à l'organisme considéré, peu important. 

Lorsque, au contraire, les larves sont placées sur viande stérilisée à 
120 degrés, où la plupart des substances albuminoïdes sont coagulées, 
le changement de milieu est relativement considérable. Les larves doi- 
vent, sous peine de mort, produire les ferments digestifs nécessaires, et, 
en fait, un grand nombre de larves meurent. 

Ainsi, qu'il s'agisse de Calliy; hora ou de Dr. ampelophila, toutes les fois 
que ces organismes subissent, par le fait de leur état aseptique, un 
changement de milieu important, on observe que la plupart des indi- 
vidus meurent plus ou moins rapidement et que, seuls, quelques-uns 
évoluent complètement. À quoi tiennent ces différences individuelles ? 
A des inégalités dans les conditions extérieures ou à des dissemblances 
dans la constilution des divers organismes? 

Certes diverses variations minimes des conditions extérieures peu- 
vent avoir sur le développement des larves un retentissement considé- 
rable. J'en donnerai ultérieurement la démonstration. Je me conten- 
terai de signaler l'importance de l’état d'humidité et de la consistance, 
variables d’un point à l’autre, du milieu nutritif. 

Mais, à côté de ces conditions extérieures favorables ou non, réa- 
lisées par hasard, il faut tenir compte de différences indéniables dans la 
constitution des individus. Celles-ci apparaissent nettement dans les 
cas où, grâce à certains dispositifs, les conditions extérieures sont 
rendues aussi uniformes que possible, ou lorsqu'on compare entre eux 
les résultats fournis par les descendants provenant de femelles diffé- 
rentes. 

Bien plus, quoique opérant toujours dans les mêmes conditions, à 
mesure que le nombre des générations de la-lignée aseptique s’ac- 
croit, j'obtiens de plus en plus rarement les résultats défavorables 


(1) Bulletin scientifique France et Belgique, t. XET. 


SÉANCE DU À‘ FÉVRIER 29 


fournis par les premiers essais d'élevage sur pomme de terre. Bien 
que les mouches n'aient pas été maintenues sur pomme de terre 
seule, mais élevées principalement sur pomme de terre et levure sté- 
rilisées, il semble que la lignée ait graduellement évolué et que les 
organismes qui la constituent soient de plus en plus susceptibles de 
vivre sur le milieu nouveau. 

Nous voyons se faire ainsi sous nos yeux une adaptation dont nous 
pouvons suivre les élapes. Cette adaptation est lente ; au début la mort 
est presque la règle. Seuls quelques individus se développent et perpé- 
tuent la lignée. Ceux qui peuvent ainsi traverser la période critique y 
arrivent à la fois grâce à une constitution plus adéquate et grâce à des 
différences minimes et fortuites, mais favorables, des condilions exté- 
rieures. 


(Laboratoire d'Evolution des Etres organisés.) 


LE MÉCANISME DE L'ANAPIIYLAXIE, 


par J. BoRDET. 


Beaucoup d'auteurs, notamment Friedberger, admettent que le poison 
anaphylactique naît de la désinlégration de l’antigène sous l’influence 
des principes actifs du sérum (anticorps, alexine, etc...). Quelques obser- 
vateurs (et j'appartiens au groupe de ceux qui ont depuis longtemps 
celte impression) pensent au contraire que le poison vient non de 
l’antigène, mais du sérum lui-même. Il y a deux ans, j'ai montré avec 
Gengou (1) que le complexe anticorps-antigène possède, dans certains 
cas, une tendance d’adsorption tellement manifeste qu'il peut s’accoler 
aux globules rouges et les réunir en paquets. IL est peu probable, à 
vrai dire (pour des raisons qu'on trouvera dans le mémoire cité), que 
l’agglomération des globules sous l'influence d’un tel complexe soit la 
véritable cause des accidents anaphylactiques. Mais on peut supposer, 
a priori, que ce complexe puisse agir sur certaines substances du sang 
comme il le fait sur les globules. Peut-être, en se formant dans l’orga- 
nisme sensibilisé, le complexe anticorps-antigène s'unit-il à quelque 
matière active et modifie ainsi le liquide sanguin au point de le rendre 
toxique. Cette manière de voir, fort plausible, est celle de quelques 
savants, notamment Doerr et Mutermilch. On peut imaginer, pour 
rendre cette théorie plus concrète, que l'élément toxique est préformé 
dans le plasma, que sa présence est masquée parce que le liquide con- 


(1) La coagglutination des globules rouges par les complexes des anticorps 
avec les antigènes albumineux. Centralbl. f. Bakter., Originale, 1911, t. LVII. 


296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


\ 

lient, d'autre part, une substance antagoniste, et que précisément celle- 
ei est adsorbée (rendue donc inactive) par le produit de la réaction de 
l’anticorps avec l'antigène. À vrai dire, d’autres interprétations pour- 
raient se présenter à l'esprit; le fait essentiel, qu'il y aurait grand 
intérêt à démontrer avec une certitude entière, c’est la transformation 
du sérum normal en sérum toxique, sous l'influence exclusive d’un 
phénomène physique d'adsorption. 

A ce point de vue, un fait intéressant a été signalé. M. Wassermann 
et Reysser, Ritz et Sachs, Doerr et Pick ont vu que le contact de sérum 
normal avec du kaolin peut suffire à le rendre toxique. À vrai dire, cette 
expérience ne semble pas réussir régulièrement, certains auteurs n’ont 
obtenu que des résultats négatifs. D'autre part, le kaolin ne convient 
guère pour ce genre de recherches, il donne avee le sérum un mélange 
opaque, dans lequel il est difficile de voir ce qui se passe. 

J'ai donc cherché un colloïde transparent, ne contenant aucun élément 
animal, et qui fût capable, par simple mélange avec le sérum, d'y faire 
apparaître l’anaphylatoxine ; j’ai réussi en me servant tout simplement 
de gélose diluée. On fait fondre 0 gr. 5 d’agar dans 100 c. c. de solution 
physiologique à 0,75 p. 100 de NaCI. On distribue en tubes, on stérilise, 
on laisse refroidir jusqu’au lendemain. La gélose se prend en une masse 
assez molle. On agite fortement pour dissocier ce caillot de gélose, et 
l’on obtient un liquide assez épais, bien transparent. On ajoute à 
5 volumes de sérum frais de cobaye 1 volume de ce liquide, on norte à 
l’étuve à 37 degrés pendant deux heures, puis on centrifuge énergi- 
quement. Le mélange, qui s’est fortement troublé, donne un sédiment 
grisâtre de gélose, on décante le liquide surnageant et on l’injecte à 
dose de 4-5 c.c. dans la jugulaire de cobayes (pesant de 275 à 300 gr.). 
Intoxication anaphylactique typique, secousses, dyspnée, émission 
d'urine ; l'animal se couche et meurt en quelques minutes. Poumons 
dilatés, avec taches hémorragiques plus ou moins larges et nombreuses, 
persistance des battements cardiaques, retard lrès accusé de la coagu- 
lation du sang. Le tableau est absolument identique à celui de l’ana- 
phylaxie par injection d’antigène chez l'animal sensibilisé. Chose 
importante, la gélose ne rend nullement toxique le sérum préalable- 
ment chauffé à 56 degrés. Bien entendu, des témoins établissent que le 
sérum frais non traité est absolument inoffensif. On a donc une recette 
très commode pour préparer rapidement, sans le concours de microbes, 
cellules, peptone, anticorps spécifiques, etc., une anaphylatoxine active 
et caractéristique. Cette anaphylatoxine résiste parfaitement au chauf- 
fage à 56 degrés. Circonstance très favorable à l'étude, la réaction est 
visible. Le mélange de sérum frais et de gélose se trouble fortement au 
bout de quelques minutes; au contraire, le mélange de gélose et de 
sérum chauffé une demi-heure à 55-56 degrés reste limpide. D'autre 
part, si l’on chauffe à 56 degrés le mélange de sérum frais et de gélose, 


SÉANCE DU À‘ FÉVRIER D97 


qui s'est troublé, le trouble persiste et même se floconne davantage. 
Enfin, l'addition de gélose au sérum a pour effet d'y abaisser nettement 
la teneur en alexine. Divers sérums frais se comportent comme celui de 
cobaye. 

De l’eau physiologique gélosée à 2 p. 100, stérilisée et refroidie, donne 
un bloc solide d'où s'exsude bientôt un peu de liquide parfaitement 
fluide et limpide, lequel se trouble aussi par addition de sérum frais. 
Mais il est trop pauvre en gélose pour fournir une anaphylatoxine puis- 
sante; peut-être aussi la gélose ne s’y trouve-t-elle pas à l’état physique 
voulu. L'eau d’exsudation des lubes à culture (gélose bouillon-peptone 
ou gélose bouillon) se comporte de même. 

Je pense bien que la gélose doit intervenir pour une part dans les 
faits observés par Besredka et Strübel qui ont rendu le sérum toxique 
en le versant sur de la gélose peptonée. Mais ici, comme ces auteurs le 
font remarquer, la peptone intervient aussi, et d’après eux il s’agit 
même, plutôt que d'anaphylaxie vraie, de l'influence d’une peptotoxine. 
À vrai dire, j'ai constaté que le contact de sérum avec de la gélose 
nutritive au bouillon, sans peptone, peut le rendre toxique. 

Pour réussir régulièrement l’expérience, il faut, comme je l'ai dit, 
mélanger intimement au sérum de la gélose peu concentrée, demi- 
solide, et il importe, pour exclure tout phénomène étranger à l'anaphy- 
laxie, de se servir de gélose pure, sans bouillon ou peptone. Le trouble 
qui survient témoigne de l’adsorption qui s'effectue. 

En résumé, je pense que l’origine purement sérique du poison ana- 
phylactique n’est plus contestable et qu’il s’agit d’un fait d’adsorption. 
Pour moi, les complexes anticorps-antigènes Les plus variés agissent 
simplement comme une solution épaisse de gélose. L’anaphylaxie n’est 
pas, comme on le dit souvent, le contraire de l’immunité, ce n'est pas 
de l’hypersensibilité ; c’est un fait secondaire, consécutif, c’est un acci- 
dent qui peut résulter de la manifestation des phénomènes d’immunité 
et notamment de la réaction de l’anticorps avec l’antigène. 


TUBERCULOSE ET P. perfringens, 


par J. Loris-MÉuKov et OSTRovskx. 


En se basant sur la pathologie générale de la tuberculose, sa théra- 
peutique et la putréfaction de la viande d’une part et sur les propriétés 
biologiques et chimiques du bacille tuberculeux et du 2. perfringens 
d'autre part, J. Loris-Mélikov est arrivé, par une série de déductions 
scientifiques, à l'hypothèse que le 2. perfringens doit posséder des pro- 
priétés empêchantes envers le bacille tuberculeux. 


9298 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Pour contrôler ces idées sur les animaux, J. Loris-Mélikov a demandé 
au D' Ostrovsky sa collaboration. 

Le premier a choisi une race du Z. perfringens isolée d’un individu 
sain et robuste qui donnait une quantité insignifiante de phénol, et le 
second à fourni les cultures du bacille tuberculeux. 

Le mélange simple, in vilro, de deux cultures (£.perfringens et B. tu- 
berculeux\, à parties égales, a montré au microscope, en vingt-quatre 
heures, la prédominance du P. perfringens et les granulations du bacille 
tuberculeux avec une bactériolyse très manifeste. 

Trois séries d'expériences ont été faites : la première sur dix cobayes 
dont cinq du contrôle, la seconde sur vingt-huit cobayes dont huit du 
contrôle et la troisième sur dix cobayes dont cinq du contrôle. 

Dans ces expériences nous avons injecté les deux microbes soit mé- 
langés en parties égales, soit B. perfringens avant ou après bacille 
tuberculeux, dans le but préventif ou curatif. Ainsi nous avons essayé 
l’immunisation avec 8. perfringens chauffés ou vivants, par la voie buc- 
cale, sous-cutanée et intrapéritonéale. 

Le but poursuivi par ces expérences est de savoir dans quelles con- 
ditions on peut atteindre le maximum de ce rôle empêchant du 2. per- 
fringens sur la tuberculose, mais, à cause de quelques difficultés de 
laboratoire, on n’a pu arriver à la solution définitive de ce problème. 
Malgré l'insuffisance de nos expériences, on peut néanmoins en tirer 
quelques conclusions. 

Ces expériences nous ont montré que l’action préventive est plus 
manifeste que l’action curative; que les Z. perfringens vivants sont 
plus actifs que chauffés, que l'immunisation par P. perfringens doit être 
commencée par les doses minimes et laisser un certain intervalle entre 
l'injection de ces deux microbes, que les injections répétées du 2. per- 
fringens après le bacille tuberculeux sont nocives et produisent l’intoxi- 
cation. Mais le fait qui domine toutes ces expériences, encore peu nom- 
breuses, c'est que 2. perfringens joue le rôle bactéricide envers le bacille 
tuberculeux et n’a aucune action antitoxique. À l'appui de cette cons- 
tatation, nous rapportons en quelques mots deux expériences corres- 
pondantes. 

Le meilleur résultat a été obtenu par injection sous-cutanée et simul- 
ianée de ces deux microbes à parties égales. Six semaines après 
l'inoculation on a injecté la dose mortelle, 2,5 c.c., de la tuberculine 
diluée de l'Institut Pasteur, à un cobaye ainsi traité et qui a survécu et 
même présenté une augmentation du poids. Nous avons sacrifié l'animal 
au troisième jour, et à l’autopsie on a chbservé la résorption et la dessic- 
cation au point d’inoculation du bacille et des lésions tuberculeuses 
insignifiantes dans les organes. 

Dans un autre cas où nous avons injecté d’abord une race du bacille 
tuberculeux très riche en tuberculine et ensuite nous avons lraité par le 


SÉANCE DU À°° FÉVRIER 299 


B. perfringens, le cobaye à succombé avec des lésions lrès étendues et 
plus rapidement que les témoins. 


(Travail du laboratoire ‘du Professeur Melchnikoff.) 


MESURE DE LA PUTRÉFACTION, 


par J. Loris-MErIKrov. 


Pour comparer le pouvoir de putréfaction des différents microbes . 
protéolytiques et la putréfaction de la viande, nous avons, suivant les 
indications du D’ Tissier que nous tenons à remercier particulièrement, 
pris comme point de repère la fonclion des microbes de digérer le 
blanc d'œuf. 

A cet effet, nous avons employé le milieu bouillon blanc d'œuf en 
quantité rigoureusement la même pour toutes nos cultures : 10 c.c. de 
bouillon et 1 gramme de blanc d'œuf. 

Pour ces expériences, nous nous sommes servis de trois microbes : 
putrificus, sporogenes et perfringens. 

D'autre part, pour avoir la putréfaction de la viande, nous avons mis 
dans un ballon stérile de 300 e.c. 50 grammes de viande hachée et 
nous avons ajouté de l’eau du robinet en quantité suffisante pour cou- 
vrir la viande. 

Nous avons procédé de la manière suivante : 

De chaque culture bien développée de ces trois microbes, nous avons 
dilué 1 c.c. dans un tube de bouillon blanc d'œuf défini ci-dessus. 

De cette dilution au dixième, nous avons ensemencé 0,4, 0,2 et 0,1 c.c. 
dans des tubes semblables. De cette manière, nous avons eu de chaque 
microbe quatre dilutions en culture : 4/10, 1/95, 1/50, 1/100 de putri- 
ficus, sporogenes et perfringens, lout étant ensemencé le même jour et 
mis à létuve à 37 degrés. 

Quant au ballon de viande, nous ensemencions tous les jours À c.c. 
dans le même milieu au blanc d'œuf et nous comptions en même temps 
la quantité du per/ringens sous le microscope durant dix jours. 

La première culture où le blanc d'œuf a disparu, au bout de vingt 
jours, a été celle de putrificus au 1/10. Le même jour nous avons ouvert 
tous les tubes, filtré sur papier les cultures et desséché à l’étuve à 
31 degrés pendant vingt-quatre heures. Le produit sec a été pesé sur des 
balances sensibles jusqu’au 1/2 milligramme. 

Pour pouvoir comparer les restes desséchés de blanc d'œuf avec 
1 gramme du blanc d'œuf, nous avons fait les mêmes manipulations 
avec un tube de 10 c.c. du bouillon + 4 gramme blanc d'œuf non ense- 
mencé. d 


PAST Mi a Ve 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


—— 


_Nous gardions aussi vingt jours les cultures de viande putréfiée, et 
ensuite nous ouvrions les tubes et procédions de la même manière. 

.Le résultat a été Le suivant : 

1 gramme de blanc d'œuf après dessiccation à l’étuve (37 degrés) 
pesait O0 gr. 178, soit une perte de 0 gr. 822. Le rapport de 1 gramme à 
0 gr. 178 est 5,618. 

Voici les poids restants du blanc d'œuf calculé à 1/2 milligramme près. 


Pulrificus. 


Sporogenes. Perfringens. 


1/10 0 » 1/10 0.095 1/10. 0,105 
1/25 0,001 JDE ge OS 1/25. 0,11 
1/50 0,002 1/50 O,11 1/50. . 0,12 
1/100. . 0,00. 1/100. . . . 0,115 1/100 . 0,132 


Pour ramener le tout à 1 gramme blanc 
comme nous l'avons vu, par 5,618 : 


d'œuf, il faut multiplier, 


Putrificus. Sporogenes. Perfringens. 
die 0 » 1/40. 0,5331 1/10 0,5898 
1/25 . 0,0056 1/25 . 0,5618 1/24. 0,6179 
LOUE 9,0116 Des 5 57 DOS 1/50 0,67416 
1/100 0.0258 1/100. . 0,64007 1/00 . . . 0,14157 


La viande putréfiée présentait le tableau suivant avec le nombre du 


perfringens correspondant. 


POIDS SEC MULT. 5,618 Fe Parfridenes 
INDOURRU ISLE 0,4165 4 p. 100 
2-pour 0,041. 0 ,2640 5 p. 100 
3 pour 0,02 0,11236 10 p. 100 
4 pour 0,01 0,0561 30 p. 100 

APPARITION du Putrificus. 
> pour 0,01 0,0561 50 p. 100 
6 pour 0,001 0,0056 10 p. 100 
71 pour 0,0005. 0 ,00028 50 p. 100 
S pour 0 0 20 p. 100 
9 pour 0 0 15 p. 100 
10 pour 0 0 1 p. 100 


/ 


Nous avons fait dans les mêmes conditions la pesée des selles 
typhiques, ce qui nous a donné : 0 gr. 132 blanc d'œuf sec, ce qui cor- 
respond à 0 gr. 74157 de blanc d'œuf non desséché. 

On voit par ces tableaux que le pouvoir de putréfaction du B.putrificus 
est le plus grand, ensuite viennent 2. sporogenes et B. perfringens. Les 
dilutions ont une certaine importance, mais pas aussi considérable qu'on 
pourrait le croire. Quant à la putréfaction de la viande, elle est sensible 
à partir du quatrième et cinquième jour, quand précisément apparaît 
le B. putrificus. 


SÉANCE DU Â% FÉVRIER 231 


Une courbe fort intéressante montre le nombre des 2. perfringens 
. augmentant graduellement du premier jour de la putréfaction jusqu’au 
cinquième et sixième jour et diminuant ensuite pour ne présenter que 
1 p. 100 au dixième jour. 


(Travail du laboratoire du professeur Metchnikoff.) 


ÉTUDE DU SÉRUM DE CHEVAUX PORTEURS DE TUMEURS MALIGNES 
PAR LA MÉTIODE DE FREUND ET KAMINER, 


par Uco MELLo. 


Freund et Kaminer ont observé que le sérum cancéreux trailé par un 
extrait néoplasique, préparé d’une certaine facon, présente un trouble 
qu'ils considèrent comme presque spécifique. Leurs recherches ont été 
confirmées par Arzt et par Lotti. 

Nous avons examiné par cette méthode 38 sérums de chevaux por- 
teurs de tumeurs et, comme témoins, 44 sérums normaux ou patholo- 
giques, Mais non cancéreux. 


Technique. — Une tumeur cancéreuse est divisée en petits morceaux et 
débarrassée du sang par lavage à l’eau courante. On ajoute deux fois son 
poids d’eau physiologique et on laisse vingt-quatre heures à la glacière, avec 
quelques gouttes de solution chloroformée de thymol. Au bout de ce temps, 
on filtre sur colon, on ajoute 5 c.c. d’acide acétique à 5 p. 100 par 100 c.c. 
d'extrait. On chauffe au bain-marie à 80 degrés pendant quinze minutes; on 
laisse refroidir, on filtre et on neutralise au papier de tournesol avec du car- 
bonate de soude. On chauffe de nouveau et on filtre. On obtient un liquide 
visqueux, opalescent. On titre l'extrait, avant de s’en servir, avec un sérum 
normal et un sérum cancéreux. L'expérience consiste à verser dans un petit 
tube dix gouttes de sérum à examiner et 2 c.c. d'extrait néoplasique titré. 
Dans le tube de contrôle, on ajoute à la même quantité de sérum à examiner 
2 c.c. de solution renfermant, pour 100 c.c. d'eau salée à 6 p. 100,5 c.c. 
d’acide acétique à 5 p. 100 et 1 gramme de phosphate acide de soude. 


On peut employer aussi des extraits non chauffés qui, conservés à la 
glacière, gardent plus longtemps leurs propriétés que des extraits 
chauffés. 

Sur 38 sérums cancéreux, nous avons obtenu 29 réactions positives, 
4 douteuses et 5 négatives. Il faut remarquer que, parmi les négatives. 
on compte ! fibrome de la paroi abdominale, 2 cas de cancer du tes- 
ticule au début de leur évolution et 1 sarcome mélanique. 

Nous avons trouvé une réaction très nette dans 4 cas de sarcome. Les 
réactions les plus fortes se rapportent aux cas de cancers généralisés 
ou dégénérés. 


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SÉANCE DU 1°" FÉVRIER 933 


Sur 44 cas de sérums Llémoins, 36 ont donné une réaction nettement 
négalive, 4 une réaction positive et 4 une réaction douteuse. Les 
sérums ayant donné une réaction positive ou douteuse ont été recueillis 
sur des chevaux atteints d'infection purulente. 

Les résultats de nos recherches nous permettent de considérer la 
réaction de Freund et Kaminer, non pas comme une réaction spécifique, 
mais cependant comme une réaction pouvant rendre des services en cli- 
nique. IL est en effet très facile, en général, d'éliminer, par le seul 
examen clinique, l'hypothèse d’une suppuration. 

Nous croyons que le phénomène de Freund et Kaminer est en rapport 
avec la diminution de l’alcalinité du sérum cancéreux. On obtient une 
réaction très nette si l’extrait employé est bien neulralisé. D'autre part, 
la réaction n’a pas lieu ou elle est très faible si l’on ajoute préala- 
blement du carbonate de soude au sérum cancéreux. 

Nous adressons nos très vifs remerciements à M. Césari, chef du 
Laboratoire de l’abattoir hippophagique; nous devons à son extrême 
obligeance la grande partie de nos matériaux. 


(lastitut Pasteur, laboratoire de M. Weinberq.) 


IMAGE PARADOXALE DU CALIBRE INTÉRIEUR DES TUBES À PAROIS RÉFRINGENTES 


(Deuxième note), 


par J. NAGEONTE. 


Dans l’avant-dernière séance, M. Viès a tenté d'expliquer géométri- 
quement le phénomène d'optique que j'ai signalé récemment (1), 
relatif aux conditions dans lesquelles on apercoit le calibre intérieur 
d'un tube cylindrique à parois réfringentes. Il a établi une formule 
algébrique (2) grâce à laquelle il a pu prévoir certaines variations qui se 
produisent dans les dimensions apparentes du calibre intérieur lorsque 
les conditions de réfringence des milieux viennent à changer. Il a 
vérifié expérimentalement cette formule en se placant dans le cas où le 
contenu possède un indice de réfraction supérieur à celui du milieu 
dans lequel le tube est plongé. Puis il a généralisé ses conclusions et 
les a étendues à l'optique microscopique, ce qui l’a amené à formuler 


(£) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIIT, p. 725. 
7 (4 
(2) Cette formule est la suivante : 2H, — d LE 2H, représente la dimension 
de ce que j'ai appelé l’image paradoxale du caïibre intérieur du tube ; d est 
le diamètre réel de ce calibre intérieur ; n° et n” sont les indices de réfraction 


du milieu dans lequel le tube est plongé et du milieu qui remplit son calibre 
intérieur. 


234 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


= 


des réserves sur la légitimité de l'assimilation que j'ai établie, entre 
l’image de la gaine de myéline observée à l’état frais et celle d’un tube 
de verre rempli d'eau et plongé dans l'eau, ou rempli d'air et plongé 
dans l'air. 

Je n'ai pas l'intention de disculer cette question au point de vue théo- 
rique, estimant que seuls les physiciens de profession et les géomètres 
ont qualité pour résoudre les problèmes compliqués de l'optique. Toute- 
fois, certaines constatations me permettent de supposer que l’ « image 
paradoxale » est une image légitime et non pas, comme l'a supposé 
M. Vlès, le résultat des rayons « parasites ». Si elle ne répond pas à ce 
que, instinctivement, nous attendons des lois de la réfraction, c’est 
parce que nous, histologistes, raisonnons avec des notions géométriques 
insuffisantes, qui ne nous permettent pas de poser correclement le pro- 
blème. Mais il est évident que le paradoxe disparaitra lorsque nous 
serons mieux informés. 

En restant sur le terrain expérimental, il est aisé de démontrer que : 
1° le raisonnement de M. Vlès ne s'applique pas à la catégorie d'images 
que j'ai décrites; 2° sa formule ne répond à une réalilé que lorsqu on se 
place dans les conditions spéciales où il a observé. 

Prenons un lube de verre à parois peu épaisses, fermé à son extré- 
mité inférieure ; plongeons-le à moitié dans une cuve à faces parallèles 
remplie d’eau et examinons-le dans les conditions d'éclairage que j'ai 
indiquées précédemment : le calibre intérieur est vu en grandeur vraie, 


aussi bien dans la moilié du tube qui est plongée dans l’eau que dans celle 
Il 


2e nl 
qui émerge; — pourtant — UE au niveau de la moitié inférieure, 
n' J 


taudis qu’au niveau de la moitié supérieure n° = n' (1). 


(1) Pour obtenir l’image paradoxale dans ces conditions, il faut se servir 
d'un tube de dimensions faibles; celui dont je me suis servi mesurait 6m2 
extérieurement, 4% intérieurement, la cuve possédait une épaisseur à peine 
supérieure; le papier blanc était appliqué immédiatement contre la face 
postérieure de la cuve. Avec un tube plus gros, mesurant 17%%* extérieure- 
ment et 109 intérieurement, il m'a été impossible de réaliser l'éclairage 
nécessaire pour obtenir l’image paradoxale lorsque le tube, contenant de 
l'air, était plongé dans l’eau; par contre, avec le mème tube contenant de 
l'eau et plongé dans la glycérine, l’image paradoxale apparaît facilement ct 
l’on peut se convaincre qu'elle est égale au calibre intérieur réel du tube : 
l'erreur commise sur le rapport entre l'épaisseur du verre et le diamètre 
intérieur du tube a été d'environ 0,018, en mesurant les images par visée 
à l’aide d’un pied à coulisse appliqué sur la paroi antérieure de la cuve, l'œil 
étant à environ 20 cent. de la cuve (les dimensions mesurées ont été les 
diamètres intérieur etextérieur; l'épaisseur du verre a été obtenue par sous- 
traction). En appliquant la formule de M. Vlès aux chiffres obtenus, l'erreur 
passe à 0,22, pour le même rapport. 


SÉANCE DU 1° FÉVRIER _ 239 


D'autre part, prenons deux tubes capillaires scellés à leurs extrémités; 
$ le diamètre extérieur de ceux dont je me suis servi mesure environ 
170 u, leur calibre intérieur, un peu excentrique, est d'environ 110 w. 
L'un des tubes est à moitié rempli d’eau; l’autre, à moitié rempli de gly- 
cérine. Examinons ces tubes à l’aide d’un objectif de 8 millimètres, 
successivement dans l'air et dans l’eau, sans condensateur et avec con- 

__ densateur. 

Daus l’air et sans condensateur, le calibre intérieur apparait grossi; il 
est vu avec la même dimension dans toutes les parties des tubes, aussi bien 
dans celles qui contiennent de l'air que dans celles qui sont remplies d'eau 
ou de glycérir ; ces images sont d’ailleurs difficiles à lire. Dans l’air et 


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Tubes de verre vus dans l’eau. Obj. apochr., 8 millimètres Zeiss, oc. comp. #. 
Grossissement, 207 diam., image réduite de un tiers. 


avec condensateur, l’aspect change; le calibre intérieur des tubes, au 
niveau des points où il contient un liquide, se présente sous les mêmes 
limensions exagérées que précédemment, tandis que, dans les parties 
c ntenant de l'air, il est vu en vraie grandeur. 

Introduisons maintenant de l’eau sous la lamelle ; avec ou sans con- 
densateur, les deux tubes prennent l'aspect représenté ci-contre ; leur 
calibre intérieur présente le même diamètre apparent dans loutes leurs 
parties, el ce diamètre est vu en vraie grandeur, comme il est facile de 
s’en assurer en brisant les tubes et en examinant directement leur 


(4 
à Ë n hpr Ê 
cassure. Pourtant la valeur de — aux différents niveaux des deux tubes 
ñn 


[l 1,46 
es: Let —- 
1,33 1,33 

.Celte expérience, rapprochée des observations précédentes de 
-M. Vlès et de moi-même, prouve que, toutes choses restant égales d’ail- 


Biococie. Comptes RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 17 


varie beaucoup; elle est successivement égale à 


236 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


leurs, il suffit de modifier les conditions d'éclairage pour faire appa- 
raître des effets d'oplique variés. 

Parmi ces effels, l’image « paradoxale » est une espèce bien définie, ca- 
ractérisée par une propriété remarquable : elle reproduit pratiquement, 
lorsqu'elle apparait, les dimensions réelles du calibre intérieur, quels 
que soient les indices de réfraction des milieux en présence. Mais cer- 
tains rapports entre ces indices peuvent rendre son apparition plus dif- 
ficile ou impossible : c’est ce qui se produit lorsque le tube, plongé 
dans l'air, contient un liquide. L'image paradoxale nécessite, pour se : 
produire, certaines conditions d'éclairage, et celles qui sont réalisées 
au microscope par le condensateur Abbe sont les plus favorables de 
toutes. 

Par contre, les images grossies, qui apparaissent précisément lorsque 
l’image paradoxale est absente, ne semblent pas former un groupe très 
homogène; en les regardant de près, on voit qu’il en existe plusieurs de 
dimensions différentes, parfois perceptibles en même temps. Elles ne 
présentent aucun intérêt pour l'histologisie, parce qu'elles sont 
absentes dans les conditions habituelles de l'examen microscopique. 

De toute celle discussion, il résulte que, ainsi que je l’ai avancé, 
l’image de la gaine de myéline, telle qu'elle se présente dans les disso- 
ciations de nerfs frais, est bien vue en vraie grandeur. Ceci ne signifie 
naturellement pas que sa mensuration échappe aux causes d'erreur qui, 
comme le savent les histologistes, sont communes à tous les objets 


extrêmement petits, 


LA DÉVIATION DU COMPLÉMENT PAR LE BACILLE DE BORDET ET GENGOU 
DANS LA COQUELUCHE 


(Première note), 


par Arozo NerrEr et MAïmHEUu-PIERRE WEiL. 


Bordet et Gengou ont montré que le sérum des sujets convalescents 
de coqueluche fixail l’alexine en présence du cocco-bacille décrit par 
eux comme l'agent pathogène de la maladie. Etant données l’extrême 
difficulté et l'importance d’un diagnostic précoce de coqueluche ; étant 
donnée, d'autre part, la difficulté où l’on est souvent, à l'examen de 
frottis de crachats, d'affirmer la présence ou l'absence de ce microbe, . 
il était intéressant de rechercher si l'épreuve de la déviation du complé- 
ment ne permettrait pas de poser le diagnostic de coqueluche à un 
moment où les signes cliniques sont encore indécis. 

L’antigène que nous utilisions provenait soit de cultures de crachats 
d'enfants coquelucheux de Trousseau, soit de cultures que nous avait 


CEA 


TORRENT 


SÉANCE DU 1° FÉVRIER 937 


obligeamment envoyées M. Bordet. Le sérum était employé tantôt 


inactivé, à la dose de Oc.c.3, tantôt non échauffé à 56 degrés, à la dose 
de 0 c.c. 05 à 0 c.c. 2. L'’alexine nous était fournie par le sérum frais 


de cobayes. Le syslème hémolytique était tantôt un système anti- 


humain, tantôt un système antimouton, les résultats nous ayant paru 


identiques dans les deux cas. 


Tous ces éléments étaient soigneusement titrés avant chaque expé- 
rience. De nombreux témoins étaient faits concurremment. 

Chaque fois que le sérum non chauffé nous a fourni un résultat 
négatif, le sérum inactivé s’est comporté de même. Dans unassez grand 
nombre de cas, par contre, nous avons eu un résuliat positif avec 
l'emploi de sérum non chauffé, alors que, chauffé, le sérum ne déviait 
pas le complément. Aussi, considérons-nous la réaction faite à l’aide 
du sérum non chauffé comme plus sensible, sinon comme aussi sûre, 
et conseillons-nous d'employer toujours simultanément les deux 
méthodes. F 

Nous avons pu examiner le sérum de trois enfants atteints d’un 
catarrhe suspect dont l'évolution devait par la suile nous révéler la 
nature coquelucheuse, et dont les crachats montraient et donnaient en 
culture le cocco-bacille de Bordet et Gengou. Chez ces trois malades, 
la réaction de fixation fut négative; elle ne vint donc en rien faciliter 
notre diagnostic. 

Examinant alors systématiquement le sérum d'enfants coquelucheux 
à différentes périodes de leur affection, nous avons remarqué que la 
sensibilisatrice anticoquelucheuse n’apparaissait dans les humeurs qu'à 
un moment relativement tardif de là maladie. 

Durant la première semaine des quintes de la coqueluche, le sérum 
des malades ne renferme pas de sensibilisatrice spécifique, qu'il soit 
examiné après chauffage on non. Tel fut le cas de tous les enfants que 


nous avons pu étudier à cette période de leur affection (16 enfants), 


si on exceplie un qui, au sixième jour des quintes, alors que son sérum 
chauffé durant une demi-heure à 56 degrés ne déviait pas le complé- 
ment, présentait cependant une réaction positive lorsque le sérum était 
employé sans avoir été précédemment inactivé par le chauffage. 

C'est pendant la deuxième semaine des quintes, tout particulièrement 
durant la seconde moilié de ce deuxième septénaire, que la réaction 
positive apparaît, à une date un peu variable d’ailleurs selon les sujets, 
mais toujours plus précocement avec le sérum non chauffé : au quin- 
zième jour des quintes, la réaction s’est montrée à nous constamment 
positive. 

Lors de la troisième semaine des quintes, et, a fortiori, lors de la défer- 
vescence et de la convalescence, la réaction est constamment posilive, 
aussi bien avec le sérum chauffé qu'avec le sérum non chauffé, ainsi 
que cela ressort nettement des recherches que nous avons pu effecluer 


238 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


= 


avec le sérum de dix enfants atteints de quintes depuis quinze jours ou 
plus, et de six enfants en défervescence ou en convalescence de coque- 
luche. Nos résultats à ce point de vue confirment donc entièrement ceux 
obtenus par Bordet et Gengou. 

Il ne nous à pas semblé que, du moins dans les cas typiques de 
coqueluche, la longueur de la période préquinteuse ait une importance 
appréciable dans le moment d'apparition des sensibilisatrices dans le 
sérum. 

L'apparition de sensibilisatrices spécifiques dans le sérum des coque- 
lucheux est donc trop tardive pour aider au diagnostic de cette maladie 
dans ses formes normales. 


LE SANG VEINEUX PANCRÉATIQUE 
POSSÈDE-T-IL UNE PROPRIÉTÉ ANTIDIABÉTIQUE ? 


par E. HÉépox. 


Le sérum du sang veineux pancréalique ne paraît pas exercer d'aclion 
anti-diabétique quand on l'injecte dans une veine de la circulation 
générale chez un chien dépancréalé. En effet, la glycosurie dans ces 
conditions n’est pas influencée d’une facon appréciable. En est-il de 
même pour le sang veineux pancréatique total? 

Pour le savoir, j'ai abouché une veine pancréatique d'un chien 
normal avec une veine jugulaire d'un chien dépancréaté, en interposant 
entre les deux vaisseaux un segment vasculaire anastomolique. 

Expérience. — Chien de 9 kilogrammes dépancréaté depuis un mois, 
mais non glycosurique grâce à une greffe sous-cutanée de la queue 
inférieure de la glande. 

La glycosurie est déterminée par l'extirpation de la greffe, le 
20 juillet 1912, à sept heures du matin. Le sucre passe dans l'urine après 
quelques heures; on a : 


Ah. »'urine : 175 cc. "avec sucre : 15,9, urée. 22,9, p1000: 
A 1 h. 45 urine : 240 c.c. avec sucre : 34,0, urée : 30,4 — 


L'animal est alors anesthésié avec le chloralose, ainsi qu'un chien 
normal de forte taille. Chez ce dernier, une veine de la queue inférieure 
du pancréas est isolée à la jonclion de cette porlion de la glande avec 
la portion duodénale, sectionnée et rebroussée sur un petit tube; sur ce 
tube, on lie un tronçon de veine jugulaire prélevé à un autre chien, en 
adossant les endothéliums; puis on pose des ligatures sur les autres 
veinules pancréaliques, de manière que tout le sang qui revient de la 
queue inférieure de la glande soit débité par la veine isolée. L'autre 


‘ 


ah EE «lala fé 


RD TT RS. 15 


SÉANCE DU 1° FÉVRIER 239 


extrémité du tronçon veineux anastomolique est abouchée, d'autre part, 
avec le bout central d’une veine jugulaire du diabétique, isolée à la base 
du cou et rebroussée également sur tube de Payr. 

Le chien diabétique repose sur le plateau d’une balance, afin d'appré- 
cier la quantité de sang qu'il recoit. 

La transfusion est commencée à 3 h. 45 et interrompue à 6 h. 45. 
Pendant ces trois heures, l’animal reçut 300 grammes de sang de son 
conjoint. 

Au moment où commença la transfusion, la vessie fut vidée par 
cathétérisme; on récolta ensuite l'urine d’une manière continue 
pendant toute la durée de l'expérience, c'est-à-dire pendant les trois 
beures de transfusion et pendant deux heures après; puis l'animal fut 
mis en cage et laissé à jeun jusqu’au lendemain matin huit heures, 
moment où l’on vida de nouveau la vessie. La tableau suivant indique 
les résultats : 


SUCRE RAPPORT 
TEMPS EE LS du suc:e 
. 1.000 en gr. : à à l'urée 


Trois échantillons de sang artériel furent pris à l'animal pour le dosage 
du sucre : 


1e échantillon, 4 h. 30. . . . sucre du sang, 3,46 p. 1.000 


2 échantillon. 6 h. . . . . . sucre du sang, 3,18 — 
3e échantillon, 1 h. . . . . . sucre du sang, 3,18  — 


Ainsi, sous l'action de la transfusion de sang veineux pancréatique 


_ dans une veine de la circulation générale d'un chien diabétique, à 


raison de 100 grarnmes par heure environ, il se produisit, au bout de 
trois heures, une diminution extrêmement considérable de l’excrétion 
du sucre. L'animal récemment dépancréaté ‘extirpation d'une greffe 
sous-cutanée) était à la période initiale du diabète où la glycosurie est 
irès intense. Au moment où commenca la transfusion, l'urine contenait 
6,5 p. 100 de sucre. Tout d’abord, malgré la transfusion, le sucre uri- 
naire s'éleva à 8,1 p. 100; mais, peu après, l'urine s’appauvrit considé- 
rablement en sucre, au point de réduire à peine la liqueur de Fehling, 
lorsque l'animal eut recu 300 grammes de sang. Après la cessation de la 


240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


transfusion, l'urine ne tarda pas d’ailleurs à présenter un taux élevé de 
sucre. Le lableau de l’excrétion urinaire indique avec une clarté qui ne 
peut laisser aucun doute, que le sang veineux pancréatique a exercé une 
action très marquée sur la sécrétion rénale; cette action s’est traduite 
par une diminution de la sécrétion de l’eau, la concentration de l'urine, 
un pourcentage plus élevé d’urée et la disparition presque complète du 
sucre. Par contre, l'hyperglycémie ne subit qu'une faible diminution. 
C’est en somme le même résultat que celui que j'ai observé dans mes 
expériences de transfusion croisée de sang carotidien, mais avec cette 
particularité qu'il fut obtenu ici avec uae quantité relativement faible 
de sang, sans doute parce qu’il s'agissait de sang veineux pancréatique 
pur; en outre, dans l'expérience actuelle, il n’y avait pas échange de 
sang entre les deux animaux, mais seulement apport du normal au 
diabétique. 
. Je m'empresse d'ajouter qu'il s’en faut de beaucoup que cette expé- 
rience, d'une technique d’ailleurs très délicate, donne dans tous les cas 
des résultats aussi nets. 


À PROPOS DE LA STRUCTURE DES FILAMENTS ACHROMATIQUES DE L'ASTER, 


par À. WEBER. 


En 1892, M. Heidenhain a pu déceler dansles filaments achromatiques 
de l’aster des petits corps colorables par le mélange de Biondi. Ces 
microsomes se disposaient concentriquement par rapport à la sphère 
attractive. Heidenhain les a figurés dans les leucocytes polynucléaires 
où l’irradiation astérienne est très développée. Drüner a retrouvé ces mi- 
crosomes faisant partie intégrante des filaments achromatiques dans les 


cellules génitales. Meves (1910) est d'avis que les microsomes de M. Her- 


denhain ne sont pas autre chose que des grains mitochondriaux nu 
faitement fixés. 

J'ai eu l’occasion d'étudier l'appareil mitochondrial des adanies 
blancs du sang du Gongyle. Il est formé principalement de chondrio- 
contes, de chondriomites et de quelques grains mitochondriaux. Tous 
les termes de passage entre ces différents aspects peuvent, du reste, se 
trouver dansun même élément cellulaire. Les filaments mitochondriaux 
sont tous disposés à la manière de rayons autour dela sphère attractive. 
. Il y a ainsi une irradiation chondriosomale qui ressemble étonnamment 


à l’asler lui-même. Cette disposition du chondriome orienté radiaire- 
ment par rapport à la sphère a déjà été signalée dans les globules. 


blancs polynucléaires par Benda, dans les cellules connectives par 
Dubreuil. 


È 
4 
Ê 
1 


D Ed Ge nd à 


M ns jé déc ones à RER 


| 
À 


_ Comme on peut le voir sur la figure demi-schématique ci-contre, le 
chondriome des globules blanes polynucléaires du Gongyle est réguliè- 


_rément disposé par rapport aux deux centricles qui occupent le centre 
de la sphère. L’aster proprement dit ne peutoccuper que deux positions : 


ou bien se trouver entre les rayons du chondriome, ou bien être confondu 


avec lui. 


. I m'a été impossible par différentes méthodes de mettre en évidence 
les fflaments astériens achromatiques entre les raÿons da chondriome 


Par contre, comme on le verra sur la figure, les granuiations mitochon- 
driales isolées reposent sur des filaments très fins à peine teintés par la 
méthode de Regaud que j'ai employée. Ce sont là manifestement les 
irradiations achromatiques de l'aster. 


Mes observations confirment donc celles de Meves, pour qui les micro- 
somes décrits par Heidenhaïn et Drüner sur les filaments astériens ne 
sont autre chose que des mitochondries. Seulement, dans le cas des glo- 
bules blancs polynuceléaires du Gongyle, ces granulations mitochon- 
driales très abondantes peuvent se rassembler ou se fusionner soit en 
chondriomites, soit en chondriocontes et dissimuler ainsi complètement 
les filaments astériens sur lesquels elles reposent. 


(Laboratoire d'anatomie de l’Université d'Alger.) 


VALEUR DE QUELQUES MÉTHODES HISTOLOGIQUES 
POUR LA FIXATION DES CORPS GRAS, 


par ANDRÉ MAYER, GEORGES Scuærrer ET F. RATUERY. 


Nos recherches antérieures ont tendu à montrer que le « chondriome » 
des cellules est constitué par des composés d’acides gras (phosphatides) 
et des substances insaponifiables, comme la cholestérine. 

-D'autre part, nous avons montré que, dans certaines cellules comme 
celles du foie, la structure mitochondriale varie lotalement avec la 


249 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


méthode de fixation employée, jusqu’à faire même naître un doute sur 
l'existence de mitochondries isolées et individualisées (1). 

Il importe donc d'examiner la valeur de ces méthodes de fixation: et 
la première question qui se pose est celle-ci : que « fixent » les réactifs 
histologiques couramment employés? quelle proportion des corps gras 
existant dans la cellule vivante se retrouve dans les cellules « préparées » 
pour l'examen microscopique ? 

Technique. — Nous avons opéré sur le foie du lapin. Le foie était 


découpé au rasoir en cubes de 1 millimètre environ d’arête, comme pour 


l’examen histologique. Une portion était prélevée, fraiche, et analysée 
immédiatement. Des portions égales étaient placées dans les liquides 
fixateurs. Après un temps de contact identique à celui qui est recom- 
mandé pour la fixation histologique, une part était prélevée et analysée; 
une autre placée dans l’alcool, puis l’alcool-xylol. Après passage dans 
ces liquides, elle était, elle aussi, analysée. 

Nous avons dosé les acides gras par la méthode de Kumagawa; la 
cholestérine, par celle de Windaus combinée avec celle de Kumagawa, 
comme nous l’avons indiqué (2). 

Il est à remarquer que le premier chiffre obtenu, celui qui donne la 
proportion des corps dosés restant après passage dans le liquide fixateur, 
n’est pas le plus important pour nous (3). C'est le second (après passage 
dans le xylol) qui répond à la question posée, les « fixateurs » devant préci- 
sément avoir pour but théorique d’insolubiliser les corps fixés dans les 
réactifs comme l’alcool-xylol, que la technique histologique d’inclusion 
à la paraffine impose actuellement. 

Nous avons examiné les liquides fixateurs suivants : 

Tout d’abord, deux liquides dont on sait qu'ils « fixent mal »les mito- 
chondries : le liquide de Van Gehuchten-Sauer (alcool, 60 ; chloroforme, 30; 
ac. acélique, 10) et le liquide de Lindsay (bichromate de potasse à 
2,5 p.100,70; ac. osmique à 1 p.100,10 ; bichlorure de platine à 1 p.100, 15; 
ac. acétique, 5). 

Puis deux liquides considérés comme de « bons fixateurs » des mito- 
chondries : le liquide J. de Laguesse (ac. osmique, 2 p. 100: 4 parties; 
ac. chromique, 4 p. 100: 8 parties; ac. acétique, 1 goutte) et le liquide 


de Regaud (bichromate de potasse à 3 p. 100 : 24 parties; formol à 


40 p. 100, 6 parties). 
Enfin, par comparaison, nous avons employé un liqnide communé- 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIIT, p. 307. 
(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIE, p. 362. 


(3) Ce chiffre est d’ailleurs sujet à quelques critiques. Une partie des fixa- 


teurs a pu être absorbée par les tissus ou se combiner avec eux, ce qui change 
leurs poids sec. Et, d’un autre côté, une certaine part des autres constituants 
de la cellule a pu se dissoudre, ce qui change le pourcentage. 


dites AcoatÈS “3 dite à és on 


Pr? 


N 


Si 0: italie "a tel =, 


Éec Rte Sd es dés dé dr 
\ 


Si 


SÉANCE DU 1°" FÉVRIER 243 


mentuilisé pour l'étude du système nerveux, le liquide de Muller (bichro- 


mate de potasse, 2,5; sulfate de soude, 1; eau, 100). 
Voici les résultats : 


J. DOSAGE APRÈS PASSAGE ||I[. DOS ÂGE APRÈS PASSAGE SUBSÉQUENT 


. DANS LE FIXATEUR DANS L'ALCOOL-XYLOL 
NATURE DU TISSU 
DURÉE |Ac.gras.| Cholestérine. DURÉE Ac. gras. |Cholestérine. 
du CR Vu. du ———— 
passage.| en gr. p.100 sec. passage. en gr. p. {00 sec. 
A. 
MISSDPRBAIS ee 20, 0-12. - |. 10,920 0,93 » » » 
Fixé par 3 h. 0,89 0,24 » » » 
le liquide de | 
VAN GEHUCHTEN SAUER. | 
Fixé par 24 h. | 10,8 0,75 2 heures. 1,85 0,17 


le liquide de 
LivosAyY Jonxasox. 


D D. 

Fixé par 24 N. NOPO 2 heures. 2 Ti 0,21 
le liquide de 
CL. REGaAUD. 

Fixé par 24 b. 1,47 0,85 2 heures. 2,89 0,34 
le liquide J. 
de LAGUESsE. 

à | 
SSSR OU Cle M0 28 )R #0781)lalcool.::xylol- » » 

Fixé par 30 j. 5,62 0,80 6 2 5,76 0,11 
le liquide de à 400 à heures. | heures. 

MuLiEr. l'obsczrité 


(*) Acides gras + cholestérine. 


Il résulte de ce tableau que le liquide de Van Gehuchten « fixe » moins 
de un dixième des composés d'acides gras; le Lindsay, un cinquième; les 
liquides de Laguesse et de Kkegaud, environ un tiers; celui de Müller, 
une moilié. 

On voit donc que les méthodes hislologiques les plus communément 
employées sont peu efficaces pour fixer les composés d'acides gras et les 
empêcher de se dissoudre dans l'alcool etle xylol. Les résultats qu’elles 
donnent, tant au point de vue de la structure qu’à celui de la composi- 
tion ne sont donc qu’assez loinlainement approchés. à 


(Travail du laboratoire de phusiologre physico-chimique de l'Ecole 
des Hautes Etudes.) 


GARE 


9 


74 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SUR LE MÉCANISME DE L'ANAPHYLAXIE. MODIFICATIONS DU COEFFICIENT D'AUTO- 
PROTÉOLYSE DANS LES CENTRES NERVEUX ET MODIFICATIONS DES URINES APRÈS 
L'INJECTION D'UN ANTIGÈNE, 


par E.-C. Soura. 


Dans une note à l’Académie des sciences du 3 juin 1912, Abelous et 
Bardier, se fondant sur les effets sensibilisants d'injections d’extraits de 
cerveaux soumis à l’autolyse, ont proposé une théorie nouvelle de l'ana- 
phylaxie qui peut être résumée dans les conclusions suivantes : « Une 
première injection d'antigène détermine une atteinte plus ou moins 
grave à l'intégrité des éléments nerveux. Un certain nombre de ceux-ci 
dégénèrent. Cette dégénérescence s'accompagne d’une autolyse du tissu 
nerveux et ce sont les produits de celte autolyse, qui se fixant dans 
l'organisme et particulièrement dans les centres nerveux, constituent l4 - 
substance que M. Ch. Richet a nommée loxogénine. Le reste s'explique 
sans peine : l’anligène, injecté de nouveau, se combine à la toxogénine 
pour donner l’apotoxine, facteur du choc anaphylactique. » 


di 


Pour fournir une confirmalion nouvelle à celte conception de l’ana- 
phylaxie, notre maître, M. Abelous, nous a conseillé d'étudier le coef- 
a ficient d'autoprotéolyse des centres nerveux chez des animaux en état 
anaphylactique et, d'autre part, de rechercher si l'analyse des urines 
ne permettrait pas de déterminer le moment où l’état anaphylactique : 
est à son maximum. Nous avons étudié l'élimination urinaire chez des 
lapins, auxquels nous avions injecté de l’ovalbumine et de l’urohypo- 
tensine, pendant la période au cours de laquelle apparaît l’élat anaphy- 
lactique. Voici les résultats de nos expériences: = 


Exe.1.— Lapin, 1.530 gr. ; 3 gr. d'ovalbumine en injection intraveineuse. 


Tagzeau résumant les résultats de l'analyse des urines du 1° au 25° jour. (Les 
résultats sont exprimés pour 24 heures et jour 1 kilogramme d'animal.) 


M NII XII XN XX EXNITI 
JOURS 1TFE (A à à à à à à 

NUL: | RTE Ve (PER X 2) ROUE EC 
Poids MMOVENn TE. 1530 gr. 1520 | 1685 | 1325 | 1780 | 2285 | 2005 

TUE S EURE (re AE BANCANC IE 160 19% 140 72 82 

AOTEMO IAE ES DSi Iiere 420 SE NGC 411 459 459 
AroleNuTÉIqueL. 07 | ARmilliere 215: |. 245}, 341 419 |. 333 |. 260 

Azote ammoniacal. . . 42 milligr. 100 HO CASE A2 49 62 

AVAOUE ENIMEL Let So ta > millior. 5 6 ê) 11 6 3 


È 
| 
4 
A 


SÉANCE DU !° FÉVRIER _ 945 


Animal sacrifié le 26° jour; résultats de l'analyse du cerveau : 


AZOTE AZOTE COEFFICIENT 
total aminé d'aminocenèse 
CEVENLEMSMErE 1 gr. 820 0,146 
Muller 4 1 gr. 680 0,143 


Ces résullats sont exprimés en milligr. pour 100 gr. de tissu frais. Rappe- 
lons que le coefficient normal est de 6 pour le cerveau, de 7,5 pour la moelle. 


Exp. Il. — Lapin, 1.580 grammes, recoit 0 gr. 05 par kilogramme d'urohy- 
potensine, puis 0 gr. 04 par kilogramme à 48 heures d'intervalle. 


TaBLEAU résumant les résultats de l'analyse des urines. (Résultats exprimés par 
24 heures et pour 1 kilogramme d'animal.) 


| X VIII XII XV XX 
JOURS IE à à à à à 

VIII NII XV XX XII 

Poids moyen. 1580 gr. 1596 | 1660: | 173511 1835 | 1930 
Diureseme et 150 cc. 208 168 230 146 103 
Azote total. 418 milligr. 414 420 642 459 620 
Azote uréique . 71e 311 milligr. 302 246 326 244, 316 
Azote ammoniacal . . . 64 milligr. 55 102 129 81 12 
Azote aminé. NE 4 milligr. 3 x 4 6 


Animal-sacrifié le 23° jour; résultats de l'analyse du cerveau : 


COEFFICIENT 


COEFFICIENT 
d'autopro- 


N' N, N, N, demo téolyse 
2 genèse N,—N.:Ne 
N;:Nrenp.100| en p. 109 


Cerveau . 


Moelle. 


1 gr. 680 


1 gr. 596 » 


1 gr. 330 


.  Tous.ces résultats sont exprimés en milligr. par 100 gr. de tissu frais. 


Nous avons résumé les analyses d'urines dans le graphique ci-contre, 
dont l'examen permet de voir un accroissement marqué de l'élimination 
azotée (azote uréique, ammoniacal et aminé) du 10° au 20° jour, période 
où l’on sait que l’état anaphylactique atteint son maximum. 

Nous atlribuons, au moins en partie, cetle augmentalion d'intensité 


246 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


de l'élimination azotée à l’autoprotéolyse cérébrale que nous a révélée 
l'analyse directe du cerveau pendant la même période. Le rapproche- 
ment des coefficients d’autoprotéolyse du premier lapin tué le 25° jour 
et du deuxième tué le 23° montre bien que ce coefficient est d'autant 
plus élevé qne l’on est plus près du maximum de l’état anaphylactique. 


Echelle en dizaines de milligrammes pour l'azote total Nt, l'azote uréique Nu et 
l'azote ammoniacal N': en dizaines de centimètres cubes pour la diurèse A; en 
milligrammes pour l'azote aminé NS. 


Le parallélisme de l’autoprotéolyse cérébrale et de l'élimination 
azotée urinaire nous permet de dire qu'on peut, au moins dans une 
certaine mesure, préjuger du degré de l’état anaphylactique d’un animal 
par l’examen de ses courbes d'élimination azotée urinaire. 


(Travail de l’Institut de physiologie de la Faculté de médecine 
de Toulouse.) 


Len Le: 
SÉANGE pu ae FEVRIER 


ERRATUM 


Nore DE F. VLis. 


Note ve L. Masso, M. Le L. BRUYANT. 


188, Tanplaes., dans le tableau, Températures maxima et moyennes 
ures inilinles Et Sonnes. Dans la première colonne de oies à 3 


aies) par moyennes. < 
38.04 par 39.04 (Première ligne). 
39.07 par 39.70 (Dernière ligne). 


TR 


TRES 


Pa; 


” digne 


De ATEN (uriiie là er a SN FRS ii 


/ 


{ 


SÉANCE DU 21 JANVIER 1913 


SOMMAIRE 


- Gerger (C.) : Les lipases des latex. mestica, Tarentula mauritlanica, 


I. — Activité lipolytique des divers Rana temporaria et Maena juscu- 

. latex. Variation saisonnière. Résis- CROSS Re EME 2e DE MEET Me De 253 
tanverdiaeengieur : et 250 Onvo (C.) et Pavan (L.) : Coïnci- 
GErver (C.) et Sarxixp (J.) : Ac- dences de la courbe des chlorures 
tion physiologique des latex. IL. -— urinaires avec les manifestations 

Injections sous-cutanées, sous-péri- ÉNICDICLES RAR ENS 4 a 249 
tonéales et intramusculaires delatex Rousracroix : Histologie des lé- 
de Ficus coronata Reinw., chez Mus sions cutanées initiales du mycosis 

decumanus var. alba, Columba do- TON OOel- tracer ee ete 255 


Présidence de M. F. Arnaud. 


COINCIDENCES DE LA COURBE DES CHLORURES URINAIRES 
AVEC LES MANIFESTATIONS ÉPILEPTIQUES, 


par G.:Onpo et L. PAyan. 


Une jeune fille de dix-huit ans est observée depuis plusieurs années 
déjà dans notre service pour des manifestations de myoclonie épilep- 
tique qui feront l’objet d'un lravail ultérieur de l’un de nous, en 
collaboration avec le D° Corsy. Disons seulement que l’agilation muscu- 
laire généralisée, à peu près ininterrompue, ayant amené une hyper- 
trophie notable des masses musculaires au niveau de la racine des 
membres où elle prédomine, passe par des périodes d’augment et 
d'accalmie. L'agitation musculaire s’exagère progressivement jusqu'au 
moment où éclate la crise convulsive ; elle décroît ensuite. D’autres foie, 
au contraire, les paroxysmes myocloniques cèdent sans aboutir à la crise 
_convulsive. 

Depuis neuf mois environ, grâce à la complaisance persévérante de 
notre excellent interne en pharmacie, M. Feschet, nous avons pu suivre 


” VIS 


250 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


—_—_—_——… ——————————————-—-———————]_ ——— —— — —  ——  —— A —————————__—__ +, 


jour par jour la courbe des chlorures urinaires de cette malade. Elle a 
été soumise pendant tout le temps de cette observation à un régime : 
achloruré ou hypochloruré; dans tous les cas, la teneur de son alimen- 
tation en chlorures a été à peu près constante. D'autre part, afin d'éviter 
les modifications que n’eût manqué de provoquer dans les éliminations 
urinaires l’absorption de doses variables de bromure de potassium, elle 
a été soumise à la médication bromurée à la dose fixe de 10 grammes 
par jour. Or, nous voyons dans le tableau que nous vous soumettons, la 
teneur des chlorures urinaires, dosés par la méthode classique, subir 
des écarts considérables allant de 2 grammes comme minimum au chiffre 
élevé de 50 grammes par vingt-quatre heures. 

La courbe chlorurique, assez irrégulière à la vérité, subit des dépres- 
sions brusques suivies de grandes réascensions durant de vingt-quatre 
à trente-six heures. Ces dépressions coïncident le plus souvent avec 
l'explosion des crises convulsives et parfois aussi, quoique plus 
rarement, avec l'augmentation très notable de l'agitation musculaire. 
La diminution de l’élimination des chlorurés précédant la crise n’est pas 
toujours aussi soudaine : nous l'avons vue par exemple descendre 
progressivement pour aboutir à deux grandes cerises successives. De 
toute facon, la diminulion dela chlorurie paraît bien conditionner ou tout 
au moins précéder les paroxysmes épileptiques chez notre malade. Ce 
fait n’est sans doute pas nouveau, puisqu'il à été signalé par différents 
auteurs, et notamment par Roger Voisin et Krautz (1) et par Rimbaud (2), 
mais il présente dans notre cas une importance considérable par sa. 
continuilé et par les amplitudes énormes que subit la courbe chloru- 
rique. 

L'importance du régime déchloruré chez les épileptiques est sans 
doute double, car en dehors de la meilleure fixation des bromures, fait 
aujourd'hui classique, il faut tenir compte du rôle que peut jouer la 
rétention chlorurée dans les explosions épileptiques, rôle qui nous paraît . 
ressortir d’une façon manifeste de l'observation que nous avons l'honneur 
de vous soumettre. 


LES LIPASES DES LATEX. a 
1. —- ACTIVITÉ LIPOLYTIQUE DES DIVERS LATEX. VARIATION SAISONNIÈRE. 
RÉSISTANCE A LA CHALEUR, 


par C. GERBER. 


À côté des diastases hydrolysantes des albuminoïdes et des hydrates 
de carbone que nous avons signalées et éludiées antérieurement, nous 


(1) Arch. méd. expérim., mars 1905, p. 205-242. 
(2) Journal médical français, avril 1912, p. 140. 


ae, LS DRE 


SÉANCE DU 21 JANVIER 251 


avons découvert, dans les latex, la présence de diastases saponifiant 
les corps gras. 

1° Dans les mêmes conditions de végétation de la plante et de récolte 
du latex, l’activité lipolytique varie considérablement d’une famille 
végétale à l’autre et, dans une même famille, d’une espèce à l’autre. 


C'est ainsi qu’en faisant agir, le 18 septembre 1912, à 50 degrés, pendant 
une heure, sur 10 c.c. d’une émulsion de jaune d'œuf dans deux fois son 
volume d’eau distillée, 2 c.c. de latex récolté le jour même sur les plantes 
ci-dessous appartenant aux Urticacées et aux Euphorbiacées, par incision cor- 
ticale de la base des branches de l’année, nous avons obtenu le pourcentage 
en acides gras libres suivant : 


Ficus Morus Maclura Broussonetia Euphor bia 
Carica. nigra. aurantiaca. papyrifera. Characias. 
1,3 p. 100 1,5 p. 100 9,8 p. 100 14,6 p. 100 61 p. 100 


d'où, en prenant pour unité l'activité lipolytique du Figuier, celle des autres 
latex peut être représentée par les valeurs suivantes : 


Ficus. Morus. Maclur«. Broussonetia. Euplhorbia. 


n 1,2 T5 11,3 41 


2° Le latex est d'autant plus actif sur les corps gras qu'il est prélevé 


plus près de la région de la tige portant des feuilles. 


Trois doses de 0 c.c. 20 de latex prélevées le 2 septembre 1912, à la base, 
au milieu et à la partie supérieure d’une tige de Euphorbia Characias haute de 
1210 et dont les feuilles étaient réunies en touffe à cette partie supérieure, 
agissant pendant une heure à 50 degrés, sur 5 c.c. de jaune d'œuf au tiers, 
ont mis en liberté respectivement : celle dela base : 35,5, celle du milieu 42. 
celle de la région feuillée 58,5 p. 100 des acides gras contenus dans les gly- 
cérides du jaune d'œuf. 


3° L'activité lipolytique du latex d’un végétal déterminé passe par un 
maximum au moment de la floraison, et par un minimum en hiver, 
même chez les plantes qui, comme £'uphorbia Characias, portent des 
feuilles toute l’année. Néanmoins l’écart entre les activités maximum 
et minimum est beaucoup plus faible chez ces dernières que chez les 
plantes perdant leurs feuilles en hiver, comme Broussonetia papyrifera. 


C'est ce qui ressort nettement des expériences relatées dans le tableau 
ei-dessous où sont inscrits les pourcentages d’acides gras libérés en faisant 
agir : 

a) Sur 5 c.c. de jaune d'œuf au tiers, pendant une heure, à 50 degrés, des 
doses de 0,25 c.c. de latex prélevé dans la région supérieure des tiges d’une 
opulente touffe d'Euphorbia Characias de la colline Grandval, à Mazargue, 
aux environs du 15 de chaque mois (1912). 

b) Sur 10 c.c. de la même émulsion, pendant 4 heures, à 55 degrés, des 


 Biococie. ComPTEs RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 18 


252 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


doses de 2 c.c. de latex prélevé sur un tronc de Broussonetia papyrifera, du 
jardin du Pharo, également aux environs du 15 de chaque mois (1910). : 


JANV. FÉVR. MARS | AVRIL MAT JUIN JUILL.| AOUÛUT SEPT. OCT. NOY. 


Euphorbia Characias. 


Forte poussée Floraison. Fructification. 
de nouvelles 
feuilles: 


48 | 50 59 56 60 


Broussonetia papyrifera. 


Fncti- | Apparition Chute 
fication. | des feuilles. des feuilles. 


19 | 20 18 18 16 15 14 | 43 11 


4° La résistance à la chaleur de la lipodiastase des latex varie beaucoup 
avec l'espèce végétale qui la fournit. La moins résistante est celle du 
Ficus Carica, dont l’activité devient dix fois plus faible après une 
chauffe préalable de trente minutes à 60 degrés, et disparaît complè- 
tement après un même temps de chauffe à 65 degrés. La plus résis- 
tante est celle d'Æuphorbia Characias qui, nullement altérée après 
trente minules de chauffe à 60 degrés, ne perd qu’un tiers de sa force 
après un même temps de chauffe à 65 degrés, et les neuf dixièmes 
après un semblable séjour à 70 degrés. Il faut atteindre 75 degrés 
pour rendre ce latex à peu près inactif sur les glycérides du jaune 
d'œuf. Les lipodiastases de Morus nigra, de Maclura aurantiaca et de 
Broussonetia papyrifera, quoique intermédiaires aux deux précédentes, 
ont, la première, une rêsisiance presque aussi faible que celle de 
Ficus Carica, la seconde et la troisième, une résistance presque aussi 
forte que celle d'Euphorbia Characias. 


C'est ce que montre bien le tableau ci-dessous, dont les chiffres repré- 
sentent le pourcentage d’acides gras mis en liberté à 50 degrés, dans 10 c.c. 
de jaune d’œuf au tiers, par 2 c.c. de latex de ces diverses plantes agissant 
pendant une heure (Euphorbia) ou six heures (les 4 autres), après avoir été 
maintenu pendant trente minutes aux températures suivantes : 


50 pecrés 60 pecrés 65 pecrés 70 pEGRéSs 75 DEGRÉS 


HCUSS COMENT CU 2 » 0,3 0 » 0 » 0 » 
MOLUSMRIOTAE LT ASUS 1 » 0 » 0 » 0 » 
Maclura aurantiaca . . . . 15» T» 159 0 » 0 » 
Broussonetia papyrifera. . 225» 14 » 3,8 4,5 0,6 
Euphorbia Characias. . . …+ 56» 56 » 45 » 10 » 155 


ee me 


SÉANCE DU 21 JANVIER 253 


ACTION PHYSIOLOGIQUE DES LATEX. 


J[. — INJECTIONS SOUS-CUTANÉES, SOUS-PÉRITONÉALES ET INTRAMUSCULAIRES 
DE LATEX DE ficus coronata REINW., cuez Mus decumanus vAR. alba, 
Columba domestica, Tarentula maurilanica, Rana temporaria 8r Maena 
jusculum, 

par GC. GERBER et J. SALKkIND. 


Nous avons opéré avec le latex frais de F. coronata Reinw., mis 
obligeamment à notre disposition par M. Rivière, le savant directeur du 
Jardin d’'Essai du Hamma, près d'Alger; nous avons suivi la méthode de 
détermination de l’activité protéolytique que nous avons exposée dans 
notre note précédente, et la quantité de dilution injectée était de 2,5 c.c., 
comme pour , carica de cette note antérieure. 


1° Phénomènes morbides. Tous les animaux sont morts dans un laps 
de temps variable avec : a) le mode de l'administration de l'injection; 
b) l’activité protéolytique de la dilution injectée. 

Pour les injections sous-cutanées, nous avons pu constater les survies sui- 
vantes : pigeon, après injection d’une solution coagulant le lait en 2 min. 30, 
20 heures; avec une solution deux fois plus active, 2 h. 15. Rat, après injec- 
tion de la solution coagulant le lait en 2 min. 30, 36 heures; avec solution deux 
fois plus active, 1 heure; Juscle, après injection d’une solution coagulant le 
lait en 3 minutes, 1 h. 30; avec solution trois fois plus forte, 30 minutes. 

On voit que pour les animaux homoiothermes, quand l’activité protéoly- 
tique croît, le temps de survie décroît beaucoup plus rapidement que ne le 
voudrait la loi de proportionnalité inverse; au contraire, pour les poikilo- 
thermes, cette loi est presque rigoureusement suivie. 


Ces faits sont à rapprocher de ceux observés par l'un de nous dans 
la coagulation par le latex de F. coronata aux températures basses et 
élevées du lait cru pur ou du lait bouilli SRUGURS de diverses albumines 
et globulines animales. 

Les effets des injections in{ramusculaires sont plus ue : la dilu- 
tion qui, en injection sous-cutanée, tue un pigeon en 2 h. 15, le tue en 
20 minutes, administrée dans l'épaisseur du muscle pectoral. 

Les jnjections sous-péritonéales sont les plus mortelles, et cela aussi 
bien pour les doses faibles que pour les doses fortes : une solution coa- 
gulant le lait en 1 m. 15 tue le rat injecté dans le péritoine en 20 mi- 
nutes ; une dose dix fois plus faible, en 2 heures. 

Il existe une différence marquée entre la sensibilité des animaux à 
sang chaud et à sang froid envers la même dose de latex par unité de 
poids : 0,4 gr. par hecto d'animala tué lerat en une heure, la grenouille 
eh 45 heures. Ce fait cadre assez bien avec celui observé par l'un de 
nous sur les présures du type Figuier (lait bouilli), dont l’activité présu- 


254 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


rante devient environ deux fois plus faible pour un abaissement de 
température de 5 degrés. 

Après l'injection, la température rectale des animaux à sang chaud 
diminue fortement : elle a atteint 275 (Rat) et 35°9 (Pigeon), cet abaïis- 
sement estd’autantplus fort que la survie est moins courte. Chez ces ani- 
maux, ce sont les phénomènes d'asphyxie qui prédominent, dans le cas 
de doses fortes ; au contraire, avec les doses faibles, les animaux s'é- 
teignent progressivement en présentant les symptômes déjà décrits 
par nous pour }. Carica. Pour les poikilothermes, bornons-nous à 
signaler l'attitude des poissons qui, aussitôt après l'injection, tombent 
au fond de l’eau, se retournent le ventre en haut et restent dans cette 
position, avec des mouvements respiratoires convulsifs, jusqu'à la 
mort. 

20 Aulopsie. — Un phénomène caractéristique, surtout dans les cas 
d'injection massive, consiste en une anémie périphérique, lelle que l’on 
peut couper les membres de l'animal vivant sans obtenir une goutte de 
sang. Les lésions anatomiques sont limitées à la partie de l'organisme 
où l'injection a pu pénétrer. Toutefois, le sang offre des modifications 
spéciales ; la proportion de divers leucocyles subit une inversion : on 
rencontre presque exclusivement des lymphocytoïdes, et les seules gra- 
nulocytes qui subsistent sont les basophiles. Parfois (Gecko) le sang est 
rempli de granulations amphophiles libres. Chez le Juscle, également, 
les acidophiles disparaissent totalement du sang. 

L'injection sous-péritonéale a pour résultat une congestion maximale 
de tous les organes abdominaux; une abondante sérosité se produit 
contenant principalement des mononucléaires et des lymphocytes, des 
mastzellen hypertrophiques et, notamment au voisinage de membranes 
mésentériques, des formes irritalives constituées par des cellules à 
protoplasma strié concentriquement. 


Les injections sous-cutanées et intramusculaires produisent les mêmes 
ésions que celles décrites pour F. Carica. À mentionner la pycnose rapide des 
noyaux qui se désagrègent en un essaim de granulations basophiles, puis 
amphophiles. 

Les globules rouges ne sont détruits que là où ils se trouvent en contact 
direct avec le liquide injecté; ailleurs, ils sont indemnes et leur nombre 
absolu augmente même, à cause de l’épaississement du sang provoqué par un 
appel de sérum vers les parties subissant la digestion. Chez le Juscle, nous 
avons constaté la présence d’un exsudat péricardique sanguinolent. 


Avec #. Coronata, on constate une destruction du tissu graisseux, qui 
semble être due à une protéolyse des parois de la cellule adipeuse met- 
tant en liberté des globules de graisse, ce qui correspond au pouvoir 
protéolytique fort et à l’activité lipolytique presque nulle de ce latex. 


CSST TN RE TES FN 


19 
© 
OC 


SÉANCE DU 21 JANVIER 


En résumé, l'action physiologique du latex de F. Coronata est compa- 
rable, à plusieurs points de vue, à celle de F. Carica; cette action est 
cependant beaucoup plus forte à poids égal, ce qui place le latex au 
premier rang parmi les sources de ferments protéolytiques. Les lésions 
produites par le latex consistent en une digestion ?n vivo des tissus 
directement attaqués et une modification caractéristique de la constitu- 
tion du sang. | 


(Travail du laboratoire Marion, directeur, 
M. le professeur Et. Jourdan.) 


HISTOLOGIE DES LÉSIONS CUTANÉES INITIALES DÜ MYCOSIS FONGOÏDE, 


par ROUSLACROIX. 


Si les caractères histologiques du mycosis fongoïde à la période 
des tumeurs, avant ou après ulcéralion, ont été décrits par de nom- 
breux auteurs et rapprochés soit de la lymphadénie, soit d’une forme 
particulière de lympho-sarcome, de lymphadénie pernicieuse, les 
lésions initiales de cette affection sont encore mal connues au point de 
vue anatomo-pathologique. 

Nous devons à l’amabilité de M. le professeur Perrin d'avoir pu 
étudier ces altérations dans un cas de mycosis à tumeurs multiples ter- 
miné par la mort, et le résultat de nos examens peut être ainsi résumé. 

Tout à fait au début, à la période de macules érythémateuses légè- 
rement surélevées, on constate : 

_ 1° Une desquamation complète des lames superficielles de l’épiderme 
Jusqu'au stratum granulosum, qui est en général respecté ; 

2° Une hypertrophie simple très marquée du corps muqueux de Mal- 
pighi, caractérisée par l'augmentation de volume et l'allongement des 
bourgeons interpapillaires. L’assise basilaire perd sa régularité; ses. 
cellules, pauvres en granulations pigmentaires, ne donnent plus une 
couche bordante nette d'éléments cylindriques; elles se multiplient et 
prolifèrent dans tous les sens. La membrane basale disparaît, mais 
néanmoins les cônes épithéliaux sont encore bien distincts et séparés 
du derme. Les cellules malpighiennes polyédriques sont hypertrophiées 
et présentent un noyau pâle entouré d’une large auréole de protoplasma 
clair, ce qui leur donne un aspect vésiculeux; 

3° Les papilles dermiques, modérément chargées en cellules libres, 
paraissent comme étranglées à leur base et montrent une congestion 
marquée des capillaires terminaux, 

Au stade des papules, des plaques indurées ou lichénoïdes, la proli- 
fération épidermique devient beaucoup plus intense et offre une appa- 


256 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


rence pseudo-épithéliomateuse très particulière. Les cônes interpapil- 
laires pénètrent profondément dans le derme, perpendiculairement à 
la Surface de la peau, par des digitations, des prolengements frangi- 
formes ; de plus, ils se ramifient, se fusionnent laléralement, consti- 
tuant ainsi une sorte de réseau dont les äréoles sont formées par les 
papilles dermiques plus ou moins isolées, déviées de leur sens normal 
par ces tractus divergents des cellules épithéliales. Néanmoins l'ordi- 
nation pavimenteuse stratifiée reste régulière et l’on n'observe ni déso- 
rientation cellulaire, ni formation de globes épidermiques vrais. 

Le tissu conjonctif des papilles dermiques modifiées ne présente 
pas une grande richesse en éléments libres du type lymphoïde; il est 
constitué surtout par des cellules fixes étoilées ou fusiformes anasto- 
mosées. Mais l’altération prédominante à ce stade est la congestion très 
intense des capillaires : ceux-ci, d’abord gorgés de sang, ne tardent pas 
à se rompre, et il se produit ainsi de multiples petits foyers hémorra- 
giques limités par les tractus épithéliaux ; ces foyers viennent en cer- 
täins points faire saillie à la superficie des plaques, où seule la fragile 
barrière de trois ou quatre assises de cellules malpighiennes s'oppose 
encore au processus ulcératif. 

Ce mélange de prolifération épidermique pseudo-épithéliomateuse et 
de congestion hémorragique des papillés nous paraît assez caractéris- 
tique des lésions du mycosis fongoïde à cette période. Déjà signalé en 
partie par Siredey, il n'apparait pas comme une modification irrilative 
banale, et ne saurait d'aatre part être confondu histologiquement 
avec la lobulation épithélialé massive, régulière, limitée, des papillomes 
cornés, d'ailleurs habituellemeut peu vascularisés. 

Au niveau des parties profondes du derme s'observe l’infltration 
cellulaire, dans laquelle la plupart des auteurs ont voulu voir la lésion 
anatomique initiale du mycosis. La prédominance des éléments libres 
mononucléés dans cette infillration paraissait devoir lui assigner une 
origine mésodermique et permettre de rapprocher ces néoplasies cuta= 
nées du sarcome. 

En réalité, on constale que ces éléments n'ont pas une origine uni- 
voque. À côté dés cellules fusiformes, fixes ou libres du derme, cel- 
lules étoilées, lymphocytes, mastzellen, plasmazellen, il existe un grand 
nombre de grosses cellules polyédriques ou arrondies qui dérivent 
manifestement de l’épithélium. 

Les bourgeons, les franges épithéliales ne présentent pas de limites 
neltes qui les séparent du derme. La multiplication désordonnée des: 
cellules basilaires aboutit à la dissociation terminale complète de ces 
franges et entraine une pénétration, un mélange très intime, des élé- 
ments épithéliaux et conjonctifs. Les cellules épidermiques métamor- 
phisées révèlent un polymorphisme qui souvent ne permet pas de Les 
différencier des mononucléaires voisins, quoique, en général, elles restent 


ia d'ÉnS os — 


SÉANCE DU 21 JANVIER 257 


faciles à reconnaître grâce à leur volume plus considérable, la netteté de 
leur contour, leur protoplasma clair, leur noyau central ovalaire. 

A l'inverse des papilles dont nous avons signalé la congeslion hémor- 
ragique, cette modification des couches profondes de la peau est aecom- 
pagnée d’une faible vascularisation. Les capillaires, modérément dis- 
tendus, ne sont pas plus abondants que dans le derme normal; ils se 
montrent seulement entourés d'un petit manchon de cellules rondes. 
Nous n’avons rencontré aucun de ces espaces vasculaires, de ces lacs 
sanguins sans paroi propre qui sont caractéristiques de formations sar- 
comateuses. 

En résumé, sans préjuger en rien de la nature.du mycosis fongoïde, 
il semble que les lésions cutanées initiales ont pour siège le revêtement 
épidermique. Le point de départ histologique de cette affection consis- 
terait dans une sorte de métaplasie épithéliale qui évolue parallèle- 
ment à la réaction congestive des papilles et permet d’attribuer aux 
cellules malpighiennes une large part dans l'infiltration dermique pro- 
fonde. ; 


A titre documentaire, signalons que le foie de ce malade présentait de la - 
périhépatite et des altérations très accentuées de cirrhose périportale, avec 
dilatation des veines sus-hépatiques, congestion des veinules centro-lobulaires 
et dislocation excentrique des trabécules de cellules parenchymateuses. Dans 
la rate, les glomérules de Malpighi sont augmentés de nombre et de volume 
et l’on observe une congestion intense de l’organe. : 

Ces lésions seront prochainement décrites, avec les détails qu'elles com- 
portent, dans la thèse de M. Carbillet, où seront également reproduites quel- 
ques-unes des micro-photographies qui accompagnent celte note. 


(Travail du laboratoire des cliniques.) 


Le Gérant : OcTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. 


19 
OC 
© 


-SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1913 


ARMAND-DeLiLLe (P.), MAYER (A.), 
Soaærrer (G.) et TERROINE (E.) : Cul- 
ture du bacille de Koch en milieu 
chimiquement défini. ........ 

AynauD (MARCEL) : Sur le sérum 
antiglobulin. Réponse à M. Ph. 
POSEZ: L 6 D ÉORERE 

AvynauD (MARCEL) : À propos des 
_ remarques de M. Ph. Pagniez. .. 

Froum (ALBert) : Influence des 
sels d'uranium et de thorium sur le 
développement du bacille tubercu- 
JE NE LA AE RNERREE ERE RR ER EE 

GriGaur (A.) : Sur la recherche 
de l’urobiline et de la bilirubine dans 
les fèces par l'oxydation directe. . . 

Guyénor (mice) : Études biologi- 
ques sur une mouche, Drosophila 
ampelophila Lôw. — IV. Nutrition 
dEsslamvestetfécondité, . .-1!. 1" 

LABsé (H.) et DEBRÉ (R.) : Causes 
de la formol-titration du sérum san- 
TT ET Dale et ae no de die à le 

LEcaILLoN (A.) : Infécondité de 
“certains œufs contenus dans les 
«cons ovigères des araignées. . . . 

LEGENDRE (R.) : A propos du pig- 
iuent des cellules nerveuses d'Helix 
BORDER EN NERRELOTEREE 

Lemarre (L.) : Dosage des acides 
MinesidanseFurine.. 1 7 0, 
* Marzzarp (L.-C.) : Remarques à 
propos de la note de M. A. Grigaut. 

Nrczoux (MAURICE) : Sur le dosage 
et la distillation de traces d'alcool 
éthylique. Application au dosage 
dans le sang, l'urine et les tissus. . 


SOMMAIRE 


2724 


215 


270 


289 


_ Pacxrez (M.) : Remarques à propos, 


de la réponse de M. M. Aynaud. . . 

SAUTON (B.) : Sur la sporulation 
de l’Aspergillus niger et de l’Asper- 
OO SAIS te a 


SEURAT (L.-G.) : Sur l’évolution du 
Spirura gastrophila Müll . . . . .. 286 
VAUDREMER (ALBERT) : Action de 
l'extrait filtré d’Aspergillus fumi- 
gatus sur les bacilles tuberculeux. 278 
Weiz (Marnareu-Pierre) : La dévia- 
tion du complément vis-à-vis du 
bacille de Bordet et Gengou dans 
la coqueluche (Deuxième note). . . 260 


Réunion biologique de Bucarest. 


CanNTACUZÈNE (J.) : Sur la produc- 
tion d'anticorps artificiels chez Eu- 
DOTURUSMPNLTEQUDUE EN ENERTEETE 293 

DaniELoPoLu (D.), Duuirrescu (A.) 
et Porescu (A.) : La constante uréo- 
sécrétoire chez les cardiaques asys- 
toliques. Action de la digitale. . . . 295 

DanrEzoPoLu (D.) : Recherches sur 
l’atropine. Action du sérum de lapin 
SULIAE COPINE AUTO NEED OI 

DaniLA (P.) et SrroE (A.) : Culture 
du spirochète refringens dans la 
chambre antérieure de l’œil du lapin. 298 

MARINESCO (G.) et Minea (J.) : Sur 
le rajeunissement des cultures de 


ganglions spinaux . . . . . . . . .. 299 
MarINEsCO (G..) : Remarques à pro- 
pos de la note de Mme Papazolu . . 304 


Papazozu (Mme ALEx.) : Sur la pro- 
duction des substances biurétiques 
dans les centres nerveux malades 
(épilepsie, démence précoce, paraly- 
sie générale) et dans Je corps thy- 
roïde (goitre), le thymus et l'ovaire 
des basedowiens, par le sérum des 
individus atteints de ces mêmes 
ONE ES AA Pa ee CAPTER 302 

SoLaAcor.u (T.) : Les saponines, ali- 
ments hydrocarbonés pour les vé- 
DÉCAUR SUR ARR ER SEAT AE 304 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 19 


260 : SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE F 


Présidence de M. Mesnil, Vice-président. 


M. FAMINTZIN, nommé membre correspondant, adresse ses remercie- 
ments à la Société. 


‘ 


LA DÉVIATION DU COMPLÉMENT VIS-A-VIS DU BACILLE DE BORDET ET GENGOU 
DANS LA COQUELUCHE 


(Deuxième note), 


par MATRIEU-PIERRE Wet. 


Nous avons montré, dans une note précédente, que c'était dans la 
deuxième semaine des quintes, et tout particulièrement durant sa 
seconde moitié, qu’apparaissait dans le sérum des malades la sensibili- 
satrice spécifique. 

Nous avons essayé de préciser pendant combien de temps la sensi- 
bilisatrice anticoquelucheuse allait persister par la suite dans les 
humeurs. 

En recherchant dans le sérum d'enfants autrefois atteints de coque- 
luche la déviation de l’alexine en présence du coeco-bacille dé Bordet et 
Gengou, nous avons pu nous assurer que la réaction était toujours posi- 
tive pendant au moins les trois années consécutives à la maladie; cer- 
tains malades conservent d’ailleurs pendant un laps de temps beaucoup 
plus considérable des anticorps coquelucheux, pendant près de treize 
ans parfois, comme cela fut le cas chez notre malade Lucienne Cret.…. 

Nous n'avons observé que deux malades qui, moins de trois années 
après leur coqueluche, coqueluche authentique, soignée à l'hôpital 
Trousseau, n'avaient pas dans leur sérum de sensibilisatrice antico- 
quelucheuse. Or, ces deux malades, Simone F. et N., qui eurent, le 
premier trois années, le second quatre mois avant notre examen, 
cette première atteinte de coqueluche, étaient justement, lorsque 
nous lès avons examinés, hospitalisés à nouveau à Trousseau pour une 
récidive de coqueluche : Mer..…., lors de notre examen, élait au 5° jour 
des quintes, Simone Frog... au 8°. I nous parait extrêmement intéres- 
sant de rapprocher de cette récidive de coqueluche l’absence de sensi- 
bilisatrice spécifique dans le sérum de ces enfants qui avaient éprouvé 
une première atteinte de la maladie assez peu de temps auparavant 
pour que nous croyions être en droit d'avancer qu'ils auraient dû, 
normalement, fournir à ce moment une réaction positive. Ces faits 


SÉANCE DU S FÉVRIER 264 


éclairent en effet d’un jour nouveau le mécanisme. des réinfeelions 
dans les maladies qui à l'ordinaire, vaccinent, contre: une. nouvelle 
atteinte, les sujets qui en ont été frappés. 

Le tableau suivant montre les résultats que nous avons obtenus chez 
les anciens coquelucheux : 


SÉRUM 
ES 
i chauffé. non chauffé. 
Charles F.. . . . Coqueluche guérie depuis 7 mois. . . + + + + + + 
Germaice R. . . Coqueluche guérie depuis 8 mois. . . + + + + + + 
Blanche M. . . . Coqueluche guérie depuis 2 ans . . . + + SE 7 CE 
Lucienne L.. . . Coqueluche guérie depuis 3 ans . . . + + + + 
Germaine H.. . . Coqueluche guérie depuis 3 a. 9 mois. — — 
Simone F. . . . Coqueluche guérie il y a 3 ans: réci- 
dive de coqueluche depuis.8 jours . — 
NE  - … Coquelucheil. y, a mois: récidive 
DEUST OP IONES Eee Ne eu — 
Rose D. . . . . Coqueluche guérie depuis 10 ans 1/2, . — 
Lucienne C:. . . Coqueluche guérie depuis 12 a. 40m. . + + + 


Étant données les expériences que MM. Netter et Porak ont publiées 
récemment ici même sur l’anergie morbilleuse (1), nous avons re- 
cherché, chez les malades atteints à la fois de rougeole et de coqueluche, 
l’état de la réaction de la déviation du complément en présence du cocco- 
bacille spécifique. Nous ne pouvions, pour cette recherche, nous adresser 
qu'à des malades atteints de coqueluche assez avancée pour que, si la 
réaction apparaissait négative, on ne püt metlre ce résultat sur le compte 
de la coqueluche même. Or, nous avons eu l’occasion d'observer trois 
enfants atteints de quintes de coqueluche depuis un temps assez avancé, 
lun depuis trois semaines, l’autre depuis un mois, le dernier depuis 
cinq semaines, pour que nous puissions inférer, de nos recherches 
antérieures, que ces enfants devraient avoir dans leur sérum la sensibi- 
lisatrice anticoquelucheuse. Ces trois enfants étaient d'autre part au 
début de leur rougeole : chez deux d’entre eux, l’éruption morbilleuse 
était à son 1° jour; chez le troisième elle était à son 3° jour. Les deux 
premiers enfants ont présenté, vis-à-vis du bacille de Bordet et Gengou, 
une réaction totalement négative; chez le troisième elle ne fut que très 
faiblement positive. Ces faits sont par eux-mêmes lrop peu nombreux 
pour permettre une conclusion rigoureuse: ils sont du moins intéres- 
sants à rapprocher de ce que nous savons de l’anergie morbileuse 
…|anergie à la tuberculine (von Pirquet), anergie à la vaccine (Netter et 
René FPorak), anergie vis-à-vis de la réaction de Wassermann (P. Teis- 


(41) Arnold Netter et René Porak. L’anergie vaccinale au cours de la 
rougeole, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 8 juin 1912, t. LXXII, 
p. 914. 


262 SOCLÉTÉ DE BIOLOGIE 


sier et R. Lutlembacher] et tend à démontrer cette notion dogmalique 
de la plus haute importance que, au cours de la rougeole, durant les 
premiers jours de l’éruption, l’anergie existe vis-à-vis de tous les anti- 
gènes. 
(Travail des service et laboratoire 
de M. le Professeur agrégé Arnold Netter, à l'Hpital Trousseau.) 


A PROPOS DU PIGMENT DES CELLULES NERVEUSES D'/elix pomatia, 


par R. LEGENDRE. 


Un récent travail du D' Angelo Giuseppe Moglia (1) attribue une 
nouvelle fonclion physiologique aux granulations pigmentaires des 
cellules nerveuses des Gastéropodes. Cet auteur a observé qu’à la fin du 
sommeil hibernal, au moment du passage de l’état de léthargie à celui 
d'activité, le nombre des granulations augmente beaucoup. De plus, 
des animaux soumis à l’action de l’acide carbonique présentent une 
rapide augmentation du pigment de leurs cellules nerveuses, Landis que 
ceux placés dans un courant d'oxygène montrent un phénomène inverse : 
la disparition des granulations pigmentaires. A près six heures de séjour 
de l'animal dans l’acide carbonique, les cellules nerveuses sont à peu 
près complètement remplies de pigment; après huit heures de séjour 
dans l'oxygène, le pigment a totalement disparu. Ces faits furent observés 
chez Helix lucorum et Paludina vivipara. Moglia en tire la conclusion 
que le pigment des cellules nerveuses des Gastéropodes aurait une 
fonction respiratoire, diminuant quand l'animal est en repos ou qu'il 
recoit en abondance de l'oxygène, augmentant quand l’animal se meut 
ou qu'il a un pressant besoin d'oxygène ; le pigment ne se formerait pas 
dans les cellules nerveuses, mais y serait apporté par des leucocytes 
pigmentaires qui fourniraient à la cellule nerveuse des granulations 
. porteuses d'oxygène. Bien que présentée comme une hypothèse, cette 
interprétation mérite d'être vérifiée. Nous examinerons successivement 
les conclusions du travail de Moglia, puis Les faits qu'il rapporte. 

L'hypothèse d'une fonction respiratoire du pigment ne semble pas 
imposée par les faits. D'une part, les recherches de M'° Bellion (2) ont 
montré que, pendant l'hibernation, les lissus d’Æelix pomatia s'enrichis- 
sent en acide carbonique et s’aäppauvrissent en oxygène de plus en plus 


(1) Sul significato funzionale del pigmento nei gangli nervosi dei Molluschi 
Gasteropodi. Archivio zoologico, vol. IV, 1910, p. 317-334. 

(2) Recherches expérimentales sur l'hibernation de l’Escargot (Helix pomatia). 
Ann. de l'Univ. de Lyon, fasc. 27, 1909. 


SÉANCE DU 8 FÉVRIER 263 


jusqu'au réveil. Si, comme le signale Moglia, le pigment augmente au 
moment du réveil, nous devrons en conclure que l'oxygène joue un rôle 
dans sa production. Mais alors, nous ne pourrons concilier cette obser- 
vation avec la deuxième série d'expériences où Moglia observe une 
augmentation du pigment quand l'animal est placé dans une atmosphère 
d'acide carbonique et une diminution dans une atmosphère d'oxygène. 
D'autre part, l'animal, plongé dans l’eau et y asphyxiant lentement, 
devrait présenter une variation de la richesse en pigment de ses cellules 
nerveuses ; or, J'ai maintes fois observé qu'il n’en est rien. L'hypothèse 
d'une fonction respiratoire du pigment ne paraît donc pas soutenable. 

Les faits signalés par Moglia, s'ils sont exacts, ne s'appliquent certaine- 
ment pas à tous les Gastéropodes. Chez Æelix pomatia, j'ai déjà signalé (1) 
que les granulations pigmentaires sont légèrement plus abondantes ou 
tout au moins aussi nombreuses pendant l’hibernation qu'au moment 
du réveil; des observations récentes m'ont confirmé ce fait. De plus, 
ayant répété les expériences de Moglia sur l’action de l'oxygène et de 
l'acide carbonique, en placant des Escargots éveillés dans un vase 
parcouru par un courant de l’un ou l’autre de ces gaz, je n’ai pu faire 
les mêmes observations que lui. J'ai constaté chez des Escargots de même 
provenance une très grande variation individuelle du pigment et son 
irrégulière répartition dans les diverses cellules, mais je n’ai vu aucune 
variation systématique en rapport avec le milieu respirable. 

Le pigment des cellules nerveuses des Gastéropodes ne montre donc 
rien qui permette de lui attribuer une fonction respiratoire. 


SUR LA SPORULATION DE L'Aspergillus niger 8t DE L'Aspergillus fumigatus, 


par B. SAUTON. 


L'Aspergillus niger ne forme par de conidies quand on le cultive sur 
un liquide Raulin dépourvu de manganèse (2) ou de potassium (3); 
l'utilité des autres éléments pour la sporulation de ce microorganisme 
n’a pas été établie. Tout au contraire, dans le cas de l'A. fumigatus, on 
peut démontrer expérimentalement la nécessité de la présence du 
soufre, du fer, du manganèse et du potassium pour la production des 
conidies (4). Il est vraisemblable que, malgré les purifications, une trace 


(4) Contribution à la connaissance de la Cellule nerveuse. Arch. d'anat. micr., 
t. X, 1909, p. 287-554. 

(2) Bertrand. Comptes rendus de l’Acad. des sciences, février 1912, p. 383, 386. 

(3) Sauton. Comptes rendus de l'Acad. des sciences, décembre 1912, p.1181. 

(4) Sauton. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, janvier 1912, p. 38. 


264 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


‘de soufre ou de fer persiste dans le liquide lorsqu'on veut le priver de 
ses éléments ; cette trace, suffisante pour assurer la sporulation de l'A. 
niger, ne permet pas celle de d'A. fumigatus. Ainsi, en l'absence de 
certains éléments, le mycélium me sporule pas, contrairement aux 
constatations des ‘auteurs, dont Duclaux -résumait ainsi les résultats : 
« Si incomplet que soit le milieu où ‘on fait vivre l’aspergillus, la plante 
me s'arrêle jamais à moitié chemin dans son évolution et aboutit 
toujours à la formation de la spore (4). » 

{l’est probable qu'en l'absence rigoureuse d'unélément fondamental, 
tel que lle soufre, le mycélium lui-même ne se formerait pas; c'est ce 


qui arrive quand le phosphore ou de magnésium font défaut."Raulin 
avait constaté, par la suppression d’un deces deuxéléments, unesimple 


‘diminution du poids de la récolte. En réalité, dans ces conditions, la 
culture ne commence même pas. Je me suis proposé derechercher si de 
petites doses de phosphore ou de magnésium permeltraient ‘un faible 
développement du mycélium sans ‘toutefois ‘suffire pour assurer sa 
sporulation, comme dans le cas du fer, du manganèse, du potassium et 
du soufre. 

Trois litres de liquide Raulin, constitué de produits très purs et dépourvu 
de phosphore «et de magnésium, sont répartis entre douze cuvettes. On 
complète les liquides de manière à obtenir les trois séries suivantes de quatre 
essais chacune : - 

A) Liquide Raulin ‘contenant 0/08 p. 4060 Ph et 0,075 Mg.; B) liquide 


contenant seulement 0,004 (Ph ;p. 4000;.C) liquide contenant seulement 


0,0027 p. 1000 Mg. On ensemence par des spores d’A. niger et on met à l’étuve. 
On constate : 

a) La sporulation commeuce après trois jours. 

b) La sporulation est complète après trente-six heures. 

c) Pas de sporulation après dix jours. 


En résumé, la sporulation est d'autant plus rapide que le milieu contient 
moins de phosphore. Elle est d'autant plus lente que le milieu renferme 
plus de magnésium. Ges constatations tout à fait nettes avec l’A. niger 
se font également bien avec l'A. fumigatus.'Le magnésium se comporte 
donc comme le soufre, le fer, etc. ; les très petites doses ne permettent 
pas la sporulation. 

Les analogies chimiques du glucinium et du magnésium m'ont eon- 
duit à rechercher si on pouvait substituer ces métaux l’un à l’autre dans 
le Tiquide Raulin. L'expérience montre que la culture ne commence pas 
sur un milieu où le glucinium remplace le magnésium (2). 

En ce qui concerne le phosphore, son ætilité pour la formation.des 


(1) Duclaux. Traité de Microbiologie, 1898, #. I, p.186. 
(2) Des expériences entreprises shnultanément par Javillier lui ‘ont:4onmé le 


même résultat. 


SÉANCE DU 8 FÉVRIER 265 


x 


spores me fait aucun doute. On ne conçoit pas l'existence de la spore 
ou d'une cellule vivante quelconque en l'absence rigoureuse de ce 
métalloïde. Toutefois, il ne se comporte pas comme les autres éléments; 
quand il est fourni en très petite quantité à la plante, celle-ci achève très 
rapidement son cycle de végétation; elle se développe mal (poids de 
récolte en trois jours ::0.43 pour 0,004 p. 1000 Ph, au lieu de 4,25 pour 
0,08 Ph); mais la sporulation, loin d’être retardée, est au contraire très 
hâtive. Cette différence d'action entre le phosphore et les autres éléments 
ne saurait être expliquée qu'à la lumière d'expériences nouvelles. 

Le zine parait se distinguer des autres éléments. La sporulation est 
d'autant plus rapide que le liquide est plus dépourvu de ce métal. Doit- 
on en conclure qu'il n'intervient pas dans la formation des conidies? 
Mais on serait amené à appliquer le même raisonnement au phosphore 
puisque les spores apparaissent également d'autant plus vite que le 
milieu renferme une moindre quantité de cet élément. 

D'autre part, on sait que l'absence du zine permet la sporulation de 
V4. miger même quand le manganèse ou le potassium font défaut. Les 
doses très petites de ces deux éléments qui subsistent dans le liquide 
dont on veut les supprimer deviennent suffisantes à assurer la sporula- 
tion, sans doute parce que le poids du mycélium formé en l'absence de 
sine est lui-même très petit. Comme, dans les mêmes conditions, la 
Sporulation n’a pas lieu sila diminution de la récolte est provoquée par 
la suppression simultanée, non pas du zinc, mais d'un autre élément tel 
que le soufre, on pourrait être amené à conclure à une action empé- 
chante spécifique du zinc. Les résultats récemment obtenus sur l'in- 
fluence des divers éléments sur la sporulation rendent cette hypothèse 
inutile. On conçoit en effet qu'en l'absence de manganèse ou de potas- 
sium la sporulation ne soit pas favorisée par la suppression simultanée 
du soufre, du fer, elc., qui sont eux-mêmes nécessaires pour la for- 
mation des conidies. El semble résulter de ces observations que, parmi 
les constituants du liquide Raulin, seul le zinc n’interviendrait pas dans 
la sporulation. 

En résumé, tous les éléments du liquide Raulin concourent à la forma- 


tion des spores. Il faut toutefois en excepter le zinc, dont le rôle est dou- 
teux. 


SUR LA RECHERCHE DE L'UROBILINE ET DE LA BILIRUBINE 
DANS LES FÈCES PAR L'OXYDATION DIRECTE, 


- par A. GRIGAUT. 


Cette recherche est basée sur la coloration rose que prend l'urobili- 
nogène en se transformant en urobiline et sur la coloration verte que 
prend\la biuirubine en se transformant en biliverdine. On à coulume. 


266 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE “ 


pour faire cette réaction, de s'adresser aux techniques de Schmidt ou de 
Triboulet au sublimé; plus simplement on peut opérer de la manière 
suivante : 

Les fèces délayées dans l’eau bouillante sont additionnées de un 
volume d'acide chlorhydrique pur et de quelques gouttes de perchlo- 
rure de fer dilué au 1/20 que l’on laisse tomber à la surface du liquide 
sans agiter. Il se forme ainsi deux couches liquides d’oxydation diffé- 
rente et permettant d'apprécier dans le même tube l’urobiline et la 
bilirubine; une coloration rose de la couche inférieure indique la pré- 
sence d’urobiline ; une coloration verte de la couche supérieure indique 
la présence de bilirubine. 

Nous avons essayé ra d’autres moyens d’oxydation 
avec l'acide nitrique, l’eau oxygénée, le nitrite de soude, les sels de 
mercure qui nous ont donné des résultats moins bons. 2 

Cette réaction n’est utilisable que lorsque la pigmentation des fèces 
est due exclusivement aux matières colorantes d’origine biliaire. 

Elle est spécialement indiquée dans le cas de selles décolorées, où 
elle est depuis longtemps employée dans le service de M. le professeur 
Chauffard. En présence de ces matières, elle permet de dire avec rapi- 
dité si l'on a affaire à de l’acholie pigmentaire absolue ou si, malgré la 
dépigmentation apparente, il existe néanmoins une notable proportion 
d’urobilinogène décelé par la coloration rose ou de bilirubine décelée 
par la coloration verte. On peut suivre ainsi commodément l’évolution 
de l'élimination pigmentaire intestinale au cours des états iclériques. 

Reste à savoir quelle est la valeur de cette réaction et quelle est la 
limite de la confiance qu'on peut lui accorder. 

Pour ce qui a trait à la coloration verte, nul doute qu'il ne s'agisse de 
bilirubine oxydée et transformée en biliverdine. 

En est-il de même pour la coloration rose révélatrice de l'urobiline? 

Les nombreux cas qu'il nous a été donné d'étudier nous portent à le 
croire, car le pigment qui se développe ainsi sous l'influence de l'acide 
chlorhydrique passe dans le chloroforme et donne les réactions spec- 
troscopique et fluorescente de l’urobiline avec d'autant plus d'intensité 
que la coloration rose primitive est plus manifeste. * 

Nous tenons à déclarer toutefois qu'il s’agit là d'une réaction qui ne 
présente d'intérêt que parce qu'elle est commode et d’une exécution 
rapide, mais qu'elle n’exclut en aucune facon le contrôle rigoureux du 
laboratoire. 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Chauffard.) 


L.-C. MAILLARD fait observer que les matières fécales peuvent ren- 
fermer, et parfois en quantité appréciable, les acides indolacétique et 
indolcarbonique, résultant de la désagrégation bactérienne du trypto- 


SÉANCE DU 8 FÉVRIER 267 


phane. Or, ces chromogènes, dont la signification clinique est évidem- 
ment différente de celle de l’urobilinogène, donnent, lorsqu'on addi- 
_ tionne d'acide chlorhydrique leur solution aqueuse, des substances roses 
qu'il importe de ne pas confondre avec l'urobiline. On pourrait peut-être 
les en distinguer facilement, par exemple en extrayant l'urobiline par 
le chloroforme et cherchant la fluorescence zincique. 


SUR LE DOSAGE ET LA DISTILLATION DE TRACES D'ALCOOL ÉTHYLIQUE. 
APPLICATION AU DOSAGE DANS LE SANG, L'URINE ET LES TISSUS, 


par Maurice NicLoux. 


1° Dosage. — J'ai publié en 1896 (1) un procédé, aujourd’hui devenu 
classique, de dosage de petites quantilés d'alcool éthylique et j'ai eu 
depuis l’occasion d'en faire un certain nombre d'applications. Quoique 
ce procédé soit déjà d’une très grande sensibilité, puisque 5 c.c. 
d'une Solution à 1 p. 1000, soit 0 c.c. 005, suffisent à la rigueur pour 
faire un dosage et qu'en tous les cas 15 c.c., soit 0 c.c. 015, permet- 
tent une vérification quelquefois nécessaire, j'ai pourtant eu besoin 
dans une série de recherches physiologiques extrêmement délicates 
de doser des quantités d'alcool éthylique dix fois plus petites, soit par 
conséquent de l'ordre de 0 c.c. O0! à 0 c.c. 002 en volume absolu. 

Je suis arrivé facilement à ce but en m'inspirant du travail de 
Christiani (2); cet auteur a en effet montré qu'on pouvait réduire le 
volume d’essai du liquide de 5 c.e. à 1 c.c. et même à 1/2 c.c. et, dans 
ces conditions, le volume de bichromate, mesuré par le nombre de 
gouttes qui s'écoule d’une burette, est, à peu de chose près, proportionnel 
à la quantité d'alcool. En répétant celte expérience le plus exactement 
possible, j'ai constaté une proportionnalité rigoureuse entre les volumes 
d'alcool et de bichromate entrant en réaction. On conçoit très bien en 
effet que les résultats restent identiquement les mêmes: qu'on opère 
suivant les conditions habituelles, à savoir sur 5 c.c. avec une solution 
de bichromate à 19 grammes par litre, ou sur À c.c. avec une solution 


(1) Maurice Nicloux. Dosage de l'alcool éthylique dans des solutions où cet 
alcool est dilué dans des proportions comprises entre 1/500 et 1/3000. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1896, 10° s., t. IIT, p. 841. On en trouvera 
de nouveaux exposés dans deux publications plus récentes, à savoir: Sur le 
dosage de l'alcool dans les solutions diluées. Comptes rendus de la Soc. de Bivlogi, 
1904, t. LVIT, p. 652; Dosage de l'alcool dans le chloroforme, Bulletin de la 
Société chimique 1906, 3° s., t. XXXV, p. 330-355. 

(2) H. Christiani. De la recherche de traces d'alcool dans l'air, au point de 
vue hygiénique. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1906, t. LXI, p. 671. 


268 ‘SOCIÉTÉ DE (BIOLOGIE 


de bichromate à 3 gr. 8 (19:5); il suffit pour plus de commodité d'opérer 
dans un tube à essai plus petit, le virage s'effectue avec lammême netteté 
et avec la même préeision, les calculs enfin restent identiques, et en . 
appelant V le volume du liquide et n le nombre de centimètres cubes 
de bichromate pour-obtenir la teinte vert-jaunâtre, on aura: 


EN XCR 
Alcool en C.C. — 000 


J'ajoute enfin que pour une solution renfermant plus de 0 c.c. O01 par 
centimètre cube, on peut opérer sur 1/2 c.c. au lieu de 1 c.c.; les 
résultats sont tout aussi exacts. 

Dans toutes ces manipulations, j'ai employé une petite burette de 
précision de 5 c.c. graduée en 1/20 de c.c.; la distance entre chaque 
trait de la graduation étant de 3 millimètres environ, on peut apprécier 
facilement la 1/2 division, soit 1/40 de centimètre cube. 

2° DisTILLATION, — Pour compléter ce dosage de traces d'alcool, il 
y avait lieu de se demander si la: distillation, dans l'appareil de 
Schlæsing-Aubin, de fractions très réduites de solutions alcooliques 
extrèmement étendues permettrait l'obtention rapide d'un distillat 
renfermant la totalité de l'alcool. Ce fut le but des expériences suivantes. 


Exp. I — 5 c.c. d'alcool à 1,1 p. 1000 sont additionnés de 20 c.c. d'eau 
(vol. total : 25 c.c.) et distillés dans l'appareil de Schlæsing-Aubin ; on recueille 
5 c.c. de distillat, soit Le 1/5, et le dosage est fait sur 1 c. ce. comme il a été dit & 
_ plus haut. On trouve : 


Solution de bichromate à 3,8 nécessaire pour obtenir le vert-bleu. . . 1 c.c. » 
Solution — — — obtenir le vert-jaune . . 41e.c. ‘4 (4) 


D'où on conclut : 


Alcool mis à disliller. . . . . «+ . . DNA AN TO00 0 c:c.10055 
AGO OT LLOUVÉMANRMER EPP AE CU ES MONTE) 


Exp. Il. — Mêmeexpérience que I,mais avec une quantité moindre d'alcool: 
2 c.c. d'alcool à 1,1 p. 1000 dilués dans 43 c.c. d’eau ; on distille 3 c.c., soit 
le 1/5. On trouve : 


Solution de bichromate nécessaire pour obtenir le vert-bleu. . . (0 c.c. 65 
Solution — — — obtenir le vert-jaune. . 0 c.e. 


D'où on conclut : 


Alcool mis à distiller . . . . . . . DOUAI ONC :c-10022 
AICOONTETOUTÉS ART AOEEE CU TREMOIDES NEC" CA 0N21 


(1) Parallèlement, j'ai fait le dosage sur 1/2 c.c.; les résultats ont été iden- 
tiques : il a fallu 11 divisions de la burette (graduée en 1/20 de c.c.) au 
lieu de 22, mais remarquons, comme il a été dit plus haut, que cette mesure 
de 41 divisions est tout à fait précise, l'intervalle entre deux traits représen- 
tant une division étant de 3 millimètres environ. 


SÉANCE DU S FÉVRIER 269 


a = —— 


Exp. I. — Même expérience que II, maison distille le 1/7 du volume total 
au lieu du 1/5. À cet.effet 2 c.c. de la solution à 1,1 p. 1000 sont addi- 
tionnés de 49 cc. d’eau, soit un volume total de 21 c.c.; on distille 3 c.c. On 
trouve : 

Solution de bichromete mécessaire pour obtenir le vert-bleu. . . 0 c.c. 65 
Solution — — — obtenir le vert-jaune. . 0 c.c. 7 


D'où on conclut : 


Alcool mis ‘à distiller . . . . . . . D SANA = MUO00 = 0Vc.e.0022 
Mecol REtEDUVÉ ee LOL LUN UIL 3 K 10,1 : 1000 — Dci. 0021 
Exp. IV. — Dans cette expérience, on distille le 1/10 du volume total ; pour 


cela, à 4 c.c. de la solution à 1,1 p. 1000, on ajoute 36 c.c. d’eau et on distille 
4 c.c. On ‘trouve: 


Solution de bichromate à 3,8 nécessaire pour obtenir le vert-bleu. . . . 1 c.c. » 
Solution — — — “obtenir le vert-jaune . . . ‘1 €.c. 05 


D'où on conclut : 


Alcool mis à distiller. ... . . . . 4 X 1,18 : 1000 — 0 c.c. 0044 
MAICO0MrETouvé Nan VEN LOS 05 EE A000 "0 CC 0022 


Comme application des expériences précédentes, on se propose de 
rechercher O0 c.c. 001 d'alcool (1 c.c. d’une solution à 1 p. 1000), dilué 
dans un litre d'eau distillée ; la solution est ainsi à 1/1.000.000. 


Exp. V. — Dans une première expérience, on distille de ces 1000 c.c.: 
100 c.c. soit le 1/10, puis de ces 100 c.c. on distille à nouveau 10 c.c., soit 
encore le 4/40, enfin de ces 10 c.c. on distille 2 c.c., sur lesquels on effectue 
le dosage : on trouve, tout calcul fait: 0 c.c. 0009 au lieu de 0 c.c. 001. 


Exp. VI. — Dans une seconde expérience, on distille je 1/8 et non le 1/10 
comme précédemment. Des 1000 c. c. primitifs, on distille donc 125 c.c., soit 
le 1/8, puis de ces 125 c.c., on distille à nouveau 16 c. c., soit encore le 1/8; 
eufin de ces 16 c.c. on distille 2 c.c. sur lesquels on effectue le dosage; on 
trouve, tout calcul fait, 0 c.c. 001 au lieu de 0 c.c. 001, c'est l'identité (1): 
la distillation du 1/8 ramène tout l'alcool. 


Application au dosage de l'alcool dans le sang, l'urine el les tissus. — La 
technique pour la séparation de l'alcool est celle que j'ai déjà indi- 
quée (2): le sang, l'urine ou les-tissus sont additionnés d’une solution 
saturée d’acide picrique puis distillés ; toutefois, comme la nouvelle 
méthode-est de cinq à dix fois plus sensible, 4 à 2 grammes de sang ou 


(1) Dans ces deux expériences, pour plus de précaution, l'eau distillée qui 
a servi à faire des dilutions a été débarrassée par distillation du 1/10, des 
traces:infimes, mais réelles, de substances volatiles pouvant réagir comme 
l'alcool sur de bichromate. 

(2) Maurice Nicloux. Simplification de la méthode de dosage de l'alcool dans 
le:sanget dans les tissus. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1906, t. LX, 
p. 1034. 


270 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


de tissu au lieu de 10 grammes, 1 à 2 c.c. d'urine au lieu de 10 c.c. 


suffiront pour le dosage: on distillera en présence de 13 à 45 c.c. de la 
solution picrique, et on recueillera 2, 3 ou 5 c.c. de distillat pour le 
dosage qui se fera sur 1/2 ou 1 c.c. comme il a été dit plus haut. 

En résumé: 1° Le dosage de l'alcool par le bichromate, même à l’état 
de traces, ne présente aucune difficulté ; il suffit d'employer la méthode 
primitive de l’auteur en réduisant à la fois le volume de liquide soumis 
à la réaction (on emploiera 1 c.c. et même 1/2 c.c. au lieu de 5 c.c.) et 
le titre de la solution de bichromate (qui sera à 3 gr. 8 par litre au lieu 
de 19 grammes) ; 

2 Dans les conditions d'extrême dilution indiquées plus haut, la dis- 
tillation dans l’appareil de Schlæsing-Aubin du 1/7 ou du 1/8, voire 
même du 1/10, du volume du liquide soumis à la distillation, permet 
de récupérer la totalité de l’alcool. 


ÉTUDES BIOLOGIQUES SUR UNE MOUCHE, 
Drosophila ampelophila Lüw. 


IV. — NUTRITION DES LARVES ET FÉCONDITÉ, 


par ÉMILE GUYÉNOT. 


Il paraît évident a priori quela fécondité (1) d’une mouche, telle que 
Dr. ampelophila, dépend nécessairement des conditions de nutrition qui 
ont précédé et qui accompagnent la maturité génitale. Cependant la 
plupart des auteurs, lorsqu'ils parlent de la fécondité de tel ou tel 
insecte, citent seulement des nombres d'œufs pondus, sans donner 
aucune indicalion relative aux conditions dans lesquelles les observa- 
tions ont été faites. Envisager ainsi la fécondité comme une propriété 
inhérente à telle espèce animale, en dehors des condilions de milieu, 
est un non sens. C'est pourtant ce qu'ont fait certains biologistes (2), qui 
ont cru pouvoir étudier la fécondité de Dr. ampelophila, bien mieux, 
reconnaître les variations de la fécondité résultant d’une endogamie 
prolongée, sans essayer de préciser en aucune manière les conditions 
dans lesquelles ils élevaient leurs mouches. 

Il n’est donc pas inutile de démontrer combien, précisément chez 
Dr. ampelophila, la maturité génitale, l'accouplement, la production de 


(1) C'est-à-dire la quantité d'œufs, susceptibles d'être fécondés et de se 
développer, que pond une femelle depuis l’éclosion jusqu’à l'épuisement sénile 
des ovaires. 

(2) Castle, Carpenter, Clark, Mast et Barrows. Proceed. Amer. Acad. Arts, 
Sciences, 1906. 


à SÉANCE DU 8 FÉVRIER 271 


la ponte, d'une façon générale, la fécondité, dépendent des conditions 
extérieures, du milieu nutritif en particulier. : 

Je montrerai d’abord, dans cette note, comment la nutrition de la larve 
retentit sur la fécondité des mouches, notamment sur la maturité géni- 
tale. 

À. — Élevées sur levure stérilisée (milieu nutritif optimum) à 
24 degrés, dans des conditions d'humidité données, les Ur. ampelophila 
aseptiques sont mûres au moment de l’éclosion. Les femelles, dont 
l'abdomen est volumineux, renferment de 20 à 40 œufs prêts à être 
pondus. L’accouplement a lieu dans les trente-six heures qui suivent 
l’éclosion et la ponte commence aussitôt. Si la femelle fécondée est main- 
tenue sur levure stérilisée, la ponte continue régulièrement à raison de 
24 œufs environ par jour. 

B. — Si on élève sur pomme de terre stérilisée des Dr. ampelophila 
aseptiques, sœurs des précédentes, dans les mêmes conditions de tem- 
pérature et d'humidité, on constate que les quelques mouches qui 
arrivent à éclosion ne sont pas müres génitalement. Les femelles ont un 
abdomen petit, ne renfermant aucun œuf prêt à être pondu. C’est à 
peine si, dans l'ovaire très réduit, quelques ovules commencent à se 
différencier à côté des cellules vitellogènes. La glande génitale des mâles 
n’est également pas mûre. 

Il est intéressant de nôter que, même chez un insecte où la malurité 
génitale coïncide habituellement avec la métamorphose, il n’y a pas 
nécessairement rapport de cause à effet entre les deux ordres de phéno- 
mènes. 

Maintenues sur pomme de terre stérilisée, les mouches non müres ne 
commencent jamais à pondre avant une période de sept à treize jours, 
pendant laquelle s'effectue la maturité génitale. La ponte est d’ailleurs 
très réduite, par rapport à celle des témoins. 


Voici les nombres d'œufs pondus par diverses femelles pendant une période 
de 7 à 25 jours après le début de la ponte. En regard se trouve le nombre 
théorique des œufs qu'aurait pondus pendant le même temps un témoin placé 
sur levure (à raison de 24 œufs par jour, chiffre trouvé réellement dans des 
centaines de cas). 


JOURS TÉMOINS OEUFS LARVES A RP RARES 

non fécondés. avortés. 
DE 516 14 0 10 n 
22 528 9 (1 il 8 
20 480 5 0 3 2 
25 600 15 2 3 8 
LS 432 22 1 9 12 
22 528 8 0 8 0 
16 240 12 0 2 10 
24 516 20 0 iL7l 3 
19 456 10 2 6 2 
7 168 4 0 4 (D) 


979 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Ainsi qu'on le voit dans ce tableau, un grand nombre des œufs pon- 
dus ne sont pas fécondés, ow bien, après avoir: présenté un début de 
développement embryonnaire, meurent et brunissent. Cet avortement 
des œufs parait tenir, pour des raisons que j'exposeraï plus tard, à une 
modification des spermatozoïdes. Les quelques larves, nées dans ces con- 
ditions, sont, en outre, extrêmement débiles et meurent généralement 
de facon précoce. 

Enfin, les mouches nées sur pomme de terre, même si elles sont pla- 
cées enguite sur levure, meurent en général beaucoup plus tôt que les: 
témoins, par suite pondent pendant une moins longue durée. 

Ces expériences (1) montrent combien les divers éléments qui consti- 
tuent la fécondité d’une mouche varient suivant le milieu, etcombien, en 
l'absence de condilions précises (vie aseptique notamment), toute étude 
portant sur la fécondité ou la descendance estillusoire: 


(Laboratoire d'Evolution des Étres organisés.) 


CULTURE DU BACILLE DE KOCH EN MICIEU CHIMIQUEMENT DÉFINT (2), 


par P. ARMAND-DELILLE, À. MAYER, G. SCnærrFEr et E. TERROINE. 

I. — Dans une note antérieure (3), nous avons donné les premiers 
résultats d’une étude systématique entreprise pour cultiver le bacille de 
Koch en milieu chimiquement défini. La recherche a porté plus spécia- 
lement sur la nature des substances azotées qui conviennent le mieux 
au développement du bacille. 

Nous rappelons que notre recherche a été conduite analytiquement. 
Partis du bouillon peptoné habituellement employé par les bactériolo- 
gistes, nous avons pu établir que ce milieu est favorable au bacille 
parce qu'il contient l'azote sous dèux formes : l'une à l'état d'acide 
aminé, l’autre, engagée dans ces combinaisons que l’on réunit ordinai- 


(1) Semblables résultats ont été obtenus avec divers autres milieux nutri- 
tifs pauvres et même sur levure, dans le cas de desséchement. 

(2) Ces recherches ont été entreprises grâce à une importante subvention 
obligeamment mise à notre disposition par l'OŒuvre de Recherches scientifiques 
collective de la Tuberculose, directeur : M. Létienne. Nous tenons à remercier 
MM. Chantemesse et Fourneau de l'hospitalité qu'ils nous ont donnée dans 
leurs laboratoires. 

Un mémoire détaillé contenant les techniques chimiques et bactériologiques 
suivies, ainsi que les photographies des cultures obtenues, sera prochainement 
publié. 

(3) C: R. Acad. des Sciences, t. 154, p. 537, 19 février 1912. 


VU 


SÉANCE DU S FÉYRIER 973 


rement sous le nom de « substances extractives ». En effet, pour ce qui 
est du: premier point, nous avons montré, par l’étude des différentes 
peptones, que la partie utile qu’elles apportent est constituée par les 
acides aminés. Nous avons pu les remplacer tolalement par un mélange 
de ces acides. Pour ce qui est du second! point, nous avons pu sup- 
primer le bouillon et y substituer des « substances extractives » ; les 
meilleurs résultats obtenus l'ont été avec un mélange de créatine, de 
carnosine et de sarcosine. Nous avons ainsi abouti à une formule (104° de 
nos essais) ainsi constituée : 


MILIEU 10% (1). 


A ns Ua GT ou le Créntiness +4... ss 2 + Ocbr. 10 
Chlorure de sodium. . Ter. 200) SATCUSIE 0. 0e ue eee NUE dt) 
Citrate de magnésie, . EE O0 TUE S Be AE RAI QUE ENS AU CURE R 
Phosphate monosodiqué. . . er: 25 |! Inosite: : : . . : . . . : . à O0 gr. 40 
GVEDCOIIE SET 0.1 D ÉD M OBS AITES CNRS A ER ES 
Acide aspartique . . . . . OST OMIENSOMEN PTE MERE ET AU CCE 
Nitrate de carnosine. . . . 0 gr. 10 (Ajouté après neutralisafion.) 


II. — Continuant notre étude, nous avons cherché à déterminer plus 
précisément encore les éléments azotés favorables au développement du 
bacille. é 5 

1° Acides monoaminés, — Un seul acide monoaminé, le glycocolle, à 
une concentration de 4 p. 1000, donne ies mêmes résultats que le 
mélange d'acides aminés employé antérieurement. 

2 Azote exlractif. — La présence dans le bouillon de viande d'acides 
diaminés, soit libres (Zunz) (2), soit combinés (carnosine, Gulewitsch)(3), 
nous à incités à rechercher si on peut avantageusement remplacer les 
substances extractives précédemment employées par des acides 
diaminés. 

Nous avons d’abord utilisé les substances protéiques naturelles les 
plus riches en ces composés, les protamines (sulfates de scombrine et 
de elupéine). Nous avons ainsi constitué un milieu du type suivant : 


MILIEU 118, 


ES TT Ur A5) br UINGUEOSEL ANNE ape pue 0 gr. 50 
Chlorure de sodium. . . . - 1 gr. 25 | Sulfate de scombrine. . . . 0 gr. 50 
Citrate de magnésie . DÉGREGUP IMEINCÉTINE AMEN ROIS re 
Phosphate monosodique . CR Oo ENCORE RCE 4 G.c: » 
Giycotollée 4 4... 0 or. 50 (Après neutralisalion.) 
Acide aspartique . . 0 gr. 50 


(4) Nous avons laissé de côté dans notre travail l'étude de la constitution 
saline des milieux; nous avons adopté le mélange salin signalé par Pros- 
kauer et Beck, comme étant le plus favorable. 

(2) Zunz. Annales publiées par la Société royale des Sciences médicales et 
naturelles de Bruxelles, t, XITX, fasc. 3, 1904. 

(3) Gulewitsch. Zeitschrift f. physiol. Ch., 1911, LXXVIT, 636-446. 


214 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - 


Sur ce milieu, le bacille pousse avec une très grande rapidité; la 
culture est très riche, épaisse, gaufrée ; en huit jours, elle est de tout 
point semblable à celle qu'on peut obtenir en trois semaines sur le 
bouillon peptoné. La couche de bacilles formée, très lourde, tombe au 
fond du vase et un second voile aussi abondant que le premier ne tarde 
pas à se reformer. 

La teneur considérable des protamines employées en acides diaminés 
(80 p. 100 environ) nous a conduits à essayer de leur substituer ces acides 
eux-mêmes. Notre recherche a porté sur l'histidine et l'arginine. L’histi- 
dine ne nous a pas donné de résultats très favorables. Par contre, l’argi- 
nine (préparée à partir du sulfate de scombrine par la méthode de Kossel 
et Kutscher, modifiée par Steudel, Weiss, etc.), employée à la concentra- 
tion de 2 p. 1000, nous a donné les mêmes résultats que les protamines. 
Nous avons ainsi constitué un milieu correspondant à la formule sui- 
vante : 


MILIEU 164. 


FU Nue 0 00e an) GlYCÉRIENS: N Ne PAreEtT(( Sr) 
Chlorure de sodium APor 20 CGYCOCOILEME EEE 1650-00 
Phosphate monopotassique . 4 gr. 25 | Arginine. ST EME, 0 gr. 50 
Citrate de magnésie . ONTARIO PNAONENNIOOEREE SERRES ANCACDE 
Glucose 1 gr. » (Après neutralisation.) 


Sur ce milieu, les bacilles (bacille Test et bacille bovin de l'Institut 
Pasteur) poussent extrèmement vite. En douze jours, la culture est 
complète, épaisse, gaufrée ; elle grimpe le long des parois du vase. Ces 
bacilles ont les caractères morphologiques et de coloration des bacilles 
normaux. Ils ont conservé toute leur virulence ; ils peuvent se réense- 
mencer sur le même milieu plusieurs fois de suite. Le milieu filtré con- 
tient une tuberculine active. 


Nos recherches aboutissent donc à cette conclusion : on peut obtenir 
un milieu extrémement favorable au bacille de Koch en donnant l'azote 
sous deux formes chimiquement définies et simples : un acide monoaminé, 
le glycocolle ; un acide diaminé, l'arginine. Ce milieu peut étre substitué 
avantageusement au milieu empirique : bouillon peptoné. 

Le plan de notre recherche, nous ayant donné de bons résultats, nous 
a paru pouvoir être suivi pour l'étude de milieux définis propres à la 
culture de différents microbes. 


SÉANCE DU 8 FÉVRIER | 273 


SUR LE SÉRUM ANTIGLOBULIN. 
RÉPONSE À M. PH. PAGNIEz. 


par MARCEL AYNAUD. 


M. Ph. Pagniez, dans ses remarques au sujet de ma communication, 
souligne les faits concordant avec les siens ou favorables à l'hypo- 
thèse qu'il défend du rôle des globulins dans la rétraction. Je me 
propose aujourd’hui de souligner les nombreux points sur lesquels nous 
sommes en désaccord, et que j'avais laissés dans l'ombre lors de ma pré- 
cédente communication ; j'envisagerai surtout la question au point de 
vue sérum antiglobulin, me proposant de revenir ultérieurement sur la 
question du rôle des globulins dans la coagulation ou la rétraction. 

M. Ph. Pagniez constate que les variations « numériques » observées 
par lui et par moi après injection de sérum antiglobulin sont tout à 
fait analogues; tout en constatant que MM. Le Sourd et Pagniez se sont 
bornés à donner des appréciations qualitatives sans chiffres précis, 
Panalogie des observations ne me paraît nullement évidente. MM. Le 
Sourd et Pagniez parlent d'une régénération lente et progressive: or, 
ce n’est point là ce qui ressort de la courbe que j’ai donnée : nous 
voyons une diminution persistante et continue jusqu’à l'apparition des 
précipitines par le sérum de mouton (sérum antiglobulin) : le nombre 
des globulins augmente ensuite, dépasse la normale du double, et 
revient à son taux habituel vingt jours environ après le début de l’expé- 
rience. Ce sont là des faits précis, qui n'auraient peut-être pas 
échappé à MM. Le Sourd et Pagniez s'ils avaient pratiqué des numéra- 
tions, et que j'ai été le premier à signaler. 

Bien que M. Pagniez ait négligé de le relever dans ses remarques, je 
dois signaler un autre point sur lequel je suis en désaccord avec lui. Les 
sérums antiglobulins préparés par moi, aussi bien que ceux de Sacer- 
_dotti, sont toxiques pour l'animal qui a fourni l’antigène; la toxicité est 
d’ailleurs une propriété générale des sérums cytotoxiques ; les sérums 
de MM. Le Sourd et Pagniez (sauf une exception) ne sont pas toxiques 
et n'agissent que sur les plaquettes qu'ils font disparaitre, et le caillot 
qu'ils rendent irrétractile. 

Relativement à l'absence de rétractilité chez les animaux injectés de 
sérum antiglobulin, je persiste à différer d'avis sur ce point avec 
M. Paguiez : il n y a pas de relation entre la présence ou l’absence de 
globulins et la rétraction du caillot. 

Tels sont les principaux points sur lesquels M. Pagniez et moi différons 
d'avis; ces points de détail ne doivent pas faire perdre de vue le 
désaccord, d'ordre général, qui existe entre nous relativement aux 
résultats que peut fournir l'application du sérum antiglobulin à certains 


Biococie. Compres RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 20 


276 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


problèmes, en particulier à celui de la coagulation et de la rétraction. 
MM. Le Sourd et Pagniez, dans leurs nombreux travaux sur ce sujet, ont 
insisté sur la valeur qu'il fallait attribuer à leurs résultats, en raison 
du fait que, dans leurs expériences exécutées avec le sérum « antipla- 
quettes », ils agissaient aussi bien in vitro qu'in vivo, d'une manière 
élective et spécifique sur les plaquettes. Or, dans une note antérieure (1), 
et qui n’a pas soulevé d'objections de la part de M. Ph. Pagniez, j'ai 
montré que le sérum antiglobulin agissait sur tous les éléments du sang, 
et, que d’autres sérums antihématiques agissaient sur les globulins. 

In vivo, j'ai montré que le sérum antiglobulin se comportait comme 
les autres sérums immuns, et, injecté à l'animal fournisseur de l’anti- 
gène, produisait les accidents que l’on observe toujours en pareil cas: 
parmi ces accidents, on trouve d’une manière constante des troubles 
de la coagulation et de la rétraction; il m'apparait singulièrement 
hasardé de vouloir, dans le cas particulier du sérum « antiplaquette », 
donner à ces phénomènes une étiologie spéciale et les attribuer à 
l’action plus ou moins spécifique exercée sur les plaquettes. 


M. Pacnrez. — M. Le Sourd et moi avons les premiers, ici même, en 
décembre 1906, indiqué qu'on pouvait, par injection de plaquettes de 
lapin au cobaye, obtenir un sérum antiplaquette, ou 'antiglobulin, et que 
ce sérum mélangé au sang in vitro donnait un caillot irrétractile: 
que injecté au lapin il provoquait une diminution de plaquettes, allant 
jusqu’à la disparition, avec irrétractilité concomitante du caillot. 

MM. Achard et Aynaud, estimant qu'il n'y avait point là de phéno- 
mène particulier traduisant une spécificité du sérum antiplaquette, ont 
objecté que des modifications numériques de même ordre pouvaient 
s'observer à la suite de l'injection d’un sérum quelconque. 

Nous avons fait remarquer que le sérum antiplaquette se différenciait 
et tirait sa spécificité de ce fait qu'il agissait à doses beaucoup plus 
faibles que les sérums non spécifiques ; que, d’autre part, la disparition 
des plaquettes qu’il entraînait après injection avait un caractère durable 
tout spécial. Voici en quels termes nous nous sommes exprimés dans 
un mémoire paru en janvier 1911 dans le Journal de Physiologie et de 
Pathologie générale et qui résumait l’ensemble de nos recherches à ce 
sujet : 

« Après injection à dose élevée d’un sérum hétérogène quelconque, 
les plaquettes disparaissent de la circulation pour y reparaître massive- 
ment en une demi-heure, ou moins encore; après injection d’une dose 
minime de sérum anti-plaquette, les plaquettes disparaissent pendant 
plusieurs heures, jusqu'à vingt-quatre, trente heures, quelquefois plus, 
et leur réapparition est progressive. » 


(1) 24 décembre 1914. 


19 


SÉANCE DU 8 FÉVRIER 77 


Pour nous donc ce caractère de disparition durable, de réapparition 
progressive était capital pour justifier notre manière de voir. Or, 
qu'apporte aujourd'hui M. Aynaud? Une expérience dans laquelle il a, 
avec beaucoup de méthode, suivi numériquement les variations des 
plaquettes chez un cheval injecté de sérum antiplaquette. Que 
montrent ces numérations? Que les plaquettes sont au nombre de 
160.000 avant l'injection, qu'elles disparaissent presque complètement 
après l'injection, pour atteindre, cinq heures après, le chiffre de 47.000, 
vingt-quatre heures après celui de 68.000, quarante-huit heures après 
celui de 96.000. N'est-ce pas là une réapparition progressive et n’ai-je 
pas le droit de considérer l'observation de M. Aynaud comme confir- 
mative de notre manière de voir et de l'opinion que nous avons 
soutenue? M. Aynaud a expérimenté sur le cheval, c’est-à-dire dans des 
conditions qui lui permettaient de faire des numérations répétées, ce 
que nous ne pouvions faire correctement chez le lapin. Son observation 
est par là même très inléressante; elle peut différer des nôtres par des 
queslions de détail; c’est ainsi que nous avons obtenu des disparitions 
totales et beaucoup plus durables ; peut-être avions-nous un sérum plus 
actif; peut-être la question d'espèce intervient-elle. 

Mais dans l’ensemble la courbe du.phénomène est la même, elle est 
celle que nous avions indiquée et que nous estimions importante pour 
lindividualisation même du sérum antiplaqueite. À ce point de vue, 
j'estime que nous sommes devenus d'accord, M. Aynaud et nous. 

Nous ne le sommes pas sur la question du rôle du sérum anti- 
plaquette dans la coagulation et la rétraction. Je n’envisagerai pas ici 
l’ensemble de la question du rôle des plaquettes dans la coagulation et 
la rétraction. Je crois que M.Aynaud se propose de revenir sur le sujet; 
nous en discuterons très volontiers avec lui à ce moment. Je ne veux 
retenir iei que ce qui a trait immédiatement au sérum antiplaquette. Il 
faut envisager séparément à ce point de vue les faits jose nr la coagu- 
lation et ceux touchant la rétraction. 

Nous avons toujours dit que le sérum antiplaquette ne nous avait 
donné de modification de la coagulation que d’une façon inconstante. 
Donc, pas de question, je crois, à ce sujet. Par contre, nous avons admis 
que le sérum antiplaquette apportait dans l'étude expérimentale des faits 
intéressants sur le rôle des plaquettes dans la rétraction du caillot 
sanguin. Nous persistons dans cette manière de voir, et, pour être bref, 
je demanderai seulement à M. Aynaud de m'indiquer quelle explica- 
tion il nous propose de l’expérience suivante, très facile à répéter et 
que nous avons plusieurs fois indiquée. On ajoute du sérum anti- 
plaquette à du sang de lapin recueilli à la sortie de l'artère (une partie 
de sérum pour dix de sang, par exemple); le sang se coagule, le caillot 
est absolument et définitivement irrétractile, quelles que soient les 
conditions de température, de propreté du verre,etc. Le témoin fait avec 


9278 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


du sérum de cobaye normal donne un caillot qui est plutôt de rétractilité 
plus marquée que celle du sang pur. Or, ce phénomène très spécial ne 
s'obtient pas du tout avec un sérum cytotoxique quelconque. Si on 
remplace par exemple le sérum antiplaquette par du sérum hémo- 
lytique, qu'obtient-on? Une énorme hémolyse, une coagulation et un 
caillot qui se rétracte parfaitement en exsudant un sérum rouge 
cerise. 

Pour nous, l'ensemble de ces expériences in vitro s’interprète d’une 
façon qui nous paraît logique, en admettant que ce sérum, spécialement 
préparé contre les plaquettes, les lèse et les inhibe in vitro dans leur 
fonction rétractante, fonction que démontrent beaucoup d’autres expé- 
riences que je ne rappellerai pas ici aujourd'hui pour la raison que j'ai 
indiquée. 

Pour ce qui est de l’action du sérum antiplaquette in vivo, je ne puis 
que répéter ce que j'ai déjà dit, c’est que dans de très nombreuses expé- 
riences nous avons toujours vu l'irrétractilité du caillot contemporaine 
de la disparition des plaquettes à la suite d’une injection de sérum anti- 
plaquette. Sur ce point donc, nous sommes tout à fait en désaccord. 
Dans l'expérience, unique d’ailleurs, que publie M. Aynaud, il n’y a pas 
eu de disparition absolument totale, ni très durable, la rétractilité a 
cependant diminué; d'autre part, il s’agit d’un animal d'espèce diffé- 
rente. Peut-être trouverait-on, dans l'étude plus approfondie de telle de 
ces particularités, explication des divergences de nos constatations. 


M. M. AynauD. — J'ai présenté deux notes sur le sérum antiglobulin et 
ses propriétés. M. Ph. Pagniez discute surtout dans sa réponse la 
question de la rétractilité du caillot: je me propose d'apporter prochai- 
nement une note précise sur ce point, pouvant servir de base à une 
discussion: quant auxfaits précis concernantla non-spécificité du sérum 
in vitro, sa toxicité et le mode d'action in vivo, je n'ai rien à ajouter ni 
à retrancher. 


ACTION DE L'EXTRAIT FILTRÉ D'Asgergillus fumigatus 
SUR LES BACILLES TUBERCULEUX, 


par ALBERT VAUDREMER. 


Au cours de recherches antérieures, nous avons montré quelle action 
l'extrait filtré d'A. fumigatus exerçait sur la T'uberculine brute glycérinée; 
nous avons, en outre, défini les conditions à remplir pour que se pro- 
duise cette action dont nous avons précisé les limites. 4 

Aujourd'hui, nous exposons les résultats des recherches entreprises 
pour étudier l'action des extraits filtrés d'A. fumigatus sur le Bacille 
tuberculeux lui-même. 


n SÉANCE DU 8 FÉVRIER 279 


Technique. — Des bacilles tuberculeux humains (Test. viru. de l'Institut 
Pasteur) sont ensemencés sur bouillon glycériné et portés à l’étuve à 
39 degrés dans les conditions habituelles. Après un mois, ces cultures sont 
décantées et filtrées sur papier. 10 grammes de bacilles sont pesés humides, 
puis triturés dans un tube de verre épais. Après cette trituration, les bacilles 
sont déposés dans un flacon de 500 c. c.; celui-ci est rempli ensuite d'extrait 
filtré d'A. fumigatus. L’extrait filtré est préparé par notre procédé habituel. 
La macération est mise à l’étuve à 39 degrés durant vingt-quatre jours. Pen- 
dant ce temps, le flacon est agité fortement chaque jour pour rompre les 
masses bacillaires demeurées encore agglutinées, malgré la trituration préa- 
lable. Au bout de quelques jours, on obtient une émulsion bacillaire homo- 
gène. Plus la durée de macération se prolonge, plus l'émulsion est stable et 
plus le liquide devient mousseux au cours de l'agitation. Avec le temps, la 
masse bacillaire, qui, après le repos, tombe au fond du flacon, diminue 
d'épaisseur et paraît être en partie détruite. Au bout de vingt-quatre jours, 
les bacilles macérés sont examinés au microscope, après double coloration 
Ziehl-bleu de méthylène ; le plus grand nombre ont perdu leur acido-résis- 
tance et apparaissent colorés en bleu; quelques-uns, encore colorés en rouge 
par places, sont granuleux et déformés. 


Nous avons recherché si les bacilles ainsi traités par le liquide filtré 
d'A. fumigatus pendant vingt-quatre jours à la température de 39 degrés 
étaient encore susceptibles de tuberculiser le cobaye sous la peau ou 
dans le péritoine, et le lapin dans les méninges. 

EXPÉRIENCES SUR LE COBAYE. — a) /noculutions sous-cutanées. L'émul- 
sion de Bac. tub. dans le liquide d'A. fumigatus est vivement agitée. 
Quand elle est bien homogène, nous en faisons un prélèvement dont 
nous injectons 2 dixièmes de centimètre cube sous la peau du flanc de sept 
. cobayes. Les animaux ne présentent pas de signe de tuberculose; 1/ 
n'y a pas d'induration au point d’inoculation. 

Témoins. Les cobayes témoins ont reçu sous la peau duflance 2 dixièmes 
de centimètre cube d'uneémulsion de Bac. tub.dansle liquide Raulin pour 
les uns, la même dose d’une émulsion de Bac. tub. dans l’eau phyÿsio- 
logique pour les autres. Ces deux émulsions ont été préparées avec les 
mêmes bacilles que l’émulsion dans À. fumigatus. La durée de contact et 
les conditions de température ont été les mêmes. Ces animaux ont été 
inoculés en deux lots à des dates différentes. Ceux du premier lot sont 
morts en six mois; la seconde série présente des signes de tuberculose 
en évolution. Les bacilles ainsi macérés se sont montrés encore patho- 
gènes, mais leur virulence était diminuée, car les bacilles normaux de 
cet échantillon tuent habituellement en deux mois. 

b) /noculations intrapéritonéales. Cinq cobayes ont recu 2 dixièmes 
de centimètre cube de la même émulsion que les précédents animaux, 
dans le péritoine. Ils n’ont pas présenté de signes de tuberculose. 

Témoins. Deux témoins ont recu la même dose d’émulsion de Bac. tub. 
dans le liquide Raulin et de Bac. tub. dans l’eau physiologique (même 


280 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


émulsion que les témoins de l'expérience précédente) ; ils sont morts 
de tuberculose péritonéale. Dans les deux cas, l’évolution de la maladie 
a été plus lente que celle provoquée par les bacilles normaux. 

EXPÉRIENCES SUR LE LAPIN. — Après avoir recherché l’action du Bac. 
tub. macéré dans À. fumigatus sur le cobaye, sous la peau et dans le 
péritoine, nous ayons songé à poursuivre celte étude sur le lapin inoculé 
par la voie rachidienne. On sait que les réactions méningées de l'animal 
sont très voisines de celles rencontrées chez l'homme et qu’on obtient 
chez le lapin une méningite typique toujours mortelle. Ce mode d’ino- 
culation est d’une grande sensibilité; les résultats qu'il donne sont très 
démonstralifs. 

Six lapins reçoivent dans la canal céphalo-rachidien, selon ñotre 
technique habituelle, 2 dixièmes de céntimèlre cube de là macération 
de Bac. tub. dans À. fumigatus (la même que précédemment); aucun 
d'eux ne présente d'accidents méningés. 

Témoins. Deux lémoins reçoivent la même dose de Bac. tub. macérés 
dans l’eau physiologique pour l’un, dans le Raulin pour l’autre; tous 
deux sont pris de méningite tuberculeuse et meurent. 


Conclusions. — Les bacilles tuberculeux humains virulents, après 
vingt-quatre jours de macération dans l’éxtrait filtré d'A. fumigatus à la 
température de 39 degrés, ne sont plus pathogènes : 

1° Pour le cobaye, sous la peau ou dans le péritoine; 

2° Pour le lapin, dans les méninges. 


(Travail du laboratoire du D' Louis Martin.) 


DOSAGE DES ACIDES AMINÉS DANS L'URINE, 


par L. LEMATTE. 


La méthode est basée sur les principes suivants : 

Si, dans un mélange de sels ammoniacaux et d'acides aminés, on 
précipite l'ammoniaque en suivant la technique exposée dans da note 
précédente (1), on peut, sur la liqueur séparée du précipité, titrer les 
acides aminés par la méthode au formol |Schiff, Ronchèse, Sor- 
nensen, etc. (2)]. 

Notre méthode est à la fois volumétrique et chromométrique. 


(1) L. Lematte. Séparation et dosage volumétrique de l’urée et de l’ammo- 


niaque urinaires. Comptes rendus de la Société de Biologie, p.217, 1913. 
(2) Journal de Biologie médicale, février 1914. 


SÉANCE DU 8 FÉVRIER 281 


Elle nécessite l’outillage suivant : 

1° Deux éprouvettes à pied, bouchées à l'émeri de 100 c.c. et de 
25 centimètres de haut environ; 

2° Des burettes de Mohr à ris garnies des solutions : 

NaOH 0° NaOB À 5” NaOH — à i<t SO'H = ; 

3° Une solution de formol au ie + neutre ; 

4° Une solution d'acide phosphotungstique chimiquement pur, à 
30 p. 100 (solution W) ; 

5° Du chlorure de magnésium pur et sec. 

Dans un ballon gradué de 100 c.c., introduire 30 c.c. d'urine, 50 c.c. 
de la solution W, agiter. Laisser déposer dix minutes, ajouter 4 grammes 
de chlorure de magnésium et quantité suffisante d’eau distillée pour 
faire 100 c.c. Boucher, agiter et laisser déposer le mélange jusqu'à ce 
que la liqueur surnageante soit parfaitement limpide (deux heures envi- 
ron). Décanter la liqueur claire sur un filtre en laissant le précipité dans 
le ballon ; le précipité est tellement tenu qu’il passerait à travers le filtre. 
Précipiter la magnésie et saturer l’excès d'acide phosphotungstique en 
opérant ainsi : prendre 50 c.c. du filtratum, ajouter 10 gouttes d'une 
solution saturée de phénolphtaléine dans l'alcool à 90 degrés, et ensuite 


50 c.c. de NaOH Te On obtient un précipité gélatineux très abondant et 


toute la masse est colorée en rouge vif. Laisser en contact une demi- 
heure, filtrer (liqueur À). 

Teinte-témoin — La petite quantité d'acides aminés contenue dans 
l'urine nécessite la prise des précautions suivantes pour l'obtention 
d'un chiffre exact. 

Toutes les teintes obtenues par la saturation des liqueurs titrées en 
présence de la phénolphtaléine devront être ramenées à une feinte-type 
faite ainsi : introduire dans une éprouvette bouchée à l’émeri de 100 c.c., 
60 c.c. d’eau distillée et 10 gouttes de la solution saturée de phénol- 
phtaléine dans l’alccol à 60 degrés. Ajouter goutte à goutte de la soude 


NEC LL 4 : ocre 
Too jusqu à ce qu'on obtienne une couleur rose pâle. Boucher, agiter et 
s'assurer que la teinte ne diminue pas. Introduire 66 c.c. 6 de la liqueur 
(A) qui correspond à 10 c.c. d'urine, dans une éprouvette exactement 


semblable comme dimensions à celle contenant la teinte-Lémoin. Ajouter 
N 

goutte à goutte en agitant SO'H° jo jusqu à ce qu'on ait obtenu une 

teinte rose semblable à la feinte-témoin. Ajouter 10 c.c. de formol neu- 

tralisé : la liqueur se décolore ou pâlit lorsqu'il y a très peu d'acides 


N 
aminés. Ajouter NaOH Too jusqu'à ce qu'on ait obtenu de nouveau Îa 


10 
teinte-lémoin. Pour comparer les deux teintes, mettre les éprouvettes 


282 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


devant une fenêtre très éclairée : cacher avec une feuille de papier blanc 
les deux tiers de la hauteur des liquides; les deux cylindres roses qui 
restent libres seront facilement comparés. On peut arriver à une préci- 
sion extrême en s’exerçant avec des liqueurs titrées d'acides aminés. 


N 
Faire la lecture : soit n le nombre de centimètres cubes de NaOH 55 
ajoutés. Si nous écrivons : 
1 c.c. de NaOK EE gr. 0014 d’azote. 


En appelant À, l'azote aminé contenu dans un litre d'urine, on peut 

écrire 
Are T X 0,0014 X 100. 

Observations. — La préparation du formol neutralisé au demi, 
demande les pr. cautions suivantes : 

Ajouter à la solution d'aldéhyde formique à 40 p. 100, parties 
égales d’eau distillée puis de la soude + en présence de la phénol- 
phtaléine. La solution obtenue, qui est colorée en rose, doit répondre 
à l'essai suivant : prendre un tube à essais plein d’eau distillée, 
ajouter quelques gouttes de la solution de phénolphtaléine et de 


NES ; : 
la NaOH 100 jusqu à ce qu'on obtienne une teinte rose identique à la 


leinte-témoin. Partager cetle eau colorée entre deux lubes à essais dont 
l’un sera additionné de 3 ou 4 c.c. de la solution de formol. La teinte 
rose primitive ne doit être ni augmentée ni diminuée par cette addition. 
Sion ne se conformait pas à ces prescriptions, la méthode ne garderait 
pas son exactitude. | 

Lorsque la méthode de Ronchèse, appliquée directement à l'urine, 
donnera pour la somme : 

Ammoniaque + acides aminés, 

un nombre supérieur à 3 grammes d'azote par litre, il faudra augmenter 
proportionnellement la solution W et le chlorure de magnésium, comme 
on l’a indiqué dans la note précédente. 


INFLUENCE DES SELS D'URANIUM ET DE THORIUM 
SUR LE DÉVELOPPEMENT DU BACILLE TUBERCULEUX, 


par ALBERT FROUIN. 
J'ai étudié antérieurement l'influence de la composition minérale du 


milieu de culture sur le développement de certaines bactéries,-ainsi 
que l’action des sels de terres rares sur le développement du bacille 


SÉANCE DU 8 FÉVRIER 283 


tuberculeux. Ces recherches ont été communiquées à la Société Ge 
Biologie. 

Une note récente de M. P. Becquerel présentée par M. Maquenne à 
l'Académie des sciences (1) m'engage, bien que mes expériences aient 
été entreprises principalement dans le but d'étudier la production de la 
tubereuline et les variations de la virulence des microbes sous l'influence 
de divers sels minéraux, à publier les résultats que j'ai obtenus avec les 
- sels d'uranium et de thorium, au point de vue du développement du 
bacille tuberculeux. 

Pour le bacille tuberculeux, j'ai employé le milieu suivant : 


Énistilée 2e de ein DO RORREERTATEERTE 1.000 gr. » 
F ANS DARADINO ES RS er dite nee DRE) 
CMCÉ RITES EE EE Ne ail: 40 gr. » 
Cire IS ÉTÉ ER PR SE Por 
Bosphote DÉpOlassique,. EPS CN Ps LG» 
SneNde MASNESIe STE LE A ARMES TE L gr. » 


Dans beaucoup d'expériences, j'ai ajouté à ce liquide 3 grammes de 
- lactose. 

Ce milieu de culture est très favorable et l’on obtient avec les différentes 
races de B. tuherculeux, une récolte plus abondante que sur le bouillon 
de viande peptoné et glycériné. Voici un exemple : j'ai obtenu sur 
100 c.c. du milieu précédent 0 gr. 915 de culture sèche (moyenne de 
10 ballons) avec un bacille de race ZL. P. adapté et cultivé depuis long- 
temps sur bouillon peptoné; tandis que sur 100 c.c. de bouillon de 
viande peptoné et glycériné, ensemencés en même temps et placés dans 
la même étuve, je n'ai récolté que 0 gr. 560, c'est-à-dire 30 p.100 environ 
de moins, de bacilles secs dans le même temps (2) (quatre semaines). 

La quantité de tuberculine produite est également plus grande avec 
le milieu renfermant de l’asparagine. 

Si l’on ajoute à un tel milieu des sels de terres rares, on favorise le 
développement du bacille tuberculeux, ce qui se voit nettement sur les 
photographies que j’ai présentées à la Société. 

Mes expériences avec les sels de terres rares ont été faites en 
employant les sulfates, les solutions de sulfates se dissociant moins 
facilement que les solutions de chlorures ou d’azotates. 

Le sel est ajouté au milieu de culture; le milieu est stérilisé, filtré, 
stérilisé à nouveau, ensemencé. Le bacille ensemencé était la race L. P. 


(1) P. Becquerel. Influence des sels d'uranium et de thorium sur le dévelop- 
pement du bacille tubercuieux. Comptes rendus de l’Acad. des sciences, 13 jan- 
vier 1913, t. CLVI, p. 164. : 

(2) Ces chiffres sont de même ordre que ceux publiés par B. Sauton. 
VIITe Congrès de chimie appliquée, vol. XIX, p. 267. 


284 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ‘ 


X 


de l’Institut Pasteur ; voici les résultats que j'ai obtenus avec l’acétate 
d’urane et le sulfate de thorium. 


Moyenne 

; de 10 ballons 
100 c.c. liquide nutritif (cultures témoins), . . , . , . . . 0 gr. 945 

4 semaines d'étuve : 

Moyenne 

de 10 ballons. 
100 c.c. liquide nutritif + 0 gr. 001 acétate d’urane. . . . . 0 gr. S60 
100 ec — — + 0 gr. 01 — ST te pes 0 gr. 730 
1DURCT — + 0 gr. 1 — Ness 0 gr. 546 
Moyenne 

: de 4 ballons. 
100 c.c. liquide nu‘ritif + 0 gr. 001 sulfate de thorium. . . 0 gr. 960 
100 c.c. — — + 0 gr. O1 — — a 5-10 (gr, EG 
100 ce — —- + 0 gr. 1 suifate de thorium. . . 0 gr. 456 


J'ai obtenu des résuitats de même ordre avec l’azotate d'urane. 
D'après ces résultats, on voit que les sels d'uranium ne favorisent pas 
le développement du bacille tuberculeux, les sels de thorium, au con- 
traire, manifestent une légère action favorisante. Il y a donc une contra- 
diction entre les résultats de M. P. Becquerel et les miens; mais cette 
contradiction n’est peut-être qu'apparente et peut s'expliquer simple- 
ment parce que nous avons pris l’un et l’autre non pas des milieux dif- 
férents, mais des moyens différents pour mesurer l’action favorisante des 
sels que nous avons étudiés sur le développement du bacille tuberculeux. 
M. P. Becquerel évalue l’action favorisante des sels de thorium et d’ura- 
nium en mesurant simplement la surface du voile. Il me semble que pour 
apprécier une augmentation du développement du microbe, il faut aussi 
tenir compte de l'épaisseur du voile, de sa densité : c'est ce que l’on fait 
en pesant la quantité de plante formée (1°. Dans la note présentée par 
M. Maquenne le 13 janvier à l’Académie des sciences, M. P. Becquerel 
constate que la forme, la structure, des bacilles tuberculeux cultivés sur 
des bouillons renfermant des sels d'uranium ou de thorium est modifiée ; 
les bacilles paraissent s'enkyster ou sporuler. Les cultures faites sur le 
milieu nutritif que j'ai indiqué ne présentent pas ces modifications. 

Il est probable que les condensations protoplasmiques observées par 
M. P. Becquerel sont dues simplement, pour ce qui à trait aux sels 
d'urane, à la précipitation dés albuminoïdes du bouillon : cette action des 
sels d'uranium est connue depuis longtemps. Quant aux sels de thorium 
et de terres rares en général, j'ai constaté qu'ils précipitent les diverses 
matières albuminoïdes, les albumoses, en solutions neutres où alca- 
lines, tandis qu'ils ne précipitent pas ces substances en solution acide 
même à l’ébullition. C'est là un point sur lequel je me propose de 
revenir prochainement. 


(1) Avec le bouillon peptoné et glycériné, j'ai obtenu une diminution du 
poids de la plante par addition de sels d'uranium et de thorium. 


RE Roa ; UN Der: Ê , 


DR NNET tin Ü " r ' Les 


! 


SÉANCE DU 8 FÉVRIER 285 


INFÉCONLITÉ DE CERTAINS OŒUFS 
CONTENUS DANS LES COCONS OVIGÈRES DES ARAIGNÉES, 


; par A. LECAILLON. 


Il arrive fréquemment chez divers animaux, que certains œufs, bien 
qué s'étant en apparente trouvés exactement däns les mêmes condi- 
tions que les œufs féconds, sont frappés de stérilité. Le cas est fréquent 
et bien connu par exemple chez les oiseaux, aussi bien chez les espèces 
domestiques qué chez les espèces vivant à l’état sauvage. 

L'une des causes principales de cetle stérilité réside dans la non- 
fécondation de l'œuf. Au point de vue biologique, l'examen de ces œufs 
non fécondés à généralement paru jusqu ici à priori de peu d'impor- 
tance. Ne convenait-il pas, en effet, pour étudier les divers stades du 
développement embryonnaire, le rôle précis du gamète mâle dans l'acte 
de la fécondation et les phénomènes cytologiques capables de fournir 
des données précises sur le mécanisme de l’hérédité, d’exclure les œufs 
dans lesquels n'avait pénétré aucun Spermalozoïde ? 

Actuellement, la tendänce naturelle qu'a l'œuf non fécondé à évoluer 
plus où moins exactement comme l'œuf fécondé lui-même ne pouvant 
plus être niée, le grand intérêt quil y à à connaître tous lés détails 
relatifs à cette évolution partout où elle peut s’observer, et à les com- 
parer à ceux qui caractérisent l’évolution normale de l'œuf fécondé, ne 
saurait plus faire aucun doute. 

J'ai recherché si, parmi les œufs contenus dans les cocons ovigères 
des araignées, il s’en trouvait de stériles et si, en cas d’affirmative, il 
était permis d’attribuer cette stérilité à une absence de fécondation. 

Voici les résultats de mes observations : : 

1° Chez Chiracanthium punctoriuwm (Villers), araignée très commune 
en France, j'ai (trouvé dans tous les cocons ovigères que j'ai examinés 
des œufs qui restaient inféconds. Voici les chiffres fournis par l’étude 
de six cocons recueillis à une époque voisine de celle où les jeunes 
araignées qui s'étaient normalement développées dans les œufs 
fécondés devaient sortir de l'œuf : 


HECOCON: SULMMA ŒUIS RS NE 2 0lœulsuintéconds: 
PACUGON SUR TD AUCBUESe cree CR re ee ne PT ie — 
SENCOCON: SU 144 CENTS, 20 L'UTLNON AU TAA e2e — 
HeIGOCON, Bur 188 ŒUTS. 1/4 à AU LL 4 Qi, 8 /— — 
HEAGUCON,, SUT 420 ŒUÉS.1204, mu UN TM = — 
6e cocon, sur 162 œufs. . : + . RACE AG Li — 


. 2 Une femelle d'Agelena labyrinthica (C1.), capturée le 41 août 1912, 
pondit le 17-18 août, 64 œufs qui demeurèrent tous inféconds, puis, 


PR OS Le COMEE 


286 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


le 26-27 août, 40 œufs qui restèrent également tous stériles. Il est mani- 
feste que cette femelle ne s'était pas accouplée avant d’être capturée. 


Une autre femelle de même espèce, capturée le 13 août, pondit le. 


24-25 du même mois, des œufs au nembre de 50, qui demeurèrent tous 
stériles. 

3° Une femelle d’Olios spongitarsis (L. Dufour), capturée le 22 juin 
1912, pondit, le 7 juillet, 93 œufs qui furent à peu près tous fertiles, 
puis, le 9-10 août, 80 œufs qui demeurèrent tous stériles. Depuis la date 
de sa capture, cette araignée avait été isolée et n'avait donc pu s’accou- 
pler. C’est ce qui explique pourquoi les œufs de la 2° ponte furent lous 
stériles alors que ceux de la 1° furent à peu près tous fertiles. 

La production d'œufs qui demeurenl inféconds est donc générale chez 
les araignées; même quand les femelles se sont accouplées récemment, 
certains œufs contenus dans les cocons où elles renferment leur ponte 
restent stériles. À la vérité, cette stérilité peut ici être due à trois causes 
différentes : a) à la non-fécondation des œufs dont il s’agit; b) à la pré- 
sence d’un parasite dans ceux-ci; c) à des lésions produites sur quel- 
ques œufs au moment dela ponteet de la construction du cocon ovigère. 
Il est toujours facile d’ailleurs de discerner quelle est celle de ces trois 
causes qui à entraîné la stérilité d'un œuf déterminé. I! va de soi que, 
pour étudier les rudiments de développement qui peuvent se produire 
dans les œufs non fécondés, il est toujours préférable de s'adresser à 
ceux qui ont été pondus par des femelles qui ne se sont pas accouplées 
ou qui se sont accouplées depuis trop longtemps pour que les spermato- 
zoïdes soient encore présents dans les conduits génilaux femelles, ou 
tout au moins soient encore capables de pénétrer dans les œufs. 


SUR L'ÉVOLUTION DU Spirura gastrophila MüLz., 


par L.-G. SEURAT. 


Dans une note précédente (1), nous avons signalé l'existence à peu près 
constante, dans l’estomac du Hérisson (£rinaceus algirus Duv.) de la 
région des hauts plateaux d'Algérie, d'un parasite que nous avons 


(1) Les caractéristiques de l’une de ces larves du second stade sont les sui- 
vantes : longueur totale, 5 millim. 7; largeur maxima, 165 4; lignes latérales 
de 15 de largeur, ornées en leur milieu d’une aile de 15 x de hauteur; cavité 
buccale 35 :; œsophage musculaire 240 4, entouré vers son milieu par l'anneau 
nerveux; longueur totale d'œsophage 3 millimètres, papilles précervicales 
respectivement éloignées de 132 à 1444 de l'extrémité céphalique; queue 
135u; pore excréteur à 245 u de l’extrémité antérieure, stries cuticulaires 
transversales, régulièrement espacées de 6 p5. 


SÉANCE DU 8 FÉVRIER 287 


rapporté au Spirura talpadGmel. Au mois d'octobre dernier, nous avons, 
à Bou-Saäda, retrouvé ce même parasite en nombreux exemplaires 
(82 individus, dont 57 femelles et 25 mâles) dans l’æœsophage et 
_ l'estomac du Renard d'Algérie ( Vulpes vulpes atlantica Wagner). 

La comparaison de nos spécimens avec un Spirura talpae provenant 
de l'estomac d’une Taupe capturée en France (Ardèche, juillet 1942) 
nous a montré qu'ils appartiennent, non pas à cette espèce, mais à une 
forme très voisine, le Spirura gastrophila Müller, déjà signalée comme 
parasite des Carnivores (Chat). Ces deux espèces se ressemblent d’une 
manière remarquable, mais diffèrent cependant par un certain nombre 
de détails d'organisation que nous allons préciser. 


Le Spirura gastrophila se distingue immédiatement par sa robustesse, le 
S. talpae par ses formes plus graciles; maisles caractères différentiels les plus 
nets résident dans la longueur relative de l’œsophage, la forme et les dimen- 
sions de la queue et surtout dans la conformation et les proportions de la 
vulve. 

L'œsophage du Spirure de la Taupe est relativement court, puisque sa 
longueur est le cinquième de la longueur totale chez la femelle, le quart chez 
le mâle; l’œsophage du Spirura gastrophila est remarquable par sa longueur 
qui atteint, chez la femelle, le tiers de la longueur du corps et, chez le mâle, 
varie du tiers aux deux cinquièmes. 

La queue de la femelle est, chez le S. talpae, relativement longue (1 p. 100 
de la longueur totale) et de forme conique; chez le S. gastrophila, elle est, au 
contraire, courte (1 p.140 de la longueur totale), épaisse, arrondie à l'extrémité. 

Dans les deux formes, la vulve est située en arrière du milieu du corps, 
vers les trois cinquièmes de la longueur; chez le Spirura talpae, elle est peu 
apparente, à peine saillante et représentée par un orifice ovale, de dimensions 
réduites (50 u), limité par un cadre cuticulaire bien net; chez le S. gastrophila, 
elle s'ouvre entre deux lèvres qui proéminent tris fortement et, d'autre part, 
elle atteint des dimensions excessives, dépassant 200 & de diamètre trans- 
versal. La disposition du cloaque du mâle s’ouvrant au milieu d’un disque 
circulaire en saillie est certainement en rapport avec cette conformation de la 
vulve. 

Par les autres détails d'organisation, dimensions, repli cutané en forme de 
bosse situé à environ 2 millimètres de l’extrémité céphalique, ovéjecteur, 
œufs, spicules, les deux formes coïncident de la façon la plus absolue. 


Evolution du Spirura gastrophila. — L'œuf du S. gastrophila, mis en 
culture dans l’eau, éclot au bout de quelques jours et donne une larve 
de 300 y de longueur, qui se dégage en partie dela coque, mais ne tarde 
pas à mourir; cette larve, de même que celle de tous les Nématodes 
parasites passant par un hôte intermédiaire, n'éclot normalement qu'à 
l'intérieur du tube digestif de celui-ci, en l'espèce un Insecte, dans 
. lequel elle s'encapsulera pour passer au second stade. 

Nous avons trouvé cette larve du second stade encapsulée dans la 


288 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


——————_——————————_—_—_—_——— 


cavité générale des Ontophagus et libre dans l'estomac d'un jeune 
Hérisson (Laghouat, octobre 1910); à cet äge, elle ne présente pas le 
repli cutané antérieur si caractéristique de l'adulte; elle est remar- 
quable par l'existence de deux ailes latérales relativement larges (15 L.) 
qui naissent un peu en arrière des deux papilles précervicales ‘et 
s'étendent sur les deux tiers de la longueur du corps. La queue se 
termine (fig. 3) par quelques pointes dont l’ensemble constitue un 
organe comparable au bouton caudal, garni de pointes, des larves 
encapsulées du Spiroptère du Chien et ser- 
vant d’organe de locomotion, à l’intérieur 
de l'hôte ou de la capsule (1). 

Nous avons décrit précédemment les lar- 
ves du troisième stade, encapsulées dans les 
Blattes (Periplaneta orientalis L.) et les 
Blaps de la région des steppes; ces larves, 
qui mesurent 12 à 15 millimètres de lon- 
gueur, présentent le repli cuticulaire ventral 
en forme de bosse (fig. 1), mais Les ailes laté- 
rales (fig. 2) sont moins développées et plus 
étroites, s'arrêtant en avant de la limite 
œsophago-intestinale ét ne mesurant d'autre 
part que 7 « de largeur. 

Nous avons retrouvé ces mêmes larves, 
débarrassées de leur capsule et à l’état de 
pseudo-parasites, chez deux Sauriens, le 
1 Caméléon (Chamaæleo vulgaris Daud.) et 

l’Agame (A gama Bibront Dum.). 

Fic. 1 à 3, larves de Ces larves du troisième stade ne présen- 
Spirura gastrophila Müll. tent aucune trace des organes génitaux 
1,Extrémité antérieure d'une  €Xternes, vulve, ovéjecteur ou bursa; au 

larve du 3° stade encapsulée contraire, ces organes sont nettement dis- 
dans la Blatte orientale, vue la-  cernables chez des larves du quatrième 
téralement. (Le grossissement ae trouvées dans l'æsophage et l’estomac 
est indiqué par l'échelle.) A Fa 

à. Réiont naar de le du Hérisson et du Renard; ces dernières 
même larve, vue par la face Sont caractérisées, en outre, par une réduc- 
ventrale. tion des ailes latérales qui, très étroites, 

3, Queue d'une larve du se- Sont à peine discernables : leur largeur 
cond sine égale, en effet, à peine la moitié de l’épais- 

seur de la cuticule. 

La vulve, perceptible sous la cuticule larvaire, est d’abord un orifice 
ovale qui s'ouvre au milieu d'un épaississement épidermique; la dispo- 
sition de la vulve limitée par deux lèvres saillantes, caractéristique de 


500 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXI, p. 606, 1911. 


SÉANCE DU 8 FÉVRIER 289 
Re Re Cr RER ei ee Ne JU 


l'adulte, n’est réalisée que chez les larves parvenues à la fin du quatrième 
stade (cette disposition est réalisée sur une forme de 17 millim. 5). Les 
larves mâles, parvenues à la fin du même stade, présentent également 
sous la cuticule larvaire les organes génitaux de l'adulte, c’est-à-dire 
la bursa et les spicules (1). 

Ces larves parvenues à la fin io quatrième stade subissent une 
dernière mue et donnent naissance à l'adulte; ce dernier ne présente 
plus trace d’ailes latérales en arrière des DATES précervicales. 


CAUSES DE LA FORMOL-TITRATION DU SÉRUM SANGUIN, 


par H. LaBBé et R. DEBRÉ. 


Dans le sérum sanguin neutralisé, l'apparition d’une acidité par trai- 
tement au moyen du formol est constante. L'existence et la recherche 
systématique du « séro-formol-index » paraît donc légitimée (2). Pour 
déterminer les origines de cette formol-réaction, nous avons été 
amenés à mettre en cause les protéines dissoutes dans le plasma. 
Obermeyer et Wilhem (3), s'appuyant sur une donnée antérieure de 
Schiff (4), ont constaté que les substances albuminoïdes étaient régu- 
lièrement titrables au formol. La réaction neutre au tournesol, d’une 
dilution d’albuminoïde préalablement privée d'ammoniaque et d’amino- 
acides, devient acide après addition de formaldéhyde. Inversement, 
après coagulation et lavage du coagulum, on ne trouve plus, dans le 
filtrat, qu'une formol-titralion nulle ou réduite à des traces. L’albumine 
dissoute est donc intrinsèquement titrable au formol. 

Il a également paru à Obermeyer, après des essais directs, que, seuls, 
les groupes aminos libres (à l'exclusion des groupes amides), par for- 
mation de composés indifférents, contribuent à l'augmentation de 
lPacidité. Obermeyer a montré en définitive que chaque classe de pro- 
téines peut donner, à la formol-titration, des chiffres constants et carac- 

PE ; ee N tot. 
téristiques, et que la détermination de la valeur du IDNQUE en 
peut servir à caractériser une albumine déterminée. 

En cherchant jusqu'à quel point nos propres résultats de formol- 
titration sérique pouvaient s’éclairer des conclusions d'Obermeyer, nous 
avons été amenés à effectuer un certain nombre de constatations expé- 
rimentales. 


) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIII, p. 279, 1912. 

} Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 199, 1915. 
) Bioch. Zeitsch., t. XXX VIII, 1911. 

) Lieb. Annal., 1901, p. 319. 


290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


I. -- Par précipitation des protéines du sérum, la formol-titration 
disparaît-elle ? 


Un certain nombre de précipitants des substances albuminoïdes ont été 
* expérimentés. 

a) Coagulation par la chaleur, en présence de petites quantités d’un acide 
dissocié (acide acétique ou trichloracétique). La formol-fitration ne dispa- 
rait pas complètement dans le filtrat, mais elle est réduite à des traces : 


N (form.) p. 1000. 


Fr sé Tr Avant désalbumination . . . 0,33 
it LR Après désalbumination . . . 0,04 
b) Coagulation par le métaphosphate et excès d'acide chlorhydrique [sui- 
vant Delaunay (1)]. 


N (form.) p. 1000. 
— 
Avant désalbum. Après désalbum, 


0,019 | 


Ex: Sérum humain, Rostan n° 11. . . . 7 
Te 0,03 


Santo tal lapin PRE NRENCE 
Formol-titration positive dans le filtrat, mais très faible en valeur absolue. 


c) Désalbumination par l’alcool à 96 degrés à à froid. (1 vol. pour 11,5 vol. 
du précipité). : 
N (form.) p. 1000. 


bibaca Zn gs te js 


Avant désalbumination . . . 0,40 


pes NME Après désalbumination . . . 0,04 


s£e. frod.s. 40 


Il subsiste des traces de formol-titration. 


d) Désalbumination par alcool + éther (2). 
N (form.) p. 1000. 
Te 
Avant désalbum. Après désalbum. 
Ex. : Sérum lapin (13 octobre) . . . . . 0,36 0 
Sérum lapin (13 novembre) . . . . 0,47 0 


À 
| 


Les résultats accusent constamment une formol-titration nulle. 


e) Désalbumination par réactif citro-picrique (Esbach) (1 vol. sérum — 2 v. 

du précipitant). 
N (form.) p. 1000. 
2 : Avant désalbumin. . . 0,49 

Ex. : Sérum lapin (30 octobre). Après désalbumin. . . de 

(1) Thèse de Bordeaux, 1910. 

(2) Voir la formule du réactif : Labbé, Comptes eus de la Soc. de Biolvgie, 
t. LXXIV, p.198, 4913. 


SÉANCE DU 8 FÉVRIER 291 


La formol-titration, après désalbumination par ce procédé, est constammen: 
nulle. 


f) Désalbumination par acide trichloracétique à froid (1). 
à: N (form.) p. 1000. 


Avant désalh, 0, 
0 


Ex. : Sérum humain, Grisolle, n° 19 (17 février). Après désalb 


Il subsiste des traces de formol-titration. 


Par un mode de précipitation convenablement choisi (précipitants 
neutres ou non dissociés), la formol-titration disparait donc complè- 
tement dans le filtrat désalbuminé et neutralisé. 

Il. — La formol-titration initiale persiste dans le précipité de la 
désalbumination. Cette démonstration répond à l'hypothèse d’une 
décomposition de nature et de mode inconnus sous l'influence des 
précipitants : 


Nos recherches ont porté sur le précipité (alcool + éther) et sur le préci- 
pité (Esbach}). Ci-dessous nous donnons deux exemples : 


du EUR DEEE 0,62 
Sérum humain, Grisolle 23 (pr. Esbach). 4 Précipité neutralisé. 0,6% 
l Liquide DA EE 0 » 
Sérum initial. . . . 0,38 
Sérum humain, Chomel 23 (pr. Esbach). { Précipité neutralisé. 0,38 

E-. : | Liquide filtrat. . . , () 


Le précipité albumineux possède même aptitude à la formol-titration 
que le sérum initial. La fonction titrable est accumulée dans le préci- 
pité par l’action des désalbuminants. Ce phénomène n'est observable 
intégralement que par l'emploi des précipitants neutres opérant à froid. 


1) Cf. Moog. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXHIT, p. 11, 1912. 


Brococie." ComPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV, 21 


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RÉUNION 


SÉANCE DU 3 JANVIER 1913 


BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


SOMMAIRE 
CANTAGUZÈNE (J.) : Sur la produc- ganglions spihaux£. Liu 4h 2e 299 
tion d'anticorps artificiels chez Eu- MArNesco (G.) : Remarques à pro- 
HOMURASMPPIDEMUTU . + » + ee: » 293 | pos de la note de Mn: Papazolu. . . 304 
DantcLoroLu /D.), Duwitreseu (A.) Parazouu (Mme /Axex.): Sur la pro- 
et Porescu (A.) : La constante uréo- duction des substances biurétiques 
sécrétoire chez les cardiaques asys- dans les centres nerveux malades 
toliques. Action de la digitale. ... 295 | (épilepsie, démence précoce, paraly- 
DanxLopozu (D.) : Recherches sur sie générale) et dans le corps thy- 
l’atropine. Action du sérum de lapin roïde (goitre), le thymus et l'ovaire 
Sur Latropine in vitro . . . . . . .. 297 | des basedowiens, parle sérum desin- 
DaNiLA (P.) et Srror (A.) : Culture dividus atteints de ces mêmes ma- 
du Spirochète refringens dans la PALESEE res Em NE dre He 02 
: chambre antérieure del’œil du lapin. 298 SoLACOLU (T.): Les saponines, ali- 
MARINESCO (G.) et MineA (J.) : Sur ments hydrocarbonés pour les vé- 
le rajeunissement des cultures de RÉCAURS AE APIE UE TEE ATOS 304 


Présidence de M. G. Marinesco, président. 


SUR LA PRODUCTION D'ANTICORPS ARTIFICIELS CHEZ £upagurus Prideauxui, 


par J. CANTACUZÈNE. 


Dans une note précédente, j'ai fait voir que divers invertébrés (phal- 
lusies, eledones, aphrodites) qui avaient recu en injection des hématies 
de iapin n'avaient présenté aucune formation d'hémolysines ; quant aux 
précipitines sériques, seul Phallusia mamillata avait fourni à cet égard 
un résultat positif. 

Les résultats se sont montrés bien différents chez un crustacé déca- 
pode, Eupagurus Prideauxii. Je rappelle que cette espèce de sérum 
sanguin présente à l'état normal des propriétés hémolytiques, précipi- 
tantes et agglutinantes marquées, propriétés qui disparaissent par le 


_ chauffage à 55 degrés. 


Injections de sérum de lapin chauffé à 56 degrés. — On fait à la base 
d’une patte trois injections de sérum de lapin coupé à moitié d'eau de 


294 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


mer. On injecte chaque fois 4/4c.c. de la dilution. Les injections se 
font à dix jours d'intervalle. La saignée a lieu dix jours après la 
dernière injection. 

La propriété précipitante du sang s’accroit régulièrement après 
chacune des trois injections; après la troisième, le sérum précipite vite, 
abondamment, à gros flocons, au titre de 1/60. À celte dilution, le 
sérum normal ne donne qu'un précipité tout à fait léger. De plus, l’action 
précipitante est nettement spécifique pour le sérum de lapin; les injec- 
tions successives de sérum de lapin ne semblent nullement avoir accru 
cette action vis-à-vis du sérum de cheval. 

De même que la précipitine naturelle, la précipitine artificielle est 
détruite par le chauffage à 55 degrés. Pour rendre la réaction bien nette 
il faut, dans la série des tubes examinés, employer des volumes cons- 
tants de précipitines pour des volumes croissants de précipitinogène 
(0.05 c.c. de sérum précipitant pour des quantités de précipitinogène 
variant de 3 c.c. à 0.4 c.c.). 

Injection d'hématies de lapin. — Les hématies étaient préalablement 
lavées et injectées en dilution à 1/20 dans la solution isotonique de 
NaCI. Les animaux recoivent d’un coup 1/4 c.c. de cette émulsion qui 
est en général mal supportée; la moitié au moins succombent dans les 
vingt-quatre heures qui suivent l’inoculation. | 

Les observations portèrent sur des pagures ayant subi deux 
injections à douze jours d'intervalle; la saignée se faisait douze jours 
après la deuxième injection. Tandis que le sérum des pagures normaux 
témoins n'hémolysait plus à partir du titre de 1/50, le litre hémolytique 
du sérum des individus immunisés a constamment dépassé 1/150. Le 
pouvoir agglutinant croît également chez ces derniers; il est de 1/80 
chez l'animal normal; il dépasse 1/200 chez le vacciné. Aussi bien 
l’'hémolysine naturelle et l’hémolysine artificielle sont détruites par le 
chauffage à 55 degrés. Le pouvoir agglutinant disparait également à 
cette température. 

Injection de bacterium coli. — Le sérum normal de Eupagurus Prideauxii 
aggluline assez fortement le coli-bacille. L'injection de quelques gouttes 
d'une émulsion de ces mierobes dans la cavité générale (articulation 
basale des pattes) détermine toujours dans les vingt-quatre heures une 
forte mortalité. 

Chez les survivants, la destruction des bactéries s'opère en partie 
dans les sinus branchiaux à l’intérieur des amibocytes libres ou fixes 
de cette région, qui, souvent, se fusionnent en cellules géantes autour 
des amas agglutinés. La résorption s’y opère lentement; elle est loin 
d'être terminée au bout de huit jours. Les amas/bactériens donnent nais- 
sance, à l’intérieur des cellules géantes, à de singulières masses ocreuses 
sur lesquelles nous reviendrons plus tard. Huit jours après l'injection 
des bacilles le pouvoir agglutinant du sang baisse au point de devenir 


| 
b 


À 
; 
3 
3 
4 
1 
3 


SÉANCE DU 3 JANVIER 295 


presque nul. Il augmente ensuite rapidement et quinze jours après 
l'inoculation il a acquis un pouvoir double à peu près du pouvoir 
normal. À ce moment, la digestion intracellulaire au niveau des sinus 
branchiaux est presque complètement achevée. 

L’agglutinine artificielle est détruile presque complètement par 
chauffage à 55 degrés. 


(Travail du laboratoire de Banyuls-sur-Mer.) 


LA CONSTANTE URÉO-SÉCRÉTOIRE CHEZ LES CARDIAQUES ASYSTOLIQUES. 
ACTION DE LA DIGITALE, 


par DaniELoPoLU, D. DumiTRescu et A. Popescu. 


On connaît les recherches très intéressantes d’Ambard sur l’élimina- 
tion de l’urée, qui ont conduit cet auteur à établir la constante uréo- 
sécrétoire. 

Nous avons entrepris quelques recherches sur la rétention de l’urée, 
mesurée par la constante d’Ambard, chez les cardiaques asystoliques et 
nous exposons dans cette note nos premiers résultats. 

Ces recherches ont été faites sur deux cardiaques asystoliques seule- 
ment, mais les résultats que nous avons obtenus sont tellement nets 


que nous les considérons suffisamment intéressants pour être commu- 


- niqués. 


Nous continuons d’ailleurs ces recherches dont nous publierons les 
résultats dans une communication ultérieure. 

Dans les deux cas, nous avons établi d’abord la constante uréo-sécré- 
toire d'Ambard (K) et celle de Balavoine et Onfray (R), dès le premier 
jour de l'entrée des malades à l'hôpital et avant l'administration de la 
digitale. Nous avons suivi ensuite ces deux constantes en les recher- 
chant tous les trois jours jusqu'à la disparition des phénomènes d'asys- 
tolie. Nous notions en même temps quotidiennement le poids du malade, 
le volume des urines de vingt-quatre heures, la quantité de chlorure et 
d’urée et les modifications subjectives et objectives du malade. 


La première observation concerne une malade atteinte de myocardite chro- 
nique el lésion mitrale, présentant, au moment de son entrée dans le service 
(le 21 novembre), des phénomènes accentués de dilatation du cœur droit 
(dyspnée très intense, cyanose, gonflement des veines jugulaires, augmenta- 
tion de la matité du cœur, æœdème prononcé des membres inférieurs, foie gros 
et douloureux, 300 c.c. d'urine en vingt-quatre heures, sans albumine ni 
cylindres). 

Le 21 novembre : Urée dans le sang (Ur), 0,904 par litre. Constante d’Ambard 


246 _ RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


(K), 0,268. Gonstante de Balavoine et Onfray (R), 0,277. — La, malade présen- 
tait par conséquent une rétention accusée de l’urée dans le sang. 

Le 22 novembre, on administre 50 gouttes de digitaline cristallisée de Nati- 
velle. — Le 26 novembre : Ur, 0,713; K, 0,245; R, 0,344. — Le 30 novembre 3 
Ur, 0,54; K, 0,108; R, 0,686. — Le 4 décembre : Ur, 0,8; K, 102; R, 0,729. 

Du 21 novembre au 4 décembre, le poids tombe de 65 kilogrammes à 
52 kil. 300; l'urine augmente de 300 c.c. jusqu’à 2.200 c.c. en vingt-quatre 
heures; la courbe des chlorures et de l’urée montre une décharge manifeste. 
Pendant cet intervalle, les phénomènes de dilatation du cœur droit s'étaient 
amendés progressivement, pour disparaître enfin complètement le 4 décembre. 


Dans la seconde observation il s’agit d’un malade atteint d'insuffisance 
mitrale avec tous les phénomènes de dilatation accentuée du cœur droit 
(troubles cardiaques subjectifs, cyanose, dilatation jugulaire, augmentation 
considérable de la matité cardiaque, œdème des membres inférieurs, foie gros 
et douloureux, volume des urines de vingt-quatre heures réduit à 400 c.c., 
avec traces d’albumine). ; 

Le jour de l’entrée du malade dans le service (le 19 novembre), nôus trou- 
vons : Ur, 1 gr. 04; K à 0,32; R à 0,323. On donne au malade, le 20 novembre, 
50 gouttes de digitaline et les trois jours suivants, 10 gouttes quotidienne- 
ment. — Le 22 novembre : Ur, 0,704 ; K, 0139 ; R, 0,531. — Le 26 novembre : 
Ur, 0,754; K,0,183; R, 0,405. — Le 30 novembre : Ur, 0,958; K, 0,084; R, 0,878. 

Pendant cet intervalle, le poids du malade est tomhé de 53 kil. 600 à 
45 kilogrammes, le volume des urines de vingt-quatre heures à atteint 
2.300 c.c.; il s’est produit en même temps une décharge considérable de 
chlorure et d'urée. Les phénamènes d'asystolie avaient complètement disparu 
le 30 novembre. 


De ces recherches on peut tirer les conclusions suivantes : 

4° Nous avons trouvé chez deux cardiaques asystoliques une rétention 
d'urée considérable. Nous faisons remarquer que, chez ces malades, on 
ne trouvait aucun signe de lésion rénale autre que celle provoquée habn- 
tuellement par la dilatation du cœur droit chez les cardiaques. 

20 Cette rétention d'urée est due en grande partie à la stase veineuse 
rénale provoquée par la dilatation du cœur. En effet, la digitale, en 
faisant disparaître les phénomènes d’asvstolie, amena dans les deux cas 
une décharge d’urée par les urines, tandis que la constante uréa- 
sécrétoire se rapprochait de la normale. 

3° Nos recherches démontrent une fois de plus Futilité pratique de 
la constante uréo-sécrétoire et les causes d'erreur qui peuvent se pré- 
senter en ne faisant que le dosage de l’urée dans le sang, sans établir le 
rapport de l’urée avec l'urine. En effet, dans la première observation, 
nous trouvons, le 4 décembre, 0,80 centigrammes d’urée par litre de 
sang, plus que le 26 novembre, date à laquelle nous avions trouvé 
‘0,773 milligrammes. 

Nous aurions pu conclure à une augmentation de la rétention, si la 
constante uréo-sécrétoire ne nous avait au contraire démontré que la 


RE a ne ARS 
1 a gra PET 


SÉANCE DU à JANVIER 297 


rétention était moindre. En effet, dans le premier cas, le 4 décembre, K 

était à 0,102, tandis que le 26 décembre K était à 0,215, et dans Le second 

| -eas nous trouvons de même le 3) novembre Ur, 0,958, avec une cons- 

| tante 0,084, tandis que le 22 novembre, Ur était à 0,704avec K, 0,139 (1). 
LA 


_ (Travail de la IE clinique médicale de l'hôpital Brancovan. 
| Professeur Ch. Buicliu.) 


-RECHERCHES SUR L'ATROPINE. 
ACTION DU SÉRUM DE LAPIN SUR L'ATROPINE in va{ro, 


fpar D. DANTELOPoOLU. 


É Fleischmann démontra pour la première fois que le sérum de lapin 
possède la propriété de détruire le pouvoir accélérateur de l’atropine 
sur le cœur; d’après les recherches de cet auteur, l'action mydriatique 
de cet alcaloïde reste presque intacte. 

. Des recherches de contrôle de Metzner, il résulte que, non seulement 
l’action accélératrice, mais aussi la propriétè mydriatique de l’atropine 
sont détruites par le sérum de lapin in vitro. 

Nous avons fait sur cette question quelques recherches dont voici les 
À premiers résultats : 

“1° Le sérum de lapin détruit l’action accélératrice de l'atropine sur le 
cœur. En effet, l'injection chez l’homme d’un mélange contenant 2 mil- 
ligrammesd'atropine sulfurique et 0,02 c.c. de sérum de lapin de vingt- 
quatre heures, lenu à 37 degrés pendant trois jours, ne provoque 
aucune amélioration du rythme cardiaque (expérience chez deux sujets 
normaux chez lesquels la dose de 2 milligrammes d’atropine sulfurique 
provoquait une accélération de 420-430). 

2° Le sérum de lapin annihile aussi la propriété mydriatique de l° atro- 
pine. Un mélange de t c.c. de sérum de lapin (vingt-quatre heures 
après la saignée) et de 2 milligrammes d'atropine, tenu pendant trois 
jours à 31 degrés, n'a aucune action mydriatique chez l'homme. 
3° Pour savoir quelle est la plus petite dose de sérum de lapin eapable 
de détruire les propriétés physiologiques de l'atropine, nous avons fait 
- des dilutions successives de sérum en prenant la mème ee. d’atropine 
pure ou de sulfate d’atropine : 
a) La plus petite dose de sérum de lapin capable de détruire 2 milli- 
grammes d'atropine pure varie entre 0,003 et O,OL c. c- 


SU SRE Se 


(EE: Jonescu (Arch. f. exp. P. u. Pharm., 1908) a démontré que l'action 
diurétique de la digitale est expliquée par une vaso-dilatation rénale ; la dimi- 
| nution de la rétention azotée doit être expliquée de la même façon. 


ah cine: #éns of Le, ti di AR ce dd, 


298 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


b) La plus petite dose de sérum de lapin capable de détruire 2 milli- 
grammes de sulfate d’atropine est de 0,15 à 0,02 c.c. Le sérum de lapin 
a par conséquent une action moins intense sur le sulfate d'atropine que 
sur l’alcaloïde pur. 

4° Une première instillation conjonctivale de sérum de lapin chez 
l'homme n'empêche pas l'action mydriatique de l’atropine instillée dans 
le sac conjonctival vingt-quatre heures après. De même, l’atropine 
instillée chez l'homme vingt-quatre heures après une injection sous- 
culanée de sérum de lapin provoque une dilatation pupillaire tout aussi 
intense que chez les témoins. 

5° Les sérums d'homme, de mouton et de cobaye n'ont aucune action 
sur l’atropine. Les mélanges contenant 0,05 c.c. de sérum de l’une de 
ces espèces d'animaux et 1 milligramme d'atropine, tenus à 37 degrés 
pendant trois jours, ont la même action mydriatique et accélératrice sur 
le cœur que la dose correspondante d’atropine sans sérum. 


(Travail du laboratoire de médecine expérimentale 
et de la IT° clinique médicale de l'hôpital Brancovan.) 


CULTURE DU SPIROCHÈTE refringens DANS LA CHAMBRE ANTÉRIEURE 
DE L'OEIL DU LAPIN, 


par P. Daniza et A. STROE. £ 


- Au cours de nos recherches sur la syphilis expérimentale, nous avons 

inoculé de la sérosité de syphilides hypertrophiques vulvaires dans la 
chambre antérieure de l'œil du lapin pour provoquer des lésions syphi- 
litiques. 

Lorsque la sérosité inoculée contenait (ce qui est d’ailleurs la 
règle) à côté du tréponème pâle le Spirochaeta refringens, en laissant 
cette sérosité pendant trois à huit heures à la température dela chambre 
le tréponème pâle devenait à peu près ou tout à fait immobile, tandis 
que le Spirochète re/fringens conservait encore toute sa mobilité. Or, en 
inoculant dans la chambre antérieure de l'œil du lapin cette sérosité 
ainsi modifiée, on provoque d'une facon constante une panophtalmie 
dont le pus contient une énorme quantité de spirochètes en culture 
mixte. 

Le lendemain de l’inoculation, l’animal a les paupières agglutinées 
par une sécrétion purulente. Si on les écarte, on constate que les 
conjonctives sont très enflammées, que la cornée est opacifiée et que 
dans la chambre antérieure il existe un précipité floconneux blanchâtre. 
Il n’y a pas d'hypopyon. Au bout de sept à quatorze jours, la cornée se 
perfore et de la chambre antérieure s'écoule un liquide purulent. 


’ 


SÉANCE DU 3 JANVIER 299 


La sécrétion conjonctivale contient même avant la perforation 
cornéenne de nombreux spirochètes parfaitement mobiles, on retrouve 
ces mêmes spirochètes dans la narine correspondante. 

Dans la chambre antérieure, les spirochètes existent en grand 


_ nombre dès le troisième jour après l’inoculation (avant cette époque on 


n'y trouve que des bactéries étrangères). Ces spirochètes y persistent 
longtemps après la perforalion de la cornée (vingt à trente jours). 

Dans la chambre antérieure, on trouve en symbiose avec les spiro- 
chètes, à côté d’autres bactéries étrangères, un bacaille fusiforme 
mobile. 

Cette panophtalmie à spirochètes est réinoculable en série au lapin 
et, pour l’inoculer, il suffit d'une très petite goutte de pus de la chambre 
antérieure. 

Quand la sérosité des produits syphilitiques renferme en même 
temps des spirochètes de fype intermédiaire entre le sp. refringens et le 
tréponème pâle, ces spirochètes se multiplient également dans la 
chambre antérieure de l’œil du lapin. Dans un cas, nous avons observé 
qu'après le deuxième et surtout après le troisième passage au lapin, le 
type refringens avait été presque entièrement remplacé par un type 
intermédiaire dont on ne trouvait, dans le premier passage, que de 
rares exemplaires. 


(Travail du laboratoire de Pathologie générale.) 


SUR LE RAJEUNISSEMENT DES CULTURES DE GANGLIONS SPINAUX, 


par MariEesco et Min£aA. 


Dans nos cultures de ganglions spinaux de mammifères la réaction 
néoformative atteint son maximum après neuf ou dix jours. Après 
quinze jours, on ne trouve plus, en général, de cellules nerveuses survi- 
vantes. Il nous a paru intéressant de rechercher si on ne pourrait pas 
prolonger la survie de ces ganglions par un changement de milieu, 
lequel, d’une parl, après peu de jours, ne contient plus les éléments 
nécessaires pour la nutrition régulière des tissus en culture, et, d'autre 
part, renferme des substances nuisibles aux échanges nutritifs. 


C’est le procédé que A. Carrel a déjà employé et à l’aide duquel cet auteur 
a réussi à maintenir en vie, manifestée par des contractions rythmiques, un 
fragment de cœur d’embryon de poulet cultivé pendant plus de trois mois. 
Comme conclusion de ses recherches, Carrel admet la possibilité d'une vie 
manifestée permanente des tissus en dehors de l’organisme. 

En ce qui concerne plus spécialement les cultures de ganglions spinaux, 


ne 2 


300 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


nous ne pourrions pas admettre « priori une vie manifestée très prolongée 
en dehors de l'organisme, parce que nos recherches antérieures sur la greffe 
de ces mêmes ganglions ne sont pas favorables à une telle supposition. Nous 
avons pratiqué, en effet, des greffes dans les endroits qui nous paraissaient 
les plus propres à l'entretien d’une survie prolongée du ganglion greffé: corps 
thyroïde, foie, muscles, nerf sciatique. Les cellules ganglionnaires ont, en 
effet, survécu plus longtemps que dans les greffes sous-cutanées, mais, après 
trente-cinq à quarante jours, elles disparaissaient inévitablement. Il est encore 
à remarquer que, dans les greffes, le ganglion arrive à se mettre en contact 
direct, par l'intermédiaire des vaisseaux de nouvelle formation, avec le milieu 
intérieur de l’animal hôte, et, en raison de l'établissement d'une circulation 
nutritive régulière et d’un processus évident d'adaptation, les cellules auraient 
pu persister indéfiniment, ou, en tout cas, beaucoup plus que dans les 
cultures in vitro où des conditions analogues sont difficiles à obtenir même 
en changeant régulièrement le milieu de cultures. \ 

Pour nos recherches, nous avons employé des ganglions spinaux de lapin 
âgé de quelques mois. Les petits fragments après culture à l’étuve pendant 
trois à cinq jours étaient chaque fois soigneusement séparés du coagulum 
qui les contenait, lavés quelques minutes dans du sérum de Ringer, à la tem- 
pérature ordinaire, et remis dans du plasma neuf. Nos observations s’éten- 
dent jusqu'au vingt-huitième jour de culture, temps pendant lequel le 
plasma a été renouvelé six fois. 

Nous étudierons tout d’abord ce qui se passe à l’intérieur du milieu de 
culture et ensuite dans le fragment en culture lui-même. Après chaque 
passage, de nouvelles cellules conjonctives envahissent le plasma dans la zone 
voisine du fragment. Ces cellules assez abondantes après les {rois ou quatre 
premiers passages diminuent ultérieurement de plus en plus et, après le 
sixième passage, on ne voit dans le plasma que quelques rares cellules fusi- 
formes. 


Des fibres nerveuses passent dans le plasma jusqu’après le quatrième 
changement de milieu; ces fibres ne sont d’ailleurs pas toujours com- 
parables. Elles deviennent de plus en plus courtes, moniliformes; à la 
suite des divers passages, leur nombre diminue graduellement et 
l'étendue deleur pénétration dans le plasma est très limitée. Après le 
quatrième passage, nous n avons plus de ces fibres. Le passage de fibres 
nerveuses nouvelles dans le plasma n’est done pas le corollaire obligé 


de la survivance des cellules ganglionnaires, maïs il'en est le signe le: 


plus évident et il indique le degré maximum de vitalité de la cellule 
survivante. Si cette vitalité diminue, les cellules ne sont plus capables 
d'envoyer de nouveaux prolongements jusque dans le milieu de culture. 

En ce qui concerne les cellules du fragment ganglionnaire, nous 
allons considérer les cas suivants appartenant à la même série d'expé- 
riences : 

1° Culture de ganglions de six jours. Dans les coupes les plus profondes 
presque toutes les, cellules centrales mortes sont entourées, de plexus 
de fibres nouvelles: les axones centraux restés manifestement en conti- 


* 
* 
# 
a 
5 
à 
>. 
à 
3 
; 
* 
+ 


SÉANCE DU 3 JANVIER 204 


nuité avec leur cellule d'origine survivante sont intacts et bien impré- 
gnés ; la plupart des cellules périphériques sont bien conservées. 

2 Culture de ganglions de douze. jours. Le plasma a élé renouvelé 
après six jours de culture. Les cellules survivantes sont en nombre 
moindre. Quelques cellules périphériques sont dégénérées et entourées 
de plexus de fibres nouvelles. Les plexus péricellulaires centraux, si 
riches dans le cas précédent, ont disparu. Les axones centraux sont 
partiellement conservés ; on en voit qui sont pâles, d’autres en état 
d'axolyse. 

3° Culture de ganglions de douze jours. Le milieu de culture a été 
renouvelé trois fois dans cet intervalle. Le nombre des cellules survi- 
vantes est beaucoup plus grand que dans les cas précédents, les axones 
centraux sont très bien conservés; la réaction néoformative du côté 
des cellules ganglionnaires n'a pas atteint le développement constaté 
dans le premier cas. 

4 Culture de ganglions témoins de douze jours. Les cellules survivantes 
sont en nombre beaucoup plus réduit, le fragment est traversé en tous 
sens par de petits faisceaux de fibres fines, ce qui fait supposer qu'il y 
a ici un commencement de coordination des fibres néoformées, analogue 
à celle qui se fait dans les nerfs sectionnés après la phase de réaction 
métamorphique luxuriante. 

On aurait pu présumer que le een répété de milieu accélére- 
rait la réaction néoformative pour produire indéfiniment des végétations 
plus luxuriantes que dans les cultures restées dans le même milieu. Il 
n’en est rien, et la transplantation du fragment dans un milieu neuf 
paraît au contraire produire au bout d’un certain temps une diminution 
de cette réaction cellulaire qui doit d’ailleurs exercer la plus grande 
influence sur la survie des cellules nerveuses. Il faut admettre en effet 
qu'une cellule à prolongements néoformés en très grand nombre, comme 
nous. en avons vu dans une de nos coupes, et qui ne présentait pas 
moins de 12 prolongements terminés par des gonflements de volume 
différent, représente bien l'expression maxima d’une vitalité cellulaire 
exubérante, mais en même lemps aussi, peut-être, un épuisement de 
cette vitalité. 

Après vingt et un jours de culture (cinquième passage) nous avons vu 
quelques cellules contenant de gros corpuscules de Nissl, probablement 
de néoformation, et analogues à ceux des cellules des centres en état de 
réparalion après les sections nerveuses. Enfin, après vingt-quatre jours 
(sixième passage), nous avons observé par la méthode de Cajal des 
cellules encore survivantes, mais très atrophiées et en nombre très 
réduit, entourées de plexus de fibres fines. Les fibres néoformées 
restent au voisinage immédiat de leur cellule d'origine et n'arrivent 
même pas jusqu'au centre du fragment cultivé qui contient des axones 
en état de fragmentation. 


302 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


SUR LA PRODUCTION DES SUBSTANCES BIURÉTIQUES DANS LES CENTRES NERVEUX 
MALADES (ÉPILEPSIE, DÉMENCE PRÉCOCE, PARALYSIE GÉNÉRALE) ET DANS LE 
CORPS THYROIDE (GOITRE), LE THYMUS ET L'OVAIRE DES BASEDOWIENS, PAR 
LE SÉRUM DES INDIVIDUS ATTEINTS DE CES MÊMES MALADIES, 


par M" ALEx. PaPpazoLu. 


Des recherches sur les ferments du sang dans les différents étais 
morbides tendent à montrer qu'il y a une relation spécifique entre ces 
ferments et certaines substances étrangères incorporées dans le sang. 
On connaîil le processus de destruction que subissent les substances 
alimentaires, et plus spécialement les albuminoïdes, introduites dans 
l'appareil digestif. 

Ces substances sont décomposées en leurs éléments primitifs avec 
lesquels l'organisme va synthétiser ses propres albuminoïdes. Dans ce 
processus de transformation des éléments étrangers en éléments assi- 
milables, de même que dans la défense de l'organisme contre différents 
poisons, les leucocytes interviennent probablement en produisant 
certains ferments spécifiques. 

M. le professeur Abderhaiden a décelé, au moyen de la méthode 
optique et de la dialyse, la présence de pareils ferments dans le sang 
des femelles gravides et dans le sang des malades atteints de paralysie 
générale. 

En utilisant la même méthode, nous avons réussi à mettre en évi- 
dence la présence de ces ferments dans le sang des malades atteints 
d’épilepsie, de démence précoce, de paralysie générale et de la maladie 
de Basedow. 


Technique. — Des morceaux de cerveau provenant de paralyliques géné- 
raux et d'épileptiques sont traités d'abord par le chloroforme, pour en 
extraire les graisses, et sont ensuite bouillis pendant dix minutes dans de 
l’eau distillée pour en extraire toutes les peptones qui pourraient se trouver 
dans ces organes. La recherche de la peptone a été faite par la réaction du 
biuret et par le triketohydrindenhydrate (1). 

On continue l'extraction des peptones jusqu’à ce que l’eau de lavage ne 
donne plus de coloration avec les deux réactions mentionnées. Un gramme 
de cette substance cérébrale est mis ensuite à la dialyse avec 1-2 c.c. de 


x 


sérum resp. et laissé pendant seize heures environ à la température de 


3: degrés. Dans le liquide de cette dialyse, nous avons produit la réaction 


du biuret ainsi que celle du triketohydrindenhydrate. 
A titre de contrôle, nous avons mis en présence des sérums morbides 
ci-dessus, et dans les mêmes conditions, la substance cérébrale du chien 


(1) Ninhydrin mis en vente par la firme Meister Lucius et Brünning. 
Hôchsta. M., Allemagne. 


SÉANCE DU 3 JANVIER 303 


normal, le blanc d'œuf, des fragments de muscles, et la réaction du biuret 
ainsi que celle du triketohydrindenhydrate dans les liquides de dialyse sont 
restées absolument négatives. Comme témoin nous avons employé le sérum 
normal et le sérum morbide maintenu une demi-heure à la température 
de 56 degrés. 

Avec le sérum normal, la réaction a été toujours négative. Avec le sérum 
chauffé, nous avons obtenu, dans quelques cas seulement, une très faible 
réaction avec la substance cérébrale. 

Nous avons cherché, par la même méthode, la présence de ces ferments 
dans le liquide céphalo-rachidien centrifugé et nous avons eu, dans deux cas 
sur neuf, une réaction faiblement positive. 


Ces recherches nous conduisent à la conclusion que la substance 
nerveuse subit certains changements chimiques dans les cas d’épilepsie, 
de paralysie générale et de démence précoce caractérisés par la pré- 
sence de substances biurétiques. 

Le sérum d'’épileptique jouit de la propriété d’engendrer sur le 
compte des substances albuminoïdes du cerveau d'épileptiques et de 
paralytiques généraux des produits biurétiques. De même le sérum des 
malades atteints de paralysie générale et de démence précoce engendre 
des produits biurétiques de la substance cérébrale des épileptiques et 
des paralytiques généraux. 

Le sérum des épileptiques provenant du sang pris peu de temps 
avant les attaques est beaucoup plus riche en ces ferments. 

On pourrait done supposer l'existence de deux phases dans l’épilepsie : 
une première caractérisée par une certaine modification chimique de la 
substance nerveuse et la mise en liberté des produits anormaux qui, 
rentrés dans le sang, provoqueraient la production des ferments spéci- 
fiques ; une seconde phase dans laquelle ces produits seraient décom- 
posés par les ferments spécifiques jusqu’au terme de peptones. 

Un pareil processus se rapproche du choc anaphylactique, et M. le 
professeur Marinesco a émis depuis 1908 l'opinion que l'accès d’épi- 
lepsie était une manifestation anaphylactique. 

D'autre part, les recherches de Biedl et Kraus et les plus récentes de 
Weichardt et Schittenhelm ont prouvé que l'injection de peptones, 
extraites de la substance nerveuse, produit des accès parfaitement 
comparables aux accès anaphylactiques. 

Les ferments du sang des épileptiques ont besoin du complément 
pour le dédoublement des albumines cérébrales, puisque le sérum 
inactivé par la chaleur n’engendre plus de produits de décomposi- 
tion. 

Un autre preuve est donnée par le fait que, durant l'accès d’épilepsie, 
le complément disparait du sang des individus. 

C’est par la même méthode que nous avons pu meltre en évidence, 
dans le sang des basedowiens, la présence de ferments jouissant de la 


304 REUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST . 


propriété d'extraire des produits biurétiques du goitre basedowièen — 


préalablement préparé pour la dialyse. 

De pareilles substances ont pu être également extraites du thymus et 
des ovaires basedowiens par l’action des sérums respectifs, mais leur 
présence dans ces organes n'est pas constante. 


(Travail de l’Institut de Physiologie de Bucarest.) 


x 


M. G. MariNesco. — Qu'il me soit permis d'ajouter à la communi- 
cation si intéressante de M" Papazolu que nous avons employé avec 
M. Navassart la méthode de la dialyse pour étudier les phénomènes de 
dédoublement des substances albuminoïdes dans les nerfs dégénérés. 
Nous avons constaté en effet, parfois, dans ie liquide dialysé des nerfs 
macérés, la réaction du biuret, confirmant ainsi l’opinion que j'avais 
soutenue déjà il y a plusieurs années, à savoir que dans la dégéné- 
rescence wallérienne interviennent des processus diastasiques. 


LES SAPONINES, ALIMENTS HYDROCARBONÉS POUR LES VÉGÉTAUX, 


par F. SoLAcoLU. 


Par simple dédoublement, les sapanines produisent du sucre ou un 
mélange de sucres qui peut contenir de la glucose, de la galactose, de 
la pentose où de la métylpentose, ainsi qu'un corps insoluble qui est 
l’endosaponine ou sapogénine. 

Nous nous sommes demandé si les végétaux peuvent utiliser pour 
leur alimentation un corps qui, dans la structure chimique de ses molé- 
cules, contient du sucre (1). 

Nous avons fait des cultures de Penicillium glaucum et d'Aspergillus 
_-niger dans des solutions minérales auxquelles nous avons ajouté de la 
saponine dans des proportions différentes. 

Les expériences ont été faites avec : la saponine (2), la sapoloxine, la 
senégine, la cyclomine, la digitoxine et la Saponine e cortice quaiaccü. 

Les cultures étaient maintenues à 30 degrés. La durée des expé- 
riences à été de deux mois. Les spores de Penicillium et d'A spergillus 
-dans des cultures suspendues de solutions minérales à 1 p. 400 de sapo- 
nine germaient après deux heures. Après quarante-huit heures, on 


(1) La solution minérale est celle de Detmer sans glucose. La saponine 
extraite du Radix saponona du Levant de la maison Poulenc. 
(2) Toutes les autres saponines sont préparées par la maïson Merck. 


MONS TT 


SÉANCE DU 3 JANVIER 305 


remarquail que les développements des spores dans lee solutions à 
Saponine étaient plus lents pour les mycéliums qui portent des appa- 
reils sporifères que dans les cultures faites dans les solutions minérales 
avec glucose. 


SAPONINE. — Exp. I. — Solution minérale, 1 gr. de saponine. On ensemence 


‘avec de l’Aspergillus niger. et du Penicillium glaucum. 


Après deux mois on enlève le voile qui s’est formé à la surface ; on le lave 
et on le sèche. Nous a vons obtenu les poids suivants : pour la culture de Pen. 
gl., poids sec du mycélium, 0 gr. 215; d'Asp. niger, 0 gr. 228. 

Exp. II. — Solution minérale, 4 gr. 25 p. 100 de saponine. Ensemencement 
de Penicellium et d’'Aspergillus. Après deux mois les poids secs suivants : Pour 
le Pen. gl., 0 gr. 275; Asp. niger, 0 gr. 289. 

Exe. dl. — Avec 1 gr. 50 p. 100 de saponine. Poïds sec du mycélium de 
Penicillium, 0 gr. 243; Asp. niger, 0 gr. 239. 

Exp. IV. — Avec 2gr. p. 100 de saponine. Poids sec du mycélium de Peni- 
cillium développé en deux mois, 0 gr. 140; d’Asp. niger, 0 gr. 124, 


Nous voyons que dans ces expériences la dose de la saponine qui à 
produit le poids maximum est de 1 gr. 25 p. 100 de saponine. 

Si nous comparons le développement du mycélium dans les solutions 
avec glucose à son développement dans les solutions avec saponine, 
nous remarquons que dans ces dernières solutions le mycélium se déve- 
loppe plus lentement el moins abondamment; la production des spores 


- est retardée. 


SAPOTOXINE. — Exp. I. — Solution nutritive avec 0 gr. 75 p. 100 de sapo- 
toxine ensemencée avec Aspergillus et Penicillium. Nous avons obtenu après 
deux mois les poids suivants : Poids sec du mycélium de Pen. ql., 0 gr.258; 
Asp. niger, 0 gr. 268. 


Exp. II. — Solution nutritive minérale avec 1 gr. p. 100 de sapotoxine. 
Poids sec du mycélium de Pen. gl., 0 gr. 208; Asp. niger, 0 gr.:218. 
SENÉGINE. ExPÉRIENCE. — Cultures d’Aspergillus et de Penicillium, dans des , 


solutions nutritives, 1 gr. p. 100 de senégine. Le voile qui s’est développé est 
très mince, et il est noyé en grande partie. : 
Le poids sec obtenu est pour le Pen. gl., 0 gr. 124; l’Asp. niger, 0 gr. 112. 


SMILACINE. — Les cultures faites sur cette substance se développent sur le 
fond du récipient, on ne voit que de rares ilots à la surface du liquide. 
ExPÉRIENCE. — Solution minérale 1 p. 100 de smilacine ensemencée avec 


Penicillium et Aspergillus niger. 
Le poids sec, après deux mois, pour le Pen. gl., 0 gr. 113; l’Asp. niger, 


0 gr. 110. 
CycLamme. — Les cultures faites dans des solutions minérales avec cycla- 

mine ont été peu abondantes, le mycélium étant en grande partie noyé. 
ExPéRiENce. — Solution minérale avec 1 p. 100 de cyclamine ensemencée 


d’Aspergillus. Le poids du mycélium développé après deux mois de végétation 
est pour le Pen. gl., 0 gr. 052; l'Asp. niger, 0 gr. 072. 


306 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


SAPONINE E CORTICE GUAIAGII. — Les cultures qui se sont développées dans 
les solutions minérales avec 1 p. 100 de saponine e cortice guaiacii étaient si 
peu abondantes que nous n'avons pas enregistré le poids sec du mycélium 
développé. 

La DicrroxiNE est une saponine cristallisée insoluble dans l'eau. Dans les 
solutions avec 1 p. 100 de digitoxine nous n'avons plus obtenu la germination 
des spores. 


Dans toutes ces expériences il ne nous a pas été possible de mettre en 
évidence la présence d’un sucre réducteur dans un liquide nutritif 
qui contenait la saponine. 

Nous avons recherché (1) le sucre avec la liqueur de Fehling à diffé- 
rentes époques de la végétation et à la fin des expériences. De même, 
dans le liquide saponifère, on ne décèle la présence d'aucun corps inso- 
luble, phénomène qui devrait se produire si la saponine avait subi la 
même transformation que dans l’hydrolyse par un acide. Il semble que 
la saponine subisse un dédoublement analogue à celui que produisent 
les rayons ultra-violets sur la saponine. 

Il en résulte que les saponines peuvent servir d’aliment pour les 
végétaux. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, Paris, 1912. 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. 


SÉANCE DU 


AnceL (P.)et Bouix (P.): Sur les soi- 
disant néphrophagoeytes utérins et 
la signification des cellules myo- 
DTA EES ERNERRe 

Baupoix (A.) et Francais (H.) : 
nouveau tube à centrifuger (tube à 
fond plat et mobile) 

Broquin-Lacouse : Sur un pigment 
bleu du Bacillus mesentericus niger. 

CALMETTE (A.), Guérin (C.) et 
Gr yYsEz (V.) : Infection tuberculeuse 
expérimentale du cobaye par la con- 
jonctive oculaire 

Camus (Jean) et Porax (RENÉ) : 
Insuffisance surrénale et curarisa- 


_. 


e Voiron el cles ute loëre 


Carno'r (PAUL) et Ce (ROGER) : 
De la perfusion intestinale chez 
l'animal vivant 

CLAUDE (HENRI), PorAK (REXÉ) et 
Routier (DANIEL) : Action cardio- 
vasculaire de certains extraits 2e 
physaires Dr peRs noie) 

Doxox (M.) et Sarvonar (F.) : 
priétés anticoagulantes de l'acide 
nucléinique extrait des globules du 
SAMEMTESNOÏSCAUX ee à » + © » ove 

Faure (Cn.) et Souca (G.) : Étude 
de la protéolyse de la substance 
nerveuse. Relations entre la protéo- 
lyse et la chromatolyse fonction- 
nelles des centres dans la fatigue 
(Note préliminaire) 

FrouIx (Azserr) et MercCIER (Vrc- 
ror) : Action anticoagulante des 
sels de terres rares sur le sang in 
vitro 

GARNIER (MARCEL) et Bory (Louis) : 
Toxicité des extraits de foie et de 
rein normaux et autolysés. . . . . . 

Guyénor (Émire) : Études biolo- 
giques sur une mouche, Drosophila 
ampelophila Low. — V. Nutrition 
des adultes et fécondité 


ete le. cie laisse 121: 


mania tie. = ele de ete) jee ©, = 9, 0e 


5, FOMNCAES SO 


Biococie. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 


(5 FÉVRIER 


1913 


SOMMAIRE 


392 


341 


331 


360 


312 


JaAvaL (A.) : Le rapport dit « az0- 
turique » dans les diverses sérosités 
dENORPANISIDe EL eee 

KuG et Levanrri : Études sur la 
poliomyélite aiguë épidémique . . 

Launoy (L.) et OEcuszin (K.) : Sur 
vne méthode de préparation de la 
sécrétine (Note préliminaire.). . .. 

Lévy (FERNAND) : Ÿ a-t-il des al- 
buminuries d’origine vésicale ? . . . 

Maurez (E.) Contribution à 
l’étude des modifications subies 
par les éléments figurés du seb 
dans l’intoxication saturnine It 

Mooc (R D) 3 Sur le degré de pré- 
cision de la méthode à l'acide tri- 
chloracétique pour le dosage de 
l'azote uréique dans le sérum. . . . 

Niczoux (Maurice) et Nowrcka (Vic- 
TOIRE) : Sur le pouvoir d'absorption 
derlaivesSieR eee EL RU 

Nocucuat (Hinevo) : Découverte du 
tréponème pâle dans les cerveaux 
de paralytiques généraux . . . . .. 

Pezzr (C.) : Si l'on exerce sur une 
artère une contre-pression égale à 
la pression diastolique, la pression 
systolique augmente en aval . . .. 

PoxseLe (A.) : Recherches sur la 
culture in vitro du Trypanosome 
de l’Anguille (Trypanosoma granu- 
losum Laveran et Mesnil, 1902). 
Une nouvelle modification au milieu 
de Novy et Mac Neal. ..,..., ne 

RoGer (H.) et CHEVALLIER (P.) : 
l’uraturie paroxystique. .. . . . .. 

STOÏCESCO (G.) : Sur la distinction 
des albumines du sang et du muscle 
parslanapiylaxie RE RAP. 

Vazcer et Rimsaun (L.) : Etude 
expérimentale de l’agglutination du 
Micrococcus melitensis. . . . . . .. 

Weirc (JEANNE) : Mécanisme de 
la curarisation par la spartéine. . . 


307 


319 


341 


339 


335 


308 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Dastre. 


M. Cu. Livon, membre correspondant, assiste à la séance. 


MÉCANISME DE LA CURARISATION PAR LA SPARTÉINE, 


_par JEANNE WELL. 


Les travaux de M. et M" Lapicque (1) sur le mécanisme de l’action du. 


curare ont établi que ce poison agissait en augmentant la chronaxie 
du muscle et que la curarisation se produisait quand l’hétérochronisme 
entre le nerf et le muscle avait atteint une certaine valeur. Depuis, leurs 
recherches sur la strychnine (2), la vératrine (3) et la physostigmine (4) 
ont montré que ce mécanisme était général et que ces différents poisons 
dont l’action curarisante était connue, agissaient aussi en produisant 
un hétérochronisme entre le nerf et le muscle. Cet hétérochronisme 
peut être produit suivant quatre modes différents, ce qui permet de 
classer théoriquement ces poisons en quatre catégories d'après leur 
action physiologique : par ralentissement du muscle, par accélération 
du muscle, par ralentissement du nerf ou par accélération du nerf. 

Il était intéressant de rechercher si cette notion pouvait s'étendre à 
d’autres poisons signalés par les auteurs comme ayant une action ana- 
logue à celle du curare, c'est-à-dire supprimant l’excitabilité indirecte 
par le nerf et conservant l’excitabilité directe du muscle et, dans ce cas, 
de voir dans laquelle des quatre catégories indiquées on pouvait les 
classer. J'ai donc, sur les conseils de M. Lapicque, entrepris l'étude de 
l’action de la spartéine sur l’excitabilité du nerf moteur et du muscle. 


L'action paralysante de ce corps a été signalée par Fick; mais d’autres 
auteurs, de Rymon (5), Griffé (6), Gluzinski (7), ne l’ont pas retrouvée; en 


(1) M. et Mme L. Lapicque. Comptes rendus de la Soc.:de Biologie, 9 juin 1906, 
P991Me AM uin IN p AO | 

(2) Mme L. Lapicque. Comptes rendus de la Soc. ‘de Biologie, 8 juin 1907, 
p. 1C62. — M. et Mm° Lapicque. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
26 décembre 1908, p. 733. 

(3) L. et M. Lapicque. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 17 février 4912, 
p. 283. 

(4) L. et M. Lapicque, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 27 avril 1942, 
p. 67%. 

5) De Rymon. Thèse de Paris, 1880. 
6) Griffé. Thèse de Nancy, 1886. 


( 
( 
(7) Gluzinski. Deutsches Archiv für klin. Med., v. XLIV, p. 121, 1888-1889. 


SÉANCE DU 45 FÉVRIER 309 


1895, Cushny et Matthews (1) virent qu'après injection de sulfate de spartéine 
à une grenouille, l'excitation de la moelle devient sans effet sur Le gastrocné- 
mien, tandis que l'excitation directe du muscle produit encore tune contrac- 
tion; ils en concluent à une paralysie des terminaisons des nerfs moteurs, 
comme celle qu'on croyait alors se produire dans le cas du curare. 

Mes expériences ont été faites sur le sciatique et le gastrocnémien de la 
grenouille verte (Rana esculenta) et de la grenouille rousse (Rana fusca). Les 
excilations étaient obtenues par des décharges de condensateurs; la résistance 
était de 10.000 ohms. L'appareil d’excitation et son dispositif ont été antérieu- 
rement décrits par M. Lapicque (2). Cet appareil, vérifié au début, montrait 
que la chronaxie obtenue, était bien égale par l'excitation directe et par l'exci- 
tation indirecte. J’ai considéré que la curarisation était obtenue quand l’exci- 
tation du nerf par #4 volts ne causait plus aucun mouvement dans le muscle. 


 Exr. 1. — Excitation directe du muscle. 
VOLTAGE CHRONAXIE 
rhéobasique. (en microfarads.) 
1,0 0,02 
Injection de 10 centigrammes de sulfate de spartéine. 
Après 8 minutes. . . . 1205 0,02 
Après 15 minutes. . . . 1,40 0,0% 
Après 20 minutes. . . . 0,70 0,06 curarisation. 
Après 30 minutes. . . . 1,0 0,07 
Exp. 2. 
RHÉOBASE CHRONAXIE 
1,25 0,04 
Injection de 5 centigrammes de sulfate de spartéine. 
Après 8 minutes. . . . 1,25 0,06 
Après 20 minutes. . . . 1,80 > 0,10 curarisation. 
ÉxP. "3. 
EXCITATION PAR LE NERF EXCITADION PAR LE MUSCLE 
NE ne ne 
Rhéobase. Chronaxie. Rhéobase. Chronaxie. 
» » 0,70 0,02 
Injection de 5 centigrammes de sulfate de spartéine. 
Après 10 minutes. . . 0,60 0,02 » » 
Après 30 minutes. . . 1,10 0,02 0,55 0,07 
Après 45 minutes. . . inexcCitable » 0,90 > 0,40 


Il ressort de ces expériences que la spartéine est un poison musecu- 
laire, comme l'ont indiqué, en partant d'un autre point de vue, Griffé 


(1) Cushny et Matthews. Arch. für exper. Pathol. und Pharmak., v. XXXV, 
p.129, 4895. 


(2) L. Lapicque. Journal de Physiologie et de Pathologie, janvier 1911, p. 42. 


310 E SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


et Gluzinski. Elle agit, exactement comme le curare, en ralentissant le 
muscle, en augmentant sa chronaxie; le nerf conserve celle qu'il avait 
au début, il n'est pas touché par le poison; à mesure que l’hétéro- 
chronisme augmente entre les deux organes, il faut des excitations 
_croissantes pour agir sur l’un par l’autre; quand cet hétérochronisme a 
atteint une certaine valeur, il y a curarisation. 


(Travail du laboratoire de physiologie générale du Muséum.) 


INFECTION TUBERCULEUSE EXPÉRIMENTALE DU COBAYE 
PAR LA CONJONCTIVE OCULAIRE, 


par A. CALMETTE, C. GUÉRIN et V. GRYSEZz. 


À la surface des muqueuses, autour des acini glandulaires qui y 
déversent les produits de leurs sécrétions, les vaisseaux et les sinus 


lymphatiques forment un réseau particulièrement riche, et les leuco- 


cytes migrateurs y accomplissent une besogne des plus actives, qui a 
pour effet de balayer ces muqueuses de toutes les impuretés micro- 
biennes ou autres apportées par l’air extérieur. 

Aussi ces muqueuses sont-elles particulièrement exposées à l'infection 
bacillaire ou, pour être plus exact, offrent-elles une voie de pénétration 
facile au virus vers les espaces lymphatiques sous-jacents. 

Il suffit de laisser tomber sur le globe oculaire d'un cobaye soit une 
parcelle de crachat tuberculeux riche en bacilles, soit une goutte 
d'émulsion de culture renfermant par exemple 0 milligr. 5 de bacilles 
virulents, pour voir évoluer chez cet animal, sans qu'il se produise la 
moindre lésion au niveau du globe oculaire, de ses enveloppes ou de 
leur voisinage immédiat, une tuberculose d'abord ganglionnaire, 
débutant par le ganglion rétro-mastoïdien, envahissant aussitôt les deux 
ganglions rétro-pharyngiens, les deux ganglions de la partie antérieure 
du cou, puis les trachéaux, les bronchiques, et s'étendant, en l’espace de 
quatre à cinq semaines, à d’autres groupes viscéraux, aux ganglions du 
hile du foie, à ceux du mésentère, parfois aussi à des ganglions super- 
ficiels proches du lieu d'infection ou éloignés, tels que les inguinaux, à 
la rate et presque constamment aux poumons. 


Trois cobayes, infectés de cette manière le 19 novembre 1912 avec une 
goutte d’émulsion fine de bacilles bovins, présentaient déjà après trois 
semaines un engorgement manifeste des ganglions du cou. Sacrifiés après 
quarante-cinq jours, on trouve chez tous, à l'autopsie, ces ganglions gros 
comme deux noisettes, caséiliés dans.toute leur masse, les ganglions 
bronchiques de la dimension d’un pois, également caséeux, quelques tuber- 


47 
FUN LÉ 
de. scan mac ilé-. à 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 311 


x 


cules pulmonaires à centre caséeux, les ganglions du hile du foie et les 
mésentériques augmentés de volume et fibreux. Chez l’un de ces cobayes, le 
ganglion inguinal droit contient un petit foyer caséeux. 

Quatre cobayes, infectés le 26 décembre 1912 par simple instillation d’une 
gouttelette d'un crachat dans lequel on comptait au microscope 40 à 
50 bacilles par champ, présentent tous au bout de vingt-cinq jours le même 
engorgement caractéristique des ganglions du cou, très apparents au toucher. 

Deux d’entre eux sont sacrifiés les 5 et 6 février 1913. Les ganglions du 
cou, gros comme des noisettes, sont. caséeux. Les trachéo-bronchiques 
forment une seule masse également caséeuse. On trouve quelques tubercules à 
centre caséeux dans les deux poumons. Chez l’un, ils sont localisés au lobe 
postérieur gauche; chez l’autre, il y a cinq tubercules au lobe antérieur gauche, 
un au lobe postérieur gauche, un au lobe antérieur droit. Chez tous deux il y 
a quelques tubercules caséeux dans la rate; les ganglions du hile du foie etle 
central mésentérique sont énormes, caséeux. L'un des cobayes a le ganglion 
inguinal gauche tuberculeux et caséifié. 

Un cinquième cobaye jeune (200 grammes) reçoit le 17 janvier en instilla- 
tion sur l'œil droit une goutte de crachat renfermant 15 à 20 bacilles par 
champ. Deux semaines après, il présente l’adénite double du cou. On le 
sacrifie le 7 février. Ses ganglions cervicaux supérieurs, trachéobronchiques, 
et le ganglion mésentérique central sont volumineux et caséeux. On trouve 
quelques tubercules dans la rate. Rien aux poumons. 


Ce mode d'infection par instillation oculaire est donc très sûr dans 
les conditions ci-dessus précisées el, à la gravité près, due à la viru- 
lence des bacilles employés, la forme de tuberculose qui en résulte 
ressemble singulièrement, dans sa première phase, à celle qui caratérise 
chez l'homme, surtout dans l'enfance, la scrofule. La ressemblance est 
telle qu'en examinant les animaux d'expériences, l’idée vient immédia- 
tement à l'esprit que la contagion familiale humaine s'exerce sans 
doute fréquemment par la même voie, et qu’elle est alors consécutive à 
la projection, par un tuberculeux tousseur, sur la conjonctive oculaire 
de sujets sains, de particules de salive riches en bacilles. 

Beaucoup mieux que l'inoculation expérimentale, l'infection par 
iustillation oculaire, réalisant l'infection en quelque sorte naturelle par 
les voies lymphatiques, sans effraction de tissus, sans lésion à la porte 
d'entrée des bacilles, permet d'étudier chez le cobaye l’action des tuber- 
culines, celle des sérums et des substances chimiques susceptibles 
d’influencer l’évolution de la tuberculose. Nous pensons aussi que cette 
voie peut être utilisée avec avantage pour les essais de vaccination avec 
des bacilles modifiés ou atténués. 

Nous l’avons appliquée avec le même succès à l’étude de différents 
microbes pathogènes. Avec le cocco-bacille de la peste et avec le pneu- 
mocoque, elle permet d'obtenir avec la netteté la plus parfaite, chez le 
cobaye, la pneumonie pesteuse primitive typique mortelle en quarante- 
huit à soixante-douze heures et, avec le pneumocoque, la pneumonie 


312 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


= — 


lobaïre mortelle en quinze à dix-sept jours. Il à donc paru qu'elle était 
tout indiquée pour réaliser des tentatives de vaccination avec les 
microbes sensibilisés suivant la technique de Besredka. 


(Anstitut Pasteur de Lille.) 


PROPRHÈTÉS ANTICOAGULANTES DE L'ACIDE NUCLÉINIQUE 
EXTRAIT DES GLOBULES DU SANG DES OISEAUX, 


par M. Doxon et F. SARvONArT. 


I. — Le sel de soude de l’acide nucléinique extrait des globules du 
sang des oiseaux possède la propriété d'empêcher in vitro le sang de 
chien de coaguler. 


IT. — Pour préparer cet acide, nous partons de 3 litres environ de 
sang d'oiseaux de basse-cour (poulets, canards, dindons). Ce sang est 
recu sur une solution d’oxalate de potasse. Les globules sont centri- 
fugés, lavés à l’eau salée, laqués par l’eau et l’éther. On les sépare aussi 
complètement que possible de leur matière colorante en les lavant par 
décantation avec l’eau distillée à la tempéralure de l’étuve, suivant la 
pratique de Jaquet (1). Les stromas sont isolés, séchés à l'alcool. Nous 
préparons l'acide nucléinique suivant la technique donnée par Neu- 
mann (2) pour Les divers organes. Le produit de cette opération est une 
masse volumineuse qui se gélifie très facilement sous l’action de l’eau 
et qui semble constituée par un mélange d'acides nucléiniques. La 
substance gélifiable est moins soluble que les autres. dans les alcalis ; 
nous avons pu isoler dans la soude et précipiter par HCI dilué un acide 
nucléinique renfermant 10 p.100 de phosphore et très actif sur le sang. 


III. — Nous avons utilisé le plasma séparé des globules pour y pré- 
parer la nucléo-protéide signalée par Liebermeister (3) dans le sérum 
de cheval. Nous n’avons pu réussir, par la méthode de Neumann, à 
extraire de cette nucléo-protéide un acide nucléinique. Cet insuccès doit 
peut-être être attribué à la trop petite quantité de ce corps présente 
dans le plasma. 


(Laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Lyon.) 


(4) Zeitschrift für phys. Chemie, 1889, Band XIV, p. 289. 
(2) Arch. für Anat. und Phys, 1899. Phys. Suppl. Band, p. 552. 
(3) Hofmeister’s. Beiträge, 1906, VILE, 439. 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 313 


ZE EE ——_——_— — ——]—]——————]—]— —"—] ] -—— |] - | |--— —]——. —.— — —€—.—(—(—Ï—(—(————— 


SUR LE POUVOIR D'ABSORPTION DE LA VESSIE, 


par Maürice Niczoux et Victoire Nowicxa. 


La question du pouvoir absorbant et de la perméabilité de la vessie est 
très controversée; alors que certains (Küss, Susini, Guyon, Alling, 
Cazeneuve et Livon, Boyer et Guinard, Pousson et Sigalas, Gerota) 
voient dans la vessie un organe destiné à recevoir d’une facon tempo- 
raire: les produits de l'élimination rénale et nient à la paroi vésieale 
tout pouvoir absorbant, d'autres (Ségalas père et fils, Kaupp, Paul Bert et 
Jolyet, Brown-Séquard, Treskin, Fleischeret Brinkmann, Maaset Pinner, 
Ashdown, Bazy, Sabatier, Morro et Gaebelein, Vültz Baudrexel et Die- 
trich) admettent que la vessie n’est pas absolument étanche pour LE 
substances qui y sont contenues (1). 

Nous avons pensé que nous pouvions apporter à ce sujet une contri 
bution intéressante par l'emploi de l'alcool comme substance d'étude en: 
raison de sa faible toxicité et de l'extrême facilité avec laquelle on 1è 
dose dans le sang et l'urine, même à l’état de traces infimes (2). 

L'idée première de ce travail a son origine dans la constatation de ce: 
fait important qui ressort nettement des expériences de Gréhant (3), ét 
sur lequel ce savant n'avait pas autrement insisté, que l'alcool est éli- 
minmé par l’urine en quantité tout à fait variable, alors: que: l'élimination 
. par: le poumon et par la peau subit des: variations faibles. IL n'est pas 
sans: intérêt d'ajouter que: ce sont les résultats, analogues d'expériences 
identiques à celles: de Gréhant qui ont amené Vôltz Baudrexel et Die- 
trich à conclure à un pouvoir absorbant de la vessie: et à entreprendre 
ume-série de recherches qui ont confirmé: cette iypothèse. 

Il nous: à semblé intéressant, avant d’expérimenter directement sur la 
vessie, de reprendre et de compléter en raison de: leur importance les 
expériences de Gréhant. C'est le but des recherches: suivantes. 


LI. — Etude comparée: de l'élimination wrinaire: et de l'élimination. pul- 
monaine: de l'alcool pris en ingestion.. — La:technique et le détail de nos 
expériences: ne pouvant figurer ici, faute de place, et devant être publiés 


(1) On trouvera la bibliographie et. nos protocoles d'expériences dans un 
mémoire: qui sera publié dans le-numéro.de. Mars. du Journal de Physiologie et 
de Pathologie générale. 

(2) Maurice Nicloux. Sur le dosage et la distillation de traces d’alcool éthy- 
lique. Application au.sang, à l'urine et aux tissus. Comptes rendus de la Soc. de 
Biologie, 1913,.t. LXXIV, p. 267. 

(3) N. Gréhant. Recherches sur l'alcool éthylique injecté dans le sang ou 
dans l’estemac et sur ce qu’il devient dans l'organisme. Journal de Physiologie 
et de Pathologie générale, 1907, t.1X, 978-986. 


314 


ailleurs (voir note 1), nous réunissons les résultats dans le tableau sui- 
vant. (Les rechérches ont été faites alternativement sur trois animaux 
À, B, C; dans les expériences numérotées IV, VI et VIT, on a fait ingérer 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


5 grammes d'’urée pour provoquer la diurèse.) 


DÉSIGNATION 
eb poids 


de l’animal 


NUMEROS 
des expériences 


kil. 
A 2,320 


B ® 2150 
A d 2,260 
B © 2,2% 
À 2,540 
B © 2,170 
C d! 2,350 
C g 2,300 


De l'examen des chiffres fournis par ce tableau, il résulle que la 


ALCOOL VOLUME 
absolu de l’urine 
ingéré émise 


(en solution en 
à10 p.100) 


24 heures 


ALCOOL ÉLIMINÉ 
par l'urine 


quantité 


absolue 


0,588 


0,385 


ALCOOL ÉLIMINÉ 
par le poumon et la peau 
TT 


quantité pate 


absolue ee 
SAR 
4,2 
4,2 
2,8 
4,6 
1,6 
2,3 
3,5 


valeur de l'élimination urinaire est, comparativement à l'élimination 
pulmonaire, extrêmement variable, passant de 1,57 p. 100 à 12,9 p. 100. 


À n’en pas douter, ces variations son! uniquement dues à une réabsorp- 


tion de l’alcool au niveau de la vessie. Dans l'expérience I, par exemple, 
l'animal n'avait pas uriné pendant vingt-quatre heures, et Les 415 c. c. 
d'urine que l’on a recueillis (renfermant O0 c. c. 117 d’alcool p. 100) ont 
été obtenus par pression de l'abdomen au sortir de la cloche, la quantité 
d'alcool contenue dans cette urine représentait 1,57 p. 100 de la quantité 
ingérée ; or, le même animal A, peu de temps après, dans l'expérience III, 
éliminait, à la suite de mictions qui se faisaient 5 h. 30 et 8 h. 25 après 
l’ingestion, 6,3 p. 100 de l'alcool ingéré, soit quatre fois plus. 

Si l'animal urine abondamment du fait de l’ingestion d’un diurétique 
(urée), et ce fut le cas dans l'expérience IV, l'alcool éliminé par le rein 
n’a pas le temps de se réabsorber au niveau de la vessie et la quantité 
d'alcool éliminé peut atteindre 12,9 p. 100 de la quantité ingérée. 

Dans la série d'expériences suivantes, nous avons étudié le problème 


de l’absorption directe par la vessie. 


Il. — Absorption de l'alcool par la vessie. Mesure de la quantité absorbée 
suivant la concentration et après des temps différents. Présence de l'alcool 
dans le sang de la circulation générale. — Toutes nos expériences ont été 


. faites sur le chien. 


SÉANCE DU A5 FÉVRIER 315 


L'animal, le même dans toutes nos expériences, étant fixé sur la gouttière 
de Claude Bernard, on introduit dans la vessie une sonde, puis on extrait 
l’urine ; à cette urine, on ajoute un volume déterminé d’alcool à 95 degrés 
et on réintroduit l'urine, ainsi additionnée d'alcool, dans la vessie. Après un 
certain temps, on retire par la sonde le contenu vésical, on lave la vessie 
jusqu’à obtention d’un liquide clair, on réunit tous les liquides et on y dose 
l’alcool. Enfin, dans un certain nombre di Phenss on à pris du sang dans 
le cœur et on y a recherché l'alcool. 


Le tableau suivant résume nos expériences: 


DURÉE TENEUR VOLUME ABSOLU|ALCOOL ABSORBHI ALCOOL 


du séjour en aleo0l | | —n 
de de l'alcool © | de l’urine .400 |. 
dans : injectée de de volume Fe ls 100 c. c. 


Ù l'alcool | l'alcool œ 
la vessie | 10 OO GC SE ju |quantité| de sang 
injecté |retrouvé| absolu injectée 


POIDS 
pour 


l'animal 


NUMÉROS 
des expériences 


ES | ae es a — 
c-C. 


kg. . CE 5 Π
8.160 30 min. 5 ,% 0,451 ,37 16,1 
8.560 lie 0,546 ,498 s 19,8 


8.500 2 h. É 1,007 0,74 5 25,8 


8.400 3h: 0,932 ,247 389 41,3 


8.400 3: É Da 50 43,6 
8.500 30 min. 5,9 4,6: » 


Ainsi donc, comme cela ressort nettement de l'examen de ce tableau, 
l'alcool est absorbé en quantité notable par la vessie : pour des solutions 
de même teneur en alcool, d'autant plus que la durée du séjour dans la 
vessie est plus longue, 16,1 p.100 en trente minutes, 19,8 p.100 en 1h.10 
(Exp. IX et X); 25,8 p. 100 en deux heures et 41,3 p. 100 en trois heures 
(Exp. XI et XII). Pour des concentrations différentes (Exp. XI et XIII), 
l’absorption paraît d'autant plus grande que la concentration est plus 
forte. Dans l'expérience XIV, l'alcool injecté dans la vessie était à 
5,9 p. 100 et l'organe s’est montré intolérant. Ajoutons que, dans les 
expériences XIII et XIV, comme le montre le tableau, nous avons pu 
déceler l'alcool dans le sang de la circulation générale (1). 

En résumé, ces deux séries d’expériences qui se complètent mutuel- 
lement, démontrent très nettement l'absorption de l'alcool par la paroi 
vésicale. Cette démonstration, aussi convaincante qu'elle soit, appelle un 
complément: Si, en effet, l'alcool passe de la vessie dans la circulation 
générale, il doit passer de la circulation générale dans la vessie, les 
ureltères, naturellement, étant liés. Cetle dernière question nous a 
semblé particulièrement intéressante, nous y avons consacré toute une 
série d'expériences dont nous rendrons compte dans la prochaine séance. 


(4) Nous ne tenons pas compte de l'expérience XII, la quantité trouvée est 
de l’ordre de celle contenue dans le sang normal. 


316 7 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ÉTUDES SUR LA POLIOMYÉLITE AIGUE ÉPIDÉMIQUE, 


par Kane et Levaprrr. 


Nous avons été chargés, en septembre 1912, par l’Institut Pasteur de 
Paris et l’Institut médical de l'Etat, à Stockholm, d'étudier en. Suède le 
mode de transmission de la poliomyélite aiguë épidémique. Grâce à l’ap- 
pui des autorités suédoises, nous avons entrepris, de septembre à no- 
vembre, un grand nombre de recherches épidémiologiques et expéri- 
mentales. Les résultats enregistrés font le sujet d’un rapport, actuelle— 
ment sous presse. Dans la présente note, nous désirons simplement ré= 
sumer les conclusions de ce rapport, sans entrer dans les détails, nù 
exposer la bibliographie, pour lesquels nous renvoyons à notre trawaill 
qui paraitra incessamment. Voicices conclusions: 

1° Les faits épidémiologiques recueillis par nous concordentavec l’hiy- 
pothèse de la transmission de la maladie par contact humain (direct ow 
indirect), formulée par Wickman. 

20 Cette transmission es! assurée par des cas de poliomyélite typique 
et surtout par des cas abortifs, lesquels peuvent rester facilement mé- 
connus, par conséquent non isolés, et qui, souvent, constituent la ma- 
Jorité. 

3° Dans un foyer épidémique restreint et isolé, la maladie apparait 
d’une façon brusque, s'étend rapidement, fait, en peu de temps, tout ce 
qu'elle peut faire, pour s'éteindre ensuite complètement. 

% L'incubation peut être de très courte durée (2-3 jours). 

5° Les malades paraïssent être contagieux pendant la période d’in- 
cubation qui précède l’éclosion des phénomènes prémonitoires. 

6° La poliomyélite peut évoluer en deux phases, séparées par une 
période d’accalmie de quelques jours, voire même de quelques se- 
maines. Pendant cette période, le sujet, qui paraït bien portant, peut 
infecter son entourage. 

7° L’expérimentation sur le singe ne nous a pas permis de découvrir 
le virus de la poliomyélite hors du corps humain. L'hypothèse de la 
transmission de la paralysie infantile par l’intermédiaire de l’eau, du 
lait, de la poussière, des mouclies, des punaises, des moustiques, ne 
trouve pas confirmation ni dans nos résultats expérimentaux, ni dans 
les données épidémiologiques recueillies par nous. Le problème de l'in- 
tervention des Stomazxys calcitrans dans la propagation de la maladie 
doit être considéré comme non définitivement résolu. 

8° L'homme paraît être l'unique dépositaire du virus. Les sécrélions 
naso-pharyngées et trachéales, de même que le contenu intestinal des 
sujets.atteints de poliomyélite aiguë, peuvent contenir le virus typique 
de la paralysie infantile (Kling, Pettersson et Wernstedt, nous-mêmes). 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 311 


C'est là une constatation du plus haut intérêt au point de vue de la trans- 
mission de la maladie au moyen de ces sécrétions. 

9 Nous n'avons pas réussi à découvrir le virus typique de la polio- 
myélite dans les sécrétions de la gorge chez les malades atteints de la 
forme abortive de la maladie, ou chez les supposés porteurs de virus. 
La question de la présence d’un tel virus chez ces, malades, et ces por- 
teurs est encore à l'étude (4). 

10° Au milieu d'un foyer épidémique circonserit, certaimes familles, 
ou certains membres d’unefamille contaminée, peuvent rester indemnes. 
Nous avons constaté que le sérum de ces sujets qui jouissent d’une vé- 
ritable immunité, neutralise le virus de la poliomyélite, complètement 
dans une proportion. de un tiers et partiellement dans une proportion de 
5 : 9. La résistance de ces individus vis-à-vis du germe répandu à pro- 
fusion dans leur entourage et peut-être aussi sur leurs muqueuses, 
semble donc liée aux propriétés microbicides des humeurs. 


ACTION ANTICOAGULANTE DES SELS DE TERRES RARES SUR LE SANG 1n vilro, 


par AzBERT Frouë et Vicror MERCIER. 


L'un de nous a étudié antérieurement l’action des sels de lanthane et 
de thorium chez les animaux thyro-paraéthyroïdés et montré que ces 
sels aux doses employées, en injection ou en ingestion, ne permettent 
pas la survie de ces animaux, comme le font les sels de Ca et de Mg (2). 
L’injection lente d’une solution à 1 p. 100 d’un sel de terre rare, dans 
la veine marginale de l'oreille du lapin, nous a permis de constater que 
ces sels produisent l'agglutination du sang provenant des veines affé- 
rentes. En collaboration avec M'° S. Ledebt, nous avons étudié l’action 
agglutinante de certains sels de terres rares sur diverses espèces globu- 
laires (3). : 


(1) Après la rédaction de cette conclusion, il est paru une note de Flexner, 
Clark et Fraser, concernant la présence du virus typique dansiles sécrétions 
de la gorge chez un sujet apparemment sain, mais qui avait été en contact 
intime avec des poliomyélitiques. Journal of the americ. med. Assoc., vol. EX, 
non 4110/1137 

(2) Albert Frouin. Nouvelles observations sur la survie des animaux éthy- 
roïdés. Action des: sels de thorium et de lanthane. Soc. de Biologie, t. LXVIIT, 
1940 p.313. 

(3) Albert Frouin et Mie S. Ledebt. Action agelutinante et antinhémolytique 
des sels de terres rares. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LNXKF, 
“p. 1038, 1942. 


318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Dans la présente note, nous étudions l’action anticoagulante in vitro 
des sels de terres rares sur le sang de chien et de lapin. 


Technique. — Dénuder l'artère carotide et sur une grande longueur. Placer 
sur cette artère dénudée, le plus près possible du cœur, une pince à pression 
continue, puis vider l’artère du sang qu’elle renferme en la pressant entre les 
doigts. Placer une ligature sur l'artère vidée, le plus près possible de la tête. 
Sectionner l’artère près de cette ligature. Monter cette artère sectionnée sur 
une canule d’Elsberg pour la transfusion du sang. On peut encore, si l’on n’a 
pas de canule spéciale pour la transfusion, fixer l’artère sur un tube métal- 
lique ou sur un tube de verre, comme on le fait pour l’anastomose des 
vaisseaux par le procédé de Payr. Ce procédé présente certains avantages : 
on n’a aucun corps étranger en contact avec le sang, l’endothélium artériel 
est moins lésé que par l'introduction d'une canule à l’intérieur du vaisseau. 

Nous nous faisons un plaisir d'indiquer ici que l’idée de l’emploi de ces 
canules à transfusion, ou de tubes de Payr, nous a été suggérée par nos 
collègues Jouan et Staube, qui se proposent de PRES dans leurs 
recherches sur la lai du sang. 

Pour étudier l’action conan des diverses terres rares, nous plaçons 
la solution du sel dans un verre à pied paraffiné, sur lequel on établit un 
repère de jauge correspondant à 20 c.c.; le sang est recueilli directement dans 
cette solution. 


Voici un protocole d'expérience faite sur le chien; la quantité de 
sang recueillie a toujours été de 20 c.c. : 


21c-Cheullate de Ccérium à ip A0I0PPERE NEC PS Incoagulable. 
ACC — — AUD LODMA Ne RE nee tome Coagulation partielle en 12 b. 
2cicisuliate de lanthane à 1 pA00 2 ET Incoagulable. 7 
1 c.c. — — d'HEDAOO SEE EE Incoagulable. 
(cc — d APP AUTRE . .« «+ Coagulation en 24 heures. 
4,c.1c-csulfate denéodyme à p.100. "MM. Incoagulable. 
2 C.C. — — AA DAAIO0 RARE EEEE Incoagulable. 
1 ce — — a 41 p: ADO APM . « « Coagulation partielle en 6 h. 
2 c.c. sulfate de praséodyme à 1 p. 100. . . . .. Incoagulable. x 
Lcc — — AA p A0 ne © . Coagulation partielle en 12 h. 
4 c.c. sulfate de samarium à 0 gr. 5 p. 100. . . . . Incoagulable. 
Dec — De 0 0 AUD. % à 2 Coagulation en 2 heures. 
GiectSulfate desthoriumta 410p 100 AMEN Incoagulable. 
4 — — à MP l00 Tee EEE Coagulation partielle. 
DACAC TE — OMEEMIDDMETENTS Le . Coagulation en 15 minutes. 
4 cc. chlorure d'yttrium à 1 p. 100 . . Incoagulable. 
PAG: — — à 1 p.100 EEE IMmcoagulable. 
1RCACE — — 721 5pe AOOAPAERE ES Coagulation en 3 heures. 

T 


Avec le sang de lapin, nous avons obtenu des résultats de même 
ordre. 
On voit, d’après les expériences rapportées ci-dessus, que les sels de 


SÉANCE DU ÀD FÉVRIER 319 


terres rares à la dose de 2 grammes par litre environ rendent le sang 
complètement et indéfiniment incoagulable in vitro; une exception 
doit être faite pour les sels de thorium qui n’agissent qu’à des doses 
plus élevées. 

Dans une prochaine note, nous éludierons le mécanisme de cette 
action anticoagulante sur le sang in vitro de même que l’action de ces 
divers sels sur les diastases coagulantes. 


LE RAPPORT DIT « AZOTURIQUE » DANS LES DIVERSES SÉROSITÉS 
DE L'ORGANISME, 


par À. JAvaL. 


Ayant eu l’occasion en ces dernières années de faire plus de 200 do- 
sages comparatifs d'azote uréique et d'azote total dans le sérum sanguin 
et dans la plupart des humeurs de l'organisme, nous avons pu étudier 
les variations du rapport dit « azoturique » et de l’azote résiduel dans 
diverses maladies et dans les différentes sérosités d’une même malade. 

Nous nous sommes servis de la même technique que MM. Widal et 
Ronchèse (1) et en avons toujours obtenu d’excellents résultats. Nous 
avions préalablement vérifié par des dosages d’urée en solution titrée 
et à des dilutions variables, que la méthode à l'hypobromite de sodium 
est d’une précision tout à fait suffisante pour les recherches physiolo- 


giques. 


Comme la plupart des auteurs qui nous ont précédés, nous appelons 
azote total du sérum ou des sérosités, tout l’azote (sauf celui de l’albumine 
préalablement précipitée) dosé par la méthode de Kjeldahl. Nous appelons 
azote uréique l'azote décomposable par l’hypobromite de sodium dosé dans 
l’uréomètre après précipitation de l’albumine. Nous appelons azote résiduel la 
différence entre l’azote total et l’azote uréique. Nous conservons au rapport 
Azote de l’urée 

Azote total 
ment tout à fait impropre lorsqu'il s’agit d’un sérum ou d’un transsudat 
quelconque. 


le nom de rapport azoturique, quoique ce terme soit évidem- 


La répartition de l’azote sous ces trois formes (azote uréique, azote 
total, azote albumineux) mérite d’être étudiée non seulement dans le 
sérum sanguin, mais dans tous les liquides ponctionnables de l'organisme. 


(4) Widal et Ronchèse. Rapport des différentes substances azotées retenues 
dans {e sérum sanguin au cours du mal de Bright. Comptes rendus de la Scc. 
de Biologie, 1906, p. 245. 


. 320 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


MM. Widal et Froin (1) ont montré que le chiffre de l’azote uréiqueest 
sensiblement le même dans le sérum sanguin et dans de liquide 
céphalo-rachidien d'un même sujet, lorsque les ponctions sont faites au 
même moment. Nous avons vu ensuite avec Adler (2) qu'il s'agissait 
d'une loi générale s'appliquant aux autres liquides, tels qu'hydrothorax, 
ascite et œdème. Puis nous avons établi avec Boyet (3) que la loi était 
plus générale encore, et que ce qui était vrai pour l'azote uréique l'était 
également pour l’azote total. Nous croyons avoir établi que l'azote 
uréique ou l’azote total, quel que soit le chiffre de leur rétention san- 
guine, se retrouvent sensiblement au même taux dans le sérum et dans 
toutes les sérosités physiologiques et pathologiques de l'organisme. 

Ce qui est vrai pour l'azote uréique et l’azote total l’est a fortiori pour 
l’azote résiduel et le rapport azoturique, comme le montre le tableau ci- 
dessous dans lequel nous donnons, pour six malades, les dosages de 
différents liquides ponctionnés au même moment : 


AZOTE AZOTE AZOTE |RAPPORT 
LIQUIDES total uréique | résiduel | azotu- 
(par litre)|(par litre)|(par litre)| rique 


.| Sérum 
Liquide pleural 
Liquide céphalo-rachidien 


.… . | Liquide pleural 
Liquide céphalo-rachidien 


La concordance que nous signalons apparaît toujours plus nettement pour 
les chiffres forts que pour les chiffres faibles : cela tient aux conditions expé- 


(1) Widal et Froin. L'urée dans le liquide céphalo-rachidien des brigh- 
tiques. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 190k, t. II, p. 282. | 

(2) Javal-et Adler. La diffusion de l’urée dans les transsudats de l’organisme. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1906, t. IX, p. 235. 

(3) Javal et Boyet. La diffusion de l’azote dans les liquides de l'organisme. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1909, t. [, p. 470. — Javal. Contribution 
numérique à l'étude de la composition chimique des sérosités. Journal de 
Physiologie et de Pathologie générale, 1911, p. 508. 


’ SÉANCE DU 15 FÉVRIER 324 


rimentaies. Nous opérons loujours sur la même quantité de liquide (en prin- 
cipe 10.c.c.), et pour les. chiffres faibles l'erreur de quelques centigrammes, 
inhérente à toute recherche biologique nécessitant des manifestations longues 
et délicates, fait varier le rapport azoturique dans dé grandes proportions. 


Puisque le rapport azoturique ‘est intéressant à ‘étudier dans des 
maladies du foie, il n’est pas sans utilité de savoir qu'on peut l’établir 
avec le liquide d'ascite aussi bien qu'avec le sérum. 

Dans une prochaine note, nous nous proposons d'étudier les varialions 
de:cerapport:dans diverses maladies. 


(Travail du laboratoire de l'hôpital de HRothschild.) 


SI L'ON EXERCE SUR UNE ARTÈRE UNE CONTRE-PRESSION ÉGALE 
A LA PRESSION DIASTOLIQUE, LA PRESSION SYSTOLIQUE AUGMENTE EN AVAL, 


par :C- PEzz. 


L'ondée sanguine, lancée par la systole ventriculaire à travers les 
vaisseaux, perd nécessairement de sa force au fur et à mesure qu'elle 
s'éloigne du cœur. Parmi les facteurs qui sont la cause de son affaiblis- 
sementprogressif, il faut tenir compte, en partie, du éravail produit par la 
distension des parois artérielles. Ceci admis, il était logique de penser 
que la suppression de ce travail sur une certaine longueur d’une artère 
donnée aurait, comme conséquence, d'augmenter la pression en aval. On 
pouvaitmême théoriquement aller plus loin et supposer que l’augmen- 
tation de la pression en aval devait être en rapport direct avec l'étendue 
de l'artère sur laquellece mème travail avait été supprimé. Le contrôle 
expérimental a prouvé le bien fondé de cette conception théorique. Pour 
supprimer le travail fait par l'ondée sanguine lorsqu'elle distend les 
parois artérielles, il n’y a qu’un moyen : exercer sur un segment d’ar- 
tère une contre-pression égale à la pression diastolique, ce qui a, 
comme résultat, de mettre Les parois artérielles en état de fension nulle. 

Voici le détail des expériences : 

On relie séparément deux brassards appliqués l’un au poignet et 
l'autre au bras, à deux oscillomètres du professeur Pachon ; on détermine 
d'abord avec l’un la pression systolique au poignet et avec l’autre la 
pression diastolique au bras. Ces chiffres étant connus, on réalise au 
poignet une compression égale à la pression diastolique trouvée et au 
bras une compression égale à la pression diastolique. Dans ces condi- 
tions, si l’on fait manœuvrer le séparateur de l’oscillomètre, relié avec 
le brassard du poignet, on constate que la valeur de la pression systo- 
lique est franchement plus forte qu'auparavant. Ceci se traduit par ce 


PRET AE D'OR TUNSS TCR 
LS dE SA ERA S 


322 = SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


fait que la première oscillation croissante devient plus grande (sujets à 
tension diastolique normale), ou par ce fait que cette oscillation se 
manifeste à un chiffre supérieur de 1, 2, voire même 3 centimètres de 
Hg au chiffre de pression systolique enregistré avant l'expérience 
(sujets à haute tension diastolique). Pour contrôler d’ailleurs l’exacti- 
tude de l’expérience, il suffit de décomprimer le bras; la pression systo- 
lique diminue aussitôt au poignet et revient à sa valeur normale. L’aug- 
mentation de la pression en aval varie, comme il fallait s’y attendre, 
suivant les dimensions du brassard appliqué au bras. Plus le brassard 
est haut, c’est-à-dire plus est grand le segment de l’artère détendue, plus 
la pression augmente en aval. Ces faits peuvent être- mis en évidence 
sur n'importe quel sujet; toutefois, les individus à tension haute s'y 
prêlent mieux, car les écarts sont plus grands, ce qui permet de saisir 
plus facilement les phénomènes. 

On arrive à des résultats identiques par des expériences, réalisées 
d’une autre manière, et peut-être plus démonstratives. 

Deux brassards, reliés à deux oscillomètres, sont appliqués l’un à la 
partie supérieure de l’avant-bras, l’autre au bras. Ou comprime au 
niveau de l’avant-bras exactement jusqu’à ce que le pouls disparaisse à 
la radiale, et on fait ensuite au niveau du bras une compression égale 
à la pression diastolique. Le pouls réapparaît alors à la radiale et dis- 
parait aussitôt qu'on décomprine le bras. Ici encore les phénomènes sont 
nets, surtout si l’on applique au bras des grands brassards et si l’on a 
recours à des sujets à forte pression. On peut répéter cette expérience 
même sur des individus à tension normale, mais, dans ce cas, au lieu 
d'aller jusqu'à l'extinction du pouls à la radiale, il est préférable de se 
limiter à produire, par une compression de l’avant-bras, un affaiblisse- 
ment notable de la pulsation. Une compression du bras égale à la pres- 
sion diastolique a alors, comme résultat, de rendre le pouls radial beau- 
coup plus manifeste. Il est facile de comprendre comment par ce moyen 
on puisse réaliser une méthode au de déterminer, chez l’homme, la 
pression diastolique. 

Voici le protocole d’une expérience type : 


Mne C.., quarante-sept ans, néphrite azotémiqne, rétinite brightique, 
hypertension. A l'appareil de Pachon, appliqué au poignet, la pression systo- 
lique mesure 24 centimètres de Hg, la première oscillation croissante occupe 
deux tiers d’une division. La pression diastolique mesure au bras 16-17 centi- 
mètres. Si on exerce à ce niveau, avec un brassard de 12 centimètres de hau- 
teur, une compression égale à la pression diastolique, la première oscillation 
croissante se manifeste à 27 centimètres de Hg et elle occupe une division. 
Avec un brassard moyen de 8 centimètres elle se manifeste à 26, avec un 
petit brassard à 24-25. Sur la même malade, une compression du bras égale à 
la pression diastolique fait réapparaître à la radiale le pouls qui avait disparu 
par suite d’une compression faite à la partie supérieure de l'avant-bras. Le 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 393 


phénomène est très net si l’on applique au bras un grand brassard; il est 
peu marqué avec un petit brassard. 


Conclusions. — Il résulte de ces expériences : 


1° Que l’ondée sanguine, dans l'effort pour distendre les parois arté- 
rielles, use une partie de son énergie : d’où une certaine baisse de la 
pression systolique. Ceci était admis théoriquement, mais restait 
encore à démontrer. 

2° Que la présence d'une poche très extensible sur un segment d'artère 
(ce qui se produit quand par une contre-pression égale à la pression 
diastolique les parois des artères sont mises en état de présenter de 
grandes oscillations) ne s'accompagne pas, dans les conditions exposées, 
d'une baisse, mais d'une augmentation de la pression en aval, propor- 
tionnelle à la longueur de l’artère détendue. 


(Service de M. le D Vaquez, hôpital Saint-Antoine, Paris.) 


ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE L'AGGLUTINATION DU Micrococcus melitensis. 


Note de Vazrer et L. RimBAUD, présentée par AcHaRp. 


Nous avons successivement étudié chez l'animal l'agglutinalion du 
M. melitensis par les sérums normaux, l'influence des infections étran- 
gères sur celle agglutinalion, l’agglutination par les sérums d'animaux 
immunisés, l’'agglutination crcisée de diverses races de J/. melitensis 
(4 races de Ï. melitensis d'origines diverses). 


|. — AGGLUTINATION PAR LES SÉRUMS NORMAUX. — À. Cobayes. Le sérum 
des cobayes neufs n'agglutine qu’à un taux très faible le #. melitensis, 
en général à 1/20. ï 

B. Lapins. Chez le lapin le pouvoir agglutinant est faible, mais un 
peu plus élevé que chez le cobaye. Le lapin agglutine souvent à 1/50 le 
M. melilensis. 

G. Chiens. Le sérum des chiens normaux a un pouvoir agglutinant 
intense pour le 1. melilensis : 21 chiens examinés à ce point de vue ont 
agglutiné 18 fois le A7. melitensis, 1 fois à 1/20, 5 fois 1/100, 7 fois 1/200, 
1 fois 1/300, 4 fois 1/400. Une de nos races a même été agglulinée par 
deux chiens à 1/600. 

Le chauffage du sérum à 56 degrés pendant une demi-heure, proposé 
par Nègre et Raynaud, a fait constamment disparaitre celte propriété 
ayglutinante. 


Broocre. Coupres RExDUS. — 1913. T. LXXIV. 23 


20 


324 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


L'addition de sérum frais non agglutinant au sérum chauffé ne fait 
pas réapparaître le pouvoir agglutinatif de ce dernier. 


IT. — INFLUENCE DES INFECTIONS ÉTRANGÈRES. — Dans le but de savoir si 
des infections étrangères ne pourraient pas conférer au sang un pou- 
voir agglutinant pour le . melitensis et être la cause des séroréactions 
positives si souvent observées en clinique, plusieurs animaux ont recu 
des injections de germes divers : Eberth, coli (bacilles mobiles), staphy- 
locoque, tétragène (bacilles immobiles). Aucune modification de la pro- 
priélé agqlutinante pour le M. melitensis n’a été observée. 


III. — AGGLUTINATION PAR LES SÉRUMS D'ANIMAUX IMMUNISÉS. — L’in- 
jection intraveineuse au chien et au lapin de cultures de A. melitensis, 
tuées par chauffage à 60 degrés, confère un pouvoir agqlutinant très élevé 
au sérum de ces animaux, ou l'augmente s'il existait déjà. L'agglutina- 
tion devient positive à 1 p. 1000 et à 1 p. 3000. 

Les injections sous-cutanées et intrapéritonéales chez le cobaye et 
chez le lapin ont une action moins intense. 

Le chauffage à 56 degrés peut faire disparaître le pouvoir agqlulinant 
spécifique : il l'a fait disparaître chez tous nos cobayes, chez un lapin 
sur 5, chez 3 chiens sur 4 (même quand l’agglutination spécifique était 
positive à 4 p. 4000). 

Dans les cas où le chauffage n’a pas détruit ce pouvoir agglutinant, il 
a toujours abaissé sa limite (de 1 p. 3000 à 1 p. 200 par exemple, ou de 
À p. 4000 à 1 p. 50). 

On voit baisser souvent en peu de jours chez l” animal vivant le pou- 
voir agglutinant acquis de son sérum. 


IV. — AGGLUTINATION COMPARÉE DE DIVERSES RACES DE Âicrococcus 
melitensis. — L'agglutinabilité des races de 47. melitensis par les sérums 
“normaux présente une grande variabilité. Certains sérums normaux 
peuvent agglutiner une race à 1 p. 400 ou à 1. p. 600 et ne donnent 
aucune agglutination avec les autres races (même à 1 p. 20). 

- Le sérum d'un animal immunisé par une race de #/. melitensis agglu- 
tine en général les autres races, mais il n’agglutine pas toujours ces 
autres races. 

Dans une même série d'agglutinations croisées la race la plus agglu- 
tinée n’est pas nécessairement celle qui a servi à immuniser l'animal. 

Lorsque la chaleur ne détruit pas le pouvoir agglutinant spécifique, 
les taux d’agglulinabilité des différentes races, considérés avant et 
après chauffage à 56 degrés, ne sont pas proportionnels. 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 325 


SUR LE DEGRÉ DE PRÉCISION DE LA MÉTHODE A L'ACIDE TRICHLORACÉTIQUE 
POUR LE DOSAGE DE L'AZOTE URÉIQUE DANS LE SÉRUM, 


par R. Mooc. 


Dans la méthode à l'acide trichloracétique que j'ai proposée pour 
doser, dans le sérum ou dans le sang total, l'azote libérable par l'hypo- 
bromite, on néglige le volume du précipité formé. Le but de la présente 
note est de déterminer l’ordre de grandeur de l'erreur ainsi commise. 

Du sérum de cheval, additionné de quelques gouttes de chloroforme, 
a été soumis à une dialyse prolongée; la globuline précipitée ayant été 
redissoute par addition de chlorure de sodium, nous avons obtenu un 
sérum contenant la tolalité de ses matières protéiques, mais complè- 
tement débarrassé d’urée. Traité par la méthode à l'acide thrichlor- 
acétique, ce sérum ne donne pas trace de dégagement gazeux avec 
l'hypobromite. 

Nous avons alors introduit dans ce sérum des quantités connues 
d'urée, en ajoutant dans des prises de 10 c.c. de sérum successivement 
0,5c.c.,1c.c.;,2c.c., 3 c.c. d’une solution d’urée pure titrée au Kjeldahl; 
aux échantillons ainsi obtenus, on ajoute la solution d'acide trichlor- 
acétique en quantité suffisante pour avoir, dans tous les cas, 20 c.c. 
de liquide total. : 

Voici les résultats obtenus : 


QUANTITÉ D'URÉE AJOUTÉE 


ue) CBIFFRE TROUVÉ DIFFÉRENCE 

0 gr. 264 0 gr. 275 + 0 gr. 011 

0 gr. 527 0 gr. 544 + 0 gr. 017 

4 1 gr. 054 DM T + 0 gr. 018 
1 gr. 581 L gr. 591 + 0 gr. 010 


On voit que, contrairement à ce qui se produit dansles dosages d’urée 
en solution aqueuse, par l’hypobromite, on obtient constamment un 
chiffre légèrement plus fort que le chiffre réel; dans le cas le plus défa- 
vorable, cette erreur par excès est de 4 p. 100, mais elle peut s’abaisser 

au-dessous de 1 p. 100. 
- Telle est l'influence du volume du précipité sur le résultat du dosage. 


| Cas des sérums à faible teneur d'urée. — En ajoutant à notre sérum 
dyalisé des quantités d’urée inférieures à 0 gr. 25 par litre, nous avons 
| constaté, conformément aux recherches de MM. Grigaut et Brodin (1), 


(1) A. Grigaut et P. Brodin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
16 novembre 1912. 


codés Line t L'HMRÉ RÉtué de 


326 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


- que le dosage n'offrait plus aucune garantie d’exactitude. Nous avons 
alors, dans ces cas, employé l'artifice suivant : 

Aux 10 c.c. de sérum, on ajoute 1 c.c. d'une solution d’urée soigneu- 
sement dosée à l’hypobromite et contenant autour de 4 grammes d’urée 
par litre, puis 9 c.c. de la solution d'acide trichloracétique. Si x repré- 
sente en milligrammes le poids d’urée contenu dans 1 c.c. de la solution 
titrée, on devra, du résultat du dosage exprimé par litre de sérum, 
retrancher 100 x milligrammes. 

On oblient ainsi des résullats satisfaisants ; il semble qu'il s'établit 
une compensation entre l'erreur par défaut produite lors du titrage de 
la solution d’urée et l'erreur par excès produite dans le dosage du 
sérum. 

En terminant, je ferai une remarque au sujet d’une note publiée par 
M. H. Labbé (1). Se basant sur les conclusions d’un travail de M. Val- 
lery qui a constaté que l'acide trichloracétique était susceptible d’hydro- 
lyser à chaud une certaine quantité de protéine, M. H. Labbé dit qu'il y 
a là « une cause possible d'erreur dans l'estimation de Fazote uréique ». 
Cette objection n’est pas justifiée, l'acide trichloracétique étant employé 
à froid pour la précipitation des protéines du sérum. 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Desgrez.) 


SUR LA DISTINCTION DES ALBUMINES DU SANG ET DU MUSCLE 
PAR L'ANAPHYLAXIE. 


Note de G. Sroïcesco, présentée par H. VALLÉE. 


Dès 1901, Leclainche et Vallée (2) ont réalisé des tentatives de diffé- 
renciation des albumines urinaires humaines à l’aide de la méthode de 
séro-précipitation et établi que certains antisérums des albumines 
humaines décèlent de préférence les globulines, tandis que d’autres 
différencient mieux les sérines. Linossier et Lemoine ont obtenu de leur 
côté des résultats analogues selon d’autres techniques (3). Puis Nicolas 
et Vallée font connaître un procédé d'obtention de séro-précipitines et 
de musculo-précipitines qui permettent de distinguer, pour une même 
espèce animale, les albumines du sang de celles du muscle (4). 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 25 janvier 1913. 

(2) Leclainche et Vallée. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1901, p. 51. 

(3) Linossier et Lemoine. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 25 janvier, 
12 avril 1902. 

(4) Nicolas et Vallée. Bulletin de la Société centrale de médecine vétérinaire, 
28 mai 1903. 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 221 


Différents auteurs, parmi lesquels je me bornerai à citer Minet et 
Leclerc, Minet et Bruyant (1), ont, tout récemment, étudié la réaction 
anaphylactique du cobaye à l'égard des divers extraits d'organes et 
établi que l’anaphylaxie à ces extraits est différente de l’anaphylaxie 
sérique. 

Il m'a paru intéressant de tenter à nouveau la différenciation des albu- 
mines du sang et du muscle, chez une même espèce, en mettant en 
œuvre la réaction anaphylactique. 

L'antigène muscle utilisé dans mes expériences à été obtenu dans les 
conditions suivantes : 50 grammes de muscle disséqué sont hachés, 
lavés plusieurs fois à l’eau physiologique, puis conservés, dans cette 
solution, à la glacière, durant vingt-quatre heures. Ainsi débarrassé de 
toute trace de sang, le muscle lavé, repris sur un filtre, est mis en macé- 
ration pendant plusieurs jours dans de l’eau chlorurée sodique à 10 p. 100. 
Après ex,ression et filtration, l’on oblient une solution sirupeuse ren- 
fermant 12 p. 1000 de matières albuminoïdes. 

Tandis que dans certaines expériences j'employais des muscles de 
lapin, j'utilisais en d’autres du muscle de cheval. La macération antigène 
m'a servi, d'une part, à la préparation des cobayes à sensibiliser et à 
leur épreuve consécutive et, d'autre part, à des essais sur des cobayes 
sensibilisés non plus à sa faveur, mais à l’aide de sérum sanguin, soit 
de lapin, soit de cheval, selon les séries d'expériences (1/20 de c.c. de 
sérum à titre d'intervention préparante). : 

Les cobayes anaphylactisés, soit au sérum, soit à l’albumine muscu- 
laire, de lapin ou de cheval, ont tous été éprouvés, par l’antigène corres- 
pondant ou en essais croisés, par inoculation intracardiaque de dilutions 
de sérum sanguin, ou d’albumine musculaire, titrées de telle façon 
qu'elles contenaient des quantités identiques d’albumine de l’une ou de 
l’aulre variété. 

J'ai constaté de la sorte : 

4° Que les cobayes sensibilisés, soit au sérum de cheval, soit à celui 
du lapin, résistent, sans présenter aucun accident, à des doses d’albu- 
mine musculaire homologue, correspondant à 1/30 de c.c. de sérum 
sanguin ; : 

2° Que les cobayes sensibilisés à l’albumine musculaire succombent 
dans la proportion de 50 p. 100 à l'épreuve d’une quantité de cette albu- 
mine correspondant à 1/120 de c. c. de sérum sanguin ; 

3° Que tout au contraire les cobayes sensibilisés à l’albumine muscu- 
laire résistent, sans éprouver le moindre malaise, à l'épreuve à l’aide de 
quantités de sérum sanguin allant jusqu’à 1 c.c. 

Ces expériences établissent nettement que l’anaphylaxie à l’égard des 
albumines d’une espèce donnée diffère de l’anaphylaxie sérique. Si 


(1) Minet et Bruyant. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 juillet 1941. 


328 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


done l’on se propose d'utiliser les réactions anaphylactiques dans la 
différencialion des préparations de viandes, l'usage des sérums sanguins 
devra être rejeté de cette technique. Les animaux, préparés à l’aide des 
viandes manufacturées à identifier, ne devront être éprouvés qu'avec des 
macérations connues des diverses viandes qu’il est d'usage de consommer 
et non à l’aide du sérum sanguin des espèces qui les fournissent. 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Vallée à l'Ecole d'Alfort.) 


DE LA PERFUSION INTESTINALE CHEZ L'ANIMAL VIVANT, 


par Pauz CARNOT et ROGER GLÉNARD. 


I. — /nfluence du système nerveux central 
sur les mouvements intestinaux. 


Comme suite à nos expériences précédentes, nous avons réalisé la 
perfusion d’une anse intestinale par le liquide de Locke sur l’animal 
vivant. Cette technique est susceptible d’élucider divers mécanismes, 
nerveux où humoraux, relatifs à la physiologie de l'intestin. 


La technique est la suivante: sur un lapin, endormi superficiellement à 
l’éther, on ouvre l'abdomen, on attire au dehors un paquet d’anses intestinales, 
comprenant environ 4 m. 1/2 d'intestinet irrigué par une même artère mésen- 
térique. Cette artère est liée et une fine canule de verre y est introduite avec 
beaucoup de précautions pour ne pas léser les nerfs du voisinage. Les veines 
de retour sont largement incisées au-dessous d'une ligature et l’on fait 
passer un courant de liquide de Locke oxygéné à 38 degrés, à la vitesse de 
10 c.c. par minute. Les collatérales sont liées aux deux extrémités de l’anse 
perfusée. Enfin on immerge les anses perfusées el les anses voisines dans 
une solution de Locke à 38 degrés. 

On a ainsi une anse de 1 m. 1/2 d'intestin, privée de toute communication 
circulatoire .avec l'organisme, quoique maintenue vivante dans de bonnes 
conditions par la perfusion, et continuant à être innervée normalement. 

La disposition de l'expérience est particulièrement suggestive, en ce sens 
que l’anse ainsi perfusée est entièrement vide de sang et décolorée, tandis 
que les anses voisines, irriguées normalement par le sang, conservent leur 
couleur rosée naturelle. 


On constate, dans ces conditions, que les anses intestinales, immergées 
dans le bain de Locke à 38 degrés, conservent leurs mouvements habi- 
tuels, aussi bien au niveau des anses blanches perfusées qu’au niveau 
des anses roses irriguées par le sang; il n'y a pas, entre les mouve- 


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SÉANCE DU 15 FÉVRIER 329 


ments des unes et des autres, de différences bien appréciables, et la 
transsudation intestinale est, pour les deux, relativement faible. 

Dans un deuxième temps de l'expérience, on sectionne les nerfs qui 
relient l’anse perfusée au système nerveux central ; on se met ainsi dans 
les conditions habituelles de la perfusion, alors que l’anse perfusée est 
isolée du corps et vit d'une existence indépendante, simplement avec 
ses muscles et ses plexus nerveux intrapariétaux. 

Or on voit, immédiatement après la seclion des nerfs, se manifester 
une exagération considérable des mouvements péristaltiques, ceux-ci 
persistant pendant fort longtemps. 

La section des nerfs provenant des centres aboutit donc, toutes choses 
égales d’ailleurs, à une exagération du péristaltisme intestinal. 

_ L’intestin, séparé des centres supérieurs, a des mouvements péristalti- 
ques indépendants, et, comme ces mouvements sont plus énergiques 
qu'à l'état normal, il semble bien que, dans l'ensemble des influences 
frénatrices et accélératrices (transmises par les nerfs des centres 
supérieurs aux plexus propres d'Auerbach et de Meissner), ce sont les 
influences frénatrices qui l’emportent d'habitude. 

La même expérience, réalisée sur une anse voisine, normalement 
irriguée par le sang de l'animal, montre de même que la section des 
nerfs aboutit à une exagération du péristaltisme normal. 

Vis-à-vis de la sécrétion (ou tout au moins de la transsudation) qui se 
produit à l’intérieur des anses énervées, il semble également que la 
section des nerfs au niveau de l’attache mésentérique provoque une 
exagération manifeste : c’est la sécrétion paralytique de Moreau, démon- 
trée par une nouvelle méthode, aussi bien pour les anses irriguées par le 
sang que pour les anses perfusées. 

En résumé, la méthode de la perfusion intestinale sur l'animal vivant 
permet une exclusion circulatoire sans exclusion nerveuse, cette dernière 
pouvant être réalisée ultérieurement. Pareille technique permet de se 
rendre compte dans quelle mesure l'isolement total des anses perfusées 
modifie l'intensité des mouvements et de la sécrétion. 


IT. — Action des purgatifs. 


La méthode de la perfusion intestinale chez l'animal vivant permet 
d'étudier l'importance réciproque des mécanismes nerveux ou humoraux 
dans le mécanisme de la purgation. 

Voïci l'expérience que nous avons réalisée par cette méthode. 

1° Une anse intestinale de lapin, isolée circulatoirement et perfusée 
sur l'animal vivant avec intégrité des nerfs, est immergée dans le 
liquide de Locke en même temps que les anses voisines, irriguées nor- 
malement par le sang : les anses perfusées ne sont reliées aux anses 
normalement irriguées que par la lumière intestinale qui n’est ni obtu- 


330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


rée ni sectionnée. On note les mouvements que présentent les anses 
perfusées et les anses irriguées par le sang et qui sont sensiblement 
du même ordre; puis on injecte dans la veine marginale de l'oreille 
10 c.c. d’une solution de sulfate de soude à 2 p. 100 (soit 0 gr. 10 par 
kilogramme). On voit, presque aussitôt, se produire dans les anses irri- 
guées par le sang (et par conséquent directement influencées par le pur- 
gatif cireulant)une exagération manifeste des mouvements péristaltiques, 
avec contractures intenses, bagues de contractures, etc. Au contraire, 
l'anse perfusée ne présente aucune perturbation de cet ordre, et ses 
mouvements ne sont pas augmentés, tout au contraire. . 

Par conséquent, bien que reliée au reste de l'organisme par ses nerfs 
(pneumo-gastrique et sympathique notamment), l’anse perfusée n'a 
subi aucune action de la part du purgatif injecté. L’exagération du 
péristaltisme déterminée par un purgatif ne peut donc êlre mise sur le 
compte d’une action nerveuse transmise par les nerfs, bulbaires ou 
médullaires. La contre-parlie de cette expérience est, d’ailleurs, donnée 
par le fait que les anses isolées et perfusées, séparées du système 
nerveux central, n'ayant avec elles que les plexus terminaux propres, 
sont, dans nos expériences antérieures, très nettement influencées, dans 
leurs mouvements péristaltiques, par les purgatifs. 

20 Dans l'expérience précédente, on constate tardivement le phéno- 
mène suivant : une demi-heure après l'injection veineuse de purgatifs, 
l’anse perfusée et isolée circulatoirement (mais communiquant à plein 
canal avec les anses voisines irriguées par le sang chargé de sulfate et 
influencées dans leurs mouvements) commence, à son tour, à s’agiter et 
à remuer vigoureusement. L'action du purgatif sur l’anse perfusée se 
fait donc sentir en retard d’une demi-heure environ par rapport aux 
anses irriguées par le sang. 

Nous nous sommes demandé si cette action secondaire, et relali- 
vement tardive, n’était pas en rapport avec la présence, dans le contenu 
des anses irriguées (et par conséquent dans le contenu intestinal de 
l’anse perfusée qui communique avec elles), d'une substance péristal- 
togène. Pour vérifier cette hypothèse nous avons employé la technique 
suivante. 

3° L'expérience était disposée comme précédemment, une ligature est 
mise aux deux extrémités de l'intestin perfusé : il n’ÿ a donc plus de 
communication intestinale entre les anses irriguées par le sang et l’anse 
perfusée. On constate qu'il n’y a plus, alors, dans l’anse perfusée, 
production des mouvements tardifs précédents, après injection veineuse 
de sulfate de soude. Mais si, après trois quarts d'heure environ, on lève 
la ligature et que la communication intra-intestinale soit établie entre 
les deux segments, les mouvements apparaissent comme dans l’expé- - 
rience précédente. 

Il en est exactement de même si l’on introduit, dans l’anse perfusée 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 391 


et ligaturée, le contenu de l’anse irriguée par le sang et péristaltique- 
ment agitée grâce au purgatif injecté dans les veines. 

4% Quelle est la cause de ce phénomène? S'agit-il simplement de 
. l'élimination, par l'intestin, d’une partie du purgatif injecté dans le 
sang? ou s'agit-il de la production d’une substance péristaltogène, secon- 
dairement fabriquée par l’organisme? 

a) L’élimination d'une partie du purgatif injecté (sulfate de soude en 
l'espèce) par la muqueuse intestinale semble réelle : car, avec le chlorure 
de baryum on a un précipité (très peu abondant, d’ailleurs) de sulfate 
de baryte, mais la quantité de sulfate ainsi éliminée est si faible qu’elle 
est incapable d'expliquer l’action péristaltogène constatée. 

b) Il est vraisemblable d'admettre qu'il y a, tardivement, dans l’anse 
intestinale irriguée par le sang après injection intra-veineuse de 
purgalif, une substance péristaltogène, secondairement produite par 
l'organisme. 

Telle était, d’ailleurs, la conclusion de nos expériences précédentes. 
Nous verrons qu'elle est confirmée par l'étude de l’action directe de 
différents extraits viscéraux provenant d’un organisme purgé. 


SUR UN PIGMENT BLEU DU Bacillus mesentericus niger. 


Note de A. BRoQuiIN-LACOMBE, présentée par L. GRIMBERT. 


Le Bacillus mesentericus niger, isolé presque en même temps par 
Biehl (1) et Lunt (2), a toujours été considéré jusqu'ici comme fournis- 
sant dans les divers milieux de culture un pigment variant du jaune 
brunâtre au brun plus ou moins foncé ou au noir. 

Or, si l’on cultive ce microbe sur le milieu synthétique employé par 
Lasseur (3) pour le Bacillus chlororaphis Guignard et Sauvageau, on 
obtient dans certaines conditions un magnifique pigment bleu. 

Sur ce dernier milieu, comme sur les autres, le Bacillus mesentericus 
niger S'est montré exclusivement aérobie ; mais chaque fois qu'il a été 
cultivé en présence de l’air ou de l'oxygène, dans les meilleures condi- 
tions de température et d'éducation de la semence, il s’est produit un 
voile grisâtre et une belle coloration bleue. Cette dernière apparaît 


(1) Bieh]l. Ueber einen schwarzen Pigment biidenden Kartoffelbacillus. Cen- 
tralbl. für Bakt., 2te Abth., IE, 1896, p. 137. 

(2) Lunt. À Bacillus mesentericus niger, a new Potatoe Bacillus. Centralbl. 
fin Bakt., 2te Abth., II, 4896, p. 572. ; 

(3) Lasseur. Contribution à l’étude de B. chlororaphis Guignard et Sauvageau, 
Thèse de doctorat ès sciences, Nancy, 1911, p. 56. 


392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


toujours à la partie supérieure du liquide, sur une épaisseur de 
1 à 2 centimètres. Dans les tubes simplement fermés par un tampon 
d’ouate le voile s’épaissit peu à peu, se plisse et se teinte en brun d’abord, 
puis en noir. Le liquide lui-même perd sa couleur bleue pour devenir 
bleu verdâtre, vert sale, vert brun et enfin brun noirâtre, d'autant plus 
foncé que la teinte primitive était elle-même plus intense. 

Au contraire, si l'on fait une culture en tube scellé contenant une 
certaine quantité d’air ou d'oxygène (15 c. ce. environ), on n'obtient 
qu'un voile peu épais qui conserve sa coloration grisätre depuis plus de 
six mois, tandis que dans les tubes témoins, non scellés, les voiles ont 
pris, depuis longtemps, une forme plissée et une teinte noire. Be même, 
dans les tubes scellés, la couleur bleue du liquide a été moins intense 
que dans les tubes non bouchés hermétiquement, mais cette couleur 
persiste toujours. 

Ces faits semblent donc démontrer que le pigment bleu produit par 
le Bacillus mesentericus niger dans le milieu synthétique de Lasseur est 
dû à une fixation d'oxygène. Coriment se fait cette fixation? c'est ce que 
nous cherchons à élucider en ce moment, espérant pouvoir le dire dans 
une note prochaine, car la composition définie du milieu employé semble 
devoir nous donner rapidement la clef du problème. En tout cas, si l’ad- 
dition de glucose à ce milieu synthétique n’augmente pas l'intensité de la 
coloration, contrairement à ce qu'avait remarqué Biehl en milieu gélosé, 
l'apparition de la teinte bleue est rendue beaucoup plus précoce. 

Ajoutons enfin qu'il nous a été impossible, jusqu'ici, d'extraire ce 
pigment bleu par les liquides organiques ou inorganiques. 


ÉTUDES BIOLOGIQUES SUR UNE MOUCHE, Drosophila ampelophila Lüôw. 
V. — NUTRITION DES ADULTES ET FÉCONDITÉ, 


par EMILE GUYÉNOT. 


La fécondité de Dr. ampelophila dépend, non seulement des condi- 
tions dans lesquelles s’est effectué le développement des larves, mais 
encore des conditions dans lesquelles se sont trouvées les pupes et se 
trouvent les adultes. C’est ainsi que le desséchement des pupes retarde 
la maturité génitale. Mais ce sont surtout les conditions de nutrition de 
l'adulte dont l'influence sur la fécondité est particulièrement nette. 
Cette influence se comprend d’elle-même si l’on réfléchit que les 20 ou 
40 œufs mürs que renferme une femelle, à l’éclosion, dans les conditions 
oplima, sont pondus au bout de 48 heures et que les centaines d'œufs 
pondus dans la suite sont constitués aux dépens des substances assi- 
milées par l'organisme adulte. 


Le 


L. 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 333 
D te PO 
I. Influence de la nutrition sur des Dr. ampelophila non müres. — 
Des Dr. ampelophila, aseptiques, sœurs, élevées sur pommes de terre 
et, par suite, non müres génitalement, sont divisées en deux lots e 
réparties par couples, les unes sur pomme de terre (1) (milieu des 
les autres sur pomme de terre et levure (milieu riche). 
A) Sur pomme de terre, la ponte ne commence pas, ainsi que je l’ai 
montré dans une note précédente (2), avant 7 à 13 jours; elle se pour- 
suit, très réduite, à raison de 1 œuf par jour. 


D 


100.\ 


90. 
30. | 
7O. | | 


so | PANIER RES 
+ 


Tissa V RE ZA VII VII] 


Graphiques  . À, la ponte sur levure: B,la ponte sur pomme de terre. 


B) Si les mouches sont placées sur pomme de terre-levure, milieu 
nutritif riche, la maturité génitale se fait plus rapidement et la ponte 
commence, au plus tard, 4 à 5 jours après l'éclosion. La ponte est 
d'emblée plus intense que dans l'expérience À, sans atteindre immédia- 
tement le taux de celle des témoins. Pendant les premiers jours, les 
femelles ne pondent en effet que 10 à 45 œufs par 24 heures, puis la 
ponte atteint Le chiffre normal (20 à 25 œufs par jour). 

C) Les témoins, constitués par des mouches sœurs, élevées sur levure, 
par suite mûres génitalement, et maintenues sur levure, commencent à 


(4) Coupée en morceaux ou réduite en purée. 
(2) Comptes rendus de lu Soc. de Biologie, 8 février 1913. 


3934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pondre 24 heures après l’éclosion el la ponte continue à raison de 20 à 
25 œufs par jour. 

Si des femelles de la série À sont, au bout d’un certain temps, trans- 
portées sur levure, on voit l'intensité de la ponte augmenter graduelle- 
ment et atteindre bientôt le taux normal. On observe le phénomène 
inverse si on transporte sur pomme de terre les femelles de la série B. 


Il. /nfluence de la nutrition sur des Dr. ampelophila mûres. —- On 
répartit en deux lots, par couples, dès l’éclosion, des Dr. ampelophila 
_aseptiques, sœurs, élevées sur levure et, par suite, müres génitalement. 

A) Les femelles du premier lot sont placées sur pomme de terre- 
levure (milieu riche). La ponte commence au bout de 24 heures et se 
poursuit régulièrement à raison de 20 à 27 œufs par jour. 

B) Les femelles du deuxième lot sont placées sur pomme de terre 
(milieu pauvre). La ponte commence, comme dans le cas précédent, 
24 heures après l’éclosion. Dès le premier jour, cette ponte est moins 
abondante que celle des femelles placées sur levure. Vers la fin du 
troisième jour, les femelles ont pondu tous les œufs qui étaient déjà 
formés au moment de l’éclosion. Désormais, tous les œufs pondus seront 
élaborés (tout au moins en ce qui concerne le deutoplasma) aux dépens 
des matériaux assimilés par l'adulte. Comme le milieu nutritif est 
pauvre, la ponte ne continue qu'à raison de 1 à 2 œufs par jour. 

Les courbes ci-jointes rendent manifestes les différences de plus en 
plus grandes entre les pontes des deux lots A et B. 


Les expériences (1) que j'ai rapportées montrent que tout ce qui 
modifie les échanges nutritifs des Drosophiles à un moment quelconque 
de leur existence retenlit necessairement sur l’ovogenèse et par suite 
sur le nombre des œufs pondus, c’est-à-dire sur un des éléments pri- 
mordiaux de la fécondité. Les Drosophiles occupent à ce point de vue 
une place intermédiaire entre les insectes (tels certains papillons) chez 
lesquels la maturité génitale est entièrement sous la dépendance des 
conditions de nutrition de la larve, l'adulte ne prenant aucune nourri- 
ture, et ceux (Calliphora) chez lesquels la maturité génitale ne s'effectue 
qu'après l'éclosion et dépend à peu près exclusivement de la nutrition 
de l’adulte. 


(Laboratoire d'évolution des Éires organisés.) 


(1) Toutes les expériences rapportées dans cette note ont été faites à 
24 degrés et dans des conditions d'humidité aussi voisines que possible. 


ie. Été D is 


+ 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER : 393) 


DE L'URATURIE PAROXYSTIQUE, 


par H. RoGEr et P. CBEVALLIER. 


Nous venons d’avoir l’occasion d'observer un malade atleint d’un 
syndrome qui, croyons-nous, n’a pas encore élé décrit et peut-être mis 
en parallèle avec l’hémoglobinurie paroxystique. Il est essentiellement 
caractérisé par des crises d’uraturie survenant sous l'influence du froid. 
Les deux syndromes peuvent même se succéder. Notre malade semble, 
en effet, avoir été primitivement atteint d'hémoglobinurie paroxystique. 
En 1906, il avait alors dix-huit ans, il entra dans le service de 
M. Babinski et voici le résumé de la note que M. Vincent recueillit à 
cette époque et qu'il a bien voulu nous transmettre : « Crises facilement 
provoquées par l'exposition au froid pendant vingt à trente minutes: 
début par un frisson violent; la température monte à 39 et 40 degrés; 
au bout d’une demi-heure, les urines sont albumineuses, mais incolores ; 
puis le malade émet des urines rouge foncé. Trois heures plus tard, les 
urines sont absolument normales. La crise est accompagnée de céphalée 
et de douleur épigastrique; elle est suivie d'une grande anémie. » 

En 1911, une néphrite aiguë avec hématurie oblige le malade à 
revenir à l'hôpital. Il est recu dans le service de M. Gilbert; les crises 
hémoglobinuriques ont disparu; mais le malade est anémique; sa rate 
est grosse, l'épreuve de Donath et Landsteiner est positive. Le malade, 
dont l'histoire a été brièvement rapportée à la Société de Biologie 
(20 mai 1911), quitte l'hôpital, guéri de sa néphrite. Sani 

Au commencement de l’automne 1912, il est repris de crises qui lui 
semblent analogues à celles qu’il avait eues en 1906. Il entre dans notre 
service à l'Hôtel-Dieu, le 11 décembre 1912. 

C'est un garcon de vingt-trois ans, assez maigre, pâle et anémié. 
L'examen des organes permet de constater une légère induration du 
sommet droit. Le foie est volumineux et déborde les fausses côtes de 
5 ou 6 centimètres. La rate est très grosse, facilement palpable et percu- 
table. Ses diamètres déterminés au moyen du phonendoscope sont 
de 16/11 ou de 16,2/10,2. Après les crises, la rate semble diminuer 
légèrement de volume. fo 

Les crises dont le malade est atteint affectent toujours la même évolu- 
lion symptomatique. À la suite d’un léger refroidissement, le sujet 
éprouve de la lassitude, du malaise, puis il a des frissons et la tempé- 
rature s'élève. C’est bien le tableau de l'hémoglobinurie paroxystique. 
Cependant l'urine ne contient pas trace d'hémoglobine. La première 
émission paraît normale; mais, une demi-heure après le début des 
accidents, le malade rend une urine qui, loin d'être rouge ou brune, 
est blanche, d'aspect jumenteux ou lactescent, une demi-heure plus 


330 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


tard, l'urine est encore plus trouble; elle reprend ensuite son caractère 
normal. Ainsi, même au moment où elle est émise, l'urine contient 
déjà des urates précipités. Ceux-ci se déposent peu à peu, formant au 
fond du vase une couche assez épaisse. 

A la suite d’une de ces crises, nous avons dosé séparément les urates 
restés en dissolution et les urates contenus dans les dépôts. Les dosages, 
exécutés d’après le procédé de Salkowski, nous ont donné les chiffres 
suivants : 


ACIDE URIQUE 


Ë 2 ——— 2 à 
an 
= Æ dans l'urine émise pour 4.000 e. c. 
20 | ——— —  — 
D - 
déposé |dissous| tolal |déposé \dissous| total 
(CG: gr. gr. gr. gr. gr. gr. 
17,h.:30 (avant la crise) . + . .| : 295 » 0,067| 0,067 » CAR ANT E 
TN 30 (4/2 ur sure le début 
JENACHISE) AMEN 200 | 0,099! 0,048! 0,147) 0,495] 0,24 | 0,735 
| h. (fin de la crise) Dore A0 0 POP 0 OUT 202 PR0 CS6IMORESSS 1, 021 
Ensemble de la crise . . .| 400 | 0,226| 0,125) 0.351) 0.565| 0,312] 0,877 
Midi (état normal) . . . . . . .| 120 » 0,039 0.039 » 0,33 | 0,33 


A l’occasion d’autres crises, M. Pimard, interne en pharmacie, a pra- 
tiqué des dosages d'acide urique et d'urée. Nous reproduisons une 
analyse pratiquée lors d’une crise violente. Le dosage de l'acide urique 
a été fait par le procédé de Ronchèse. 


VOLUME ACIDE URIQUE URÉE | 
de 
anne dans dans 


l'urine émise. p.1000 l'urine émise. p.1000 


1e miction (en pleine crise) . 130. 0,169 1,3 3.99 30,7 
2° miction (fin de la crise). . 140 0,056 1,4 1,62 40,7 
3e miction (après la crise). . 85 0,085 1,0 1,34 38,3 


Voici par comparaison l'analyse de l’urine faite à une période où le 
malade paraissait en bonne santé (20 décembre 1912). 


QUANTITÉ 

TT  — 

p. 1000. Totale. 
Volumetdetiurine nt CHIC EN. » 1.200 grammes. 
Dent ane Pere EL ee 1025 
Chlonare Se NA SR ee M ET 15 grammes. 
PROS pale SP SPRP RER ENT CET ASS 2 or 22 
LATE Me br or A to or GO RS EE TAC 34 gr. DS 
Acide: urique Ste MMS aires 0 gr. 96 


Se ; 
Lt 


PE ANR CPE Er te 
” ” # pt 2 | é ut 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER Ja 


Il y a done pendant la crise une augmentation très marquée de l'acide 
urique et accessoirement une augmentation de l'urée; le chiffre des 
chlorures et des phosphates ne varie presque pas. Enfin l'analyse révèle 
de petites quantités d’albumine qui disparaissent rapidement. 

L'étude du sang nous à permis de faire quelques constatations inté- 
ressantes. | 

La coagulation du sang prélevé dans une veine est complète en dix 
minutes ; elle se fait suivant le type plasmatique; la rétraction du 
caillot est normale. 

Le temps de saignement, mesuré par une piqüre à l'oreille, est 
tantôt normal, tantôt augmenté. Il s'est élevé parfois à quinze minutes. 

Le nombre des hématies varie considérablement d’une numération à 
l'autre. Nous en avons compté de 2.584.000 à 5.600.000. Quel que soit 
le nombre des globules, l’hémoglobiné mesurée par la méthode de 
Sahli a constamment une valeur faible, de 0,50 à 0,514. 

Le sérum contient des antihémolysines qu’on met en évidence par 
lépreuve de Donath et Landsteiner. Il ne détruit pas les globules des 
sujets normaux, mais il hémolyse faiblement les globules d'un malade 
atteint d'hémoglobinurie paroxystique. Réciproquement le sérum du 
* sujet hémoglobinurique, bien qu'il ne contienne pas, en dehors des 
crises, d'autohémolysines, détruit les globules de notre malade; ce qui 
complète l'anomalie, c'est que le sérum provenant d'individus nor- 
maux exerce une action légère, mais indéniable. La résistance aux 
solutions chlorurées hypotoniques est légèrement abaissée. 

Les globules blanes, dont le nombre est de 6.000 à 8.000, se répar- 
tissent de la facon suivante : polynucléaires neutrophiles 63,5; éosino- 
philes, 2; mastzellen, 0,5 ; lymphocytes, 0,5; moyens mononucléaires, 
13; grands mononucléaires, 10; cellules de Turek (?), 0,5. Le sérum ne 
possède pas de propriétés leucolytiques. C’est du moins ce que nous 
avons constaté avec du sang prélevé en dehors des crises. Malheureuse- 
ment nous n avons pas eu la possibilité de faire cette recherche pendant 
un accès. Cette lacune est d’autant plus regrettable qu’elle prive d'une 
base scientifique l'hypothèse pathogénique qui s'est immédiatement 
présentée à notre esprit. 

Frappés des analogies qui existent entre l'hémoglobinurie et l’uraturie 
paroxystiques, nous nous demandons en effet s’il ne faut pas invoquer 
dans les deux cas une action eytolvtique du sang; dans l’hémoglo- 
binurie, la destruction porte sur les globules rouges, dans l’uraturie 
elle porterait sur les globules blancs. La valeur de cette hypothèse ne 
tardera pas, espérons-nous, à être vérifiée, car il est probable que 
l’altention étant appelée sur les faits de ce genre, d'autres cas ne tarde- 
ront pas à être publiés. C’est justement pour susciter des recherches de 
contrôle que nous avons fait connaitre notre observation. 

Ajoutons que notre malade ayant eu une poussée d’arthropathies 


CIS CE OT ER NET PT NE 7 


3358 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


fébriles, nous lui avons fait prendre du salicylate de soude. A notre 
grand étonnement les crises uratiques disparurent et le malade put 
s’exposer impunément au froid. Nous avons essayé le même traitement 
sur un hémoglobinurique ; le résultat a été semblable, les accès ont 
cessé. ; 

Parfaitement guéri, le malade uraturique voulut, malgré nos conseils, 


quitter l'hôpital. Quelques jours plus tard il rentrait dans un autre ser- 


vice, ayant une fièvre intense et de l’hématurie. 


SUR UNE MÉTHODE DE PRÉPARATION DE LA SÉCRÉTINE 
(Note préliminaire), 


par L. Launoy et K. OEcusuin. 


L'action des amines quaternaires sur la sécrétion pancréatique nous 
a conduit à appliquer à l'extraction de la sécrétine contenue dans la 
macération de muqueuse duodéno-jéjunale les procédés employés pour 
l'isolement des bases. 

Tout d’abord nous avons vu que, conformément aux récents travaux 
de Dale et Laidlaw (1), les précipités déterminés dans cette macération 
par les sels de métaux lourds entraînent la sécrétine, mais ne la 
délruisent pas. Toutefois, comme nous l'avons constaté pour le précipité 
déterminé par le sous-acétate de plomb, une partie de la sécrétine 
échappe à la précipitalion. Nous avons alors employé un autre précipi- 
tant des bases, l’acide phosphotungstique. Cette substance, contraire- 
ment à l'opinion d'Osborne (2), ne détruit pas la sécrétine et la précipite 
quantitativement. Voici la méthode que nous employons dans l'isole- 
ment de la sécrétine. : 

Préparation de la solution de sécrétine par la méthode habituelle 
de Bayliss et Starling (2) (macération dans acide chlorhydrique à 4 p.1000 
ou même 8 p. 1000 ; neutralisation par le carbonate de soude); esso- 
rage. Cette solution légèrement acidifiée par l'acide sulfurique est addi- 
tionnée de 7 p. 100 de son poids d'acide phosphotungstique en solution. 
On laisse déposer pendant deux heures le volumineux précipité qui se 
forme. Ce précipité est recueilli, puis lavé avec une solution étendue 
d'acide phosphotungstique: le précipité recueilli est mélangé avec son 
poids de chaux, récemment éteinte de préférence. La bouillie calcique 


(1) Dale et Laidlaw. Proceed. of the Physiol. Society, 18 mai 1912, in The Jour- 
nal of Physiology, vol. XLIV, n° 4, 1912. 

(2) Osborne. In mémoire Bayliss et Starling. The Journal of Physiology, 
vol. XXVIL, 4902, p. 334. 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 339 


est extraite 2 ou 3 fois à chaud par l’eau distillée, de façon à obtenir 
80 à 100 c.c. de liquide pour 50 grammes de muqueuse. Le liquide 
obtenu est versé dans six fois son volume d'alcool absolu ; on abandonne 
pendant six heures à la température du laboratoire; on fillre, on éva- 
pore la solution alcoolique dans un bon vide. Le résidu, séché sur 
l’acide sulfurique, repris par l'alcool absolu, devient pulvérulent; on 
essore, lave à l’alcool absolu et sèche. 

Pour 50 grammes de muqueuse de chien, nous avons obtenu par ce 
procédé 0 gr. 15 d’une poudre blanche facilement soluble dans l’eau, 
qui, injectée à la dose d’un milligramme par kilogramme, détermine 
après une minute l'écoulement abondant de suc pancréatique : par 
exemple, chez un chien de 12 kilogrammes, l'injection de 0,009 de 
notre sécréline donne en 7 minutes 2 c.c. 5 de suc. 

La solution de cette poudre, -neutralisée, peut être autoclavée à 
120 degrés pendant dix minutes et conservée ensuite à la température 
du laboratoire et à la lumière sans perdre ses propriétés exci!o-sécré- 
toires. 


(Laboratoire de Chimie thérapeutique, à l'Institut Pasteur.) 


RECHERCHES SUR LA CULTURE n vitro DU TRYPANOSOME DE L'ANGUILLE 
(Trypanosoma granulosum LAvERAN et MEsniz, 1902). 


UNE NOUVELLE MODIFICATION AU MILIEU DE Novy ET Mac NEar. 


Note de A. PonSELLE, présentée par F. MEsnic. 


Sabrazès et Muratet (1), qui ont découvert le l'rypanosoma granulosum 
chez l'Anguille, ont observé dans le sang d’un de ces Poissons fortement 
parasité, conservé à 10-15 degrés soit en tube, soit entre lame et 
lamelle, un processus de division du parasite. 

La description qu'ils donnent des formes de division ne fait cepen- 
dant pas penser qu'ils ont eu sous les yeux l’évolution culturale. 

Brumpt (2), qui à démontré la transmission de 77. granulosum par 


(1) Sabrazès et Muratet. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 18 décembre 1901. 
Trypanosomes de l’Anguille. Processus de division. Comptes rendus de la Soc. 
‘le Biologie, 1904, t. LVI, p. 66-68. 

(2) E. Brumpt. Mode de transmission et évolution des Trypanosomes des 
Poissons. Description de quelques espèces nouvelles de Trypanoplasmes des 
Poissons d’eau douce. Trypanosome d’un Crapaud africain. ('omptes rendus de 
la Soc. de Biolugie, 1906, t. LX, p. 162-164 : « Dans le milieu de Novy et Mac 
Neal nous n’avons pu obtenir de cullure, et malgré la différence de conslitu- 
tion du milieu avec le sang de l’Anguille nous avons observé des formes 
parfaitement typiques huit et dix jours après l’ensemencement,. » 


Lo] 
res 


BioLocie. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 


340 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Hemiclepsis marginala et à étudié son évolution dans le tube digestif 
de cette hirudinée, a fait des essais infructueux de culture en milieu 
Novy-Mac Neal. 

C. Franca (1) après des essais négatifs à pu voir, dans des conditions 
mal déterminées, sur des préparations entre lame et lamelle lulées à la 
paraffine de sang d’Anguille parasitée, certaines des formes culturales 
décrites par Brumpt. 

Mathis (2) dit incidemment avoir cultivé Tr. granulosum dans son 
milieu chauffé, maïs il ne donne pas de renseignements sur la marche, 
la vitalité des cultures et la facilité de les obtenir. 

Laveran (3) indique que la culture de 77. granulosum en milieu de 
Novy ordinaire ou simplifié se fait assez facilement, mais il ne donne 
pas de détails. 

Nous-même, au cours de l’année 1912 et en janvier 1913, avons tenté 
à maintes reprises de cultiver 7°. granulosum soit en milieu Novy-Mac 
Neal simplifié par Ch. Nicolle,soit en milieu au sang chauffé de Mathis. 
Nous n’avons jamais obtenu qu’une conservation prolongée du parasite 
(au delà d'un mois dans certains tubes) sous la forme typique qu'il 
affecte dans le sang, sans trace de multiplication (4). Nous ‘avons 
toujours vérifié la valeur nutritive de nos milieux en y ensemencçant 
Tr. Lewisi qui y poussait parfaitement. 

Actuellement, nous sommes arrivés à modifier le milieu Novy-Mac 
Neal de telle facon que l'évolution culturale de 7. granulosum s'y 
effectue aussi rapidement et avec les mêmes formes que dans le tube 
digestif d'AÆemiclepsis marginata. En voici la formule : ; 


CHlOe non AÉS 4 006 2 58 6 © 05 00 SÉoto 20 grammes. 
Heu ordinaires yet nf in Rene + CMS DOD}E ce 


La gélose fondue et filtrée est répartie à raison de 2 à 3 c.c. par tube, 
puis stérilisée. Après refroidissement à 50 degrés environ, elle est 
mélangée suivant la technique habiluelle avec son volume de sang de : 
lapin défibriné et solidifiée en plan incliné. L'ensemencement se fait 


(4) C. França. Le Trypanosome de l’Anguille (T. granulosum Laveran et 
Mesnil). Archivos Do Real Instituto Bucteriologica Camara Pestana, t. I, fase. 1, 
1908, p. 443, pl. IT (dans le fascicule 2). | 

(2) G. Mathis. Culture de Leishmania infantum et L. tropica sur milieu au 
sang chauffé, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1911, 2 décembre, p. 538- 
539. 

(3) In A. Laveran et F. Mesnil. Trypanosomes et Trypanosomiases, 2 édit., 
1912, p. 885. | 

(4) Delanoë, au laboratoire de M. Mesnil, à l’Anstitut Pasteur, a essayé aussi 
sans succès durant l'été 1912 de cultiver Tr. granulosum en milieu Novy-Mac 
Neal. (Communication orale de M, Mesnil.) 


SÉANCE DU 1D FÉVRIER > . 34 


dans le liquide de condensation avec le sang pur (non citraté) de 


l’'Anguille parasitée. 

La caractéristique de ce milieu consiste dans la suppression complète 
du chlorure de sodium, ce qui le rend {rès hypotonique comparative- 
ment au sang des Vertébrés. Déjà, avec une gélose à 4 p. 1000 de NaCI, 
il est possible d’avoir des cultures, mais dans ces conditions un très 


petit nombre seulement de Trypanosomes se divisent, la culture est 


maigre et son apparition tardive. 

L'influence de la baisse de pression osmotique comme cause déter- 
minante de la division de certains Trypanosomes a été étudiée pour la 
première fois par Miss Robertson (1) sur le Trypanosome du Cyprin 
doré. Ses expériences, d'une durée relativement courte, avaient été 
effectuées sur du sang de Cyprin infecté, mélangé à son volume d'eau 
et conservé quelques jours en préparations lutées entre lame et lamelle. 
Maïs on n'avait pas encore, à notre connaissanee, constitué sur ce prin- 
cipe, comme nous l’avons fait, un milieu très favorable, sinon néces- 
saire, à la culture de certains Trypanosomes. 

Nous donnerons dans une prochaine note des détaïls sur la marche 
de nos cultures, les formes d'évolution culturale de 77. granulosum que 
l’on y observe, leur pouvoir infectieux pour l'Anguille et la manière de 
se comporter dans ce même milieu de divers Flagellés sanguicoles. 


(Travail du laboratoire du D° A. Marie, à l'Institut Pasteur.) 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES MODIFICATIONS SUBIES PAR LES ÉLÉMENTS 
FIGURÉS DU SANG DANS L'INTOXICATION SATURNINE, 


par E. MAUREL. 
La plupart des auteurs qui, même avant les procédés hématimétriques, 


ont décrit cette intoxication ont signalé l’anémie qui en résulte. Mais 
ce n'est qu'après les travaux de Malassez (2), 1873, d'Hayem (3), 1889 et 


‘1900, auxquels il faut joindre celui de Presvost et Binet (4), 14889, que 


les caractères de cette anémie furent précisés. 


(1) Mariel Robertson. Transmission of Flagellates Living in the Blood of 
certain Freshwater Fishes. Phïlosophical Transactions of the Royal Society of 
London, 1914. Série B, vol. CCIL, p. 29-50, pl. 1 and 2. 

(2) Malassez. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1873, t. XXV, p. 356 
et 125. 

(3) Hayem. Du sang et de ses altérations anatomiques, 1889, p. 902, et Lecons 
sur les maladies du sang, 1900, p. 310. 

(4) Presvost et Binet. Suisse romande, 1X, p. 606 et 669. 


349 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Tous ces travaux conduisirent à cette conclusion que, sous l'influence 
du plomb, les hématies sont au moins diminuées de nombre et souvent 
aussi déformées. 

Cette opinion a paru même si bien démontrée par ces travaux que, 
depuis, les recherches hémalimétriques ont été rares et que la plupart 
des auteurs se sont contentés de les citer, notamment ceux d'Hayem (1). 
Depuis, en effet, je ne vois guère à signaler, parmi les travaux donnant 
des hématimétries, que celui de Cazeneuve en 1894 (2), celui de Simon 
et Spillmann, 1906 (3) et celui de Sabrazès et Bourlot cités par ces 
derniers. 

Outre la diminution du nombre des hématies qui a été trouvée dans 
toutes les observations cliniques et tous les faits expérimentaux, 
Hayem avait constaté une augmentation des hématoblastes : Presvost et 
Binet n'avaient relevé qu'une leucocytose normale; mais Cazeneuve 
avait signalé dans ses trois faits cliniques . une hyperleucocytose : 
17.000, 24.000 et 17.400; et enfin cette hyperleucocytose, quoique un 
peu moins marquée, a été retrouvée par Simon et Spillmann. Mais, de 
plus, ces deux observateurs ont signalé une modification dans la for- 
mule leucocytaire, certaines altérations des hématies, et la précocité 
des altérations sanguines, précocité sur laquelle je reviendrai. 

En somme, comme on le voit, les recherches sur les modifications 
subies par les éléments figurés du sang dans cette intoxication sont 
encore peu nombreuses, et j'ai pensé qu'il y aurait, par conséquent, 
quelque intérêt à faire connaître celles que j’ai faites au point de vue 
clinique et expérimental en ce qui concerne les hématimétries. 


FAITS CLINIQUES. — Obs. I. Examen du sang fait pendant une colique 
saturnine : hématies, 3.900.000; leucocytes, 12.000. 

Obs. IT. — Saturnin ayant eu une colique de plomb, mais n’en ayant 
pas eu depuis plusieurs mois : hématies, 3.500.000; leucocytes, 14.000. 

Conczusion. — Dans ces deux cas, j'ai donc trouvé une diminution 
notable des hématies et une augmentation sensible des leucocytes. 


FAITS EXPÉRIMENTAUX. — Æ£xp. I. Injections hypodermiques d'acétate 
de plomb, faites au lapin en 1898, du 26 mars au 8 mai. Pendant ces 


(1) C’est, en effet, ce qu'ont fait Richardière, en 1892, dans l’article satur- 
nisme du Traité de médecine de Charcot, Bouchard et Brissaud; Letulle, en 
1897, dans le même article du Traité de médecine et de thérapeutique de 
Brouardel, Gilbert et Girode; et aussi Lepage, en 1907, dans le même article 
de la Pratique médico-chirurgicale. 

(2) Cazeneuve. Teinture au chromate de plomb. Revue d'Hygiène et de Méde- 
cine publique, 1894, p. 382. 

(3) Simon et Spillmann. Altérations du sang dans l'intoxication saturnine 
expérimentale. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 12 mars 1906, p. 765. 


Du mods dia DA > / ne ns Sms cut né dut tft né de 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 343 


quarante-deux jours, douze injections de O0 gr. 04 d’acélate de plomb 
par kilogramme d'animal, soit 0 gr. 48 d’acétate de plomb en tout, et 
sensiblement 0 gr. 01 par kilogramme et par jour. 


Hématies, Leucocytes, 


Le 26 mars. Avant la 1'e injection . . . . . 4.185.000 4.650 
Le 20 avril. Après 6 injections , . . . . . . 3.565.000 13.950 
Le 8 mai. Après 12 injections . . . . . . . 3.069.000 9,300 


C’est donc une perte totale de 1.116.000 hématies, soit en moyenne de 
26.571 par jour. 

Exp. 11. — Faite également sur le lapin par la voie hypodermique en 
même temps que la précédente; même durée, mais treize injections et 
faites seulement à 0 gr. 02 d’acétate de plomb par kilogramme et par 
jour. 

C'est donc en tout 0 gr. 26 d’acétate de plomb dans quarante-deux 
jours et seulement 0 gr. 006 par kilogramme et par jour. 


Hématies.  Leucocytes. 


Le 26 mars. Avant la 1e injection . . . . . 4.402.000 5.580 
Le 20 avril. Après 1 injections . . . . . . . 3.831.000 15.000 
Le 8 mai. Après 13 injections . . . . . . . 3.565.000 12.400 


Ainsi, même cette faible dose de 0 gr. 006 d’acétate de plomb par 
jour et par kilogramme d'animal, à la condition de prolonger son action, 
a suffi pour faire diminuer le nombre des hématies de 837.000, soit de 
19.928 par jour. 

Enfin, de nouveau, le nombre des leucocytes a été sensiblemen 
augmenté. 

Je dois ajouter que, dans ces deux faits expérimentaux, sous l'influence 
de ces faibles doses, sauf une diminution de leurs poids, les animaux 
n'ont donné aucun autre signe d'intoxication, notamment eu ce qui 
concerne le tube digestif. Leur appétit s’est maintenu, les matières 
fécales ont été émises avec la même quantité et ont conservé leur con- 
sistance normale. L’hématie a donc pu être profondément altérée avant 
que la fibre lisse n’ait été modifiée. 


Conczusions. — D’après tous ces faits, je prouve que l’on peut consi- 
dérer comme élabli d’abord : 1° que sous l'influence du plomb, le 
nombre des hématies est diminué; 

2° Que celui des leucocytes, au contraire, est augmenté. 

C'est, du reste, là un fait général, toutes les fois que l'organisme 
cherche à réparer ses pertes en hématies. 

Mais, de plus : 

3° Que ces modifications se produisent avant que les autres éléments 


344 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


——_—_—_—_@_—_—_—Z_ 


anatomiques et notamment la fibre lisse aient subi Finfluence du plomb. 
L'héimatie, ainsi que je Fai avancé depuis longtemps (L), serait donc 
plus sensible à cet agent que les autres éléments anatomiques ; 
4° Que cette action précoce du plomb sur l'hématie, également 
signalée en 1906 par Simon et Spilmann, pourrait donc permettre de 
saisir le saturnisme avant qu'il ait produit des lésions graves et parfois 
irrémédiables. 


TOXICITÉ DES EXTRAITS DE FOIE ET DE REIN NORMAUX ET AUTOLYSÉS, 


par MarcELzL GARMER et Louis Bory. 


Si, comme on l'admet généralement, l’autolyse aseptique reproduit 
in vitro le processus de désintégration qui se passe constamment au 
sein des tissus, on conçoit tout l'intérêt qui s'attache à l'étude de la 
toxicité des produits ainsi formés. Mais la nocivité des autolysats 
n’acquerra de valeur au point de vue de la pathologie générale que si 
elle diffère de celle des organes frais. Aussi, dans les recherches que 
nous avons entreprises sur le foie et le rein, nous avons envisagé paral- 
lèlement la toxicité de ces organes aussitôt après la mort de lanimal et 
après plusieurs jours d’autolyse. 

Les organes étaient prélevés sur des lapins laissés sans nourriture 
depuis vingt-quatre heures et tués par saignée. On sait que ces condi- 
tions favorisent le processus autolytique. 

Suivant la technique que l’un de nous a déjà suivie dans des expé- 


\ A 


riences antérieures (2), nous mettons les fragments à autolyser dans 
des flacons ne contenant aucun liquide ni aucune substance antiseptique. 
De cette facon, rien ne vient troubler le processus fermentatif ni influer 
sur la toxicité. L’asepsie des fragments est contrôlée chaque fois par 


(1) Congrès international de médecine de Parls (1900); section de patho- 
logie générale et expérimentale. Séance du 8 août. Compte rendu, page 656. 
Essai sur les lois qui régissent l’action générale des agents thérapeutiques 
et toxiques. 

Voir aussi dans Le Bulletin général de thérapeutique, 15 et 30 octobre, 15 et 30 
novembre 1901, un travail ayant le mème titre; et dans les mêmes publications, 
en février, mars, avril 1902, un autre travail sous le titre de : Applications à 
la pathologie et à la thérapeutique des loïs qui paraissent régulatives géné- 
rales des agents thérapeutiques et toxiques. 

(2) Garnier et Sabaréanu. Recherches sur l’autolyse aseptique du foie de 
lapin normal. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 19 mars 1910. — Garnier. 
Autolyse du foie de lapin soumis à l'intoxication diphtérique. Comptes rendus 
de la Soc. de Biologie, 29 juilet 1911. 


SÉANCE DU 45 FÉVRIER 345 


l'examen direct du liquide exsudé et la culture d’une parcelle dans des 
milieux aérobies et anaérobies, 

Une fois sorti de l'étuve, le fragment est broyé dans un mortier avec 
du sable stérilisé ; la bouillie ainsi obtenue est additionnée de deux fois 
son poids d'eau salée stérilisée ; après un quart d'heure environ de 
macération, le mélange est soumis à la centrifugation el le liquide clair 
qui surnage est utilisé pour les injections. Les organes frais sont traités 
d'une manière identique. 

Toutes les injections ont été faites au lapin par la voie intraveineuse; 
elles étaient poussées à la vitesse moyenne de 4 c.c. à la minute, les 
premiers centimètres cubes plus lentement, les derniers plus vite. 

L'extrait préparé avec le foie frais est doué d’une action coagulante : 
en injectant par kilogramme l'extrait de 13 gr. 93 de foie, l'animal 
meurt avec des convulsions, et à l’autopsie Les veines caves et le cœur 
droit sont remplis de caillots. 

Pour supprimer cette action coagulante, nous avons dans d’autres expé- 
riences injecté de l'extrait de sangsue avant le liquide hépatique; une 
première fois, une dose de 4 c.c. d'extrait de sangsue, préparé suivant 
la méthode de Contejean, se montra insuffisante pour protéger un lapin 
de 1.800 grammes, et l'extrait et 41,11 de foie par kilogramme suffit 
pour déterminer la mort par coagulation. Avec 3 c.c. d’extrait de sangsue 
par kilogramme, la dose mortelle correspond à 21 grammes ou à 
22 grammes de foie par kilogramme, chiffres très voisins de celui indi- 
qué par le professeur Roger. La mort arrive quelques minutes après la 
fin de l’injeetion ; détaché, l'animal est d’abord hésitant, bientôt il est 
pris de convulsions et meurt. A l’autopsie,le sang est liquide ; conservé 
pendant vingt-quatre heures, il ne se coagule pas-et le plasma surnageant 
ne se teinte pas en rouge. 

La toxicité du foie autolysé est à peine supérieure à celle de l'organe 
frais. Dans nos premières expériences, nous injections des doses 
d'extrait correspondant à 5, 6 ou 8 grammes de foie par kilogramme ; 
l'animal ne présentait aucun phénomène immédiat ni consécutif, La 
mort ne peut être obtenue qu'en injectant 19 gr. 4 de foie par kilogramme, 
soit une dose presque égale à celle d’organe frais nécessaire pour tuer 
le lapin ; une quantité d'extrait correspondant à 16 gr. 5 par kilogramme 
est inoffensive. La mort, quand elle arrive, est précédée des mêmes phé- 
nomènes que quand elle est provoquée par l'injection de foie frais. 

Nos recherches ont été faites avec des foies soumis à l’autolyse depuis 
un temps variable, 48 heures, 5 jours, 6 jours, 7 jours, 9 jours, 14 jours 
et 21 jours. Les organes dont nous avons pu avoir les quantités les plus 
élevées avaient subi sept jours d’autolyse ; à ce moment la désintégration 
des tissus est très avancée et la liquéfaction est presque complète. 

L’extrait préparé avec les reins à une action coagulante beaucoup 
plus marquée que celui fait avec le foie. Une dose correspondant à 


346 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


0 gr. 51 par kilo suffit dans un cas à déterminer la mort par coagula- 
tion. L’injection de 4 c.c. d'extrait de sangsue par kilo n'empêcha pas 
la formation des caillots chez un autre lapin, qui mourut après avoir 
reçu par kilo l'extrait de 2 gr. 57. Ce pouvoir coagulant ne semble pas 
être absolument constant; un lapin de 4.880 grammes, qui n'avait pas 
été injecté au préalable avec de l'extrait de sangsue, recut dans les 
veines l’extrait de 1,32 de glande par kilo ; l'animal mourut une minute 
et demie après la fin de l'injection et l’autopsie permit de s'assurer que 
le cœur ni les veines ne contenaient de caillots. | 

L'injection d’une forte dose d'extrait de sangsue correspondant à 
71 ou 8 c.c. par kilo est nécessaire le plus souvent pour neutraliser 
l’action coagulante de l'extrait rénal. Un lapin qui reçut l'extrait de 
4 gr. 83 par kilo maigrit un peu les jours suivants et se remit; un autre 
qui fut injecté avec 14 c.c., représentant 3 gr. 58 de rein par kilo, 
paraissait fort malade à la fin de l'expérience ; il survécut pourtant et 
se remit ; un troisième chez qui la dose put être portée à 5 gr. 09 par kilo 
était fortement dyspnéique à la fin de l'injection, il maigrit considé- 
rablement et succomba le cinquième jour après l'expérience. 

Quand le rein a été soumis à l’autolyse, le pouvoir coagulant diminue ; 
_après quarante-huit heures, 0 gr. 60 suffisent encore pour donner la 
mort en coagulant le sang ; mais après 7 jours, il faut 2 gr. 40; après 
11 jours 2 gr. 10; après 16 jours, le lapin qui reçut 2 gr. 28 survécut. 

Si on empêche l’action coagulante de se produire en injectant de 
l'extrait de sangsue, on reconnaît que les autolysats possèdent une 
toxicité que n'avait pas le rein frais. Ainsi, tandis que 5 gr. 09 de rein 
normal n’amènent pas la mort immédiate, après une autolyse de 
2 jours, 4 grammes dans un cas, 5 gr. 55 dans un autre, 2 grammes 
dans un troisième suffirent à déterminer la mort. Dans chaque cas 
l'animal succomba avec des convulsions, et l'autopsie permit de recon- 
naître que le cœur ni les vaisseaux ne contenaient de caillots. Parfois la 
mort est lente comme avec le rein frais, et dans une de nos expériences 
l'injection de2 gr. 63 d’un rein ayant subi sept jours d'autolyse n’amena 
la mort qu’en quatre jours. Quand l’autolyseest moins prolongée, l'effet 
toxique semble être moins marqué; un autolysat de quatre jours, 
injecté à la dose de 3 gr. 95 par kilo, ne donna qu'un amaigrissement 
passager et l'animal se remit. 

En résumé, les extraits de foie et de rein autolysés sont un peu plus 
toxiques que ceux préparés dans les mêmes conditions avec les organes 
frais; la différence est minime pour le foie, elle est plus marquée pour 
le rein. 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Roger.) 


+ 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 347 


UN NOUVEAU TUBE A CENTRIFUGER (TUBE A FOND PLAT ET MOBILE), 


par A. Baupouin et H. FRANÇAIS. 


Il serait superflu d’insister sur les services que rend actuellement la 
centrifugation dans les examens biologiques. 


Dans l'examen des différentes sérosités normales et pathologiques, elle est 
indispensable pour séparer les éléments figurés du liquide qui Les renferme. 
La technique ordinairement employée est excellente si l'on se propose sim- 
plement de recueillir le liquide que l’on veut soumettre ultérieurement aux 
différents modes d'investigation, mais la méthode classique d'examen des 
cellules (cyto-diagnostic) est passible de divers reproches. Tel qu'il a été 
réglé par MM. Widal et Ravaut, l’examen cytologique expose à de grosses 
altérations cellulaires qui tiennent, pour la plus grande part, à ce fait qu’on 
laisse dessécher à l’air libre ou à l’étuve la goutte de liquide renfermant les 
éléments. Pour le cas particulier du liquide céphalo-rachidien, M. Alzheimer 
a beaucoup insisté sur les défectuosités de cette technique au point de vue 
de l'examen cytologique. Convaincu, ainsi que M. Nissl, de l'importance que 
pourrait avoir une bonne conservalion des éléments dans certains cas de 
diagnostic neurologique, M. Alzheimer (1) a proposé de remplacer la méthode 
française par un procédé beaucoup plus compliqué. Il consiste à mêler le 
liquide céphalo-rachidien avec un fixateur approprié (ordinairement l’alcool) 
dans un tube à centrifuger. Après centrifugation, les éléments cellulaires 
ordinairement enrobés dans de l'albumine coagulée forment un petit caillot 
qui est inclus dans la ceiloïdine ou la paraffine et coupé en série. Cette 
méthode donnerait d'excellents résultats. M. Alzheimer insiste sur ce fait que 
les cellules du liquide céphalo-rachidien normal ou pathologique sont par- 
faitement conservées et que leur aspect ne ressemble en rien à ce que 
donnent les méthodes ordinaires. Quels que soient les avantages de la 
méthode d'Alzheimer, il est certain que l’on ne saurait la considérer que 
comme un procédé d'exception en raison de sa complexité. 


Nous avons pensé que l’on pourrait obtenir de bonnes préparations cyto- 
logiques par un autre procédé. Nous employons un tube à centrifuger à 
fond plat et mobile. Ce fond est constitué par un disque de verre (V) 
sur lequel la centrifugation applique directement les éléments qui seront 
secondairement fixés et colorés. Les manipulations sont donc réduites 
à leur minimum, les éléments étant d'emblée fixés sur la lame qui sera 
portée sous le microscope. 

Le schéma ci-contre montre suivant quel dispositif le tube à centri- 
fuger, qui à la forme d’un cylindre à parois épaisses, vient appuyer sur 


(4) Alzheimer. Einige methoden zur Fixierung der zelligen Elemente der 
Cerebrospinalflüssigkeit. Centralblatt für Nervenheilhunde und Psych., 15 juin 
1907, p. 449. 


345 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


le disque de verre. Le contact est assuré par un ressort à boudin (R). 
Quand l'appareil est en mouvement, c'est la force centrifuge qui 
applique le tube contre le disque de verre et cela d’autant plus fort que la 
vitesse est plus grande. Malgré toute la précision que l’on peut apporter 
au travail des pièces, une mince rondelle de caoutchouc (C) représentée 
également sur le schéma est nécessaire pour assurer une fermeture 
hermétique. 

Après différents essais, voici quelle est la technique à laquelle nous 
nous sommes arrêtés : 

Supposons, par exemple, que l’on opère sur leliquidecéphalo-rachidien. 
Un centimètre cube de liquide est introduit 
dans l'appareil. On centrifuge pendant dix 
minutes, en tournant à une vitesse de quatre 
mille tours à la minute, ce qui assure la sédi- 
mentation de tous les éléments, comme on 
peut s’en assurer par l'examen du liquide 
centrifugé. Celui-ci doit être retiré avec les plus 
grandes précautions au moyen d’une pipelte 
à boule. On remplace alors le liquide céphalo- 
rachidien par du liquide de Bouin qui fixe les 
éléments. On le laisse cinq minutes. Au bout 
de ce temps, le liquide est retiré également à 
la pipette, et avec les mêmes précautions. Le 
tube à centrifuger est-alors démonté, et le 
disque (V) chargé d'éléments qui forment une 
mince pellicule circulaire et de couleur jau- 
Re ee natre est rapidement passé dans de l'eau dis- 
C, Rondelle de caoutehouc. tillée. Nous colorons alors les éléments au 
V, Disque de verre. moyen du triacide d’Ebrlich, appliqué dix mi- 
F, Fond mobile vissé. nutes. Après ce temps, on passe érès rapide- 

ment à l'alcool, au xylol, et l'on monte la 
préparation dans le baume, en recouvrant le disque d’une lamelle 
circulaire. On voit que, de la sorte, toute dessiceation est évitée. Il est 
facile de vérifier, en opérant, par exemple, sur des dilutions de sang 
dans l’eau physiologique, que les éléments ne sont pas altérés. Les 
globules blancs n'ont pas l'aspect aussi étalé que sur une préparation 
de sang sec, mais ils ont l’aspect bien vivant, et leurs granulations sont 
parfaitement visibles. 

On pourrait arriver, sans doute, avec des précautions spéciales, à 
faire adhérer à la surface du disque tous les éléments du liquide. On 
constate d'ordinaire qu’un bon nombre de ceux-ci disparaissent au 
cours de ces différentes manipulations. Cette lechnique ne saurait donc 
valoir pour une numération directe qui serait d’ailleurs pratiquement 
inapplicable, comme trop laborieuse. 


l 
LA 
je 
Y 


T, tube à centrifuger. 


(à 


Er M we DU, + És Lou es etat L'an ÿ 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 349 


Ce procédé nous parait susceptible de rendre des services au point de 
vue de l'examen cytologique de nombreuses sérosilés : le liquide 
céphalo-rachidien, les liquides pleural et péritonéal, certaines urines et 
autres liquides normaux et pathologiques. 


DÉCOUVERTE DU TRÉPONÈME PALE DANS LES CERVEAUX 
DE PARALYTIQUES GÉNÉRAUX, 


par Hineyo NoGucnr. 

Les observations cliniques d’'Esmarch et Jassen, Fournier, Erb, 
Krafit-Ebing, Kraepelin et leurs élèves ont montré depuis longtemps 
 l'étroite relation qui existe entre la syphilis et la paralysie générale. La 
présence de la réaction de Wassermann dans l’une et l’autre de ces 
maladies rendait plus probable l'origine syphilitique de la paralysie 
générale. Mais la manière dont l'infection syphilitique -produit le déve- 
loppement de la paralysie générale était jusqu'à présent restée obscure. 
Un grand nombre d'invesligateurs ont essayé inutilement de démontrer 
la présence des organismes syphilitiques dans le système nerveux des 
paralytiques. Aussi les neurologistes ont-ils pensé que cette dernière 
maladie était une complication secondaire de la syphilis et que, par 
conséquent, le tréponème n'exerçait pas d'influence directe sur cette 
maladie. Dans des pièces anatomiques qui me furent fournies par le 
M. Moore, j'ai trouvé 12 fois le tréponème päle sur 70 cas de paralysie 
générale (1). Ces cas étaient typiques et il ne s'agissait certainement 
pas de syphilis cérébrospinale. Les malades étaient dans 10 cas du sexe 
| masculin et dans 2 cas du sexe féminin. Sept cas appartenaient au type 
cérébral et 5 au type tabélique. Dans les 7 cas où le commencement de 
la maladie pouvait être déterminé de façon suffisamment précise sa 
durée moyenne était 17 mois, tandis que la plus longue durée était 
30 mois et la plus courte 5 mois. L'âge moyen des malades était 44 ans, 
les âges extrêmes étaient 33 et 60 ans. Les tréponèmes pâles se trou- 
vaient en quantités diverses dans toutes les couches du cortex et dans 
; la région sous-corticale. Il n’y avait aucune relation entre les organismes 
1 et les vaisseaux. Beaucoup d'organismes étaient accolés aux cellules 
. nerveuses. Je ne trouvai aucun tréponème dans la pie-mère. Je me suis 
servi dans cette série d'expériences d’une imprégnation à l'argent un peu 

différente de celle de Levaditi. 
Depuis ces recherches, j'ai commencé une autre série d'observations 


(1) Journ. of Exper. Med., février 1913. 


350 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sur 100 nouvelles pièces, recueillies dans divers hôpitaux. Quoique 
j'aie l'intention de présenter plus tard les résultats d'ensemble de cette 
nouvelle série, je désire, cependant, parler des deux observations sui- 
vantes, à cause de leurs particularités. Dans l’une d'elles, il s'agissait 
d'un malade atteint de paralysie générale, qui avait passé un an à 
l'hôpital et qui était mort dans une crise épileptique. Les coupes des 
différentes parties du cerveau, y compris la région motrice et la corne 
d’Ammon, étaient préparées par le capitaine Nichols, d'après la méthode 
de Levaditi. Elles montraient des quantités énormes de tréponème pâle 
dans le cortex tout entier et dans la partie médullaire. Les organismes 
étaient plus nombreux dans la région motrice et moins nombreux dans 
la corne d'Ammon. Je n’ai jamais vu de coupes contenant un aussi 
grand nombre de microorganismes, pas même les coupes de foie de 
fœtus syphilitique. La seconde pièce était un cerveau qui me fut donné 
à l’état frais par Le D° Lambert. Dans beaucoup de préparations exami- 
nées à l’ultra-microscope, j'ai vu des tréponèmes pâles. J'ai examiné 
d'autres cerveaux frais, mais je n'ai trouvé de tréponème que dans 
celui que je viens de citer. 


(From the laboratories of the Rockefeller Institute for Medical Research.) 


ÉTUDE DE LA PROTÉOLYSE DE LA SUBSTANCE NERYEUSE. 
RELATIONS ENTRE LA PROTÉOLYSE ET LA CHROMATOLYSE FONCTIONNELLES 
DES CENTRES DANS LA FATIGUE 


(Note préliminaire), 


par Cu. FAURE et C. SouLa. 


Nous avons cherché une corrélation entre la chromatolyse fonction- 


nelle expérimentale sur laquelle se fonde la théorie du kinétoplasma de 
Marinesco et l’aulo-protéolyse de la substance nerveuse se produisant 
dans diverses conditions de fonctionnement que nous avons signalées 
dans quelques notes antérieures. 

Les recherches dont nous exposons ci-dessous les résultats ont porté 
sur les effets de la fatigue. Elles ont été effectuées sur le rat. Nous avons 
déterminé la fatigue chez ces animaux jusqu à l'impuissance motrice à 
peu près complète; nous les faisions tourner dans une roue. L'épui- 
sement survenait dans un lemps variable. Les animaux, à la fin de 
l'expérience, présentaient de l’hypothermie. Nous avons toujours analysé 
en même temps que les ceveaux d'animaux fatigués des cerveaux de 
témoins normaux. 


o 


Lu à 


2 SÉANCE DU 15 FÉVRIER 351 


Résultats de l'analyse des cerveaux. 


COEFFI- | COEFFI- 
MOYENNE ÿ CIENT CIENT 


de l'analyse des cerveaux F d’amino- |deprotéo- 
j genèse lyse 


Rats normaux. 


: 17150 
Rats fatigués . 1 Û : 2 ; D 
1710 


(*) IN: : Az. tot. ; N4 : Az. albuminoïdes ; N, : Az. des polypept.; N,; Az, aminé. — Tous nos 
résultats sont exprimés en milligr. et rapportés à 100 gr. de tissus frais. 


PIC 1 | Fr6. 2. 


Cellules de la corne antérieure de la moelle chez un rat normal (fig. 1) 
et chez un rat fatigué (fig. 2). Dessin à la chambre claire. Gr. : 750/1. 


x 


Ces résultats nous ont amenés à rechercher si la protéolyse fonc- 
tionnelle ne présente pas de rapports avec la chromatolyse signalée par 
de nombreux histologistes dans la fatigue. C’est pourquoi nous avons 
prélevé sur un certain nombre de sujets en expérience et sur des ani- 
maux témoins des fragments de substance nerveuse pour les soumettre 
à l'examen microscopique. 

Chez les animaux fatigués, nous avons observé des modifications pro- 
fondes dans le corps des cellules motrices de la moelle épinière. La 
substance chromatophile n'est plus apparente sous la forme de corps de 
Nissl nettement détinis, mais le cytoplasme renferme de fines granu- 
lations éparses ainsi que des taches sombres à contours mal délimités 
dont la teinte diminue progressivement d'intensité du centre à la péri- 


352 E SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


phérie. Le noyau n’a subi aucune altération. Les cellules motrices sont 
donc le siège d’une chromatolyse très accentuée que nous n'avons pas 
observée dans les cellules sensitives des ganglions spinaux. 

Les altérations profondes de la substance chromatophile (fonte à peu 
près complète des corpuscules de Nissl) coïncidant dans nos expé- 
riences avec une dépense d’albumine accusée par l’accroissement des 
coefficients d'aminogénèse et de protéolyse nous porte à admettre que 
la substance chromatophile représente bien, comme l'a soutenu Mari- 
nesco, une réserve énergétique azotée de la cellule nerveuse. 


SUR LES SOI-DISANT NÉPHROPHAGOCYTES UTÉRINS 
ET LA SIGNIFICATION DES CELLULES MYOMÉTRIALES, 


par P. ANcEL et P. Bouin. 


Dans plusieurs notes publiées à la Société de Biologie (1), M. Mercier 
étudie, à l’aide de la méthode dite des injections physiologiques, les 
cellules myométriales qui apparaissent dans l'utérus de la lapine 
pendant la deuxième moitié de la gestation ; cette étude l’a conduit à 
émeltre les opinions suivantes : | 

1° Les cellules myométriales sont des néphrophagocytes ; 

2° Ces néphrophagocytes ne tiennent pas sous leur dépendance la 
phase glandulaire gravidique de la mamelle. 

Ces résultats ne cadrent pas avec l'opinion que nous avons émise sur 
la nalure et le rôle des cellules myométriales. Nous avons déjà présenté 
quelques observations sur Les expériences de M. Mercier et l'interpréta- 
lion qu'il en tire (2). Mais une nouvelle note de cet auteur nousmet dans 
l'obligation de nous expliquer plus complètement (3). 

I. — « Je tiens à faire remarquer, dit M. Mercier, qu’il est un point 
sur lequel nous sommes bien certainement d'accord. Ancel et P. Bouin 
ont pu se convaincre, par l'étude d'une préparation que je leur ai 
offerte, que les cellules de leur glande myométriale sont phagocytaires, 
puisqu'elles capturent les grains de carmin solide, et qu’elles sont 
excrétrices, puisqu'elles retirent de l'organisme du carmin soluble 


(1) L. Mercier. Compies rendus de la Soc. de Bislogie, 10 février 1912. — 
Ibid., 23 novembre 1912. 

(2) P. Bouin et P. Ancel, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 14 décembre 
Lo. 

(3) L. Mercier. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 13 janvier 1913. 


SÉANCE DU 15 TÉVRIER 353 


EE 


injecté. Or, avec Cuénot, Bruntz, etc., je donne aux éléments qui 
présentent cette double propriélé physiologique le nom de néphropha- 
gocytes. » Nous sommes d'accord avec M. Mercier sur le fait que Îles 
cellules myométriales absorbent le carmin. Mais nous ne sommes plus 
du tout d'accord sur l'interprétation que cet auteur tire de son observa- 
tion. ] « 

Le fait que les cellules myométriales prennent le carmin n'autorise 
pas à conclure, en effet, que ces éléments sont des néphrophagocytes. 
Un néphrophagocyte est une cellule qui est tout à la fois phagocyte et 
néphrocyte, c’est-à-dire une cellule qui a pour fonction de retirer du 
milieu intérieur et d'éliminer les substances de déchet produites par les 
réactions chimiques de l'organisme. 

Où est donc la preuve que les cellules qui fixent le carmin ou toute autre 
matière colorante ont pour fonction de retirer du milieu inférieuret d’éli- 
miner les substances de déchet? Dirons-nous qu'une cellule nerveuse,un 
neurone rétinien par exemple, est un « néphrocyte oculaire» parce qu'il 
absorbe le bleu de méthylène ou de toluidine? Dirons-nous aussi que tel 
ou tel élémentnerveux est un néphrocyte parce qu'il fixe telle ou telle sub- 
stance toxique injectée dans le sang, curare, strychinne, atropine, etc. ? 
Nous nous contenterons de dire que la cellule nerveuse fixe ces diverses 
substances, et M. Mercier a de même uniquement le droit de dire que 
les cellules myométriales fixent le carmin. 11 n’est pas autorisé à en 
tirer une conclusion au point de vue du rôle de ces cellules, à changer 
le nom de cellules myométriales que nous leur avons donné et à les 
appeler « néphrophagocytes utérins ». Dire, en effet, qu'une cellule est 
un néphrophagocyte parce qu'elle fixe le carmin, c’est préjuger de sa 
fonction, et la dénommer par cette fonction préjugée, sans tenir compte 
des autres fonctions qu’elle a ou peut avoir;c'est commettre une erreur 
dangereuse. Les conséquences auxquelles à conduit cette manière de 
faire en divers domaines de la biologie en sont la meilleure démons- 
tration. 

Le raisonnement de M. Mercier à propos des cellules myométriales 
nous conduit à adresser les mêmes critiques aux auteurs qui ont utilisé 
la méthode des injections physiologiques pour la recherche des cellules 
excrétrices. Cette méthode repose sur une généralisation injustifiée des 
propriétés physiologiques des cellules rénales. Celles-ci retirent et 
éliminent les matières colorantes injectées dans le sang. Mais cela ne 
veut pas dire que toutes les cellules vivantes qui fixent tel ou tel colo- 
rant retirent du milieu intérieur les substances de déchet produites par 
l'organisme et sont par conséquent des néphrocytes ou des néphropha- 
gocytes. Tant que cette démonstration n'aura pas été donnée, il ne sera 
pas possible d'admettre les conclusions qui sont basées uniquement sur 
les résultats fournis par cette méthode. 

Il, — M. Mercier, ayant admis que les cellules myométriales sont des 


394 SOCIÉIÉ DE BIOLOGIE 


néphrophagocytes, a cependant voulu voir « si réellement ces néphro- 
phagocytes conditionnent en quelque façon l'évolution de la mamelle ». 
Nous avions en effet émis l'hypothèse que les cellules myométriales pos- 
sèdent, chez le lapin, pendant la deuxième moitié de la gestation, un 
rôle analogue à celui que joue le corps jaune pendant la première moitié, 
et que, entre autres fonctions, elles conditionneraient la phase glandu- 
laire gravidique de la mamelle. Nous nous appuyions sur ce fait que les 
cellules myométriales ont la structure de cellules glandulaires, possèdent 
dans leur ensemble l'architecture des glandes endocrines diffuses, 
apparaissent à mi-lerme et disparaissent dans les jours qui précèdent 
l'accouchement. Nous avions considéré que cette hypothèse était très 
vraisemblable, parce que lesblessures faites sur un utérus « préparé » par 
l’action du corps jaune étaient suivies de l'apparition de cellules myomé- 
triales au niveau de cette blessure et de sécrétion lactée dans certains 


acini mammaires. M. Mercier a refait des expériences semblables aux 


nôtres, a obtenu la même sécrétion mammaire, et n’a pas observé l’ap- 
parition de cellules myométriales. — Ce résultat négatif nous paraît ex- 
plicable si l’onadmet que les hormones agissent par l'intermédiaire du 
système nerveux (1). On ne sait pas encore si les substances actives 
déversées danslesang par les glandes endocrines agissent surles organes 
réactionnels soit directement, soit indirectement par l'intermédiaire 
du système nerveux. L'opinion admise est que les hormones agissent 
directement sur les cellules des organes réactionnels (réflexe chimique 
de Bayliss et Starling). Cette opinion semble corroborée par les expé- 
riences de greffe, de section et de destruction nerveuses faites sur le 
système cérébro-spinal. Mais ces expériences n’ont jamais réussi à éli- 
miner complètement l'intervention possible du système nerveux sym- 
pathique. On a donc toujours le droit d'envisager l'hypothèse que les 
hormones agissent sur certaines cellules ganglionnaires réceptrices, les- 
quelles transmetiraient cette aclion aux organes réactionnels. Si cette 
manière de voir est exacle, on conçoit que l’action chimique normale des 
hormones sur les cellules nerveuses puisse être remplacée, dans cer- 
taines conditions déterminées, par une aclion mécanique expérimentale. 
C'est ce qui s’est peut-être passé dans l'expérience de M. Mercier. IL 
aurait remplacé l'excitation normale de l'hormone, dont nous voyons la 
source dans la glande myométriale, par une excitation mécanique due 
à la cicatrisation lente de la blessure utérine. Remarquons toutefois 
qu'une conclusion ferme est impossible, parce que cette expérience est 
susceptible de faire apparaître des éléments nouveaux à l'endroit de la 
blessure [cellules vésiculeuses (Loeb), cellules myométriales (Bouin et 
Ancel)]. 


(1) Cette argumentation ayant été supprimée dans notre précédente note à 
cause de son étendue, nous la reproduisons ici. 


Me: 


Y A-T-IL DES ALBUMINURIES D'ORIGINE VÉSICALE ? 


par FERNAND Lévy. 

La question des albuminuries d'origine vésicale a élé à maintes 
reprises discutée et résolue par la négative. Il nous a semblé intéres- 
sant de la poser à nouveau à l’occasion d'incidents consécutifs à l'emploi 
_thérapeutique de l’urotropine. 

Depuis longtemps on a signalé à la suite d'administration de l’hexa- 
méthylènetétramine un syndrome urinaire se traduisant par de l’albu- 
minurie, voire par une hématurie et du ténesme. 

Après nous être servis de ce médicament en injections sous-cutanées, 
nous avons eu l’occasion, dans deux cas, d'observer et de suivre tous ces 
phénomènes à l'exception du ténesme. 

Le premier fait a trait à une petite jeune fille du service de M. Tri- 
boulet, atteinte de fièvre typhoïde et traitée par des injections sous- 
cutanées massives d’urotropine avec un excellent résultat final. Au 
13° jour de la maladie (9° jour du traitement), l'urine examinée chaque 
jour précipite par l’acide nitrique à froid, mais le disque albuminoïde, 
au lieu de se former au contact des deux liquides, est haut situé. La 
chaleur donne un louche qui se renfonce par l’acide acétique. Il y a 
peut-être de l’albumine, mais sûrement aussi de la pseudoalbumine. 
Pas le moindre signe de perturbation rénale. La température attei- 
gnant encore 39 degrés, on continue les injections le 14°, puis le 16° jour 
en surveillant toujours les urines où le précipité ne semble pas aug- 
menter. À ce moment, l'examen microscopique montre des globules 
rouges très reconnaissables et non déformés. Il n’y a ni cylindres, ni 
globules blancs, ni cellules épithéliales. 

L'analyse des urines du 17° jour, pratiquée par M. Durand, interne en 
pharmacie, et portant sur 1.350 c.c., donna les résultats suivants: 


Matières albumivoïdes : Pseudoalbumine. . 

SÉLINEMUNET re PIN Iee Do op 0 GR 80 OP INURE: 
Globuline . SEM ELRS RC RIGUEUR De 
La sérine ne dépasse pas 0 gr. 02 cent. 


Les urines sout examinées au lit de la malade le lendemain et les jours 
suivants; au 20° jour de la maladie elles sont redevenues tout à fait 
normales, ne donnent plus de précipité et ne renferment aucun élément 
figuré. 

_ Dansle deuxième cas, la précipitation des urines par l'addition d'acide 
à froid et par la chaleur avec accentuation du précipité, lorsqu'on aci- 
difie, se manifeste discrètement au 14° jour de la maladieet devient net 
le 15°. À ce moment, l'examen microscopique nous montre uniquement 


BioLocie. Compres RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 25 


CURE, 


3206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


d’assez nombreuses cellules vésicales isolées, intactes, à noyau prenant 
bien les bleus. Il n’y a pas de globules rouges ; il n'existe pas non plus 
ni cellules rénales, ni leucocytes, ni cylindres. L'analyse chimique ia- 
dique la présence de pseudo-albumine et de traces indosables de sérine. 
Nous nous décidons, en raison du très mauvais état général de notre 
petite malade, en l'absence complète de symptômes rénaux, objectifs et 
fonctionnels, à poursuivre les injections. Le 20° jour, une nouvelle ana- 
lyse décèle la présence de pseudo-albumine, de sérine (0 gr. 03), de 
globuline (0 gr. 05) et au point de vue microscopique de nombreuses 
hématies et quelques cellules vésicales. 

En moins de huit jours, les urines redeviennent normales. Il s’agit, 
cette fois encore, on en conviendra, d’une albuminurie bien bizarre et ne 
ressemblant guère à celles qui témoignent d’une lésion rénale. 

En effet, l’urine, comme dans le cas précédent, précipite à froid par 
les acides, se trouble légèrement à chaud et le louche augmente par 
l’addition d’acide acétique. Ceci démontre la présence de pseudo-albumine 


et corps mucoïide de Mürner. Dans les trois analyses qui furent faites, ce 


produit fut mis en évidence en assez grande quantité. La réaction de 
Grimbert et Dufau est positive. Au contraire, il n’y a jamais eu que des 
traces de sérine, de la globuline en quantité plus appréciable, et l'examen 
microscopique n’a montré que des cellules vésicales ou des globules 
rouges à l'exclusion de ces cylindres, de globules blancs, de cellules 
rénales avec albuminurie, avec globulinurie relativement plus forte qe 
la sérinurie à peine appréciable. 

En somme, nous nous sommes trouvés en présence d'un syndrome 
urinaire assez curieux, constitué de plusieurs éléments qui apparaissent 
progressivement dans l'urine et qui, au complet, se traduisent par une 
double formule clinique et microscopique. En effet, outre une pseudo- 
albuminurie des plus nettes, une légère albuminurie avec traces de sérine 
et quantité plus appréciable de globuline, on note une réaction cytolo- 
gique à cellules vésicales et à globules rouges plus ou moins nombreux. 

Nous pouvons essayer de comprendre le processus irritatif dont 
l'hématurie est l’aboutissant. 

Dans une première phase, l’urotropine provoque une poussée de 
decsquamation des voies urimaïres basses, attestée par la présence de 
cellules vésicales. Cette légère désépithélisation s'accompagne de phé- 
nomènes intenses d’extravasation, qui se traduisent, à cette période, 
par de la pseudo-albuminurie avec traces indosables de sérine. 

Dans une seconde phase, les lésions congestives sont plus intenses. 
Des vaisseaux se fissurent ou se rompent, et ainsi se trouve réalisée une 
hématurie microscopique. 

Dans une troïsième phase, il y à hématurie franche, isolée ou accom- 
pagnée de symptômes d’irritation vésicale : douleurs lors des mictions, 
ténesme, que nous n'avons pas observé pour notre part, mais qui se 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 397 


trouvent signalés dans les observations des auteurs, et enfin élimination 
légère exfoliative de la muqueuse vésicale. 

Tous ces symptômes régressent promptement et disparaissent avec 
rapidité, le dernier témoin de l'irritation de la vessie élant la pseudo- 
albuminurie, qui cède elle-même en quelques jours. 

Ce syndrome urologique n'est jamais accompagné de signes d’irri- 
tation, à plus forte raison d'insuffisance rénale. On ne peut donc, logi- 
quement, le faire dépendre du rein. Au contraire, la présence decellules 
des couches vésicales oriente l’attention vers la vessie, d'autant que les 
autopsies de Crowe ont montré l'existence de lésions congestives de cet 
organe à l'exclusion de lésions rénales. Aussi avons-nous cru bon de 
parier d'albuminurie d'origine vésicale, sans vouloir considérer cette 
donnée autrement que comme -une hypothèse fort plausible étayée sur 
des faits difficilement explicables d’une autre manière. 


INSUFFISANCE SURRÉNALE ET CURARISATION, 


par JEAN Camus et RENÉ Porax. 


Nous avons recherché, après un grand nombre d'auteurs, quelle était 
la résistance des animaux privés de leurs capsules surrénales à quel- 
ques poisons. 

Nous avons commencé cette étude par le curare et nous ne parlerons 
que de ce poison dans cette note. C'est un des toxiques les mieux étu- 
diés par les physiologistes, ses effets sont faciles à reconnaître et à 
apprécier et de plus des rapprochements sont possibles entre la cura- 
risation et l'insuffisance surrénale {Abelous et Langlois). 

Le lapin est l'animal que nous avons choisi pour cette étude expé- 
rimenlale, 


GROUPE |. — Lapin, poids, 1.760 grammes. Le 30 septembre à 16 h., capsu- 
lectomie double; il est laissé un peu de tissu glandulaire. 

Le 1° octobre à 17h. 25, injection intraveineuse de 0 milligr. 3 de curare. 

17 h. 35, injection de même dose. 

17 h. 38, début de curarisation, puis curarisation complète, respiration 
persiste. 

17 h. 55, les mouvements reparaissent peu à peu. 

18 h. 25, il n’est pas encore revenu à l’état normal. 

Lapin témoin, poids, 2? kilogrammes. À 17 h. 27et à 17 h. 37, reçoit mêmes 
doses de curare que le précédent. 

A 17 h. 38 m. 30, début de curarisation, mais celle-ci ne devient pas 
complète, la tête et les membres ne gardent pas la position qu’on leur donne. 

À 17 h. 45,les mouvements spontanés reparaissent et l'animal reprend très 
vite l'attitude normale. 


ANT ES LES 
7e Ne, Lab 


358 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = x 


EE ——_—_]—— —————————aEZEaEaEaEEaLaaaEaLaE À 


GROUFE IL. — Lapin, poids, 1.885 grammes. Le3 octobre, exlirpation des 2/3 
de la capsule surrénale gauche et injection d'acides gras dans la capsule 
droite dans le but de la détruire. 

Le 4 octobre à 15 h. 4, injection intraveineuse de 0 milligr. 5 de curare. 

À 15 h. 50, injection de même dose. 

À 16 h. 3, injection de même dose. 

A 16 h. 5, tombe sur le côté, à peu près inerte. Ne garde pas complète- 
ment les positions qu’on imprime à sa tête et à ses membres. 

À 16 h.25, va mieux. 

À 16 h. 30, reprend la position normale. 


Deux lapins témoins reçoivent aux mêmes moments mêmes doses de 
curare et ne présentent aucun phénomène de curarisation ; l’un d’eux 
avait été la veille profondément chloroformé afin de juger des effets de 
la chloroformisation antérieure sur la curarisation. 


GROUPE LIL. — Lapin, poids, 2 kilogr. 030. Le 7 octobre, ablation complète 
de la capsule surrénale gauche, ablation presque complète de la droite et des- 
truction in situ du moignon qui reste. 

Le 8 octobre, 17 h. #8, injection intraveineuse de O0 milligr. 5 de curare; 
pas de curarisation. 

17 h. 55, injection de même dose. 

17 h. 58, début de curarisation qui devient rapidement complète. 

18 h. 10, inertie persiste complète, respiration continue. 

18 h. 30, il exécute quelques mouvements quand on l’excite, mais toujours 
très curarisé. 

18 h. 45, même état. 


Un lapin témoin recoit, à 17 h. 45, 0 milligr. 5 de curare, puis même 
dose à 17 h. 56. À 17 h. 58, curarisation momentanée et incomplète. 
À 18 h. 1, il paraît déjà revenu à l’état normal. 


Un autre lapin témoin a été chloroformé la veille, puis a subi simulacre 
d’ablation des capsules surrénales et malaxation des organes voisins, 
injection de quelques gouttes d'acides gras au voisinage du rein, tout 
cela pour déterminer un traumatisme étendu des régions capsulaires. 
Ce lapin recoit le 8 octobre les mêmes doses de curare que les deux 
précédents, il présente des signes de curarisation incomplète ou tran- 
sitoire après la deuxième injection et quinze minutes après il a repris 
l’allure normale. 

Un troisième lapin témoin reçoit, en une fois à 17 h.54, 1 milligramme 
de curare et ne présente aucun signe de curarisation. 


Groupe IV. — Lapin, poids, 1 kil. 850. Le 11 octobre, on pratique, sous chloro- 
forme, l’ablation du corps thyroïde. 

Lapin, poids, 2 kil. 080. On enlève les deux tiers de la capsule surrénale 
gauche et on injecte des acides gras dans la capsule surrénale droite. 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 359 


Le lendemain matin, le lapin décapsulé (partiellement) paraît un peu moins 
sensible au curare que le lapin éthyroïdé. 

Dans la soirée, de nouvelles injections de curare montrent que le lapin 
décapsulé est devenu le plus sensible, et il meurt assez rapidement sous 
influence de doses qui donnent seulement une curarisation PpÉsste chez 
le lapin éthyroïdé. 


Il importe de remarquer que la décapsulation dans cette expérience à 
été très incomplète, car l’autopsie montre que le liers de la capsule 
gauche était intacte et qu’une grande partie de la droite avait été res- 
pectée par les acides gras. | 


GRouPE V. — 14 octobre. Deux lapins de 2 kil. 010 et de 1 kil. 700 sont 
décapsulés incomplètement et l’on observe, comme dans le groupe précédent, 
que le lendemain matin leur résistance au curare est pour l’un d’eux égale 
et pour l’autre supérieure à celle des lapins témoins. 

Dans la soirée, l’un d'eux meurt spontanément et l’autre ‘succombe à une 
dose de curare qui détermine seulement quelques symptômes passagers chez 
le témoin. 


GRouPE VI. — Le 28 octobre, un lapin, poids, 1.930 grammes, est décapsulé 
en totalité, uu autre lapin, poids, 1.830 grammes, est décapsulé partiellement ; 
le lendemain matin ce dernier a une résistance au curare à peu près égale à 
celle du témoin. : 

Le soir 1l est nettement plus sensible au curare que le témoin. 

Le lapin décapsulé en totalité, éprouvé le lendemain soir du jour de l’opé- 
ration, est curarisé par une dose qui ne donne lieu à aucun symptôme chez 
deux témoins. 

GROUPE VII. — Le 17 octobre, deux lapins, poids, 2 kil. 020 et 2 kil. 060, 
reçoivent une injection d'acides gras dans chaque capsule surrénale dans le 
but de pratiquer une destruction lente. 

Dans les jours suivants, leur résistance au curare est soit égale, soit supé- 
rieure à celle des lapins témoins. Quinze jours après, l’un d’eux, qui s’est 
cachectisé lentement et présente de l’asthénie, est devenu beaucoup plus 
sensible au curare que les témoins. 


Il résulte de ces recherches que la destruction partielle des capsules 
surrénales chez le lapin peut, suivant son degré et suivant le temps 
écoulé après l'opération, diminuer, ne pas modifier et parfois augmenter 
la résistance à la curarisation. La destruction totale dans toutes nos expé- 
riences a diminué dans les vingt-quatre heures qui suivirent la résis- 
tance à la curarisation. Nous aurons ultérieurement à discuter la spéci- 
ficité de cette sensibilité. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine.) 


360 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ACTION CARDIOVASCULAIRE DE .CERTAINS EXTRAITS HYPOPENSAIRES 
(Deuxième note), 


par HENRI CLAUDE, RENÉ Porar et DANIEL ROUTIER. 


Dans une précédente note, nous avons décrit l'action hypotensive des 
extraits hypophysaires (lobe postérieur) délipoïdés et purifiés. Nous. 
apportons aujourd’hui des tracés graphiques qui montrent l’action de 
ces mêmes extraits sur le pouls radial et sur le pouls jugulaire. Les 
tracés ont été pris sur quinze malades soumis au traitement hypo- 
physaire. Les injections d'extraits d'hypophyse délipoïdés et purifiés 
ontété faites à la dose.de 2.c. répondant à 10 centigrammes d'extrait 
frais dans les muscles de la cuisse «et à la dose de 0 «. c. 50 à O:c.e. 75 
dans une veine du pli du coude. Les tracés graphiques ont été inscrits à 
l’aide de l'appareil de Mackenzie. 

Les résultats obtenus sont les suivants : 


I. — Action.des extraits hypophysaines délipoidés et purifiés sur te pouls 
nadkal. 

a) Action sur la fréquence du pouls radial : deux phases se succèdent, 
une phase de la tachycardie et une phase de ralentissement cardiaque : 

1° La phase de la tachycardie débute 15 secondes environ après 
l'injection intraveineuse de 0 e.c. 50 à O0 c.c. 75 d'extrait hypophysaire 
délipoïdé et purifié. Cette accélération augmente progressivement, 
atteint de 30 à 50 secondes après l'injection son maximum de 100 à 
150 pulsations dans une minute et enfin se ralentit peu à peu. La durée 
de la tachycardie n’a pas dépassé dans nos observations 65 secondes. 

2° La phase de ralentissement cardiaqueest constante; mais dans 2 cas 
seulement sur 15 une véritable bradycardie de 40 à 44 pulsations dans 
une, minute s’est inslallée. La durée de cette phase me dépasse pas 
1 m. 30 secondes. 

b) Action sur le rythme cardiaque : pendant la phase à ralentissement 
cardiaque on peut voir survenir : 1° une arythmie sinusale légère; 
2 des extrasystoles auriculaires ou ventriculaires; celles-ci ont été: 
notées chez des malades ayant déjà présenté antérieurement cette modi- 
fication du rythme cardiaque. 

c) Action sur l'amplitude du pouls radial : amplitude du pouls radial 
a tendance à diminuer après les injections d'extrait hypophysaire; cet 
effet apparaît à la fin de la période de tachycardie et devient plus 
marqué au cours de la phase à ralentissement cardiaque. 


Il. — Action des extraits hypophysaires délipoidés el purifiés sur le 
pouls veineux. 
L'étude du pouls veineux montre que le rythme cardiaque reste 


SÉANCE DU 15 FÉVRIER 361 


dépendant du sinus, sauf dans les quelques cas où des extrasystoles 
sont notées. 

Chez certains sujets présentant un pouls veineux faible au indéce- 
lable, l'injection d'extrait hypophysaire a rendu les ondes jugulaires 
plus apparentes dès la fin de la période tachycardique et pendant toute 
la période de ralentissement du cœur. Les sujets ayant un pouls 
veineux déjà ample et apparent n'ont pas présenté après l'injection 
d'extrait hypophysaire des modifications appréciables de leur phlébo- 
gramme. 

En somme, l'injection intraveineuse d'extrait hypophysaire délipoïdé 
et purifié détermine : 

1° Une accélération cardiaque de courte durée, suivie 
- 20 D'un ralentissement compensateur ; 

3° Le pouls veineux est rendu plus net après la phase tachycardique 
probablement en raison de la stase veineuse déterminée par l’hypo- 
tension artérielle : | 

4° Enfin nous tenons à ajouter que ces effets cardio-vasculaires, les 
seuls dont nous nous occupons ici, ont une durée trop éphémère pour 
qu’on ne puisse en attendre une aclion thérapeutique réelle. 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. 


à + o 


ee A 
NV x £ FIVÉ 
AL se ÿ HE £ 
PERE 


303 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1913 


Acnarp (Cn.) et Dessouis (G.) : 
Recherche clinique de l'insuffisance 
glycolytique par l'étude du quotient 
CORRE MnPE 7. 01. - 0e 1. 

. Arpin-Decreic, NèGre (L.) et Ray- 
nxaup (M.) : Recherches sur les réac- 
tions humorales des malades atteints 
de fièvre typhoïde traités par le 
vaccin de Besredka . ........ 

Avnaup (MarceLr) et PETTiT (Au- 
GUSTE) : Sur les globulins de la 
Poule (avec présentition de prépa- 
OO) LS MEN EEE ee 

Camcs (JEAN) : Arrêt de la polypnée 
thermique par l’apomorphine 

Camus (JEAN) et Porak (RENÉ) 
Insuffisance surrénale et sensibilité 
DA SUB YONNE ne ee. 

CaRCANAGUE et Maurer : Recher- 
ches chromométriques sur l'intoxi- 
CARONASAIURMINEN li. so ce 

Cuampy (Cristian) : De l'exis- 
tence d’un tissu glandulaire endo- 
crine temporaire dans le testicule 
(corps jaune testiculaire). . . . . .. 

Danuzesco (V.) : Essais de culture 
du spirille de la poule . . . . .... 

Doyox (M.) et SARvONAT (F.) : Ac- 
tion anticoagulante del hématogène. 

Dueurr (A.) : Une nouvelle mé- 
thode de numération et d'examen 
des éléments figurés danslesliquides 
organiques et le liquide céphalo-ra- 
chidien en particulier. . . . . . .. 

Guieysse-PELLISSIER : Zone germi- 
native dans les cæcums entériques 
d'Anilocra frontalis Edw. . ..... 

Guvéxor (Emi) : Etudes biologi- 
ques sur une mouche, Drosophila 
ampelophila Lôw. — VI. Résorption 
des spermatozoïdes et avortements 
Les CU ReE 

Hazzion (L.), MoRez (L.) et Papin 
(E.) : Action vaso-dilatatrice pé- 
nienne de l'extrait prostatique . . 


BioLocre. COMPTES RENDUS. — 1913. T, LXXIV. 


SOMMAIRE 


311 


361 


309 


308 


391 


392 


389 


401 


Hévox (E.) et LisBonne (M.) : Per- 
sistance de la sécrétine dans la mu- 
queuse intestinale après l’extirpa- 
tien totale du pancréas . . . . . .. 315 

JavaL (A.) : Elévation du rapport 
azoturique humoral chez les azoté- 
DIU SES Este AU OA 2 TIIS 397 

Levapiri (C.) et Murerminca (Sr.): 
Action de la toxine diphtérique sur 
la survie des cellules in vitro. . . . 319 

Niccoux (Maurice) et Nowicka 
(Vicrorre) : Sur la perméabilité de 
Ta VESSICR RAR Le DES 394 

RETTERER (Én. et LELIÈVRE (AUG.) : 
Homologies de la bourse de Fa- 
DRICISENE P RRAIE RE MR A EIRE 382 

VLÈs (FRED) : Image du calibre 
d’un tube de verre (Deuxième note). 364 


Réunion biologique de Bordeaux. 


GINESTE (Cu.) : Chromidies et dua- 


lité nucléaire chez les flagellés . . . 405 
GINESTE (C.) : L’ « appareil nu- 

cléaire » de quelques Cercomo- 

HADES ME MATIN RESTE TTAT EE 2e 408 


Le DaxtTec (A.) : Note sur un my- 
coderme rencontré dans les fèces 
de deux matelots bérihériques . . . 412 
LE Danrec (A) : Mycodermose in- 
testinale dans divers états patho- 
JODIQUESE NA RTEE CR nee le 414 
Movunier (R.) : Reproduction syn- 
thétique du pouls veineux jugulaire. 410 


Réunion biologique de Marseille. 


GERBER (C.), Guio (H.) et Sazkinn 
(J.) : Action physiologique des latex. 
T1I. Pancréatine du latex de Brous- 
sonetia papyrifera. Comparaison 
avec la trypsine et la pepsine. . . . 425 
GERBER (C.)et SALKkIND (J.) : Action 
physiologique des latex. IV. In- 
toxication aiguë par le latex de 
Broussonetia papyrifera . . , . . . . 427 
26 


364 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


JoLéAuD (A.) : F. — Le genre Mi- de Milella avec Loricula. . . . ... 420 
LOUIS ERA AMC ml TE Oo 417 JOLEAUD (A) : H. — Caractères 
JoLEAUD (A.) : G. — Le capitule fondamentaux du genre Scalpellum. 
dans le genre Pollicipes. Affinités — Pollicipes (Calantica) villosus.— 
de Pollicipes avec Archæolepas et begenre Scilælepas AS. 2.0 422 


Présidence de M. Dastre. 


OUVRAGES OFFERTS. 


G. Rerzius. — Biologische Untersuchungen. Neue Folge. XVII. 4 vol. 
in-folio, 108 pages, 16 planches. Stockholm. À. Ftonbladel’s Druckerei, 
1912. 


J. FERRAN. — Yravaux sur la nouvelle bactériologie de la tuberculose. 
1 vol. in-8°, 174 pages. Barcelone, La Renaixensa. 


NAAME. — Z'tudes d'endocrinologie. 1 vol. in-12, 74 pages, Paris; 
Maloine. 


IMAGE DU CALIBRE D'UN TUBE DE VERRE 
(Deuxième note), 


par FRED VLës. 


La solution que j'ai proposée au problème de M. le professeur Nageotte 
n'a pas paru satisfaisante à celui-ci. Son argumentation porte sur deux 
points qui me paraissent devoir être complètement séparés : 


1° M. Nageotte admet que le phénomène étudié dans ma note sous 
la désignation de 2H, n’est pas identique à celui qu'il a étudié lui- 
même sous le nom d’ « image paradoxale ». C'est possible; mais au 
moins ést-il curieux que les deux phénomènes passent par des valeurs 
communes, précisément dans les diverses conditions que M. Nageotte à 
indiquées lui-même dans sa première note. Or, les phénomènes 2H, 
et 2H, que j'ai étudiés sont chacun un phénomène bien défini, dont 
l'unité est absolument satisfaisante dans les différents milieux où on 
peut les produire, comme le montrent les mesures qu'on trouvera plus 
loin. ILest moins sûr que le phénomène de M. Nageotte ait la même 
unité, et ne prête pas à des superpositions, au hasard des modifications 
Lonsidérables de conditions optiques qu'il impose au système. Il est 
bien certain que M. Nageotte, du fait même qu'il place son « image 


(REPORTER 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 365 


päradoxale.» en dehors des lois de l'optique actuelle, n'a à sa disposi- 
tion aucun guide théorique qui lui permette de la discerner à coup sùr, 
et ne pourrait la définir que par exclusion en démontrant qu'elle n’est 
aucun des phénomènes connus (franges, branches de caustiques, etc.), 
que nous savons exister dans le complexe du tube de verre. J'avoue ne 
pas comprendre très bien comment il reconnait a priori, dans les fibres 
à myéline par exemple, avoir affaire à l’ « image paradoxale » plutôt 
qu'à l'« image correcte », qui cependant — M. Nageotte le reconnait 
lui-même — n’est pas à rayer des traités d'optique. 


FLUIDE FLUIDE 


extérieur intérieur 


Glycérine Air. 

n°—1),261 Eau. 
Alcooléthylique. 
Chloroforme. 


Glycérine. 
Xylol. 
Tolu-créosote. 


Ot Ot > M CE Co © 
Ci OÙ O © 


Tolu-créosote ir}; 
HP HAE Alcool éthylique. 
nd 3 Xylol. 
Tolu-créosote. 


. Les écarts entre les formules et la réalité sont donc inférieurs à 4 p. 400. 
Si J'avais voulu la précision du millième, il m'eût été évidemment facile 
de compliquer le problème en y introduisant toutes les variables de la 
pratique courante : ellipticité des sections droites, exentricité du calibre 
interne, angles d'ouverture des faisceaux d'incidence et d'utilisation, 
dispersion, ete. Mais il n’en est pas moins vrai que mes formules cadrent 
avec les faits dans la mesure des approximations que je suis en droit 
d'en attendre. Il ressort des faits qu’on peut toujours, dans les condi- 
tions courantes d’un système isolrope, mettre en évidence, à con- 
dition que les.indices du verre et de son contenu diffèrent d'une ou 
deux unités de la deuxième décimale si les deux corps ont même 
absorption ou dispersion, une image du calibre intérieur du tube répon- 
dant aux lois connues de la réfraction; qu'à cette image correcte 
se superpose pour l'observateur un phénomène indépendant, qui n’es! 
pas formé. par des rayons issus tangentiellement de la surface du 
calibre, qui n’est pas une image de ce calibre au sens strict des défini- 
tions opliques, mais qui, dans certaines circonstances, peut se trouver 
approximativement égal à ce calibre, — il n’y a là qu'un de ces acei- 


366 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dents banaux que nous rencontrons journellement dans la pratique de 


l'optique. 

Je ne discuterai pas les photographies de M. Nageotte, pour lesquelles 
j'ignore dans quelle région de l’espace-objet a été faite la mise au point: 
Pour un complexe où tous les systèmes de franges sont liés à des 
dièdres bissectés par des sections principales du complexe, et peuvent, 
par conséquent, modifier leur écart que suivant la mise au point, l'in- 
terprétation d’une photographie isolée est chose délicate; je croirais 
cependant volontiers que la mise au point y est inférieure à l’ « image 
correcte » du calibre — qui, d’ailleurs, ne s’y trouve point. 

Je signalerai simplement, en passant, que, dans ces photographies, 
les angles de raccordement des ménisques avec la soi-disant image de la 
paroi ont une valeur assez différente de zéro, qu’on peut mesurer avec 
assez de précision, et qui paraît voisine de 55 degrés. Les physiciens 
apprécieront comme moi la signification de cette simple remarque, et 
son importance au point de vue de la théorie de l’« image paradoxale ». 


2 Le deuxième point de l'argumentation de M. Nageotte est, si j'ai 


bien compris, que mes formules ne s’appliqueraient point aux phéno- 
fl 


mènes mêmes que j'ai étudiés, en particulier lorsque le rapport a est 


plus petit que 1. Il est facile de répondre par des chiffres. 

Dans les tableaux ci-dessous, 2H, est l’image correcte du calibre, 
2H, est, comme précédemment, la limite commune à l'incidence rasante 
intérieure et à la réflexion totale extérieure au niveau de la surface du 
calibre. Mesures en lumière blanche diffuse, tube .de verre placé sur un 
verre dépoli éclairé par-dessous, face dépolie en regard du tube : Tube 
de 2r, moyen —1 millimètre; ellipticité du calibre 3 p. 100, 2r,—3""8; 
nr —=1,526 au Schrœder; n'—indice extérieur; #"—indice intérieur; 
formules employées : 


ch: à 


a é 
DR  , <| 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 367 


DE L'EXISTENCE D'UN TISSU GLANDULAIRE ENDOCRINE TEMPORAIRE 
DANS LE TESTICULE (CORPS JAUNE TESTICULAIRE), 


par CHRISTIAN CHAMPY. 


Les rares auteurs qui ont étudié le tissu interstitiel des Batraciens : 
Friedmann, Ganfini, n’ont pas trouvé chez les Urodèles de tissu inters- 
titiel, ou ont décrit comme tel des éléments dont la nature glandulaire 
est très douteuse. 

En étudiant systématiquement le testicule des Batraciens, j'ai 
découvert chez les Urodèles un tissu glandulaire endocrine dont 
l’évolution singulière mérite d’être signalée. 

Ce tissu se développe lorsque les cystes de spermatozoïdes se vident 
(on sait que, chez les Urodèles il n’y a pas de véritables tubes sémi- 
nifères). Les cellules de l’intérieur des cystes : cellules de Sertoli, se 
gonflent et se chargent d’enclaves, mais elles desquament généralement 
bientôt et ce sont les cellules conjonctives situées entre les cystes qui 
constituent la majeure partie de ce tissu glandulaire. 

Ce tissu a dans son évolution trois caractères remarquables : 

1° Il est localisé : on sait que chez les Urodèles, les cystes à sperma- 
tozoïdes sont localisés au printemps à une extrémité du testicule; c’est 
autour de ces cystes seulement que le tissu glandulaire se développe ; 

2 Il se développe lors de l'expulsion des cellules sexuelles : on le voit 
apparaître autour des cystes au fur et à mesure qu'ils se vident, etils se 
vident successivement ; 

3° Il a une existence temporaire et apparaît au moment de l'accou- 
plement pour disparaître au moment de la grande poussée de sperma- 
togenèse, il dure environ de mai à fin juin avec quelques variantes 
suivant les espèces. 

Ces trois caractères : localisation dans la glande génitale, apparition 
lors de l'expulsion des cellules sexuelles, existence temporaire, rappro- 
chent tout à fait ce tissu du corps jaune de l'ovaire. On peut dire que 
c'est un véritable corps jaune testiculaire. 

Morphologie. — Les cellules: glandulaires se développent aux dépens 
d'éléments conjonctifs (ainsi que le corps jaune de l'ovaire dans la 
majorité des cas). Il est possible que, chez certaines espèces, les cellules 
qui sont en contact immédiat avec les éléments sexuels participent à 
la production de tissu glandulaire comme le corps jaune dans certains 
cas (Mulon, Van der Stricht, etc.). 

Étant donnée son évolution facile à suivre et la grande taille des 
éléments, ce tissu constitue un objet de choix pour l'étude du méca- 
nisme de la sécrétion endocrine. 

Au début, les cellules conjonctives se gonflent, leur eytoplasma 
augmente considérablement de volume ; en se gonflant, il dissocie, puis 


368 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : 


englobe les fibrilles collagènes qui persistent à l'intérieur de la cellule 
sous forme d'un réseau analogue à celui décrit dans le corps jaune de 
l'ovaire (Branca, Mulon, Pottet). | 

Les mitochondries, d’abord filamenteuses et peu abondantes (chon- 
driocontes), augmentent et se résolvent en granulations qui se gonflent 
et Se transforment en substances grasses (chondrioplastes). La transfor- 
mation en enclaves est surtout active autour du centrosome, il y a au 
début, dans ces éléments un véritable corps vitellogène. Bientôt, les 
chondrioplastes sont complètement transformés en substances grasses 
et il ne reste entre les boules de graisse que de rares chondriveontes. 
A ce moment, la vascularisation du tissu glandulaire se développe. 

Le centrosome est, au début, entouré d’irradiations courtes; un peu 
plus tard, il prend l'aspect d'une masse réfringente décomposable par 
une fixation un peu médiocre en lames concentriques comme le neben- 
kern des cellules glandulaires, comme la masse centrale de certains 
corps viltellogènes. Il n'est pas rare d'observer deux centrosomes 
dans une même cellule, fait qui s’observe aussi ailleurs (1). 

Les produits de sécrétion sont déversés dans les vaisseaux. 

Physiologie. — Le développement du tissu glandulaire coïncide géné- 
ralement avec l’époque de l’accouplement, il ne coïncide pas avec le 
développement des caractères sexuels secondaires si faciles à observer 
chez les Batraciens. En général, les caractères sexuels secondaires se 
développent avant lui. Il n’a donc pas d'action immédiate sur eux. 

Cependant, j'ai des raisons, qu'il serail trop long d’exposer ici, pour 
penser qu'il a sur eux une action à longue échéance. 

La régression du tissu glandulaire se fait constammnt à mesure que 
se développe la principale poussée de spermatogenèse. 

Ce tissu paraît constant chez les Urodèles. Il existe chez l'Axolotl, la 
Salamandre, les diverses espèces de tritons indigènes (Triton on 
Triton punctatus, Triton palmatus, Triton cristatus). 


(Travail du Laboratoire d'Histologie de la Faculté de Médecine de Paris.) 


ACTION ANTICOAGULANTE DE L'HÉMATOGÈNE, 


par M. Doxon et F. SaRvONAT. 


1. — L'hématogène empêche, in vitro, la coagulation du sang. Ce fait 
vient à l'appui de l'idée qui discerne, dans l'existence d’un noyau phos- 
phoré, une des conditions de l’action anticoagulante de certaines subs- 
tances (acide nucléinique, acide thymique). 


(4) Voir le travail in extenso avec figures dans les Archives de Zoologie expé- 
rimentale. 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 369 


I. — L'hématogène est extrait du jaune de l'œuf. Il contient du phos- 
phore, mais n'appartient pas aux nucléines, car on n'a pu obtenir, en 
parlant de ce corps, ni bases puriques, ni sucre. 


III. — Nous avons utilisé un échantillon préparé il y a plusieurs 
années par L. Hugounenq. Cetéchantillon, très pur, débarrassé de toute 
trace d’albumine et de graisse, contient 8,7 p.100 de phosphore (1). 
Quelques décigrammes de ce produit sont laissés pendant un jour au con- 
tact d'une petile quantité d’une solution alcaline faible (eau, 1.000; chlo- 
rure de sodium, 5; carbonate de soude, 4). On filtre. La plus grande par- 
tie du produit reste sur le filtre. Le filtratest à peine coloré. Nous avons 
ajouté ce liquide volume à volume à du sang normal dérivé directement 
d’une artère d’un chien. Le mélange n'a pas coagulé ; les globules se 
sont déposés, le plasma est resté incolore. 


IV. — Les lécithines du jaune de l’œuf, en émulsion dans l’eau alca- 
line, sont sans action sur le sang. 


(Laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Lyon.) 


ESSAIS DE CULTURE DU SPIRILLE DE LA POULE. 


Note de V. DanuLesco, présentée par GC. LEvaprr1I. 


Nous avons essayé de cultiver le spirille de la poule d’après la méthode 
indiquée par Nogouchi dans le Journal of exp. medicine et dont voici 
les détails : on saigne une poule en pleine infection spirillaire; 
quelques centimètres cubes de sang sont mélangés avec une quantité 
égale d’une solution stérilisée de citrate de soude à 1,5 p. 100 dans de 
l’eau physiologique à 9 p.1.000. Le milieu est constitué ainsi: onintroduit 
d'abord dans chacun des tubes à ensemencer un petit fragment de rein 
frais de lapin et, après, dix gouttes de sang infecté et citraté ; on ajoute 
ensuite 10-15 c.c. de liquide d'ascite stérile, non filtré; la moitié des 
tubes reçoivent en plus une couche épaisse d'huile de vaseline stérilisée ; 
tous sont mis à l'étuve à 37 degrés. L’asepsie la plus rigoureuse est 
nécessaire. 

Parmi les quatre liquides d’ascite que nous avons pu nous procurer, un 
s’est montré plus favorable que les autres à l'entretien de la vie des 
spirilles. 

Au cours de ces essais, nous avons constaté que les spirilles de la poule 


LE 


(t) Hugounenq. Comptes rendus de l' Acad. des Sciences, 10 avril 1905. « \U/ À F, 


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370 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


restent vivants à 37 degrés, vingt-quatre, trente-six heures dans le sang 
citraté ; quarante-huit heures dans du bouillon avec organe frais ; un 
peu plus dans l’ascite simple ou dans l’agar-ascite ; quinze à vingt jours 
dans l'ascite + organe frais + huile de vaseline. 


Dans ce dernier milieu, on trouve immédiatement après l’ensemencement 
4-5 spirilles par champ microscopique ; 15-20 après vingt-quatre heures, 
jusqu’à 30, et même plus les trois jours suivants ; 1ls ont tous conservé leurs 
mouvements caractéristiques et ont gardé l’aspect qu'ils ont in vivo; ils sont 
cependant moins longs, présentant en général 7-12 spires, assez souvent | 
3-6 seulement et très rarement jusqu'à 16 ou plus. Le premier jour, on les 
trouve isolés, répandus dans toute la hauteur du liquide et surtout autour du 
fragment de rein: les jours suivants, quelques-uns s’agglutinent par petits 
amas. Au fur et à mesure que la culture vieillit, il semble que les spirilles ont 
tendance à monter vers les couches supérieures du milieu, de sorte que, après 
le dixième jour et même plutôt, il n’y a que des cadavres au fond du tube. 
-Dès le cinquième jour dans quelques cultures, dans d’autres même avant, 
un certain nombre de spirilles se présentent sous une forme plus ou moins 
déformée, moins régulière, plus épaisse, un peu granuleuse ; parmi ces 
derniers, il y en a qui ont perdu en partie leurs mouvements et qui ne bougent 
que sur place; il y en a aussi d’immobiles, des cadavres à peine reconnais- 
sables. Le nombre de ces cadavres augmente rapidement les jours suivants, 
de sorte que nos cultures étaient mortes vers le douzième jour; ce n’est que 
rarement que certaines d’entre elles ent résisté jusqu’au quinzième jour ; une 
seule a dépassé le vingtième. 


Nous avons obtenu des sous-cullures dans le même milieu, en partant 
des cultures qui nous ont semblé les plus abondantes, vieilles de quatre 
à sept jours. Nous sommes arrivés jusqu'au cinquième passage. 

Les spirilles de nos deux premiers passages, dans quelques tubes du 
moins, élaient aussi nombreux et gardaient le même aspect que ceux 
des cultures initiales ; plus de la moitié des tubes du deuxième passage 
sont restés ou stériles ou très pauvres en spirilles ; les trois quarts parmi 
ceux du troisième ont eu le même sort ; deux seulement des douze de la 
quatrième série ont été fertiles; aucun dans la cinquième. Dans les 


derniers passages, les cultures ont été de moins en moins abon- 
dantes. 


En résumé, nous croyons pouvoir affirmer que les spirilles de la poule 
peuvent pulluler in vitro à 37 degrés dans le milieu indiqué par 
Nogouchi (ascite non filtrée + rein frais de lapin). Parmi les liquides 
d’ascite fournis par différents malades souffrant de la même maladie 
(cirrhose du foie), il y en a qui se montrent plus favorables au dévelop- 
pement des spirilles, fait observé d’ailleurs par Nogouchi lui-même. 

Les cultures ne sont pas très abondantes, sont assez difficiles à obtenir 
et plus difficiles encore à entretenir. Le procédé est donc peu pratique, 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 371 


quoique d’une valeur incontestable. Peut-être qu’en modifiant un peu 
Ja technique, on arrivera à de meilleurs résultats. 
que, 


(Travail du laboratoire de M. Levaditi, de l'Institut Pasteur.) 


RECHERCHES SUR LES RÉACTIONS HUMORALES DES MALADES ATTEINTS 
DE FIÈVRE TYPHOÏDE TRAITÉS PAR LE VACCIN DE BESREDKA. 


Note de ARrDIN-DELTEIL, L. NÈGRE et M. RAyNauD, 
présentée par A. CALMETTE. 


Dans une précédente note (1), nous avons exposé les résultats que 
nous avons obtenus chez les malades typhiques traités par le vaccin de 
Besredka. 

Nous avons complété ces recherches en étudiant comparativement 
les réaclions humorales de typhiques traités par le vaccin et de 
typhiques non traités. Il était intéressant de se rendre compte, par les 
procédés de laboratoire, de la manière dont s'établit chez les uns et chez 
les autres le processus d’immunisation et de voir s’il ya une différence 
dans la rapidité et le degré de l’immunisation entre les premiers et les 
seconds. 

Nous avons aussi étudié comparativement les réactions humorales de 
lapins vaccinés avec les mêmes quantités, les uns de bacilles vivants, 
les autres de bacilles vivants sensibilisés. | 

Les lapins ont recu, en injections sous-cutanées, 1, 2, 2, 3,3 el 3 c.c. 
de bacilles typhiques émulsionnés en eau physiologique, à einq ou six 
jours d'intervalle. Chaque centimètre cube représente 1/100 de culture 
sur gélose de vingt-quatre heures. 

Au cours de l’immunisalion, les lapins ont été saignés quatre fois, 
puis une dernière fois quinze jours après la dernière injection. 
Les malades ont reçu 1, 2,3 et3 c.c. de vaccin de Besredka à trois 
jours d'intervalle. Ils ont élé saignés une première fois avant le traite- 
ment, deux fois au cours de la maladie, puis une dernière fois pendant 

la convalescence. 

Chaque fois le sérum a été étudié au point de vue du pouvoir agglu- 
tinant, du pouvoir bactéricide et des anticorps. 

Les résultats obtenus avec les animaux et les malades ont été iden- 
tiques. Nous les résumerons donc ensemble. 

4° Pouvoir agglutinant. — Le pouvoir agglutinant du sérum des 
lapins injectés avec les bacilles vivants sensibilisés reste très inférieur à 


(1) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, n° 23, 2 décembre 1912. 


n'a SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


celui du sérum des lapins traités avec les bacilles vivants. Pour les 
bacilles sensibilisés, il ne dépasse pas 1/1.000, Pour les bacilles vivants, 
il atteint 1/10.000. 

Chez les typhiques traités avec le vaccin de Besredka, il ne s'élève pas 
au-dessus du taux de 1/1.000; chez les non traités, il peut atteindre les 
taux de 1/5.000 et 1/10.000. 

29 Pouvoir bactéricide. — Chez les lapins inoculés avec les bacilles 
vivants et chez les malades non traités par le vaccin, le pouvoir bacté- 
ricide est très peu marqué. 

Chez les lapins et chez les malades injectés avec les bacilles sensibi- 
lisés, le pouvoir bactéricide augmente progressivement au cours de. 
limmunisation et devient très élevé à la fin desinjections. A ce moment, 
à la dilution de 1/10 (1 de sérum pour 9 de culture) et, après un con- 
tact de vingt-quatre heures, il peut y avoir jusqu’à 90 p. 100 de bacilles. 
typhiques tués, alors qu'avec le sérum des malades non traités ou des 
lapins inoculés avec les bacilles vivants, la proportion des germes 
détruits ne dépasse jamais 50 p. 100. 

3° Anticorps. — Les anticorps apparaissent plus tôt et augmentent 
plus rapidement chez les lapins et les malades traités par le vaccin de 
Besredka. 

A la fin de l’immunisation, une quantité de 0,1 de sérum dilué au 4/10 
donne une réaction de fixation positive chez les lapins inoculés avec les 
bacilles sensibilisés, tandis qu'il faut 0,1 de sérum pur pour avoir les 
mêmes résultats chez les lapins inoculés avec les bacilles vivants. 

Chez les malades traités, 0,1 de la dilution de sérum au 1/30 donne 
une réaction de fixation positive à la fin de la maladie, alors que, chez 
les non traités, il faut en général une dilution de sérum moins étendue, 
0,1 de sérum au 1/10 ou au 1/20. ; 


Nous pouvons donc conclure que la vaccinothérapie de la fièvre 
typhoïde par le vaccin de Besredka a, comme avantages, de donner aux 
malades traités : 

1° Une augmentation rapide du pouvoir bactéricide du sérum, qui 
devient très élevé à la fin des injections; 

2° Une apparition plus rapide des anticorps ; 

3° Une proportion plus forte d'anticorps. 

Ces faits précis s'ajoutent aux constatations encourageantes, faites en 
clinique, pour conclure aux bons effets de la vaccinothérapie de la fièvre 
typhoïde par le vaccin de Besredka. 


(Institut Pasteur d'Algérie.) 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 313 


SUR LES GLOBULINS DE LA POULE 


(AVEC PRÉSENTATION DE PRÉPARATIONS), 


par MARCEL AYNAUD et AUGUSTE PETrIT. 


Examiné en goutte pendante, le sang de Poule (1), à la condition d'être 
recueilli sans mélange avec les sucs cellulaires et en milieu paraffiné, 
montre, en outre des hématies et des leucocytes, des corpuscules assez 
faciles à caractériser : leur diamètre est d'environ 1,5 u; ils sont inco- 
lores, peu réfringents, souvent mobiles, très allérables, ayant une forte 
tendance à s'’agglomérer et même à se fusionner (2). 

La labilité des corpusecules en question ne permet pas d'en faire des 
préparations permanentes en ayant recours aux procédés usuels en 
hématologie; celles-ci ne peuvent être obtenues qu’à la condition 
d'observer certaines précautions indispensables : comme précédemment, 
on prépare du sang incoagulable par la méthode des tubes paraftinés, 
en évitant le contact des lissus, on centrifuge à pelite vitesse, pour se 
débarrasser de la majrure partie des hématies, et, au moyen d’une 
pipette paraffinée, on prélève quelques gouttes de plasma, qu'on projette 
dans le fixateur ci-dessous : 


Solution aqueuse de citrate de sodium à 19 p. 100. . 1 volume. 
Solution aqueuse d'acide osmique à 2 p. 100 . . . . . 4 volume. 


Il ne reste plus qu’à centrifuger, à étaler le culot sur lames et à lais- 
ser sécher à l'air libre. ; 

On peut également recueillir directement le sang artériel dans le 
mélange fixateur, mais, naturellement, dans ce cas encore, on doit 
opérer avec une canule paraffinée, en évitant tout mélange de sucs tissu- 
laires. 

Bafin, il est possible de remplacer l'acide osmique par le formol, sui- 
vant la formule ci-dessous : 


Solution aqueuse de citrate de sodium à 10 p. 100. . 9 volumes. 
Formol à 40 p. 100 . .-. . . BRIE ROIS MIS RE GR 1 volume. 


. Ce fixateur nous a paru moins recommandable que le premier, à base 
d'acide osmique ; toutefois, il importe de faire remarquer que la ma- 
nière de recueillir le sang influe beaucoup plus sur la conservation des 
globulins que la fixation elle-même. 


(1) Pour l’observation, il est avantageux de centrifuger le sang à petite 
vitesse et de prélever la goutte à examiner dans la partie supérieure du 
tube. 

(2) Ces éléments, déjà signalés à l’état frais par Ch. Achard et M. Aynaud, 


n'ont pas été retrouvés par À. Cesaris-Demel. 


314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Une fois les frottis secs, on les lave rapidement à l’eau et on procède 
à leur coloration. Après fixation par l’acide osmique, les corpuscules, 
qui font l’objet de cette note, offrent une forte affinité pour un grand 
nombre de couleurs basiques, en particulier pour le vert de méthyle, le 
violet de gentiane, le bleu polychrome, le rouge magenta, le bleu de 
toluidine, et même pour les hématoxylines et le carmin aluné ; mais, 
lé colorant de choix semble représenté par le Giemsa, qui donne une 
teinte violacée tirant plus ou moins sur le rouge; le Leishman, enfin, 
les colore également avec facilité. 

En résumé, il s’agit d’organites franchement basophiles qui, dans les 
mélanges de deux couleurs, se comportent comme la chromaline véri- 
table (teinte vert bleu dans la coloration fuchsine acide-vert de mé- 
thyle). 

Or, ce sont précisément là les caractères morphologiques et les réac- 
tions chromatiques que présentent les globulins des Mammifères et, 
plus spécialement, ceux du Rat, pris comme test, lorsqu'ils sont égale- 
ment restés, pendant un certain temps, au contact de l'acide osmique. 
Par conséquent, les organites observés chez la Poule apparaissent 
comme les homologues des globulins du Rat et leur aspect sur les pré- 
parations fixées et colorées, suivant la technique précédemment indi- 
quée, concorde assez exactement avec celui qu ils affectent dans le sang 
incoagulé frais. 

Mais ces images se modifient sensiblement sur les frottis obtenus 
avec du sang recueilli dans des conditions moins rigoureuses : à la 
place d'un corpuscule compact et homogène apparaît une masse 
étoilée, différenciée en une substance peu chromophile et en des granu- 
lations irrégulières se colorant en rouge par le Giemsa; d'autre part, 
les globulins s’agglutinent et finissent même par se fusionner de facon 
à former de volumineux amas granuleux ; la tendance à l’agglomération 
est très marquée et, quelles que soient les précautions prises, il n’est 
guère de préparations qui n’en fournissent au moins quelques exemples; 
au contraire, les préparations correctement effectuées n'offrent pas trace 
de fasionnement des globulins. Notons, en passant, que, dans les 
mêmes conditions, le sang des mammifères.est le siège d’altérations 
identiques. 

__ As’en lenir à la description précédente, les globulins de la Poule ne 
se différencient donc par aucun caractère important des orgauites 
homologues des Mammifères et la même technique leur est applicable; 
en revanche, ils n’offrent aucun rapport avec les formations (1) décrites 
sous les noms d’hématoblasies, de plaquettes nucléées, de cellules fusi- 


(1) Ces formations ont été l’objet de nombreuses discussions dont Les plus 
récentes sont exposées dans les travaux de Mewes, Werzberg et Cesaris- 
Demel. 


Hi SES ER 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 375 


formes et de thrombocytes, par Hayem, Bizzozero, Dekhuyzen, 
Kopsch, etc. 3 

Parmi ces derniers éléments, un grand nombre ne sont autre chose 
-que des leucocytes ou des hématies jeunes ; en tout cas, aucun ne se 
rapproche des corpuscules observés dans le sang incoagulé de la Poule; 
leurs dimensions, leur structure nettement différenciée ainsi que la 
présence d’un noyau s'opposent à toute assimilation. On ne saurait non 


plus les confondre avec des hémoconies qui s’en distinguent par ce fait 


qu'elles sont sensiblement plus petites, invisibles pour la plupart au 
microscope ordinaire, animées d’un mouvement brownien intense, sans 
tendance à se fusionner, relativement résistantes, et, enfin, insensibles 
à l’action des sucs tissulaires. 


PERSISTANCE DE LA SÉCRÉTINE DANS LA MUQUEUSE INTESTINALE 
APRÈS L'EXTIRPATION TOTALE DU PANCRÉAS, 


par E. HÉDoN et M. LisBonne. 


M. Lovatt Evans (1) ayant recherché, à l’instigation de Starling, quel 
est le sort de la sécrétine après l’extirpation du pancréas chez le chien, 
a conclu de ses expériences que la sécrétine disparaît de la muqueuse 
intestinale après la dépancréatation totale, par conséquent chez l’animal 
diabétique, et qu'elle persiste, après l'extirpation partielle, chez l’ animal 
non glycosurique. 

A vrai dire, les données des expériences de l’auteur, relatives aux 
animaux totalement dépancréatés, n'autorisent pas une conclusion 
aussi absolue que celle qu'il a formulée. Nous y voyons seulement que 
le pouvoir excito-sécréteur des extraits de muqueuse intestinale de ces 
animaux avait fortement baissé par rapport à celui des extraits de 
la muqueuse d'animal normal. Les chiens (opérés par Starling) étaient 
dépancréalés depuis quelques heures à quelques jours (maximum six 
jours). Les extraits paraissaient d’aulant moins actifs que l’animal était 
sacrifié plus tardivement: Chez un chien opéré depuis cinq jours, l'extrait 
n'avait qu un pouvoir excito-sécréteur très faible. M. Lovatt Evans en 
infère que la sécrétine doit disparaître entièrement à une période plus 
avancée du diabète. 

: Nos expériences contredisent formellement cetté opinion el ces 
résultats. 

Chez deux chiens {otalement dépancréatés, l'un depuis trois jours 


(1) C. Lovatt Evans. Note on the fate of secretin in pancreatic diabetes. 
Journ. of Physiology, XLIV, 1912, p. 461. | 


316 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


seulement, et encore en bon état, l’autre depuis vingt-cinq jours el 
arrivé au dernier période de la cachexie, tous deux présentant un 
diabète d'intensité maxima (preuve de la totalité de l’extirpation, 


vérifiée d’ailleurs à l’autopsie), la muqueuse duodéno-jéjunale fut traitée . 


suivant le mode habituel pour l'obtention de la sécrétine (1 partie de 
muqueuse pour 4 de la solution HCI à 3 p. 1.000). On prépara de la 
même manière l'extrait de la muqueuse duodéno-jéjunale d’un chien 
normal, comme témoin. 

Les trois extraits furent essayés comparativement chez deux chiens 
anesthésiés par morphine et chloralose. 

Soit N l'extrait du normal, À celui du dépancréaté depuis. {rois jours, 
B celui du dépancréaté depuis vingt-cinq jours. 

1% essai, sur chien de 15 kilogrammes. — Les extraits donnent tous 
trois, pour une injection de 6 c.c., une sécrétion pancréatique très 
abondante. On compte le temps nécessaire pour l'écoulement de 
100 gouttes, et l’on mesure d’autre part la quantité de suc pancréatique 
récoltée en vingt minutes. | 


LME + 100 gouttes en 1 minutes S » c.c. en 20 minutes. 
DIPA PME QUALS 100 gouttes en 5 — 10 » c.c. en 20 — 
DNS Re. lDDFSouttestentuie 12 » c.c. en 20  _— 
LB... .0100pouttes ent5o0— 10 » c.c. en 22 — 
BRENT REX 100 gouttes en 6 — 13,3 cc. en 20, — 


La sécrétine des muqueuses des dépancréatés est donc très active, et 
si les chiffres ci-dessus semblent indiquer qu’elle est un peu inférieure 
à la sécrétine normale, les différences sont trop peu marquées pour 
avoir une significalion quelconque. C’est d’ailleurs ce qu’indique le 
deuxième essai sur un autre chien, où ces différences n'apparaissent 
plus. F 

2 essai, sur chien de 16 kilogrammes. — On injecte de chaque extrait 
2 c.c. additionnés de 3 c.c. d’eau salée (pour réaliser des conditions 


semblables à celles des expériences de l’auteur anglais). 


NOMBRE DE GOUTIES QUANTITÉ DE SUCG 

en 7 minutes. en 15 minutes. 
ATEN. LCR NOM RE CESR 51 AUcsei 8 
DB EME HEAR à #2 ete ti DA DÉCNC2 
BMENTE MEET PE Le FD LeDUCrC. Al 
4 A. 67 SCC 


Pour terminer l’expérience et comparer l'effet de fortes doses, on 
injecte 10 c.c. des trois sécrélines. On oblient en vingt minutes : : 


N=— 06 cc: 5 D = EE À AOC C0! 


Concluons donc que la sécréline existe encore dans la muqueuse 
duodéno-jéjunale, après l’extirpation totale du pancréas, et qu'elle x 


/ 


0 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 311 


persiste, sans diminution appréciable, jusqu’à la cachexie finale, c'est- 
à-dire jusqu'au moment où l'animal, devenu d'une maigreur squelet- 
tique et épuisé par son diabète, est à bout de forces et n’a plus que peu 
de temps à vivre. Ajoutons que la propriété kinasique de la muqueuse 
est également conservée. 


RECHERCHES CHROMOMÉTRIQUES SUR L'INTOXICATION SATURNINE, 
par CARCANAGUE et MAUREL. 
Dans ces expériences, faites sur le lapin, l'examen du sang a été fait 


avec le chromomètre d'Hayem et à été répété plusieurs fois au cours de 
l’intoxication. C'est l’acélate de plomb qui a été employé et il a été donné 


par la voie hypodermique. Les injections ont été faites à la dose de 0 gr. 25 


par kilogramme d'animal; mais elles n’ont été répétées que tousles trois 
à cinq jours. Elles ont été un peu plus espacées. quand l'animal avait 
été trop influencé par l'injection précédente. 

Nous rappelons que le lapin résiste à une dose de 0 gr. 50 d’acétate 
de plomb par kilogramme, même donnée en une seule fois, mais qu'il 
suecombe à celle de 1 gramme. La dose de O0 gr. 25 que nous avons 
adoptée est donc toxique (1). 

Ces expériences ont porté sur quatre lapins, et nous les résumons 
rapidement. 


EXPÉRIENCE N° 1. Dose moyenne quotidienne, 0 gr. 08 d’acétate de plomb 
par kilogramme d'animal et par jour. — Du 13 janvier au 5 février 1912. 
C'est donc une durée de 22 jours pendant lesquels nous avons fait 
7 injections, soit en tout 4 gr. 75 d’acétale de plomb par kilogramme, 
soit en moyenne 0 gr. 08 par jour. 


HÉMATIES 
13 janvier. — Avant la 1'e injection. Valeur en hémoglobine . . . . . 2.955.075 
49 janvier. — Après 4 injections: Valeur en hémoglobine . . . . . . . 2.437.935 
5 février. — Après 1 injections. Valeur en hémoglobine . . . . . . . 2,493.34%4 


C'est donc une perte en hémoglobine correspondant à celle de 461.731 
hématies normales, soit 21.443 hématies par jour. 


ExPÉRIENCE N° 2. Dose moyenne quotidienne de O gr. 11 d'acétate de 
Plomb par kilogramme. — Du 13 janvier au 5 février 1912. Durée : 


(4) Voir dans les Comptes rendus de la Soc. de Biologie (1912) : 19 juillet, 
p. 129; 2%6 juillet, p. 217; 2 août, p. 329; 23 novembre, p. 506; 30 novembre, 
p- 550; 14 décembre, p. 632. — 1913, 15 février. 


DORE NAN 
Lu + 


318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


22 jours pendant lesquels on a fait 10 injections de 0 gr. 28 par kilo- 
gramme, soit 2 gr. 50 en tout et 0 gr. 11 en moyenne par kilogramme. 


HÉMATIES 
13 janvier. — Avant la 1re injection. Valeur en hémoglobine. . . . . . 2.935.075 
19 janvier. — Après 2 injections. Valeur en hémoglobine . . . . . . . 2.881.195 
5 février. — Après 10 injections. Valeur en hémoglobine . . . . . . . 1.713.045 


C’est donc une diminution de l’'hémoglobine correspondant à celle de 
1.182.030 hématies normales, soit 53.730 par jour. 


ExPÉRIENCE N° 3. Dose moyenne quotidienne de O qr. 13 d’acétate de 


plomb par kilogramme et par jour. — Durée : 22 jours, pendant lesquels : 


11 injections de 0 gr. 25 par kilogramme, soit en tout 2 gr. 75 et environ 
0 gr. 13 par kilogramme d'animal et par jour. 


HÉMATIES 
13 janvier. — Avant la 1'e injection. Valeur en hémoglobine. . . . . . 4.063.277 
19 janvier. — Après 3 injections. Valeur en hémoglobine. . . . . . . . 2.985.074 
5 février. — Après 11 injections. Valeur en hémoglobine . . . . 2.955.074 


C’est donc une diminution en hémoglobine D celle de 
1.108.152 hématies normales, soit 50.370 par jour. | 


EXPÉRIENCE N° 4. Dose moyenne quotidienne de O gr. 17 d’acétate de 
plomb par kilogramme el par jour. — Durée du 13 au 19 janvier, soit 
seulement six jours pendant lesquels 4 injections de 0 gr. 25. L'animal 
a succombé le 24 janvier. En tout, 1 gramme d'acétate de plomb en 
6 jours, soit 0 gr. 17 par kilogramme el par jour. 
HEMATIES 


13 janvier. — Avant la 1r° injection. Valeur en hémoglobine. . . . . . 3. 
19 janvier. — Après 4 injections. Valeur en hémoglobine . . . . il 


C’est donc une diminulion de l’hémoglobine correspondant à celle de 
1.366.772 hématies normales, soit 227.789 par jour. 
Nous réunissons les résultats de ces expériences dans le tableau 


suivant : 
RE DIMINUTION EN HÉMOGLOBINE 
N° DOSE x 
DURÉE TT 

d'ordre. quotidienne. iotale Par jour 

il 0 gr. OS 22 jours. 461.731 21.443 

2 0 gr. 11 22 jours. 1.182.030 53.730 

3 0 gr. 13 22 jours. 1.108.152 50.370 

z 0 gr. 11 6 jours. 1.366.772 221.787 


Ces expériences, quoique n'ayant porté que sur l’évalualion de 
l’hémoglobine, nous paraissent cependant avoir quelque importance. 


VOS VIT OT STE OT 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 319 


Elles viennent, en effet, confirmer celles résumées dans la note précé- 
dente qui étaient basées sur l’hématimétrie, et elles nous conduisent 
aux mêmes conclusions. 

1° Sous l'influence des injections hypodermiques d’acélate de plomb 
à des doses qui ont varié de 0 gr. 08 à 0 gr. 17 par jour et par kilo- 
gramme d'animal, la valeur en hémoglobine a toujours diminué d’une 
manière sensible. 

2° Celte diminution a toujours été rapide, puisqu'elle a été très 
marquée dès le 6° jour et après 4 injections au maximum. 

3° D'une manière générale, la diminution en hémoglobine a été 
d'autant plus grande que la dose injec'ée a été plus élevée. 

4° Enfin, comme conclusion pratique, nous pensons que, grâce à la 
chromométrie qui conslitue un moyen d’une exécution plus facile que 
l'hématimétrie, on pourrait peut-être reconnaître l’intoxication satur- 
nine à une époque assez peu avancée de son évolution pour qu'elle ne 
fût pas encore dangereuse. 


ACTION DE LA TOXINE DIPHTÉRIQUE SUR LA SURVIE DES CELLULES 4n vi(ro, 


par C. Levapiri et Sr. MUTERMILCH. 


Lorsqu'on étudie la survie des tissus d’embryons de poulet in vitro, 
d’après la méthode de Harrison (1), modifiée par Burrows (2) et Carrel (3), 
on constate deux phénomènes neltement différents l'un de l’autre, sui- 
vant l'organe soumis à l'expérience (4). 

1° Les fragments d'organes hématopotéliques, rate et moelle osseuse, 
placés dans un mélange de liquide de Ringer et de plasma de poule, 
à 37 degrés, s’entourent, au bout de quelques heures (2 à 6), d'une 
auréole opaque, dont les dimensions peuvent atteindre deux à quatre 
fois le diamètre du fragment. Cette auréole est constituée par des glo- 
bules blancs mono- et polynucléaires, qui sortent du tissu pour se 
répandre daus le plasma environnant. Il s'agit donc d’un abandon du 
fragment par les cellules mobiles qu’il contient, d’un simple phénomène 
de sortie leucocytaire. 

2° Les fragments de cœur, de rein, de moelle épinière, voire même de 


(4) Harrison. Journal experimental Zool., t. IX, 1910. 
(2) Burrows. Journal of Amer. med. Assoc., 1910, t. LV, p. 2057. 
(3) Carrel. The Journal of experimental medicine, 1912, p. 393. 

(4) Des études sur la survie des cellules in vitro ont été publiées par Carrel, 
Carrel et Burrows, Lambert, Ingebrigtsen, etc. Voy. Journal of experimental 
medicine, 1911-1912. 


BiocoGie. Comptes RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 27 


380 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


peau, se comportent de tout autre facon. Pendant les premières 
vingt-quatre heures, il n’y à aucune formation d’auréole, analogue à 
celle qui vient d'être décrite; mais, après ce laps de temps (L), on 
constate, autour des fragments, l'apparition d’une zone circulaire de 
cellules allongées, à disposition radiaire. Examinées à un fort grossis- 
sement, ces cellules ont l'aspect d'éléments fusiformes ou ovalaires, 
dirigés, pour la plupart, comme les rayons d’une roue, par rapport au 
centre des fragments de tissus. Ces cellules sont pourvues d’un noyau 
ovalaire; leur protoplasma allongé donne des prolongements qui, par- 
fois, pénètrent loin dans le plasma; il contient des granulations colo- 
rables en violet par le Brilliant-kresylblau (coloration vitale). Ajoutons 
que celte apparition de cellules fusiformes et radiaires est un phéno- 
mène vital, qui se reproduit in vitro toutes les fois que l’on trans- 
plante les tissus dans un plasma frais, cela pendant un /emps très long 
(plus d’un mois dans une de nos expériences faile avec des fragments 
de cœur). | 

Ces deux phénomènes, sortie cellulaire et apparition des cellules fusi- 
formes autour des morceaux de tissus, sont à ce point constants et 
faciles à observer que nous avons pensé nous en servir pour étudier 
l'action exercée par les poisons microbiens, les toxalbumines et les venins 
sur la vie des cellules in vitro. Sans entrer ici dans les détails de ce pro- 
cessus de vie cellulaire hors de l'organisme, ni sur la signification des 
phénomènes sus-mentionnés, nous exposerons, dans la présente note, 
nos constatations concernant la {oxine diphtérique (2). Dans une pro- 
chaine note, nous reviendrons sur la question de cette survie cellulaire, 


à 


et, à cette occasion, nous donnerons une reproduction cinématogra- 


phique de ces phénomènes, reproduction que nous venons de réaliser 
en collaboration avec M. Comandon. 

a) La toxine diphtérique empêche l'apparition des cellules fusiformes 
autour des fragments de cœur, de rein ou de cerveau, maïs elle n’exerce 
aucune influence sur le phénomène de la sortie cellulaire, avec les morceaux 
d'organes hématopotétiques. 


-Des fragments d’organes (3) dont le diamètre varie entre un quart de milli- 
mètre et un millimètre, sont mis en contact pendant 20 à 30 minutes, à la 
température de la chambre, avec 0,2 à 0,4 de toxine diphtérique (préparée au 
laboratoire de M. Martin). On ajoute ensuite 15 à 20 gouttes de plasma de 
poule. Comme témoins servent les mêmes organes placés dans un volume 


égal de bouillon + plasma. Au bout de vingt-quatre heures, on constate une. 


(1) Ce laps de temps varie surtout suivant l’âge des embryons; plus les 
embryons sont jeunes, plus ce phénomène apparaît vite. 

-(2ÿ\ Des recherches analogues sur la foxine tétanique, la ricine et les venins 
sont eu cours. 

(3) L'âge des embryons a varié entre 12 et 20 jours. 


L'OUEST RAT 


’ 
\ : _ 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 381 


— 


intense sorlie cellulaire dans la rate + toxine; par contre, l'apparition des 
cellules fusiformes autour des fragments de cœur, ou de rein + loxine est à 
peine ébauchée. Les jours suivants même état avec les morceaux traités par 
la toxine, tandis que, autour des fragments de cœur et de rein témoins, il y a 
une belle apparition de cellules fusiformes. L'action empêchante de la toxine 
se manifeste encore à la dose de 0,4 au 100°; elle est à l’état de traces à la 
dose de 0,4 au 500°. La toxine peut être retrouvée dans le mélange de plasma 
et de fragments de cœur + loxine, après cinq jours de séjour à 37 degrés. 


b} La toxine agit ayrès une période d'incubalion. L'expérience montre 
que, pendant les premières vingt-quatreheures, il y a une certaine appa- 
rilion de cellules fusiformes autour des fragments de eœur traités par 
la toxine; l'empêchement complet ne se déclare que quelque temps 
après le contact eutre le poison et le tissu. 

c) Le chauffage à 100 degrés, touten détruisant l'action toxique du poison 
diphtérique pour le cobaye, ne fait qu'atténuer l'influence de ce poison sur 
la survie des cellules, in vitro. La toxine diphtérique chauffée à 100 degrés 

en tube fermé, pendant 10 à 15 minutes, devient inoffensive pour le 
» cobaye. Une telle loxine chauffée empêche cependant partiellement, 
pendant les deux premiers jours, l'apparition des cellules fusiformes 
autour des fragments de cœur. Plus tard, cette apparition s'effectue et 
parfois finit par égaler celle qui a lieu autour des fragments témoins. 
d) Le sérum antidiphtérique, contrairement au sérum normal, neutralise 
l'action exercée par le poison diyhtérique sur les celluls in vitro. 
Lorsqu'on mélange à 0,2 de toxine diphtérique 0,2 d’une solution au 10° 
- de sérum anlidiphtérique de l’Institut Pasteur (au moins 250 IE), la 
toxine (après un coutact de vingt minutes) n'empêche plus l’apparition 
des cellules fusiformes autour des fragments de cœur. Cette apparition 
se fait même mieux qu’autour des morceaux témoins (cœur Æ bouil- 
Jon + plasma). Le sérum de cheval normal n’exerce aucune influence 
sur la toxine, aux mêmes doses et dans les mêmes conditions. 
e) Les fragments de cœur, qui, sous l'influence de la toxine diphtérique, 


ne s'entourent plus de cellules fusiformes, ont perdu pour toujours cetie 
propriété. 


Les fragments de cœur ayant été en contact pendant 4-5 jours avec du 
bouillon + plasma, continuent à s’entourer de cellules fusiformes lorsqu'on 
-les transplante daus un p asma neuf, Par contre, les fragments qui ont élé 
traités par la toxine, cessent de reproduire ce phénomène lorsqu'on les trans- 
plante après le même laps de temps. 


| f) L'action de la toxine diphlérique permet de wissocier la contractihilité 
L des fragments de cœur, in vitro, du phénomène de l'apparition des cellules 
| fusiformes autuur de ces fragments. 


Des fragments de cœur ont été laissés en contact pendant deux jours à 
37 degrés avec du plaswa et de la toxine au 100°.Transplantés dans du plasma 


382 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


neuf, ces fragments ont commencé à se contracter; les pulsations ont été, 
pendant le premier jour, au nombre de 18, 20, 26, 30 et 34 à la minute, de 46, 
60 et62 pendant le second jour et de 4% et 50 pendant le froisième. Or, malgré 
leurs contractions spontanées, ces fragments ne se sont pas entourés de cellules 
fusiformes, comme cela a eu lieu avec les fragments témoins non traités par 
la toxine (ceux-ci se sont contractés pendant 4 jours et se sont entourés de 
nombreux éléments fusiformes) (1). 


Conclusions. — La toxine diphtérique n'empêche pas le phénomène de 
la sortie cellulaire que l’on observe avec les fragments d'organes héma- 
topoiétiques d'embryons de poulet, conservés in vitro. Par contre, élle 
provoque un arrêt définitif du phénomène de l'apparition des cellules 
fusiformes autour des morceaux de cœur, de rein ou de moelle épinière. 
Cette action empêchante est spécifique quant à la toxine, attendu qu'elle 
est neutralisée par le sérum antidiphtérique. 

Il y a donc lieu de tenter une vaccination, in vitro, des cellules à 
l'égard du poison diphtérique; c’est ce que nous étudions actuellement. 


HOMOLOGIES DE LA BOURSE DE FABRICIUS. 


par Ép. RETTERER et AUG. LELIÈVRE. 


Quelle est la signification de la bourse de Fabricius ? Jamais problème 
n’a donné lieu à autant d'hypothèses contradictoires. 


Pour Fabricius d’Aquapendente (1604), c'était la poche, propre à la femelle, 
qui recevait le sperme du mâle; plus tard Schneider (1784) en faisait un réser- 
voir d'œufs. Perrault (1666), en la désisnant sous le nom de fraisième cæcum, 
a été bien inspiré. Morgagni (1719) la comparait aux glandes anales des 
Mammifères; Buffon, Tiedemann, Wagner, C. Vogt et Yung, Ahlwick, etc., 
firent de même. Wenckebach (1888) en fit l’analogue de la poche anale de 
Chéloniens. Selon Berthold (1829), elle représenterait une vessie urinaire, 
homologie adoptée par Vialleton en 1911. Baer (1835) la regardait comme 
l'analogue de la vessie des poissons, tandis que Huschke (1838) lui attribuait 
le rôle de recevoir l'urine du rein primordial. Meckel (1829) la comparait à la 
poche du noir des seiches. 

Cuvier, Tannewberg, Carus, Barkow, Gegenbaur, Schmidt, elc., se bornent 
à définir la bourse de Fabricius : organe glandulaire de signification inconnue. 

Pour d'autres, elle représenterait une glande annexée à l'appareil génital : 
vésicule séminale, selon Ét. Geoffroy Saint-Hilaire (1822); glande de Cowper, 
d’après Grant (1842); prostate, selon Martin Saint-Ange (1856) et Osawa (1911). 

L'examen histologique y montra la présence de tissu adénoïde; aussi 
Leydig (1857), Alesi (1860), Forbes (1877) assimilèrent-ils la bourse de Fabri- 


(1) Nous reviendrons prochainement sur cette contractibilité des fragments 
pe cœur in vitro, étudiée déjà par Burrows et Carrel. 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 383 


cins à des follicules clos d’origine et de structure conjonctives. Disselhorst 
(1897) se rangea à cet avis. Stieda (1880) et ses élèves y virent deux forma- 
tions distinctes : l’une coujonctive et vasculaire (cortex des follicules), l’autre 
épithéliale (centre); ce serait un organe analogue au thymus. Jolly (1910) 
adopta cette manière de voir. Pour Retterer (1885), le centre épithélial des 
follicules de la bourse devient également réliculé et vasculaire; la bourse de 
Fabricius offre un développement el une structure identiques à ceux de 
l’amygdale. Dès 1910, nous avons pu montrer de parle développement morpho- 
logique, que le cortex et le centre des follicules de la bourse de Fabricius 
reconnaissent tous deux une origine épithéliales. Ces faits confirment les 
résultats antérieurs de Retterer (1885) et de S. v. Schumacher (1903), à savoir 
que l’épithélium des follicules de la bourse se (ransforme en éléments libres 
ou lymphocytes. 

Les résultats contradictoires auxquels sont arrivés les anatomistes et 
les embryologistes les plus éminents prouvent que l’examen fait à l'œil 
nu est insuffisant pour établir la signification de la bourse de Fabricius. 
L'évolution générale nous apprend que la bourse de Fabricius atteint 
son plus grand développement chez le jeune Oiseau ; il en est de même 
pour le thymus, les amygdales et les plaques de Peyer. L'histogenèse 
et la structure montrent, d'autre part, que ces divers organes ont 
même origine épithéliale et que les cellules y subissent des transforma- 
tions analogues. Tel est l’ensemble de faits et de considérations qui 
nous ont déterminés à étudier comparativement le développement et la 
eylologie de la bourse de Fabricius, du thymus, des amygdales et des 
plaques de Peyer. 

Nos recherches antérieures (1) nous avaient déjà fourni des points de 
comparaison précieux en ce qui concerne la bourse de Fabricius, les 
amygdales et les plaques de Peyer. Pour ce qui est du thymus, nous 
avons éludié divers stades de développement et de structure de cet 
organe chez le veau, le chat et l’homme. 

Le thymus est formé de lobules dont la substance corticale est 
découpée en segments ou follicules, grâce à la pénétration des lames 
ou septa conjonctifs qui émanent de la charpente conjonctive inter- 
lobulaire. Ces septa n'arrivent pas à segmenter le centre du lobule, de 
sorte que tous les follicules du même lobule possèdent, pour ainsi dire, 
_ un centre médullaire commun. Sauf la charpente interlobulaire, tout le 

lobule thymique est d’origine épithéliale qui, peu à peu, se transforme 
en tissu réticulé et vasculaire. 

J. Schaffer et V. v. Ebner sont à peu près seuls à soutenir que le 
cortex du lobule thymique dérive du mésoderme. Pour la plupart des 


(1) Voir Retterer et Lelièvre, Archives de médecine expérimentale, 1911, 
p. 101; Journal de l’anatomie, 1912, p. 45, et Comptes rendus de lu Sac. de Bio- 
loyie, 25 janvier 19143, p. 183. ] 


304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


embryologistes et des histologistes, tout le follicule est de provenance 
épithéliale : la couche basilaire du follicule est externe eu profonde et 
repose sur la charpente interlobulaire ou ‘les septa conjonctifs. Souvent 
on observe, à ce niveau, une ou plusieurs assises de cellules cylindriques. 
Quant à la limite du cortex et du centre médullaire, elle est indistincte 
et correspond aux couches moyennes d'un épithélium pavimenteux 
stratifié. 


Dans la bourse de Fabricius, la couche basilaire ou profonde de 


l'invagination épithéliale, proliférant par sa face profonde, s’éloigne 


x 


des cloisons conjonctives interfolliculaires et persiste à l’état de syncy- 


tium épithélial à la limite du cortex et du centre médullaire. En effet, la 
couche basilaire de l’invagination produit, dès le début du développe- 
ment, des assises -cellulaires qui se transforment en lissu réticulé et 
très vasculaire. C'est là une évolution et des transformalions identiques 
à celles qui s'effectuent lors de l’histogenèse des follieules clos (amyg- 
dales ét plaques de Peyer). 

En 1880, Stieda, comparant les follicules de la bourse à ceux ‘du 
thymus, était conséquent dans ses raisonnements, car le cortex des fol- 
licules du thymus, formé de tissu adénoïde, passait pour une formation 
mésodermique et les éléments épithéliaux du centre étaient connus. 
Aujourd'hui, l’on sait que tout le lobule du thymus provient de la 


transformation de bourgeons épithéliaux, de sorte que ceux qui attri- | 


buent une origine mésodermique au cortex des follicules de la bourse 
ne sont pas en droit d’assimiler le cortex mésotermique des follicules de 
la bourse au cortex épithélial des follicules du thymus. La comparaison 
est mieux justifiée et devient plus rigoureuse si l’on admet nos résul- 
tats histogénétiques, à savoir que le cortex des follicules de la bourse 
est également de provenance épithéliale. Cependant, il reste toujours 
des différences évolutives entre Le thymus et la bourse : en effet, la 
couche basilaire de l’invagination est périphérique dans le lobule du 
thymus, landis que, dans la bourse, elle forme la limite entre le cortex 
et le cenire. 

Le thymus, les amygdales, les plaques de Peyer et la bourse de 
Fabricius ont de commun, à notre avis du moins, de provenir d'invagi- 
nalions ou de bourgeons épithéliaux qui pénètrent dans le mésoderme. 


Ce dernier ne fournit que la charpente interlobulaire ou interfollicu- 


laire. L’épithélium, au contraire, prolifère et les nouvelles générations 
épithéliales qu’il produit se transforment en trame vasculaire eten lym- 
phocytes. Leydig et Alesi avaient donc raison de décrire aux follicules 
de la bourse une structure adénoïde; maïs, attribuant aux amygdales et 
aux plaques de Peyer, une origine conjonctive, ils conclurent à tort à la 
provenance mésodermique des follicules de la bourse. Tout en présen- 
tant certaines analogies avec le thymus (origine épithéliale et transfor- 
malion de l’hépithélium en tissu réticulé et vasculaire), la bourse de 


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SÉANCE DU 22 FÉVRIER 385 


cu offre une évolution qui se rapproche davantage de celle des 
amygdales et des plaques de Peyer : dans l’une et dans les autres, les 
cellules profondes ou basilaires donnent par prolifération, nâissance à 
des éléments qui s’interposent entre le mésoderme périphérique et 
l’épithélium proprement dit et se transforment plus rapidement en 
tissu réticulé et vasculaire que le centre même du bourgeon épithélial. 


En résumé, si le parenchyme du thymus, des amygdales, des plaques 
de Peyer, de la bourse de Fabricius est d'origine épithéliale, le thymus 
évolue selon un mode quelque peu différent de celui de la bourse de 
Fabricius, qui, au point de vue morphologique et en ce qui concerne les 
transformations épithéliales, offre les analogies Les plus étroites avec 
les amygdales et les plaques de Peyer. Cependant les différences sont 
d'ordre secondaire et ces divers organes se développent et: évoluent 
d’après un même plan : ils sont tous d'origine ésithélialé et constituent 
les uns et les autres des foyers producteurs de lymphocytes. 


RECHERCHE CLINIQUE DE L'INSUFFISANCE GLYCOLYTIQUE 
PAR L'ÉTUDE DU QUOTIENT RESPIRATOIRE, 


par Cu. AcxarD et G. Despouls. 


L'un de nous, avec M. P. Émile-Weil (1), a désigné sous le nom d'in- 
suffisance glycolylique générale le trouble de la nutrition qui consiste 
en l'inaptitude dé l'organisme à consommer le glycose. Porté à son 
maximum dans les états diabétiques, ce trouble se rencontre encore, à 
de moindres degrés et d’une manière transitoire, dans nombre d’autres 
maladies, principalement aiguës. 

Gest la recherche de la glycosurie après injection sous-cutanée de 
10 grammes de glycose qui a permis de reconnaitre l'existence et la 
fréquence relative de cette insuffisance glycolytique en dehors du vrai 
diabèle. L'épreuve de la glycosurie provoquée, ainsi faite, diffère de 
celle de la glycosurie alimentaire en ce qu’elle met en quelque sorte le 
foie hors circuit et renseigne plus directement sur l’utilisation du gly- 
cosé dans l’ensemble des tissus que sur son utilisation par le foie, où, 


(1) Ch. Achard et Emile-Weil. L'insuffisance glycolytique. Comptes rendus 
de la Sor. de Biologie, 29 janvier 1898; — Diabète fruste. Bull. ei mém. de la 
Soc:#médie. des hôpit., 48 février 1898, p. 149; — Contribution à l'étude de 
l'insuffisance glycalytique. Ibid, 15 avril 1898, p. 327. — Ch. Achard et 
M. Lœp-r. L'insuffisance glycolytique étudiée particulièrement dans les mala- 
dies aiguës. Arch. de méd.expériment., jauvier 1904, p. 127. | 


386 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


d’ailleurs, il est plutôt fixé à l’état de glycogène qu'il n’est con- 
sommé. 

Or, une autre méthode a servi à M. Hanriot (1) pour démontrer l’in- 
suffisante utilisation du glycose dans le diabète : c’est la recherche du 
quotient respiratoire après un repas riche en hydrates de carbone pro- 
ducteurs de glycose. Le quotient s'élève chez le sujet normal et ne 
s'élève pas chez le diabétique, parce qu'il n’y a pas chez ce dernier 
d'acide carbonique dégagé par la combustion du glycose. Cette méthode 
a l'avantage incontestable de faire apparaître la combustion du sucre et, 
par conséquent, de distinguer entre sa simple miseen réserve et sa des- 
truction par les tissus, 

Mais la détermination du quotient respiratoire est difficilement appli- 
cable à la clinique si l’on emploie les méthodes habituelles de dosage 
des gaz. Aussi nous sommes-nous efforcés de la rendre plus simple en 
nous servant de l'appareil de Haldane pour le dosage des gaz de la res- 
piration (2). Cet appareil est portatif et ne nécessite que de petits 
volumes d’air expiré. On peut donc opérer au lit du malade et faire des 
prises d’air répétées. Il n’est, d’ailleurs, pas nécessaire, ainsi que nous 
avons eu soin de le vérifier par quelques essais préalables, de mesurer 
la ventilation pulmonaire, car les différences constatées dans l’exhala- 
tion du gaz carbonique se font toujours suivant des variations paral- 
lèles aux variations de la ventilation. 

En introduisant dans les veines ou sous Ja peau une dose de 4 à 
6 grammes de glycose seulement, chez un sujet normal, on voit au bout 
de quinze à vingt minutes s'élever le quotient respiratoire par suite de 
l'accroissement du gaz carbonique exhalé. Nousconsidérons l'utilisation 
comme manifeste lorsque cet accroissement de l'acide carbonique 
atteint au moins 0,5 p. 100. Parfois, il s'élève à 1 p. 100 et même un peu 
au delà. 

Chez trois diabétiques, le quotient n’a pas varié ou ne s’est élevé que 
d'une facon négligeable ou douteuse. De même, nous avons constaté 
l'insuffisance glycolytique à la période d’état des maladies aiguës, dans 
2 cas de pneumonie, 1 de pleurésie, 5 de fièvre typhoïde, 1 d’appen- 
dicite, 1 d'abcès du sein, 1 d'ictère fébrile chez un alcoolique. 

Mais elle ne paraît pas en rapport avec la température fébrile, car 
elle existait dans une pleurésie apyrétique (36°8) et, d'autre part, elle 
faisait défaut dans un cas de fièvre typhoïde avec 38 degrés, mais deux 


(1) M. Hanriot. Sur l'assimilation du glucose chez l’homme sain et chez le 
glycosurique. Arch. de physiol., 1893, p. 247. 

(2) Forster et Haldane. The investigation of mine air, London, 1905. Dans 
cet appareil, l’acide carbonique s’absorbe par la potasse, et l'oxygène par un 
mélange de potasse et d'acide pyrogallique. Cette dernière absorption qui, 
dans les appareils à phosphore, se fait très lentement, est ici très rapide. 


RS NN RU En DAT SAS DM TO MAL ER 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 387 


jours il est vrai avant la défervescence complète, dans une infection 
puerpérale avec 38°4 et dans une phtisie cavitaire avec 38°6. Enfin, 
chez un malade atteint de perforalion de l'intestin au cours d’une fièvre 
typhoïde, et dont la température était tombée à 36°9, elle manquait éga- 
lement. 

On sait que l'insuffisance d'utilisation, quand elle existe pour le gly- 
cose, ne s'étend pas aux autres sucres directement assimilables. Cette 
spécificité du glycose à l'égard de l’insuffisante utilisation ressort 
notamment des recherches que l’un de nous à faites avec M. P. Émile- 
Weil (1) sur le passage des divers sucres dans les urines : les diabéti- 
ques ne diffèrent pas sous ce rapport des sujets normaux en ce qui con- 
cerne le lévulose et le galactose injectés sous la peau. L'insuffisance 
glycolytique, par conséquent, ne s'accompagne pas d'insuffisance lévu- 
lolytique ou galactolytique. 

Or, la mesure du quotient respiratoire nous en a donné la confir- 
mation très nette. Chez 3 diabétiques, nous avons vu le quotient s'élever 
après l'injection de 6 grammes de lévulose. Dans 4 autres cas, où l’in- 
jection de 4 à 6 grammes de glycose n’était pas suivie d'utilisation, et 
qui concernent une pleurésie, un abcès du sein et deux Sèvres typhoïdes, 
l'injection de 4 grammes de lévulose a déterminé, au contraire, l’élé- 
vation du quotient. 


INSUFFISANCE SURRÉNALE ET SENSIBILITÉ A LA STRYCHNINE, 


par JEAN Camus et RENÉ Porak. 


Dans une précédente note (2), nous avons étudié la sensibilité des lapins 
décapsulés au curare; nous avons poursuivi les mêmes recherches 
relativement à la sensibilité vis-à-vis de la strychnine. 


GROUPE 1. — Lapin, poids, 1.946 grammes. Le 9 novembre, à 10 h. 15, les 
deux capsules surrénales sont complètement enlevées. 

A 18 h. 38 m. 30 sec., le même jour, on lui injecte dans la veine 0 milligr. 36 
de sulfate de strychnine. 

A 18 h, 39 m. 30 sec., il a une violente crise généralisée de strychnisme 
avec chute, opisthotonos et secousses. 

À 18 h. 45, il n’est pas remis de cette crise. 

À 18 h. 52, il essaye de reprendre la position normale. 


(1) Ch. Achard et Émile-Weil. Contribution à l'étude des sucres chez les 
diabétiques. Arch. de méd. expériment., nov. 1898, p. 816. 

(2) Jean Camus et René Porak. Insuffisance surrénale et curarisation, C. R. 
Soc. de Biol., 15 février 1913. 


388 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


: On lui injecte de nouveau 0 milligr. 24 de sulfate de strychnine. 
À 48 h. 53, violente crise généralisée de strychnisme. 
À 18 h. 55, arrêt respiratoire. 
A 18 h. 58, arrêt du cœur. Mort. 


Un lapin témoin qui reçoit les mêmes doses de strychnine présente 
seulement de l’hyperexcitabilité passagère sans chute et conserve par- 
faitement l'attitude normale. 


Groupe IT. — Lapin, poids, 1.830 grammes. Le 19 novembre, à 8 n 30 du 
matin, ablation totale des deux capsules surrénales. 

A 17 h.45, aspect normal ; injection intraveineuse de O0 milligr. 25 de 
strychnine. 

À 17 h. 45 m. 30 sec., violente convulsion généralisée avec pois EEE 

À 17 h. 50, reste couché, sans mouvement spontané, il est hyperexcitable. 

À 18 h., essaye de reprendre la position normale. 

À 18 h., reste abattu. 


Un lapin témoin, qui, vers le même moment, recoit même dose de 
strychnine, présente seulement quelques secousses spasmodiques avec 
hyperexcilabilité passagère, mais sans chute, et conserve la position nor- 
male. 


GROUPE IN. — Lapin; poids, 2 kil. 350. Le 28 novembre, à 9 heures, abla- 
tion totale des deux capsules surrénales. 

Le même jour, à 19 h. 4, injection de 0 milligr. 25 de strychnine. 

À 19 h. 5, violente crise de strychnisme généralisée avec opisthotonos. 

À 19 h. 30, il est encore {rès épuisé et commence à reprendre la position 
normale. 

Lé 29 novembre, attitude normale, mais aspect triste. 

À 10 h. 31, on lui injecte 0 milligr. 17 de strychnine. 
APN OMRI SSD convulsion généralisée avec opisthotonos. 

À 10h. 33 m. 30 sec. Mort. 


Deux lapins témoins, de poids plus faible, reçoivent une dose de 
strychnine double; ils ont seulement une violente erise, mais passagère, 
et se remettent en moins de deux minules. 


Lapin ; poids, 1.650 grammes. Le 28 novembre, à 40 heures, ablation totale 
des deux capsules surrénales. Le même jour; à 19 h. 2, injection de guaihes 25 
de strychnine. 


À 19 h. 2 m. 45 sec., violente crise de strychnisme. 
À 19 h. 4 m. Mort. 


4 
Deux témoins qui reçoivent la même dose présentent, l’un seulement 

un peu d'hyperexcitabilité, l'autre une crise avec chute, mais il a répris 

l'attitude normale trois minutes après l’injection de strychnine. 


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AS RAE PRG: LRO ; < \ 4 fat HS PRE NES rs Ro Fa ne 


x 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 389 


GrouPE IV. — Lapin, poids, 1.850 grammes. Le 5 décembre matin, ablation 
des deux capsules surrénales. 

A 18 heures (même jour), paraît normal. 

À partir de 18 h. 17, on lui injecte de dix minutes en dix minutes de petites 
doses de strychnine. 

Il a successivement de l’hyperexcitabilité, puis de violentes crises convul- 
sives et il meurt. 


Un lapin témoin, qui recoit les mêmes doses aux mêmes moments, ne 
présente aucun symptôme appréciable. 

Nous pourrions apporter encore quelques autres expériences faites 
sur des lapins décapsulés qui nous ont donné des résultats identiques 
aux précédentes. Les quatre groupes d'expériences que nous venons de 
résumer, nous semblent suffisamment démonstratives. 

Nous conclurons donc que les lapins décapsulés en totalilé sont net- 
tement plus sensibles à la strychnine que les animaux normaux. 

Les lapins privés de capsules surrénales présentent de l'hyperexcita- 
bilité avec des doses de strychnine qui n'impressionneat pas les lapins 
normaux. Les lapins décapsulés meurent en crises convulsives sous 
l'influence de doses qui donnent seulement de l’hyperexcitabilité passa- 
gère à des lapins normaux. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine.) 


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ÉTUDES BIOLOGIQUES SUR UNE MOUCHE, e aRAR 
Drosophila ampelophila Lôw. 6% 


NI. — RÉSORPTION DES SPERMATOZOÏDES ET AVORTEMENT DES (EU 


_par Émize Guyénor. 


Si des Dr.ampelophila, mûres génitalement dès la naissance et venant 
de s'accoupler, sont isolées sur levure, à la fin du deuxième jour après 
l'éclosion, on constate que les femelles isolées continuent à pondre des 
œufs fécondés pendant un mois et plus. Un seul accouplement est donc 
suflisant pour assurer la fécondation de plusieurs centaines d'œufs. 
Quand la provision de spermatozoïdes est épuisée, la ponte, après un 
temps d'arrêt, continue, constituée dès lors par des œufs vierges, qui ne 
se développent pas. 

Par contre, lorsque les femelles pondeuses sont placées sur un milieu 
nutrilif pauvre (pomme de terre, carotte), on observe que, non seulement 
la ponte est considérablement réduite, mais que très rapidement les 
œufs pondus ne donnent plus naissance à des larves. Après avoir pondu 
quelques œufs, donnant des larves, les femelles pondent quelques œufs 


390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dans lesquels se forme un embryon, généralement anormal, qui meurt à 
un stade plus ou moins avancé. Après la mort, le contenu de ces œufs 
brunit. De tels œufs avortés ne se rencontrent jamais dans la ponte des 
femélles n'ayant pas été fécondées. Ces œufs ne sauraient donc être 
considérés comme présentant un début de développement parthénogé- 
nétique. 

Après avoir pondu des œufs avortés, les femelles mal nourries pondent 
des œufs vierges, restant incolores et ne présentant aucune trace de 


développement. Si un nouvel accouplement n'intervient pas, ces femelles 


ne pondront plus que des œufs vierges. Leur provision de spermatozoïdes 
est épuisée. 

Ces phénomènes ont été observés dans deux cas : 

1° Ponte de mouches nées sur pomme de terre. — Ces Dr. ampelophilu, 
aseptiques, non mûres, sont réparties par couples, les unes sur levure, 
les autres sur pomme de terre. Les mâles sont retirés dès que la ponte 
est commencée. 

a) Sur levure, la ponte, débutant vers le 4° ou le 5° jour, est constituée, 
pendant quinze jours au moins, par des œufs fécondés donnant des larves 
(300 œufs environ). Pas d'œufs avortés. 

b) Sur pomme de terre, les femelles, au bout de sept à treize jours, 
pondent 2 ou 3 œufs fécondés donnant des larves, puis des œufs 
avortés (5 à 20), puis des œufs vierges. La provision de spermatozoïdes 
est très rapidement épuisée {au bout de 5 à 30 œufs pondus, suivant les 
cas) et l'avortement des œufs précède immédiatement la ponte des œufs 
vierges. 

2° Ponte de mouches nées sur levure. Ces Dr. ampelophila, aseptiques, 
müres, sont réparties par couples, les unes sur levure, les autres sur 
pomme de terre. Les mâles sont retirés au bout de quarante-huit heures. 

c) Sur levure, à la suite du premier accouplement, les femelles pondent 
des centaines d'œufs fécondés, donnant des larves. 

d) Sur pomme de terre, les 10 à 40 premiers œufs pondus sont fécondés 
et donnent des larves. Puis apparaissent des œufs avortés, et enfin des 
œufs vierges. 

Pour expliquer ces faits, on ne saurait invoquer exclusivement la 
mauvaise qualité des ovules ou des spermatozoïdes fournis par des 
mouches élevées sur milieu pauvre et mal nourries (b). Il ne faut pas 
oublier en effet, que les premiers œufs pondus donnent des larves bien 
constituées. En outre, dans le cas d, les spermatozoïdes sont fournis par 
des mâles bien nourris pendant la vie larvaire, mûrs génitalement et qui 
s’accouplent quelques heures après l’éclosion, sans avoir pris ou presque 
de nourriture. 

Ce qui est incontestable, c’est qu’un accouplement, tel que celui réalisé 
en d, introduit dans les femelles une quantité de- spermatozoïdes suffi- 
sante pour féconder des centaines d'œufs (témoins c)et pourtant, après 


SÉANCE DU 922 FÉVRIER 591 


avoir pondu un très petit nombre d'œufs, ces femelles ne renferment 
plus de spermalozoïdes susceptibles de réaliser la fécondation. Il semble 
donc que les spermatozoïdes subissent, dans le réceptacle sémiral des 
femelles mal nourries, des allérations (avortement des œufs) suivies 
d’une résorption définitive (œufs vierges). Le réceptacle séminal des 
femelles ne saurait en conséquence être considéré comme un simple 
réservoir. 

Cette disparition à volonté des spermatozoïdes, sous l'influence d’une 
mauvaise nutrition de la femelle, permet d'annihilerles effets d'un premier 
accouplement et de réaliser un deuxième accouplement avec un mäle 
différent. Cette condition est {rès favorable pour l’étude de certains pro- 
blèmes de l’hérédité. 

Les conditions de nutrition des Dr. ampelophila peuvent, on le voit, 
modifier la fécondité, en faisant varier, ainsi que je l’ai montré, non 
seulement la quantité des œufs produits, mais encore les processus de 
la fécondation et du développement embryonnaire. 


(Laboratoire d'Evolution des Etres organisés.) 


ÜNE NOUVELLE MÉTHODE DE NUMÉRATION ET D'EXAMEN DES ÉLÉMENTS 
FIGURÉS DANS LES LIQUIDES ORGANIQUES ET LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHI- 
DIEN EN PARTICULIER, 


par A. DuruPrr. 


L'examen des éléments cellulaires et microbiens dans un liquide 
organique n’est pas toujours facile; on dispose actuellement de deux 
moyens principaux et usuels : la centrifugation avec étalement du culot 
qui ne permet pas une numération exacte, et la cellule de Nageotte qui, 
tout en nous renseignant approximativement sur le nombre des éléments, 
ne nous permet pas de nous rendre exactement compte de leur nature 
et de leur forme : on ne peut, en effet, avec elle, se servir des objectifs à 
immersion habituels. 

Nous avons pensé tourner les difficultés et remédier aux défauts de 
ces deux procédés en utilisant les propriétés filtrantes des membranes 
de collodion. 

Voici les différents temps de notre méthode : 

1° Nous commençons par fabriquer une membrane de collodion; pour 
tela, suivant la technique classique, nous étendons sur une plaque de” 
verre propre, une mince couche de collodion non riciné ou celloïdine 
forte (il faut, autant que possible, que ces liquides soit exempts de bulles 
d’air); nous laissons sécher deux à trois minutes et nous plongeons la 


NON mere 
A FA 


392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE’ 


lame de verre pendant deux minutes dans l’eau distillée. Nous détachons 
ensuite notre pellicule et la relavons dans l’eau. distillée quelques 
minutes ; lénitad | 

2 Nous fixons cette membrane à un entonnoir dialyseur au moyen 
d’une ficelle ; 
_ 3° Nous renversons l’entonnoir armé de sa membrane dans une fiole 
conique à tubulure latérale que nous relions à une trompe à eau; 

4 Notre liquide organique est additionné de 2 gouttes d’acide osmique 
à 1 °/, ou de bichromate à 30 °/, et nous en introduisons 1 c.c. om 
0 c.c. 50 dans l’entonnoir ; 

5° Le vide se faisant dans la fiole par la (rompe à air, le liquide 
filtre à travers la membrane qui retient tous les éléments cellulaires, 
les microbes y compris. (Il est recommandé pour une membrane mince 
de ne jamais dépasser 50 à 60 cenligr. de mercure); 

6° Notre liquide entièrement filtré, nous découperons notre rondelle 
de collodion ; 

1° Sur une lame de verre préalablement couverte d’alcool absolu, nous 
déposerons celte espèce de paslille extrêmement mince qui s'étalera 
rapidement; quelques gouttes d'alcool absolu déposées sur la membrane, 
nous fixeront les éléments sur elle et nous la traiteront comme une 
simple coupe à colloïdine par des colorants ordinaires. La pellicule 
étant déposée sur lame, si nous la dissolvons par l’alcool éther, tous 
les éléments se trouveront, par le fait, comme inclus dans une pellicule 
de collodion et nous pourrons les examiner à n'importe quel objectif 
el en faire même la numération. 

Cette méthode nous parait simple, peu coûteuse et rapide; elle ne 
demande aucun appareil spécial et nous la croyons capable de rendre 
quelques services. 


(Travail du laboratoire du professeur Dejerine.) 


ZONE GERMINATIVE 
DANS LES CÆCUMS ENTÉRIQUES D Anülocra frontalis Ebw., 


par À. GUIEYSSE-PELLISSIER. 
On sait que l'épithélium ‘des cæcums entériques des Isopodes est 
formé de gigantesques cellules; j'ai éludié ces cellules (1) à la suite de 
plusieurs auteurs (Conklin, Van Bambeke, Vom Rath, Maziarski, Pre- 


(4) Etude des organes digestifs chez les Crustacés. Arch. anat. micros., t. IX, 
1907. 


GE AN En AT sd AE EL ace HG QUE VU la 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 393 


7 = = = es ms 


nant, etc:) chez différentes espèces marines ou terrestres. Chez les 
Aniloera frontalis, ces cellules sont particulièrement grandes; pour en 
donner une idée, je dirai qu'il n’est pas rare de voir des noyaux qui, 
observés avec un objectif à immersion, dépassent des deux côtés les 
limites du champ du microscope. 

Arrivés à cetle dimension, les éléments sont informes: ce sont des 
rnasses protoplasmiques recouvertes d'un plateau cilié du côté de Ia 
lumière du cæcum et contenant des noyaux plus ou moins lobés; les 
noyaux se divisent souvent, par amitose simple, à la limite des lobes, 
et les cellules finissent par former de vastes plasmodes. 

Ayant repris l'étude de préparations de ces organes, j'ai observé, sur 
un cæcum coupé suivant sa longueur, une zone de cellules de très 
petite taille à l'extrémité distale. Parmi ces cellules, on en voit 
plusieurs qui sont en division karyokinétique. C’est là la zone germina- 
tive des grands éléments que l’on peut voir ensuite croître très rapide- 
ment. 

- La zone germinative forme à l'extrémité du cæcum un petit bouton; 
sur la coupe, on se rend compte que c’est un petit tube coudé une fois 
sur lui-même et qui prolonge directement le cæcum. 

Les éléments y sont entassés les uns à côté des autres sur une seule 
rangée ; les E sont très serrés ; ils sont ovales et mesurent de 7 à 
12 pu sur 5 à 7 w de largeur. La hauteur de l'élément est de 15 y 
environ. 

Le protoplasma est homogène; il n’y a pas de plateau cilié. Les 
noyaux sont plutôt clairs, il renferment lous un gros grain central 
safranophile et de petites granulations. Parmi eux, il en y à un certain 
nombre en karyokinèse. 

Dès que l'on quitte cette zone pour entrer ane la lumière élargie du 
cæcum, les cellules changent de caractère; déjà, à la limite, elles ont 
augmenté de taille et leur hauteur atteint rapidement 50 &, mais les 
noyaux sont semblables et le protoplasma est encore clair et homogène. 
Quatre ou cinq cellules plus loin, la taille a doublé et atteint 100 x; les 
noyaux grandissent aussi et mesurent 30 & dans leur grand diamètre. A 
partir de cet endroit, les cellules se modifient complètement; le proto- 
plasma se colore d’une façon plus vigoureuse, il montre des stries dans 
la partie basale, la partie apicale est nettement granuleuse; cette 
dernière est parfois très sombre, d'autres fois elaire et comme vidée. 
Lé plateau strié apparait; d’abord mince, il atteint bientôt sa taille 
normale. Les noyaux sont aussi beaucoup plus volumineux et plus 
sombres, le gros grain safranophile a beaucoup augmenté de volume 
et les autres grains sont maintenant assez gros. La graisse apparait 
bientôt sous la forme d'énormes boules colorées en noir par l'acide 
-6smique : | 

Peu à à peu, les cellules grandissent de plus en plus; les noyaux, qui 


394 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


étaient restés longtemps ovales et de forme régulière, se lobent, se 
divisent, et, vers la moitié de la longueur du cæcum, on peut woir ces 
grandes masses protoplasmiques contenant des noyaux énormes et 
divisés qui caractérisent d'une façon si curieuse les cæcums entériques 
de ces animaux. 

Ces faits me paraissent présenter un très grand intérêt au point de 
vue de l’évolution de la cellule en général. Ils sortent des règles ordi- 
naires du développement des cellules glandulaires et nous ne pourrions 
retrouver des exemples analogues que dans le développement des œufs. 
Après la zone germinative, il y a une zone d’accroissement dans laquelle 
une ccllule de taille moyenne se transforme en un énorme élément. 

La division amitotique des noyaux dans ces grands éléments nous 
apparaît alors, ainsi que je l'avais déjà dit autrefois, comme dénuée de 
valeur multiplicatrice; c’est une division mécanique qui se produit 
parce que le noyau est très lobé; à mesure, en effet, que l’on s’adresse à 
des éléments plus évolués, on voit ces noyaux, formés de trois ou 
quatre masses réunies les unes aux autres par des ponts étroits, se 
fragmenter par suite, semble-t-il, de poussées internes dans le proto- 
plasme. Au contraire, les divisions karyokinétiques, qui se passent dans 
la zone germinative, produisent réellement de nouveaux éléments. 

Il y a donc là une opposition tranchée entre les divisions karyokiné- 
tiques donnant naissance à de nouvelles cellules et les divisions amito- 
tiques sans valeur génératrice. Cetle constatation, faite après tant 
d’autres de même ordre par beaucoup d'auteurs, est ici particuliè- 
rement évidente. | 


SUR LA PERMÉABILITÉ DE LA VESSIE, 


par Maurice Niccoux et VicrorRe NoWICKaA. 


Dans la dernière séance, nous avons mis en évidence le pouvoir 
d'absorption considérable de la vessie pour l'alcool (1) et donné la preuve 
directe du passage de cette substance de la vessie dans le sang de la 
circulation générale. Nous étudierons aujourd'hui le phénomèneinverse, 
à savoir : le passage de l’alcoo!l du sang de la circulation générale dans 
la vessie, les uretères, naturellement, étant liés. 

Avant de rendre compte de ces expériences nous indiquerons les 
résultats d’une autre série de recherches qui ont eu pour but de suivre 
les uretères élant liés, la disparition de l'alcool de l’urine et du sang pos- 


(1) Nous devons dire ici qu’un certain nombre d'auteurs font jouer à 
l’urètre un rôle prépondérant, pour ne pas dire exclusif, dans l’absorption. 
Nous discuterons ce point particulier dans notre mémoire (Voir note 2). 


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Css AY se à 3 A ou og 1 PE F'ea 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 395 


térieurement à une ingestion d'alcool (5 c.c. par kg., sous forme d'alcool 
à 10 p. 100), dont la seule raison d'être était d'introduire par une voie 
normale, le rein, une quantité déterminée d'alcool dans la vessie; l’ob- 
jection d’une lésion possible de l’épithélium par une sonde élait ainsi 
écartée. 

Les protocoles d'expériences devant être publiés ailleurs ‘1), nous ne 
donnerons ici que les résultats (2). | 


EXPÉRIENCE XV EXPÉRIENCE XVI 


ALCOOL P. 100 c.c. ALCOOL P. 100 c.c. 


TEMPS COMPTÉ JEMPS COMPTÉ 


3 €. 
depuis RE depuis Te 


2 ire Fa ’; i 2) k 
la fin de l'ingestion (1). | q:yrine. | de sang. la fin de l'ingestion (2). d'urine. | de sang. 


OC 


= en 
Ce 
3 © 


ÉnESS 


Le 
©Oe 


DS DIR 

eee s 
Æ + UE © Oo 
WW = ©: 
© ND © © *: 
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2] 
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A 
ni 
2 


Prises de sang. 
NN N © D © 


Prises d'urine. 
Prises d'urine. 


De 


(1-2) Ligature des uretères 10 minutes et 5 minutes avant l'heure indiquée pour la prise 
d'urine. 


Dans l'expérience suivante, par opposition aux deux précédentes, nous 
avons suivi la disparition de l'alcool de l’urine, le sang dès l’origine ne 
renfermant pas d'alcool, la baisse est alors beaucoup plus rapide. 


Exr. XVII. — A l’aide d’une seringue et d'une aiguille très fine, nous 
avons introduit de l'alcool à 10 p. 100 dans la vessie d’un lapin en quantité 
très petite, 2c.c., puis nous avons fait les dosages dans l'urine immédiatement, | 
puis 45 minutes, 1 h. 30 et 3 h. 45 après. Voiciles chiffres. 


ALCOOL 
p. 100 c.c. d'urine. 


À OEM LEE nee REC SEA ON 05 
ABRANDINES APRES EE CU ee UE Tee 0 c.c. 38 
IMOHS UND EE EL SAR er EN ES 0MC\c2555 
D POUSSE EE Re PC A LONERE 0 c.c. 18 


Ainsi donc de cette troisième série d'expériences (exp. XVet XVI), nous 
pouvons conclure que la vessie remplie d'urine normalement sécrétée, 
renfermant une quantité déterminée d'alcool, laisse passer cet alcool à 
traxers sa paroi (les uretères étant liés pour éviter l’afflux de l'alcool 


(1) Numéro de mars du Journal de pysiologie et de pathologie générale. 
(2) Nous numérotons les expériences : XV et XVI, pour faire suite aux ex- 
périences de I à XIV de la précédente note. 


Brococie. Courtes RENDuSs. — 1913. T. LXXIV. 28 


l'ex 


Ne CR EE En, Lan tr: 


396 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


venant du rein). Ce passage se fait d'autant mieux que la différence 
entre les teneurs en alcool du sang et de l’urine est plus grande : cetle 
différence est poussée à l'extrême, le sang ne renfermant pas d’alcool, 
dans l’expérience XVII. 

Nous arrivons maintenant aux expériences (4° série) qui- démontrent 
le passage de l'alcool du sang de la circulation générale dans la vessie, les 
uretères étant liés. Les expériences ont été faites sur le lapin. 


Exp. XVIII, XIX, XX et XXI. — Les animaux étant chloroformés, les ure- 
ères liés et sectionnés, on introduit dans l'estomac, au moyen d’une sonde 
œsophagienne, 5 c.c. d'alcool absolu par kilogramme, sous forme d’alcoo!l à 
10 p. 100. Après un temps variable, exp. XVIII, XIX et XX, on sacrifie l'animal, 
on extrait la vessie et on dpse l'alcool dans l'urine qu’elle contient; dans 
l'expérience XXI, on a délerminé, dès l’origine, la quantité d'alcool dans 
l'urine et dans le sang après des temps variables; cette dernière expérience a 
duré douze heures et n’a pas comporté moins de 17 dosages. 


Voici le tableau qui résume les expériences XVIII, XIX et XX. 


N°S TEMPS COMPTÉ eue ALCOOL P. 400 c.c. 
des depuis Énteeu 
expériences. la fin de l’ingestion. : d'urine. de sang. 
XVIII 1h10“ m: HANCC: OMcC-CAUre » 
XI ASS ne 26 c.c. 0 c.c. 093 ACC 27 
XX 1h. 45 m. SC: Ce 0 c.c:-26 0 c.c. 40 


Et enfin le tableau suivant résume l'expérience XXI. 


Urine. Sang. 

TEMPS COMPTÉ ALCOOL TEMPS COMPTÉ ALCOOL 
depuis la pour depuis la ' pour 
fin de l'ingesticn. p. 100 c.c. fiu de l'ingestion. p. 100 c.c. 
A l'origine . Marie rc IA dlIoriSines DC CS 
Ares Abel RP ER OC CSS) PA pres DRE Es ONCACAME 
= 2 0). ONCACM? — À heure. . 0 c.c. 268 
NE AN EURE SR EEE CAC OT — 2 heures . . 0’c.c: 439 
5 D SOIR ME TE OMC MCE ES — 3 heures . 0 cc. 425 
7 ie heures Re ME MAO c10229 — 4 h. 10. Es Cat 
RUES NE SOMME ARR MED TOC — Sin, 95 SRE 0 c.c. 398 
— 10 heures ONc C6 — TÉTRONE 4 0 c.c. 40 
— 12 heures 0 c-ce.22 MID es OXcAcAaN 
=, AND ere 0Vc2:c-. 440 


De cette quatrième série d'expériences, on peut donc conclure que 
l'alcool passe du sang de la circulation générale dans la vessie ; les ure- 
tères étant liés, ce passage ne peut se faire qu’au niveau de la vessie. 
L'expérience XXI démontre, de plus, que ce passage est progressif et si 

nérience dure suffisamment longtemps, douze heures, l'équilibre 

‘tablir entre l'alcool du sang et l'alcool de l'urine. 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 397 


DISCUSSION DES RÉSULTATS ET CONCLUSIONS. — Si on examine dans leur 
‘ensemble les résultats des quatre séries d'expériences que nous venons 
-defrapporter, nous arrivons à cette conclusion qui ne peut faire le 
moindre doute : la vessie est perméable pour l'alcool. Qu'il s'agisse du 
passage de l'alcool de l’urine dans la circulation générale, et ceci cor- 
respond à une véritable absorp'ion par la vessie, ou du passage de 
l'alcool de la circulation générale dans l'urine, les uretères liés ou 
sectionnés, ces deux phénomènes ont lieu avec une intensité remar- 
-quable. Ces résultats absolument nets confirment et complètent ceux 
fournis par les expériences antérieures d'un grand nombre d’expéri- 
mentateurs. Et maintenant conclurons-nous du passage dûment 
-observé de l'alcool à une réabsorption possible de toutes les sub- 
stances contenues dans l'urine? Nous nous en garderons bien, d'abord 
parce qu'une telle généralisation manquerait de base expérimen- 
tale suffisante, l'alcool est en définitive une substance anormale, 
pour ne pas dire étrangère, dans l'urine — et ensuite, et nous consi- 


-dérons ceci comme capital, elle irait à l'encontre de ce que nous savons 
-de la perméabilité, différenciée pourrait-on dire, de certaines mem- 


branes, de certains épithéliums pour telles ou telles substances. 
Expliquons-nous : une paroi cellulaire fonctionne dans certains cas 
comme une membrane semi-perméable, :«u sens rigoureux et physico- 
chimique du mot, laissant passer l’eau et l’eau seulement; est-ce à dire 
qu'il en sera toujours ainsi? Nécessairement non; à certains moments, 
elle devra laisser passer d’aulres substances : les sels minéraux par 
exemple. Dès lors, il ne peut y avoir rien d’absolu et, pour nous résumer, 
nous dixons donc sans plus : 

La vessie est perméable pour l'alcool : son épithélium se laisse tra- 
verser dans les deux sens ; le passage peut se faire de l'urine versle sang 
ou du sang vers l'urine, il dépend de la différence de concentration. 

Cetle perméabilité est certainement de même ordre pour d’autres 
substances, mais très vraisemblablement aussi, cette propriété n’est pas 
générale. 


(Laboratoire de Physiologie générale du Muséum d'Histoire naturelle.\ 


ELÉVATION DU RAPPORT AZOTURIQUE HUMORAL CHEZ LES AZOTÉMIQUES, 


par À. JAVAL. 


Nous avons montré dans la dernière séance (1) que le rapport entre 
l'azote uréique et l'azote total est sensiblement le même dans toutes 


(1) Javal. Le rapport dit « azoturique », dans les diverses sérosités de l’or- 
ganisme. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, I, p. 319. 


398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


les sérosités de l'organisme lorsqu'elles sont ponctionnés au même 
moment. Comme Strauss, Widal et Ronchèse, nous trouvons que ce 
rapport est en moyenne de 75 p. 100 chez l'homme sain avec des écarts 
physiologiques le faisant osciller entre 70 et 80 p. 100. On sait, d’autre 
part, que la quantité d’urée normalement contenue dans le sérum et Les 
humeurs varie entre 0,25 et 0,50 par litre. 


Nous admettrons donc comme chiffres normaux dans les humeurs les 
chiffres suivants : 


Azote de lurée: "de 0,12 à 0,2% p. 1000: 
LTÉE ER. SU MO EEE Te FO EN AND DRM 
Azote total. . . .-. RHONE NE ENdeN 05 a 0/34 _ 
Azote résiduel . . . . . . . . . . de 0,03 à 0,10 — 
Rapport azoturique . . . . . . . de 0,70 à 0,80 


Négligeant dans l'étude du rapport azoturique les petites fluc- 
tuations, toujours difficiles à interpréter, nous n’envisagerons ici que 
les grosses anomalies, en commençant, dans la présente note, par les 
chiffres élevés et supérieurs à 90 p. 100. 

Sur nos 200 derniers dosages, nous en trouvons 26 cas : nous en 
donnons 16 à litre d'exemples dans le tableau ci-joint : 


rovines |AZ0TE| AZOTE | AZOTE | URÉE |RAPPORT 
NOMS Has ee Rss un par az0= DIAGNOSTIC CLINIQUE 
Pre te AUtne* litre. litre. | litre. | turique. 

L.M.| Ascite. | 082% | 0822 0502 | 0547 | 0,92 |Asystolie, foie cardiaque. 
P. |Céph.-rach.| 0,25 0,23 0,02 | 0,4S 0,92 |Néphrite saturuine. 
Ibis Ascite. 0,43 0,41 0,02 | 0,88 0,9 |Cirrhose de Liënnec. 
B. |Céph.-rach.| 0,43 0,43 0,02 | 0.93 0,95 |Petite urémie. 

M. Sérum. 0,48 0,4% 0.0% | 0,94 0,94 |Urémie. 

B. |Céph.-rach.| 0,57 0,52 0,05 | 4,41 0,91 |Néphrite saturnine. 
ps Sérum. 0,66 0,64 CROP APS 0,97 |Saturnisme et urémie. 
G. Sérum. | 0,0 0,175 0,05 | 1,59 | 0,93 |Néphrite aiguë. 

V. Sérum. 0,94 u,87 0,07 | 1,86 0,93 |Néphrite goutteuse. 
V. |Céph.-rach.| 1,05 | 0,91 0,14 | 1,96 | 0,90 Id. 

V. Sérum. 0,99 0,9% 0,05 | 2,01 | 0,96 14. 

H. Sérum. 1,83 1,67 Le Foot 0,91 |Saturnisme et urémie. 
F. Sérum. 2,1% 2 » 14. | 4,28 0,93 |Urémie. 

N. Sérum. | 2,10 | 2 » | 0.10 | 4.28 | 0.93 |Néphrite et urémie. 

A.D.| Sérum. 2,97 2,95 0,02 | 6,32 0,99 |Anurie et urémie. 
M.R. Sérum. | 3,29 3,05 0.24 | 6,52 | 0,95 |Urémie. 


Sur ces 26 cas à rapport azoturique très}augmenté, 25 fois nos 
malades étaient des azotémiques nettement confirmés, comme le 
témoigne le dosage de l’urée dans les humeurs; l’azotémie atleignait 
même parfois un chiffre de rélention énorme. 

Sur nos 174 autres cas, nous avons trouvé quelquefois chez des azo- 
témiques des rapports azoturiques sensiblement normaux, mais jamais 


7 FA 1 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 399 


abaissés. La loi de Widal et Ronchèse (1) se trouve donc confirmée 
laugmentation du rapport azoturique est la règle chez les azotémiques ; 
bien plus, cette augmentation ne se rencontre pour ainsi dire jamais en 
dehors de l’azotémie. 

On voit que l’azote résiduel figure dans les 16 cas de notre tableau 
avec des chiffres très bas, égaux ou inférieurs à la normale. On peut 
donc dire que, dans l’azotémie, l'urée augmente toujours pour son 
_ propre compte et souvent encore en plus aux dépens des autres corps 

azotés. 

_ L'importance des variations de l’urée est donc tout à fait prépondé- 
rante par rapport à celle des autres corps azotés. Cela justifie le choix 
que nous avons fait avec M. Widal de doser pour les besoins de la cli- 
nique, dans le sérum des urémiques, uniquement l’ azote décomposable 
D 1b nypobromite de sodium. 


(fravail du laboratoire de l'hôpital de Rothschild.) 


ARRÊT DE LA POLYPNÉE THERMIQUE PAR L' APOMORPUINE, 


par JEAN CAMus. 


Dans une communication antérieure (2), j'ai montré que, chez un 
animal dont les centres bulbaires du vomissement ont été paralysés 
par le chloralose, l'injection d'apomorphine, au lieu de déterminer le 
vomissement, donne une accélération du rythme respiratoire. 

Partant, de cette constatation j'ai étudié l’action de l’apomorphine 
chez l'animal en état de polypnée thermique. Contrairement à ce 
qu'on pourrait supposer, l’apomorphine agit dans ce cas non plus en 
excitant les centres respiratoires, mais en faisant immédiatement 
disparaître la polypnée. Elle s'oppose à ce mécanisme de défense qu'est 
la polypnée et favorise l'hyperthermie. 

Les trois tracés suivants montrent ce phénomène avec une grande 
melteté. 

Ainsi que l’a montré Ch. Richcrs il existe deux formes de polypnée. 
La première, d'origine réflexe, apparaît chez un animal normal non 
endormi qui est, par exemple, soit exposé au soleil, soit placé dans une 


(4) Widal et Ronchèse. Rapport des différentes substances azotées retenues 
dans le sérum sanguin au cours du mal de Bright. Comptes rendus de la Soc. 
de Biologie, 1906, I, p. 245. 

(2) Jean Camus. Recherches sur les centres du vomissement. Comptes 
rendus de la Soc. de Biologie, 20 juillet 1912. 


52 


400 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pièce très chauffée; le rythme respiratoire s'accélère alors rapidement 
Sans que la température centrale s'élève. La seconde forme ou polypnée 
centrale se montre chez un animal endormi quand sa température 
centrale s'élève et atteint 41°7. 

Nos expériences ont été faites sur des chiens en polypnée réflexe et sur 
des chiens en état de polypnée centrale. 


M | 
pin | 


Fe had, Le tué Le Mat 


FiG. 1. — Chien. Poids : 5 kil. Tracé de la respiration (grandeur naturelle). 
Polypnée réflexe arrêtée par l’apomorphine. 


La figure 1 représente le graphique respiratoire d'un chien de: 
5 kilogrammes non endormi, qui venait de séjourner quelques instants 
dans une étuve à 40 degrés. La polypnée fut arrêtée par une injection 
intraveineuse de 7 milligrammes d'apomorphine; le vomissement ne 
. Se produisit que bien après l’action sur la respiration. 

La figure 2 représente le graphique d’un chien de 8 kilogr. 800: 
endormi au chloralose et chauffé par des lampes à gaz. La température 
rectale au moment de l'injection de l’apomorphine était légèrement 
supérieure à 42 degrés; le ralentissement respiratoire fut net et rapide; 
il n y eut pas de vomissement. 

La figure 3 est fournie par le graphique respiratoire d'un chien de 
6 kilogr. 500, endormi au chloralose et chauffé par des lampes à gaz. 
Une première injection de 7 milligrammes d'apomorphine avait brus- 
quement arrêté la polypnée centrale et la respiration pendant près de 
deux minutes; puis peu à peu la respiration avait reparu, très lente 
d'abord, et ensuite plus rapide. La polypnée commençait à reparaitre 


SÉANCE DU 22 RÉVRIER AO! 


quand une deuxième injection d'apomorphine de 5 milligrammes fut 
faite : notre figure 3 en indique les effets : arrêt de la polypnée et de la 
respiration. La température centrale était à ce moment de 43°2. Il n'y 
eut pas de vomissement. 


à 


Fic. 2. — Chien. Poils : 8 kil. 300. Tracé de la respira'ion (g andeur naturelle) 
Polypnée centrale arrêtée par l’apomorphine. 


Frc. 3. — Chien. Poids : 6 kil. 300. Tracé de la respiration (demi-grandeur). 
Polypnée centrale arrêtée par l’apomorphine 
et suivie d'un grand ralentissement respiratoire. 


Comme il est facile de le voir par ces trois graphiques, et par 
plusieurs autres pris dans les mêmes conditions, l'apomorphine 
possède donc un pouvoir d'arrêt des plus prononcés sur la polypnée 
réflexe et sur la polypnée centrale. 


(Travail du laboraloire de Physiologie de la Farulté de Médecine.) 


ACTION VASO-DILATATRICE PÉNIENNE DE L EXTRAIT PROSTATIQUE 


par L. HaALLION, L. Morrz el E. Papin. 


Parmi les effets circulatoires que peuvent déterminer les extraits de 
prostate, il nous a semblé particulièrement intéressant d'étudier les 


de y ds Ésiahe 


02 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


phénomènesvaso-moteurs péniens. Nous avons poursuivi celte recherche 
sur des chiens anesthésiés par injection intraveineuse de chloralose. 
Nous explorions les modifications circulatoires du gland et du bulbe uré- 
ral au moyen du procédé pléthysn'ographique décrit par M. Fraucois- 
Franck (1). En même temps, nous soumettions à une exploration com- 
parative, à l’aide d'appareils appropriés (2), une muqueuse périphérique : 
la muqueuse nasale, et un organe profond : le rein. Un manomètre de 
François-Franck inscrivait la pression carotidienne. Ë 


Pour préparer nos extraits, nous avons fait macérer dans l’eau phy- 
siologique, de la poudre de prostate de bœuf destinée à l'usage théra- 
peutique; nous avons également utilisé des extraits aqueux de la pros- 
tate saine d'un homme jeune, mort par accident, ainsi que les extrails 
aqueux de deux prostates d'homme, atteintes d’'hypertrophie simple et 
enlevées chirurgicalement. 

Tous ces extraits correspondaient sensiblement à un décigramme 
d'organe frais par c.c. de macéralion. 

D'une manière constante, l'injection de ces divers extraits dans la 
véine saphène suscite une vaso-dilatation du pénis : peu d'instants après 
l'injection, la courbe volumétrique s'élève comme le montre la figure 
ci-jointe, pour revenir, au bout de deux minules environ, à son niveau 
premier. Ce phénomène présente les caraclères d’une vaso-dilatation 
active ; en effet, il coïncide avec une chute de la pression artérielle et 
avec une diminution des volumes du rein et de la muqueuse nasale, 
ces deux derniers organes obéissant passivement aux variations de la 
pression. On voit donc que les modifications eirculatoires du pénis 
s'opposent, ici, nettement à celle qu’on observe dans les autres organes, 
sauf parfois pendant quelques secondes, tout au début de la chute de 
tension, période pendant laquelle le pénis subit une réduction de volume 
passive, minime et toujours extrêmement passagère. 

Par contre, nous n’avons pas obtenu d’effels appréciables sur la cir- 
culation pénienne avec l'extrait tesliculaire, dont nous étions naturelle- 
ment amenés à faire comparativement l'essai. Il en a été de même pour 
un extrait de fibrome qu'il nous a paru utile d’injecter parallèlement à 
celui de prostate hypertrophiée. 


Rappelons que MM. Ott et Scott (3) avaient, en mars 1911, recherché : 
l'action d'extraits d'organes très divers sur le volume du pénis; mais 


(1) Arch. de Physiol., janvier 1895, p. 122; et Comptes rendus de lu Soc. de 
Biologie, 24 novembre 1894. | 

(2) Voir Hallion, article « Pléthysmographie », in Traité de physique biologique, 
de Chauveau et Marey. | 

(3) Medico-Chirurgical College of Philadelphia. 


SÉANCE DU 22 FÉVRIER 103 


leur technique (mensuration à l’aide d’un compas) manquait de préci- 
sion. C'est sans doute pour cette raison qu'il ont signalé l'augmentation 
de diamètre du pénis sous l'influence des extraits les plus variés (testi- 
cule, ovaire, parathyroïde, thymus, hypophyse, glande pinéale, corps 
jaune). Quant à nous, au contraire, nous avons vu l'extrait d'hypophyse 
se comporter tout autrement que l'extrait prostatique : il se montrait 
vaso-constricteur pour le pénis aussi bien que pour les autres organes. 


Vol. pénis 
 . nes. 


Mol. rein. 


Fic. 1. — Injection intraveineuse de 5 c.c. de fil'rat 
de macération de prostate humaine à 1/!0. 


Tout donne donc à penser que les résultats énoncés par les auteurs pré- 
cités ne sauraient être relenus, en raison de l'imperfection de leur tech- 
nique. 

11 nous reste à étudier le mécanisme de la vaso-dilatation pénienne 
que nous avons observée et à rechercher, notamment, si l'extrait pros- 


latique exerce son action directement ou par l'intermédiaire des centres 
nerveux. 


(Laboratoires de Physiologie pathologique du Collège de France et d'Uro- 
logie expérimentale à la Clinique des voies urinaires de la Faculté 


de Médecine. 


404 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE 


Liste de- présentation. 
Première ligne : M. Rathery. 


Deuxième ligne : M. Clerc. | 
Troisième ligne : M. Legendre, M!° Loyez, MM. Piéron et Pinoy. 


Vote. 


four =-Votants::/53: 


MR RAIRONS 2 obtient : 23. voix. 
1 AS PA PROS de rie _- Tone 
ME PIÉTON sn NE — T — 
M. Legendre," — 4 — 
MOT en : —- Joe 
Me "PIDOY A RC ES — sie 
M. Laignel-Lavastine , . — 2 — 
M Terres eee — 2 .— 
M: CHATONS EEE RSS — = 
Mapa lets es — de 


M: Rathéry 3.19% ut obtient : 29 voix. Élu. 
M... Piéron:. EL 4.R 0e Eure — 5 — 
MGlérE se nn — 2 — 
MiPéboyez ant eisHunse — 2 — 
Mélaunov SERRE ne == | DS 
M. PInov Re — 1 — 
MiiTerroine: 57.6 48 Ge — L — 


405 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


SÉMNCE DU2TI EEVRIER [9 13 


en SOMMAIRE 
Ginesre (C4.) : Chromidies et dua- LE Danrec (A.) : Mycodermose in- 
lité nucléaire chez les flagellés . . . 405 | testinale dans divers états patholo- 
Gineste (Cu.) : L’ « appareil nu- DIQUESTEIT. BEI TETB IOR RE TE A 414 
_cléaire » de quelques Cercomonades. 408 Mounier (R.) : Reproduction 
LE Danrec (A.) : Note sur un my- synthétique du pouls veineux jugu- 
coderme rencontré dans les fèces MATE NE PAC ANIEN EDIT AND AREAS 410 
de deux matelots béribériques . . . 412 


Présidence de M. Pachon, vice-président. 


CHROMIDIES ET DUALITÉ NUCLÉAIRE CHEZ LES FLAGELLÉS, 


: #æ 
par Cu. GINESTE. 


Depuis les expériences fort anciennes de Balbiani sur la mérotomie 
des Infusoires, et plus explicitement encore, dans ces dernières années, 
à la suite d'une série d'observations, l'importance du noyau et les 
modalités de sa constitution ont été mises en évidence chez ces êtres. 
D'une façon plus générale encore, la différenciation de cet élément en 
noyau reproducteur et en noyau fonctionnel, si nette chez les Ciliés, a 
été généralisée aux éléments ceilulaires des Métazoaires, et la voie nou- 
velle a été ouverte aux chercheurs, d'où peuvent découler des consé- 
quences importantes, non seulement pour la cytologie normale, mais 
encore pour la pathologie, et qui donnent à cette question un intérêt 
immédiat. 

Si la dualité de l’appareiïl nucléaire des Ciliés montre la différencia- 
tion des fonctions chez ces êtres, l’un présidant au métabolisme, l’autre 
à la multiplication, il n’en est pas de même dans les observations cou- 
rantes chez les Flagellés, chez lesquels un seul élément a été considéré 
comme présidant aux différentes fonctions. 


x 


On a bien cherché à classer physiologiquement la chromatine nu- 


RE ECC RE ER RE D CE AN Ce eee" Le: CE dl. HA En | PTE 
. RTE de RTE NT et ES 
: = PET HE Le FRS 


; : 
4 


406 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


cléaire en tropho- et en idio-chromatine, mais c'est là une hypothèse 
gratuite, à laquelle, seule, la morphologie de certains Infusoires pour- 
rait donner quelque vraisemblance. 

D'un autre côté, la pratique de la technique, dite moderne, a mis en 
évidence dans le corps des Protozoaires des formations colorables, 
dont l’on a cru devoir rattacher l’origine au noyau, mais la théorie 
chromidiale d'Hertwig et Goldschmidt, après les recherches de Fauré- 
Fremiet (1), a perdu beaucoup de terrain, et ce, par suite de graves 
défectuosités inhérentes à la méthode. Celte dernière, en effet, est 
la négation même de la morphologie, et n'a recours qu'à des pro- 
cédés de réactions biochimiques! (2). 

Chez les Protozoaires inférieurs, tels que les Amibes, le noyau unique 
préside à la fois à la nutrition et à la reproduction. Arrondi le plus sou- 
vent, vésiculeux et plus dense à sa surface, il renferme un gros élément 
central, qu'on peut appeler nucléole (si ce terme, du moins, à quelque 
signification dans la terminologie actuelle) et qu'on appelle, le plus 
souvent, karyosome, terme qui explique davantage la part importante 
qu'il prend dans la division du corps de ces êtres et dans la modalité 
de cette dernière, moins simple qu’on ne le suppose. 

Chez les Flagellés, les trois fonctions essentielles de l'individu, nutri- 
tion, reproduction, mouvement, résident encore dans le noyau. Ce 
dernier est pourvu d’un karyosome très colorable, lequel donne inser- 
tion directement au flagelle chez les Mastigamibes et quelques Mona- 
dines. | 

Chez le jeune Bodo lacertæ Grassi, qui est un Cercomonade, le karyo- 
some est parfois dédoublé, allongé en biscuit, et différencié en deux 
corpuscules, l’un qui se détache souvent du noyau, pour devenir le 
blépharoplaste, l’autre demeurant intranucléaire. Doflein avait déjà 
bien établi celte origine karyosomique du blépharoplaste chez le - 
Trypanosoma Lewisi. 

On perçoit souvent très nettement les différents stades de l'extério- 
risation du karyosome hors du noyau, chez les formes de Bodo adultes. 

Chez les Cercomonades (PB. lacertæ, B. gryllotalpæ), le karyosome 
étant devenu excentrique, le noyau proprement dit présenteune forme 
de demi-lune, portant dans sa concavité le corpuscule précédent. Chez 
les formes normales, les trois éléments sont neltement différenciés et 
on les retrouve distincts sous la fine membrane nucléaire primitive. 

Dans les descriptions courantes du Bodo, l’on décrit sous le nom de 
noyau le karyosome extériorisé qui représente vraisemblablement ici 


(1) E. Fauré-Fremiet. Appareil nucléaire, chromidies, mitochondries. 
Archiv für Protistenkunde, vol. XXI, t. II, 1910. 

(2) Chromidies et mitochondries disparaîtront vraisemblablement de la 
nomenclature cytologique, et ce sera justice. . 


Vars. 


SÉANCE DU ÂA1 FÉVRIER 407 


le Micronucleus des Ciliés et l’on a décrit sous le nom de chromidie le 
véritable noyau (Macronucleus des Ciliés), de forme semi-lunaire. 
Cette dualité nucléaire n'existe pas à l’origine, chez le jeune Flagellé. 


Sp.); 4, Phytoflagellé; 5, Pé alomonas; 6, Phase rhizo- 
: 2.000 D. 


1, Anæbla pruleus,; 2, 3, Mastigamæba invertens (n. 


imastyx de Bodo lacertæ; 7 à 13, Différents aspects de l'appareil nucléaire de Bodo lacerlæ, — N, Noyau végé- 


tail; K, Karyosome, », Noyau reproducteur; b, Blépharopluste. Grossissement 


Chez les Bodo, au stade Rhyzomastix, et chez les Trichomonades jeunes, 
le noyau est simple, comme chez l’Amibe, mais l’on peut suivre tous les 
stades de la différenciation déjà décrite. 

Il y a quelques années déjà, Lowenthal, étu liant le noyau de l’'Opa- 


408 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


lina ranarum, dont le corps parait dépourvu de Micronucleus, a montré 
que ce dernier est représenté par un corps qui rappelle au début le 
karyosome, lequel s’extériorise plus tard du noyau. Nos observations 
s’ajoutant aux constatations précédentes ouvriraient donc des horizons 
nouveaux sur la genèse probable du Micronucleus et sur son évolu- 
tion. 

Quoi qu'il en soit, il y a chez certains Flagellés un appareil nucléaire 
complexe qui par la pluralité de ses éléments donne la clef des énigmes 
posées par la théorie chromidiale et rapproche ces êtres des Binu- 
cléates. 


L’ « APPAREIL NUCLÉAIRE » DE QUELQUES CERCOMONADES, 


par CH. GINESTE. 


Dans les études entreprises jusqu'ici chez les Protozaires, il a paru 
aux auteurs qu'un abime profond existait entre les Flagellés et les Ciliés, 
de telle sorte que beaucoup d’entre eux ont nettement séparé les pre- 
miers des Infusoires, desquels ils font une classe distincte et hautement 
différenciée. En effet, malgré des caractères morphologiques appro- 
chants, malgré la communauté d'habitat et le genre de vie à peu près 
identique, la dualité nucléaire des Ciliés paraît devoir autoriser cette 
distinction. | 

Il faut cependant remarquer qu’une observation attentive permet de 
se rendre compte que le noyau des Flagellés n’est pas, au moins chez 
certaines formes, aussi simple que nos connaissances sur ces êtres 
avaient permis de l'admettre. 

D'une façon générale, l'observation des noyaux cellulaires, entreprise 
dans ces derniers temps d'une manière rationnelle, a montré que la 
dualité nucléaire existait aussi bien chez les Métazoaires que chez les 
Ciliés et que les noyaux reproducteurs différaient fondamentalement 
des noyaux fonctionnels. Il était donc à prévoir que cette pluralité 
nucléaire devait tendre à se généraliser. 

On reconnaît les noyaux reproducteurs à leur aspect dense et compact, 
leur affinité pour les colorants, tandis que les noyaux fonctionnels sont 
plutôt vésiculeux, semi-transparents, parfois granuleux, surtout à leur 
surface, laquelle est davantage chromophile que le contenu. En ce qui 
concerne les Ciliés qui présentent les deux nucleus réunis dans le même 
corps cellulaire, le noyau reproducteur a toutes les allures du karyo- 
some des Flagellés, et, élant donné ce que nous savons sur les origines 
de cet élément, il est à présumer que l’homologation complète ne saurait 
tarder à être admise. 

La famille des Cercomonades est remarquable entre tous les Flagel- 


SÉANCE DU LL FÉVRIER 409 


lés, parce que, d'une part (comme nous le montrerons plus tard), elle 
se relie, par ses origines, aux Rhizopodes, alors que, d’un autre côté, 
elle possède, par sa dualité nucléaire, des affinités évidentes avec les 
Protozoaires binucléés. 

Quand l’on étudie le Bodo lacertæ, on remarque, à la région antérieure 
du corps piriforme de cet être, trois éléments morphologiques bien nets: 


4, Trichonomas caviæ, vu de profil; 2, le même de face; 3, de trois quarts; 
4, jeune Trichomonas. — N, Noyau végétatif; n, noyau reproducteur; K, Karyo_ 
some; 6, blépharoplaste. Grossissement : 2,000 D. 


en avant, un volumineux blépharoplasie qui donne insertion aux deux 


importants flagelles subégaux; en arrière, un corps semi-lunaire à 


concavité dirigée vers le haut; enfin, entre les deux éléments précé- 


_ dents, logé dans cette concavité, un corps arrondi fort net, le plus 


colorable des trois. Le corps semi-lunaire offre, sans restrictions, tous 
les caractères des noyaux fonctionnels ou végétatifs, le corps arrondi 
doit nécessairement représenter le noyau reproducteur. 

Il ya quelques années, je découvris chez le T'richomonas caviæ Davaine, 
dans le voisinage de ce que les auteurs ont décrit comme le noyau, d 
côté opposé au blépharoplaste, c'est-à-dire ventralement, un élé 


410 . RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


bien net, mais ne se colorant que par sa surface et présentant la forme 
d'un boudin arqué ou en croissant, parfois presque droit et embrassant 
le nucleus dans sa concavité. Je n'ai pas un seul instant songé à en 
faire une Chromidie, ce qui ne m'aurait aucunement renseigné sur 
sa signification, et c’est le rapprochement avec ce que j'avais constaté 
chez le Bodo lacertæ qui m'a donné la clef de cette formation. Les 
Trichomonades possèdent un appareil nucléaire, comprenant un 
noyau reproducteur (ancien noyau des auteurs), un noyau végétatif 
de forme semi-lunaire et de constilution vésiculeuse et un blépha- 
roplaste, très voisin du noyau reproducteur. Les jeunes formes de 
Trichomonas, qui seront déerites autre part, montrent ici encore la 
genèse de cette triple formation. Les formes de division dont 
nous poursuivons actuellement l'étude nous font entrevoir déjà un 
mode de division distinct pour chaque noyau, l'un vraisemblablement 
milosique, l’autre amitosique. 


En attendant que d'autres formations, dites chromidiales, entrent dans 
le cadre normal de la morphologie cellulaire, il est intéressant de cons- 
tater, une fois de plus, l'unité du plan de constitution des organismes 
inférieurs. 


REPRODUCTION SYNTHÉTIQUE DU POULS VEINEUX JUGULÂIRE, 


par R. MouLiNiER. 


Alors que la reproduction synthétique du pouls artériel a été faite et a 
permis, depuis les travaux fondamentaux de Marey, d'étudier les lois 
du mouvement et les facteurs d’altératioen de ces ondes dans des tubes 
élastiques et dans des conditions mécaniques variables, l'étude du pouls 
veineux jugulaire n’a encore donné lieu à aucune recherche de ce 
genre. L'importance qu’on accorde actuellement en clinique aux phlébo- 
grammes souligne tout l'intérêt qu'il y a à pouvoir effectuer sur les 
ondes du pouls veineux jugulaire des recherches aussi méthodiques 
que celles qui ont porté sur les ondes du pouls artériel. Dans le but 
d'étudier les facteurs mécaniques qui conditionnent la propagation du 
pouls veineux jugulaire et peuvent modifier son aspect, nous nous 
sommes proposé de reproduire synthétiquement Île tracé phlébogra- 
phique en construisant et en utilisant des cames génératrices de trains 
d'onde du type du pouls veineux jugulaire. 


Telles sont les deux cames À et B que nous reproduisons ici, et qui 
donnent par leur rotaliou les tracés A’ el B’ des figures 1 et 2. En se 
conformant aux principes de mécanique dont on lrouvera un exposé 


SÉANCE DU A1 FÉVRIER AAA 


 —  — — — ——— ————————_—_—]—]—]—]—]—]—]—]—]—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"———”—"—"”—"—"”—”—"”"—"—"——"—…"”———————————— 


théorique dans les travaux de Marey (4) et une application pratique aux 
ondes de pressions intra-ventriculaire et artérielle dans la thèse de 
Delalbre (2), on peut construire un nombre inlini de cames. Nous avons 


choisi les deux modèles ci-contre qui correspondent l’un à un type 
ordinaire, l’autre à un type pathologique. 


(Travail du lab. de physiologie de la Faculté de méd. de Bordeaux.) 
(1) Marey. Physiologie expérimentale. Travaux du laboratoire, 1875, p. 64- 
65-66, note. 


(2) L. Delalbre. Etudes expérimentales sur le sphygmoscope et la mécanique 
du pouls artériel. Thèse inaug., Bordeaux, 1902. 


BioLoctEe. CoMPprEs RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 29 


MAN r 7e I TN PRIT EN RENE TE LT ES) ET UR 


412 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


NOTE SUR UN MYCODERME RENCONTRÉ DANS LES -FÈCES 
DE DEUX MATELOTS BÉRIBÉRIQUES, 


De A. LE DANTEC. 


f 


Jusqu à à ce our où n'a pas Sibnalé la présence de mycoderme dans la 
flore intestinale de l'homme. En décembre 1911, nous avons eu 
l'occasion d'étudier les fèces de deux matelots européens atteints de 
bébibéri nautique (1). Or, ces fèces étaient tellement riches en myco- 
dermes que, semées sur terrain solide dans des conditions de tempé- 
rature que nous indiquerons dans une deuxième note, elles donnaient 
naissance à aûtant de colonies de mycodermes que de colonies de coli- 
bacilles. Cette richesse extraordinaire des matières fécales en myco- 
dermes nous à engagé à étudier ce champignon cet c’est le résultat de 
cette élude que nous consignons dans celte note. 


Culture :en Strie sur agar-glucose. — Le.mycoderme pousse bien sur agar 
ordinaire, mais il pousse un peu mieux sur agar glucosé. Il se développe 
rapidement le long de la Strie d'ensemencement, et dans l’espace de quelques 
jours le terrain de culture est recouvert d'une couche épaisse crémeuse 
dans laquelle on peut distinguer trois zones : une zone centrale épaisse et 
deux zones marginales plus claires. La surface de culture est tourmentée, 
comme hérissée de pointes, ressemblant au clapotis d'une mer agitée. Toute 
la surface est humide non ‘duveteuse, caractère important à signaler, car 
d’autres mycodermés présentent une culture duveteuse. De la profondeur de 
la traînée s'échappent une multitude de filaments qui plongent dans l’agar 
comme autant de racines. 

La culture ne chänge guère de coloration en vieillissant, elle reste 
toujours grisätre et humide. En examinant directement le tube de culture 
au microscope à un faible grossissement on voit que les zones marginales, 
claires, sont constituées par des filaments de cellules qui donnent naissance 
soit à d’autres filaments secondaires de cellules, soit à de courtes chaînettes 
de spores! conidiennes. Jamais Le champignon ne pousse de rameaux aériens, 
tous ses rameaux sont couchés sur le terrain de culture. 

Culturé en piqüre sur gélatine. — La culture en piqüre sur gélatine est tout 
à fait caräctéristique et rappelle un peu la cuiture de la‘ bactéridie charbon- 


(1) Ces deux matelots appartenaient à l'équipage du (rois-mâts Antoi- 
nette à bord duquel s'était déclarée une épidémie de béribéri. La rela- 
tion de cette épidémie a été été faite par le D: Ribot (Revue de méd. et 
d'hyg. trop., 1911, n° 4). Le docteur Ollive, médecin des hôpitaux de Nantes, 
dans le service duquel entrèrent les matelots béribériques, eut l’obligeance 
de nous adresser un peu de matières fécales prélevées chez les deux 
malades les plus gravement atteints. Nous remercions les D Ribot et 
Ollive de l'extrême obligeance qu'ils nous ont témoignée dans cette cette 
circonstance. 


SÉANCE DU ÀÂ FÉVRIER 1E: 


neuse. Il se fait le long du trajet de la piqûre un développement de stries 
 perpendiculaires qui s'enfoncent dans la gélatine et qui donnent à la culture 
un aspect duveté caractéristique. Les stries perpendiculaires sont d'autant 
plus longues qu'elles sont rapprochées de la surface. La tête du clou est 
grisâtre et ne tarde pas à s’étaler sur la gélatine jusqu'aux parois du tube. 

La culture garde cet aspect longtemps et ce n’est guère qu'au bout de 

vingt-cinq à trente jours que la tête du clou commence à liquéfier le milieu 
Solide. La LENAEUNEE est massive et non en bulle, c’est-à-dire la liqué- 

_ faction s'étend jusqu'aux parois du verre. 

_ Culture en bouillon peptonisé. — Il se forme d’abord un voile mince, soyeux 
à la surface du bouillon. Ce voile monte le long de la paroi ah tube à 
l'instar des levures hautes. Au-dessous de ce premier voile se forment des 

“voiles secondaires qui successivement tombent au fond du tube où ils cons- 

* tivuent un dépôt de plus en plus abondant. Le bouillon est trouble, il a une 

réaction nettement alcaline et présente une odeur très fétide. 

Culture en bouillon glucvsé. — L'aspect de la culture en bouillon glucosé est 
à peu près le même que celui de la culture en bouillon simple, mais la 
réaction du milieu de culture présente une évolution caractéristique. 

Le bouillon glucosé devient rapidement acide et dégage une odeur agréable 
d'éther, mais sans dégagement de CO°. Au bout d’une vingtaine de jours la 
réaction du milieu change, elle devient alcaline et la fétidité apparait; ce 
qui semble indiquer que le mycoderme consomme d’abord le glucose, ensuite 
la peptone du bouillon. È 

Culture dans le lait. — Il se forme à la Surface. du. lait. une membrane 
* épaisse au-dessous de laquelle le liquide prend une consistance molle. Le 
lait présente d’abord une réaction légèrement acide, puis celle-ci devient 
alcaline et l'odeur fétide apparait. 

Action sur les sucres. — Le mycoderme fait fermenter le glucose, la 
mannite, il attaque légèrement le lactose, 1l est sans action sur le maltose et 
. le saccharose. 

Culture sur d'autres terrains. — Le mycoderme pousse bien sur carotte où 
il forme une couche blanche crémeuse; sur pomme de terre il donne. 
une légère culture grise. Il ne donne aucune culture sur le vin. 

Anaérobiose. — Le mycoderme pousse moins bien en anaérabiose. 

Inoculation aux animaux. — Le mycodérme n’est pas pathogène pour la 
souris, le cobaye, le poulet en injection hypodermique. En injection intra- 
péritonéale il provoque une péritonite non mortelle chez le cobaye, 


La présence de mycodermes dans l'intestin des béribériques n’a rien 
de spécifique. Elle indique simplement que dans le béribéri les suces 
digestifs des malades sont impuissants à protéger le chyme contre 
l'invasion des nn REnORS microscopiques. 


= 
== 
FR 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


MYCODERMOSE INTESTINALE DANS DIVERS ÉTATS PATUOLOGIQUES, 


par A. Le DanrEc. 


La rencontre des mycodermes dans les fèces de béribériques nous a 
donné l'idée de rechercher ces mêmes champignons dans d’autres 
élats pathologiques. Nous avons conslalé leur présence en assez 
grande abondance dans les fèces de malades atteints de diverses affec- 
tions nerveuses. Citons en particulier 3 cas de mélancolie, 1 cas de 
confusion mentale, 1 cas de neurasthénie, 1 cas d’épilepsie. Chez ce 
dernier malade les crises épileptiques étaient incessantes. On en à 
compté jusqu à 150 dans les vingt-quatre heures. Tous ces mycodermes 
se distinguaient les uns des autres par des caractères peu tranchés, 
iasuffisants pour créer des espèces différentes. Quelques-uns donnaient 
des cultures duveteuses, d’autres des cultures toujours humides. 


Examen microscopique des fèces. — Déjà par l'examen microscopique 
on peut constater la présence de mycodermes dans les selles si ces 
champignons s'y trouvent en assez grande abondance. En dissociant 
les fèces dans un peu d’eau stérile, on voit un grand nombre de cellules 
d'aspect varié : lantôt ce sont des cellules rectangulaires de 6 à 15 w 
de long sur 5 à 7 de large, tantôt ce sont des cellules de dimensions 
identiques mais à angles arrondis, tantôt même des cellules ovales, ce 
qui leur donne une ressemblance frappante avec des œufs micro- 
scopiques. De temps en temps on apercoit un tube mycélien septé et 
ayant une épaisseur de 2 à 3 w environ. 

Les préparations colorées sont encore plus démonstratives. Pour ne 
pas briser les mycodermes il est nécessaire de préparer le frottis par dis- 
sociation d’un fragment de matières fécales dans un peu d’eau distillée. 
On laisse sécher à l'air, on fixe par l’alcool-éther et on colore par le 
Gram-éosine. Les cellules de mycoderme sont colorées dans certaines 
parties de leur protoplasma par le violet, dans d’autres par l’éosine. 


Isolement par cullure. — Après quelques tàtonnements nous avons 
trouvé un procédé qui permet facilement de déceler la présence de 
mycoderme dans les fèces et de l'isoler en culture pure. Le procédé 
consiste à se servir d'agar glucosé à 3 p. 100 comme terrain de culture 
et de la température de 25 degrés comme température d'étuve. Cette 
température bonne pour les champignons est moins favorable pour la 
pullulation des microbes. Au bout de vingt-quatre heures les colonies 
du champignon sont déjà visibles à un faible grossissement sous forme 
de mycélium en rameau; au bout de quarante-huit heures les colonies 
qui sont situées à la périphérie de la gélose envahissent les parois du 


w 


SÉANCE DU À FÉVRIER AS 


verre à l'instar des colonies de sporotrichum (4). Il est alors facile de 
suivre leur développement au moyen des objectifs 3 et5 en plaçant 
directement le tube de culture sous le microscope. On voit neltement 
les ramures du mycélium sur lesquelles viennent se brancher les spores 
conidiennes; quelquefois les filaments mycéliens disparaissent sous 
une vraie nappe de spores. 4 

Il est inutile d'essayer d'isoler sur agar à la température de 37 degrés, 
car cette température excellente pour les microbes serait médiocre pour 
les mycodermes etceux-ci ne poussent pas sur les terrains où se sont déjà 
développées des colonies microbiennes. Les colonies mycodermiques, 
lorsqu'elles sont bien isolées et qu'elles ne sont pas gênées par le voisi- 
nage de colonies microbiennes, peuvent acquérir un diamètre considé- 
rable, un centimètre et même plus; il est donc facile de les trans- 
planter en culture pure, mais en ayant soin de les mettre toujours à 
l’étuve à 25 degrés. 

La présence de mycoderme, en assez grande abondance, dans 
l'intestin de certains malades nerveux, montre qu'il est nécessaire non 
seulement d'établir un régime hypotoxique, mais encore de prescrire 
l'administration d'antiseptiques par la bouche. En raison de l’action 
pour ainsi dire spécifique de l’iode sur les divers champignons micros- 
copiques (sporotrichose, actinomycose, etc.), il est indiqué de faire 
prendre aux malades, au milieu de chaque repas, quelques gouttes 
d’iode organique ou simplement quelques gouttes de teinture d’iode 
dans du lait. 


(1) Cette particularité de la culture sur paroi du verre nous avait fait tout 
d'abord penser que nous nous trouvions peut-être en présence d’un sporo- 
trichum (procédé de Gougerot). Nous avons adressé un tube de culture au 
professeur Vuillemin, de Nancy, qui a eu l'amabilité de déterminer le cham- 
pignon et de Le classer dans les mycodermes. Nous remercions bien vivement 
le savant mycologue de son extrême obligeance. 


UE, UT er 
> 


EF 0 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


SÉANCE» DU ' I& FEVRIER 1913 
SOMMAIRE 

GerBER (C.), Guroz (H.)et SALKIND LOUER ET ENS ter dEce à RP ONE Te 417 
{J.) : Action physiologique des latex. JozeauD (A.) : G. — Le capitule 
— 11I. Pancréatine du latex de Brous- dans le genre Pollicipes. Affinités 
sonetia papyrifera. Comparaison de Pollicipes avec Archæolepas et 
avec la trypsine et la pepsine . . . 425 | de Mitella avec Loricula . . . . . .. 420 

GERBER (C.) et SALxIND (J.) : Action JorEauD (A.) : H. Caractères fon- 
physiologique des latex. — IV. In- damentaux du genre Scalpellum. — 
toxication aiguë par le latex de Pollicipes (Calanticu) villosus. — Le 
Broussonetia papyrifera. . . . . . . DTA RS EnTeLSCUlÆlEPAS TIR TEEN 322 


JoeauD {A.) : F. — Le genre Mi- | 


Présidence de M. Fr. Arnaud. 


F. — LE Genre Mitella (1), 


par À. Jorxaup (2). 


On a parfois regretté que Darwin, cédant à l'usage établi, ait désigné 
les Cirrhipèdes pédonculés à plaques nombreuses par le terme géné- 
rique de Pollicipes (Leach, 1817), au lieu de leur attribuer celui de 
Mitella (Oken, 1815). L'on pourrait rétablir le genre Witella sans sup- 
primer le genre Pollicipes. L'espèce désignée par G.-B. Sowerby sous ie 
nom de Pollicipes Mitella se distinguant des formes auxquelles on l’a 
associée par des caractères d’une très grande importance, tels que l'ar- 
ticulation de son scutum avec son tergqum, je propose d’en faire le type 
d’un nouveau genre Mitella. Je l'appellerai dès lors Mitella mitella (3). 


(1) Voy. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXIX, p. 639, elc. ; t. LXX, 
p- 389, etc.; t. LXXII, p. 1148; t. LXXIV, p. 58. ErRATUu, t. LXXIV, p.58et s 
Lire : Loricula, Strobilepis, Verticille. 

(2) Communication faite dans la séance du 21 janvier. 

(3) M. Pilsbry appelle aussi cette espèce Mitella mitella, mais en substituant 
simplement le nom de Mitella à celui de Pollicipes, qu’il écarle de sa nomen- 
clature. 


A UE (a 


418 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


Sa massivité, l'ornementation très accentuée de ses plaques, le développe- 
ment considérable de celles du 1°" anneau dans lequel le rostre, le médian 
et la carène sont presque d'égale hauteur, la contraction des autres anneau x 
à la base du premier en font vraiment une forme bien particulière. L’irrégu- 
larité de la distribution de ses plaques inférieures n’est d’ailleurs qu'appa- 
rente : je vais essayer de mettre en évidence leurs rapports de position qui 
dérivent do ceux régissant la structure de Loricula. 


Dans la planche VIT de sa Monographie des Cirrhipèdes pédonculés, 
Darwin a donné trois figures relatives à P. Mitella : 

Fig. 3, une vue extérieure de l’ensemble du côté droit; 

Fig. 3 a', une vue intérieure du seutum et du tergum montrant le 
pli articulaire ; 

Fig. 3 b", une vue intérieure des autres valves (côté gauche), où l’on 
peut étudier les positions relatives des valves du lower whorl (p. 387). 

Ce que Darwin entend par le mot whorl, il nous le dit à la page 4 de 
son bel ouvrage : c’est l'équivalent du terme verticillus employé par les 
botanistes. Et, dans sa description détaillée de Policipes mitella, il 
commence ainsi : Capitulum... with a single lower whorl of smaller valves 
(p. 317). Ainsi les petites valves des fig. 3 et 3 Pb”, qui sont au nombre 
de 22, constituent pour Darwin un seul et même verticille. 

Or, l'examen de la figure 3 b” montre que ces 22 plaques ne forment 
pas un cycle unique, qu’elles sont disposées sur plusieurs rangs placés 
les uns derrière les autres et qu’elles appartiennent ainsi à plusieurs 
verticilles distincts quoique très rapprochés. L’on verra, d’ailleurs, que 
chacun de ces verticilles est composé de quatre plaques comme chacun 
des verlicilles 4 et 2 qui forment l'anneau postérieur du cirrhipède. 

En employant les symboles que j'ai proposés, on pourra représenter 
ce premier anneau postérieur par la formule suivante : 


R? + 2S1 + 2M° + 2T! + C? — 8 plaques. 


Pour la résolution des verticilles 3 et au-dessus, on nommera les diffé- 
rentes plaques des figures 3 et 3 b” de Darwin en suivant la marche 
ci-après. D'abord, les deux petites plaques inférieures externes sont R° 
sous R° et C* sous C. Puis voici trois plaques à section presque hexago- 
nale plus élevées et bien plus grandes que celles qui restent et plus 
intérieures aussi, puisque trois de leurs faces sont visibles en dedans et 
une seule en dehors. Ces trois plaquettes plus grandes ne peuvent 
correspondre qu'aux trois séries longitudinales de grandes plaques de 
Turrilepas Wright et de Loricula; ce sont donc, en allant du côté 
rostral vers le côté carénal, S°, M‘ et T°, qui, avec R' et C', forment les 
deux verticilles 3 et 4 constituant le deuxième anneau du cirrhipède. 


En vue d'établir une symétrie complète (théorique) entre les deux côtés de 
ce cirrhipède il faut ajouter à la figure 3 de Darwin une petite plaque externe 


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: elles appar- 


Des sept plaques qui restent ainsi, deux, l’une à droite de 
à la gauche de T°, ont une section rhomboïdale et sont plus extérieures 


que les précédentes dont elles recouvrent l'un des côtés 
être que S° et T°. Entre M‘ et T° une plaque à section trapézoïdale, avec 
large côté externe, plus en dehors que les précédentes, appartient 


tiennent par suite au verticille suivant et, par leur position, ne peuvent 


420 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


au verticille 6 : elle représente M°. Mais il n'y a plus de plaques capitu- 
laires dans les séries rostrale et carénale; le troisième anneau ne 
compte ainsi que six éléments. Ne peuvent appartenir qu’à la série S, 
d’une part, et à la série T , de l’autre, les deux petites plaques situées, 
l’une à côté de R’, l’autre à côté de T‘; ce sont donc S’ et T’. Une très 
petite pièce triangulaire tout à fait externe, placée en arrière et du côté 
rostral de M*, répond à M° et complète à 6 plaques capitulaires le qua- 
trième anneau comme le troisième. Une autre petite plaque triangulaire 
et tout à fait externe aussi, formant coin entre T° et T', doit être T° et 
représente seule la portion rimes du cinquième anneau. 

Le résultat de cette analyse détaillée nous conduit à la formule 
suivante : 


1* anneau. (Vert. 1 et 2) R? + 281 + 2M° + 2T! + C — 8 plaques. 

2° anneau. (Vert. 3 et 4) rt + 25° + 2m + 2 + Ci — 8 plaques. 30 
3e anneau. (Vert. 5 et 6) 0 + 2s° + 2mf + 24 + 0 — 6 plaques. plaques. 
4e anneau. (Vert. 7 et 8) 0 + 2s7 + 2m° + 217 + 0 — 6 plaques. 

5e anneau. (Vert. 9) 0 +0 +o + 24 + 0 — 2 plaques. 


Le diagramme de notre figure 3 traduit graphiquement cette formule, il 
met, de plus, en évidence, la contraction de la base du capitule, contraction 
qui détermine le plissement en accordéon des séries longitudinales S, M, T. 


G. — LE CAPITULE DANS LE GENRE Pollicipes. 
AFFINITÉS DE Pollicipes Avec Archæolepas ET DE Mitella AVEC Loricula, 


par À. JoLEAUEL (1). 


La disposition générale des plaques capitulaires est la même chez 
Pollicipes que chez Mitella. Elles sont, toutefois, généralement plus 
nombreuses dans le premier de ces genres que dans le second etles 
plus basses présentent cette particularité de se montrer souvent divisées, 
Savoir : 

a) Celles des séries rostrale et carénale, en deux moitiés correspon- 
dant aux deux plaques primitives ; 

b) Celles des autres séries, en leurs secteurs prnciEoe c'est-à-direen 
trois pièces chacune. 

Il résulte de telles divisions qu’un anneau inférieur pourra être repré- 
senté par 22 pièces ne correspondant néanmoins qu à 8 plaques nor- 
males. 

Au fond, c’est ne une erreur de compter, ainsi qu'on l'a fait jusqu’à 


(1) Communication faite dans la séance du 21 janvier. 


SÉANCE DU 18 FÉVRIER 491 


présent, autant de plaques qu'il y a d'éléments séparés dans le revête- 
ment d’un capitule de Pollicipes. 
Je donne ici les formules de deux spécimens de P. cornucopia (1). 


4. — FORMULE CAPITULAIRE d'un Porricipes de 31 plaques en 43 pièces 
(du laboratoire de zoologie de M. le professeur Vayssière, à Marseille.) 


eranneau — R° +28 +2M? +O2T!t + C? — 8 plaques | 
2e anneau — rt +2s +2m# +2 +c* — 8 plaques 
c6 31 
e as 205 9 m° 5 = 
3e anneau 0 +26 Dr e 2il + De 1 plaques | plaques 
en a do Plone 0 —6-pl. en lé pieces a 
anneau — mont 21,93 + 2 — 6 pl. en 14 piè pièces). 
5e anneau — 0 +0 0 + 2553 33 + 0 —2 pl. en 6 pièces 
1,2 JS 
2. — FORMULE CAPITULAIRE d'un Pozricires de 39 plaques en 62 pièces 
(de notre collection). 
Aer et 2 anneaux — comme ci-dessus : . . . . — 16 plaques. 
r$ n 6 L 
3e anneau — = + 255 92m +o2t = — 8 pl. en 10 pièces 
“a at m8 = 1 39 
4e anneau — + 2: nd 3 + 2 + = 8 pl. en 171 pièces plaques 
; 5,249 1,2%, : 
s° te CS (de 
Se anneau — 0 += 2—— +0 LI + — ÿ pl. en 13 pièces pièces). 
Lee IDR MIORC SUR 
qit 
6e anneau —0, + 0 +0 2 123 +0 —2 pl. en 6 piêces 


La comparaison de ces deux formules capitulaires, qui concernent 
des individus appartenant à la même espèce, mais d'âge différent, est 
particulièrement instructive pour l’étude du développement du capitule 
dans le genre Pollicipes. 

Dans le plus jeune exemplaire, qui ne compte que 37 plaques vraies, 
le nombre total des pièces isolées est de 43. Pour une augmentation de 
. 8 plaques vraies, il y a dans l’autre exemplaire un accroissement de 
19 pièces. Ainsi, comme première conclusion, on constate qu'à un faible 
accroissement du nombre des plaques vraies correspond une augmen- 
tation considérable du nombre des pièces : en d’autres termes, la 
sécrétion TENUE suffisante pour former des éléments de plaques 
deviendrait, à un moment donné, insuffisante pour former des plaques 
entières. Des séries, à partir d’un certain verticille, restent incalcifiées ; 
celle du rostre d’abord, ensuite celle de la carène, puis celle du médian, 
enfin celle du scutum ; les plus basses plaques capitulaires appartiennent 


(1) Dans ces formules, les chiffres placés en dénominateurs indiquent que 
la plaque se présente en secteurs séparés ; les lettres », r et c, c, indiquent 
que la plaque rostrale ou carénale est sépieentée par ses composantes pri- 
mitives. 


499 ne RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE _ 


à la série lergale. Il semble, en somme, qu'avec l'âge, les écailles 
pédonculaires les plus voisines du capitule s’accroissent, se calcifient 
fortement et deviennent des pièces capitulaires, l'accroissement de la 
calcification dans ces pièces se continuant d’arrière en avant en se pro- 
pageant d’abord dans la série T qui est particulièrement affectée par la 
rotation du cirrhipède autour de son muscle adducteur. 

Nos Pollicipes actuels sont, en effet, des formes déjà évoluées, beau- 
coup plus que Mitella, par exemple, où les plaques des verticilles, à 
partir du 3°, sont presque à la même hauteur, où M° est resté sensible- 
ment équilatéral et où R° est très grand. Les mouvements d'exhaus- 
sement et de rolalioa des plaques v sont peu marqués. Dans Polhcipes, 
au contraire, R° est petit ; l'apex de M° s'est infléchi vers S!'; en s'insi- 
nuant entre cette pièce et T',M° s'est surélevé, les plaques des verticilles 
3 et 4 se sont élevées également ; l’'exhaussement et la rotation ont mani- 
festement affecté la disposition des éléments de l’exosquelette. 

Si, comme il est manifeste, Miteila a des affinités avec Loricula, en 
raison de l'importance qu'a, dans ces deux genres, la série médiane 
qui se prolonge par un grand M° jusqu'à la hauteur du scutum dans 
L. pulchella, presque à sa hauteur dans L. Darwin et très peu au- 
dessous dans Witella mitella, Pollicises, avec son M° de médiocre impor- 
tance, à plutôt des rapports avec Archæolepas. Ici, la série médiane est si 

basse qu'elle ne pénètre point dans la région capitulaire. La plaque M° 
ne devait apparaître sans doute, dans Archæolepas, qu'après que S' et T° 
étaient déjà très développés. | 

Si l’exhaussement du corps du cirrhipède a provoqué dans ce dernier 
genre un grand développement des plaques postérieures, la rotation y 
a été presque nulle, puisque la base de ces plaques se montre dans un 
plan sensiblement perpendiculaire à leur axe. Cetle rotation, en com- 
mencçant à se manifester dans Pollicipes, y a disjoint la base du scutum 
de celle du tergum, en créant un vide que M° à comblé, en gagnant, 
sans doute, sur l’époque relative de son apparition dans Archæolepas. 


H. — CARACTÈRES FONDAMENTAUX DU GENRE Scalpellum. — Pollicipes 
(Calantica) villosus. — LE GENRE Scillælepas, | 


par A. JocEaUD (1). 
Bien que les découvertes récentes aient considérablement étendu la 


nomenclature des Cirrhipèdes pédonculés, la classification est restée ce 
qu'elle était jadis : les formes qui comptent de douze à quinze plaques 


(1) V. Comptes rendus de ‘« Soc. de Biologie, t. LXIX EXX LXXIF, LXXEV, 
LXXV. 


5 3 SÉANCE DU 18 FÉVRIER 193 


dans leur capitule sont des Scalpellum, celles qui en comptent de dix: 
huit à cent et plus sont des Pollicipes. Cetle distinction à bien élé ue 
. peu perturbée par la découverte d’une forme à allure intermédiaire pos- 
sédant dix-huit plaques eapitulaires, mais on a, en quelque sorte, 
tourné la difficulté en la plaçant, très justement, d’ailleurs, dans le 
genre Scalpellum et en lui appliquant l’épithète un peu corrective de 
pollicipedoides. 


Pour les paléontologistes qui n’ont à leur disposition, le plus souvent, que 
quelques pièces isolées, Darwin avait essayé de distinguer les deux genres 
par la forme de la carène. Il plaçait dans Scalpellum les espèces à carère 
s’élargissant très peu du sommet vers la base et dont les parois fortement 
infléchies sont généralement séparées du toit par des côtes distinctes, tandis 
qu'il rangeait dans Pollicipes celles dont les carènes s’élargissent considéra- 
blement du sommet à la base et dont les parois ne sont pas distinctement 
séparées du tectum. 

Les attributions génériques en usage ont été faites à peu près uniquement 
sur les données ci-dessus qui, ne tenant compte que de manifestations 
secondaires de l’évolution, ont conduit à classer dans le genre Pollicipes des 
formes qui, à l'évidence, sont des Scalpellum et inversement aussi à intro- 
duire dans le genre Scalpellum des espèces qui ne sont ni des Scalpellum, ni 
des Pollicipes. 


Comment convient-il donc de définir Sca/pellum? 

Nous avons caractérisé les PROTOCIRRHIPÈDES par l'absence de pédon- 
cule vrai et par la continuité des séries longitudinales (rectiligaes ou 
curvilignes) des plaques qui les revètent. 

Nous avons montré que, dans les genres PÉponcuLés Pollicipes et 
Mitella, les séries longitudinales de plaques sont disposées suivant des 
lignes brisées avec continuité du champ dans lequel se meut chaque série. 

Dans Scalpellum une disposition toute particulière se présente : {a 
série terga'e est interrompue par l'intrusion, entre le tergum (T') et le 
caréno-latéral (T°), de la plaque supramédiane (M°), qui, par la base de 
son secteur 3, vient en contact avec la carène (C”), généralement vers 
la mi-hauteur du capitule. 

C'est là un effet remarquable de la rotation qui, après avoir donné 
naissance à Pollicipes par l'admission de M° entre les bords de S' et 
de T', a continué son mouvement en disjoignant T‘ et T'et a permis 
ainsi à M de prendre contact avec C. Dans ce mouvement, la rotation 
de la plaque M° a souvent alteint 45 degrés. 

Il est facile de reconnaitre cet arrangement scalpellique dans toutes 
les espèces vivantes inscrites actuellement au genre Scalpellum, sauf 
dans celles désignées ci-après qui en sont ainsi éliminées et dont nous 
établirons les caractères phylogéniques : 


Scalpellum villosum Leach; S. trispinosum Hoek; S. eos Pilsbry; 


424 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


S. superbum Pilsbry; S. gemma Aurivillius; S. Grimaldi Aur.:; S. fal- 

catum Aur.; S. calyculus Aur. | 
Ces huit espèces ayant, les unes treize, les autres quatorze plaques, 

n'avaient pas paru pouvoir trouver place ailleurs que dans Scalpellum. 


Darwin avait cependant reconnu que, sous bien des rapports, S. villosum 
ne peut être séparé du genre Pollicipes. Et, en fait, ses plaques M° et T° sont, 
l'une et l’autre, vis-à-vis des plaques principales voisines, dans la position 
caractéristique que l’on peut observer dans P. cornucopia et ont une forme 
triangulaire analogue à celle des plaques basilaires du capitule de cette 
espèce. En outre, et ce caractère est très important, le scutum et le tergum, 
comme dans Pollicipes, sont en simple contact latéral. Il ne peut donc y avoir 
de doute, S. villosum est un Pollicipes. En le rétablissant dans ce genre, on 
pourrait, d’ailleurs, tenir compte de la forme spéciale que lui prête sa 
carène ét du rapide arrêt de la calcification dans la base de son capitule 
pour faire revivre comme sous-genre le nom de Calantica que lui avait donné 
Gray. On l’appellerait ainsi Pollicipes (Calantica) villosus Leach. 


Parmi les sept autres Pédonculés qui, avec ?. willosus, s'éliminent de 
Scalpellum, l'un à été fort mal figuré et plusieurs ne l'ont pas été 
du tout, qui ne sont dès lors qu'imparfaitement connus. Des des- 
criptions qui en ont élé données, on peut conclure cependant que 
ces dernières formes ont les plus grands rapports avec Scalpellum 
gemma. Celles qui ont été figurées sont, d'ailleurs, caractérisées par un 
scutum, un tergum et une carène très développés par rapport aux 
autres plaques. Celles-ci sont situées très bas et si rapprochées qu’elles 
ont paru groupées sur un même plan verticillaire (lower whorl), 
quoique, en fait, la distinction des véritables verticilles de 4 plaques. 
y soit très facile à faire; elles se montrent, enfin, plus ou moins obli- 
quement placées sur: la base du capitule. Ges plaques inférieures peu- 
vent, d’ailleurs, être assez grandes, comme däns S. gemmu, S. super- 
bum, etc., pour recouvrir la partie inférieure de S', T', C* où bien, moins 
développées, rester isolées à la base du capitule comme dans S. cs, 
S. trispinosum. 

Dans les deux groupes, le scutum recouvre le bord du tergum et 
ce recouvrement se complique même, dans S. gemma, par exemple, 
d’une véritable articulation qui établit l'affinité de ces formes avec 
Mitella. 

Cette même disposition avait été entrevue par Seguenza dans des 
pièces d’un Pédonculé fossile du Pliocène de Sicile qu'il décrivait 
en 1876 sous le nom de Scillælepas carinata et où il pensait que 
le scutum avait recouvert le bord du tergum comme il ne l’avait jamais 
vu dans Pollicipes, sans pouvoir affirmer, ajoutait-il, que les deux 
valves aient été articulées ensemble. 

L'espèce de Seguenza est, d'ailleurs, sous tous les rapports, extrême- 


SÉANCE DU 18 FÉVRIER 495 


ment voisine de S. gemma Aur. et de S. superbum Pilsbry dont elle 
a tous les caractères fondamentaux. Ces deux dernières, comme leurs 
congénères, doivent donc prendre place dans le genre Scillælepas créé 
par le paléontologiste italien. | ï 


ACTION PHYSIOLOGIQUE DES LATEX. 


III. — PANCRÉATINE DU LATEX DE Broussonelia papyrifera. 
COMPARAISON AVEC LA TRYPSINE ET LA PEPSINE, 


par C. GERBER, H. Guios et J. Sackinn. 


Dans une note antérieure, deux d'entre nous ont indiqué un procédé 
d'extraction des diastases hydrolysantes du latex du PBroussonetia. 

Par action successive d’eau dictillée, puis d'alcool de concentrations 
différentes, ils ont obtenu ‘trois précipités, dont le second (6), assez 
abondant, par l'alcool de concentration moyenne, et le troisième (y), 
très faible, par l'alcool fort, contiennent la presque totalité des dias- 
tases hydrolysantes du latex et méritent le nom de pancréatine, tandis 
que le premier (4), par l’eau distillée, est très pauvre en ces ferments. 

Nous avons étudié l’action physiologique de ces trois précipités. 

Précipité «. — Le précipité « débarrassé des corps gras qui le com- 
posent en grande partie, et trituré à la dose de 0,50 grammes dans 
7 c.c. de liqueur physiologique, est injecté à la dose de 2,5 c.c. dans le 
tissu cellulaire sous-cutané des cuisses d’un rat. Il ne détermine que de 
petites escarres, complètement guéries au bout de quelques jours. 

Pancréatine. — Les précipités £ et y se comportent tout autrement 
que le précipité «. Ainsi une solution de 0,50 grammes dans 10 c.c. de 
liqueur physiologique, dont l’activité protéolytique est telle que 0,20 c.c. 
coagule à 31 degrés 5 c.c. de lait bouilli additionné de 10 mol. mil. CaCl? 
par litre en 4 minutes, injectée dans le tissu cellulaire sous-cutané des 
animaux ci-dessous, à la dose de 2,5 c.c. (rat, pigeon, grenouille, 
poulpe) ou de 1 c.c. (poisson), a produit les effets suivants : 

_ a) Un rat du poids de 100 grammes voit, cinq heures après l'injection, 

la partie des cuisses injectée perdre ses poils, former une escarre san- 
guinolente qui s'étend rapidement vers la paroi abdominale, qu'elle 
envahit. Il meurt vingt-quatre heures après l'injection. Le poumon 
et le foie sont congestionnés, le cœur arrêlé en diastole. 

b) Un pigeon du poids de 400 grammes injecté sous la peau de la 
région thoracique voit cette peau perdre rapidement son duvet et 
l'escarre sanguinolente envahir bientôt toute la paroi thoracique et 
abdominale de l'animal, qui, douze heures après, n'est plus qu'une 
plaie. Il ne meurt, cependant, qu'au bout de vingt-quatre heures. 


426 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


c) La mort n'est survenue chez une grenouille de 35 grammes qu'au 
bout de vingt heures; les muscles des parties injectées étaient partiel- 
lement digérés et les tissus environnants hyperémiés. 

d) Quant au poisson (Maena jusculum) du poids de 30 grammes, trois 
quarts d'heure après l'injection il se renverse le ventre en haut et meurt 
dans cette position une heure et demie après le début de l’opération. A 
l'autopsie on constate que la totalité des muscles du dos (endroit de. 
l'injection) a subi l'attaque de la diastase protéolytique, qui, grâce à la 
disposition anatomique particulière de ces muscles), a pu ainsi étendre 
son action beaucoup plus loin que chez les animaux précédents. 

e) Le liquide injecté à la base de deux bras d'un poulpe (Octopus 
vulgaris Lam.) ne se résorbe que très lentement. Le céphalopode 
d’ailleurs ne parait pas incommodé; quatre jours après, cependant, les 
deux régions injectées présentent une décoloration manifeste. À ce 
moment l’animal est sacrifié pour l’examen histologique. 

Une coupe histologique à travers la partie injectée du poulpe montre 
les lacunes des cellules étoilées du tissu conjonctif fortement agrandies; 
le tissu lui-même a subi une sorte de gélatinisation. Les muscles lisses 
sont partiellement désagrégés. L'épithélium lui-même est attaqué du 
côté interne; les iridocystes sont fragmentés, les chromatophores con- 
tractés et on obserye une diffusion du mucus entre les éléments 
tissulaires. 

Chez le poisson, les muscles sous le microscope présentent une série 
de stades de désagrégation débutant par une ondulation partielle, se 
continuant par un clivage longitudinal et aboutissant à une poussière 
de sarcoprismes. 

Quant aux lésions histelogiques des parties injectées des autres ani- 
maux, elles ne diffèrent pas de celles que nous avons signalées avec le 
latex des Figuiers. Notons la richesse exceptionnelle du sang en glo- 
bules de la série lymphoïde. 


Comparaison avec la trypsine et la pepsine. — Des doses de solutions 
de trypsine Merck et de pepsine absolue Poulenc protéolytiquement 
seize fois plus actives que celles de notre pancréatine végétale (0.05 c. c. 
coagulant 5 c.c. de lait bouilli à 10 mol. mil. CaCl° à 31 degrés en 1 mi- 
nute), injectées à des rats et à des grenouilles, n’ont déterminé chez les 
premiers que des escarres légères, guéries au bout de quelques jours, et 
chez les secondes qu'une inflammation locale sans issue fatale. 

La trypsine et la pepsine sont donc beaucoup moins actives ën vivo et 
beaucoup moins toxiques que l'extrait protéolytique de latex de Brous- 
sonelia. Eiles le sont également moins que les latex de F. carica et de 
F. coronota de nos précédentes communications, qui à activité présu- 
rante égale à celle de la pepsine et de la trypsine tuaient nos ani- 
maux. 


CS 


SÉANCE DU 18 FÉVRIER 427 


- Cette différence protéolytique d'activité in vivo et de toxicité doit être 
attribuée principalement à la différence de résistanceaux agents physiques 
et chimiques des diastases; nos trois ferments protéolytiques végétaux 
et surtout celui du Broussonetia, étant, comme l’un de nous l’a établi 
antérieurement, beaucoup moins sensibles que la trypsine et surtout 
la pepsine. 

Peut-être faut-il aussi faire intervenir des différences dans les 
produits de désintégration de la molécule albuminoïde effectuée par 
nos trois protéases des latex et par la pepsine. 


ACTION PHYSIOLOGIQUE DES LATEX. 
IV. INTOXICATION AIGUE PAR LE LATEX DE Proussenelia papyrifera, 


par C. GERBER et J. SALKIND. 


Si, au lieu d'injecter comme dans la note précédente l'extrait diasta- 
sique (pancréatine) de Broussonetia, nous injectons du latex frais dilué 
de façon à présenter le même pouvoir présurant que la solution pan- 
créatique, les phénomènes observés sont tout différents. 


C’est ainsi que : a) Deux pigeons de 400 grammes, recevant 2 c.c. 5, l’un 
de latex dilué au tiers, l’autre de la solution de pancréatine ayant le même 
titre, sont morts le premier en cinq minutes, le second en vingt-quatre heures, 
b) Deux rats de 100 grammes, recevant les mêmes doses de liquides ei-des- 
sus, sont morts, l'un (latex) en cinq minutes, l’autre (pancréatine) en vingt- 
quatre heures. c) Deux grenouilles de 40 grammes dans les mêmes conditions 
meurent, latex, en 15 minutes, pancréatine, en vingt heures. d) Deux poulpes 
(Octopus vulgaris) de 4 kilo, également dans les mêmes conditions, sont 
morts, latex, en 6 heures, pancréatine, en quatre jours (1). e) Enfin deux 
poissons (Mæna jusculum) de 35 grammes, recevant 1 c. cc. des solutions pré- 
citées, meurent, latex, une minute, pancréatine, 1 h. 30 min. 


Tous les animaux tués par le latex n’ont présenté qu'une très faible 
protéolyse de la partie du corps intéressée par l'injection, protéolyse 
qui ne se manifeste plus quand on opère avec le latex préalablement 
chauffé à 100°, bien que les animaux meurent aussi rapidement qu'avec 
le latex non chauffé. Nous sommes donc en présence d'un poison non 
diastasique. Ce poison se retrouve tout entier dans l'extrait alcoolique 
de latex. 


(1) L'animal étant sacrifié au bout de ce temps pour l'étude de la digestion 
in vivo. ’ 
BroLoGie. COMPTES RENDUS — 1913. T. LXXIV. 30 


498 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


En employant une dilution au 100€ (Juscle, Rat) ou au 40° (Chien) dans la 
liqueur physiologique, nous avons obtenu les survies suivantes : 


Juscle. . . . . Doses injectées. 1 c.c. 0 c.c. 25 RAC 


Survies. 3 minutes. 10 minutes. 30 minutes. 
Rat. . . . . . Doses injectées. 3 c.c. 2C:C- 10 1} c2c5 
Survies. 30 minutes. 45 minutes. 4 heures. 
(Natad5k.) )AqutOS8k. 500).  XKief Gt 10k.. 
Chien . . . . . Doses injectées. 8 c.c. 2 C.C. » 3 C.C. 
Survies. 15 minutes. 24 minutes. 40 min. 


Les phénomènes morbides que présentent les animaux injectés sont 
sensiblement les mêmes chez les homoiothermes et les poïkilothermes; 
chez les premiers, néanmoins, ils sont beaucoup plus nets. L'empoison- 
nement débute par une période de somnolence, d’abattement. Le Rat 
prend immédiatement une pose des plus caractéristiques, sa tête s’in- 
cline fortement jusqu’à toucher le sol, les poils se hérissent. Puis appa- 
raissent des signes de paralysie, qui débute par le train postérieur. 
L'animal tombe, rampe sur son ventre ou procède par pelits sauts, 
essaye de se relever, mais ne le peut pas. Bientôt, mis sur le dos il ne 
pourra même pas se retourner. Tous les sphincters se relàchent : urina- 
tion abondante, défécation, dilatation de la pupille. On observe égale- 
ment du larmoiement et de la salivation, ainsi que des vomissements 
(chez le chien). Puis survient la phase asphyxique : l'animal fait des 
efforts respiratoires convulsifs, de plus en plus lents. En même temps 
se manifeste de l'hypersensibilité, — au moindre bruit l'animal entre en 
convulsions. Enfin, la respiration s’arrête, l'animal est en résolution 
complète, le cœur s’arrête et les réflexes disparaissent. La respiration 
artificielle fait réapparaître les battements du cœur. 

A l’autopsie, le poumon est souvent congestionné, ainsi que le foie. 
Chez le chien, la muqueuse du duodénum présente des taches hémor- 
ragiques, la vésicule biliaire est vide et son contenu se trouve partie 
dans l'intestin, partie dans l'estomac. 

La toxicité est beaucoup plus faible lorsque la solution d’extrait est 
ingérée que lorsqu'elle est injectée. 


INGESTION INJECTION 

Survies : Grenouille. . . . . . . . . 48 heures. 15 minutes. 
ROLE EMEA NES RRNAR PRE PA ERA 12 heures. 45 minutes. 

PiSeon ENST REC PEACE > à jours. 1 minute. 


Il semble que l’on doive attribuer la résistance du Pigeon au poison 
ingéré à l’existence d’un gésier. Ajoutons enfin que Maena jusculum 
n'a pas été incommodé par un séjour de six heures dans de l'eau de mer 
contenant 14/1000 de latex. 

En résumé, par la plupart des phénomènes observés dans l’empoi- 


SÉANCE DU 18 FÉVRIER 229 


sonnement aigü par le latex de Broussonetia papyrifera ou son extrait 
adiastasique (paralysie progressive, arrêt précoce de la respiration, per- 
sistance des battements du cœur, augmentation de l'écoulement des 
larmes, de la salive et de l'urine), par la faible toxicité du poison admi- 
nistré par la voie digestive, notre substance doit être considérée comme 
un poison paralysant, peut-être voisin du curare; mais, d’autre part, 
l'apparition de phénomènes convulsifs provoqués par le moindre bruit 
chez l’animal en résolution musculaire, si nets surtout chez le Rat, l’ap- 
parente à la strychnine. 

Il semble qu'il existe, dans le latex de Broussonetia papyrifera, plu- 
sieurs principes toxiques; aussi en poursuivons-nous l'étude chimique 
et physiologique. 

Signalons, pour terminer, que l’intoxication aiguë par le latex de 
Broussonetia ou son extrait présente d’étroites analogies avec celle due 
au poison des flèches de l’Indo-Chine et du Tonkin, étudiée entre autres 
par MM. Chauvet, Boinet et Hédon, poison retiré, d’après ces savants, de 
l’Antiaris toxicaria, plante de la même famille que notre Broussonetia. 


(Travail du laboratoire Marion. 
Directeur, M. le professeur Etienne Jourdan.) 


Le Gérant : OcTAVE PORÉE. 


Paris. — L, MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


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où LES ph RIT: 


SÉANCE DU 


[°° MARS 1913 


SOMMAIRE 


Acnarp (CH.) et Dessous (G.) : 
L'insuffisance glycolytique provo- 
quée par l'extrait dhypophyse et 
paMedénaUume +. 10. +. - 

ARLOING (FERNAND) : Diagnostic 
histologique différentiel des formes 
étiologiques de la diphtérie aviaire. 

ARMAND-DELILLE (P.)et LAuxoY (L.): 
A propos des travaux récents de 
MM. Bernstein et Kaliski et de 
M. Eisenberg sur les hématies for- 
RENÉE ee ER OI ERORR 

BATELLI (F.) et STERN (L.) : Re- 
cherches sur la constitution des 
ERPUOITES SÉRMRRREReE 

BELLOCQ-IRAGUE (Mme) : Distribu- 
tion des vaisseaux artériels dans la 


peau du membre supérieur. Région 


de l’avant-bras et du poignet . . .. 
BoxniER (PIERRE) : La sollicitation 
naso-bulbaire et l’incontinence d’u- 


CARCANAGUE et MaAurEL : Influence 
du saturnisme sur le poids du la- 
DD SR RES ER EE 

Caarter (J.), Nové-JosserAnp (L.)et 


‘BouLus : Sur la sidérose viscérale . 


CHaupy (Cx.) : La dégénérescence 
oviforme des cellules mères du 
testicule et l’origine de certains fila- 
meuts qu'on rencontre dans le cy- 
toplasme des œufs. . . ....... 

Couanvow(J.), Levapnrrr (C.) et Mu- 
TERMILCE (S. ) : Étude de la vie et de 
la croissance des cellules ir vitro 
à l’aide de l’enregistrement cinéma- 
ÉDITER EE 1 es 

Doxox (M.) et SaArvowAT (F.) : Ac- 
tion comparée des divers phosphates 
sur la coagulation du sang . . . .. 

Guyévor (Émice) : Études biologi- 
ques sur une mouche. Drosophila 
ampelophila Lôw. — VII. Le déter- 
Hinismedema ponte. ="... 

LE Note et Tnéry : De l’action du 


467 


458 


bicarbonate de soude à doses 
moyennes sur l'élimination rénale 
PTOVOQUÉC NEC AN NN IEC TEN AS 432 
Levaoirs (C.) et Murermirca (Sr.) : 
Contractilité des fragments de 
cœur d’embryon de poulet in vitro. 462 
LisBonxE (MARCEL) : Une techni- 
que rapide et précise de dosage du 
SUCre danse SANS EU LT 4T4 
Murarp (JEAN) : Sur les résultats 
de la néphrotomie chez le lapin . . 455 
Pezzr (C.) : Le phénomène de 
Ehret et les dimensions du bras- 
sard dans la mesure de la pression 
artérielle chez l'homme... 7. 456 
REBaTTU, BrissauD et Richarp : Mo- 
difications de la formule neutrophile 
sanguine d'Arneth sous l'influence 


ReGaup (CL.) et Pozrcaro (A.) : Sur 
la signification de la rétention du 
chrome par les tissus en technique 
histologique au point de vue des 
lipoïides et des mitochondries. — 


I. Fixation « morphologique » et 

fixation « de substances ». . . . .. 449 
RETTERER (Ep.) et LELIÈVRE (AUG..) : 

Hématopoiïèse dans le thymus. . . . 445 


Rouzau» et CaBanis : Contribution 
à l'étude de la cholestérinémie phy- 
siologique (influence de la marche 
et du sommeil) RME CE RORENR TS 469 
Souca (L.-C.) : Influence de la 
toxine tétanique et de la toxine 
diphtérique sur la protéolyse et 
l’aminogenèse des centres nerveux. 416 


Réunion biologique de St-Pétersbourg. 


BELONOVSKY (G.) et BATCHINSKY 
(P.) : Sur le rôle du compiément 
dans les phénomènes de l’immunité. 484 

Ivaxov (J.) : Action de l'alcool 
sur les spermatozoïdes des mammi- 
fères (Première communication) . . 480 


Biozocie. Comptes RENDUS. — 41913. T. LXXIV. 31 


432 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Ivanov (J.) : Expériences sur la 
fécondation des mammifères avec le 
sperme mélangé d'alcool (Deuxième 
COMMUNICATION)... 

SIEBER-CHOUMOY (Me) : 
tion dissolvante de l’eau oxygénée 
sur les bacilles tuberculeux. . . 


Réunion biologique de Nancy. 


Copur (J.) et Tuiry (G.) : Asper- 
gillus et argent métallique . . . .. 
Durour (M.) : Sur l'emploi des 
lunettes hétérochromes . . . . . . . 
Hans et Jacquor : Phagocytose 
du bacille de Koch dans le liquide 
céphalo-rachidien EEE 
Lasseur (Pr.) : Influence du fer 


482 


| sur la végétation et la coloration 


des cullures de diverses Bactéries. 
Parisor (Jacques) et Marareu (P.): 
Absorption et élimination du sucre 


‘au cours de l’hyperglycémie expé- 


rimentale 

Parisor (Jacques) et Masrareu (P.) : 
Quelques réactions de l'organisme 
dans lhyperglycémie expérimen- 
ER EN PA D de 

SARTORY (A.\ et BAINIER (G.) : Etude 
d'un Champignon nouveau du genre 
Gymnoascus, Gymnoascus confluens 
DONS DONNE Len a be De 0H me 

Terry (G.): L’anguillule stercorale 
Strongyloides stercoralis (Bavay, 
1811), chez les mineurs de fer de la 
LOT ra e VMC REC RMS PEAU RTE 


ce Me Te «Miele de rie etes iia le 


Présidence de M. Hallion, Vice-président. 


DE L'ACTION DU BICARBONATE DE SOUDE A DOSES MOYENNES 


SUR L'ÉLIMINATION RÉNALE PROVOQUÉE, 


par LE Norr et Tuéry. 


496 


Dans une note précédente (1), nous avons montré que le bicar- 
bonate de soude à haute dose (40 à 50 grammes) modifiait profon- 
dément l'élimination du bleu de méthylène. Nous avons recherché si, à 
la dose couramment employée de 5 grammes, le bicarbonate de soude 
avait également une action sur l'élimination du bleu. 

Nos sujets ont été soumis à un régime fixe; nous avons étudié l’'élimi- 
nation de 0 gr. 05 ou de 0 gr. 025 de bleu injecté sous la peau, puis, 
pendant quatre à cinq jours, nous leur avons fait prendre du bicarbo- 
nate de soude, par petites prises. fractionnées dans le courant de la 
journée, à raison de 5 grammes par jour; nous avons éludié à nouveau 


l'élimination du bleu. 


Chez les brightiques, l'élimination est très altérée : l'intensité est 
très diminuée, la durée de l'élimination est augmentée, la marche est 


{4) Comptes rendus. de la Soc. de Biologie, 6 juillet 1912. 


sf Ab LE 


SÉANCE DU À°’ MARS 433 


irrégulière, et polycyclique. Ces modifications sont comparables à 


celles que nous avait données l'emploi de doses massives; elles sont 


toutefois moins intenses. 

Nous avons procédé de même chez des sujets à reins normaux; là 
encore, l'élimination est moins intense, la marche est polycyclique, la 
durée ordinairement prolongée. 

Dans une autre série d'expériences, nous avons donné à nos sujets 
chaque jour, à la même heure, une pilule de 0 gr. 01 de bleu; nous 
sommes arrivés de la sorte à obtenir assez vite dans les urines un 
régime constant d'élimination. Nous recueillons alors les urines à 
deux reprises dans la journée, de 9 heures à 11 heures et de 2 heures 
à 4 heures, plusieurs jours de suite. Puis nous donnons à nos malades 
5 grammes de bicarbonate de soude, et recueillons les urines aux 
mêmes heures. Dès le lendemain, ou le surlendemain, la diminution 
du bleu est nette. 

De même, nous recueillons les urines de vingt-quatre heures, chez 
des malades présentant une élimination de bleu bien équilibrée; sous 
l'influence de 5 grammes de bicarbonate, la diminution du bleu 
apparaît dès le lendemain avec une netteté particulière. 

Tous ces malades avaient un tube digestif parfaitement sain; d’ autre 
part, il est invraisemblable que ces modifications soient dues à l’action 
du bicarbonate sur la muqueuse gastro-intestinale; elles ne peuvent 
être rattachées qu'à l’action du sel alcalin sur l'élimination rénale. 

Bien entendu, nous avons dans chaque cas recherché le leucodérivé. 
C'est sous cette forme que le bleu s’élimine de préférence, ainsi que 
l’ont montré Linossier et Barjon. 

Nous avons répété toutes ces épreuves avec des doses de 2 grammes. 
Nous n'avons obtenu aucun résultat. 

La dose de 5 grammes nous semble donc la dose minima qui, chez le 
rénal, comme chez l’homme sain, entrave l'élimination du bleu de 
méthylène. 


LA SOLLIGITATION NASO-BULBAIRE ET L'INCONTINENCE D'URINE, 


par PIERRE BONNIER. 


Les expériences suivantes montrent avec quelle facilité de minuscules 


_galvano-cautérisations de la muqueuse nasale, appliquées sur la paroi 


externe, un peu au-dessus de la tête du cornet inférieur, peuvent éveil- 
ler ou réveiller l’activité des sphincters vésicaux et supprimer l’'incon- 
tinence d'urine. Deux caulérisations, en moyenne, suffisent. 

M'"- L... —- Vertige épileptique, cacosmie, nausées, ptyalisme, palpi- 


434 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tations, variations thermiques extrêmes, incontinence d'urine diurne et 
nocturne. Chez cette jeune fille de vingt-huit ans, tous ces accidents, me 
dit-on, son! apparus à la suite d’une chute brusque sur Le dos, il y a quatre 
ans. Une cautérisation. Deux jours d'excitation ambulatoire, règles nor- 
males depuis ; l'anxiété, les vertiges, l'agoraphobie el la sialorrhée dispa- 
raissent. Pas de troubles pendant trois mois, puis rechute légère 
enrayée définitivement par une seconde cautérisation (septembre 1908). 

Le petit D... , un an. —Incontinence d'urine chaque nuit, avec érections 
fréquentes, a été opéré d’un phymosis. Les érections disparaissent 
après la seconde cautérisation, l’incontinence met plus longtemps à 
cesser {octobre 1909). 

Le petit André G..…., quatre ans. — Incontinence d'urine depuis la 
naissance et masturbation. Deux cautérisations font disparaître succes- 
sivement l’incontinence et la masturbation. 

M. P.., onze ans. — Incontinence d'urine dans le sommeil, chaque 
nuit, depuis l’enfance. Première cautérisation : quelques nuits sans acci- 
dents, puis rechute; deuxième cautérisation : ces trois derniers mois 
les accidents ont diminué de plus de moitié de leur fréquence (octobre 
1908). 

D. B..…., huit ans et demi. — Incontinence d'urine depuis la nais- 
sance. La première cautérisation supprime l’incontinence pendant deux 
jours, la seconde pendant cinq jours. La troisième la fait totalement et 
définitivement disparaitre. | 

Edm. G..., huit ans. — Incontinence d'urine depuis la naissance, 
Disparue par une seule cautérisation (Polyel. H. de Rothschild). 

A. R..., quatorze ans et demi. — Idiote, gâteuse. L’incontinence d'urine 
et l’incontinence fécale disparaissent en deux cautérisations (Polycl. 
H. de Rothschild.) 

Lucie T..., quaiorze ans. — Incontinence d’urine diurne et nocturne, 
depuis l’âge de deux ans, à la suite d’une scarlatine. La première cauté- 
risation fait disparaître l’incontinence nocturne, la diurne disparait à la 
seconde. Totalement guérie depuis deux ans. (Polyel. H. de Rothschild). 

René L..., quatre ans et demi. — Incontinence d'urine depuis la nais- 
sance. Après la première cautérisation, un accident en 15 jours. Guérison 
définitive après la deuxième (Polycel. H. de Rothschild). 

M. L..., vingt-deux ans. — M'est adressé de Necker par le D' Marion, 
pour une incontinence d'urine nocturne quotidienne, datant de l’en- 
fance et qui l’a fait réformer du service militaire. La première cautéri- 
sation le guérit pendant quinze jours, puis il a une légère rechute et se 
trouve totalement guéri depuis la quatrième cautérisation (Hôtel-Dieu). 

Odette P..., neuf ans. — Incontinence d'urine depuis la naissance, 
mélancolie. Après la première cautérisation, l’enfant est éveillée par le 
besoin. Trois cautérisations la guérissent totalement (Polycl. H. de 
Rothschild). A 


Le cé ot 


SÉANCE DU 1° MARS 435 


Philippe T..., dix ans. — Incontinence d'urine depuis la naissance. 
La première caulérisation donne trois nuits bonnes, la seconde n'est 
suivie que de deux accidents en quinze jours. Guérison après la troi- 
sième (id.). 

Marcel L..., onze ans. — Vomissements et incontinence d’urine depuis 
la naissance. La première cautérisation donne trois nuits bonnes. 
Après la seconde, les vomissements disparaissaient, puis l’incontinence, 
en quelques jours (id.). 


Henri D.….., six ans. — Incontinence d'urine guérie en une cautérisa- 
tion (id.). 
Marie D..., trois ans. — Sa sœur, incontinence d'urine diurne et noc- 


turne, guérie en deux cautérisations. 

Marcel M.…., six ans. — Incontinence d’urine. Mieux après deux cau- 
térisations (id.). 

Jeanne P..., treize ans. — Incontinence d'urine depuis deux ans. Suite 
de scarlatine. Guérie en deux cautérisations (id.). 

Ida L..., huit ans. — Incontinence d'urine diurne et nocturne. [ci 
encore la nocturne estguérie avant la diurne, qui persiste encore quinze 
jours après (id.). 

Six enfants d’un dispensaire, incontinence d’urine quotidienne : 


Anc . Après la {re 1% accidents en 15 jours: après la 2° 0, guéri. 


Abr . —.  — 10 — en 15 — — — pas revu. 

Gui . — — 8 — en 15 — — — - 3 acc., mieux ensuite. 
Klé . — — 8 — en 15 — — — | acc., mieux. 

Gold. — — 1 — en 15 — — — pas revu. 

Sib , — — () — en 15 — — — guéri. 


René V..., cinq ans. — Incontinence d'urine, disparue le lendemain 
(id.). | 

Madeleine L..…., huit ans. — Incontinence d’urine depuis la naissance. 
Après la cautérisation, n’a plus d'accident pendant plusieurs mois, sauf 
quand on change ses draps. Mieux ensuite (id.). 


Victor R..., huit ans. — Incontinence d'urine depuis la naissance. 
Après la cautérisation, reste un mois sans accident. Pas revu ensuite 
(id.). 

M. N..., vingt-trois ans. — À été soigné trois mois au régiment pour 


incontinence nocturne, puis réformé. Ayant eu connaissance de la gué- 
rison d’un des enfants cités plus haut, il vient me trouver, et est guéri 
définitivement le soir même, sans rechute. 

Charles L..., dix ans. — Incontinence diurne et nocturne. A la 
première cautérisation, il urine moins la nuit; à la seconde, la diurne 
disparaît; après la troisième, rechute. Guéri après la quatrième et défi- 
nitivement (id.). 

Pierre L..., dix ans. — Incontinence fécale et urinaire. L'urinaire 


436 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


disparaît à la première cautérisation, la fécale disparait à la troisième 

‘seulement (id.). 
Jules P...,sept ans. — Incontinence d'urine et phymosis. Guéri de l’in- 

continence en une fois, a pu être aussitôt opéré de son phymosis (id.). 


Maurice H..., dix ans et demi. — Incontinence d'urine, guérie en deux 
cautérisations. 
René L..., trois ans. — Incontinence d'urine. Dès la première cautéri- 


sation, s’éveille la nuit pour demander le vase. Guéri à la seconde (id.). 

Le petit R. 1..., sept ans el demi. — Incontinence d'urine depuis la nais- 
sance, quotidienne. L’incontinence disparaît dès la première nuit et défi- 
nitivement (1909). 

Le jeune M..., treize ans et demi. — Incontinence d'urine nocturne, 
céphalée fréquente et mal du chemin de fer. Chorée depuis trois 
semaines. Le père a eu les mêmes troubles dans l’enfance et la mère est 
asthmatique. Tous ces phénomènes disparaissent en quatre cautérisa- 
tions (1909). 

La petite À. N..., neuf ans et demi. — Incontinence d'urine nocturne. 
‘Guérie en trois cautérisations (Hôtel-Dieu, 1910). 

Le jeune André P..., onze ans. — Note remise par la mère : « À com- 
mencé à prendre de mauvaises habitudes vers sept ans. C’est à partir 
de cette époque qu’il a eu de l’incontinence d'urine le jour et la nuit, 
mais par périodes. Il a été opéré d'un phymosis en octobre 1908. Un 
mois après l'opération, l’incontinence a recommencé, mais la nuit seu- 
lement, et toujours par périodes. En 1910, il a été cautérisé à la Poly- 
clinique H. de Rothschild, et depuis cette époque il n’a cessé d’être pro- 
pre et a perdu ses mauvaises habitudes. Le professeur le trouve plus 
éveillé, et il est dans les premiers de sa classe. » (Polycl. H. de Roths- 
child, 4910.) A MpLE 

Le jeune T..…., qualorze ans el demi. — Myxædème, incontinence 
d'urine. Ce trouble disparaît dès le début du traitement, en même temps 
que la bouffissure diminue et que le caractère de l'enfant se modifie. 

Le petit D..., âgé de dix ans, opéré de spina bifida à l’âge de cinq 
mois, par le D' Kirmisson. Cet enfant a de l’incontinence urinaire con- 
tinue, jour et nuit depuis la naissance, et porteun appareil quand ilsort 
avec sa mère pour venir à ma consultation ; il a également de l’inconti- 
nence fécale, avec diarrhée continue, fétide et souvent sanguinolente et 
-membraneuse. IH n'a marché qu'à deux ans et demi. Il se tient d’ailleurs 
et marche assez mal. Depuis (rois ans, il est en outre atteint de chorée. 
Une première cautérisalion reste sans résultat. Dès la seconde, la chorée 
diminue sensiblement ainsi que la diarrhée, el les selles ont tendance à 
se mouler. La fétidité disparaît et l’état général semble meilleur, 
l'enfant se tient mieux sur ses jambes. Après la troisième cautérisation, 
l'enfant se tient mieux, marche mieux, mais il reste de la chorée et les 
urines sont plus abondantes, le matin surtout. Après la quatrième, la 


SÉANCE DU 1° MARS AS 


chorée disparaît, trois semaines après le début du traitement. La 
diarrhée est moindre, l’incontinence urinaire n’est pas modifiée. Je fais 
une cinquième cautérisation, et un mois après, sa mère, qui a élé souf- 
frante, me le ramène complètement guéri de sa chorée, de son inconti- 
nence fécale et urinaire, très transformé, me dit-elle, tant au moral 
qu'au physique (juillet 1909). 

Chez plusieurs ataxiques traités de cette facon, l'incontinence d'urine 
a également disparu après quelques cautérisations nasales. 


RECHERCHES SUR LA CONSTITUTION DES OXYDONES, 


par F. BarTezzr et L. STERN. 


Vernon à étudié récemment l'influence que les anesthésiques exercent 
sur le catalyseur existant dans lestissusanimaux et quiale pouvoir d’accé- 
lérer la formation du bleu d’indophénol par l'oxydation d’un mélange 
de paraphénylènediamine et d'alpha-naphtol. Dans une note précédente, 
nous avons donné à ce catalyseur le nom de phénylènediaminoxydose. 

Vernon a montré que pour les anesthésiques il existe un parallélisme 
étroit entre les concentralions nécessaires pour produire l'anesthésie et 
les concentrations nécessaires pour détruire l'oxydone. En s'appuyant 
sur la théorie bien connue de Meyer-Overton, Vernon arrive à la conclu- 
sion que l'action des catalyseurs qui accélèrent les oxydations dépend 
des lipoïdes, et peut-être des membranes lipoïdes. 

Dans un travail précédent, nous avions montré que la trypsine détruit 
tous les catalyseurs ‘insolubles (oxydones) qui accélèrent les oxydations, 
tandis qu’elle est sans action sur les oxydases. Ce résultat était con- 
traire à l'hypothèse qui attribuait aux lipoïdes un rôle essentiel dans 
les oxydations. Ce rôle actif des lipoïdes étant de nouveau soutenu par 
Vernon, nous avons été amenés à reprendre les recherches de cet auteur, 
et nous avons à notre tour étudié l'influence que les anesthésiques 
exercent sur les oxydones. 


Nous avons pensé que la destruction des oxydones par les anesthésiques 
pouvait être attribuée à une précipitation, ou à une coagulation, ou à une autre 
altération des protéides insolubles contenus dans les tissus. Pour nous 
rendre compte d’une manière satisfaisante de cette action précipitante des 
anesthésiques, nous avons employé l'extrait aqueux de foie, riche en nucléo- 
protéides. Le foie broyé est additionné de trois volumes d’eau. On laisse en 
contact pendantune demi-heure, on décante la partie liquide eton la soumet 
à une centrifugation prolongée. On obtient ainsi un extrait de foie sur lequel 
on fait agir la substance narcotique qu’on veut étudier. Le mélange est agité 
pendant quinze minutes à quinze ou à quarante degrés. On le soumet ensuite 


438 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


à la centrifugation dans des tubes gradués, et on mesure l'épaisseur du 
dépôt formé. : 

Tous les anesthésiques ne se prêtent pas bien à ces recherches. On ne peut 
employer que les anesthésiques qui présentent une solubilité suffisamment 
élevée. Un grand nombre d'anesthésiques peu solubles n’attaquent pas les 
oxydones et ne précipitent pas les CUP OnONE même lorsqu'on les emploie 
en solution saturée. 

Nous avons constaté que tous les anesthésiques suffisamment solubles 
précipitent les substances protéiques de l'extrait de foie. Nous avons exarniné 
les anesthésiques étudiés par Vernon (alcools, acétones, urétones, paraldéhyde, 
éther, phénol, etc.) et quelques autres anesthésiques, tels que choral, 
aniline, pyridine,"antipyrine, etc. 


Lorsqu'on ajoute à l'extrait de foie une solution de plus en plus 
concentrée d’un anesthésique donné, on constate que le dépôt obtenu 
par centrifugation augmente d’abord légèrement. Mais on arrive finale- 
ment à une concentration, qui donne lieu à une augmentation brusque 
et très considérable du précipité. On peut la considérer comme la 
concentration critique. En élevant encore la concentration, le volume du 
dépôt continue à augmenter, mais bientôt il reste constant. On a ainsi 
un second degré dans la concentration de l’anesthésique, produisant 
une précipitation complète des nucléoprotéides contenus dans l'extrait. 
À ce moment, le liquide obtenu par centrifugation est généralement 
transparent, et l'acide acétique dilué n’y produit plus de précipité. 

Or, nous'avons constaté que la concentration {critique coïncide avec 
l'apparition d’un affaiblissement bien net (15 à 20 p. 100) dans l’activité 
de l’oxydone. En second lieu, la destruction de l’oxydone est produite 
à peu près par la même concentration qui provoque la précipitation 
complète des nucléoprotéides dans l'extrait de foie. 

À ces concentrations, les anesthésiques produisent aussi un change- 
ment dans l'aspect des tissus, qui deviennent plus compacts, moins 
turgescents. Mais l'intensité de ces transformations dans les tissus est 
plus difficile à déterminer, d’une manière exacte, que le volume du pré- 
cipité. ; 

Comme type des oxydones, nous avons surtout employé la succinicoxydone 
des muscles rouges qui se prête le mieux dans ces expériences. Trente 
grammes de muscle broyé de bœuf, de cheval, etc., sont additionnés de trois 
volumes d’une solution aqueuse de l’anesthésique qu'on examine. On agite 
pendant quinze minutes à 15 ou à 40 degrés. On lave ensuite le muscle deux 
ou trois fois, on exprime à travers un linge et on ajoute au résidu 80 c.c. 
d’eau et 2 grammes de succinate de soude. Le Done placé dans une 
atmosphère d'oxygène, est agité énergiquement à 40 degrés pendant une 
demi-heure. On mesure la quantité d’O absorbé en comparant avec un. 
témoin. 


D'après les résultats de ces expériences, nous croyons pouvoir 


DH RUN MR A EP PRE NS a Es AU à 


SÉANCE DU 1° MARS 439 


conclure que les anesthésiques détruisent les oxydones en produisant 
un changement dans l’état des protéides insolubles des tissus, consis- 
tantprobablement dans une coagulation irréversible. Rien ne justifie 
l'hypothèse que la destruction des oxydones soit due à une action des 
anesthésiques sur les lipoïdes. 

Nous avons déjà dit que la trypsine détruit les oxydones. Si on 
rapproche ce résultat du fait que les anesthésiques détruisent les 
oxydones aux concentrations où ils précipitent les nucléoprotéides, on 
est conduit à admettre que les oxydones seront constitués par des pro- 
téides insolubles spécifiques des tissus, ou qu'ils sont en relation étroite 
avec les protéides. 


(Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Genève.) 


DISTRIBUTION DES VAISSEAUX ARTÉRIELS DANS LA PEAU DU MEMBRE SUPÉRIEUR. 
RÉGION DE L'AVANT-BRAS ET DU POIGNET. 


Note de M"° BELLOGO-[RAGUE. 

Région de l'uvant-bras. — La région de l’avant-bras, richement vas- 
cularisée, présente des artères cutanées très nombreuses ettrès rappro- 
chées présidant chacune à l'irrigation d’une aire peu étendue. Ces aires 
présentent une branche principale avec toute une série de collatérales 
finement ramifiées, et ces ramifications s’anastomosent entre elles en 
formant deux réseaux, l’un profond, l’autre superficiel. Cette disposi- 
tion, que l’on voit aussi bien à la face antérieure qu'à la face postérieure 
de la région, assure à chaque district artériel une vascularisation 
abondante. 

_ Les territoires artériels de la face postérieure sont nettement plus 
petits et plus rapprochés les uns des autres que ceux de la face anté- 
rieure. [ls ne sont pas indépendants, mais anastomosés, et d'une facon 
irrégulière. Il n’y a pas, comme dans le type général, un large réseau à 
mailles polygonales. Les anastomoses se font par de petites branches, 
parfois assez nombreuses, qui unissent entre eux les districts voisins, 
soit dans la zone des rameaux terminaux, soit au niveau de branches 
_collatérales. 

Les vaisseaux principaux ont une direction généralement parallèle à 
LPaxe du membre; les collatérales, elles, ont une disposition irrégulière. 

Chez le nouveau-né, où la finesse des artérioles ne donne pas partout 
passage à la substance injectée, les divers territoires cutanés paraissent 
nettement indépendants. 

Région du poignet. — La disposition décrite pour l’avant-bras se 


440 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


retrouve au niveau du poignet, mais là, les aires vasculaires nombreuses 
et rapprochées sont en beaucoup de points indépendantes. 11 n'y a plus 
de grand réseau anastomotique et les fins réseaux superficiels n'éta- 
blissent des anastomoses qu'entre les branches du même district. 

Il y a des zones qui, sur nos pièces radiographiques, paraïssent com- 
plètement avasculaires, ce qui indique qu'il n'y a en ces points que de 
minuscules vaisseaux. 


(Laboratoire de M. le professeur Dieulafé.) 


SUR LA SIDÉROSE VISCÉRALE. 


Note de J. CHALIER, L. NovÉ-JosSERAND et BouLuD, 
présentée par E. GLEY. 
” Nos recherches sur la sidérose viscérale ont été entreprises dans la 
clinique du professeur G. Roque et sous sa direction. 

La sidérose viscérale consiste en un dépôt dans les organes d'un 
pigment ferrugineux pathologique, de teinte ocre, se colorant en bleu 
par la méthode de Perls. ELLE 

I. — Nous l'avons recherchée dans différentes maladies : 

1° Dans les cardiopathies et les affections rénales, nous avons noté 
l'absence de sidérose dans Le foie, même quand il présente un certain 
degré de sclérose; et la rate, elle aussi, est habituellement indemne de 
pigment. 

2° Dans les anémies pernicieuses, la sidérose se montra constante et 
importante dans la rate et dans le foie, minime dans la moelle osseuse, 
moindre encore dans le rein, nulle dans les autres organes (pancréas, 
corps thyroïde, myocarde et surrénale). 

8° Dans deux cas de pneumopathies mortelles non tuberculeuses, et sans 
lésions hépatiques, la sidérose existait dans la rate et le foie; elle 
manquait dans le pancréas. 

4° Chez les tuberculeux pulmonaires ulcéro-caséeux en évolution, la 
sidérose prédomine très nettement dans la rate, et y est constante. Elle 
est extrêmement faible ou même absente dans le foie, bien que cet 
organe soit parfois aussi lésé que dans nos cas de cirrhose. 

5° Dans les cirrhoses du foie typiques, sans association de tuberculose 
en évolution, avec ou sans diabète, la sidérose existe en abondance dans 
larate, mais c'est dans le foie qu’elle prédomine en général. Nous devons 
même dire que nous avons rencontré des cirrhoses typiques du foie où 
la rate présentait autant et parfois un peu plus de sidérose que le foie. 


sie chi 


SÉANCE DU 1°’ MARS AAA 


Dans un cas particulier, le paneréas et le corps thyroïde étaient hyper- 
pigmentés, ce qui ne s'était pas rencontré dans les autres cirrhoses. 


IE. — De ces constatations se dégagent les faits suivants : 

1° Quand il y a sidérose viscérale, il y a toujours sidérose splénique, et 
souvent, comme chez les tuberculeux, celte sidérose splénique est exclusive ; 

2° Quand il y a sidérose polyviscérale : a) le foie est toujours, avec la 
rate, le siège des dépôts pigmentaires ferrugineux. Quelquefois même, 
en particulier chez des cirrhotiques, cette sidérose hépatique est plus 
intense que la sidérose splénique ; 

b) Plus rarement, d’autres viscères, comme le pancréas, le corps 
thyroïde, les ganglions sont aussi pigmentés, mais d'ordinaire moins 
intensément. Il est exceptionnel que la surcharge sidérosique, thyroï- 
dienne ou paneréatique passe au premier plan ; 

c) Le rein reste absolument indemne, ce qui est la règle, ce n’est 
qu'exceptionnellement qu'il présente des traces de sidérose ; 

3° En ce qui concerne le foie, ce n’est pas son état anatomique qui 
règle Pabondance des dépôts pigmentaires de cet organe. Car s’il est 
vrai qu'ils soient très abondants dans les cirrhoses typiques, nous 
avons vu : 

a) Qu'il existe des foies ou simplement scléreux, ou même cirrhotiques, 
chez des tuberculeux, des brightiques ou d’autres malades, sans sidérose 
hépatique ; 1 

b) Qu'il existe des foies, comme ceux des anémies pernicieuses, où le 
parenchyme ne présente pas de lésions dégénératives, ni scléreuses, tout 


- en étant fortement sidérosique; 


c) Qu'il peut exister enfin de la sidérose dans des cellules hépatiques 
en état de dégénérescence graisseuse et dans des foies complètement 
gras, contrairement aux opinions généralement admises à ce sujet. 


DIAGNOSTIC HISTOLOGIQUE DIFFÉRENTIEL DES FORMES ÉTIOLOGIQUES 
DE LA DIPHTÉRIE AVIAIRE. 


Note de FERNAND ARLOING, présentée par Louis MARTIN. 


Les maladies à fausses membranes des oiseaux décrites sous le nom 
d'ensemble de diphtérie aviaire forment en réalité un groupe très com- 
plexe au point de vue étiologique. 

La bactériologie a permis de distinguer : {° la dipthérie aviaire vraie 
d’origine lôfflérienne, et 2° les affections pseudo-diphtériques, non lüf- 
flériennes, des oiseaux, les plus nombreuses, analogues aux angines 
blanches non diphtériques de l'homme. De par la bactériologie, il n'y a 


449 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


donc pas unicité complète entre la diphtérie humaine et la diphtérie 
aviaire. 

D'autre part, au point de vue pratique, nous ajouterons qu'il résulte 
des observations cliniques et bactériologiques que toutes les modalités 
de la maladie pseudo-membraneuse des oiseaux, quelle que soit leur 
essence, peuvent, dans certaines conditions, se propager à l’homme. 

Toutefois, dans le problème que nous venons de résumer, bien des 
points restent encore obscurs. Aussi nous sommes-nous efforcés d'y 
apporter quelques précisions nouvelles par l'étude anatomo-patholo- 
gique comparative : 1° des exsudats pseudo-membraneux lüfflériens, et 
2° des exsudats de nature microbienne différente des oiseaux et de l'homme. 

Cette comparaison nous a paru intéressante et fructueuse. 

Nous devons rappeler d’abord que macroscopiquement la fausse 
membrane diphtérique vraie recueillie chez l’homme au cours d’une 
angine lôfflérienne est généralement opaque, gris-blanchâtre, légère- 
ment enchâssée, assez adhérente, d'odeur non putr'de en l'absence 
d'infections secondaires, ne se désagrégeant pas dans l’eau. 

Histologiquement, elle est caractérisée par l’abondance de l’exsudat 
fibrineux disposé en un réseau lamelleux, fibrillaire, contenant dans ses 
mailles des bacilles, des cellules épithéliales, des leucocytes diapédésés 
provenant de la muqueuse sous-jacente congestionnée. 

Le réseau fibrineux, substratum essentiel et caractéristique de la 
fausse membrane de nature diphtérique de l'homme, se retrouve aussi 
chez les animaux. 

N'ayant pas eu l’occasion de rencontrer encore des cas de diphtérie 
aviaire spontanée à bacilles de Klebs-Lüffler, nous devons nous borner 
à constater que le même substratum fibrineux caractéristique existe 
dans les fausses membranes expérimentales obtenues chez les mammi- 
fères ou les oiseaux avec le bacille de Lüffler. ; 

Suivant l'espèce animale à laquelle on s’est adressé (lapin, Roger et 
Bayeux, Henke ; pigeon, poule, Henke, Babès et Puscarin, etc.), on note 
seulement quelques différences dans l'intensité de la réaction fibrineuse 
qui est pourtant toujours présente et indiscutable. 

Quoi qu'il en soit, si l'on compare les fausses membranes humaines 
ou animales dues au bacille de Lôüffler, il est donc à remarquer que l’on 
trouve une formule histo-chimique (réaction fibrineuse) identique et 
constante. 

Nous allons montrer maintenant que l'anatomie pathologique fournit 
un critérium permettant de différencier chez les oiseaux la diphtérie 
vraie à bacilles de Lôffler, des affections diphtéroïdes poly-micro- 
biennes. 


Au lieu de former une vraie membrane, les exsudats rencontrés dans la 
plupart des cas de diphtérie aviaire chez le pigeon et la poule sont macrosco- 


SÉANCE DU 1°" MARS 443 


piquement analogues à un caséum friable, jaune-verdâtre, peu adhérent, 
d’odeur fétide, se dissociant dans l’eau. 

L'épreuve de l’eau fait pressentir la différence, histologiquement évidente. 
Là, pas de réseau fibrineux, mais des éléments atteints de nécrose de coagu- 
lation, constituant l’exsudat qui est envahi par d'innombrables leucocytes et 
contient des vestiges de l’épithélium pharyngé ; c’est là une lésion d’une 


- formule histologique entièrement différente et où jamais on ne colore le 


bacille diphtérique, mais bien d’autres microbes. 

Expérimentalement, nous avons pu reproduire chez la poule des lésions 
analogues en partant de produits diphtériques aviaires ou de cultures, et cli- 
niquement nous avons montré chez deux malades (une fermière et sa fille) 
contaminées par des poules diphtériques l'identité structurale, non fibri- 
veuse, et bactériologique des exsudats de l’homme et de l'oiseau. 

Les faits sur lesquels nous insistons se trouvent confirmés par des remar- 
ques de MM. Bordet et Fally, Ball et Roquet, Hausser, qui ont vu les lésions 
aviaires présenter des stratifications de cellules nécrosées sans réaction fibri- 
neuse inter-cellulaire. 

Il nous semble donc que l'absence ou la présence du substratum fibrineux 
dans la fausse membrane doit aider, en ce qui concerne la diphtérie aviaire, 
à dire si elle est due au bacille de Lôffler ou à d’autres microbes. 


Bien que très incomplets encore et soumis à révision, ces premiers 
résultats nous ont convaincus que l’histologie pouvait venir en aide à la 
bactériologie, renforcer ses conclusions et mettre en évidence deux 
variétés très distinctes de diphtérie des oiseaux : 1° la vraie diphtérie à 
bacilles de Lüffler avec sa fausse membrane fibrineuse, et 2% la pseudo- 
diphtérie non lüfflérienne, à microbes variés, avec ses lésions exsudalives 
nécrotiques, lésions de gangrène diphtéroïide, sans réaction fibrineuse. 


ÉTUDES BIOLOGIQUES SUR UNE MOucHe, Drosophila ampelophila Lüw. 
VII. — LE DÉTERMINISME DE LA PONTE, 


par Émize GUYÉNOT. 


La ponte, c’est-à-dire l'expulsion des œufs mûrs, dépend nécessaire- 
ment, quant à son début et à sa fréquence, de l'époque d'apparition de 
la maturilé génitale et de l'intensité de l’ovogenèse; par suite, la ponte 
dépend des conditions de nutrition qui, ainsi que je l’ai montré, reten- 
tissent sur la précocité et l'intensité de la formation des œufs. 

L’expulsion des œufs n’est pas, cependant, le corollaire nécessaire de 
leur formation. Il suffit, pour s’en convaincre, de comparer comment 
les choses se passent suivant qu'il s’agit de mouches femelles vierges 
ou de femelles s'étant accouplées. 


444 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ExPÉRIENCE. — Quarante Dr. ampelophila, femelles, aseptiques, sœurs, nées 
sur un même milieu nutritif, sont isolées dès l’éclosion et réparties dans 
autant de tubes : 20 sur milieu nutritif riche (levure), 20 sur milieu pauvre 
(pomme de terre). Dans chaque série, 10 sont laissées isolées et, par suite, 
restent vierges; 10 sont accouplées avec un mâle âgé de 1 à 2 jours. 


A. — Femelles accouplées sur levure. Chez les 10 femelles, la ponte 
commence aussitôt après l’accouplement, 24 à 36 heures après l'éclosion. 
La ponte continue régulièrement, à raison de 20 à 25 œufs par jour. 

B. — femelles vierges sur levure. Sur les 10 femelles, 2 meurent au 
bout de 8 jours et 1 est fixée au bout de 12 jours, sans avoir pondu; 
leurs abdomens étaient devenus énormes. 5 autres femelles ne com- 
mencent à pondre qu’au bout de 3, 4, 7, 10 et 13 jours. La ponte, 
d'abord peu abondante, se fait par de véritables décharges d'œufs, 
séparées par des périodes d'arrêt. Peu à peu, cependant, la ponte 
devient régulière et finit par s'effectuer avec une intensité très voisine 
de celle des témoins fécondés. 


CONTRE-ÉPREUVE. — Deux femelles vierges, après être restées 5 jours sans 
pondre, sont accouplées. Aussitôt, mnoins d’une heure après l’accouplement, se 
produit une décharge d'œufs, la plupart non fécondés, suivis d'œufs fécondés 
donnant des larves. | 


C. — femelles accouplées sur pomme de lerre. Comme en A, la ponte 
commence quelques heures après l’accouplement, 24 à 48 heures après 
l’éclosion. Par suite de l’insuffisante nutrition, le nombre des œufs 
pondus par 24 heures est d'emblée moins considérable et va en dimi- 
nuant rapidement. | 

D. — femelles vierges, sur pomme de terre. La ponte commence une 
fois le 6° jour, sept fois entre le 11° et le 14° jour, une fois le 20° jour; 
enfin, une femelle meurt le 26° jour, sans avoir pondu. La ponte débute 
généralement par 1 ou 2 œufs, puis, après un temps d'arrêt, se produit 
une décharge de 5 à 15 œufs. La ponte continue très réduite (25 œufs 
au bout de 25 jours, dans le cas le plus favorable). 

Ces expériences montrent : 1° que dans les conditions habituelles, 
la ponte est provoquée par l’accouplement : sous l'influence de ce déter- 
minsme précis, la ponte commence régulièrement entre la 24° et la 
48° heure après l’éclosion; son intensité, dans la suite, dépend de la 
nutrition de l’adulte; 2° que les femelles vierges ne commencent à 
pondre qu'après un retard considérable, mais très variable d’une 
femelle à l’autre. La ponte se produit sous forme de décharges, causées 
par la surabondance des œufs formés. Elle apparaît plus ou moins 
rapidement, suivant que la femelle est plus ou moins bien nourrie. Dans: 
le cas des femelles vierges, il n'y a plus de déterminisme précis, l’appa- 
rition de la ponte dépendant de conditions de nutrition plus ou moins 


SÉANCE DU 1° MARS 445 


intense, réalisées par hasard {1); aussi observe-t-on de grandes diffé- 
rences individuelles. 

L'accouplement intervient peut-être en partie comme un stimulant méca- 
nique, car les premiers œufs pondus ne sont souvent pas fécondés. La pré- 
sence des spermatozoïdes dans le réceptacle séminal de la femelle paraît 
cependant constituer la condition principale. Lorsque, en effet, la provision de 
spermatozoïdes d’une femelle est épuisée, par utilisation ou résorption, la 
ponte cesse brusquement, quitte à reprendre, au bout d’un temps parfois 
très long, constituée, dès lors, par des œufs vierges, si un nouvel accouple- 
ment n'intervient pas. 


Dans le déterminisme de la ponte, à côté d'actions à longue échéance, 
telles que celles qui résultent des conditions de nutrition, il faut donc 
faire intervenir certains facteurs, qui agissent d’une facon très rapide, 
soit én provoquant la ponte, vraisemblablement par un mécanisme 
réflexe, soit en inhibant l'expulsion des œufs. 

Ces actions inhibitrices s’observent très fréquemment, par exemple 
lorsque des femelles pondeuses passent du milieu levure sur les milieux 
pomme de terre, carotte ou eau, ou lorsqu'on change brusquement la 
tempéralure. La ponte s'arrête immédiatement et parfois d'une façon 
définitive; des femelles meurent alors avec des abdomens énormes, 
dilatés par les œufs retenus. Dans ces différents cas, la rétention 
s'exerce parfois vis-à-vis d'œufs déjà fécondés. Ceux-ci continuent 
à se développer et les mouches pondent les larves qui en proviennent. 
Il peut y avoir ainsi production d'une viviparilé accidentelle. 

Les différentes conditions qui peuvent empêcher (2) ou retarder l’ac- 
couplement retentissent nettement sur l'apparition de la ponte. C'est 
là encore une raison de variation dans la fécondité des Drosophiles. 


(Laboratoire d'Evolution des Etres organisés.) 


HÉMATOPOIÈSE DANS LE THYMUS, 


par Ép. RETTERER et AUG. LELIÈVRE. 


Plusieurs histologistes ont signalé dans le thymus des cellules 
nucléées à corps cellulaire hémoglobique et lui ont attribué des fonc- 


(1) Par exemple, suivant que le géotropisme négatif des mouches est plus 
où moins accentué (et il dépend d’une foule de conditions), les femelles se 
tiennent ou non sur le milieu nutritif, par suite se nourrissent plus ou mcins. 

(2) Par exemple, les mâles dont les aïles sont collées (condition très fré- 
quente dans les élevages non aseptiques) ne sont généralement pas capables 
de s’accoupler. 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


= 
dès 
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tions hématiformatives, landis que d’autres y voient un organe hémo- 
lytique. 


Objet d'étude et technique. — L'objet d’études le plus favorable est le 
thymus de veaux âgés de quelques semaines et de plusieurs mois. Fixés frais 
dans le liquide de Zenker, les fragments sont débités en coupes sériées de 
7 à 10 & et colorés d’après la méthode que l’un de nous a employée dès 1904 
pour l'étude de l'hématopoïèse. 

Exposé des faits. — La substance corticale ou cortex des lobules acquiert sur 
les veaux un réticulum des plus déliés que l'hématoxyline seule colore en 
violet ou en noir, mais qui sous l'influence de l’éosine orange aurantia se 
surcolore en rouge ou en jaune. Les filaments du réticulum se détachent de 
la mince bordure cytoplasmique entourant certains noyaux arrondis d’un 
diamètre de 3 à 5 u. La plupart des noyaux avec leur faible corps cellulaire 
(de 1 u) semblent libres ou figurent des lymphocytes. Parmi ces lymphocytes, 
on en distingue des variétés nombreuses : les uns montrent des granulations 
hématoxylinophiles situées aux points nodaux du réticulum. D’autres ne 
possèdent plus que des granulations hématoxylinophiles au milieu d’une 
masse nucléaire granuleuse teintée par l'éosine; d’autres encore prennent 
une coloration rouge orange; d’autres enfin se colorent en orange aussi 
intense et aussi homogène que les hématies contenues dans l'intérieur des 
vaisseaux sanguins. 

Outre ces éléments, on observe, surtout du côté de la substance médullaire, 
des cellules nucléées de 7 à 19 y, la plupart isolées et rappelant à tous égards 
la cellule de Neumann : corps cellulaire à contour plus ou moins net, coloré 
en rouge orangé ou en orange, avec un petit noyau pycnotique de 2 à 3 u, 
dont la situation est parfois centrale, le plus souvent excentrique. 

La substance, ou centre médullaire est formée, de cellules anastomotiques, 
c'est-à-dire de cellules dont le cytoplasma teint par l’éosine et l'orange est 
bien développé et se continue avec celui des cellules voisines. Les lympho- 
cytés et les formes intermédiaires entre les lymphocytes et les hématies s'y 
rencontrent également, mais moins nombreux. Les cellules de Neumann y 
existent ; de plus,on y voit de volumineux corpuscules de Hassall. 

En résumé, le thymus du veau est, dans son corlex, essentiellement 
composé de lymphocytes dont les uns sont encore réunis les uns aux autres 
par de fins filaments cytoplasmiques, tandis que les autres sont libres. De 
ces lymphocytes les uns sont basophiles, les autres sont éosinophiles avec 
quelques grains épars, hématoxylinophiles ; d’autres encore sont à la fois 
éosinophiles et orangeophiles; d’autres enfin se colorent comme les hématies 
intravasculaires. Le nombre des cellules de Neumann est insignifiant com- 
parativement à celui des lymphocytes. 


Résultats et critique. — Il est fort malaisé de comparer nos résullats 
à ceux de nos devanciers. Les raisons en sont multiples : de prime 
abord l'étude du sang est facile, car elle ne semble pas exiger de notions 
approfondies ni de cytologie ni d'évolution protoplasmique. Nombreux 
sont-ceux qui s'y livrent et qui, en vrais dilettanti, découvrent des brou- 
tilles descriptives que chacun baptise d’un nom différent, habituelle- 


SÉANCE DU 1°" MARS 417 


ment liré du grec. C'est là ce qui a amené une nomenctature aussi pit- 
toresque qu'embrouillée et irrationnelle. Ne tardant pas à ne plus s’en- 
_ tendre, ils finissent par s’accuser réciproquement d’incompétence. Pour 
éviter cet embrouillamini nous n’emploierons que des expressions sim- 
ples et claires, en rapport avec la nature réelle des éléments. 

La jeune hématie est sphérique ; la forme discoïdale appartient à l’hé- 
matie vieille ou altérée. L’hématie du bœuf a un diamètre de 3à 4, 
tandis que la cellule hémoglobique et nucléée mesure 7 à 10 p. 

Sur les veaux, âgés d’une ou quelques semaines, le cortex se compose 
encore d’un réseau de cellules épithéliales formant un syncytium. En 
certains points seulement le corps cellulaire à disparu par fonte, et 
il ne reste qu'un noyau lymphocytaire avec une mince bordure proto- 
plasmique d’où partent des filaments fort déliés. On observe cependant 
au milieu de ces lymphocytes des cellules à noyau pycnotique et leplus 
souvent excentrique dont le corps cellulaire se colore, comme l’hématie 
adulte, par l’éosine-orange ; c'est là une cellule hémoglobique nucléée. Le 
sort de cet élément est de disparaitre par résorption comme la sub- 
stance cytoplasmique du centre médullaire. Parce que les hématies 
anucléées succèdent, lors de l’évolution du mammifère, aux hématies 
nucléées, on admet qu’il y a filiation entre ces deux éléments. Cette 
conclusion ne repose que sur une comparaison; jamais l’observation 
directe n’a permis d'assister à la transformation d'une cellule de Neu- 
mann en une hématie anucléée. 

Nous sommes à cet égard d'accord avec la plupart des auteurs qui 
font provenir l'hématie anucléée d’un élément à gros noyau et à corps 
cellulaire de un x, c'est-à-dire d’une forme lymphocytaire. Il est vrai 
que ceux-ci décrivent, comme l’une des premières modifications de cet 
érythroblaste, l'évanouissement du noyau, tandis que, pour nous, c'est le 
noyau qui se transforme en hématie anucléée. Pour quelques hématolo- 
gistes, l’'hémoglobine serait une élaboration des granula (mitochondries, 
chondriosomes, plastosomes ou plastocontes) du cytoplasma.lls oublient 
(Meves et Schridde, par exemple) de nous renseigner sur le mode de dis- 
parilion du noyau et sur la façon dont les granula ou les fila viennent 
occuper la place du noyau qui devient invisible. 

Sur les veaux àgés de plusieurs mois la plus grande partie du cortex 
s'est transformée en lymphocytes dont les uns sont encore reliés 
aux autres par du cytoplasma, tandis que les autres sont libres. Ce 
n'est qu’à la limite du cortex et du centre médullaire ou dans ce der- 
nier qu'on rencontre des cellules hémoglobiques nucléées. Or, c’est 
dans le cortex qu'on observe le développement des hémalies anucléées. 
En effet, à côté des lymphocytes à corps cellulaire de 1 y, réunis encore 
en syncytium ou libres et atteignant un diamètre de 3 à 4 , on voit 
des lymphocytes de même forme et de même taille dont le noyau 
offre des réactions microchimiques tout autres : les uns possèdent un 

BioLocie, Comptes RENDUS. — 1913. T, LXXIV. 32 


148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


réticulum et des granules chromatiques, uniquement hématox ylino- 
philes; les autres n’en présentent plus que de fort rares et commencent 
à se teindre par l’éosine et l'orange, d’autres enfin ne prennent plus 
l'hématoxyline et leur substance se colore comme les hématies conte- 
nues dans les vaisseaux sanguins. Ces réactions microchimiques jointes 
à la structure des éléments qui forment le cortex du thymus légitiment 


la conclusion suivante : les hémalies anucléées des mammifères se déve- 


loppent dans le thymus aux dépens des lymphocytes thymiques. 

En suivant d'autre part l’évolution du thymus, on voit que l’épithé- 
lium originel y donne naissance au tissu réliculé comme le tissu méso- 
dermique du ganglion lymphatique produit le tissu adénoïde de ce der- 
nier : par fonte du cytoplasma commun ou syncytium originel. Dans les 
deux espèces d'organes, les lymphocytes qui se développent ainsi sont 
d’abord hématoxylinophiles, puis éosinophiles et finissent par devenir 
orangeophiles en prenant tous les caractères de forme et toutesles réac- 
tions microchimiques des hématies anucléées. Si dans le thymus nous 
ne pouvons sérier ces diverses formes que par la pensée, il est facile de 
donner, en ce qui concerne le ganglion lymphatique, la preuve expéri- 
mentale de celte transformation du noyau du lymphocyte en hématie 
anucléée. Il suffit (41) de lier, sur l'animal vivant, le vaisseau efférent 
du ganglion, et, d'étudier d'heure en heure, de jour en jour, l’évolution 
des lymphocytes qui s'accumulent en amont de la ligature. À mesure 
que le lymphocyte séjourne dans la lymphe, à mesure qu'il mürit, sa 
substance nucléaire subit la transformation hémoglobique : le lym- 
phocyte devient hématie nucléée. Nous rappelons que Forgeot (1906) a 
confirmé par une autre méthode nos résultats; d'autre part, Rudzicka 
(4907) (2) a montré, par voie chimique, que la substance de l’hématie 
anucléée présente les réactions de la nucléine. FE? 

En tenant compte de phénomènes qui sont identiques dans les 
ganglions lymphatiques et le thymus, nous dirons : des lymphocytes du 
thymus naissent, par dégénérescence hémoglobique du noyau, les hématies 
anucléées. Que les lymphocytes descendent des cellules épithéliales ou 
mésodermiques, l’évolution ultérieure de leurs noyaux est la même, 
car ils se transforment en hématies anucléées. 


(1) a) Hémaloxyline (jusqu’à coloration des éléments chromatiques en violet 
foncé); b) vingt-quatre heures dans la solution éosine-orange-aurantia; c)plu- 
sieurs heures dans une solution d'orange (moitié eau, moitié alcool); d) déshy- 
dratation rapide et montage dans le baume du Canada. 

. (2) Voir Journal de l'Anatomie, 1901, p. 501, et Ibid., 1907, p. 87. 


Viet 


SÉANCE DU 1°" MARS 419 


SUR LA SIGNIFICATION DE LA RÉTENTION DU CHROME PAR LES TISSUS EN 
TECHNIQUE HISTOLOGIQUE, AU POINT DE VUE DES LIPOIDES ET DES 
MITOCHONDRIES. 

I. — FIXATION « MORPHOLOGIQUE » ET FIXATION (DE SUBSTANCES », 


par CL. REecauD et A. PoLicaRD. 


Sous le nom de « fixations » et de « fixateurs », on désigne communément 
en histologie les opérations et les agents au moyen desquels on conserve aux 
éléments anatomiques les rapports, la forme, la structure qu'ils ont pendant 
la vie, tout en leur donnant une « consistance » suffisante pour supporter 
avec le moins possible de dommages morphologiques les manipulations qu'on 
est ensuite obligé de leur faire subir. 

Cependant, en outre de ce point de vue très important, il en est un autre. 
Les éléments anatomiques contiennent une foule de substances chimiques, 
connues ou inconnues, figurées sous une forme ou une structure déterminées 
ou bien amorphes, localisées ou diffuses. Les fixateurs usuels conservent en 
les insolubilisant certaines de ces substances ; ils ne conservent pas certaines 
autres : celles-ci disparaissent pendant la série des traitements qui suivent la 
fixation. Par exemple, nous sommes habitués à voir conservées sous des 
formes et des structures connues la chromatine et la masse d’albumine 
complexe qui forme le protoplasma, tandis que les graisses disparaissent 
après la plupart des traitements ; nous savons, par contre, qu'on peut immo- 
biliser une partie de ces graisses par l’acide osmique. On sait que le glycogène 
est conservé dans une pièce fixée par l'alcool anhydre, tandis qu'il est dissous 
dans une pièce {raitée par une solution aqueuse, etc. Pour obvier à l’incon- 
vénient de la dissolution des graisses et des lipoides, beaucoup d'auteurs, 
depuis Altmann (1890), ontrecommandé de traiter les pièces par des procédés 
d’où les solvants nuisibles sont plus ou moins exclus, Bref, à côté de la « fixa- 
tion morphologique » habituellement considérée, il y à une « fixation de 
substances » (1), à laquelle on tend consciemment ou non à attribuer en 
microtechnique une importance de plus en plus grande. 

Pour certains cytologistes (et tel est notre avis), la mise en évidence des 
détails de structure intra-cellulaires par des colorations électives a cessé 
d’être une question purement empirique, naguère à peine susceptible d’un 
déterminisme scientifique supérieur à celui de l’art culinaire; elle comporte 
maintenant des procédés pour lesquels on peut légitimement ambitionner le 
qualificatif de « microchimiques ». 


* La microtechnique des lipoïdes et des mitochondries à bénéficié, dans 
ces dernières années, de tentatives de « fixation de substances ». L'un 
de nous (2), après avoir trouvé par hasard pour ces enclaves ou ces 


(1) Sous ce terme de «fixation de substances », nous désignons un ensemble 
de phénomènes physico-chimiques, dans le mécanisme desquels nous ne 
voulons pas entrer. 

(2) CL. Regaud, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 14 novembre 1908. — 
CI. Regaud, Arch. d'Anat. Microscopique, t. XI, p. 291-298, 302. 


450 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


organites du protoplasma des moyens de coloration nouveaux, s’est 
attaché à démontrer que les seuls caractères des procédés qui servent à 
les mettre en évidence tiennent aux fixations et nullement aux colora- 
tions employées; c’est-à-dire que, si les éléments en question sont 
conservés par la fixation (seule ou suivie d’un mordancage approprié), 
le choix des colorants importe assez peu, tandis qu'il est impossible de 
les colorer électivement s'ils n’ont pas été au préalable « substantielle- 
ment » fixés, fussent-ils morphologiquement conservés. 

Au même ordre de recherches appartiennent les faits très intéressants 
publiés par MM. Mayer, Schæffer, Fauré-Fremiet et Rathery (1). 

Les faits que nous apportons maintenant ont le point de départ 
suivant. On sait que la fixation des pièces par certaines solutions 
contenant du chrome ou leur mordançage chromique ullérieur favori- 
sent la coloration des lipoïdes et des mitochondries. Par exemple, tandis 
que les mitochondries se colorent mal ou pas du tout après fixation au 

formol et traitement ultérieur par l’alcool, elles se colorent bi-n si on 
intercale un mordançage chromique entre ces deux opérations. Or, l’une 
des hypothèses susceptibles d'expliquer ce fait consiste à admettre que 
le mordancçage détermine la fixation du chrome sur un des constituants 
des mitochondries, insolubilise celte substance et permet la coloration 
des organites en question. En montrant que certains fixateurs contenant 
du chrome insolubilisent une partie des lipoides des tissus, MM. Mayer, 
Schæffer et Rathery apportentun fait favorable à l'hypothèse précédente. 

Nous avions, de notre côté, entrepris depuis plusieurs mois des 
recherches destinées à renseigner sur la quantité de chrome fixée par 
divers tissus et sur l'aptitude des divers éléments constitutifs des tissus 
à retenir le chrome des solutions fixatrices et mordançantes. Ce sont les 
résultats de ces recherches que nous apportons. | 

La rétention du chrome par les tissus pendant leur fixation est un fait 
bien connu. On sait qu’une pièce fixée dans du liquide de Müller retient 
du chrome et offre, après lavage prolongé, une coloration brune. Nous 
avons étudié cette rétention à divers points de vue, en déterminant sa 
.valeur par dosage du chrome fixé, conformément à la technique 
suivante. | 


Technique. — Pour doser le chrome dans les organes, nous avons purement 
et simplement dosé le résidu fixe après calcination. Nous oblenions ainsi la 
somme ;: Chrome <+ cendres normales. Une détermination préalable de la 
quantité des cendres nous permettait d’avoir par différence, quand il y avait 
lieu, la quantité absolue du chrome fixé. Le plus souvent, cette détermination 


a été inutile puisque nos recherches ont toujours été comparatives, toutes 


conditions moins une étant égales d’ailleurs. 


(1) Mayer, Schæffer et Rathery, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
séance du 1°" février 1913. 


SÉANCE DU Â1% MARS 451 


Les calcinations ont été faites très lentement dans de petits creusets en 
porcelaine de Bayeux et en prenant les précautions nécessaires pour éviter la 
fusion des carbonates et des phosphates des cendres et la vilrification du 
charbon consécutive. Les organes avaient toujours subi un lavage à l’eau 
courante de plusieurs jours. 

Nous ne donnons ici que les quantités de chrome en partant des poids des 
organes desséchés pendant vingt-quatre heures dans l’étuve à 105°. Toutes 
ces pesées ont été faites à 1/10 de milligramme à la grande balance de 
Nemetz. Mais nous n'avons daus nos pesées tenu compte que de la troisième 
décimale et, dans nos calculs de pourcentages, que de la première décimale; 
une précision plus grande serait hors de proportion avec la technique suivie. 


I. — RÉTENTION DU CHROME 
PAR UN MËME ORGANE TRAITÉ PAR DIVERS PROCÉDÉS DE CHROMISATION. 


Quantité de chrome fixé par un testicule de Rat adulle normal 
en p. 100 de l'organe desséché. 


1. Chromisation et fixation simultanées : 


Bichromate-formol sans mordançage . . . . . . . . . . 9,6 p. 100 
2. Chromisation et fixation simultanées avec mordançage 
consécutif : 
Bichromate-formol, 4 jours; Bichromate, 7 jours . . . . 14,5 p. 1090 


3. Chromisation consécutive à la fixation : 
Formol, suivi de bichromate, 7 jours . . . . . . . . 50 D 100 


4. Chromisation avec fixation simultanée acide : 


Bichromate acétique, £# jours n° 1... .. MO DL O0 
— — RE PA ARE obrethanto seb HOT 
— — ET RE NE EE dd Ce 00100 


Il résulte de ces essais : 1° que la rétention du chrome est un peu plus 
grande si le mordancage (Bichr. 3 p. 100) a lieu en même temps que la 
fixation (formol), et non après, les deux procédés étant connus comme 
aptes à la coloration des mitochondries; 2° que l'addition d'acide 
acétique à la solution de bichromate (mauvaise fixation morphologique 
des mitochondries) ne modifie pas sensiblement le taux de la rétention 
du chrome par rapport aux procédés précédents; 3° que le mordancçage 
supplémentaire par la solution de bichromate après fixation par le 
mélange de bichromate et de formol augmente de beaucoup le taux de 
la rétention du chrome; or, des procédés envisagés dans le tableau ci- 
dessus, celui-ci est le meilleur pour la mise en évidence des 

mitochondries. 


(Laboratoires d’histologie et de physiologie de la Faculté de médecine 
de Lyon.) 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


INFLUENCE DU SATURNISME SUR LE POIDS DU LAPIN, 


par CARCANAGUE et MAUREL. 


Dans deux notes précédentes (1), nous avons insisté sur ce point que 
l'intoxication saturnine porte son action d'une manière élective sur les 


hématies; et que, par conséquent, soit par l’hématimétrie, soit par la 
chromométrie, on pourrait la reconnaitre à une période assez peu 
avancée de son évolution pour éviter ses graves conséquences. Il serait 


donc possible déjà de prévenir ses localisations les plus dangereuses en 
soumettant à ces examens les sujets exposés à cette intoxication, 


notamment ceux qui le sont par leur profession. Mais, de plus, les 


pesées faites tous les jours sur les animaux que nous soumettions à 
cette intoxication sont venues ajouter un autre procédé aux deux 


précédents. 


Tous les animaux ayant recu l’acétate de plomb par la voie hypoder- 


mique, depuis 0 gr. 17 jusqu'à 0 gr. 006 par kilogramme et par jour, 
ont perdu de leur poids, et rapidement. 
Nous allons résumer ces expériences. 


Exe. I (du 26 mars 1898 au 9mai suivant). — Pendant cette expérience qui a 


duré quarante-trois jours le Japin a reçu 13 injections hypodermiques à 
0 gr. 02 d’acétate de plomb par kilogramme, soit en tout 0 gr. 26, soit aussi 


environ 0 gr. 006 par kilogramme et par jour. Or, sous l'influence même d'une 


si faible quantité, l’animal a subi les pertes de poids suivantes : 


26 mars. Avant l'injection. . 
31 mars. Après 4 injections , 
8 avril. Après 6 injections. 


Cet animal a donc perdu 230 grammes en quarante-trois jours, soit 


5 grammes par jour. 


1.150 gr. | 20 avril. Après T injections. 
1.673 gr. | 28 avril. Après 9 injections. 
1.697 gr. 9 mai. Après 13 injections. 


Exp. IT (du 27 mars 1898 au 9 mai suivant) — Pendant cette expérience de 
quarante-deux jours, l'animal a recu 10 injections hypodermiques à 0 gr. 04 


d’acétate de plomb, une à 0 gr. 02 et une autre à 0 gr. 01, soit en tout Ogr. #3, . 


soit sensiblement 0 gr. 01 par kilogramme et par jour. Or, les pertes de poids 


ont été les suivantes : 


21 mars. Avant l'injection. . 
31 mars. Après ‘3 injections. 
8 avril. Après 5 injections. 


1.670 gr. | 20 avril. Après 6 injections. 
1.558 gr. | 23 avril. Après 8! injections. 
1.495 gr. 9 mai. Après 12 injections. 


1.597 gr. 
1.595 gr. 
1.530 gr. 


Cet animal a donc perdu 140 grammes en quarante-deux jours, soit 


3 grammes par jour (2). 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 et 22 février 1913. 
(2) Ces deux expériences, faites en 1898, appartiennent au D Maurel quien 
même temps que le poids a étudié la richesse sanguine de ces deux animaux. 
(Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 février 1913). Les expériences 
suivantes ont été faites en collaboration avec le D' Carcanague. 


qe 


SÉANCE DU 1° MARS 453 


Pendant ces expériences, les animaux ont reçu, à quelques jours 
d’intervalles, des injections hypodermiques, chacune de 0 gr. 25 d'acé- 
tate de plomb par kilogramme d'animal. Les poids ont été pris tous les 
jours, matin et soir; mais nous ne reproduisons que ceux du matin, à 

peu près tous les cinq jours. Les animaux ont toujours eu à leur dispo- 
sition du son et des choux et ils en ont toujours laissé. 


Exp. IL(du 22 novembre au 20 décembre 1911). — En tout, 11 injections, soit 
2 gr. 75 d’acétate de plomb par kilogramme, soit aussi environ 0 gr. 09 par 
jour et par kilogramme d'animal. 


22 nov. Avant l'injection . . 2.020 gr. | 10 déc. Après 9 injections. : 1.600 ET. | 
25 nov. Après 3 injections . 1.880 gr. | 15 déc. Après 9 injections . 1.350 gr. 
30 nov. Aprés 5 injections . 1.750 gr. | 20 déc. Après 11 injections. 1.#10 gr. 
5 déc. Après 1 injections. . 1.620 gr. 
L'animal a donc go 610 grammes en trente jours, soit 20 grammes par 
jour. 


Exp. IV tu 22 novembre au 10 décembre 1911). — En tout 9 injections de 
0 gr. 25 d’acétate de plomb, soit environ 0 g. 07 par kilogramme et par jour. 


29 nov. Avant l'injection . . 2.300 gr. | 10 déc. Aprés 8 injections. . 1.620 gr. 
25 nov. Après 3 injections . 2.050 gr. | 15 déc.- Après 8 injections. . 1.540 gr. 

30 nov. Après 5 injections . 2.020 gr. | 19 déc. Après 9 TRE - USD0 0F 
5 déc. Après T injections. 1.950 gr. 


Cet animal a donc perdu 950 grammes en vingt-huit | us soit 37 grammes 
par kilogramme et par jour. 


Exe. V (Du 13 janvier au 7 février 1912). — En tout, 11 injections de 
0 gr. 25 d'acétate de plomb, soit 2 gr. 75, soit aussi 0 gr. 41 par jour et par 
kilogramme. 


43 janv. Avant l'injection . . 1.900 gr. | 30 janv. Après 8 injections . 1.910 gr. 
15 janv. Après 1 injection. . 1.980 gr. Bfév. Apres 9 inject(1)-0. 1520 07 
20: janv. Après 4 injections . 1.920 gr. T fév. Après 9 injections . . 4.410 &r. 
ce janv. Après 1 injections . 2.030 gr. 2 


Get, animal a donc perdu 490 grammes en 24 jours, soit environ 25 grammes 
par kilogramme et par jour. 


Exp. VI (Du 13 janvier au 9 février 1912). — En tout, 10 injections de 

D gr. 25 d’acétate de plomb, soit presque 0 gr. 09 par kilogramme et par 
jour. 
43 janv. Avant linjection . . 2.180 gr. | 30 janv. Aprés 6 injections . 1.720 or. 
15 janv. Après 1 injection. . 1.980 gr. 5 fév. Après 8 injections. . 1.660 gr. 
20 janv. Après 3 injections . 1.860 gr. 9 fév. Après 10 injections . 1.430 gr. 
25 janv. Après 5 injections . 1.150 gr. 

C’est donc une perte de 750 grammes en 26 jours, soit 29 grammes par 
jour. 


(1) Gette grande perte de poids est expliquée par une diarrhée PEU sur - 
venue après HANEL SE jours de constipation. 


454 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Exp. VII (Du 13 janvier au 24 du même mois). — En tout, 7 injections, soit 
0 gr. 16 par kilogramme et par jour. 


13 janv. Avant l'injection . . 41.400 gr. | 20 janv. Après 5 injections . 1.310 gr. 


15 janv. Après 1 injection . . 1.350 gr. | 23 janv. Après 6 injections . 1.300 gr. 


L'animal a donc perdu 100 grammes, soit 10 grammes par jour et par 
kilogramme. 


Exp. VIII (Du 13 janvier au 13 février 1912). — En tout, 9 injections, soit 
2 gr. 25, soit aussi 0 gr. 07 d’acétate de plomb par kilogramme et par jour. 


13 janv. Avant l'injection . . 1.150 gr. | 30 janv. Après 1 injections . 1.660 gr. 
15 janv. Après 1 injection. . 1.650 gr. 5 fév. Après 8 injections. . 1.610 gr. 
20 janv. Après 5 injections . 1.760 gr. | 10 fév. Après 9 injections. . 1.500 gr. 
25 janv. Après 6 injections . 1.900 gr. | 13 fév. Après 9 injections. . 1.310 gr. 


Cet animal a donc perdu 440 grammes, soit environ {# grammes par jour 
et par kilogramme. 


Nous rappelons dans le tableau suivant les résultats obtenus dans 
ces expériences, en les plaçant d'après la quantité de plomb reçue 
chaque jour. 


NUMÉROS DURÉE QUANTITÉ PERTES QUANTITÉ PERTE 
totale d’acétate 


d’acétate HoNEUGE de plomb 


des en de poids 


expériences. jours. de plomb. en poids. par jour. par jour. 


230 
140 
950 
440 
610 
150 
290 
100 


No 
No 
No 
No 
No 
No 
No 
No 


os oe 
HE 


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Ses 


1 Ge Où 22 00 & NI 
NNNNNNee 
où 08 0 08 ao 0 00 08 
SSSoeoeooe 


RE 
où 9e 0 Où Ge UC 


Or, comme on le voit par le résumé de ces expériences : 

1° Sous l'influence des injections hypodermiques d’acétate de plomb, 
même avec les faibles doses de 0 gr. 006 et de 0 gr. 01, par kilogramme 
et par jour, l'animal a toujours perdu de son poids.- 

2° Il a suffi de quelques injections et parfois d'une seule pour voir la 
diminution de poids se produire dans quelques jours. Cette diminution 
du poids est donc précoce. Elle s’est montrée avant tout autre signe 
manifeste d'intoxication, notamment avant celle du tube digestif. 

3° Cette diminution du poids, pour chaque sujet, est allée graduelle- 
ment en augmentant. 

4° Toutefois, ainsi que le montre ce tableau, la perte de poids n’a 
pas été en rapport avec les quantités injectées. Il faut donc faire inler- 
venir une influence individuelle. Tous ces animaux ont perdu de leur 
poids, mais plus ou moins selon leur propre résistance. Nous pensons 


29 


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RENE Fe — CU 2 
voile t} enr 


D | 


15 u 


SÉANCE DU 1° MARS 155 


que c’est cette différence de résistance qui explique, au moins en partie, 
que, dans un atelier, même parmi les sujets exposés au même milieu, les 
uns sont atteints et que les autres résistent. 

5° Enfin, en terminant, nous revenons sur cette pensée que ces expé- 
riences permettent de croire que des pesées faites, par exemple, hebdo- 
madairement, pour les ouvriers exposés au saturnisme, pourraient 
peut-être déjà fournir une indication qui serait, le cas échéant, complé- 
tée par la chromométrie qui est d’une exécution facile et enfin par 
l’'hématimétrie. 

On pourrait ainsi, au moins dans certains cas, arrêter le saturnisme 
avant ses graves manifestations. 


SUR LES RÉSULTATS DE LA NÉPHROTOMIE CHEZ LE LAPIN, 


par JEAN MURaARo. 


La néphrotomie chez le lapin entraine des lésions relativement consi- 
dérables. Si on pratique une néphrotomie double, l’animal succombe, 
à moins que l’incision ne soit pas menée de pôle à pôle, et en profondeur 
ne dépasse pas la zone corticale. Tels sont les différents points que nous 
voulons démontrer: 


1° Les lésions provoquées par la néy hrotomie. — Immédiatement après 
l'incision du rein, on constate une congeslion énorme. On fait une 
néphrotomie sans anesthésie, par voie lombaire: on suture les deux 
moitiés par deux points de catgut; on laisse les plans superficiels 
ouverts. Cinq minutes après, on prélève un fragment au niveau de la 
ligne d’incision, un second en dehors d’elle. Sur le premier fragment, 
on voit une hémorragie circonscrite, correspondant à l’incision. Sur le 
second, il y à une extravasation notable de globules rouges, témoignant 
d'une grosse congestion à distance. Un nouveau fragment a élé prélevé 
une heure après l'intervention. On y trouve des hémorragies en îlots. 

Dans les jours suivants, la cicatrisation se fait par évolution d'un 
caillot. Le fait a été montré par Langemak; il est aisé à constater par la 
série de nos préparations. 

Si on sacrifie un animal néphrotomisé quelques semaines auparavant, 
on remarque que la cicatrice rénale est énorme. C’est une zone triangu- 
laire, dont la base répond à la capsule où elle se développe très large- 
ment, et dont la pointe plonge dans le parenchyme au delà de l'incision. 
Toute cette région est supprimée au point de vue fonctionnel, elle est 
formée de Lissu fibreux. 

2 La néphrotomie double, menée de pôle à pôle et en profondeur 


456 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


jusqu'au bussinet, tue l'animal. — Chez trois lapins et un cobaye, la mort 
est survenue dans un délai de un à cinq jours. L'autopsie a montré 
qu'elle n’était pas due à l’hémorragie. D'autre part, elle n'est due ni à 
l'infection ni à l'ouverture du péritoine. En outre, l’excrétion urinaire 
s'est faite soit par la plaie, soit aussi par les voies naturelles: Faisons 
remarquer que d’autres opérations plus longues et plus difficiles sur le 
lapin ne nous donnent pas de Dee, en particulier = double décap- 
sulation du rein. 

3° La néphrotomie double n'est pas mortelle si elle est économe, c’est-à- 
dire si elle n’est pas pratiquée sur toute la longueur, et si elle ne dépasse 
pas la zone corticale en profondeur. 


Ces faits ne sont pas applicables à l’homme, ear il y a une dispropor- 
tion trop évidente entre les dimensions restreintes de l'organe du lapin 
et l'intensité du traumatisme, qui, non seulement fend le rein dans toute 
son épaisseur, mais encore s'accompagne de pressions, de tractions sur 
un tissu mou et peu résistant. La seule conclusion qu'on puisse reporter 

à l'homme, c’est que l’incision rénale s'accompagne d’une congestion 
manifeste étendue à tout l'organe, que cette incision guérit par trans- 
formation d’un eaillot, et qu’elle est suivie de la formation d’une zone 
de sclérose très considérable. 


(Laboratoire d’'Histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) 


LE PHÉNOMÈNE DE EHRET ET LES DIMENSIONS DU BRASSARD DANS LA MESURE 
DE LA PRESSION ARTÉRIELLE CHEZ L'HOMME, 


par GC. PEzzri. 


Dans une précédente communication (1), j'ai montré, par des expé- 
riences, que, si l'on exerce sur une artère une contre-pression égale à la 
pression minima, la pression maxima augmente en aval. Ce phénomène 
est dü à ce que les parois artérielles du segment d’artère ainsi comprimé 
se trouvent en état de tension nulle. L’ondée sanguine, n'ayant plus à 
vaincre, à ce niveau, la tension élastique des parois artérielles, s'use 
moins ; elle arrive dès lors plus forte en aval. 

Depuis quelques années, on utilise en clinique, pour la détermination 
de la pression minima, une méthode proposée par Ehret (2) et qui con- 
siste à augmenter progressivement la pression dans une manchette 


(1) Pezzi. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. EXXIV, 1913, n° 7. 
(2) Ehret. Münch. mediz. Wochenschrift, 1909, n° 12, p. 606. 


SÉANCE DU 1% MARS 457 


appliquée autour du bras et à palper l'artère humérale à la partie infé- 
rieure du brassard. À un moment donné, la pulsation humérale se diffé- 
rencie des précédentes par sa violence, « brutal Schlag »; elle devient 
bondissante et donne la sensation d’une vibrance toute particulière. La 
pression, indiquée par le manomèêtre quand apparaît cette pulsation 
caractéristique, correspond, d’après Ehret, à la pression diastolique. 

On a donné de ce phénomène des explications assez imprécises. [Il ne 
me semble pas douteux qu’ilrelève de la même explication que j'ai donnée 
plus haut, à savoir qu'au moment où les parois du vaisseau sont mises 
en état de tension nulle par une contre-pression égale à la pression 
diastolique, non seulement la pression maxima augmente en aval, mais 
l'onde artérielle, qui ne s’est pas usée en franchissant un segment d'artère 
détendu, arrive plus grande au delà de {a manchette. C’est à ces deux 
facteurs réunis — pression sanguine et onde artérielle plus fortes — 
qu'on doit l’augmentation dans l'amplitude du pouls. Une pareille 
explication permet de comprendre les faits et précise la signification 
exacte du phénomène de Ehret. Celui-ci, lorsqu'il est caractéristique, 
est, en effet, un guide sûr dans l'appréciation de la pression diasto- 
lique. 

Pour la mesure de la pression maxima, on utilise en clinique, depuis 
longtemps, une méthode préconisée par Riva-Rocei (1). Au cours de ses 
pérégrinations, Le dispositif instrumental imaginé par cet auteur a subi 
de nombreuses modifications dont la seule franchement mauvaise est, 
à n'en pas douter, celle relative aux dimensions du brassard. A la petite 
manchette initiale de Riva-Rocci, on a généralement substitué, sur les 
conseils de Recklinghausen (2), une manchette beaucoup plus grande 
mesurant 12, voire même 15 centimètres de hauteur. Sahli (3) d’abord, 
Pachon (4) et d'autres ensuite ont montré combien les considérations 
théoriques de Recklinghausen étaient fausses. Le raisonnement physique 
le plus élémentaire permet, en effet, de comprendre sans effort que plus 
sera long le segment d'artère comprimé, plus sera grand l'obstacle créé 
au passage de l'ondée sanguine. Le grand brassard a comme résultat, 
lorsqu'on apprécie la pression systolique par la méthode de Riva-Rocci, 
de donner, pour cette pression, un chiffre forcément inférieur à la réalité. 
L'ondée sanguine, en s’efforcant de déplisser le long tunnel qu’elle doit 
traverser, s’use davantage ; le pouls disparaît ainsi plus tôl à la radiale. 

L'expérience suivante permet de saisir très facilement ce phénomène. 


(1) Riva-Rocci. Gaz. med. di Torino, 1896. 

(2) Recklinghausen. Arch. f. experim. Pathol. und Pharmakol., Bd. XXXX VI, 
1904, 78; ibid., Bd. LV, 1906, 375. 

(3) Sahli. Deutsches Arch. f. Klin. Medizine, Bd. LXXXI, 190%, 493. 

(4) Pachon. Sur l'erreur de principe de la méthode Riva-Rocci. Comptes 
rendus de la Soc. de Biologie, t. LXVE, 1909, n° 21, p. 955. 


458 SOCIÉTÉ DÉ BIOLOGIE 


Après avoir appliqué deux brassards, l’un à la partie supérieure de l’avant- 
bras, l’autre au bras, on les relie à deux oscillomètres du professeur Pachon 
et on comprime au niveau de l’avant-bras jusqu’à ce que le pouls disparaisse 
à la radiale. Alors, si on fait au bras une contre-pression égale à la pression 

diastolique, le pouls réapparaît à la radiale, surtout si, comme je l’ai indiqué 
dans ma précédente communication, on s'adresse à des sujets à haute tension 
minima. Mais le pouls réapparaît d'autant plus facilement que le brassard 
appliqué à l’avant-bras est petit; parfois il ne réapparaît pas du tout si le bras- 
sard est trop grand. On peut vérifier cette expérience même sur des individus 
à tension diastolique normale. Dans ces conditions, il ne faut pas aller 
jusqu’à l'extinction du pouls radial, mais se limiter à produire, par une com- 
pression de l’avant-bras, un affaiblissement notable de la pulsation. Ici encore, 
une compression du bras égale à la pression minima à comme résultat de 
rendre le pouls radial d'autant plus manifeste que le brassard de l’avant-bras 
est plus petit. 


Cette expérience simple montre que le grand brassard offre un 
obstacle beaucoup plus considérable au passage de l’ondée sanguine. Il 
n’est donc pas douteux que si l’on veut avoir par la méthode de Riva- 
Rocei un chiffre de pression plus près de la réalité, il faut se servir de 
petits brassards, appliquer en un mot la méthode intégrale de Riva-Rocci. 
Toutefois, celte méthode comporte une erreur de principe car, comme 
le montrent aussi mes expériences, il suffit de varier la hauteur du 
brassard pour que la pression systolique se modifie en aval. C’est ce qui 
a été si pien mis en lumière par M. Pachon et je ne saurais mieux finir 
qu'en citant ses propres termes : « Il est illogique de prétendre à 
connaître les effets directs et immédiats d'une contre-pression sur le 
pouls en le recherchant ailleurs qu’à l'endroit précis où s'exerce cette 
contre-pression. » 


(Service de M. le docteur Vaquez, hôpital Saint-Antoine, Paris.) 


LA DÉGÉNÉRESCENCE OVIFORME DES CELLULES MÈRES DU TESTICÜLE ET L ORI- 
GINE DE CERTAINS FILAMENTS QU ON RENCONTRE DANS LE CYTOPLASME DES 
ŒUFS, 

par CH. CHAMPY. 


Il faut distinguer avec Jannsens deux sortes de spermatogonies chez 
Jes Batraciens : les cellules mères indifférentes de Hermann ou sperma- 
togonies primitives, et les spermatogonies secondaires. 

Morphologiquement, les premières sont caractérisées parce qu’elles 
sont isolées dans une enveloppe de cellules folliculeuses, tandis que les 
secondes sont groupées. Au point de vue de leur évolution, les sperma- 
togonies secondaires sont des préspermatocytes qui doivent fatalement 


SÉANCE DU 1°" MARS 459 


évoluer dans le sens mâle, tandis que les gonies primitives sont sexuel- 
lement indifférentes. 

Cetle indifférence sexuelle est démontrée notamment par la possibilité 
de l’évolution oviforme de ces éléments. On peut observer une telle 
évolution aussi bien chez l'embryon et au cours de la préspermatogenèse 
que chez l'adulte. 

Chez certaines espèces (Aana esculenta), l’évolution oviforme des cel- 
lules mères du testicule adulte est tellement fréquente à certaines 
époques de l’année qu’on peut dire que c’est la règle. Une telle évolu- 
tion ne s'observe guère qu'entre les poussées de spermatogenèse. Le 
plus sauvent, cette évolution est abortive, mais il n’est pas rare de la 
voir aboutir à des ovocytes déjà très développés. 

Chez la grenouille verte, où l’évolution oviforme est fréquente à la fin 
de l'hiver, on observe dans le cytoplasme des ovocytes (ce sont le plus 
souvent des ovocytes assez anormaux) des filaments pointus groupés en 
série parallèle. 

J’ai pu suivre le développement de ces filaments. La première mani- 
festation de l’évolution oviforme est marquée par une apparence très 
polymorphe du noyau (1). Il prend en même temps un aspect clair et, 
par une sorte d'amitose inégale, des lobes entiers du noyau sont ex- 
pulsés dans le cytoplasme où ils perdent leur membrane el leur colo- 
rabilité. 

Les nucléoles seuls persistent sous forme de corps chromatoïdes. Ce 
phénomène n’est pas particulier aux cellules ea voie d'évolution ovi- 
forme, il y est seulement plus marqué que dans les spermatogonies 
normales. 

Les corps chromatoïdes (ou mieux pyrénoïdes) sont d’abord arrondis, 
souvent un peu vacuolaires, puis ils se clivent en trois ou quatre fila- 
ments pointus à leurs extrémités. Le clivage continue toujours dans le 
même sens, aboulissant à de longues séries de filaments pointus dis- 
posés parallèlement les uns aux autres. 

D’autres fois, un nucléole s'applique contre la membrane nucléaire, 
les filaments apparaissent successivement dans le cytoplasme à mesure 
que le nucléole disparait. Enfin, il n'est pas lrès rare de voir le nucléole 
se cliver dans le noyau pendant que le corps pyrénoïde se clive dans le 
cytoplasme. 

Je n'ai pu suivre l'évolution ultérieure de ces filaments car les cel- 
lules oviformes du testicule dégénèrent généralement à ce stade, mais 
ils ne sont sans doute pas différents des filaments décrits par nombre 
_ d'auteurs dans les œufs de divers Vertébrés ou Invertébrés. On à 
altribué, gratuitement d'ailleurs, une origine mitochondriale à ces fila- 


(4) J'ai montré que le polymorphisme nucléaire est surtout un caractère 
spécifique, mais pour chaque espèce il varie entre certaines limites. 


260 6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ments. Cet exemple où j'ai pu suivre leur évolution première montre 
qu'ils sont d’une tout autre nature. D'ailleurs, le début de l’évolution 
oviforme est marqué par une fragmentation des mitochondries qui 
deviennent toutes finement granuleuses. Ces filaments difièrent des 
mitochondries par leur colorabilité et surtout par leur terminaison en 
pointe. 

Des filaments pointus ont été décrits dans les cellules les plus 
diverses. Je pense qu'un certain nombre d'entre eux sont homolo- 
guables à ceux-ci. Cependant, les filaments décrits dans les sperma- 
tides par Platner et revus maintes fois depuis m'ont paru différents. 


(Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine.) 


ACTION COMPARÉE DES DIVERS PHOSPHATES SUR LA COAGULATION DU SANG, 


par M. Doyon et F. SARVONAr. 


Nous avons comparé l’action exercée par les divers acides dérivés de 
l’anhydride phosphorique sur la coagulation du sang. Ces acides sont 
au nombre de trois : l'acide orthophosphorique PO'H”, l'acide pyrophos- 
phorique PO*H” et l'acide métaphosphorique PO*H. Nous employons leur 
sel de soude en solution aqueuse calculée pour renfermer 4 p. 1000 
d’anhydride phosphorique. On dilue ces solutions avec la solution salée 
physiologique dans les proportions suivantes : 


Solution de méta ou de pyrophosphate. 4 3 3 1 
Solution chiorure de phosphate. MEET 0 1 2 3 


On additionne chaque mélange de son volume de sang de chien. Dans 
ces conditions l’orthophosphate de soude n'exerce pas d'action anti- 
coagulante sensible. Le pyrophosphate et le métaphosphate empêchent 
la coagulation du sang (1). Cette action anticoagulante est d'accord avec 
la présence probable du phosphore à l’état d'acide métapbosphorique 
dans les acides nucléiniques. Dans d'autres essais, nous avons constaté 
que le métaphosphate de soude et le nucléinate de soude sont anticoa- 
gulants à dose équivalente de phosphore. Nous avons vu d'autre part 
que les dérivés de l'acide orthophosphorique, les glycérophosphates et 
les lécithines sont inactifs aux mêmes doses. | 


(Laboratoire de Physiologie de la Facullé de médecine de Lyon.) 


(1) Les solutionsles moins diluées avec la solution physiologique provoquent 
un léger laquage. 


SÉANCE DU 1% MARS AGE 


À PROPOS DES TRAVAUX RÉCENTS DE MM. BERNSTEIN Er KaALISKI 
ET DE M. ÉISENBERG SUR LES HNÉMATIES FORMOLÉES, 


par P. ArMann-DELILLE et L. LAUNOY. 


Nous avons apporté à la Société de Biologie, le 2 juillet 1910, les 
résultats de nos recherches, faites dans le laboratoire de M. Delezenne, 
à l'Institut Pasteur, sur la stabilisation des hématies par de très petites 
doses de formol (1). Le détail de notre travail à été publié dans les 
Annales de l'Institut Pasteur, en mars 19141 (2). | 

Nous venons d’avoir connaissance de deux travaux : l’un de MM. Bern- 
stein et Kaliski, publié dansle Zeitschrift für Immunitütsforschung de juin 
1912 (3), dans lequel ces auteurs s'expriment ainsi : « We conceived the 
idea that by utilizing a substance which would sterilize and preserve the 
- blood and perhaps also render the corpuseles more refractory to dissolu- 
tion without interfering with hemolysis or fixation of complement we 
would have a method of distinct value to laboratory workers. This was 
our aim in conducting the following experiments. 

« The first problem concerned itself with the question whether 
formalin when added to sheep cells would influence the result of the 
Wassermann reaction. » 

Or, ces auteurs partent du même point de vue que nous; ils abou- 
tissent à des résultats absolument identiques, sur les globules de 
mouton, test que nous avions également choisi. 

Nous sommes surpris que ces auteurs n'aient pas pris soin de faire la 
bibliographie de la question; ils publient comme originales des expé- 
riences qui ont été entièrement faites par nous deux années auparavant. 

D'autre part, M. Eisenberg (4), dans un travail sur l'hémolyse par le 
formol, où il nous cite d’ailleurs, et nous confirme en ce qui concerne 

la stabilisation des globules par les doses faibles de formol, dit qu'il a 
constaté de plus « ein paradoxes Phünomen », lequel consiste en l’action 
hémolytique des doses fortes. 

(1) Stabilisation des globules rouges par les solutions très diluées de formol, 
par P. Armand-Delille et L. Launoy. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
t. LI, p. 40, 2 juillet 1910. 

(2) Etude sur la stabilisation des globules rouges des mammifères (du 
mouton en particulier) par les solutions très diluées de formol, par P. Armand- 
Delille et L. Launoy. Annales de l'Institut Pasteur, vol. XXV, p. 222, mars 
MO 

(3) The Use of formalinized Sheep Cells in complement fixalion tests by 
* EH. Bernstein and David J. Kaliski. Zeitsch. f. Immun., Bd XII, Heft 5, 
page 490, 22 juin 1912. 

(4) Ueber die Formaldehydhämolyse, von Philipp Eisenberg. 'Bioche 
Zeuschrift, Bd XLV, Heft 3 et 4, p. 303, 30 septembre 1942. 


SAUNA PAR RE TT APE PA LEE LEP 
PECTUR ES LS a A le 
; OR pere, 


4 Æ 


462 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nous avons indiqué nous-mêmes qu'à partir d'une concentration de 
À p. 100, le formol devient hémolytique. 

Sur ce point, dont nous ne voyons pas le côté paradoxal, M. Eisen- 
berg ne fait encore que confirmer nos recherches. 


CONTRACTILITÉ DES FRAGMENTS DE CŒUR D EMBRYON DE POULET ?n vitro, 


par GC. Levapiri et Sr. MuTerMiILcs. 


Burrows (1), le premier, a constaté que des petits fragments de cœur 
d'embryon de poulet, placés dans du plasma à 37 degrés, offrent des 
contractions rythmiques pendant un temps assez long. Il a montré ainsi 
que la survie des cellules in vitro peut s'accompagner d'une conserva- 
tion de leur activité physiologique. Carrel (2) a confirmé ce fait; à l’aide 
de transplantations successives dans du plasma neuf, il a pu conserver 
des fragments de cœur d’embryon de poulet se contractant spontané- 
ment pendant plus d’un mois. Nous avons enregistré, de notre côté, 
une constatation analogue et, avec le concours de M. Comandon, nous 
avons cinématographié des petits morceaux de cœur qui offraient des 
pulsations plus ou moins régulières in vitro (3). Voici les détails de 
nos constatations : | 


Le 29 janvier, des fragments de cœur d’embryon de poulet (âgé de dix-huit 
jours) sont placés dans ur mélange de toxine diphtérique (neutralisée par 
du sérum antidiphtérique) et de plasma de poule. Les boîtes de Gabritchewski 
(procédé de Carrel) sont mises à 37 degrés. Le lendemain on constate que 
plusieurs de ces fragments se contractent rythmiquement ; trois d’entre eux 
battent à 43, 64 et 86 pulsations à la minute. On cinématographie ces frag- 
ments et, à cette occasion, on constate que le refroidissement causé par le 
transport des boîtes au laboratoire de M. Comandon détermine un arrêt 
presque complet des battements ; l'amplitude de ces battements redevient ce 
qu’elle était auparavant dès qu'on remet les préparations à 36 degrés. Le 
4° février, les fragments s’entourent de cellules fusiformes dont le nombre 
et les dimensions s’accentuent le 2 février. Le 3 février, tous les fragments 
sont devenus immobiles; on les transplante alors dans un plasma neuf et la 
contractilité spontanée réapparaît le soir même. De nouvelles transplanta- 
tions ont été faites le 7 et le 10 février ; l'expérience a pris fin le 15 février. 
Voici un tableau indiquant la marche de l'expérience : 


(4) Voy. pour l'historique : Burrows, München. med. Woch., n° 27, 1912. 

(2) Carrel. Communication à l’Académie de médecine, 1912. 

(3) La cinématographie des fragments de cœur se contractant in vitro a été 
réalisée déjà auparavant. 


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SHLVΠ


464 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


De cette expérience, il découle les conclusions suivantes : 

1° La contractilité spontanée des fragments de cœur (deux sur sept) 
a durééreize jours. La fréquence des pulsations a varié considérablement 
d'un fragment à l’autre, et, pour un même fragment, d'un jour à l’autre, 
voire même dans l’espace de quelques heures (fragment e de 6 à 11, 
fragment f de 38 à 46, Le 7 février, entre midi et 2 h. 30). Le maximum 
atteint par le nombre de pulsations à la minute a été de 104 (frag- 
ment a), le minimum de 4 pulsations (fragment €’). 

2° Un des fragments s'est contracté, pendant toute la durée de 
l'expérience, avec une lenteur persistante: c'est le fragment e’ dont les 
pulsations n'ont jamais dépassé 16 à la minute. IL s’agit là d’une parti- 
cularité indépendante des conditions de milieu ou de température, 
attendu que ce fragment vivait à côté des autres, dans le même plasma. 
Ce phénomène rappelle le pouls lent permanent. 

3° Certains fragments ont cessé de battre pendant plusieurs jours, 
pour reprendre ensuite leur contractilité spontanée (par exemple, le 
fragment f, dont la période de repos a duré du 1° au 5 février). 

4° Tous les fragments ont cessé de se contracter après cinq jours de 
séjour dans le même plasma (le 3 février). Les pulsations ont réapparu 
dès que les morceaux ont été transplantés dans le nouveau plasma 
{au moins chez trois d’entre eux). Cet arrêt de la contractilité spon- 
tanée est dù, très probablement, à un épuisement du milieu. Le nombre 
des transplantations a été de trois. 

5° La contractilité spontanée a cessé difinitivement le treizième jour. 
Cependant tous les fragments ont continué à s’entourer de cellules 
fusiformes, comme cela a eu lieu aussi après chaque transplantation 
dans le plasma neuf. Zl n’y a donc nul rapport entre cette contractihté et 
l'apparition des cellules fusiformes, les deux phénomènes étant com- 
plètement indépendants (1\. D'ailleurs, lorsque les fragments doués de 
pulsations sont entourés de nombreuses cellules fusiformes, celles-ci, ‘de 
méme que le plasma environnant, sont entraïnées passivement par la systole 
du fragment, mais n'offrent aucune contraction propre. 


ÉTUDE DE LA VIE ET DE LA CROISSANCE DES CELLULES ?2n vitro 
A L'AIDE DE L’ENREGISTREMENT CINÉMATOGRAPHIQUE, 


par J. Comanpon, C. Levapiri et S. MUTERMILCH. 


Dans une note parue dans ces comptes rendus (2), Levaditi et Muter- 
milch ont montré l’action exercée par la toxine diphtérique sur la vie 


(1) Voy. également nos recherches sur l’action de la toxine diphtérique. 
(2) Levaditi et Mutermilch, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, 
t, LXXIV, n° 7, 


Le 
© 
Qc 


SÉANCE DU 1° MARS 


des cellules in vitro. À cette occasion, les auteurs ont décrit les deux 
phénomènes que l’on observe lorsqu'on place à 37 degrés, dans du 
plasma de poule, des fragments d'organes d'embryons de poulet(méthode 
de Harrison-Burrows, modifiée par Carrel) : 1° sortie d'éléments migra- 


teurs avec les fragments de rate et de moelle osseuse; ® apparition de 


cellules fusiformes à disposition radiaire, avec les fragments de cœur, de 
rein ou de moelle épinière. Ces phénomènes, décrits déjà par Bur- 
rows et par Carrel et ses collaborateurs, étaient intéressants à examiner 
au point de vue biologique. Quelle est la marche de cette sortie leuco- 
cytaire que l’on observe avec la rate, quelles sont les diverses phases de 
cette apparition de cellules fusiformes autour des fragments de cœur? 
Ces questions sont difficiles à résoudre par le simple examen des prépa- 
rations au microscope, à cause de la lenteur des processus sus-men- 
lionnées. Au contraire, l'enregistrement cinématographique, permettant 
la reproduction en raccourci des diverses phases, exagérant la vilesse de 
ces processus lents, peut facilement nous renseigner sur ce sujet. Nous 
avons donc entrepris des études dans celte direction et nous apportons 
aujourd’hui les résultats de nos recherches. 


Technique. — Des boîtes de Gabritchewski sont préparées avec des frag- 
ments d'organes et du plasma de poule, d’après la technique indiquée par 
Carrel. Elles sont placées sur la platine d’un microscope chauffé à 35-36 degrés 
et muni d'un dispositif cinématographique. Nous avons employé soit l’éclai- 
rage d’une lampe Nernst, soit l’arc électrique. 


1. — Fragments de rale. Phénomène de la sortie cellulaire. a) Grossis- 
sement 62 X 1. Le phénomène est reproduit à une vitesse trois cents fois 
plus grande que la vitesse réelle (une image toutes les dix-neuf secondes 
pour l'enregistrement; seize images à la seconde pour la reproduction). 
Le fragment est composé et entouré des cellules rondes ou ovalaires, 
douées de mouvements très vifs. Il s’agit de leucocytes mononucléaires, 
basophiles, et de globules polynucléaires à granulations oxyphiles, 
comme le montrent les frottis colorés au Giemsa. Au cinématographe, 
ces cellules ont deux aspects : quelques-unes ont un noyau latéral et 
un protoplasma clair et assez abondant ; d’autres sont plus petites, a 
noyau plutôt central. Nous pensons que les premières correspondent 
aux polynueléaires, les secondes aux leucocytes mononucléaires. Les 
cellules de la première catégorie se déplacent dans tous les sens ; elles 


quittent le fragment de rate, rampent à l’aide de leurs pseudopodes, s'en 


vont assez loin dans le plasma, et parfois elles retournent par un autre 
chemin, pour rejoindre le fragment splénique. Les leucocytes plus petits 
paraissent moins mobiles, leur déplacement est moins intense. D'ailleurs, 
sur toute la périphérie du fragment d'organe, on constate un véritable 
grouillement des cellules qui constituent ce fragment, et on a l'impres- 
sion d’une ruche d'abeille où tout est en mouvement. Les cellules ami- 


466 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


boïdes semblent sortir pour chercher au loin leur nourriture et 
reviennent ensuite à leur point de départ. Ajoutons que le phénomène 
que nous venons de décrire à été enregistré pendant deux heures, dans 
une de nos expériences, pendant quatre heures quinze dans l’autre. 


b) Grossissement plus fort (125 X 1). Le phénomène est représenté à une vitesse 
quatre-vingt seize fois plus grande que la vitesse réelle (une image toutes les six 
secondes). Ici on voit mieux les détails du mouvement des cellules amiboïdes. 
Ces cellules ont un noyau latéral et un protoplasma clair à la périphérie, 
rempli de granulations vers le centre. Elle se déplacent à l’aide de leurs pseu- 
dopodes, se moulent parfois les unes sur les autres et forment de véritables 
amas. Le phénomène de la sortie et de la rentrée de ces leucocytes est hien 
visible. Nous avons calculé la vitesse réelle du déplacement d’une de ces 
cellules mobiles de la rate; cette cellule s’est déplacée de 10 & en trois minutes, 
ce qui fait environ 200 x à l'heure, soit la largeur de l'écran. 

Au bout de quatre jours, les mouvements deviennent plus lents, les cellules 
paraissent plus étalées ; elles s’agglutinent les unes aux autres. 


Il. — fragments de cœur. Phénomène de l'apparition des cellules fusi- 
formes. a) Petit grossissement, 62 X 1. Le phénomène est reproduit à une 
vilesse trois cents fois plus grande que la vitesse réelle. Le fragment offre 
au début un pourtour parsemé de petites pointes, ce qui marque le 
commencement du phénomène de l’apparilion des cellules fusiformes. 
Peu après ces cellules deviennent de plus en plus apparentes, semblent 
glisser les unes sur les autres et s’allongent progressivement. Leur 
extrémité périphérique s'étale, se bifurque même parfois, et on assiste 
à une véritable croissance de la cellule. La plupart de ces cellules fusi- 
formes persistent à garder le contact entre elles; quelques-unescependant 
se détachent et s’éloignent dans le plasma. Dans leur protoplasma on 
décèle des granulations réfringentes qui se déplacent le long de l'axe 
de la cellule, le plus souvent du centre vers la périphérie. À certains 
moments on assiste à un phénomène très particulier : la cellule fusiforme 
cesse de s'éloigner du morceau, revient en arrière, se rétracte et devient 
globuleuse (1); elle parait alors fourner rapidement sur elle-même, 
présente des grüins réfringents disposés en anneau el brusquement 
elle se divise. Depuis le début, jusqu’à ce que tout le champ micros- 
copique s’est rempli de cellules fusiformes, il s'est écoulé huit heures 
trente. 

b) Fort grossissement (125 X1). Vitesse qualre-vingt-seize fois plus 
grande que la vitesse réelle. On constate ici le même glissement et la 
même croissance des cellules fusiformes. Les détails du phénomène de 
la division sont plus nets. La cellule fusiforme devient globuleuse, 


(1) Cette transformalion des cellules fusiformes en éléments ronds a été 
observée par Léo Loeb, The anatomical record, t. VI, n° 3, 1912, 


SÉANCE DU 1° MARS 167 


émet des pseudopodes dans tous les sens (1, et montre des granula- 
tions réfringentes douées de mouvements rapides; puis, brusquement 
apparaissent deux noyaux allongés, une ligne médiane de séparation 
et l’élément se divise en deux cellules filles. Ces cellules filles s’allon- 
gent à leur tour pour donner naissance à de nouveaux éléments 
fusiformes. Onconstate, de plus, dans certaines de ces cellules fusi- 
formes, un noyau pourvu de deux grains réfringents. 

Dans une de nos expériences, ce phénomène de rétraction cellulaire, 
suivi d'émission de pseudopodes et de division, très probablement 
karyokinétique, s'est effectué en vingt minutes (trois minutes pour la 
division elle-même, vitesse réelle). 

Conclusions. — L'enregistrement cinématographique permel de suivre 
pas à pas la sortie et la rentrée des éléments migrateurs de la rate, ainsi 
que le glissement, la croissance, la transformation globulaire et la division 
des cellules fusiformes du cœur, in vitro. 


L'INSUFFISANCE GLYCOLYTIQUE PROVOQUÉE PAR L'EXTRAIT D'HYPOPHYSE 
ET PAR L'ADRÉNALINE, 


par Cu. ACHARD et G. DESBOUIS. 


Le mécanisme de la glycosurie produite expérimentalement par l’ex- 
irait de glande pituitaire et par l’adrénaline n’est pas encore très bien 
déterminé. Dans des travaux récents, MM. Claude et Baudouin (2), qui, 
dans certains états pathologiques chez l’homme, ont pu provoquer à 
l’aide de ces substances une glycosurie alimentaire, admettent volontiers 
une action primitive sur le système nerveux, suivie d’un trouble hépa- 
tique secondaire qui consisterait plutôt en une insuffisante fixation de 
glycose dans le foie qu'en un excès de transformation du glycogène 
hépatique en glycose. = 

Nous avons appliqué à l'étude de l’utilisation du glycose chezles sujets 
soumis à l’action de l'extrait hypophysaire et de l’adrénaline (3) le pro- 


(4) Cette émission de pseudopodes, reproduite à une très grande vitesse, 
donne l'impression du mouvement rotatoire de la cellule avant la division, 
décrit plus haut. 

(2) H. Claude et A. Baudouin. Sur la glycosurie hypophysaire chez l'homme. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1% juin 1912, t. LXXII, p. 855. — Le 
mécanisme de la glycosurie hypophysaire. 1bid., 30 nov. 1912, t. LXXIIT, 
p. 568. — Glycosurie hypophysaire et glycosurie adrénalique. 1bid., 21 dé- 
cembre 1912, p. 732. 

(3) L’extrait d'hypophyse nous a été obligeamment fourni par M. Carrion, en 
solution injectable pour nos animaux, en cachets de 10 centigrammes pour 
les malades. L’adrénaline employée a été celle de la marque Clin. 


268 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


cédé de recherche que nous avons indiqué dans une note précédente et 
qui consiste à mesurer les échanges respiratoires au moyen de l’appa- 
reil de Haldane. Par cette technique nous avons pu constater l'insuffi- 
sance glycolytique, sans avoir besoin de provoquer la glÿcosurie, en 
n'introduisant dans l'organisme que de faibles doses de glycose injec- 
tées sous la peau. | 

. Chez le chien, après une injection d'extrait hypophysaire qui n'avait 
en rien modifié le quotient respiratoire, nous avons observé que l'in- 
jection dans les veines de 10 grammes de glycose ne produisait non 
plus aucune élévation du gaz carbonique exhalé, contrairement à ce qui 
se produit chez le chien normal. En même temps, du sucre passait dans 
l’urine. Par contre, également chez le chien soumis à l’action de l'extrait 
-d’hypophyse; l'injection dans les veines de 10 grammes de lévulose 
entraine l'augmentation de l’acide carbonique exhalé. 

Chez une femme, convalescente d'une grippe légère et à peuprès bien 
portante, après avoir vérifié que l’utilisation du glycose se faisait bien, 
car l'injection dans les muscles de 6 grammes de ce sucre avait rapide- 
ment fait monter le quotient respiratoire, nous avons constaté dans une 
seconde épreuve que, après l'ingestion de 2 cachets d'extrait hypophy- 
saire, l'injection de la même dose de glycose laissait inchangée l’exha- 
lation d'acide carbonique. Enfin, dans une troisième épreuve, après 
ingestion des mêmes cachets, une injection de 6 grammes de lévulose 
fut suivie d’une élévation nette, quoique modérée, de l'acide carbonique 
exhalé. 

Ainsi, l'extrait hypophysaire à produit une insuflisance glycolytique, 
sans insuffisance lévulolytique. 

. L’adrénaline nous a fourni des résultats semblables. 

Chez un chien, après l'injection intraveineuse de 4 milligr, 5 d’adré- 
paline, qui n’avait en rien changé le quotient respiratoire, une injection 
de 10 grammes de glycose dans les veines ne produisit non plus aucune 
élévation de l'acide carbonique exhalé. | 

Chez un homme atteint de cirrhose avec ascite, mais-qui n’avait pas 
eu de glycosurie alimentaire après l'ingestion de 150 grammes de gly- 
cose, nous avons d'abord vérifié qu’une injection de 6 grammes de 
glycose dans les muscles était également suivie de l’utilisation de ce 
sucre; puis nous avons injecté 1 milligramme d’adrénaline, et aussitôt 
après 6 grammes de glycose; or, l'exhalation de gaz carbonique ne fut 
pas, cette fois, augmentée. Par contre, le lendemain, après une nouvelle 
injection de À miliigramme d’adrénaline, l'injection de 6 grammes de 
lévulose éleva d’une facon manifeste le quotient respiratoire. 

Ainsi l’adrénaline, comme l'extrait d’hypophyse, détermine l'insuffi- 
sance glycolytique, mais non l'insuffisance lévulolytique. 

Il résulte de ces recherches que, sous l'influence de l'extrait hypophy- 
saire et de l’adrénaline, l’utilisation du glycose est (roublée, non pas 


+ 


SÉANCE DU 1° MARS 2169 


tant dans le foie que dans l’ensemble de l'organisme, et que ce trouble 
ne consiste pas seulement en un défaut de fixation du sucre à l'état de 
glycogène, mais en une insuffisante combustion par les lissus. En 
d’autres termes, l'extrait d’hypophyse et l'adrénaline produisent une 
insuffisance glycolytique générale (1). 

Les résultats de MM. Claude et Baudouin s'expliquent d'ailleurs fort 
bien de cette manière et conservent toute leur valeur. En effet, les 
malades chez. lesquels, après l’action de l'extrait hypophysaire ou de 
Fadrénaline, ils ont obtenu la glycosurie alimentaire, sont qualifiés de 
prédiabétiques et d’arthritiques. Or, c'esl précisément chez des sujets 
de cette catégorie que l’un de nous, avec M. Émile-Weil, avait autrefois 
démontré, par la recherche de la glycosurie après la simple injection de 
10 grammes de glycose, l'existence de l’insuffisance glycolytique. Chez 
de tels sujets le sucre ingéré, non arrêté par le foie, n’est pas utilisé par 


_les tissus, de sorte qu'il circule en proportion suffisante dans le sang 
‘pour qu'il soit rejeté par l’urine, et cela d'autant plus facilement que 


l'extrait d'hypophyse et l'adrénaline, dans les expériences de MM. Claude 
et Baudouin, ont dû renforcer l'insuffisance glycolytique dont ces sujets 
avaient déjà, sans doute, un léger degré. Le procédé des échanges res- 
piratoires que nous avons employé permet de déceler l'insuffisance 
glycolytique à de faibles degrés, si bien que nous avons pu la constater 
même chez les sujets qui en étaient parfaitement indemnes avant 
d’avoir subi l'action de l'extrait hypophysaire ou de l’adrénaline. 

Les glycosuries hypophysaire et adrénalique, qui s’accompagnent, 
d’ailleurs, d’hyperglycémie, résultent donc d’une insuffisance glycoly- 
tique générale, et s’opposent à la glycosurie phloridzique dans laquelle 
font défaut l'hyperglycémie et, comme nous avons pu le constater aussi, 
l'insuffisance glycolytique. 


_ CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DE LA CHOLESTÉRINÉMIE PHYSIOLOGIQUE 
(INFLUENCE DE LA MARCHE ET DU SOMMEIL), 


Note de RouzauD et CABANIS, présentée par H. VINCENT. 


4° Influence de la marche. — Nous avons entrepris de rechercher quelle 
influence, chez l'homme sain, pouvait avoir la marche sur le taux de la 
« cholestérine totale circulante ». Mais aucun des neuf sujets soumis à 
lexpérience ne manifesta la moindre fatigue. 


(1) Cette constatation de l'insuffisance glycolytique sur le vivant peut être 
rapprochée des résultats obtenus par MM. Lépine et Boulud qui, dans leurs 
expériences sur la glycosurie adrénalique, ont observé la diminution consi- 
dérable du pouvoir glycolytique du sang. Comptes rendus de l'Acad. des 
Sciences. 12 janvier 1903. ; 


470 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


EE 


Les prélèvements de sang furent faits aussitôt avant et aussitôt après la 
marche, celle-ci n’ayant été coupée d'aucun repos prolongé; 7 ou 8 c.c. de 
sang seulement étaient retirés par ponction veineuse, procédé qui présente 
l’avantage de pouvoir limiter la saignée à une quantité minime, incapable de 
modifier, comme les saignées copieuses(1),le taux de la cholestérine. Sept fois 
sur neuf, la marche eut lieu le matin à jeun, de telle facon que le taux choles- 
térinémique a été à l'abri de variations possibles d’origine alimentaire. Pour 
le dosage de la cholestérine, nous avons eu recours au procédé colorimétrique 
Grigaut (2) qui nous a déjà servi dans plus de quatre cents examens. 

Enfin, les échantillons de sang d’avant et d’après la marche, pour le même 
sujet, étaient analysés dans la même séance et comparés entre eux et avec le 
tube témoin, technique qui donne, semble-t-il, plus de sante d’exactitude 
aux résultats. 


Le tableau suivant résume nos observations. 


AVANT APRÈS 


NOMS | Ja marche. | la marche. OPSERVATIONS 
DÉMAIMES Le 0 1 gr. 40 | Marche de 18 kilomètres, avec sac. 
Départ à 7 heures, retour à 11 heures. 
CRIE TER CS 1 gr. 60 Id. 
NÉS | MN TRS" D 1 gr. 30 | Marche de 32 kilomètres, avec sac. 
Départ à 3 h. 1/2 du matin, retour à 11 h. 1/2. 
1 gr. 60 1 gr. 60 Id. 
BAM EE TES 0 1For.30 Id. 
Maur" 50 1 gr. 40 | Marche de 18 kilomètres, avec sac. 
Départ à midi, retour à 4 h. du soir. 
D 1 gr. 50 1 gr. 60 Id. 


Ion 250 1 gr. 40 | Marche de 22 kilomèlres, avec sac. 
Départ à 5 heures du matin, retour à 9 h.1/2. 
I 


Nous voyons que le taux cholestérinémique est resté stationnaire chez 
cinq sujets et a présenté chez les quatre autres des variations, de sens 
différent d’ailleurs, inférieures ou égales à 0,10 centigrammes, de telle 
facon que le taux moyen est passé de 1 gr. 47 avant la marche à 1 gr. 45 
après. D'où l’on peut conclure, semble-t-il, que chez l’homme sain, et 
lorsqu'elle ne va pas jusqu’à la fatigue, la marche n'’entraine pas de 
variations sensibles de la cholestérinémie et que Le taux physiologique 
reste stable. 

2° Influence du sommeil. — À la Société de Biologie, on a déjà discuté 


(1) Effets de la saignée sur la cholestérinémie du lapin par Mauriac. Comptes 
rendus de la Soc. de Biologie, 20 décembre 1912. 
(2) Grigaut. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, juillet 1912. 


\ SÉANCE DU 1° MARS 471 


sur les propriété somnifères de la cholestlérine (1). Sans nous préoccuper 
de ce côté de la question, il nous a paru intéressant de rechercher 
quelles variations le sommeil pouvait entrainer, chez l'homme sain, dans 
la cholestérinémie. Les prélèvements de sang étaient faits dans les 
mêmes conditions que ci-dessus, à 19 heures du soir et 7 h. du matin, le 
dernier repas ayant eu lieu à 5 heures, 

Voici dans le tableau suivant les résultats obtenus chez les 9 sujets 
examinés. 


NOMS AVANT APRÈS OBSERVATIONS 
G 1 gr. 16 1 gr. 20 | En traitement, pour anémie. 

L 1 gr. 16 1 gr. 10 | En traitement, pour courbature. 
C 1 gr. 00 1 gr. 10 | Eu traitement, pour courbature. 
R 1 gr. 50 1 gr. 60 | Sujet sain. 

G 1 gr. 40 1 gr. 30 Id 

B ACT. 3 1 gr. 30 Id 

D 1 gr. 30 1 gr. 30 Id 

D 1 gr. 50 Wore55 Id 

B ANgr-055 Lee EE Id 


Il ressort de ce tableau que les différences ont été nulles ou infé- 
rieures à 0,10 centigrammes, et d'ailleurs de sens variable. Le taux 
moyen des neuf sujets est passé de 1 gr. 31 avant le sommeil à 1 gr. 33 
après. FA 

Les différences n’ont d'ailleurs pas été plus marquées chez les trois 
sujets en traitement à l'infirmerie que chez les six sujets sains. Néan- 
moins on ne peut s'empêcher de remarquer que les premiers avaient un 
taux cholestérinémique sensiblement plus faible que celui des autres, 
en rapport vraisemblablement avec leur état de fatigue ou d'anémie. 
Ilest vrai d'ajouter que chez aucun des neuf sujets examinés, on n'a 
constaté de troubles pathologiques, insomnie ou cauchemars. 

D'où il paraît possible de conclure que le sommeil physiologique, chez 
l’homme sain, n’entraine pas de variations nettes de la cholestérinémie 
et ne trouble pas l'équilibre cholestérinémique. 


MODIFICATIONS DE LA FORMULE NEUTROPHILE SANGUINE D'ARNETH 
SOUS L'INFLUENCE DE L'INHALATION DE L'ÉMANATION DU RADIUM, 


par REBATTU, BRISSAUD et RICHARD. 


Si l’action biologique de l'irradiation des tissus par les sels de 
radium a suscité un grand nombre de travaux, peu de recherches ont 


(1) Marchand, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXII, p. 615, 1912. 
— Brissemoret et Joanin, id., 31 mai 1912. 


A72 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


été faites sur les modifications du sang sous l’ ne de l’'émanation 
du radium. 

Welden a montré que l'émanation du radium favorise la coagulation 
du sang, sans doute en activant les ferments. Les modifications de la 
leucocytose sous l'influence des irradiations ont été étudiées par 
Aubertin et Delamarre. Falta et Freund, Fofanow, M'° M. Lévy se 
sont occupés de l’action de Jémanation du radium sur les globules 
“blancs. 

Aubertin et Pie ont établi l'existence d'un léger degré de 
leucocytose (avec polynucléose) qui fait rapidement place à de la 
leucopénie. 

Falta et Freund, expérimentant chez l'homme sain, trouvent une 
augmentation passagère des globules blancs qui atteignent le chiffre de 
18.000. 

Mie M. Lévy, dans la clinique de His au radium Institut à Berlin, en 
injectant tous les deux jours des ampoules d'une solution de bromure 
de radium ayant une puissance de 100.000 unités Mache, a trouvé une 
leucocytose passagère survenant de trois à vingt-quatre heures après 
l'injection. 

Ces résultats sont sensiblement concordants. 


Nous avons voulu chercher à nous rendre compte non pas de l’exis- 
tence d’une leucocytose ou d’une leucopénie, mais des modifications que 
pourrait présenter la formule neutrophile d'Arneth. 

Nous avons soumis nos malades à 40 séances d’inhalation d’éma- 
nation de radium dans l’émanatorium de la clinique du professeur 
J. Teissier; chaque séance était de deux heures. Pour que les résultats 
soient comparables, les numérations ont été faites chez les mêmes 
malades par les mêmes observateurs, le sang était prélevé avant les 
repas, les doses de l'émanation étaient de 2 à 4 unités Mache par litre 
d'air. 

Nous avons obtenu les résultats résumés dans le tableau ci-contre. 

Les résultats de ces huit observations sont concordants. Dans tous 
les cas la formule a été nettement reportée vers la droite, l'indice 
nucléaire augmentant d’une façon très sensible; dans le cas le moins 
favorable cet indice s'élève de 346 à 367, et dans le cas le plus favorable 
de 192 à 277. 

Ce glissement de la formule d’Arneth vers la droite, cette augmenta- 
tion de la lobulation des polynucléaires neutrophiles est considéré 
d'après les travaux les plus récents comme un facteur d’une valeur 
pronostique favorable; or la plupart de ces malades ont été influencés 
heureusement par l’émanation du radium. Chez les deux goutteux, 
‘acide urique à disparu du sang et l’amélioration clinique peut être 
considérée comme une guérison. 


SÉANCE DU 1° MARS 


. POLYNUCLÉAIRES P. 100 
PRÉLÈVEMENT 

OBS. | SUJETS MALADIES 
du sang. - T lun leu 
1. | Homme Goutle. Avant traitement.| 20 | 3 28 | 19 
40 ans. Après 40 séances.] 10 | 18 | 3 22 
II. | Femme | Rhumatisme [Avant traitement.| 36 | 40 | 20 4 
60 ans.| chronique. |Après 10 séances.| 12 | 24 | 43 | 17 
III. | Homme Goutte. Avant iraitement.| 16 | 28 | 40 | 146 
38 ans. Après 40 séances.f 8 | 24 | 42 | 22 


IV. | Femme | Rhumatisme | Avant traitement! 20 | 32 | 36 8 
46 ans.| chronique. |Après 40 séances.| 10 ! 21 | 35 | 25 
V. | Femme | Rhumatisme [Avant traitement,| 2 | 17 | 42 | 32 
40 ans.| goutteux. |Après 40 séances.| 0 4 | 38 | 36 


Avant 
Après 


Rhumatisme 
chronique. 


VI. | Femme 


traitement.| 0 | 2 
3$ ans. 0 


40 séances. 


VII. | Homme! Rhumatisme |Avant traitement.i 0 | 20 | 62 | 16 
38 ans. subaigu. |Après 40 séances.| 0 4 | 38 | 40 
VIIL.| Homme| Tuberculose |Avant traitement. 2 5 34 | 48 | 16 
20 ans. | pulmonaire. |Après 40 séances.| 0 6 | 58 | 30 


473 


INDICE 


nucléaire. 


Peut-être il y a-t-il un rapport entre la disparition de l'acide urique 
du sang et l'augmentation, dans le pourcentage des polynucléaires neu- 
trophiles, des éléments à 4 et 5 noyaux. Ces derniers sont considérés 
comme ayant une activité plus grande et l’on peut se demander, si à 
l'action chimique qu’exerce l’émanation du radium sur le monourate 

_de soude, qu’il détruit ou décompose partiellement en CO* et AzH”,il ne 
se superpose pas une action humorale par l'activation des ferments 
uricolytiques sécrétés surtout par les polynucléaires dont la lobulation 


plus riche indique la suractivité. 


Cette modification de la formule d’Arneth, indice favorable a priori, 
coïncide cliniquemenrt avec l'amélioration des sujets rhumatisants jet 


goutteux soumis à l’'émanation. 


Le seul tuberculeux traité n’a présenté ni amélioration ni aggrava- 


tion notable. 


Ajoutons que le pourcentage des différents globules blancs fut fait dans 
4 cas et nous avons toujours constaté une légère lymphocytose relative. 
Conclusions. — 1° L'émanation du radium à faibles doses provoque 
d'une facon constante une augmentation de la lobulation des polynu- 


cléaires neutrophiles. 


La formule d'Arneth est donc nettement déplacée vers la droite. 
2° Cette modification coïncide avec la guérison ou l'amélioration des 


malades (rhumatisants et goutteux) ainsi traités. 


(Clinique de M. le professeur J. Teissier.) 


474 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


UNE TECHNIQUE RAPIDE ET PRÉCISE DE DOSAGE DU SUCRE DANS LE SANG, 


par MARCEL LiSBONNE. 


Nombreuses sont les méthodes proposées depuis CI. Bernard pour le 
dosage du sucre dans le sang. Dans ces dernières années, De Meyer (1), 
à la suite d’une excellente étude expérimentale et critique des princi- 
pales d’entre elles (méthodes de Rühmann, de Seegen, de Bierry el Por- 
tier), a indiqué une technique qui semble devoir donner des résultats 
d’une précision non atteinte jusqu'ici. Mais cette précision n’est obtenue 
qu’au prix d’une série de longues et multiples opérations; de sorte 
qu'un dosage de sucre nécessite plusieurs heures de manipulations. 

Au cours de recherches sur la glycolyse, nous avons imaginé un pro- 
cédé dont la sensibilité et la rapidité d'exécution sont telles qu'ils nous a 
paru utile de le signaler. 

Cette nouvelle technique n’est, à proprement parler, qu'une modifi- 
cation de celle de CI. Bernard en ce sens qu'elle lui emprunte le mode 
de désalbaminalion par le sulfate de soude et l'acide acétique. Mais au 
lieu d'exprimer le caillot à la presse, comme dans cetle dernière, on se 
contente de filtrer et de doser le sucre dans 20 ou 40 c.c. du filtrat, par 
la méthode de G. Bertrand. Le calcul de la teneur en sucre de la quan- 
tité initiale de sang sur laquelle on a opéré se fait sans tenir compte du 
volume du précipilé d’albumine et de sulfate de soude, c'est-à-dire en 
admettant que le mélange de sang et de sulfate de soude acidifié constitue 
un liquide homogène. 

Pour si discutable que soit le raisonnement qui est à la base de ce 
calcul, il n’en est pas moins évident que les résultats, obtenus dans des 
expériences rigoureuses de contrôle, sont d’une précision au moins 
égale à ceux qu'a indiqués De Meyer. 

Dans une capsule contenant 25 grammes de sulfate de soude et 
XII gouttes d’acide acétique cristallisable, on reçoit 25 grammes de 
sang défibriné ou émulgent d’un vaisseau. Cuisson suivant le procédé 
de CI. Bernard. On ajcute, pendant l’ébullition, quelques centimètres 
cubes d’une solution de sulfate de soude saturée à froid, de manière à 
rendre un peu plus liquide le mélange contenu dans la capsule. On 
verse, presque bouillant, dans une fiole jaugée de 100 c.c. La capsule 
est lavée à plusieurs reprises avec la solution bouillante de sulfate de 
soude et les liquides de lavage sont ajoutés au précédent de manière à 
obtenir un volume total de 100 c.c. La fiole est portée au thermostat à 
40 ou 45 degrés pendant une dizaine de minutes. Le volume du liquide 


(1) De Meyer. Sur la désalbumination et la dose du sucre du sang. Bull. de 
la Soc. des Sciences médicales et naturelles, Bruxelles, 1904, n° 3. 


SÉANCE DU 1° MARS 475 


diminue dans la fiole. On le ramène exactement à 100 c.c. avec quelques 
gouttes de solution de sulfate de soude. On verse sur un filtre à pli le 
liquide encore chaud. Le filtrat obtenu est d’une limpidité parfaite. 

_ Dans un petit ballon jaugé, porté lui-même au thermostat à 40 ou 
45 degrés, on mesure exactement 20 c.c. du filtrat. Il ne reste plus qu’à 
doser le sucre dans ces 20 c. c. de filtrat par la méthode de G. Bertrand. 
En multipliant la quantité de sucre, trouvée dans cette opération, par 5, 
on obtient la quantité de sucre contenue dans les 100 c.c. initiaux, 
c'est-à-dire dans 25 grammes de sang. 

Pour les cas où l’on désire obtenir une précision plus grande, on 
mesure 40 c.c. de filtrat dans deux fioles de 20 c.c. Le liquide contenu 
dans chacune d'elles est porté à l'ébullition en présence de la liqueur 
alcaline de sulfate de cuivre; mais l’oxydule est recueilli sur le même 
filtre d'amiante. À partir de ce moment le dosage se poursuit dans 
les conditions habituelles. En multipliant le chiffre trouvé par 2,5 
on obtient la quantité de sucre contenue dans 25 grammes de sang (1). 

La même technique s'applique au dosage du sucre dans le sérum 
(10 c.c. sérum, 10 grammes SO'Na? acidifié). 

Voici quelques résultats obtenus dans des expériences de contrôle : 


SUCRE CONTENU GLYCOSE SUCRE TOTAL | SUCRE TOTAL 
4 trouvé ERREUR 
dans 25 gr. de sang. ajouté. théorique. par dosage. 
I. — A. 0 gr. 0486. » » DS » 
B. 0 gr. 0486.| O0 gr. 0404 0 gr. 0890 0 gr. 0882 |— 0 gr. 0008 
C. 0‘gr. 0486.| O0 gr. 0606 0 gr. 1092 0 gr. 1092 |» 0: gr. 0000 
it PACA () ou 0056. » » » » 
B. 0 gr. 0956.| O0 gr. 0110 0 gr. 0166 0 gr. 0168 | 0 gr. 0002 
C. 0 gr. 0056.| 0 gr. 011) 0 gr. 0466 0 gr. 0460 |— 0 gr. 0006 


Comme on le voit, lorsque ce procédé est appliqué avec soin, l'erreur, 
n'est jamais supérieure à 1 milligramme. C'est à ce degré de préci- 
sion qu'arrive De Meyer à l'aide de sa technique. 


(4) Il pourrait paraître extraordinaire qu’on puisse faire complètement 
abstraction du précipité volumineux qu'engendre le mélange à chaud de 
SO’Na° acidifié et de sang. Pour expliquer ce fait on peut supposer, d’une part, 
que le liquide qui imbibe le précipité a une teneur en sucre identique à celle 
du filtrat et, d’autre part, que le volume du précipité — supposé parfaitement 
sec — serait négligeable pour une dilution étendue de la liqueur sucrée. 

Tout récernment R. Moog (Comptes rendus d2 la Soc. de Biologie, t. LXXIV, 
1913, p. 325) a montré qu'on pouvait négliger le volume du précipité formé 
dans le dosage de l'urée dans le saug par l'acide trichloracétique. Il semble 
également que Bierry et Portier ont fait de même dans leur procédé de 
dosage du sucre du sang par le réactif de Patein. 


476 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ; 


Ajoutons qu'on peut, en deux heures, avec un peu d'habitude, pra- 
tiquer du commencement à la fin cinq à six dosages d'échantillons 
divers. 


(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Montpellier.) 


INFLUENCE DE LA TOXINE TÉTANIQUE ET DE LA TOXINE DIPHTÉRIQUE 
SUR LA PROTÉOLYSE ET L'AMINOGENÈSE DES CENTRES NERVEUX, 


par L.-C. SouLa. 


Nos premières recherches (1) nous ayant montré l’action toute diffé- 
rente des agents excitantset narcotisants sur le calabolisme azoté de l'axe 
cérébro-spinal, il nous a paru intéressant de voir l’action que pouvaient 
exercer deux toxines à effets différents : la toxine tétanique convulsi- 
vante et la toxine diphtérique paralysante. 

Nous avons pu faire cette étude grâce à M. Pozerski, de l’Institut 
Pasteur, qui a bien voulu nous procurer les deux toxines et que nous 
tenons à remercier de son obligeance. 

Nous avons injecté à des lapins des doses mortelles de toxine téta- 
nique et diphtérique et nous avons analysé la substance nerveuse du 
cerveau et de la moelle, séparément. 

Voici les résultats de cette analyse : 


À : \ COEFFICIENT COEFFICIENT 
Nt | Nt | N°? | N° | d'aminogenèse | de protéolyse 
. 100. p. 100. 


p 
Toxine Cerveau . . . .|1610|1148| 329) 133 8,2 28,6 
tétanique. Moelle et" nn SES) » OT 10,5 » 
Toxine Cerveau - . . .|191011560| 147| 103 58 18 » 
diphtérique. / Moelle . 4712210» » | 409 6,3 9 


Nous rappellerons que les coefficients normaux sont : coefficient 
d'aminogenèse : 6 à 6,5 p. 100 dans le cerveau, 7 à 7,5 p. 100 dans la 
moelle; coefficient de protéolyse : 13 p. 100. 

La toxine convulsivante augmente donc l'intensité de l’autoprotéo- 
lyse de la substance nerveuse; la toxine paralysante, au contraire, 
diminue l'intensité de l’autoprotéolyse. Ces résullats concordent avec 
ceux que nous avons signalés pour les effets des agents physiques et 

(4) Voir-Comptes rendus de la Soc. de Biologie, août et novembre 1942 et 
février 1913..: 


k 
À 


3 4 ” 
sÉANCE pu 4e MARS 


dépriment l'activité du système nerveux 


Es 


Ces faits nouveaux at à l'appui de la conclusion que nous en 
) : Ti le fonctionnement des centres nerveux S'accom- 


| (Pit de : Institut de CH re de la Facale Fr Médeerne 
de To rousse ) | 


. ERRATA 
Note DE M. Voës. 


Un Ant de mise en pages a produit l'interversion dE deux parties de la note : 


portion de la note comprise entre la ligne 3, page 366, et la fin de cetle page 366, 
it 5e intercalée, page 365, entre la ligne 9 el le tableau de valeurs nuwmériques. 


age 266, ligne 26, lire : 2», — 1um, 97, — 3um,8, 


478 


RÉUNION BIOLOGIQUE 
DE SAINT-PÉTERSBOURG 


SÉANCE DU 29 JANVIER 1913 


BELoNOvSKI (G.) et BATCHINSKY 
(P.) : Sur le rôle du complément 
dans les phénomènes de l'immu- 


SOMMAIRE 


Ivanov (J.) : Expériences sur la 
fécondation des mammifères avec le 
sperme mélangé d'alcool (Deuxième 


UE RSA ET AE ce 5 0 LE LR AND OR OR 182% NcommMUACAON) ER TEEN 482 
Ivanov (J.) : Action de l'alcool SIEBER-CHouMov (Mn:) : Sur l’ac- 

sur les spermatozoïdes des mammi- tion dissolvante de l’eau oxygénée | 

fères (Première communication) . . 480 | sur les bacilles tuberculeux. . . . 418 


Présidence de M. Famintzin. 


SUR L'ACTION DISSOLVANTE DE L'EAU OXYGÉNÉE SUR LES BACILLES TUBERCULEUX, 


par M"° SIEBER-CHOUMOV. 


Le fait de la grande résistance des bacilles tuberculeux est bien 
connu ; on sait que tous les efforts des bactériologistes et des chimistes 
pour arriver à dissoudre ces microorganismes à structure particulière 
n’ont pas abouti aux résultats voulus. Il est vrai que l’application suc- 
cessive des dissolvants spécifiques des graisses, des lipoïdes, des albu- 
mines, des hydrocarbures et des autres matières composant le bacille 
tuberculeux a permis de se faire, jusqu'à un certain degré, une opi- 
nion sur la composition de ce microorganisme; mais on na pas réussi 
à dissoudre complètement le bâtonnet tuberculeux. Non seulement 
l'application de diverses matières chimiques, mais l'emploi des ferments 
digestifs, n’a pas non plus donné de résultats satisfaisants. 

L'emploi de l’eau oxygénée comme dissolvant des bacilles tubercu- 


LR < Le 


SÉANCE DU 29 JANVIER 479 


leux a été suggéré, d'une part, par des considérations théoriques, d’une 

- autre, par les données expérimentales établies par divers chercheurs 
el par moi-même, qui démontrent que l’eau oxygénée a la propriété de 
dédoubler et de dégrader des corps à molécule élevée. Les expériences 
faites en ce sens sur une série de substances comme les corps albumi- 
noïdes et kératiniques, les pigments animaux et végétaux et leurs 
dérivés et enfin les bacilles tuberculeux ont donné des résultats nette- 
ment positifs; tous ces corps qu'il était difficile, sinon impossible, de 
dissoudre, peuvent être dissous sous l’action simultanée de H°0° et du 
chauffage à l’autoclave à 143-160 degrés (3 à 6 atmosphères). 

Le fait de la dissolution du bâtonnet de Koch une fois établi, il fallait 
faire une série d'expériences pour obtenir la dissolution complète sans 
aucun résidu. Nous avons constaté dans ces expériences que la con- 
centration de l’eau oxygénée et la quantité employée doivent varier 
avec la substance dont on veut obtenir la dissolution. En général, la 
dissolution se fait mieux à des concentrations faibles de l’eau oxygénée. 
Nous avons aussi constaté que l’eau oxygénée est un dissolvant avec 
lequel on peut à volonté, suivant le but que l’on a en vue, obtenir tel 
ou tel résultat, c’est-à-dire aboutir à une décomposition plus ou moins 
complète. Le chauffage de la solution de H°O° contenant des bacilles 
tuberculeux à 100 degrés sans pression, ou à 120 degrés sous la pres- 
sion de 1 atm. 5, ne suffit pas pour dissoudre les bâtonnets de Koch. La 
dissolution commence à une pression de 2 atmosphères, c’est-à-dire 
à 133 degrés. On n'obtient des résultats nettement positifs qu’à une 
température de 143 degrés et à une pression de 3 atmosphères, en 
employant la concentration et la quantité appropriées de H°O*. 

Les bacilles tuberculeux employés provenaient de cultures en bouil- 
lon ; dans un petit nombre de cas, de cultures sur pomme de terre. Les 
cultures dont on s’est servi dans les expériences ont été lavées. On a 
employé aussi des cultures desséchées et dégraissées. On calculait la 
quantité de l'eau oxygénée d’après les baciltes tuberculeux desséchés 
jusqu’à un poids constant. 

Nous laissons de côté la description détaillée des expériences et nous 
voulons indiquer seulement la relation qui existe entre le pourcentage 
des matières organiques d’un côté et de l'azote de l’autre, et la quantité 
et la concentration de l’eau oxygénée. Dans les solutions concentrées, la 
teneur en matière organique est élevée, elle peut atteindre 90 p. 100; la 
teneur en azote est peu considérable, elle oscille entre 2,3 et 2,9 p. 100. 
En même temps que la concentration diminue, la teneur en matière 
organique s'abaisse, elle devient presque deux fois plus petite, tandis 
que la teneur en azote augmente en passant de 2,3-2,9 p. 100 à 

* 15,22 p. 100 et même plus. Le temps pendant lequel on chauffe et la 
température n’ont pas, semble-t-il, à ce point de vue, d'influence 
décisive. | 


BIoLOG1E. COMPTES RENDUS. — 1943. T. LXXIV. 34 


480 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


Il faut éncore mentionner l'action désinfectante et bactéricide de l’eau 
oxygénéé par rapport aux bacilles tuberculéux. Des cobayes qui ont 
recu des injections intrapérilonéales de bacilles tuberculeux, soumis, 
à la température ordinaire ou à 37 degrés, à l’action de l’eau oxygénée 
ne sont pas infectés, tandis que les animaux de contrôle, injectés en 
même témps, ont péri. L'autopsie des animaux, faite deux ou trois mois 
après l'injection de bacilles tuberculeux soumis à l'action de l'eau 
oxygénée, à montré que les organes et les tissus de ces animaux ne sont 
pas altérés. 


(Laboratoire de Chimie de l’Institut de Médecine expérimentale.) 


ACTION PE L'ALCOOL SUR LES SPERMATOZOÏDES DES MAMMIFÈRES, 


(Première communication), 


par J. [vanov. 


Dans mes expériences relatives à l’action des solutions salines et de la 
toxine et de l’antitoxine diphtériques sur les spermatozoïdes et à la 
fécondation avec les spermatozoïdes qui ont subi ces aclions, je n'ai pu 
constater aucune influence notable de ces facteurs sur la descendance, 
au point de vue du développement de cette descendance et à celui de la 
teneur du sang en unités antitoxiques (1). 

Mais l’idée d'influencer la descendance des mammifères par l’action 
des facteurs physiques et chimiques sur la cellule séminale avant la 
copulation avec la cellule sexuelle femelle ne présente rien d’impro- 
bable, et la méthode de La fécondation artificielle permet de l’aborder 
par la voie expérimentale. 

Je me suis arrêté dans mes expériences à l'alcool, d'abord parce qu'on 
le considère comme un poison spécifique pour les cellules sexuelles et 
pour la descendance de ces cellules intoxiquées par l'alcool, el aussi 
pour d’autres raisons. 


D'un côté, comme l’ont établi P. Bouin et Garnier, Laitinen, N. Sadokov, 
Nicloux, etc., l'introduction dans l'organisme de petites doses d’alcoo!, même 
lorsque la quantité d'alcool qui a passé dans le sang et dans les sécrétions 
des glandes sexuelles ne dépasse pas plusieurs dixièmes p. 100, provoque des 
troubles graves non seulement dans le processus de maturation des éléments 
sexuels, mais aussi dans le développement du fœtus. On observe dans ce cas 
un pourcentage anormalement élevé de mort-nés, de naissances avant terme, 
on constaté aussi chez la descendance une faible résistance à diverses mala- 
dies et fréquemment des convulsions. 


(4) Cf. Archives des Sciences biologiques, édition française, t. XII, 1907. 


SÉANCE DU 29 JANVIER 481 


D'un autre côté, il y a des faits qui prouvent la résistance relativement 
considérable de la cellule séminale à l’action directe de l'alcool [sperma- 
tozoïde du rat (Ivanov), spermatozoïdes de la truite (Henneguy)]. 


. L'alcool nous a donc paru fournir un réactif approprié à notre bu : 
d'une part, c’est un poison spécifique et il agit d’une manière prononcée 
sur les cellules sexuelleset sur la descendance; d'une autre, il permet 
de pousser les expériences jusqu’à des limites assez étendues en ce qui 
concerne les doses. 

Nous nous sommes posé le problème suivant : étudier l’action directe 
de l'alcool : 1° sur la vitalité des spermatozoïdes des mammifères ; 2° sur 
leur faculté de féconder l'œuf; 3° sur la vitalité et le développement de 
la descendance du sperme qui a subi l’action de l'alcool. 

Nos recherches ont montré que, dans le sperme du chien contenant 
2 p. 100 d'alcool (on s’est servi d'alcool! à 95 p. 100), on peut constater 
des mouvements progressifs énergiques huit heures après l’addition 
d'alcool (1). Dans le sperme du chien contenant 5 p. 100 d’alcool, on 
observe des mouvements progressifs deux heures après l'addition de 
l'alcool; avec 8 p. 100; une heure après, avec 10 p. 100 : une demi-heure 
et avec 12 p. 100 : vingt minutes après. Avec une teneur en alcool de 
12 p. 100 on observe de faibles mouvements progressifs quarante 
minutes après l'addition d'alcool et avec 15 p. 100 : dix minutes après. 
Avec une teneur de 15 p. 100, on observe des mouvements oscillatoires 
quinze minutes après l'addition d'alcool, avec une teneur de 20 p. 100 : 
des mouvements oscillatoires faibles une à cinq minutes après. L'alcool à 
un pourcentage au-dessus de 20 p. 100 tue les spermatozoïdes en ur 
temps assez court. 

Dans lesperme du mouton contenant 3,3 p. 100 d’aleool, on à pu 
constater des spermatozoïdes à mouvements progressifs dix-neuf 
heures après l'addition d'alcool. Une teneur en alcool de 7 p. 100 n'a 
pas provoqué d’altération dans la vitalité des spermatozoïdes pendant 
les premières quinze-vingt minutes ; leurs mouvements étaient même 
au début, dans ces conditions, plus intenses. Avec une teneur en alcool 
de 15 p. 100, je n'ai pas réussi à trouver dans le sperme du mouton de 
spermatozoïdes à mouvements progressifs bien prononcés. 

Les spermatozoïdes du cobaye et du lapin sont (du moins dans les 
conditions de nos expériences — sperme artificiel) moins résistants à 
l’action de l'alcool; ils gardent cependant avec une teneur en alcool de 


LA 


5 p. 100 des mouvements progressifs pendant vingt-cinq à quarante 


(1) 1 ne faut pas oublier que la vitalité des spermatozoïdes varie fortement 
avec les régimes alimentaire et sexuel; elle peut varier chez le chien de plu- 
sieurs heures à deux-trois jours. 


482 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


minutes, avec 2 p. 100 pendant quatre heures et avec 10 p. 100 pendant 
une à trois minutes. 

Les spermatozoïdes qui ont cessé de se mouvoir peuvent se ranimer 
lorsqu'on étend le sperme de solutions salines et lorsqu'on diminue 
par conséquent la teneur en alcool. La quantité et l'énergie des mouve- 
ments des spermatozoïdes ranimés dépendent du pourcentage de 
l'alcool ajouté et du temps pendant lequel l’alcool a agi sur les sperma- 
tozoïdes. Même avec du sperme de chien contenant 20 p. 100 d'alcool 
on peut voir des spermatozoïdes se ranimer à condition d'étendre le 
sperme bientôt après l'addition d'alcool de manière à ne pas prolonger 
l'action de ce poison. 


EXPÉRIENCES SUR LA FÉCONDATION 
DES MAMMIFÈRES AVEC LE SPERME MÉLANGÉ D ALCOOL 


(Deuxième communication), 


par J. IvANOv. 


Après avoir établi que les spermatozoïdes sont assez résistants à 
l'action de l'alcool, j'ai entrepris des expériences sur la fécondation 
avec le sperme exposé à cette action. Mes expériences ont porté sur des 
chiens, des brebis, des lapins et des cobayes. Je me suis servi d'alcool 
éthylique du commerce à 95 p. 100 (1). 


Dans les expériences sur le chien et le mouton, je me suis servi du 
sperme naturel; dans les expériences sur les lapins et les cobayes, du 
sperme artificiel (spermatozoïdes dans des solutions salines). Les 
observations sur la vitalité des spermatozoïdes ont été faites en goutte 
pendante. L’injeclion du sperme mélangé d'alcool se faisait par la mé- 
thode ordinaire adoptée pour les chiens, les brebis et les animaux de 
laboratoire, c'est-à-dire dans le vagin à l’aide d’une seringue ou d’un 
cathéter. 


La durée de l’action de l'alcool sur les spermatozoïdes ne dépassait 
pas, d'habitude, 30 minutes; dans les cas où la teneur en alcool était 
de 8 à 10 p. 100, on injectait le sperme aussitôt après l'addition de 
l’alcool. Les tableaux ci-joints montrent que cette addition, même à 
10 p. 100, n’a entravé ni la conception, ni la marche normale de la ges- 


lation, ni la naissance d’une descendance normale. 


(1) On a calculé la teneur en alcool (pourcentage) par rapport à cet alc ;ol, 
et non par rapport à l’alcoo!l absolu. Hurs 


SÉANCE DU 29 JANVIER 483 


Tagceau I. — Expériences sur la F5 p.100. avec le sperme mélangé d'alcool 
p. ë 


en TENEUR| Lyrég | PESCENDANCE |, |z 
ANIMAT, en TR | 2 | 7 CAUSES 
de la M alal de la a Es Ë SONT MORTS A : 
: conde. : âles |Femelles.| © e la mort, 
naissance. p. 100. gestation. (aombre |(nombre) Ë Ê 
1910 | QUE Septicémie 
4er mai. |Lapine 1.| 0.5 30 jours 5 2 7| 0 à 1 an. hémorragique. 
Septicémie 
3 mai. |Lapine 2. 0.5 30 — 4 3 7| 0 à 1 an. hémorragique. 
9 mai. Cobaye. 1 > Sn — 1 1 2| 0] à 2 ans Mise-bas, 
28 mai. |Chienne1.| 2» 65 — 1 1 2| 0 
16 mai. [Chienne2.| 2» | 61 — 0 3 3| 0 2 Étranglés 
2 jours par la mère. 
21 juin. [Chienne3.| 5» 99 — 1 1 2| 1 
1912 
8 juin. |Chienne 4.| 10 » 59 — 2 { 3| 0 
2 
27 août. |[Chienne1.| 8 » 60 — 4 2 6| 0] à 1 mois. Peste. 
1911 1 
6 mai. |Brebis 1. 5 » |145 — 1 (0) 1| 0[ à 3 mois. Blessure. 
15 mai. | Brebis 2. 0 
1 
Tagceau Il. — Augmentation du poids de la descendance des animaux fécondés 
avec du sperme mélangé d'alcool. . 
0,5 0/0 1 0/0 2 0/0 2 0/0/5 vu | 10 0/0 
n © 
ee © 
5 € 
© & LAPINS 
7 a - PETITS CHIENS : DESCENDANCE DES 
Ee 
& S |descendance des HE 
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En 1 2 1 2 3 & 
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6 © 
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x RENE ES LE) RAT ERP 578| 504| 266! 261| 530.5) 483.5] 539» 
5 2] Pet ee 11940 4080 PR RER LL °2 + 111| + 308 »|+ 299.5 

FN POSE] DES + 98.5|+ 31.5] 8464 722|-+ 335] + 3101 640.5|+ 654.5] 682.5 
15 caler 68.5) ess lin. + 516|+1010 »|+1101.5 
20 |+ 33l+ 6ol-+112 »|+ 90.51 +1873 1563) + 806|-+ 719|11309.5|-11313.5| +138 » 
30 | 326|+ 238] +169.5| +169 , | 2606 +2214| 11399] 1 1054| 11947 »| 11892.5 

20 | 556|+ 677 :218.5| +908 ,| + 3786] +3196| 12310] 11609! +2182.5| 12199 »| 19324 » 


60 |+1946|+19981+312.5/-1345 »|-16238|+5286| +2986| +2939| 192766 »| 12632 »| +3466.5 


80 |+923661+92452]+291.5| 469.5) 17594] 16312)... +3539| +4536.5|+ 
100 |-+3502|+3552] 462.51+531.5)......|......|...... + 4748|+7098.5|+7374 »|+8493 » 


Poids en grammes. L'augmentation est calculée par rapport à la première pesée. 


18% RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


On voit ainsi que l’action directe de l'alcool sur les cellules séminales 
est différente de celle qu’on observe lorsque l'alcool est introduit par la 
voie buccale ou sous-cutanée. Cette différence peut avoir pour cause : 
1° l’action d’une série de corps, produits de l'oxydation de l'alcool 
(aldéhydes), qui se forment dans les voies digestives et passent 
ensuite dans le sang; 2° l’action des troubles nerveux, liés à l’intro- 
duction de l’alcool dans l'organisme, sur les glandes sexuelles; 3° les 
propriétés spécifiques des spermatozoïdes, qui peuvent manifester une 
résistance plus vive aux actions extérieures que les cellules qui leur 
donnent naissance (spermatogonies, spermatocytes, etc.). 


(Section physiologique du Laboratoire de médecine vélérinaire du 
ministère de l'Intérieur.) 


SUR LE ROLE DU COMPLÉMENT DANS LES PHÉNOMÈNES DE L'IMMUNITÉ, 


par G. BELoONoOvsKY et P. BATCHINSKY. 


Le problème du complément ou de l’alexine s’est posé pour la pre- 
mière fois vers 1890, lorsque Fodor et Nuttal ont proposé leur théorie 
dés substances bactéricides dans le sang. Vers la même époque, Buch- 
ner a constaté que les substances bactéricides du sang disparaissaient 
après un chauffage à 56°. C’est pourquoi il a émis l'hypothèse suivant 
laquelle le sérum contient une substance spéciale, l’alexine, à laquelle il 
attribue un rôle actif dans la protection contre l'infection. 


- Le problème des alexines a été soulevé de nouveau dix ans après, lors " 


de la découverte de Pfeiffer et Issaév, qui a fait apparaître les propriétés 
bactériolytiques du sang des animaux immunisés, et surtout après que, 
grâce aux expériences de Metchnikoff, de Bordet, d’Ehrlich, on a pu 
obtenir des sérums hémolytiques et d’autres sérums cytotoxiques. Ces 
sérums ressemblaient aux sérums bactériolytiques, ils perdaient leurs 
propriétés lytiques après chauffage à 56° pendant une demi-heure, ces 
propriétés réapparaissant après l'addition de sérum frais. On est ainsi 
arrivé à la conception que les sérums spécifiques se composent de deux 
parties : 1° du complément ou de l’alexine, détruit à 56° et qui n’est pas 
spécifique ; 2° de l’ambocepteur, qui résiste au chauffage et qui est spé- 
cifique, c'est-à-dire n'apparaît que sous l'influence de l’immunisation. 

En se basant sur l'étude de l’hémolyse, Ehrlich se représente l'action du 
sérum d’après le schéma suivant : l’ambocepteur doit d’abord s'unir 
aux globules du sang pour altirer ensuite le complément. 

Le sérum normal possède ainsi, suivant l'opinion d'Ehrlich et d’autres 
chercheurs, un pouvoir lytique, qui détruit les bactéries et les autres 


SÉANCE DU 29 JANVIER 485 


éléments étrangers, mais pour exercer ce pouvoir, pour attaquer l'agent 
infectieux, une autre propriété est nécessaire, la propriété de l'ambo- 
cepteur, dont le rôle est d’unir l’alexine, qui représente la source des 
propriélés protectrices, avec les bactéries ou les globules qu sang, en 
général, avec l’objet qui doit être détruit. 

On a ainsi le schéma suivant de l’action spécifique : complément- 
ambocepteur-objet. 

Mais ce schéma ne concorde pas toujours avec les données de l’expé- 
rience. Suivant cette conception, la quantité de l’énergie du complément 
doit varier avec le degré de l’immunité de l'organisme, tandis qu’en 
réalité la quantité du complément varie peu au cours de différentes 
maladies. 

C'est pourquoi on est amené à renverser les rôles, à se demander si 
ce n’est pas l’amhocepteur qui possède les forces protectrices et si on 
ne doit pas altribuer au complément le rôle du trait d'union. 

Afin de résoudre ce problème, une série d'expériences a été faite en 
vue d’élucider le rôle du complément dans les divers phénomènes des 
réactions de l’immunité. 


D’après la théorie des récepteurs d’Ehrlich, tous les phénomènes de l’im- 
munité peuvent être répartis en trois catégories : 

Récepteurs de la première catégorie : antitoxines, antiferments. Récepteurs 
de la deuxième catégorie : agglutinines, précipitines. Récepteurs de la troisième 
catégorie : bactériolysines, cytolysines. 

On a poursuivi l’action du complément à travers toutes ces catégories. On 
a fait d’abord des expériences sur les agglutinines, c'est-à-dire sur des sérums 
qui agglutinent différentes bactéries; les expériences ont porté sur des sérums 
agglutinant les bacilles du choléra, de la fièvre typhoïde, de la dysenterie, et 
les paratyphiques A. et B. On a constaté que l’addition du complément a par- 
tout augmenté d’une manière notable l’action agglutinante, le complément 
seul n’exerçant pas d'action agglutinante. Les expériences sur les sérums pré- 
cipitants et sur les sérums antiferments ont donné le même résultat; comme 
ferment et antiferment, on aprisla présure et le sérum de cheval, qui contient 
une antiprésure naturelle. 

Pour élucider le rôle du complément dans l’action des Die de la 
troisième catégorie, c'est-à-dire des ambocepteurs, on a examiné l'influence 
du complément sur l'absorption de l’ambocepteur spécifique par les globules 
rouges du sang et on a constaté que le complément joue ici un rôle important. 


En se basant sur toutes ces expériences, on peut émettre l'hypothèse 
suivante pour expliquer la réaction de l’immunité : sous l'influence de 
V’immunisation ou de l'infection, il se forme des anticorps dans le 
sérum. Ces anticorps ont la propriété de s'unir à l’objet contre lequel 
l'organisme est immunisé; cet objet peut être une bactérie, une toxine 
ou une cellule étrangère. Le complément accentue l'effet de cette union; 


il la favorise en la faisant plus étroite, et son intervention augmente 


486 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


dans certains cas l’action spécifique; dans d’autres cas, par exemple Ë 
dans le cas de l’ambocepteur, ce n’est qu’en sa présence de l'action spé- 


cifique a un effet visible. 


-Le rôle du complément consiste donc à faire plus CompIete l'union 
entre l'anticorps et le corps introduit par nous ou sans notre interven- 


tion dans l’ Ron 


(43) 487 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


SÉANCE DU 17 FÉVRIER 1913 


SOMMAIRE 
Cour (J.) et Tairy G.) : Asper- cémie expérimentale. . . . ..... 18 
sillus et argent métallique . . . .. 13 ParisoT (JaAcQuESs) et MATHIEU 
Durour (M.) : Sur l'emploi des (PIERRE) : Quelques réactions de 
lunettes hétérochromes . . . . . .. 14 | l'organisme dans l’hyperglycémie 
Hans et Jacquor : Phagecytose expérimentale. .. 1... Se Der20 
du bacille de Koch dans le liquide SARTORY (A.) et BaAInIER (G.) 
céphalo-rachidient, 1... 1: 16 | Etude d'un Champignon nouveau 
Lasseur (Px.) : Influence du fer du genre Gymnoascus. Gymnoascus 
sur la végétation et la coloration CONLLEN SENS EN 24 
des cultures de diverses bactéries. 22 Tairy (G.) : L’anguillule stercorale 
Parisor (Jacques) et MATHIEU Strongyloides stercoralis (Bavay, 
(Pierre) : Absorption et élimination 1871), chez les mineurs de fer de la 
du sucre au cours de l'hypergly- Lorrainer fat. NEA, 26 


Présidence de M. Meyer. 


ASPERGILLUS ET ARGENT MÉTALLIQUE, 


par J. Copur et G. Tuiry. 


On dit que l’Aspergillus ne croît pas ou croît difficilement dans un 
vase d'argent. Nous avons répété cette expérience. N'ayant pas de vase 
d'argent à notre disposition, des pièces d’argent de 50 centimes — 
préalablement lavées et brossées au savon, puis décapées dans l'acide 
acétique, lavées à l’eau et à l'alcool — ont été introduites dans quatre 
flacons d'Erlenmeyer, contenant chacun 20 c.c. de liquide de Raulin. 

Nous avons expérimenté avec les espèces suivantes : 1° Aspergillus 
fumigatus n° 1, isolé par l’un de nous de crachats ; 2° Aspergillus fumi- 
gatus n° ?, isolé par l’un de nous d’un autre cas d'Aspergillose pulmo- 
naire ; 3° Aspergillus flavus ; 4° Sterigmatocystis nigra, isolé de l’enduit 
lingual. Nous avons ensemencé une série de ballons avec pièces d'argent 
et une autre série de ballons témoins sans argent, le 8 août. Voici les 
résultats : 

Aspergillus fumigatus n° 1. — 9 août. Le tube témoin contient des 


(44) 


188 E RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


ilots grisâtres flottant dans le liquide. Pas de différence dans le flacon 
contenant une pièce d'argent. 

Le 10 août, mycélium avec couche superficielle jaune verdâtre. La 
cullure serait même plus luxuriante dans le flacon contenant l'argent 
que dans le témoin. 

Le 14 août, toute la surface libre du Mori montre un gazon ver- 
dâtre. Puis, jusqu'au mois de novembre, aucune différence entre les 
- cultures. 

Aspergillus fumigatus n° 2. — 9 août. Le tube témoin renferme des 
îlots blanchätres assez de et des flocons dans le liquide. Peut- 
être que la végétation est un peu moins avancée dans le flacon avec 
argent que dans celui sans argent {ce qui peut tenir à la difficulté d'en- 
semencer avec une dose égale de semence). Le 10 août, la différence de 
végétation n’est plus appréciable. Le 11 août, abondante production de 
spores, et aucune différence jusqu'au mois de novembre. 

Asperqillus flavus. — Pas de différences entre les deux cultures. 

Slerigmatocystis nigra. — Le 10 août apparaissent les spores. De 3 
toutes les espèces, c’est la plus luxuriante. Aucune différence dans les 
cultures, avec ou sans argent. | 

Dans les conditions de notre expérience, l'argent métallique n’a eu 
aucune influence sur le développement. Nous savons bien que le métal 
n’était pas pur, qu'il se trouvait en alliage. Nous savons que les pièces 
neuves surtout, qui ont subi le blanchiment (enlèvement de Cu super- 
ficiel par oxydalion au rouge et dissolution dans SO4H2 étendu), sont 
moins altérables. Cependant, il nous parait difficile d'admettre que le 
liquide de Raulin, après vingt minutes d'autoclave à 100 degrés (tempé- 
rature d'ébullition) n'ait pu dissoudre une très infinitésimale quantité 
d'argent. ; 

Qu'il y ait eu attaque du mélal ou non, à la stérilisation ou par les 
produits formés dans les cultures, la présence d’une pièce d'argent n’a 
modifié d'aucune facon notable la végétation des espèces expérimentées. 


(Faculté de médecine de Nancy. Histoire naturelle médicale.) 


SUR L'EMPLOI DES LUNETTES UÉTÉROCHROMES, 
par M. Durour. 


Dans certains cas, on est amené à placer devant les deux yeux d’un 
individu deux écrans transparents de verre ou de gélatine, présentant 
pour chaque œil une couleur différente : on peut donner à l’ensemble 
de ces deux écrans de couleurs différentes le nom de lunettes hété- 
rochromes.. 


(45) | SÉANCE DU 17 FÉVRIER 489 


On trouve aujourd'hui dans le commerce des vues sléréoscopiques, 
où sont superposées deux images imprimées, l'une en rouge, l’autre en 
vert, et légèrement décalées l’une par rapport à l’autre. Si l’on place 


devant l'œil droit un verre vert, et devant l'œil gauche un verre rouge 


de façon à ce que l'œil droit ne voie que l’image rouge, et l'œil gauche, 
que l’image verte, le fusionnement des deux impressions produit la vision 
stéréoscopique. On fait, d’après le même principe, des clichés de pro- 
jection permettant d'obtenir sur l'écran deux images juxtaposées, l’une 
rouge et l’autre verte : chacun des spectateurs est muni d'une paire de 
lunettes hétérochromes convenables. L'emploi des écrans colorés trans- 
parents permet donc de faire une sélection entre les différents rayons 
lumineux qui doivent atteindre chacune des deux rétines. Dans les 
deux exemples qui viennent d'être donnés, on cherche à réaliser finale- 
ment une impression homogène, mais il faut remarquer que ce procédé 


d'examen des images stéréoscopiques n’a pour lui que la simplicité des 


conditions dans lesquelles on le réalise. 

Il est un autre cas où cette dissociation des impressions rétiniennes 
intéresse spécialement l’oculiste. Un des procédés le plus couramment 
employés pour dépister la simulation consiste à présenter au sujet que 
l’on examine un texte dont cerlains mots sont écrits en rouge, les 
autres en bleu, et à placer devant le bon œil un verre rouge, grâce 
auquel les mots écrits en rouge deviennent invisibles pour cet œil. Si 
le sujet lit les mots écrits en rouge, c’est qu'il les voit avec l’autre œil. 
Si on ajoute au diploscope des verres colorés, comme on le fait dans 
les modèles récents, et si on fait porter au sujet examiné des lunettes 
hétérochromes, on peut varier beaucoup le nombre des épreuves 
d'examen. 

En général, les oculistes qui placent des verres de différentes couleurs 
devant les yeux des sujets qu’ils examinent, admettent tout simple- 
ment que les impressions des deux yeux se fusionnent d’une façon 
homogène, même quand les yeux sont munis de verres hétérochromes. 
Pourtant certaines expériences d'optique physiologique montrent que 
les choses ne sont peut-être pas aussi simples qu'on pourrait le croire 
au premier abord. Dans son 7'raité d'Oplique physiologique, Helmholtz, 
consacrant un chapitre à l’antagonisme des champs visuels (pages 964 à 
999 de la traduction française de Javal et Klein), y signale différents 
phénomènes qui se produisent lorsqu'on fournit aux deux yeux des 
champs de coloration différente. À la page 976, il indique notamment 
une expérience, où regardant le ciel en tenant devant un œil un verre 
rouge et devant l’autre un verre bleu, il peut voir « subitement, comme 
par un commandement, le ciel bleu devenir tout à fait rouge ou le ciel 
rouge tout à fait bleu (1). Après quoi, il dit : « Quant à dire si la coïn- 


(1) Cette expérience a été rappelée par H. Parinaud, La Vision, p. 203. 


490 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (16) 


cidence binoculaire de champs différemment colorés fait voir ou non la 
couleur résultante, c’est un point sur lequel différents observateurs ont 
donné des opinions complètement opposées. Tandis que H. Meyer, 
Volkmann, Meisner et Funcke, à la suite desquels je dois également me 
ranger, n'ont jamais vu la couleur résultante, Dove, Regnault, Brücke, 
Ludwig, Panum et Hering déclarent avec tout autant d'assurance qu'ils 
l'ont vue, non seulement pour des couleurs faibles et blanchâtres, mais 
aussi pour des couleurs saturées. » Pour ce phénomène, il y a peut-être 
des différences individuelles considérables. 

J'ai eu moi-même recours à l'emploi des lunettes hétérochromes 
pour étudier le phénomène de Troxler, et pour établir qu’il peut se 
produire dans les deux yeux, indépendamment l’un de l’autre (1). Le 
phénomène de Troxler me paraît donc susceptible de jouer un rôle 
dans l’antagonisme des champs visuels et d'intervenir pour compliquer 
les perceptions d’un sujet qui porte des verres hétérochromes. 

L'emploi des lunettes hétérochromes peut donc prêter à certaines 
critiques, mais, dans la pratique courante, les ouvriers victimes d’acci- 
dents du travail que nous avons à examiner, n'ont pas pour habitude 
d'analyser leurs sensations avec la sagacité d’un expérimentateur et, en 
général, les épreuves d'examen basées sur Le port des lunettes hétéro- 
chromes se font sans difficulté. Toutefois, quand je piace devant les 
yeux d’un sujet à examiner les verres de couleurs, je crois convenable 
de le mettre en confiance par quelques paroles pour atténuer dans une 
certaine mesure l'impression de surprise ou de gêne que peuvent lui 
donner les lunettes hétérochromes. 


PHAGOCYTOSE DU BACILLE DE KOCH DANS LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN, 


par Hanns et JAcQcoT. 


Dans la tuberculose méningée, la formule cytologique, comme l'ont 
montré Widal et Ravaut (2), est habituellement caractérisée par une 
lymphocytose très marquée, alors que les polynucléaires sont rares ou 
font même complètement défaut. Dans ces cas, il est rare de constater 
le bacille de Koch même après centrifugation suivant la méthode de 
Schwartz (3). 


(1) Dufour. Sur le phénomène de Troxler, Société de Médecine de Nancy, 
1910, et Dufour, Ueber die Gehirnlokalisation einiger Gesichtserscheinungen, 
Bericht über die 37. Versammiung der Ophthalmologischen Gesellschaft. Heidel- 
berg, 1911. 

(2) Widaï et Ravaut. Recherches sur l’agglutination du bacille de Koch et 
le cytodiagnostic, Gazette des hôpitaux, 1901, n° 94. 

(3) Schwartz. Arch. f. Bl. Méd., t. X, 1898, n°5 2 et 3. 


éd ic mec rein ét tdi dt émtintdalns… ed nf fps RÉ. dd LS Sd Là 


(47) SÉANCE DU 17 FÉVRIER 491 


Toutefois, ces faits ne sont pas absolus; comme le disent Nelter et 
Gendron (1), la lymphocytose peut exister dans des états méningés 
qui n'ont rien de tuberculeux et, d'autre part, il exisle des ménin- 
gites tuberculeuses, avec polynucléose. Dans ces derniers cas, nous 
avons pu constater que souvent la recherche du bacille de Koch est 
positive après simple centrifugation et coloration par la méthode de 
Ziehl Neelsen. 

Les préparations que nous présentons proviennent de deux cas de 
tuberculose méningée du service de M. le P' Simon. La formule cyto- 
logique est faite de très nombreux polynucléaires avec lymphocytes et 
mononucléaires. Les bacilles de Koch y sont assez abondants et beau- 
coup d’entre eux phagocytés. 

Rappelons que Borrel (2) avait déjà signalé la phagocytose du bacille 
de Koch; il avait pu la constater dans les capillaires du poumon d’un 
lapin, auquel, quelques minutes auparavant, il avait injecté une cullure 
tuberculeuse dans la veine de l'oreille. 

L'auteur insiste sur cetle incorporation des bacilles par les leucocytes 
polynucléaires ; d'autres auteurs, en effet, tels que Kostenisch et Volkow 
n'avaient pu la constater, et croyaient que, dans les lésions tubercu- 
leuses, les leucocytes n'affectaient avec les bacilles que des rapports de 
voisinage. Notre constatation viendrait donc, s'il était nécessaire, à 
l'appui de l'opinion de Borrel. 


Dans le premier de nos deux cas, il s'agissait d’un homme de soixante 
ans, chez lequel nous ne fîimes qu'une seule ponction lombaire; 
l'examen d’une préparation nous montra la présence de bacilles de Koch, 
libres ou englobés dans des polynucléaires. La formule leucocytaire 
était mixte : poly et mononucléaires. A l’autopsie, nous trouvâmnes de la 
méningite tuberculeuse avec de la granulie dans certains organes, sur- 
tout le poumon. 

La seconde malade fut suivie de plus près. Il s'agissait d’une ménin- 
gite bacillaire typique (raideur de la nuque, ptose de la paupière 
gauche, stupeur, rétention d'urine). Trois ponctions furent faites, les 98, 
30 et 31 janvier. La formule cytologique du liquide varia de l’une à 


l'autre : 
Polynucléaires. Gros mononucléaires. Lymphocytes. 


DRPANVIET ne et. 40 5 2 p-400 
30 janvier. . . . 32 31 SSD EC 
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(1) Netter et Gendron. Le diagnostic de la méningite tuberculeuse par la 
ponction lombaire. Société de pédiatrie, mai 1911. 

(2) Borrel. Tuberculose pulmonaire expérimentale. Annales de l'Institut 
Pasteur, 1893, p. 593. 


192 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (18) 


Donc, alors que les 28 et 30, il y avait prédominance de mononu- 
cléaires ou de lymphocytes, le 31, il y eut polynucléose très prononcée. 

La proportion de polynucléaires renfermant des bacilles phagocytés 
était de 1 p. 100 polynucléaires dans les préparations du liquide des 
deux premières ponctions. D'autre part, il y avait des bacilles libres 
dans la proportion de un pour 200 leucocytes. Done, les bacilles libres 
et les bacilles phagocytés se trouvaient sensiblement en mème nombre. 
Les polynucléaires phagocyteurs contenaient de 1 à 5 bacilles dans 
leur protoplasma, parfois davantage: l’un d'eux en renfermait 14. Ces 
bacilles étaient très nets, vivement colorés, ayant toute leur longueur. 

Dans la préparation du liquide de la troisième ponction, la phagocy- 
tose était beaucoup plus intense et la proportion des bacilles libres, par 
rapport aux autres éléments de la préparation plus forte. 

En effet, au lieu de 1 polynucléaire phagocyteur pour 100 polynu- 
cléaires, il en existait 3; au lieu de 1 bacille libre pour 200 leucocytes, 
on en rencontrait À p. 100. Enfin, les bacilles englobés au nombre de 1 
à 3 par globule blanc, étaient assez fréquemment désorganisés, se tei- 
gnant mal en rouge, fragmentés, parfois même réduits en poussière. 

Au lieu d'amener la dégénérescence des globules blancs phagocy- 
teurs comme l'avait constaté Borrel, il semblait plutôt que les bacilles 
absorbés avaient subi un processus de digestion et de destruction intra- 
celluiaire. Mais si la polynucléose constatée le 31 janvier semblait indi- 
quer une lutte active contre l'infection tuberculeuse, du moins elle 
n'empêcha pas l’évolution fatale qui survint le lendemain. 

Malheureusement, l’autopsie ne put être faite. 

Les liquides de ponction dans chacun des deux cas et à chaque reprise 
avaient un aspect opalescent, presque louche, et donnaient à la centri- 
fugation un culot assez abondant (3 à 4 millimètres de hauteur). 


ABSORPTION ET ÉLIMINATION DU SUCRE AU COURS 
DE L'AYPERGLYCÉMIE EXPÉRIMENTALE, 


par JACQUES Parisor et PIERRE MATHIEU. 


Pour réaliser chez ‘le lapin l’hyperglycémie évidente d'après le 
dosage du sucre dans le sang, avec ses conséquences précédemment 
décrites, nous avons dû faire ingérer à ces animaux des quantités de 
sucre extrêmement considérables : 15 grammes de glucose:par kilo- 
gramme tous les deux jours. 


Soumis à un tel régime, des animaux de 1.200 grammes n'entrent dans la 
phase d’intolérance qu'au bout de plusieurs semaines, après avoir ingéré près 
du 1/5 de leur poids de sucre. 


(49) : SÉANCE DU À7 FÉVRIER 493 


Or, ainsi que nous l’avons fait remarquer, les animaux jeunes sont, relati- 
vement aux adultes, particulièrement sensibles à l'ingestion des hydrates de 
carbone ; pour un adulte de 3 kilogrammes, nous arrivons en quelques 
semaines à 500 grammes de glucose avant que surviennent des manifesta- 
tions toxiques. 


À la suite de pareilles ingestions de sucre, on s’attendrait à observer 
une élimination abondante de cette substance soil par les urines, soit 
par les fèces ; or, il n’en est rien. 

a) Voie urinaire. — Pendant les premières phases, la quantité totale 
de sucre rejetée par les urines à la suite de chaque ingestion est de 
l’ordre du décigramme; elle peut tomber à quelques centigrammes et 
même moins, et n'être plus décelable qu'au nitropropiol, mais prati- 
quement indosable. Plus tard, une glycosurie de plus en plus marquée 
se manifeste à mesure qu'apparaissent les phénomènes d’intolérance et 
d'intoxication. Elle est capable d'atteindre alors, comme nous l'avons 
vu dans certains cas, jusqu'à 10 grammes pour l'émission totale après 
chaque ingestion. 

Le moment de l'élimination varie suivant l’état de la diurèse: au 
début, elle se manifeste dès la première émission qui suit l’anurie con- 
sécutive à l’ingestion et dure quelques heures seulement; à mesure que 
s’atténuent ces phénomènes d’anurie, l'apparition du sucre se fait plus 
précoce et surtout plus prolongée; elle peut alors durer plusieurs 
Jours. 

b). Voie intestinale. — Pendant la période de tolérance, on retrouve 
également du sucre dans les fèces. Il ne s’agit pas là, comme nous 
l’avions tout d'abord pensé, d’un barrage analogue à celui qu'oppose à 
l’arsenic l'intestin du chien accoutumé à ce poison. La coloration de la 
solution sucrée par le carmin insoluble nous à montré qu'il nes’agit pas 
de sucre non absorbé, mais de sucre rejeté. 

Ce phénomène est analogue à la « glycosentérie » observée par 
Rénon, À. Grigault et Charles Richet fils, à la ee d'injection intra- 
veineuse de glucose (1). 

Mais ici, la quantité de sucre ainsi éliminée par les fèces est extré- 
mement faible ; dans nos expériences, elle n’a jamais dépassé quelques 
centigrammes. Au contraire, à la phase d’intolérance, contemporai- 
rement à la glycosurie, on observe une diarrhée sucrée abondante ; 
cette diarrhée est comme Îa glycosurie de plus en plus précoce, et il 
arrive un moment où il n’est pas possible de dire qu'il s’agit de sucre 
non absorbé ou de sucre éliminé. 


(1) Rénon, Charles Richet fils et A. Grigault. La diarrhée des glycosu- 
riques. Congrès de médecine, Lyon, 1911. 

A. Grigault et Charles Richet fils. Fonction éliminatrice de l'intestin. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 27 janvier 1912. 


494 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (20) 


En résumé. — 1° Au cours de l’hyperglycémie expérimentale chez 
le lapin, il existe une disproportion énorme entre les quantités de 
sucre ingérées (très considérables) et les quantités de sucre rejetées 
(très minimes) tant par les urines que par les fèces pendant la phase de 
tolérance. L’élimination du sucre par ces voies n'apparaît pas à cette 
période comme le moyen de défense le plus efficace; mais elle devient 
plus importante dans la seconde période (intolérance, intoxication) 
alors que l'organisme lutle avec une difficulté croissante pour se 
débarrasser du sucre en excès. 

2° Le lapin présente une tolérance remarquable pour le sucre ingéré; 
la perméabilité de la muqueuse intestinale pour cette substance ne 
paraît pas modifiée chez le lapin accoutumé, au moins pendant la phase 
de tolérance. 


Il est intéressant d’opposer à ces résultats ceux que l’on obtient par 
l'injection de ces solutions sucrées aux mêmes animaux adultes. L'injection 
intraveineuse de 10 grammes de glucose, en plus de la polyurie rapide, 
entraine une élimination de sucre qui atteint en général de 1 gr. 50 à 
3 grammes pour l'émission totale. Par voie sous-cutanée, elle produit une 
glycosurie moins élevée, ne dépassant guère 2 grammes. Or, ces quantités 
injectées constituent le tiers environ de la dose donnée en ingestion et ainsi 
est mise en évidence plus nettement encore l'influence, sur la glycosurie 
produite, de la voie d'introduction du sucre dans l'organisme. Cette influence 
se manifeste aussi sur la glycosentérie si l'on compare nos résultats avec ceux 
obtenus par les auteurs précités à la suite d'injection intraveineuse de sucre. 


(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Nancy.) 


QUELQUES RÉACTIONS DE L'ORGANISME 
DANS L'HYPERGLYCÉMIE EXPÉRIMENTALE, 


par JACQUES PaRisoT et PIERRE MATHIEU. 


En présence de la tolérance remarquable du lapin pour le sucre #ngéré 
et des quanlités de cette substance nécessaires pour provoquer par cette 
méthode une glycosurie et une glycosentérie abondantes, il nous a paru 
utile de préciser les mécanismes de défense et d'utilisation mis en jeu 
par l'organisme aux diverses phases de l'hyperglycémie expérimentale 
et la part des différents organes intéressés à ce métabolisme. 

Dans ce but, noùs avons entrepris des recherches touchant la feneur 
en sucre et le pouvoir glycolytique des lissus, des organes et du sang à 
divers niveaux, la destinée du sucre, l’état de la perméabilité rénale et 
l'étude de quelques points particuliers. 


(21) SÉANCE DU 17 FÉVRIER 495 


Mais dès aujourd’hui il nous semble possible d’insister sur deux caté- 
gories de faits parliculièrement intéressants. 
L. — C'est tout d’abord l'apparition d'épanchements liquides dans les 
séreuses, plèvre et péritoine, chez certains animaux. Ce fait peut se 
trouver, comme nous l’exposerons plus en détail, en rapport avec la 
rétention aqueuse remarquable que nous avons signalée, rétention mise 


en évidence par l’anurie ou l'oligurie et l'augmentation de poids de 
l'animal. 


1° Lapin jeune de 1.500 grammes ayant reçu 250 grammes de glucose en 
vingt-sept jours, sacrifié par erreur deux jours après la dernière ingestion, en 
pleine phase de tolérance. 


A l’autopsie, on trouve 50 c.c. d’une sérosité limpide épanchée dans les 
plèvres à droite et à gauche. Cette sérosité réduit énergiquement la liqueur 
cupro-potassique ; 

2° Lapine adulte de 2.600 grammes ayant ingéré 1 kilogramme de glucose 
en deux mois. ' 

Ingestion suspendue avant la phase d’intolérance ; deux semaines plus tard, - 
laparotomie aseptique dans un autre but expérimental. 

On constate la présence dans la cavité péritonéale d’un liquide d'ascite, 
sans aucune trace d'inflammation de la séreuse; 5 c.c. représentant environ 
le 4/10 de l’'épanchement sont prélevés; ce liquide réduit très énergiquement 
la liqueur de Bareswill et la liqueur de Benedicdt. Il n’est pas fait de dosage. 


Le reste de l’épanchement est laissé dans le ventre; et les parois soigneuse- 
ment suturées. 


Le lendemain, les urines qui, depuis longtemps, ne renfermaient plus de 
sucre en contiennent. 


L'animal est sacrifié un mois plus tard; l’ascite est résorbée; la petite 
quantité de sérosité péritonéale recueillie ne renferme pas de sucre. 

À noter que, pas plus au cours de la laparotomie que de l’autopsie, on n’a 
observé d'affection parasitaire ou autre justifiant un épanchement. 


Ces faits, observés par hasard, eussent été peut-être plus fréquents si 
nous avions systématiquement recherché la présence possible de tels 
épanchements chez tous nos animaux. Quoi qu'il en soit, ils ont leur 
importance puisque est mis ainsi en évidence un procédé de fixation du 
sucre en excès dans l'organisme. Il y a lieu, nous semble-t-il, de 
rapprocher ces épanchements pleuraux et ascitiques survenus chez 
l'animal sous l'influence de l'hyperglycénne expérimentale des pleurésies 
et asciles sucrées constatées quelquefois chez l’homme au cours du 
diabète, et peut-être ces données pourraient-elles engager à orienter 
dans une direction particulière la pathogénie de certains épanchements 
survenant chez les diabétiques. 

Il. — En plus de cette fixation possible du sucre en telle ou telle 
portion de l'organisme, on doit tenir compte du rôle joué par certaines 
glandes régulatrices de la glycémie, telle que le foie et le pancréas. 

Il est remarquable de constater, en effet, qu’à cette période même où 

BioLOG1E. CompTEs RENDUS. — 1943. T. LXXIV. 35 


496 RÉUNION BIOLOGIQUE -DE NANCY (22) 


la glycosurie augmente, où l'intolérance, l’intoxication se manifestent 
chez l'animal, on observe des lésions profondes d'organes importants, 
en particulier du pancréas, du foie. L’un de nous (1) a spécialement 
insisté sur les altérations hépatiques qui sont caractérisées essentielle- 
ment par l'augmentation de volume des éléments et par la cytolyse 
protoplasmique. La désintégration cellulaire semble proportionnelle à 
la quantité de sucre ingérée. Ces lésions ne présentent pas en elles- 
même un caractère de spécificité. Ce sont celles, en effet, que l'on 
rencontre au cours d’intoxications diverses. Mais, par leur intensité, 
elles déterminent une insuffisance de l'organe, rendant compte de Ia 
diminution de tolérance pour les hydrates de carbone. 

Il nous a paru également, d’après les quelques dosages déjà effectués, 
qu'il yavait diminution du pouvoir glycolytique du sang à la suite d'une 
hyperglycémie expérimentale prolongée. 

Ce ralentissement des échanges, l'insuffisance acquise des appareils 
régulateurs de la glycémie peuvent rendre compte de l'élimination plus 
considérable par les urines et les fèces après un certain temps d’expé- 
rience. 

En résumé, parmi les réactions de l'organisme au cours de l’hyper- 
glycémie expérimentale prolongée, il y a lieu de signaler : 

1° L'hyperfonctionnement des appareils régulateurs jusqu'au moment 
où, morphologiquement lésés et fonctionnellement diminués, ils sont 
insuffisants; à ce moment, le sucre est éliminé en abondance par les 
urines et les fèces ; 

2° La localisalion de sucre en certains points de l'organisme (épan- 
chements asciliques et pleuraux). 


(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Nancy.) 


INFLUENCE DU FER SUR LA VÉGÉTATION 
ET LA COLORATION DES CULTURES DE DIVERSES BACTÉRIES, 


par Pu. LAssEUR. 


Je me propose de résumer brièvement quelques observations relatives 
à l’incorporation de traces de fer dans les milieux synthétiques. 

J'ai expérimenté avec divers types de Bacilles et dans les conditions 
suivantes : le milieu de culture [liquide synthétique I dont la composi- 


(4) J. Parisot et Lucien. Modifications de la cellule hépatique sous 
l'influence de l’hyperglycémie expérimentale. Comptes rendus de la Soc. [de 
Biologie, 26 juillet 1912. 


ré mods dpi Un 


(23) SÉANCE DU 17 FÉVRIER 497 


— 


tion a été donnée antérieurement (1)| est réparti à la dose de X c.c. 
dans des ballons à fond plat dont la capacité est six à sept fois le volume 
du liquide nutritif (2). 

Après ensemencement, les vases sont placés à l’étuve à 35 degrés cé cen- 


-tigrades. 


Les formes bactériennes étudiées, de provenance connue (3), sont les 
suivantes : 2. sublilis À et B (Uhlenhuth), 2. sublilis Morez et B, subtilis 
(Courmont), B. mesentericus (Ficker, Lehmann), 2. m. vulgatus (Cal- 
mette), B. vulqatus (Fraenken), B. peptonis XII Flügge (Neisser), 
B, mesentericus ruber (Thiry), B. mesentericus fuscus (Kral), B. megathe- 
rium (Calmette, Ficker, Lehmann). 

Lorsqu'on réalise dans le milieu I les conditions optima d'aération et 
de température (4), toutes ces Bactéries donnent des cultures colorées, et 
suivant l'espèce, la coloration est rouge, violette ou bleue. Les voiles 
sont généralement épais et plissés. Or, si on cultive les Bacilles en 
liquide I privé de sulfate ferreux, on observe une végétation très faible, 
les voiles, lisses, minces, sont souvent incomplets ou réduits à une fine 
pellicule. De plus, le liquide reste incolore. 

On voit donc, de prime abord, que la présence de sulfate ferreux 
dans un milieu défini favorise la végétation et détermine la coloration 
des cultures. 

J'ai essayé d'établir le mécanisme suivant lequel le fer agit dans la 
production de la substance chromogène. A cet effet, des cultures en 
milieu I, dépourvu de sulfate ferreux, cultures qui sont par conséquent 
incolores, sont additionnées de ce composé ferreux. Or, on observe 
instantanément l'apparition de la coloration spécifique de la culture, Il 


(4) Ph. Lasseur. Influence du fer sur la production de la chlororaphine. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXX, p. 154, 1911. — Ph. Lasseur et 
G. Thiry. Sur les cultures colorées de Bactéries considérées jusqu'à présent 
comme achromogènes. Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, t. CLVT, p. 166, 
41913. 

(2) Je montrerai ultérieurement que non seulement il doit exister un cer- 
tain rapport entre la surface et la profondeur du liquide de culture, mais 
encore qu'il y a une épaisseur limite que l’on ne peut dépasser, sous peine 
d'obtenir des cultures achromogènes. 

(3) Le nom entre parenthèse qui suit la désignation SRÉCUINE du Bacille 
indique la collection d’où provient la Bactérie. 

(4) Il faut noter encore que l’origine de la semence à une grande impor- 
tance. Ainsi B. subtilis À et B (Uhlenhuth) cultivés longtemps sur carotte, puis 
reportés en milieux synthétiques, donnent des cultures très peu colorées. Au 
contraire, les semences prélevées dans les cultures de ces Bacilles sur gélose 
et pomme de terre permettent l'obtention d’une abondante production de 
substance chromogène. Enfin, l’âge de la culture dans laquelle on prélève la 
semence influe sur la chromogénèse, 4 


198 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (24) 


en est de même si, au lieu d'employer du sulfate ferreux, on utilise le 
citrate ferreux, Le chlorure ferrique, le sulfate de fer ammoniacal, l’alun 
de fer ammoniacal ; ce qui montre que le sel de fer agit par sa base. 

. L'action du fer est spécifique, car j'ai essayé sans succès les sels de 
manganèse, nickel, cobalt, zinc et chrome. Cette coloration instantanée 
des cultures est vraisemblablement due à la combinaison d’une 
substance incolore avec le fer. 

‘Cependant, je crois que le rôle du fer dans les milieux de culture est 
beaucoup plus complexe que cette observation pourrait le faire croire. 
En effet, je me propose de montrer ultérieurement que le fer paraît 
agir, en outre, à l’état de traces très faibles en favorisant la végétation 
et la production de la substance mère des corps colorés. 


ETUDE D'UN CHAMPIGNON NOUVEAU DU GENRE (rymnoascus, Gymnoascus 
confluens N. SP., 


par À. SARTORY et G. BaAINIER. 


Le Gymnoascus confluens à été trouvé sur des excréments de chien et 
sur des pétales de Reine-Marguerite. 


On sait que les Gymnoascées sont des Ascomycètes de la famille des Dis- 
comycètes ne produisant jamais leurs thèques sur une assise cellulaire for- 
mant réceptacle ou Excipulum. Maïs que ces thèques superficielles libres ou 
presque libres sont isolées, étalées ou groupées côte à côte en glomérule et 
très rarement munies de paraphyses. 

Ces Gymnoascées comprennent un certain nombre de genres, les uns para- 
sites des plantes vivantes comme le genre Taphrina, Exoascus, Podocapsa, 
Eremathecium, Endomyces, les autres saprophytes comme le genre Gymnoascus. 

Le genre Gymnoascus est caractérisé par des thèques à huit spores nues, 
superficielles, groupées côte à côte sans réceptacle cellulaire propre ou exci- 
pulum et entremêlées de filaments plus ou moins différenciés du mycélium. 

Dans les espèces qui ont été décrites jusqu’à présent, ces filaments particu- 
liers sont épaissis, cuticularisés, colorés et transformés en fulcres plus ou 
moins élégants, qui dépassent les amas des thèques et les isolent en petits 
glomérules distincts les uns des autres. 


Chez le Gymnoascus confluens, au contraire, ces filaments sont inco- 
lores, extrêmement délicats et les glomérules que forment les thèques, 
sont le plus souvent étroitement juxtaposés de façon à former des 
masses compactes et volumineuses d’un diamètre dépassant parfois 
1 centimètre sur une épaisseur de 2 millimètres. Quant aux filaments 
qui devaient isoler les unes des autres les petites masses des thèques, 
ils ont alors presque complètement disparu. 


25) SÉANCE DU 17 FÉVRIER 499 


Si on vient à semer des spores de Gymnoascus confluens sur un frag- 
ment de racine de Réglisse, on les voit germer assez rapidement et dès 
le second jour le mycélium forme un léger duvet blanc. Bientôt, il pro- 
duit une couche blanche épaisse qui recouvre la totalité du substratum. 
Cette couche ne possède pas une épaisseur égale dans toute son étendue, 
on constate cà et là des masses mycéliennes plus volumineuses souvent 
hémisphériques ayant près d’un centimètre de diamètre. 

Au bout d’un temps variable parfois d’un mois, on voit se produire 
dans les couches les plus profondes du mycélium des plaques rouge 
orangé plus ou moins larges constituées par des amas considérables de 
thèques étroitement accolées les unes aux autres, En même temps, on 
remarque que la partie la plus superficielle des masses hémisphériques 
du mycélium devient comme pointillée ou parsemée de petits points 
rouge orangé distants les uns des autres; on est ainsi prévenu de la 
formation des thèques. 

Les filaments incolores du mycélium sont très ramifiés souvent anas- 
tomosés et d'un diamètre irrégulier se dilatant parfois plus ou moins au 
niveau de bifurcations. CA 

Si avec une pince fine on prend un fragment de ce mycélium qui com- 
mence à se pointiller de granulations jaunes ou orangées, on peut 
trouver des thèques tout à fait au début de leur formation. On constate 
alors que certains filaments mycéliens émettent latéralement et assez 
rapprochés les uns des autres de très courts rameaux particuliers qui se 
recourbent à leur sommet, puis s’enroulent en tire-bouchons dont la 
spirale ne comporte qu’un très pelit nombre de tours. Le filament ainsi 
contourné se divise par des cloisons en un certain nombre de cellules 
et chacune de ces cellules grossit, s’arrondit et devient une thèque. Le 
petit amas de thèques ainsi formé peut rester isolé el il est alors facile 
de voir que des filaments mycéliens incolores et délicats prennent nais- 
sance entre ces thèques. Mais le plus souvent un grand nombre de ces 
petits amas se soudent les uns aux autres pour former des masses volu- 
mineuses et parfois même recouvrir presque entièrement la surface du 
substratum..Ces amas prennent des nuances orangées et rouges corres- 
pondant successivement aux n° 86, 81, 76, 82 et 77 du Code des cou- 
leurs. Chaque thèque sphérique à la maturité mesure 12 & 8 et renferme 
huit spores lisses sphériques ou peu lenticulaires mesurant 5 y 6 sur 
4 pe 2. 


Mais la germination des spores déposées sur la racine de Réglisse produit 
parfois un mode de reproduction très différent. Le mycélium d’abord incolore 
finit par prendre une leinte orangée rougeâtre d’une nuance un peu plus 
pâle que dans le cas précédent. On remarque que ce mycélium est très 
ramifié et qu'il a pris une formule toruleuse particulière. Les cellules qui le 
forment sont colorées, en forme de massue avec tendance à devenir sphé- 
riques. On constate en outre que plusieurs de ces filaments ainsi modifiés 


500 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (26) 


sont accolés longitudinalement les uns aux autres de facon à former des 
cordons épais et d’une couleur plus foncée. Ce sont des séries de Chlamy- 
dospores qui finissent par se transformer et devenir complètement sphé- 
riques. 

Nous ferons connaître prochainement l'étude biologique complète de ce 
champignon qui donne un pigment rouge particulier, que nous avons pu 
obtenir cristallisé. 


(Travail des laboratoires de Botanique cryptogamique de l'Ecole supé- 
rieure.de pharmacie de Paris et de pharmacie chimique de l'Ecole 
supérieure de pharmacie de Nancy.) 


L’ANGUILLULE STERCORALE Sérongyloides stercoralis (Bavayx, 1871), 
CHEZ LES MINEURS DE FER DE LA LORRAINE, 


par G. THiRy. 


La répartition de l’Anguillule de l’homme en France est encore mal 
connue. 

En 1909-1910, j'ai entrepris à la demande de M. le ministre des Tra- 
vaux Publics une enquête sur l’ankylostomatose dans les mines de fer 
de la Lorraine. J'ai examiné (4 à 8 préparations par homme) 20 p. 100 
du personnel mineur de 13 mines de fer des bassins de Briey, Longwy 
et Nancy, au total 745 hommes. Je n'ai trouvé que 1.209 p. 100 de 
porteurs d'œufs d'’Ankylostomes, et 0,940 p. 100 de porteurs d'Anguil- 
lules, Strongyloides stercoralis (Bavay, 1877), soit 7 hommes sur 745. 

Il n’a pas été vu d'œufs dans les selles. Le parasite fut toujours trouvé 
au stade larvaire. 

Ces casse répartissent de la facon suivante : un Francais (non mineur) 
qui vient de faire la campagne de Chine, et six mineurs italiens. Deux 
arrivent directement d'Italie, où ils travaillaient dans les champs. Un 
autre en Italie travaillait dans les briqueteries (1893-1894), puis dans les 
rizières (1899), et enfin dans les champs 1905 et 1909. Le quatrième et 
le cinquième, déjà porteurs d'Ankylostomes, viennent : l’un des planta- 
tions de café de Sào Paolo, l’autre de mines de soufre italiennes. Quant 
au dernier Ilalien : origine et identité impossibles à connaître. 

Cette constatation confirme la remarque faite par Perroncito en 1880: 
l’'Anguillule accompagne souvent l'Ankylostome. Elle confirme ce que 
nous savons de la rareté de ce Nématode en France (A. Calmette et 
M. Breton, Verdun, Manouvriez, Eraud et Trossat, Briançon, Weinberg, 
Leger, Romanovitch). 

Aucun de nos porteurs d'Anguillules ne paraît s'être infesté dans nos 
mines, ni même en France. Il s'agirait, non d’une infestation autochtone, 


(27) SÉANCE DU 17 FÉVRIER 501 


mais d'un parasite importé qui, jusqu'ici, ne contamine pas les camarades 
de chantier. | 

Chacun des porteurs a, le plus habituellement, des selles diarrhéiques 
ou très molles (Milchner, Weinberg, Leger et Romanovitch). Mais tous, 
sauf le Français non mineur qui présente un certain degré d’anémie, 
sont des hommes très vigoureux qui ne ressentent aucun malaise, 
aucune perte de force. Il sont au-dessus de la moyenne pour le tonnage 
du minerai extrait et les salaires obtenus. 


BIBLIOGRAPHIE. 


R. Blanchard. — Trailéue Zoologie médicale. II, 1890, p. 84-87, Baillière, Paris. 

Braun. — C. f. Bak., 1899, XX VI, p. 612-615. 

L. R. Cassinelli. — Semana medica, Buenos-Aires, 1904. 

F. Cima. — La Pediatria. Napoli, 1904. 

P. van Durme. — Thompson Yates Laboratories. Liverpool, 1902, 471-474. 

Grassi et Calandruccio. — Gazz. med. italiano-lombardia, 1884, n° 47, p. 492. et Gus. 
hebd. de Med. et de Chir., 1885, n° 9, p. 150. 

M. von Kurlow. — C. f. Bak., 26 mai, 1902. 

A. Laboulbène. — Bull. de la Soc. méd. des hôpitaux, XIV, p. 72. 

V. Marzoecchi. — Giorn. R. Acc. med. Torino, 1907, LXX. fase. 1-2, p. 3 à 14 (péné- 
tration cutanée). 

F. von OEfele. — Arch. de Parasitologie, 1902, V, p. 494. 

Pappenheim. — C. f. Bak., 2 Abt., novembre, 1899. 

Ch. W. Stiles and A. Hassal. — American Medicine, 1902, IV, p. 343, 30 August. 

A. Testi. — Rivista crilica di clinica medica, 1904, V, n°5 6 à 8. 

P. Verdun. — Précis de parasitologie humaine, 1913, Paris, Doin. « Dans le nord 
(de la France), ce parasite nous paraît plutôt rare, car il n’a pas encore été signalé ». 

Weinberg, Léger, Romanovitch. — De l'existence en France, à l’état endémique 

d'une entérite à Anguillule intestinale. Comptes rendus de la Soc. de Biol., Tnovembre 

1908, LXV, p. 396. 

W. Zinn.— C. f. Bak., 1 Abt., décembre 1899. 


(Laboratoire d'Histoire naturelle médicale de la Faculté de médecine 
de Nancy.) 


ÉLECTIONS DE SIX MEMBRES TITULAIRES. 
Sont élus : 


MM. BusqQuET, GuiINIER, LASsEUR, PIERRE MATUIEU, SARTORY et 
VERNIER. 


Le (rérant : OCcTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MAR=THEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


503 


SÉANCE DU 8 MARS 


AcHarp (Cn.) et Risor (A.) : Effets 
du bicarbonate de soude et du chlo- 
rure de sodium sur l’excrétion 
urélque etrCchloturique. : - "7. 

Bixer, Dessouis et LanGzors(J.-P.): 
Circulation pulmonaire au cours 
des hydrothorax et des pneumotho- 
DRE: SR ROSE 

BoINET Vaccinothérapie de la 
fièvre typhoïde par le virus sensi- 
PilSEtdemBesredka:. 1... 0: LL 

Bonnrer (PIERRE) : Le réglage naso- 
mulbare et le prurit . .:..... . .... 
._  Bruxanr (L.) : Sur le développe- 
ment de la larve de Trombidium 
PGO THIPS LO 0 MU PEER ERe 

Camus (JEAN) : Action antagoniste 
de quelques alcaloïdes sur la po- 
lypnée Hherrique: Las Los Se 

CHaLrEr (J.), Nové-Josserann et 
BouLun : Sur l'hémolyse sidérogène. 

CaaTrox (ÉoouaRo) : Position SYS- 
tématique et signification phylogé- 
nique des Trypanosoimes malpi- 
ghiens des muscides. Le genre 
Rhynchoidomonas Patton . ..... 

Caarron (ÉpouarD) et LeGEr (MAR- 
cEz) : L’autonomie des lrypano- 
somes propres aux Muscides, dé- 


montrée par les élevages purs 
MILLE) SE SIENNE RENE RC 
Craube (H.), Baupouin(A.) et Porax 


(R.) : La glycosuri: hypophysaire 
chez l'homme et l'animal tubercu- 
ERP Le JU MRC 

ConEnoy (MicHeL) et BERTRAND 
(D.-ML.) : Virus « sensibilisé » anti- 
PRE UD RERO. 2 2 nt dde dieu e 

Dssusr Rercherche et dosage 
du glucose dans les matières fé- 
BREL IR RER re 

Dunamez (B.-G.) : Sur la toxicité 
‘du fer colloïdal électrique .,. . . .. 

Dusaroin-BEAuMErz, Prévor et Ra- 
MON : Sur les réactions normales et 
anormales d'hypersensihilité chez 


P9AIRS 


SOMMAIRE 


534 


518 


511 


les chevaux soumis à des ets 
denhAaelle pes EURE RENE 

GARRELON (L.), LaAnGLors (J.-P.) et 
Poy (G.) : Pneumogastriques et po- 
LYPNÉE SSP ECS Er QT UqUe 

GauTER (CL.):: Nouvelles recher- 
ches sur la toxicité de l’indol pour 
l'a RenOoUIle RE ER TEEN ES 

GirArD (Pierre) : Sur les rela- 
tions osmotiquesdes globules rouges 
avec leur milieu : influence de l’état 
électrique dela Dir PRE 

JavaL (A.) : Diminution du rap- 
port azoturique humoral dans dif- 
férents états pathologiques . . . . . 

Jozcy (J.) : Sur les organes lym- 
PRO pPHRÉMAUX. Cie MIO 

Joczy (J.) : A propos du procès 
verbal. Sur la vitesse du mouve- 
ment de reptation des leucocytes. . 


Le Noir, Taéry et VErpy : Action 


du bicarbonate de soude à dose 
moyenne sur l'élimination rénale 
provoquée: 2197208013. 00.080 
PozrcarD (A.) et Recaup (CL.) 
Sur la signification de la rétention 
du chrome, en technique histolo- 
gique, au point de vue des lipoïdes 
et des mitochondries. — II. Résul- 
tal el conclusions AE 
PoxseLze (A.) : Recherches sur la 
culture in vitro du trypanosome de 


558 


l'anguille (Trypanosoma granulosum 


Laveran et Mesnil, 1902). Une nou- 
velle modification au milieu: de 


NOR EEMACANEA RE PETER 


RemziNGErR (P.) : Contribution à 
l'étude de Discomyces maduræ Vin- 
CemALE PF POI INS IH ANOUE 2: 

Socor (E.) et Kocn (R.) : Action 
de la ventiiation sur les échanges 
des animaux normaux au repos 
dans un milieu humide et chaud. 

STENSTROM (0.) : Fréquence des 
cas de sarcome chez des bêtes à 
CORTE SR A Mens ee 


Biococie. Comptes RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 36 


504 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Mesnil, Vice-président. 


À PROPOS DU PROCÈS-VERBAL. 


SUR LA VITESSE DU MOUVEMENT DE REPTATION DES LEUCOCYTES, 


par J. Joey. 


À propos de la belle démonstration cinématographique de MM. Le- 
vaditi, Comandon et Mutermilch (1), je voudrais rapporter le résultat 
de recherches que j'ai faites il y a une dizaine d'années sur la vitesse 
. de ces mouvements, et que je n’ai pas encore publiées. 

Au point de vue de la vitesse, il faut distinguer aux leucocytes : un 
mouvement protoplasmique interne appréciable par la vitesse de 
déplacement des granules; un mouvement pseudopodique (variable 
d'aspect et qui souvent se confond complètement avec le mouvement 
protoplasmique interne, puisque les leucocytes n’ont pas de membrane); 
enfin un mouvement de progression, de reptation, dü à des extensions 
pseudopodiques se faisant dans le même sens avec des contractions du 
pôle opposé. Les mouvements protoplasmiques et pseudopodiques sont 
assez rapides; ils se rapprochent du mouvement d'écoulement proto- 
plasmique déjà évalué dans certaines cellules végétales, inférieur 
cependant, d’après mes observations sur les poils staminaux de Trades- 
cantia et sur les leucocytes granuleux du cheval. | 

Le mouvement de progression totale de la cellule est beaucoup plus 
lent. Pour évaluer sa vitesse, on dessine à la chambre claire, à un 
grossissement connu et à intervalles rapprochés, les contours d'un 
leucocyte ; on réunit les centres de figure et on mesure la longueur de 
la ligne sinueuse ainsi obtenue. Voici le résultat de mes observa- 
tions : 


(1) J. Comandon, G. Levaditi et S. Mutermilch. Etude de la vie et de Ja 
croissance des cellules in vitro à l’aide de l'enregistrement cinématographique. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1°* mars 19143, p. 464. 


SÉANCE DU 8 MARS 505 


LEUCOGYTES DU SANG, Î% Vil(r0, VITESSE DE REPTATION SUR SURFACE DE VERRE POLI. 
MOYENNE DES OBSERVATIONS. 


Fndéons pAlMaAlUs A AMANE 16 degrés. 8u2 à la minute. 
RORAIESCULER LAON 20 — 8u.2 — 
RON DA URLS APN 34 — 10u — 
MOINE Se RL AN 31 — 15p5 — 
Hop malus NOENERNRN 40 — 15 pu — 
DU SNS da area den eee 38 — 1643 — 
LAC RNA 39 — 16u5 — 


DODADEPP CENTS IREM eE 40 — 21u.1 — 


On voit que la vitesse croît nettement avec la lempérature. Cepen- 
dant, à température égale, les leucocyles des animaux à sang froid 
semblent moins vifs que ceux des mammifères, au moins aux tempé- 
ratures élevées. Ces mouvements sont très lents, et si l'on prend le 
chiffre donné pour l’homme, par exemple, la progression est d’à peine 
1 millimètre à l'heure (en ligne sinueuse). On voit par là les consé- 
quences de la diapédèse. Un leucocyte qui, dans nos tissus, ne pourra 
tout au plus que parcourir 1 à 2 centimètres en vingt-quatre heures, en 
admettant une marche constante en ligne droite, pourra, grâce à la 
circulation sanguine et à la diapédèse, être transporté en quelques 
minutes d'un point du corps à un point opposé. £ 

Malgré sa lenteur, ce mouvement de reptation est, comme on le sait, 
très facilement apprécié par un observateur exercé. Dans l'appréciation 
de la vitesse par notre œil, intervient la grandeur de l'objet qui se 
meut, grandeur qui, au microscope, est naturellement le diamètre appa- 
rent. D’après les chiffres donnés plus haut, on voit qu'un leucocyte 
avance de un demi à deux diamètres environ à la minute. C’est à peu près 
ce que font les mollusques rampants dont la progression est très faci- 
lement appréciée. Chez l’escargot (/elix pomatia), au mois de sep- 
tembre, j'ai trouvé, pour la vitesse moyenne sur surface de verre poli, 
8 cent. 5 à la minute pour des exemplaires atteignant 7 à 9 centimètres 
avec extension. La marche de la limace (Arion empiricorum) est un peu 
plus lente (3 centimètres environ à la minute pour des exemplaires 
atteignant la même taille en extension). 

Un autre fait très frappant dans la démonstration de MM. Levaditi, 
Comandon et Mutermilch, c’est l'existence de divisions cellulaires. Il 
s'agit incontestablement de divisions cellulaires, et bien vraisemblable- 
ment de karyokinèses. La cellule mésenchymateuse qui va se diviser 
subit, en général, comme on le savait, une contraction; au moment de 
la séparation des cellules filles, on observe des mouvements amiboïdes 
du protoplasma qui sont d’une énergie considérable et qui, avec la 
multiplication de vitesse, paraissent absolument fantastiques. Ils sont 
parfaitement réels. Je les ai décrits et figurés en 1904, à l'état vivant, 


506 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sur les globules rouges du triton pendant la karyokinèse, et je les ai 
comparés à des mouvements analogues qui avaient été observés sur 
sur certains œufs (Téléostéens, Nématodes) (1). Dans mes observations, 
les mouvements se produisent après la rupture protoplasmique. Après 


/ 
4 T2 : 343 Ut 
: a 24 57 
SARUES TS 
: (1 24 56 
3R 11 \ 
4h15 CA 
Fic. 1. — Rana esculenta. Reptation FiG. 2. — Lapin. Reptation d'un leuco- 


d’un leucocyte à 20 degrés. Expérience cyte à 38 degrés. Expérience du 18: juin 
du 21 janvier 1903. Grossissement de 600 1902. Grossissement de 600 diamètres. 
diamètres. 


la section du protoplasma, les deux cellules filles restent encore:en 
contact: c’est alors que se produisent les mouvements amiboïdes, véri- 
tables mouvements du protoplasma dont la rapidité, comme je l'ai 
montré en 1904, est fonction de la température. 


(1) Archives d'anatomie microscopique, 1904, p. 503 et suivantes. 


SÉANCE DU 8 MARS 507 


VACCINOTHÉRAPIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏIDE 
PAR LE VIRUS SENSIBILISÉ DE BESREDKA, 


par Boiner. 


Quinze lyphiques de mon service à l'Hôtel-Dieu ont été traités par le 
virus sensibilisé de Besredka. Je n’ai pas observé le moindre accident 
local, la moindre complication générale. La durée de la maladie est 
abrégée; la phase des oscillations stationnaires est parfois considéra- 
blement diminuée, comme le montrent les courbes thermiques de plu- 
sieurs observations. Ce traitement est de nature à diminuer l'étendue 
et la profondeur des ulcérations des plaques de Peyer, à favoriser leur 
cicatrisation et à éviter ainsi, dans la mesure du possible, les hémor- 
ragies intestinales (qui, cependant, se sont produites dans un cas) 
et les perforations intestinales qui n’ont pas été observées dans aucun 
de nos quinze cas. La gravité de la maladie est diminuée. 

Ces injections de. virus sensibilisé favorisent l’évolution rapide de 
la fièvre typhoïde et sont suivies d’une amélioration prompte et notable 
de l’état général, qui le plus souvent apparaît après la troisième injec- 
tion, avant la chute de la température et son retour à la normale. 
On se trouve ainsi dans les meilleures conditions pour éviter les 
dégénérescences infectieuses des viscères. 

L'action thérapeutique de ces injections est d'autant plus nette 
qu’elles sont pratiquées à une période plus rapprochée du début de 
la fièvre typhoïde, et nos observations confirment les conclusions 
des travaux de MM. Ardin-Delteil, L. Nègre, M. Raynaud, soit au 
XIII: Congrès francais de médecine, 13-16 octobre 1912, à Paris, soit 
dans leur communication de décembre 1912 à l'Académie des sciences 
deParis. 

La fièvre typhoïde traitée par cette vaccinothérapie dans les dix 
premiers jours de l'infection est plus courte, moins intense, moins 
grave, moins sujette aux rechutes, comme le prouvent les courbes 
thermiques. Un point important à faire ressortir est que la durée de 
la fièvre typhoïde est d’autant plus abrégée que la vaccinothérapie 
a été instituée plus près du début de l'infection. (Les détails et les 
courbes des observations seront publiés ailleurs.) 

J'ai modifié les doses employées par Ardin-Delteil, qui étaient : la 
première de 1 c.c., la seconde de 2c.c. etles deux dernières doses de 
3 C:c., et espacées chacune de trois jours. 

Les résultats paraissent meilleurs en employant d'emblée des doses 
de 2 cc. renouvelées quotidiennement, pendant les quatre jours sui- 
vants, si la fièvre typhoïde est grave, et pendant trois jours seulement 
si elle est légère. Il'est plus avantageux de faire des injections quoti- 


508 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


diennes de 2c.c. On emploie la même dose globale de virus sensibilisé, 
mais en quatre ou cinq jours. La maladie est ainsi mieux jugulée et son 
évolution est abrégée. 

Dans presque tous nos cas, la médicalion a été limitée à la vacci- 
nothérapie et nous n’avons donné ni bains, ni quinine, ni autres anti- 
thermiques. 


Conclusions. —' La vaccinothérapie avec le virus sensibilisé de 
Besredka agit favorablement sur l'évolution de la fièvre typhoïde, en 
diminue la gravité, en abrège l'évolution ; elle a d'autant plus d'action 
qu’elle est pratiquée à une période plus rapprochée du début de l’in- 
fection. 

Elle paraît agir en favorisant la production d’une abondante quantité 
d'anticorps et l'augmentation considérable du pouvoir bactériolytique 
chez les typhiques ainsi traités. 


SUR L’HÉMOLYSE SIDÉROGÈNE, 


par J. CHALIER, L. Nové-JossErRAND et BouLur. 


Résumant les recherches entreprises dans la clinique du professeur 
G. Roque et sous sa direction, nous avons établi, dans une note précé- 
dente, la répartition de la sidérose dans les viscères, au cours de divers 
états pathologiques, et nous avons établi qu'il n’est qu'un seul organe 
où elle soit constante, dès qu’elle existe dans l'organisme, c'est la rate. 

4° Nous croyons que cette sidérose est due à un processus patholo- 
gique de destruction globulaire, c’est-à-dire une hémolyse, en prenant 
ce terme dans son sens le plus large. Il s’agit là d'une hémolyse sidéro- 
gène. Nous ne concevons pas, en effet, pour une série de raisons que 
nous développerons ailleurs, qu'il puisse y avoir sidérose viscérale 
sans hémolyse préalable, et nous publierons dans une note prochaine 
des expériences concluantes montrant les relations étroites de l'hémo- 
lyse et de la sidérose sphérique. 

2° Cette hémolyse est pathologique, soit par exagération même, soit 
par une anomalie dans son mécanisme intime. Elle est exprimée in vivo, 
dans les cas très marqués, par une diminution de la résistance globu- 
laire, la présence d'autolysines ou d'’isolysines dans le sérum, ces deux 
stigmates hématologiques pouvant exister ensemble ou séparément. 
Mais il peut exister de la sidérose sans que ces stigmates aient été 
trouvés. Est-ce à dire que l’hémolyse n'existe pas ici à la base de la 
sidérose? Au contraire, on pourrait supposer que, dans ces cas, l’hémo- 


SÉANCE DU 8 MARS 509 


lyse fût restée splénique, y eût produit la sidérose, et n’'eût pas été 
suffisante pour déborder dans le torrent circulatoire. 

3° Où se fait cette hémolyse? Les donnécs que nous apportons, tirées 
de constatations analomo-pathologiques, n’ont pas la prétention de 
résoudre une question sur laquelle les expérimentateurs sont loin 
d’être d'accord. Elles sont simplement évocatrices d’une hypothèse qui 
demandera confirmation et dans laquelle le rôle de la rate, jusqu'ici 
trop négligé par les anatomo-pathologistes, nous apparait avec une 
importance digne de retenir l'attention : la rate est un siège constant 
de sidérose; il n’y à pas de sidérose polyviscérale, hépatique en parti- 
culier, sans sidérose splénique. Est-elle aussi le lieu initial et constant 
de l’hémolyse sidérogène? Certaines constatations prêtent à cette 
interprétation, sans l’imposer encore absolument. 


SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA LARVE DE Zrombidium trigonum HERM., 


par L. BRUYANT. 


L'étude des premiers stades du développement chez les Trombididés 
a été faite par Henking Hermann, en 1882, pour 77. fuliginosum (1), 
et par Jourdain, en 1897, pour 77. holosericeum (2). 

En possession d’un lot d'échantillons vivants de 77. trigonum Herm., 
provenant de la région méditerranéenne, j'ai pu observer la ponte de 
celte espèce et suivre le développement embryonnaire jusqu’au stade 
de larve hexapode. Voici le résumé de cette étude : 

Les œufs sphériques, d'un rouge orangé et de 160 à 175 v de dia- 
mètre, sont pondus en amas, à la surface du sol ou à une très faible 
profondeur, en mai et juin. Leur coque est lisse, sans ornementations, 
mais sa coloration et l'abondance du vitellus rendent très malaisée 
l'observation des premiers stades : la fragilité de la coque rend, d'autre 
part, la méthode des coupes inapplicable. 

La segmentation, qui est superficielle (œuf centrolécithe), se mani- 
feste au troisième jour par l'apparition d'une plaque ventrale fusi- 
forme sur laquelle naissent, dès le quatrième jour, une série de mame- 
lons se différenciant d'avant en arrière, et au nombre de 5 paires vers 
le sixième jour : les deux premières paires correspondent aux pièces 
buccales, les trois autres aux pattes de l'embryon. Le vitellus forme une 
masse lobée dorsale. Tout l'embryon est revêtu d’une mince enveloppe 


(4) Zeütschrift für wissenschaftl. Zoologie, XXXVIII, p.553, 1882. 
(2) Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 1897, p. 965. 


Le. 


510 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


transparente, percée, à la base de la troisième paire d’appendices, 
d’une boutonnière qui n’est autre que la Urtrachee. de H. Hermann. 


Au neuvième jour, les cinq paires d’appendices sont grossièrement facon- 
nées, inarticulées et ornées seulement de quelques replis transversaux irré- 
guliers. Entre la coque et l'embryon circulent des cellules granuleuses, à 
mouvements amæboïdes actifs. 

La coque de l'œuf éclate vers le quatorzième jour, suivant deux lignes 
courbes qui contournent la région dorsale ‘antérieure de l’embryon,1ten 
partant de chaque côté d’un point commun situé au niveau de la deuxième 
paire de pattes. Des deux débris de la coque, l’un recouvre la région post- 
céphalique comme un capuchon, l’autre, roulé en bateau, reste accolé à la 
partie postérieure et ventrale du corps. La destinée des cellules amæboïdes. 
extérieures à l'embryon m'est inconnue : peut-être rentrent-elles à l’inté- 
rieur de celui-ci après la rupture de l'œuf. 

La larve primitive ainsi libérée est immobile, munie d’appendices rigides 
inarticulés, et sa surface (deulovum de Claparède, apoderme d'Hermann) est 
hérissée de fines aspérités, sauf dans les régions post-céphalique et ventrale 
postérieure. La Urtrachee est nettement visible; le vitellus dorsal est plus 
réduit. Latéralement et un peu en arrière, on trouve d’une facon constante 
une épine courte à pointe postérieure, et qui joue peut-être un rôle dans la 
rupture de la coque ovulaire. 

C’est aux dépens de cet embryon immobile et à son intérieur que se diffé- 
rencie ensuite la larve hexapode définitive. Chacun des appendices rigides 
est rempli d’abord d’une masse granuleuse homogène; celle-ci ne tarde pas 
à se contracter de facon à constituer un appendice d’abord informe, qui se 
sépare de plus en plus de l'enveloppe primitive, laquelle ne constitue plus 
bientôt autour de lui qu’un revêtement en forme de doigt de gant trop large. 

: Un phénomène analogue se produit au niveau du corps. Dans l’espace vide 
ainsi créé, on voit reparaître des cellules amæboïdes très actives. 

Les membres d’abord non segmentés prennent dès lors leur apparence 
articulée; à leur extrémité, les ongles naissent à la facon de trois petits 
mamelons. En même temps, les chélicères et les maxilles se différencient 
peu à peu. Le corps et les pattes se recouvrent de poils simples et lisses. 

Vers la fin de la quatrième semaine, la griffe des chélicères est visible; les 
tarses sont devenus caractéristiques et leur constitution très spéciale au 
niveau de la troisième paire de pattes, ainsi que les caractères des écussons 
dorsaux, également reconnaissables, permettraient déjà de déterminer la 
forme larvaire avant l’éclosion. Les éléments amæboïdes sont toujours très 
actifs. P 

L'éclosion a lieu vers le trentième jour, par une fente dorsale de l’enve- 
loppe embryonnaire. Je n’ai pas à revenir ici sur les caractères de la larve 
hexapode que j'ai décrite antérieurement(1). Cette larve parasite les Ortho- 
ptères, surtout Locustidés et Acrididés, peut-être aussi certains Gryllidés et 
Mantidés, et se fixe de préférence à la face dorsale de ces Insectes, vers 
l'insertion des ailes membraneuses. 


1) Zoologischer Anzeiger, Bd XXXV, 1°" juin 1909. 
(4) 1 j 


MONO TE RE SUR D ER TA AS LEE ME et EE PP ES SIT 
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à 


ne | SÉANCE DU 8 MARS 511 


Les phénomènes ci-dessus décrits concordent, dans l’ensemble, avec 
ceux:observés chez Tr. fuliginosum et Tr. holosericeum. Pour ces deux 
dernières espèces, une divergence règne entre les interprétations 
données au sujet de l’enveloppe larvaire primitive. Pour Hermann, 
celle-ci (apoderme) n'est qu'une gaine grossière et provisoire proté- 
seant les premiers développements larvaires, et séparée de l'embryon 
dès l’origine. Pour Jourdain, elle constitue au contraire l'enveloppe 
chitineuse d'une forme larvaire primitive (/{arve embryonnaire). Je pense 
personnellement que cette dernière manière de voir est la plus exacte : 
en effet, à un stade précoce, l’enveloppe chitineuse primitive cest 
entièrement remplie par l'embryon, et ce n’est qu'ultérieurement que 
celui-ci s’en sépare au fur et à mesure de son évolution. On doit done, 
à mon avis, admettre l'existence d’une larve embryonnaire immobile el 
indifférenciée. Peut-être celle-ci n'est-elle que le témoin d’une forme 
larvaire atavique primitivement libre et comparable à l'une des formes 
larvaires multiples de certains Crustacés : quoi qu'il en soit, son enve- 
loppe chitineuse, seule persistante, sert à abriter le développement 
ultérieur de la larve définitive. 

Je n'ai pas vu chez 77. {rigonum l'éperon frontal signalé par Jourdain 
chez Tr. holosericeum. Quant à la signification des cellules amæboïdes, 
elle reste énigmalique : on ne peut dire si elles jouent un rôle dans 
l'édification de la larve, ou si elles servent seulement de remplissage. 

La Urtrachee paraît bien être un organe primitif de respiration et 
constitue sans doute le stigmate de la larve embryonnaire. Les larves 
hexapodes des Trombidions portent toujours la trace d'un organe ana- 
logue sur la première plaque coxale; cependant, je n’ai pu voir chez 
Tr. trigonum l’entonnoir signalé par Hermann, et qui réunirait ces 
stigmates primitifs, au stade où la larve définitive est encore empri- 
sonnée dans son enveloppe embryonnaire. 


SUR LA TOXICITÉ DU FER COLLOÏDAL ÉLECTRIQUE 


Note de B.-G. DunAMEL, présentée par GEORGES Bonn. 


Nous avons recherché quelle était la toxicité du fer colloïdal élec- 
trique, préparé et litré par la méthode de G. Rebière. 

Pour déterminer la toxicité de ce colloïde, nous nous sommes 
adressés à divers animaux : lapins et cobayes, chez lesquels l'injection 
sous-cutanée ou intramusculaire de 5 c.c. de ce colloïde n’a jamais 
déterminé d'accidents immédiats ou lointains. Mais comme par cette 
voie il est difficile d’injecter plus de 5 c.c. sans provoquer des dé- 
sordres mécaniques dans les tissus, nous avons surtout emprunté la 
voie veineuse. Un Japin adulte du poids de 3.550 gr. a recu chaque 


512 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


jour des doses croissantes de fer colloïdal électrique isotonique. La 
première dose étant de 10 c.c., on augmente régulièrement tous les 
jours de 5 c.c. de façon à atteindre la dose de 40 c.c. à la 7° injection. 
Cette quantité semble une limite qu'il est préférable de ne pas dépasser 
si l’on ne veut pas déterminer chez l'animal des troubles mécaniques 
de la cireulation. 

Chez l'animal ainsi traité, le poids s’est trouvé de 3.650 gr. après 
la 7° injection, l’animal ayant régulièrement augmenté pour atteindre 


F1G. 1. — Coupe du rein du lapin traité par le fer colloïdal électrique. 


ce chiffre. La 8° et la 9° injection ont été de 40 c.c. A partir de la 9° in- 
jection, l'animal a commencé à maigrir légèrement et, à la 10° injection, 
il a présenté un poids de 3.370 gr. et un léger voile d’albumine est 
apparu dans les urines. A cette date, l'animal avait reçu 10 injections, 
soit 295 c.c. de colloïde titré à 0 gr. 50 pour 1000, soit 0 gr. 147 de fer 
métallique. 

A ce point de notre expérience, il était logique de se demander si les 
phénomènes toxiques : amaigrissement, albuminurie, tenaient à la pré- 
paration même ou aux troubles mécaniques produits par le déversement 
dans le système veineux d’une grande quantité de liquide (1). Nous 


(1) B.-G. Duhamel. Les injections intraveineuses répétées de sérum phy- 
siologique chez le lapin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 6 juillet 1912. 


SÉANCE DU S MARS 513 


avons poursuivi l'administralion du fer colloïdal, mais en injectant 5 c.c. 
seulement d’une solution concentrée titrant 2 gr. de fer p. 1000. La 11°, 
la 12° et la 13° injection ont été pratiquées de cette manière. Le poids a 
encore descendu jusqu’à 3.290 gr., mais l’albumine a rapidement dis- 
paru des urines. Puis le poids a recommencé à s'élever, cependant qu’on 
pratiquait cinq nouvelles injections de 10 c. c. de ce colloïde concentré. 
L'animal, après la 18° injection, pesait 3.600 gr., et il nous a fallu croire 
que les troubles passagers n'étaient pas dus au métal colloïdal puis- 


FiG. 2. — Coupe du rein du lapin traité par le cilrate de fer vert. 
(On apercoit en bas et à gauche un glomérule dégénéré.) 


qu'ils ont cessé, mais aux troubles mécaniques produits par le volume 
de liquide injecté. 

Cette première expérience finie, l'animal a été sacrifié après avoir 
recu en tout 295 c. c. de fer colloïdal électrique, titré à O0 gr. 50 p. 1000, 
65 c.c. de fer colloïdal titré à 2 p. 1.000, soit en tout O0 gr. 277 de fer 
métallique, cela en l’espace de trente-cinq jours et en 18 injections. 

A l’autopsie : organes normaux, foie relativement gros (136 grammes), 
rate volumineuse pesant 4 gr. 50 et mesurant 8 cm. de long, reins 
gros et mous, légèrement congestionnés, pesant 26 gr. à eux deux. 

Nous avons ensuite recherché dans quelle mesure pouvait se montrer 
toxique un sel de fer administré à une dose telle qu’il introduise dans 
l'organisme autant de fer que le colloïde. Nous avons choisi le citrate 


514 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


de fer en solution titrée de facon appropriée et isotonique. On a choisi 
deux jeunes lapins du même sexe et d’une même portée, pesant l’un 
1.400 grammes et l’autre 4.440 grammes. 

Le premier, à partir du 9 août, a reçu des injections intraveineuses 
de 5 c.c. de fer colloïdal électrique. Il a été fait 50 injections du 
9 août au 7 novembre. Le poids de l'animal a régulièrement augmenté; 
il s'est trouvé le 31 août à 2.300 gr.; le 30 septembre à 2.600 gr. ; 
le 31 octobre à 2.820 gr., et, au moment de la dernière piqûre, à 2.900 gr. 

L'autre lapin, de 1.440 gr., a recu du 12 août au 13 novembre 
50 injections intraveineuses de 5 e.c. chaque de la solution de citrate 
de fer vert. Au début du traitement, où les injections étaient plus rap- 
prochées pour les deux lapins, on a observé sous l’action du citrate de” 
fer un stationnement, puis un affaissement de la courbe des poids. 
Après la 20° injection, l’animal ne pesait plus que 1.320 gr., puis le 
18 septembre, le poids est tombé à 1.240 gr. À ce moment, les injections 
ayant été un peu plus espacées chez les deux animaux, l'animal traité 
* par le citrate de fer a commencé à reprendre doucement du poids et, au 
moment de la 50° piqüre, il s’est trouvé peser 2.320 gr.; mais il était 
d’un développement médiocre, il avait le poil terne, un aspect physique 
défectueux dû à la croissance du squelette, qui n’est pas compensée 
par un aceroissement suffisant des parties molles. Quelques jours après 
la 50° injection on a sacrifié les animaux. 

L'animal traité par le colloïde a présenté un aspect normal des vis- 
 cères, avec rate et foie légèrement volumineux. L'animal traité par le 
cilrate de fer avait un foie pelit, des reins vivement congestionnés à la 
coupe et une rate très hypertrophiée. L'examen histologique a permis 
d'établir avec nettelé la différence de toxicité qu'il y a entre le fer à 
l’état colloïdal et le fer à l’état salin. Le foie du lapin traité parle citrate 
de fer montrait de la congestion avec dilacération des travées hépati- 
ques, mulliplication des cellules du conjonctif, compression des 
cellules du parenchyme hépatique. Le rein surtout était altéré et 
_ présentait : dégénérescence et desquamation des cellules des tubes 
contournés, glomérulite subaiguë avec grosse hémorragie glomérulaire 
et atrophie du peloton vasculaire pouvant aller jusqu'à la transfor- 
mation fibreuse, développement du tissu conjonctif interstitiel. 

L'animal traité par le fer colloïdal électrique présentait un'foie par- 
faitement normal et, au niveau du rein, un exsudat d’ailleurs inconstant 
dans la cavité de certains glomérules. 


LC NE 


TES 


- SÉANCE DU 8 MARS 515 


r _.  — _— _ arr 


ACGTICN DE LA VENTILATION SUR LES ÉCHANGES DES ANIMAUX NORMAUX 
AU REPOS’: DANS. UN' MILIEU HUMIDE ET CHAUD, 


par E. Socor et R. Kocu. 


Il nous a paru intéressant de reprendre les études, poursuivies sous la 
direction de M. Langlois, sur Les températures chaudes et humides, en 


- étudiant les échanges respiratoires d'un groupe d'animaux normaux et 


au repos placés dans un milieu humide et chaud : 1° ventilé ; 2° non 
ventilé. 

Nous nous proposons, du reste, de continuer ces expériences : 1° en 
faisant varier la composition de l'atmosphère respirée ; 2° en soumettant 
les animaux à un travail déterminé. | 

Nous donnons aujourd'hui les résultats de nos premières expériences. 

L'expérience qui porte sur 6 cobayes d’un poids total d'environ 
3 kilogrammes, dure deux heures. 

Les animaux sont placés sous une cloche en verre, close à la paraffine 
et d'une capacité de 160 litres. La température est maintenue à 35 degrés 
par un chauffage électrique; l'air de la cloche peut être brassé par un 
ventilateur électrique, placé à l’intérieur de l'appareil. Nous opérons en 
milieu humide et l'observation psychrométrique nous indique d'après 
la règle de Prazmowski que l'atmosphère de la cloche est saturée de 
vapeur d’eau. On fait des prises d'air de demi-heure en demi-heure. 

L'analyse de l'air recueilli est faite au moyen de l'appareil de Lau- 
lanié. 

1° Quand le ventilateur marche, l’expérience nous démontre que les 
échanges suivent pendant 1 h.et demie une marche régulièrement ascen- 
dante, la production de CO° au bout de 1/2 h. est de 1,2, le quotient 
respiratoire étant de 1,2 : 1,3 ; au bout de 1 h., la quantité de CO* dégagé 
est de 2,2; le quotient respiratoire est de 2,2:: 2,6; au bout de 1 h. et 
demie-la quantité de CO” est de 3,3; le quotient est de 3,3 : 3,5. 

Au bout de 1 h.et demie, il y a une ascension brusque de la courbe des 
échanges; et quand on fait la dernière prise, 2 heures après le début 
de l'expérience, la quantité de C0 dégagé est de 5,1, le quotient est 
de 5,1 : 5,4: 

Pendant tout le temps de l'expérience, les animaux subissent une 
perte de poids de 80 grammes sur 3 kilogrammes. 

2 Dans une seconde expérience, nous ne faisons pas de ventilation, 
sauf le brassage nécessaire au moment de la prise d’air ; nous assistons 
à une diminution des échanges, à pârtir de la troisième demi-heure. Au 
bout de 1/2 heure, la quantité de C0O* dégagé est de 1,3; le quotient 
est de 4,3 : 1,4; après 1 heure, la quantité de CO? est de 2,5 ; le quotient 
étant de 2,5 : 2,9; après 1 h. et demie, la production de CO* est de 4,1, 


516 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


le quotient étant de 4,1 : 4,2; enfin au bout de 2 heures, la production 
de CO* est seulement de 4,6, le quotient étant de 4,6 : 4,7. La production 
de CO* dans la dernière demi-heure n’a été que de 0,5, alors qu'elle était 
de 1,8 quand le milieu était constamment ventilé. | 

La perle de poids des animaux a été de 95 grammes sur 3 kilo- 
grammes. 

Ce qui ressort essentiellement de nos expériences, c’est la nécessité de 
pousser ces recherches pendant un temps prolongé. L'examen des. 
courbes montre, en effet, que pendant les quatre-vingt-dix premières 
minutes, il n'existe que des différences négligeables dans les échanges, 
et que dans les trente minutes suivantes, on observe une divergence 

complète des courbes. 

La ventilation paraît donc produire une Re dans leséchanges 
respiratoires sur les animaux au repos placés dans un milieu chaud et 
humide. 


(Laboratoire des travaux pratiques de physiologie 
de la Faculté de médecine de Paris.) 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE Discomyces maduræ VINCENT. 


Note de P. REMLINGER, présentée par H. ViInNcENr. 


La fréquence relative du pied de Madura au Maroc (1;, nous a engagé 
à étudier les conditions qui favorisent le développement du parasite 
isolé et décrit pour la première fois en 1894, chez un Marocain précisé- 
ment, par M. le professeur Vincent. 

Ainsi que l'avait vu cet auleur, la croissance du parasite est faible sur 
les milieux d’origine animale journellement usités dans les laboratoires. 
Elle est mème nulle en sérum liquide ou sur sérum coagulé. Sur les 
milieux végélaux, au contraire, Î. maduræ pousse avec la plus grande 
facilité. C'est ainsi qu'on obtient de fort belles cultures non seulement 
sur la pomme de terre, le navet, la carotte, le chou, etc. (Vincent), mais 
encore sur la patate, le topinambour, le radis, la rave, la betterave, la 
citrouille, l'oignon, le cardon, la banane..., etc. Sur tous ces milieux, 
ainsi que sur le pain, les cultures progressent rapidement à condition 
que le milieu nutritif soit maintenu dans une atmosphère humide. Les 
cultures passent en général par deux phases : une première, où les colo- 
nies forment de petits amas saillants, blancs, secs, ombiliqués à leur 


(1) P. Remlinger. Un cas de pied de Madura, observé au Maroc. Société «le 
Path. exotique, 13 novembre 1912. 


SÉANCE DU 8 MARS DA 


centre, séparés les uns des autres ; une deuxième, où ces mêmes colonies 
se fondent en une nappe qui peu à peu se pigmente et prend finalement 
une belle coloralion rouge vif. Sur le pain en particulier, l'aspect diffère 
très peu de celui d’une culture de B. de Kiel ou de B. Prodigiosus. 

Devant ces résultats et pour nous rapprocher davantage des conditions 
de la nature, nous avons pensé à cultiver /. maduræ sur les végétaux 
qu'on rencontre le plus couramment dans les campagnes du Maroc : 
tiges et feuilles de palmier nain, feuilles de cactus et d’aloës, tiges de 
roseaux et d’ombellifères..., etc. Les résultats ont été au moins aussi 
satisfaisants que sur les légumes précités. La tige de palmier nain peut 
même être considérée comme le milieu optimum pour la croissance de 
D. maduræ. Dans le tube de Roux au fond duquel une petite quantité 
d’eau a été déposée. la culture part dès le deuxième ou le troisième jour. 
Ce sont d’abord de petites saillies verruqueuses, grisâtres, séparées les 
unes des autres. Elles se réunissent au bout d'une semaine pour former 
une couche épaisse, continue, mamelonnée, un peu grasse et compa- 
rable à celle que donne sur pomme de terre le bacille de la tuberculose 
aviaire. Vers le huitième jour, un pigment rosé d'abord, rouge ensuite, 
apparaît sur cet enduit, qui prend finalement une belle teinte écarlate. 
Les feuilles d’aloès conviennent également très bien à la croissance du 
_ parasite, qui y donne un pigment simplement rosé. On obtient des 
cultures un peu moins luxuriantes dans la concavilé des tiges de 
roseaux ou d'ombellifères ; nous n'y avons pas observé de formation de 
pigment. 

Nous avons enfin cherché à cultiver /. maduræ sur des branches 
d'arbres ou de simples morceaux de bois. Les résultals ont dépassé 
notre attente. La culture est tout particulièrement abondante sur le bois 
de figuier. Une branche d'un diamètre légèrement inférieur à celui 
d’un tube à essai est sectionnée sur une longueur de 3 à 4 centimèlres 
et pendue de facon à donner deux demi-cylindres qui servent à faire 
deux tubes de Roux, dans les mêmes condilions que pour les cultures 
sur pommes de terre, On verse assez d'eau dans le tube pour que la 
partie inférieure du bois soit immergée, et on stérilise à 120 degrés, dix 
minutes. L’ensemencement se fait en écrasant quelques grains provenant 
d'une culture en bouillon ou sur gélose. Au bout de trois à quatre jours, 
on commence à voir apparaitre, particulièrement au niveau de la partie 
médullaire, de petites excroissances d’un gris-jaunâtre. Elles ne tardent 
. pas à recouvrir d'une couche épaisse toute la surface du bois. La richesse 
de la culture est aussi grande que sur les milieux nutrilifs proprement 
dits. Des cultures analogues quoiqu’un peu moins luxuriantes peuvent 
être obtenues sur des branches de mimosas, de caroubiers.…, etc., et 
Jusque sur des morceaux de bois mort. Ayant observé fréquemment un 
développement particulièrement abondant du parasite soit sur la partie 
du bois immergée dans l’eau, soit dans l’eau même, nous avons cherché 


LU 


518 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


si D. madurzæ n'était pas capable de proliférer dans de simples tubes 
d'eau stérilisée maintenus à l’étuve à 37 degrés. Nous avons observé, 
dans ces conditions, un développement peu rapide, mais très net. 

D. maduræ se montre peu difficile au sujet des conditions de tempé- 
rature nécessaires à sa croissance. Il se développe à l’étuve entre 32 et 
38 degrés. Un ensemencement abandonné à la température dulabora- 
toire demeure négatif, mais une culture laissée à la température exté- 
rieure après qu'elle a commencé à se développer à l’étuve, continue à 
pousser. De même, /. maduræ ne meurt pas à la surface des milieux 
végétaux sur lesquels il a été ensemencé et qui ont été maintenus: à la 
tempéralure du laboratoire. Si, plusieurs mois plus tard, on! met ces 
tubes à l’étuve, la culture ne tarde pas à partir comme si l’ensemen- 
cement venait d’être pratiqué. 

Les faits qui précèdent paraissent de nature à apporter une confir- 
mation aux hypothèses qui ont été faites au sujet de l'éliologie du pied 
de Madura. Dans un pays chaud et humide comme le Maroc, D: maduræ 
se trouve dans d'excellentes conditions pour vivre et se reproduire à la 
surface d’un grand nombre de végétaux. C’est à la faveur d’une effraction 
des téguments du pied par une épine de mimosa ou de cactus, une 
feuille de palmier ou d’aloès qu'il pénètre dans l'organisme. Les milieux 
animaux ne lui convenant guère, la plupart de ces traumatismes 
demeurent sans effet. Ce n'est que dans des cas exceptionnels et chez 
l’homme seulement (moindre résistance du sujet; augmentation de 
virulence du germe; sensibilisation du sujet) que l'inoculation aboutit 
au syndrome clinique connu sous le nom de pied de Madura. Pour que 
la démonstration fût complète, il faudrait retrouver D. maduræ dans la 
nature, sur l’un des végétaux précités. Malheureusement, et ainsi que l’a 
montré M. le professeur Roger, les VNocardia ou Oospora sont si répandus 
dans les milieux extérieurs; leurs caractères morphologiques et de 
culture sont si peu tranchés que cette démonstration paraît entourée de 
grandes difficultés. On sait que les tentatives d’inoculation du pied de 
Madura aux animaux ont échoué. 


(/nstitut Pasteur Marocain, à Tanger.) 


RECHERCHE ET DOSAGE DU GLUCOSE DANS LES MATIÈRES FÉCALES, 


par DEJUsST. 


Avant d'étudier dans quelles conditions, tant physiologiques que 
pathologiques, le glucose peut, ou non, apparaître dans les matières 
fécales,"il faut posséder une technique permettant de le déceler et de 
le doser avec une approximation connue et suffisante. 

Autant que des essais préliminaires nous ont permis de le voir, la chose 


” 


SÉANCE DU 8 MARS 519 


est aisée dans le cas de selles très fluides, soit obtenues par purgation, 
soit fournies par des malades diarrhéiques. 
Le cas n’est plus le même lorsqu'on se trouve en présence de fèces 


présentant la consistance et la composition habituelles (1). 


Les auteurs qui ont trailé celte question ne se sont pas occupés de 
déterminer la valeur des techniques qu'ils ont utilisées ; c'est à cette 
détermination que nous nous sommes employés tout d'abord, et l'étude 
des différentes causes d’erreur pouvant perturber ces recherches nous 
a conduit (pour des raisons que nous exposons en détail autre part) à 
proposer une teclinique dont voici les points principaux. Les matières 
(25 grammes d'un échantillon prélevé après homogénéisation, soit au 
morlier, soit au broyeur) sont épuisées par l'alcool à 96° (125 c.c.) en 
présence d’un léger excès d'acide acétique. 

Cet épuisement est répélé trois fois ; les liquides alcooliques sont 
addilionnés d'un léger excès d'acide chlorhydrique, puis distillés dans 
le vide jusqu’à sirop clair. Ce sirop est repris par l’eau, puis déféqué au 
nitrate de mercure. 

Dans le liquide déféqué on dose Le sucre par la méthode G. Bertrand. 
Nous avons vérifié la technique en ajoutant à des matières n’en renfermant 
pas par elles-mêmes, une quantité de glucose connue, et en comparant 
la quantité de glucose ajoutée et la quantité de glucose retrouvée. 

L’approximation obtenue a été de 2 p. 100 de la quantité absolue de 
glucose, et de 1/5000 rapporté à la proportion de glucose dans les 
matières. Cette approximation est amplementsuffisante pour les besoins 
de la physiologie. | 

Comme la technique que nous proposons est assez longue et délicate, 
ilest indiqué, avant de commencer un dosage, de s'assurer de la présence 
du produit à doser par le procédé suivant : on broye les matières avec 
une solution de sous-acétate de plomb, on précipite le plomb en excès 
par une solution de carbonate de soude, et on fait bouillir en présence 
d’un tiers de son volume de réaclif cupro-potassique (formule Pasteur). 

La réduciion est déjà visible lorsque la quantité de glucose est com- 
prise entre 4 et 2 décigrammes de ce sucre pour 100 grammes de 
malières fécales. 

Au lieu de faire bouillir le liquide déféqué avec le réactif cupro- 
potassique, on peut l'utiliser, après acidification par l'acide acétique, 
pour la préparation de l’osazone du sucre cherché. 


(Travail du laboraloire de chimie biologique de M. le Prof. G. Bertrand, 
à l'Institut Pasteur.) 


(1) Les matières normales ou pathologiques utilisées pour ce travail ont été 


très obligeamment mises à notre disposition dans le service de M. le 


D’ Enriquez, à la nouvelle Pitié. Nous sommes heureux de lui adresser tous 
nos plus vifs remerciements. 


BiozocrEe. COMPTES RENDUS. — 41913. T. LXXIV. 31 


SOCIÉTÉ: DE BIOLOGIE 


QE 
LO 
(= 


SUR LES RELATIONS OSMOTIQUES, DES GLOBULES ROUGES AVEC. LEUR HATEOR: 
INFLUENCE .DE L'ÉTAT, ÉLECTRIQUE ,DE LA PAROT, 


par PIERRE GIRARD. 


Les expériences d'Hamburger relatives aux échanges osmotiques des 
globules rouges ét de leur milieu conduisent à formuler l'énoncé 
suivant : 

« La pression osmotique intraglobulaire (sur quoi nous renseigne le 
volume des globules) reste la même dans des solutions. isoloniques 
entre élles »; jusqu'ici d'ailleurs ce furent toujours les différences de 
PECSE un osmotiques du liquide intracellulaire et du milieu ambiant 
qu'on fit intervenir pour expliquer les échanges RRUNIRUEE de la 
cellule vivante et de son milieu nourricier. 

L'étude de l'absorption, des sécrétions glandulaires, etc., montre 
pourtant que ce facteur est impuissant à lui tout seul à rendre toujours 
compte du sens des échanges osmotiques. D'autres facteurs inter- 
viennent (1), et les quelques expériences que nous allons brièvement 
résumer (nous réservant d'y revenir par la suite) montrent que parmi 
eux figure la Charge électrique que porte la paroi globulaire. 


La charge électrique des globules dans le sérum, dans les solutions isoto- 
niques au sérum de .«saccharose et.d’un certain nombre ide sels neutres,.est 
comme on sait négative. 

Des recherches antérieures nous ont montré la possibilité de faire varier 
pour ainsi dire au gré de l’expérimentateur la densité (2) électrique de cette 
charge et même d'en inverser le signe par la présence daus la liqueur où sont 
suspendus les globules d'ions H à de très faibles concentrations ou d'ions 
positifs trivalents comme les ions métalliques des sels de terres rares. 


Nos:recherches sur l’osmose électrique des -solutions.d'électrolytesà 
travers les membranes nous avaient ‘d’ailleurs .conduit.à «penser que 
cette charge et cette densité électrique de la paroitglobulaire devaient 
régir pour une part importante les échanges osmotiques des tglobules 
avec leur milieu et ceci indépendamment de la pression \osmotique 
dudit milieu. 

Dans des solutions de A déterminé différant «entre elles par la 
présence ou l'absence de certains ions (dont.dépend l’état électrique.de 


(4) Dans une récente conversation, M.:Portier nous signalait le rôle de la 
tension superficielle que lui révélèrent des observations et des expériences 
non encore publiées. 

(2) La densité de la charge est évaluée en:déterminant la «mobilité des 
globules, c'est-à-dire l’espace parcouru (en par seconde) dans an champ.d’un 
volt centimètre. 


SÉANCE DU S MARS D21 


! 


la paroi :globulaire) nous avons donc déterminé :corrélativement: la 


densité électrique des;globules, leur:volumeret teur surface. 


Dans une solution de saccharose: d'un A——0°60 la mobilité:est d'environ 
4 y à la seconde. Si l’on additionne cette solution d’une quantité d’un. acide 
organique portant son À à — 0°64 le signe de. la charge des globules s'inverse. 

Il devient positif. Les globules ne subissent d’ailleurs du fait de celte.acidi- 
fication aucune altération. Dans une telle solution le volume des globules 
devrait être conformément à: la loi d'Hamburger. plus , petit que dans «la 
solution neutre dont le À est moindre (en valeur négative). C'est l'inverse qui 
a lieu : le volume des globules contenus dans 0 c.c. 05 de sang dilué dans 
2 c.c. de la solution de À — 064 est de 0 mn c. 03 alors que le volume occupé 
par le même nombre de globules dans la solution de À —0°60 est de Ommc.21. 

Le gonflement des globules est d’ailleurs visible au microscope; mais ilest 
très inégal. Le diamètre ‘de certains globules double; pour d’autres cet 
accroissenrent n’estpas:sensible. ë | 

L’addition:à une solution de saccharose d'un acide quelconque agirait de 
même. Parmi ces acides un intérêt physiologique particulier s’attache au CO*°. 
Sa concentration dans le plasma veineux ou mieux encore asphyxique 
entraine un gonflement très notable des hématies. 

les loïsiide l’électrisation‘de contact nous faisaient prévoir que les ïons 
métalliques trivaleutsi des -selsaweutres dé’ terres’ rares devaient abaisser la 
densité électrique deila-paroi de: Vhématie : dans'une solution de:saccharose 
de A—0°60 porté à — 0°68 par l'addition d’une petite quantité de :selside 
cérium ou de .lanthane elle s’annule en effet; -et.le volume.des!hématies 
contenues dans.0 c.c..05 de sang passe à 0nc.29 et Om"c.32. {au lieu .de 
Omnc.021). La présence dans une solution de sucre sacidifiée d'ions FeCy---- 
qui entrave conformément aux lois de l’électrisation de contact l’action des 
ions ‘H sur la charge dela paroi de l’hématie enraye corrélativement les 
effets osmotiques liés à la variation de la densité ou du signe de cette charge. 
Dansune-sokution de A — +4 0°64"contenant en oütre des ions'H<+ des ions 
FeGy---#Hles globules nergotflentpas, leur diamètre reste ce qu'il est dans la 


solutionr de saccharoseineutre {A ——1664) et Vagglutimation très marquée 


dans:la:solution acide:estnulle. 

Detfacon.parallèle la présence. d'ions OH —:dans une:solution :dersaccha- 
rose contenant un sel de cérium ou de lanthane -enraye.-en: même temps 
l’action de ce sel sur la charge électrique de la paroi et,son effet osmotique. 
_ Soient deux solutions isotoniques l’une de saccharose l’autre:de saccharose 
acidifiée. Si l’on cherche le degré de dilution. pour lequel dans. l’une et l’autre 
solution l'hémolyse est complète par endosmose, cette hémolyse est atteinte 
pour la solution acide: bien avant qu’elle ne le soit pour la solution neutre. 

Inversement:au lieu d’acidifier la solution de saccharose on l’alcalinise par 
une petite quantité de CO'K® (le À des deux ‘solutions restant lermême) ; le 
degré de dilution déterminant l’hémolyse totale par endosmose est atteint 
pour læsolution neutre bien avant qu'il ne le soil pour la solution alcaline. 


Conclusions. — Dans des selutions de :saccharose hypertoniques 
à leur: milieu :kabituel les cellules aceroissent notablement leur -pres- 


522 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sion osmotique intérieure et leur volume, chaque fois que figurent 
dans ces solutions des ions capables d’atténuer la densité de leur 
charge électrique normalement négative ou d’en inverser le signe. 
Inversement si l'on ramène par l’action d'ions appropriés la charge 
électrique à sa valeur primitive le gonflement osmotique rétrograde 
aussilôt; ces faits nous paraissent déceler à travers la paroi globu- 
laire l’exislence de phénomènes d’osmose électrique. 


(Travail du laboratoire de physiologie et du laboratoire de chimie physique 
de la Sorbonne.) 


RECHERCHES SUR LA CULTURE 2N vitrO DU TRYPANOSOME DE L'ANGUILLE 
(Trypanosoma granulosum LAVERAN ET MES, 1902). 
UNE NOUVELLE MODIFICATION AU MILIEU DE Novy Er Mac NEaL. 


Deuxième note de A. PonSELLE, présentée par F. Mesnir. 


Nous avons donné dans notre précédente note (1) la formule d'une 
modification au milieu de Novy-Mac Neal, permettant de cultiver très 
facilement 77. granuiosum. Voici quelques indications sur la marche 
de nos cultures : 

Deux tubes de notre milieu ensemencés le 26 janvier 1913 avec deux 
gouttes chacun de sang du cœur d’une Anguille parasitée montrent dès 
le lendemain, à côté de Trypanosomes présentant encore seulement un 
élargissement de leur extrémité postérieure, de nombreuses formes 
Crithid'a en division très active. 

Le 1° février on ne retrouve plus aucune forme nn typique, 
mais seulement des formes Crithidia, Leptomonas et des formes Trypa- 
nosomes analogues à celles décrites par Brumpt dans la gaine de la 
trompe d'Hémicl psis marginata ayant piqué depuis quelques jours une 
Anguille parasitée. Ces formes Trypanosomes de culture ont déjà été 
signalées d’ailleurs pour divers Trypanosomes par Delanoë (2). 

Le 3 février deux nouveaux tubes sont ensemencés chacun avec une 
gouttelette d’un tube précédent. Le 7 les cultures sont déjà assez riches, 
le 18 les cultures sont extrêmement abondantes et servent à ense- 
mencer une troisième série de tubes, où les Trypanosomes poussent 
avec la même rapidité et qui, le 7 mars, servent à leur tour à ense- 
mencer une quatrième série. 


(1) A. Ponselle. lomptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, 1913, 
21 février, n° 7, p. 339. 

(2) Delanoë. Sur l'existence des formes trypanosomes dans les cultures 
de T. Lewisi. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXX, 1911, p. 704. 


SÉANCE DU 8 MARS 523 


Les figures ci-jointes montrent plus clairement que ne pourrait le 
faire une description les formes culturales observées, 

Nous avons essayé, en outre, de cultiver dans notre milieu quelques 
autres Trypanosomes : 

Tr. phoxini Brumpt. — Les tubes, qui avaient été ensemencés avec 
une quantité extrêmement minime de sang de, Vairon parasité, mon- 


C.CONSTAN Tin. 


1, 2, Tr. granulosum, dans le sang de l'Anguille. 

3, Forme épaissie, douze heures après l'ensemencement. 

4, 5, 6, 7, &, 9, 10, 114, 12, 13, Formes Crithidia et Leptomonas. 
14, 15, 16, 17. Forme Trypanosome de culture, 


Gross. 1000 diamètres. Coloration au Giemsa). 


_ lraient déjà cinq jours après de nombreuses formes Crithidia et préser- 
taient au bout de 20 jours des cultures d’une richesse extraordinaire. 
Tr. tincæ Laveran et Mesnil. — À donné aussi une culture très 
rapide et très abondante. 
Tr. Lewisi. — Les tubes ensemencés avec le sang du cœur d’un rat 
infecté (1) ont présenté au boat de 16 jours à la température de 22 degrés 


1) Nous devons ce virus à l’extrême obligeance de M. Mesnil. 
} 


SNA ed 


D24 : SOCIÉTÉ: DE: BIOLOGIE 


dés: cullures:très riches:avee de nombreuses: rosaces de milliers: d’indi- 
vidus. 

Tr: Brucei (1). — Autcontraire; d’après les quelques-essais que’ nous 
avons fails, ne semblent pas pouvoir pousser dans ce-milieu- 

Avee)nos-:cultures: de: 7r: granulosum, nous avons'tenté de réaliser 
l'infectionexpérimentale de l'Anguille: 

Une première Anguille de 30 centimètres environ, dont le sang 
examiné au condensateur à fond noir ne présentait pas de Trypano- 
somes, a.été inoculée sous la peau avec 2 gouttes d’une culture primitive 
âgée de neuf jours. Sept jours. après, elle présentait des Tryÿpanosomes 
peu nombreux dans le sang; 13 jours après, les Trypanosomes étaient 
devenus encore plus rares. 

Une seconde Anguille de 35 centimètres, dontle sang avaitété examiné 
à deux reprises, à quelques jours d'intervalle, très minutieusement au 
point de vue de la présence de Trypanosomes, et qui n'en présentait 
aucun, a-étérinoculée avec 3 gouttes d'une culture très riche âgée de 
quatorze jours. Deux examens de sang pratiqués 7 et 11 jours après 
ne montraient pas de Trypanosomes. 

Nous ne pouvons done rien conclure, car pour le premier essai on ne 
peut avoir la certitude que l’Anguille ne présentait pas déjà quelques 
Trypanosomes très rares au moment de l'inoculation.. 

Nous comptons. reprendre en mai sur des alevins d'Anguille, au 
moment de leur montée, de nouveaux essais d'inoculation, les alevins 
ne présentant qu'exceptionnellement des infections à 7%. granu- 
losum (2). Tandis que les Anguilles adultes en vente actuellement sur 
le marché de Paris sont presque toutes parasilées. 


(Travail du Laboratoire du D' A. Marie à l'Institut Pasteur.) 


_ 


LE: RÉGLAGE NASO:BULBAIRE ET LE PHURUT, 


par PIERRR: BONNIER. 


L'irrilation des organes internes est provoquée où accompagnée par 
l'irritation des. centres. bulbaïres. qui normalement veillent: sur ces 
organes. Au niveau de ces centres-prennent'naissance-des:raeinest ner 
veuses.à: fonction sensilive ou trophique, et à; l'extrémité: des nerfs 
qu’elles forment se produisent des réverbérationsirritatives telles: que 
prurit, hyperesthésie,. névralgie,- migraine, ou.aené,  urticaire; eczéma, 


(1) Mis très aimablement à notre disposition par M. le D' Mutermilch. 
(2) M. Langeron:Préciside Microscopie; 1943,-.p. 4902 


SÉANCE DU 8 MARS 595 


psoriasis, herpès; etc. La:sollicitation maso-bulbaire de ces centres à 
pour double-effet de: faireicesser le trouble: de l'organe profond et aussi 
satréverbération superficielle: 

Voici quelques expériences assez variées, choisies dans un grand 
nombre. 

Me M... dix-huit ans. — N'est pas réglée, mais à, depuis deux ans, 
chaquermois, très-régulièrement, trois jours: de coryza aigu, avecprurit 
nasal intense. Deux cautérisalions. Après la seconde, à lai date habi- 
tuelle, les premières règles sont apparues, sans: douleur: ni trouble 
aucun, et la rhinite attendue nes'est pas produite: Le mois suivant, 
pas detrègles; mais-reprise du pruril et du‘coryza. Une nouvelle cauté- 
risationremet tout en ordre et définitivement (Janv. 1908). 

Petite C..., six: ans. — Prurit nasal intense avec constipation opi- 
niäbtre dépuis:la naissance. Une cautérisation provoque une débâcle le 
soir et le lendemain, et la malade’ guérit après quelques oscillations, 
maisle prurit avait disparu dès:le premier jour (Mai 1908). 

Me B... futprise, à la suite d’un empoisonnement par des couleurs, 
avee palpitations violentes et syncopes répétées, d’un rhume des:foins 
durant chaque année trois mois (Avril, Mai, Juin), accompagné d'une 
abondante et pénible hydrorrhée, de prurit nasal et auriculaire intenses, 
de poussées d'urticaire sur le nez et sur les: yeux. Cette: affection résista 
à tout traitement. Chaque erise annuelle était régulièrement précédée 
d'une: période dianorexie absolue et d’un amaigrissement profond! 
— Deux cautérisations coupèrent la crise qui ne s'est reproduite que 
légère-et de peu: de durée l’année suivante: Tous les troubles satellites 


disparurent de-même:(A vril 1909). — La malade est maintenant tota- 
lement guérie: 
Me R..., lrente-six ans. —. Anxiété apparue subitement en crise, au 


milieu de’ la nuit. Depuis, éblouissements, élourdissements, palpita- 
tions, gastralgies, dépressions. Ne peut supporter la foule, traverser 
seule les:rues, séjourner dans les grands magasins qui l’affolent, vertige 
de l'escalier. Ses grandes crises d’agoraphobie s’accompagnent obsessi- 
vement d'idées de: suicide et d’un prurit violent de la région œsopha- 
sienne: Plusieurs membres de sa famille sont asthmatiques. Une cau- 
térisation supprime net du jourau lendemain toute anxiété et toute ago- 
raphobie: Blle:circule seule, revient chez moi sans être accompagnée, 
medit n'avoir plus aucune angoisse, aucune: constriction, aucun prurit 
dela: gorge; et avoir-repris son‘équilibre moral parfait. Cet état durait 
depuis trois ans (1909. 
Me À. M.., vingt-six ans. — Crevasses symétriques des doigts; pruril. 
Mieux-en: deux cautérisalions (Polyel. H: de: Rothschild. 

Mo B%., vingt-six ans. — Coryza chronique, varices pharyngées ei 
surtout prurüt anal intense depuis plusieurs années, phosphaturie. Le 
prurit disparait après la seconde séance (1909.) 


526 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


Me D..., quarante-quatre ans. — Professeur de chant, très gênée par 
une sécheresse continue de la gorge avec prurit laryngé, anxiété, rau- 
cité de la voix, agoraphobie, anxiété nocturne. Tous ces troubles dispa- 
raissent en deux caulérisations (1909). 

M. L..., quarante-quatre ans. — Souffre depuis quatre ans, au milieu 
d’une foule de troubles nerveux, d’un urticaire avec œædèmes brusques, | 
bouffissure de la face,de la gorge, des bourses, avec peu de prurit, mais 
des cloques qui apparaissent rapidement, lantôt sur tout le côté droit, 
tantôt sur tout le côté gauche, surtout quand il a pris du sel en man- 
geant, ou des œufs, ou des choux, ou du bouillon gras. Ces troubles et 
cette susceptibilité disparaissent après trois cautérisations (1909). 

M. G..., quarante-sept ans. — Crise d'asthme nocturne associé depuis 
quatre ans à des crises d'érections douloureuses avec poussées de pruril 
nasal pénible. Une première cautérisation fait disparaitre l'oppression 
et les érections cessent pendant trois nuits. Une seconde produit les 
mêmes effets. Une troisième et une quatrième espacent sensiblement les 
accidents. [1 ne reste bientôt que de l’oppression sans asthme et l'irri- 
tation génitale s’atlénue. La guérison se maintient de Novembre 1909 à 
Janvier 1912. 

WE J... — Constipation ancienne, crises d'hyperesthésie nasale et de 
prurit de tout le cuir chevelu avec chute des cheveux depuis trois ans. 
Une cautérisalion : la constipation, le prurit et l'hyperesthésie cessent 
dès le lendemain et la chute des cheveux cesse après ANSE jours et 
n’a pas repris depuis celte époque (Juin 1908.) 

Mae C. L..…., lrente-six ans. — Psoriasis depuis dix ans, dans les che- 
veux et les sourcils, avec prurit intense. Le prurit disparaît aussitôt 
après là première cautérisation, le psoriasis disparaît du cuir chevelu 
après la seconde et diminue sur les yeux. Des plaques aux mains et 
aux pieds s’atténuent et la couronne seule persiste pendant un mois 
environ, puis disparaît. 

M®°M..., quarante ans. — Eruption prurigineuse acnéiforme du visage, 
depuis un mois et demi. Disparition en huit jours. 

Me P..., Prurit ophtalmique profond disparu après une cautérisation 
(1910). Le sucre des urines descend de 2 gr. à 0,45 centigrammes. 


M'e B... — Constipation habituelle, prurit des bras et des jambes. Le 
prurit disparaît ainsi que la constipation, après deux cautérisalions. 
M S. S... — Hydrorrhée nasale, le nez rougit par le froid, prurit 


intra-nasal, pieds glacés. Dès la première caulérisation, le prurit nasal 
disparaît et les pieds cessent d'ètre froids. 

M. M..., vingt-cinq ans. — Asthme nasal, emphysème, oppression 
digestive, ne supporte ni tabac ni café depuis plusieurs années, dort 
mal. Prurit intense du cuir chevelu, urticaire blanc. Tous ces troubles 
disparaissent en trois cautérisations. Le malade dort, mange de tout, 
fume et prend son café sans aucun ennui, le prurit et l’urticaire ne réap- 


SÉANCE DU 8 MARS 597 


paraissent plus. L'’asthme disparait après la seconde caulérisation (1912). 

Me V. R... — Eczéma symétrique depuis un mois, jambes, poignets 
et bras. Le prurit exaspère jusqu’à la nausée : constipation habituelle, 
intolérance digestive. Quatre cautérisations font disparaitre le prurit, 
l’eezéma et la constipation. Un diner au poisson avec huîtres, café, etc..…, 
provoque une légère rechute. Une cinquième cautérisation dégage tota- 
lement ; plus de regime; bouillabaisse, crustacés, fraises, tout est toléré. 
La malade peut prendre des bains de mer, qui ne lui réussissaient pas, 
sans aucun inconvéuient (19192). 

J'ai rapporté ici même, dans une note sur les Centres organostatiques 
(27 Mai 1911), l'observation d’un prurigo intense soigné en vain depuis 
huit mois, dans lequel le prurit avait disparu une heure après la pie, 
mière cautérisation. 

Petite BI. B..., cinq ans. —- Prurit vulvaire, nymphomanie. Améliorée 
ét guérie après quatre cautérisations (Polycl. H. de Rothschild). 

MC... — Constipation, migraines, étourdissements continuels, éry- 
thème nasal, pieds glacés, prurit vulvaire. Une cautérisation : disparition 
de tous les symptômes, sauf l’érythème, dès le lendemain matin 
(Février 1909). 

MR° D..., quarante-six ans. — Ménopause, albuminurie légère, 
dysurie (500 gr.), diarrhée continue depuis des années, ictère fréquent, 
coliques hépatiques, oppression, palpilation, prurit vulvaire, insomnie. 


. La première cautérisation dégage l'appareil digestif, la malade digère 


mieux, se sent bien, a des selles presque normales, puis elle a 4.200 gr. 
d'urine et le pruril vulvaire diminue. Les règles, suspendues depuis 
quatre mois, reviennent une dernière fois. Le sommeil est meilleur. 
Tous les troubles disparaissent, ainsi que l’albuminurie, après deux 
mois (1910). 

Me G. de C:.. — Diabète depuis douze ans, avec 63 gr. de sucre et un 
affaiblissement notable de la vue qui lui interdit toute lecture. Six 
cautérisations diminuent le sucre à 30 gr. et la vision est assez revenue 
pour que la malade lise facilement les lettres qu’elle recoit. Le prurit 
oculaire et le prurit vu/vaire ont disparu. 


FRÉQUENCE DES CAS DE SARCOME CHEZ DES BÊTES A CORNES, 


par O. STENSTRÔM, présentée par C. LEVADITI. 


L’étiologie des tumeurs malignes est actuellement une question des 
plus discutées. L'apparition enzootique de tumeurs malignes d'une seule 
et même espèce dans des troupeaux isolés est peu connue, et le fait 
plaiderait en faveur de l'hypothèse d’un agent infectieux comme cause 


5928: SOCIÉTÉ. DE BIOLOGIE 


de la maladie. J'ai eu l’occasion d'observer une,accumulation: de cas 
de sarcome. chez un. certain, nombre de troupeaux, et je désire:relater 
ici mes observations. 

Les cas qui. ont attiré mon atlention apparurent dans une: étable 
contenant environ.160 bêtes à cornes qui ne réagissaient pas à latuber- 
culine.. La: maladie consistait en. une tluineur ayant: les. caractères 
typiques.du. sarcome, el qui.se développait du. côté de. l'os. ethmoïde: 
Cette tumeur donnait des métastases. dans les poumons. et les: gan- 
glions, et nécessilait l'abattage de l'animal. 

La: maladie commence par des sympiômesinerveux, se traduisant: par 
des mouvement convulsifs,.une contraction des:museles de Ja: nuque et 
des crampes des muscles de l’œil. Ges,symptômes se reproduisent à des 
intervalles répétés. Ensuile on constate une hémorragie- légère. dus nez 
qui se transforme peu.à peu en un écoulement hémorragique visqueux. 
En même temps la respiralion: commence à être gènée et.on observe, 
dans la.plupart des cas, un, commencement d’exophtalimie. On constale 
ensuite.un soulèvement de l'os frontal ou du maxillaire supérieur, par- 
fais suivi de perforation et provoqué par la pression.de la tumeur: 


Le preinier cas enregistré (n° 1) apparut au mois d'octobre 1908. Au cours 
de 1909 quatre nouveaux cas se produisirent (n° 2 en août, n° 3 et # en 
septembre et n°? 5 en octobre). Daus l’ânnée 1910, on constata encore un 
cas (n°6); de plus, deux vaches, qui avaient été transportées dans: une 
propriété voisine (L.), ont dû être abattues à cause de lamême maladie: Etant 
donné.que la maladie de ces derniers. animaux. avait.pris. sans-aucun»doute 
naissance dans la. première étable, on. peut classer ces deux cas. comme:fnss 7 
et 8. Dans la propriété L., ces deux vaches ont, dureste, contaminé d’auires 
animaux, de sorte que cinq nouveaux cas apparurent dans cette élable. En 
1911 on constata un cas (n°9) au mois de juin, n° 10 et 11 en août, n° 12, 413, 
14 et 15 en octobre. Enfin, pendant l’année 1912, le cas n° 16 apparut. au 
mois de juillet et n° 17 en octobre. 


Il me parait évident que ce grand nombre de cas de-la:même maladie 
parle beaucoup en faveur de. son origine infectieuse. Ce qui confirme 
encore celte hypothèse, c’est Le fait qu'une maladie tout à fait semblable 
a commencé à atteindre les chevaux de la propriété. En ce moment, trois 
de ces chevaux sont malades et deux paraissent commencer à se 
contaminer. Les symptômes sont les mêmes que chez les vaches, et la 
tumeur part également de los ethmoïde. 

La maladie existe aussi dans d’autres contrées de la Suède, de 
Blekinge jusqu'en Dalécarlie, et il.est: bien probable qu'elle a souvent 
été confondue avec d’autres infections, l’actinomycose, par exemple. 


Au point de vue anatomo-patlhiologique, les tumeurs se ressemblent beau- 
coup entre elles. Elles se développent librement, en partant de là mu: 
queuse de:l'éthmoïde, vers la gueule, entrent dans les sinuosités nasales 
postérieures et finissent par comprimer les fosses nasales. Ensuite la tumeur 


SÉANGE DU 8 MARS 529 


pénètre dansiacavité maxillairesupérieure etidans le sinus palatin et: lacrymal, 
ce quicause l’exophtalmie. L’os frontal.est. souvent atrophié et perforé par la 
pression,exercée parle. néoplasme. La.tumeur elle-même est le plus souvent 
molle, décomposée et nécrotique, avec d'abondantes hémorragies. Parfois, .on 
observe autour de la tumeur un écoulement purulent jaune et visqueux et on 
trouve le sinus frontal rempli d'un liquide séreux et clair. J'ai trouvé des 
métastases dans les ganglions maxillaires et rétro-pharyngés et dansles pou- 
mons, non seulement dans les cas que j’ai étudiés à la propriété mentionnée, 
mais aussi chez plusieurs des cas qui m'ont été envoyés. 


A l'examen microscopique, les tumeurs. ont l'aspect des. sarcomes 
typiques, lepius souvent du type de l'angiosarcome. La substance inter- 
cellulaire. est: généralement, rare, parfois exceptionnellement abondante 
et.dans-ce-dernier. cas le lype-se rapproche du fibrosarcome. 

Les métastases des: poumons ont le même: aspect; les cellules de: la 
tumeur. sont souven!, groupées aulour des bronches; quelquefois.elles 
remplissent aussiles alvéoles. | 

De-presque toutes lestumeurs, j’aiisolé une bactérie qui.se développe 
dans les milieux deculture au sérum. Ce microbe prend le-Gram, et 
ressemble assez au bacille, diphtérique, quoique plus court. Il est 
pourtant plus grand que le- Bac. pyogenes. Je-ne sais: pas encore. si ce 
mieroorganisme-est un.agent d'infection. secondaire; ce qui me paraît 
assez probable d'ailleurs: | 

Des-expériences:en vue de transmettre: la: maladie aux:bêtes à cornes 

saines, par des:inoculations d'une:bouillie de la tumeur, sont en cours. 
Plus devingl animaux ont élé inoculés, maisil:est encore-trop tôt pour 
se: prononcer sur les-résultals: 


(Travail.du Laboratoire bactériologique de l'Institul:médical de l'Etat, à 
Stockholm). 


LA GLYCOSURIE HYPOPHYSAIRE CHEZ L'HOMME ET L'ANIMAL TUBERCULEUX, 


par H. CLaupe, A Baupouin et: R. Porak. 


Nous: avons montré que l'injection d'extrait de lobe- postérieur: de 
l'hypophyse produit une glycosurie presque :toujoursiaecentuée chez les 
sujets présentant les attributs: de: la diathèse arthritique. Nous allons 
examiner ce qui advient. de-cette glycosurie quand l'injection d'hypo- 
physe est pratiquée chez des tuberculeux. 

Nous avons procédé, suivant la technique que nous avons indiquée, 
em nous:plaçant dans les conditionsioù l'on: obtient le maximum du 
sucre; chez:les sujets qui présentaient de la glycosurie- hypophysaire 
(V. nos:notes précédentes): 


530 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Le premier malade qui aitira notre attention fut un homme de qua- 
rante-cinq ans, atteint de névralgie faciale, essentielle et intense. Il 
reçu! en iajection une quantité d'extrait correspondant à trois quarts de 
lobe postérieur d'hypophyse. Comme la glycosurie est, dans ces 
conditions, à peu près constante chez ce genre de malades, nous 
l’escomptions chez lui et fûmes surpris de ne pas la rencontrer. Un 
examen plus détaillé du malade nous prouva que noûùs étions en pré- 
sence d'un tuberculeux. Cet homme a eu des hémopty-ies, sa pression 
artérielle n’est que de 14 à l’appareil de Potain et il existe au sommet 
droit des signes nets de germination tuberculeuse. ; 

Ce cas ayant attiré notre attention, nous avons recherché ce que don- 
nait l'hypophyse chez des tuberculeux avérés. Nous ne nous sommes 
pas adressés à n'importe quel genre de malades. Nous avons pris pour 
cette recherche des sujets jeunes, atteints de tuberculose pulmonaire 
indisculable, mais point trop avancée (1° et 2° degrés), franchement 
évolutive. Ils étaient cliniquement indemnes de toute autre affection 
pouvant altérer la nutrition comme l'alcoolisme, le diabète ou une dys- 
trophie glandulaire. Leur pression artérielle était faible. 

Nous avons rassemblé douze sujets remplissant ces conditions. Sept 
d’entre eux n'ont présenté aucune trace de sucre, malgré l’injection 
d’une dose d'extrait correspondant à un lobe postérieur d’hypophyse. 
Chez les cinq autres malades, l’urine a renfermé du sucre, mais en très 
minime quantité. Les laux du sucre au litre étaient respectivement, 
chez ces cinq malades, de 0 gr. 86, 1 gr. 15, 1 gr. 97, 2 gr. 77 et enfin 
3 gr. 70. Seuls renfermaient du sucre les échantillons d'urine émis 
une heure après l’ingestion du repas sucré. Les échantillons subséquents 
n’en contenaient pas. La quantité d'urine sucrée était donc très faible, 
et, en fait, la dose de sucre excrétée par nos malades tuberculeux se 
trouvait réduite à des traces. 

Nous creyons donc pouvoir conclure que, die les organismes forte- 
ment imprégnés par le poison tuberculeux, l'injection d’hypophyse ne 
provoque pas la glycosurie alimentaire qui est très intense chez l'arthri- 
tique. Mais nous voulons insister encore sur ce fait que ces résultats ont 
été obtenus sur un type de tuberculeux nettement déterminé. Il ne 
suffit pas qu’un sujet soit porteur de lésions bacillaires pour qu’on soit 
cerlain de les rencontrer. La tuberculose peut évoluer, et souvent avec 
des formes spéciales, sur un terrain propice d'autre part à l'apparition 
de la glycosurie hypophysaire. C'est ainsi que, chez un homme de 
trente-huit ans, très alcoolique et tuberculeux, nous avons vu l'injection 
d'hypophyse provoquer une glycosurie Here le taux au litre de 
26 gr. 20. 

Il faut aussi noter expressément qu'il y a, dans l’action de l’hypo- 
physe chez les tuberculeux, discordance entre la glycosurie et les réac- 
tions générales. Les malades pâlissent, présentent des phénomènes 


SÉANCE DU 8 MARS 531 


— 


cardio-va-culaires souvent intenses. L'injection détermine des évacua- 
tions alvines, les femmes accusent des douleurs de contraction 
utérine. 

On voit donc combien le problème est complexe chez l’homme. Aussi 
avons-nous eu recours à l'expérimentation pour corroborer la clinique 
et les résultats que nous avons obtenus nous paraissent entraîner la 
conviction. 

Nos recherches ont porté sur six lapins. Voici, comme exemple, les 
résultats obtenus chez deux d’entre eux : 

Lapin n° 12. — Le 30 décembre 1919, on lui injecte, dans la veine de 
l'oreille, 4 c.c. d'extrait hypophysaire correspondant à un demi-lobe 
postérieur. Une demi-heure après, on lui fait absorber à la sonde æso- 
phagienne, 30 grammes de glucose dissous dans 50 €. c. d'eau. Le len- 
demain l'urine de l'animal est sucrée et renferme 18 grammes de sucre 
par litre. . 

Le 3 janvier 1913, l'animal recoit, dans la veine, une émulsion de 
bacilles tubercu!eux. Cette injection est répétée le 15 janvier. L'animal 
s2 met à maigrir. Les expériences de glycosurie répétées un certain 
nombre de fois ont montré une diminution progressive du taux du 
sucre dans les urines. 

Le 10 lévrier, l'épreuve hypophysaire, faite dans les mêmes conditions, 
ne provoque y lux de glycosurie. 

Le 28 lévrier, l'animal est sacrifié : on trouve un gros tubercule à la 
base du poumon gauche et un semis de granulations tuberculeuses 
dans le foie. 

Lapin n° 10. — Le 3 janvier 1913, on injecte, dans la veine de 
l'oreille, { c.c. d'extrait hypophysaire correspondant! à un demi-lobe 
postérieur. Une demi-heure après on lui fait absorber, à la sonde œæso- 
phagienne, 30 grammes de glucose dissous dans 50 c.c. d’eau. Le 
lendemain l'urine de l’animal est sucrée et renferme 22 gr. 01 de sucre 
par litre. 

Le 5 janvier 1913, l'animal recoit dans la veine une émulsion de 
bacilles tuberculeux. Diminution progressive du sucre les jours sui- 
vants à l épreuve de la glycosurie hypophysaire. 

Le 28 janvier l'épreuve hypoyhysaire, faite dans les mêmes conditions, 
ne détermine pas de glycosurie. | 

Le 5 février l'animal est sacrifié. On ne trouve rien dans ses poumons, 
mais le foie est criblé de petits lubercules. 

Les autres animaux ayint pré-<enté des réactions analogues, nous 
pouvons dire que ch-z l’animal tuberculisé dans les condilions que nous 
venons d'indiquer on voit disparaître la glycosurie hypophysaire qui 
était manifeste avant l'introduction des bacilles tuberculeux. 

En rapprochant les résultats expérimentaux de ceux que l’on observe 
chez l'homme, on peut conelure, nous semble-t-il, que l'imprégnalion 


332 __ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


parole ‘poison tuberculeux faitidisparaitre, dons ‘certains organismes du 
moins, la faculté de présenteride la glycosurie hypophysaire. 

Si, ici comme partout, il faut se garder de toute théorie prématurée , 
ikest certain que les faits restent. Il‘est iñcontestable:qu'ily’a un grand 
intérêt physiologique ét clinique à ‘chercher ‘à ‘éclairer la motion »si 
vague, mais si importante, des aptitudes pathologiques, des 'tempé- 
raments el des diathèses. Peu de méthodes permettront mieux: d'y 
arriver ‘que celle des tests glandulaires. 


VIRUS « SENSIBILISÉ » ANTIPNEUMONIQUE, 


par Mieuez Couenpy et D.-M.fBERTRAN». 


La première application:des virus -sensibilisés (1) vivants:à la théra- 
peutique humaine — application dérivant de la vaccinationmantityphique 
de Metchnikoff et Besredka (2) —a été ‘faite :parinous dans les ‘affec- 
tions à staph ylocoques telles que furonculose, acné, otite, sinusite «et 
suppuralions diverses (3). Peu de temps après, ces-virus ont étéutilisés 
par Cruveilhier dans ‘le traitement ‘antigonococcique (4). Aujourd’hui, 
nous vous communiquons les résultats dernostrecherchessurileur«adap- 
tätion‘au traitement de l'infection pneumococcique ;1les essais de’traite- 
ment que nous relatonstici, portent ‘uniquement sur des:cas de pneu- 
monie franche nettement caractérisée. 

Pour-ces essais, nous-avons élé contraints de chercher un modetde 
préparation ide virus différentde celui que noustavonstemployé pour de 
virus antlistaphylococcique. Ce :dernier:consiste ‘en-un virus individuel 
préparé avec le staphylocoque isolé de chaque cas:d'anthrax,td’acné, 
etc.,-elc.; ‘cette préparation demande au moinsitrois jours. Or,‘enopré- 
sence de l'évolution rapide de la pneumonie franche, un virus immédia- 
tement-applicable pouvait:seul:être utilisé. 

Pour l'obtenir, nous avons formé divers groupes:avec ‘des :pneumo- 
coques isolés de 28 cas de pneumonie franche, ibroncho-pneumonie, 
pleurésie, coryza, ulcère:serpigineuxtde la:cornée.Bans chaque groupe, 
nous avons pris une ou plusieurs races pour lesquelles nous possédions 


(4) Besredka. Comptes rendus de l'Acad. des sciences, t. GXXXIV, 1902, 
p. 1330. 

(2) Annales de l'Institut Pasteur, mars 1911, p. 193=221, et décembre 1911, 
p.865. 

(3) Michel Cohendy et D:-M. Bertrand. Comptes rendus de l'Aead. des sciences, 
L'OLV, 1942, p.1622. 

4(4) Comptes rendus dela Soc. de Biologie, t:EXXIV,:p:10,14913. 


SÉANCE DU 8 MARS 533 


un sérum spécifique. Ces’races ont été « ‘sensibilisées ». Mélangées 
ensuite «dans:des proportions données (prédominance d’une race plus 
résistanterutilisée au:début de nos recherches), elles ont constitué notre 
virus antipneumonique. 

Des injections massives de ce virus faites à plusieurs reprises à 
divers animaux n'ont donné lieu à aucun trouble. 

Le siège de l'injection faite au malade se trouve dans la région 
dorsale, ainsi que.nous l'avons fixé pour/le virus:antistaphylococcique ; 
l'injection est absolument indolore et ne produit de réaction ni locale 
ni générale. 

Une injection, trois fois supérieure à la dose habituelle, a été faite à 
l'untde mous -avecle virus fraîchement préparé, c'est-à-dire dans lequel 
le;plustgrandmombre des éléments microbiens est à l'état vivant et se 
reproduit :en ‘culture. Cétle injection n'a été suivie d’aucun malaise 
appréciable. : 

Hrest à noter qu’un virus, datant de plusieurs semaines et dans 
lequelttous les pneumocoques étaient morts, a conservé les mêmes pro- 
priétés thérapeutiques que le virus vivant. 

Les malades traités sont au nombre de 7. Ils ont été pris dans les 
services ‘hospitaliers et les’observations les concernant, prises par les 
soins'des chefs de-service, seront exposées ailleurs. Ces malades étaient 
atteints de pneumonie franche typique. | 

Les ‘injections, ‘au nombre de 1 ou de 2, ont été faites le 2°, 3°, 4° ou 
5° jour de la maladie. Dans 5 cas, de 20 à 40 heures après la première 
injection, la'température est tombée de 39-40 degrés à la normale; dans 
lemême temps, les phénomènes d'infection ont disparu. Toutefois, la 
criseurinaire, généralement atténuée, ne s’est prononcée souvent que 
2ou 8 jours après la chute de la température. En outre, les signes 
Stéthoscopiques ont persisié pendant1, 2 ou 3 jours. Dans un cas, après 
une injection insuffisante faite le 2° jour, la température s’est abaissée 
de 40:88 degrés, puis s’est relevée de nouveau le 4° jour; une deuxième 
injection fuite ce jour-là l’a ramenée le lendemain à la normale. 

Chacun des preumocoques isolés des crachats de 5 sur 6 .de ces 
malades a été agglutiné par l’un des sérums ayant servi à la sensibilisa- 
tion-desivariétés injectées. Le 6° malade sur lequel le virus a agi très 
efficacement, le 3° jour, n’apas donné en culture de pneumocoque 
capable d’être agglutiné par les mêmes sérums. 

Sur le 7° malade, le virus a eu un effet absolument mégatif..Aueun des 
sérums. n’agglutinaitles pneumocoques isolés soit des erachats, soit:du 
pus prélevé à l’autopsie dans un des lobes pulmonaires nettement 
hépatisé. 

En résumé, sans-être-omunivalent, ce virus thérapeutique serait pluri- 
valent.‘Benombre limitédes cas traités et le manque de fixité observé 
pendant:ces.dernières années — d’après l'avis de plusieurs cliniciens — 


534 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dans le tableau jadis classique de la pneumonie franche ne nous per- 
mettent de couclure que sous la réserve d’une observation ultérieure à 
l’action curative du nouveau mode de trailement dont nous venons 
d'exposer les essais. 


EFFETS DU BICARBONATE LE SOUDE ET DU CHLORURE DE SODIUM 
SUR L’'EXCRÉTION URÉIQUE ET CUHLORURIQUE, 


par Cu. ACHARD et A. RiBor. 


L'introduction de fortes doses de bicarbonate de soude dans l’orga- 
nisme produit une augmentation du poids due à l'hydratation saline (1) 
qui peut aller jusqu'à l'œdème, ainsi qu'on l’a constaté chez l'homme, 
- notamment dans le diabète. 

Les recherches de divers observateurs ont montré qu'il y a fréquem- 
ment, à la suite de l’ingestion du bicarbonate, une rétention plus ou 
moins passagère de chlorure de sodium. On sait, d'autre part, que, 
d’après les résultats oblenus par MM Le Noir et Théry (2), le bicarbo- 
nate peut, dans certaines conditions, modifier les éliminations rénales, 
de sorte qu’on pourrait se demander si la rétention chlorurée conséeu- 
live à l'ingestion du bicarbonate ne dépend pas d'un trouble rénal. 

Expérimentalement nous avons, d’ailleurs, déterminé chez le chien 
l’anurie avec «le fortes doses. | 

Il nous a paru intéressant de rechercher si, chez l'homme, le bicar- 
bonate de soude modifiait le coefficient uréo-secrétoire et le seuil 
d'élimination du chlorure de sodium évalués suivant les procédés 
préconisés par MM. Ambard et André Weill, et de comparer l’action du 
bicarbonate à celle du chlorure de sodium ingéré à dose équivalente en 
sodium. 

Nous avons fait cette recherche chez un malade atteint de néphrite 
scléreuse avec rétention d’urée sans œdème, qui prenait seulement 
2 litres de fait par jour et qui perdait de son poids. On lui donna trois 
jours de suite 20 grammes de bicarbonate, puis, après un intervalle de 
trois Jours, 14 grammes de chlorure de sodium, soit en tout la première 
fois 16 gr. 14 de sodium et la seconde 16 gr. 50. 


(1) A. Gouin et P. Andouard. Variations de l’hydratation des tissus de 
l'organisme sous l'influence du bicarbonate de soude. Comptes rendus de la 
Soc. de Biologie, 16 avril 1904, p. 627. 

(2) Le Noir et Théry. De l’action du bicarbonate à haute dose sur l’élimi- 
nation rénale provoquée. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 6 juillet 1942, 
t. LXXIT, p. 68; — De l’action du bicarbonate de soude à doses nioyennes sur 
l'élimination rénale provoquée. 1bid., 19 mars 1913, t. LXXIII, p. 432. 


SÉANCE DU 8 MARS 53 


A 


Les calculs établis d’après les dosages fails dans les urines ont 


- « montré que, pendant les trois jours de bicarbonate, 60 p. 400 du 


sodium ingéré ont été retenus, ce qui n'empêcha pas le poids de baisser 
de 1 kil. 500; puis, pendant les trois jours de chlorure, la rétention ne 
porta que sur 29 p. 100 du sodium ingéré, tandis que le poids s'élevait 
de 2 kilos. Le bicarbonate n'avait provoqué qu'une rétention de 3 gr. 20 
de chlorure de sodium, tout le reste du sodium retenu étant resté sans 
doute à l’état de bicarbonate; quant au chlorure ingéré, il y en avait eu 
12 gr. 31 retenus. 
Voici les variations observées dans les coefficients d'élimination : 


SÉRUM P. 1000 CONSTANTE SEUIL D ÉLIM 
A uréo- du 
Urée. NaCI. sécrétoire. NaCI. 
23 décembre. 3 0 gr. 70 > gr. 94 0,127 5,68 
27 déc. après le benhorie. 0 gr. 55 5 gr, 71 0,099 5,58 
S0 décembre. 05. Le Ter Ne) 5 gr. 96 0,157 5,43 
2 janv. (après le loc ei) 0 gr. 52 5 or. 94 0,194 4,99 


Ainsi le taux de l'urée sanguine a baissé pendant les périodes 
d'ingestion de bicarbonate et: de chlorure, et le coefficient uréo-secré- 
toire, notablement supérieur à la normale, s’est un peu abaissé pendant 
le bicarbonate pour monter au contraire pendant le chlorure. Quant à 
la chlorémie, qui dépassait la moyenne, elle n’a que peu diminué 
pendant le bicarbonate, et le seuil d'élimination du chlorure n'a cessé de 
descendre graduellement au cours des deux épreuves successives, de 
sorte que ses variations paraissent indépendantes de l'hydratation 
saline produite par la chloruration. 

Nous avons comparé ces variations à celles que nous avons pu 
constater chez un malade atteint de cancer gastrique et quelque peu 
deshydraté, par suite d’une alimentation restreinte (1). Les reins de ce 
malade paraissaient sains et il était soumis, comme le précédent, au 
régime lacté. 


SÉRUM P. 1000 CONSTANTE SEUIL D ÉLIM,. 
ee LT, uréo- du 
Urée. NaCIL. sécrétoire. NaC!. 
19 novembre. Rte . O0 gr. 38 5 gr. 14 0,072 5,04 
22 nov. {après le po) Dec on 4 gr. 99 0,076 4,98 
26 novembre. . . . . ET pe 0e ral 5 gr. 31 0,08 5,24 
29 nov. (après le ne. 0 gr. 38 5 gr. 14 0,065 5.52 


Nous voyons que, dans ce cas, le taux de l’urée sanguine et le coeffi- 
cient uréo-sécrétoire sont restés à peu près fixes. Le bicarbonate a fait 


(4) Voir l'observation de ce malade in Ch. Achard et Ribot. Action comparée 
du bicarbonate de soude et du chlorure de sodium dans un cas de néphrite 
chronique avec rétention d'urée. Bull. et Mém. de la Soc. médic. des Hüpitaux, 
28 1éVrier 10913, p.539. 


Biococis. Coupres RENDus. — 1913. T. LXXIV. 33 


530 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


un peu baisser la chlorémie sans presque modifier le seuil du chlorure, 
et l’ingestion du chlorure de sodium a relevé à la fois la chlorémie et le 
seuil. 

Le poids avait subi chaque fois la même augmentation de 1 kilo sous 
l'influence du bicarbonate et du sel, passant de 50 à 51 kilos. 

En somme, il n'y a pas eu de parallélisme entre l'hydratation de 
l'organisme et les variations de la constante uréo-sécrétoire et du seuil 
d'élimination chlorurique. | | 


NOUVELLES RECHERCHES SUR LA TOXICITÉ DE LINDOL POUR LA GRENOUILLE, 


par CL. GAUTIER. 


I. — Le pouvoir convulsivant de l'indol (1), si remarquable chez la 
grenouille, mérite de retenir l'attention. Si le skatol ne présente point 
la même propriété, un autre indol substitué à chaîne latérale plus com- 
plexe, l'indoléthylamine, agit, d'après P: Laidlan (2), sur le système 
nerveux central et provoque des convulsions toniques et cloniques, du 
tremblement des extrémités, de la vaso-constriction. Ces faits en 
rappellent aussitôt d’autres à l'esprit: les relations entre les substances 
quinoléiques et les corps indoliques. Maillard, dans son ‘article Indol, 
du Dictionnaire de Physiologie, a insisté à plusieurs reprises sur ce 
rapprochement au point de vue chimique, en rapportant les faits 
trouvés par J. Dewar, Morgan, Graebe et Caro, Fischer et German, 
Hoffmann et Künigs, Bamberger et Kitschelt, Ellinger et Flamand. Tous 
ces faits concernent la transformation du noyau quinoléique en noyau 
indolique, ou inversement. Or, on ne peut manquer de songer, en pré- 
sence des propriétés convulsivantes de l’indol, que la strychnine, notam- 
ment, est considérée comme une substance quinoléique, et que C. Stæœhr 
en à pu obtenir du skalol, en la distillant avec de la chaux. 


Il. — J'ai poursuivi mes recherches sur le mode d’action de l’indol 
en comparant tout d'abord les effets de l'injection de la substance dans 
les sacs lymphatiques dorsaux et dans différents vaisseaux sanguins de 
la grenouille. 

On injectait chaque fois 2 milligrammes d'indol (3) : 0 gr. 05 d’indol 
étaient dissous dans 2 c.c. 5 d’alcool à 95°, on ajoutait ensuite 2 e.c. à 
d'eau salée à 6,5 p. 1.000. 1 c.c. — 0 gr. 002 d’indol. 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIL, p. 965. 
(2) Bioch. Journ., t. VI, p. 144, 1914. 
(3) « Indol cryst. in Schuppen » (Merck). 


SÉANCE DU 8 MARS : D91 


Dans tous les eas, des phénomènes convulsifs très intenses se sont 
produits. Schématiquement, on les peut décrire ainsi : après un certain 
temps, l'animal remue parfois les pattes postérieures comme s’il voulait 
gratter sa lête ou la partie antérieure de son corps; d’autres fois, c’est 
une secousse brusque de la tête avec fermeture des paupières, ouver- 
ture de la bouche, claquement des mâchoires, qui ouvre la scène. Bientôt 
le tronc et les membres antérieurs se prennent, et enfin les membres 
postérieurs. Si l’on dépose alors l'animal sur la table, ce qui provoque 
un court état télanique, on constate qu'unesecousseconvulsive complète 
_ peut être ainsi décrite : la tête et le tronc éprouvent un mouvement de 
suceussion, les paupières se ferment, la pupille est dilatée, un cri se 
produit, en même temps qu’une expiration pulmonaire. En même temps, 
les membres antérieurs exécutent des mouvements, les doigts s'agitent. 
En même temps aussi, les membres postérieurs se détendent brusque- 
ment. Tous ces mouvements n’aboutissent à aucune progression de 
l'animal, qui semble incapalle d'exécuter un mouvement coordonné. 
Puis les membres reprennent peu à peu et par une série de mouvements 
leur position primitive. Plusieurs secousses peuvent se succéder, ou un 
certain temps s’écouler entre elles. Si l’on excite l'animal, en frappant 
fort à côté de lui, il se détend violemment ; si les excitations sont trop 
rapprochées, elles peuvent ne pas être efficaces. Si l’on frappe du doigt à 
petits coups répétés l'extrémité d'un membre inférieur, l'animal étend 
violemment ces membres et bientôt ne peut plus pendant un certain 
temps les ramener dans leur position normale : étendus, ils répondent 
aux excitations par de petites contractions de leurs groupes musculaires. 
Dans l'intervalle des violentessecousses généralisées, d’autres, moindres, 
peuvent se produire, qui n’aboutissent qu’à de petits mouvements (1) de 
la tête, du tronc, des membres. Tous ces états convulsifs pourraient être 
comparés à des frissons répétés, d’une violence extrême. Parfois aussi, 
Panimal reste spontanément les deux membres postérieurs ou un seul 
d'entre eux étendus, animés fréquemment, ainsi que le reste du corps, 
de contractions des groupes musculaires. ; 


ExpÉRIENCES. — À. Injeclion d'indol dans la grande veine cutanée : Imj. à 

% h: 5rsoir. À 4 h. 21, début par la tête; à 4 h. 26, plusieurs secousses incom- 

plètes; à 4 h. 29, début des convulsions généralisées; à 5 h. 5, sept contrac- 

tions par minute ; à 10 heures, plus de convulsions spontanées. Survie. 
— 2. Injection vers le foie par la veine abdominale : Inj. à 9 h. 35 soir ; à 

9 h. 50, début. par la tête ; à 9 h. 59, début des convulsions généralisées ; à 
10 h. #, sept convulsions par minute. Morte le lendemain. Une autre grenouille, 

injectée de même, a survécu. — 3. Injection vers les veines iliaques par la veine 


(1) Ce sont ces petits mouvements et les contractions des groupes muscu- 
laires des membres étendus que j'ai désignés dans ma première note sous le 
nom de tremblement. 


fa £ $ FAT A RER SO ER PR NAT LS RO QE. TOR FPT MERE ENS TEA 270 
7 EAN co PM GS pape dr UNS Ne er 
: Eee us Vues OMS à. PVR CPE PUS set FAN MATE 
e— = = . à + 


538 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


abdominale : Inj. à 9 h. 4 soir; début par l'extrémité antérieure du corps à 
9 h. 53; à 9 h. 55, premières convulsions généralisées ; à 10 h. 7, six con- 
vulsions par minute. Morte le lendemain. — #. Ingection dans les sacs lympha- 
tiques dorsaux : Inj. à 10 h. 30 soir; à 10 h. 55, premières convulsions généra- 
lisées; à 11 h. 10, dix convulsions par minute. Le lendemain, l’état convulsif 
persiste ; il a disparu le surlendemain. Survie. Une autre grenouille est 
injectée à 9 h. 24 soir. À 9 h. 36, mouvement de grattage ; à 9 h. 38, secousses 
de la tête; entre 9 h. 40 et 9 h. 52, secousses de la tête, du tronc, des membres 
antérieurs; petits mouvements des membres postérieurs. À 9 h. 52, con- 
vulsions généralisées ; à 9 h.5#, dix secousses par minute. Morte le lendemain. 


III. — J'ai recherché l’action de l’indol injecté dans les sacs dorsaux 
chez la grenouille à circulation sanguine interrompue par section ou 
ligature du cœur. Dans ces conditions, l’indol ne provoque aucune 
convulsion, aucun mouvement qui puisse être différencié de ceux 
qu'exécutent les animaux auxquels on a seulement supprimé le cœur. 


ACTION DU BICARBONATE DE SOUDE A DOSE MOYENNE 
SUR L'ÉLIMINATION RÉNALE PROVOQUÉE, 


par LE Noir, Tuéry et VERPY. 


Après avoir étudié l’action que le bicarbonate de soude exerce sur 
l'élimination du bleu de méthylène, nous avons recherché l'effet du sel 
alcalin sur l'élimination de quelques médicaments administrés par voie 
buccale : salicylate de soude, iodure de potassium, sulfate de quinine. 

Nous établissons d'abord chez nos sujets — les uns à reins normaux, 
les autres porteurs de lésions rénales — la courbe d'élimination du 
médicament; puis, après avoir donné à nos malades pendant 4 à 5 jours 
des doses de bicarbonate de soude variant, suivant les observations, de 
5 à 20 grammes, nous étudions à nouveau, heure par heure, l'élimi- 
nation du médicament. Avec l’iodure de potassium et le salicylate de 
soude nous n'avons obtenu les mêmes résultats dans les deux séries 
d'expériences; de même l'élimination de l’iodure par la salive n’est pas 
modifiée par le bicarbonate de soude. 

Nous avons contrôlé ces recherches purement qualitatives par des 
dosages de l’iodure dans les urines. Chez 4 sujets sains, l'élimination 
n’a subi aucune modification et a atteint de 90 à 95 p. 100. De même, 
l’expérimentation chez le cobaye a montré l’inactivité du bicarbonate 
de soude. 

Nous avons effectué de semblables dosages chez 3 malades porteurs 
de lésions rénales : L'un était atteint de néphrite urémigène, il était en 
rétention uréique, et pourtant, sur 4 grammes d’iodure ingérés, nous 


SÉANCE DU 8 MARS 539 


en retrouvons 39,90 après l’épreuve du bicarbonate de soude. Les deux 
autres étaient atteints de néphrite hydropigène, avec grands œdèmes 
et rétention de chlorure de sodium. Avant l'administration du bicarbo- 
nate de soude, sur { gr. d'iodure ingéré, le premier n’en laissait 
passer que 0 gr. 08, le second, 0 gr. 21. Mais quand on renouvela 
l’épreuve, après l’administration de bicarbonate, leur état s'était amé- 
lioré, si bien que le premier laissait passer 0 gr. 18, le second 0 gr. 93. 
Avec le sulfate de quinine, l'étude qualitative nous a montré,. dans 
presque toutes nos observations, que l'élimination était faible, et la 
durée un peu écourtée. Nous avons effectué deux dosages après inges- 
tion de un gramme de sulfate de quinine. 
A. Néphrite urémigène en équilibre. . . Avant : 0 gr. 33 Après : 0,27 
B. Néphrite hydropigène avec œdème. . Avant : 0 gr. 68 pes : 0,54 


À diminution est, dans les deux cas, du 1/5 de la quantité éliminée; 
elle est minime. Au surplus, on ne saurait affirmer qu’elle soit d’origine 
rénale, car le bicarbonate de soude, administré à la dose de 10 grammes, 
a pu modifier l'absorption du sel de quinine. 

En résumé, le bicarbonate de soude, à la dose de 5, 10, 20 gr., n’a 
certainement pas d'action propre sur l'élimination de l’iodure de 
potassium ni du salicylate de soude; son action empêchante sur le 


. sulfate de quinine est douteuse. 


Nous avons eu recours ensuite à la polyurie expérimentale. Chez 
6 malades, dont 3 à reins sains et 3 à reins malades, nous étudions 
l'élimination de 300 grammes d’eau; nous renouvelons l'épreuve, après 
avoir donné à nos sujets, pendant 4 jours, 10 grammes de bicarbonate 
de soude. 

Chez nos sujets à reins sains, le bicarbonate, dans un cas, n'eut 
aucune action sur l'élimination de l’eau; dans deux cas, il eut une 
action favorisante. 

Chez nos brightiques, les résultats furent les suivants : 

Le premier cas concernait un malade atteint de néphrite avec hyper- 
tension, à équilibre parfaitement stable et constant ; le bicarbonate 
n'eut aucune action sur l'élimination de l’eau. 

La deuxième observation concernait une néphrite hydropigène; le 
bicarbonate détermina de gros œdèmes, avec rétention de sel; le malade 
réagit très mal à l'épreuve de l’eau. 

Dans notre troisième cas, il s'agissait d'une néphrite urémigène, avec 
équilibre uréique instable; le bicarbonate troubla l'élimination de l’eau, 
mais, en même temps, il avait détruit l'équilibre et produit de l'oligurie 

et des phénomènes urémiques. 


En résumé, le bicarbonate ne paraît pas avoir d'action directe sur 
l'élimination de l’eau, au cours de la polyurie expérimentale; mais il 


« 


Re 


540 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


peut avoir une action indirecte, soit qu'il favorise la rétention du NacCl, 
soit qu'il conduise à l'urémie. Cette action ne se produit que chez les 
sujets à reins malades. 


SUR LES ORGANES LYMPHO-ÉPITHÉLIAUX, 


par J. Jorrx. 


Des communications récentes, celle, en particulier, que MM. Retterer 
et Lelièvre ont faite dans l’avant-dernière séance de la Société (1), 
m'obligent à revenir sur la question des organes lympho-épithéliaux, 
sur laquelle j'ai déjà eu l’occasion d'attirer l'attention, mais qui ne me 
semble pas avoir été toujours bien comprise ou bien posée. 

Le tube digestif des vertébrés contient, sur toute sa longueur, dans le 
tissu conjonctif de la muqueuse, une infiltration plus ou moins diffuse 
de cellules lymphoïdes. Ces cellules s'accumulent en certains points 
fixes où elles forment différents organes : amygdales, organe lymphoïde 
œsophagien des oiseaux, plaques de Peyer, ete. Ce qu'il y a de parti- 
culier dans ces formations, c'est que l’épithélium de revêtement parti- 
cipe, dans un certain sens, à leur structure : quelquefois, l’épithélium . 
estplus ou moins épaissi et présente des dépressions (plaques de Peyer) ; 
dans d’autres cas, c’est autour de véritables cryptes que se localise le 
tissu lymphoïde (amygdales palatines, linguales, organe æsophagien 
des oiseaux, plaques de Peyer de certains animaux, ete.) ; plus rare- 
ment, le revêtement épithélial forme une saillie, papille ou pli et le tissu 
lymphoïde est localisé dans cette saillie ou dans ce pli (amygdales pha- 
ryngées, papilles Ilymphoïdes linguales du pore, papilles lymphoïdesdes 
glandes anales des chéloniens, follicules de la bourse de Fabricius 
des rapaces, amas lymphoïdes de l’œsophage de l’orvet décrits par 
Prenant, ete.). 

Dans ces différents cas, les lymphocytes atteignent l’épithélium 
superficiel, le perforent, le découpent plus ou moins, de telle sorte que 
l'organe est formé de deux parties : un revêtement épithélial plus ou 
moins découpé par la migration des lymphocytes, un tissu lymphoïde 
mésodermique sous-jacent. 

Ces rapports d'un épithélium avec les cellules onde deviennent 


(1) Éd. Retterer et Aug. Lelièvre. Homologies de la bourse de Fabricius, 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 février 1912, t. LXXIV, n° 8, p. 382. 
Dans cette note, les auteurs, tout en se donnant la peine, bien superflue, de 
faire remonter l'historique jusqu au xvrr° siècle, ne tiennent GE assez compte 
des travaux modernes. 


SÉANCE DU S MARS BAL 


beaucoup plus intimes dans des organes qui dépendent aussi du tractus 
digestif : le thymus et la bourse de Fabricius des oiseaux. Chez les pois- 
sons osseux, le thymus est formé par un épaississement de l’épithélium 
pharyngé, découpé et pénétré par le tissu lymphoïde ; c’est une forme 


Schémas montrant la complication progressive du tissu lympho-épithélial. En 
noir : revêtement épithélial; en pointillé : tissu lymphoïde mésodermique ; en 
hachures : tissu lympho-épithélial. 

1, plaque de Peyer; 2, amygdales linguales et palatines ; 3, follicules de la bourse 
de Fabricius des rapaces, papilles lymphoïdes de la glande anale des chéloniens, 
plis tonsillaires pharyngés, etc.; 4, thymus placoïde des téléostéens ; 5, follicules de 
la bourse de Fabricius de la plupart des oiseaux ; 6, thymus. 


de thymus très simple. Dans la bourse de Fabricius également, les fol- 
licules sont formés par un bourgeon épithélial central qui reste en con- 
tinuité avec l’épithélium de revêtement de la cavité de l'organe et qui 
est pénétré et découvé par les cellules lymphoïdes ; le tissu épithélial 


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! | 
549 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


a ——_— 


finit par y former une véritable charpente réticulée qui sert de support 


aux lymphocytes. Tout autour de ce bourgeon lympho-épithélial, on 


trouve du tissu lymphoïde purement mésodermique formant une couche 
corticale. Enfin, dans le thymus de la plupart des vertébrés, les bour- 
geons épithéliaux infiltrés de lymphocytes finissent par perdre toute rela- 
tion avec leur base d'implantation originelle, la muqueuse pharyngée; 
mais, malgré les remaniements considérables que subit la struciure de 
l'organe, on lrouve encore, à côté du tissu mésodermique, un tissu 
lympho-épithélial dans lequel les lymphocytes sont supportés par une 
charpente épithéliale plus ou moins modifiée. 

De sorte qu’en définitive, tous ces organes, avec des différences ou des 
complicalions secondaires, se réduisent à deux choses : un tissu lym- 
phoïde mésodermique d’une part, un bourgeonnement épithélial (bour- 
geon, pli ou crypte) de l’autre, les deux tissus se pénétrant et arrivant, 
au point de contact, à former une association qui peut être très parfaile 
et donne l'impression d'une véritable symbiose entre les cellules lym- 
phoïdes et les cellules épithéliales (4). 

Suivant cette conception, que j'ai soutenue ailleurs (2), les cellules 
lymphoiïdes qui pénètrent l’épithélium sont d'origine mésodermique ; 
les cellules épithéliales subsistent, mais modifiées, adaptées à un nou- 
veau rôle. Cette manière de voir s'appuie, non seulement sur l'histologie 
comparée, mais encore sur les recherches d’histogenèse, en particulier 
sur les travaux de Hammar (histogénèse du thymus des téléostéens et 
des sélaciens), de Maximoff (histogénèse du thymus des batraciens, des 
mammifères et des sélaciens) et sur mes propres recherches sur l’his- 
togenèse et l'involution de la bourse de Fabricius. Elle s'appuie aussi 
sur l'expérimentation : aclion des rayons X montrée par Rudberg, 
Regaud e! Crémieu sur le thymus, action du jeûne montrée par Jonson, 
Lévin et moi-même sur le thymus et la bourse de Fabricius, actions 
qui font disparaitre les lymphocytes en laissant la charpente épithéliale. 
J'ai eu l'occasion, récemment, grâce à l’obligeance de mon ami 


- M. Regaud, d'étudier l’action des rayons X sur la bourse de Fabricius ; 


j'aurai à m'expliquer en détail-sur ces faits, mais je puis dire déjà que 
l’irradialion fait disparaître les lymphocytes et laisse intact l'épithélium, 
avec une élection telle qu’un organe d'apparence lymphoïde est trans- 

(1) Dans cette conception, le lobule thymique tout entier est lympho-épi- 
thélial (substance corticale et substance médullaire), comme le montrent 
l'histogénèse et l’involution physiologique et expérimentale. La question de 
savoir dans quelle mesure le tissu mésodermique (qui pénètre avec les vais- 
seaux) se mélange au tissu lympho-épithélial est, du reste, d'importance 
second ire. 

(2) J. Jolly. La bourse de Fabricius et les organes lympho-épithéliaux. 
Comptes rendus d- l'Association des Anatomistes, 13° réunion, Paris, avril 4941, 
p. 164. 


SÉANCE DU 8 MARS 543 


formé en peu de temps en un organe d'aspect purement glandulaire et 
épithélial. Il faut donc admettre une pénétration, une superposition de 
deux sortes d'éléments différents. 

Nous trouvons ainsi dans les plaques de Pevyer, les amygdales, l'organe 
lymphoïde œsophagien des oiseaux, les follicules de la bourse de 
Fabricius des rapaces, les papilles Iymphoïdes des glandes anales, le 
thymus placoïde des téléostéens, la bourse de Fabricius, le thymus de 
la plupart des vertébrés, des exemples progressivement compliqués de 
ces rapports des cellules lymphoïdes avec le tissu épithélial. 

Ces rapprochements n’ont pas qu’un intérêt morphologique. Il est 
bien difficile de croire qu'une association si fréquente et qui se perfec- 
tionne graduellement dans les organes que nous avons cités est pure- 
ment accidentelle et il existe déjà dans la science un certain nombre de 
faits qui permettent d'imaginer que cette association du lissu lymphoïde 
et du tissu épithélial pourrait avoir un résultat physiologique. Je me 
contenterai de rappeler à ce sujet les recherches de M. Delezenne qui a 
montré la parlicipation du tissu lymphoïde à la production de l’enté- 
rokinase (1902). Les matériaux de réserve et les ferments du tissu 
lymphoïde peuvent, suivant les cas, être mis en liberté dans la lymphe, 
dans le sang ou dans la cavité digestive, et dans ce cas, au contact 
même des sécrétions épithéliales. Dans le thymus, le tissu lympho-épi- 
thélial se sépare du tube digestif, il n’y a plus de surface d’excrétion ; 
les produits de l’activité combinée des lymphocytes et des cellules épi- 
théliales sont obligés de rentrer dans la circulation; c’est, si l’on veut, 
un organe lympho-épithélial à sécrétion interne; le thymus est à 
l’amygdale et à la plaque de Peyer ce que la thyroïde est à une glande 
salivaire. 


(Laboratoire d'histologie de l'Ecole des Hautes Etudes 
au Collège de France.) 


DIMINUTION DU RAPPORT AZOTURIQUE HUMORAL 
DANS DIFFÉRENTS ÉTATS PATHOLOGIQUES, 


par A. Java. 


Dans une précédente séance (1) nous avons montré que le rapport 
azoturique des humeurs (qui est normalement de 0.75) est en général 
augmenté chez les azotémiques suivant la loi de Widal et Ronchèse, et 
que cette augmentation ne se rencontre pour ainsi dire jamais en 


(1) Javal. Élévation du rapport azoturique humoral chez les azotémiques, 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, I, p. 397. 


544 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dehors de l'azotémie. Nous indiquions que, sur nos 200 derniers 
dosages, 26 fois nous avions vu ce rapport dépasser le chiffre énorme 
de 0.90. 

Sur ce même nombre de cas, 20 fois au contraire nous trouvons un 
rapport azoturique très abaïssé, au-dessous de 0.50. Nous donnons 
ci-dessous le tableau de ces 20 cas, dans lesquels les sérosités analysées 
renfermaient plus d'azote résiduel que d'azote décomposable par l’hype- 
bromite de sodium, 


AZOTE | AZOTE | AZOTE 
LIQUIDES| total de rési- |IORÉE | RAPPORT 
NOMS AR l'urée | duel | par aZ0- DIAGNOS'uIC CLINIQUE 
GERS, Eu par |litre.| turique. 
litre. | litre. | litre. 


OEtème. 
Sérum. 
Sérum. 
Plèvre. 
Sérum. 
Plèvre. 
Sérum. 
Ascite. 
Plèvre. 
Plèvre. 

. | Sérum. 
.| Séram. 
Sérum. 
Ascite. 
Sérum. 
Sérum. 
Ascite. 
Plèvre. 
Ascite. 
Ascite. 


0,12 | 0, ) |Cardio-brightique. 
0, 29 5 Asystolie. 
Eclampsie. 
Insuffisance mitrale. 
Eciampsie. 
Mvocardite. 
OEdème pulmonaire. 
Insuf. mitrale et foie car diaque. 
Pleurésie aiguë. 
Myocardite. 
Eclampsie. 
Asystolie 
Emphysème: 
Cancer du foie. 
Myocardite «et emphysème. 
JEmphysème. 
[Insuf. mitrale et foie cardiaque: 
Pleurésie aiguë. 
Néoplasme abdominal. 
Péritonite tuberculeuse. 


s & LOS SOUS 


Le + ES ND ND D D © N9 WU RO Co RO = 


[23 
[==] 


SSocececbeésoces 
DORE RE & CG © NN IN Co RO 


YU DUR OU OUTRE © & © TN 
CR ÈIRD OO DB ON CS C0 OO Cr I à 


Oooocesesesssscesse 


Les augmentations du rapport azoturique tiennent, nous l'avons vu, soit à 
une augmentation pure et simple de l’urée, soit à une augmentation de l’urée 
concomitante d’une diminution de l’azote non uréique. 

Un double mécanisme ne semble pas se produire dans les cas où le 
rapport s’abaisse : la faiblesse des rapports dans les 20 cas de notre tableau 
provient uniquement de l’augmentation de l'azote résiduel : les chifires 
d’urée sont normaux. Quelquefois même il y a une légère majoration d’urée, 
mais elle est très minime, et aucun de nos 20 malades ne présentait le 
moindre symptôme d’azotémie. Un seul était brightique, mais cardio-rénal 
chlorurémique. Parmi ceux que nous avons pu suivre longtemps, aucun n’a 
versé dans l’azotémie. 


Récemment M. Brodin (1) a soutenu que l'élévation du chiffre de 
l'azote résiduel indique une lésion de la cellule hépatique, et que 


(4) Brodin. Moditication de la teneur azotée du sérum sanguin au cours de 
l'insuffisance hépatique. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, T, p: 26. 


SÉANCE DU 8 MARS 545 


l'élévation paraît proportionnelle au degré de l'altération hépatique. 
MM. Albert Morel et Georges Mouriquand (1) ont formulé des conclusions 
analogues. | 

Nous n’avons pas recherché systématiquement le rapport azoturique 
des hépatiques, mais en examinant un grand nombre de saignées 
faites dans un but thérapeutique et pratiquées par conséquent surtout 
(en dehors de l’azotémie) sur des malades cardiaques asystoliques ou 
emphysémateux aigus, nous avons constaté que, dans ces cas, le rapport 
azoturique était souvent abaissé. Faut-il voir dans cet abaissement la 
révélation d’une insuffisance hépatique concomitante? Nous n’osons 
l’affirmer parce que la diminution du coefficient azoturique ne nous 
parait pas l'apanage exclusif de l'insuffisance hépatique ou du moins 
de toutes les insuffisances hépatiques. Dans notre tableau mous voyons 
bien 4 malades ascitiques avec coefficient abaissé, mais dans notre 
précédente note nous signalions également deux ascitiques à coeffi- 
cients très augmentés. 

Les chiffres de notre présent tableau sont d’ailleurs comparables à à 
ceux publiés par MM. Courmont, Boulud, Savy et Blanc-Perducet (2) : 
ces auteurs rapportent 9 eas de coefficients azoturiques inférieurs à 
0,50-et dans 8 de ces cas l'insuffisance hépatique ne paraît pas jouer le 
rôle primordial. 


(Travail du laboratoire de l'hôpital de Rothschild.) 


# 


CIRCULATION PULMONAIRE AU COURS DES HYDROTHORAX ÆT PNEUMOTHORAX, 


. par BixET, DesBouis et J.-P. LanGLois. 


Poursuivant nos études sur les modifications que subit la circulation 
pulmonaire au cours de différents états physiologiques où pathologiques 
nous avons été amenés à voir ce qu’elle devenait lorsque des épanche- 
ments pleuraux liquides ou gazeux venaient modifier, non seulement la 
capacité de la cage thoracique, mais encore toutes les conditions dyna- 
miques de la respiration et de da circulation : modification du vide 
pleural, du volume du poumon, peut-être même des vaïsseaux pulmo- 
naires, états devant avoir un retentissement considérable sur le cœur, 
semble-t-il, au premier abord. 


(1) Morel et Georges Mouriquand. Urémie et Azotémie. Bull. et Mém. de la 

Soc. méd. des hôp., 1913, [, p. 266. 

(2) Courmont, Boulud, Savy’et Blanc-Perducet. Sur le coefficient azoturique 
dusérum Bull. et Mém. de la Soc. méd. des hôp., 1913, 1, p. 259. 


546 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nous avons provoqué, soit des pneumothorax, par incision dela paroi 
thoracique, fermant ensuite la plaie après l'entrée de l’air (pneumo- 
thorax fermé) ou bien laissant la plaie béante (pneumothorax ouvert), 
soit des hydrothorax par injection plus ou moins rapide de liquide de 
Ringer coloré au bleu de méthylène quelquefois. On enregistrait soit 
simultanément, soit successivement : 1° le rythme respiratoire; 2° le 
débit de la respiration avec spiromètre et soupape de Muller; 3° la durée 
de la circulation pulmonaire; 4° la vitesse du cours du sang; 5° la pres- 
sion sanguine. 

Quinze chiens de taille variable ont été utilisés. 

Toutes les observations concordent pour établir qu'avec le pneumo- 
thorax fermé ou l'hydrothorax assez important (plus de 500 grammes 
d’eau, quelquefois plus du litre) il n’existe pas de perte, ni de modifi- 
cations importantes dans la circulation pulmonaire. 

Puis, brusquement, la ventilation est touchée, l’animal cesse rapi- 
dement de respirer et alors seulement la cireulalion est profondément 
altérée. L’asphyxie parait être la cause dominante de cette modification 
brusque. 


Rythme - Rythme RReSSIOEEN Venti- ne 
respiratoire. cardiaque.  Af,x Min. lation. en ion 
17 kilogrammes. — — —  — — — 
NOM TERRE 12 87 14 12 3 1. 600 DUO RE UE SI 
Pneumo fermé: . . .. 12 90 14 AP AUTO D RE HAN A 
Pneumo ouvert. . . . . 15 45 » » 0000 SUR LES 
25 kilogrammes. 
NOPMAl AE 16 84 10 9 41. 350 6!" 61 6! 
Hydrothorax, 100 gr. . ù 66 15 18. 2]. 750 GUN GEST 
= 390 gr. . 8 60 18 15 4 I. 050 6!" 6,5" 
= 450 gr. . 80 30 13 10 0 9000 620701 
— — 0 16 » » 0 0000 CURE 


Il nous semble difficile d'attribuer ce ralentissement du cours du 
sang dans le poumon à une gêne, à un obstacle mécanique au cours de 
la traversée pulmonaire; cet obstacle s’il existait déterminerait vrai- 
semblablement des modifications cardiaques considérables, soit dans 
le rythme, soit dans l'amplitude; or nous voyons sur le tableau ci-joint 
et mieux encore sur les graphiques de pression, qu'il n’en est rien. De 
plus, on ne voit pas de rapports entre la quantité de liquide ou de gaz 
injectés et la durée de la circulation. Bien plus, on a pu voir que dans 
le cas où la ventilation devient nulle, les premiers chiffres de traversée 
-pulmonaire étaient normaux et que ce n'était que secondairement 
qu'ils augmentaient et que, de plus, ils augmentent progressivement. 
Nous avons indiqué dans un mémoire antérieur (1) que c’est exacte- 


(1) Langlois et Desbouis. Sur la vitesse de la circulation pulmonaire 
(2° mémoire), Journal de physiologie et de pathologie générale, novembre 1912. 


SÉANCE DU 8 MARS - DAT 


ment ce qui se passe au cours de l’asphyxie. Second point commun avec 
les modifications circulatoires asphyxiques, la vitesse du sang dans les 
vaisseaux périphériques se comporte d’une façon absolument identique, 
c'est-à-dire que, lorsque la ventilation tombe à zéro, la vitesse du sang 
dans n'importe quelle artère reste, tout au début, normale, pour dimi- 
nuer ensuite au fur et à mesure que l'asphyxie progresse. L'expérience 
suivante est, à ce point de vue, absolument démonstrative : 


Chien de 25 kilogrammes chloralosé et peptonisé : 


Vitesse dans un hydromomètre de 1"20 branché 
sur la carotide de l’animal normal . . . . . . . 2 
Pneumothorax fermé. . 


8 s 
CAN CD SE RL AAC DÉS UESE 
Pneumothorax ouvert — Ventilation : 0 . . . 2 8 


50 s. et 4 m. 305. 

On voit donc que, là encore, au début de Ia période asphyxique, La 
vitesse du cours du sang reste à peu près identique, puis qu'elle se 
ralentit progressivement dans la suite. Toutes nos expériences con- 
cordent à ce sujet, non seulement en ce qui concerne le pneumothorax, 
mais également pour l'hydrothorax. 


Chien de 18 kilogrammes : 


Moyenne. 
Normalement REC USE ROUES DIS SDS ES ES) ASP 
Éiydrothorax MDI ES UNS ES TS ETS) MINS DE) 14.1 
— SUO CRE UES 0) 14 s. » IL s. » 16 S. » 15.2 
— OO EE ES TON 5 GES RER T6 S 16 16 » 
— DSP PO ES ls EE 2 1 STD) DUESPE) DAS 


On ouvre la plèvre : hydropneumothorax : 47 s,, 1 m. 10 s. et meurt par 
asphyxie. 


Nous nous résumons donc en disant : les épanchements pleuraux 
expérimentaux même importants n’entrainent aucune modification de 
circulations pulmonaires ni générales; c’est seulement lorsqu'ils de- 
viennent incompatibles avec toute ventilation pulmonaire qu'il se pro- 
duit un ralentissement asphyxique de la circulation aboutissant à la 
mort. | 


PNEUMOGASTRIQUES ET POLYPNÉES, 


par L. GARRELON, J.-P. LanNGLois et G. Poy. 


Dans les expériences précédentes, deux d’entre nous avaient eu 
l’occasion d'observer les effets de la vagotomie double sur des chiens en 
polypnée centrale et ils avaient constaté une accélération du rythme 
parfois doublé (de 250 à 500) à la suite de cette opération. 

Au cours de ces recherches antérieures, nous avions insisté sur les 


548 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


réactions toutes spéciales de lanimal en état de polypnée centrale ; 
il était done nécessaire de voir si les effets, observés sur le chien mis en 
état de polypnée centrale sous l’anesthésie, se retrouvaient : 

t° Sur l'animal en élat de polypnée réflexe; 

2 Sur l'animal en état de polypnée centrale sans anesthésie. 

Polypnée réflexe. — Nous avons pratiqué la section des deux nerfs 
vagues une fois la polypnée réflexe franchement établie, et les résultats 
ont toujours amené un ralentissement du rythme. Mais ce ralenlisse- 
ment s’est effectué suivant deux types différents. 

Dans un premier lype, la section des vagues n'arrête pas la polypnée, 
mais amène un simple ralentissement dans le rythme (200 au lieu 
de 320). 

Dans un second type, la section des vagues amène la disparition de la 
polypnée, et le rythme prend alors la forme classique des animaux 
normaux vagotomisés (10 au lieu de 325). 

Le renover) des observations montre que les animaux du premier 
type ont manifesté au moment de la sertion des pneumogastriques des 
réactions nulles ou faibles, alors que les animaux du second type ont 
réagi vivement à la vagotomie double. 

C’est donc l’état d'excitabilité du sujet et peut-être plus exactement 
du bulbe qui constitue la cause des différences réactionnelles si accen- 
tuées observées chez les animaux en élat de polypnée réflexe quand on 
sectionne les deux nerfs vagues. 

Polypnée centrale sans anesthésie. — Pour obtenir M or 
nous avons suivi le procédé indiqué par le professeur Richet : expo- 
sition à une radiation calorique intense d’un chien muselé; la polypnée 
réflexe ne peut s'établir et la température centrale de l'animal monte 
rapidement. 

Quand la température a atteint 41°7, l’animal est démuselé, la 
polypnée éclate franchement et, après quelques minutes d'observation, 
la vagotomie double est pratiquée. 

Dans toutes nos expériences, le même résultat à été obtenu : accélé- 
ration du rythme respiratoire passant en moyenne de 250 à 350 par 
minute. 

Il y a donc identité presque complète, dans les deux polypnées 
centrales avec ou sans anesthésie, nous disons presque complète, car 
les accélérations formidables observées avec l’anesthésie (250 à 550) 
n’ont jamais été obtenues sur l'animal à 41°7 à l’état de veille. 


Il résulte de l’ensemble de nos recherches : 

1° Que dans la polypnée centrale avecow sans anesthésie, la section 
des pneumogastriques entraine une accélération intense du rythme 
respiratoire; 

2° Que dans la polypnée réflexe, la section des pneumogastriques 


SÉANCE DU $ MARS 549 


entraine une diminution dans le rythme respiratoire, diminution qui 
varie dans des limites extrêmes suivant l’état réactionnel du sujet. 

Comment expliquer ces deux effets opposés de la section des vagues”? 
On peut supposer l'existence de deux centres bulbaires assurant la lutte 
-contre la chaleur, l’un fonctionnant au dessous d’une température 
centrale critique (41°5 pour le chien)et mis en action par des excitations 
périphériques, l’autre n’entrant en jeu qu'au-dessus de la température 
critique sous l'influence de causes centrales; ou bien n’admettre qu’un 
seul centre polypnéique, mais réagissant différemment suivant qu’il 
se trouve irrigué par un sang ayant une température au-dessous ou 
au-dessus du point critique. 


(Travail du Laboratoire des Travaux physiologiques de la Faculté 
de médecine de Paris.) 


L’AUTUNOMIE DES TRYPANOSOMES PROPRES AUX MUSCIDES 
DÉMONTRÉE PAR LES ÉLEVAGES PURS INDÉFINIS, 


par Évouarp ExarTon et MARCEL LEGER. 


Alilaire et l’un de nous, faisant connaître en 1908 (4) le trypanosome 
malpighien des Drosophiles (7rypanosoma drosophilæ), se demandaient 
si ce flagellé représentait un parasite autonome; ou, au contraire, une 
forme adaptée au milieu malpighien du Leptomonas intestinal (£L. dro- 
sophilæ), fréquent chez les mêmes mouches. 

Les quelques auteurs qui depuis ont retrouvé de semblables trypano- 
somes chez d’autres Muscides non piqueurs ont donné de la question 
posée des solutions diverses et discordantes, issues de moyens d'inégale 
valeur et le plus souvent d'observations immédiates. Ceux qui rencon- 
traient le trypanosome seul concluaient à son autonomie, ceux qui le 
voyaiemt coexister avec le Leplomonas concluaient à l’unicité des deux 
formes. 

Lorsque Patton (1910) (2) observa le trypanosome des tubes de 
Malpighi de Zuciha serenissima, ce parasite n’était point accompagné de 
Leptomonas, et l’auteur en fit d'emblée le genre Rhynchoidomonas alors 
insuffisamment caractérisé par l’allongement de son extrémité posté- 
rieure (3). Il'négligeait par contre l'existence cependant entrevue d'un 
mode particulier de division et d'enkystement. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. EXEV, p. 1004, 6 juin. 

(2) Bull. Soc. Path. exot., EX, p. 30, mai, et p. 433. 

(3) Chaïtton (E.). À propos de Rhynchomonas luciliæ Patton, flagellé parasite 
d2: la Lucilie sérénissime (Bull. Soc. path. exot., HI, p. 363, juin 1904). 


550 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Swingle (1911) (1) qui rencontra un trypanosome mélangé à un Lepto- 
monus dans l'intestin de Calliphora coloradensis, admit l'identité des 
deux flagellés. Alexeieffobserva (2)semblable coexistence chez Calliphora 
crythrocephala et chez une Lucilie. Cet auteur a exprimé sur la nature 
du trypanosome et sur sa structure même des opinions diverses et con- 
tradictoires toutes gratuites d’ailleurs. Tout en affirmant qu'il n’est 
qu'un stade évolutif d’Æerpelomonas muscæ domesticæ Burnett, 1851. 
(2, 3, 4), il plaide la validité du nom fhynchoidomonas luciliæ 
Patton 1910 (3) qu'il abandonne ensuite pour celui d’Æerpetomonas 
lesnei Léger, 1903, détermination certainement erronée. Dans un dernier 
travail (5) il en fait « une vraie Crithidia » quoiqu'il eût nié l'existence 
de sa membrane ondulante, et pensé nous convaincre , en inversant son 
orientation, que son flagelle était son axoplaste, et qu’il progressait ou 
se fixait par son extrémité postérieure. 

Dunkerly (1911) (6), Wenyon (1911) (7) observent des trypanosomes 
malpighiens, le premier chez Homalomyia canicularis, le second chez 
Musca domestica, et trouvent chez ces mouches des Lepiomonas intes- 
tinaux. Ces auteurs concluent, non sans réserves, à l’unicité. 

Entre temps, Chatton et A. Leger (1911) (8) appuient l'hypothèse 
dualiste et par la distinction qu'ils établissent entre les formes trypano- 
somes des Leptomonas (leptotrypanosomes ou trypanoïdes) et les trypa- 
nosomes malpighiens (eutrypanosomes), parfois confondus, par la réali- 
sation d’élevages à Leplomonas purs. 

Roubaud (9) y ajoute un fait probant par la découverte des kystes, 
éléments de propagation autonome du trypanosome intestinal des 
Lucilies et, comme conséquence, range ce flagellé avec le Tr. grayi des 
Glossines dans un sous-genre Cystotrypanosoma. 

Enfin Chatton et A. Leger (1911) (10) (4912) (11)] obtiennent à côté 
d'élevages à Leptomonas purs des élevages à Trypanosomes purs. 

Ces derniers, où plus de 80 mouches sur 100 sont infectées, sont 
conservés depuis plus de deux ans et ont été examinés à maintes 
reprises. Jamais ils n’ont montré de Leptomonas. Ils ont élé fragmentés 
sans difficultés et plusieurs protistologues ont pu les poursuivre dans 


(1) Journ. of. inf. dis., t. VI, p. 125-146, 4 pl., mars. 

(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXI, p. 379, novembre. 
(3) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXI, p. 455, novembre. 
4) sn . zool. exp. et gén. XLIX, N et R. p. 29-38. 

b) Zool. Anz. 

6) Quart. Journ. of. micr. sce., t. LVI, p. 645-655, 1 pl. 

3) Parasitology, t. IV, p. 337, octobre. 

) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXX, p. 14, janvier. 

) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXI, p. 306, octobre. 

0) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXI, p. 573, décembre. 
1 


(4 
(e 
( 
(8 
( 
( 
(11) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIT, p. 453, mars. 


9 
1 
Il 


SÉANCE DU 8 MARS 551 


leur laboratoire à partir des quelques mouches qui leur ont été données. 
Les élevages à Leplomonas conservés pendant une année n’ont jamais 
montré de trypanosomes, mais le taux de l'infection y étail beaucoup moins 
constant et en général moins élevé que dansles élevages à Trypanosomes. 

Il faut voir la cause de ces différences dans ce fait que le milieu intes- 
tinal est d’un chimisme beaucoup moins constant que le milieu mal- 
pighien. 

Ainsi l'autonomie spécifique du trypanosome des Drosophiles nous 
parait définilivement démontrée. Nous considérons que cette démons- 
tion vaut pour tous les flagellés de même type décrits chez les 
muscides. Aucun auteur, même parmi ceux qui ont soutenu leur iden- 
tité avec les Leplomonas intestinaux, n’a montré entre ceux-ci et ceux-là 
de forme intermédiaire. Et depuis que Roubaud a fait connaître les 
kystes du trypanosome des lucilies, ceux-ci ont été retrouvés chez tous 
les flagellés soigneusement étudiés. [ Tr. des Drosophiles, Tr. des Calli- 
phores (Chalton et A. Leger, Alexeieff) et de la mouche domestique 
(Wenyon)|. 

L'un de nous à retrouvé chez les mouches domestiques de Bastia 
(Corse), un lrypanosome malpighien, probablement identique à celui 
que Wenyon a signalé chez les mouches de Bagdad. Ces kystes diffè- 
rent cependant nettement de ceux du 77. drosophilæ, de ceux du 
Tr. luciliæ de Patton et de ceux du 77. intestinalis de Roubaud. Il me 
parait utile de le désigner sous le nom de 77. muscæ domesticæ. 


(Anstitut Pasteur. Laboratoire de M. Mesnil.) 


POSITION SYSTÉMATIQUE . 
ET SIGNIFICATION PHYLOGÉNIQUE DES TRYPANOSOMES MALPIGHIENS DES MUSCIDES. 
LE GENRE Rhynchoidomonas PATTON, 


par EDouARD CHATTON. 


La preuve élant faite, par la morphologie et l'expérience de la com- 
plète autonomie des Trypanosomes propres aux muscides, 1l convient 
de préciser quelle est la place qui revient à ces organismes dans le 
groupe des Trypanosomides. 

= Dans les notes que nous avons publiées ici-même, Alilaire, A. et 
M. Leger et moi, nous avons toujours rapporté le trypanosome des 
Drosophiles au genre 7rypanosoma, dont la définition (1) lui convenait 
en touspoints. Lorsque, avec À. Leger, nous avons été amenés à préciser 


(4) Voir Laveran et Mesnil. Trypanosomes et trypanosormiases (1912), p. 28. 
Broocie. CompTes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 39 


On ce A M +. VPEN ER: NP PAS AN TER PARAIT Le F Pol 

A a OR ee UT ere 
PT E RER «4 

" 1 


C7! 


5? SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


les différences qui les séparaient des formes trypanosomes des Zepto- 
monas (leptotrypanosomes ou lrypanoïdes), nous les avons opposés à 
celles-ci, sous le nom d’eutrypanosomes. 

Les deux auteurs qui ont admis, eux aussi, l'autonomie de ces parasites 
Palton (1910), puis Roubaud (1911), ont proposé pour les distinguer, le 
premier, le genre A#hynchoidomonas, le second, Le sous-genre Cysto- 
trypanosoma (1). On sait qu'Alexeieff (1912), dans sa dernière note, en 
fait de vraies Crithidia. 

Patton a défini son genre Rhynchoidomonas par l'absence de flagelle 
libre, la position post-nucléaire du blépharoplaste et l'allongement de 
l'extrémité postérieure du corps, tous caractères qui, je l'ai fait remar- 
quer, se retrouvent à différents degrés, et même coexistent, chez les 
trypanosomes sanguicoles. (Tr. congolense et Tr. Cazalboui chez les 
glossines). Ainsi défini, ce genre n'était donc que synonyme de 7rypa- 
nosoma. 

Roubaud, en faisant connaître les kystes de son 77. intestinalis, a 
opposé par ce caractère ce parasite et les formes affines aux trypano- 
somes sanguicoles qu'il considère comme ne formant jamais de kystes, 
même chez l'hôte invertébré. Il fait donc pour les trypanosomes des 
muscides auxquels il adjoint 77. Grayi des Glossines, le sous-genre 
Cuystotrypanosoma. 

L'absence de kystes chez les Trypanosomes sanguicoles est, certes, 
extrêmement générale. Mais elle n'est peut-êlre pas absolue. Lafont a 
décrit des kystes chez son 77. Boylei, et différents auteurs prétendent 
en avoir observé chez 77. Lewisi. Nous avons montré nous-même que 
l'existence ou le défaut de kystes étaient des contingences chez les 
Leptomonas des Drosophiles. Nous pensons que les Trypanosomes qui 
évoluent chez leur hôte primaire forment des kystes tout comme les 
parasites propres aux Insectes ; le cas de 77. boylei Lafont plaide dans 
ce sens. | pu. 

Mais si le caractère lui-même de la présence d’un kyste aans l'évolu- 
tion, qui a une haute signification physiologique, me paraît de peu 
d'importance au point de vue taxonomique, le mode même de l’enkyste- 
ment me parait devoir fournir une base sérieuse aux coupures géné- 
riques. 

Chez les trypanosomes du type drosophilæ, l'enkystement se fait tou- 
jours par flexion du corps en U. Chez les Crithidia et les Tr. du type 
Grayi, l'enkystement se fait toujours par contraction progressive du 
corps en poire ou grain d'orge. C’est le cas aussi pourles Trypanosomides 
acieulés sans membrane ondulante (Leptomonas et Herpetomonas). 

Mais il y a entre les deux catégories de parasites d’autres différences 
encore ; d’abord morphologiques : 1° scission du corps débutant toujours 


(4) Pour la bibliographie, voir la note précédente. 


SÉANCE DU 8 MARS 553 - 


par le pôle postérieur chez 1r.drosophilæ, par le pôle antérieur chez les 
Crithidia, Tr. Grayi et les sanguicoles ; 2° situation constamment post- 
nucléaire du blépharoplaste chez 7r. drosophilæ, normalement anténu- 
cléaire chez Crithidia et Tr. Grayi, et les formes de culture ou d’évolu- 
tion chez les invertébrés des Tr. sanguicoles. 

Enfin, caractère d'ordre éthologique : tandis que les Crithidia et les 
Trypanosoma se rencontrent chez tous les invertébrés (Hirudinées et 
Insectes) sanguivores, les 77. du type drosophilæ ne sont connus 
jusqu'ici que chez les muscides non piqueurs, dont ils habitent norma- 
lèment les tubes de Malpighi. 

Ce caractère éthologique n'est pas sans importance phylogénique : 
les 77. du type drosophilz nous apparaissent comme des organismes 
très spécialisés par leur habitat chez une famille restreinte de diptères, 
et par leur parasitisme dans la région malpighienne de leurs hôtes. 

Les Crithidia ou les Trypanosoma au contraire nous apparaissent, 
comme l’ont déjà fait remarquer Laveran et Mesnil, L. Leger, Brumpt, 
Roubaud, comme résultant de l’adaptation au milieu sanguin de trypa- 
nosomides aciculés du type Leptomonas, dont ils ont conservé leur 
mode d’enkystement par contraction, ainsi que la mobilité du blépha- 
roplaste par rapport au noyau. 

Nous considérons donc les Tr. malpighiens comme constituant une 
branche détachée dès la base du tronc des Trypanosomides aujourd’hui 
représenté par la série naturelle : Leptomonas-Crithidia-Trypanosoma. 
La ressemblance que présentent ces derniers avec les Tr. malpighiens 
est le fait d’une adaptation convergente aux milieux visqueux chargés 
de globules : le sang et le contenu malpighien. 

Les conséquences taxonomiques de ces constatations est la nécessité 
de reprendre pour les Tr. malpighiens le genre Rhynchoidomonas, ainsi 
caractérisé : enkystement par flexion, scission postérieure, blépharo- 
plaste constamment postnucléaire; parasites propres des muscides. 
Type du genre : Rhynchoidomonas drosophilæ (Chatt. et Alilaire, 1908). 

Cette définition exclut du genre 77. Grayi qui ne diffère en somme 
d’une Crithidia typique que par la fréquence des formes à blépharo- 
plaste postnucléaire. 


(Institut Pasteur, Laboratoire de M. Mesnil.) 


ACTION ANTAGONISTE DE QUELQUES ALCALOÏDES SUR LA POLYPNÉE THERMIQUE, 
par JEAN Camus. 
Dans une précédente communication, j'ai montré l'action d'arrêt 


exercée par l'apomorphine sur la polypnée thermique. J’ai poursuivi 
cette étude en recherchant l’action d’autres alcaloïdes. 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


‘ourdoie.p UWBISTIIN 7 AUI9A E] Suep a79o{ur uo ‘ours | aed guboaoïd quowossrquerez 91 quepuod ‘ 


‘AUTI9S9,P SUIUIPISITITUI } 9P 2SNAUTSAPIQUI UOTJ99{UL ] 8P 3979 
‘(apreanieu Amoputis) uorjeadsor Re] ap 90v17 ‘(ajeaques egudAfod) esojrioya ne itidopua ‘72y & : Spro ‘Uo) 


I ua 
[ua 


‘GolY 2P 2SBUISIOA NE 997S91 789 918)091 91NJ8419W8) EJ [I 19 [ S90vm sep 991np €] 
OAJE D 2J8JINS op SaUTUBASTIU G outaA 87 suep 9790{a7 uo ‘eurdieooqrd ep aed anboaoïd juewmessrquayea 1 juepuad ‘II Ua 
‘2SNSUTIABIQUI UTd1600Itd 9p aje1pAIO|UO 8P C0 ‘18 Q 9p uory90 UT] 2P:J279 ‘[ u4 
‘(areangeu amepueas) uoreirdsaei ef ep 908417, ‘(ajequoo ooud{jod) asojesoqyo ne iuaopue ‘00S ‘227 9 : SP204 ‘ua 


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ALL LP LR PLAN A RE EE PO EE 2 6 PL A EP ER NL ER ER LS RUE LE EN EE EE DER LA A RUE 


TTT 


T 
| 


1 Tps | 


2 


590 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


J'ai vu en particulier que l’ésérine et la pilocarpine ralentissent le 
rythme de la polypnée, alors que l’atropine l’accélère. 

Il y a plus, on observe in vivo entre ces alcaloïdes des actions anta- 
gonistes dignes d’être remarquées. Quand on injecte à un chien en 
polypnée termique centrale une petite quantité de pilocarpine (0,025 de 
chlorhydrate), on voit rapidement le rythme respiratoire se ralentir. Si 
on injecte, au moment où ce ralentissement est le plus marqué, une 
faible quantité de sulfate d’atropine (1 à 2 milligrammes), on voit le 
rythme polypnéique reparaîitre. 

Le même phénomène d’antagonisme 4n vivo s'observe entre l’ésérine 
et Fatropine; l'injection d'’ésérine est suivie d’un ralentissement du 
rythme de la polypnée, et l'injection d’atropine pratiquée pendant ce 
ralentissement ramène le rythme polypnéique. En procédant avec cer- 
taines précautions, il est même possible en employant au début des 
doses faibles, de montrer plusieurs fois de suite chez le même animal 
l'antagonisme de ces alcaloïdes, mais assez rapidement les effets s’épui- 
sent, et le phénomène n’est jamais aussi net à la seconde fois qu’à la 
première. 

Parmi les substances avec lesquelles j'ai expérimenté, aucune ne 
possède une action aussi nette que l'apomorphine. Après plusieurs 
injeelions successives de pilocarpine, d’ésérine, d’atropine, l'injection 
d’une dose faible d'apomorphine (1/2 milligramme pour un chien de 
6 kilogrammes), on voit immédiatement se produire un ralentissement 
des plus prononcés de la respiration. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine.) 


SUR LES RÉACTIONS NORMALES ET ANORMALES D HYPERSENSIBILITÉ 
CREZ LES CHEVAUX SOUMIS A DES INJECTIONS DE BACILLES PESTEUX. 


Note de DujaRpIN-BEAUMETZ, PRÉvOT et RamoN, 
présentée par Louis MARTIN. 


On observe chez les animaux soumis à des injections sous-cutanées 
de bacilles pesteux, comme d'ailleurs chez la plupart des animaux ino- 
culés avec des microbes morts ou vivants, des réactions locales dont 
l'intensité varie avec le degré d’hypersensibilité du sujet: Elles siègent 
au point d’inoculation et consistent, au début de l'immunisalion, en 
œdèmes dont la durée et le volume augmentent avec le nombre d’injec- 
tions. À une période plus avancée de l’immunisation et, parallèlement, 
de l'hypersensibilisation, ces œdèmes, au lieu de se résorber, évoluent : 
vers la suppuration (on retrouve ici les lésions décrites par M. Nicolle 
dans son étude si complète de la morve du cobaye). 

Outre ces réactions, que nous qualifions de normales parce que nous 


SÉANCE DU 8 MARS 551 


les rencontrons très souvent, nous avons eu l’occasion d'observer chez 
un cheval une réaction anormale remarquable et par sa modalité et par 
son intensité. Ce cheval recevait depuis quatre ans, à des intervalles de 
temps variables, des bacilles pesteux chauffés à 56 degrés, en injections 
sous-cutanées. À chaque inoculation, il présentait une réaction locale 
manifestement exagérée : œdème très accusé se terminant par une 
suppuration abondante. Vingt-quatre heures après l'injection d’une 
demi-boïîte de Roux, apparurent chez cel animal, outre l’œdème habi- 
tuel, des pelits boutons qui, d’abord isolés, devinrent confluents et 
formèrent de vastes plaques d’urticaire. Ces plaques s’étendirent rapi- 
dement à toute la surface du corps et furent suivies d'une élimination 
épidermique très marquée en même temps qué d’une dépilation lente 
et progressive. Les poils tombés étaient rapidement remplacés par 
une poussée nouvelle donnant à la robe une teinte légèrement plus claire. 
Ces symplômes étaient accompagnés, pendant les premiers jours, d'une 
réaction générale très nette : élévation prolongée de la lempérature, 
inappétence, abaltement du sujet. 

Les vaccinations furent interrompues pendant six semaines ; après ce 
laps de temps, toutes lésions ayant disparu, on recommença les inoeu- 
lations. Dès la premiere, les plaques d'urticaire réapparurent ainsi que 
l'élimination épidermique et la chute des poils. Cette fois, l’'alopécie fut 
particulièrement accentuée (1). $ 

Avec le sérum de cet animal, nous avons repris les expériences faites 
par l’un de nous en collaboration avec Briot (2). Nous avons pu nous 
rendre compte que ce sérum élait doué de propriétés lytiques très 
nettes. Les cobayes injectés dans la veine avec le mélange de sérum et 
de bacilles pesteux chauffés, comme ceux à qui l’on injectait d'abord 
le sérum puis vingt-quatre heures après les bacilles, succombaient avec 
des doses moindres et plus rapidement (en quelques minutes) que les 
cobayes traités dans les mêmes conditions avec un sérum antipesteux 
moyen pris comme lémoin : résultat que faisaient d’ailleurs prévoir les 
réactions d’hypersensibilité anormalement exagérées que nous avions 
observées chez ee cheval. 


(1) Une réaction analogue a été observée par le professeur Behring sur des 
chevaux soumis à des injections intraveineuses de toxine diphtérique (com- 
munication orale). : 

(2) Briot et Dujardin-Beaumetz. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
2 juillet 1910. 


558 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SUR LA SIGNIFICATION DE LA RÉTENTION DU CHROME, EN TECHNIQUE HIS- 
TOLOGIQUE, AU POINT DE VUE DES LIPOÏDES ET DES MITOCHONDRIES. 


II. — RÉSULTATS ET CONCLUSIONS, 


par À. Pozrcarp et CL. REGAUD. 


IT. — Znfluence de la durée du mordancçage sur le taux de la rétentiondu 
chrome. Voici la quantité (en p. 100 du poids de l’organe sec) du chrome 
retenu par du foie de chien normal, après fixation pendant sept jours 
dans du bichromate de potassium à 3 p. 100 formolé à 20 p. 100 suivie 
de mordançage dans le bichromate à 3 p. 100. 


Pasiétmortancase tie LEE UE SR M ÉENNETE 8,8 
Mordancaserde huit) OUTRE EE LEE TR OATA 
— dUNeMOISE NME re PE SE 17,2 
— de SSD MOIS EN MT Pet ee IS TL RON Re 23,3 


Donc le taux du chrome retenu augmente avec la durée du mordan- 
cage. 


LT. — /nfluence du titre de la solution mordancante sur le taux de la réten- 
tion du chrome. Voici la quantité (en p. 100 du poils de l'organe sec) du 
chrome retenu par du foie de chien normal, après fixation pendant dix- 
huit heures dans du formol à 20 p. 100, suivie d'un mordançage de huit 
jours dans des solutions de bichromate de titres divers : 


Bichromate de/potassiumea 0 5 MODERNE 5,8 
— depotassium a ;3p} 100 ee CR RE E 6,1 
— aNSatUTAa LION (A0 A2 ED MOD) PRE RENTE AU 


Donc le taux du chrome retenu augmente avec le titre de la solution. 


IV — Quantités de chromeretenu par des tissus différenis, toutes autres 
conditions restant égales. Nous avons choisi quatre tissus extrêmement 
différents au point de vue de leursconstituants chimiques : le thymus, 
organe où les noyaux tiennent une place exceptionnellement grande; 
la zone corticale du rein, très riche en « substance mitochondriale » 
(bätonnets de Heidenhain); un teudon, très pauvre en cellules, très 
riche en matière collagène ; du tissu adipeux sous-cutané, dont la graisse 
ordinaire forme le constituant principal. Ces tissus ont tous subi le 
traitement suivant : fixation pendant trois jours par le mélange de 
bichromate de potassium à 3 p. 100 (80 vol.) et de formol commercial, à 
40 p. 100 d'aldéhyde (20 vol.), ensuite mordançage dans la solulion de 
bichromate pendant 7 jours. Les Doi indiqués sont rapportés à celui 
de l'organe sec. 


SÉANCE DU 8 MARS 559 


Co ec 
Organe nucléaire : thymus de lapin. . . . . 1,5 11,3 9,8 
Organe mitochondrial : zone corticale du rein “ 
CODE PEER PRE REC RU CRE EN NS A us 2 » Où 3,1 
Organe collagène : tendon de sen + HR 1,3 2) 0,7 
Organe adipeux : tissu adipeux sous-cutané de ra 0,7 0,8 0,1 


Il résulte de ces dosages que : les noyaux retiennent au maximum le 
chrome, — la substance mitochondriale en relient probablement beaucoup, 
quoique notablement moins que les noyaux, — le collagene el la graisse 
ordinaire n'en retiennent à peu près point. 


NV. — Quantités de chrome retenues par divers tissus comparativement 
après et sans un traitement par l'alcool intercalé entre la fixation et le 
mordançage. Les morceaux d'organes ont été fixés par le formol à 
20 p. 100 ; ensuite une partie a été traitée par l'alcool à 90° et, après 
lavage à l'eau, mordancée dans la solution de bichromate à 3 p. 100, 
tandis qu'une autre partie a été portée directement dans la solution de 
bichromate. Voiciles quantités de chrome retenues en p. 100 de l'organe 
sect 


I. — Organe riche en lipoïdes et en mitochondries. testicules de 
rats : 

Bastdentraitementipar L'alcool PEN EN RIRE 0 
Séjour de troi: mois dans l'alcool 3,1 

IL. — Organe riche en noyaux, thymus de veau : 
Pasidentraitementtpartlal cool EE 0e pere le 0 
Séevudesseptiours danslal oo PA EE RE I 07 

IT. — Organeriche en mitochondries, zone corticale du rein de veau : 


Pas de traitement par l'alcool . . . . 
Séjour de sept jours dans l'alcool. . . . . . . . . . 


8,1 
4,3 

Il résulte de ces dosages que le traitement par l'alcool intercalé entre 
les opérations de fixation et de mordançcage diminue toujours l'aptitude 
des tissus à rrienir le chrome. 

Mais, tandis que la diminution de l'aptitude à fixer le chrome est, 
après traitement par l'alcool, insignifiante pour le thymus (noyaux), elle 
est au cont are très grande pour le testicule \lipoïides et mitvchondries\ 
et pour la zone corticule du rein (mitochondries). 


CON: LUSIONS GÉNÉRALES. — Sous réserve des précisions et des complé- 
ments que nos recherches en cours ne manqueront pas d'apporter, nous 
nous croyons autorisés à formuler les conclusions suivantes: 


560 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


AR. — Les tissus les plus divers sont aptes à retenir le chrome des 
fixaleurs et des mordants. 

2 Les tissus qui retiennent le plus de chrôme sont : en premier 
lieu ceux où la chromatine nucléaire est le plas abondante (exemple 
le thymus), ensuite ceux où les lipoïdes et les mitochondries sont-le plus 
abondants (testicule, zone corticale du rein). Il est logique d'en déduire 
que le chrome est retenu principalement par la chromatine et par le 
chondrrome. 

3°. — Les noyaux conservent leur aptitude à retenir le chrome même 
après qu'on les a traités par l'alcool dans l'intervalle des opérations de 
fixation et de mordançage. Dans ces mêmes conditions, les lipoïdes et 
les mitochondries semblent au contraire perdre l'aptitude à fixer le 
chrome. Le complexe organique chromo-cepteur des noyaux serait inso- 


luble dans l'alcool, — celui des lipoides et d’s mitochondries serait 
soluble. 
4°. — Ces premiers résultats confirment les conclusions déduites 


d’abord par l’un de mous et par Fauré-Fremiet de l'étude des procédés 
microtechniques : à savoir que les mitochondries sont très vraisemblable- 
ment constituées par un support protéique el par une matière Wipoide. 
Celle-ci soluble, dans l'alcool, est rendue insoluble au moins partielle- 
ment par un mordançage chromique convenablement.exécuté; au cours 
dece mordançage, ol est très probable que la substance mitochondriale 
labile retient et fixe le chrome. 


(Travail des laboratoires d’Histologie et de Physiologie de la Faculté 
de médecine de Lyon.) 


ERRATUM 


Commuwicarion bE M. M. Doxow. 


Page 460, ligne 22, lire : solution de chlorure de sodium, au lieu de : solution 
de chlorure de phosphate. 


Le (rérant : OcTAVE PORÉE. 


ns rome 


Paris. — D. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


SÉANCE DU 


SOMMAIRE 


Acaarp (Cn.) et Despours (G.) 
Recherche de l'insuffisance glyco- 
lytique par ingestion de petites 
doses derelYCOSe 021.0) he 2 

ARrMAND-DELILLE (P.) : À propos des 
anaphylaloxinmess ....". . 0... 

Beccoco-IraGue (Mme) : Distribu- 
tion des vaisseaux artériels dans la 
peau du membre inférieur. Région 
LE JET CUNOSE SRE PANRE E RRE 

BERTHELOT (ALBERT) : Recherches 
sur quelques caractères spécifiques 
du Proteus vulgaris... .1.. 

Bierey (H.) et PortiEr (P.) : 
le dosage du sucre du sang. . . .. 

BROUGHTON-ALCOCK : Essais de vac- 
cinothérapie par des virus-vaccins 
sensibilisés de Besredka . . . . . .. 

CraLier (J.), Nové-JosseranD (L.) 
et Bourup : À propos de l'hémolyse 
sidérogène. Documents concernant 
les änémies pernicieuses et la tu- 
ERNEST 

Carter (J.), Nové-JosseranD (L.) 
et Bourup : A propos de l'hémolyse 
sidérogène. Documents concernant 
les cirrhoses du foie et diverses 
AHECLIONS RS EN Pre nl: 

Dermas (JEAN) et PuyaAUBERT 
Note sur la topographie du canal 
deSTÉNONRE nn... 2e 

Dovon (M.) et SARvONAT (F.) : 
tion du nucléinate de soude sur la 
ELECTRO RER nee 

DunaueL (B.-G.) Localisations 
du fer colloïdal électrique dans les 
DÉPARES AN: :. - do... 

Émize-Weiz (P.) : Le temps de 
saignement expérimental . . . . .. 

Fauré-Freuier (E.) : La cellule 
intestinale et le liquide cavitaire de 
l’Ascaris megalocephala. . . . . .. 

Favre (M.) et ReGaup (CL.) : Sur 
les mitochondries dans les cellules 
des /SArCOMES :.. - . . : . . 1. 

GAuTIER (CL.) Contribution à 
l'étude de l’antithrombine directe 
du suc hépatopancréatique des crus- 
tacés 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. 


965 


566 


616 


[5 MARS 


[913 


GUILLIERMOND (A.) : Sur les mito- 
chondries des champignons. . . .. 
LaAggé (H.) et Desré (R.) : Facteurs 


influencant la formol titration du 


SÉRUM SADOUMTE NS DE ee 

Le Sourp (L.) et Pacnrez (Px.) : 
Recherches sur l'origine des pla- 
QUELLE SRE LEA UE a Eee 

Levapiti (C.) et MureRuicou (Sr. : 
Action de la ricine sur la vie et la 
multiplication des cellules in vitro. . 

LEvapiri (C.) et Mureruiron (Sr.) : 
La sérothérapie antidiphtérique pré- 
ventive et curative des éléments 
cellulaires, à l’état de vie prolongée 
INAUUÉR OS UE NOÉ RARE EE 

Mawas (J.) : Sur un nouveau pro- 
cédé de dépigmentation des coupes 
histologiques (action de l’acide chro- 
mique sur les pigments oculaires et 
la mélanine des tumeurs)... ... 

Mucon (P.) : Rapport de la cho- 
lestérine avec la pigmentation . . . 

Mucox (P.) et DE Jonc (Mie): Corps 
jaunes atrésiques de la femme. Leur 
MONDE bo 000 dlboio ee 

Pozerski (E.) : Indépendance de 
l'incoagulabilité du sang et de la 
disparition du pouvoir hémolytique 
provoquées par l'injection de pep- 
LONERE AE Ne ee Re 

REBIÈRE (G.) : Dosage colorimé- 
trique du fer colloïdal électrique . . 

Recaup (CL.) et LaAcassAGNe (An. : 
Sur l’évolution générale des phéno- 
imènes déterminés dans l'ovaire de 
la lapine par les rayons X. . . . .. 
. Rerrerer (Ép.) et LeLrèvRe (AUG.): 
Evolution histogénétique du thymus 
derDŒUD RES Rene re 

RocHaIx (A.) : Nouveau milieu 
végétai pour cultures microbiennes 
(agar au jus de carotte) . . . . . .. 

Rocuaix (A.) : Nouveau caractère 
différentiel des bacilles du groupe 
Cohen Ne Te 

SouLA (L.-C.) : Des rapports entre 
l’anaphylaxie et l'autoprotéolyse des 


PCeNEITESEMERVEUM  -te c ee CArae 


LXXIV. 


40 


b92 


50e 


Luovas (PreRRE) : Recherche ef 
dosage de l’ammoniaque dans le 
liquide céphalo-rachidien . . . . -. 

Vaney (CLémenr) : La pénétration 
des Gastropodes parasites dans leur 


Réunion biologique de Bucarest. 


CANTACUZÈNE (J.) Sur la pré- 
sense d'une oxydase dans le sang 
de Phallusit mamillata . . : . : .: 

Paucesco (N. C.) : Chez un chien 
ivanitié, le foie subit-il une dimi- 
nution de glycogène uniformément 
répartie dans tous les lobes? /Pre- 
mière note prélimimaire). . . . . .. 

Paucesco (N. C.) : Chez un chien 
alimenté, le glycogène est-il dis- 
tribué d'une facon égale dans tous 
les lobes du foie? (Deux'ème note 
préliminaire) 

SLATINÉANO (A.) et‘ Cruca (M.) 
Pouvoir toxique du sérum normal 
de cobaye et réactivation par un 
colloïde de ce sérum ayant perdu 
sa toxicité en vieillissant .: . . . . . 


633 


627 


Rénion biologique de Bordeaux: 


Creyx (A.) : Sur la teneur compa- 
rative en urée du sérum et du caillot 
sangain à l'état normal et dans 


quelques affections. . . . .. .... 631 


629 


BIOLOGIE 


DELAUNAY (H.) : Sur le dosage de 
l'azote restant dans le sang des ver- 
tébrés 

DELAuNAY (H.) : Sur l'azote res- 
tant du plasma de quelques verté- 
brés 


ee le me ea ee ele) e toi tr peltete 


stlortie Dell mn, eee eo Melia ste 


Réunion biologique de Nancy. 


Brunrz (L.) : À propos des né- 
phrocytes et des néphrophagocytes. 
(Réponse à MM: Ancel (P.) et Bouin). 

Cuéxor : Remarques à propos de 
la communication de M: Bruntz. . . 

ETIENNE (G.) et Durer (R.): Eli- 
mination de l’urohypotensine chez 
levier RSR 

GuiniErR (Pu.) : Un cas de spécia- 
lisation parasitaire chez une uré- 
dinée. (Parasitisme de Gymnospo- 
rangium tremelloides R. Hart. sur 
l'hybride Sorbus confusa Gremli). . 

Mercier (L.) : À propos du déter- 
minisme de la sécrétion mammaire 
chez la THpIDE EMPIRE 

SARTORY (A.) : Sur la présence 
d'Aspergillus fumigatus Fr. sur des 
cigares AE PAPE ED AM PSROME 

TuiryY (G.) : Bacillus pyocyaneus 
et lactophémne te EME RE 


Taiy (G.) : De faibles doses d'an- 


tiseptiques exaltent la virulence et 
les fonctions des microorganismes. 


Présidence de M. Hallion, Vice-président. 


M. J. Couamonr, membre correspondant, assiste à la séance. 


À PROPOS DES ANAPHYLATOXINES, 


par P. ARMAND-DELILLE. 


Les travaux récents de Wassermann et Reysser, de Ritz et Sachs, de 
Bauer, de Dürr et Pick, que vient de contrôler M. Mutermilch (1), ainsi 
que la communication de M. Bordet sur le mécanisme de l’anaphylaxie, 


(1) Mutermilch. Sur l’action toxique du sérum de cobaye kaoliné. Annales 


de l'Institut Pasteur, 25 janvier 1943. 


SÉANCE DU 15 MARS 563 


faite à la Société de Biologie, à la séance du 1° février dernier, nous 
engagent à publier des expériences réalisées il y à quelques années, 
dans le laboratoire de M. Delezenne à l’Institut Pasteur, à l’occasion de 
nos rechérches sur l’action des sérums névrotoxiques. 

Voici les faits : 

Si on fait à un chien une injection intracérébrale, à la, dose de Le. c. 
par kilogramme d'animal, de sérum de cobaye neuf mis, au contact 
pendant quelques heures à la glacière avec du cerveau de chien broyé, 
puis séparé par centrifugation, on provoque, aussitôt après l'injection, 
une crise épileptiforme qui se répète pendant les. premières heures 
suivantes; l'animal meurt dans le coma en moins de douze heures. 

Au contraire, ni l'injection de sérum de cobaye neuf, même à la dose 
de 2 c.c. par kilogramme, ni celle d'une macération. de cerveau de 
chien dans l’eau physiologique, faite dans les mêmes conditions, à la 
glacière, ne provoquent aucun phénomène pathologique. 

il est vraisemblable que, dans ces expériences, le sérum de cobaye a 
été modifié par des phénomènes d'adsorption au contact du cerveau de 
chien, et est ainsi devenu toxique en injection intracérébrale pour ce 
même animal. 

Nous n'avons pas fait l'expérience avec des sérums chauffés comme 
l’a fait M. Bordet, mais nous devons dire que, même avec du sérum 
frais, l'expérience ne réussit pas d’une facon constante. [l intervient 
done, dans la production du phénomène. un facteur qui, jusqu'à présent, 
n’est. pas encore défini. 


(Travail da laboratoire de Physiologie de l'Institut Pasteur.) 


FACTEURS INFLUENÇANT LA FORMOL TITRATION DU SÉRUM SANGUIN, 


par EH. Lapré et R. DEBré,. 


Les résultats exposés dans nos précédentes notes (1) nous ont conduits 
à nous demander si la disparition totale ou quasi totale de la formol 
titration du sérum, à la suite d'une désalbumination par un procédé 
convenable, n'est pas la conséquence, pour partie ou totalité, d’un phé- 
nomène d'adsorption. 

Dans Le cas où les substances responsables de là formol tilration ne 
seraient pas directement justiciables d’une précipitation par les diffé- 
rents réactifs employés, on ne saurait guère s'expliquer par un autre 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, 31 janvier et 14 fe- 
vrier 1913. 


SARA PR RQ 
N . * A « ‘ + 


564 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


processus la disparition dans le filtrat de l'aptitude à réagir au 
formol. 

Les deux groupes de substances qu'on peut d’abord mettre en cause 
sont : les sels ammoniacaux et les molécules à groupe aminé libre. Les 
sels ammoniacaux existent habituellement dans le sérum en trop petite 
quantité pour marquer réellement à la formol titration. Il nous restait 
à vérifier si, et éventuellement dans quelle mesure, les molécules 
aminées sont adsorbables par les précipités proléiques. 

5 c.c. de sérum + 5 c.c. d’une solution titrée (F) de glycocolle sont 
précipités par mélange alcool + éther, etc. Dans le filtrat, on retrouve la 
majeure partie du glycocolle. Le déficit varie entre 10 et 14 p. 100. Il 
diminue par des lavages alcoolo-éthérés très prolongés et conduit à 
admettre une légère adsorption par le précipité. On en obtient la preuve 
en retrouvant, dans le précipité, l'azote glycocollique déficitaire. Le 
précipité, lavé à fond par alcool + éther, est redissous dans 50 c.c. eau 
froide. La dissolution est immédiate. On retrouve dans ce liquide, par le 
formol, l'azote correspondant au séro-formol index de l'échantillon pri- 
mitif, augmenté d’une petite quantité d'azote qui provient du glycocolle. 
Le total d'N dosé au formol dans le filtrat et le précipité reproduit sensi- 


blement la somme des N existant dans le mélange. Il y a un déficit très 


faible qui provient peut-être du fait (observé par d’autres auteurs et par 
nous) que le titrage du mélange de deux solutions titrables jau formol 
donne généralement un résullat un peu inférieur à la somme des résul- 
tats obtenus séparément. 

Le tableau suivant reproduit deux de ces expériences : 


N glycocolle N glycocolle N glycocolle 

“ajouté. du filtrat, du précipité. 
Sérum lapin. .. . . . 0,036 0,031 0,004 
Sérum humain . . . . 0,0089 0,0076 0,0006 


Addition de glycocolle in vivo dans le sang circulantd’un mammifère. 


ExpéRiENcE. — a) Une prise de sang effectuée dans la carotide d'un 
lapin est désalbuminée par la méthode habituelle (alcool + éther). On 
fait la formol titration : 


N (F) avant désalbumination . . . . . . . . . . . + (0,28 p. 1000 
N (F) après désalbumination (alcool + éther) . . . . 0 »  — 
après désalbumination (Esbach). . . . . . . . (ARR 


b) Une solution de slycocolle {glycocolle pur 2 gr.; NaCI, O gr. 1; 
eau, 20 gr.) est injectée aussitôt dans la veine de l'oreille du même 


animal: on saigne immédiatement l'animal. 


SÉANCE DU 15 MARS 565 


La formol titration du sérum b est effectuée dans les mêmes condi- 
tions qu'en a. Les résultats sont les suivants : 


désalbumination  désalbumination 


{alcool + éther). (Esbach), 
N (F) avant désalkumination . . . . . . 0,66 p. 1000 » 
N (F) après désalbumination . . . . . . 0,3 ÉD — 0,33 


La désalbumination de ce dernier échantillon a d’ailleurs été simulta- 
nément pratiquée sur deux prises et par deux procédés différents. Le 
résultat a été sensiblement le même dans les deux cas. 

On retrouve donc, dans le sang d'un animal, additionné in vitro et 
injecté in vivo, de molécules aminés titrables au formol et non précipi- 
tables par les réactifs de désalbumination, dans le premier cas : la 
presque totalité, dans le deuxième cas : une fraction importante de l'azote 
aininé. La quantité éliminée dans le sang de l’animal injecté peut être 
- évaluée, par un calcul tout à fait approximatif, à environ 12-15 p. 100 
du total introduit. 

Compte tenu des résultats de ces deux expériences, tout se passe 
comme si les masses « précipitants + albuminoïdes » ou le précipité 
albuminique n’étaient pas susceptibles d’adsorber les molécules ammo- 
niacales ou aminées en quantité suffisante pour introduire une cause 
d'erreur appréciable dans la détermination du « séro-formol-index ». 

Tout se passe bien, d'autre part, dans les sérums normaux, comme 
si aucune fraction notable de ces molécules n’était retenue par la masse 
des précipités albuminoïdes. 


À PROPOS DE L'HÉMOLYSE SIDÉROGÈNE. 
DOCUMENTS CONCERNANT LES ANÉMIES PERNICIEUSES ET LA TUBERCULOSE. 


Note de J. CHariEr, L. Nové-JossERAND et SONT. 
présentée par E. GLEY. 


Ï. ANÉMIES PERNICIEUSES. — Nous en avons observé deux cas. 


Oss. I. — Globules rouges, 837.000. V.G.— 0.83. Résistance globu- 
laire légèrement diminuée. Autolysines et isolysines. Au point de vue 
microchimique, épreuve de Perls très positive dans la rate et le foie, 
minime dans la moelle osseuse, les reins etle cœur. Les dosages de fer 
pour 1.000 grammes d'organe frais ont donné : rate : 0 gr. 367; foie : 
0.269 ; rein : O gr. 167. 

Ogs. IL. — Globules rouges, 993.100. V.G.—1. Résistance globulaire 
diminuée. Réaction de Perls très positive dans la rate, le foie (qui est 


566 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sain); moindre dans la moelle osseuse et les reins: absente dans les 
autres organes. Dosages du fer : rate : 0.522; foie, lobe droit : 1.475; 
lobe gauche : 0.940; rein 0.313: surrénales : 0.070; glandes thyroïdes : 
0.060; ganglions : 0.081; pancréas : traces; peau du ventre et du 
scrotum : traces. 


IT. TUBERCULEUX. — Au point de vue microchimique, la sidérose splé- 
nique est constante, toujours prédominante et souvent exclusive. Quand 
la sidérose n'est pas exclusivement splénique, c'est le foie seul qui est en 
outre pigmenté, sans que son élat anatomique ait une importance à cel 
égard. Nous marquons d’un astérisque dans le tableau les organes où 
il.y a de la sidérose. ; 


0 


Dosages du fer en Fe P. 1000 d'organe frais. 


; Ÿ FOIE à ÈS 

F OBS. RATE a  — REIN COEUR INTESTIN 

3 Lobe D. Lôbe G. 

4 LEP 0 0.175 » traces traces » 
FRERE) *0.268 » 0.051 » 0.022 
dis M2 2/0 *0.163 *0.200 0.042 1» » 
Vi: 20) 0 NZ6 *0 408 » 0.059 0.052 » 
Nr: *(.300 0.224 » 0.044 oo» » 
VE *0 ,412 0.470 » 0.080 » » 
VITRE 0060 0.139 » 0.052 » ». 

Mme trou *0.290 *0.166 0.074 » » 
0.071 » » 


PAS EME OA UEU 207331 *0.305 


Pour plus de détails, on consultera notre article du Journal de Physio- 
logie et de Pathologie générale de mars 1913. 


(Travail de la: clinique du professeur G. Roque.) 


À PROPOS DE L'HÉMOLYSE SIDÉROGÈNE. 
DOCUMENTS CONCERNANT LES CIRRHOSES DU FOIE ET DIVERSES AFFECTIONS, 


par J. CnaLrer, L. Nové-JosserAND et BouLup. 


[. — Cirrhoses alcooliques du foie. Dans trois de nos observations où 
elle fut recherchée, la résistance globulaïre était notablement ou légè- 
remént diminuée .‘Au point de vue microchimique, la sidérose'splénique 
est constante ; il existe toujours aussi de la:sidérose hépatique et tantôt 
elle est prédominante, tantôt au contraire moindre que la sidérose splé- 
nique. Exceptionnellement la sidérosene reste pas localisée à la rate et - 
au foie : elle peut alors intéresser le.pancréas, la thyroïde, les ganglions, 


e 


7 


907 


SÉANCE DU 15 MARS 


le cœur, les surrénales. Nous marquons d'un astérisque dans le tableau 
les organes où il y a de la sidérose. 


Dosages du fer en Fe p. 1000 d'orgaues frais. 


FOIE 2 
OBS, RATE Cd REIN PANCREAS GANGLION 
3 Lobe D. Lobe (, 


THYROÏDE  SURRÉNALE 


ED 6671 10.882 » *0),358  *0.488 ». » » 
re 07722 *0.520 *0.456 0152 » » » » 
EI. *0:345 X0.344t 0.848 0.169 » » » » 
INSEE OS 25 20230 *0.400 OLGS A0 325 » » » 
AVE TT (0) *0 .720 *0.581 *0.060 *1.880 AD 10? *1,256 DURS 
NI Mer 0N 5240 *0.620 D ef traces » » » » 
NI. *0.288 : *0.400 » » 0.060 » » » 


II. — Cas divers. Nous avons huit observalions avec dosages du fer. 
Elles concernent : cardiaques I et Il; néphrites IILet IV ; pneumopathies 
non tuberculeuses V et VI; dégénérescence amyloïde VH; infection 
urinaire VIII. L'astérisque indique qu'il y a sidérose dans l'organe cor- 
respondant. 


FOIE é 
OBS. RATE CR REIN PANCRÉAS 
Lobe D. Lobe G. 

I. . … *0:099 (?) 0.249 0.493 0.097 » 

HT 0.220 0.143 0.140 0.045 » 
LIL. 0.341 0.125 0.11% » » 
IV. 0.290 0.340 » traces » 

Ve *0.569 *0.261 *0L 184 0 421 » 
VI. LP EE *0.452 #0,328 #0 481 0.130 0.186 
NAILSAIARSE EE 0:080 0:057 0.062 0.032 » 

NA Es *0 441 *0:.288 *0..980 0.089 » 
+ (Travail de la clinique du professeur G. Roque.) 


LA CELLULE INTESTINALE 
ET LE LIQUIDE CAVITAIRE DE L'Ascaris megalocephala, 


par E. FauRÉ-FREMIET. 


Les organes génitaux de l’Ascaris baignent directement dans le liquide 
cavitaire assez abondant de ces organismes. La composition de ce 
liquide’est donc intéressante à connaître au point de vue de la croissance 
des-cvtes qui emmagasinent une.grande quantité de réserves, telles que 
slycogène, graisses neutres et corps.gras divers, phosphates, albumi- 
noïdes. : 

La composition du liquide. cavitaire a été étudiée par quelques auteurs 


ra 


568 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


et surtout par Flury (1912). D'après cet auteur, il contient environ 5 p. 10Q 
de substances sèches. Celles-ci comprennent du chlorure de sodium, des 
albuminoïdes, des corps gras et des bases puriques. 

Albuminoïdes. — Flury a caractérisé une albumine, une globuline, des 
albumoses et des peptones. Il a montré que le liquide cavitaire ne ren- 
ferme pas de fibrinogène. 

Corps gras. — Ceux-ci sont constitués, d’après Flury, par des savons et 
des acides gras libres. J'ai constaté, d'autre part, la présence de goutte- 
leltes de graisse neutre osmio-réductrice, et celle de peer provenant 
sans doute de lipoïdes. 

Glucose. — Les résultats obtenus par Flury ont été négatifs en ce qui 
concerne le glucose. Mais, en opérant sur du liquide cavitaire fluoré et 
bien déféqué, j'ai pu caractériser cet hydrate de carbone. Le liquide 
présente très nettement la réaction des hexoses et réduit la liqueur de 
Fehling; lé précipité d’oxydule, dosé par la méthode de Bertrand, in- 
dique environ 1/5 de glucose par litre. 

Hémoglobine. — Flury a montré qu'il existe de l’hémoglobine et 
surtout de l’oxyhémoglobine dans le liquide cavitaire de l’Ascaris. J'ai 
vérifié ce fait par l'examen spectroscopique. 

Rôle de l’épithélium intestinal. — L'intestin est le seul organe absorbant 
interposé entre le liquide cavilaire del’Ascaris et le milieu extérieur. Les 
éléments que l’on rencontre dans la lumière de celui-ci sont des débris 
végétaux provenant de l'intestin du Cheval, et de l’oxyhémoglobine 
provenant vraisemblablement du sang de celui-ci. 

La cellule intestinale de l’Ascaris a été étudiée principalement par 
Frenzel (1891), Van Gehuchten (1893), Jägerskjold (1894), Van Bômmel 
(1893), Studnicka (1899), Viguon (1901), Holmgren (1902), Schneider 
(1902), Goldschmidt (1909), R. Ehrlich (1909), Guieysse-Pellissier (1909), 
Kemnitz (1902). Ces auteurs ont décritles diverses parties de cettelongue 
cellule prismatique, à savoir : la région basale contenant le noyau, la 
région moyenne renfermant des granules réfringents brun-jaunûtre ; 
la région supérieure finement granuleuse (contenant beaucoup de milo- 
chondrine) ; eufin le plateau et la bordure en brosse. Les diverses 
substances que l’on peut caractériser dans la cellule intestinale de 
l’Ascaris sont des graisses, du glycogène, des grains bruns, un pigment 
soluble. 

Grasses. — Celles-ci apparaissent sous forme de granulations osmio- 
réductrices, conslituées vraisemblablement par une graisse neutre et 
situées dans la région basale. 

Glycogène. — Cet hydrate de carbone a été étudié par Kemnitz à l’aide 
de la coloration de Best. Il est abondant dans la région moyenne de la 
cellule. La coloration à la gomme iodo-iodurée m'a montré des masses 
homogènes brun-rouge dans cette même région. 

Grains bruns. — Ces grains ont été considérés comme des produits 


. SÉANCE DU 15 MARS 569 


 d’excrétion ou comme des grains de zymogène. Mais la présence d’hémo- 

globine dans la lumière de l'intestin et dans le liquide cavitaire m'a 
incité à chercher si ces grains, dont la couleur est celle du pigment ocre, 
ne seraient pas de nature ferrugineuse. En effet, ils donnent avec inten- 
silé les réactions du fer (formation de bleu de Prusse, etc.) et sont inso- 
lubles dans la lessive de soude faible. Ils seraient donc comparables à 
la « rubigine » du foie (Lapicque). 

Pigment vert. — Flury admet que ce pigment n'a aucun rapport avec 
les pigments biliaires. Mais le fait que sa solution dans l' alcool amylique 
m'a donné légèrement la réaction de Gmelin me pousse à faire quelques 
réserves à ce sujet. 


Il résulte de ces faits que la cellule intestinale renferme, comme le 
liquide eavitaire, des graisses el des hydrates de carbone ; et que, si une 
certaine quantité d'hémoglobine semble pouvoir traverser l'épithélium 
intestinal, puisqu'on la retrouve dans le liquide cavitaire, une partie es 
aus<i détruite par les cellules de cel épithélium et donne vraisembla- 
blement naissance aux grains brur-jaunâtre, constitués par un pigment 
ocre ferrugineux. 


ACTION DU NUCLÉINATE DE SOUDE SUR LA GLYCOLYSE, 


par M. Dovon et F. Sarvonar. 


Le nucléinate de soude, ajouté in vitro, au sang, empêche presque 
complètement la glycolyse. 


Exemple. — Chien très hyperglycémique. On prélève trois échantillons de 
25 grammes de sang. Les dosages sont effectués suivant la technique de 
CI. Bernard, avec la modification de Causse. 


SUCRE 
p-. 1000. 


Bron traiéimmediatementine}.. : 4 Lee 6 » 
Échantillon B, recu sur 25 gr. d’eau salée PE de ae alcali- 
nisée ; a coagulé spontanément ; abandonnné pendant 16 heures à la 
température dublaboratoire ER 0,9 
Échantillon C, reçu sur 25 grammes Fine on 48 Soc Hacdlésate de 
soude ; ere pendant 16 heures à la température du laboratoire, 
HAADASACOSUIÉ RS. 0 men 0 GEO OUR LAMPE 22 0 OP A D ME AR RENTE He 5,6 


(Laboraloire de physiologie de la Faculté de médecine de Lyon.) 


570 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SUR LE DOSAGE DU SUCRE DU SANG, 


par H. Bierry et P. Porter. 


Dans la séance du 1% mars 1913 (p. 474), M. Marcel Lisbonne décrit 
une nouvelle méthode de dosage du sucre du sang. Elle n’est qu'une 
transformation de celle de CI. Bernard. 


Comme, au cours de son exposé, M. Lisbonne nous met incidemment. 
en cause, nous désirons apporter brièvement quelques précisions au. 


sujet des questions soulevées. 

1° Une fois de plus, nous protestons contre les prétendues simplifica- 
tions que certains auteurs, M. de Meyer en pPontieuher, croient avoir 
apportéés à notre méthode. 

Nous nous sommes déjà expliqués à ce sujet dans notre note du 
3 avril 1909. 

Le lavage du précipilé tel que le préconise.M. de Meyer indique une 
méconnaissance regrettable de notre méthode. Nous savonsiparfaitement 
et nous avons loujours proclamé que le précipité formé par le nitrate 
mercurique renfermait du sucre. 

Mais nous avons prouvé que, dans les conditions de dilution où nous 
opérions, il n'y avait point à tenir compte de ce sucre retenu, un volume 


de filtrat renfermant la même quantité de sucre que le même volume du 


liquide qui imbibe le‘précipité. 

Nous avons donné la preuve de ce fait, en ajoutant à du sang parfaite- 
ment débarrassé de sucre par la glycolyse une quantité de glucose que 
nous retrouvions à l'analyse, avec une approximation quin a été dépas- 
sée par aucune méthode de dosage du sucre du sang. 

2° I est possible que pour le dosage du sucre du sang, le procédé 
indiqué par M. Lisbonne donne des résultats satisfaisants. Nous ferons 
seulement remarquer que divers auteurs, en particulier M. Barral, qui 
a utilisé la mélhode au sulfate de soude et acide acétique, reconnait que 
ce procédé peut entrainer une erreur de 9,4 p. 10Ù. Nous voulons croire 
que les perfectionnements apportés par M. Lisbonne atténuent cette 
erreur. 

Dans tous les cas, l'emploi du nitrate mercurique possède l'immense 
avantage d'éliminer parfaitement de la liqueur les produits de transfor- 
mation des albuminoïdes, service que ne peut rendre au même titre le 
sulfate de soude en milieu acétique. 

Ce point est très important à envisager dans nombre de cas d'analyse 
du sucre dans les liquides biologiques soumis à des ‘actions variées 
(acides, ferments...). Le nitrate de Hg élimine aussi l'urée, ce qui peut 
avoir une importance quand on dose le sucre dans le sang des Séla- 
Ciens. 


0 SÉANCE DU 15 MARS 571 


Nous ävouons donc ne pas saisir l'intérêt d’une méthode basée sur le 
même principe que la nôtre, qui ne paraît pas susceptible d’une ‘préci- 
sion plus grande et qui est d’une application beaucoup plus restreinte. 

3° Nu cours de nombreux dosages, nous avons eu l’occasion d'apporter 
à notre méthode quelques modifications de détail qui en augmentent sa 
précision sans apporter aucune complication. 

Nous profitons de l’occasion pour donner un dosage type. 

Le sang (50 c.c.) est recueilli dans son volume de Solution saturée de 
flucrure desodium. (Elimination de la glycolyse et de la coagulation.) 

- On ajoute au mélange 200 c.c. d'eau distillée; 30 c.c. de nitrate 
mercurique par petites portions et en mélangeant; on neutralise exac- 
tement au tournesol par la Soude. On complète à 500 c.c. par l’eau 
distillée ; on filtre à la trompe. 

Le filtrat est débarrassé de l'excès de mercure soit par l'hydrogène 
sulfuré, soit par la poudre de zinc. 

Ce filtrat est alors évaporé au tiers ou au quart suivant besoin et,on 
‘termine par un dosage à la méthode de G. Bertrand. 


DOSAGE COLORIMÉTRIQUE DU FER COLLOÏDAL ÉLECTRIQUE. 


Note de G. REBIÈRE, présentée par V. HENRI. 


Le dosage colorimétrique du fer transformé en sulfocyanate peut 
être appliqué au fer colloïdal électrique. Lorsque celui-ci est stabilisé 
par un colloïde naturel, cette méthode évite la destruction de la matière 
organique et permet en outre d'opérer sur de très pelits volumes de 
liquide. Toutefois, on reproche à la colorimétrie du fer de manquér 
- d’exactitude, la dissociation par l’eau de sulfocyanate de fer croissant 
avec la dilution des solutions. Pour remédier à cet inconvénient, on a 
proposé (R. Fatlock) d'extraire par l’éther la solution de sulfocyanate 
de’ fer'el de comparer à une solution type éthérée du même sel le liquide 
ainsi obtenu. L. Lapicque (1), à propos du dosage de petites quantités 
de fer contenues dans l’organisme, recommande d'agir sur des solutions 
qui, sous un même volume, contiennent la même quantité de sulfo- 
eyanate alcalin ; à cette condition, la coloration est proportionnelle à la 
teneur'en fer. 

Pour ‘notre part, nous avons constaté qu'en modifiant la composition 
du milieu on remédie à la cause d'erreur introduite par la dissociation 
du ‘sulfocyanate de ‘fer ‘par l’eau. Lorsqu'on laisse tomber goutte à 
goutte une solution de sulfocyanate de fer acidulée par HCI, dans un 


(4) Comptes rendus de la Sac. de Biologie, 12 juillet 1889. 


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19 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


grand volume d’eau, ou constlale que la coloration rouge « s'évanouit »; 
il faut verser un certain nombre de gouttes avant d’avoir dans la masse 
liquide une coloration nettement perceptible. En renouvelant la même 
expérience avec de l'alcool à 90 degrés, la goutte rouge de sulfocyanate 
de fer ne disparaît pas, mais on a, au contraire, la sensation nette qu’elle 
subit une dilution; quelques gouttes suffisent à colorer le liquide très 
nettement. Si, donc, on réalise en milieu fortement alcoolique la réac- 
tion du sulfocyanate de potassium sur le sel ferrique, on diminue dans 
une très large mesure la dissociation du sel coloré et on augmente en 
retour l'exactitude de la méthode. 
Voici, par exemple, présentés comparativement, les résultats de l’exa- 
men colorimétrique de différentes dilutions de deux solutions de sulfo- 
cyanate ferrique, l’une aqueuse, l’autre alcoolique, toutes choses étant 
égales par ailleurs. 


\ 


œ . . . 
Solution aqueuse. Solution alcoolique. 

DeDURORE E E; (théorique). DPFTRUONE E | E: (théorique). : 
ARS PR EE PRE a Mr | | 

1/2 2 6,4 4 » 1/2 DEA ES 4» 

5 19,4 10 » 5 10 » 10 » 

4 1/2,5 2 10 » » 172,5 2 coul ù » 

- US 12 » 5 (| 41:8 12 » 

| 

129 2 12,6 6 » 1/3 2 6 » 6 » 

5 25 » AS 6) 15 15 » 

NES CNE ET 1 1/35 2 8 » 7,0 

5 30 » US 5 17,6 17,5 


Les divergences entre le résultat expérimental et la théorie, que l’on 
rencontre dans l'examen de la solution aqueuse, sont dues à ce que Ja 4 
dilution a été faite à dessein avec de l'eau distillée pure, ce qui porte à. | 
son maximum Ja dissociation du sulfocyanate ferrique, dissociation 

A qu'un excès constant de sulfocyanate ali aurait pu atténuer dans 
une certaine mesure. 

Pour appliquer la modification de technique que nous signalons ici 
au dosage du fer colloïdal électrique stabilisé ou non, il suffit d'éya- 
porer au bain-marie 10 c.c. du colloïde jusqu’à réduction de moitié, 
puis d'ajouter successivement 5 c.c. HCI pur, 5 c.c. d’une solution de 
sulfocyanate de potassium à 20 p. 100 et de l'alcool à 90 degrés jusqu'à 
100 c.c. Le liquide ainsi chtenu est examiné au colorimètre par rapport 
à une solulion type de fer au maximum titrée à 1 p. 1000, traitée dans 
les mêmes conditions. + 


SÉANCE DU 15 MARS 573 


La même méthode convient au dosage du fer dans les organes 
animaux. Après destruction de la matière organique et neutralisalion 
de l'acidité, on traite par BaC!, pour éliminer l'acide sulfurique, on 
filtre, on concentre, on reprend par l'alcool, dans lequel se dissout le fer 
à l’élat de perchlorure. Sur cette solution alcoolique on poursuit le 
dosage, qui gagne à la fois en exactitude et en sensibilité. 

Il va sans dire que la méthode colorimétrique reste toujours soumise 
à la cause d’erreur expérimentale introduite par le facteur personnel de 
l'observateur, plus ou moins apte, suivant ses facultés, à apprécier le 
moment où a lieu l'égalité des teintes. 


RECHERCHE DE L'INSUFFISANCE GLYCOLYTIQUE PAR INGESTION 
DE PETITES DOSES DE GLYCOSE, 


“par Cu. Acxarp et G. DEsBouIs. 


Nous avons montré précédemment (1) les avantages que présente, 
pour l'étude de l'insuffisance glycolytique, la mesure du quotient respi- 
raloire, et nous avons fait ressortir la supériorité de ce moyen sur la 
recherche de la glyvcosurie provoquée. 

Pour obtenir, en effet, la glycosurie, en cas d'insuffisance glycoly- 
tique, on introduit le glycose, soit sous la peau, à la dose de 
10 grammes, soit dans le tube digestif, à la dose de 150 grammes. De 
toute façon, l’on ne peut distinguer, par la glycosurie, si le trouble porte 
sur la mise en réserve du sucre à l’élat de glycogène, ou sur sa combus- 
lion. En outre, l'introduction par le tube digestif, nécessitant la tra- 
versée du foie, ne distingue pas non plus entre le rôle particulier de cet 
organe et celui de l’ensemble des tissus. 

Par contre, la méthode du quotient respiratoire est plus sensible, 
puisqu'elle permet d'obtenir des résultats probants avec de moindres 
doses : 5 grammes deïglycose sous la peau. De plus, elle est aussi plus 
précise, car elle permet de reconnaitre la combustion du sucre. 

S1 l’on recherche le quotient respiratoire après introduction de gly- 
cose non plus sous la peau ou dans les veines, mais dans le tube diges- 
tif, en prenant soin que le sujet soit à jeun, l’on voit que la dose néces- 
saire et suffisante pour obtenir un résultat net chez le sujet indemne 
dinsuflisance glycolytique est de 20 grammes. Avec celle de 
10 grammes, on n'obtient rien; mais avec 20 grammes, les résultats 


(1) Ch. Achard et G. Desbouis. Recherche clinique de l'insuffisance glyco- 
lytiqu : par l'étude du quotient respiratoire. Comples rendus de la Soc. de Bio- 
loyie, 22 février 1913, t. LXXIV, p. 385. 


574 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sont Lout à fait comparables à ceux de l'épreuve faite par injection de 
5,grammes sous la peau. 

Chez un convalescent de grippe et chez un tuberculeux, nous, ayons 
vu, monter l'exhalation d'acide carbonique après lingestion de 
20 grammes de.glycose. 

Par contre, chez deux diabétiques, cette même dose n’a produit aucun 
changement, et de même, chez un troisième, une dose.de 30; grammes. 
Chez un. pleurétique et chez un ictérique par rétention, 20. grammes 
n'ont rien modifié non. plus dans les échanges gazeux; il en a été de 
même encore avec les doses plus fortes de 30 grammes chez un pneu- 
monique et chez deux iyphiques, et de 50 grammes chez un typhique et 
dans un cas d’appendicite aiguë. 

Dans une autre série de recherches, nous avons comparé chez le 
même sujet l'ingeslion de 20 grammes avec l'injection sous-cutanée de 
5 ou 6 grammes. Les résultats ont été entièrement concordants dans les 
deux épreuves. 

L'utilisation du glycose à eu. lieu chez quatre sujets, comprenant : 
une convalescence de fièvre typhoïde, une syphilis ancienne, une 
cirrhose sans glycosurie alimentaire, un cas d’alcoolisme aigu. 


L'utilisation ne s’est pas produite chez 8 sujets, savoir : 2 pneu- 


moniques à la période d'état, 1 alcoolique avec gros foie, 4 cirrhotique 
avec glycosurie alimentaire, 1 goutteux en crise subaiguëé et 3 diahé- 
tiques. 


De plus, chez les malades de cette dernière série, nous avons fait 


lépreuve de la glycosurie alimentaire par ingestion de 450 grammes de 


glycose, sauf chez les 3 diabétiques que nous n'avons pas cru devoir 


soumettre à l’ingestion d'une pareille dose. Or, la glycosurie a toujours 
manqué chez les malades dont le quotient respiratoire s'était élevé après 
l'injection de 5 à 6 grammes ou l'ingestion de 20 grammes, et s’est, 
par contre, régulièrement montrée chez ceux dont la mesure des 
échanges respiratoires, faite dans ces mêmes conditions, avait mis en 
évidence l'insuffisance glycolytique. 

On peut se demander comment il se fait que le foie, lorsqu'il estsain, 
n'arrête pas en entier cette petite dose de 20 grammes. Mais il se peut 
qu'une partie du sucre ingéré échappe à la traversée du système porte 
et soit absorbée par les voies lymphatiques ou passe par les voies vei- 
neuses collatérales. 

C’est ce dont nous avons cherché à nous rendre compte par une expé- 
rience chez le chien. Une dose de 5 grammes injectée en deux fois dans 
la veine mésaraïque n’a pas modifié le quotient respiratoire, au con- 
traire de ce qui arrive avec des doses même bien moins fortes, quand 
l'injection est faite dans la circulation générale. Mais, chez le même 
animal, une dose de 20 grammes introduite dans une anse intestinale 
entre deux ligatures, fut suivie d'une utilisation, à la vérité peu considé- 


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SÉANCE BU 15 MARS 575 


rable. Cette expérience montre que le foie sain peut arrêter beaucoup de 
glycose, et laisse à penser que si l'absorption intestinale du glycose 


_ élèvele quotient respiratoire, c’est parce qu'une partie du sucre échappe 


à la traversée du foie. 
D'ailleurs, l'élévation de l’acide carbonique exhalé, aussitôt après la 


_ pénétration du glycose dans l'organisme, si elle montre bien qu'une 


ll 


partie de ce sucre est immédiatement brülée, n’exelut nullement la mise 
en réserve d’une autre partie. Quant au défaut d’élévation du quotient 
respiratoire, sans exclure l'absence de toute combustion, il indique du 
moins le défaut de combustion immédiate, et par conséquent il 
témoigne d'une sorte de paresse de l’utilisation du glycose, autrement 
dit, d'une insuffisance glycolytique. 

Enfin, c:tte série d'observalions comporte une déduction pratique : 
c'est qu'on peut, pour la recherche de l'insuffisance glycolytique par la 
mesure des échanges respiratoires, substituer à l'injection de 5 grammes 


_ de glycose, lingestion à jeun de 20 grammes par la bouche, plus facile 


- à réaliser chez les malades. 


RECHERCHES SUR QUELQUES CARACTÈRES SPÉCIFIQUES DU Proteus vulgaris, 


par ALBERT BERTHELOT. 


Malgré les nombreuses recherches qui ont été faites sur le Profeus vul- 
garis Hauser, certains caractères de ce microbe ne semblent pas avoir été 
établis avec toute la rigueur désirable et sont d’une valeur très contes- 
table. Au cours d’un travail d'ensemble dont je compte publier prochai- 
nement les résultats, j'ai pu faire quelques constatations relatives à ces 
propriélés encore discutées ; il m'a semblé utile de les exposer briève- 
ment ici, car mes recherches ont porté sur un nombre relativement 
élevé de Proteus d'origines diverses. Grâce à la bienveillance de 
M. Metchnikoff et à l'obligeance de quelques-uns de mes collègues, il 
m'a été possible, en effet, d'utiliser 61 échantillons de P. vulgaris 
Hauser, parfaitement identifiés à l’aide des caractères sur lesquels aucun 
doute ne persiste plus. 


1. — Coloration par la méthode de Gram. Toutes mes préparations ont 


_ été faites avec des cullures de dix et vingt-quatre heures en eau 


peptonée ou sur gélose ordinaire. J'ai fait plusieurs préparations de 
chaque série afin de comparer les divers procédés de fixation (chaleur, 
alcookéther, sublimé acétique) et les méthodes de Gram et de Nicolle. 
J'ai observé toutes les précautions recommandées par les auteurs qui 


indiquent le Proteus comme prenant le Gram, mais, malgré cela, aucun 


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SOCIÉLÉ DE BIOLOGIE 


des échantillons que j'ai examinés n’est resté coloré après fines 
par l’alcool absolu ou par l’alcool-acétone. 

Toutefois, à l’aide de milieux spéciaux renfermant des acides gras non 
saturés libres ou combinés, il m'a été possible d'obtenir, dans quelques 
cas, des éléments microbiens restant colorés en violet ou se décolorant 
partiellement avec la méthode de Gram primitive, mais ces .mémes 
éléments se sont toujours décolorés complètement avec la méthode de 
Nicolle (violet phéniqué, Gram, alcool-acélone). = 

Il. — Production d'indol. À l’aide des milieux usuels et d’un milieu 
spécial à base de tryptophane, de gélatine et de sels, j'ai établi que la 
faculté de produire de l'indol n’est pas un caractère fixe du Proteus 
vulgaris (1). Tous les échantillons que j'ai examinés se sont montrés 
capables d'attaquer le tryptophane et de produire aux dépens de cet 
acide aminé au moins de l'acide indol-3-acétique, L'espèce Pacillus 
proteus anindologenes Van Loghem n’a aucune raison d'être, et l’on doit 
considérer comme Proteus vulgaris Hauser tout microbe possédant, avec 
les autres caractères de cette espèce, la propriété de donner, dans un 
milieu convenablement choisi, soit de l’indol, soit de l'acide indol-acé- 
tique, ou bien un mélange de ces deux corps. 

IL. — Production de phénol. On considère généralement le proteus 

comme un producteur de phénol, mais telle n’est pas mon opinion, car 
aucun de mes échantillons ne m'en a donné. Mes cultures ont cependant 
été faites en solution de peptone pancréatique ainsi que sur un milieu 
synthétique contenant, avec d'autres acides aminés, autant de tyrosine 
qu'il pouvait en dissoudre; je les ai examinées après quatre, huit et 
quinze jours d’étuve à 37 degrés, et toujours la recherche du phénol ma 
donné des résultats négatifs, résultats confirmant d’ailleurs, sur un 
grand nombre de races, ceux qu'avaient obtenus Herter et Dobrowolsky 
avec quelques Proteus. 

IV. — Action sur les hydrates de carbone. Pour me placer dans des 
conditions réalisables par tous les bactériologistes, 7 ai simplement 
recherché les variations de la réaction uu tournesol des cultures sur eau 
pepionée additionnée de l'hydrate de carbone considéré. De cette manière, 
j'ai constaté que les 61 races de Proteus que j'ai étudiées acidifiaient 
toutes, au bout de dix jours à 37 degrés, les milieux renfermant du 
glucose, du saccharose ou du galactose; par contre, les cultures en 
solutions contenant du lactose ou de la mannite n'ont jamais accusé une 
réaction d’acide. 


Comme le pouvoir saccharolytique et l'intensité de la production d'ammo- 
niaque varient considérablement avec les diverses races de Proteus, il est 


(1) Albert Berthelot. Recherches sur le Proteus vulgaris considéré comme 
producteur d'indol. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 24 février 1913, 
t. CLVI, p. 641. | 


SÉANCE DU 15 MARS 577 


indispensable de ne tenir compte que des changements de réaction constatés 
après un séjour prolongé à 37 degrés. En effet, pour cerlains Proleus la 
formation d’'ammoniaque est extrêmement rapide alors que l'attaque des 
hydrates de carbone est assez lente; dans ces conditions une observation trop 
hâtive donnerait un résultat inexact. J'ai établi par de nombreux essais que 
l'on peut écarter cette cause d'erreur en n’examinant les cultures qu’au bout 
de dix jours; bien entendu il sera toujours, pour ceux qui sont en mesure de 
le faire, beaucoup plus simple et plus exact d'apprécier par des dosages 
l’action des Proteus sur les divers hydrates de carbone. 


Conclusions. — En résumé, tous les échantillons que j'ai examinés 
présentaient à un degré très variable les caractères incontestés du 
Proteus vulgaris : mobilité, liquéfaction de la gélatine et coagulation du 
lait suivie de la digestion du coagulum (1), production de NH° et de HS. 
Au point de vue des caractères discutés, aucun d’eux ne prenait le 
Gram (méthode de Nicolle), ne produisait de phénol et n’attaquait le 
lactose ou la mannite. Tous au contraire altaquaient le glucose, le 
saccharose et le galactose; tous également donnaient au moins de 
l'acide indol-3-acétique aux dépens du tryptophane. 

Etant donnée la diversité d’origine des 61 races que j'ai étudiées 
(diarrhées infantiles, otites, ozène, vomiques, matières fécales normales 
et putréfaction) il me semble que les caractères qu'il m'a été donné 
d'observer d'une facon constante devraient seuls être considérés comme 
spécifiques du Proteus vulgaris Hauser. 


(Laboratoire de M. Metchnikoff, Institut Pasteur.) 


INDÉPENDANCE DE L'INCOAGULABILITÉ DU SANG ET DE LA DISPARITION 
DU POUVOIR HÉMOLYTIQUE PROVOQUÉES PAR L'INJECTION DE PEPTONE, 


par E. PozERsKkI. 


Lorsqu'on injecte brusquement dans les veines d’un chien une 
solution de peptone de Witte, on observe divers phénomènes, entre 
autres : l’incoagulabilité du sang et la disparition du pouvoir hémolytique 
naturel du sérum vis-à-vis des globules de certaines espèces étrangères, 
le mouton par exemple. 

La disparition du pouvoir hémolytique est due, on le sait, à une 
alténuation très rapide du complément contenu dans le sérum. 

Au premier abord quelques faits pourraient faire croire à l'existence 


(1) Certaines races récemment isolées avaient un pouvoir protéolylique très 
faible à la température ordinaire, mais celui-ci ne tardait pas à s'accroitre à 
la suite de passages en milieux usuels. 


_ Brococre. Comptes RENDuSs. — 1913. T. LXXIV. HA 


518 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


d'un certain parallélisme entre ces deux phénomènes provoqués par 
l'injection intraveineuse de peptone. En effet : 1° l'injection intravei- 
.neuse provoque l’incoagulabilité du sang et la chute du pouvoir complé- 
mentaire, tandis que l'injection sous-culanée de la même dose de 
peplone, ou même d’une dose beaucoup plus forte, ne provoque ni 
l'incoagulabilité, ni la disparition du complément; 2° la production de 
la substance anticoagulante ainsi que celle du complément sont partiel- 
lement liées à l'activité de la cellule hépatique. 

Malgré ces points communs, il n'existe, on va le voir, aucune relation 
entre les deux phénomènes provoqués par l'injection intraveineuse de 
peptone. Ë 


I. — Injeclons dans les veines d’un chien 0,30 centigrammes de 
peptone de Witte par kilogramme d’animal. ee minutes plus 
tard le sang devient incoagulable et le plasma ainsi obtenu a perdu tout 
pouvoir hémolytique vis-à-vis des globules de mouton. 

Quatre heures après cette première injection de peptone, le sang 
reprend sa coagulabilité normale ainsi que son pouvoir hémolytique. 

Injectons à ce moment dans les veines du chien la mème quantité de 
peptone; le sang ne devient plus incoagulable. On dit que le chien est 
immunisé contre l'action anticoagulante de la peptone. Or cette 
seconde injection de peptone fait de nouveau retomber à zéro le pouvoir 
hémolytique du sérum. 

Ainsi une deuxième injection de protéoses est incapable de provoquer 
l'incoagulabilité du sang, tandis qu'elle est parfaitement capable de 
faire disparaitre le pouvoir complémentaire. 

Une première injection paraît immuniser le chien contre l'action 
anticoagulante d’une seconde injection, tandis qu'elle na aucun 
pouvoir préventif contre l’action ben Are ue d'une seconde 
dose de peptone. 

II. —- Au lieu d'injecter brusquement la peplone dans les veines, 
injectons la très lentement. Une prise de sang faite après la fin de 
l'injection montre qu'elle a été sans aucun effet sur la coagulabilité du 
sang; celui-ci coagule comme précédemment, en quelques minutes. Or, 
cette injection lente de peptone a provoqué, aussi bien qu'une injection 
brusque, la chute du pouvoir complémentaire. Le sérum du chien 
peptoné lentement n’exerce plus aucune action hémolytique sur les 
globales de mouton. Il n'existe donc aucun parallélisme entre l'appari- 
tion du pouvoir anticoagulant et la disparition du pouvoir hémoly- 
tique. 

III. — Le lapin est, on le sait, réfractaire à l’action anticoagulante de 
la peptone. Or si on injecte de la peptone dans les veines d’un lapin 
préparé contre les globules de mouton, le pouvoir complémentaire 
tombe immédiatement tandis que le sang reste normalement coagulable. 


LR 0 None on! Nu AE re RE NT SRE TEE SET EN LE EI Re te re SALE 
MNT a dre NT < ! : L 


+ 


SÉANCE DU 15 MARS 579 


Ainsi donc la peptone, qui ne produit chez le lapin aucune action anti- 
coagulante, provoque une disparition du complément. 


Ces trois séries de faits montrent bien qu'il n’existe aucune relation 
entre l'apparition de l'incoagulabilité du sang et la disparition du 
pouvoir complémentaire sous l'influence de l'injection de peptone. Ces 
deux phénomènes peuvent très bien se manifester l’un sans l’autre. 


(Laboratoire de Physiologie de l'Institut Pasteur. 


SUR UN NOUVEAU PROCÉDÉ DE DÉPIGMENTATION DES COUPES HISTOLOGIQUES 
(ACTION DE L’ACIDE CHROMIQUE SUR LES PIGMENTS OCULAIRES ET LA MÉLA- 
NINE DES TUMEURS), 

par J. Mawas. 


L'étude Systématique des différents procédés employés en technique 
histologique pour dépigmenter m'a montré que, quels que soient les 
réactifs employés, on produit une oxydation du pigment et sa décolo- 
ration. 

L'eau oxygénée, l'oxygène à l’élat naissant, l'acide sulfureux, le 
chlore en vapeur ou en solution alcoolique, l'acide chlorique, le per- 
manganate de potassium ont, au point de vue chimique, la même action 
sur le pigment; ils le décolorent en l'oxydant énergiquement, et plus ou 
moins rapidement, suivant les réactifs ou les procédés choisis. 

Mais cette oxydalion énergique n'est malheureusement pas localisée 
au seul pigment; elle ne se produit pas sans une altération profonde des 
éléments anatomiques, et sans modifier assez sensiblement leurs 
affinités pour les matières colorantes. 

J'ai essayé de remplacer les différentes substances proposées par 
lacide chromique, d’un emploi journalier en technique histologique, et 
dont l'action sur les différents constituants cellulaires est plus connue, 
quoique encore très imparfaite, que celle des autres décolorants. 

En solution dans l’eau, à la dose de 1 ou 2 p. 100, l'acide chromique 
est un décolorant très énergique. Je l’emploie à cette dose à la tempéra- 
ture du laboratoire et j'y laisse Les coupes vingt ou vingt-quatre heures. 

Les coupes à la paraffine, très minces, sont décolorées plus rapide- 
ment, et il n’est pas nécessaire de les laisser si longtemps dans la 
solution chromique. 

Les coupes faites après inclusion dans la celloïdine et qui ont une 
épaisseur de 15 & sont décolorées au bout de vingt-quatre heures. 

L'’acide chromique est un dépigmentant dont l’action est infiniment 
plus rapide que celle de l’eau oxygénée, qui demande un renouvelle- 


580 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ment constant et une durée de plusieurs jours et même de plusieurs 
semaines. Il est plus simple à employer que le permanganate de 
potasse, puisqu'il ne nécessite aucun traitement complémentaire pour 
la dissolution du sel réduit sur les coupes. Il ne décolle pas les coupes 
comme c’est la règle, par les procédés au chlore et par le permanganate. 
Et puis il ne semble nets aucune coloration. 
L'acide chromique, tel que je l’emploie, c'est-à-dire après fixation et 
sur coupes collées sur lames ou non, agit différemment — moins 
énergiquement — sur la chromatine nucléaire, déjà modifiée par la 
fixation de la pièce, et ne modifie guère ses affinités colorantes. Les 
colorations habituelles fhémalun-éosine, hématoxyline, van Gieson, 


etc...) réussissent très bien. Certaines colorations sont favorisées, Ja 


méthode de Mallory pour le tissu conjonctif, par exemple. 

L’acide chromique décolore le pigment mélanique des tumeurs plus 
facilement et plus rapidement que le pigment du feuillet proximal de 
la rétine (épithélium pigmentaire, rétine ciliaire, épithélium postérieur 
de l'iris). Cette différence est importante à noter et doit être prise en 
considération lorsqu'on étudie le développement des tumeurs méla- 
niques de l'œil et leurs rapports avec l’épithélium pigmentaire. 


RECHERCHES SUR L'ORIGINE DES PLAQUETTES, 


par L. LE SourD et PH. PAGNIEZ. 5 


Malgré les progrès de nos connaissances sur la morphologie etles varia- 
lions numériques des plaquettes, sur leurs propriétés et leurs fonctions, 
nous manquons encore presque absolument de données Précis sur 
leur origine. 

Théoriquement les plaquettes peuvent dériver des autres éléments du 


sang, tirer leur origine des organes hématopoïétiques, ou des endothé- 


liums vasculaires. 
Sans entrer dans la discussion de toutes ces hypothèses (1) on peul 


résumer la posilion de la question en disant qu'aucun argument ne 
parle en faveur de l’origine leucocytaire, que la dérivation des globules 
rouges ne s'appuie non plus sur aucune donnée satisfaisante, que l'ori- 
gine endothéliale demeure possible, mais tout à fait imprécise. Reste 
que les plaquettes peuvent, comme les autres éléments du sang, êlre 
produites dans les organes hématopoiétiques. 

Pour aborder l'étude de celte question, nous disposons à l'heure 


(1) Voir sur cette question : Aynaud. Le globulin des mammifères, Thèse de 


Paris, 14909, p: 194. 


tinuns bel “‘ 


ES ST PTS 


SÉANCE DU 15 MARS 581 


actuelle de deux méthodes. Une méthode biologique qui, se basant sur 
la propriélé rétractile des plaquettes, consiste à étudier l’activité rétrac- 
tile des différentes pulpes d'organes (1), une méthode histologique per- 
mettant de colorer les plaquettes dans les coupes d'organes (2). 

Ces deux méthodes donnent des résullats concordants en ce qui con- 
cerne la rate. Celle-ci, quand on la soumet au lavage, fournit une pulpe 
qui, mélangée au plasma oxalaté, donne de facon régulière, après recal- 
cification, une fibrine rétractile. Nous avons à ce point de vue examiné 


la rate de neuf lapins et de six cobayes normaux et toujours constaté 


l'activité rétractante de la pulpe splénique. D'autre part l'examen histo- 
logique permet de déceler dans la rate de façon constante la présence 
de nombreuses plaquettes. Celles-ciaugmentent de nombre dansla pulpe 
splénique, après la saignée unique ou les saignées répétées. Elles peu- 
vent augmenter de nombre aussi et quelquefois de façon colossale après 
injections de sérum anti-plaquette. Nul doute donc que la rale ne joue 
dans la biologie des plaquettes un rôle important. On pourrailse deman- 
der si les plaquettes ne s’y détruisent pas simplement, mais le fait que 
nous venons de rappeler de la multiplication rapide après la saignée, 
cet autre fait que les plaquettes qu’on voit dans la rate sont dans la 
règle bien colorées, nettes, rarement soumises à la phagocytose, ne par- 
lent pas du tout en faveur de cette manière de voir. 

Cependant la rate ne saurait être considérée comme le véritable ou 
au moins comme le seul organe d’origine des plaqueltes, car la splé- 
nectomie ne fait pas disparaître les plaquettes du sang; elle n’influe 
même pas de façon sensible sur leur quantité. On peut même, chez 
un animal splénectomisé, faire disparaître les plaquettes par injection 
de sérum anti-plaquette sans qu'ultérieurement leur renouvellement 
soit compromis. | 

Force est donc de chercher un autre organe qui partage avec la rate 
la fonction de production des plaquettes, ou qui la détienne seul, si la 
pulpe splénique n’est qu’un lieu de perfectionnement ou de transforma- 
tion pour ces éléments. Cet organe ne semble certainement pas être le 
ganglion. La pulpe des différents ganglions, celle des plaques de Peyer 
est toujours dépourvue d'activité rétractile. L'examen histologique ne 
montre dans les ganglions de plaquettes que dans les vaisseaux. Il 


n'existe ni plaquettes ni rétractilité pour la lymphe. Les mêmes mé- 


thodes appliquées aux différentes glandes vasculaires sanguines : 
thyroïde, surrénale, hypophyse, parathyroïde, donnent les mêmes 
résultats négatifs. 


(1) L. Le Sourd et Ph. Pagniez. Influence de l'addition de tissu splénique sur 
la rétractilité du caillot fibrineux. Soc. de Biologie, 2 décembre 1911, p. 551. 
(2) L. Le Sourd et Ph. Pagniez. Procédé de coloration des nlaquettes san- 
guines dans les coupes d'organes. Soc. de Bivlogie, 21 octobre 19114, p. 308. 


582 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Reste la moelle osseuse à laquelle on est amené par celte série d'éli- 
minations, à laquelle aussi amènent quelques autres considérations sur 


les variations numériques respectives des globules rouges et des pla-, 


quettes. En effet, on connaît en pathologie humaine certains états où 
ces deux éléments, hématie et plaquette, qu'on ne saurait, nous 
l'avons dit, faire dériver l’un de l’autre, varient parallèlement de nombre. 
Dans l’anémie pernicieuse à type aplastique par exemple, la courbe 
numérique des hématies et celle des plaquettes subissent une chute 


progressive et parallèle. Or, on sait que dans cette maladie la moelle. 


osseuse subit une régression totale. 

Au contraire, dans certains cas d’érythrémie, ainsi que nous l'avons 
montré, le chiffre des plaquettes est, comme celui des globules rouges, 
très élevé. Dans cette maladie, le substratum anatomique est pré- 
cisément constitué par l'hyperplasie et l’hyperactivité de la moelle 
osseuse. 

En soumettant la moelle osseuse aux méthodes d'étude que nous 


venons d'indiquer, on n'obtient cependant pas, au moins chezle cobaye 


et le lapin, de résultats comparables à ceux que donne la rate. 

En effet, l'examen histologique montre qu'à l'inverse de ce qu'on 
constate dans la rate, les plaquettes sont extrêmement rares dans la 
moelle. On en trouve quelquefois de petits amas très nets, mais c’est 
toujours à l’état isolé, exceptionnellement, et il arrive souvent qu'on 
puisse parcourir toute une coupe sans en rencontrer un seul groupe, en 
dehors des vaisseaux s'entend, naturellement. Et ceci ne s’observe pas 
seulement quand on examine la moelle des animaux normaux, mais 
aussi celle des animaux soumis à la saignée, ou préalablement splénec- 
tomisés depuis peu de temps ou depuis longtemps. 

Cependant l'étude de l’activité rétractante de la moelle fémorale révèle 
que celle-ci est assez régulièrement rétractante chez le cobaye (8 fois 
sur 10 expériences), exceptionnellement chez le lapin (3 fois sur 20 
expériences). Il n’a pas paru qu'il existât'à ce point de vue de différence 
entre la moelle provenant des animaux simplement sacrifiés par sai- 
gnée et celle qui avait été prélevée après la perfusion du train posté- 
rieur. De même, les moelles provenant d'animaux préalablement splé- 
nectomisés, ou soumis à des saignées répétées, n’ont pas donné davan- 
tage de résultats constants. Mais l'expérience montre que quand on ne 
se borne pas à étudier la moelle d’un os, mais celle de tous les grands 
os, on peut trouver l’une rétractante, celle de l’humérus par exemple, 
alors que les autres ne le sont pas. Et cependant, contrairement à ce 
qu'on aurait pu penser, l'examen histologique de ces moelles rétrac- 
tanles n'y révèle pas de plaquettes plus nombreuses. 

Quoique inconstant ce phénomène de l’aclivité rétractante de certaines 
moelles osseuses nous paraît intéressant, car, rappelons-le, toutes les 
autres pulpes d'organes que nous avons étudiées dans de nombreuses 


er 


a ——— ———————"——————_— _— .— —— — — ———————— —…—…—"— —"—————— —_—_— —— 


expériences se sont toujours montrées, sauf celle de la rate, absolu- 


ment inactives et cela sans aucune exception. 


Ce fait, rapproché de la pénurie très grande en plaquettes que nous a 
révélée l'examen histologique de la moelle amène à se demander si un 
autre élément de la moelle n’aurait pas à ce point de vue une activité 
de même ordre que les plaquettes, si peut-être même cet élément ne 
serait pas en rapport de filiation avec les plaquettes. 

Nous rappellerons seulement aujourd’hui à ce sujet que J. H. Wright 
a soutenu que les plaquettes tiraient leur origine des mégacaryo- 
cytes de la moelle, plus exactement du protoplasma de ces éléments. 
Ogata a repris les recherches de Wright et adopté celte manière de voir. 
Nous nous proposons, dans une prochaine note, d'étudier cette question, 


(Travail du laboratoire des travaux pratiques de physiologie 
de la Faculté de médecine.) 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ANTITHROMBINE DIRECTE DU SUC 
HÉPATOPANCRÉATIQUE DES CRUSTACÉS. 


Note de CL. GAUTIER, présentée par L. Maïrrcarp. 


Dans l’avant-propos de son très beau travail, intitulé : De l’action du 
suc hépatique des crustacés sur la circulation et la coagulation du 
sang, G. Billard a remarqué que l’hémolymphe de l’écrevisse, recueillie 
en ouvrant largement l'animal par sa face ventrale et en écartant les 
parois de la cavité, reste fréquemment incoagulable. L'hémolymphe 
aspirée au moyen d’une seringue, dont la canule est introduite dans les 
espaces membraneux séparant les anneaux de la queue, coagule au 
contraire toujours. « Il se peut, ajoutait Billard, qu'en ouvrant large- 
ment animal, il se mélange à l’hémolymphe un peu du liquide qui 
s'écoule si facilement du foie excisé. » Tel fut le point de départ des 
importantes recherches d’Abelous et Billard sur les propriétés anti- 
coagulantes tant in vitro qu'in vivo du sue exsudé de l’hépatopancréas 
des crustacés. Ce suc est aussi anticoagulant, sinon plus, pour le sang 
des crustacés que pour celui des vertébrés et l’antithrombine directe 
qu'il renferme doit être distinguée de l’antithrombine indirecte (agis- 
sant in vivo) quil contient aussi, cette dernière n'élant pas de la 
peptone (Abelous et Billard). 


Je me suis demandé si, normalement, l’antilhrombine directe, si 
puissante, de l’hépatopancréas de l’écrevisse passe dans la circulation 
de cet animal, les remarques de Billard n'ayant fait que soulever, sans 
le résoudre, ce problème. 3 


584 SOCIÉTÉ -DE BIOLOGIE 


J'ai opéré sur de très grosses écrevisses du Rhin. Le procédé le plus 
simple pour recueillir l'hémolymphe qui a circulé à travers l’hépato- 
pancréas, mélangée d’ailleurs à celle qui a baigné les autres viscères, 
consiste à pratiquer une petite fenêtre triangulaire sur le côté de la 
partie céphalique du céphalothorax, donnant accès dans la cavité vascu- 
laire périviscérale. Sur cette partie céphalique, on voit, un peu en 
avant du sillon antérieur ou cervical, deux taches ovalaires symétriques, 
plus sombres que le reste de la carapace : elles correspondent aux 
insertions des muscles adducteurs des mandibules. À droite, immédia- 
tement au-dessous de cette tache sombre, on trace, à partir du sillon 
cervical, une droite de 8 à 9 millimètres; sur le sillon lui-même, on 
délimite, à partir du même point initial, une distance égale; on trace 
ensuile la base de cette sorte de triangle isoeèle ainsi déterminé; c’est 
celte base que l’on incisera tout d’abord, puis la première ligne en sens 
inverse de son tracé, enfin on suivra le sillon cervical jusqu'à la base 
du triangle. On arrive ainsi, directement ou après avoir rompu une 
mince membrane transparente, dans la cavité vasculaire périviscérale. 
Le lobe hépatopancréatique vient s'étendre jusque sur le réservoir de 
la glande verte; il est en partie séparé de l’estomac par ce pilier piri- 
forme, allant s’amincissant de haut en bas, qu'est le muscle adducteur 
de la mandibule. Après avoir repoussé doucement, en arrière, en dedans 
et en haut, ou en bas, avec une baguette mousse, l'extrémité antérieure 
du lobe hépatopancréatique, on incline un peu en avant la planchette 
sur laquelle est fixé l'animal. On peut alors, au moyen d'une courte 
pipette à extrémité mousse et pas trop menue, et munie à l’autre bout 
d’un tube de caoutchouc, afin que tout puisse se passer sous le contrôle 
de la vue, aspirer le sang qui se présente au voisinage du lobe 
hépalopancréatique, dans la cavité périviscérale. Dans plus de cin- 
quante expériences, J'ai toujours vu ce sang, rose ou orangé chez ces 
écrevisses, coaguler en quelques minutes. De mème, le sang recueilli 
du sinus sternal par aspirations, immédiatement en arrière de la région 
œsophagogasirique, à l'extrémité de cetle sorte de sillon médian que 
présente l’'endophragme, ou des sinus latéraux par aspiration à travers 
les parties molles. unissant latéralement, sur le plancher de la cavité 
viscérale, les apodèmes du même endophragme, a toujours coagulé. 
Or, dans ces deux derniers cas, l’'hémolymphe fait partie de l’ensemble 
du sang veineux, qui va repasser par les branchies. 


Conclusion. — Chez l'écrevisse, l’hémolymphe de la cavité vasculaire 
périviscérale recueillie sans léser l’hépatopancréas coagule toujours, de 
même que le sang des grands sinus veineux. Il faut donc conclure : ou 
bien que l’antithrombine directe que renferme l’hépatopancréas passe 
en trop petite quantité dans l'hémolymphe pour la rendre incoagu- 
lable, ou bien qu'elle y rencontre immédialement des substances anta- 


mord num iii ds 


SÉANCE DU 15 MARS 585 


yonistes, ou bien que, normalement, elle n’v passe pas. Je crois que. 
cette dernière hypothèse est la vraie. ZL'antithrombine directe passe 
surtout, sinon exclusivement, dans la sécrélion externe de l'hépatopancréas. 
En effet, si l’on ponctionne l'estomac de l’écrevisse par l'ouverture faite 
pour recueillir le sang, le liquide jaune, plus ou moins brunâtre, retiré 
en grande abondance (1 c.c. et plus par animal) de ce viscère, et qui 
vient de l’hépatopancréas, empêche in vitro la coagulation du sang. 

Je recherche la nature de l’antithrombine directe du suc obtenu 
immédiatement par expression de l'hépatopancréas et l’action de ce suc 
sur le fibrinferment et sur le mélange immédiat fibrinogène-fibrin- 
ferment. k 


CORPS JAUNES ATRÉSIQUES DE LA FEMME. LEUR PIGMENTATION, 


par P. Mucon et Ml pe Jonc. 


Des recherches entreprises sur l'ovaire de la femme nous ont d’abord 
montré que, conformément aux travaux d'auteurs antérieurs (Kôülliker, 
Slaviansky, Lebedensky, Henneguy, Rabl.), l’atrésie oblitérante des 
follieules de de Graaf comporte : : 

1° La dégénérescence de l’épithélium folliculaire et de lovule; 
2 l'apparition d'un tissu conjonctif jeune qui comble la cavité du folli- 
cule; 3° une hypertrophie plus ou moins marquée de la couche interne 
de la théca, dont les cellules se montrent chargées d’enclaves grais- 
seuses. 

Cest à ces enclaves, colorées en jaune (lutéine des histologistes), que 
les formations qui prennent la place des ovisacs atrésiés doivent d’avoir 
été dénommées corps jaunes alrésiques (Kôlliker). 

C'est à l'étude du mode de formation et de la nature de celte 
« lutéine » que nous voulons ici apporter contribution. 

Les corps jaunes d’atrésie présentent des dimensions et des aspects 
très différents; leur taille dépend de l’âge de l’ovisac au moment de son 
atrésie; leur aspect tient à leur degré d'évolution. 

Certains se montrent constitués par une double ligne claire ayant 
figure de cercle aplati entourant un vestige de cavité: d’autres, massifs, 
sont triangulaires, ovalaires, etc.; ils ont un noyau et un cortex. 

Le noyau, sauf qu'il est plus petit, ressemble de tous points à celui 
des corps jaunes de menstruation ou de gestation, il est de tissu con- 
jonctf jeune et peut être plus ou moins fortement hémorragique. 

Le cortex est constitué par une lame d'épaisseur variable, toujours 
peu ou pas ondulée (Cf. Forgue et Massabuau), plus ou moins colorée 
en jaune. Il provient par hypertrophie de la thèque interne d’un ovisac 
(Külliker) ainsi qu’il est facile de s’en rendre compte en observant de 


5806 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ces corps jaunes d’atrésie ayant encore en leur centre une cavité. Ce 
cortex est formé, comme une thèque interne normale, par des cellules 
très nombreuses logées dans les mailles d’un réseau collagène. Ces 
cellules sont bourrées d’enclaves pigmentées. 

Conformément à ce qu'ont vu Schokländer, Rabl, Külliker, etc. , nous 
avons observé qu'au sein de ce cortex, une membrane hyaline collagène 
prend naissance et s'accroît graduellement, de telle sorte qu’à un 
moment donné elle tient toute la place qu'occupaient d’abord les cellules. 

Cette membrane naît par hypertrophie du réseau collagène préexis- 
tant. Les cellules disparaissent peu à peu, certaines phagocytées, etleurs 
derniers vestiges consistent en amas de pigment, disséminés autour ou 
à l’intérieur de la membrane collagène. Cette évolution des corps jaunes 
atrésiques est tout à fait semblable à celle des corps jaunes de menstrue 
ou de gestation. 

Parallèlement à l’évolution qui transforme un ovisac en corps jaune 
atrésique, puis en une sorte de cicatrice, se poursuit une évolution des 
enclaves graisseuses des cellules. Toutefois, le début de cette dernière 
est bien antérieur au début de la formation de la membrane hyaline. 

Pigmentation du corps jaune atrésique. — 1° Si l’on examine des ovisacs 
au début de l’atrésie, on peut en trouver dont les cellules théciques sont 
déjà farcies de gouttelettes graisseuses. Mais celles-ci ne présentent au 
microscope aucune coloration naturelle et, même à la loupe, sur la 
pièce fraiche, on ne voit qu'une ligne blanc mat entourant l'ovisac. 

Les enclaves graisseuses de cette thèque, colorables par le Scarlach, 
sont biréfringentes, en croix, ne sont pas colorables ni fixables par 
OSO”, sont colorables à leur périphérie seulement par les laques d’hé- 
matoxyline, se colorent en rouge orangé par SO'H * à chaud (réaction de 
la cholestérine de Salkowsky), bref se montrent de tout point sem- 
blables aux grains corticaux surrénaux, que l’on sait aujourd'hui être 
des éthers de cholestérine plus ou moins purs. 

Cette thèque, qui par son hypertrophie va donner le cortex du corps 
jaune atrésique, est donc, avant toute pigmentation, constituée par des 
cellules à enclaves lipo-cholestériques incolores. 

2° Sur un grand nombre de corps jaunes atrésiques ee par congé- 
lalion de pièces fixées au formol), on constate que la pigmentation n'est 
pas régulièrement répartie dans toute l'épaisseur du cortex. Les bords 
du cortex, l’un ou l’autre, ou les deux, sont toujours plus pigmentés (vus 
à un faible grossissement) que la région centrale. 

Si l’on examine cette région centrale du cortex à fort grossissement, 
on Ja trouve constituée par des cellules où toutes les enclaves sont très 
faiblement pigmentées, fortement biréfringentes, en croix, aisément 
colorables par le Scarlach, et solubles dans le xylol. C'est-à-dire qu’elles 
sont franchement de nature grasse et cholestérique. 

En partant de cette région centlraie, et en se dirigeant vers les bords 


Br dE ddr Cid: "GE 


SÉANCE DU 15 MARS 581 


fortement pigmentés du cortex, on trouve dans les cellules, én nombre 
croissant, des enclaves plus pigmentées, moins anisotropes, moins 
colorables par le Scarlach, et, enfin, des enclaves isotropes, incolo- 
rables par le Scarlach, insolubles dans le xylol. Ces dernières, plus 
volumineuses que toutes les autres, garnissent presque exclusivement 


les bords du cortex. Ainsi, à ce stade, la theca interna s’est hyper- 
trophiée et ses enclaves lipo-cholestériques se sont plus ou moins 


pigmentées. 


3° Enfin, si l’on s'adresse à un corps jaune atrésique au terme de son 
évolution (corps jaune constitué par une membrane collagène hyaline 
parsemée et entourée de masses pigmentées), on constate que ces 
masses pigmentées, derniers vestiges des cellules chargées d’enclaves, 
présentent des caractères différents : certaines sont encore légèrement 
colorables par le Scarlach, même après action du xylol, solvant des 
graisses (Cf. Sehrt), d’autres ne sont plus du tout colorables par ce 


réactif, mais réduisent encore HSO”. C'est-à-dire qu’à ce stade, ce qui 


persiste des enclaves des cellules, de la thèque est, au maximum pig- 
menté, au minimum gras. 

À considérer les faits que nous venons d'exposer, ik apparaîl que, 
dans le corps jaune atrésique de la femme, la pigmentation se fait grâce 
à la propriété dont jouissent les enclaves lipo-cholestériques des cel- 
lules de la theca d'acquérir une coloration naturelle de plus en plus 
marquée et de devenir finalement indélébiles. 


RAPPORT DE LA CHOLESTÉRINE AVEC LA PIGMENTATION, 


par P. MuLoN. 


Le processus de pigmentation que nous venons de suivre dans le 
corps jaune atrésique de la femme se retrouve dans d’autres glandes 
qui contiennent également des enclaves d’éther de cholestérine : inter- 
stitielle testiculaire ou ovarienne, corps jaune de menstrues ou de ges- 
tation, corticale surrénale. 


Interstitielle testiculaire. — Dans un testicule ectopique humain, j'ai observé 
côte à côte, dans un même amas de cellules et même dans une seule cellule, 
des gouttelettes en croix biréfringentes, incolores, d’autres plus ou moins pig- 
mentées et de grosses sphères de pigment, isotropes, insolubles. Comme nous 
satons, depuis Les recherches de Tourneux, que dans l’iuterstitielle les enclaves 
sraisseuses précèdent les enclaves de pigment, les faits observés plus haut 
montrent que la pigmentation de l'interstilielle se fait grâce à la pigmentation 
directe des enclaves lipo-cholestériques. 

Dans les corps jaunes, et particulièrement ceux de menstruation chez la 


588 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


femme, il est aisé de constater que les gouttelettes de « lutéine » des auteurs 
coïncident avec les enclaves biréfringentes décrites par Kayserling et Orgler, 
enclaves que Chauffard, Guy Laroche et Grigaut ont démontré être de 
nature cholestérique. Si l’on suit le corps jaune au cours de sa régression, 
on constate qu'au fur et à mesure de la sclérose et de la disparition des cel- 
lules, les gouttelettes biréfringentes pixmentées confluent, se pigmentent de 
plus en plus, en même temps qu'elles perdent leurs caractères de corps gras 
(solubilité dans le sylol, colorabilité) et leur biréfringence. C’est un processus 
identique à celui qui s’observe dans le corps jaune d’atrésie, chez la 
femme. 

Interstitielle ovarienne. — Chez le lapin, on sait que cette glande varie con- 
sidérablement comme importance; elle varie aussi comme contenu. Tantôt 
absolument privée d’enclaves biréfringentes, elle en contient parfois dans 
toutes ses cellules qui en sont bourrées. Dans ce dernier cas, quelques cellules 
à enclaves pigmentées se peuvent rencontrer dans les parties les plus cen- 
trales; ces enclaves sont, les unes biréfringentes et peu pigmentées, les autres 
isotropes et fortement pigmentées. Il apparaît ici encore que la cellule com- 
mence par être chargée d’enclaves anisotropes incolores, lesquelles se pig- 
mentent graduellement. 

Dans la corticale surrénale, l'existence d'un corps gras pigmenté a été dès 
longtemps reconnue par Virchow. Or, chez un certain nombre d'espèces, il est 
aisé de constater que ce sont les enclaves d’éther de cholestérine elles-mêmes 
qui se colorent. 

Chez le lapin, par exemple, la corticaleest d'abord, et jusqu'à l’âge de deux 
ans environ, absolument blanche, vue à l'œil nu : elle est alors constituée 
presque exclusivement par des cellules bourrées d’enclaves biréfringentes 
iucolores. 

Or, chez l’animal âgé de deux ans et demi et plus, ou chez les femelles en 
gestation, la corlicale apparaît colorée : surtout dans ses couches profondes, 
parfois même dans ses couches toutes superficielles. Alors, vues au micros- 
cope, les enclaves biréfringentes sont plus ou moins jaunes; beaucoup sont 
devenues isotropes et certaines, — les plus pigmentées, — insolubles. La 
même constatation peut se faire chez le chien, le chat, le cobaye, l'homme. 


Dans toutes ces glandes il y a donc un rapport étroit entre la 
« graisse » et la pigmentation (1), et l’état « graisseux » de la cellule pré- 
cède toujours l’état pigmenté. 

Il reste à savoir quelle est la nature intime du processus de coloration. 
Il y a-t-1l transformation des éthers de cholestérine en une substance 
colorée et insoluble, ou seulement incorporation aux éthers de choles- 
térine d’un ou plusieurs chromogènes qui s'y accumulent graduelle- 
ment? 

Deux faits plaident en faveur de cette dernière supposition. 

1° Il ya des enclaves graisseuses pigmentées au niveau desquelles on 


(1) Contrairement à ce que dit Sehrt, Virchow’s Archiv, Bd CELXXVII, 
p. 258, lig. 31 et suivantes. 


SÉANCE DU 15 MARS 589 


peut reconnaître à la fois l'existence de la cholestérine et d'un chromo- 
gène de nature chimique précise. 


Ce sont les pigments gras et ferrugineux que l’on observe dans les corps 
jaunes atrésiques et les corps jaunes au pourtour du noyau central lorsqu'il 
est hémorragique; dans la reticulée de la corticale surrénale (“obaye), au 
voisinage de petites hémorragies intraparenchymateuses. En ces points les 
enclaves pigmentées peuvent être anisotropes et présenter la réaction de 
Salkowsky (1) et à la fois celle de Mac Callum (2). Dans le cas de ces pig- 
ments il semble bien évident que la cellule chargée d’enclaves choiestériques 
« pigmentables » a fixé un chromogène dont nous pouvons reconnaitre la 
nature et l’origine (caillot sanguin) (3). 


2 Mais dans la plupart des cas la nature chimique précise du chro- 
mogène nous échappe. Certaines réactions peuvent néanmoins démon- 
trer que dans une même glande, une même cellule, des enclaves pig- 
mentées en apparence semblables, de par leur coloration naturelle, 
isotropes et insolubles, contiennent pourtant encore de la cholestérine 
unie à des chromogènes divers. 


Ainsi, dans la corticale surrénale chez le lapin âgé, le cheval, le cobaye, 
des enclaves fortement pigmentées, isotropes, insolubles, présentent pourtant 
la réaction de Salkowsky. 

Dans le corps jaune atrésique SO‘H® produit une réaction bleue ou verte 
de certaines enclaves (caractéristique du lipochrome lutéine) (Sehrt. Wallart. 
Mais à côté de ces enclaves on en observe d'autres qui ne changent pas, et 
d’autres qui présentent la réaction de Salkowsky. Les mêmes faits peuvent 
s’observer dans la glande interstitielle testiculaire (rat, chat). 


Ainsi le phénomène de la pigmentation des enclases lipo-cholesté- 
riques semble causé par l’adjonction de différentes substances à ces 
enclaves. 

La pigmentation des glandes qui contiennent des éthers de cholesté- 
rine est due, pour une part au moins, à la propriété que possèdent ces 
éthers de fixer des chromogènes de nature variée, provenant vraisem- 
blablement du métabolisme des tissus voisins ou éloignés. 

Dans ces glandes, la cholestérine n’est donc pas sécrétée seulement 
pour être excrétée. Elle est utilisée sur place. Et ce processus d'utilisa- 
tion — qu'on pourrait appeler pigmentopexie — me semble constituer 


(1) Coloration rouge de la cholestérine sous l’action de SO‘H? concentré et 
chaud. 

(2) Méthode micro-chimique de Mac Callum pour déceler le fer dans les 
tissus. 

(3) Pour des pigments ferrugineux et gras pathologiques, Sehrt (Virchows 
Archiv, Bd CLXXVII, p. 264, lig. 27 et suiv.) admet, au contraire, que l'état 
graisseux est secondaire. 


590 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


une parenté fonctionnelle assez étroite entre ces glandes (1). Si l’on 
admet que les pigments sont des déchets, ces glandes représentent 
autant de reins d’accumulation permanents ou temporaires. 


LE TEMPS DE SAIGNEMENT EXPÉRIMENTAL, 


par P. Éuize-Weir. 

Duke (Kansas-City) a montré l'intérêt que présente l'étude du temps 
de saignement. Il pratique une légère incision cutanée au niveau du 
lobule de l'oreille, incision faite de facon que la goutte, qui s'écoule au 
bout d’une demi-minute, fasse sur papier buvard une tache d’un à- 
deux centimètres de diamètre. Les gouttes sont alors essuyées de demi- 
minute en demi-minute, sans pression; elles se montrent de moins en 
moins grosses jusqu à l'arrêt. Le temps de saignement est peu influencé 
par la grandeur de l’incision et ne varie guère, tant chez les malades que 
chez les individus normaux : il dure de 2 minutes et demie à 3 minutes. 

Le temps de saignement est augmenté au cours des anémies perni- 
cieuses (5 à 10 minutes) et des maladies hémorragiques (10 à 90 minutes). 

J'ai repris l'étude de ce temps de saignement et puis ajouter aux 
résultats de Duke un certain nombre de faits nouveaux. ? 

Durée du temps de saignement. Cetle durée, très brève généralement 
(21/2 à 3 minutes), subit cependant de légères variations chez un même 
individu, lorsqu'on fait des prises quotidiennes. Elle m'a paru 
augmenter un peu la veille des règles, pour diminuer ensuite, comme 
après toute hémorragie, et revenir enfin au taux ordinaire. 

Chez certains malades, malgré des incisions assez fortes, on n'arrive 
que difficilement à obtenir une goutte de sang. La durée du temps de 
saignement est d’une minute et demie, une minute et même moins. Il 
en était ainsi chez des myxœdémateux, des hypothyroïdiens. 

Les modifications qualitatives offrent aussi de l'intérêt. Normalement, 
après une première goutte plus faible, sort une goutte plus forte, puis 
les gouttes vont en diminuant régulièrement; enfin, après la 5°, 6° ou 
1° goutte, se produit un arrêt brusque. Mais on peut observer diverses 
modificalions pathologiques. 

Anomalies de volume. — Les gouttes peuvent être de grandeur exces- 
sive, dépasser 2 à 3 centimètres; cependant, l'arrêt survient dans le 
temps normal. 

Au contraire, les gouttes peuvent être petites fet sourdre pendant un 
temps très prolongé. 


(1) Hypothèse déjà émise par Loisel et par moi-même. 


sfiès à Crus 


SÉANCE DU 15 MARS 591 


Anomalies de terminaison. — D'ordinaire, le saignement cesse de facon 
brusque, mais, dans certaines hémorragies prolongées, les gouttes dimi- 
nuent de façon très lente, et le saignement, de plus en plus minime, se 
prolonge de facon interminable. 

Anomalies de rythme. — Normalement, les gouttes vont en diminuant 
d'importance depuis le début, et leur diamètre diminue progressive- 
ment jusqu'à l'arrêt. Mais, dans certains cas de saignement prolongé, 
les gouttes diminuent au bout d’un certain temps, puis de nouveau aug- 
mentent pour diminuer ensuite. Il peut y avoir ainsi une ou plusieurs 
reprises de l’hémorragie jusqu’à sa cessation. Il y a une véritable 
arythmie de saignement. 

Exceptionnellement, le saignement cesse pendant un instant pour 
reprendre ensuite. Enfin, on peut voir l'hémorragie arrêlée reprendre 
d'elle-même, comme cela se passe dans les hémorragies qui sont pro- 
duites par les sangsues. : 

Ces diverses anomalies ont d'ailleurs tendance à se grouper : le 
temps de saignement est prolongé, en même temps que l’hémorragie 
est arythmique et se termine de facon lente. 

Nous sommes peu fixés sur le mécanisme exact de toutes ces ano- 
malies. 

Duke a eu raison en montrant l’indépendance du temps de saigne- 
ment prolongé et des grands retards de coagulation sanguine. En 
général, les hémophiles, qui ont un grand retard de coagulation, ont, 
fait inattendu, un temps de saignement peu ou pas prolongé ; tandis 
que dans les grands états hémorragiques, où l’on trouve des temps de 
saignement d'une heure et plus, la coagulation du sang n'est que peu 
retardée. J'ai cependant vu des temps de saignement prolongé chez des 
hémophiles comme des sangs à coagulation très retardée dans les 
purpuras. 

Pour Duke,sla prolongation du temps de saignement serait due à 
l'absence des hématoblastes et à la diminution du fibrinogène. S'il 
semble bien que l’absence des hématoblastes puisse être incriminée 
dans les grands purpuras aigus, où leur disparition est habituelle, nous 
avons, au contraire, constaté leur présence dans des cas de pur- 
pura chronique, chez les jeunes filles atteintes de ménorragies de la 
puberté (1) et chez les femmes qui ont des hémorragies supplémen- 
taires ou complémentaires des règles, ou des règles diviées (2), c'est-à- 
dire dans des états où le temps de saignement est accru (dix à quatre- 
vingt-dix minutes). 


(1) P. Émile-Weil. Les ménorragies de la puberté. Bull. Soc. méd. Hôpit.. 
28 juin 1912. 

(2) P. Émile-Weil. Les hémorragies supplémentaires et complémentaires 
des règles et les règles diviées. Bull. Soc. méd. Hôpit., 10 janvier 1913. 


599 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


La prolongation du temps de saignement relève donc de mécanismes 
complexes et multiples et non encore complètement élucidés. Son 
étude mérite d’être reprise. 

En tout cas, comme je l’ai montré (1), sa conslatation est importante 
en clinique. Car lorsqu'on la note chez des malades atteints d'hémor- 
ragies, il y a lieu d’avoir recours, pour les arrêter, aux médicalions 
coagulantes; on obtient, en même temps que l’arrêt des hémorragies, 
le retour à la normale du temps de saignement (injections de sang, de 
sérum). 


DES RAPPORTS ENTRE L'ANAPHYLAXIE ET L'AUTOPROTÉOLYSE 
DES CENTRES NERVEUX, 


par L.-C. SouLa.. 


Nous avons recherché quelle pouvait être l'influence de l'injection 
préparante d’un antigène (en l'espèce de l’urohypotensine) sur l’activité 
de la protéolyse dans les centres nerveux du lapin. 

Pour cela, nous avons fait l'injection préparante à une série de lapins 
adultes arrivés à leur développement complet, et nous avons sacrifié 
ces animaux, l’un au bout de 5 jours, l’autre au bout de 10 jours, le 
troisième au bout de 17 jours, le quatrième au bout de 23 jours et le 
cinquième au bout de 37 jours. : 

Nous avons fait la répartition analytique de l’azote dans le cerveau et 
la moelle de chacun de ces animaux, et voici les faits que nous avons 
constatés. 

Le coefficient d'aminogenèse étant de 6 p. 100 pour le cerveau el de 
71,5 pour la moelle, et le coefficient de protéolyse de 14 p. 100 chez le 
lapin normal, ces coefficients deviennent : 


COEFFICIENT 
d'aminogenèse RORARIC EN 
JOURS p. 100. de protéolyse. 
CR. NE CR. : 
Cerveau. Moelle. p: 100 
NE 5 » 6 » 13 » 
NM PA Aie 7 » 8,5 16 » 
NOVALISEME PER EN! EME 8,8 8,8 26,9 
XXILI . Gi 11,4 20,8 
NOUS 6,1 13 15,6 


On voit que les coefficients s'élèvent régulièrement à partir du 
5° jour après l'injection préparante pour passer par un maximum qui a 


(1) P. Émile-Weil. Traitement des hémorragies non dyscrasiques par les 
injections de sérums sanguins. Paris médical, septembre 1911. 


SÉANCE DU 15 MARS 593 


heu le 23° jour. A partir de cette date, les coefficients s’abaissent pour 
rejoindre la normale vers le 35° jour. ji 

Il est à noter que les coefficients les plus élevés coïncident avec le 
moment où la sensibilité anaphylactique est maxima. 

Vers le 35° jour, l'état anaphylactique à disparu comme nous avons 
pu le constater sur d’autres lapins. À ce moment, les coefficients sont 
normaux. 

Si on songe au rôle important des centres nerveux dans la production 
de la toxogénine, rôle qui a été établi par MM. Abelous et Bardier, il 
n’y a rien de surprenant dans ie fait de l'accroissement des coefficients 
au cours de l’anaphylaxie; d'autant que MM. Abelous et Bardier ont 
parfaitement mis en lumière l'influence des produits de l’autolyse des 
centres nerveux sur l'élaboration de la toxogénine. 

En tout eas, il ressort de mes recherches que le processus anaphv- 
lactique s'accompagne d'une augmentation marquée des coefficients de 
protéolyse et d’aminogenèse. 


(Travail de l'Institut de Physiologie de la Faculté de médecine 
de Toulouse.) 


ÉVOLUTION HISTOGÉNÉTIQUE DU THYMUS DE BOEUF, 


par ÉD. RETrERER et AUG. LELIÈVRE. 


L'histogenèse duthymus est mal connue. Voici les résultats que nous 
avons obtenus en étudiant le thymus de bœuf. 


A. Fœtus de veau. — Le thymus se compose de lobules dont les dimensions 
alteisnent vers le mi-terme, pour chacun d’entre eux, plusieurs millimèlres. 
Les lobules sont séparés par des cloisons conjonctives denses. 

La surface du lobule est incomplètement segmentée par des trabécules con- 
jonctives qui pénètrent pius ou moins profondément dans leur intérieur à des 
distances de 1/2 millimètre environ. C’est sur les coupes. tangentielles de 
l'uu des segments qu on obtient l'image décrite sous le nom de fullicule, c’est- 
à-dire d’une masse centrale entourée de toutes parts de substance corticale. 
Celle-ci ou cortex à une épaisseur qui varie entre 02 à Omm$ ; ji] entoure à 
peu près partout le centre médullaire qui occupe toute la portion centrale du 
lobule avec une épaisseur de 023 à Ommÿ. Le cortex comprend deux espèces 
d'éléments : {° un réseau de cellules étoilées et anastomotiques dont le noyau, 
de 6 à 7 y, est clair et réticulé et dont les prolongements circonscrivent de 
larges mailles; 2° un syncytium à nombreux petits noyaux chromatiques 
réunis, chez les jeunes fœtus, entre eux par un cytoplasma commun. Le 
cytoplasma n’a qu'une étendue d’un 1/2 p. à 1 p. Quoique très réduit, ce cyto- 
plasma est structuré : après fixation des thymus frais par le Zenker, l’'héma- 


Biococie. CoMpres RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 49 


59% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


toxyline y décèle des granules reliés par des filaments également hématoxy- 
linophiles, tandis que la surcoloration par l'orange montre le protoplasma 
homogène ou hyaloplasma, comblant les mailles du rétieulum. La vésuvine 
teint le réticulum en brun foncé et l’hyaloplasma en brun pâle. 

Vers la fin de la vie intra-ulérine, le syncytium est parsemé d'espaces 
vides, larges de 2 à 3 & qui sont encore cloisonnés par les filaments du réti- 
culum, mais d’où l’hyaloplasma a disparu; ces espaces donnent au syncy- 
tium l’apparence de trainées ou cordons épais de 3 à 4 u, anastomosés et 
constitués par un syncytium réticulé à mailles pleines d'hyaloplasma, tandis que 
les espaces intercordonaux ne présentent plus qu'un syncytium réliculé à 
mailles vides. 

Le centre médullaire comprend un tissu formé de cellules volumineuses 
dont les noyaux sont de deux sortes : les uns, de 7 à 8 y, sont clairs et réti- 
culés, tandis que les autres ont une taille et une structure identiques à ceux 
du cortex. Le cytoplasma des cellules médullaires est réticulé; il forme aux 
noyaux un large corps cellulaire de 3 à 6 y. Il se distingue du cytopiasma du 
cortex par une plus grande affinité pour l’éosine, l'orange et l’aurantia. 

A la limite du centre médullaire et du cortex, on peut suivre la façon dont 
les cellules à noyau réticulé et volumineux se transforment en syncytium à 
petits noyaux chromatiques : par divisions successives, le plus grand nombre 
des noyaux volumineux, non seulement donnent naissance aux petits noyaux 
chromatiques, mais encore produisent un cytoplasma homogène et plus diffi- 
cile à colorer que le cytoplasma des cellules du centre. Ce cytoplasma homo- 
gène se différencie ensuite en réticulum granuleux et basophile et en hyalo- 
plasma : c’est là le stade de syncytium à cytoplasma plein et réticulé. De distance 
en distance, l'hyaloplasma disparaît par fonte et produit l'apparence de 
cordons anastomosés séparés par les espaces intercordonaux, première 
ébauche du cytoplasma réticulé à mailles vides. 


B. Veaux après la naissance et jeunes bœufs. — Sur les veaux après la nais- 
sance, le syncytium à cytoplasma plein, c'est-à-dire les cordons du cortex 
diminuent de largeur, tandis que les espaces intercordonaux, augmentent 
d'étendue. Les petits noyaux très chromaliques montrent encore un liséré 
cytoplasmique d’où partent des filaments basophiles (colorés en brun foncé 
par la vésuvine ou en noir par l’hématoxyline), mais, dans l'intervalle de ce 
réticulum chromophile, l'hyaloplasma a disparu. Sur le bœuf de trois ans, le 
cortex est essentiellement formé de ces petits éléments avec un réticulum 
des plus délicats et dont les filaments semblent en pleine désagrégation. De 
plus, à la périphérie des lobules, nombre de cordons ont disparu et on n’aper- 
coit plus que le réseau de la trame, c’est-à-dire les cellules anastomotiques à 
noyau volumineux et clair en voie de transformation adipeuse. 


C. Vache de huit ans. — Le tissu conjonctif interlobulaire et la plus grande 
partie du lobule représentent une masse de tissu adipeux dans laquelle per- 
sistent des trainées flexueuses, anastomosées et irrégulièrement calibrées : 
c'est la partie centrale des lobules thymiques dans lesquelles le centre médul- 
laire est encore large de 0mm3 à Omm5. Quant au cortex, il ne forme plus un 
revêtement continu, ce n’est que de distance en distance qu’on observe du 
tissu cortical, épais de Oct, au stade de tissu réticulé à mailles vides. 


SÉANCE DU 15. MARS 595 


En résumé, le tissu épithélial de chaque lobule se différencie, pendant la 
vie intra-utérine, en cortex et en centre médullaire. 

Tandis que dans ce dernier persistent des cellules volumineuses, le tissu 
du cortex se transforme en un syncytlium à pelits noyaux et à cyloplasma plein 
et réticulé. Après la naissance, le syncytium plein subit, à partir de la péri- 
phérie du lobule, les modifications suivantes : l'hyaloplasma du syncytium se 
vacuolise, puis se résorbe; les filaments chromophiles se désagrègent et les 
noyaux deviennent libres avec un mince liséré protoplasmique (lymphocytes). 
Avec la disparition ou la transformation des lymphocytes, le cortex diminue 
d'étendue, de sorte que, sur la vache de huit ans, on n’en observe plus que 
des vestiges revêtant les centres médullaires. Les portions disparues ont été 
remplacées par du tissu adipeux. 


Résultats et critique. — L'état épithélial de l’'ébauche thymique, puis 
la structure lymphoïde et vasculaire du thymus définilif sont aisés à 
reconnaître. Comment l’un passe-t-il à l’autre ? Méconnaissant le syney- 
lium à cytoplasma réticulé et plein, les histologistes ont dû combler cette 
lacune par des hypothèses; ils ont attaché à chaque aspect, à chaque 
structure nouvelle, une autre divinité et enfanté des entités, qui, revé- 
tues d’un costume à la mode du jour, figurent autant de systèmes neufs. 
Pour quelques-uns, le thymus est un organe épithélial et demeure tou- 
jours épithélial; les petits éléments qu il produit sont uniques dans leur 
genre; ce ne sont pas des lymphocytes, mais ils représentent des 
éléments à part, des {hymocytes; pour d’autres, le tissu conjonctif et 
vasculaire vient remplacer ou remanier l'épithélium, qui n'aurait qu'un 
rôle provocateur ou représentatif: d'après d’autres, les éléments lym- 
phoïdes du thymus proviennent, comme la trame de l'organe, des cellules 
épithéliales. D'autres, par contre, attribuent au coriex une provenance 
mésodermique ou conjonctive, et une origine épithéliale au centre 
médullaire. Enfin, il en est pour qui la charpente est constituée seule 
par l’ébauche épithéliale, alors que les lymphocytes proviendraient tous 
du mésoderme. La place nous manque pour citer les auteurs et leurs 
arguments; mais la lecture de plusieurs centaines de travaux nous à 
laissé l'impression que tout, en biologie, semble être probabilité etincer- 
titude. 

Voyons les faits et la manière dont on les a interprétés. Constatant la 
présence d'éléments libres dans un tissu, à l’origine, plein et compact, 
on s'est plu et on continue à découvrir à ces éléments des propriétés 
spécifiques, bien différentes des autres cellules. Les éléments libres 
(leucocytes et lymphocytes) dériveräient d’une autre source que les 
cellules fixes : ils posséderaient la faculté de se déplacer par mouvements 
amiboïdes et de détruire les tissus et surtout les cellules épithéliales. 
Les vacuoles vides que présente le tissu épithélial seraient dues à l’écar- 
tement mécanique du à l'infiltration des leucocytes ; toute cellule à 
forme étoilée et libre serait un leucocvte en train d'émettre des pseudo- 


996 der SOCIËTÉ DE BIOLOGIE 


podes; toute cellule libre et arrondie représenterait un leucocyte qui 
aurait rétraclé ses prolongements. 

Les déformations des cellules sont des plus réelles; mais, loin d'y voir 
des manifestations d'ordre supérieur, nous les considérons comme 
l'expression de phénomènes régressifs. Dans le cytoplasma d'abord plein 
et compact apparaissent des vacuoles dont le contenu ne tarde pas à se 
résorber; de là, les vides et l'aspect spongieux ou aréolaire du tissu au 
deuxième stade. Si les filaments basophiles du cytoplasma se désagrègent 
à leur tour, le reste cytoplasmique de la cellule devient libre avec le 
noyau pour conslituer le leucocyte ou le lymphocyte. Les cellules du 
cortex se différencient de bonne heure en deux groupes : les unes 


prennent part à la formation des vaisseaux et de la trame, et, plus tard, 


donnent naissance à la masse adipeuse; les autres se lransforment, par 
mitoses répélées, en syncytium à petits noyaux et à cytoplasma réliculé 
el plein à l’origine. Lorsque l'hyaloplasma a disparu par fonle dans ce 
syncytium plein, les noyaux petits et chromatiques ne sont plus reliés 
entre eux que par des filaments basophiles (syncylium à mailles vides). 
Par désagrégation du réticalum, les petits noyaux deviennent libres : 
ce sont les lymphocytes thymiques qui donnent au cortex thymique des 
jeunes bœufs leur aspect et leur structure caractéristiques. 

Quoique d’origine épithéliale, le cortex thymique passe par les mêmes 
phases évolutives que les ganglions lymphatiques ou les territoires 
cellulaires qui précèdent l'établissement des bourses muqueuses, des 
cavités articulaires ou péritendineuses. Les phénomènes histogénétiques 
y sont les mêmes que dans les follicules elos tégumentaires (amygdales, 
plaques de Peyer, bourse de Fabricius) : le cyloplasma du syncytium 
originel disparaît par fonte ou désagrégation, et les noyaux deviennent 
libres à l'état de alobules blancs dont un grand nombre se transforment ex 
hématies. 


LOCALISATIONS DU FER COLLOÏDAL ÉLECTRIQUE DANS LES ORGANES. 


Note de B.-G. DunamEz, présentée par G. Bon. 


Dans une note précédente (1), nous avons rapporté les résullats de 
nos recherches sur la toxicité d'une solution de fer colloïdal électrique. 
Il nous à paru intéressant de rechercher quelle était la destinée de ce 
colloïde après son introduetion dans l'organisme. 

Dans ce dessein, nous avons pratiqué chez un certain nombre d'ani- 
maux, lapins et cobayes, des injections intramuseulaires et intravei- 


(1) Sur la toxicité du fer colloïdal électrique. Comptes rendus de la Soc. de 
Biologie, séance du 8 mars 1913. 


SÉANCE DU 15 MARS 597 


neuses du fer colloïdal électrique préparé par la méthode de Rebière, et 
nous avons pu consiater que, dans les quelques heures qui suivent les 
injections, le fer apparaissait dans les urines en notable quantité et on 
pouvait le déceler après destruction de la matière organique. Nous 
avons ensuite recherché dans quelle proportion le fer ainsi introduit 
était retenu dans l'organisme et sur quels organes, en particulier, il se 
fixait. On ne peut, pour le fer, employer une méthode qualitative 
comme nous l’avons fait, par exemple, pour la recherche du sélénium 
colloïdal électrique dans les organes (1). Le fer existe dans l’organisme 
en assez notables quantités pour qu'un examen uniquement qualificatif 
n'ait aucun intérêt. Nous avons donc jugé nécessaire de faire un 
examen comparatif entre les orgaues d’un animal normal, n'ayant reçu 
aucun traitement, et les organes d’un animal soumis à un traitement 
prolongé par le fer colloïdal électrique. Si nous avons eu recours à un 
trailement prolongé, c'est qu'il fallait créer, entre les teneurs en fer 
des organes chez les deux animaux, une différence aussi tranchée que 
possible. 

Nous nous sommes adressé à un lapin du poids de 3.550 grammes. 
Cet animal a recu, eu l'espace de trente-cinq jours et en 18 injections, 
une quantité totale de fer colloïdal électrique représentant 0 gr. 227 de 

fer métallique. Au bout de ce temps, l'animal a été sacrifié. On a 
recueilli, par saignée, environ 60 c.c. de sang et on a mis de côté le 
foie, la rate, le cœur, les deux reins, les capsules surrénales, les 
glandes salivaires, les organes génitaux et le thymus. D'autre part, 
on a mis de côté une certaine quantité de muscles, prise dans les 
masses de la cuisse, et une certaine quantité d'os (os de la cuisse et 
de la jambe). Les gros organes ont été vidés de leur sang, sans toute- 
fois qu'il ait été opéré de lavage particulier pour le foie. Le cœur à été 
vidé et lavé. 

D'autre part, un lapin de même sexe et de même poids, n’ayant été 
soumis à aucune expérimentation, n'ayant reçu aucun traitement, 
alimenté depuis plusieurs jours avec un régime tout à fait semblable 
à celui du premier, a été sacrifié dans les mêmes conditions. On a 
réservé une quantité de sang identique, une égale quantité de muscles 
et d'os, et les organes ont été soumis à la même analyse. 

Pour procéder au dosage du fer dans les organes des animaux, nous 
avons dû, tout d’abord, détruire la matière organique. Gette destruction 
a été opérée par la méthode de Denigès : on attaque à acide sulfurique, 
et à l'acide azolique, en présence d’une pelite quantité de permanga- 
nate de potasse, le tout jusqu'à obtention d’un liquide. parfaitement 
incolore. . 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du # mat 1912. 


598 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


triquement, à l'état de sulfocyanate de fer, en milieu alcoolique 


(G. Rebière). 
Nous rapportons dans le tableau suivant les résultats de nos analyses : 


LAPIN SAFURE DIFFÉRENCE 


PIN NOR colloï 
LAPIN NORMAL do en plus. 
Sang (60 c.c.). 1,65 mpgr. 15 » mgr. 13,55 
Foie 1,65 — 31,5 — 35,80 
Rate . 1,65 — 5,75 — 2,10 
Cœur. LAS — 1,50 — 0,35 
 Reins. RS 0,10 — OAI 0,80 
Muscles (p. 100). 0,05 — 0,30 — 10225 
Os (p. 100) . . 1 0,04 — 0,80 — 0,76 
Capsules surrénales. 0,05 — 0,25 — 0,20. 
Glandes salivaires. . 0,05 — 0,50 — 0,45 
Ovaires. 0,50 — 0,65 — 0,15 
Thymus Dave Das ee 0,15 


Comme on le voit, l'analyse a porté sur les organes entiers qui pro- 
viennent d'animaux de même àge et de poids égal; pour le sang, sur 
une quantité égale de sang; pour les museles et Les os, la proportion 
est donnée pour 100 grammes de tissu. Il est bien évident que le poids 
de la rate chez l'animal traité par le fer était quatre fois plus fort que 
le poids de la rate chez l'animal sain, mais il serait faux de comparer 
un même poids de rate chez les animaux, puisque, dans un cas, l’'hyper- 
trophie est le résultat du traitement même. 

L'examen du tableau ci-dessus montre que, à la suite du traitement 
intensif par le fer colloïdal électrique, de très notables proportions de 
fer sont retenues dans les organes. 


Il nous reste à rechercher ce que devient le fer ainsi mis en réserve. 
Cette expérimentation, supposant le sacrifice, à des époques plus ou 
moins éloignées, d'animaux saturés de colloïde, nous nous proposons 
de publier nos résultats au fur et à mesure de nos recherches. 


LA PÉNÉTRATION DES GASTROPODES PARASITES DANS LEUR HÔTE, 


par CLÉMENT VANEY. 


L'étude des Gastropodes parasites fait l’objet d’un certain nombre de 
travaux récents, qui fournissent sur ces Mollusques des données très 
intéressantes sur leur mode de vie, ainsi que sur leurs modifications 
analomiques en relation avec un parasitisme plus ou moins accentué. 


SÉANCE DU 15 MARS 599 


Schepman et Vierstratz (1) viennent de publier un important mémoire sur 
les Mollusques parasites et commensaux des Holothuries, recueillis par 
Væltzkow dans son voyage à Zanzibar. Cette étude est intéressante, parce 
qu'elle nous fournit de précieuses données anatomiques sur l’organisation 
de deux nouvelles espèces de Gastropodes, Mucronalia variabilis et Megadenus 
vœltzhkowi, qui, bien que se rapprochant des formes ectoparasites à coquille 
et à tortillon viscéral bien développés, peuvent vivre, au moins pendant une 
partie de leur existence, comme de véritables endoparasites. Nous saisissons 
là le début d’un nouveau mode de pénétration des G. ectoparasites dans leur 
hôte qu'il importe de souligner, car il nous permet de passer insensiblement 
à celui de certains G. endoparasites vermiformes. 

Dans mon travail sur l’adaplation des Gastropodes au parasitisme (2), j'ai 
montré que la plupart des G. ectoparasites (Thyca, Pyramidellidées et Euli- 
midées) se fixaient à la surface externe de leur hôte et s’y implantaient plus 
ou moins profondément. Avec l’'Eulima equestris Kæhler et Vaney, la Mucro- 
nalia palmipedis Kæœhler et Vaney, les Séilifer celebensis Kük. et Sé. linchiæ 
Sarasin, nous assistons à cet enfoncement progressif dans les téguments de 
l'hôte, en même temps qu'au développement de plus en plus considérable du 
pseudopallium. Il est facile d’en déduire de quelle facon a dû se faire la 
pénétration par la voie cutanée ou tégumentaire du Gasterosiphon deimatis 
Kœhler et Vaney et des Entocolax Schiemenzi Voigt et E. Ludwigü Noigt. 
Dans ces dernières espèces, la pénétration est si profonde que toute la masse 
viscérale à émigré daus l’intérieur de la cavité générale de l'hôte ; elle n'est 
plus reliée aux téguments que par un siphon, sorte de tubulure pseudopal- 
léale qui peut s’oblitérer plus ou moins complètement chez les Entocolax. On 
a ainsi une première série où la pénétration se fait par la voie cutanée et où 
l’on passe insensiblement de formes ectoparasites à une forme endoparasite. 
Il n’en est plus de même chez les endoparasites Entoconcha et Enteroxenos, 
où très probablement la pénétration a lieu exclusivement par la voie intes- 
tinale ou plutôt viscérale. Leurs larves pénètrent dans un hôte par les ouver- 
tures des organes viscéraux et plus spécialement par la bouche; elles subis- 
sent ensuite une métamorphose ets’enfoncent généralement dans des régions 
déterminées de la paroi intestinale pour arriver finalement à faire saillie dans 
la cavité générale de l'Holothurie, 


Les Gastropodes endoparasites présentent ainsi deux modes de 
pénétration : l'Entocolax pénètre par la voie cutanée ou tégumentaire, 
tandis que l’Ænteroxenos et l’Entoconcha infestent leurs hôtes générale- 
ment par la voie intestinale. Quant aux G. ectoparasites, ils s’intro- 
duisent pour la plupart par la voie cutanée. Cependant quelques 
Gastropodes pourvus d’une coquille et qui se rattachent à des genres 
généralement ectoparasites peuvent émigrer dans les viscères de leur 


(1) M. Schepman et H.-F. Vierstratz. Parasitische und Kommensalstische 
Mollusken aus Holothurien, in Væltzkow Reise in Ostafrica in den Jahren 1903- 
1905, Bd IV; Stuttgard, 1913. 

(2) GC. Vaney. L'adaptation des Gastropodes au parasitisme. Bwll. scient., 
t.XLNIT, fasc. 1, 1913. 


ESPN E 


600 ï SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


hôte. L’£'ulima distorta a été trouvé dans l’Holothuria intestinalis ; 
Semper a signalé une autre £ulima qui vivait dans le tube digestif 
d'une Holothurie. Rosen (1) a recueilli et décrit avec beaucoup de soin 
une espèce voisine des Mucronalia, dont il a fait le type d’un nouveau 
genre, le Megadenus holothuricola Rosen, qui vit fixée, par couple, 
dans les organes arborescents d’Aolothuria mexicana Ludwig des îles 
Bahama. La nouvelle espèce de YWegadenus étudiée par Schepman et 
Vierstratz était fixée à l'anneau pharyngien d’une Holothurie [Æ. par- 
dalis Selenka (?)]; comme elle plongeait dans la cavilé générale de son 
hôte, elle était donc nettement endoparasite. Comment celte espèce 
s'est-elle fixée ? A-t-elle pénétré par la voie cutanée ou a-t elle traversé 
la paroi digestive? Ou bien doit-on admettre que, logée primitivement 
dans la région antérieure du tube digestif, elle a pu émigrer vers la 
cavité cælomique lors du rejet des viscères ? Nous pensons que ce cas 
est plutôt exceptionnel et que le Megadenus væltzkowi pénètre d’ordi- 
naire dans la région antérieure du tube digestif, ce qui expliquerait 
que son organisation soit, en général, moins modifiée que celle du 
M. holothuricola, puisqu'il possède encore un estomac et que son 
pseudopallium est peu développé. x 

La forme la plus curieuse au point de vue migration est la Wucronalia 
variabi'is, qui vit libre sur la Synapla ooplax Marenzeller, mais qui est 
capable de pénétrer dans l'intestin de cette Holothurie; là, elle se 
nourrit en enfonçant sa trompe à travers la paroi intestinale. De libre, 
cette espèce peut ainsi devenir endoparasite. Elle est pourvue d'une 
longue trompe rétractile qui peut atteindre jusqu’à cinq fois la longueur 
du corps. Son tube digestif est très modifié, il se termine en cæcum el 
il est réduit, en grande partie, à un intestin antérieur très circonvolu- 
tionné. Il n'existe ni foie ni anus. Le tube digestif présente d'ailleurs 
de grandes variations; il en est de même des yeux qui sont ou super- 
ficiels ou plus ou moins enfoncés dans le tissu conjonctif. Vierstratz 
considère cette espèce comme hermaphrodite. Il est très probable que, 
parmi les Mucronalia ectoparasites, certaines sont hermaphrodites ; c’est 
ce que nous faisions remarquer, M. Kæhler et moi (2), et notre Wucro- 
nalia palmipedis parait être dans ce cas. Devant nos connaissances si 
imparfaites sur l'appareil génital des Mucronalia, j'ai cru nécessaire de 
poser cette question : ce genre est-il unisexué ou hermaphrodite? Pour- 
tant, dans mes conclusions générales sur l'appareil génital des G. para- 
sites, je l'ai considéré suivant Kükenthal comme unisexué. 

De cet exposé, ilrésulte que l'£ulima distorta, l'Eulima sp. de Semper, 


(1) Rosen Nils. Zur Kenntniss der parasitischen Schnecken. Lund, 1910. 

(2) R. Kæhler et C. Vaney. Des:ription d’un nouveau genre de Proso- 
branches parasites sur certains Echinides (Pelsenceria, uov. gen.). Bull. Inst. 
Océanographique, 1908, p. 14. 


2 Shi a ii £a 


SÉANCE DU 15 MARS 601 


les Megadenus holothuricola et M. vælizkowi, ainsi que les Mucronalia 
variabilis, quoique se rattachant à des genres franchement ectopara- 
sites, peuvent pénétrer dans leur hôte par la voie viscérale. Cette péné- 
tration peut se faire probablement à n'importe quel moment de leur 
existence. Ils font donc: exception à la règle générale, mais ils nous 
acheminent vers l’endoparasitisme et nous permettent de comprendre 
comment s’est établie la pénétration d’endoparasites comme Ænle- 
roxenos et Æntoconcha. À l'exception de Wegadenus væltzkoui, ces 
formes ectoparasites émigrées dans l'appareil digestif d'Holothurie res- 
tent dans la cavité de l'intestin ou de ses dépendances et Mucronalia 
variabilis peut probablement en sortir pour émigrer d’un hôte à un 
autre hôte. Tandis que les véritables endoparasites vont péné!rer sous 
la forme larvaire à travers la paroi intestinale pour arriver finalement 
dans la cavité générale de l'hôte, où ils achèvent leur développe- 
ment. 

Il y a là des modalités assez comparables à celles que l’on observe 
dans les larves d’OEstrides : les larves de 1'OEstre du mouton et des 
Gastrophiles restent localisées soit dans les fosses nasales, soit dans le 
tube digestif de leur hôte, alors que le premier stade larvaire de l'Hypo- 
derme du bœuf traverse la paroi de l’œsophage pour émigrer ensuite 
dans le corps du bœuf. 


SUR L'ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES PHÉNOMÈNES DÉTERMINÉS 
DANS L'OVAIRE DE LA LAPINE PAR LES RAYONS X, 


par CL. Recaup et ANT. LACASSAGNE. 


Divers auleurs ont établi, par des travaux déjà nombreux, que 
l'ovaire des mammifères est en général aisément vulnérable par les 
rayons X, et que, des parties constituantes de cet organe, les follicules 
de de Graaf à tous les stades sont de beaucoup les plus radiosensibles (1). 

Nous avons repris les expériences de nos devanciers, avec le dessein 


‘de combler leurs lacunes, et de résoudre certaines questions impor- 


tantes, encore pendantes. Parmi ces questions, susceptibles d'être 
résolues avec l’aide de la radiophysiologie, les unes sont relatives à l'his- 
tologie et à l’histophysiologie de l'ovaire lui-même, — d’autres, au rôle 
des diverses parties de cet organe dans la physiologie d'ensemble de 
l'appareil génital, — d’autres enfin, aux lois encore peu connves qui 
régissent la sensibilité des cellules vis-à-vis des radialions. 


(1) L'historique de cette question sera donné complètement dans un 
mémoire actuellement en préparation. 


602 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Tecanique. — Nous avons limité nos expériences à une seule espèce ani- 
male, le lapin (objet d'étude excellent, comme chacun sait, pour l’histologie 
et la physiologie de l'appareil génital femelle); mais nous avons, sur cette 
unique espèce, multiplié et varié les expériences. 

Nous avons considéré comme une nécessité absolue de faire agir en une 
seule fois — et non en plusieurs fois, comme dans la plupart des expériences 
de nos devanciers — la dose de rayons X reconnue nécessaire. Cela est indis- 
pensable, si l’on veut déterminer la chronologie et les relations réciproques 
des phénomènes compliqués que déclanche l’irradiation, et qui évoluent sur 
un espace de temps très long. 

Les doses de rayons administrées ont été mesurées à la surface de la peau, 
quantitativement et qualitativement, avec une précision relative, ensore insuf- 
fisante il est vrai, mais qui représente quand même un progrès sérieux 
par rapport aux expériences antérieures, lesquelles ne comportaient aucun 
dosage. 

Nos prédécesseurs, pour des études expérimentales sur les ovaires, avaient 
utilisé des rayons X bruts, non filtrés. Or, nous n’avons pas tardé à recon- 
naître, pour le traitement des ovaires comme pour toutes les applications de 
la rüntgenthérapie, les avantages de la filtration. Étant donnée la situation 
relativement profonde des ovaires, il est en effet impossible d’exercer sur 
eux, au moyen des rayons X, une action très efficace avec des rayons non 
filtrés, sans déterminer des lésions graves de la peau. Ces lésions cutanées 
sont imputables aux rayons X mous et moyennement durs. Les expérimenta- 
teurs extérienrs ne les ont en général pas observées, pour deux raisons : 
d’abord, parce qu'ils se sont contentés de doses relativement faibles; ensuite, 
parce qu'ils ont sacrifié leurs animaux avant l'apparition de la radioder- 
mite (1). Pour éliminer les rayons nuisibles pour la peau, et faire arriver 
jusqu'aux ovaires des doses suffisantes, il faut filtrer les rayons à travers une 
lame d'aluminium de 3 ou de # millimètres d'épaisseur. 

La quantité du rayonnement a élé mesurée par le changement de teinte de 
pastilles de platino-cyanure de baryum, ce virage étant apprécié au moyen 
de l'échelle colorimétrique de Bordier. | 

Il n’y a actuellement aucun intérêt à irradier les ovaires à nu, après lapa- 
rotomie,; nous avons donc fait agir les rayons à travers la peau intacte. Deux 
voies sont possibles et ont déjà été utilisées avant nous : la voie ventrale et la 
voie lombaire. Nous avons préféré la voie lombaire parce que les ovaires sont 
plus près de la peau du dos que de celle du ventre et, parce qu'il faut éviter 
d’interposer entre l'ovaire et la source de rayons le tube digestif, susceptible. 
G être gravement lésé par les rayons X durs (2). 

Les ovaires, recueillis après des survies inégales et convenablement espa- 
cées, souvent prélevés en même temps qu'un ovaire témoin (non irradié) de 
la même lapine, ont été coupés en séries, de manière à pouvoir juger de 
leur état, non seulement d’après une ou quelques coupes, mais dans tout 


(1) La radiodermite du lapin n'apparaît qu'après une période de latence 
extraordinairement longue, qui peut atteindre deux mois (Nogier et Lacas- 
sagne, Assoc. fr. pour l’avanc. des Sciences, Toulouse, 1910). 

(2) Regaud, Nogier et Lacassagne. Arch. d'Electr. méd., 4912. 


f. 


! SÉANCE DU 15 MARS 603 


l'organe. Ce dernier précepte est d'importance capitale, et son oubli semble 
avoir été la cause de graves erreurs. 


ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES LÉSIONS OVARIENNES APRÈS UNE RÜNTGENISATION 
* unroux. — Les phénomènes déterminés par une irradiation à dose forte 
s’accomplissent en cinq périodes. 


Première période : disparition des follicules lésés. — Quelques heures 
après l'irradiation, apparaissent les lésions folliculaires. Elles sont, 
bien entendu, d'autant plus intenses, et elles évoluent d'autant plus 
vite que la dose administrée a été plus forte. Après quinze jours, il ne 
-reste plus qué des traces des plus gros follicules (visibles à l'œil nu : 
débris de zone pellucide ou de membrane conjonctive de Slaviansky. 
Les follicules moyens et petits ont presque tous disparu sans laisser de 
traces. Quelques follicules petits (primaires, ou bien à épithélium folli- 
culaire paucistratifié) ont été le plus souvent épargnés, parfois en 
nombre infime. L'irradiation n'a modifié directement et immédiate- 
tement ni l’épithélium ovarien, ni la glande interstitielle, ni les corps 
jaunes constilués. À part la disparition complète de tous les follicules 
visibles à l'œil nu, l'ovaire n’a subi aucune modification apparente. 


Deuxième période : régression de la glande interstitielle, inhibition des 
follicules éventuellement épargnés. — On sait que, chez la lapine, les 
cellules insterstitielles ne sont pas des éléments indéfiniment per- 
manents;, elles se renouvellent sans cesse à mesure que les plus 
anciennes se détruisent. Ces cellules ont leur origine principale dans 
les cellules conjonctives de la thèque interne de certains follicules, qui 
se détruisent spontanément par atrésie physiologique. Quand les 
rayons X ont détruit la plupart des follicules de l'ovaire, la principale 

_ source des cellules interstitielles se trouve donc supprimée. C'est 
pourquoi cette formation commence à diminuer notablement, un mois 
et demi à deux mois après l'irradiation; dans la suite, elle se réduit 
extrêmement. ; 

Si les rayons ont épargné quelques follicules primordiaux, ils restent 
en cet état, sans évoluer, pendant toute la durée de cette période. 


Troisième période : reconstitution partielle de la glande interstitielle. — 

Vers le lroisième mois après l’irradiation, bien qu'aucun follicule ne 

| soit plus extérieurement visible, et que les rares follicules primordiaux, 
éventuellement épargnés, restent encore comme inhibés, on assiste 
à une restauration de la glande interstitielle. Les nouvelles cellules 
interstitielles naissent par transformation des cellules du tissu con- 
jenctif cortical, non point autour de follicules atrésiques. Gil n’y en 
a plus), mais isolément. Ainsi se reconstitue à la périphérie de l'ovaire. 
très lentement, une nouvelle glande interstitieile, à mesure que 
l’ancienne achève d'évoluer vers la dégénérescence, centre de l'organe. 


60% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Cette glande interstitielle néoformée est, d’ailleurs, de volume fort 
réduit par rapport à celle qui préexistait. 


Quatrième période : évolution des follicules éventuellement épargnés. 
— Si quelques follicules primordiaux ont résisté aux rayons (et c'est ce 
qui arrive presque toujours après une irradiation unique, même forte), 
ils ne commencent à évoluer que six mois au moins après l'irradiation, 
et souvent beaucoup plus tard. Ils deviennent peu à peu des vésicules de 
de Graaf, dont les unes peuvent fournir des œufs aples à être fécondés 
et à donner des produits normaux, tandis que les autres sont anormales. 


Cinquième période : stérilisation définitive. — Ainsi l'ovaire traité par 
les rayons X à dose unique, mais forte, n’est presque jamais stérilisé 
immédiatement et définitivement. Le plus souvent, quelques follieules 
primordiaux sont épargnés, qui, après une vie latente de plusieurs 
mois, se mettent à évoluer. Un tel ovaire est donc susceptible d’une 
floraison nouvelle, mais courle : après celle-ci, sa provision de follicules 
est définitivement et prématurément épuisée. Nous n’avons observé, en 
effet, aucun symptôme d'une régénéralion de follicules. Tout se passe 
comme si les rayons X détruisaient une partie plus ou moins grande 
d'une provision d'ovules qui ne saurait être, chez l'animal adulle, 
remplacée : conclusion conforme à la doctrine classique, d'après 
laquelle aucune néoformation d’'ovules n’est plus possible après la 
naissance. G 


(Laboratoire d'Anatomie générale et d’Histologie 
de la Faculté de médecine de Lyon.) 


NOUVEAU MILIEU VÉGÉTAL POUR CULTURES MICROBIENNES 
(AGAR AU JUS DE CAROTTE), 


par A. RocnaIx. 


J'ai préparé, avec L. Josserand, un cerlain nombre de milieux de 
cultures solides, constitués par le jus de quelques végétaux (carotte, 
artichaut, pomme de terre, betterave) auxquels nous avons ajouté la 
proportion minima de gélose, quelques-uns pour leur donner la consis- 
tance nécessaire. 

Certains de ces milieux, l’agar au jus de carotte, en particulier, favo- 
risent, d’une facon spéciale, le développement de quelques espèces bacté- 
riennes et plus spécialement des champignons pathogènes. 


1. Agar au jus de carotte. — Des carottes (Daucus carota) bien lavées 
sont hachées et pressées. Le jus, recueilli, est additionné d’eau dans la 
proportion de 200 c. ce. d’eau pour 800 c.c. de jus de carotte. De l’agar 


SÉANCE DU 15 MARS 605 


est mis à macérer, comme dans la préparation de la gélose-peptone 
ordivaire. On ajoute le produit de la macération dans la proportion de 
30 à 35 grammes pour 1.000 c. c. de jus de carotte étendu. On porte le 
mélange à 115 degrés pendant vingt à vingt-cinq minutes à l’autoclave. 
On clarñifie au blanc d’œuf, on alcalinise et on filtre sur papier Chardin. 
Après la mise en tubes, nouvelle stérilisation à 108 ou 110 degrés. 

Le milieu obtenu est plus clair, plus transparent que la gélose-peptone 

ordinaire. 
_ Il. Bactéries. — Le coli-bacille, le bacille d’'Eberth, le bacille de la 
psittacose, le Bacillus fæcalis alcaligenes, le paratyphique À Brion, deux 
autres races de paratyphique À, le Pacillus enteritidis de Gærtner, un 
paratyphique B (Rennes), le para Drigalski, le para Kurth, le para 
Conradi, le bacille de Schotimäüller, le bacille Aertryck, donnent, en 
vingt-quatre heures, à 37 degrés, des cultures abondantes. 

[l en est de même du bacille pyocyanique, du bacille du charbon, du 
streptocoque pyogène, du groupe des Encapsulés (bacille de Friedländer, 
coli P, Bacillus lactis aerogenes, bacille du rhinosclérome, bacille de 
l'ozène de Perez) du Bacillus subtilis, du Mesentericus vulgalus, du Mesen- 
lericus niger. 

Par contre, ce milieu ne favorise pas le développement des staphylo- 
coques, du bacille de Lôffler, du pneumocoque. 

IT. Champignons. — Les champignons poussent sur ce milieu avec 
une rapidité et une abondance inaccoutumées. Le muguet, l'Aspergillus 
“iger, donnent des cultures luxuriantes en vingt-quatre heures. Les 
bacilles tuberculeux aviaire, pisciaire, bovin, humain, le streptothrix 
Eppinger, l'Acfinomyces bovis, le pied de Madura, les Sporotricum 
donnent, dans les vingt-quatre à quarante-huit heures, des pousses ou 
mêmes des cultures appréciables, et, en cinq à huit jours, suivant les 
germes, des cultures très abondantes. Les cubes de pemmes de terre, 
ensemencés en même lemps, commencaient à peine à cultiver, lorsque 
l'agar au jus de carotte est déjà recouvert d’une culture lrès abondante. 

IV. Agar au jus de carotte, glycériné. — L'addition de 10 p. 100 de 
glycérine neutre à 30 degrés, au milieu précédent, favorise, comme cela 
était à prévoir, le développement des champignons. On oblient, sur ce 
nouveau milieu, des cultures des champignons précédemment cités, 
plus rapides et encore plus abondantes. 

Les bacilles tuberculeux, humains et bovins, qui poussaient sur le 
premier milieu un peu moins bien que les autres champignons, se déve- 
loppent aussi rapidement et avec autant de luxuriance sur agar au jus 
de carotte, glycériné. 


NV. Conclusions. — Les avantages de l'emploi de ce milieu sont les 
suivants : 
1° Préparation simple et économique ; 


606 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


2° Absence de peptone (1); 

3° Cultures particulièrement luxuriantes pour un certain nombre 
d'espèces bactériennes, et cullures très rapides pour la plupart des 
. champignons pathogènes. 


(Laboratoire d'Hygiène du professeur Jules Courmont.) 


NOUVEAU CARACTÈRE DIFFÉRENTIEL DES BACILLES DU GROUPE COLI-EBER1H. 


par À. Rocxaix. 


Nous avons préparé un nouveau milieu de culture solide, constitué 
par de l’agar au jus de carotte (2) sur lequel les bacilles du groupe 
Coli-Eberth se comportent différemment. Certaines espèces, en effet, 
donnent lieu, sur ce milieu, à la production de bulles de gaz, très abon- 
dantes, qui le disloquent complètement, alors que d’autres n’en pro- 
duisent jamais. 

Voici le tableau des différents membres du groupe Coli-Eberth et des 
bactéries voisines que nous avons étudiés à ce point de vue. 


MICROBES MICROBES 
produisant des bulles de gaz ne donnant pas de bulles de gaz 
sur agar au jus de carotte. sur agar au jus de carotte. 


Coli-bacille : en 24 heures, bulles de gaz, | Bacille d'Eberth. 
en abondance. 
Para. Aertryck : en 24 heures, bulles de | Bacillus enteritidis de Gicrtner. 
gaz, en abondance. 
Para. Conradi : en 24 heures, bulles de Para. À Brion. 
gaz, en abondance. 
Para. Drigalski : en 24 heures, bulles de | Para. À (Lyon). 
gaz, en abondance. 
Para. Kurth : en 24 heures, bulles de gaz, | Para. B (Rennes). 
en abondance. 
Bacille de la psittacose : en 24 heures, | Bacillus fæcalis aléaligenes. 
quelques bulles de gaz. 
Para. Schottmüller : en 48 heures, quel- 
ques bulles de gaz. 


Ce caractère nouveau, rapproché de ceux déjà connus, confirme la 
classification du groupe Coli-Eberth, proposée par Babès, au Congrès 
d'Hygiène et de Démographie de Berlin, en 1907. 

Le groupe du bacille d'Eberth et du Paratyphus A, le groupe du 


(1) Ch. Nicolle. Suppression de la peptone dans les milieux de Culvures 
communs. Comptes rendus de la Soc. «le Biologie, 26 octobre 1942. 
2? A. Rochaix. Nouveau milieu végétal pour cultures microbiennes agaë 
au “ de carotte). Comples rendus de la Soc. de Biologie, 15 mars 1913. 


ae 


SÉANCE DU 15 MARS 607 


Bacillus enteritidis de Gærtner ne donnent pas de gaz. Le groupe du Para- 
lyphus B se subdivise en deux sous-groupes : le Paratyphus B, propre- 
ment dit, qui donne quelques bulles de gaz ou pas du tout, et le groupe 
du type Aertryck qui en donne beaucoup, et qui se rapproche à ce point 
de vue, comme aux autres, du coli-bacille. 

Conclusion. — La production ou l'absence de gaz dans les cultures sur 
agar au jus de carotte est un caractère différentiel, qui, associé aux 
autres déjà connus, peut servir à la diagnose des bactéries du groupe 
Coli-Eberth. 


(Laboratoire d'Hygiène du professeur Jules Courimont.) 


DISTRIBUTION DES VAISSEAUX ARTÉRIELS DANS LA PEAU DU MEMBRE INFÉRIEUR. 
RÉGION DE LA CUISSE. 


Nore DE M'° BELLOoco-[RAGUE, présentée par E. G£eY. 


Au niveau de la cuisse, sur des préparations radiographiques prove- 
nant de plusieurs sujets, les vaisseaux artériels apparaissent tout de 
suile comme se distinguant de leur distribution ordinaire, Au lieu de 
trouver la disposition à deux réseaux typiques (un hypodermique et un 
dermiqué), nous constatons une indépendance relative des divers terri- 
toires artériels. On voit, en effet, les gros rameaux hypodermiques se 
diviser par le mode monopodique et émettre des collatérales qui vont 
former un réseau dans le derme. Entre les diverses branches hypoder- 
miques, on voit, de loin en loin, des anastomoses soit par voie de colla- 
térales, soit par voie terminale; mais-ces anastomoses sont si rares en 
certains terriloires que l'existence d’un réseau n’y est pas visible. Par 
ailleurs, au contraire, il est des zones, et cela sans aucune distribution 
régulière, où le réseau habituel de l'hypoderme à grandes mailles régu- 
lières est très nettement dessiné. 

La rareté des anastomoses collatérales ou terminales apparaît encore 
davantage sur des pièces où la peau à été soumise à étirement par 
lraction avant d’être radiographiées. Là, l'indépendance est presque 
absolue entre les districts. Cela paraît indiquer que. dans l'appréciation 
des épreuves radiographiques, il y a des points où l’on croit à l’exis- 
tence d'un véritable réseau, alors qu'il ne s’agit que de la superposition 
sur l'épreuve de branches indépendantes, mais situées dans des plans 
différents. C'est pour cela que le procédé de l’étirement est utile pour 
contrôler l'exactitude des données radiographiques. 

Sur toutes nos préparations, le réseau dermique apparait très fin, à 
petites mailles et assez régulier. 


608 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


La vascularisation comparée des faces interne et externe ne montre 
pas de différences bien notables. Les différences de vascularisation st 
font surtout par zones et sans systématisation bien précise. 

Adultes et enfants offrent la même disposition fondamentale. 


(Laboratoire de M. le professeur Dieulafé.) 


SUR LES MITOCHONDRIES DANS LES CELLULES DES SARCOMES, 


par M. FAvRE et Cr. REGAuD. 


Nous avons étudié les mitochondries dans sept cas de sarcomes, au 
moyen de la même technique que nous avons utilisée pour les carci- 
nomes (1). 

Voici le résumé de nos observations : 


[. — Ch..., enfant de vingt mois. Sarcome de la jambe, à évolution 
très rapide, à point de départ libial; ganglions inguinaux envahis 
Structure : cellules rondes, substance intercellulaire peu abondante, 
principalement amorphe. Toutes les cellules néoplasiques contiennent 
des mitochondries, sous forme de grains fins, serrés, disposés en 
calotte ou bien en enveloppe complète autour et au contact immédiat 
du noyau (fig., 4 cellules du groupe b, dont une karyokinèse pluri- 
polaire). 

II. — L...T..., femme âgée. Sarcome de la paroï thoracique, à point de 
départ costal ; métastase dans l'orbite. Structure : cellules rondes pré- 
dominantes, entremêlées de petites cellules polymorphes, substance 
intercellulaire peu abondante et formée de fibres conjonctives grêles. 
Toutes les cellules rondes contiennent des mitochondries sous forme de 
grains et de courts filaments. Le chondriome est très dense; il est dis- 
posé en calotte ou bien en enveloppe plus ou moins complête autour et 
au contact du noyau. Fréquemment, une zone circulaire claire, corres- 
pondant à l'emplacement d'une sphère attractive, est ménagée dans 
l’'amas mitochondrial. Nous n'avons pas rencontré de mitochondries 
dans les petites cellules à noyau polymerphe (fig., 5 cellules du 
groupe &). 

III. — Marg... P..., enfant de douze ans. Sarcome du crâne au niveau 
d'un pariétal; développement externe, rapide. Structure : cellules 
rondes, ou bien étoilées et anastomosées ; substance intercellulaire 
abondante, mais fluide, amorphe, pauvre en fibres, formant des poches 
kystiques dont quelques-unes sont volumineuses (myxo-sarcome) : les 
cellules, très grosses, sont, à l’état frais, pour la plupart bourrées de 


SÉANCE DU 145 MARS 609 


grains de ségrégation comparables à ceux des cellules glandulaires, 
mais qu'il n'a pas élé possible de fixer. Presque toutes les cellules con- 
tiennent des mitochondries extrêmement fines, disposées en granula- 
tions ou en filaments; elles sont en général accumulées en une région 
correspondant à une dépression du noyau; d’autres sont dans les 
travées protoplasmiques qui séparent les vacuoles correspondant aux 
gros grains de ségrégation. 

IV. — Homme adulte; sarcome du bras, à poiut de départ huméral. 


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Mitochondries dans les cellules de trois sarcomes humains : 4, sarcome globo 
cellulaire, costo-périostique, du thorax; b, sarcome globo-cellulaire, tibio-périos 
tique, de la jambe; c, sarcome fuso-cellulaire] de la mamelle. — Grossissement 
environ 1500. 


Structure : cellules rondes, substance intercellulaire peu abondante, 
Toutes les cellules contiennent des mitochondries en grains très fins, 
formant une couche périnucléaire et en outre disséminées dans le corps 
cellulaire. 

N. — G..., femme âgée; sarcome de la mamelle, volumineux et à 
développement rapide. Structure : grosses cellules fusiformes ,ànoyaux 


1 polymorphes, disposées en files séparées par des fibrilles et des lamelles 


de substance collagène. La plupart des cellules contieanent des mito- 
chondries en forme de grains el de courts filaments qui sont amassés 
principalement aux deax pôles du noyau. 


Brococre. Comptes RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 43 


610 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


VI. — X..., femme âgée; sarcome de la mamelle, volumineux et à 
développement rapide. Structure : cellules fusiformes, disposées en 
files séparées par des travées de substance collagène. Beaucoup de cel- 
lules contiennent des mitochondries granuleuses amassées aux extré- 
mités du noyau. Le protoplasma a fréquemment une architecture spon- 
gieuse (très probablement conditionnée par lexistence de grains 
volumineux qui eussent été décelés par un examen à l’état frais). Les 
granulalions mitochondriales sont aussi distribuées entre les vacuoles. 
Il y a parfois des grains de ségrégation volumineux, colorés comme les 
mitochondries (voir fig., 2 cellules du groupe €). 

NII. — .Z..., sarcome mélanique de la peau du thorax, à évolution 
très rapide ; ganglions axillaires mélaniques. Structure : cellules poly 
morphes, surtout globuleuses ; les grains de pigment sont inégalement 
abondants selon les cellules, et de grosseur très variée. Dans la plupart: 
des cellules il y a des mitochondries granuleuses et filamenteuses très 
fines. Les granulations pigmentaires tantôt coexistent avec des mito- 
chondries, tantôt existent seules dans une cellule. Il n’a pas été possible 
de constater des relations entre les mitochondries et le pigment, peut- 
être à cause de l’extrème finesse des premières. 


En résumé, nous avons trouvé des mitochondries constamment dans 
tous les cas de sarcome (sept) que nous avons étudiés à ce point de vue. 
Ces milochondries se sont {oujours montrées abondantes, et presque 
toujours parliculièrement fines. Le plus souvent elles sont en forme de 
grains, exceptionnellement en forme de bâtonnets ou de filaments 
courts. Nous avons toujours remarqué un rapport topographique étroit 
entre la surface du noyau et les mitochondries ; en règle générale le 
chondriome constitue un amas important étalé en calottesur le noyau ; 
souvent il enveloppe celui-ci presque complètement. Il y a en outre des 
mitochondries disséminées dans le corps cellulaire, principalement dans 
les cas où le protoplasma élabore des grains de ségrégation. 

Les symptômes d'activité glandulaire sont communs dans les cellules 
des sarcomes, ce qui n’est point étonnant depuis que Renaut a démontré 
que la fonction ragiocrine est une propriété constante des cellules des 
tissus du groupe connectif, et que cette fonction est d'autant plus active 
que ces Lissus sont plus voisins de l’état embryonnaire. Il est probable 
(et conforme aux données de la cytologie normale) que les mitochon- 
dries jouent un rôle dans l'élaboration des grains de ségrégation, dans 
les cellules des sarcomes ; mais nous n'avons pas réussi à constater des 
faits démontrant une telle fonction. D'autre part, l'absence incontes- 
table de produits d'élaboration figurés, dans les cellules de beaucoup 
de sarcomes, autorise à penser que les mitochondries, qui n'y font 
jamais défaut, y jouent un rôle tout autre que celui des plastes ; comme 
dans beaucoup de cellules normales, elles participent vraisemblable- 


L 
] 


PP SR 7 


SÉANCE DU 15 MARS G11 


ment aux phénomènes d’intussusception éleclive et d’assimilation, qui 
préparent la croissance et la multiplication des cellules. 


(Laboratoire d'anatomie générale et d'histologie de la Faculté 
de médecine de Lyon.) 


ACTION DE LA RICINE 
SUR LA VIE ET LA MULTIPLICATION DES CÉLLULES in vilr0. 


par C LEvapiri et Sr. MUTERMILCH. 


Nous avons continué nos recherches (1; sur l’action exercée par les 
toxines microbiennes, les toxalbumines et le venin sur la vie des celluies 
in vitro et nous relatons dans la présente note les résultats que nous 
avons enregistrés avec la ricine. Le sujet nous semble particulièrement 
intéressant. En effet, jusqu’à présent on a étudié, dans le tube à essai, 
les propriétés des toxines, des toxalbumines, des venins et même des 
cytolysines (2) en se servant des cellules arrivées à leur stade de maturité 
et destinées à une mort plus ou moins prochaine (tels les globules 
rouges et les leucocytes des exsudats, en particulier). La méthode de la 
survie et de la multiplication des éléments cellulaires in vitro, imaginée 
par Harrison, Burrows et Carrel, permet, au contraire, de préciser la 
facon dont se comportent ces poisons cellulaires à l'égard de cellules 
en train d'évoluer et de se multiplier par voie de division directe ou 
indirecte. Les conditions expérimentales se rapprochent infiniment plus 
de ce qui se passe dans l’organisme vivant; ce genre de recherches peut 
donc mieux nous renseigner sur le mécanisme d'action des toxines et 
des principes analogues. 


Nous avons examiné la facon dont se comportent, vis-à-vis des solutions de 
ricine, les fragments d'organes d’embryons de poulet placés à 37 degrés, 
dans du plasma de poule (boîtes de Gabritchewski), en tenant compte : 1° de 
la sortie des éléments migrateurs, avec la rate, et 2° de l’apparition et de la mulli- 
plication des cellules fusiformes, avec le cœur et le rein. La solution de ricine, 
préparée par nous avec des grains de ricin macérés dans de l’eau salée 
était conservée, à la glacière, sous une couche de toluène, depuis plus de 
deux ans. Ses propriétés agglutinantes à l'égard des hématies de cobaye et de 
poule étaient encore bien marquées et aussi sa toxicité pour le cobaye. La 


(1) Voy. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, t. LXXIV, p. 379. 
(2) Les expériences que nous poursuivons actuellement avec des sérums 
anti-embryonnaires (obtenus par inoculation d’émulsions d'embryous de 


poulet à des lapins), le radium et les rayons ultra-violets sont très instructives 


à ce sujet. 


612 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


solution était filtrée sur une bougie Berkefeld. Voici les faits que nous avons 
observés : 


1° La ricine empêche l'apparition et la multiplication des cellules fusi- 


formes avec les fragments de cœur et de rein; elle s'oppose à la sortie des 
éléments migrateurs avec les morceaux d'organes hématopoiétiques. À ce 
point de vue, son action diffère manifesiement de celle de la toxine 
diphtérique; nous avons montré, en effet, que cette toxine, tout en 
empêchant l’apparition des éléments fusiformes avec les fragments de 
cœur, ne s oppose nullement à la sortie des leucocytes de la rateet 
semble, au contraire, favoriser cette sortie. À la dose de 0 c.c. 2 de 
ricine pure, on constate bien une certaine tendance de sortie leucocy- 
taire, mais lout s'arrête là, et bientôt les globules blanes deviennent 
ronds, globuleux, cessent d'émettre des pseudopodes et finissent par 
mourir. Il paraît done y avoir une période d’incubation dans l’action de 
la ricine sur les éléments de la rate (1), rappelant celle que nous avons 
observée avec la toxine diphtérique et les fragments de cœur. 

2 La ricine agit à des concentrations très faibles. Le tableau suivant 
montre la dose minima mortelle de notre solution de ricine pour les 
fragments de cœur : | 


TABLEAU I (2). 


RICINE AU : 
COEUR 


témoin 


100€ 10.000° 100.009° 1.000.000: 


000000 | 00 (50) 000 (4) 00 | 0 (b) 00000000 | + &(80) 00 tr. 0 +++ 0(8) | Belle apparition 
de cellules fusi- 


000000 00000 (b) 00 00 tr. (b) 0000 | ++p.++<+(b)tr.tr.+(b)+(b)| formes et batte- 
- ments. 
000000 C00000 000000) ++ peu, 0 +++ peu, b. 0 


Ce tableau montre que notre solution de ricine agit bien à la dilution 
au 1/100.000 et partiellement à 1/1.000.000. 


30 La ricine chauffée à 100 degrés devient inactive. Nous avons chauffé pen- 
dant quinze minutes à 100 degrés, dans un tube fermé, de la ricine pure, ét 
uous l'avons fait agir sur des fragments de cœur et de rate; il ny a eu 
aucune action empêchante; 

4° La vicine se fixe très rapidement sur les éléments cellulaires sensibles à son 
action toxique. Des fragments de cœur sont plongés dans 20 gouttes d'une 
solution de ricine au 1/100, puis, après un temps de contact qui a varié de 


(1) Surtout pour les concentrations faibles. 
(2) , prolifération des cellules fusiformes; 0 — absence de prolifération; 
b ou cutrrRe — le fragment de cœur se contracte (le chiffre indique le nombre 


de pulsations à la minute). _ 


» 


SÉANCE DU 15 MARS 613 


deux à trente minutes, ces fragments sont retirés, lavés dans 25 c.c. de liquide 
de Ringer et placés dans du plasma. Le tableau suivant rend compte de la 
marche de l'expérience : 


- Tagreau Il 


TEMPS DE CONTACT RICINE 

= a  — Ets COS 
1e : = 
© 100me témoin 

2 minutes 15 minutes 30 minutes témoin 
1 | 0,(b)(28),0.0,0,(24) 00090 (52) 00000 00000 Er 14,18 
2 | 0000(b),9 (b),0 (b) 00000 (46) 0 (b) 0 (b), 00 00000 |+++++ (6) ++ 
3 


0000000 00000 (à) 000000 00000 | +++ (b) ++ 


Ce tableau montre qu'après deux minutes de contact la ricine se fixe 
sur les cellules fusiformes et empêche leur sortie et leur prolifération. 
Le temps exigé par celte fixation varie d’ailleurs suivant la concentra- 
tion de la ricine. En effet, dans une expérience faite avec de la ricine au 
1/100 et au 1/10.000, nous avons constaté qu'avec cetle dernière concen- 
tration, il y a eu apparition intense des cellules fusiformes après trois 
minutes de contact, et traces de prolifération seulement après quinze 
minutes. Le temps exigé par la fixation de la ricine est donc inversement 
proportionnel à la concentration du poison. Ajoutons que les modifications 
subies par les cellules sous l'influence de la ricine sont définitives; la pro- 
lifération ne réapparait plus lorsqu'on transplante dans du plasma neuf 
un fragment préalablement soumis à l’action du poison. 

5° L'action exercée par la ricine permet de dissocier la contractilité 
des fragments de cœur des propriétés proliférantes des cellules fusi- 
formes. Les tableaux précédents montrent que pour certaines concen- 
trations de ricine (au 4/10.000, p.ex.), les fragments du cœur continuent 
à se contracter, tout en ayant cessé de s’entourer de cellules fusiformes. 
Il n'y a donc aucun rapport entre le pouvoir prolifératif de ces cellules 
fusiformes et la contractilité propre des morceaux de cœur in vitro. Ces 
données concordent avec ce que nous avons constaté avec la toxine 
diphtérique. 

6° La ricine préalablement traitée par des hématies de poule continue 
à être toxique pour les cellules fusiformes du cœur d'embryon de poulet. 
3 c.c. d’une solution de ricine au 1/100 ont été traités pendant deux 
heures à 37 degrés, avec 3 c.c. d’hématies de poule, préalablement 
lavées. Le liquide surnageant, même dilué, s’est montré encore actif. Il 
semble donc que le poison qui agit sur les cellules fusiformes du cœur est 
différent de l’agglutinine qui se fixe surles hématies. 


614 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


LA SÉROTHÉRAPIE ANTIDIPHTÉRIQUE PRÉVENTIVE ET CURATIVE 
DES ÉLÉMENTS CELLULAIRES, A L'ÉTAT DE VIE PROLONGÉE in wi{ro, 


par C. Levapitr et Sr. MUTERMILCH. 


Nous avons montré dans une note antérieure (1) que la toxine diphté- 
rique exerce une action empêchante manifeste (même à Ja dose de 
0,2 d’une solution au 500!) sur l’apparitior et la prolifération des cel- 
lules fusiformes du cœur d'embryon de poulet, placé dans du plasma à 
37 degrés; nous avons insisté également sur le fait que cette action 
empêchante est neutralisée par le sérum antidiphtérique. Grâce au 
même dispositif expérimental, nous avons entrepris des essais de séro- 
thérapie antidiphtérique curative et préventive, en nous servant, comme 
test, de fragments de cœur en état de vie prolongée. Nous nous sommes 
demandé : : 

1° Si un fragment de Cœur, tout d'abord intoxiqué par le poison 
diphtérique, pouvait être quéri au moyen d'un traitement ultérieur par 
l'antitoxine, et combien de temps après le premier contact entre les tissus 
el la toxine celte guérison était encore possible. Le problème de cette 
action curative des antitoxines n’a été examiné, jusqu à présent, que 
dans l’organisme vivant; on sait, depuis le travail de Dônitz (2), fait 
dans le laboratoire de M. le professeur Ehrlich, que l’antitoxine diphté- 
rique, injectée dans les veines, chez un animal ayant recu au préalable, 
par la même voie, du poison diphtérique, agit efficacement pendant les 
premières trente minutes seulement; plus tard, elle est totalement 
inactive. 

2 Siun fragment de cœur, tout d'abord plongé dans de l'antitoxine et 
lavé à fond ultérieurement, acquiert, de par ce premier contact avec 
l'anticorps, une résistance appréciable à l'égard du poison. En d’autres 
mots, il y a-t-il une fixation de l’antitoxine sur les Lissus, capable 
d'assurer un certain degré d’immunité passive ? 

_ Voici les résultats que nous avons obtenus : 


1° Action curative de l’antitoxine. — Des fragments de cœur d’embryon de 
poulet, préalablement lavés avec du liquide de Ringer, sont plongés, pendant 
un temps qui a varié de cinq minutes à quatre heures, dans de la toxine 
diphtérique pure (0 c. c. 4); on les retire ensuite et on les place directement 
dans 40 gouttes d’antitoxine diluée au 10° (3). Après dix minutes de contact, on 
mel ces fragments dans du plasma de poule. 


(1) Levaditi et Mutermilch, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, 
tLXX DVD STD + 

(2) Dünitz, Arch. de Pharmacodynamie, 1899, t. V, p. 425. 

(3) Antitoxine de l’Institut Pasteur (au moins 250 unités). 


SÉANCE DU 15 MARS 615 


Une série parallèle faite avec du sérum normal de cheval (1) à la même 
dilution, sert comme témoin. 


Tagceau I. — Action curative de l'antitoxine diphterique (2). 
D MINUTES 20 MINUTES } HEURES 
_ dans loxine dans toxine dans toxine 
Æ COEUR ET | TS RS NS RS 
5 * j 
© témoin 5 : : ÿ a 
, Anti- Sérum tone Sérum Anti- Sérum 
toxine normal à ñ normal toxine normal 
2 DEP E HE | 0000 (54) | Æ, tr., +, 000 + 0 | 000000 000000 0000 
3 | titi | L+E++ | 0000 (b) | + Otr. ++ O0 tr. 000000 000000 0000 
D RS EE OC OO AD) ER E 0 000000 000000 0000 


Cette expérience montre que si l'on emploie comme fest l'apparition 
et la prolifération des cellules fusiformes du cœur in vitro, l’antitorine 
diphtérique quérit les éléments cellulairesintoxiqués: complètement, lorsque 
le contact entre le poison et les tissus a duré cing minutes, et partielle- 
ment lorsque ce contact a été de vingt minutes. Au delà de cette limite, 
l’antitoxine est incapable de neutraliser la toxine, par suite de la fxation 
intime et définitive du poison sur les éléments cellulaires. Le laps de 
temps pendant lequel l’antitoxine peut encore désintoxiquer les cellules 
peut varier suivant la cencentration du poison. Nous avons vu, dans une 
seconde expérience, que la guérison des fragments de cœur, traités par de 
la toxine au 400°, pouvait s’opérer presque complètement vingt minutes 
après le premier contact avec le poison, alors que, avec des fragments 
traités avec de la toxine pure, l’intoxication était presque définitive 
après le même laps de temps. 


20 Action préventive de l'antitoxine. — Des fragments de cœur, préalablement 
lavés avec du liquide de Ringer, sont placés dans, une solution au 10€ d’anti- 
toxine diphtérique (0 c.c. 4) pendant un temps qui a varié de cinq minutes 
à une heure. Une seconde série, faite avec du sérum de cheval normal, sert 
comme témoin. Les fragments sont ensuite retirés et lavés à deux reprises 
pendant vingt minutes dans 60 c.c. de liquide de Ringer. On les plonge ensuite, 
pendant vingt-cinq minutes, dans une solution de toxine diphtérique au 
100: (3), puis on les place, sans lavage ultérieur, dans du plasma de poule 
(15 gouttes). 

. Le tableau suivant rend compte de la marche de l'expérience. 


(1) Sérum chauffé pendant une heure à 56 degrés. 

(2) € = apparition et prolifération des cellules fusiformes ; O — absence de 
prolifération, tr. —=trace; b ou chiffre = le fragment de cœur se contracte. 

(3) Au 50° dans une seconde expérience. 


616 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


TagLeAu Il. — Action préventive de l'antitoxine diphtérique. 

5 MINUTES 30 MINUTES 60 MINUTES s 
es dans sérum dans sérum dans sérum TOXIN 
= CIBIUR Te PT NS nee LR au 
=) 
© smoi ; rt ‘ 100° 
F ne Anti- Sérum Anti- Sérum Anti- Sérum LES 

toxine | normal toxine normal toxine normal CU 


2 HET 000 | EEE |NO0000 AE EEE NN 00000 MERE EN 00000 | 00006 
RE NES | 0000. | EE | 000 tre tr. | 00000 IN O00O 0 


[2e] 


Cette expérience montre que des fragments de cœur qui ont séjourné 
dans de l’antitoxine diphtérique pendant cinq minutes, trente minutes et 
une heure acquièrent une immunité passive manifeste à l'égard de l'intoxi- 
cation par la toxine diphtérique; l'apparition et la prolifération des 
cellules fusiformes s’opèrent d’une façon tout aussi intense qu'avec les 
fragments de même tissu non traités par le poison. L'antiloxine se fixe 
donc sur les cellules. On ne saurait objecter à cette expérience que la 
résistance acquise des fragments de cœur esl due à un simple entraine- 
ment de traces d’antitoxine, attendu que ces fragments ont été lavés à 
fond, à deux reprises, entre le contact avec l’anlitoxine et le traitement 
par le poison (1). 

Il en résulte que l’action préventive de l'antitoxine diphtérique ne se 
borne pas à une simple persistance de l'anticorps dans les humeurs ; elle 
paraît également liée à une véritable fixation de cet anticorps sur les tissus, 
lesquels acquièrent ainsi un élat réfractaire qui leur est propre, et qui peut 
être indépendant de la présence de l’antitoxine dans le sang circulant. 


NOTE SUR LA TOPOGRAPHIE DU CANAL DE STÉNON, 


par JEAN DELMAS et PUYHAUBERT. 


La direction du canal de Sténon est diversement exposée par les 
auteurs. Toutes les opinions émises à ce sujet peuvent se résumer dans 
ces deux propositions : le trajet extra-parotidien du conduit excréteur 
se trouve, suivant les uns, sur une ligne rejoignant le tragus à la commis- 
sure des lèvres; suivant les autres, sur une ligne allant du lobule de 
l'oreille à l’aile du nez. Ces deux lignes se croisent très obliquement. 
Les divergences s’expliquentdifficilement si l’on admet,avecraison, que 
le point d’abouchement du conduit dans le vestibule de la bouche est 
invariable par rapport à une ligne verticale sinon suivant le plan hori- 
zontal. Elles trouvent leur raison d’être dans le niveau variable d’émer- 
gence du conduit hors du parenchyme glandulaire. 


SÉANCE DU 15 MARS 617 


Il parait donc impossible de rechercher une ligne idéale qui, tracée 
par les téguments d’après des points de repère fixe, serait parallèle au 
canal de Sténon. Nous avons recherché dans nos disseclions si durant 
son trajet sous-cultané ce conduit ne présentait pas en un point spécial 
un rapport constant dont la connaissance en permettrait l’accès cer- 
tain. 

Nous avons pour cela examiné cinquante sujets d'âge différent sans en 
excepter les vieillards qui, lorsque leurs maxillairessont privés de dents, 
présentent une topographie faciale différente de celle de l'adulte. 

A s’en tenir à la direction générale du conduit, nos recherches véri- 
fient la variabilité que nous avons signalée précédemment. Le plus 
souvent cependant le trajet se trouvait sur une ligne allant approxima- 
tüivement du tragus à la commissure des lèvres (trente-cinq cas). Dans 
onze cas il se rapprochait de la ligne tirée du lobule à l'aile du nez. 
Dans qualre cas, l’inclinaison élait beaucoup plus marquée puisque la 
ligne allait du sommet du menton au sillon auriculo-temporal supé- 
rieur. 

Mais dans tous ces cas, si différents par leur direction générale, tou- 
Jours le canal de Sténon croisait le bout antérieur du masséter au-des- 
sous de l'insertion de ce muscle sur l'os malaire (limitesextrêmes 0 cent.9 
à 1 cent. 2). Comme ce sont là des points toujours faciles à repérer sur un 
sujet vivant même très gras, on est certain en incisant à ce niveau de 
tomber sur le canal. 

Nous avons essayé de trouver la raison de ces deux conclusions : 
variabilité de la direclion générale, constance du point sous-malaire. 
Le conduit nous à paru émerger d'autant plus bas de la glande, au 
niveau du bord postérieur de la branche montante du maxillaire infé- 
rieur, que le prolongement massélérin de la parotide est plus déve- 
loppé. Tout se passe comme si ce lobe le plus souvent sus-sténonien 
refoulait en bas le conduit excréteur. 

Nous pensons pouvoir conclure : le canal de Sténon présente un tra- 
jet constant de son embouchure dans la muqueuse buccale à son 
arrivée sur le bord antérieur du masséter. 

À ce niveau ilest toujours situé à un centimètre au-dessous de l'in- 
serlion de ce muscle sur l’os malaire. Dans sa portion massélérine sa 
direction est très variable. Elle est plus ou moins inclinée sur l’hori- 
zontale et cette inclinaison en arrière eten bas paraît liée au développe- 
ment du prolongement massétérin. 

Le canal étant formé de deux portions coudées l’une sur l’autre au 
niveau du bord antérieur du masséter, les tracés d’incision classique, 
loujours rectilignes, ne lui sont jamais exactement parallèles. 


518 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SUR LES MITOCHONZDRIES DES CHAMPIGNONS, 
par À. GUILLIERMOND 


Si les mitochondries sont aujourd’hui bien connues chez les végétaux 
supérieurs (on sait (1)}-qu’elles sont les éléments générateurs des plastides ou 
plastes, leucochromo et chloroplastes), il n’en est pas de même chez les 
végétaux inférieurs. Nous (2) avons été le premier (1919) à signaler en pas- 
sant l'existence d’un chondriome dans les jeunes asques d’un Ascomycète : 
Pustularia vesiculosa. Dans d’autres Champignons (levures, moisissures), nous 
n'avons jamais observé de mitochondries. Depuis, Rudolph (3) (1912) a essayé 
en vain de différencier des mitochondries dans un certain nombre de Cham- 
pignons (Basidiomycètes et Mucorinées). Toutefois, il est parvenu à mettre en 
évidence, dans un Achlya, l'existence d'éléments qui ressemblent à des chon- 
driocontes, mais l’auteur n’ose se prononcer d'une manière définitive sur 
leur nature mitochondriale. 


Ayant récolté, l'automne dernier, un certain nombre d'échantillons de : 
Pustularia vesiculosa, nous avons pensé qu'il serait intéressant de pour- 
suivre nos recherches sur le chondriome des jeunes asques, en obser- 
vant son évolution. 

- Dans une coupe longitudinale du périthèce de Pustularia vesiculosa, 
fixée et colorée par la méthode de Regaud ou par celle de Benda, il est 
facile de constater que toutes les cellules renferment un chondriome 
plus ou moins riche. Dans les cellules du pseudoparenchyme et dans 
celles des paraphyses, ce chondriome est pauvre et constitué par 
quelques chondriocontes, disséminés dans tout le cytoplasme (fig. À, 
Let 2). Par contre, il est abondamment représenté dans les hyphes 
ascogènes. Les cellules de ces hyphes renferment autour de chacun de 
leurs noyaux, accolés sur un côté de sa membrane, une petite masse 
mitochondriale. Une bonne différenciation montre que cette masse est 
formée par de nombreux chondriocontes et quelques mitochondries 
granuleuses étroitement serrées les unes contre les autres, formant 
ainsi une masse confuse (fig. À, 3 à 5). | 

Lorsque l'extrémité d’un de ces hyphes s'est transformée en crochet 
ascogène à trois cellules, la cellule moyenne destinée à se transformer 
en asque, celle qui occupe la partie bombée du crochet et qui renferme 
deux noyaux, est pourvue de deux masses mitochondriales accolées aux 
deux noyaux sur un de leurs côtés (fig. À, 3). Un peu avant la fusion des 
deux noyaux dont cette cellule est le siège ou en même temps que 


(1) Guilliermond. Arch. d'anatomie microscopique, 1942. 
2 ) Guilliermond. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, juillet 1911. 
(3) Rudolph. Ber. d. Deutsch. Bot. Gesellschaft, 1912. 


SÉANCE DU 15 MARS 619 


en "| ee 

& s'opère ce phénomène, on voit les deux masses mitochondriâles se 
. confondre en une seule (fig. À, 4). Aussi, lorsque la fusion nucléaire 
4 est opérée, le noyau montre toujours une unique masse mitochondriale 
k 
: 


ayant plus ou moins la forme d’un croissant coiffant le noyau sur l’un 
de ses côtés. 

| A partir de ce moment, le jeune asque commence à s’allonger et, dès 
| qu'il a acquis un certain développement, il se montre constitué d’un 


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Fic. À. — 1, extrémité d’une paraphyse ; 2, cellule du pseudoparenchyme ; 3 à 5, 
4 crochets anogènes: 6 à 9, asques à différents stades de leur développement : 


10, ascospore, (Méthode de Regaud. — Grossissement : environ 1200.) 


L- cytoplasme vacuolaire avec, au centre de la cellule, une bande de cyto- 
plasme dense et homogène qui renferme le noyau. À ce stade, les 
éléments qui constituent la masse mitochondriale située sur un des 
côtés du noyau ne lardent pas à s’espacer et à entourer le noyau sur 
tout son pourtour (fig. À, 3 à 8). Ces éléments montrent alors nettement 
leur forme : ce sont en majeure partie des chondriocontes grèles, 
flexueux et le plus souvent très allongés, entremêlés d’un petit nombre 
de mitochondries granuleuses. Enfin, à un stade ultérieur, on voit se 
former à l'extrémilé apicale de l’asque une sorte de calotte de cyto- 
plasme dense et homogène. Les éléments du chondrioconte deviennent 


sidi ilistnisiiihée te 


620 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


alors très nombreux et se disséminent dans tout le cytoplasme, y com- 
pris la trame qui borde les vacuoles, mais ils se localisent surtout dans 
le cytoplasme dense qui entoure le noyau et dans celui qui se trouve 
situé à l'extrémité apicale de l'asque (fig. À, 8 et 9). 

Il est très intéressant de constater qu’à ce moment un grand nombre 
de chondriocontes forment à l’une de leurs extrémités ou dans leur région 
médiane un renflement occupé par une vésicule incolore. Ils présentent 
alors l’aspect de têtards, de spermatozoïdes ou de fuseaux (fig. A, 9). 
Parfois un même chondrioconte offre deux renflements vésiculeux, l’un 
à chacune de ses extrémités. Ce sont là les aspects bien connus que pré- 
sentent les chondriocontes pendant leurs phases de sécrétion. Il n’est 
donc pas douteux qu’à ce stade ils élaborent un produit de sécrétion. 


Quel est ce produit? On sait, à la suile des recherches de Maire et des 
nôtres, que l’asque de Pustularia vesiculosa est le siège d’une sécrétion de cor- 
puscules métachromatiques et de glycogène. Les corpuscules métachroma- 
tiques ne s’y forment qu’en petite quantité; au contraire, l'élaboration du 
glycogène est très abondante. Or, les corpuscules métachromatiques appa- 
raissent dans l:s régions vacuolaires de l’asque, c’est-à-dire dans celles qui ne 
renferment que peu de mitochondries. Au contraire, le glycogène se forme 
dans le cytoplasme dense et homogène qui occupe la partie médiane périnu- 
c'éaire de la cellule et sa partie apicale, c’est-à-dire dans les régions où sont 
surtout localisées les mitochondries. 

Il est donc permis de penser que le glycogène, substance très voisine de 
l’amilon, comme ce dernier produit, s’élabore dans l’intérieur des vésicules 
mitochoudriales. Nous avons cherché à vérifier cette hypothèse en répétant ce - 
que nous avions fait pour l’amidon, en traitant par l’iodo-iodure de potassium 
des préparations préalablement colorées par la méthode de Regaud. Malheu- 
reusement, ces essais ne nous ont donné aucun résultat. La coloration du 
glycogène par l’iode est beaucoup plus fugace que celle de l’amidon et ne se 
conserve que quelques instants. Elle se localise bien dans les deux régions 
les plus riches en mitochondries (régions périnucléaires et de la région api- 
cale de la cellule), mais elle s’y montre diffuse dans tout le cytoplasme et il 
ne nous à pas été possible d'obtenir une coloration plus intense dans les 
vésicules mitochondriales. Ces résultats, tout en n’excluant pas l'hypothèse - 
d'une élaboration du glycogène pour les mitochondries, n’apportent cepen- 
dant aucun argument en sa faveur. 

D'autre part, la différenciation des corpuscules métachromatiques après 
coloration par la méthode de Regaud est impossible. 


Le rôle sécrétoire des mitochondries dans l’asque reste donc encore 
inconnu. 

Nous n'avons pas pu observer la suite du développement de l’asque, 
les stades ultérieurs n'étant pas représentés dans nos préparations, 
mais nous avons trouvé quelques asques adultes dont les ascospores 
montraient de nombreux chondriocontes disséminés dans tout leur: 
cytoplasme (fig. À, 10). 


d 


SÉANCE DU 15 MARS 621 


L'examen de coupes de périthèces d’Aleuria cerea et de Peziza catinus 
pous ont permis également de meltre en évidence dans les asques de 
ces deux espèces la présence d’un chondriome. 

Nos observations établissent donc que les mitochondries existent en 
grande abondance dans les Ascomycètes et semblent jouer un rôle 
important dans les sécrétions dont les asques sont le siège. 


RECHERCHE ET DOSAGE DE L'AMMONIAQUE DANS 
LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN, 


par PIERRE THomas. 
J'ai montré il y a quelques mois (1) que lorsqu'on ajoute à une solu- 


tion même très diluée d’'ammoniaque ou d’un sel ammoniacaldu phénol 
en solution aqueuse, puis de l’hypochlorite de sodium (eau de Javel), 


_il se développe une coloration bleue, dont l'intensité croît peu à peu 


jusqu'à un maximum. Cette réaction n’est donnée que par la monomé- 
thylamine et le glycocolle, mais avec une bien moins grande intensité, 
de sorte qu'aux grandes dilutions {de 1/50.000 à 1/500.000) on peut la 
considérer comme spécifique de l'ammoniaque. 

J'ai utilisé cette méthode pour la recherche et le dosage de l’ammo- 
niaque dans le liquide céphalo-rachidien.Jusqu’à présent, on aemployé 
dans ce but, soit la distillation lorsque l’on possède des quantités suf- 
fisantes de liquide, soit le réactif de Nessler, ajouté directement au 
liquide (2), lorsque l’on opère sur de pelites quantités. 

J'ai pu me rendre compte que le réactif de Nessler, outre l’inconvé- 
nient de donner une coloration jaune et même une opalescence en 
présence de petites quantités d’albumine, présente un grave défaut : il 
est réduit, en effet, par les solutions de glucose à la concentration de 
Ogr. 2à 0 gr. 5 par litre, c’est-à-dire correspondant à celle du liquide 
céphalo-rachidien normal. Il se produit une teinte jaune, suivie d’unc 
opalescence tout à fait semblable à la réaclion de l’ammoniaque dans 
une solution très diluée. Lorsque l’on opère avec le liquide céphalo- 
rachidien, on voit, après quelque temps, la coloration jaune donnée par 
le Nessler faire place à un précipité verdâtre, dû à la réduction du sel 
mercurique. : 

Cette observation me parait suffisante pour enlever toute valeur à 
l'emploi du réactif de Nessler dans le cas de l’analyse du liquide céphalo 


rachidien. 


(1) P. Thomas. Bull. Soc. chimique, LOSER XP Ipe 106 
(2) W. Mestrezat. Thèse de Montpellier, p. 38. 


622 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Quant à la réaction de Trillat (addition d'iodure de potassium et 
d'hypochlorite alcalin), elle est bien moins sensible et ne convient pas 
en présence de l’albumine. 

Je me suis arrêté au mode opératoire suivant, qui est d’ailleurs iden- 
tique à celui que j'ai indiqué antérieurement pour le dosage de l’am- 
moniaque dans les eaux. À cinq centimètres cubes de liquide céphalo- 
rachidien, centrifugé et limpide, on ajoute un centimètre cube de solu- 
tion de phénol à 4 p. 100, on mélange, puis on verse 1 à 2 gouttes 
d'extrait d'eau de Javel du commerce (1). Celui-ei doit être fraichemént 
préparé, et ne pas être employé en excès. La coloration bleue apparait 
d'autant moins vite que la teneur en ammoniaque est plus faible; lors- 
qu'elle ne s’est pas manifestée après un quart d'heure à une demi- 
heure, on peut conclure qu'il n’y a pas d’ammoniaque ou qu'il y en a 
moins de 1/500.000. 

Pour des recherches cliniques, il peut être intéressant de doser 
approximativement l’ammoniaque. On y arrive facilement en compa- 
rant la teinte bleue obtenue à une gamme colorimétrique convenable. 
Celle-ci peut être préparée en partant d’une solution d’oxalate d'ammo- 
niaque, par exemple, contenant 4 gr. 176 de sel cristallisé par litre, ce 
qui correspond à 1/1000 d’ammoniaque. On dilue cette solution au 
centième, puis on en mesure des quantités variables dans des tubes à 
essai de même diamètre, de facon à avoir des teneurs croissantes. Il 
suffit de se rappeler que 1 centimèlre cube, dilué avec 4 centimètres 
cubes d’eau, correspond à la teneur limit e de 1/500.000. Il faut employer, 
pour faire ces solutions, de l’eau redistillée dans un appareil en verre 
sur un léger excès d’acide sulfurique. 

J'ai obtenu, par cette méthode, les résultats indiqués par le tableau 
suivant. 


LIQUIDE CÉPHALO-BACHIDIEN DE : TENEUR EN AMMONIAQUE 
Homme liquide normal EEE 0 
— lqUIde no Da PPT EEE (0 
= malatdierdeslatmoelIeme mme 1/500.000 
— maladie de la moelle 1/200.000 
Chien, liquide normal. SAN EE 1/250.000 
— Wioe onmalk ss; d'os 4 a d'a 1/250.000 
Cheval, liquide normal. 1/500.000 
— lquide normale Aer 1/250.000 
— liquide normal. 1/400.000 
Vache, liquide normal. 0 
—— liquide normal. () 
- GROS NOIR da MNT A done 0 
— hou demormol REC 0 
BOUC, Monde mommals «45 16 ok © 0 0 1/200.000 


(1) Les extraits que j'ai employés contenaient une quantité d'hypochlorite 
correspondant à 8 à 12 litres de chlore actif par litre. 


SÉANCE DU 15 MARS 623 


Je dois les échantillons de liquide céphalo-rachidien de cheval, de 
vache et de bouc à la grande obligeance de M. Delmer, chef de travaux 


à l'Ecole vétérinaire d’Alfort, qui a bien voulu les prélever lui-même 


dans des conditions de pureté parfaite. Je suis heureux de lui adresser 
ici tous mes remerciements. Fi 

J'espère que la méthode que j'ai décrite pourra, en raison de sa 
commodité, rendre des services dans les recherches cliniques, en 
raison des varialions probables de l’ammoniaque dans les divers états 
pathologiques. 


(Laboratoire de Chimie Biologique de la Sorbonne.) 


ESSAIS DE VACCINOTHÉRAPIE PAR DES VIRUS-VACCINS SENSIBILISÉS 
DE BESREDKA, 


par W. BROUGHTON-ALCOCXK. 


Après avoir attendu beaucoup de la méthode de vaccination de Wright 
dans le traitement des maladies cutanées, il a bien fallu reconnaître que 
les résultats en étaient souvent décevants ; et nous avons voulu recher- 
cher si nous ne serions pas plus heureux avec la méthode des virus- 
vaccins sensibilisés de Besredka. 

Nous sommes très reconnaissants à M. le D' Darier d’avoir bien voulu 
nous autoriser à faire celte expérience dans son service et nous remer- 
cions tout particulièrement M. Civatte de sa collaboration pour toutes 


les observations cliniques. 


Nos essais, les premiers (1) appliqués à l'homme, datent de mai 1912. 
Nous avons choisi des malades atteints de blennorragie simple et 
compliquée (31), d’acné (20), de sycosis (4), de furonculose (10), d'im- 
pétigo (2), d'eczéma seborrhéique (3). Aux premiers, nous avons 
inoculé du virus-vaccin gonococcique vivant; à ceux du deuxième 
groupe, du virus-vaccin staphylococcique ou du virus-vaccin streptococ- 
cique également vivants ; nous avons fait parfois des trailements mixtes. 

I. — Dans nos cas d’urétrite blennorragique aiguë ou chronique, 
nous n'avons eu que des échecs, sauf peut-être une fois où l'écoulement 
a lari pendant le traitement pour réapparaître avec l'interruption de 
celui-ci, et retarir de nouveau dès que le traitement a été repris. Aucun 
de ces malades n’a présenté de complications. 

Dans les orchi-épididymites el les artrites ou péri-arthrites gonococ- 
ciques, au contraire, nous n'avons eu que d'heureux résultats. 

Toujours dès la deuxième et souvent dès la première injection, la dou- 
leur spontanée a cessé, et parfois la tuméfaction a notablement diminué. 


(1) A. Pesredka, Biologica, 15 décembre 1912. 


624 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


L'évolution de l'affection a toujours été très notablement raccourcie pour 
l’orchi-épididymite ; arrêtée pour l’arthrite ou la péri-arthrite. 

Pour éviter les rechutes, il faut répéter les injections. 

Nous avons eu pourtant des guérisons définitives d’arthrites avec trois 
injections seulement. 

Les tendinites nous ont paru plus rebelles et ont demandé de quatre 
à six injections. 

IT. — Pour l'acné, nous ne pouvons pas parler de guérison absolue, 
puisque la maladie évolue par poussées. Nous avons toujours obtenu 
une amélioration. Celle-ei a été d'autant plus rapide et plus considérable 
que les éléments étaient moins suppurés. Deux acnés phlegmoneuses ont 
nécessilé quinze injections avant d’accuser une amélioration. Des ma- 
lades suivis pendant plusieurs mois n'ont pas eu de nouvelles rechutes. 

Nous avons été beaucoup moins heureux avec Les sycosis de la barbe. 
Sur trois malades, l’un, encore en traitement, est amélioré; un seul est 
à peu près guéri ; le troisième a présenté et présente encore des rechutes. 
Un quatrième, très amélioré, avait de grosses lésions de la barbe. 

Dans la furonculose, nous avons eu d'excellents résultats. Il s’agis- 
sail de furonculoses rebelles, dont plusieurs avaient été déjà traitées 
sans succès. Toujours avons-nous vu disparaître les furoncles, les pous- 
sées s’espacer et la guérison arriver. Dans un cas, il nous a fallu onze 
injections. 

Nous avons traité seulement un cas d’impetigo des nouveau-nés, et 
un cas d'impetigo contagieux chez un enfant. La guérison est dans 
chaque cas survenue rapidement après trois injections. 

Nous avans lraité enfin trois malades atteints d’eczéma séborrhéique. 
Nous avons obtenu des améliorations remarquables sans avoir pu 
arriver à la guérison complète. Mais il nous semble que ces résultats 
incomplets sont déjà du plus grand intérêt pratique et théorique. C'est 
la démonstralion indirecte de l'influence de l’élément infectieux dans 
l’eezéma séborrhéique. 

Nous citerons, enfin, un cas de pyorrhée alvéolaire, de sinusite et de 
collite hémorragique où les résultats ont paru fort encourageants. 


Chez nos blennorragiques, nous nous sommes servi d'un vaccin 


polyvalent, sensibilisé à l’étuve, à des doses d’un 1/2 à 2 milliards, 
répétées trois fois par semaine. Les gonocoques vivants ne paraissent 
pas plus actifs que les gonocoques tués. 

Pour le vaccin staphylococcique, nous avons vu que toutes les variétés 
n’ont pas la même valeur; il y en avait de virulence et de pouvoir 
curatif variables. Nous avons employé, en général, le staphylocoque 
dit gris banal de la peau, dans les eczémas et quelques acnés, le staphy- 
locoque doré, jaune et blanc dans d’autres acnés, les furonculoses et, 
dans tous les cas rebelles, nous répétons les injections lous les deux 
ou trois Jours, er augmentant rapidement les doses. 


VE CRT 


SÉANCE DU 15 MAR; 625 


Nous avons souvent renoncé aux « auto-vaccins ». Il est rare d’abord 
qu'on ne trouve qu’une variélé microbienne dans une pustule. Et alors 
comment déterminer celle qui est en cause? En pratique, d'ailleurs, 
nous avons observé que nombre de malades qui ne Uraient aucun 
bénéfice de leur auto-vaccin étaient améliorés par un virus-vacein 
provenant d’autres malades. 

Nous avons eu parfois des réactions générales assez violentes (fièvre, 
céphalée, courbature), et des réactions locales qui allaient de la simple 
rougeur à un vérilable petit abeès. Il faut noter que ceci ne s’est présenté 
que six fois sur plus de 4.000 injections, et ne s’est plus reproduit 
depuis que nous avons appris à connaitre la virulence de nos diverses 
espèces. 

Pour le virus-vaccin streptococciquè, presque toujours autogène, 
nous n’avons eu que des réactions locales très légères même chez les 
enfants. Les injections sont faites de même tous les deux ou trois jours 
avec augmentation rapide des doses. 


(Laboratoire du professeur Metchnikoff.) 


ERRATUM 
NOTE DE GARNIER ET Boy. 


ile LXXIV, page 346, ligne 27, lire : 1 jours au lieu de : 2 jours. 


Biorocie. Comptes RENDtSs. — 1913. T. LXXIV. 


PS 
CS 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


SÉANGE DU 20, FEVRIER, 19/3, 


SOMMAIRE 


CANTACUZÈNE (J.\ : Sur la pré- alimenté, le glycogène est-il dis- 


sence d’une oxydase dans le sang 
de Phallusia mamillala 


tribué d'une facon égale dans tous 
les lobes du foie? (Deuxième note 


Paucesco (N. C.) : Chez un chien préliminaire) "0 ne 629 
inanitié, le foie subit-il une dimi- SLATINÉANO (A.) et Cruca (M. 
 nution de glycogène uniformément Pouvoir toxique du sérum normal 
réparti dans tous les lobes? (Pre- de cobaye et réactivation par un 
mière note préliminaire). . . , . .. 621 | colloïde de ce sérum ayant perdu 

Paugesco (N. C.) : Chez un chien sa toxicité en vieillissant . . . . .. 651 


Présidence de M. G. Marinesco, président. 


CHEZ UN CBIEN INANITIÉ, LE FOIE SUBIT-IL UNE DIMINUTION DE GLYCOGÈNE 
UNIFORMÉMENT RÉPARTIE DANS TOUS LES LOBES ? 


(Première note préliminaire), 


par N. C. PAuLEsco. 


Technique. — Nous nous sommes servis, dans ces recherches, de 
, chiens adultes, de taille moyenne. 
| L'animal, re ee été pesé, est mis à linanition et, pendant plu- 
sieurs jours (de 5 à 12), il ne prend que de l’eau: 

Au bout de ce a on ouvre l'abdomen, sur la ligne blanche, — 
de l'appendice xiphoïde à l'ombilie, et on tire au dehors le lobe 
latéral gauche du foie, et on l’extirpe après avoir lié son pédicule. 

Finalement, on ferme la cavité abdominale par trois plans de suture : 
musculo-aponévrotique, conjonctif et cutané. Par-dessus, on met un 
pansement ouaté, qui n’a pas besoin d’être renouvelé. 


(1) Pour la bibliographie et pour des détails expérimentaux, V. Paulesco 
‘Traité de physiologie, qui va paraitre chez Vigot, 23, place de l'Ecole-de 
Médecine, Paris. 


dt! 


628 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Après cetle opération, l'animal est maintenu au jeüne encore pesant 
2 jours. 

Puis, on le pèse et on le tue par section du bulbe. On enlève le foie 
et on prend, de chacun de ses lobes, 25 grammes dont on dose le 
glycogène par la méthode de Pflüger. | 

Résultats. — Nous avons fait, par ce procédé, 4 expériences. 

Dans la première, nous avons soumis le chien à un jeûne de 12 jours. 
Puis nous l'avons opéré pour lui enlever le lobe latéral gauche du foie. 
Ensuite, nous l’avons laissé encore 2 jours à l’inanition, et, finalement, 
nous l’avons tué, par la section du bulbe. A l’autopsie, nous avons pris 
25 grammes des quatre lobes restants du foie, comptés de gauche à 
droite pour doser le glycogène. 

Dans la seconde expérience, le chien a été soumis, avant l'opération, 
à un jeûne moins prolongé (5 jours); à l’autopsie, nous avons pris aussi 
25 grammes des quatre lobes restants en comptant de gauche à droite. 

Dans la troisième expérience, comme dans la première, nous avons 
laissé le chien à l’inanition pendant 12 jours, avant l’ablation du 
lobe latéral gauche du foie; puis, après l'avoir sacrifié, nous avons 
pris 25 grammes de substance hépatique, d’une part, au niveau des 
bords ; d'autre part, au milieu de chacun des lobes restants. 

Dans la quatrième expérience, le chien, — après avoir été soumis à 
une inanition de 10 jours, — est mort par syncope éthérique, au cours 
- de ne qui devait nous procurer un lobe du foie. A l’autopsie, 
on a pris 25 grammes des lobes latéraux, gauche et droit, du foie, pour 
doser le glycogène. 

Ces résultats sont résumés dans le tableau suivant : 


TABLEAU I. 


n da h ee GLYCOGÈNE 
2 = POIDS _ PÉRIODE DE JEUNE bar 100 de 
El = . CS 
5 = ne au à avant après à à 
% début | la fin | l'opération | l'opération | l'opération | l'autopsie 
gr. gr. jours jours gr. 
0 
1 92 |Chien.| 8.170 | 6.330 12 2 Un 
0 
| 
0,489 
> does ee NS 0007010 5 2 traces. 
à 0 
| 
No RG Es co le 2 M 
; ( 0 
0 134 » 6.090 | 5.070 10 — — ) 0 
| 


 —————— ——_—_ ——_——— |]  — —  — ]——]——]— ——_—] — ——]— 
RE RER Po rm | 


SÉANCE DU 20 FÉVRIER 629 


* Conclusion. — Chez les chiens inanitiés, — dont on à prolongé suffi- 
samment la période de jeûne, — le foie subit presque toujours une 
diminution uniforme du glycogène dans ses divers lobes. 


CHEZ UN CHIEN ALIMENTÉ, LE GLYCOGÈNE EST-IL DISTRIBUÉ D UNE FAÇON 
ÉGALE DANS TOUS LES LOBES DU FOIE ? 


(Deuxième note préliminaire), 


par N. GC. PAULESCO 


Technique. — Pour éiucider cette question, nous avons expérimenté 
sur des chiens, de taille quelconque. 

Dans une première série d'expériences l'animal, après avoir été pesé, 
est nourri abondamment pendant plusieurs jours, avec du pain de maïs. 
Puis, il est tué par section du bulbe et on enlève son foie, dans les 
lobes duquel on dose le glycogène. 

Dans une seconde série d'expériences, l’animal, après avoir été pesé, 
est mis à l'inanition pendant 6 jours. 

Au bout de ce temps, on l’endort à l’éther et l’on extirpe le lobe 
latéral gauche de son foie, pour y doser le glycogène. L’extirpalion de 
ce lobe hépatique se fait de la même facon que dans les expériences de 
la note précédente. à 

Après cette opération, l’animal est maintenu au jeûne encore pen- 
dant deux jours. Ensuite on l’alimente, pendant deux ou trois jours, avec 
de la saccharose ou avec de la dextrine. Finalement, on le tue par la 
section du bulbe‘et on prend son foie, dans les lobes duquel on dose 
le glycogène. 

Résultats. — Nous avons fait cinq expériences en suivant cette tech- 
nique. 

Dans la première expérience, le chien est abondamment nourri avec 
du pain de maïs. Il est tué par section du bulbe et, à l’autopsie, on 
enlève 25 grammes à chacun des cinq lobes du foie, comptés de gauche 
à droite, pour doser le glycogène. 

Dans la deuxième expérience, le chien est aussi abondamment nourri 
avec du pain de maïs; puis il est tué par section du bulbe. A l’au- 
topsie, on prend 25 grammes du lobe latéral gauche fa); 25 grammes, 
qui proviennent de plusieurs portions, prises au voisinages des bords 
(b), et25 grammes qui proviennent de portions prises au niveau des 
parties centrales (c) des autres lobes du foie. 

Dans la troisième expérience, un chien, après une inanition de six 
jours, est opéré pour extirper le lobe laléral gauche du foie; puis, après 
deux autres jours de jeûne, il est alimenté, pendant deux jours, avec de 


630 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


le saccharose (50 gr.). Il est tué par section du bulbe et, à l'autopsie, on 
prend 25 grammes de chacun des quatre lobes restants du foie, comptés 
de gauche à droite, pour doser le glycogène. ; 

Dans la quatrième etla cinquième expérience, les chiens, — après 
une inanition de six jours, sont opérés et on leur enlève le lobe 
latéral gauche du foie ; puis, après une nouvelle période de deux jours 
de jeüne, ils sont alimentés avec de la dextrine. L'un (exp. 5) en 
recoit 100 grammes pendant deux jours; l’autre (exp. 6) en reçoit 
250 grammes pendant trois jours. Ils sont tués par section du bulbe 
et, à l’autopsie, on prend 25 grammes des lobes latéraux, droit et 
gauche, du foie pour doser le BAPOEERE, Ces résultats sont résumés 
dans le tableau suivant : 


TABLEAU II. 
2 te PÉRIODE L GLYCOGÈNE 
TVR de jeûne = pour 100 gr. de foie 
= = a Ls 
= = ANIMAUX RS CR ER. A a = RE 
ENIRS au à avant | après LE) à À 
CA = début | Ja fin |l'opérat. l'obérat, el l'opération | l’autopsie 
gr. gr, jours jours jours gr. | gr. 
6,526 
6,148 
96 Chien. |19.220 — — = — — 6,822 
6,974 
6,896 
| 
1,038 
102 | Chienne. | 3.620 — — — — — 0,534 
0,652 
2,112 
é à c ; 2,195 
12 ! 2 2 
120 ) 1.040 | 5.760 6 2 3 114 
VELO 
191| Chien. | 6.300 4.450] 6 2 2 Do 
198) » |6.o10|-2.538 | 6 2 37} 0,480 NAS 
LT 
Conclusion. — Chez les chiens alimentés, le foie est souvent le siège 


d'une accumulation de glycogène. Mais la distribution de ce glyco- 
gène dans les divers lobes hépatiques n'est pas en général absolument 
uniforme. 


SÉANCE DU 20 FÉVRIER 631 


PoUvoIR TOXIQUE DU SÉRUM NORMAL DE COBAYE ET RÉACTIVATION PAR 
UN COLLOÏDE DE CE SÉRUM AYANT PERDU SA TOXICITÉ EN VIEILLISSANT, 


par À. SLATINÉANO et M. Ciuca. 


Lors de recherches antérieures sur la toxicité des sérums frais hélé- 
rologues (homme, bœuf, cheval, chien, chèvre), nous avons démontré 
le pouvoir toxique de ces sérums pour le lapin, pouvoir toxique d'autant 
plus grand que ces sérums étaient plus frais. Nous rapprochions dès 
lors les phénomènes toxiques observés des phénomènes d’anaphylaxie. 

Dans une seconde note, nous démontrions que les propriétés toxiques 
des sérums n'étaient pas fonction de leur teneur en alexine. 

La remarquable note de M. Bordet, qui explique si clairement le 
mécanisme de l’anaphylaxie, nous a incités à reprendre l’étude de la 
toxicité des sérums frais en général, et notamment celle de l’isotoxicité 
du sérum chez le cobaye. 

Par ces expériences, nous établissons une relation entre la toxicité 
normale des sérums et les phénomènes toxiques observés par Bordet 
(Adjonction d'un colloïde indifférent au sérum homologue). 

Voici les faits observés : 


1° Le sérum frais de cobaye, défibriné, centrifugé et injecté dans la 
veine jugulaire d’un autre cobaye (3/4 d'heure après la saignée) est 
toxique pour le cobaye inoculé. 

2° Cette toxicité est faible avec une dose de 5 à 10 c.c., elle est mor- 
telle à la dose de 13 c.c. Voici le protocole : 


À. — Sang défibriné, centrifugé et inoculé trois quarts d'heure après 
la saignée : 

a) Cobaye (300 grammes) reçoit dans la veine 5 c.c. de sérum. Trois 
minutes après, phénomènes nets d’anaphylaxie, démangeaisons, 
dyspnée, toux, hoquet, parésie du train postérieur, miction et émission 
de matières fécales, 35 degrés de température ; rémission incomplète 
après deux heures; 

b) Cobaye (350 grammes) reçoit dans la veine 10 c.c. de sérum. Après 
trois minutes se produisent des phénomènes d’anaphylaxie encore plus 
graves ; 

c) Cobaye (340 grammes) reçoit dans la veine 13 c.c. de sérum. 
Phénomènes anaphylacliques aigus; convulsions et mort après sept 
minutes. 


B. — Le sérum de cobaye obtenu par défibrination perd son pouvoir 
toxique au bout de quarante-huit heures, phénomène tout à fait ana- 


632 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


logue à celui que nous avons signalé pour les sérums hétérologues, 
dont la toxicité diminuait en vieillissant; voici le protocole : 


Sérum de cobaye vieux de quarante-huit heures. 

a) Gobaye (300 grammes) recoit dans la veine 5 c.c. de sérum ; aucun phé- 
nomène ; 

b) Cobaye (390 grammes) reçoit dans la veine 10 c.c.; aucun phénomène 
d'anaphylaxie. 

On peut rendre son pouvoir toxique au sérum inactif, vieux de quarante- 
huit heures, en employant le procédé de Bordet. 

Le sérum de cobaye, vieux de quarante-huit heures (atoxique, par consé- 
quent), est additionné suivant ce procédé de gélose à 0,5 p. 100. Cette addi- 
tion donne après agitation prolongée un précipité qui devient de plus en plus 
apparent. Au bout de trois heures de contact, on centrifuge (pendant 
3/4 d'heure); le liquide surnageant est injecté à des cobayes. Le sérum ainsi 
traité redevient toxique. Voici le protocole : 

Sérum de cobaye vieux de quarante-huit heures gélosé et centrifugé. 

4° Cobaye (500 grammes) recoit dans la veine 2 c.c. de sérum : phénomènes 
graves d'anaphylaxie (non mortels). 

20 Cobaye (400 grammes) reçoit 5 c.c. de sérum : phénomènes graves 
d’anaphylaxie. Mort après trois heures. k 

3° Cobaye (450 grammes) reçoit 10 c.c. de sérum dans la veine : phéno- 
mènes graves d’anaphylaxie. Mort après sept minutes. 


C. — Ce sérum de cobaye, rendu non coagulable par l’addition d’oxalate 
de potassium, puis centrifugé, est également très toxique à l'état frais 
(1/2 heure après la saignée). Cette toxicité n’a pas diminué au bout de 
quarante-huit heures. Protocole : 

Sérum oxalaté vieux de quarante-huit heures et centrifugé. 

a) Cobaye (350 grammes) reçoit dans la veine 5 c.c. de sérum; phénomènes 
graves d'anaphylaxie. Mort après douze heures. : 

b) Cobaye (300 grammes) reçoit dans la veine 10 c.c. de sérum; phéno- 
mènes graves d'anaphylaxie. Mort après trois minutes. 

c) Le témoin injecté avec une dose égale d’oxalate ne présente aucun 
phénomène. : 


En résumé, il résulte de nos expériences : 

1° Le sérum de cobaye, obtenu par défibrination du sang total, est 
toxique pour le cobaye neuf. Ceite toxicité est très prononcée dans les 
deux. premières heures qui suivent la saignée; elle diminue au fur et à 
mesure du vieillissement du sérum ; 

2 Le plasma (du cobaye) oxalaté est également très toxique pour le 
cobaye neuf. Cette toxicité, plus marquée que celle du sérum obtenu 
par défibrination, est également plus résistante au vieillissement ; 

3° Le sérum obtenu par défibrination, ayant complètement perdu sa 
toxicité (au bout de 48 heures), peut être réactivé (rendu toxique) en 
employant le procédé de Bordet. En titrant ce sérum, on peut facilement 


SÉANCE DU 20 FÉVRIER 633 


se rendre compte que cette toxicité est beaucoup plus marquée que celle 
obtenue par simple défibrination; 

4° Il semble, d’après nos expériences, que, par défibrination, on 
provoque une adsorption partielle de la substance antagoniste; 

5° Par le vieillissement du sérum, obtenu de cette manière, cette 
substance antagoniste réapparaît, marquant de nouveau la toxicité du 
sérum. 


Le fait d’avoir pu réactionner ce sérum vieilli par le procédé de 
Bordet rend très probable notre hypothèse. 


(Travail du laboratoire de médecine expérimentale du prof.I.Cantacuzène.) 


SUR LA PRÉSENCE D'UNE OXYDASE DANS LE SANG DE Phallusia mamillata, 


par J. CANTACUZÈNE. 


Plusieurs auteurs ont signalé la présence d’oxydase chez divers Tuni- 
ciers : Giard chez Botrylloïdes cyanescens et Ascidia fumigata, Portier 
chez Ascidia Mutula. 

Phallusia Mamillata, que j'ai étudiée à Banyuls, renferme une oxydase 
qui paraît être particulièrement énergique. 

Lorsque l’on dissèque un individu de cette espèce, les tissus, sitôt 
arrivés au contact de l'air, noircissent fortement; les doigts de l'opé- 
rateur restent teintés en violet noir et se décolorent aussi difficilement 
que s'ils avaient été colorés par une encre légère. 

Les globules rouges de mammifères injectés dans le sinus sous-endo- 
stylaire y prennent un éclat rouge vermeil vif qui se maintient pendant 
plusieurs jours; le même phénomène se produit quand on mélange, in 
vitro, des hémalies et du sang de phallusie. 

On met facilement cette oxydase en évidence au moyen de la teinture 
de gaïac à 1 p. 100. J'ai pu, grâce à celte méthode, déterminer la loca- 
lisation de l’oxydase à d'intérieur de certaines catégories de cellules. 

Lorsque l’on additionne in vitro du sang de Ph. mamillata de quel- 
ques gouttes de teinture de gaïac, le dépôt cellulaire au fond du tube 
se teinte en bleu, puis en bleu vert et passe rapidement au vert noir. 
Le plasma, après centrifugation, est netlement coloré en bleu vert. Il 
existe donc de l’oxydase en solution dans le plasma, mais le ferment 
est particulièrement abondant à l'intérieur des amibocytes. 

L'examen microscopique du dépôt montre en effet qu'à l’intérieur de 
certaines catégories d’amibocytes (pas dans toutes) l'oxydase est fixée 
soit à l'intérieur de vacuoles spéciales, soit à la surface de certains 
graoules intra-cytoplasmiques (plastides). 


G34 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Les amibocytes à oxydase appartiennent aux types suivants (selon Ia 
nomenclature de M. Kollmann) (1) : ; 

1° Les éléments figurés à la planche I (fig. 49) du travailde Kollmann. 
Ce sont des amibocytes présentant autour d’une grosse vacuole excen- 
trique (V) une demi-douzaine de grosses granulations (G) disposées en 
demi-couronne. Le noyau (N) est compris entre la vacuole et les gra- 
nulations. La vacuole (V) se teinte énergiquement en bleu vert par la 
teinture de gaïac. Les A do et le noyau restent incolores. 

2° Les cellules vacuolaires de la thèse de Kollmann. Ce sont des élé- 
ments occupés presque entièrement par une énorme vacuole (V) au 
centre de laquelle se trouve un amas granuleux animé d’ux très vif 
mouvement brownien. 


Le liseré cytoplasmique, très mince, se relève en une éminence 
conique où se trouve logé le noyau (N). L’oxydase est ici fixée : 

a) sur l’amas granuleux ; b) sur une sérié de plastides logés dans le 
cytoplasma; c) sur le noyau lui-même, qui se teinte en bleu intense. La 
vacuole elle-même est incolore. | 

3° De grosses cellules müriformes comprenant une vacuole centrale 
autour de laquelle sont disposées en couronne une série de grosses 
sphères réfringentes (ces dernières se colorent en noir intense par 
l’acide osmique). La vacuole centrale V se colore par la teinture de 
gaïac en vert foncé. Les sphères représentées restent incolores. 


4° Les amibocytes hyalins en général ne contiennent pas d'oxydase. 


Certains d’entre eux cependant portent de l'oxydase lixée à la surface 
de gros plastides (P). 


(1) Max Kollmann. Recherches sur les leucocytes et le tissu lymphoïde des 
invertébrés. Thèse de la Fac. des sciences de Paris, 1908. 


SÉANCE DU 20 FÉVRIER 633 


Enfin les cellules pigmentaires n'en contiennent pas. 

Ni la substance propre de la tunique, ni le tissu propre de la branchie 
ne se colorent par la teinture de gaïac. 

Ces porteurs d’oxydase semblent être exclusivement certaines caté- 
gories d'amibocytes. 

J'ai pu au cours de mes recherches vérifier l'exactitude de l’affirma- 
tion de Heuze (1) au sujet de l'acidité du sang. Le sang de Ph. mamillata 
fait virer nettement au rose une solution neutre de teinture de tourne- 
sol. 

On peut se demander si le vanadium, qui existe en forte proportion, 
dans les tissus de Ph. mamillata, ne joue pas, vis-à-vis de l’oxydase, le 
même rôle que joue le manganèse vis-à-vis de la laccase de Bertrand. 


(Travail du laboratoire de Banyuls-sur-Mer.) 


(1) M. Heuze. Zeitsch. für physikal Chemie, vol. LXXIT, p. 494. 


Re 


637 


REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


SÉANCE DU 4 MARS 1913 


SOMMAIRE 
CREYX (A.) : Sur la teneur com- l'azote restant dans le sang des ver- 
parative en urée du sérum et du CORTE S PR RS Ce Ne. de 639 
caillot sanguin à l’état normal et DELAUNAY (H.) : Sur l’azote restant 
dans quelques affections. . . . . .. 631 | du plasma de quelques vertébrés. . 641 


DELAuNAY (H.) : Sur le dosage de 


Présidence de M. Pachon, vice-président. 


SUR LA TENEUR COMPARATIVE EN URÉE DU SÉRUM ET DU CAILLOT SANGUIN 
A L'ÉTAT NORMAL ET DANS QUELQUES AFFECTIONS, 


par M. CREYx. 


Avons-nous, en clinique, le droit de nous borner à l'évaluation de la 
seule urée du sérum sanguin pour établir le diagnostic et le pronostic 
du syndrome azotémique? Le caillot contient-il, lui aussi, de l’urée et 
dans quelles proportions? C’est pour répondre à ces questions que nous 
publions la présente note. Le mot urée devra être pris ici dans le sens 
large de corps susceptible de libérer leur azote sous l'influence de 
l'hypobromite de soude. 

Nous avons effectué le dosage de l’urée dans le sérum à l’aide du pro- 
cédé par l'acide trichloracétique; le dosage de l’urée dans le caillot à 
l'aide du procédé par l'alcool. Nous avons ulilisé l’uréomètre du pro- 
fesseur Denigès en ayant soin de plonger dans l’eau le récipient de cet 
appareil (Labat) afin de permettre un refroidissement rapide et, parlant, 
une lecture plus prompte sur la cloche gazométrique 

Nos observations ont porté : 

1° Sur trois sujets bien portants dont il était cliniquement impossible 
de suspecter l'intégrité des fonctions rénales. 


D. 


638 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


EEE RE ANR RC SIERRA RC SEM 


Régime lacto-végétarien. Régime mixte. 
URÉE : URÉE 1 ; 

du sérum | du caillot | GONSTANTE Pt es CONSTANTE 
re) ner d'Ambard. | éévum. caillot.| d'Ambard. 


Jeune homme de 25 ans.| 0 gr. 15 [Indosable.| 0.062 |Ogr.25|0gr.01 0,066 
Homme de 42 ans - = | 0 gr. 10:| O\gr. 007 0,058 {0gr.15/|0gr.007 n,063 


Vieillard de 67 ans. : .| 0 gr. 25 | 0 gr. 01 0,067 |0gr.30|Indos. 0,067 


De ces trois observations auxquelles il faudra certainement comparer 
quelques autres pour se faire une opinion bien assise, on peut cependant 
conclure que, chez l'individu sain, la quantité d’urée que contient le 
caillot sanguin est tout à fait négligeable par rapport à l’urée du sérum. 

2° Un second groupe d'observations comprend deux brightiques fai- 
blement azotémiques et un hyposystolique hypertendu (Mn — 24, Mn—17 
au Pachon). Tous les trois sont au régime végétarien déchloruré. 


URÉE DU SÉRUM URÉE DU CAILLOT CONSTANTE D AMPBARD 
AI MAO eh 0 gr. 01 0,07 
No oue N RA(De Et Bit) indosable 0,080 
Blé Sas Go ACTE» 0 gr. O1 0,083 


Ici encore, mêmes conclusions que précédemment. Nous nous réser- 
vons cependant pour ce qui concerne les cas de grande azotémie (3-4 gr. 
et au-dessus), n'ayant pas eu l’occasion d’en constater au cours de ces 
recherches. 

3° Enfin, nous avons fait des dosages comparatifs de l’urée dans le 
sérum et dans le caïllot de trois malades atteints respectivement : 
d'anémie palustre, d'hyposystolie mitrale avec hypotension artérielle, 
de cirrhose atrophique. (Ges malades étaient au régime déchloruré de 
Widal.) 


URÉE DU SÉRUM URÉE DU CAILLOT CONSTANTE D'AMBARD 
: 0 gr. 20 0 gr. O1 0,066 
De SAS AUS 0 gr. 25 0 gr. 0C6 0,070 
Ë DE LE TONER 0 gr. 10 indosable 0,064 


Nous pouvons, à l'évidence, répéter pour ces affections ce que nous 
avons avancé déjà : quantité toujours très minime d’urée dans le caillot 
sanguin, quand toutefois elle est dosable, quantité qui n’est nullement 
en relation avec celle du sérum. Ces faits légitiment la conduite du cli- 
nicien qui, dans le diagnostic et le pronostic du syndrome azotémique, 
ne devra faire cas que de la teneur en urée du sérum à l'exclusion du 
caillot. 

({ravail du laboratoire de M. le professeur Arnozan.) 


SÉANCE DU À MARS 639 


SUR LE DOSAGE DE L'AZOTE RESTANT DANS LE SANG DES VERTÉBRÉS, 


par H. DELAUNAY. 


Ayant effectué diverses recherches sur l'azote restant du sang des 
vertébrés, je crois utile, par cette note préliminaire, de faire connaître 
tout d’abord la méthode analytique que j'ai utilisée. 

Cette technique, que j'ai mise au point après de multiples tâtonnements 
el dont j'ai vérifié l'exactitude, est originale en ce sens que j'ai combiné, 
adapté, sensibilisé diverses méthodes de dosage, aujourd’hui classiques. 
Elle me paraît présenter quelques avantages, en particulier celui de per- 
mettre la détermination dans le sang de l'azote libre titrable au formol 
et indirectement de l'azote aminé libre (après dosage de l’azote ammo- 
niacal par distillation, suivant la méthode de Grafe). Je me suis assuré 
qu'elle s'applique aussi bien au plasma et au sérum, qu au sang total. 

Les opérations sont, dans l’ordre, les suivantes: 

1° Désalbuminisation par l'acide métaphosphorique (Denigès). — 
50 c.c. de sang pur sont recueillis à la sortie du vaisseau dans une fiole 
jaugée de 100 c.c., contenant 50 c.c. d’une solution d’oxalate de soude 
à 2 p. 1.000. Le sang oxalaté est versé dans une fiole jaugée de 250 c.c. et 
additionné successivement de 50 c.c. d’une solution récente, faite à 
froid, de métaphosphate de soude à 5 p. 100, de 10 c.c. d'HCI pur, et 
d’eau distillée jusqu'au trait de jauge. Agiter, laisser reposer dix minutes 
environ, Filtrer, laver et recueillir ensemble le filtrat et les eaux de 
lavage. 

2° Neutralisalion, puis concentration du filtrat dans le vide à 40 degrés. 
— Le filtrat est neutralisé en présence de phtaléine par de la lessive de 
soude pure jusqu’à coloration rose, puis acidifié légèrement par addition 
de 10 c.c. d'HCI N/5, afin d'éviter pendant la concentration le dégage- 
ment d'ammoniaque. 

La concentration est effectuée dans le vide à 40 degrés, à l’aide de 
l'appareil de Krüger et Reich, et terminée lorsque le volume du filtrat 
est à peu près égal à celui du sang pur soumis à l'analyse. Dans ces 
conditions, il n’y a pas d’hydrolyse. 

3° Réactions qualitatives et dosages. — Le filtrat après concentration 
est divisé en quatre parties égales. 

La première sert à des réactions qualitatives. 

On s'assure de la désalbuminisation totale à l’aide de l'acide trichlo- 
racétique ; on recherche la présence d’albumoses et de peptones par le 
réactif de Tanret (à chaud) et la réaction du biuret. 

La deuxième est utilisée pour le dosage de l’azote restant total, par la 
méthode de Kjeldahl, en présence d’oxalate de potasse. 

Le dosage de l’azote ammoniacal s'effectue par titration au formol, 


640 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


à l’aide d’une solution de Baryte N/50, après distillation de l’ammoniaque, 
qui est recueillie dans une solution faible d'HCI. Cette précaution est 
nécessaire, car lorsqu'on opère directement c'est-à-dire sans distillation 
préalable, la titration au formol, le virage est peu net. Enfin, si l’on a 
soin de déterminer préalablement par une épreuve à blanc les traces 
d'azote contenues dans les réactifs (acide sulfurique, lessive de soude) 
les résultats obtenus donnent toute satisfaction, l'erreur ne dépassant 
pas le milligramme. 

La troisième partie sert au dosage de l'azote libre titrable au formol. 

Il est utile de se débarrasser tout d'abord des phosphates capables, 
comme l’a montré Sürensen, de gêner le dosage. Dans ce but le liquide 
est addilionné en quantité convenable (5 c.c. environ) d’une solution à 
20 p. 100 de chlorure de baryum, puis alcalinisé jusqu’à coloration 
rouge à la phtaléine par une solution saturée de baryte. Filtrer, laver. 
Revenir exactement à la neutralité et titrer au formol avec de la 
baryte N/50 dans les mêmes conditions que pour l'azote restant total. 

La quatrième partie sert au dosage de l'azote titrable à l’hypobromite 
de soude. 

Le dosage est effectué dans l'appareil d’Yvon, suivant la méthode 
classique. Afin de pouvoir comparér exactement les résultats titrimé- 
triques précédemment obtenus et le résultat volumétrique de ce dosage, 
j'ai utilisé le procédé suivant. Une solution faible de chlorure d’ammo- 
nium, contenant un poids connu de ce sel, est litré à chaque opération, 
d'une part, par acidimétrie, après addition de formol, à l’aide de 
baryte N/50; d'autre part, volumétriquement par l’hypobromite. Il est 
aisé d'établir l’'équivalence entre les centimètres cubes d’azote dégagé 
et de baryte titrée, et d'obtenir ainsi des résultats vraiment comparables, 
sans avoir à faire des reclifications de température et de pression. 

Telles sont les diverses opérations qui m'ont permis de déterminer 
dans le sang total, le plasma, le sérum : l'azote restant total, l’azote titrable 
au formol, l'azote titrable à l’hypobromite. 

Si, d'autre part, on détermine par la méthode de Grafe la teneur en 
azote ammoniacal du sang, il est facile de calculer par différence, la 
teneur en azote aminé libre formolisable, et en azote uréique du sang. 
Les avantages que présente ce mode opératoire apparaissent aisément. 
D'une part, la désalbuminisation s'opérant à froid et après dilution 
convenable, on évite autant que possible l'hydrolyse et l'erreur due à la 
rétention dans le précipité des corps qui forment l’azote reslant. D'autre 
part, la concentration dans le vide facilite les dosages, les recherches 
qualitatives et les rend plus précis. Enfin, tous les dosages pouvant 
s’exprimer-en baryte N/50, sont exactement comparables. 


(Travail du laboratoire de Physiologie 
de la Faculié de médecine de Bordeaux.) 


+ bis. 


SÉANCE DU À MARS GAL 


SUR L'AZOTE RESTANT DU PLASMA DE QUELQUES VERTÉBRÉS, 


par H. DELAUNAY. 


Voici quelques résultats relatifs à la répartition de l'azote restant 
dans le plasma oxalalé de quelques vertébrés (poissons, mammifères), 
obtenus à l’aide de la techniqne déjà décrite. Ges recherches, afin 
qu'elles soient autant que Dessins comparables, ont été faites chez les 
animaux à jeun. 

En même temps que l'azote restant, j'ai dosé l’azote total et calculé 
par différence l'azote protéique. 

Ces résultats se rapportent à 100 ce. de plasma. 


N RESTANT (milligrammes). 
N N 
ESPÈCES ANIMALES TOTAL PROTÉIQUE 

(mgr.). (mgr.). Total. | Aminé. a Uréique. sn 

. re 1590 483 907 6,4 1,8 890 » 8,8 
Torpedo marmorata.) 1210 200 10 s°4 0.9 798 » 6.0 
Raja clavata . . . . 1482 462 1020 6,0 1,2 |1006 » 6,8 
Conger vulgaris. . . 605 512 3 6,0 Lol 20 » 5,9 
HOUSE EU de eee 1087 1057 30 6,2 1,0 12,0: | 10,8 
Lepus cuniculus. . . 816 184 32 HE) 0,8 20,0 4,0 
Canis familiaris . . 811 ca 18 4,0 1,0 9,0 | 4,0 
Canis familiaris . . 1058 1032 26 5,0 152 12,8 1,0 


- Il ressort de cette étude comparative quelques faits sur lesquels Je 
désire attirer l’attention. 

1° Letaux de l'azote aminé et de l’azote ammoniacal, dans le plasma 
des divers vertébrés étudiés, est sensiblement constant, alors que celui 
de l'azote protéique et de l’azote uréique (Sélaciens) est soumis à des 
variations importantes. 

90 L’azote aminé libre, titrable au formol, du plasma, affecte une valeur 
toujours plus considérable que l'azote ammoniacal, alors que, comme 
on sait, dans l'urine, c’est l'inverse. 

Ce point, que j'avais d’ailleurs déjà signalé en 1910 dans ma ho de 
doctorat, me paraît particulièrement intéressant, puisqu'il montre que le 
rein excrète électivement l’ammoniaque et retient l’azote aminé. 

Ce dernier apparaît donc comme de l’azote à fonction nutritive, et 
non comme de l’azote de déchet. Il appartient vraisemblablement à des 
acides aminés. D. Van Slycke et G. Meyer (1) par une autre méthode de 


(4) D. D. Van Slycke et G. M. Meyer. The amino-acid Nitrogen of the Blood, 
Journal of Biological Chemistry, t. XII, p. 399, 1912. 


Brozocir. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. a5 


\ 


642 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


dosage sont arrivés à la même conclusion. Je rappellerai à ce sujet que, 
dans le liquide cavitaire de certains invertébrés, j'ai déjà signalé la 
présence en quantité importante d'azote aminé (4). 

3° L’azote aminé affecte par rapport à l'azote restant total une valeur 
qui n’est point négligeable. Chez les mammifères étudiés, il forme 
environ 15 à 20 p. 100 de l'azote total du plasma. ; 

4° Le coefficient azoturique du plasma ne me paraît pas aussi élevé 
qu'on l’admet généralement. D'après mes recherches, l'azote uréique ne 
forme pas 70 p. 100 de l'azote restant total, mais seulement 
40 à 60 p. 100. 


(Travail du laboratoire de physiologie 
de là Faculté de médecine de Bordeaux.) 


(1) H. Delaunay. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 151,1913, 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


SÉANCE DU |! 


Baunrz (L.) : A propos des né- 
phrocytes et des néphrophagocytes. 
(Réponse à MM. Ancel (P). et Bouin). 

Cüéxor : Remarques à propos de 
la communication de M. Bruntz .. 

Exrenne (E.) et Durer (R.) : Eli- 
mination de l'urohypertensine chez 
TONER ELA NN STE à 

Guxnier (Pu.) : Un cas de spécia- 
lisation parasitaire chez une uré- 


 "dinée. (Parasitisme de Gymnospo- 


rangium tremelloides R. Hart..sur 


MARS 1913 


SOMMAIRE 


l'iybride Sorbus confusa Gremili). . 
Mercier (L.) : À propos du déter- 
minisme de la sécrétion mammaire 
cheztaibanmel.. #0: 2e 
SARTORY (A.) : Sur la présence 
d’Aspergillus fumigatus Fr. sur des 
cigares 
Tiny (G.) : Bacillus pyocyaneus 
eb LAC OphÉRINe NE NN Ur 
Tarry (G.): De faibles doses d’an- 
tiseptiques ‘exaltent la virulence et 
les fonctions des microorganismes. 


ss tree Meehteilets les elle le ta enete 


Présidence de M. Meyer. 


À PROPOS DES NÉPHROCYTES ET DES NÉPHROPHAGOCYTES. 


(RÉPONSE À MM. P. AnNcEL et P. Bouin), 


par L. BRrüNÿz. 


Les histo-physiologistes qui ont étudié les Invertébrés ant donné le 
nom de néphrocytes à des cellules excrétrices closes (c'est-à-dire dépour- 
vues de canalicule excréteur) qui accumulent dans leur intérieur les 
produits d'élimination. Telles sont, pour ne citer qu’un exemple, les 
cellules à urates, qui sont si abondamment répandues dans plusieurs 
groupes dela série, mais qu'on ne trouve pas chez les Vertébrés. 

Laméthode des injections physiologiques de solutions coiorées, et en 
particulier les injections de carmin soluble employées par nombre 


d'auteurs, permettent de mettre en évidence dans presque tous les 


groupes, y compris celui des Vertébrés, l'existence de néphrocytes, 
parce que ces cellules soutirent de l'organisme les colorants injectés et 


614 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (29) 


les concentrent dans leur cytoplasme en les fixant dans des vacuoles ou 
sur des boules ou grains de sécrétion. Dans divers groupes de la série, 
on connait de tels néphrocytes qui peuvent, de plus, capturer les parli- 
cules solides injectées, ce sont les néphrophagocutes. 

Or, récemment, MM. Ancel et Bouin ont été conduits à « adresser des 
critiques aux auteurs qui ont utilisé la méthode des injections physio- 
logiques pour rechercher les cellules excrétrices » (1). Dans le but de 
mettre simplement la question au point, je crois devoir répondre aux 
critiques faites par les auteurs cités. 

Auparavant, je veux faire remarquer que si «le néphrocyte est une 
cellule qui a pour fonction de retirer du milieu intérieur et d'éliminer 
les substances de déchet produites par les réactions chimiques de 
l'organisme », le néphrocyte élimine aussi, du reste comme toutes 
les cellules rénales, les produits inutilisables par l'organisme, en parti- 
culier des produits médicamenteux, des toxines alimentaires ou mi- 
crobiennes, elc., aussi bien que les solutions colorées. 

« Où est donc la preuve que les cellules qui fixent le carmin ou toute 
autre matière colorante ont pour fonction de retirer du milieu intérieur 
et d'éliminer les substances de déchet? » disent MM. Ancel et Bouin. 

La notion de l’excrétion des substances colorées peut s’acquérir par 
l'expérience et l'étude de la bibliographie de la question. Les auteurs 
auxquels je réponds ontpeut-être expérimenté, maisilsn'ontcertainement 
pas lu tous les travaux concernant les injections physiologiques. En 
effet, nous avons réuni en un mémoire publié dans des Annales très 
répandues (2) une série de faits qui apportent la preuve réclamée par 
MM. Ancel et Bouin. Pour établir le rôle excréteur des cellules qui éli- 
minent le carmin soluble, nous nous sommes basés suries faits suivants. 
Ces cellules, 1° renferment, dans divers cas, des produits concrétionnés 
ou cristallisés, parmi lesquels on a même pu déterminer des espèces 
chimiques quisont d'authentiques produits d'excrétion (acidehippurique, 
sels ammoniacaux, Corps xanthiques, etc.) ; 2° fonctionnent de la 
même manière que les cellules des reins ouverts, comme le démontrent 
les analyses chimiques et cytologiques ainsi que les recherches physio- 
logiques ; 3° peuvent suppléer à la fonction excrétrice des reins ouverts. 

Les résultats fournis par les injections physiologiques doivent-ils être 
acceptés sans critique ? Non, et nous ne dirons pas « qu'un neurone 
rétinien est un néphrocyte oculaire parce qu'il absorbe le bleu de méthy- 
lène, etc. », car une longue expérience des injections physiologiques 
nous à conduits à ne considérer le rôle excréteur des cellules closes 
comme établi que si : 1° le réactif coloré a été fixé électivement, soit 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 février 1913. 
(2) Annales des Sciences naturelles. Zoologie, 1910. — Voir aussi le Traité de 
Microscopie publié récemment par M. Langeron. 


(61e SÉANCE DU Îl MARS 645 


dans des vacuoles, soit sur des boules ou des grains de sécrétion ; 
20 les cellules colorées sont demeurées bien vivantes chez des individus 


_ parfaitement sains ; 3° les phénomènes de fixation du colorant, quoique 


ve. 


rapides dans certains cas, ne se sont pas produits instantanément, mais 
sont au contraire le résultat d'un processus glandulaire qui fait que les 
grains, boules ou vacuoles, sur lesquels se fixe le réactif, se colorent de 
plus en plus, en même temps que les liquides intérieurs se décolorent 
progressivement. 

Enfin, MM. Ancel et Bouin n’acceptent pas le terme même de néphro- 
phagocytes. Ils disent que « c'est commettre une erreur dangereuse que 
de dénommer des cellules par une fonction préjugée sans tenir compte 
des autres fonctions qu’elles ont ou peuvent avoir. » À mon avis, je 
trouve logique de réunir sous un même nom tous les éléments qui peuvent 
exister dans divers organes ou tissus el que l’on peut caractériser par une 
propriété très nette qui correspond bien à une fonction excrétrice et pha- 
goculaire nullement préjugée, mais au contraire la seule démontrée 


jusqu'ici. Je préfère le terme de néphrophagocytes, ce qui est un droit, 


à une désignation topographique imprécise. 


(Laboratoire de Matière médicale. Ecole supérieure de pharmacie de Nancy.) 


M. Cuénor. — Je désirerais ajouter quelques mots à la communication 
de M. Brun{z, au sujet de l'emploi du bleu de méthylène dans les injec- 
tions physiologiques destinées à mettre en évidence les organes excré- 
teurs. 

Dans un travail(1) déjà ancien (1892) [qui, entre parenthèses, est l’un 
des premiers en France où il ait été fait usage des injections physio- 
logiques], j'ai précisément examiné le cas du bleu de méthylène BB 
qui, chez les Escargots (diverses espèces d’Aelix), se comporte un 
peu autrement que les autres matières colorantes : lorsqu'on en injecte 
de petites quantités, toute la couleur est éliminée par des cellules incontes- 
tablement excrétrices, l'épithélium du rein, les cellules vacuolaires du foie 
et parfois aussi par les néphrocytes du conjonctif (cellules de Leydig); 
mais il se trouve que cette substance est peu ou point toxique et qu'on 
peut en introduire dans le sang des quantités considérables sans tuer 
l'animal; dans ces conditions, lorsque les organes excréteurs sont saturés, 
le bleu de méthylène peut alors s'ajouter aux pigments naturels de 
l’épiderme et du conjonctif, se précipiter sous la forme de fins grains 
dans le cœlome et divers épithéliums, et enfin teindre de petits filets 
nerveux. Mais il est évident que l’on n’est plus là dans les conditions 


4) L. Cuénot. Etudes physiologiques sur les Gastéropodes Pulmonés 
(Archives de Riologie, t. XII, 1892, p. 683). 


646 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (31) 


rigoureusement définies des injeclions physiologiques normales: « 
fortiori, les phénomènes de teinture que l’on peut observer en plon- 
geant dans les solutions de bleu des animaux entiers ou des: organes 
détachés n'ont aucune espèce de rapport avec Ia méthode en question. 


À PROPOS DU DÉTERMINISME DE LA SÉCRÉTION MAMMAIRE CHEZ LA ÉLAPINE, 


par 1. MERCIER. 


Dans. le but d’élucider complètement le problème du déterminisme de 
l'évolution gravidique de la mamelle, Ancel et P. Bouin ont institué une 
expérience qui leur a permis d'obtenir une sécrétion mammaire « en 
l'absence de fœtus et de placenta fœætal » (1). À la suite de cette expé- 
rience, les deux auteurs considèrent comme très vraisemblable 
d'admettre que la « phase glandulaire gravidique » de la mamelle est 
sous la dépendance de cellules qui sont apparues dans l'utérus et qu'ils 
identifient aux grandes cellules qui se développent dans cet organe au 
cours de la gestation normale et D AETS ils ont donné le nom de 
cellules myométriales. 

Or, j'ai montré (2), et Ancel et P. Bouin sont d'accord avec moi sur ce 
point(3), que les « cellules myométriales » qui apparaissent.à mi-term 
d’une gestalion normale capturent le carmin solide et fixent le car- 
min soluble des injections physiologiques, double propriété qui permet 
de les ranger dans la catégorie des néphrophagocytes. Il m'a donc paru 
intéressant de rechercher si les éléments qu'Ancel et P. Bouin font appa- 
raitre expérimentalement sont également néphrophagocytaires. Dans ce 
but, j'ai effectué l'expérience suivante en me conformant rigoureusement 
à ja technique indiquée par ces deux auteurs : 

Je fais exécuter à une Lapine, vierge et en rut, un coit stérile avec un 
mâle dont les canaux déférents ont été partiellement réséqués. Huit 
jours après ce coït, je sectionne en long les cornes utérines sur presque 
toute leur longueur. Le seizième jour de l’expérience, la Lapine recoit. 
une injection de carmin soluble et de carmin en poudre; le vingtième 
Jour, elle est sacrifiée. ; 

L'étude des coupes de l'utérus montre des néphrophagocytes dans ee 


(4) P. Bouin et P. Ancel. Comptes rendus de la Soc. de Biologie. Séance du 
27.jamvier 1912, t. LXXIEI, p. 429. 

(2) L. Mercier. Comptes rendus de la Soc. de Biologie. Séance du 10 février 
1942, t. LXXIT, p. 212 Ibid! Séance-du 12 novembre 4912; t_ EXXTIH, 
p. Ha. 

(3) P. Ancel et P. Bouin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie. Séance du 
A5 février 1943, 1: LXXIV, p-352: 


(32) SÉANCE DU Î1l MARS 647 


travées conjonctives qui séparent les faisceaux musculaires. Notons 
cependant que ces néphrophagocytes expérimentaux sont moins nom- 
breux et moins volumineux que les néphrophagocytes qui existent au 
même stade d’une gestation normale. 

Doit-on, avec Ancel et P. Bouin, considérer comme très vraisemblable 
l'hypothèse qui consiste à admettre que ces néphrophagocytes expéri- 
mentaux déterminent l'apparition de la sécrétion lactée que l’on cons- 
tate dans certains acini de la glande mammaire à la suite de cette expé- 
rience ? 

Je ne le crois pas, et cela pour deux raisons. 

1° J’ai obtenu (1) par une expérience différente de celle instituée par 

Ancel et P. Bouin (coît stérile et, le même jour, résection de l'extrémité 
des cornes utérines) une sécrétion mammaire analogue à celle que l’on 
observe à la suite de l'expérience de ces deux auteurs, et cela sans 
néphrophagocytes utérins au vingt-deuxième jour. 
- 2° J'ai pu faire apparaître des néphrophagocytes dans l'utérus « non 
préparé » par le corps jaune. A cet effet, à une Lapine, vierge et non en 
rut, J'enlève les ovaires et je sectionne les cornes utérines comme dans 
l'expérience instituée par Ancel et P. Bouin. Huit jours après, l'animal 
reçoit une injection de carmin soluble et de carmin en poudre ; le dou- 
zième jour, la Lapine est sacrifiée. L'étude des coupes de l’utérus 
montre, avec la même abondance, des néphrophagocytes identiques à 
ceux observés dans l’utérus d’une Lapine soumise à l'expérience d’Ancel 
et P. Bouin. Notons encore que, dans ces deux expériences, l’animal 
reçoit l'injection et est sacrifié à des dates rigoureusement parallèles 
(injection huit jours après les incisions et examen quatre jours après 
l'injection). Il est curieux de rapprocher le résultat que m'a fourni cette 
expérience de celui qu’Ancel et P. Bouin disent avoir obtenu (2); d’après 
eux, en effet, « si l’on incise les cornes utérines d’une Lapine n'ayant 
pas de corps jaune, on ne voit apparaitre ni placenta maternel, ni 
glande myométriale, ni sécrétion mammaire ». Pour discuter cette affir- 
mation, en ce qui concerne les cellules myométriales, il serait néces- 
saire que les auteurs fassent connaître les conditions précises de leur 
expérience. Pour moi, j'ai la preuve objective qu'un utérus « non pré- 
paré » par le corps jaune présente, à la suite d’une blessure, des 
néphrophagocytes identiques à ceux d’un utérus préparé. 


En présence de ces résultats, je ne crois donc pas m'avancer par trop 
en considérant l’apparition des néphrophagocvtes dans un utérus blessé 


(4) L. Mercier. Comptes rendus de la Soc. de Biologie. Séance du 12 novembre 
1942, €. LXIL, p. 334. 

(2) P. Bouin et P. Ancel. Comptes rendus de la Soc. de Biologie. Séance du 
21 janvier 1942, t. EXXIF, p. 129. 


648 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (33) 


comme étant absolument indépendante du eorps jaune; c'est purement 
une réaclion traumatique. 

À mon avis, l'expérience instituée par Ancel et P. Bouin, dans le but 
de mettre en évidence le rôle des néphrophagocytes utérins dans l’évo- 
lution gravidique de la mamelle, n’est donc pas démonstrative. 


UN CAS DE SPÉCIALISATION PARASITAIRE CHEZ UNE URÉDINÉE. (PARASITISME 
DE (rymnosporangium tremelloides R. HART. SUR L'HYBRIDE Sorbus 
confusa GREMLI), 


par PH. GUINIER. 


Il est établi que la plupart des Urédinées ne parasitent qu'une espèce 
ou un petit nombre d’espèces voisines, et encore, dans ce dernier cas, 
on areconnu le plus-souvent qu'il existait, dans la même espèce morpho- 
logiquement définie, des espèces biologiques adaptées à des hôtes diffé- 
rents. Réciproquement, la réceptivité ou l’immunité vis-à-vis d’une 
Urédinée donnée constitue pour les végétaux supérieurs un caractère 
spécifique. 

Il est intéressant d'étudier ce qui se produit quand une forme hybride 
est infectée par une Urédinée ne parasitant qu'une des espèces parentes. 
De pareils cas ont été signalés par Eriksson (Puccinia sur une céréaie 
d'origine hybride), par Klebahn (Melampsora sur un Salix hybride); 
récemment Ed. Fischer a mentionné le cas très particulier d'un hybride 
de greffe entre Néflier (Wespilus germanica L.) et Aubépine (Cratægus 
oxyacantha L.) parasité par Gymnosporangium confusum. 

J'ai eu l’occasion d'observer un fait de cet ordre pour le Gymnospo- 
rangium tremelloides R. Hart., Urédinée hétéroxène qui parasite sous sa 
forme téleutosporée le Genévrier (Juniperus communis L.) et forme ses 
écidies sur les feuilles de l’Alisier blanc (Sorbus Aria Crantz). 

Dans une station des environs d'Annecy (Haute-Savoie), se trouvent 
réunis dans un même bois laillis le Juniperus communis L., le Sorbus aria 
Crantz, le Sorbus torminalis Crantz, et, en assez grande quantité, leur 
hybride, le Sorbus confusa Gremli. Durant deux saisons successives, en 
1911 et en 1912, j'ai constaté que le Sorbus Aria y était fortement atlaqué 
par le Gymnosporangium tremelloides ; le Sorbus torminalis était complè- 
tement indemne; l'hybride présentait sur ses feuilles de nombreuses 
{races d'infection, mais le champignon était peu développé, et offrait 
des caractères très particuliers. 

Sur le Sorbus Aria, la face supérieure des feuilles envahies est parsemée 
de nombreuses taches assez larges, d’un jaune rougeûtre : on y distingue 
de petites pustules brunes correspondant à l'orifice des spermogonies, 


(34) SÉANCE DU 11 Mars 649 


Sur la face inférieure, en dessous des plages colorées, le champignon 
produit une mycocécidie assez volumineuse et dans la masse des tissus 
hypertrophiés sont englobées de nombreuses (5 à 10) écidies bien appa- 
rentes, entourées d’un péridium blanc, lacéré en lanières étroites. Au 
microscope, on voit un mycélium vigoureux et abondamment ramifié : 
les spores sont nombreuses et normalement constituées. 

Les feuilles du Sorbus confusa offrent des taches brun rouge, assez 
nombreuses, mais de faible étendue. Sur la face inférieure, aucune 
hypertrophie ne se manifeste généralement : ce n’est que vis-à-vis de 
quelques-uns des points d'infection que l’on discerne des protubérances 
peu saillantes et de surface réduite, à l'intérieur desquelles les cellules 
sont entremèêlées de filaments mycéliens relativement peu nombreux. 
Les appareils sporifères font généralement défaut. A la face supérieure, 
sur un certain nombre de taches, accompagnées ou non de protubé- 
rances, se forment cependant quelques spermogonies ; les écidies sont 
plus rares encore et ne se voient que sur les mycocécidies les plus accen- 
tuées. Ces écidies sont peu nombreuses (1 à 5), peu apparentes, de faible 
diamètre, avec un péridium à peine développé : les spores y sont pour 
la plupart à contour irrégulier, mal formées ; quelques-unes pourtant 
sont de forme et d’aspect normal et offrent les dimensions habituelles 
pour l'espèce. Il faut remarquer qu'il existe d'un point d'infection au 
voisin des différences considérables dans l'étendue des taches, le volume 
de la mycocécidie, le développement des spermogonies et surtout des 
écidies. [l semble que les diverses spores tombées sur la feuille aient 
donné naissance à des mycéliums plus ou moins actifs vis-à-vis du 
Sorbus confusa. De telles variations ne s’observent pas sur Les feuilles du 
Sorbus Aria. 

Le Sorbus confusa hérite donc à peu près à égal degré de l'immunité 
du Sorbus torminalis et de la réceptivité du Sorbus Aria pour le Gymnos- 
porangium tremelloides. Il oppose au parasite une résistance insuffisante 
pour arrêter son développement, mais assez grande pour limiter son 
extension et empêcher dans la majeure partie des cas la formation nor- 
male des écidies. Mais cette résistance n’est pas semblable vis-à-vis de 
tous les individus de l’espèce parasite qui se développent simultanément 
sur une feuille. Le fait que certains d’entre eux seuls produisent des 
écidies paraît indiquer l'existence de races plus ou moins capables de 
vaincre l'immunité relative du Sorbus confusa : il semble que l’on assiste 
à la genèse d’une forme spécialisée. Il serait nécessaire de vérifier cette 
hypothèse par des expériences de culture en partant de spores issues 
des écidies les mieux formées. En tout cas, je me propose de suivre, 
durant les années suivantes, l’évolution de l’'Urédinée dans la station où 
ces observations ont été faites. 


650 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (35) 


Sur LA Présence D'Aspergillus fumigatus FR. SUR DES CIGARES, 


par À. SARTORY. 


En juillet dernier, ouvrant une boîte de dix cigares mexicains, nous 
constations que les dix cigares étaient parsemés de petites taches 
verdatres vers leur extrémité effilée et à leur partie moyenne. 

Par précaution nous trempions avant de les porter à la bouche les 
parties suspectes dans un peu de kirsch (fort de 48° en alcool) et nous 
retenions deux des cigares pour fin d'analyse bactériologique. 

À notre retour à Paris, une semaine plus tard, un premier examen 


rapide nous prouvait qu'il s'agissait d’une moisissure appartenant au 
P P 


senre Aspergillus Micheli. Une étude morphologique complète nous 
donnait les caractères suivants : Mycélium de 2-3, formant un tissu assez 
serré. Conidiophores dressés, de 100 à 300 sur 5-6 à la base, @ris fuligi- 
neux plus foncés vers :e sommet où ils se renflent graduellement en tête 
sphéroïdale de 35 à 40, et couverte seulement dans la moitié ou les deux 
liers supérieurs de basides de 5 à 14 (parfois plus courtes au voisinage 
du sommet), fuligineuses. Conidies rondes, parfois elliptiques de 2 à 3, 
bronzées. L'optimum cultural est vers 37°. Il ne végète plus à 49°. Cet 
aspergillus pousse bien sur carotte, pomme de terre ordinaire, glycériné, 
et acide, sur banane, empois d'amidon, gélose, Raulin gélosé, re 
Raulin saccharosé, glucosé, maltosé, lactosé. 


Principales remarques biologiques : Ce champignon liquéfie très lente- 
ment la gélatine ( début de liquéfaction le vingt-septième jour). Couleur 
des cultures le quatrième jour correspondant au n° 373 du code des 
couleurs de Klincksieck et Valette: 

Le lait est coagulé vers le douzième jour; le dix-huitième jour il est 
transformé en un liquide légèrement visqueux et opalescent ; 

L'albamine d'œuf cuite ne subit aucune modification. 

Action sur les hydrales de carbone. — Résultats obtenus cinq jours 
après addition de la solution des ferments. 

Saccharose : Il y.a intervention et la solution ne par litre 
22 gr. 40 (en glucose) de sucre réducteur, 

Maltose : L'augmentation du pouvoir réducteur et une déviation 


inférieure de 1°46 au polarimètre indiquent le dédoublement de ce . 


sucre. 
Lactose : Aucune transformation avec la phemphydrazine, uniquement 
formation de läctosazoue. 
Glucuse : Pas de production d'alcool. 
Empois d'amidon : La gelée se liquéfie peu à peu, la liqueur devient 
sensiblement claire; elle contient après cinq jours 18 gr. 20 en glucose 
de sucre réducteur par litre. 


(36) SÉANCE DU 11 MARS 651 


Notons également l'absence de périthèces sur tous les milieux 
employés au cours de cette étude. 

Pouvoir pathogène : Le champignon s’est montré frès pathogène pour 
le cobaye (injection intra-péritonéale de 2 centimètres cubes d’une émul- 
sion contenant deux millions de conidies par centimètre cube) et le 
lapin (injection intra-péritonéale de 5 centimètres cubes d’une émulsion 
contenant trois millions de conidies par centimètre cube). Ces caractères 
morphologiques et biologiques permettent de conclure à l’'Aspergillus 
fumigatus Fresenius. Nous avons pensé qu'il était intéressant de signaler 
la présence de ce champignon sur des cigares, excellents d’ailleurs 
comme qualité, mais qui auraient pu en l'espèce causer des accidents 
très graves pour le consommateur, 

Signalons pour terminer que l'Aspergillus fumigatus Fresenius fut 
signalé par Siebenmann et Behrens sur des feuilles de tabac. 


(Travail du laboratoire de pharmacie chimique de l'Ecole supérieure de 
pharmacie de Nancy.) 


BACILLUS PYOCYANEUS ET LACTOPHÉNINE, 


par G. Try. 


La lactophénine est, comme la phénacétine, un dérivé de la phéné- 
tidine. C'est de la phénacétine dans laquelle le reste acétique est 
remplacé par le reste lactique. Ce corps est soluble dans 500 parties 
d’eau froide et dans 55 parties d’eau bouillante. IL fond vers 1175. 

H. Strauss a constaté qu’en solution aqueuse diluée, ia lactophénine 
n’entrave en rien le développement de la levure de bière, au contraire 
elle l’active et l’accélère. 

Avec le regretté D’ L.-C. Humbert, nous avons recherché l’action de 
la lactophénine sur les cultures du Parillus pyocyaneus dans les condi- 
lions suivantes : 

1° Cultures sur bouillon de bœuf, peptonisé à 2 p. 100, neutralisé à 
la soude. Même milieu glycériné ou glucosé à 2 p. 100 ou salé à 7 
ou 8 p. 100. 

- 2 Cultures à l’étuve à 36-37 degrés, soit en tubes, soit en petits 
ballons. 

3° Addition à 10 c.c. de bouillon de 1 à 10 c.c. de solution aqueuse 
de lactophénine saturée à 100, 115, 120 degrés, puis refroidie. Après 
avoir ajouté la quantité voulue de solution, le contenu du tube ou 
du ballon est ramené au volume total de 20 c.c., soit par addition de 
même bouillon, soit par addition d’eau, de facon que les milieux aient 
toujours même dilution ou même pouvoir nutritif. 


652 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY er) 


Dans ces conditions, après vingt-quatre et quarante-huit heures, 
toutes les cultures avec PB. pyocyaneus, Staphylocoque doré, Strepto- 
coque pyogène ou Bacillus lactis ærogenes se développent vite et abon- 
damment. Le B. pyocyaneus produit d'autant plus de pyocyanine et 
de bactério-fluorescéine que le milieu contient de plus fortes quantilés 
de lactophénine. 


DE FAIBLES DOSES D'ANTISEPTIQUES EXALTENT LA VIRULENCE 
ET LES FONCTIONS DES MICROORGANISMES, 


par G. Tniry. 


J'ai vu avec A. Colas (1909) des doses infinitésimales de métaux 
colloïdaux électriques, doses variables avec chaque métal, produire une 
suractivilé fonctionnelle de l’Aspergillus fumigatus. Notre expérience 
avec L.-C. Humbert, qui montre la lactophénine excitant la fonction 
chromogène du B. pyocyaneus, parait devoir être rapprochée de la 
précédente et des suivantes : 

1° H. Strauss : La lactophénine active el accélère le développement 
de la levure de bière. 

2° M. E. Latham (1905) : Sur la stimulation du Sterigmalocystis par le 
chloroforme. | 

3° Galli Valerio (1901) : L’oxyde de zinc, qui est un bon moyen de 
traitement des infections pyocyaniques, ajouté dans la proportion de 5 
à 10 p. 100 à des cultures en bouillon, active la fonction chromogène, au 
point qu'elle se manifeste déjà au bout de quinze à vingt-quatre heures, 
tandis qu’il faut d'ordinaire soixante-sept heures. 

4° À. Frouin et S. Ledebt (1912) : Les sels de terres rares favorisent à 
petites doses l'apparition du pigment du £. pyocyaneus. Ils deviennent 
antiseptiques à des doses supérieures à 1 gramme par litre. 

5° L. Renard (1902) à étudié l'augmentation de croissance (che- 
mauxisme) du Penicillium glaucum sous l'influence des sels de cuivre. 

Les exemples pourraient être multipliés : Une faible quantité d'un 
antiseptique à une action vivifiante sur les microbes et sur les cellules, 
comparable à celle de certains parasites sur leur hôte, comparable à 
celles des excitants physiologiques. 


ELIMINATION DE L'UROUYPERTENSINE CHEZ LE VIEI[LLARD, 


par G. ETIENNE et R. Durer. 


Au cours de nos recherches sur le pouvoir athéromalisant de 
l'uroh ypertensine, nous avons été amenés à reprendre les expériences 


(38) SÉANCE DU 11 MARS 653 


de MM. Abelous et Bardier sur l’élimination de cette substance chez 
les vieillards plus ou moins artérioscléreux. 

La quantité d'extrait oxalique renfermant l'urohypertensine est très 
variable selon les individus, nous paraissant varier dans le même sens 
que leur élimination urinaire; elle varie chez le même individu suivant 
son régime, augmentant avec l'alinentation carnée, diminuant avec le 
régime végétarien. Mais, point plus important encore, une même 
quantité d'extrait oxalique peut être très active ou inactive comme 
action hypertensive. 

On ne peut donc étudier son élimination qu’en graduant l’action 
hypertensive des extraits sur l'animal. 

C’est ce que nous avons fait chez six vieillards, en comparant l’élimi- 
nation avec celle d’un adulte et d'un enfant (1). 

Chez un adulte normal, pris comme terme de comparaison, soumis à 
un régime alimentaire mixte, urinant 1.350 c.c., 300 c.c. d'urine ont 
donné 0 gr. 016 d'extrait oxalique, dont 0,01 nine a donné chez 
le lapin une élévation de pression de 5 cm. 5. 

Chez le même, soumis à un régime exclusivement carné, urinant 
1375 c.c., 300 c. c. ont donné 0 gr. 04 d'extrait oxalique, dont 0 gr. 0025 
ont provoqué une élévation de 8 centimètres. 

Chez le premier de nos vieillards, âgé de soixante-dix-neuf ane, 
bien portant, l'extrait de 300 c.c. a été de 0 gr. 026, dont un quart a 
donné seulement une élévation de pression de 0 em. 5. 

Chez les vieillards suivants, l'extrait oxalique a été de 0 gr. 03, dont 
un quart a donné une élévation de pression de 1 em. 1; de 0 gr. 015, 
dont un quart a donné une élévation de 0 cm. 3; de 0 gr. 01, dont un 
quart a donné une élévation nulle; de 0 gr. 013, dont un quart a donné 
une Leu 2e de 0.018 dont un quart a due une élévation de 
0 cm. 

Enfin, chez un enfant témoin, la totalité des urines de près de deux 
jours n’a donné que 0 gr. 004 d'extrait, dont la totalité a provoqué 
seulement une élévation de 1 centimètre. 

Pour rendre les résultats plus comparables, nous avons adopté, comme 
terme de comparaison, une unité : ce sera l'élévation de tension expri- 
mée er centimètres, provoquée sur un kilogramme de lapin vivant par 
l’extrait fourni par un kilogramme-jour du sujet étudié; plus simple- 
ment : pouvoir hypertenseur PH. 

IL a été chez notre A nnpe au régime mixte : PH — 0 cm. 22; 
après le régime carné : PH — 4 cm. Dans l'observation-type du premier 
vieillard : PH — 0 cm. 04. Et chez l'enfant témoin : PH — 0 cm. 0065. 


(1) Pour les détails de la technique, les observations et Les tracés, voir : 
Elimination de l’urohypertensine chez le vieillard, Revue médicale de l'Est, 
4943: 


654 RÉUNION BIOLOGIQUE DE- NANCY (39) 


Chez nos vieillards, la quantité d'extrait oxalique a donc été assez 
comparable à ce qu'elle est chez l'adulte; mais il est presque inactif. Nos 
conclusions sont en ceci d'accord avec celles de MM. Abelous et Bardier. 

Ces auteurs admettent que, au début de l’arlérioselérose, il s’établirait 
rapidement une imperméabilité rénale élective pour l’urohypertensine, 
qui serait retenue dans l'organisme, deviendrait facteur d’hypertension 
et peut-être d’artériosclérose. 

Mais tous les vieillards artérioscléreux ne sont pas des hypertendus ; 
d'après nos statistiques (G. Etienne et J. Parisot), 55 p.100 ont une ten- 
sion normale ou abaissée. 

Ce peut être parce que le cœur scléreux n’est plus capable de réagir 
suffisamment, bien que MM. Abelous et Bardier aient montré que 
l’action vaso-contrictive de l'hypertensine est surtout d'origine périphé- 
rique. Mais le premier de nos vieillards a un cœur suffisant, réagissant 
très bien au réflexe d’Abrams,; et son rein fonctionne également suffi- 
samment. 

D'autre part, chez les viellards, le foie n’a certainement pas un 
pouvoir exagéré de destruction vis-à-vis l'urohypertensine. Si, donc, 
l’urohypertensine chez le vieillard n'est pas éliminée par les reins, si 
sa rétention ne détermine pas de phénomènes d'hypertension, si Le foie 
ne la détruit pas de facon renforcée, nous nous demandons si elle est 
résorbée de l'intestin. Certes, la paroi intestinale du vieillard est fonc- 
tionnellement diminuée, son pouvoir d'absorption est restreint; mais 
nous savons cependant que de nombreux produits toxiques intestinaux 
sont résorbés chez lui; d’où les troubles toxiques de la constipation. 

Peut-être, cependan!, la paroi intestinale sénile repousse-t-elle élec- 
tivement l’urohypertensine? Malgré ce qu'elle a de paradoxal, cette 
hypothèse paraît probable. 


eme ts mm 


Le (rérant : OcTAVE PorÉE. 


PE PP RE Re PO RU NE DS DAT nids Lui clou 
Paris. — L,. MAR&THEUX, imprimeur, 1, rue Cassetts. 


SÉANCE DU 5 AVRIL 1913 


Acnarp (Cn.) et Foix (Cx.) : Sur 
le pouvoir hémolytique thermo- 
stabile du sérum normal. . . . . .. 

AchArD (C.) et FLANDIN (Cu.) : 
Toxicité du cerveau dans le choc 
peptonique et dans le choc anaphy- 
ACTUEL PI ML A EMA 

BERTRAND (D.-M.) : Recherches sur 
le catarrhe oculo-nasal du faisan. 

BizcarD (G.) et GRELLETY (R.) : 
Modifications des réactions anaphy- 
lactiques sous l'influence du trai- 
. tement par les eaux minérales na- 
turelles (Vichy) 

BourGuetr (M.) : 
vorum 

Burner (Ér.) : Streptothricée dans 
une adénopathie cervicale. . ... . . 

CHABANIER (H.)\ et Lopo-Oxezz (C.) : 
Indépendance de la sécrétion uréique 
et de la sécrétion glucosique pro- 
voquée par la phloridzine . . . . .. 

CaamPy (Cek.) : Sur la torsion des 
spermatozoïdes chez divers verté- 


Des vasa ner- 


RAR = en aie Uaiis-so Ue rahuet ne eine 


CHASSEVANT (A.), GaLup (J.) et Por- 
ROT-DELPECH : Existe-t-il une action 
désanaphylactisante propre aux eaux 
minérales ? — I. Recherches sur 
quelques eaux transportées . . . .. 

DEgeyre (A.) : Vésicule ombilicale 
d'un embryon humain de 4nm5, ., 

Favre (M.) et REecauD (CL.) : Sur 
les formations mitochondriales dans 
les cellules néoplasiques des épithé- 
liomes de la peau et des muqueuses 
dermo-papillaires . = : ....!. ;: 

NEFEDOrE (V.) Contribution à 
l'étude de l’anaphylaxie micro- 
NCNNS ET RES ER RE VASE PE 

PONsELLE (A.) : Culture in vitro du 
Trypanoplasma varium Leger. . .. 

RETTERER (Ép.) et LELIÈVRE (AUG.) : 
De la nature .et de l’origine des 
corpuscules salivaires . . . . . . .. 

SEURAT (L.-G.) : Sur deux spi- 
roptères du Chat ganté (Felis ocreata 
Gmel.) . . 


BroLoGtE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. 


SOMMAIRE 


658 


660 


681 


663 


616 


SouLA (L.-C.) : Des rapports entre 


| l’anaphylaxie, l’immunité et l’auto- 


protéolyse des centres nerveux. . 
ViGuiErR (G.) et WEBER (A.) : Les 
mitochondries de l’'Hæmogregarina 
Sergentium duraut son évolution 
dans ie sang du Gongyle. ... . . .. 


Réunion biologique de St-Pétersbourg. 


(Séance du 26 février 1913.) 


CHewyrEeuv (1v.) : Le rôle des fe- 
melles dans la détermination du 
sexe de leur descendance dans le 
groupe des Ichneumonides (Pre- 
mière Communication). . . . . . . . 

CHEWYREUv (Iv.) : Le rôle des fe- 
melles dans la détermination du sexe 
de leur descendance dans le groupe 
des Ichneumonides (Deuxième com- 
RTC ON) EN 

KcHIcHkowskY (K.): Quelques ob- 
servations sur la physiologie des 
animaux inférieurs. . . . . . . . .. 

METaLNIKOV (S.) : 
des infusoires « d'apprendre » 
choisir la nourriture . . . . . . . .. 


(Séance du 12 mars 1913.) 


Merarnixov (S.) : Comment les 
Infusoires se comportent vis-à-vis 
des mélanges de diverses matières 
COÏOEARTES PP NEC 

Scamiptr (P.-J.) : La catalepsie des 
Phasotides Ps ee re ne pN ee 

ZELIONY (G.-P.) : Observations sur 
des chiens auxquels on a enlevé les 
hémisphères cérébraux 


Réunion biologique de Bucarest. 


Marinesco (G.) et Mina (J.) 
Association de méningite syphili- 
tique et de paralysie générale: pré- 
sence de Tréponèmes dans les mé- 
ninges 


LXXIV. 46 


695 


698 
100 


101 


109 


656 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


mme 


Neumann et Mrronesco (TH.) : Con- GERBER (C.) : La lipase des latex. — 
tribution à l'étude du filtrat de virus IIT. Saponification du jaune d'œuf 
MOBIOME, AU 6 0 DRE 112 | cuitpar la lipase du latex de Euphor- 

Proca (G.) : Action de l’adréna- DiTACRANACIOS ENCRES PAR 120 
line sur les hématies EU ME EN. 3 GERBER (C.) et Sazkinp (J.) : Action 

Sion (S.-V.) et Ranucesco (Me M.) : physiologique des latex. — V. In- 
Généralisation du vaccin . . . . .. 715 | jections sous-cutanées des latex frais 

ou bouillis de Maclura aurantiaca, 

Réunion biologique de Marseille, Morus nigra, Morus alba chez le 

pigeon, le rat, la grenouille et le 

GEerBER (C.) : La lipase des latex. — SALPAN er dec te nel re 
II. Saponification du jaune d'œuf Joceauo (A. et L.) : [. Un nou- 
cru par la lipase du latex de Eu- veau cirrhipède pédonculé fossile : 
PhOTDIAN ENARACURSE AE NREEMACNEC EE 148: 1 Scillælemes carton Len een 123 


Présidence de M. Hallion, Vice-président. 


DES VASA NERVORUM. 


Note de M. BourGUET, présentée par E. GLex. 


Quénu et Lejars, dans un article paru dans les Archives de Neuro- 
logie (janvier 1892), ont étudié ces vaisseaux au point de vue dissection 
sans pénétrer pour ainsi dire dans l’intérieur de la trame nerveuse. Ils 
ont posé la double loi suivante : 4° chaque tronc nerveux tire ses 
artères d’une origine différente ; 2° elles lui viennent toujours de sources 
multiples. 

Tonkoff (Wratch, 1897) a fait la même étude. Il en a conclu que les 
artères nourricières des nerfs se divisent, avant ou après leur péné- 
tration dans le nerf, en branches ascendantes ou en branches descen- 
dantes, pour s'anastomoser avec des branches analogues des artères 
nourricières voisines. 

Soulié, dans son article « Nerfs rachidiens » (Traité d'anatomie, de 
Poirier et Charpy), parle également de ces artères nourricières. 

Nous avons cherché, par la radiographie, après injection générale du 
système artériel à l’essence de térébeñthine contenant du minium en 
suspension, à connaître la disposition intérieure du système vasculaire 
des nerfs. 0 

Les troncs et branches nerveuses ont été prélevés par une dissection 
délicate, au cours de laquelle tous les vaisseaux afférents aux nerfs 
étaient ligaturés avant d’êlre sectionnés. 

Notre étude a porté sur les trones du plexus brachial et sur ses 
diverses branches terminales, sur les nerfs les plus importants du 
membre inférieur tels que crural, sciatique, obturateur, tibial antérieur. 

Au niveau du plexus brachial. — Nous avons trouvé une grosse 


SÉANCE DU D: AVRIL 657 


branche qui atteint le point où se fusionnent les troncs primaires, 
donnant à ce niveau toute une série de rameaux se distribuant en 


réseau dans la zone d’anastomose nerveuse et émettant des branches 


qui se prolongent au delà de ce réseau en tout sens vers les troncs 
primaires, secondaires, et même vers les branches collatérales. Puis sur 
le trajet des divers trones et branches se trouvent d’autres vaisseaux 
disposés en sens parallèle à l'axe du nerf, fournissant sur tout leur trajet 


de petites collatérales et limités dans leur distribution à un petit 
segment nerveux. 


Le nerf médian, branche la plus importante du plexus brachial, offre 


sur son long trajet plusieurs types de dispositions vasculaires; c’est 
ainsi qu'au niveau du bras où l'artère humérale n'émet qu'un petit 
nombre de branches collatérales, celles qui sont destinées au nerf ont à 
l'intérieur de ce nerf un très long trajet, presque toute la région 
brachiale du nerf médian est nourrie par une seule branche brachiale 
arlérielle principale. Au niveau de l’avant-bras, l'artère cubitale émet un 
vaisseau spécial qui suit le trajet du nerf médian. On trouve toute une 
- série de collatérales issues de ce vaisseau et chacune d'elles n’a dans le 
nerf qu’une distribution peu étendue. 

Arrivé au niveau de la main, le nerf présente des branches qui se 
distribuent au tronc du nerf et chacune des nombreuses branches de 


terminaison de ce nerf présente une vascularisation UE indépen- 


dante de la précédente. 

Brachial cutané interne et musculo-cutané. — Dans la région du bras, 
on trouve, comme au niveau du médian, longues branches de distri- 
bulion. 


Au niveau du cubital, dispositions artérielles identiques à celles du 


médian, offrant les mêmes particularités-régionales. 

Le radial. — Dans la région du bras, il présente plusieurs vaisseaux 
superposés, les uns sériés tout le long du tronc principal, d’autres 
disposés sur chacune des branches collatérales. 

Au niveau de l’avant-bras et de la maïn, nous retrouvons même détail 
que sur les deux autres troncs nerveux du membre supérieur. 


Le grand nerf sciatique. — Est plus propre que tous les autres 


éléments nerveux à l'étude des vasa nervorum. En raison de ses grandes 
dimensions, on y trouve une vascularisation segmentaire consistant en 
une série de branches principales échelonnées sur la longueur du nerf. 
Chacune de ces branches se divise en rameaux ascendants et descen- 
dants ; en plusieurs points, les branches principales chevauchent sur des 
territuires voisins et tout Le long du nerf. L'ensemble des ramifications 
établit un réseau vasculaire à mailles serrées renforcées de loin en loin 
par des branches collatérales prépondérantes et étendues sur toute la 
longueur du tronc nerveux. | 
Au niveau de la bifurcation en sciatique poplité interne et externe des 


658 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


a 


anastomoses importantes s’élablissent entre les branches descendantes 
disposées sur le tronc sciatique, et avéc les branches ascendantes 
provenant des branches principales des deux nerfs sciatiques poplités. 
- Au niveau du crural. — La disposition artérielle est nettement 


segmentaire. Chaque branche principale a un petit trajet, et les 
diverses branches collalérales ont des vaisseaux spéciaux et fragmentés, 


eux aussi. 
C’est sur ce même type qu'est construite la vascularisation du tibial 


et de l’obturateur interne. 


(Travail du laboratoire d'anatomie de la Faculté de Médecine de Toulouse.) 


SUR LE POUVOIR HÉMOLYTIQUE THERMOSTABILE DU SÉRUM NORMAL, 


par Ch. AcnarD et CH. Foix. 


Nous avons montré dans deux notes précédentes (1) : 

1° La fragilité spéciale des hématies de chien à l'égard des sérums 
hémolytiques; 

2 L'existence dans le sérum normal d'un pouvoir hémolytique ther- 


mostabile, non spécifique, actif même en l’absence de complément et. 


différent par conséquent des hémolysines : 
3° L'action favorisante du chauffage du sérum à 56-58 degrés sur 
cette hémolyse, action que nous avons attribuée à la destruction d’un 


pouvoir antihémolytique thermolabile. 


Peu après, à la Réunion biologique de Bucarest, M. Danielopolu (2), 


qui avait étudié déjà la fragilité spéciale des hématies de chien à l'égard 


du liquide céphalo-rachidien, a fait connaître les recherches qu'il avait 
faites de son côté avec le sérum. Ses conclusions s'accordent avec les 
nôtres sur deux points : {° la fragilité spéciale des hématies de chien; 
2° l'existence dans le sérum normal d'un pouvoir hémolytique thermo- 
stabile et non spécifique. Mais elles en diffèrent sur l’action du chauffage 


(1) Ch. Achard, Ch. Foix et H. Salin. Sur la fragilité spéciale des globules 
rouges de chien. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 30 novembre 1912, 
t. LXXIIT, p. 555. — Ch. Achard et Ch. Foix. Propriétés hémolytiques thermo- 
stabiles et propriétés antihémolytiques thermolabiles des sérums normaux 
pour les globules rouges de chien. 1bid., 7 décembre 1912, p. 593. 

(2) D. Danielopolu. Sur la fragilité des hématies du chien et sur l’action 
hémolytique du sérum et du liquide céphalo-rachidien. Réunion biologique 
de Bucarest, 19 décembre 1912. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, 


p- 113: 


ARC NT PDA NURTEN 


SÉANCE DU D AVRIL 659 


à 56 degrés qui, d’après les résultats de ses expériences, ne modifie en 
rien le pouvoir hémolytique du sérum frais (1). - 

A ce sujet, M. Danielopolu émet l'opinion que, peut-être, la diver- 
gence est due à des différences de technique et notamment à des pro- 
portions différentes de sérum et de globules employés. 

Notre technique diffère, en effet, de la sienne par quelques détails. 
Voici comment nous opérons : 


On recueille du sérum frais et des globules frais de chien qu’on lave deux 
fois : le sérum et les globules proviennent de deux animaux différents. Une 
partie du sérum est chauffée pendant une demi-heure à 56-58 degrés. 

Dans une première série de tubes, on met 5, 10 et 15 gouttes de sérum frais. 

Dans une deuxième série de tubes, on met 5, 10 et 15 gouttes de sérum 


chauffé. 
On ajoute dans chaque tube 40 gouttes d’eau salée physiologique et 


2 gouttes d’une émulsion de globules à 1/5. : 
On porte les tubes à l'étuve pendant une heure et demie à deux heures. 


Dans notre manipulation, nous employons relativement plus de 
sérum et moins de globules que M. Danielopolu. En outre, le temps de 
séjour à l’étuve est un peu plus court : une demi-heure à deux heures, 
alors que M. Danielopolu laisse les tubes à l’étuve deux à trois heures. 

‘Or, dans les conditions de nos expériences, nous avons toujours vu 
l’hémolyse complète dans les tubes contenant 10 et 15 gouttes de sérum 
chauffé, légère dans celui qui en renfermait seulement 5. Au contraire, 
l’hémolyse était sensiblement nulle dans les tubes contenant le séram 
. frais, sauf dans celui qui en renfermait 15 gouttes et qui montrait assez 

souvent une légère hémolyse. La différence entre les effets du sérum 
frais et du sérum chauffé était donc toujours très évidente. 

Mais en prolongeant l'expérience, et notamment en portant ensuite 
les tubes à la glacière pendant vingt-quatre heures, comme l’a fait aussi 
M. Danielopolu, nous avons vu le sérum frais produire une hémolyse 
plus ou moins marquée, et les différences s’effacer. entre les effets du 
sérum frais et du sérum chauffé. 

Dans cette action du temps, il se peut que le vieillissement du sérum 
affaiblisse son pouvoir antihémolytique, comme il atténue le complé- 
ment. Mais le phénomène est, au moins en partie, indépendant du 
sérum, et le vieillissement des globules intervient probablement, car 
des tubes témoins, qui renferment seulement des globules et de l’eau 
salée, montrent assez souvent, dans les mêmes conditions, une légère 


hémolyse. 
Nous pensons donc que, dans les conditions des expériences de 


(1) M. Danielopolu admet, d’ailleurs, qu’il existe aussi dans le sérum un 
pouvoir antihémolytique, mais il nie seulement sa thermolabilité. 


660 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


M. Danielopolu, le pouvoir antihémolytique ne suffisait pas à contre- 
balancer le pouvoir hémolytique thermostabile et non spécitique dont il 
a, comme nous, reconnu l'existence dans le sérum normal. 

Nous croyons, en outre, avoir réalisé des conditions plus propres à 
rendre manifeste le pouvoir antihémolytique. el sa thermolabilité qui 
n’a pu être constatée par M. Danielopolu. 

Enfin, M. Danielopolu (1), ayant exposé aux rayons ultra-violets pen- 
dant deux heures le liquide céphalo-rachidien placé dans une boîte de 
Petri, a vu ce liquide brunir et prendre une odeur de corne brûlée; en 
cet élat, son pouvoir antihémolytique était diminué. Nous avons fait 
cette même constatation pour le sérum, en exposant pendant trois 
heures aux rayons ultra-violets, du sérum normal, dans un ballon de 
quartz animé d'un mouvement de rotation pour éviter l'échauffement, 
l'évaporation, et pour obtenir une action plus uniforme. Ainsi traité, le 
sérum brunit légèrement et prit une faible odeur de corne brûlée; son 
pouvoir hémolytique était augmenté. Seulement il est possible que les 
rayons ultra-violets produisent dans le sérum des modifications plus 
complexes que le simple chauffage à 56 degrés et lui fassent subir de 
véritables modifications chimiques. Cela paraît d'autant plus vraisem- 
blable qu'après six heures d'exposition aux rayons, le pouvoir hémo- 
lytique avait considérablement diminué. 


TOXxICITÉ DU CERVEAU DANS LE CHOC PEPTONIQUE 
ET DANS LE CHOC ANAPHYLACTIQUE, 


par Cu. AcHarD et Cu. FLAaNDIN. 


Les rapports de l’intoxication peptonique avec l’anaphylaxie sont 
encore très discutés. En raison des étroites analogies que présente le 
choc anaphylactique avec les accidents provoqués par la peptone, on a 
pu se demander si l’anaphylaxie-ne consistait pas en une intoxication 
protéique, ou bien, inversement, si l’inloxication peplonique n’était pas 
la manifestation d'une anaphylaxie latente, provoquée par une sensibi- 

_lisation préalable, notamment chez le chien, par l'ingestion de viande 
crue. Mois. 

Nous avons fait sur ce sujet quelques expériences, en recherchant si 
la préparation de l'organisme par l'ingestion de viande crue facilitait la 
production du choc peptonique et, d'autre part, si, dans le choc pepto- 


(1) D. Danielopolu. Action des rayons ultra-violets sur le liquide céphalo- 
rachidien. Réunion biologique de Bucarest, 28novembre 1912. Comptes rendus 
.. «dela Snc. de Biologie, t. LXXIH, p. 666. 


De 


5 Sie : SÉANCE DU D AVRIL 661 


nique, la substance nerveuse possédait les propriétés toxiques dont nous 
avons constaté l'existence chez les animaux frappés du choc anaphy- 
lactique. 

Tout d’abord nous avons injecté à des animaux neufs des peptones 
de diverses provenances. 

La peptone de Chapoteau, injectée dans les veines d’un chien, n’a 
produit qu'un choc non mortel. La peptone de Witte, chez un autre 
chien, a produit un choc mortel, et le cerveau de cet animal s’est 
montré toxique pour le chien neuf el le cobaye, en injection intra- 
veineuse. - 

Des peptones de viande de bœuf, de cheval et de porc, préparées 
obligeamment par M. Carrion, nous ont permis d'obtenir d’une façon 
régulière, chez le cobaye et le lapin, les accidents du choc, le plus 
souvent mortels (12 fois sur 16). Chez 9 des animaux qui avaient 
suecombé, nous avons éprouvé la toxicité du cerveau ; constamment, 
dans 13 expériences, la substance cérébrale a provoqué chez l'animal 
neuf de même espèce les accidents de choc, 8 fois mortels. 

Comme nous l’avions précédemment constaté chez l’animal mort du 
choc anaphylactique, le foie et le sérum d’animaux tués par l'injection 
peptonique n’ont pas montré, à l'égard d'animaux neufs de même espèce, 
les mêmes propriétés toxiques que le cerveau. 


Dans un autre groupe d'expériences, nous avons préparé des animaux 
herbivores, lapins et cobayes, par l’ingestion préalable de viande crue 
de bœuf ou de cheval, soit pendant vingt-cinq jours, soit pendant 
un jour seulement, puis nous les avons soumis à l'injection de peptone 
dans les veines, en attendant un délai de quinze jours, lorsque la viande 
n'avait été donnée qu'une seule fois. Nous avons cru devoir faire 
ces différences dans la durée de la sensibilisation préalable, parce qu’on 
a vu l’anaphylaxie alimentaire disparaitre parfois, pour faire place à 
limmunité, quand l’ingestion de l’antigène se prolongeait au delà de 
quelques jours (1). 

Nous n’avons, d’ailleurs, pas remarqué de différences sous ce rapport 
dans la sensibilité des animaux à l’injection de peptone. 

D'autre part, nous n'en avons pas non plus observé de notables 

suivant que la viande dont s'étaient nourris les animaux et la peptone 
injectée provenaient d'une même espèce animale (isogène) ou d’une 
autre espèce (hélérogène). Dans tous les cas, nous avons vu l'injection 

. de peptone provoquer des accidents de choc, soit légers, soit graves et 
mortels. 


(1) G. Laroche, Ch. Richet fils et Saint-Girons. Anaphylaxie et immunité 


Biologie, 11 janvier 1913, p. 87. 


662 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


INGESTION FR INJECTION DE PEPTONE 
ER TT —  —— 
de : 


Isogène. Hétérogène. 


Viande de bœuf. 25 jours. Accidents de choc, 5 dont 2 morts. 2 dont 2 morts. 


_ — 1 jour. — ARENA 1 — 1 mort. 
Viande de cheval. 25 jours. — 3 — 1 — 5 — 4 morts. 
— — 1 jour. — 1 — 1 — L — 1 mort. 


Chez 5 animaux nourris de viande et morlis du choc provoqué par la 
peptone isogène, nous avons recherché la toxicité du cerveau ; constam- 
ment nous l'avons trouvée, avec 5 cas de mort ,sur 6 animaux neufs qui 
avaient recu l'extrait aqueux du cerveau. | 

De même, chez les animaux nourris de viande et morts de l'injection 
de peptone hétérogène, 7 fois sur 7 l'extrait cérébral s’est montré toxique, 
et mortel pour 6 animaux sur 10. 

En somme, le choc déterminé par l'injection de peptone n’a pas paru 
se produire à la faveur d'une sensibilisation préalable par ingestion de 
viande crue. Ce choc peptonique a présenté les plus grandes analogies 
avec le choc anaphylactique, jusques et y compris la toxicité du cerveau. 
Cette toxicité s’est rencontrée aussi bien chez les animaux neufs qui 
recevaient l'injection de peptone, que chez ceux qui avaient été préparés 
par l’ingestion, courte ou prolongée, de viande crue, isogène ou hété- 
rogène par rapport à la peptone. 

L'’intoxication peptonique n'est pas la seule qui produise des accidents 
de choc très analogues à ceux de l’anaphylaxie. On en peut obtenir de 
semblables par j’injection de sérums hétérogènes dans le sang. Mais, 
chez une vingtaine d'animaux, lapins et cobayes, tués par des sérums 
d'homme, de cheval et de chien, nous n'avons pas constaté la toxicité 
du cerveau. à 

Une substance chimique bien définie, l’antipyrine, à la dose de 
1 gramme sous la peau ou 0 gr. 50 dans les veines chez le cobaye, déter- 
mine des accidents de choc qui rappellent ceux de l’anaphylaxie. Or, 
dans le cerveau des animaux ainsi tués, nous n'avons pas non plus 
trouvé de propriétés toxiques pour les animaux neufs. 

C'est donc la peptone qui, dans nos expériences, a déterminé les 
accidents les plus semblables à ceux du choc anaphylactique, tant sous 
le rapport des symptômes que de la toxicité cérébrale. 

Mais quelles que soient les ressemblances de ces phénomènes de choc, 
les divers processus. capables de les susciter ne doivent pas être 
confondus. Il importe, à notre avis, de bien préciser ce qui les distingue. 

Anaphylaxie n’est pas synonyme de choc. L'anaphylaxie existe indé- 
pendamment du choc. Si le choc en est assurément la manifestation la 
plus saisissante, il n’en est pas la seule et l’anaphylaxie peut encore se 
traduire par des réactions locales. D'autre part, un choc tout à fait 
semblable et même accompagné de la présence dans le cerveau de 


. "4 


0 


SÉANCE DU D AVRIL 663 


—— — 


principes toxiques pour l'animal neuf de même espèce, peut se produire 
en dehors des conditions de sensibilisation particulière qui sont Le propre 
de l’'anaphylaxie: le choc peptonique en est justement la preuve. De 
même, dans des circonstances tout autres que celles de l’anaphylaxie, un 
choc analogue peut être obtenu par des substances artificiellement 
produites avec le sérum ?n vitro, et le nom d'anaphylatoxines, appliqué 
par certains auteurs à ces substances, n’est pas fait pour éviter la 
confusion. 

Bien entendu, la distinction sur laquelle nous croyons devoir insister 
n'exclut pas les analogies vraisemblables entre le mécanisme du vrai 
choc anaphylactique et celui des chocs peptonique ou sérotoxique qui 
surviennent en dehors des conditions de l’anaphylaxie. 


SUR LA TORSION DES SPERMATOZOIDES CHEZ DIVERS VERTÉBRÉS, 


par CURISTIAN CHAMPY. 


Au cours de recherches sur la spermatogenèse des Batraciens, j'ai 
pu suivre le développement dans les spermatides d’un curieux appareil 
auquel j'ai donné le nom d'axostyle ou de spirostyle, parce qu’il déter- 
mine la torsion des spermatozoïdes chez beaucoup d'espèces (1). 

Il apparaît dans le noyau des spermatides, au moment où elles com- 
mencent à s’allonger, une baguette axiale qui va de l’acrosome aux cor- 
puseules centraux postérieurs. Cet appareil se développe en partant de 
l’acrosome et progresse jusqu’à la partie postérieure du noyau. 

Bientôt ce bâtonnet axial se tord sur lui-même, entraînant dans sa tor- 
sion le noyau et le cytoplasme et détermine la forme spiroïde du sper- 
matozoïde bien connue chez divers Batraciens. Dans beaucoup de cas, 
la torsion, très nette au cours de la spermiogenèse, s’efface à la fin de 
l’évolution des spermatozoïdes et n’est pas apparente dans Île sperma- 
tozoïde définitif. De même le bâtonnet axial se confond généralement - 
avec le reste de la tête du spermatozoïde lorsque celle-cil’homogénéise, 

Cependant, le filament axial est encore bien visible chez l’Alytes, dans 
le spermatozoïde adulte, où il-a été vu par divers auteurs (surtout 
Retzius), et dans le spermatozoïde de Bombinator, où il est bien 
connu (Broman.) 

Ce qu'il y a de remarquable dans ce petit appareil, c'est d’une part sa 
constance (je l’ai retrouvé chez toutes les espèces de Batraciens que 


(1) Je ne fais en ce qui concerne les Batraciens qu'indiquer très brièvement 
les résultats consignés dans un travail actuellement à l’impression : Archives de 
Zoologie expérimentale. 


66% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


j'ai étudiées), et d'autre part son existence chez des espèces dont le 
spermatozoïde n'est pas tordu (Salamandre, Æana esculenta). Chez Rana 
esculenta par exemple, le spirostyle apparaît au cours de la spermio- 
genèse pendant un temps très court, puis disparaît bientôt. Il se pré- 
sente alors comme un vestige d’une disposition utile ailleurs. La forme 
spiralée de la tête est en effet avantageuse pour les spermatozoïdes qui 
se déplacent par un mouvement de vrille. Il est curieux de trouver un 
organe rudimentaire dans un spermatozoïde, c'est-à-dire dans une cellule. 

Je me suis demandé si la disposition spiralée des spermatozoïdes des 


x 


oiseaux connue depuis longtemps n'était pas due à un appareil sem- 
blable. 

J'ai trouvé chez le coq et chez le pigeon un bätonnet axial tout à 
fait analogue à celui des Batraciens. Il paraît, comme ce dernier, se for- 
mer en partant de l’acrosome. Il est d'abord droit, puis se tord sur lui- 
même et en spirale, entraînant le reste de spermatozoïde. Il est le pri- 
mum movens de la torsion comme le spirostyle des Batraciens. 

La torsion du spirostyle des Batraciens s'étend à l’acrosome, dont le 
spirostyle paraîl n'être qu'une dépendance. Il en est de même chez les 
oiseaux, où la forme spiroïde de l’acrosome a frappé de tout temps les 
cytologistes. La disposition spiralée des mitochondries autour de la tête 
du spermatozoïde n’est chez les animaux que la conséquence de la tor- 
sion qui détermine mécaniquement l’arrangement de ces organites. 

Chez les Mammifères, l'appareil axial est peu développé et n’a qu’une 
existence éphémère; comme chez la grenouille, il est rudimentaire. Je 
l’ai retrouvé chez le chat, le rat; il est indiqué ainsi chez le cheval, le 
taureau, l'homme. 

J'ai trouvé aussi un appareil spiral chez divers Reptiles, notamment 
chez l’orvet. Beaucoup de filaments figurés par Retzius et le plus sou- 
vent incomplels paraissent se rapporter à cet appareil. Il semble être 
un organe constant de spermatozoïde. 


(Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de Médecine de Paris.) 


LES MITOCHONDRIES DE L'/æmogregarina Sergentium 
DURANT SON ÉVOLUTION DANS LE SANG DU (GONGYLE, 


par G. ViGuier et A. WEBER. 


Nous avons étudié les mitochondries de l’'Hémogrégarine du Gongyle 
depuis la pénétration du mérozoïte dans le sang, jusqu'à un développe- 
ment du parasite correspondant à la destruction presque compiète de 
l’hématie qui le renferme. 


SÉANCE DU 5 AVRIL 665 


Nous nous sommes servis pour cette étude des méthodes de Benda, 
de Sjüvall, de Fauré-Frémiet et de Regaud. C'est la dernière qui nous'a 
donné les résultats les plus constants, les préparations les plus réguliè- 
rement réussies. 

Les mérozoïtes libres, que l’on trouve dans le sang de certains Gon- 
gyles, sont de petits corps de 3 à 6 & de long. L’hématoxyline ferrique 
de Heidenhain permet d'y déceler de fines granulations chromatiques 
reposant sur un réseau et correspondant vraisemblablement à un karyo- 
some. Les deux extrémités de cetie formation nucléaire sont assez 
fréquemment recouvertes par deux amas semi-lunaires plus ou moins 
teintés par la laque ferrique d'hématoxyline. C'est à ce niveau que se 
trouvent une ou deux granulatons mitochondriales. 

Lorsque le mérozoite a pénétré dans l’hématie, il s’allonge, el les 
mitochondries apparaissent assez nombreuses dans le cytoplasme du 
parasite. Ce sont de petits grains très fins qui sont groupés au nombre 
d'une dizaine environ, ou bien sont irrégulièrement distribués dans le 
cytoplasme de l'hémogrégarine. 

Certains de ces grains sont allongés et présentent la forme en biscuit 
caractéristique de la multiplication de ces granules par division. 

Habituellement, on trouve un amas de mitochondries à une extrémité, 
un autre près du noyau. 

Les différentes méthodes employées permettent de déceler des 
vésicules claires, présentant à la périphérie des formations colorables 
comme les mitochondries. Ces vésicules sont peut-être le résultat de 
l’altération des granulations mitochondriales. 

Lorsque l'Hémogrégarine a pris un certain développement, les granu- 
lations mitochondriales qu’elle renferme sont très abondantes et dissé- 
minées dans tout le cytoplasme. En outre, on y distingue, à côté des 
milochondries, certains petits amas granuleux légèrement teintés 
comme je noyau, indépendants de ce dernier comme aussi des mito- 
chondries et que nous eroyons être l'appareil chromidial de l’Hémo- 
grégarine, au sens morphologique du terme, c'est-à-dire de la chroma- 
tine extranucléaire, répandue çà el là dans le cytoplasme. Nous 
publierons incessamment du reste d’autres observations à ce sujet. 

L'Hémogrégarine continuant son développement, les mitochondries 
viennent pour la plupart se grouper à la périphérie du parasite. À ce 
moment, apparait la capsule de l'Hémogrégarine. Il n’est pas impossible 
que le déplacement des granulations mitochondriales soit en rapport 
avec l'élaboration de cette capsule. 

Chez les parasites très avancés dans leur évolution, les mitochondries 
sont très peu abondantes et sans ordre apparent. Il arrive souvent 
qu'une extrémité de l’Hémogrégarine se sépare du reste du parasite; 
dans cette portion isolée s'amassent un certain nombre de granulalions 
mitochondriales parfois rangées en file. Dans un certain nombre de 


666 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


parasites qui paraissent dégénérés à l'intérieur du globule rouge toute 
trace de mitochondries a disparu. 


(Laboratoire d'anatomie de l'Université d'Alger.) 


MODIFICATIONS 
DES RÉACTIONS ANAPHYLACTIQUES SOUS L'INFLUENCE DU TRAITEMENT 
PAR LES EAUX MINÉRALES NATURELLES (VICHY). 


Note de G. Brccaro et R. GRELLETY, présentée par E. GLEx. 


Dans une note antérieure, l’un de nous (1) a exposé cette idée que les 
états anaphylactiques pouvaient être influencés d’une manière favorable 
ou défavorable par l’action des eaux minérales naturelles. 

Les recherches exposées dans cette première note avaient été faites 
avec les eaux de Royat. Nos recherches actuelles ont porté sur les eaux 
de Vichy. 

Dans un travail ultérieur, nous exposerons plus longuement les résul- 
tats obtenus. Nous nous bornerons actuellement à sigaaler les faits 
essentiels que nous avons observés d’une manière très nette à la suite 
d’injections péritonéales d'eau faites sur des lapins traités préalablement 
à L hémostyl du D' Roussel. Nous avons choisi ce sérum de cheval pré- 
cisément en raison de sa faible action anaphylactisante, de manière à 
mieux observer les accidents provoqués par l'injection déchaïinante. 
Celle-ci est faite quatorze jours après la première, avec, dans l’intervalle, 
une injection quotidienne péritonéale d’eau aux sources de la Grande- 
Grille, de l'Hôpital et de Chomel. 

Nous avons observé dans ces conditions des accidents très graves avec 
la Grande-Grille, de moyenne gravité avec l'Hôpital, et enfin les animaux 
traités à Chomel ont présenté des troubles très bénins ou presque nuls. 
Si bien qu’en exprimant, sous forme de notes, la gravité des accidents 


observés (Mort —6) nous aurons : 
Grande Grille PORN ARTE Suite) 

H'OPITAl EE RE 

TÉMOINS CS ER STE TRE 

Chomel 


(Sri 


EE 


Doit-on conclure de ces faits que la Grande-Grille est néfasie aux gens 
anaphylactisés, que l'Hôpital est capable de déterminer chez eux des 
accidents graves, tandis que Chomel serait la source bienfaisante par 
excellence ? Certes, loin de nous cette idée. Il est permis de supposer 


(1) G. Billard. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 17 janvier 1913, n° 2. 


ÎE 


SÉANCE DU D AVRIL 667 


qu'envariantles doses d’eau injectées l’on puisse, même avec la Grande- 
Grille, obtenir des effets anti-anaphylactisants remarquables, ou peut-être 
encore cette source si active et si difficile à manier aurait-elle donné des 
résultats excellents avec un agent anaphylactisant autre que celui que 
nous avons utilisé. 

Nous tenons ici simplement à confirmer le fait que nous avons affirmé 
dans les recherches faites avec l’eau de Royat, c’est-à-dire que le traite- 
ment par les eaux minérales naturelles est capable de modifier, d’une 
manière favorable ou défavorable suivant les sources, certains états 
anaphylactiques. 


(Laboratoire de physiologie de l'Ecole de médecine de Clermont-Ferrand.) 


DE LA NATURE ET DE L'ORIGINE DES CORPUSCULES SALIVAIRES, 


par É5. RETTERER et AUG. LELIÈVRE. 


Malgré des recherches multiples, on est peu fixé sur l'origine et la 
nature des globules muqueux où corpuscules de la salive. 


Technique et exposé des faits. — Noïici comment nous avons fait pour avoir 
un jet de salive fraiche : avec un doigt introduit dans la bouche, nous avons 
exercé une légère pression sur la muqueuse de la région sublinguale, où 
débouchent les conduits excréteurs des glandes sous-maxillaires, sublinguales, 
ainsi que les glaudes de Blandin et autres glandules muqueuses. D’autres 
fois, nous y avons placé une tranche de citron ou une boulette d’ouate 
imbibée d’une solution diluée d’acide acétique. Instantanément, il s'écoule une 
quantité suffisante de salive pour faire une vingtaine de préparations. À cet 
effet, on dépose directemeut, en crachant, la salive sur la lame porte-objet. 
Pour coller les éléments, il suffit de sécher la lame à l’étuve, puis, pour les 
mieux fixer, de les plonger dans le liquide de Bouin ou une solution aqueuse 
de sublimé. On les colore et les monte ensuite comme les coupes de tissus. 

I. Salive fraîche. — L'image que présentent de nombreux points de ces 
préparations colorées à l’hématoxyline et à la thionine est celle que nous 
avons décrite et figurée sur les cellules muqueuses du revêtement épithélial 
‘ du vagin du cobaye (1) : c’est un vaste réseau cellulaire dans lequel se trouvent 

de distance en distance des noyaux entourés d’un corps cellulaire. Le corps 
cellulaire montre : 1° une charpente réticulée, que colore l’hématoxyline, et 
2 une masse amorphe teinte en rouge violacé par la thionine. Le corps cellu- 
_laire est fort étendu, et, à mesure qu'il s'éloigne du noyau, son réticulum 
devient de plus en plus délié, et ses mailles plus larges contiennent une 


(4) Voir Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 9 et 30 avril 1910, p. 596 et 
148, et Bulletin de l'Association française du Cancer, t. IT, p. 238, fig. 2, 1910. 


668 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


masse de plus en plus considérable de substance amorphe qui a tous les 
caractères du mucus. 

En d'autres points, les noyaux entourés d’une mince zone cytoplasmique 
figurent des lymphocytes, ou bien la masse nucléaire est fragmentée aucentre 
d’un corps cellulaire étoilé et bien délimité; l'élément figure alors un leucocyte 
polynucléaire, pourvu de tous côtés d’expansions protoplasmiques. Dans ces 
formes leucocytaires, le réticulum basophile peut persister ; maïs, le plus 
souvent, il est remplacé par des grains épars, hématoxylinophiles, éosinophiles 
ou oranséophiles. 

IT. Salive ayant séjourné plusieurs heures ou un jour dans une chambre humide 
à 16 ou 24 degrés, avant d'étre collée et fixée. — Les petites formes (lymphocytes 
et polynucléés) sont beaucoup plus rares. Les grands polynucléaires sont 
plongés dans une masse muqueuse très fluide ; le réticulum chromophile s’y 
est désagrégé et le cytoplasma montre davantage de granulations tant baso- 
philes qu'acidophiles (séjour de quelques heures). 

Après un séjour de vingt-quatre à trente heures dans la chambre humide, 
le nombre des leucocytes a diminué davantage encore; la plupart ont perdu 
leur corps cellulaire et, à la place de leurs noyaux, on voit des amas de 
granulations chromatiques, rappelant les « corpuscules tingibles ». 

IT. Amiboïisme. — Pour rechercher l’amiboïsme des corpuscules salivaires, 
nous avons gardé (quatre personnes ontfait l'expérience) des rondelles de moelle 
de sureau pendant plusieurs heures dans la cavité buccale. Quand la moelle 

fut fixée dans le sublimé, l'alcool ou le Zenker, nous en avons fait des coupes 
à main levée. Pas une fois nous n'avons, sur les coupes colorées, observé de 
lymphocytes ni de polynucléaires même dans les alvéoles superficielles. 

_En résumé, la salive des glandes muqueuses montre les éléments suivants : 
1° des lambeaux de cellules muqueuses; 2° des leucocytes polynucléés;; 
3° des lymphocytes et des noyaux libres. Les lambeaux de cellules muqueuses 
sont formés de cellules muqueuses au deuxième stade. Au premier stade, 
lorsqu'elles tapissent encore les culs-de-sac des glandes muqueuses, elles 
sont constituées : 1° par un réticulum hématoxylinophile ou chromophile (1), 
2° par un protoplasma amorphe ou hyaloplasma (2)-englobé dans les mailles 
du réticulum. Dans les lambeaux cellulaires qu'on observe dans la salive, les 
cellules muqueuses montrent un hyaloplasma gonflé qui semble se détacher. 
du réticulum sous la forme de grains ou d’une masse fluide, tandis que le 
réticulum s’effrite en un chapelet granuleux. 

La fluidification de l'hyaloplasma et la fragmentation du réticulum abou- 
tissent au troisième stade, c’est-à-dire à la mise en liberté des restes cellu-. 
laires (leucocytes et lymphocytes), qui constituent les corpuscules salivaires. 


Résultats et critique. — Dans la salive, qui a séjourné pendant quelque 
temps dans la bouche, on observe de nombreuses cellules épithéliales ; 
aussi avait-on d'abord considéré les globules muqueux ou corpuscules 


(4) Protoplasma ou réseau protoplasmique de R. Heidenhain, de Rauvier, etc., 
masse fondamentale d'Altmann, système alvéolaire d’autres. 

(2) Paraplasma ou mucigène de R. Heidenhaïin, bioblastes d'Altmann, granula 
ou grains de sécrétion des modernes. 


AE : ha Cab qe DO: dE NA RSS Sin ve PARTS A 


Res 


SÉANCE DU 5 AVRIL 669 


salivaires comme des cellules épithéliales altérées. Kælliker, le premier 
vers 1850, les regarda comme des globules blancs du sang qui auraient 
pénétré dans les culs-de-sac glandulaires, tandis que pour R. Hei- 
denhaïn (1868), c'étaient les cellules épithéliales elles-mêmes des glandes 
muqueuses vidées de leur mucus et en voie de désagrégation. L'opinion 
de Heïdenhaïin ne prévalut pas, car Frey (1862), puis Stôhr (1882), firent 
triompher la théorie suivante : les corpuscules salivaires tireraient leur 
origine des amygdales; ils ne représenteraient que des leucocytes amyg- 
daliens qui, après avoir quitté par mouvements amiboïdes les follicules 
clos, passeraient par émigration à travers l’épithélium de revêtement et 
tomberaient dans la cavité buccale. Chargés de toxines, ils débarras- 
seraient l'organisme des déchets organiques. C’est également à cette 
opinion que se rattacha Th. Gôtt (1906) : les corpuscules salivaires 
seraient des lymphocytes issus des amygdales. Comment faire concorder 
cette émigration active avec le fait constaté par Gütt, à savoir que les 
corpuseules salivaires sont privés d'amiboïsme? Cela n’embarrassa 
suère Weïidenreich qui, en 1908, affirme, d’une part, que les pelits 
corpuscules sont des lymphocytes et, d'autre part, soutient qu’une fois 
dans la salive, les lymphocytes, émigrés des amygdales, accroissent 
leur cytoplasma, prennent un noyau multilobé ou polynucléé, et se 
chargent de granulations neutrophiles. 

C'est l'évolulion contraire qu’a observée Laquer (1912) : les grands 
corpuscules sont des formes plus jeunes que les petits qui simulent des 
lymphocytes : ce sont les grands corpuscules qui, dans la salive, se 
transforment en petits. Les corpuscules salivaires sont des leucocytes 
polynucléaires qui donnent la réaction de l’oxydase; jamais les lym- 
phocytes mis dans la salive ne présentent cette réaction. Par conséquent, 
les lymphocytes de l’amygdale ne sauraient, en émigrant, donner nais- 
sance aux petits élénents de même forme qui se trouvent dans la 
salive. L'hypothèse de Stühr, les déductions UE de Weiden- 
reich sont également erronées. 

Les résultats de nos investigations corroborent l'observation de Gütt : 
les corpuscules salivaires (lymphocytes et polynucléaires) sont privés 
d’amiboïsme; ils confirment les conclusions de Laquer : un lymphocyte 
ne $e transforme pas en leucocyte polynucléaire. Ils concordent avec les 
faits évolutifs que nous avons signalés dans le revêtement muqueux du 
vagin de cobaye; le mucus résulte de la transformation même du 
cytoplasma amorphe ou hyaloplasma des cellules épithéliales dites 
muqueuses qui, pour le produire, dégénèrent tout entières. 

Au point de vue général, les conclusions de ces recherches assurent 
le bien-fondé et la réalité des phénomènes histogénétiques que l’un de 
nous poursuit et défend depuis trente ans : les leucocytes sont des 
éléments qui résultent de la fonte et du détachement de cellules réunies 
en complexus. 


670 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Ils représentent des cellules parvenues à un stade fort avancé de 
l’évolution ; ce sont des cellules sur le déclin. Les déformations qu'elles 
montrent sont dues au gonflement et à la fonte partielle de leur cyto- 
plasma. Le lymphocyle est l’une des formes les plus vieilles, incapable 
de se refaire un nouveau corps cellulaire et de recommencer une évo- 
lution progressive ; le prétendu rajeunissement du lymphocyte n’est à 
notre avis, comme celui d’un animal vieux, que pure fiction. 


Conclusion. — La salive fraîche des glandes muqueuses contient : 
1° des lambeaux de cellules muqueuses dont l'hyaloplasma gonflé s’est 
transformé en masses fluides (mucus) et dont le réticulum s’est frag- 
menté en granulations; 2° des cellules libres. 

Grâce à la fluidification de la portion périphérique des cellules 
muqueuses et à l’effritement du réticulum, leur noyau et la portion 
périnueléaire de leur cytoplasma sont mis en liberté, sous la forme de 
leucocytes polynucléés et de lymphocytes, lesquels conslituent les 
corpuscules. salivaires. Les expansions attribuées à l'amiboïsme ne sont 
que le résultat de l’'hydratation et d’une fonte partielle du cytoplasma.. 


VÉSICULE OMBILICALE D'UN EMBRYON HUMAIN DE # MILLIMÈTRES 5. 


Note de A. DEBEYRE, présentée par A. BRANCA. 


La vésicule ombilicale, dans son évolution morphologique, franchit 
trois étapes successives, ainsi que l’a bien établi, dans une série de 
publications, M. Branca. | 

Dans une première communication, faile à la Société de Biologie 
(1912), j'ai présenté un type de vésicule appartenant au premier stade : 
l'embryon mesurait à peine 0%"9 et sa vésicule ombilicale, d’un volume 
considérable par rapport à la taille de l'embryon, communiquait lar- 
gement avec l’inteslin. 

La vésicule dont j’apporte aujourd'hui la relation se trouve au second 
stade de son évolution, c’est-à-dire à la période d'état. Elle se montre 
encore pourvue d’une large cavité que limite une paroi d'épaisseur 
inégale et qui varie du simple au décuple, suivant les points considérés 
de 60 y à 700 y. Sa communication avec l'intestin s’est considérablement 
rétrécie; un pédicule mince et allongé la suspend à la région ombilicale 
de l'embryon humain de 45, 

Elle me fut remise toute fixée dans le liquide de Flemming. Colorée 
sur lame, soit à l’hémalun-éosine, soit à l'hématoxyline au fer, soit à la 
safranine-base, elle a été débitée en coupes de 5 

Ses diamètres maxima sont les suivants : 3 X 2 X 2,9 millimètres, 


| 


SÉANCE DU D AVRIL 671 


mais la hauteur de 3 millimètres ne correspond pas à la hauteur réelle, 
car le pédicule s’invagine un peu dans la cavité vésiculaire. 

Sa charpente se compose d'un squelette conjonctif revêtu, sur I une 
de ses faces, par l'endoderme vitellin et sur l’autre par le mésoderme 
cϾlomique. 

La surface interne se festonne, et ces plis qui répondent le plus sou- 
vent à la présence d’un vaisseau n'ont aucun rapport, habituellement, 
avec les soulèvements du revêtement externe. 

L’assise épithéliale interne se montre beaucoup plus développée que 
l’externe; elle semble même gênée dans sa libre expansion; aussi 
forme-t-elle de nombreux godrons, mais ce sont les vaisseaux surtout 
qui les produisent ; de même ce sont les vaisseaux, les glandes et le 

tissu conjonclif qui contribuent soit isolément, soit ensemble, à la 
formation des plis de la surface externe. 

Quant à l’endoderme vitellin, il apparaît constitué par une seule 
assise de cellules plus ou moins hautes, prismatiques, cubiques ou 
pavimenteuses ; toutefois, si l'épithélium est généralement simple, au- 
dessus des vaisseaux, il se stratifie souvent là où les vaisseaux font 
défaut. Le noyau des cellules de revêlement mesure 8 à 10 et se 
réfugie vers la zone basale de la cellule; il possède un gros nucléole de 
1 à 3 u et plusieurs gros grains de chromatine. Le cytoplasme grenu se 
limite par des bandeleites de fermelure et renferme des enclaves et des 
filaments basophiles ; on observe assez souvent de grandes vacuoles 
dans ces cellules qui paraissent bien fixées : de-ci, de-là, on aperçoit 
des cellules en mitose, et d’autre,part des éléments en voie de dégé- 
nérescence qui tombent dans la cavité de la vésicule et dont le noyau 
prend l’aspect d'un bloc de chromatine mal coloré. 

L'endoderme émet des bourgeons pleins. irréguliers, simples ou 
ramifiés et aussi des diverticules creux, glanduliformes dont la lumière 
varie de 2 à 20 y et dont certains même deviennent très larges et kys- 
tiques. Ces diverticules caractérisent d’ailleurs cette seconde période de 
l’évolution de la vésicule. 

Entre les deux épithéliums de revêtement, on trouve partout le tissu 
conjonctif formé de cellules étoilées et anastomosées qui prend par 
places l'aspect réticulé et qui, en d’autres régions, se montre constitué 
d'éléments serrés les uns contre les autres. La membrane conjonctive 
peut faire complètement défaut là où un gros vaisseau vient au contact 
du mésothélium. 

À ce stade, les vaisseaux sanguins ne sont plus des germes pleins 
situés seulement au pôle distal de la vésicule. Ils ont augmenté de 
calibre etse répartissent sur tout le pourtour de la vésicule. Quelques-uns 
d’entre eux constituent de grandes lacunes à paroi mince, formée par 
des cellules allongées et aplaties. Ils renferment de nombreux éléments 
en voie de différenciation, les uns à plage protoplasmique restreinte 

BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 47 


672 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


autour du noyau, les autres à protoplasma d'apparence granuleuse par 
l'hématoxyline au fer. 

Quant à l'épithélium cœlomique qui limite en dehors la paroi de la 
vésicule, il est aplati, mais essentiellement polymorphe. Par la safra- 
nine-base, il se teint en un ton plus foncé que les cellules de l'endo- 
derme vitellin. De-ci, de-là, le pôle libre des cellules se recouvre d’une 
sorte de cuticule qui a toutes les apparences d’une bordure en brosse. 


De cet exposé, il résulte que la vésicule ombilicale, qui, au premier stade 
de son développement, présentait une structure comparable à celle de 
l’endoderme intestinal, offre, au second stade, les caractères anatomiques 
d'une surface sécrétante. 


(Laboratoire d'histologie et d'embryologie de la Faculté de médecine 
de Lille.) 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ANAPHYLAXIE MICROBIENNE, 


par V. NEFELorr. 


Malgré le grand nombre de travaux consacrés à l'anaphylaxie micro- 
bienne, la question est loin d’être complètement épuisée. Nous avons 
donc jugé utile de faire une série d'expériences sur le vibrion cholé- 
rique. 3 ; 
L'anaphylaxie active. — Un lot de cobayes de 210 à 350 grammes 
reçoit uue injection sous-culanée tantôt d’une culture cholérique de 
vingt-quatre heures sur gélose ordinaire, tantôt d’un cinquième, d'un 
dixième, d'un vingt-cinquième, d’un cinquantième, d'un centième de 
cette même culture. Vingt-cinq à trente-cinq jours après, on leur 
injecte dans la veine jugulaire 1 à 2 c.c. d'une émulsion cholérique 
fraiche (une boîte de Roux dans 10 c.c.). Quelques secondes après 
l'injection, l'animal présente des secousses, une dyspnée assez mar- 
quée, son poil se hérisse, la respiration s’embarrasse et la mort sur- 
vient au bout de quelques heures. Quand on injecte 2 c.c. et demi 
d’émulsion, l'animal présente aussitôt après des contractures, il bondit, 
la dyspnée est très marquée, il tombe sur le côté, et la mort survient en 
quelques minutes. L'intensité de ces phénomènes et la rapidité avec 
laquelle apparaît la mort dépendent de la dose initiale des microbes 
injectés : les cobayes qui avaient élé sensibilisés avec une culture 
entière succombent en trois ou quatre minutes, les cobayes sensibi- 
lisés avec un cinquantième ou un centième de culture suecombent de 
vingt à trente-deux minutes après l'injection, les accidents élant alors 


& 


pes, DES 


moins accusés. Les cobayes témoins après une injection de 3 c.c. de 
l'émulsion ne succombent qu’au bout de quelques heures ; avec 5 c.c 
on provoque une mort immédiate. 

L'examen du sérum sanguin des cobayes anaphylactisés nous a mon- 
tré que ce sérum est à la fois agglutinant et bactériolytique. 

L'anaphylaxie passive. — Pour provoquer les accidents de Je 
laxie passive, nous avons injecté à des cobayes neufs un mélange de 
parties égales de l'émulsion cholérique (2 c.e. d'émulsion) et de sérum 
anticholérique (de Salimbeni). Après l'injection de 4à 5 c.c. de ce 
mélange, surviennent, dans la plupart des cas, les phénomènes du choc 
et la mort subite, mais pas aussi sûrement que dans l’anaphylaxie 
active. 

L'antianaphylaxie. — Pour empêcher l’anaphylaxie active, nous avons 
eu recours au procédé de petites doses (1 c.c. d’émulsion sous la peau, 
la veille) et des doses subintrantes, puis nous avons essayé également 
d’injecter préventivement du sérum anticholérique ou de la peptone. 
Les résultats obtenus ont été en général négatifs, sauf dans quelques 
cas isolés (2 pour 20). Ceci s’est produit justement dans un des sept cas 
d'injection préalable de peptone et dans un des quatre cas de vacci- 
nalion par voie sous-cutanée, vingt-quatre heures avant l'injection 
d'épreuve. Toutes les deux fois, les accidents du choc ont été faibles et 
la mort est survenue dans un cas après une heure et dans l’autre après 
une heure et demie. 

Pour empêcher l’anaphylaxie passive, nous avons essayé d’injecter, 
quelques minutes ou quelques heures avant, soit la solution de peptone 
de Witte à 10 p. 100, soit l’eau physiologique, soit un dixième du 
mélange décrit plus haut (parties égales d’émulsion cholérique et de 
sérum anticholérique). Dans 4 cas sur 23 les phénomènes ont été moins 
marqués que d'ordinaire et la mort est survenue une heure après ou 
même plus tardivement. ; 

Expériences avec les vibrions sensibilisés. — L'injection des vibrions 
sensibilisés à la même dose produit chez les cobayes anaphylactisés les 


do: 


mêmes phénomènes du choc et de la mort subile en quelques minutes. 


En injectant aux cobayes neufs une émulsion des vibrions sensibilisés 
on obtient aussi des contractures, des bonds, de la dyspnée et la mort 
subite entre trois et cinq minutes. 

Mais on peut toujours et sûrement empêcher ces accidents du choc 
soit en pratiquant la vaccination avec un dixième de la dose massive 
dix minules avant l'injection (procédé de Besredka), soit en injec- 
tant préventivement de 0,3 à 0,5 c.c. de la solution de peptone à 
10 p. 400 (1. 


(4) Voir les recherches de Besredka, Strôbel et Jupille. Comptes rendus de la 
Soc. de Biologie, t. LXXI, 1911, p. 691. 


674 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


C’est là une différence bien marquée par rapport aux résultats obtenus 
dans l’antianaphylaxie aux vibrions non sensibilisés. 

Les résultats obtenus indiquent que le vibrion cholérique peut pro- 
voquer, chez les cobayes, des phénomènes qui ressemblent beaucoup aux 
phénomènes anaphylactiques. Mais par certains côtés, les phénomènes 
diffèrent de ceux de l’anaphylaxie classique. 

En terminant ces recherches, nous exprimons notre profonde recon- 
naissance à M. le professeur Besredka de nous avoir indiqué le sujet et 
de nous avoir guidé dans notre travail. 


(Laboratoire de M. Metchnikoff.) 


STREPTOTHRICÉE DANS UNE ADÉNOPAIHIE CERVICALE, 


par Ér. Burner. 


Depuis que l’on connaît mieux la fréquence des mycoses chez l'homme, 
on doit étudier de plus près les lésions que l’aspect clinique fait classer 
couramment comme tuberculeuses. Les adénites du cou, entre autres, 
sont souvent considérées et traitées comme tuberculeuses sans plus 
ample examen histologique et bactériologique et les malades s’en vont 
marqués faussement de la tare tuberculeuse. 

J'ai étudié vingt-trois adénites du cou, d’enfants et d'adultes, clini- 
quement tuberculeuses. En même temps que l’ensemencement et les 
inoculations destinées à isoler le bacille de Koch, je faisais l’ensemen- 
cement sur gélose de Sabouraud. Dans vingt-deux cas sur vingt-trois le 
bacille tuberculeux a été isolé sans difficulté. Dans un cas seulement, 
les cultures et inoculations ne l’ont pas donné et l’ensemencement di- 
rect de la pulpe du ganglion a fourni un streptoithrix en culture pure. 

l s’agit d'un gros ganglion carotidien qui comprimait les nerfs el 
vaisseaux du cou, causant de la douleur, de l’insommie et des maux de 
tête, ce qui décida de l’ablalion par le chirurgien. Le sujet, âgé de vingt 
ans, n'avait d’ailleurs aucun symptôme ni lésion de tuberculose. 
Quatre mois avant l'ablation du ganglion, on avait enlevé les amyg- 
dales : aussitôt après cette première opération le ganglion avait grossi. 

Le ganglion, de la taille d’un petit œuf de poule, pesait 38 grammes. 
A la coupe, il n'était ni ramolli, ni fibreux, ni caséeux, ni calcifié, sur 
aucun point. Le tissu, assez succulent, se laissait facilement racler et 
réduire en pulpe; l'aspect élait presque celui d’un carcinome, avec une 
consistance plus ferme. 

Les cobayes inoculés sous Ja peau avec cette pulpe ont eu un petit 
ganglion inguinal qui a bientôl rétrocédé. Ces ganglions des premiers 


SÉANCE DU D AVRIL 675 


cobayes, reportés sur cobayes neufs, n’ont encore donné que cette adé-. 
nopathie fugace. ; 

Sur un tube d'œuf (milieu de Dorset) non glycériné, ensemercé avec 
la pulpe du ganglion du malade, ont apparu des colonies d’un beau 
rouge, un peu plus clair que le rouge brique. 

Sur préparations, on avait un microbe filamenteux, mince, ramifié, 
les ramifications se terminant souvent par un petit renflement massué. 
Dans les vieilles cultures, les filaments étaient réduits en granulations. 
Le microbe ne prenait pas le Ziehl et prenait bien le Gram. 

Au début, les cultures ne se sont faites abondamment qu'à 25 degrés 
et sur œuf non glycériné. Sur œuf glycériné elles étaient beaucoup plus 
pauvres, à 25 comme à 37 degrés, et sans coloration à 37 degrés. Pas de 
cultures sur pommes de terre, avec ou sans glycérine. Le microbe s’est 
ensuite habitué aux divers milieux el à la température de l’étuve : su 
gélose de Sabouraud, même sur gélose ordinaire, sur pomme de terre 
glycérinée, les cultures sont devenues faciles. Culture faible en gélose 
sucrée de Veillon. En gélatine par piqüre, culture en flocons, ne liqué- 
fiant pas le milieu. Culture en flocons dans le bouillon glucosé. Pas de 
voile sur bouillon glycériné. Pas de culture anaérobie en bouillon 
sous couche d'huile de vaseline. Pas de culture en bouillon ordinaire. 

Les cultures pures, même à forte dose, sous la peau ou dans le péri- 
toine du cobaye, n’ont donné qu'une réaction passagère (petit nodule et 
petit ganglion), comme les inoculations de la pulpe du ganglion d'’ori- 
gine. Après trois et quatre mois, les cobayes ne présentaient aucune 
lesion d'organes. Des cobayes réinoculés à plusieurs reprises n’ont pas 
été plus malades. Les lapins sont restés indemnes après une el plusieurs 
inoculations intraveineuses. 

Sur des coupes du ganglion primitif, le microbe filamenteux, quoique 
peu abondant, a été facilement retrouvé. Dans le tissu, ni tubercule, 
ni cellules géantes. Il n’y avait d'anormal que l’hypertrophie du gan- 
glion et la présence, parmi les cellules normales, de groupes de grandes 
cellules à proloplasma abondant, semblables à des cellules épithélioïdes. 

Cette streptothricée se rapproche beaucoup de celle d'Eppinger ; maïs 
elle n’est pas acido-résistante, donne des colonies d’un rouge vif, pas 
de voile sur bouillon, et pas de lésions chez les animaux d'expérience. 
Ces inoculations négatives sur deux espèces animales ne prouvent 
d’ailleurs pas qu’elle fût dénuée de pouvoir palhogène; l’adénopathie 
du malade ne pouvait avoir d’autre cause. 


(Laboratoire de M. Metchnikof.) 


676 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SUR DEUX SPIROPIÈRES DU CHAT GANTÉ (felis ocreata GMEL.), 


par L.-G. SEURAT. 


Nous devons à l'obligeance de M. Chevreux un Chat ganté (Felis 
ocreata Gmel.) tué le 28 janvier dernier dans la région de Bône (Algérie), 
qui nous a présenté deux Spiroptères habitant l'estomac dont l’un ne 
nous semble pas avoir été décrit jusqu'à présent. 

Spiroptera subæqualis Molin. — Le plus grand, que nous rapportons 
au Spiroptera subæqualis Molin, est un Spirocerca qui vit dans les mêmes 
conditions que le Spirocerca sanguinolenta (Rud.) du Chien; il habite, 
en effet, des tumeurs qu'il occasionne dans la région de l’anse pylorique, 


Fig..1 et 2. Cavité buccale de Spirocerca subæqualis (Molin); 1, vue latéralement 
(la préparation à élé étalée par suile de la compression exercée par la lamelle 
couvre-objel en sorte que, seules. les dimensions en hauteur ne sont pas modifiées). 
2, vue de face. 


le volume de ces tumeurs pouvant atteindre celui d’une noix. Ce Spi- 
roptère, que l’on pourrait confondre au premier abord avec celui du 
Chien, s’en distingue par sa taille plus petite (20 millimètres), par la 
conformation des dents qui ornent la cavité buccale, par l’ovéjecteur 
et par les dimensions beaucoup plus faibles de la queue (chez la femelle). 
La bouche, limitée (fig. 2) par un cadre circulaire légèrement indenté 
en six places, est en rapport avec une vaste cavité buccale en forme de 
coupe très ouverte et à pied très court sur les parois de laquelle sont 
insérées six dents très saillantes, dont le bord libre est très fortement 
chitinisé et différencié en une baguette tricuspide (fig. 1) qui s'élève 
verticalement du fond du vestibule buccal. 
L’ovéjecteur est conformé comme celui du Spiroptère du Chien, 
comprenant un vestibule piriforme, à col allongé, dans lequel se jette 
obliquement le sphincter; mais, tandis que chez le Spiroptère du Chien 
le vestibule, tapissé par une mince assise chilineuse, est absolument 
bourré d'œufs, ceux-ci y étant au nombre de plusieurs centaines, chez 
le Spiroptère du Chat ganté, il est au contraire beaucoup plus grêle et 


, à LM 


SÉANCE DU © AVRIL 677 


tapissé par une membrane chitineuse très épaisse qui ne laisse qu'une 
faible lumière centrale, et les œufs v sont en nombre extrêmement res- 
treint : deux à trois. 


11 nous paraît utile de compléter la description de cette intéressante forme : 
_ Spirocerca subæqualis (Molin, 1859). Ver de couleur sanguinolente. Deux 


100 pe 


Fig. 3, 4, 5, 6, 1. Habronema Chevreuxi n. sp. 3, bursa vue par la face ventrale; 
4, la même vue latéralement; 5, ovéjecteur; v, vestibule; s, sphiucter; 6, trompe; 
6, extrémité antérieure du corps vue par la face ventrale, montrant les papilles 
p et p', les ailes et la tripartition de l'œsophage; 1, bouche vue de face. 

(Le grossissement indiqué par l'échelle 100 w est relatif aux fiqures 3, 4, 5, 6.) 


papilles latérales cervicales situées un peu en arrière de l’anneau nerveux (1); 
pore excréteur ventral, au delà du niveau des papilles; pas d'ailes. 
OEsophage musculaire entouré, vers son milieu, par l'anneau nerveux; la 
longueur totale de l'æœsophage varie du quart (chez le mäle) au tiers (femelle) 
de la longueur totale. | 


(1) Les papilles cervicales sont situées en avant de l’anneau nerveux chez 
le Spiroptère du Chien. 


678 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Femelle. — Longueur 19 à 21®m. Cavité buccale 120 uw. Queue obtuse, 
remarquable par son extrême brièveté, 85 y. Vulve non saillante mesu- 
rant 31 u de diamètre transversal sur 22 y de hauteur, située à 5 milli- 
mètres de l'extrémité céphalique, soit au quart antérieur de la longueur du 
corps, en avant de la terminaison de l’œsophage. OEufs à coque épaisse, larvés 
au moment de la ponte, mesurant 39 & de longueur sur 18 y de largeur. 

Mâle. — Longueur 2225, épaisseur maxima 480 uw. Cavité buccale 105 y. 
Bursa conformée comme celle du Spirocerca sanguinolenta (Rud.) : ailes laté- 
rales soutenues par quatre paires de papilles préanales longuement pédon- 
culées et deux paires de papilles postanales, ces quatre dernières insérées 
sur une même ligne; en outre, une grosse papille impaire en avant du cloaque 
et un groupe de huit petites papilles difficilement perceptibles à l'extrémité 
caudale. Spicules très inégaux, longs respectivement de 2250 et 470 u; une 
pièce accessoire. 

Habitat : Felis concolor L. et Felis mellivora (Brésil). Felis ocreata Gmelin 
(Algérie), tumeurs de l’æœsophage. 


Le second Spiroptère trouvé dans l'estomac du Chat ganté et que nous 
rapportons au genre Æabronema Diesing est également de couleur san- 
guinolente, mais libre dans l'organe. 

Il est orné de deux ailes latérales très larges qui prennent naissance 
immédiatement en avant de l'anneau nerveux et s'étendent sur les deux 
tiers de la longueur du corps. Deux papilles cervicales dyssymétriques (1) 
situées, la papille gauche en avant de l'aile correspondante, la papille 
droite en arrière de l’anneaux nerveux, sur l'aile gauche (fig. 6). Pore 
excréteur ventral, situé en arrière de l'anneau nerveux. Bouche (fig. 7) 
limitée par deux lèvres latérales fortement échancrées sur leur bord 
libre, lequel est garni de trois dents, une médiane très saillante qui 
descend sur toute la longueur de la cavité buccale et deux marginales 
peu profondes; il existe, en outre, une dent dorsale et une dent ven- 
trale, qui s'étendent sur toute la longueur de la cavité buccale, en sorte 
que la bouche, vue, de face, paraît limitée par huit dents. L’œsophage 
présente une division en trois régions : la région antérieure, où la mus- 
culature est plus serrée (fig. 6), apparaît avec un aspect plus sombre que 
la région suivante de l'œsophage musculaire entourée en son milieu par 
l'anneau nerveux; la troisième partie est constituée par l’œsophage 
glandulaire (2). 

Habronema Chevreuxi nov. sp. — Femelle. — Longueur totale 8%85 à 
9 millimètres ; épaisseur maxima, avec les ailes 336 ; sans celles-ci 280 y. 
Cavité buccale 50 y. Ailes naissant à 210 y de l'extrémité antérieure. Pore 
excréteur à 330 & de l'extrémité céphalique. Queue régulièrement 


(1) L'asymétrie existe également chez Habronema muscæ Diesing et H. micros- 
toma Schneid. où elle se manifeste par l'existence d’une aile latérale unique. 
(2) Cette tripartilion de l'œsophage est également réalisée chez deux Spirop- 
tères du Cheval, Habronema muscæ Diesing et Habronema microstoma Schneider. 


‘ 


in 


SÉANCE DU D AVRIL 679 


alténuée, 180 w. La vulve, légèrement saillante, est un orifice mesu- 
rant 21 y de diamètre transversal sur 7 w de hauteur, situé en arrière du 
milieu du corps qu'elle partage dans le rapport 11 sur 10. Ovéjecteur 
(fig. 5) du type de celui de l'Aabronema microstoma Schneider, du 
Cheval. OEufs à coque épaisse, mesurant 36 de longueur sur 21 y de 
largeur et présentant un petit bouton à l’un des pôles: ils sont larvés 
quand ils sont pondus. 

Mâle. — Longueur 3275 à 5"m5; épaisseur maxima (sans les ailes) 
205 uw. Cavité buccale 50 w. Ailes latérales naissant à 170 x de l’extré- 
mité céphalique et s'étendant jusqu'à une petite distance des ailes 
de la bursa marquées de stries longitudinales très apparentes. 
Cloaque s’ouvrant entre deux lèvres saillantes, à 180 » de l’extrémilé 
caudale. Quatre paires de papilles préanales, rapprochées par deux 
(fig. 3); deux paires de papilles postanales : l’antérieure immédiatement 
en arrière de la lèvre inférieure du cloaque; la seconde, plus éloignée, 
est formée de deux grosses papilles très apparentes. Un groupe de six 
papilles difficilement visibles à l'extrémité caudale. 

Spicule droit mesurant 280 y, spicule gauche 480 y; une pièce acces- 
soire. 


EXISTE-T-IL UNE ACTION DÉSANAPHYLACTISANTE PROPRE AUX EAUX MINÉRALES ? 


I. — RECHERCHES SUR QUELQUES EAUX TRANSPORTÉES,. 


par A. CHASsEvANT, J. GaLuP et J. PorroT-DELPECH. 

Dans une note présentée récemment à la Société de Biologie, 
G. Billard (1) a constaté l’action désanaphylactisante de l’eau minérale 
de Royat {source Saint-Mart), sur des cobayes traités à la source même. 
Cette constatation vient à l'appui de l'hypothèse, soutenue par cet 
auteur, d'un rôle essentiel joué par l'anaphylaxie dans le mécanisme 
des manifestations arthriliques. L'un de nous ayant défendu la même 
conception et l'étendant même à l’ensemble des diathèses, tant arthri- 
tique que lymphatique (2), il nous a paru intéressant de rechercher si 
- cette action désanaphylactisante peut aussi être mise en évidence dans 
les eaux minérales transportées. 


(1) G. Billard. Sar l’action des eaux minérales (Royat) dans l’anaphylaxie. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, n° 2, 17 janvier 1913, p. 99-100. 

(2) J. Galup. L’arthritisme, diathèse d’anaphylaxie. Presse médicale, n° 50, 
49 juin 1912, p. 256-258. 

Idem. Le lymphatisme, diathèse d'anaphylaxie-immuuité. Une concep- 
tion générale des diathèses. Article à paraître prochainement in Presse 
médicale. 


680 , SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


À cet effet nous avons utilisé les eaux suivantes : le Mont-Dore (source 
Madeleine), le Mont-Dore {source Bardon), Thonon (source Saint- 
Francois), Luxeuil (source du Grand-Bain). En dehors de toute autre 
considération, un tel choix nous a paru se justifier par deux raisons, 
à savoir que d'une part ces diverses eaux sont peu minéralisées et que 
d'autre part la clinique leur reconnaît une spécialisation diathésique 
nette : arthritisme respiratoire pour les eaux du Mont-Dore, arthri- 
tisme goutteux et uricémique pour les eaux de Thonon (1), lymphatisme 
génital pour les eaux de Luxeuil. 

Nos cobayes ont été divisés en cinq lots, de quatre animaux chacun. 
Chez tous, nous avons cherché, comme Billard, à provoquer de l’ana- 
phylaxie au sérum, l'injection préparante étant faite dans le péritoine, 
l'injection déchaïnante, lreize jours après, dans la jugulaire. Dans 
l'intervalle des deux injections .sériques, nous avons pratiqué chaque 
jour des injections intra-péritonéales d'eau minérale, à la dose de 2 c.c. 
Les animaux du cinquième lot, servant de témoins, ont reçu, en même 
nombre et à même dose, des injections d’eau distillée. 

Or il ne nous a pas paru que les animaux ayant recu des injections 
d'eaux minérales se soient comportés de facon différente que les 
témoins : les uns ét les autres en effet ont présenté des accidents nets 
d'anaphylaxie, sans qu'il ait été possible d’établir entre ces accidents 
des variations d'intensité; le pourcentage de mortalité dans les vingt- 
quatre heures qui ont suivi l'injection déchaïînante a sensiblement été 
équivalent dans les divers lots. 

Nous coraptons, cet été, reprendre les mêmes expériences, mais cette : 
fois aux sources mêmes; nous en apporterons les résultats à la Société. 
Si ces résultats répondent à ceux obtenus par Billard avec l’eau de 
Royat (source Saint-Mart}, nous en pourrons conclure que l’action désa- 
naphylactisante des eaux minérales, — à l'instar de leur pouvoir 
radioactif, — diffère, suivant qu'il s'agit d'eaux « vivantes » prises aux 
sources ou d'eaux transportées. Ces dernières, toutefois, n'ont-elles 
aucune action désanaphylactisante ? Nos expériences ne nous paraissent 
pas autoriser une conclusion aussi catégorique. Peut-être pourrait on 
préciser ce point, .soit en modifiant la nature de l’antigène, soit en 
cherchant à mesurer l'intensité de l’anaphylaxie d’après la température, 
suivant les méthodes de Pfeiffer et de Mita. Nous essaierons aussi de 
poursuivre des recherches dans ce sens. 


(Travail du laboratoire d'hygiène à la Faculté de Médecine.) 


(1) Aux eaux de diurèse, comme celle de Thonon, Durand-Fardel a bien 
reconnu deux actions : l’une expultrice, action de lavage de l’appareil uri- 
paire, l’autre altérante, action modificatrice des phénomènes intimes de la 
nutrition. C’est cette dernière seule qui nous occupe ici. | 


Ke 


SÉANCE DU 5 AVRIL _. 681 


INDÉPENDANCE DE LA SÉCRÉTION URÉIQUE ET DE. LA SÉCRÉTION GLUCOSIQUE 
PROVOQUÉE PAR LA PHLORIDZINE, 


par H. Cnapanrer et C. LoBo-ONErr. 


Nous avons recherché si les condilions de la sécrétion uréique pou- 
vaient être influencées par l'élimination provoquée du glucose. Pour 
cela nous avons étudié les variations du rapport 


Urée du sang 
\/Débit urée dans l'urine 


proposé par MM. Ambard et Moreno (constante uréo-sécrétoire). L'uti- 
lisation de ce rapport tel qu’il est formulé n’est pas à la rigueur indis- 
pensable à l'intelligence de nos résultats; nous nous sommes arrangés 
pour que l’urée du sang et de l’urine variât peu au cours de nos 

Urée du sang 
Urée de l'urine 
qu'on veuille le présenter reste sensiblement le même. 

Nos expériences Ont été faites sur des hommes, à jeun, de facon que 
la sécrétion rénale, pendant un certain temps du moins, reste sensible- 
ment constante. La glycosurie était obtenue par injection sous-cutanée 
de 5 e.c. d’une solution de phloridzine à 5 p. 1000. 

Les résultats suivants ont été obtenus chez six sujets : 


“expériences; ainsi le rapport sous quelque forme 


Avant Phlor.| 1.735 


VOLUME : URÉE URÉE HE cons- | SEUCOSE 
ramené URÉE ramenée |recalculée 0/60 
o PU a anis du PTANTE FE 
24 heures ! 24 heures| 70 kilos EURE uréique | jrine 
B Avant Phlor.| 3.264 9,08 29,6% 19,10 0,288 0,066 
* { Après Phlor.| 1.875 | 13,49 29 920) 19,98 0,332 0,072 
P.. rs 1.604 | 14,60 (7) #6 , 50 0,293 0,073 
: /AprèsPhlor.| 3.158 8,45 26,68 20783) OR 0,071 
T.…. Avant Phlor.| 10.459 2,10 28 ,20 11,80 0,271 0,078 
Après Phlor.| 3.413 5,90 20,50 12,60 0,251 0,072 
L JP05E 15,10 11,50 0,399 0,117 
“° } Après Phlor.| 2.160 7,70 16,63 MST 0,393 (DEL 
D AvantPhlor.| 2.340 7,20 16,85 10,54 0,399 0,123 | | 
Le Après Phlor.| 2.926 6,90 20,18 12,63 | . 0,399 0,112 
C. Avant Phlor.| 3.796 4,10 17,80 ue 10 0.38% 0,138 
: | Après Phlor.| 1.388 8,82 1122 


20 7.20 | 9,270 is 1,50 


Ces faits semblent montrer que la sécrétion extemporanée du glucose 
ne modifie pas la sécrétion uréique. Si nous rappelons d'autre part que 


682 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


‘MM. Ambard et Weill ont constaté que les variations dans le débit de 
NaCI n’entraînent pas de variations de la constante uréique, il semble 
bien que cette constante soit indépendante des diverses substances élimi- 
nées par le rein. 

Chez les mêmes sujets nous avons recherché l'influence de la glyco- 
surie phloridzique sur le seuil d'excrétion chlorurée. On désigne sous le 
nom de seuil la quantité de NaCI du sérum au-dessous de laquelle il ne 
passe pas de NaCI dans l'urine. Des recherches inédites faites sous la 
direction de M. Ambard nous ont montré que le seuil est variable d’un 
individu à l’autre (entre 5,40 et 5,80 le plus souvent); nous considére- 
rons donc les variations éventuelles du seuil particulier à chaque sujet 
sous l'influence de la glycosurie phloridzique. 


NaCI NaCl aCl res 
NaCl | amené | rame é NaCl EXCÉS SEUL À UcosE 
à à 24 h:, du sur des à 
10e DAPSTEES Le sérum | le seuil |chlorures loc 
B AvantPhlor.| 9,60 31533 29,10 5,16 0,55 >,21 0 
‘" Après Phlor.| 8,00 15,00 12,10 5,81 0.39 b,42 3) .42 
P Avant Phlor.| 5,70 9,10 1.70 5,83 0,31 DR D2 0 
‘" ? Après Phlor.| 5,30 16,70 13.80 5,83 0,42 5,41 36,00 
T AvantPhlor.| 2,15 28,10 | 142,60 | 5,96 0,41 5,55 0 
‘”" ) Après Phlor.| 8,50 29) 2 29,23 5,86 0,60 > .26 20 ,20 
L Avant Phlor.| 10,60 18,39 19,62 6,08 OP 5,29 0 
rl Après Phlor.| 8,70 18,79 18,14 6,12 0,76 D,36 . 19,00 
D Avant Phlor.| 6,70 15,68 12,62 Brie 0,61 >.08 0 
NE ; Après Phlor.| 6,30 18,43 1er D .84 0,69 its 6,34 
C AvantPhlor.| 4,50 17,00 9,60 6,02 0,66 5,36 0 
us Après Phlor. , 90 O0 6,70 6,03 0,54 5,49 7,50 


Le seuil d’excrétion chlorurée est donc légèrement abaissé ou légère- 
ment élevé; mais les variations étant minimes (0 gr. 10 environ) 
et non toujours dans le même sens, on ne peut guère tirer de con- 
clusion concernant l’aclion de la phloridzine sur le seuil des chlo- 


rures. 
Par contre, ce fait peut présenter un certain intérêt en ce qui concerne 


la glycosurie elle même : actuellement on ne possède pas d’explication: 
de la glycosurie phloridzique; certains auteurs admettent qu'elle est 
due à l’abaissement du seuil du glucose : on pouvait donc, dans cette 
hypothèse, se demander s'il n’y avait pas d'abaissement simultané 
du seuil des chlorures ; or, nous venons de voir que le seuil des chlo- 
rures ne s’abaisse pas mais, comme nous iguorons si les seuils pour 
les différentes substances ne peuvent varier indépendamment les uns 


Ed 
SÉANCE DU 5 AVRIL 683 


des autres, ces expériences n’élucident pas la question de la glycosurie 
phloridzique. 


(Travail du Laboratoire de Chimie de la Clinique des voies urinaires 
à l'hôpital Necker.) 


RECHERCHES SUR LE CATARRHE OCULO-NASAL DU FAISAN, 


par D.-M. BERTRAND. 


Au mois de septembre 1911, un élevage de faisans vénérés âgés de 
quelques mois fut alteint, dans une très large proportion, de catarrhe 
oculo-nasal ; les oiseaux étaient sans aucun appétit, le plumage devenait 
terne, une abondante sécrétion muqueuse s'écoulait du bec et des yeux, 
un certain nombre étaient atteints en outre de diarrhée profuse. 

Au point de vue clinique, l'infection était absolument différente de la 
diphtérie aviaire ; en effet, il était impossible de constater la présence de 
ces petites granulations grises, envahissant l’arrière-bouche et le 
pharynx, si caractéristiques de cette infection. S 

A l'examen de l’exsudat, il était impossible de déceler, pas plus que par 
les cultures, la présence du parasite de la diphtérie aviaire. Les prépa- 
rations ne montraient guère que quelques streptocoques et une grande 
quantité de petits coccobacilles ne prenant pas le Gram. 

Les ensemencements, soit du mucus oculaire ou buccal, soit des 
produits de raclage de la trachée, furent faits en boîte de Petri sur gélose 
et aussi sur gélose au sang. Après vingt-quatre heures d’étuve à 
31 degrés existaient quelques colonies de streptocoques et un grand 
nombre de colonies plus ou moins régulières, légèrement jaunâtres et 
opaques rappelant un peu des colonies de 2. coli et formés par un coco- 
bacille rappelant celui que l’on pouvait observer à l'examen direct. Il fut 
possible aussi en ensemencçant le sang de l’animal malade de déceler la 
présence de la même bactérie. 

Ce coccobacille rappelle et est probablement le mème que celui 
découvert par Klein (1) en 1893 dans ane septicémie des faisans en 
Angleterre. 

C’est un petit coccobacille ne prenant pas le Gram, très mobile, à peu 
près comme le PB. fyphosus. 

Sur gélose inclinée, il donne une culture peu opaque, légèrement 
jaunûâtre, et eu bouillon ordinaire il trouble uniformément le milieu, ne 
produisant ni voile ni collerette, il répand une odeur fétide. 


(1) Klein. On acute infectious Diseases of young Pheasants. Journal of Patlo- 
logy and Bacteriology, t. II, 1893, p. 214. 


684 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


C'est un anaérobie facultatif et, en gélose profonde, il donne de petites 
colonies lenticulaires. 

Il ne digère pas le sérum coagulé et ne liquéfie pas lagélatine. Dans 
ce milieu, ensemencé en piqûre, il donne une culture en clou. 

Dans du bouillon de ue de caséine, le trouble est uniforme, il 
donne de l’indol. - 

Dansun milieu contenant des acides aminés, de la caséine et du trypto- 
phane (1), après vingt-quatre heures d'étuve à 37 degrés, on a une 
culture abondante. 

Si l’on extrait à l’éther et que l’on recherche l’indol, on a une réaction 
très forte avec le réactif d’'Ehrlich, il n’y a pas formation d'acide indol-3- 
acétique. 

Dans un milieu à la tyrosine, il ne donne pas de phénol. 

Dans le lait tournesolé, il n’y a aucun changement dans la couleur du 
tournesol et le lait n’est pas coagulé; même après vingt jours d'étuve à 
37 degrés, la caséine n’est pas attaquée, le milieu reste intact. 

Iln’attaque pas l'amidon. 

Sur pomme de terre glucosée il donne une culture grasse, épaisse, 
crémeuse. 

Il produit des nitrites aux dépens des nitrates et réduit le rouge 
neutre. 

Dans du bouillon sucré additionné de carbonate de calcium, il ne se 
produit pas de gaz. 

Son action sur les sucres n'est pas très énergique ; en effet, il n’a 
d'action que sur le glucose, le lévulose et le galactose. 

Dans les autres sucres et alcools polyatomiques par exemple, l'arabi- 
nose, saccharose, lactose, maltose, raffinose, glycérine, dulcite, érythrite, 
mannite, dextrine et inuline, il n’a aucune action. 

Par conséquent, on voit, d’après les réaclions biochimiques de cette 
bactérie, qu’elle est très différente du 2. coli. En effet, son action sur les 
sucres est faible, elle ne coagule pas le lait, faits qui la séparent très 
nettement de ce microbe. Elle est au contraire plus voisine des para- 
typhiques, mais ici encore un caractère très important l'en différencie, 
c'est la production d’indol qu’elle donne en grande quantité. On doit 
donc la considérer comme une variété de BP. paracoli. 

Son pouvoir pathogène a aussi été essayé d’abord sur la souris. 

L’injection de 1/4 de centimètre cube d’une culture en bouillon de 
vingt-quatre heures sous la peau de cet animal détermine une infection 
mortelle en dix heures environ. En doublant la dose, la mort n'était pas 
plus rapide, l’animal mourant également en dix heures. 


(1) Milieu extrêmement favorable à la recherche de l’indol, préconisé par 
A. Berthelot. (Sur l'emploi des milieux chimiquement définis à base de trypto- 
phane.) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 20 avril 1912. 


SÉANCE DU 5 AVRIL 685 


Chez différents oiseaux, pigeon et poule, les résultats furent toujours 
négatifs. 1 centimètre cube sous la peau d'un pigeon ne déterminait 
aucun symptôme d'infection, de même 1 centimètre cube chez la poule. 

Un raclage d’une culture de vingt-quatre heures sur gélose inclinée, 
mis dans la bouche et la gorge d'une poule, ne put déterminer aucune 
maladie. 

Enfin de jeunes poulets de un mois et demi moururent d'infection, 
mais ne rappelant pas l'infection du faisan. 

Malheureusement, il nous fut-impossible d'avoir des faisans pour 
expérimenter sur cet animal. 

Cette bactérie rappelle donc beaucoup celle décrite par Klein. Lui 
aussi ne put produire aucune infection chez la poule, le pigeon, le lapin 
et le cobaye par injection soûs-cutanée de culture en bouillon. Plus 
heureux, il put expérimenter sur le faisan qu'il réussit à tuer en vingt- 
quatre heures avec quelques gouttes de culture: 

Il semble donc que ce microbe soit pathogène pour le faisan, mais il 
est impossible de dire s’il est l'agent causal du catarrhe oculo-nasal qui 
fait de grands ravages parmi ces oiseaux. C'est une question qu'il aurait 
_ été important d'élucider, car il est possible qu'on ait pu en tirer des 
conclusions intéressantes au point de vue de la prophylaxie et peut-être 
du traitement de cette infection. 


(Laboratoire de M. Metchnikoff.) 


CULTURE in vitro pu T'rypanoplasma varium LEGER. 


Note de À. PonsELLE, présentée par F. MESnir. 


La culture in vitro des Trypanoplasmes sanguicoles n'avait pas été 
obtenue jusqu’à présent. Nous venons de réussir celle du Trypano- 
piasme de la Loche (7rypanoplasma varium) dans le milieu que nous 
avons précédemment préconisé pour la culture de certains Trypano- 
somes (1). 


Nous somme parti du sang d'une Loche (Cobitis barbatula L.) pêchée dans 
l’Orge, à Égly (Seine-et-Oise), et qui était fortement parasitée par Trypano- 
plasma varium et Trypanosoma barbalulæ Leger (2). 


(1) À. Ponselle, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 février 1913, p. 339. 

(2) Contrairement au cas observé par Leger (Comptes rendus de la Soc. de 
Biologie, 5 novembre 1904), des Vairons, pêchés dans la même rivière, au 
même point, présentaient des infections mixtes à Trypanosomes et Trypano- 
plasmes. 


A et Lt 


686 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Afin d'éviter que le Trypanosome ne cultivât, ce qui, nous le pensions, 
pouvait gêner la multiplication des Trypanoplasmes, nous avons essayé 
d'obtenir leur séparation. Diluant une gouttelette du sang de la Loche dans 
deux gouttes de liquide d’exsudation de notre milieu et plaçant sous le cou- 
vercle d’une boite de Bordas (1) une série de gouttelettes pendantes de cette 
dilution, nous avons recherché sous le microscope les gouttelettes ne conte- 
nant que des Trypanoplasmes. 

Une de ces gouttelettes, contenant cinq Trypanoplasmes, fut alors aspirée 
par capillarité dans une pipelte effilée, et ensemencée, le 18 février, dans un 
tube de notre milieu. 

Le 4 mars, la culture commencait à se manifester et, le 14, était devenue 
très abondante, mais nous remarquions alors qu'il poussait à côté des Trypa- 
noplasmes, quoique beaucoup moins abondamment, un Trypanosome, dont 
un individu, accolé sans doute à une hématie ou à un leucocyte, nous avait 
échappé à l'examen de la goutte pendante. Nous sommes actuellement 
au troisième passage de tube en tube et la culture se maintient toujours 
mixte, sans que l’un des deux flagellés paraïsse gêner le développement de 
l’autre. 

Afin d'obtenir une culture pure, nous avons procédé à un nouvel isolement 
en partant d’une dilution d’une trace de la première culture dans du liquide 
d’exsudation de notre milieu. Gette fois-ci l'absence d'éléments figurés autres 
que les parasites nous permit de repérer une gouttelette ne contenant avec 
certitude qu'un Trypanoplasme. Nous avons laissé la culture débuter en 
goutte pendante : au bout de trois jours nous avions 8 individus et, au bout 
de six jours, une trentaine. 

La goutte aspirée alors à la pipette fut ensemencée le 21 mars et nous a 
donné une culture, assez riche actuellement et absolument pure, de Trypa- 
noplasmes. 


Les Trypanoplasmes de culture sont très peu différents des formes 
du sang. Ils présentent sensiblement la même disposition du noyau, du 
centrosome et des flagelles, les mêmes dimensions et les mêmes mou- 
vements amiboïdes. La membrane ondulante, toutefois, paraît, sinon 
absente, tout au moins très réduite, et le flagelle postérieur se décolle. 
souvent sur une plus ou moins grande longueur. Comme nous l’a fait 
remarquer M. Mesnil, qui a bien voulu examiner une préparation, ces 
formes rappellent les Prowazekia. 


(1) Sorte de boîte de Pétri pouvant être close hermétiquement par un large 
anneau de caoutchouc. Cette boîte, destinée à l'examen des matières fécales, 
a une moitié du fond peint en noir. Le modèle employé par nous ne présen- 
tait naturellement pas ce noircissement. 

Ajoutons qu'il est nécessaire de placer quelques gouttes d’eau stérilisée 
dans le fond de la boîte et de la placer sur un support permettant la libre 
circulation de l'air sur sa face inférieure, pour éviter la condensation de la 
vapeur d’eau au niveau des gouttes pendantes, ce qui ne manque pas de se 
produire si on place la boîte sur une table par exemple. 


SÉANCE DU 5 AVRIL 687 
D 


Les préparations colorées montrent que la division se fait par divi- 
sion binaire longitudinale. Quelquefois, néanmoins, les deux flagellés 
se redivisent encore une fois avant leur séparation. La division du 
noyau précède généralement ou accompagne celle du centrosome, mais 
cependant nous avons observé quelques spécimens qui présentaient 


C.CONSTANTIN.— 


RiSe 


1 
Culture de 20 jours: Coloration Giemssa. Grossissement 1.100 diamètres. 


1, 2, 3, 4, 5, 6, 1, Trypanoplasmes de culture. — 8, 9, Individus présentant une 
division du noyau. — 10, Division simultanée du noyau et du centrosome. — 11, 
12, Division du centrosome précédant celle du noyau. — 13, 14, 15, Individus à la 
fin de la division. — 16, Trypanosoma barbatulæ forme de culture. 


un centrosome fragmenté en deux en l’absence de toute division du 
noyau. Il est possible que cette fragmentation du centrosome résulte 
de l’action mécanique de l’étalement sur lame, les Trypanoplasmes 
étant beaucoup moins résistants à cet égard que les Trypanosomes. 


Nous n'avons pas retrouvé, jusqu'à présent, dans nos cultures les 
formes minces très allongées signalées par divers observateurs dans le 
tube digestif de Sangsues piscicoles ayant piqué des Poissons infectés 


BioLocie. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 48 


688 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


par divers Trypanoplasmes, ni vu de formes pouvant faire penser à 


un processus sexué. 
Nous réservons pour un mémoire ultérieur une étude cytologique plus 


détaillée de nos Trypanoplasmes de culture. 


(Travail du Laboratoire du D" A. Marie à l’Institut Pasteur.) 


SUR LES FORMATIONS MITOCHONDRIALES DANS LES CELLULES NÉOPLASIQUES 
DES ÉPITHÉLIOMES DE LA PEAU ET DES MUQUEUSES DERMO-PAPILLAIRES, 


par M. Favre et CL. REGaun. 
| 

Nous avons étudié, au moyen de la technique qui nous est habi- 
tuelle (1), un certain nombre de néoplasmes épithéliaux de la peau et 
des muqueuses dermo-papillaires. Tous nous ont montré des formations 
mitochondriales dans les cellules néoplasiques. Il y a lieu de classer les 
cas que nous avons examinés dans les trois catégories histologiques. 
bien connues : épithéliomes baso-cellulaires (à évolution relativement 
bénigne), épithéliomes spino-cellulaires (à évolution maligne), papil- 
lomes bénins. 


ESITHÉLIOMES BASO-CELLULAIRES. — On sait que ces néoplasmes sont carac- 
térisés histologiquement par la végétation, au sein du tissu conjonctif, de 
cordons cellulaires pleins toujours nettement délimités, formés de cellules 
qui rappellent plus ou moins fidèlement l’assise génératrice des épithéliums 
épidermiques, n’élaborant pas de filaments unitifs et ne subissant générale- 
ment au centre des cordons ni évolution cornée, ni évolution muqueuse. 
Cliniquement, les cas que nous avons étudiés avaient, les uns l’aspect d’ulcus 
1odens (quatre cas en diverses régions de la face), un autre (nez) l’aspect 
d’une tumeur lisse et non ulcérée, le dernier l’aspect d'une tumeur qui d’une 
part végélait extérieurement et ressemblait à un papillome, d'autre part infil- 
trait les tissus sous-jacents (espace inter-naso-palpébral). 


Au point de vue des mitochondries, tous ces néoplasmes méritent 
une description commune, et ne montraient que quelques minimes 
différences de détails. Nous n'y avons jamais rencontré que des chon- 
driosomes en forme de grains ou de bâtonnets courts et trapus; ils 
sont en général plus nombreux dans l’assise de cellules située à la 
périphérie des cordons néoplasiques que dans les cellules centrales; 


(1) Fixation des fragments par le mélange de formol et de bichromate de 
potassium, mordancage conséculif par la solution de bichromate de potas- 
sinm à 3 p. 100 pendant un temps variant de quelques jours à plusieurs mois, 
coloration des coupes très minces par l’hématoxyline ferrique. 


SÉANCE DU 5 AVRIL 689 


ils sont accolés en grand nombre à la surface du noyau, ou bien 
logés dans la partie de la cellule tournée vers le tissu conjonctif. 
Nous n'avons jamais rencontré de formations rappelant les filaments 
d'Herxheimer (fig. 1). 


ÉPITHÉLIONES SPINO-CELLULAIRES. — Rappelons les principaux caractères 
histologiques de ces néoplasmes : végétation, au sein du tissu conjonctif, 
tantôt de cordons cellulaires pleins nettement délimités, tantôt de cellules 
néoplasiques disposées isolément ou par 
petits groupes, qu'aucune membrane ne 
sépare, dans ce dernier cas, du tissu con- 
_ jonctif; cellules polyédriques, rappelant 
celles du corps muqueux de Malpighi par 
divers caractères, notamment par. l'éla- 
boration de filaments qui passent d’une 
cellule à l’autre; évolution cornée ou mu- 
queuse de ces cellules au centre des cor- 
dons ou amas. 


Nous avons spécialement étudié, 
dans ce groupe de tumeurs, trois cas 
de cancroïdes ulcérants et infillrants 
des muqueuses labiale et buccale, un 
cas d’épithélioma à la fois végétant ex- 
térieurement et profondément infiltrant 
de la base du nez, un cas d’épithéliome 
du cou à type d'ulcus rodens, un cas 
d'épithéliome du gland à type de pa- 


F16. L. — Prép. de Favre, Mr: De- 


pillome. Tous ces néoplasmes ont eu reve 1e Etc nonbna A ess 
une évolution maligne. Hém. ferrique. 
Ces cinq cas sont assez différents au Proj. micr. Nachet. Obj. Zeilz 1/12. 


point de vue de la richesse du chon-  Oeul. comp. 6 Zeiss. Proj. sur 
driome, mais tous les éléments en sont corn sa 
semblables et semblablement dispo- : 

sés. Nous avons observé : des mitochondries granuleuses ou bien en 
forme de bätonnets très courts, des chondriocontes plus longs et 
flexueux, des filaments d'Herxheimer indubitables, enfin toutes les 
transitions désirables entre les formes précédentes. 

Les mitochondries granuleuses et en forme de bätonnets courts sont 
très communes, et on peul les rencontrer dans les diverses zones concen- 
triques d'un cordon où d’un lobule épithéliomateux. Mais leur siège de 
prédilection est l’assise cellulaire qui limite les cordons ou lobules du 
côté du tissu conjonctif (couche génératrice); on est sûr d'en rencontrer 
là dans toutes les tumeurs: ces mitochoudries sont parfois tellement 
serrées quelles donnent au proloplasma une teinte noire homogène, 


690 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pour peu que les coupes ne soient pas suffisamment minces ou la déco- 
loration pas assez poussée ; elles occupent de préférence la région infra- 
nucléaire des cellules (fig. 2, C). On trouve fréquemment des granula- 
tions mitochondriales périnucléaires dans des couches cellulaires rela- 
tivement anciennes (centrales) des cordons, et certains dispositifs nous 
font soupconner qu'elles y sont en rapport avec l'élaboration de l'éléi- 
_dine ou de substances analogues. 

Dans un grand nombre de cellules étagées au-dessus de l’assise 
génératrice, on rencontre un chondriome abondant, formé de filaments 
fins flexueux, qui sont disposés autour du noyau (fig. 2, A). 

Les filaments d'Herxheimer se rencontrent dans tous les cas, mais 
avec une abondance extrêmement inégale. Ils sont fréquemment aty- 
piques : tantôt ils ont une épaisseur et une longueur beaucoup plus 
grandes que dans l’épiderme normal, tantôt ils sont presque rectilignes 
au lieu d’être spiralés, tantôt ils sont disposés en faisceaux ou en pin- 
ceau. (Fig. 2 B). 

On trouve enfin de nombreux chondriocontes, ou filaments mito- 
chondriaux, qui établissent des transitions entre les types précédents, 
et cela même dans une seule cellule. 


PAPILLOMES VÉGÉTANTS BÉNINS. — Nous avons étudié un cas de con- 
dylome acuminé de la région anale et un cas de végétations balano- 
préputiales, cas identiques au point de vue histologique. Les masses 
épithéliales, formées d'éléments presque semblables à ceux dé l’épi- 
derme normal et semblablement disposés en couches épaisses, végèlent 
extérieurement et sont pénétrées par de longues papilles conjonctivo: 
vasculaires ramifiées. Les chondriosomes sont des mêmes types et ont 
à peu près les mêmes dispositions que dans les épithéliomas spino-cel- 
lulaires. Les filaments d'Herxheimer sont d’une variabilité extrême, aux 
points de vue de leur répartition, de leur aspect et de leurs dimensions. 
Il en est de gigantesques. $ « 


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. — 1° Dans les cellules des épithéliomas 
cutanés comme dans celles des néoplasmes les plus divers, carci- 
nomes (1), sarcomes (2), on trouve des formations mitochondriales 
affectant les formes multiples connues en cytologie normale. 

2° Ces formations mitochondriales diffèrent d’un groupe à l’autre de 
tumeurs, d’une tumeur à une autre tumeur du même groupe, même 
d'une variété à une autre variété de chondriosomes du même 
néoplasme, par de minimes différences de constitution chimique. 
Les mêmes différences se rencontrent, avec une infinie variété, dans 


(1) Favre et Regaud. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 16 déc. 1911. 
(2) Favre et Regaud. Comptes rendus de la Soc.de Biologie, 15 mars 1913. 


SÉANCE DU 9 AVRIL 691 


— ———————————————_——————————————.—————————._—————_—_———————————_—_—_——____—.——————————- —— 


_ les cellules normales, comme l’un de nous l’a montré. Il est vrai que 
ces différences chimiques ne sont pas démontrées encore directement; 


Lo 


SA NÉ CIN LS ES 


FiG. 2. — Prépar. de Favre, A 19. 
Epithéliome végétant du gland. Hém. ferrique. 


Proj. micr. Nachet, Obj. Leitz 1/12. Ocul. 6 comp. Zeiss. Proj. sur table. — 
Gr. : 1580 environ. 


pourtant on est en droit de les déduire de la variabilité même des con- 
-ditions de mordançage nécessaires pour la mise en évidence des for- 


692 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


mations mitochondriales, chaque variété de chondriosome exigeant. 


d’ailleurs un optimum de conditions toujours les mêmes. 


Pour mettre en évidence complètement l’ensemble dés formations 


mitochondriales dans un organe normal ou néoplasique un peu com- 
plexe, il est nécessaire de faire de nombreuses préparations au moyen 
de fragments soumis à des mordançages chromiques de durée crois- 
sante. Ainsi les filaments d'Herxheimer apparaissent toujours après un 
mordançage moindre que celui qui est nécessaire pour les mitochon- 
dries granuleuses. 

3° La coexistence des formes granuleuses, filamenteuse banale, fila- 
menteuse spiralée (filaments d'Herxheimer), et surtout les transitions 
entre ces diverses formes, dans les épithéliomas spino-cellulaires, 
imposent une fois de plus la conviction (1) qu'il s’agit là de variétés 
morphologiques d’une même formation. Nous sommes donc fortifiés 
dans l'opinion que les filaments d'Herxheimer de l’épiderme normal 
sont des organites mitochondriaux, différenciés en vue de l'édification 
ei de l'entretien des fibrilles épidermiques dont ils sont les racines. 

4° Les formes granuleuses et bacilliformes, qui prédominent dans 
l’assise cellulaire périphérique des cordons et lobules épithéliomateux, 


{ 


et spécialement dans la région infranucléaire de la cellule, sont cerlai- 


nement les formes les plus jeunes du chondriome. En outre, elles nous 
paraissent être en rapport physiologique avec l’intusussception élective 
et la nutrition des cellules en voie de multiplication, indépendamment 
de l'élaboration de produits figurés, qui dans ces cellules n’a pas lieu. 


(Laboratoire d'anatomie générale et d'histologie de la Faculté 
de médecine de Lyon.) 


DES RAPPORTS ENTRE L'ANAPHYLAXIE, 
L'IMMUNITÉ ET L'AUTOPROTÉOLYSE DES CENTRES NERVEUX. 


Note de L.-C. Soura, présentée par E. Gex. 


Dans une note récente (2), j'ai montré que l'injection préparante d’un 
antigène (en l'espèce l’urohypotensine) déterminait des modifications 
dans l'intensité de l’autoprotéolyse des centres nerveux. 

Alors que, chez le lapin normal, pour le cerveau le coefficient d'amino- 
genèse est de 6 p. 100 et, pour la moelle, de 7,5 p. 100, et le coefficient de 
protéolyse de 14 p. 100, chez le lapin en état d’anaphylaxie, vers le 


(1) Regaud et Favre. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 24 février 1912. 
(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 15 mars. 


SÉANCE DU 5 AVRIL 693 


vingtième jour, le coefficient d'’aminogenèse s'élève pour le cerveau à 
9,1 p. 100, pour la moelle à 11,4 p. 100; le coefficient de protéolyse 
s'élève jusqu'à 26 p. 100. Par contre, du trente-cinquième au quaran- 
tième jour les coefficients ont repris les valeurs normales. 

J'ai voulu étudier comparativement les modifications de l’amino- 
genèse et de la protéolyse dans les centres nerveux de lapins ayant recu 
une seule injection et dans ceux d'animaux soumis à deux injections 
espacées d’une quarantaine de jours. Comme antigène j'ai employé 
l'ovalbumine. |: 


Lapin À. — Pesant, le 11 mars, 2.320 grammes, recoit une injection intra- 
veineuse de 3 grammes d'ovalbumine. Il est sacrifié le 2 avril, vingt-deux 
jours après l'injection. Son poids est de 2.000 grammes. 

Lapin B. — Pesant 2.290 grammes, recoit le 30 janvier une injection de 
3 grammes d’albumine. Le 11 mars, quarante et uu jours après l'injection, 
son poids est de 2.520 grammes. Il reçoit une deuxième injection d’ovalbu- 
mine. Il est sacrifié le 2 avril, vingt-deux jours après la deuxième injection. 
Son poids est de 2.470 grammes. 

Voici les résultats de l’analyse de la substance nerveuse (1). 


COEFFICIENT | COEFFICIENT 


Nt | N' | N°?) N° |d'aminogenèse| de protéolyse 
p. 100 D 0 0 
Lapin A. Cerveau. |1150|1316| 282] 152] 8,1 
Anaphylaxie. Moelle. |1722| » » | 474 9,0) 
Lapin B. Cerveau. |2030|1708| 188| 131 6,5 
En voie d'immunité. Moelle. |1890| » DA YA 14 
Conclusions. — Il résulte de ces expériences que l’état d’anaphylaxie 


s'accompagne d'une augmentation marquée des coefficients d’amino- 
genèse et de protéolyse des centres nerveux. 

Par contre, si, une fois l’état anaphylactique passé, on fait une seconde 
injection d’antigène, cette injection ne détermine plus aucun accrois- 
sement de ces cocfficients. 


(Travail de l'Institut de physiologie de la Faculté de Médecine de Toulouse.) 


(1) Résultats exprimés en milligrammes pour 100 grammes de tissu frais. 
N° az. total; N' az. albumin.; N° az. non précipit. par l’ac. trichloracét, ; N° 
az. aminé. 


” 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


HER RAA dis 


NOTE DE ALBERT BERTHELOT. 


T. LXXIV, p. 576, ligne 38, lève : réaction acide, au lieu de : réaction d'acit 


/ 


NoTE DE J. Mawas. 


- T. LXXIV, p. 579, ligne 15, au lieu de : oxygène à l'état naissant, l'acide sul 
reux, le chlore... lire : oxygène à l’état naissant (l'acide sulfureux except 
chlore. nn PE ob dé  DE 


PU QUITTÉ", ? Eat 


695 


REUNION BIOLOGIQUE 
DE SAINT-PÉTERSBOURG 


SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1913 


SOMMAIRE 

CHEwWYREUv (Iv.) : Le rôle des fe- des Ichneumonides (Deuxième com- 
melles dans la détermination du DU ANC A LION) RER EEE 698 
sexe de leur descendance dans le Kcesrcuxowsky (K.) : Quelques ob- 
groupe des Ichneumonides (Pre- servations sur la physiologie des 
mière communication). . . . . . .. 695% Manimauxmférnieurs eee 100 

CHEwYREuv (1v.) : Le rôle des fe- METALNIKOV (S.) : Sur la faculté 
melles dans la détermination du sexe des infusoires « d'apprendre » à 
de leur descendance dans le groupe choisir la nourriture... 1. "1". 101 


Présidence de M. Famintzin. 


LE RÔLE DES FEMELLES DANS LA DÉTERMINATION DU SEXE DE LEUR DESCENDANCE 
DANS LE GROUPE DES ICHNEUMONIDES. 


(Première communication), 


par Iv. CHEWYREUV. 


La plupart des observations dont nous voulons nous occuper dans la 
présente communication ont été faites sur Pimpla instigator F.; elles 
ont été répélécs et confirmées, en grande partie, par des observations 
sur plusieurs autres espèces : P. examinator F., P. brassicæ Poda et 
P. cupulifera Kriechb. 


Nous avons procédé dans nos expériences de la manière suivante : chaque 
- insecte est placé dans une cellule de mousseline et de carton et numéroté; 
comme nourriture il reçoit tous les deux jours un peu de miel et une goutte 
d’eau. L’insecte reste dans la cellule deux à trois mois. Une partie des 
femelles a été fécondée les autres sont restées vierges. 


696 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


Les femelles fécondées ainsi que les femelles vierges déposaient 
volontiers leurs œufs dans des nymphes entourées de cocons artificiels 
en coton ou en mousseline. 

On offrait aux femelles pour la ponte de leurs œufs des nymphes de 
grande taille, comme celles de Sphinx, de Saturnia, de Gustropocha,ete., 
et des nymphes de petite taille comme celles de Pieris, de Pupalus, de 
Panolis, etc., en ayant soin de faire varier le plus possible l’ordre de 
succession des nymphes de taille différente. 

Sans donner une description détaillée de toutes nos expériences, 
citons les résultats de quelques-unes : 


‘/Pimpla instigator femelle 2 a déposé, du 25 janvier 1908 jusqu’au 11 mars 
1908, neuf œufs dans l'ordre suivant : le premier œuf déposé dans une nymphe 
de grande taille a donné une 9, le deuxième déposé dans une nymphe de 
petite taille a fourni un &«', les quatre pontes suivantes ont été effectuées 
dans de grandes nymphes etont donné # 9 9 , les quatre derniers œufs déposés 
dans de petites nymphes ont fourni 4 &'; il yavaitainsien tout 5 & quise sont 
développés dans des nymphes de petite taille et 5 © qui se sont développées 
dans des nymphes de grande taille. 

La femelle 3 a effectué du 15 janvier 1908 jusqu’au 9 mars 1908 27 pontes, 
les résultats ont été les suivants : première ponte dans une petite nymphe a 
donné un &, les quatre pontes suivantes effectuées dans 8 grandes nymphes 
ont donné 4 9 © ; viennent ensuite 5 petites nymphes qui ont donné 5 G'&, 
4 nymphes de grande taille qui ont donné 4 9 Q, 3 petites nymphes ayant 
fourni 3 G &, 2 grandes nymphes ayant fourni 2 9 ® et 9 petites nymphes 
qui ont donné 5 5‘ a‘ et 4 © ©. 

La femelle 66 a effectué du 22 décembre 1908 jusqu'au 16 février 1909 
31 pontes, dont 8 faites dans de grandes nymphes (Sph. ligustri et Saut. pyri) 
ont donné seulement des femelles; les pontes qui alternaient avec les précé- 
dentes et qni ont été effectuées dans de petites nymphes ont donnè 6 SG & et 
2 © ©. Les 15 pontes suivantes ont été effectuées dans de petites nymphes et 
ont fourni 12 Go et 3 ® Q. Les petites nymphes de cette expérience appar- 
tenaient à deux espèces : Pieris brassicæ et Vanessa levana, et présentaient des 
tailles différentes, Les nymphesde Vanessa étant considérablement plus petites 
que celle de Pieris; c’est pourquoi les nymphes de Pieris, lorsqu'elles alter- 
naient avec celles de Sphinx et de Saturnia, étaient relativement petites et, 
lorsqu'elles alternaient avec celles de Vanessa, leur taille était relativement 
grande ; elles ont donné 14 g œ et 5 9 ©, tandis que Îles nymphes absolu- 
ment grandes n’ont donné que des nymphes femelles et des nymphes absolu- 
ment petites que des mâles. 


Les résultats de ces expériences montrent qu'en pondant l'œuf dans 
les nymphes qu'onieur offre les femelles de Pimpla règlent d’une cer- 
‘laine manière la détermination du sexe de leur descendance, en dépo-. 
sant, dans la plupart des cas, dans des nymphes de grande taille, con- 
tenant beaucoup de matières nutritives, des œufs qui fournissent des 
femelles, et dans des nymphes de petite taille des œufs qui fournissent 


SÉANCE DU 26 FÉVRIER 697. 


des mäles. Comme le montrent les expériences sur la femelle 66, les 
nymphes d'un même papillon dans le cas où elles alternent avec des nym- 
phes de taille plus grande donnent des mâles et dans le cas où elles 
alternent avec des nymphes de taille plus petite donnent des femelles. 

Une série d'expériences nous a montré que si l’on n'offre aux femelles 
que des nymphes de grande taille, on peut tout à fait éliminer le sexe 
masculin de la descendance de cette femelle ; au contraire, dans le cas 

où l’on ne met à la disposition des femelles que des nymphes de petite 
taille, on n'arrive pas à éliminer tout à fait de leur descendance le sexe 
féminin, on n'obtient qu'une prépondérance de mâles. 

Les résultats des expériences faites au laboratoire ont été vérifiés par 
des observations sur des Ichneumonides qui’se sont développés à l’inté- 
rieur des hôtes infestés par voie naturelle et que nous avons recus 
directement de la forêt. Ces observations ont porté sur des cocons de 
Lophyrus dont les cocons mâles sont deux fois plus petits que les cocons 
femelles ; les cocons des deux sexes ont été gardés séparément. 


J'ai eu en tout 2.000 cocons, dont 970 étaient infestés par des Ichneumonides 
appartenant à deux genres : Exenterus et Campoplex ; 870 cocons ont fourni 
des Exenterus sp.? dont 602 9 9 et 268 d'a, ce qui fait 30 p.100 de mâles et 
70 p. 100 de femelles. Les cocons de grande taille ont fourni 21 p. 100 de 
mâles et 79 p. 100 de femelles, les cocons de petite taille 53 p. 100 de mâles 
et 47 p. 100 de femelles. Les 100 cocons avec des Campoplex sp. ? ont fourni 
51 So et #9 9 © ; les cocons de grande taille ont teurni 30 p. 100 de mâles 
et 70 p. 100 de femelles, les cocons de petite taille 74 p. 100 de mâles et 
26 p. 100 de femelles. On voit ainsi que dans les deux cas il y a une prépon- 
dérance de femelles (79 et 70 p. 100) dans les cocons de grande taille et une 
prépoudérance de mâles (53 et 74 p. 100) dans les cocons de petite taille. 


Nos observations montrent ainsi que la loi établie par M. J. Fabre pour 
les Hyménoptères porte-aiguillon (aculeata), comme les abeilles et les 
suêpes, et suivant laquelle les femelles de ces insectes en pondant les 
œufs se guident sur les dimensions des cellules et la quantité de nour- 
riture qui s'v trouve et placent dans les cellules plus riches en nour- 
riture les œufs qui doivent fournir des femelles, et dans les cellules 
moins riches en nourriture les œufs qui doivent fournir des mâles, 
s'étend aussi aux Ichneumonides qui appartiennent au groupe des Hymé- 
noptères térébrants. Les Ichneumonides étant des parasites, nos obser- 
vations établissent que cette règle générale s'étend aussi aux parasites 
et que les parasites ne constituent pas ainsi, comme le croit M. J.-H. 
Fabre (1), une exception. 


(1) Cf. J.-H. Fabre. Souvenirs entomologiques, II° série. Paris, 1886,p.333-335. 


098 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


LE RÔLE DES FEMELLES DANS LA DÉTERMINATION 
DU SEXE DE LEUR DESCENDANCE DANS LE GROUPE DES ICHNEUMONIDES, 


(Deuxième communication), 


par Iv. CHEWYREUV. 


J'ai indiqué dans la communication précédente que mes observations 
ont porté aussi sur des femelles vierges. Beaucoup de chercheurs ont 
déjà observé la reproduction parthénogénétique dans le groupe des 
Ichneumonides; on sait que seule la descendance mâle apparaît dans ce 
cas. Mes observations sur des femelles appartenant aux différents genres 
et espèces du groupe des Ichneumonides m'ont amené au même 
résultat. 

On offrait aux femelles vierges de Pimpla des nymphes différentes, en 
faisant varier le plus possible l’ordre de succession des nymphes de 
taille différente et dans tous les cas on n’a obtenu que des mâles; les 
œufs pondus dans des nymphes de Sphina ligustri donnaient des mâles 
géants, les œufs pondus dans des nymphes de Bipalus piniarius don- 
naient des mâles pygmés et les œufs déposés dans des nymphes de 
Pieris brassicæ donnaient des mâles de taille moyenne. La quantité de 
nourriture n’a ainsi, dans ce cas, aucune influence sur la détermination 

-du sexe, elle n’agit que sur l& taille de l’insecte. 

Plusieurs femelles, après qu’elles ont effectué un certain nombre de 
pontes, onl été accouplées avec des mâles, qui les fécondaient. Comme le 
montrent les résultats de nosexpériences, ces femelles qui ne donnaient, 
avant la fécondation, que des mâles, fournissaient, après la fécondation, 
des mäles et des femelles. 


Pimpla instigator femelle 40 est sortie de la nymphe le 16 “juillet 1908, 
elle est restée vierge et a pondu jusqu’au 26 juillet 23 œufs dont 4 dans des 
nymphes de Gastropacha pini qui ont fourni des mâles; les autres nymphes 
infestées ont été choisies pour l'étude des différents stades de développement 
des larves ; le 26 juillet elle a été fécondée par un mâle d’une origine diffé- 
rente; elle a pondu jusqu’au 31 juillet (jour de sa mort accidentelle) 4 œufs 
dans des nymphes de G. pini, qui ont donné 4 femelles de Pimpla. 

La femelle 78 est sortie de la nymphe le 5 avril 1909, est restée vierge 
jusqu’au 10 mai et a pondu # œufs qui ont fourni des mâles ; le premier de ces 
mâles est sorti de la nymphe le 7 mai (l'œuf a été pondu le 12 avril) et a 
fécondé trois jours après sa mère; après la fécondation elle a effectué jus- - 
qu'au 23 mai encore 11 pontes; à de ces œufs déposés dans des nymphes de 
Phalera bucephala ont donné 5 femelles et 6 œufs déposés dans des nymphes 
de Pieris brassicæ et Cuculia argentæ ont fourni 6 mâles. 

Les femelles 55 et 76, fécondées par leurs fils provenant d'œufs non fécondés, 
n’ont donné après fécondation que des mâles, bien que, parmi les nymphes 


SÉANCE DU 26 FÉVRIER 699 . 


dans lesquelles elles ont déposé les œufs fécondés, il se fût trouvé des nymphes 
de grande taille. 


Les observations citées sur la reproduction des femelles fécondées et 
non fécondées peuvent élucider le rôle que les femelles jouent dans la 
détermination du sexe de leur descendance. En examinant ce problème 
M. J.-H. Fabre s’est élevé contre la théorie d’après laquelle une 
femelle fécondée peut pondre des œufs fécondés qui donnent des 
femelles, et des œufs non fécondés qui fournissent des mâles. Selon 
l'opinion de M. Fabre, tout œuf pondu pouvant se développer est 
fécondé; s’il n'est pas fécondé, il ne se développe pas. M. Fabre étaie son 
opinion par l'observation suivant laquelle les derniers œufs que la 
femelle pond restent souvent stériles; or, il y a des raisons de croire que 
ces œufs n'ont pas été fécondés, parce que la femelle a dépensé toute la 
provision du liquide séminal qu’elle a eu à sa disposition (1). 

Nos observalions contredisent l'opinion relative aux œufs mon 
fécondés, émise par M. Fabre, et sont plutôt favorables à la théorie qu'il 
combat. Les femelles vierges ne pouvaient pondre que des œufs non 
fécondés, ces œufs se sont néanmoins développés, mais ils n’ont donné 
que des mâles. Les femelles fécondées ont pondu des œufs qui ont 
fourni une descendance appartenant aux deux sexes. La même femelle 
qui,-étant vierge, pondait des œufs qui ne donnaient que des mâles, 
donnait, après fécondation, des mâies et des femelles. 

Mais qu'est-ce qu'il faut faire pour transformer une femelle qui ne 
produisait que des mâles en femelle qui produit des mâles et des 
femelles ? Il faut la féconder. Le raisonnement suivant s'impose donc à 
nous : élant donné qu’une femelle qui ne produit que des mâles doit être 
fécondée pour acquérir la faculté de produire des femelles, on est en 
droit de supposer que ce sont les œufs fécondés qui produisent des 
femelles ; on doit encore supposer que la femelle fécondée pond aussi 
des œufs non fécondés et que ce sont ces œufs qui fournissent des 
mâles. C’est la seule interprétation possible des observations que nous 
venons d'exposer. ; 

Il faut encore ajouter que dans plusieurs cas, que l’on doit considérer 
comme exceptionnels, les femelles n’ont pas suivi la règle générale et 
n'ont pas manifesté la faculté de régler la détermination du sexe de 
leur descendance, on n’a pu constater dans ce cas aucune relation régu- 
lière entre la taille des nymphes où les œufs ont été pondus et le sexe 
des insectes qui s’y sont développés. Mais ces cas sont rares et on peut 
_ les considérer comme des cas anormaux. 


(Laboratoire entomologique de la Direction des Forêts.) 


(4) Cf. J.-H. Fabre, Souvenirs entomologiques, II° série. Paris, 1886, p. 427. 


100 RÉUNION BIOLOGIQUE DE -SAINT-PÉTERSBOURG 


\ 
QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA PHYSIOLOGIE DES ANIMAUX INFÉRIEURS, 


par K. Kcnicuxowsky. 


A. — Aclion du courant électrique constant. — En exposant des 
cestodes du tube digestif des requins à l’action d'un courant électrique 
constant, l'auteur à étudié les variations (1) dans les réactions qui 
dépendent de la direction du courant. Ainsi, en appliquant l’anode au 
scolex, on remarque distinctement l'extension des muscles longitudi- 
naux et la contraction des muscles circulaires (annulaires). Si on dis- 
pose les électrodes de manière que la cathode s'applique aux scolex, il 
se produit un phénomène entièrement opposé. L'auteur a fait la même 
constatation sur les cestodes du tube digestif des brebis. 


La durée de la période latente a été de vingt à trente secondes selon les 
cas. Dans le cas de changement de direction ou d'interruption du courant, 
on observe ordinairement une réaction diamétralement opposée. Il est.inté- 
ressant de noter que le passage de l’état d'extension des muscles longitudi- 
naux à l’état de contraction s’accomplit plus vite que le phénomène absolu- 
ment opposé. La section du scolex n’a aucune influence sur la réaction 
décrite. 


L'auteur a pu constater une réaction analogue chez quelques némer- 
lines et annélides (Vemertes gracilis, Carinella polymorpha, Lumbrico- 
nereis impaliens, Aricia foetida, Nosomastes lineatus, Glycera syphono- 
phora, Morphisa sanquinea, Sipunculus nudus, Cerebratulus marginales). 
On ne peut obtenir la réaction décrite chez la plupart des organismes 
cités que lorsqu'ils sont en état de nécrose légère. Pour obtenir cet état, 
l’auteur s’est servi de la chloralose. Sous Le rapport de la réaction pro- 
duile par la direction du courant, la plus grande partie des organismes 
cités réagissent tout autrement que les cestodes, en manifestant les 
phénomènes de la contraction des muscles longitudinaux à l’application 
de l'anode à l’extrémité céphalique (2'. La section de celte extrémité ne 
modifie pas non plus dans ces organismes les principales particularités 
de la réaction. En comparant les autres particularités de la réaction à 
celles des cestodes, il faut noter : 1° que la réaction est relativement 
moins distincle ; 2 d’une durée moins longue (3), et 3° qu’elle s'atténue 
si on la renouvelle. 


(1) Les variations dans la réaction chez les cestodes du tube digestif des 
requins, sous la dépendance de la direction du courant, furent constatées 
pour la première fois par le professeur R. Burian (recherches non publiées). 

(2) Le courant constant agit de la même manière sur Cerebratulus marg. et 
Sipunculus nudus que sur les cestodes. 

(3) La réaction persiste chez les cestodes pendant toute la durée du courant, 
tandis que chez les autres, elle disparait d'elle-même quelque temps après. 


SÉANCE DU 26 FÉVRIER 701 


B. — Action des irritants chimiques. — L'irritation du scolex des 
cestodes par la nicotine produit une extension des muscles longitudi- 
naux ayant une certaine ressemblance avec le résultat de l’action de 
l’anode du courant constant sur le scolex. 


En irritant le scolex par la strychnine, on ne peut obtenir que l’extension 
passagère des muscles longitudinaux. Chez Nemertes gracilis, l’irritation chi- 
mique de l'extrémité céphalique par la nicotine, vératrine, adrénaline a 
provoqué dans les expériences de l’auteur les emo de le contraction 
distincte des muscles longitudinaux. 


C. — Aclion des sels de potassium et de calcium. — En plongeant des 
cestodes dans des solutions {isotoniques à l’eau du golfe de Naples) 
de potassium et de calcium, l’auteur a constaté : une contraction très 
distincte des muscles longitudinaux dans les solutions des sels de 
potassium et l'extension de ces muscles dans celles de calcium. L’au- 
teur a pu observer le même phénomène chez Lumbriconereis impatiens. 
Chez ce même animal, il a pu observer une intéressante faculté de 
réagir sous l’action des ions du potassium, ce qui se traduisait dans les 
solutions par la sécrélion du pigment rouge-violet. 

Si on remplace ceteris paribus le potassium par d’autres ions, on n’observe 
plus la sécrétion du pigment. Evidemment ce pigment n’a rien de commun 
avec l'hémoglobine. En faisant des recherches spectroscopiques, on ne voit 
pas de lignes d'absorption, mais on remarque l’obscurcissement général 
dans la partie bleue et bleu foncé. Le pigment se dissout dans l’éther en le 
colorant en orange et dans le chloroforme en le colorant en rose. Les acides 
acétique et nitrique ne le détruisent pas. Sous l'influence des alcalis, il prend 
une nuance verte qui ne colore pas le chloroforme. 


Il est intéressant de noter que les organismes en question, sous 
l'influence de l’action des substances narcotiques, perdent la faculté 
décrite de réagir par la sécrétion du pigment sous l’action des ions de 
potassium. 


SUR LA FACULTÉ DES INFUSOIRES « D'APPRENDRE » A CHOISIR 
LA NOURRITURE, 


par $S. METALNIKOv. 


Dans mon travail sur la digestion intracellulaire chez les infu- 
soires (1), j'ai indiqué que les infusoires peuvent « apprendre » à dis- 
linguer les matières pouvant servir de nourriture des matières n’ayan! 
pas de valeur nutritive ou nuisibles. J'ai continué mes éludes dans cette 


(4) Contribution à l'étude de la digestion intracellulaire. Arch. z00l. expér., 
t BC. ; 


702 RÉUNION -BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURCG 


direclion ; des expériences ont été faites aussi par mon élève Galadjièv. 
et nos résultats confirment mes conclusions antérieures. | 

Les expériences ont porté sur des cultures des Paramécies. On cons- 
tatait d'abord comment l’infusoire se comporte vis-à-vis d'une subs- 
tance donnée. À cet effet, on ajoutait de l’'émulsion de la substance 
donnée à la culture. Trente minutes après, on prenait une goutte de 
culture, on tuait les infusoires par les vapeurs d'acide osmique et on 
comptait le nombre de vacuoles qui se sont formées. La culture addi- 
tionnée de l'émulsion est gardée un, deux jours ou plus et on vérifie 
chaque jour comment ces infusoires se comportent vis-à-vis de la subs- 
tance donnée (1). 

Nous avons constaté qu’au début, les infusoires englobent les subs- 
lances purDies en grande quantité, en formant 10 à45 vacuoles en trente 
minutes; à mesure que leur contact avec l’'émulsion se prolonge (au bout 
de un à deux jours au plus), ils cessent d’englober la substance donnée 
qui n’a pas de valeur nutritive, mais englobent d’autres substances. Les 
choses se passent comme si l’infusoire pouvait apprendre à distinguer 
une substance de l’autre. 

Tandis que par rapport à une série de substances, comme la sépia, le 
carmin, cette réaction négalive se manifeste ordinairement au bout de 
plusieurs jours, par rapport à l'émulsion d'aluminium, de soudan, de 
phosphore rouge, etc., la même réaction se manifeste déjà après plu- 
sieurs heures. Il semble que moins la substance donnée présente de 
valeur nutritive, plus vite se manifeste la répulsion de l’infusoire par 
rapport à la substance donnée, plus vite les infusoires APRES à la 
distinguer des autres substances. 

Si on nourrit les infusoires de phosphore rouge ajouté au milieu sous 
forme de poudre fine, trente minutes après l'addition de l’émulsion 
chaque infusoire forme 6 à 16 vacuoles. Si les infusoires se trouvent en 
contact avec l’émulsion durant plusieurs heures, les uns manifestent 
une répulsion par rapport au phosphore et ne l’englobent plus, tandis 
que les autres (qui sont plus nombreux) ayant formé une quantité trop 
grande de vacuoles renfermant du phosphore n'arrivent plus à l’éliminer, 
s’'empoisonnent et périssent. 

Les infusoires englobent aussi d’autres substances toxiques. Nous 
avons essayé de nourrir des paramécies avec des sels insolubles d’arsenic 
etde plomb. Les infusoires englobaient au début les grains de ces subs- 
tances, formaient des vacuoles digestives normales, mais déjà, dix à 


(1) A cet effet, on repèêche plusieurs dizaines d’infusoires, on les place pour 
une heure dans une infusion de foin fraîche, pour que ceux qui avaient des 
vacuoles digestives les rejettent, puis on ajoute de l’émulsion fraîche de la 
matière colorante; trente minutes après, on compte le nombre des vacuoles 


digestives. 


nutes après l'addition de ces substances, des phénomènes d’in- 
se nent et les infusoires périssaient ensuite. Ils ne 
n pas nouer arrivés à réagir contre l’aclion des PEU forts. Re les 


4 mauvais goût des substances inoffensives. Il est tout naturel que de 
ou infusoires ne possèdent pie non plus cette faculté. » - Rd se 
ed Broldutiue de Saint-Pétersbourg.) | ax EPA 


e d 
 BioLOG1E. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. "a". V49 


704 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


SÉANCE DU 12 MARS 1918 


SOMMAIRE 
Msraznixov (S$S.) :. Comment les PHaSMIdES AA NS RME 705 
infusoires se comportent vis-à-vis ZEL1ONY (G. P.) : Observations sur 
des mélanges de diverses matières des chiens auxquels on a enlevé les 
ACOÏOrANLES PRE EE CE CT ir 104 | hémisphères cérébraux. . . . . ... 707 


ScaMipr (P. J.) : La catalepsie des 


Présidence de M. Tchistovitch. 


COMMENT LES INFUSOIRES SE COMPORTENT VIS-A-VIS DES MÉLANGES 
‘DE DIVERSES MATIÈRESC OLORANTES, 


par S. METALNIKOY. 


Les expériences précédentes nous ont montré que, si on nourrit les 
infusoires pendant un intervalle plus ou moins long d’une substance 
n'ayant pas de valeur nutritive, l’infusoire manifeste une réaction 
négative par rapport à cette subslance; les choses se passent comme si 
l'infusoire pouvait apprendre à distinguer cette substance des autres. 

A présent il est intéressant d'élucider comment se comportent les 
infusoires si on les nourrit d’un mélange de diverses substances, par 
exemple d’un mélange de deux matières colorantes. Nous avons pris, 
d’un côté, une matière colorante par rapport à laquelle l’infusoire 
manifeste relativement vite la réaction négative; de l’autre côté, une 
matière colorante que les infusoires peuvent manger pendant un temps 
relativement long. 

Le 2 décembre, on a pris trois cultures ; ona Aou à l’une une DU 
sion de carmin, à l’autre une émulsion de sépia et à la troisième un 
mélange de sépia et de carmin. Trente minutes après, on a compté le 
nombre de vacuoles qui se sont formées. 


Les infusoires qui ont recu le mélange ont 


donné les résultats suivants . . . . . . . . ‘7, 11, 11, 49, 8, 40, 40, 19, 10, 14 
Ceuxtavec la Sépia seule MR EU ES US ER RS UD EI NT 
Ceux ayec/leWcarminsSenLE Re TE UP EST) es 0 


On a gardé ensuite les cultures additionnées du mélange. 


: 


ge 


nes. = «7: EN 7 CRT RL > 


SÉANCE DU 12 Mars 705 


Le 8 décembre, on a repêché de cette culture à l’aide d’une pipette 


_effilée plusieurs dizaines d'infusoires et on les a placés dans une infu- 


sion de foin fraiche; on les a nourris ensuite, pendant trente minutes, 
“du mélange, de sépia, de carmin et d’autres substances. Les résultats 
ont été les suivants : 


Carmin + sépia . . . . . PR re Dan) RENTE ERA TRON) 
RE A ae 0 0, na 0 OU O2 000) 
SÉR LOU Los R  eun M6 19 1 10101360, A6, 


On voit ainsi que la plupart des infusoires n’englobaient pas les grains 
de mélange, ni les grains de carmin; ils englobent, au contraire, en 
grande quantité, la sépia. 


En offrant aux infusoires d’autres substances, nous avons obtenu les 
résultats suivants : 


RACE res re . 2 5 19, 16) 41, 48, 44 AT, 16 17, 15 
BRON EEcCarmin se 2 Te 0 20 2000 0 0 0 
BA CODME/SÉDIA 20.0 MIO A MTS AA A MONTE 

PALM NET = 1.005,02 HET IAEIRE AD ARS IG MATINS OS BTE 
Aluminium — carmin .. , , 0, 0, 0, 6, 0, 5, 0, 0, 0 
Aluminium) sépia . . . . .: 16, 19, 15, 14, 46, 11, 18, 14 


Les bactéries et l'aluminium, lorsqu'ils ne sont pas mélangés de 
carmin, sont englobés en grande quantité, mais dès qu’on ajoute à ces 
matières du carmin, les infusoires ne les englobent plus. Si l’on ajoute, 
au lieu du carmin, de la sépia, par rapport à laquelle l'infusoire ne 
manifeste pas de réaction négative, la formation de vacuoles se produit 
comme d'ordinaire. | 


LA CATALEPSIE DES PHASMIDES, 


par P.-J, Scamipr. 


Les phasmides de l'Inde, appartenant à l'espèce Carausius (Dirippus) 
morosus B. y. W., qu'on peut élever facilement au laboratoire, sont des 


_ insectes très peu mobiles. Toute la journée ils restent immobiles sur 


les tiges des plantes et sur les parois du vase de verre où on les garde. 


Si on examine de plus près cet état d'immobilité, on remarque qu'il ne s’agit 
pas d’un état normal : on peut donner toutes les attitudes voulues aux 
membres des insectes immobiles, on peut relever les pattes, les plier à volonté, 
on peut replier l'abdomen ou le thorax, et toujours l’insecte garde pendant 
des heures l'attitude qu'on lui à donnée. On peut même placer l’insecte 


(1) Par zéro, nous désignons les.infusoires qui n’ont pas formé de vacuoles, 


706 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


immobile la tête en bas, en le faisant reposer seulement sur la première paire 
de pattes et sur les antennes. L’insecte à gardé cette position verticale dans 
une de nos expériences pendant quatre heures et demie. Cette immobilité 
anormale est due à l’état des muscles de l’insecte qu’on peut comparer seule- 
ment à l’état cataleptique des muscles de vertébrés. Les muscles sont tendus, 
mais non contracturés ; ils sont dans l'état de flexibilitas cerea. Le degré de la 
contraction est tel qu’on peut suspendre linsecte par une patte repliée, sans 
que le membre se redresse. 


On rencontre également tous les autres signes de l’état cataleptique. 
La contraction des muscles même d’une durée très longue ne provoque 
évidemment aucune fatigue. Après être resté immobile pendant des 
heures, même dans la position la plus invraisemblable, l’insecte peut 
se mouvoir comme si rien ne s’élait passé. A l’état immobile l’insecte 
est tout à fait insensible aux lésions traumatiques : si on lui coupe les 
membres ou même l’abdomen, il ne se meut pas et ne donne pas de 
signes de douleur. 

Cet état cataleptique est naturellement provoqué par des processus se 
produisant dans le système nerveux central, et les expériences suivantes 
démontrent qu’il dépend des ganglions cérébraux de la tête. 


Si on coupe à un Carausius, dans l’état cataleptique, la tête et le prothorax, 
la partie postérieure de l’insecte qui porte les deux dernières paires de pattes 
peut vivre très longtemps (pendant douze jours), mais ne garde pas la propriété 
de reprendre l’état cataleptique, elle devient un appareil à réflexes très pro- 
‘ noncés. Au contraire, la partie coupée portant la première paire de pattes 
peut devenir cataleptique, mais elle meurt en deux ou trois jours. Si on 
coupé à un Curausius catalepsié la chaîne ganglionaire en avant de la troisième 
paire de pattes, il supporte très bien l'opération ; mais alors, quand les deux 
premières paires de pattes sont en catalepsie, la troisième n’est pas cata- 
Jepsiée et présente seulement des actions réflexes. 


Il résulte de ces expériences que nous devons concevoir l’état cata- 
leptique comme une impulsion nerveuse provoquée par les ganglions 
cérébraux. Cette impulsion détermine l'état de flexibilitas cerea des 
muscles et abolit la sensibilité et la fatigue. On pourrait la concevoir 
comme un « réflexe tonique » { Verworn), si l’on pouvait démontrer que 
c'est une action réflexe. Mais jusqu'à présent je n’ai pas réussi à trouver 
des facteurs du milieu ambiant, qui provoquent la catalepsie des phas- 
mides ; il ne m'était pas non plus possible de trouver des procédés pour 
provoquer arlificiellement la catalepsie. L'’insecte devient cataleptique 
par lui-même, peut-être par quelques processus intérieurs dont les 
causes nous sont inconnues. C’est par cela que la catalepsie des phas- 
mides se distingue de tous les autres cas connus de catalepsie chez les 
vertébrés et chez les invertébrés, et c’est pourquoi je SIRintee de la 
nommer provisoirement l'autocatalepsie. 


LOU TEA » cn ATOS PS CORP LATE 2 ft Le “ Lé cd ae CC Oh N/D 
MÉCOUE DRE S UT A ele Ce TP Mr PAL * 
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SÉANCE DU 12 MARS 707 


La force de l'impulsion nerveuse qui provoque l’autocatalepsie et 
la profondeur du sommeil cataleptique présente un caractère intéressant 
de ce phénomène. Expérimentant avec une bobine d’induction de 
Du Bois-Reymond à 6.500 tours de fils, un élément de 1 volt 2 et un 

_interrupteur ordinaire fonctionnant au maximum de vitesse, j'ai trouvé 
qu'on doit mettre la bobine à 7-5 centimètres pour réveiller l’insecte de 
son sommeil cataleptique. 

- De même, si l’on place un Carausius cataleptique dans une étuve et 
qu'on élève la température, l’insecte supporte même 37,5-38° C sans 
se réveiller et ce n'est qu'à 38°-40° C que ses membres commencent à 

_tressaillir, se contractent et la catalepsie disparait. 

Quant à la signification biologique de ce phénomène intéressant et 
nouveau, il me semble qu'il est bien facile de l’interpréter. Toute l’orga- 
nisation de Carausrus est appropriée au mimétisme et la catalepsie com- 
plète la ressemblance qu'a cet insecte avec les objets inanimés. Si le 
Carausius qui imite la tige d’une plante subit un choc d'une cause exté- 
rieure, par exemple du vent où d’une feuille qui tombe, l’insecle change 
de position sans faire de mouvements réflexes, il se comporte tout à fait 
comme un objet inanimé et devient par cela même plus invisible à ses 
ennemis. Il est intéressant qu'un phénomène physiologique, qui était 
jusqu'ici observé seulement dans des conditions artificielles, soitemployé 
dans un but biologique. L'autocatalepsie des phasmides est Le premier cas 
de catalepsie naturelle et normale, si on exclut la simulation de la mort 
des insectes, dont la nature cataleptique n’est pas encore suffisamment 
élucidée. 


OBSERVATIONS SUR DES CHIENS 
AUXQUELS ON A ENLEVÉ LES HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX, 


par G.-P. ZELIONY. 


; 
s 


Nous avons enlevé les hémisphères cérébraux à quatre chiens; un de 
ces chiens à vécu onze mois quatre jours après l’opéralion, il est mort 
accidentellement, le deuxième a véeu trois jours, le troisième environ 
quatre mois, le quatrième présenté à la séance a subi l'opération il y à 
quinze mois et trois semaines, 

On a étudié ces chiens d’une manière tout à fait objective sans faire 
Pessai inutile de pénétrer dans la vie psychique intérieure des animaux. 
La conduite des animaux ressemblait à celle du chien dans l'expérience 
analogue décrite par Goltz en 1892 (1). Les chiens marchaient librement 
(bien que présentant des phénomènes d’ataxie et se heurtant aux 


CAL 


(1) Pflüger’s Archiv, 1892. NET) 


108 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


objets) et mangeaient dans le cas où la nourriture qu'on leur offrait 
touchait leur gueule. Sans décrire en détail la conduite des chiens 
opérés que l'on peut trouver dans le travail de Goltz, je veux étudier le 
problème de savoir si on peut obtenir chez un chien sans hémisphères 
la réaction spécifique due à l'excitation spécifique des organes sensitifs ; | 
ce problème, comme on le sait, n’est jusqu'à présent pas encore élu- 
cidé (1). 

En étudiant surtout les organes de l’audition et du goût, nous avons 
obtenu des résultats positifs. 

Des sons même relativement peu forts provoquaient une réaction 
motrice chez les animaux (Goltz n'obtenait une pareille réaction chez 
son chien que dans le cas où on avait recours aux sons très forts, c'est 
pourquoi on soupçconnait que l’action réflexe du nerf trijumeau joue ici - 
un rôle); la réaction était souvent dans nos expériences bien spécifique; 
le chien levait les oreilles; chez Goltz le chien remuait la tête. 

Les excitations des organés du goût provoquaient aussi une réaction 
spécifique : le chien mâchait la viande de cheval et l’avalait, tandis 
qu'il rejetait de sa gueule la même viande trerpée dans la quinine; il y 
avait aussi une sécrétion de salive dans les deux cas. Il est particu- 
lièrement intéressant de Signaler que le repas fictif, lorsque le chien 
mâche la viande, et lorsqu'on prend soin de ne pas laisser pénétrer la 
viande dans l'estomac, provoque la sécrétion du suc gastrique que l’on 
désigne dans ce cas comme suc gastrique psychique. 

Les excitalions lumineuses provoquaient la contraction de la pupille, 
parfois le chien tournait la tête. Le chien retirait sa patte dans le cas où 
on la plaçait dans l’eau chaude ou froide. 

On a essayé de délerminer si les processus nerveux liés, à ce qu'il 
paraît, au processus psychique |réflexes conditionnels (2)] se produi- 
sent chez les animaux opérés. 

Les réflexes conditionnels liés à la vision font indubitablement défaut: 
l’aspect de la viande ne provoque aucune réaction. En essayant d'obte- 
air un réflexe conditionnel lié à l'excitation de l'organe auditif ou de la 
cavité buccale (excitation par l'acide chlorhydrique) nous n'avons pas 
obtenu jusqu'à présent de résultats positifs. Il est difficile de se pro- 
noncer sur les résultats à venir. $s 

Il faut ajouter que l’autopsie des chiens morts a montré qu'on leur 
a enlevé une partie plus grande du cerveau qu'au chien opéré par 
Goltz, 


(Laboratoire de physiologie de l'Académie des sciences 
de Saint-Pétersbourg.\ 


(1) Munk. Arch. für Anatomie und Physiologie, 189%. 
(2) Zeliony. Année psychologique, 1907. — G. Bohn. La nouvelle psychologie 
animale. 


E. 


109 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


— 


SÉANCE DU 6 MARS 1913 


SOMMAIRE 
Mariesco (G.) et Mines (J.) : Contributions à l'étude du filtrat 
Association de méningite syphili-" TERESA DIQUEM ME EEE 112 
tique et de paralysie générale ; pré- Proca (G.) : Action de l'adréna- 
sence de Tréponèmes dans les mé- line sur les hématies. : . . . . . .…. 113 
HIDGES à LENOIR ER 709 Sron (S.-V.) et RapuLesco (Me M.) : 
NEUMANX et Mrroxesco (TH.) : Généralisation du vaccin . . . . .. 715 


Présidence de M. G. Marinesco, président. 


: ASSOCIATION DE MÉNINGITE SYPHILITIQUE ET DE PARALYSIE GÉNÉRALE ; 
PRÉSENCE DE TRÉPONÈMES DANS LES MÉNINGES, 


par G. MaRinesco et J. MINEA. 


Depuis quelque temps déjà, les cliniciens ont insisté sur la coexistence 
de la paralysie générale avec différentes manifestations syphilitiques, 
hypothèse qui a trouvé sa confirmation dans le domaine de l’anatomie 
pathologique. Tout récemment, Stroüssler, Landsbergen, Gilgarowsky 
ont apporté quelques documents démonstratifs à cet égard. 

Nous avons eu l’occasion d'étudier au point de vue anatomo-chimique 
un malade atteint de paralysie générale, chez lequel nous avons trouvé, 
en outre, des lésions de méningite des plus caractérisques. Il s'agit d’un 
sujet âgé de trente ans, ayant eu, en 1899, un chancre syphilitique 
avéré. 

Il a suivi le traitement mercuriel pendant les accidents primaires. Sa 
maladie paraît avoir débuté au mois de juin 1908 avec des céphalalgies, 
des vertiges et des vomissements et un état de dépression considérable. 

Lorsque nous l'avons examiné un an après, nous avons constaté chez 
lui certains signes somatiques et troubles mentaux qui caractérisent la 
paralysie générale. C'est ainsi qu'il présentait des tremblements des 
lèvres et de la langue ; la parole était difficile ; en outre, il existait des 


710 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


troubles de la mémoire qui deviennent surtout manifestes dans les cal- 
culs les plus élémentaires, malgré qu'il ait été employé dans une maison 
de banque. C’est à ces troubles de la mémoire et de l’attention que 
nous devons attribuer les nombreuses fautes qu’il commet dans la 
parole répétée. Les pupilles sont inégales et ne réagissent pas à la 
lumière. Les troubles de déficit mental se sont accentués par la suite 
et le malade a présenté au cours de sa maladie des accès épileptiformes 
avec perte de connaissance. C’est précisément pendant un de ces accès 
que le malade est mort. À la nécropsie, nous trouvons une hyperhémie 
considérable du cerveau et, de plus, à la surface des lobes frontaux et 
pariétaux, nous constatons des plaques jaunâtres ou jaune grisätre, de 
forme et de dimensions variables, siégeant au voisinage des scissures: 
En dehors de ces plaques jaunâtres, il y a aussi des plaques lactescentes, 
également distribuées dans les mêmes régions où se trouvent les 
plaques jaunâtres. 

L'examen histologique nous montre des lésions considérables de 
méningite mais variables d'aspect dans la même coupe; cette méningite 
est plus considérable au voisinage des scissures, où l'on constate des 
foyers d'inflammation caractérisés par la présence, autour des vaisseaux 
ou entre les lamelles conjonctives, de lymphocytes en nombre consi- 
dérable et de cellules plasmatiques mélés dans des proportions varia- 
bles: tantôt ce sont les lymphocytes qui dominent, tantôt les cellules 
plasmatiques. On voit en outre des mastzelles et des mononucléaires. 
Par la méthode de Cajal ou de Buchs, nous découvrons, en outre, de 
nombreuses cellules grillagées qui ne sont autre chose que des espèces 
de macrophages; par-ci, par-là, on rencontre des sortes de gommes 
miliaires à partie centrale nécrosée et dans les lames plus superficielles 
de nombreuses cellules géantes atteignant parfois des dimensions 
extraordinaires. Au voisinage des vaisseaux altérés ou dans les tissus 
de la pie-mère, nous trouvons dans les pièces traitées par la méthode 
de Cajal à l’alcool ammoniacal, des tréponèmes pâles, isolés (fig. 4) ou 
réunis en groupes (fig. 2). Ils sont lantôt droits, tantôt recourbés sur 
eux-mêmes et en général ne sont pas très longs. Leur nombre, en 
général, n’est pas considérable et rarement nous en trouvons plus de 
huit dans un champ microscopique avec immersion Zeiss. La névroglie 
est hyperplasiée dans la première couche de l'écorce et, par la méthode 
de Cajal modifiée, nous trouvons dans les couches superficielles une 
quantité considérable de cellules névrogliques de nouvelle formation 
dont les prolongements différenciés du protoplasma cellulaire contractent 
des rapports très étroits avec la paroi des vaisseaux de nouvelle forma- 
tion. Beaucoup de prolongements se dirigent vers la couche tangentielle 
de l'écorce, mais à mesure que l’on descend dans la profondeur de 
l'écorce, le nombre des cellules névrogliques diminue. 

Les cellules nerveuses des différentes régions du cerveau offrent 


e 


de ide ét af léréiies-arh mL 4 Be 7 h subi... 


dE États loto tibia de. do ce ES ins, 


SÉANCE DU 6 MARS 711 


cerlaines lésions sur lesquelles nous n'’insisterons pas. Toulefois, nous 


_ devons rapporter le fait que la substance grise est parcourue par un 


grand nombre de vaisseaux fins, de nouvelle formation, qui offrent dans 
leurs'parois des cellules plasmatiques.Autour 
des artériolles et des veines, nous trouvons : En PTE 
non seulement un grand nombre de cellules A 4 + | 
plasmatiques, mais aussi des macrophages È OT 
remplis de pigment d’origine sanguine. Dans Te ts 
la substance blanche du cerveau, nous trou- 5. TAN 
vons également des lésions vasculaires très nn. LS 
intenses et puis des nodules de cellules névro- 
gliques. Nous n'avons pas été en mesure de : 
déceler des spirochètes, ni dans la substance 
grise ni dans la subslance blanche du cer- 
veau. Comme on l’a vu, il y a dans l'écorce Pre il 
cérébrale de ce sujet une réaction vasculaire, 
caractérisée par la présence d'un nombre plus ou moins grand de 
cellules plasmatiques; or, Nissl, Alzheimer, Mott, Dupré et Devaux, 
Meyer avaient considéré cette lésion comme appartenant en propre à 
la paralysie générale, landis que d’au- 


tres auteurs, comme Havet, Mahaim, etc., 
ont remarqué la présence de ces cellules 
dans les maladies les plus diverses et qui 
n’ont rien à voir avec la paralysie géné- 
rale. Il est certain que la présence des 
cellules plasmatiques n'appartient pas 
en propre à la paralysie générale et qu’on 
peut les retrouver dans la syphilis du 
cerveau, la sclérose en plaques et dans 
beaucoup d’autres affections. 

Ou sait que tout récemment Noguchi a 
trouvé douze fois le tréponème pâle sur 
10 cas de paralysie générale. En faisant 

Fire usage d’une imprégnation à l'argent un 

peu différente de celle recommandée par 

Levadili, nous avons examiné 26 cerveaux de paralysie générale qui 

avaient séjourné plusieurs mois dans le formol et en variant de diverses 

manières la méthode de Cajal, nous n'avons jamais pu déceler dans ces 

cas la présence des spirochètes. De plus, nous avons examiné dans 

deux cas de paralysie générale le cerveau frais à l’ultramicroscope sans 

être plus heureux dans notre recherche. Nous nous proposons de revenir 
dans une prochaine note sur ce sujet. 


712 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST. 


ES 


CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE DU FILTRAT DE VIRUS RABIQUE, 


par NEUMANN et THÉODORE MIRONESCO. 


La filtrabilité du virus rabique a préoccupé, à diverses époques, de 
nombreux auteurs. 

Parmi ceux-ci, citons en premier lieu P. Bert (1), qui, à l'occasion 
d’autres recherches faites par lui sur la rage, dit que « la bave du 
chien enragé, filtrée sur le plâtre s’est montrée inoffensive, tandis que la 
partie restée sur le filtre a donné la rage ». L'auteur en a conclu « qu’il 
était donc très vraisemblable que celle-ci était due à un microbe ». 

Plus tard, de nombreux auteurs, parmi lesquels Nocard, de Blasi et 
Ruso-Travali (2), ont confirmé ces travaux. 

Vu l'impossibilité de découvrir le microbe de la rage, on a émis 
l'opinion que le virus de cette maladie serait invisible et filtrable. 

Di Vestea (3), Remlinger et Riffat-Bey (4), Schuder (5), Celli et de 
Blasi (6), Bertarelli et Volpino (7) ont réussi à établir que, dans certaines 
conditions, le virus rabique peut traverser le filtre Berkefeld et même le 
filtre Chamberland. 

On aobservé en même temps que la virulence du liquide filtré n’est 
pas constante. Elle peut même, dans certains cas, faire défaut; mais le 
plus souvent, le virus filtré est atténué, c'est-à-dire qu’il ne produit la 
rage qu'après une période d'incubation plus longue. 

A l’occasion de nos recherches sur la sérothérapie de la rage (8), nous 
avons cherché à obtenir un virus rabique virulent et homogène. 
L'émulsion habituelle de virus rabique ne possède pas cette qualité, 
car elle est constituée de parties virulentes de diverses grandeurs et ne 
se prête pas à un dosage, même avec une forte approximation. 

Le filtrat de virus obtenu par les auteurs cités plus haut, malgré son 
homogénéité plus grande, ne pouvait cependant pas nous être utile à 
ce point de vue, à cause de son action incertaine ou atténuée. 

Vu la présence des corpuscules de Negri ainsi que des granulations 


(1) P. Bert. Contribution à l'étude de la rage. Comptes rendus de l’Acad. des 
Sciences, 1882, t. LXCV, p. 125. 

(2) De Blasi et Russo-Travali, cité par Bestarelli et Volpino. 

(3) Di Vestea. Giorn. îtal. d. sciences med., 1903. 

(4) Remlinger et Riffat Bey. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1903. 

(5) Schuder. Deuts. med. Woch., 1903. 

(6) Celli et de Blasies. Deuts med. Woch., 1903. 

(7) Bertarelli et Volpino, Centrb. für PE und Bact. rOrig- B. XXXV, n° 6, 
1904. 

(8) Mironesco. Studii asupra seroterapiei turbarcu. Bucuresti, 1896. 


SÉANCE DU 6 MARS 713 


décrites par Babes (1) et leur rapport possible avec le virus rabique, 
nous avons cherché un procédé pouvant mettre en liberté avec plus de 
certitude ces formations intra-cellulaires. Nous avons eu recours dans 
ce but au moyen suivant : 


L'émulsion de virus rabique est enfermée dans un appareil à agiter, avec des 
perles en verre, pour mieux écraser les cellules, et obtenir ainsi un filtrat plus 
virulent. Une cervelle de lapin, mort de virus rabique fixe, a été émulsionnée 
dans un mortier contenant 100 c.c. de sérum physiologique. L'émulsion à été 
placée ensuite dans un ballon contenant des perles de verre, et le tout dans un 
agitateur pendant une heure environ. Cette émulsion a été ensuite filtrée à 
travers une gaze stérilisée. Nous lui avons ajouté le contenu de deux tubes 
d’agar, de bacilles pyocianeus âgés de vingt-quatre heures, émulsionnés dans 
le sérum physiologique. Le tout a été dilué avec du sérum physiologique pour 
faire 300 c.c., bien mélaugé et filtré ensuite à travers un filtre Berkefeld V, sous 
une pression de 2 à 5 atmosphères. On prend 50 c.c. de ce filtrat, on le cen- 
trifuge à l’aide d’un appareil puissant et on fait des ensemencements pour 
voir si le filtrat est stérile. Avec les 3-4 c.c. qui restent après décantage 
du filtrat centrifugé, on fait des inoculations subdurales à des lapins en 
donnant à chacun 0,5 cm.c. de ce filtrat. 


Par cette méthode, nous avons fait deux séries d'expériences. Dans les 
deux, les ensemencements sont restés stériles. 

À chaque série, ont été inoculés trois lapins avec du filtrat et un 
témoin avec du virus non filtré. Ces lapins sont morts en même temps, 
aussi bien les témoins que ceux inoculés avec du filtrat. Le cerveau de 
ces derniers a produit la rage par inoculation subdurale. 

Il résulte de ces expériences que le filtrat du virus rabique obtenu 
par nousest assez constant comme action. Les résultats variables enre- 
registrés par d’autres auteurs sont dus très probablement au petit 
nombre d'agents pathogènes rabiques, que leur filtrat contenait. 


(Travail de l'Institut de pathologie et de bactérivlogie de Bucarest.) 


ACTION DE L'ADRÉNALINE SUR LES HÉMATIES, 


par G. PROCA. 


Tandis que les modifications du sang provoquées par les injections 
d'adrénaline ont été étudiées par divers auteurs (Fo, Falta et Bertelli, 
Loeper et Crouzon, Athanasiu et Gradinescu), l'action de cette substance 
sur les globules rouges in vitro n'est connue que d’après le travail de 
J. Parisot (2). ; 


(1) Babes. Traité de la rage, 1912, Baïllière et fils, p. 222. 
(2) Action Fu us de l'adrénaline, in Comptes rendus de la Soc. de 
Biologie, 1912, t. LXXVII, p. 794. 


714 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Ayant repris la question, nous avons constaté quelques faits nou- 
veaux, que nous allons résumer dans la présente note. 

I. Action hémagglutinante de l’adrénaline. — La solution millésimale 
d’adrénaline (fabrication Parke, Davis) ajoutée à une suspension de 
globules de mouton lavés produit rapidement l’agglutination des héma- 
ties; à 37 degrés centigrades, l’hémagglutination esteomplète en quinze 
à trente minutes. Le mélange s'éclaireit et prend une coloration brun 
acajou, qui devient de plus en plus foncée. 

La réaction se produit avec des concentrations variables de sub- 
stance active, comprises entre 4 p. 2.000 et 1 p. 5.000; les suspensions 
d'hématies employées contenaient 5 p. 100 de globules rouges. 

Le sérum de cheval inactivé, ajouté à la solution millésimale d’adré- 
naline (1,0 + 1,0) donne au bout de quelque temps au mélange, d'ail- 
leurs transparent, la coloration brun acajou des liquides qui renferment 
des globules agglutinés par l’adrénaline. 

Le sérum de cheval inactivé, ajouté en même temps que l’adrénaline 
à une suspension de globules (1,0 + 1,0 + 4,0), empêche l'action hémag- 
glutinante de cette substance : le mélange devient presque noir : ren- 
ferme des hématies libres, hémolysées. 


L'action hémolytique de l’adrénaline, bien établie antérieurement parles ex- 
périences de J. Parisot, est très prompte et presque simultanée avec l’hémag- 
glutination, lorsque la concentration de l'adrénaline atteint1 p. 2.000. Dans les 
mélanges qui renferment une dose deux ou trois fois moindre d’adrénaline 
(4 : 4.000 à 1: 6.000), l'hémolyse n'apparait que lentement et après l’agglu- 
tination ; un assez grand nombre d’hématies restent intactes, même au bout 
de vingt-quatre heures. 


Il. Action de l’adrénaline sur la perméabilité globulaire. — On sait 
que les globules rouges vivants sont achromatophiles (Gabrilschewsky). 
Dans nos essais, les globules de mouton lavés, mis en suspension dans 
du sérum physiologique coloré par l’éosine, ne fixent pas la substance 
colorante ; l'examen microscopique des préparations à l’état frais nous 
montre que les hématies conservent leur coloration ee jaune 
clair. 

Cependant, dès que nous ajoutons de l’adrénaline à une suspension 
globulaire qui contient de l’éosine, nous constatons que les hématies 
deviennent perméables et prennent une teinte rose manifeste. La colo- 
ration ne 5e fait pas d'emblée; rares au début de la réaction, les élé- 
ments colorés deviennent de plus en plus nombreux. D'ailleurs, la rapi- 
dité de la coloration est en rapport avec les doses d’adrénaline 
employées. 

Pour les concentrations qui produisent rapidement l’hémolyse (1 : 

2.000), nous conslatons que la coloration des hématies précède la disso- 
lution de l’hémoglobine; les globules colorés cèdent SRRUEE à mesure 
qu'ils subissent l° ohes 


SÉANCE DU Ô MARS 7415 


Les doses trop faibles pour produire l’hémolyse (2,3, 4 et 5 gouttes d’adré- 
naline millésimale pour 1,5 c. c. de suspension colorée) exercent toutefois une 


_action particulière sur la perméabilité globulaire. Cette action se traduit par 


la coloration rose des hématies, facile à apprécier au microscope ; un con- 
tact de deux à trois heures est nécessaire pour que la réaction soit plus nette. 
Le réactif colorant ne doit pas être concentré; nous employons l’éosine à 
1 p. 5.000 en solution isotonique de chlorure de sodium. 


III. Action de l’adrénaline en présence de l’eau oxygénée. — Une 
suspension de globules rouges lavés (2,0 c.c.) traitée en même temps 
par l’adrénaline (0,5 c.c.) et l’eau oxygénée, rendue isotonique (0,5 c.c.) 
présente les modifications suivantes : après le dégagement de l'oxygène, 
les hématies agglutinées sont noires, tandis que le liquide surnageant 
est parfaitement incolore. À l'examen microscopique, on constate que 
les globules bien conservés, très réfringents, ont pris une coloration 
jaune noirâtre. 

Les hématies ainsi modifiées sont devenues réfractaires à l’action dis- 
solvante de l’eau distillée, de même qu’elles résistent indéfiniment au 
sérum hémolysant spécifique. 

Employée seule, l'eau oxygénée chlorurée (1 p. H°0° pour 6 p. de sus- 
pension) rend les hématies perméables à l’éosine et en même temps 
réfractaires à l’action du sérum hémolytique et de l’eau distillée, mais 
l'hémoglobine ne prend pas de coloration noirâtre. 

Une solution de chlorétone à 0,5 p. 100 (l'adrénaline employée en 
renferme cette proportion) n’est que faiblement hémolytique. 


(Travail du laboratoire de pathologie générale de Bucarest.) 


GÉNÉRALISATION DU VACCIN, 


par S.V. Sion et Me M. RADULESCo. 


Il semble que l'inertie soit une force qui régit non seulement le monde 
physique mais aussi celui des idées et concepts scientifiques. Nous ne pouvons 
pas comprendre autrement l'entente tacite et presque unanime qui consiste à 
considérer la pustule vaccinale comme l'unique manifestation de l'insertion 
du vaccin jennerien. Quant à l'immunité solide qui s'ensuit, elle s'explique, 
dans cette conception, par des conjectures rien moins qu'admissibles. 

Il est vrai que de temps à autre quelque auteur signale des faits expérimen- 
taux tendant à faire envisager la vaccine comme un processus général. Mais 
leurs affirmations, même s'appuyantsur l'autorité du nom de M.Chauveau,sônt 
restées sans retentir sur l'opinion généralement admise, laquelle peut se 
résumer encore dans la proposition de A. Borrel, qui est la suivante 


716 : RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


—- 


«_Le virus (vaccinal) est localisé au niveau des pustules, et le janglion vaccinal 
hypertrophié est méme dépourvu de virulence (1). » 


Nous avons fait des recherches sur la nature du virus vaccinal et sur 
sa destinée dans l'organisme. Nous pouvons dès à présent regarder 
comme bien établis certains faits de nature à nous faire révoquer en 
doute le verdict compris dans la proposition de Borrel que nous venons 
de citer. 

Le matériel virulent employé par nous a été le vaccin glycériné 
ordinaire. Le lapin jeune nous a toujours servi comme animal d'expé- 
rience. La technique d'insertion du vaccin a été exclusivement celle 
recommandée par Calmette et Guérin. 

Dans ces conditions, nous avons pu observer des faits qui nous font 
croire que la généralisation du virus vaccinal, du moins chez le lapin 
jeune, constitue une éventualité très fréquente, sinon la règle. C'est 
la seule interprétation que l’on puisse donner, croyons-nous, du fait 
relaté ci-dessous. 

Nous avons employé comme matériel vaccinal le magma obtenu en 
triturant, dans de l’eau salée, les organes internes d'animaux vaccinés 
avec du vaccin glycériné habituel. Avec ce matériel vaccinal, inséré 
comme à l'ordinaire, selon les recommandations de Calmette, nous avons 
déterminé l’apparition de magnifiques éruptions typiques. Avec les 
croûtes recueillies à la surface de ces lésions, on peut reproduire en 
série indéfinie une lésion cutanée toujours identique à elle-même et ne 
différant en rien de la pustule vaccinale expérimentale du lapin. 

Nos essais, avec résultat positif, portent sur la rate, les ganglions 
lymphatiques, même les plus éloignés de la lésion cutanée, les glandes 
salivaires, la moelle osseuse; et parmi les humeurs : sur l'humeur 
aqueuse et le sang du cœur lui-même ; ils ont eu lieu depuis le quatrième 
jusqu’au septième jour de l’évolution de la vaccine du lapin. 

Il ressort de nos expériences que le passage de lapin à lapin produit 
une sorte d’exaltation du virus pour ce même animal, comme le prouvent 
l’exagération de la lésion cutanée et la tendance plus marquée des 
organes internes à devenir virulents. C’est ainsi qu'avec certains échan- 
tillons de vaccin glycériné la lésion cutanée élait presque inappréciable 
chez le lapin, et que la virulence des organes internes faisait presque 
complètement défaut; mais, après plusieurs passages ininterrompus de 
lapin à lapin, la lésion cutanée devenait exubérante et la virulence des 
splanchnes absolue. D'ailleurs, il paraît exister à ce point de vue des 
différences individuelles. | 

Quelque inexplicable que cela puisse paraître pour le moment, nous 
n’hésitons pas à affirmer — vu que cela ressorl clairement de nos expé- 


(1) Annales de l'Institut Pasteur, 1903, n° 2, p. 99. 


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OT MT ET 


-SÉANCE DU 6 MARS mu 


riences — que l'humeur aqueuse, entre tous les organes et les humeurs 
éprouvés par nous, s'est montrée le plus constamment virulente, 
tandis que le sang du cœur à été trouvé presque toujours avirulent. 
Nous n'avons constaté qu'une seule fois la virulence de ce dernier chez 
un lapin qui se trouvait au quatrième passage et au quatrième jour de 
l’évolution de la vaccine. Peut-être y a-t-il un rapport entre ce fait et 


_la constatation faite par Calmette et Guérin que le virus vaccinal, même 


introduit directement dans la veine, disparaît rapidement de la circu- 
lation. à 


(1) (Annales de l'Institut Pasteur, 1901.) 


* (Travail du Laboratoire d'Hygiène de la Faculté de Médecine de Bucarest.) 


MORE ODA EE meme 


7118 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


SÉANCE DU 18 MARS 1913 


GERBER (C.): La lipase des latex. — 
Il. Saponification du jaune d'œuf 
cru par la lipase du latex de Eu- 


SOMMAIRE 


physiologique des latex. — V. In- 
jections sous-cutanées des latex frais 
ou bouillis de Maclura aurantiaca, 


DONC RANCIAS RER EE 718 | Morus nigra, Morus alba chez le 
GEr8Er (Q.) : La lipase des latex. pigeon, le rat, la grenouille et le 

— III. Saponification du jaune CE à Re SEE PE EE 121 

d'œuf cuit par la lipase du latex JocEeauD (A. et L.) : I. Un nou- 

de Euphorbia Characias . . . . . . . 120 | veau cirrhipède pédonculé fossile : 
GERBER (C.) et Sazxinp (J.) : Action 123 


SeullælepasNOUZ10 UE ENTER 


Présidence de M. Fr. Arnaud. 


LA LIPASE DES LATEX. 


[L. — SAPONIFICATION DU JAUNE D'ŒUF CRU PAR LA LIPASE 
DU LATEX DE Z'uphorbia Characias, - 


par C. GERBER. 


a) Pour une même température et une même dose de latex, la sa- 
ponification n’est intense que pendant une période de temps très 
courte, avant et après laquelle elle est très faible. 


En faisant agir, en effet, à 40 degrés, pendant des temps croissants, 1 c.c. de 
latex frais de Euphorbia Characias sur 10 c.c. d’une émulsion de jaune d'œuf 
cru, au quart, dans l’eau distillée, nous avons obtenu, en acides gras, le pour- 
centage suivant : 

Durée de la saponification (en minutes) : 
D 040 19e 20 30 40 50 60 120 240 
État physique du mélange : 
- Visqueux. Pris en masse. 


1440 


Coagulum surmontant 
un liquide incolore. 
Pourcentage d'acides gras libres : 


LE STUNT SS 23 62 6568: 69 71 13 


Très liquide. 


On voit que, assez intense (15 p. 100 d'acides gras libérés) pendant les 
5 premières minutes, la saponification devient faible pendant les 25 minutes 


] 
: 


SÉANCE DU 18 MARS 719 


qui suivent (8 p. 100 d’acides gras mis en liberté) ; puis subitement elle rede- 
vient intense (29 p. 100 d'acides gras formés entre la 30° et la 40° minutes), 
pour se ralentir considérablement, de nouveau (11 p. 100 d'acides gras formés 
pendant les 1.400 dernières minutes). 


b) La période pendant laquelle l’action lipolytique est la plus forte cor- 
respond à celle où le jaune d'œuf coagule. C’est ainsi que, dans l’expé- 
rience ci-dessus, le jaune n’a commencé à épaissir qu’au bout de 
30 minutes et qu'il élait complètement coagulé, 40 minutes après le 
début de la saponification. 

Or, dans ces 10 minutes exigées pour la prise en masse du jaune, la 
proportion d’acides gras libérés a été de 29 p. 100, tandis que, dans les 
10 minutes précédentes, elle n’était que de 2 p.100 et dans les 10 minutes 
suivantes de 3 p. 100. 

c) La saponification du jaune d'œuf cru ne peut être menée à bien 
que si la dose de latex est supérieure à une certaine limite au-dessous 
de laquelle elle reste très faible quelle que soit sa durée. 


C'est ainsi qu à 40 degrés, 0 c.c. 50 et 0 c.c. 25 de latex de Euphorbia Cha- 
racias, agissant respectivement sur 10 c.c. de jaune d’œuf, au quart, ont mis 
en liberté les quantités suivantes d'acides gras pour cent des glycérides 
contenus dans l’émulsion. 

DOSES DE LATEX DE Euphorbia Characias. 


+ 


DURÉE 0 c.c. 50 0 c.c. 25 


de la saponification. Tee dm RC ee 2 
Etat Pourcentage . Etat Pourcentage 

du jaune. d'acides. du jaune, d'acides. 
AHAMITULES 0e Liq. 9 Liq. 3 » 
SOMrmnnteS e .7 Liq. I Liq. 3, 
MHEUTENMIMENZTIE Liq. 14 Liq. 4 » 
PNNeURES US ALTE Liq. 15 Liq. 5 » 
3 heures. . . . . c Liq, 17 Liq. 6 » 
SAME NNTIN 7-14. 0e Coag. 58 Liq. 6 » 
4 heures. . . . . : Coag. 60 Liq. 7 » 
1SMheureS Me Coag. 65 Liq. 10 » 


.On voit qu’en 3 h.15 minutes, 0 c.c. 50 de latex ont mis en liberté 58p. 100 
d'acides gras, tandis qu’en 18 heures, c’est-à-dire en un temps cinq fois plus 


long, une dose seulement deux fois plus faible de latex (0 c.c. 25) n’en ont 


libéré que 10 p. 100, c'est-à-dire six fois moins, 


Mais remarquons bien que le jaune d'œuf ne contenant que 0 c.c. 
de latex est resté liquide après 18 heures, tandis que celui à 0 c.c. 
était déjà coagulé au bout de 3 h. 15 minutes. 


En résumé, la saponification du jaune d'œuf cru par le latex de 
Euphorbia Characias ne se produit qu'avec des doses massives de ce 


Bioocïe. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 50 


720 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


suc, capables de coaguler le liquide à saponifier. Même avec ces doses 
massives de latex, la saponification reste faible, tant que le jaune d'œuf 


n'est pas coagulé. 


III. — SAPONIFICATION DU JAUNE D'ŒUF CGUIT 
PAR LA LIPASE DU LATEX DE ƣuphorbia Characias, 


par GC. GERBER. 


Un rapprochement s'impose entre les faits que nous venons d’obser- 
ver dans la saponification du jaune d'œuf cru par la lipase de l’'Euphorbe 
des vallons et ceux que nous avons signalés autrefois, dans la caséifica- 
tion du lait cru avec certains ferments protéolytiques dits : présures 
du lait bouilli. Nous avons montré que la caséification du lait cru ne 
peut être obtenu qu'avec des doses massives de présure; mais qu'il 
suffit de coaguler par la chaleur les albumines et globulines de ce li- 
quide pour obtenir des caséifications avec des doses faibles de ferment. 


En coagulant par la chaleur les albumines et globulines du jaune d'œuf, 
nous avons obtenu des résultats semblables en ce qui concerne la saponi- 
fication par les doses faibles de lipase. En effet, 0 c.c. 25 de latex ont, à 
40 degrés, mis en liberté 33 p. 100 des acides gras contenus dans 10 c.c. de 
jaune d'œuf au quart, cuit, au bout de quatre heures, au lieu de 9 p. 100 
obtenus avec le jaune cru. 

C'est également aux albumines et globulines qu'il faut attribuer le faible 
rendement en acides gras obtenu avec des doses fortes de latex, dans la période 
qui précède la coagulation diastasique du jaune d'œuf cru. En opérant, en 
effet, à 40 degrés, avec les deux sortes de jaune d'œuf émulsionnés au quart 
(10 c.c.) et en arrêtant l’expérience avant la coagulation diastasique du jaune 
cru, nous avons obtenu le pourcentage suivani d'acides gras : 


DOSE DE LATEX DURÉE DE L'EXPÉRIENCE JAUNE CUIT JAUNE CRU 


AN CAC ED 30 minutes. 45 21 
ONCc50 120 minutes. 36 AE 
O\c.c.25 120 minutes. 16 5 


On voit que la quantité d'acides gras du jaune d'œuf cru mise en 
liberté pendant cent vingt minutes de la période précoagulante, par 
o c.c. 25 de latex, est trois fois plus faible que celle observée dans le 
même temps avec le jaune cuit; et qu'avec une dose quo fois plus 
forte de latex, véritablement massive, elle est encore 2,2 fois plus faible. 
pendant trente minutes de la même période coagulante. 

Cette suppression de la phase précoagulante, dans la saponification 
du jaune d'œuf cuit, régularise celle-ci. Aussi la quantité d'acides gras 
mise en liberté devient-elle sensiblement proportionnelle à la dose de 


SÉANCE DU 18 MARS 791 


latex tant que la saponification n’est pas lrop rapprochée de son terme. 

C'est ce que montrent les chiffres ci-dessous obtenus en faisant agir à 
40 degrés, pendant une heure des doses croissantes de latex de Fuphorbia 
Characias sur 10 c.c. de jaune d’œuf cuit émulsionné au quart; ces 
chiffres contrastent avec ceux observés avec le jaune cru. 


Centièmes de cent. cubes de latex. 
0,062 0,125 0,25 0,50 0,15. 1 1,50 


Pourcentage d'acides gras (jaune cuit). 
11 25 40 54 5 


LR] 

(1 

(er 
Ce 


Pourcentage d'acides gras (jaune cru). 
1,3 1,6 2 4,8 16 54 64 


En résumé, la saponification du jaune d’œuf cuit par le latex de 
Euphorbia Characias est beaucoup plus régulière que celle du jaune 
d'œuf cru. Elle obéit assez bien à la loi de proportionnalité et s’observe 
même avec des doses faibles de latex. tandis que, comme nous l'avons 
vu dans la note précédente, celle du jaune d'œuf cru ne marche réelle- 
ment bien qu'avec des doses massives de latex et seulement au moment 
où ce jaune subit la coagulation diastasique. 

La différence entre ces deux types de saponification est la même que 
celle existant entre les deux types de caséification (lait cru, lait bouilli) 
et relève de la même cause : albumines et globulines. 


ACTION PHYSIOLOGIQUE DES LATEX. 


V. — INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DES LATEX FRAIS OU BOUILLIS 
DE Maclura aurantiaca, Morus nigra, Morus alba CHEZ LE PIGEON, 
LE RAT, LA GRENOUILLE ET LE SARRAN, 


par C. GERBER et J. SALKIND. 


Parties du corps injectées : face interne des cuisses (Morus nigra); poitrine 
(pigeon, avec Morus alba et Maclura); dos (rat avec Morus alba et Maclura, 
Sarran avec Maclura). Doses injectées : comme dans les expériences précé- 
dentes — 2,5 c. c., sauf chez le poisson (1 c.c. et 0,5 c. c.). Liquides employés 
latex dilué dans liqueur physiologique à 1/2 (Morus nigra et M. alba), à 1/4 
(Maclura). . : 


À. — Latex frais. Le pouvoir protéolytique des liquides injectés a été 
déterminé comme dans le cas de la pancréatine de Broussonetia, de la 
trypsine et de la pepsine de la note précédente. Il en a fallu 0,20 c. c. 
| Waclura), 0,40 c.c. (Morusnigra), 0,60 c. c. (Morus alba), pour coaguler 


199 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


à 31 degrés, 5 c.c. de lait bouilli à 10 mol.-mill. CaCl par litre en une 
minute. 

Le titre présurant est donc : pour f/aclura le même, pour Morus nigra 
7 fois moins fort et pour Worus alba, 3 fois plus faible que celui de la 


pancréatine de Broussonetia. Ces liquides sont également 16 fois 


(Maclura\, 32 fois (M. nigra), 48 fois (M. alba) moins présurants que les 
solutions de trypsine, de pepsine, de la pancréatine du ficus carica et 
du latex de ficus coronata des notes précédentes. Les animaux passent 
(rat et pigeon) par une période fébrile avec soif intense et agitation, 
puis par une période d’abattement (le rat hérisse ses poils et laisse 
. tomber la têle, le pigeon fait la boule) ; enfin, — par une phase coma- 
teuse qui aboutit à la mort, survenue au bout des temps suivants : 


Maclura Morus Morus 
aurantiaca. nigr«. alba. 
Activité présurante rapportée à celle 
des Ficus, prise pour unités . . . . 1/16 1/32 1/48 
DIDEON EE MAN DE MEN Te NES Itne 15h: 2% h. 
RATER PNR EAN OT Re PACS) MES 8 h. 1 b. 10 h. 
Green ou PANIERS NIET ESS 1ÈMne 12 h. 15 h. 
Serranuscabrillan (Ac. c.) ee — IT — 
SET PANRUSICADPUUIQNLO NS NCAC EEE — 6 b. — 


Ces phénomènes sont en tout semblables à ceux que nous avons 
observés avec la pancréatine des figuiers; ils sont aussi accentués. Il 
n'en est pas de même des lésions locales qui sont, en général, moinséten- 
dues. Cette différence s'explique par l’activité protéolytique beaucoup 
plus faibles de nos derniers latex. La nécrose des tissus, avec digestion 
de la partie interne de la peau, est le plus marquée chez le pigeon, fait 
qui trouve son explication dans la température élevée des oiseaux Le 
tableau ci-dessus montre que Morus nigra, bien que plus faiblement 
protéolytique que Maclura, tue les animaux plus rapidement; quant à 
Morus alba, bien que 3 fois plus faible que Maclura, il tue les animaux 
à peu près dans le même temps, et avec des lésions locales plus accen- 
tuées : ces faits sont à rapprocher de la grande résistance des ferments 
des Morus aux agents physiques. Ce sont, de toutes les diastases protéo - 
lytiques étudiées par un de nous, celles qui résistent le plus à la chaleur. 
Dans les régions injectées, on constate à l’autopsie la présence d'une 
sérosité abondante, surtout dans le cas de AZ. alba; cette sérosité con- 
tient des albumoses et une petite quantité d’albuminoïdes coagulables 
par la chaleur; il s'agit bien, on le voit, d’une digestion in vivo. 
D'ailleurs, l'examen microscopique permet de constater que la destruction 
des muscles peauciers et du derme est complète. Le tissu graisseux 
offre plus de résistance; néanmoins, chez le rat, par exemple, tandis 
que les globules graisseux restent intacts, les noyaux et la bordure 
protoplasmique sont hydrolysés. La limite du champ d'action du liquide 


nd” + 


SÉANCE DU 18 MARS 129 


diastasique et nettement accusée par la différence dans la colora- 
bilité des tissus. Les lymphoctyes foisonnent dans les environs de la 
région en voie de digestion, en formant parfois des véritables amas 
lymphoïdes et prenant l'aspect de rangées de follicules. Les formes 


lymphoïdes du sang sont également en nombre supérieur à la moyenne. 


B. — Latex bouilli. Tous les animaux injectés avec du latex préala- 
blement chauffé à 100 degrés pendant trente minutes sont restés vivants. 
Le liquide injecté se résorbe peu à peu, ne laissant que la masse caout- 
chouteuse. Le tissu conjonctif environnant prolifère est pénétré par 
une très grande quantité de polynucléaires et se dispose en couches 
concentriques. Les couches les plus internes ne tardent pas à subir une 
transformation les conduisant à un état homogène rappelant l’aspect 
d’un cal cartilagineux. Somme toute, nous sommes en présence d’un 
kyste entouré de tissu cicatriciel richement vascularisé et rempli de 
granulocytes. Dans le cas d'injection intramusculaire, le caoutchouc se 


_ répand dans les interstices des muscles et détermine une forte conges- 


tion. La phagocytose est très intense et il n’y a pas de formation 
de kyste véritable. Les parties musculaires immédiatement touchées 
par l'agent irritant subissent une dégénérescence et sont phagocytées. 
En résumé, le latex privé de diastases de Maclura aurantiaca, Morus 
nigra el alba, agit comme un corps inerte et se différencie ainsi radicale- 
ment de celui de Broussonetia, qui, comme nous l'avons ‘vu dans une note 
précédente, possède un pouvoir toxique considérable. Quant au latex frais, 
bien que beaucoup plus faiblement protéolytique-que celui des Figuiers, de 
la pepsine et de la trypsine, il donne naissance à des digestions in vivo 
relativement fortes et aboutissant à la mort de l'animal, par suite de la 
résistance de ses diastases au divers agents et en particulier à la chaleur. 


(Travail du laboratoire Marion, directeur M. le professeur 
E. Jourdan.) 


J. — UN NOUVEAU CIRRHIPÈDE PÉDONCULÉ FOSSILE : Scillælepas Cazioti, 


par À. et L. JorEAuD. 


En étudiant des échantillons de marnes astiennes du Mont-Alban, 
près de Nice, nous avons eu la bonne fortune d'y trouver les éléments 
isolés d’un nouveau Cirrhipède pédonculé devant être incontestablement 
rapporté au genre SiLLÆLEePpas. Nous sommes heureux de le dédier à 
M. le commandant Caziot, conservateur du Musée d'Histoire naturelle 
de Nice, qui nous a très aimablement procuré de nombreux échantillons 
de sables et de marnes fossilifères des Alpes-Maritimes. 


7924 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


Nous rapportons à la même espèce une carène presque entière que 
nous avons recueillie dans les sables astiens du tunnel de Ginestet, près 
de Beaucaire. 

Dans le gisement du Mont-Alban, les très petites plaques seules ont 
conservé leur intégrité ; les grandes sont plus ou moins brisées, mais 
comme nous avons pu, à la longue, eu réunir une centaine de fragments, 
il nous a été possible de reconstituer chaque plaque et de tenter une 
restitution du capitule du Cirrhipède (figure 17 d'autre part). Nous ne 
savons rien de son pédoncule. 


DIAGNOSE. — Plaques à umbo apical, toutes sensiblement triangulaires, 
épaisses, formant par leur réunion en quatre verticilles (le 4° incomplet) 
un capitule présentant latéralement la forme d'un triangle presque rec- 
tangle dont la base égale environ les 2/3 de la hauteur totale. Apex du 
scutum légèrement incurvé vers le bord occluseur. Petites plaques, 1°, m’, 
s’, (*, c* à sommet plus ou moins recourbé en dedans, insérées dans des 
plans très rapprochés et recouvrant légèrement la base des grandes plaques 
S', T',C°. La hauteur de m° ne dépasse guère le 1/7 de la hauteur de T'. 

Scutum (S°). — D'après notre plus grand échantillon, la hauteur de 
S aurait atteint 7 mill. 2 et et sa plus grande largeur 5 mill. 2. Avec 
l’âge, cette pièce devient très épaisse et prend un aspect massif. Sa 
forme générale est celle d’un secteur conique d’environ 45 degrés, avec 
une base convexe, un peu anguleuse vers les limites des trois secteurs 
principaux. Son angle apical déjeté au dehors interrompt la continuité 
de direction de son bord occluseur avec celui du tergum. 


Extérieurement, la plaque présente un secteur médian surélevé et un cordon 
aplati courant le long du bord occluseur. Des lignes rayonnantes recoupent 
les stries d’accroissement qui sont groupées à diverses hauteurs en fascies 
saillantes et colorées. 

Intérieurement, du côté occluseur, le bord des lamelles successives d’accrois- 
sement forme des stries rebroussées dans la direction de l’apex en un grand 
pli qui occupe le tiers de la largeur de la plaque vers le milieu de sa hauteur. 
Du côté tergal, ces mêmes stries se montrent resserrées sur une très étroite 
bande déprimée qui forme une petite feuillure recouvrant légèrement le bord 
basilaire du secteur 1 du tergum : c’est là un dernier vestige d'articulation. 
Entre les deux zones de stries d’accroissement le scutum est fortement concave. 
La dépression du muscle adducteur y est large et profonde ; taillée en abrupte 
vers le haut, elle s'épanouit en pente douce vers le bas. 


Tergum (T°). — I peut atteindre 13 millimètres en hauteur et 4 mill. 5 
en largeur. C’est un quadrilatère irrégulier avec un très petit côté formé 
par la base du secteur 2 qui n’alteint pas 2 millimètres de largeur. 
L’angle apical de la plaque mesure 40 degrés seulement dont plus de 
20 dans le secteur 4. Les secteurs 2 et 3 sont ainsi très étroits et le bord 


SÉANCE DU 18 MARS 725 


carénal du dernier se trouve presque perpendiculaire sur la base du 
capitule. ; ; 


Le secteur 2 est en saillie sur lafsurface extérieure de la plaque, le secteur 3 
est très déprimé; le longs du bord occluseur règne un cordon plat correspon- 
dant à celui du scutum; quelques lignes rayounantes vont de l’apex à la base. 


he fe 


D 


RS 


Z£ 


TS 


LAS 
LY 


= 


= PE 


777 


C2 


Scillælepas Cazioti A. et L. JoLEaun. 


Fi6. 1. St, face interne. Frc. 9. Vue du côté interne de C?, dans 
_— 2. Sommet très grossi de S! dans un jeune sujet. 
un jeune sujet, côté interne. — 10. r°, vue extérieure. 
— 2a. Coupe du même. — ll ur vue intérieure: 
— 3. Coupe dans le sommet de la — 12: m°, vue intérieure. 
fig. 1; à, côté interne. — 13. sf, vue intérieure. 
— 3a. Coupe de la base du scutum de — 1%. tÿ, vue intérieure (spécimen à 
la fig. 1. apex saillant en arrière de la 
— 4. T!, face interne. carène. 
— à. Partieinférieure de C? vue dorsale. — 15. ci. vue extérieure. 
— 6. Coupe de la base de C. — 16. c*, vue intérieure. 
— 7. Coupe vers le milieu de C?. — 171. Essai de restitution de Scillæ- 
— 8. Coupe vers le sommet de C®. lepas Cazioti. 


Les stries d’accroissement sont disposées comme celles du scutum ; dans le 
secteur 3, elles sont fortement redressées et très rapprochées les unes des 
autres. Intérieurement, vers le haut du côté carénal, se montre une dépression 
dans laquelle pouvait s'engager la partie interne du sommet de la carène. 


Carène (C2). — Elle est étroite et presque droite, étant à peine ; 
recourbée vers Le tergum. Les secteurs 3 sont réunis en uu toil axr@rdi | r 
NS a 


18265 Re, 
Ne ë 
SES 
We D 

XS PE 


An 


726 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


Les secteurs 2 forment, sur chaque face latérale, une côte saillante dans 
les régions moyenne et postérieure et très atténuée vers l’angle baso- 
tergal où elle finit. Les secteurs 1, aux lignes d’accroissement fortement 
redressées, se réunissent bien au-dessous de l’apex et la plaque se ter- 
mine en une pointe subuliforme. 

Rostre (r”}. — Il n'atteint pas le cinquième de Îa hauteur de la carène. 
Ses trois côtés sont presque égaux, le sommet est fortement recourbé 
en dedans. Dans l'intérieur de la partie libre, une crête saillante est 
formée par le rebroussement des bords latéraux des deux plaques pri- 
mitives fusionnées en une seule. 

Médian (m°). — Secteur 1 fortement allongé (du côté scutal). Portion 
libre de la plaque égalant presque la moitié de sa hauteur. 

Rostro-latéral (s°). -— Secteur 3 allongé vers m°. Portion libre égalant 
a demi-hauteur. 

Tergo-latéral (t'). — De forme assez variable et plus ou moins oblique 
sur sa base. L’exemplaire de la figure 14 devait se projeter sensiblement 
en arrière de la carène. 

Sous-carène (s*). — Très petile avec une crête interne. 

Nous possédons de très petites plaques rostrales qui pourraient être 
des sous-rostres (r‘) ou bien qui proviennent de jeunes individus. 

Affinités. — Avec Scillælepas Paronæ Seguenza par m°; avec Scal- 
pellum trispinosum Hoek, par S'; avec Scalpellum eos Pilsbry par ses 
plaques inférieures et la rectitude de sa carène, etc. 


Le Gérant : OcTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


bn ‘où dE dé) sd 


- croissance des os 


SÉANCE D 


ARTHUS 
(Mie Fripa) : Note sur le centre 
vaso-tonique bulbaire 

BÉRaARD (L.), Lesteur (Cn.) et CHa4- 


(Maurice) et MARTIN 


LIER (J.) : Contribution à l'étude 
expérimentale du goitre . . . . . .. 
Bouin (P.) et Ancez (P.) : Sur les 
cellules du myométrium qui pren- 
nent le carmin des injections phy- 
SOIOPIQMeS MER re HS JOEL 
BourGuEt (M.) : Sur la topographie 
des voies biliaires. Étude radiogra- 
Doit LS SERRES An 
Camus (JEAN) : Paralysie expéri- 
mentale des centres respiratoires 
CLémENT (Huçues) : Action de l’ar- 
gent sur la végétation de l’Aspergil- 
LOS OUTICRS UT ONE ASIE 
Dév: (F.) : Les localisations de 
l’'échinococcose primitive chez 
l'homme. Nécessité d’une revision 
dESSAlISUQUES 2.8. 2 0.0. 
Dovon (M.) et Sarvonar (F.) : 
Action comparée du nucléinate de 
soude sur la coagulation du sang 
et sur la coagulation du lait !. . .. 
DusreuiL (G.) : La croissance des 
os des Mammifères. — I. Méthode 
de précision pour la mesure de la 
FanparD (Lucie ) et RANC (ALBERT) : 
Sur les hydrates de carbone du 
sang de la tortue de mer. . . .... 
LASSABLIÈRE (P.) et Ricner (Cu) : 
De l’immunité leucocytaire . . . .. 
Launoyx (L.) et Lévy-Bruxz (M.) : 
Les variations numériques et mor- 
phologiques des globules blancs 
chez les poules infectées de Spüro- 
CRAN ANUM SE LAN. 
Maniesco et MixeA : Présence du 
tréponème pâle dans le cerveau des 
paralytiques généraux. . . . . . .. 
MAYER (ANDRÉ) et SCHAEFFER (GEOR- 
GEs) : L'eau d’imbibition des tissus. 
Constance pour un même organe; 
inégalité de répartition dans un 


BioLocie. CoMPTESs RENDUS. — 1913. T 


(8) 


(DR AONBENTRE 


90e 


SOMMAIRE 


139 


165 


MÉTÉO ANIME MIN MUC 

Rouvière (H.)et Dezuas (J.) : Note 
sur le développement du canal ca- 
rotidien chez l'homme. . . . . . . . 

Souza (L.-C.) : Influence de la 
castration sur les processus de pro- 
téolyse et d'aminogenèse dans les 
CERITESTILEDVEU X-. 2h ae ce Mi. e 

TcHErNoROUTzKY : Le cerveau est- 
il toxique pendant le choc anaphy- 


THieLe (E.-H.) et Emeceton (D.) : 
De l’exaltation de la virulence des 
bactéries non pathogènes . . . . .. 
TourNADE (A.) : Différence de mo- 
tilité des spermatozoïdes prélevés 
dans les divers segments de l'épi- 
didynie ee Er TEE M. EE 
Tournane (A.) et MErLanD (L.) : 
Motilité nulle des spermatozoïdes 
enkystés dans le tissu conjonctif. . 
VAUDREMER (ALBERT) : Action de 
l'extrait filtré {d'Aspergillus fumi- 
gatus sur le bacille tuberculeux. 
ViGuiER (G.) et WEBEr (A.) : Nou- 
velles observations sur l’altération 
des hématies sous l'influence d’une 
Hémogrégarine chez le Gongyle 


150 


131 


160 


Réunion biologique de Bordeaux. 


DELauNay (H.) : Sur l'azote res- 
tant du sang avant et pendant l'ab- 
sorptioa intestinale de l'azote ali- 
METÉDITE PAR EN MP TUE 

DELAuUNAY (H.) : Sur l'azote res- 
tant du sang, avantet pendant l'ab- 
sorption d'un mélange d’acides 
aminés introduit dans l'intestin 

GixestE (CH. : Stérilisation des 
milieux putrides par la suraéra- 
LIGA SENS REED PEAR TUNER TANT Ste 

Moxcour (Cx.), Bonnin et Lagar 
(PAUL) : Index mercurique de Chelle. 
Note sur ses variations dans cer- 
tains états pathologiques 


. LXXIV. 51 


767 


7128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Dastre. 


SUR LES CELLULES DU MYOMÉTRIUM 
QUI PRENNENT LE CARMIN DES INJECTIONS PHYSIOLOGIQUES, 


par P. Bouin et P. ANGEL. 

Une nouvelle note de M. Mercier « sur le délerminisme de la. 
sécrétion mammaire chez la lapine (1) », nécessile de notre part quelques 
observations. M. Mercier avance, dans cette note, que des incisions 
faites sur des utérus d'animaux au repos sexuel ou d'animaux ayant 
subi un coït stérile provoquent l'apparition de néphrophagocyÿtes utérins, 
qu'il identifie avec nos cellules myométriales et qu'il considère comme 
le résultat d'une réaction purement traumatique. Celle opinion 
démontre avec netteté qu'il existe à la base des observations de cet 
auteur une confusion due à sa technique. Cette confusion provient de ce 
que M. Mercier identifie deux sortes d'éléments différents et leur donne 
la même dénomination (néphrophagocytes) parce qu'ils possèdent une 
propriété commune, celle de fixer le carmin des injections physiolo- 
giques. Ces deux variétés d'éléments sont des cellules conjonctives 
jeunes et des cellules myométriales. 

On sait, en effet, qu'une blessure détermine le retour des cellules 
fixes du tissu connectif au (ype embryonnaire rhagiocrine de Renaut, 
état dans lequelelles reprennent leurs propriétés phagocytaires et fixent 
le carmin et le rouge neutre. Une blessure de l'utérus doit nécessai- 
rement faire apparaître ces éléments dans tous les cas. D'autre part, les 
cellules myométriales se développent aux dépens des cellules connec- 
tives et passent par un stade jeune au cours duquel elles fixent le 
carmin,; mais elles poursuivent une évolution qui les différencie des 
cellules conjonctives banales. Elles en diffèrent nettement par leur 
taille, leur forme, leur structure, la nature de leurs produits de 
sécrétion, leurs rapports avecles vaisseaux sanguins. RE 

En somme, quand M. Mercier affirme que l'apparition des « néphro- 
phagocytes » utérins est une réaction purement traumatique, il'eonfirme 
un fait connu: à savoir que les cellules fixes du tissu conjonctif trauma- 
tisé font retour au type embryonnaire; mais son erreur consiste à les 
identifier avec les cellules myométriales. Celles-ci ne peuvent apparaître, 
dans les conditions normales ou expérimentales, que dans un utérus 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 mars 1913. 


+ RUN ES ES ali AU 7 
A DRE CEA ed A 


SÉANCE DU 12 AVRIL 7129 


ayant subi l’action du corps jaune. Elles se comportent à ce point de 
vue comme tous les autres éléments du placenta maternel. 

Nous tenons, en outre, à protester contre les opinions que nous prête 
M. Mercier. Il dit, en effet, que nous sommes d’accord avec lui sur le 
fait que les cellules myométriales méritent le nom de néphrophagocytes, 
et nous fait émettre l’invraisemblable hypothèse « que des néphropha- 
gocytes expérimentaux déterminent l'apparition de sécrétion lactée ». 

Nous pensons bien qu'il ne peut s'agir ici que d’une rédaction incor- 
recte;, mais il n’en est pas moins vrai qu’elle nous fait dire ce que nous 
n'avons pas dit, ou même le contraire de ce que nous avons dit. Nous 
avons déjà protesté(1) contre le terme de néphrophagocyte appliqué aux 
cellules qui fixent les matières colorantes des injections physiologiques 
et la signification fonctionnelle qu’il implique. Nous renouvelons ces 
protestations de la façon la plus catégorique, afin d’éviler toute équi- 
voque dans l'esprit d’un lecteur non averti, et nous montrerons prochai- 
nement, puisque cette discussion nous y oblige, la valeur qu'il faut 
attribuer aux arguments sur lesquels s'appuie la théorie du « néphro- 
phagocyte ». 


mie + mme om mme dont 


DE L'EXALTATION DE LA VIRULENCE DE BACTÉRIES NON PATHOGÈNES. 


Note de E.-H. Tuieze et D. EMBLETON, 
présentée par M. WEINBERG. 
Les microbes que nous avons étudiés appartiennent à deux groupes : 
1° Ceux qui, comme PZ. mycoides, B. smegma, B. phlei, ne peuvent 
déterminer de septicémie qu'à la condition d’être inoculés à des ani- 


maux déjà sensibilisés par injection de microbes morts de même espèce; 


2% Ceux qui, dans les mêmes conditions, ne peuvent déterminer de 
septicémie, mais que l’on peut rendre virulents en les injectant dans un 
milieu capable de les mettre à l'abri de l’action des anticorps ou de 
retarder cette action. Les milieux utilisés dans ce cas ont été des solu- 
tions salines hypertoniques et de la gélatine concentrée. Ces milieux 
n’ont par eux-mêmes aucune action toxique sur l'organisme. Ainsi, 
nous avons pu déterminer la septicémie chez les animaux avec #. Ho/f- 


mani, B. cyanogenes, Sarcina lutea, B. proteus Zenkeri. 


On retrouvait les microbes dans le sang du cœur et dans la rate. 
Nous avons produit de même une septicémie chez le cobaye avec des 
staphylocoques et des streptocoques non virulents pour cet animal. 

Nous avons trouvé de plus que les microbes rendus ainsi pathogènes 


sont devenus tellement virulents qu'ils peuvent déterminer une septi- 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 13 février 1913. 


730 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


cémie chez des animaux normaux sans que l’on ait à recourir aux 
milieux précédents, et cela non seulement chez des animaux apparle- 
nant à l’espèce qui a servi à effectuer le passage, mais même chez des 
animaux d'espèce différente. 

Soit, par exemple, le 2. mycoïdes. Cet organisme ne peut vivre à 
31 degrés. Après l'avoir habitué à pousser à cette tempéralure, nous en 
avons injecté une culture sur agar incliné à des cobayes sensibilisés 
une semaine avant avec PB. mycoïdes morts. Dans ces conditions, nous 
avons obtenu une septicémie ayant l'apparence de la septicémie char- 
bonneuse. Les microbes isolés de l’animal infecté déterminaient une 
septicémie semblable chez des cobayes normaux, des rats et des lapins. 
La bactérie avait acquis des caractères nouveaux, avait perdu ses cils 
et s'était entourée d’une capsule. Nous avons produit de même une 
tuberculose miliaire chez le cobaye et le lapin en inoculant dans les 
mêmes conditions B. phlei et B. smegma. 

Nous concluons de ces expériences que les bactéries ne possèdent pas 
d’endotoxine proprement dite. Les produits toxiques soat formés aux 
dépens du protoplasme bactérien soumis à l’action des anticorps de 
l'organisme. Chez les animaux morts d'infection microbienne quel- 
conque ou de toxémie, il existe dans le sang et dans les humeurs une 
substance toxique qui, injectée à des cobayes normaux, provoque rapi- 
dement la mort. Les symptômes et les lésions post mortem sont toujours 
les mêmes. 

Nous pensons que cette substance toxique provient du protoplasme 
bactérien soumis à l’action des anticorps normaux ou spécifiques qui 
agissent sur les protéines microbiennes comme les ferments digestifs. 
La substance toxique est le premier produit de cette dégradation et les 
symptômes observés, fièvre, mort ou infection bactérienne, sont en 
rapport avec l'accumulation de cette substance dans l’organisme. Nous 
arrivons à conclure que la phagocytose qui survient dans une séreuse 
infectée dépend : 

1° Du fait que le microbe est inoffensif, soit par lui-même, soit par 
suite de l’action des anticorps qui dégradent les produits toxiques en 
produits non toxiques ; 

2 De la quantité de substances toxiques formées aux dépens des 
microbes. : 

Nous concluons que l’immunité est à la fois cellulaire et humorale. 

Le pouvoir pathogène dépend à la fois de la virulence du microbe et 
de l’activité des anticorps présents dans l'organisme. 

Ainsi certains microbes ne deviennent pathogènes que quand l’orga- 
nisme a produit des anticorps capables de les attaquer. C’est le cas de 
B. mycoïides. D'autres bactéries ne deviennent pathogènes que lorsque 
l’on affaiblitfortement l’activité des anticorps. C’est le résultat que l’on 
oblient quand on produit une septicémie avec 2. d'Hoffmann, LB. cya- 


SÉANCE DU 12 AVRIL 731 


nogenus, Sarcina, ete., en utilisant les solutions salines hypertoniques. 

La virulence d’un microbe dépend de la mise en liberté de substance 
toxique (aggressive) et de sa rétention dans le voisinage immédiat de 
la bactérie. Nous avons vu que le 2. mycoïdes virulent s’entourait d’une 
capsule. Les solutions salines hypertoniques favorisent la formation de 
la capsule, autrement dit, l’exsudation d'une couronne de protoplasme 
bactérien. 

Nous considérons que la capsule protège les bactéries contre l’action 
ultérieure des anticorps, en constituant une zone d'équilibre diastasique 
qui, d'une part, agit agressivement et empêche la phagocylose, et, 
d'autre part, protège la bactérie contre l’action destructrice des anti- 
corps. 

En utilisant cette méthode, nous avons pu produire une septicémie 
avec le 2. d'Hoffmann et le Bacille de la diphtérie 8 et montrer que, 
dans le sang des animaux morts, on lrouve les mêmes substances 
toxiques que chez les animaux morts de toxémie. Nous en concluons 
que l’exotoxine est, comme l'endotoxine, formée par du protoplasme 
bactérien exsudé, qui ne devient toxique qu'après avoir subi l’action 
des anticorps présents chez l’animal infecté. 


SUR LA TOPOGRAPHIE DES VOIES BILIAIRES. ÉTUDE RADIOGRAPHIQUE. 


Note de M. BourGuEr, présentée par E. GLEY. 


La situation de la vésicule biliaire et du cholédoque a été étudiée par 
de nombreux auteurs, et cette étude s’est enrichie de considérations 
d'anatomie et de technique chirurgicale. 

Le fond de la vésicule biliaire, dit Raynal, se trouve à 10 ou 12 centi- 
mètres de la ligne médiane; à 5 ou 6 centimètres, dit Siraud. 

Il se trouve, d'après Addison, sur la verticale menée du milieu de 
l’arcade crurale, ou du milieu de la clavicule, d’après Carmichæl, 

Quant au cholédoque, Quénu place son extrémité supérieure dans la 
moitié supérieure de la 1" lombaire, et son extrémité inférieure au 
niveau du disque intervertébral qui sépare la 3° lombaire de la qua- 
trième. 

Pour Wiart, l'extrémité supérieure répond au bord inférieur de la 
1:° lombaire et se trouve à 2 ou 3 centimètres de la ligne médiane, 
l'extrémité inférieure correspond à la 3° lombaire, à 25 ou 40 centimètres 
de la ligne médiane. ee 

Il est important de savoir que ces indications ne sont que des 
moyens et que la topographie des voies biliaires est sujette à des varia- 
tions. : | 


A 
CS 
9 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


À côté de ces disposilions normales, nous en avons trouvé d'autres 
révélées par la radiographie, après injection dans la vésicule et le cholé- 
doque d’une préparation au minium, ou d’une préparation de sulfate de 
baryte, avec un mélange clair de gomme adragante. 

Nous nous sommes toujours placés dans les mêmes conditions pour 
éviter Loute cause d'erreur. Le foie a été fixé aux x dernières côtes pour 
empêcher une ptose cadavérique. 

La vésicule dans un cas était franchement sur un plan are le 
fond et le col à la même hauteur. Le col était au niveau du flanc droit 
de la 1'° lombaire, en regard du bord inférieur du cartilage intervertébral 
séparant la XIT° dorsale de la 1"° lombaire. 

La vésicule avait une longueur de 12 centimètres. Le cholédoque 
dans cette observation présentait deux parties perpendiculaires l’une à 
l'autre. 

La partie supérieure, se dirigeant de haut en bas, de dehors en 
dedans et de droite à gauche sur la face antéro-latérale de la 1° lom- 
baire, s’arrêtant au niveau du disque intervertébral séparant la 1° lom- 
baire de la 2° lombaire à un demi-centimètre de la ligne médiane, et la 
partie inférieure allant de haut en bas, de dedans en dehors et de 
gauche à droite, et s’arrétant en bas au milieu du disque intervertébral 
séparant la 2° lombaire de la 3° lombaire, à 3 centimètres de la ligne 
médiane. 

Dans une seconde observation, la vésicule avait sa direclion normale. 
Quant au canal cholédoque, il présentait la forme d'un U couché à 
angles arrondis, dont l'ouverture regardait à droite. Son extrémité 
supérieure se trouvait à 4 centimètres de la ligne médiane et sur une 
horizontale passant par le milieu du corps de la 2° lombaire. La direc- 
tion était de dehors en dedans, de droite à gauche et légèrement de bas 
en haut jusqu’au riveau du bord SUDOUIÈNE droit de la 2° lombaire; puis 
de haut en bas, de droite à gauche jusqu’à la ligne médiane et jusqu’au 
disque intervertébral séparant la 2° lombaire de la 3° lombaire ; à partir 
de ce point, la direction était verticale et médiane et l'extrémité infé- 
rieure se trouvait sur le milieu du disque intervertébral placé entre 
les 3° et 4° lombaires. 

Dans une autre observation relative à une femme ayant de la ptose de 
tous les viscères, la vésicule biliaire était presque verticale et plon- 
geante, son col sur une horizontale, passant par le milieu de la 3° verté- 
brale lombaire et à 3 centimètres de la ligne médiane, son fond 
correspond au milieu de la 5° lombaire et à 6 centimètres et demi 
de la ligne médiane. : 

Sur trois nouveau-nés, nous avons lrouvé les dispositions suivantes : 


O8s. I. — La vésicule biliaire de forme arrondie est placée en avant du 
flanc droit de la 1'° lombaire et du disque intervertébral qui sépare cette ver- 


Mid ur 


SÉANCE DU 12 AVRIL 133 


tèbre de la XI1° dorsale. Le cholédoque à son extrémité supérieure un peu à 
droite du milieu de la XIIe dorsale. Il forme une ligne coudée à angle droit 
dont l'ouverture est à droite. Le coude a lieu à gauche du milieu de la 1"° lom- 
baire. La terminaison correspond au milieu du corps de la 2e lombaire, à 
quelques millimètres à droite de la ligne médiane. 


O8s. II. — La vésicule est arrondie, la moitié interne est en avant du flanc 
droit de la XII° dorsale. Le cholédoque est médian. L’extrémité supérieure 
correspond au milieu du corps de la XII° dorsale, et l'extrémité inférieure au 
milieu du disque séparant la 1'° lombaire de la 2° lombaire. 


Os. II. — La vésicule est piriforme, presque horizontale. Le col en regard 
du bord droit de la XII: dorsale. Le cholédoque est vertical, commence au 
niveau du bord supérieur de la 1"° lombaire et se termine au niveau du bord 
inférieur de la 2° lombaire, en suivant le bord droit de ces vertèbres. 


(Travail du laboratoire d'Anatomie de Toulouse.) 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DU GOITRE, 


par L. BÉRARD, On, LEsrEur et J. CHALIER. 


Malgré de très nombreuses recherches, on ne sait rien d’absolument 
précis sur la véritable eause d'apparition des goitres. On ne peut con- 
tester qu'il existe des eaux goitrigènes, mais pourquoi le sont-elles ? 
Les intéressantes recherches de Bircher et de Répin aboutissent à des 
conclusions tout à fait différentes. Mais on ne saurait perdre de vue les 
observations de Saint-Lager, qui fait jouer un rôle prépondérant aux 
terrains avec lesquels les eaux ont été en contact. Aussi avons-nous 
essayé de reproduire expérimentalement le goitre ou des altérations 
thyroïdiennes en faisant ingérer à des chiens, soit de la terre de régions 
goitrigènes, soit du silicate de magnésie ou du silicate ferreux. 

Cette terre, où plutôt ce limon, provient du dépôt laissé par les eaux 
d’un réservoir qui alimente le village de Montaigut, dans le Jura. Ce 
village compte beaucoup de goitreux, la plupart des habitants boivent 
l’eau de ce réservoir. 

I. INGESTION DE TERRE. Chien À (6 kil. 400). À partir du 12 avril 1907, 

ce chien absorbe chaque jour, dans sa soupe,3 cuillerées à bouche de 

terre grasse, pendant un mois; puis, après une période de repos de 

quinze jours, 4 cuillerées à bouche de vasesemi-liquide, pendant15 jours. 
Il est sacrifié par piqüre du bulbe le 3 juillet 1907 (poids 6 kil. 500). 

Chien B (10 kil. 200). À partir du 9 décembre 1907, ce chien absorbe 

: chaque jour 3 cuillerées à bouche de terre provenant de Montaigut 


734 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


(Jura), jusqu'au 5 mars 1908. Il meurt spontanément le 5 mars 1908, 
très amaigri. Autopsie : reins d'apparence scléreuse, péricardite séreuse, 
thyroïdes très congestionnées, de couleur violacée. 

Chien C (6 kilos). À partir du 9 décembre 1907, ce chien absorbe 
chaque jour, comme le précédent, trois cuillerées à bouche de terre de 
Montmorot, jusqu'au 3 mai 1908. Son poids à cette date est de 10kil. 100. 
Le périmètre du cou est de 50 centimètres, au lieu de 24 centimètresetl demi 
qu'il mesurait le 9 décembre. Il est sacrifié par piqûre du bulbe le 
3 mai 1908. 


Les EXAMENS HISTOLOGIQUES ont révélé chez ces trois chiens les détails 
suivant(s : 

Thyroïde. — À peu près seules les vésicules situées immédiatement 
au-dessous de la capsule conjonctive ou au voisinage des grandes tra- 
vées conjonctivo-vasculaires présentent d’assez grandes dimensions et 
un contenu colloïde éosinophile. Mais la plupart des vésicules sont vides 
de tout contenu, ou bien ce dernier a très faiblement pris l’éosine. Un 
très grand nombre ont des dimensions très restreintes; leurs parois sont 
presque au contact; leur contenu est presque incolore ou absent; les 
cellules de revêtement, basses, renferment un noyau qui occupe presque 
toute la hauteur de l'élément, et la mince couche de protoplasma 
ambiant est presque incolore. 

Le développement du tissu conjonetif est manifeste. La capsule 
est très épaissie, et l’intérieur du parenchyme glandulaire est 
parcouru par du tissu conjonctif jeune, avec cellules inflammatoires 
plus ou moins pressées; il encercle les vésicules, parfois même les 
étouffe complètement, si bien que par endroits, à un faible grossisse- 
ment, on ne distingue plus que des bandes conjonclives semées de cel- 
lules inflammatoires, mais les formations vésiculaires ne peuvent être 
retrouvées qu'à un fort grossissement. /! y a donc une inflammation 
subaiquë de la thyroïde avec formation de tissu conjonctif jeune. 

IT. INGESTION DE SILICATE DE MAGNÉSIE. Chien D (4 kil. 400). A 
partir du 12 avril 1907, ce chien absorbe chaque jour. dans sa soupe, 
3 cuillerées à bouche de silicate de magnésie, jusqu’au 18 juillet, sauf 
pendant 5 jours (du 40 au 15 mai). Il est sacrifié le 19 juillet par piqûre 
du bulbe. Son corps thyroïde paraît macroscopiquement normal. 

Chien E (6 kil. 600). À partir du 9 décembre 1907, ce chien absorbe 
chaque jour 3 cuillerées à bouche de silicate de magnésie, Jusqu'au 4 avril, 
sanf pendant 5 jours (du 10 au 15 février). Il est sacrifié. L’autopsie est 
négative macroscopiquement. 

Les EXAMENS HISTOLOGIQUES de la {hyroïde dans ces deux cas ont établi 
que la plupart des vésicules thyroïdiennes renferment un contenu col- 
loide coloré en rose vif par l'éosine. Les cellules de bordure, de hauteur 
normale, avec un noyau bien coloré, ont un protoplasma assez forte- 


SÉANCE DU 12 AVRIL 735 


ment éosinophile. Peut-être un léger degré d’inflammalion intersti- 
lielle. 


III. INGESTION DE SILICATE FERREUX. Chien F (6 kil. 500). À partir du 
12 avril 1907, ce chien absorbe chaque jour, dans sa soupe, trois cuillerées 
à bouche de silicate ferreux, jusqu'au 2 août, sans arrêt. Il est sacrifié 
le 2 août par piqüre du bulbe. A l’autopsie, le corps thyroïde paraît un 
peu gros. Examen histologique négatif. 


En somme, il semble résulter de nos expériences que l'ingestion pro- 
longée de terre provenant de régions goitrigènes apporte dans la structure 
de la thyroïde de l'animal en expérience des modifications Mstologiques 
incontestables, tandis que l’ingestion seule de silicate de magnésie ou de 
silicate ferreux reste, somme toute, sans effet notable. Nous poursui- 
vons ces expériences sur le goitre expérimental. 


(Travail des laboratoires d'Hygiène et de Pathologie générale de la Faculté 
de Médecine de Lyon.) ; 


LES LOCALISATIONS DE L'ÉCHINOCOCCOSE PRIMITIVE CHEZ L'HOMME. 
NÉCESSITÉ D'UNE REVISION DES STATISTIQUES, 


par F. Dévé. 


Une triple cause d'erreur à faussé les statistiques apportées jusqu’à ce 
jour, au sujet des localisations de l’échinococcose hydatique primitive 
chez l’homme, faussant du même coup cerlaines données palhogéniques 
qu'on a voulu en lirer. 


Première critique : la grande majorité des observations sur lesquelles 
reposent ces statistiques sont purement cliniques et opératoires, partant 
incomplètes et incertaines. Pour être valable, une statistique devrait 
être basée exclusivement sur des faits analtomiquement contrôlés, sur 
des observations cliniques ou opératoires vérifiées el complétées par 
l’autopsie. | 

Seconde critique : toutes les statistiques ont été établies en prenant 
pour base le nombre de malades observés et les viscères intéressés. Elles 
n’ont pas tenu compte de la donnée fondamentale du nombre des kystes 


-primitifs développés dans les divers viscères, indépendamment du 


nombre des malades. 
Troisième critique : les données stalistiques classiques ont été viciées 
par l'intervention — méconnue — de l’échinococcose secondaire. Dans 


736 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


leurs tableaux, les auteurs réservent une rubrique égale aux kystes du 
foie, de la rate, du rein (pour n’envisager que les kystes hydatiques 
abdominaux) — et aux kystes de l’épiploon, du mésentère, de l’ovaire, 
de la vessie, des ligaments larges, du cul-de-sac de Douglas, etc., tous 
ces kystes représentant, à leurs yeux, autant d'unités équivalentes. C’est 
sur cette base qu'ils établissent leurs pourcentages. Or, comme nous 
l’avons montré ailleurs, tandis que les kystes du premier groupe (foie, 
rate, rein) ressortissent presque sans exception à l’échinococcose primi- 
tive, ceux du second groupe, dans leur multiplicité et leurs localisa- 
lions en apparence diverses, ne représentent, dans la règle, qu'une 
seule et même variélé : l’échinococcose secondaire du péritoine (4). 
Naturellement, tous les kystes ressortissant à cette pathogénie doivent 
êlre exclus d’une statistique concernant l'échinococcose primitive; dans 
les observations en question, est seul à retenir le kyste viscéral primitif 
(foie, rate) qui a donné lieu à l'ensemencement secondaire de la séreuse 
abdomino-pelvienne. 

Une analyse critique de huit statistiques modernes, originales et inté- 
grales (Vegas et Cranwell, 1901; Pericie, 1905 ; Ribera y Sans, 1905; 
A. Becker, 1907 ; Duprat, 1908; Cranwell et Vegas, 1910: Magnusson, 1912; 
statistique personnelle), nous à conduit aux chiffres suivants, reposant 
sur un ensemble de 2,727 kystes hydatiques très probablement pri- 
mitifs (2) : 


BOIG Loges ee See EU NS de a ie A MT A Ie 14,9 p: 100 
POUMON UNS NE NElRES Sd SR ARS 8,5 p.100 
Muscles en RE RO EEE ent 0e RINONOE  INAR ER 5,1 p. 100 
RADEON ee een ne nee AM EE Se OR TT AMEN 2,3 p. 100 
RELAS ES N TEMIRERENPALPATE NES RENE MATE RM ARR 2,1 p. 100 
Cerveau ESPRITS RE RAA 1,4 p. 100 
SET LM Eee Rien tien RON GC RE EE RO 0,9 p. 100 
DIVERS: RUES SRE NA AE LEA AL) SES PS ER RE ARE 4,2 p, 100 


Bien que forcément un peu théoriques, ces chiffres concernant les 
distributions et les localisations d'élection de l’'échinococcose primitive 
humaine se rapprochent sans doute beaucoup plus de la réalité que les 
pourcentages entachés d'erreur donnés par les auteurs. Ils appellent le 
contrôle de nouvelles slatisliques s'inspirant des principes que nous 
avons indiqués. 


(1) Cf. Dévé. De l’échinococcose secondaire, Thèse de Paris, 1901, Conclu- 
sions IV, p. 243, et Les kystes hydatiques du Joie, Paris, 1905, p. 8#. 

(2) Ces chiffres diffèrent à peine de ceux que nous avions donnés dans une 
note antérieure. Cf. Dévé. Kyste hydatique et terrain. Comples rendus de la 
Soc. de Biologie, 18 novembre 1911, t. LXXI, p. 460. 


ee ue rs 


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SÉANCE DU 42 AVRIL 737 


| 


NOTE SUR LE DÉVELOPPEMENT DU CANAL CAROTIDIEN CHEZ L'HOMME. 


Note de H. Rocvière et J. DeLmas, présentée par Év. RETTERER. 


On sait depuis longtemps que la carotide interne chemine tout d'abord 
dans une gouttière creusée sur la face inférieure du rocher et que cette 
gouttière est transformée, au cours du développement, en un canal 
osseux, par suite de la formation d'une lamelle osseuse qui constitue là 
paroi inférieure de ce canal. 

Les recherches que nous avons faites nous permettent de préciser et 
de compléter les connaissances que l’on avait jusqu'ici sur le mode de 
formation du canal carotidien. 


Quand on examine la face inférieure du rocher chez l'homme adulte, 
on voit immédiatement en avant de l'orifice inférieur du canal caroti- 
dien, une lamelle osseuse en forme de crochet, dont la concavité regarde 
en arrière. Cette lamelle unciforme présente à considérer deux faces, deux 
bords et deux extrémités. Le bord antérieur, rugueux, fait saillie sur 
la surface inférieure du rocher; — le bord postérieur limite en avant 
l’orifice inférieur du canal carotidien ; — l'extrémité externe, large, est 
toujours unie à la partie correspondante du rocher et semble faire suite 
à l'os tympanal ; — l'extrémité interne a une disposition variable ; elle 
est parfois libre, parfois soudée au rocher ; dans le premier cas, il existe 
entre celte lamelle unciforme et la paroi inférieure du canal carotidien 
une profonde fissure qui estconvertie, dans le deuxième cas, en un canal 
-de dimensions et de configuration variables. 

L'étude du développement du canal carotidien nous a permis d'établir 

le mode de formation de eette fissure ou canal sous-carotidien. 

Chez le fœtus de 32 centimètres, la carotide interne chemine dans une 
gouttière creusée sur la partie antéro-exlerne de la face inférieure du 
rocher. Cette gouttière est limitée par deux lèvres; l’une interne, large 
et arrondie, l’autre externe, très étroite, presque tranchante. 

Au slade de 43 centimètres, la gouttière carotidienne aété transformée 
en canal par suite de la formation d’une lame osseuse, incurvée en gout- 
tière à concayité supérieure, qui s est développée de dedans en dehors, 
cesl-à-dire de la lèvre interne vers la lèvre externe de la gouttière 
carotidienne. Chez certains sujets, la paroi inférieure du canal caro- 
lidien parait êlre formée au contraire par une lamelle développée de 
dehors en dedans, c'est-à-dire de la lèvre externe versla lèvre interne de 
la gouttière. Ainsi se forme la plus grande parlie de la paroi inférieure 
du canal carotidien. 

Il se développe en même temps que cette lamelle, une deuxième 
expansion osseuse qui naît toujours de la lèvre externe de la goultière 


138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


carotidienne et s'étend de là jusqu’au niveau du bord interne du canal 
carotidien. 

Cette deuxième lamelle osseuse est moins étendue en longueur que la 
première et siège immédiatement en avant de l'orifice inférieur du 
canal carotidien, dont elle formera la limite antérieure. De plus, elle est 
placée au-dessous de la paroi inférieure du canal carotidien formée par la 
première lamelle osseuse, etlimiteavec elle une profonde fissure osseuse. 

Plus tard, cette expansion évolue d’une facon variable suivant les 
sujets : le plus souvent, elle se réunit par son extrémité libre à la partie 
correspondante du rocher; la fissure osseuse est ainsi transformée en 
un étroit canal sous-carotidien; parfois l'extrémité interne reste libre et 
la fissure sous-carotidienne persiste. 

C’est cette expansion osseuse qui constitue la lamelle osseuse unei- 
forme que l’on trouve constamment chez l’adulte et dont le développe- 

ment, en relief sur le plan inférieur du rocher, entraine la formation soit 
de la fissure, soit du canal sous-carotidien sur lesquels nous avons 
attiré l’attention. 


DiFFÉRENCE DE MOTILITÉ DES SPERMATOZOÏDES 
PRÉLEVÉS DANS LES DIVERS SEGMENTS DE L'ÉPIDIDYME. 


Note de À. ToURNADE, présentée par O. Josué. 


Dans une brève communication préliminaire faite à l'Association des 
Anatomistes, en 1911, j'ai signalé, avec M. Regaud, les différences de 
motilité que présentent les spermatozoïdes du Rat blanc suivant le 
segment de l’épididyme où ils sont recueillis. 

Depuis, j'ai constaté que ce fait se vérifiait chez les divers animaux de 
laboratoire. 

La technique, très simple, consiste dans l'examen microscopique 
extemporané du sperme délayé sur lame avec une goutte de sérum phy- 
siologique (NaCI à 8 p. 1000) tiède et aéré. 

Tant qu ils sont contenus dans les voies séminales les spermatozoïdes 
restent inertes; ce n’est qu'une fois exposés à l’air qu'ils manifestent — 
dans la mesure où ils la possèdent — leur aptitude à se mouvoir. 

Chez le Rat qu'on vient de tuer, les spermatozoïdes prélevés dans le 
canal déférent ou dans la queue de l’épididyme sont toujours très 
mobiles. On ies voit remuer d’abord à la périphérie, puis au centre du 
_grumeau de sperme; bientôt leur masse grouillante se désagrège d’elle- 
même et s'étale dans la goutte de sérum en lui donnant un aspect 
lactescent. Leur agitation est telle que le plus souvent ils s’accrochent 
au nombre de six à dix par leurs têtes recourbées; leurs queues restées 


= 


SÉANCE DU À12 AVRIL 139 


libres figurent alors une sorte de rose des vents aux rayons flexueux et 
très mobiles. 

Au contraire, les spermatozoïdes de la tête de l'épididyme sont com- 
plètement inertes neuf fois sur dix. Exceptionnellement certains d’entre 
eux sont animés de faibles oscillations. 

Quant aux spermatozoïdes de la partie moyenne du conduit, ils se 
présentent avec des caractères intermédiaires la plupart doués de 
mouvements modérés. 

Les mêmes résultats s’observent chez le chien, le chat, le cobaye, le 
lapin. 

La motilité est donc une propriété que les spermatozoides acquièrent peu 
à peu durant leur transit dans l’épididyme. Le fait est général; quelle en 
est la signification ? 

Faut-il invoquer une évolution autonome, pour ainsi dire, des sper- 
matozoïdes qui, éléments encore imparfaits au sortir des tubes sémini- 
fères, se développeraient en cellules adultes à mesure de leur progres- 
sion le long des voies spermaliques? Ou bien s'agit-il d'une action 
excito-motrice exercée par l'épithélium épididymaire? L'absence de 
toute différence morphologique actuellement connue entre les sperma- 
tozoïdes qui viennent de se détacher de l’épithélium séminal et ceux 
qu'on recueille dans le canal déférent, d'autre part, les phénomènes de 
Sécrélion que les histologistes (Van der Stricht, Hammar, Henry, etc...) 
ont mis en évidence dans l’épididyme, sont des arguments favorables à 
la dernière hypothèse. 


(Travail du laboratoire d’'Anatomie générale de la Faculté de Lyon.) 


MOoTILITE NULLE DES SPERMATOZOÏDES ENKYSTÉS DANS EE TISSU CONJONCTIF. 


Note de A. Tournape et L. MERLAND, présentée par O. Josué. 


Un artifice expérimental très simple, signalé déjà par l’un de nous (1), 
permet, au moins chez le Rat, le déversement spontané du sperme dans 
le tissu conjonctif : c'est la ligature brusque du canal déférent qui 
réalise une lésion pariétale analogue à celle d'Amussat sur les artères : 
la tunique interne musculaire, plus fragile, se rompt; la gaine con- 
jonctive péridéférentielle résiste; le sperme, qui s’accumule en amont 
de la ligature, s'infiltre alors entre les deux couches du déférent et y 
constitue une sorte de kyste disséquant. 


(1) A. Tournade. Effets testiculaires variables de l'interruplion du canal 
déférent suivant qu'elle est ou non oblitérante. Comptes rendus de la Soc. de 
Biologie, 1903, t. LV, p. 1660. 

% 


140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Que devient la motilité des spermalozoïdes ainsi détournés de leurs 
voies normales et sevrés du contact des sécrétions épididymaires? 
Pour répondre correctement à celte question, il convient d’écarter de 


‘l'examen les kystes vieux de plusieurs mois, dont le contenu grumeleux 


renferme, à coté de petits cristaux, des éléments immobiles parce que 
morts évidemment de dessiecation. On u’étudiera que les kystes de for- 
mation récente datant au plus de dix à quinze jours, car le sperme y est 
encore päteux, de même consistance que dans le déférent lui-même. 
Or, dans ces conditions, on constate que les spermatozoïdes collectés 
dans le tissu conjonctif se montrent, dès le deuxième ou troisième jour, 
très peu ou pas du tout mobiles, alors que ceux prélevés en amont dans 
la queue de l’épididyme correspondant manifestent une agitation très 
vive. 


En somme, la lymphe interstitielle apparaît impuissante à maintenir 
intacte la motilité des spermatozôïdes. Cette propriété, acquise pendant 
le transit épididymaire, perdue par le séjour dans le tissu conjonctif, 
semble bien exiger, pour $e manifester et se conserver, l'intervention de 
quelque stimulant approprié, de quelque substance excito-motrice 
sécrétée par l’épididyme. 

(Travail du laboratoire de Physiologie 
de l'Ecole du service de santé militaire.) 


SUR LES HYDRATES DE CARBONE DU SANG DE LA TORTUE DE MER, 


par LUCIE FANDARD et ALBERT Ranc. 


Dans une précédente note (1), nous avons décrit la technique employée 
pour recueillir et conserver des échantillons de sang artériel provenant 
de quatre tortues de mer (7'halassochelys carelu), capturées pendant la 
croisière scientifique de l’Hirondelle (août 1919). 

Dans.cetite même note, nous avons exposé le résultat de nos recherches 
sur la teneur en sucre libre de ce sang artériel, en mentionnant aussi 
exactement que possible l’état de chaque animal au moment de la prise 
de sang. 

Cette étude achevée, il nous restait quelques échantillons que nous 
avons utilisés pour rechercher la teneur en sucre combiné du sang de 
la tortue de mer. Chaque échantillon fut additionné d'acide sulfurique. 


(4) Lucie Fandard et A. Ranc. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, p. 437, 


9 novembre 1912. 
” 


SÉANCE DU 12 AVRIL 741 


‘ 


et chauffé à l’autoclave à 120 degrés. Grâce à cette hydrolyse, les 
hydrates de carbone combinés furent mis en liberté. Après neutralisation 
et traitement par le nitrate mercurique, selon la méthode utilisée précé- 
demment, nous obtenions un liquide sucré renfermant à la fois le 
Sucre libre non attaqué par l'acide sulfurique, et le sucre combiné amené 
à l’état de sucre réducteur, c'est-à-dire le sucre total du sang utilisé. 

Le pouvoir réducteur de ce sucre total fut déterminé à l’aide de la 
méthode Mohr-Bertrand, et le sucre exprimé en glucose. En retranchant 
la quantité de sucre libre de celle du sucre total, nous avions la teneur 
en sucre combiné du sang considéré. 

Voici les résultats obtenus: 


Tortue 1. 


Poids au moment de la capture. . . . . . . . SO 


Saignée après 18 jours de jeûne : 


Pordstau moment dela saignées Leur Le, 11 kil. 900 

Teneur du sang en sucre libre. . . . , . . Re 0 gr. 85 p. 1000 

Teneur du sang en sucre total. . . : . . . . : . 2 gr. 10 p. 1000 

Teneur du sang en sucre combiné. . . . . . . . A gr. 25 p. 1000 
Tortue 2. 

ÉudSeumoment desla capture. +,.27 0.1 2,0 14 kil. 500 


Saignée après 18 jours de jeûne : 


Peideau moment dela saignée 4102. 44.140... 12 kil. 500 

HEnEtedusansren sucre bre: . 21-20. 0 gr. 82 p. 1000 

Teneur du sang en sucre total. . . . . . HÉNMLE 1 gr. 95 p. 1000 

Teneur du sang en sucre combinés . . . . . . . 4 gr. 43 p. 1000 
Tortue 3. 

Poids au moment de la capture : . . . . : . ANS ONE 5 


Saignéé après 13 jours de jeûne : 


Poids au moment de la saignée . . . . . .. DATE 0 

Heneur du Safgen-sücre Mr. . 0" 1, 4. 0 gr. 97 p. 1000 
HÉREOAU Sans EN SUCrE EOtAE Se M Su 2 gr. 08 p. 1000 
Teneur du sang en sucre combiné. . : . . . . . 4 gr. 414 p. 1000 


Nous avons voulu déterminer dé nouveau, par une autre méthode, la 
teneur en sucre combiné (1). 

Nous possédions encore deux échantillons provenant, lun de la tortue 1, 
l’autre de la tortue 2. 

Par chauffage à l’autoclave à 120 degrés avec de la potasse, nous avons 
détruit le sucre libre, puis nous avons hydrolysé le sang avec de l'acide 
sulfurique. Le sucre réducteur était donc uniquement le sucre combiné. 


(1) H. Bierry et Lucie Fandard. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 8 juin 
et 13 juillet 1912. 


742 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les chiffres obtenus ainsi sont les suivants : 


TOrLUE Ha RER ET PE 4 
Tortue 2LEIENTEME OPEL ER BNEr RE 1 


Ces quantités sont, comme on le voit, sensiblement égales à celles que 
nous avons déterminées précédemment par l’autre méthode. 


(Travail du laboratoire de l'Hirondelle 
[25° croisière scientifique de S. À. S. le Prince de Monaco] 
el du laboratoire de Phusiologie de la Sorbonne.) 


LE CERVEAU EST-IL TOXIQUE PENDANT LE CHOC ANAPHYLACTIQUE ? 


par TCHERNOROUTZKY. 


Au cours des années 1910-1912, MM. Ch. Achard et Ch. Flandin ont publié 
une série de travaux (1) sur la toxicité du cerveau pendant le choc anaphy- 
lactique. 


Mes essais pour reproduire les expériences de MM. Achard et Flandin, 
dont les constalations sont d'une grande importance pour la théorie du 
phénomène de l’anaphylaxie, m'ont donné des résultats négatifs; c’est 
pourquoi j'ai entrepris, sur la proposition de M. le professeur Besredka, 
une série d'expériences pour élucider ce problème. 


IL semble déjà «a priori peu probable qu'on puisse extraire la même 
substance par des solvants aussi différents que l’eau et lé chloroforme 
(alcool, éther). La question des extraits aqueux est encore compliquée par le 
fait que les extraits aqueux de tous les organes possèdent une toxicité pour 
ainsi dire normale (2). Mes expériences personnelles m'ont montré qu'après 
les poumons c’est le cerveau qui possède la plus grande toxicité. 

Technique. — Les expériences ont porté sur des cobayes. La sensibilisation 
se faisait par le sérum normal ou antidiphtérique du cheval. Pour l’extraction 
du cerveau par l’eau physiologique et par le chloroforme, j'ai employé le 
procédé décrit par MM. Achard et Flandin (3), quelque peu modifié d’après 
les indications personnelles aimablement fournies par les auteurs : ainsi, pour 


(1) Ch. Achard et Ch. Flandin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1910, 
Lt. I pl 99 AA Ut TE ep. 0945:241912 110 1p 10731012 OMIS p REP 
LOIS D SS 

(2) H. Dold. Zeütschr. f. Immunitatsforsch., 19114, t. X, p. 53. — Deutsch. med. 
Wochenschr., 1911, p. 1644. — H. Dold et Ogata. Zeitsch. f. Immunitatsforsch., 
1912, t. XIII, p. 667. — D. Cesa-Bianchi. Arch. italien. de Biologie, 1912, t. 1, 
p. 187. % 

(3) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1912, I, p. 1073. 


"À 


de CE de 


SÉANCE DU 12 AVRIL 143 


les extraits chloroformiques à été employée une extraction d’une durée plus 
longue (24 heures et plus) et dans des quantités plus grandes de chloroforme 
(jusqu’à 150-200 c. c.). Presque chaque essai a été suivi par une expérience 
de contrôle (46 cobayes). A titre de contrôle ont été pris des extraits aqueux 
et chloroformiques de cerveau normal (31 expé.), extraits chloroformiques 
de foie et de sang, extraits aqueux de poumons, de foie et de reins, émul- 
sions d'encre de Chine et de kaolin et eau physiologique. 


Extraits aqueux (3 cerveaux anaphylactiques ont été essayés sur 
15 cobayes neufs), — Les auteurs n'indiquent pas les quantités d'extrait 
employées dans leurs expériences. Mes expériences personnelles ont 
montré que les extraits aqueux de cerveau anaphylactique, de même que 


de cerveau normal, pris en doses correspondant à 1/25-1/5 du cerveau, 


ne manifestent pas d'effet toxique notable (sans compter la dyspnée). 
Seulement les doses correspondant à 1/3 du cerveau, introduites dans 
les veines, se montrent plus où moins toxiques... Mais il n'y a aucune 
différence dans la toxicité du cerveau anaphylactique et du cerveau 
normal. 


Dans les essais avec les extraits aqueux du cerveau anaphylactique, intro- 
duits dans les veines, nous avons observé deux fois la mort des cobayes, 
mais examinant ces deux cas, qui semblent parler en faveur de la toxicité 
particulière du cerveau anaphylactique, nous devons les reconnaître comme 
accidentels. 


Ainsi les extraits aqueux du cerveau des cobayes morts de choc 
anaphylactique ne possèdent par rapport aux extraits de cerveau normal 
aucune toxicité spécifique. 

Extraits chloroformiques. — Ges extraits non solubles dans l’eau sont 
injectés d’après les auteurs sous forme d'émulsion et introduits dans les 
veines peuvent, pour cette raison, produire une embolie; c’est en effet 
ce que j'ai observé chez quelques cobayes qui avaient supporté de 
pareilles injections et qui étaient tués le lendemain (infarctus de 
poumons). 16 exlraits de cerveau anaphylactique ont été essayés sur 
31 cobayes neufs (de 180-650 grammes). Nous avons employél'injection 
intracranienne dans 16 cas (les doses correspondant à 1/25-1/2 du 
cerveau) et l'injection intraveineuse dans les 15 autres (doses — 1/10- 
1 cerveau). Toutes ces injections, même à des doses 5-10 plus grandes 
que celles employées par MM. Achard et Flandin, provoquent des phé- 
nomènes qui ne se distinguent aucunement, au point de vue qualitatif 
ou quantitatif, des phénomènes que l’on observe dans toutes les expé- 
riences de contrôle citées. Or, ces extraits sont dans les conditions don- 
nées tout à fait inactifs, au point de vue de leur toxicité. Seulement les 
quantités d'extrait, correspondant à un cerveau entier introduites dans 
les veines provoquent ia mort des cobayes; maïs il est absolument in- 
différent que ce soit un extrait de cerveau anaphylactique ou celui 


BIOLOGIE. Comptes RENDUS. — 1913, T. LXXIV. 52 


74 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


d'un cerveau normal; même plus : l'émulsion de kaolin de densité com- 
parable produit le même résultat. 

- Par conséquent, dans le cas des doses élevées d'extraits chlorofor- 
miques, nous avons certainement affaire à une embolie multiple, 
c'est-à-dire à une action purement mécanique d'une émulsion. 

Résumé. — Les faits constatés plus haut nous permettent de tirer la 
conclusion que le cerveau des animaux anaphylactisés n’a pas de 
propriétés toxiques spécifiques. 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Metchnikoff.) 


NOTE SUR LE CENTRE VASO-TONIQUE BULBAIRE, 


par Maurice Arraus et Mie FribA MARTIN. 


Il existe au niveau du bulbe rachidien un centre vaso-tonique qui 
préside à l'état de la tonicité des artérioles, et, par là, règle la pression 
sanguine générale. 

La démonstration classique de l'existence et de la localisation de ce 
centre se fait essentiellement à l’aide d'expériences de sections de l’axe 
nerveux, destinées à séparer le centre bulbaire de la périphérie vaseu- 
- laire, et à l’aide d'expériences de destructions bulbaires destinées à 
supprimer le centre lui-même. £ 

C'est ainsi que la section de la moelle au-dessous des origines du nerf 
phrénique entraine une chute considérable de la pression, qui, de 
12 centimètres de mercure, s’abaisse à 3,à2, à 1,5 centimètres. C’est ainsi 
que cette même dépression s’observe aussi quand on a pratiqué certaines 
piqûres du bulbe rachidien. 


La doctrine classique du centre vaso-tonique bulbaire comporte 


joutefois une objection : les sections nerveuses et les piqûres bulbaires 
ane déterminent-elles pas des phénomènes d'’inhibition, et les véritables 
centres toniques vasculaires ont-ils vraiment été séparés de la périphérie 
ou détruits dans Les expériences que nous venons de rappeler? L'ob- 
eetion est d'autant plus sérieuse qu’on a constaté la réapparition tar- 
dive d’une tonicité vasculaire indubitable chez les animaux dont la 
moelle cervicale inférieure avait été sectionnée, et même chez les ani- 
maux dont la moelle dorsale avait été enlevée. Aussi les physiologistes 
admettent-ils généralement qu’à côté du centre vaso-tonique bulbaire 
il existe des centres toniques supplémentaires dans la moelle, dans les 
ganglions sympathiques et dans les cellules des plexus vasculaires péri- 
phériques, sans qu’ils puissent indiquer nettement la part qu’il convient 
d'attribuer au centre bulbaire et aux centres supplémentaires dans la 
tonicité des vaisseaux chez l'animal normal. 


QG 


SÉANCE DU 12 AVRIL 74 


Les expériences de cocaïnisation bulbaire fournissent sur cette ques- 
tion des renseignements précieux, comme elles en fournissent sur la 
question du centre respiraloire. 

Conduits à faire des injections de cocaïne dans le 4° ventricule, 
pour résoudre divers problèmes de physiologie, nous avons observé 
une chute considérable de la pression générale comme il s’en produit 
une après la section cervicale inférieure de la moelle, et nous avons com- 
plété et contrôlé cette observation par des recherches méthodiques dont 
voici les résultats essentiels. 

Toutes les expériences ont été faites chez le lapin trachéotomisé et 
soumis avant toute intervention à la respiration artificielle. 

La pression était obtenue à l’aide d’un hémodynamomètre inscrip- 
teur branché sur la carotide ; l'injection était faite dans le 4° vertricule 
à l’aide d'une seringue de Pravaz dont l'aiguille était enfoncée à travers 
la membrane occipito-atloïdienne et LE parallèlement à la surface 
postérieure du bulbe. 

L'injection de cocaïne dans la région du 4° ventricule provoque une 
chute de pression petite ou grande, temporaire ou durable selon la 
quantité injectée. 

Le tableau suivant résume nues unes de nos expériences ; nous 
y avons noté la valeur de la pression artérielle pendant les vingt minutes 
qui ont suivi l'injection de quantités diverses de chlorhydrate de 
cocaïne dans le 4° ventricule. 


4 3/4 47/2 4/4 4/8 
centigr: centier. centior. centior. centior. 

Au-début …: . . 10,8 10,4 10,3 10,0 AE?) 
4 minute . . . 7,4 SURS 6.4 1,4 ie 
2 minutes. . . 22 4,1 3,4 6,4 10,6 
3 minutes. . . ARS 2,3 3,0 5,8 8,3 
& minutes. . . 1,8 2,0 2,4 4,6 7.9 
5 minutes. . . 1,8 1,9 2,4 4,8 8,2 
6 minutes. . . 1,6 2,0 2,0 5,6 8,2 
8 minutes. . . 2,0 Al 2,0 5,6 8,4 
10 minutes. . . 2,0 2 22 6,4 9,0 
12 minutes. . . 2,2 DAS 2.2 8,4 9,6 
15 minutes. . . 2,6 2,4 2,4 10,6 10,2 
20 minutes. . . _ 2,4 2,6 11,4 10,6 


Lorsque le centre vaso-tonique bulbaire est inhibé par la cocaïne, les 
centres vaso-toniques accessoires ne manifestent pas leur existence, et 
pourtant on ne saurait raisonnablement parler ici d’inhibition de ces 
centres accessoires par cocaïnisation bulbaire; on en peut conclure que 
ces centres accessoires ne jouent aucun rôle dans la fixation de la pres- 
sion sanguine chez l'animal normal, c'est-à- “dire en fait n'existent pas 


chez l'animal normal. 
On sail, par exemple, qu'il se produit sous l'influence de l'asphyxie, 


746 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


a ————————_————"" —_— 


chez le lapin, une ascension importante de la pression artérielle, le sang 
asphyxique excitant les centres toniques vasculaires, comme il excite 
tous les autres centres nerveux, Or, chez le lapin auquel on a injecté de 
la cocaïne dans le 4° ventrieule, il ne se produit pas d'ascension dans la 
courbe de la pression artérielle lorsque, suspendant la respiration arti- 
ficielle, on réalise chez lui l’état d'asphyxie. Donc ces prétendus centres 
accessoires, médullaires, sympathiques ou périphériques, non soumis 
eux-mêmes à l’action de la cocaïne, ne se manifestent pas dans ces con- 
ditions éminemment favorables à cette manifestation; autant dire qu'ils 
n'existent pas chez le lapin normal. 

Exceptionnellement toutefois nous avons constaté une ascension de 
la courbe de pression suivant l’arrêt de la respiration chez le lapin à 
bulbe cocaïné; mais invariablement, dans ces cas, la cocaïnisation bul- 
baire était incomplète, soit que la quantité de cocaïne injectée ait été 
très faible, soit que la cocaïne ait été reprise par le sang circulant et 
entraînée loin du bulbe, car dans tous ces cas invariablement la respi- 
ration spontanée n’était pas totalement abolie; le centre respiratoire 
n'étant pas Lotalement inhibé, il est légitime d'admettre que le centre 
vaso-tonique bulbaire ne l'était pas non plus, et que la légère ascension 
asphyxique de la pression observée dans ces expériences était le résul- 
tat de son activité. 

Et nous concluons que, chez l'animal normal, il y a un centre vaso- 
tonique bulbaire, et rien qu’un centre vaso-tonique bulbaire, comme 
il y a un centre respiratoire bulbaire. 

Notons incidemment que, parmi les accidents possibles que comporte 
une rachicocaïnisation supérieure, il faut placer les troubles de la toni- 
cité vasculaire et la chute de la pression générale qui en est la consé- 
quence. 


DE L'IMMUNITÉ LEUCOCYTAIRE, 


. par P. LASSABLIÈRE et Cu. RICHET. 


I. — De l'immunité élémentaire (leucocytes) 
après injection de doses minimales de chlorure de sodium. 


Après injection d’un centimètre cube d'une solution isotonique de 
NaCI dans le péritoine, la leucocytose a été en moyenne par centième de 
millimètre cube de sang, six heures après l'injection, de 143 (4), le 
chiffre normal étant 400. 


(4) Voici les chiffres, XXXII chiens. 220 — 199 — 195 — 1614 — 156 — 
18 A0 480 LE AUTRE 44 ARTS RS AN al nee 
LEA 140 — 140 — 190 137. 2456 43 MU A0 
126. — 495 — 424 — 419 — 443 — 443 — 401. 


à 
F 


SÉANCE DU 12 AVRIL 747 


Mais, après l'injection seconde d’une solution identique, les chiffres 
sont tout différents. Ils sont d’ailleurs, pour la période À assez irrégu- 
liers, comme si d’une part l’immunité précoce s’établissait chez cerlains 
chiens, et d'autre part comme s’il y avait chez d’autres un léger degré 
d'anaphylaxie (1 JA 

Première série: L'injection préparante, comme l'injection déchaïnante, 
étant toujours 1 c.c. de la solution à 7 p. 1. 000. 


JOURS NON LEUCOCYTOSE - SCENE 
d'intervalle. RE vraie. Si RS 
A. — Du quatrième au dix-septième jour. 
4 Kirkiz. 115 S0 
6. Absalon. 159 il Li Ie 
6. Hiram. A4L 98 
6 Gédéon. 155 119 
12 Andrinople. 100 10 
12. Belgrade. 166 116 
qe Corfou. 115 80 
ina Larissa. 85 60 
15. Beya. . 193 134 
7e Kabyle. 188 132 
Moy. 1242 99 
B. — Du dix-neuvième au soixantième jour. 
19. Prascovie. T0 49 
19. Lucifer. 56 39 
23. Salonique. 112 T8 
21: Andrinople. 94 66 
28. Atlas. 126 S8 
28. Sidibrahim, 93 65 
34, - Hiram. 101 
34. Absalon: 131 92 
55 Caid. 105 13 
39, Servia. 13 51 
n°92 Salonique. 88 62 
Moy. 95 66 
C. — Du soixantième au cent et unième jour. 
63. Kirkilissé. 145 102 
86. Larissa. 131 92 
86. Pritchina. 155 108 
90. Belgrade. 126 88 
101. Servia. 155 109 
Moy. 140 98 


(4) Nous n’avons éliminé que deuxchiffres, qui se rapportent à un chien, 
Ascaris, qui a eu seulement 65 au septième jour et 58 au soixante-treizième 
jour. C'était une très forle immunité, à la fois pit précoce et plus prolongée 
que pour les autres chiens. 


748 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Seconde série : l'injection préparante étant une solution de NaC! à 2 p. 100; 
et l’injection déchainante étant toujours 1 c.c. de la solution à 7 p. 1000. 


< NOMS à LEUCOCYTOSE 
1 JOURS des PEUGOGTNOPE si le chiffre normal 

faune chiens. geler 143 — 100. 
B'. — Du vingt-quatrième au cinquantième jour. 
2% Sainte-Hélène. 108 ; 16 
20. Burgas. ; 67 48 
42. Monastir. 83 60 
50. Priam. 155 109 
50. Achille. 100 69 
50, Hector. 125 PSS 
Moy. 106 13 

C'. — Du soixante-quinzième au cent et unième jour. 
To. Burgas. \ 159 111 
18. Sainte-Hélène. 139 97 
82 Scutari. 116 81 
101. Maurice. 155 109 
Moy. 142 100 


En réunissant ces deux séries très concordantes on trouve, en 
moyenne : 


| 

NOMBRE » LEUCOCYTOSE RU 

d'expériences. vraie. oies 6, 
Après injection première. . .: . L\ | NXXIT 143 100 

| Après injection seconde : e 

IMASDT PEU MIE our Arr x 142 99 
BADuMOSaNGIEN our re NIET 99 69 
CrDu 63° où 101 oUr Er Er IX 141 40) 


Ainsi il est démontré par ces chiffres nombreux, cohérents, qu'il y a 
une immunité contre les injections péritonéales de chlorure de sodium, 
mais qu'elle ne s'établit qu'au bout de deux semaînes, et qu’elle ne dure 
pas plus de deux mois. 

C'est l’immunité élémentaire, car elle ne porte que sur un seul élé- 
ment anatomique. Elle montre la prodigieuse sensibilité du leucocyte à 


des actions chimiques minuscules (chlorure de sodium 0 gr. 0007 par 
kil.). 


SÉANCE DU 12 AVRIL 749 


PRÉSENCE DU TRÉPONÈME PALE 
DANS LE CERVEAU DES PARALYTIQUES GÉNÉRAUX, 


par MaRINEScO et MINEA. 


M. Levaditi montre une préparation envoyée par MM. Marinesco et 
Minea. Il s’agit d'un fragment de cerveau de paralytique général, 
imprégné par la méthode à l'argent; on y voit denombreux tréponèmes 
typiques en pleine substance grise (1). 


ACTION DE L'ARGENT SUR LA VÉGÉTATION DE L'Aspergillus niger. 


Note de HuGuEs CLÉMENT, présentée par R. Dugors. 


Depuis les célèbres recherches de M. Raulin (2) sur le rôle de l'argent 
dans le développement de certains champignons et en particulier de 

l’Aspergillus niger, il est généralement admis que ce métal, même à 

dose infinitésimale, entrave complètement les cultures de ce dernier. 

Aussi, il y a sept ans, durant notre externat dans un service de gyné- 
cologie, nous fûmes surpris de voir des ovules à base d’argyrol et col- 
largol couverts de champignons variés, dont quelques-uns ressem- 
blaient à l'Aspergillus niger. 

Pour être certain que l’Aspergillus n'élait point gêné par les corps 
cités plus haut, nous ensemencämes directement des spores identifiées 
d'Aspergillus niger dans divers milieux à base de collargol, argyrol, 
protargol. Ces cultures se développèrent normalement. 

Les sels employés par nous, renfermant l’argent sous forme orga- 
nique, il était intéressant de voir si les résultats obtenus tenaient à 
cette particularité. : 

Alors, nous avons construit des baquets d'argent vierge, et, après les 
avoir remplis de liquide de Raulin, et ensemencés, nous avons obtenu 
dans la plupart des cultures excellentes. Nous avions l'intention d’élu- 
eider ce problème : à savoir pourquoi plusieurs de nos baquets étaient 
cependant restés stériles. (Cette stérilité n’est d’ailleurs pas inhérente 
aux coupelles, chacune d'elles ayant une fois ou l’autre porté des cul- 
tures normales.) Mais, en face des faits publiés récemment par 
MM. Codur et Thiry (3), nous avons cru nécessaire de présenter immé- 
diatement nos résultats, plus probants d’ailleurs que ceux de ces 
auteurs, qui utilisèrent un simple alliage. 


(4) Marinesco et Minea. Bull. de l'Académie de médecine, avril 1913. 
(2) Raulin. Thèse de doctorat ès sciences. Paris, 1870. 
(3 


750 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Il est donc définitivement prouvé que la présence de l'argent n'est 
pas incompalible avec le développement de l'A spergillus niger. 

Nous ajouterons qu'ayant repris nos recherches d'il y à sept ans, nous 
venons d'obtenir exactement les mêmes résultats. 


(Laboratoire de physiologie générale de la Faculté des Sciences de Lyon.) 


L'EAU D'IMBIBITION DES TISSUS. 
-CONSTANCE POUR UN MÊME ORGANE; INÉGALITÉ DE RÉPARTITION DANS UN 
MÊME ORGANISME, 


par ANDRÉ MAYER et GEORGES SCHAEFFER. 


Un grand nombre d'auteurs, notamment Rübner, Steinitz, Lafayette, 
Mendel, etc., se sont occupés de la teneur en eau des organismes entiers. 
I ressort de leurs travaux que l'organisme maintient remarquablement 
constante sa teneur en eau. 

Occupés d'étudier l’imbibition cellulaire par l’eau (1), nous ayons 
jugé utile de recueillir sur ce sujet un certain nombre de données 
numériques. 


Technique. — Les animaux étaient tués par saignée ; les pièces recueillies 
au moment même de la mort étaient placées dans une petite boîte en verre 
mince préalablement tarée; la boîte, immédiatement fermée, était pesée au 
demi-milligramme, puis ouverte, et mise à l'étuve, d’abord à 50 degrés, puis à 
110 degrés jusqu’à poids constant. Un calcul simple donnait l’eau perdue par 
évaporation, pour 100 grammes de tissu humide, 

Parmi les animaux étudiés, les chiens étaient des individus adultes, pris aw 
hasard, sans égard à l’état de leur nutrition (2). Les lapins et cobayes étaient 
des animaux mis à un régime mixte : son, avoine, carottes. Les pigeons au 
régime : maïs, vesce, sarrazin. Les anguilles sont des animaux pris soit en 
juillet, soit en octobre. Les couleuvres (Tropidonotus natrix) étaient au jeûne 
depuis deux mois. Les grenouilles et crapauds, depuis plusieurs mois au 
laboratoire, nourris de vers de vase. 


Les résultats qu'on va trouver sont des moyennes. Pour chaque 
organe est indiqué d’abord le nombre d'expériences, puis la moyenne 
trouvée. Dans la colonne suivante est l'écart moyen des mesures autour 
de la moyenne. Dans la dernière, l'écart moyen pour 100 du chiffre 
absolu de la moyenne. On a donc tous les éléments pour se rendre 
compte de la valeur des données expérimentales. 


(1) Nous montrerons d’ailleurs quels sont les rapports de la nutrition avec 
la teneur en eau des différents organes. 

(2) Voir C. R. Académie des Sciences. Séance du 14 avril 1912. Coefficient 
lipocytique et imbibition des cellules par l’eau. 


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52 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


L'examen de ces tableaux, montre : 

1° Que non seulement l'organisme entier, mais encore chaque organe 
présente, dans une même espèce, une remarquable constance en eau. 
L'écart individuel moyen autour des moyennes est généralement moindre 
de 2 p. 100. 

2° Pour un même organe, la moyenne est différente d’une espèce à 
l'autre. 

3° Dans un même organisme, l’eau est inégalement répartie entre les 
organes. Ceux qui en contiennent le plus sont le poumon et le rein ; puis 
viennent le muscle et le foie. 

Nous essayerons de déterminer les facteurs dont dépendent cette 
constance et cette inégale distribution. 


(Travail du laboratoire de Physiologie physico-chimique à l'École des 
Hautes-Etudes.) 


ACTION DE L'EXTRAIT FILTRÉ D’Aspergillus fumigatus 
SUR LE BACILLE TUBERCULEUX. 


(Deuxième note), 


par ALBERT VAUDREMER. 


Nous avons fait connaître, dans nos notes antérieures, l’action de 
l'extrait filtré d'Aspergillus fumigatus sur la tuberculine et sur le 
bacille tuberculeux (4). Nous avons montré que la tuberculine diluée 
dans l'extrait d'A. fumigatus perdait sa toxicité, et que le bacille tuber- 
culeux, macéré dans les mêmes extraits, perdait sa virulence. 

Nous avons continué nos expériences et poursuivons diverses 
recherches dont nous voulions différer la publication. Nous présentons 
aujourd'hui à la Société une partie de nos travaux, en raison d’un 
article de M. Rappin, paru dans la Province médicale (numéro du 
1°" février 1913), sur « l'action exercée par les diastases de quelques 
espèces saprophytes sur la tuberculose expérimentale du cobaye ». 

La première publication de M. Rappin remonte à l’époque où nous- 
même poursuivions des travaux identiques (1907). Si nous avons aban- 
donné l'étude du Wegatherium et, en général, des microbes pro- 
téolytiques, c'est que ceux-ei n’attaquent que érès incomplètement la 
tuberculine et plus imparfaitement encore les corps de bacilles. 

C'est bien ainsi que M. Rappin juge lui-même la question quand il 
écrit : « La perte de la propriété virulente n’entraiïne pas, dans nos 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 23 novembre 1912; 8 février 4913. 


SÉANCE DU 12 AVRIL 193 


expériences, pour le bacille de Koch, au moins après un certain temps, 
la perte de sa toxicité (4) », et c'est bien encore pour la même raison 
que l’auteur soumet les bacilles tuberculeux, préalablement lavés par 
les extraits microbiens, à l'aclion ultérieure des composés fluorés. 

Cette conclusion, nous l’avons portée nous-même dans un mémoire des 
Annales de l'Institut Pasteur (avril 1910), montrant que les microbes 
protéolytiques agissaient sur la tuberculine, mais dans des conditions 
insignifiantes. 

Depuis lors, nous avons limité nos travaux à l’étude des moisissures, 
recherchant les plus actives et précisant le mode de culture le plus 
favorable. : 


Avec des produits microbiens moins actifs, comme on vient de le 
voir, que les produits mycéliens, M. Rappin a essayé de guérir la tuber- 
culose des cobayes, et il cite deux cas, l’un de guérison complète, 
l’autre d'atténuation. Dans une aussi grave question, il est difficile de 
conclure sur un petit nombre de faits; nous avons eu aussi des guéri- 
sons, mais quand nous avons voulu répéter l’expérience en grand, 
nous avons vu que, sur 12 cobayes inoculés, en général, 4 mou- 
raient comme les témoins, 4 résistaient longtemps et 4 sacrifiés après 
six mois ne présentaient aucune lésion tuberculeuse. Ces faits sont 
intéressants, mais nous ne pouvons en déduire qu'il existe un lraite- 
ment efficace de la tuberculose du cobaye. 

Toute conclusion est également prématurée si on envisage le traite- 
ment de la tuberculose humaine. Depuis 1910, nous avons traité plus 
de deux cents malades avec les extraits d'A. fumigatus; le traitement a 
été appliqué dans plusieurs hôpitaux et sanatoriums parisiens. Des 
faits que nous avons observés, on peut conclure à l’innocuité de ces 
injections qui ne provoquent jamais de réaction fébrile. Parfois même 
on voit survenir des guérisons inespérées. Dans d’autres cas, on observe 
une amélioration passagère; mais malheureusement les faits sont 
encore nombreux où la tuberculose poursuit son évolution. 


Nous désirons terminer cette note par un point que nous comptons 
reprendre avec plus de détails et que nous avons étudié avec M. Louis 
Martin. 

Des lapins ayant recu dans le liquide céphalo-rachidien des bacilles 
tuberculeux restés en contact un mois à la température de 39 degrés 
avec de l'extrait filtré d'A. fumigatus ne sont pas morts de méningile 
tuberculeuse lorsqu'on leur a inoculé, un mois après, dans ce même 
liquide céphalo-rachidien, des bacilles tuberculeux vivants et virulents. 
Nous avons opéré sur 5 lapins, dont 2 d'une première série résistent 


(1) Gazette médicale de Nantes, 25 mai 1907. 


154 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


depuis plus de cinq mois; pour les 3 autres d'une seconde série, un 
des témoins est mort, les 2 autres sont malades, tandis que les 3 traités 
sont bien portants. S'agit-il d’une vaccination? Nous n'osons l’affirmer. 
On peut expliquer ces résultats par une action empéchante du liquide 
de macération d'A. fumigatus resté dans les méninges. Toutes ces 
questions méritent d'être plus longuement étudiées, elles feront l’objet 
de notes ultérieures. 

M. le Président a signalé, avant la présentation de cette note, que 
M. Rappin réclamait une priorité ; nous demandons à M. Rappin de bien 
vouloir exposer ses expériences comme nous avons exposé les nôtres, 
et chacun jugera. > 


(Laboratoire du D° Louis Martin, à l'Institut Pasteur.) 


LES VARIATIONS NUMÉRIQUES ET MORPHOLOGIQUES DES GLOBULES BLANCS 
CHEZ LES POULES INFECTÉES DE Spirochæta Gallinarum, 


par L. Launoy et M. LÉévy-BRuxz. 

Dans cette note, nous rapportons les résultats de nos recherches sur les 
variations numériques et morphologiques des leucocytes de la poule au 
cours de l'infection par Sp. Gallinarum (Marchoux et Salimbeni). 

L’infection était réalisée par injection dans l’épaisseur du muscle pectoral 
de 0 c.c. 1 à Oc.c. 5 de sang prélevé sur une poule en pleine septicémie. En 
général, la présence des Spirilles dans le sang périphérique était notée qua- 
rante-huit heures après l’injection,; la septicémie durait trois jours, la dis- 
parition des spirilles étant précédée de la phase classique de l’agglutination. 

Les variations observées au cours de l'infection son! constantes et d'autant 
plus caractéristiques que chez la poule, contrairement à certains animaux de 
laboratoire (lapin, cobaye), les modifications spontanées de la formule hémo- 
leucocytaire sont très limitées. 


Variations numériques. — Les poules (de 2 à 3 kilog.) qui ont survécu à la 
maladie ont présenté assez régulièrement deux poussées d’hyperleucoeytose : 
l'une précoce, souvent peu marquée, coïncidant avec l'infection (hyperleu- 
cocytose polynucléaire), l’autre tardive s’établissant au moment de la cispa- 
rition des spirilles (hyperleucocytose mononucléaire). Ces deux poussées sont 
parfois séparées par une courte période de leucopénie relative. Dans l’en- 
semble, les variations numériques restent toujours assez faibles. En effet, 
la poule a normalement de 20 à 35.000 leucocytes par mm. c.; chez nos 
poules malades nous avons trouvé 35 à 40.000, exceptionnellement 50.000. 
Chez quelques animaux qui ont succombé, nous avions trouvé des chiffres 
de 80.000, qui sont sans doute en rapport avec la gravité de l'infection ; 
mais l'hypothèse d’une affection intercurrente ne peut être écartée et cons- 
tite une cause d'erreur possible. 


SÉANCE DU 12 AVRIL 155 
Variations de la formule leucocytaire (Coloration au May-Giemsa). — La 


formule leucocytaire évolue constamment suivant la même courbe. Nous 
donnons ici le pourcentage des divers éléments au cours d’une de nos expé- 
riences prise comme type, ainsi que le chiffre total des leucocytes. 


Poule T infectée le 6 mars avec 0 c.c. 2 virus intra-musculaire. 


ETAT. DE L'INFECTION | —>- 0 + +++ +++ (B 
: 6 
nn mars | 7 Ga dE 10 1 M A Cu 0 08 
eucocytaires. Re 
Eymphocytes . ... .| 49 20229) 16 14 34 96.5 63 99 
Moyens mono. . . .| 14 8.5 |: 11 » 94 25 35 31 » 15 8 
Grandsemono ©. | 1 1 >» 2 » 1 5 5 0.5 où 0 
Polynucl. pseudo-éos.| 24 56 » | 24 » 10 6 2 0 » 0 15 
Polynucl. éosinoph. . 7 3.9 1.5 0 1 0 0 » 1 8 
Néopolynucléaires. .| 0 0» | 39» | 47 &8 23011» 20 9 
Basophiles 40.1. 5 2 » 0.5 ©) 0 1 1 >» 1 4 
Myélocytes . . . . . » » » » il » » » » 
Leucocytes : 
Nombre total . . . .|20.500/21.000/24.000 121.000! 24.000 |21.000/27.000 36.000 | 32. 000! 
| 
Variations morphologiques. — Tout d’abord, sauf l'apparition de quelques 


éléments vacuolaires (macrophages signalés par Levaditi), les éléments blancs 
du sang conservent leur aspect normal. Mais quand la septicémie est évi- 
dente on observe à la fois la disparition des polynucléaires pseudo-éosino- 
philes à bâtonnets et l'apparition d'éléments à noyau polymorphe renfer- 
mant des granulations éosinophiles rondes, inégales, souvent très volumi- 
neuses et à protoplasma faiblement basophile, désignés sur notre tableau 
sous le nom de néopolynucléaires. Ces éléments ont été déjà décrits au 
cours de certaines intoxications (Kasarinoff) (1) et infections (tuberculose, 
Buckhardt) (2), et considérés par ces auteurs comme des éléments jeunes. 
Notons également du côté des mononucléaires un certain nombre d’élé- 
ments à protoplasma très basophile, ainsi qu'un petit nombre de myélocytes. 
À cette période se placent aussi des phénomènes de régénération des héma- 
ües, succédant à l’anémie précoce très intense qui fait partie du tableau 
clinique de cette affection. 


Conclusions. — 1° Les variations numériques des leucocytes au cours 
de nos expériences sont toujours faibles; nos chiffres restent toujours 
très éloignés de ceux (200 à 300.000 et jusqu'à 700.000) qu’on trouve 


(1) Kasarinoff. Folia Hæmatologica, 1911, t. X, p. 391. 
(2) Buckhardt. Zeitschrf. f. Immunitätf., p. originale, t. XIV, f. V, p. 544. 


756 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dans certains états leucémiques de la poule ou dans la tuberculose de 
cet animal (Buckhardt). 

2° Les variations de la formule leucocytaire suivent une courbe carac- 
téristique : polynucléose pendant l'infection, mononucléose après la 
crise. La polynucléose se fait en deux phases. Dans‘la première, elle est 
due aux polynucléaires pseudo-éosinophiles à bâtonnets ; dans la seconde, 
elle est réalisée par les néopolynucléaires à granulations sphériques. 

3° Les variations morphologiques sont également constantes mais 
non spécifiques de la spirillose puisqu'on les retrouve dans diverses 
infections et intoxications (1). 


(Laboratoire de chimie thérapeutique, à l’Institut Pasteur.) 


LA CROISSANCE DES OS DES MAMMIFÈRES. 
I. MÉTHODE DE PRÉCISION POUR LA MESURE DE LA CROISSANCE DES OS, 


par G. DUBREUIL. 


Les expériences de Duhamel, de Flourens, d'Ollier, sur la croissance 
des os, sont trop connues pour que je les rapporte ici. D'ailleurs, je me 
propose uniquement la démonstration d’un seul fait, à savoir que l’ac- 
croissement, en longueur, de la diaphyse des os longsest exclusivement 
dû à l’activité ostéoformative de leurs cartilages de conjugaison. 

Cette démonstration m'a paru nécessaire, vu qu'un certain nombre 
d'auteurs, répétant les expériences d’Ollier, en ont conclu qu'il pouvait 
en outre exister une « croissance interstitielle » de la diaphyse. 

Lorsque des expérimentateurs différents déduisent d’une seule et 
même méthode des résultats contradictoires entre eux, c'est donc que 
celle-ci comporte des causes d'erreur demeurées inapercues, dont les 
uns ou les autres n’ont pas tenu compte pour l'appréciation des 
résultats. Les difficultés, dans le cas actuel, consistent principalement 
dans des déterminations de distances, très délicates à opérer, et où 
toute erreur fausse entièrement l'expérience. 

Pour tourner la difficulté, j'ai donc cherché une méthode réduisant au 
minimum les chances d'erreur dans la mensuration des distances entre 
des repères, posés sur des axes el des plans même différents entre eux 
d'un même os, et permettant d'obtenir à volonté et à chaque instant 
des images documentaires persistantes. 


Mérone. — J’emploie, comme Ollier, des repères métalliques, soit en 
plomb, soit en acier, et je fais la mensuration sur des radiographies. Prenons 


un exemple : 
Sur la face interne du tibia d’un jeune Chevreau, je place comme repères 


SÉANCE DU 12 AVRIL 757 


des plombs de chasse, logés en pleine substance osseuse. Pour ce faire, 
après incision des tézcuments et du périoste, celui-ci récliné par des écar- 
teurs spéciaux, je fore un pertuis borgne dans l'os, avec une fraise sphé- 
rique et un tour à pédale de dentiste. La cavité faite, j'y introduis un grain 
de plomb de chasse entrant à frottement dur (n° 6); puis on suture le périoste 
et la peau. Dans le cas d’os très minces (Lapin) il est préférable d’enfoncer 
des aiguilles d’acier fines, à l’aide d’une pince à mors plats, garnis de plomb. 
L’aiguille est ensuite coupée au ras de l’os si possible avec une pince cou- 
pante démultipliée, ce qui évite les effets de force capables de déplacer 
l'aiguille. du 

Ceci fait on prend une première radiographie de l'os opéré, dans des con- 


ditions de distance (foyer de l’anticathode-plaque) exactement déterminées. 


Fi. 1. — Radiographies du tibia droit d'un jeune Chevreau, prises à 141 jours de 
distance (dafées). Réduction de 1/3. 


Les repères diaphysaires ne se sont pas déplacés, malgré . croissance de la 
diaphyse. 


Lorsque l’animal a grandi on prend une deuxième et même une troisième 
radiographier, dans des conditions exactement semblables à celles de la pre- 
mière. 


Par la comparaison des radiographies successives, on peut juger avec une 
très grande précision quels repères se sont déplacés et quels sont restés en 
place. On mesure très facilement l'amplitude des déplacements. La compa- 


raison est très facile avec les clichés négatifs que l’on peut superposer en 
faisant coïncider des repères. 


Les avantages de cette méthode sont les suivants : 

1° On conserve comme document de la position primitive des repères, 
non pas un protocole d'expérience comportant des mesures difficiles 
(bien que l’ingéniosité des expérimentateurs se soit exercée à les rendre 
aussi exactes que possible), mais une image fidèle et persisiante. 


758 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


2° On peut surveiller à chaque instant de la croissance la position des 
repères, tandis qu'avec le procédé de mesure directe il faut sacrifier 
l'animal pour faire d'utiles constatalions. 

3° Les documents fournis par les radiographies sont faciles à repro- 
duire en clichés pour la démonstration objective dans un mémoire, 
Témoin le cliché ci-dessus dans lequel les points de repère diaphysaires 
ne se sont pas déplacés malgré la croissance de l'os. 

ä° Les causes d'erreur sont pratiquement nulles, si l’on a soin de 
se servir d’une bonne lechnique radiographique, d'observer la distance : 
très exacte entre la plaque et le foyer de l'anticathode, de mettre exac- 
tement au-dessous du foyer la région moyenne de l'os, ce à quoi om 
s’oblige en utilisant un localisateur bien orienté. 

Je donnerai incessamment les résultats des trente-cinq expériences 
sur la croissance des os longs, faites par cette méthode, avec des docu- 
ments radiographiques. 


(Travail du laboratoire d'anatomie générale et d’histologie 
de la Faculté de médecine de Lyon.) 


INFLUENCE DE LA CASTRATION SUR LES PROCESSUS DE PROTÉOLYSE 
ET D'AMINOGENÈSE DANS LES CENTRES NERVEUX. 


Note de L.-C. SouLa, présentée par E. GLEy. 


Des travaux récents, en particulier ceux de Carlo Ceni, nous ont fait 
connaître les relations importantes et réciproques qui existent-entre le 
cerveau el les glandes génitales. Ceni a montré, en effet, que la destruce- 
tion de l'écorce cérébrale détermine l’atrophie testiculaire et que l’hémi- 
décérébration chez les oiseaux (poules, pigeons) entraîne toujours des 
troubles fonctionnels et nutritifs de l’ovaire. 

D'autre part linfluence bien connue de la sécrétion interne du 
testicule et de l'ovaire sur le développement des caractères sexuels 
secondaires peut s'expliquer par une action de ces sécrétions internes 
sur les centres nerveux. 

Or, au cours de nos recherches sur l’activité de la protéolyse et de 
l’aminogenèse dans les centres nerveux, nous avons été frappés par ce 
fait que ces processus présentent une intensité plus grande chez les 
animaux normaux que chez les animaux châtrés. Nous avons comparé à 
ce point de vue un assez grand nombre d'animaux : taureaux, bœufs et 
veaux, béliers et moutons, lapins châtrés et normaux. 

Il suffit de jeter un coup d'œil sur les diagrammes suivants pour se 
rendre compte de ces différences. 


SÉANCE DU 12 AVRIL 759 


Animaux 2 Animaux 


aorrmaux chôêtres 


À 
ND oo 


£æuf 22,2 


Belrer 33 
Mouton 20 


"sat muuti SU ÉRÉÉS S 


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Animaux Antrraux Animaux Animaux 
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FiG. 2. — Variations du coefficient d'aminogenèése. 


Conclusions. — De l'examen de ces chiffres, il ressort donc que les 
processus de protéolyse et d’aminogenèse sont nettement supérieurs 
dans les centres nerveux des animaux normaux à ceux des animaux 
châtrés. Cette différence ne saurait tenir selon toute probabilité qu'à 


Br0LOG1E. CoMprEs RENpDuS. — 1913. T. LXXIV. 53 


760 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


——_——— + 


l'influence des sécrétions internes génitales. C'est ce que nous 
essaierons de montrer d'une facon plus nette dans de prochaines 
expériences. 
(Travail de l'Institut de physiologie 
de la Faculté de médecine de Toulouse.) 


NOUVELLES OBSERVATIONS SUR L’ALTÉRA1ION DES HÉMATIES SOUS L'INFLUENCE. 
D'UNE HÉMOGRÉGARINE CHEZ LE GONGYLE, 


par G. Vicuier et À. WEBER. 

Au mois de juillet dernier, nous avons publié dans ces Comptes 
rendus le résultat de nos observations sur l’altération des hématies 
chez quelques Gongylés sous l'iffluence de l'#æmoôgregarinn Sergen- 
tium. Les observations que nous avons pu faire depuis ne sont pas 
encore très nombreuses. Nous désirons pourtant rapporter ici quelques 
détails nouveaux. 

Nous avons eu l'occasion jusqu'ici de rencontrer treize Gongyles 
parasités, chez douze d’entre eux, le noyau de l'hématie renfermant 
une Hémogrégarine ne présentait aucune trace de fractionnement, 
comme Nicolle, Laveran et Pettit, par exemple, l'ont vu chez le Gongyle. 
Chez un treizième Reptile, les noyaux des hématies parasitées présen- 
taient presque tous des phénomènes de division amitotique complète ou 
incomplète. L’encoche, qui est la première trace de l’amitose, est située 
au hasard, soit sur la face du noyau qui regarde le parasite, soit sur la 
facé opposée, ou bien à une des extrémilés, tendant ainsi à fendre le 
noyau suivant le sens de la longueur. Le résultat de ces divisions directes 
est la formation d'un certain nombre de fragments nucléaires qui con- 
servent leur colorabilité normale jusqu'à un stade avancé de l’évolution 
intracellulaïire du parasite. Dans des cas très rares, nous avons vu uu 
émiettéement des particules chromatiques du noyau qui paraît avoir 
rompu sa membrane sous l'influence de l'Hémogrégarine et se répand 
ainsi dans lé cytoplasme: 

Nous avons traité un certain nombre de préparations de sang para- 
sité par la méthode de Régaud, qui met en évidence les formations 
mitochondriales, ét aussi, pense-t-on, les lipoïdes diffus soit dans le 
cytoplasme, soit dans le noyau. Dans de sémblables préparations, Les 
noyaux des hématies se comportent d’une manière très variable : ou 
bien ils sont absolument clairs, à peine téintés parfois par lé colorant, 
ou bien ils sont assez fortement imprégnés par l’hématoxyline. Dans lés 
préparations qui nous paraissent les mieux réussies, il y auraïît donc 
des noyaux d’hématies imbibés de lipoïdes ét d’autres qui en sont 


SÉANCE DU 12 AVRIL 161 


dépourvus. Lorsque: l'hématie vient d'être: pénétrée par: un mérozoïte- 
d'Hémogrégarine, son noyau traité par:la méthode de Regaud'est tou: 


jours clair; puissilisetéinte-assez: fortement jusqu'aux stades les:plus: 


avancés de l'évolutiomintraglobulaire: du: parasite: Les: globules-rouges: 
nouvellement parasités: seraient-ils- dépourvus: de: lipoïdes: dans: leur 


* noyau, ou biemcesslipoidées-disparaîitraient-ils-sous l'influence du para-- 


site, pour reparaître plus: tard? Nous- ne pouvons: que formuler: ces; 
hypothèses. 
Dans notre notedumois-de-juillèt dernier; par suite-d'unoubli typo=- 


* graphique, une’phrase dé:l’avant-dèrnier paragraphe est: incomplète-et: 


incompréhensible: Nous: considérons- que: la dernière trace: de l'hémo- 
globine du globulesanguinse-condense autour du: noyau: de l'hématie: 
et autour du parasite; leur constituant une: couche: très: condensée: que 


Billet et Nicolle: nous semblent considérer: à tort commnre: dérivée: du: 


noyau de l’'hématie. 


L 


(Laboratoire d'anatomie: de: l'Université: d'Alger.) 


PARAËLYSIE EXPÉRIMENTALE DES CENTRES RESPIRATOIRES: 


par: JEAN Camus: 


De petites quantités de chloralose introduites dans-le liquide céphalo-_ 
rachidien au niveau du bulbe donnent lieu: ainsi que: je l'ai déjà 
indiqué (1), à des dissociations curieuses dans: les-fonctions: de cette | 
partie du névraxe: 

Les centres bulbaires: Sont influencés d’une facon: très- inégale: par: le 
chloralose, les uns peuvent: être complètement paralysés alors que: les: 
autres sont à peineou pas-dutout intoxiqués: 

_ Les centres du vomissement, en particulier, sont excités, En: para 
lysés-avec des doses minimes: de chloralose: 

Des doses très légèrement supérieures paralysent les. centres. de la: 
respiration. Cettæ paralysie peut être obtenue avee 4 à 5 centigrammes- 
de chloralose pour un chien de: 10 kilogrammes-et même avec une dose 
moindre. 

J'ai étudié, en: inserivant les mouvements respiratoires, de quelle 


(1) Jean Camus Recherches sur les centres des vomissements. Comptes 
rendus de la Soc: de Biolonie, 29 juillet 1942, t. LXXIIT, p, 455. 

Jean Camus. Recherches. sur la cécité psychique. Paralysie des centres 
bulbaiïres avec intégrité des centres psychiques. Livre jubilaire du professeur 
Richet, Maretheux, imprimeur, Paris, 1912, 


‘arlotogrjie uorertdsoi ®ej j1ey uo puenb imowo np enbixAuydse-3s0d oseyd ®j ap rAImS ‘no np onbix{ydse JUOASSIQUIIEL 9] 2JOU UO ‘UOIJEI 
-1ds91 8] 9p J9148,1 9p JUeWIO ne ‘sind {SIN9JOLU-OSEA S91}U99 XNP SNP SUOTJEINPUO SPUBIS 9P IJUOLU 9T[0T19JAE UOISSOI €] ,p 2984 97] 
“uoreardsur 9pueis aun,p 29p9991d uoreardxe ue 65 ‘y G SioA ojgxie s uoreuidset eT ‘joie p soseuyd 
sop ad soaedos ‘ayued oun 9 opueis oun ‘uoresrdsei eod oun,p sodnots sep Jro4 uoi ‘aorssoidxe ejduuts snjd es æ jimpoi je enbryetuouos 
159 sax07g-oufoun op owuq{i 91 sJueuIour sureJ409 ® {J] ue enuiyuoo os mb onbipormod od43 oj puoid UOTJCAIASAI EJ 9P 9964) 9] ‘J U 


D 


‘NUa,p ‘99 & SUCP ‘9SO[BIOTUO 9p ‘131JU09 F0 ‘A9 O : [EJIdI990 ,[ Je Ssejje.j 9109 #8 ‘U G R N9o1 ® ISO GE ‘SPIOd ‘Ua 


TITI PTT PTT EEE 


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Nanoyg ral 2e V4 


Il 


DNA PET 


‘1009 np anbixAydse-3sod oseqd ej ajou uo appoiogriae 
uoiyeatdsai | 2p Jnqop a saide sind ‘inwo np aubrxfqdse juatiossmquaqei 9j sind ‘ 99119748 uorssoid CT 9P 9981) 9] ANS SINIJOUI-0SCA 
Sop UOIJ9t[ UOIJelds9i U] 2P 98] Sade JI0A U( ‘2S0[CI0[U9 9p 29INJES UOIJN[OS 9p ‘90'90 & AIN NP NE9AIU NB ND9II E U9IU9 97) 


“opremaqe uoissaid ef 9p Je uoresrdser ej 9P S991] ‘006 ‘ITA &T ‘SPIOd4 ‘uoty) 


TITI NTI TETE 


‘uoteudxe ue J1e 9s joue | Joquorq Je enbiporod edf e uorerrdsoi oun oxyezedde Jro4 uQ 
‘1831d1990 j J9 SejJe.[ SAJU9 960[E10]49 2p 294n7es UOlNIOS ap ‘0°9 g ap uoroolur aun 6j ‘U % R NI E UaIU9 27) 


‘uorpertdsei j 9p 9081], °006 ‘TA EF ‘SPIO4 ‘ID 


764 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


manière,se fait la paralysie:des-centresrxespiratoires et quelle est à ce 
moment l'élat:des-autres centres bulbaires. 

l'atteinte des centres-respiratoires-setfait-parfois assez rapidement 
en quelques-minutes,-assez-souventdentementeen vingt, vingt-cinq 
minutes-etmêèmer:plus:Le tracéide laræespirationnmontre les phases de 

l'intoxication de-ces-centres. 

Dans les moments:quiprécèdent Farrétidédarrespiration, on voit-soit 
les -mouvements:s'espacer -et.diminuer yprogressivement ‘d'amplitude 
jusqu'à Parrét:complet;-soit:présenter:unrrythmepériodique. Cerrythme 
peutäffecterde typede Cheyne-Stokes! L'unidestracés que nous publions 
reproduit: un-sembläble rythmetrèsmmettement. 

‘Pendant l’arrétrespiratoire,deseentres-vaso-constriteurs excitésypar 
l'acide-carbonique ‘donnentédescostillationside la pression artérielle, 
puis bientôt lescentresmodérateurs cardiaques-excités égalementparle 
sang “asphyxique donnentsunrralentissement:du cœur. Ces constata- 
tions faites-sur de :tracé ‘de la spression sartérielle montrent -donc 
que les :centres -vaso-constricteurs set les centres inhibiteurs -ear- 
diaques sont intacts alors que les centres -respiratoires sont complè- 
tementparalysés. 

‘Ces ‘derniers «peuvent -rester rparalysés plusieurs heures et, -si son 
fait larespiration: artificielle, des-centres-vaso-constricteurs et modéra- 
teurs cardiaques -restent indemmes :pendant :tout ce temps; l'arrêt 
momentané de lxrespiration: artificielle-exagèredes ondes vaso- -motrices 
et fait:apparaître le-ralentissement‘ducœur. 

ajoute qu'après ces: phénomènes “déterminés par l'asphyxie,-sivon 
reprend la rrespiration sartificielle,son-assistesäuune série dessystôles 
cardiaques:très énergiques qui font:-monter'darpression artérielle sau- 
dessus du:niveau qu'ellesayait:avant larphaseëdasph yxie ; cettespériode 
post-asphyvique du cæur:a été constante dans:nos expériences, desideux 
tracés pages’761-et762 la:montrent très:mettement. Le chloralose ainsi 
qu'on le:voit,-est-précieux-pour! Fétude-des-dissociations fonctionnelles 
des: différents-centres-bulbaäires. 

Sans |léser:anatomiquement le ‘bulbe, “onypeut intoxiquer teertains 
centres et-en :repecter “d’autres; ‘dans le -casyparticulier il estsaiséide 
supprimer l'action des -centres »respiratoires «en conservant ‘pendant 
plusieurs'heures-eelle:des-centres vaso-constricteurs et. celle duscentre 
inhibiteur cardiaque. : 


SÉANGE DU 12 AVRIL 165 


ACTION COMPARÉE DU NUGLÉINATE DE «SOUDE 
SUR LA COAGULATION DU SANG ET SUR LA COAGULATION :DU LAIT, 


par M. Dovon et F. SARVONAT. 


Le nucléinate de soude s'oppose, in vitro, à la coagulation du sang, 
même si le mélange est additionné, soit de sérum frais, soit de fibrin- 
ferment préparé suivant la méthode d'Alexandre Schmidt. Le nucléinale 
de soude n'empêche pas l’action du lab sur le lait. 


Exemples : On prépare une solution de nucléinate de soude (1) à 2 sur 40. 
On recoit, dans des petits tubes,.sur la solution diluée ou non, du sang, dérivé 
directement de l'artère d’un chien. Certains échantillons reçoivent, en plus, du 
sérum frais, obtenu en centrifugeant du sang de chien immédiatement après 
la saignée. D’autres tubes contiennent du lait, mélangé, soit à une solution 
alcaline faible, soit à un même volume de nucléinate; on ajoute à chaque tube 
une goutte de lab et on place les deux échantillons à l'étuve. Les tubes de 
sang sont conservés à la température du laboratoire. 


NATURE DES MÉLANGES PROPORTION MOMENT DE LA COAGULATION 
Lo ge Fe ee 
SOINS Ne ET n c.c Incoagulable. 
Solution de nucléinate!. Un.c.c 
SD TE Ecran te à Un c.c. Incoagulable. 
Solution de nucléinate . Un c.c 
SÉTUMEITAISU Mes CS: | Un c.c 
90 
SAR 710 EME ETES Deux c.c. Incoagulable. 
Solution de nucléinate . Unacrer 
Solution alcaline faible. Une: 
DONC NS 7 CR RE Deux c.c. Incoagulable ; 
Solution de nucléinate. Un. cc. cependant traces de fibrine le lendemain. 
Solution alcaline faible. Un c.c. 
SÉRUMANTAISE) 0 0e LL. lnecic: j 
30 
LE or RER Un c.c. Coagulation en peu de minules. 
Solution de nucléinate Une: c: 
LAID ee LR Une goutte. 
RAM re : Un cc: Coagulation en peu de minutes. 
Solution alcaline faible. Ünncer 
LED PAM ENREE Une goutte. 
30 
LÉ RL RS ETES Un c:c. Coagulation en 59 minutes. 
Soiution de nucléinate . \Dn) @e Ce 
LAI0 (CUITE) MEME EE Une goutte. 
(Lait 4 Re Wnnere: Coagulation en 40 minutes. 
Solution alcaline faible. Un c.c. 
Lab. (dilué). : : : Une goutte. 
ILE Le LORS Un c.c. Coagulation en 5 minutes. 
; Pan (ué)A as. Une goutte. 


(1) L’acide nucléinique avait été extrait de l'intestin du cheval par la mé- 
thode de Neumann. 


= : e 


Dans d’autres cas, nous avons ajouté, aux mélanges de sang et de nucléinate 
_ du fibrin-ferment, préparé suivant la méthode d'A. ue ie coagulation 
n'a pas eu lieu. nd x AÉSS 2 


ERRATUM 


NOTE DE C. VaxEY. 


Ab LXXIV, p. 599, ligne 1'e de la note (1) et page 600, ligne a lire : Nierstrasz, 
au lieu de : : Vierstratz. 


REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


SÉANCE DU 1° AVRIL 1913 


SOMMAIRE 

DELAUNAY (H.) : Sur l'azote res- aminés introduit dans l'intestin . . 7:69 
tant du sang avant et pendant l’ab- GINESTE (CH.) : Stérilisation des 
sorption intestinale de l'azote ali- milieux putrides par la suraération. 7170 
TREMIAITELR 5 ar rond en Dre so OT Mowcour (Cx.), BonNiN et Lapar 

DELAuNAY (H.) : Sur l'azote res- (Pau) : Index mercurique de Chelle. 
tant du sang avant et pendant l’ab- Note sur ses variations dans cer- 
sorption dun mélange d'acides tains états pathologiques , . . . . . 113 


Présidence de M. Chambrelent. président. 


SUR L'’AZOTE RESTANT DU SANG AVANT ET PENDANT L'ABSORPTION 
INTESTINALE DE L’AZOTE ALIMENTAIRE, 


par H. DELAUNAY. 


Chez deux chiens, qui avaient reçu un fort repas de viande, j'ai déjà 
signalé (1) la présence, dans le sang artériel, et, en plus grande quan- 
tité, dans le sang de la veine porte, d'azote aminé libre titrable au for- 
mol, ce qui m'avait conduit à admettre que les acides aminés, formés au 
cours de la digestion passent dans le sang, sont conduits dans le foie 
où ils sont en partie décomposés. 

Il m'a paru intéressant de reprendre ces recherches, à l’aide de la 
technique plus précise que j'ai mise récemment au point (2) et de les 
compléter en dosant comparativement, avant et pendant l'absorption 
intestinale, les principaux corps qui forment l’azote restant. 


(1) H. Delaunay. Contribution à l'étude du rôle des acides aminés dans l’or- 
ganisme animal. Thèse de Médecine de Bordeaux, 1910. 

(2) H. Delaunay. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, mars 1913, 
P° 639. , © 


Hé RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


Chien 1 &', 21 kilos, à jeun # jours. Prise de sang (50 c.c.) dans l'artère 
fémorale. Repas de viande (580 grammes). Après cinq heures, l’animal est 
sacrifié par section bulbaire. Recueillir aussitôt 50 c.c. de sang artériel 
(artère fémorale):et 50 c.c..de sang, dans la veineiporte. 

Chien n° 2, g', 20 kilos, à jeun #4 jours. Même protocole expérimental. 


Auparavant, je m'étais assuré que, dans les conditions expérimentales 
où je me suis placé (prise de 50 c.c. de sang chez un animal à jeun de 
20 kilos environ),la saignée ne;provoque,-par.elle-même, aucunes mo- 
difications, soit quantitatives, soit qualitatives, de l'azote restant, ce 
qui m'autorise à attribuer à l'absorption intestinale les variations du 
reste azoté, observées au cours de la digestion. Dans le tableau sui- 


et 


vant, j'ai réuni les résultats relatifs à ces dernières recherches. 


CHIEN N°1 ; GHIENANS 2? 


MILLIGRAMMES :D’AZONE à jeun en digestion «| :à jeun en digestion 
dans 100 cm$ de sang 

sang sang | sang sang | sang sang 
artère artère veine artère artère veine 
fémorale | fémorale| porte |fémorale | fémorale | porte 
Azote restant total . 113280 49,0 56,0 34,0 D ,0 60,0 
Azotelibretitrable auformol 1 95 125 455 6,3 1355 
Azote aminé. SR 6,0 8,0 10,0 359 6,8 1441 
Azote ammoniacal . 152 175 DD 11,2 125 2,4 
AZOtE UTÉIQUE. 0. 14,5 30,0 DOS der 33,8 33.8 
Azote indéterminé. . 10,0 OO 14,0 13,8 12,9 128] 


Tout d’abord, on constate, au cours-de l'absorption intestinale, une 
plus-value notable dans le sang artériel de l'azote restant total, due 
principalement à l'augmentation de ;l’urée, qui atteint .une valeur 
double, fait qui a été depuis longtemps.signalé. 

Mais, en outre, il.apparaît,en.comparant les corps dureste azoté.du 
sang, avant.et.après l'absorption : 1°.que, dans:le.sang.arlériel, de l’ani- 
mal en digestion, la quantité d’azote libre.formolisable.estun peu.plus 
élevée que dans le sang du même animal à jeun : (Chien, n°1, + 2,milli- 
grammes ; Chien n° 2, + 3,8 milligrammes); 2°,.que la plus-value, porte 
surtout sur l'azote aminé : (Chien n°1, + 2 milligrammes; ,Chien,n°,2, 
+ 3,5 milligrammes). Au cours de la.digestion d’un repas, de,viande, il 
passe donc vraisemblablement des acides aminés dans le sang arté- 
riel, en très petite quantité, il est vrai. 

En comparant, chez l'animal en digestion, l’azote restant du sang 
artériel et du sang portal, on constate que le.sang porte est plus riche 
en azote restant que le sang artériel : (Ghien,n°,1, + 7 milligrammes; 
Chien n° 2, + 5 milligrammes). 


-SÉANCE DU 1° AVRIL 169 


L 


La plus-valueporte en partie-sur l'azote librettitrable au formol, et sur- 
itout-sur l'azote aminé : (Chien n°1, + 2 mgr; chien n° 2, + 4.3 milli- 
grammes). 

Ge fait -est en faveur de Pabsorption directe, tout au moins par- 
tielle, des acides aminés, au niveau de la muqueuse intestinale, et aussi 
‘de. la désamination rapide de ces corps dans le foie. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de Médecine 
de Bordeaux.) 


— ———— = —— 


pe —— 


SUR L'AZOTE RESTANT DU SANG AVANT ET PENDANT L'ABSORPTION 
D'UN MÉLANGE D'ACIDES AMINÉS INTRODUIT DANS L'INTESTIN, 


par H. DELAUNAY. 


Les expériences qui suivent viennent à l'appui des conclusions de ma 
note précédente. 

Chien &”’, 24 kilos, à jeun quatre jours, chloralosé. Prise de 50 c.c.'de 
sang aftériel (artère fémorale). Introduction dans l'intestin grêle entre 
deux ligatures, par une grosse canule en verre coudée, glissée à travers 
le pylore par une ouverture faite dans l'estomac, d’une solution d'acides 
aminés provenant d'une digestion prolongée de la viande. Réfermer la 
plaie abdominale et réchauffer l'animal. Après une heure, recueillir 
50 c.c. de sang artériel (artère fémorale) et 50 cc. de sang de la veine 
porte. En outre, déterminer la quantité d’azote aminé absorbé. 


Azote aminé introduit dans l'intestin. . . . . . . . .. 1 gr. 800 
A7oe MINE NON dDSONDE SEE PU ROUE Er MOUD 
Bot amine AbDSOn DÉS RER none leo r:2200 


Chien &*, 22 kilos. Même protocole expérimental. Azote aminé absorbé 
après une heure: 1 gr. 200. 

J'ai réuni dans le tableau suivant les résultats obtenus en dosant 
Pazote restant total et.ses principaux constituants. 


Ainsi,.après introduction directe dans l'intestin d'un mélange d'acides 
aminés,proyenant;de la:digestion de la viande, {rès rapidement (après 
une heure), chez un ;animal à jeun: depuis quatre jours, Vazote uréique 
subit une plus-value considérable {d’un liers au minimum). Ce fait 
plaide nettement:en faveur de l'absorption rapide.et directe.des acides 
aminés .et s'oppose, sau moins en partie, .à la formation par syn- 
thèse .des,protéiques du.sérum sanguin aux dépens des acides aminés 
du contenu intestinal. | 


7710 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


ESA EP I Em 
a (1 1 1Î1Î1΀1Z.1 1 Î 


CHIEN N°3 CHIEN N° 4 

| une heure une heure 

MILLIGRAMMES D'AZOTE à jeun A à jeun dd nd 
dans 100 cm3 de sang d'acides aminés d'acides aminés 
sang sang Sans sanc sang De 

artériel | artériel  oËte artériel | artériel Sonte 

Azote restant total . . . .| 28.2 45,0 45,0 48,0 60,0 64,0 
Azotelibretitrableauformol 5,0 6,4 nl; 4 6,3 1,9 9,8 
AOL MIRE IEEE 4,0 5,4 6,1 5,4 6,1 7,8 
Azote ammoniacal. . . . 1,0 1,0 1.3 0,9 182 2,0 
Azote uréique. . . . . . .| 14,0 29,0 21,0 34,0 45,0 45,0 
Azote indéterminé. . . . . og? 9,6 10,6 HN #4 9.2 


L’augmentalion, faible il est vrai, mais très nettement appréciable, de 
l'azote titrable au formol et en particulier de l’azote aminé dans le sang 
artériel après introduction d'acides aminés dans l'intestin (Chien 
n° 3, + 1,4 milligr.; Chien n° 4, + 1,3 milligr.), indique le passage de 
ces corps, en très faible quantité, dans le sang artériel. 

Enfin la plus-value, par rapport au sang artériel, de l'azote aminé libre 
dans le sang portal (Chien n° 3, + 0,7 milligr. ; Chien n° 4, 41,1 milligr.) 
montre que les acides aminés absorbés sont en partie décomposés, 
vraisemblablement dans le foie, fait déjà très nettement indiqué par 


l'augmentation rapide de l’urée du sang. 


(Travail du Laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine 
de Bordeaux.) 


STÉRILISATION DES MILIEUX PUTRIDES PAR LA SURAÉRATION, 


par CH. GINESTE. 

Si depuis longtemps déjà, l’on sait combien l'absence de l'air dans un 
milieu organique joue un rôle important dans l’organisation des forma- 
tions putrides, il n’a pas été, jusqu'ici, démontré pratiquement combien 
l’aération seule peut amener très rapidement la stérilisation des milieux 
apparemment les plus pollués, en réalisant l'asepsie, dans le sens le plus 
strict du mot. 

L'oxygénation intensive (oxydation), ou l’ozonisation (suroxydation), 
procédés de choix dans l’asepsie générale, sont difficilement praticables 
en physiologie et, en tout cas, d’un dosage relativement compliqué. 

Or, l'expérience montre que la suraération qui est, par elle-même, 


SÉANCE DU |‘ AVRIL 771 


vis-à-vis des êtres organisés, d'une innocuité flagrante, a une action 
destructive intense sur les microorganismes de décomposition et, en 
général, sur les bactéries pathogènes qui procèdent pour une grande 
part de la même catégorie. 

Si, dans une culture bactérienne nauséeuse et putride provenant de É 
décomposition d'animaux marins (Siponcles, dans le cas particulier), 
dans un aquarium d’eau de mer, nous faisons passer un courant d’air 
continu et lent, au moyen de deux à trois pointes capillaires, nous 
voyons, au bout d'un laps de temps déterminé, la même eau de mer 
devenir limpide et inodore. Dans un aquarium d'une contenance 
d'environ vingt litres, nous avons enregistré les phénomènes suivants : 

Après vingt-quatre heures, la pellicule épaisse de près de 2 millimètres, 
d'aspect couenneux, commencait à se désagréger et, par lambeaux, 
tombait au fond du vase, tandis que le liquide d'aspect primitivement 
lactescent commencait à s’éclaircir. 

Après quarante-huit heures, le liquide était presque transparent, le 
taux bactérien était tombé de 80 p. 100 et les pellicules déposées au fond 
prenaient en se désagrégeant une couleur charbonneuse; le liquide était 
déjà clair et inodore. 

Quatre à cinq jours après, l'eau de merétait devenue limpide etsapide 
et, dans le sable qui couvrait le fond de l'aquarium, à quelques 
centimètres de profondeur, une zone noiràtre linéaire représentait la 
phase ultime de la séparation des éléments, les uns, carbonisés, les 
autres, séparés du milieu marin par l’aération intensive (1). 

Dans les liquides ainsi suraérés, l’on constate très nettement que la 
vie organique des êtres aérobies et de tous les animaux et végétaux en 
général, devient particulièrement intensive. Dans les cultures de Proto- 
zoaires, par exemple, les formes putrides et amæboïdes laissent la place 
aux formes végélales et évoluées. C'est la réalisation, en quelque sorte, 
de la vie dans les conditions les plus avantageuses. 

Dans les milieux marins, les Crustacés, Échinides, Mollusques, 
Vertébrés..., évoluent, naissent et meurent, sans que l’on assiste à une 
décomposition organique des déchets, oxydés et décomposés au fur et à 
mesure de leur formation. 


(1) L'explication de ce fait peut paraître aisée, si l'on veut bien considérer 
que, contrairement aux théories courantes, les dissolutions salines ou gazeuses 
ne sont pas de simples phénomènes physiques, mais de véritables combinai- 
sons chimiques (réactions thermiques, contraction de volumes, etc.), et que, 
dans ce cas, étant donnés les coefficients de solubilité très différents de 
l’oxygène et de l’azote, la sursaturation de l’eau par l’oxygène crée une moda- 
lité nouvelle de ce dernier élément qui le rend susceptible d'actions physiolo- 
giques puissantes (radio-activité (?) des eaux minérales; principes homœæpa- 
thiques, etc.). 


nn? RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


La vie y est, peut-être, accélérée, intensifiée, mais’ elle y est 
saine (1). 

Au point de vue strictement pratique, le procédé de’ la suraératiom 
convient éminemment au transport et à la conservation dés’êtrés aquati- 
ques’ dont elle peut permettre, au besoin, la nutrition, cause de tant'de 
déboires dans les aquariums. 

Enfin, à un moment où la toxicité des huîtres par pollution bactérienne, 
conséquence probable de leur mode de culturedans'des milieux saumâ- 
trés, riches en déchets organiques (cultures de Marennes), est à l'ordre 
du jour dans les réunions d’hygiénistes, il serait à souhaiter que la 
purification par la suraération soit substituée à l’insuffisante stabulation 
préconisée comme palliatif: 

L'eau de mer est en effet d’un transport relativement très difficile et 
sa conservation dans les conditions ordinaires ne dépasse guère 
quarante-huit heures. Faire stabuler des huîtres dans ce milieu instable, 
c’est d'une part diluer simplement le poison, — si les’ huîtres’ sont 
contaminées, —mais bien plus encore, dans une eau sujette à la décom- 
position, placer ces dernières dans un milieu de culture bactérien: 

Nous maintenons, depuis plusieurs mois, dans no$- aquariums, des 
huîtres d'Arcachon et de Marennes, dans une eau de mer limpide et 
sapide où vivent, naissent el évoluent des Crustacés, des Echino- 
dermes, etc., où poussent des algues vertes et dans laquelle les éléments 
organiques de décomposition qui pourraient se prodüire, sont comburés: 
au fur et mesüre de leur apparition. 


La suraération par l'air en courant continu et sous pression faible 
permet donc de maintenir les individus dans un milieu en quelque sorte 
constamment stérile, c’est-à-dire débarrassé des micro-organismes de 
décomposition, et par conséquent dans les conditions biologiques les 
plus favorables, avec cet avantage non négligeable, que le même milieu 
peut servir à peu près indéfiniment. 


(Travail du Laboratoire d'Anatomie comparée et d'Embryogénie 
de la Faculté des Sciences de Bordeaux.) 


(4) La: vie peut, par certains côtés, être considérée, comme une propriété 
acquise de résistance aux actions physico-chimiquesvenues du dehors. Cette 
propriété est d'autant plus développée que l'être est plus évolué; elle est en 
raison inverse du pouvoir de régénération des parties lésées. 


SÉANCE DU 7 AVRIL 773 


INDEX MERCURIQUE DE CHELLE. 
NOTE SUR SES VARIATIONS DANS CERTAINS ETATS PATHOLOGIQUES, 


par Ca. Moncour, Bonnin et Paur Lapar. 


Sous le nom d'index mercurique ou hémato-mercurique, M. Chelle (4) 
a proposé de traduire par un chiffre la teneur globale des principes 
hématiques susceptibles d’être insolubilisés par l'iodure mercuro- 
potassique acétique suivant le procédé Denigès. 

Parmi ces principes, les malières protéiques sont de beaucoup prédo- 
minantes par leur masse, mais elles ne sont certainement pas les 
- seules, ainsi que l’auteur de la:méthode l’a du reste fait remarquer. 

Cet indice normalement compris entre 18,5 et 20,5 présente au cours 
des états pathologiques des- variations intéressantes. M. Chelle a 
démontré notamment qu'il s’abaisse au cours de la leucémie, du cancer 
et de la tuberculose pulmonaire. Nous avons repris ces recherches sur 
trente-neuf malades. Les résultats se trouvent consignés dans le tableau 
suivant : 


DIAGNOSTIC INDICE DIAGNOSTIC INDICE 
Cancer dusrectum.,....:. ne 12 Cirrhose à petit foie . . . . . . . 17 
Cancendurrectunn se 1.4.4. 12 Syphilis hépatique Eee STONE 
Cancer. derla langue . . : … .., 141 Diahetersrast "0 nn IS 
QUOI edge en eu Me Le 12,5. |N Cholécystite calculeuse. . . . ::. 43 
—deNLeStOMAC. 1: 1. se: Ictère cholurique.. H'are alt 
—— UPR CN DE a Le Su enr, AD 
TT ENTER one 12 Cyanose congénitale (maladie de 
—  xiscéral à siège indéter- ROSE) nee ne ER 18 
HOUNE OR TO PT RC MN M5 | Myocardite asystolie mnt 
Nrythmiepermenente #0. 17 
Tuberculose pulmonaire et la- Pouls lent, hyposystolie . . . . . 12,5 
ENTRAIDE nes lier este ob IN 
Tuberculose pulmonaire . . . . . 16 Phlébite post-puerpérale . . . . . 19 
Tuberculose surrénale (autopsie) . 18 ANNÉE SÉMIENC EE EME UE 
Entérite tuberculeuse probable . . 10,5 | Acrocyanose. . . . . DS NE Em 7 
Pleurésie tuberculeuse probable . 15,5 | Convalescente . . . . . . . ee 
Tuberculose pulmonaire (3° degré). 11 Panoptose, misère physiologique. 19 
Tuberculose pulmonaire &. . . . 15 Hiéyrehtyphoïde US Re 7 
Tuberculose (cachexie) mort . . . 11 Néphrite syphilitique. . . . . . . 18,5 
Tuberculose fibreuse . . . . . . . AT Constipation chronique .: . . . . 16 
Mal de Pott cervical (mort). . . . 11,5 


Tuberculose pulmonaire chronique. 15 
Tuberculose pulmonaire chronique. 15 
Tubercul. pulmonaire aiguë (mort). 14 
Tubercul. pulmonaire aiguë (mort). 15 


Il résulte de ces recherches que : 
1° L’index mercurique s’abaisse considérablement dans le cancer 
quelle qu'en soit la localisation, alors même qu'il n'y a pas cachexie; 


(1) Bull. des travaux de la Société de pharmacie de Bordeaux (juillet 1912). 


TA RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


2 Cet abaissement constant au cours de la tuberculose pulmonaire 
est, en général, d'autant plus notable que la cachexie est plus avancée; 

3° L’index mercurique est manifestement abaissé dans les affections 
hépatiques autres que le cancer; mais il n’est pas possible de donner 
actuellement à cette proposition plus de précision. 

Ces résultats confirment donc ceux obtenus par M. Chelle. Comme lui, 
-nous avons, en outre, constaté que l’'abaissement de l'indice mercu- 
rique n’est pas en rapport avec la richesse plus ou moins grande du 
sang en globules rouges et nous ajouterons avec la viscosité. 

Quelles sont les causes qui influencent ces oscillations de l'index 
mercurique ? nous l'ignorons; des examens multiples permettront peut- 
être de les définir. Pour le moment, nous voulons simplement attirer 
l'attention sur une méthode d'exploration nouvelle susceptible de 
rendre aux cliniciens de réels services au point de vue du diagnostic et 
du pronostic de certains états pathologiques. 


Le (Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, d, rue Cassette. 


SÉANCE DU 19 AVRIL 1913 


SOMMAIRE 


ANGEL (P.) et Bouin (P.\ : Sur la 
recherche des cellules excrétrices 
par la méthode des injections phy- 
siologiques de matières colorantes 
(PETTIÈRS CO) RE EEE 

ARMaND-DELILLE, Rist et VAUCRHER : 
Valeur comparée de la déviation 
du complément chez les tubercu- 
leux, avec la tuberculine brute et 
les antigènes de Calmette. . . . . . 

AuBEL (E.) et Cozin (H.) : Nature 
de l'aliment azoté et produclion de 
pyocyanine par le bacille pyocya- 
ONE A mir ane ee ele Le 

BAuJEAN (M.) : Etude comparée 
des actions protéolytiques et hémo- 
lytiques de quelques vibrions cho- 
lériques 

Breton (M.), Massoz (L.) et Dunor 
(E.) : Recherche du bacille de Koch 
dans le sang au cours de l’infec- 
tion expérimentale du cobaye 

CRUVEILHIER (L.) : Traitement de 
l’'orchite blennorragique, au moyen 
d'injections sous-cutauées de virus- 
vaccins sensibilisés de Besredka . . 

DéÉvé (F.) : Echinococcose primi- 
tive avec envahissement viscéral 
MASSLRCNEZANNOMME à. - 

DorLencourT (H.) : Essai d’accou- 
tumance à la spartéine 

Doxon (M.) et Sarvoxar (F.):Pou- 
voir glycolytique du sang prélevé 
pendant l'intoxication provoquée 
par les peptones 

Dugors (Cx.) et Bourer (L.): Action 
des extraits de prostate sur les cir- 
culations cérébrale et rénale . . . 

DunanEL (B.-G.) : Action du fer 
colloïdal électrique sur l’excrétion 
urinaire 

FromenT (J.) et Rocaix (A.) : Sur 
un bacille d'Eberth authentique 
none lEnable 120. 0. 

GÉRARD (GEORGES) : Sur les varia- 
tions d'origine et de nombre des 
artères génitales, spermatiques ou 
ovariennes, de l'homme. ...... 


er rBet ei eidie re 


- Brorocre. CoMpTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 


808 


191 


190 


199 


192 


811 


186 


197 


118 


LASSABLIÈRE (P.) et Ricaer (Ca.) : 
De l'immunilé leucocytaire . . . .. 
LauciEer (HENRI) et Ricnet (Cx.) : 
Les variations du temps de réac- 
tion (équation personnelle), au cours 
du travail professionnel . . . . . .. 
Le SourD et PAGNiIEz (PH) : Re- 
cherches sur l’origine des plaquettes 
(Denxiemenmote) A ANSE 
LisBonne (MARCEL) : Le coefficient 
d'acidose chez le chien dépancréaté. 
MARIE (A.), Levaorrr (C.) et Ban- 
KOWSKI : Présence du Treponema 
pallidum dans le cerveau des para- 
INGUES SÉMÉNR 6 EN 60 M0 
NÈGRE (L.) : Bactéries thermo- 
philes des sables du Sahara . . . . 
ReGaup (CL.) et LACASSAGNE (ANT. : 
Sur les conditions de la stérilisa- 
tion des ovaires par les rayons X. 
Rouzaup et Caganis : Contribution 
à l’étude de la cholestérinémie 


physiologique. Influence de l’ali- 
MENÉAION EAN RON EN DO 

Weser (A.) : L'origine de l'hypo- 
corde chez les Sélaciens. . =. . 


WEizz (E.) et Durourr (A.) : Effets 
des injections de bicarbonate de 
soude sur la teneur en alexine du 
milieu sangu‘n 


Réunion biologique de Marseille. 


GERBER (C.) : La lipase des latex. 
Comparaison avec celle des graiues. 
— IV. Action des ecides sur la sa- 
ponification du jaune d'œuf par la 
lipase du latex de Euphorbia cha- 
DOCULS RNCS DU ARE SES NE EUR 

GERBER (C.) : La lipase des latex. 
Comparaison avec celle des graines. 
— V. Action des acides sur la sa- 
ponification du jaune d’œuf par la 
lipase' des graines de ricin. . . .. 

TeissonnièRe (Maurice) : Contrôle 
de l'inactivation des sérums en 
expérience dans la réaction de Was- 
sermann 


s' Le Annee er ellietle Je tririentie de) ur 


776 


Réunion biologique de Nancy. 


Busouer (H.) : Arrêt diastolique 
des ventricules par fibrillation des 
oreillettes sur le cœur affaibli de 
Moro als droite: a bi ba D) QE iE ao 

Durour (M.): Sur l'éclairage endos- 
copique. (Première note.) 

Durour (M.): Quelques expériences 
à propos du phénomène de Troxler. 

GuériIN (G.) et Tairy (G.) : Pré- 
sence de sarcines dans une urine 
humaine pendant dix-sept années. 


DR OP ECM, DC 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


JAcQuES (P.) et Tarry (H.) : Kyste 
paradentaire. Présence de l'Actino- 
MVCES M OLTUOLE ER ENTER 

Rogert (H.) et Parisor (J.) : Ca- 
ractérisation de la globine dans 
l’urine, en présence des autres albu- 
MINESNUMNAITES EN CRIE PRRRE 

RosEert (H.) et Parisor (J.) : Etude 
de quelques cas cliniques de globi- 
UP 1220 Le ee ee COTE 
. VERNIER (P.) et Tiny (G.) : 
verdissement de l’artichaut par des 
bacilles du groupe du Bacillus sub- 
ÉUTLS DEN 


ae) fm ‘oile) las is le) aile) Perl cpu ae 


Présidence de M. Dastre. 


M. GuiziEermonr, Membre correspondant, assiste à la séance. 


OUVRAGE OFFERT. 


M. Le PRÉSIDENT offre l'ouvrage suivant 


E.-F. TERROINE. 


sécrétion pancréatique, L vol in-8°, 134 pages. Paris, Hermann. 


DE L'IMMUNITÉ LEUCOCYTAIRE, 


par P. LASSABLIÈRE et Cu. RICHET, 


II. — Méthode nouvelle pour étudier les réactions d’immunité. 


838 


— La 


On peut constater des phénomènes d’immunité en employant des 
doses extrêmement faibles. Pour cela, il suffit d'étudier le phénomène 
le plus délicat d'une intoxication, à savoir le degré de la leucocytose 


consécutive. 


Si l’on fait dans les veines d’un chien une injection de crépitine à une 
dose même très petite, de l'ordre du centième ou demi-centième de 
. milligramme par kilo, on constate au bout de quarante-huit heures une 


leucocytose tout à fait nette. 


Rappelons que le nombre moyen de leucocytes par centième de milli- 


mètre cube — 100. 


SÉANCE DU 19 AVRIL PLTÈT 


Mais si, à quatre ou cinq ou six semaines de distance, on fait une 
nouvelle injection de crépitine aussi diluée, à/ n'y a plus de leucocytose ; 
donc l’'immunité s’est établie. 


INJECTION PRÉPARANTE 
CRÉPITINE 
en millisrammes ————————————————— MOYENNES 
par kiloocramme. 
Noms des chiens. Leucocytose. 
0,035 Naxos. 245 
0,025 Achille. 152 È 
0 ,025 Dodone 125 176 
0,021 Thessalie. 213 | 
0,012 Absalon. 183 J 
0,012 Illyrie. 108 \ 169 
0,008 Nauplius. 230 
0,007 Abydos. 114 \ 
0,0065 Tyrosine. 215 | 
0,004 Comores. 12% 
0,00% Tenedos. 131 l 135 
0,0012 Cythère. 139 | 


Ces neuf chiens étaient immunisés, sauf Cythère et Tenedos, qui 
avaient recu en injection préparante une dose trop faible. Cette dose, 


| | 
DOSE DÉSPNNE OMS < e 
antérieure. De D D des chiens. HUE) OUR ES 
0,35 0,021 Pergame. 112 
0,28 0,021 Paros. 118 NE 
0,74 0,021 Végèce. 116 CYEnRe 
0,006 0,021 Tyrosine. 93 (sans 
00012 (08 re . es 
,018 ythère. 4 ns 
0,60 0.017 Cho. 93 HAE 
0 ,004 0,014 Tenedos. 186 = 101: 
0,14 0,005 Janina. 85 
0,008 0,004 Nauplius. 98 | 


(1) Dose de l'injection déchaïnante. 


encore que déterminant une légère réaction, a été impuissante à déter- 
miner l’immunité. 

Mais Vauplius et T'yrosine ont été immunisés, quoique ayant reçu des 
doses inférieures au centième de milligramme (par kilo). 

On peut calculer facilement, quoique très approximativement, la 
quantité de poison qui agit sur un seul leucocyte, en supposant que la 
dose de 0%%"005 est active. Un chien de 1 kilo a 100 grammes de sang, 
soit mille milliards de leucocytes, soit, par leucocyte, un poids de 107" 


‘7118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


de crépitine, ce qui, en tenant compte du poids énorme de la molécule 
de crépitine, qui est, en outre, certainement mêlée à beaucoup d'impu- 
retés, est presque aux limites de la divisibilité de la matière. 

En tout cas, la méthode d'exploration de l’immunité par la leucocylose 
est d’une sensibilité énormément plus grande que toute autre méthode. 
Nous poursuivons nos recherches dans ce sens. 


SUR LES VARIATIONS D'ORIGINE ET DE NOMBRE DES ARTÈRES GÉNITALES, 
SPERMATIQUES OU OVARIENNES, DE L'HOMME. 


Note de GEORGES GÉRARD, présentée par A. CALMETTE. 


Les artères génitales de l’homme, au nombre de deux, l’une droite, 
l'autre gauche, émergent de la face antérieure de l'aorte abdominale, 
l’une à côté de l’autre, à une distance variant de 2 à 35 millimètres 
au-dessous de la mésentérique supérieure. Chacune d'elles descend en 
divergeant : La droite, passant en biais au devant de la veine cave infé- 
rieure, retrouve sa veine homonyme à une distance variable de l'aorte; 
la gauche, moins oblique que la droite, rejoint sa veine homonyme après 
un trajet généralement assez court. 

Ce schéma classique doit être comptété par l'examen des variations. 
Des recherches poursuivies sur 100 sujets m'ont permis de constater. 
qu'il ne convient qu'à 37 pour 100 des cas. 

Les 63 autres cas peuvent être groupés de la façon suivante : 

1° 1 fois sur 100, les spermatiques naissent par un tronc unique Lôt 
bifurqué ; 

20 45 fois sur 100, elles émergent à des niveaux différents : la droite 
plus haut que la gauche, 5 fois sur 100; la gauche plus haut que la 


droite, 30 fois sur 100.Ce pourcentage permet d'admettre que le cas le 


plus fréquemment observé est celui de deux spermatiques naissant de 
l'aorte à des hauteurs différentes: 

3° 8 fois sur 100, elles naissent l’une de l’autre, la seconde d’une 
artère autre que l'aorte : arlères rénales (droite ou gauche), capsulaire 
inférieure droite anormale ; 

4° En groupant ces premiers cas, on constate qu'il y a 2 spermaliques 
9 1 fois sur 100; 

5° Les spermaliques peuvent êlre multiples : 

a) triples 7 fois sur 100 (2 à droite, 1 à gauche, Z fois sur 100; — 2 à 
gauche, 1 à droite 3 fois sur 100); 

b) quadruples (2 paires superposées), 2 fois sur 100. 


SÉANCE DU 19 AVRIL 779 


POUVOIR GLYCOLYTIQUE DU SANG PRÉLEVÉ PENDANT 
L'INTOXICATION PROVOQUÉE PAR LES PEPTONES, 


par M. Doyon et F. SARVONAT. 


La glycolyse n’a pas lieu dans le sang rendu incoagulable par l’in- 
jection des peptones. Ce fait doit être rapproché de l’action à la fois 
anticoagulante et antiglycolytique des acides nucléiniques. Il nous 
incline, de plus en plus, à rapporter l’action de l’antithrombine à un grou- 
pement nucléinique. 

Exemple. — Chien de 17 à 18 kilogr. Denx prises successives de sang 
carolidien, de 20 gr. chacune : échantillons A et B. linmédiatement 
après, injection dans la saphène d’une solution contenant 7 à 8 gr. de 
peptones Witte. Trois à quatre minutes après l’injection, dernière prise 
dans la carotide de 20 gr. de sang : échantillon C. Le sucre est dosé 


suivant la méthode de CI. Bernard. 


SUCRE 
p. 1000 de sang. 


Echantillon À: point de départ, dosage immédiat. . . . . . . . . 2 gr. 13 
Echantillon B : témoin abandonné pendant la nuit et la matinée, à 
Iempératare du laboratoire Acoagulé. :, 1, 0,0, nr il Ses 27 
Echantillon C: sang peptoné; abandonné pendant le mêine temps à 
la température du laboratoire; n'a pas coagulé . . . . . . . . . 2 gr. 32 


(Laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Lyon.) 


L'ORIGINE DE L'HYPOCORDE CHEZ LES SÉLACIENS, 


par À. WEBER. 


Malgré de nombreuses recherches, l'hypocorde des Ichthyopsidés et 
des Sauropsidés reste toujours un organe aussi énigmatique. Parmi les 
principaux travaux sur celte question, ceux de Franz chez les Téléos- 
téens, de Gibson chez les Sélaciens, de Stühr chez les Amphibiens, de 
Prenant chez les Reptiles et de Nicolas chez les Oiseaux, n’ont pas 
apporté une pleine lumière sur la signification de cet organe essentiel- 
lement transitoire et qui disparaît sans laisser de trace notable. Il est 
bien vraisemblable pourtant que l'hypocorde est une formation très 
importante au point de vue phylogénétique et nullement le résultat 
d'une simple action mécanique provenant de l'isolement de la corde 
dorsale et du développement du tissu de soutien embryonnaire à la face 
dorsale du tube digestif; les embryons de Mammifères par exemple, 


1EO ME SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


semblent complètement dépourvus de formation hypocordale, tandis que 
l’hypocorde est bien développée chez les Ichthyopsidés, plus rudimen- 
taire chez les Sauropsidés. Dans une semblable question, on ne saurait 
préciser des points de détail avant de hasarder aucune hypothèse. 
J'ai étudié, à ce point de vue, l’origine de *Npaarde chez de jeunes 
embryons de Raïe. 

Lorsque l’ébauche de l’hypocorde est bien visible, chez un embryon 
de 5 millimètres par exemple, on trouve cet organe disposé de la facon 
suivante : En avant de la première fente brachiale se détache de la face 
dorsale du tube digestif un petit cordon qui se termine par une 
extrémité renflée contre la corde dorsale. C'est l’'hypocorde céphalique, 
formation considérée comme inconstante, mais que j'ai toujours trouvée 
chez les embryons de Raïe. 

À une certaine distance en arrière de ce point, au niveau de la 
deuxième fente branchiale et de la vésicule auditive, commence une crête 
très accentuée de la face dorsale du tube digestif qui se poursuit plusou 
moins loin du côté caudal. Cette crête est parfaitement comparable à la 
lame pharyngienne que Prenant a découverte chez des embryons de 
Réptiles; elle ne s’en distingue chez les embryons de Raïe que par sa 
précocité. 

Cette crête ne dépasse pas la région branchiale. En arrière et sur 
presque toute la longueur de l'embryon, l’hypocorde est un simple 
épaississement peu marqué de la face dorsale du tube digestif qui se 
clive peu à peu. Les aortes s’insinuent dans la fente ainsi produite et 
l'hypocorde est appendue à la corde sous forme d'une mince lamelle 
parfois réduite à une ou deux cellules. La fissure qui sépare l’hypocorde 
du tube digestif commence parfois sur la ligne médiane; ainsi se pro- 
duisent des cavités irrégulièrement distribuées dans la paroi de 
l’ébauche intestinale. 

L'individualisation de cette portion moyenne de l'hypocorde n’est pas 
toujours complète et il subsiste des ponts jetés entre l'intestin et 
l'hypocorde, comme Stühr en a décrit chez les Amphibiens. Chez les 
embryons de Raie, ces ponts n'ont rien de fixe et ne paraissent pas en 
rapport avec une métamérie de l'organe. Il en subsiste parfois un très 
développé au niveau du premier rudiment du pancréas dorsal. 

Lorsqu'on approche de Ja région caudale, le cordon hypocordal 
s’épaissit et s’arrondit, formant réellement une corde accessoire. Je l'ai 
vu quelquefois légèrement moniliforme dans cette région postérieure. 
Le tube digestif présente à ce niveau une crête dorsale très marquée 
avec laquelle l’hypocorde va se fusionner en disparaissant un peu en 
avant du canal neurentérique. Je n'ai vu aucune trace de différenciation 
bilatérale de la paroi dorsale du tube digestif, permettant de dire, 
comme Gibson, que l’hypocorde a une double ébauche dans la région 
caudale. L'origine des cellules qui la constituent est indiscutablement 


| 
Ê 
< 
3 


SÉANCE DU 49 AVRIL 781 


double en raison de la concrescence, mais lorsque l’'ébauche de l'hypo- 
corde apparaît, elle est nettement unique et médiane. 

En somme, les embryons de Raie ont deux hypocordes, l’une cépha- 
lique, l'autre somatique. L'hypocorde céphalique est située en avant de 
la région branchiale du tube digestif et disparaît rapidement. L'hypo- 
corde somatique débute dans la région branchiale par une crête élevée 
que j'ai vue quelquefois séparée en deux. Je ne puis admettre avec 
Gibson que l'hypocorde céphalique dérive de cette crête par suite de la 
flexion de la tête. Chez un embryon peu développé de deux millimètres, 
complètement rectiligne, l'ébauche de l’hypocorde céphalique n'est pas 
confondue avec celle de l'hypocorde somatique. En arrière de sa 
première portion, la crête branchiale, l'hypocorde somatique est des 
plus rudimentaires et réduite à une mince bandelette cellulaire. L'hypo- 
corde somatique commence à disparaître à l'union de cette bandelette 
avec la crête branchiale. Dans la région caudale l'hypocorde somatique 
est plus développée; elle se fond dans le tube digestifen avant du canal 
neurentérique et présente peut-être à ce niveau quelque trace de méta- 
mérie; sa première apparilion dans cette région d'accroissement de 
l'embryon est nettement médiane et nullement double et bilatérale. 


(Laboratoire d'anatomie de l'Université d'Alger.) 


ÉCHINOCOCCOSE PRIMITIVE 
AVEC ENVAHISSEMENT VISCÉRAL MASSIF CHEZ L HOMME, 


par F: DÉVÉ. 


Lés lésions de l'échinococcose primitive humaine sont, dans la règle, 
extrêmement discrètes : d'après une statistique personnelle, dans les 
deux tiers des cas environ, les kystes hydatiques seraient solilaires 
dans l'organisme de l’homme. 

Même lorsqu'ils sont multiples, — que leur siège soit univiscéral ou 
pluriviscéral, — les kystes primitifs sont habituellement en nombre 
très restreint. Sur trente et un cas de kystes multiples, nous avons 
trouvé vingt et une fois deux kystes, trois fois trois, une fois quatre, 
quatre fois ceng, une fois s/x, enfin une fois dir kystes primitifs. Ce der- 
nier chiffre, authentique, vérifié à l’autopsie, est un des plus élevés qui 
aient été signalés à notre connaissance ; car on doit faire abstraction de 
certains cas parfois cités, qui ressortissent sans nul doute à l’échino- 
coccose secondaire. 

De façon tout à fait exceptionnelle, on peut pourtant rencontrer, en 
pathologie humaine, un envahissement massif des viscères — de cer- 


782 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE , 


tains viscères — par des kystes primitifs. De tels faits sont comparables 
à ceux qui s’observent communément en pathologie vétérinaire et à 
ceux que nous avons réalisés expérimentalement, par des infestations 
massives, chez l'Écureuil, le Chat, le Singe et le Porc. 


Nous mentionnerons deux cas de ce genre. Le premier a été publié en 1910, 
par J. Abadie (1); mais l’auteur en a méconnu la pathogénie exacte : il avait 
cru pouvoir rattacher tous les kystes à une échinococcose secondaire partie 
d’un kyste du poumon. Le second cas est resté jusqu'ici inédit. Nous avons 
pu l’examiner, l’année dernière, à l’Institut pathologique de Budapest, 
grâce à l’aimable obligeance du professeur Ent. 

Dans le premier cas, l’autopsie avait permis de découvrir soixante-sept 
kystes, répartis de la facon suivante : soixante à l’intérieur du fote, trois dans 
le poumon, trois dans la rate et un dans le rein. 

Le nombre des kystes se trouvait être également de soixante-sept dans le 
second cas, mais deux viscères seulement étaient intéressés : le foie renfer- 
mait cinquante et un kystes, le poumon seize. Les autres organes étaient 
indemnes. 

Il est intéressant de comparer la répartition des lésions observées dans ces 
deux observations avec les localisations habituelles de l'échinococcose, telles 
que nous les avons indiquées dans une note précédente (2). En totalisant les 
kystes, on obtient le pourcentage suivant : 


Ole: PAT UEN EUR ee nie D ri O2 CRD UDD 
BOURION EME AR NN EE ET EI SE 
RATE EE PR En DIRE 
LAON ee AD ONE OP PS LU ER 2 08 — 


Les faits de cet ordre soulèvent une intéressante question de patho- 
génie générale. Deux interprétations contradictoires peuvent en être 
données. 

La première consiste à conclure à une réceptivité relativement grande 
de l'espèce humaine à l'égard de la graine hydatique. Ce serait seule- 
ment parce que, dans la vie courante, l'infestation de l'Homme est 
extrèmement discrète, — réduite sans doute à quelques œufs de Ténia 
‘échinocoque, — que le nombre des kystes hydatiques est, chez lui, 
généralement si restreint. Que, par hasard, une infestation massive 
vienne à se produire, et l'Homme sera atteint avec la même intensité 
que le Bœuf,le Mouton ou le Porc, hôtes intermédiaires naturels du 
parasite échinococcique. 

La seconde interprétalion aboutit à une conclusion inverse. C'est 
parce que la réceptivité générale de l'espèce humaine serait très faible 
que les localisations de l'échinococcose seraientordinairement si discrètes 


(1) Abadie. Congrès français de chirurgie, Paris 1910, obs. II. 
(2) F. Dévé. Les localisations de l'échinococcose primitive chez l'homme. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 12 avril 1913. 


Le 
POV 


SÉANCE DU 19 AVRIL 7183 


chez l'Homme, même chez les individus (bouchers, bergers, etc.), pro- 
fessionnellement exposés à une infestation relativement abondante et 
_répélée. Certains individus feraient exception à cette règle (réceptivité 
individuelle) : leur organisme offrirait un terrain favorable à la germi- 
nation hydatique (terrain hydatique) (1). 

Il est probable que chacune des deux interprétations renferme une 
part de vérité. 


SUR LES CONDITIONS DE LA STÉRILISATION DES OVAIRES PAR LES RAYONS X, 


par CL. ReGauDp et ANT. LACASSAGNE. 


Nous avons indiqué, au cours d'une note précédente (2), que les 
rayons X détruisent un nombre d'autant plus grand de follicules pri- 
maires qu on les fait agir sur l'ovaire à dose efficace plus intense; 
aucun follicule nouveau ne se forme ultérieurement. La stérilisation 
complète et définitive sera donc obtenue, si l’on peut détruire la totalité 
de la provision d'ovocyles des deux ovaires. Est-il possible d'arriver à 
ce résultat avec la technique radiologique actuelle ? 


Plusieurs des expérimentateurs qui nous ont précédés ont répondu par 
l’affirmative à cette question ; et il semble à première vue que la stérilisation 
des ovaires soit assez facile à réaliser, au moins chez les petits mammifères 
comme le lapin. Maïs nos propres observations ne nous permettent pas de 
souscrire sans de sérieuses restrictions à cette conclusion. 

Remarquons d’abord que la lecture attentive des documents publiés fait très 
souvent constater la persistance de follicules primaires dans des observations 
présentées comme cas de stérilisation. Les auteurs n’on pas tenu compte de 
ce fait, parce qu'ils n’ont pas laissé les animaux survivre assez longtemps pour 
permettre aux follicules épargnés d'évoluer : il ne s’agit pas, dans ces cas, 
d'une stérilisation véritable, ‘mais seulement d’une pause fonctionnelle qui, 
d’après nos expériences, peut atteindre une durée de six mois. 

Remarquons en second lieu que nos prédécesseurs n’ont pas pris la peine 
d'examiner, par la méthode des coupes en séries s'étendant à tout l'organe ou 
au moins à une grande partie de celui-ci, les ovaires qu'ils ont cru avoir 
stérilisés. Or, il suffit que, sur les milliers d'ovocytes d’un ovaire de lapine, il 
en reste quelques-uns, pour empêcher la stérilisation d'être complète. Mais 
alors, pour trouver les quelques follicules primaires épargnés, il est nécessaire 
d'étudier minutieusement des centaines de coupes sériées. 

Il nous paraît cependant bien évident que l’irradiation des ovaires à nu, 
après laparotomie, ainsi que Bergonié et Tribondeau (1907) l'ont pratiquée, 
peut entraîner facilement la destruction de tous les ovocytes. 


(1) F. Dévé. Kyste hydatique et terrain. Comptes rendus de la Soc. de Bio- 
logie, 18 novembre 1911. 
(2) Regaud et Lacassagne. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 mars 1913. 


184 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


De même, la prolongation de la durée ou l'augmentation du nombre des 
séances d'irradiation, sans aucun souci des lésions futures de la peau, comme 
a fait Zaretzky (1908), doit conduire aisément au même résultat. 

Mais ce sont là des procédés — surtout le dernier — incompatibles avec 
certaines recherches physiologiques ultérieures, et dont il est impossible de 
tirer des conclusions valables en rüntgenthérapiehumaine. A ce double point 
de vue, la stérilisation rôntgénienne n'est intéressante que si on la pratique 
sans opération sanglante, et si on l'obtient sans altérations notables des 
téguments, des organes voisins ou de la santé générale. 


STÉRILISATION RÜNTGÉNIENNE DE LA LAPINE. — Zechnique. Nous avons 
pratiqué, chez la lapine, un grand nombre d'essais de stérilisation, en 
variant la technique radiologique. L'expérience nous indique, comme la 
meilleure méthode, celle-ei : a) emploi de rayons X très durs, filtrés par 
une lame d'aluminium de 4 millimètres d'épaisseur ; b) dose incidente, 
à la surface de la peau de la région lombaire, mesurée par la teinte IV 
de l'échelle de Bordier, c’est-à-dire correspondant à 22 unités H; c) 
application de cette dose en une séance; d) localisation étroite de l'irra- . 
diation à la région correspondant à la projection des ovaires; e) distance 
focale d'application à la peau, 20 centimètres. 

La filtration par 4 millimètres d'aluminium, à la dose indiquée, a un 
double effet : 1° elle permet d'éviter la radiodermite proprement dite (14); 
2° elle permet de faire arriver à l’ovaire une dose efficace presque suffi- 
sante pour détruire tous les follicules primaires. 

Si on utilise, pour une même dose incidente, un filtre plus mince, la 
radiodermite ulcéreuse survient toujours, entre cinq et huit semaines 
selon l’épaisseur du filtre La brûlure est rebelle à la cicatrisation; l’état 
général de l'animal s’altère, et cela empéche ou rend aléatoires les 
expériences physiologiques. En outre la dose qui atteint l'ovaire est 
d'autant moindre, pour une même dose cutanée, que le filtre est plus 
. mince. La stérilisation véritable ne peut pas être ainsi obtenue. 

Si, au contraire, tout en filtrant par 4 millimètres d'aluminium, on 
dépasse notablement 22 unités H, on produit une radioépidermite (2) 
passagère; fait plus grave, on altère l'état général, par lésion des vis- 
cères voisins de l'ovaire, traversés par les rayons. C’est ce que nous 
avons obtenu chez quatre lapines, qui avaient recu deux doses de 20 
unités H à quelques jours d'intervalle : elles ont toutes succombé 
après une survie qui à varié de quelques semaines à quelques mois. 

Résultats. — Parmi 7 lapines irradiées dans les conditions de choix 
ci-dessus indiquées, 3 ont été fécondées 6, 9 et 10 mois après l'irradiation: 


(1) Il ne se produit, dans ces conditions, qu'une épilation temporaire. Les 
poils repoussent, toujours blancs. 

(2) Pour la définition de cette lésion, voir Regaud et Nogier, Archives d'élec- 
tricité médicale, 25 janvier et 10 février 1913. 


8 : 4 _ 


SÉANCE DU 19 AVRIL 185 


- Les 4 autres restèrent stériles, malgré la réapparition tardive du rut : 
2 de ces dernières avaient un ovaire totalement stérilisé (examen au 15° 
etau 20° mois), tandis que l’autre ovaire ne contenait que deux ou trois 
follicules qui avaient évolué anormalement; chez les deux autres, il y 
avait de rares follicules anormaux dans les deux ovaires. 

La stérilisation complète et définitive est donc très difficile à obtenir 
chez la lapine. Toutefois, nous sommes désormais certains de parvenir 
à ce résultat ; nous pensons qu'une deuxième irradiation, de même qua- 
lité que la première, d'intensité un peu moindre, et administrée après 
un intervalle de six mois, détruirait les follicules restants. 

STÉRILISATION RONTGÉNIENNE DE LA CHIENNE. — Nous avons des raisons 
de penser que, pour l'ovaire, comme cela a été démontré pour le tesli- 
cule, la radiosensibilité est à peu près la même dans les diverses espèces. 
Mais les conditions anatomiques de la stérilisation des ovaires, déjà peu 
favorables chez la lapine, sont tout à fait défavorables chez les mammi- 
fères de grande laille. Chez la chienne, l'ovaire est plus profondément 
situé que chez la lapine, ce qui, pour une dose efficace égale à celle 
employée chez la lapine, oblige à administrer une dose cutanée beau- 
coup plus forte. De plus, l'ovaire de la chienne est plus mobile que celui 
de la lapine, ce qui oblige à une localisation moins étroite des rayons, 
dans une zone dangereuse par les viscères qu’elle contient. 

Déjà Roulier (1906), malgré des doses de rayons non filtrés assez 
fortes pour entrainer la mort des chiennes, n’obtint aucune modification 
macroscopique ou microscopique des ovaires. 

Nous-mêmes avons vu mourir, en quelques semaines ou quelques 
mois, trois chiennes, à chacune desquelles nous avions administré une 
dose de 22 unités H sous filtre de 4 millimètres d'aluminium. La mort 
survint par des lésions graves du tube digestif (1). Cependant les ovaires, 
à côté de nombreux vestiges de follicules détruits, contenaient encore 

_des vésicules de Graaf en évolution et d'assez nombreux follicules pri- 
maires, témoignage d'une efficacité très insuffisante de l'irradiation. 

STÉRILISATION RONTGÉNIENNE DE LA FEMME. — Dans l'esprit de beau- 
coup de radiologues, il n’est pas douteux qu'un traitement approprié des 
ovaires par les rayons X, à travers la peau restant saine, peut amener 
la stérilisation de la femme. Or, c’est là une dangereuse illusion. 

De nombreux cas ont été toutefois publiés, où des ovaires de femmes, 
auparavant traités par les rayons X, ont été examinés histologiquement 
et trouvés porteurs de lésions. Les résultats sont peu probants quant à 
la stérilisation. Il faut se méfier de l’état sénile ou pathologique où pou- 
vaient se trouver les ovaires en question, où se trouvaient cerlainement 
nombre d’entre eux, avant d'être soumis aux rayons. 


(1) Regaud, Nogier et Lacassagne. Archives d'électricité médicale, octobre 
1912. 


786 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Dans un cas que nous ayons eu l’occasion d'examiner, l'ovaire ne pré- 
sentait aucune lésion : il est vrai que l’irradiation avait été modérée 
(8 unités H) et que la filtration avait été faible (1 millim.). 

L'ovaire de la femme est plus profonû et aussi mobile que celui de la 
chienne. Les résultats que nous avons obtenus chez la lapine et la 
chienne ne nous permettent pas de croire à la possibilité de stériliser la 
femme par les rayons X. Facile, chez l’homme, à cause de la situation 
superficielle des testicules, la stérilisation est impossible chez la femme, 
à travers la peau saine, avec les moyens radiologiques actuels. 

Certes, il est possible de provoquer dans les ovaires de la femme des 
lésions partielles ou temporaires, d'avancer l’âge normal de la stérilité. 
Mais ce résultat, même incomplet, n’est point aussi facile à obtenir qu’on 
a tendance à le croire; il comporte, du fait de l'irradiation des organes 
voisins, de sérieux dangers. On a soutenu que la régression des fibromes 
utérins, sous l'influence des irradiations, reconnait pour causes les 
modifications provoquées dans les ovaires par les rayons. Nous sommes 
de ceux qui croient que les rayons agissent surtout sur l'utérus, sa 


muqueuse malade et les fibromyomes développés dans sa paroi, l'in- 


fluence indirecte des modifications ovariennes étant accessoire. 


(Laboratoire d'anatomie générale et d'histologie de la Faculté 
de méderine de Lyon.) 


ACTION DU FER COLLOÏDAL ÉLECTRIQUE SUR L'EXCRÉTION URINAIRE 
; 


par B.-G. DuAMeEL. 


Les métaux colloïdaux électriques possèdent la propriété assez géné- 
rale de modifier les échanges organiques et d'agir ainsi sur l’excrétion. 
À. Robin a observé que, sous l'influence des injections de colloïdes, le 
taux de l’urée et de l'acide urique s'élevait dans les urines. En pour- 
suivant des recherches expérimentales sur le sélénium colloïdal élec- 
trique, j'ainoté queles injections de ce colloïde chezlelapin augmentaient, 
d’une manière globale, les matériaux de l’excrétion (1). Comme suite à 
ces expériences, j'ai recherché l’action exercée par les injections intra- 
veineuses de fer colloïdal électrique sur l’excrétion urinaire chez le 
lapin. Je me suis servi d’un fer colloïdal électrique titrant 1 gramme de 
fer au litre, préparé et dosé par la méthode de Rebière (2). J'ai choisi 
deux lapins adultes, mâles. Le premier de ces animaux, le lapin A, d'un 


(1) Comptes rendus de la So:. de Biologie, 27 avril 1912. 
(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 mars 1913. 


SÉANCE DU 19 AVRIL 7187 


poids de 3.500 grammes, a élé placé dans la cage à double fond, dans 
une pièce à température constante, et il a été soumis à un régime alimen- 
taire parfaitement régulier. On a recueilli toutes les urines pendant trois 
périodes consécutives. Au cours de la première période, qui fut de dix 
jours, il n’a été fait aucun trailement. Pendant la seconde période, qui 
fut de treize jours, on a pratiqué dix injections intraveineuses, de 5 €. c. 
chaque, de fer colloïdal électrique. Après quoi, on a encore recueilli les 
urines pendant une nouvelle période de dix jours. 

Pourlesecond lapin, lapin B, du poidsde 3.700 grammes, les conditions 
ont été les mêmes; le fer colloïdal électrique a été injecté aux mêmes 
doses, mais les temps d'expérience ont élé plus longs. À une période 
préparatoire de dix jours destinée à connaître la marche normale de 
l'excrétion, a succédé une période de traitement qui a duré vingt-trois 
jours et pendant laquelle il a été pratiqué seize injections de colloïde. 
Après quoi, on a recueilli encore les urines pendant une période de 
quatorze jours. 

Ajoutons queles urines ontsubileminimum de contaminations, qu'elles 
n’ont pu stationner au contact des matières fécales, que les analyses ont 
été pratiquées avant tout début de fermentation et que les condilions 
expérimentales ontété constantes pendant loute la durée des recherches. 

Nous donnons deux tableaux où sont exprimés des chiffres moyens, 
calculés d’après les analyses quotidiennes. 


Lapin A. 


10 PREMIERS 43 ours 40 sours 

EN 24 HEURES jours. de trailement. suivants. 
Volume, ea cent. cubes . 318,8 384,2 536 » 
RÉ ARENMETAMNMES PEN EN 3, 15) 4,02 4,21 
Phosphates, en grammes . 0,42 0,63 0,87 
Chiorures, en grammes . . . . 0,71 0,58 0,84 
Corps xantho-uriques, en gr. . . 0,092 0,096 0,109 

Lapin B. 

40 PREMIERS 23 Jours 44 jours 

EN 24 HEURES \ jours. de traitement. suivants. 
D'OnSe rec ONE CRE 1021 ,10 1021 ,80 1025 » 
Volume, en cent. cubes . . 525 » 418 » 558 » 
Dréenenerammes en ne" 4,018 4,208 4, T0 
Phosphates, en grammes. . . . 0,43 0,45 0,13 

Chlorures, en grammes . . . 1,093 0,898 1,216 

Corps xantho-uriques, en gr. . 0,163 0,165 0,145 


Ces tableaux permettent de voir que le volume des urines est peu 
modifié pendant le traitement, mais qu’il s'élève dans chaque cas après 
la cessation de celui-ci. L’urée monte faiblement et continue à monter 


788 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


faiblement après la fin des injections. Les phosphates présentent une 
ascension plus franche et plus marquée, surtout dans la période qui 
suit le traitement. L’excrétion des chlorures semble affaiblie par le 
traitement, mais se relève chaque fois après. Quant à l’excrétion des 
corps xantho-uriques, elle est peu sensiblement modifiée. 

Il est curieux de rapprocher ces résultats de ceux que l’en a signalés 
pour les autres métaux colloïdaux. 


RECHERCHES SUR L'ORIGINE DES PLAQUETTES 


(Deuxième note), 


par L. LE Sourp et PH. PAGNIEz. 


La question de l'origine des plaquettes aux dépens des mégacaryo- 
cytes de la moelle osseuse a été posée par J.-H. Wright (1). Cet auteur 
- s’est basé, pour soutenir cette opinion, sur les analogies de coloration 
qui existent entre les granulations du protoplasma des mégacaryocytes 
et celles des plaquettes et sur certains aspects que peuvent présenter les 
mégacaryocyles. Son opinion a été reprise et développée par Ogata (2), 
qui est arrivé aussi à conclure que les plaquettes naissent des méga- 
caryocytes. 

Sans avoir fait de recherches spécialement à ce point de vue, nous 
avons, au Cours d’autres recherches, observé quelques faits qui ont trait 
à cette manière de voir. 

Tout d’abord, ayant examiné un:grand nombre de coupes de moelle 
de lapin et de cobaye colorées par le Giemsa, suivant la méthode que 
nous avons fait connaitre pour la recherche des plaquettes, nous avons 
pu constater l'exactitude des descriptions de Wright et d'Ogata. Dans 
la moelle du lapin en PAU il n’est pas rare d'observer les figures 
décrites par ces auteurs. 

Certains mégacaryocytes présentent des non ene de pseudo- 
podiques qui, par fragmentation, aboutissent à la production de petits 
éléments rangés en ligne dont l’aspect, la coloration, sont tout à fait 
analogues à ceux des plaquettes colorées dans les coupes d'organes. On 
peut seulement remarquer que, le plus souvent, ces petits éléments ne 
correspondent par leurs dimensions qu'à des plaquettes de grande 


(1) J.-H. Wright. Die Entstehung der Blutplättchen. Virchow’s Archiv, 
Bd CLXXX VI, p. 55, 3 octobre 1906. 

(2) Ogata. Untersuchungen über die Herkunft der Blutplättchen. Beiträge 
zur pathologischen Anatomie und zur allgemeinen Pathologie, Bd LII, p. 192, 
12 décembre 1911. 


SÉANCE DU 19 AYRIL - 789 


taille, mais, comme les plaquettes, ils présentent une substance hyaline 
périphérique bleuâtre et une portion granuleuse centrale dont la colo- 
ration varie du bleu lilas au rouge. 

Ces figures sont certainement très impressionnantes, mais il parait 
difficile, sur leur seul aspect, de conclure avec Wright et Ogata que les 
plaquettes viennent certainement des mégacaryocytes. 

Cependant, si on accepte provisoirement et à titre d'hypothèse cette 
manière de voir, elle se trouve cadrer assez bien avec une autre obser- 
vation que nous avons pu faire. 

Chez un lapin injecté pendant plusieurs jours avec du sérum anti- 
plaquette, la rate contenait une quantité colossale de plaquettes; la 
moelle fémorale n'en contenait pas; elle était en état de grosse réaction, 
et le nombre des mégacaryocytes y était considérable ; on en comptait 
jusqu’à quinze dans un champ de microscope alors qu’il nous a paru que 
dans des moelles assez comparables comme aspect général on n'en com- 
ptait guère plus de trois à cinq comme maximum. Les choses se sont 
donc passées comme si la néoformation des mégacaryocytes avait été 
particulièrement sollicitée et active. 

Dans un autre ordre de constatations, nous avons vu un fait qui peut 
être retenu aussi comme favorable à l'opinion de J.-H. Wright. 

Nous avons indiqué dans notre première note qu’en ajoutant de la 
pulpe de moelle osseuse à du plasma oxalaté, on obtenait quelquefois 
après recalcification dans ces conditions un caillot rétractile. Cependant, 
à l'examen histologique, ces moelles ne montrent pas de plaquettes en 
nombre appréciable. Nous avons cherché alors si on pouvait, dans une 
moelle active, attribuer à telle ou lelle cellule la propriété rétractante. 
Pour cela, après avoir émulsionné la pulpe de moelle dans du plasma 
oxalaté, nous l’avons laissé sédimenter. En peu de temps, une heure 
environ, cette émulsion se sépare en plusieurs couches. On peut alors 
reprendre avec une pipette ces différentes couches, les trailer sépa- 
rément et voir quelles sont celles qui sont ou non rétractantes. En opé- 
rant ainsi, nous avons vu que seul le sédiment de la partie inférieure 
peut se montrer actif, comme la pulpe totale. Or, si on étudie au micros- 
cope ces divers produits, on voit que le sédiment de la partie inférieure 
diffère des autres au point de vue de sa composition d’abord par sa plus 
grande richesse en éléments qui sont les mêmes que dans les couches 
supérieures, mais aussi par ce fait qu'il contient seul les mégacaryo- 
cytes. Il serait évidemment désirable d'isoler aussi complètement que 
possible les mégacaryocytes et de pouvoir étudier alors leurs propriétés. 
Nous ne croyons pas que la chose soit possible. Aussi faut-il se borner à 
retenir de cette expérience une simple indication, mais qui se trou- 
verait conforme à la théorie de Wright. 

L'ensemble des faits que nous avons résumés dans ces deux notes 
porte à admettre que les plaquettes ont, comme les autres éléments du 


7190 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sang, leur origine dans les organes hématopoiïétiques, rate et moelle. La 
moelle parait jouer à ce point de vue le principal rôle, et il est très pos- 
sible que les plaquettes dérivent des mégacaryocytes de la moelle. 


(Travail du laboratoire des travaux pratiques de physiologie 
de la Faculté de médecine.) 


NATURE DE L'ALIMENT AZOTÉ 
ET PRODUCTION DE PYOCYANINE PAR LE BACILLE PYOCYANIQUE, 


par E. AuBez et H. Cox. 


Tous les auteurs qui ont cultivé le bacille pyocyanique ont remarqué 
la facilité avec laquelle les cultures se chargent de pigment lorsqu'elles 
renferment de l’asparagine ou de la peptone. 

D'autre part Gessard (1), dans les cultures sur albumine, et Charrin et 
Dissard (2), dans les cultures sur urée, ont signalé l'absence complète de 
pyocyanine. Bien plus, Wasserzug (3) a montré que des substances 
comme le tartrate d'NH*, qu'il nomme substances empêchantes, s’op- 
posent, dans les milieux favorables, au bleuissement des cultures. 

Ces données porleraient à croire qu'un pe!it nombre seulement d'ali- 
ments azotés assez complexes peuvent servir à l'élaboralion du pigment 
bleu par le bacille pyocyanique. Il n’en est rien; l’asparagine et la 
peptone sont loin d'être les seules substances azotées capables de 
favoriser, chez le bacille pyocyanique, la fonction chromogène carac- 
térislique. 

Le bacille était cultivé à 37 degrés sur le milieu Giltay composé de : 
eau 1.000, phosphate de potasse 2 grammes, sulfate de magnésie 
2 grammes, CaCl 0 gr. 4, acide citrique 5 grammes, asparagine 3 gr. 5, 
dont on faisait varier la source azotée suivant les besoins de l’expé- 
rience. 

Nous sommes arrivés aux conclusions suivantes : {° l'azote introduit 
sous forme de sel ammoniacal de la plupart des acides gras permet la 
- production de pyocyanine. Nous l'avons vérifié sur les acides acétique, 
propionique, butyrique, valérianique, etc. Les premiers termes, toutefois, 


(1) Gessard. Nouvelles recherches sur le microbe pyocyanique. Ann. de l'Inst. 
Pasteur AS00 CAIN p- 91: 

(2) Charrin et Dissard. Propriétés du bacille pyocyanogène, etc. Mém. Soc. 
de Biologie, 1893, t. XLV, p. 183. 

(3) Wasserzug. Sur la formation de la matière colorante chez le bacille 
pyocyaneus. Ann. de l'Inst. Pasteur, 1887, t. I, p. 586. 


SÉANCE DU 19 AVRIL 791 


se prêtent moins bien que leurs homologues supérieurs à l'élaboration 
du pigment; ainsi l'acide formique ne donne aucune coloration, l'acide 
acétique une coloration légère, etc... On obtient également de la pyo- 
cyanine avec les sels ammoniacaux des diacides tels que l'acide succi- 
nique et des acides alcools : lactique, malique, tartrique, citrique. 

2 On peut même observer la formation de pyocyanine en employant 
comme source azotée les sels ammoniacaux des acides minéraux, sul- 
fate et chlorure d’ammonium. 

3° Mais si l’on s’adresse aux nitrates, les cultures ne présentent plus 
que le pigment vert fluorescent très différent de la pyocyanine. 

4° L’asparagine paraît être l'aliment azoté le plus favorable à la pro- 
duction du pigment. Elle partage cette propriété avec l’aspartate d'NH*, 
ce qui n'a rien de surprenant, étant donnée la transformation qui 
s'effectue au début de la culture, et qu Arnaud et Charrin (1) ont déjà 
indiquée, de l’asparagine en son sel ammoniacal. Du reste, l'azote de la 
fonction amide n'est pas le seul qui puisse intervenir, l’azote du grou- 
pement amino-acide peut servir efficacement; il est facile de s'en con- 
vaincre en remplaçant dans les cultures l’asparagine par l’aspartate de 
soude. On obtient du pigment bleu, moins abondant toutefois qu'avec 
l’asparagine. 

5° Parmi les autres substances possédant le groupement amino-acide, 
la tyrosine donne de la pyocyanine; au contraire, nous n'avons jamais 
obtenu que des résultats négalifs avec le glycocolle. 

_ Il est juste de faire remarquer, avec lés auteurs qui se sont occupés 
de la question, que la coloration des cultures est sujette à certains 
caprices, généralement imputés à l'ensemencement. 


VALEUR COMPARÉE DE LA DÉVIATION DU COMPLÉMENT CHEZ LES TUBERCULEUX, 
AVEC LA TUBERCULINE BRUTE ET LES ANTIGÈNES DE CALMETTE, 


\ 
par ARMAND-DELILLE, RIST et VAUCHER. 


Recherchant la présence des anticorps dans le sérum des tubercu- 
leux, afin d’en lirer si possible une application pratique, nous avons 
éludié un certain nombre de malades du service de l’un de nous, en 
employant comme antigènes, d’une part la tuberculine brute de 
l’Institut Pasteur, et, d'autre part, les deux antigènes endo-bacillaires 
qui nous ont été aimablement fournis par MM. Calmette et Massol (2). 


(1) Arnaud et Charrin. Recherches chimiques sur les sécrétions micro- 
biennes, etc. Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1891, t. CXIL, p. 755. 

(2) Cf. Calmette et Massol. Antigènes et anticorps tuberculeux. Comptes 
rendus de la Soc. de Biologie, 13 juillet 1912. 


Brcrocire. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. - 50 


192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Parmi ces trois antigènes, il en est un qui présente une valenr 
indiscutable. C'est l’antigène B? de Calmette qui nous a donné 
84 p. 100 de déviation complète et 8 p. 100 de déviation partielle chez 
les tuberculeux avérés, ce qui fait donc 92 p. 100 de résultats positifs, 
chiffre qui concorde avec une exactitude remarquable avec ceux 
obtenus par MM. Calmette et Massol. > 

Par contre, avec l’antigène B° rous n'avons obtenu que 20 p. 100 
de déviatioñs complètes, mais également 25 p. 100 de déviations par- 
tielles. 

Quant à la tuberculine brute, employée antérieurement par l'un de 


nous, elle ne donne, avec les doses fortes d’alexine que nous avons . 


utilisées dans nos recherches actuelles, que 4 p. 100 de déviations 
complètes et 30 p. 100 de déviations partielles. 

Sur huit sujets non tuberculeux pris comme témoins, nous avons 
eu six cas absolument négatifs avec les trois antigènes, 4 cas franche- 
ment positif avec B° chez un malade atteint de pleurésie purulente à 
paeumocoque, qui à guéri complètement à la suite d'un empyème, et 
un cas douteux, avec une fixation partielle avec B°, chez une malade 
atteinte de kyste hydatique du poumon. 

Enfin, chez deux malades suspects, l’un atteint d’asthme, et l’autre 
- présentant de l’affaiblissement du murmure vésiculaire à un des som- 
mets pulmonaires, nous avons eu des résultats positifs partiels avec 
l’antigène B?. 

On peut donc conclure que seul l’antigène B° fournit des résultats 
d'une réelle valeur comme élément de contrôle dans le diagnostic de la 
tuberculose. 


RECHERCHE DU BACILLE DE KOCH DANS LE SANG 
AU COURS DE L'INFECTION EXPÉRIMENTALE DU COBAYE. 


par M. BRETON, L. Massoz et E. Dunor. 


Depuis Villemin, de nombreux auteurs ont recherché le bacille de 
Koch dans le sang des tuberculeux. Chez l'homme, ils ont conelu géné- 
ralement à la rareté et à l’inconstance de la bacillémie, en dehors des 
cas de granulie; chez les animaux de laboratoire, sauf chez le lapin, ils 
l'ont trouvée exceptionnelle. 

‘Il semblerait donc en résulter que le sang est rarement un agent de 
dissémination du bacille dans l'organisme. 

Frappés de certains résultats infirmant les idées précédentes, nous 
avons repris l'étude de la question chez le cobaye, et nous avons pré- 

_féré renoncer aux méthodes de recherches microscopiques du bacille, 
ainsi qu'aux inoculations sous-dermiques et intrapéritonéales. Nous 


Fe 


SÉANCE DU 19 AVRIL 793 


avons eu recours à l'injection sanguine, à l’aide de la transfusion, selon 
la technique que nous avons précédemment décrite (1), 

-Deux séries de 10 cobayes, de même poids, recoivent une même dose 
de bacilles (1 milligramme, souche Wocard d'origine bovine), les uns 
dans la veine jugulaire, les autres sous la peau de la cuisse. 

Le sang de ceux de la première série est transfusé à des cobayes 
sains, en des laps de temps variant de 30 minutes, 1, 2, 4, 6, 18, 49, 
90 heures à 11 et 15 jours. Le sang de ceux de la seconde série est 
trancfusé 1, 2, 4, 10, 15, 50, 40 et 60 jours après l'infection. Les pre- 
miers de ces animaux, inoculés dans la veine, meurent généralement 
après 20 jours; les seconds, injectés sous la peau, meurent après 60 à 
10 jours en moyenne. 

Les quantités de sang d'animal infecté transfusées à chaque animal 
neuf ont élé chaque fois d'environ 10 c. c. 

Les résultals sont les suivants : tous les cobayes neufs qui ont recu 

le sang des cobayes de la première série, infectés par voie veineuse, 
meurent d'infection tuberculeuse généralisée en une durée de 30 à 
100 jours, ce qui prouve que les bacilles introduits dans la circulation 
à la dose de 1 milligramme peuvent se retrouver en partie dans le sang 
durant plus de 15 jours. Si l’on tient compte de la survie et du degré 
de tuberculisation de l’animal transfusé, on peut voir que, le deuxième 
jour après l'inoculation du transfuseur, son sang est moins virulent 
qu'au début; il le devient de plus en plus les jours suivants. 

La deuxième série comprend les cobayes inoculés sous la peau. Leur 
sang se montre infectant dans Lous les cas, et les animaux neufs qui le 
reçoivent présentent tous des lésions tuberculeuses. On voit alors que 
la bacillémie, déjà nette après 24 heures, augmente jusqu’au dixième 
jour et tend à disparailre ultérieurement. 

On constate aussi que le sang des cobayes infectés par voie sous- 
cutanée est moins virulent (parce que sans doute moirs riche en 
bacilles) que le sang des animaux infectés directement dans les veines, 
à la même dose. 

Dans le but de rechercher si la bacillémie est fonction de la quantité 
de microbes introduits dans l'organisme, nous avons injecté sous la 
peau à d'autres cobayes des doses de bacilles de 1/10 et de 1/100 de 
milligramme. Les animaux ayant recu 1/10 de milligramme ont fourni 
des résultats uniformément positifs, par transfusion de leur sang moins 
de 28 jours après l'infection. A partir de ce moment, le sang est moins 
baeïllifère et la proportion des cobayes devenant tuberculeux parmi les 
transfusés n atteint plus que le quart. S'il s’agit d'animaux ayant recu 
1/100 de milligramme, la proportion décroît encore et 17 cobayes neufs 
transfusés avec le sang d’animaux infectés plus d’un mois avant ne 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 4 janvier 1913. 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


= 
ce 
re 


donnent que #4 cas de tuberculose ganglionnaire ou splénique extré- 
mement discrèle. 

En résumé, les animaux infectés par une dose de 1 milligramme de 
bacilles tuberculeux par voie intraveineuse ou sous-cutanée présentent, 
dès le äébut de l'infection, de la bacillémie, puisque leur sang est viru- 
lent pour d’autres cobayes. La durée de celle-ci résultant de l'infection 
sous-cutanée semble être fonclion de la quantité de microbes injectés, 

car elle persiste moins longtemps lorsque la dose descend à 1/10 ou 
1/100 de milligramme. De toutes facons elle est précoce et atteint son 
maximum dans les 10 jours qui suivent l’inoculation virulente; ulté- 
rieurement, elle est inconstante ou disparaît. Ces faits expérimentaux 
semblent être assimilables aux cas de granulie humaine et diffèrent 
totalement de ceux que l'on observe dans l'infection tuberculeuse 
chronique. Nous étudierons ullérieurement ces derniers, par la même 
méthode de transfusion sanguine dont la fidélité rigoureuse nous 
recommande l'emploi. 


(/nstilut Pasteur de Lille.) 


PRÉSENCE DU Jreponema pallidum DANS LE CERVEAU 
DES PARALYTIQUES GÉNÉRAUX, 


par A. Marre, C. Levaprri et J. BANKOWSKI. 


Dans plusieurs travaux récents, Noguchi (1) et Moore (2) ont montré 
que si l'on traite des fragments de cerveau de paralytiques généraux par 
la méthode recommandée par Levaditi (imprégnation à l'argent après 
fixation au formol, réduction par l'acide pyrogallique formolé\, on peut 
mettre en évidence des tréponèmes typiques dans le cortex cérébral. Ces 
tréponèmes existent en pleine substance grise des circonvolutions, ils 
sont disposés d’une manière diffuse et n'ont aucun rapport ni avec les 
méninges, ni avec les vaisseaux lésés. Les spirochètes ne peuvent être 
constatés que dans un certain nombre de cas de paralysie générale 
typique ; la proportion des résultats positifs est de 17 p. 100 d’après 
Noguchi et Moore, de 24 p. 100 d’après Noguchi (3). Cette constatation, 
dont l'importance au point de vue de l’étiologie et peut-être aussi de 
la thérapeutique future de la paralysie générale est de premier ordre, 
a été confirmée récemment par Marinesco et Minea (4). Ces auteurs ont 


(1) Noguchi et Moore. Journ. of experim. med., 1e" février 1913. 

(2) Moore. Journ. of nervous and mental diseases, 1913, t. XL, p. 172. 

(3) Noguchi. Münch. mel. Woch., 1913, numéro du 14 avril. 

(4 ) Marinesco et Minea. Bull. de l’'Acad. de médecine, n° 12, 1 avril 1913. 


SÉANCE DU 19 AVRIL 795 


décelé des tréponèmes dans un cas, parmi les vingt-six cerveaux de 
paralytiques examinés par eux, toujours par la méthode à l'argent. 

… Nous avons, de notre côté, vérifié ces faits et nous les avons pleine- 
ment confirmés. Vingt-quatre cerveaux de paralytiques provenant de 
lasile de Villejuif (service du D' Marie) ont été examinés ; les résultats 
_ positifs ont été au nombre de deux, ce qui, jusqu'à présent du moins, 
fournit un pourcentage de 8 p. 100. Voici les deux observations avec 
constatation positive de tréponèmes dans le cerveau : 


- Os. I. — 1s..., âgé de quarante-deux ans, charcutier, entre à l'asile de 
Villejuif le 4 septembre 1903. Il a été hospitalisé pour la première fois le 
27 août 1903, avec le certificat suivant du D’ Rueff: « affaiblissement des 
facultés intellectuelles, actes et propos incohérents, lacunes de la moralité, 
crises d’excitation, alcoolisme ; depuis trois mois il perdait la mémoire ». A 
Sainte-Anne, le D' Dagonnet constate : paralysie générale probable, affaiblis- 
sement des facultés, alcoolisme. A Villejuif, le D' Marie note de l’euphorie, 
des idées de richesse et porte le diagnostic de paralysie générale, avec 
alcoolisme avoué. Antécédents héréditaires nuls, nie la syphilis ; femme 
normale ; ni enfants, ni fausses couches. En juin 1903, le malade se calme : 
paralysie générale progressive, affaiblissement mental, embarras de la parole, 
signe d'A-R. Dans la suite, les mouvements sont mieux coordonnés, le calme 
devient durable. Il bénéficie de quelques heures de sortie d'essai. En juin 1904, 
quelques piqûres mercurielles; la ponction lombaire montre de la lympho- 
cytose. Ictus huit jours avant l'envoi au dépôt. Le malade est réclamé par sa 
famille et sort fin août 1904. Cinq mois après, rechute. Wassermann positif 
dans le sang et le liquide céphalo-rachidien. En résumé, paralysie générale à 
longue évolution, avec fausses rémissions séparant des stades de plus en plus 
démentiels, cachexie finale et décès en avril 1910. 

Méningo-encéphalite diffuse au point de vue macro et microscopique. 
Lacunes de dégénérescence au niveau des zones frontales gauches. 


O8s. II. — Boe.…., trente-huit ans, chaudronnier, entre à l'asile de 
Villejuif le 4 janvier 1912, par transfert de Charenton, où il était entré le 
2 novembre précédent à la suite d’un ictus congestif qui marquait le début de 
la maladie et où le D' Roger-Mignot constate: paralysie générale avec idées 
de grandeur et de persécution, troubles paréto-ataxiques. A l'asile Sainte- 
Anne, le D' Juquelier fait le même diagnostic et remarque des troubles oculo- 
pupillaires manifestes, avec embarras de parole. A l'entrée à l’asile de Villejuif 
on constate les mêmes signes. Le malade est affaibli et sa paralysie évolue 
rapidement vers la cachexie. Le 24 janvier 1913 une série d’ictus congestifs 
avec turbulence intercalaire. Mort le 12 février 1913 au matin. 

Nécropsie : lésions typiques macroscopiques de la méningo-encéphalite 
diffuse. à 

Constatations histologiques. — L'imprégnation a été faite d’après la méthode 
lente de Levaditi : fixation au formol à 10 p. 100, alcool à 90 degrés pendant 
vingt heures, lavage à l’eau, imprégnation par le nitrate d'argent (1 gr.5 p. 100) 


à 37 degrés pendant quatre jours ; réduction par l'acide pyrogallique à 4 p. 100, 
 S 


additionné de 5 p. 100 de formol. 


” 


a 


7196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Dans le cas n° 1 (/s...), l'imprégnation des fibrilles nerveuses est pour 
ainsi dire nulle. La eoupe est uniformément jaune et les tissus parais- 
sent macérés. Les tréponèmes, en assez grand nombre, sont disposés 
d'une facon diffuse dans la substance grise des circonvolulions, tout 
près de l'écorce. Certains d'entre euX sont en relation avec les parois 
vasculaires. Leurs ondulalions sont régulières, serrées, leurs extrémités 
minces et incurvées. Quelques parasites paraissent dégénérés. 

Dans le cas n° 2 (Boe...), constatations analogues, mais les spirochètes 
sont de beaucoup plus rares. 

Conclusions. — Des tréponèmes typiques ont été décelés dans l’écorce 
cérébrale de deux paralytiques avérés, parmi les vingt-quatre cas 
examinés à ce point de vue. Dans une de nos observations, il s’agit d’un 
sujet dont la paralysie généraie a évolué pendant sept ans, avec de 
fausses rémissions. /{ est intéressant de constater que l'agent pathogène 
de la syphilis peut persister dans le cerveau, malgré la durée extrémement 
longue de la paralysie générale. Ce cas contraste avec le second malade, 
chez lequel l’évolution de la maladie fut rapide. 

De l’ensemble des constatations de Noguchi, Moore, Marinesco et 
Minea et des faits qui viennent d’être relatés, il résulte que la méthode 
à l'argent est capable de révéler la présence du tréponème dans le 
cerveau des paralytiques généraux. Noguchi insiste cependant sur 
l'utilité de certaines modifications qu'il a fait subir au procédé de 
Levaditi et parait enclin à attribuer à ces modifications les résultats 
positifs enregistrés par lui. Nous désirons faire remarquer, toutefois, 
que ces modifications de la technique en question, modifications qui 
dérivent de cette technique même et du procédé rapide à la pyridine de 
Levaditi et Manouélian, ne sont pas absolument nécessaires, puisque nos 
résultats ont été obtenus avec le procédé non modifié (1). Ce qui est 
frappant, c'est que les tréponèmes n'ont été constatés par nous (et aussi 
par nos prédécesseurs) que dans les cerveaux dont les neuro-fibrilles 
n'étaient pas imprégnées, ou n'avaient retenu que lrèsfaiblement l'argent. 
Le succès de l'imprégnation des spirochètes dépend donc de l’affinité 
des fibrilles nerveuses pour l'argent; en d’autres mots, de l’état de 
conservation et de fixation de ces fibrilles. Pour nous, les spirochètes 
existent dans le cerveau des paralytiques généraux beaucoup plus 
fréquemment que ne le montrent les recherches récentes ; il s’agit de 
trouver un procédé de fixation ou d'imprégnation argentique capable de 
réduire autant que possible cette affinité des fibrilles nerveuses pour 
l’argent, sans toucher à celle des tréponèmes. C'est ce que nous sommes 
en train de chercher actuellement. 

Tout récemment, il nous a été donné de découvrir le tréponème dans 
le cerveau d’un paralylique général, non seulement à l’ultramicro$cope, 


(1) La même opinion est partagée par Moore. 


SÉANCE DU 19 AVRIL 7197 


comme l'avait déjà signalé Noguchi, mais aussi par le procédé de l'encre 
de Chine (Burri) et la méthode de Fontana-Tribondeau (1). Voiei l’obser- 
valion de ce malade: 


O8s. III. — Bourg..., quarante-neuf ans; syphilis datant de 1900. Entre à 
l'asile de Villejuif le 21 mars 1913. Embarras de parole, tremblements muscu- 
laires, signes d’A-R, anesthésie bucco-linguale, en un mot symptômes typiques 
de paralysie générale. Wassermann positif avec le sérum. Affirme avoir été 
traité par le 606 il y a trois mois. Syphilis conjugale. Décès le 16 avril 1913. 
_ Nécropsie faite très rapidement après la mort. 

Constatations. — Dans les préparations faites avec l'écorce cérébrale 
frontale, examinées à l’ultramicroscope, assez nombreux tréponèmes, 
dont quelques-uns encore mobiles. Des fragments sont placés dans le 
milieu de Schereschewski ; le lendemain et trois jours après on décèle 
de rares tréponèmes immobiles. Dans les frottis faits d'après le procédé 
de Burri, rares tréponèmes des plus caractéristiques. Enfin, dans presque 
tous les frottis imprégnés à l'argent d’après le procédé de Fontana- 
Tribondeau, nous avons trouvé des spirochètes admirablement colorés 
en brun foncé et absolument typiques. Cette dernière méthode nous 
paraît appelée à rendre de grands services au point de vue de fa recherche 
des tréponèmes dans les frottis de cerveau de paralytiques généraux. 


SUR UN BACILLE D EBERTH AUTHENTIQUE NON AGGLUTINABLE. 


Note de J. FRoMENTt et À. Rocuaix, présentée par J. CouRwuoNT. 


Nous avons isolé du sang d'un malade atteint de fièvre typhoide un 
bacille typhique qui présentait la particularité de n'être agglutinable 
que par le sérum du malade dont il provenait. 


1. — Le diagnostic de fièvre typhoïide a été établi cliniquement et par 
le séro-diagnostic. 

Cliniquement, il s'agissait d’une fièvre typhoïde à rechute de 
moyenne intensité. Le premier stade a eu une évolutionde cinq semaines, 
mais la température ne s'est maintenue entre 395 et 40°%5 que pendant 
huit jours. On notait tous les signes classiques : splénomégalie, bron- 
chite, gargouillement de la fosse iliaque, taches rosées, dicrotisme, mais 
le météorisme et la diarrhée ont été peu accusés ; dès le début, le malade 
traité par la méthode de Brandt a sauté des bains. La période interca- 


(1) Fontana. Pathologica, 1913, t. V, n° 109; Tribondeau, Bull. de la Soe. 
francaise de dermatologie, 7 novembre 1912. 


7198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


laire a duré huit jours et la rechute deux septénaires, si bien que l’évo- 
lution totale a été de huit semaines. 

Le séro-diagnostic, pratiqué vers le milieu de la rechute, c'est-à-dire 
dans le courant de la septième semaine, a été positif à 1/50, avec un 
bacille d’Eberth authentique. Il s'agissait donc bien d’une fièvre 
typhoïde. | 

Il. — Le bacille, isolé par hémoculture, le huitième jour après le 
début des accidents, était bien le bacille pathogène et non un microbe 
de contamination ultérieure. En effet, ce microbe était agglutiné à 
À p. 100 par le sérum du malade. L’agglutination a été pratiquée au 
cours de la septième semaine de la maladie. 


IT. — Le microbe, ainsi isolé par hémoculture, est un bacille typhique. 
Il en présente tous les caractères morphologiques et de coloration 
(bacilles mobiles, ne prenant pas le Gram) et les caractères culturaux : 
culture mince sur agar, pomme de terre, pas de liquéfaction de la 
gélaline, pas de virage du neutral-rot, du bouillon lactosé-tournesolé 
et du milieu de Petruchsky, pas de fermentation des sucres, pas de 
coagulation du lait, pas de formation d’indol. 
Ces caractères éliminent donc les bacilles paratyphiques, le Bacillus 
fæcalis alcaligenes, etc. 
En second lieu, ce microbe provenait sûrement, comme nous l'avons 
montré, d'un malade atteint de fièvre typhoïde, dont il était l'agent 
- causal. 


IV. — Ce microbe n'était pas agglutinable par les sérums typhiques, 
sauf par celui d'où il avait été isolé. 

Aussitôt après l'isolement du microbe par hémoculture, nous avons 
pratiqué l’agglutination, quis’est montrée, pourainsi dire, négative (1/5). 

Nous avons fait immédiatement une série de cultures successives. 
On sait que des bacilles d'Eberth, peu ou pas agglutinables aux pre- 
mières généralions, acquièrent petit à petit cette propriété dans les 
cultures ultérieures (J. Courmont, Rodet, Rehus, Sacquépée, Bancel). 
À la quatorzième en l’agglutination était restée au taux négli- 
geable de 1/5. 

Nous avons alors essayé d’agglutiner ce microbe avec cinq autres 
sérums typhiques, dont nous avons contrôlé le pouvoir agglutinant. Les 
recherches ont été négatives d’une facon constante : l’agglutination a 
été absolument nulle ou n’a pas dépassé le taux de 1/5. 

Comme nous l'avons montré plus haut, ce microbe était agglutiné 
par le sérum du malade à 1/100. 


V. Conclusions. — Il peut doncexister des bacilles provenant du sang 
de typhiques, ayant tous les caractères de l'authenticité éberthienne, 
sauf l’agglutinabilité. C’est là un cas tout à fait exceptionnel. L’agglu- 


SÉANCE DU 19 AVRIL 


799 


tination, pratiquée dans les conditions requises, demeure un des meil- . 
leurs moyens d'identification du bacille typhique. 


(Laboratoire d'Hygiène du professeur Jules Courmont.) 


ÉTUDE COMPARÉE DES ACTIONS PROTÉOLYTIQUES ET HÉMOLYTIQUES DE QUELQUES 


VIBRIONS CHOLÉRIQUES, 


par M. BAUJEAN. 


L'étude des actions protéolyliques a été faite en ensemencant les 
vibrions en eau peptonée en boîtes de Roux, de manière à offrir au 
vibrion une large surface d'aération et à obtenir un beau voile. 

. Au bout de 2, 4, 6 et 8 jours d’étuve à 37 degrés, les cultures étaient 
filtrées sur Chamberland, et le filtrat mélangé à volume égal d’eau géla- 


tinée 


à 25 p. 100 stérilisée et neutre ou légèrement alcaline. 


Les tubes contenant le mélange étaient portés à l’étuve, et on recher- 
chait au bout de combien de temps la gélatine ne se solidifiait plus 
15 degrés pendant un 


lorsque les tubes étaient refroidis dans l'eau 


quart d'heure. 
L'activité protéolytique d'un filtrat est en raison inverse du temps 
que met ce filtrat à digérer la gélatine. : 
Le tableau ci-après donne les résultats de nos expériençges. Les 
souches vibrioniennes sont classées par ordre d'activité protéolytique 
décroissant. 


ORIGINE 
des cultures 
de vibrions. 


Bombay . 
Rome 


Saint-Pétersbourg . 
Pouilles (l'alie). 


Naples. 

- Marseille. 
El-Tor . 
Nha-Trang . 
Alexandrie. 


Finkler-Prior. . . . . . . 


CULTURE 
filtrée 
de 2 jours. 


6 heures. 
20 heures. 
24 heures. 
24 heures. 
24 heures. 
30 heures. 


3 jours. 
3 jours. 


CULTURE 
filtrée 


de 4 jours. 


16 heures. 


3 jours. 


30 heures. 
48 heures. 
48 heures. 
30 heures. 


3 jours. 
3 jours. 
1 jours. 
10 jours. 


CULTURE 
filtrée 


de 6 jours. 


24 heures. 


4 jours. 
26 heures. 
3 Jours. 


48 heures. 
4S heures. 


4 jours. 
3 jours. 
7 jours. 
10 jours. 


CULTURE 
filtrée 
de 8 jours. 


36 heures. 
4 jours. 
3 jours. 
3 jours. 

48 heures. 

48 heures. 
4 jours. 
4 jours. 
8 jours. 

12 jours. 


Le pouvoir protéolytique d'une même culture atteint assez rapide- 
ment, et en moyenne au bout de deux jours, son maximum d'intensité. 
Passé ce délai, il diminue peu à peu. 

Nous avons comparé également le pouvoir hémolytique respectif 
des mêmes vibrions vis-à-vis des hématies de différentes espèces ani- 


males. La technique suivie pour cette étude.a été la suivante : 


‘800 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Dans une série de tubes contenant 5 cc. d’eau peptonée isotonique, 
on ajoute 4 gouttes d’une dilution de globules à 5 p. 100 lavés. Les 
tubes sont ensemencés ensuite avec une même quantité de cultures de 
2% heures sur gélose des différentes origines de vibrions. Des tubes 
témoins non ensemencés ne renferment que les hématies. | 

Tous les tubes sont portés à l’étuve à 37 degrés et on les examine 
toutes les trois heures sans prolonger l'observation au delà de vingt- 
quatre heures car, après ce délai, les hématies commencent à subir une 
légère hémolyse dans les tubes témoins. 

Les résullats de nos observations sont résumés dans le tableau 
ci-après : 


ORIGINE GLOBULES GLOBULES GLOBULES GLOBULES GLOBULES 
Sites Le ae oo ect d'ions. 
Bonnets en témioil Hémol. Hémol. Hémol. Hémol. 
Rome. TE 0 0 0 0 0 
Saint-Pétersboure. . 4 % 4 4 4 
Pouilles (Italie) . . . 0 0 0 (0 0 
Naples se ep 4 0 0 0 0 
El-Tor. Ne 4 0 4 4 4 
Nha brans tt er 0 0 4 0 0 
Alexandrie MERE % 0 4 4 0 
Marsenlemr ere te 0 (] 0 0 0 
Rinkler-Prior 0 % () 0 0 
Deneke is rare une 4 4 0 0 0. 


1° On voit, par ces expériences, que les cultures du vibrion d'El- 
Tor, qui hémolysent les globules de lapin, de cobaye, de cheval et 
d'homme, sont sans action sur les globules de chèvre. 

Le vibrion d’Alexandrie hémolyse les globules de lapin, de cobaye 
et de cheval, et n’hémolyse pas ceux de l’homme et de la chèvre. 

Seuls les vibrions de Bombay et de Saint-Pétersbourg se sont mon- 
trés hémolytiques pour les 5 espèces de globules employées; ceux de 
Rome, des Pouilles et de Marseille sont restés au contraire inactifs sur 
les hématies de toutes les espèces animales expérimentées. 

2° Il n’y a aucune relation entre l’activité protéolytique et le pou- 
voir hémolytique d’une même race de vibrions. Si le vibrion de Bom- 
bay, très protéolylique, est aussi hémolytique, les vibrions de Rome 
et des Pouilles, qui sont doués d’un pouvoir hémolytique marqué, n’ont 
aucune aclion sur les globules rouges. 


hu Pasteur de Lille.) 


* d'aon 


SÉANCE DU 19 AVRIL 801 


ESSAI D'ACCOUTUMANCE A LA SPARTÉINE, 


par H. DoRLENcOURT. 


Détermination de la dose mortelle de sulfate de spartéine par voie intra- 
musculaire chez le cobaye. — D'un ensemble d'expériences en séries 
effectuées sur le cobaye, nous avons pu conclure qu'à la dose de 
0 gr. 002 (1) de sulfate de spartéine pour 100 grammes d’animal, on ne 
détermine aucun symptôme manifeste; c’est tout au plus si on provoque 
une légère dyspnée; à la dose de 0 gr. 003 les symptômes s’aceusent, 
ils apparaissent en général seulement 25 minutes après l'injection, mais 
lanimal se remet rapidement. À la dose de O0 gr. 006, les animaux 
meurent dans 40 p. 100 des cas ; à la dose de 0 gr. 0066, la mort est 
obtenue dans la majeure partie des expériences. Les symptômes qui 
précèdent la mort sont toujours semblables : inquiétude presque 
aussitôt après l'injection; dix minutes après, secousses généralisées 
ressemblant assez à celles que provoquerait un frisson ; la mort sur- 
vient dans un laps de temps qui n’excède pas un quart d'heure. 

Il semble, en ce qui concerne la dose toxique, qu'il y ait peu de diffé- 
rences individuelles; nous avons toujours trouvé un équivalent toxique 
à peu près semblable et nous l’avons fixé à 0 gr. 0066 pour 100 grammes 
de cobaye. 

Essai d'accoutumance. — Nos expériences ont porté sur une série de 
quatre cobayes du poids moyen de 500 grammes. 

Les injections intramusculaires ont été faites quotidiennement. La 
dose injectée au début de l'expérience, la progression des doses ont 
varié avec chaque animal. 


Cobaye n° 1. — La dos: de début a été de 1/10 de dose mortelle; chaque 
jour, on a augmenté la dose de 1/10 de dose mortelle. Au 9° jour, on a donc 
injecté les 9/10 d’une dose mortelle : i’animal a succombé en 35 minutes. 

Cobaye n° 2. — La dose du début a été de 1/15 de dose mortelle; chaque 
jour, on a augmenté celte dose de 1/15. Au 13° jour, l’animal a recu 13/15 de 
dose mortelle, il a succombé en 1! li. 45 minutes. 

Cobaye n° 3. — La dose de début a été de 1/20 de dose mortelle, chaque 
jour, on a augmenté la dose de 1/20. Au 20° jour, l’animal a reçu une dose 

mortelle, il est mort en 14 minutes. 

Cobaye n° 4. — La dose de début a été de 1/23 de dose mortelle; chaque 
jour, pendant quinze jours, on a augmenté la dose de 1/25 ; mais à ce moment, 
en présence des résultats défavorables obtenus chez les autres animaux en 
expérience, on a abaissé l'augmentation journalière à 1/50 de dose mortelle. 
Au 40° jour, deux jours avant de recevoir la totalité d'une dose mortelle, 
l'animal a succombé 20 minutes après l'injection. 


(1) Les chiffres donnés sont calculés en spartéine pure, l'injection était 
faite à l’état de sulfate. 


802 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


_—— 


Nous avons répété ces mêmes expériences en suivant exactement la 
même technique sur une nouvelle série de quatre cobayes, mais au lieu 
de faire des injections journalières, nous n'avons effectué les injections 
que tous les quatre jours et cela afin de nous mettre à l’abri de tout 
phénomène d'accumulation qui pourrait provoquer la mort et par suite 
masquer l’accoutumance. Les résultats ont été sensiblement identiques. 

Ainsi donc, que nous ayons essayé de provoquer l’accoutumance à la 
sparteine chez le cobaye par une méthode lente ou rapide, en faisant des 
injections subinlrantes ou en laissant chaque fois au poison plus de 
temps qu'il ne lui en fallait pour s éppines, nos résultats ont été dans 
tous les cas négatifs. 

Nous nous croyons donc autorisé à conclure que dans le cas particu- 
lier du cobaye, mais il est vraisemblable d'admettre qu’il doit en être de 
même pour tous les animaux de laboratoire, il n’est pas possible de 
provoquer l’accoutumance. Dans une communicalion ultérieure, nous 
apporterons une nouvelle série de faits destinés à expliquer dans une 
certaine mesure les causes de la non-accoutumance à cet alcaloïde. 


(Travail du laboratoire de recherches thérapeutiques 
de la Faculté de médecine de Paris.) 


l - 
: EFFETS LES INJECTIONS DE BICARBONATE DE SOUDE SUR LA TENEUR 


EN ALEXINE DU MILIEU SANGUIN, 


par E. Wercz et A.:Durourt. 


Nous avons étudié l’action du bicarbonate de soude sur la teneur en 


alexine du milieu sanguin. Ce sel est capable de provoquer une augmen- 
tation sensible de l’alexine lorsqu'il est employé à doses suffisantes par 
injection inlra-veineuse. Son action est beaucoup moins nette lorsqu'il 
est administré en ingestion. Nos recherches actuelles envisagent seule- 
ment l’adminisiration de ce sel par injeclion dans les veines. 

Nos expériences ont porté sur neuf lapins; les résultats obtenus ont 
été contrôlés sur l'homme. 


I. — Conditions d'expériences. — Le dosage de l’alexine a été pratiqué 
au moyen de la réactivation d'un couple hémolytique, toujours le même. 
Nous avons mis chaque fois en présence de doses définies et immuables 
de globules de mouton lavés et de sérum hémolytique de lapin anti- 
mouton des doses croissantes du sérum dont nous étudions le pouvoir 
alexique réactivant. 

Pour chaque sérum, le dosage de l’alexine a été pratiqué pendant 


SÉANCE DU 19 AVRIL 803 


plusieurs jours avant l'injection de bicarbonate, de facon à connaître 
exactement la teneur physiologique de ce sérum en alexine. Les dosages 
consécutifs à l'injection de bicarbonate ont été faits ensuite chacun des 
jours qui ont suivi, jusqu’à ce que la teneur en alexine du sérum soit 
redevenue telle qu’elle était auparavant. 

Ainsi, pour un sérum soumis à l’élude, nous prenons 4 tubesrenfermant 
comme élément variable 1, 2, 3 et Æ gouttes de ce sérum à doser, et 
comme éléments fixes 1 c.c. de globules de mouton lavés à 5 p. 100 et 
1/10 de c.c. de sérum hémolytique à 1/50. Après mélange, nous metlons 
à l’étuve à 37 degrés pendant trente minutes, nous centrifngeons et nous 
jugeons la teneur en alexine : 1° d’après le tube où débute l’'hémolyse ; 
2° d’après l’intensilé de l’'hémolyse dans les mêmes tubes, à jours diffé- 
rents, avant et après l'injection. 


Il. — /ésultals. — 1° Sur le lapin : l'injection intra -veineuse de 2 à 
4 grammes de bicarbonate de soude dass la veine de l'oreille du lapin 
produit très rapidement une augmentalion considérable de l'alexine. 
Cette augmentation est maxima dès le lendemain matin. Elle dimtinue 


progressivement les jours qui suivent. Finalement, la quantité d’alexine 


redevient normale vers le quatrième ou cinquième jour. 

Ces résultats sont d'autant plus intéressants, chez Île lapin, que l’on 
sait que cet animal a habituellement un sérum très pauvre em alexine. 
Suivant les animaux en expérience, et autant qu'il est possible de 
l'apprécier en dehors de données malhémaliques, nous estimons avoir 
triplé ou quintuplé la teneur en alexine des sérums. 

2° Sur l'homme : nous avons, en manière de contrôle, praliqué une 
injection de 10 grammes de bicarbonate de soude (à 4 p. 100) par voie 
intra-veineuse à une enfant de douze ans don! nous avons dosé aupa- 
ravant à diverses reprises l’alexine sérique. 

Comme chez les lapins (quoique d'une façon moindre si l’on tient 
compte de la dose de bicarbonate par rapport aux poids du sujet) nous 
avons, dès le lendemain, observé une augmentation notable de l’alexine. 
Celle-ci est revenue à son taux physiologique vers le quatrième jour. 


III. — Conclusions. — 1° Il est possible d'augmenter dans de fortes 
proportions l’alexine du sérum d’un animal ou d'un individu en lui 
administrant du bicarbonate de soude en injection intra-veineuse. 

2° Ce fait jette une lumière nouvelle sur certaines propriétés thérapeu- 
tiques du bicarbonate et sur les rapports déjà connus existant entre 
Palcalinité du sang et la résistance de l'organisme à l'infection. 


(Travail de la clinique infantile et du laboratoire de médecine expérimentale 
de la Faculté de médecine de Lyon.) 


804 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


LE COEFFICIENT D’ACIDOSE CHEZ LE CHIEN DÉPANCRÉATÉ, 


par MARCEL LISBONNE. 


On sait, depuis les recherches de Minkowski, Azemar, Embden et Lattes, etc, 
que le diabète pancréatique s'accompagne d’un état d’acidose caractérisé 
chimiquement par la présence en quantités notables dans les urines de com- 
posés acétoniques (principalement acides diacétique, F-oxybutyrique, acé- 
tone). 

Dans ces dernières années, Maillard et nent ont montré que la déter- 
mination du rapport urinaire : 


Indice formol (Ronchèse) en azote 
Azote ammoniacal après hydrolyse dans MgCF fondu (Folin) 


permettait d'obtenir une appréciation numérique intéressante de cet état 
d’acidose, puisque le quotient trouvé (coefficient d’acidose) n'est en somme 
que l'expression du rapport : 


PAR Azote neutralisant les acides 
Azote neutralisant et ayant neutralisé les acides 


J'ai entrepris Fétude des variations quotidiennes de ce rapport sur 
des chiens complètement dépancréatés, de manière à obtenir une mesure 
exacte des troubles de la nutrition qui conditionnent cette acidose. 

Le coefficient d'acidose a été calculé au moyen du rapport sim- 
Indice formol 
Indice hypobromique 
sion pratique très largement suffisante, surtout dans les cas d'urine 
sucrée, du rapport à dénominateur plus Fès de Maillard exposé plus 

haut. 


plifié : que Derrien (1) conseille comme l'expres- 


Nos recherches ont porté sur les urines de deux chiens totalement dépan- 
créatés, mais porteurs d'une greffe sous-cutanée pancréatique, opérés par 
M. le professeur Hedon. Une série d'analyses est d’abord faite sur les animaux 
à greffe présente, c’est-à-dire non diabétiques, de manière à obtenir les 
valeurs témoins du coefficient avant la glycosurie. On pratique alors l'ablation 
de la greffe ; le diabète éclate avec son intensité habituelle et on détermine 
quotidiennement le coefficient d’acidose jusqu’à la mort de l'animal. 

Pendant toute la durée des expériences, les animaux sont invariablement 
soumis au régime de viande crue maigre (600 grammes pour le premier, 
800 grammes pour le deuxième), eau à volonté. 

Le tableau suivant résume les analyses pratiquées, sur [Es urines des 
24 heures, avant et après l’ablation de la greffe (2). 


(4) E. Derrien. Bull. Soc. Chim. Franc., XIII, XIV, 1913, p. 98. 


(2) Le tableau complet des analyses quotidiennes, trop long pour trouver 


place ici, paraîtra dans un mémoire ultérieur. 


SÉANCE DU 19 AVRIL 305 


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1 550 | 5,7 | 41 0 » » 
3 560 | 4,2 | 34 0 » » 
24 620 14,5, | 240 CEE RE ILE » 
d) 800 aol 50 {traces » » 
6 850 3,8 45% 1tracesif. 1.222. Ablation de la greffe. 
DA | 2,9 | 43 67 1,6 » 
8 1660 6,5 53 85 1,6 » 
9 | 1510 | 8,0 | 50 st 1,6 » 
10 1540 1,8 51 TU L,4 » 
15 1130 6,7 29 43 1,4 » 
16 760 | 7,5 | 29 89 À. 1,3 » 
20 600 | 7,3 | 30 35 1,1 » 
25 650 1,4 3 43 1659 » 
29 530 | 6,1 | 6 39 1,4 » 
30 540 6,140 028 38 1 » 
31 400 4,1 30 25 0,8 L'animal agonique est sacrifié. 
LITE » RSS RER RE ARR ANR Ce chiffre — la moy. obtenue à l'aide 
des analyses de 16 jours consécutifs. 
1 400 4,3 » » ) » 
9 61 0 5,8 » )) »» » 
3 600 4,1 DS See BU REEe Ablation de la greffe. 
4 | 41060 | 6,3 | 42 14 1,1 
B | 4530 | 6,5 | 61 | 109 1,1 » 
He 660 A). 59 70 1,3 » 
8 1710 6,1 61 66 1,02 » 
9 | 4350 | 5,5 | 53 49 0,9 » 
10 980 bel 51 28 0,5 L'animal meurt dans la nuit. 


(1) Le cœæfficient d'acidose, pour la facilité de la lecture, est représenté par le numérateur 
d’une fraction dont le dénominateur serait 100, c'est-à-dire que le chiffre donné exprime la 
quantité d'azote formol par rapport à 100 d'azote hypobromique. 

(2) Azote hypobromique moins azote formol exprimé en urée. 


De l'ensemble de ces chiffres, on peut tirer les conclusions suivantes : 

1° Chez le chien dépancréaté, mais non diabétique par suite de la 
présence d’une greffe sous-cutanée, le coefficient d’acidose (pour une 
alimentation déterminée) oscille autour de 4,6-4,8 (moyenne de 20 ana- 
lyses) avec minimum : 3,7 et maximum : 5,7. 

2° À partir du moment où l'animal devient diabétique par ablation 
de la greffe, on note une élévation immédiate et constante, qui persiste 
jusqu'aux derniers jours de la cachexie, de ce coefficient dont la 
moyenne oscille dès lors autour de 6,3-6,5 (moyenne de 31 analyses) 
avec minimum (rare à la vérité) : 5,4 et maximum : 8. 

3° IL existe donc dans le diabète pancréatique, immédiatement à son 
origine, un état très net d'acidose. Je rappelle qu'Azemar (1) a vu la 


(1) Azemar. Trav. laborat. physiol. Montpellier, 1900. 


806 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


quantité d'acétone contenue dans l'urine décuplée dans les, quarante- 
huit heures qui suivent l’ablation de la greffe; mais landis que l’acéto-. 
nurie augmente d'intensité avec les progrès du diabète, le coefficient. 
d’acidose semble rester à peu près constant au cours de l’évolution de : 
la maladie (sous réserve d’une neutralisation possible de l'acide éliminé 
par des bases, chaux, magnésie, autres que l’ammoniaque). 

4° Cependant, cet état d'acidose, dont l’existence est incontestable, 
n'atteint jamais qu’un très faible degré, ainsi qu’en’ témoigne la minime 
2-2,5 


1007 à 


élévation du coefficient qui ne dépasse en moyenne que de 


valeur primitive (1). 
Nous exposerons ultérieurement les déductions cliniques et expéri- 
mentales qu'on peut tirer de l’ensemble de ces faits. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté 
de médecine de Montpellier.) 


TRAITEMENT DE L'ORCHITE BLENNORRAGIQUE, 
AU MOYEN D'INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DE VIRUS-VACCINS SENSIBILISÉS 
DE BESREDRKA, 


par L. CRUVEILHIER. 


L'orchite est, de toutes les complications de la blennorragie, sans 
conteste la plus fréquente, puisqu’à elle seule elle se montrerait plus 
souvent que toutes les autres ensemble (Jullien) et qu'on l’observerait 
dans le quart des cas (Luys) ou tout au moins une fois sur dix (Four- 
nier). Nous avons donc pensé qu'ilserait tout particulièrement intéres- 
sant d’avoir recours, pour le traitement de l’orchite, à la méthode des 
virus sensibilisés de Besredka (2) que nous avons été les premiers à 
appliquer au gonocoque (3). Notre maitre, le professeur agrégé Cas-. 
laigne, et nos amis, les D Fouquet, ancien chef de clinique à la 
Faculté, et Parturier, assistant à la consultation de la Charité, ont bien 
voulu nous adresser à l’Institut Pasteur un certain nombre de malades 
atteints d’orchite. Quelques sujets, souffrant de la même affection, nous 


(1) On peut donc affirmer dans ces eonditions que l’aminoacidurie qui 
éléverait le coefficient reste elle-même peu accentuée. 

(2) Besredka. Annales de l’Institut Pasteur, 1901, p. 227. — Comptes rendus 
de l’Acad. des Sciences, 1902, t. CXXXIV, p. 1330. — Annales de l'Institut 
Pasteur, 1902, p. 918. — Bulletin de l'Institut Pasteur, 1910, p. 241. 

(3) L. Cruveilhier. Comples rendus de la Soc. de Biologie, 4 janvier 1913. 


SÉANCE DU 19 AvRIL 807 


ont été en outre amenés par des blennorragiens que nous avions traités 
avec succès. Nous avons pu ainsi suivre utilement quatorze malades qui 
ont bien voulu prendre l'engagement de ne se soumettre à aucun autre 
traitement que le nôtre. 

Nous leur recommandions toutefois de porter un suspensoir bien fait 
qui relève et maintienne les bourses sur le ventre. Ces quatorze malades 
dont l’âge variait entre dix-sept et trente-cinq ans étaient tous atteints 
d'orchite unilatérale aiguë. 

La douleur spontanée, vive chez nos malades au point de provoquer 
chez l’un d'eux des syncopes et chez d’autres des irradiations doulou- 
reuses vers le cordon, dans la cuisse, dans les reins, dans la région 
fessière ou à l'abdomen, a été très vite influencée par le traitement, de 
sorte que la plupart de nos malades, qui se plaignaient de ne pouvoir 
dormir, ont reposé tranquillement la nuit même qui a suivi la piqüre. 

Quelle qu’ait été son acuité, dans tous les cas que nousavions observés, 
la douleur spontanée a disparu le plus ordinairement douze heures 
après la première piqüre, parfois au bout de vingt-quatre heures, et 
jamais nous ne l’avons notée quarante-huit heures après le début du 
traitement, de sorte que, dès le lendemain, les malades n’éprouvaient 
plus de difficultés dans la station debout et dans la marche. Aussi, 
quelques-uns reprenaient-ils leur travail, tel un de nos malades, garcon 
livreur chez un pâtissier de la rive gauche, qui n a interrompu son 
métier que trente-six heures. 

Les phénomènes locaux inflammatoires, caractérisés par la rougeur, la 
chaleur et la tension de la peau au niveau du testicule, diminuaient 
puis disparaissaient en même temps que la douleur spontanée. 

Ce n’est toutefois qu'après la seconde piqüre dans quatre cas et plus 
ordinairement après la troisième intervention, soit de cinq à huit jours 
après le début du traitement, que nous avons observé la disparition 
complète de la douleur provoquée par la palpation du scrotum au niveau 
de l’épididyme. En même temps que la sensibilité normale, cet organe 
reprenait sa souplesse et ses dimensions habituelles. 

Le plus ordinairement toutefois, nous avons noté la persistance d’un 
noyau indolore occupant la queue de l’épididyme. Deux de nos malades 
présentaient un noyau encore perceptible trois semaines et un mois 
après le début du traitement. 

Chez tous nos malades, dont aucun n’a gardé le lit et qui venaient 
chaque matin au laboratoire se faire examiner ou lraiter, nous avons 
eu la satisfaction d'observer que les divers ne généraux qui 
_ accompagnent d'ordinaire l'orchite ne tardaient pas à disparaître. Nos 
malades, recommençant à dormir et ne souffrant plus, reprenaient 
appétit et, dès le deuxième ou troisième jour du traitement, ils ne pré- 
sentaient plus ce facies souffreteux, amaigri et déprimé qu'affectent 
d'ordinaire les blennorragiens atteints d’orchite. La fièvre qui accom- 


BiocociE. C MPrES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 56 


808 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pague toute poussée inflammatoire du côté de l’épididyme cessait dans 
les vingt-quatre heures qui suivaient le début du traitement. 

Toutefois, presque constamment, de quatre à six heures après la 
piqûre, les malades accusaient un malaise général et une réaction 
fébrile accompagnée de frissons en rapport avec l'importance de la dose 
injectée et le tempérament de l'individu. 

Au niveau même de la piqûre, le lendemain de l'injection, les malades 
présentaient parfois un peu de rougeur diffuse et surtout de la douleur 
au toucher qui, d'ordinaire légère, révélait parfois une assez grande 
acuité dans le cas de doses massives. Chacun de nos malades recevait 
de 2 à 3 injections. Celles-ci étaient pratiquées à quarante-huit heures 
d'intervalle dans le tissu cellulaire sous- cutané de la cuisse, de l’abdo- 
men, de la région lombaire ou au niveau du dos, en dedans du bord 
interne de l'omoplate. 

Nous n'avons eu à enregistrer aucune rechute dans les différents cas 
que nous avons observés. | 


(Travail du laboratoire de M. Roux.) 


SUR LA RECHERCHE DES CELLULES EXCRÉTRICES PAR LA MÉTHODE 
DES INJECTIONS PHYSIOLOGIQUES DE MATIÈRES COLORANTES 


(Première note), 


par P. Ancez et P. Bouin. 


Depuis une quarantaine d'années, la méthode des injections physio- 
logiques de matières colorantes est employée pour l'étude du fonction- 
nement du tube urinaire. Elle a donné, entre les mains de Heidenhain, 
Kowalevski, Nussbaum, Gourwitsch,etc...,des résultats très intéressants. 
Certains auteurs ont surtout retenu le fait que les cellules rénales ou 
néphrocytes absorbent et éliminent de nombreuses matières colorantes 
et ont pensé que cette méthode pourrait permettre de découvrir, dans la 
série zoologique, les organes excréteurs. Pour eux, l'absorption d’une 
malière colorante par une cellule vivante suffit à démontrer que cette 
cellule est un néphrocyte. L'emploi de cette méthode les a conduits à 
signaler l'existence de néphrocyles, non seulement dans les néphridies, 
mais encore dans les territoires les plus divers de l'organisme. Ils 
les ont trouvés en particulier dans des amas d'éléments qui ne sont 
pas en rapport avec l'extérieur au moyen de canaux excréteurs, et ont 
donné à ces amas le nom de « Reins clos ». Ils ont en outre dénommé 
« néphrophagocytes » les cellules qui capturent non seulement les 
matières colorantes dissoutes, mais aussi les particules de matières 


LITE 


V7 ee. 


SÉANCE DU 19 AVRIL 809 


CN 


colorantes insolubles. Ils ont été de la sorte conduits ‘à affirmer que 


_ toute cellule vivante qui absorbe une matière colorante est un 


« néphrocyte » ou un « néphrophagocyte ». Mais toutes les cellules 
ne présentent pas la même affinité pour les colorants. Aussi « quand on 
voudra déceler toutes les catégories de cellules excrétrices chez un 
animal donné, il faudra injecter un grand nombre de substances diffé- 
rentes et on ne sera pas encore absolument sûr que toutes ont été mises 
en évidence (Cuénot) ». On conçoit que, dans ces conditions, le nombre 
des néphrocytes aille toujours en augmentant. C’est ainsi que M. Mercier 
a récemment affirmé que les cellules myométriales, dont nous avons 
signalé l'existence dans le muscle utérin de la Lapine gestante, sont 
des « néphrophagocytes », parce qu'elles fixent le carmin. 

Dès 1902, M. Yves Delage (1) s'était élevé contre une semblable facon 
de raisonner. « Il y a là, à mon sens, disait cet auteur, un vice de raison- 


nement qui n’attire pas l'attention parce que, dans la plupart des 


. mémoires, l'induction fautive reste implicite, n’est pas formulée, mais 


qui apparaît nettement dès qu'on va au fond des choses. » Quand on 


} 
| 
; 


voit M. Mercier déclarer que les cellules myométriales sont des néphro- 
phagocytes parce qu’elles fixent le carmin, on est invinciblement amené 
à lui demander où se trouve la preuve que toutes les cellules qui fixent 
le carmin sont des cellules excrétrices. C'est cetle question que nous lui 
avons posée. M. Mercier nous a renvoyés à son maitre M. Cuénot et à 
M. Bruntz. Ce dernier auteur nous renvoie lui-même à certains de ses 
travaux antérieurs : « Nous avons réuni, dit-il, en un mémoire publié 
dans des Annales très répandues (2), une série de faits qui apportent la 
preuve réclamée par MM. Ancel et Bouin. » Examinons donc l'exposé 
de ces faits. Ils méritent d’être soumis à la critique, parce qu'ils cons- 
tituent la base d'une théorie importante par l'élendue de ses conclusions 
en physiologie comparée et même en pathologie. 

La démonstration que les cellules qui absorbent les matières colo- 
rantes injectées dans le milieu intérieur sont des cellules excrélrices se 
base, dit M. Bruntz : 1° Sur la nature de leurs produits d’inelusion; 
2° sur leur mode de fonctionnement. 


I. Nature des produits d'inclusion. 


1° « Dans quelques cas, les néphrocytes renferment des produits concré- 
tionnés ou cristallisés qu'on a une tendance naturelle à homologuer à 
des produits d’excrétion en les comparant, par exemple, aux cellules à 
urates bien connues chez les Insectes. » 

Le fait que certaines cellules qui prennent les matières colorantes 


(1) Y. Delage. Observations à propos des injections physiologiques. Comytes 
rendus de l’Acad. des Sciences, 1902, 1°* décembre, t. CXXXV. 
(2) Annales des sciences naturelles. Zoologie, 1910, p. 265-276. 


810 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


peuvent renfermer des produits concrélionnés ou cristallisés ne démontre 
pas qu'elles sont excrétrices. Il existe en effet beaucoup de cellules non 


excrétrices, même pour M. Brunt(z, qui renferment des produits concré- 


tionnés ou crislallisés, exemple les cristaux de Reinke des cellules 
interstitielles du testicule, ceux de Lubarsch des spermatogonies, ceux 
de Gunther de la glande thyroïde, ceux de Lenhossèk des cellules ner- 
veuses sympathiques, les cristaux vitellins de certains œufs, ete... 
Quant à la tendance naturelle dont parle M. Bruntz, on a tort d'y céder. 
Une démonstration rigoureuse n'en a que faire. 

2 « L'analyse chimique complète des produits contenus dans les néphro- 
cytes, dit M. Bruntz, francherait définitivement la question de savoir si ces 


éléments sont réellement excréleurs. » On comprend que cette opinion aït 


poussé M. Brun!z à faire porter ses efforls de ce côté. Ceux-ci ont abouti 
à la publicalion d’un mémoire intitulé : « Recherches chimiques sur les 
cœurs branchiaux des Céphalopodes. Démonstration du rôle excréteur 
des cellules qui éliminent le carmin ammoniacal », par MM. Cuénot, 
Gonet et Bruntz (1). 

Ces auteurs ont conservé 120 grammes de cœurs branchiaux dans de 
l'alcool fort. Cet alcool a enlevé des sels ammoniacaux. Puis, après 
séjour des cœurs branchiaux dans une solution de soude à 10 p. 1000, la 
solution est traitée par la mixture ammoniaco-argentico-magnésienne. 
Le précipité obtenu est décomposé par HS. La solution évaporée, traitée 
par l'acide nilrique, donne une coloration faiblement jaune; si on y 
ajoute quelques gouttes de polasse, elle passe au jaune orangé. Ge sont, 
disent les auteurs, les réactions des corps xanthiques. « En raison de la 
petite quantité de produits obtenus, ajoutent-ils, les essais que nous 
avons tentés dans le but de rechercher la nature de ces corps xanthiques 
(guanine ou xanthine) ne nous ont pas donné de résultats. »Et ils con- 
cluent immédialement : « Les sels ammoniacaux et les corps xanthiques 
sont sans aucun doute des produits d’excrétion, et les cellules des cœurs 
branchiaux sont donc bien des néphrocytes. Une fois de plus, l’analyse 
chimique s'accorde avec la méthode des injections physiologiques, si 
précieuse pour révéler les organes excréteurs quand elle est maniée 
avec la prudence et la critique qui conviennent, » 

IL est difficile de ne pas manifester quelque surprise à la lecture de 
semblables conclusions. On comprend mal, en effet, que MM. Cuénot, 
Gonet et Bruntz considèrent la réaction qu ils ont obtenue comme carac- 
térislique des corps xanthiques. On comprend plus difficilement encore 


qu'ils admettent que la présence des corps xanthiques dans les cellules … 


des cœurs branchiaux prouve que ces cellules sont excrétrices; les corps 
xanthiques existent en effet dans toutes les cellules. Ge sont des dérivés 
de la nucléine. Aussi se rencontrent-ils en abondance surtout dans les 


(1) Arch. de zoo. exp. et gén. Notes et Revue, 1908, t. IX, p. 49. 


SÉANCE DU 19 AVRIL 811 


organes riches en noyaux cellulaires, en particulier les organes lym- 
phoïdes et les glandes, et on sait depuis longlemps que le rein n'en 
renferme pas plus que les autres organes glandulaires.Ces corps passent 
des cellules où ils prennent naissance dans le milieu intérieur. Ce n’est 
plus le rein qui les fabrique (1); il les élimine tout simplement. 


En somme, le moins qu'on puisse dire de ces diverses preuves chi- 
miques, c'est qu’elles ne prouvent rien. Nous continuerons dans une 
prochaine note l'examen critique des faits réunis par M. Bruntz dans 
son mémoire. 


} 


ACTION DES EXTRAITS DE PROSTATE SUR LES CIRCULATIONS CÉRÉBRALE 
ET RÉNALE. 


Note de Cu. Dusors et L. Bourer, présentée par E. GLey. 


L'action hypotensive des extraits prostatiques, signalée par divers 
auteurs, est aujourd'hui bien connue; dans un très intéressant travail 
sur la toxicité des extraits de prostate hypertrophiée, MM. Legueu et 
Gaillardot (2), ont mis en évidence l'un des mécanismes par lesquels 
s'exerce cctte action : l'excitation du centre modérateur cardiaque qui, 
par l'intermédiaire du pneumogastrique, ralentit le cœur et provoque 
par suite l’abaissement de la pression artérielle. 

Mais, dans les expériences que nous poursuivons depuis un certain 
temps sur la prostate, avec des extraits préparés suivant une méthode 
que nous avons déjà indiquée, nous avons fréquemment observé une 
chute de pression assez marquée sans que le cœur se soit ralenti; il 
faut donc qu'un ou plusieurs autres facteurs interviennent pour pro- 
voquer l’hypotension. Parmi ces causes possibles, il faut citer la vaso- 
dilatation de certains organes. MM. Hallion, Morel et Papin (3) ont 

(1) « Il est remarquable de constater, dit M. Cuénot dans son travail sur 
l «excrétion chez les Mollusques » {Arch. de Biol., t. XVI, p. 55), que, dans 


“la catégorie des reins à indigso, les cellules Enten er très souvent des subs- 


tances chimiquement alliées, acide urique ou urates, urée, leucomaiïues 
xanthiques, etc... » M. Cuénot n’a-t-il pas été amené à considérer la présence 
des leucomaïnes xanthiques comme caractéristique des néphrocytes, en 
partant de l’idée que c’est le rein qui les fabrique ? 

(2) F. Legueu et B. Gaïllardot. Toxicité générale des extraits de re 
hypertrophiée, Journal d'Uroloyie médi:ule et chirurgicale, t. I, n° 1, 15 juillet 
1912. 

(3) L. Hallion, L. Morel et E. Papin. Action vaso-dilatalrice pénienne de 
l'extrait prostatique. Comptes rendus de la Soc. de Bislogie, t. LXXIV, p. 401, 
n° 8, 28 février 1913. 


812 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


signalé récemment l’action vaso-dilatatrice pénienne de lextrait pros- 


tatique; nous avons, de notre côté, enregistré les variations de volume 


du cerveau, au moyen du pléthysmographe, d'après le procédé décrit 
par M. Wertheimer (1), et nous avons constamment vu l'injection de 
prostate produire, avec ou sans ralentissement du cœur, la chute de la 
pression artérielle en même temps que l’augmentation de volume du 
cervean. 

La vaso-dilatation cérébrale est- elle active et due à une action de 
l'extrait sur les centres vaso-dilatateurs? Est-elle seulement passive? 
Des expériences en cours, sur lesquelles nous reviendrons bientôt, 
paraissent en faveur de la première opinion. 

L’extrait prostatique agit aussi, au moins dans sans cas, en eXCI- 
tant les centres vaso-constricteurs; la preuve nous en est donnée par 
l'examen des variations de volume du rein, que nous avons recueillies 
au moyen de l’oncomètre (modèle de MM. Dastre et Morat) (2), relié à 
un système de ballons conjugués. Habituellement, après l’injection de 
prostate, le volume du rein diminue en même temps que la pression 
artérielle baisse, et les courbes qui expriment leurs variations sont 
presque parallèles : ïl est naturel, au premier abord, d’après ce que l’on 
sait sur la cireulation rénale, de penser que la diminution de volume de 


la glande est purement passive. Il s’y ajoute cependant un élément actif : 


dans quelques expériences, en effet, la pression s’est à peine modifiée 
Do Aou quelquefois même elle a légèrement augmenté, et le 
rein n’en a pas moins présenté une diminution de volame qui ne peut 
être due alors qu'à une constriclion active de ses vaisseaux. Ces effets 
vaso-constricteurs de l'extrait prostatique sont généralement renforcés 
chez les animaux auxquels on a sectionné les pneumogastriques. Dans 
ces conditions, en effet, on voil assez souvent à la suite de l'injection 
la pression artérielle et le volume du rein présenter des variations de 
sens inverse, l’une s'élevant pendant que l’autre diminue, et récipro- 
quement, ce qui traduit bien une vaso-constriction active de Porgane. 


(Laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Lille.) 


(1) E. Wertheimer. Archives de Physiologie, p. 297, 1893. 


2) Dastre et Morat. Recherches expérimentales sur le système nerveux vaso- 
moteur, p. 298. 


TE 


\ 


SÉANCE PU 19 AVRIL 813 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA CHOLESTÉRINÉMIE PHYSIOLOGIQUE. 
INFLUENCE DE L'ALIMENTATION. 


Note de Rouzaup et CABAnIs, présentée par I. ViINcENr. 


Poursuivant nos recherches (1) sur la cholestérinémie physiologique, 
nous avons voulu étudier si le taux de la cholestérine « circulante » 
subissait des variations appréciables sous L'influence de l’alimenta- 
tion. 

Nos examens ont été pratiqués sur des personnes jeunes el en parfait 
état de santé; les prélèvements ont été faits avant et 4 à 5 heures après 
un repas dans la composition duquel entraient des substances riches 
en cholestérine. 

Nous avons employé, pour le dosage de la cholestérine, la HAE 
colorimétrique de Grigaut, en ayant soin, comme, du reste, nous 
l'avons expliqué (2), de pratiquer les dosages en série et de comparer 
dans une même séance les échantillons de sérum provenant de pré- 
lèvements avant et après le repas pour chaque sujet. 


Voici, résumés dans le tableau suivant, les résultats obtenus chez les 
douze sujets examinés. 


NOMS DES SUJETS AVANT APRÈS OBSERVATIONS 

(Cie RME ANor20 1 gr. 20 Le repas comprenait bone chacun 
OP en a 1 gr. 50 1 gr. 50 de ces sujets : 

Go 1 gr. 30 1 gr. 30 

DER Fi 2 en) AREA |] soupe maigre. 

PEUT PEINE 1 gr. 30 1 gr. 30 250 gr. de pain. 

Mo. 1 gr. 80 1 gr. 80 1 portion de viande. 
Cher ac", D'OR ou) 2 ST. » 1 portion légumes verts. 
Mare. 1 gr. 80 1 gr. 80 2 œufs. 

Gran ns-: 4 gr. 40 1 gr. 40 25 centilitres de vin. 

Ca. 1 gr. 20 1Nor 000 

Es 4 gr. 45 4 gr. 45 

NE SNS ORNE 2 gr. 25 2 gr. 20 Lait, 2 litres et 2 œufs. 


(Subictérique.) 


Ainsi, le taux moyen de la cholestérine est resté à 1 gr. 60, n’éprou- 
vant aucune variation sous l'influence du repas. Un seul de nos sujets, 
à taux cholestérinémique assez élevé (deux grammes), nous a montré 


(1) Rouzaud et Cabanis. Influence du sommeil et de la marche sur la 
cholestérinémie. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1°* mars 1913. 

(2) Rouzaud et Cabanis. Variations de la cholestérinémie au cours de la 
vaccination antityphique. La Presse médicale, 12 mars 1913. 


814 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


une augmentation de 0 gr. 10 (différence retrouvée dans deux examens 
successifs). Par contre, le sujet subictérique à taux cholestérinémique 
fort (2 gr. 25) et soumis à un régime spécial (2 litres de lait et deux œufs) 
a accusé une baisse de 0 gr. 05 centigrammes, baisse qui relève .peut- 
être de la saignée à laquelle il a été soumis. 


Ces résullats permettent donc de penser que, chez l’homme sain, il 
n'existe pas de crise cholestérinémique à la suite d'un repas dans la 
composition duquel entre même de la cholestérine. 

Il en est de la cholestérinémie physiologique comme de la glycémie 
physiologique (1); sensiblement fixe pour une espèce animale donnée, 
elle est indépendante de l’alimentation, de l’état de repos, de l’état de 
travail. Et, par analogie, ne pouvons-nous pas supposer qu'il existe des 
organes utilisateurs et régulateurs de la cholestérine qui maintiennent 
ainsi l'équilibre physiologique? Si l'organisme sain tolère, sans que 
l'équilibre soit rompu, une quantité modérée de cholestérine comme il 
tolère une quantité modérée de sucre, il est vraisemblable qu’il n’en est 
plus de même à l’état pathologique. Et le régime doit être aussi utile 
aux hypercholestérinémiques qu'il l’est aux diabétiques. En outre, ces 
résultats nous ont démontré l'indépendance absolue de la lactescence 
du sérum et de sa teneur en cholestérine, constatalion déjà faite 
d’ailleurs par Chauffard, Grigaut et par nous-mêmes; en effet, la lactes- 
cence était régulièrement observée dans les sérums prélevés après les 
repas, alors que la teneur en cholestérine restait fixe. 


BACTÉRIES THERMOPHILES DES SABLES DU SAHARA, 


par L. NÈGRE. 


Nous avons entrepris l'étude de la flore bactérienne thermophile du 
Sahara. Cette étude porte sur les bactéries des sables et sur celles des 
eaux. 

Nous décrirons succinctement dans cetle note les bactéries thermo- 
philes que nous avons isolées des sables des environs d'El-Oued et de 
Figuig. Les échantillons de sable nous ont été fournis par M. le D' Ed. 
Sergent et par M. le D' Foley, auxquels nous adressons Lous nos remer- 
ciements. | 

Les caractères principaux de ces bactéries sont exposés dans le 
tableau ci-joint. 


(1) Mie Lucie Fandard. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 
10 février 1913. 


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S16 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


À part le groupe staphylocoque, ces microbes ont les caractères 
généraux suivants : 

Leur température de culture optima est celle de 50 degrés. Ils poussent 
à 32 degrés et jusqu à 70 degrés environ. 

Au-dessous de 50 degrés, ils sont aérobies facultatifs, mais ont une 
prédilection très nette pour l’aérobiose. 

Au-dessus de 50 degrés, ils sont aérobies stricts. Les cultures restent 
stériles en tubes capuchonnés, et les microbes ne poussent guère que 
dans la moitié supérieure des tubes de gélose inclinée. 

Tous ces microbes ainsi que les staphylocoques poussent abondam- 
ment dans les milieux salés à 30 et à 60 p. 1.000. 

Ils n’ont aucune action sur les sucres, sur le lait, sur les nitrates, sur 
l’albumine. Seul le n° 3 digère celle-ci. Pas de réaction indol-nitreuse. 

Ces microbes prennent le Gram, mais le Gram est décoloré en partie 


ou complètement aux températures élevées à partir de 50 degrés : 


environ. 

Les bactéries 3, 4 et 6 sont sporulées. Les spores se forment aux 
températures comprises entre 22 et 60 degrés, mais surtout au-dessous 
de 50 degrés. Les spores résistent à un chauffage de 15 à 20 minutes à 
100 degrés. Les spores formées aux températures élevées ont paru dans 
certains cas plus résistantes que celles formées aux températures 
basses. 


En résumé, ces microbes des sables du désert sabarien sont adaptés 
au milieu dans lequel ils vivent : 

1° Par leur température de culture; 

2° Par leur aérobiose si marquée: 

3° Par leur résistance au sel marin; 

4° Par leurs spores, organes de résistance contre la chaleur et la 
dessiccation. 

(Institut Pasteur d'Algérie.) 


LES VARIATIONS DU TEMPS DE RÉACTION (ÉQUATION PERSONNELLE), 
AU COURS DU TRAVAIL PROFESSIONNEL, 


se 


par HENRI LAUGIER et CHARLES RicHeT. 


Nous avons étudié un certain nombre de tests de fatigue, pour appré- 
cier les modificalions qu’exerce un travail professionnel continu. C'est 
ie temps de réaction simple, à un signal sonore, qui nous a donné les 
résultats les plus nets et les plus constants. 

Le sujet étail une dactylographe travaillant sous la dictée, et on 
l’'examinait à divers moments de son travail. 


SÉANCE DU 19 AVRIL 817 


Sur un circuit comprenant un accumulateur et un signal M. Després, se 
trouvent placées en série deux clefs, dont l’une, A, est fermée en permanence, 
et l’autre, B, ouverte en permanence. Au repos, le circuit est donc ouvert. La 


fermeture du signal B par l'expérimentateur donne le signal sonore qui s'inscrit 


sur un Cylindre rotatif. Le sujet répond en appuyant sur la clef À qui rouvre 
le courant et s'inscrit aussi sur le cylindre. La distance entre les deux signaux 
A et B est mesurable exactement. 


Dans ces conditions, on observe deux modifications très nettes pro- 
duites par un travail un peu prolongé. 

1° La durée du temps de réaction augmente. 

2° Les différentes déterminations se groupent d’une facon moins 
étroite autour de la valeur moyenne ; autrement dit, l'écart moyen de 
la moyenne augmente. 

Voici quelques exemples, donnant, en centièmes de seconde, le temps 
de la réponse : 


\ 


a) 2 novembre 1912. — Avant le travail, à 13 heures : 
DOS TS TOR RE NT CRETE GET GO OT D OGC 
M 200095 
Moy. : 18,14 Écart moy. de la moyenne : 2,2. 
Le même jour, à 18 heures, après 5 heures de travail : 
LS IT 1e PP RSS TR 2 TS 20 ONE 2 025 
25, 82 110 
Moy. : 23 Écart moy. de la moyenne : 4,6. 


5) 4 novembre, à 9 heures. — Avant le travail : 
NA 10026 EME DEN NEA GANT (Pau VAN ES US ETC) 
44 16 


Moy. :18,5 Écart moy. de la moyenne : 1,8. 


40 45 20 95 30 35 
FIGE 


Le même jour, à 17 heures, après travail de 9 à 12 heures, et de 13 h. 30 à 
17 heures : 


DO STEN ROME RS ETS TO TOME AG 200005 AT AGO ET CT AIS ESP UNSS 
20221 
Moy. : 21,2 Écart moy. de la moyenne : 4,3. 


818 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


y) 8 novembre, à 13 h. 30. — Avant le travail : 
DOMAINE MP TETE LCA PET EUS UE SM RE: 
AO LES AE SUEZ 
Moy. : 15,8 Écart moy. de la moyenne : 1,76. 


———————————— ——————— + ——————— > ————————— “7 ————————— 
10 > 15 20 25 30 35 
FrG. 2. À 
Après 5 heures de travail : 
DAS 00 DO OT RD 00000 000 DR DOTE SES C0) 
LMP EDS De 2632 116) 
Moy. : 23,8 Écart moy. de la moyenne : 4,2. 
à) 11 novembre, à 9 heures. — Avant le travail : 


en OM A ERIC M, Me CUT A4 e AS 
ATOME NES EMISEEIS 


Moy. : 16,2 Écart moy. de la moyenne : 1,8. 


À À | 
10 15 20 Get 30 on 
HIG: 


A 18 h. 30, après 7 h. 30 de travail coupées par 2 heures de repos, entre 
midi et 14 heures : 
SD IC A OMAN DRM 2 005 DRE SD MS OS 
3% 30 24 36 25 
Moy. : 24 Écart moy. de la moyenne : 5. 


et th à ibn Gr | Rent Eos 


SÉANCE DU 19 AVRIL 819 


Les figures 1, 2 et 3 représentent les résultats des expériences £, y, Ô. Les courbes 
sont obtenues en reliant les points qui ont pour abscisses les différentes durées 
des temps de réaction (en centièmes de seconde), et pour ordonnées le nombre 
de fois que chaque durée a été expérimentalement obtenue dans des déterminations 
successives. Sur chaque figure, la courbe supérieure marque les déterminations 
effectuées avant le travail; la courbe inférieure, les déterminations effectuées après 
le travail, pendant la fatigue. On voit facilement, sur ces figures, que la courbe 
inférieure est, dans son ensemble, déplacée vers les temps longs, par rapport à la 
courbe supérieure, et que, d'autre part, elle est beaucoup plus étalée que cette 
dernière. 


En prenant, pendant une journée de travail, les réactions psychiques, 
on a successivement (12 nov.) : 
TEMPS DE RÉACTION ÉCART 


Moyennes. moyen. 

AMV Ie ÉTAVa le PR Re 0 16,1 1 2 
1h15 minutes de travail. AT 1,5 
2 h. 45 minutes de travail. . . . . . 17,6 2.8) 
Repos dent IEmInutes Eee 17,0 152 
3 heures de travail. . . . . PR de 17,0 2,2 
5 h. 30 minutes de travail : . . . . 23,5 4,2 


Ainsi il n’y a eu de notable effet de fatigue (tant pour la prolonga- 
tion du lemps de réaction que pour un plus fort chiffre d'écart moyen 
de la moyenne) qu'entre la sixième et la huitième heure de travail, et 
ce résultat s'est produit brusquement. La fatigue est survenue tout 
d'un coup, comme si la force de résistance de l'organisme n'avait été 
vaincue qu'après un long effort. ; 


ERRATUM 


Notre pe M. BourGuert. 


T. LXXIV, p. 658 et 133, lire : Laboraloire d’Anatomie topographique, «u lieu «le : 
Laboratoire d’'Anatomie. 


MORE SRE "BA 


Le LG DR UT 


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MODE HAT E 4 
ist lésat Te CSHitte 


REUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


SÉANGE DU HoidMRAE 91 


GerBER (C.) : La lipase des latex. 
Comparaison avec celle des graines. 


SOMMAIRE 


— V. Action des acides sur la sa- 


ponification du jaune d'œuf par la 


— [V. Actions des acides sur la lipase des graines de Ricin. . . .. 824 

saponification du jaune d'œuf par la -TEissonnièRE (Maurice) : Contrôle 

lipase du latex de Euphorbiu chara- de l’'inactivation des sérums en 

CÜRES L 4/0 RSR Re 822 | expérience dans la réaction de Was- 
GERBER (C.) : La lipase des latex. SÉPATANN ne NE Re RE eee 821 


Comparaison avec celle des graines. 


Présidence de M. Fr. Arnaud. 


CONTROLE DE L'INACTIVATION DES SÉRUMS EN EXPÉRIENCE DANS LA RÉACTION 
DE WASSERMANN, 


par MAURICE TEISSONNIÈRE. 


Dans le dispositif type de la réaction de Wassermann, le tube n°9 (sys- 
tème hémolytique incomplet) est destiné à contrôler l’inactivation lotale 
du sérum hémolytique, par conséquent à prévenir l'introduction dans la 
réaction d'une quantité inconnue de complément. Ce tube doit donner 
. H° (hémolyse nulle) sile complément a bien été détruit en totalité. 

Par contre, il n’est prévu aucun contrôle de l’inactivation des sérums 
en expérience. Or, il peut arriver que la durée classique uniforme de 
chauffage pendant une demi-heure à 56 degrés soit insuffisante pour 
détruire le complément. En particulier, dans le cas où le sérum traité est 
abondant, une demi-heure peut être insuffisante pour obtenir l'équilibre 

de ce sérum avec la température de l’étuve ou du bain-marie. 

On comprend aisément que le fait d'introduire dans l'expérience une 
quantité imprévue et inconnue de complément peut fausser les résultats; 
une réaction faiblement ou partiellement positive peut, dans ce cas, être 
masquée et paraitre négalive. 


822 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


C'est pourquoi nous avons institué un dixième tube destiné à contrôler 
l’inactivation de chacun de nos sérums. Ce tube contient le système 
hémolytique, sans complément ; + l'unité de sérum X, soit 9,2 ; + la 
quantité d’eau physiologique nécessaire pour ramener le tout au volume 
des autres tubes. Ce tube, comme le n° 9 doit donner, hémolyse nulle 
— F0: 

On a accusé la réaction type de Wassermann d'être moins sensible que 
les réactions modifiées (Tschernogubow, Hecht, etc.) qui emploient les 
sérum non chauffés, et on à attribué ce fait à la destruction par le 
chauffage d’une certaine quantité d'anticorps syphilitiques. Il n’est pas 
douteux que, dans la plupart des cas où la technique de Wassermann a 
paru en défaut, il s'agissait d’un apport imprévu de complément parsuite 
d'inactivation incomplète des sérums en expérience. 


(Laboratoire privé de diagnostic médical.) 


LA LIPASE DES LATEX. COMPARAISON AVEC CELLE DES GRAINES. 


IV. — ACTION DES ACIDES SUR LA SAPONIFICATION UU JAUNE D'OŒUF PAR LA 
LIPASE DU LATEX DE Æuphorbia characias, 


par C. GERBER. 


Les acides minéraux, à faibles doses, favorisent légèrement la sapo- 
nification du jaune d’œuf par le latex de Æuphorbia characias; cette 
action favorisante croit avec la teneur du Jaune en acide, atteint rapi- 
dement — et cela pour une dose d’acide assez petite — un maximum 
au voisinage duquel elle se maintient tant que la proportion d’acide 
reste moyenne, puis elle décroit et ne tarde pas à faire place à une 
action nuisible qui croît rapidement avec la dose et ne tarde pas à 
devenir empêchante. 


C'est ainsi qu’en faisant agir, pendant 12 minutes, à 50 degrés, sur 5 c.c. 
de jaune d'œuf émulsionné au tiers dans l’eau distillée, 0,25 c.c. de latex frais 
de Euphorbia characias, nous avons obtenu la mise en liberté de 31 p. 100 
des acides gras contenus dans les glycérides du jaune d'œuf, tandis que, 
dans les mêmes conditions, mais en présence de 2,5 mol. milligr. d'acide 
chlorhydrique par litre de liquide à saponifier, la proportion d'acides gras 
libérés s’est élevée à 38 p. 100, et, en présence de 5 mol. milligr., à 40 p. 100; 
cette valeur s'est maintenue jusqu'à 20 mol. milligr. HC]; avec 25 mol. millige. 
elle est tombée à 32 p. 100, et, avec 30 mol. milligr., à 1 p. 100; enfin, avec 
60 mol. milligr. HCI, on n'a plus observé trace de saponification. 


Les acides organiques se comportent comme les acides minéraux; 
mais, de tous les acides, c'est l’acide acétique qui est le plus favorisant 


| 
| 


SÉANCE DU 15 AVRIL | ; 823 


à faibles doses et le moins nuisible à fortes doses. C'est ce que montrent 
bien les chiffres ci-dessous, résullats d'expériences faites dans les con- 
ditions relatées plus haut. 


miLLiGr. (HCI, C?0°H"); DEMI-MOL. MILLIGR. ( 


C?: —) 
PAR LITRE 


DURÉE 
de la 


saponification. 


Pourcentage d'acides gras mis en 
ACIDE CHLORHYDRIQUE 
12 minutes / > » | 40.5 39 40 32 » | 


9,0 minutes 6: 62. 63 » 62 61 38 » 


ACIDE ACÉTIQUE 


12 minutes ; 5 > NAS 46 45 
210 minutes Ë 53 > 52 » 63 62 


ACIDE OXALIQUE 


12 minutes 31 36 » D RON 6 36 
240 minutes 2 Se < 62 » £ 63 


L'action favorisante des faibles doses d'acides est d'autant plus 
manifeste, pour un électrolyte déterminé, que la saponification est 
moins avancée ; lorsqu'elle est poussée à fond, cette action favorisante 
disparaît complètement. Seule, l'influence nuisible puis empêchante 
des fortes doses persiste. Le tableau précédent montre, en effet, que la 
proportion des glycérides saponifiés au bout de quatre heures, à 
50 degrés, s’est maintenue aux environs de 62 p. 100, tant que la teneur 
du liquide en acides n’a pas dépassé 15 mol. milligr. par litre (C*O*H°), 
20 mol. milligr. (HCI) ou 30 mol. milligr. (C*O*H"). Cette proportion est 
tombée à 3 p. 100 avec 120 mol. milligr. d'acide acétique, et à zéro avec 
60 mol. milligr. d'acide chlorhydrique ou d’acide oxalique. 
| L’acide borique fait exception à la règle. Quel que soit le moment où 
; l’on arrête la saponification, il est, en effet, nuisible à faihles doses et 
… d'autant plus nuisible que la dose est moins faible. 


4 


C’est ainsi que, dans une série d'expériences faites à 50 degrés avec 5 c.c. 

de jaune d'œuf au tiers endiastasé avec 0,%0 c.c. de latex frais de Euphorbia 
characias, la proportion de glycérides saponifiés a été : 
L a) Au bout de dix minutes : en absence complète d'acide borique, 47 p. 100; 
| alors qu'avec 5 mol. milligr. de cet électrolyte par litre de liquide à saponi- 
fier, elle tombait à 45 p. 100; avec 10 mol. milligr., à 41 p. 100; avec 50 mol. 
milligr., à 30 p. 100; et, avec 100 mol. milligr., à 24 p. 100; 

b) Au bout de quatre heures : en absence complète d'acide borique, 67 p. 100; 
alors qu'avec 5 mol. milligr. de ce corps, elle tombait à 64 p. 100; avec 
10 mol. milligr., à 61 p. 100; avec 20 mol. milligr., à 35 p. 100; avec 50 mol. 
milligr., à 37 p. 100 ; et, avec 100 mol. milligr., à 33 p. 100. 


nd à AE ul 


B10L0G1E. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 57 


824 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


La comparaison des faits relatés dans cette note à ceux signalés dans 
une note précédente (1), concernant la coagulation du jaune d'œuf par 
le latex de Æuphorbia characias en présence de doses eroissantes 
d'acides, nous permet de faire les remarques suivantes : 


1° Les acides qui accélèrent la coagulation diastasique du jaune d’œuf 
en favorisent également la saponification. 

2° Ceux qui retardent, à toutes dose la coagulation diastique de ce 
liquide, nuisent également, à toutes doses, à sa saponification. 

3° Les premiers acides accélèrent — légèrement — la coagulation 
comme la saponification du jaune d'œuf, seulement quand ils sont 
employés à faibles doses; au contraire, à fortes doses, ils retardent, et à 
doses élevées ils s'opposent à l'une comme à l’autre de ces manifesta- 
tions diastiques. 

° Or, dans une autre note (2), nous avons montré que la coagulation 

du jaune d'œuf par la chaleur favorisait également sa saponification 
par le latex de Æuphorbia characias. 


Nous sommes donc autorisés à penser que {oule coagulalion diastasique 
ou autre du jaune d'œuf, el tout acide favorisant cette coagulation dias- 
tasique, favorise la saponification par le latex de Euphorbia characias; 
au contraire, tout acide retardant la coagulation, nuit à la saponifi- 
cation. 


LA LIPASE DES LATEX. - 
COMPARAISON AVEC CELLE DES GRAINES. 


V. — ACTION DES ACIDES SUR LA SAPONIFICATION DU JAUNE D OŒUF 
PAR LA LIPASE DES GRAINES DE RICIN (3), 


par C. GERBER. 


On sait, depuis les beaux travaux de Connstein, Hoyer et Warten- 
berg, de Nicloux, enfin de Urbain, Perruchon et Lancon, pour ne 
citer que les principaux, que la lipase des graines de ricin exige, pour 
saponifier les corps gras, que le milieu contienne une certaine pro- 


(1) Différence entre la coagulation du jaune d’œuf et la caséification du lait 
par le latex de l'Euphorbe des Vallons. Comptes rendus de la Soc. de Uri 
t. LXXIV, p. 55. 

(2) Saponification du Jaune d’œuf cuit par la lipase du latex de Euphorbin 
Characias. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 720. 

(3) Mises obligeamment à notre disposition par M. Garbit, industriel à Mar- 
seille. 


Ve PR AT, 


SÉANCE DU 15 AVRIL 895 


portion d'acides ou de sels; mais aucun auteur, à notre connais- 
sance du moins, n'a étudié d'une facon approfondie l'influence de ces 
divers électrolytes sur la saponification du jaune d'œuf par cette lipase. 
Cette étude s'impose à nous pour comparer les lipases des latex aux 
lipases des graines. 


a) Congulation et saponificalion. — Faisons agir à 35 degrés, pendant 
Six heures, sur 5 c.c. d'une émulsion au 1/2,5 de jaune d'œuf dans 
l'eau distillée, un égal volume d’une émulsion au 1/10° de pulpe de 
ricin dans l’eau distillée, en présence de doses croissantes d'acide chlor- 
hydrique. Les mélanges contenant 20 et 25 mol. milligr. HC] par litre 
sont, à la fin de l'expérience, coagulés en masse; celui à 30 mol. milligr. 
est coagulé en grumeaux ; tous les autres sont liquides. La saponifica- 
tion diastasique suit une marche parallèle. Nulle dans les mélanges 
liquides contenant moins de 29 mol. milligr. HCI, elle est intense dans 
les deux mélanges coagulés en masse (40 p. 100 dans le type à 20 mol. 
milligr., 55 p. 100 dans celui à 25 mol. milligr.), moyenne dans le 
mélange à 30 mol. milligr. coagulé en grumeaux (28 p. 100), faible 
dans les mélanges restés liquides et contenant plus de 30 mol. milligr. 
HCI. (18 p. 100 dans le type 40, 12 p. 100 dans le tÿpe 50, 10 p. 100 
dans le type 75 et 8 p. 100 dans le type 100). 

Les dosages des acides gras mis eu liberté dans des mélanges placés 
dans les mêmes conditions, mais où le jaune d’œuf est remplacé par de 


l'eau distillée montre, par comparaison avec ceux faits dans la série à 


jaune d'œuf que, seuls, les mélanges à 20, 25 et 30 molécules HCI ont eu 
les glycérides du jaune d'œuf saponifiés. | 

b) Vature de l'acide et saponification. — Le tableau ci-dessous conte- 
nant les résultats des expériences faites dans les mêmes conditions que 
les précédentes montre que si presque tous les acides se comportent en 
gros comme l'acide chlorbydrique, la nature de l'acide influe cependant 
sur le minimum de valences acides milligrammes nécessaires à la sapo- 
nification du jaune d'œuf. Tandis qu'il suffit de 10 val. milligr. acide sul- 
furique pour permettre la saponification du jaune d’œuf par la lipase du 


* ricin, il en faut 15 (acide nitrique), 20 (acides chlorhydrique, citrique, 


oxalique), 40 (acide phosphorique). Quant à l’acide borique, il est inca- 


1 pable, non seulement à la dose de 100 val. milligr. acide de permettre 


PERRIER SRE 22 0 


la saponification, après six heures, à 35 degrés, du jaune d'œuf; mais, 
même à la dose excessive de 2.400 val. milligr., de la permettre, après 
quarante-huit heures, à 15 degrés — que la solution boriquée ajoutée 
soit aqueuse (acide borique ordinaire) ou glycérinée (acide glycéro- 
borique plus franchement acide). — Il n’en est pas de même de la sapo- 


… nification de l'huile contenu dans l’emulsion de pulpe de ricin. Il suffit 


de 1.800 val. milligr. d'acide borique et de 600 val. milligr. d'acide 


- slycéroborique pour obtenir, après quarante-huit heures, à 15 degrés, 


826 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


une saponification aussi intense que celle observée, dans les mêmes 
conditions en présence de HCI (43 p. 100). 


2 


6 à 


LIQUIDE VALENCES MILLIGRAMMES ACIDES PAR LITRE MÉLANGE A SAPONIFIER 
ajouté à 
l'émulsion de | 


30 | 0 | 50 | 75 | 400 


graines de ricin.| @ 5 10 45 20 25 


Centimètres cubes liqueur décinormale soude nécessaires 
à la neutralisation des acides gras libérés. 
1/2 SO*HE. 


JAUNE 0 0 6.8 | 15 » | 13.5 | 9/5 | 8» | @4 561) 48 x, 
DEN N  PROMER rech 0 3 LS) Da? 5.9 5.9 | 5 » | 4.8 4.8 | 4.6 | 4. 
NO'H. 
Jaune Deer 0 0 0 » 14 » 14.8 12 » 7 » 4.8 Æ » 3245 3 » 
DE Pat Sent 0 0 2.8 @. 4,8 4.6 05) 4 > | DE 2 | 3 » 
HCI 4 
JAUNE MR 0 0 0 » O0 » | 11 » | 45 » | 8 » 4.5 3.6 3.2 2.4 
Haute ete 0 | 0 0 » | 3 DES 5. 4.6 4 » 3 4 | 3.1 2.8 
1/3 CSH*{OH)(CO®H}. 

Jaune TERME 0 0 0 » O1» | 11 » | 13 » | 14 » 15 » 14 » S > 5 » 

JDE PE FREE 0 0 | 0 » | 4 » 2 5.2 5.2 52 522 | 4.8 | UEUA 
1/2 (CO’H?. 

Jaune EE 0 0 0 » 0 » D DS PASS A 5 6.6 3? 2 » 

S DEEE SAONE Un ie 0 | 0 0 » 3 > 4.8 de2) D 4.8 4.4 | 3 » 2 » 
1/3 PO‘H® 

Jaune AS 0 (0) 0 » 0 » 0 » 0 » O0 » | 42» | 145» 85 5.5 

Hansen 2 0 0 0 » 0 » | 0 » 2» 44 59 | Do 4.8 4 >» 
1/3 BOSS. 

JauTe wi TÉ RU 0 0 0 » 0 » 0 » 0 » 0 » 0» 0 » 0 » 0 

HAUME MATE 0 | 0 0 » 0 » 0 » 0 » 0 » 0 » 0 » 0 » 0 » 


En résumé : 1° il y a, pour la graine de ricin, comme pour le latex de 
l'Euphorbe des vallons, une relation étroite entre la coagulation du 
jaune d'œuf et sa saponification ; mais, dans le cas des graines, ces 
deux phénomènes exigent l'addition d'un acide au milieu; dans le cas 
des latex, cette condition n’est pas nécessaire. 

2 Les acides qui favorisent à faibles doses la saponification du jaune 
d'œuf par la lipase des latex de l’Euphorbe des vallons, à doses 
moyennes, la permettent par la lipase des graines de ricin, la dose 
minimum variant avec la nature de l'acide. 

3° Les acides qui retardent à toute dose la saponification du jaune 
d'œuf par la lipase du latex d'Euphorbe, ne la permettent pas par la 
lipase des graines de ricin. 


827 


REUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


SÉANCE DU 15 AVRIL 1913 


SOMMAIRE 

Busquer (H.) : Arrêt diastolique AVC SSMORTORÉ RS EU 48 
des ventricules par fibrillation des . Rosertr (H.) et Parisot (J.) : Ca- 
oreillettes sur le cœur affaibli de - ractérisation de la globine dans 
D ere de se 44 | l'urine, en présence des autres albu- 

Durour (M.) : Sur l'éclairage en- MINES PURINREIFES RE 49 
doscopique (Première note). . . .. 40 Rogert (H.) et Parisor (J.) : Etude : 

Durour (M.) : Quelques expériences de quelques cas cliniques de globi- 
piboosduipiéromenedenroxler 2% Eure PEN NN 51 

Guérin (G.) et Tuiry (G.) : Pré- VERNIER (P.) et Tairy (G.) : Du 
sence de Sarcines dans une urine verdissement de l’artichaut par des 
humaine pendant dix-sept années. 46 | bacilles du groupe du Bacillus Sub- 

JacouEs (P.) et Tuiry (H.) : Kyste LOUIS RS A ER TRE At PER 53 


paradentaire. Présence de l’actino- 


Présidence de M. Meyer. 


SUR L'ÉCLAIRAGE ENDOSCOPIQUE. 
(Première note), 


par M. Duroce. 


On appelle endoscopie l'examen par la vue d'objets qui se trouvent à 
. l'intérieur d'une cavité, et plus spécialement, du corps humain. Dans le 
: tome II du fraité de physique biologique, mon collègue et ami M. le 

D’ Guilloz à exposé d’une facon détaillée les principes généraux de 
l’endoscopie et ses diverses applications, faisant une mise au point 
très complète de l’élat de la question en 1903. Je voudrais signaler 
aujourd'hui certains perfectionnements introduits depuis lors dans 
. Péclairage endoscopique, et surtout dans l'éclairage ophtalmoscopique 
qui m'intéresse plus spécialement. 

Ce qui gêne le plus l'observateur dans l'examen du fond de l'œil, 
c'est le reflet qui se produit sur les surfaces réfringentes de l'œil, et 


828 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY . (4) 


nr 


particulièrement sur la cornée; il existe aussi sur l’image ophtalmos- 
copique un léger voile, qui tient à ce que les milieux optiques de l'œil, 
notamment le cristallin, ne sont pas d'une transparence absolue, et, 
quand ils sont traversés par un rayon lumineux, diffusent irréguliè- 
rement la lumière. On a cherché de bien des façons à éviter la pro- 
duction du reflet cornéen, et M. Guilloz a indiqué un moyen d’y arriver. 
On trouve dans l’ouvrage de M. le D' W. Thorner (Vie Theorie des 
Augenspiegels, Berlin, 1903) un aperçu historique de la question. Mais 
le grand perfectionnement a été apporté à l’ophtalmoscopie par M. le 
professeur À. Gullstrand (d’'Upsal) qui, partant des conditions générales 
de la production des images dans les instruments d'optique, a posé les 
conditions de l’ophtalmoscopie sans reflets ni voile. M. Gullstrand a 
‘montré en outre qu’on pouvait réaliser ces conditions en s’arrangeant 
de façon à ce que, à leur passage à travers la cornée et le cristallin, le 
faisceau des rayons, qui, partis de la source lumineuse, vont éclairer la 
rétine, et le faisceau des rayons, qui reviennent de la rétine à l'œil de 
l’observateur, soient séparés par un certain intervalle. Comme ces deux 
faisceaux de rayons passent par la pupillé de l’œil à examiner, etqu'il ya 
intérêt à ce quele faisceau qui revient à l'observateur ne soit pas trop 
étroit, W convient que la section du faisceau éclairant par le plan de la 
pupil'e de l'œil à examiner soit très petite. Pour qu’il en soit ainsi, le 
D'Gullstrand forme dans le plan de la pupille de l’œil à examiner l'image 
de la source lumineuse elle-même. Dans ces conditions, il y a lieu 
d'employer une source de lumière très intense et de surface aussi 
réduite que possible, une source de grand éclat : M. Gullstrand a choisi 
comme source lumineuse pour son grand ophtalmoscope le filament 
d’une lampe Nernst (1). Pour l’ophtalmoseope à main, on obtient déjà 
de bons résultats avec le filament métallique incandescent d’une petite 
lampe éiectrique. Pour projeter dans l'œil à examiner l’image de la 
source lumineuse, M. Gullstrand a recours à une lentille asphérique 
exempte d'aberrations. Il obtient ainsi dans la pupille une image très 
petite, très brillante, et très nettement limitée du filament incan- 
descent. 

En combinant lusage de la lampe Nernst et celui de Ia lentille 
asphérique, M. Gullstrand a fait construire un instrument appelé /ampe 
Nernst à fente qui lui a permis de reconnaître les opacités les plus 
légères non seulement dans la cornée, l'humeur aqueuse et le cristallin, 
mais aussi dansle corps vitré. ILa fait remarquer que, s’il est plus avan- 
tageux, pour examiner les défauts de transparence des milieux optiqnes 
de l’œil, de se servir d’un miroir plan que d’un miroir concave, cela 
tient à ce que la partie éclairée de la rétine, qui joue le rôle de source 


(4) A la fin de son article sur l’endoscopie, M. Guïlloz recommandait déjà 
l'emploi de cette source. 


r 
s 


ÿ 
| 
h 


(42) SÉANCE DU 15 AVRIL 829 


lumineuse pour l'observation des opacités, est plus petite avec le miroir 
plan. « Si l'on fait l'examen en se servant d'un miroir plan percé d'un 
trou et d’une lampe Nernst à fente, la portion éclairée de la rétine, 
pour une amétropie pas trop élevée, a la plus petite étendue possible 
compatible avec une bonne intensilé lumineuse (1). » 

Voici un autre moyen, analogue au principe des fontaines lumineuses, 
de diminuer l'étendue de la section du faisceau lumineux en perdant 
très peu d'intensité : Il consiste à recevoir des rayons lumineux sur la 
grande base d'un cône de verre, dont la petite base très étroite laisse 
émerger un faisceau très intense. Avec une lampe de ce genre, on 
pratique aisément la diaphanoscopie de certaines parties du corps 
humain (2). On peut employer cette lampe dans l’ophtalmoscopie à 
l’image droile à condition de prendre une baguette de verre conique 
dont l'axe, au lieu d’être rectiligne, présente une certaine courbure, mais 
la difficulté est de pouvoir approcher la pelite extrémité suffisamment 
près de la cornée, le réflexe palpébral entrant en jeu de facon gênante, 
à moins que l'on ait fait au préalable une instillation de cocaïne. Le 
mieux serait de pouvoir mettre la petite surface de verre en contact 
avec la cornée, la mince couche des larmes facilitant l'entrée desrayons 
lumineux dans l'œil comme la couche d’eau ou d'huile dans un mieros- 
cope à immersion. 


- QUELQUES EXPÉRIENCES A PROPOS DU PHÉNOMÈNE DE TKOXLER, 


par M. Durour. 


Si l'on marque sur une feuille de papier plusieurs taches noires, et 
que l'on fixe l’une d’entre elles, on voit l’une ou l’autre des taches 
environnantes disparaître puis réapparaître peu après, et la tache que 
l’on fixe peut même disparaître après un temps de fixation assez long. 


(1) A. Gullstrand. Die reflexlose Ophthalmoscopie. Arch. für Augenheilkunde, 
t. LXVII, 1911. Dans ce travail, M. Gullstrand a montré aussi que l’on 
pouvait éviter le reflet cornéen dans l’ophtalmoscopie à l'image droite en 
prenant une source lumineuse telle que l'ombre complète du trou du miroir 
s’étende jusqu'au centre de courbure de la cornée. On peut alors tenir le 
miroir de facon à ce que l’image du trou produite par réflexion sur la cornée 
soit dans l'ombre complète. À cet égard, la meilleure source lumineuse à 
employer est la lampe Nernst à fente. 

(2) Cette lampe permet de voir très facilement l'arbre de Purkinje : il 
suffit de regarder dans la direction nasale en appliquant sur la partie externe 
de l'œil, par l'intermédiaire de la paupière, l'extrémité de la lampe à laquelle 
on donne un petit mouvement de va-et-vient. L'expérience est beaucoup 
plus facile qu'avec la méthode classique. 


830 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (43) 


Lors de la disparition des taches, on ne voit à leur place que le fond du 
papier : Le remplissage s’y fait à peu près comme pour la tache de 
Mariotte. Ce phénomène a été décrit par Troxler en 1802. M. Tscherning 
recommande de l’étudier en observant un quadrillage régulier : Après 
quelques secondes de fixation, la figure semble se modifier constam- 
ment; une partie semble disparaître, puis une autre (1). 

Il y a quelques années, me proposant de localiser sur les voies 
optiques le point de départ de certains phénomènes visuels, J'ai été 
amené à chercher si le phénomène de Troxler se produisait toujours 


solidairement pour les deux yeux, ou bien si, à son égard, les deux yeux 


étaient indépendants (2). J'ai constaté que chez moi le phénomène de 
Troxler se produit indifféremment pour l'œil droit ou pour l'œil gauche 
seul, l’autre œil étant fermé. Pour chercher quelle part revenait à 
chacun de mes yeux pendant sa production, j'ai eu recours à un procédé 
souvent employé par les oculistes pour déceler la simulation. Je place 
devant mon œil droit un verre rouge, et devant mon œil gauche un 
verre bleu. Regardant alors un quadrillage blane tracé sur fond noir, 
j'apercois au bout d’un moment des places où les raies paraissent 
bleues, et d’autres où elles paraissent rouges, et, le point fixé du qua- 
drillage restant le même, ces places bleues et rouges varient à chaque 
instant. Le phénomène me paraît peut-être encore plus frappant si 
j'installe en outre devant un de mes ÿeux un prisme de petit angle, 
pour décaler un peu les deux images bleue et rouge l’une par rapport à 
l’autre. 

Cette expérience montre donc que le phénomène de Troxler, qui ici 
rappelle beaucoup l’antagonisme des champs visuels, peut se produire 


pour chaque œil indépendamment de son congénère. Si, en se passant 


du quadrillage, les verres colorés étant placés devant les yeux, on 
regarde les objets extérieurs, « ils semblent tachetés en rouge et en bleu 
avec de fréquentes alternances de coloration », comme Helmholtz l’a 
signalé (3). Mais on peut objecter que sur la fusion binoculaire des 
champs différemment colorés différents observateurs ont des opinions 
complètement opposées ; on peut dire aussi que, par suite de leur aber- 
ralion chromatique, les yeux munis l’un du verre rouge, l’autre du 
verre bleu, ne se trouvent plus dans des conditions tout à fait com- 
parables. 

Pour établir expérimentalement le même fait d’une façon qui échappe 
à ces objections, j'ai cherché à me passer des verres hétérochromes. 


(1) Tscherning. Optique physiologique, p. 264. 
(2) Dufour. Sur le phénomène de Troxler, Comptes rendus de la Société de 
Médecine de Nancy, 1910. — Ueber die Gehirnlokalisation einiger Gesicht- 
serscheinungen, Bericht der Ophtalmologischen Gesellschaft. Heidelberg, 1911. 
(3) Helmholtz. Optique physiologique, traduction francaise, p. 974. 


(44) SÉANCE DU 15 AVRIL 831 


Pour cela, j'examine stéréoscopiquement deux diagrammes formés l’un 
et l’autre de traits blancs parallèles tracés sur fond noir, l’un des 
réseaux ayant une direction verticale, et l’autre une direction horizon- 
tale. L'examen peut se faire à volonté à l'œil nu ou à l’aide d’un sté- 
réoscope. Dans ces conditions, j'observe que, en certaines régions du 
champ visuel binoculaire, les lignes verticales sont seules apparentes, 
que, en d’autres régions, les lignes horizontales seules subsistent, et 
que ces régions changent d’un moment à l’autre. On peut donc en con- 
clure que le phénomène de Troxler se produit pour chaque œil indépen- 
damment de l’autre œil. 


ARRÈËT DIASTOLIQUE DES VENTRICULES PAR FIBRILLATION DES OREILLETTES 
SUR LE COUR AFFAIBLI DE LAPIN, 


par H. BusquEr. 


Les travaux de Philips (1) et de L. Fredericq (2) ont montré que, 
chez le chien, la fibrillation auriculaire d'origine électrique fait appa- 
raître un rythme rapide et désordonné des ventricules. Le cœur de 
lapin, qui normalement se comporte comme celui du chien au point de 
vue des conséquences ventriculaires de la trémulation des oreillettes, 
présente, au contraire, dans certaines conditions d'affaiblissement, une 
réaction tout à fait particulière ; celle-ci mérite d’être étudiée relati- 
vement à ses caractères objectifs, à ses conditions de production et à son 
mécanisme. 


Caractères objectifs du phénomène. — Sur cerlains cœurs affaiblis de 
lapin, la fibrillation provoque l'arrêt complet des ventricules en diastole. 
Cet arrêt est objectivement identique à celui des ventricules inhibés 
par le vague. Il dure autant que la trémulation des oreillettes elle- 
même. Lorsqu'on cesse d’exciter électriquement ces dernières cavités, 
elles reprennent leurs contractions coordonnées et les battements ven- 
triculaires réapparaissent immédiatement. La première systole des ven- 
tricules consécutive à l'arrêt est beaucoup plus ample que les systoles 
antérieures. Une fois que le cœur a repris son rylhme régulier, on peut 
reproduire l'arrêt ventriculaire par une nouvelle faradisation de 
l'oreillette. 


Déterminisme du phénomène. — Ce phénomène s'observe, soit sur le 
cœur isolé, soit sur le cœur in situ. 


(4) EF. Philips. Les trémulations fibrillaires des oreillettes et des ventricules 
du cœur de chien. Archives internationales de physiologie, 1905, IF, 271-280. 

(2) L. Fredericq. Rythme affolé des ventricules dû à la fibrillation des oreil- 
lettes. Archives internationales de physiologie, 1905, IT, 281-285. 


832 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


IL s'obtient de deux manières sur le cœur isolé. Tout d’abord, 
on peut enlever l'organe hors du thorax et profiter des 2 ou 3 minutes 
de survie qu'il présente pour mettre les oreillettes en trémulation: 
immédiatement, on constate l'arrêt des ventricules en diastole. En second 
lieu, on peut s'adresser au cœur isolé soumis à une circulation coronaire 
de liquide de Ringer-Locke : dans les premières heures de l'irrigation, 
le cœur reste vigoureux et présente, par faradisation des oreillettes, la 
réaction classique signalée par Philips et par Fredericq chez le chien; 
mais, après un temps variable, la perméabilité de l'appareil coronaire 
diminue, les systoles deviennent moins amples et, à cette période, la. 
faradisation de l'oreillette provoque sur certains cœurs l’arrêt diastolique 
des ventricules. 

Les expériences sur-le cœur in silu nécessitent comme condition préa- 
lable la saignée à peu près complète de l'animal. Si, après cetle opéra- 
tion qui à pour résultat l’affaiblissement du cœur, on ouvre le thorax et 
on faradise les oreillettes, celles-ci trémulent et les ventricules s'ar- 
rêtent en diastole. 


Interprétation du phénomène. — II vient tout d'abord à l’idée que cet 
arrêt peut être sous la dépendance de l'excitation électrique d’un centre 
nerveux cardio-inhibiteur situé au niveau des oreillettes. Pour élucider 
celte question, 5 c.c. de solution de sulfate d’atropine à 1 p. 100 sont 
injectés dans la veine marginale de l'oreille. Après avoir vérifié la dispa- 
rition de l’excitabilité électrique et réflexe de l'appareil cardio-inhibi- 
teur, on saigne l’animal et son cœur est mis à nu. On provoque alors la 
trémulation fibrillaire des oreillettes et on constate encore, malgré 
l’atropinisation, l’arrêt des ventricules en diastole. Ce dernier phéno- 
mène ne résulte donc pas, dans le cas qui nous occupe, d'une excitation 
d’un centre cardio-inhibiteur auriculaire (1). 

Son interprétation la plus vraisemblable est suggérée par l'explication 
même que Fredericq donne de l’affolement ventriculaire chez Le chien à 
oreillettes trémulantes. D’après ce physiologiste, la trémulation auricu- 
laire engendre une multiplicité de petites ondes qui s'engagent dans le 
faisceau de His et provoquent dans le ventricule un rythme affolé. Or, 
ces ondes, suffisantes à mettre en activité des ventricules normaux, 
doivent, néanmoins, être beaucoup plus faibles que celles qui par- 
viennent ordinairement à ces cavités: de ce fait, elles peuvent donc 
demeurer inefficaces sur le ventricule affaibli, soit parce que celui-ci 
est moins excitable, soit parce que le faisceau de His a sa conductibilité 
diminuée. 


(1) Sur les cœurs affaiblis et irrigués par une solution de Ringer-Locke 
additionnée d'atropine, les phénomènes observés sur le ventricule pendant la 
fibrillation de l'oreillette sont plus complexes que dans l'expérience précé- 
dente. Ces résultats seront discutés dans un prochain mémoire. 


(46) SÉANCE DU 15 AVRIL 833 


Si cette interprétation est exacte, elle implique que, dans les conditions de 
mes expériences, les stimulations normales parties des gros vaisseaux vei- 
neux ne se produisent plus ou ne peuvent plus être conduiles jusqu'aux ven- 
tricules par les oreillettes trémulantes. On comprend l'intérêt que présen- 


terait la vérification de cette dernière hypothèse pour la discussion des 


théories sur la conduction neurogène ou myogène des excitations dans le cœur. 
Le fait nouveau décrit dans cette note pourrait être invoqué à titre d’argu- 
ment par les myogénistes, s’il était bien démontré que la trémulation est un 
phénomène purement musculaire et que l’état trémulatoire des oreillettes 
empêche les excitations sinusales de parvenir aux ventricules. 


Résumé expérimental. — 1° Sur certains cœurs affaiblis de lapin, la 
fibrillation auriculaire d’origine électrique provoque l'arrêt des ventri- 
cules en diastole. 

2° Ce phénomène d’arrêt se produit encore après atropinisation de 
l'animal; il est done indépendant de toute excitation électrique d’un 
centre cardio-inhibiteur auriculaire. 


PRÉSENCE DE SARCINES 
DANS UNE URINE HUMAINE PENDANT DIX-SEPT ANNÉES, 


par G. GUÉRIN, et G. Tairy. 


J. Finlayson à décrit un cas de sarcinurie microbienne, sans aucun 
symptôme; quinze ans après une première constatation de Sarcines 
dans une urine, on en retrouva à nouveau. G. S. Middleton, au cours 
d’une paralysie de la moelle épinière, fit des constatations analogues. 
Tout récemment, Reiner Mueller et K.T. Willich ont observé deux cas 
de Sarcina urica n.sp. 

Nous avons vu un homme bien portant uriner de très nombreuses 
Sarcines pendant dix-sept années, depuis la fin de 1887 jusqu’à 1905. 

M. X..., âgé aujourd'hui de soixante ans, est de robuste constitution. 
Il a toujours eu une bonne santé habituelle, sauf quelques troubles 
digestifs de 1880 à 1888. Il s’abstient de bière et de tout spiritueux ; 
depuis plus de vingt ans, il boit de l’eau à tous ses repas, mène une vie 
régulière, exempte de tout écart de régime. 

L’urine émise abandonne rapidement un léger dépôt granuleux, par- 
fois floconneux, s’élevant par agitation du liquide, dépôt presque en 
entier formé par des Sarcines. L'urine émise est claire, assez fortement 
acide, toujours exempte d’albumine, de sucre, de leucocytes, ou d’élé- 
ments anormaux. 

En janvier 1900, nous isolämes facilement, d'emblée en culture pure, 
la Sarcine. Ses caraclères morphologiques et physiologiques corres- . 


ref AIS 


8 34 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


pondent assez bien à la description de Sarcina lutea Fluegge, telle 
qu’elle est donnée par K. B. Lehmann et R. Neumann dans leur excel- 
lent Atlas und Grundriss der Bakteriologie, sauf que nous n'avons en 
aucun cas constaté la formation d'indol ou d’H°S. Nous n'avons pas tou- 
jours eu non plus des résultats comparables à ceux de Coyon. Il doit y 
avoir différentes variétés de S. lutea. 

La réaction de Gram est positive ; la Sarcine se colore seulement en 
jaune par l'iode. Colorée par la fuchsine de Ziehl-Neelsen, elle résiste 
remarquablement longtemps à la décoloration par les acides. 

Sur peptone-craie, en ballons de 500 c.c., selon Grimbert, la crois- 
sance est bonne, mais très lente, soit à l'étuve, soit à la température de 
la chambre. (La Sarcine de l'urine de Hartge ne croit qu'à 37 degrés.) 
La culture dégage une odeur désagréable de sueur, avec formation 
d'ammoniaque. L'indol, recherché par la méthode de Legal, pendant les 
dix mois consécutifs à l'ensemencement, parait toujours faire défaut. 

Sur peplone-riz-craie, on constate une transformation presque totale 
de l’hydrate de carbone avec production de dextrines. 

Sur peptone-saccharose-craie, l'odeur désagréable de sueur est très 
forte dans les vieilles cultures. Non seulement les peptones sont con- 
sommées, mais il y a réduction du saccharose, formation d'alcool et 
d'acides gras, dont des traces douteuses d'acide formique. Nous n'avons 
trouvé ni aldéhydes, ni acétone. 

Les autres caractères sont conformes aux descriptions classiques : La 
matière colorante jaune citron donne la réaction nitrique des lipo- 
chromes. Les cobayes et les lapins supportent des doses d’inoculation 
massives sans aucune réaction apparente. 


BIBLIOGRAPHIE 


A. Coyon. — Flore microbienne de l'estomac, fermentations gastriques (S. lutea et 
S. ventriculi). Thèses de Médecine de Paris, 1900. 

J. FixLayson. — Clinical Remarks on Sarnica in the Urine for 15 years without 
accident. British med. Journal. June 21, 1891, 1371. 

HartGE. — Kulturversuche mit der Harnsarcine. Petersburger mediz.Wochensch., 
1890, n° 22. 

Ta. GRUBER. — Die Arten der Gattung « Sarcina ». Arbeilen des bakteriol. Instituts 
der grossh. Hochschule zu Karlsruhe, 1895. 


G. S. Mipzeron. — À case of Sarcinæ in the Urine. British. med. Journal, July 4, 
1891, 11. ; 


P. MrqueLz. — Etude sur la fermentation ammoniacale et sur les ferments de 
l’urée. Annales de Micrographie, 1893. 
ReiNer MuELLEr et Karz THeooor WiLLcicx. — Sarcinen in der menschlichen Harn- 


blase. Cent. f. Bakleriologie, 1912, Abt. 1, Bd LXVII, n° 3, p. 124-127. 


SÉANCE DU 15 AVRIL e 835 


KYSTE PARADENTAIRE. PRÉSENCE DE L'ACTINOMYCES MORDORÉ. 


par P. Jacques et G. Tuiry. 


Le 20 décembre 1910, se présentait à la consullation d’oto-rhino- 
laryngologie de l'Hôpital civil, un homme de quarante-quatre ans, 
H. C..., contremaitre de tissage, pour une tuméfaction de la joue, 
accompagnée d'écoulement fétide par la bouche. L'affection aurait 
débuté trois ans plus tôt par une sorte de fluxion à la mâchoire supé- 
rieure, qui se serait ouverte et vidée spontanément. L'écoulement tou- 
tefois n’aurait jamais tari. L’extraction de la première prémolaire 
pratiquée d'abord, puis la suppression de la deuxième prémolaire 
effectuée plus récemment, n'ont pas mis fin aux accidents. 

À l'examen du patient, on constate une certaine déformation de la 
région antérieure de la joue droite avec effacement du pli naso-labial. 
A la palpation, tumeur lisse, dépressible en son centre, faisant corps 
avec le maxillaire, saillante dans le vestibule buccal en arrière de 
la racine de la canine. La pression ‘n’éveille aucune douleur, mais pro- 
_voque l'issue, par l’alvéole de la deuxième prémolaire non comblée, de 
pus crémeux et particulièrement fétide. Le stylet pénètre dans une 
cavité spacieuse, à parois lisses, à revêtement membraneux continu. 
L’extirpation, qui dut être pratiquée sous la narcose chloroformique, 
exigea une dissection minutieuse de la région superficielle de la 
tumeur, intimement confondue par adhérences inflammatoires avec la 
muqueuse du vestibule. 

Au microscope, on put constater la chute générale du revètement 
épithélial de la poche; par places seulement, on pouvait reconnaitre des 
plaques d’épithélium à type malphigien réticulé, se prolongeant dans 
la profondeur sous forme de boyaux cu plutôt de cordons irréguliers, 
segmentés par une infiltration embryonnaire très riche dont l'épaisseur 
atteignait même par endroits et dépassait même un millimètre. En 
somme, la tumeur présentait tous les signes d’une inflammalion intense 
et prolongée. E | 

C’est déjà dans ces conditions que nous avons observé (1) un cas 
d’Actfinomyces à grains vert émeraude, dans un kyste paradentaire, 
chez une jeune femme de trente-deux ans. 

Dans le cas présent, les cultures permirent d'isoler, à côLé de microor- 
ganismes indéterminés, un Acfinomyces mordoré bien caractérisé (Syn. : 
A. rubidaureus Lachner Sandoval. A. metalloidea P. Miquel et R. Cam- 
bier), qui peut être une variété d’Actinomyces violaceus Gasperini (2). 


(1) Revue médicale de l'Est, 1901, p. 726. 
(2) G. Thiry. Thèse de médecine de Nancy, 1900. 


836 : RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (49) 


Les Actinomyces (Oospora, Discomyces, Streptothrir, Nocardia) sont 
très fréquents dans la bouche, comme l'un de nous le signalait déjà, en 
1897, à la Réunion biologique de Nancy (1). Et c’est justement d’un 
exsudat d'angine accompagné de beaucoup d’œdème qu’'A. mordoré fut 
isolé pour la première fois. 

On rencontre fréquemment dans la bouche des Actinomyces à cultures 
blanches, noires, grises ou cendrées, rouge, rouge orangé, jaune 
orangé, orangé, rouille, ocre, jaune soufre ou jaune vert, mais les 
Actinomyces à teintes bleues et: violettes sont des plus rares. Nous 
poursuivons l’étude du microorganisme isolé, et tout particulièrement 
son action sur les animaux. 


(Clinique de Laryngologie de l'Hôpital civil 
et laboratoire d'Histoire Naturelle de la Faculté de médecine de Nancy.) 


CARACTÉRISATION DE LA GLOBINE DANS L'URINE, EN PRÉSENCE DES AUTRES 
ALBUMINES URINAIRES, 


par H. RoBErT et J. PARISOT. 


Dans une note antérieure, nous avons étudié les réactions principales 
de la globine et indiqué une méthode pour la rechercher et la caracté- 
riser dans l’urine (2). Comme nous l’avions annoncé, nous envisagerons 
aujourd'hui la marche à suivre pour différencier la globine des autres 
albumines qui peuvent l’accompagner dans l'urine. 

Nos recherches peuvent se résumer dans les points suivants : 


1. — Etude de l'influence exercée par les sels neutres, et en particulier 
par le chlorure de sodium, sur la coagulation dela globine par la chaleur 
et sur sa solubilité dans l’acide acétique. ; 

IT. — Caractérisation de la globine dans l'urine, en présence d’autres 
albumines urinaires. 

IL. — Caractérisation et différenciation de la globine dans les urines 
d'animaux ayant recu des injections de cette matière albuminoïde.. 

IV. — Application de ces méthodes en clinique et mise en évidence 
de cas de globinurie. 


I. — 1] était important pour la globine, comme pour les autres albu- 
mines, de rechercher l'influence des sels neutres et en particulier du 


(1) Presse Médicale, 3 février 1897. , 
(2) H. Robert et J. Parisot. Recherche et caractérisation de la globine dans 
les urines. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1912, t. LXXIF, p. 954. 


CRE SÉANCE DU 15 AVRIL 837 


NaCL sur sa coagulation par la chaleur et sur son acéto-solubilité. Plu- 
sieurs auteurs, Schulz, Ville et Derrien, ont pensé que certains cas d’al- 
buminurie thermo-soluble (Bence-Jones) pouvaient bien être, en réa- 
lité, des cas de globinurie. Les réactions que nous avons observées ne 
s'accordent pas avec cette conception. 


En effet, à des quantités égales d’une solution aqueuse de globine, nous 
avons ajouté des doses croissantes de NaClet recherché, en chauffant lentement 
au bain-marie, le point de coagulation de ces diverses prises d'essai. Les 
quantités de NaCI introduites ont varié de 1! à 50 grammes par litre. 

D'une façon générale, l’absence ou les très faibles quantités de chlorure de 
sodium et les très fortes quantités retardent la coagulation par la chaleur. 
Par contre, la dose optima de NaCl qui semble favoriser le plus la coagulation 
thermique oscille autour de 8 grammes par litre, si bien que, vers 40-45 degrés, 
la coagulation se produit et le précipité s’agglomère légèrement. Au fur et à 
mesure qu'on élève la température, la coagulation s’accentue, tout en étant 
toujours beaucoup plus nette et beaucoup plus rapide dans les solutions ren- 
fermant 8 grammes de chlorure de sodium ou des doses voisines. À 90 degrés, 
la coagulation et l’agglomération du précipité sont totales, quelle que soit la 
teneur de la solution en NaCI. Dans aucun cas, nous n’avons constaté la 
redissolution du précipité formé, quelle que soit la température ou la teneur 
en NaCi: donc, la globine ne nous semble pas être thermo-soluble, dans les 
conditions où nous avons opéré. 

D'autre part, en ce quiconcerne l’acélo-solubilité de la globine, nous avons 
remarqué que plus la solution est riche en NaCI, plus il faut d'acide acétique 
pour redissoudre le précipité formé. 


En somme, pour la globine comme pour les autres albumines, la 
teneur de ses solutions en chlorure de sodium a une influence manifeste 
sur sa coagulabilité par la chaleur. Cette notionest importanteà connai- 
tre pour la recherche de la globine et il semble que la quantité de NaCl 
la plus favorable à la coagulation de cette albumine se trouve aux envi- 
rons de 8 grammes par litre. De même il est utile de retenir que cette 
influence du NaCI s'exerce sur le degré d'acéto-solubilité dela globine. 


Il. — Il peut arriver qu'en recherchant l’albumine dans une urine, 
on constate une réaction positive, non seulement avec l'acide nitrique à 
chaud et à froid (réaction de Heller), mais aussi avec l’acide citrique. Or, 
comme nous l'avons montré, celte réaction appartient non seulement 
aux pseudo-albumine et mucinoïde (Grimbert), mais encore à la globine. 
Dans ce cas, par conséquent, il y aura lieu de penser à la globine, et de 
la distinguer des autres albumines présentes. 

Pource faire, on effectuera d’abord les réaclions spéciales que nous 
avons déjà indiquées, en particulier l’acéto solubilité, la précipitation 
par le phosphate de soude. Si ces réactions sont positives, on pourra 
isoler la globine par la technique suivante : 

1° On chauffe l'urine ; les albumines sont coagulées. On ajoute immé- 


838 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


diatement 1/10 environ d'acide nitrique, on mélange eton jettesur filtre. 
Dans ces conditions, les albumines du sérum restent coagulées et sont 
retenues par le fillre : au contraire, nous l'avons dit, la globine est solu- 
bilisée et passe dans Le filtrat; 

2° On refroidit le filtrat, et là globine se précipite ; on la RU lE sur 


filtre. On peut ensuile la reprendre par une solution faiblement alcaline . 


de KOH et fairesur ce liquideles réactions caractéristiques dela globine. 

D'autre part, il est possible par cetle technique d'effectuer le dosage 
de la globine; pour cela, il suffit de partir d’un volume déterminé d’urine, 
et, alors que la globine est sur fillre préalablement séché et taré, on la 
dessèche à 110 degrés, on la lave, on la sèche et on pèse. 

Par cette méthode, nous avons pu isoler et caractériser la globine, 
non seulement dans des urines renfermant des albumines du sérum et 
de la globine par nousintroduite, mais encore dans lesurines d'animaux 
ayant reçu des injections de cette malière albuminoïde. 

Enfin, dans plusieurs cas pathologiques, nous avons suivi avec succès 
cette technique, et démontré ainsi l'existence de la globinurie. 


(Travail des Laboratoires de Chimie 
et de Physiologie de la Faculté de médecine de Nancy. ) 


ÉTUDE DE QUELQUES CAS CLINIQUES DE GLOBINURIE, 


par H. RoBErT et J. Parisor. 


Depuis une année, à la suite de nos recherches expérimentales sur la 
globine, et grâce à nos méthodes de caractérisation et de différencia- 
tion de cette albumine, il nous a été pos-ible de he en clinique, 
plusieurs cas de globinurie. 

Dans cette note, nous ne pouvons que mentionner: {rès brièvement 
les faits que nous avons pu observer, nous réservant de faire ultérieu- 
rement l’étude plus détaillée que mérite cette question. 

[. — D'une facon générale, nous avons décelé la présence de la glo- 
bine dansles urines au cours d'états qui se caractérisent par une des- 
(ruelion assez importante des globules rouges. 

On concoit d’ailleurs que, dans ces cas, une quantité anormale de 
globine provenant de la dissociation de l’hémoglobine soit mise en cir- 
culation dans l'organisme. Si les organes chargés de capter et de modi- 
fier cette globine libre se montrent insuffisants à leur tâche, et plutôt 
si la quantité de globine se trouve brusquement assez considérable, on 
s'explique que celle-ci puisse être rejetée de l’organisme-et apparaisse 
dans les urines. 

Nous avons observé ces cas de globinurie dans deux cas d'ictère 
hémolytique congénital (au moment de poussées aiguës avec forte des- 


à 
- 
” 
- 


cvso dé 2 httoita, 


(52) SÉANCE DU 15 AVRIL 839 


truction globulaire), dans un cas d’ictère hémolytique acquis, chez un 
sujet atteint d'anémie intense (2 millions d'hématies), de cause indé- 
terminée, mais aujourd’hui guéri. 

Nous avons noté également le passage de la globine dans les urines 
chez un homme intoxiqué par l’oxyde de carbone, et à la première 
phase de l'hémoglobinurie paroxystique (en l'absence de toute hémoglo- 
binurie). 

IL. — Dans ces divers cas, nous avons pu nous rendre compte que la 
quantité de globine était toujours faible, variant de 5 à 15 centi- 

‘grammes. 

Quand cette globinurie est passagère, d’une durée moyenne de deux 
à trois jours (intoxication oxycarbonée, par exemple), on n’a généra- 
lement affaire qu’à de la globinurie simple. ; 

Lorsque, au contraire, son élimination persiste plus longtemps, à la 
globine s'ajoutent bientôt des albumines du sérum (albuminurie vraie), 
ce fait constituant l'indice d’une irritation rénale due au passage de la 
globine. Alors même que la globinurie a cessé, l’albuminurie vraie peut 
persister, mais nous l'avons toujours vu céder plus ou moins rapidement. 
Nous avons observé ces faits avec une netteté toute particulière 
dans le cas d’un malade atteint d’anémie intense (indiqué précédem- 
ment). Chez lui, la globinurie persista simple pendant quinze jours 
environ, puis se compliqua d’albuminurie vraie, celle-ci n’ayant entiè- 
rement disparu qu’au bout de trois mois alors que la déglobulisation 
avait cessé depuis un certain temps déjà. 

Nous avons vu la globinurie, surtout lorsqu'elle dure, s'accompagner 
d’urobilinurie. 

III. — Ces faits cliniques sont parfaitement en accord avec les résul- 
tats de l’expérimentation. 

En effet, chez l’animal, par injection intraveineuse de globine, à plus 
ou moins forte dose et pendant un temps plus ou moins prolongé, on 
peut observer la globinurie simple, la globinurie avec albuminurie vraie 
et l’albuminurie vraie persistante même après cessation des injections 
de globine. 

IV. — L'ensemble de nos recherches chimiques, expérimentales et 
cliniques confirme, en somme, l'existence d’une albuminurie d’origine 
sanguine, la globinurie, pouvant elle-même engendrer, par son passage 
à travers le rein, une albuminurie vraie. 

La connaissance et la détermination de cette globinurie sont impor- 
tantes, comme l’un de nous l’a déjà fait remarquer (1), au point de vue 
du diagnostic, du pronostic et du traitement, différents en effet de ceux 
que comporte la constatation d’une albuminurie vraie. 


(1) J. Parisot. Hémolyse et globinurie expérimentales. Comptes rendus 
Soc. de Biologie, t. LXXII, p. 953. 


BioLocre. CoMPpTEs RENDuS — 1913. T. LXXIV. 58 


- 840 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


Du VERDISSEMENT DE L'ARTICHAUT PAR DES BACILLES 
DU GROUPE DU Bacillus subtilis,. 


par P. VERNIER et G. THIRy. 


Dans une note à l'Académie des Sciences (t. CLVI, p. 166, séance du 
13 janvier 1913) « Sur les cultures colorées de Bactéries considérées 
jusqu’à présent comme achromogènes », MM. Ph. Lasseur et G. Thiry ont 
expérinenté sur une série de bacilles du groupe Subtilis. Nous avons: 
eu l’idée de cultiver cette série sur artichaut et de noter la façon de se 
comporter de chaque espèce au point de vue du verdissement de ce 
milieu. 

Voici la liste des Bacilles avec leur origine : 


FORMES ÉTUDIÉES : 
. sublilis À 


D etes le ent le-thelie fie Me de tre 


C5 


CAN OR ET ECS MER Et 20 


(= 
Ca 
a 
= 
ES 
+ 
= 
œ* 
(21 


CR TITRE MANE ONE 1 ICAIO NS CROIRE 1 


. Subtilis Morez 
SMSUDLLLIS Ne 
. subtilis. . . 
. subtilis. … . 
DSUDIRIS NA EME Pen 
SNS DÉUUES 2 Nes ER AE TA OMS E CAL 
SUIS SEE OR NE 

EPS TOTTITS EN Na ee RRETe 
INESCNTERICUSIOULTULUS EME ONE 
MinesenteriCUS EU MACTEUEE 
MNESCNIETICUS ER CE 

. mesentericus vulgalus . 
. « peptonis » VI Flügge 
« peptonis » XII Flügge 
. vulgatus . 
. mesentericus vulgalus 

. mesentericus ruber . . . . 

HORS RAPACOS ONDES a La larte 
ROSCNTENICUSRALS CUS EME 
NESeNTERLEUSINITET ME ANNE P RE 
. mesentericus niger. : 

. Mesentericus niger . . 
B. megaterium 
NTI LUEUR NERO 
. megalerium ... 


° - foule masi ions ne hi 


ae te ne at aie er ele ane 


© © © © © E &'ù © à ©'ù © EE © à à à © om 


—_ 
“> 


> © 


CoLLecTION DE MM. : 
Uhlenhuth (Strasbourg). 
Uhlenhuth (Strasbourg). 
Courmont et Rochaix (Lyon). 
Lasseur et Thiry (Nancy). 
Courmont et Rochaix (Lyon). 
Neisser (Francfort). 
Fraenken (Halle-sur-Saare). 
Ficker (Berlin). ù 
Kossel (Heidelberg). 
Lehmann (Wurzbourg). 

X... (Fribourg). 

Richon et Thiry (Nancy). 
Neisser (Francfort). 

Ficker (Berlin). 

Lehmann (Wurzhourg). 
Calmette (Lille). 

Neisser (Francfort). 

Neisser (Francfort). 
Fraenken (Halle-sur-Saare). 
Courmont et Rochaix (Lyon). 
Lasseur et Thiry (Nancy). 
Trautmann. 

Kral (Vienne). 
Courmont et Rochaix (Lyon). 
Beyerinck (Deft). 

Kral (Vienne). 


. Calmette (Lille). 


Lehmann | Wurzbourg). 
Ficker (Berlin). 


Tous ces bacilles ont verdi l'artichaut au bout d’un temps plus 
ou moins long, deux à cinq jours, jamais plus. Placés à l’étuve à 
31 degrés pendant 24, 36 ou 48 heures, on les en retirait dès que la 
coloration vert émeraude apparaissait, pour les abandonner ensuite à la 


SÉANCE DU 15 AVRIL : SA 


température ordinaire ; la teinte allait alors s’accentuant jusqu'au vert 
très foncé, voisin du bleu. 

Nous sommes partis pour l’ensemencement de cultures sur carotte, 
provenant elles-mêmes des échantillons types. Nous avons remarqué 
que l’artichaut semble un milieu plus favorable au développement de 
ces espèces que la carotte, la végétation étant plus rapide et plus 
dense. 

La coloration ne semble pas intéresser les Bacilles, c’est du moins ce 


re Gi 
F 


È que nous avons cru observer par l'examen microscopique de plusieurs 
LA de ces cultures, sans toutefois user d'aucun dispositif spécial. 

à Nous n’avons pas, à l'exemple de G. Roux (Lyon médical, 18 décembre 
: 1898) tenté des essais sur gélatine artichaut, mais nous nous proposons 
à de le faire ultérieurement, espérant obtenir, avec notre série de Bacilles, 
; des résultats analogues à ceux de cet auteur avec le Coli-bacille. 

“ | BIBLIOGRAPHIE. 

à 

à À.-J. Dupuy. — A propos d’un cas de morve humaine. Thèse Médecine, Nancy, 
année 1902. 

A. Gautié. — Contribution à l’étude sur la différenciation et la recherche du Bacille 
4 typhique et du Coli-bacille. Thèse Médecine. Toulouse, année 1898-99, n° 331, juillet 
M 1899. Cultures sur artichaut, p. 50. 

| RoGer. — L'’artichaut cuit comme milieu de culture en microbiologie. Comptes 
* rendus de la Soc. de Biologie, 1898, p. 769. 


Roux (G.). — Présentation de cultures de Coli-bacilles et de bacilles d'Eberth sur 
gélatine artichaut et sur gélatine cardon. Lyon médical, 18 décembre 1898, p. 517. 

— Sur une oxydase productrice de pigment sécrétée par le Coli-bacille. Comptes 
rendus de l’Acad. des Sciences, 13 mars 1899, p. 693. Semaine médicale, 1899, 
p. 101. | 

SCHLAGDENHAUFFEN et E. REEB. — Faits pour servir à l'étude chimique et physiolo- 
gique de l’artichaut. (Cinara [Cynara] Scolymus L.) Journal de Pharmacie d’'Alsace- 
Lorraine, décembre 1894, 9 pages. 

THiry (G.). — Bacille polychrome et Actinomyces mordoré. Recherches biolo- 
giques sur les bactéries bleues et violettes. Polychromisme. Corps bactériens et 
cristaux colorés. Matière colorante cristallisée. Thèse Médecine. Nancy, année 1899- 
1900, juillet 1900. Modifications physiques et chimiques du milieu. Cultures. Arti- 
chauts, p. 45. : 

À. Vinrrers, E. Cozuin et M. Fayozre. Trailé des falsifications el altérations des 

; substances alimentaires. — II. Aliments principaux et condiments, p. 149-152. 
2e édition. Doin, Paris 1909. 


(Travail des laboratoires d'Histoire naturelle médicale de la Faculté de 
médecine et de matière médicale de l'Ecole supérieure de Pharmacie 


de Nancy.) 


Le Gérant : OcTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 
? p 1 


SÉANCE DU 26 AVRIL 1913 


AcnarD (Cn.) et FLanpiN (Cn.) : 
Sur la recherche de la toxicité céré- 
brale dans le choc anaphylactique. 

AVIRAGNET (E.-C.), DoRLENCOURT 
(H.) et Bzocn (Mic) : Etude com- 
parée sur la digestion tryptique du 
lait cru et du lait desséché par sur- 
chauffage 

Baginsxetr (J.) et Werzz (G.-A.) 
Désorientation et déséquilibration 
spontanée et provoquée . . ..... .. 

BELLET (A.) : Nouvelle méthode de 
dosage de l'acide lactique. . . ... 

Bzanc (G.-R.) et Henin (H.) : Dis- 
tomes de l'intestin du chien, à 
Montpellier 

Borpet (J.) : Gélose et anaphyla- 
TRS 4 CÉRSERERRe 

Bouin (P.) et AnceL (P.) : Déter- 
mination des cellules excrétrices 
par le procédé des injections phy- 
siologiques de matières colorantes 
(Deuxième note) 

BourqueLor (Eu.) et Bripez (M.) : 
L'activité hydrolysante et l’activité 
synthétisante de l’émulsine sont 
DLEDQUES V'OEAROEERERSREer 

Brugz (I.) et Buc (E.) : Note sur 
le traitement de la tuberculose pul- 
monaire par les injections intra- 
veineuses de chlorure de calcium. 

CuaBANieR (H.)et Joacarmines (D.) : 
Remarques sur le dosage du chlo- 
rure de sodium dans le sérum par 
la méthode de MM. Ambard et Weill. 

CHABANIER (H.) et Loso-OneLz (C.) : 


RU Res. en ere ere) ete se + 


pet semelle; els pue, en} ee 


OL NOM AO MIONEE COMTE 


destruction « in vitro » du chlorhy- 
drate de morphine par les organes 
d'animaux accoutumés etnon accou- 
tumés 

Doxon (M.) et SaARvoxaAT (F.) : Nu- 
cléinate de soude et pouvoir coagu- 
IE inf RENTRER EE 

Duereuiz (G.) : La croissance des 
os des mammifères. — Il. Crois- 
sance au niveau du cartilage de 
COMIUOAISONM ES. See 


SRE IE Ne elivt en ets Li as Use de 


Biococie. Comptes RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 5€ 


890 » 


828 


888 


SOMMAIRE 


Erros (SoPxie) : Recherches du 
sang dans les matières fécales . . . 

ESCAnDE et SouLa : Etude de le 
protéolyse de la substance nerveuse. 
Influence de l'élévation de la tem- 
pérature des centres nerveux sur 
la protéolyse de la substance ner- 


GÉRARD (GEORGES) : Sur un cas de 
solidarité artérielle entre le rein et 
la surrénale gauche chez l'homme. 

GRIMBERT (L.), Laupar (M.)et Were 
(ANDRÉ) : Dosage des lipoides dans 
lesérumisanguin EN E re 

Jozyx (J.) : Nouvelles observa- 
tions sur la survie des leucocytes. 
Pimiles de IA SURYIER Te ee PEU 

Marin (Louis) : Notice sur Paul 
Yvon (1848-1913) (Mémoires). . . . . 

Mercière (G.) : Recherche et ca- 
ractérisation des acides biliaires 
dansiRurinent+ S Ho rer os 

Mercier (L.) : État de nos con- 
naissances sur le déterminisme de 
l'apparition du lait chez la lapine 
Destan tee te RÉ LIONAT 

NèGRe (L.) : Bactéries thermo- 
philes des eaux de Figuig. . . . .. 

ReGAuD (CL.) et Crémreu (R.) 
La leucocytose polynucléaire dans 
le thymus rüntgénisé 

Regaup(CL.)et LAGASSAGNE (ANT.): 
Sur les processus de la dégénéres- 
cence des follicules dans les ovaires 
rôntgénisés de la lapine. . . . . .. 

ReGnier et Tirrexeau : Étude phy- 
siologique des chloraloses mono- et 
bidéchlorés 

SARVONAT (F.) et Rougter {Cx.) : 
Action de l’hyperthyroïdisation 
expérimentale sur la teneur du 
SANERENECRAUX SEM EP ENT ENTe 

SouLA (1..-C.) : L'élimination uri- 
naire de la chaux au cours de la 
période de sensibilité anaphylac- 
ONU CREER A One LAN Tele 

Tournane (A.) et DELAGARTE (J.) : 
Longue vitalité des spermatozoïdes 
dans les voies déférentielles . . 

Vincent (H.) : [nfluence de la tem- 


C'OOMO NT AIO ONE 


59 


902 


897 


880 


861 


844 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pérature de stérilisation sur la va- 


lidité des vaccins antityphiques 
CICRAUITÉS OL. ee helene 
Weger (A.) : Sur l'existence de 


métanucléoles durant les premières 
phases du développement embryon- 
HAT S 50 5 0 = 

WEINBERG (M.) et SÉGuIN (P.) : 
Quelques observations sur la toxine 
ascaridienne. Dissociation des effets 
produits; neutralisation de l’action 
toxique par le sérum de chevaux 
spontanément immunisés. . . . . . 

Winaz (F.), Weizz (ANDRÉ) et 
Laupar (M.) : Etude comparative du 
taux de la cholestérine libre et de 
ses étliers dans le sérum sanguin . 


Réunion biologique de Bucarest, 


Cruca (M.) et Danrecoporzu (D.) : 
Recherches sur la perméabilité mé- 


841 


882 


ningée pour les albumines hétéro- 
logues (Deuxième note). . . .. Tee 

Daxrca (P.) : Récidive de La kéra- 
tite syphilitique du lapin . . . .. - 

DanrrA (P.) et STROE (A.) : Syphilis 
généralisée du lapin. . . . : 

Enesco (I.) : Contribution à l'étude 
histo-physiologique de la cellule du 
tube contourné et de l’anse ascen- 
dante de Henle chez quelques 
mammifères, sous l'influence des 
substances diurétiques (Première 
NOÉ) sien OUT AIrN GAtE ETES 

Mocmcesco (Marre) : Recherches 
sur le liquide céphalo-rachidien 
normal employé comme antigène . 


Prena (G.) et PoprA : Recherches 


expérimentales sur l’épilepsie. . . - 

PrenA et PorrA : Recherches expé- 
rimentales sur le sérum des épi- 
leptiques: 542, 7-68 er AU 


Présidence de M. Mesnil, Vice-président. 


LE PRÉSIDENT exprime les regrets que cause à la Société la mort de 
M. P. Yvox et donne la parole à M. L. MARTIN, qui a bien voulu rédiger 
une notice (1) sur la vie et les travaux de notre excellent collègue. 


RECHERCHE ET CARACTÉRISATION DES ACIDES BILIAIRES DANS L'URINE, 


par G. MEILLIÈRE. 


Nous avons étudié une première fois la recherche des acides biliaires 
dans l'urine au moment où fut publiée la méthode de Hay, à la fleur de 
soufre, méthode séduisante par sa simplicité. Nous avons montré à cette 
époque que la tension superficielle de l'urine — que l’on espérait 
évaluer par ce procédé — pouvait être modifiée par tous lescomposants 
urinaires, les sels biliaires étant, bien entendu, de tous ces composants, 
ceux dont l’action est à poids égal le plus marquée. Nous avons en même 
temps proposé de substituer au procédé à la fleur de soufre, très infidèle 
dans ses résultats, le procédé d'évaluation de la tension superficielle au 


moyen du compte-gouttes spécial que Duclaux avait recommandé pour 


(1) Voir page 905. 


x 
PT Te CE 


SÉANCE DU 26 AVRIL 345 


les recherches de ce genre, méthode qui permet d'effectuer par les voies 
les plus simples une véritable mesure de la tension superficielle. 
_ Voulant en outre évaluer par ce procédé quelle est la part réelle des 
_ acides biliaires dans les variations de la tension superficielle, nous 
avons cherché à isoler ces derniers acides de l'urine, et nous nous 
sommes arrêlé, à cette époque, à l'isolement de ces acides par agitation 
de l'urine avec un solvant non miscible à ce liquide, chloroforme, éther, 
éther acétique. Ces dissolvants neutres, employés en grand excès par 
rapport à l'urine, la dépouillent des acides biliaires qu'elle contient, 
acides que l’on peut recueillir par évaporation ou enlever par simple 
agitation avec un peu d'eau ammoniacale, la solution ainsi obtenue se 
prêtant à des évaluations stalagmométriques ou colorimétriques après 
l’action de réactifs appropriés (1). 
La question du passage des acides biliaires dans l'urine étant de 
nouveau à l'ordre du jour, nous avons cru devoir reprendre cette étude, 
‘ce qui nous a fourni l’occasion de vérifier les résultats annoncés précé- 
. demment par nous. Les dissolvants cités plus haut, auxquels nous 
avons joint l’acétate d’amyle, entraînent bien les acides biliaires, surtout 
quand on les additionne de phénol ou de thymol qui augmentent leur 
pouvoir dissolvant et sont faciles à éliminer ultérieurement. On peut 
d’ailleurs diminuer simultanément la solubilité des acides biliaires dans 
Purine en additionnant celle-ci de sulfate d'ammoniaque, ce qui modifie 
le coefticient de partage au bénéfice du solvant employé pour extraire 
les acides. 
La nécessité de purifier les acides biliaires ainsi isolés, quand on 
veut procéder à leur caractérisation chimique, nous à amené à chercher 
s'il ne serail pas possible d'isoler ces produits par des méthodes calquées 
sur celles qui permettent d'isoler des corps analogues des divers com- 
plexes organiques, par une méthode de précipitation par exemple. 
Engagé dans cette voie, nous avons dû chercher ayant toute autre inyes- 
tigation comment les acides biliaires se comportaient dans l'urine vis- 
à-vis des réactifs usuels de la chimie urisaire et des méthodes classiques 
d'isolement de telle ou telle catégorie de produits. Ceci nous à amené à 
faire cette constatation importante — mais génante en l'espèce — que 
toute précipitation effectuée au sein de l'urine entraîne plus ou moins les 
acides ou les sels biliaires. C’est ainsi que les précipitations susceptibles 
de séparer notamment l’albumine, l'acide urique ou les phosphates, 
tous les modes de défécation ou de séparation des pigments (el en 
général toute formation d'un précipité de nature colloïdale au sein de 
l'urine), entrainent ces composés biliaires par un phénomène de 
… collage ou d'adsorption analogue à celui qui se passerait ayec des 
n matières colorantes ou des corps en suspension. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, octobre 1901. 


846 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nous avons également constaté que les sels biliaires étaient énergique- 
ment fixés par le charbon animal, d’oùilétait possible deles extrairepar un 
dissolvant approprié (l'alcool plus ou moins concentré), à tel point qu'il 
suffisait d'évaporer sur une petite quantité de charbon (5-10 gr. pour un 
litre) une urine riche en acides biliaires, de laver ensuite le résidu avec 
de l’eau froide pour éliminer l’urée et les sels, puis d’épuiser par 
l’alcool pour obtenir dans ce dernier liquide la totalité des acides ou 
des sels biliaires contenus dans l’urine examinée. | 

L'expérience nous ayant montré que cette méthode simple n’était pas 
d’une application suffisamment générale, nous avons cherché à mettre 
simultanément à contribution l'entraînement des dérivés cholaliques 
par divers précipités. et leur fixation par le charbon. 

Les précipitations qui réalisent le plus complètement l’entraînement 
des acides bilaires sont celle que fournit l’acide phosphotungstique en 
présence de HCI, et celles qui sont données par les sels ammoniacaux, le 


x 


sulfate en particulier. Nous nous sommes arrêté à l'emploi de ce 
dernier réactif. 


Technique. — 200 c.c. d'urine non filtrée, introduits dans un matras, sont 
additionnés de 2 c.c. d'acide acétique. cristallisable et de 140 grammes de 
sulfate d'ammoniaque ordinaire. L’essai est mis au bain-marie jusqu’à disso- 
lution du sel, et le liquide est ensuite versé dans une éprouvette et abandonné 
à lui-même pendant vingt-quatre heures. On provoque ainsi la précipitation 
d’une partie du pigment normal et de la totalité des pigments anormaux 
ainsi que des acides biliaires. On sépare le précipité, de préférence par centri- 
fugation. Dans le cas où l’on serait obligé de recourir à la filtration, nous 
conseillons d'opérer celle-ci sur un disque perforé relié au vide par un dispositif 
approprié, et recouvert de pâte de papier par filtration préalable du liquide 
obtenu en malaxant du papier à filtre dans de l’eau tiède. La filtration par le 
vide, sur un disque ainsi préparé, s'effectue d’une facon très régulière. 

Le précipité recueilli par l’un ou l’autre procédé (centrifugation ou filtra- 
lion) est lavé avec un peu de solution saturée de sulfate d’ammoniaque, puis 
essoré le plus complètement possible, séché et épuisé ensuite par l'alcool à 
95 degrés bouillant qui enlève les acides biliaires et une partie des pigments. 
La solution alcoolique est évaporée sur 2 grammes de charbon animal et le 
résidu est ensuite épuisé à froid par l’alcool à 50 degrés. Cette dernière 
solution évaporée laisse un résidu sur lequel on peut caractériser les acides 
biliaires par leurs réactions physiques (A) ou leurs réactions chimiques (B). 

(A) On constate (et mesure au besoin) l'influence sur la tension superficielle 
en dissolvant le résidu dans un peu d’eau ammoniacale, évaporant de 
nouveau à sec, reprenant par 20 c.c. d'eau (soit un 10° du volume d'urine 
primitif) et effectuant l'épreuve au compte-gouttes de Duclaux, par compa- 
raison avec une solution titrée de glycocholate de soude. 

(B) L'identification chimique se fera par une des réactions des acides 
biliaires, la réaction de Pettenkofer en particulier. 

La réaction de Pettenkofer s'obtiendra de préférence en traitant une 
proportion connue du résidu par 2 c.c. d'acide sulfurique contenant un 


SÉANCE DU 26 AVRIL 847 


cinquième de son volume d’eau. On fait cet essai dans une capsule en 
porcelaine placée sur un bain d’eau porté à 60 degrés au maximum, en 
… ajoutant peu à peu du furfurol sous forme de solution aqueuse au 10°, au 
moyen d'un compte-gouttes, tant que la coloration rouge-carmin augmente, 
en évitant d'employer un excès de réactif. L’essai porté devant la fente 
rétrécie d'un spectroscope, dans une cuve triangulaire, donne, quand il est 
examiné sous une épaisseur convenable, une large bande dans-la région verte 
… du spectre, plus nettement visible quand on déplace le spectre vers la gauche. 
… Une partie de cet essai est ensuite additionnée peu à peu d'environ 1/4 à 1/3 
de son volume d’acétone, diluée avec de l'alcool à 95°, puis maintenue une 
minute au bain-marie à 60 degrés. La teinte du liquide vire au lilas, puis 
au violet-bleu. L'examen au spectroscope dans la cuve prismatique permet 
de constater l’atténuation progressive de la bande située dans le vert et 
lapparition d'une bande très nette, mais plus étroite, dans l’orangé, à cheval 
sur la raie D, et un peu à gauche de cette dernière raie, en même temps 
que parait à la limite du jaune et du vert une petite bande très fugace. 


Cette modification de la réaction de Pettenkofer que nous avons 
réalisée se rapproche de la réaction de Guérin obtenue par l’action de 

+ l'acide sulfurique en présence d’un excès de furfurol. 
… Nous avons signalé également une autre réaction des acides biliaires 
… obtenue en faisant agir sur ces derniers l'acide sulfurique additionné de 
| vaniiline, à une température de 50-60 degrés. Il se produit, dans ces 
— conditions, une coloration rouge orangé d'une grande intensité, 
… passant peu à peu au rouge sang et présentant au spectroscope une 
» large bande d'absorption dans le vert (1). 

Les premières applications que nous avons faites de cette méthode à la 
” recherche et à la caractérisation des acides biliaires nous ont permis de 
… constater que ces derniers se rencontraient dans l'urine normale à la 
« dose de 2 environ par litre. 
Nous nous proposons d'étudier les variations physiologiques et patho- 
; logiques de ces éléments dans l'urine, le sang et les fèces. 
Ê 


INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE DE STÉRILISATION SUR LA VALIDITÉ 
DES VACCINS ANTITYPHIQUES « CHAUFFÉS », 


par H. VINCENT. 
L'emploi de cultures du bacille typhique tuées par chauffage à basse 
température a été proposé et appliqué en 1896 par Pfeiffer et Kolle et 


par À. E. Wright pour vacciner l’homme contre la fièvre typhoïde. 
_ On peut se demander si, chauffées à une température élevée (100, 110, 


(4) Société de Pharmacie, février 1913. 


de sidts à cé LE nt mo hrétonmlséiéotinisich tnt. à. Sul: tés. 


818 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


120 degrés), les cultures typhiques conservent leur pouvoir immuñi- 
gène. L’expérimentation permet de répondre à cette question. 

Le cobaye et le lapin, [4 Souris ne prennent jamais spontanément là 
fièvre typhoïde, et l'on ne peut que difficilement obtenir chez eux la 
multiplication du bacille typhiqué. L'infection par septicémie peut 
cependant être réalisée chez le cobaye en diminuant sa résistance par 
divers moyens, notamment en injectant simultanément, et en des 
régions différentes, d’une part une culture de bacille typhique de vingt- 
quatre heures, d'autre part 3 c.c. à 5 c.c. d’une solution hypertonique, 
à 10 p. 100, de NaCI. On possède ainsi une méthode d'épreuve permet- 
tant d'apprécier le degré d’immunité dés animaux vaccinés (1). 

Les expériences suivantes, faites en septembre et octobre 1908, 
montrent ce qui se produit en pareil cas. 

Si l'on injecte au cobaye, en trois fois, 4 c.c. ou 4 c.c. 1/2 de culture 
typhique âgée de deux à cinq jours et chauffée à 100 degrés pendant 
quinze ou vingt-cinq minutes, et qu'on fasse ultérieurement l’inocula- 
tion d’épreuve précitée, l'animal succombe rapidement avec multipli- 
cation abondante du bacille typhique dans le sang, la rate, le foie, la 
vésicule biliaire, le péritoine. 

Les injections de culture chauffée à 100 degrés ne les ont donc pas 
immunisés, Le même résultat a été observé chez la souris. 

Il importe de noter que la quantité de culture chauffée à 100 degrés, 
qui a été préventivement inoculée au cobaye, était fort élevée; elle. 
correspondrait environ, pour un homme adulte, à trois quarts de lilre 
de vaccin. | 

Etant donné que les animaux sont normalement très peu réceptifs 
pour l'infection due au bacille typhique jeune (la mort, quand elle sur- 
vient, est presque toujours due à l’intoxication par les produits solubles 
des cultures âgées), et que l'injection de cultures stérilisées à 100 degrés 
n'a rien ajouté à cette quasi-immunité naturelle, on peut conclure que 
le chauffage au delà d’une certaine température, notamment à 100 degrés, 
détruit le pouvoir immunigène de ces cultures. Une température plus 
élevée encore (110-120 degrés) ne peut évidemment restituer à la cul- 
ture, déjà inactivée à 100 degrés, les propriétés qu'elle a perdues. 

Pfeiffer et Kolle, Wright ont, les premiers, vacciné l’homme à l’aide 
de cultures tuées à 60 degrés. Harrisson, Leishman, Russell, ete., ont 
vu que cette température atténue déjà sensiblement la validité du 
vaccin et qu'il est préférable de stériliser les cultures à 53 degrés ou 
à 56 degrés. Les expériences chez l'animal sont d'accord avec les résul- 
tats de l’observation chez l’homme. 


(1) H. Vincent. Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1 et 21 février 1910. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 849 


REMARQUES SUR LE DOSAGE DU CHLORURE DE SODIUM DANS LE SÉRUM 
PAR LA MÉTHODE DE MM. AMBARD ET WEILL, 


- Nous avons fait quelques recherches sur la méthode de dosage par 
différence des chlorures dans le sérum, proposée récemment par 
MM. Ambard et Weill (1), et qui est une modification de la méthode de 
4 Denigès-Charpentier-Vohlard. 
| Des dosages faits simultanément par chacun de nous sur de mêmes 
_  sérums nous ont donné des résultats sensiblement identiques, comme le 
montrent les exemples suivants : 


È | par H. ChaBANIER et D. JOACAIMIDES. 


Premier sérum : NaCI p. 1000 se ue DE 


5,65 (deuxième dosage). 
Différence.’ . . . . 0,02 

5,99 (premier dosage). 
5,97 (deuxième dosage). 
Différence. . . . . 0,02 


Deuxième sérum : NaCIl p. 1000. . . . . 


| La différence relative est donc moindre que 3 à 4 p. 1000. 
Nous avons cherché de plus si la teneur en NaCI du sérum maintenu 
au contact du caillot pouvait varier en fonction du temps. 
e Le sang était recueilli par ventouses scarifiées et mis aussitôt dans 
- des vases fermés à l’émeri. 
Voici les résultats obtenus sur quatre sérums : 


NUMÉROS NOMBRE D'HEURES NaCI DIFFÉRENCE 
des après recueil p. 4000 avec la teneur 
sangs. du sang. du sérum. au premier dosage 
LE 2 h.'et demie. 5,63 » 

Y h. et demie. 5,61 0,02 
6 h.et demie. 5,59 0,04 
16 heures. 5,55 0,08 
20 heures. 5,2 0,11 
AT. 2 heures. Dao » 
: 16 heures. 5,95 0,02 
22 heures. 5,93 0,04 
42 heures. 5,89 0,08 
16 heures. 5,10 0,27 
DIT. 1 ch. et demie. 6,18 » 
24 heures. 6,09 0,09 
48 heures. 6,03 0,15 
IV. 31 heures. 6,03 » 
52 heures. 6,00 » 
10 heures. 5,98 » 
99 heures. 5,96 » 


(1) L. Ambard et A. Weill. Les lois numériques de la sécrétion rénale de 
l'urée-et du-chlorure.de sodium. Journal de physiol. et path. gén.,t. XIV, p. 763, 
n° 4, juillet 1912. 


850 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. 


Donc la teneur en NaCI d'un sérum laissé au contact du caillot 
diminue progressivement avec une vitesse variable (4 à 11 eenti- 
grammes en vingt-quatre heures). Cette remarque est importante au 
point de vue du dosage de NaCl du sérum; elle montre qu’en dosant, 
comme nous en avons l'habitude, le NaCI dans le sérum de quatre à 
cinq heures après la prise du sang, les causes d'erreur du fait de, la 


diffusion du NaCl du sérum dans le caïllot sont presque nulles. 


(Travail du laboratoire de chimie de la clinique des voies urinaires 
à l'hôpital Necker.) 


RÉACTION DES URINES ET DÉBITS CHLORURÉS, 


par H. CHABanIER. et C. LoBo-ONELt. 


Ambard, avec Mayer, puis A. Weill (4), ont constaté que, toutes 
choses étant égales du côté du régime, la réaction des urines au tourne- 
sol est acide au régime chloruré, alcaline au contraire au régime déchlo- 
ruré. Nous avons cherché à vérifier ce fait d'une manière précise. 

Pour écarter l'influence du repas sur la réaction des urines, la réac- 
tion a toujours été recherchée aux mêmes heures — en général, le 
matin (d'ordinaire à jeun), sauf indication contraire. 


1° Chez les sujets sains. — L. Carr... 
RÉACTION RÉACTION | RÉACTION 


au à la à 
tournesol. | phénolphtaléne. |l'héliantine. 


DATES RÉGIME 


NaCI P. 1000 
dans l’urine 
le matin. 


25: Ordinaire salé. 12 Fort. acide. 

26.| Lait, 21. 4 œufs + purée sans sel. » 

21. Id. » 

28. Légèrt. acide. 

Lésèrt. acide. 
Id 


Neutre. 
Faib. alcaline. 
Fort. alcaline. 


Id. + 7 gr. NaCI. 


» 
Légèrt. acide. 


Chez deux autres sujets sains, nous avons observé un phénomène 
analogue. Au bout de huit jours environ, quand la concentration de 


(1) L. Ambard et A. Weill. La sécrétion rénale des chlorures. Semaine médi- 
cale, 8 mai 1912. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 


8)1 


NaCl dans l’urine était tombée à 3-4 gr. p. 1000, la réaction alcaline 
apparaissait. 


20 Chez les 


sujets malades. 


Vo 
SE 18 
ZÉE RÉACTION RÉACTION RÉACTION 
ÊE] 
DATES RÉGIME ÈS ë au à la à 
SEE tournesol. .|phénolphtaléine. [l'héliantine 
PA ER : 
Peri... — Pyélite légère. 
Févr. 24. Ordinaire salé. 15 » Acide. » » 
— 2%. 3 litres de lait. » Acide. » » 
— 26. Id. » Acide. » » 
= 42e Id. » Neutre. » » 
= 2e Id. 2 Alcaline. Neutre » 
Mars 17. .|Id. + purée un peu salée. » » » » 
= DE Id. » » » » 
— 8. Id. » » » » 
— 4. Id. » Acide. » » 
NS PTE 7.8 Acide. » Neutre. 
3 1. lait + purée sans sel. 
— 6.. Id. 3.6 Aicaline. Neutre. » 
Duc... — Tuberculose rénale avancée. 
Janv. 20 . . Ordinaire salé. 9 » Acide. » » 
=, A Régime déchloruré. » » » » 
Du 21 janv. 
au 91 févr. Id. 2.4 | Fortement alcaline. Neutre: » 
Id. + 5 gr. de NaCI. 
1e EE Id. » Acide (soir) » Neutre. 
1981.24: Régime lacté (3 13} » » » » 
—  24,, Id. » Alcaline. Neutre. » 
— 95... Id. » Alcaline. Neutre. » 


Donc, aussi bien chez le sujet sain que chez le sujet malade, toutes 
choses étant égales du côté du régime alimentaire et la réaction de 
l'urine étant considérée à distance des repas, des variationsde l’élimina- 
tion chlorurée peuvent entrainer des variations de la réaction des 


urines. 


Mais toutes choses étant égales en ce qui concerne l'élimination des 
chlorures, nous admettons néanmoins que l’action du repas suftit bien, 
comme l'ont vu de nombreux physiologistes, à entraîner une diminu- 
tion marquée de l'acidité et souvent même une réaction alcaline : 

Chez un sujet, les faits suivants ont été observés : 


Avant repas 
Après repas . . . 


NaCl 
p. 1000. 


11,5 
11,9 


RÉACTION 


au tournesol. 


Acide. 
Alcaline. 


À notre avis, ces variations de réaction que l’on observe sous l’in- 


852 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


fluence des variations du débit chloruré sont dues, comme l'avaient 
pensé Ambard et Weill, à des transformations des phosphates monomé- 
talliques en phosphates dimétalliques et inversement. En effet, lorsqu’à 
un régime chloruré les urines étaient acides au tournesol, elles étaient 
neutres à l’héliantine; au contraire, à un régime faiblement chloruré, 
elles élaient alcalines au tournesol et neutres à la phénolphtaléine. 


(Travail du laboratoire de chimie de la clinique des voies urinaires 
à l’hôpital Necker.) 


DÉSORIENTATION ET DÉSÉQUILIBRATION SPONTANÉE ET PROVOQUÉE. 
La déviation angulaire, 


par J. BaBinski et G. A. WEILL. 


À l’état normal, en supposant l'intégrité de notre appareil statique, 
nous pouvons, les yeux fermés ou dans l'obscurité, maintenir notre 
équilibre aussi longtemps qu’il le faudra et sans difficulté. 

Dans les mêmes conditions, nous pouvons, pendant un certain Lemps, 
nous déplacer correctement dans une direction déterminée. 

Sur un sujet dont l'appareil statique est anormal, on observe habituel- 
lement, après occlusion des yeux, des troubles de l'équilibre et des 
erreurs d'orientation. 

Le procédé que nous proposons permet de rendre manifestes les per- 
turbations les plus légères de l'équilibre ‘et de l'orientation. Le sujet 
étant placé debout, face à un point de direction qu’on lui désigne, on 
lui bande les yeux et on lui commande d'avancer dans la direction 
déterminée, puis de reculer et, sans interruption, d'avancer et de 
reculer au commandement un cerlain nombre de fois, toujours dans la 
même direction. 

Si ce sujet est normal, il doit rester, après quelques trajets (1), sur la 
même ligne et dans la même orientation qu'au départ; tout au plus, 
sil s’en écarte, l’angie dont il a dévié ne dépassera guère 45 degrés; de 
plus, dans plusieurs épreuves successives, le sens de la déviation ne 
sera pas constant, pas plus que son amplitude. 

S’il existe une anomalie de l'appareil statique, les déviations pendant 
la marche directe, et les déviations généralement plus considérables, 
pendant la marche à reculons, vont s’addilionner jusqu'à la fin de 
l'expérience-et produire soit une latéropulsion, soit, dans la majorité 
des cas, une déviation angulaire correspondant parfois à un demi-tour 


(4) Cinq trajets en avant, cinq en arrière, six pas dans chaque sens. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 853 


complet. C'est ce que nous appellerons la déviation angulaire spon- 
tanée (D. A. S.). | 
On considérera comme anormale une déviation angulaire constante. 


Influence du courant galvanique sur la déviation angulaire, 
Déviation angulaire vollaïque (D.A.V.). 


Suf un individu normal, l'application bi-témporale du courant gal- 
vanique provoque la déviation angulaire du côté du pôle positif. 

Les électrodes appliquées au-devant et au-dessus du tragus sont 
maintenues par un lien élastique, un tube à douche par exemple, qui 
passe sous le menton et au-devant des oreilles. Les électrodes sont 
faites d'ouate mouillée et enrouléé autour de l’extrémilé des con- 
ducteurs. 

Le courant nécessaire pour rendre évidente la déviation angulaire 
est très faible ; à l’état normal, un milliampère suffit. 

On doit éviter d'employer des intensités supérieures qui produiraient 
uné trop grande déséquilibration et des sensations désagréables de 
vertige. 

Nous savons déjà qu'avec un courant de 3 à 5 milliampères, on pro- 
voqué chez un sujet assis un mouvement d'inclination ou de rotation 
de la tête vers l’anode, c’est le vertige voltaïque. 

La sensibilité de cette réaction augmente si cette recherche est faite 
sur un sujet debout. 

Pendant la marche, ces réactions au courant galvanique sont encore 
plus évidentes. 

: L'expérience étant disposée comme nous l'avons dit, on obtient 
formalement pendant le passage du courant, une légère titubation à la 
fermeture, puis une déviation angulaire qui dépasse souvent 90 degrés. 
Cette déviation se fait dans le sens du pôle positif. 

Si le sujet est très sensible à l’action du courant où si le courant 
employé dépasse 2 milliampères, on observera une forte titubation avec 
latéropulsion du côté de l’anode. Ce phénomène est comparable à 
l'inclination de la tête vers le pôle positif, qui est une des caractéris- 
tiques du vertige voltaïque. 

Aù contraire, la déviation angulaire obtenue avec le minimum de 
courant est comparable au phénomène de la rotation de la tête. Mais, 
tandis que dans la recherche du vertige voltaïque c'est l'inclination 
qui est le plus facilement observée, dans l’épreuve de la déviation 
angulaire galvanique c’est la rotation qui est le symptôme principal. 

: Dans le cas d'anomalies, plusieurs modalités se présenteront : 

a) Absence de déviation voltaique. — Il s'agira d’une résistance anor- 
male, comme on en observe chez les sujets qui n’ont pas d’inclination 
au eours de l'épreuve du vertige voltaique avec les intensités habi- 
tuelles. En augmentant l'intensité, la déviation angulaire peut appa- 


à — ï 


854 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


raitre, mais, plus souvent, ce sera une forte latéropulsion empêchant la 
marche. HT 

b) Déviation voltaique unilatérale ou à prédominance unilatérale. — Un 
courant faible, tout en déterminant à la fermeture dans les deux sens 
une légère titubation, provoquera une déviation angulaire dans un sens 
seulement ou nettement prédominant dans ce sens; ou bien, pour 
obtenir une déviation comparable en sens inverse, il sera nécessaire, 
l’anode étant appliquée de ce côté, d'employer un courant double ou 
triple. 

c) Correction de la déviation angulaire spontanée. — Un sujet présen- 
tant une déviation angulaire constante pourra, si on place l’anode du 
côté opposé à la déviation, marcher avec une parfaite rectitude sans 
présenter la moindre désorientation (1). 


Influence de l'excitation calorique sur la déviation angulaire. 
Déviation angulaire calorique (D.A.Ca.). 


Après une irrigation très brève avec de l’eau à 27 degrés, si on 
recherche la déviation angulaire, elle apparaîtra très nette sur un sujet 
normal, alors que le nystagmus calorique ne s’est pas encore manifesté; 
la déviation se fera vers l'oreille irriguée. Avec de l’eau à 39 degrés, la 
déviation se fera en sens inverse de l'oreille irriguée. 


Déviation angulaire après giration (D.A.G.). 


Le trouble produit par la giration est moins durable que celui qui 
résulte de l'excitation calorique; il suffit cependant à provoquer la 
déviation angulaire. 

Pour comprendre les phénomènes observés, il faut se rappeler que 


deux effets réflexes résultent de la giration, l’un direct, se traduisant 


schématiquement par l'excitation ampullaire du côté où se fait le mou- 
vement,; l’autre, inverse, se produit à l'arrêt; c’est celui qu’on observe 
habituellement, et qui se traduit par le post-nystagmus en sens inverse 
de mouvement. 
La déviation angulaire peut être commandée soit par l'effet direct, ce 
qui paraît le plus fréquent à l'état normal, soit par l'effet secondaire. 
_ Dans le premier cas, la déviation se fera en sens inverse du mouve- 
ment imprimé au plateau tournant; dans le second cas, elle se fera 
dans le même sens. 


En résumé, la recherche de la déviation angulaire, et, en particulier, 
son analyse pendant l'application du courant galvanique, fournit des 


(1) Ces divers phénomènes rappellent les résultats de l’expérimentation 
sur le cobaye (J. Babinski, C. Vincent et A. Barré, Société de Neurologie, 
6 mars 1913). 


NN né à 


SÉANCE DU 26 AVRIL 835 


données d’une grande sensibilité sur les réactions de l'appareil statique. 
Par la multiplicité des épreuves possibles, elle permet la vérification 
des anomalies observées et une notation commode de leur valeur. 


QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA TOXINE ASCARIDIENNE. 
DISSOCIATION DES EFFETS PRODUITS; NEUTRALISATION, DE L'ACTION TOXIQUE 
PAR LE SÉRUM DE CHEVAUX SPONTANÉMENT IMMUNISÉS, 


par M. WEenBERG et P. SÉGUIN. 


L'instillation dans l’œil du cheval de liquide périentérique de l’Ascaris 
megalocephala provoque chez les animaux sensibles une réaction carac- 
térisée par de l’œdème de la paupière, de la congestion de la conjonc- 
_ tive, du larmoiement, etc. (Weinberg et Julien). 

Nous avons pratiqué l’examen histologique d’un certain nombre de 
paupières de chevaux instillés dans l'œil avec du liquide périentérique. 
Sur 35 paupières réséquées dans la première heure qui suit l'instillation, 
nous avons trouvé 32 fois des lésions appréciables, bien que d'intensité 
variable, et caractérisées surtout par de l'œdème et un afflux leucocytaire 
très marqué dans les vaisseaux et dans le tissu conjonctif de la muqueuse 
palpébrale (polynucléose portant plus spécialement sur les éosino- 
philes). 

L'œdème est tantôt considérable (réactions cliniques positives), tantôt 
beaucoup plus faible, quoique encore nettement appréciable sur les 
coupes (réactions cliniques légères ou négatives), tantôt très léger ou 
même nul (3 observations). 

L'afflux leucocytaire est également d'intensité variable; parfois 
intense, parfois beaucoup moins considérable, quoique toujours 
évident. 

Il n’y a pas de parallélisme entre l'importance de l’œdème et la leuco- 
cytose locale. Nous avons constaté, en effet, une infillration diapédé- 
tique du tissu conjonctif intense ou marquée dans des cas où l’œdème 
était peu prononcé ou nul (réactions cliniques négatives). Par contre, 
dans certaines de nos observations, l’æœdème considérable était accom- 
pagné d’une leucocytose locale relativement peu marquée. Nous attirons 
l'attention sur celte dissociation des effets locaux produits par la toxine 
ascaridienne, laquelle s’expliquerait.par l’action indépendante de quel- 
ques-unes des substances qui rentrent dans la composition du liquide 
périentérique. 

L'œil instillé réagit seul. La paupière témoin (du côté opposé) est 
toujours indemne, quelle que soit l'intensité de la réaction du côté 
malade, même quand la toxine est instillée pure. 


856 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Cette particularité nous a permis de constater les faits suivants. 

Certains sérums de chevaux porteurs d’ascarides contiennent des 
traces de toxine libre. En effet, sur 10 chevaux instillés dans l'œil droit 
avec une dilution à 1 p. 400 de toxine-eau physiologique et dans l'œil 
gauche avec du sérum d'un cheval porteur d’ascarides, nous avons 
constaté six fois une réaction dans les coupes de paupière réséquées 
dans la première heure qui suit l’instillation de sérum. Dans un cas où 
la réaction de l'œil droit (toxine-eau physiologique) était intense, celle 
de l'œil gauche (sérum seul) était des plus nettes (œdème marqué et 
éosinophilie). Dans cinq autres cas où la réaction de l'œil droit était 
moins intense, la réaction de l'œil gauche était faible, surtout recon- 


naissable à l’infitralion diapédétique. Dans deux cas où la réaclion 


de l'œil droit était très légère, celle de l'œil gauche était nulle. Enfin, 
deux chevaux qui n’avaient pas réagi à la loxine n’ont pas réagi non 
plus au sérum. 

Il est donc certain que le sérum employé n'a agi que sur les animaux 
sensibles à l’action de la toxine. L'action du sérum était plus faible 
qu'une dilution de toxine à 4 p. 400. Le sérum ne contenait donc que des 
traces de toxine ascaridienne libre. 


Dans une autre série d'expériences, nous avons étudié sur des coupes 
de paupière l’action d’un mélange de toxine-sérum comparée à celle d'un 
mélange de toxine-eau physiologique. 

Les paupières, étudiées dans 10 cas de réactions positives et réséquées 
de treize à quatre-vingt-dix heures après l’instillation, nous ont montré 
du côté toxine-sérum des lésions plus prononcées que du côté toxine-eau 
physiologique. Dans 8 cas sur 10, du côlé toxine-sérum, la résorption 
de l’œdème était moins complète et l’infiltration diapédétique plus 
intense que du côté toxine-eau physiologique. 

Il faut remarquer que ce sérum, comme le précédent, provenait de 
chevaux infestés par un grand nombre d’ascarides jeunes. Il est done 
vraisemblable que l’animal n’a pas eu le temps d'élaborer assez d’anti- 
corps pour neutraliser la grande quantité de toxine résorbée. 

Si l’on peut rencontrer des sérums'de chevaux porteurs d’ascarides, 
et spécialement d'ascarides jeunes contenant une certaine quantité de 
toxine libre, nous avons pu, dans d’autres cas, démontrer dans des 
sérums vermineux la présence d'anticorps capables de neutraliser 
in vitro une petite dose de toxine ascaridienne. 

Sur un lot de 40 chevaux instillés dans un œil avec le mélange toxine- 
eau physiologique et dans l’autre avec le mélange toxine-sérum, nous 
avons constaté que, dans quatre cas où la réaction du côté toxine-eau 
physiologique avait été faible (æœdème léger et afflux leucocytaire dans 
2 cas, afflux leucocytaire seul dans les 2 autres), la réaction du côté 
toxine-sérum était nulle. 


M M Sn 


DAT RP DT 


SÉANCE DU 26 AVRIL 87 


Dans les six autres cas où la réaction était positive du côté toxine-eau 
physiologique, elle était également positive du côté toxine-sérum. 

Nous savions déjà que le sérum des chevaux porteurs d’ascarides 
renferme souvent des anticorps qu'on peut déceler par la réaction de 
fixation. Les faits nouveaux que nous venons d'exposer montrent que, 
dans quelques cas, ces anticorps spécifiques sont en quantité suffisante 
pour neutraliser in vitro une certaine dose de toxine ascaridienne. 


SUR UN CAS DE SOLIDARITÉ ARTÉRIELLE 
ENTRE LE REIN ET ELA SURRÉNALE GAUCHE CHEZ L'HOMME. 


Note de GEORGES GÉRARD, présentée par À. CALMETTE. 


En présence de certaines affections coexistantes et contiguës du rein 
et de la capsule surrénale, on est amené à se demander : 

a) Comment peut se faire la propagation des ee du rein vers 
la surrénale ou inversement ; 

b) Si cette propagation ne peut être nimes par des transmissions 
vasculaires, en particulier par des anastomoses artérielles ou par des 
artères s'étendant de l’un à l’autre organe. 

J'ai eu l'occasion d’observer une disposition tout à fait exceptionnelle, 
dont la relation apportera sans doute une contribution à la question. 

Sur un sujet adulte dont le rein et la surrénale gauches étaient de 
volume normal et en situation normale, il existait une artère rénale 
gauche unique et se divisant normalement au voisinage du hile rénal. 

Mais : 1° sa branche antéro-supérieure fournissait une collatérale qui 
perforait la surface externe du rein après un court trajet; 

2° Cette branche extrahilaire, près de son orifice de perforation, 
abandonnaiït à son tour une collatérale rétrograde et extrarénale ; 

3° Cette collatérale était, après un court trajet, rejointe par une per- 
forante rénale de volume appréciable ; | 

4° Ces deux artères, réunies par inosculation, figuraient une . 
extrarénale, sinueuse contre le quadrant antéro-interne et supérieur du 
rein, de la partie moyenne de laquelle émergeait une artère, qui n'était 
autre que la capsulaire inférieure gauche et qui se distribuait à toute la 
base de la capsule gauche après s'être divisée en ses deux marginales, 


- antérieure et postérieure. 


Il n'existait pas d'autre artère capsulaire inférieure gauche. 

De cette disposition rarissime, découlent les probabilités suivantes : 

a) Une grande partie du sang artériel destinée à la surrénale gauche 
provenait directement du rein par la voié de l'artère perforante vraie; 

b) On est autorisé à penser que des éléments infectieux ou néopla- 


898 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


siques auraient pu être transmis directement du Der rénal au 
parenchyme surrénalien. 

Ilest possible que cette disposition, rencontrée seulement une fois 
par hasard sur plus de 300 reins, soit moins exceptionnelle que je ne le 
crois et il y aurait lieu de la rechercher de parti pris. Sa présence, 
reconnue dans un certain nombre de cas, serait capable d'apporter 
quelque lumière dans la pathogénie des tumeurs ou des infections sur- 
rénaliennes survenant consécutivement à des tumeurs ou des infections 
rénales. 


L'ACTIVITÉ BYDROLYSANTE ET L'ACTIVITÉ SYNTHÉTISANTE 
DE L'ÉMULSINE SONT IDENTIQUES, 


par Em. BouRQUELOT et M. BRIDEL. 


Les recherches poursuivies dans mon laboratoire sur l’action syntheé- 
tisante de l’émulsine ont permis de formuler les conclusions suivantes : 
_ 1° L'émulsine ajoutée à une solution de glucose dans un alcool pro- 
-- voque la combinaison de ces deux corps : il y a formation d’un glucoside 
que la même émulsine, par une réaction inverse, peut hydrolyser. En 
appliquant la réaction synthétisante aux alcools connus, on a pu obtenir 
à l'état cristallisé les glucosides correspondants. Il n'y a eu d'exception 
pour aucun des alcools essayés. Cette réaction est donc générale. 

9° Du fait que l’'émulsine possède à la fois les deux propriétés inverses, 
synthétisante et hydrolysante, les deux réactions se limitent nécessai- 
rement, de telle sorte qu’elles ne sont jamais complètes et tendent vers 
un état d'équilibre déterminé, l’une ou l’autre allant plus ou moins loin 
suivant les conditions de l'expérience. 

3° Cet état d'équilibre est indépendant de la quantité d'émulsine 
ajoutée. Si, par exemple, à une solution de glucose dans de l'alcool 
méthylique-d'un titre donné, on ajoute une certaine quantité d’émulsine, 
ou le double, ou le triple de cette quantité, la proportion de glucose qui 
entrera en combinaison sera la même dans tous les cas. 

4” Cet état d'équilibre est indépendant de la température à laquelle se 
fait la réaction, à la condition naturellement que celle-ci se fasse à une 
température inférieure à la température de destruction du ferment. 
Ainsi, étant donnée une solution de glucose dans de l’alcool d’un titre 
déterminé, si on effectue la réaction à 10, 15, 20 ou 30 degrés, la pro- 
portion de glucoside obtenu sera la même dans tous les cas. 

5° L'état d'équilibre varie avec le titre de l'alcool et avec la propor- 
tion de glucose en solution dans celui-ci. 

Occupons-nous seulement des variations dépendant du titre de l'alcool. 
Les proportions de glucose qui entrent en combinaison jusqu'au 


lt are de bel > chaine nu 21 dt “fe ên: de 


SÉANCE DU 26 AVRIL 8359 


moment où l'équilibre est alteint croissent en même temps que le titre 
alcoolique. 

Les expériences ont été effectuées en faisant agir de l’émulsine sur 
des alcools méthyliques et éthyliques de différents titres renfermant 
1 gramme de glucose pour 100 c. c. 


100 ee y 


40 


80 FE HE 


HAINE 
is His! 


70 


O 
S 
4 


 - 
S 

[ 
+ 


D./00 En poids 
i 


+ 
S 
fi 


que 


£ 


Alcool meth 
Ÿ 


Î 
ù 


10 mes 


5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 35 100 
Glucose combine en centtgrammes. 


Action synthétisante dè l’émulsine sur le glucose en solution dans des alcools 
méthyliques de différents titres. 


La courbe ci-dessous se rapporte à l'alcool méthylique (1); elle a été 
tracée en prenant comme abscisses les quantilés de glucose combiné 
pour chaque équilibre, et comme ordonnées les titres en: centièmes, en 
poids, de l'alcool méthylique dans lequel s’est faite la combinaison. 

Elle part du point zéro, correspondant à l’eau pure; elle s'élève 
d’abord lentement, puis plus rapidement, jusqu’à devenir parallèle à la 
ligne des ordonnées. 

Ce qui montre nettement que les quantités de glucoside formé crois- 
sent en même temps que le titre de l’alcool, l'augmentation diminuant 


(1) Em. Bourquelot et Em. Verdon. La réversibilité des actions fermen- 
taires : Emulsine et méthylgelocuside 6 (J. Ph. et Ch., 7° série, VII, p. 377, 1913). 


Brozocie. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 60 


860 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


peu à peu jusqu'à devenir nulle un peu au-dessus de 95 degrés. A 
95 degrés, il y a 95°,4 du glucose passés à élat de glucoside. | 
Cette courbe est la courbe des synthèses. Mais remarquons que si 
l’on avait, dans les expériences qu'elle représente, remplacé le glucose. 
par une quantité équivalente de méthylglucoside 8 (1 gr. 077 pour 
1 gr. de glucose), on aurait abouti, en sens inverse, aux mêmes équi- 
libres, à la même courbe, l'hydrolyse étant nulle dans l'alcool d'un titre 
voisin de 100 degrés, pour être complète théoriquement dans l’eau pure. 
Les deux processus, synthèse et hydrolyse, se ressemblent donc 
beaucoup et, depuis nos très nombreuses expériences de synthèses, nous 
avions l'impression que la manière dont ils se poursuivent dans des 
conditions variées répond à l'égalité de l'activité synthétisante et de 
l’activité hydrolysante du ferment. | 

Mais comment l’établir? On ne pouvait le faire qu'en s'assurant que, 
dans des conditions identiques, l’une et l’autre réaction se poursuivent 
avec la même vitesse. 

L'examen attentif de la courbe va mous permettre de réaliser celte 
égalité de conditions. Il faut, pour cela, que le titre de l'alcool soit tel 
que, pour des quantités équivalentes de glucose et de méthylglucoside, 
l'équilibre corresponde à la même quantité de glucose combiné et de 
glucose mis en liberté. 

On voit à l'examen de la courbe que le titre de l'alcool méthylique 
répondant à ces exigences est l'alcool à 30 centièmes, 2 

De que si on fait dissoudre, dans 400 c. cc. d'alcool méthy- 
lique à 30°,2, ? gramme de glucose, et dans cent autres centimètres 
cubes 1 gr. 077 de méthylglucoside; et si à chaque solution on ajoute 
0 gr. 20 d’émulsine, les deux réactions se poursuivront dans les mêmes 
conditions, et atteindront le même équilibre : rotation — + 11 minutes; 
sucre combiné et sucre mis en liberté — 0 gr. 500. 

Si donc les activités sant identiques, les deux réactions devront se 
faire avec la même vitesse et se termineren même temps. 

Les deux expériences ont été mises en train simuilanément ; voici les 
rotations observés FLE ut (temp. : 16 à 20 degrés). 


À. — He SE, portant sur 1 gr. 071 | B. — SyNTHÈSsE, portant sur 


de méthyle! iucoside. . 1 gramme de glucose. 
Alcool mélhylique à 300,2. Alcool méthylique à 300,2. 
Durée. ‘ : Rotation: Retour. Durée. Rotation. Recul. 
A Doc 2e Le me A Rens 
0 ‘— 42 min. 0 0 + 104 min. 0 
1 jour. — 36 min. 6 min. 1 jour. + 58:min. :: 6 min. 
2 jours. — 26 min. 16 min. 2 jours. + 48 min. 16 min. 
4 jours. — 1$ min. 2% min. | 4 jours. + 40 min. 24 pin. 
8'jours. — 6 main. 36 min. | 8 jours. L928imin.- : S6wmin. 
13 jours.  6Emin. 48 min. | 18 jours. + 16min. 48 min. 
1$ jours. + 10 min. 52 min. | 18 jours | Er" 12 min. 52 min. 


“La Synthèse s'est donc effectuée avec la même vitesse.quel'hydro- 


SÉANCE DU 26 AVRIL 864 


lyse puisque les changements de rotalion ont été les mêmes, et les deux 
_ phénomènes se sont arrêtés au même moment, ce qui montre bien que 
les deux activités contraires sont d'égale FES 
C'est là un fait intéressant qui montre qu'au point de vue physiolo- 
gique, l’activité synthétique des ferments a autant d'importance que 
l’activité hydrolytique. On doit admettre que les quantités de glucose 
qui se trouvent dans les liquides végétaux ou animaux répondent à des 
états d'équilibre qui dépendent de la composition du milieu. 


LONGUE VITALITÉ DES SPERMATOZOÏDES DANS LES VOIES DÉFÉRENTIELLES. 


Note de A. TourNape el J. DELACARTE, présentée par O. Josué. 


Les spermatozoïdes qui, déversés dans le tissu conjonctif, perdent si 
rapidement toute motilité, conservent au contraire intactes leurs pro- 
priétés pendant des mois, s'ils séjournent dans leur habitat normal, les 
voies déférentielles. 


L'observation suivante, recueillie fortuitement au cours  d' expériences 
sur les effets de Ja ligature du canal déférent est De 
démonstrative. 


Un Rat blanc, adulte, subit la ligature de ses deux canaux déférents le 
4 mai 1912. Le 7 mai une femelle est introduite dans sa cage ; elle meurt le 
25 septembre. On en met une autre à sa place Le 5 octobre. Or, le 18 janvier 1913, 
cette femelle met bas deux petits, soit 105 jours après le début de la cohabi- 
tation. 

Le 26 janvier, le Rat Ale est sacrifié. 

: A droite: Le testicule se montre un peu flétri (poids, 0 gr. 90) l'épididyme 
est bosselé au niveau de la queue d’un petit kyste de 0 gr, 05 ; le déférent 
‘porte en amont de. la ligature un kyste plus volumineux (poids, 0 gr. 20). 
L'examen des spermatozoïdes les. montre rares et immobiles dans la tête.de 
l'épididyme, très mobiles dans la queue de l'épididyme et. dans le déférent, 
immobiles dans les deux kystes : il est impossible d'exprimer du sperme du 
déférent en aval de la ligature. 

A gauche : Testicule uu peu mou (poids, 0 gr. 90), épididyme normal. 
Sur le déférent, gros kyste du volume d’un pois, dur, jaunâtre, bosselé 
(poids, 0 gr. 25). PTE 

Examen des spermatozoïdes : Immobiles dans la tête de l’épididyme; sauf 
‘quelques-uns; très rares, qui oscillent lentement ; très mobiles dans la queue 
de l’épididyme et le déférent; inertes dans le kyste. 


Ainsi, ce Rat, depuis le 4 mai 1912, a déversé dans le tissu conjonctif 
les spermatozoïdes élaborés par st ses testicules : in ne ou est moins 


avec Larbaletrier, à vingt-neuf ou trente et un jours durée de Sosa tfon 


862 SOCIETÉ DE BIOLOGIE - 


chez le Rat blanc. Si à cette date l’animal s’est montré fécond, il le 
devait évidemment aux seuls spermatozoïdes déjà présents dans les voies 
déférentielles quand elles furent exclues par ligature de tout apport de 
nouveau sperme. SLA 

Ces spermalozoïdes avaient donc conservé leur vitalité plus de sept 
mois et demi. 


(Laboratoire de physiologie de l'Ecole du service de santé militaire.) 


LA LEUCOCYTOSE POLYNUCLÉAIRE, DANS LE THYMUS RONTGENISÉ, 


par CL. ReçauD et R. CRÉMIEU. 


Nous avons mentionné dans une note précédente (1), et l’un de 
nous (2) a sommairement décrit l’afflux des leucocytes polynucléaires 
dans le thymus du chat traité par les rayons X. Nous avons fait de ce 
sujet une étude plus approfondie, dont nous apportons les résultats. 


Nous avons utilisé pour cette étude le même matériel que nous avions réuni 
pournos premièresrecherches relatives aux effets produits par les rayons X sur 
le thymus, et nous y avons ajouté plusieurs observations nouvelles : ce qui 
porte à 28 chats (restés bien portants après l'irradiation) et 5 chiens, le 
nombre de nos animaux ayant subi une irradiation unique et sacrifiés après 
des survies méthodiquement espacées. En ce qui concerne la leucocytose, 
nous n’avons pas trouvé de différences notables entre les chiens et les chats; 
nous aurons en vue le chat dans la description suivante. 


Pendant les premières heures qui suivent l’irradiation, on voit un 
excès de polynucléaires dans les vaisseaux sanguins de tous ordres du 
thymus. De douze à trente-six heures, une polynucléose intense se 
développe constamment dans le parenchyme et le lissu Conjonctif; elle 
se maintient au même degré jusqu'au troisième ou quatrième jour; elle 
diminue et devient faible surtout du septième au treizième jour (sauf 
dans les corpuscules de Hassall) ; elle subit parfois de minimes recrudes- 
cences jusqu'à la reconstitulion du parenchyme. Nous qhahsone de 
diapédétique cette poussée de polynucléose. 

Une deuxième poussée de polynucléose, moins brusque et plus 
élendue dans le temps, presque exclusivement localisée au tissu 
conjonclif, a lieu du dixième au vingtième jour; elle est bien différente 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 25 novembre 1911. | 
(2) R, Crémieu. Etude des effets produits sur le thymus par les rayons X, 
Thèse Fa. de méd. de Lyon, 1912. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 863 


comme signification de la précédente, et nous montrerons plus tard 
qu'elle mérite d’êlre appelée autochtone-myélogène. 

La polynucléose diapédétique porte sur les leucocytes à granulations 
neutrophiles et à granulations éosinophiles ; le plus souvent, la majorité 
appartient aux premiers, quelquefois aux seconds. 

Les leucocytes apparaissent d’abord dans le parenchyme, plus exac- 
tement dans la partie interne de la zone corticale et dans la zone médul- 
laire. Dans le tissu conjonctif périlobulaire, ils sont un peu plus 
tardifs; nous croyons qu'ils proviennent principalement du parenchyme 
par émigration secondaire. Beaucoup d’autres polynucléaires envahissent 
les corpuscules de Hassall, qui sont à ce moment en voie d'accroisse- 
ment rapide. à 

Dans le parenchyme, les polynucléaires se rencontrent souvent avec 
des déformations amiboïdes ; dans les espaces conjonctifs, ils sont habi- 
tuellement au repos et ronds; dans les corpuscules de Hassall, ils sont 
en voie de dégénérescence. 

Les corpuscules de Hassall sont évidemment pour les leucocytes un 
terminus où ils se désintègrent rapidement. Leurs débris nucléaires 
sont englobés entre les couches concentriques des cellules hassalliennes, 
souvent en lrès grandes quantités. 

Le tissu conjonctif périlobulaire est un autre terminus où les polynu- 
cléaires disparaissent. Cette disparition s'effectue principalement du 
deuxième au sixième jour, par le mécanisme suivant : ils sont phago- 
cytés par des macrophages, soit dans l’intérieur des radicules lympha- 
tiques, soit dans le tissu conjonctif. 

Des fentes lymphatiques vraies, c’est-à-dire limitées par un endo- 
thélium continu, se rencontrent lrès communément au contact des 
lobules; du deuxième au cinquième jour, elles contiennent (jusqu’à en 
être parfois bourrées) des polynucléaires. Rudberg (1907) a considéré 
les lymphatiques comme des voies d'apport, non pas, il est vrai, pour 
les polynucléaires (dont l’abondance semble lui avoir échappé), mais 
pour les lymphocytes. Nous croyons au contraire que les lymphatiques 
sont pour tous les globules blancs des voies de départ. On sait, en effet, 
que de nombreux lymphatiques prennent naissance dans le thymus, et 
se dirigent de là vers des ganglions. Mais aucun fait ne permet de 
croire que d’autres lymphatiques arrivent au thymus. Or, cela étant, 
l’hypothèse de Rudberg implique le cheminement des polynucléaires 
dans les lymphatiques en sens inverse du courant de la lymphe; cette 
hypothèse, purement gratuite, est d'autant plus invraisemblable que les 
polynucléaires sortent du sang et non pas de la lymphe. La présence 
de nombreux macrophages contenant des polynucléaires, non seule- 
ment dans le tissu conjonctif périlobulaire, mais encore dans les plus 
petits lymphatiques, prouve d'ailleurs que ces vaisseaux sont bien 
réellement le tombeau de ces leucocytes. 


864 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Quelle est la signification de la polynucléose diapédétique dans le 
parenchyme du thymus irradié? L'hypothèse qui vient la première à 
l'esprit consiste à voir dans les polynucléaires des phagocytes chargés 
de capter et d'emporter les débris des cellules tuées par les rayons. Mais 
outre que nous n'avons jamais vu aucun corps étranger: dans ces 
leucocytes (constatation négative quiserait bien étonnantes’ilsexerçaient 
effectivement ici une fonction phagocytaire), bien des faits positifs sont 
contraires à celte hypothèse. 


Voici d’abord ce qui se passe dans d'autres érganes radiosensibles. 
Dans le testicule, d'après Les recherches de Bergonié et Tribondeau (1904), et 
de Regaud et Blanc (1906), les cellules séminales nécrobiosées sont résorbées 
dans l’épithélium séminal lui-même, par l'activité propre des cellules nour- 
ricières (cellules de Sertoli), sans aucune intervention des leucocytes; ceux- 
cine pénètrent d’ailleurs jamais dans l’épithélium séminal, quels que soient 
les actes de liquidation cellulaire qui doivent s’y accomplir, du moins 


lorsque le milieu est aseptique (Regaud, 1900; Regaud et Tournade, 
1903, ete.). 

Dans l'ovaire, ainsi qu’il résulte des recherches encore inédites de l’un de 
nous avec Ant. Lacassagne, les globules blancs ne pénètrent que tout à fait 
exceptionnellement dans les follicules en voie de régression après l’irradia- 
tion; les phénomènes de liquidation ont pour agents les cellules folliculeuses. 


Dans le thymus, où la masse des éléments à liquider (petites cellules) 
est beaucoup plus considérable, et où celte liquidation est plus rapide 
que dans les deux organes précédents, les leucocytes polynucléaires ne 
participent pas davantage au procesus. Rudberg (1907) à montré — et 
nous avons Confirmé entièrement sa description sur ce point — que la 
liquidation des petites cellules nécrobiosées se fait dans les mailles du 
réticulum cellulaire, réfractaire à l’irradiation, par l'intervention exclu- 
sive des cellules d’origine épithéliale qui constituent ce réticulum. Au 
surplus, les polynucléaires n'apparaissent en grand nombre dans la 
zone corlicale du lobule thymique qu'à un moment où le processus 
résorptif est déjà très avancé, et il est aisé de constater qu'ils n'y 
prennent aucune part. 

Nous, croyons que la polynucléose du parenchyme thymique rünt- 
genisé est en relation avec l’involution des cellules du stroma. En effet, 
les polynucléaires envahissent le parenchyme et y séjournent (souvent 
en abondance extrême) précisément pendant l’involution des cellules du 
stroma ; ils accompagnent ces cellules pendant leur transformalion en 
cellules hassalliennes, meurent et se désintègrent avec ces. dernières. 
La présence de polynucléaires, en petites quantités, est d’ailleurs un 
fait connu dans la zone médullaire normale du lobule thymique, et 
beaucoup d'auteurs ont signalé leur abondance dans des corpuscules de 
Hassall normaux. 


À 


SÉANCE DU 26 AVRIL 865 


Conclusion. — La polynucléose diapédétique, phénomène ‘normal 
dans le thymus, extrémement exagéré après l’action des rayons X, est 
‘en relation non point avec des actes de phagocytose, mais avec l'involu- 

tion des cellules du stroma et leur transformalion en éléments hassal- 

liens : involutiom et transformation qui sont elles-mêmes très accen- 
tuées par l’action des rayons X. Il est permis de supposer que les 
leucocytes! agissent là en mettant en liberté des substances inconnues, 
utiles au processus de transformation chimique des cellules. ‘ 


(Laboratoire d'anatomie générale et d’Histologie 
de la Faculté de médecine de Lyon.) 


SUR L'’EXISTENCE DE MÉTANUCLÉOLES 
DURANT -LES PREMIÈRES PHASES DU DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE, 


par À. WEBER. 


Haecker à nommé mélanucléoles des formations nueléolaires habituel- 
lement volumineuses qui abandonnent Le noyau au début de la division 
mitotique pour se résorber peu à peu dans le cytoplasma. Pareilles for- 
mations n’ont été observées avec certitude chez les animaux que dans 
les œufs ou les premiers blastomères (Haecker, Obst, v. Kostanecki, 
: Wheeler, etc.). Bien que les éléments des tissus présentent parfois des 
nucléoles assez volumineux, les métanucléoles ne semblent exister ni 
chez l'embryon, ni chez l'adulte. 

J'ai eu l’occasion de faire un certain nombre d'observations chez des 
embryons d'Oiseaux el de Sélaciens qui tendraient à prouver l'existence 
des métanueléoles à une certaine époque de la vie de l'embryon. Dans 
cette note, je déerirai les faits que j'ai observés chez de jeunes embryons 
de Raie. 

: Chez de très jeunes embryons dont la gouttière médullaire est encore 

ouverte et qui ne possèdent encore aucune trace de sang ou de vais- 
seaux, les cellules des premiers organes, lame nerveuse, corde dorsale, 
tube digestif, etc., ont un cytoplasme abondamment garni de grains de 
vitellus; ces granulations sont relativement petites, très réfringentes et 
teintées en gris par l'hématoxyline ferrique. Les noyaux des éléments 
cellulaires de ces embryons sont relativement pauvres en chromatine; 
les granulations basophiles sont petites et disséminées cà et là sur la 
charpente: de linine. Habituellement, il y a en outre un nucléole assez 
petit, teintéi en gris par la laque d’hématoxyline. 

Durant les phases du développement qui vont suivre, les réserves 
vitellines des-éléments de l'embryon vont être utilisées et en. partie 


866 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


expulsées hors de la cellule. Cette élaboration qui transforme les grains 
vitellins et cette expulsion, sur lesquelles je reviendrai, précèdent e 
accompagnent le développement intra-embryonnaire de vaisseaux et de 
la circulation sanguine. Les cellules de l'embryon ne vivent plus alors 
sur leur propre substance, mais reçoivent des matériaux déjà élaborés 
par l'intermédiaire du sang. 

Avant que les granulations vitellines ne disparaissent des cellules 
embryonnaires, elles sont réduites en nombre et se colorent (rès forte- 
ment par l’hématoxyline ferrique. En même temps, la chromatine 
nucléaire augmente considérablement; les granulations basophiles de 
la charpente nucléaire s’accroissent un peu, mais surtout il apparaît 
dans le noyau des nucléoles volumineux, basophiles, dont le nombre 
peut aller jusqu’à douze. Ces nucléoles semblent se découper dans des 
masses de chromatine qui se sont formées à la périphérie, contre la 
membrane nucléaire. 

Lorsque le noyau s’est ainsi chargé de formations chromatiques, 
sans doute par absorption de produits venant de l'élaboration du 
vitellus, il se passe toute une série de phénomènes qui font disparaitre 
cette surcharge chromatique. Les nucléoles en question deviennent des 
métanucléoles et se résorbent dans le cytoplasma. Le fait est surtout net 
lors de la formation du peloton chromatique. Les granulations de chro- 
matine s’allongent sur la charpente lininienne et se fusionnent sans que 
les nucléoles aient changé d'aspect. Puis le peloton chromatique se 
tasse, tandis que la membrane nucléaire se résorbe. Les métanucléoles 
deviennent ainsi libres dans une zone claire de la cellule, produite par 
l'irruption du liquide nucléaire dans le cytoplasma. Les différentes 
autres phases de la mitose se passent ensuite. Les métanucléoles restent 
très voisins des chromosomes, paraissant même en contact avec les 
filaments du fuseau, mais malgré cela ils ne participent pas à l’édifica- 
tion des noyaux-filles et se trouvent répartis à peu près également, 
sous forme de grosses boules chromatiques, dans le cytoplasme des 
nouvelles cellules. C’est là que les métanucléoles dégénèrent et dispa- 
raissent sans qu'il me soit possible pour le moment de préciser cette 
régression. Les noyaux des cellules de l'embryon ont alors repris l’as- 
pect peu chargé en chromatine qu'ils possédaient avant la succession 
des phénomènes que je viens de décrire. 


En résumé, durant les premières phases de la vie embryonnaire des. 
Sélaciens et des Oiseaux, les éléments cellulaires vivent uniquement 
sur leurs réserves vitellines. Les noyaux se chargent à ce moment de 
chromatine qui prend surtout la forme de gros nucléolés basophiles. 
L’excès des matériaux de réserve est expulsé hors de la cellule au 
moment où la circulation sanguine va former le premier lien physio- 
logique important entre les éléments embryonnaires. En même temps, 


SÉANCE DU 26 AVRIL 867 


les noyaux des cellules rejetlent par le mécanisme des métanucléoles, 
leur trop-plein de chromatine. Il semble qu’il y ait là un phénomène 
d'excrétion que présentent au même moment toutes les cellules de 
l'embryon aussi bien dans leur noyau que dans leur cytoplasma. 


(Laboratoire d'analomie de l'Université d'Alger.) 


BACTÉRIES THERMOPHILES DES EAUX DE FIGUIG, 


par I. NÈGRE. 


Nous avons décrit, dans une précédente note, les bactéries thermo- 
philes que nous avons rencontrées dans les sables du désert saharien. 
Nous allons donner maintenant un rapide apercu des espèces bacté- 
riennes thermophiles isolées d'une séguia de la palmeraie de Figuig 'tem- 
pérature de l’eau, 25 degrés) et des sources thermales d'Oulad Sliman et 
d'Oudaghir, près Figuig (température de l’eau, 30 degrés). Nous remer- 
cions bien sincèrement M. le D' Foley qui a fait toutes ces prises d'eaux 
et nous les a envoyées. 


I. — Télragène (Oulad Sliman). Température de culture optima entre 
371 et 50 degrés. Culture peu abondante à 22 degrés, très grêle à 60 de- 
grés. Prend bien le Gram à 37 degrés, le Gram est presque complète- 
ment décoloré à 50 degrés. 

Sur gélose, culture jaune foncé. Sur gélatine inclinée, légère liqué- 
faction ; eu gélatine profonde, pas de liquéfaction. Sur pomme de terre, 
glacis humide blanc, jaune par endroits. Culture abondante en gélose 
salée à 30 et 60 p. 1.000. 


IL. — Siaphylocoque (Oudaghir). Température de culture optima entre 
31 et 50 degrés. Culture peu abondante à 22 degrés, très grêle à 
60 degrés. Prend bien le Gram à 37 et à 50 degrés. 

Sur gélose, culture jaune dorée; sur gélatine inclinée, légère liquéfac- 
tion. En gélatine profonde, pas de liquéfaction. Sur pomme de terre, 
glacis humide blanc, jaune par endroits. Culture abondante en gélose 
salée à 30 et 60 p. 1.000. 


LIT. — Cocco-bacille (Figuig, Oulad Sliman)se plaçant en amas comme 
le staphylocoque, ne prenant pas le Gram. Température optima entre 
31 et 50 degrés. Culture peu abondante à 22 degrés, pas de culture à 
60 degrés. Sur gélose, petites colonies rondes blanchâtres. 

Sur gélatine, pas de liquéfaction. Sur pomme de terre, glacis humide 
légèrement grisâtre. 


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2 


SOGIÈTÉ DE BIOL 


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: Pas de culture en gélose 
salée: à: 60: p. 4.000. 


Ces trois microbes ne 


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abondante à 22 degrés, 


poussent abondamment à 
37 et à 50 degrés, et ne 
poussent pas à 60 degrés. 
Leurs caractères sont con- 


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agglutinés par le sérum 


anticholérique de l'Ins- 
titut Pasteur, excepté LL, 
IV et V, qui sont agglu- 
tinésaucentième. V donne 

le phénomène de 
Pfeiffer. Aucun ne produit 


seul 


ces bactéries 


Toutes 
thermophiles ont une tem- 


les globules de mouton et 
ne donne la réaction indol 


d'hémolysine active sur 
nitreuse. 


Elles poussent moins 


abondamment à 22 degrés 
et très légèrement ou pas 


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compriseentre 37 et50de- 


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SÉANCE DE 25 AVRIL 869 


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“une forte proporlion de sel marin, 30 p. 4.000 et certains 60 p: 1.000. 


. Ces eaux contiennent, en outre, une flore non thermophile, Mon 
D ehne, que nous n’avons pas étudiée. 


({nstitut Pasteur d'Algérie.) 


SUR LES PROCESSUS DE LA DÉGÉNÉRESCENCE DES FOLLICULES, 
DANS LES OVAIRES RONTGENISÉS DE LA LAPINE, 


par C£&. REGAUD et ANT. LACASSAGNE. 


L'étude histologique de douze ovaires, appartenant à huit lapines, et 
prélevés après des survies différentes, de quinze heures à trente jours (1) 
après une irradiation unique, nous à permis de compléter sur nombre 
de points les données existantes (2). 

Suivant le stade auquel ils se trouvaient au moment de l'irradiation, 
les follicules présentent des phénomènes de dégénérescence fort diffé- 
rents. 


Follicules primaires. — Leurs lésions débutent toujours par l'autolyse 


del ovocyte: on observe d’abord diverses altérations nucléaires(pycnose, 
chromatolyse, etc.) et protoplasmiques (condensation du protoplasma 


au contact du noyau). Ensuite les cellules folliculeuses, plates à l’état 
normal, s'arrondissent et grossissent ; elles dépriment le cadavre ovulaire 


et procèdent à sa liquidation : on les voit, en effet, chargées de boules, 


qui proviennent de la fragmentation de l'ovocyte et de la phagocytose 
de ses débris. Enfin les cellules folliculeuses dégénèrent à leur tour ; 
elles disparaissent par aulolyse et résorption dans le tissu conjonctif. 
Ces lésions débutent après une période de latencé qui varie, pour les 
follieules primaires d’un même ovaire, de quinze heures à quatre jours 
en cas d'irradiation forte ; elle peut être de quinze jours en cas d'irra- 
diation plus faible. La disparition complète d'un tel follicule s’accomplit 


en deux ou'trois jours. La plupart des follicules primaires qui persistent 


après la première semaine doivent être considérés comme définitivement 


‘épargnés. 


(1) Après une survie d'un mois environ, la dégénérescence des follicules 


-esf terminée (sauf d’infimes résidus qui sont résorbés lentement). 


(2) Bergonié et Tribondeau, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 8 janvier 
1907, parmi les nombreux auteurs qui nous ont précédés dans l’étude de 
l'action des rayons X sur les ovaires, sont les seuls qui aient décrit des faits 


histologiques détaillés, précis et exacts, à propos des lésions des follicules 


ovariens. 


810 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Follicules à épithélium paucistratifié (une ou deux couches de cellules) 
et à membrane pellucide rudimentaire. — Les phénomènes déterminés 
par l’irradiation dans ces follicules sont à peu près semblables à ceux 
que nous venons de décrire, et ils se succèdent dans le même ordre. 
Signalons seulement que le protoplasma de l’ovocyte se condense en 
boules, fortement colorables par les colorants phematiques variables 
en grosseur et en nombre. 

Aussi précoce que pour le stade précédent, la dégénérescence de ces 
follicules exige quelques jours de plus pour aboutir à leur disparition 
complète. 

Follicules à épithélium paucistr alifié (deux à quatre couches de “re, 
ei à membrane pellucide plus épaisse. — Pendant les trois ou quatre pre- 
miers jours, le protoplasma de l’ovocyte se condense en boules et parfois 
se fragmente. Ensuite les cellules folliculeuses (qui n’avaient jusqu'alors 
montré d'autre symptôme que la cessation de leurs karyokinèses) 
envahissent l'ovocyte, en franchissant par diapédèse la membrane pellu- 
cide (1). Arrivées à destination, ces cellules fusionnent leur protoplasma 
avec celui de l’ovocyte, leur noyaux restant en apparence non modifiés : 
cette greffe nucléaire est un bel exemple du phénomène décrit par 
Guieysse-Pélissier (1908) sous le nom karyo-anabiose. Ainsi se consti- 
tuent des cellules géantes remarquables, ayant parfois des dizaines de 
noyaux; elles sont logées dans des cavités du tissu conjoncetif, et n'ont 
généralement plus autour d’elles aucune cellule folliculeuse, Tantôt une 
membrane pellucide subsiste, densifiée, plissée et modifiée dans sa 
colorabilité, tantôt l’ovocyte est nu. De telles formations disparaissent 
lentement, en dix à quinze jours, par une autolyse à laquelle les noyaux 
des cellules immigrées ne sont pas étrangers. 

En somme, la dégénérescence de ces follicules diffère de celle des 
follicules un peu moins avancés principalement par : a) un mode nou- 
veau de participation des cellules folliculeuses à la liquidation de l’ovo- 
cyte ; b) la résistance fréquente de la pellucide à la destruction; c) la 
durée plus longue de la liquidation. 

Follicules à épithélium multistratifié, cavitaires. — Le noyau de 
l’ovocyte émigre à la périphérie après l'irradiation. Quelquefois, il se 
divise en deux ou plusieurs noyaux, qui peuvent individualiser autour 
d'eux des territoires protoplasmiques distincts. Ces noyaux dégénèrent 
habituellement par chromatolyse. Le protoplasma, densifié par places, 
parfois découpé en segments non nucléés, est creusé de grandes vacuoles. 
La pellicule subit ordinairement une sorte de coagulation qui la rend 
résistante à la résorption. Fait inconnu dans lés stades précédents, 
beaucoup de cellules folliculeuses sont tuées d'emblée et sont résorbées, 


(1) Ce phénomène e t depuis longtemps connu dans l’atrésie physiologique, 
et il a été retrouvé par Bergonié et Tribondeau après l’action des rayons X. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 871 


dans des vacuoles par leurs voisines restées saines. La vitrée conjonc- 
tive de l’épithélium (membrane de Slaviansky) résiste et s’épaissit. Les 
_ cellules spéciales de la thèque sont habituellement détruites et résorbées 
avec le concours de leucocytes polynucléaires. 

La disparition de ces follicules s'effectue en deux à quatre semaines. 
Un nodule de tissu conjonctif (à l'édification duquel il semble que les 
cellules folliculeuses subsistantes ne soient point étrangères), une mem- 
braneplissée au centre de ce nodule, en sont les derniers vestiges, visibles 
après un mois. 

Follicules achevées. — L'ovocyte frappé par les rayons, procède tou- 
jours à des divisions, qui rappellent l'émission normale des globules 
polaires, ou bien une segmentation telle qu'Henneguy {1893) l'a décrite 
dans l’atrésie physiologique des follicules. Le ou les noyaux dégénèrent 
au cours de ces processus, et de diverses façons. — L’épithélium follicu- 
laire, devenu très radiosensible, est nécrobiosé d'emblée, habituelle- 
ment en totalité, d’abord dans sa zone pariétale, plus tard dans sa zone 
périoviculaire (couronne radiée). Il ne participe donc pas à la liquidation 
de l’ovocyte. C’est pourquoi cette liquidation est très lente, au point que 
l’ovocyte autolysé reste reconnaissable pendant très longtemps dans le 
tissu conjorctif. — Les cellules de la thèque sont détruites, et liquidées 
avec le concours des leucocytes polynucléaires : ceux-ci, seulement dans 
les follicules achevés, pénètrent parfois dans l’épithélium et même dans 
l’ovocyte. 

La dégénérescence rapide et intense de l’épithélium folliculaire s'ac- 
compagne de l’un ou del’autre des deux phénomènes suivants : a) résorp- 
tion précoce du liquor folliculi, d’où effacement dela vésicule de de Graa 
à la surface de l'ovaire ; b) hémorragie intrafolliculaire. Dans ce dernier 
cas, il se forme, au contraire, un kyste hématique proéminent et long à 
disparaître. 

Comme Bergonié et Tribondeau l'ont déjà fait remarquer, la dégéné- 
rescence des follicules ovarièens frappés par les rayons X s'effectue par 
des processus semblables à ceux qui ont été décrits dans l'atrésie physio- 
logique. Mais, au lieu d’être disséminés dans le temps et rares dans un 
ovaire donné, ces processus, déclenchés tous ensemble au même moment, 
évoluent simultanément dans le même organe, en un temps fort courtet 
avec une profusion d'images histologiques variées. Dans ces conditions, 
il est facile d’enfaire une étude sériée et complète, et surtout de rapporter 
leurs variélés à des stades exactement déterminés, lant par rapport au 
début du processus que par rapport au stade d'évolution des follicules. 


(Laboratoire d'Anatomie générale et d’Histologie de la Faculté 
de médecine de Lyon.) 


872 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pos OBSERVATIONS SUR LA SURVIE DES LEUGOGNTES. si 
LIMITE DE LA SURVIE, LS 


par d. JoLLy. 


Je erois qu'il peut être intéressant de donner à la Société.le résultat 
de mes dernières observations sur la survie des leucocytes, d'autant 
plus que, pour diverses raisons, ces expériences doivent étre momenta- 
nément interrompues. Le maximum de survie in vilro que j'ai obtenu 


o° °° 
FAI SA 1] SA 18 


Rana temporaria. Sang du cœur, recueilli en tube scellé le 27 juillet 1910. Tube 
ouvert le 12 février 1912. Observation du 14 février 1912. Mouvements d'un leu- 
cocyte à 23 degrés. Survie de dix-huit mois et demi. 


est de dix-huit mois et demi, pour le sang des Batraciens. Depuis le 
mois de février 1912, tous les échantillons de sang recueillis en 1910 
n'ont montré que des éléments cellulaires en destruction. Le lemps 
de survie que je rapporte ici semble donc être à peu près le terme ultime, 
dé la vie des leucocytes dans les conditions où je les ai placés, c "est- 
à-dire dans leur propre milieu et à la glacière. 


NUCLÉINATE DE SOUDE ET POUVOIR COAGULANT DU SÉRUM, 
par M. Doyon et F. Sarvonar. 
On sait que le plasma sanguin oxalaté ne coagule pas spontanément, 


mais coagule sous l'influence du sérum. Nous avons constaté que le 
nucléinate de soude s'oppose à l'action du sérum sur le plasma oxalaté. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 878 


Une: dose, de solution de nucléinate, insuffisante: pour empêcher un 
volume égal- de sang nofmal de coaguler, s'oppose à la coagulation 
d une très Do Rs de plasma sous l'influence 2 Sérum. 


y Sene uñ Ébieh. ia partie du sangést recüe sur ne solhiion d’oxalate 
de potasse (1); une partie est utilisée pour la récolte du sérum. Les deux 
provisions sont centrifugées immédiatement. Le plasma est réparti dans des 
tubes; les échautillons sont additionnés, soit de sérum, soit de nucléinate et 
de sérum. L'action protectrice du nucléinate s'exerce même si cette substance 

_ a été ajoutée au plasma bien avant le sérum. Nous avons fait un grand nombre 
d'essais dans des conditions variéeset avec des acides nucléiniques différents : 
nous donnerons seulement quelques exemples. 


Lo ; 
a) Plasma: : . 44e . ! 5. 20 cc Nombreux flocons de fibrine, deux 
heures après le mélange. 
en ÈS cu ACTE: 
Eau née physiologique - HET let: 
oeme : 2 7, DRBRPEU HO ED c.c.  Incoagulable. sh 
Sérum . APE TRE 1 c-c. ; 
‘Solution de nucléinate de soude, 
anonp. LOMME . lroicrité 
c) Plasma . MAÉCRANMNNET SARREES SN ec. Incoagulable. 
Sn FA 2ACAC 
} soi Solution de te de oude, 
AA ORDAMIDORSE SE INCAC 
20) QUrA Ë , . 
D) PIS MEME NT re ati, canot 5 c.c. Prise en messe, en moins de deux 
pue heures. . 
NS ui dore Re tn Met LE, @2 
Hanhsoléentt Per "Him rt ACC: 
b) Plasma . EN UC, NE ER teRe 5 c.c. {[ncoagulable. 
DÉUTReM - e Re ae CAC 
Solution de nucléinate HR Me 10 Ge 
30 ke 
DRM ET RTE OU l0 cc. Fins floconside ibrine, le. lende- 
main. 
Sérum mélangé, vol. à volume, 
avec une solut. alcaline faible. 2 gouttes.- 
b} Plasma. -. : . ii... | 4 M0 c.c Pas ftrace de fibrine, le lendemain. 
Sérum mélangé, vol. à volume, ne : 
avec une solut. de nucléinate. 2 gouttes. 
Exp. 1. — L’acide nucléinique provenait des hématies dés oiseaux; les 


deux nee échantillons ont été conservés à 1e température du laboratoire, 
le troisièmé à l'étuve.' | | 

Exe. 2. — L'acide nucléinique is d lésticules de béliers’; les deux 
échantillons ont été conservés à l’étuve. 


(1) 3 c.c. d’une solution à 24 sur 400, pour 100 de sang. 


874 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Exp. 3. — L'acide nucléinique provenait de l'intestin d'un cheval; les 
échantillons ont été conservés à la température du laboratoire. 

D'une manière générale, il se forme à la longue quelques flocons de fibrine 
dans les tubes contenant du nucléinate, mais la quantité de fibrine formée est 
toujours considérablement moins abondante que dans les tubes contenant 
du sérum sans nucléinate. 


(Laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Lyon. 


ÉTUDE PHYSIOLOGIQUE DES CHLORALOSES MONO- ET BIDÉCHLORÉS. 


Note de REGNIER et TIFFENEAU, présentée par JEAN Camus. 


Au cours de leurs recherches sur les chloraloses (1), MM. Hanriot et 
Kling sont parvenus à éliminer, dans ces composés trichlorés, suecessi- 
vement un, puis deux atomes de chlore, tout en respectant leur noyau 
fondamental. Pour chacun des deux gluco-chloraloses, ils ont pu pré- 
parer les dérivés mono et bidéchlorés correspondants. Nous avons 
entrepris l'étude physiologique de ces quatre composés nouveaux et 
nous avons essayé d'en tirer quelques conclusions sur les facteurs 
capables de conditionner l’activité anesthésique des gluco-chloraloses. 


I. — x Chloralose monodéchloré (Fus. 165 degrés ; sol. eau 4,84 p. 100). 

a) Chien. — Qualitativement, les effets obtenus tant en injection intravei- 
neuse qu'intrapéritonéale, sont entièrement comparables à ceux fournis par 
le chloralose. Quantitativement, l’activité de ce dernier est beaucoup plus 
grande comme le montrent les chiffres suivants : 


DOSES DE CHLORALOSE DOSES DE CHLORALOSE 


RÉSULTATS OBSERVÉS par monodéchloré 
kilogramme. par kilozramme. 
Aucun effet appréciab'e . . . . 0,015 0,40 
Troubles de l'équilibre. . . . . 0,03 à 0,04 0,20 à 0,25 
Anesthésie profonde . . . . . . 0,50 à 0,10 0,30 à 0,40 


L’expérimentation intrarachidienne suivant la lechnique de Jean Camus 
confirme ces résultats ; le tracé que nous publions ici, obtenu à la suite de 
l'injection pré-bulbaire de 15 centigrammes de dérivé monodéchloré, repro- 
duit précisément les phénomènes qu’on peut réaliser dans les mêmes condi- 
tions avec # centigrammes de chloralose. 

b) Chat (Voie intrapéritonéale). — Malgré sa grande sensibilité au chlora- 
lose (Richet), le chat est peu influencé par l’« chloralose monodéchloré; ; 
10 centigrammes par kilo sont sans effet ; avec les doses de 18 à 25 centi- 
grammes, on observe des troubles de l'équilibre, de l’incoordination, puis de 


(1) Bull. Soc. Chim. France (4), t. XI, p. 125. 


815 


E DU 26 AVRIL 


SEANC 


‘In@9 np oubix{qdse-jsod oseyd ej oaïesqo uo ‘appotogrde uoreirdsoz ej ep osidor ej saide ‘inæo np onbixAydse juowessrquajer 
a sind ‘ouuorproieo uorssaad ®] Ans SIN9JOW-OSBA S9p UOIJOU,[ 19FS9JIUBU 9$ SIOJE JI0OA UO fqueuouejuods ajguie,s sind oysisrod 
uoryelrdsoi ® ‘90e quosaad np jnqop ne onpuedsns 4s9 19-9199 ‘efporogrqie uonesidsor ej onbread e uo ‘orroqeardsor joue 
Joruwaid un Saidy ‘n29,p ‘0'9 € SUEP 910[H929POUOUI 9S0]EI0]U9 2,P SOLULUBISIJUIO CÇ [8JIdI990 | 30 SEJJE] 21JU9 n994 & U9IUo 9) 


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a NA FFT TT 


61 


LXXIV. 


ñe 


CouPpres REXDUS. — 41918. 


BIOLOGIE. 


876 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


la paralysie motrice, en même temps qu'une hyperexcitabilité intense ; la 
cécité psychique est complète ; mais à aucun moment il n'y a sommeil ou 
anesthésie, pas même aux doses plus élevées qui sont surtout convulsivantes. 
Ainsi, le chloralose et son dérivé monodéchloré, qui ont chez le chien des 
effets superposables, présentent chez le chat des divergences essentielles. 

c) Lapins (Voie intraveineuse). — Pas de réaction vasomotrice rénale mi de 
modification du côté du cœur ou de la pression carotidienne. La respiration 
est ralentie déjà aux doses de 30 cgr. par kilo; après l'injection de 4 gr. par 
kilo, la mort survient en 30 ou 50 minutes par arrêt respiratoire. 

d) Souris (Voie sous-cutanée). — Le chloralose et son dérivé monochloré se 
comportent sensiblement de la même Rçons mais ici encore Île premier 
l'emporte sur le second en activité; 


DOSE ACTIVE DOSE MRÈS ACTIVE  DOSE TOXIQUE 


par kilogramme. par kilogramme. par kilogramme. 
Chlcraloge =: 00 RER 0,03 0,05 0,10 
a Chloralose monodéchloré . .-+. . 0,110 0,20 0,50 


A dose très active, le chloralose produit très régulièrement, à la périodedes 
troubles moteurs, de la rotation longitudinale (lype cérébelleux). 

IT. — B Chloralose monodéchloré (Fus. 157 degrés; sol. eau 3,86 p. 100). 

Chat (Voie intrapéritonéale). — Les doses de 10 centigrammes sont peu 
actives {légère titubation); dès 25 grammes par kilo, l'ivresse puis le sommeil 
se produisent plus ou moins tardivement, mais avec netteté. Dans tous les 
cas, il y a toujours action Éémétique précoce. 

Au point de vue anesthésique, le & chloralose monodéchloré se montre qua - 
litativemeut semblaswle au chloralose à et il se rapproche méme plus de ce 
dernier-que de son propre isomère, l'4 chloralose monodérhloré. Son acti- 
vité sur l’encéphale est d'autant plus remarquable que le £ chloralose, dont il 
dérive, est à peu près complètement inactif; et cependant, il porte l’em- 
preinte caractéristique de ce dernier, car il est comme lui doué de propriétés 
émétiques. Cette différence d'action doit être attribuée à ce fait que le 
B chloralose (parachloralose) est à peu près insoluble dans l'eau. 

Souris. — Comme pour l’isomère «, les doses actives sont d'environ 0,20 par 
kilo d'animal. A ces doses faibles, comme aux doses plus élevées, le B diffère 
de l'« par un sommeil moins léger et par une hyperexcitabilité moïms mar- 
quée; l’action convulsivante est elle-même si alténuée que la toxicité du B est 
nettement inférieure (0,80 par kilo). 

III. — x Chloraiose bidéchloré (Fus. 16955 ; sol. «eau env. 4 p. 400). 

En injection intrapéritonéale, les doses de 1 gr. par kile chez Île chien æt de 
4 gr. 50 chez le chat sont sans effet. Chez la souris, on a pu sans résultaitappré- 
ciable injecter sous la peau 2 gr. 50 par kilo; la dose toxique est d'environ 
3 à 4 gr. par kilo. On doit donc considérer ce produit comme inactif. 

IV. — $ Choraiose bidéchloré (Fus. 16505; sol. eau «enw. 4,5 p. 400). 

Chez le chat, ainsi que chez la souris, ce composé paraît un peu moins 
inerte que son isomère , mais les doses inefficaces de 1 gramme par kilo 
chez le premier et de 2 grammes par kilo chez l’autre montrent que le bidé- 
chloré f est également sans pouvoir anesthésique. 


SÉANCE DU 20 AVRIL 871 


. Conclusions. — 1° Nos expériences montrent que l'élimination suc- 
cessive d’un, puis de deux atomes de chlore dans le chloralose, entraîne 
la dimihution, puis la disparition du pouvoir anesthésique. Comme au 
cours de cette dégradation chlorée, le noyau du chloralose est resté 
intact (Hanriot et Kling), il en résulte que ce noyau n'intervient pas 
essentiellement dans l’action anesthésique du chloralose el que ce n’est 
pas aux propriétés intrinsèques d’un Lel noyau que le chloralose doit 
cette particularité remarquable d’être au moins huit fois plus actif que 
le chloral contenu dans sa molécule. 

20 Tandis que pour les dérivés chlorés du méthane et de l’éthane, le 
pouvoir anesthésique paraît lié à la parilé (Regnauld et Villejean) ou 
mieux encore à la dyssymétrie (Pouchet) des substituants halogénés, il 
n’en est plus de même pour les chloraloses et leurs dérivés déchlorés, 
puisque pour ces derniers l’activité anesthésique est nettement fontion 
du nombre des atomes du chlore. Sans exclure complètement l'hypo- 
thèse d'une action spécifique qu'exerceraient directement les halogènes 
sur la cellule nerveuse, il nous paraît plus vraisemblable d'admettre 
que ceux-ci interviennent indirectement en modifiant certaines cons- 
tantes physiques (solubilité) au sens du quotient de Meyer et Overton : 
pouvoir anesthésique fonction pee CR NE “os LE 

solubililé dans l'eau 


(Laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) 


GÉLOSE ET ANAPHYLATOXINE, 


par J. BORDET. 
J'ai signalé récemment, dans ces Comptes rendus (1), qu’il suffisait 
d'ajouter, à du sérum frais de cobaye, un peu de suspension demi- 
fluide de gélose dans la solution physiologique de NaCI, pour obtenir, 


après centrifugation et décantation, un liquide provoquant chez le 
cobaye, par injection intraveineuse, les symptômes typiques de l’ana- 


phylaxie, se comportant donc exactement comme l'anaphylatoxine 
décrite notamment par Friedberger et ses collaborateurs. J'ai mentionné 
aussi Le fait que l'addition de gélose fait naître un trouble dans le sérum 
frais, et que, d'autre part, si l’on additionne de gélose, non pas du 
sérum frais, mais du sérum chauffé au préalable à 56 degrés, on 
n'obtient pas d’anaphylatoxine et l’on ne constate pas de trouble. Voici 
quelques renseignements complémentaires concernant l’action de la 


(4) Séance du 4° février 1943, t. LXXIV, p. 225. 


818 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE | 


suspension de gélose, préparée comme je l’ai indiqué antérieurement. 

Cette suspension est antagoniste de la coagulation : 1 c.c. de plasma 
de lapin oxalaté à 1 p. 1.000 (on emploie du plasma qu'une centrifuga- 
tion énergique a rendu bien limpide) que l’on additionne de trois à 
cinq gouttes de suspension ne se coagule pas par recalcification, ou ne 
se coagule qu'avec une lenteur extrême. La gélose étant un peu 
visqueuse, mieux vaut diluer le plasma tout en le recalcifiant. Par 
exemple, si, à 2 c.c. de solution physiologique de NaCI contenant 
0,35 gr. p. 1.000 de CaC!°, on ajoute trois gouttes de gélose, puis 0,5 c. c. 
de plasma oxalaté, le liquide se maintient fluide; bien entendu, un 
mélange témoin sans gélose se coagule normalement. L’analyse du 
phénomène montre que la gélose enlève le sérozyme (l’un des généra- 
teurs de la thrombine) et peut même adsorber la thrombine. Toutefois, 
si l'on ajoute de la gélose à du sang de lapin encore fluide que l’on 
vient d'extraire au moyen d'un tube paraftiné, la coagulation s'opère, 
mais avec un retard notable. 

La suspension de gélose n'agglutine que faiblement les globules 
rouges (de lapin ou de cobaye), mais agglomère les plaquettes avec une 
énergie extrême. Du sang de lapin, oxalaté à 1 p. 1.000 au sortir de 
l'artère, est centrifugé dix à quinze minutes à vitesse modérée; grâce à 
leur légèreté, les plaquettes restent en suspension tandis que les glo- 
bules rouges et blancs se déposent; elles donnent dans un tel plasma 
un trouble blanc uniforme qui se condense rapidement en grumeaux 
par addition de gélose. : 

Etant donné que le sérum frais de cobaye se trouble fortement par 
addition de gélose, il fallait rechercher si l’on observe le même phéno- 
mène en employant d’autres sérums. Parmi les sérums essayés, c’est 
dans celui de cobaye que la gélose provoque le trouble le plus intense. 
Le sérum de chèvre se trouble nettement aussi, mais moins fortement ; 
le sérum de cheval se trouble un peu plus légèrement; les sérums 
d'homme et de lapin, addilionnés de gélose, ne se troublent que d’une 
manière à peine appréciable. 


ÉTUDE DE LA PROTÉOLYSE DE LA SUBSTANCE NERVEUSE. 
INFLUENCE DE L'ÉLÉVATION DE LA TEMPÉRATURE DES CENTRES NERVEUX 
SUR LA PROTÉOLYSE DE LA SUBSTANCE NERVEUSE, 


par EScanDE el SouLa. 
I. — Hyperthermie générale. Nous avons soumis des lapins à des tem- 


pératures progressivement croissantes jusqu'à 50 degrés, en atmosphère 
sèche et humide. Les animaux succombent dans un temps variant entre 


mL à À 
— 


TER 


DR PT VC T 5 


el ru à à : 


SÉANCE DU 26 AVRIL 879 


une heure et deux heures et demie, suivant la rapidité d'élévalion de 
température de l'enceinte. A la fin de l’expérience, la température rec- 
tale est de 44 à 46 degrés. 

La protéolyse des centres nerveux, dans ces conditions, a toujours. 
présenté un accroissement considérable. 


COEFFICIENT 


ne AN NT 
d'aminogenèse p. 100. de protéolyse p. 100. 


Chaleur sèche. 


(D'ARTS EE AU APE 10 » 28,5 

Moelle RUE enr 9,6 » 
Chaleur humide. 

Cerveau et moelle réunis . . 9,5 19 » 


Nous rappellerons, en effet, que les valeurs normales sont de 6 et 
7,5 p. 100 pour le coefficient d’aminogenèse dans le cerveau et la moelle 
et de 14 p. 100 pour le coefficient de protéolyse. 


II. — Diathermie. Nous avons soumis d’autres animaux à la thermo- 
pénétration, et nous avons, dans une première expérience, placé l’élec- 
trode chauffante sur le crâne dénudé. Dans une deuxième expérience, 
l’électrode chauffante élait placée sur le dos de l’animal préalablement 
rasé. Dans le premier cas, la thermopénétration ayant amené la tempé- 
rature intracranienne à 42 degrés, le coefficient d'aminogenèse n'a été 
que de 7,9 p. 100 dans le cerveau et 8,1 p. 100 dans la moelle. Le coeffi- 
cient de protéolyse s’est élevé à 20 p. 100. Dans le cas de la thermo- 
pénétration dorsale, le coefficient d’aminogenèse cérébral fut à peine 
influencé; sa valeur était de 6,5 p. 100; le coefficient d’aminogenèse 
de la moelle (directement échauffée) s’éleva, par contre, à 10 p. 100. La 
température rectale atteignait 45 degrés à la fin de l'expérience. 

Le rapprochement des expériences I et II montre donc que, si l'hyper- 
thermie expérimentale entraîne un accroissement considérable de l'auto- 
protéolyse des centres, au contraire, l'élévation de température passive 
produite par la diathermie n’entraine pas une exagération très notable 
de la protéolyse dans les centres nerveux, même lorsque cette élévation 
de température porle sur le système nerveux. Dans ce dernier cas, on 
observe une augmentation des coefficients de protéolyse sous l'influence 
de la diathermie, qui reste nettement inférieure à l'accroissement des 
mêmes coefficients dans l’hyperlhermie générale. 

Nous devons cependant signaler que, chez les animaux soumis à la 
diathermie, on observe des coefficients élevés si, par suite d’un réglage 
défectueux de l'appareil producteur, il vient à se produire de la tétani- 
sation musculaire au cours de l'expérience. 


88U SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


a | : 
; L'ÉLIMINATION URINAIRE DE LA CHAUX 
AU COURS DE LA PÉRIODE DE SENSIBILITÉ ANAPHYLAC TIQUE 


par L.-C. SouraA. 


Au cours de nos recherches sur l'élimination azotée aux différentes 
périodes des états anaphylactiques (1), nous avions été frappés des diffé- 
rences d'aspect de l’urinechezles lapins normaux et chez les lapins ayant 
reçu une injection préparante d'antigène. Nous avons pensé qu'il serait 
intéressant de rechercher si, à ces différences, ne correspondaient pas des 
variations de composition minérale. j | 

- Nous avons en premier lieu étudié lesmodifications dans l'élimination 
de la chaux. | 

Nous avons recueilli pendant 13 jours les urines de deux lapins et nous 
avons évalué pour chacun d’eux l'élimination quotidienne normale ; 
après quoi nous avons injecté au premier de l'ovalbumine, au deuxième 
de l’urohypotensine. Nous avons recueillilesurines des deux lapins pen- 
dant 21 jours après l'injection et nous avons de nouveau évalué la chaux 
éliminée par l'urine en 24 heures. 

Voici les résultats de ces analyses. 


CaO ÉLIMINÉE EN 24 HEURES 
EE 2 


Avant l'injection. Après l'injection. 
Lapin I (ovalbumine). . . - 0 gr. 019 0 gr. 021 
Lapin IT (urohypotensine ). 0 gr. 029 0 gr. 036 


L'élimination urinaire de la chaux semble donc subir un accroissement 
sensible au cours dela période de sensibilité anaphylactique. 


(Travail de l'Institut de physiologie dela Faculté de médecine de Toulouse.) 


NOTE SUR LE TRAITEMENT DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE PAR LES\INJECTIONS 
INTRAVEINEUSES DE CHLORURE DE CALCIUM, 


par I. Bruac et E. Buc. 
Les méthodes de récalcification dans le traitement de la tuberculose, à 
défaut de thérapeutique spécifique, étant à l’ordre du jour, nous avons 


appliqué à une série de malades des injections intraveineuses de chlo- 
rure de calcium. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, p. 24%, 1°" février 1913. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 881 


Nous avons employé le chlorure de calcium cristallisé en solutions 
dont le titre varie aux environs de 30 p. 1.000. Ces solutions sont filtrées, 
puis stérilisées par la chaleur à 120 degrés. Après la stérilisation elles 
restent limpides, mais au bout de 2 à 3 jours, elles se troublent par for- 
malion de pelits cristaux qui restent en suspension dans le liquide, ce 
qui oblige à préparer de nouvelles solutions tous les deux jours. 

Injectées sous la peau, ces solutions sont douloureuses et ne peuvent 
être administrées qu'à faible dose. Par voie intraveineuse nous avons pu 
injecter au pli du coude des doses quotidiennes de 20 à 100 centimètres 
cubes, c'est à-dire jusqu'à 3 grammes de chlorure de calcium. Les lapins 
supportent d'ailleurs sans grand inconvénient des doses relativement 
plus grandes de solutions plus concentrées. 

Pendant l'injection, surtout quand elle est faite sous une pression 
assez forte, les malades accusentsouvent une impression dechaleur dans 
la gorge, dans la bouche, à l’épigastre, dans les membres ; quelquefois, 
ils se plaignent d’un état nauséeux qui disparait d’ailleurs quand on 
arrête l'injection. Chez deux malades, l’injection à provoqué des vomis- 


sements. Il nous semble qu’on peut éviter tous ces ennuis en injectant 


le chlorure de calcium lentement, sous une faible pression. 

Ce traitement a été appliqué jusqu'ici à douze malades atteints de 
tuberculose pulmonaire ; tous étaient porteurs de lésions très manifestes: 
9 avaient des signes de caverne, les autres présentaient des signes de 
ramollissement étendu. Presque tous avaientune température élevée, un 
état général très précaire ; dans l'expectoration de tous ces malades, on 
trouvait en grande quantité des bacilles de Koch. 

Chez la plupart, nous avons observé pendant le traitement des modi- 
fications heureuses portant surtout sur les signes locaux : dès les pre- 
mières injections (de la troisième à la dixième), la toux est devenue 
moins fréquente et l'expectoration a diminué très notablement; nous 
ne croyons pas que, chez des malades aussi avancés, une autre mé- 
dication puisse amener des résultats aussi rapides; chez un de nos 
malades, ’expectoration, qui était franchement purulente et qui remplis- 
sait chaque jour les deux tiers du erachoir, a disparu complètement dès 
la cinquième injection et n’a pas reparu depuis un mois. 

Les symptômes d’auscultation ont été modifiés dans le même sens: 
les râles sous-crépilants sont devenus moins nombreux et ont pris un 
timbre plus sec ; au niveau des foyers, nous avons noté souvent l’appa- 
rition de frottements et parfois d’un souffle à timbre rude, analogue aux 
souffles d’induration. 

Aucun de ces malades n'a eu d’hémoptysie pendant le traitement; 
nous avons commencé les injections de chlorure de calcium chez deux 
d'entre eux à l’occasion d’une hymoptysie: dans les deux cas, l'hémor- 
ragie à été arrêtée dès la deuxième injection et n’a pas reparu pendant 
la période de traitement. 


882 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


La plupart des malades ont augmenté de poids pendant leur série de 
piqüres ou dans la semaine qui a suivi, leur courbe thermique à été 
parfois abaissée ; chez l’un d’eux, elle est revenue à la normale. Nous 
avons eu ainsi, depuis trois mois que nous essayons ce traitement, des 
rémissions inattendues chez des tuberculeux qui paraissaient arrivés à 
la dernière période de leur maladie. 

Nous devons ajouter cependant que, chez trois malades, les injections 
n'ont eu aucune action ni sur les signes locaux ni sur l'état général. 
Aussi avons-nous l'intention, de continuer nos recherches sur ce trai- 
tement qui nous à donné jusqu'ici des résullats très encourageants, et 
pour lequel nous avons voulu prendre date. 


ETUDE COMPARATIVE DU TAUX DE LA CHOLESTÉRINE LIBRE 
ET DE SES ÉTHERS DANS LE SÉRUM SANGUIN, 


par F. Wipaz, ANDRÉ WEizz et M. Laupar. 


Les travaux de M. Chauffard ont mis en lumière la fréquence de 
l’hypercholestérinémie chez les brightiques et les hépatiques. Nous 
avons entrepris l'étude de la lipémie des brightiques et précisé les 
rapports entre les divers éléments qui la constituent. Nous avons montré 
que l’augmentation par rapport au sujet normal porte d'une façon 
sensiblement proportionnelle sur les divers éléments, graisses neutres 
et acides gras, cholestérine et lécithine. Chez les sujets atteints d’ietère 
par rétention, nous avons noté, au contraire, que l'hypercholestérinémie, 
souvent considérable, n’est pas proportionnelle à la lipémie. 

Un autre caractère oppose la cholestérinémie des hépatiques à celle 
des brighliques. Chez les brightiques, comme chez les sujets normaux, 
nous n'avions pu, par les techniques de Hurtle et d’'Hepner, déceler la 
cholestérine qu'à l’état d’éther. Chez deux malades atteints d'ictère par 
rétention, nous avions pu mettre en évidence une proportion considérable 
de cholestérine à l’état libre. 

Grâce à une technique plus précise étudiée par deux d’entre nous 
sous la direction de M. Grimbert, nous avons poursuivi ces recherches 
comparatives sur la cholestérine à l’état libre ou à l’éther dans le sérum 
de sujets normaux et de malades atteints d’affections diverses. 

Chez l'individu normal, nous avons loujours pu déceler une faible 
proportion de cholestérine libre. Elle représente environ 1/4 à 1/5 du 
poids total de la cholestérine. 

-Chez les brightiques lipémiques, l'augmentation porte sur la cholesté- 
rine libre et la cholestérine éthérifiée dans des proportions sensiblement 


me 


SÉANCE DU 26 AVRIL 883 


égales ; la cholestérine totale représente 1/4 à 1/5 du poids total de la 
cholestérine, comme chez les individus normaux. 
En voici quelques exemples: 


Lipémie . Re ne Le 9,03 8,95 8,81 10,40 
Cholestérine totale . . . . . . . 2,18 2,23 2,16 2,82 
Cholestérine des éthers. . . . . 1,72 1,59 1,61 2,04 
Cholestérine libre. . . ... . . . 0,46 0,64 0,55 0,78 


Chez trois malades atteints de xanthome, nous avons obtenu des 
chiffres un peu différents. Deux de ces malades avaient une proportion 
de cholestérine faible par rapport à leur lipémie. Chez le troisième, au 
contraire, la proportion de cholestérine était plus forte. Chez ces trois 
malades, la ‘eholestérine libre atteignait environ 1/3 de la cholestérine 
totale. 


BIPéMIE ele mire. 20H 48,9% 38,35 13,48 
Cholestérine totale . . . . . . . 5,58 6,43 5,22 
Cholestérine des éthers. . . . . 3,44 3,98 3,53 
Cholestérine libre. . . . . . . . 2,14 2,45 1,69 
Bécithine;s Den spsrnte nef erte Ldue 4,40 5,02 2,06 


Enfin, chez plusieurs malades atteints d'ictère par rétention d'origines 
diverses, nous avons trouvé des proportions de cholestérine libre 
augmentées souvent d’une facon considérable. 


ICTÈRE 


ICTÈRE s ; KYSTE ICTÈRE 
par cancer 
lithiasique. du pancréas.  hydatique. catarral. 
MMIDÉMIENAL ND PNEU Et AGP Or 1er 8,05 9,03 
Choléstérine totale . . . . 6,96 3,60 2,6 2,80 
Cholestérine des éthers. . 0,92 0,63 0,91 1,22 
Cholestérine libre. . . . . 6,05 2,97 2,04 1,58 


ÉÉCITAIRES ES CS 6,89 » » 1,05 


En résumé, les chiffres que nous venons de donner confirment l’ana- 
logie que nous avions établie entrela lipémie des brightiques et celle des 
sujets normaux. 

L'augmentation parfois considérable que l’on observe chez les brigh- 


_ tiques porte d’une façon sensiblement proportionnelle non seulement 


sur les graisses et les lipoïdes, mais encore sur la cholestérine libre 
comme sur la cholestérine éthérifiée. 

Chez les ictériques par rétention, au contraire, l'augmentation porte 
sur les lipoïdes, et avant tout, et d’une façon constante, sur la cholesté- 
rine libre. 


884 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


DiSTOMES DE L'INTESTIN DU CHIEN, A MONTPELUIER. 
Note de G.-R. BLaxc et H. Hepix, présentée par R. BLancaarp. 


I. Les observations concernant la présence de Douves dans l'intestin 
du Chien sont assez rares et, pour la plupart, ont été faites à l'étranger : 
cependant, nous sommes portés à croire que des recherches minutieuses 
permettraient de signaïer en France un certain nombre de Trématodes 
parasites du Chien, si nous nous en rapportons aux résultats que nous 
avons obtenus à Montpellier. 

Sur 50 Chiens autopsiés, nous avons récolté 4 espèces de Douves de 
Pintestin, qui doivent probablement constituer autant d'espèces nou- 
velles. 

GENRE £'chinostoma. RupoczP. Run 

Deux Chiens, sur 50 examinés, ont présenté un grand nombre d’une 

très petite Douve dont voici la diagnose : 

Corps allongé, piriforme, atteignant sa largeur maximale- ddné son 
tiers postérieur au niveau des testicules. Longueur des individus adultes 
1 millimètre à 1""180; plus grande largeur : 280 à 340 v. L’extrémité 
céphalique présente l’épaississement caractéristique des Echinostomes. 
Ce disque adoral, large de 70 à 75 x environ, porte sur chaque face une 
série de 9 bâtonnets égaux; l'insertion de ces bâtonnels se fait sur une 
seule ligne, leur longueur moyenne est de 16 à 20 y. 

La ventouse orale a un diamètre de 65 », la ventouse ventrale mesure 
de 67 à 70 y et se trouve au niveau du tiers postérieur du corps. Le 
tégument est couvert de fines écailles en rétroversion, serrées sur toute 
la longueur du cou et s’écartant légèrement à mesure qu'elles se rap- 
prochent de l'extrémité postérieure. 

La ventouse buccale se continue par un renflement pharyngien 
de 76 & de diamètre, qui s’aminceit en forme de col de cornue à-la nais- 
sance de l’æsophage. L'œsophage, après un trajet d'environ. 245 y, 
aboutit à un second bulbe musculeux, allongé, présentant un grand 
diamètre de 65 à 70 y sur une largeur de 45, puis, après un trajet de 
100 , l'sophage se dédouble pour donner les branches intestinales 
simples qui s'étendent jusqu'au voisinage de l'extrémité caudale. 

Le pore génital s’ouvre un peu en avant de la ventouse ventrale. Il 
existe deux gros testicules ovoïdes, placés côte à côte à la partie posté- 
rieure du corps, longs de 90 y et larges de 68 pr. 

L'ovaire est globuleux, d'un diamètre de 75 u; il est placé en avant 
des testicules. 

Les vitellogènes s'étendent de l'extrémité postérieure du corps jusqu'au 
niveau du bord antérieur de l'ovaire. L’utérus décrit peu de circonvo- 


SÉANCE DU 26 AVRIL 885 


lutions, il est bourré d’un grand nombre d'œufs à coque brunâtre, longs 
de 23 x et larges de 13 y. 

Nous rapportons ce Trématode au genre Echinostoma Rudolphi Gars 
læto), dont il doit constituer une espèce nouvelle que nous proposons de 
nommer Z. piriforme. 


(Travail du laboratoire de soologie de l'Ecole nationale d'agriculture 
et du laboratoire du service de l'inspection des comestibles, .à Mont- 
pellier.) 


ÉTUDE COMPARÉE SUR LA DIGESTION TRYPTIQUE DU LAIT CRU 
ET DU LAIT DESSÉGHÉ PAR SURCHAUFFAGE. 


. Note de E.-C. AviRAGNET, H. DORLENCOURT et BLocn-Micnez, 
présentée par JEAN Camus. 


Dans des publications antérieures, nous avons montré les résultats 
favorables que l’on pouvait obtenir de l'emploi du lait desséché dans 
l’alimentation du nourrisson normal ou dyspeptique, et cela dans des 
cas où le lait stérilisé n'était pas supporté. Nous avons entrepris une 
série de recherches dans le but de déterminer par quel mécanisme les 
modifications apportées au lait par la dessiccation brusque pouvaient 
exliquer cette tolérance. Nous nous sommes demandé si ce fait n’était 
pas lié simplement à une plus grande digestibilité des matières pro- 
téiques. 

Cette question de la plus ou moins grande digestibilité des pro- 
téiques après chauffage a déjà été étudiée par un certain nombre d'au- 
teurs. On admet en général que le chauffage préalable des albumines 
favorise leur. digestion. Stassano et Talarico, dans un travail récent, 
ont envisagé comparativement l’action des températures plus ou moins 
élevées de chauffe, et celle de la durée de leur application. Il résulte de 
leurs expériences que l'élévation de température favorise toujours la 
digestion, que, plus la température est élevée, plus cetle action est 
manifeste, sauf cependant quand on aborde des températures voisines 
de 430° ou 140°; mais, d'autre part, ils ont montré qu'une prolongation 
excessive du chauffage produit l'effet inverse et peut abaisser la diges- 
tibilité au-dessous. de sà valeur initiale. En résumé, d'après ces 
travaux, l’optimum d'action semble devoir être obtenu par un chaut- 
fage à une température élevée, mais de courte durée. 

Le lait desséché réalisant les conditions de surchauffage intense et 
rapide, considérées par Stassano et Talarico comme augmentant au plus 
haut degré ladigestibilité des matières protéiques, il nous à paru inté- 
ressant de comparer la manière dont se comportent au cours d'une 


886 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


digestion tryptique, le lait desséché, et le lait cru. Nous nous sommes 
adressé à la méthode de Sôrensen, et nous avons conduit l'expérience 
de la manière suivante: 

On prépare une solution de lait desséché dans l’eau tiède, on dose 
l'azote total dans une quantité aliquote de cette solution. On ajoute à 
100 c.c. de cette solution 50 c.c. d’une solution de trypsine dans l’eau 
chloroformée. On répartit ce mélange dans 10 fioles d'Erlenmeyer. On 
titre immédiatement sur une d'elles les NH° libres par la méthode au 


1 
(Es D 
D 
Restore ee NNeners 
 ÉRRReRaNRe ee TRS AE 


1 
Heures 


formol. On alcalinise chacune des fioles restantes par une même quan- 
tité de CO‘Na* et l'ont met à digérer à l’étuve à 37 degrés. De demi- 


heure en demi-heure, on prélève une fiole pour y effectuer le dosage 


des NH° libérés par la digestion. 

Pour le lait, nous avons suivi la même technique. Un dosage préa- 
lable de l’'N total nous a permis de soumettre à l’action des ferments 
digestifs les mêmes quantités de-matière azotée, de facon que les con- 
ditions d'expérience se trouvent être absolument identiques. 

Nous avons ainsi étudié un certain nombre d'échantillons de marques 
différentes, mais non préparés par le procédé du surchauffage brusque. 
Nous avons obtenu ainsi des courbes de digestion un peu variables, 
mais répondant en général au type suivant dont nous donnons ici 
un exemple, les milligrammes d'azote correspondant aux NH° libérés 
étant exprimés aux divers moments de la digestion. 

Pendantune première phase, — 4à 6 heures approximativement, —les 
digestions du lait cru et du lait sec évoluent à peu près parallèlement 


LE né trial di ms à den déé 


SÉANCE DU 26 AVRIL 887 


(dans l'expérience citée, au bout de 4 heures: lait cru, 29 milligrammes, 
et lait sec, 30 milligrammes d'N). Puis on voit les deux courbes diverger ; 
tandis que celle qui exprime la digestion du lait cru se rapproche rapi- 
dement de l'horizontale, celle qui traduit la digestion du lait sec conti- 
nue encore à monter (au bout de huit heures : lait cru, 31 milli- 
grammes ; lait sec, 35 milligrammes d'N). Ilsemble donc que la digestion 
du lait désséché, si elle n'est pas plus rapide que celle du lait cru, soit 
plus complète, et qu’au bout d’un certain lemps, la dégradation des pro- 
téiques soit plus avancée pour le premier, que pour le second. Tout se 
passe comme si le surchauffage brusque, en altérant les protéiques du 
lait, rendait un certain nombre de groupements moléculaires azotés plus 
vulnérables à l’action du ferment tryptique. En résumé, nous semble- 
t-il, le laitsec ne se digère pas plus vite que le lait cru, mais il se digère 
plus complètement. 


ÉTAT DE NOS CONNAISSANCES SUR LE DÉTERMINISME DE L'APPARITION DU LAIT 
CHEZ LA LAPINE GESTANTE, 


par L. MERCIER. 


Généralement, les polémiques, au bout d'un certain temps, perdent 
tout intérêt pour le lecteur non intéressé directement; au début, on 
discute sur les faits, mais une fois les arguments positifs épuisés, on en 
vient infailliblement aux insupportables découpures et citations, aux 
invocations au lecteur averti. 

La discussion soulevée par MM. Ancel et P. Bouin au sujet des néphro- 
phagocytes de l'utérus en est à ce stade fâcheux. Au fond, la seule 
chose qui puisse intéresser un biologiste, qui ne travaille pas ce sujet 
spécial, c'est de savoir s’il apparaît dans l'utérus en gestation des 
cellules à sécrétion hormonique qui conditionnent l’évolution de la 
glande mammaire amorcée par le corps jaune. Or, on peut dire comme 
résultat de cette discussion, quels que soient les diverticules où elle 
s'est engagée, qu'il existe bien dans l'utérus gestant de grandes cellules, 
connues depuis longtemps, qui ont des propriétés néphrophagocytaires, 
et qu'il n'y a même pas un commencement de preuve que ces cellules 
jouent un rôle dans le déterminisme de la sécrétion lactée. 

En dehors de ce qui précède, tout le reste n’est qu’une discussion 
verbale, et, pour ma part, je me refuse à la poursuivre plus longtemps. 


388 


LA CROISSANCE DES OS DES MAMMIFÈRES. 


II. — CROISSANCE AU NIVEAU DU CARTILAGE DE CONJUGAISON, 
par G. DuBREuIL. 
Voici la confirmation des expériences d'Ollier, nécessaire pourmontrer 


ce que vaut la méthode (1) dont je me servirai pour la critique de la 
croissance interstitielle. , 


L'aceroissement en longueur d’un os long est dû à l’activité de la 


région du cartilage de conjugaison, et pour une très faible part à l’activité 
du cartilage articulaire. 


A. Chevreau 2. Tibia gauche. — 28 juin 1912, pose de quatre repères (grains 
de plomb) dont deux dans la diaphyse (b et c) et un dans chaque épiphyse 
(a et d); radiographie. 132 jours après, nouvelle radiographie : la distance 
b c n’a pas varié, a b et c d se sont allongés et sont devenus respectivement 
a' betc d'. En additionnant les distances a a! et d d'le chiffre obtenu représente 
à un demi-millimètre près l'allongement total de l'os. 


C3. TD 25 Vi ki 


F16. 2. — Radiographies, à 132 jours d'intervalle, du tibia gauche avec repères 
chez un jeune Chevreau. (Réduction de 1/3.) 


B. Chevreau 2. Tibia droit. — 25 juin 1912, pose de six repères, quatre dans 
la diaphyse : d c de; un dans l’épiphyse inférieure : f; un dans le cartilage 
de conjugaison supérieur : a. Radiographie. Après 163 jours, nouvelle radio- 
.graphie: les points diaphysaires n’ont pas bougé, le point f est venu en f’, 
le point a en a'. Ce dernier, placé en plein cartilage, a reculé en même temps 
que le cartilage devant l'allongement de la diaphyse, jusqu'à ce que, atteint 
par le processus ossificateur, il est passé dans la diaphyse. 


(4) Voir Cemptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 756, 12 avril 1913. 


£ À j DIRE a 
RP RE VE DUT DR PROS DEP SUN D M TT TP ce 


M. 


; SÉANCE DU 26 AVRIL 889 


>. TG. 28. VI. 1912 


Fie. 3. — Radiographies, à 163 jours d'intervalle, du tibia droit-en voie de croissance, 
avec des repères, d'un jeune Chevreau. ‘Réduction de 1/3.) 


C. Lapin B 2. Tibia droit. — 27 novembre 1912, pose de quatre aiguilles, 
deux dans la diaphyse : a et b el une dans chaque épiphyse : c (l’aiguille de 
l’'épiphyse supérieure est tombée), radiographie. Après 34 jours, nouvelle 
radiographie, la distance a b n'a pas varié, la distance b c est devenue b «’, 
elle a triplé. 


F6. 4. — Radiographies, à 34 jours d'intervalle, du tibia droit d'un jeune Lapin, 
avec ses repères. 


| Toutes mes expériences (35) démontrent que l'allongement de la 
| diaphyse se fait dans la région du cartilage de conjugaison, puisque, 


890 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


seuls des repères, silués de part et d'autre de ce cartilage, s’écartent l’un 
de l’autre. | | 

L'accroissement de distance entre deux points épiphysaires d'un même 
os correspond, à une fraction de millimètre près, à l'accroissement total 
de l'os; le très léger accroissement supplémentaire est dû à la néofor- 
mation osseuse épiphysaire donnée par le cartilage d'encroûtement, 

Les expériences d’Ollier sont donc confirmées par ma méthode : 
j'essaierai de vérifier les expériences relatives à l'accroissement inter- 
stitiel dans une prochaine note. 


{Laboratoire d'anatomie générale et d'histologie de la Faculté 
de médecine de Lyon.) 


DÉTERMINATION DES CELLULES EXCRÉTRICES PAR LE PROCÉDÉ 
DES INJECTIONS PHYSIOLOGIQUES DE MATIÈRES COLORANTES. 


(Deuxième note), 


par P. Bou et P. Ancet. 


Nous avons commencé, dans une note précédente (1), l'examen critique 
des arguments apportés pour établir que les cellules mises en évidence 
par les injections physiologiques de matières colorantes sont des cellules 
excrétrices. Nous avons vu que les faits d'ordre chimique invoqués par 
les auteurs, à l’appui de cette manière de voir, n'avaient aucune valeur 
démonstrative. Nous allons examiner, dans la présente note, les autres 
arguments réunis par M. Bruntz. 

3° « On sait, dit M. Bruntz, que les liquides d’excrétion (l'urine, par 
exemple), jouissent toujours d'un pouvoir toxique normal qui, dans 
certains cas pathologiques, peut augmenter d’une facon plus ou moins 
considérable. J'ai recherché si les produits contenus dans les néphrocytes 
branchiaux de l’Ecrevisse élaient aussi toxiques. » 

M. Bruntz met des branchies dans une solution sodique faible, et, 
après douze heures de macération à 0 degré, exprime et filtre. 3/5 de ce. c. 
à 1 c.c. de la solution opalescente obtenue, injectés à une Ecrevisse, la 
tuent dans la journée. Des Ecrevisses témoins recoivent une quantité 
égale d’une solution sodique pure et ne se ressentent pas de l'injection. 
Ainsi, dit l’auteur, « la toxicité relativement grande des produits 
d'extraction des néphrocytes de l'Ecrevisse est démontrée ». 

L'argument physiologique de M. Bruntz est donc le suivant : les cellules 
des branchies de l'Ecrevisse sont des néphrocytes, parce que leurs 


(1) Ancel et Bouin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 808. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 891 


produits d'extraction sont toxiques comme de l’urine. Cette affirmation 
pose en principe que les cellules rénales renferment en abondance les 
produits toxiques existant dans l’urine et que cette toxicité peut servir 
pour les caractériser. Il est regrettable que M. Bruntz n'ait pas réalisé 
l'expérience de contrôle suivante : traiter divers organes comme il a traité 
les branchies et injecter la macération obtenue. M. Bruntz aurait ainsi 
trouvé beaucoup de produits d'extraction toxiques comme de l'urine et 
aurait pu se rendre compte que ce n’est pas de cette manière qu'il est 
possible de caractériser des néphrocytes. On sait, en effet, que les macé- 
rations de rein ne sont pas plus toxiques que les macérations de beaucoup 
d’autres organes, et cela se comprend aisément puisque les poisons 
organiques traversent le rein sans s'y accumuler. Le résultat de l’expé- 
rience faite par M. Bruntz ne constitue donc même pas une présomption 
en faveur de la nature néphrocytaire des cellules branchiales qui 
prennent le carmin. Sa démonstration physiologique n’a pas plus de 
valeur que les preuves chimiques antérieurement données. 


Il. — La seconde série d'arguments s'appuie sur le mode de fonction- 
nement des néphrocytes. 
1° Les néphrocytes fonctionnent comme des reins ouverts. — Les argu- 


ments de cette catégorie se basent sur la similitude des images cytolo- 
giques, présentées par les cellules rénales et par les éléments qui 
absorbent les matières colorantes des injections physiologiques. Ces 


arguments ne peuvent servir à démontrer que les cellules qui fixent de 


la même manière des substances colorantes, se comportent aussi de la 
même manière en face des produits de déchets de l'organisme. L’analogie 
de leurs réactions vis-à-vis des matières colorantes n'implique pas leur 
homologie fonctionnelle. L'induction fautive, dont parle Delage, qui a 
servi de point de départ à la théorie, se retrouve ici sans aucune justifi- 
cation. 

2° Les néphrocytes peuvent suppléer les reins ouverts. — Si on injecte 
du carmin ammoniacal à des têtards, dit M. Bruntz, le produit est 
éliminé en grande partie par le pronéphros et le mésonéphros. Les 
cellules endothéliales (néphrocytes) des canaux lymphatiques se colorent 
faiblement. « Chez un têtard dont les mésonéphros étaient peu déve- 
loppés, les pronéphros n'ayant accidentellement éliminé qu’une très 
faible quantité de réactif, les cellules endothéliales des canaux lympha- 
tiques étaient colorées en rouge vif. Dans ce cas, les néphrocytes avaient 
donc suppléé à la fonction sécrétrice des reins ouverts et éliminé le carmin 
ammoniacal que ceux-ci n'avaient pas excrété. » M. Bruntz s'appuie sur 
cette expérience pour « établir le rôle excréteur des cellules qui éliminent 
le carmin soluble (1) ». 


Une fois de plus, nous retrouvons le même vice de raisonnement. En 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 mars 1913. 
BIOLOGIE. Comptes RENDUS. — 1913. T, LXXIV. 62 


592 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


effet, la coloration accentuée des cellules lymphatiques endothéliales, 
dans les conditions dont parle M, Bruntz, n'implique évidemment pas, 
quoi qu’en puisse penser cet auteur, qu'elles peuvent suppléer les cellules 
rénales dans leur fonction de dépuration urinaire. 

En somme, tous ces arguments d'ordre cytologique tendent ra 
ment à établir un parallèle entre les cellules rénales et diverses cellules 
de l’économie dans leur manière de se comporter vis-à-vis des substances 
colorantes injectées. Faire état de ces arguments pour établir entre elles 
une homologie fonctionnelle, c'est supposer démontré ce qui est à 
démontrer. 

La preuve que loutes les cellules qui fikent les matières colorantes des 
injéctions physiologiques sont des cellules extrétrices n’est donc pas 
fournie, Aucun des arguments invoqués par les auteurs ne permet 
d'établir une telle identification physiologique. Il en résulte que 
M. Mercier n'a pas le droit de dire que les cellules myométriales « ont 
une propriété physiologique précise », celle d’être des « néphropha- 
gocytes ». Il n’a pas le droit de les appeler « néphrophagocytes utérins », 
car ce terme implique une fonction absolument préjugée, établie sur ce 
seul fait qu'elles absorbent le carmin. Il en résulte aussi que la méthode 
des injections physiologiques ne peut-être utilisée pour révéler les 
organes excréteurs, et qu’on n’a pas le droit d'appeler une cellule 
« néphrocyte » ou « néphrophagocyte », parce qu'elle absorbe une matière 
colorante des injections physiologiques. Il en résulte enfin qu'on doit 
tenir pour injustifiées toutes les conclusions basées sur l'emploi de cette 
méthode, quand elle est appliquée à des éléments dont le rôle excréteur 
n’a pas été antérieurement démontré. 


SUR LA RECHERCHE DE LA TOXICITÉ CÉRÉBRALE DANS LE CHOC ANAPHYLACTIQUÉ, 


par CH. ACHarD et CH. FLANDIN. 


Dans une note récente, M. Tchernoroulzky (1) contredit nos recherches 
sur la toxicité du cerveau pendant le choc anaphylactique. Suivant lui, 
l'extrait aqueux de cerveau anaphylactique, injecté dans les veines de 
l'animal neuf, n’est pas plus toxique que celui de cerveau sain. Mais, 
dans ses expériences, il ne tient pas compte de la dyspnée ni de deux 
cas de mort qu'il estime accidentels, sans en fournir d'autre explica- 
tion. Nous ne pouvons que regretter celte omission qui supprime évidem- 
ment toute possibilité de discussion sur ce point. 


(1) Tchernoroutzky. Le cerveau est-il toxique pendant le choc anaphylac: 
tique ? Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 12 avril 1913, t. LXXIV, p. 742. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 893 


Dans nos expériences, nous avons injecté l'extrait aqueux dans les 
vaisseaux ou dans le crâne, et seuls se sont montrés toxiques les extraits 
cérébraux des animaux morts en plein choc, tandis que ceux des 
animaux sains ou même des animaux dont le choc avait guéri n'étaient 
pas toxiques aux mêmes doses. C’est seulement avec des quantités nota- 
blement plus fortes que ces derniers extraits ont déterminé des acci- 
dents. Ce sont là des circonstances assez particulières pour qu'on ne 
puisse conclure à de pures coïncidences. 

Avec l’exlrait chloroformique, M. Tchernoroutzky a fait des injections 
dans le crâne et dans les veines, sans trouver de différences entre le 
cerveau anaphylactique et le cerveau normal. Quand les injections 
veineuses ont produit des accidents, il les attribue à des embolies, parce 
que, chez quelques cobayes qui avaient survécu et qui avaient été tués 
le lendemain, les poumons présentaient des infarctus. Or, cette preuve 
nous parait insuffisante, les hémorragies pulmonaires étant une lésion 
assez banale chez les animaux tués par des injections toxiques ou autre- 
ment, sans qu'on puisse les rapporter à des embolies. 

C'est seulement avec l'extrait de la totalité d’un cerveau que M. Tcher- 
noroutzky a déterminé des accidents. Peut-être conviendrait-il de pré- 
viser le volume du liquide injecté par rapport au poids de chaque 
animal, car dans ces expériences le poids des animaux variait entre 
180 et 650 grammes, c'est-à-dire dans des limites beaucoup trop éten- 
dues pour qu'on puisse négliger de pareilles différences dans la compa- 
raison des résultats. Remarquons aussi que, si les petits cobayes con- 
viennent peut-être pour obtenir facilement le choc anaphylactique, ils 
paraissent, à cause de leur fragilité, se prêter beaucoup moins bien à la 
recherche de la toxicité par injection crarienne ou vasculaire. 

Nos expériences ont été faites sur des cobayes adultes et sur des 
animaux encore plus résistants, lapins et chiens. Nous avons employé 
des procédés opératoires qui comportent chacun des causes d'erreur 
différentes : avec l'injeclion cranienne, ce sont les accidents mécaniques 
de compression qui constituent le risque à éviter ; avec l'injection dans 
les veines ou dans la carotide, c’est l’embolie pulmonaire ou l’embolie 
cérébrale, c'est-à-dire des accidents à symptômes dissemblables. Or, 
nous avons toujours observé, quand l'extrait cérébral se montrait 
toxique, les mêmes sortes de symptômes. D'autre part, les extraits de 
cerveau sain, même à dose supérieure, ne produisaient pas ces accidents. 

-La préparation des extraits doit varier, d’ailleurs, suivant qu'on les 
injecte dans le crâne ou dans les vaisseaux. Pour l'injection cranienne, 
il faut introduire le maximum de substance cérébrale sous le volume 
minimum ; c’est l'inverse pour l'injection vasculaire. Quant aux accidents 
mécaniques de compression cérébrale et surtoul d'embolie vasculaire, 
ils sont immédiats, tandis que les accidents observés dans nos expé- 
riences se manifestaient de 3 à 30 minutes après l'injection toxique. 


894 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Le tableau suivant, qui récapitule l’ensemble de nos recherches, 
montre bien la différence des résultats constatés avec le cerveau normal 
et le cerveau anaphylactique (1). ; 


A. — CoBAYES. 


In]. 
Cerveau normal . . . .] Inj. 
In). 
In]. 
Cerveau anaphylactique. Inj. 


In). 
B. — Lapins. 
Cerveau normal . . | . alé 
Cerveau anadphylactique. Inj. 
C. — CHiens. 
Cerveau normal o line 


Cerveau anaphylactique. 


Inj. 


I. — Extraits aqueux. 


cranienne. . 40 expériences dont 14 de plus 
deMAiC-C SRE 
; 39 TC MS D NICC: 
veineuse . . 10 — CCE ENONCE 
10 de 5 » à 10 » c.c. 
5 COS OEM AC 
ÈS 3 == de 4» à 8» c.c 
carotidienne. 20 
2 — de TD» À 8 > c.c. 
77 — deMO PAM DEC 
Ë 38 — deMD A MMM 
cranienne. .4 89 — de "0-1#àa10:5%c;c.- 
153 — deMD PA OICTE 
3 — de 0.251à 2 »° cc: 
18 = de 0.25 à 2 » (GE 
veineuse . . 19 — dem0 5 EM ENT: 
ol — deMD 25 Mama DIE 
NET 8 = de0.25 am 1 > "cc. 
carotidienne,Î 14 — deMD 25H D NC: 
cranienne. , 6 expér. » 
veineuse . . 18 — dont 4 avec extr. de 
cerveau entier . . 
: 3 10 — OT ES NC: C: 
veineuse . . 55 1e & 
veineuse . + 2 expér. bulbe entier. 


Q1 


veineuse : 


HEC: 
60 c.c. 


— doses un peu moin- 
CHRES A NEIN Prose 
— doses un peu moin- 
TES ARE Re 


1/2 cerveau, 


II. — Extraits éthérés et chloroformiques. 


COBAYES. 


Cerveau normal . . « . Inj. 


Cerveau anaphytactique.} Jai. 


In]. 


vasculaire. . 


cranienne. « 17 


vasculaire. . 8 


19 mexpért de "02/àa 0-25 cc 
= de 0.2 à 0.95 c.c. 
— de 0.2 à 0.25 c.c. 


Rien. 
Rien. 
Accidents légers. 


Dyspnée, 3 morts. 


Rien. 

Dyspnée. 

Dyspnée vive, Î 
mort. 


Rien. 

Choc léger. 

Choc net non mor- 
tel. 

Choc mortel. 


Rien. 


. . Choc léger. 


Choc net non mor- 
tel. 
Choc mortel. 


Choc net. 
Choc morel. 


Rien. = 
Rien ou polypnée 
transitoire. 


Choc net. 
Choc mortel. 


Rien. 


Choc intense. 


Choc mortel. 


Rien. 


Choc, 7 morts. 
Choc, 5 morts. 


En somme, sur 143 témoins, nous n'avons eu de morts qu'avec de très 
fortes doses, chez 4 cobayes, tandis que, sur 498 animaux injectés avec 


(1) Pour ne pas compliquer la lecture de ce tableau, nous n'y faisons pas 
figurer les expériences dans lesquelles nous avons injecté à des animaux des 
extraits de cerveaux d'espèces différentes. Elles ont donné des résultats con- 
formes, notamment en ce qui concerne l'absence d'accidents après injection 


des extraits normaux. 


NAS 
PT TEST PONT EE Pr PO Te) sait ad 


De. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 893 


le cerveau anaphylaciique, les accidents n'ont fait défaut que 27 fois et, 
chez les 471 autres, ces accidents, 271 fois mortels, se sont toujours 
produits avec des doses plus faibles que celles qui en déterminaient 
chez les témoins. 

Enfin, la note de M. Tchernoroutzky pourrait faire croire que nous 
attribuons au poison cérébral du choc anaphylactique un caractère spé- 
cifique. Or, il n’en est rien. En constatant une toxicité semblable dans 
le choc peptonique, nous avons même montré que ces propriétés toxi- 
ques n'étaient pas l'apanage exclusif du choc anaphylactique. 


ETUDE SUR LA DESTRUCTION € IN VITRO » DU CHLORHYDRATE DE MORPHINE PAR 
LES ORGANES D ANIMAUX ACCOUTUMÉS ET NON ACCOUTUMÉS. 


Note de H. DoRLENCOURT, présentée par JEAN Camus. 


On admet que les organes les plus variés sont susceptibles de détruire 


la morphine. Albanese confirme cette opinion, mais il remarque que 


le foie d’un chien accoutumé qui a été sacrifié peu après la dernière 
injection, présente une activité destructrice très faible, alors que le foie 
d'un chien accoutumé, mais qui estsacrifié pendant une période d’absli- 
nence, se montre très actif. 

Nos expériences de contrôle ont été effectuées sur l'animal non 
accoutumé (chien n° 1), sur des animaux qui présentaient des degrés 
d'accoutumance variable. Certains animaux ont été sacrifiés 12 heures 
après la dernière injection (chiens n° 1, 2, 3) et un animal a été sacrifié 
en état d’abstinence, 3 jours après la dernière injection d’alcaloïde. 

Technique. — T5 grammes de foie aseptiquement recueilli sont broyés 
puis additionnés de 100 c. c. d'eau distillée, bouillie, saturée de chloro- 
forme et de 0 gr. 20 de chlorhydrate de morphine. Le mélange est mis à 
l'étuve à 38° pendant 10 heures. On trouvera dans le tableau suivant les 
résultats de nos divers dosages. 

Le foie de l'animal non accoutumé et de l'animal accoutumé détrui- 
sent la morphine. La destruction est d'autant plus grande que l'animal 
est plus accoutumé. C'est ainsi que le foie du chien n° 1 (animal non 
accoutumé) a détruit beaucoup moins de morphine que le foie du chien 
n° 2 ‘animal accoutumé), mais ce dernier en à détruit moins que le 
foie du chien n° 3 chez lequel l’accoutumance était plus grande. 

Si l’on se contente de calculer ja proportion p. 100 de morphine 
détruite par rapport àla morphine offerle expérimentalement à détruire 
au foie (0 gr. 20 dans nos expériences), on s’apercoit que le chien n°1, 
non accoutumé, en a détruit 15 p.100; le chien n° 2, 33 p.100; le chien 
n° 3,31 p. 100; le chien n° 4, 45 p. 100. Or, les chiens n° 1, 2, 3 ont été 


896 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sacrifiés 12 heures après la dernière injection ; lechien n° 4,3 jours après. 
Nos expériences confirme- 


6 Done Moro raient donc la proposition 
US tee EN Ie LE ba 
EE s2r% 28e | © © g & « || d'Albanèse.Enréalilé,iln'en 
La RER EE PES ; è Du 
DIFQUES à ASS « est rien, ainsi que le prou- 
= = vent les expériences suivan- 
a date RE 
E 8 MERS 2 « 2 © % tes. 
S |. TRUST ES FAIRE s J 
MORE Te i 8 $ = e Nous avons dosé la mor 
£ ane: phine préexistante dans cha- 
one ce te 2 cun des foies utilisés pour 
> Den Eu = © ONE ue à 
= s2re2222 2. | 4 & & & = | nosexpériences. Les dosages 
= So iso = NS one te , 
ÉRSÉNNS 2e cs ee eo ont été effectués chez les 
© a 5 
= chiens n°° 1, 2, 3, 12 heures 
(cb) Se) © © Q n x CE . . . 
Ë Le #28 : g & g % après la dernière injection. 
FE MREE SUN ilé i 
Masses sace | Ê oo à © — La quantité de morphine 
RAD SE NS RS PES Es contenue dans le foie était 
ASIE roportionnelle aux d 
H4UHANDAU ANTHAHON E = à = P ob 8 à DEEE 
SM injectées ; d'autre part, nous 
RS EU Se Per avons remarqué que la quan- 
= ES LÉE ES) SN cr c A8 5 
RSS SRE S | ES SAS à lité de morphine contenue 
à © S ST bas + PNMOMONNESIrS d l hv hé € 
de EU ans le parenchyme hépa- 
tique diminue rapidement 
1 © ni 
ea Fo E © Ê = au fur et à mesure qu'on 
SCIE ENINEENTSE ER à à & ; 
SN EN AR | UC s'éloigne du moment de l'in- 
G) £ ë AIR 
à jection. 
à È ä Le foie du chien n° 3 qui 
mn =. = = . L 
a E c =] de) ou 1 à a y 
= Se ES = SERRE avait reçu 2 gr. de morphine ; 
te D contenait, 42 h. après l’in- | 
Le) 
ee 2 SE jection, 0 gr. 086 d'alcaluïde | 
ë sise SR pour 75 gr. de tissu, alors 
S.2 2 Sul 1 < 3 4 
£ “IEEE de CR De que. le foie du chien n°4, 
EE J F S 0. 1. . 
Me 2 qui avait reçu une dose plus 
RUN ñ à à élévée, 2 gr. 30, n'en conte- 
nm bo So So 2 DUREE l ei , 
2 Léna HS AUS TEE pait plus rois jours après 
AS ET RSS NS 3 4 8 2 ALI RSRRE | ; 
SRE pie à e à l'injection que O0 gr. 013. 
= Or, on concoit qu'il faille te- 
: ee] e 2 RSR © vi Q LD = 
FRS deb 0 8 nir compte, pour l'évalua- 
B'asdégandeous | à Ses eue OS ee ed 
SPAS RAS EE ÉRR R E tion de la quantité de mor- 
x SEMELLE 2 a È ? À ; ' ; 
B2 & ê0 phine détruite on vitro, de 
9 2 = rs AC cette morphine préexistante, 
1 JAÈRE E A: DR RERQRES ! salité cp 
2 Ë È = 2 : Piérerste car, en DEAN ce que on 
À © o © w «© donne expérimentalement à 


détruire au foie, ce n'est pas 
0 gr. 20 d’alcaloïde, mais 0 gr. 20, plus une quantité variable non 


SÉANCE DU 26 AVRIL 897 


négligeable dans notre cas (chien n° 3), 0 gr. 086, près de Ja moitié 
en plus: or, cette quantité de morphine, contenue dans le foie, diminue 
au fur et à mesure qu'on s’écarte dumoment de l'injection, ce qui fait que 
plus on s'éloigne de ce moment, moins le foie en expérience a de mor- 
phine à détruire, et, évaluant la quantité détruite par la quantité res- 
tante, on est porté à croire qu'il en détruit davantage. En réalité, 
si on calcule la proportion p. 100 de morphine détruite par rapport 
à la morphine totale en présence avec le parenchyme hépatique durant 
l'expérience (morphine préexistante plus morphine ajoutée), on s’aper- 
coit que le tissu hépatique du chien n° 3, sacrifié 12 heures après 
l'injection, à détruit 51,75 p. 100 de morphine, alors que celui du 
chien n° 4, sacrifié en période d’abstinence, en à détruit 50 p. 100. Le 
pouvoir destructeur n'’augmente donc pas pendant la période où le 
sujet ne recoit plus de poison. 

En résumé, le foie présente la propriété de détruire la morphine; ce 
pouvoir s’exagère au fur et à mesure que l’accoutumance s'établit et il 
est proportionnel à cette dernière. 


(Travail du laboratoire de recherches thérapeutiques de lo Faculté 
de médecine.) 


ACTION DE L'HYPERTHYROÏDISATION EXPÉRIMENTALE SUR LA TENEUR 
DU SANG EN CHAUX, 


par F. Sarvonar et CH. RouURIER. 


Nous soutenons depuis longtemps que l’extramalose, au moins dans 
certaines de ses formes, est une conséquence de l'hyperthyroïdisation. 
D'autre part, M, Pachon a montré l'année dernière que l’ingestion de 
corps thyroïde se traduit, sur le bilan du cobaye, par un déficit de chaux. 

Nous avons constaté que l'ingestion de substance thyroïdienne pro- 
duit une augmentation de la chaux du sang, comparable à celle qu'on 
voit dans l’ostéomalacie. 


Exe. I. — Un chien recoit pendant trois mois (sauf une interruption 
accidentelle de trois semaines}, chaque jour, deux cachets de thyroïdine 
Fournier réprésentant chacun 0 gr. 02 de thyroïdine. La chaux du sang est 
au début de 0 gr. 051 p. 1.000, et à la fin de 0 gr. 064 p. 1.000. 

Exp. 1 — Un chien recoit pendant deux mois tous les deux jours environ 
3 grammes d’exothyroidine Byla, sait 1/2 lobe thyroïdien de mouton. La 
chaux du sang passe de 0 gr. 105 à 0 gr. 117 p, 1.000. 


Il y a donc augmentation de la chaux mobile; nous espérons pouvoir 


898 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


montrer que cette augmentation se fait aux dépens des réserves squelet- 
tiques. Cette décalcification du squelette, si elle est assez intense et 
assez prolongée, produirait les lésions ostéomalaciques. 


(Laboratoire du professeur Tessier de Lyon.) 


DOSAGE DES LIPOÏDES DANS LE SÉRUM SANGUIN, 


par L. GrimBerT, M. Laupar et ANDRÉé WEIL. 


Nous avons publié récemment (1) une technique permettant de doser 


à la fois dans une faible quantité de sérum, les acides gras, les graisses - 


veulres, la cholestérine et les lipoïdes phDAnRONES 


Pour évaluer les acides gras existant à l'état libre. ou à l’état de 
graisses neutres, nous aous étions appuyés provisoirement sur l'hypo- 


thèse généralement admise depuis les travaux de Hürtle et Hepner, que 
la cholestérine se trouvait tout entière dans le sérum à l’état d'éthers 
oléique et palmitique. : : 

Les travaux de Fraser et Gardner (2) ayant démontré la présence 
constante de cholestérine libre dans le sérum du lapin, nous avons 
cherché à la caractériser et à la doser dans le sérum humain, ce qui en 
même temps devait apporter plus de précision dans la détermination des 
acides gras. 

Pour cela, nous avons eu recours à la méthode de Windaus qui per- 


mel, à l’aide de la digitoninie, de séparer la cholestérine libre de ses 


éthers. Trois parties de digitonine se combinent avec une partie de 
cholestérine pour former un complexe insoluble dans l’alcool et dans 
l'éther. Les éthers de la cholestérine, au contraire, n’entrent pas en 
combinaison avec la digitonine. 

Nous avons cherché à associer cette méthode à celle que nous avons 
précédemment proposée et voici la technique nouvelle à laquelle nous 
nous sommes arrêtés. 


Extraction. — À 20 c.c. de sérum, on ajoute 100 c.c. d’alcoo! à 95 degrés. 
Après un contact de douze heures, on épuise à chaud le précipité par une 
nouvelle quantité d'alcool au moyen de l'appareil de Kümagawa et Suto. Les 

_ liquides alcooliques sont réduits à un faible volume par distillation, évaporés 
complètement et le résidu desséché à 50 degrés est épuisé par l’éther anhydre. 


(1) L. Grimbert et M. Laudat. Sur le dosage des lipoïdes dans le sérum 
sanguin. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. CLV, p. 974,11 DNS TT 
1912. 

(2) M. Fraser et S. Gardner. Proced. Royal, Soc. London, vol. EXXXI. 


À : 
béni: Note d'a Got. hrs hé Se Dés 


SÉANCE DU 26 AYRIL : 899 


La solution éthérée, centrifugée, décantée et évaporée, laisse un résidu que 
? (e) 2 q 
l’on pèse à titre de renseignement ; il renferme, à l’état brut, la totalité des 
(e) ? ? 
graisses neutres, des acides gras préexistants, des lipoides phosphorés et de 
Ja cholestérine libre ou combinée. 


Dosage de la cholestérine libre. — Soit 0 gr., 20 le poids d'extrait ainsi obtenu. 
On le dissout à chaud dans 50 fois son poids d’alcool absolu (10 c.c.). 

Le liquide porté à l’ébullition est additionné d’une solution bouillante de 
digitonine à 1 p.100 dans l'alcool absolu. Pour la plupart des sérums humains, 
il suffit de mettre un poids de digitonine égal à la moitié de celui de l'extrait ; 
pour le sérum des ictériques, il peut être nécessaire d'augmenter sensi- 
blement cette quantité. (Nous nous sommes assurés qu'un excès de digito- 
nine ne faussait pas les résultats.) Dans l'exemple que nous avons choisi, 
nous ajouterons donc 10 c.c. de solution de digitonine à 1 p. 100. En tenant 
compte de l’évaporation, le volume total est d'environ 18 c.c. Pour déter- 
miner la précipitation du complexe, il faut faire tomber le titre alcoolique du 
mélange à 95 degrés en ajoutant de l’eau distillée. 

Dans uotre cas, nous verserons donc 1 c.c. 5 d’eau distillée. Le complexe 
se précipite aussitôt. On le laisse déposer pendant une heure, et on sépare le 
précipité par centrifugation dans un tube taré ; on le lave à l’alcool à 95 degrés 
et à l’éther, on le sèche et on le pèse. On obtient la quantité de cholestérine 
libre en multipliant par le facteur 0,2431 Le poids du complexe obtenu. 

Les solutions alcooliques réunies sont concentrées à un faible volume et 
versées après refroidissement dans un grand excès d’éther sulfurique, auquel 
on ajoute l’éther de lavage du complexe. La digitonine insoluble se précipite, 
les graisses et les lipoïdes restent en solution. (L'apparition de ce précipité 
prouve que la quantité de digitonine employée était suffisante pour fixer toute 
la cholestérine libre.) On sépare la digitonine par centrifugation et on la lave 
à l’éther. Les solutions éthérées réunies sont distillées et le résidu repris par 
l’alcool est saponifié. | 


Saponification. — La solution est chauffée ensuite pendant trois heures au 
bain-marie dans un ballon muni d’un réfrigérant ascendant avec de la potasse 
alcoolique 2,5 (25 c.c. de potasse par 0 gr.20 d'extrait). L'alcool! étant chassé, 
on reprend le résidu par de l’eau chaude et, après avoir mis les acides gras en 
liberté par addition d’acide azotique dilué, on épuise le tout à deux reprises 
par l’éther. La couche aqueuse (A) estsoutirée et mise à part pour y doser le 
phosphore provenant de la décomposition des lipoïdes phosphorés et la 
solution éthérée lavée avec de l’eau distillée est évaporée. Le nouvel extrait 
maintenu à l’étuve à 50 degrés pendant une heure est repris par l’éther 
anhydre ; la solution éthérée, centrifugée et décantée, est évaporée. 

Le résidu est séché à l’étuve à 50 degrés pendant quatre à cinq heures ; on 
le reprend par de l’éther de pétrole, qui laisse après évaporation et dessic- 
cation à 50 degrés un mélange d'acides graset de cholestérine, dont on déter- 
mine le poids (B). 


Dosage de la cholestérine libérée. — La séparation de la cholestérine peut être 
obtenue par la méthode de Kümagawa (Biochemische Zeitschrift, t. VII, 
p. 212, 1908) ; mais il nous a semblé préférable de suivre pour la cholestérine 
libérée, la méthode de Windaus, suivant le procédé que nous avons indiqué, 


900 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pour la cholestérine libre. Ea retranchant le poids trouvé de B, on obtient 
celui des acides gras totaux C. 

Rappelons que MM. Mayer et Schæffer ont proposé l’an dernier de combiner 
la méthode de Küimagawa et celle de Windaus pour le dosage des acides gras 
et de la cholestérine totale, 

Dosage des lipoides phosphorés. — Nous n'avons pas apporté 4 ot D On 
à la technique indiquée dans notre note précédente. 

Évaluation des acides gras. — Si, du total des acides gras obtenus en (C), on 
retranche ceux qui proviennent de la saponification des éthers de la cholesté- 
rine (exprimés en acide oléique) etdela saponification de la lécithine (exprimés 
en acide stéarique), le reste revient aux acides gras préexistant à l’état libre 
ou à l’état de graisses neutres dans le sérum. 


Le mode opératoire que nous avons suivi pour la formation du com- 
plexe, nous a été obligeamment indiqué par MM. Mayer et Schætfer. I] 
ne diffère de celui de Windaus que par une légère modification, qui 
permet d'obtenir des résultats plus constants. 

Pour sa séparation et sa purification, nous avons employé la centrifu- 
gation suivie de lavage à l’alcool et à l’éther. Enfin, pour l’éliminalion 
de la digitonine en excès, la précipitation par l’éther nous à donné de 
meilleurs résultats que ceux que l'on obtient par les techniques de Win- 
daus ou de Fraser et Gardner, puisque nous avons pu la retrouver chaque 
fois intégralement et à l’état pur. 


NOUVELLE MÉTHODE DE DOSAGE DE L'ACIDE LACTIQUE, 


Note de À. BELLET, présentée par L. GRIMBERT. 


Le dosage de l'acide lactique dans les liquides organiques à toujours 
laissé à désirer {faute d’une méthode à la fois pratique et précise, Trois 
difficultés sont à résoudre : 

1° La précipilation rapide et complète des matières albuminoïdes; 

22 L’extraction complète de l'acide lactique par l’éther; 

4° Le dosage proprement dit. 


A. — Nous avons résolu la première difficulté en traitant directe- 
ment par le réactif Patein et Dufau le fillrat obtenu après ébullition 
prolongée du liquide à analyser. Le traitement par l'acide phospho- 
tungslique demande au moins deux jours et est assez délicat, ear un 
excès peut redissoudre les acides diaminés {1). 

La précipilalion des matières albuminoïdes est si absolue que, dans 
un liquide peptoné ainsi trailé, nous avons pu y redoser intégralement 


(1) Abderhalden. Handb. der bioch. Arb. Methoden, TK, 235. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 901 


une quantité d'acide lactique que nous y avions ajoutée, sans passer par 
l'extraction éthérée qui constitue la deuxième difficulté. 


B. — Æ£axtraction éthérée, Comme l'extraction intégrale de l'acide 
lactique en milieu aqueux est impossible, nous avons concentré, au 
bain-marie, en consistance sirupeuse, le liquide obtenu après son trai- 
tement au réaclif de Patein et 
qui, ayant été neutralisé, con- 
tient l'acide lactique à l’état de 
lactate de soude. 

Nous ajoutons 1 à 2 c.c. de 
SO'H” au 1/5 et nous faisons du 
tout une poudre homogène avec 
du sable de Fontainebleau. 

Nous la versons dans un étui 
de Schleicher que nous introdui- 
sons dans un tube de Soxhlet 
dont nous avons percé le fond 
et dont le tube d'écoulement 
est muni d’un robinet. La lixi- 
viation qui se fait ainsi goutte 
par goutte avec de l'éther anhy- 
dre est bien préférable au si- 
phonnage. Nous avons toujours 
retiré 99 à 100 p. 100 de notre 
acide laclique après moins de 
trois heures de traitement. 


C. — Dosage. Le résidu de 
l'extraction éthérée repris par 
de l'eau distillée peut contenir 
non seulement de l'acide lac- 
tique, mais encore de l'acide 
6-oxybutyrique, de l’acide oxa- 
lique, de l’acide succinique, etc. 

Une solution de permanganate à 15 p. 1.000 en présence de SO'‘H° 
transforme l’acide lactique intégralement en aldéhyde éthylique d’après 
la formule : CH°CHOH — CO'H + O — CH'CHO + CO” + HO, l’acide 
6-oxybutyrique en acétone et l'acide oxalique en GO”; l'acide succi- 
nique n’est pas touché. Or, de tous ces corps, l’aldhéhyde seule réduit 
une liqueur argentique ammoniaco-sodique d’après l'équation : 

2 AzO*Ag + 2NaOH —2AZO0°Na + Ag°O +H°0 
et  Ag’O+CH'CHO—2Ag-+ CH'CO'H. 
Le problème consiste donc à enlever le plus rapidement possible du 


902 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


milieu oxydant l’aldéhyde produite pour éviter une oxydation plus 
profonde de sa molécule et la recevoir dans une solution argentique 
titrée. Nous l'avons résolu en faisant consiruire, d'après nos indica- 
tions, un appareil spécial comprenant un ballon b de 500 c.c. qui reçoit 
le liquide à analyser. Les éprouvettes e et e' sont destinées à contenir la 
liqueur argentique sur laquelle viendra réagir l’aldéhyde entraînée par 
la vapeur d’eau. 

En effet, le réfrigérant r’ est relié à une trompe P dont on règle 
l'aspiration de facon à pouvoir compter les bulles d’air en b, e et e!. 
Quand le liquide du ballon est en ébullition, on laisse tomber goutte à 
goutte la solution permanganique contenue dans la burette m» jusqu'à 
coloration persistante. 

Après lavage et filtration sur amiante à la trompe de la liqueur 
argentique, on dose l’argent non réduit et par différence, en se repor- 
tant aux équations établies plus haut, on en déduit la quantité d’acide 
lactique contenu dans la prise d'essai. Voici les chiffres obtenus : 10 €. c: 
d'une solution d’acide lactique chimiquement pur contenant 0 gr. 0783 
d'acide lactique vrai nous ont donné, d’après notre méthode, 0 gr. 0782 
— 0 gr. 0783 — 0 gr. 0782. 

En opérant sur des milieux albuminoïdes complexes après précipita- 
tion et extraction par l’éther, en partant de O0 gr. 0391 d'acide lactique 
vrai, nous avons trouvé, avec notre méthode, 0 gr. 0386 — 0.0386 
— 0 gr. 0387. 

Le professeur Grimbert nous ayant remis quatre échantillons conte- 
nant une quantité d'acide lactique, de lui seul connue, en milieu com- 
plexe, nous avons trouvé ayec notre méthode : premier échantillon 
0 gr. 029 au lieu de O0 gr. 0297; deuxième échantillon, 0 gr. 053 au lieu 
de 0 gr. 054; enfin, troisième et quatrième échantillon, O0 gr. 048 et 
0 gr. 0475 au lieu de O0 gr. 049. 


(Travail du laboratoire de chimie biologique de l'Ecole de Pharmacie 
de Paris.) 


RECHERCHES DU SANG DANS LES MATIÈRES FÉCALES, 


par SOPRIE ÉFROS. 


Les méthodes des recherches du sang dans les fèces, basées sur la 
réaction de coloration, produites par les réactions diastasiques et qui 
sont le plus couramment employées, présentent une très grande com- 
modité, mais n'offrent pas de caractère de certitude, ainsi d’ailleurs 
qu'il a été maintes fois signalé. 


SÉANCE DU 26 AVRIL 903 à 


Il nous a paru intéressant de rechercher une technique qui, même au 
prix d’une manipulation un peu plus laborieuse, conduisit au meilleur 
degré de certitude que l’on puisse avoir dans une pareille recherche, 
c'est-à-dire l'isolement de l'élément recherché sous une forme caracté- 
ristique. Pour le sang, cette forme était celle du chlorhydrate d'héma- 
tine cristallisé (cristaux de Teichmann). 

On avait déjà tenté d'utiliser la formation des cristaux pour la 
recherche‘du sang, mais sans aboutir à une méthode valable. 

Strasburger, se contentant de traiter une trace de matière sur une 
lame par le chlorure de sodium et l'acide acétique, dit, avec ne 
que l’on ne peut avoir confiance dans cette méthode. 

Schum partage cette opinion et il rappelle, à ce propos, la méthode de 
Nencki-Robert (formation des cristaux acetonhemine) limite de la réa- 
tion 4 p. 100 de sang dans les selles. 

Il est tout à fait explicable que la formation des cristaux de Thech- 


mann, recherchée seulement sur la petite quantité de matière que l’on 


peut mettre sur une lame, soit infidèle, si on tire des résultats négatifs 
la conclusion que la totalité de matière ne renferme pas de sang, et en 
effet la répartition du sang dans les matières peut ne pas être homogène 
et les selles renfermant du sang dans certains points peuvent ne pas en 
renfermer dans d’autres. Il est donc indispensable d'homogénéiser les 
malières et d'extraire d’un échantillon la dissolution de l’hématine 
qu’il peut renfermer. Pour arriver à ce but, voici la technique que nous 
proposons : 

On rend homogènes les matières. On prélève un échantillon de 
10 grammes, que l’on broie au mortier avec 30 à 40 c.c. d’acide acé- 
tique cristalisable. On filtre à la trompe sur papier Chardin. Le liquide 
filtré est traité par 30 c.c. d'éther ordinaire. (Nous avons employé 
l’éther de la pharmacie des hôpitaux, sans être gêné par l’alcool qu'il 
contient.) 

Le liquide se divise en deux couches. Après vingt minutes, on décante 
la couche supérieure. On lui ajoute environ 40 c.c. d'eau. Il se forme 
un précipité (graisses, etc...) que l’on sépare sur un filtre mouillé. Le 
liquide filtré est épuisé à trois reprises par agitation avec chaque fois 
15 c.c. d’éther. Le liquide éthéré est évaporé au bain-marie jusqu à ce 
qu'il ne reste que deux ou trois gouttes de liquide; c’est sur ces gouttes 
de liquide que l’on cherchera la formation des cristaux de Teichmann 
par la technique habituelle. 

On dépose sur une lame une goutte de liquide et une toute petite 
goutte de chlorure de sodium à 1 p. 100. On les mélange intimement, 
puis on laisse sécher à la température ordinaire ou à l'étuve à 37 degrés 
pour accélérer. Une fois la dessiccation termivée, on dépose sur la tache 
formée par l’évaporation du liquide une grosse goutte d'acide acélique 
cristallisable. On recouvre d’une lamelle, sans appuyer, et on chauffe 


904 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


we 


lentement, avec précaution, au-dessus d’une veilleuse de bec Bunzen. 
11 faut chauffer au plus jusqu’à début d’ébullition de l’acide acétique. 
Après refroidissement, on porte sous le microscope et on examine avec 
un grossissement d'environ 500 d. Sur le fond entièrement clair de la 
préparations, on voit, par place, des cristaux présentant la coloration 
brune et la forme caractéristique des cristaux de Teichmann. Ces 
cristaux se trouvent habituellement sur le bord de la lamelle et leur 
nombre dépend de la teneur en sang, ; 

Nous avons établi cette méthode en ajoutant une quantité de sang 
exactement connue, et dès maintenant nous avons ainsi constaté qu’il y 
avait encore formation des cristaux de Teichmann avec 0 c.c. de sang 
pour 100 grammes de matière. 

Nous conseillons vivement de s’habituer à la préparation des cristaux 
de Teichmann à partir d’une goutte de sang pur, avant d'essayer la 
méthode que nous venons d'indiquer. Pour cela, on traitera la goutte de 
sang (très petite) comme il a été indiqué de traiter le résidu d'évapo- 
ration de l'éther. 


nm ee ed 


MÉMOIRES 


NOTICE SUR PAUL YVON 


(1848-1913) 


Par Louis MARTIN. 


C'est le 21 avril 1913, à 10 heures du matin, que nous avons vu Paul 
Yvon pour la dernière fois. Il nous avait entretenu de projets concer- 
nant son service, et nous avait quitté alerte et content; en rentrant 
chez lui, il consignait quelques notes pour la 25° édition de son Formu- 
laire et c’est à sa table de travail que M"° Yvon le trouvait mort, quelques 
minutes après midi. 

Ce grand travailleur a succombé brusquement, sans souffrances, sans 
angoisses, sans diminution de ses facultés. 

Sa vie a été des plus actives et il a constamment montré comment, 
avec de l’ordre, de la méthode et un emploi de tous les instants libres, 
un pharmacien des plus occupés peut fournir une belle carrière scienti- 
fique et laisser après lui des travaux qui préserveront son nom de l'oubli. 


Paul Yvon était né à Sélommes (Loir-et-Cher), le 48 janvier 1848. Il 
vécut ses premières années à Vendôme et vint à Paris, pour étudier la 
pharmacie. 

Il devint interne des hôpitaux et préparateur de physique à l'Ecole de 
pharmacie. C’est pendant son internat à l’Hôtel-Dieu, qu'il contribua, 
avec ses collègues et avec les internes en médecine, à préserver l’église 
Notre-Dame de l'incendie. 

Après son internat, il entra à l'École d’Alfort, en qualité de chef des 
travaux physiques, chimiques et pharmaceutiques. 

En 1876, il acquit la pharmacie Follet, de la rue de La Feuillade, où 
nombre de médecins qui connaissaient ses lravaux avaient recours à lui 
pour analyser les urines et les liquides pathologiques. Dans cette spé- 
cialité, Yvon acquit bientôt une véritable autorité, et on peut dire que 
c'est grâce aux connaissances chimiques de son titulaire que sa phar- 
macie se placa au premier rang. 


906 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Comme pharmacien, Yvon publia de nombreuses notes concernant la 
préparation des médicaments les plus divers. Ses premières publications 
sont de 1869. C'est en 1877 qu’il donne ses recherches sur l'extrait 
liquide de seigle ergoté. Son dernier travail publié est de 1911. 

L'esprit constamment en éveil, il faisait profiler sa profession de 
tous les perfectionnements et de toutes les découvertes. Il avait composé 
avec Dujardin-Beaumetz, puis avec le professeur Gilbert, un Formu- 
laire dont le succès fut tel, qu'il devait presque chaque année en donner 
une édition nouvelle. Aussi nul n'était mieux préparé que lui à prendre 
une part aclive dans la rédaction du Codex, il fut un des membres les 
plus utiles de la commission qui a préparé les deux dernières éditions. 

C’est en 1872 qu'il publia sa première nole sur le dosage de l’urée 
dans l'urine, et en 1876 qu'il indiqua comment on pouvait doser l'urée 
dans le sang. Il imagina de doser l’urée au moyen de l’hypobromite de 
soude et construisit l’uréomètre qui porte son nom et que tous les 
travailleurs emploient et apprécient. Les connaissances acquises par sa 
grande pratique furent résumées dans le Manuel clinique de l'analyse 
des urines, 1900. | 

Il était d’une habileté manuelle surprenante et d’une ingéniosilé 
extraordinaire, construisant le plus souvent lui-même de nombreux 
appareils : un téléphone, en 1867; un photomètre, en 1872; un hygro- 
mètre à condensation, en 1878 ; un appareil pour micro-photographie, 
en 1885; un compte-gouttes normal, en 1903. 

Il fut nommé membre de l’Académie de médecine, en 1900, et fut 
délégué, en 1903, par cette Académie, pour représenter la France, avec 
MM. Bourquelot et Gariel, à la Conférence internationale pour l’unifica- 
tion de la formule des médicaments héroïques. 


Il est curieux de chercher comment ce praticien a pu, malgré ses 
occupations professionnelles, se tenir toujours au premier rang des 
travailleurs et introduire dans la pratique les plus nouvelles décou- 
vertes. 

L’explication est facile à donner si l’on veut bien se souvenir que 
Paul Yvon a constamment fréquenté les milieux scientifiques. 

Interne en pharmacie, préparateur de physique à l'Ecole de phar- 
macie, il vint à Alfort du temps de Bouley, et c’est là qu'il connut 
: Nocard et par lui Roux, qui, tous deux, furent ses amis. 

Il fut un admirateur de Charcot et le collaborateur de tous les maîtres 
qui donnèrent tant de lustre au Progrès médical. 

. I installa et dirigea un laboratoire de microphotographie à la Faculté 
de médecine. 
… Enfin, en 1894, il apporta à l'institut Pasteur un concours précieux, 
en organisant et administrant le service de sérothérapie. 
Cet homme vif et alerte était membre de plusieurs sociétés scienti- 


PEUT 


SÉANCE DU 26 AVRIL 907 


fiques, qu'il fréquentait assidûment. Il y était écouté à cause de sa docu- 
mentation et surtout à cause de son remarquable sens pratique. 

Travailleur acharné et tenace, Yvon avait acquis la fortune, la 
renommée et connu les honneurs. Cependant il n'avait point d’envieux, 
car il jouissait en sage du bien-être qu'il avait acquis, et l'un de ses plus 
grands plaisirs était d’en faire profiter ses amis. Nombreux sont ceux 
d’entre nous qui ont connu l’affabilité de ses réceptions. Pendant les 
chaleurs de l'été, il aimait à réunir dans son jardin les infortunés amis 
qui n'avaient pu quitter Paris. 

Paul Yvon était une personnalité et un des derniers représentants du 
pharmacien d'autrefois, aussi passionné pour la recherche scientifique 
que praticien habile et avisé. Il sera particulièrement regretté à la 
Société de Biologie, dont il était membre depuis vingt ans. 

Au nom de lous, j'adresse à sa famille nos sympathies et nos condo- 
léances. 


BioLocie. CompTEs RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 63 


SUBVENTIONS 


La Société alloue : 


400 francs à M. DELanoë, médecin de l'Agsistance médicale indigène 
en Afrique occidentale francaise, pour acquérir l'outillage d'un petit 
laboratoire portatif de microbiologie. 


900 francs à M. GuyÉNnor, pour acquérir des produits chimiques et un 
outillage spécial (récipients en quartz, écrans monochromatiques, 
tubes d'élevage et d'examen), en vue de la continuation de ses 
recherches sur la biologie d’une mouche (Drosophila), élevée en milieu 
stérile et défini. , ; 


900 francs à M. SCUAEFFER, pour acquérir une pompe Geryk; une 
pompe à huile; un indicateur de vide de Reiss; un dispositif pour 
condensation de vapeur d’eau; un ensemble d'appareils permettant la 
distillation, dans le vide cathodique, des éthers d'acides gras, etc. 


400 francs à M. SEURAT, pour acquérir les animaux d'expérience 
nécessaires à la continuation de ses recherches sur le cycle évolutif des 
Nématodes parasites du bétail algérien. 


400 francs à M. WEBER, pour acquérir des grands lézards algériens 
dont il étudie le développement. 


k 
x 2% 


Les instruments et appareils ne sont pas la propriété des bénéfi- 
ciaires; ils sont mis à la disposition de ces derniers pour une période 
de deux ans renouvelable; ils restent la propriété soit de la Société de 
Biologie, soit du laboratoire dans lequel travaillent les bénéficiaires. 


909 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


SÉANCE DU 20 MARS 1913 


SOMMAIRE 

Gruca (M.} et Dawwcopozu (D.) : dante de Henle chez quelques mam- 
Recherches sur la perméabilité mé- mifères sous l'influence des sub- 
ningée pour les albumines hétéro- stances diurétiques (Première note). 914 
logues (Deuxième note). . . . . .. 909 Mocncesco (MaArtE) : Recherches 

Danra (P.) : Récidive de la kéra- sur le liquide céphalo-rachidien 
lite syphylitique du lapin. .. . . . 910 | normal emp'oyé commeantigène. . 916 

DaxrLA (P.) et SrRoE (A...) : Syphilis PrEDA (G.) et Popra : Recherches ; 
généralisée du lapta . . . . . .... M2 | expérimentales sur l'épilepsie. . . . 918 

Exesco (L): Contribution à l'étude Pres et Popes : Recherches ex- 
histo-physiologique de la cellule du périmentales sur le sérum des épi- 
tube contourné et de l'anse ascen- TEDUIQUES te None PR De ne 920 


Présidence de M. G. Marinesco, président. 


RECHERCHES SUR LA PERMÉABILITÉ MÉNINGÉE 
POUR LES ALBUMINES HÉTÉROLOGUES. 


(Deuxième note), 


par M. Ciuca et D. DanNïELoPoLu. 


Dans nos recherchesantérieures,nous avons démontrél'imperméabilité 
des méninges pour les albumines hétérologues chez l’homme. 

Chez chacun de nos malades, il nous a été possible de mettre réguliè- 
rement en évidence la présence de l’antigène dans le sérum. 

Les anticorps précipitants se comportent de la même manière. 

Dans une nouvelle série d'expériences et toujours dans le même but, 
nous avons employé comme méthode l’anaphylaxie passive. 

Quatre individus reçoivent sous la peau 400 c. c. de sérum de cheval 
(vieux de lrois mois); on sensibilise des cobayes par voie intrapéri- 
tonéale avec le sérum et le liquide céphalo-rachidien de ces individus 
(le sang et le. liquide étant récoltés entre Le dixième et le dix-neu- 
vième jour après l'injection). Les doses employées étaient de 3 à 
À c.c. de sérum ou de 10 c.c. de liquide céphalo-rachidien. 


910 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


L'injection déchainante (1 c.c. de sérum frais de cheval, additionné 
d'un volume égal d'eau physiologique) ne donnait aucun symptôme 
d’anaphylaxie chez les cobayes sensibilisés avec le liquide céphalo- 
rachidien. On obtenaït le même résultat négatif, chez les animaux sen- 
sibilisés avec le sérum des mêmes sujets. 

Deux autres individus recoivent sous la peau 300 c.c. de sérum anti- 
streptococcique en trois injections faites à douze heures d'intervalle. 

On sensibilise, par voie intrapéritonéale, des cobayes avec le sérum et 
le liquide céphalo-rachidien (récoltés le dixième et le dix-neuvième jour 
après la dernière injection), 

L’injection déchainante (vingt-quatre heures après) ne donne aucun 
symplôme d’anaphylaxie avec le liquide céphalo-rachidién ; on observe 
des symptômes d’anaphylaxie légère avec le sérum des mêmes malades 
(hoquet, toux, rémission immédiate). 

Les cobayes sensibilisés par voie intrapéritonéale avec le liquide 
céphalo-rachidien et le sérum des malades, qui avaient recu la même 
quantité de sérum (300 c.c.) en injections faites à des intervalles de 
trois jours (saignée et extraction de liquide dix jours après la dernière 
injection) recoivent, vingt-quatre heures après, la même dose de sérum 
frais de cheval. 

Les animaux injectés avec le liquide céphalo-rachidien ne présentent 
aucun symptôme d'anaphylaxie ; ceux qui avaient reçu comme injection 
sensibilisante de 3 à 4 c.c. de sérum dans le péritoine, présentent des 
symptômes légers d’anaphylaxie (hoquet, faiblesse du train lpOSICERe 
rémission immédiate). 

Il résulte de nos expériences que l’anticorps anaphylactisant (mis en 
évidence par sensibilisation passive chez les cobayes) ne passe pas dans 
le liquide céphalo-rachidien. 


(Travail du laboratoire de médecine expérimentale. 
Professeur-Docteur J. Cantacuzène.) 


RÉCIDIVE DE LA KÉRATITE SYPHILITIQUE DU LAPIN, 


par P. DaniLa. 


La kératite syphilitique du lapin récidive assez rarement. 

Levaditi et Yamanouchi, Roussel, Truffi ont observé des récidives 
uniques ; Ossola, Fontana, Pürckhauer ont rencontré . récidives qui 
revenaient deux à quatre fois de suite. 

Au cours de nos recherches sur la syphilis expérimentale du lapin, 
nous avons observé des récidives répétées, à brève échéance, chez deux 
lapins. 


SÉANCE DU 20 MARS 911 


Voilà, en résumé, le protocole de nos observations : 

- La cornée droite de deux lapins fut scarifiée le 11 août 1909, avec du 
suc provenant des syphilides prépucielles de l'homme. Le 15 septembre, 
on observe, chez les deux animaux, une vascularisation de la conjonctive 
empiétant sur la cornée. Dès ce moment, les phénomènes se succèdent 
d'une manière identique chez les deux lapins, jusqu’à la date du 
19 octobre. FN 

Ainsi, cinq jours.plus tard, l’opacité de la cornée devient appréciable 
à sa parlie anléro-supérieure. Le 21 septembre, on constate à l’ultra- 
microscope, dans les couches superficielles de la cornée opaque, un 
grand nombre de tréponèmes pâäles très mobiles. A côté des exemplaires 
typiques, il y en avait d’autres irrégulièrement spiralés et quelques autres 
presque rectilignes. Nous avons rencontré des spirochètes, en grand 
nombre, à l'intérieur d’une cellule épithéliale de la cornée, fait qui n'est 
guère mentionné par les auteurs qui ont réussi à produire la kératite 
syphilitique du lapin. Le tréponème pâle existait aussi dans la sécrétion 
de la narine correspondante. Le 30 septembre, les phénomènes rétro- 
cèdent, on ne trouve plus de spirochètes. L’œil inoculé redevient normal 
et se maintient dans cel état jusqu’au 8 octobre, où survient soudai- 
nement la première récidive, avec présence du pallida dans les couches 
superficielles de la cornée opacifiée. Cette deuxièmeatteinte de la cornée 
aété plus étendue et plus grave que la première ; le 11 octobre, l’opaci- 
fication de la cornée est descendue jusqu'à son tiers inférieur. 

Le 14 octobre, les phénomènes commencent de nouveau à rétrocéder 
et, après deux jours, on n’aperçoit que quelques rares arlérioles dans la 
cornée. 

Le 19 octobre, on observe une deuxième récidive. Tandis que, jusqu’à 
ce moment, les phénomènes ont évolué parallèlement chez les deux 
animaux en expérience, à partir de ce jour, ils prennent un cours 
différent. Ainsi, chez le premier lapin, la kératite quiavait fait jusqu'alors 
son apparition à la partie supérieure de la cornée, se montre, cette fois, 
à la partie inférieure. L’opacité de la cornée, au lieu d’être uniforme, 
présente un maximum d'intensité à son centre. 

Le 27 octobre, la kératite commença à rétrocéder et, dansles jours 
suivants, elle disparut progressivement sans laisser de traces et sans 

_récidiver (jusqu'au 1° janvier 1910, où l'animal mourut). 

-Chez le deuxième lapin, il se produit cette fois, un panus qui descend 
progressivement jusqu’au tiers inférieur de la cornée. Le trouble de la 
cornée qui devance en bas le réseau vasculaire ne présente pas la même 
intensité partout. Les lésions se sont accentuées jusqu’au 2 novembre, 
où elles commencèrent à rétrocéder. Le 5 novembre, la cornée est un 
peu trouble, à sa partie supérieure seulement, où persistent encore les 
artérioles, quoique très pâles. 

Le12novembre,on observe une réinjection des artérioles cornéennes, 


912 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


mais la cornée est restée transparente. Le 14 novembre, là cornée $e 
trouble de nouveau à sa partie supérieure. Il y à done une éroisième réci- 
dive. Les jours suivants, le trouble et la vasceularisation de la cornée 
progressent sans produire toutefois un panus. On constate de nouveau 
la présence de tréponèmes dans la cornée. Le 3 janvier 1940, l'animal 
meurt. 


(Travail du laboratoire de pathologie générale.) 


SYPHILIS GÉNÉRALISÉE DU LAPIN, 


par P. DaniILA et A. STROE. 


Les cas de généralisation de la syphilis sur le lapin sont assez rares. 

Grouven, Pürckhauer, Igersheimer, Wiman l’ont obtenue par ino- 
culation dans l'œil. 

Neisser, Iruffi, Uhlenhuth ‘et Mulzer, Mezincescu, Fomaschewski, 
Mie Feïlberg ont produit la syphilis générale sur le lapin en Pinoculant 
dans les testicules. 

Enfin Uhlenhuth et Mulzer ont abouti au même résultat par injec- 
tion intracardiaque et intraveineuse. 

Au cours de nos études sur la syphilis du lapin, nous avons aussi 
observé quelques cas de généralisation de la syphilis chez des lapins 
infectés. | 

Voici le résumé du protocole de nos observations : 


Premier cas. — Le.6 juillet 191, nous inoculons un lapin dans le tes- 
ticule drait avec de la sérosité de syphilides vulvaires hypertrophiques. 
Le 47 août, apparait à droite une orchite diffuse avec de nombreux 
tréponèmes päles.Le 21 août, on extirpe le testicule. Le 20: septembre,le 
lapin présente un coryza et la.sécrétion des. deux narines contient, à 
côté du coccobacille de la pasteurellose du lapin, de: nombreux trépo- 
nèmes pales, mobiles; les exemplaires de. 15 à 20 spires de: longueur 
prédominent. On examine journellement la sécrétion: nasale et on y 
- trouve constamment.le pallida jusqu'au 23 septembre, où l'animal meurt 
(pasteurellose). À la nécropsie, on: ne trouve aucune: lésion macrosco- 
pique:de la: muqueuse nasale. La sécrétion nasale et la sérosité limpide 
des sinus nasaux.et frontaux contiennent de nombreux pallida mobiles: 
Les coupes traitées par la méthode de: Levaditi montrent le: trépo- 
nème dans la muqueuse nasale. Le sang et les organes intermes ne 
contiennent pas de tréponèmes. pâles. 
Deuxième cas. — Le 3 décembre 1912, on inocule les testicules di 
lapin, 69 avee de la sérosité de syphilides vulvaires: Le 28 décembre, 


SÉANCE DU 20 *iA4RS 913 


où trouve # droite une orchite diffuse avéé dé nombreux ui 
patés. 

Le léndém'ain, on extirpé le testicule droit. Le 3 janviér 1913,1e tésti- 
cülé gauche contiènt de rares tréponèmés; sur 16 $crôtum sauté on 
obsérve une papulé qui contient, ménre à sà surface, un grand nombre 
de pallidæ. 1622 janvier, lé testicule ét la syphilidé serotale gauéhés ne 
contiémnént plus dé tréponèmes. Le 4 mars, on voit apparaître une 
hkératite parenchymateuse à l'œil gauche avec-béaucoup dé trépoñèmiés 
mobiles. 

Troisième Cas. — Lé 9 janvier 19E3, noûs inocuülons les testiculés du 
lapin 72 avec une émulsion de testicule syphilitique (virus de V° pas- 
sage). 

Le 18 janvièr, mous trouvons une orchité diffase au tésticule droit 
avec la présence des tréponèmes et le 20 janvier, une orchite diffuse 
au teslicule gauche avec nombreux pallida. Le 23 janvier, on enlève 
le testicule gauche et, le 30 janvier, le testicule droit. Le 9 février, sur 
le serotum droit apparaît une ulcération indurée qui contient beaucoup 
de spirochètes pâles. 

Le 23 février, apparaïssént à la cuisse gauche plusieurs ÉaGone. 
les unes superficielles, les autres profondes, recouvertes d'épaisses 
croûtes; le poil est tombé à leur niveau. Le 26 février, à la cuisse droite 
se montre une ulcération ayant les mêmes caractères. Le 3 mars, on 
- constate de nombreuses lésions cutanéés : papules et pustules couvertes 
de croûtes épaisses et sèches. La plupart de ces lésions contiennent de 
très rares tréponèmes pales typiques èt mobiles. 

- Léur topographie est la suivanté : sur lés côtés du muséau, # gauche, 
une pétite papulé ét, à droïte, uné syphilide pustuléuse. À la base de 
l'oreille gauche, une syphilide pustuleuse. Les bords des trous, faits à 
l'oreille par la marque de numérotage sont infiltrés. Au niveau des : 
lésions énumérées, le poil n'est pas tombé. Dans la région dorsale 
moyenne, on trouve unesyphilide ulcérée.Les quatremembres présentent; 
à peu près symétriquemeut, des zones dépourvues de poil sur une étendue 
de 5 sur 2 centimètres. À cé niveaw, on trouve de nombreuses ulcérations, 
les unes’ pelites et superficielles, récouvértés dé minces croûtés, lés 
autres étendués, plus profondes ét couvertes de croûtés épaisses, tüpi- 
formes. Sur lé sérotum droit, il ÿ à uné sÿphilide ulcérée. Éa ratine de 
là quéue ést entouréé par üné sÿphilidé pustuléuse, circinéé, sérpi- 
SUEUSE. 

Lés ganglions axillaires et ceux dé laine sont palpablés et quélques- 
uns on! la grosseur d’un pois. 

Le 10 mars, les lésions cutanées commencent à régresser, le poil 
repousse dans les régions atteintés. Les lésions profondés ont laïssé des 
cicatrices. 

Quatrième cas. — Le 23/ janvier 1913, noùs inoculons le lapin 67, dans 


91% RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


les deux chambres antérieures de l'œil, avec du virus de VI° passage 
(orchite gauche du lapin 72). Le 16 février, on observe une forte vaseu- 
larisation périkératique à l’œil gauche. Le 19 février, la cornée gauche 
se trouble et, le 20 février, on constate le tréponème pâle dans la cornée 
opacifiée. Le 7 mars, il y a une kératite avancée à gauche, une kératite 
légère à droite (avec beaucoup de tréponèmes) et on observe en même 
temps une syphilide papuleuse sur le scrotum droit qui contient de 
nombreux tréponèmes pâles. 

Chez aucun de nos animaux en expérience, sauf chez le premier qui 
fut atteint par la pasteurellose, nous n'avons constaté de troubles mar- 
qués de la nutrition générale. 


(Travail du Laboratoire de Pathologie générale.) 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE HISTO-PHYSIOLOGIQUE 
DE LA CELLULÉ DU TUBE CONTOURNÉ ET DE L'ANSE ASCENDANTE DE HENLE 
CHEZ QUELQUES MAMMIFÈRÉS, 
SOUS L'INFLUENCE DES SUBSTANCES DIURÉTIQUES 


(Première note), 


par I. ENESco. 


On ne peut pas étudier l’action de certaines substances sur la cellule 
rénale sans préciser auparavant la structure de cette cellule à l’état nor- 
mal. Cette étude préalable est nécessaire, vu la diversité des opinions 
sur cette question. 


Ainsi, les bâtonnets de Roth-Heidenhain ont été considérés comme homo- 
gènes par R. Heidenhaïin, Cesa Bianchi, M. Heidenhain, etc.; comme formés 
de granules par : Altmann, Arnold, etc.; comme formés des filaments à gra- 
nulations par : Rothstein, Kolster, etc. Pour Théohary, Henry, etc., le bâton- 
net n'est pas un organe spécial de la cellule rénale. 

Le plateau strié ou « formation en brosse » a été considéré par Cornil, Cesa- 
Bianchi, etc., comme une formation anormale, alors que Sauer, Castaigne, 
Mayer, Rathery, etc., le considèrent comme un organe permanent et inva- 
riable de la cellule. Théohari, Nicolas, Policard, etc., ont admis que l'aspect 
de ce plateau pouvait varier avec l’état d'activité rénale. Suivant Retterer, 
Lelièvre, etc., il peut même disparaître dans certaines phases de celte acti- 
vité. Pour Nicolas, etc., le plateau est formé de fins cils. D’après Prenant, 
les cellules de l’anse ascendante ont aussi un plateau strié. 


Dans nos recherches, les reins ont été fixés par le mélange osmio- 
bichromo-platinique de Cesa Bianchi et colorés par l’hématoxyline fer- 
rique de Heidenhain et l’éosine. Dans ces conditions, la cellule du tube 


SÉANCE DU 20 MARS 915 


contourné contient toujours des bâtonnets bien individualisés, plus ou 
moins parallèles. Leurs extrémités proximales se trouvent séparées de 
la membrane basale par une zone étroite, qui se colore uniformément 
en rose par l'éosine et ne présente aucune différenciation. Leurs extré- 
mités dislales arrivent jusque dans le voisinage de la bordure en brosse. 
Le bâtonnet est constitué par deux substances différentes : l’une fonda- 
mentale colorée par l’éosine et ayant l’aspect d’un filament, l’autre ayant 
une affinité pour l’hématoxyline ferrique et se présentant quelquefois 
sous là forme de granulations égales et sphériques, indépendantes, 
fixées sur le filament ; d’autres fois, ces granulations sont fusionnées et 
le bâtonnet semble uniforme. Ces deux aspects sont d’une fréquence 
à peu près égale dans le même rein et aussi dans le même tübe. Il 
convient de noter que la portion du bâtonnet qui se prolonge dans la 
zone sus-nucléaire présente ordinairement l'aspect granulé. 

Les cellules du tube contourné contiennent encore de petites vacuoles, 
sphériques quand elles se trouvent immédiatement sous la bordure en 
brosse, allongées quand elles se trouvent entre les bâlonnets. 

La lumière des tubes, à l’état de repos est très petite, presque vir- 
tuelle. Elle ne doit jamais contenir aucune formation corpusculaire. 

La formation en brosse, colorable par l’éosine, est toujours évidente : 
d'aspect homogène quand la lumière du tube est petite, d'aspect strié 
quand cette lumière est grande. Il est indifférent, à cet égard, que ces 
variations de calibre soient dues à des états fonctionnels ou bien à 
l’action des fixateurs ou bien encore à des lésions cadavériques. Je n'ai 
jamais vu, avec celte technique, les granulations basales de Nicolas, que 
dans les cas d’altération cadavérique manifeste. 

L'anse ascendante et la pièce intermédiaire, contrairement aux tubes 
contournés, ont toujours une lumière assez grande. Leurs cellules, plus 
petites, ont une structure semblable à celle des cellules des tubes con- 
tournés; elles sont privéés, cependant, de la formation en brosse et ne 
contiennent jamais des vacuoles. 

Les diurétiques essayés par nous modifient de deux facons diffé- 
rentes la structure de la cellule du tube contourné et, d’après ce 
critérium, nous les avons divisées en deux groupes distincts. Le pre- 
mier comprend : le saccharose, le glucose, le sulfate de sodium; le 
deuxième : la caféine, la théobromine, la diurétine et la pilocarpine. 
Toutes nos expériences ont été faites sur le lapin. 


Premier groupe. Le saecharose a été administré par la voie intraveineuse 
à la dose de 10 grammes par kilogramme d'animal. On observe une polyurie 
intense; l'urine est limpide et contient du saccharose, mais pas d’albumine. 
L'animal a été sacrifié après une demi-heure. 

Le glucose a été administré aussi par la voie intraveineuse à la dose de 
2 grammes par kilogramme. On observe une polyurie manifeste; l'urine 
contient du glucose. Les animaux ont été sacrifiés après une demi-heure. 


9#6 - RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Le sulfaté dé sodium a été administré par I4 voïé sous:cutanée x la dége de 
2 grammes et demi par kitogrämmié de poids vif. Del a été sacrifié après 
quarante-chiq minutes. 


La modification essentielle et caractéristique de la cellule du tübe 
contourné consiste däns l'apparition d'un très grand nombre dé va- 
cuoles. En général, elles sont sphériques et forment de une à trois ram. 
gées immédiatement sous le plateau strié; entre les bâtonnets, éés va- 
cuoles sont plus rares et alors elles sont allongées. | 


Tube contourné normal. Tube cont. après l'in. de saccharose. 


Sous l'influence du glucose, on peut trouver aussi dés tubes, dans 
lesquels l'arrängement de ces vacuoles est très irrégulier. La lumière du 
tube contourné est (oujours assez grande. Le plateau strié a une struc- 
ture ciliaire. 

Dans nos expériences, les bâtonnets n'ont Un aucun chañgement, 
ils étaient, au contraire, plus nets. | 

Dans les polyuries provoquées par l'administration d’une grande 
quantité d’eau, le nombre des vacuoles est toujours irès réduit. C'est 
pourquoi je me rallie à l'avis de Mayer et.Rathery, d'après. lequel 
l'apparition des vacuoles dépend de l'élimination des substancés cris- ù 
talloïdes. 


(Institut d'anatomie topographique.) 


RECHERCHES SUR LÉ LIQUIDÉ CÉPHALO-RACHIDIEN NORMAL 
EMPLOYÉ. COMME ANTIGÈNE 


‘4 
à 
1 


par Marie MociNcesco. 


Le liquide céphalo-rachidien normal, parmi tousles liquides de l’orga- 
nisine, est particulièrement pauvré en substances albuminoïdes 
(0,18 gr. p. 1.000, d'après Mestrezat). 


SÉANCE DU 20 MARS 917 


: : > es me — _ ; LES 


Il étaitintéressant de voir si, en employant ce liquide comme antigène, 
on pourrait obtenir des anticorps (1). 

Nos recherches ont DES sur les précipitines et sur les anticorps 
añaphylactisants. 


1° Des lapins recoivent, à six jours d'intervalle, des doses régulièrement 


croissantes (10,45, 20 c.c.) de liquide céphalo-rachidien normal — la dose 


totale ne dépassant pas 150 c.c. — par voie sous-cutanée, intrapéritonéale ou 
intraveineuse. 

. Huit jours après la dernière inoculation, les animaux sont saignés et on 
titre le sérum. On obtiént un précipité très abondant et presque instantané 
lorsqu'on met en présence le sérum des animaux ainsi préparés avec le liquide 
.céphalo-rachidien âÿant sérvi comme antigèneé. 


Les résultats sont les mêmes âvec les extraïts de ganglions mésentériqués 


des animaux traités par voie péritonéale ; les ganglions d'animaux témoins 
— non préparés — n’ont aucun pouvoir précipitant. 

2°Nous n’avonsjamais obtenu de phénomènes d’anaphylaxie chez descobayes 
ayant été sensibilisés avec 1/4-2 1/2 c.c. de liquide céphalo-rachidien normal. 
Les phénomènes étaient nuls, même quand nous employions en injection 
déchaînante du sérum humain à la place du liquide céphalo-rachidien. 


Avec des quantités de 5, 6 et 10 c. c. de liquide, les animaux sensibi- 
lisés présentént des phénomènes assez nets d’anaphylaxie, mais por 
de choc mortel. 

Pôur éviter les troublés du système cardio-vascüulaire engendrés par 
la grande quantité de liquide inoculée en uné seule fois par voie intra- 
veineuse, nous avons, en vuede provoquer le choc, procédé à la concen- 
tration du liquide antigèni. 

On préeipite 400 c. e. dé: liquide céphalo-rachidien normal par lé 
triple de son! volume d'alcool à 96 degrés, puis on évapore à 37 dégrés. 


Le précipité obtenu est lavé plusieurs fois à l'éau distilléé, séché, puis 


finement pulvérisé, rédissous dans 5 €. €. d’eau distillée et filtré sur de 
la gâze stérile. 

On obtient ainsi une suspension très fine. dont on injecte 1/2 c.c. par 
voie sous-cutanée à dix cobayes. 

Seizé jours après, inoculant par voie intraveineuse des doses de 
1/3 c.c. de cette suspension, les animaux présentent des phénomènes 
classiques d’añaphylaxie : pruritintense, toux, spasme diaphiragmatique, 
convulsions généralisées, paralysie du train postérieur, —dont les ani- 
maux se remeltaient d’ailleurs très vite. Jamais de choc mortel. 

En employant le sérum humain en injection déthainante, les résultats 
ont été identiques. 


(1) Cette quéstion avait été déjà abordée par noûs däns une note précédente 


(Comptes rendus de lu Süe. de Bio’ogie, 16 février et 2 mars 1911). 


918 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Conciusions. — 1° Le liquide céphalo- HEURE normal peut être 
employé comme antigène : 

a) Pour la production de précipitines flapin): 

b) Pour la production de phénomènes d’anaphylaxie chez les animaux 
(cobayes) sensibilisés avec cet antigène. 

20 Le sérum précipitant, préparé avec le liquide céphalo-rachidien de 
l’homme, donne également un précipité quand on le mélange avec du 
sérum humain normal. 

3° Les animaux sensibilisés pour le liquidecéphalo-rachidien réagissent 
également et présentent des phénomènes d'anaphylaxie quand on leur 
inocule du sérum humain en injection déchainante. 

4° Il semble donc — d'après nos expériences — que l’albumine du 
liquide céphalo-rachidien normal est également contenue dans le sérum. 


(Travail du laboratoire de médecine expérimentale de Bucarest.) 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'ÉPILEPSIE, 


par G. PREDA et PoPEA. 


L’épilepsie essentielle s’est subdivisée graduellement en différentes 
épilepsies symptomatiques telles que : traumatique, réflexes, infec- 
tieuses, toxiques et autotoxiques. 


Les recherches des dernières années sur l’histopathologie cérébrale, sur 
l'urine, sur le liquide céphalo-rachidien, et surtout celles ayant trait aux 
altérations de certaines glandes à sécrétion interne, du saug et du sérum 
sanguin des épileptiques ; les recherches sur les propriétés convulsivantes de 
quelques substances du corps de l’homme, ainsi que celles qui concernent 
les auto-intoxications gastro-intestinales, font admettre aujourd'hui à la 
majorité des auteurs, que l’épilepsie dite essentielle ne serait qu’une auto- 
intoxication et pour certains d’entre eux, une auto-intoxicalion spécifique 
due à une autocytotoxine. 


Nos recherches sur le rôle des substances toxiques ont été les 
suivantes : 

1° Nous avons cherché à vérifier les affirmations de certains auteurs, 
à savoir : que l'administration de substances toxiques provoque une 
crise convulsive chez un animal si l'on pratique préalablement une 
lésion dans sa zone motrice. 

Nous avons pris 2 chiens et par trépanation nous avons produit de 
petites pertes de substances dans la zone motrice, provoquant des 
paralysies. Au bout de deux mois et demi, et après guérison de la 
plaie, l’animal ayant recommencé à faire quelques mouvements, nous 


SÉANCE DU 20 MARS 919 


avons injecté dans le péritoine de l’un d'eux 5 c.c. d’une solution 
d'alcool éthylique à 1 p. 20. Il présente une légère phase d'excitation, 
mais sans autres troubles. 

Nous injectons à l’autre, dans les mêmes conditions, 5 c.c. d'une 
solution à 1 p. 100 de cocaïne. Les phénomènes sont tout aussi insi- 
gnifiants dans ce cas, bien quelesinjections de cocaïne fussent répétées 
à des intervalles de deux et quatre jours à la même dose et dans 
les mèmes conditions. 

Les animaux sont morts l’un une semaine et l’autre dix-neuf jours 
après les injections. À l’autopsie, nous n'avons trouvé que des adhé- 
rences méningées et de la sclérose cérébrale locale. 

Dans les deux cas, la dose employée avait probablement été trop 
petite; vu le petit nombre d’animaux, nous ne pouvons en tirer 
aucune conclusion. 

2° Dans le même ordre d'idées, nos recherches se sont dirigées vers la 
question de la toxicité du sérum d'épileptique. 

Nous avons injecté dans le péritoine, à 14 lapins, 1-2 c.c. de sérum 


[9 


d'épileptique pour 100 grammes d'animal. Au bout de 2 à 5 minutes, 


nous remarquions chez ces animaux de l'inquiétude, des démangeai- 


sons, une évacuation d’urine, de la polypnée, de légers tremblements, 
de la parésie des membres postérieurs; ils s’allongeaient sur Le ventre, 
tenant en extension les membres postérieurs et dans certains cas 
ils tombaient sur un côté. Ces phénomènes disparaissaient au bout de 
1 à 2 heures. Les phénomènes les plus accentués étaient consécutifs à 
l'injection de sérum pris aussitôt après l'accès. Les lapins employés 
comme témoins (inoculés avec du sérum humain normal) présentaient 
de l’inquiétude, des démangeaisons peu accentuées, une légère polypnée 
et quelques évacuations d'urine. 

Chez les cobayes ayant reçu une dose de 1 c.c. de sérum d’épileptique 
pour 100 grammes d'animal, nous avons obtenu les mêmes phénomènes 
etla même différence. 

Des injections faites avec du sérum d’épileptique à 16 chiens à la dose 


_de0.50-1 c.c. par kilogramme donnent les mêmes phénomènes, la diffé- 


rence présentée par les témoins est beaucoup plus petite. 

Nous avons injecté sous la peau à 7 idiots, 2 à 3 fois successivement, 
de 16 à 40 c.c. de sérum d'épileptique à des intervalles de 2 à 10 jours, 
sans que nous ayons pu obtenir les phénomènes d'intoxication. Nous 
pensons que là aussi, les quantités ont été trop petites, bien que nous 
considérions ces palients comme rentrant dans le groupe des indi- 
vidus atleints de lésions cérébrales involutives. 

3° Voulant vérifier les affirmations de Vires, qui soutient que les 
injections faites avec du sérum d’épileptique sur d’autres épileptiques 
multiplie chez ces derniers le nombre des accès, nous avons injecté à 
6 épileptiques de 6 à 42 c.c. de sérum d’épileptique à 2 à 3 jours d’in- 


. complément. 


920 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST Mt 


tervalle. Chez 2 d’entre eux, les accès se sont multipliés ; chez un, le 
nombre a diminué; chez 3, il est resté invariable ; 

4° En ce qui concerne les antitoxines dans l'épilepsie, nous avons 
cherché à les mettre en évidence par la méthode de fixation du 


Considérant que les troubles les plus a de l'épilepsie 
sont les contractions cloniques et toniques, nous avons pensé que la 
toxine ou l’autocytotoxine épileptique aurait une affinité particulière 
pour les neurones moteurs et que l’on en trouverait davantage dans 
cette zone. | 

En conséquence, nous avons préparé avec la zone motrice (frontale 
ascendante) d'un épileptique mort au milieu de crises subintrantes, un 


extrait éthéro-aqueux d'après le procédé indiqué par Lesser pour la 


réaction de Wassermann dans la syphilis et nous avons recherché si le M 
sérum d’épileptique en présence de cet antigène, fixait le complément. 
Après avoir titré soigneusement l’antigène, nous avons procédé comme 
dans la méthode de Wassermann ; dans 5 cas d’épilepsie, l’anticorps a été 
le sérum des malades et, dans les 4 autres cas, l’anticorps a été le 
liquide céphalo-rachidien. Dans tous les cas, la réaction a été abso- 
lument négative, donnant une hémolyse complète. 


(Laboratoire de médecine expérimentale 
de M. le professeur Cantacuzène, Bucarest.) 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LE SÉRUM DES ÉPILEPTIQUES, 


par PREDA et Popea. 


Partant de cette hypothèse qu'il existe aussitôt après l'accès, dans lé 
sérum des épileptiques, un antigène toxique, de nature albuminoïde, 
capable de précipiter le sérum recueilli dans l'intervalle des accès, nous 
avons mis en présence, dans 160 cas, les sérums suivants : 


a) Sérum d'épileptique pris entre les accès avec sérum Ab diet: en plein 4 
accés ; 4 
b) Sérum d’ épileptique avec sérum une (tous deux entre les accès); 
c) Sérum d’épileptique entre les accès avec sérum normal; D 
d) Sérum d'épileptique au moment de l'accès avec sérum d'épileptique M 
pendant l'accès; | 
e) Sérum Far de au moment de l’accès avec sérum normal ; 

f) Sérum normal avec sérum normal (individus différents). 


Dans certains cas, le sérum considéré comme normal avait été recueilli 


chez des individus atteints de maladies fébricitantes. 


SÉANCE DU 20 MARS 9921 


Nous avons fait le mélange des sérums d’après les indications générales et 
la technique des précipitines donuées par Kolle et Helsch. 


En général, les résultats furent négatifs. 

Dans un petitnombre de cas, il est vrai, nous avons obtenu une légère 
précipitation, mais ceci aussi bien avec des sérums d'épilepliques 
qu'avec des sérums d'individus fébricitants non épileptiques. 

Nous avons recherché le même phénomène de précipitation avec des 
sérums d'épileptiques et des sérums d’idiots préparés avec des sérums 
d'épileptiques (4 cas). Nous avons obtenu les mêmes résultats négalifs. 

Au cours de nos recherches sur les toxines dans le sérum des épilep- 
tiques, nous avons observé un phénomène curieux. Les expériences ont 
été faites sur 14 chiens et 24 cobayes. 

Nous injections le premier jour une dose de 1 c.c. d'antigène pour 
100 grammes d'animal, dans le péritoine; au bout de vingt-quatre à 
trente heures, nous injections un tiers de la dose précédente dans la 
veine. 

D'après les antigènes injectés, nous avons divisé nos animaux en sept 
groupes : s 


a) Première injection avec du sérum: d'épileptique; la seconde avec le 
même sérum ; 

b) Première injection avec du sérum d'épileptique; la seconde avec le 
sérum d'épileptique (autre malade); 

c) Première injection avec du sérum d’épileptique; la seconde avec le 
liquide céphalo-rachidien d'épileptique ; 

d) Première injection avec du sérum d’épileptique ; la seconde avec du 
sérum normal; 

e) Première injection avec du sérum normal; la seconde aussi avec du 
sérum normal ; 

f) Première injection avec du liquide céphalo-rachidien d’épileptique; la 
seconde avec du liquide céphalo-rachidien d’épileptique ; 

q) Première injection avec du sérum normal; la seconde avec du sérum 
d'épileptique. 


Les résultats obtenus ont été les suivants (nets surtout chez les 
Cobayes) : 
Tous les animaux, après la première injection avec du sérum d'épi- 
leptique, présentent les phénomènes toxiques décrits par nous dans 
Particle précédent; mais à la seconde injection, les choses changent. 
«Les animaux des groupes à, b, f, c présentent, au bout de une à trois 
minutes, les phénomènes suivants : malaise, démangeaisons prononcées, 
poils hérissés, polypnée, tremblements, mouvements de mastication: à 
de courts intervalles, tressaillements avec sauts des quatre membres, 
cris et chute sur un côté. Ces phénomènes ne durent qu'une demi-heure 
à une heure; puis les animaux restent en état de lorpeur. L'intensilé 


992 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST à 


de ces phénomènes n'est pas égale dans tous les cas ; elle varie selon que 
le sérum a été recueilli avant, pendant ou après l’accès. Elle est moins 
grande avec le liquide céphalo-rachidien. Les Cobayes injectés avec 
du sérum d'épileptique (les groupes a et b) sont morts presque lous, 
l’un après dix minutes, et les autres après un temps qui a varié de deux 
à quarante-deux heures. A l’aulopsie, nous avons trouvé une Cons 
abdominale peu prononcée. 

Les Cobayes des groupes f et c ont présenté des troubles assez sem- 
blables à ceux des groupes «a et b, mais sans choc mortel. Les Cobayes 
de tous les autres groupes ne présentaient que les phénomènes de la 
veille, diminués ou tout au plus égaux, et après une demi-heure à une 
heure, ils revenaient complètement à l'état normal, ne présentant plus 
rien les jours suivants. (Le sérum recueilli chez un sujet idiot pris au 
hasard comme sérum témoin, nous a donné les mêmes Dre que 
ceux du sérum épileptique.) 

Nous sommes enclins à rapprocher ces phénomènes de ceux de 
l’anaphylaxie passive. 


(Travail du laboratoire de médecine expérimentale de 
M. le professeur J. Cantacuzène, à Bucarest.) 


Le Gérant + OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


923 


SÉANCE DU 3 MAI 1913 


CHANTEMESSE : Sur la validité des 
MACLIMSUCHAUTÉS 0100 20.1. 

Dusreuiz (G.) : La croissance des 
os des Mammifères. — III. L’accrois- 
sement interstitiel n'existe pas dans 
ReMOSMONRS Ne nee TE 

FLanDiN (Cn.) et TZANœK : 
gnestic de l'anaphylaxie alimen- 
taire aux moules par l'épreuve de 
J’anaphylaxie passive provoquée 
CRhEAMERCODA VE er Caen. 0 nn à 

GizeerT (A.)et VILLARET (MAURICE) : 
Contribution à l'étude du syndrome 
d'hypertension portale. L'examen 
chimique des ascites cirrhotiques à 
l’aide de quelques réactions desti- 
nées à différencier les transsudats 
MESTERSUTA LS. 20 Le. à à à. . 

GrimBErT (L.) et LauDar (M.) : 
le dosage de l’urée par l’hypobro- 
HNE 20 0. 070 ao END 

GuéGuEn (FERNAND) : Méconnais- 
sance fréquente de l’Oidium luctis 
Fresenius, saprophyte facilement 
identifiable de l'homme et des ani- 

MAGNe (H.) : Mesure du pouvoir 
glycolytique par l'étude de l’élimi- 
MAONRAZOLÉE EN TU lee 200 à A 

MorEez (L.) et CHABANIER (H.) : 
L'éosinophilie des  prostatiques 
Bremierennote). MEL AN Ame 

MuLon : Remarques à propos de 
la communication de M. A.Prenant. 

PRENANT (A.) : Sur l’origine mito- 
chondriale des grains de pigment. 

RAïLLIET (A.) et Henry (A.) : Sur 
les Douves de l'intestin du Chien. 

RecaAuD (CL.) et Crémieu (R.) : Sur 
la formation temporaire de tissu 
myéloïde dans le thymus, pendant 
Pinvolution de cet organe consécu- 
tive à l'action des rayons X . . ... 

Rénon (Louis), DeGraAïs et THrBAUT : 
De la non-interventiion de la rate 
dans l’action leucopénique du ra- 
dium sur la leucémie myéloïde. . . 

RETTERER (Ep.) et LELIÈVRE (AuG.) : 
Structure de la cellule pancréatique 
de quelques mammifères 


e + © © + e 


Brococie. Compres rExDuS. — 1913. T. LXXIV. 


SOMMAIRE 


935 


945 


960 


937 


SEURAT (L.-G.) : Le Gundi, nouvel 
hôte du Nematodirus filicollis (Rud.). 

SouLA (L.-C.) : Influence d’une in- 
jection préalable d'extrait de cer- 
veau de lapin normal autolysé sur 
les effets dépresseurs de l’urohyÿpo- 
CEDAINE LE SSP ELA MIE AT CREUSE 

STOÏcEsCO (G.) : Sur la perméabi- 
lité du rectum aux albuminoïdes . 

TourRNADE (A.) : Sur les délais de 
régénération du vague chez le rat 
blancs #amesRirreer dar RE Mees 

ViLLARET (MAURICE) : Contribution 
à l'étude comparée de quelques réac- 
tions destinées à différencier les 
exsudats des transsudats. (Réactions 
de Rivalta, de Gangi et du collargol). 

WEINBERG (M.) et Cruca (A.) : Re- 
cherches sur l'anaphylaxie hyda- 
tique expérimentale (Première note). 


932 


958 


Réunion biologique de Bucarest. 


ALEXANDRESCU (Me P.) : Cytologie 
de l'humeur aqueuse . -.. - - - : . . 

DaniecopoLu (D.) Duurrrescu (D.) 
et Porescu (A.) : Nouvelles recher- 
ches sur la constante uréo-sécré- 
toire chez les cardiaques. Action de 
ladioitale 0: Eten OR Re ML 

DanrELzoPoLu (D.) : Rôle du pneu- 
mogastrique dans le ralentisse- 
ment du rythme et dans le bigé- 
minisme provoqués par la digitale 
au cours de l’arythmie complète 
(fibrillation auriculaire) . . . . . .. 

Exescu (I1.) : Contribution à l'étude 
histo-physiologique de la cellule ré- 
nale chez quelques mammifères 
sous l'influence des substances diu- 
rétiques (Deuxième note) . . . . .. 

Marinesco (G.) et Mixea (J:) : Pré- 
sence du Treponema pallidum dans 
la paralysie générale. . . . . . . .. 

Mrcaaïz (D.) : Sur la nature ana- 
phylactique de la conjonctivite blen- 
norragiqueendogène (métastatique). 

Papazozu (Mme Arex.): Sur la pré- 
sence et la spécificité des ferments 
dans le sang des malades atteints 
d'atrophie musculaire 


DAMON RONMON CEST 


969 


971 


924 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Hallion, vice-président. 


OUVRAGE OFFERT. 


M. Levaprri offre à la Société l'ouvrage suivant : 

C. Kune-et C. Levaorti. — Etudes sur la Poliomyélite aiguë épidé- 
mique. 1 vol. in-8°, 124 pages, une planche en couleurs et une carte. 
Publication de l’Institut Pasteur. Paris, Maretheux, 19145. 


A PROPOS DU PROCÈS-VERBAL 


SUR LA VALIDITÉ DES: VACCINS CHAUFFÉS. 


M. CHANTEMESSE. — Dans la dernière séance (26 avril), M. Vincent a 
fait une communication lendant à démontrer que les vaccins anti 
typhiques chauffés à 100 degrés ont perdu tout pouvoir immunigène. 
Cette affirmation avait déjà été présentée à l'Académie de Médecine par 
lui et par M. Netter, que les cultures typhiques chauffées à 120 degrés 
pendant dix minutes ou à 100 degrés pendant une heure avaient perdu 
tout pouvoir immunigène. J'ai demandé à ce moment à nos deux contra- 
dicteurs sur quelles expériences ils basaient leur hypothèse. Ils ont 
donné cette unique raison, qu'il était de notion vulgaire qu’à 120 degrés 
les vaccins non vivants ne pouvaient pas vacciner. Donc, pour eux, les 
constatations que nous avions faites en 1887, 1888 et 1892, c'est-à-dire 
plusieurs annéesavant les travaux de Pfeiffer et Kolle et de Wright. étaient 
aulles et non avenues. 

Or, leurs affirmations sont entachées d'erreurs graves et évidentes 
parce que : 

1° Quiconque voudra faire, à doses convenables, quatre injections de 
bacilles typhiques, chauffées à 120 degrés, verra apparaître dans le sang 
des animaux vaccinés les anticorps caractéristiques et constatera que 
ces animaux supportent une dose de virus virulent qui donne la septi- 
cémie typhoïde mortelle aux témoins. 

2° Parce que Friedberger et Moreschi ont montré que les cultures 
typhiques desséchées et portées à 120 degrés pendant deux heures cons- 
tituent un bon vaccin contre la septicémie typhoïde. 


Le 


sue à Caux “ER 


Fe 


SÉANCE DU 3 MAI 995: 


«3° Parce que celte propriété des cultures chauffées à 120 degrés, de 


fournir un vaccin efficace, n’est pas spéciale au bacille typhique. D’autres : 


microbes offrent des exemples $Semblables. II me suffira de citer un: 
travail publié un an après le nôtre (1889) dans les Annales de l'Institut 
Pasteur, par (Gamaléia, sur la vaccination chimique par les cultures 
liquides du vibrion de Metchnikoff portées à 120 degrés pendant une: 
demi-heure. Ces exemples démontrent queles hypothèses de MM. Vincent 
et Netter, fondées sur «ce qu'ils considéraient comme des notions vuk- 
gaires, ne résistent pas à l'examen. 

: Voici que, dans la dernière séance de la Société, M. Vincent, pour 
démontrer que nos constatations publiées depuis plus de vingt ans 
n'étaient pas exactes, à apporté des expériences. Qu'il me permette de 
les critiquer, car cela est très facile: Pour démontrer qu'avec des cul- 
tures chauffées à 100 degrés, on: ne peut pas vacciner des cobayes, il 
leur à injecté le quart de la dose que, dans nos expériences, nous 
avions démontrée être nécessaire; puis il a oublié de regarder et de 
nous dire les modifications survenues dans le sang de ses animaux, 
soi-disant vaccinés; enfin, pour éprouver leur immunité, au lieu d’avoir 
recours, comme nous, à un vaccin virulent, il a intoxiqué ses animaux 
avec du chlorure de sodium à une dose qui frise la toxicité mortelle, 
avant de leur faire l'injection du virus d’épreuve. Il nous dit qu'il in- 
jecte à ses cobayes, dans une solution hypertonique, 30 à 50 c.c. de 
NaCI. Or, il m'est arrivé souvent et chacun peut répéter l'expérience, 
de tuer en deux heures un cobaye sain, pesant 250 grammes, en lui 
injectant sous la peau une solution hypertonique à 20 p. 100 conte- 
nant simplement 50 centigrammes de NaCI. 

_ Telle est ia valeur des expériences apportées, l'autre jour, par 
M. Vincent. Ces observations suffisent pour les faire juger. 

En résumé, lorsque j'ai fait avec M. Widal nos expériences, il y a un 
quart de siècle, on ne savait vacciner les animaux susceptibles de con- 
tracter la septicémie typhoïde qu’en leur injectant de petites quantités 
répétées, de cultures vivantes, non alténuées. Notre part, dans cette 
question de la vaccination antityphoïde, c'est d’avoir montré qu'avec 
des cultures bien stérilisées, non vivantes, agissant à la facon d'un vac- 
cin chimique, par conséquent ne pouvant pas se multiplier dans le 
corps, on pouvait vacciner les animaux contre la septicémie typhoïde. 
Voilà le fait que toutes les dénégations ne peuvent renverser et qui 
a été, par ordre de date, la première base de la vaccination antityphoïde 
par cultures non vivantes. Dans le sang des animaux vaccinés, comme 
nous l'avons dit, on trouve des anticorps. 

Le second fait, d’une importance capitale, est l’ application par Wright 
à l'homme du principe de cette méthode d’immuniser préventivement 
par l'injection sous-cutanée de bacilles stérilisés. Le savant anglais s’est 
servi comme nous d'une culture de bacilles typhiques dans du bouillon, 


996 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


vieille de huit à quinze jours. Seulement, au lieu de chauffer comme 
nous à 100 degrés, il a chauffé à 60 ou 62 degrés. Et comme l'homme 
est beaucoup plus sensible que l’animal au virus typhique, il a injecté 
des doses beaucoup moindres. 

Depuis cette époque, le vaccin antityphoïde (qui est toujours le même 
puisqu'il n’est formé essentiellement que-de la toxine typhique) a subi 
diverses modifications de préparation. Cela ne constitue pas de nou- 
veaux vaccins, car la parure d’un objet ne change pas sa nature. Est-ce 
qu'aujourd'hui on vaccine contre la rage de la même facon que le faisait 
M. Pasteur? En 1903, Wassermann a préconisé le vaccin bacillaire dit 
polyvalent. Semple et Watson ont stérilisé la culture, non par le chauf- 
fage, mais par l’addition d’un antiseptique, l'acide phénique. M. Vincent 
a substitué l’éther à l’acide phénique. Est-ce un avantage ou un désa- 
vantage, car la soustraction ultérieure de l’éther, comme la pratique 
M. Vincent, laisse le liquide vaccinal sans défense contre la pénétration 
éventuelle d’une impureté? 

L'avenir décidera. 


SUR L'ORIGINE MITOCHONDRIALE DES GRAINS DE PIGMENT, 


par À. PRENANT. 


Les pigments sont différents, nous apprennent la chimie et même la 
morphologie, suivant les espèces de la série animale et suivant les 
espèces de cellules d'un même organisme. Maïs dans une espèce cellu- 
laire donnée, les individus pigmentaires, c’est-à-dire les grains de pig- 
ment, sont au contraire tout à fait semblables, et il semble bien qu'avec 
les mitochondries et les noyaux rien ne se ressemble plus d’une cellule 
à une autre cellule de même espèce que les granulations pigmentaires. 

Que les pigments soient différents chimiquement et morphologique- 
ment, l'étude de leur formation peut nous en rendre compte. Elle nous 
fait voir en effet que la matière première qui fournit le pigment varie 
beaucoup suivant les cas. Mes études, quoique limitées à peu près aux 
Vertébrés, montrent déjà une variation assez étendue de la source orga-. 
nique des pigments (1). Tantôt, en effet, le pigment se forme, dans la 
rate et ailleurs, au niveau ét sans doute aux dépens de mottes ou boules 
albumino-ferrugineuses, qu’on peut voir dériver des restes de globules 


(1) La brièveté de cette note m'’oblige à m'abstenir de citations bibliogra- 
phiques. i 


SÉANCE DU 3 MAI 927 


rouges phagocytés, puis morcelés et digérés. Mais il paraît incontes- 
table aussi que les globules rouges peuvent, sous certaines conditions, 
et dans le sang même, subir eux aussi et directement une métamorphose 
pigmentaire d’abord partielle puis totale. D'autre part, j'ai pu constater 
sur la rate de Scyllium, que la matrice des grains pigmentaires est 
dans chaque cellule un globule de plus en plus volumineux ; il pro- 
vient indubitablement du nucléole qui est sorti du noyau, soit en per- 
sonne, soit plutôt à l’état de substance nucléolaire. Enfin, quand dans 
un très grand nombre de cas, les grains pigmentaires apparaissent 
in situ et à même dans le cytoplasme, le seul organite cellulaire qui 
puisse alors servir de terrain à la pigmentation est la mitochondrie. 

On sait que, par une intuition géniale, Altmann était parti de la 
constatation des grains de pigment dans une cellule pigmentaire, et de 
l'image suggestive que donne une pareille cellule (représentée dans la 
première planche de son célèbre ouvrage), pour supposer que dans les 
cellules non pigmentaires devaient exister des granules homologues aux 
grañules pigmentaires; c'est ainsi qu'il découvrit ses granules ou bio- 
blastes, les mitochondries actuelles. À présent que nous connaissons les 
mitochondries, qui par leur ubiquité se sont imposées à beaucoup d’his- 
tologistes comme des organites fondamentaux de la cellule, il est tout 
naturel et bien facile, en renversant le sens de l’idée d’Altmann, de par- 
tir des mitochondries, organites constants de tout élément cellulaire, 
pour imaginer que dans certaines cellules et sous certaines influences, 
ces mitochondries peuvent se transformer en granules pigmentaires, 
et devenir des « chromochondries ». Du particulier, Altmann s'était élevé 
au général; du général, on peut aujourd'hui redescendre plus modes- . 
tement au particulier. 

L'origine mitochondriale des grains pigmentaires n’est d’ailleurs pas 
seulement un produit de l'imagination, suppléant à l'observation 
impuissante à leur trouver une autre provenance. Elle repose sur un 
certain nombre de preuves positives que je passerai brièvement en 
revue. 

La preuve directe, la production du grain pigmentaire aux dépens de 
la mitochondrie, est assez difficile à fournir. 

C'est ensuite la similitude de forme des deux sortes d’organites, 
mitochondries et chromochondries, dans diverses cellules où on peut 
les trouver côte à côte (cellules de l'iris des Batraciens par exemple). 
C'est aussi la spécificité de la forme dans chaque espèce de cellule pig- 
mentaire : différente par exemple pour les cellules de la choroïde et 
pour celles de l’épithélium rétinien ; différente même chez l’homme pour 
les deux couches de la rétine ciliaire. 

On peut cependant observer quelquefois la formation d’un grain de 
pigment par transformation pigmentaire, d'une partie d’abord, puis de 
la totalité d’une grosse mitochondrie ou d'un chondrioconte. Szily dans 


928 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


“un mélanosarcome a assisté à la pigmentation de mitochondries d’ori- 
gine nucléaire, c’est-à-dire de chromidies. 

En troisième lieu, dans diverses cellules, on constate que les mito- 
chondries et les grains pigmentaires ou chromochondries ont dans l'ar- 
chitecture de la substance cellulaire une valeur égale ou même occupent 
dans le corps cellulaire une situation pareille. Il en est ainsi pour les 
œufs d'Amphibiens ; dans un œuf de Crapaud, par exemple, les chromo- 
chondries de la couche corticale très pigmentée et les mitochondries de 
la région centrale presque blanche siègent de la même facon dans le 
réseau cytoplasmique, dont les mailles logent les plaquettes vitellines. 
Si l’on compare l’épiderme et la cornée d’un tétard de Grenouille, on 
constate que les grains pigmentaires du premier sont remplacés dans 
l’épithélium cornéen, qui est apigmenté, par des mitochondries ayant 
même forme et disposées de la même facon en un eroissant juxtanu- 
cléaire. 

Dans une même celle par exemple un leucocyte de la couche lym- 
phoïde du foie des Urodèles, peuvent coexister des mitochondries, ou 
du moins des granulations colorables comme telles, et des chromochon- 
dries. On sait d’ailleurs par les observations d’Eberth, de MI! Asvadou- 
rova et par les miennes, que ce sont ces leucocytes qui deviendront, 
dans cet objet, les chromocytes ou cellules pigmentaires. 

Une autre ‘preuve réside dans la colorabilité des chromochondries 
aussi bien que des mitochondries par les colorants vitaux. La coloration 
vitale de celles-ci a été observée par divers auteurs, expliquée même 
par MM. Fauré-Fremiet, Mayer et Schaeffer. Après Fischel et d’autres, on 
peut vérifier aisément que les grains de pigment ne sont pas saturés de 
couleur et prennent encore les colorants vilaux. 

La dépigmentation des chromochondries laisse des substratums 
colorables de même forme qu’elles, les Pigmentbildner ou Pigmentträgér 
des auteurs. Ces substratums ont été assimilés à des granules où plasmo- 
somes, c'est-à-dire à des mitochondries. Sans dépigmentation, on peut 
d’ailleurs voir ces substratums réalisés naturellement dans des cellules 
pigmentaires incolores,telles que celles des yeux d’albinos ou dés méla- 
nosarcomes blancs. De plus, il y à souvent mélange dans une même 
cellule (rétine ciliaire d’embryon de Lapin, œil pinéal de Scinque) de 
grains pigmentaires et de grains de même forme colorables comme des 
rie mitochondriaux. 

Tandis qu'on n’a généralement jusqu'ici donné que des explications 
finalistes de la pigmentation en supposant au pigment divers rôles 
utiles, il est souhaitable d'en chercher la cause, dans le cas, par 
exemple de la formation mitochondriale du pigment. La transformation 
pigmentaire de la mitochondrie me paraît pouvoir se faire Sous l'in- 
fluence exercée par des substances chimiques variées. 

Il y a sans doute un stade prépigmentaire dé la mitochondrie, pen- 


F8 


SÉANCE DU 3 MAI 929 


dant lequel celle-ci est exposée à une plus forte oxygénalion comme 
dans la couche superficielle du vitellus ovulaire, ou plus souvent est 
imprégnée d'une substance soit ferrugineuse, soit graisseuse, soit autre. 
Cette hypothèse rend compte de la successivité du pigment ocre ferru- 
gineux et des chromochondries pigmentaires dans la rate et dans d’au- 
tres organes, et de la présence successive de la graisse, puis du pigment 
dans les cellules corticales surrénales, dans les ailes du Papillon en voie 
de coloration et ailleurs encore. La transformation pigmentaire des 
cellules de la queue du tétard de Batraciens, tant épidermiques que 
conjonctives, s'explique de la même facon par fixation préalable sur les 
mitochondries d'une substance inconnue émanant de boules colorables 
par les colorants vitaux dont M'° Asvadourova étudie dans mon labo- 
ratoire les caractères chimiques et morphologiques. 

Les grains de pigment ou chromochondries seraient, dans la plupart 
des cas, et peut-être dans tous, des mitochondries dégénérées, comme 
momifiées sinon mortes. Ce sort ne paraitra ni plus singulier ni plus 
misérable que ceux qui attendent ailleurs, dans le bâtonnet rétinien ou 
la queue du spermatozoïde, ces « organites fondamentaux de la cellule », 
nouveaux « supports des propriétés héréditaires ». 


M. MuLon rappelle, comme venant à l’appui de la thèse soutenue par 
M. Prenant, une observation de pigmento-genèse mitochondriale ana- 
logue à celle de Szily, et qu'il a faite dans la capsule surrénale du 
cobaye. (Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 5 février 1912.) 

Il à eu depuis l’occasion de retrouver le même processus chez IC 
rat et l’homme. 


SUR LES DOUVvVES DE L'INTESTIN DU CHIEN, 


par À. RAILLIET et A. HENRY. 


Dans la dernière séance de la Société (1), MM. Blanc et Hedin 
signalent une très petite Douve rencontrée à Montpellier, dans 
l'intestin de deux Chiens, et en donnent la SA poR sous le nom 
d’£'chinostoma piriforme n. sp. 

L'examen de cette description montre qu'il ne s'agit nullement d’un 
- Échinostome, ni même d’un Échinostomidé. 

La forme du corps, la situation de la ventouse ventrale, l’organi- 
sation de la partie antérieure du tube digestif, les dimensions des 
œufs, etc., tout permet de rapporter ce parasite à la famille des /ete- 


(1) Comples rendus de la Soc. de Bivlogie, p. 884. 


a 


930 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


rophyidæ et à la sous-famille des Centrocestinæ (dont on fait quelquefois 
une famille des Centrocestidæ). 

On peut même préciser davantage, et affirmer que la forme décrite 
appartient au genre Ascocotyle Looss. 

En effet, ce genre est caractérisé par un corps dont la partie anté- 
rieure est étroite, allongée et très mobile. Au-dessus de la bouche, on 
remarque parfois une sorte de petite lèvre protactile. La ventouse orale 
est entourée d'une couronne d'épines ou bâtonnets rappelant celle des 
Échinosiomidés; en arrière, elle s’étire en un long utricule pointu 
terminé en cul-de-sac. Un prépharynx naît à la face dorsale de cet. 
utricule et se termine par un pharynx {rès rapproché de la bifurcation 
intestinale, de telle sorte que l’œsophage est très court, parfois nul. 
Les branches inlestinales sont souvent courtes, mais peuvent aussi 
s'étendre assez loin en arrière. Le pore génital est en avant de la 
ventouse ventrale ; le réceptacle séminal est très grand, avec une 
disposition rayonnée de son contenu. Les circonvolutions de l’utérus 
sont souvent peu nombreuses, mais peuvent dépasser la ventouse 
ventrale en avant. Les vitellogènes sont médiocrement développés. 

On connaît actuellement trois espèces de ce genre, dont deux ont été 
rencontrées chez le Chien : 

Ascocotyle minuta Looss, 1899, commun dans la partie moyenne de 
l'intestin grêle du Chien et du Chat, au Caire; 

Ascocotyle italica Alessandrini, 1906, trouvé dans l'intestin d’un Chien, 
à Rome. | 

Il ne semble pas que le parasite de Montpellier puisse se rapporter à 
la première de ces espèces ; par contre, il serait indiqué de le comparer 
de très près avec le type italien. 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU SYNDROME D’'HYPERTENSION PORTALE. 
L'EXAMEN CHIMIQUE DES ASCITES CIRRHOTIQUES A L'AIDE DE QUELQUES 
RÉACTIONS DESTINÉES A DIFFÉRENCIER LES TRANSSUDATS DES EXSUDATS, 


par A. GILBERT et MAURICE VILLARET. 


Dans une communication antérieure (1), nous avons montré que, 
contrairement à l'opinion jusque-là admise, la cytoscopie était susceptible 
de fournir, en ce qui concerne la séreuse péritonéale, des renseignements 
tout aussi précis que pour les épanchements des autres cavités. Nous 


(1) A. Gilbert et Maurice Villaret. La cytologie des liquides d’ascite dans les 
cirrhoses. Comptes rendus. de la Soc. de Biologie, t. LX, p. 820 ; Paris, 12 mars 
1906. ; 


NE 


SÉANCE DU 3 MAI 931 


basant sur un ensemble d'observations, qui actuellement dépassent 
le nombre de cent cinquante, nous avons montré que si la péritonite 
tubereuleuse présente une formule lymphocytaire, par contre, l’ascite 
des cirrhoses alcooliques, manifestation du syndrome d’hypertension 
portale, offre à considérer, dans les cas purs ou récents, une formule 
mécanique où les placards endothéliaux prédominent nettement; ce 
n'est que par la suite, à mesure qu'une infection secondaire soit spon- 
tanée, et en général de nature tuberculeuse, soit consécutive à une série 
de ponclions fatalement un peu septiques, se surajoute au processus 
primitif de congestion passive, que l’aspect cytoscopique du début peut 
se modifier, laissant apparaître un nombre croissant, puis prédominant, 
de lymphocytes ou de polynucléaires, pendant que les examens bacté- 
riologiques, jusque-là négatifs, deviennent positifs. 

Bien que ces constatations cytologiques aient été vérifiées depuis, 
notamment par les recherches de M. Cade, nous avons cru devoir les 
contrôler par l'emploi: parallèle de réactions chimiques récemment 
décrites pour diftérencier les transsudats des exsudats. (Réactions de 
Rivalta, de Gangi, du collargol.) 

Les résultats de ces réactions ont coïncidé, en général, avec l'examen 
cytologique pour attribuer aux ascites des cirrhoses jeunes ou non 
infectées une nature transsudative (17 cas), tandis que les caractères 
propres aux exsudats correspondaient à des fails anciens ou des ascites 
souvent ponctionnées (11 cas). 

Quelquefois même les réactions chimiques se sont montrées autre- 
ment démonstratives que la cytologie. Elles ont prouvé, en effet, que 
certaines ascites cirrhotiques, auxquelles nous aurions attribué autrefois 
une origine infectieuse, de par leurs formules cytologiques, mixte, 
lymphocytaire ou à polynucléaires, étaient à la vérité des épanchements 
mécaniques (10 cas). 

D'ailleurs, les ascites symptomatiques de cirrhoses de Laënnec ne 
subissent pas fatalement une évolution inflammatoire. Nous avons pu 
suivre en série pendant plus de dix ponctions un épanchement participant 
à un syndrome d'hypertension portale typique, dans lequel les examens 
cytologiques et chimiques ne cessèrent de révéler un transsudat 
jusqu'à la mort du sujet. De même, l'étude d’ascites d'ancienne date, 
mais non encore ponctionnées, révèle bien souvent un processus méca- 
nique sur lequel ne s’est greffée aucune infection autogène. 

Ces faits montrent que l’origine tuberculeuse des cirrhoses de Laënnec 
et de leurs épanchements péritonéaux n’est pas aussi fréquente que le 
soutiennent certains auteurs. 


932 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE COMPARÉE DE QUELQUES RÉACTIONS DESTINÉES 
À DIFFÉRENCIER LES EXSUDATS DES TRANSSUDATS 
(RÉACTIONS DE RIVALTA, DE GANGI ET DU COLLARGOL), 


par MAURICE VILLARET. 


Nous avons eu l’occasion d'étudier, depuis quelques années, plus de 
200 épanchements à l’aide de diverses méthodes destinées à différen- 
cier les exsudats des transsudats. De ces réactions, la première est 
trop connue pour que nous la décrivions : c’est la réaction de Rivaltà. 

La réaction de Gangi, moins vulgarisée, consiste, en résumé, dans 
la superposition à l’intérieur d’une éprouvette graduée de 5 c.c. du 


liquide à examiner au-dessus de 5 c.c. d'acide chlorhydrique pur. S'il 
s’agit d'un transsudat, il se produit un simple disque mince entre les. 


deux liquides; en cas d'exsudat, par contre. on voit se former peu à peu 
un coagulum massif et adhérent. 

Beaucoup moins connue est la réaction du eollargol, ou argo-précipi- 
tante, bien mise en évidence par Baccia. Nous l'avons modifiée de 
la façon suivante. Dans cinq tubes à hémolyse, nous versons des quan- 
tités égales d'une solution au 1/50.000 de collargol de Heyden dans 
J'eau distillée. Nous faisons tomber ensuite 2 gouttes du liquide à 
examiner dans le premier tube, 5 gouttes dans le second, 10 gouttes 
dans le troisième, 20 gouttes dans le quatrième, le cinquième tube ne 
recevant rien et servant de lémoin. S'il s’agit d'un (ranssudat, on voit, 
au bout de quelques heures, qu'il s’est produit, dans ces conditions, 
une précipitation de sels d'argent dans le premier ou plusieurs tubes, 
dont le liquide devient plus ou moins clair, l'aspect du tube témoin ne 
devant pas être modifié pour que la réaction soit valable. En cas 
d’exsudat, le mélange reste limpide et uniformément coloré dans les 
cinq tubes au bout de vingt-quatre heures. 

La quatrième réaction consiste dans l'apparition d'une coloration 
violette plus ou moins accusée de l'acide chlorhydrique pur, lorsqu'on 
met celui-ci en contact avec la sérosité à examiner. Nos recherches 
expérimentales et cliniques tendent à nous faire penser que cette teinte 
est en rapport avec la présence à l’intérieur de l’épanchement . 
globules rouges ou de produits dérivant de leur destruction. 

* L'étude comparée des résultats de ces différentes: méthodes avec ceux de 
l'examen cytologique nous permet d'émettre les conclusions suivantes: 

1° La réaction de Rivalta nous à fourni des indications semblables à 
celles de l'examen cytoscopique dans 96 de nos cas et n’a pas coïncidé 
avec celles-ci dans 21 cas; pour ces derniers faits, l’évolution anté- 
rieure ou ultérieure de l’épanchement et de la maladie a vérifié, en 
général, le bien-fondé de la réaction de Rivalta ; 


Dhbe ne 


SÉANCE DU:3 MAI, 933 


——————— Er. 


2 La réaction de Gangi nous a donné des résultats semblables à ceux 
de l'examen cytoscopique dans 80 cas el n’a pas coïncidé avec ceux-ci 
dans 21 cas : ici encore, l'évolution de la maladie et de l’'épanchement a, 
d'ordinaire, bien que moins souvent, vérifié la valeur diagnostique de la 
réaction de Gangi; 

3° La réaction du collargol a coïncidé 59 fois avec la formule cytolo- 
gique et n'a pas vérifié celle-ci dans 27 cas; 

4° La réaction violette est apparue le plus souvent lorsqu'il existait 
des hématies normales ou altérées à l’intérieur de l’épanchement, et 
cela indifféremment, qu'il s'agisse d’un exsudat ou d’un transsudat; 
elle doit faire penser, nous a-t-il semblé, à un processus congestif, 
même lorsqu'on ne retrouve pas de globules rouges au microscope. 

L'étude comparée de ces différentes méthodes entre elles nous montre 
-d’autre part : 

1° Que les résultats de je réaction de Rivalta ont coïnicidé avec ceux de 
ï réaction de Gangi dans 97 cas el n’ont pas confirmé celle-ci dans 
11 observations; que la réaction de Rivalta a cadré avec la réaction du 

_collargol 56 fois et n’a pas contrôlé cette dernière dans 49 cas; 

2° Que la réaction de Gangi s’est trouvée vérifiée par la réaction du 
collargol 52 fois et n’a pas coïncidé avec elle dans 13 cas; 

- 3° Que les réactions de Rivalta et de Gangi sont plus précoces, plus 
sensibles que celle du collargol et même que les résultats cytologiques, 
mais que, par contre, la réaction du collargol persiste plus longtemps 
sans se modifier et peut contribuer à faire établir le diagnostic rétro- 
-spectif de transsudat dans un épanchement secondairement inflam- 
matoire. 

A côté de la cytoscopie et de la bactérioscopie, les réactions précé- 
dentes peuvent donc être employées avec avantage pour différencier les 
exsudats des transsudats, tant à cause de la simplicité deleur technique 
que de la précision parfois très sensible de leurs résullats. Assez sou- 
vent, en effet, elles nous ont permis de corriger ou de déchiffrer un 
examen eytologique faux ou impossible à interpréter. Ces réactions 
ont surtout une grande valeur diagnostique et pathogénique lors- 
qu’elles coïncident entre elles; elles doivent donc être employées con- 
curramment et parallèlement. 

Toutefois, il est une sérosité à label ces méthodes ne Détient 
s'appliquer : c'est le liquide séphalo-rachidien. Contrairement aux 

-épanchements ascitiques ou pleurétiques, et quelles que soient les 
modifications pathologiques, la nature de l'affection causale et de sa 
formule cytologique, qu’il se soit agi d'infection méningée aiguë, puru- 
lente ou hémorragique, de méningite tuberculeuse, de tabes, de syphilis 
nerveuse ou de toute autre altération des méniuges, jamais, dans les 
29 observations faites par nous, sauf peut-être pour deux cas, les 
réactions de Rivalla, de Gangi et du collargol ne nous ont montré de 


934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


précipité dans le liquide céphalo-rachidien. On ne peut considérer cel 
ensemble de résultats contradictoires que comme des faits négatifs 
tenant probablement à la nature spéciale de la Séreuse sous-arach- 
noïdienne, tant au point de vue anatomique qu'histologique et physio- 
logique. 


INFLUENCE D'UNE INJECTION PRÉALABLE 
D'EXTRAIT DE CERVEAU DE LAPIN NORMAL AUTOLYSÉ 
SUR LES EFFETS DÉPRESSEURS DE L’UROHYPOTENSINE, 


par L.-C. SouLa. 


On sait qu'un signe constant du choc anaphylactique est l’abaisse- 
ment considérable de la pression sanguine à la suite de l'injection 
déchainante; d’autre part, les recherches d’Abelous et Bardier ont 
montré qu'on peut créer chez un animal neuf de la sensibilité anaphy- 
lactique en lui injectant dans les veines l'extrait d'un cerveau autolysé 
d'animal normal de la même espèce. 

J'ai voulu éludier l'influence d’une telle injection faite vingt-quatre 
heures auparavant sur l’action de l’urohypolensine. 

1° Un lapin du poids de 1.980 grammes recoit le 27 avril en injection 
intraveineuse l'extrait filtré à la bougie Chamberland d'un cerveau de 
lapin normal soumis à l’autolyse pendant huit jours. La quantité 
d'extrait était de 25 c.c. Pas de troubles à la suite de l'injection ; vingt- 
quatre heures après, l'animal étant en très bon état,on prend la pression 
sanguine : elle est de 10 cent. 5 Hg. On injecte une dose de 2 cent. 5 
d'urohypotensine par kilo. La pression tombe à 6 cent. 5 Hg, remonte à 
8 cent. 5, oscille pendant un certain temps entre 5 centimètres et 
6 cent. 5, puis s abaisse jusqu’à 0 et l'animal meurt en convulsions. 

2° On fait la même expérience sur un autre lapin du poids de 
3.420 grammes, qui, lui, n’a pas recu préalablement d'injection d'extrait 
de cerveau. Sous l'influence de la même dose d’urohypotensine par kilo, 
la pression, qui était de 12 centimèlres Hg, tombe à 10 cent. 5, mais se 
relève rapidement et atteint son niveau primitif. L'animal a survécu. 

Il résulte donc de ces expériences que l'injection préalable d'extrait 
de cerveau autolysé augmente considérablement en durée et en inten- 
sité les effets dépresseurs de l’urohypotensine, créant ainsi d’emblée 
chez l'animal un choc anaphylactique mortel. 


(Travail du laboratoire de Physiologie 
de la Faculté de médecine de Toulouse.) 


SÉANCE DU 3 MAI 935 


LA CROISSANCE DES OS DES MAMMIFÈRES. 


LIT. — L’ACCROISSEMENT 1NTERSTITIEL N'EXISTE PAS DANS LES OS LONGS, 


par G. DUBREUIL. 


Étant admis (1) que l'accroissement en longueur d’un os long se fait 
toujours dans la région approximative du cartilage de conjugaison, 
sachant d'autre part que le cartilage de conjugaison, une fois constitué, 
ne donne plus rien d’osseux à l’épiphyse, pour démontrer que la crois- 
sance interstitielle n’existe pas, il suffit de poser des repères aussi rap- 
prochés que possible du cartilage de conjugaison sur la diaphyse : si la 
distance entre ces repères ne varie pas, l'os ne s’accroît pas intersti- 
tiellement et le cartilage est le seul agent de l'allongement, en subissant 
le processus d’ossification enchondrale. 


A. Lapin A6 tibia droit. 27 novembre 1912, pose de quatre repères (pointes 
d’aiguille) dans la diaphyse, dont deux (a et d) proches des cartilages de con- 
jugaison, radiographie. Après trente-trois jours, nouvelle radiographie : la 
diaphyse s’est allongée de 22 millimètres, les distances entre les repères 
n’ont pas varié, le cartilage s’est éloigné des repères a et d. Pas d’accroisse- 
ment interstitiel. 


F1G. 5. — Radiographies du tibia droit du Lapin A6 avec repères, 
prises à trente-trois jours d'intervalle, 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 756 et 888, 12 et 
26 avril 1913. 


936 - SOGIÉIÉ DE B3I0LOGTE 


B. Lapin A3 tibia droit. 21 novembre 1912, pose de cinq repères dans la dia- 
physe, dont deux (a et e) très proches des cartilages de conjugaison, radio- 
graphie.. Après quatre-vingt-dix-huit jours, nouvelle radiographie, la dia- 
physe s’est allongée de 54,5 millimètres (elle a plus que doublé de longueur) ; 
la position d'aucun des repères n'a varié, ils occupent tous la région 
moyenne de la diaphyse. 


FiG. 6. — Radiographies à quatre-vingt-dix-huit jours d’mtervalle du tibia droit 
du lapin A3 avec repères. La position des repères est invariable. 


C. Lapin At tibia droit. 27 novembre 1912, pose de six repères sur la dia- 
physe, dont les deux extrêmes sont voisins du cartilage de conjugaison, 
radiographie. Après quatre-vingt-dix-huit jours, nouvelle radiographie, la 
longueur de l’os est passée de 52 à 103 millimètres, la diaphyse a doublé de 
longueur, la position des repères est restée la même. 


Je crois inutile de donner 27 autres protocoles d’ expériences sem- 
blables. 

Donc, si près du ilase que soient placés les repères, Le position 
ne varie pas, tandis que les cartilages de conjugaison s’éloignent des 
te repères extrêmes, quand le repère est placé dans le cartilage (fig. 2, 
note Il); il finit par passer dans la diaphyse. C’est donc que le ae 

subit la mutation qui doit en faire de l'os d’une part, qu'il recule devant 
la poussée ostéo-formative qui le détruit d'autre part, enfin que l’accrois- 
sement intérstitiel n’existe pas plus vers les extrémités de la diaphyse 
que vers son milieu. 


CO PMR A D AT ven). 
4 “ 


va k Qt rt AA 


SÉANCE DU 3 MAI - Re 937 


Fc. 5. — Radiographies à quatre-vingt-dix-huit jours d’ ve du tibia droit, 
; avec repères, du Lapin Al. 


La constalation, par Ruge, de l'augmentation de distance entre les cellules. 
osseuses avec l’âge est incontestable, mais sa. déduction relative à l'existence 
de la croissance interstitielle est une erreur;-car il est impossible, en raison 
des remaniements incessants de l'os, de mesurer à des âges variés des dis- 
tances entre cellules osseuses dans des os homologables. En matière de crois- 
sance osseuse, ce que les Ides ont vu édifier, Les Calendes le voient démolir. 


Quant à la généralisation de mes conclusions, j'estime qu’un phéno- 
mène comme l'accroissement interstitiel de l'os doit être général ou ne 
pas étre. RE : 


(Travail du Laboratoire d'anatomie générale et d'histologie de la Faculté 
de médecine de Lyon.) 


DE LA NON-INTERVENTION DE LA RATE DANS L'ACTION LEUCOPÉNIQUE 
DU RADIUM SUR LA LEUCÉMIE MYÉLOÏDE, 


par Louis RÉNON, DEGRAIS et TuiBauT. 


Chez deux malades de MM. Reclus et Dreyfus et. chez une de nos 
malades, toutes trois atteintes de leucémie myéloïde avec splénomégalie, 
nous avons observé, à la suite d'applications de radium surla rate hyper- 
trophiée, une action leucopénique intense. Sous cette influence, le 


fr PERTN 
PR 


ET MT LE CAE LS RTE ER RES SO EN ES 
> à 5 2 RESTE TT SE EN FREN AXE TR 


938 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


nombre des globules blancs est tombé de 260.000 à 6.000 et la rate a 
repris ses dimensions normales. Les malades avaient été traités sans 
succès par la radiothérapie el le benzol. Leurs observations seront 
publiées ultérieurement. 

Chez une autre malade, atleinte d’une leucémie myéloïde, à laquelle 
M. Paul Hallopeau, le 1* février 1913, avait enlevé la rate du poids 
de 2.800 grammes, la splénectomie fit tomber le nombre des leucocytes 
de 220.000 à 27.500. Mais, quinze jours plus tard, le nombre des globules 
blancs recommenca à augmenter dans de fortes proportions. 

Une numération, faite le 25 mars 1913, donne : 


Globules rouges, 2.520.000 Globules blancs, 10.500 
La formule sanguine est la suivante : 


Moyens mononucléaires . . . . . . 18 | Polynucléaires neutrophiles . . . . 49 
Grands mononucléaires et myélocy- HOSMOpPhiles EME 1 
VESNNEUCROPRNES EE RESTE 1 IMHéMATIES MUCIÉÉ ES RME ER ERPRE 1 


On décide le traitement par le benzol, et, pendant un mois, la malade 
prit XVIIT gouttes de benzol par jour. Cette dose ne put être dépassée, 
en raison de l'intolérance gastrique due à cette préparation. 

Deuxautresexamens desang furent pratiqués à huit jours d'intervalle : 

DATES 

Globules blancs, 116.500 Globules rouges, 2.120.000 


Polynucléaires neutrophiles . . . . 37 | Myélocytes éosinophiles . . . . . . 1 
Grands mononucléaires et myélocy- Hématies nucléées +. ia] 
tes neutrophiles . . . . . . . . . 62 


12 2a0r UM NE 
Globules blancs, 143.500 Globules rouges, 2.450.000 


Polynucléaires neutrophiles . . . . 8 | Myélocyte éosinophile . . . . . . . 1 
Grands mononucléaires et myélocy- HÉMAHESNUCIÉ SEE RTE 5 
tesneutropuiles EMI 91 


Devant l’augmentation progressive du nombre des globules blanes, 
nous eûmes l’idée de recourir à la radiumthérapie, qui avait si bien 
réussi chez les autres malades. En l’absence de la rate, nous décidâmes 
de faire les irradiations sur la région splénique déshabitée; celte tenta- 
tive Lhérapeutique devait avoir pour nous la valeur d’une expérience 
physiologique. 

Le 13 avril 1913, on applique sur l'hypocondre gauche de la malade, 
pendant vingt-quatre heures, 33 centigrammes de sulfate de radium pur, 
filtré à travers deux millimètres de plomb et étendu sur une surface de 
600 centimètres carrés. 

Nous fûmes extraordinairement surpris des résultats, car six jours 
plus tard, le 19 avril, l'examen du sang donnait : 


Globules blancs, 119.000 Globules rouges, 2.170.000 


Polynucléaires neutrophiles . . . . 34 tes neutrophiles . . . . . . . . . 6# 
Moyens mononucléaires . . . . . . 1 | Myélocytes éosinophiles . . . . . . 1 
Grands mononucléaires et myélocy- Hématies nucléées . . . . . . . . . 2 


SÉANCE DU 3 MAI 939 


Le 20 avril 1913, on fit une seconde application de radium iden- 
tique à la première, sur la même région. 
Le 26 avril, l'examen du sang donnait : 


Globules blancs, 30.500 Globules rouges, 2.610.000 


Moyens mononucléaires . . . . . . 3 | Polynucléaires neutrophiles . . . . 51 
Grands mononucléaires et myélocy- Myélocytes éosinophiles . 4 
ÉESHEUCRO DRE SET ST EU LR 45 | Hématies nucléées. # 


Le 27 avril, on fit une troisième application de radium dans des 
conditions identiques. 
Le 30 avril, l'examen du sang donnait : 


Globules blancs, 21.500 Globules rouges, 2.540.000 


Grands mononucléaires et myélocy- Polynucléaires neutrophiles . . . . 55 
tes neutrophiles . . . . . . . . . 16 | Myélocytes éosinophiles . : . . … … 1 
Moyens mononucléaires . . . . . . 29 | Himaties nucléées.. HER 9 


Le 3 mai, l'examen du sang était le suivant : 


Globules blancs, 25.500 Globules rouges, 3.020.000 


Grands mononucléaires et myélocy- Polynucléaires neutrophi'es . . . . 62 
DESRHEUO DES NE ET LOMME GS1N0 phil ee PAR EEE ARE 
Moyens mononucléaires . . . . . . 21 | Hématies nucléées . . . . . . . SL0: 


Chez cette malade, dont la rate a été enlevée, l’action leucopénique 
du radium a été identique à celle produite chez des sujets atteints de 
leucémie myéloïde avec rate hypertrophiée. L'irradiation de l’hypo- 
condre gauche par le radium s'est accompagnée des mêmes effets que 
l'irradiation de la rate hypertrophiée. La leucopénie est la même, que la 
rate soit absente ou présente. Dans l’un et l’autre cas aussi, la polynu- 
cléose a succédé à la mononueléose et à la myélocytose, celte transfor- 


_mation étant parallèle à la diminution des globules blancs. 


Ce fait inaltendu ne concourt pas à élucider la physiologieetla patho- 
logie de la rate qui demeurent des plus obscures. 

L’ablation de cet organe est très bien tolérée chez l'homme et chez 
les animaux; elle ne s'accompagne que de réactions sanguines insigni- 
fiantes. Si, dans la leucémie myéloïde, la rate s'hypertrophie, la spléno- 
mégalie est secondaire el non primitive; elle ne paraît que le simple 
témoin des réactions sanguines. 

Puisque, chez notre malade, le radium n’a pu avoir d'action sur la 
rate absente, quel a été le tissu influencé par le radium ? A-t-il agi à la 
fois sur tous les tissus superliciels et profonds de la région irradiée ou 
seulement sur l’un d’eux, la peau, le muscle, le tissu conjonctif, le 
mésentère, l'épiploon, l'intestin, les plexus nerveux abdominaux, les 
ganglions lymphatiques, le lissu osseux de la colonne vertébrale ou 
simplement sur le sang circulant ? A-t-il par hasard agi sur une ou plu- 
sieurs rates surnuméraires, hypothèse peu probable, car M. Paul Hallo- 
peau, au cours de l'intervention chirurgicale, n'a pas rencontré de ces 
productions anormales qui se seraient vraisemblablement hyperlro- 


Biococie. Comptes RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 65 


940 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


phiées comme la rate principale ? Il est ns de ue à ces 
questions. 

Notre faitouvrela voie à toutes les hypothèseset àtoutes Fe recherches, 
car il ne s'accorde pas avec les données actuellement connues. 


(Travail du service et du laboratoire du D' L. Rénon, 
à l'hôpital Necker.) 


STRUCTURE DE LA CELLULE PANCRÉATIQUE DE QUELQUES -MAMMIFÈRES, 


par Év. RETTERER et AUG. LELIÈVRE. 


Depuis que C1. Bernard a découvert la présence de granules sombres 
dans l'extrémité interne ou libre de la cellule pancréatique, on a com- 
pris de facons bien différentes leur origine, ainsi que ia structure de 
la cellule pancréatique. R. Heïdenhain signala, dans la zone externe 
(basale ou adhérente,, l'existence de stries radiées qui représenteraient 
des canalicules logeant des granulations. Quant à la substance qui 
sépare et relie les granulations, ce serait, pour les uns, du protoplasma 
banal formant un réseau (spongioplasma, réticulum, charpente alvéolaire) 
qui produirait du paraplasma, lequel se transformerait en grains de 
sécrétion. Pour d’autres, les seuls filaments végélatifs ou chondriocontes 
sont les éléments formateurs des grains de sécrétion : après être devenus 
moniliformes, les chondriocontes se fragmenteraient en plastes, lesquels 
se transformeraient en grains de sécrétion. « Lorsque les produits de 
sécrétion ont disparu, la partie interne de la cellule est constituée par 
un protoplasma alvéolaire (Hoven). » Les images décriles par Negri et 
F. v. Bergen sous le nom d’ « apparato reticolare » semblent corres- 
pondre à cet état de la cellule vidée. 


Pour déterminer l’origine des granulations et la nature du cytoplasma des 
cellules pancréatiques, nous avons fixé des fragments de pancréas frais de 
divers mammifères dans des fixateurs variés (liquides de Bouin, de Zenker, 
dans le formol Zenker ou le formol additionné de sérum physiologique). Nous 
avons pu étudier de même un fragment de pancréas d’un supplicié de vingt- 
trois ans que nous devons à M. Branca. Nous avons employé la méthode (1) 
de colorations doubles, que nous avons modifiée de la facon suivante : 

1° Coloration préaiable des coupes à la vésuvine; 2° après lavage dans l’eau, 
mordancage des coupes à la solution diluée d’acide picro-chlorhydrique ; 
3° coloration pendant plusieurs heures ou davantage dans l’'hématoxyline de 


(1) Voir pour les détails, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 et 
29 juillet 1905, p. 205 et 247; Ibid., 28 décembre 1907, p. 782, et Jbid., 
25 mars'et 29 avril 1911, p. 475 et 630. 


SÉANCE DU 3 MAI 941 


Bühmer; 4° différenciation dans la même solution d'acide picro-chlorhydri- 
que; 5° séjour prolongé dans l’eau courante; 6° surcoloration par l'eau 
picriquée ; 7° déshydratation et montage dans le baume. 

Dans cette note, nous nous bornons à décrire la structure de la cellule 
pancréatique du chat et de l'homme. 

A. Chat. — Le pancréas d’un chat de six-mois ayant jeùné depuis vingt-. 
quatre heures possède des culs-de-sac d’un diamètre de 18 à 25 .. Les cellules 
sont hautes de 12 à 14 u; le noyau sphérique ou ovoïde, de #4 à 4,5 u, en 
occupe non seulement la base, mais arrive au contact de la limite externe 
- de la cellule. Tous les noyaux étant situés au même niveau et le cytoplasma 

périnucléaire se colorant d’une façon aussi intense que les noyaux, la zone 

externe ou basale des cellules pancréatiques figure une couronne sombre, 
teinte en violet foncé par l’hématoxyline, et épaisse de 4 à 5 w. À partir de là, 
c'est-à-dire sur une hauteur de 7 & à 7,5 u., le cytoplasma est franchement 
réticulé : les lignes intercellulaires sont représentées par des lamelles de 
cytoplasma granuleux et hématoxylinophile qui se colorent comme la zone 
basale ; il en est de même de quelques trabécules radiées qui se trouvent du côté 
interne des noyaux. Les lignes intercellulaires et les trabécules qui ont l’épais- 
seur des traits du micromètre oculaire vus à l'objectif à immersion émettent 
sur leurs faces des ramuscules nombreux, dix à vingt fois plus minces, et 
présentant les mêmes caractères microchimiques. En se divisant, en se 
subdivisant et en s’anastomosant, ces ramuscules déterminent la formation 
d'un système alvéolaire ou réticulé dont les mailles épaisses d’un demi y ou 
de 1 y vont s’élargissant vers l'extrémité libre où elles atteignent jusqu’à 2 v. 
Le protoplasma contenu dans ces mailles est homogène (hyaloplasma) et se 
colore en brun par la vésuvine, en jaune par l’acide picrique. Réticulum 
granuleux ou chromophile et hyaloplasma constituent une masse continue. 

B. Pancréas humain. — Les culs-de-sac glandulaires ont des dimensions et 
une structure analogues à celles du chat; les noyaux ont même forme, même 
taille, et occupent la plupart la base de la cellule. Le protoplasma de la por- 
tion supra-nucléaire de la cellule est haut de 7 à 8 4 et se compose : 1° d’un 
système alvéolaire ou réticulé de filaments hématoxylinophiles ou chromo- 
philes ; 2 d'hyaloplasma contenu dans les mailles ou alvéoles et avide de vésu- 
vine ou d'acide picrique. Les mailles de l’extrémité libre semblent un peu 
plus larges que chez le chat, car elles contiennent des corpuscules bruns ou 
jaunes (grains de sécrétion) qui mesurent 2,5 u ou 3 u. 

En résumé, le cytoplasma de la cellule pancréatique est constitué, dans son 
quart externe, par un protoplasma sombre, très finement granuleux, très 
avide d’hématoxyline, séparé par. fort peu d'hyaloplasma. Ensuite les 
granules hématoxylinophiles se disposent en trabécules ou filaments qui sont 
écartés les uns des autres par un hyaloplasma de plus en plus abondant, 
clair, homogène et lixant la vésuvine ou l'acide picrique. Plus on approche 
de l'extrémité libre de la cellule, plus augmente l'hyaloplasma; mais les 
parois alvéolaires ou filaments du réticulum chromophile continuent à persister 
jusqu'à l'extrémité libre et à enclore l’hyaloplasma, lequel simule à ce niveau 
des grains de sécrétion. 


Résultats et critique. — Comme les cellules épithéliales, comme les 


949 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


cellules conjonctives, cartilagineuses ou osseuses, le cytoplasma de la 
cellule pancréalique est structuré et comprend : 1° un protoplasma gra- 
nuleux ou chromophile qui y affecte la forme d'un système alvéolaire 
ou réticulé ; 2° un protoplasma homogène ou hyaloplasma. Tandis que, 
dans le quart externe de la cellule, le protoplasma chromophile constitue 
la masse principale, on voit, à partir de la limite interne du noyau, 
l'hyaloplasma augmenter et former des champs de plus en plus étendus 
qui continuent à être séparés par des filaments chromophiles jusqu'à 
l'extrémité interne de ia cellule où ils représentent des granules connus- 
sous le nom de grains de sécrétion. 

En ce qui concerne la structure de la cellule pancréatique et l'origine 
des grains de sécrétion, nos résultats diffèrent ainsi de ceux des auteurs. 
Ceux qui se bornent à signaler, dans la zone basale, des filaments 
sinueux (végétatifs, ergastoplasmiques ou des chondriocontes), et, dans 
la zone interne, des grains de sécrétion, éludent la question. Quant aux 
autres, qui font dériver les grains de sécrétion des filaments ergasto- 
plasmiques ou des chondriocontes et considèrent l’ « apparato retico- 
lare » ou le système alvéolaire comme formé par un protoplasma diffé- 
rent de celui des chondriocontes, ils font une double méprise. Grâce 
aux colorations précises et doubles, il est facile d'établir les faits sui- 
vants: la zone basale ou externe est constituée par du protoplasma 
finement granuleux et hématoxylinophile et fort peu d'hyaloplasma ; à 
partir de la région nucléaire, le protoplasma hématoxylinophile ou 
chromophile se dispose en alvéoles ou prend la forme réticulée, parce 
que l’hyaloplasma vésuvinophile ou picrophile augmente, et finit par 
figurer, du côté de l'extrémité libre, des grains qui continuent à être 
vésuvinophiles ou picrophiles. Si ce fait montre déjà suffisamment la 
filiation de l'hyaloplasma et des grains de sécrétion, il faut y ajouter la 
persistance des filaments du réticulum chromophile qui ne cessent de 
circonscrire et d’englober l’hyaloplasma ou les grains de sécrétion 
jusqu'à l'extrémité libre. À notre avis, les chondriocontes ne repré- 
sentent, dans la cellule pancréatique, que des trabécules isolées de la 
charpente réticulée; nous sommes déjà arrivés au même résultat pour 
ce qui est des chondriocontes de la cellule cartilagineuse (4). 

La structure originelle des diverses espèces de cellules est toujours 
la même : charpente alvéolaire ou réticulée et hyaloplasma. Les diffé- 
rences ultérieures sont dues essentiellement à l’évolution variable de 
l'hyaloplasma : dans la cellule conjonctive, l’hyaloplasma élabore des 
fibrilles conjonctives ou collagènes ; dans les cellules cartilagineuses ou 
osseuses, la masse amorphe de l1 substance fondamentale. Dans la 
cellule épithéliale qui devient cornée, c'est l'hyaloplasma qui se kérali- 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 28 décembre 1907, p. 783. 


FER RENE 


SÉANCE DU 3 Mai 943 


\ 


nise; quant à la cellule muqueuse, c'est encore son hyaloplasma qui 
devient mucigène, puis substance muqueuse, pendant que son réli- 
culum chromophile se désagrège en particules hématoxylinophiles. 
Conclusion. — Le cyloplasma de la cellule pancréatique est structuré 
et comprend un système alvéolaire ou réticulé et de l'hyaloplasma. 
L’ « apparato reticolare » correspond à la portion interne de ce système, 
comme les « filaments végétatifs » ou chondriocontes en représen- 
tent les trabécules les plus épaisses. Le système alvéolaire n’est pas du 
protoplasma banal; il se compose d’un protoplasma figuré, finement 
granuleux et très chromophile. Ses ramuscules anastomoliques s’éten- 


dent jusqu'à l'extrémité interne de la cellule où ils se désagrègent en 


granules hématoxylinophiles, pendant que l’hyaloplasma se transforme 
en grains de sécrétion vésuvinophiles ou picrophiles. 


MÉCONNAISSANCE FRÉQUENTE DE L'Oidium lactis FRESENIUS, 
SAPROPHYIE FACILEMENT IDENTIFIABLE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX, 


par FERNAND GUÉGUEN. 


Parmi les nouveaux champignons signalés au cours de ces dernières 


* années comme parasites humains, il en est bon nombre dont la validité 


+ 


est des plus contestables. Certains descripteurs, dont le zèle scientifique 
méconnait parfois trop visiblement les notions les plus élémentaires de 
la botanique et même de la mycologie, semblent avoir pris à tâche 
d'introduire la confusion dans les données les plus simples et les faits les 
mieux établis. 

Au temps où la science se bornait à des descriplions purement mor- 
phologiques, non accompagnées, pour la plupart, de données numériques 
et de dessins, il était très excusable de rééditer plusieurs fois une même 
espèce sous des noms différents ; mais les moyens actuels d'investigation 
expérimentale et bibliographique, méthodiquement appliqués, devraient 

rendre presque impossibles ces stériies répétitions. L'exemple de ce qui 
se passe pour l'Oidium lactis va nous montrer qu'il n’en est rien. 

La moisissure décrite pour la première fois par Desmazières (1) sous 
le nom de WMycoderma malti Juniperini, mais presque exclusivement 
connue actuellement sous le nom d’Oidium lactis Fresenius (2), est un 
Saprophyte très banal des matières les plus diverses (préparations lactées, 


(1) Ann. Sc. nat., 1826. 

(2) Beitr. zur Mykol., 1852. Synonymes : Chalara Mycoderma Bonorden, 1851; 
Oidium albicans Ch. Robin, 1853 (pro parte) ; Mycoderma lactis butyri Desma- 
zières, 1860, etc. 


944 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


marcs végétaux, elc.). On le trouve pour ainsi dire constamment dans 
l'intestin de l'Homme et de divers animaux (Lapin, Cobaye, etc.); on 
l'obtient à coup sûr en conservant pendant quelques jours au laboratoire 
les expectorations des malades ; il existe toujours sur les téguments des : 
personnes qui manipulent les produits de laiterie. Rien d'étonnant à ce 
que, dans certaines circonstances, ce saprophyte se multiplie abondam - 
ment (tube digestif de personnes soumises au régime lacté, cavernes 
pulmonaires, érosions consécutives, la macération cutanée chez les per- 
sonnes peu soigneuses, efc.). Mais son rôle parasitaire (présence de 
lésions typiques, inoculation de quantités modérées à des animaux-de 
laboratoire) n’a jamais été démontré. Pour notre part, toutes Les tenta- 
tives de cette nature faites soit par nous, soit sous nos yeux et dans des 
conditions expérimentales irréprochables, ont constamment échoué. 

Quant à la position systématique du champignon, elle est, actuelle- 
ment du moins, impossible à déterminer. L’Oidium lactis Fres., si 
l’on met à part les subtilités de certains descripteurs, n’est pas autre chose 
qu'un mycélium stérile, dont le facies et les caractères biologiques per- 
mettent toujours, il est vrai, l'identification certaine. Les hyphes cloi- 
sonnées, élalées, irrégulièrement ramifiées à angle aigu, se disloquent 
vers leurs extrémités en articles oblongs, à profil de rectangle à coins 
arrondis, de dimensions variables (moyenne 5 X 10 p). Rp: 

Entre autres caractères biologiques aisément vérifiables, l'Oidium 
lactis donne sur la carotte, milieu de choix, une culture abondante 
d’abord duveteuse, puis chagrinée, plissée, luisante; ‘il liquéfie tardi- 
vement (un mois et plus) la gélatine, et forme sur le bouillon des voiles 
membraneux successifs, qui s'accumulent en grand nombre au fond du 
liquide. 

Cet ensemble de caractères se retrouve dans tous les Oidium isolés, 
sous divers noms, de l’homme et des animaux. [Il en est ainsi, en parti- 
culier, et cela sans le moindre doute, pour l’ « agent de la mycodermose 
intestinale » récemment décrit avec soin par À. Le Dantec (4). De même, 
les Oidium de Cao (2), de de Beurmann, Gougerot et Vaucher (3), de 
Balzer, Gougerot et Burnier (4), l'Oidium pulmoneum Saccardo, tel qu’il 
a été décrit de nouveau par Jannin (5), et enfin les deux Mycoderma 
Bogolepoffi du même auteur (6) ne sont autre chose que l’Oidium lactis: 

Il y aurait beaucoup à dire sur le choix des noms tour à tour pro- 
posés pour cette forme mycélienne, dont le nom usuel d’Oidiun laciis 


1) Réun. biol. de Bordeaux, 11 février 1913. 

2) Zeitschr. f. Infectsk., 1900. s 

3) Rev. de médecine, 1910. 

4) Ann. de dermat. et de syph., 1912. 

5) Thèse de médecine, Nancy,mars1913; planche microphotographique, p. 25%. 
| 


( 
( 
( 
( 
( 
(6) Ibid., pp. 187-189. 


SÉANCE DU 3 MAI 945: 


est d'ailleurs impropre, et pour laquelle celui de Mycoderma (1) ne vaut 
guère mieux. Nous ne désirons, pour le moment, que mettre en garde 
les pathologistes contre ce saprophyte. Bien qu’il soit absolument 
dépourvu d'organes reproducteurs différenciés, ses caractères morpho- 
logiques et biologiques offrent une telle constance qu'il n’est plus 
permis de méconnaître sa véritable identité. 


DIAGNOSTIC DE L'ANAPHYLAXIE ALIMENTAIRE AUX MOULES PAR L'ÉPREUVE 
DE L'ANAPHYLAXIE PASSIVE PROVOQUÉE: CHEZ LE COBAYE, 


par Cu. FLANDIN et TzancK. 


L'un de nous a montré avec M. Achard (2) les services que peut 
rendre, pour l'appréciation de l’état anaphylactique vis-à-vis d'un sérum 
hétérogène, l'épreuve de l'anaphylaxie passive provoquée chez le 
cobaye. En injectant dans le péritoine d'un cobaye 2 à 5 c.c. de sérum 
du sujet soupconné d’anaphylaxie, on sensibilise ce cobaye dans les cas 
où le malade est lui-même en état d'anaphylaxie ; si l'injection d’épreuve 
faite le lendemain dans les veines ou dans le crâne du cobaye, avec le 
sérum thérapeutique qui a servi chez l'homme, déchaïne des accidents 
de choc, on peut admettre que le sujet est exposé, du fait d'une réin- 
jection, à des accidents anaphylactiques. En pratique, cette méthode a 
donné des renseignements précieux, jusqu'ici toujours conformes à 
l'expérience clinique. 

Nous avons eu l’occasion, dans le service de M. J. Darier, d'appliquer 
cette méthode au diagnostic d’un cas d’anaphylaxie alimentaire par les 
moules. 

Voici l'observation résumée du malade : 


P..., inspecteur de police, âgé de vingt-six ans, mange, pour la première 
fois de sa vie, à la fin de janvier 1913, des moules. Il ne présente aucun 
accident. 

Le 4 mars, le soir, il mange à nouveau des moules. 

Dans la nuit du &# au 5 mars, il est pris d’un prurit intense, de sensation de 
vertige, de dyspnée. Il ne vomit pas et n’a pas de diarrhée. 

Le:5 mars, au réveil, il constate sur tout le corps une éruption rouge: et 
boutonneuse. 

Cette éruption persistant, il vient le 10 mars à la policlinique de M. Darier, 


(4) Vuillemin, in thèse Jannin, passim. 

(2) Ch. Achard et Ch. Flandin. Diagnostic de l’anaphylaxie humaine par 
l'épreuve de l’anaphylaxie passive provoquée chez le cobaye. Comptes rendus 
de la Soc. de Biologie, séance du 9 novembre 1912, t. LXXIIL, p. 419. 


946 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


‘ 


où l’on constate une urticaire, généralisée à tout le (écument, avec de nom- 
breuses traces de grattage. 

Aucune autre cause que l’intoxication par les moulesne peut étre reconnue 
à cette éruption. 


D’après les conditions étiologiques et cliniques, on peut, chez ce 
malade, affirmer le diagnostic d’anaphylaxie alimentaire due aux 
moules. 

Le 10 mars, nous injectons, dans le périloine de deux cobayes de 
500 grammes environ, respectivement 1! et 2 c.c. de sérum du malade. 

Le lendemain, nous pratiquons à chacun de ces cobayes une injection 
d'épreuve dans la veine du bras avec un extrait de moules fraîches. 

L’extrait fut préparé en broyant des moules fraiches au broyeur 


Latapie. Après centrifugation de 1h. le liquide surnageant fut étendu . 


de six fois son volume d’eau chlorurée à 7,5 p. 1000. 

Le cobaye, sensibilisé avec 1 c.c. de sérum du malade, recoit 1/2 c.c. 
d'extrait. Au bout de 3 minutes, il a une démarche ébrieuse, tousse, se 
gratte avec frénésie, émet des urines et des matières, a une vive 
dyspnée. Il se remet au bout de 20 minutes. 

Le cobaye sensibilisé avec 2 c.c. de sérum du malade recoit 1 €.c. 
d'extrait. Il présente après 3 minutes les mêmes phénomènes que le 
premier, mais plus marqués, et, après quelques soubresauts convulsifs, 
roule sur le côté, bat l’air de ses pattes et meurt en 15 minutes. 

Chez deux cobayes neufs, pris comme lémoins, l'injection de doses 
d'extrait supérieures à la dose mortelle (1/2 et 2 c.c.) n'ont amené 
qu'une très minime dyspnée pendant quelques minutes, sans aucun 
aulre signe. 

Chez un cobaye neuf, l'injection de 1 c.c. du liquide surnageant avant 
dilution — quantité correspondant à 6 c.c. d'extrait — amène la mort 
immédiate, avant qu'on ait retiré l'aiguille, probablement par embolie 
due à un liquide trop épais. 

Le fait de la mort immédiate différencie netlement la mort acci- 

dentelle des accidents dus à la toxicité anaphylactique ; dans ces der- 
niers, il y a toujours un intervalle plus ou moins longentre do et 
le début des phénomènes de choc. 
_ Notre expérience montre que la méthode peut, dans le cas d’anaphy- 
laxie alimentaire, transmettre l'anaphylaxie passive au cobaye et que 
l’antigène responsable de l’anaphylaxie a peu d'importance. La méthode 
que nous avons employée est donc d'ordre général. 


(Travail du laboratoire de M. J: Darier, à l'hôpital Saint-Louis.) 


SEANCE DU 3 MAI 947 


MESURE DU POUVOIR GLYCOLYTIQUE PAR L'ÉTUDE DE L'ÉLIMINATION AZOTÉE 
7 


. par H. MAGxe. 
X 

Un animal normal à l’état d'entretien consomme surtout, pour l'exé- 
eution de son travail physiologique, l'espèce alimentaire qui prédomine 
dans sa ration. Pendant le jeûne, il détruit des albuminoïdes et des 
graisses et, s’il ingère une espèce alimentaire quelconque (albuminoïde, 
graisse ou hydrate de carbone), il utilise immédiatement l'aliment qui 
lui est offert, il met même l'excédent en réserve pour s'en servir dans la 
suite selon ses besoins à la place et non en supplément d'une quantité 
physiologiquement équivalente de ses propres tissus; il n’y à pas consom- 
mation de luxe, mais épargne. 

Cette loi très générale dans son principe est-particulièrement évidente 
avec les hydrates de carbone. Si l’on donne à un organisme normal à 
jeun une certaine quantité de glucose, il y aura, par conséquent, aussitôt 
après l’absorption, oxydation de ce sucre en épargne de la graisse et de 
l’'albumine détruites pendant le jeûne et, si la ‘quantité donnée est trop 
forte pour être utilisée immédiatement, mise en réserve (1). Enfin, si le 
glucose est absorbé en trop grande quantité, si les pouvoirs utilisateur 
et de mise en réserve (qui vont généralement de pair) sont débordés, 
il y aura glycosurie alimentaire. Ce symptôme se produit d'autant plus 
facilement que les deux pouvoirs précédents sont plus diminués sous 
Pinfluence de causes diverses. Depuis longtemps il est utilisé en clinique, 
mais il n’est pas le seul, ni le plus important, ni le plus immédiat de 
l'insuffisance glycolytique de l'organisme ; elle entraine aussi la dimi- 
nution ou la suppression de l’action d'épargne. Ce dernier signe est 
également plus précis (2) que le premier qui revient à mesurer la conte- 
nance d’un réservoir par le débit de son trop-plein. 

Aussi, récemment, MM. Ch. Achard et G. Desbouis (3) ont-ils proposé 
de remplacer l'épreuve de la glycosurie provoquée par l'examen des 
variations du quotient respiratoire, c'est-à-dire par la constatation 
indirecte de l’action d'épargne globale du DRnisése sur les albuminoïdes 
et surtout sur les graisses. 

Nous nous sommes demandé s'il ne serait pas possible et plus avan- 


(1) Les deux opérations sont évidemment simultanées, il est seulement 
commode de les dissocier pour l’analyse. 

(2) Et plus général, il peut s’appliquer à l'étude du métabolisme des graisses 
et des albuminoïdes qui ne s’éliminent pas en nature par l'urine. 

(3) Ch. Achard et G. Desbouis. Recherche clinique de l'insuffisance glycoly- 
tique par l'étude du quotient respiratoire. Comptes rendus de la Soc. de Bio- 
logie, 22 février 1913. — Recherche de l'insuffisance glycolytique par inges- 
tion de petites doses de glucose. Ibid., 15 mars 1913. 


948 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tageux de constater directement l'influence des hydrates de carbone 
ingérés sur la dépense azotée du jeûne. Ils ont sur l'albumine une 
action d'épargne puissante et rapide que l’on peut mettre nettement en 
évidence avec des doses très faibles. 


Au sujet, à jeun depuis un temps suffisant (12 à 15 heures pour l'homme), 
on administre une dose convenable de glucose ; on recueille l’urine à inter- 
valles réguliers et on y dose l'azote total. On peut, construire la; courbe. de: 
l'élimination azotée et en suivre ainsi facilement la marche. 

Exemples. — 1° Homme normal, 90 kilogrammes, au repos, à jeun depuis, 
13 heures. Ingestion (en G) de 20 grammes de glucose dans 60 c. c. d’eau. 
Azote éliminé toutes les 15 minutes en milligrammes : 

8% — 93 — G — 111 — 109 — 107 — 57 — 73 — 711 — 88. 

Épargne maxima : 88,5 — 57 — 31,5 pour 15 minutes, soit : 35 p. 400, au 
bout d’une heure ; 

20 Même sujet, même dose : 

163 — 153 — G — 169 — 168 — 153 — 119 — 116 — 102 — 121 — 134 — 138. 

Épargne : 158 — 102 — 56 pour 15 minutes, soit : 35 p. 400, au bout 
d’une heure 30 ; 

3° Chien normal, 22 kilogrammes, au 11° jour du jeûne. Injection sous- 
cutanée de 5 grammes glucose. Azote en milligrammes par heure : 

195 — G — 180 —. 128 — 195. 

Épargne : 34 p. 100 ; 

40° Chien normal, 12 kilogrammes, au 20° jour du jeûne. Injection sous- 
cutanée de 15 grammes glucose. Azote en milligrammes par heure : 

163 — G — 220 — 92 — 186. 

Épargne : 43 p. 100 (1). 


Nous nous proposons de rechercher les limites de sensibilité de la 
méthode et de l'appliquer à l'étude de l'insuffisance glycolytique. 


(Laboratoire de Physiologie de l'Ecole d'Alfort.) 


L'EOSINOPHILIE DES PROSTATIQUES 
(Première note), 


par L. MorREL et H. CuHABANIER. 


I. — Nos recherches ont porté sur le sang de 20 prostatiques. Dans le 
sang de 18 d’entre eux nous avons constaté la présence de polynucléaires 
éosinophiles, en quantité supérieure à la normale, de 3 à 14 p. 100 
(tableau I). 


(1) Comme: on le voit par cette expérience ainsi que par les nes { et 2, une 
augmentation précède souvent la diminution de l’excrétion azotée: 


= 

(=) 
HS 
Se € 


‘(007 ‘d) sertydouisorr 


: (oor “d) soy{ooudur£r 


[eæ) 
(e] 


(007 ‘d) Soneopontouour Spueitn 


— 
— 


(007 ‘d) Sortesponuouour suo Lo 


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(007 ‘d) Soureppouu{1o4 


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950 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


IT. — L'éosinophilie des proslatiques, indépendante des affeclions 
(cutanées, parasitaires, etc.)et des médications (iodures, bromures, etc.), 
semble en rapport avec la présence dans l'organisme de ia « prostate 
hypertrophiée ». Elle disparaît lorsqu'on enlève l’adénome péri-urétral, 
et ne reparaît pas dans les semaines qui suivent (tableau Il). 

IIT. — Chez tel prostatique qui la présentait, l’éosinophilie disparaît à 
l'occasion d’un incident intercurrent (fièvre, hématurie, elc.). Elle 
reparait lorsque l'incident a cessé (tableau III). 


TaBLeAU III. — Disparition momentanée des éosinophiles chez les prostatiques. 


LEUCOCYTES 
Avant Incident: Après Avant .| Incident : Après 
l'incident FIÈVRE |[l'incident.|l'incident.| HéMATuRr1E|l'incident. 


|| Polynucléaires p. 100 . .| * 69 80. 


|| Moyens mononucl. p. 100 . 20 


|| Grands mononucl. p. 100 . 6 
Lymphocytes p. 100 . . . 0 
Eosinophiles p. 100 . . . 4. 


IV. — La formule des sujets atteints de cancer de la prostate est 
différente de celle de l'hypertrophie prostatique. Le taux des éosino- 
philes, notamment, est, ici, inférieur au taux normal (tableau IV). 


Tagceau IV. — Formule leucocytaire dans le cancer de la prostate. 


A4 


Par millimètre|13.400|29.700 
| cube. 
pubauteanes 81 »| 93 »|8 ) É 9 : 2 »|87.5184.5185 »|82 »|84 »|91 » 
| p. 100. 
Moyens mono.| 10 » 6.0| 8. 5. : 5115 »|10 »|14 »| 7.9] 9.0| 6.2 
p. 100. ; 
Grands mono. 0.3| 6.0| 3.0| 4.0| 13 DE 2 01225 410488)0026 25 0) 6 0) RM 
p. 100. 
Rare 1.3 1.0/1 à: 2 .-6| 1.0! 0.0 | 0.8| 0.6| 0.5] 2.9| 1.2 
P- ; 
Eosimophiles 0.3 0.0| O. ue Ë RE .0| 0.25] 0.0| 0.0! 1.0| 0.6| 0.7 
p- 100. 


V. — Au tolal, entre aulres divergences, les deux formules inscrivent 
un chiffre d'éosinophiles supérieur à la normale dans l'hypertrophie, 
inférieur à la normale dans le cancer de la prostate. Nous nous gardons, 
du reste, de voir dans cette dissemblance une indication diagnostique 
spécifique, car nous avons observé un cas de cancer de la prostate avec 


SÉANCE DU 3 MAI 951 


grosse éosinophilie, el deux cas d'hypertrophie de la prostale sans 
éosinophilie. 


(Laboratoire d'urotodée expérimentale de la Clinique des maladies des 
voies urinaires, professeur Lequeu.) 


SUR LE DOSAGE DE L'URÉE PAR L'HYPOBROMITE, 


par L. GRimBERT et M. LAupar. 


Le dosage de l’urée par l'hypobromite a donné lieu récemment à une 
cérie d'observations dont les résultats inattendus sont venus jeter le 
trouble dans les esprits. Les uns (1) ont soutenu que le rendement en 
azote n’était pas proportionnel à la teneur de la solution en urée et 
qu'il s’abaissait d'autant plus que la concentration uréique était plus 
faible; d’autres (2) ont accusé le mercure de décomposer l’hypobromite 
en provoquant un dégagement gazeux continu qui vient fausser les 
résultats. 

De telles affirmations nous ont paru valoir la peine d'être contrôlées 
avec soin; c’est à quoi tendent les expériences suivantes : 

Nous sommes partis d'une solution d’urée pure dont nous avons 
déterminé le titre par la méthode de Kjeldhal : elle renfermait exacte- 
ment 2 gr. 025 d'urée par litre. C’est cette solution qui nous a servi à 
préparer des dilutions de plus en plus faibles, mais, afin de ne pas 
introduire des sixièmes décimales dans l'expression de nos prises 
d'essai, nous parlerons de dilutions à 2, à 1, à 0,50, à 0,10 p. 1000, 
étant bien entendu qu'il s'agit, en réalité, de 2,025, de 1,0195, de 
0,506%5, etc., p. 1000, et nous tiendrons compte du chiffre réel dans 
nos résultats. 


Nous avons opéré sur le mercure, soit en employant un uréomètre à tube 
élroit gradué en vingtièmes de centimètre cube et que nous avons fait 
construire spécialement pour cet usage, soit en nous servant de cloches 
spacieuses pouvant être maniées sur une cuve à mercure de Doyère; dans ce 
cas, l'azote dégagé était transvasé au moyen d’une pipette de Sallet dans un 
tube étroit gradué également en vingtièmes de centimètre cube. Les uréo- 
mètres ou le tube gradué étaient ensuite portés dans une grande éprouvette 
pleine d’eau où plongeait un thermomètre et la lecture du volume gazeux 


(4) Grigaut et Brodin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXII, 
p. 458, 1912. 

Moog. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 325, 1913. 

(21 Ambard et Hallion, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXII, 
p. 435, 1912. 


952 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


était faite une demi-heure après, en notant la température de l'eau et la 
pression barométrique. 

Dans chaque opération, nous versions dans l’uréomètre un volume d’hypo- 
bromite (formule Yvon) égal à celui de la prise d'essai; pour les prises infé- 
rieures à 5 C.c., nous avons toujours fait agir un volume constant de 5 c.c. 
d'hypobromite. 

Aussitôt le mélange effectué, on le soumettait à trois reprises à une agita- 
tion énergique, de manière à diviser finement le mercure. Un quart d'heure 
après, l’'uréomètre était porté sur l’éprouvette à eau. 


Nous avons fait ainsi plus de 150 observations dans des conditions 
variables de pression et de température avec des prises d'essai com- 
prises entre 0,5 et 10 milligrammes. Les volumes gazeux dégagés ont 
toujours été d’une constance remarquable. 

Ne pouvant reproduire ici tous nos chiffres, nous nous contenterons 
d'exposer les résultats d’une série d'expériences qui offrent l'avantage 
d’avoir été exécutées le même jour, à la même température et à la même 
pression et qui est le reflet exact de l’ensemble de nos recherches. 

Dans le tableau suivant, les prises d'essai sont exprimées en milli- 
grammes. V — le volume d'azote dégagé, observé à la température de 
+13 degrés et à la pression de 752 millimètres; V° — le volume précé- 
dent ramené par le calcul à 0 degré et à 760 millimètres. Le volume 
théorique a été calculé en tenant compte, comme nous l'avons dit plus 
haut, que notre solution renfermait 2,025 durée par litre au lieu de 
2 grammes. Dans ces conditions, quand nous disons que notre prise 
d'essai est de 10 milligrammes par exemple, elle est en réalité de 
0,010195 et le chiffre théorique d'azote qui y correspond est de 3,75 c.c. 
au lieu de 3,71 c,c., et ainsi de suite. 


Temp. — 13 degrés H — 752 millimètres. - 

URÉE r To : RENDEMENT 
(milligr.) À D FRERE p. 100. 
10 » DICO) 3 1C-1C-MO2/ DCR ES UE) 96,7 

> » ace 1e cs IE GTS 99,0 

4 » 1#c1c-"00 1 ce. ÆAS8T INCAC 450 CE 

2 » 0 c.c. 85 ONCACANIO ONCE _ 405,0! 

L » Oùc-c."45 0 c.c. 418 OC. c- "375 AL, 4 

0,5 Dee 2 OMC \c232 OMC cb 123611 


1 


Il est évident que, pour obtenir de tels résultats, il a fallu qu'un gaz 
étranger soit venu s'ajouter à l'azote provenant de la décomposition de 
l’urée. C’est, en eflet, ce qui se passe, el le gaz en question n'est autre 
chose que de l'oxygène qui se forme toujours au sein des solutions 
d'hypobromite, comme il s’en forme également dans les solutions 
d'hypochlorite, sous l'influence des radiations lumineuses. Ce fait bien 
connu avait été signalé par Yvon dans sa première note sur le dosage 


SÉANCE DU 3 MAI 953 


— de l’urée par l’hypobromite (1), mais il admettait que la quantité d’oxy- 
gène ainsi dégagé était négligeable. Cela est vrai pour le dosage de 
l’urée dans l'urine où le volume d’azote recueilli atteint toujours 
plusieurs centimètres cubes; il n'en est plus de même quand il s'agit 
d'apprécier des dixièmes ou des fractions de dixième de centimètre 
cube ; l'erreur, dans ce cas, peut atteindre 20 p. 100. 


Quand on agite vivement dans un uréomètre à mercure une solution d'hy- 
pobromite étendue de son volume d’eau, on constate la formation de fines 
bulles de gaz qui se rassemblent bientôt, mais dont le volume au bout d’une 
demi-heure ne depasse pas un vingtième de centimètre cube (0 c.c. 05). 
L'expérience continuée pendant vingt-quatre heures nous a donné seulement 
de 0,10 à 0,15 c.c. de gaz; un tube gradué rempli d’hypobromite et renversé 
sur le mercure, «après treize jours et de fréquentes agitations, n’a fourni que 

0,60 c.c. de gaz qui a été reconnu pour de l'oxygène. 


Le mercure n'agit pas par lui-même dans la réaction et n'intervient 
que pour faciliter la mise en liberté du gaz par suite de l'extrême 
division du liquide provoquée par l'agitation. On obtient d’ailleurs les 
mêmes effets, quoique un peu plus faibles, en opéran!l sans mercure, 
avec des perles de verre. 

L'’oxygène qui se sépare est vraisemblablement en dissolution dans 
l’hypobromite et, une fois mis en liberté, il n’y a pas à craindre qu'il ne 
se reforme aussitôt, du moins d’une manière appréciable. Par consé- 
quent, on peut admettre que l'erreur provenant de ce fait est sensi- 
blement constante pour des volumes d’hypobromite compris entre 5 et 
10 c.c.; un grand nombre d'essais nous permettent de l'évaluer à 
0/05:C.C. 

Nous proposons donc, à titre de correction, de retrancher de chaque 
lecture le volume constant de 0,05 c.c. 

Cette correction appliquée aux données précédentes a fourni les 
résultats suivants qui justifient entièrement son emploi : 


Temp. — 13 degrés. H — 752 millimètres, 

URÉE V Vo HTÉ RENDEMENT 
(milligr.) DHÉQRIE p. 100. 
10 , SICIC- 0 SCC ON ACC 95,3 

5 » APE) IRCAC 615 INC. 8115 96 

4 » CAC 255 ANCAC-M02 1 c.c. 500 955% 

2 » 0 c.c. 80 D'1C:c:7 743 OC. c: 450 99,0 

L >» 0 c.c- 40 OÉCACRS TA DFcAT SA 98,9 

0.5 0 c.c. 20 0 c.c. 185 EME ES Met 98,9 


Ces expériences préliminaires montrent déjà que, contrairement à ce 
qui à été dit, le mercure, en attaquant l'hypobromite, ne provoque 


(1) Yvon. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. AV, p. 247, 1872. 


954 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


= — 


aucun dégagement gazeux continu et que le rendement en azote est’ 
bien proportionnel à la teneur de la solution en urée. 

Dans une prochaine note, nous reviendrons en détail sur ce sujet et 
nous nous occuperons de la question du dosage pratique de petites 
quantités d’urée par l'hypobromite. 


Le GUNDI, NOUVEL HÔTE pu Vemalodirus filicollis (Run.), 


par L.-G. SEURAT. 


Nous devons à l’obligeance de M. Weiss, de Djerba, l'envoi de 
Nématodes recueillis dans le tube digestif du Gundi (Ctenodactylus 
gundi Pallas), singulier petit Rongeur particulier à la faune saharienne. 

Parmi ces Nématodes, l’un, le Strongle filicol, signalé jusqu’à présent 
comme habitant exclusivement l'intestin des orne a immédiate- 
ment retenu notre altention. 

Le Nematodirus filicollis (Rud.) provenant de l'intestin du Gundi pré- 
sente la plus grande similitude avec celui du Mouton et du Dromadaire ; 
nous allons toutefois donner, à l’appui de cette assertion, ses principaux 
caractères : 

Le corps, qui mesure 215 à 2225 chez la femelle, 125 à 13225 chez 
le mâle, est longuement effilé dans sa partie antérieure. L'extrémité 
céphalique est finement striée transversalement sur une longueur de 
125 & et munie d'un léger renflement vésiculeux également strié. Le 
tégument est marqué de 18 arêtes longitudinales (rès netles. Pas de 
papilles cervicales apparentes. Pore excréteur ventral, situé immédiale- 
ment en arrière de la limite postérieure de l’œsophage.. 

Femelle. — Longueur totale 215 à 22®n5 : épaisseur au niveau de 
la vulve 288 à 290 s ; épaisseur du corps ta en arrière de 
celle-ci 204 à 216 L; longueur de la queue (sans la pointe terminale) 
95 à 100 L; la pointe elle-même mesure 8 . OEsophage, entouré vers les 
5,7 de sa longueur par l’anneau nerveux, mesure 525 à 670 x. Vulve 
située chez un individu de 2155 à 6 millimètres de la pointe caudale. 

Ovéjecteur : longueur totale du vestibule et des deux sphinciers 
420 à 480 L; chacune des trompes mesure 195 pu. 

OEufs mûrs énormes, à coque d'une épaisseur uniforme (4 1), longs 
de 217 à 260 y sur 95 à 1104 de largeur, à membrane vitelline très nette, 
en voie de segmentation généralement avancée (1) dans les utérus. Ils 
sont accolés par leurs parois lalérales et disposés en une seule rangée à 


(1) Dans certains cas, les œufs les plus avancés dans leur évolution soit à 
l’état de morula à deux blastomères. 


SÉANCE DU 3 MAI 955 


l’intérieur de ceux-ci : l’utérus antérieur renferme 20 à 25 œufs, l'utérus 
postérieur sensiblement le même nombre; toutefois. chez trois individus, 
le nombre des œufs s’est montré beaucoup plus faible, à savoir 13, 16 
et 22 (ce nombre oscille entre 13 et 32 chez le Stronglefilicol du Mouton 
et entre 25 et 27 chez le Strongle filicol du Dromadaire). 

Mäle. — Longueur totale 12r%5 à 13%%5, épaisseur maxima 95 y. 
Longueur de l’œsophage 500 &. Spicules longs de 12040, libres dans 
leur région antérieure, réunis par une membrane sur les 3/5 de leur 


| 
Bursa du £trongle filicol du Gundi, vue par la face ventrale. 


longueur; à leur extrémité libre, cette membrane est dilatée et forme 
comme une spatule. 

Bursa formée de deux lobes latéraux très amples et d’un lobe dorsal 
fortement échancré en son milieu (1), en sorte que ce dernier est réduit 
à deux lobules soutenus chacun par une papille neuro-musculaire (côte 
dorsale ou postérieure), bifurquée à son extrémité, la branche extérieure 
étant un peu plus longue etrecourbée en dehors. Côtes externo-dorsales 


(4) Pour Railliet et Henry (Bull. Soc. Pathol. exotique, 1912, p. 37), ce 
lobule dorsal est caractéristique du Nematodirus spathiger Raïll., tandis qu'il 
manque chez le N. filicollis. Si l'on adopte cette opinion, le Nématode du 
Gundi, ainsi que le Strongle filicol que nous avons trouvé en Algérie, chez le 
Mouton et le Dromadaire, doiveut être rapportés au N. spathiger. 


Biococre. COMPTES RENDUS. —= 1913. T. LXXIV. 66 


956 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


grêles ; la disposition des autres papilles est la même que chez la forme 
du Mouton. 

Habitat : intestin du Gundi, Matmata (Tunisie), février 1913 
(A. Weiss). 


SUR LES DÉLAIS DE RÉGÉNÉRATION DU VAGUE CHEZ LE RAT BLANC, 


par À. TOURNADE. 


Philippeaux a rapporté que les jeunes Rats et les jeunes Cobayes 
auxquels on coupe successivement les pneumogastriques survivent si 


on laisse s’écouler entre les deux sections un intervalle de temps qu'il: 


fixe à quinze jours. Cette survie lui semble la preuve ‘que le pneumo- 
gastrique d’abord interrompu s'est régénéré quand on supprime à son 
tour le second nerf. L'expérience ainsi conçue constitue une méthode 
indirecte pour fixer la chronologie de la régénération nerveuse. Vanlair 
l’a également utilisée dans ce but chez le chien. 

Mais la survie possède-t-elle la signification qu'on lui prête? Est-elle 
vraiment synonyme de régénération ? C’est pour le vérifier que j'ai repris 
ces recherches. 

Chez quatre jeunes Rats blancs et un adulte, j'ai coupé le pneumcgas- 
trique droit le 21 mars : les animaux n'en ont pas éprouvé le moindre 
trouble apparent, la plaie s'est réunie par première intention. 

Le 17 avril, soit 27 jours après, j'airecherché si l'excitation faradique 
des nerfs antérieurement sectionnés était capable d'arrêter ou de ralentir 
le cœur. Le résultat chez tous les sujets à été négatif; cependant l’ap- 
plication des électrodes sur le bout central du vague délerminait un arrêt 
net de la respiration. Le second vague a été alors sectionné. 

Les quatre rals jeunes ont présenté aussitôt des mouvements respira- 
toires plus amples et ralentis (entre 24 et 34), chaque inspiration s’ac- 
compagnant de l'ouverture de la bouche, d'une extension brusque de la 
tête et du tronc et de l’émission d’un cri rauque, stertoreux. L'un a suc- 
combé au bout de deux heures, les autres dans la nuit. 

À l’autopsie, on a trouvé surtout une congestion intense des poumons 
dontle parenchyme uniformément dense et noir coulait au fond de l’eau, 
le cœur contenait du sang veineux aussi bien dans ses cavités gauches 
que droites; la partie inférieure de l’œsophage et la tubérosité de 
l'estomac parésiées étaient modérément distendues par les gaz. 

Quant au Rat adulte, sa respiration sitôt après la seconde vagotomie 
a présenté aussi un ralentissement (à 36) et uneamplituderemarquables, 
mais sans stertor. Il a survécu trois jours. 

À l’autopsie, les deux poumons étaient sains, partout rosés, souples, 
sans foyer de congestion ni de broncho-pneumonie ; par contre, l'œso- 


- dé LE 


SÉANCE DU 3 MAI 957 


phage paralysé, dislendu, renfermait une masse allongée de poils feu- 
trés qui n'avaient pu franchir le cardia. L’estomac était vide. La mort 
vraisemblablement relevait de l’inanilion. 

Chez tous ces animaux, l'examen histologique des vagues après impré- 
gnation osmique a montré qu'ils étaient dégénérés dans leur segment 


périphérique, sans la moindre ébauche encore derestauration dans aucun 
d'eux. 


Conclusion. La survie du Rat blanc auquel on coupe les deux pneumo- 
gastriques successivement reste au moins aléatoire, même si on observe 
un délai d’un mois entre les deux interventions. 

Ce délai est insuffisant pour permettre à coup sûr la régénération ana- 
tomique et fonctionnelle du nerf simplement sectionné. | 


) 


(Laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Lyon.) 


SUR LA PERMÉABILITÉ DU RECTUM AUX ALBUMINOÏDES. 


Note de G. Sroïcesco, présentée par H. VALLÉE. 


Les fâcheuses réactions sériques produites chez l’homme par l'usage 
prolongé de divers sérums thérapeutiques ont conduit à la recherche 
d'une voie élective par laquelle les sérums introduits pussent être 
absorbés sans donner suite à des accidents anaphylactiques. 

L’innocuité bien établie de l'administration rectale des sérums encou- 
rage à utiliser couramment cette forme d'intervention, dont la valeur 
reste cependant discutée. 

Déjà Vallée et Finzi ont établi que les anticorps du sérum antituber- 
culeux, qu'étudie le premier de ces auteurs, sont absorbés par la 


_ muqueuse rectale chez diversés espèces, puisqu'on les retrouve à la 


faveur des réactions de précipitation dans le sérum de ces espèces (1). 
Bernard, Debré et Porak ont aussi montré que, chez l’homme, la pré- 
sence de l’albumine hétérogène dans le sang circulant, après lavement 
de sérum équin, est fréquente (2). | 

À notre tour, nous avons institué sur cette question une série d'expé- 
riences, nous proposant de rechercher par l'épreuve de l’anaphylaxie 
passive le passage par la muqueuse rectale des albumines introduites. 


(1) H. Vallée et G. Finzi. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXII, 
49114, 


(2) L: Bernard, R. Debré et R. Porak. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
t. LXXIII, 1942, p. 207. 


958 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nos essais ont porlé sur le chien et nous avons ulilisé le même sérum 
employé déjà par Vallée et Finzi, Bernard, Debré et Porak, pour leurs 
recherches. Voici, particulièrement démonstratives, deux de nos expé- 
riences : 

I. — Un chien de 13 kilogrammes reçoit par voie rectale 10 c.c. de 
sérum de cheval hypervacciné contre la tuberculose selon le procédé de 
Vallée. Huit heures plus tard, l'animal est saigné. Son sérum renferme 
les précipitines apportées par le lavement sérique puisqu'il précipite les 
dilutions de tuberculine. Ce sérum est, par ailleurs, injecté à 20 cobayes 
dans le but de les anaphylactiser. Ces animaux, éprouvés ensuite par 
voie veineuse, se révèlent hypersensibles au sérum de cheval, témoignant 
ainsi du passage de ce sérum à travers le rectum du chien. 

IT. — Un chien de 23 kilogrammes recoil, par voie rectale, 100 c.c. 
du même sérum de cheval précédemment utilisé. Des prélèvements de 
sang sont effectués sur l'animal vingt-quatre et soïxante-douze heures 
après l'intervention. Le sérum provenant de ces saignées est injecté à 
des lots de cobayes que l’on éprouve, dans les délais nécessaires, à l’aide 
de sérum équin. Ces épreuves établissent l’état d’anaphylaxie de tous 
ces sujets, qui se révèlent mieux hypersensibilisés par le sérum de la 
première récolte que par celui du second prélèvement. 

L’absorption des sérums hélérologues par la voie rectale ne saurait 
donc faire de doutes et, à la faveur des réactions anaphylactiques, il 
nous paraît établi que leur présence dans l’organisme traité n’est point 
aussi fugace qu'on pouvait l’estimer. 


RECHERCHES SUR L'ANAPHYLAXIE HYDATIQUE EXPÉRIMENTALE 


(Première note), 


par M. WEïINBeRG et À. Cruca. 

Depuis que Chauffard et ses élèves ont fait connaître les résultats de 
leurs recherches sur l’anaphylaxie hydatique expérimentale, fort peu 
d'auteurs se sont occupés de cette question. Les faits publiés depuis, 
contradictoires et ne reposant que sur un très petit nombre d’expé- 
riences, n'ont pas entraîné la conviction générale. Cependant, l’un de 
nous a réussi à provoquer, avec cerlains liquides hydatiques, le choc 
mortel chez 10 à 30 p. 100 des cobayes sensibilisés. | 

Les recherches que nous avons recommencées il y à un an ont eu 

. pour but : 1° de préciser les conditions dans lesquelles il est possible de 
sensibiliser le cobaye avec le liquide hydatique; 2 de rechercher si 
l’anaphylaxie expérimentale peut revêtir toutes les formes cliniques 
observées chez l'homme par les médecins et les chirurgiens; 3° d'élu- 


SÉANCE DU 3 MAI 959 


dier l’antianaphylaxie hydatique et enfin; 4° de voir si le sérum de por- 
teurs d’échinocoques confère au cobaye un état anaphylactique passif 
dont la mise en évidence pourrait servir au diagnostic de l’échino- 
coccose. 

Comme la valeur antigénique du liquide hydatique Yarie d'un échan- 
tillon à l’autre et que d'autre part les cobayes ne sont pas également 
sensibles à la toxine hydatique, nous avons été obligés de porter nos 
expériences sur un nombre considérable d'animaux (plus de 700). 

Les résultats que nous avons obtenus et qui seront consignés en détail 
dans un mémoire qui paraîtra ailleurs sont intéressants non seulement 
au point de vue de l’anaphylaxie hydatique, mais aussi au point de vue 
de l’anaphylaxie en général. 

Dans cette première note, nous résumerons les données qui se rap- 
portent aux différents oise de sensibilisation du cobaye par le liquide 
hydatique. 

Tout d'abord, il faut noter que nous n'avons utilisé dans nos expé- 
riences que le liquide hydatique dont la valeur antigénique a été vérifiée 
par la méthode de la réaction de fixation avec un sérum échinococcique. 


A. — Sensibilisation par une seule injection. — 1° Nous avons d’abord 
recherché quelle est la meilleure voie de sensibilisation. Dans ce but, 
les différents lots de cobayes ont été injectés avec la même dose de 
liquide hydatique soit sous la peau, soit dans le péritoine, soit dans la 
veine. Ces expériences ont montré que la voie sous-cutanée est certai- 
nement la meilleure; LE vient la voie péritonéale, ensuite la voie 
intraveineuse. 

2° La quantité du liquide hydatique injecté a une grande importance. 
On obtient de beaucoup les meilleurs résullats avec 2 c.c. qu'avec 5 et 
surtout 10 c.c.. 

3° La période d’incubation varie suivant la dose préparante. L’injec- 
tion déchaînante, pratiquée au bout de douze à quatorze jours, peut 
déjà provoquer des symptômes anaphylactiques. Ceux-ci sont plus 
intenses chez les animaux sensibilisés avec 2 c.c. de liquide hydatique. 
Les meilleurs résultats ont été obtenus au bout de trois semaines. La 
période d'incubation a été plus longue (quatre à cinq semaines) pour 
les animaux sensibilisés avec 10 c.c. La durée de la sensibilité anaphy- 
lactique a dépassé dans nos expériences six à sept semaines; nous 
devons cependant ajouter que les animaux préparés par voie intravei- 
neuse perdent petit à petit de leur sensibilité à partir de la 6° semaine. 

4° La dose déchaïnante a varié de 1/2 à 3 c.c.; ies meilleurs résultats 
ont été obtenus avec 2 c.c., quel que soit l'échantillon de liquide hyda- 
tique employé. L’injection de la dose déchainante à été pratiquée dans 
la veine dans toutes nos expériences. 

5° On obtient les phénomènes anaphylactiques même lorsque les 


960 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


= ——_—_—_—_—_—_—_—_—p2 


liquides hydatiques employés pour la sensibilisation et pour l'injection 
déchaînante proviennent de deux espèces différentes. 

6° Nous décrirons dans une note suivante tous les symptômes que 
nous avons observés dans l’anaphylaxie hydatique expérimentale. IE 
nous suffira de mentionner que ces symptômes sont analogues à ceux de 
l’anaphylaxie sérique. Cependant, le choc anaphylactique mortel y est 
ue plus rare. 

B. — Sensibilisation par ies doses Fe — a) Nous avons sensibilisé 
plusieurs lots de cobayes par 3 injections sous-cutanées de 2 c.c. à 
quatre jours d'intervalle. Les animaux éprouvés, dix-sept à viugt- 
trois jours après-la 3° injection préparante, ont tous présenté des phé- 
nomènes anaphylactiques graves. 


b\ Dans d’autres expériences, les cobayes ont été sensibilisés par des 


injections quotidiennes (trois, quatre, cinq ou six jours) de 4/4 c.c. de 
liquide hydatique soit frais, soit chauffé trois jours ce suite une heure à 
60 degrés. 

Tous ces animaux éprouvés au bout de trois semaines se sont 
montrés fortement sensibilisés. 


Il résulte.de nos expériences qu'on peut sensibiliser le cobaye par 
une seule injection préparante de liquide hydatique, maïs que la pro- 
portion des accidents anaphylactiques graves est beaucoup plus forte, 
soit chez les animaux injectés à plusieurs reprises à quelques jours 
d'intervalle, soit chez des individus préparés par de petites doses quo- 
tidiennes. 


SUR LA FORMATION TEMPORAIRE DE TISSU MYÉLOÏDE DANS LE THYMUS, 
PENDANT L INVOLUTION DE CET ORGANE CONSÉCUTIVE A L'ACTION DES RAYONS X, 


par CL. Recaup et R. CRÉMIEG. 


Rappelons (1) qu'après l'application d’une dose convenable de rayons X, 
le thymus (chez le chat, espèce ulilisée pour nos expériences) subit une 
involution, caractérisée essentiellement par la régression rapide et très pro- 
noncée du parenchyme lobulaire : cette régression atteint son maximum du 
12° au 15° jour; ensuite, si l'irradiation n’a pas élé trop intense, le paren- 
chyme se reconstitue, et, du 25° au 30° jour, l’organe récupère sa structure 


normale. Pendant cette perturbation cyclique, le tissu conjonctif du hymus 


subit aussi des modifications considérables. L'une des plus remarquables 
consiste dans l'édification de tissu myéloïde ; nous l'avons mentionnée, avant 
d’en faire l'étude plus complète que nous présentons aujourd’hui. 


(1) dois nos notes dans les Comptes rendus de la Soc. de Biologie de 1944 et 
1912, et Thèse de Crémieu, Lyon, 1912. 


SÉANCE DU 3 MAI 961 


Chronologie. — Pendant les cinq ou six premiers jours le tissu conjonctif 
thymique est le siège de phénomènes aigus : œdème fibrineux et diapé- 
dèse des polynucléaires, puis résorption de l’exsudat et phagocytose des 
polynucléaires par des macrophages. Mais en même temps on y voit peu 
à peu augmenter le nombre des lymphocytes et de certaines cellules que 
nous désignons sous le nom d’ « éosinophiles à noyau rond ». Pendant 
toute la durée de la perturbation causée par les rayons, ces éosinophiles 
se maintiennent généralement très abondants. Les lymphocytes, au 
contraire, se transforment et sont remplacés par de nouveaux éléments. 
À partir du 4, mais surtout entre le 6° et le 10° ou 12° jour, on voit 
apparaître, parmi les lymphocytes, d’abord des formes de transition, 
puis des myélocytes granuleux, des érythroblastes et des mégacaryo- 
cytes; des polynucléaires se montrent mélangés aux myélocytes. Ainsi 
se constituent des îlots de tissu myéloïde véritable. À partir du 16° jour 
environ, à mesure que le parenchyme lobulaire se reconstitue, le tissu 
myéloïde régresse. Toutefois, quand le parenchyme a repris sa structure 
normale, quelques éléments myéloïdes restent encore quelque temps 
entre les lobules. 

Le développement du tissu myéloïde est un phénomène constant. On 
le trouve toujours, à la condition de faire l’examen du thymus irradié 
dans les délais de survie que nous venons d'indiquer, Mais en ce qui 
concerne son intensité, il y a des variations individuelles. Peut-être 
sont-elles en rapport avec la quantité de rayonnement absorbée par le 
thymus. Nous croyons qu'une irradiation trop intense est défavorable 
au développement du tissu myéloïde. 

Ce phénomène n’est pas spécial au chat. Nous l'avons observé, avec 
de minimes différences de détails, dans le thymus irradié du chien. 

L'invasion du tissu conjonctif par des lymphocytes, puis la transfor- 
mation de ceux-ei (formes de transition), enfin la multiplication par 
karyokinèse de ces éléments, précèdent le développement simultané de 
trois séries divergentes de cellules : myélo-leucocytes, érythroblastes, 
mégacaryocyles. Les éosinophiles à noyau rond ont un développement 
précoce, rapide et indépendant des autres éléments myéloïdes. 

Topographie. — On peut rencontrer des éléments myéloïdes dans le 
parenchyme lobulaire; mais cette localisation, assez commune pour les 
éosinophiles à noyau rond, est exceptionnelle pour les érythroblastes 
et les mégacaryocytes, et nous ne l'avons pas observée pour les myélo- 
leucocytes. C’est en dehors du parenchyme, dans le tissu conjonctif 
lâche, qu'on rencontre presque tous les éléments myéloïdes. 

Les éosinophiles à noyau rond ne sont pas groupés. Les éléments des 
séries leucocytaire et hémoglobique, ainsi que les mégacaryocytes, le 
Sont au contraire habituellement par catégories. Il y a donc des ilots 
dans chacun desquels prédominent des éléments déterminés. 

C'est habituellement à la surface des lobules que le tissu myéloïde se 


962 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


développe. Souvent une étroite fente interlobulinaire est ainsi entière- 
ment comblée. Mais il n’est pas rare de voir un ilot myéloïde entière- 
ment isolé au milieu d’un espace conjonctif. Dans quelques-uns de nos 
cas, entre le 9° et le 12° jour, l’ensemble du tissu myéloïde occupe une 
place aussi grande que le parenchyme en régression. 

Les amas myéloïdes sont logés dans une trame de tissu conjonctif 
néoformé qui à succédé à la trame fibrineuse des premiers jours. Au 
moment de leur achèvement, ils sont toujours voisins de capillaires 
sanguins et de veinules, et souvent même ils sont pénétrés par ces vais- 
seaux. Les lymphocytes, qui sont le point de départ des nids myéloïdes, 
sont tantôt libres dans le tissu conjonctif, tantôt inclus dans des capil- 
laires lymphatiques. Plus tard, les nids de cellules myéloïdes différenciées 
sont très souvent logés dans des cavités revêtues d’endothélium. 

Formes cellulaires. — a) Lymphocytes et formes de transition. Les 
lymphocytes existent seuls pendant les deux premiers jours. Leur 
origine n’est pas élucidée; rien ne prouve qu'ils viennent du paren- 
chyme lobulaire (où les petites cellules, lymphocytes thymiques, sont en 
pleine nécrobiose). Ils sont ensuite mélangés à des formes de transi- 
tion, résultant évidemment de leur transformation, et caractérisées par 
un corps cellulaire plus grand et un noyau moins régulier (incisures), 
plus gros et un peu moins chromatique. : 

b) Myélo-leucocytes. Il y a des transitions insensibles entre je lympho- 
cytes et les myélocytes typiques. Les karyokinèses semblent ne porter 
que sur des cellules déjà voisines de la forme myélocyte. Parmi les 
myélocytes, les uns ont de fines granulations (neutrophiles), les autres 
des granulations plus grosses, plus espacées, nettement éosinophiles. 
Les leucocytes à noyau plus ou moins polymorphe apparaissent vers le 
10° jour dans les îlots de myélocytes. On trouve en abondance des 
formes de passage. Cette poussée tardive de leucocytes, d’origine 
autochtone, est distincte de la polynucléose diapédétique du début (1). 

c) Erythroblastes. Ils sont nettement caractérisés par leur forme 
arrondie, leur colorabilité spéciale par l’éosine; suivant la qualité de la 
fixation, leur corps cellulaire est bordé par une ligne épaisse, ayant 
l'apparence d’une membrane, et il est creusé de vacuoles, — ou bien au 
contraire il est homogène; leur noyau, très intensément colorable, fait 
au milieu de la cellule une tache foncée, homogène et ronde. 

d) Les mégacaryocytes sont plus rares. On les reconnaît aisément à 
leur grande taille et à leur noyau. 

e) Sous le nom d'éosinophiles à noyau rond, nous désignons des élé- 
ments spéciaux, distincts et des myélocytes et des leucocytes éosino- 
philes. Ils existent en très petite quantilé dans le thymus normal du 


(1) Voir notre note du 26 avril 1913, dans les Comptes rendus de la Soc. de 
Biologie, p. 862. 


à 
à 
» 
à 
t 
è 


SÉANCE DU 3 MAI 963 


chat, mais l'irradiation les y fait apparaître en très grand nombre. Ils 
sont rares dans le thymus irradié du chien. Ils ne forment jamais 


Eléments du tissu myéloïde développés dans le thymus du chat 
en état d'involution rüntgenienne. Grossissement : 1.560. 


a, îlot de myélocytes et de leucocvtes à fines granulations (neutrophiles); 6, îlot 
de myélocytes et de leucocytes à granulations éosinophiles; c, mégacaryocytes ; 
d, îlot d’érythroblastes; e, divers types d’éosinophiles à noyau rond. 


d'amas, mais ils sont disséminés dans le tissu conjonctif, au contact des 
lobules, bien moins abondamment dans le parenchyme. Ce sont des 


964 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


cellules plus grosses que les leucocytes éosinophiles du sang, et même 
que les myélocytes. Leur corps cellulaire est souvent déformé, irrégu- 
lier, étiré, comme par un effet d’amiboïsme. Leur noyau est presque 
toujours parfaitement rond. Tantôt il est riche en chromatine, tantôt 
pauvre et alors d'aspect vésiculeux; parfois il semble complètement 
vide (éléments sénescents). Les granulations, aussi nettement éosino- 
philes que celles des leucocytes, sont à la fois plus petites et plus 
serrées. Nous croyons que ces cellules sont des éosinophiles sédentaires, 
c'est-à-dire ne quittant pas le tissu eonjonctif. Nous ne pensons pas 
qu'elles se transforment en leucocytes proprement dits. 

La signification de ce tissu myéloïde néoformé nous est encore 
inconnue. La rüntgénisation ne produit rien d’analogue en dehors du 
thymus, à notre connaissance. 

Des observations antérieures disparates doivent être rapprochées des 
phénomènes que nous venons de décrire : il en est ainsi de l'existence 
de globules rouges à noyau, signalée dans le thymus de l'homme et de 
divers mammifères. Mais rien d'aussi complet comme formes cellulaires, 
ni de comparable comme processus, n’a été jusqu'à présent décrit. La 
formation de globules rouges dans la bourse de Fabricius, signalée 
par Jolly (1), doit aussi être rapprochée de nos observations. 


(Travail du laboratoire d'Anatomie générale et dHistologie 
de la Faculté de médecine de Lyon.) 


(1) Jolly. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1°* avril 1941. - 


Ts 


T 


nn Ts 1e de (SSL SE 


SÉANCE DU 3 MAI 965 


ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE. 


Liste de présentation. 


Première ligne : M. Clerc. 

Deuxième ligne : M. Legendre. 

Troisième ligne (ordre alphabétique) : M!° Loyez, MM. Piéron, Pinoy 
et Terroine. 


Vote. 


Votants : 59. 


NOIRE PE PO Dient: 32 2V0Ix Hlus 
DÉRPiÉrONR ST Et de sd 2e — D — 
MPRPLROV 2 Sas lt a — ui = 
NPPÉCEORAEE en die. — 4 — 
MR OME ZA eut —— 4 — 
NÉS TN ER NS == h. 
MSA RDA LEE ee man. — 3 — 
M. Laignel-Lavasline. . . . — 2 — 
ERRATUM 


NOTE DE S. EFROs. 


T. LXXIV, p. 903, ligne 40, lire : une toute petite goutte de chlorure de sodium 
à À p. 1000, au lieu de : à 1 p. 100. 

P. 904, ligne 9, lire : nous avons établi cette méthode en tr à une quantité 
déionée de matières n’en contenant pas, une quantité de sang exactement connue, 
au lieu de : une quantité de sang exactement connue. 

P. 904, ligne 11, lire : il y avait encore formation des cristaux de Teichinann avec 


0 c.c. 5 de sang pour 100 grammes de matières, au lieu de : avec 0 cent. cube de 


sang pour 100 grammes de matières. 
Ajouter à la communication : 
Travail du laboratoire du service du D' Enriquez, à la Nouvelle Pilié. 


, 


RTAET pe ET 
DS ee ee nt eee 


ve 


À ; a 


967 


REUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


a 


SÉANCE DU 3 AVRIL 1913 


SOMMAIRE 
ALEXANDRESCU (Mile P.) : Cytologie histo-physiologique de la cellule ré- 
de l'humeur aqueuse. . ....... 967 | nale chez quelques mammifères 
Danrecopozu (D.), Dumrrrescu (D.) sous l'influence des substances diu- 
et Porescu (A.) : Nouvelles recher- rétiques (Deuxième note} . . . . .. 973 
ches sur la constante uréo-sécré- Marinesco (G.) et Mine (J.) : Pré- 
toire chez les cardiaques. Action de sence du Treponema pallidum, dans 
RCE MEMENE 2 LAON L RTE Hi, 1694 aiparalysie sénérale AMEN 975 
DaniELorozu (D.) : Rôle du pneu- Mrcxaiz (D.) : Sur la nature ana- 
mogastrique dans le ralentisse- phylactique de la conjonctivite blen- 
ment du rythme et dans le bigé- norragiqueendogène (métastatique). 978 
minisme provoqués par la digitale Papazozu (Mme ALEx.) : Sur la pré- 
au cours de l'arythmie complète sence et la spécificité des ferments 
(fibrillation auriculaire) . . . . . .. 9714 | dans le sang des malades atteints 
Exescu([.) : Contribution à l'étude d’atrophie musculaire . . . . . . .. 979 


Présidence de M. G. Marinesco, président. 


CYTOLOGIE DE L'HUMEUR AQUEUSE, 


par Mie P. ALEXANDRESCU. 


 L’humeur aqueuse normale ne conñtient rien au point de vue cytolo- 
gique, si ce nest, et cela très rarement, quelques formes leucocytaires. 
Aucune étude n'ayant encore été faite à ce point de vue dans les diffé- 
rentes affections oculaires, j'ai examiné 60 cas inflammatoires ou non, 
dans lesquels l'humeur aqueuse aurait pu être modifiée cytologique- 
ment. Je puis grouper ainsi les résultats de ces recherches : 

A. — Dans l'examen de 8 cas de cataracte sénile et traumetique, je 
n'ai trouvé aucune réaction cellulaire. 

B. — Dans l'ophtalmie sympathique qui,au point de vue histologique, 
est caractérisée par une infiltration mononucléaire du tractus uvéal 
tout entier, l'examen cytologique dans le seul cas que j'ai étudié à 
montré une réaction mononucléaire de l'humeur aqueuse ainsi qu'une 
réaction de l'endothélium cornéen. 


968 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


C. — Dans 3 cas de glaucome absolu et glaucome chronique 
simple, je n'ai remarqué aucune réaction cylologique, tandis que, dans 
un seul cas de glaucome chronique inflammatoire, compliqué d'iritis, 
j'ai trouvé quelques cellules endothéliales cornéennes détachées. L'hu- 
meur aqueuse, qui chimiquement est modifiée presque constamment 
dans le glaucome, ne montre au contraire aucun changement au point 
de vue cytologique. Quant au rôle mécanique de la tension intraocu- 
laire sur la desquamation de l’endothélium postérieur de la cornée, je 
le crois nul, parce que dans le seul cas où l’examen m'a montré 
quelques cellules endothéliales la tension intraoculaire était beaucoup 
plus petite que dans tous les autres cas examinés. 


D. — Dans 8 cas de Hteits trachomateux ue accompagnés 
de phénomènesiriens, je n’ai trouvé aucune forme cellulaire. 
E. — Je peux faire la classification suivante des 10 cas d’ulcère cor- 


néen que j'ai examinés : 

1° Deux ulcères amicrobiens ou catarrhaux avec réaction cytologique 
nulle ; 

2° Huit ulcères microbiens subdivisés en : 

a) Un cas d’ulcère bénin superficiel dont l'humeur aqueuse contenait 
quelques cellules endothéliales cornéennes nécrosées; 

b) Sept cas d’ulcère grave avec hypopyon, dans lesquels j'ai trouvé 
au début des polynucléaires et des cellules endothéliales nécrosées. 
Plus tard, les lésions étant en voie de guérison, Les formes leucocy- 
taires ont changé montrant des mononueléaires et des lymphocytes, 
qui ont remplacé graduellement les polynucléaires, pour disparaître 
à leur tour, après guérison complète des ulcères. 


F. — Dans deux cas de kératite printanière, je n’ai trouvé aucune 
réaction cellulaire. 
G.— J'ai trouvé une réaction cytologique dans 14 cas de kératite 


interstitielle commencçante ou en évolution, et une absence de réaction 
dans 5 cas de kéralite finale ou en période d'état. Etiologiquement, on 
peut diviser les cas examinés comme il suit : 

1° Dans 5 cas de kératite syphilitique, j'ai constaté tantôt des lym- 
phocytes, tantôt des mononucléaires et quelquefois les deux formes 
cellulaires ensemble ; 

2° Dans 4 cas de kératite tuberculeuse, j'ai trouvé des lymphocytes et 
des mononucléaires ; 

3° Dans 5 cas de kératite dans lesquels la réaction à la tuberculine et 
la réaction de Wassermann ont été négatives, j'ai trouvé tantôt des 
lymphocytes, tantôt des mononucléaires et des lymphocytes à la fois, 
avec prédominance des pe 

Dans tous les cas de kératite, j’ai trouvé aussi une réaction ce RIRE 
cornéenne. 

H.— Dans 8 cas d'iritis aiguë et subaiguë, l'examen de l'humeur 


SÉANCE DU 3 AVRIL 969 


aqueuse m'a montré invariablement une réaction cellulaire, et je les ai 
divisés étiologiquement comme je l'ai fait pour les kératites : 

1° Iritis syphililiques : 3 cas, mononucléaires et lymphocytes avec 
prédominance des premières ; 

2° Trois cas d'iritis tuberculeuse dans lesquels l’examen de l'humeur 
aqueuse montre des lymphocytes et des mononucléaires en nombre 
égal; 

3 Deux iritis traumatiques avec des lymphocytes et des polynu- 
cléaires dans l'humeur aqueuse. 


Des examens faits jusqu'ici, il résulte que : 

4° Dans les cas où il y a un processus inflammatoire, il y a aussi réaction 
cylologique de l'humeur aqueuse, réaction dont l'intensité est propor- 
tionnelle à celle du processus inflammatoire. 

2° Entre celte réaction cytologique et l’étiologie des différentes affec- 
üous, il n’y aucun rapport et les formes leucocytaires varient seulement 
avec les différentes phases des affections. 


(Travail du Laboratoire d'ophtalmotogie de Bucarest.) 


NOUVELLES RECHERCHES SUR LA CONSTANTE URÉO-SÉCRÉTOIRE 
CHEZ LES CARDIAQUES. ACTION DE LA DIGITALE, 


par D. DanELoPpoLu, D. DumiTRrEscu et À. PopEscu. 


Dans une note présentée à cette même Société (séance du 3 jan- 
vier 1913), nous avons exposé nos premiers résultats sur cetteconstante 
chez les cardiaques asystoliques et sur les modifications qu'y apporte le 
traitement digitalique. Ces recherches n’avaient porté que sur deux cas; 
nous les avons continuées depuis, chez 22 autres cardiaques, asystoliques 
ou non (lésions orificielles ou myccardite chronique). Après avoir établi 
la constante chez nos malades avant toute administration médicamen- 
teuse, nous avons recherché ses modifications à des intervalles variables, 
pendant et après le traitement par la digitaline de Nativelle (1). La 
méthode de dosage de l’urée sanguine a été celle par l'acide trichloracé- 
tique. 


(1) Nous avons établi chez tous nos malades la constante d'Ambard (K) et 
celle de Bulavoine et Onfray (R) et nous avons toujours constaté une concor- 
dance parfaite. Pour plus de clarté, nous ne parlerons dans cette communi- 
cation que de la constante de Balavoine et Onfray (R) qui est à l'état normal 
égale à l'unité. 


(Xe 
Per 


970 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Dans les deux premières observations exposées dans la note précé- 

dente, l’évolution de la constante a été presque identique dans les deux 
cas: constante À (Balavoine et Onfray) très basse avant administration 

de la digitaline, augmente jusque près de la normale sous l’action de 
ce médicament. 

Des recherches entreprises ultérieurement sur un plus grand nombre 
de malades (22), il résulte que la marche de la constante n’est pas 
toujours la même. 

Voici en quelques mots les conclusions auxquelles nous sommes 
arrivés (1): 


19 Chez les cardiaques non asystoliques, la constante R est toujours au- 
dessous de la normale, et dans la majorité des cas, au-dessous de 0,5. Dans 
cette catégorie, les variations de la constante d’un jour à l’autre, pendant ou 
en dehors du traitement par la digitale, sont en général minimes ; 

20 Les cardiaques asystoliques présentent dans la majorité des cas une 
constante (R) au-dessous de la normale ; mais nous trouvons des asystoliques 
chez lesquels la constante est égale à l'unité (R— 71 Normal) ou même la 
dépasse (dans un cas R—1,24). Contrairement à ce qui a lieu chez les 
malades de la première catégorie, les cardiaques asystoliques présentent des 
variations considérables dans la constante uréo-sécrétoire, à quelques jours 
d'intervalle ; ces variations sont surtout très grandes quand on soumet les 
malades au traitement digitalique ; 

3° D'après la marche de la constante après administration de la digitale, 
nous pouvons classer nos malades en trois groupes: 

a) Dans un premier groupe entrent les malades chez lesquels la constante R, 
basse avant la digitale, s'élève jusque près de la normale sous l'influence de 
ce médicament, à mesure que les phénomènes d’asystolie diminuent. Mais si 
nous suivons la marche de la constante après la disparition de tout phénomène 
d’asystolie, nous constatons qu’elle diminue de nouveau, de sorte que le car- 
diaque, revenu à l’état de compensation, présente une constante de beaucoup 
au-dessous de la normale (R). Ainsi, par exemple, dans un cas R—0,277 avant 
le traitement par la digitale monta jusqu'à 0,729 pendant le traitement, 
pour redescendre à 0,298 après la disparition des phénomènes d’asystolie. 

b) Dans un second groupe de cardiaques, la constante (R), très élevée avant 
le traitement par la digitale, diminue pour se maintenir dans ses limites infé- 
rieures après ce traitement, alors que tout phénomène d'’asystolie a disparu. 
Dans un cas R— 1,24 avant le traitement diminua à 0,45 après la disparition 
des phénomènes de dilatation du cœur droit. 

c) Dans un troisième groupe de cas enfin, lesquels forment la majorité, 
l’évolution de la constante est très variable, ne suivant aucune règle précise; 


% Les variations tellement considérables de la constante chez les 
asystoliques sont dues aux variations très étendues de tous les éléments 
qui entrent dans la formule. 


(4) Les observations seront publiées en détail dans un article plus étendu. 


SÉANCE: DU 3 :AVRIL :: 974 


Nous trouvons, en effet, d’un moment à l’autre, chez les-:asystoliques 
des valeurs très différentes de Ur (urée du sang), 2 (débit uréique), 
€ (concentration uréique de l'urine). ? influe très peu sur la constante 
uréo-sécrétoire ; 99 

. 5° Nous Fn à insister plus particulièrement sur un tearé impor- 
tant qui peut faire varier la constante chez les asystoliques : il s’agit de 
la masse totale du sang. Chez les asystoliques soumis-au traitement 
digitalique, la masse totale sanguine varie dans des limites assez 
étendues, fait qui a été très bien démontré à l’aide de la réfractométrie 
par Widal. = 
- Or, comme /r représente la quantité d’urée par itre de sang, il est 
très compréhensible qu'une dilution sanguine considérable soit capable 
de modifier la valeur de Ur, et, par la suite, la constante uréo-sécrétoire. 
En d’autres termes, la constante peut varier chez un asystolique, non 
par suite d'une variation dans la rétention uréique, mais par le fait de 
la dilution de l’urée dans le sang due aux variations de la masse totale 
sanguine. Comme la masse sanguine varie considérablement d'un jour 
à l’autre chez les asystoliques:soumis au traitement digitalique, la con- 
centration de l’urée dans le sang doit être un facteur important-dans les 
variations de la constante. 

(Travail de la deuxième clinique médicale de l'hôpital Prancovan. 

Professeur Buicliu.) 


ROLE DU PNEUMOGASTRIQUE DANS LE RALENTISSEMENT DU RYTHME ET DANS 
LE BIGÉMINISME PROVOQUÉS PAR LA DIGITALE AU COURS DE L'ARYTHMIE 
COMPLÈTE (FIBRILLATION AURICULAIRE), 


par D. DANIELOPOLU. 


On sait que la digitale à une action très intense sur le rythme du 
cœur dans l’arythmie complète; cetle substance provoque soit un 
ralentissement marqué du pouls, soit le bigéminisme, qui apparaît dans 
cette forme d’ arylhmie avec une facilité remarquable. 

On s'est demandé si ce médicament agit dans l’arythmie complète, 
directement sur la fibre myocardique, ou bien par l'intermédiaire du 
nerf vague. 

Nous avons entrepris sur l’action de l’atropine dans l'arythmie com- 
plète quelques recherches qui paraissent prouver, qu'au moins en 
grande partie, l'actiou de la digitale, dans cette forme d'arythmie, a 
lieu par l'intermédiaire du pneumegastrique. Nous avons étudié, chez 
une malade que nous connaissons depuis quatre ans et qui présente 


Biozocie. Comptes RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 67 


972 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


—— —— —  " — 


une lésion mitrale accompagnée d’arythmie complète permanente, les 
variations du rythme sous l'influence de divers médicaments ayant une 
action excitante ou paralysante sur le nerf vague. La digitale a chez 
cette malade une action très remarquable; ce médicament provoque, 
d'après la dose employée, soit un ralentissement très marqué du 
rythme, soit un bigéminisme continu. Ces modifications du rythme 
sont toujours* accompagnées chez notre malade d’une amélioration 
considérable de tous les phénomènes d'insuffisance myocardique. 


40 Action de l’atropine sur le ralentissement digitalique du pouls. — Avant 
l'administration de la digitale, le rythme était à 126-140 et présentait tous les 
caractères de l'arythmie complète (fibrillation auriculaire); 48 heures après 
l'administration de 50 gouttes de digitaline cristallisée de Nativelle, le rythme 
tombe à 54, conservant les caractères de l’arythmie complète, tandis que 
les phénomènes d'insuffisance cardiaque disparaissaient. Nous faisons alors 
à la malade une injection de 2 milligrammes de sulfate d’atropine; 10 mi- 
nutes après, le rythme monte à 90. Après 25 minutes, il était à 106 440 et, 
après 55 minutes, à 118-126. Cette accélération se maintint pendant deux 
heures; le rythme se ralentit ensuite progressivement et tomba à 64-72, 
14 heures après l'injection d’atropine. 

20 Action de l'atropine sur le bigéminisme digitalique. --- Nous avons pu, à 
plusieurs reprises, provoquer chez cette malade le bigéminisme en dépassant 
la dose de 50 gouttes de digitaline Nativelle. Nous administrions en général 
à notre malade une première dose de 50 gouttes, suivie le lendemain d'une 
seconde dose de 25 gouttes de ce médicament. Le rythme bigéminé appa- 
raissait constamment dans ces conditions 24 à 48 heures après la dernière 
dose; le bigéminisme était toujours accompagné de bradysphygmie et pré- 
sentait tous les caractères du rythme couplé de l’arythmie complète. J'ai 
fait une injection d’un milligramme et demi de sulfate d’atropine à un 
moment où le bigéminisme provoqué par la digitale était continu. Le rythme 
était à 72 par minute (36 à la radiale) avant l'injection; 12 minutes déjà 
après l'injection, le bigéminisme n'était plus continu, mais bien interrompu 
par de petites périodes de rythme accéléré et irrégulier (arythmie complète); 
après 17 minutes, les périodes de bigéminisme étaient devenues plus rares 
et, 55 minutes après l'injection, le rythme couplé avait complètement disparu, 
faisant place à un rythme très irrégulier et accéléré (126-130) présentant 
tous les caractères de l’arytkmie complète. Le rythme couplé reparut 75 mi- 
nules après l’injection el redevint continu 12 heures après. 


3° Peut-on provoquer le bigéminisme par la digitale si on associe à ce 
médicament l'atropine? — Les recherches entreprises sur la même 
malade prouvent que le bigéminisme digitalique n'apparaît pas au 
cours de l'arythmie complète si on administre en même temps de 
l’atropine, au moins lant que:le cœur est sous l'influence de ce dernier 
médicament. Le résultat a élé négatif même en dépassant de beaucoup 
la dose de digitale qui provoquait constamment chez notre malade le 
bigéminisme, 


SÉANCE DU 3 AVRIL 973 


= 


Il résulte de ces recherches, qui seront exposées en détail avec les 
tracés dans une autre revue, que, dans le ralentissement du rythme et le 
bigéminisme provoqués par la digitale au cours de l’arythmie complète, ce 
médicament agit, au moins en grande partie, par l'intermédiaire du nerf 
vague. | 

Nos résultats ne concordent pas avec ceux relatés par Cushuy, 
Marris et Silberberg, dans un article du Aeart, vol. IV, 4. 

Ces auteurs ont soutenu, en effet, que, dans les modifications du 
rythme provoquées par la digitale dans la fibrillation auriculaire, il 
s’agit d’une action directe de ce médicament sur la fibre musculaire du 
faisceau auriculo-ventriculaire. Ces auteurs n’ont obtenu aucun change- 
ment appréciable du rythme modifié par la digitale dans l’arythmie 
complète. | 


(Travail de la deuxième Clinique médicale de l'Hôpital Brancovan. 
Professeur Buicliu.) 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE HISTO-PHYSIOLOGIQUE DE LA CELLULE RÉNALE 
CHEZ QUELQUES MAMMIFÈRES SOUS L'INFLUENCE DES SUBSTANCES DIURÉTIQUES 


(Deuxième note), 


par Ï. ENEScu. 


Deuxième groupe. — La caféine a été administrée par la voie intra-périto- 
néale à la dose de 0,30 centigrammes par kilogramme de lapin. L’animal a été 
sacrifié au bout de deux heures. 

La théobromine a été administrée par la voie intra-péritonéale et sous- 
cutanée à la dose de 0,60 centigrammes par kilogramme. Les lapins ont été 
sacrifiés trois heures après. 

La diurétine a été administrée, à la dose de 0,60 centigrammes par kilo- 
gramme, par la voie sous-cutanée. L'animal a été sacrifié trois heures après. 

La pilocarpine a été administrée : 1° par la voie intra-péritonéale à la dose 
de 3 centigrammes par kilogramme; l'animal sacrifié une heure après; 
20 par la voie intraveineuse à la dose de 5 centigrammes par kilogramme ; 
l'animal sacrifié vingt minutes après. 

Tous ces diurétiques n’ont produit qu'une diurèse minime. 


C’est le bâtonnet de Heidenhaïin qui subit des modifications sous 
l'influence de ces diurétiques. Les granulations colorées par l’héma- 
toxyline sont plus rares; les filaments éosinophiles deviennent plus 
visibles (fig. 1). Le premier stade de la disparition de la substance 
hématoxynophile paraît être la diffusion de celle-ci dans la cellule. En 
effet, on voit, surtout après l'injection de grandes doses de pilocarpine, 
des tubes dont les cellules sont colorées d’une manière diffuse par 


974 RÉUNION: BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


l'hématoxyline. (Ces tubes sont situés de préférence au voisinage des 

glomérules.) : SEE 
La lumière des tubes contournés est petite. 
CHLORURE DE SODIUM. — À. Solution isolonique à la cellule rénale. 


Un lapin de 1.000 grammes a reçu par la voie intraveineuse 10 c. c. d'une 
solution aqueuse de NaCl à 1,25 p.100, solution isotonique à la cellule rénale 
(Castaigne et Rathery, Cesa-Bianchi). L'animal a été sacrifié au bout de 
vingt minutes. 


La substance du bâtonnet de Heidenhain colorable par l'hématoxyline 
est disposée seulement sous forme de granulations; on ne voit plus de 
bätonnets colorés uniformément par l’hématoxyline. 

B. Solutions hypotoniques à la cellule rénale. — La solution de NaCl 
à 0,7 p. 100 produit sensiblement les mêmes effets. Il n’en est pas de 
même avec la solution de NaCI à 0,3 p.100. L'animal ayant été sacrifié 
au bout de vingt minutes on trouve -les cellules des tubes contournés 
remplies de granulations sphériques, brunes, inégales, irrégulière- 
ment dispersées, et contenant, surtout dans la zone sous-nucléaire, des 
masses brunes, amorphes. La bordure en brosse est parfois détachée et 
est tombée dans la lumière du tube. 

C. Solutions hypertoniques à la cellule rénale. 


Un lapin de 960 grammes reçoit par la voie intraveinevse 10 c.c. d'une 
solution de NaCI à 20 p. 100. Polydipsie et diurèse intense. L'animal a été 
sacrifié au bout d’une demi-heure. 

Un autre lapin (900 grammes) a recu par la voie intrapéritonéale 40 c. ec. 
d'une solution de NaCI à 30 p. 100 et a été sacrifié 1 h. 40 minutes après. 

Deux autres lapins (1.100 grammes, 1.000 grammes) ont reçu, chacun, par 
la voie sous-cutanée, 10 c.c. de la même solution (30 p. 100). L'un a été 
_sacrifié 4 h. 40 minutes après, l’autre trois heures après. 


Dans toutes ces expériences, les modifications subies par le tube con- 
tourné sont identiques. Les cellules apparaissent colorées d'une manière 
diffuse par l'hématoxyline ferrique ; on n'y voit plus les bâtonnets ; quel- 
ques rares granulations seulement sont visibles dans la zone proximale 
des cellules. La lumière des tubes est plus ou moins grande. Le plateau 
strié est coloré par l'hématoxyline. Les vacuoles, plus nombreuses qu'à 
l'état normal, sont situées sous la bordure en brosse. 


Trois lapins (1.000 grammes, 1.100 grammes, 1.150 grammes) ont recu, 
chacun, par la voie sous-cutanée, 10 c.c. d’une même solution (30 p. 100). Les 
-animaux ont été sacrifiés six, sept et onze jours après. 


Les cellules des tubes contournés sont colorées d’une manière diffuse 
en brun clair. Les filaments éosinophiles sont visibles, ils sont paral- 
lèles et d’aspect normal; les granulations normales, situées dans 
l'épaisseur des filaments, sont très peu nombreuses. La lumière des 


. SÉANCE DU 3 AVRIL 975 


tubes contournés est petite. Le plateau strié, d'aspect homogène, est 
_ coloré en brun plus ou moins clair (fig. 2). 

De ces recherches nous concluons que les deux groupes de diuré- 
| tiques étudiés par nous se caractérisent : le premier (saccharose, 
. glucose, sulfate de soude), par la production de nombreuses vacuoles ; le 

deuxième (caféine, théobromine, diurétine, pilocarpine), par la modifi- 
cation des bâtonnets de Heidenhaïn. Le chlorure de sodium en petites 
doses n’est pas toxique pour la cellule rénale. 


F1G. 1. Frc. 2. 


_Administré en grandes doses (2-3 grammes par kilogramme de poids 
vif), le NaCI modifie la substance granulaire colorable par l’hématoxy- 
line. Celle-ci se diffuse dans la cellule et imprègne tout (cytoplasme et 
bordure en brosse), excepté le noyau. Après quelques jours, la substance 
diffusée est éliminée par la cellule, les filaments deviennent visibles, 
peu à peu les granulations se reforment et la cellule reprend l'aspect 
normal. 

({nstitut d'Anatomie topographique.) 


PRÉSENCE DU J'reponema pallidum DANS LA PARALYSIE GÉNÉRALE, 


par G. Marinesco et J. Mine. 


Dans une communication faite dans la précédente séance de cette 
réunion (1), nous avons décrit l’histoire anatomo-clinique d'un cas de 
méningite syphilitique avec gommes miliaires et de paralysie générale, 
où nous avons pu mettre en évidence, par la méthode de Cajal à 
lalcool-ammoniaque, un certain nombre de tréponèmes pâles, dans les 
méninges altérées. De plus, nous avions examiné un assez grand nombre 


(4) G. Marinesco et P. Minea. Association de méningite syphilitique et de 
paralysie générale ; présence de tréponèmes dans les méninges. Réunion biol. 
de Bucarest, séance du 6 mars 1913. Ë 


976 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


de cerveaux de paralytiques généraux et, dans deux cas, nous avions 
même fait usage de l’uliramicroscope sans avoir pu meltre en évidence 
les spirochètes dans l'écorce cérébrale. Nous n'avions pas été plus 
heureux en 1906 (1), et de ces résultats négatifs, on devait conclure qu'il 
y avait absence réelle de tréponèmes pâles ou bien que la technique de 
l’imprégnation à l'argent, pratiquée suivant la méthode de Cajal ou la 
modification de celle-ci, recommandée par Levadili, étaient insuffisantes 
pour déceler le tréponème. Les recherches de Noguchi (2) prouvent que 
cette seconde hypothèse est plus conforme à la réalité. En effet, cet 
auteur, en se servant d’une modification (non publiée encore) de la 
méthode de Levaditi, a pu mettre en évidence, dans 12 cas sur 70, l’exis- 
tence du spirochète pallida dans la paralysie générale. 

Les spirochètes siégeaient dans toutes les couches de l'écorce et 
faisaient défaut dans la première. Une seule fois, il en a trouvé à la 
partie inférieure de cette couche; il ne les a jamais vus dansla pie-mère, 
ce qui fait penser à l’auteur qu'ils ont émigré dans l'écorce. Dans cette 


dernière, Noguchi a vu de nombreux spirochètes répandus d'une 


manière diffuse dans le tissu nerveux; ils étaient absents dans les vais- 
seaux et il ne les a trouvés que rarement au voisinage des gros vais- 
seaux. | 

Nous avons examiné l'écorce cérébrale dans 26 cas de paralysie géné- 
rale en variant de toutes les manières l’imprégnation par la méthode de 
Cajal et nous n'avons trouvé de spirochètes en grande abondance que 
dans un seul cas. Quoique nous ayons empioyé parfois l'ultrami- 
croscope, nous n'avons pas été plus heureux. Ce cas se rapporte à une 
: femme âgée de quarante-six ans, amenée dans le service de la clinique 
des maladies nerveuses de l'hôpital Pantélimon, le 7 décembre 1912, 
avec les troubles classiques de la démence paralytique et morte à la 
suite d’une bronchite généralisée. 

L'examen histologique de l’écorce cérébrale montre les lésions bien 
connues de la paralysie générale progressive. Nous avons trouvé, sur 
des pièces durcies et traitées ensuite par l'imprégnation à l'argent, un 
grand nombre de spirochètes dans l’écorce cérébrale (fig. 1) ayant une 
topographie assez analogue à celle décrite par Noguchi, avec la difré- 
rence qu'ils sont localisés principalement dans la troisième couche où 
nous les trouvons plus rarement réunis en groupes, mais très souvent 


(1) G. Marinesco et J. Minea. Absence du spirochète pallida dans le système 
nerveux central des paralytiques et des tabétiques. Soc. de Neurol., séance du 
5 avril 1906. 

(2) Hydeyo Noguchi and J. W. Moore. À demonstration of treponema 
pallidum in the brains in cases of general paralysis. The journal of experi- 
mental Medicine, 2 February 1913. Comptes rendus de la Soc. de Bioloyie, séance 
du 15 février. 


Mat à à. 


SÉANCE DU 3 AVRIL 977 


rapprochés et n’affectant que rarement des rapports plus intimes avec les 
vaissseaux, les cellules nerveuses et les cellules névrogliques. Assuré - 
- ment, ils peuvent siéger dans la gaine des petits vaisseaux, mais c’est 
là une éventualité assez rare. Puis, nous pouvons les retrouver à la 
surface des cellules nerveuses ou de leurs prolongements ayant une 
direction parallèle à ces dernières ou bien les croisant. Parfois, on 
les trouve entre les cellules satellites; enfin, d'une façon exceptionnelle, 


nous croyons les avoir rencontrés à l'intérieur du protoplasme de 


Coupe de la IIIe frontale gauche au niveau de La IIIe couche. On y voit un assez 
grand nombre de tréponèmes avec des spires caractéristiques siégeant principale- 
ment dans le tissu interstitiel, mais ils existent également au voisinage ou dans la 
paroi d’un petit vaisseau (v) ou bien à la surface du protoplasma des cellules ner- 
veuses (p. p!). 


quelques cellules nerveuses. Ils ne siègent pas sur toute l'étendue de 
la circonvolution et se présentent plutôt sous forme de foyers localisés 
sur un point donné de cette dernière. Nous n’en avons jamais rencontré 
dans la pie-mère ni dans la substance blanche. Dans la région de la 
substance grise, où ils sont en plus grand nombre, nous avons pu en 
compter jusqu'à 60 sur un seul champ d'immersion. Il s’agit bien, dans 
notre cas, de tréponèmes pâles et non de pseudo-parasites, vu leur 
forme caractéristique qui est absolument identique à celle des spi- 


978 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


rilles que nous avons trouvés dans des coupes de foie Ron 
litique. 

À la suite des constatations de Noguchi et des nôtres, nous sommes 
disposés à considérer la paralysie générale comme une syphilose sous 
la dépendance du treponema pallidum et il est probable que l'ineffi- 
cacilé du traitement, soit mercuriel, soit à l’arséno-benzol, tient à la 
résistance particulière que les tréponèmes ont gagnée au cours de leur 
évolution. 


SUR LA NATURE ANAPHYLACTIQUE DE LA CONJONCTIVITE BLENNORRAGIQUE 
ENDOGÈNE (MÉTASTATIQUE), 


par D. MicHai. 


On admet aujourd'hui l'existence de deux sortes de conjonctivites 
blennorragiques : l’une exogène et l’autre endogène (métastatique). 

En ce qui concerne la forme endogène, on a émis trois théories pour 
l'expliquer. 


1° Les uns admettent que les gonocoques sont amenés par le sang 
dans la muqueuse conjonctivale ; 

2° D’autres considèrent la toxine gonococciquenécessaire pour préparer 
le terrain conjonctival, non seulement pour le gonocoque, mais aussi 
pour d’autres infections associées avec le phone le streptocoque 
ou le pneumocoque ; 

3° Enfin la troisième catégorie d'auteurs sont d'avis que la conjoncti- 
vite blennorragique endogène est produite simplement par l’action de 
la gonocotoxine sur le tissu conjonctival. 

Ces trois théories ont été fondées sur des recherches bactériologiques 
seulement, sans l’appui de l'anatomie pathologique de cette affection. 

Ayant eu l’occasion de faire l'examen histo-pathologique des biopsies 
provenant de la muqueuse conjonctivale de deux cas de conjonctivite 
blennorragique «endogène », j'ai été surpris de l’aspect microscopique 
des coupes, tout à fait différent de celui qu’on observe dans la conjoncti- 
vite blennorragique « exogène ». Ce qui caractérise au point de vue 
histologique la conjonctivite blennorragique « endogène », c'est surtout 
une riche infiltration lymphocytaire du derme conjonctival, alors que, 
dans la conjonctivite « exogène », la caractéristique microscopique des 
coupes, notée par tous les auteurs, est une infiltration profuse, polynu- 
cléaire, dans toute l'épaisseur de la muqueuse conjonctivale. 

Vu la ressemblance histologique de nos cas avec l’histologie patholo- 
gique de la conjonctivite tuberculinique (ophtalmo-réaction) et de la 
conjonctivite anaphylactique obtenue par le sérum de cheval, que nous 


SÉANCE DU 3 AVRIL 979 


avons étudiées antérieurement (1), nous sommes enclin d'admettre, avec 
le professeur J. Cantacuzène, qu’en réalité la soi-disant conjonctivite 
blennoïragique « endogène » est une forme clinique de la conjonctivite 
anaphylactique qui complique, comme des arthrites, le cours de la 
blennorragie: 


Lé 


SUR LA PRÉSENCE ET LA SPÉCIFICITÉ DES FERMENTS 
DANS LE SANG DES MALADES ATTEINTS D'ATROPHIE MUSCULAIRE, 


par Mr° ALEx. PAPAzoLU. 


Ayant obtenu de la bienveillance de M. le professeur Marinesco un 
muscle provenant d'un malade mort à la suite d’une atrophie mus- 
culaire primitive, j'ai voulu voir si la destruction du muscle dans 
l’amyotrophie comporte quelque chose de biologiquement spécifique. A 
ce qu'il paraît, la destruction musculaire dans les amyotrophies, indé- 
pendamment de la cause provoquante, engendre dans le sang des 
malades des ferments de protection qui n'ont qu'une spécificité relative. 

Je résumerai brièvement les résultats obtenus dans mes recherches. 

1° 2 c.c. de sérum provenant d'un malade atteint de myélopathie 
(atrophie musculaire d’origine spinale\ sont laissés pendant vingt 
heures à la dialyse en présence de 1 c.c. de muscle myopathique. 

Dans le liquide extérieur de dialyse, on met en évidence par la 
réaction du triketohydrindenhydrate et du biuret la présence des 
produits de digestion; . 

2 Dans un autre cas de myélopathie avec le muscle de myopathie 
primitive — la réaction est également positive ; 

3° Dans deux cas de sclérose en plaques, les malades présentaient de 
légères atrophies musculaires. Le sérum de ces malades en présence 
du muscle myopathique donne la réaction positive; 

4° Avec le sérum d'un hémiplégique en présence du muscle de 
myopathie, on obtient encore des produits de digestion; 

5° Le sérum d’un tabétique qui présentait aussi des atrophies muscu- 
laires, digère, après vingt heures à l’étuve, le muscle myopathique et 
met en évidence dans le liquide extérieur de dialyse des produits de 
digestion. 

Comme expériences de contrôle, le sérum normal et des sérums 
épileptiques ont donné, en présence du muscle myopathique à la 


(4) G. Stanculeanu und D. Michail. Die pathologische Anatomie der Ophtal- 
moreaktion. Gracfes's Archiv für Ophth., B. LXXIIT, 1 H. 

D. Michail. A research upon the phenomena of anaphylaxis of the conjunc- 
tiva obtained by horse-serum. The Ophthalinoscope, october 1910, p. 762. 


DA ( 


980 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


réaction du biuret et du triketohydrindenhydrate — des résultats com- 
plètement négatifs. 

Les sérums de sclérose en plaques des myélopathiques ainsi que les 
sérums de l'hémiplégique et du tabétique + muscle normal et muscle 
d’épileptique ont donné une réaction négative. Ce qui se dégage de ces 
expériences, c'est que la destruction du muscle dans toutes cesatrophies, 
qu'elles soient d’origine musculaire ou nerveuse, met en liberté des 
produits contre lesquels l'organisme réagit par la production de 
ferments. 


(Travail de l'Institut de physiologie de Bucarest.) 


Le Gérant : OCTAVE POoRÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


Léa ne hd oi ce ad de né ed ns à 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 


981 
SEÉANCE DU 10 MAI 1913 
SOMMAIRE 
Bepson (S. Puizrpps) : Lésions des de la strychnine sur le nerf; hété- 
organes à sécrétion interne dans rochronismes non curarisants; poi- 
l’intoxication vermineuse . ..... 9944 sonsteurarisantsi #2 VU 1012 
Bizcaro (G.) et Daurevroux (R.) : LAVERAN (A.) et MaruLLAz (M.) : Au 
Action des eaux minérales de la sujet du Trypanosoma talpæ . . . . 1007 
Bourboule sur les lapins anaphy- Marix (A.), Levaorrr (C.) et Ban- 
lactisés au sérum de cheval. . . .. 1018 | KkowsKxI (J.) : Présence constante du 
BONNAMOUR, SARVONAT, BADOLLE tréponème dans le cerveau des pa- 
(ALBERT) et ESCALLON : Influence de ralytiques généraux morts en ictus. 1009 
l’adrénaline associée au chlorure MuLon (P.) : Du rôle des lipoïdes 
de calcium sur les échanges miné- dans la pigmentogénèse. . . . . .. 1023 
Taux au niveau des 08. ....... 1019 Noaucar (H.) : Des moyens de 
Carpor (H.) et LauGrer (H.) : Loi reconnaître le tréponème pâle en 
d’excitation d'ouverture sur diffé- cultures pures Tr Air en 984 
MERS MÉLSSUS M non muse ee ee 1000 Pezzi (C.) : Sur un accident parti- 
CaaurrarD (A.), Guy LAROCHE et culier du cardiogramme humain . . 1002 
GriçautT (A.) : Recherches sur l’ori- Vincent (H.) : Sur le pouvoir im- 
gine de la cholestérine biliaire. . . 1005 | munigène des vaccins antityphiques 
CLAuDE (HENRI) et PoraK (RENÉ) : ChAUTÉS A ue Ne DT 982 
De l'action cardio-vasculaire de Vincent : Remarques à propos de 
l'extrait d'hypophyse dans les états la communication de M. Haïbe. . . 1000 
d'insuffisance surrénale aiguë. . . . 1021 WEïL (JEANNE) : Action de la sola- 
Craune (HenRt), PorAk (RENÉ) et nine, de l’aconitine et de la delphi- 
RouTier (DANIEL): L'action del’extrait nine sur l’excitabilité nerveuse et 
de lobe postérieur d'hypophyse sur InusculdirendrDBE Ver Erreur 101% 
la conductibilité auriculo-ventricu- WEInsERG (M.)et Cruca (A.): Ana- 
LUE. LE OR RE E 996 | phylaxie hydatique expérimentale 
Dusreuiz (G.) : La « couche mar- (Deuxième note). Analogie des sym- 
ginale interne » de la couche annu- ptômes de l’anaphylaxie expérimen- 
laire, dans le muscle moteur intes- tale avec les accidents observés 
tinal (Couche d’Albini). . . . . . .. 10168 NCheZAMT ONE RER NN 981 
FrouIn (ALBERT) et MERCIER (Vic- 
Tor) : Action des sels de terres rares 3 e 5 , 
: ai la coagulation du lait par la Réunion biologique de St-Pétersbourg. 
DRÉRTATE EL doter APS RE re 990 
Ha18E (A.) : À propos des infec- Fazrz-FEIN et Ivanov (Iz.) : À pro- 
tions de laboratoire à bacilles ty- pos du problème de la télégonie. . 1027 
DIRES Me Le. à ce mire 998 ILuNE (V.) : Le rôle défensif des 
LanGzois (J.-P.) et Socor (E.) : SLOMALES RE 1029 
Echanges respiratoires en milieux PawLowsky (E.) : Sur la struc- 
chauds, humides, avec ou sans ven- ture des glandes à venin de cer- 
tilation. Gaz d'éclairage. Morphine. 992 | {ains poissons, et en particulier de 
LAPicoue (L. et M.) : Action locale cellesade PloLoSUsN. CR UE 1031 
68 


982 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. F. Mesnil, vice-président. 


A PROPOS DU PROCÈS-VERBAL 


SUR LE POUVOIR IMMUNIGÈNE DES VACCINS. ANTITYPHIQUES. CHAUFFÉS, 


par H: VINCENT. 


J'ai précédemment signalé (26 avril 1913) que, lorsqu'on stérilise les 
cultures de bacille typhique à 100: degrés et, à forhori, à 120degrés, on 
détruit la propriété qu'elles ont de susciter l’immunité, lorsqu'elles sont 
inoculées aux animaux. 

M. Chantemesse, qui a stérilisé des cultures à ces températures, 
estime qu'elles restent immunigènes et que les animaux ayant recu des 
cultures chauffées à 120-degrés pendant trente minutes ont « des anti- 
COrpS ». 

1° Restent-elles immunigènes? Dans ses expériences de 1888 et 1892, 
un grand nombre des animaux ayant reçu ces cultures ont succombé à 
l'injection de bacille typhique vivant. « Un ne conserve, dit M. Chante- 
messe, qu'un peu plus de la moitié des animauæ. » 

Si l’on se rappelle que les animaux de laboratoire sont normalement 
réfractaires à l'infection éberthique et que, lorsque la mort survient, 
elle résulte de l’intoxication par les toxines-mierobiennes plutôt que 
de l'infection par multiplication des bacilles, on voit que ces expé- 
riences confirment au contraire l’inactivation des cultures à.ces tempé- 
ratures si élevées. Ces cultures: chauffées à 100° et injectées à dose 
colossale (qui correspondrail à 3 où 4 litres de vaccin pour l'homme) 
paraissent même diminuer la résistance des cobayes..… Elles’en tuent, 
en. effet, une forte proportion par amaigrissement et cachexie. 

Les expériences que j'ai faites ont montré que l’inoculation d’épreuve 
lue de’ septicémie éberthique, en deux ou trois jours, les cobayes ayantreçu 
des cultures chauffées à 100 degrés. Donc ces cultures ont bien perdu 
toute aptitude immunigène. 

Des expériences que j'ai faites, il résulte que même la stérilisation à 
60 degrés, employée par les initiateurs de la vaccination antity- 
phique, Pfeiffer et Kolle, ainsi que Wright, ne détruit pas cetle pro- 
priété, mais l’atténue cependant un peu. De fait, cette température de 


stérilisation a été abandonnée comme étant déjà trop élevée (Harrison, 


Leishman, Firth, Russell, etc.). Tous les vaccins « chauffés » sont 
aujourd'hui slérilisés à 53-57 degrés. 
M. Chantemesse, qui a adopté la technique de Pfeiffer-Kolle et de 


SÉANCE DU 10 MAT 383 


Russell, l'a imitée jusqu'au bout : il stérilise à 56 ou 57 degrés. IH ne pou- 
väit donner lui-même une meilleure preuve de sa conviction dans 
l’action neutralisante d’une température plus élevée et du peu de 
confiance qu'il a dans le résultat de ses propres expériences. 

2° La constatation « d'anticorps » (sans autre renseignement) dans 


le sang des animaux inoeulés avec des cultures chauffées à 420 degrès 


est plus qu'imprécise. S'agit-il d'agglatinine ? 

Si l’on inocule des cullures tuées par chauffage à l’autoclave, on 
constate l'existence d’agglutinines dans le sang des animaux (Friedber- 
ger et Moreschi). Mais il est de notion courante que l’agglatination est 
un phénomène contingent, ne donnant ni la mesure, ni la preuve de 
Pétat d'immunilé. 

3° Le chauffage à 120 degrés (à l'autoclave) des cultures, ainsi que 
l’a fait M. Chantemesse, ne saurait être comparé au chauffage des 


mêmes cultures préalablement desséchées, ainsi que l'ont fait Fried- 


berger et Moreschi. 

Détruisons, à cet égard, la confusion qu'il voudrait entretenir. 
Cetle différence entre l'action de la chaleur humide et celle de la chaleur 
sèche est un fait d'ordre général. Le bacille de Koch en suspension dans 
l’eau, tué à 70 degrés en cinq minutes, résiste deux à sept heures s’il 
est desséché. À 100 degrés, et sous cet état, il n’est pas tué après 
trois heures (Yersin, Grancher et Ledoux-Lebard). Le bacille de 
Lôffler, tué à 58 degrés à l’état humide, résiste trois quarts d'heure à 
100 degrés s’il est desséché. (Roux et Yersin.) La toxine diphtérique 
desséchée résiste à 70 degrés; humide, elle est rendue inoffensive 
(Roux). Le charbon sporulé, tué à 100 degrés en cinq minutes (Roux), 
résiste à la chaleur sèche de 123 degrés (Koch); ete. 

C’est donc à tort que M. Chantemesse assimile ses recherches à celles 
de Friedberger et Moreschi. 

4° La méthode d'épreuve d'inoculation que j'ai employée l'a été un 
grand nombre de fois chez l'animal sain (1). Elle affaiblit sa résistance à 
légard des infections, mais elle n’amène jamais la mort. Elle consiste 
dans l'injection, au cobaye adulte, de 3 à 5 c.c. (et non pas de 30 à 


50 c.c. comme mon contradicteur me le fait dire) d’une solution hyper- 


tonique de NaCI à 10 p. 100 (et non pas à 20 p. 100). Naturellement 
les doses de NaCl sont proportionnelles au poids de l'animal. Chez les 


_forts cobayes de 500 à 550 grammes, on injecte 5 c.c.; chez les cobayes 


de 300 grammes, on injecte 3 c.c., etc. M. Chantemesse injectant la dose 
maxima à des cobayes d’un très faible poids (250 gr.), à l’aide d’une 
solution encore plus concentrée, son expérience est sans valeur. 


(4) Cette même méthode a été employée utilement depuis lors, par Laf- 
forgue, ainsi qu’au laboratoire de M. Metchnikoff, dans des expériences ana- 
logues. 


984 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


En résumé : 

a) La stérilisation à 100-120 degrés par la chaleur humide (ébullition, 
autoclave), employée par M. Chantemesse en 1888 et 1892, annihile 
entièrement les propriétés immunigènes du bacille typhique. 

b) L'existence d’ « anticorps » qu’il mentionne dans le sang des ani- 
maux ayant reçu ces cultures, a déjà été signalée autrefois par Fried- 
berger et Moreschi, sous la forme d’agglutinine chez les animaux ayant 
recu du virus chauffé à 120 degrés à l’état humide. 

Or, l’agglutinine n'est pas un indicateur d'immunité. L’expérimen- 
tation démontre au contraire que ces animaux succombent à l’inocula- 
tion d'épreuve. 

c) M. Chantemesse partage lui-même, tout à fait, celte opinion 
puisque, au lieu de stériliser les cultures à 100-120 degrés, comme il l’a 
fait dans ses expériences (ce que personne ne lui conteste), il les stéri- 
lise à 56-57 degrés, se conformant, d'ailleurs, pour le reste de la prépa- 
ration du vaccin, à la technique indiquée par Pfeiffer-Kolle et par 
Russell. Le vaccin qu’il emploie n’est autre que le vaccin allemandou 
américain. Je regrette de dire que ce n'est pas le sien. 


DES MOYENS DE RECONNAITRE LE TRÉPONÈME PALE EN CULTURES PURES. 


Note de Hineyo NoGucui, présentée par A. DASTRE. 


À diverses occasions (1), j'ai démontré que certains spirochètes, tant 
pathogéniques que non pathogéniques, dont la culture passait jadis pour 
impossible, pouvaient, grâce à l'emploi de méthodes appropriées, étre 
cultivés dans des milieux artificiels. Au moyen de ces méthodes, je suis 
arrivé non seulement à cultiver les variétés pathogéniques bien connues, 
mais encore quelques espèces nouvelles. Comme l'intérêt général con- 
tinue à se porter sur la culture du Tréponème pâle et que différentes 
méthodes de recherches sont introduites de temps à autre, je crois 
utile d'exposer brièvement ici quelques moyens d’étude d’après lesquels 
on pourra plus facilement reconnaître cet organisme en cultures pures. 


Où sait qu'un tissu syphilitique impur, outre le Tréponème pâle, renferme 
également diverses autres espèces de spirochètes qui lui ressemblent beau- 


(1) Noguchi : a) Münch. med. Wochenschrift, 1914, LVII, 1550; — b) Journ. 
of experim. Med., 1911, XV, 99; — c) Journ. of experim. Med., 1912, XV, 90; — 
d) Journ. of experim. Med., 1912, XV, 81; — e) Journ. of experim. Med., 1912, 
19%; — f) Journ. of experim. Med., 1912, XVI, 199; — g) Journ of experim. Med., 
1912, XVI, 620; — h) Journ. of experim. Med., 1912, XV, 466; — i) Journ. of 
experim. Med., 1913, XVII, 89. 


QC 


SÉANCE DU 10 MAI : 98 


coup par certains points morphologiques. Bien que ces spirochètes saprophy- 
tiques croissent plus facilement que le Tréponème pâle, il est néanmoins 
très difficile d'en différencier l'espèce. Pour constater l'identité du micro- 
organisme de la syphilis, il est nécessaire d'obtenir une culture de matière 
pure, telle que l’orchite syphilitique du lapin (que j'ai employée dans ma pre- 
mière série de cultures). Si l’on ne procède pas ainsi, il est très facile de 
prendre pour le Tréponème pâle certains organismes tels que le Treponema 
microdentium (1), le Treponema mucosum (2) ou le Treponema calligyrum (3), 
car la morphologie n’est pas le critérium sûr de la différenciation, et dans 
les cas où il y a possibilité de confusion, les moyens de reconnaître l'espèce 
doivent être basés sur diverses autres caractéristiques et sur certaines réac- 
tions spécifiques. Les points essentiels qui servent à reconnaître le Tréponème 
pâle sont les suivants : 


I. — En culture pure, il y a une très grande ressemblance morpholo- 
gique entre le Tréponème pâle et le 7reponema microdentium et le Tre- 
ponema mucosum, mais le premier diffère des deux autres en ce qu'il ne 
dégage pas d’odeur désagréable dans le milieu. De plus, le Tréponème 
pàle — contrairement à ce qui se produit pour les deux autres — ne se 
développe que dans un milieu auquel on a ajouté du tissu stérile frais; 
sa croissance est plus lente et les colonies de micro-organismes sont 
plus faibles et plus diffuses. L'organisme de la syphilis peut être dis- 
tingué du Zreponema calligyrum par ses parties plus délicates et aussi 
parce qu'il lui faut du tissu frais pour sa croissance. Le spirochète 
refringens (4) et le spirochète gracilis, de Veszprémi (1907) (5), diffèrent 
du Tréponème pâle sous les mêmes rapports que le 7reponema calli- 
gyrum, mais la grossièreté et l’irrégularité des courbes en sont encore 
plus apparentes; il en est de même du 7reponema macrodentium (6). 


IT. — Les réactions spécifiques de précipitation et de fixation de 
l’alexine ont lieu lorsqu'un sérum oblenu de lapins inoculés à plusieurs 
reprises avec du Tréponème pâle (de l’orchite de lapin) est mélangé avec 
un extrait de Tréponème pâle en culture pure (aqueuse, non alcoolique) 
mais non pas avec un extrait d'autres spirochètes. 


III. — La peau de lapins ayant reçu de nombreuses injections intra- 
veineuses de Tréponème pâle mort ou vivant subit une réaction cutanée 
nette lorsqu'une très petite quantité de Tréponème pâle mort, en cul- 


(4) Journ. of experim. Med., 1912, XV, 81. 

(2) Journ. of experim. Med., 1912, XVI, 194. 

(3) Journ. of experim. Med., 1913, XVII, 89. 

(4) Journ. of experim. Med., 1912, XV, 466. 

(5) Veszprémi. Centralbl. f. Bakteriol., 1 Abt., Orig., 1907, XLIX, 332, 408, 
515, 648. 

(6) Journ. of experim. Med., 1912, XV, 81. 


986 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE $ 


ture pure, est inoculée intradermiquement (réaction de la lutéine). Cette 
réaction est spécifique (1). - 


IV. — La pathogénicité est une des propriétés les plus importantes 
du Tréponème päle, mais elle peut se perdre après une culture pro- 
longée ou défavorable. Pour cette raison, l'épreuve de la virulence 
devrait être faite dès que la culture est purifiée. Toutefois l'absence de 
pathogénicité n’indique pas nécessairement que l’ organisme en question 
n’est pas le Tréponème pâle. 


V. — L'absence de propriété vaccinante n’indique pas que la culture 
en question n'est pas le Tréponème pâle, car même un Tréponème pâle 
d'une extrême virulence, lorsqu'on l’injecte intraveineusement, ne pro- 
tège pas les animaux susceptibles d’une infection locale ultérieure (testi- 
cule et cornée). 

La résistance que l’on observe parfois chez les singes anthropoïdes 
après vaccination est due, comme l'ont démontré Neïsser et d’autres (2), 
à une infection qui se produit à la suite de l'introduction du virus 
comme vaccin. Ainsi, il n'y a pas de résistance sans infection préexis- 
tante. Toutefois, lorsqu'il s’agit d'animaux tels que les lapins, ce 
phénomène (que l'on désigne par le mot anergie) ne se produit pas 
après une inoculation intraveineuse. 


VI. — Une déviation légère dans l'épaisseur ou les ondulations des 
spirochètes, du type ordinaire, n'indique pas nécessairement que ce ne 
sont pas des Tréponèmes pâles, car il existe certaines variétés de Tré- 
ponèmes pâles, incontestables (comme le prouvent leurs autres qualités), 
qui sont beaucoup plus épaisses ou un peu plus minces que la 
moyenne (3). 


Les considérations qui précédent sont les points principaux grâce auxquels 
je réussis à reconnaître le Tréponème pâle. On verra que les conclusions 
formulées récemment par MM. Levaditi et Danulesco (4), qui ont déclaré — à 
cause de la morphologie quelque peu grossière d’une de mes cultures de 
Tréponème pâle et de l’absence de pathogénicité et de propriétés vaccinantes 
— que ce n'était pas le véritable Tréponème pâle, proveuaient d'une identi- 
fication mcomplète et insuffisante. Il faut se rappeler que la même culture, 
qui était typique entre mes mains au point de vue morphologique et qui était 
pathogénique pour le singe, avait sans doute subi une dégénérescence marquée 
dans les conditions de culture dont l'avaient entourée ces auteurs, qui 


4) Noguchi. Journ. of experim. Med., 1912, XV, 201. 
\'Neisser. Arb. a. d. Kaïiserl. Génie ne 1911, XXX VII, 184-216. 
(3) Noguchi. Journ. of experim. Med., 4912, XV, 201. 
) Levaditi et Danulesco. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1912, 
t.. LXXIIL p.256: 


PP PT 
FE 


Li dé 


SÉANCE DU 10 MAI 987 


n'avaient pas suivi exactement ma méthode dans leurs recherches. Il est 
certain qu'on n'aurait pas pu-obtenir la première génération de Tréponème 
pâle en suivant leur méthode, et que, de plus, toutes les variétés typiques de 
Tréponème pâle, cultivées dans des conditions favorables, se modifieront iné- 
vitäblement en peu de temps si on les place dans le milieu (sérum de lapin 
autoclavé avec un morceau de testicule) qu'ils ont employé et qui est 
insuffisant. 


(Rockefeller Institute for medical Research.) 


ANAPHYLAXIE HYDATIQUE -EXPÉRIMENTALE. 
(Deuxième note.) 


ANALOGIE DES SYMPTÔMES DE L'ANAPHYLAXIE EXPÉRIMENTALE 
AVEC LES ACCIDENTS OBSERVÉS CHEZ L'HOMME, 


: par M. WEIngerG et A. Cruca. 


Dans cette deuxième note, nous voulons donner quelques renseigne- 
ments sur la fréquence, la gravité et la succession de différents 
symptômes observés dans l'anaphylaxie hydatique expérimentale. 

Il faut d’abord remarquer que la première injection de liquide hyda- 
tique (injection préparante) n'est jamais suivie d'accidents appréciables. 


1. Fréquence des accidents anaphylactiques. — Les accidents anaphy- 
lactiques sont observés chez 88-90 p. 100 des cobayes préparés par une 
seule injection ; par contre, les animaux, sensibilisés par des injections 
quotidiennes ou par trois injections pratiquées à quelques jours d’in- 
tervalle, présentent tous des phénomènes graves à la suite de l'injection 
déchaïinante. 

Le choc anaphylactique mortel ne survient que dans 40 p. 100 des 
cas ; dans les autres cas, les cobayes ont présenté toute l'échelle des 
accidents observés dans l'anaphylaxie sérique non mortelle. Il s'agis- 
sait, dans la plupart des cas, de symptômes graves. Ces accidents, 
observés chez le cobaye à la suite de l'injection déchaïnante, sont cer- 
tainement de nature anaphylactique, puisque les animaux témoins, 
ayant reçu dans la veine une dose trois à six fois supérieure du même 
liquide hydatique, n’ont présenté aucun phénomène morbide. 

9. Accidents lardifs ; accidents répétés. -- Les accidents ne surviennent 
pas toujours immédiatement après l'injection déchaînante. Quelquefois, 
ils n'apparaissent qu'au bout d’une heure ou même de quelques heures. 
D'autres fois, les animaux, remis de leur premier accident, retombent 
malades, le plus souvent au bout de quelques heures, et meurent dans 
les deux jours qui suivent l'injection. 


988 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les accidents de cette deuxième catégorie ont été surtout observés 
chez les cobayes sensibilisés par des injections quotidiennes de petites 
doses de liquide hydatique. 

3. Effets des injections déchaînantes répétées. — Les cobayes ayant 
survécu à la première injection déchainante ontélé éprouvés de nouveau 
au bout de quinze à trente jours ; d'autre part, les animaux qui ont 
résisté à la deuxième injection déchaînante ont été éprouvés une troi- 
sième fois, une quatrième fois, etc... Ces expériences nous ont donné 
des résultats très intéressants; nous en avons consigné quelques 
exemples dans le tableau ci-dessous. 


4re 
INJECTION DÉCHAÎNANTE 


INJECTION PRÉPARANTE 


NUMÉROS 
des cobayes. 
POIDS 


VOIE 
OBSERVATIONS 


d'injection. 


DATE 
QUANTITÉ 
injectée 
DATE 
QUANTITÉ 

injectée 


a 


500 gr. | 15 janvier. | 5 c.c. | Sous la peau. | Tfévrier.| ? c.c. Mort en 5 minutes. 
400 gr. | 15 janvier. | 5 c.c. | Sous la peau. | 7 février.| 3 c.c. Mort en 3 minutes.M 
540 gr. | 15 janvier. | 5 c.c. | Sous la peau. | Tfévrier.| 3 c.c. Mort en 6 minutes. 
580 gr. | 15 janvier. | 2 c.c. | Sous la peau. | Tfévrier.| 3 c.c. Mort en 5 minutes 
650 gr. | 15 janvier. | ? c.c. Sous la peau. | 7 février.| 3 c.c. Mort en 7 minutes 


470 gr. 15 janvier. DIGG: Sous la peau. | 7Tfévrier.| 1 c.c. Rien. - 

490 gr. 15 janvier. | 5 c.c Sous la peau. | Tfévrier.| 2 c.c Rien. 

330 gr. 15 janvier. | 2 c.c. | Dans la veine. | 3 mars. 2 ec. Rien. 

500 gr. | 15 janvier. | 2? c.c. Péritoine. 21 février 2 c'e: Légèrement malade 

800 gr. | 15 janvier. | 5 c.c Sous la peau. | 7 février.| 2 c.c Légèrement malade 

450 gr. | 15 janvier. | 10 c.c. | Sous la peau. | 7 février.| 2? c.c. Légèrement malade 
15 360 gr 15 janvier. | 2 c.c. | Dans la veine. | 7 février.| 3 c.c. Malade, 25 minutes. 
47 590 gr. | 15 janvier. | 2 c.c. | Sous la peau. | Tfévrier.| 1 c.c Malade. 
79 560 gr. 15 janvier. 2 c.c. | Dans la veine. | 7 février.| 2 c.c. Malade, 50 minutes. 


59 920 gr. | 15 janvier. | 5 c.c. | Sous la peau. | 3 mars. 


Jan vi DACIC: Très malade. 4 
95 550 gr. | 15 janvier. | 10 c.c. | Sous la peau. |21 février.| 3 c.c Très malade, 1 heure 
42/70 500 gr. | 15 janvier. | 10 .c.c. | Sous la peau. | 7 février.| 3 c.c. Très malade. 4 


18 450 gr. | 15 janvier. c.c. | Sous la peau. | 7 février. 


; 2 8 c.c. | Gravement malade, 50 n 
64 500 gr. | 15 janvier. | 10 c.c. |! Sous la peau. | 7 février.| 3 c.c. Gravement malade. = 
1 440 gr. | 15 janvier. | 2 c.c. | Sous la peau. [21 février.| 2 c.c. | Gravement malade, 3 h. 30 
990 gr. 15 janvier. | Q i 2 ce.c. | Gravement malade, 3 h:830 


c.c. | Dans la veine. | 7 février. 


250 gr. 8 Sous la peau. | 31 mars. | 2 c.c. | Gravement malade, 45 x in 
270 er. ES Sous la peau. | 31 mars. | 2 c.c. | Gravement malade, 20 min 
240 er. pe ce Sous la peau. | 31 mars. | 3 c.c. | Gravement malade, 1 h. 30 
A 9230 gr. HE o> Sous la peau. | 31 mars. | 3 c.c. | Gravement malade, 1 heure 
21 A, 270 gr. IE & D Sous la peau. | 31 mars. | 3 c.c. | Gravement malade, 1 heu 
2 AT 240 gr. $ SN= Sous la peau. | *i mars. | 2 c.c. | Gravement malade, 6 heu 
11 A 220 er. aie 20 Sous la peau. | 31 mars. | ? c.c. | Gravement malade, 5 heu 
6 A! 280 or. & © on Sous la peau. | 31 mars. | ? c.c. | Gravement malade, 35 mim 
18 A! 260 gr. a D) Sous la peau. | 31 mars. | 2 c.c. |” Rien. 
23 Al 240 or. = 2 =, Sous la peau. | 31 mars. | 3 c.c. | Gravement malade, 1 h. 30} 
15 A! 280 gr. Fa 2 + Sous la peau. | 31 mars. | 3 c.c. Rien. ; 
1 A] 280 gr. 2-& Sous la peau. | 31 mars. | 2 c.c. | Gravement malade, 1 heures 
5 AT 280 gr. E Sous la peau. | 31 mars. | 3 c.c. | Gravement malade, 1 heure 


2e 
INJECTION DÉCHAÎNANTE 


DATE 


OBSERVATIONS 


QUANTITÉ 
injectée 


Ce Rien. 2 
.e. [Mort après 25 minutes. » 
ce. | Mort après 4 heures. » 


Mort en 4 minutes. 
Mort en 4 minutes. » 
Mort en 3 minutes. 


Mort en 2 minutes. » 
Très malade, 40 min. 
Légèrement malade. 


2 © 


Mort en 3 minutes. » 
Mort en 5 minutes. 


» » » 
Gravement mal.,3 h.30 » 
Gravement mal., 1h.30 » 
Mort en 5 minutes. » 
Mort après 4 h. 30. » 
Mort en 5 minutes. » 
Mort en 15 minutes. » 
Mort en 3 minutes. » 
Mort en 25 ininutes. » 
Mort après 1 h. 20. » 


©) CO OO U2 CO QU) CO GI 9 
PPO6CEEOGS 
BG QG QGQQGGOEOQ 


2c-c Rien. 2 avril.| : 
2 (CAE Malade. 2,ayril: 
2 c.c. |Gravement mal., 30 m.| ? avril. 


avril.| 2 
avril. 


Gravement mal., 30 m.| ? avril. 
.|Gravement mal., 20 m.|17 avril. 


SÉANCE DU 10 Mar 


QUANTITÉ 
injectée 


:. | Rien (mort après 7 
. |[Gravement mal., 25 


3e 


INJECTION DÉCHAÎNANTE 


OBSERVATIONS 


Rien. 
Mort en 2 minutes. 
Mort en 3 minutes. 


INJECTION DÉCHAÎNANTE 


DATE 


» 
Mort en 3 minutes. 
Mort en 3 minutes. 


j 


) 


) 
m. 


QUANTITÉ 


989 


Nous avons ainsi constaté que les cobayes ayant présenté, lors de la 
première injection déchainante, des phénomènes légers ou graves, ont 
été atteints de nouveau d'accidents graves ou même mortels à la suite 
de la deuxième injection déchaiînante. Quelquefois, la deuxième injec- 
tion d'épreuve n'est suivie d'aucun phénomène morbide. Si, cependant, 
ces animaux survivent à plusieurs injections déchaïnantes, ils finissent 
par présenter des phénomènes morbides lors de l’une des injections 
ultérieures. IL est donc évident que les injections d'épreuve, qu’elles 
soient suivies ou non d'accidents anaphylactiques, complètent la sensi- 
bilisation de l'animal ou le resensibilisent de nouveau. 


Ze 


OBSERVATIONS 


injectée. 


990 SOCIÈLÉ DE BIOLOGIE 


Nous ne pouvons pas donner ici plus de détails sur les symplômes 
que présente.le cobaye au cours de l'anaphylaxie-hydatique expérimen- 
tale. Les faits.que nous exposons permettent d'expliquer la plupart des 
accidents observés dans l'échinococcose humaine (4). 

On trouve, chez l'homme, comme chez l’animal.en expérience, lamême 
variabilité dans la gravité des accidents. On rencontre également chez 
les porteurs d’échinocoques des accidents à répétition et des accidents 
tardifs. | 

Il a été aussi observé que parmi les malades ayant présenté des phé- 
nomènes légers ou graves à la suite d'une ponction du kyste, les uns 
supportent très bien une intervention chirurgicale ultérieure, tandis 
que les autres sont viclimes d'accidents très graves ou même mortels. 
Ces faits concordent très bien avec ceux que nous avons notés lors de 
nos secondes injections d'épreuve. 

Quelquefois, les sujets atteints d'échinococrose supportent très bien 
l'opération sans présenter de phénomènes alarmants. Cette absence de 
_ phénomènes anaphylactiques peut s'expliquer de deux facons : ou bien 
la paroi du kyste n’a pas laissé filtrer de liquide hydatique, ou bien la 
sensibilisation était insuffisante. 


ACTION DES SELS DE TERRES RARES 
SUR LA COAGULATION DU LAIT PAR LA PRÉSURE, 


par ALBERT FROUIN et VICTOR MERCIER. 


Nous avons montré dans une communication antérieure que divers 
sels de terres rares empêchent in vitro la coagulation du sang (2). 

L’analogie qui a été souvent signalée «entre la coagulation du sang 
et la coagulation du lait par la présure, ainsi que l'identité d'action 
de divers sels dans les deux phénomènes, nous à engagé à étudier 
l'influence des sels de terres rares sur la coagulation du lait par la 
présure,. 

Nos expériences ont été faites de la facon suivante : 


Dans une série de tubes à essais on mesure 40 c.c. de lait. Dans chaque 
tube, on ajoute des quantités de solutions de sels de terres rares à 4 p. 100 
variant de 0 c.c. 1 à 1 c.c. 8. On mélange rapidement el on porte les tubes 
au thermostat à 38-40 degrés. F 


(1) Ces faits ont été réunis et très bien groupés dans un récent et impor- 
tant travail de Dévé (Revue de Chirurgie, 1911). 

(2) Albert Frouin et Victor Mercier. Action anticoagulante des sels de 
terres rares sur le sang in vitro. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXU, 
pit 404158 ; 


SÉANCE DU 40 MAI 994 


Au bout de dix minutes, on ajoute dans chaque tube une quantité de 
présure suffisante pour coaguler 40 c.c. de lait en vingt minutes en moyenne, 
on mélange et on porte de nouveau au thermostat; on note le temps de 
| coagulation pour chaque ‘tube. 

“Ss _ Le tableau suivant renferme les résultats que nous avons obtenus. 


k QUANTITÉS 
de solutions TEMPS DE COAGULATION, EN MINUTES, POUR LES DIVERS SELS AJOUTÉS 
de sulfates 
.à 1 p. 100. 

ajoutées 


a 
| 10 c.c. delait. CÉRIUM LANTHANTE NÉODYME || PRASÉODYME | SAMARIUM EHORIUM 


EL 


19 
15 
Al 
15 
1% 
13 
VI 
10 


0 c. 
0 «. 
OC: 
0 c. 
[DER 
0 c. 
(OEE 
ARC: 
AC: 
1 OS 
CE 
ANG: 


O © OO GO QE PB A © © Q 
O0 O He IN = C0 Où O7 x C0 ND 


Témoins «a 


On voit d’après le tableau précédent que les divers sulfates de terres 
rares favorisent nettement la coagulalion du lait par la présure. 

À la dose de 0 c.c. 1, soit 1/10:000, on observe une action nettement 

 activante; avec O0 c.c. 5, soit à la concentration de 1/2.000, la coagu- 
lation se produit en douze ou quinze minutes avec les divers sels, au 
lieu de 19ou 21 minutes dans ces tubes témoins ; avec 1/1.000 le temps 
de coagulation est diminué de moitié. Les expériences faites avec les 
chlorures nous ont donné des résultats de même ordre. 

Nous n'avons pas expérimenté avec des doses supérieures à 2 p. 1.000; 
les sels de terres rares produisant tous une précipitation très nette de 
la caséine à partir de cette concentration. Nous rappellerons que les 
sels éludiés, qui sont tous des anticoagulants du sang in vitro à la dose 
de 3 grammes par litre, sont des précipitants de la caséine à la dose de 
2 à 5 grammes par litre. 


992 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ÉCHANGES RESPIRATOIRES EN MILIEUX CHAUDS, HUMIDES, 
AVEC OU SANS VENTILATION. (GAZ D'ÉCLAIRAGE. MORPHINE, 


par J.-P. LanGLois et E. Socor. 


Faisant suite aux expériences qui ont été exposées à la Société de 
Biologie à la séance du 8 mars 1913, nous avons poursuivi l'étude des 
échanges sur des animaux normaux au repos dans un milieu vicié. 
Dans une autre série d'expériences, nous avons également étudié les 
échanges d'animaux morphinés, placés dans un air de composition 
normale. Nous nous sommes servis pour toutes nos expériences du 
même appareil et, dans toutes nos expériences, la température de la 
cloche restait toujours la même (36 degrés). 

Nous avons opéré dans des milieux secs et chauds, humides et chauds, 
ventilés et non ventilés. 


I. — Gaz d'éclairage : CO — 5/1000. — Pour les premières expé- 
riences nous avons introduit dans la cloche, d’une capacité de 160 litres, 
1 litre du gaz d'éclairage. La composition du gaz d'éclairage, pour le 
temps de nos expériences, étail de CO = 7,8 p. 100 et CO*— 0,4 p. 1000. 
La température des animaux augmente de 1 degré (38-39 fesree Une 
perte de poids de 70 grammes sur 3 kilogrammes. 


TABLEAu I. — Echanges respiratoires avec 1 litre de gaz d'éclairage pour 160 litres ; 
5 


C0 — 566 
EM 2 Im 
MILIEU SEC MILIEU HUMIDE 
(Psychromètre 360-270) (Psychromètre 360-340) 
HEURES a | ——— 1 ——— 
Ventilé Non ventilé Ventilé Non ventilé 
2,00 » » » » 
2,30 1.9 1,3 1,3 0,9 
3,00 2.1 2,1 DE 1,8 
3,30 3.0 3,2 3,3 2,6 
4,00 4,0 4,1 4,2 3,5 


Étant donnée la capacité de la cloche, 160 litres, le ue moyen des animaux de 3 kilos, 
en multipliant par une constante 533 les chiffres de ce tableau, on obtient la production 
en volume par kilogramme d'animal. 


IT. — Gaz d'éclairage : CO — 20/1000. — Dans la seconde expérience, 
nous avons introduit dans la cloche, d'une capacité de 160 litres, 4 litres 
du gaz d'éclairage. 


SÉANCE DU 10 Mai 993 


TaBLEAU II. — Echanges respiratoires avec 4 litres de gaz d'éclairage pour 460litres : 


Ë 20 
COS 
1000 
MILIEU SEC MILIEU HUMIDE 
(Psychromètre 352-280) (Psychromètre 350-340) 
HEURES TS 
Ventilé Non ventilé Ventilé Non ventilé 
2,00 » » » » 

2,30 4,5 1,6 13 1,8 
3,00 2,64) Sel As 7l 2,9 
3,30 3,8 4,0 4,1 4,1 
4,00 4,9 Del ajl D 


La température des animaux a augmenté de 3 degrés (38-41 degrés). 
Les animaux ont perdu 95 grammes de leur poids initial de 3 kilo- 
grammes. 


Il. — Morphine : 1 centigramme par kilogramme. — Nous avons 
injecté aux cobayes 1 c.c. d'une solution de 2 p. 100 de morphine, et 
nous les avons placés sous la cloche de la capacité de 160 litres, dans 


une atmosphère de composition normale. 


TABLEAU III. — Echanges respiratoires animaux morphinés 1 centigramme 
par kilogramme. 


MILIEU HUMIDE 


MILIEU SEC 


HEURES (Psychromètre 36°-27°) (Psychromètre 34°-360) 
EN SN. CC SS S 
Ventilé Non ventilé Ventilé Non ventilé 


La température des animaux augmente de 2 degrés, sauf dans 
le cas où les animaux sont placés dans un milieu chaud et humide, 
constamment ventilé; dans ce cas, leur température augmente de 
3 degrés. La perte des poids était en moyenne de 90 grammes sur 
3 kilogrammes. 

Dans toutes nos expériences, la température des cobayes a élé 
toujours prise à la même profondeur, afin de ne pas avoir de trop 
grands écarts. Nous avons toujours opéré sur le même lot d'animaux, 
et aux mêmes heures. Toutes ces expériences ont duré chacune une 
semaine, donc un intervalle assez court pour ne pas avoir des change- 
ments notables dans nos résultats. 


99% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Conclusions. — De l’ensemble de ces expériences, nous pouvons tirer 
la conclusion suivante : 

Le. déclanchement signalé vers. la. centième minute dans L'activité 
des échanges, chez les animaux normaux placés en milieu chaud, 
humide et ventilé, ne se reproduit plus quand, toutes les autres 
conditions étant les mêmes, on introduit dans l'atmosphère des faibles 
quantités de gaz d'éclairage. 

D'autre part, chez les animaux morphinés, un centigramme par 
kilogramme, ce déclanchement se trouve non seulement en miliew 
ventilé, mais également en milieu non ventilé. 


(Laboratoire des. travaux pratiques de physiologie 
de la Faculté de médecine de Paris.) 


LÉSIONS DES ORGANES À SÉCRÉTION INTERNE DANS L'INTOXICATION VERMINEUSE. 


Note de S. Purupps BEepson, présentée par M. WEïINBERG. 


L'étude des organes à sécrélion interne dans l’intoxication vermi- 
neuse est à peine ébauchée. Il n’existe qu'un travail de Pomella, qui, au 
cours de ses recherches sur les téniotoxines, a noté des lésions des 
capsules surrénales. 

Nous avons recherché si les organes à sécrétion interne du cobaye 
réagissent à l’intoxication aiguë ou chronique provoquée par la toxine 
ascaridienne (liquide périentérique. filtré d’Ascaris megalocephala) ou 
par les extraits de différents ténias du cheval et de l’homme. 


Pour déterminer l’intoxication aiguë, nous avons pratiqué une seule injec- 
tion intra-veineuse de 2 ou 3 c.c. de liquide périentérique pur ow bien de 
3 c.c. de téniotoxine. : 

On prépare la téniotoxine de la facon suivante : les ténias, lavés dans l'eau 
physiologique, sont pesés, puis broyés au broyeur Latapie. La bouillie 
obtenue est diluée avec cinq fois son poids d’eau physiologique. Le mélange 
est laissé à la glacière pendant vingt-quatre heures et ensuite filtré sur 
Berkefeld. 


Les cobayes injectés avec de la toxine ascaridienne meurent très 
rapidement, en quelques minutes; on ne trouve pas de lésions appré- 
ciables au niveau de leurs organes à sécrétion interne. Par contre, on 
trouve des lésions très nettes chez les animaux soit morts, soit sacrifiés 
douze à vingt-quatre heures après l'injection de téniotoxine. Les modi- 
fications portent surtout sur la capsule surrénale, très congestionnée, et 
dont toute la zone spongieuse est devenue tout à fait sombre. Cet aspect 


SÉANCE DU 10 mar: 995 


est di à là disparition presque complète des lipoïdes. En même temps, 
on constate un grand nombre de cellules glandulaïres en mitose. On 
trouve également des cellules en Karyokinèse dans la couche médullaire 
de l'organe. Quelquefois, on rencontre aussi des phénomènes très pro- 
noncéesi de karyolyse. 

La capsule surrénalé est l'organe le plus atteïnt. Dans les autres 
glandes (thyroïde, hypophyse, ovaire, testicule, pancréas), on trouve 
surtout de la congestion et quelques foyers hémorragiques. 

L'intoxication chronique a été provoquéé par l'injection quotidienne 
_sous-cutanée de petites doses des différents produits vermineux. 

C’est encore la capsule surrénale qui a montré ici le plus de lésions. 
Il y à des animaux qui supportäaient très bien les injections. Chez ceux- 
là, les lipoïdes disparus rapidement après la première injection se 
sont reconstitués de nouveau; dans certains cas même, la zone spon- 
gieuse s'est hypertrophiée aux dépens d’une partie de la couche fasci- 
culée. 

Lorsque les animaux supportent très mal les injections de toxine, la 
couche spongieuse ne se régénère pas et reste réduite à 2 ou 3 assises 
de cellules. Dans ces cas, on ne trouve pas de cellules en karyokinèse. 
Les cellules: de la couche-corticale fondent et: leur noyau tombe dans les 
capillaires voisins. Enfin, dans l'intoxication chronique prolongée, on 
peut trouver une légère sclérose de la couche médullaire. 

Le corps thyroïde montre des lésions légères dans l’intoxication 
subaiguë ; on y trouve surtout, à côté de l’ectasie vasculaire, une desqua- 
mation parfois très prononcée de l’épithélium qui tapisse les vésicules 
glandulaires. Dans l'intcxication chronique, on constate très souvent 
une sclérose très marquée. 

On trouve fort peu de lésions au niveau des autres glandes. Il faut 
cependant mentionner des petits placards fibreux qui remplacent dans 
le pancréas les pelits foyers hémorragiques survenant à la suite de la 
première injection de toxine. 

Il nous est impossible de donner dans cette note plus de détails sur 
les lésions que nous avons constatées. Nous nous contenterons de 
donner les conclusions de motre travail. 


1° De tous les organes à sécrélion interne, c’est la capsule surrénale 
qui présente les lésions les plus importantes au cours de l’intoxication 
vermineuse aiguë ou chronique. Le corps thyroïde réagit également, 
mais surtout dans l'intoxication subaiguë et chronique. Les autres 
glandes à sécrétion interne (hypophyse, pancréas, ovaire et testicules) 
ne présentent en général que fort peu de lésions. 

2° L'importance des lésions de la capsule surrénale et du corps 
thyroïde est plutôt en rapport avec le nombre d’injections et la durée 
de l’intoxicatfon qu'avec la quantité de toxine injectée. 


996 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


3° Les lésions sont absolument les mêmes, que le produit vermineux 
provienne d'ascarides ou d’une espèce quelconque de tænia. 

4 La réaction de l’animal en expérience à la toxine vermineuse est 
individuelle; dans certains cas, la capsule surrénale se remet rapide- 
ment de la première atteinte (première injection de toxine) et présente 
même au bout de quelque temps des signes évidents d'une hyperfonc- 
tion. Par contre, dans d’autres cas, la capsule surrénale lutte difficile- 
ment contre l’action de la toxine et reste en hypofonction. 

Quant au corps thyroïde, il réagit en général fort peu à l’intoxication 
aiguë; on y trouve généralement des lésions de sclérose très étendues 
après quelques semaines d'intoxication. 

5° Les organes à sécrétion interne réagissent à l’action des toxines 
vermineuses de la même façon que vis-à-vis des toxines microbiennes 
ou de produits chimiques nuisibles. 


(Institut Pasteur, laboratoire de M. Weinberq.) 


L'ACTION DE L'EXTRAIT DE LOBE POSTÉRIEUR D'HYPOPHYSE SUR LA CONDUCTIBILITÉ 
AURICULO-VENTRICULAIRE, 


par HENRI CLAUDE, RENÉ Porak et DANIEL ROUTIER. 


Dans de précédentes notes (1), nous avons montré que l'extrait hypo- 
physaire (lobe postérieur), délipoïdé et purifié suivant la méthode de 
MM. Claude et Baudoin (2), déterminait des modifications de la pression 
artérielle et de la fréquence cardiaque chez l’horame. Nous rappelons 
que, dans ces conditions, on observe une hypotension très marquée et 
deux phases dans l'allure du cœur: une phase d'accélération suivie 
d'une phase de ralentissement. D’après les tracés polygraphiques, la 
bradycardie s’est toujours montrée totale, sans trouble de conductibilité, 
et le nombre des systoles cardiaques n’est jamais lombé au-dessous 
de 40 par minute. Nous avons ‘poursuivi ces recherches au moyen de 
l’électrocardiographie (3); nos expériences, au nombre de six, ont été 
faites sur le lapin. 

Les injections d'extrait hypophysaire ont été pratiquées dans une 


(1) H. Claude et R. Porak Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913. 
1e" février. — H. Claude, R. Porak et D. Routier. Comptes rendus de la Soc. de 
Biologie, 1913, 15 février. 

(2) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, 1911, p. 1543. 

(3) Avec la collaboration de M. L. Bull, de l’Institut Marey, que nous remer- 
cions vivement de son obligeance. 


ENTER PEN RE ed. 


4 
SÉANCE DU 10 mar 947 


veine de l'oreille à des doses variant de 0 gr. 0125 à 0 gr. 075 ; ; les élec- 


lrocardiogrammes etaient pris de 30 en 30 secondes environ. 

L'étude des tracés galvanométriques montre : 

4° L'absence de la phase d'accélération constatée chez l’homme ; 

20 D'une façon constante, les troubles de conductibilité suivants : 

a) dissociation auriculo-ventriculaire; celle-ci affecte le rythme 2: 1, 
c’est-à-dire une contraction auriculaire sur deux, bloquée. Dans aucun 
cas, la dissociation n’a atteint de degré plus prononcé; 

b) allongement de l'intervalle P-R; c'est-à-dire retard du passage du 
stimulus de l'oreillette au ventriçule; dans la plupart des cas, P-R mesu- 
rait 0"18 au lieu de 0”06, donc un temps triple du temps normal. 

3° Un ralentissement du cœur contemporain des troubles de E conduc- 
tibilité ou postérieur à eux. 

Ces phénomènes apparaissent dans l’ordre suivant : la dissociation 
se manifeste en premier lieu, succédant au rythme normal. Et, en même 
temps, il peut déjà y avoir un certain degré de ralentissement cardiaque. 
C'est entre la première et la deuxième minute après l'injection que s'ob- 
serve cette dissociation. Puis le cœur passe par des phases de block de 
plus en plus léger et vers la troisième ou la quatrième minute il ne 
subsiste plus que le trouble de la conductibilité caractérisé par l’allonge- 
ment de P-R. Ce trouble s'atiénue progressivement et en général vers la 
sixième minute il n’en reste plus trace ; le plus généralement, le cœur 
s'est ralenti et l'on peut dire que, dans cerlains cas, il s'agit d'une véri- 
table bradycardie ; le cœur du lapin, qui bat normalement aux environs 
de 250 par minute, descend à ce moment à 100, 90 et même 60. 

De plus, des réinjections pratiquées un court intervalle de temps 
après la première injection, alors que les effets de celle-ci ont disparu, 
sont sans action, même en employant des doses fortes, 0 gr. 10. Une 
réinjeetion pratiquée une heure après la première injection a seule 
allongé l'intervalle P-R de 0”02, ce qui est insignifiant. 

IH était intéressant de déterminer le mécanisme de ces troubles de 
conductibilité. Pour cela nous avons expérimenté sur des lapins intacts 
d’une part et sur des lapins chez lesquels nous avions sectionné lies 
deux pneumogastriques d'autre part. Les lapins étaient tantôt non 
anesthésiés, tantôt anesthésiés à l’éther. Les résultats ont été les 
mêmes dans toutes les expériences ; le pneumogastrique semble donc: 
étranger aux phénomènes observés ; en outre, dans un cas, l'injection 
d’extrait hypophysaire a déterminé, chez un lapin à pneumogastriques 
sectionnés, un rythme bigéminé succédant à la dissociation 2 : 1 et 
Suivi lui-même par un rythme 1 : 1 avec P-R trois fois plus allongé 
que la normale. 

Nous concluons de ces faits, qu'entre autres actions de l'extrait de 
lobe postérieur d'hypophyse, préparé suivant la méthode indiquée plus 
haut, il existe une action toute spéciale sur le myocarde, en particulier 

BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. ©. LXXIV. 69 


ke 


998 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sur les fibres hisiennes; l'extrait hypophysaire se comporte à leur égard 
comme un poison électif, inhibiteur, à action éphémère il est vrai, et 
nulle pour les réinjections pratiquées peu de temps après la première 
injection. Ullérieurement, nous nous proposons d'étudier l'action 
d’autres préparations hypophvsaires. 


À PROPOS DES INFECTIONS DE LABORATOIRE A BACILLES TYPHIQUES. 


Note de A. HAIBE, présentée par H. VINCENT. 


Le 14 février de cette année un de mes garçons de laboratoire aspire 
dans la bouche 1 c. c. 1/2 d'une émulsion épaisse de bacilles typhiques. 
Il rejette le liquide et pendant cinq minutes se rince à l’alcool. Toute- 
fois il se rend compte du danger qu'il encourt, car l’émulsion micro- 
bienne a pénétré sous la langue, dans les interstices des dents et même 
dans l’arrière-gorge. J'écris immédiatement à l’Institut antityphique du 
Val-de-Grâce. Le surlendemain je suis en possession du vaccin. 


La première injection est pratiquée le 16 à midi, c’est-à-dire qua- 
rante-huit heures après l'absorption de la culture. Après cette première 
injection, le jeune homme n’accuse qu'une légère sensibilité à l'endroit 
de la piqüre, et de la gêne à l’occasion de certains mouvements du bras. 

La seconde injection est, au contraire, suivie d’une forte réaction locale, 
caractérisée par de la tuméfaction, de la rougeur et de la douleur avivée 
surtout par les mouvements du bras. La troisième et la quatrième injec- 
tions n'entrainent presque pas de malaises. 

Une observation méliculeuse permet d'affirmer que ce jeune homme 
n'a pas présenté le moindre symplôme typhique; il ne renonca à 
aucune de ses occupations depuis le début de l’immunisation. 

La dernière injection vaccinale ayant été pratiquée le 13 mars, je lu 
prélevai du sang le 4% et le 25 avril à l'effet d'y rechercher le taux de 
l’agglutination et du pouvoir bactéricide. Ce dernier essai a été effectué 
d’après la méthode classique (Selavo, Shiga) en ajoutant aux différentes 
dilutions du sérum chauffé à 55 degrés l’alexine de cobaye et l'émulsion 
microbienne en proportions convenables. Les tubes sont portés à 
3b degrés pendant trois heures et on apprécie la destruction des bacté- 
ries par les cultures en boites de Petri. 

La lecture de ce tableau montre que dix-huit jours et même quarante- 
trois jours après la dernière injection, le sang du jeune homme immu- 
nisé par le vaccin polyvalent de Vincent exerce sur le bacille typhique 
un pouvoir bactéricide notable, alors que deux sangs normaux ne se 
sont pas monirés bactéricides, dans les mêmes conditions. 


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1000 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Quant à l’agglutination, elle s’est montrée très nette à 1:1000 lors du 
premier prélèvement de sang, et s’est limitée à 1:600 lors du second. 

Quoi qu'il en soit, le jeune homme ne prit pas la fièvre typhoïde bien 
que l'infection ait précédé de quarante-huit heures la première injection 
immunigène. Nous reconnaissens que la contamination n est pas fatale 
chez tous ceux qui ont avalé des bacilles d’Eberth ; mais dans le cas qui 
nous occupe, vu l’âge du sujet et l'absorption massive, le danger était 
très sérieux. Ceux qui fréquentent les laboratoires de bactériologie 
savent que ces infections à bacilles typhiques ne sont pas rares. Des 
exemples ont été rapportés par Netter (Bulletin de l'Institut Pasteur, 
1906, page 926), par Vincent et bien d'autres. 


(Travail de l'Institut provincial de Bactériologie de Namur, Belgique.) 


. 


M. VincenT. — Ce cas est le septième que je connaisse, dans lequel une 
infection massive de laboratoire a été prévenue par l'injection de vaccin 
polyvalent (5 cas de protection par l’autolysat, 2 cas par le vaccin bacil- 
laire). Le lavage de la bouche ne suffit évidemment pas pour protéger . 
contre l'infection. Je connais un cas d'absorption accidentelle chez un 
médecin ayant eu, cependant, sept ans auparavant, la fièvre typhoïde, 
et dans lequel des traces insigmifiantes de culture accédèrent jusqu'aux 
lèvres. Ce médecin se rinça et se désinfecta la bouché pendant 20 mi- 
nutes. Cela ne l’empêcha pas de prendre la fièvre typhoïde exactement 
quinze jours après. Je connais un cas plus récent de même nature chez 
un sujet non vacciné. 

La vaccination antityphique par le vaccin polyvalent à l’éther peut 
donc protéger les personnes gravement infectées et en incubation de 
fièvre typhoïde. 


LOI D'EXCITATION D'OUVERTURE SUR DIFFÉRENTS TISSUS, 


par H. CarpoT et H. LAUGIER. 


Nous avons montréantérieurement (1) quelle relation lie l'intensitéà la 
durée de passage du courant galvanique rectangulaire, pour l'obtention 
de la secousse d'ouverture. Cette relation, dans le cas particulier du 
sciatique et du gasirocnémien de grenouille, est de même forme que 
celle qui existe entre l'intensité et la durée pour le cas de l'excitation de 
fermeture ; c'est-à-dire qu'en première approximation, la loi expérimen- 


(4) H Cardot et H. Laugier. Journ. de physiol. et de path. gén., 15 mars 1912 ; 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIT, p. 230, 23 fév. 1912. 


SÉANCE DU 10 MAT 1C01- 


| PPS out 
tale peut être confondue-avec une hyperbole équilatère, i — a b, etla 


loi des quantités avec une droite, q = à + b t; pour les temps courts, 
toutefois, on trouve dans les deux cas (fermeture et ouverture) le même 
écart systématique : la courbe des quantités s’infléchit en dessous de la 
droite 4 — a + bt. Dans la portion où la loi est linéaire, on peut donc 
déterminer le rapport a/b, dont la valeur peut d’ailleurs être obtenue 
expérimentalement d'une façon simple : 1° en déterminant le seuil 
d'intensité pour l'ouverture dans le cas d’un courant rectangulaire 
prolongé ; 2° en cherchant quelle durée minima doit avoir pour exciter 
à l'ouverture l'onde rectangulaire d'intensité double de la précédente. 

Des expériences nombreuses nous ont montré que le rapport en 
question déterminé sur le sciatique de la grenouille a une valeur 
environ égale àunedizainedefoisla chronaxie. Il importait de rechercher 
si cette relation était ou non générale, et de voir si les divers tissus se 
classent d’après la valeur de ce rapport comme ils se classent d’après la 
valeur de Ia chronaxie, d’après leur rapidité de contraction, etc. 

Une première indication a été donnée dans ce sens par Engelmann (1) ; 
il a signalé, sans appuyer son affirmation par des expériences quantita- 
tives, que si l'on diminue la durée du passage, le minimum de durée 
donnant encore une excitation d'ouverture est d'autant plus grand que 
le tissu est plus lent. Nous avons commencé à résoudre cette question 
en employant le pendule d'Helmholtz mis à notre disposition par la 
Société de Biologie, pendule qui, joint à celui de K. Lucas et au 
rhéotome balistique de Weiss, permet de réaliser des passages de 
courant dont la durée varie du dix-millième de seconde à la seconde. 

Nous avons alors comparé trois tissus très différents quant à leur 
vitesse d’excitabilité. Les expériences sont failes avec des électrodes 
impolarisables et en éliminant la possibilité des décharges de polari- 
sation des tissus (2). 

1° Gastrocnémien de Grenouille excité par son sciatique (expérience 
décrite antérieurement) : Chronaxie voisine de 0”0003. Rapport a/b, pour 
l'ouverture: de 0003 à 0”006 ; 

2° Ventricule de Rana esculenta: en sectionnant un ventricule à la 
base, en posant cette lésion sur une électrode diffuse prise comme 
cathode, et en plaçant une fine anode différenciée sur la pointe, il est 
assez souvent possible d'obtenir pour les courants de longue durée le 
seuil d'ouverture à un niveau d'intensité suffisamment inférieur à celui 
de fermeture pour permettre la détermination du rapport a/b correspon- 
dant à l'ouverture. 

Expérience du 18 avril 1913. — A. Electrode différenciée positive. 


(1) T. W. Engelmann. Pflüger's Archiv, vol. ILT, p. 300, 1870. 
(2) H. Cardot et H, Laugier. Loc. cit. 


1002 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Seuil de fermeture pour un passage de courant prolongé: 0 v. 96; seuil 
d'ouverture pour un passage de courant prolongé: 0 v. 28; pour une 
intensité double de celle correspondant à ce seuil (voltage: 0 v. 56), 
la durée minima (rapport a/b) pendant laquelle doit passer le courant 
pour donner une excitation d'ouverture est égale à 0"07 — 0"08. 

B. Electrode différenciée négative. Seuil de fermeture pour un pas- 
sage de courant prolongé : 0 v. 28 ; chronaxie entre 0”007 et 0"O11 ; 

3° Ventricule d’Aelix pomatia. — Ce muscle, excité par la méthode 
dite unipolaire, donne, comme il a été montré, d'autre part, une remar- 
quable dissociation de deux effets opposés : inhibition et excitation. Par 
exemple, si l’électrode différenciée est la cathode, la contraction ne se 
produit qu’à l'ouverture du courant, la fermeture donnant seulement 
de l’inhibition, c’est-à-dire une diminution du tonus musculaire. Donc, 
dans l'emploi des excitations brèves, s’il y a une contraction, celle-ci 
doit être rapportée à l'excitation d'ouverture. 

Expérience du 23 janvier 1913. — Elle est faite sur un ventricule ne 
donnant pas de contractions spontanées, ce qui est le cas habituel quand 
ce muscle est sectionné à ses deux extrémités et n’est soumis à aucune 
tension. 

A. Electrode différenciée négative. Seuil d'ouverture pour un passage 
prolongé: entre 3 v. et 3 v. 5. Pour un voltage double (6 v. 5), la durée 
minima donnant le seuil est comprise entre 2” et 3”. 

B. Electrode différenciée positive. Seuil de fermeture pour un courant 
prolongé : 2 v.; chronaxie comprise entre 0"19 et 0"24. 


Conclusion. — On voit que les tissus étudiés se classent dans le même 
ordre d’après la valeur du rapport a/b délerminé pour l'excitation 
d'ouverture et d’après celle de leur chronaxie. Ce rapport a/b est égal à 
environ une dizaine de fois la chronaxie. 

Ce résultat présente une grande importance au point de vue de la 
détermination de la nature du phénomène physico-chimique qui con- 
ditionne les différences de vitesse d’excitabilité des tissus. 


(Travail du laboratoire de physiologie générale 
du Muséum d'Histoire naturelle.) 


SUR UN ACCIDENT PARTICULIER DU CARDIOGRAMME HUMAIN, 
par C. PEzzI. 
On distingue, dans la systole ventriculaire, une période de tension allant 


depuis le début de la systole jusqu'à l'ouverture des valves sigmoïdes 
et une période d'évacuction correspondant à la phase où le sang passe 


SÉANCE DU 10 MAI 1003 


dans l’aorte et dansla pulmonaire. Or, s’il est possible d'estimer la durée 
totale des deux périodes en mesurant l'intervalle qui sépare le pied de 
la ligne d'ascension ventriculaire de la fin du plateau systolique, par 
contre, on ne peut guère préciser leur durée respective faute d’un repère 
qui témoigne sur le cardiogramme du moment où s'ouvrent les valves 
semilunaires. 

Les physiologistes ont pu évaluer la durée de la période de tension 
chez l'animal, mais les chiffres qu'ils ont donnés pour la période corres- 
pondante chez l’homme sont quelque peu arbitraires, car ils ont été 


Fic 1. Tracés comparatifs du choc du cœur et de la carotide: a, soulèvement auri- 
culaire ; o.s, ouverture des valves semilunaires. 


oblenus en retranchant, du temps qui s'écoule entre le début de la sys- 
tole et le battement carotidien, le temps employé par l'onde pulsatile 
pour se propager de la racine de l’aorte à la carotide. Cet intervalle ne 
pouvant être apprécié que d’une manière approximative,ilen résulte que 
les auteurs trouvent pour la durée de lapériode de tension chez l'homme 
des chiffres sensiblement différents. C’est ainsi qu’elle mesure pour 
Landois (1) à peu près 8 centièmes de seconde et demi et qu’elle oscille 
pour Frederieq et Nuel (2) entre 4 et 7 centièmes de seconde. 

Ayant recueilli de nombreux cardiogrammes sur l'homme, il m'a été 


(1) Landois. Traité de Physiologie, p. 91, Paris, 1893. 
(2) Fredericq et Nuel. Éléments de Physiologie humaine, 1910. p. 90. 


1004 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


donné, dans certaines conditions, d'observer sur la lighe montante de 
la systole ventriculaire un petit accident qui me paraît correspondre à 
l'ouverture des valves sigmoiïdes. 

-Les tracés comparatifs du cœur et de la carotide, représentés sur la 
figure 1, ont été enregistrés sur un brigthique, azotémique avec grosse 
hypertension (pression maxima 25-26, minima 16-11 à l'appareil de Pa- 
chon). La ligne montante de la systole véntriculaire s’interrompt brus- 
quement à.un moment donné, il en résulte une sorte d’encoche marquée 
par les lettres 0.5. La reprise de la ligne d’ascension après cet arrêt 
correspond exactement au pied de la pulsation carotidienne. Le point 
d'arrêt 0.5, vu sa faïble précession, ne peut donc traduire autre chose 
que lemomrentd'ouverture des valves sigmoïdes (aortiques dans l'espèce). 
Quant à la petiteondulation, qui précède le batteinent carotidienel com- 
prise entre les deux repêres, elle est là conséquence d'une légère aug- 
meñtation de pression dans l'aorte et dans les vaisseaux du cou lors de 
la contraction brusque, initiale des ventricules (période de tension). 

L'accident 0.5 que je viens de signaler sur le cardiogramime n'est pas 
inconnu ; ila été remarqué d'abord par D'Espine (1) sans qu'il en ait 
compris d'ailleurs la signification, car il l'explique par une sorte de 
systole en deux temps s'accompagnant de bruit de galop dont à serait 
l'extériorisation graphique. Lépine (2)a publié ensuiteun tracécardiaque 
où la ligne d’ascension systolique du ventricule est coupée en son milieu 
par ün temps d'arrêt qui précède le battement carotidien, Cet auteur, 
s'il n'accepte pas l'idée émise par D'Espine, ne propose pas noù plus 
d'intérprétation personnelle; il ajoute toutefois que M. Fr. Franck, à qui 
il a Soumis le tracé, pense que l'accident de l'ascension systolique cor- 
respond au moment de l'ouverture des sigmoïldes. 

Pour ma part, sur les tracés cardiaques où j'ai constaté l'encoche 0. sr 
celle-ci a toujours précédé le repère carotidien. Bien plus, chez deux ma- 
lades dont l’aorte battaitau niveau du deuxième espace intercostal droit, 
l'encoche en question s’est montrée synchrone avec le pouls aortique. Il . 
ne me paraît done pas douteux qu’elle traduise l'instant précis où s'ou- 
vrént les valves semilunaires. Son mééanisme ést d'ailleurs facile à com- 
prendre : lé soulèvement du plancher sigmoïdien s’accompägne d'une 
diminution brusque de volume du cœur, dont le contact avec le bouton 
du éardiographé s’intérrompt ainsi pendant un instant très court. La 
ligné du tracé marque alors un petit arrêt, voire mème une légère 
chuté, puis la ligne remonte, aussitôt que le cardiographe est de nouveau 
pressé par le Yentricule qui achève sa systole. 


(1) D'Espine. Essai de cardiographie clinique. Revue de Médecine, 1882, p. 117- 
141. 

(2) Lépine. Sur un point relatif à la physiologie pathologique du cœur. Re-. 
vue de Médecine, 1882, p. 245. 


SÉANCE DU 10 MAI 1005 


Er I 


Je dois néanmoins dire que je n'ai jamais constaté une telle encoche 
sur les Cardiogrammes des sujets sains. Dans la grande majorité des cas, 
oh hé peut alors fixer le moment d'ouverture des valves sigmoïdes, car 
il ést rate que cette phase de la révolution cardiaque corresponde au 
sommet de la ligne d’ascension ventriculaire. L'accident 0.5 se retrouve, 
par contre, très fréquemment sur le cardiogtamme de sujets présentant 
uñé grosse hYpertrophie du ventricule gauche et surtout chez les brighti- 
qués avec cœur de Traube. I] faut alors quele tracé soit recueilli en plein 
décubitus latéral gauche (Pachon). Une large surface du ventricule vient 
ainsi én contact avec la paroi thoracique èt l'encoche 0.5 apparaît d’au- 
tant plus nette que l'on place le cardiographe Sur une partie plus éloi- 
dnée de la pointe. Cela sé comprend, tar c’est particulièrement au niveau 
de la région ventriculaire préaortique que se fait sentir la modification 
de volume du cœur. 

Sur mes tracés la durée de la période de tension (ventricule gauche 
oscille chez l'hommeentre 4et 5 centièmes de seconde. 


RECHERCHES SUR L'ORIGINE DE LA CHOLESTÉRINE BILIAIRE, 


par À. CHAUFFARD, GUY LAROCHE et A. GRIGAUT. 


. Au cours de nos recherches successives sur la cholestérinémie, nous 
avons essayé de préciser les rôles respectifs que jouent dans l’élabo- 
ration de la cholestérine Cireulante l'apport alimentaire, les glandes à 
sécrétion interne, en particulier les Surrénales et le corps jaune, et il 
reste mâintenant à définir la part qui revient au parenchyme hépatique 
et au tractus biliaire dans la sécrétion et l'élimination de la choles- 
térine. Ceci est le côté le plus difficile du problème, et, depuis Îles 
recherches classiques de Naunyn en 1891, des interprétations très 
diverses ont été émises. Alors que Naunyn considérait la sécrétion 
cholestérimique comme étant due à une desquamation de l’épithélium 
biliaire, indépendante de l'alimentation, Jomier, en 1905, étudiant 


seulement la présence des matières grasses dans le foie par les impré- 


gnations osmiquées, a constaté que celles-ci se trouvaient surtout au 
pôle péricanaliculaïre des cellules hépatiques et dans les canaux 
biliaires. En 1909 Aschoff et Bacmeiïster, étudiant la vésicule, admettent 
que Îles granulations pour la plupart monoréfringentes qu'on trouve 
dans les cellules épithéliales vésiculaires relèvent d'une résorption 
graisseuse vitale. Guy Laroche et Flandin, en 4912, constatèrent la 
présence dans la bile intrahépatique des granulalions biréfrmgentes 


je 
«: * 


DLL 


1006 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


choléstériniques, en amont du réservoir vésiculaire. Nos recherches 
actuelles ont eu pour programme d'étudier, au point de vue de leur 
existence et de leur localisation plus ou moins abondante aux divers 
étages de l'arbre biliaire, les granulations graisseuses et lipoïdiques chez 
des chiens normaux ou ayant subi la ligature du cholédoque. 

Chez 6 chiens normaux, nous avons trouvé 3 fois des granulations très 
nombreuses, colorées par le Sudan III dans tout l’arbre biliaire . 
(canaux et canalicules et épithélium vésiculaire), la plupart de ces 
granulations étaient monoréfringentes; mais on constatait nettement 
des granulations biréfringentes mélées à elles, rares dans la vésicule 
et les gros canaux, très nombreuses dans les cellules des petits canaux 
biliaires. Ces granulations sont tantôt axiales, tantôt basales, sur 
plusieurs rangées parallèles, lorsqu'elles sont nombreuses. 

Parfois on en constate par petits ilots dans les espaces conjonctifs à 
côté des canaux biliaires. 

Chez trois autres chiens, il n'existait aucune granulation constatable. 

D'autre part, chez six chiens ayant subi la ligature basse du cholé- 
-doque, nous avons trouvé deux fois l’absence de granulations dans les 
canaux biliaires et deux fois l’existence de rares granulations. Dans les 
deux derniers cas, au contraire, les granulations étaient extrêmement 
nombreuses dans toute la hauteur du tractus biliaire, mais chez ces 
deux chiens existait un cholépéritoine abondant postopératoire, qui avait 
par cela même supprimé toute stase de la bile sécrétée, après une phase 
antérieure de rétention et d’ictère. 

Chez un chien ayant subi cinq jours de jeûne complet, les granula- 
tions existaient à peu près aussi abondantes que chez les trois chiens 
normaux chez qui nous en avions constaté. 

Quant à la cellule hépatique elle-même, les granulations biréfrin- 
gentes ont paru en proportion identique et relativement assez peu abon- 
dante chez les divers chiens normaux et chez le chien inanitié. Pour les 
chiens ligaturés, on sait qu'un certain degré d’infection ne peut guère 
être évité el rend par cela même plus complexe l'interprétation de 
données histologiques. 

De tout ce qui précède, on ne peut tirer que des conclusions partielles. 
Nous ne pouvons dire pourquoi les résultats paraissent dissemblables 
chez des chiens normaux et observés dans des conditions identiques. 
Mêmes faits avaient été vus par Jomier qui, sur 43 chiens, n'avait 
trouvé que dix fois la présence de granulations graisseuses dans les 
parois des canaux biliaires. Ces granulations sont-elles dues à une 
résorption intrabiliaire, comme le croient Aschoff et Bacmeister? Nous 
ne le pensons pas et la preuve nous en paraît donnée par ce fait que, 
chez les chiens en rétention biliaire par ligature du cholédoque, on 
peut ne constater aucune granulation, alors que les conditions les plus 
favorables à la résorption sont réalisées. Par contre, quand la ligature 


TT, CPS Les? 22/0 D AT né ES SE PAR 
NON PT RE LE ed 


SÉANCE DU 10 MAI 1007 


du cholédoque cède, qu'un cholépéritoine se forme et que la sécrétion 
biliaire se rétablit librement, les granulalions graisseuses et lipoïdiques 
apparaissent. 

Dans l’état actuel de la science, il paraît donc vraisemblable d'admettre 
que la cholestérine et les graisses de la bile sont dues à une sécrétion épi- 
théliale des canaux biliaires, et il semble que celle-ci trouve son siège 
d'élection au niveau des radicules biliaires et au voisinage de la cellule 
hépatique. Nous ne pensons pas qu'il soit possible pour le moment de 
donner une définition plus précise de ce phénomène sécrétoire. 


AU SUJET DU Zrypanosoma talpæ, 


par À. LaAvERAN et M. MARULLAz. 


L'existence des trypanosomes de la taupe est connue depuis les 
travaux de Gros (1), en 1845, et de Petrie (2), en 1905. Thomson (3) a 
donné, en 1406, une bonne description de ces parasites qu’il a observés 
chez des taupes (7alpa europæa) provenant de la région d’Elstree 
(Angleterre), et que Nabarro dénomma 7ryp. talpæ. Plus récemment, 
França (4) a trouvé chez des taupes du Portugal (7alpa cæca, T.europæa) 
des trypanosomes un peu plus courts et un peu plus larges que ceux 
des taupes d'Angleterre. Thomson indique, comme moyennes, une 
longueur totale de 27 w 6, et une largeur de 345; pour França, la 
longueur moyenne, flagelle compris, est de 21 u 1, et la largeur de 4 u 9. 
Jusqu'à présent, les essais de culture ou a à d’ autres 
animaux que les taupes n’ont pas donné de résultats. 

Nous avons eu l’occasion d'examiner un lot de 12 taupes capturées, en 
avril dernier, dans la région de Tournan (Seine-et-Marne), dont8 avaient 
des trypanosomes très rares et 1 des trypanosomes non rares. En outre, 
chez 4 taupes, sur 8 examinées plus spécialement à ce sujet, nous avons 

trouvé des £’Ileipsisoma Thomsoni Franca ; nous n'avons pas vu de corps 
de Graham-Smith. 

Dans les préparations de sang frais, il est difficile d'étudier le 77. 
talpæ qui est animé de mouvements très vifs et se déplace avec rapi- 
dité. Sur les frottis de sang colorés par la solution de Giemsa, après 
fixation à l’acide osmique, nous n'avons trouvé que des formes adultes. 
L'aspect du 77. talpæ est caractéristique et le différencie nettement du 


Gros, cité d’après Thomson. 

Petrie. Journal of Hygiene, avril 1905, p. 193. 

J.-D. Thomson. Journal of Hygiene, oct. 1906, t. VI, pp. 574-579. 

C. Francça. Arch. do Instit. bacter. Camara Pestana, 1911, t. II, fase. 3. 


(1) 
(2) 
(3) 
(&) 


1008 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


type Jr. Lewisi. La longüeur totale (flagelle compris) est de 95 à 27 p, 
là largeur (membrane ondulante comprise) varie de 325 à 42; la partie 
libre du flagelle mesure 3 4 5 à 405. É 

La membrane ondulante est étroite et peu plissée ; la partie posté- 
rieure du corps forme, à partir du centrosome, un éperon effilé de 
6 à 7 L. de long. 

Le centrosome, assez volumineux, est placé exactement sur le bord 
du corps, du côté de la membrane ondulante, tandis que le noyau 5e 
trouve sur le bord opposé. Gette disposition du noyau et du centro- 
some, représentée dans la figure ci-jointe, est caractéristique. La forme 


Trypan. talpæ, forme adulte. Grossissement 3.000 D environ. 


du noyau est ovalaire ou semi-lunaire ; le noyau et le centrosome se 
colorent bien et apparaissent nettement. Le protoplasme prend facile- 
ment une teinte rouge, après une coloration prolongée ; il renferme des 
granulations chromophiles de nombre et de dimensions variables, 
parfois amassées dans le voisinage du noyau ou du centrosome, qu'elles 
masquent plus ou moins; on n’en trouve qu'exceptionnellerment dansJla 
portion prénucléaire du corps. Dans un cas, nous avons observé la 
disposilion des granulations en séries longitudinales, indiquée par 
França. Deux de nos trypanosomes présentaient une forme atypique, 
trapue, due à la rétraction de l’éperon postérieur qui ne mesurait plus 
que 3 à partir du centrosome. Nous n'avons pas vu de formes de 
multiplication. 

Des ensemencements sur milieu de Novy simplifié n'ont pas donné 
de culture. Nous avons inoculé du sang de taupes infectées de très 
rares {rypanosomes à 2 souris, 1 cobaye et 1 rat blanc. Lies souris ont 
succombé au quatrième et au cinquième jour, le cobaye au neuvième 
jour, et le rat au onzième jour, à des infections bactériennes, sans 
avoir jamais montré de trypanosomes. 


SÉANCE DU 10 Maï 1009 


PRÉSENCE CONSTANTE DU TRÉPONÈME 
DANS LE CERVEAU DES PARALYTIQUES GÉNÉRAUX MORTS EN dc{us, 


par À. Marie, C. LEvaprrr et J. BANKOWSKI. 


Les recherches publiées par Noguchi et Moore (1), par Marinesco et 
Minea (2) et par nous-mêmes (3) ont montré que la méthode de l'impré- 
guation à l'argent (Levaditi), appliquée à l'étude des cerveaux de para- 
lytiques généraux, permet de découvrir le tréponème dans l'écorce 
cérébrale tout au plus dans une proportion de 25 p. 100 des cas 
examinés. On pouvait donc objecter que dans ce nombre, relativement 
- petit, des cas positifs, il s'agissait non pas de paralysie générale 
typique, mais de ce que l’on appelle la pseudo-paralysie générale; 
on pouvait supposer que chez les paralytiques généraux à cerveau 
dépourvu de spirochètes, la pathogénie de l'affection était tout autre: 
on expliquait ainsi la non-efficacité du traitement spécifique appliqué 
en pareils cas. Ce n’était pas là, cependant, notre facon de voir, et dans 
notre note nous émettions l'hypothèse que le tréponème pâle devait 
exister d’une facon beaucoup plus constante dans les cerveaux de 
paralytiques; si, jusqu'alors, on ne l'avait pas décelé dans tous les 
cas, cela tenait, disions-nous, aux imperfections de la méthode, en par- 
ticulier à l’affinité marquée des fibrilles nerveuses pour l'argent. Or, 
les faits que nous apportons aujourdhui confirment pleinement notre 
opinion. En effet, à {a condilion de se servir d'une méthode d'investigation 
appropriée et d'examiner systématiquement chaque circonvoluthon céré- 
brale, on réussit a découvrir le tréponème dans la grande majorité, sinon 
dans lous les cas, de paralysie générale, 


Méthode. — Les recherches doivent porter sur des cerveaux frais, la 
néeropsie ayant été pratiquée le plus tôt possible ‘1). On examine chaque cir- 
convolution cérébrale, en commencant par les zones postérieures des frontales. 
Après dissection de la pie-mère, on découpe avec des petits ciseaux courbes 
un petit fragment (2 à 3 millimètres), d’écorce cérébrale et on le dissocie dans 
deux à trois gouttes d’eau salée, sur une lame. L’émulsion sert à faire une 
préparation pour l'ultra, et des frottis, en ayant soin de la diluer préalablement. 
Les frottis sont colorés : 1° à l’encre de Chine; 2° par la méthode de Fontana (1); 
30 par le procédé de Lœffer. 


(4) Noguchi. Journ. of experiment. Med., 1°* février 1913, et Comptes rendus 
de la Soc. de Biologie, mars 1943, 

(2) Marinesco et Minea. Bulletin de l'Acad. de médecine, mars 1913. 

(3) Marie, Levaditi et Bankowski. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
avril 1913. : 

(4) Nous avons cependant décelé de très nombreux tréponèmes chez un 
paralytique dont la nécropsie a été pratiquée quarante-huit heures après la 
mort. 


1010 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Observations. — Les cerveaux frais examinés par nous sont au nombre de 
six (1). Dans tous, sans exception, nous avons décelé le tréponème. Voici les 
observations de nos malades. ; 


Oes. I. — Bourg..., quarante-neuf ans. Cette observation a déjà été publiée 
dans notre première note. 
Ogs. IL. — Scho.…, trente-sept ans, employé. Le 1°" novembre 1912, le 


Dr Guillain constate des troubles cérébraux caractérisés par de la confusion 
mentale avec amnésie et actes à caractères démentiels, nécessitant le trans- 
fert dans un asile spécial. A Sainte-Anne, le D' Briand fait le diagnostic de 
paralysie générale avec apathie, hésitation de la parole, inégalité pupillaire. 
Entre à Villejuif le 5 novembre 1912, et, le 6, le Dr Marie note : paralysie 
générale avancée (démence et faiblesse générale, confusion amnésique). Nie 
la syphilis. Décès en ictus le 30 avril 1913 (icéus depuis la veille). 

O8s. III. — Crois.…., trente-sept ans, livreur. Le 6 mars 1912, le Dr de Clé- 
rambault fait le diagnostic de paralysie générale. Torpeur psychique, indiffé- 
rence, pupilles inertes et inégales (mydriase gauche maxima), réflexes plan- 
taires nuls, achilléens faibles, légers tremblements des doigts et de la langue, 
alopécie médiane. Le malade a fait des commandes répétées dans le même 
magasin; prévenu d’escroquerie, expertise concluant à un non-lieu. Entre à 
Villejuif le 9 mars 1912, où le D' Marie confirme le diagnostic de paralysie 
générale. Décès le 3 mai 1913, en ictus. 

Ogs. IV. — Bour.…., quarante-neuf ans, typographe. Le D' Legras constate, 
le 7 novembre 1912 : alcoolisme chronique, affaiblissement intellectuel, 
dépression, désorientation, propos désordonnés, hallucinations, gâtisme, 
contraction pupillaire, tremblement des doigts. Condamné à trois mois de 
prison pour vol. Le 23 novembre 1942, le D’ Briand fait le diagnostic de 
paralysie générale avec aphasie passagère consécutive à un ictus récent; hési- 
tation de la parole, saturnisme. Entre à Villejuif, le 22 février 1943, où le 
D' Marie diagnostique la paralysie générale avancée. Nie la syphilis. Décès le 
6 mai 1913, en ictus. 

OBs. V. — Boi.…., quarante-six ans, forgeron. Le 23 octobre 1912, le 
D' Dupré constate : paralysie générale progressive, démence, inconscience, 
propos incohérents, euphorie, embarras considérable de la parole, tremble- 
ments des lèvres et de la langue, pupilles inégales. Condamné à trois mois de 
prison, le 5 septembre 1912, pour vol et complicité. À Sainte-Anne, le D’ Briand 
confirme le diagnostic de paralysie générale. Entre à Villejuif le 14° mars 1913, 
où le D' Marie constate, en plus, des troubles oculo-pupillaires et de la 
mégalomanie. Nie la syphilis. Décès le 6 mai 1913 en ictus. 

O8s. VI. — Can.…., cinquante ans. Le 28 avril 1913, le D’ Bruck constate du 
délire et demande l’internement; le 29, le D: Briand fait le diagnostic de 
paralysie générale avec idées incohérentes de satisfaction, agitation par 
intervalles, hésitation de laïparole, inégalité pupillaire. Malade depuis janvier 
1912, est interné à Villejuif le 28 avril 1913. Décès le 9 mai 1913, en ictus. 


(1) Un nouveau cas examiné depuis porte au nombre de sept nos résultats 
positifs. 


Ds COUP RNA TT VE ANET AOL EN Eh MEN OT TS CA 1 La 
DT TA LE ILE M Gale Nr SAUTER AE" « à = 


SÉANCE DU 10 mar 1011 


Il s’agit donc de six cas de paralysie générale typique, datant de plu- 
sieurs mois à un an; l'examen des six cerveaux a fourni un sue 
positif, comme le montrent les détails suivants : 

OBs. I : Spirochètes nombreux au niveau de la partie postérieure des 
frontales qauches. 

Ons. II : Spirochètes très rares au niveau des circonvolutions occipi- 
tales (4. gauche). O8s. II : 77. G : tréponèmes très nombreux au niveau 
de la deuxième frontale; H. D: tréponèmes très nombreux au niveau de la 
deuxième frontale, nombreux dans la première et la troisième frontales, la 
frontale ascendante et la fosse sylvienne. Os. IV. A. G. : tréponèmes 
nombreux dans la circonvolution de Broca, rares dans la frontale ascen- 
dante ; H. D. : tréponèmes rares dans la première frontale. Oss. V : H.G.: 
tréponèmes très nombreux à la partie postérieure de la 1° et la IF fron- 
 tales, plus rares dans la circonvolution de Broca et la frontale interne. 
Spirochètes rares dans le liquide ventriculaire (ventricule latéral gauche). 
H. D. : pas de tréponèmes. OBs. VI. Æ. G. : tréponèmes très rares dans 
la seconde frontale, la circonvolution de Broca et la fosse syluienne ; 
H. D. : tréponèmes très rares dans le pied de la troisième frontale. 

Pas de parasites dans le reste des esse cérébraux et les gan- 
glions rachidiens (2 cas). 

Il résulte de ces données que les {réponèmes existent d’une facon cons- 
tante dans l'écorce cérébrale des paralytiques généraux qui succombent en 
ictus apoplectiforme. Leur quantité varie sensiblement d'un cas à l’autre, 
ainsi que leur topographie. Trois fois sur six, les parasites étaient aussi 
abondants que dans certains frottis de chancre syphilitique ; chez trois 
autres malades, au contraire, ils étaient si rares qu'il a fallu les chercher 
pendant longtemps. Ce qui est frappant, c’est la disposition des trépo- 
nèmes par foyers plus ou moins circonscrits. Ainsi, chez notre second 
malade, les parasites n’existaient que dans la région occipitale gauche 
tandis que, chez le cinquième sujet, l’îilot spirochétien occupait une 
zone correspondant à la partie postérieure ‘des circonvolutions fron- 
tales gauches et à la première frontale interne, avec un maximum dans 
la deuxième frontale. Comme l’a déjà remarqué Noguchi, les tréponèmes 
se trouvent dans le cortex proprement dit; l'examen de la substance 
blanche immédiatement sous-jacente à un foyer riche en parasite nous 
a fourni, en effet, des résultats négatifs. 

Ces données permettent de formuler ainsi l’éfiologie et la pathogénie 
de la paralysie générale : 

La paralysie générale est une maladie due à la pullulation des trépo- 
nèmes dans l'écorce cérébrale et aux lésions que cette pullulation 
engendre. La prolifération des parasites parait Hapuedir par poussées 
successives; ses localisations varient d'un cas à l’autre, tout en étant 
plus fréquentes au niveau des zones antérieures du cerveau. Il y a une 
analogie frappante entre ces poussées tréponémiques cérébrales, d'une 


1042 je: - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


part, et l'apparition périodique des manifestations spécifiques cutanées 
et muqueuses, d'autre part. On pourrait comparer ces foyers multiples 
et successifs à autant de syphilomes du cortex cérébral, laissant après 
eux une sclérose équivalente à l’induration post-chancreuse. Lorsqu'un 
foyer parasitaire se stérilise spontanément, après avoir engendré des 
lésions indélébiles, un autre se forme dans des cireonvolutions encore 
intactes; cela explique pourquoi les zones cérébrales les plus lésées 
macroscopiquement ne sont pas toujours, d'après nos observations, les 
plus riches en parasites. Enfin, il nous paraît probable que l’ictus apo- 
plectiforme des paralytiques correspond à ces poussées tréponémiques 
aiguës, surtout lorsque ces poussées sont localisées au niveau des zones 
motrices, On aura donc plus de chance de déceler le tréponème dans le 
cerveau des paralytiques qui succombent en ictus que chez les malades 
qui meurent dans l'intervalle de ces poussées parasitaires aiguës, à la 
suite de maladies intercurrentes. 


ACTION LOCALE DE LA STRYCHNINE SUR LE NERF; HÉTÉROCHRONISMES 
NON CURARISANTS, POISONS PSEUDO-CURARISANTS, 


par L. et M. LapPicouE. 


1° Quand on plonge une préparation neuro-musculaire (sciatique et 
gastrecnémien disséqués) dans un bain de strychnine à un ou deux 
pour mille, l’excitabilité indirecte disparait au bout d’une fraction 
d'heure, L’excitabilité directe se maintient semblable à elle-même :; 
chronaxie non changée, rhéobase relevée deux ou trois fois. On observe 
les mêmes phénomènes en injectant à une grenouille quelques milli- 
grammes de sulfate de strychnine. 

Dans ces deux cas, les fibres nerveuses et les fibres musculaires sont 
imprégnées du poison dans toute leur longueur, par l’effet soit de la 
circulation, soit de l’imbibition et de la diffusion.’ 

Suivant notre façon de voir, la strychnine a un effet sur la substance 
nerveuse (accélération directement constatable), et pas d'effet sur la 
substance museulaire; il se produit alors une discontinuité au contact 
des deux substances. Primitivement elles étaient accordées; malgré la 
différence de structure et de composition chimique, leurs réactions fonc- 
tionnelles étaient isochrones. Après l’action du poison sur l’une des deux, 
elles sont désaccordées, héterochrones, et la différence des conditions de 
propagation de l’influx est brusque à la limite de séparation. C'est de ce 
brusque changement que résulte l'impossibilité de transmission, forme 
particulière de paralysie qui doit s’appeler curarisation, d'après le pre- 
mier exemple décrit, L'effet du curare est le symétrique de celui de la 
strychnine : discontinuité par changement du muscle; 


SÉANCE DU 10 Mat 1013 


2° Quand on baigne de strychnine une portion seulement du tronc 
nerveux à quelque distance du muscle, et qu'on explore l’excitabilité 
de cette portion, on voit la chronaxie changer dans le même sens el 
dans la même proportion que lorsqu'on baignait toute la préparation 
neuro-musculaire. Mais l'excitabilité indirecte, prise de cette région 
intoxiquée, subsiste longtemps, sinon indéfiniment. Il y a hétérochro- 
nisme, il n'y à pas curarisation. 

C'est que la strychine, par diffusion, produit dans la fibre nerveuse 
une altération progressivement décroissante à partir du point où cesse 
le bain. Au lieu d’une discontinuité, il y a raccordement par une courbe 
continue des propriétés de l’axone. Ceci n’est pas üne simple vue de 
l'esprit. On peut constater, en déplaçant la cathode le long du nerf vers 
le muscle, quand le bain limité a duré un temps suffisant, que l’excita- 
bilité varie d'une façon régulière avec le déplacement jusqu'à ce qu'on 
retrouve l’excitabilité primitive. Il est commode, pour faire celte expé- 
rience, de ne disséquer que les nerfs lombaires et de plonger ceux-ci 
dans le bain jusqu'au point où ils émergent des muscles de la cuisse; 
toute la patte restant recouverte de sa peau, rien ne peut se dessécher. 
L'excitabilité du sciatique extrait de cette gaine protectrice au bout 
d’une heure, par exemple, montre facilement la variation progressive 
en fonction de la distance. 

Dans ces conditions, l’hétérochronisme n'empêche pas la transmission 
de l'influx , nous le constatons, sans entrer dans la considération des 
analogiés mécaniques par lesquelles on pourrait se rendre compte du 
rôle de la discontinuité ou du raccordement. 


L'action des différences locales de température sur l’excitabilité et la con- 
ductivité nerveuses offre une autre série de cas où l’on rencontre aussi des 
hétérochronismes non paralysants. Nous nous proposons de reprendre cette 
question et d'essayer de la raltacher aux expériences classiques de Grünhagen, 
dans lesquelles il y a aussi hétérochronisme produit par l'action locale de 
divers agents : acide carbonique, etc. 


3° Mais si une substance, par son action localisée sur le nerf au niveau 
de l’électrode active, supprime la réponse du muscle, on ne peut pas 
parler de curarisation, en alléguant que cette substance, portée à la fois 
sur le nerf et sur le muscle, supprime l’excitabilité indirecte et laisse 
subsister l’excitabilité directe. La curarisatlion, c’est le maintien de 
l'excilabilité nerveuse et de l’excitabilité musculaire, avec arrêt du 
passage entre le nerf et le muscle. La suppression de l'excitabilité 
nerveuse constitue un tout autre type d'intoxication, même si, comme 
on le voit dans les expérieuces de M!° Weill sur la solanine, l’aconitine 
et la delphinine, la mort graduelle du nerf s'accompagne d’un change- 
ment de chronaxie: À défaut de la démonstration directe, qui consiste- 
rail à observer dans quel cas l’excitation du nerf produit ou ne produit 


Biococre. Compres RENDuS. — 1913. T. LXXIV. 10 


1014 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : 


pas dans ce nerf une onde électrique fonctionnelle, il est facile de faire 


entre les deux types d'intoxication le diagnostic différentiel en répétant. 
l'expérience que nous avons indiquée plus haut pour la strychnine,: 
c'est-à-dire examiner l’excitabilité des nerfs lombaires soumis à l’action: 


du poison, tandis que le sciatique est protégé. Dans ces conditions, 
l’aconitine produit la paralysie aussi rapidement que sur la préparation 


neuro-musCulaire entièrement disséquée, tandis que la préparation par 


la strychnine exige le temps bien plus considérable nécessaire à Aa 
diffusion du poison tout le long de la fibre nerveuse. 


ACTION DE LA SOLANINE, DE L'ACONITINE ET DE LA DELPHININE SUR L'EXCITA- 


BILITÉ NERVEUSE ET MUSCULAIRE. 


Note de JEANNE WEïLL, présentée par L. LarIcQuE. 


La solanine, l’aconitine et la delphinine ont été considérées par cer- 
tains auteurs comme des poisons curarisants. J'ai recherché si leur 
action sur le nerf moteur et sur le muscle rentrait dans un des cas 
théoriques prévus par M. et M"° Lapicque (1). 


Mes expériences ont été faites sur le sciatique et le gastro-enémien 
de la grenouille verte (#. esculenta) excités par des décharges de RonÉE RE 


sateurs (dispositif de M. Lapicque). 


1° Solanine. — Le chlorhydrate de solanine, injecté à une grenouille, 


produit un ralentissement du nerf avec diminution puis disparition de 


l'excitabilité. La chronaxie et l’excitabilité du muscle ne changent pas. 


Voici les chiffres donnés par une de mes expériences. 


EXCITATION DU NERF / EXCITATION DU MUSCLE 


RTE Rue D ES 
VOLTAGE CHRONAXIE ... VOLTAGE CHRONAXIE 
rhéohasique. en microfarads. rhéobasique. en microfarads. 
0 v..05 DADELEES 0 v. 55 -- 0,05 
Injection de 5 centigrammes de chlorhydrale de solanine. 
Après 10 minutes. . » » 0 v. 80 0,05 
Aprés 25 minutes. . Gv. 90 0,09 » » 
Après 30 minutes. . 1 v. 80 0,10 » » 
Après 45 minutes. . 2 y. 20 » IEEE TT) 0,05 
Après 55 minutes. 2 v. S0 » » pit 
Après 1 h.5, nn DORA ANO NS IE ES SE 0 PAT 0,05 


Il semble qu'il s'agisse ici d’une véritable curarisation par hétéro- 
chronisme, la chronaxie du nerf ayant augmenté tandis que celle du 
muscle est restée normale; en réalité il y a un autre phénomène : la 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 17 février 1912. 


Ÿ 


SÉANCE DU 10 MaAï 1015 


chronaxie du nerf n’est pas seule modifiée, l’excitabilité est véritable- 
ment abolie. Si on fait agir la solanine localement sur le nerf en mettant 
une goutte de la solution à l'endroit même où sont appliquées les élec- 
trodes, on voit que la paralysie se produit de la même façon ; or, d'après 
- M. Lapicque, un véritable curarisant qui agit en modiliant seulement la 
chronaxie du nerf n’a pas d'action paralysante quand il est employé 
localement. 

20 Aconttine. — La paralysie produile par l’aconitine a été attribuée 
par certains auteurs à une altération du nerf, par d’autres à une alté- 
ration du muscle. 

Elle agit en effet sur les deux tissus en supprimant leur excitabilité, 
mais comme l’action sur le nerf est plus rapide, on trouve un stade où 
Ja contraction du muscle peut encore être obtenue par excitation directe 
tandis que le nerf est inexcitable. 


NERF MUSCLE 
cn. COS Re TN 
R C R. C. 
0,07 0,02 0,15 0,02 
Injection de L centigr. 25, chlorhydrate d'aconitine (Merck). 
URSS MOMIE ENONCE 0,25 0,06 155 0,03 
Après 10 minutes . . . .. 0,40 0,20 1,60 0,03 
RES M MMINULeS SEE SE RE DRE 0710 » » 
Après 16 minutes . . . . .  Inexcitable. » » 
Apres 25 minutes... Inexcitable. 1,50 0,09 
Après 30 minutes . . . . . Inexcitahle. Inexcitable. 
3° Delphinine. — La delphinine a une action analogue à celle de 
l’aconitine. 
NERF MUSCLE 
RC Re. 0 
R: C. R. C. 
» » 0,15 0,0% 
Injection de 29 milligrammes de delphinine neutralisée par SO'H?. 
AT MOMINULES 0 UD 10 » 1,05 0,10 
Après 25 minutes. . . . . Inexcitable. SUR 000 
Après 50 minutes. . . . .  Inexcitable. Inexcitable. 


Comme dans le cas de l’aconitine une action plus rapide sur le nerf 
que sur le muscle à pu faire croire à une curarisation. Ces deux poisons, 
employés localement sur le nerf, le rendent très rapidement inexcitable; 


ils ne se comportent done, pas plus que la solanine, comme de véri- 
tables curarisants. 


(Travail du laboratoire de Physiologie générale du Muséum.) 


1016 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


LA « COUCHE MARGINALE INTERNE » 
DE LA COUCHE ANNULAIRE, DANS LE MUSCLE MOTEUR INTESTINAL 
(COUCHE D'ALBINI). 


Note de G. DuBrEuILz, présentée par F. HENNEGUY. 


En étudiant le tissu conjonctif particulier qui unit et sépare les cellules 
musculaires lisses, j’ai constaté, dans la couche annulaire du musele 
moteur intestinal, une particularité qui n’a été jusqu'ici signalée par 
aucun des auteurs classiques. Tous décrivent, en effet, cette couche 
comme continue dans toute son épaisseur; cependant elle ne l’est 
nullement. 

À petite distance de la celluleuse, cette couche annulaire, en effet, est 
parcourue par une bande étroite de tissu conjonctif qui la scinde en 
deux muscles creux, tubuliformes, concentriques l’un à l’autre et d’épais- 
seur inégale. La formation musculaire lisse la plus interne est de beau- 
coup la plus étroite, c'est pourquoi je la distingue sous le nom de 
« couche marginale interne » de l’assise annulaire du muscle moteur 
intestinal. 


Sur des coupes longitudinales de la paroi de l'intestin grêle, chez l'Homme 
ou le Chien, on met facilement en évidence, dans l’épaisseur même de la for- 
mation musculaire et à petite distance de la celluleuse, une ligne mince qui 


prend avec élection les colorants des substances collagènes (picro-bleu, picro-. 


sonceau). Cette ligne, visible à un faible grossissement, est absolument 
parallèle à celle que dessine sur la celluleuse le muscle annulaire, elle est 
interrompue par les cloisons conjonctives interfasciculaires. 

De la présence de cette couche conjonctive à ce niveau, résulte la décom- 
position de la couche annulaire en deux zones : l’une externe occupant les 
quatre cinquièmes de l'épaisseur totale, l’autre interne qui constitue la couche 
marginale interne. 

La couche conjonctive qui sépare ces deux régions du muscle anuulaire est 
constituée par des lames pellucides de substance collagène, d’une très grande 
délicatesse, comparables à celles qui forment le stroma de la villosité. Ces 
lames interceptent de petits alvéoles que remplissent des cellules connectives 
fixes et des cellules lymphoïdes (visibles sur des coupes tangentielles). 

Les cellules musculaires lisses de la couche marginale interne sont, cn 
général, de plus petite taille et leur direction moins régulièrement circulaire 
lorsqu'on les compare aux cellules musculaires de la couche annulaire pro- 


prement dite. 


Albini (4) est le seul, à ma connaissance, qui ait signalé cette couche 
spéciale chez le Chien, sur des préparations de Jappeli (ibid.). Boccardi, 
qui avait entrepris, sur les instances d’Albini, des recherches confirma- 


(1) Rendic. d. Acc. Se. Fis. e Mat. di Napoli, 1885. 


SÉANCE BU 10 MAI 1017 


tives, n'aboutit à aucun résultat, si bien que cette trouvaille occasion- 
nelle est tombée dans l'oubli. Seul Oppel en fait une courte mention (1). 

Je répète donc l’observation d’Albini et confirme l'existence de cette 
couche en lui donnant le nom de cet auteur. La note d’Albini a dû 
passer inaperçue, car il est étonnant, non pas qu'on n'ait pas vu cette 
couche spéciale, mais plutôt qu’on ne l’ait pas retrouvée, dès le moment 


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F6. 1. — Intestin grêle. Chien. Coupe longitudinale. 


(Liq. de Lenhossek. Hématéine. Picro-Ponceau.) 


Poûür montrer l'existence de la « couche marginale interne » du muscle moteur 
intestinal (assise annulaire). 


où elle fut signalée; car elle est visible sur de simples préparations 
colorées à l’hématéine et à l’éosine, marquée par la ligne violette des 
noyaux .conjonctifs ou lymphoïdes, abondants dans cette bande mince 
qui sépare en deux assises d’inégale épaisseur le musele moteur 
intestinal. 

_ La «couche marginale interne d’Albini » doit avoir une signification 


(4) Lehb. d. vergl. mikr. Anat. d. Werbeltiere. 


1018 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


spéciale ; maïs il m'est impossible de donner au sujet de sa raison d’être 
une hypothèse appuyée sur des faits certains. Son origine embryolo- 
gique expliquera-t-elle sa situation et son autonomie ? Ou bien dépen- 
drait-elle plus spécialement, pour son innervation, du plexus de Meissner, 
plutôt que du plexus d’Auerbach ? IL est impossible de rien préjuger à 
cet égard. 

La couche marginale interne existe donc, je l'ai trouvée sans idée 
préconcue, et j'ai retrouvé la confirmation de son existence dans la note 
d’Albini, qui m'avait devancé. Toute possibilité d'erreur est écartée du 
fail que son existence a été constatée en plusieurs endroits (duodénum, 
jéjuno-iléon) et chez des espèces différentes (Homme, Chien). 


(Travail du laboratoire d'anatomie générale et d’histologie 
de la Facullé de médecine de Lyon.) 


ACTION DES EAUX MINÉRALES DE LA BOURBOULE 
SUR LES LAPINS ANAPHYLACTISÉS AU SÉRUM DE CHEVAL, 


par G: Bizcarp et R. DAUPEYROUx, 


L'un de nous a déjà étudié l’action des eaux de Royat et de Vichy (1) 
sur l’état anaphylactique provoqué avec du sérum de cheval chez le 
cobaye et chez le lapin. Il paraît indéniable que les eaux minérales 
prises à la source sont capables d’atténuer ou d'aggraver les effets de 
l'injection déchainante. ; 

Avec les eaux de la Bourboule nos expériences ont porté sur %5 lapins 
traités avec des doses différentes d’eau et à la source même de Choussy- 
Perrière. Par série de 5, nos animaux ont recu, pendant 14 jours : la 
première série un demi c.c. d’eau; la deuxième 1 c. c.; la troisième 2 c.c 
Enfin, dans une quatrième série, nos animaux ont absorbé 100 grammes 
d'eau par jour mélangée avec du son; les lapins restants étaient des 
témoins. L'injection déchaînante (intraveineuse) de sérum étail faite 
les 46°, 17° et 18 jours après l'injection préparante. 

Nous avons constaté les faits suivants : le 16° jour, la réaction ana- 
phylactique a été à peu près nulle avec les petites doses, plus marquée 
avec les doses moyennes, et plus grave que chez les témoins avec les 
doses fortes et notamment chez les lapins qui avaient bu de l’eau. 

Le lendemain, c'est la deuxième série qui nous a paru présenter Les 
accidents les plus faibles. 

Le 3° jour, la réaction a été nettement atténuée avec les fortes Di 
sauf pour les buveurs d'eau. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 14 janvier 4913 et 11 avril 4913. 


SÉANCE DU 40 MAI 1019 


—— a 


+ Chose remarquable et que nous n'avions observée ni avec Royat, ni 
avec Vichy, nous n'avons pas constaté de troubles du côté de l'appareil 
digestif (ni diarrhée ni nausée). 

Enfin nous avons vu une excitation génésique très marquée dans tous 
les cas où la réaction anaphylactique était peu prononcée. 

Nous avons de plus remarqué que les animaux injectés avaient un 
poil luisant et une vivacité plus grande que tous les autres. 

Nous ne développerons pas plus longuement dans cette courte note 
l’analyse des divers faits enregistrés. Nous tenons simplement à faire 
remarquer que, dans les trois stations hydrominérales étudiées par l’un 
de nous, les modifications des états anaphylactiques par les eaux miné- 
rales injectées à la source peuvent fournir des renseignements précieux 
au sujet de l'activité de ces eaux, grâce aux diverses réactions biologi- 
ques d'animaux de laboratoire très faciles à manier comme le lapin, le 
cobaye, eic. 


INFLUENCE DE L'ADRÉNALINE ASSOCIÉE AU CHLORURE DE CALCIUM 
SUR LES ÉCHANGES MINÉRAUX AU NIVEAU DES O8, 


par BONNAMOUR, SARVONAT, ALBERT BADOLLE et EScALLON. 


Historique. — Les travaux de M. Fritsch en 1909'aboutissaient à cette 
conclusion que l'adrénaline et le chlorure de calcium, employés isolé- 
ment chez les animaux, sont des produits décalcifiants, et que leur 
administration simultanée amenait en 3-4 mois des incurvations ostéo- 
malaciques très marquées au niveau des membres. À ce moment, les 
fémurs de ces animaux ne contenaient plus que 17,6 p. 100 de chaux. 

En 1911, MM. Etienne et Dauplaiïs, cherchant à répéter ces expériences 
chez quatre lapins, obtiennent en quatre mois : chez un seul, une incur- 
vation des pattes dont les fémurs ne contenaient plus, il est vrai, que 
15,22 p. 100 de chaux, et, chez les trois autres, aucune modification, 
bien que la teneur en chaux des fémurs fût abaissée chez eux à 18,17 et 
même dans un eas à 16 p. 100. 

Devant la variabilité de ces résultats, nous avons été conduits à 
reprendre ces expériences démontrant l’action du CaCl et de l’adréna- 
line sur le tissu osseux en faisant état, non plus seulement de la chaux, 
mais aussi du phosphore et de la magnésie. En effet, si la chaux est ici 
Pélément principal, elle n’est pas tout, puisque, d’une part, on a obtenu 
une véritable ostéomalacie avec encore 17,6 p. 100 de CaO dans les 
fémurs, alors que, d'autre part, avec les mêmes chiffres et même avec 
des chiffres, inférieurs (17 et 16 p. 400), on n'a eu aucune espèce de 
déformation des membres. 

En même temps, il était intéressant de voir si les travaux chimiques 


LAPIN N° © 


LAPIN TÉMOIN 


n 
à 
ce} 
T 
= 
2 
Ô 


11566 


61.2 


46.6 


26.24 


16.9 


0.32 
10.2 


16.65 


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de Fr. Mc. Crudden (de New-York) dont 
aucun des auteurs précités n’a semblé 
tenir compte, et qui ont montré toute 
l'importance de la magnésie, comme 
facteur de remplacement de la chaux 
dans l’ostéomalacie, trouvaient ici leur 
vérification. 


EXPÉRIENCE. — Nous avons mis en expé- 
rience, le 2 décembre 1912, deux lapins 
adultes; le n° 1, de 2 kil. 800, le n° 2, de 
3 kilogrammes. Nourriture : son, chou, 
avoine, herbe, betterave. Chaque jour on 
leur fait ingérer 1 gramme de CaCE. En 
plus, à partir du 19 décembre, on leur 
injecte trois fois par semaine, dans une 
veine de l'oreille, IT gouttes de la solution 
d'adrénaline à 1 p. 1000. 

Le 24 décembre : n° 4, 2 kil. 570; n° 2, 
3 kil. 120, mais la première vient de 
mettre bas plusieurs petits. 

À partir du 14 janvier, on porte la 
dose d’adrénaline à IV gouttes. Le 16 
janvier, n° 1, 2 kil. 465; le n° 2, 3 kil. 180. 

À partir du 21 janvier, V gouttes d’adré- 
naline. Le 28 janvier : n° 1,2 kil. 400: n° 2, 
3 kil. 220. 

Le 30 janvier, le lapin n° 1, auquel on 
injecte par mégarde VII gouttes d’adré- 
naline, meurt en cinq minutes, d'œdème 
du poumon. L’autopsie révèle un début 
d'athérome sur l'aorte. OEdème pulmo- 


.naire bilatéral. Os durs. On prélève un 


fémur pour l’analyse. Le lapin n° 1 était 
resté en expérience cinquante-neuf jours. 

On continue à donner au lapin n° 2 
1 gramme de CaC!® et V gouttes d’adré- 
naline trois fois par semaine. 

À ce moment, nous faisons sur la tota- 
lité des échanges de 3 jours le bilan des 
substances minérales dans les ingesta et 
les excreta. Celui-ci nous montre que le 
lapin se décalcifie. Il rejette par jour 
0,04 centigräammes de CaO de plus quil 
n’en absorbe. De même il perd 0,20 cen- 
tigrammes de P°0* et 1 milligramme de 
Mg0 de plus qu'il n’en recoit. 

Le 8 février, il commence à maigrir: 


SÉANCE DU 10 MAT - 1021 


3 kil. 450. Le 15 : 2 kil. 930. Le 95 : 2 kil. 840. On donne VII gouttes d’adré- 
naline, puis, le 6 mars, VIII gouttes. Le 15 mars, il a l'air malade. On note, 
en effet, un vaste abcès abdominal avec parésie du train postérieur. 

Le 28 mars, très amaigri, il finit par mourir. 

A l’autopsie, vaste abéès, ayant décollé toute la paroi en avant et en arrière 
tout le long de la colonne vertébrale. Foie blanc et crémeux (A noter que 
l’animal n’a reçu aucune injection sous-cutanée au thorax ou à l'abdomen. 
L'origine de cette infection est impossible à préciser). Quelques plaques 
d’athérome sur l’aorte abdominale. Rien ailleurs. Pas de fractures. Os durs et 
non flexibles. 

Le lapin n° 2 était resté cent sept jours en expérience. Nous sacrifions le 
lapin témoin. 

Nous avons dosé la proportion des éléments minéraux dans les muscles. 
Les chiffres ont concordé chez le témoin et les deux lapins. C’est donc dans 
los que le métabolisme est vicié. 

Nous avons réuni dans le tableau ci-contre ce que nous a donné l’analyse 
des fémurs. 


Conclusions. — De l'examen de ces chiffres, il résulte que l'association 
de l’adrénaline et du chlorure de calcium produit sur le squelette du 
lapin : 

1° Une augmentation de la teneur en eau; 

2° Une diminution du poids des cendres, par rapport au poids frais, 
mais non par rapport au poids sec; 

3° Une diminution de la chaux par rapport au poids frais, au poids 
sec et aux cendres; 

4° Pas de modifications nettes du côté de la magnésie et du phos- 
phore. 


(Travail du laboratoire de la clinique médicale du professeur J. Teissier 
et du laboratoire de thérapeutique de la Faculté de médecine de Lyon.) 


DE L'ACTION CARDIO-VASCULAIRE DE LEXTRAIT D'HYPOPHYSE DANS LES 
ÉTATS D'INSUFFISANCE SURRÉNALE AIGUE, 


par HENRI CLAUDE et RENÉ PoRAK. 


Nous avons étudié, dans de précédentes notes, certains extraits d’hypo- 
physe de bœufs qui, entre autres propriétés, déterminent chez l’homme, 
le lapin et le chien une hypotension marquée. Les expériences que nous 
rapportons concernent l’action de ces mêmes extraits chez l'animal en 
état d'insuffisance surrénale aiguë. 

Nos expériences ont porté sur huit lapins. L'insuffisance surrénale a 
été déterminée dans cinq cas en pincant le hile de la surrénale avec une 
petite pince en T et, dans trois cas, en extirpant complètement les deux 


1022 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


glandes surrénales. La pression carotidienne était prise avec un mano- 
mètre à mercure avant et après l’extirpation des surrénales. L’injection 
de l'extrait hypophysaire (lobe postérieur) délipoïdé et purifié soit dans 
une veine de l'oreille, soit dans la veine jugulaire externe, était faite de 
quinze minutes à six heures après la suppression des surrénales. Le 
tracé graphique du pouls carotidien à la suite de cette injection ne 
ressemble en rien à celui qu'on obtient chez le lapin normal : 


Expérience témoin. — (Nous avons huit tracés à peu près semblables à celui 
que nous prenons comme type) : 

Lapin 9, 2 kil. 100. Anesthésié au chloroforme. 

Pression carotidienne : 6 centimètres de mercure. 

Injection de 0 c.c. 75 d’extrait hypophysaire (lobe postérieur) délipoïdé et 
purifié. 

Pression carotidienne reste à 6 cent. 4 pendant 17 secondes, puis tombe en 
30 secondes à 1 centimètre de mercure. 

Cette hypotension marquée se maintient 25 secondes. 

La pression remonte à 5 centimètres de mercure en 30 secondes. 

Exp. I, 12 avril 1913, résumée. — Lapin ©, 2 kil. 400, chloroformisé. 

10 heures. Abord des surrénales par les flancs et pinces en T appliquées 
sur le hile de chacune des glandes. 

10 h. 30. Prise de la pression carotidienne : 3 cent. 9 de mercure. 

10 h. 40. Injection dans une veine de l'oreille de 0! c.c. 75 d'extrait hypo- 
physaire (lobe postérieur) délipoidé et purifié. 

10 h. 40 m. 30 secondes. La pression carotidienne monte brusquement, à 
9 cent. 5 de mercure. 

10 h. #1 m. 40 secondes. La pression carotidienne, après une courte 
défaillance cardiaque, se maintient encore en plateau à 9 cent. 5 de mercure. 
Puis la pression baisse très lentement. 

Exp. Il, 19 avril 4913, résumée. — Lapin &', 2 kil. 100. 

Même technique opératoire que dans exp. L 

Pression carotidienne avant l'injection, 7 cent. 2 Hg. 

Injection dans veine de l'oreille de 1 c.c. d'extrait hypophysaire (lobe pos- 
térieur). 

La pression carotidienne monte à 11 centimètres Hg et elle est encore à 
8 cent. 3, 1 m. 24 secondes après l'injection. 

Exp. IIT, 42 avril 1913, résumée. — Lapin G', 2 kil. 450. 

Même technique opératoire que pour les lapins précédents. 

Pression carotidienne avant l'injection : 7 cent. 6 Hg. 

Injection de 0 c.c.50 d'extrait hypophysaire (lobe postérieur). 

La pression monte à 13 cent. 6 Hg et est encore à 10 cent. 6, 56 secondes 
après l’injection. 

Exe. IV, 19 avril 1913, résumée. — Lapin &. 2 kil. 100. 

La pression carotidienne après le pincement du hile des surrénales passe 
de 2 cent 3 de Hg à 7 centimètres. La pression revient à 2 cent. 4,29 secondes 
après l'injection. 

Exe. V, 22 avril 1943, résumée. — Lapin 9, 2kil. 350. . 

Expérience analogue aux précédentes. 


SÉANCE DU 10 MAI ; 1023 


AE ———_—_—_—_—_—_—_EE 


Pression carotidienne avant l'injection : 7 centimètres de Hg. 

Injection dans veine de l’oreille de O0 c.c. 50 d'extrait hypophysaire: (lobe 
postérieur). 

. Pression carotidienne après l'injection 9 cent. Hg pendant 16 secondes. 
 Exe. VIE 23 avril 1913, résumée. — Lapin 9,2 kil, 420.1 
A 9h. 30, surrénalectomie double. 

À 4 heures, prise de pression carotidienne, 8 cent. 3 de Hg. 

À % h. 5, injection de 0 c.c. 50 d’extrait hypophysaire (lobe postérieur) 
dans la veine de l'oreille. 

À 4 h. 5 m. 24 secondes la pression monte à 13 cent. 6 de Hg. 

Puis, la pression pendant 11 secondes se maintient entre 9 cent. 8 et 
10 cent. de Hg. 

Exe. VII, 23 avril 1913, très résumée. — Lapin «&,2 kil. 210, même tech- 
nique opératoire que pour le lapia précédent. La pression carotidienne, après 
ue injection de 0 c.c. 50 d'extrait hypophysaire, monte de 8 cent. 4 de Hg à 
11 cent. 4. La pression est à 9 cent. 4, 56 secondes après l'injection. 

Exp. VIII, 6 mai 1913, résumée. — Lapin ©, 2 kil. 250. De 5 h. 20 à 6 h.5, 
surrénalectomie double. Anesthésie au chloroforme. 

À 6 h. 45, la pression carotidienne est à 4 cent. d’Hg. [Injection de 0 c.c. 70 
d'extrait hypophysaire (lobe postérieur) dans la veine jugulaire externe. 
La pression monte en 29 secondes à 9 cent. 4 de Hg; reste à cette hauteur avec 
trois poussées à 11 cent. 2 d'Hg pendant 45 secondes, puis retombe très 
lentement en 1 min. 17 secondes à une pression de 5 cent. de Hg. 


Nous croyons pouvoir conclure des huit expériences précédentes que 
les lapins en état d’insuffisance surrénale aiguë — c’est-à-dire 15 min. à 
6 heures après la suppression des surrénales — présentent sous l’action 
d'extraits hypohysaires (lobe postérieur) délipoïdés et putréfiés une 
pression carotidienne inverse de celle que nous sommes habitués à 
constater chez les animaux normaux. 


Du RÔLE DES LIPOÏDES DANS LA PIGMENTOGÉNÈSE, 


par P. MuLon. 


Que les lipoïides puissent jouer un rôle dans la formation des grains 
de pigment, c’est un fait qui a été supposé par Sehrt, seulement dans 
certains cas particuliers. 

Je crois, au contraire, à peu près général ce rôle génétique des corps 
gras dans la pigmentogénèse, et mon opinion s'appuie sur les faits 
fournis par l'étude de cellules pigmentées de types très différents. 

Un premier cas, le plus évident, est celui où l’enclave pigmentée 
est constituée, à un moment donné de son évolution, par une gouttelette 


1024 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


_grasse soluble, naturellement colorée. lJ’ai dit récemment (1) que, dansla 

surrénale, le corps jaune vrai ou faux, la glande interstitielle testicu- 
laire, on pouvait constater directement la coloration progressive et la 
transformation en enclaves pigmentées insolubles de gouttelettes lipo- 
cholestériques d’abord incolores. Le même fait peut s’observer dans la 
glande lacrymale du rat dont les acini contiennent par endroits des 
masses de pigment : celles-ci ne sont autre chose que des gouttelettes 
d'un corps gras spécial, mal déterminé, contenant peu ou pas de chcles- 
térine et naturellement colorées. Un processus analogue peut être suivi 
dans les glandes sudoripares de l’aisselle chez l’homme. Dans tous ces 
cas, le rôle génétique du lipoïde dans l'élaboration du grain de pigment 
est facile à constater. 

Mais la plupart du temps, il n'en est pas ainsi : les enclaves pig- 
mentées sont constituées par un grain albuminoïde que les réactifs 
oxydants peuvent décolorer, mais que l’on ne peut dissoudre par aucun 
solvant des graisses. Le rôle joué par un lipoïde dans la genèse de telles 
enclaves pigmentées est ici plus difficile à saisir et l'étude de la surré- 
nale fournit sur ce point des faits démonstratifs. 


Chez l’homme, dans les cellules de la couche pigmentée qui forme la 
partie juxta-médullaire de la corticule, on constate côte à côte dans une 
même cellule des enclaves pigmentées et des mitochondries (fig. 1). Sur des 
cellules fraîches ou fixées au formol, sans aucune coloration, les enclaves 
pigmentées ont l’aspect de petites sphères régulières dont le diamètre maxi- 
mum atteint # u mais descend d'autre part à O uw 4 (mensuration faite sur 
projection donnant un grossissement linéaire de 3000, procédé permettant 
beaucoup de précision dans l'appréciation d’aussi petites longueurs). La 
coloration naturelle de ces enclaves est très accentuée pour les plus grosses 
sphérules et décroit comme le diamètre, mais les plus petites, quoique 
sensiblement de même taille, présentent pourtant des teintes d’intensités diffé- 
rentes : ainsi les unes sont faciles à dessiner; les autres, d'une extrême 
pâleur, exigent l'emploi d'un apochromatique et d’une lumière parfaitement 
blanche pour être, grâce à leurs couleurs, distinguées des granulations 
incolores voisines que l’on aperçoit dans le cytoplasma. Ces dernières sont 
des mitochondries ainsi qu'il apparaît sur coupes colorées ad hoc. 

Vis-à-vis du colorant du corps gras, ces enclaves pigmentées se comportent 
différemment. Sur les coupes faites par congélation, les plus grosses ne 
se colorent pas par le Scharlach, à peine par OSO: (fig. 2); les moyennes et 
les plus petites se colorent au contraire faiblement par le Scharlach, nette- 
ment par OSO: (fig. 2). Un lavage au xylol, antérieur à l’action du colorant, 
atténue seulement la colorabilité qui reste entière, d'autre part, sur coupes à 
la paraffine de pièces fixées au formol bichromate ou au Bouin. Sur coupes 
de pièces fixées au formol bichromate (deux jours) les méthodes de Heiden- 
hain et de Weigert (laques d’hématoxyline) teignent d'autant plus complète- 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 mars 1913. 


SÉANCE DU 40 MAI 1025 


ment, fortement et d'autant plus solidement (résistance à la différenciation) 
ces enclaves pigmentées qu’elles sont plus petites (fig. 1). 

IL apparaît ainsi que les plus petites enclaves pigmentées et les moyennes 
sont de « pigment gras », tandis que les plus grosses semblent presque 
dénuées de corps gras. 


Il semble bien évident que toutes ces enclaves pigmentées de tailles diffé- 
rentes soient les stades successifs d’une évolution qui va des plus petites au 
plus grandes. 


Dès lors, nous pouvons dire que, au cours de son accroissement 
graduel, l'enclave pigmentée, d’abord extrêmement petite (0 4 4), presque 
incolore et nettement lipo-protéique, perd peu à peu ses caractères de 
corps gras pour devenir finalement un gros grain de pigment (4u) 
n'ayant plus qu'un faible revêtement lipoïde. 

Ainsi le grain de pigment que l’on peut appeler pur a été précédé 
par un grain de pigment gras que l’on peut appeler « plaste ». 


EIG TE RTEDE 


Fire. 1. — Cellule pigmentée. Surrénale. Homme. 


Méthode de Regauld, dessinée à 3.000 d. Figure réduite à 1.500. 

En noir. Mitochondries et très petits plastes pigmentés, également résistants à la 
différenciation. En gris plastes lipo-protéiques pigmentés et grains de pigment, 
décolorés par la différenciation, sauf deux situés en haut de la cellule. 

_ Fic. 2. —— Cellule pigmentée. Surrénale. Homme. 
Ac. osmique après fixation au Bouin. Même grossissement que figure 1. 


Quelques mitochondries seulement sont visibles, en noù, en haut de la cellule. 
Les plastes lipo-protéiques pigmentés en gris étaient bistre-gris et d’autant plus 
colorés par OSO* qu'ils étaient plus petits. 


Cela est à mettre en parallèle avec ce qui se passe, par exemple, dans 
le corps jaune atrésique où le grain de pigment pur est précédé par une 
souttelette grasse pigmentée. à 

Dans ces deux cas, le grain de pigment a été élaboré par un « plaste »; 
mais celui-ci est purement graisseux dans le CODE jaune, et lipo-pro- 
téique dans la surrénale. 

Dans ces deux exemples, le plaste tout entier se transforme en 


ë 


1026 à SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


enclave pigmentée. Il n’en est pas toujours ainsi et j'ai déjà signalé, 
dans la corticale surrénale (1) du cobaye l'existence de plastes lipo- 
prôtéiques volumineux au centre seulemext desquels apparaît (comme 
par une sorte de précipitalion en milieu saturé) un grain de pigment 
pur. Des plastes analogues existent dans l'interstitielle testiculaire 
(cobaye), dans le corps jaune (cobaye, chatte, chienne, truie), avec cette 
différence que l’enclave pigmentée qu'ils élaborent est, non pas un grain, 
mais une goutte de graisse colorée. 

Aïnsi, dans les cas que nous venons d'analyser, les grains de pigment 
sont précédés par des plastes plus ou moins graisseux; or, à l’origine 
de ces plastes eux-mêmes, l’observation montre encore l'existence 
d'une substance lipo-protéique : la mitochondrie. | 

L'origine mitochondriale des goutteletteslipo-cholestériques de la sur- 
rénale est admise déjà (Ciaccio, da Costa, Colson, Nurlon). 

Quant aux plastes lipo-protéiques pigmentés de la surrénale humaine, 
ils ne sont, pour ainsi dire, qu'une mitochondrie hypertrophiée (2). La 
mensuralion montre en effet que les plus petites enclaves pigmentées 
visibles sur les cellules fraiches sont égales aux mitochondries que 
décèle la méthode de Regaud (fig. 1 et 2). Ces plus petites enclaves pig- 
mentées ne sont que des mitochondries pigmentées, des chromo-chon- 
dries, selon l'expression de Prenant (3). A tel point que, sur des prépa- 
rations colorées par la méthode de Regaud, alors que les plastes gros 
ou moyens peuvent être décolorés bien avant Les mitochondries (fig. L), 
ce qui les en distingue, les très petits plastes ne sont décolorés qu’en 
même temps que les mitochondries. Vis-à-vis de la méthode, ils se con- 
duisent comme ces dernières : on ne peut les en distinguer. Ainsi donc, 
soit directement, soit par l'intermédiaire de plastes lipoidés ou lipo- 
protéiques, la mitochondrie, lipo-protéique elle-même, se trouve à l’ori- 
gine des grains de pigment dans les organes riches en lipoïdes. 

Les observations de Szily (4), de Mawas (5), de Policard (6), celles, 
d’une portée plus générale, de Prenant (3), montrent que la même 
origine mitochondriale doit être admise pour des grains de pigment qui 
n’ont, une fois élaborés, aucun caractère des corps gras. 

Les processus générateurs des grains de pigment actuellement connus 
se rangent ainsi en trois catégories : 1° la mitochondrie devient direc- 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 3 février 1912. 

(2) Mème constatation chez le cobaye. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
3 février 1912. 

(3) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 3 mai 1913. | 

(4) Arch, f. mikroskopische Anatomie, juin 1911 —si toutefois les « chromi- 
dies » d’origine nucléaire sont bien identiques aux mitochondries. 

(3) Arch. d'anat. micr., 1910. 

(6) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 27 janvier 1912. 


: FAURE AT ._ SÉANCE DU 10 mai 1027 


tement grain de pigment; 2° la mitochondrie se transforme en plaste 
qui devient ou élabore le grain de pigment; 3° la mitochondrie devient 
gouttelette graisseuse qui se pigmente peu à peu. 

_ Ces trois processus ont un caractère commun, qui est de faire inter- 
2 venir tous les trois un lipoïde. 

à - En sorte que, si l’on met à part la Pt des cristaux d'hémine dans 
les foyers hémorragiques, on peut dire que, à l'origine de tout pigment 
figuré, ily a une substance lipoide, lantôt pure, tantôt adsorbée à des 
_ albumines. Et, vraisemblablement, autant de complexes lipoïdes diffé- 
…  rents, autant de subslances chromogènes de pigments différents. 


ERRATA 


Nore DE MM. F. Sarvonar Er CH. Router. 


T. LXXIV, p. 897, {re ligne, au lieu de : l’extramalose, lire : l'ostéomalacie. 


Note DE M. CHANTEMESSE. 


. T. LXXIV, p. 925, ligne 22, au lieu de : 30 à 50 c.c. de NaCI, lire : 30 à 50 cen/i- 
L grammes de NaClI. : 


1029 


RÉUNION BIOLOGIQUE 


DE SAINT-PÉTERSBOURG 


SÉANCE DU 2 AVRIL 1913 


SOMMAIRE 
FazTz-FEIN et [vanov (IL): PawLowsky (E.) : Sur la struc- 
A propos du problème de la télé- ture des glandes à venin de cer- 
BONE 00 RPRPNSRROEERIROQNETE 1029 | tains poissons, et en particulier de 
ILuxE (V.) : Le rôle défensif des Colles die PONS ec Lie deoae 1033 
SÉOHAESPRU  rinr  À 1051 


Présidence de M. Kholodkovsky. 


À PROPOS DU PROBLÈME DE LA TÉLÉGONIE, 


par Farrz-FEIN et Il. Ivanov. 


Dans la littérature biologique moderne, on ne reconnait pas d'ordi- 
naire la possibilité de la télégonie. D’après plusieurs auteurs (Gold- 
schmidt, Morgan, etc.), le problème de la télégonie n'appartient pas au 
domaine de la science, les faits qu'on peut interpréter comme preuve de 

Ja télégonie sont considérés par ces auleurs comme des mythes. 

Mais il y a des zootechniciens (Cornevin, Dechambre) qui reconnaissent 
la télégonie et d'autres (Robert Müller) qui en admeltent la possi- 
bilité dans des cas très rares. M. Loisel essaie d'expliquer ce fait par 
Pinfluence réciproque qui existe entre le fœtus et l'organisme de la 
mère pendant la gestation. 

Comme le montrent les expériences et les observations résumées dans 
le tableau ci-joint, nos constatations plaident contre la télégonie et ne 
confirment pas l'hypothèse de M. Loisel. 

BroLociEe. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 71 


1030 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


Liste des juments de la propriété d'Askania-Nova de Faltz-Fein, 
qui ont donné une descendance zébroïde 
et qui ont été fécondées ensuite par des étalons. 


ANNÉE 
de la : 
JUMENTS mise-bas. DESCENDANCE CARACTÈRES || 
de la 
descendance: 


1897 Avortement (zébroide). 
1898 Mise-bas d’un zébroïde. 
oo 1902 Mise-bas d'un zébroïde. 
1905 Ross (zébroïde). à à 
1906 Mise-bas d’un poulain (père demi-sang|Sans rayure} 
(Isabelle), arabe « bete L A = À 
ne 1893 1907 Mise-bas d’un zébroïde. » 
HrREESen 1908 Mise-bas d'une pouliche (père demi-|Sans rayure. 
sang arabe « Lebed »). 
1909 Mise-bas d'un poulain (père inconnu).|Sans rayure. 


1901 Mise-bas d'un zébroïde. » 
Pliaklra De 41909 à |Mise-bas de 5 poulains ‘et 4 pouliches. |Sans rayure. 
{| (roux-pie), | 190 inclus. 
néeven +896. 1942 Mise<bas d'une pouliche (père pur-|Sans rayure: 
sang). 


1902 Mise-bas d’un zébroïde. 


ASE 1904 Mise-bas d’un poulain (père demi-sang).|Sans rayure.|| 
(bai- que 1906 Mise-bas d’un poulain. » » Sans rayure. 
ge EL LL 1907 Mise-bas d’une pouliche. » » Sans rayure. 


primita | 19% [Mises dun aébroite ) écomiation 
AR 1907 Mise-bas d'un zébroïde 9 #rtificielle). 
[née en 188. | 19081912 |Mise-bas de 2 poulains et 3 pouliches. |Sans rayure. 


Vest 1906 Mise-bas d’un zébroïde. » 

bai ee 1907 Mise-bas d’une pouliche (père pure-sang).|Sans rayure.|| 

ai hr 1908 Mise-bas d'un poulain (le même père). |Sans rayure.|| 
née en 1407, 1912 Mise-bas d’unepouliche (père pur-sang). |Sansrayure.|] 


Aida 1907 Mise-bas d’un zébroïde. » 
(pie). 1908-1909 |Mise-bas de deux pouliches. Sans rayure.| 
|| née en 1902. 1914 Mise-bas d’un poulain. Sans rayure. 


Zlodeik«. 4902 Mise-bas d'un zébroïde. : » 
(brun foncé), | 1903-1907 V|Mise-bas de 2 pouliches et 2 poulains|Sansrayure. 
|| néeten 1890. (père demi-sang). 


Nous avons fait des observations sur sept juments, dont deux (Litvinka 
et Priimikha) ont donné une descendance zébroïde pendant uue série : 
ininterrompue d’années. Fécondées ensuile par des étalons, elles ont 
donné une descendance pendant plusieurs années. Toutes les juments 


SÉANCE DU 2 AVRIL 1031 


appartiennent au haras de la propriélé d’Askania-Nova. et sont loujours 
en-observation. Dans aucun cas, on n'a constaté de rayures chez des pou- 
lains, mis, bas par des juments qui donnaient auparavant des zébroïdes. 

Les juments Litvinka,et Priimikha présentent un intérét particulier. 


Litvinka a été fécondée 5 fois (en 1896, 1897, 1901, 1904, 1906) par un 
zèbre et a donné 3 zébroïdes vivants et 2 avant terme. Priimikha à mis bas, 
Fun après l'autre, 3 zébroïdes (en 1905, 1906, 1907). Fécondées ensuite par 
des étalons ces juments ont donné 7 poulains (Litvinka 2, Priimikha 5), tous 
sans: trace de zébrure. 

Ces. juments: sout, de couleur-isabelle et donnent des poulaius isabelle: ou 
d’une couleur roux clair. Dans ces conditions, une rayure minime n'aurait 
pas échappé ; suivant la théorie de M. Loisel,.qui-repose sur le fait de l'influence 
du fœtus sur l'organisme de la mère pendant la gestation, nos juments 
(Litvinka et Priimikha) auraient dû avoir beaucoup de chances de conserver et 
de transmettre à leur descendance l'influence du zèbre qui les a fécondées.pen- 
dant une série d'années. Nous n'avons pu cependant observer cette influence. 


Nos.expériences. et observations. ne permettent ainsi de supposer la 
possibilité de l'existence de la télégonie et se trouvent d'accord avec 
les résultats. auxquels sont arrivés beaucoup d’autres expérimentateurs 
el observateurs (Nathusius, Albrecht, Ewart, Morgan, Bell, ete.). 

Les faits connus. de Xénies remarqués autrefois par I Nathusius: et 
Kuiter et décrits dernièrement par M. Tschermak et M. Holdefleiss ne 
changent pas ce problème. 


(Stañion zootechnique du Ministère de l'Intérieur, Askania-Nova.) 


———— "Sr — 


LE RÔLE DÉFENSIF DES STOMATES, 


par V. une. 


Les stomates sont les organes défensifs les plus caractéristiques que 
l'on trouve presque chez toutes les plantes terrestres. À l’aide de ces 
organes, la plante absorbe l'acide carbonique et élimine les vapeurs 
d'eau. Comme organes régulateurs, ils peuvent faire varier l'intensité 
de ces processus et même les supprimer tout à fait. L'action régulatrice 
des stomates s'exerce principalement sur la transpiration. La transpi- 
ration d'une plante à stomates largement ouverts peut, au milieu de la 
journée, dans des endroits pauvres en humidité, s'élever au-dessus de 
latnormale ; en diminuant la fente, les stomates abaissent alors forte- 
ment là transpiration, comme exemple, on peut citer l'expérience sur 
Senecio doria; chez cette plante; la transpiration a diminué, de 10 heures 
du matin: à l heure après-midi, de plus de moitié, tandis que l'évapora- 
tion d’une surface libre d'eau a augmenté de 1 fois et demie. 


1032 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


Mais la fermeture des stomates au milieu de la journée a une influence 
défavorable sur l’autre fonction des stomates, notamment sur l’absorp- 
tion de l'acide carbonique; c’est pourquoi la plante produit différents 
dispositifs défensifs qui diminuent la transpiration par les stomates; 
de telle manière, la plante peul maintenir ouverts les stomates et ne 
perdre que des quantités d’eau relativement pelites. 

La fermeture des stomates se fait avec une vitesse déterminée et ne 
dépend pas de la quantité d’eau que la plante a perdue. La plante met 
de trente minutes à une heure et demie pour fermer les stomates; cela 
dépend du degré de l'ouverture des stomates, mais elle peut commencer 
à se faner déjà pendant les premières cinq à dix minutes. On a placé 
des feuilles de 7ropæolum dans des conditions différentes au point de 
vue de la transpiration, et on a obtenu les résultats suivants : une 
feuille a perdu 5 p. 100 de son poids avant que les stomates furent 
fermés, tandis qu une deuxième a perdu 12 p. 100 et une troisième 
43 p. 100 de son poids. Dans une autre expérience, des plantes gardées 
à l'air sec ont évaporé tant d’eau, que l’on pouvait les réduire en poudre, 
et n’ont cependant pas fermé les stomates. 

À quoi tient cette fermeture lente des stomates? Le mécanisme qui 
règle la fermeture des stomates est lié aux changements de la turges- 
cence; celle-ci dépend, à son tour, de la quantité d'eau et de la quantité 
de matières actives au point de vue osmotique dans le suc cellulaire. Dans 
mes expériences, ce n’est que le dernier facteur qui a pu jouer un rôle. 
Il était ainsi nécessaire d'étudier la pression osmotique chez des plantes 
différentes. L'examen d’un certain nombre de plantes de prairies a 
montré que, chez les plantes à stomates ouverts, la pression osmotique 
est, en moyenne, de 100 atmosphères dans les cellules stomatiques, 
tandis qu’elle est de 20 atmosphères dans les autres tissus; dans ces 
conditions, avant que la turgescence diminue dans les cellules stoma- 
tiques, les autres tissus perdent une grande quantité d’eau et se fanent 
complètement. Mais nous savons que des plantes peuvent avoir des 
tissus turgescents et des stomates fermés en même temps, ce qui n’est 
possible que si la pression dans les cellules de stomates descend jusqu’au 
niveau de la pression dans les autres tissus. Une série d'expériences a, 
en effet, montré que, dans les cellules stomatiques des plantes placées à 
l'air sec, la pression osmotique descend jusqu'à 20 atmosphères; Les 
mêmes plantes, transportées à l'air humide, présentaient dans les 
cellules stomatiques une pression qui montait jusqu’à 100 atmosphères. 
La plante met à peu près deux heures pour réaliser ces changements. 

Mais qu'est-ce qui détermine les changements de la pression osmo- 
tique? Il y a des raisons de croire que ce phénomène est dû à des pro- 
cessus enzymatiques qui ont pour résultat la transformation de l’amidon 
en sucre et inversement du sucre en amidon. Des observations ont 
montré que, lorsque les plantes ont des stomates ouverts, on constate 


SÉANCE DU 2 AVRIL 1033 


la disparition de l’amidon dans les cellules stomatiques; au contraire, 
lorsqu'on transporte les plantes dans un air sec et lorsque les stomates 
se ferment, il y a une accumulation d'amidon. 

La mécanisme qui règle le mouvement des stomates dépend ainsi non 
seulement de la structure mécanique, mais principalement des processus 
physiologiques occasionnés par l’activité des plastes. La structure mé- 
canique n’est qu'un moyen dont la plante se sert suivant ses besoins 
et en obéissant aux stimulations qui lui viennent de l'extérieur. 


SUR LA STRUCTURE DES GLANDES A VENIN DE CERTAINS POISSONS 
ET EN PARTICULIER DE CELLES DE Plotosus, 


par E. PAwLowsKy. 


L'étude des nageoires d’Apistus evolans (Jordan et Stark) et de Para- 
centropogon rubripennis (Schlegel) des représentants de Ia famille des 
Scorpænidæ, qui se trouvaient parmi le matériel que nous a envoyé 
M. Shigeho Tanaka, a montré que dans les gouttières desrayons piquants 
de ces nageoires se trouvent des glandes à venin. 

Ces poissons étaient considérés Jusqu'à présent comme venimeux, mais 
leurs organes venimeux n'étaient pas connus. Ces glandes sont fusiformes et 
se trouvent dans les rayons piquants des nageoires dorsale, anale et ventrales, 
chaque rayon ayant deux glandes, composées de cellules glandulaires et de 
cellules de support, et construites d’après le type de glandes multicellulaires 
sans canal excréteur que j'ai déjà décrit plusieurs fois (1). 


Deux espèces de Siganus (fam. de Theutididæ), qui ont été déter- 
minées avec exactitude, ont des glandes analogues; ces glandes se 
trouvent dans les deux rayons piquants de chaque nageoire ventrale. 

Ce sont les glandes de Plotosus anguillaris Bloch et de Plotosus 
canius Ham.-Buch. qui présentent le plus grand intérêt. 


(1) E. Pawlowsky. Zur Kenntnis der Gifidrûsen von Scorpæna poreus und 
Trachinus draco. Trav.dela Soc. Imp. de Natur. de St-Pélersbourg, t. XX XVII, 1906. 

Zur Anatomie der Epidermis und ihrer Drüsen bei giftigen Fischen. Jbid., 
t. XXXVIII, 1907. Zur Frage über die Hautdrüsen (giftigen) einiger Fische. 
Ibid:; t. XL, 1909. 

Sur les glandes cutanées des poissons venimeux. Nachrichien der militär. 
mediz. Akademie St-Petersbourg, t. XVIII, 1909 (en russe). 

Ein Beitrag zur Kenntniss des Baues der Giftdrüsen einiger. Scorpæniden. 
Zool. Jahrb., Abt. Anat.,t. XXXI, 1911. 


103% RÉUNION BIOLOGIQUE DE SATNT-PÉTERSBOURG 


Elles ont été constatées pour la première fois: par Bottard: (1) chez Plotosus 
lineatusGuv. et Val. ; cet. auteur a donné-une- description très peu exacte.de 
la structure de l'appareil venimeux (p. 88, 89,. 92)..1l ressort de mes recher- 
ches qu’au point de vue anatomique cet appareil se distingue nettement des 
appareils connus chez d’autres poissons. Les rayons osseux de la nageoire 
dorsale et de la nageoire pectorale (un rayon par nageoire) présentent aux 
bords antérieur et postérieur des dents comparables aux dents de scie et des 
sillons obliques sur les faces convexes latérales (fig: 4, c, st.). Les glandes 
vènimeuses en forme de plaques recourbées et épaisses du tissu épithélial 
entourent de côtés le rayon de la nageoire (C, sz, dz); elles s’'amincissent peu 
à peu vers la base de la nageoire. Par sa structure microscopique, cet appa- 
reil appartient au type de glandes multicellulaires sans canal excréteur qui 
se rencontre chez Apistus, Scarpæna, Synancriu, Peilor, Pterois, Trachinus, : 
Siginus, etc., mais, en ce qui concerne son rapport avec l’épiderme, il s’en 
distingue nettement. La figure ci-jointe (C) montre que la surface latérale 
antérieure de l'épiderme est reliée à la partie correspondante de la glande 
venimeuse par une travée repliée de cellules épidermiques non différenciées 
(ep.) qui passent ensuite aux cellules de support aplaties de l'organe (sz). Si 
l'on examine une série de coupes, on trouve que cetle travée est formée par 
une:plaque sinueuse de cellules qui anit l'épiderme à la glande venimeuse 
sur toute sailongueur. Je n'aïpas pu établir comment la terminaison distale 
de: la glande-est:reliée à: l’épiderme, parce que chez les exemplaires: que: j'ai 
étudiés.cette liaison a été détruite. 


L'appareil venimeux de Plolosus présente aussi une série de carac- 
tères essentiels : forme aplatie des: rayons, bords: dentés, absence de 
goultières,. glandes.en forme de plaques, et liaison de ces organes sur 
toute leur longueur à l’épiderme. On: ne connaît jusqu'à présent une 
structure: pareïlle que chez Plotosus; elle est si caractéristique 
que l'on doit la considérer comme un type spécial, type de Plotosus 
(fig MC) 

Le type ordinaire et le plus répandu se rencontre chez Scorpaena, 
Synanceia, Pelor, Ptérois, Apistus, Paracentropogon, Sebastes, Sebas- 
todes, Sebastiscus, Trachinus et.Siganus. Il est caractérisé par des rayons 
de nageoires lisses en.forme d’aiguilles avec deux gouttières longitudi- 
nales dans chaque rayon et par des glandes fusiformes, reliées à l’épi- 
derme seulement par leur terminaison distale. On peut désigner ce 
type comme le type Scorpaena (fig. 1, A). 

On-rencontre le troisième type dans le groupe de Schilheodes. Diaprès 
les:recherches de G:. D: Reed:(2) dans ce groupe, les glandes se trouvent 
dans les gouttières, une saillie osseuse pénétrant dans la glande (fig. 1, 
B,z). la glande estreliée à l’épiderme par sa terminaison distale. 


(1) Botlard. Les poissons venimeux. Paris, 1889. 
(2), G. D.. Reed: The poison: glandes of Natunus and. Schibeoldes : American 
Naturalist, t. XEI, 1907. 


ki ANA PEU TA RP dé we + s 


Su à n : 


- 1 SÉANCE DU 2'AVRIL ‘4085 


Tous ces trois types des glandes venimeuses /Plolosus scorpeana et 
Schilbeodes — appartiennent (l) à la catégorie générale de glandes, que 
j'ai décrite comme des formations de cellules glandulaires nettement 
différenciées des cellules de l’épiderme. Ces formations sonticonslruites 
d'après le type des glandes multi-cellulaires sans canal excréteur; elles 
se composent decéllules glandulaires (homologues des glandes unicellu- 
laires épidermiques des poissons, se colorant par les couleurs acides, 
cellules caliciformes, cellules acidophiles, cellules glandulaires 
séreuses) et de cellules de support (homologues des cellules non diffé- 
renciées de l’épiderme); les cellules sont serrées les unes contre les 
autres sans former de canal excréteur. Par suite de l’excrétion, les 


Le, 


. 


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ee 


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Appareils à venin (coupes transversales des rayons piquants des nageoires). 


A, type Scorpaena; B, type Schilbeodes (d’après G. Reed), avec quelques modifi- 
cations; C, type Plotosus (schématisé); dz, cellules g'andulaires de la glande à 


venin; ep, épiderme; ep, plaque formée de cellules épidermiques non différenciées, 


qui relie l'épiderme à la glande; sé, rayon piquant de la nageoire; sz, cellules de 
support de la glande: z, saillie osseuse dans la gouttière. 


cellules glandulaires se désagrègent, les cellules de support se 
dissocient et il se forme un « pseudo » canal excréteur par lequel le 
produit de sécrétion s'écoule dans les gouttières des rayons de nageoires 
_ et ensuite dans la blessure. 

On connait des glandes venimeuses chez presque 40 espèces de 
poissons, et il n'est pas douteux qu'on en trouvera chez beaucoup 
d'autres espèces. Avec les sacs muqueux des Myxines et les glandes 
axillaires (Patrachus, plotosus Schilbedes), elles constituent des représen- 
tants des glandes épidermiques multicellulaires des poissons et appa- 
raissent comme la forme la plus primitive de ces organes dans le groupe 
des vertébrés. 


(t) E. Pawlowsky. Ein Beitrag zur Kenntniss der Hautdrüsen (Giftdrüsen) 
einiger Fische. Anat. Anz. t. XXXIV, B., 1909. 


1036 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


En terminant, je dois exprimermes remerciements les plus sincères à 
M. Shigeho Tanaka, qui m'a envoyé des exemplaires d’Apistus et de 
Par acentropogon, et à M. Berg, qui a déterminé les espèces de P/otosus 


et de Siganus. 


(Laboratoire de zoologie de l’Académie de médecine militaire 
de Saint-Pétersbourg.) 


Le (Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


1037 


SÉANCE DU (7 MAI 1913 


ArGaAuD (R.) et Fazcouey (M.) : Sur 
la structure du tarse palpébral et 
son indépendance vis-à-vis de la 
glande de Meibomius . . . .. SN 

Bouiztez (M.) : Nouvelles recher- 
ches expérimentales sur un Plas- 
modumides singes. 1, 1: 

Camus (L.) : Le virus vaccinal 
passe-t-il dans l’humeur aqueuse? 

CHANTEMESSE : (A propos du pro- 
cès-verbal). Sur la validité des vac- 
cins typhiques chauffés . . . . . .. 

CHANTEMESSE : Remarques à propos 
de la communication de M. Vincent. 
— CHANTEMESSE : Réponse à M. Netter. 

CLaupe (HENRI) et BLANCHETIÈRE 
(A.) : Sur la toxicité des composés 
AAOÉSRUEMUTIN ES ee 

Dugoïs (Cx.) : Sur les effets de la 
double vagotomie chez le jeune 
CODE à NME ES RSR 
(A.) : 
one MARNE TERRE TMS 

GoupeL (MARCEL) et HENR1 (Victor): 
Etude quantitative de l'absorption 
des rayons ultraviolets par les alca- 
loïdes. — I. Atropine, apoatropine 
et cocaïne 

Grimserr (L.) et Laupar (M.): Sur 
le dosage de l’urée par l’hypobro- 


sNnlNe = nieitlen alle chiottes elkaltierss 


Hucouxeno (Louis) et Morez (AL- 


SOMMAIRE 


BERT) : Sur l'emploi du réactif de 
Fosse (xanthydrol) pour le dosage 
de l’urée dans le sang et les liquides 
de l’économie animale 

Nerter : Réponse à M. Chante- 
LE SCOAATNES CARNET REA E Ten 2 à 

PATEIN (G.) et Roux (E.) : Contri- 
bution à l'étude des propriétés hé- 
molysantes du sérum sanguin ... 

Paisaux (Mme) : Sur une Hémo- 
grégarine du Python molure et ses 


CECI OMC CAMES 


formes de multiplication endogéne. : 


PoxseLLe (A.) : Technique pour la 
coloration des Trypanosomes et 
Trypanoplasmes de culture . . . .. 

RouvièrEe (H.) : Note sur les con- 
nexions que présente le palatin 
avec le cornet inférieur et le maxil- 
ISIN SUPÉMEUTEPER PE PE PIECE 

Tec (J.) et Lerone (J.) : Recher- 
ches sur la perméabilité à l’arsenic 
des méninges normales et patho- 
lOSIHIES de car Me Gien LPO pete 

VALLÉE (H.) : Sur la concentra- 
tion des anticorps coagulants. . . . 

Vincent (H.): Les vaccins chauffés 
à 120 degrés sont-ils immunigènes? 
Réponse à M. Chantemesse . . ... 

WEIngerG (M.) et Séauin (P.):Re- 
cherches sur l’éosinophile et l’éosi- 
nophilie (Première note). Eosino- 
philie locale expérimentale 


Présidence de M. Dastre. 


M. Hépon, membre correspondant, assiste à la séance. 


PRÉSENTATION. . 


1048 


M. Vicror HENRI. — J'ai l'honneur de déposersur le bureau le deuxième 
volume des T'ables des constantes de chimie, chimie physique et techno- 
logie, relatives à l’année 1911. Ces tables, publiées par un Comité interna- 


Brococie. CoMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 


12 


1038 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tional, dont le secrétaire général et l'organisateur est M. Charles Marie, 
contiennent toutes les données numériques publiées pendant l’année 
1911 ; elles rendent des services constants à tous les travailleurs et sont 
d'un secours précieux aussi pour les biologistes, qui y trouveront un 
grand nombre de résultats sur les colloïdes, les vitesses des réactions, 
l’adsorption, la cryoscopie, etd’autres questions ayant un rapport direct 
à la biologie. Ce deuxième volume de 800 pages in-4° est édité avec un 
soin eton pourrait dire un luxeencore plus grand que.le premier volume. 
C’est une œuvre très belle, extrêmement utile etdigne d’encouragements, 
d'autant plus qu’elle est une entreprise privée d’un Comité scientifique 
de travailleurs de laboratoires, dont le dévouement et le désintéresse- 
ment, et avant tout celui de leur secrétaire général, sont dignes de tous 


éloges. 


A PROPOS DU PROCÈS-VERBAL. 


SUR LA VALIDITÉ DES VACCINS TYPHIQUES CHAUFFÉS. 


M. CHANTEMESSE. — Je m'excuse de reprendre la parole sur ce sujet 
dont j'ai parlé dans une des dernières séances. Aussi bien ce sera pour 
la dernière fois, car M. Vincent ayant changé complètement le déter- 
minisme de nos expériences, il n’est pas étonnant qu'il ait obtenu des 
résultats différents des nôtres. 

Voici ma réponse aux critiques qu'il a formulées 


1° Pour démontrer, contrairement à nos affirmations, qu'avec une 
culture de bacilles typhiques chauffés à 100°, on ne peut pas vacciner les 
animaux, il a injecté à ces derniers le quart seulement de la dose que 
nous avons montré être nécessaire pour obtenir une immunisation. De 
plus, au lieu d'étudier l’immunité à l’aide de l'injection d’une culture 
virulente, comme nous l’avions fait, il a intoxiqué les animaux avant 
l’inoculation d’épreuve avec une dose de chlorure de sodium qui avoi- 
sine la toxicité mortelle. En quoi ces expériences entièrement diffé- 
rentes des nôtres peuvent-elles les contredire? On dit qu'avec trois 
lignes de l'écriture d’un homme on peut le faire pendre. Eh ‘bien, en 
changeant le déterminisme d’une expérience, on aboutit à quelque chose 
de non moins grave. 

20 M. Vincent déclare que l'existence des agglunitines n'a rien à faire 
avec l'existence des anticorps. Il se trompe beaucoup. Un savant dont 
la compétence sur ce point est indisculable et indiscutée, Leishman, 
dans des expériences admirables de conscience et de précision, a com- 
paré chez les vaccinés les courbes des agglutinines, des opsonines, des 


SAÈ) 


È de ap 
à 1 ] 


SÉANCE DU 17 MAI 1039 


bactériolysines, des stimulines, et il a montré que si elles n’élaient pas 
strictement identiques, leur sens était analogue, leurs indications super- 
posables, et que, finalement, l’une d’entre elles, celle des agglutinines, 
par exemple, pouvait renseigner sur la présence et la quantité des 
autres anticorps. 

3° M. Vincent déclare qu'ilirouve quela preuve quenos expériences d'il 
y à vingt ans n'avaient pas designification dans ce fait que, maintenant, 
je chauffe le vaccin beaucoup moins que jadis. Mais si son raisonnement 
est valable, il doit aussi l'appliquer à Wright, qui, lui aussi, au début, a 
chauffé à 75 degrés, 60 degrés, c’est-à-dire beaucoup plus qu'on ne 
chauffe maintenant. Est-ce que M. Vincent prétend que Wright, chauf- 
fant trop au début (à 75 degrés), ses expériences ne comptent pas ? 

%° M. Vincent déclare que le vaccin chauffé que j'emploie n’est pas le 
nôtre. Pardon. Dans quel pays du monde a-t-on établi pour la première 
fois qu'une culture virulente de bacilles typhiques stérilisée par chauf- 
fage devenait un vaccin contre la septicémie typhoïde à marche rapide 
et mortelle? En France. Le vacein typhique stérilisé par chauffage est 
donc du vaccin français. En chauffant plus ou moins, on fera des pré- 
parations nouvelles, on pourra faire des poussières de vaccin; on ne 
fera pas vraiment un nouveau vaccin. 

Le principe de ce vaccin typhique non vivant, dont nous avons établi 
- les premiers l'efficacité, nous ne l’avons pas composé de morceaux 

empruntés à X ou à Z. Nous l’avons fait de toutes pièces; il ne vient ni 
d'Angleterre, ni d'Allemagne, ni d'Amérique, mais de France. 

En 1892, notre vaccin antityphique était fait d’une culture de bacilles 
typhiques, dans du bouillon, vieille de huit à quinze jours. 

En 1896,le vaccin de Wright fut exactement le même, sauf, qu'au lieu 
de chauffer à 100 degrés, il chauffa à 75 degrés d'abord et plus 
tard à 60 degrés. : 

Nous avons montré que cette différence dans la température de chauf- 
fage ne supprimait pas la propriété immunigène et, pour les raisons 
que je viens de dire, les expériences de contrôle de M. Vincent, malgré 
ses affirmations, ne peuvent démontrer le contraire. 

Et maintenant, avant de terminer, un dernier mot. 


En Allemagne, Eberth à vu le premier le bacille typhique sur une 
coupe de rate trailée simplement par l'acide acétique. Il ne l'avait ni 
isolé, niinoculé, ni même cultivé. Mais il l'avait vu le premier et tous 
Pont reconnu. Eh bien, si Eberth avait été en France, est-ce que M. Vin- 
cent et M. Netter. auraient déclaré que, puisqu'il n'avait pas vu, en 1880, 
la biologie:complète du bacille typhique, telle qu’on la connaît aujour- 
d'hui, il W’avait rien vu? 

Aujourd'hui, le traitement antirabique n’est pas celui que faisait 
M. Pasteur. Le vaccin qu'on utilise ne diffère pas seulement de l’an- 


1040 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


cien par la quantité, il différe aussi par la qualité et par la vitalité. Et 
cependant qui oserait prétendre que ce n'est pas le vaccin pastorien qui 
est en jeu ? 


LES VACCINS CHAUFFÉS À 120 DEGRÉS SONT-ILS IMMUNIGÈNES ? 
RÉPONSE À M. CHANTEMESSE, 


par H. VINCENT. 


Je n'ai point cru devoir répondre, depuis deux ans, aux atlaques 
quelque peu passionnées que me prodigue M. Chantemesse. Mais mon 
collègue me met en cause avec une telle insistance que je ne puis laisser 
sans réponse sa note, qui repose tout entière sur des inexactitudes, des 
erreurs ou des confusions. 

Et d’abord, pour régler la question d’antériorité, je rappelle que 
bien avant M. Chantemesse, les cullures chauffées ont été employées 
pour immuniser les animaux par Pasteur, Toussaint, Chauveau, Roux 
et Chamberland (vibrion septique), Roux (charbon symptomatique), 
Salmon, Theobald Smith, etc. #. Chantemesse n’a donc rien innové. 

J'en arrive au second point. 

Les cullures typhiques chauffées à 120 ou à 100 degrés sont-elles 
capables de donner l'immunité? Toute la question est là, non ailleurs. 
Mon collègue ne nie plus que dans ses expériences de 1888 et 1892 il 
employait ces températures pendant dix minutes ou une heure. Il 
vient de nous dire que cest afin d’être sûr de détruire les spores du 
bacille typhique qu'il recourait à ces haules températures !.… 

Je pense avoir démontré qu'à 100 comme à 120 degrés, il ne reste 
plus rien du pouvoir vaccinant, thermolabile, des cullures. La méthode 
de contrôle que j'ai employée (1) a été adoptée par d’autres expérimen- 
lateurs (Lafforgue, F. de Gasperi, Chevrotier et Lumière), qui en ont 
constaté sa grande valeur dans des recherches très analogues, notam- 
ment pour le contrôle du vaccin antityphique de Pfeiffer et Kolle. Les 
conclusions qu’on en peut déduire sont donc rigoureusement précises. 

Du reste, je vais faire appel à un expérimentaleur que M. Chantemesse 
ne récusera certainement pas : c'est à lui-même. 

4° Dans ses expériences, les souris immunisées avec des cultures 
stérilisées à 120 degrés ont succombé, ensuite, en forte proportion, à 


(4) Il va sans dire que la solution de NaCl à 10 p. 100 est inoffensive dans 
les conditions que j'ai fait connaître. En employant la dose maxima chez des 
cobayes d’un poids minimum, M. Chantemesse fait un essai sans valeur, les 


doses de NaC] devant être évidemment proportionnelles aux poids des 
animaux. 


SÉANCE DU 17 MAI 1041 


* l’inoculation de bacille typhique vivant. {les n’élaient donc pas immu- 


nisées par les injections de culiure chauffés à 120 degrés. 

2 Dans ses mêmes recherches, les cobayes ayant recu chacun 16 à 
20 e.c. de culture chauffée à 100 degrés pendant une heure (dose 
cependant colossale qui équivaudrait à 3 ou 4 litres pour un homme) 
ont, aussi, péri en grand nombre à la suite de l'épreuve d'injection 


- de culture typhique vivante. M. Chantemesse en fait lui-même l'aveu : 


« On ne conserve, dit-il, après une inoculation d’épreuve, qu'un peu 
plus de la moitié des animaux (1). » 

Ses cobayes n'étaient donc pas immunisés par les injections de culture 
chauffée à 100 degrés. 

L'intervention des injections adjuvantes de solution need de 
NaCl n’est donc pas nécessaire pour démontrer l’inefficacité de ce mode 
d’immunisation. M. Chantemesse vient, lui-même, de nous ie prouver. 

Aucune conclusion valable ne pouvait donc êlre tirée de ces expé- 
riences. Aucune ne l’a élé, du reste, dans les deux mémoires précités. 

Il en est une, pourtant, qui s’imposait. C’est que, bien que lesanimaux 
de laboratoire, et en particulier le cobaye, possèdent une forte immunité 
naturelle contre le bacille typhique {Chantemesse) (2), l'injection des 
cultures chauffées à 100 degrés, à doses aussi formidables, non seule- 
ment n'a pas renforcé cette immunité naturelle, mais encore elle l’a 
diminuée. 

En effet, un très grand nombre des animaux (souris, cobayes ou 
lapins), soumis à ces injections massives de cullures anciennes de 
15 jours et stérilisées à l’autoclave, ont succombé à la cachexie avant 
même de recevoir l’inoculation d’épreuve du bacille vivant. 

C'est pourquoi, instruit par son expérience, M. Chantemesse n’a 
jamais, et pour cause, appliqué sa méthode à l’homme, ni proposé de 
l'appliquer (3). Et lorsque, en 1896, Pfeiffer et Kolle, ainsi que Wright, 
ont, pour la première fois, vacciné l'homme contre la fièvre typhoïde, 
notre collègue, M. Chantemesse a-t-il fail connaître qu’à 100 ou 120 de- 


grés on pouvait obtenir une immunisation semblable? Nullement. 


Trois ans plus tard, ayant vacciné le personnel de son service, a-t-il 
employé, dans ce but, des cultures chauffées à 100 ou 120 degrés ? Pas 


(4) Annales de l’Institut Pasteur, 1892, 9. 765. 

(2) Chez le cobaye normal, « il faut, pour obtenir la mort, une dose (de 
bacille vivant) qui doit être parfois très forte lorsqu'il s’agit de bacilles typhi- 
ques peu virulents ». (Chantemesse, loc. cit., p. 158.) Du reste, l'immunité 
naturelle des animaux de laboratoire est un fait bien connu. Leur mort, lors- 
qu'elle survient, résulte non de la multiplication réelle du bacille, mais de 
l'intoxication par les produits solubles de ce microbe et par la peptone du 
bouillon. 

(3) C’est Bruschettini qui, le premier, a immunisé les animaux avec des 
cultures stérilisées à 60 degrés. 


1042 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


davantage. N'ignorant pas, en effet, qu'à cetle température elles sont 
rendues inactives, il s’est servi en conséquence, et conformément aux 
règles posées par Wright, de cultures chauffées à 60 degrés. 

Récemment enfin, il à emprunté entièrement à Pfeiffer et Kolle et à 
Russell leur méthode de préparation du vacein antityphique. En réalité, 
le vuccin qu'il emgloie n'est autre que le vaccin allemand ow américain. 
Ce n'est pas le sien. Et si je fais ressortir cette particularité, ce n'est pas 
parce que, jusqu'ici, mon honorable collègue a négligé de signaler le 
véritable état civil de cet enfant d'adoption, c'est surtout parce qu'il 
donne ainsi, lui-même, la meilleure preuve du peu de confiance qu'il 
a dans les résultats de ses propres recherches. 


M. CHaNrTEMgssE. — M. Vincent vient de faire devant vousun aveu que 
je ne saurais trop mettre en lumière. Il a reconnu que, pour ses expé- 
riences dites de contrôle, il avait vacciné ses animaux avec une dose de 
bacilles typhiques chauffés à 100 degrés, représentant seulement le quart 
de la dose que. nous avions montrée êlre nécessaire. Dès lors, quelle 
valeur ont ses expériences, pour démontrer que les nôtres. ne sont pas 
valables? El comment notre collègue a-t-il pu se fonder sur elles pour 
baser les critiques qu'ildirige depuis longtemps contre nos constatations ? 
Comment, sachant qu'il avait modifié le déterminisme de nos expé- 
riences, a-t-il pu tirer les conclusions qui ont paru dans nos bulletins? 

M. Vincent constate que, parmi nos animaux vaecinés, il n’y avait qu'en- 
viron les deux tiers qui résistaient au virus d'épreuve. 

Mais aussi quel virus virulent et quelle épreuve sévère imposions- 
nous! Injectés sous la peau avec ce virus, tous les témoins succombaient 
en quelques heures à la septicémie sanguine intense. La plupart des 
vaccinés résistaient. Voilà le fait essentiel que toutes les critiques ne 
peuvent supprimer. 

Dans ses premières vaccinations chez Îles soldats du Transvaal, 
M. Wright obtenait-il chez les hommes frappés de fièvre typhoïde une 
différence de guérison de plus de 50 p. 100 en faveur des vaccinés par 
rapport aux non vaccinés ? Non, alors ? 

Je réponds maintenant à une autre série d'arguments. Pourquoi, dans 
nos expériences de jadis, nous avons chauffé nos cultures à une tempé- 
rature qui dépassait le degré simplement nécessaire pour la stérilisation ? 
Pour comprendre ce fait, il faut se rendre comple de l’état de la science 
en 41887. Jusqu'alors, on ne savait vaccinerles animaux qu'avec des cul- 
tures atténuées mais vivantes. Sans doute, Toussaint avait dit qu'on 
pouvait vacciner avec du sang charbonneux chauffé à 55 degrés, mais 
Pasteur avait montré qu à cette température la bactéridie charbonneuse 
n'était pas tuée. Donc, on ne savait vacciner qu'avec des microbes vivants, 
et jamais Pasteur n'a employé que des microbes vivants. Dire le con- 
traire, c'est proférer une inexactitude évidente. 


SÉANCE BU 17 MAI 1043 


L'intérêt de nos travaux à celte époque fut de montrer qu'on pouvail 
vacciner avec un vaccin absolument stérilisé, avec un vaccin chimique. 
Et c'est pour donner surabondamment cette preuve que nous avons 
chauffé énergiquement nos cultures, de facon à prévenir la possibilité 
d'une critique qu’il peut rester dans nos cultures des spores inconnues 
mais vivantes. Je rappelle qu’en 1887 la certitude que le bacille typhique 
ne pouvait pas faire des spores n'était pas établie. Les, résultats de nos 
expériences ne furent cependant pas douteux, et encore aujourd'hui on 
ne peut les attaquer qu’à la condition de nepas se mettre dans les condi- 
tions exactes qui les reproduisent, ainsi que vient de le faire M. Vin- 
cent. La Société de Biologie appréciera cette manière de faire. 

Après nos expériences qui remontent àun quartde siècle, je n’ai jamais 
abandonné cette idée de la vaccination contre la fièvre typhoïde. 

Lorsque parurent les travaux de Wright et de Pfeiffer et Kolle, je fus 

surpris qu'ilsnefissent même pas allusion à nos publications parues dans 
un recueil bien connu cependant, les Annales de l’Institut Pasteur. En 
1899, où pratiquait-on de la vaccination antityphoïde en France, excepté 
à mon bastion 29? En 1909, lors de la discussion à l’Académie de méde- 
cine sur la prophylaxie de la fièvre typhoïde, ce fut moi qui demandai la 
mise à l'étude de la vaccination préventive. Il n’est donc pas juste de 
dire qu'après nos anciens travaux je m'étais désintéressé decetlequestion. 

En résumé, je puis affirmer ici, en présence de mes contradicteurs, que 
les critiques dirigées contre nos constatations de 1887, 1888 et 1899 ne 
les ont pas touchées et qu'elles restent debout avec leur signification : 
c’est-à-dire la démonstration qu'à l’aide d’une culture de bacilles typhi- 
ques stérilisée, on pouvait vacciner préventivement contre le virus de la 
fièvre typhoïde. Aujourd’hui, tous les vaccinateurs, sans exception, font . 
mieux, de même qu'aujourd'hui on vaccine plus sûrement contre la 
rage que ne faisait Pasteur. Mais je le demande à tous les expérimenta- 
teurs délivrés de parti pris, en quoi les résultats nouveaux suppriment- 
ils les démonstrations que nous avons faites, les premiers, il y a 25 ans? 


M. NerrER. — Je n'ai jamais contesté la date des premières expé- 
riences de MM. Chantemesse et Widal, non plus que leur but. 

Ce que je me refuse à sanctionner par le silence, c'est la prétention 
de M. Chantemesse à en faire découler l'application aujourd'hui cou- 
rante de la vaccination antityphique de l’homme. Je ne veux pas davan- 
tage laisser établir une confusion entre le vaccin actuellement en usage 
et les cultures stérilisées à 120 degrés des expériences de 1888. 

Cette prétention et cette confusion me paraissent ressortir avec 
évidence de phrases comme celle-ci : « En résumé, la démonstration a 
été faite en France, voilà vingt-cinq ans, qu'on pouvait, à l’aide d’une 
méthode sans danger, sans inconvénient grave, donner contre la fièvre 
typhoïde soit une immunité complète, soit une résistance qui diminue 


1044 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


beaucoup la mortalité typhoïde » (Académie de médecine, 44 mai 1912). 

Est-ce une méthode sans danger, sans inconvénient grave, celle qui 
entraînait au cours de l’immunisation, en 1888, la mort du quart des 
animaux chez lesquels il était fait usage des doses considérables de 
cultures? Peut-on parler d'immunilé complète quand le quart des immu- 
nisés succombent à l’inoculation d'épreuves. 

Si le mémoire des Annales de 1888 avait contenu ce que Chantemesse 
croît y voir, Pfeiffer et Kolle, aussi bien que Wright, n'auraient pas 
manqué de mentionner ses recherches. Notre collègue, en tout cas, 
nous aurait trouvé à son côté s’il avait été nécessaire. 


M. CHaNTemEssE. — Les paroles de M. Netter me suggèrent deux 
observations. 

La première, c'est qu'il ne parle plus de critiques à l'égard de nos 
expériences de jadis; ce que j'ai dit à M. Vincent a suffi. 

La seconde observation, c'est qu’il me fait une critique de mot ou de 
rédaction. N’avais-je pas raison de rappeler, au début de la séance, 
qu'avec trois lignes de l'écriture d’un homme on pouvait toujours 
s’efforcer de lui nuire? Au fond, notre vaccin de 1887-1888 et 1892 était 
efficace, voilà le fait. En quoi celui de Wright en diffère-t-il? C’est seule- 
ment qu’il a été moins chauffé. Pourquoi notre vaccin, injecté à l’homme 
à dose convenable, serait-il plus dangereux que la préparation de 
Wright? 

On nous dit : vous injectiez beaucoup plus de vaccin à vos animaux 
qu'on en injecte à l’homme. Parfaitement. Mais aussi nous soumettions 
nos animaux à des épreuves de contrôle d’une violence effroyable. Est-ce 
que jamais un homme a subi une agression de virus typhique sem- 
blable à celle à laquelle nous soumettions les animaux? Ils résistaient 
cependant dans les deux tiers des cas, alors que les témoins étaient 
sidérés en quelques heures. À dose convenable, suivant les espèces à 
protéger, notre préparation était aussi inoffensive que celle de Wright. 

Voilà le sens de la rédaction critiquée par M. Netter. 


LE VIRUS VACCINAL PASSE-T-IL DANS L'HUMEUR AQUEUSE ? 


par L. Camus. 


Dans le numéro du 5 avril dernier des Comptes rendus de la Société de 
Biologie, où sont publiéesles communications faites le 6 mars à la Réunion 
Biologique de Bucarest, a été imprimée, page 715, une note de M.S. V. 
Sion et M! M. Radulesco, qui est relative à la généralisation du vaccin. 
Comme je me suis occupé un peu de cette question, les faits rapportés ont 


SÉANCE DU 1Â7 MAI 1045 


— _ 


attiré mon attention et les résultats annoncés m'ont, je l'avoue, causé 
une certaine surprise. Ce n’est pas que je ne puisse admettre que le 
virus vaccinal soit capable de provoquer dans certaines conditions, assez 
rares à la vérité, une infection générale de l'organisme par l'intermé- 
diaire de la voie sanguine. Quelques faits, parmi de nombreuses expé- 
riences négatives publiées jusqu’à ce jour, semblent montrer qu’il doit 
en être ainsi; mais ce qui m'a véritablement étonné dans cette note, c’est 
d y voir indiqué que l'humeur aqueuse, un des liquides de l’organisme 
qui se modifie le moins, et un de ceux dont le pouvoir virulicide est le 
plus faible chez les individus le plus solidement immunisés, soit juste- 
ment le liquide où se rencontre leplus souvent le virus qui a passé dans 
le sang. Ce fait est d’autant plus surprenant que la cornée est, comme 
tout le monde sait, l'organe le plus réfractaire à l’immunisation vaccinale. 
Mes expériences antérieures étant, d'autre part, peu en accord avec cette 
thèse des auteurs, j'ai conçu quelques doutes sur l’exactilude des résul- 
tats annoncés, et j'ai cru utile de refaire de nouvelles expériences. Tout 
d'abord, j'ai étudié l'humeur aqueuse de six lapins adultes que j'avais 
sous la main et qui se trouvaient, d’après les auteurs, dans la phase la 
plus favorable à cette investigation, du 4° au 5° jour après la vacci- 
nation. Ces animaux, du poids de 2 kil. 540 à 3 kilogrammes, avaient 
été largement vaccinés et fournirent des récolles de 2gr. 65 à 4 gr. 45 de 
pulpe. La chambre antérieure de chaque œil fut ponctionnée aseptique- 
ment, et les douze liquides recueillis furent inoculés séparément et en 
totalité sur des surfaces cutanées de 40 à 60 cent. carrés à des lapins 
neufs. Aucun des animaux ne présenta la moindre pustule au lieu d’ino- 
culation et tous prirent le vaccin ultérieurement. Ces résultats négatifs 
n'étaient pas pour me surprendre, maiscommedansleur note les auteurs 
ont indiqué qu'ils s'élaient adressés à de jeunes lapins, j'ai cru devoir 
refaire une nouvelle série de recherches sur six jeunes lapins de 
800 grammes à 1 kilogramme. Tous ces animaux furent vaceinés sur le 
dos, sur dessurfaces de 54 à 70cent. carrés, et fournirent au 5° jour une 
récolte de pulpe de 4gr.60 à 2 gr. 75. L'humeur aqueuse des 12 yeux 
de ces lapins fut inoculée en totalité à des lapins neufs sur des surfaces 
de 25 à 30 cent. carrés. Aucun des animaux ainsi inoculés ne présenta 
de réactions spécifiques. ; 

Jde n’ai pas cru devoir poursuivre davantage mes investigations, ces 
24 examens ayant donné 24 résullats négatifs. IL me semble donc bien 
établi qu'une condition toute particulière, que la lecture de la note pré- 
citée ne permet pas de connaître, a dû intervenir pour donner aux 
auteurs des résultats positifs sifréquents. 

En résumé, l'humeur aqueuse du lapin, sielle renferme parfois du virus 
vaccinal du 4° au 5° jour après la vaccinalion, n'en renferme certainement 


— que très exceplionnellement. 


Comme ici même, à l’occasion d'une note relative à la vaccine, j'ai déjà 


1046 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


opposé des expériences nettement contraires aux résultais annoncés, 
je ne voudrais pas qu'on püt supposer que je me suis donné la tâche de 
critiquer toutes les notes sur la vaccine qui sont critiquables et de 
redresser toutes les grossières erreurs enregistrées dans le Bulletin sur 
ce sujet. Pour plusieurs raisons, je ne peux m'astreindre à cette besogne 
qui, si elle est-parfois assez simple, pourrait dans certains cas devenir 
assez pénible. Il serait donc à souhaiter que les auleurs prissent un peu 
plus de soin de contrôler la signification de certains de leurs résultats 
avant de leur donner une importance d'ordre général. Dans le cas présent 
s’il en eût été ainsi, M. S. V. Sion et M!* M. Radulesco auraient certaine- 


ment parlé moins à la légère de l'important travail de notre collègue 
M. Borrel. 


SUR LA CHOLÉCYSTITE TYPHIQUE. 


Note de A. Harge, présentée par H. VINCENT. 


Nous avons observé deux cas de cholécystite chronique à bacilles 
d'Eberth, après le décours de la maladie, dans lesquels l'analyse des 
selles (1), effectuée plusieurs fois au début des recherches, ne fit pas 
découvrir le bacille d'Eberth. Ce n’est qu'après des périodes de crises 
hépatiques que le bacille spécifique put être identifié. On sait, d’ail- 
leurs, qu'au cours des cholécystites éberthiennes, l'expulsion du bacille 
spécifique est souvent intermittente (2). 

Nous nous sommes demandé si la recherche du pouvoir bactéricide 
du sérum ne donnerait pas des indications utiles. 

Dans le premier cas, il s’agit d'une femme atteinte d’un typhus très 
grave dont le début remonte au 5 octobre 1911 et la convalescence au 
20 janvier 1912. La première crise de cholécystite éclate le 15 février; 
depuis cette date, les accès se répètent tous les mois. Six mois après 
sa guérison, cetle personne reçoit la visite de. sa nièce; or, 15 jours 
après, cette jeune fille commence aussi un typhus excessivement grave 
qu'elle communique bientôt à son père et à sa mère. Dans le second 
cas, il s'agit également d’une dame qui, après un mauvais typhus, eut 
des crises de cholécystite se répétant jusqu'à tous les 45 jours. Cette 
dame a également contaminé deux autres personnes. 

Les recherches expérimentales auxquelles nous avons procédé eurent 
lieu une année environ après la convalescence de la fièvre typhoïde. 


(1) En raison de la difficulté de l'isolement du bacille typhique dans les 
fèces, la non-constatation du bacille ne donne nullement la preuve de sa non- 
existence. (Vincent, XIIIe Congrès de médecine, 1912.) 

(2) Glements et Dawson. Journal of the Royal army med. corps, mars 1941, n° # 


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1048 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


La lecture du tableau montre que le sang des malades atteints de 


cholécystites éberthiennes possède un pouvoir bactéricide très élevé. 


On peut en juger surtout en le comparant au pouvoir bactéricide du 
sang d'un typhus guéri depuis trois mois (1) et du sang d’un homme 
normal. Ces analyses ont été faites dans les mêmes conditions d’expé- 
rimentalion. 

Dans le premier cas, le pouvoir bactéricide est intense à 1/2000 et 
considérable encore à 1/8000; dans le second cas, il est net à 41/1000. 
Remarquons que le phénomène de Neisser et Wechsberg est très 
accentué dans le premier cas, comme dans les sérums très bactéricides. 
Quant au titre de l’agglutination, il est moins élevé : 1/400 dans le 
premier cas et 1/100 dans le second. Cette réaction semble d’ailleurs 
assez inconstante chez les porteurs chroniques (Gould et Quals). 

En conséquence, une action bactéricide nette (2) sur le bacille 
d'Eberth, trouvé dans le sang d’un cholécystique, fait présumer que ce 
dernier est porteur de germes. Cette recherche peut rendre de grands 
services au cours des enquêtes épidémiologiques sur la fièvre typhoïde. 


NOTE SUR LES CONNEXIONS QUE PRÉSENTE LE PALATIN AVEC LE CORNET 
INFÉRIEUR ET LE MAXILLAIRE SUPÉRIEUR, 


par H. ROUVIÈRE. 


On dit généralement : 1° que la partie antérieure de la face externe de 
la lame verticale du palatin présente une petite surface lisse qui recouvre 
une partie de l'orifice du sinus maxillaire et qui est recouverte par la 
muqueuse de ce sinus ; 2° que le bord antérieur du palalin, libre dans 
la partie de son étendue qui répond à l’orifice du sinus maxillaire, s’arti- 
cule au-dessous du cornet inférieur avec l’apophyse maxillaire de ce 
cornet, puis s'applique sur la face interne du maxillaire supérieur; 
3° que la face interne de la lame verticale du palatin, exception faite 
pour les crêtes rugueuses qui s’articulent avec les cornets moyen 
et inférieurest une surface lisse en rapport direct avec la muqueuse des 
fosses nasales. 


(4) Des recherches que nous publierons sous peu, il résulte que le titre 
bactéricide spécifique des malades atteints de typhus tombe souvent à la 
période de la convalescence. Après deux ou trois mois, le sang des malades 
guéris n’est presque plus bactéricide. 

(2) Ce résultat s'explique si on s’en rapporte à l’examen anatomo-patho- 
logique de la vésicule biliaire de ces porteurs. D'après Hilgermans (Klin- 
Jarbuch, t. XXI), on y constate de nombreux foyers nécrotiques avec nombreux 
bacilles localisés dans les couches séreuses et sous-muqueuses. Le sang du 
porteur est donc continuellement en contact avec des produits vaccinants 
provenant des germes spécifiques. 


va 


SÉANCE DU 17 MAI 1019 


Cette dernière assertion n’est pas exacte. 

On sait que, au cours du développement, il se détache du maxillaire 
supérieur, en arrière de la gouttière lacrymale, une lamelle osseuse qui 
se développe en haut et en arrière. Elle s'élève ainsi au-dessus du 
bord externe de l’apophyse palatine dumaxillaire supérieur et contribue 
à former en bas la paroi interne du sinus maxillaire. 

Nous avons toujours constaté que celté lamelle est séparée en bas 
et en arrière, du bord postéro-inférieur de l’entrée du sinus, par une 
étroite fissure dans laquelle s'enfonce une longue lamelle osseuse qui 
prolonge en avant le bord antérieur du palalin. 

Par suite, cette deuxième lamelle, d'origine palatine, s'interpose entre 
la lame osseuse qui dépend du maxillaire supérieur et le sinus maxillaire. 

Cette disposition apparaît très nettement sur des fœtus de 40 centi- 
mètres de longueur totale. Nous l'avons toujours retrouvée chez des 
fœtus plus âgés, chez l'enfant et chez l'adulte. 

11 résulte de cette disposition que, chez l'enfant et chez l'adulte : 4° le 
prolongement du bord antérieur du palatin ou apophyse antérieure, se 
place dans une notable partie de son élendue en dehors de la lame 
osseuse du maxillaire supérieur qui entre dans la constitution de la face 
interne ou nasale de cet os ; 2° dans toute celte partie de son étendue, 
la surface interne de l’apophyse antérieure est articulaire ; 3° sa face 
externe est directement recouverte par la muqueuse du sinus. En haut et 
en avant, celte apophyse s'articule avec le bord postéro-inférieur de 
l’apophyse maxillaire du cornet inférieur. 

En l’état actuel de nos recherches, nous ne pouvons émettre une 
hypothèse sur la signification de ce prolongement antérieur du palatin. 


SUR LA TOXICITÉ DES COMPOSÉS AZOTÉS DE L'URINE 
3 


par HENRI CLAUDE et A. BLANCHETIÈRE. 


Au cours de recherches sur la toxicité urinaire chez les sujets atteints 
de troubles mentaux, nous avons été amenés à fraclionner les composés 
azotés de l'urine d'une femme de trente-neuf ans, hospitalisée à la 
Salpêtrière pour mélancolie avec stupeur et catalonie. Cette étude nous a 
fourni une illustration particulièrement nette de certains faits signalés 
antérieurement par Bouchard (1). 

Les dérivés azotés en question ont été isolés parla méthode d'Armand 
Gautier (2), au moyen de la précipitation phosphomolybdique suivie de 


(1) Bouchard. Leçons sur les auto-intoxications, 1885, Paris, Savy, 1887. 
(2) À. Gautier. Les toxines animales et microbiennes, p. 63-69. 


2 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


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SÉANCE DU 17 MAI 


1051 


Cette toxicité des dérivésazotés 
n’est due qu'à deux fractions: 
portion précipitable par le su- 
blimé et non précipitable par 
l’acétate de cuivre, mais surtout 
à la portion non précipitable par 
le sublimé. 

Il est surtout important de re- 
marquer que la somme des toxi- 
cités de ces deux fractions 

4,32 + 31,55 — 32,87 urotoxies 
est sensiblement dix fois plus 
forte que la toxicité globale des 
composés azotés totaux. Il est 
bien évident que, si infidèle que 
soit le réactif vivant, l’augmen- 
tation de toxicité est telle que sa 
variation est au delà de toute 
erreur expérimentale, surtout si 
l’on veut bien considérer que des 
résultats sensiblement constants 
ont été obtenus par une série 
d'animaux. 

En examinant le tableau pré- 
cédent, on voit que la fraction 
qui est notablement la plus toxi- 
que est la dernière, c’est-à-dire 
la fraction non précipitable par 
le sublimé et soluble dans l'alcool 
faible. Il semble donc que cette 
fraction B-b devient de plus en 
plus toxique à mesure qu’elle de- 
vient plus pure. 

L'hypothèse Ia plus simple, 
compatibleaveccesconstatations, 
est que les autres substances azo- 
tées ont une action inhibitrice sur 
Paction toxique de la fraction 
B-b. Seule, l'étude détaillée du 
mécanisme de l’action toxique de 
ces diverses fractions est capable 
de nous renseigner à ce sujet. 

Faute de matière première, 
nous n avons pu l’entreprendre. 


Pasreau I. — Tableau de la toxicité des divers produits de fractionnement de l'urine. 


UROTOXIES 


NOTATION 


des produits 


par 24 heures 


dans 
le tableau I 


PHASES DU FRACTIONNEMENT 


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1052 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SUR UNE HÉMOGRÉGARINE DU PYTHON MOLURE ET SES FORMES 
DE MULTIPLICATION ENDOGÈNE, 


par Me Puisarix. 


Sambon et Seligmann (1) ont signalé et figuré, chez le Python molurus 
Gray, une forme endoglobulaire adulte d'Hémogrégarine, mesurant 
14 à 16 y de long sur 3 à 4 de large et qu'ils ont appelée Aæmogre- 
garina Pococky. 

Patton (2) en a observé aussi la présence chez un sujet venant de 
l'Inde, mais sans la décrire ni la figurer. 

Chez deux sujets de la ménagerie du Muséum, j'ai également trouvé 
une Hémogrégarine dont les formes endoglobulaires adultes n'ont 
jamais moins de 15 y de long, quelquefois même atteignent 16 y 25, sur 
5 Lu de large, dépassant, par conséquent, un peu en longueur et en 
largeur, celles de 77. Pococki, mais pas suffisamment, toutefois, pour 
qu'on puisse les considérer comme une espèce distincte. 

L'un des Pythons est encore vivant; le sang des veines périphé- 
riques seul a été examiné : il contenait surtout des formes endoglobu- 
laires adultes et quelques toutes jeunes formes libres. L'autre Python 
est mort; il élait en captivité depuis quinze mois. Son sang était plus 
fortement parasité que celui du premier; les organes, le foie notam- 
ment, contenaient les formes libres et endoglobulaires, jeunes et adultes; 
en outre, des formes incluses dans les grands éléments pigmentaires 
des capillaires, ainsi que des kystes à mérozoïtes, kystes et éléments 
décrits par MM. Laveran et Pettit pour l’'Hémogrégarine du Python 
Sebai (3). Ce Python n'avait ni parasites cutanés, ni parasites du tube 
digestif ou du tissu cellulaire périviscéral. Déjà infecté à son enirée 
dans la ménagerie, comme la presque totalité des serpents Boïdæ, il est 
peu probable qu’il ait subi des réinfections par un hôle intermédiaire du 
parasite; mais il nous fournit une indication intéressante sur la durée 
minima de l'infection hémogrégarinienne. L'examen périodique du 
sang du second Python et des Reptiles de la ménagerie que nous avons 
entrepris complétera ces premières données. 

1° Formes endoglobulaires. — Les plus petites mesurent 7 u 5 de long 
sur 5 de large (fig. 2). Elles sont ovalaires, avec un gros noyau sphé- 
rique qui se colore en violet par le Giemsa, tandis que le protoplasme 
reste à peu près incolore. Ges jeunes formes du parasite, en grandissant, 
deviennent vermiculaires, arrondies aux deux extrémités, et leurs 


(4) Proceed. Patholog. Soc. of London, 1907. 
(2) Parasitology, 1908. 
(3) Comptes rendus de l’Acad. des sciences, t. CXLVIIT, 1909, p. 1442. 


RÉ és alé), Léo de 


SÉANCE DU 17 MAI 1053 


dimensions les plus fréquentes sont de 13 & 5 de long sur 5 de large 
(fig. 3). Elles se distinguent des formes adultes, non seulement par la 
taille, mais par une colorabilité plus grande de leur protoplasme. 
Les formes adultes dominent dans les frottis du sang et de tous les 
viscères : elles ont la forme de boudins arrondis à une extrémité, 


Différents aspects de l’'Hémogrégarine du Python molure. 


1, Hématie normale au voisinage de laquelle se trouve une jeune forme libre. 
2 à 5, Formes endoglobulaires. 6, Forme endoglobulaire adulte s’échappant de son 
hôte. 1 et 8, Urandes formes libres. 9 et 10, Hémogrégarine en voie d'enkystement. 
41, 12, 13, Kystes constitués contenant de deux à quatre mérozoïites. 14, Élément 
pigmenté contenant des hémogrégarines, ua mérozoïte, un noyau; des granulations 
chromatiques, des granulations pigmentaires et des corps sphéroïdaux colorés en 
bleu. 15, Élément pigmenté contenant en outre un kyste à mérozoïtes, un mérozoite 
libre et les autres éléments du précédent. Grossissement 1140 D, environ. 


amincis et recourbés à l’autre, légèrement incurvés sur le noyau de 
l’hématie et orientés suivant le grand axe de cette dernière. Non dérou- 
lées, elles mesurent 45 & de long sur 5 de large, y compris la capsule. 
Supposées déroulées et nues, elles atteignent 16 x 95 et n’ont plus 
que 2 5 de largeur moyenne. 


Brococie. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 713 


1054 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Leur karyosome, ovoïde ou irrégulier, formé de granulations chro- 
maliques, disposées en bandes spiralées, se colore en bleu violacé par 
le Giemsa, tandis que le protoplasme, sans inclusions, ressort em um 
bleu azuré pâle sur le stroma plus sombre de l’hématie. 

Il n’y à jamais qu'un seul parasite par hématie, et celles-ci gardent, 
le plus souvent, leurs dimensions normales de 17 » 5 de long sur 10 de 
large; mais leur stroma pâlit; leur noyau, plus tardivement, se gonfleet 
se crénèle, ne subissant une désagrégation totale qu'après sa mise en 
liberté. 

2 Hémogrégarines libres. — Les plus petites, qui correspondent à 
l’état le plus jeune du parasite, mesurent 7 à 8 & de long sur 3 à 4 de 
large. Par le Giemsa, leur noyau se colore en bleu sombre et leur proto- 
plasme en bleu violacé. Les plus grandes représentent la forme adulte 
expulsée des hématies; elles ont des dimensions moyennes de 16 x 25 
de long sur 2 u 5 de large, quand elles sont étendues et décapsulées 
(fig. 7 et 8). Sur quelques hématies, on assiste à l'évasion du parasite. 
Le karyosome se teint en bleu violet par le Giemsa, le protoplasme en 
violet pâle. 

3° Kystes de multiplication. — On ne les trouve que dans les capil- 
laires hépatiques, sous forme de corps ovoïdes à paroi et à contenu 
clairs. Les plus jeunes ont 18 & %5 de long sur 12 u 5 de large; les plus 
gros atteignent 25 & et sont parfois sphériques; à leur centre, se trouve 
l'Hémogrégarine en voie de multiplication. Au début, eelle-ei est nette- 
ment distinete : elle s’est gonflée, en même temps que son noyau 
devient plus päle et que de nombreuses granulations chromatiques 
apparaissent dans le protoplasme (fig. 9). Puis le noyau se divise, de 
manière à en donner 2, puis 4, qui seront les noyaux des futurs méro- 
zoïtes. Nous n’en avons jamais trouvé davantage dans un kyste. 


Ces nouveaux éléments se colorent en bleu elair par le Giemsa, leur 


noyau en violet. Ils mesurent de 15 à 17 y de long (fig. 10 à 13). Nous 
n'avons trouvé qu'une seule espèce de kystes. 
4° Hémogréqarines incluses dans les éléments pigmentés intra-vascu- 


laires. — La plupart des grands éléments pigmertés des capillaires 


hépatiques sont parasités; ils contiennent des Hémogrégarines adultes, 
parfois des mérozoïtes, ou enfin les plus grands, qui peuvent atteindre 
38 u de diamètre, enclavent parfois des kystes à mérozoïtes (fig. 14 
et 15). 


Ainsi le développement de cette Hémogrégarine du Python molure 
chez le Serpent même, son habitat et ses kystes de multiplication sont 
tout à fait analogues à ce qui a été observ: par MM. Laveran et Pettit, 
pour le Python Sebaï. 


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SÉANCE DU 17 MAI 1055 


SUR L'EMPLOI DU RÉACTIF DE FOSsE (KANTHYDROL), POUR LE DOSAGE DE 
L'URÉE DANS LE SANG ET LES LIQUIDES DE L'ÉCONOMIE ANIMALE. 


Note de Louis HuUGouNENQ et ALBERT MOREL, 


présentée par Maurice Niccoux. 


On sait l'importance accordée aujourd'hui par les cliniciens, à la suite 
des travaux de Widal et de ses collaborateurs, à la détermination de 
l'urée dans le sang et les liquides de l’économie animale. Il existe pour 
réaliser ce dosage plusieurs méthodes suffisamment exactes ; certaines 
d'entre elles se recommandentparlarigueur de leurs résultats. Cependant 
nous croyons devoir attirer l’attention des biologistes et des cliniciens 
sur les avantages que présente, pour le dosage de l'urée, l'emploi du 
réactif de Fosse, 

Ce chimiste (1) a découvert qu’au sein de l'alcool et de l'acide acé- 


- CH" 
1 1 à 1 » # N : 5 T 
tique, l’urée s'unit au xanthydrol Re EU ou diphénopyranol 


pour donner naissance à un corps cristallisé, à peu près insoluble 
dans les dissolvants habituels, la dixanthylurée : 


SH# 


Co: C 
O0 NCH.NH.CO.NH.CHS NN M2 
ape D CENE. CO. NEO, 0 (P.M.—120), 


174 
et il a montré que, par l’emploi de ce réactif, il est possible d'extraire 
quantilativement l urée, non seulement des solutions alcooliques pures, 
mais aussi de l’urine et de divers milieux complexes. D’aprèsses essais, 
dont il nous a communiqué les résultats, l’urée seule à l'exclusion de 
divers corps azotés (amides, uréides et guanidines) est capable de 
donner naissance à un dérivé cristallisé insoluble dans les conditions 
de l’éxpérience. 

Frappés des avantages que présente celle réaction, nous l'avons 
appliquée à 'estraction quantitalive de l’urée du sang et des liquides 
de l’économie animale. 


I. — Tecanique. Voici la abris ns que nous mettons en œuvre bour 
le sérum sanguin. 


Une dizaine de c.c. de sérum, exactement mesurés, sont additionnés de 
10 vol. d'alcool à 95 p. 100 etle mélange, après acidification très légère par 
l'acide acétique, est filtré sur une essoreuse. Le coagulum est lavé à deux 
reprises par de l’alcoo! à95 p. 100. Les liquides alcooliques sont évaporés au 
B-M à 5 c.c. environ. Nous ajoutons alors au résidu 50 c.c. d’une solution 
alcoolique à 8 ou 10 p. 100 de xanthydrol et 50 ce. c. d’acide acétique glacial. 


(1) Fosse. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 1907, p. 813, et 1912, 
p. 851, 1187, 1448 et 1820. 


1056 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nous laissons agir à la température du laboratoire en vase couvert pendant 
quatre heures au moins, en évitant de dépasser une quinzaine d'heures. Nous 
recueillons alors le précipité de xanthylurée sur un tampon de laine de verre 
placé au fond d’un petit entonnoir cylindrique à douille capillaire et nous 
lavons vase et précipité avec de l'alcool à 95 p. 100, saturé de xanthylurée, 
jusqu'à la disparition de toute réaction acide. L'appareil de filtration, taré 
après dessiccation à 105 degrés, est pesé ensuite avec la dixanthylurée qu'il 
renferme après dessiccation à la même température. La différence de poids 
divisé par 7 donne le poids de l’urée. Pour 10 c.c. de sérum normal, cette 
différence de poids est de 15 à 30 milligrammes environ, elle atteint et dépasse 
même 100 milligrammes pour 10 c.c. de sérum de brightique azotémique. 


IT. — AVANTAGES DE L'EMPLOI DU RÉACTIF DE FOSSE POUR LE DOSAGE DE 
L'URÉE EN CLINIQUE ET DANS LES RECHERCHES BIOLOGIQUES. 

1° De nombreuses vérifications effectuées par nous, et dont nous 
donnons ici quelques exemples, nous permettent d'indiquer avec quelle 
approximation il est possible de retrouver dans les liquides de 
l’économie animale des quantilés connues d’urée, si faibles soient-elles. 

Nous avons en effet obtenu : 


À. — Dans du sérum de cheval. 


URÉE URÉE URÉE 
surajoutée totale théorique totale trouvée 
en milligr. en millior. en milligr. 

1oMDans 10Nc.c. de SÉTUM 0 O0 » » 3,81 
90 Dans 10 c.c. du même sérum . 5); 39) 9,20 9, 10 
30 Dans 410 c.c. du même sérum . 10,18 14,59 14,45 
B. — Dans du sérum humain (néphrite subaiguë, service du professeur 
Paviot). 

URÉE URÉE URÉE 
surajoutée totale théorique totale trouvée 
en milligr. en millier. en millior. 

1o Dans 10 c.c. de sérum. . . . . 0 » » 14,8 É 
20 Dans 10 c.c. de sérum. . . . 15,4 SDS 29,0 


20 Des vérifications déjà citées de Fosse, il résulte que l’'ammoniaque, 
l'acide urique, la guanidine, la créatine, la créatinine, l’asparagine et 
diverses amides sont sans influence sur l'exactitude du dosage rigou- 
reux de l’urée. Nous avons nous-mêmes étendu ces vérifications en 
montrant que diverses substances azotées qui peuvent se trouver dans 
l'économie animale : glycocolle, alanine, valine, leucine, tyrosine, acide 
glutamique, tryptophane, cystine, histidine, lysine, arginine (lorsque 
celle-ci est pure et n’a subi aucun phénomène d’hydrolyse), glycyl- 
glycine, diacipipérazine et autres peptides naturelles ou artificielles, 
peptones, etc.,‘etc., ne donnant aucun précipité, dans les condilions de 
l'expérience. 


SÉANCE DU 17 MAI 1057 


La réaction de Fosse a donc bien, comme l'a indiqué son auteur, la 
valeur d’une réaction spécifique de l’urée. 

On comprendra aisément l'importance de cette spécificité lorsqu'on 
envisage la complexité, plus grande peut-être qu’on ne le croit, des 
problèmes que soulève la question de l’azotémie. 

3° La technique que nous venons d'indiquer est facile à suivre : elle 
est exempte de manipulations délicates qui exigent le travail prolongé 
et ininterrompu d’un chimiste exercé. Elle conduit assez rapidement 
au résultat et ne met en œuvre que des réactifs qui se conservent 
bien (1). 

Elle permet d'effectuer simultanément plusieurs dosages à la fois et, 
au point de vue de la rapidité, elle mérite la préférence lorsqu'on se 
trouve en présence de plusieurs déterminations à effectuer en même 
temps. 


Conclusions. — L'emploi du réactif de Fosse (xanthydrol en milieu 
alcoolique et acétique) nous parait devoir présenter pour le dosage de 
l'urée dans le sang et les liquides de l’économie animale de grands 
avantages : au point de vue de la spécificité, de la précision et de 
l'exactitude et même de la rapidité, surtout dans le cas de plusieurs 
déterminations simultanées. 


SUR LES EFFETS DE LA DOUBLE VAGOTOMIE CHEZ LE JEUNE COBAYE. 


Note de Cu. Dupors, présentée par E. GLEY. 


La récente communication de M. Tournade (2) nous donne l’occasion 
de rappeler des expériences que nous avons faites en 1909 et 1910 dans 
le laboratoire de notre maître, M. le professeur Wertheimer. 

Dans deux notes à la Société de Biologie, et dans un mémoire des 


_ Archives internationales de physiologie (3), nous avions, avec M. Wer- 


theimer, rapporté un certain nombre de faits défavorables à la théorie 
de la régénéralion autogène des nerfs. Cependant, la rapidité avec 


(1) Pour la préparation, d’ailleurs facile, du xanthydrol, voir: préparation 
de la xanthone, à partir du salol, Richard Meyer et Erich Saul, Berichte der 
d. chem. Geseil., 1893,t. XXVI, p. 1276, et, pour la transformation de la 
xanthone en xanthydrol : Græbe, Liebig's Annalen, 1889, t. CCLIV, p. 280. 

(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, t. LXXIV, p. 956. 

(3) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1906, t. LXI, p. 569. — Archives 
intern. de Physiologie, 1907, p. 91. — Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
1908, t. LXIV, p. 1908. 


1058 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


laquelle, dans les expériences de Philipeaux (1), le premier pneumogas- 
lrique reprenait ses fonctions plaidait plutôt en faveur de cette théorie : 
il parait, en effet, difficile d'admeltre qu’en quinze jours lé bourgeon- 
nement du bout central du netf aît pu”rétablir sa continuité jusqu'au 
cœur. C'est ce qui nous fit penser à répéter les expériences de Phili- 
peaux, et nous avons opéré, comme ce physiologiste, sur de jeunes 
cobayes, plus jeunes même que ceux sur lesquels il avait expérimenté. 

Une question se posait préalablement: la section des deux pneumogas- 
triques entraîne-t-elle la mort chez des cobayes de cet âge, et les résul- 
tats de Philipeaux ne sont-ils pas dus à ce que, normalement, ces ani- 
maux résistent à cette double section? Deux cobayes âgés de deux mois 
ei demi, et deux autres, de trois mois, auxquels on fit la double vago- 
tomie vers cinq heures du soir, furent trouvés morts tous les quatre, 
le lendemain matin. 

Nous fimes alors la section des pneumogastriques en laissant des 
intervalles de temps variables entre la section du premier et celle du 
second. Voici nos résultats :. 


I. — 16 octobre 1909. — Cobaye de deux mois {et demi. Section du pneu- 
mogastrique gauche. Le 29 octobre, — treize jours après, — vers 5 heures du 
soir, section du pneumogastrique droit : l'animal meurt dans la nuit. 

IT, IN, IV. — 26 octobre [1909. — 3 cobayes A, B, C, de deux mois et 
demi. Section du pneumogastrique gauche : 

Cobaye A. — Le 11 novembre, — seize jours après, — section du pneumo- 
gastrique droit : l'animal meurt dans la nuit. 


Cobaye B. = Le 13 novembre, :— dix-huit jours après, — section du pneu- 
mogastrique droit : l'animal meurt dans la nuit. : 
Cobaye G.— Le 27 novembre, — trente-deux jours après, — section du pneu- 


mogastrique droit : l’animal meurt dans la nuit du 28 au 29 novembre; il a 
donc résisté un jour de plus que les précédents. 


V. — 18 avril 1910. — Cobaye de six semaines à deux mois; poids 
195 grammes, Section du pneumogastrique droit. 
Le 4 juin, — quarante-sept jours après, — section du pneumogastrique 


gauche. L'animal meurt dans la nuit. 


Nos expériences sur le cobaye nous ont donc donné des résultats sem- 
blables à ceux qu'a obtenus M.Tournade sur le rat, — c’est-à-dire une 
mort très rapide après la seconde vagotomie, — même dans un cas où 
nous avons attendu jusqu'au quarante-septième jour pour sectionner le 
second pneumogasirique. 


(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Lolle.) 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1885, t. XXX VII, p. 1. 


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14 


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SÉANCE DU 17 MAI 1059 


RECHERCHES SUR L'ÉOSINOPHILE ET L'ÉOSINOPHILIE 
(Première mote), 


ÉOSINOPHILE LOCALE EXPÉRIMENTALE, 


par M. Wenger et P. SÉGuIx. ! 


Nous nous sommes proposés d'étudier les propriétés biologiques de 
l’éosinophile et son rôle dans l’immunité. Notre premier souci était done 
de rechercher le moyen de provoquer une forte éosinophilie locale qui 
nous permette de recueillir ces leucocytes en grande quantité, el autant 
que possible à l’état pur. 

Nous résumons dans cette première note les faits que nous avons 
établis en étudiant l’éosinophilie locale provoquée expérimentalement 
dans le tissu conjonctif. Nous avons choisi, pour ces recherches, la pau- 
pière du cheval, et cela pour deux raisons: L° il est démontré que l'ins- 
tillation dans l'œil de toxine ascaridienne provoque chez cet animal un 
ædème de la paupière accompagné d'une forte infiltralion éosinophi- 
lique ; 2° les éosinophiles du cheval possèdent de très grosses granula- 
tions qui constituent un excellent objet d'étude et ne permettent aucune 
erreur d'interprétation. 

Nousavons réséqué les paupières un quart d’'heure,une demi-heure une 
heure et jusqu'à quatre-vingt seize heures après l’instillation dans l'œil 
de quelques gouttes de liquide ascaridien. L'étude des matériaux 
recueillis dans la première heure, c’est-à-dire au début de la réaction, a 
déjà permis d'établir Les faits suivants : 

a) Les capillaires sanguins de la paupière malade accusent une poly- 
nucléose considérable (94-96 p. 100), alors que la paupière témoin reste 
absolument indemne. 

b) La formule leucocytaire du sang des capillaires varie, suivant les 
cas, dans des proportions considérables. Chez certains chevaux, l'éosi- 
nophilie est très forte (de 50-64 p. 100), chez d'autres elle est moyenne, 
faible ou nulle. Comme nous avons lrouvé ces formules leucocytaires 
différentes chez les chevaux d’une même série d'expériences, c'est-à-dire 
traités par la même dose et le même liquide parasitaire, nous nous 
sommes demandés si ces résultats ne pouvaient pas s'expliquer par la 
teneur variable du sang circulant en éosinophiles. Nous avons donc 
refait nos expériences en établissant chez tous nos chevaux à la fois la 
formule leucocytaire du sang général et celle du sang des capillaires de 
la paupière malade. 

Le tableau ci-dessous, qui résume nos observations dans les cas où l& 
réaction locale était nette, montre qu'au .débul de la réaction l'intensité 
de l'éosinophilie locale est en rapport direct avec l’éosinophilie san- 
guine. Nous:avons constaté que, d'une part, l'on ne rencontre d'éosino- 


PIE 


1060 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


philes dans les capillaires de la paupière que dans les cas où les éosino- 
philes se trouvent dans le sang général et que, d’autre part, le taux des 
éosinophiles attirés dans les capillaires est directement proportionnel à 
celui des éosinophiles du sang périphérique. 


RÉACTIONS DE DÉBUT RÉACTIONS DE 7 HEURES 


NOMBRE 
de cellules 
éosinophiles par || 
10 champs micros. || 


: 
POURCENTAGE POURCENTAGE 
des 


des éosinophiles éosinophiles 


NUMÉROS 
des 
chevaux 
l'expérience 
NUMÉROS 
des 
chevaux 


Capil- | Tissus Capil- 


ang : : Cane ï <a ; \ 
Sang | Jiires conjonc. Sang lbirdee Tissu conjonctif 


min. 
min. 
min. 
min. 
min. 
min. 
min. 
min. 
min. 
15 min. 
min. 
min. 
5 min. 
5 min. 
min 
min. 
min. 
min. 


OO. OT 


ot, , 


WII ECG 
A A te td 
tIOUH O0 += 2 On <O CO 

© 
[2e] C9 CO 
[STOCKS 


SOU VrR=R DOC 


des cas. 


e e. 


On 


HOW NEROR OO 
OBDIUURRS 


co 
= 


Pas d'éosinophiles dans la plupart 


I E 

E 
IF 
| F 
| E 

E 
}| C 
|| C 
i E 
|| E 
I 
| E 

G 
IF 
|| 
ll C 
l| CG 

F 


L'examen histologique des paupières réséquées à différents intervalles 
nous a permis, entre autres constatations, d'établir les faits suivants : 

Les polynucléaires éosinophiles traversent par diapédèse les parois vascu- 
laires avant les autres variétés de leucocytes, engainent les vaisseaux en 
dissociantles cellules périthéliales et finissent parinfiltrer le tissu conjonctif. 
Au fur et à mesure que l’on s'éloigne du début de la réaction, les cellules 
éosinophiles deviennent plus nombreuses dans le tissu conjonctif et, par 
contre, diminuent de nombre dans les capillaires ; à tel point qu’à un moment 
donné (réactions de six à sept heures; voir le tableau) on peut constater une 
infiltration éosinophilique intense du tissu conjonctif coïncidant avec un 
pourcentage d'éosinophiles très faible dans les capillaires. A ce stade, à la 
polynucléose du début a succédé une mononucléose très marquée (50-60 
p. 100 de mononucléaires) dans les vaisseaux. Lorsque le sang général ne 
renferme pas d'éosinophiles, l'infiltration locale se fait surtout aux dépens 
des polynucléaires neutrophiles, puis des mononucléaires du sang. Nous 
n'avons jamais rencontré dans nos paupières malades de mononucléaires 
éosinophiles. 

L'infiltration éosinophilique une fois installée persiste très longtemps. 
Beaucoup de cellules éosinophiles dégénèrent sur place, le plus souvent par 
pycnose, et sont englobées par des macrophages. Nous avons rencontré dans 
un cas une éosinophilie encore intense quatre jours après l’instillation. 


SÉANCE DU 17 MAI 1061 


Conclusions. — La résorption de toxine vermineuse provoque une 
chimiotaxie intense des leucocytes éosinophiles qui arrivent dansle tissu 
conjonctif voisin en nombre d'autant plus considérable qu'ils sont plus 
abondants dans le sang circulant. 

Le maximum de l’éosinophilie locale est réalisé en quelques heures. 
L'éosinophilie locale persiste longtemps après l'instillation. 

Au début de la réaction, les éosinophiles viennent en masse dans les 
capillaires de la région où la toxine est résorbée. Lorsque la lésion 
locale est très étendue et que les éosinophiles se trouvent en petit 
nombre dans le sang, la plupart d’entre eux sont attirés vers la région 
malade ; la formule leucocytaire du sang périphérique, établie à ce 
moment, peut accuser une éosinophilie très faible ou nulle. On s'explique 
alors pourquoi certains auteurs ont signalé des cas d’éosinophilie locale 
sans éosinophilie sanguine et pourquoi certains d’entre eux ont émis 
l'hypothèse de la formation sur place de cellules éosinophiles qui pas- 
seraient ensuite dans le sang circulant. 

Il faut aussi retenir que la chimiotaxie positive provoquée par les 
toxines vermineuses n’est pas l’apanage exclusif des cellules éosino- 
philes. Ces derniers montrent seulement vis-à-vis de ces produits une 
sensibilité beaucoup plus considérable que les autres variétés de leuco- 
cytes. Lorsque les éosinophiles font défaut dans le sang, ce sont les 
neutrophiles, puis les mononucléaires qui sont attirés par les produits 
toxiques. 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PROPRIÉTÉS HÉMOLYSANTES 
DU SÉRUM SANGUIN, 


par G. Parein et E: Roux. 


L’un de nous à montré qu'en neutralisant, par l'acide acétique, le 
sérum sanguin étendu d'eau, on précipite un complexe auquel il à 
donné le nom d’acétoglobuline, pour rappeler son mode d'obtention sans 
préjuger de sa nature. Ce complexe est surtout formé d’euglobuline, et 
il nous à paru intéressant de rechercher si sa précipitation entrainait 
les différents corps auxquels les sérums doivent leurs propriétés hémo- 
lysantes, agglutinantes, immunisantes, anaphylactisantes, etc., ou, en 
tout cas, faisait disparaître ces propriétés, puisque nous ne savons pas 
actuellement si on est en présence de substances réelles ou s’il s’agit de 
simples propriétés des cellules ou des humeurs. La présente note est 
consacrée à l'alexine ou complément. 

Nous avons étudié le sérum de l’homme et le sérum du cheval, avec 
les globules du lapin et ceux du mouton. 

Sans entrer dans tous les détails de la partie expérimentale, nous 


1062 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE \ 


dirons que le sérum était étendu à dix fois sun volume par addition d'eau 
et ramené à l’isotonie par la quantité voulue de NaCI. 

Le sérum inactivé était obtenu par chauffage à 56-58 degrés pendant 
vingt minutes, puis étendu et rendu isotorique. 

Le sérum privé d'acétoglobuline par neutralisalion et centrifugation 
était ensuite rendu isoltonique et ramené à son a@lcalinité primitive: 
on y arrive rapidement en se servant de solutions d'acide acétique et de 
carbonate de soude qui se neutralisent à volumes égaux. 

L'acétoglobuline était dissoute dans le sérum artificiel et la dissolution 
complétée par le carbonate de soude additionné de facon à obtenir une 
réaction très légèrement alealine. 

On disposait 8 tubes numérotés de 4 à 8 et contenant : 


No 1. Sérum (homme où cheval). Hémolyse en 15 minutes. 
Globules ‘de lapin. 
2 No 2. Sérum inactivé. à Pas d’hémolyse à la fin de la 2° heure. 
Globules de lapin. 
No 3. Sérum privé d'acétoglobuline. Pas d'hémolyse à la fin de la 2° heure. 
Globules de lapin. 
N° 4. Sérum privé d'acétoglobuline. Pas d’hémolyse à la fin de la 2° heure. 


Sérum inactivé. 
Globules de lapin. 


No 5. Solution d'acétoglobuline. Pas d'hémolyse à la fin de la 2€ heure. 
Globules de lapin. 
No 6. Solution d’acétoglobuline. Pas d'hémolyse à la fin de la 2° heure. 


Sérum inactivé. 
Globules de lapin. 


No 7. Sérum reconstitué (parle mélange Pas d'hémolyse à la fin de la 2 heure. 
de l’acétoglobuline et du sérum 
privé d’acétoglobine). 
Globules de lapin. 


No 8. Sérum reconstitué. Pas d'hémolyse à la fin de la 2° heure. 
Sérum inactivé. 
Globules de lapin. 


On a opéré à la température ordinaire et à 37 degrés ; on a répété les 
expériences en ulilisant à la fois un sérum hémolysant (sérum humain) 
et un sérum contenant du complément libre (sérum de cobaye), les résul- 
tats ont été concordants. 


Ces résultats négatifs montrent que la précipitation et la séparation 
de l’acétoglobuline provoquent la disparition du complément et que le 
sérum reconstitué ne recouvre pas ses propriétés hémolysantes primi- 
lives, avec quelques précautions qu'il ait été traité. 


SÉANCE DU 47 Mat | 1063 


SUR LE DOSAGE DE L'URÉE PAR L'HYPOBROMITE, 


par L. GRimBErT et M. Laupar 


Dans une note précédente (1), nous avons montré que dans le dosage 
de l'urée par l'hypobromite, le dégagement d'azote, contrairement à ce 
qui à été dit, est rigoureusement proportionnel à la quantité d'urée 
décomposée, à condition de tenir compte d’une légère correction due à 
la présence constante d’une petite quantité d'oxygène dans les solutions 
d’hypobromite. 

_ Nous avons insisté sur la nécessité d'une agitation énergique pour 
obtenir des résultats constants qui correspondent à un rendement en 
azote de 96 p. 100 en moyenne. 

Si on se contente, comme on le conseille dans ies ouvrages classiques, 
de renverser deux ou trois fois l'uréomètre pour effectuer le mélange 
de l'hypobromite avec la solution uréique, ce rendement pourra se 
maintenir dans les environs de 92 p. 100, il pourra même tomber 
beaucoup plus bas pour des prises d'essai ne dépassant pas ! ou 2 milli- 
grammes ; à plus forte raison si on se sert d'uréomètre à eau. Avec ces 
derniers, l'agitation est toujours insuffisante. Dans certains appareils, 
l’urée et l'hypobromite se trouvent dilués dans un volume d’eau relati- 
vernent considérable; le dégagement gazeux se ralentit bientôt et 
devient interminable. 

Dans ces conditions, le rendement est des plus variables, comme on 
peut s’en convaincre par l'examen du tableau suivant dans lequel nous 
avons inscrit les rendements obtenus avec deux uréomètres à eau À et 
B, en opérant sur la même solution d'urée qui nous avait servi dans 
nos expériences précédentes sur le mercure. 


RENDEMENT EN AZOTE 


URÉE pour 100. 

en ce. 
millisrammes. À B 

A0 94,0 88,3 -84,0 91,6 88,4 
ù . 89,0 85,6 195 89,1 » 
4. 83,5 » » 86.6 » 
2e 93,0 67,0 58,8 86,6 » 
Any rire 88,2 14,1 » 49,3 » 
DDR 14,3 » » 49,3 » 


Les uréomètres à eau sont donc à rejeter pour les dosages précis. 
Pour traduire en urée le volume d'azote dégagé, on ne peut pas non 


(4) L. Grimbert et M. Laudat. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
t. LXXIV, p. 951, 1913 (Séance du 3 mai 1913). 


106% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


plus, même avec un uréomètre à mercure, faire usage avec sécurité des 
tables loutes faites, construites pour un rendement théorique de 
92 p. 100. Ea employant la technique que nous proposons, on pourrait, 
à la rigueur, adopter le chiffre moyen de 96 p. 100; il faudrait donc, 
après avoir opéré comme il est dit, ramener par le calcul le volume 


100 ! 
observé à 0 degré et à 760, multiplier le nombre obtenu par 96’ Puis 


par le poids durée correspondant à 1 c.e. d’azote, soit 0 gr. 0026954. 
Mais cette manière de faire conduit à des calculs longs et fastidieux qui 
ne sont pas rachelés par une plus grande précision. 

En effet, les variations que subit le volume d'azote recueilli sous 
l'influence d’un écart de température de quelques degrés ou d'une 
variation de pression de quelques millimètres ne peuvent être appré- 
ciées à la vue quand elles portent sur quelques centimètres cubes, à plus 
forte raison quand il s'agit de fractions de centimètres cubes, de sorte 
que, entre 12 et 16 degrés par exemple et pour une pression baromé- 
trique oscillant entre 750 et 710 millimètres, ce sera toujours le même 
volume gazeux qui sera lu. Cependant, quand on ramènera par le 
calcul ce volume à 0 degré et à 760 millimètres en tenant compte de la 
pression et de la température, on obtiendra des écarts sensibles entre 
les diverses observations. 

Il est donc préférable, dans la pratique, d'opérer, comme l’a conseillé 
Yvon, par comparaison avec une solution d’urée d’un titre exactement 
connu qu'on traite dans les mêmes conditions que la prise d’essai, en 
tenant compte, bien entendu, de la correction que nous avons établie. 
Une simple règle de proportion suffit à obtenir le résultat cherché. 

Appliquons cette règle à nos expériences précédentes. Prenons comme 
témoin la prise d'essai de 10 milligrammes, et calculons d’après cette 
donnée à combien d’urée correspond le volume gazeux obtenu dans 
chaque opération. 10 milligrammes d’urée nous ont fourni, après 


: - D hoc NE 
correction, 3,85 c.c. d'azote, nous écrirons donc : ==—=——: d’où 
D'010E7r 
V X 0,010 a 
Fr NOR ROIS et on obtient : 
3,89 
Y URÉE URÉE 
calculée. existante. 
RS MALE ER ONO DS 06 6,0030 
DÉS UE PSP D A0 0 ,0040 
DÉSDI EN RTS a AO 0 0 0 ,0020 
DDR OU OO UIDS 0,0010 
0,2 


RO RE Re dc ..  0,00051 00005 


En ne tenant pas compte, comme ïil est juste, des cinquièmes 
décimales, on voit que les résultats sont d’une exactitude remarquable. 


SÉANCE DU Â7 MAI 1065 


SUR LA CONCENTRATION DES ANTICORPS COAGULANTS, 


par H. VALLÉE: 


Ghacun sait qu'additionné de plusieurs fois son volume d’eau distillée, 
le sérum normal du cheval fournit un abondant précipité, constitué 
principalement par des globulines. 

Je me suis demandé si ce précipité, naissant sur un sérum préparé, 
riche en anticorps, n’était point susceptible d'entraîner ceux-ci, favorisant 
ainsi leur reprise, à l’état de concentration, dans un véhicule inerte. 

Mes expériences ont tout d’abord porté sur le sérum du cheval hyper- 
immunisé contre la tuberculose, selon le procédé que j'ai fait connaitre, 
sérum riche en anticorps, précipitants. Ce sérum, fraichement récolté, 
additionné de sept ou huit volumes d’eau distillée, fournit un riche pré- 
cipité, dense, et qu'il est fort aisé de recueillir par une brève centrifu- 
gation. 

- Le liquide qui surnage, limpide, est entièrement dépourvu des qualités 
précipitantes si nettes que possède le sérum dilué dans de l’eau physio- 
logique au titre voulu (1 p. 8) correspondant à celui de la précipitation 
par l’eau. Le précipité a donc entraîné tous les anticorps coaqulants. 
Redissous dans une solution à 5 p. 100 de chlorure de sodium, il donne, 
en effet, un réactif précipitant des divers antigènes bacillaires, réactif 
d'autant plus énergique que le précipité est repris dans une quantité de 
solvant plus inférieure à celle du sérum traité. L’on obtient ainsi des 
solutions concentrées de précipitines, d’une activité surprenante, d'action 
brutale et qui n'ont rien perdu de leur écrase 

En possession de ces notions premières, j’ai soumis au même traite- 
ment un sérum contre le charbon bactéridien, mis aimablement à ma 
disposition par l'Institut Pasteur, et les sérums contre le charbon symp- 
tomatique et le rouget du porc préparés par l’Institut de sérothérapie 
de Toulouse. 

Mis en présence de leurs antigènes respectifs, ces sérums fournissent 
lentement une précipitation nette, mais discrète. Précipités par l’eau 
distillée, ces sérums m'ont permis de préparer des solutions d'anticorps, 
correspondantes au dixième du volume des sérums traités. Ces solu- 


tions, ici encore, se sont montrées douées d’énergiques qualités préci- 
ore, q P 


pitantes, déterminant, immédiatement, une coagulation abondante des 
antigènes homologues et permettant d'obtenir ainsi des réaclions 
instantanées d’une netteté évidente. 

La méthode me parait donc applicable à l'obtention d'anticorps hyper- 
actifs, propres à la mise en œuvre courante et rapide de divers précipilo- 
diagnostics, alors même que l’expérimentateur ne dispose que de 
sérums précipitants médiocrement actifs. 


1066 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Le procédé, malheureusement, ne donne aucun résultat heureux dans 
la concentration d’autres anticorps et, avec l’aimable concours de 
MM. Prévot et Ramon, de l'Institut Pasteur, j'ai pu constater qu'il n’est 
point applicable aux antitoxines de Ia diphtérie et du tétanos. 

La méthode n’est point applicable non plus, m'a-t-il semblé, à 
d’autres sérums qu'à ceux du cheval. 

L'eau distillée, en effet, ne précipite que très faiblement les sérums 
de bœuf, de mouton, de chèvre et de lapin que j'ai éprouvés à ce point 
de vue. Le procédé sus-indiqué ne saurait donc être employé qu’à la 
concentration des précipitines obtenues chez le cheval et sous cette 
autre réserve que seuls seront traités par l’eau distillée des sérums frai- 

chement recueillis et non encore chauffés à 56 degrés. 


(Ecole d’Alfort. Laboratoire de bactériologie.) 


ETUDE QUANTITATIVE DE L'ABSORPTION DES RAYONS ULTRA VIOLATS 
PAR LES ALCALOÏDES. 


Ï. ATROPINE, APOATROPINE ET COCAÎÏNE, 


par MarceL GompeLz et Victor HENRI, 


La recherche et le dosage des alcaloïdes dans les liquides et tissus de 
l'organisme est une opération très longue et difficile, 

Nous nous sommes demandé si par l'étude des spectres d'absorption 
ultraviolets on ne pouvait pas obtenir une méthode simple et très sen- 
sible pour ce dosage. 

Déjà Hartley avait trouvé que les différents alcaloïdes présentent “ 


bandes d'absorption différentes dans l’ultraviolet; mais, la méthode de, … 


Hartley, employée par un grand nombre d'auteurs, est une méthode 
qualitative qui ne donne pas de mesure de la hauteur des bandes 
d'absorption et ne permet pas d'obtenir la valeur des constantes 
d'absorption. 

L'un de nous a développé une méthode de mesure quantitative de 
l'absorption dans tout le spectre ultraviolet; cette méthode a été appliquée 
à l'étude du spectre d'absorption de l’oxyhémoglobine, de l’albumine, 
du sérum et d'un grand nombre de corps de la série grasse (alcools, 
acides, éthers, cétones, aldéhydes, etc.); Les résultats ont été publiés dans 
une série de notes et mémoires par l’un de nous en collaboration avec 
Mr Henri, Bielecki et Wurmser. 

Dans la note présente nous donnons les résultats relatifs aux alcaloïdes 
du groupe à noyau pipéridine-pyrrolidinique qui comprend les trois 
alcaloïdes principaux : atropine, apoatropine et cocaïne. 


x 


SÉANCE DU 17 MAI 1067 


Les spectres d'absorption de ces trois alcaloïdes sont très différents. 
Nous donnons les valeurs des constantes d'absorption moléculaires + cal- 
culées d’après la formule I=T,.10 — «4 où c est la concentration molé- 
culaire et-d l’épaisseur en centimètres. Les nombres suivants se 
rapportent à des solutions alcooliques. 


Atropine.. 

) 2720 | Mar. 2645| Min. A Wazæ. 2580| Min. 2539| Marx. 2505| Min. 24931 2400 2288 
18 135 Vo) 180 97 135 | 97 173 1100 
Apoatropine. 

ÿ 2860 | Max. 2620, Min. 2515] 2400 2265 2195 
: 54 485 280 730 2500 10500 
Cocaïne. 
} 2900 9825 - | Max. 2814| Min. 21841Mar. 2722] Min. 2607| 2488 |Maæ. 2314| 2144 
: 70 810 900 650 env. 1000 540 1100 20000 | 5650 


On voit que l'atropine présente trois bandes d’absorption pour 
12645, 2580 et 2505. L'apoatropine présente une absorption beau- 
coup plus forte, avec une seule bande pour À— 2620. La cocaïne a trois 
bandes: 2814, 2722 et 2314 et l'absorption est encore plus forte que 
celle de l’apoatropine. La bande 2314 est surtout très intense puisque & 
est égak à 20.000. La position et l'intensité de cette bande sont caracté- 
ristiques de la cocaïne. 

On peut se servir de cette bande 231% pour reconnaître la présence 
de la cocaïne et faire un dosage dans un extrait alcoolique. La méthode 
spectrographique est dans ce cas très sensible puisqu'elle permet de 
doser la cocaïne à 5-10 0/0 près, dans un volume de 10 cc. pour des 
concentrations de cet alcaloïde allant jusqu'à 1/200 de milligramme 
par centimètre cube. 

On se demande à quoi est due la différence des spectres d’absorption 
des trois alcaloïdes précédents. 

La formule de constitution de l’atropine montre que c'est un éther de 
l'acide tropique C,H,—CH—COOH et de la tropine. La formule de la 


CH,ou 
tropine ne contient pas une seule liaison double, et nous trouvons que 
Pabsorption par cet alcool est faible et ne présente pas de bandes. Par 
contre, la benzine possède six bandes d'absorption dont les trois les plus 


fortes sont situées pour }—2607(: — 180), 2549 (: —210), 2483 (e—192); 


ce sont ces trois bandes que l’on relrouve dans l’atropine, toutes un peu 
décalées vers le rouge (2645, 2580, 2505). 


1068 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


>— 


L'apoatropine se distingue de l’atropine par une liaison double: 
C,H,— CH —CO; — on voit que l'absorption est très fortement 


augmentée et les bandes de la benzine effacées. Ceci est d'accord avec 
un résultat général sur lequel nous avons insisté à un autre endroit, 
que ce son! les liaisons doubles qui provoquent surtout une absorption 
forte de l’ultraviolet. 

La cocaïne est un benzoate d’ecgonine méthylée. Nous trouvons que 
l’ecgonine absorbe très peu. Au contraire l’acide benzoïque présente un 
spectre d'absorption qui se superpose presque exactement avec celui de 
la cocaïne. Voici la position des bandes et la valeur de e: 2790 (e — 750), 
2700 (> 810), 2300 (e— 27000). Par conséquent, les bandes caractéris- 
tiques de la cocaïne proviennent de l’acide benzoïque. 


SUR LA STRUCTURE DU TARSE PALPÉBRAL ET SON INDÉPENDANCE 
VIS-A-VIS DE LA GLANDE DE MEIBOMIUS. 


Note de R. AxcauD et M. FALLOUEY, présentée par Én. RETTERER. 


Il résulte des recherches entreprises par Eggeling (1), sur la morpho- 
logie des paupières, que le cartilage tarse fait défaut chez la plupart des 
mammifères et ne serait même complètement développé que chez 
l’homme. Dans les paupières d’un certain nombre de mammifères, le 
porc en particulier, il serait à peine indiqué par du tissu conjonctif, un 
peu plus dense qu'ailleurs, et sans limitation accusée. L'auteur constate 
que le cartilage tarse est en rapport étroit avec la glande de Meibomius ; 
qu'il représente, au début, la coque compacte de cette glande, et qu'il 
s’hypertrophie, plus tard, pour combler les perles de substance dues 
à l'évacuation holocrine. Enfin, au cours d’une discussion (2) avec 
O. Zietzschmann (3), Eggeling définit de nouveau le tarse, d’une façon 
très précise, comme une gaine conjonctive parfaitement distincte 
entourant la glande de Meibomius. Le différent entre Eggeling et 
Zietzschmann porte seulement sur une question de délimitation plus ou 
moins prononcée ; mais l’un et l’autre s'entendent pour faire de la glande 
de Meibomius, la condition sine qua non de l'existence du tarse. 

‘ Ask (4) est, lui aussi, en concordance parfaite avec les données 


(1) Jenaische Zeitschr. f. Naturw., Bd XXXIX 1904, et Verhandlung. Anat. 
Gesellsch., X VII. Versammel., Jena, 1904. 
(2) Eggeling. Anat. Anzeiger, Bd XXIX, n° 1, 1906. 
(3) Otto Zietzschmann. Von Graefes Arch., Bd LIII, 1904. 
(4) Ask. Anat, Hefte. I, Abteilung, 109 Heft (XXX VI Bd, H. 2), S. 191-279. 


SÉANCE DU 17 MAI 1069 


d'Eggeling ; il constate que le tarse ne commence à se développer fran- 
chement, chez l'embryon humain, qu’au stade de 250 millimètres, juste 
au moment où l’activité sécrétoire des glandes de Meibomius devient 
manifeste. 

L'examen d'un certain nombre de paupières, prélevées chez divers 
mammifères, ne nous ayant pas paru vérifier les assertions précédentes, 
et, bien au contraire, nous ayant démontré l’indépendance du tarse et 
de la glande de Meibomius, nous décrirons la structure du cartilage 
tarse chez quelques animaux, le porc, par exemple, où cet organe 
est dépourvu de toute formation glandulaire. Tel est le but de cette 
note. 

Il suffit d'observer, même à l’œil nu, une section sagittale pratiquée 
dans une paupière de porc, pour se rendre compte de la présence et de 
lindividualisation du tarse. La dissection en est des plus faciles, malgré 
sa petitesse relative dont les chiffres suivants donneront une idée : chez 
l'enfant nouveau-né, le tarse de la paupière supérieure mesure environ 
4 millimètres dans sa plus grande hauteur, tandis que, chez le porc 
adulte, la hauteur du tarse, mesurée dans les mêmes conditions, atteint 
à peine 3 millimètres. De plus, examinées par transparence et toujours 
à l'œil nu, les coupes sagittales de tarse, prélevées chez un enfant 
nouveau-né, apparaissent comme fenêtrées (aspect dû à la réfringence 
des glandes de Meibomius); celles prélevées chez le porc, au contraire, se 
montrent très denses, presque homogènes, sans solution de continuilé 
apparente. 


Au microscope, sur des coupes sagittales, le tarse se présente sous forme 
d'un noyau connectif dans lequel les fibres sont groupées en faisceaux 
étroitement condensés et entremêlés. Ces faisceaux affectent trois directions 
principales : les uns, superficiels, contribuent à constituer une ‘enveloppe 
lâchement rattachée aux tissus voisins; les autres s’étalent parallèlement au 
bord libre des paupières; d’autres, enfin, s’orientent plus ou moins oblique- 
ment dans le sens antéro-postérieur. 

Une conséquence de ce tassement se manifeste dans la forme des cellules 
conjonctives qui se modèlent entre les faisceaux et laminent ainsi des crêtes 
d'empreintes comparables aux ailes des cellules tendineuses. 

Il est à remarquer encore que les faisceaux du tarse affectent une légère 
modification de colorabilité. Tandis que le collagène palpébral voisin est 
amphophile, le tissu tarsien est nettement plus acidophile. C’est ainsi qu'il 
se colore, à peine, par l’hématoxyline, et prend au contraire avec avidité la 
fuchsine acide, alors même que tout Le reste de la préparation est différencié 
par une couleur basique. 

En outre, on décrit habituellement, dans le tarse, un réseau élastique 
formé de deux plexus, un antérieur et un postérieur, que des fibrilles antéro- 
postérieures rattachent l’un à l’autre. Dans celui du porc, il n’en est rien; 
sa pauvreté en éléments élastiques est telle qu'il se rapprocherait d’un tissu 
scléreux. 


= 


re 


BioLoGie. CoMpTEs RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 


1070 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Le point sur lequel nous désirons surtout attirer l'attention, c'est que 
le tarse du porc est absolument privé de glandes de Meibomius. Tout 
semble se passer comme si la glande de Meibomius s'était fragmentée 
en un certain nombre de glandes sébacées composées qui s’annexent 
aux soies volumineuses de l’épiderme palpébral. Chez le chameau, on 
trouve à peu près la même structure que chez le porc... 

Chez certaines variétés de singes (macacus Inuus), le tarse est situé 
au-dessus d’une glande de Meibomius atrophiée avec laquelle il ne pré- 
sente que des rapports médiats. Le bord inférieur du tarse est séparé 
des aeini meibomiens par une couche connective épaisse de 100 & 
environ. 

Enfin, chez quelques espèces animales, la chauve-souris, parexemple, 
les glandes sébacées sont tellement nombreuses et si développées dans 
les paupières qu'elles remplissent tout l’espace compris entre la peau 
et la conjonctive. Par contre, le tarse fait complètement défaut. 


En résumé, la présence du cartilage tarse n’est nullement conditionnée 
par celle des” glandes de Meiïbomius. Les paupières des mammifères 
peuvent renfermer, suivant les espèces, soit les deux objets à la fois, 
soit l’un des deux. 


NOUVELLES RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR UN PLASMODIUM DES SINGES, 


par M. BouiLzrez. 


Dans une précédente note, publiée en collaboration avec M. Leger (1), 
nous avions signalé l’action pathogène d’un Plasmodium inui que nous 
conservions à l’Institut Pasteur par passages sur un certain nombre de 
macaques : M. cynomolqus, sinicus, rhesus, sur le Cercopithecus patas et : 
les Cynocéphales (G. Papio). Depuis nous avons eu l’occasion d’inoculer 
d’autres espèces : un Macacus nemestrinus, un Cercopithecus cephus et 
un Cercopithecus callitrichus qui, tous trois, ont été infectés. Les deux 
premiers ont présenté une infection lente, à marche chronique : le 
M. nemestrinus est encore vivant cinq mois plus tard; mais le C. calli- 
trichus a eu une infection aiguë, à laquelle il a succombé douze jours 
après l’inoculation. De plus, ce singe présenta de l’hémoglobinurie au 
moment de la mort. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIIL, 27 juillet 1912, p. 310. 
Tous les faits recueillis au cours de ces recherches seront exposés dans un 
mémoire d'ensemble où nous les comparerons à ceux publiés à ce jour sur 
les hématozoaires pigmentés des singes. Nous renvoyons à ce mémoire pour 
la bibliographie de la question. 


SÉANCE DU 17 MAI 1074 


Un Chimpanzé mâle inoculé et suivi très longtemps n'a jamais 
présenté de parasites; le même résultat négatif avait été obtenu avec un 
Chimpanzé femelle inoculé au début de nos expériences. Nous croyons 
donc pouvoir conclure à l’immunité de cette espèce. 


EFFETS DE LA SPLÉNECTOMIE. — Nous avons fait deux splénectomies. 


Un M. cynomolgus (n° 99), inoculé Le 25 mai et présentant des parasites le 
3 juin, a une infection chronique, avec Plasmodium jamais très nombreux 
jusqu'au 10 juillet. Ils disparaissent du 10 au 16, mais on en revoit de très 
rares le 17 et le 18. On lui fait ce même jour une splénectomie qui ne 
comporte pas de complications : les parasites augmentent en quantité 
jusqu’au 1° août, sans être jamais nombreux, et diminuent ensuite pour 
disparaître complètement du 13 août au 20, jour de la mort de l’animal. 

C. cephus, inoculé le 19 août, montre déjà d'assez nombreux parasites le 27. 
Ils restent nombreux jusqu’au 2 septembre, puis deviennent rares et inter- 
mittents jusqu'au 1°" octobre. On en revoit quelques-uns le 7, le 10 et le 12 
de ce mois. Une splénectomie est pratiquée le 25. Des parasites apparaissent 
le 28 et augmentent en nombre jusqu'au 1°’ novembre, jour de la mort, due 
à une péritonite consécutive à la splénectomie. 


Dans le premier cas, la splénectomie paraît avoir eu pour action de 
prolonger assez longtemps un second accès, qui a toujours été de 
moindre durée chez les autres singes; mais, dans le second cas, chez le 
C. cephus, on ne peut attribuer d’une facon sûre à la splénectomie une 
crise, certainement très nette, qui peut aussi être la conséquence de 
l'infection secondaire : péritonite suppurée consécutive à l'intervention. 

Jamais nous n’avons observé, comme Bouniol, dans les divers examens 
de sang de ces singes après splénectomie, de différences dans les formes 
et l’évolution du parasite avec les préparations faites avant l’opération 
ou chez les autres singes, porteurs du même virus. 


ACTION DE LA QUININE. — À litre préventif. 


Deux M. cynomolgus n°5 818 et 847 reçoivent tous deux au moment de l’ino- 
culation d’un sang très parasité, et dans la cuisse opposée à celle qui a servi à 
l'introduction du virus, une injection de chlorure neutre de quinine : 7 centi- 
grammes de sel de quinine pour le n° 818, pesant 900 grammes, et 12 centigr. 5 
pour le n° 847, pesant 1 kilogr. 300. 

Quotidiennement et très soigneusement examiné pendant vingt-deux jours, 
le 818 ne montre aucun parasite, alors qu’en cas ordinaire l’incubation n’a 
jamais dépassé onze jours. Ce singe n’était pas naturellement réfractaire au 
Piasmodium puisqu'une seconde inoculation faite ensuite détermina l’appa- 
rition des parasites au bout de sept jours. 

Le second singe, n° 847, examiné également pendant vingt jours, ne montra 
aucun parasite. La mort, due à de nombreux ankylostomes qu'il possédait 
dans l'intestin, empêeha cette contre-épreuve. 


1072 nn SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


x 


On peut conclure à l’action très nette de la quinine à titre préventif, 
car les singes de la même espèce réfractaires au Plasmodium sont 
l'exception. ; 

A titre curalif, il n’en est pas de même d’après trois expériences que 
nous avons faites en injectant des quantités très fortes de sel quinique 
(15 à 20 centigrammes par kilogramme) en pleine infection. Deux des 
singes, dont l'infection était très forte, sont morts et Les parasites, 
malgré injections répétées chez l’un d'eux, n'ont jamais diminué, ni 
présenté d’altérations. Le troisième qui ne reçut qu'une injection ne 
parut pas s’en ressentir pendant quatre jours. Les parasites qui 
diminuaient en nombre, comme à la fin d’une crise, disparurent ensuite 
pendant quatre jours. Il paraît donc fort difficile de dire s’il y eut ici 
action de la quinine ou simplement, et ce qui nous paraît le plus 
probable, évolution de la maladie. 

ESSAIS DE CULTURE. — À la suite des travaux de Bass et de ses colla- 
borateurs sur la culture du Plasmodium vivax, nous avons essayé de 
cultiver notre parasite suivant le même procédé. À la température de 
40 degrés, recommandée par les auteurs, nous n'avons eu aucun succès; 
mais dans du sang dextrosé et défibriné, conservé à la température du 
laboratoire, 22 degrés environ, il nous a paru observer une multipli- 
cation des parasites six jours après {présence de nombreuses rosaces 
mûres). 


(Travail du laboratoire du professeur Mesnil, à l'Institut Pasteur.) 


TECHNIQUE POUR LA COLORATION DES TRYPANOSOMES ET TRYPANOPLASMES 
DE CULTURE, 


.par À. PONSELLE. 


Les étalements sur lame de Trypanosomes de culture sont réputés de 
coloration difficile par les techniques habituelles. Nous avons éprouvé 
les mêmes difficultés pour la coloration des Trypanoplasmes de culture. 
Nous pensons donc que la technique suivante, qui donne rapidement 
des résultats constants et met particulièrement bien en évidence les 
flagelles, pourra peut-être rendre quelques services. 

I. — Fixation. Verser sur le frottis bien sec une quantité suffisante 
pour couvrir, du mélange suivant : 


AICOOIADSO IUT ENERENL AE ERREEEANNET NRA 50 c.c. 
Meinture diode du Codex MENT MX OUbteS: 


Laisser agir cinq minutes. Laver à l'alcool absolu. Laisser sécher. 
Il. — Verser alors sur la préparation quelques gouttes, de manière à 
bien couvrir d’un sérum quelconque. Le sérum de cheval chauffé à 


SÉANCE DU Â17 MAI 1073 


56 degrés convient très bien. Laisser agir cinq minutes. Laver à l’eau 
distillée. 

III. — Coloration. Colorer quinze à trente minutes dans le Giemsa 
dilué avec les précautions habituelles à raison de 1 goutte pour 1 c.c. 
d'eau distillée neutre. Laver à l’eau distillée. Sécher. 

L'emploi du sérum pour faciliter la coloration de certaines prépara- 
tions par les dérivés de la méthode de Romanowsky n’est pas nouveau. 
Leishman (1) l’a utilisé lepremier pour le «rafraichissement des coupes ». 

Thomson (2).ensuite s’en est servi Justement pour faciliter la colora- 
tion des Trypanosomes de culture. Laveran et Mesnil (3) enfin l’ont 
recommandé, en mélange avec les liquides peu albumineux contenant 
des Trypanosomes, avant de procéder à l’élalement sur lame. Mais il 
résulte d'expériences comparatives, que nous avons effectuées, que la 
fixation par l’alcool absolu iodé augmente l’action du sérum dans une 
grande proportion et met la préparation dans un état d’affinité remar- 
quable pour le Giemsa. 

Spécifions, en terminant, que cette technique ne donne pas de résul 
tats supérieurs aux autres pour la coloration des frottis de sang parasité, 
mais qu’elle est spéciale pour les flagellés sanguicoles de culture. . 


(Travail du laboratoire du D' Marie, à l’Institut Pasteur.) 


RECHERCHES SUR LA PERMÉABILITÉ A L'ARSENIC DES MÉNINGES NORMALES 
ET PATHOLOGIQUES, 


par J. TINEL et J. LEROIDE. 


Le point de départ de ces recherches est l’inefficacité habituelle du 
traitement spécifique dans les méningites syphilitiques chroniques, con- 
trastant avec son efficacité fréquente dans les méningites aiguës ou 
subaiguës. Nous nous sommes demandé si cette différence dans les 
résultats n’était pas due à une différence dans la perméabilité méningée, 
ainsi que le faisaient prévoir les recherches de M. J. Camus montrant 
la constance des accidents nerveux chez un animal où l’intoxication 
plombique était accompagnée d’une méningite artificielle provoquée. 

1° Nos recherches expérimentales nous ont d'abord montré que l’arse- 


(4) Leishman (W. B.). A method of producing chromatin staining in 
sections. Journ. of Hygiene, vol. IV, 1904, p. 434-436. 

(2) Thomson (J. D.). Cultivation of Trypanosome found in the Blood of 
Gold-Fish. Journ. of. Hygiene, vol. VIII, 1908, p. 75. 

(3) Laveran et Mesnil. Trypanosomes et Trypanosomiases, 2° édition, 1912, 
p. 14. 


1074 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


nic ne passait pas dans le liquide céphalo-rachidien du lapin, à moins 
que l’on n'ait au préalable délerminé une méningite aiguë artificielle. 


Nous avons injecté dans le quatrième ventricule de trois lapins quelques 
gouttes d’une solution au centième de nucléinate de soude, provoquant une 
méningite aiguë. 

La ponction nier pratiquée quatre heures après l'injection intra- 
veineuse de 10 centigrammes de néosalvarsan, nous a fourni 4 c.c. de liquide 
fibrineux, contenant une quantité considérable d'arsenic (8 millièmes de 
milligramme) (1). 2 

Par contre, le liquide céphalo-rachidien d’une série de trois lapins témoins, 
ayant recu chacun également 10 centigrammes de néosalvarsan, ne contient 
pas de trace visible d’arsenic. 

Trois séries d'expériences semblables ont été instituées. Dans les trois cas 
le liquide céphalo-rachidien des lapins sans méningite ne contenait pas trace 
d’arsenic. 

Au contraire, les trois séries de lapins avec méningite nous ont donné, pour 
3 à 4 c.c. de liquide, les chiffres de 8, 5 et 4 millièmes de milligramme. 


2° Nous avons étudié la perméabilité des méninges humaines dans 
différents cas de méningite syphilitique. 3 

Les recherches ont porté pour chaque malade sur 5 c. c. de liquide 
céphalo-rachidien prélevé6 heures environ après l'injection intraveineuse 
de 90 centigrammes de néosalvarsan. 

Nous avons constaté que cette perméabilité était essentiellement 
variable ; mais il semble que cette variabilité soit en rapport avec 
l'intensité de l’état inflammatoire des méninges, évalué suivant le chiffre 
de la lymphocytose. 

Nulle ou infime le plus souvent dansles méningites chroniques (tabes, 
paralysie générale), la perméabilité no dans les formes subaiguës 
de la méningite. 

C'est ainsi que l’on peut interpréter qe résultats suivants. 


Deux cas de tabes, avec 5 et 8 lympho- 
cytes par millimètre cube . . . . . . 

Un cas de tabes avancé, avec 16 lym- Traces d’arsenic, perméabilité presque 
phociytesi 2 FCEHON ENS HUE ARE nulle. 

Deux: cas de paralysie générale, avec Perméabilité minime : 3 et 5 millièmes 
SEL AOIVMPhOCYLES AREA EEE de milligramme. 

Un cas de paralysie générale rapide ou Perméabilité relativement considé- 
de méningite syphilitique “pains {sub : 10 millièmes de milligramme 
avec, 65 lymphocytes. c S pour 5 centimètres cubes. 


Pas d’arsenic, perméabilité nulle. 


Il semble donc que la perméabilité des méninges à l'arsenic est à peu 
près proportionnelle à leur état inflammatoire. 


(1) La recherche de l’arsenic a été faite suivant la méthode de M. Armand 
Gautier, modifiée par M. G. Bertrand. 

Le dosage des anneaux a été fait par comparaison avec une échelle établie 
en opérant sur des doses connues. 


SÉANCE DU 17 Mai 1075 


3° Nous nous sommes demandé enfin s'il était possible, en exagérant 
momentanément la réaction inflammatoire latente des méninges, dans 

les cas detabes et de paralysie générale, de faciliter le passage de l’arsenic. 
Nos recherches encore incomplètes nous permettent cependant de 
préciser quelques points. 

On peut augmenter momentanément l'état inflammatoire latent des 
méninges par les différents agents provocateurs de la leucocytose. Une 
injection sous-cutanée de 10 c. c. de nucléinate de soude à 1 p. 100, par 
exemple, a fait passer de 15 à 37 la lymphocytose d’un tabétique, de 28 à 
62 celle d'un paralytique général. Cette réaction momentanée, avecfièvre, 
suffit parfois du reste à déterminer une crise de douleurs fulgurantes 

En associant systématiquement à l'injection intra-veineuse de néosal- 
varsan l'injection sous-cutanée de nucléinate de soude, on favorise donc 
le passage de l’arsenic. Mais il faut savoir que chaque injection ainsi 
pratiquée détermine une crise très violente de douleurs fulgurantes, 
beaucoup plus violente que celles provoquées parfois par le nucléinate 
de soude seul, ou quelquefois aussi par la simple injection du néosal- 
varsan. 

_Ces crises, qui apparaissent commelaréaction provoquée par le passage 
de l’agent thérapeutique, s’atténuent du reste par la répétition des injec- 
tions, et l’on observe souvent après ces paroxysmes des périodes remar- 
quables d'amélioration. 

De même les injections intraveineuses massives d'un sel mercuriel 
soluble (nous avons injecté jusqu’à 45, 20 et 25 centigrammes d’énésol) 
provoquent très souvent, avec un gros accès fébrile, une forte leucocy- 
tose, des crises fulgurantes violentes, mais suivies également d’amélio- 
rations considérables. 

Nous ne pouvons ici insister sur les résultats obtenus; ils nous ont 
paru très supérieurs à ceux que nous obtenions auparavant avec les 
méthodes classiques ; mais le temps seul peut montrer si ces résultats 
sont durables, et si l’on peut trouver, dans l’exagération provoquée de 
la perméabilité méningée, la base d’une méthode thérapeutique. 


ERRATUM 
Noïre De MM. Henri CLaupe ET RENÉ Porax. 


T. LXXIV, p. 1023, 27e ligne, lire : délipoidés et purifiés, au lieu de : putréfiés. 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, Î, rue Cagsette. 


1 


077 


SÉANCE DU 24 MAI 1913 


Bezin (Marcez) : De l’action des 
oxydants sur l'évolution des mala- 
dies infectieuses (Première note). 


BENARD (RENÉ) : Appendicite et 
arythmies : Bradycardies et extra- 
systoles 

BonnAmMOUR, BADOLLE (ALBERT) et 
EscazLron : Décalcification etlésions 
osseuses chez le lapin, sous l'in- 
fluence du lactose en injections in- 
traveineuses 

Carnor (PAuL : Sur l’hypertrophie 
compensatrice du rein après né- 
phrectomie unilatérale 


CHaurrarD (A.), LAROGHE (Guy) et 
Grigaur (A.) : Recherches expéri- 
mentales sur la cholestérinémie 
après ligature du cholédoque. . . . 


DaAzrMIER (R.)et LANGEREAUX (EDc.) : 
Le milieu de culture d'acides ami- 
nés complefs pour les micro-or- 
OLIS SO A PA 2 ce eee Nan eue 


Doyen, Lyrcarowsky et BROWNE : 
La survie des tissus séparés de 
l'organisme et les greffes d'organes. 
— [L: Essais de culture des tissus du 
cobaye et du lapin 

Feurciré (Euire) : Pseudo-noyaux 
de globules rouges 

Gouin (AnpRé) et AnbouarD (P.) : 

Action du sucre sur la nutrition 
(Deuxiemennole) 2010 een. 


Préron (HENR1) : À propos de la 
catalepsie des Phasmides 


ROSENTHAL (GEORGES) : Conditions 
d'innocuité et de réveil de la spore 
de l’anhémobacille du rhumatisme 
articulaire ae. 0 7. 

RouGEenrzorr (D.) : La fermenta- 
tion de divers sucres par le B. coli 
et la production de l'indol 

SEURAT (L.-G.) : Sur un cas de 
pæcilogonie chez un Oxyure . . .. 

WeinserG (M.) et SéGuin (P.) : 
Recherches sur l’éosinophile et l’éo- 
sinophilie (Deuxième note). Expli- 
cation de l’abaissement considé- 
rable du taux de l’éosinophilie après 
l'opération du kyste hydatique. . . 


1 HRO MCD IOMNO MONO ONE Os OT] 


Scie blaliiell se Mules selle ets 


Ne tromiel eee lente ie 


+ + + 


Br1oLOG1E. COMPTES RENDUS. — 1913, T 


SOMMAIRE 


. 1100 


1094 


1106 


EP A 1086 


1093 


1084 


1084 


1102 


1082 


1079 


110% 


1098 


1089 


1096 


. LXXIV. 


Réunion biologique de Marseille. 


Corre (J.) : Remarques au sujet- 
de la dispersion de Parapodia si- 
naicarErauent. |Lépid|. 1-00 

GERBER (C.) : Les diastases hydro- 
lysantes des latex du mûrier blanc 
et du mürier noir . . . ....... 

GERBER (C.) : Digestion des laits 
cru et bouilli par les caséases des 
pancréatines des latex. : 0... .. 

GERBER (C.) et Guioz (H.) : Action 
des acides, des bases et des sels de 
calcium sur la digestion du lait par 
les caséases des pancréatines des 
JTE XGA TR REA en LEARN 

RayBauD (LAURENT) : Sur la pré- 
sence et la persistance de l'acide 
cyanhydrique dans quelques gra- 
minées des pays chauds 


DHTMONOMLE OSEO 


Réunion biologique de Nancy. 


CocriN (R.) : Les granulations li- 
poïdes de la substance grise chez 
HO min Ie 7 22 SEC LEE TO 

Cozzin (R.) : Les mitochondries 
des cellules névrogliques à expan- 
sions longues dans la substance 
blanche de la moelle chez l'homme. 


. : CuénorT, BruNTz et MERCIER : Exa- 


men des critiques faites à la mé- 
thode des injections physiologiques 
(Réponse à MM. P. Bouin et Ancel). 

Cuénot, Brunrz et MErcIER : Les 
cœurs branchiaux des Céphalopodes 
ont-ils une fonction excrétrice ? 
(Réponse à MM. P. Bouin et Ancel). 

Cuénor, BrunTz et MERCIER : Quel- 
ques remarques physiologiques sur 
les néphrocytes (Réponse à MM. P. 
Bouin et Ancellr #0 en 

Durour (M.) : Diploscope et simu- 


Durour (M.) Sur l'éclairage 
endoscopique (Deuxième note)... 
JANNIN (L.) et VERNIER (P.) : A pro- 
pos des genres Zymonema et Mycc- 
CAPE | PROTESTANT 
SARTORY (A.) et ORTiconr (A.) : 
Etude d’un Sporotricum provenant 
d’une sporotrichose d’un métacar- 


1111 


1143 


1146 


1121 


1123 


112% 


1126 


1078 Ù SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Dastre, Président, 


puis de M. Hallion, Vice-président. 


PRÉSENTATION D'OUVRAGE 


M. MEnEcaux. — J'ai l'honneur de déposer sur le bureau, pour la 
bibliothèque de la Société, le nouvel ouvrage que je viens de publier : 
l'Élevage de l'Autruche (1), qui traite d'une question de biologie 
appliquée. : 

On sait que l’idée de cet élevage est partie de France et elle y revient 

avec l’auréole du succès. L’Autruche est le dernier venu de nos ani- 
maux domestiques. Jusqu'en 1865, c'était uniquement un amimal de 
chasse, mais maintenant, en Afrique du Sud, il y en a plus d’un million 
à l’état domestique, dont les plumes fournissent à l’industrie une colla- 
boration si précieuse, bien qu involontaire. 

Je parle d’abord dès divers plumages de.l'Autruche et j'indique les 
noms commerciaux des diverses plumes, ainsi que les qualités qu’elles 
doivent posséder pour atteindre une valeur commerciale déterminée, 
qu'on calcule au moven de « points ». Aussi les oiseaux reproducteurs 
dont les plumes se rapprochent le plus de la perfection atteignent-ils 
des prix-extraordinaires. On cite des couples de géniteurs qui se sont 
vendus 25.000 francs. 

La récolte des plumes ne se fait pas par arrachage, comme on le croit: 
généralement, mais au moven du sécateur, en sorte qu’il n’en résulte 
aucune douleur pour l'animal. Elle se fait tous les huit ou douze mois. 
Ces plumes donnent lieu à un commerce important, car en 1911 on ena 
vendu 805.000 livres anglaises, soit près de 380.000 kilogrammes, pour 
le prix de 58 millions de francs. De 1892 à 1911, en vingt ans, la pro- 
duction à augmenté de 213 p. 100, tandis que le prix de vente s'est 
élevé de 331 p. 100. II est intéressant de signaler ce fait unique, que 
plus les quantités augmentent, plus les prix s'élèvent, comme le montre 
le graphique que j'ai annexé à ces statistiques.  . 

Les divers modes d'élevage au Cap sont : 

1° Le pâturage libre ; 

2° Le mode au moyen de luzernières et d’incubateurs ; 

3° Le mode mixte. 

Ils font l’objet de chapitres spéciaux. 

Après avoir parlé des parasites et des maladies de l’Autruche, je traite 


(1) Menegaux. L'élevage de l’Autruche, récolte et commerce des plumes. 
Challamel, 17, rue Jacob, Paris. | 


SÉANCE DU 24 MAI 1079 


de l'extension de cet élevage : Transvaal, Sud-Ouest africain allemand, 
Australie, Égypte, États-Unis, Stellingen, Palerme et Nice. Je parle plus 


longuement des essais faits dans les colonies francaises : Algérie, 


Tunisie, Soudan et Madagascar, où la réussite paraît s'affirmer, car 
actuellement il y a 500 autruches et adultes cette année, 100 autruches 
seront mises en vente par l'Administration. Les belles plumes d’aile de 
la récolte de 1912 ont été estimées à 12.000 francs le kilogramme. 


À PROPOS DE LA CATALEPSIE DES PHASMIDES, 


par HENRI PIERON. 


A la Réunion biologique de Saint-Pélersbourg du 12 mars (1), 
M. P.-J. Schmidt a publié une note intéressante sur la « catalepsie » du 
Phasmide de l'Inde, Carausius (Dixippus) morosus Br. v. W., note résu- 
mant un article du Piologisches Centralblatt (2). 

On aurait pu croire que l'absence de toute indication bibliographique, 
dans la note, tenait au caractère succinet de celle-ci; mais, en réalité, 
M. Schmidt croit bien être le premier à décrire les attitudes rigides de 
ce Phasmide. Il cite, en effet, un travail de Meissner, relatif à la biologie 
du Dixippus (3), en remarquant que la question, qui a fait l’objet de ses 
recherches, n'a pas été abordée par cet auteur, en sorte qu'il lui est 
possible, déclare-t-il, de négliger les autres points de la biologie de 
l'insecte, pour n’envisager que son comportement cataleptique. 

Je crois nécessaire, à cet égard, de rappeler les travaux, antérieurs à 
ceux de M. Schmidt, et où ce comportement a été signalé et étudié, 
d'autant que ces travaux ont déjà fourni la solution d’un problème laissé 
irrésolu par M. Schmidt. 

De Sinéty, tout d'abord, indique que le Pixippus reste, pendant des 
heures, suspendu horizontalement ou verticalement, comme une brin- 
dille morte, les deux premières paires de pattes en avant et la dernière 
en arrière collées au corps (4), et il note ses changements rapides et 
périodiques de coloration. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, n° 12, p. 705. 

(2) Peter Schmidt. Katalepsie der Phasmiden. Biol. Cent., XXVIIL, 2, 
20 avril 1913, p. 193-207. 

(3) Otto Meissner. Biologische Beobachlungen an der indischen Stabheusch- 
recke Dixippus morosus Br: Zeitschrift für wissenschaftliche Insektenbiologie, 
V, 1909, 1-3, pp. 14-21, 55-61 et 87-96. 

(4) R. de Sinéty. Recherches sur l’organisation et la biologie des Phasmes. 
La-Cellule, XIX, 1901. 


1080 SOCIÉIÉ DE BIOLOGIE 


a ———_—_—_—— 


Rappelant les observations de cet auteur, V. La Baume (1) insiste sur 
la curieuse position protectrice (« Schutzstellung ») de ce Phasmide qui 
git, comme une brindille, du matin au soir, ou reste accroché à des 
feuilles, et il publie une photographie du Dixippus dans cette position. 

En 1910, j'eus l’occasion d'observer moi-même deux individus de 
celte espèce, chez lesquels je ne pus noter de variation de coloration, 
mais je poursuivis quelques semaines l'étude des attitudes mimétiques 
diurnes constituant un réflexe d'immobilisation; je signalai que la 
lumière paraissait bien être le facteur efficace pour la production de ces 
réflexes, mais avec persistance, pendant trente-six heures environ, du 
rythme des attitudes, à l'obscurité continue, après quoi il se manifestait 
une activité ininterrompue, bien que moindre qu’au cours de la période 
nocturne du nycthémère (2). 

Quelques mois après la publication de ma note, communiquée à la 
Réunion des naturalistes du Muséum d'avril 1910, M. Waldemar Schleip 
(de Fribourg) consacra à son tour une étude au Divippus, dans les 
Zoologische Jahrbücher (3) d'octobre 1910, où il s’attachait aux change- 
ments périodiques de coloration, susceptibles de persister rythmique- 
ment pendant quarante à soixante-dix jours à l'obscurité, ainsi qu'aux 
variations chromatiques en rapport avec le milieu; mais, en outre, il 
signalait l'attitude protectrice diurne, s'opposant à l'activité nocturne, 
l'animal, comme je l’avais déjà noté, ne se nourrissant que la nuit, et il 
montrait à nouveau que la lumière était l'agent de cette atlitude; en 
outre, il mit en évidence une action de la lumière sur le légument en 
éliminant l'influence de celle-ci sur les organes récepteurs, yeux et 
ocelles. 

Enfin l'action immobilisante de la lumière fut encore signalée dans 
un travail de Steche, qui a gardé des Dixippus pendant deux années (4). 

Aussi est-il curieux que M. Schmidt n'ait pas « réussi à trouver des 
facteurs du milieu ambiant, qui provoquent la catalepsie des Phas- 
mides », d'où il crut pouvoir conclure qu'il s'agissait d’ « autocala- 
lepsie », ce qui n’est absolument pas justifié. 

En réalité, il y a une immobilisation, régie par la lumière, survenant 
périodiquement sous l'influence exclusive de la périodicité nycthémé- 
rale, et ressemblant à beaucoup de points de vue à une attitude hyp- 


(1) V. La Baume. Beobachtungen an lebenden Phasmiden in der Gefangen- 
schaîft. Zeitschrift für wissenchafiliche Insektenbiologie, IV, 1908, 1-2, p. 53-58. 

(2) Heuri Piéron. Le rythme des attitudes mimétiques chez un Phasmide 
(orthoptères), le Dixippus morosus. Bulletin du Muséum d'histoire naturelle, 
avril 4910, n° #, p. 193. 

(3) Zoologische Jahrbücher. Allgemeine Zoologie und Physiologie, XXX, 1, 
6 octobre 1910. £ 

(4) Steche. Die Färbung von Dixippus morosus. Zoologischer Anzeiger, 
XXXVII, 2, 17 janvier 1911, p. 60. 


SÉANCE DU 24 MAI 1081 


nique, avec cependant une activité tonique considérable, analogue à 
celle des chenilles arpenteuses et de certains hyménoptères. M. Schmidt 
a d’ailleurs apporté des faits intéressants sur le « réveil » des Phasmides 
immobilisés, par excitations électriques ou thermiques, réveil que j'avais 
obtenu par de simples stimulations mécaniques répétées, ainsi que sur 
la plasticité musculaire dans l'attitude cataleptique et sur la dépendance 
de l’immobilisation vis-à-vis des ganglions cérébroïdes. 

En ce qui concerne la signification biologique de cette attitude, elle 
doit être à mon avis rapprochée des faits d'’immobilisation protectrice, 
de « simulation de la mort », que M. Schmidt laisse de côté : il s'agit 
d'un mimétisme actif analogue aux adaplations chromatiques variables 
suivant le milieu. Seulement la protection peut-elle être considérée 
comme un but? Il y a là, chez M. Schmidt, un point de vue finaliste 
bien discutable. 

En tout cas, le phénomène signalé par M. Schmidt était assez bien 
connu, et les recherches déjà faites auraient pu guider utilement cet 
auleur dans son étude. 


LE MILIEU DE CULTURE D'ACIDES AMINÉS COMPLETS 
POUR LES MICROORGANISMES. 


Note de R. DauimIER et Enc. LANCEREAUX, présentée par P. CARNOT (1). 


Nous fondant sur les résultats de la biochimie, qui indique que les 
acides aminés sont le lerme ultime de l’hydrolyse digestive des pro- 
téiques, nous avons expérimenté un milieu de culture réalisé avec la 
totalité des amino-acides d’origine albuminoïde (2). 

Déjà, quelques auteurs, Arnaud et Charrin, Ouchinsky, Takaoki- 
Sasaki, Frouin, Bielecki, Albert Berthelot, puis, tout dernièrement, 
Armand-Delille, Schæffer, Terroine et Mayer, ont utilisé des milieux 
chimiquement définis dans lesquels l’azote était fourni par un ou plu- 
sieurs acides aminés. 

Notre milieu est, par conséquent. plus complexe puisqu'il comprend 
la totalité des acides aminés, et c'est sans doute à cette composition qu'il 
doit d’être un milieu général de culture pour les microorganismes. 

Nous avons pu, en effet, depuis quelques mois, cultiver sur des 
bouillons, des géloses et des pommes de terre, non seulement la 
plupart des bactéries pathogènes, mais aussi les variétés les plus diverses 
de champignons. 


(1) Présentée dans la séance du 17 mai 1913. 
(2) On trouve ces amino-acides dans le commerce sous le nom d’opsine. 


1082 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


C'est ainsi que les staphylocoques, le streptocoque, le pneumocoque, 
le méningocoque, le gonocoque, le micrococcus melitensis, le tétragène, 
le bacille d'Eberth et les paratyphiques, le colibaeille, le charbon, le 
vibrion cholérique, le bacille du tétanos, le bacille diphtérique, le 
proteus vulgaris, le prodigiosus ont pu être très aisément cultivés. 

Le bacille de Koch (b. tuberculeux humain, b. bovin, b. aviaire) etles 
paratuberculeux (b. paratuberculeux du beurre, de Grasseberger, du 
crottin) ont montré une aptitude toute particulière à pousser sur ces 
milieux. 

Quant aux champignons pathogènes qui jusqu'ici demandaient des 
milieux spéciaux, ils se sont développés d’une manière très remar- 
quable sur les mêmes milieux acido-aminés que les microbes précédents. 

Nous avons obtenu de très belles cultures avec des mucors, avec des 
saccharomyces, avec des teignes, avec des aspergillées, avec des sporo- 
-trichoses et avec des actinomycoses. 

Nous ne pouvons donner ici, dans celte courte note, qu'un aperçu 
général de nos résultats qui feront prochainement l'objet d'un travail 
d'ensemble, mais ce que nous pouvons dire dès maintenant, c'est que 
notre milieu d'acides aminés complets nous paraît être, par la facilité de 
sa préparalion, par son caractère de généralité, un milieu de dévelop- 
pement destiné à rendre les plus grands services en bactériologie, car 
les microorganismes s’y cultivent avec une rapidilé et une abondance 
que nous ne connaissions pas jusqu'ici. 


(Laboratoire du D' L. Fournier. Hôpital Cochin.) 


nn 


ACTION DU SUCRE SUR LA NUTRITION 


(Deuxième note), 


par ANDRÉ GouIN et P. ANDOUARD. 


À la séance du 13 juillet 1912, nous avons montré qu’en introduisant 
une certaine quantité de saccharose dans le rationnement d’une génisse 
d'un an et demi, on provoquait une diminution des échanges orga- 
niques, l’abaissement du taux des dépenses nutritives eten même temps 
une accélération de la croissance. 

Nous avons repris l'expérience sur une velle de trois mois seu- 
lement, et nous l’avons poursuivie pendant onze semaines. Durant les 
quatre premières, nous lui avons donné une forte dose d'amidon, au 
moyen de pommes de terre et de manioc; pendant les six dernières, 
nous avons remplacé l’amidon par du saccharose fourni par des 
caroubes, le surplus de la ration étant resté sans changement. La 
cinquième semaine servit de transition entre les deux régimes. 


SÉANCE DU 24 MAI 1083 


La quantité de saccharose consommée équivalait pour le premier 
sujet à 218 grammes par 100 kilos de son propre poids; nous l’avons 
élevée pour le second à 420 grammes. 

Nous résumons dans le tableau suivant les résultats observés et, pour 
qu'on puisse plus facilement constater la mesure dans laquelle les 
mêmes effets se sont reproduits, nous y rappelons ceux de la première 
expérience; le tout est rapporté à 100 kilos du poids de chaque 
animal. 


GÉNISSE DE 18 mois VELLE DE 3 A 6 MOIS 
Période Période 

PS ee. 
Amidon. Sucre. Amidon. S.cre, 
Quantité d'urine par Jour.. , . Grammes. 1.016 » 311 » DID ENES 0010) 
AZOIeRUEINATE MEN ET NL UR Ie Grammes. 12.93 4.37 16.45 10.63 
Croît journalier . « . . « . . . Grammes. 501 » 897 » 821 » 905 » 
Dépenses nutritives prévues . Calories. 4.096 » 4.712 » 6.372 » 6.043 » 
Dépenses réalisées. . . . , . . (Calories. 4.069 » 3.603 » 5.871 » 4,891 » 
Ecart des prévisions p. 100 . Grammes. — 0.66 — 23.54 — 7,86 — 19.06 


Le second animal a été pesé tous les jours pendant ses dix premiers 
‘mois, nous ne croyons pas que sa force de croissance fût supérieure 
aux 905 grammes réalisés au cours du régime sucré. 


VELLES DE 91 a 150 Jours 


LÉO NE RE ER EE EEE 1903 1904 1905 1907 

DES Aa Ridcsta MASTEMEERERERE Jours. 50 28 21 21 

Dépenses prévues par 400 K , . . . . Calories. 6683 5781 6273 6437 

Dépense: réelle par 100 K. . . . - . + Calories. 6560 6150 6519 5945 

cart avec les prévisions. . . : . . . PAMUD EUR EE EG ES 0 — 76% 
Écart EADME TES Emo r le ne dE Sie + 0.20 


GÉNISSES DE 151 A 210 Jours 


ANNÉES». «Le » 1903 1904 1904 1905 1906 1907 1907 1908 190$ 1911 
Durée (jours) . 56 21 JO 97 A0 50 20 91 14 49 
Dép. cal. prév. 5822 5043 6560 6273 6431 5699 6150 5248 4756 5781 
Dép. réelles + 53174 5453 6437 6642 6683 5658 9945 5084 4592 5946: 
cart p O0 TS 8.137,88 588 5 82 072, —53,33. 313 325 35 
Écart moyen . — 0.60 


La règle que nous avons posée à la séance du 11 mai 19492, pour le 
taux des dépenses nutritives, nous paraît amplement ‘justifiée par 
l'ensemble de nos observations. Il n'est peut-être pas superflu de les” 
résumer de nouveau, pour les animaux d’un âge voisin de celui de notre 
dernier sujet 

L’abaissement du taux des dépenses nutritives, que nous chiffrons à 
23,54 p. 100 pour la première expérience et à 49,06 p. 100 pour la 
seconde, nous paraît donc bien établi. Tous les principes sucrés, autres 
que le saccharose, n'auraient pas également permis de l'obtenir; ainsi, 
dans an des exemples ci-dessus, un des animaux avait consommé une 


1084 SOCIÉTÉ DE. BIOLOGIE 


forte quantité de mélasse, dans d’autres des betteraves avaient fourni 
des matières sucrées en proportion notable et, pour ces dernières obser- 
vations, la dépense a constamment dépassé nos prévisions. 

Si l'effet du saccharose sur la nutrition paraît certain, il reste encore 
à définir la manière dont s'exerce son action. 


LA SURVIE DES TISSUS SÉPARÉS DE L'ORGANISME 
ET LES GREFFES D'ORGANES, 


par Doyen, LyYTcakowsky et BROWNE. 


T. — £ssais de culture des tissus du cobaye et du lapin. — Les très 
petits fragments du rein et de la rate, surtout ces derniers, présentent 
des signes évidents de survie lorsqu'on les place en chambre humide 
aseptique dans une goutte de plasma coagulé provenant du même 
animal. Le plasma a été préparé suivant la méthode de Delezenne et 
Gengou et conservé à la glacière. L'animal est porté dans la chambre- . 
étuve à 39 degrés; les organes sont extirpés, sectionnés et montés 
suivant la technique de Carrel et Burrows. Nous n’avons opéré jusqu'ici 
que sur le cobaye et le lapin. 

Les cellules amiboïdes diffusent au bout de quatre à six heures; elles 
forment autour du fragment central, dont elles s’éloignent, une couronne 
assez régulière. Les fibrilles rayonnées apparaissent vers la dixième 
heure et croissent dans le plasma sous l’aspect de cellules fusiformes, 
qui se ramifient. Ces prolongements rayonnés présentent des mouve- 
ments amiboïdes. Les cellules qui les forment se déplacent en s’éloi- 
gnant du centre de la préparation; on voit le protoplasma glisser, 
s'allonger, se ramifier et s’anastomoser comme pour former lä trame 
d'une glande; on voit se produire des renflements protoplasmiques où 
se meuvent, autour d’un noyau clair, des granulations réfringentes. 

Lorsque les cellules meurent, ce qui arrive au bout de trois ou 
quatre jours si l’on n’a pas renouvelé le plasma, les cellules amiboïdes 
libres se réunissent au point déclive de la préparation sous forme de 
cellules rondes et granuleuses et le réseau fibrillaire anastomosé reste 
en place. Il y a donc bien dans ces préparations deux sortes de cellules: 

1° les cellules amiboïdes libres et migratrices; 2° les cellules conjonc- 
” tives, également amiboïdes, mais qui demeurent toujours réunies entre 
elles par une trame fibrillaire et forment une sorte de réseau. 

La rate du lapin nouveau-né donne des préparations analogues. 

Nous venons d’obtenir également des végétations cellulaires radiées 
autour de plusieurs fragments du foie d'un lapin nouveau-né. On y 
observe beaucoup moins de cellules libres que dans les préparations 


SÉANCE DU 24 MAI 1085 


obtenuesavec larate. Les végétations radiées provenant du foie sontbeau- 
coup plus épaisses que celles qui proviennent de la rate, et les cellules 
qui les constituent contiennent de nombreuses granulations réfrin- 
gentes. On y observe, après coloration à la thionine, des mitoses assez 
nombreuses. 

Nous avons l'honneur de présenter à la Société : 1° des préparations 
fixes et colorées, 2 des photographies instantanées sur gélatino- 
bromure, et 3° des clichés microscopiques autochromes, que nous avons 
pris avee le concours de M. Gervais-Courtellemont. Ces clichés démon- 
trent que seules les cellules amiboïdes du tissu conjonctif et les cellules 
de la trame conjonctive présentent des phénomènes de survie. Dans les 
essais de culture du rein, on n'observe que les filaments radiés et il est 
impossible de découvrir la moindre cellule glandulaire. Il paraît en êlre 
de même pour le foie. Nos premières expériences démontrent qu'il s’agit 
uniquement de la survie des cellules élémentaires, placées dans des condi- 
tions de milieu et de température qui se rapprochent de celles de l'évo- 
lution naturelle de l'embryon. 

La multiplication temporaire de ces cellules élémentaires ne peut 
pas être considérée comme une culture véritable, car elle se ralentit 
progressivement, pour cesser au bout d'un laps de temps variable. Il 
convient donc de réduire à sa juste valeur l'interprétation de cette 
survie temporaire des cellules élémentaires du mésoderme. Ces faits ne 
présentent pas l'importance biologique qu’on a cherché à leur donner. 


Il. — Les greffes des viscères méritent la même critique: les deux reins, 
transplantés d’un animal à l’autre, peuvent remplir momentanément le 
rôle d’un filtre imparfait, mais ils tombent en dégénérescence par suite 
de la section des nerfs trophiques et sécréloires, qui ne se régénèrent 
pas. La conservalion de segments d’artères ou de veines et de fragments 
d'os dans un liquide aseptique ne présente pas davantage un intérêt pra- 
tique. J'ai plusieurs fois transplanté chez l’homme des fragments d’os 
frais : je les ai prélevés soit sur le même sujet, soit sur un jeune animal. 
Le D’ Lytchkowsky a fait de nombreuses transplantations analogues chez 
les anormaux, avec des pièces fraîches. 

J'ai ainsi pratiqué avec succès, chez l’homme, la greffe d’une veine 
de mouton : il s'agissait de rétablir la circulation veineuse profonde, 
interrompue entre la jambe et la cuisse par suite de l’oblitération de la 
veine poplitée, comprimée par un énorme anévrisme artériel. J'ai 
d'abord reconstitué l'artère sur une longueur de 11 centimètres, par 
l’artériorraphie longitudinale. La jambe restant œdématiée plusieurs 
mois après cette opération, j'ai transplanté entre le tronc veineux tibio- 
péronier et la veine fémorale, au niveau de l'anneau de Hunter, un seg- 
ment de la veine jugulaire de mouton, d'une longueur de 15 centi- 
mètres. J'ai prélevé cette veine sur l'animal, anesthésié au chlorure 


1086 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - 


d'éthyle, immédiatement avant l'opération de la greffe. Cette opération 
de greffe d’une veine de mouton à l’homme à eu lieu Le 9 août 1909. 

J'ignore s'il y à eu greffe véritable ou bien si la veine du mouton a 
éte résorbée par les macrophages du tissu conjonctif ambiant; la circu- 
lation s’est complètement rétablie et c’est ce que nous devons retenir. 

Nous n’admettrons la greffe des reins ou d’un segment de membre 
d'un animal à un autre animal que si cet animal survit pendant un 
temps très long, au moins une année, et si le fonctionnement des 
viscères ou du membre greffé est normal. Greffer des reins qui dégé- 
nèrent en deux ou trois semaines, suturer au moignon d’un chien noir 
la patte d'un chien blanc, sans qu'il y ait rétablissement ni de la sensi- 
bilité ni de la motilité, ce ne sont que des fantaisies de laboratoire qui 
ne méritent pas l'attention du monde savant. Ces expériences n’ont 
aucune conséquence pratique. 


SUR L'HYPERTROPHIE COMPENSATRICE DU REIN 
APRÈS NÉPHRECTOMIE UNILATÉRALE, 


par PAUL CARNOT. 


On sait qu'après extirpation d’un seul rein, il se produit rapidement 


une hypertrophie compensatrice de l’autre rein, véritable régénération 


qui suit l’hémirésection de la glande. Il est possible d'estimer pondéra- 
lement cette hypertrophie en comparant, au poids durein primitivement 
enlevé, celui de l’autre rein, après un cerlain délai et dans certaines 
conditions physiologiques thérapeutiques. 

En effet, d’un grand nombre de mensurations, effectuées sur des ani- 
maux normaux, nous pouvons conclure que les poids respectifs des deux 
reins sont sensiblement équivalents (chez le lapin et le cobaye tout au 
moins). On peut donc, sans grande erreur, attribuer au rein conservé, 
au seuil du processus hyperplasique, le poids du premier rein, pesé 
après néphrectomie ; le rein hypertrophié est ultérieurement pesé 
lorsqu'on sacrifie l'animal. La différence de poids des deux reins mesure, 
par là :nême, l'accroissement du rein conservé : en la rapportant au 
poids initial de ce rein, on a le pourcentage nd qui mesure 
l'activité prolifératrice de l'organe. 

Nos expériences ont porté sur 92 cas et dans des dt très variées ; 
elles ont été effectuées presque uniquement sur le lapin, parfois sur le 
cobaye; le chien se prête mal à ces recherches en raison des altérations 
fréquentes de ses reins. 


Un premier fait, capital, est relatif à la constance de l'hyperplasie 
compensatrice après enlèvement de la moitié au parenchyme rénal. En 
effet, sur 92 animaux néphrectomisés du rein droit, 5 seulement n’ont 


SÉANCE DU 24 MAI 1087 


présenté aucune augmentation de poids du rein gauche conservé après 

un délai de dix à vingt jours. Certains de ces animaux étaient vieux ou 
infectés (ce qui pouvait expliquer leur aplasie rénale) ; mais d’autres 
n'avaient aucune raison apparente à cette aplasie. Il est vraisemblable 
que l'équilibre physiologique entre les substances néphropoïétiques et 
néphrolytiques était chez eux (et pour des causes restées inconnues) 
rompu en faveur des secondes. Mais il ne s’agit là que d’exceptions, 
portant à peine sur 5,4 p. 100 des cas. Presque constamment, au con- 
traire, on observe une augmentation de poids, qui se produit souvent 
avec une vitesse el une énergie surprenantes. 

Par exemple, si certains de nos reins ont augmenté de 16,6 p. 100 en 
neuf jours, de 16 p. 100 en dix-neuf jours, d’autres ont augmenté de 
24,7 p. 100 en quinze jours ; nous avons parfois constaté des augmen- 
tations beaucoup plus fortes encore, puisqu'elles ont pu atteindre 
40p. 100 en dix-neuf jours, 41 p. 100 en dix-huit jours, et même, dans 
un cas, 53 p. 100 en quinze jours. 

La moyenne de nos expériences nous a donné une augmentation de 
33 p. 100 en deux semaines chez les animaux non traités d’une façon 
spéciale. Autrement dit, après suppression de la moitié du parenchyme 
rénal, il se produit, en deux semaines, un accroissement du parenchyme 
restant dans la proportion du tiers. 

La vitesse de cette hypertrophie est non moins surprenante que son 
intensité. En effet, chez des animaux sacrifiés dès les premiers jours, 
on constate déjà une augmentation de poidsconsidérable du D'Aaue, te 
restant, qui a pu dépasser 25 p. 100 en du jours et atteindre jusqu'à 
47 p. 100 en sept jours. 

Pareille vitesse et pareille intensité de croissance éveillent quelques 
doutes sur la nature même de cette hypertrophie. Il est vraisemblable 
que, dès le début des phénomènes, un afflux de liquides, de sels, de 
matériaux nutritifs, se produit au niveau du parenchyme restant, précé- 
dant (et peut-être occasionnant) la prolifération cellulaire; car une proli- 
fération cellulaire de cette importance ne saurait vraisemblablement 
se produire aussi rapidement. Ce n'est probablement qu'après une 
phase immédiate d’approvisionnement aqueux et nutritif, et sous l’in- 
fluence de substances stimulantes de la prolifération cellulaire rénale, 
que se produit la régénération véritabie du parenchyme rénal, en un 
temps naturellement plus long. 

On peut comparer à ce processus un phénomène analogue que l’on 
observe lors de la régénération du sang après saignée : presque immé- 
diatement, se produit alors un afflux de liquide aqueux ; puis le plasma 
se reconstitue, et ce n'est qu'après un certain délai que se produit, plus 
lentement, la régénération des éléments anatomiques. 

En raison de cette remarque, nous n'avons, le plus souvent, mesuré 
l’hyperplasie du rein qu'à partir du quatorzième jour. 


1088 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


—— 


Un autre fait, sur lequel nous désirons appeler l’attention, est relatif 
à la très grande variabilité individuelle d'activité prolifératrice que la 
méthode pondérale permet de mettre en évidence. 

En effet, si certains animaux régénèrent peu leur rein, après néphrec- 
tomie unilatérale, si d’autres animaux le régénèrent moyennement 
(16 p. 100 en dix-neuf jours, par exemple), d'autres, par contre, ont 
une activité régénératrice beaucoup plus intense, à tel point qu'ils 
peuvent augmenter leur substance rénale de moitié, en deux semaines 
seulement. 

En règle générale, les animaux jeunes régénèrent leur parenchyme 
rénal plus intensivement que les animaux plus âgés (l’âge étant prinei- 
palement apprécié par le poids). Mais il y a, à ce fait, de nombreuses 
exceptions. Le plus souvent, d’ailleurs, rien n'indique, a priori, l'activité 
prolifératriceethyperplasique, particulièrementactive, de certains sujets. 

De pareilles différences individuelles d'activité cellulaire se retrouvent, 
d’ailleurs, pour le poids du parenchyme rénal, celui-ci variant considé- 
_rablement d'un animal à l’autre. En effet, pour des animaux de même 
poids total, le poids du parenchyme rénal est souvent bien différent 
(18 grammes et 14 grammes par exemple, pour deux lapins de 2 k. 300). 
Inversement on peut observer, par exemple, un parenchyme rénal de 
15 gr. 4 pour un lapin de 4 kil. 190, un parenchyme rénal de 21 grammes 
pour un lapin de 3 kil. 450 ; de 18 grammes pour un lapin de 2 kil. 300. 

On sait de même que, pour la régénération du sang après saignée, il 
existe de très grandes variations individuelles quant à la vitesse el à 
l'intensité de cette régénération. Il y a également des différences indivi- 
duelles considérables dans la vitesse de réparation des plaies cutanées, 
dans la eroissance des ongles et des poils, elc., en un mot, dans la pro- 
lifération des différents tissus. 


En résumé, l'étude pondérale de l’hyperplasie compensatrice du rein 
après néphrectomie unilatérale montre, d’une façon précise et compa- 
rable, que cette hyperplasie sefait habituellement avec une grande inten- 
sité et une grande vitesse, etque, PRO l'intensité de cetterégénération 
est tout à fait surprenante. 

Elle montre, d’autre part, qu’il existe d’un animal à l'autre de très 
grandes diHÉrENCes individuelles, suivant un coefficient de prolifération 
cellulaire propre à chaque sujet. 

Nous verrons, dans une prochaine “ie. que l'intensité de l'hyper- 
plasie rénale peut être modifiée par une série d’actions thérapeutiques, 
les unes d’ordre physique (rayons X), les autres d'ordre chimique (urée, 
théobromine, cantharidine), lesautres, enfin, d'ordrebiologique (extraits 
fœtaux ; extraits rénaux en hyperplasie ; hypophyse, elc.), actions qui 
“peuvent devenir susceptibles d'applications pratiques. 


SÉANCE BU 24 MAI 1089 


SUR UN CAS DE POECILOGONIE CHEZ UN OXYURE, 


par L.-G. SEURAT. 


Nous avons précédemment (1912) attiré l'attention sur deux Oxyures qui 
fourmillent dans le volumineux cæcum, bourré de débris végétaux, du Lézard 
des palmiers (Uromastix acanthinurus Bell.) et montré l'intérêt que présente le 

plus petit de ces Nématodes, l’Oxyuris vivipara (Wedl), par l’éclosion et l’évo- 
lution de la larve à l’intérieur de l’utérus maternel. Cette larve, mise en 
liberté dans l'hôte, devient adulte sur place et ainsi se trouve assurée la 
grande contamination de l'Uromastix. Il restait à déterminer le mode de 
transmission du parasite de Lézard à Lézard. Nous avons pu élucider cette 
_ question par un nouvel examen de ces Oxyures qui constituent un matériel 
de recherches des plus favorables, en raison de la facilité avec laquelle on 

peut les conserver vivants, hors de l'hôte, pendant plusieurs jours. 


Nous avons constaté que l’Oxyuris vivipara présente deux formes 
femelles (1) vivant côte à côte dans le cæcum et qui ne diffèrent que par 
le mode d'évolution des œufs : une forme larvipare, qui est celle que 
nous avons fait connaître précédemment, et une forme ovipare.Ces deux 
formes concordent, en effet, par tous leurs autres caractères, comme le 
montre le tableau suivant : 


OVIPARE LAR VIPARE 
MarateurtolaleldurCOrps 4. AR NR CNCnM rs 01" 3mm)28( 3um(72 
Epaisseur au niveau de la vulre. . . . . . . . Pa 240 pu 220 y 
HonMennATeNIIqUeUCs MN EN CLR MIT ec. 240 y 210 y 
Distance de la vulve à l'extrémité caudale . . . . . . . 1mm190 984 p 
Pore excréteur, situé en arrière du bulbe, à une distance 

DEEE CREME Te Re a MEN Do LIL 540 w 540 y 
Longueur de l’æœsophage (y compris le bulbe) . . . . . 168 pu 168 
RAP AM EE NC HEN ON MEIS CEA 175 à 190 m 110 à 180 p 
sur 
60 à 65 w 


L'ovéjecteur a la même structure; l’assise chitineuse qui revêt Le ves- 
tibule et le sphincter est, toutefois, moins épaisse et incolore dans la 
forme larvipare, dans l'ovipare, elle est épaisse et de couleur jaune 
clair. 

a) l'orme larvipare. — La forme larvipare, qui paraît être la plus 
abondante dans le cæcum, offre dans son évolution les élapes sui- 
yantes : l’appareil génital d'une femelle jeune présente deux ovaires 
volumineux, chacun en rapport par un oviducte avec un utérus qui va 
prendre, dans la suite, une grande extension; dans chaque utérus, on 


(1) Nous avons vérifié avec attention qu'il n'y a qu'une forme mâle, dont xt 23 
description a été donnée précédemment. Comptes rendus de la Soc. de Bi8= HO} ; 
logie, t. LXXIIT, p. 226, fig. 10 et 11. : ID ee € 


1090 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


trouve d’abord un, puis deux œufs de très grande taille (170 à 180 y de 
longueur sur 52 y delargeur), à coque extrèmement mince, à protoplasma 
fortement chargé de matières de réserves (fig. 1). 


Cet œuf, par une segmentation totale, régulière, donne une morula à 2, 4,8, 
16, 32,.... blastomères, puis un embryon. La coque, très mince, extensible, 
suit le développement en longueur de cet embryon, jusqu'à atteindre 250 y & 

c’est ainsi qu'un embryon de 210 y de longueur 

F Ÿ sur 50 » de largeur est entouré d'une coque 

DE à mesurant 240 v d’un pôle à l’autre ; l’æœsophage 

et le bulbe œsophagien à clapets sont les or- 

ganes qui se différencient les premiers etils 
sont remarquables par leur longueur, qui 
atteint les deux tiers de Ja longueur totale; 
l'extrémité caudale de l'embryon est terminée 
par une petile pointe, qui appuie sur la coque. 


| (— \ La coque cesse d’ailleurs de s’allonger et 
| {72 l'embryon, continuant à grandir, est obligé de 
[LZ | \ se courber en arc dans son enveloppe ; la larve 


éclôt peu après : elle est au premier stade et 
mesure 432 u de longueur, avec un œsophage 
de 210 »; à sa surface on distingue ure cu- 
ticule très nettement détachée du corps. 
Cette larve subit une mue et passe au second 
stade ; la larve du second stade, libre à l’in- 
térieur de l'utérus, dans lequel elle s’agite et 
ce déplace activement, est d’une taille qui varie 
de 804 à 1032 y; elle diffère de la précédente par 
une diminution de la longueur relative de 
l’æœsophage, qui est devenue le tiers de la 


Fiq.6 : À 
AS longueur totale; en s’agitant, ces larves entrai- 

nent avec elles des membranes très fines, frip- 
F Fic. 1. — Oxyuris vivipara  Pées, débris de la coque de l’œuf et de la pre- 


(Wedl); appareil génital d'une mière mue. 


femelle larvipare jeune. Ov, 4 ë ; < 
ovaire: u, utérus : 0, œuf. Pendant que s’accomplit cette évolu- 


tion, d’autres œufs pénètrent dans les 
utérus, leur nombre total arrivant à douze ; les utérus. fortement 
distendus, s'avancent vers la région antérieure jusqu’au voisinage du 
bulbe œsophagien, refoulant devant eux les ovaires et les oviductes 
(fig. 4); chez une femelle de 3°*3 de longueur, ils s'étendent sur 178, 
Les œufs qu’ils renferment sont à des états divers d'évolution : larves 
du second stade, larves du premier stade, embryons renfermés dans la 
coque de l'œuf, œufs à l’état de morula. 

b) Forme ovipare. — La forme ovipare existe dans le cæcum avec la 
précédente et paraît se rencontrer seule dans le rectum; on retrouve 
chez elle le même entassement progressif d'œufs très volumineux dans 
les utérus. 


EN 


109 


Oo 


\ ve At 

SN A 
- FrG. 2, 3, 4. — Oxryuris vivipara (Wedl). 2, femelle ovipare jeune (longueur totale 
3um190); Ov, ovaïre; e, pore excréteur; 3, femelle ovipare adulte (longueur 3"*280): o, 
œuf à coque épaisse, embryonné; 4, femelle larvipare adulte (longueur 32072); on 
na figuré qu'une partie des œufs et larves renfermés dans les utérus, à leurs divers 
degrés de développement (morula, ‘embryon, larve du premier stade, larve du 
second stade). 


d 


1092 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Une femelle de 32190 de longueur (fig. 2) présente la disposilion des 
organes génitaux que nous avons vue réalisée chez la femelle larvipare 
jeune; les ovaires, de 400 y de longueur, sont situés immédiatement en 
avant de la vulve, loin en arrière du bulbe œsophagien. Les utérus ren- 
ferment chacun un œuf à coque mince, mais cependant plus épaisse que 
dans la forme précédente, au stade de morula à huit blastomères. 

Dans la suite, de nouveaux œufs viennent s'ajouter aux précédents, 
jusqu’à atteindre le nombre total de 23, nombre considérable en raison 
de leur volume énorme (190 & de longueur sur 63 y de largeur); les 
utérus s'étendent dès lors jusqu’au voisinage du bulbe œsophagien 
ayant refoulé les ovaires qui sont appliqués le long de l'œsophage 
(fig. 3). 

Ces œufs sont également à des états différents d'évolution, mais un 
caractère les distingue immédiatement : aucun n’éclôt dans l'utérus, 
les plus évolués renferment un embryon avec l’œsophage et le bulbe à 
clapets; il n'y a pas cette coexistence de larves et d'œufs signalée plus 
haut. En second lieu, ils sont remarquables par l'épaisseur que prend 
leur coque ; celle-ci, mince et d’une épaisseur uniforme dans les œufs 
en voie de segmentation, s’épaissit considérablement dans la suite, 
grâce à l’activité sécrétice de la paroi des utérus. L'œuf embryonné a 
une coque de couleur brun-clair, à surface chagrinée; l’épaississement 
de la coque est plus faible à l’un des pôles, précisément celui qui se 
trouve en regard de l'extrémité céphalique de l'embryon et c’est par ce 
pôle de moindre résistance que se fera l'éclosion. C'est à cet état que 
les œufs sont rejetés dans le cæcum et le rectum, d’où ils passent à 
l'extérieur (1) ; leur coque épaisse leur permet de résister aux condi- 
tions atmosphériques et ce sont eux qui assurent la {ransmission du 
parasite d'Uromastix à Uromastix. 

Par l’évolution de l'œuf à l’intérieur de l'utérus maternel jusqu'à 
l’état de larve enkystée du second stade et par la coexistence des deux 
formes ovipare et larvipare, l'Oxyuris vivipara (Wedl) atteint le degré 
le plus élevé de l'adaptation à la vie parasitaire. 

La forme primitive de ce Nématode est la forme ovipare, la forme lar- 
vipare devant être considérée comme le résultat d’une adaptation 
secondaire. 


(1) On les trouve dans les fèces avec les œufs de l'Oxyuris uromasticola 
Galeb. 


M ne 


SÉANCE DU 24 Maï 1093 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CHOLESTÉRINÉMIE 
APRÈS LIGATURE DU CHOLÉDOQUE, 


par A. CuaurFarRD, Guy LAROGHE et À. GRIGAUT. 


Nos recherches antérieures ont montré qu’au cours des ictères par 
rétention, le taux de la cholestérinémie était toujours notablement 
augmenté, alors au contraire qu'il ne se modifiait pas dans les iclères . 
hémolytiques. De même nous avons conclu, de dosages des surrénales 
pratiqués dans les différents états pathologiques, que l’hypercholesté- 
rinémie des ictériques ne relevait pas d'une hypergenèse cholestérinique 
dans le parenchyme surrénal. 

Les expériences de ligalture du cholédoque que nous allons relater 
confirment ces faits et leur ajoutent quelques notions nouvelles. 

Six chiens ont été soumis à la ligature basse du cholédoque, pratiquée 
aussi aseptiquement que possible, mais l’on sait qu’en pareil cas il est 
irès difficile d'éviter toute réaction angiocholitique, la ligalure portant 
sur une région du canal normalement infectée. 

Le lableau suivant résume l’ensemble de ces recherches. 


CHOLESIÉRINÉMIE TENEUR EN CHOLESTÉRINE 
Z | DURÉE : nn || 
= de LÉSIONS DU FOIE : 
& | l'ictère. avant après de la bile du : des 
l'opération. | l'opération. | vésiculaire. | foie. | surrénales. 
I.|13 jours.| Pas d'angiocholite. 1883 2891 ë _3396 18840 
11. |23 jours. |Gros abcès aréolaire. 1,80 2, 85 0, 87 3,21 16,85 
III. |11 jours.|Pas d'abcès du foie. 1,71 3,15 0,35 3, 10 15,20 
Cholépéritoine. 
IV.120 jours. Foie suppuré. 1,71 5,40 0,37 4,62 18,80 
V.113 jours.|Pas d’abcès du foie. 1,70 295 » » » 
Cholépéritoine. 
NI.|52 jours.|Pas d'abcès du foie. 1,71 2,40 3.50 3,6) 38,50 


Quand on examine les résultats contenus dans ce tableau, trois faits 
objectifs paraisseni évidents : 

1° l'augmentation de la choleslérine du sérum, apparaissant dans tous 
les cas, se montrant au maximum chez le chien tué le vingtième jour et 
présentant de grosses lésions suppuratives du foie. 

90 Ja teneur cholestérinique du foie ne varie que dans d'assez faibles 
proportions (3, 10 minimum; 4,62 minimum), et s’écarte assez peu du 
chiffre moyen normal évalué par Grigaut à 3,30 p. 100. 

3° la teneur en cholestérine des surrénales a été dosée dans cinq cas : 
dans le cas VI où l'animal a été sacrifié au cinquante-deuxième jour et 
ne présentait pas de lésion infectieuse, le chiffre trouvé de 58,50 se rap- 

BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. : 16 


10924 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


proche beaucoup du chiffre moyen normal qui paraît être d'environ 
40 p. 1000. | 

On peut donc dire que l'hypercholestérinémie après ligature du cho- 
lédoque ne dépend directement ni des surrénales ni d’une hypergenèse 
au niveau de la cellule hépatique. 

Cette hypercholestérinémie par rétention expérimentale, analogue à 
celle que nous avons décrite par rélention clinique, est d'interprétation 
complexe. 

Nous ne pouvons pas oublier, en effet, que même réaction hypercho- 
lestérinémique se montre chez des lithiasiques sans rétention, chez des 
xanthomateux sans bilirubinémie exagérée, et que, par conséquent, la 
rétention n'estquel un des modes par lesquels se produit cette hypercho- 
lestérinémie expérimentale ou clinique. Ce que nous avons vu et décrit 
histologiquement à propos de l’origine biliaire de la cholestérine se 
trouve ainsi contrôlé et confirmé par les résultats de nos recherches 
cliniques et expérimentales. C'est toujours à la cellule hépatique et à la 
cellule biliaire qu'il faut remonter pour interpréter les variations 
cholestérinémiques du sérum quand les glandes endocrines et en 
particulier les surrénales ne sont pas en jeu. 

Les dosages de la cholestérine vésiculaire chez nos animaux vien- 
nent encore à l’appui de cette facon de voir : le taux cholestérinique a 
été abaissé dans la plupart des cas eta augmenté seulement chezle chien 
non injecté dont la survie a été la plus longue, et dont le foie resté sain 
semblait avoir conservé son fonctionnement physiologique. 


APPENDICITE ET ARYTAMIES : BRADYCARDIES ET EXTRASYSTOLES, 


par RENÉ BENARD. 

Les rapports de l’appendicite aiguë et des arythmies, sans être 
extrêmement connus, sont cependant indiqués par quelques auteurs. 
Esmein (1), von Bokay (2), Vaquez (3) les signalent. Ces faits ont été 
jusqu'ici surtout étudiés par les chirurgiens; Kahn (4) en faisail un 
signe de gangrène de l’appendice; Broca (5), au contraire, montrait 
que ces faits ne comportent aucune signification pronostique fàcheuse. 

Nous avons eu l'occasion d'observer un. certain nombre de faits 


(1) Esmein. Thèse de Paris, 1908, p. 76. 

(2) Von Bokay. Deutsch. med. Wochenschr., 9 avril 1908. 

(3) Vaquez. Soc. méd. des Hôpitaux, 26 juillet 1907. — Les Arythmnies. Baïl- 
lière, 1911, p. 329. | 

(4) Kahn. Jowrn. of the Am. Medic. Assoe., 15 décembre 1096. 

(5) Broca. Presse Médicale, 1°" janvier 1908, 


SÉANCE DU 24 MAI 1095 


analogues. Ceux-ci, bien que n'étant pas très fréquents, ne sont pas 
cependant exceptionnels. 

Nous les avons étudiés par la méthode graphique, afin d’éclaircir leur 
pathogénie. À 

Dans la plupart des cas, ce que l’on observe, ce sont des bradycardies. 
Le pouls est à 54, 50, 46 même. Les tracés phlébographiques nous ont 
montré dans tous Ces cas une bradycardie sinusale totale. Le pouls est 
lent, parce que le sinus ne donne naissance qu’à des excitations peu 
fréquentes. Nous n'avons pu, pour des raisons indépendantes de notre 
volonté, tenter l'épreuve de l’atropine, mais la constatation d'une accélé- 
ration, d’ailleurs passagère, lorsque le malade s’assied, le ralentissement 
des battements pendant l'inspiration, l'accélération pendant l'expiration, 
rapprochent ces faits des lachycardies de station, et des arythmies 
respiratoires qui sont, elles aussi, d’origine sinusale ; comme telles, les 
bradycardies appendiculaires doivent prendre place à côté des brady- 
cardies ictériques et saturnines (Lian), des bradycardies ourliennes 
(Roux). 

Dans un ças, nous avons observé une arythmie du type extrasysto- 
lique. La palpation du pouls montrant que la pause qui suivait l’extra- 
contraction n’était pas absolument complète, mais un peu raccourcie, 
donnait à penser qu’il ne s'agissait probablement pas d'une extrasystole 
ventriculaire. L'examen du phlébogramme confirmait cette notion en 
montrant, toutes les six pulsations environ, une pulsation surajoutée 
avec ses sommets a'c'v’, caractéristiques d’une extrasystole auriculaire. 
Un nouveau tracé pris aussitôt l'opération, la malade étant encore en 
partié sous l'influence du sommeil chloroformique, donna une courbe 
dans laquelle les même accidents n'étaient ni plus ni moins fréquents. 
Ces extrasystoles étaient subjectivement peu gênantes, encore que la 
malade les percut parfaitement bien après qu'on les lui eut fait 
remarquer. | 

Dans tous les cas, lors de la sortie de l'hôpital, le pouls était redevenu 
normal. Il n’y avait plus ni bradycardie ni extrasystole. 

Sans vouloir discuter la question pathogénique de savoir s’il s'agit 
d’une lésion d'intoxication nerveuse ou myocardique, par toxines 
d’origine appendiculaire, ou d'un simple réflexe, il nous paraît qu'on 
peut conclure que certaines arythmies ont un rapport certain avec la 
lésion appendiculaire, apparaissant avec elle et disparaissant après 


- appendicectomie. 


Ces lésions sont généralement des bradycardies totales. L'existence 
d’extrasystoles auriculaires donne à penser qu'on pourrait sans doute 
observer également dans certains cas des extrasystoles ventriculaires, à 
type de bradysphygmie; par suite, en présence d’un pouls ralenti au 
cours d'une appendite, il ne faudra pas se hâter, avant l'examen des 
tracés, de conclure à une bradycardie sinusale. 


1096 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


RECHERCHES SUR L'ÉOSINOPHILE ET L'ÉOSINOPHILIE. 
(Deuxième note.) 


EXPLICATION DE L'ABAISSEMENT CONSIDÉRABLE DU TAUX DE L'ÉOSINOPHILIE 
APRÈS L'OPÉRATION DU KYSTE HYVLATIQUE, 


par M. WEINBERG et P. SÉGUIN. 


Quelques auteurs ont observé que l’éosinophilie sanguine qu'on 
rencontre chez certains sujets atteints d'échinococcose baisse rapi- 
dement, parfois déjà quelques heures après l'opération de kyste 
hydatique (Dévé, Chauffard, Welsch et Barling, Chauffard et Boidin, 
Wilhelm et Delval, Weinberg). Quelquefois cet abaissement du taux des 
éosinophiles est considérable. Ainsi, dans l'observation de Chauffard et 


Boidin, l’éosinophilie est tombée de 38 p. 100 à 1 p. 100; dans celle de 


Wilhelm et Delval, de 60 à 1 p. 100 également. 

Nos recherches précédentes ont permis d'établir que l’éosinophilie 
locale s’alimentait aux dépens de l'éosinophilie sanguine et que, de plus, 
l’appauvrissement du sang périphérique en leucocytes éosinophiles 
était d'autant plus marqué que la lésion locale était plus. étendue. Nous 


avons pensé qu'il existait une relation de cause à effet entre la 
résorption d'une grande quantité de liquide hydatique qui se produit, 


au moment de l'intervention chirurgicale, au niveau de la paroi 


adventice du kyste et souvent aussi dans le péritoine, et l'abaissement 


considérable de l’éosinophilie sanguine qui survient quelques heures - 


après l’opération. 

Pour vérifier cetle hypothèse, nous avons choisi un certain nombre 
de cobayes neufs présentant une forte éosinophilie sanguine. Ces 
cobayes ont reçu en injection sous-cutanée 6 à 10 c.c. de liquide 
hydatique. Cette quantité de liquide hydatique a été injectée par doses 
de 1 c.c. en différents points du ventre et des flancs, de façon à pro- 
voquer, autant que possible, une éosinophilie locale sur une très grande 
étendue. Le tableau ci-dessous résume une partie de nos expériences. 
Il montre que les cobayes traités de cette facon ont présenté tous une 
baisse notable de l’éosinophilie déjà une à deux heures après l'injection. 
Ce phénomène a atteint son maximum d intensité entre six et huit 
heures après le début de l'expérience. Point intéressant, nos expé- 


riences ont montré que c’est justement à ce moment qu’on observe le 


maximum d'infiltration éosinophilique dans l’éosinophilie locale expé- 
rimentale. Le plus souvent, les éosinophiles commencent à reparaître 
dans le sang le lendemain de l'opération. D'autres fois, cependant, le 
faible pourcentage des éosinophiles se maintient deux ou trois jours. 
Ces faits sont conformes aux observations cliniques faites chez l'homme. 

Nous avons sacrifié trois de nos cobayes six à huit heures après le début 


SÉANCE DU 24 MAI 1097 


de l'expérience. L'examen histologique de la paroi abdominale au 
niveau de l'injection a montré une infiltration très prononcée du tissu 
conjonctif sous-cutané et intermusculaire par les polynucléaires 
éosinophiles. 


POURCENTAGE DES ÉOSINOPHILES DU SANG 
PT 
APRÈS L'INJECTION 
DE 6 A 10 G.C. DE LIQUIDE HYDATIQUE SOUS LA PEAU 


cobayes. | AVANT L'INJECTION 


2 4 6 8 24 


heures. | heures. | heures. heures. heures. 


93 B* 
84 B* 

19 M 
417 B 10 
65 C 1 
45 À ai 
71 A 12 
62 M 13 
13 B 13 
14 B 16 
16 A* 42 40,6 


[er] 


acrifié. 
OS 
Sacrifié. 
0,6 


0) 


10 » 
23 » 


NN D & ND D & © © 


co 
ND © À& 


* 


Les cobayes marqués d'une 


ont reçu 6 c.c. 


Tous ces faits nous permettent de conclure que la disparition de la 
plupart des éosinophiles du sang, observée après l'opération de kyste 
hydatique, est déterminée par l'appel intense de ces éléments vers la 
région où se fait la résorption du liquide hydatique épanché au cours 
de l’opération chirurgicale (1). 

Il existe des observations d’échinococcose humaine où la chute de 
l'éosinophilie est survenue très vite, une à deux heures après l'opé- 
ration. Nous avons pensé que cette brusque disparition des éosino- 
philes du sang devait s'expliquer par une sensibilisation antérieure de 
l'organisme par le liquide hydatique; et cela, d'autant plus que dans 
certains de ces cas où le séro-diagnostic avait été pratiqué avant 
l'opération, la réaction de fixation avait donné un résultat positif. 

Ici encore l’expérimentation nous a donné raison. Lorsqu'on répète 
chez les cobayes les injections de liquide hydatique à huit à dix jours 
d'intervalle, on constate que la chute de l'éosinophilie est plus rapide 


(1) Il n’y a aucun doute que le même phénomène se produit à la suite de 
rupture d'un kyste hydatique; mais, à notre connaissance, il n'existe aucune 
observation à cet égard. 


1098 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


et plus importante après la deuxième et surtout après la troisième 
injection qu'après la première. Ainsi le cobaye 62M, chez lequel da 
première injection a fait baisser le taux de l’éosinophilie de 13 à 0,3 
en six heures, a accusé une diminution semblable des éosinophiles du 
sang deux heures après la troisième injection de la même quantité du 
même liquide hydatique. 

Cette augmentation de la sensibilité des éosinophiles à réagir à l'appel 
de la substance toxique est intéressante à plus d’un point de vue. Elle 
nous apporte, entre autres, un nouvel argument en faveur du rôle 
joué par ces éléments dans la résorption de certains produits toxiques ; 
nous aurons l’occasion d’y revenir plus tard. 

Pour le moment, nous tenons seulement à faire remarquer que 
l’abaissement rapide et considérable des éosinophiles à la suite de 
l'opéralion a une portée plus générale. Il permet l'explication de l'hypo- 
leucocytose qu'on observe dans certains états infectieux, comme par 
exemple au début de la fièvre typhoïde. Il est évident que, dans ce cas, 
l'hypoleucocytose n’est pas due à la destruction rapide des leucocytes, 
mais surtout à un déplacement d'un nombre considérable d'éléments 
figurés et mobiles du sang vers l'intestin frappé sur une très grande 
étendue. 


LA FERMENTATION DE DIVERS SUCRES PAR LE 2. coli 
ET LA PRODUCTION DE L'INDOL, 


par D. ROUGENTZOFF. 


Déjà Escherich, l'auteur qui a découvert le Z. coli, a constaté que ce 
microbe fait fermenter divers sucres et les transforme en acides. Diffé- 
rents autres auteurs : Baginsky, Scruel, Ide, Chantemesse et Widal, 
Péré, van Ermenghen et van Laer, Nencki, Grimbert, Tissier et Mar- 
telly, etc., ont étudié d’une manière détaillée les différentes modifica- 
tions dans les fermentations provoquées par le 2. coli dans les milieux 
contenant divers sucres. Grâce à ces recherches nous savons que le 
B. coli fait fermenter, d’une manière énergique, divers sucres, à condi- 
tion que le milieu nutritif contienne une pelite quantité d'azote assimi- 
lable. 

Plusieurs auteurs (Baginsky, Péré, Tissier et Martelly) ont aussi 
constaté que si l’on ajoute du sucre au milieu dans lequel le 2. coli 
peut produire de l'indel, le microbe attaque tout d’abord le sucre, en 
produisant des acides, et ne peut pas en même temps produire de l'indol 
aux dépens des matières albuminoïdes qui se trouvent dans le milieu. 

En recherchant les conditions de la formation de l’indol dans 
l'intestin des lapins soumis au jeûne et les conditions grâce auxquelles 


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HETITAON 


SNOTIIAOX 


1100 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


l’indol ne se produit pas dans l'intestin .des lapins que l’on nourrit 
exclusivement de carottes, nous avons étudié des colonies isolées du 
B. coli, obtenues de l'intestin des lapins, au point de vue de leur pro- 
priété de faire fernenter différents sucres et au point de vue de leur 
propriété de produire de l’indol dans des bouillons peptonés ainsi que 
dans des bouillons peptonés contenant divers sucres. 

Nous avons étudié en tout quatre-vingts colonies ; quarante ont été 
isolées des excréments des lapins soumis au jeûne, et les autres 
quarante des excréments des lapins nourris exclusivement de carottes. 

Nous avons constaté ainsi que si le Z. coli se développe dans un 
bouillon peptoné contenant 1 p. 100 de sucres qu'il fait rapidement fer- 
menter (glucose, fructose, lactose et l'alcool mannite), il perd la pro- 
priété de produire de l’indol. 

Dans des bouillons à sucres qu'il fait fermenter faiblement (maltose, 
saccharose, l'alcool dulcite), la production de l'indol se fait avec une 
intensité d'autant plus grande que le pouvoir fermentatif du microbe 
par rapport au sucre est plus faible. 

Le glucose, Le fructose, le lactose etle mannite protègent ainsi dans des 
cultures in vitro du BP. coli les matières albuminoïdes contre une 
décomposition profonde. 

Peut-être, le même processus d’arrêt de la décomposition des matières 
albuminoïdes, par le B. coli, a lieu dans l'intestin des individus soumis 
à un régime dans lequel ils reçoivent la quantité nécessaire de ces sucres. 


(Laboratoire de Metchnikoff, Institut Pasteur.) 


DE L'ACTION DES OXYDANTS SUR L'ÉVOLUTION DES MALADIES INFECTIEUSES 


(Première note). 


Note de MARCEL BELIN, présentée par G. Moussu. 


J'ai montré que la toxogénine dérive d’une protoxogénine par oxyda- 
tion ménagée; il est donc possible d'étudier les rapports qui existent 
entre l’anaphylaxie et l’immunité puisque, in vivo, il est possible d’aug- 
menter la quantité de toxogénine par administration de sels peu oxy- 
génés, et de la diminuer à l’aide de sels alcalino-terreux, le chlorure de 
calcium par exemple; j'ai indiqué en outre que les substances oxydantes, 
chlorates, terpène ozoné, oxydaient très facilement la toxogénine libre 
dans l'organisme (1). 


(1) M. Belin. Mécanisme de production de l’anaphylaxie sérique. Revue de 
physiologie et de pathologie générale, mai 1911. La réaction à la tuberculine est 
une réaction anaphylactique. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 4 mai 1912. 


SÉANCE DU 24 MAI 1101 


Mais cette étude ne peut évidemment être entreprise qu'après avoir 
recherché le rôle des oxydants et celui des variations du chimisme de 
l'organisme dans l’évolution des maladies infectieuses. 

Je ne puis insister ici sur les résultats heureux obtenus dans le traite- 
ment des maladies infectieuses par l'emploi des substances oxydantes en 
général et de l'oxygène en particulier ; le tétanos, la tuberculose, les 
pneumonies et les broncho-pneumonies infantiles, la peste bovine, la 
fièvre charbonneuse ont élé très heureusement influencés de cette 
façon ; mais ce sont là des faits d'observation clinique qui ont besoin 
pour être mis au point et exactement interprétés de faire l’objet d’études 
expérimentales. Je relaterai dans une série de notes toutes les expé- 
riences que j'ai faites à ce sujet ; je chercherai ensuite à interpréter les 
résultats obtenus. 

Tétanos. — Voici les faits observés dans une de mes expériences. 


Deux lapins pesant 3 kilogrammes et 3 kil. 350 reçoivent sous la peau de 
l'épaule droite 1 c.c.5 d’une culture de trente-six heures en bouillon peptoné, 
à dix-huit heures. | 

Le lendemain, on injecte à l’un d'eux par la voie veineuse 2 centigrammes 
par kilogramme de chlorate de potassium (solution 1/40) le matin et le soir. 

Le 2e jour, le traité et le témoin ont le membre antérieur correspondant au 
point d'inoculation paralysé avec la même intensité. 

A9h. 15,il est injecté à l’animal traité du chlorate de potassium à la 
même dose que précédemment (voie veineuse). 

9 h. 25, le membre antérieur qui était à peu près inerte est peu à peu 
ramené dans la position normale ; quand l’animal se déplace, il s'appuie sur 
la partie supérieure de l'extrémité digitée. Mais bientôt, il parvient à s’ap- 
puyer sur la surface plantaire et les mouvements, quoique un peu gênés, 
deviennent normaux. 

9 h. 40, l'amélioration se maintient, s’accentue peut-être. Par contre, le 
témoin à le membre complètement paralysé, le membre postérieur corres- 
pondant s'appuie souvent sur lui pendant les déplacements. 

10 h. 15, l'animal traité s'appuie sur son membre malade pour lécher 
l’autre. 

14 h. 25, le témoin est complètement paralysé. Le traité va moins bien, les 
mouvements du membre malade ne sont plus aussi libres. 

16 h. 25, il ne parvient plus que difficilement à faire participer son membre 
antérieur droit à l’appui. ; 

On fait une nouvelle injection de chlorate de potassium (même dose, même 
voie) mais je ne puis noter dans la suite d'amélioration aussi nette. 

19 heures, l’appui se fait bien au repos, moins bien pendant la marche. 

3° jour, le témoin est mort dans la nuit. 

Le sujet traité a de nouveau le membre antérieur droit complètement 
paralysé. L’injection intra-veineuse de 2 centigrammes par kilogramme, faite 
à 11 heures, ne produit pas d'amélioration sensible. On lui fait à 11 h. 45 une 
nouvelle injection semblable, qui amène dans la soirée une légère amélio- 
ration. 


1102. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


4e jour, 10 h. 30. L'animal est paralysé, il ne peut se tenir debout. 

Injection (2 centigrammes par kilogramme); 10 minutes après, il peut se 
tenir debout maintenu, puis seul. 

11 heures. Injection 4 centigrammes par kilogramme. 

11 h. 15, il setient debout seul, on lui présente du son mouillé, il en mange. 

12 h. 30, il se lient difficilement ; une nouvelle injection de ;centigrammes 
par kilogramme n'’amène plus aucune amélioration. 

On fait deux injections sous la dure-mère sans plus de succès ; l'animal 
meurt à 16 heures. 


Des résultats identiques ont été obtenus en Fat soit du chlo- 
rate de sodium, soit un terpène ozoné. 

Conclusion. — Les résultats obtenus sont vraisemblablement dus à 
l'oxydation de la toxine in vivo, il semble d'autant plusen être ainsi que 
les injections de substances oxydantes n’ont jamais influé sur la durée 
de la période d’incubation. 


(Laboratoire de bactériologie de l’Institut vaccinal de Tours.) 


PSEUDO-NOYAUX DE GLOBULES ROUGES, 


par Émice FEurcuté. 


Pour préciserles transformations que j'ai signalées précédemment (1) 
dans la structure du globule rouge, j’ai employé la technique suivante : 


Recueillir aseptiquement du sang de lapin ou de cobaye dans un ballon 
stérilisé renfermant des billes de verre. Après défibrination, répartir le sang 
dans des tubes stérilisés, capuchonnés: de 1 à 2 c.c. par tube. Ajouter dans 
quelques-uns des quantités variables de toxine diphtérique : de 2 à 40 gout- 
tes. Porter à l’étuve à 37 degrés. Examiner entre trois et quarante-huit heures. 
Colorations liquides au brillant de crésylblau; ou bien, après fixation, héma- 
téine, vert de méthyle ou bleu de Unna. Choisir des animaux ayant de nom- 
breuses hématies granuleuses. 


Après un temps variable, les globules rouges présentent pour la plupart 
une portion concave d’où émerge un corps vibreux, « Glaskôürper », de 
plus en plus proéminent. L'élément prend la forme d'un chapeau de 
clown, d'un bouchon de champagne. Le « Glaskürper » me semble dû 
au gonflement vitreux du ménisque anhémoglobique de Retterer. La 


(1) Emile Feuillié. Dégénérescences des hématies, Comptes rendus de la Soc. 
de Bioloyie, 1°" juillet 1911. — Hématies nucléées et moelle osseuse. Comptes 
rendus de la Soc. de Biologie, 16 novembre 1912. 


SÉANCE DU 24 MAI 1103 


cristallisation intraglobulaire de l'hémoglobine gêne parfois cette dila- 
tation. 

Dans les RentGee fortement granuleuses on voit se produire une 
agglutination circulaire des filaments basvphiles, dans la partie concave 
du globule. En se fusionnant, ces filaments donnent soit un rétieulum, 
soil une masse homogène très fortement basophile après fixation, qui 
occupe le «Glaskürper ». Certaines de ces hématies deviennent très volu- 
mineuses, leurs formes sont variables. En se dilatant, le « Glaskürper » 
peut entraîner une partie de la substance ne. et donner des élé- 
ments irrégulièrement tachetés. 

Dans toutes les hématies granuleuses, apparaissent, dès les premières 
heures, un ou deux grains rouges métachromatiques. Ges grains ont été 
vus dans quelques hématies par Foa, Cesaris Demel, Jolly : Schilling 
Torgaù signale leur métachromasie. 

De la cinquième à la vinglième heure, ces éléments augmentent de 
nombre et de diamètre : leur teinte devient de plus en plus orthochro- 
matique. On voit alors que ce ne sont pasdes grains, mais des vésicules 
dans lesquelles on voit se mouvoir avec rapidité un ou deux corps flot- 
tants non basophiles, ordinairement allongés etétranglés en leur milieu : 
leur couleur est blanche, à peine jaunâtre. Ces vésicules peuvent s'énu- 
cléer. 

La dissolution de certains globules met en liberté des pelotons de 
filaments et de vésicules. Les vésicules peuvent se fusionner et atteindre 
un diamètre de 4 à 6 u : elles renferment alors la somme des corps flot- 
ants non basophiles. 

Les vésicules volumineuses deviennent orthochromatiques. Après 
fixation elles se colorent énergiquement par l'hématéine. 

Elles ont alors l’aspect soit des noyaux pycnotiques des hématies nu- 
clées classiques, soit des noyaux alrophiques libres quand elles ont été 
énucléées. Sur lames sèches et fixées on peut en voir un grand nombre 
en voie d’énucléation. 

Tout ce processus a son point de départ dans un gonflement de la 
substance granulo-filamenteuse. 

L'effet nocif artificiellement produit sur le globule rouge a, dans mes 
procédés, une douceur suffisante pour fixer les stades intermédiaires et 
attribuer la même origine aux éléments colorables suivants : Granu- 
lations basophiles: Basophile punktierung : Kapselkôrper : Zentren : Rand- 
kürnchen : Innenkôrper : Kernrest : Kernar ligen Blutplätichen : Plättthen- 
kürnen. 

Les Kernartigen Blutplätitchen de Schilling Torgaù répondent à mes 
énueléations de pseudo-noyaux vésiculaires. Elles n’ontaucune ressem- 
blance avec les globulins nettement définis par MM. Achard et Aynaud. 

L'essentiel est d’avoir mis en évidence, aux dépens de la substance 
sranuleuse, un double processus de formation de pseudo-noyaux : 


1104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


a) Pseudo-noyaux massifs ou réticulés, par agglutination ; b) Pseudo- 
noyaux vésiculaires par fusion de vésicules plus petiles. L'identité d’as- 
pect de nos éléments avec les hématies nucléées classiques semble se 
poursuivre dans les détails histologiques Les plus fins. Mes corps floltants 


non basophiles au centre des pseudo-noyaux vésiculaires ressemblent 


aux formes nucléaires longuement étudiées par Jolly (1) et cependant 
encore inexpliquées : masse centrale sans chromatine ; facile décolora- 
tion ; affinités tinctoriales variables. À 

Ces corps flottants non basophiles me semblent comparables aux gra- 
nulations noircissant par l'acide osmique et solubles dans l'essence de 
térébenthine, trouvées par Van der Stricht dans des noyaux expulsés en 
voie de destruction. 

Ces pseudo-noyaux, énergiquement basophiles après fixation, sont 
complètement différents des « nucléoïdes » étudiés jusqu'ici, et qui, 
d’après Jolly, ne sont que des artifices de préparation. La constante 
facilité de leur production en partant des hématies granuleuses me 
laisse supposer qu'il peut en être de même au cours de la vie dans le 
sang circulant. 


Je crois donc que dans les examens pathologiques, lorsqu'on est en 
présence de normoblastes, microblastes ou mégaloblastes, il faut se 
demander s’il ne s'agirait pas de ces pseudo-noyaux par agglutination 
ou de ces pseudo-noyaux vésiculaires. 

Peut être ne faut-il pasconclure toujours, comme on le fait en clinique, 
à une « réachon myéloide » ou à un « retour à l’état embryonnaire » 
d’un organe quelconque, même du tissu cellulaire conjonctif. 


CONDITIONS D'INNOCGUITÉ ET DE RÉVEIL DE LA SPORE DE L'ANHÉMOBACILLE 
DU RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU, À 


par GEORGES ROSENTHAL. 


Dans l'étude biologique que nous poursuivons de l'agent des 


anhémobacillies (rhumatisme articulaire aigu et affections dues au 
même germe) nous avons étudié les phénomènes produits par l'inocu- 
lation des spores. Déjà les spores avaient présenté quelques caractères 
microscopiques dignes d’être précisés. Nous étions conduits à cette 
étude par le fait bien mis en valeur par Nocard, Roux, Vincent, 
Besson, etc., de l’innocuité des spores injectées pures ia per Cr 
septique et éh bacille du tétanos. 


(4) Jolly, Archives d'anatomie microscopique, 1907, page 239 à 248. 


3 
j. 
: 
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Rev 25 die 


L 


LT ET eR 


SÉANCE DU 24 MAI 1105 


Nous avons voulu préciser successivement l’innocuité, le réveil et 
étudier quelques faits un peu particuliers. 


A. — Pour étudier l’action de l’inoculation des spores, nous avons 
utilisé des lubes très anciens de culture en eau blanc d'œuf cacheté. 
Dans ces cultures ayant plus d’un an, le blanc d'œuf est encore absolu- 
ment intact; il n'y a aucun bacille sur lamelles; tous les germes ont 
sporulé. 

Il est facile de prélever 2 à 10 c.c. de ces tubes, de les centrifuger 
très longtemps en contrôlant le résultat au microscope et par une 
centrifugation ultérieure. Le culot produit par 2, 3 c.c., etc. 
est repris dans 2 c.c. d'eau physiologique et injecté au cobaye au 
niveau du mamelon. 

On obtient les résultats suivants : 

Le cobaye injecté avec le culot de 2 à 3 c.c. résiste à l'infection. Ily a 
done innocuité de la spore comparable au phénomène décrit pour le 
tétanos et Le vibrion septique. Mais tout dépend de la dose injectée. 

Un cobaye injecté le 30 avril 1912 avec le culot de 4 c.c. d'une 
culture cachetée du 2 janvier 1911 meurt Le 5 mai d'un phlegmon séro- 


_Sanguinolent au point d'injection. 


Le culot de 5 c.c. après une guérison apparente de quaranle- 
huit heures amène la mort le quatrième jour. 

Le culot de 6 c.c. d’une culture du 11 juillet 1911 (exp. du 27 avril 1992) 
amène la mort en vingt-quatre heures. Localement, quelques trainées 
purulentes avec bacilles en dehors des leucocytes polynucléaires peu 
nombreux. 

Nous concluons que le cobaye résiste à l’inoculation du culot de centri- 
fugation de 2 c.c. de culture sporulée pour mourir en vingt-quatre heures 
de l'inoculation pure des spores contenues dans 6 c.c. de cette culture. 


B. — Mais il est important de savoir si la spore inoculée au cobaye 
à dose inoffensive ne peut retrouver son activité génératrice et 
entrainer la mort. Il y aurait là une explication bien tentante des réci- 
dives et des poussées successives des anhémobacillies. 

Pour réactiver la spore nous avons utilisé différents procédés, refroi- 
dissement local, séjour à l’étuve à 37 degrés, injection au point d’ino- 
eulation de milieu de culture, bouillon, lait, ou de solution irritante 
comme une solution d'acide lactique. 

Voici quelques expériences. 


Le cobaye 56 résiste à une inoculation du culot sporifère à 2 c.c.1/4de 
culture le 13 avril 1912, et à une inoculation de 2 c.c. de bouillon faite 
au même point le 27 avril pour mourir de phlegmon séro-sanguinolent 


vingt-quatre heures après l'inoculation le 30 avril de 5 c.c. de lait 


1106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


stérilisé, milieu de choix pour la culture de l’'anhémobacille. La spore a 
pu être réactivée après dix-sept jours. Mais ce résultat est des plus 
inconstants. 

Par contre, le cobaye 88 résiste au culot sporifère de2 c. c. le 3 juin 1912 
et supporte le 13 juin l’inoculation au même point de 4 c.c. d’une 
culture en bouillon vieillie de staphylocoque. De même le cobaye 97 a 
supporté le 3 juin l’inoculation de 1! c.c. de culture centrifugé et l’inocu- 
lation le 13 juin de 1 c.c. d'eau additionné de 4 gouttes d’acide lactique. 

Huit jours après, injection de 2 c.c. de vieille culture en eau œuf 
cachetée, faite dans le péritoine, et au niveau du mamelon droit, deux 
cobayes recoivent au niveau du mamelon 2 c.c. de lait stérile et 
supportent l’inoeulation sans en souffrir. Mais deux mois après, ils 
succombent à l’inoculation du virus fixe à la dose ordinairement 
mortelle de 2c.c. Il n'y à eu aucune immunisation. 

Le refroidissement de la paroi par le siphonnage de chlorure d’éthyle 
n’a nullement amené lareviviscence de la spore. Par contre, un cobaye, 
maintenu à l’étuve à 37 degrés, trois jours après une inoculation bien 
supportée de culot de 2 c.c., a succombé à un phlegmon séro-sangui- 
nolent à anhémobacille. 


C. — Nos expériences sur le virusfixe ont établi que le cobaye pouvait 
supporter des injections de culture en laitcacheté de vingt-quatre heures, 
pourvu que la dose fût inférieure à 2 c.e. Or le cobaye 97 qui avait sup- 
porté l'épreuve de l'eau lactique le 13 juin succombait le 8 juillet après 
inoculation de 1/2 c.e. de culture virus fixe (lait cacheté de vingt- 
quatre heures). Sa sensibilité à l’'anhémobacille était donc accrue. 

I nous à paru utile d'introduire la notion de quantité dans l'étude de 
l'innocuité de la spore, et de montrer que, expérimentalement comme 
cliniquement, le réveil de l'anhémobacille obéit à des lois complexes. 


(Laboratoire central de l'hôpital Saint-Louis.) 


DÉCALCIFICATION ET LÉSIONS OSSEUSES CHEZ LE LAPIN, 
SOUS L'INFLUENCE DU LACTOSE EN INJECTIONS INTRAVEINEUSES, 


par BONNAMOUR, ALBERT BADOLLE et ESscarLoN. 


Parisot a obtenu en 1912 des lésions osseuses (fractures spontanées, 
déformations costales, flexibilité des côtes) sous l'influence de l'hyper- 
glycémie expérimenñtale provoquée par l’ingestion de glucose. 

De notre côté, nous avons soumis un lapin adulte à des injections 

‘intraveineuses, répétées à deux jours d'intervalle, d’une solution de 


SÉANCE DU 24 MAI 1107 


lactose. En l'espace de trois mois environ, il en a été injecté en tout 
318 grammes à raison de 10 grammes chaque fois. 

L'animal à très bien supporté l'expérience, sans perte de poids 
importante. 

Le jour et le lendemain de l'injection, il rejetait beaucoup de sucre 
par l'urine. Le surlendemain on n'en trouvait plus. Il y a eu des traces 

. intermittentes d’acétone et de plus nous avons décelé de l'acide lactique. 

Deux mois après le début, le squelette du lapin présentait un certain 
degré de flexibilité qui alla depuis lors en augmentant. 

Sacrifié au bout du 3° mois, son autopsie nous-a montré un sternum 
extrêmement flexible, dont l’appendice xiphoïde était presque complè- 
tement détaché et mobile, des côtes minces et absolument translucides 
présentant 2 fractures récentes. Sur la face interne du thorax nous 
avons noté, sur 3 côtes à gauche et sur 2 côtes à droite, des boursoufle- 
ments arrondis, blancs, comme de petites gobilles interposées sur le 
trajet de la côte. Sur 2 autres côtes à droite, se voit un simple dépoli 
blanchätre sans augmentation de volume de l'os et qui semble être le 
début de l’altération. Les omoplates sont minces et transparentes comme 
du papier de soie, se cassant à la moindre pression. 

Les deux fémurs sont incurvés en arc de cercle, mais non flexibles. 
Les autres os longs des membres ne le sont pas non plus. 

L'analyse chimique de ces fémurs nous a donné les résultats suivants, 
calculés par rapport à l'os sec : 


LAPIN TÉMOIN LAPIN LACTOSÉ 
PEU Se RES 34566 24,8 
MO te RE Ke 0.60 3,04 
A eur M ee 16,63 25,5 
Conclusion. — Les injections intraveineuses répétées de lactose chez 


le lapin ont produit des lésions osseuses manifestes, une décalcification 
marquée et, par contre, une grosse augmentation de la quantité de la 
magnésie et des phosphates. Il est à noter que c’est ce qui a été constaté 
dans l’'ostéomalacie humaine. 
(Travail du laboratoire de thérapeutique de la Facullé de Lyon 
et de la clinique du professeur Teissier.) 


É 
É 


es dif 


1109 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


SÉANCE DU 20 MAI 1913 


SOMMAIRE 


Corre (J.) : Remarques au sujet GERBER (C.) et Guroz (H.) : Action 
de la dispersion de Parapodia si- des acides, des bases et des sels de 
naica Frauenf. [Lépid]. . . . . : .. 1117 | calcium sur la digestion du lait par 
Gerger (C.) : Les diastases hydro- les caséases des pancréatines des 
lysantes des latex du mürier blanc Ie EE RENE PEAR à 1113 
ehduemuüurienNnoir 1% 2 0.127 1109 Raygaub (Laurent) : Sur la pré- 
Gereer /C.) : Digestion des laits sence et la persistance de l'acide 
cru et bouilli par les caséases des cyanhydrique dans quelques grami- 
pancréatines des latex. . . . . . .. 1111 l'nées' des pays chauds. . : . . . . . . 1116 


Présidence de M. Fr. Arnaud. 


LES DIASTASES HYDROLYSANTES DES LATEX DU MURIER BLANC 
ET DU MURIER NOIR, 


par C. GERBER. 


a) Lipodiastase. — Ces deux Müriers contiennent une lipodiastase 
aussi faible que celle du Figuier, agissant en milieu neutre, et aussi peu 
favorablement influencée par les acides que celle de Broussonetia. 

b) Amylase. — Le latex de Morus alba seul possède une amylase. Par 
sa résistance à la chaleur, elle estintermédiaire aux amylases du Figuier 
et de Broussonetia, mais beaucoup plus rapprochée de la première que 
de la deuxième. Aussi active vis-à-vis de l'empois d’amidon que celle de 
Broussonetia, elle est, comme cette amylase, également, beaucoup plus 
active sur les solutions d’amidon soluble de Zulkowsky et surtout de 
Fernbach-Wolff. Son hyperactivité vis-à-vis de ce dernier amidon 
s'explique par la très légère acidité au méthylorange de l’hydrate de 
carbone. Néanmoins, comme toutes les amylases, elle n’agit plus dès 
que l’acidité du milieu dépasse un peu trop la neutralité au méthyl- 
orange; aussi, l'addition d'une faible quantité d'acide, qui favorise la 


Brococie. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. Hi 


1110 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


saccharification diastasique des amidons ordinaires et de Zulkowsky, 
s’oppose-t-elle à celle de l'amidon Fernbach-Wolff. Commeles amylases 
de Figuier et de Broussonetia, elle est inactive en présence de traces 
d'éléments halogènes ou des sels de Ag, Zn, Cd, Cu, Hg, Au, PL, etc. 
Bien moins sensible à l’eau oxygénée que celle de Figuier, elle l’est plus 
que celle de Broussonetia. Le pouvoir saccharifiant est, en effet, deux 
fois moins fort quand la teneur du milieu en perhydrol Merck est 
de 0,062 p. 1.000 (Figuier), de 4 p. 1.000 (Mürier noir) et de 32 p. 1.000 
(Broussonetia). 

c) Ferment protéolytique. — Le latex de Morus alba ne coagule pas les 
laits purs bouilli et cru; celui de Morus nigra, inactif sur le premier, 
n’agit sur le deuxième qu'à doses très élevées; mais il suffit, pour 
mettre en évidence le pouvoir présurant des deux latex, de le faire agir 
sur du lait bouilli contenant 10 mol. milligr. CaCF par litre. On corstate 
alors que les deux Mûriers possèdent le même pouvoir présurant, lequel 
n’est que deux fois plus faible que celui de Broussonetia. Si, de ce fait, 
la présure des Müriers se distingue de celles de Broussonetia et de 
Figuier qui coagulent à toutes doses : la première, le lait cru pur, la 
deuxième, le lait bouilli pur; par contre, elle se rapproche de la majorité 
des présures des Champignons qui n’agissent que sur le lait acidulé ou 
calcifié. 

De toutes les présures, celle de Morus alba est la plus thermostabile. 
Il faut 30 minutes de chauffe à 95 degrés pour la détruire, alors qu'il ne 
faut que 10 minutes à 95 degrés pour celle de Broussonetia, 30 minutes 
à 85 degrés, pour celle du Worus nigra et 10 minutes à 80 degrés pour 
celle du Figuier. Vis-à-vis des éléments halogènes, des sels de Ag, Zn, 
Cd, Cu, Hg, Au, Pt, etc. et de H°0”, les présures des deux Müriers se 
comportent absolument comme celle de Broussonetia. Par contre, elles 
se comportent d'une facon inverse de celle du Figuier. 


Il a suffi, en effet, de 1 (Morus nigra) et de 4 (Morus alba) mol. milligr. Iode 
par litre de lait bouilli pour permettre à celui-ci d’être caséifié à 40 degrés 
par 1/1000 des deux latex incapables, seuls, à cette dose, de coaguler ce 
liquide, alors que 1 mol. milligr. Iode a fait passer le temps de coagulation 
du lait bouilli par le latex de Ficus carica, de 2 m. 15 secondes à 28 minutes 
et que 4 mol. milligr. l'ont rendu impossible. De même, 0,32 mol. milligr. 
HgC/® par litre de lait bouilli calcifié a fait passer le temps de coagulation de 
ce liquide par 1/1000 de latex de 8 m. 30 secondes à 7 m. 45 secondes (Morus 
nigra) et 9 minutes à 8 minutes (Morus alba); par contre, cette même dose 
a rendu impossible la coagulation du lait bouilli par une quantité de latex de 
Figuier le coagulant en 3 m. 20 secondes en absence de ce sel. L'opposition 
est moins profonde entre la facon de se comporter des présures des Müriers 
et du Figuier vis-à-vis de l’eau oxygénée. Elle est cependant très nette. 
0,32 c.c. de perhydrol Merck par litre de lait bouilli calcifié n’a pas, en effet, 
modifié les temps de coagulation, à 40 degrés, de ce liquide, par 1/1000 de 


SÉANCE DU 20 MAI till 


Morus nigra (8 m. 30 secondes) et de Morus alba (9 minutes) et a rendu impos- 
r. sible la coagulation du lait bouilli par une dose de latex de Figuier le coagu- 
.  lant dans 6 minutes en absence de H°0*. 


d) Activité diastasique et végétation. — L'activité diastasique du latex 
des Müriers passe, comme celle de Broussonetia par un maximum au 
printemps, au moment de la floraison, et par un minimum en hiver, 
après la chute des feuilles, et non pas par les deux maxima et les deux 
minima des Figuiers. | 


der 


En résumé, le latex de Morus nigra mérite le nom de suc pancréatique 
végétal, au même titre que ceux de Broussonelia et de Ficus. Celui de 
Morus alba en diffère par l'absence d'amylase. Les diastases hydrolysantes 
de ces deux latex se rapprochent beaucoup plus de celle de Broussonetia 
que de celles du Figuier; néanmoins, les ferments protéolytiques se dis- 
tinguent de ceux des deux derniers latex en ce qu'ils sont incapables de 
coaguler le lait pur. Celui-ci a besoin d’être légèrement acidulé ou calcifié 
pour devenir sensible aux présures des Müriers qui, par ce fait, doivent 
être rapprochées des ferments protéolytiques de la grande majorité des 
champignons. 


nus te né 


Ecdunt él né 


i 


DIGESTION DES LAITS CRU ET BOUILLI 
PAR LES CASÉASES DES PANCRÉATINES DES LATEX, 


par C. GERBER. 


Après avoir fait agir pendant une heure à 50 degrés des doses crois- 
santes de pancréatine de licus carica sur 100 c. c. de laits cru et bouilli, il 
a fallu, pour Saturer les acides aminés formés, les quantités suivantes 
de liqueur normale de soude. 


Centigrammes de pancréatine . . . . 1 2 % 8 16 24 32 
C.c. soude normale. Lait cru . . . . 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 
C.c. = Pat bone 200 0 M5 22/60 20 Te 0 


On voit que, dans le lait cru, aucune trace d'acides aminés n'a pris 
naissance sous l’action de la pancréatine du Figuier, si élevée qu’ait été 
la teneur du liquide en cette dernière; dans le lait bouilli, au contraire, 
il y a eu formation d’autant plus élevée de ces acides que la dose de 
pancréatine était plus forte, la loi du phénomène étant, à la condition 
de se tenir assez éloigné du terme de la digestion, celle de la propor- 
tionnalité entre la quantité d'acides aminés formés et la quantité de 
caséase entrant en réaclion. 

La différence entre la digestion des laits cru et bouilli, tout en étant 


1419 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


moins forte, dans le cas de la pancréatine de Broussonetia PAPY 
n’en est pas moins très nette. 

C'est ainsi que, dans une de nos expériences, il n’a fallu que 1,2 c.c. 
de liqueur normale de soude pour saturer les acides aminés formés aux 
dépens de 100 c.c. de lait cru, alors que, avec la même quantité de pan- 
créatine, agissant pendant le même temps et à la même température, la 
même quantité de lait bouilli a exigé 2,4 c.c. de cette liqueur alcaline. 

Quelle est la cause de la modification constatée ci-dessus, à la suite 
du chauffage du lait, de sa digestabilité par les pancréatines végétales? 
L'expérience suivante va nous permeltre de répondre partiellement. 

En faisant agir, à 50 degrés, pendant trois heures, 0 gr.06 de pancréa- 
tine de Figuier ou 0 gr. 20 de pancréatine de Broussonetia sur 400c. e.de 
lait cru préalablement chauffé pendant des temps croissants, à des tem- 
pératures croissantes, les quantités de liqueur normale de soude néces- 
saires pour saturer les acides formés par les caséases aux dépens de la 
caséine, ont élé les suivantes (Tableau). 

On voit que le lait cru, chauffé au-dessous de 67 degrés, ne modifie 
pas sa résistance vis-à-vis des caséases de nos deux latex. 


DEMPÉRATURE DE CHAUFFE PRÉALABLE DU LAIT CRU 


DURÉE 


dela 550 | 600 640 670 70° 150 78° 850 1000 


chaufte 


préalable | ; 

du lait. |Gent. cubes de liqueur normale de soude nécessaire poûür neutraliser 
les acides aminés, 

formés dans 100 c.c., de lait par l’action, ‘pendant 3 heures, à 50° : 


I. — Pancréatine du Fiquier 0 gr. 06. 
() 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 
5 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,2 1,0 3,0 4,0 
10 0,0 0,0 0,0 0,2 0,3 0,6 2,5 3,1 4,0 
15 0,0 0,0 0,0 0,3 0,5 1,0 3,0 4,0 4,0 
30 0,0 0,0 0,0 0,3 0,5 1,0 3,) 4.0 3,1 
60 0,0 0,0 0,0 0,3 0,5 1,0 4,0 3,1 3,2 
Il. — Pancréatine de Broussonetia 0 gr. 20. 

1 Ô 1,3 1,3 153 1,3 1,3 1,3 1,3 LS 1,3 
5 1,3 1,3 1,3 1,3 1,4 1,5 1,6 2 » 2,6 
10 1,3 1,3 1,3 1,4 1,5 1,1 1,9 2,4 2,6 
45 1,3 1,3 4,3 1,3 1,6 1,8 2,9 2,6 2,6 
30 de 1,3 1,3 1,5 IE 178 255 2,6 2,6 
0 1.3 ATEN 1,5 1,6 1,8 2,6 2,6 2,6 


Entre 67 degrés et 78 degrés, au contraire, il devient beaucoup moins 
résistant ; mais cette augmentation de digestibilité se fait d’après des 
lois différentes, suivant quele lait est chauflé entre 67 degrés et 75 degrés, 
ou qu'il est porté, àune température supérieure à 15 degrés. De67degrés 
à 15 degrés, la diminution de résistance aux caséases atteint rapidement 


SÉANCE DU 20 MAI 1113 


une limite quise maintient, quelle que prolongée que soit la durée de 
la chauffe. Celle limite est telle que la quantité de soude nécessaire à la 
saturation des acides aminés formés est bien inférieure à celle néces- 
saire dans le cas du lait bouilli: À partir de 75 degrés, la sensibilité du 
lait cru aux caséases végétales croît avec la durée du temps de chauffe 


et n’a d’autres limites que celles du lait bouilli, mais cette limite n'est 


…. atteinte que lentement à 78 degrés (soixante minutes environ), assez 


D pq ha EE SE VA 


rapidement à 85 degrés (quinze minutes), et très rapidement à 100 degrés 
(cinq minutes). 

La marche de la diminution de résistance du lait cru chauffé à ces 
diverses températures, vis-à-vis des caséases de pancréatines du latex de 
Figuier et de Broussonetia est résumée dans le tableau suivant : 


Température de chauffe du lait cru. 
50600 640 610 100 TOUTE 850w%1000 


C.c. de lig. normale soude, nécessaire à la saturation des acides formes 
(nombre maximum). 


Men 0 AR 0 OP DD DIE DRE A k L k 


Broussonetia . . . . . 1,3 153 1,3 495 1,6 1,8 2,6 2,6 2,6 


Or, la lactoglobuline qui accompagne la caséine dans le lait cru coa- 
gule à 67-75 degrés ; la lactalbumine qui se trouve également dans le 
lait cru, coagule à partir de 75-77 degrés. 

Un rapprochement s'impose entre ces températures de coagulation 
par la chaleur des deux albuminoïdes précédentes et les températures 
limites des diminutions de résistance du lait cru aux caséases des 
pancréatines des latex de Figuier et de Broussonetia qui sontles mêmes. 
Nous montrerons dans une prochaine note que ces rapprochements sont 
tels qu’il existe une relation de cause à effet entre les coagulations des 
albuminoïdes du lait coagulables par la chaleur et l’augmentation de 
sensibilité du lait vis-à-vis des caséases, quand, decru, ildevient bouilli. 


ACTION DES ACIDES, DES BASES ET DES SELS DE CALCIUM 
SUR LA DIGESTION DU LAIT PAR LES CASÉASES DES PANCRÉATINES DES LATEX, 


par C. GerBer et H. Guior.. 


1° Acides et alcalis. — Après action, sur 100 c.c. de laits cru et bouilli 
additionnés préalablement de doses croissantes d'HCI et de NaOH, de 
0 gr. 04 de pancréatine du Figuier, pendant trois heures, soit à 50 
degrés, soit à 40 degrés, ou de 0 gr. 20 de pancréatine de Broussonetia 


pendant deux heures à 40 degrés, les quantités de liqueur normale de 


1114 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


soude qu'il a fallu pour saturer les acides aminés formés aux dépens de 
la caséine, par ces pancréatines ont été les suivantes : 


FIGUIER 500 FIGUIER 400 BROUSSONETIA 500 
MOL. MILLIGR. 


HCI ou NaOH. 


par 


Cent. cubes Na0OH normale nécessaire à la saturation. 


litre de lait 
Lait cru. [Lait bouilli.| Lait cru. |Lait bouilli.| Lait cru. |Laït bouilli. 


1-1DOOÈN 


SOS SO © 


0 0 
0 1 
0 3 
0 3 
0 3 
0 3 
0 2 


© © ND CTI =1 CO DD À O © Cr 
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ID CO Ex O7 © On -1 


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SOS © © SSOOS OS 


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C2 U9 CU NO D 


COS RE CRE RES 


s 


a) Figuier. — Quelle que soit la température, les acides sont inca- 
pables de provoquer la formation d'acides aminés aux dépens de la 
caséine du lait cru par une dose de pancréatine, inactive sur ce lait pur; 
d'autre part, à doses faibles et moyennes, ils ne favorisent que très peu 
la digestion du lait bouilli par cette pancréatine et, à doses fortes, ils sont 
nuisibles. C’est ainsi que 18 mol. milligr. d'HCI par litre de lait ont fait 
passer la quantité de NaOH normale nécessaire pour salurer les acides 
aminés formés dans le lait bouilli à 40 degrés, de Oc.c. 7à0 c.c. 9 et à 
50 degrés de 2 c.c. 8 à3 c.c.6, et que 90 mol. milligr l'ont réduit : à 
0 c.c. 2 (40 degrés) et à O0 c. c. 6 (50 degrés). 

Les alcalis agissent sur le lait tout autrement que les acides. En ce 
qui concerne le lait cru : à doses moyennes, ils provoquent en effet sa 
digestion par une quantité de caséase inactive sur ce lait pur; à doses 
fortes, ils permettent encore cette digestion qui, cependant est beaucoup 
plus faible que pour les doses moyennes. 

En ce qui concerne le lait bouilli, ils sont indifférents à doses faibles 
et moyennes et nuisibles à doses fortes. C’est ainsi que 30 mol. milligr. 
de NaOH par litre de lait ont fait passer la quantité de NaOH normale 
nécessaire pour la saturation des acides aminés dus à la pancréatine du 
Figuier : pour le lait cru de 0 e.c. 0 à 0 c.c. 5 (40 degrés) et de O0 c.c. 0 
à 1 c.c. 4 (50 degrés); pour le lait bouilli de 0 c.c. 7 à 4 c. c. (40 degrés) 
et de2cc.8à2 c.c.2 (50 degrés). 


ja bu PT sage re nie de déé: id ii ie 
: ’ 


SÉANCE DU 20 Mai AS 


b) Broussonetia. — Les acides et les bases, tout en agissant d'une 
façon générale dans le même sens sur la digestion du lait par la caséase 
du latex de Broussonetia sont cependant les premiers plus nuisibles, les 
secondes plus favorisantes. 

Des traces d'acide suffisent pour diminuer la quantité d’acides aminés 
formés aux dépens des laits cru et bouilli par cette pancréatine. 6 mol. 
milligr. d'HCI] par litre ont en effet fait tomber la quantité de NaOH nor- 
male nécessaire à la saturation des acides aminés de 1 c.c. 1à 0 c.c. 7 
(lait cru) et de 1 c.e. 9 à 1 c.c. 8 (lait bouiïlli) ; 60 mol. milligr. ont suffi 
d’autre part pour empêcher toute formation d’acides aminés. 

Quant aux alcalis, il suffira de dire que 60 mol. milligr. de soude par 
litre de lait ont fait passer la quantité de liqueur normale alcaline 
nécessaire à la saturation des acides aminés de 1 c.c. Là %c.c. (lait cru 
etdelic.c. 9à3c.c5flait bouilli) pour qu'en comparant ces chiffres à 


-ceux donnés pour le Figuier, on puisse voir combien plus favorable vis- 


à-vis de la caséase du Broussonetia sont les alcalis. 


20 Sels de chaux. — Les sels de calcium sont, à doses faibles, indiffé- 
rents et, à doses moyennes, légèrement nuisibles à la digestion du lait 
par les caséases de nos deux latex, comme cela ressort du tableau ci- 
dessous obtenu en faisant agir à 50 degrés pendant deux heures trente 
0 gr. 02 de pancréaline du Figuier et 0 gr. 20 de pancréatine de Brous- 
sonetia sur 100 c.c. de lait bouilli additionné préalablement de doses 
croissantes de CaCF. 


Mol. milligr. de CaCl® par litre de lait 
( 6 12 18 30 60 90 


Centimètres cubes de liqueur normale de soude. 


Figuier . . . . . . 2.6 2.6 2.6 2.6 2.6 
Broussonetia . . . 2.4 2.4 2.4 2,3 Do) 


On voit que 30 mol. milligr. (Figuier) et12 mol. milligr. (Broussonetia) 
n ont nullement modifié la quantité de liqueur normale de soude néces- 
saire à la saturation des acides aminés formés, qui est restée 2 c.c. 6 
pour le Figuier et 2 c.c. 4 pour le Broussonetia. On voit également 
qu'avec 90 mol. de ce sel, il faut encore 2 c.c. 4 (Figuier) et 1 c.c. 6 
(Broussonetia) de soude pour atteindre le même résultat. 


1446 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


SUR LA PRÉSENCE ET LA PERSISTANCE DE L ACIDE SE SNE PRE 
DANS QUELQUES GRAMINÉES DES PAYS CHAUDS, 


par LAURENT RAYBAUD. 


On a déjà signalé la présence de l'acide cyanhydrique dans certaines 
Graminées telles que le Melica allissima et le Melica nutans ainsi que dans 
le Melica Magnoli, où il a été récemment observé par Mirande (1). Le 
Sorgho, d'après Dunstan et Henry (2), en contient des quantités notables 
à l'état jeune; Treub (3) a montré que la sécheresse l'y accumule. 
Maxwel et J. G. Brunnich (4), et Treub ant montré également ensuite 
que l’engrais azolé en augmente considérablement la production; mais, 
d'après eux, cette substance nocive disparaîtrait tout à fait à la 
floraison, ce qui n’est pourtant pas l’opinion des deux premiers . 
auleurs. 

Ayant cultivé en terrain irrigué, c'est-à-dire dans les conditions les 
moins propres à l'accumulation d'acide cyanhydrique, quelques 
Graminées des colonies françaises, nous y avons recherché cet acide au 
moyen du papier picro-sodé de Guignard (5), procédé qui a ensuite été 
contrôlé par la réaction du bleu de Prusse. 

Pour tous les Sorghos jeunes (26 variélés de la Tunisie, de l'Afrique 
occidentale et de l'Inde) le papier picro-sodé rougissait fortement quand 
nous traitions les tiges et surtoutleurs extrémités, soit en les pilonnant, 
soit en employant le procédé de Mirande. Le papier picro-sodé 
demeurait au contraire toujours jaune quand il s'agissait des racines. 

Les résultats ont été les mêmes pour une Graminée cultivée dans 
l'Inde, l'Eleusine (Æ£. indica, E. coracana), et dans laquelle l'acide 
cyanhydrique, à notre connaissance, n’a jamais été signalé. 

En octobre, le développement de ces plantes, provenant de régions 
très diverses, présentait sous nolre climat, par exception assez froid 
celte année, de grandes différences. Certaines Graminées n'avaient pas 
fructifié, d’autres possédaient des épis encore verts, chez d’autres enfin 
les épis avaient müri. Ces différences nous ont permis de faire des 
observations très intéressantes. 


(1) Mirande. Influence exercée par certaines vapeurs sur la cyanogenèse 
végétale. Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 12 juillet 1909. 

(2) Dunstan et Henry. Cyanogenesis in nie Part II, The great millet, 
Sorghum vulgare Phil. Transactions, Roy. Soc. A. vol., CXCIX. London, 1902. 

(3) Treub. Nouvelles recherches sur le rôle de l’acide cyanhydrique dans les 
plantes vertes. Annales du jardin botanique de Buitenzorg, vol. IT, 1'e partie, 
n° 85, 1909. 

(4) Maxwel et Brunnich. Agricultural gazette of. N.S.W., 2 novembre 19142. 

(5) Guignard. Le haricot à acide cyanhydrique. Revue en 1906. 


5 


PCT ST FO 


éintes i 1. 4). 


4 

; 

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L 
p: 
F 


CURE CR TS 


\ 


SÉANCE DU 20 MAI 1417 


Vers cette fin de saison, quels que fussent le développement etle stade 
évolutif de la plante, l’acide cyanhydrique se localisait toujours fina- 
lement dans la régiou supérieure, où se trouvaient les organes en 
formation ou les grains en voie de maturation. Aïnsi, quand la plante 
n'avait pas fructifié, il était décelé exclusivement à l'extrémité de la tige 
et encore mieux à la base blanche des jeunes feuilles. Quand les. épis 
apparaissaient, il émigrait exclusivement dans ces parties, où il se 
montrait d'autant moins abondant que leur maturité était plus avancée. 
Enfin, quand l’épi était tout à fait mûr, l'acide cyanhydrique avait 
complètement disparu. 


Il résulte donc de ces recherches effectuées sur 26 variétés de Sorghos 
et sur deux espèces d’Eleusine que l’acidé cyanhydrique, dans les 
conditions les moins propres à son accumulation, puisque les plantes 
sont irriguées, s’y trouve en quantilé notable quand elles sont jeunes, 
qu'il émigre plus tard vers les parties supérieures, y subsistant jusqu’à 
la maturation complète des épis, après quoi il disparaît. 

La présence et la disparition graduelle de cet acide, non seu- 
lement dans la tige, mais dans les épis, paraissent confirmer une fois de 
plus le rôle que Treub lui altribue dans la formation des tissus. 


REMARQUES AU SUJET 
DE LA DISPERSION DE Parapodia sinaica FRAUENF. |LÉPiD.|, 


par J. COTTE. 


Ceux de nos collègues qui ontparcouru le Bulletin de la Sociélé Ento- 
mologique de France de l’année dernière ont certainement remarqué les 
deux notes de M. de Joannis au sujet de Parapodia sinaica. Elles ont été 
rédigées au sujet d'un Microlépidoptère cécidogène, qui produit des 
déformations sur les rameaux d'un groupe de T'amarix gallica L., situé 
au parc du Pharo, à côté de l’Institut anatomique de l'Ecole de médecine, 
dans un terrain dépendant de la chaire d'Histoire naturelle. Dans sa 
première note, M. de Joannis, qui croyait l'espèce inédite, à créé pour 
elle le genre Pärapodia et en a fait P. tamaricicolà. Il a pu ultérieurement 
assimiler l'imago à un papillon obtenu par Frauenfeld de galles prove- 
nant de la presqu'ile du Sanaï, et décrit sous le nom de Gelechia sinaica 
(1859). ; 


Il est fâcheux que Frauenfeld n'ait pas spécifié d’une manière qui ne prètât 
à aucune critique le nom du Tamarix qui lui a fourni les cécidies étudiées par 
lui : dans son texte, il estquestion de T. gallica, et sur la légende de la planche 


A1LS RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


qui l'accompagne c’est T. africana qui est désigné, sans nom d'auteur. Je 
pense cependant que Frauenfeld n'avait pas en vue T'. africana Bory et Chaub., 
synonyme de T. tetrandra Pall., dont l’aire de dispersion est plus au nord, si 
j'en juge par ce qu’en dit Boissier dans Flora orientalis ; la voulu parler sans 
doute de T.africana Poiret. Dans les courtes recherches que j'aifaites àce sujet 
je n’ai pas vu cette espèce signalée pour l'Arabie, mais elle existe en Egypte, 
dont la flore a de si grandes affinités avec celle de la presqu'ile du Sinai. 
Quant à T. gallica L., plusieurs de ses variétés doivent se trouver dans la 
région où Frauenfeld a fait ses récoltes. Il nous est donc impossible de savoir 
exactement le nom du végétal qu'il a vu parasité. 


En faisant abstraction de la nature du support et en nous occupant 
seulement des régions d’où est connu le Microlépidoptère, on ne peut 
qu être frappé de la distance considérable qui sépare les deux localités, 
disjointes au suprême degré, du Sinaï et de Marseille. Il est vrai que 
M. Chrétien, un de nos microlépidoptéristes les plus justement réputés, 
comble en partie cet hiatus. Il veut bien me signaler, par lettre, qu'il a 
obtenu le même parasite de galles observées par jui à Biskra, sur les 
rameaux de 7°. brachystylis Bunge, ce qui nous indique que le parasite 
s'attaque à des espèces du genre l’amarix assez éloignées les unes des 
autres. | 

L'observation de M. Chrétien fait bien connaître une station nouvelle, 
intermédiaire entre celles qui limitent actuellement pour nous l’aire de 
dispersion du parasite, mais elle n’éclaireit pas complètement ce petit 
point de géographie zoologique. Le climat de Biskra est en effet plus 
voisin de celui de l'Arabie que de celui de la Provence, et du peu que 
nous savons actuellement sur la répartition du Parapodia, il ne semble 
pas que le parc du Pharo constitue pour lui un habitat normal. 

Nous avons presque tout à apprendre encore sur la cécidologie du 
nord de l'Afrique; le beau travail que Houard lui a consacré récemment 
ne comprend que 343 numéros, chiffre peu élevé si nous remarquons 
que, pour la Provence seule, je connais déjà 850 cécidies environ. Il serait 
donc prématuré de vouloir tirer une déduction quelconque du fait qu’a- 
vant M. Chrétien aucun observateur n'avait signalé le Parapodia au 
nord de l'Afrique. On peut toutefois faire remarquer que les populations 
musulmanes, depuis fort longtemps, ont largement recours aux galles 
des Zamarix dans un but industriel, et que les pèlerins de la Mecque 
ont pu disperser, dans tout le nord de l'Afrique, des cécidozoaires venus 
de l’Arabie. C'est là une hypothèse que l’on ne peut formuler que d’une 
manière extrêmement vague. 

C'est à des hypothèses que l’on doit avoir recours aussi pour expliquer 
la présence à Marseille du parasite des Z'amarix. Mais je puis insister 
sur ce fait que les cécidies de 7’. gallica sont actuellement localisées sur 
quelques pieds bien abrités du parc du Pharo, au bord de la mer, tout 
près de la route suivie par les navires qui reviennent de l'Orient. Le 


SÉANCE DU 20 MAI 1119 


parc du Pharo constitue, avec les jardins des villas de la Corniche, une 
sorte d'oasis de verdure qui frappe immédiatement l'œil du voyageur à 
son arrivée devant le port de Marseille. Les animaux sont également 
attirés par lui. On a très souvent l’occasion d'y capturer des oiseaux 
exotiques. évadés des navires qui les amenaient. MM. Aubert et Guérin 
nous ont signalé ici même (1908) qu'ils ont observé dans le parc un Ste- 
gomyia fasciata (Fabr.) [Dipr.|, évidemment venu de quelque navire 
aussi, puisque l'espèce ne paraît pas pouvoir s’acclimater chez nous ni 
même s’y implanter d'une manière tant soit peu durable. 

Et l’on peut probablement attribuer une origine analogue à la petite 
station de Parapodia sinaica du Pharo, que j'observe depuis plusieurs 
années. La vie gallicole, qui affranchit l'individu, dans une large mesure, 
des conséquences fächeuses que pourrait avoir la variabilité des condi- 
tions extérieures, a permis au parasite, venu de la mer Rouge ou du nord 
de l'Afrique, plutôt sans doute de la mer Rouge, de se reproduire sur ce 
recoin de la côte provencale, cequirend sa fixation définitive sans doute. 
Mais la station est encore bien réduite, etsi tous les Z'amarix de ce recoin 
du parc étaientsoumis au sécateur des jardiniers, peut-être aurait-elle été 
complètement détruite, malgré les deux générations annuelles du para- 
site. Il est à présumer que le Parapodia y est d'introduction relativement 
récente, ce qui expliquerait pourquoi il est resté cantonné jusqu'à main- 
tenant sur les quelques pieds où je l'ai découvert : je n’ai pas encore pu 
le voir ailleurs, malgré des recherches assez prolongées. Nous serions 
là en présence d'une espèce adventice, analogue à ce Trifolium Savianum 
Guss. [LÉGUMIN.|, à ce Vausibius clavicornis Kugel. [Cocéopr.| et à tant 
d’autres espèces qui nous sont manifestement venues de l'étranger, 
depuis une époque assez récente et dont l'introduction tend à modifier 
d'une manière continue le facies de notre faune et de notre flore et contri- 
bue à rendre fort délicates en Provence les recherches de zoogéographie 
et de phytogéographie. 


Li 


1121 


REUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


SÉANCE DU 20 MAI 


1913 


SOMMAIRE 


Coin (R.) : Les granulations li- 
poiïdes de la substance grise chez 


CuExor, Brunrz et MERCIER : Quel- 
ques remarques physiologiques sur 


ROME NEA TE Eee Ep eZ 56 | les néphrocytes (Réponse à MM. P. 
Cozzin (R.) : Les mitochondries BOITE ANGEL) MARNE ERA 63 
des cellules névrogliques à expan- Durour(M.) : Diploscope et simu- 
sions longues dans la substance lation OPEN EEE TS 65 
blanche de la moelle chez l'homme. 58 Durour (M.) : Sur l'éclairage en- 
Cuénoz, Brunrz et MercIER : Exa- doscopique (Deuxième note). . . .. 66 
men des critiques faites à la mé- JANNIN (L.) et VERNIER (P.) : À pro- 
thode des injections physiologiques pos des genres Zymonema et Myco- 
(Réponse anMM P Bouin et Ancel}M 59) dermar is MNT ne 69 
Cuéxor Brunrz et Mercter : Les . SARTORY (A.) et ORTICONT (A.) : 
cœurs branchiaux des Céphalopodes Etude d’un Sporotrichum prove- 
ont-ils une fonction excrétrice ? (Ré- nant d'une sporotrichose d’un mé- 
ponse à MM. P. Bouin et Ancel). . . 61 | ÉACAR DINAN RES NS AT UNS US CI OUR 68 


Présidence de M. Meyer. 


LES GRANULATIONS LIPOÏDES DE LA SUBSTANCE GRISE CHEZ L'HOMME, 


par R. CoLrin. 


Nageotte a décrit, en 1909, des granulations lipoïdes situées dans la 
substance grise, en dehors du corps des cellules nerveuses. J'ai repris 
cette année l'étude histologique de ces formations en utilisant des 
pièces prélevées chez un supplicié peu de temps après la mort. 

Quand on examine une coupe colorée par la fuchsine acide ou l’héma- 
toxyline au fer après fixation par le formol-liquide de Müller, on est 
surpris de constater que les neurones de la substance grise des centres 
baignent en quelque sorte au milieu d’un semis extrêmement dense de 
mes granulations qui présentent les réactions et la taille (moins de 
1 y: de diamètre) indiquées par Nageotte. Il semble que les cellules ner- 
veuses sont plongées en quelque sorte dans une très fine émulsion de 
substance lipoïde. 


1122 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (51) 


Quel est le siège exact de ces granulations? 

Telle est la question qui se pose immédiatement en présence de ces 
myriades de corpuscules. Nageotte a supposé qu'il s'agissait de granu- 
lations incluses soit dans les ramifications ultimes des prolongements 
nerveux, soit dans les cellules de la névroglie, soit dans le réseau de 
Golgi, soit enfin dans le plasma interstitiel. 

Rejetant la première de ces hypothèses, et à juste titre, il a été amené 
à effectuer des observations qui sont en faveur de la seconde. Si, en 
effet, on examine les filaments névrogliques qui traversent l’espace 
clair que la fixalion provoque autour des vaisseaux de l'axe gris et 
autour des grandes cellules nerveuses, on constate que ces filaments 
contiennent dans leur substance des granulations analogues à celles 
qui nous occupent. 

Il est indéniable que les cellules névrogliques renferment de nom- 
breuses granulations lipoïdes. Il ne nous semble pas, toutefois, que les 
innombrables mitochondries extraneuronales soient toutes incluses 
dans le corps et les expansions des cellules névrogliques. 

Nous sommes en mesure de confirmer tout d'abord, par une raison 
nouvelle, l'indépendance absolue des mitochondries extraneuronales et 
des expansions nerveuses. En effet, la fixation à l'alcool ammoniacal, 
suivant la formule de Cajal, conserve les granulations lipoïdes de la 
substance grise. Sur les pièces traitées avec succès par la méthode 1 
l’argent réduit et où les neurones sont parfaitement imprégnés jusqu à 
leurs ramifications ultimes, on observe, dans les points où l’imprégna- 
lion a été intense et qui présentent un ton chaud brun rougeûtre, 
une multitude de granulations mesurant moins de 1 w de diamètre, 
parfaitement indépendantes des plexus amyéliniques et comblant tous 
les espaces compris entre les branches des arborisations nerveuses. 
L'observation simultanée des granulations lipoïdes et des expansions 
nerveuses sur une même coupe montre donc indubitablement leur 
indépendance. 

On peut objecter que celte démonstration n'infirme pas l'hypothèse 
de l'inclusion des granulations en question dans les cellules névro- 
gliques dont les noyaux seuls sont mis en évidence par la méthode à 
l'argent réduit. Mais pour qu'il soit permis d'admettre que toutes les 
granulations lipoïdes sont contenues dans le corps et les expansions des 
cellules névrogliques, il faudrait supposer que celles-ci comblent tous 
les espaces compris entre les branches des arborisations nerveuses, 
puisque ces espaces nous apparaissent bourrés par les granulations 
lipoïdes. Or, même en supposant que les cellules névrogliques et leurs 
expansions aient un développement égal à celui des neurones et de 
leurs ramifications, et en combinant par la pensée les deux images, il 
reste encore des espaces libres contenant dés granulations lipoïdes 
indépendantes des cellules nerveuses et des cellules névrogliques. 


(58) SÉANCE DU 20 MAI 1123 


Nous sommes donc portés à penser que les expansions nerveuses de 
la substance grise (écorce cérébrale et couche moléculaire du cervelet), 
comme aussi les expansions névrogliques, baignent dans un plasma 


-interstitiel extrêmement riche en granulations lipoïdes. Ces granulations 


et leur support plasmatique constilueraient en somme une véritable 
substance fondamentale pour les cellules nerveuses. 

La parenté de forme et de réactions de ces granulations et de celles 
qu on observe dans le corps des cellules névrogliques nous ineline à 
croire qu'elles tirent leur origine de ces derniers éléments. 


(Laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine de Nancy.) 


LES MITOCHONDRIES DES CELLULES NÉVROGLIQUES A EXPANSIONS LONGUES 
DANS LA SUBSTANCE BLANCHE DE LA MOELLE CHEZ L'HOMME, 


par R. CoLLin. 


Les cellules névrogliques de la substance blanche de l’homme sont le 
support de granulations mitochondriales nombreuses que la fuchsine 
acide ou l’hématoxyline au fer après fixation au formol-Müller mettent 
facilement en évidence, Il est assez curieux de constater d’ailleurs que 
la richesse des cellules névrogliques en mitochondries est d'autant 
plus grande que la névroglie elle-même est plus abondante. Dans les 
observations que nous avons faites, la névroglie était plus développée 
au niveau des cordons postérieurs (particulièrement des cordons de Goll) 


qu'au niveau des cordons antéro-latéraux. Il semble que l'abondance 


de la névroglie soit en raison inverse du diamètre des tubes à myéline. 
En prenant comme base de description les points où les cellules névro- 


gliques présentent leur développement maximum, on observe la 


structure suivante, avec les méthodes indiquées. La cellule névroglique 
se compose d’une masse de protoplasma renfermant un noyau sombre, 
ovalaire ou sphérique. Cette masse protoplasmique forme une véritable 
coulée entre les tubes à myéline adjacents et s’anastomose avec les 
expansions protoplasmiques semblables des cellules névrogliques voi- 


sines. Chaque tube à myéline est séparé de ses voisins par une travée 


protoplasmique plus ou moins épaisse suivant le rapprochement des 
tubes. Quand ces derniers sont tangents, c’est une simple lam®lle proto- 
plasmique qui les sépare. Quand ils sont écartés, on observe entre eux 
une travée épaisse de la coulée névroglique. Dans les mailles du 


réseau syncytial ainsi constitué, on observe non seulement les tubes 
” 


à myéline, mais encore des vaisseaux sanguins. Le protoplasma pé- 


rinucléaire de la cellule névroglique est généralement dépourvu de 
mitochondries. 1l n’en est pas de même des expansions anastomosées 


1124 | RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (59) 


qui embrassent les tubes à myéline et les vaisseaux sanguins. Celles-ci 
sont bourrées de granulations sphériques ou en forme de bâtonnets 
très courts, granulations plus petites que celles de la substance grise. 
Ces granulations qui prennent avec avidité la fuchsine acide ou la laque 
ferrique donnent au protoplasma qui les renferme un aspect sombre. 
Les tubes à myéline, plus clairs, remplissent les mailles de ce réseau 
mitochondrial, à travées épaisses. Autour des vaisseaux sanguins qui 
cheminent dans les septa névrogliques qui subdivisent incomplètement 
les cordons blancs, il existe toujours une accumulation considérable 
de mitochondries incluses dans des expansions protoplasmatiques de 
la névroglie. ù 

La névroglie périmédullaire est également le support de nombreuses 
granulations. L’hématoxyline au fer met parfois en évidence, au sein 
des cellules névrogliques, des fibrilles névrogliques qu’on peut suivre 
sur une longueur plus ou moins grande. Ces fibrilles sont indépen- 
dantes des mitochondries et cheminent en général au sein d’un proto- 
plasma dépourvu de ces formations. Le protoplasma névroglique 
périnucléaire renferme parfois une vacuole. 

Contrairement à ce qui se passe dans la substance grise, les mito- 
chondries de la substance blanche médullaire semblent toujours incluses 
dans le corps et Les expansions de la cellule névroglique. D'une abon- 
dance remarquabie dans les cordons postérieurs et surtout les cordons 
de Goll, les milochondries et le protoplasma névroglique sont incompa- 
rablement moins développés au niveau des cordons antéro-latéraux. 


(Laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Nancy.) 


EXAMEN DES CRITIQUES 
FAITES A LA MÉTHODE DES INJECTIONS PHYSIOLOGIQUES. 


Réponse à MM. P. Bouin et ANGEt, 


par CUÉNOT, BRUNTZ et MEeRGIER. 


Il est un fait d'expérience facile à constater : si on injecte dans la 
cavité générale de petits animaux transparents (Crevettes, par exemple) 
une faibié quantité d’une solution de carmin ammoniacal, on remarque 
que si le colorant ne s’élimine pas, l'animal meurt; au contraire, si le 
colorant disparaît du sang, l'animal demeure bien portant. 

Quel est le mécanisme de cette élimination ? I est compliqué; mais 
ne retenons que les phénomènes suivants très apparents : 1° l'animal, 
d’abord uniformément rouge, se décolore au bout d’un certain temps 
(une heure, par exemple) ; 2° des cellules d'organes bien connus pour 


(60) À SÉANCE DU 20 MAI 1195 


posséder sans conteste une fonction excrétrice (reins antennaires) ren- 
ferment des grains colorés en rouge ; 3° des cellules closes (appelées 
néphrocytes par beaucoup d'auteurs), isolées ou groupées, renferment 
également des grains rouges. 

Ainsi, deux sortes d'éléments, des cellules rénales et les néphrocyles, 
ont débarrassé l'animal du produit injecté (produit étranger et inutile à 
l'organisme, comme le sont les excréta physiologiques). Les deux sortes 
de cellules ont extrait du sang la couleur injectée, par un lent méca- 
nisme glandulaire, elles l'ont fixée et concentrée dans des vacuoles ou 
sur des boules et des grains spéciaux. Quand on à vu fonctionner 
pareillement, sous ses yeux, les deux sortes de cellules, on ne peut pas 
refuser à l’une une fonction excrétrice que l’on attribue évidemment à 
l’autre. | 

Cette manière de voir est d'ailleurs corroborée par un certain nombre 
de faits, parfaitement concordants, que l’un de nous (1) a autrefois 
groupés dans un mémoire. Mais tout récemment, MM. P. Bouin et 
Ancel (2) ont critiqué d’une façon tout à fait générale l'interprétation 
des résultats fournis par la méthode des injections physiologiques. 

Ils pensent qu'aucun fait ne permet d'établir la preuve certaine que 
les cellules fixant les matières colorantes des injections physiologiques 
ont une fonction excrétrice, et « qu'on doit tenir pour injustifiées toutes 
les conclusions basées sur l'emploi de cette méthode quand elle est 
appliquée à des éléments dont le rôle excréteur n’a pas été antérieure- 
ment démontré ». Nous tenons à remettre les choses au point. 

I. On sait que des cellules incontestablement excrétrices (cellules à 
urates des Insectes, des Ascidies, etc.) renferment des concrétions ou 
des cristaux, dont on a pu déterminer exactement la nature chimique. 
Or, les cellules que l’on interprète comme néphrocytes ont très fré- 
quemment un contenu morphologiquement analogue, ce qui permet de 
présumer une analogie fonctionnelle. Nous ne prétendons pas qu'en 
dehors de produits de déchet cristallisés, il ne puisse exister ailleurs 
des eristaux dans des cellules; mais encore, les exemples cités par 
MM. P. Bouin et Ancel se réfèrent-ils plutôt à des cristalloïdes pro- 
téiques qu'à de vrais cristaux (3). L’argument analogique que nous 
avons présenté conserve donc toute sa force. 


(4) Bruntz. Sur le rôle excréteur des cellules (néphrocytes) qui éliminent les 
liquides colorés des injections physiologiques. Ann. Sc. Nat., zool., t. X, 
p. 265, 1910. 

(2) P. Ancel et P. Bouin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1. LXXIV, 
p- 808, 1913. — P. Bouin et P. Ancel. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
t. LXXIV, p. 890, 1913. 

(3) Von Winiwarter. Etudes sur la Spermatogénèse humaine (I. Cellule de 


Sertoli. — II. Hétérochromosome et mitoses de l’épithélium séminal). Arch. 
de Biologie, t. XX VII, p. 91, 1912. 
BioLocie. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 18 


1196 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (61) 


LES COURS BRANCHIAUX DES CÉPHALOPODES 
ONT-ILS UNE FONCTION EXCRÉTRICE ? 


Réponse à MM. P. Bouin et ANCEr, 


par Cuénor, BRuNTz et MERCIER. 


Il. — On sait depuis les recherches de Kowalevsky et de l’un de 
nous (1) que les cellules closes des cœurs branchiaux des Céphalopodes 
éliminent électivement le carmin ammoniacal injecté dans le système 
sanguin, et que l’on s’est basé sur cette propriété pour leur attribuer la 
signification de cellules excrétrices ; nous avons confirmé ensuite celte 
manière de voir (2) en extrayant de ces cellules des sels ammoniacaux 
et des corps xanthiques, c'est-à-dire des produits de la désintégration 
des substances azotées. 

MM. P. Bouin et Ancel, d’une part, ont critiqué la méthode que 
nous avons suivie pour aboutir à la caractérisation des corps xanthiques, 
et, d'autre part, ont affirmé que la présence de ces corps ne permet 
nullement d'attribuer une signification excrétrice aux cellules des cœurs 
branchiaux. 

A. Méthode d'extraction des corps xanthiques.— Nous nous permettrons 
de rappeler d’abord là méthode suivie : des cœurs branchiaux d’Octopus 
vulgaris, desséchés et pulvérisés, sont épuisés successivement par l'alcool, 
l’éther et le chloroforme. Le résidu est traité par une solution de soude 
à O gr. 50 p. 1000 (et non pas à 10 p. 1000, comme nous le font dire 
MM. P. Bouin et Ancel), qui dissout complètement les concrétions cellu- 
laires, comme on peut s’en assurer au microscope, en laissant intacts, 
autant qu’on peut en juger, les cytoplasmes et les noyaux ; cette solution 
ne renferme donc que la substance des concrétions, et il est tout à fait 
invraisemblable et gratuit de supposer que le traitement a en outre 
désintégré la molécule des nucléoprotéides des noyaux ; on sait, en effet, 
que pour les hydrolyser jusqu’à mettre en liberté les bases puriques et 
pyrimidiques, il faut ou l’action de diastases spéciales, ou des traitements 
par l'eau surchauffée à 150 degrés, ou bien par des solutions d’acides 
forts relativement concentrés, ou encore l’action prolongée de liqueurs 
alcalines beaucoup plus concentrées que celle que nous avons utilisée. 


La solution sodique très légèrement colorée par des traces de pigment est 
traitée par la mixture ammoniaco-argentico-magnésienne (formule Denigès) ; 


(1) Cuénot. L’excrétion chez les Mollusques. Arch. de Biologie, 16, 1899, p. 49. 

(2) Cuénot, Gonet et Bruntz. Recherches chimiques sur les cœurs branchiaux 
des Céphalopodes. Démonstration du rôle excréteur des cellules qui éliminent 
le carmin ammoniacal des injections physiologiques. Arch. Zool. exp., 4° série, 
9, 1908, Notes et Revue, p. XLIX. 


\ 


(62) SÉANCE DU 20 MAI 1127 


elle donne un précipité qui est lavé et mis en suspension dans de l’eau distillée 
très légèrement alcalinisée par une trace de soude. On fait passer dans cette 
eau un courant d'hydrogène sulfuré jusqu’à saturation ; on filtre et la solution 
est évaporée à sec. Le résidu, traité au bain-marie par l'acide nitrique, donne 
une coloration faiblement jaune ; si on ajoute une goutte de potasse, la colo- 
ration passe au jaune orangé : ce sont des réactions caractéristiques des corps 
æanthiques. La solution sodique, décolorée par le noir animal pur et traitée 
comme ci-dessus, donne la même réaction ; la poudre de cœurs desséchés, 
traitée par l’eau bouillante, fournit un liquide qui, filtré et évaporé à sec, 
laisse un résidu sur lequel nous avons encore obtenu la réaction des corps 
xanthiques. 


Nous savons très bien que cette réaction est connue sous le nom de 
réaction des corps xantho-protéiques ; mais comme nous avons évidem- 
ment éliminé les corps protéiques par les traitements préalables, nous 
sommes parfaitement en droit de dire que les réactions observées sont 
caractéristiques des corps xanthiques, étant données les conditions dans 
lesquelles elles se sont produites. La méthode suivie est classique et 
maintes fois éprouvée, et la surprise manifestée par MM. P. Bouin et 
Ancel n'a vraiment pas de raison d’être. 

B. £a présence de corps xanthiques dans des cellules est-elle une prér 
somption d'une fonction éliminatrice? — MM. P. Bouin et Ancel ne 
comprennent pas que le fait de trouver dans des cellules une quantité 
notable de bases puriques constitue un argument pour attribuer à ces 
éléments une signification excrétrice ; ils font remarquer que ces déchets 
sont produits par les diverses cellules de l'organisme, et que la cellule 
rénale (de quel animal?) n’en renferme pas plus qu’une autre cellule 
quelconque, les bases puriques ne faisant qu'y passer. Cette dernière 
affirmation est certainement inexacte : dans la cellule rénale des Mam- 
mifères, on trouve parfaitement des granulations d'acide urique que l’on 
peut mettre en évidence par différentes méthodes microchimiques; les 
cellules rénales ouvertes des Oiseaux, des Reptiles, des Aelix, du 
Phascolion strombi, etc., renferment dans leur cytoplasme des concrétions 
volumineuses de guanine ou d'acide urique, substances qui S'y accu- 
mulent pendant un temps avant d’être expulsées au dehors. Si des 
déchets azotés aussi incontestables que les bases puriques se rencontrent 
ainsi dans certaines cellules rénales ouvertes, leur présence en quantité 


_ notable, sous la même forme de concrélions, dans des cellules closes, 


est donc un très bon argument pour attribuer à celles-ci une signification 
excrétrice, et il était légitime d'en user pour les néphrocytes des cœurs 
branchiaux du Poulpe. 

C. Les néphrocytes à carmin soluble chez les autres Mollusques. — Il 
ne faut pas oublier que les néphrocytes à carmin soluble qui sont logés 
en masse dans le conjonctif des cœurs branchiaux des Céphalopodes ont 
leurs correspondants chez tous les autres Mollusqués : dans les divers 


1128 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY ° (63) 


groupes, en effet, il existe des néphrocytes à carmin soluble qui pré- 
sentent des dispositions topographiques assez variées, mais dont 
l'homologie ne peut soulever aucun doute : chez les Amphineures, les 
Solénoconques et les Gastropodes, ce sont des cellules éparses dans le 
conjonctif; chez les Pecten maximus et varius, ces éléments, encore 
répandus dans le conjonctif général, présentent une agglomération dans 
les oreillettes {rappelant exactement celle des cœurs branchiaux des 
Céphalopodes), puis les néphrocytes passent à la surface externe des 
oreillettes (Mytilus edulis\, leurs produits d’excrétion tombant désormais 
dans la cavité péricardique; enfin l’épithélium péricardique se diffé- 
rencie en énormes glandes palléales (Cardium, Mya, etc.). Toutes ces 
cellules, d'aspect et de structure très comparables, éliminent électivement 
le carmin soluble et le tournesol des injections physiologiques ; leurs 
grains ou vacuoles cytoplasmiques ont toujours une réaction fortement 
acide. Parfois, on a pu déterminer d’une facon plus ou moins exacte la 
composition chimique du contenu de ces cellules : des organes péricar- 
diques de Pecten maximus et de Cardium, Letellier a extrait de l'acide 
hippurique et de l’hippurate de soude ; l’un de nous a indiqué que les 
néphrocytes conjonctifs de Paludina vivipara, qui fonctionnent comme 
des reins d'accumulation, renfermaient très probablement de l'acide 
hippurique cristallisé, et enfin, on a vu plus haut le résultat de nos 
recherches sur les cœurs branchiaux des Céphalopodes. Tant qu'on 
n'aura pas démontré, en les recommencant, que ces analyses sont tout à 
fait erronées, on est obligé d’en tenir compte. 

Il nous paraît donc solidement prouvé, par les faits actuellement 
acquis, que les cellules qui prennent le carmin soluble chez les Mol- 
lusques sont des cellules éliminatrices, accumulant ou transformant des 
déchets solubles, acides, provenant selon toule probabilité de substances 
azotées. Ajoutons, sans insister sur cet argument plus qu'il ne convient, 
que cette manière de voir est généralement adoptée par les zoologistes, 
moins difficiles sans doute que MM. P. Bouin et Ancel, et reproduite 
dans les Traités classiques. 


QUELQUES REMARQUES PHYSIOLOGIQUES SUR LES NÉPHROCYTES. 


Réponse à MM. P. Bouin et ANCEL, 


par CuÉNoT, BRUN1Z et MERCIER. 


III. — Il est de connaissance banale que les liquides excrémentitiels 
des Mammifères (bile, urine) ont un pouvoir toxique caractéristique ; il 
était intéressant de rechercher, sur un matériel favorable, si l’on pouvait 
déceler une toxicité analogue dans un extrait fabriqué avec des cellules 


Li, 


: LE 


SÉANCE DU 20 MAI 11929 


closes, déjà désignées comme excrétrices par la méthode des injections 
physiologiques (en l'espèce les néphrocytes branchiaux de l’Écrevisse) ; 
comme il s’accumule visiblement dans le cytoplasma de ces cellules des 
produits que la théorie amène à considérer comme des déchets, un extrait 
renfermant ces produits doit avoir une toxicité qui ne saurait le céder à 
celle d'un liquide urinaire ; or, l'expérience donne un résultat positif : 
l'extrait sodique des néphrocytes branchiaux d'Écrevisse est très toxique 
pour cet animal. 

MM. P. Bouin et Ancel ont objecté que cette expérience était sans 
valeur, bien des extraits d'organes quelconques étant loxiques, et la 
macération de rein (de Mammifère ?) ne l'étant pas plus que celle de 
beaucoup d’autres organes. C'est fort possible, mais sans aucun rapport 
avec la question ; l'expérience faile sur l'Écrevisse n’est valable que pour 
cette espèce et pour les amas de cellules branchiales considérées comme 


- néphrocytes ; la non-toxicité de l'extrait de ces cellules, d’où l’on a 


enlevé certainement ce qui apparaît comme un produit d’excrétion accu- 
mulé, aurait été au contraire une très forte présomption contre leur rôle 


_excréteur. 


IV. — L'un de nous a fait remarquer que les cellules néphrocytaires 
fonctionnent comme celles des reins ouverts, non seulement parce 
qu elles offrent toujours, soit normalement, soit expérimentalement, les 
mêmes images cytologiques, mais aussi parce qu’elles présentent dans 
certains cas des variations curieusement parallèles de leur contenu (par 
exemple Thysanoures, voir Bruntz). Il nous semble que des éléments 
qui présentent des aspects comparables, un mode de fonctionnement 
semblable, des variations concomitantes, peuvent être rapprochés et 
homologués, sans qu’on puisse être accusé d'induction fautive. La 
comparaison s'impose d'autaut plus que, dans certains cas, les néphro- 
cytes peuvent suppléer efficacement lesreins ouverts : par exemple, voici 
un animal (Batracien) dont, à l’état normal, les reins ouverts éliminent 
activement le carmin soluble injecté, qui est également pris, mais à très 
faible dose, par des néphrocytes endothéliaux ; or, nous avonsrencontré 
un cas absolument net de suppléance entre ces derniers éléments et le 
rein qui, pour une cause inconnue, avait été hypofonctionnel ; et nous 
pouvons assurer que si le carmin ammoniacal, non enlevé par les reins 
déficients, ne l'avait pas été par les néphrocytes, l'animal serait mort à 
bref délai. Nous ne voyons pas qu'il yaitfaute en attribuant aux néphro- 


cytes une fonction épuratrice que nous avons vue à l’œuvre. 


Conclusion. — Pour revenir au point de départ de cette polémique 
sur la valeur des injections physiologiques, à savoir le rôle néphrocy- 
taire des cellules de l'utérus des Mammifères qui prennent le carmin 


soluble, nous ferons simplement remarquer que ces cellules présentent 


1130 | RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (65) 


E2 


un aspect identique àcelui des néphrocytes de beaucoup de Mollusques, 
qu’elles possèdent la même propriété d'extraire électivement des liquides 
qui les baignent le tournesol et le carmin soluble, qu'elles ont la même 
réaction fortement acide ; on est donc autorisé, au moins comme hypo- 
thèse de travail et jusqu'à preuve du contraire, à regarder comme 
physiologiquement analogues les néphrocytes ou néphrophagocytes des 
Mollusques, Crustacés, Chilopodes, Diplopodes, Insectes, Arachnides, ete , 
et ceux des Vertébrés ; et comme tout concorde pour attribuer aux 
premiers un rôle dans l'éliminalion des déchets de l'organisme, il nous 
parait difficile de le refuser aux seconds. 


DiPLOSCOPE ET SIMULATION, 


par M. Durour. 

Le diploscope est un instrument qui permet d'imposer à la ligne de 
visée de chacun des yeux du sujet qui regarde dans l'instrument une 
direction déterminée, et l’oculiste connaît, à chaque instant et dans 
chaque expérience, la direction des deux lignes de visée. On peut d’une 
manière générale distinguer deux facons d'employer le diploscope : 
1° On peut imposer aux lignes de visée une direction déterminée et en 
profiter pour faire contracter au sujet certaines habitudes relatives à la 
direction de son regard : c’est l'application du diploscope à la théra- 
peutique. 2° De ce que le patient est capable de voir dans l'instrument, 
on peut déduire s’il a la vision binoculaire normale ou défectueuse : 
c'est l'application du diploscope au diagnostic. 

J'ai signalé moi-même ici, en 1909, que, pour l'usage thérapeutique, 
il convenait de modifier l’écartement des trous du diploscope selon la 
distance des yeux du sujet. Pour un certain nombre d'applications, il 
peut y avoir avantage à employer un instrument d'un modèle très per- 
fectionné, permettant de faire facilement certaines constatations ou 
certaines mesures délicates. Mais Les instruments perfectionnés, tels que 
le dernier modèle construit sur les indications de mon ami Je D' Polack, 
sont naturellement d’un prix assez élevé, et un certain nombre d'ocu- 
listes peuvent reculer devant cette dépense pour un instrument dont ils 
n’ont pas encore apprécié l'utilité. 


Je voudrais insister aujourd'hui sur ce point que, pour l'usage le plus: 


fréquent que nous ayons à faire du diploscope, pour la recherche de la 
simulation, il n’est pas nécessaire d'avoir un appareil aussi perfec- 
tionné. Peu nous importe que les lettres situées sur l'écran de fond 
soient vues par le sujet exactement au milieu des trous de l'écran per- 
foré; nous pouvons réaliser un diploscope suffisant pour découvrir la 


(66) l SÉANCE DU 20 MAI 1131 


simulation en prenant simplement deux planchettes ou deux feuilles de 
carton disposées verticalement sur une table, ou sur une tige horizon- 
tale le long de laquelle on puisse les déplacer. En moyenne on placera 
ces deux écrans à une distance de 60 centimètres l’un de l’autre. L'écran 
perforé sera percé de deux trous de 2 centimètres de diamètre ayant un 
écart de 6 centimètres de centre à centre et sera placé à 60 centimètres 
du sujet. L'écran plein portera quatre lettres séparées par des intervalles 
de 6 centimètres d’axe à axe. Un réalisera ainsi l'expérience à quatre 
lettres. Pour l'expérience à trois lettres, les centres des deux trous 
seront distants de 3 centimètres et les axes des lettres de 6 centimè- 
tres. L'écran perforé sera assez large pour masquer complètement 
l'écran de fond. On pourra placer des verres colorés sur les trous et 
devant les yeux du sujet. 

Il faut avoir soin, pendant l'expérience, que le sujet ne cligne pas; on 
pourra au besoin se servir de blépharostats. 

L'instrument peut être ainsi construit pour un prix minime, ce qui 
est de nature à en généraliser l'emploi. 


SUR L'ÉCLAIRAGE ENDOSCOPIQUE. Ù 


Deuxième note, 


par M. Durour. 


Le cystoscope est un endoscope qui permet d'examiner des régions 
que l’on ne pourrait explorer en vision directe. A cet égard, il n’est pas 
sans analogie avec les périscopes dont sont munis les bateaux sous- 
marins. Comme tous les autres, ce type d'instruments d'optique peut 
être établi d’après certaines règles générales qui permettent de lui 
assurer les qualités répondant à son but. Mais il faut bien reconnaître 
que, au début de la cystoscopie, au lieu de faire une étude raisonnée du 
cystoscope, on a plutôt procédé par tâtonnements empiriques. Aujour- 
d'hui il semble qu'on soit sorti de la période empirique et qu'on ait 
dégagé certains principes généraux permettant d'obtenir de meilleurs 
résultats. Je signalerai dans ce sens les travaux de M. le D’ M. von Robr, 
<ollaborateur scientifique de la Maison Carl Zeiss, et de M. le D' O. Rin- 
gleb (1). 

Les perfectionnements ont porté sur divers points : 

(4) Voir en particulier : M. von Rohr, Ueber Verbesserungen an den optis- 
chen Systemen der Cystoskope, Zeitschrift für Urologie, 1914, Band V; et 
0. Ringleb, Le Cystocope moderne. Annales des maladies des organes génito- 
urinaires, n° 19. 


er ee te, 1 UN SIP: 0 
; PRES DNS NC PE TRE) 


1132 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (67) 


L’éclairage est assuré par une lampe à incandescence à filament 
métallique introduite dans la vessie au bout de l'instrument. On a cher- 
ché à obtenir dans le cystoscope une image qui au lieu d’être asymé- 
trique par rapport à l’objet lui soit semblable. Cette condition favorise 
beaucoup l'orientation de l’observateur qui examine l'intérieur de la 
vessie et rend plus aisées les interventions qui s’exécutent sous le 
contrôle de la vue. Pour obtenir ce redressement de l’image, on a eu 
recours à divers syslèmes catadioptriques, chaque réflexion du faisceau 
lumineux étant accompagnée d'un retournement de l’image. Le modèle 
auquel M. Ringleb s'est arrêté comprend un prisme réfléchissant spé- 
cial(Amicische Dachprisma) qui, grâce à deux réflexions totales, donne à 
lui seul pour un objet horizontal une image verticale renversée, que 
redresse le système optique du cystoscope. 

On a cherché à augmenter l'intensité lumineuse de l’image : ici inter- 
vient la théorie des pupilles des instruments d'optique. Dans les pre- 
miers cystoscopes la pupille d'entrée était toute petite (environ 0,22 mil- 
limètres de diamètre, et même moins pour certains types); il pénétrait 
donc très peu de lumière dans l'instrument. De plus la pupille de sortie 
n’avait guère qu'un millimètre, et les images étaient défectueuses parce 
que le faisceau émergent doit avoir au moins deux millimètres pour 
être perçu par l'œil d’une façon satisfaisante. Il importait donc d’agran- 
dir la pupille d'entrée et la pupille de sortie du cystoscope. M. Ringleb 
est arrivé à construire un cystoscope à grande clarté et à double renver- 
sement en employant un système optique composé de cinq parties : 
1° Un objectif, associé au prisme d’Amici, 2° Un premier système inver-. 
seur, 3° Une lentille collectrice intermédiaire, 4° Un second système 
inverseur, 5° Un oculaire. L’instrument ainsi construit possède un 
grossissement notablement plus fort et un pouvoir analyseur plus élevé. 
Mais en même temps, la profondeur de champ se trouve diminuée, et il 
y a lieu de compléter l'appareil en y ajoutant un disque porteur de 
lentilles allant de — 4 à + 4 Dioptries, analogue à celui dont sont 
munis les ophtalmoscopes à réfraction. L'emploi de ces différents verres 
permet de voir nettement aux différentes distances qui peuvent se ren- 
contrer dans la vessie. L'auteur estime que l'intensité lumineuse obte- 
nue avec son instrument est environ cinquante fois plus grande que 
celle fournie par les anciens systèmes. 

Ce cystoscope du D" Ringléb entre dans la construction d’un appareil 
cysto-photographique, qui a donné de très bons résultats. 

On a fabriqué aussi des cystoscopes stéréoscopiques. 


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À 
+ 
; 
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3 


SÉANCE DU 20 MAI 1133 


ÉTUDE D'UN SPOROTRICHUM PROVENANT D'UNE SPOROTRICHOSE 
D'UN MÉTACARPIEN, 


par À. SARTORY et A. ORTICONI. 


Il s’agit d'un malade dont l'affection actuelle a débuté à la fin de janvier 
1913, par une petite tumeur douloureuse siégeant à la face dorsale du pre- 
mier métacarpien de la main droite, tumeur qui empéchait le malade de 
dormir, mais qui lui permettait néanmoins de remplir ses fonctions d'ordon- 
nance d’un officier (1). 

Cette tumeur a atteint en huit jours la grosseur d’une petite noix, et le 
3 février, le malade se présentait à ia visite. On lui faisait le premier jour un 
pansement humide. Le lendemain une incision au bistouri donnait issue à de 
la sérosité sanguine. Le diagnostic fut à ce moment celui de spina ventosa 
du premier métacarpien. 

Malgré des pansements à la teinture d’iode, au nitrate d'argent et à l’oxyde 
de zinc, l’affection continuait a évoluer, et le 14 mars, après trentre-quatre 
jours de traitement, le médecin demandait au directeur du service de santé 
du 20° corps d'armée l'autorisation d’évacuer sur l'hôpital militaire de Nancy 
le cavalier M..., atteint de spina ventosa du premier métacarpien droit. 

Le jour de son entrée à l'hôpital militaire de Nancy, le dragon M... fut 
examiné par le médecin chef qui constata les lésions suivantes : 

Toute la région de l'articulation métacarpo-phalangienne du pouce de la 
main droite est le siège d’un gonflement très considérable qui double le 
volume de cette région comparée à celle du côté sain. 

Il existe une infiltration des tissus péri-articulaires et des téguments. L'os 
entre pour la plus grande part dans l’augmentation de volume, comme le 
montre la radiographie. os 

La plaie présente une coloration rouge violacée. Il y a plaie ulcéreuse, 
siégeant sur le bord externe de l'articulation métacarpo-phalangienne. 

D'autre part, malgré ce gonflement énorme, la douleur spontanée à la pres- 
sion est nulle, les mouvements de l'articulation métacarpo-phalangienne 
atteinte sont normaux et indolores. 

La conservation au bon état général, l'absence de douleur à la pression, 
l'intégrité des mouvements, cadrant mal avec le diagnostic primitif, la ressem- 
blance de ces lésions avec celles de sporotrichoses nous fait penser à une 
affection mycosique. 


Pour vérifier celte assertion, on préleva du pus au milieu du foyer 
avec une pipette stérile introduite par l’orifice central. Le pus est ense- 
mencé en tubes de gélose maltosée de Sabouraud, puis sont abandonnés 
à la température du laboratoire. 

Nous trouvant en présence de différentes impuretés, nous pratiquons 


(4) Voir observation complète, publiée à la Société Médicale de Nancy 
(séance du 10 avril 1913), par MM. Boppe et Orticoni. 


1134 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (69) 


l'isolement des germes par la méthode des plaques. Ceci fait, nous 
constatons la présence de colonies qui révèlent à l'examen microscopique 
la présence d’un champignon mycélien présentant les caractères mor- 
phologiques indiqués ci-dessous. 

Ce champignon se laisse cultiver avec la plus grande facilité sur les. 
milieux usuels de laboratoire bactériologique. Il donne au bout de peu 
de jours des colonies confluentes se A tout le long de la strie 
d'’ensemencement. 

Les colonies, blanches au début, brunissent au moment de la fructifi- 
calion d’abord vers leur centre ; sur pomme deterre et carotte on obtient 
de même des traînées blanchâtres qui deviennent bientôt fructifères. 
dans leur partie médiane en même temps que la nuance brunâtre appa- 
rait. L'étude microscopique de ce champignon a été suivie en le cultivant 
en goutte pendante sur bouillon maltosé. Cette étude permet de recon- 
naître facilement que ce microorganisme a les mêmes modes de végéta- 
tion et de fructification que les sporotrichum. Le mycélium est rampant, 
fin, diamètre 2 uv, cloisonné, incolore, très ramifié et enchevétré. Les 
fructifications apparaissent aux extrémités des filaments couchés et 
ramifiés, leur ensemble constitue de grosses masses cylindriques 
(largeur 9 à 11 u), parfois contournées et allongées, semblant formées 
uniquement des spores agglomérées. En réalité les spores sont isolées 
les unes des autres. Elles naissent solitaires sur le mycélium en nombre 
variable, mais généralement très grand sur chaque article du thalle; 
elles sont disposées sans ordre apparent. Longueur du stérigmate — 
4 à 2, large de 0,4 à 0,5 uw. Libre, la so est ovale et brune ; ses 
nnensiors varient de 3 à 5 de long sur 2 à 4 u de large. Il s'agit ici du 
Sporotrichum Beurmanni dont l'étude une a été faite il y a quelques 
années par M. Matruchot. 

Nous ferons connaître dans une prochaine note un exposé de certaines 
particularités biologiques se rattachant à ce champignon et dont une 
étude très complète a été faite précédemment par MM. Gougerot et 
de Beurmann. 


(Travail du laboratoire de pharmacie chimique de l'Ecole supérieure de 
pharmacie de Nancy et du laboratoire de bactériologie du 20° corps 
d'armée.) 


À PROPOS DES GENRES Zymonema ET Miycoderma, 
.par L. JANNIN et P. VERNIER. 
La validité du genre Zymonema, créé par de Beurmann et Gougerot 


pour les parasites des dermatomycoses américaines, est contestée par 
plusieurs auteurs. 


Chats si 418 


Cultures sur carotte (15 jours). G— 946. 


F16. A. A,. . Chaïnes d'arthrospores. Fic. E. Mycélium cloisonné. 
Fie. B. . . . Formes oïdiennes. Fic. F. Filament cloisonné. Une ramifi- 
Fie. C.C,C;. Aspects levuriformes. cation à aspect grossièrement 
Fic. Det H. Formes de conservation. monilifor me. 


! Mes: * EME 


1136 . RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (74) 


Laederich et Duval (1) ont fait de ce genre prématurément vulgarisé 
une critique excellente; l’un de nous, dans un travail récent, a montré 
que ces Champignons possèdent les caractères et le mode de reproduc- 
tion des Arthromycètes du genre Mycoderma, ainsi que l'ont d’ailleurs 
entrevu Gilchrist et Ricketts, qui rapportent les Zymonema au genre 
Oidium : cette dénomination répond dans l'esprit des auteurs à l’appa- 
rence de Mycoderma (2). | 

Chez un Arthromycète, isolé de crachats de tuberculeux, nous avons 
pu mettre en évidence des caraclères qui démontrent, d’une façon 
indiscutable, l'identité des genres Mycoderma et Zymonema. 

Le mycélium est celui d’un Mycoderma typique : ramifications 
pseudo-sympodiques ou en baïonnette; filaments cloisonnés, partielle- 
ment dissociés en spores reclangulaires à coins arrondis (mode de 
reproduction oïdienne). Souvent les arthrospores ont pris une forme 
générale ronde ou ovale et, lorsqu'elles restent unies en chaïînette, elles 
produisent des aspects grossièrement moniliformes. Il est facile de re- 
connaître que ces éléments globuleux ne proviennent pas l’un de l’autre 
par bourgeonnement : leur disposition caractéristique en chaine brisée 
(fig. A,), la présence de facettes articulaires montrent qu'il s'agit de 
spores, nées par dissociation simultanée d’un rameau reproducteur. 

Il existe d’autre part des formes bourgeonnantes véritables, peu 
nombreuses, et dont l'association aux filaments cloisonnés a été admise 
comme caractéristique du genre Zymonema. 

Cet Hyphomycète, qui est un Mycoderma authentique, possède les 
attributs essentiels des Zymonema. Aussi nous croyons-nous en droit 
de conclure à la suppression du genre botanique Zymonema, lequel doit 
se confondre avec le genre Wycoderma, chez qui le caractère fonda- 
mental d'Arthrospore n'exclut pas la possibilité d'une végétation par 
éléments levuriformes. 


(Travail des laboratoires d'Histoire naturelle médicale de la Faculté 
de médecine el de matière médicale de l'Ecole supérieure de phar- 
macie de Nancy.) 


(1) Laederich et Duval. La Mycose de Gilchrist. Revue de médecine, 1911. 


(2) Ricketts. Oïdiomycosis of the Skin and its fungi. Journal of med. Research, 
1901, VI. 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX imprimeur, 1, rue Cassette. 


1137 


SÉANCE DU 31 MAI (913 


AcaarD (C.) et DesBouis (G.) : 
Insuffisance galactolytique . . . .. 
BARDIER (E.) et STILLMUNKES (A.): 
Réactions globulaires du sang à 
lurobypotensine- .. 2: . 401: 
Baunouin (A.) : Sur la recherche 
du principe actif de l’hypophyse . . 
BELIN (MarceL) : De l’action des 
substances oxydantes dans l’évo- 
lution des maladies infectieuses 
DDÉDMErTE NOTE)" - 2 -- + - - 
BENARD (RENÉ) : Utilisation dans 
la réaction de Wassermann des 
hématies du caillot. . . . . . . . .. 
Bosc (F.-G.) et CARRIEU (M.) : 
virus du rhumatisme articulaire 
aigu n'est pas de nature bacté- 
REUTS d'OS 
Bouzer (L.) : Sur les mouve- 
ments de l’uretère humain. Action 


_de quelques substances sur leur 


ENÉIC EEe  0. . e « . - . à 
CaaTron {Épouaro) : L'ordre, la 
succession et l'importance relative 
des stades, dans l’évolution des try- 
panosomides, chez les insectes . . 
Caarron (Ebouaro) et PÉRARD (Cu.): 
Schizophytes du cæcum du cobaye. 
— I. Oscillospira Guilliermondi n.g., 
n. sp. : Schizophytes du cæcum du 
cobaye 
Couruoni (Pau), Nocter et Du- 
FOURT (A.) : Disparition de l’alexine 
des sérums par les rayons ultra- 
violets 
Danvsz (J.) et Skszynski : De l’in- 
fluence du régime alimentaire sur 
le développement du cancer ino- 
culé des souris blanches. . . . . .. 
Daunay et Ecazze : De l'examen 
du sérum de la femme enceinte et 
du sérum de la femme non enceinte, 
par la méthode de dialyse d’E. Ab- 
HERBE 2 eue + ms à de 
Fauré-FRemIET : La formation de 
la membrane interne de l'œuf d’As- 
caris megalocephala . . . . . . . .. 
FREDERICO (HENRI) : Congélation 
partielle du cœur des mammifères 
au moyen d'air liquide. . . . . . .. 


abolells aile, (ahlehe le =" Le) 7 eÙ e)'« 


Brococie. COMPTES RENDUS. — 1913. T. 


SOMMAIRE 


1169 


1140 


1165 


1171 


1159 


Frouix (ALBERT) : Culture du ba- 
cille tuberculeux sur des milieux 
renfermant quatre, six ou huit 
grammes de soude par litre . .. 

Horcanne (A.-CH.) : Les cellules 
à sphérules du sang de la chenille 
d'Heterogynis penella Hubner (Syn. 
HÉRETORCOIGERS IN) ONE 

LassaBLièrE (P.) et Ricuer (Cu) : 
De l'immunité (leucocytaire) géné- 
PAIE TR A Rte 

BLAYE (R. LE) et FAGE (AŸ°: Note sur 
le parasite dulepothrix (Trichomyces 
DEL) NE Re ON ee 

LéoPozp-Lévr : Psoriasis et rhu- 
matisme chronique. Transformation 
par l’opothérapie thyroïdienne et 
LES HCUIATe RER EE 

Levapitt (C.) : Symbiose enfre le 
virus de la poliomyélite et les cel- 
lules des ganglions spinaux, à l’état 
de vie prolongée in vilro. . 


Levapiri (C.) et MUTERMILCH (Sr.) ms 


Mode d'action des rayons sur la 
vie et la multiplication des cellules 
in vitro (Première note). Rayons 
UIÉTAEVIO le ESS EE EME AMOR 

Lran (C.) et Morez (L.) : De l’exac- 
titude de la méthode de Riva-Rocci, 
dans la mesure de la pression ar- 
térielle maxima (Première note) . 

MANnOUkHINE (J.-J.) : Sur les leuco- 
cytolysines et les antileucocytoly- 
sines dans l’anaphylaxie. . . . . .. 

Mayer : Remarque à propos de 
la communication de M. Frouin . . 

NÈGRE (L.): Recherches compara- 
tives sur les réactions humorales 
de lapins immunisés avec des ba- 
cilles typhiques vivants sensibi- 
lisés, tués par la chaleur et tués 
DA there PSS ATEN EE PA NE 

NÈGRE (L) et Raynaup (M.) : Dé- 
viations du complément avec le 
melilensis et le paramelitensis . . . 

Rerrerer (ÉD.) et LELIÈVRE (AUG.) : 
Origine et valeur cellulaire des élé- 
ments qui constituent les follicules 
clos tégumentaires.. . . . . . . . . . 

SCHERESCHEWSKY (J.) : Effets pro- 


LXXIV. 19 


. 1184 


1156 


1180 


. 1148 


1177 


1175 


1138 SOCIÉTÉ DE BIOLOMNIE 


phylactiques de la pommade à la sion portale. — Note sur les modifi- 

quinine dans la syphilis. Durée de cations de la tension artérielle nor- 

l’action prophylactique. . . . . . .. 1147 | male et au cours des cirrhoses 
Tragur (C.), Nècre (L.) et RAYNAUD alcooliques, sous l'influence de l'or- 

(M.) : Le traitement du trachome thostatisme et de la digestion . . . 1158 

par des inoculations sous-conjonc- WEIiNBERG (M.) et JuLtEN (A.) : Ac- 

tivales de virus trachomateux. . . . 1176 | cidents mortels observés chez le 
ViLLARET (MAURICE) : Contribution cheval à la suite d’instillation de 

à l'étude du syndrome d'hyperten- toxines asCaridienne. PEER 1162 


Présidence de M. F. Mesnil, Vice-président. 


DÉCÈS DE LORD AVEBURY. 


Sur l'invitation du Président, M. E.-L. Bouvier retrace l'histoire des 
travaux de Lord AveBurY el exprime les regrets que ce deuil suscite 
au sein de la Société. 


OUVRAGE OFFERT. 


M. GLey offre à la Société la troisième édition, qui vient de paraitre, 
de son Zraité élémentaire de physiologie (un vol. grand in-8° de 
11-1219 pages, avec 305 figures, chez J.-B. Baïllière et fils, Paris, 1913). 


SUR LA RECHERCHE DU PRINCIPE ACTIF DE L'HYPOPHYSE, 


par A. BAupoun. 


Nous avons poursuivi, depuis plus de deux ans, M. Claude et moi, 
el communiqué ici même des recherches effectuées sur l’action des 
extraits hypophysaires sur l'organisme sain et malade. Nous avons pu 
constater comme les autres auteurs l'intérêt considérable de cette 
glande. Nous nous sommes servis pour ces recherches d'une solution 
hypophysaire injectable dont nous avons donné le mode de préparation; 
nous partons du lobe postérieur de l’hypophyse, desséché à froid dans 
le vide. Il est délipoïdé; puis on en pratique l’épuisement par digestion 
au moyen d'alcool; celui-ei est évaporé et on reprend par de l’eau 
salée. Cette formule donne un produit fort actif : nous avons essayé 
avec de moins bons résultats de partir de la glande fraîche. 

Parallèlement à ces recherches de physiologie chimique, j'ai essayé 


7 séANCE DU 31 Mai 1139 


de résoudre le problème de l'extraction d'un principe actif de l'hypo- 


physe. J'ai fait, dans ce but, agir sur l'extrait injectable différents 


réactifs et éprouvé l’action physiologique des diverses parties en 


lesquelles on arrive à dissocier cet extrait. 
La défécation par les sels de plomb (acétate et sous-acétate) ne m'a 


pas donné de bons résultats, bien que M. Houssay, de Buenos-Ayres, 


affirme être arrivé par celte voie à l’obtention d’un principe actif 
cristallisé. J'ai constaté que les précipités produits au sein de la liqueur 
collent la plus grande partie du principe actif et qu'il est très difficile 
d'en libérer ce dernier. 

J'ai obtenu des résultats satisfaisants d’une autre manière. J'ai 
remarqué qu'en additionnant d'acide acétique l'extrait aetif injectable, 
on provoque la formation d’un précipité. En le séparant par centrifu- 
gation, on peut étudier le précipité (P) et la liqueur (L). Le précipité est 
soluble dans une trace d’alcali et reprécipite aussitôt par une trace 


d'acide. Il se comporte ainsi comme certains acides nucléiniques : 


cependant il ne contient pas de phosphore. J'ai constaté qu'il n’a 
aucune activité physiologique comparable à celle de la liqueur injec- 
table. Reste la liqueur L. Après l'avoir privée d'acide acétique par un 
traitement à l’éther, on constate qu’elle a toute l’activité de l'extrait 
hypophysaire. Après dessiccation dans le vide, elle forme une masse 
amorphe, qui est formée de substance active et d'impuretés, celles-ci 
étant surtout constituées par des sels, en particulier par du chlorure 
de sodium. J'ai repris cette masse par des alcools à titres progressifs. 
Après évaporation de l'alcool et reprise par l’eau, j'ai fait l'essai physio- 
logique des extraits ainsi obtenus pour juger de la quantité de principe 
actif qu'ils renferment. On constate que, à froid, l'alcool à 90 degrés 
dissout entièrement la substance active. Avec l'alcool à 95 degrés et 
froid, elle se divise : une partie passe dans l’alcool et une autre reste 
insoluble. Dans l'alcool absolu froid, l’insolubilité est presque complète : 
mais la substance active se dissout dans l’alcool absolu bouillant. 

Partant de ces données, j'ai appliqué la technique suivante. L’extrait 
hypophysaire injectable est traité par de l'acide acétique. On obtient 
un précipité et une liqueur. Celle-ci est concentrée dans le “vide et 
traitée à l’éther pour se débarrasser de l'acide acétique. On obtient un 
résidu que l’on épuise par l'alcool absolu bouillant. En se refroidissant, 
l'alcool dépose un produit blanc et cristallin qui est recueilli par centri- 
fugation, lavé à l’éther et séché. C'est ainsi qu'a été obtenu le produit 
que je présente à la Société. 

C’est un corps très hygrométrique, qui brûle sur la lame de platine 
sans laisser de résidu apparent et en répandant une odeur de corne 
brûlée. Il précipite à chaud par l'acide silicotungstique, donne une 
solution aqueuse neutre dont la réaction n’est pas modifiée par l'addi- 
tion de formol. Il ne renferme pas d’acétates. 


41140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Ce produit, dissous dans l’eau, produit chez l'homme les effets caracté- 
ristiques de l’extrait hypophysaire à la dose de six à huit milligrammes. 
Nous sommes donc bien en présence d’un principe actif extrait de 
l'hypophyse. Mais je dois faire expressément remarquer que l’activité 
est moindre que celle de la liqueur injectable primitive, à quantité 
égale d'extrait sec, et il m'a semblé que la différence est d’autant plus 
grande que l'épuisement par l’alcool absolu bouillant a été plus prolongé. 
On est donc obligé d'admettre que ce traitement à l'alcool bouillant, 
qui a permis de séparer les sels, a altéré le principe actif en lui faisant 
subir une modification. De nouvelles recherches sont indispensables 
pour chercher à l’éviter. 

Remarquons, en terminant, que ce principe actif semble contenu en 
très faible quantité dans l’hypophyse. J’en ai obtenu seulement 80 milli- 
grammes en partant de 40 grammes d'extrait sec de lobes postérieurs, 
ce qui correspond à environ 200 grammes de substance fraîche, soit plus 
de 500 lobes postérieurs d’hypophyse de bœuf. Il est vrai que je n'ai 
conservé que les cristaux de premier jet correspondant à la partie la 
plus pure. En concentrant à sec l'alcool qui les a déposés, on obtient 
une masse pâteuse pesant 1 gr. 600, qui contient encore des cristaux et 
renferme sûrement une notable proportion de substance active. 


UTILISATION DANS LA RÉACTION DE WASSERMANN DES HÉMATIES DU CAILLOT, 


par RENÉ BENARD. 


La réaction de Wassermann est à l'heure actuelle un complément 
indispensable des constatations cliniques, dès que la syphilis vient à 
être soupçonnée. La complexité du procédé primitif a poussé les auteurs 
à le modifier, et bien des méthodes de simplification ont été proposées. 
Nous-mème, avec Joltrain, avons étudié ici l’une de ces méthodes de 
simplification (1). 

Au nombre des difficultés qui se présentent dans les laboratoires peu 
outillés, dans certains laboratoires d’hôpitaux ou éloignés des grands 
centres, figure la nécessité d'avoir des hématies fraiches. MM. Armand- 
Delille et Launoy, dans deux mémoires (2), ont proposé l'emploi d’héma- 
lies formolées, suivantune technique qu'ils indiquent minutieusement et 
qui donne de bons résultats. 


(4) René Benard et Joltrain. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 30 juillet 


1910. 
… (2) Armand-Delille et Launoy. Annales de i’'Institut Pasteur, mars 1911. Presse 


Médicale, 30 octobre 1912. 


SÉANCE DU 931 MAI A141 


Voici, pour notre part, la méthode que nous employors depuis un 
an déjà, dans le laboratoire de notre maître, M. le professeur Widal. 

Nous utilisons, comme sensibilisatrice hémolytique, le sang d’un lapin 
vacciné contre les hématies humaines ; et comme globules, les globules 
contenus dans le caillot même du sang du malade examiné. Après avoir 
séparé le sérum du caillot, nous agitons énergiquement ce dernier 
pendant une à deux minutes dans une solution chlorurée à 8 p. 1000 ; 
nous centrifugeons ensuite cette solution ainsi obtenue et nous lavons 
à deux reprises les globules pour les débarrasser de toute trace de 
plasma. 

Nous avons ainsi une quantité de globules amplement suffisante pour 
plusieurs séries d'expériences. ; 

Nous avons, en outre, voulu rechercher quel était le degré de dimi- 
nution de la résistance globulaire des globules extraits ainsi du caillot. 
Nous avons vu que, chez un malade dont la résistance initiale était à 46, 
la résistance des globules, extraits du caillot douze heures après, 
était de 48 et vingt-quatre heures après de 50, alors que les hématies 
laissées vingt-quatre heures au contact de la solution chlorurée étaient 
descendues à 66. D’autres hématies laissées cinq jours dans le caillot, 
ne donnaient qu'une hémolyse à peine sensible dans une solution à 
5,8 p. 1000, et nulle dans une solution à 6 p. 1000, tandis que les 
hématies du même malade, recueillies dès le début dans un liquide anti- 
coagulant et conservées à la glacière, hémolysaient d’une façon presque 
totale dans une solution à 9 p. 1000. 


Comme, généralement, le technicien reçoit à son laboratoire en même 
temps, caillot et sérum, comme d'autre part les hématies du caillot se 
conservent d'une manière très suffisante pour les besoins de la réaction, 
pendant près d’une semaine, il nous a semblé qu'il y avait là une méthode 
qui pourrait rendre service, dans les laboratoires éloignés des grands 
centres, ou aux colonies. 


ORIGINE ET VALEUR CELLULAIRE DES ÉLÉMENTS QUI CONSTITUENT 
LES FOLLICULES CLOS TÉGUMENTAIRES, 


par Én. RETTERER et AUG. LELIÈVRE. 


Nos récentes recherches sur l’amygdale d’un supplicié, sur un fibrome 
amygdalien et sur le thymus, dont nous avons annoncé les résultats 
dans des notes antérieures, nous mettent à même d’aborder les points 
suivants : le lymphocyte des follicules clos tégumentaires représente- 
t-1l une jeune ou une vieille cellule ? vient-il de l’épithélium ou du tissu 


1142 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


conjonctivo-vasculaire? se meut-il par mouvements propres ou est-il 
transporté mécaniquement par le courant sanguin ou lymphatique ? 


Ces divers problèmes continuent à préoccuper les anatomistes, les physio- 
logistes et les médecins. Selon Levinstein (1), qui a surtout étudié les amyg- 
dales pharyngienne et laryngienne, les lymphocytes sortent par mouvements 
amiboïdes des vaisseaux sanguins et infiltrent secondairement le chorion et 
l’épithélium. 

A. Jurisch (2) arrive à des conclusions analogues en ce qui concerne les 
ébauches amygdaliennes de fœtus humains, celles des quelques autres fœtus 
de mammifères et de quelques types de mammifères adultes. Toujours il 
existerait une limite nette entre le chorion et l’épithélium, à moins que les 
lymphocytes ne l’effacent en pénétrant du tissu conjonctif dans l’épithélium. 

Jurisch croit confirmer de tous points, Stôhr qu'il n’a pas lu et qu'il nous 
reproche d’avoir cité à faux (3). 


Pour les auteurs que nous venons de citer, le lymphocyte est une 
cellule jeune, embryonnaire, non seulement capable d'évoluer dans le 
sens progressif, mais apte à se déplacer par mouvements actifs ou ami- 
boïdes. Partant de cette hypothèse, ils indiquent par des flèches les 
directions les plus variées que peut prendre le lymphocyte et font des 
schémas qui laissent le champ libre à toutes les probabilités. 

L'observation directe des divers stades évolutifs de l’organe, celle 
des phénomènes progressifs ou régressifs dont les éléments sont le siège, 
permet, par contre, de déterminer, de par la cytologie, la provenance et 
la valeur cellulaire du iymphocyte. Le lymphocyte apparaît dans un 
tissu plein ou syncytial qui est d'origine épithéliale lorsqu'il s’agit d’un 
follicule clos tégumentaire. D'abord uni par son corps cellulaire aux 
cellules voisines, la cellule du tissu, cellule-mère du lymphocyte, 
commence par montrer des vacuoles qui s'étendent et libèrent le restant 
cellulaire d'avec les cellules voisines. En même temps, la chromatine du. 
noyau de la cellule à cvtoplasma, périphérique vacuolisé se condense, 
et l'élément devenu libre présente les caractères d'un lymphocyte. En 
un mot, c'est par la fluidification du protoplasma que certaines cellules 
du syncytium épithélial se détachent du complexus et se transforment 
en éléments libres ou lymphocytes (4). 


(4) Archiv für Laryngol. und Rhinol., t. XXI, XXII, XXIIT, XXIV et XX VI. 

(2) Analomische Hefte, t. XLVII, p. 40, 1912. 

(3) Nous conseillons à Jurisch de se renseigner en lisant la note que nous 
avons publiée dans ces Comptes rendus, le 29 juillet 1912, p. 163. 

(4) Voir nos dessins et notre description, qui montrent ce processus tant à 
l’état normal que dans les conditions pathologiques, in Journal de l’Anatomie, 
4897, p. 462; Ibid., 1904, p. 338; Ibid., 1909, p. 225 ; Ibid., 19142, p. 45; in 
Archives de médecine expérimentale, 1914, p. 387 et in Bulletin d'Oto-rhino- 
laryngologie, t. XVI, p. 65, 1913. 


- SÉANCE DU 31 MAI 1143 


S'il a été impossible jusqu'à présent d'appliquer l’expérimentation 
aux follicules clos tégumentaires pour démontrer que le lymphocyte 
n’est qu'un restant cellulaire incapable d'évolution progressive, il est, 
par contre, aisé d'établir le fait sur les ganglions lymphatiques. Bien que 
de provenance mésodermique, les follicules du ganglion lymphatique 
sont constitués par un véritable syncytium (centre germinalif) dans 
lequel les lymphocytes prennent naissance par fonte d’une portion du 
protoplasma et la mise en liberté du noyau et d'un mince liséré cyto- 
plasmique. Si on ligature, sur le lapin et le chien, le vaisseau efférent 
d’un ganglion lymphatique (1), et qu'on examine, d'heure en heure et de 
jour en jour, le contenu du vaisseau efférent, on voit diminuer le nombre 
des lymphocytes qui, loin de s’accroître et de se transformer en élé- 
ments plus volumineux, subissent tous la dégénérescence hémoglobique 
et deviennent des hématies. 


Tous ces faits témoignent en faveur de la sénescence du lymphocyte ; 
ils prouvent le peu de fondement de la théorie qui assimile le lympho- 
cyte à une cellule embryonnaire. Le mince corps cellulaire du lympho- 
cyte présente des déformations, décrites d'ordinaire sous le nom de 
mouvements amiboïdes, mais qui ne sont dus en réalité qu'à l’hydra- 
tation et à la fluidification du reste cytoplasmique. Ces déformations sont 
si peu accentuées que Brieger, Gôrke el d'autres ont nié l'amiboïsme 
des lymphocytes et ont invoqué un transport purement mécanique pour 
expliquer la progression de ces éléments (théorie de l'inondation lym- 
phalique). 

Sansrevenir sur Les résultats confirmatifs de S. v. Schumacher, Cordes, 
Bacon Wood et d’autres, mentionnons ceux de E. Ackerknecht, qui, en 
ce qui concerne l'amygdale sublinquale du cheval, vient de publier des 
faits identiques aux nôtres. 


Ackerknecht (2) décrit et figure, en effet, des prolongements épithéliaux qui 
partent de la muqueuse buccale et s'étendent jusqu'au centre des follicules 
clos. À mesure que ces prolongements gagnent la profondeur, leurs cellules 
épithéliales perdent leurs limites nettes, prennent un caractère syncytial tout 
en présentant des images mitosiques. Ces cellules se différencient ensuite en 
deux variétés d'éléments : les unes se disposent en un réseau anastomotique 


et montrent un noyau clair et volumineux; les autres se rapetissent et 
perdent, par fonte, une portion de leur corps cellulaire pendant que leur 


noyau se condense; cette dernière variété ne peut pas être distinguée d'une 
cellule lymphoïde. 

On observe d’ailleurs tous les stades intermédiaires entre la cellule épithé- 
liale et la cellule lymphoïde. 


(1) Voir Journal de l'Anatomie, 4901, p. 483 et 1907, p. 53. 
(2) Archiv für Anatomie und Physiol. (Anat. Abth.), 1913, p. 93. 


1144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Conclusions. — Les follicules clos tégumentaires sont dus à la trans- 
formation des cellules épithéliaies, d’une part, en trame réticulée, et, de 
l’autre, en éléments libres ou lymphocytes. Les lymphocytes repré- 
sentent, aussi bien dans les organes d’origine épithéliale que dans les 
tissus mésodermiques, des cellules tronquées, incapables d’une évolu- 
lion progressive. 


DE L'INFLUENCE DU RÉGIME ALIMENTAIRE SUR LE DÉVELOPPEMENT 
DU CANCER INOCULÉ DES SOURIS BLANCHES, 


par J. Danysz et Z. SkszyNsxl. 


J'ai pris deux lots de souris blanches de la même provenance, et j'ai 
soumis le lot n° 1 à un régime exclusivement végétarien, tandis que les 
souris du lot n° 2 avaient été nourries presque exclusivement avec de 
la viande hachée non cuite. 

Je dis presque exclusivement, parce que les souris du lot n° 2 rece- 
vaient, en outre de la viande, quelques brins de luzerne fraiche. 

L'expérience a commencé le 7 juillet 1912. 

Le 16 octobre, il reste 47 souris du lot n° 1 et 31 souris du lot n° 2. Les 
autres sont mortes pour des raisons qu'il a été impossible de déterminer. 

Le même jour, toutes les souris survivantes sont inoculées avec un 
épithélioma d’une virulence moyenne que je dois à l’obligeance du 
D’ Salmon. 

Le 11 novembre, on trouve 8 souris cancéreuses parmi les végéta- 
riennes et 3 souris cancéreuses parmi celles soumises au régime carné. 

Le 27 novembre, on trouve encore 11 souris cancéreuses dans le lot 
n° 1 et 6 dans le lot n° 2. 

Le 28 novembre, toutes les souris encore saines sont inoculées une 
deuxième fois avec un épithélioma de la même provenance. 

Le 17 janvier, on trouve 3 souris à tumeurs dans le lot n° 1 et 2 dans 
le lot n° 2. 

Les souris restées saines jusqu'alors avaient été gardées en observa- 
tion encore pendant deux mois, et comme aucune d'elles n’est devenue 
malade, j'ai considéré l’expérience comme terminée et ces souris ont 
servi à d'autres expériences. 

Ainsi, en résumé, sur 31 souris soumises au régime carné, 11, soit 
30 p. 100, ont pris le cancer. 

Sur 47 souris végétariennes, 22, soit plus de 40 p. 100, ont pris le 
cancer. | 

Il est à remarquer aussi que, chez les souris végétariennes, l’évolu- 
tion de la tumeur était généralement plus rapide que chez les autres. 

L'examen du contenu intestinal des souris des deux lots a montré 


SÉANCE DU 31 MAI 1145 


une influence très grande du régime alimentaire sur la conslitution de 
la flore intestinale. Les microbes intestinaux des souris végétariennes 
cultivés dans des milieux appropriés donnaient toujours une réaction 
acide, tandis que les autres donnaient une réaction nettement alcaline. 


L'ORDRE, LA SUCCESSION ET L'IMPORTANCE RELATIVE DES STADES, 
DANS L'ÉVOLUTION DES TRYPANOSOMIDES, CHEZ LES INSECTES, 


par EDOUARD CHATTON. 


Chez ceux des Trypanosomides d’Insectes (série Leptomonas-Crithidia) 
qui offrent l'évolution la plus complète, et ce sont, semble-t-il, les Trypa- 
nosomides de Muscides, l’ordre, la succession et les caractères des stades 
sont les suivants (1): 

1° Stades monadiens. Ce sontles formes flagellées typiques, aciculées, 
à blépharoplaste antérieur au noyau, capables de divisions répétées. Ces 
formesmonadiennes, directement issues des kystes ingérés, sont le plus 
généralement des parasites de l’intestin moyen, où elles vivent libres ou 
fixées par leurs flagelles aux cellules intestinales. 

2 Stades trypanoïdes (Zeptomonas) ou trypanosomes (Crithidia). Is 
dérivent des monadiens par rétrogradation du blépharoplaste. Ils sont le 
plus généralement incapables de division. Ce sont des stades de repos 
génétique, morphologiquement caractérisés parunetendanceàlaconjonc- 
tion nucléo-blépharoplastique (Chatton et À. Leger, 1911) que Roubaud 
(1911) interprète comme un acte sexuel. Ils s’intercalent dans une lon- 
gue série de divisionsscissipares,oureprésentent une forme momentanée 
de résistance à des conditions défavorables. C’est ainsi que l’on peut 
voir dans le contenu intestinal de mouches conservé en eau physiolo- 
gique, presque tous les monadiens se transformer au bout de cinq à six 
heures en trypanoïdes. Les lrypanoïdes reviennent, par migration anté- 
rieure de leur blépharoplaste, à la forme monadienne. Celle-ci passe dans 
l'intestin postérieur et y poursuit son évolution sous forme grégari- 
nienne. 

3° Stades grégariniens. Ce sont des monadiens qui ont résorbé leur 
flagelle ou l’ont transformé en une mèche muqueuse. Ce sont donc des 
formes immobiles, sédentaires, fixées par leur mèche muqueuse anté- 
rieure (qui peut faire défaut) soit aux cellules intestinales, soit aux indi- 
vidus voisins, avec lesquels ils forment des rosaces d'agglomération. Ils 
sont donc capables de division, au même degré que les monadiens; ils 


(1) Voir les notes parues dans ces Comptes rendus, t. LXX, p. 31 et 120 ; 
t. LXXIT, p. 20 et 942; t. LXXIII, p. 286, 289 et 291. 


1146 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sont leur équivalent exact en dehors de l'intestin moyen (intestin 
postérieur, tubes de Malpighi, œsophage, estomac suceur). 

4° Stades spermoïdes. Dérivent des grégariniens par rétrogradation 
du blépharoplaste. Is sont aux grégariniens ce que les trypanoïdes ou 
les trypanosomes sontaux monadiens. Ce sontdes formes de repos, inca- 
pables de division, chez lesquelles la conjonction nucléo-blépharoplas- 
tique est plus marquée et surtout plus constante que chez les trypanoïdes. 
Leur caractère quiescent s'affirme par le fait que ce sont eux qui forment 
les kystes ou éléments de résistance et de propagation extérieure. Dans 
tous les cas que nous avons étudiés, l’enkystementest précédé d’un stade 
spermoïde plus ou moins prolongé. 

5° Les kystes que caractérise leur gaine protectrice ésinophile. 

Une telle succession de stades constitue ce que Chatton et A. Leger ont 
_ appelé une évolution diphasique, caractérisée par la succession une fois 
répétée dans le cycle d’un stade à blépharoplaste antérieur et d'un stade 
à blépharoplaste postérieur : monadien, {rypanoïide — monadien, gréga- 
rinien, spermoide, kyste (Leptomonas rubro-striatæ, Crithidia melophagi). 

La simplification la plus fréquente de cette évolution consiste dans la 
suppression du stade trypanoïde ou trypanosome. L'évolution est alors 
monophasique : monadien, grégarinien, spermoide, kyste. (Leptomonas 
legerorum.) 

Une autre simplification est la suppression du stade grégarinien. Les 
monadiens arrivés dans l'intestin postérieur s’y transforment sans se 
fixer à la paroi par rétrogradation du blépharoplaste en spermoïdes 
(évolution monadienne). Ces spermoïdes issus directement de mona- 
diens, se distinguent des spermoïdes issus de grégariniens par la 
conservation d’un très court flagelle libre qui leur laisse jusqu’à l’enkys- 
tement une certaine mobilité. (Leptomonas drosophilae.) 

Dans certains cas, c’est le stade grégarinien qui prédomine dansle cycle. 
Les monadiens issus des kystes traversent, sans se diviser, l'intestin 
moyen et ne se multiplient que dans l'intestin postérieur sous la forme 
grégarinienne (évolution grégarinienne). L'évolution de Zeptomonas 
legerorum chez Sphærocera subsultans est le plus souvent grégarinienne. 
Ce dernier mode est la règle pour Z. Paltoniet formes analogues des 
Puces, tant chez les larves que chez les adultes. C’est également le cas 
pour Z. Roubaudi qui ne se présente dans les tubes de Malpighi qu’à 
l’état de grands grégariniens et de spermoïdes mobiles. 

Chez ces trois dernières formes, les grégariniens se détachent et pous- 
sent un flagelle avant de s’enkyster. Ils se transforment en spermoïdes 
mobiles. Ces cas, ajoutés à ceux d’une évolution purement monadienne, 
montrent bien qu'il ne faut pas assimiler les grégariniens à des kystes, 
ni même à des formes prékystiques. J’ai observé des grégariniens dans 
l’œsophage et l'estomac de Fucellia fucorum, à infection monadienne 
intense de l'intestin moyen. 


SÉANCE DU 31 MAI 41127 


Il semble que cette région seule soit favorable à la végétation et à la 
multiplication du flagellé sous forme monadienne. Ailleurs, le trypano- 
somide végète et se multiplie tout aussi abondamment, mais sous forme 
grégarinienne. Le grégarinien n’est pas un stade, c’est une forme adap- 
tative. Les seuls stades essentiels de l’évolution des trypanosomides chez 
les Insectes sont le monadien et le spermoïde, auxquels s’ajoute le 
trypanoïde dans le cas d'évolution diphasique. 

Il semble que chez les trypanosomes sanguicoles évoluant chez les 
insectes on ait affaire à une évolution monadienne diphasique arrêtée 
après la première phase, qui se termine par l'apparition des trypanoso- 
mes mélacycliques ou métatrypanosomes, formes de réinoculation au 
vertébré. | 


(Institut Pasteur, laboratoire de M. Mesnil.) 


EFFETS PROPHYLACTIQUES DE LA POMMADE A LA QUININE DANS LA SYPHILIS. 
DURÉE DE L'ACTION PROPHYLACTIQUE, 


par J. SCHERESCBEWSKY. 


Nous avons déjà publié, dans les PBeiträge zur Pathologie, etc., der 
Syphilis, von Albert Neisser, et dans les Comptes rendus du Congrès 
international, à Budapest, 1909, les résultats de nos premiers essais de 
prophylaxie syphilitique, obtenus avec la pommade à la quinine (chlor- 
hydrate de quinine, 40 p. 100). Nous avons continué nos recherches au 
laboratoire du professeur Metchnikoff. Le but de ces nouvelles expé- 
riences était de déterminer la durée de l’effet prophylactique de notre 
pommade. 

Chaque singe a été inoculé en plusieurs endroits du front avec des 
produits syphylitiques prélevés sur l'homme. 

Deux, trois et quatre heures après l’inoculation, nous appliquions 
une couche de pommade (en frictions de trois minutes) sur les lésions, 
d’un seul côté du front. 

Après l'incubation de la syphilis, les singes sur lesquels ont porté 
nos expériences ont montré des lésions très nettes de syphilis au début, 
du côté des témoins, c’est-à-dire du côté non frictionné avec de la 
pommade. Par contre, le côté traité est resté tout à fait indemne. 

Il résulte donc de nos expériences que notre pommade, appliquée 
même après quatre heures après l’introduction du virus dans la peau, 
arrête les processus syphilitiques. 


1148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


DE L'EXACTITUDE DE LA MÉTHODE DE RivA-ROCCI, DANS LA MESURE DE LA 
PRESSION ARTÉRIELLE MAXIMA. 


(Première note), 


par C. Lran et L. MoReL. 


Les sphygmomanomètres à manchette employés pourla détermination 
de la pression artérielle maxima x chez l’homme, rentrent dans deux 
groupes principaux. Les uns permettent de mesurer Mx par la méthode 
de Riva-Rocci (1), les autres délerminent Mx par la méthode oscilla- 
toire (2). Or, les chiffres donnés par ces deux méthodes sont profondé- 
ment différents : chez un homme sain, une manchette brachiale de 
12 centimètres, reliée à un oscillomètre du professeur Pachon, donne 
pour Mx oscill, 16 cent. Hg., et pour Mx Riva-Rocci, 12 cent. Hg. Ces 
deux méthodes ont soulevé de nombreuses discussions et aucune, 
jusqu’à présent, ne semble avoir fourni la preuve de son exactitude. 
Aussi, afin d'apprécier la valeur de ces deux méthodes, avons-nous 
entrepris des expériences dont nous rapportons aujourd’hui la pre- 
mière série. 

D’après la méthode oscillatoire, dès qu'on arrive à x: (soit 16), le 
sang coule à l’avant-bras, mais l’artère radiale ne bat que pour un 
chiffre inférieur (soit 12). Au contraire, d'après la méthode de Riva- 
Rocci, dès que le sang coule à l’avant-bras, l'artère radiale bat. Nos 
expériences ont tenté d’éclaireir ce point litigieux. 


Sur un chien anesthésié, on entoure une cuisse d’une manchette de 12 cen- 
timètres reliée à un oscillomètre Pachon : ainsi Mx oscill. — 19. Cette man- 
chette fémorale reste en place pendant toute l'expérience. Ensuite on entoure 
la patte, d’une autre manchette, reliée elle aussi, à un oscillomètre Pachon. 
Les deux manchettes sont gonflées et les pulsations artérielles ne réappa- 
raissent à la patte, comme l'indique le deuxième oscillomètre, que pour une 
pression de 15 centimètres dans la manchette fémorale : ainsi Mx Riva- 
Rocci — 15. L'écart entre les deux Max oscill. et Riva-Rocci est analogue à ce 
qu’on constate chez l'homme. 

A ce moment, la manchette jambière enlevée, on découvre, sectionne et 
lie au tiers moyen de la patte, l'artère tibiale. On trouve toujours Mzx oscill. — 
19, et Mx Riva-Rocci = 15. 

Enfin, la manchette fémorale étant sous une pression de 22 cent. Hg, l'artère 


(1) Une manchette brachiale est gonflée jusqu’à disparition du pouls radial. 
On la décomprime et on lit Mx lors de la réapparition des pulsations radiales. 

(2) Un oscillomètre est relié à une manchette enserrant un membre. Celle- 
ci, d'abord gonflée, est ensuite décomprimée. On lit alors Mx quand, après des 
oscillations égales, apparaît une oscillation plus grande et commençant une 
série d’oscillations d'amplitude croissante. 


SÉANCE DU 31 MAI 1149 


tibiale est sectionnée : le sang pourra donc couler facilement. Malgré 
l'écrasement de l'artère fémorale, du sang suinte, par gouttes, de la tibiale 
sectionnée. On attend deux à cinq minutes que cet écoulement se tarisse. À ce 
moment, on fait baisser progressivement la pression dans la manchette 
fémorale, et pour une pression de 19 cent. Hg dans cette manchette, l’oscil- 
lomètre indique toujours la Mx oscill., mais il ne coule pas de sang par la 
tibiale. Il en est de même pour des pressions de 18, 17, 16 cent. Hg dans la 
manchette fémorale. Mais pour 15 cent. Hg dans cette manchette, le sang 
s'écoule par la tibiale sectionnée, et d'emblée cet écoulement est rythmé par 
des battements correspondants aux fortes pulsations du pouls inégal du 
chien. Et, pour 14 ou 13 cent. Hg, dans la manchette fémorale, l'écoulement 
est rythmé par le battement de toutes les pulsations. 

Cette expérience, répétée à plusieurs reprises sur quatre chiens différents, a 
toujours fourni, sinon les mêmes chiffres de Mx, du moins des résultats tout 
à fait superposables. Tout au plus, dans quelques expériences, du sang coule- 
t-il, sans battements nets, par l’artère sectionnée pour une compression fémo- 
rale de 15 1/2 à 16, tandis que des battements nets apparaissent à 15. 

Pour éviter une cause d'erreur possible due à une coagulation intra-arté- 
rielle retardant ou empêchant l'écoulement du sang, l'expérience a été reprise 
sur un chien dont le sang avait été rendu incoagulable par une injection 
intra-veineuse d'extrait de tête de sangsue. Les résultats ont été les mêmes. 


Ces expériences tendent à prouver que, conformément au principe de 
la méthode de Riva-Rocci, lors d’une décompression brachiale, les 
battements de l'artère radiale réapparaissent sensiblement (1) en même 
temps que le sang commence à couler à l’avant-bras. Au contraire, la 
méthode oseillatoire semble indiquer Wx pour une pression supérieure de 
3 cent. Hg environ à celle qui permet le passage du sang au delà de la 
manchette. 


(Travail des Laboratoires des professeurs Debove et Legueu.) 


SUR LES LEUCOCYTOLYSINES ET LES ANTIiLEUCOCYTOLYSINES 
DANS L'’ANAPHYLAXIE, 


par J.-J. MANOURaINE. 


Après que j'eus démontré, dans mes recherches antérieures, que 
chaque fois que l’on introduit dans le sang diverses substances solubles, 
il se produit une leucoeytolyse, il était intéressant de rechercher jusqu à 
quel point la leucocytolyse se produit dans le sang des animaux anaphy- 
lactisés. ji 


(1) À 1/2 ou 1 tent. Hg près, environ. 


4450 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Il résulte de mes expériences que, tandis que dans les sérums des cobayes 
normaux, il se détruit en moyenne, en vingt-quatre heures, 7,8 p. 400 de 
globules blancs et dans les sérums des cobayes injectés avec 0,1 c.c. de sérum 
de mouton, il se détruit dans ce même laps de temps 30,2 p. 100 de globules 
blancs, dans les sérums des cobayes anaphylactisés, il se détruit en moyenne 
au cours de vingt-quatre heures 1,6 p. 400 de globules blancs et dans les 
sérums des animaux injectés avec 0,1 c.c. à 0,2 c.c. de sérum de mouton, il 
se détruit durant le même laps de temps 7 p. 100 de globules blancs. On 
constate de même que dans les sérums des cobayes anaphylactisés passivement 
par injection du sang de lapin, il se détruit en moyenne 1,1 p. 100 de globules 
blancs ; si on injecte à ces mêmes cobayes 0,2 c.c. de sérum de mouton, il se 
détruit 3,1 p. 100 de globules blancs, dans le cas où l'injection entraîne la 
mort de l'animal ; lorsqu'on ne réussit pas à communiquer aux cobayes une 
anaphylaxie passive par injection du sang des lapins préparés, dans les sérums 
obtenus du sang avant l'injection, il se détruit en moyenne 33,4 p. 100 de 
globules blancs et, après l'injection, en moyenne 42,5 p. 100. Il faut signaler 
que, dans le cas où l’on réussit à communiquer aux cobayes une anaphylaxie 
passive par injection du sérum des lapins préparés, le sérum de lapin à des 
propriétés antileucocytolytiques, et, dans le cas où on n'arrive pas à provoquer 
l’anaphylaxie, il se détruit dans les sérums de lapins 37,3 à 41,2 p. 100 de 
globules blancs. 

Les propriétés antileucocytolytiques ne se manifestent d’une manière 
constante que dès le neuvième et onzième jour après la préparation de 
l'animal, tandis que, pendant les premiers jours, on constate que les propriétés 
leucocytolytiques et antileucocytolytiques du sérum alternent d’un jour à 
l’autre. 


Il était aussi intéressant d’étudier s’il se produit les mêmes phéno- 
mènes dans le sang des cobayes morts à la suite d’une injection de la 
peptone ou de l’anaphylotoxine. 


Les expériences ont montré que, si après l'injection d’une dose non mortelle 
(4 à 2 c.c.) d’une solution de peptone Chapoteaut à 10 p. 100, les sérums de 
cobayes détruisent en moyenne 37,3 p. 100 de globules blancs, après l'injection 
d’une dose mortelle (3 à 5 c.c.) de peptone, les sérums, de même que dans 
les cas d’anaphylaxie passive ou active, détruisent en moyenne 2,8 p. 100 de 
globules blancs. 

On a constaté de même qu'après l'injection d’une anaphylotoxine sérique 
(préparée d’après la méthode de M. Friedberger), dans le cas où il y a une 
crise suivie de mort de l’animal, le sérum détruit en moyenne 1,1 p. 100 de 
globules blancs, tandis que dans les cas qui n’entrainent pas la mort de 
l’animal lés sérums détruisent en moyenne 33,6 p. 100 de globules blancs. 
Il faut signaler le fait intéressant que, dans tous les cas à issue mortelle, les 
sérums de lapins, de même que dans les cas d'anaphylaxie passive, présentent 
des propriétés antileucocytolytiques, tandis que dans les cas à issue non 
mortelle ils présentent des propriétés leucocytolytiques. L’antianaphylaxie 
provoquée d’après la méthode de M. Besredka est accompagnée de l’apparition 
dans le sang des leucocytolysines qui détruisent en moyenne 40 p. 100 de 
globules blancs. ; 


L } 


SÉANCE DU 31 MAI 1451 


Ayant constaté un lien entre l'apparition des antileucocylolysines dans 

le sang et l'éclatement de la erise anaphylactique, et inversement entre 

l'absence de la crise et la présence des leucocytolysines, j'ai voulu 

rechercher comment l'augmentation artificielle de l’un de ces ferments 
influence le phénomène de l’anaphylaxie. 

En stimulant l'activité du foie par une dose de rayons X de 1 H environ 
(rayons filtrés par 1 millimètre d'aluminium) et en augmentant ainsi, 
comme je l’ai démontré dans mes travaux antérieurs, la production des 
antileucocytolysines, j'ai pu tuer des cobayes anaphylactisés activement 
par des doses de sérum deux à six fois plus petites que celles qui 
tuaient les cobayes témoins ; au contraire, en stimulant l’activité de la 
rate par la même dose de rayons X et en augmentant ainsi la production 
des leucocytolysines, je ne suis pas arrivé à tuer des cobayes par 
des doses de sérum de cheval deux à sept fois plus fortes que celles qui 
tuaient les cobayes témoins. L'influence des rayons X se manifestait 
dans les deux cas, tout de suite après l'irradiation du foie et de la rate, 
mais pour obtenir un effet bien frappant, il fallait irradier les organes 
pendant plusieurs jours de suite. C’est surtout important lorsqu'il s’agit 
de la rate; pour obtenir dans ce cas une action préventive plus forte, 
il faut commencer l'irradiation à une période à laquelle les phénomènes 
de l’anaphylaxie n'ont pas encore apparu chez le cobaye. A l’aide de 
sérums des cobayes qui ont subi durant plusieurs jours l’irradiation de 
la rate, on arrive parfois à provoquer l’anaphylaxie passive, chez 
d’autres cobayes, tandis que l'on n'obtient jamais ce résultat en se 
servant des sérums des cobayes témoins. 


Ces recherches jetteront peut-être quelques lumières sur le problème 
de l’origine des crises semblables à celles de l’anaphylaxie et apparais- 
sant après l'injection de diverses substances qui exercent peul-être une 
action irritante sur le foie et, en particulier, sur sa fonction antileuco- 
cytolytique. Quant à la rate, on peut supposer que, lorsqu'on renforce à 
l’aide des rayons de Rôüntgen sa fonction leucocytolytique, la neutrali- 
sation des antileucocytolysines se produit, le sang se sature peut-être 
de sensibilisines, s’il est vrai que les leucocytes sont les porteurs de ces 
substances, c’est pourquoi les antisensibilisines introduites avec le sé- 
rum sont neutralisées rapidement. 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Metchnikoff.) 


1152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


DISPARITION DE L'ALEXINE DES SÉRUMS PAR LES RAYONS ULTRA-VIOLETS, 


par Pauz CourmonT, NoGier et A. Durourt. 


Nous avons étudié (1) l’action des rayons ultra-violets sur le pouvoir 

alexique des sérums humains, en exposant ces sérums frais dans des 
tubes de quartz devant une lampe de Kromayer à vapeurs de 
mercure (2). 
_ Le pouvoir alexique était ensuite recherché en mélangeant des doses 
graduées (0 c.c. 1 à 0 c.c. 5) de ces sérums à un couple hémolytique 
inaclivé (0 c.c. 1 de sérum de lapin bémolytique à 1/50, en présence de 
{ c.c. d’une dilution à 5 p. 100 de globules de moutons lavés). La 
comparaison était faite avec des tubes témoins additionnés de la même 
quantité des mêmes sérums humains, prélevés dans les mêmes 
conditions, mais non exposés aux rayons. 


Exr. 1. — Sérum frais d'homme. Exposition aux rayons pendant deux 
heures dans un tube de quartz cylindrique retourné et agité plusieurs fois. 


ITÉMOLYSE PRODUITE. 


Doses de ces sérums. Avec sérum irradié. Avec sérum témoin. 
(EM rte ar on LE) H1-2 
DA er HA H3 
D de re le H3-4 
DU AA H4 
DR nes HO H4 
Exe. II. — Sérum frais d'homme. Exposition aux rayons pendant 3 h. 30; 


même tube de quartz agité et retourné. 


HÉMOLYSE PRODUITE. 


Doses de ces sérums. Avec sérum irradié. Avec sérum témoin. 
D CS ESS SSP ET(O H1-2 
D'OR ere TI 43-4 
DER NN NE RE EME H4 
DANS MR ARNEACR ER ANT H4 
0,5 H5-4 2 


(4) Cf. sur sujet analogue, la communication de MM. Baroni et Jonnesco, 
Comptes rendus de la Société de Biologie, 1910. 

(2) L'intensité du courant alimentant la lampe était de # À 125 V. Les tubes 
élaient placés à 15 centimètres pour étiter toute action calorifique. Le 
diamètre des tubes de quartz était : 1° pour le tube cylindrique des 
deux premières expériences, de 9 millimètres de diamètre extérieur et 
de 8 millimètres de diamètre intérieur; 2° pour les tubes plats de l’expé- 
rience IT, de à millimètres de diamètre extérieur et de 4 millimètres de 
diamètre intérieur. L’épaisseur de la couche de sérum est naturellement très 
importante pour la pénétration des rayons ultra-violets. 


SÉANCE DU 931 MAI 1153 


Dans ces deux expériences, la destruction de l’alexine était assez 


marquée pour qu'il n'y ait pas ou peu d'hémolyse dans les premiers 


tubes irradiés. 


Exp. III. — Ici, nous avons cherché si la disparition de l’alexine par les 
rayons ultra-violets était plus ou moins intense dans l'air, l'oxygène, l'azote 
et enfin le vide. Nous avons donc employé quatre tubes de quartz plats et, 
après y avoir déposé le sérum, nous avons fait le vide dans trois d’entre eux : 
dans l’un nous avons introduit l’azote, dans un autre l'oxygène; le troisième 
est resté à vide (poussé jusqu'à une pression de 4 centimètres de mercure). 
Les quatre tubes ont été ensuite irradiés pendant trois heures. 


€ 


HÉNOLYSE PRODUITE. 


Doses avec sérums irradiés avec 
des SE sérums 

sérums. dans l'air. dans l'oxygène. dans le vide. dans l'azote. témoins. 
ONE HO H0 HO HO + 
(RS MEME a EL H1 A1 H1 H4 
Demers. F2 H2 H2 H2 4 
Ds ACEVANENEl » Es H3 H?2 I3 H4 
(LES Ce H# H3 CoRÉ H4 


Nous n'avons pas lrouvé de différences sensibles entre les sérums 
irradiés. Dans tous les tubes l’alexine a été plus ou moins détruite et 
l’hémolyse était nulle dans le tube 1, alors que dans le même tube 1 
l’alexine du sérum témoin non irradié donnait une hémolyse totale. 


Conclusions. — 1° L'exposition de sérums frais d'hommes aux 
rayons ultra-violets pendant. quelques heures, dans les conditions 
indiquées, leur fait perdre en grande partie leur pouvoir alexique ; 

2° Cette disparition de l’alexine serait certainement plus complète 
avec une couche encore plus mince de sérum; 

3° Cette disparition s'effectue sans différence notable dans l'air, 
l'oxygène, le vide et l’azote. 


INSUFFISANCE GALACTOLY TIQUE, 


par Cu, AcHaRDb et G. DESsBouIs. 


En pratiquant chez l’homme l'épreuve de la glycosurie alimentaire, 
qui fut le premier procédé d'exploration fonctionnelle du foie, les cli- 
niciens pensaient que le passage du sucre dans l’urine résultait d’une 
insuffisante fixation du glycose à l’état de réserve dans les cellules hépa- 
tiques. Depuis on a reconnu que cette interprétation n’est pas légitime 
el que, dans le résullat final de l’épreuve, plusieurs causes d'erreur 

Biococie. Compres RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 80 


1154 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


interviennent, notamment l’utilisation du glycose par les tissus, dont 
le rôle est prépondérant. Comme nous l'avons montré dans des notes 
récentes (1), par l’étude des échanges respiratoires, la glycosurie ali- 
mentaire ne résulte pas tant d’un défaut de mise en réserve dans le foie 
que d’une iasuffisante utilisation du glycose par les tissus; elle indique 
ien moins l'insuffisance hépatique que l'insuffisance glycolytique 
générale. 

Devant les insuceès cliniques de la glycosurie alimentaire, certains 
cliniciens ont tenté d’explorer les fonctions hépatiques à l’aide d’autres 
sucres assimilables que le glycose. On a proposé le galactose que les 
tissus utilisent moins facilement. Toutefois, cette nouvelle épreuve de 
la galactosurie alimentaire a donné, dans les affections hépatiques, des 
résultats inconstants. Par exemple, dans la cirrhose, elle est tantôt 
positive et tantôt négative. Certains auteurs estiment que ces différences 
doivent être attribuées à l’état différent du parenchyme glandulaire : la 
galactosurie traduirait l'insuffisance quantitative et qualitative des 
cellules hépatiques. | 

Or, en étudiant chez les malades l’utilisation du galactose par la 
même technique que celle du glycose, nous avons reconnu que la galac- 
tosurie alimentaire, elle aussi, révèle bien moins une insuffisance de 
mise en réserve dans le foie que l’impuissance ces tissus à consommer 
le galactose. 

Cette insuffisance galactolytique se reconnaît à l'absence d’augmen- 
tation de l’acide carbonique exhalé après l'injection sous-cutanée de 
6 grammes de galactose ou l’ingestion par la bouche de 20 grammes de 
ce même sucre. Chez le sujet normal, ces doses donnent lieu toujours à 
l'accroissement de l'acide carbonique exhalé. Enfin l'ingestion de 
40 grammes, en cas d'insuffisance galactolytique, entraîne l'apparition 
de galactose dans l'urine, tandis que, chez Le sujet normal, aucune galac- 
tosurie ne s’observe à la suite. 

Nous avons rencontré l'insuffisance galactolytique chez cinq malades. 


I. — Cirrhose de Laënnec, chez un homme de 66 ans. Ascite. 

Après ingestion de 40 grammes de galactose, galactosurie et pas de modifi- 
cation de C0* exhalé. 

Après ingestion de 20 grammes de glycose, augmentation très nette de CO* 
exhalé. Après ingestion de 150 grammes, pas de glycosurie. 


Il. — Cirrhose de Laënnec, chez une femme de quarante-quatre ans. Ascite 


et subictère. 

Après ingestion de 20 grammes de galactose, pas de modification de CO* 
exhalé. Après ingestion de 40 grammes, galactosurie.. 

Après ingestion de 20 grammes de glycose, augmentation très nette de CO? 
exhalé. Après ingestion de 150 grammes, pas de glycosurie. 


(1} CF, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 février, 1° et 15 mars 1913. 


SÉANCE DU 31 MAI 41155 


IE. — Cancer du foie, chez un homme de quarante-deux ans. 
Après ingestion de 20 grammes de galactose, pas de modification de CO? 
exhalé. Après ingestion de 40 grammes, galactosurie. 


IV. — Ictère catarrhal, chez un homme de vingt-trois ans. 

Pas de modification de C0? exhalé après ingestion de 20 grammes de 
galactose, ni après injection intra-musculaire de 6 grammes. Galactosurie 
après ingestion de 40 grammes. 

Augmentation très nette de CO° exhalé après injection intra-musculaire 
de 6 grammes de glycose et après ingestion de 150 grammes. Celle-ci n’est 
pas suivie de glycosurie. 

Après guérison, l’ingestion de 40 grammes de galactose ne provoque pas 
de galactosurie. 


NV. — Maladie d'Addison, chez un homme de vingt-trois ans; mélanodermie 
de la peau et des muqueuses, asthénie, sans hypotension (t. max. 15;t. min.1l 
à l’oscillomètre de Pachon). Tuberculose pulmonaire. 

Après ingestion de 20 grammes de galactose, pas de modification de CO? 
exhalé. Après ingestion de 40 grammes, galactosurie. 

Après ingestion de 20 grammes de glycose, pas de modification de CO? 


-exhalé. Après ingestion de 150 grammes, glycosurie. 


Quelque temps après, le malade étant amélioré, l'ingestion de 40 grammes 
de galactose ne provoque plus de galactosurie, ni celle de 150 grammes de 
glycose de glycosurie. 


Ajoutons que, dans plusieurs autres cas d’affections du foie, notam- 
ment dans 8 cas de cirrhose alcoolique, 1 cas de cirrhose graisseuse 
tuberculeuse, 2 cas de gros foie cardiaque et 3 ictères (ictère catarrhal, 
ictère syphilitique, ictère calculeux), nous n’avons pas constaté d’insuf- 
fisance galactolytique. 

Ainsi, comme il arrive pour la glycosurie alimentaire, la galactosurie 
alimentaire marche de pair avec un trouble général de la nutrition qui 
consiste en un défaut d'utilisation du sucre par les tissus. C’est préci- 
sément cette insuffisance galactolytique générale qui explique l’incons- 
tance des résultats fournis par l'épreuve de la galactosurie alimentaire 
dans les maladies hépatiques. Si le foie intervient — ce qui est possible — 
dans les résultats de cette épreuve, ce n’est pas en mettant ou non le 
galactose en réserve, ce ne peut être qu'en agissant indirectement sur 
l'aptitude des tissus à consommer ce sucre. 

Il convient de noter que l'insuffisance galactolytique est tout à fait 
indépendante de l'insuffisance glycolytique. 

L'un de nous avait déjà signalé avec P. Emile-Weil (1) qu’elle man- 
quait dans une série de cas d'insuffisance glycolytique. 

Sur quatre cas d'insuffisance galactolytique dans lesquels nous avons 


(4) Ch. Achard et Emile-Weil. Contribution à l'étude des sucres chez les 
diabétiques. Arch. de méd. expériment., novembre 1898, p. 816. 


LISA END 


1156 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


fait la comparaison, nous n'avons vu coïncider les deux troubles qu'une 
fois (obs. V); ils n’existaient, d’ailleurs, chez ce malade, que d’une 
facon temporaire et disparurent simultanément peu après. 

D'autre part, dans plusieurs cas d'insuffisance glycolytique (4 dia- 
bètes, 1 cirrhose alcoolique, 1 cirrhose graisseuse tuberculeuse, À sep- 
ticémie chez un addisonnien), nous n’avons pas constaté d'insuffisance 
galactolytique. Celle-ci est donc bien moins fréquente que la première. 

Remarquons enfin que le glycose et le galactose sont des sucres dont 
la constitution est fort voisine, car ils sont stéréo-isomères. L’indépen- 
dance de leur utilisation par les tissus est donc un nouvel exemple de 
la spécificité des actions, vraisemblablement diastasiques, par lesquelles 
s’accomplissent les phénomènes intimes de la nutrition. 


PSORIASIS ET RHUMATISME CHRONIQUE. 
TRANSFORMATION PAR L'OPOTHÉRAPIE THYROÏDIENNE ET TESTICULAIRE, 


par LÉoPporp-LÉvt. 


Dans un prochain travail (fondé sur trente-six observations soumises 
à l'opothérapie) j'étudierai l’associalion psoriasis-rhamatisme chro- 
nique. Je montrerai que cette combinaison n’est pas due à une coïnci- 
dence, mais que, inversement, il n'y a pas de « psoriasis arthropa- 
thique ». En réalité, les deux syndromes associés évoluent sur un même 
terrain pathologique, qui est conditionné fréquemment par des troubles 
des glandes à sécrétion interne. 


De ce travail, je détache un cas particulier. Il concerne un sujet âgé 
actuellement de soixante-douze ans, venu à la consultation du D' Brocq, 
à l'hôpital Saint-Louis. A la suite des vives émotions que lui causa la 
mort de trois enfants en dix-huit mois, évoluent, chez lui, depuis sept à 
huit ans, du psoriasis et du rhumatisme chronique. 


Le rhumatisme atteint les épaules, les coudes, les poignets, la colonne 
vertébrale, les hanches. Il est surtout marqué l'hiver. 

Le psoriasis, qui l’a précédé, forme de très larges placards au niveau dela 
région dorsale et lombaire. Des éléments arrondis, plus ou moins volumineux, 
s'étendent aux régions postérieures des cuisses et atteignent l’aine droite. 
D'autres placards volumineux sont développés à la face postérieure des 
coudes et des avant-bras. Le psoriasis forme encore des plaques étendues 
sur le cuir chevelu. D’une facon générale, le psoriasis est épais, recouvert de 
squames très volumineuses. La peau sous-jacente est d’un rouge vif. L'affec- 
tion est prurigineuse. Les démangeaisons exislent de jour et de nuit. Le 
psoriasis, jusqu'à l’hiver 1910, existait seulement l'été et guérissait l'hiver. 


SÉANCE DU 31 MAI 1157 


Ayant constaté chez le sujet des signes d'insuffisance thyroïdienne, 
je le soumis à la thyroïdothérapie à partir du 15 mars 1911, par cachets 
d'abord de 0,025 milligrammes. 


Très rapidement, le rhumatisme s'améliore. Au bout d’un mois, D... souffre 
moins, s'habille mieux, se livre plus facilement à son travail. Les progrès 
continuent, et, après quelques mois, ii est surpris du changement produit; il 
ne soufire même plus aux variations du temps. 


Quant au psoriasis, à peine a-t-il été modifié, en ce qui concerne les 
démangeaisons, en avril 1912. 

C’est alors que m'appuyant sur l’âge du malade (soixante-douze ans), 
surune frigiditésexuelleremontant à six années, sur la tendance à la gyné- 
comastie qu'il présente, sur la raréfaction des poils du pubis, et, d'autre 
part, sur l’action du testicule sur la peau et la richesse de cette glande 
en soufre (Brisson), je prescris au malade des cachets de poudre testi- 
culaire ; il en prit d’abord un par jour (0 gr. 20). 


Cette médication produit rapidement un effet favorable. Le psoriasis devient 
moins prurigineux, le sujet peut dormir la nuit. Les squames s’amincissent. 
La rougeur de la peau s’atténue. Peu à peu la peau reprend ses caractères 
habituels (1). Seules, par places rares, les parties périphériques des placards 
restent encore le siège de squames épaisses (250 cachets environ). La dispo- 
sition circinée a conduit à rechercher la réaction de Wassermann, qui a été 
négative. 


Voilà le fait. Dans ce cas, le rhumatisme chronique bénin a cédé au 
trailement par la thyroïde, le psoriasis sévère au traitement par 
l'orchitine. 

Les effets rapides, continus, transformateurs des traitements thyroï- 
dien et orchidien, joints aux troubles d'insuffisance présentés par le 
sujet, autorisent à conclure à un rhumatisme chronique thyroïdien, à 
un psoriasis orchidien. 

Ainsi done, chez un même sujet, deux syndromes qui sont souvent 
associés, et évoluent sur un terrain de perturbations endocritiques, 
peuvent correspondre à des troubles glandulaires différenciés. Et de 
fait, le rhumatisme est d’abord survenu l'hiver, le psoriasis l’été. 

Mais on peut pousser plus loin l’étude du cas. Le sujet, tout en 
étant frileux, constipé, atteint de maux de tête, présente surtout des 
signes d'hyperthyroïdie : visage coloré et juvénile, canitie précoce, sour- 
cils saillants, nervosisme, battements de cœur. Pouls 108. Son psoriasis 
prurigineux, congestif, marqué surtout l'été, répond au psoriasis que 
nous Considérons comme hyperthyroïdien. Aussi est-il permis de se 


(1) M. Brocq a bien voulu suivre les transformations qui se sont produites, 
en dehors de tout traitement local. 


1158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


EE __—_—…— 


demander si l'insuffisance tesliculaire n’est pas capable, comme l’insuf- 
fisance ovarienne, de provoquer une hyperthyroïdie réactionnelle, que 
le traitement testiculaire inversement combat. Il y aurait là une insta- 
bilité testiculo-thyroïdienne, sur laquelle je reviendrai prochainement 
à propos de la chevelure des insuffisants testiculaires. 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU SYNDROME D'HYPERTENSION PORTALE. 


NOTE SUR LES MODIFICATIONS DE LA TENSION ARTÉRIELLE NORMANE ET AU 
COURS DES CIRRHOSES ALCOOLIQUES, SOUS L'INFLUENCE DE L'ORTHOSTATISME 
ET DE LA DIGESTION, 


par MAURICE VILLARET. 


Les travaux d'Oliver, d’Erlanger et Hooker et surtout de Potain ont 
montré que la station debout diminue normalement la pression arté- 
rielle. De même, àl'étatnormal, d’aprèsles travauxclassiques de Potain, 
la digestion détermine une hypotension artérielle légère, cette hypoten- 
sion étant, suivant Lœper, précédée et suivie d’un stade d’hypertension 
relative. 

Depuis plusieurs années nous avons poursuivi l'étude de ces modifi- 
cations de la tension artérielle sous l’influence de l’orthostatisme et de 
l'ingestion alimentaire au cours du syndrome d'hypertension portale, 
comparativement à ce qui se passe chez l’homme sain. Pour chacun de 
nos sujets, nos pressions furent prisessystématiquementsur lemême bras, 
aux mêmes heures, dans la même position, et les explorations pour- 
suivies en série à l’aide du sphygmomanomètre de Potain, de l’osci!lo- 
mètre de Pachon et, dans ces dernierstemps, du sphygmotensiomètre de 
Vaquez. 

Voici, très résumés, les résultats globaux de nos recherches : 


1° À l’état normal, l'influence de la position sur la pression artérielle 
est indéniable, La tension maxima peut varier du simple au double sui- 
vant que le sujet se tient debout, le bras élevé verticalement ou abaiïissé 
le long du corps. Elle change dans des proportions moins considérables 
mais nettes lorsque, le bras étant maintenuen position horizontale, pré- 
caution que nous avons prise dans toutes nos explorations, l'individu 
en expérience se tient debout ou couché. De notre statistique sur 
11 sujets normaux, il ressort que l’orthostatisme fait baisser en moyenne 
latension maxima de 1 em.1, 

L'influence de la digestion sur la tension artérielle nous a paru norma- 
lement assez variable. Cependantil semble que, à position égale, il existe, 
en général, une hypotension digestive légère(1,5 en moyenne), précédée 


SÉANCE DU 31 MAI 1159 


assez souvent d’une hypertension transitoire (Læper) et suivie, au bout 
de trois à quatre heures, d’une nouvelle montée de la pression. L’ortho- 
statisme et la digestion n’influent guère réciproquement sur leurs varia- 
tions respectives. 

2 Au cours du syndrome d'hypertensionportale, on sait qu'ilexiste pour 
ainsi dire toujours de l’hy potension artérielle ; celle-ci est surtout nota- 
ble quandonexaminela tension maxima, la tension minima ne subissant 
par contre, du fait de la pléthore abdominale, que peu de modifications. 

L'orthostatisme exagère, chez ces sujets, l'hypotension artérielle dans 
des proportions plus grandes qu’à l’état normal (2 em. 5). 

L'influence de la digestion diminue de même plus nettement leur 
tension artérielle qu'à l’état normal (3 centimètres en moyenne). De 
plus, l'hypertension portale semble, en général, supprimer le stade 
d'hypertension artérielle transitoire qui, normalement, précède souvent 
l’hypotension digestive. L'influence hypotensive de l’orthostatisme n'est 
pas modifiée par la digestion. 

3° Ces différents chiffres concernent la tension maxima: La tension 
minima, en effet, ne subit que fort peu l'influence de l’orthostatisme et 
de la digestion. Quant à l'amplitude des oscillations, ses variations sui- 
vent, en général, celles de la tension maxima. 


SCHIZOPHYTES DU CÆCUM DU COBAYE. 


I. Oscillospira Guilliermondi N. &., N. sP., 


par EDOUARD CHATTON et CHARLES PÉRARD. 


Nous observons depuis plusieurs années, dans le cæcum des cobayes 
de l’Institut Pasteur provenant de l'élevage de Garches, deux schizo- 
phytes qui ne nous paraissent pas avoir été signalés jusqu'ici. 

L'un est une Cyanophycée incolore, très mobile, mais à spores endo- 
gènes ; l’autre est un gros bacille formant de deux à huit spores volu- 
mineuses sans reliquat cytoplasmique extrasporal, que nous étudierons 
dans une prochaine note. 


Oscillospira Guilliermondi se présente sous forme de filaments 
robustes, assez bien calibrés, d'un diamètre moyen de 5 set dont la lon- 
gueur n'excède jamais 100 w. Ils sont arrondis aux deux extrémités. 
Examinés vivants ils montrent un celoisonnement bien apparent; les 
cloisons sont très rapprochées, et les compartiments qu’elles limitent, 
ceux où se forment les spores excepté, ont de 1 à 2 u de longueur. 
Ils sont donc extrêmement étroits. L’épaisseur des cloisons est d’ailleurs 
variable. Les plus épaisses sontbiconcaves. Le cytoplasme est homogène 


\ 
Fi 
\ 
\ 
LZ 
N 
1 


1160 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ou finement granuleux sans pigment ni grains de soufre, ni inclusions 
d'aucune sorte. 

Ces filaments se multiplient par simple scission transversale entre 
deux compartiments, généralement de part et d'autre des grosses cloi- 
sons biconcaves qui équivalent aux disjoncteurs des autres Oscillariées. 

Les filaments sporulés ne sont jamais nombreux. Chacun d’eux 
forme le plus souvent une, rarement deux, endospores. La spore est 
contenue dans un des compartiments considérablement allongé, mais 
très peu élargi, qu’elle ne remplit d’ailleurs pas entièrement. Elle est 
ellipsoïdale, mesure en moyenne 4 y de long sur 2 v 5 de large. Elle est 
orientée suivant l'axe du filament ou très peu inclinée sur cet axe. 

Après coloration, le contenu des compartiments est sans différen- 
ciation chromalique centrale. Par contre on y distingue une ou deux 
vacuoles. 

Oscillospira est très mobile. Les filaments se déplacent suivant une 
ligne hélicoïdale à tours très lâches, telle que les filaments les plus 
longs n’ont jamais plus d'un tour et demi de spire. Nous n'avons pas 
coloré les cils. La mobilité n’est d’ailleurs pas constante. Chez certains 
cobayes tous les individus se montrent immobiles. | 

La structure de cet organisme en fait incontestablement une Cyano- 
phycée. L'absence de pigment et de corps chromatique central la rap- 
proche des Beggiatoa. Mais dans les conditions où nous rencontrons 
Oscillospira elle n’élabore pas de soufre. C'est là d’ailleurs chez les 
Beggiatoa mème un caractère purement physiologique, subordonné aux 
conditions de milieu. 

Oscillospira diffère surtout des Pegqiatoa, qui ont des arthrospores ou 
hétérocystes, par ses spores endogènes. Celles-ci la rapprochent des 
schizophytes décrits par Valentin (1) chez les Blattes sous le nom d'A1y- 
grocrocis inteslinalis et par Leidy (2) chez les iules et les termites sous le 
nom d'Arthromitus cristatus (— A. nitidus). Tout récemment Collin (3) a 
étudié une Oscillariée à endospores parasite des têtards de batraciens 
qu'il rapporte au genre Arthromilus (A. batrachorum). 

Dans des préparations de contenu intestinal de termites nous avons 
retrouvé les Arthromitus de Leidy, et M. A. Borrel nous a montré chez 
des Blattes des schizophytes que nous identifions à l'Aygrocrocis intes- 
tinalis de Valentin, Il nous semble d’ailleurs que ces formes sont géné- 
riquement identiques. 

Ce sont de longs filaments à compartiments subégaux, cubiques, à 
croissance indéfinie, immobiles, et qui au surplus sont, d’après Leidy, 


(1) Repert. für Anat. und Phys., I, p. 110, 1836. | 

(2) Proc. A. N. S. Philadelphie IV, p. 225, 1849, et Journ. A. N. S. Philadel- 
phie, VIE, p. 423-447, 2 pl., 4880. 
(3) Arch. zool. exp. gén., LI, N. et R, p. 63, 1943. 


SÉANCE DU 931 MAI 1161 


fixés à la paroi intestinale par bouquets sur une sorte de pied commun 
globuleux. Il ÿ à dans les régions sporulées de ces filaments une endos- 
pore par cellule et ces cellules sporigènes ne sont point hypertrophiées. 

Nous ne croyons pas pouvoir attribuer au genre Hygrocrocis 
= Arthromilus) le parasite des cobayes, qui s’en distingue par son 
cloisonnement très étroit et irrégulier, sa croissance limitée, le nombre 
restreint des endospores, la différenciation des cellules qui les contien- 
nent, et enfin sa condition libre et mobile. Ces caractères seront ceux 
du nouveau genre Oscillospira. 


Oscillospira Guilliermondi. 


1, 2, Filaments sporulés; 3, Court filament; 4, Structure des compartiments; 
5, Ebauche de la spore. 


Il y a ainsi parmi les Schizophycées au point de vue du mode de for- 
mation des spores deux grandes catégories. 

Arthrosporées comprenant Nostocacées, Oscillariées et Beggiatoacées. 

Endosporées comprenant Æygrocrocis, Oscillospira, Bactériacées et Les 
Spirillacées type (Spirillum monosporum Dobell, S. præclarum Collin, 
Spirobacillus gigas Certes). 

Mais si Oscillospira paraît conduire par ses endospores des Oseil- 
lariées typiques, dont elle a la structure eloisonnée, à ces Spirillacées, 
elle semble par cette structure même se ranger entre les Oscillariées et 
les Spirochètes, type Saprospira, Pseudospira, Cristispira, dont la struc- 
ture chambrée est considérée à juste titre comme le vestige d’un cloison- 
nement cellulaire. 

La question se pose actuellement de savoir si ces Spirochètes sont des 


1162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


endosporés ou des arthrosporés. Gross {1) a décrit l’an dernier des 
arthrospores chez Cristispira tapetos et les saprospira 
Cette observation, jusqu'ici unique, mérite confirmation. 


(/nstitut Pasteur. Laboratoire de M. Mesnil.) 


ACCIDENTS MORTELS ORSERVÉS CHEZ LE CHEVAL 
A LA SUITE DE L'INSTILLATION DE TOXINE ASCARIDIENNE, 


par M. WEINBERG et À. JULIEN. 

Il y a deux ans, un des chevaux ayant servi à nos premières 
recherches sur l’action toxique du liquide péri-entérique de l’Ascaride 
avait succombé trente heures environ après l'instillation dans l’œil de 
1 c.c. de cette toxine vermineuse. Ce cheval avait d’abord présenté 
des accidents généraux très violents (dyspnée très intense, sueurs 
profuses, diarrhée), mais au bout de deux heures il paraissait com- 
plètement remis. 

Comme sa mort était survenue assez longtemps après l’instillation 
et que, d'autre part, nous n'avions pas observé d’accidents semblables 
dans nos recherches ultérieures qui cependant avaient porté sur 
plusieurs centaines de chevaux, nous n'avions pas cru pouvoir 
l’attribuer à l’action du liquide péri-entérique. 

Un fait nouveau nous permet de donner une interprétation de cette 
première observation. 

Il y a quelque temps, l’un de nous avait besoin de provoquer l’æœdème 
des paupières chez un certain nombre de chevaux. Dans ce but, il leur 
a instillé dans l’œil un demi à 1 c.c. de liquide péri-entérique dilué 
au 1/4. 

Un cheval très vigoureux et paraissant en bon état de santé à 
présenté, au bout de dix minutes, la réaction oculaire caractéristique, 
puis cinq minutes après il s’affaissa nine et mourut après 

s'être débattu quelques instants. 

Un autre cheval du même lot a présenté aussi de l'œdème des pau- 
pières, mais en même temps il a été pris de symptômes généraux 
graves (dyspnée, diarrhée, sueurs profuses). Le sujet, couché sur le 
sol, faisait en vain de violents efforts pour se relever; il se soulevait 
‘très bien sur ses deux membres antérieurs, mais les deux membres 
postérieurs restaient inertes : il était manifestement atteint de para- 
lysie du train postérieur. Il à été trouvé mort trois à quatre heures 
après l’instillation. 


(1) Centralbl. Bakt. und Parasit., origin, LXV, p. 83-98, 1912. 


SÉANCE DU 31 MAI 1163 


Nous avions déjà soupconné, dans un travail antérieur (1), la nature 
anaphylactique de certains symptômes observés chez le cheval après 
l'instillation de liquide péri-entérique. 

Il est évident que les trois accidents mortels observés chez ces 
chevaux ne peuvent pas être attribués à l’action directe de la toxine 
ascaridienne. 

Ayant éludié un grand nombre d'échantillons de liquide péri- 
entérique, nous ne pouvons admettre qu’une dose aussi infime de cette 
toxine puisse entrainer la mort d’un cheval. Nous croyons qu’il s’agit 
là de chevaux qui avaient été sensibilisés antérieurement par des 
ascarides dont ils se sont débarrassés depuis. 

Ces nouvelles constatations nous font admettre que, parmi les 
phénomènes que nous avons observés chez les chevaux instillés avec le 
liquide péri-entérique, les uns, comme l’œdème de la paupière, le 
larmoiement, sont dus presque toujours à la toxicité directe, tandis 
que les autres, très graves, bien que souvent de courte durée (fortes 
démangeaisons, dyspnée, sueurs profuses, diarrhée et quelquefois 
paralysie du train postérieur), sont de nature anaphylaclique. 

Les fails que nous venons de relater dans cette note sont intéressants 
non seulement parce qu’ils se rapportent aux premières observations 
d’anaphylaxie vermineuse mortelle chez le cheval, mais aussi parce 
qu ils indiquent qu'on peut provoquer exceptionnellement ces phéno- 
mènes très graves par une simple instillation dans l’æil de produits 
vermineux. 


RÉACTIONS GLOBULAIRES DU SANG À L'UROHYPOTENSINE, 


par E. BARDIER et A. STILLMUNKES. 


En plus des effets physiologiques décrits précédemment par l’un 
d’entre nous en collaboration avec E. Abelous, l'urohypotensine entraine 
du côté des globules sanguins des modifications intéressantes, en tous 
points comparables à celles qui accompagnent l'injection de quelques 
toxines. Elles portent à la fois sur. les hématies et les leucocytes. 

Nous les avons exclusivement étudiées sur Le lapin, consécutivement 
à une ou plusieurs injections intra-veineuses. Nos résultats ont été 
constants et correspondenten moyenne aux variations qu'exprime d'une 
façon très nette l'expérience suivante : 

Lapin. Poids, 1.700 grammes. Par des examens quotidiens, on éla- 
blit la moyenne de la numération globulaire pour les hématies et les 


giène de la viande et du lait, mai 1913. 


1164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


globules blancs. On recherche aussi la formule leucocytaire. Ce même 
examen est répété pendant plusieurs jours conséculifs à une injection 
intra-veineuse d’urohypotensine. Vingt jours après, l'animal succombe 
à la suite d'accidents anaphylactiques provoqués par une injection 
déchaînante. 

Le tableau suivant indiquant la proportion centéshuale des divers 
éléments du sang permet de suivre commodément les variations princi- 
pales pour chacun d’entre eux. Le chiffre normal, moyen pour chaque 
élément avant l’injeclion, est supposé égal à 100. 


NUMÉRATION GLOBULAIRE POURCENTAGE LEUCOCYTAIRE : 


Globules Globules 


rouges. blancs. 


Lymphocytes. 
Grands mono- 
nucléaires. 
Neutrophiles. 
Eosinophiles. 
Basophiles. 


{| Du 10 au 17 avril 1913./6.151.000— 100 | 8786 — 100139 — 100| 9 — 100 |48 — 100| 3 — 100 | 1 — 100 À 


|| 17 avril à 11 h. 30 du matin. — /njeclion de 0,04 centigraimmes par kilogramme. 


— a" h. 30 du soir. 107. 303 115 314 
|| — à 6 h. 30 du soir. 97 A86 71 4% 

18 8Æ 
| 19 G v 87 
21 i 9: ; 182 
A1 22 ri C 11 143 
Ï 169 
133 
148 
158 


à 2 h, 30 du soir. 


. 45 du soir. Injection déchaïnante de 0,03 centigrammes par kilogranune. 
Mort de l'animal. 


En somme, les modifications produites par l'injection d’urohypoten- 
sine atteignent à la fois le nombre des globules rouges et des leucocytes 
et l'équilibre de la formule leucocytaire. Nous pouvons encore ajouter 
que la résistance globulaire est modifiée. 

Numération globulaire. — En ce qui concerne les globules rouges, il 
se produit une hypoglobulie manifeste dès les premiers jours après 
l'injection. 

Par contre, les leucocytes augmentent de nombre presque immédiate- 
ment et celte hyperleucocytose très intense se maintient à un niveau à 
peu près constant les jours suivants. 


Ë SÉANCE DU 31 MAI 1165 


Pourcentage leucocylaire. — On observe une lymphocytose et une 
éosinophilie très caractérisées. Le nombre des grands mononucléaires 
et des neutrophiles subit une baisse. Peu ou pas de modifications du 
côté des basophiles. 

Résistance globulaire. — Au cours de nos recherches sur d’autres ani- 
maux. il nous a été permis d'enregistrer une diminution de la résistance 
globulaire sous l'influence de petites doses d'urohypotensine. Dans nos 
protocoles d'expériences noustrouvons qu'en général le début d’hémolyse 
correspond à une solution de 0,48 p. 100 du NaCI et que l’hémolyse est 
totale pour une solution de 0, 38 de NaCI. 

Après l'injection d'urohypotensine, le début d'hémolyse se fait à 0,50 
et l’'hémolyse totale à 0,42. 

Nous rappelons à ce propos que l’action hémolytique de cette subs- 
tance a déjà été constatée in vitro par E. Abelous et E. Bardier (1). 


Nous avons tenu à rapprocher ces résultats de ceux qu'ont obtenus 
certains auteurs avec des toxines. C'est ainsi que, dans un travail récent, 
Scholz (2) a décrit des troubles absolument analogues sur des animaux 
soit inoculés avec des bacilles tuberculeux ou des fragments de tissu 
tuberculeux, soit injectés avec de la tuberculine. 

C'était une ressemblance de plus entre l’urohypotensine et beaucoup 
de toxines qu'il nous a paru utile de signaler, 


(Travail du laboratoire de pathologie expérimentale de la Fac. de méd. 
de Toulouse.) 


LE VIRUS DU RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU N’EST PAS DE NATURE BACTÉRIENNE. 


Note de F.-G. Bosc et M. CARRIEU, présentée par E. GLEY. 


On a attribué l'infection rhumatismale aiguë à des microbes divers, 
en particulier au staphylocoque, au diplostreptocoque de Triboulet et 
Coyon et au bacille d'Achalme, mais on n’a donné aucune démonstra- 
tion décisive du rôle spécifique de l’une de ces bactéries. 

Il était intéressant de rechercher, en se mettant à l’abri de toute con- 


(4) E. Abelous etE. Bardier. Action hémolysante de l’urohypotensine. Résis- 
tance du sang d'animal immunisé à l’'hémolyse. Comptes rendus de la Soc. de 
Biologie, 1910. 

(2) Scholz. Blutkürperchenzahlungen bei gesunden bzw. Künstlich injizierten 
tuberkulosen Rindern, Kaninchen und Meerschweinchen, etc. Centralblatt für 
Bakteriologie, t. LXN, p. 189, 1912. 


1166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tamination par une technique rigoureuse (1), — s’il existait réellement 
une infection bactérienne dans le rhumatisme articulaire aigu. 

Or, la recherche directe des microbes, les cultures et l'expérimentation 
chez les animaux, avec le sang et le liquide articulaire recueillis pen- 
dant la vie, à l’acmé de la maladie et avant tout salicylate, chez douze 
malades atteints de rhumatisme articulaire aigu vrai (2), nous imposent 
cette conclusion qu’il n'est pas possible de déceler chez les rhumatisants 
aucun virus, aérobie ou anaérobie, de nature bactérienne (3). 


I. Recherche directe des microbes. — a) L'examen du sang (étalement sur 
lames, dessiccation rapide à l'air, fixation à l’alcool-éther ou à la cha- 
leur, coloration par les bleus, la thionine, le Gram, le Loœffler pour les 
cils, le Giemsa) est demeuré complètement négatif pour tous nos ma- 
lades. 

b) L'examen du liquide articulaire, après fixation sur lames (mêmes colora- 
tions que pour le sang), ou.sur coupes minces obtenues par le procédé de la 
goutte (4) et colorées par les bleus, la thionine, le Gram et le Giemsa, est 
demeuré également négatif pour nos douze malades. 

IT. Cultures. — a) Les milieux aérobies (bouillon, agar, sérum, lait) ense- 
mencés avec le sang de huit de nos malades et le liquide articulaire de sept 
rhumatisants sont demeurés complètement stériles. 

b) Les milieux anaérobies (bouillon tube cacheté, bouillon testicule tube 
cacheté, ballon lait cacheté suivant la technique de Rosenthal), ensemencés 
avec le sang (hémobiocultures) et le liquide articulaire (arthrobiocultures) de 
huit de nos malades, sont tous demeurés stériles (5). 

” IIL. Inoculations aux animaux (cobaye, lapin, singe, — dans la plèvre, le 
péritoine, l’œil, le testicule). Elles sont toutes demeurées négatives d'une 
infection bactérienne. 

Les animaux sont morts brusquement du huitième au trentième jour ou 
ont survécu, sans avoir présenté aucun trouble spécial, et l’autopsie, comme 
l'examen microscopique, n’ont révélé aucune des lésions inffammatoires des 
infections bactériennes aiguës. 


(1) Les prélèvements de sang (ponctions de la veine) et du liquide articulaire 
n’ont été pratiqués qu'après une véritable désinfection chirurgicale de la 
peau du malade, des instruments et des mains de l’opérateur. 

(2) Aucun de nos douze rhumatisants n’a réagi à la tuberculine (intradermo- 
réaction). 

(3) Le sang et le liquide articulaire ont élé utilisés immédiatement après le 
prélèvement. 

(4) On laisse tomber une grosse goutte de liquide articulaire dans le 
sublimé acétique où elle se coagule ; on monte dans la paraffine et on débite 
en coupes très minces. L’un de nous utilise ce procédé, depuis 1899, pour 
l’étude des produits d'expression ou de raclage des néoformations bryocy- 
tiques (vacciue, variole, clavelée, cancer..., etc.). 

(5) Dans un seul cas nous avons observé un léger trouble homogène, sans 
dépôt, et qui n’a rien donné au réensemencement et à l'examen direct. 


SÉANCE DU 9 MAI 1167 


Conclusions. — Si l'on se met, par une technique irréprochable, àl'abri 
de contaminalions accidentelles, on ne peut déceler, ni dans le sang, ni 
dans le liquide articulaire de malades atteints de rhumatisme articulaire 
aigu, aucun virus, aérobie ou anaérobie, de nature bactérienne. 


DE L'INMUNITÉ (LEUCOCYTAIRE) GÉNÉRALE, 


Par P. LassABLIiÈRE et Cu. RICHET. 


L'immunilé leucocytaire (c’est-à-dire celle qui suit. une première 
injection de crépitine) (1) à été confirmée d’une manière éclatante par 
de nouvelles expériences, de sorte que nous pouvons aujourd'hui 
donner la statistique suivante, se référant uniquement à des doses de 
<répitine comprises entre 0 gr. 00002 et 0 gr. 00003 par kilo. 


$ LEUCOCYTES PAR CENTIÈME 
NOMBRE DE CHIENS de millimètre cube 
(moyenne) (*). 


NII ROINIÈRS HNECHON , 5 6 LE 64 6e 5 0 187 » 
X Deuxième injection (un mois après). . . . . 100.5 


(*) Le chiffre normal étant de 100. 


Mais nous avons poussé la question plus loin et constaté un fait 
imprévu et remarquable, c'est que des injections antérieures de subs- 
tances autres que la crépitine, soit de peptone à 2 p. 100, soit de NaCI à 
7 p. 1.060 à la dose de O0 c.c. 2 par kilo, produisent aussi l’immunité 
contre la crépitine. 

Trois chiens qui avaient reçu antérieurement, l’un une solution .iso- 
tonique de NaGl, les deux autres de la peptone à 2 p. 100, n’ont eu que 
101, 64, 149, après une injection de crépitine. Ils ont donc été immu- 
nisés,et cependant le chien qui a eu 149 avait reçu en injection seconde 
une dose de crépitine relativement forte (0 gr. 000037). 

De même les injections de peptone immunisent contre les injections 
de sel; les injections de crépiline contre les injections de peptone et de 
sel. Toutes ces immunités sont interchangeables. 

La première injection de peptone ayant produit sur IV chiens 128, 
une seconde injeclion (peptone ou NaCl) a provoqué au 23° jour chez ces 
mêmes chiens seulement 85. Après injection de NaCl, sur IT chiens, la 
leucocytose avait été de 150. Elle a été de 103 pour la 2° injection (pep- 


(1) Voir notre précédente note : Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
19) avril 1913, LXXIV, 176. 


1168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tone ou NaCl). Ces faits sont du même ordre pour les injections intra- 
veineuses que pour les injections intrapérilonéales. 

Mais, pour constater cette immunité, il ne faut pas attendre trop long- 
temps, car au bout de quarante-cinq jours elle semble avoir disparu 
(213 et 215 pour une injection seconde de crépitine, quarante-cinq jours 
après l'injection de peptone). 

Seuls font exception à cette immunisation les animaux qui, pour une 
cause ou pour une autre, n ont pas eu de réaction leucocytaire après la 
première injection. Le fait est rare, mais il existe. Et ces animaux, réfrac- 
taires à la première injection, ne sont pas immunisés. Le chien //lyrie, 
qui, après la première injection de crépitine, n’avait eu que 100, à eu 
203 à la seconde ; Péloponèse, qui avait eu 98 à la première injection, a 
eu 120 à la seconde. 

Des expériences nombreuses, sur le détail desquelles nous ne pouvons 
insister, montrent que, plus la première réaction leucocytaire a été 
intense, plus l’immunité pour la seconde injection a été forte. 

Ainsi, quelle que soit la nature de l'injection première (peptone, 
NaCI ou crépitine), il a suffi qu'il y ait eu une leucocytose consécutive, 
c'est-à-dire une réaction des cellules leucocytaires, pour que l’immunité 
contre une injection seconde (de peptone, de NaCI ou de crépitine)| se 
soit établie. 

Nous voici donc en présence d’un fait très net — et peut-être le pre- 
mier (??) — d’immunité générale, c’est-à-dire indépendante de la nature 
des substancesimmunisantes tant à la première qu'à la secondeinjection. 
Tout dépend de la réaction leucocytaire. 

L’immunité est la conséquence d’un phénomène cellulaire et n’est pas 
en rapport direct avec la constitution chimique de la substance injectée; 
elle se produit toutes les fois que la réaction cellulaire a eu lieu; elle 
n'existe pas tant que cette réaction a fait défaut. Elle n’est pas liée à 
telle ou telle injection provocatrice, mais à la réponse qui a suivi cette 
injection (1). Qui sait si les autres immunités ne relèvent pas de cetle 
même loi? En tout cas, c'est une immunité généra/!e. | 


(1) Il est bien entendu que le mot d’immunité ne s'applique qu’à la réac- 
tion leucocytaire, c’est-à-dire à la leucocytose survenant quarante-huit heures 
après l'injection de telle ou telle substance dans les veines, à dose déter- 
minée. Nous évoluons ici, à cause de la faible action toxique des substances 
injectées ou de l’infimité de la dose, dans un domaine limité exactement 
à la réaction leucocytaire. Tout autre symptôme fait défaut, aussi bien à la 
première qu’à la seconde injection. 


SÉANCE DU 31 MAI 1169 


DE L'ACTION DES SUBSTANCES OXYDANTES DANS L'ÉVOLUTION 
DES MALADIES INFECTIEUSES 


(Deuxième note). 


Note de MarcEL BELIN, présentée par G. Moussu. 


Colibacillose. — Quatre lapins reçoivent, dans le péritoine, 1 c.c. d’une cul- 
ture de vingt-quatre heures de colibacilles en bouillon peptoné. Ces lapins 
pèsent 2 kil. 250, 2kil. 020, 2kil.280 et 2kil.220. Les injections sont faites à 
18 heures. 

Le lendemain, à 9 heures, ils sont tous très abattus ; le plus gros, qui avait 
été pris comme témoin, est en hypothermie : 36 degrés. Les autres reçoivent: 
le lapin pesant 2kil.280, du chlorate de potassium par la voie veineuse; 

le lapin pesant 2kil.020, du chlorate de potassium par la voie sous- 
cutanée ; 

le lapin pesant 2 kil. 220, du chlorate de sodium par la voie sous-rutanée. 

Ces sels sont injectés à la dose de 8 centigrammes par kilogramme. 

1% heures : le témoin est mort. 

On fait une seconde injection dans les mêmes conditions. 

18 heures : les températures sont à peu près normales, on n'injecte que 
6 centigrammes par kilogramme. 

Le deuxième jour. — Le sujet qui recoit du chlorate de potassium sous la 
peau est en légère hypothermie, 31°7, il a de la diarrhée, la respiration est 
rapide. 

Le lapin auquel on administrele même sel par la voie veineuse a également 
un peude diarrhée, mais sa température est normale. Quant à celui auquel il 
est injecté du chlorate de sodium sous la peau, il ne présente aucun trouble. 

Il est fait à chacun d'eux une nouvelle injection de 8 centigrammes de ces 
sels. : 

À 15 heures : les lapins traités par le chlorate de potassium sont abattus, 
cependant la température de celui qui reçoit ce sel sous la peau a remonté, 
elle atteint 38°3. Le troisième va très bien. 

Nouvelles injections faites dans les mêmes conditions que précédemment. 

21 heures : les lapins qui reçoivent du chlorate de potassium vont nette- 
ment mieux, ils n’ont plus de diarrhée, cependant la température de celui 
auquel il est administré ce sel par la voie veineuse baisse sensiblement. 

Le lapin traité par le chlorate de sodium injecté sous la peau va toujours 
très bien. 

On cesse les injections. 

Troisième jour. —— Le lapin, chlorate de potassium, voie veineuse, est très 
abatlu, il est en hypothermie. Il meurt le soir à 17 heures. Les deux autres 
mangent un peu, le lapin traité par le chlorate de sodium est beaucoup plus gai. 

Quatrième jour. — Les températures sont normales, le sujet traité par le 
chlorate de potassium a maigri de 220 grammes, l’autre de 20 grammes 
seulement. 


Dixième jour. — Le ar meurt, le second va très bien, il est compiè- 
tement guéri. 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 81 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Clo‘K 
sous-cutanée 


Clo‘K 
voie veinduse 
Clo‘Na 


vole sous 


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= e à Eee | ER x 
AR a a æ Lee 
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Les températures, grou- 
pées en tableau, mettent 
bien en évidence l’aclion des 
sels employés. 

Les températures ont tou- 
jours été prises immédiate- 
ment avant les injections 
salines. l 

En multipliant les injec- 
tions de chlorate de potas- 
sium par la voie veineuse, je 
suis parvenu à sauver des 
lapins. Un terpène ozoné, la 
tallianine, injecté dans les 
veines, n'a pas donné des 
résultats aussi nets que les 
sels oxygénés injectés sous 
la peau. 

L’oxygène administréà des 
animaux placés sous une clo- 
che m'a donné des résultats 
encourageants sur lesquels 
je reviendrai ultérieurement. 

Enfin j'ai constaté que, 
chez les cobayes également, 
la colibacillose est très heu- 
reusement influencée par 
les injections de sels très 
oxygénés. 


Conclusion. — Je me con- 
tenterai de constater l'in- 
fluence heureuse des sub- 
stances oxydantes sur l'évo- 
lution de cette affection, 
surtout quand elles sont 
administrées par la voie 
sous-cutanée, puisque cinq 
injections ont suffi à sau- 
ver radicalement un ani- 
mal (CIO*Na), alors que le 
témoin meurt en vingt heures 
et, chez un autre (CIO*K, 
voie sous-cutanée) à trans- 


SÉANCE DU 931 MAI 1171 


former une affection à marche suraiguë en une affection chronique. 
Je chercherai à expliquer ces faits quand j'aurai communiqué les 
résultats oblenus dans le traitement d’autres affections. 


(Laboratoire de'bactériologie de l’Institut vaccinal.) 


SUR LES MOUVEMENTS DE L'URETÈRE HUMAIN. 
ACTION DE QUELQUES SUBSTANCES SUR LEUR RYTHME. 


Note de L. BouLerT, présentée par E. GLex. 


Le 15 mai dernier, nous avons eu l’occasion de prélever les uretères 
d'un homme de quarante ans, vingt minutes après sa décapitation qui 
eut lieu à 3 h. 56 du malin. 

Nous avons laissé adhérents à ces uretères le bassinet et un segment 
de vessie et les avons immergés dans la solution de Ringer- Locke (1) à 
la température ordinaire. À 9 h. 30 nous avons réchauffé l’un des 
uretères à la température de 40 degrés et avons inscrit ses mouvements. 
Pour ce faire l’uretère, plongé dans 100 c.c. de liquide, était attaché par 
son extrémité inférieure à une tige de verre, son extrémité supérieure: 
agissait sur un levier inscripteur horizontal soutenu par une lamelle de: 
caoutchouc; nous avons employé ce disposilif dans les expériences qui 
vont suivre. 

Au bout d'environ cinq minutes, l'uretère présente des mouvements 
rythmiques qui se régularisent. Au bout de la dixième minute nous en 
inserivons six en cinq minutes, les contractions durent environ neuf 
secondes et la pause environ quarante el une secondes. 

Nous ajoutons ensuite 1 c.c. d’une solution de chlorure de baryum à 
1 p. 400. Pendant les deux minutes qui suivent l'introduction du sel 
dans la solution, nous avons éu deux contractions de l’urelère, de la 
_deuxième à la troisième minute cinq contractions de moindre amplitude 
que les normales, mais d'une durée-plus longue. Puis on voit se 
marquer régulièrement une contraction forte et une contraction 
faible. 

Disons en passant que dans des recherches qui feront l’objet d’un 
prochain travail nous avons toujours vu le chlorüre de baryum 
produire des mouvements rythmiques de l’uretère de chien immergé 
dans le Ringer-Locke quand ces derniers n’existaient pas ou quand ils 
étaient trop faibles pour s'inscrire. L'action du sel de baryum sur 


(4) NaCI, 8 grammes; KCI, 0 gr. 2; CaCl, 0 gr. 2; COSNaH, 0 gr, 2: 
glucose, 1 gramme; eau, 1.000 grammes : oxygène à saturation. 


1179 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


l'uretère peut se comparer à celle qu'il exerce sur la pointe du cœur et 
sur les auricules (1). 

À 2 h. 30 du soir nous avons sectionné en trois segments le second 
uretère el avons pris successivement des tracés avec ces trois segments. 

1° Le segment rénal auquel adhérait encore un fragment du bassinet 
s'est contracté presque immédiatement et nous comptons quinze mou- 
vements rythmiques en onze minutes. 

À la onzième minute nous ajoutons au sérum 1 centigramme de 
sulfate d’atropine, et dans les onze minutes qui suivent nous obtenons 
treize contractions qui ne semblent pas différentes de celles obtenues 
avant l'effet de l’alcaloïde. 

2 Le segment médian présente cinq contractions rythmiques en huit 
minutes. 

Un centigramme de pilocarpine est ajouté à la solutiou. En huit 
minutes nous comptons sept contractions, puis, dans les quatre minutes 
qui suivent, six contractions : les mouvementsse produisent par groupes 
de deux, séparés par de longs intervalles. 

3° Enfin, le segment vésical nous a donné aussi quatre contractions 
en cinq minutes. 

Sur ce segment, il nous a paru ivtéressant d'étudier l’aclion du 
chlorure de calcium. En ajoutant à la solution 2 centigrammes de ce 
sel nous avons vu aussitôt la forcé et le nombre des pulsatiors 
augmenter : six pendant les cinq premières minutes qui ont suivi 
l'injection, quatre pendant les cinq suivantes, puis cinq pendant une 
nouvelle période de cinq minutes. ; 

Nous voyons donc, par ces expériences, que l’uretère humain est 
animé de mouvements rythmiques dans le sérum de Ringer-Locke. 

Il est doué de propriélés rythmiques dans toute sa longueur, 
propriétés ne dépendant pas exclusivement d'incitations motrices 
venues de la vessie ou du bassinet, puisque le segment médian isolé est, 
lui aussi, animé de mouvements rythmiques. Sur ce pointnos expériences 
concordent avec celles de Lina Stern (2\ sur l’uretère de cobaye. Ce fait 
a son intérêt, puisque, comme l’on sait, d'après Engelmann, les contrac- 
tions spontanées rythmiques disparaissent quand on a séparé l’uretère 
du bassinet et du rein el que, d’après Ranvier, le segment médian isolé 
reste immobile. 

Remarquons pourtant que la fréquence des contractions rythmiques 
du segment atlenant au bassinet a été, dans ce cas, plus grande que 
celle du segment médian et du segment vésical. 


(1) Wertheimer et Boulet. Sur les propriétés rythmiques, etc. Arch. intern. 
de physiol., Liége, 1912, XI, 383-404. 

(2) Contribution à l'étude physiologique des contractions de l'uretère. 
Thèse de Genève, 1903. 


SÉANCE DU 31 MAI! 1173 


Le chlorure de baryum est un puissant excitant des contractions de 
l’uretère. Son effet se manifeste non seulement chez l'homme, mais, 
comme nous le montrerons, chez le chien, par une accélération très 
marquée des mouvements rythmiques qui en même temps perdent de 
leur amplitude. 

Le chlorure de calcium renforce et augmente le nombre des 
contractions. 

L’atropine el la pilocarpine à la dose de 1 p. 100 n'ont produit que 
des modifications à peine sensibles sur l’uretère humain. | 


(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Lille.) 


NOTE SUR LE PARASITE DU LEPOTHRIX (7richomyces axillæ), 


par R. Le Braycet À, Face. 


Tous les auteurs s'accordent à considérer le Lepothrix ou Trichomy- 
cose palmelline (Pick) comme étant une maladie parasitaire des poils 
des aisselles. On la rangeait autrefois parmi les mycoses. Actuellement, 
la confusion est complète. Pour les uns, l’agent pathogène est un 
bacille (Patteson); pour les autres, il s’agit d’un microcoque (Eisner, 
Colombini, ete...). Enfin, récemment, Castellani, dans une affection pro- 
bablement identique au ZLepothrix, observée par lui à Ceylan, et qu'il 
désigne sous le nom de 7richomycosis flava, a rencontré des éléments 
allongés en filaments qu'il considère comme élant des Séreptothrix. Les 
recherches que nous avons poursuivies sur cette question nous per- 
mettent d'affirmer la nature mycosique et non pas bactérienne du 
Lepothrix. 

L'examen des concrétions péripilaires par dissocialion simple permet 
de constater la présence habituelle en abondance très variable des 
bacilles et des microcoques, auxquels divers auteurs ont attribué le rôle 
pathogène ; mais on constate en même temps la présence de filaments 


irréguliers, ordinairement courts, quelquefois plus longs, prenant le 


Gram, mais d’une manière inégale. Sur les préparations obtenues par 
dissociation simple, on distingue mal ces éléments, 

Pour faciliter cette étude, nous avons eu recours à l'homogénisation 
qui permet de se débarrasser des éléments bactériens saprophytes. Les 
filaments parasilaires résistent bien à l’action des solutions de soude 
très diluée employée à chaud. Il en est malheureusement de même de 
la substance qui les agglutine entre eux en masses compactes. Elle se 
ramollit cependant assez pour faciliter l’'élalement des amas parasitaires 
et en permeltre un examen plus approfondi. 


1174 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Le parasite se présente sous deux formes : courtes et longues. Les 


premières ont l'aspect de bâtonnets ordinairement un peu incurvés ; les 
secondes sont fort irrégulières, dessinent non seulement des courbes, 
mais aussi des angles d'ouverture variable. Nous n'avons pas constaté 


avec certitude de formes ramifiées. Les filaments ne présentent pas de 


cloisonnements apparents. Ils se colorent aisément par les teintures 
d’aniline; mais après homogénisation, ils prennent fort irrégulièrement 
le Gram. Le diamètre des filaments, peu variable, est en moyenne de 
0,7 à 0,8 s. Nous n'avons jamais vu de spores. 

Pour étudier la disposition des parasites dans les poils, il faut prati- 
quer des coupes minces. Celles-ci permettent de constater que le poil est 
parasité dans toute son étendue, et non Rs seulement à sa surface, con- 
trairement à ce qu'on avait admis jusqu'ici. 

On constate sur des coupes convenablement colorées que le An est 
entouré, sur tout ou partie de sa surface, d’une croûte épaisse qui con- 
traste avec lui par sa forte colorabilité. Çà et là, des prolongements 
cunéiformes de celte croûte s’insinuent obliquement dans le poil, dontils 
soulèvent pour ainsi dire des écailles. Mais on voit aussi des expansions 
plus déliées en partir pour converger vers la substance médullaire du 
poil en lignes irrégulières. Quand cet envahissement est assez accusé, 
la substance médullaire elle-même se teint énergiquement comme la 
croûte péripilaire. 

On voit à un fort grossissement que la couche parasitaire superficielle 
est constituée d'éléments courts de disposition générale perpendiculaire 
à l'axe du poil, radiaire. Dans l’intérieur, le parasite pénètre sous forme 
de filaments longs et irréguliers, isolés ou groupés en faisceaux. Il 
semble que l’envahissement se fasse de la surface vers la profondeur, 
car c’est seulement dans les poils très malades que les filaments attei- 
gnent la substance médullaire où on les distingue mal. Aïnsi s'explique 
l'aspect sous lequel se présentent certains poils dont le centre, fortement 
coloré, apparaît uni aux productions péripilaires par des prolongements 
irréguliers, arborescents, ou en pattes d’araignée. 


Les tentalives que nous avons failes pour cultiver ce parasite sur les 
milieux nutritifs les plus divers ont échoué. Aussi, dans l'ignorance où 
nous sommes de ses formes de fructification, nous est-il impossible de 
le classer, même d’une manière approximative. Le nom sous lequel nous 
le désignons provisoirement, 7'richomyces axillæ, ne doit donc être con- 
sidéré que comme une dénomination d’attente. 


US 


17 


SÉANCE DU 931 MAI 41175 


an— 


DÉVIATIONS DU COMPLÉMENT AVEC LE melilensis ET LE paramelitensis, 


par L. NÈGRE et M. Raynaun. 


Nous avons, dans deux notes précédentes (1), établi l’existence d'un 
paramelitensis d'après ses caractères d’agglutinabilité. 

Nous avons pensé qu'il serait utile de rechercher comment cette race 
spéciale se comportait dans les épreuves de déviation du complément 
comparativement à un melitensis authentique. 

Nous avons préparé, chez des lapins, deux sérums antimélitensiques 
avec les races 77 (Nicolle) et Zammit et un sérum antiparamélitensique. 
Les lapins ont recu trois injections intrapéritonéales d’émulsions micro- 
biennes à cinq jours d'intervalle. Ils ont été saignés huit jours après la 
dernière injection. 

Nous avons procédé aux épreuves de déviation du complément avec 
chaque sérum sur chacune des trois races Jr. Zammit et paramelitensis. 
Nous avons pris des quantités fixes de sérum et d'antigène avec des 
doses croissantes d'alexine. Les résultals que nous avons obtenus sont 
consignés dans le tableau suivant : 


SÉRUM paramelitensis. 


| Antigène paramelilensis : Antigène melitensis (Tr. et Zammit). 
0,1 pas d’hémolyse. 0,1 pas d'hémolyse. 
0,2 pas d'hémolyse. 0,2 pas d'hémolyse. 
0,3 hémolyse. 0,3 hémolyse. 


SÉRUM melitensis (Tr.). 

- Antigène paramelitensis : 
0,1 pas d'hémolyse. 
0,2 pas d’hémolyse. 


Antigène melitensis (Tr. et Zammit). 
0,1 pas d'hémolyse. 
0,2 pas d'hémolÿse.- 


| 
0,3 hémolyse. | 0,3 pas d'hémolyse. 
- 0,4 pas d'hémolyse. 
| 0,5 pas d’hémolyse. 
0,6 pas d'hémolyse, 
| 0,7 hémolyse. 
= SÉRUM Mmelitensis (Zammit). 

Antigène paramelilensis. : Antigène melilensis (Tr. et Zammit.). 
0,1 pas d'hémolyse. | 0,1 pas d'hémolyse. 
0,2 pas d’hémolyse. 0,2 pas d'hémolyse. 
0,3 pas d'hémolyse. 0,3 pas d'hémolyse. 
0,4 hémolyse. 0,4 pas d'hémolyse, 


0,5 pas d'hémolyse. 
0,6 pas d’'hémolyse. 
0,7 hémolyse. 


Il ressort de ces expériences que : 1° les sérums des animaux pré- 
parés avec les races de melitensis dévient une quantité de complément 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biol., séances du 18 mai et du 29 juin 4942. 


1176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


beaucoup plus considérable avec l’ antigène melitensis qu'avec l’antigène 
paramelitensis ; 

2 Les sérums des animaux préparés avec le paramelitensis dévient 
la même quantité de complément avec l’antigène melitensis et l’antigène 
paramelitensis. 

L'épreuve de la déviation du complément pour le sérum d’un malade 
présumé atteint de parameliococcie ne paraît donc pas devoir apporter 
un élément nouveau dans le diagnostic de cette affection. 


(/nslitut Pasteur d'Algérie.) 


LE TRAITEMENT DU TRACHOME PAR DES INOCULATIONS SOUS-CONJONCTIVALES 
DE VIRUS TRACHOMATEUX, 


par C. TRABUT, L. NÈGRE et M. Ravynaun. 


Depuis quelques mois, nous avons entrepris des recherches sur le 
traitement du trachome. Nous estimions que nos observations n'étaient 
pas assez nombreuses et que nos malades n’avaientpas été suivis pendant 
une période assez longue après le traitement pour publier dès mainte- 
nant nos résultats. Mais, à la suite de la communication à l’Académie 
des Sciences de MM. Ch. Nicolle, A. Cuénod et L. Blaizot, parue le 
14 avril dernier, nous croyons utile d'apporter notre contribution aux 
recherches si intéressantes de ces auteurs. ; 

Nous avons essayé de traiter les cas de trachome par des injections 
sous-conjonctivales de virus trachomateux. Nous nous sommes tou- 
jours servis, pour les inoculations, de prélèvements faits sur le sujet 
lui-même et de la façon suivante : 

Après avoir procédé à un lavage de l'œil à l’eau bouillie, on fait un 
brossage assez énergique de la conjonctive malade avec un tampon de 
coton. On recueille avec une seringue sans aiguille le liquide qui 
s'écoule et qui est composé de larmes et de sang contenant en suspen- 
sion une grande quantité d'éléments épithéliaux. On injecte avec la 
même seringue sous la conjonctive malade 1/6 à 1/2 c.c. environ de 
liquide recueilli. | 

On renouvelle l'injection deux ou io fois de suite à quelques jours 
d'intervalle. Les malades supportent bien le traitement. Les paupières 
sont légèrement agglutinées. Il n’y a pas de douleur. Nous n'avons 
jamais eu aucun accident. 

Nous avons traité ainsi 18 malades, présentant une conjonctivite gra- 
nuleuse grave avec ulcération de la cornée. Nous n'avons pu revoir que 
13 des malades traités. 


SÉANCE DU 931 MAI AT 


Dans l'exposition des résultats du traitement, nous établirons une 
distinction entre son action sur les ulcérations et son action sur la con- 
jonctivite granuleuse elle-même. 

L'action des injections sous-conjonctivales sur les ulcérations des tra- 
chomateux nous a paru neltement favorable. Dans l’espace de quelques 
jours, les ulcérations se cicatrisent. Nous avons revu certains malades 
6 ou 7 mois après cette amélioration. Les ulcères n'avaient pas 
reparu. 

Nous ne pouvons pas encore donner un avis aussi ferme pour ce qui 
concerne l'action des inoculations sous-conjonctivales sur la conjonc- 
tivite granuleuse. Dans certains cas, nous avons vu l’état de la conjonc- 
tive s'améliorer notablement après les injections. Mais ces cas guéris 
en apparence peuvent redevenir rapidement malades. Il faut attendre 
encore quelques mois pour donner des résultats plus certains. 

Nous citerons cependant, en terminant, un cas qui nous parait parti- 
culièrement intéressant. Il s’agit d'un homme de trente-cinq ans qui 
s'était présenté le 18 décembre dernier avec une double conjonctivite 
granuleuse. L'œil gauche était plus atteint que l'œil droit et présentait 
des ulcérations alors que l’autre œil en était dépourvu. L’œil gauche seul 
a été traité par trois injections sous-conjonctivales. Le malade, revu le 
10 mai, a l'œil gauche complètement guéri : plus d’ulcères, plus de gra- 
nulations. L’œil droit, non traité, présente toujours des granulations. 


(Institut Pasteur d'Algérie.) 


RECNERCHES COMPARATIVES SUR LES RÉACTIONS HUMORALES DE LAPINS IMMU- 
NISÉS AVEC DES BACILLES TYPHIQUES VIVANTS SENSIBILISÉS, TUÉS PAR 
LA CHALEUR ET TUÉS PAR L'ÉTHER, 


par L. NÈGRE. 


Nous avons étudié comparativement les réactions humorales de trois 
séries de quatre lapins immunisés, la première série avec des bacilles 
typhiques vivants sensibilisés, la deuxième série avec des bacilles 
typhiques tués par la chaleur (une heure de chauffage à 56 degrés), la 
troisième série avec des bacilles typhiques tués par l’éther. 

Tous les lapins ont recu sous la peau la même quantité de bacilles 
émulsionnés en eau physiologique; chaque centimètre cube de cette 
émulsion représentait 1/100 de culture sur gélose de vingt-quatre heures. 
Ils ont reçu trois injections à huit jours d'intervalle ; la première, de 
À e.c.; la deuxième, de 2 c.c. ; la troisième, de 3 c.c. Ils ont été saignés 
huit jours après chaque inoculation. 


_ É VERT 20e CO NTI PE MES CE SFR SR I EC NSRERE 


1178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les chiffres donnés sont les moyennes des résultats obtenus avec les 
quatre lapins de chaque série. 

1° Pouvoir agglutinant. — Recherche microscopique après quatre 
heures de contact à la température du laboratoire. 


INJECTIONS 
CE SR M En 
Après la dre Après la 2e Après la 8e 
SENSIDIISÉS EN NEA 1/4100 14/1000 1/1000 
Chaufés LAN ta ar. 1/1000 41/1000 1/7000 
Éthere Ne es dt 1/1000 1/1000 1/10000 
2° Pouvoir bactéricide. — Dilution à 1/1000 en eau physiologique 


d'une culture de bacilles typhiques sur gélose de vingt-quatre heures. 
1/10 de c.c. de cette dilution est mise en contact pendant six heures à 
37 degrés, avec des quantités variables de sérum à étudier, préalable- 
ment chauffé une demi-heure à 56 degrés, et additionné de 0,1 d’alexine. 


INJECTIONS 
oo 


Après la dre. Après la 2e. Après la 3. 
Culture témoin 1500 1000 - 1209 


150 
400 
1100 


1Nc\c sérum pur. 
Sensibilisés. 4 1 c.c. sérum 1/10. . 
1 . sérum 1/50. . 
1000 


100 
1300 


Chauffés. 


. sérum 1/10. . 


Î c.c. sérum pur. 
: . Sérum 1/50. . 


bactéricide. 
bactéricide. 


1100 
900 
1200 


L 1 c.c. sérum pur. . 
Ether. 1 c.c. sérum 1/10. . 
(IC C- Sérum) 0 


Nombre de colonies 
oscillant aux environs 
de 1500, pas d’action 
Nombre de colonies 
oscillant aux environs 
de 1000, pas d'action 


3° Anticorps. — La recherche des anticorps a été faite avec des 
quantités fixes de sérum et d’antigène et des doses croissantes 
d'alexine au 1/10. Les chiffres donnés expriment les résultats obtenus 
par la fraction suivante N/0,5. N représente le nombre d'unités d’alexine 
ayant dévié, et 0,5 la quantité fixe de sérum qui a été employée, 


INJECTIONS 
A 
Après la fre Après la 2e Après la 3° 
Sensibilisés, ee PEU 8 14,5 
Chauffés eme PRE 0 8 1845 
ÉCHOT AN LEE EE 0 4 4,5 


En résumé, les animaux immunisés avec les bacilles vivants sensibi- 


j < ë Re A Un 


os) L2r 
ESS 
#1 


SÉANCE DU 31 MAI : 1179 


lisés ont un faible pouvoir agglutinant, mais un pouvoir bactéricide 
élevé et une grande richesse en anticorps. 

Les animaux immunisés avec les bacilles tués par la chaleur ont un 
pouvoir agglutinant élevé, un faible pouvoir bactéricide, et beaucoup 
d'anticorps. 

Les animaux immunisés avec les bacilles tués par l’éther ont un 


pouvoir agglutinant élevé, un faible pouvoir bactéricide et peu 
d'anticorps. 


(Institut Pasteur d'Algérie.) 


SYMBIOSE ENTRE LE VIRUS DE LA POLIOMYÉLITE ET LES CELLULES 
DES GANGLIONS SPINAUX, A L'ÉTAT DE VIE PROLONGÉE in vitro, 


par C. LEVADITI. 


Etant donné que, dans les conditions réalisées par la méthode de 
Burrows-Harrison, modifiée par Carrel, certains éléments cellulaires 
vivent et même se multiplient on vitro pendant un temps plus ou moins 
long, j'ai pensé me servir de cette méthode pour cultiver certains virus 
qui ne pullulent pas dans les milieux habituels. Marinesco et Minea (1) 
ayant montré que les ganglions rachidiens des vertébrés vivent assez 
longtemps hors de l’organisme, lorsqu'on les traite d’après le procédé 
sus-indiqué, j'ai essayé de cultiver à 37 degrés le virus de la polio- 
myélite, en plaçant des ganglions de singes infeclés dans du plasma de 
singe neuf. J'avais d'ailleurs vu, avec MM. Landsteiner et Danulesceo, 
que ces ganglions renferment des quantités assez considérables de virus. 
Mes expériences, que je continue, du reste, m’ont montré que, dans ces 
conditions, le virus de la paralysie infantile se conserve pendant un 
temps assez long dans les ganglions cultivés à la température de 
l’étuve, et qu'il garde intactes ses propriétés pathogènes après plusieurs 
passages. Je préciserai, dans une prochaine note, les résultats de ces 
expériences, en particulier le temps maximum de conservalion du 
virus, ainsi que les rapports entre cette conservation et la vie des 
cellules qui entrent dans la constitution des ganglions rachidiens. 


(1) Marinesco et Minea. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIII, 
p. 346; Bull. de l’Acad. de médecine, séance du 11 février 1913. 


1180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


MoDE D'ACTION DES RAYONS 
SUR LA VIE ET LA MULTIPLICATION DES CELLULES © vi(r70 


(Première note). 
RAYONS ULTRA-VIOLETS, 


par G. Levapiri et Sr. MUTERMILCH. 


Dans notre travail sur la vie des cellules in vilro, nous annoncions 
des expériences concernant l’action des rayons (radium, rayons Rœntgen 
et ultra-violets) sur la vitalité et les propriétés proliférantes des élé- 
ments anatomiques en état de vie prolongée (1). Nous apportons 
aujourd'hui les résultats de nos recherches relatives au mode d’action 
de la lumière ultra-violette sur le cœur et la rate des embryons de 
poulet; nous reviendrons ultérieurement sur la question des autres 
espèces de rayons étudiés par nous. 


Dispositif. — Nous nous sommes servi d’une lampe à vapeur de mercure, 
système Westinghouse, aimablement mise à notre disposition par Me et 
M. Henri. Le courant a varié pendant toute la durée de l'expérience entre 
60 et 70 volts. Des petits fragments de cœur et de rate d’embryons de poulet 
sont suspendus dans quelques gouttes de liquide de Ringer et déposés sur 
le couvercle d’une boite de Gabritschewski. On a soin à ce que la couche sou- 
mise au rayonnement soit aussi mince que possible; de temps en temps, on 
déplace les fragments de façon que les rayons puissent agir sur toutes leurs 
surfaces. La distance entre le tube en quartz et la couche de liquide conte- 
nant les fragments de tissus a été de 20 centimètres ; le temps d’exposition 
est indiqué dans chaque expérience. 

Exp. I, faite avec le cœur et la rate. Temps d'exposition : vingt minules. 


à CŒUR 3 RATE 
JOURS CŒUR MÉMOIN ; RATE TÉMOIN À 
exposé aux rayons traitée parlesrayons 
1° jour .| Début de proliféra- Zéro. Belle sortie de cellu-| Pas de sortie cellu- 
tion. les migratrices. laire autour des 


petits fragments. 


2° jour .|Prolifération active. Zéro. » Faible sortie cellu- 
laire. 
Sjourse Id. Zéro. Id, Id. 


Après une exposition de vingt minutes, à la lumière d’une lampe à 
mercure, le tissu conjonctif des fragments de cœur ne prolifère plus ?n 
vitro. 


(1) Levaditi et Mutermilch. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, 
t. UXXIW, p. 614. : 


SÉANCE DU 91 MAI 1181 


L'action empéchante des rayons ultra-violets, très manifeste sur le 
cœur, parait moins intense sur les éléments migrateurs de Ia rate. 


Exp. If. — Même disposition. Temps d'exposition : vingt-cinq minutes. 


- à CŒUR = 
JOURS CŒUR TEMOIN RATE TEMOIN 


exposé aux rayons exposée aux rayons 


Belle sortie cellu-| Belle sortie cellu- 
laire. laire. À 


.|[Belle prolifération 
des cell. conjonc- 
tives. 


OXONO 0 010Er- Er: d. Légère dégénéres- 
trace autour des > cence des cellules. |} 
gros morceaux. k 


4c jour . d. 0, 0, 0, 0, 0, 0, trace, 
peu. 


l| 5° jour .|Id. Commencement|+ + tr., 0, 0, O0, tr., 3 Id. 
de dégénérescence.| tr., 0. 


|| Passage — Nouvelle exposition Nouvelle ezposition 

|| dans aux rayons. aux rayons. ; 
plasma 
frais. 


6° jour . + > 0100050: Nouvelle sortie cel- 
lulaire. 


‘RÉ jour . - O0 O0 0: 


| 8° jour . - 0000 tr. 


Il résulte de cette expérience que les rayons ultra-violets agissent 
beaucoup mieux sur le tissu conjonctif du cœur que sur les éléments 
migrateurs de la rate. Malgré une exposition de vingt-cinq minutes, il 
y a eu prolifération des éléments conjonctifs autour de certains fragments 
de cœur, principalement autour des plus volumineux d’entre eux; tou- 
tefois, lors d’un nouveau passage dans un plasma neuf et une nouvelle 
action des rayons, la stérilisation du tissu conjonctif du cœur a été 
complète, ou presque. 


Exp. III. — Dans cette expérience nous avons essayé de préciser la durée 
du temps d'exposition nécessaire pour obtenir un effet stérilisant maximum. 
Nous avons constaté que, en ce qui concerne le cœur, l’action des rayons est 
nulle après trente secondes et partielle après dix minutes; la rate n'est pas 
influencée dans les mêmes conditions. Avec le tissu conjonctif du cœur, la sté- 


1182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


2 


rilisation complète s'obtient aprés un temps d'exposition variant entre vingt et 
trente minutes, comme il résulte du tableau suivant : 


CŒUR EXPOSÉ AUX RAYONS PENDANT 


JOURS CŒUR TÉMOIN 


10 minutes 20 minutes 30 minutes 


1 jour .| Début de proliféra- Trace. Zéro 
tion. L 

2c jour .|<+ partout et batte-|+, O0, +, +, + _Zéro. 
ments. 0/20 20 0 Er. 1e, 

3° jour Peu, 0, peu, 0, 0, 0, Zéro. 


.|+ partout. +, 0, +,0, ( 
1. 0, 0, 0, 0, 0, 0, peu. 


.|+ partout. 


ConCLUSIONS. — Le tissu conjonctif du cœur d’embryon de poulet, 
exposé pendant vingt à trente minutes aux rayons ultra-violets, perd la 
propriété de croître et se mulliplier in vitro. Dans les mêmes conditions, 
les éléments migrateurs de la rate réalisent le phénomène de la sortie 
cellulaire, quoique d'une façon moins accentuée que lorsque l'organe n'a 
pas subi l'action des rayons. 

Cette dissemblance dans la facon de réagir du tissu conjonctif du 
cœur, d'une part, des éléments migrateurs de la rate, d'autre part, 
vis-à-vis de l’action stérilisante des rayons ultra-violets, peut s'expliquer 
par la différenciation déjà avancée de ces deux tissus mésodermiques. 
A cela s'ajoutent les qualités particulières des rayons ultra-violets, prin- 
cipalement leur faible pouvoir de pénétration. En effet, l'apparition des 
cellules fusiformes autour des fragments de cœur est due à la prolifé- 
ration d’une zone cellulaire périphérique constituant une véritable 
coque à la périphérie du fragment (1); dans ces conditions, les rayons, 
qui agissent en surface, réussissent à stériliser assez facilement cette 
zone germinative. Par contre, avec la rate, le phénomène de la sortie 
cellulaire résulte de l'abandon continu du fragment par les éléments 
migrateurs qu'il contient; les rayons déterminent bien une destruction 
des globules blancs périphériques, mais, quelque temps après l’exposi- 
tion, d'autres leucocytes, restés indemnes dans la profondeur du tissu, 
arrivemt à la surface, abandonnent l'organe et réalisent ce phénomène 
de la sortie cellulaire. 


(4) Ce fait résulte de nos recherches histologiques, ainsi que nous le 
montrerons dans une prochaine note. 


SÉANCE DU 31 MAI 1183 


LA FORMATION DE LA MEMBRANE INTERNE DE L'OŒUF 
D'Ascaris megalocephala, 


par FAURÉ-FREMIET. 


J'ai montré précédemment que, si la membrane externe de l’œuf 
d'Ascaris megalocephala est bien constituée par des glycosamines, la 
membrane interne, de nature très différente, est constituée par un corps 
gras particulier qui préexistait dans l'oocyte sous forme de grains ré- 
fringents ou de cristalloïdes décrits autrefois par Van Beneden. 

J'ai extrait ce corps en épuisant par l’acélone äes ovaires ou des œufs 
d’Ascaris préalablement desséchés. Il cristallise par refroidissement et 
forme après évaporation une masse compacte, jaunâtre, d'aspect cireux, 
fondant vers 45 degrés. 

Bien que ne disposant de ce corps qu'en faible quantité, M. Leroux a 
bien voulu l’étudier au point de vue chimique et a obtenu les premiers 
résultats suivants : 

La saponification de l'extrait acétonique des œufs non fécondés permet 
d'isoler un corps blanc, cristallisable, fondant vers 82 degrés; obtenu 
par évaporation spontanée d’une solution dans l’alcool méthylique 
additionnée d'’éther, il cristallise en sphérules de cristaux rayonnants. 
Il est très soluble à chaud et peu soluble à froid dans tous les solvants 
des graisses ; soluble dans les alcalis et donnant ainsi une solution opa- 
lescente qui mousse énergiquement par agitation. L’addition d’un acide 
à la solution alcaline précipite le produit initial. 

D'autre part, ce corps chauffé avec l’anhydride acétique donne un 
dérivé acétvlé. 

Les analyses de ce corps donnent les chiffres suivants : 


| 


CODE mn Ir Lo AUIETS 1798 
H : 142,7 — 12,3 
DÉHIMÉACEMMIÉ ET ee C2 SD HE 15 


H : 41,35 — 43,15 


M. Leroux propose en conséquence les formules suivantes : produit 
initial : C"H"O° correspondant à C : 73,15H : 12,20 ; dérivé acétylé : 
C*A*O*(CO*CH*) ou C*H*0*. 

Correspondant à C : 71,35H : 11,35. 

La formule du corps initial serait celle d’un acide alcool, conformé- 
ment aux propriétés de ce corps exposées ci-dessus. Nous le nommons 
provisoirement acide ascarylique. 

Dans de précédentes (1) notes j'avais signalé l'existence de ce corps en 


(1) Soc, zoologique et asso. des anatomistes, 1912. 


41184 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


le considérant comme un alcool. Il a été décrit à la même époque par 
Flury (4) qui, sans déterminer sa localisation histologique, l'a extrait de 
l’'Ascaris tolal et considéré comme un produit insaponifiable qu'il à 
décrit sous le nom d’alcool ascarylique. Il est vraisemblable, d’après la 
description de Flury, qu'il s’agit bien du même corps étudié par 
M. Leroux, : 

Flury donne en effet les chiffres suivants : 


Point de fusion : 83 degrés. 
Case ST TE 50: 
Ho 250) 
Mais il propose la formule : C*?H°:0*. 


Il signale, d'autre part, une réaction colorée de ce corps en présence 
de SO‘H?, réaction que j'avais observée moi-même. 


Au point de vue histologique, l'acide ascarylique se comporte comme 
un corps gras saturé sur lequel ne peuvent agir ni OsO“ ni CrO”. Il dissout 
mal les couleurs d’aniline et ne peut guère être coloré que par le 
Sudan III et le bleu de naphtol employé suivant la méthode d'Arthur 
Meyer. Celle-ci montre tout le cytoplasma des oocytes rempli de grains 
du composé ascarylique fortement colorés en bleu. Ces grains fondent 
vers A5 degrés comme le produit d'extraction. 

Après la fécondation, et pendant le temps qui sépare la formation des 
deux globules polaires, le composé ascarylique subit vraisemblablement 
une saponification et se retrouve ensuite à la surface de l’œuf dontil 
constitue la membrane interne; son point de fusion est alors voisin de 
13 degrés; la membrane interne serait donc surtout constituée par 
l'acide ascarylique. 

Une certaine quantité de graisse neutre osmio-réductrice apparaît 
dans le cytoplasma ovulaire pendant que s'effectuent ces transfor- 
mations. 


CULTURE DU BACILLE TUBERCULEUX SUR DES MILIEUX RENFERMANT quatre, 
sit OÙ huit GRAMMES DE SOUDE PAR LITRE, 


par ALBERT FROUIN. 
J'ai communiqué antérieurement à la Société les résultats de mes 
recherches sur le développement du bacille tuberculeux sur les milieux 


simples et chimiquement définis, ainsi que les résultats de mes expé- 


(1) Arch. für exp. Path. und Pharmakologie, 1912. 


1185 


ANCE DU 931 MAI 


SÉ 


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Lex) 


1913. D. LXXIV. 


+ COMPTES RENDUS. 


B10LOGI 


“à 


1186 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


riences sur la composition minérale suffisante et nécessaire pour le- 
développement du microbe sur de tels milieux de culture (1). 

Dans la présente note, j'étudie l'influence de l'alcalinité du milieu de 
culture sur le développement du bacille tuberculeux. 

Les photographies qui accompagnent celte note représentent des cul- 
tures faites sur bouillon de pommes de terre, glycériné à 5 p. 100 et 
lactosé à 5 grammes par litre, et additionné après stérilisation d’une: 
quantité de soude normale stérilisée, suffisante pour que le milieu à 
ensemencer ait une alcalinité de N/10, N/7,5, N/5. 

Le bouillon de pommes de terre slycéane et lactosé constitue un 
milieu très favorable et très co pour la culture du bacille- 
tuberculeux. - 

Ce liquide additionné de soude aux concentrations que je viens 
d'indiquer permet le développement du bacille tuberculeux ainsi que 
l’on peut le constater sur les photographies ei-jointes. 

J'ai obtenu des résultats de même ordre, c’est-à-dire une culture plus. 
ou moins abondante, après alcalinisation aux mêmes concentrations de 
milieux simples et chimiquement définis, renfermant seulement un 
acide aminé, asparagine, acide glutamique ou alanine comme aliment 
azoté, de la glycérine et, dans la plupart des cas, un sucre, lactose ou. 
glucose, comme aliments hydrocarbonés. 


Dans une prochaine séance nous communiquerons les observations. 
faites sur les variations des caractères morphologiques, ainsi que les. 
résultats obtenus sur la composition et la virulence du bacille tuber- 
culeux cultivé dans différentes conditions. 


M. MayER. — Au cours de nos recherches sur la culture du bacille 
tuberculeux (2), nous avons examiné, nous aussi, l'influence de l’alca- 
linité du milieu sur les bacilles. Nos résultats seront consignés dans 
l'exposé d'ensemble qui paraîtra dans le prochain numéro du Journal de: 
Physiologie et de Pathologie générale. 


(1) Albert Frouin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1912, t. LXXIIT, 
p. 640 ; 1910, t. LXVIIT, p. 915. 

(2) Armand-Delille, Mayer, Schæffer et Terroine. Comptes rendus de l'Acad. 
des Sciences, t. CLIV, p. 537, 19 février 1912, et Comptes rendus de la Soc. de 
Biologie, t. LXXIV, 1913, n° 6, p. 272. 


re 
3 EVER SR 


SÉANCE DU 31 MAI . T'AS 


‘CONGÉLATION PARTIELLE DU CŒUR DES MAMMIFÈRES AU MOYEN D AIR LIQUIDE, 


par HENRI FREDERICO. 


Il suffit d'appliquer perdant quelques instants à la surface du cœur 
un cautère chirurgical refroidi par immersion dans l'air ou l'oxygène 
liquide pour y déterminer une congélation qui abolit d’une façon défini- 
tive, à la fois la contractilité du myocarde et la conductibilité des élé- 
ments nerveux qui y sont contenus (ainsi qu'on peut le vérifier expéri- 
mentalement). On peut de la sorte congeler toute l’épaisseur de la paroi 
cardiaque sur tout le pourtour du cœur des mammifères, en suivant le 
sillon auriculoventriculaire, et détruire tous les éléments nerveux super- 
ficiels et profonds qui réunissent à cet endroit les deux élages du 
cœur (1). 

Un assez grand nombre d'expériences exécutées d’après cette tech- 
nique chez le chien à poitrine ouverte et soumis à la respiration arti- 
ficielle ne m'ont pas permis d'observer d’allorythmie : la congélation 
avait porté sur tout le pourtour du sillon auriculoventriculaire et sur la 
région située au devant de l’origine de l'artère pulmonaire (2). Dans un 
cas seulement, j'ai pu observer une dissociation du rythme auriculo- 
ventriculaire à la suite d’une congélation très prolongée de la région 
située derrière l'origine de l'artère pulmonaire, précisément au niveau 
du bord antérieur de la cloison interauriculaire, c’est-à-dire dans le 
voisinage immédiat du faisceau de His, près de l'endroit où il s'infléchit 
vers le bas. Ces expériences me semblent être une confirmation des 
nombreux travaux qui ont localisé dans la cloison interauriculaire (à 
l'exclusion de la surface du cœur des mammifères) les éléments muscu- 
laires ou nerveux qui assurent la communication physiologique entre 
oreillettes et ventricules. 

Le procédé dont je me suis servi présente cet avantage, sur les autres 
méthodes qui ont été utilisées (section des parois, écrasement après 
atriotomie, etc.) dans le même but, de ne pas entamer la continuité des 
parois des cavités cardiaques et de respecter les conditions hydrauliques 
réalisées pendant le fonctionnement normal du cœur. Il avait été utilisé 


(1) On sait que, d'après Kronecker et son élève Lomakina, ce sont précisé- 
ment ces éléments nerveux qui assureraient la communauté de rythme entre 
oreillettes et ventricules. Leur section ou leur ligature déterminerait la pro- 
duction d’une allorythmie définitive. L’éminent physiologiste de Berne 
n accorde pas au faisceau de His l'importance physiologique qui lui a été 
attribuée par les travaux de His jun., de Léon Fredericq, Humblet, H. E. 
Hering, Erlanger, Hirschfelder, etc. 

(2) Dans plusieurs cas, la fibrillation ventriculaire vint metire un terme à 
l'expérience, à un stade plus ou moins avancé de la congélation. 


1188 ‘ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


par Léon Fredericq qui l'a appliqué à l'étude de la fibrillation du 
myocarde et des fonclions du nœud de Falck. 


Notes bibliographiques 
Kronecker. Bulletin Scc. roy. Sc. Méd. et Nat., Bruxelles, juillet 4940. 


Lomakina. Zeitschr. f. Biol., 1896, n. 599. 
Léon Fredericq. Bulletin Acad. roy. Médecine de Belgique, décembre 1912. 


LES CELLULES A SPRÉRULES DU SANG 
DE LA CHENILLE D Heterogynis penella HuBNer (Sy. 71. erotica GRASEIN), 


par À. Cu. HOLLANDE. 


Le sang de la chenille de ce lépidoptère des Alpes renferme, de même 
que celui de la plupart des larves de lépidoptères, des proleucocytes, des 
phagocytes, des ænocyloïdes et des cellules à sphérules ; il n’y a pas de 
leucocyles granuleux proprement dits du type d'Ayponomeula cogna- 
tellus. 

Les caractères ets de ces différents leucocytes, exception 
faite des cellules à sphérules, sont semblables à ceux que j'ai déjà 
indiqués chez les lépidoptères pour ces divers éléments. 

Il n’en est pas de même des cellules à sphérules qui méritent une men- 
tion spéciale. 

On sait que, chez les chenilles des lépidoptères, les cellules à sphé- 
rules sont sphériques, de dimension variable (8 à 15 L.), et caractérisées 
par leur noyau très petit. Les sphérules contenues dans le protoplasme 
de ces cellules sont en général au nombre de 8 à 10; solubles dans 
l'alcool à 96 degrés, elles deviennent invisibles dans les LL 
histologiques. 

Chez la chenille d'Aeterogyna penella, les cellules à sphérules rare- 
ment sphériques sont elliptiques, fréquemment étirées en fuseau ; elles 
mesurent environ 10 & de long et 6 y de largeur; on ne compte ordinai- 
rement que deux sphérules par cellule au lieu de 8 ou 10, comme chez 
la plupart des chenilles. Chacune de ces sphérules occupe, dès le début 
de sa formation, un des pôles de la cellule, le volume des sphérules 
augmente rapidement, et devient bientôt considérable, réduisant le 
protoplasme à une mince couche périnucléaire. 

In vivo, le rouge neutre ou le bleu de méthylène absorbés avec les 
aliments communiquent à ces sphérules, après passage au travers de 
l’épithélium intestinal, une teinte rouge ou bleu intense (1). 


(1) Il en est de même des sphérules des cellules à sphérules du sang des 
autres chenilles. 


SÉANCE DU 341 MAI 1189 


Les caractères microchimiques de ces sphérules permettent de ranger 
leur produit de constitution parmi les substances lipoïdes, ce qui 
explique leur propriété de dissoudre le rouge neutre et le bleu de 
méthylène. Les cellules à sphérules sont dépourvues de tout pouvoir 
phagocytaire ; ce ne sont pas non plus des cellules excrétrices (elles ne 
se chargent ni de carminate d'ammoniaque, ni de sulfo-indigotate de 
soude, ni d'urate d’ammoniaque introduits artificiellement dans l’orga- 
nisme par injection physiologique). 

Traitées par un mélange fixateur à base de chrome (bichromate de 
potasse et formol par exemple), Les sphérules sont rendues à peu près 


Fic. A, X 1080. — 1, 2, 3, cellules à deux sphérules en voie de développement; 

%, une cellule à 3 sphérules ; sa forme est sphérique au lieu d'être elliptique; 

5 et 6, cellules à sphérules dont les produits des sphérules se sont fusionnés et 
répartis dans toute la cellule: 

1, noyau fortement grossi d’une cellule à sphérules et comprimé par les produits 
des sphérules. 


insolubles dans l'alcool et xylol. La méthode de Mann (différenciation à 
la pyridine) les colore alors en rose par l’éosine,; l'orange G hémalun 
les teinte en jaune orange. 

Le noyau de ces cellules à sphérules est très petit (3 à 4 LL); il est 
formé de fins filaments de linine pelotonnés sur eux-mêmes, et chargés 
de petites granulations de chromatine fortement basophiles; la mem- 
brane nucléaire est difficilement visible. 

Ces cellules à sphérules paraissent naître de proleucocytes; au début, 
leur protoplasme est bien visible et présente une structure finement 
granuleuse; à l'approche de la métamorphose, les sphérules, dont le 
volume est devenu considérable, cessent d'être différenciées, et se 
fusionnent l’une avec l’autre; leurs produits, occupant alors toute la 
cellule, communiquent à celle-ci l'aspect d'un érythrocyte incolore 


f 


1190 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


fortement réfringent ; cet aspect est encore plus frappant après fixation 
au chrome et coloration à l’'hémalun-éosine. | 

Au stade qui précède la formation de la chrysalide, le sang de la che- 
nille est littéralement bourré de ces éléments cellulaires (fig. A). 

Durant la métamorphose, ces cellules sont phagocytées par les leuco- 
cytes-phagocytes, et ne se retrouvent pas chez l’imago. 


La nature chimique des sphérules, leur élaboration durant la vie lar- 
vaire par des cellules particulières, la destruction de ces éléments pen- 
dant la période nymphale montrent que les cellules à sphérules jouent 
le rôle d’accumulateurs de substances lipoïdes dont l’utilisation par l’in- 
secte se produit au moment de l’histogenèse des tissus imaginaux. 


DE L'EXAMEN DU SÉRUM DE LA FEMME ENCEINTE ET DU SÉRUM DE LA FEMME 
NON ENCEINTE, PAR LA MÉTHODE DE DIALYSE DE. ABDERHALDEN, 


par DauNay et ECALLE. 


Nous avons étudié la méthode de dialyse décrite par M. le professeur 
E. Abderhalden pour le diagnostic de la grossesse. Les expériences ont 
été faites au laboratoire de la Clinique Tarnier; nous avons suivi les 
conseils qui nous ont été donnés à l’Université d’Halle dans le labora- 
toire du professeur Abderhalden. 


MATÉRIEL DE L'EXPÉRIENCE. — 1° Récolte du sérum : Chez toutesles femmes 
le sang a été recueilli, le matin avant le premier repas, par ponction 
d’une veine du pli du coude ; le sérum décanté et centrifugé était mis en 
expérience le jour même de la prise de sang; les sérums, hémoglobinisés 
même légèrement, n'étaient pas employés. 

2° À ppareil dialyseur : Cet appareil est constitué par une petite fiole 
conique portant un trait de jauge à 20 c.c. et par un sac dialyseur 
(sac n° 579 A. de Carl Schleicher et Schüll); ces sacs dialyseurs ne lais- 
saient pas passer une solution d'eau albumineuse à 5 p. 100, ils lais- 
saient dialyser une solution de peptone de soie à 1 p. 100. 


Préparation du placenta : Le-placenta servant à l'expérience était com- 
plètement débarrassé de sang par lavage à l’eau courante et satisfaï- 
sait à l'essai suivant : une partie du placenta étant additionnée de 
5 volumes d’eau, on portait à l'ébullition pendant cinq minutes, on 
recueillait par filtration sur papier dur 5 c.c. de liquide, on y ajoutait 
2 c.c. de solution de ninhydrin à 1 p. 100, on portait à l’ébullition une 


SÉANCE DU 34 MAI 4194 


minute; après une demi-heure le liquide devait rester absolument inco- 
lore. 


MISE EN EXPÉRIENCE DU MATÉRIEL. — On versait dans deux fioles coniques 
de l’eau distillée jusqu'au trait de jauge; dans un premier sac dialyseur 
essayé, on plaçait 0 gr. 50 de placenta, 1 c.e. 5 de sérum; dans un 
deuxième sac dialyseur essayé, 1 c.c. 5 de sérum ; on plongeait ensuite 
ces sacs, après les avoir lavés à l’eau distillée, dans les fioles coniques 
et on versait à l'extérieur et à l’intérieur des sacs une couche assez 
épaisse de toluol; les deux appareils étaient mis à l'étuve à 37° pendant 
45 ou 18 heures. 

Lecture des résultats : On prélevait alors sur chacune des fioles 
10 c.c. du dialysat et on y ajoutait O0 c.c. 2 de solution de ninhydrin à 
4 p. 100, on portait à l’ébullition une minute. La réaction était consi- 
dérée comme positive lorsque le dialysat, provenant du sac renfermant 
le sérum additionné de placenta, prenait après une demi-heure une 
teinte violacée plus ou moins intense. 

Nous avons examiné en suivant exactement cette technique 27 sérums 
dont 24 sérums de femmes enceintes et 3 sérums de femmes non 
enceintes. Nous avons noté les réactions obtenues de la manière sui- 
vante : + 1? et + 1 coloration appréciable par réflexion, à peine mar- 
quée par transparence; + 2? et H 2, coloration violacée franche par 
transparence; + 3, + 4, + 5, coloration violette par transparence de 
plus en plus marquée. 

Résultats obtenus avec le sérum de femmes enceintes : Sur les 24 sérums 
examinés nous avons obtenu, avec le produit de dialyse du sérum addi- 
tionné de placenta : 3 fois des réactions très légères (+ 1? et + 1), 
2 fois des réactions légères(+2), 7 fois des réactions un peu plus accen- 
tuées (+ 3? et 3), 12 fois des réactions assez intenses (+ 4? et +5); 
avec le produit de dialyse du sérum seul, 2 fois des réactions légères 
(+ 1? et + 2?) 

Résultats obtenus avec le sérum de femmes non enceintes : Le premier 
examen a été fait avec le sérum prélevé chez une femme, cinq jours avant 
la période de règles; la réaction obtenue avec le produit de dialyse du 

sérum additionné de placenta a été + 27. Le deuxième examen a porté 
sur le sérum d’une femme non enceinte, sérum prélevé seize jours 
après la période de règles ; la réaction a été + 47. Le troisième examen 
a été fait avec le sérum d’une femme non enceinte, sérum recueilli 
1 jours après IX période de règles; cette femme avait fait, deux mois 
avant, un avorlement à la Clinique Tarnier; le résultat de la réaction a 
été + 3. 

De ces expériences il semble résulter que : 


1° Le sérum de la femme enceinte paraîl toujours agir sur le pla- 


est ce le pe souvent elle est assez grande. Mie: AE 
2° Le sérum de femme non enceinte addilionné de placenta peu four 7 
nir des produits de dialyse donnant une réaclion avec la ninhydrin. 
3° Le sérum seul peut fournir des po de. dialyse do avec lé F 
ninhydrie une réaction légère. àf FR Th Pr ed 


(Travail du laboratoire de la Clinique Tarnier.) £ 


\ ‘EE Ne 


Le Gérant : OcTAVE PORÉE. 


S'ÉANCE D'UN 7 UIUMIEN 


AncEL (P.) et Bouin (P.) : La mé- 
thode des injections physiologiques 
et la détermination des cellules 
excrétrices (Réponse à MM. Cuénot, 
Brun!z et Mercier) 

Barrez (G.) et Duvimier (E.) : 
tion des substances hypotensives 
sur la sécrétion saïivaire 

BeLLorr (K.) et Dusos : Contribu- 
tion à l'étude de l'épreuve du nitrite 
SEINE SRE CT 

BerrreanD (D.-M.) et Mic Bronis- 
LAWA FEIGIN : Examen bactériolo- 
gique de quelques cas de métrite et 
traitement par les virus vaccins 
SEMSUDUIS ES tape se ee 

Brzcaro (G.) et MouGeor (A.) : La 


PS TRACE CM NOMEMRC 


1193 


[SNS 


SOMMAIRE 


1224 


courbe de l’action peroxydasique 


de 


des eaux thermo-minérales 
Royat (Puy-de-Dôme) 

BorreL (A.) : Cellules pigmentaires 
et associations cellulaires . . . . . . 

Bosc (F.-J.) et Carrieu (M.) : Le 
bacille d'Achalme est un saprophyte 
banal, hôte habituel de la peau des 
rhumatisants et dépourvu de toute 
spécificité pour le rhumatisme . .. 

Brerox (Maurice) : Essais de chi- 
miothérapie par les sels d’or, dans la 
tuberculoseexpérimentale ducobaye 

Caarrox (Épouarp) et PÉRARD 
(CHARLES) : Schizophytes du cæcum 
du cobaye.— Il. Metabacterium po- 
PUS DORE SENS DI EURE Ée 

FrancaiNt (G.) : Sur un proto- 
zoaire nouveau parasite des Ano- 
pheles maculipennis 

Frouix (Azeert) : Le milieu de 
culture d'acides aminés complets 
pour microorganismes. Remarques 
à propos de la note de MM. R. Da- 
limier et Edg. Lancereaux. . . . .. 

GauTiER (CL.) : Expériences sur 
l’antithrombine directe du suc hépa- 


Guzsert (A.), ViLLARET (MAU@CE) 
et Prcmanxcourr (M.) : Contribution à 
l’étude du syndrome d'hypertension 
portale. Note sur la tension des li- 
quides d’ascite symptomatique des 


BioLoGiE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. 


1235 


1215 


1229 


1200 


1232 


2 1MIÈ0 


cirrhoses alcooliques. . . . . . . .. 

Gogert (E.) : Nouvel essai négatif 
de désansphylactisation par une 
CHUAMINÉTAlE RES CE EL EE 

Josué (0.) et BezLorr (E.) : Contri- 
bution à l'étude du ralentissement 
digitalique du pouls 

Kervizy (MICHEL DE) : Sur l’époque, 
le lieu et le mode d'apparition de 
diverses élaborations dans le mé- 
senchyme pulmonaire chez l’em- 
HEVONÉDUMAIN NES TEEN 

LaprcouE {L.) et FAURÉ-FREMIET : 
Mesure de l’excitabilité électrique 
delamorticellenpe me eee 

MaAnOUkHINE (I.-[.) : Sur le rôle 
des globules blancs et de la rate 
dans la production de l’alexine, 
des hémolysines, des agglutinines 
ebtdes bacténiolysines PET 

More (L.) et Vercrac (H.) : L’hy- 


pertrophie rénale compensatrice . _ | 


Perrir (AuGusre) : Action de la 
toxine diphtérique sur le rat. . .. 
Rerrerer (ÉD.) et LELIÈVRE (AUG.) : 
Développement des hématies dans 
les ganglions lymphatiques du porc. 
Roux (JEAN-CHARLES) et TAILLAN- 
DIER : De l'apparition de la créatine 
dans l'urine des lapins, après l’abla- 
tion des capsules surrénales . . .. 
TcnerNoroutzkt (M.) : Sur l’ana- 
phylatoxine de Bordet 


1240 


1218 


Réunion biologique de Bucarest. 


DaxiLA (P.) et Strroe (A.) : Quel- 
ques formes rares de kératite syphi- 
litique chez le lapin 

Navassart (E.) : Sur la nature de 
l’alexine 

RouaLo (E.) et Duurrresco (D.) : 
Concentration en chlorure de so- 
dium de la sérosité de l’ædème par 
rapport au sérum sanguin 

Vornow (D.) : L'origine des cen- 
trosomes en forme de V et leurs 
rapports avec les formations vési- 
culaires, à propos d'un travail de 


DAC RO OA E CCC OO PRO ET AO NE 


M. le professeur Tschassownikow. 1245 


LXXIN. Verts 


4194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Grimbert, ancien vice-président, 


puis de M. F. Mesnil, vice-président. 


MESURE DE L'EXCITABILITÉ ÉLECTRIQUE DE LA VORTICELLE, 


par L. LaPicQuE et FAURÉ-FREMIET. 


On sait que les Vorlicelles sont excitables par le courant électrique, 
à la façon, plus ou moins, du nerf et du muscle de la grenouille; en 
faisant passer dans l’eau qui les baigne un choc d’induction, on obtient 
la rétraction brusque de leur style comme par les excitations méca- 
niques ou autres. Nous avons entrepris de faire quelques mesures 
sur cette excitabilité. 

Le dispositif était le suivant : les protozoaires ( Vorticella campanula) 
sont disposés sous le microscope, entre lame et lamelle, dans de l’eau 
de fontaine; en maniant avec une pince le brin d'algue qui leur sert de 
support, on peut les orienter à peu près comme l’on veut. Les élec- 
trodes sont constituées par deux languettes d'étain laminé (papier à 
chocolat) qui, pénétrant sous la lamelle, viennent se faire face à 
quelques millimètres l’une de l’autre, par des sections parallèles. Le 
champ électrique ainsi introduit dans la mince lame d’eau a ses lignes 
de force parallèles entre elles et de direction bien déterminée, au moins 
dans la partie moyenne qui est celle où se fait l'observation. Ces élec- 
trodes sont polarisables; mais, étant donné qu'on applique de grandes 
forces électromotrices pendant des temps très courts, leur polarisation 
doit être considérée comme n'’affectant que d’une façon négligeable les 
conditions du courant général. De brefs passages de courant, de l’ordre 
du centième de seconde, suffisent aux mesures; il est absolument 
nécessaire de s’en tenir à ces durées, car, si volontairement ou acciden- 
tellement, on laisse passer le courant un temps appréciable, l'élec- 
trolyse détermine la production de sels toxiques, qui empoisonnent la 
préparation. & 

Le reste du dispositif électrique est celui que l’un de nous emploie 
couramment dans les expériences de ce genre : pour la force électro- 
motrice, une batterie d’accumulateurs avec un réducteur de potentiel 
sans self; pour la limitation des passages de courant, un rhéotome:- 
mécanique, dans l'espèce, un pendule de Keith Lucas. Une résistance 
sans self de l'ordre de 10.000 est en série aVec la préparation. 

Voici les faits observés : 

1° Direction du courant. — Le champ électrique n'’agit que suivant sa 
composante longitudinale par rapport au style. Quand une Vorticelle 


SÉANCE PU 7 JUIN 4195 


est-bien étalée parallèlement aux sections des électrodes, c’est-à-dire 
perpendiculaire aux lignes de force électrique, il est pratiquement 
impossible d'obtenir une contraction. Quand on a un bouquet d’infu- 
soires disposés en éventail, et qu’on fait croître graduellement une 
série d’excitations partie de plus bas que le seuil, on voit régulière- 
ment que les individus orientés d’une électrode vers l’autre répondent 
les premiers; puis, sous des excitations successives toujours crois- 
santes, on obtient graduellement la contraction d'individus orientés 
suivant des angles de plus en plus grands avec cette direction. 

_ 2° Sens du courant. — Quand le pôle négatif est du côté de la masse 
somatique, il faut, toute chose égale d’ailleurs, une intensité à peu près 
deux fois plus faible que si le courant est tourné en sens inverse. 
(I s’agit ici exclusivement d’excitations de fermeture.) L’assimilation 
avec les lois polaires reconnues chez les Métazoaires (loi de Pflüger) 
n’est pas immédiatement possible. Les conditions physiques et physio- 
logiques sont trop différentes du cas d’un nerf recevant le courant 
électrique par deux électrodes. Mais il est certain que l’action élec- 
trique sur la Vorticelle comporte une question de polarité. 

3° Relation entre la durée et l'intensité liminaires. — Noïci les chiffres 

d'une expérience (température 20°5). Les durées de passage { sont 
mesurées d’abord par la distance angulaire des contacts sur le pendule, 
puis traduites en millièmes de seconde. Après la colonne des voltages 
liminaires observés V, sont donnés les produits Vé, mesurant les quan- 
tités, puis les produits V°{, mesurant l'énergie. 


DURÉE : L 
Re * VOLTAGE QUANTITÉ ÉNERGIE 
- Angle. 5 
69 degrés. 50 » 10,5 525 5,5 
29 degrés. 24 » 10,5 220 2,3 
15 degrés. 40,7 LT 125 1,46 
10 degrés. mou 14,5 103 11,49 
5 degrés. 3,9 18,5 66 1,2 
4 degrés. 2,85 21,5 61 11e 
3 degrés. 2,15 25,0 53 4,32 


Pour les grandes durées, le voltage est invariable; au-dessous de 
deux centièmes de seconde, le voltage liminaire augmente de plus en 
plus rapidement à mesure que la durée diminue; la quantité diminue 
constamment quand la durée diminue ; l'énergie diminue d’abord, puis 
reste à peu près constante (de 10 à 20, les différences qui apparaissent 
ne dépassent guère l’approximation des expériences, le voltage observé 
étant porté au carré dans le calcul). 

La relation est celle qu’on observe en général sur les nerfs moteurs 
et les muscles des Métazoaires, voisine de la formule d’une hyperbole 
équilatère, mais présentant par rapport à cette formule certains écarts 


1196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


systématiques. On est donc en droit de déterminer pour cette relation 
la constante de temps définie par l’un de nous sous le nom de 
chronaxie. ; 

La chronaxie de Vorticella campanula dans une dizaine d'expériences 
sur des échantillons divers d'un même lot conservé environ une 
semaine au laboratoire, s’est trouvée le plus souvent comprise, comme 
dans l'expérience ci-dessus, entre 2 et 3 millièmes de seconde, pour une 
température voisine de 20 degrés. 

L'inversion du sens du courant ne change pas la chronaxie- 

Cette chronaxie est à peu près celle de la pince de l'Ecrevisse et du 
pied du Solen. 


En résumé : l’excitabilité électrique de la Vorlicelle suit exactement 
la forme de la loi générale constatée chez les Métazoaires. é 

La chronaxie, très supérieure à celle du muscle strié des vertébrés, 
est du même ordre que ce que l’on observe sur des muscles rapides 
chez les invertébrés. 


SUR UN PROTOZOAIRE NOUVEAU PARASITE DE Anopheles maculipennis. 


Note de G. FRANCHINI, présentée par A. LAVERAN. 


J'ai eu l’occasion, dans de récentes recherches, de faire de très nom- 
breux frottis de moustiques (Culex et Anopheles), et j'ai eu la bonne for- 
tune de rencontrer chez l’Anopheles maculipennis un intéressant para- 
site du tube digestif. Ce parasite est sans doute très rare car, quoique 
mes examens aient porté sur plusieurs centaines d'insectes, je ne l’ai 
trouvé que dans un cas. J'ai déjà signalé ce parasite, dans un travail 
paru dans la Aiforma medica du mois de janvier dernier. 

Postérieurement, Scordo, sans citer mes précédents travaux, a donné 
dans Malaria e malattie dei paesi caldi, du mois de mars 1913, une des- 
cription très incomplète de ce parasite. 

Après coloration par la solution de Giemsa, les parasites apparaissent 
très nettement et en grand nombre dans les frottis. Ils se présentent 
sous trois aspects différents : parasites libres, formes de multiplication, 
parasites enkystés. 

1° Les parasites libres (fig. 1, 2 et 3) sont arrondis ou ovalaires. Ils 
mesurent de 3 y 50 à 4 u de long sur 3450 de large. Le karyosome volu- 
mineux, très riche en chromatine, occupe tantôt le centre de l'élément, 
tantôt la périphérie. Le protoplasma homogène se colore en bleu violacé 
et ne contient ni pigment ni grains chromatiniens. 

2% Kormes de multiplication (fig. 4 à 17). Les parasites en voie de 


SÉANCE DU 7 JUIN 1197 


" division s'enkystent ; la paroi kystique se colore en rose päle, tandis 
que la teinte des parasites varie du bleu pâle au violet foncé. Les kystes 
de multiplication, régulièrement arrondis, mesurent de 84,30 à 9,90 
de diamètre. Le karyosome se divise d’abord en deux, puis en quatre 
amas chromatiniens, tandis que le protoplasma reste encore indivis. La 


…— masse protoplasmique se répartit en deux ou plus souvent en quatre 


segments lriangulaires. Le karyosome se divise à nouveau et les kystes 

-de multiplication contiennent, en fin de compte, huit éléments ovoïdes 
mesurant 3u,50 environ de long sur 21,50 de large. Les parasites sont 
groupés au centre du kyste, répartis à sa périphérie ou disséminés dans 
toute son étendue. 


1, parasite libre ; 2, parasite libre, plus volumineux; 3, parasite libre à la pre- 
mière phase de la division nucléaire ; 4, division en quatre du noyau; 5, phase plus 
avancée de la division ; 6-8, les karyosomes de chacun des segments se divisent en 
deux ; 9, division du protoplasma en deux, division de chacun de karyosomes en 
six ; 10, à 17, différents aspects des formes de multiplication ; 18, parasite enkysté. 


Quelques parasites présentent, en dehors du karyosome, une granu- 

lation chromatinienne qui est trop inconstante et de siège trop variable 
* pour être assimilée à un centrosome (fig. 17). 
_ 3° Les formes enkystées (fig. 18) sont représentées par des éléments 
arrondis ou ovalaires mesurant de 44,50 à 5 u de long sur 2u,50 de 
large. La membrane kystique est épaisse; le protoplasma se colore 
fortement par le Giemsa ; le karyosome volumineux occupe le centre de 
l'élément. 


En résumé, nous croyons pouvoir dire qu'il s’agit d’un nouveau para- 
site qui n a rien de commun avec les flagellés ni avec les sporozoaires 
qui ont été signalés chez les culicides ; son évolution complète paraît se 
faire dans le tube digestif des Anopheles. 

Le parasite décrit dans cette note ne rentrant dans aucun genre connu, 


1198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


nous proposons de créer, pour le désigner, le genre Baccellie, en l'hon- 
neur de notre maître, le professeur Baccelli et de lui donner le nom de 
B. anophelie, n. g., n. sp. 


(Travai du laboratoire de M. e 1j'ofesseur Laveran.) 


ACTION DE LA TOXINE DIPHTÉRIQUE SUR LE RAT (1), 


par AUGUSTE PETTIT. 


. Parmi les animaux de laboratoire, le rat blanc, ainsi que l'ont établi 
Roux, Yersin et Borrel, se distingue par sa résistance vis-à-vis de la 
toxine diphtérique. Tandis que, par la voie sous-cutanée, une dose de 
cette substance, approximativement égale à 1/25000 du poids soma- 
tique, détermine la mort du lapin et du cobaye en moins de deux jours, 
il faut dépasser le 1/100 pour obtenir ce résultat chez le rat blanc 
(Cobbet); mais, dans ce cas encore, le mode d'administration joue un 
rôle important et l’action toxique se manifeste beaucoup plus éner- 
giquement lorsque l'injection est intravasculaire ou intracoelomique ou 
surtout intracérébrale. | | 

Cette quasi-immunité naturelle du rat vis-à-vis de La toxine diphté- 
rique ne paraît pas devoir être recherchée dans une résistance spéciale 

des cellules nerveuses (Roux et Borrel); on ne saurait davantage l’attri- 

buer aux propriétés du sang (Kuprianow), car le pouvoir antitoxique 
du sérum, chez l'animal neuf, n’alteint pas 0,5 unité par c.c. (dosage. 
suivant la méthode d’Ehrlich). À ce point de vue, il est à noter que la 
sensibilité des espèces zoologiques paraît indépendante du pouvoir 
protecteur du sérum; c'est tout au moins ce qui semble résulter de 
l’étude du cobaye, du lapin, du pigeon et du rat, dont la résistance 
varie dans de larges limites, bien que le pouvoir antitoxique du sang 
soit sensiblement égal (inférieur à l'unité). De plus, la façon dont se 
comportent les divers parenchymes organiques diffère profondément 
avec les espèces, et, pour chacune de celles-ci, il y a une hiérarchie 
dans les organes au point de vue de l'intensité des lésions. 

En raison de son état réfractaire vis-à-vis de la toxine diphtérique, le 
rat se distingue parmi les mammifères étudiés Jusqu'à ce jour, y com- 
pris le hérisson (Strubell). C'est ainsi qu'un de ces rongeurs, d’un poids 
moyen de 100 grammes, peut recevoir par voie sous-cutanée une dose 
de toxine diphtérique environ 10-15 fois supérieure à la dose mortelle 


(1) Pour le détail des expériences, les figures et la bibliographie, voir le 
mémoire à paraitre dans les Annales de l’Institut Pasteur. 


SÉANCE DU 7 JUIN 1199 


— 


pour le lapin, sans qu’on puisse observer de troubles manifestes. Mais, 
avec des doses suffisamment élevées, administrées sous la peau (2-3 c.c.) 
Ou par toute autre voie, on peut provoquer des lésions de divers 
viscères, comparables, en leurs traits essentiels, à celles qu’on observe 
chez le lapin et le cobaye, et siégeant notamment au niveau du rein, du 
foie et de la surrénale. | 

D'autre part, comme c’est la règle pour nombre de toxines, l’injec- 
tion, répétée à quelques jours d'intervalle, d’une dose inframortelle 
détermine de graves désordres et même la mort. 
« En somme, dès que la quantité de toxine introduite dans l'organisme 
atteint une certaine limite, les éléments anatomiques du rat réagissent 


_ vis-à-vis de ce poison comme ceux d’un animal sensible. À ce point de 


vue, il est à signaler que de la toxine diphtérique persiste dans l’orga- 
nisme plusieurs jours après l’inoculalion; en effet, le rein excrète une 
substance qui détermine la mort du cobaye neuf avec les signes clas- 
siques de l’'empoisonnement diphtérique, mais qui reste sans action 
après mélange avec du sérum antidiphtérique. De la toxine dipthé- 
rique traverserait donc l'organisme du rat, en conservant intactes ses 
propriétés essentielles, après avoir baigné les cellules sans les léser, 
pourvu que la dose ne soit pas trop forte. | 


Cette résistance des éléments anatomiques est encore nettement mise 
en évidence par l'expérience suivante: un rat est anesthésié ; puis, avec 
les précautions habituelles d’asepsie, on met à nu la rate et on injecte 
dans l'épaisseur du parenchyme 0,2-0,4 c.c. de toxine diphtérique; 


ceci fait, on suture la paroi et on abandonne l'animal à lui-même pen- 


dant vingt-quatre à quarante-huit heures; au bout de ce temps, l'animal 
est sacrifié, la rate fixée, puis étudiée suivant les méthodes histologiques 
usuelles; alors que chez le lapin traité de cette facon, une portion plus 
ou moins étendue du parenchyme splénique serait complètement 
détruite, chez le rat, au contraire, les cellules demeurent inchangées et 
les lésions se bornent à des troubles circulatoires et à quelques 
infarctus. 

On est ainsi amené à conclure, avec À. Calmette et A: Delarde, dans 
leurs recherches sur les venins, que « .… l’état d’immunité naturelle à 
l'égard des toxines n'implique nullement l'existence, dans le sang des 
animaux réfractaires, de substances antitoxiques spécifiques et que ces 
Substances, lorsqu'elles existent, ne sont jamais assez actives pour 
expliquer l’immunité relativement solide dont jouissent ces animaux », 
et que celle-ci est en rapport avec une résistance cellulaire, consta- 
table morphologiquement. 

En somme, les cellules du rat se comportent d’une façon comparable 
à celles des organismes monocellulaires, mises en contact avec les 
toxines. Chez ceux-ci, comme l’a montré O. Gengou, il ne se produit 


1200 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pas de lésions, bien qu'il ne puisse être question ni d’un pouvoir anti- 
toxique du sang ni d’une élimination rapide des toxines injectées, 
puisque ces organismes se meuvent dans le milieu toxique et sont 
par conséquent toujours en contact avec lui. La seule explication plau- 
sible est qu'il s’agit de l’immunité histogène, ainsi que l'a our 
Behring. 

Il est très vraisemblable, d’ailleurs, qu'il existe des degrés dans 
cette immunité relative des éléments anatomiques des divers organes; 
en tout cas, on peut observer une discordance dans les effets de la toxine 
diphtérique; c’est ainsi qu'une injection intrasplénique de toxine, 
incapable d’entrainer la mort, ou même simplement des altérations 
manifestes, peut cependant provoquer la formation de ue mem- 
branes à la surface de la rate. 


En résumé, le rat présente vis-à-vis de la toxine diphtérique un 


x 


état réfractaire assez marqué, supérieur à celui des autres mammi- 


fères; en dehors des réactions leucocytaires et des propriétés du 
sérum auxquelles on attribue généralement la prééminence dans les 
phénomènes d’immunité naturelle, il convient donc, dans le cas de 
ce rongeur, d'attribuer un rôle important à la résistance propre des 
éléments anatomiques de l’organisme. 


ESSAIS DE CHIMIOTHÉRAPIE PAR LES SELS D'OR, 
DANS LA TUBERCULOSE EXPÉRIMENTALE DU COBAYE, 


par MAURICE BRETON. 


Les tentatives d'atténuation du bacille tuberculeux par des sels 
minéraux employés à l’état soluble, datent surtout des recherches de 
Robert Koch, qui étudia l’action empéchante du cyanure d'or dilué à 
un ou deux millionièmes, sur des cultures de bacilles. Ces tentatives se 
sont mullipliées le jour où la chimiothérapie des infections spirillaires 
a pris l'importance que nous lui connaissons, et dans ces derniers temps, 


trois auteurs allemands, Bruck et Glück (1) d’une part, Feldt (2) d'autre 


part, ont repris les. études de R. Koch sur les sels d’or vis-à-vis du. 


bacille tuberculeux avec un certain succès apparent. Feldt, employant 
soit l'or colloïdal, soit des sels dérivés d’une combinaison de eyanure 
ou de chlorure d’or et de cantharidine-éthylène-diamine, a obtenu les 
résultats suivants : in vitro, atténuation et arrêt de développement de 


(1) Münch. meu. Woch., 1912, n° 2. 
(2) Deutsch. med. Woch., 1913, p. 549. 


SÉANCE DU 7 JUIN 1201 


la culture lorsque la dilution d’or colloïdal atteint un millionième; in 
vivo, chez le cobaye et le lapin, à chaque injection de sel, réaction 
congestive des foyers tuberculeux, semblable à une réaction tuberculi- 
nique, survie de plusieurs mois des animaux en expérience, abondance 
de tissu fibreux au niveau des lésions, en un mot, modification favo- 
rable des lésions tuberculeuses. Feldt cependant n’a pas vu de guérison, 
ni même d'arrêt dans l'extension du processus, puisqu'il signale, chez 
les lapins sacrifiés, l'existence de foyers tuberculeux de nouvelle forma- 
tion. L'auteur note encore l’accoutumance à l'or des bacilles, qui, gènés 
dans leur développement, lors d'un premier contacl, reprennent toute 
leur vitalité, lors des passages suivants. 

Sur le conseil de M. Calmette, nous avons depuis près d’un an essayé 
Paction empêchante de deux sels d’or sur les cultures de bacille tuber- 
culeux bovin (souche lait, de Nocard) et sur l'évolution dela tuberculose 
expérimentale du cobaye. Ces sels ont été préparés et mis obligeam- 
ment à notre disposition par M. Fourneau, de l’Institut Pasteur de 
Paris. Il s'agissait d’abord d'une solution d'or colloïdal arsenical, conte- 
nant 6 milligrammes de chlorure d’or par centimètre cube, soit 3 milli- 
grammes d'or pur pour cette même dose. Dans la suite, M. Fourneau 
nous donna une seconde solution d’or colloïdal non arsenicale, dosée à 
0,25 centigrammes de chlorure d’or p. 100, et contenant 0 gr. 125 p. 100 
d’or pur par centimètre cube. 

Quel que soit le sel employé, le schéma d’expérience ne varie pas : 
cent cobayes sont divisés en cinq lots. Le premier comprend une série 
d'animaux sains qui, durant quatre semaines seulement, reçoivent sous 
la peau deux injections hebdomadaires d’un centimètre cube d’or 
colloïdal et sont ensuite tuberculisés par inoculation virulente de 
0 gr. 0005 de bacilles bovins (souche lait, de Nocard). 

Le second comprend une série de cobayes qui, traités comme ceux du 
premier lot, continuent à être injectés avec l’or colloïdal, après tuber- 
culisation. 

Le troisième lot comprend des cobayes semblables à ceux du second 
lot, mais qui n’ont recu aucun traitement préventif. Le quatrième lot 
recoit des injections de sel d’or, seulement à partir de deux semaines, 
après l’inoculation virulente. Le cinquième se compose de cobayes 
tuberculeux témoins. 

Tous ces animaux supportent sans réaction locale les injections d'or 
colloïdal ; celles-ci semblent douloureuses s'il s’agit de solution arseni- 
cale. Le poids ne varie pas sensiblement sous l'influence du traitement 
et on ne note pas d'intolérance. 

Les résultats les plus favorables sont fournis par les injections d’or 
colloïdal non arsenical. Les animaux du premier lot (préparés par une 
série de 8 injections d’or colloïdal) ont une survie de 28, 30, 42, 51 et 
13 jours sur les cobayes témoins, dont la mortalité oscille entre 60 et 


1202 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


78 jours après l'infection. Chez ces animaux, les’ lésions organiques 
pulmonaires, hépatiques et sp'éniques, de nature tuberculeuse, sont 
caractérisées par une réaction conjonctive et scléreuse intense ; les réac- 
tions ganglionnaires sont très développées. Cependant, aucun cobaye 
ne guérit, mais la survie peut, à titre-exceptionnel, atteindre 213 jours, 
ainsi qu’en témoigne un animal compris dans une série complémentaire 
d'expériences. 

Les cobayes des autres lots ‘tuberculisés sans chimiothérapie 
_ préalable, mais injectés consécutivement d’or) ne diffèrent nullement 
des témoins et meurent en des temps sensiblement égaux. 

Les cultures de tuberculose bovine (souche Nocard), faites sur milieu 
contenant de l’or colloïdal dilué à 1/100.000, 1/200.000, 1/300.000, sont 
grêles à un premier passage, mais l’acclimatement en est rapide, même 
si les dilutions atteignent 1/50.000. Des cobayes \inoculés avec des 
bacilles bovins cultivés sur milieu aurifère, font une tuberculose sem- 


blable à celle des cobayes témoins injectés avec les seuls bacilles 


bovins. | 

En résumé, les sels d’or que nous avons étudiés (or colloïdal arsenical 
ou non), introduits dans l'organisme de cobayes tuberculeux en injec- 
tions sous-cutanées et à doses fractionnées, n'immunisent pas l'animal 
et ne retardent pas l’évolution de la maladie. Ces mêmes sels, par 
contre, injectés à titre préventif chez des cobayes sains, retardent sensi- 
blement l'évolution de l'infection tuberculeuse expérimentale, et per- 
mettent l'établissement de formes anatomiques dites de résistance. Ils 
n’empêchent pas non plus la culture du bacille sur pomme de terre et 
ne créent pas une souche de virus atténué, susceptible de vacciner. 


(Institut Pasteur de Lille.) 


L’HYPERTROPHIE RÉNALE COMPENSATRICE, 


par L. MorEL et H. VERLIAC. 


Nous avons étudié la progression de l’hypertrophie rénale compen-- 
satrice sur 25 rats blancs. Le rein de cet animal nous a paru présenter 
des avantages : la structure en est assez bien connue et son faible 
volume le recommande pour les coupes en série. L'expérience a été 
conduite de la facon suivante. On constata d’abord, sur quelques rats 
blancs, l'identité du poids des deux reins. Puis les 25 rats subirent la 
néphrectomie gauche, et leur rein enlevé fut pesé. Après un délai d’ob- 
servation variable, les rats furent sacrifiés, et le rein droit restant pré- 
levé et pesé. Ces divers poids ont fourni les éléments du tableau 


SÉANCE DU 7 JUIN 1203 


$ ci-dessous de l'accroissement pondéral du rein restant après néphrec- 
b. tomie. - 


Hypertrophie rénale compensatrice chez le rat blanc. 


2 POIDS POIDS TEMPS POIDS DIFFÉRENCE POURCENTAGE 
= des . du d'observation RU de poids ; { 
= rein gauche rein droit en faveur d'hypertrophie 
5 rats enlevé après hypertrophié | du rein restant 
ë Fa gr. (milligr.). |néphrectomie. (milligr.). (milligr.). réalisé. 
4 FT TBE ERNEST Dre names 
| 1 | 200 : 800 2 jours. 880 80 10  . 100 
2 | 160. 620 4 — 850 230 À — 
11 | 260 , 890 6 — 1070 180 20 — 
12 | 200 6710 6  — 900 230 34 — 
| 3 | 140 510 8 — 690 180 3 — 
; 15 | 460 610 8 — 190 120 32 — 
21 150 RENU 10 600 100 20 — 
3 | 190 630 10 — 750 120 19 — 
103 | 150 625 10 — 165 140 22 
= 10% | 150 660 10  — 160 100 15 
4 105 | 140 687 10 195 108 15 — 
107 | 195 548 10 — 690 142 20 
| û 108 | 140 260 10 — 660 100 18 
24 | 160 660 RE 820 160 : 24 — 
; 25*| 220 150 12 — 1045 295 39 — 
32 | 200 910 Ie 1010 100 10 — 
3 | 245 970 15  — 1150 180 IS  — 
34 | 280 1330 20 — 1515 245 18 — 
35*| 250 1060 20 — 1495 369 34 — 
31 | 160 610 20 — 110 100 AS — 
41 | 200 150 25 — 900 150 20 — 
42 | 200 155 25 970 215 28 — 
: 43 | 200. 790 30 — 985 195 2%  — 
44 | 200 785 ee 1060 215 Dir — 
102 | 250 1010 50 — 1230 220 DORE 
F * Femelle pleine. 
| L'étude de ce tableau confirme pleinement les conclusions de M. P. 
| Carnot (1), sur l'hypertrophie compensatrice du rein chez le lapin et le 
cobaye. 
| Nous avons constaté, comme lui, la constance de l'hypertrophie com- 
k pensatrice. 


Nous en constatons aussi l'intensité (jusqu'à 39 p. 400), ainsi que la 
rapidité de production (dès le 4° jour). Comme le remarque M. P. Carnot, 
« une prolifération cellulaire de cette importance ne saurait vraisem- 
biablement se produire aussi rapidement. Ce n'est probablement 
qu'après une phase immédiate d'approvisionnement aqueux et nutritif… 
à que se produit la régénération véritable du parenchyme rénal, en un 
| temps naturellement plus long ». 

Or, il semble que nos chiffres viennent renforcer cette hypothèse. En 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 23 mai 1913. 


1204 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


effet, nous pouvons diviser notre expérience, qui s'étend sur 50 jours, 
en trois phases. 

Dans la première, qui va du 4° au 10° jour, nous observons des chif- 
fres « d’hypertrophie » formidables (32 p. 100; 34 p. 100; 37 p. 100); 
chiffres qui ne seront jamais atteints ultérieurement, alors qu’on serait en 
droit d'attendre, d’un délai plus long, une hypertrophie plus marquée. 
Dans la seconde, qui va du 10° au 20° jour, nous observons un fléchis- 
sement marqué de la courbe de poids. Mettez à part les deux hypertro- 
phies de 34 p. 100 et de 39 p. 100 observées sur des femelles pleines, les 
chiffres de la seconde phase sont à ceux de la première comme ÿ est à 
16. Dans la troisième phase enfin, à partir du vingtième jour, les 
chiffres d'hypertrophie s'élèvent à nouveau, mais restent inférieurs à 
ceux de la première phase (comme 11 est à 16). 

Il est peu vraisemblable que l'hyperthrophie rénale compensatrice 
atteigne son maximum en quelques jours, pour rétrocéder ensuite, el 
qu’à cette rétrocession succède une phase nouvelle de prolifération cel- 
lulaire. Il est plus probable, qu'après néphrectomie, le rein restant est 
le siège momentané d’une congestion, d’un œdème prédominant, der- 
rière lequel peut-être commence à évoluer le processus d’hyperplasie. 
Cet œdème disparu, l'hyperplasie cellulaire continue à s'organiser len- 
tement et progressivement. 

Le chevauchement des deux phénomènes empêche de préciser le 
début de la seconde phase. 

On ne peut rapporler à un processus purement hyperplasique l'énorme 
augmentation de poids du rein restant dans les jours qui suivent la néphrec- 
tomie. 

(Laboratoire d'urologie expérimentale 
de la Clinique des maladies des voies urinaires; professeur Lequeu.) 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU SYNDROME D'HYPERTENSION PORTALE. 


NOTE SUR LA TENSION DES LIQUIDES D ASCITE SYMPTOMATIQUE 
DES CIRRHOSES ALCOOLIQUES, , 


par A. GILBERT, MAURICE ViLLARET et M. PicHANcOUxT. 


Dans une note antérieure à la Société de Biologie, l’un de nous (1) a 
fixé le chiffre de la tension du liquide d’ascite au cours des cirrhoses 
biveineuses et de l’asystolie ; il a montré que ce chiffre variait entre 20 
et 30 centimètres de liquide dans les cas de cirrhose, entre 18 et 20 centi- 
mètres dans les cas d’ascite cardiaque ; il a fait observer enfin que cette 


(1) A. Gilbert et E. Weil. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 17 juin 1899. 


SÉANCE DU 1 JUIN 1205 


tension s'abaissait rapidement dès l'écoulement des premiers litres, lors 
de la paracentèse, pour ensuite descendre lentement. 

M. Pitres (1), dans une séance ultérieure de la même Société, a apporté 
à son tour les résultats de ses observations sur le même sujet. 

Nous avons repris, depuis plusieurs années, ces recherches sur une 
vingtaine d’ascites d'origines diverses, et notamment au cours des cir- 
rhoses, à l’aide de trois méthodes : 

La première est la mesure directe de la tension du liquide. d’ascite 
avec un tube gradué, branché sur le trocart ; 

La deuxième réside dans l'emploi du manomètre imaginé par M. Henri 
Claude (2) pour la mesure de la tension du liquide céphalo-rachidien, et 
adapté à cet usage spécial grâce à un dispositif fort simple ; 

Notre troisième procédé a consisté à employer l'appareil dont se sont 
servis récemment MM. Carnot et Baufle (3) pour mesurer la tension des 
liquides d’ascite par l'intermédiaire de la dépression d’une hernie ombi- 
licale, symptomatique de l'épanchement, lorsque cette hernie existe. 


Voiei les résultats que nous ont donnés ces différentes recherches : 

1° La pression du liquide d’ascite, au cours du syndrome d’hyper- 
tension portale, peut varier entre 15 et 45 centimètres de liquide. Elle 
atteint, en moyenne, 30 centimètres, sans que ce chiffre semble être 
influencé, du moins d'une facon parallèle, par la quantité de l’épan- 
chement. : 

2° L'inspiration augmente, en général, la tension du liquide de 2 ou 
3 centimètres. Les oscillations respiratoires de la tension se font plus 
sentir d'ordinaire après l'écoulement d’une certaine quantité de liquide. 
La toux, l'expiration forcée, déterminent toujours une ascension extré- 
mement accusée de la tension ascitique. 

3° La position assise et surtout la station debout augmentent plus ou 
moins neltement la pression ascitique et ses variations respiratoires, 
notamment au début de la ponction ; cette influence est d'autant moins 
forte que l'écoulement est plus avancé. 

4° Il semble donc que, dans l’aseite symptomatique de l'hypertension 
portale, la pression intra-abdominale tende, à mesure que l’'épanchement 
péritonéal se produit, à atteindre el même à dépasser le chiffre moyen de 
l'hypertension portale maxima, tel qu'il existe tout au moins chez l’ani- 
mal (4). 

5° Au cours de la rene la pression ascitique diminue d’abord 


(4) Pitres. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 juillet 1899. 
(2) H. Claude. Société médicale des Hôpitaux, 31 octobre 1912. 

(3) Carnot et Baufle. Paris médical, 21 juillet 1912. 

(£) L'un de nous a fixé, dans ses expériences sur Le chien, ce chiffre à 
4 centimètres de mercure environ. (Maurice Villaret, Thèse de Paris, 1906). 


1206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


très vite, pendant l'écoulement des premiers litres, pour décroitre 
ensuite lentement et progressivement. 

6° Consécutivement à la ponction, l’ascite se renouvelle très rapi- 
dement. 


En prenant, d’une part, la tension du liquide, d'abordheure par heure, 
puis quotidiennement après les paracentèses, en notant, d'autre part, 
le poids journalier du malade, nous avons obtenu, à ce point de vue, des 
chiffres démonstratifs. 

La pression ascitique monte brusquement, dès les premières heures, 
puis son chiffre augmente lentement et progressivement jusqu'à un 
maximum à partir duquel la tension du liquide reste stationnaire. 

Cette reproduction de l’ascite s'effectue aux dépens des œdèmes intra- 
musculaires ou sous-cutanés, même lorsque ceux-ci semblent ne pas 
exister ; nous avons pu constater presque constamment le fait, notam- 
ment en prenant systématiquement et quotidiennement les mesures de 
la partie déclive de l'abdomen et des divers segments des membres 
inférieurs. 


DE L'APPARITION DE LA CRÉATINE DANS L'URINE DES LAPINS, 
APRÈS L'ABLATION DES CAPSULES SURRÉNALES, 


par JEAN-CHARLES Roux et TAILLANDIER. 


Le rôle exact de la créatine dans l'organisme est loin d’être complè- 
tement élucidé. On sait seulement, d’après les recherches de Folin, que 
l’excrétion de créatinine est un chiffre remarquablement fixe sur un 
individu qui n’absorbe aucune substance contenant de la créatine. Dans 
ces conditions, l'élimination de la créatinine mesurerait la destruction 
de l’albumine endogène. 


Dans un travail antérieur, nous avons déjà signalé l'influence des 


injections d’adrénaline sur l’excrétion de la créatinine. 

Depuis, en poursuivant nos recherches sur l’animal, nous avons pu 
mettre en lumière un fait qui nous a paru intéressant. À l’état normal, 
dans l’urine du lapin, nous n'avons jamais trouvé de créatine. Il 


n'existe que de la créatinine. Mais, si l'on pratique l’ablation d'une 


capsule surrénale, et surtout si l’on détruit une partie de l’autre capsule, 
on voit aussitôt apparaître une certaine quantilé de créatine dans 
l’urine, à côté de la créatinine. Le détail de nos recherches paraitra 
ultérieurement. À titre d'exemple, nous citons iei les expériences 
suivantes. 

Nous vérifions sur un lapin, pendant une dizaine de jours, que 


l'urine ne contient aucune trace de créatine. Nous enlevons alors com- 


À 


44 


SÉANCE DU 7 JUIN 1207 


plèlement la capsule surrénale gauche et nous faisons une ablation 
incomplète de la surrénale droite avec destruction au thermo-cau- 
tère. ; 6 

Pendant les huit premiers jours qui suivent l’ablation, l’animal 
excrète en moyenne, par jour, 46 milligrammes de créatinine et 
8 milligrammes de créatine. Pendant les neuf jours suivants, nous 
trouvons une moyenne de 50 milligrammes de créatinine et de 23 milli- 
_ grammes de créaline. 

L’ablation d'une seule capsule surrénale est suivie du même effet, 

Sur un autre lapin, les urines sont analysées tous les jours du 
21 avril au 11 mai et la créatine est toujours absente. Mais, après 
l’ablation de la capsule surrénale gauche, la créatine apparaît dans les 
urines et l’animal a une moyenne de 80 milligrammes de créatinine 
et 20 milligrammes de créatine. ! 

Ce n’est pas là un trouble passager suivant seulement pendant 
quelques jours l’ablation des capsules surrénales. Sur un lapin opéré 
en mai 1912, ablation de la capsule surrénale gauche et destruction 
. au thermo-cautère de la capsule surrénale droite, on procède en 1913, 
du 5 mai au 20 mai, au dosage quotidien de la créatine et de la créa- 
tinine ; la créatinine atteint en moyennne 65 milligrammes par vingt- 
quatre heures, la créatine 63 milligrammes. Nous devons noter 
pourtant que de temps à autre, pendant un jour ou deux, la créatine 
est absente : un jour sur huit à dix jours. Nous n'avons pu reconnaitre 
la cause de cette absence temporaire. 

Après l’ablation des capsules surrénales, il y a en apparence une 
diminution dans l'élimination quotidienne de créatinine, mais en 
réalité, si l’on fait la somme de ja créatine et de la créatinine, on trouve 
le même chiffre. Ainsi, un de nos lapins avait, avant l’ablation, en 
moyenne 106 milligrammes de créatinine par vingt-quatre heures. 
Après l'opération, pendant une période de treize jours, il avait en 
moyenne 91 milligrammes de créatinine et 18 milligrammes de créatine, 
soit un total, créatinine plus créatine, de 109 milligrammes corres- 
pondant au chiffre de créatinine trouvé avant l’opération. 


Tous ces dosages ont été pratiqués suivant le procédé colorimétrique 
de Folin. ) 


(Travail du laboratoire de M. le D' Mathieu, à l'hôpital Saint-Antoine.) 


1208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


. SUR L'ÉPOQUE, LE LIEU ET LE MODE D'APPARITION 
DE DIVERSES ÉLABORATIONS DANS LE MÉSENCHYME PULMONAIRE 
CHEZ L'EMBRYON HUMAIN, 


par MIicEL DE KERviLy. 


A l'examen d'une série de préparalions d'embryons et de fœtus 
humains, j'ai observé que la première apparition de la subslance colla- 
gène dans le poumon (si l'on excepte la paroi des gros vaisseaux) se 
fait dans la membrane basale des bronches, et il n’y a de collagène 
qu’en cette région chez un embryon de 0 cent. 8. 

Cette substance collagène apparait comme un ectoplasme qui se 
forme aux dépens de la partie des cellules mésenchymateuses sous- 
épithéliales qui est en contact avec la base des cellules épithéliales. 

Chez l'embryon de 1 centimètre, on voit apparaître de légères traces 
de collagène dans le mésenchyme sous l’épithélium de Ia plèvre. Ce 
n’est que chez des embryons plus grands que l’on voit du collagène en 
d’autres régions du mésenchyme pulmonaire, et le collagène n'est déve- 
. dans tout le mésenchyme que chez l'embryon plus grand pe 

2 cent. 6 du vertex au coccyx et 3 cent. 1 de longueur lotale. 

La première apparition de fibres élastiques dans le poumon humain 
(si l’on excepte la paroi de vaisseaux) se fait aussi dans la membrane 
moe des ee et il n'y en a que là chez un embryon de 

5 cent. 6/1 cent. : 

Les fibrilles ur sont visibles beaucoup plus tôt : on peut 
les voir déjà chez l'embryon de 1 centimètre dans le protoplasme des 
cellules sous-épithéliales. | 

Les fibres élastiques de la membrane basale des bronches apparais- 
sent donc beaucoup plus tôt que les fibres élastiques du cartilage des 
bronches. 

Il y a eu de nombreuses discussions au sujet de mode de formation 
des fibres élastiques, mais, dans le poumon humain, on peut voir trois 
modes dfférents de développement. J'ai observé, en effet, les faits 
suivants : 

1° Dans le cartilage des bronches du fœtus, les fibres élastiques pro- 
viennent de la transformation d’élastobastes ; 

2° Dans le cartilage des bronches chez l'enfant et chez l’adulte, les 
fibres élastiques se forment aux dépens de granulations élaborées par 
les cellules cartilagineuses ; 

3° Dans la membrane basale des bronches chez le fœtus, les fibres 
élastiques se développent aux dépens du protoplasma des cellules 
mésenchymateuses sous-épithéliales, chacune de ces cellules formant 
un groupe de fibres élastiques. 


SÉANCE DU 7 JUIN 1209 


Les mêmes cellules sous-épithéliales, qui ont déjà formé une lame 
collagène et des fibrilles élastiques, constituant la membrane basale, 
peuvent encore former des myofibrilles lisses. 

De sorte que nous trouvons dans l’élaboration des cellules sous-épi- 
théliales, qui forment la membrane basale des bronches chez le fœtus 
numain, ure application particulière de la loi qui préside à l'histoge- 
nèse des éléments collagènes, élastiques et même musculaires. | 


(Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de Médecine de Paris.) 


LA MÉTHODE DES INJECTIONS PHYSIOLOGIQUES 
ET LA DÉTERMINATION DES CELLULES EXCRÉTRICES. 


(Réponse A MM. Cuénor, Brunrz ET MERGIER), 


par P. ANGEL et P. Bouix. 


Nous terminerons par cetle note, en ce qui nous concerne, la polé- 
mique engagée entre MM. Cuénot, Bruntz, Mercier et nous-mêmes au 


Sujet de la découverte des organes excréteurs à l’aide de la méthode 


des injections physiologiques. Les arguments rassemblés par nos con- 
tradicteurs dans leurs dernières notes (1) n’apportent aucun fait nouveau 
et ne peuvent changer notre manière de voir. Une théorie qui pose en 
principe que toutes les cellules absorbant les matières colorantes 
comme les cellules rénales sont des cellulès rénales ; — qui conelut d’une 
simple propriété commune à une identité physiologique entre des 
cellules diverses; — admet que les cellules rénales fabriquent les 
purines urinaires ;, — affirme que la présence de bases puriques dans 


_ des cellules démontre leur nalure excrétrice (2): — considère que les 


néphrocytes des mammifères accumulent les matériaux de déchet 
avant de les éliminer; — suppose que la toxicité urinaire est plus 
grande que la toxicité des extraits organiques ; — imagine que la toxicité 
des néphrocytes est plus considérable que celle des autres aliments et 
croit que la toxicité de certaines cellules permet de les caractériser 
comme néphrocytes, ne nous paraît pas nécessiter une discussion dans 


le détail. Elle est en désaccord avec la logique et avec les principes les 


plus élémentaires de chimie biologique et de physiologie. S'il élait 
nécessaire de démontrer le mal-fondé des soi-disant preuves chimiques 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, n° 19. 

(2) Cuénot, Gonet et Bruntz. Recherches chimiques sur les cœurs branchiaux 
des Céphalopodes. Démonstration du rôle excréteur des cellules qui éliminent 
le carmin ammoniacal des injections physiologiques. Arch. de Zool. expér. 
el gén. Notes et Revue, t. IX, p. 49, 1908. 


Biococie. Comptes RENDUS. — 1913, T. LXXIV. 82 


ATSRLNES AU 


1210 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


et physiologiques invoquées par les auteurs à l'appui de leur manière 
de voir, nous proposerions à ces auteurs et à ces zoologistes qui, moins 
difficiles que nous, se sont laissés convaincre, l'expérience suivante : 
qu'ils choisissent un organe non excréteur (du muscle par exemple), 
chez un animal quelconque de la série zoologique, et reproduisent sur 
cet organe les expériences chimiques et physiologiques de MM. Cuénot 
et Bruntz, en suivant rigoureusement leur technique. Ils obtiendront 
certainement les mêmes résultats que ceux qu'ont obtenu ces auteurs 
avec leurs néphrocytes et leur néphrophagocytes. Et si nous nous per- 
mettons cette affirmation, c'est parce que des expériences de ce genre 
ont été faites depuis longtemps. Une fois de plus, nous répétons que 
toutes les conclusions basées sur les résultats fournis par la méthode des 
injections physiologiques employée pour la découverte des organes 
excréteurs sont injustifiées. Elles nous paraissent dues à une confusion 
entre la phagocytose et l’excrétion. | 

Il nous reste, en terminant, à demander une explication à M. Mercier 
qui a engagé cette polémique, bien qu'il affirme que ce soit nous, 
contrairement à l'évidence. Cet auteur dit, en effet, que les cellules 
dénommées par nous « cellules myométriales » étaient connues depuis 
longtemps et que, seule, la place lui a manqué pour donner l'historique 
complet de la question. Nous ne pouvons pas laisser passer cette 
insinualtion, car elle laisse supposer que nous nous sommes approprié 
une découverte faite par d’autres auteurs. Les travaux qui nous ont 
amenés à signaler dans le musele utérin de la Lapine gestante l'existence 
de masses cellulaires périvasculaires, possédant dans leur ensemble 
l'architecture d'une glande endocrine, n'ont pas seulement été repris 
par M. Mercier. En Belgique, M. Weymeersch a confirmé l'existence de 
cette formation chez la Lapine et M. Keiffer (1) chez la Lapine, le Cobaye 
et la Souris. Ces deux auteurs nous en reconnaissent la découverte. En 
Allemagne, M: Frænkel (2) retrouve la glande myométriale chez la 
Lapine et la recherche chez un grand nombre de Mammifères (3). Il l'a 


(1) Keiffer. De l'existence d'une glande myométriale endocrine chez la 
femelle gestante de cobaye. Bull. Soc. belge de Gynécol. et d'Obstétrique, n° 7, 
1912-1913. 

(2) L. Frænkel. Untersuchungen über die sogenannte Glande endocrine 
myométriale. Arch. f. Gynäkol., Bd IC, H. 2. 

(3) Frænkel ne pense pas que cette glande existe dans toutes les espèces. 
Il ne l’a pas retrouvée chez la femme ni chez beaucoup de mammifères. Les 
recherches que nous avons faites à ce sujet sont d'accord avec les résultats de 
Frænkel. Il nous paraît impossible d'en rien conclure actuellement au sujet 
de la signification de cette glande. Etant données les variations de structure 
du placenta, si considérables suivant les espèces, il se peut que les cellules 
situées dans le myométrium chez la Lapine aient, chez la Femme et les 
femelles de Mammifères, une autre situation dans l'utérus gravide. 


UE 
.. 


SÉANCE DU 7 JUIN 1911 


montrée au dernier Congrès allemand d'Obstétrique et de Gynécologie, 
comme nous l'avons montrée, il y a deux ans, au Congrès de l’Associa- 
tion des Anatomistes, et il ne s'est trouvé personne dans ces deux 
assemblées pour dire qu’elle était connue depuis longtemps. 
M. Frænkel termine sa communication par les conclusions suivantes : 
« Ich resümiere : Es handelt sich um sehr augesdehnte und auffallende 
Zellherde, die man bisher noch nicht kannte. Es ist das Verdienst von 
Ancel und Bouin, uns diese kennen gelehrt zu haben. Meine Untersu- 
chungen haben in manchem Wesentlichen die Angaben der Autoren 
bestätigt und gezeigt, dass in andern Punkten weitere Arbeit dringend 
notwendig erscheint. » Nous espérons que M. Mercier voudra bien justi- 
fier ses allégations et faire connaître la bibliographie dont nous n’avons 
pas tenu compte dans nos travaux. 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ÉPREUVE DU NITRITE D AMYLE. 


Note de F. BezLoir et DuBos, présentée par O. Josvé. 


On mettait à profit, jusqu à ces derniers temps, l’action paralysante 
du sulfate d’atropine sur le pneumogastrique cardiaque pour diffé- 
rencier, dans les bradycardies, les phénomènes d’origine nerveuse des 
troubles d’origine musculaire. 

Josué et Godlewski remplacèrent l'injection de sulfate d’atropine par 
l’inhalation du nitrite d'amyle. Nous apportons aujourd’hui de nouveaux 
faits et nous désirons préciser certains détails de technique de cette 
épreuve si facile à mettre en œuvre qui donne des résultats identiques 
à ceux de l’atropine, mais qui présente sur elle de nombreux avantages. 

L’atropine, en effet, demande une longue observation : il faut systéma- 
-tiquement prendre le pouls du malade toutes les cinq minutes, et cela 
pendant une heure et demie. En effet, l'accélération ne commence à 
apparaître, en général, qu'au bout de quinze à vingt minutes et souvent 
beaucoup plus tard. Cette accélération se traduit souvent par une diffé- 
rence relativement minime d’une vingtaine de pulsations, en moyenne, 
qui, chez certains émotifs, pourrait se présenter en dehors de toute 
injection d’atropine. 

De plus, les résultats sont inconstants : certains individus, surtout 
âgés, ne réagissent pas, bien que ne présentant aucune lésion du faisceau 
de His. Ainsi un résultat positif de l'épreuve de l’atropine acquiert une 

—… grosse valeur tandis qu'un résultat négatif laisse planer tous les doutes 
et nécessite, pour son contrôle, la prise de tracés jugulaires et le con- 
cours de l’électrocardiographie. Certains auteurs ont même prétendu 
que l'injection de 0 gr. 002 de sulfate d’atropine n'était pas sans 
danger. 


19212 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Le nitrite d’'amyle, au contraire, présente une action rapide et certaine. La 
technique en est extrêmement simple : le malade étant couché sur le dos, la 
tête légèrement relevée, on fait respirer le nitrite d’amyle dont l’'ampoule 


vient d’être brisée, sur une compresse de toile ou de gaze que l’on applique : 


sur la bouche et le nez du malade, comme on appliquerait la compresse à 
chloroforme. Une petite précaution à prendre est de briser l’ampoule dans la 
compresse même sous une épaisseur de toile ou de gaze, pour éviter que des 
fragments de l’ampoule ne viennent en contact avec le visage du malade. On 
recommande au sujet de respirer et on constate bientôt que sa face se con- 
gestionne : le malade à une sensation de chaleur spéciale, une impression de 
battements au niveau des tempes; on note un certain degré de mydriase et 
de l’hypotension artérielle. 

On arrête l'iuhalation quand le malade qui présente déjà de la rougeur de 
la face éprouve ces sensations particulières. À ce moment, si l'épreuve est 
positive, on constate une accélération très considérable des pulsations arté- 
rielles. 


Chez les sujets normaux, nous trouvons une accélération qui va sou- 
vent du simple au double, qui passe ainsi de 63 à 128, de 80 à 162, de 
68 à 144. Cependant, il ne faut pas croire que les écarts soient toujours 
aussi considérables et on trouve, par exemple, des différences de 62 à 
90, de 80 à 124, de 72 à 100. En pratique, on peut dire que la réaction 
est positive quand l’écart dépasse vingt pulsations et négative quand 
l'accélération est inférieure à ce chiffre. Notre expérience personnelle, 
portant sur trente sujets, nous a permis de constater un parallélisme à 
peu près constant dans les résultats comparés de l’atropine et du nitrite 
d'amyle. C'est ainsi que, là où le nitrite avait donné 63-198, nous trou- 
vons, à l’atropine, 62-86, réaction positive également, puisque l'écart 
pour l'atropine a été fixé par C. Lian à 10. De même, nous trouvons pour 
une épreuve au nitrite égale à 80-162, une épreuve à l’alropine égale à 
94-120. Nous avons eu des épreuves au nitrite négatives avec 49-62 et 
l’atropine confirmait notre résultat en donnant 51-59. 

Dans les cas pathologiques, dans les bradycardies totales, l’accélé- 
ration est manifeste : les épreuves au nitrite d’amyle et à l’atropine 
concordent parfaitement. Nous avons, par exemple, des réactions posi- 
lives au nitrite avec 43-100 et à l’atropine 50-66 : cette réaction positive 
nous permet d'affirmer l'intégrité du faisceau de His. 

Dans les cas de blocage complet du cœur, le pouls ne présente pour 
ainsi dire aucune modification : ilreste à 32 après comme avant l'épreuve 
au nitrite, et passe de 32 à 34 avec l'épreuve de l’atropine; alors que les 
contractions auriculaires sont influencées d’une façon nelte par l’atro- 
pine et le nitrite d’amyle et passent par exemple de 69 à 105 comme le 
prouvent, à la fois, les tracés jugulaires et les électro-cardiogrammes. 

Ainsi donc, le nitrite d'amyle permet de diagnostiquer les brady- 
cardies dues à l'excitation du pneumogastrique, de celles qui recon- 


au, si " 


SÉANCE DU T JUIN 1913 


maissent pour cause des troubles myocardiques et cela d’une façon cons- 
tante et nette qui rend son emploi préférable à celui de l’atropine. 


(Travail du laboratoire et du service du D" Josué, 
à l'hôpital de la Pitié.) 


SUR L'ANAPHYLATOXINE DE BORDET, 


par M. TCHERNOROUTZKY. 


Dans une note récente sur « Le mécanisme de l’anaphylaxie » (1), 
M. J. Bordet a décrit une méthode très simple au point de vue technique 
et très intéressante au point de vue théorique, pour obtenir l’anaphy- 
latoxine au moyen de l’adsorption du sérum frais des cobayes normaux 
par une suspension de gélose. 

Dans la présente communication, je donne les résultats sommaires 
de mes expériences, entreprises sur la proposition de M. le professeur 
Besredka et ayant pour but d'étudier de plus près l’action de cette 
anaphylatoxine. 


Les essais de M. Nathan (2), de même que mes propres expériences, ont 
montré qu’une quantité de gélose dix fois plus petite que celle donnée par 
M. Bordet suffit largement pour obtenir l’anaphylatoxine. 

Étant desséchée dans le vide, cette anaphylatoxine ne perd presque rien 
* dans sa toxicité. La dose mortelle dépend de l’origine du sérum : pour 
le sérum, provenant des cobayes relativement jeunes (poids jusqu'à 
4-500 grammes), la dose mortelle est de 4,2 c.c. de sérum sur 100 grammes 
de cobaye (minimum 0,5 c.c. et maximum 2,0 c.c.), quant au sérum des 
cobayes adultes (poids jusqu’à 1.000 grammes), elle est 2,0-3,0 c.c. (minimum 
4,5 c.c. et maximum 4,3 c.c.) 

La toxicité des sérums hétérogènes (de lapin, de cheval et d'homme), 
traités dans les mêmes conditions, se rapproche de celle du sérum des 
cobayes adultes (2,0-3,0 c.c. sur 100 grammes de cobaye). Les symptômes du 
…_ choc produit par l’anaphylatoxine de Bordet et les données de l’autopsie ne 
diffèrent pas de ceux du choc anaphylactique typique dans l’anaphylaxie 
sérique. 

Tous ces phénomènes se répètent avec une grande régularité et, dans des 
conditions déterminées, peuvent être reproduits à volonté (plus de trente 
… mélanges des sérums ont été essayés sur plus de 125 cobayes). 


- 1° L'injection intraveineuse préalable d’une dose non mortelle de 
Panaphylatoxine préserve les cobayes contre 1-2 1/3 doses mortelles, 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie 1913, t. 


1, p.225 et p.8 
(2) Zeischr. Immuntäfsfotschr., 1913,t. XVII, p. 478. 


E214 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ë 


introduites dans les veines 5 minutes à 21 jours après l'injection 
préventive. 

9 L'introdution intrapéritonéale d’une quantité non mortelle (ou 
mortelle par l'injection intraveineuse) de l’anaphylotoxine 4, 24 ou 
96 heures avant l'injection suivante intraveineuse n’a aucune influence 
vaccinante. 

3° Les cobayes antianaphvlactiques, vaccinés par voie intrapéri- 
tonéale, sont presque aussi sensibles à l'anaphylatoxine que les cobayes 
normaux, mais vaccinés par le procédé des doses subintrantes (par la 
veine) ils supportent les doses sûrement mortelles. 

4° L'injection intraveineuse préalable du peptone de Wilte en 
quantité 15-30 milligrammes sur 100 grammes de cobaye 10-30 minutes 
avant l'injection de l’anaphylatoxine peut préserver les cobayes contre 
les doses plus que mortelles. | 

5° L’injection intraveineuse préalable du sérum normal de cheval, 
de cobaye ou de bouillon ordinaire en quantité suffisante (1-2 c.c. sur 
100 grammes de cobaye) 10-30 minutes avant l'injection de l’anaphyla- 
toxine peut préserver les cobayes contre les doses sûrement mortelles. 

6° L'injection intracranienne préalable de l’anaphylatoxine (1/4 c.c.) 
ne prolège pas contre la dose mortelle, introduite dans les veines 
15-30 minutes après. 


Conclusions. — Les expériences citées plus haut et lés données des 
auteurs sur la question des anaphylatoxines en général permettent de 
tirer la conclusion très vraisemblable que l’anaphylatoxine de Bordet 
est identique à l’anaphylatoxine de Friedberger et à la peptotoxine de 
Besredka. 

Étant donné : 1° le pouvoir adsorbant du complexe anticorps- 
antigène ; 2° la toxicité des précipités spécifiques, des cellules animales 
et des microbes sensibilisés, el 3° la toxicité des sérums normaux mis 
en contact avec différentes substances absorbantes (kaolin, tale, 
gélose), il faut admettre que la conception physique de la genèse-des 
anaphylatoxines, dé même que la théorie physique des accidents 
anaphylactiques mérite d'être notée et d’être étudiée plus profondément 
par les expérimentateurs. 


(Travaux du laboratoire de M. le professeur Metchnikoff.) 


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SÉANCE DU T1 JUIN 1245 


CELLULES PIGMENTAIRES ET ASSOCIATIONS CELLULAIRES, 


par A. BORREL. 


Il n'est pas de question qui ait été plus controversée que celle de 
» l'origine exogène ou endogène du pigment, dans l’ectoderme, et on a 
non moins discuté sur l’origine ectodermique ou mésodermique des 
cellules pigmentaires . Je désire aujourd'hui vous apporter des prépa- 
rations qui démontrent, jusqu à l'évidence, que, dans l’ectoderme pig- 
menté, les granulations pigmentaires n’appartiennent pas à la cellule 
épidermique, mais y sont apportées par les vraies cellules pigmentaires, 
spécialisées dans leur fonction : il y a là un exemple typique d’associa- 
tion cellulaire, je dirai même de symbiose cellulaire. 

Le bulbe plumeux du pigeon noir, étudié après arrachement de la 
plume, lorsqu'une nouvelle plume pousse, est un objet très instructif 
au point de vue qui nous occupe. 

Voici (fig. 1) la coupe d’un bulbe de six jours; on voit sur l’axe prin- 
_cipal, à la base des barbes en formation, d'énormes cellules noires 
envoyant entre les cellules épidermiques des prolongements dendri- 
tiques et des expansions se terminant très loin par des calottes pigmen- 

_ taires appliquées sur les cellules; l’ensemble de ces terminaisons, 
provenant d’une seule cellule pigmentaire, forme une sorte de damier 
noir et couvre un nombre considérable de cellules épidermiques. 

Les cellules pigmentaires apparaissent à la base de l’ectoderme 
bulbeux, elles sont toutes petites, difficiles à distinguer des éléments 
mésodermiques avec de très petits granules noirs; cellules el grains 
pigmentaires grossissent très vite, et les expansions s’insinuent entre 
les cellules à tel point que, dans les parties terminales de la plume, la 
cellule pigmentaire est toute en expansion : il reste cependant un corps 
cellulaire nucléé, visible, sur lequel peut se faire la rétraction à un 
moment donné. 

Dans le poil, chez l’homme (fig. 2), dans le bulbe, la disposition est 
essentiellement la même; à la base, on trouve les mêmes petites cellules 

à grains noirs à peine visibles; les prolongements se développent, se 

…. mettent en relation avec les cellules épidermiques, et les expansions se 
terminent en forme de calottes, d'abord sur les cellules polyédriques du 
poil, puis en forme de filaments s’insinuant très loin dans les interstices 
du poil. 

Le blanchiment, à un certain âge, s'explique par une véritable crise 
qui porte sur ces pigmentophores, par une rentrée en masse des pseu- 
dopodes d’une part et, d'autre part, par une exfoliation des expansions 
terminales qui font corps avec les cellules desquamées. 

Dans le tissu malpighien chez l'homme, chez le nègre ou chez le chien 


rss 


US NU TARN Te ME OS 
PT PA a Us 


2 I 


1916 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


noir ou le cheval noir, ou l’axolotl ou le triton, la disposition est la 
même. 

La figure3 montre ces cellules pigmentaires dans la peau d’un chien; à 
la base de l’épiderme, les mêmes cellules sont visibles, elles envoyent 
les mêmes prolongements dans les interstices cellulaires, et de vérila- 
bles calottes en forme de croissant pigmenté pénètrent presque jusqu'au 
noyau ; calottes et grains pigmentaires dans les couches superficielles 
sont inclus dans la cellule et exfoliés normalement. Ces calottes met- 
tent les cellules de l’épiderme à l’abri de la lumière. 

- Chez le nègre, ces cellules forment une véritable couche continue sur 
toute la surface cutanée. 

Chez le bläne, leur étude est intéressante. Dans certaines régions qui 
paraissent pigmentées, le périnée, le. scrotum, ou dans certains états 
pathologiques, les méthodes ordinaires montrent une pigmentation 
diserète et qui paraît propre aux cellules épidermiques; mais la méthode 
à l’argent, que j'ai employée dans ce but, démontre nos mêmes cellules 
pigmentaires extraordinairement 2 les mêmes expansions, 
les mêmes calottes. 

Sur la surface cutanée générale, on voit que ces mêmes cellules 
existent, mais beaucoup moins nombreuses : ce sont les vieilles cellules 
de Langhans; au grand air, au soleil, ces cellules se développent, les 
calottes se pigmentent et deviennent de véritables éteignoirs : d'où le 
hâle et les taches de rousseur. 

Il n’y aucun doute possible sur le rôle de ces cellules et sur l'associa- 
tion cellulaire que je signale. ; 

Une préparation (fig. 4) faite avec la conjonctive nictitante du 
cheval en donne une démonstration cruciale; on peut étaler en lame 
mince cetle nictitante, la fixer, la colorer et l’on voit alors jusqu'à 
l’évidence que tout le pigment intracellulaire des cellules malpi- 
ghiennes est en communication par des prolongemenis très longs et 
très fins avec des corps cellulaires pigmentaires. Chaque tache pigmen- 
taire de l’épiderme a pour centre une de ces cellules et chacune a sous 
sa dépendance plusieurs centaines de cellules malpighiennes. Là où il 
n'y à pas de pigment, il n’y a pas de prolongements : une cellule 


malpighienne est incapable d'élaborer un granule pigmentaire, et on 


ne saurait décrire une transformation dans l’ectoderme d’une granu- 
lalion mitochondriale en granule pigmentaire. 

Je laisserai de côté, pour aujourd'hui, la question du pigment de 
l’œil, bien que des figures déjà vues semblent montrer que, dans l'œil 
comme dans l'ecloderme, le processus est le même. 

-Les cellules pigmentaires sont des cellules différenciées du tissu 
mésodermique dans lesquelles se fait une vraie culture des granulalions 
pigmentaires héréditaires ; cela est évident dans le tétard d’axolotl ou 
de triton. 


Le 
RCE 


Fret — Bulbe plumeux jeune. 


_ Les expansions des celliles pigmen- 
taires basales forment un damier noir 
sur les cellules ectodermiques. - 


Mt Fic. 4 — Conjonctive nictitante 
- Fic. 3. — Peau du chien noir; coupe. du cheval. Préparation par étalement. 
à 2 di Deux cellules pigmentaires, avec ca- 
Les cellules pigmentaires basales lottes intramalpighiennes portées par 
envoient leurs prolongements dans le les prolongements sur toutes les cel- 


tissu malpighien. lules d’un ilot pigmenté. 


1218 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


L'exemple si net d'association cellulaire que je donneaujourd'hui peut 
ne pas rester isolé, et les faits signalés récemment par M. Colin à propos 
des cellules nerveuses et des cellules névrogliques semblent en fournir 
un autre exemple. 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU RALENTISSEMENT DIGITALIQUE DU POULS, 


par O. Josué et F. BEzLorr. 


On admet, depuis les recherches de Traube, François-Franck, Volhard, 
que la digitale ralentit les contractions des ventricules en excitant les 
paeumogastriques, qu'il y ait ou non fibrillation auriculaire avec arythmie 
complète. Les vagues agissent soit en diminuant la fréquence des inci- 
tations sinusales, soit en déterminant une dissociation auriculo-ventri- 
culaire plus ou moins complète. 

Cependant Schmiedeberg, Cushny ont montré expérimentalement que 
ia digitale peut ralentir le cœur par action directe sur le myocarde. 
Récemment, Cushny, Marris et Silberberg ont constaté les deux méca- 
nismes chez l’homme: excitation du vague dans certains cas, action 
directe sur le muscle dans d’autres. Danielopolu vient enfin de 
publier une observation où l'influence des pneumogastriques était 
évidente. 

Nous avons étudié à ce point de vue huit malades dont le pouls a été 
ralenti par la digitale. Ces malades ont été soumis à l'épreuve de 
l’atropine et à celle du nitrite d’amyle. On sait, en effet, que l'épreuve 
de l’atropine (injection de deux milligrammes de sulfate d’atropine) ou 
mieux celle du nitrite d'amyle (inhalation de nitrite d'amyle) (Josué et 
Godlewski) fournissent le moyen d'apprécier si le trouble du rythme est 
dû à l'excitation du pneumogastrique. En effet, on supprime par ces 
deux épreuves l’action du vague sur le cœur. Le pouls s’accélérera donc 


pendant l'épreuve s’il étail ralenti par l'excitation du pneumogastrique 


et, au contraire, sa fréquence ne sera pas augmentée si le ralentissement 


résulte de l’action directe sur le musele. Ajoutons que l'épreuve de | 


l’atropine ne peut être considérée comme positive que si l'accélération 
est au moins de dix pulsations à la minule, et celle du nitrite d’amyle, 
que si le nombre des pulsations augmente au moins de vingt pulsations 
à la minute. 

Sur les huit malades que nous avons soumis à ces épreuves, sept 
présentaient de la fibrillation auriculaire avec arythmie complète. Des 
électro-cardiogrammes ont été pris chez quelques-uns d’entre eux avant 
et pendant le traitement digitalique ; ces tracés montrent nettement que 
la fibrillation auriculaire ne s’est pas modifiée sous l'influence de la 
digitale tandis que les ventricules se sont ralentis. 


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1220 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nos malades n'ont pas tous réagi avec la même intensité : quatre ont 
présenté une réaction franchement positive, deux ont réagi faiblement, 
deux enfin n’ont pas réagi du tout. 

Le ralentissement du pouls était donc déterminé dans la moitié des 
cas, quatre fois sur huit, par l'excitation du pneumogastrique. Les ven- 
tricules se sont accélérés quand l’action du vague a été supprimée par 
le nitrite d’amyle ou le sulfate d’atropine. 

Dans deux autres cas, l'influence du pneumogastrique était faible, bien 
que réelle. Ces sujets n’ont réagi que légèrement au nitrite d'amyle et à 
l’atropine. Et cependant la digitale a occasionné chez ces sujets, et 
surtout chez l’un d'eux, un ralentissement notable des systoles ventri- 
culaires. L'action du médicament a donc été mixte chez ces malades: 
elle s’est exercée à la fois par l'intermédiaire de la dixième paire et 
directement sur le myocarde. 

Les épreuves ont été négatives chez les deux autres malades. On ne 


peut donc pas faire intervenir les pneumogastriques dans ces derniers 


cas et il faut bien admettre avec Cushny, Marris et Silberberg que la 
digitale agit directement sur le muscle cardiaque. Une de ces deux 
observations est particulièrement intéressante, parce qu'elle démontre 
que les troubles du myocarde causés par la digitale ne sont pas défini- 
tifs, mais qu'ils disparaissent au bout d’un certain temps. En effet, les 
réactions au nitrite d'amyle el à l’atropine, presque nulles pendant 
l’administration de la digitale, franchement négatives sept jours après 
la cessation du trailement, sont redevenues positives quatorze jours 
plus tard. Le muscle cardiaque a donc récupéré ses propriétés au bout 
de ce temps. 

Il y a lieu de se demander pourquoi et dans quelles conditions la 
digitale agit sur les vagues, ou sur le myocarde, ou à la fois sur le 
muscle et sur les preumogastriques. Nos observations ne permettent 
pas de préciser le déterminisme de l’action de la digitale. Si l’on consulte 
le tableau ci-joint, on se rend compte que ni les conditions étiologiques, 
ni l'âge du malade, ni la nature de la cardiopathie, ni la présence ou 
non de la fibrillation auriculaire (tous les malades présentaient de la 
fibrillation à l'exception d'un seul qui réagissait faiblement aux deux 
épreuves), ni la quantité de digitale administrée ne peuvent être invo- 
quées. Un seul facteur mérite d'êlre mis en vedette. Parmi nos huit 
malades, deux sont d'anciens syphilitiques ; or, ce sont précisément ces 
deux: malades qui n’ont pas réagi aux épreuves et chez lesquels la 
digitale a exercé uniquement son action sur le myocarde. Nous nous 
bornons à attirer l’attention sur l'influence possible de la syphilis, sans 
tirer de conclusions fermes, nos observalions n'étant pas assez nom- 
breuses. 


(Travail du laboratoire et du service du D' Josué, à l'hôpital de la Pitié.) 


SÉANCE DU 7 JUIN 1221 


SUR LE ROLE DES GLOBULES BLANCS ET DE LA RATE DANS LA PRODUCTION DE 
L'ALEXINE, DES HÉMOLYSINES, DES AGGLUTININES ET DES BACTÉRIOLYSINES, 


par 1. I. MANOUkHINE. 


Les faibles doses de rayons de Rüntgen agissant sur les tissus en 
excitant et en stimulant l’activilé de leurs cellules, il était intéressant 
d'essayer d'augmenter, par l’action de ces rayons, la production de 
l’alexine dans les globules blancs. 

En irradiant, par une dose de rayons X de 1 H environ (rayons 
filtrés par 1 millimètre d'aluminium), la cavité péritonéale des cobayes 
injectés la veille avec « Mellin’s food >», on obtient une augmentation de 
la quantité de l’alexine dans l’exsudat pris après l'irradialion par rapport 
à l’exsudat pris avant l'irradiation de la cavité péritonéale. Par l’irra- 
diation de l’exsudat (dilué dans l'eau physiologique additionné d’une 


- petite quantité d’oxalate d'ammonium pour empêcher la coagulation) in 


vitro, On n'arrive pas à augmenter la quantité de l’alexine. 

On voit ainsi que, pour renforcer, par l’action des rayons X, la produc- 
tion de l’alexine dans les globules blancs, certaines conditions sont 
nécessaires ; ces conditions n'étant pas réalisées dans les expériences 
sur l’exsudat in vitro, on obtient dans ce cas un résultat négatif. 

Il était intéressant aussi d’élucider le rôle de la rate dans la produc- 
tion de l’alexine. Nous avons constaté que l'irradialion de la rate par 
les rayons de Rüntgen de cobayes, de même que lirradiation de l’ex- 
sudat augmente la quantité de l’alexine dans le sang. On obtient un 
résultat positif, même dans le cas où on irradie la rate coupée en mor- 
ceaux et plongée dans l’eau physiologique. Si l’on broiïe la rate et on en 
prépare une émulsion dans de l’eau physiologique ou dans du sérum de 
cobaye chauffé à 56 degrés, l’irradiation n'augmente pas la quantité de 
l'alexine. Il existe ainsi ici, de même que dans le cas de l’exsudat, un 
minimum de conditions qui doivent être réalisées pour que l'irradiation 
donne un résultat positif. 

Il faut ajouter que la quantité de l’alexine augniente dans la rate, 
non seulement grâce à l'influence directe de l’irradiation, mais aussi 
grace à la destruction des globules blancs sous l'influence des leucocyto- 
lysines : en effet, si on ajoute aux globules blancs de l’eau physiolo- 
gique dans laquelle on a irradié la rate et qu’on a chauffée une demi- 
heure à 56 degrés, on peut observer la destruction des globules blancs 
et en même temps l'augmentation de la quantité de l’alexine. 

Ce fait explique probablement pourquoi l’action des rayons X sur la 
quantité de l’alexine se manifesie d’une manière particulièrement 
démonstraitive dans nos expériences d'irradiation de la rate, et pourquoi 
l'irradiation de l’exsudat chez des animaux spiénectomisés n’augmente 


19929 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pas la quantité de l’alexine dans les mêmes proportions que l’irradia- 
tion de la rate chez des animaux non privés de cet organe. 

Il faut signaler que les doses employées de rayons X, comme nous 
avons pu constater, ne détruisaient pas les globules blancs : nous avons 
trouvé la même quantité de globules blancs avant et après l’irradiation 
de l’exsudat 2n vitro et de la cavité péritonéale des animaux splénecto- 
misés ; on n’a pas constaté non plus de changements dans la structure 
histologique de la rate après l’irradïation de cet organe in vivo et in vitro. 

Des expériences analogues où on a irradié de diverses manières le 
foie n'ont pas donné de résultats positifs. ; 

Par l’irradiation de la rate des cobayes injectés avec des globules 
rouges de mouton, on arrive à obtenir dans une à trois semaines des 
sérums hémolytiques à un titre deux à cinq fois plus fort que le titre 
des sérums des animaux non irradiés. On arrive de même, par l'irradia- 
tion de la rate des cobayes injectés avec des cultures typiques ou cholé- 
riques, à obtenir après une à trois semaines les phénomènes d’aggluti- 
nation et, en cas de l'injection de la culture cholérique, le phénomène 
de Pfeiffer (in vitro\ avec des quantités de sérum cinq à dix fois plus 
petites que les quantités de sérums de cobayes non irradiés. 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Metchnikoff.) 


EXPÉRIENCES SUR L'ANTITHROMBINE DIRECTE DU SUG HÉPATO=PANCRÉATIQUE 
/ DES CRUSTACÉS. 


Note de CL. GAUTIER, présentée par L.-C. MAILLARD. 


J'ai indiqué précédemment (1) que le suc hépato-pancréatique des 
écrevisses, tel qu'on le trouve en abondance (2) dans l’estomac de ces 
animaux, possède un énergique pouvoir anticoagulant on vitro pour le 
sang. 

J'ai commencé l'étude de l’antithrombine directe de ce sue hépato- 
pancréatique naturel: j'étendrai plus tard les résultats obtenus : 1° au 
suc obtenu par expression de l’hépatopancréas ; 2° au suc exsudé de 
l'organe (procédé d’Abelous-Billard) (3). 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 mars 1943, t. LXXIV, p. 583. 

(2) En cette saison, on trouve certains animaux n'ayant que peu de suc 
dans l’estomac. Je conseille d'employer de préférence les écrevisses (du 
Rhin) à tégument brun marron. 

(3) La thèse de Billard (Toulouse, 1898) est fondamentale pour une telle 
étude. 


4: Péiisé Lel 
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A" 


SÉANCE DU 7 JUIN 1993 


Pour mes recherches, j'ai obtenu le suc de deux facons : dans une 
première série d'expériences j'ai aspiré le contenu de l'estomac, au 


moyen d’une seringue, sous lé contrôle de la vue, à travers une fenêtre 


faite à la partie céphalique du céphalothorax, comme je l'ai décrit 


_dans ma première note; dans une deuxième série, j'ai vidé l'estomac au 


moyen d'une canule de dimensions convenables introduite entre les 
mandibules, et en laissant couler simplement le suc ou en m'aidant de 
l'aspiration. 

Dans les deux cas, le suc présentait la même coloration, comparable 
presque, mais avec des tons bruns au lieu de rougeûtres, au réactif 
iodo-ioduré. Dans les deux cas, le suc ne contenait aucun débris appré- 
ciable d'aliments, parfois quelques légers flocons de nature indéter- 
minée. Les réactions effectuées dans les deux cas sur le suc filtré ont 
été identiques : 

I. — 2 c.c. de suc sont portés à l’ébullition ; ils précipitent totalement 
en gris brunâtre. Au précipité, refroidi, on ajoute goutte à goutte de la 
solution alcaline (1); après addition de chaque goutte, on agite lon- 
guement et énergiquement; à la quatrième goutte, le précipité se 
redissout en totalité et la liqueur reprend sa couleur primitive. Ce 
suc ainsi bouilli et alcalinisé n'empêche plus la coagulation du sang. 
On verra plus loin que l’on y peut faire réapparaître la propriété anti- 
coagulante. 

Il. — 2 c.c. de suc sont additionnés d'une goutte de solution 
alcaline et portés à l’ébullition : aucun changement de coloration ne 
survient, aucun précipité ne se forme, sauf parfois quelques très rares 
et très menus filaments flottant dans le liquide et que l’on a peine à y 
apercevoir. Ce liquide ainsi bouilli n’a rien perdu de ses propriétés 
anticoagulantes directes (2). 

LIL. — 2 c.c. de suc sont additionnés de quatre goutles d'acide acé- 
tique cristallisable; il se forme un précipité gris brunâtre. On ajoute 
goutte à goutte de la solution alcaline, en agitant vigoureusement 
après chaque goutte : à la dixième goutte, tout précipité disparaît et la 
liqueur reprend sa couleur naturelle. Le suc ainsi traité n’a rien perdu 
de ses propriétés anticoagulantes. 

IV. — 2 c.c. de suc sont précipités par la chaleur et, après refroidis- 
sement, redissous par la quautité de solution alcaline juste nécessaire et 


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suffisante, ajoutée goutte à goutte. On précipite alors à nouveau par 


quelques gouttes d'acide acétique pur et et l’on redissout par le nombre 


(4) Cette solution alcaline se compose d'une partie de solution saturée et 
filtrée de soude caustique dans l’eau distillée, et de quatre parties d’eau 
distillée. - 

(2) Une goutte de solution alcaline et même plusieurs n’empêchent nulle- 
ment le sang de coaguler. 


1224 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


de gouttes de solution alcaline exactement nécessaire à la redissolution. 
Le suc ainsi traité est anticoagulant ?n vitro. 

V. — Je n'ai pas encore recherché l'état histologique des globules 
blancs dans ces sangs incoagulables. Toutefois, dans le but de savoir 
si l'intégrité des leucocytes était pour quelque chose dans cette absence 
de coagulation, j'ai ajouté à des échantillons de sang incoagulable de 
nombreux fragments de gros fil, de 2 ou 3 centimètres de longueur; 
. J'ai, d'autre part, mais le lendemain de la récolte seulement, agité, 
baltu ou broyé d’autres échantillons de sang avec divers instruments: 
dans aucun cas, il ne s’est produit la moindre coagulation. 

Je me propose, assimilant ce suc à la vaso-dilatine de Popielski, de 
rechercher ce qu'en deviennent les éléments hypotenseur et sécrétoires 
dans les mêmes conditions où j'en étudie les éléments anticoagulants 
direct et indirect. 


EXAMEN BACTÉRIOLOGIQUE DE QUELQUES CAS DE MÉTRIITE ET TRAITEMENT 
PAR LES VIRUS VACCINS SENSIBILISÉS, 


par D.-M. BERTRAND et M'° BRoNISLAWA FEIGIx. 


Nous avons eu l’occasion d'examiner, au point de vue bactériologique, 
un certain nombre de cas de mélrites dont presque toutes, sauf deux, 
n'avaient pas de complication du côté des annexes. 

La plupart de ces infections étaient consécutives à un accouchément 
ou à une fausse couche, d’autres avaient une origine douteuse. 23 

Voici la facon dont furent faits les prélèvements : après avoir 
introduit le spéculum, le vagin était lavé avec une injection de perman- 
ganate de potassium, puis le col mouché avec des tampons imbibés 
d'eau physiologique. Le prélèvement était fait dans le col utérin avec un 
hystéromètre. Natureilement, lousles instruments étaient préalablement 
stérilisés. Les ensemencements étaient faits sur de la gélose inclinée et 
en même temps dans la gélose sucrée profonde. Deux lames étaient 
préparées pour l'examen direct du pus. 

Voici d’une facon succincte les résultats de ces examens baclériolo- 
giques : dans deux cas seulement, nous avons obtenu une culture pure 
de streptocoque; dans deux autres, du Staphylococcus albus également 
pur, et, une seule fois, l’association de ces deux bactéries. 

Une fois, le streptocoque, et, une autre, le staphylocoque étaient asso- 
ciés à un microbe que nous avons retrouvé pur à plusieurs reprises 
dans d’autres métrites et dont nous allons donner une brève description. 


C’est un coccus qui ne prend pas le Gram, son plus grand diamètre est de 
026 à 028 non mobile, et qui, sur la gélose inclinée, donne des colonies 


SÉANCE DU 7 JUIN 1295 


blanches très lègèrement opaques, nettement arrondies et rappelant cer- 
taines colonies du B. coli. Ces colonies se dissocient assez mal. 1] pousse très 
bien dans le milieu aux acides aminés de la caséine et ne donne pas d’indol. 

Sur pomme de terre glycérinée, il donne une culture sèche, brillante, 
rappelant la trace d’un escargot. 

Pousse légèrement en piqüre dans la gélatine et ne liquéfie pas le milieu; 
n’a aucune action sur le lait. Dans les sucres et alcools polyatomiques 
suivants : glucose, lactose, maltose, galactose, saccharose, glycérine, 
mannite, dulcite, érythrite, il pousse mais ne produit aucune fermentation ; 
enfin il donne des nitrites aux dépens des nitrates. 


En somme, tous les caractères morphologiques et culturaux et 
l'absence même des caractères biochimiques le rapprochent du Wicro- 
coccus catarrhalis; des essais d’agglutination, d’ailleurs difficiles car il a 
une grande lendance à s’agglutiner spontanément, le différencient du 
gonocoque et du méningocoque; néanmoins, nous croyons que cette 
appellation n’est que provisoire, une étude plus complète devra fixer 
définitivement ce point. 

Ces observations montrent l'intérêt qu'il y à de faire des ensemence- 
ments et d'observer les espèces obtenues sur différents milieux pour en 
faire une élude systématique complète. En effet, le simple examen des 
lames montrait dans un certain nombre de ces cas des leucocytes et 
peu de microbes, parfois quelques cocci prenant le Gram et des diplo- 
coques rares ne le gardant pas. Ceux-ci peuvent très bien être pris pour 
des gonocoques car la plupart du temps ils sontintracellulaires. Or, dans 
les cas que nous avons examinés, il n’y avait pas d'urétrite antérieure 
et l’on se trouvait en présence d’une espèce voisine du VWicrococcus 
catarrhalis. | 

Les ensemencements en gélose sucrée profonde ne donnèrent dans 
ces différents cas aucune autre espèce microbienne. 

Dans toutes ces métrites, le col de l’utérus légèrement entr'ouvert 
laissait écouler des glaires blanches ou verdâtres et portait toujours 
une ou plusieurs ulcérations saignant facilement. 

Au moyen de ces bactéries isolées dans ces différents cas, nous avons 
préparé des virus sensibilisés antistaphylococcique, antistreptococcique 
et un contre la troisième espèce isolée. Nous donnerons par ailleurs la 
description clinique détaillée de ces infections et les doses employées. 

Voïci très brièvement les résultats que nous avons obtenus d’une 
façon absolument régulière dans neuf cas complèlement traités. Après 
la première injection, l'écoulement devient plus abondant; cinq ou six 
jours après avait lieu la seconde inoculalion; à ce moment les pertes 
diminuent d'intensité et déjà les ulcérations se recouvrent d'un petit 
voile blanchâtre et ne saignent plus. Le trailement est continué en 
raison d une inoculation tous les six jours. Dans chacun de ces neuf cas, 
les ulcérations étaient presque complètement cicatrisées après la 


BioLociE. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 85 


1996 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


quatrième inoculation, l'écoulement presque tari ne consistait plus 
qu'en une petite glaire filante et transparente sortant du col. A partir de 
ce moment les malades ne recevaient plus de virus que tous les dix ou 
douze jours environ. L 

Dans aucun de ces cas il ne fallut plus de dix doses en tout pour 
amener une guérison complète. 

Le traitement local consistait en injection de spin He de permanga- 
nate de pôtassium deux fois par jour. 

Nous avons actuellement un grand nombre de cas en traitement, nous 
donnerons plus tard les résultats que nous avons obtenus avec 
différents autres groupes de microbes. 

En outre un certain nombre de malades traitées ont cessé de venir 
après la quatrième inoculation aussitôt qu'un mieux manifeste se faisait 
sentir. 


faible. 
(Laboratoire de M. Metchnikof.) 


DÉVELOPPEMENT DES HÉMATIES DANS LES GANGLIONS LYMPHATIQUES 
DU PORC, - 


par ÉD. RETTERER et AUG. LELIÈVRE. 


La topographie des follicules diffère chez le porc de celle qu’on 
observe dans les ganglions des autres mammifères : les follicules y sont 
épars dans toute la masse du ganglion, aussi bien dans le centre qu'à la 
périphérie. Les Iymphatiques a/érents pénètrent au niveau du hile du 
ganglion et les voies lymphatiques ou sinus s'étendent le long des cloi- 
sons fibreuses qui subdivisent la masse de l'organe. La périphérie du 
ganglion est constituée par une couche de tissu plus dense, épaisse en 
moyenne de O1, que traversent par places les voies lymphatiques 
efférentes pour se continuer avec le sinus périphérique d’où partent les 
lymphatiques efférents. 

Malgré ces différences topographiques qui semblent ralentir le cours 
de la lymphe dans le ganglion du pore, le développement des globules 
rouges, c’est-à-dire l’hématiformation, s'y fait d'après le même pro- 
cessus que chez les autres mammifères. En appliquant, aux ganglions 
sous-maxillaires du porc, la technique que nous avons employée anté- 
rieurement (1), voici ce que nous avons observé : 


(4) Journal de l'anatomie, 1901, p. 689; ibid., 1906, p. 567, et 1907, p. 53, et 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 janvier, 1910, p. 100. 


La réaclion locale ou générale était toujours nulle ou au moins très 


SÉANCE DU 1 JUIN « 1227 


Les follicules de 03 possèdent la plupart un centre germinatif représen- 
tant un syncytium cellulaire dans lequel font défaut les éléments hématifor- 
mateurs. Les follicules privés de centre germinatif sont très riches en éléments 
sanguiformateurs. Le fissu inter-et périfolliculaire est constitué par des cellules 
étoilées ou fusiformes dont le cytoplasma, très vacuolaire, est parcouru de 
fines fibrilles hématoxylinophiles ou chromophiles. 

_ Dans les mailles du tissu interfolliculaire se trouvent de nombreuses héma- 
ties ; de plus, les noyaux qui occupent encore le centre des cellules conjonc- 
ie du reticulum se colorent partiellement avec la même teinte orange que 
les hématies libres. D’autres noyaux sont complètement hémoglobiques, sauf 
un ou deux grains de 1 ou 2 » qui prennent l’hématoxyline d’une façon aussi 


intense que les noyaux non modifiés des cellules conjonctives. Dans la 


(l 


© DE 


couche corticale, les cellules conjonctives sont parcourues par un reticulum 
chromophile beaucoup plus serré que dans le tissu interfolliculaire, et l’hyalo- 
plasma qui en remplit les mailles est plus abondant. Les noyaux hémoglo- 
biques de cette couche corticale sont plus nombreux que dans le centre du 
ganglion. 

En résumé, outre les hématies libres, le tissu du ganglion sous-maxil- 
laire du porc montre des noyaux cellulaires qui présentent tous les termes 
intermédiaires entre les noyaux chromatiques ou basophiles et les hématies 
hémoglobiques. 

Ce sont les noyaux des cellules réticulées du ganglion qui ont la taille et la 


forme des hématies; à mesure que la chromatine du noyau devient acido- 


phile (éosinophile et orangéophile), la substance nucléaire se fait hémogla- 
bique ; pendant quelque temps, il y persiste un ou deux grains basophiles de. 
À ou 2 y; enfin le noyau hémoglobique devient libre par fonte du corps cellu- 
laire et constitue l'hématie. 


Résultats et critique. — Les résultats précédents concordent avec ceux 
que nous avons obtenus antérieurement par l’histogenèse et l’expéri- 
mentation et sont en contradiction avec les données classiques. 

La science élant une affaire de méthode, de poids et de mesure, il est 
nécessaire de comparer les procédés d'étude. Au lieu de recourir à des 
fixateurs et des colorants spéciaux, nous fixons les tissus sanguiforma- 
teurs et les hématies d’une facon précise et nous les colorons de manière 
appropriée. C'est sur les éléments dont la figure est fixée que nous pro- 
cédons à la mensuration et à la détermination de la valeur cytoplasmique 
et nucléaire et non point sur des hématies déformées ou en voie de 
mortification. Quant aux grossissements, dit Schilling-Torgau (1), il est 
inutile de les donner à cause de la variabilité des dimensions des héma- 
ties. Ce n'est point là notre avis ; le procédé des frottis détruit les con- 
nexions, déforme les éléments et les jette pêle-mêle, exposant l'obser- 
valeur à les sérier en sens contraire de l'évolution naturelle, L'étude 
des cellules fixées en place et de leurs connexions normales écarte cette 
cause d'erreur et donne une base histogénétique des plus solides. Les 


(4) Folia nue Archiv, t. XIV, p. 244, 1912. 


1998 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


cellules hématiformatives et les hématies ayant subi l'influence des 
mêmes réactifs fixateurs et colorants, il est possible de juger des modi- 
fications nucléaires et cytoplasmiques, de mesurer au micromètre, et 
non point d’une façon seulement approximative, la taille : 4° du corps 
cellulaire; 2° du noyau et 3° de l’hématie. Dans ces conditions bien déter- 
minées, il est facile de décider : 1° que chez le porc c’est le noyau de 
3 à 4 L et occupant le centre des cellules réunies en tissu qui com- - 
mence à présenter les caractères tinctoriaux de l’hématie hémoglobique. 
Pendant quelque temps, il montre encore un ou plusieurs grains chro- 
matiques ou basophiles de 1 ou 2 &. Or, on a l’habitude de décrire ce 
grain chromatique de 1 ou 2 & comme un noyau en voie d’atrophie ou 
d’expulsion.Il suffit de jeter un coup d'œil sur les dessins ou les schémas 
des auteurs pourse convaincre du bien-fondé de notre critique : la cellule 
hématiformative y est représentée avec des dimensions deux ou trois 
fois plus considérables que l’hématie définitive. Pour faire concorder 
leurs descriptions avec leurs dessins, ils invoquent ensuite la résorption 
ou l'expulsion du noyau et la condensation du cytoplasma. Enfin, ils 
baptisent, dans leur idiome hiératique, du nom d'érythrocyte un élément 
qui se caractérise par l'absence de noyau. 

Graeper, puis Schilling-Torgau (loc. cit.) ont confirmé nos résultais en 
ce qui concerne la constitution de l'hématie des mammifères adultes : crois- 
sant hémoglobique et ménisque anhémoglobique {Glaskôrper). Comme l’un 
de nous l’a déjà dit (1), Schilling-Torgau a été ébloui par les nombreuses 
particularités structurales de l'hématie, et, n'osant faire table rase 
des théories classiques, il les interprète dans le sens d’une structure très 
compliquée de cet élément, qui serait l'équivalent d’une cellule entière. 
Si Schilling-Torgau veut bien se reporter à ses propres dessins, il se 
convaincra que notre explication répond à la réalité. Il figure (loc. cit., 
1912, pl. IT, fig. 2° et pl. IV, fig. 9°) : 1° une hématie de cobaye repré- 
sentée par un croissant hémoglobique et un ménisque anhémoglobique 
avec quelques granulations éparses à la surface des extrémités du crois- 
sant. Dans l’autre dessin (pl. IV, fig. 91), il représente une cellule hémati- 
formative de la moelle osseuse de cobaye : or, le noyau de cette cellule 
hématiformative correspond exactement comme forme et comme taille. 
au croissant hémoglobique et au ménisque anhémoglobique de l'hémalie 
(pl. IIL, fig. 2°). 

Peu importent l’origine et la signification des granulations infiniment 
petites qui peuvent se rencontrer en l'un ou l’autre point de l'hématie. 
Pour se transformer en hématie, la cellule hématiformative perd son 
corps cellulaire, pendant que son noyau devient hémoglobique, au 
moins dans sa portion en forme de croissant. 

Les granulations basophiles qu'on observe dans les noyaux en voie 


(4) Journal de l'anat., 1913, p. 115. 


SÉANCE DU 7 JUIN 1229 


de transformation hémoglobique fournissent une autre preuve de l'ori- 
gine nucléaire des hémalies. Ce sont bien des résidus chromatiques ou 
plutôt des portions chromatiques qui n’ont pas encore subi ia dégéné- 
rescence hémoglobique. Ces granulations ne sauraient dériver du cyto- 
plasma qui en est privé; leur présence dans une hématie témoigne de 
la provenance nucléaire des hématies des mammifères adultes en général 
et de la jeunesse de l’hématie qui les renferme. 

Kronberger (1)est arrivé à mettre en évidence, dans l’hématie normale 
de l’homme et des mammifères, un grain chromatique qu'il considère 
comme un reste nucléaire, tandis que le corps de l’hématie représenterait 
du cytoplasma. À notre avis, un élément de 5 y à 7 & avec un grain 
chromatique de 1 y. ñe saurait correspondre à une cellule; c’est tout 
uniment un noyau avec un grain chromatique (2). 


Conclusion. — Les ganglions lymphatiques du porc sont hématifor- 
mateurs et c'est le noyau de leurs cellules qui se transforme lui-même 
en hématie. 


LE BACILLE D'ACHALME EST UN SAPROPHYTE BANAL, HÔTE HABITUEL DE LA 
PEAU DES RHUMATISANIS @t DÉPOURVU DE TOUTE SPÉCIFICITÉ POUR LE 
RHUMATISME. 


Note de F.-J. Bosc et M. CARRIEU, présentée par E. GLEY. 


Nos recherches (Soc. de Biol., 31 mai 1913, p. 1165), en démontrant 
l’absence de toute bactérie dans le sang et le liquide articulaire des 
rhumatisants, devaient nous conduire à cette conclusion que la cons- 
tatation du B. d’Achalme dans le rhumatisme relevait d’une faute de 
technique. Pour en faire la démonstration directe, nous avons institué 
quatre séries d'expériences : 


I. — Le sang recueilli par ponction de la veine chez des malades 
. (pneumonie, cancers du sein)et par ponction de la veine ou prélèvement 
dans le jet de sang à l’abattoir chez des animaux (chiens, brebis, pore, 
vache, singe) nous a donné, à côté des cultures ordinairement néga- 
tives, des cultures de staphylocoque et des cultures de B. d’Achalme 
pures ou mélangées de staphylocoques ou de streptocoques. Toutes les 
cultures positives, à germes variables, s’expliquaient par les conditions 


(4) Folia hæm., t. XIII, p. 320. 

(2) L'un de nous a décrit et figuré ces noyaux hémoglobiques avec grains 
chromatiques en train de se transformer en hématies, in Journal de l'Ana- 
tomie, 1901, p. 499, pl. XII, fig. 22 à 24. 


1230 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


défeetueuses du prélèvement; dans tous les cas où l’on a mis en œuvre 
une technique irréprochable, pour la désinfection de la peau, ou en 
évitant la peau (ponction du cœur), les ensemencements sont demeurés 
constamment négatifs. 

Il. — Ces résullats devaient nous conduire à rechercher la fréquence 
du B. d’Achalme au niveau des téguments des animaux, de l'homme 
normal et des rhumatisants. 

Or, de nombreux ensemencements nous ont montré que le B. 
d’Achalme est l'hôte habituel de la peau des animaux (chien, mouton, 
singe), de l’homme normal et des malades atteints de rhumatisme articu- 
laire aigu. 

IT. — Nos expériences chez les animaux (cobæye, lapin, singe) éta- 
blissent que les cultures du B. d’Achalme n’ont aucune action chez le 
lapin, n’agissent pas autrement que le B. perfringens chez le cobaye et 
le singe et n'ont jamais produit le moindre trouble qui rappelle, même 
de loin, le rhumatisme articulaire. 

IV. — L'étude comparative des caractères morphologiques, ire 
et expérimentaux ne nous a pas permis de constater de différence 
essentielle entre le B. d’Achalme et le B. perfringens saprophyte. 


Conclusions. — Le B. d’Achalme est l'hôte habituel de la peau des 
animaux, de l’homme normal et des malades atteints de rhumatisme 
articulaire aigu. La présence du B. d’Achalme dans le sang ou le liquide 
articulaire des rbumatisants est due à une faute de technique. 

Le B. d'Achalme ne produit chez les animaux aucun trouble spéci- 
tique du rhumatisme articulaire aigu. Le B. d'Achalme doit être assimilé 
au B. perfringens, saprophyte banal et ubiquitaire (4). 


ACTION DES SUBSTANCES HYPOTENSIVES SUR LA SÉCRÉTION SALIVAIRE. 


Note par G. Barrez et E. DuviLcier, présentée par E. Gzey. 


L'introduction rapide d’eau salée dans les vaisseaux amène une sali- 
vation plus ou moins abondante, par suite de l’augmentation dela pres- 
sion sanguine qu'elle provoque et qui agit comme excitantsur le centre 
bulbaire de la sécrétion (Wertheimer et Battez) (2). 

On pouvait se demander si ce centre ne réagirait pas de même à une 


(1) La présence à peu près constante du B. perfringens dans l'intestin 
permet de comprendre pourquoi l’on a trouvé si souvent le B. d’Achalme 
dans le sang de rhumatisant ensemencé pendant l’agonie ou sur le cadavre. 

(2) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, 1913, t. CLVE, p. 250. 


SÉANCE DU 7 JUIN 1231 


chute soudaine et importante de la pression. A vrai dire, cette dernière 
hypothèse n’est pas nouvelle : elle a déjà été émise par Bayliss et Star- 
ling pour expliquer l'écoulement de salive qu'ils ont observé dans un 
cas, après une injection de sécrétine (1). 

Mais Le fait invoqué par les physiologistes anglais à l° appui du méca- 
nisme supposé n'est pas démonstratif. En effet, Derouaux (2) a constaté 
que ni la section simultanée du sympathique et de la corde du tympan 
ni l’intoxication par l’atropine n’empêchent ni même ne modifient la 
sécrétion salivaire provoquée par l'injection de l'extrait acide de la 
muqueuse duodéno-jéjunale, et il en a conclu qu'elle n’est pas due à 
l'intervention du système nerveux, mais bien à une action locale. 

Pour démontrer que réellement une chute de pression peut faire 
entrer en activité le centre bulbaire de la salivation, nous avons eu 
recours au nitrite d'amyle (3). Chez un chien curarisé on introduit une 
canule dans chacun des conduits de Wharton et on sectionne les nerfs 
sécréteurs d’un côté. Au moment où se produit l’abaissement de pression 
consécutif à l’inhalation du nitrite d’amyle, la salive s'écoule en quan- 
tité plus ou moins grande du conduit de la glande dont les nerfs sont 
restés intacts, tandis que celle qui à été énervée reste au repos. Le 
nitrite d’'amyle n’agit donc pas sur les éléments périphériques de la 
glande. 

On pourrait objecter cependant que ce composé excite le centre par 
lui-même directement, el non par l'intermédiaire de la variation de 
pression. Mais on est d'accord pour admettre que l’action du nitrite 
d’amyle est périphérique et non centrale. Ilestintéressant de remarquer 
que précisément la glande sous-maxillaire a élé l'objet d'expériences de 
ce genre, d'où il résulte que, malgré la section de la corde du tympan, 
elle continue à présenter sous l'influence du nitrite d'amyle tous les 
‘caractères de la dilatation vaseulaire (Dugau) (4). 

Nous avons employé également comme substance hypotensive une 
macération acide de la muqueuse du gros inteslin, après l'avoir fait 
bouillir et neutralisée, et nous avons obtenu des résultats semblables à 
ceux que nous avait donnés le nitrite d'amyle; en règle générale la 
glande énervée ne réagissait pas à la chute de pression, tandis que la 
glande intacte fournissait au mème moment un produit de sécrétion, 
souvent abondant. Cependant cette salivation ne se maintient pas long- 
temps et atteint d'ordinaire son maximum dès la première minute qui 


(1) Journ. of Physiol., 1902, t. XXVIIE, p. 325. 

(2) Arch. internat. de Physiol., 1905, t. IT, p. 44. 

(3) Le nitrite d'amyle est aussi un excitant énergique de la sécrétion du 
pancréas (Wertheimer et Boulet), mais son mode d'action sur cette glande 
n’est pas le même que sur les glandes salivaires, 

(4\ Thèse de Paris, 1879. 


1932 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


suit l'injection. Après le flot de salive par lequel le centre réagit à 
l’abaissement brusque de pression, la sécrétion diminue ou même s’ar- 
rête quand la pression ne se relève pas. 

Il peut arriver aussi, mais rarement, qu’une goutte de salive appa- 
raisse du côté énervé : mais elle metlra, par exemple, quatre minutes à 
se former, alors que, pendant la première minute qui a suivi l'injection, 
la glande intacte a fourni dix-neuf gouttes. 

Les macérations faites avec la muqueuse de l’iléon ont produit des 
effets qui ne différaient pas sensiblement des précédents, si ce n'est que 
leur action sur la glande énervée est un peu plus fréquente et un peu 
plus marquée que celle des macérations préparées avec la muqueuse du 
gros intestin. 


(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Lille.) 


SCHIZOPHYTES DU CÆCUM DU COBAYE. 


Il. — Metabacterium polyspora N. G., N. sp., 


par Épouarp CnaTroN et CHARLES PÉRARD. 


Chez les cobayes qui présentent dans leur cæcum la cyanophycée que 
nous avons décrite dans notre précédente note, sous le nom d'Oscillo- 
spira (muilliermondi, nous observons d’une manière à peu près constante 
une volumineuse bactériacée sporulante dont nous n’avons pu trouver 
de mention dans la littérature. Elle se rattache aux bactéries disporées 
du type Z. Bütschli. Mais elle en diffère nettement par ce caractère 
jusqu'ici unique, croyons-nous, chez les Bactéries, de pouvoir former 
un nombre de spores supérieur à deux, et variable de une à huit, par 
élément. 

Ces éléments sont toujours isolés. Ils sont en forme de fuseau tronqué 
aux deux extrémités et mesurent de 10 à 25 & de long sur 5 w de large en 
moyenne. Nous ne les avons jamais vus mobiles. Ils présentent une 
mince membrane d’enveloppe à l’intérieur de laquelle on distingue une 
masse cytoplasmique peu dense, le plus souvent réduite à destrabécules. 
La majeure partie du contenu est condensé en masses chromatiques, 
qui, lorsqu'elles sont au nombre de deux, sontsituées chacune à l’un des 
pôles de l'élément. Il est très rare de n’en observer qu’une, qui d’ail- 
leurs est également polaire. Il y a par contre très souvent plus de deux 
masses chromatiques, trois, quatre, cinq..., jusqu'à huit, ces nombres 
étant d'autant plus fréquents qu'ils sont moins élevés. Dans ces cas, 
deux des masses sont toujours polaires, les autres étant situées en des 
points quelconques de l'élément. Les unes et les autres sont toujours 


SÉANCE DU 7 JUIN 1233 


au contact de la pellicule d'enveloppe. Chez quelques bacilles à deux 
masses polaires, nous avons observé, unissant ces deux masses, ce gros 
boyau chromatique circonvolutionné, que Schaudinn, Swellengrebel, 
Dobell ont décrit chez diverses bactéries disporées : 2. Bütschlii, B. 
maximus-buccalis, B. flexilis et B. spirogyra. Nous ne pouvons nous 
prononcer sur la signification précise de cette structure que nous 


Metabacterium polyspora (Col. de Heiïdenhain). 


1-4, Formes végétatives, avec masses chromatiques et boyau chromatique (3): 
5, Évolution des masses chromatiques en spores; 6-9, Formes sporulées; 10, Un 
élément de la levure : Saccharomycopsis quttulatus, au même grossissement, pour 
montrer les différences cytologiques. 


n'avons pu retrouver chez des éléments ayant plus de deux masses 
chromatiques. Quant à ces masses mêmes, elles ne nous paraissent pas 
avoir la valeur de vrais noyaux, bien que, chez certains individus, leur 
structure habituellement dense fasse place à une structure vésiculaire 
(fig. 2).Nous n'avons d’ailleurs jamais vu ces masses se diviser (à moins 
que l’on doive interpréter comme une figure de division le boyau chro- 
matique de la figure 3), et il semble qu’elles procèdent toutes de 


1934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


condensations isolées de substance chromatique. Chacune d'elles est 
l’'ébauche d’une future spore. 

Pour former les spores, ces masses s’accroissent et régularisent leur 
forme en celle d’un cylindre arrondi aux deux bouts, cylindre d'abord 
court, qui s’allonge progressivement sans s’épaissir notablement, 
jusqu’à mesurer de 10 à 15 w de long sur 2 y de large environ. Il se 
forme autant de spores qu'il y avait de masses chromatiques, mais on 
voit souvent une ou plusieurs sporesavorter en cours de développement. 
La spore müre ne se colore plus en totalité, sa paroi devenue impéné- 
irable ne prend plus au fer qu’une teinte gris bleu. Au Ziehl, qui colore 
intensément en rouge les spores d'Oscillospira, celles de notre bacille ne 
prennent qu'une teinte rose pâle. Il persiste toujours au pôle libre de la 
spore une calotte chromatique. 

Le nombre de ces spores varie de une à huit par élément. Elles sont 
d'autant plus longues et plus larges qu'elles sont moins nombreuses, 
sans que les écarts dépassent 5 x en longueur et 4 « en largeur. 

Les spores étant très longues chevauchent les unes sur les autres, 
lorsqu'elles sont plusieurs, comme chez les formes disporées du 
BP. Duboscq, de Joyeux. | 

La sporulation absorbe la plus grande partie du contenu de l'élément, 
ne laissant qu'un insignifiant reliquat dans l’enveloppe qui se moule 
sur les spores. 

Nous n’avons jamais vu les formes végélatives en division. Nous 
n’avons pas constaté en particulier cette scissiparité complète ou abor- 
tive que Schaudinn et Dobell décrivent chez leurs bactéries disporées 
avant la sporulation et que Schaudinn avait interprétée comme l’ébauche 
d’une zygose. Nous n’oserions pas affirmer cependant que notre espèce 
ne se divise jamais. Mais il est certain qu’elle présente par rapport aux 
autres bactéries une reproduction scissipare réduite, compensée par 
une reproduction sporogénétique qui atteint chez elle un degré de per- 
fection beaucoup plus élevé que chez les autres représentants du 
groupe. L'absence ou la rareté de la reproduction scissipare n'en a 
pas moins cette conséquence que jamais notre bacille ne se présente en 
culture dense dans le cæcum des cobayes. Il FA d’ailleurs dépourvu 
de tout pouvoir HENIGRREE 

On ne connaît jusqu'ici que des bactéries monosporées et disporées. 
Pour ces dernières Kern (1881) a proposé le nom de genre Dispora, qui 
n’a guère élé usité jusqu ici. Nous pensons que ces deux caractères de 
notre bactérie : formation de une à huit spores par élément avec faible 
reliquat extrasporal, reproduction sporogénétique prédominant sur la 
reproduction scissipare peut-être inexistante, nous autorisent à en faire 
le type d’un genre nouveau : Wetabacterium. L'espèce sera AL. polyspora. 


({nstitut Pasteur. Laboratoire de M. Mesnil.) 


SÉANCE DU 1 JUIN 1935 


LA COURBE DE L'ACTION PEROXYDASIQUE 
DES EAUX THERMO-MINÉRALES DE ROYAT (Puy-pE-DÔME). 


Note de G. Brzrarp et A. Mouceort, présentée par E. GLEY. 


Nous avons fait connaître, le 29 juin 1912, à la Société de Biologie, 
les proportions d'eau oxygénée détruite en vingt-quatre heures, à 
. 31 degrés, par l’eau de chacune des quatre sources thermales de Royat. 
Pour continuer l'étude du pouvoir catalytique de ces eaux, nous avons 
voulu déterminer la courbe de l’activilé peroxydasique en fonction du 
temps, et pour cela nous avons placé à l’étuve à 37 degrés un flacon 
contenant 100 c.c. d’eau de la source Eugénie venant du griffon, plus 
10 c. c. d’eau oxygénée titrée et neutre (perhydrol Merck chimiquement 
pur dilué au 1/10). Nous savions exactement la teneur initiale en H°0° 
de ce mélange en dosant par le permanganate H°0° contenue dans 5 c. c. 
d’un mélange témoin de 100 c.c. d’eau distillée + 10 c.c. de perhydrol 
dilué à 1/10. 

Puis nous avons mesuré toutes les dix minutes.pendant deux heures 
et demie, puis à intervalles plus longs jusqu’à sept heures et demie après 
la mise à l’étuve, les teneurs successives en H°0° du mélange eau 
minérale + perhydrol. De ces dosages successifs, on déduit les propor- 
tions d'H°O° détruite par l’eau minérale, et la progression de ces 
proportions donne la courbe en fonction du temps de l’activité peroxy- 
dasique de l’eau de la source Eugénie. 


Voici les chiffres constatés (teneur initiale en H°0?=— 26 c.c. de solution de 
MnO“K à 1 p. 1000): 


Après mise à l’étuve, H°O° disparue : 


10 minutes. ONC C6 IS ADEMINUTES NUE HA ITRCACERS 
PORMInUIES ee lc Coude Slominutes te. ARS CZ 
A OMIITUEE SEE A. SACCNZ DATEUTES FN ME El OC TC 40 
40 minutes. ne SCC dun, A mb ESS Dre Pre lOECAC:E2 
DOMHINUte MEN UT MMA Cr CRE DEN DÉMINULES NAN 1OMCIC EL 
ED NANTES ME NOEL EE) D IA D HOMUNES 0 6 0 00 0100) Er (0 
db lOmINUteSs en 0,  A50C.C. 5 INITEUTES TR ESA ANR DONC CLS 
2 ONEINUIeS PMR M  IGUCr C5 OUREUTE SN PEER RAR TION CT CD 
RAS 0EmMINUteS V0 mi "AL C. C4 HAS DRRAITULE SEP NC C0) 


On voit que l’activité peroxydasique, faible pendant les vingt premières 
minutes, passe par son maximum de la vingtième à la soixantième minute 
pour décroître fortement pendant la deuxième heure, et faiblement ensuite. 

Pour mieux préciser les détails de cette courbe, nous avons fait d’autres 
expériences dans les mêmes conditions, mais en nous astreignant à faire le 
dosage de H°0* toutes les trois ou quatre minutes. Voici les données d’une 
de ces expériences. Teneur initiale en H°0°—21 c.c. 5 de MnO“K à 1 p. 1000. 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE | 


Après mise à l’étuve, H°0° disparue : ne 

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Fic. 1. 


HEO'AhuiE. dec par me 


SÉANCE DU 7 JUIN 1937 


Donc pour comparer avec les chiffres de Roger Glénard, nous élablis- 
sons que l’eau de la source Eugénie à un coefficient catalytique de 
9,8 pour l'heure ; et pour comparer avec nos chiffres antérieurs (1), 
qu'elle détruit en une heure 54,4 p. 100 et en vingt-quatre heures 
96,7 p. 100 de l’eau oxygénée mise à son contact. 

On voit que les courbes représentant l’activité peroxydasique de l’eau 
minérale en fonction du temps sont du même ordre que celles de tous 
les phénomènes biologiques, el que nos tracés sont identiques à ceux 
d’une contraction muscu- 
laire dans sa période 
d'énergie; croissante. Ces 
courbes sont absolument 
superposables à celles que 
l’un de nous a obtenues 
par la méthode graphique 
en mesurant la vitesse de 
décomposition de H*O*par 
une catalase organique : 
l'hépälo-catalase du suc 
d’autolyse hépatique (2). 
Pour qu'il ne reste aucun 
doute à cet égard, nous 
faisons figurer ici même 
une de ces courbes del’ac- 
tivité peroxydasique de 
l’hépato-catalase (fig. 2). 

Comme le font les cour- 
bes de l'hépato-cata- 
lase, celles de la décom- 
position d'H°O° par les Fic. 2. 
caux thermo-minéralesde 
Royat ne quittent la ligne du zéro qu'après quelques minutes et ne 
débutent pas du tout sous forme de droite obliquement ascendante 
figurée par MM. Gaston et Ferreyrolles, Roger Glénard. 


Le parallélisme des courbes que nous présentons nous autorise à : 
conclure que la catalase des eaux thermo-minérales (dont nous ne 
voulons pas préjuger la nature chimique ou biologique) se comporte 
exactement comme les peroxydases d’origine animale. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 29 juin 1912. 
(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 3 juin 1911. 


1238 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


LE MILIEU DE CULTURE D'ACIDES AMINÉS COMPLETS POUR MICROORGANISMES. 


REMARQUES 
A PROPOS DE LA NOTE DE MM. R. DaALIMIER ET EG. LANCEREAUX, 


par ALBERT FROUIN. 


Dans la séance du 17 mai 1913, MM. R. Dalimier et Edg. Lancereaux 
ont communiqué à la Société une note, présentée par M. P. Carnot, 
intitulée : « Le milieu de culture d’acides aminés complets pour micro- 
organismes » (1). 

Les auteurs indiquent de la façon suivante les raisons théoriques qui 
les ont àmenés à faire cette étude : « Nous fondant sur les résultats de 
la biochimie, qui indique que les acides aminés sont le terme ultime de 
l’hydrolyse digestive des protéiques, nous avons expérimenté un 
milieu de culture réalisé avec la totalité des amino-acides d’origine 
albuminoïde. » 

Après avoir cité quelques-uns des auteurs qui ont cultivé des 
bactéries sur des milieux de constitution simple et chimiquement 
définis les auteurs indiquent de la façon suivante l'intérêt de leur note 
et ce qu'ils croient original et nouveau. 

« Notre milieuest, par conséquent, plus complexe puisqu'il comprend 
la totalité des acides aminés, et c’est sans doute à cette composition 
qu'il doit d'être un milieu général de culture pour les microorga- 
nismes. » 

Dans la Presse medicale, du 21 mai 1913, on trouve un article des 
mêmes auteurs portant le même titre el on y lit : « Nous avons utilisé, 
pour la fabrication de nos milieux, l’ensemble des acides aminés, 
abiurétiques qui constitue le produit aujourd’hui répandu dans le 
commerce sous le nom d’opsine. C'est une préparation totius substantiæ 
de la matière albuminoïde comprenant tous les acides aminés de l’albu- 
mine hydrolysée avec, en plus, des acides nucléiques et de la glucosa- 
mine. C’est donc un milieu puissamment azoté et accessoirement phos- 
phoré (nucléine), soufré (cystine) et hydrocarboné (glycosamine). Il est 
donc par lui-même assez complet et chimiquement défini. Cependant, 
on lui adjoint avec fruit quelques autres éléments (glycérine, ete.). » 

Au sujet des deux travaux de MM. Dalimier et Lancereaux qui disent 
que leur milieu est un milieu général de culture pour les microorga- 
nismes, et peut rendre les plus grands services en bactériologie, je ferai 
plusieurs remarques : la première, d'ordre spécial et qui peut être 
utile à certains bactériologistes, c'est que : 

Dans la note communiquée à la Société de Biologie, le 17 mai, les 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 1081. 


SÉANCE DU 1 JUIN 1939 


auteurs parlent d'un milieu de constitution relativement simple renfer- 
mant tous les acides aminés et seulement les acides aminés d’origine 
albuminoïde, tandis que, dans l’article paru dans la Presse médicale, le 
21 mai, ils indiquent que leur milieu est fortement azoté, phosphoré, 
soufré, hydrocarboné. En quatre jours, du 17 au 21 mai, la composition 
de leur milieu a changé. 

Il ne présente donc pas les avantages d’un milieu chimiquement 
défini que lui attribuaient les auteurs, puisque l’on ne connait ni le 
nombre ni la quantité des produits qu’il renferme. Ce n’est même plus 
le produit de l'hydrolyse des matières albuminoïdes, puisqu'il renferme 
de la nucléine. 

La deuxième remarque est la suivante: 

Les produits d'hydrolyse des matières albuminoïdes peuvent constituer 
in toto de bons milieux de culture pour les microorganismes, mais il 
est utile d'indiquer, ainsi que je l’ai fait antérieurement (1), la nature de 
l’albumine hydrolysée. On sait, en effet, que les diverses matières albu- 
minoïdes sont caractérisées dans les produits d’hydrolyse par lenombre, 
la quantité et la nature des acides aminés et des autres produits qu’elles 
fournissent. Les produits d’hydrolyse des albuminoïdes peuvent 
présenter des avantages si l’on veut, comme le font la plupart des bacté- 
riologistes, injecter les corps microbiens ou la culture totale aux animaux, 
parce que ces produits sont moins toxiques que les peptones, qu'ils ne 
produisent pas de modifications de la pression ni de la coagulation du 
sang. Si l’on veut étudier la biologie des microbes, les milieux nutritifs 
constitués par les produits d’hydrolyse des albuminoïdes ou simplement 
par la totalité des acides aminés peuvent être très utiles pour orienter 
les recherches. 

Si le microbe ensemencé sur des produits d’hydrolyse se développe, 
il y a des chances pour que le milieu soit trop complexe; dans ce cas on 
_ peut procéder par la méthode analytique et voir si les acides mono- 
aminés seuls ne suffisent pas à sa nutrition, ensuite on cherchera dans 
cet ensemble lesquels de ces corps sont indispensables. 

Si le microbe ne se développe pas ou ne conserve pas ses propriétés 
biologiques sur les produits d’hydrolyse, c’est que le milieu est trop 
simple; dans ce cas, il faut chercher quels sont les matériaux indispen - 
sables à la culture et à la conservation des propriétés biologiques. 


(1) Albert Frouin. Influence des phosphates sur le développement des micro- 
organismes dans les milieux non albuminoïdes. Comptes rendus de la Soc. de 
Biologie,t. LXVIIT, p. 801, 1910. 


VE 


1240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


NOUVEL ESSAI NÉGATIF DE DÉSANAPHYLACTISATION PAR UNE EAU MINÉRALE, 


par E. GoBERrT. 


Les tentatives de désanaphylactisation par injection intrapéritonéale 
d'eaux minérales de Billard et A. Chassevant, J. Galup et J. Poirot- 
Delpech ont donné des résultats contradictoires. J'ai réalisé une expé- 
rience analogue aux leurs dans les conditions suivantes : 

Injection préparante, sous-cutanée, de 1 c.c. de blanc d’œuf en 
solution au 1/10 dans l’eau physiologique, le 14 mai, à huit cobayes. 
Quatre d’entre eux recoivent quotidiennement, du 16 au 27 mai inclus, 
dans le péritoine, 2 c.c. d’eau d’Aïn Sbia (Korbous), puisée à l’émer- 
gence, avant qu'aucune agitation ne l'ait privée de ses gaz, et injectée 


immédiatement. Cette eau est chlorurée sodique et sulfatée calcique; 


température : 49 degrés centigrades, À = 0°59. 

Injection déchaînante le 29 mai, dans la jugulaire, de À c.c. d’une 
solution d’älbumine au 1/4 pour les deux premiers animaux, 1/2 pour 
les trois suivants et d'albumine pure pour les trois derniers, ainsi que le 
résume le tableau suivant : 


1/4 ce. 1. Témoin. 
d’albumine. ( 2. Traité. fer ! : 
Légère dyspnée, toux, fatigue, puil hérissé, 


12e. de Jéoon prurit du nez. 
d 1b Al 4. Traité 
Fr : ( 5. Témoin. } 
/ 6. Traité. Dyspnée, parésie des pattes postérieures, toux; s'est 
1 c.c. rétabli en trois minutes. 


; fe 1. Témoin. Tombe sur le flanc, coma de deux minutes, et se réta- 
d’alhumine. blit. 


pure. 8. Traité.  Meurt après deux minutes, avec inspirations saccadées. 
À l’autopsie : poumon anaphylactique. 


Les résultats de cette expérience sont analogues à ceux que A. Chasse- 
vant, J. Galup et J. Poirot-Delpech ont rapportés. 11 ne semble pas que 
les animaux traités se soient comportésautrement que les témoins, bien 
que l’eau minérale choisie ait été prise à la source. 


* den dd $ 


1241 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


SÉANCE DU 15 MAI 1913 


SOMMAIRE 

DaniLA (P.) et STROE (A.) : Quel- dium de la sérosité de l'œdème par 
ques formes rares de kératite syphi- rapport au sérum sanguin. , ... 1244 
Hhoueichez le lapins... 2 1241 Voixov (D.) : L'origine des cen- 

NAvASSART (E.) : Sur la nature de trosomes en forme de V et leurs 
NEO RETRO EE 1243 | rapports avec les formations vési-- 

RowaALo (E.) et Dumirresco (D.) : culaires, à propos d’un travail de 
Concentration en chlorure de so- M. le profcsseur Techassownikow. 1245 


Présidence de M. G. Marinesco, président. 


QUELQUES FORMES RARES DE KÉRATITE SYPHILITIQUE CHEZ LE LAPIN, 


par P. Danira et A. STROE. 


Ï. — Pannus cRAssUS TOTAL. La kératite syphilitique du lapin prend 
en général la forme d’une kératite parenchymateuse. Pourtant nous 
l’avons vue parfois évoluer vers la kéralite vasculaire. Cette forme-ci 
est presque toujours légère et partielle (limitée à la moitié supérieure 
de la cornée). : 

Dans le cas dont le protocole suit, la kératite interstitielle fait rapide- 
ment place à une kératite vasculaire épaisse et totale. 

Ce cas devient encore plus important par les particularilés suivantes : 

a) La période d’incubation de la kératite a été seulement de quinze 
jours. C’est la plus courte période d'incubation que nous avons observée. 
D'ailleurs, en dehors de Siegel et Schulze, dont l'observation est con- 
testée, on n'a jamais observé une période d’incubation aussi courte 
pour la kératite syphilitique du lapin. 

b) C’est le seul cas où nous avons trouvé le {réponème pale dans l'hu- 
meur aqueuse. C'est un fait rare parce que,ànotre cennaissance, ce n’est 
que E. Hoffmann qui a fait une pareille constatation. 

c) Il s’est produit une généralisation dans les deux testicules. 

B1oLoG1E. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 86 


1242 É RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Voilà en résumé le protocole de ce cas : Le 23 janvier 1913, nous: 


inoculons, dans la chambre antérieure de l'œil droit, le lapin n° 65 avec 


une émulsion de testicule syphilitique (virus de VI° passage). Le 7 février: 


on observe, à la partie supérieure du bulbe, une injection vasculaire 


périkératique. À ce niveau, la cornée est peu opacifiée, seulement au 


voisinage du limbe, et montre à l'ultramicroscope de très rares trépo- 
nèmes pales mobiles. 
Le 17 février, l’opacité qui envahit le tiers supérieur de la cornée est 


très prononcée (blanc d'œuf cuit). Les tréponèmes sont plus nombreux. 
À la partie supérieure de la cornée, il y a un arc vasculaire d’un mil- 


limètre de largeur. Le 17 mars, le pannus descend jusqu'à la moitié de 


la cornée, il est assez épais. Le 21 mars, on constate aux deux testicules. 
des nodules durs, circonscrits, avec un grand nombre de trépouèmes. 


mobiles. A l'œil, commence une injection périkératique à la partie 


inférieure de la cornée. Le 27 mars, le pannus inférieur va à la ren- 
contre du pannus supérieur ; ils restent séparés seulement par un étroit 
pont cornéen. On enlève le lesticule droit. Le 1% avril, on enlève aussr 


le testicule gauche. Le 4 avril, on ponctionne la portion cornéenne 


opacifiée qui sépare les deux pannus, et on trouve dans l'humeur aqueuse: 


des tréponèmes pâles très mobiles. 


IT. — KÉRATITE PONCTUÉE (?). Le 23 janvier 1913, nous avons inoculé, 
dans les chambres antérieures de deux yeux, le lapin n° 67 avec du: 


virus de VI° passage (orchite). La période d’incubation a été de vingt- 


quatre jours pour l'œil gauche, et de quarante-deux jours pour l’œil. 
droit. La kératite parenchymateuse obtenue est restée strictement loca-. 


lisée au tiers supérieur de la cornée. 


Le 4 avril, on observe dans la partie inférieure de la cornée droite 
un point très opaque entouré d’une petite zone louche. Au niveau de ce 


pointopaque, de même que dansles secrétions nasale et lacrymale corres- 


pondantes, on trouve un grand nombre de tréponèmes pâles mobiles. 


Sur la partie inférieure de la cornée gauche on remarque aussi un point 
opaque identique, mais, à ce niveau, on ne trouve pas de tréponèmes. 

Ces points ont donc apparu dans des régions cornéennes jusqu'alors 
indemnes, sont entourés de cornée normale et sont séparés de la partie 
supérieure de la cornée par une large bande de cornée normale (au 


moins macroscopiquement). Cette lésion est probablement analogue 


à la kératite ponctuée postérieure de l’homme. 

Chez ce lapin, le virus syphilitique s'est généralisé au scrotum gauche 
(papule à tréponèmes) le quarante-deuxième jour après l’inoculation 
dans les yeux. 


IH. — KÉRATITE PHLYCTÉNULAIRE (?). Le 3 décembre 1912, nous avons 


inoculé par scarification superficielle les deux cornées du lapin n° 70; 
avec de la sérosité de syphilides vulvaires. Après une incubation de 


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SÉANCE DU 15 MAI 1243 


trente-neuf jours, on observe à la partie supérieure de l'œil gauche 
une légère injection périkératique. La cornée est transparente, mais un 
peu rugueuse au limbe; on trouve quelques rares tréponèmes à ce 
niveau. Le 23 janvier 1913, on remarque quelques fins vaisseaux empié- 
tant un peu sur la cornée, mais celle-ci reste encore normale et ne pré- 
sente que quelques points saillants et transparents, au voisinage du 
limbe. Le produit de raclage à ce niveau esi très riche en tréponèmes 
pèles. 

Le 31 janvier, la cornée est parfailement transparente dans toute son 
étendue. Mais à son tiers supérieur, elle est couverte d’un voile trans- 
parent dont la moitié supérieure est unie et ressemble à une nappe d’eau 


tandis que sa moitié inférieure est granulée et a l'aspect des gouttes de 


rosée. Si on racle un de ces pelits îlots transparents, on voit à l'ultra- 
microscope qu'il est formé seulement par des cellules épithéliales de la 
cornée parmi lesquelles fourmillent un grand nombre de tréponèmes 
pâles. 

Le 10 février, les points saillants et transparents comme des gouttes 
de rosée ont avancé, ci disséminés, là conglomérés, jusqu’au milieu de 
la cornée. Le 16 février, les granulations en gouttes de rosée ont dis- 
paru partout, sauf à l’angle interne de l’œil. Le 26 février, la cornée 
est redevenue tout à fait normale (à l’œil) mais elle contient encore 
beaucoup de tréponèmes mobiles. 

Le 1% avril, on ne trouve plus de tréponèmes dans la cornée qui 
d’ailleurs se maintient normale. 


(Travail du Laboratoire de Pathologie générale.) 


SUR LA NATURE DE L’ALEXINE, 


par E. NAvASsarT. 


Dès qu'on précipite un sérum normal par le So‘AzH*, par de l’eau 
distillée ou par la dialyse, on obtient des globulines qui ont entrainé 
l'alexine du sérum. Ces globulines qui constituent le « mittelstück. » 
(d’après différents auteurs) peuvent réactiver un système hémolytique 
préalablement sensibilisé sans le concours d’autres éléments (en parti- 
culier sans le concours de « l’endstück »). 

Nous avons repris ces expériences et voilà nos résultats : 


Nous ajoutons 90 c.c. d’eau distillée à 10 c.c. de sérum frais de 
“<obaye ; le mélange soumis pendant vingt-quatre heures à la dialyse est 
centrifugé. On sépare de cette manière l’endstück du mittelstück, qu’on 


5008 


1944 , RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


lave plusieurs fois. On ramène le précipité lavé après décantation du 
liquide surnageant au volume initial en ajoutant de l'eau distillée. 
1° Si on mélange ce liquide en proportions variables avec un système 
hémolytique préalablement sensibilisé (hématies + ambo 56 degrés) on 
obtient l’'hémolyse dans le tube contenant 0,5 de liquide. Cette quantité 
correspond comme énergie hémolysante à 0,1 de l’alexine de cobaye. 
2 Si, au lieu de reprendre le précipité obtenu avec de l’eau distillée, 
on le redissout dans de la séro-albumine de lapin, ou dans du sérum 
chauffé à 56 degrés, on obtient le même degré d’hémolyse avec une 
quantité beaucoup plus faible (0,2). 
3° On n'obtient pas d’hémolyse si Le précipité de globulines avait été 
obtenu par le barbotage avec GO” ou simple précipitation par le SO'AzH*. 
Ce dernier fait rapproche l’action de l’alexine de celle d’un ferment, 
qui peut être inactivé par les acides ou les sels basiques. 


(Travail du laboratoire de médecine expérimentale 
de la Faculté de médecine de Bucarest.) 


CONCENTRATION EN CHLORURE DE SODIUM DE LA SÉROSITÉ DE L'OŒDÈME 
PAR RAPPORT AU SÉRUM SANGUIN, 


par E. RomaLo et D. DumITRESCO. 


Des recherches faites par nous à l'hôpital Brancovan avec la collabo- 
ration de M. Alin Popesco, chimiste de l'hôpital, sur la concentration en 
chlorure de sodium de la sérosité d'œdème et du sérum sanguin dans 
différents états pathologiques, mais plus particulièrement chez les 
néphrétiques, nous ont donné les résultats suivants : 

La concentration en NaCI est plus grande dans la sérosité d’æœdème 
que dans le sérum sanguin chez les néphrétiques en général, mais la 
différence est plus prononcée dans les néphrites aiguës dites hydropi- 
gènes. Les différences extrêmes constatées vont de 8,50 p. 1000 dans la 
sérosité d'œdème à 4,20 p. 1000 dans le sérum sanguin. 

Le même fait se remarque dans les asystolies, à un degré moindre 
toutefois. 

A mesure que l’œdème décroît, la différence de pourcentage en NaCI 
dans les deux liquides décroît aussi pour réapparaître au cas où l’œdème 
se reproduit. 


(Travail de la clinique médicale à l'hôpital Branccvan de Bucarest. — 
Prof. C. Buicliu.) 


SÉANCE DU 15 MAI 1945 


L'ORIGINE DES CENTROSOMES EN FORME DE V ET LEURS RAPPORTS 
AVEC LES FORMATIONS VÉSICULAIRES, À PROPOS D'UN TRAVAIL 
DE M. LE PROFESSEUR TSCHASSOWNIKOW, 


par D. Vornov. 


Dans un travail récent (1) M. le professeur Tschassownikow étudie 
deux points principaux relatifs aux corpuscules centraux en forme de V 
des spermatocytes de Dytiscus marginalis : 

1° L'origine de ces centrioles ; 

2° Leurs rapports, à un moment donné, avec quelques formations 
vésiculaires spéciales. 

Il y a dix ans (2), j'ai étudié la spermatogenèse d’une forme voisine 
(Cybister) qui présente les mêmes particularités que le Dyliscus margi- 
nalis. J'ai décrit les mêmes faits, leur ai donné presque la même inter- 
prétation, et pourtant M. Tschassownikow ne mentionne pas mon 
travail. 

M. Tschassownikow fait dériver les deux centrosomes en forme de V 
de la première spermatocyte adulte, des centrioles diplosomiques qui se 
trouvent dans les spermatogonies, au centre de l’idiosome (fig. 1). Ces 
centrioles sont transmis, suivant l’auteur, aux spermatocytes jeunes 
(fig. 2, 3), se divisent pendant la période de croissance et arrivent à un 
stade de quatre granules disposés en deux paires (fig. 4). Ensuite ils 
émigrent vers la périphérie de la cellule, où selon toute apparence ils 
se multiplient et donnent naissance à deux séries linéaires de granules 
(fig. 61). Ces séries granulaires en se repliant au milieu prennent l’aspect 
d'un V. 

J'ai établi les mêmes faits pour le Cybister, il y a dix ans, comme il 
ressort des citations suivantes : 


« Les spermatocytes ont, dans ce stade, quatre centrosomes sphériques, 
disposés en deux paires (fig. 3-5 texte, et fig. 18, pl. II) ; elles sont éloignées 
du noyau et très souvent éloignées l’une de l’autre. J'ai aussi observé que les 
dimensions des granules centrosomiques ne sont pas les mêmes pour les deux 
paires. Tandis que dans les jeunes spermatocytes il n’y avait qu’un seul centro- 
some, on en trouve ici quatre, dérivés sûrement de la division du centrosome 
primaire » (page 195). 

Et plus loin : « Dans le troisième stade, l’un des caractères les plus impor- 
tants des spermatocytes est l'existence de deux centrosomes en forme de V. 


(1) S. Tschassownikow. Ueber die stäbchenfôrmigen Zentralkürperchen bei 
den Insekten (Archiv für mikroskopische Anatomie, LXXXI Bd, 3 Heft, 1912}. 

(2) D. N. Voinov. La spermatogenèse d'été chez le Cybister Roselii (Archives 
de zoologie expérimentale et générale, 1903 (4), vol. I, p. 173-260). 


1246 £ RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


—— 


Il ne reste plus aucun doute, grâce à la persistance de la centrodesmose entre 
les éléments pairs, qu'ils résultent des quatre granulations centrosomiques » 
(page 196). 


Dans ce mémoire donc, non seulement J'ai caractérisé les trois périodes 
du développement des spermatocytes, par le nombre et les formes diffé- 
rentes des centrioles, mais j’ai établi en même temps que les centro- 
somes en forme de V, caractéristiques pour la période müre des sper- 
matocytes primaires, dérivent de la forme habituelle, granulaire (1). 

Quant aux formations vésiculaires que l'auteur décrit dans les 
spermatocytes du Dytiscus, je me vois encore obligé de déclarer 
qu'elles ont aussi été décrites dans le même mémoire. Il y a, en effet, 
une trop grande ressemblance entre les inclusions cytoplasmiques des 
spermatocytes du Cybister, que j'ai nommé en 4903 « corps sphériques 
incolores », et les formations vésiculaires (bläschen) décrites par 
M. Tschassownikow, pour n'y pas voir des formations identiques. 
Dans les deux cas, elles apparaissent dans le même élément (spermato- 
cyte) et dans un moment identique de son développement; c’est-à-dire 
dans la période adulte, que j'ai nommé troisième stade, et caractérisé 
par les centrosomes en forme de V. Les deux formations ont le même 
aspect vésiculaire, sont au nombre de quatre dans une cellule, et 
subissent des différenciations pareilles. J'ai décrit en effet à l’intérieur 
des vésicules des granulations chromatoïdes qui rappellent les « scha- 
lenformige Gebilde » du Dytiscus (p. 78). 

Les formations en question, enfin, ont les mèmes rapports avec les 
centrosomes. Elles sont en contact, dès le début de leur apparition, 
avec les extrémités libres des centrosomes en V, ce qui donne en tout 
quatre vésicules pour un spermatocyte (comparer la fig. 11 de T. avec 
ma fig. 22 pl. 111). J'avais trouvé si importante la constance de ces 
formations que j'ai trouvé bon de caractériser l'état de maturité des 
spermatocytes primaires, non seulement par la forme spéciale des 
centrosomes, mais aussi par l'existence de ces vésicules sur la descrip- 
tion desquelles j'ai suffisamment insisté. Je citerai, à l'appui, encore 
quelques passages de mon mémoire : 


« Les centrosomes en forme de V des spermatocytes du Cybister présentent 
deux particularités intéressantes : ils sont mobiles et ont des rapports intimes 
avec les corps sphériques inclus dans le cytoplasme (page 202)... Dans les 
dessins 21-26 (PI. III), j'ai représenté des spermatocytes ayant de pareilles 


(1) Il y a quelques petites différences entre les faits observés par moi et ceux 
décrits par M. Tschassownikow. Chez le Dytiscus, le centrosome en forme de V 
a, dans son état définitif, et même plus tard, pendant les divisions de matu- 
ration (13, 14, 16, 18 de T.), une structure granulaire évidente. Chez le Cybister, 
J'ai toujours constaté, au contraire, une structure homogène et un contour net. 


Fr L'extrémité de ve. Rare centrosomique est en rapport avec une inclu- 
_ sion (fig. 22, pl. Il), ce qui m'a fait considérer le nombre de quatre inclusions 
à comme habituel... (page 204). » 


= } 


Le Gérant : OGTAVE PORÉE. 


vo gp pe = Co ee mm mm ve 
rs 


en aaene ee dome 


SÉANCE DU 


(4 JUIN 


1249 


(913 


SOMMAIRE 


ArGAUD (R.) et FaLLouEey (M.) : 
Les glandes de Moll chez le porc . 
BEL (Marcer) : De l’immunité 
générale contre les maladies infec- 
tieuses (Première note). . . . . . .. 
Bizzarp (G.) et Mouceot (A.) : 
L'activité peroxydasique des eaux 
thermales de Royat embouteillées. 
BLARINGHEM (L.) : Sur une chenille 
de vers à soie (Bombyx mori) en 
mosaique 
Bosc(F.-J.) et CarrIeu (M.): Inclu- 
sions intracellulaires dans le liquide 
articulaire du rhumatisme articu- 


RS ETS RER 1265 


BourGurGnoN (G.) : Electrodes im- 
polarisables pour l'excitation des 
nerfs et muscles de l'homme. . .. 

Carnot (PauL) : Les mouvements 
de l'estomac et du duodénum étu- 
diés par la méthode de la perfu- 


CLuzer (J.) : Electrodiagnostic au 
moyen d'un condensateur à capa- 
cité réglable. Procédés de mesure 
de la caractéristique d’excitabilité. 

Froun (Azsert) : Nouvelle techni- 
que de la fistule pancréatique per- 
manente. Présentation d'animaux et 
D'EADIC CES D EN out Put 

GUILLIERMOND (A.) : Sur l'étude 
vitale du chondriome de l’épiderme 
des pétales d’Iris germanica et de 
son évolution en leuco et chromo- 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. 


1272 


1289 


1271 


291 


1265 


1283 


OISE EX XIVe 


LAVERAN (A.) et MRANCHINI (G.) : 
Trypanosoma talpæ chez Palæo- 
DSUHIATONACUIS ROSE RENTAL LE: 

LE Sourv (L.) et PAGnrez (PH.) : 
Action sur la pression sanguine de 
produits dérivés des plaquettes. . . 

MaNoukHINE (1.-I.) : Sur l'influence 
de l’irradiation de la rate sur la tu- 
berculose chez des singes et des 
CODAYESN AUTEURS Fram Tre 

Massoz (L.) : Recherche compa- 
rative de la toxicité de la tubercu- 
line de Koch chez les cobayes in- 
fectés de tuberculose par injection 
sous-cutanée ou par instillation 
dans, DOME ASE NS EURE 

Paisazix (Mme) : Sur une hémo- 
grégarine de la vipère fer de lance 
et ses formes de multiplication en- 
DO PEER ARE re Med à 

ReGaup (Cc.) : Sur les variations 
de la radiosensibilité (aux rayons X) 
des cellules nourricières de l’épi- 


thélium séminal, chez le rat. . . . . 


RETTERER (Ép.) et LELIÈVRE (AUG.) : 
Dès son apparition, le ganglion lym- 
phatique est hématiformateur. . . 

Ricxer (CHARLES) : Une race de fer- 
ment lactique arsénicophile (accou- 


tumée aux doses fortes d’arsenic). 12 


Rurrer (M4arc-ARMAND) et CRENDt- 
ROPOULO : Sur la guérison du tétanos 
expérimental, chez le cobaye . 


SAUTON (B.) : Sur l’action anti- 


septique de l'or et de l’argent. . . . 12 


1260 


1286 


1250 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Hallion, Vice-président, 


ELECTRODES IMPOLARISABLES, 
POUR L'EXCITATION DES NERFS ET MUSCLES DE L'HOMME, 


par G. BoURGUIGNON. 


Ces électrodes présentent les mêmes dimensions et la même forme 
que les électrodes employées actuellement en électrodiagnostie par les 
électrothérapeutes. 

Les plaques sont constituées par une plaque d'argent, P, doublée d’une 
lame de fibre, F, qui constitue à la fois un OMR et un soutien pour la 
plaque d'argent. Le fil conducteur est réuni à l’électrode par une petite 
borne fixée à l'extrémité d’une tige d'argent qui traverse la fibre et est 
soudée à la plaque d'argent. J'ai fait faire trois plaques d'environ 
1 cent. X5 cent., 9 cent. X 6 cent. el 11 cent. X9 cent., répondant aux 
dimensions des plaques les plus usuelles. 

Les tampons sont constitués par un tampon d’ébonite, E, de la taille 
des tampons de charbon des électrodes courantes. Le tampon d’ébonite 
est traversé par une petite tige de cuivre, filetée. A la face inférieure du 
tampon d’ébonite est encastré un disque d'argent, À, dans lequel se visse 
la tige filetée qui traverse l’ébonite. Cette électrode est portée par un 
manche en bois. Une petite borne fixée à l’origine de la tige métallique, 
que recouvre un manchon de gutta, permet de fixer le fil conducteur. 
J'ai fait faire deux tampons, l'un de 1 cent.® de surface et l’autre de 
5 cent.” de surface. 

Pour rendre ces électrodes impolarisables, il suffit de les chlorurer 
par électrolyse, comme on le fait pour l’excitateur de M. Lapicque, en les 
mettant dans une solution de NaCI dans l’eau distillée à 3 ou 4 p. 1000 
dans laquelle passe un courant de 10 à 15 mA pendant quelques heures. 

Pour l’usage, il suffit de les recouvrir d’une on absorbante 
imbibée d’une solution de NaCl à 3,5 p. 1000. 

La plaque est garnie d'amiante filamenteuse, maintenue contre 
l'électrode en enveloppant le tout avec du papier d'amiante. Cette gar- 
niture présente l’avantage de constituer une garniture impolarisable et 
de rester humide très longtemps. 

La dessiccation est complètement évitée en recouvrant l’électrode 
d'une lame de caoutchouc, CG, que traverse la tige à laquelle est fixé le fil 
conducteur, et en maintenant l'électrode appliquée sur la peau avec 
deux ceintures élastiques au lieu d’une seule. 

Pour les tampons, je les recouvre soit de coton hydrophile, soit de 


SÉANCE DU 14 JUIN 1951 


plusieurs épaisseurs de papier d'amiante. La garniture est fixée par un 
petit anneau de caoutchouc qui la serre dans une gorge circulaire 
creusée dans l’ébonite. | 

Il ne faut pas employer de garnitures ayant servi, puis ayant séché. 


Le mieux est de les renouveler, sinon pour chaque sujet, au moins pour 


chaque séance. Si l’on veut utiliser la même garniture dans plusieurs 
séances, il faut, dans l'intervalle, conserver les garnitures dans une 
solution de NaCl au même titre que celle qui a servi pendant l’expé- 
rience. 

J'ai constaté que la polarisation de mes électrodes est pratiquement 


ACAYEUS 


I. — P, Plaque d'argent: F, Fibre; C, Caoutchouc. 
IL. — E, Tampon d’ébonite; A, Disque d'argent. 


nulle, pourvu qu'on emploie des solutions de NaCI dans l’eau distillée; 
dans l’eau de source, il se produit des courants de diffusion et des piles 
de concentration donnant lieu à de petits courants constants, quand on 
réunit les électrodes à un galvanomètre par un circuit purement métal- 
lique. 

Lorsqu'on étudie la polarisation de ces électrodes sans garnitures, on 
n'a aucun courant de polarisation. Si, au contraire, elles sont garnies, 
on peut avoir, dans un circuit formé uniquement par les électrodes au 
contact, des fils métalliques et le galvanomètre, un petit courant de pola- 
risation inférieur à O0 mA, 1. Dans les mêmes conditions (courant de 
5 mA pendant trois minutes) les électrodes ordinaires, en étain, feutre 
et peau de chamois, donnent une décharge de polarisation dont l'in- 
tensité initiale"est de 4 à 5 mA. is 

Si on étudie comment varie l'intensité pendant le passage du courant, 
à travers une solution salée, avec, par exemple, une intensité initiale 


19592 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


de 1 mA,8, on constate que l'intensité est la même au bout de trois 
minutes qu'au début. En renversant le sens du courant, on trouve 
1mA, 8, sans variations. Avec les électrodes ordinaires, l'intensité ini- 
tiale, étant de 1 mA, 6, tombe en une minute à À mA, 5. En renversant 
le courant, l'intensité monte à 1 mA, 8 et tombe à 1 mA, 4 en vingt 
secondes. 

Dans une autre expérience, j’ai observé la même fixité de l’intensité 
pour une intensité de 7 mA, 5. 

En étudiant comparativement, sur l’homme, les intensités donnant le 
seuil à la fermeture (NF) et à l'ouverture (PO), on constate que ces 
intensités sont les mêmes sur un même musele avec les électrodes pola- 
risables et les électrodes impolarisables, à la fermeture, tandis quelle 
seuil est beaucoup plus bas à l'ouverture avec les électrodes ordinaires 
qu'avecles électrodes impolarisables. Exemple : 


L NEC POC 
Long supinateur, au point moteur : — — 
Électrodes ORDER ONE Dal ac 1 mA 5 4 mA » 
Électrodes impolarisables . . . . . . . 1 mA 5 8 mA » 
Adducteur du 5e doigt : 
Électrodes ordinaires. . . . . . . . . . 1 mA » £ mA 5 
Électrodes impolarisables . . . . . . . 1 mA » 6 mA 5 


Et encore faut-il remarquer que dans le dispositif employé dans ces 
expériences, avec la double clef, le courant de polarisation des tissus est 
fermé sur un circuit métallique très peu résistant. 

Ces électrodes me paraissent donc présenter de sérieux avantages 
pour l’électrodiagnostic et pour les études de physiologie humaine, 
normale et pathologique. 


(Travail du laboratoire d'Electrothérapie de la Salpétrière.) 


ÜNE RACE DE FERMENT LACTIQUE ARSÉNICOPHILE 
(ACCOUTUMÉE AUX DOSES FORTES D’ARSENIC), 


par CHARLES RICHET. 


Si l’on ensemence du ferment lactique très pur dans du lait ou dans 
des solutions de lactose, additionnées d’une quantité relativement faible 
d’arséniate de potasse (0 gr. 4 par litre), on constate que la fermentation 
n’est pas abolie, mais retardée. 

En attendant longtemps, on voit que ces solutions finissent par donner 


de l’acide lactique, comme si peu à peu le ferment s'habituait à ce 


nouveau milieu. 
En poursuivant méthodiquement la culture de ce ferment dans des 


MY: 


4 
7 
£ 
" 
5 
4 


SSANCE DU 14 JUIN 1953 


liqueurs contenant de l’arsenic, on finit par l’accoutumer à ce poison. 
Ainsi j'ai pu en quelques jours, ce qui représente un nombre considé- 
rable de générations successives, obtenir un ferment lactique tout à 
fait accoutumé à l’arsenic, et pouvant se développer rapidement et 
intensivement dans du lait contenant jusqu’à 48 grammes d’arséniate 
de potasse par litre (1). 

Ce qui prouve bien qu’il s’agit d’une vraie race nouvelle de ferment, 
c'est que cette race arsénicophile non seulement est accoutumée à 
l'arsenic, mais encore ne peut plus pousser sans arsenic. C'est un très 
remarquable exemple d'adaptation. Le ferment arsénicophile et le 
ferment normal dérivent de la même souche. Seulement le ferment 
normal a été cultivé sur du lait simple, et le ferment arsénicophile sur 
du lait de plus en plus riche, successivement, en arsenic. 

Voici quelques chiffres qui le prouvent, résumant de nombreuses 


expériences. 
ACIDE LACTIQUE 
EN VINGT-QUATRE HEURES 
Re. OS 
Ferment Ferment 
arsénicophile. normal. 


Liqueur normale (lait et son volume d'eau) . . . . . . 100 100 
Mème liqueur avec arséniate de potassium par litre : 
(GR SNL RRRL SERARE ESS SSSR CR SRI RARE AA 107 64 
2 gr. ». 10 
AO RD RU 0e ND ne enr A EN re Ne eee LEE 103 42 
HÉROS MR LL Rene Re AS 9253 56 
Solution de lactose. RM On TA DIT 100 100 
La même avec arséniate de K (par litre) 
DER RE TERRES RE RL 100 0.0 
Se nn CN re de ES RE 0.0 
PR nel Nour te 1000 0.0 
AA AN RE Re RE SE EE o GT 0.0 


En poussant plus loin la dose de l'arséniate de potasse. 


LATT ET EAU LACTOSE EN SOLUTION 

M En 

Ferment Ferment Ferment Ferment 

arsénicophile. normal. arsénicophile. normal, 
Mnmearnermalele 2:20. 1120000, 100 100 100 100 

. Liqueur avec arséniate de K par litre : 

16Senammess 0. 1 390 0 550 0 
DST EMAUE Sn one, eee D AÙ 0 215 0 
JARCEMIUES CR PE 0200 0 10 0 


(1) Les solutions d’arséniate de potasse neutres au tournesol sont très 
fortement acides à la phénolphtaléine, et il faut ajouter de notables quantités 
de potasse caustique pour voir apparaître la coloration rose. Aussi le dosage 
en est-il délicat. Je prenais comme indice la phtaléine; mais il faut savoir 
que, dans ce cas, bien avant la coloration rose, le liquide est fortement 
alcalin au tournesol. 


1954 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


{ 


Quelque temps après, les résultats étaient plus nets encore : 


Ferment  Ferment 
arséniocophile. normal. 


liqueur normale AMEN MONNIER ER IQ 100 
Arséniate de K : 
DÉAGRAMINES EE, M UE RC RE Et 200) 60) 
48 grammes. . . . . des ee Deal EE Dit de Tone AREA U 0 


ol coule de ces faits nedtess qu'un organisme non seulement 
s’habitue à vivre dans des liqueurs très riches en arsenic, de manière à 


constituer comme une nouvelle race, distincte de la race none mais 


encore que l’arsenic, loin d’être offensif, lui devient alors une condition 
indispensable de vigueur et d'activité. ; 

.Je me propose de rechercher les limites maximales de cette accoutu- 
mance. Combien de temps faudra-t-il à cette race spéciale pour revenir 
au type primitif, c'est-à-dire à l’accoutumance ? A d’autres substances 
que l’arsenic, peut-il se créer enfin des accoutumances (1)? 


Trypanosoma talpæ cuez Palæopsylla gracilis, 


par À. LAVERAN et G. FRANCHINI. 


Nous avons eu l’occasion récemment d'examiner des puces capturées 
sur des taupes infectées de trypanosomes dans une assez forte propor- 
tion (2); ces puces appartenaient toutes à l'espèce : Palæopsylla gra- 
cilis Taschb. (3). 

Dans les frottis faits avec le contenu de ces puces, après coloration 
par la solution de Giemsa, nous avons trouvé 10 fois sur 36 puces 
examinées, soit dans plus du quart des cas, des éléments parasitaires 
qui nous paraissent devoir être considérés comme des formes de culture 
du 77. talpæ dans le tube digestif des puces. 


Dans le frottis fait avec une des puces parasitées, nous avons trouvé un 
t'ypanosome ayant les caractères du Tr. lalpæ; ce trypanosome mesurait 


(1) On peut rapprocher de ces faits les observations faites par Ehrlich et 
ses élèves sur l’accoutumance des trypanosomes aux dérivés arsenicaux. 

(2) A. Laveran et M. Marullaz. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 10 mai 
1913. Dans cette note, nous signalons que nous avons trouvé des trypano- 
somes huit fois sur douze chez des taupes venant de la région de Tournan. 


Depuis lors, nous avons examiné 14 autres taupes de la même région, parmi, 


lesquelles 5 seulement étaient infectées de trypanosomes. 
(3) Détermination due à l’obligeance de M. Roubaud. 


SÉANCE DU 14 JUIN 1955 


(flagelle compris) 27 y de long et la partie postérieure était effilée, en éperon, 
comme cela est de règle pour le trypanosome de la taupe (fig. 1). 

Les caractères des autres éléments parasitaires trouvés dans les frottis des 
puces peuvent être résumés comme il suit. 

4° Petits éléments ovalaires. — Ces éléments, qui se trouvent à l’état libre 
dans les frottis, ont une forme ovalaire plus ou moins allongée (fig. 2); ils 
mesurent 2 4 50 à 4 & 50 de long, sur 2 y. à 2 50 de large. Dans le proto- 
plasme qui se colore en bleu pâle, on distingue un karyosome. principal et 
un karyosome accessoire ou centrosome, on ne voit pas de flagelle. 

20 Eléments fusiformes. — Ces éléments en fuseau (fig. 3) sont souvent plus 
effilés à l’une des extrémités qu’à l’autre; ils mesurent d'ordinaire de 7 y 
à 8 u 50 de long, sur 1 u 50 de large environ, mais on trouve des formes 


plus grandes, atteignant jusqu'à 9 20 de long, sur 3 & de large (fig. 11). 
‘Dans le protoplasme qui se teinte en bleu, on distingue un noyau et un 
centrosome sans flagelle apparent. Le noyau est quelquefois divisé en deux 
(fig. 4), ce qui montre que la multiplication se fait par bipartition. 

Les éléments fusiformes sont souvent groupés en rosaces, comme Jl’indi- 
quent les figures 5, 6, 7, 8; le centre des rosaces est constitué parfois par un 
magma granuleux. Le otre des éléments des rosaces et leurs dimensions 
sont très variables. A côté de parasites qui ne mesurent que 5 à 6 y de long, 
sur 1 y 50 de large, on en voit qui mesurent jusqu'à 9 & de long, sur3 y de 
moe. Dans le protoplasme qui se colore en bleü clair Lu en rose-violet on 
distingue un noyau et un centrosome souvent allongé en bâtonnet qui se 
colorent en violet foncé. Le centrosome donne parfois naissance à un court 
flagelle. 

3° Eléments flagellés du type Leptomonas. — Les éléments fusiformes 
s’eflilent à l’une des extrémités (fig. 9) et ils à l'aspect typique des 
Leptomonas (fig. 10). Le corps du parasite mesure 7 à 8 v, le flagelle 5 à 7 de 
long. Le centrosome est situé en avant du noyau. 

4° Petits trypanosomes. — Nous avons trouvé, dans un des frottis faits avec 
les puces parasitées, de petits trypanosomes typiques. Le corps d’un de ces 


1256 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


trypanosomes mesurait 5 & de long, le flagelle 6 y. Le centrosome avait une 
position nettement postérieure et on distinguait une membrane ondulante 
étroite (1). 


L'analogie des formes décrites ci-dessus avec celles du 7rypanosoma 
Lewisi dans la puce du rat est évidente (2), et. il ne nous paraît pas 
douteux que les puces des taupes jouent, dans la transmission du 
Tr. talpæ, un rôle identique à celui que jouent les puces des rats dans 
la transmission du 77. Lewisi. L'existence de Flagellés propres aux 
puces est, à la vérité, très commune; la présence de grandes et de petites 
formes trypanosomes paraît exclure cette hypothèse, au moins pour 
quelques-unes des puces de nos taupes. | 

Les puces parasitées ont été capturées huit fois sur dix sur des taupes 
chez lesquelles l'existence du 7rypanosoma talpæ avait été reconnue. 
Dans les deux cas de puces infectées provenant de taupes notées comme 
indemnes, on peut admettre ou bien que l'existence de trypanosomes 
très rares avait été méconnue chez les taupes ou bien que les puces 
avaient changé d'hôtes. 


SUR LES VARIATIONS DE LA RADIOSENSIBILITÉ (AUX RAYONS X) 
DES CELLULES NOURRICIÈRES DE L'ÉPITHÉLIUM SÉMINAL, CHEZ LE RAT, 


par CL. REGAUD. 


On sait que, si on administre au testicule une dose convenable de 
rayons X, les cellules de la lignée spermatique disparaissent complè- 
tement de l'épithélium séminal, de telle sorte que celui-ci, au bout d'un 
certain temps, se trouve réduit à n'être plus formé que des seules 
cellules nourricières (ou cellules de Sertoli), fusionnées ou non en un 
syncytium. Un tel épithélium séminal est désormais stérile. 

Ce fait très frappant avait porté les premiers observateurs à conclure 
que les cellules nourricières de l’épithélium séminal sont réfractaires 
aux rayons X, tandis que les cellules de la lignée spermatique y sont 
très sensibles. 

Les recherches que j'ai faites avec M. J. Blanc (3) ont démontré que 
cette opinion n’est pas entièrement exacte. En examinant attentivement 
des préparations de testicules de rats, sacrifiés pendant les premiers 


(1) Ces éléments n'ont pas été reproduits dans la figure qui avait été 
envoyée déjà au clichage quand ils ont été trouvés dans un des frottis. 

(2) Swellengrebel et Strickland. Parasitology, 1910, t. III, p. 360. 

(3) Voir la thèse de J. Blanc, Action des rayons X sur le testicule, p. 43, 
Lyon, 1906 


SÉANCE DU 14 JUIN 1257 


jours consécutifs à l'application des rayons, nous vimes que beaucoup 
d'éléments nourriciers (noyaux de Serloli et territoires protoplasmiques 
qui en dépendent) avaient été gravement lésés par les rayons, se 
trouvaient en voie de dégénérescence, et que leur destruction entrainait 
secondairement celle des cellules séminales placées dans leur sphère 
d'influence trophique. 

La radiosensibilité des éléments nourriciers, certainement bien 
moindre que celle des spermatogonies et même des spermatocytes 
jeunes, se révélait ainsi plus grande que celle des spermatocytes 
âgés et des spermies. Toutefois, bien que de nombreux noyaux de Sertoli 
fussent en voie de dégénérescence, beaucoup d’autres subsistaient; les 
éléments nourriciers de deux tubes séminaux contigus pouvaient 
même se trouver : dans l'un, presque tous dégénérés ; dans l’autre, 
presque tous intacts. Mais ces différences n'’allirèrent pas suffisamment 
notre attention et nous ne les mentionnâmes pas. 

Ayant eu récemment l'occasion de constater, avec M. Ant. Lacas- 
sagne (1), des variations remarquables dans la radiosensibilité des 
cellules nourricières des follicules ovariens, les faits précédents me 
revinrent en mémoire, et je soumis à une étude nouvelle les prépa- 
rations anciennes, d’après lesquelles nous avions, M. Blanc et moi, 
établi notre description des lésions testiculaires consécutives à la 
rôntgénisation. Voici le résultat de celte investigation. 

Je dois d'abord rappeler (2) que le syncytium nourricier, dans le 
protoplasma duquel sont plongées toutes les cellules de la lignée sper- 
matique, a pour fonction principale d'élaborer, à l'usage de ces derniers 
éléments, des matériaux qu'il puise dans le plasma péritubulaire. Des 
substaaces ainsi élaborées, les unes sont assimilées immédiatement 
par les cellules séminales ; les autres sont rassemblées en des corps 
figurés, notamment sous forme de gouttelettes riches en lipoïdes, qui 
représentent la sécrétion propre de l’épithélium, et sont excrétées au 
centre du tube séminal. Les éléments nourriciers ont en somme la 
valeur d’un épithélium glandulaire, au sein duquel naissent, se trans- 
forment et se multiplient les cellules de la lignée spermatique. 

Mais le fonctionnement de ces éléments nourriciers présente des 
variations très grandes dans son intensité. Ce sont des spermies (futurs 
spermatozoïdes), cellules les plus éloignées de la périphérie du tube 


(1) Voir la thèse d’Ant. Lacassagne, Étude histologique et physiologique des 
effets produits sur l'ovaire par les rayons X, Lyon: et notre note, sur les pro- 
cessus de la dégénérescence des follicules, dans les ovaires rüntgénisés de la 
lapine. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 26 avril 1913. 

(2) Voir : C]. Regaud, Étude sur la structure des tubes séminifères et sur 
la spermatogenèse chez les mammifères. Arch. d’Anat. microsc., t. IV, 
p. 234, 1901. | 


1258 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


séminal et de la surface d’absorplion des éléments nourriciers, qui 
bénéficient le plus, et cela pendant une période limitée, de cette 
fonction trophique. À un moment donné du cycle spermatogénique, les 
spermies sont rassemblées en faisceaux, puis ces faisceaux sont rétractés 
vers la périphérie du tube, de telle sorte que les noyaux des futurs 
spermatozoïdes contractent avec les noyaux de Sertoli des connexions 
internes (spermatophores). : 

Or, c’est justement à ce stade bien connu, où l'activité des éléments 
nourriciers est manifestement à son maximum, que leur radiosen- 
sibilité est la plus grande. Lorsque l’irradiation est tombée à ce 
moment critique, — et il en est toujours ainsi en une région de l’onde 
spermatogénique qui parcourt chaque tube testiculaire, — les noyaux 
de Sertoli etJeur territoire protoplasmique entrent aussitôt en dégéné- 
rescence. Le noyau se densifie, se ratatine, puis se dissout; le proto- 


plasma de la région périnucléaire et de la tige du spermatophore 


devient fortement colorable et se vacuolise ; finalement, ces parties sont 
résorbées ; la dégénérescence et la résorplion atteignent ensuite les 
spermies correspondantes. C’est pourquoi tous les segments de tubes, 
irradiés aux stades de la fasciculation des spermies et de la rétraction 
des faisceaux, et seulement ces segments-là, présentent de graves 
lésions de leurs éléments nourriciers. 

Mais il y a plus. À ces stades critiques du cycle spermatogénique, 
tous les noyaux de Sertoli ne participent pas à la formation des sperma- 
tophores : quelques-uns restent au repos, aplatis contre la membrane du 
tube séminal. Cette alternance fonctionnelle, soupçconnée plutôt que 
démontrée, est rendue évidente par l’irradiation : car les noyaux de 
Sertoli inutilisés sont respectés, et persistent intacts parmi les noyaux 
des spermatophores en voie de destruction. 


En résumé : les éléments nourriciers de l’épithélium séminal ont une 
radiosensibilité variable; — les variations dépendent du stade fonctionnel 
auquel ils se trouvent au moment de l'ivradiation; — radiorésistants 
lorsqu'ils sont au repos ou dans un état de fonctionnement faible, les 
noyaux de Sertoli et le territoire protoplasmique qui dépend de chacun 
d'eux deviennent radiosensibles au moment de leur maximum d'activité, 
c'est-à-dire lorsqu'ils sont conjugués avec des faisceaux de spermies pour 
former les spermatophores. 

Ce fait a une certaine importance au point de vue des lois générales 
de la radiosensibilité cellulaire. 

Les seules cellules radiosensibles jusqu'ici connues, étaient des 
cellules très jeunes, des cellules situées à l’origine d’une lignée ou 
encore indifférenciées, les cellules en état de reproduction. Les cellules 
slandulaires, même en état d'activité sécrétoire, sont considérées (géné- 
ralement à juste titre) comme radiorésistantes. 


née 


RS PT EN PP 


“1 


SÉANCE DU 414 JUIN 1259 


Les éléments nourriciers de l’épithélium séminal sont non point à 
l’origine, mais au terme d’une lignée ; ils sont àgés, et différenciés 
d’une façon définitive ; ils ne se multiplient pas, ou se multiplient très 
peu. Ils sont néanmoins, par intermittences, très radiosensibles. Il ny 
pas d'autre cause actuellement visible, de leur radiosensibilité tem- 
poraire, que la coïncidence d'une période d'activité glandulaire intense 
à laquelle le noyau semble participer d'une manière lus à fait par- 
ficulière. 


(Laboratoire d’Anatomie générale 
et d’histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) 


ACTION SUR LA PRESSION SANGUINE DE PRODUITS DÉRIVÉS DES PLAQUETTES, 


par L. LE Sourp et Pu. PAGNIEz. 


Nous avons, sur le lapin, fait un certain nombre de constatations sur 
l'action des plaquettes sur la pression sanguine. Ces expériences ont été 
effectuées en opérant avec les plaquettes isolées du sang oxalaté au 
moyen de la centrifugation. 

L'injection dans la veine de l'oreille de plaquettes, même en quantité 
élevée, n’exerce aucune action sur la pression. C'est ainsi qu’un lapin de 
2.500 gr. recoit une injection brusque des plaquettes extraites de 40 c. c. 
de sang, réunies dans 1 c.c. de plasma oxalaté, sans que la courbe de 
sa piesune en soit aucunement influencée. 

- Il n’en va pas de même si on injecte au lapin le sérum obtenu par 
recaleification du plasma oxalaté riche en plaquettes. Dans ces conditions, 
on observe une forte action DH pAEAne immédiate, avec relèvement ra- 
pide de la pression. | 

On réunit, par exemple dans 3 c.c. de plasma oxalaté, les plaquettes 
provenant de 30 c.c. de sang. On provoque la coagulation par recalcifi- 
cation et, quand la rétraction est complète, on reprend le sérum. Ce sérum 
injecté à la dose de 1 c.c. produit une chute de pression de 3 em.5. 
L'expérience comparative faite avec le sérum obtenu (par défibrination 
mécanique) de la recalcification du plasma oxalaté privé d'éléments, 
-montre que ce sérum n’a aucune action sur la pression. Il en est de même 
du sérum obtenu par la recalcification du plasma oxalaté auquel on à 
ajouté des globules rouges. Enfin, l'expérience comparative faite avec le 
sérum oblenu par coagulation simple du sang total montre que celui-ci, 
même à des doses beaucoup plus élevées (5 c.c.), n'a qu'une action hypo- 
tensive beaucoup moins marquée. 

Par conséquent, le sérum obtenu du plasma riche en plaqueltes con- 


1260 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tient un produit hypotenseur venant des Dgueties Ce us paraît 
pas pouvoir être identifié avec la thrombine. 

En effet, en traitant des plaquettes privées de plasma par de l'eau dis- 
tillée, on n'obtient pas de thrombine (Bordet et Delange). Or, en traitant 
des plaquettes par de l’eau distillée et en centrifugeant après une demi- 
heure, on obtient un produit dont l’action hypotensive est considérable, 
ainsi que le montrent les courbes que nous soumettons à la Société. 

On voit, d’après ces courbes, que l'injection à un lapin de 2 kil. 900 du 
produit obtenu par action de l’eau distillée sur les plaquettes provenant 
d'environ 3 C.c. de sang, provoque une chute de pression de plus de 
2cm.5. Si l’on réfléchit à la très minime masse pondérable que représente 
cette quantité de plaquettes, on ne peut qu'être frappé de l'importance 
de l'effet hypotenseur obtenu. 


(Travail du laboratoire des travaux pratiques de physiologie de la Faculté 
de médecine.) 


RECHERCHE COMPARATIVE DE LA TOXICITÉ DE LA TUBERCULINE DE KOCH CHEZ 
LES COBAYES INFECTÉS DE TUBERCULOSE PAR INJECTION SOUS-CUTANÉE OÙ 
PAR INSTILLATION DANS L'ŒIL, 


par L. Massor. 


Les cobayes d'une première série reçoivent sous la peau de la euis 
droite 0 milligr. 1 de bacilles tuberculeux (souche Nocard) développés 
sur pomme de terre. Les cobayes d’une seconde série reçoivent en 
simple instillation sur l’œil droit 1 milligramme de bacilles de la même 
culture (1).Six semaines après l'infection, on recherche la dose mortelle 
de tuberculine brute de Koch par injection sous-cutanée chez les deux 
séries de cobayes. Ceux inoculés par voie hypodermique sont tués à 
la dose de 0 c.c. 1 de tuberculine brute, ceux infectés par l'œil sont 
environ deux fois moins sensibles : la dose mortelle est de 0 c.c. 2. 

Dans les deux séries, trois heures après l'injection de tuberculine, 
l'élévation de température se produit pour les doses faibles, inférieures 
à la dose mortelle, en six à sept heures. POUr les doses supérieures, les 
animaux sont en Houlonrie 

Les cobayes inoculés par voie sous-cutanée présentent une tubercu- 
lose généralisée, discrète, une grosse rate et une congestion des 
organes sous l'influence de la tuberculine. 

Les animaux infectés par l’œil ont une forte adénopathie de la région 


(1) Voir note de A. Calmette. Comptes rendus.de la Soc. de Biologie, 15 février 
1943. 


SÉANCE DU Î4 JUIN 1261 


cervicale et quelques tubercules dans la rate, dont le volume reste 
normal. Trois heures après l'injection de tuberculine, ces cobayes ont 
des sécrétions abondantes de l’œil qui a reçu primitivement les bacilles 
tuberculeux : cette réaction locale est d'autant plus nette que la dose 
de tuberculine est plus forte. L'examen microscopique révèle dans ces 
sécrétions beaucoup de leucocytes mono et polynucléaires, mais on n'y 
trouve pas de bacilles de Koch. L’injection de tuberculine a provoqué 
une congestion notable des organes (poumon, foie, rate, capsules 
surrénales, intestin) et aussi des ganglions. 

Nous avons cherché à reproduire le même phénomène en instillant 
directement dans l'œil 0 c.c. O1 de tuberculine de Koch. Trois cobayes 
infectés de tuberculose par l'œil droit recoivent la luberculine : le 
premier dans les deux yeux, le second dans l'œil droit, le lroisième 
dans l’œil gauche. Un cobaye inoculé de tuberculose sous la peau et un 
autre sain sont instillés dans l'œil droit. Nous n'avons pu reproduire 
une réaction très nette, comparable à celle obtenue par injection sous- 
cutanée de tuberculine, que chez les animaux infectés de tuberculose 
par l'œil, et qui, en outre, ont recu la tuberculine du côté primitivement 
infecté. Cette réaction, beaucoup plus intense qu'une ophtalmo-réaction, 
dépend donc du mode d'infection tuberculeuse, et on peut prévoir que, 
si l'absorption de tuberculine était suffisante lorsqu'on l’instille dans 
l’œil gauche, l'œil droit réagirait de la même facon que sous l'influence 
d’une injection sous-cutanée. 

Huit jours après cette seconde expérience, nous injectons 0 c.c. 1 de 
tuberculine de Koch sous la peau des trois premiers cobayes infectés 
de tuberculose par l'œil droit : trois heures après, le premier et le 
troisième de ces animaux, ayant recu huit jours avant O0 c.c. O1 de 
tuberculine respectivement, l’un dans les deux yeux, l’autre dans l'œil 
gauche, ont une très forte réaction à droite, l’œil gauche est humide ; 
le second ayant antérieurement reçu 0 c.c. 01 de tuberculine dans l'œil 
droit, réagit fortement du côté droit. Pour le premier et le troisième de 
ces cobayes, l'œil gauche a subi un réveil d'ophtalmo-réaction, mais 
d’une intensité beaucoup plus faible que la réaction de l’œil droit primi- 
tivement infecté. Dans tous les cas, nous n'avons pu observer de con- 
gestion de la région oculaire. 

En résumé, les cobayes, inoculés sous la peau depuis six semaines 
avec une dose de 0 milligr. 1 de bacilles tuberculeux, sont deux fois 
plus sensibles à la tuberculine que les cobayes infectés depuis la même 
durée avec une dose de 1 milligramme ‘par l'œil. Ces derniers, sous 
Vinfluence de la tuberculine, présentent, trois heures après l'injection 
sous-cutanée, un larmoiement très net et abondant qui permet de 
. reconnaître l'œil qui a reçu les bacilles tuberculeux. 


({nstitut Pasteur de Lille.) 


1962 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


INCLUSIONS INTRACELLULAIRES 
DANS LE LIQUIDE ARTICULAIRE DU RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU, 


Note de F.-J. Bosc et M. CARRIEU, présentée par E. Gzey. 


M. Bosc a vu, pour la première fois, en janvier 1913, et nous avons 
étudié depuis, dans les cellules du liquide articulaire de rhumatisants, 
des inelusions vraisemblablement de nature parasitaire. 

Technique. — Chez 12 malades atteints de rhumatisme articulaire 
aigu vrai (non tuberculeux), à la période d'état et avant tout traitement, 
nous avons (tout de suite après la ponction) fixé le liquide articulaire 
sur lames (1) et par le procédé de la goutte (2) : laisser tomber une 
grosse goutte du liquide visqueux ou un caillot (dès que la coagulation 
s’est produite par refroidissement) dans une solution de sublimé 
acétique ou dans de l'alcool, — et après montage en paraffine, débiter 
en coupes très minces. Coloration : hématéine-éosine, Les divers bleus, 
Zieh]l, Gram, thionique phéniquée et, surtout, Giemsa. 

Les éléments contenus dans le liquide articulaire sont des polynu- 
cléaires et surtout des moyens et grands mononucléaires et de très 
grandes formes macrophagiques (leucocytaires ou endothéliales) 
susceptibles de prendre une forme « en ballon ». Dans les grands 
monos et les grands macrophages, nous avons constaté des inclusions 
de formes et des caractères suivants : 


À. — Formes : 1° formes cocciques de 1/2 à 1/5 de x, au nombre de 
un à cinq dans le protoplasma cellulaire ; 
2° Corps plus volumineux, arrondis, depuis un gros coccus jusqu’à ; 


des formes de 2 à 3 x de diamètre, avec une partie centrale plus réfrin- 
gente et entourées d’une aréole claire; 

3° Formes plus grandes, constituées par une petite masse entourée de 
fines granulations en couronne; 

4° Amas de corpuscules d’une ténuité extrême, les uns tout petits, au 
voisinage d’un noyau, d’autres volumineux, remplissant la plus grande 
partie du protoplasme, dans les grands monos bien conservés, — ou 
étalés et dissociés en plus petits amas dans le protoplasma vacuolisé des 
grands macrophages qui renferment également des produits de dégé- 
uérescence de leur noyau et du noyau de leurs polynucléaires inclus. 

B. — Différenciation. Les inclusions ne prennent pas le Gram et ne 


(1) Fixation par la chaleur ou l’alcool-éther après dessiccation à l'air. 

(2) Ce procédé a été appliqué pour la première fois par M. Bosc à l'étude 
des liquides ou des produits de raclage des lésions de vaccine, variole, 
clavelée, syphilis, etc., des tumeurs néoplasiques. 4 


DL, 


sont colorées distinctement ni par les bleus, ni par le Ziehl ou {a 
thionine phéniquée. Elles sont éosinophiles et le Giemsa seul les 
différencie d’une façon précise : les fins corpuscules en amas, les 
formes micrococciques et les granulations des corps en couronne sont 
colorés en rose par le Giemsa, tandis que les granulations protoplas- 
miques sont colorées en violet rosâtre ou bleu sale et que les produits 
de dégénérescence nucléaire sont colorés en violet foncé ou en bleu 
noirâtre. 


Conclusions. — Les cellules du liquide articulaire du rhumatisme 
vrai renferment des inclusions en particulier de forme micrococcique, 


ou en amas de corpuscules très fins, qui sont identiques comme forme 


et réactions aux inclusions de la clavelée, de la vaccine, de la 
variole..…, etc., et qui sont vraisemblablement de nature parasilaire. 


SUR L'INFLUENCE DE L'IRRADIATION DE LA RATE SUR LA TUBERCULOSE 
CHEZ DES SINGES ET DES COBAYES, 


par LE I. MANOUKHINE. 


Dix singes ont été infectés avec la tuberculose; suivant le moment 
auquel on les a infectés, les animaux se répartissent en trois groupes : 
le premier groupe est formé par deux WMacacus Cynomolqus, le deuxième 
par quatre Macacus Cynomolqus et le troisième par quatre Macacus 
Rhesus. On a injecté à chaque animal des deux premiers groupes 
1 milligramme de bacilles tuberculeux sous la peau du côté droit du 
ventre; aux animaux du dernier groupe, on a injecté, au même endroit 
du ventre, 0 mgr. 4 de bacilles tuberculeux. Cinq de ces animaux ont 
été gardés comme témoins; chez les cinq autres, on irradiait la rate 
par une dose de rayons X de 1 H environ (rayons filtrés par 1 milli- 
mètre d'aluminium). 


_On irradiait la rate dès le deuxième ou troisième jour après l'infection 
(deuxième et troisième groupes); ce n’est que chez un animal que l’on à 
commencé le traitement une semaine après l'infection (premier groupe); on 
irradiait le singe du premier groupe pendant les premières cinq semaines 
tous les 5 à 6 jours, puis tous les 3 à 4 jours; chez les animaux du 
deuxième groupe, ou à interrompu l'irradiation pendant 2 semaines et demie 
après les trois premières séances, puis un des animaux a été irradié tous les 
2 à 4 jours et l’autre tous les 4 à 8 jours; les animaux du troisième groupe 
ont été irradiés tous les 2 ou 3 jours. 


Le témoin du premier groupe à péri 37 jours après l'infection, les 
{émoins du deuxième groupe 45 et 47 jours après l'infection, et les 


1264 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


témoins du troisième groupe 37 et 39 jours après l'infection. Tous Les 
animaux ont présenté des chancres tuberculeux à l'endroit de l’injec- 
tion et, à l’autopsie, on a constaté des phénomènes bien prononcés de 
tuberculose généralisée : le péritoine, l’épiploon et surtout le foie, la 
rate et les poumons étaient remplis partout de foyers tuberculeux. 

Sur les cinq animaux irradiés, un animal seulement, appartenant au 
deuxième groupe et chez lequel la rate a été irradiée de temps en temps 
à de grands intervalles, est mort de mort naturelle; il a péri 77 jours après 
l'infection. Les quatre autres animaux ont été sacrifiés à des moments 
différents. Le singe du premier groupe a été sacrifié 80 jours après 
l'infection; on a constaté chez cet animal considérablement moins de 
foyers tuberculeux dans le foie et dans la rate et à des dimensions plus 
petites que chez les témoins; on n’a pas observé de foyers tuberculeux 
dans les poumons. Chez le deuxième singe du deuxième groupe, sacrifié 
90 jours après l'infection, il n’y avait même pas de chancre tuberculeux 
à l'endroit de l'injection; mais il y avait à cet endroit une enflure qui 
s’est maintenue pendant 63 jours et qui s’est formée au cours des 
2 semaines et demie pendant lesquelles le traitement a été interrompu. 
À l’autopsie, on a constaté que la rate avait des dimensions et une 
coloration normales ; il y avait sur la rate deux et sur le foie peu de 
foyers tuberculeux; il n’y avait pas de foyers dans les poumons. Un 
singe du troisième groupe a été sacrifié trente-neuf jours après l’infec- 
tion, le jour de la mort du témoin. A l’autopsie de cet animal, on n’a 
constaté que trois foyers dans les poumons; la rate et le foie étaient 
normaux. Le deuxième singe du troisième groupe a été sacrifié cin- 
quante-huit jours après l'infection ; à l'endroit de l'injection, il s’est 
formé pendant la deuxième semaine un abcès qui s’est ouvert et a 


laissé une cicatrice. A l’autopsie, tous les organes, à l'exception des 


poumons légèrement affectés, avaient l'aspect tout à fait normal. 

On voit ainsi que, en dépit de l'infection avec de grandes doses de 
bacilles tuberculeux très virulents, dans tous les cas les singes irradiés 
ont survécu aux témoins, et dans quatre cas sur cinq les changements 
dans les organes internes étaient moins profonds que chez les animaux 
témoins {dans trois cas cette différence a été bien prononcée). 

Si je n’ai pas réussi à observer l'influence de l’irradiation de la rate 
chez le singe en cas d'infection avec des doses faibles de bacilles tuber- 
culeux, j'ai fait dans cette direction des expériences sur des cobayes. 


Vingt cobayes ont recu des injections sous-cutanées de 0 milligr. O1 de 
bacilles tuberculeux; dix de ces cobayes ont été irradiés tous les deux à 
quatre jours (on a commencé le traitement dès le deuxième jour après 
l'infection) par la dose indiquée de rayons X. Quatre témoins ont péri d'une 
infection accidentelle. Chez six cobayes qui ont péri soixante-dix à quatre- 
vingt-treize jours après l'infection, la rate a augmenté de volume de cinq à 
dix fois, et ce n’est que dans un cas qu'elle à augmenté de vingt à vingt-cinq 


RTS PP NET 7 REPOSER CPE PTT VE EST 


SÉANCE DU 14 JUIN 1263 


fois par : rapport à la rate normale; on a constaté des foyers. tuberculeux 
dans la rate, le foie et les poumons: Quatre cobayes irradiés ont. péri 
d’une infection accidentelle. Les six autres cobayes irradiés ont été sacriliés 
le jour de la mort du dernier cobaye témoin. Chez deux de ces éobayes 
la rate avait des dimensions normales; chez les quatre autres la rate a 
augmenté de volume de une fois el demie à déux fois par rapport à la rate 
normale; dans trois de ces quatre cas la rate a présenté des granulations ; Îles 
autres organes Dsttises ne présentèrent Res de CHENE FA 
” 
L'irradiation de Ja. rate, dans deux cas, semble. avoir, préservé, les 
cobayes de l'infection tuberculeuse ; dans les autres cas on n’a observé 
que des phénomènes légers d'un commencement d'un processus tuber- 
culeux. Nous nous proposons de continuer nos expériences sur les 
cobayes. es HAE 


(Travail du laboratoire. de M. le professeur Metchniko ff.) 


LES MOUVEMENTS DE L'ESTOMAC ET DU DUODÉNUM 
ÉTUDIÉS PAR LA MÉTHODE DE LA FDL UEION 


par PauL CARNOT. Mo TN 
À La méthode de la perfusion (telie que nous l'avons précédemment 
décrite avec Roger Glénard pour l'étude des mouvements intestinaux) 
| peut être appliquée à l'estomac, isolé et en survie, du chat. Elle donne 
une série d'images, faciles à suivre età fixer par la cinématographie, qui 
renseignent sur là nature des mouvements du fond, de lantre prépylo- 
… rique, du pylore et du bulbe duodénal. Il y à quelque intérêt à juxta- 
poser ces images à celles qui ont été observées par la radioscopie au 
cours de la digestion gastrique d’un repas bismuthé, mo 
Le chat est l'animal le plus favorable à cette étude : l'animal, à jeun 
depuis la veille, étant tué par saignée, la masse viscérale est détachée 
et transportée dans un bain à 38 degrés; la perfusion est alors établie, 
à vitesse et pression constante, avec du liquide de Locke oxygéné ou, 
mieux, avec du sang défibriné, du sérum ou du liquide..d'ascite. Il est 
- bon, pour bien observer les mouvements, de distendre moyennement 
l'estomac avec une pâte semi- HI (empois d'amispe en He 
exemple). : 
Les mouvements commencent bientôt, d’abord Am ns au niveau 
du fundus, puis de plus en plus développés dans la région de Lente 
prépylorique et du bulbe duodénai. 


a) Du côté du re une des images les plus caractéristiques. _ 
représentée par un globe de contraction, véritable ballon fundique, la 
BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T, LXXIV. 88 


4266 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


partie haute de l'estomac se durcissant et s’arrondissant en une sphère 
limitée vers le bas par un profond sillon médio-gastrique. Ce sillon, très 
accusé, qui correspond à une contraction énergique des fibres circu- 
laires, délimite vers Je bas une deuxième sphère plus petite, donnant 
ainsi une ébauche de biloculation gastrique. 

Pareille image doit être comparée au phénomène clinique décrit par 
Cruveilhier sous le nom de durcissement intermittent de l'estomac, par 
Bouveret sous le nom de tension intermittente de l’épigastre. Si ce signe 
ne s'observe guère que dans les sténoses pyloriques (et a, par là même, 
une grande valeur diagnostique), c’est que les contractions gastriques 
sont alors particulièrement énergiques et deviennent apparentes, même 

à travers la paroi; or, nos perfusions montrent qu'à un moindre 
degré il s'agit là d’un phénomène normal de la contraction gastrique. 

Le globe de contraction du fundus (que Cruveilhier comparait au 
globe de contraction de l'utérus gravide) peut rester durci pendant 
quelques secondes, se relâcher et reparaître ensuite en même place. Ou 
bien les sillons qui le délimitent se déplacent : au sillon médio-gas- 
trique succède un ventre, à la boule succède un sillon qui a son symé- 
trique de l’autre côté; enfin chaque sillon secondaire peut se dédoubler 
à son tour. L’estomac prend ainsi, successivement, une forme en globe, 
une forme en bissac, une forme multi-ampullaire en rhizome d’iris, etc., 
chaque sillon étant d'autant moins profond qu'il siège vers la région 
cardiaque. Cette succession de bosses et de sillons, alternant l’un l’autre 
et s’atténuant vers le cardia tandis qu'ils se renforcent vers l’antre, 
donne l’aspect d’un cheminement péristaltique. 

On observe, d'autre part, au niveau du fond, de vraies ondes péristal= 
tiques régulières, se propageant de la région vers l’antre. 
Les ondes antipéristaltiques sont, par contre, tout à fait exceptionnelles. 


b) Du côté de l’antre prépylorique, apparaissent (généralement à une 
période un peu plus tardive) des images de contraction assez particu- 
lières. 

L'antre prépylorique représente une segmentation de la portion termi- 
nale de l'estomac, limitée par une scissure pré-antrale. Celle-ci peut 
être simplement ébauchée ou être plus profonde et produire alors 
l'occlusion complète de l’antre, ainsi que l'isolement d’une partie du 
contenu gastrique. 

L'anneau de contraction pré-antral siège lui aussi, non pas en un 
point anatomique défini, mais en divers points d'une zone particuliè- 
rement contractile. 

L'’antre lui-même, fermé par l'anneau de contraction pré-antral, est 
animé de mouvements péristaltiques qui poussent ce bol vers le pylore. 

El à, de plus, un mouvement de rétraction active, qui exprime ce bol 
et cherche à l'énucléer vers l’orifice pylorique. Si le sphincter pylorique 


+ 


Ne TT ES 


MR ti L'ESAR DE UT 
: : F 


SÉANCE DU 14 JUIN 1267 


s'entr'ouvre, le bol alimentaire antral est projeté dans le bulbe duo- 
dénal. Mais nous verrons qu'inversement, si la contraction du bulbe 
duodénal est plus puissante que celle de l’antre, elle peut refouler, vers 
l'antre prépylorique, le contenu de ce bulbe et, notamment, la sécrétion 
pancréatico-biliaire. 

Il y a, en résumé, une zone pré-antrale de contraction, comme il y 


. avait une zone médio-gastrique de contraction; cette zone isole une 


Eslomac et intestin de chat perfusés. 
L'estomac présente un globe de contraction du fundus et une profonde scissure 
médio-gastrique. 
Le sillon pré-antral n’est pas constitué, mais l’antre prépylorique est déjà bien 
individualisé. 
Le pylore est fermé complètement. 


Le duodénum présente, avant son premier coude, une bague de fermeture et des 
ondulations antipéristaltiques. 


Contractions lentes de la vésicule biliaire. 


cavité antrale, qui, en se contractant, pousse le bol alimentaire sé- 
questré, de même que la contraction en globe du fundus exercçait une 
poussée sur son contenu, il y a enfin, pour l’un et l'autre segment, des 
ondes péristaltiques énergiques qui déterminent un mouvement de 
propulsion vers l'intestin grêle. à 


c) Du côté du bulbe duodénal, on constate, sur l'organe perfusé, des 
mouvements de sens inverse. En effet, le duodénum est, de tous les 


1268 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


segments digestifs perfusés, le seul qui nous ait présenté, avec régu- 
larité, des mouvements antipéristaltiques; par une série de processus 
actifs, il tend à exercer sur la valvule pylorique une contrepression qui 
fasse équilibre à la pression antrale et qui, par là même, empêche: l’'ef- 
fraction du contenu gastrique : il soulage ainsi le sphinetertpylorique: 
. On constate, en effet, que tandis que l’antre prépylorique se contracte 
et pousse son contenu dans un sens péristaltique, le duodénum présente; . 
de 5 à 10 centimètres du pylore, une série de bagues circulaires de con- 
traction, énergiques et occlusives, aboutissant parfois à de véri- 
tables bourrelets d’invagination, et qui, sur plusieurs étages, se super- 

posent pour protéger efficacement l’entrée de l'intestin see DE 
l'irruption du contenu gastrique. 

Le duodénum présente, d'autre part (surtout | au moment où se 
manifestent les efforts antraux}, une rétraction active qui diminue sa 
longheur de moitié et qui, s'appuyant sur les bagues de fermeture pré- 
cédehtes, tend à exprimer son contenu vers le pylore. 

Enfin, une série d'ondes antipéristaltiques, intenses, régulières, re- 
montent le contenu vers le pylore et concourent au même résultat. 

Quant au bulbe duodénal lui-même, il ne participe pas directement à 
ces contractions. Il représente un laboraloire d’essais où sont examinés 
les bols alimentaires, déjà isolés et sélectionnés dans l’antre prépylo- 
rique : suivant cet examen, se produisent des réflexes, nerveux ou 
humoraux, qui ouvrent ou ferment le sphincter pylorique, compriment 
ou décompriment la musculature antro-gastrique d’une part, bulbo- 
duodénale de l’autre, et aboutissent ainsi au passe ou au reflux 
pylorique. 

Si l'examen est satisfaisant, le pylore s'ouvre; le duodénum se 
décontracte et des ondes péristaltiques y apparaissent; les mouvements 
antagonistes, antraux et bulbaires, soulagent doncle travail du sphincter 

pylorique et ont un rôle primordial dans la commande de l'évacuation 
gastrique. 

Dans d'autres circonstances, par contre, une contrepression hubblo 
duodénale aboutit au reflux, dans l'estomac, du contenu duodénal et 
du liquide de sécrétion duodénale, biliaire ou pancréatique, ainsi ue 
nous le verrons prochainement. 


:: SUR L'ACTION ANTISEPTIQUE DE L'OR ET DE L'ARGENT, 


par B. SAUTON. 


On sait qu’à faibles doses, les sels d’or et d'argent entravent la cul- 
ture :du bâcille:tuherculeux. Après douze jours, on ne constate aucun 


ad ne: M tnt din + ci di. dé 2 dr Ge de": Lai cé Eté EEE et 
\ t 4 


do mie ini ven à an Gide: D Hu RS cepe quét dd SRE S 


SÉANCE DU 14 JUIX 1269 


développement de ce mierobe sur un milieu artificiel (1) additionné d'un 
cinq cent millième de chlorure d'or ou de nitrate d'argent, Pourtant, 


en prolongeant l'expérience, la culture s'établit peu à peu dans-les 
essais à l’argent et, après trente-cinq jours, on obtient pour 100:€.e. 


de liquide nutritif les poids suivants de microbes, secs à 105 degrés :: 


TÉMOINS OR ARGENT 


0.920 — — 
LOTO Se. PÉ PERNEREMANRER » 0.30% 0.919 
1 OUT Rae ME PESTE UE » 0.000 0.422 
1 JB JU PUDS EAST LS MSNE FÉES EEE RTE » 0.000 0.225 


J’ai souvent constaté qu'on peut empècher la culture par simple 


‘addition de grenaille d’argent au milieu nutritif. La semence prend 


une teinte brun foncé et elle ne se développe pas après deux mois. 
Dans les mêmes conditions, l'or métallique est sans action. Je dois 
ajouter que, sans cause conuue, les bacilles fournissent parfois une 
végétation abondante, malgré la présence de l'argent, et cette observa- 
tion est à rapprocher de celles des auteurs (2) qui ont signalé la même 
irrégularité dans l’action de l'argent sur l'Aspergillus niger ou sur 
l'A. fumigalus. 


L'expérience montre que l’irrégularité du résultat n'est pas 
attribuable au fait que la semence ne serait pas toujours identique à 
elle-même. Pour le bacille de Koch, l’ensemencement était pratiqué 
avec une portion d'un voile de huit jours, toujours développé sur le 
même milieu. Pour l’Aspergillus, l'argent métallique agit identique- 
ment, qu’on ensemence soit des spores, soit un mélange de spores et de 


fragments de mycélium. Dans le cas de l'Aspergillus fumigatus, dont 


les conidies sont très petites, la filtration sur papier Chardin permet 


cette séparation. Plus simplement, on peut par chauffage respecter les 


spores et tuer le mycélium. Quelles que soient les conditions, l'argent 
n'arrête pas toujours les cultures. 

L'état sous lequel on introduit le métal est également indifférent. Il 
faut saus doute admettre que le milieu de culture n’est pas, malgré les 
précautions, toujours identique à lui-même. Peut-être, dans certains 
cas, l’argent est-il réduit aussitôt entré en solution. C'est à cette 
réduction, immédiate à l’autoclave, qu'il faut attribuer le fait que 
certains auteurs n'aient pas constaté l’arrêt des cultures d’Aspergillus 
même par les sels solubles d'argent. Ces composés, sans aucune action 


(1) Sauton. Comptes rendus de l’Acad. des sciences, t. CLV, p. 860. 

(2) Rénon. Etude sur l'aspergillose, 1897, p. 155. — Hugues Clément. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 12 avril 14913. — Codur et Thiry. Comptes 
rendus de la Soc. de Biologie, 1°" mars 1913. 


1270 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


après chauffage dans le liquide réducteur, retardent toujours nettement 
le développement de la moisissure, quand ils sont ajoutés à froid, aux 
doses très petites indiquées par Raulin. Mais dans le cas de l'argent 
métallique, on ne comprend pas pourquoi, à la température de l’étuve, 
cette réduction aurait lieu dans certaines expériences et pas dans 
d’autres. 

Le degré d’acidité du milieu est indifférent. L'action empêchante de 
l'argent peut se manifester également bien quand la dose d’acide 
tartrique du liquide Raulin varie de 0,2 à 0,7 p. 100. De même, l'argent 
métallique peut entraver la cullure du bacille de Koch, que le milieu 
soit alcalin, neutre ou faiblement acide. 

On pourrait faire l'hypothèse que l'argent insolubilise dans la cellule 
vivante, où il se fixe, un élément dont l'utilité n’est pas connue. Si, par 
exemple, le chlore élait nécessaire, à dose infinitésimale, au dévelop- 
pement de la moisissure et du bacille, on comprendrait que de faibles 
variations dans les doses de cet élément, présent dans le liquide à 
l'insu de l’opérateur, aient pour conséquence une irrégularité dans 
l’action de l'argent. Le fait que le chlorure d’argent empêche la culture 
infirme cette hypothèse. Il faut observer pourtant qu'une proportion 
de 0,01 p. 100 KCI dans le liquide nutritif diminue notablement l'action 
des sels d'argent, aux doses où le chlorure de ce dernier métal est 
soluble. Il est vrai que celte solubilité est diminuée par la présence du 
chlorure alcalin. Cette dernière observation peut expliquer partiel- 
lement pourquoi, comme je l'ai souvent constaté, les sels d'argent sont 
sans action sur le développement de l'A. fumigatus dans l'organisme 
animal. 


En résumé : 1° l’action empêchante de l'argent métallique se mani- 
feste de la même manière sur la culture de l’Aspergillus et sur celle du 
bacille tuberculeux. Mais, dans l’un et l'autre cas, sans que la cause en 
soit actuellement connue, l'expérience ne réussit pas d’une manière 
régulière alors que le résultat indiqué par Raulin aurait permis de 
croire à une action constante de l'argent sur l'A. niger. Cette irrégula- 
rilé ne saurait être expliquée qu’à la lumière de nouvelles expériences; 
2° les sels d'argent entravent toujours à faibles doses la végétation du 
bacille tuberculeux; mais à la longue la culture finit par s'établir; 
3° tout au contraire les sels d’or ne permettent pas le développement, 
même tardif, de ce microbe. 


à 2 
AE A 7. 


SÉANCE DU 14 JUIN 19271 


L'ACTIVITÉ PEROXYDASIQUE 
DES EAUX THERMALES DE ROYAT EMBOUTEILLÉES. 


Note de G. BrzrarD et A. MoucEor, présentée par E. GLEy. 


Pour comparer l’activité peroxydasique des eaux embouteillées à celle 
que nous avons précédemment mesurée dans l’eau, à sa sortie immé- 
diate du griffon (1), nous avons de nouveau employé exactement la 
même méthode. 

Voici les résultats concernant l’eau de la source Saint-Mart, embou- 
teillée depuis un an à peu près jour pour jour, et sans réchauffement 
préalable. Cette eau, conservée à une obscurité relative et à la tem- 
pérature du laboratoire, était parfaitement limpide (léger dépôt 
ferrico- calcaire tombé au fond) et sans autre odeur qu’une légère odeur 
de gaz carbonique. Les bouteilles, restées debout, avaient conservé une 
certaine pression d'acide carbonique libre, mais sans dégagement 
spontané de gaz dans l’eau; le bouchon, selon le procédé actuellement 
en usage à la station, avait son extrémité inférieure coiffée d'une feuille 
d’étain, empêchant le contact de l’eau minérale avec le liège. 


50 c.c. d’eau minérale sont mélangés avec 5 c.c. d’eau oxygénée chimi- 
quement pure et diluée au 1/10, et placés à l’étuve à 37 degrés. Ce mélange 
est titré immédiatement avant la mise à l’étuve et de nouveau au bout de 
vingt-quatre heures de séjour à l’étuve, et le titrage sur 5 c.c. du mélange 
montre qu'il équivaut à 27 c.c. de permanganate au 1/1000 avant, ei à 
1 c.c. 7 après le séjour à l’étuve. La déperdition totale est donc équivalente 
à 24 c.c. 3 de permanganate. 

Nos mensurations précédentes nous ont appris que la ere spontanée 
de l’eau oxygénée en milieu isotonique et iso-alcalin et à 37 degrés est de 
10 p. 100 à vingt-quatre heures. Ceci nous permet d'établir que, abstraction 
faite de la décomposition spontanée, l’eau de Saint-Mart embouteillée 
conserve un pouvoir peroxydasique égal à 

D ALT 
21,0 —2,7 —99,0%p: 1007 
Toutes choses égales d’ailleurs, l’eau de Saint-Mart à sa sortie immédiate du 
griffon nous avait donné (1912) tantôt 93,0 p. 100, tantôt 93,5 p. 100. 


Done, dans l’eau embouteillée et conservée avec les précautions habi- 
tuelles, le pouvoir peroxydasique persiste complètement, intégralement 
au bout d’un an. 


Avec une dose double d’eau oxygénée, autrement dit dans le mélange 
de 50 c.c. d’eau de Saint-Mart de la même bouteille avec 40 c.c. d’eau 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 29 juin 1942. 


4972. | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


? 


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oxygénée, nous avons constaté dans les mêmes conditions d'étude une 
activité peroxydasique telle que, en vingt-quatre heures, 95,7 p. 100 de. 
l'eau oxygénée était détruite par l’eau minérale, en dehors des 10 p. 100 
de décomposition spontanée de l’eau oxygénée. Ici encore, le pourcen- 
tage égale celui déterminé avec l’eau venant d’ê tre prélevée au griffon. 

Donc, comme nous l'avions déjà vu avec l’eau neuve, l’activité 


peroxydasique croît en présence de proportions pis fortes de pertes 
d'hydrogène. | 


Cependant, nous avons remarqué que la destruction de l’eau oxygénée 
par l’eau embouteillée était retardée. 

Elle ne représentait que 5 à 40 p. 100 à la fin de la première heure 
d’étuve; elle ne devenait forte qu’au début de la deuxième heure. 
Au contraire, avec l’eau sortant du griffon, la décomposit:on de HO° est 
à son maximum d'activité au bout d’une demi-heure (1) et une plus 


forte proportion de DÉNSNe a été détruite à la fin de la première 
heure. 


LES GLANDES DE MOLL CHEZ LE PORC. 


Note de R. Arcaun et M. FaLLOUEY, présentée par Ér. RETTERER. 


On considère, depuis Sattler (2), les glandes de Moll comme des 
glandes sudoripares arrêtées dans leur développement et dans lesquelles 
le glomérule est remplacé par un canal simplement contourné en S ou 
en zigzag. Si pareille descriplion est parfaitement exacte en ce qui 
concerne l’homme et quelques mammifères, il n'en est pas moins vrai 
que, chez certaines espèces, les glandes de Moll, loin de répondre à des 
formes abortives, présentent une très grande différenciation et possè- 
dent, aussi bien que les glandes sudoripares adultes, un glomérule et un 
conduit excréteur. | 

Nous avons déjà signalé qu’il n’existe pas de glandes de Meibomius 
intra-tarsiennes dans les paupières du porc; le tarse y est représenté 
par une lame compacte très pauvre en fibrilles élastiques, presque 
scléreuse. Par contre, immédiatement en avant de cette lame tarsieane, 
les coupes sagittales montrent des glomérules glandulaires profondé- 
ment logés dans l'épaisseur des paupières et qui font partie de glandes 
de Moll anormalement développées. 

Chez l'homme, les tubes glandulaires de Moll possèdent une longueur 

°(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1 juin 1913. 

(2) Beitrag zur Kenntniss der modificirten (Moll'schen) Schweissdrüsen des 
Lidrandes. Arch. f. m. Anat., t. XII, 1877. 


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SÉANCE DU Â4 JUIN 1978 


qui varie habituellement entre 0""4 et 05 et le diamètre de la partie 
sécrétante mesure de 025 à 0"®1 en moyenne. 


Chez le porc, la glande de Moll pénètre dans la paupière jusqu'à une 
distance de 3 millimètres à partir du bord libre et sa portion distale se pelo- 
tonne en un glomérule dont le diamètre atteint jusqu'à 14 millim. 4/2. Dans 
le glomérule, le diamètre du tube est de 200 x. Rappelons, à ce sujet, que les 
plus volumineuses parmi les glandes sudoripares, les glandes axillaires, ne 
dépassent guère ces diamètres (1 à 2 millimètres pour la partie glomérulaire, 
450 à 230% pour le tube excréteur). Enfin, un grand nombre de conduits 
excréteurs ne débouchent pas directement à la surface de la peau. Ce fait a 
déjà été signalé par plusieurs auteurs, mais avec quelques modalités. C’est 
ainsi que Waldeyer décrit des rapports très étroits entre les glandes sudori- 
pares et les glandes sébacées, tandis que Sattler faisait s’ouvrir les glandes 
de Moll à la partie inférieure des bulbes pileux, parfois deux ou trois dans le 
même bulbe. 

On aperçoit, autour de chaque glomérule, des fascicules de fibres muscu- 
laires lisses qui constituent, malgré leur discontinuité, une véritable gaine 
contractile se modelant à la surface des glandes. Dans le glomérule, chaque 
tube sécréteur est entouré par une lame d’aspect endothélial et formée, comme 
d’ailleurs dans les autres glandes sudoripares, par des cellules connectives 
dont les bords chevauchent légèrement. Cette lame endothélioïde tapisse 
extérieurement une vitrée très épaisse sur laquelle reposent, en dedans, la 
couche myo-épithéliale et enfin l’assise des cellules sécrétrices. 

Les cellules sécrétrices sont généralement cylindro-coniques et leurs dimen- 
sions dépassent de beaucoup celles des cellules correspondantes chez 
l'homme. C’est ainsi que leur hauteur varie de 30 à 40 p, avec des noyaux 
de 10 y. On sait que, dans les glandes axillaires, les cellules glomérulaires 
atteignent une longueur de 35 à 40 p. Les glandes de Moll du pore présentent 
donc, non seulement l'allure générale des glardes axillaires, mais encore leurs 
cellules possèdent à peu près les mêmes dimensions. 

L'extrémité apicale de ces cellules émet fréquemment un petit bourgeon 
plus ou moins étroitement pédiculé, comme sur le point de se détacher. 
Quant au chondriome, il est très richement représenté par des chondriomites 
et surtout par des mitochondries éparses et irrégulières. 


Comme Nicolas, Regaud et Favre (1) l’ont déjà décrit dans les glandes 
sudoripares, ici encore les mitochondries se trouvent, non seulement 
dans la région infra-nucléaire, mais encore dans la région supra- 
nucléaire. Cependant, dans quelques cellules, l'extrémité libre en est 
privée et à leur place apparaissent de grosses gouttelettes claires très 
réfringentes, souvent confluentes ou tellement rapprochées que le 
protoplasme prend l’aspect vacuolaire. 


(4) J. Nicolas, Ch. Regaud et Favre. Sur la fine structure des glandes sudo- 
ripares de l’homme. C. R. Association des anatomistes, 1912, p. 194. 


1274 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Parfois même, on peut observer des rapports de contiguité entre 
l'extrémité spéciale des chondriomites et ces gouttelettes. 

Enfin, il n’est pas rare de trouver des segments de tubes sécréteurs 
qui, sur les coupes transversales, rappellent entièrement des culs-de-sac 
de glandes sébacées; les cellules se sont multipliées au point de remplir 
toute la lumière et sont disposées comme des cellules à sébum. Meissner 
avait déjà mentionné la possibilité qu'ont les glandes sudoripares de se 
comporter comme des glandes sébacées. L'opinion de Meissner fut 
contestée par un grand nombre d’histologistes, mais adoptée par Unna, 
Prôbsting, etc. 


En résumé : 1° Dans les paupières du porc, les glandes de Moll sont 
aussi volumineuses que les glandes axillaires humaines et possèdent 
tous les caractères des glandes sudoripares ayant atteint leur complet 
développement; 2° Le chondriome est représenté par des chondrio- 
mites et des mitochondries quise rencontrent jusque dans la zone supra- 
nucléaire de la cellule ; 3° Les glandes de Moll s'ouvrent les unes libre- 
ment entre les cils, les autres dans les follicules pileux, soit isolément, 
soit en confluence avec les glandes sébacées; 4° Dans certains glomé- 
rules, l'épithélium glandulaire prolifère au point d’oblitérer la lumière 
et la sécrétion mérocrine habituelle fait place à une sécrétion holocrine. 


DES son APPARITION, LE GANGLION LYMPHATIQUE EST HÉMATIFORMATEUR, 


par Év. RETTERER et AUG. LELIÈVRE. 


Nous avons montré dès 1900, par l’histogenèse et l’expérimentation, 
que le ganglion lymphatique du fœtus et de l'adulte fabrique des 
hématies, c’est-à-dire qu'il est hématiformateur (1). Si la présence des 
hématies dans les sinus ou le tissu même des ganglions a été constatée 
par tous les observateurs, on est loin d’être d'accord sur leur origine. 
Pour les uns, ce sont des hématies extravasées destinées à être phago- 
cytées; d’autres admettent qu'on ne les rencontre que dans une espèce 
distincte de ganglions appelés hémolymphatiques. 

Afin d’élucider ce problème et de mieux déterminer les conditions de 
l'hématiformation,nous avons, avec notre technique, étudié les ganglions 


(1) Malgré les avertissements que nous avons été obligés de réitérer dans ces 
Comptes rendus, 22 janvier 1910, p. 100, et 20 juillet 1912, p. 1463, Weidenreich 
continue, dans le Traité du Sang de Gilbert et Weinberg, 1913, p. 79, à attri- 
buer à H. Fischer (1909) la découverte de l’'hématiformation dans les ganglions 
Jymphatiques. Pure négligence, sans doute ? 


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SÉANCE DU 14 JUIN 1975 


poplités et inguinaux des embryons de mouton et les ganglions mésen- 
tériques du porc. 


A. — Mouton. Les ganglions poplités des embryons de mouton longs de 
20 centimètres sont au stade des ganglions inguinaux que l'un de nous f1) a 
décrits et figurés sur les embryons de cobaye longs de 3 à 6 centimètres. Ce 
sont des nodules de fissu conjonctif réticulé, larges de 0""3, entourés d’un 
sinus périphérique et d’une mince capsule. A côté des vaisseaux sanguins 
circonscrits par une ou une double rangée de cellules formant une paroi bien 
limitée, on observe, dans le nodule, des taches ou îlots qui sont pleins d'hé- 
maties et atteignent un calibre de 25 à 30 y. Ils se continuent avec les lym- 
phatiques efférents qui contiennent de nombreuses hématies libres. 

Par l'étude du tissu du nodule, on se rend compte du mode de formation 
et des îlots et des hématies : le tissu réticulé du nodule représente un syncy- 
tium de cellules dont chacune est formée par un réticulum hématoxylinophile 
et un hyaloplasma remplissant les mailles du réticulum. L’hyaloplasma 
commence par se vacuoliser et disparait par résorplion ; de là, développe- 
ment d'un réticulum cellulaire à mailles vides. Ensuite, les filaments du réti- 
culum se désagrègent, pendant que les noyaux deviennent hémoglobiques. . 

La conversion des noyaux en hématies, la désorganisation du cytoplasma 
et sa fluidification déterminent ainsi la formation des {lots rouges, creusés 
en plein syncytium. Dans les points où ils confinent aux lamelles, aux 
filaments chromophiles, ceux-ci simulent un revêtement endothélial. 

Sur le mouion à terme, ies ganglions poplités et inguinaux sont les uns 
encore au stade précédent, tandis que les autres se présentent comme des 
masses constituées par un réseau de cordons de tissu réticulé, entre 
lesquels s'étendent des sinus larges, de 002 à O0®m"06. Ces sinus se 
trouvent à l'état de tissu réticulé à mailles vides avec revêtement endo- 
thélial. Dans les cordons anastomosés on observe comme précédemment les 
mêmes images de fluidification du cytoplasma et d’hématiformation aux 
dépens des noyaux (comparer la fig. 8 de la pl. XI, loc. cit., 1901). 

B. — Porc. Dans le mésentère des embryons de porc long de 17 centimètres, 
on voit le long de chacune des faces du réseau admirable une bande de très 
nombreux ganglions lymphatiques. L’ébauche de chaque ganglion comprend 
un nodule central de tissu réticulé plein et un cortex de sinus lymphatiques. 
Bien que moins étendus que dans les ganglions poplités et inguinaux du 
mouton, les ilots sanguins du nodule ont même structure et se développent 
d’après le même processus que chez le mouton. 


En résumé, le nodule de l’ébauche ganglionnaire est un amas de 
tissu réticulé dont les mailles sont pleines d'hyaloplasma. Par la fonte 
de l’hyaloplasma, il se développe du tissu réticulé dont les mailles vides 
constituent les sinus communiquant avec les lymphatiques efférents. 
Quand les filaments du réticulum se désorganisent eux-mêmes et quand 
les noyaux deviennent hémoglobiques, tout le territoire cellulaire corres- 


(1) Journal de l’'Anatomie, 1901, pl. X, fig. 1 à 4, p. 504, et 1907, p. 112. 


4276 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pondant se convertit en un ilot rouge dont les hématies sont finalement 
enlevées par le courant lymphatique. 

Résultats et critique. — Après que E. À. Lauth eut montré, en 1824, 
que la place du futur ganglion lymphatique est occupée par un peloton 
de vaisseaux lymphatiques, Ranvier signala, en 1897, la tache ou plutôt 
le nodule rouge vif qui marque l’apparition du ganglion. À son avis, il 
serait dû à un réseau de capillaires sanguins (angiome simple). Ensuite 
le nodule de capillaires sanguins serait pénétré et traversé par les rami- 
fications parties des lymphatiques afférents : l’angiome simple devien- 
drait angiome caverneux. Enfin, la paroi des ramifications lymphatiques 
végéterait ou se percerait de trous en se décomposant en fibrilles sous 
l'influence du courant lymphatique (cavernisation). 

C'est sur l’origine et les connexions des îlots sanguins qui se pro- 
duisent dans le nodule que nous différons de Ranvier et de ceux qui 
l’ont suivi. Ranvier les prenait pour des bourgeons émanant des capil- 
laires sanguins, pour des capillaires embryonnaires de fort calibre. Par 
les fixations précises, les coupes sériées et les colorations appropriées 
ou se convainc facilement du contraire : les capillaires sanguins, les 
artérioles et les veinules sont clairsemés dans le nodule et sont limités 
par des assises cellulaires constituant un revêtement continu. Les îlots, 
quoique renfermant des hématies comme eux, s’en distinguent par leur 
contours sinueux et l’absence de paroi vasculaire. Ils occupent des 
espaces creusés dans le tissu réticulé du nodule. Leur mode de forma- 
tion confirme cette conclusion : à leur pourtour, on voit des noyaux qui 
sont en place aux points nodaux du tissu réticulé et présentant les 
réactions tinctoriales de l’hémoglobine; plus loin, on observe des 
noyaux qui contiennent encore des grains hémoglobiques, mais qui 
sont libres par désagrégation du réticulum. Ce n’est done pas le bour- 
geonnement actif des vaisseaux sanguins qui produit les îlots sanguins 
(angiome simple); la végétation des vaisseaux lymphatiques n y creuse 
pas non plus des sinus (angiome caverneux). Les modifications appa- 
rentes et slructurales du nodule primitif (tissu réticulé plein) sont déter- 
minées par la fonte du cytoplasma, la dégénérescence hémoglobique des 
noyaux (îlots sanguins), puis l'entraînement des produits libres (leuco- 
cytes et hématies) ; d’où la formation de cavités ou sinus lymphatiques. 

Pareil processus n’est qu’un cas particulier de l’évolution régressive 
qui se rencontre lors du développement des bourses muqueuses et des 
cavités articulaires. | 

Pendant que les centres germinatifs procèdent à la régénération de 
nouveaux amas de tissu réticulé, le ganglion continue toute la vie à 

être le siège des mêmes phénomènes régressifs, c’est-à-dire que son 
tissu se résout en plasma d’une part, en lymphocytes et en hématies de 
l’autre. La seule différence tient aux conditions mécaniques de la circu- 
lation lymphatique : lente chez l'embryon, elle permet aux hématies de 


_SÉANCE DU 14 JUIN ‘1977 


stagner dans les sinus; très rapide chez l'adulte, elle entraine Iympho- 
cytesret hématies dès leur mise en liberté. Si l’on empéelié expérimen- 
talement l’écoulement de la lymphe, c’est-à-dire qu'on retienne les 
produits élaborés dans le ganglion, on retrouve, chez l'adulte, des 
sinus gorgés d'hématies (loc. cit., 1907, p. 113). En changeant les con- 
ditions générales de la circulation (loc. cit., 1910, p. 100), on arrive 
aux mêmes résultats : il suffit de comparer les ganglions inguinaux de 
deux cobayes, l’un venant de naître, et l’autre ayant vécu un ou deux 
Jours, pour constater que les ganglions du premier ont des sinus pleins 
d'hématies, tandis que ceux du second en sont à peu près dépourvus. 
Le ganglion embryonnaire et adulte élabore constamment des hématies 
qui passent dans les sinus; la présence ou l'absence d’hématies dans le 
tissu même ou les sinus du ganglion est due uniquement à la force 
variable du courant lymphatique. | 

Si les îlots sanguins ne représentent pas un réseau de capillaires san- 
guins dilatés, ils ne sont pas non plus constitués par des ramifications 
veineuses, comme l'admettent Miss Sabin et d'autres en ce qui concerne 
la variété des ganglions qu'ils appellent hémolymphatiques. Par l'expé- 
rimentation, il est facile de transformer un seul et même ganglion en 
ganglion soit hémolymphatique, soit ordinaire, ou vice versa. 


Conclusion. — La teinte rouge vif de l’ébauche ganglionnaire est 
due à la formation d'ilots d'hématies aux dépens du tissu même du 
nodule. En se vacuolisant, puis se résorbant, le cytoplasma de terri- 
toires entiers du nodule se creuse de sinus qui contiennent les noyaux 
devenus hémoglobiques. Ces territoires ainsi évolués figurent alors des 
lots rouges qui persistent plus ou moins longtemps chez l’embrvon, 
parce que la circulation lymphatique s’y fait avec une extrême lenteur. 
Dès que le courant lymphatique augmente, il entraine les hématies 
naissantes et transforme le ganglion jusque-là hémolymphatique en un 
organe d'apparence grisätre ou ganglion ordinaire dont cependant la 
structure et les fonctions restent les mêmes qu'aux premiers stades. 


SUR LA GUÉRISON DU TÉTANOS EXPÉRIMENTAL, CHEZ LE COBAYE. 


Note de Marc-ARMAND RUFFER et M. CRENDIROPOULO, 
présentée par M. GARNIER. 
Dans le cours de nos expériences sur le tétanos, nous avions 
remarqué que l'extrait des muscles d’un cobaye, mort après une injec- 
tion intra-musculaire de une à deux doses mortelles de toxine, neu- 


& Û 


-trakisait in vitro quinze à vingt doses de cette dernière. Par contre, le 


1978 SOCIÉTE DE. BIOLOGIE 


même extrait injecté dans le péritoine, après l'apparition des premiers 
symptômes tétaniques, aggravait la maladie et hâtait la mort de l'animal. 


Dans la supposition que le dit extrait, à côté des substances préventives et 
 curatives, contenait un autre principe favorisant l’action de la toxine téta- 
nique, nous avons cherché à neutraliser ce dernier tout en conservant 
intactes les premières. Après plusieurs essais infructueux, nous avons pensé 
. à soumettre l'extrait musculaire à l'influence du sérum antitétanique, et 
le mélange de ces deux substances nous a donné des résultats que nous 
nous permettrons de consigner dans la présente note. 

La toxine, dont nous nous sommes servis, est la toxine Hess de 
M. Nicolle, de l’Institut Pasteur. Nous la devons à son extrême obligeance. 
Injectée dans les muscles de la cuisse, à la dose de 0,02 c.c., elle tue un 
cobaye de 300 à 400 grammes, en trois jours ; à la dose de 0,01 c.c., elle est 
mortelle, pour un cobaye du même poids, en trois jours et demi à quatre 
jours, et enfin, à la dose de 0,005 c. c., elle tue le cobaye en quatre à cinq 
jours. L'animal qui a servi à nos expériences était uniquement le cobaye. 
Quant aux sérums employés, ils provenaient de divers Instituts. Ainsi, nous 
avons fait usage du sérum antitétanique de l'Institut Pasteur de Paris, 
de celui de Berne et de l’Institut de Saxe, avec des résultats à peu près 
égaux. 

Notre manière de préparer l’extrait est la suivante. Immédiatement après 


la mort de l'animal tétanique, nous enlevons aseptiquement les muscles du . 
2 


train postérieur, en ayant soin d’écarter la graisse et les tendons, nous les 
coupons en tout petits morceaux et nous les plongeons dans un mélange de 
trois quarts de glycérine et d’un quart d’eau distillée, dans les proportions de 
4 gramme de muscle pour 2 c.c. de glycérine aqueuse. Nous laissons le tout 


à l'étuve pendant cinq jours, et, ensuite, nous le gardons à la glacière. . 


Le liquide glycériné est déjà prêt pour servir, dès sa sortie de l’étuve. Mais 
pour éviter l'action douloureuse et nocive de la glycérine, nous précipitons 
par trois fois son volume d’alcool à 96 degrés; après cinq à dix minutes, 
nous filtrons sur papier, nous reprenons le résidu et nous le dissolvons dans 
autant de centimètres cubes d’eau distillée qu'il y avait primitivement 
d'extrait. Nous filtrons de nouveau et nous mélangeons le filtrat avec du 
sérum antitétanique, dans la proportion de quatre parties de sérum pour six 
d'extrait. Nous ajoutons, par précaution, 0,5 p. 100 d’acide phénique et nous 
gardons à l'obscurité et dans un endroit frais. Ce liquide, inactif immédiate- 
ment après le mélange, devient actif après un séjour de cinq à six heures 
dans l’étuve à 37 degrés centigrades ou de douze heures à la température du 
laboratoire (20 à 30 degrés centigrades). 


Nous commencions le traitement de nos animaux après dix-huit, 
vingt-quatre et quelquefois trente-six heures après l'injection de la 


toxine dans les muscles de la cuisse, c’est-à-dire quand l'animal avait 


déjà des symptômes manifestes de tétanos. Les injections du mélange 
étaient, dans la plupart de nos expériences, intrapéritonéales, les injec- 
tions sous-cutanées nous ayant donné des résultats moins probants. La 


SÉANCE DU 14 JUIN 1979 


dose de la première injection variait entre 2 et 4 c.c. selon le poids de 
l'animal, la quantité de toxine injectée et la gravité des symptômes. 
Ordinairement nous injectons 3 c.c., dose que nous répétons douze 
heures après. Nous continuons ainsi à injecter 2 à 3 c.c. une ou deux 
fois par jour, en diminuant progressivement les doses jusqu’à ce 
que les progrès du tétanos paraissent définitivement arrêtés. Après les 
premières injections, la maladie continue à progresser et souvent l’on 
voit l’autre membre postérieur se prendre, mais le traitement doit être 
continué sans interruption, et les doses doivent être augmentées ou 
diminuées selon la marche des symptômes. 

Petit à petit, les secousses cessent, lallure de l'animal devient plus 
vive, l'appétit revient, et le poids augmente. Mais la paralysie met très 
longtemps à disparaître, surtout celle du membre injecté. Nous possé- 
dons des animaux qui ont été traités il y a trois et quatre mois, qui sont 
guéris depuis longtemps, mais dont la paralysie n’a pas encore comple- 
tement disparu. Inutile d'ajouter que chacune de nos expériences com- 
portait deux sortes de témoins : ceux qui n'étaient point traités et ceux 
auxquels on injectait les mêmes quantités de sérum anlitétanique seul. 
Ces derniers mouraient en même temps et quelquefois avant les pre- 
miers. Par contre, les animaux traités par notre mélange, quand la gué- 
rison n'était pas possible, mouraient avec un retard de deux à quatre 
jours sur les autres. 

Sur la totalité de nos animaux traités nous avons 60 p. 100 de guéri- 
sons. Il est bien entendu que, plus le nombre des doses mortelles 
injectées est petit et le traitement précoce, plus les guérisons sont fré- 
quentes. Les résultats sont presque constamment favorables quand on 
injecte 0,01 c.c. de notre toxine et quand on commence le traitement 
vingt à vingt-quatre heures après l'injection. Avec l'administration de 
0,02 c.c. la guérison s'obtient plus difficilement. Avec 0,03 c.c. les bons 
résultals sont rares et notre mélange est inactif avec les doses supé- 
rieures. Nous n'avons pas pu obtenir de guérisons quand le traitement 
commençait quarante-huit heures après l'injection, et il en est de même 
quand l'introduction de la toxine se faisait par voie péritonéale. 

Nous ajoutons que l'extrait musculaire du cobaye normal n'’exerce 
aucun effet sur la marche du tétanos. 


(Travail du Laboratoire bactériologique 
du Conseil sanitaire, maritime et quarantenaire d'Egyple.) 


1280 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


-SuR L'ÉTUDE VITALE DU CHONDRIOME DE L'ÉPIBERME DES PÉTALES 
D Iris Dore ET DE SON ÉVOLUTION EN LÉUCO- ET- CHROMOPLASTES, 


“par AL GCUILERER MON Fi FU OR NEO 


1. — M oi de des plastes des végétaux (leuco-, chloro- 
et chromoplastes) a été vivement contestée par A. Meyer, Lundgard, 
Schmith et Rudolph. Lundgard, À. Meyer et Schmith vont jusqu'à con- 
tester la réalité des mitochondries qu'ils considèrent comme des arti- 
fices de préparation, dus à la dissociation des plastes sous l’influence 
des fixateurs chromés. Rudolph admet que les plastes des tissus 
embryonnaires et des méristèmes ressemblent morphologiquement aux 
mitochondries, mais ne sont pas assimilables aux mitochondries des 
cellules animales. On sait d'autre part que la signification des mitochon- 
dries dans les cellules animales est encore discutée et que Lévi a sou- 
tenu récemment qu'aucune preuve n'avait été donnée jusqu'ici du rôle 
des mitochondries dans les sécrétions. 

Nous croyons avoir donné une démonstration suffisamment rigoure eusè 
de la transformation des mitochondries en plastes chez les végétaux 
pour que cette question puisse être considérée comme définitivement 
résolue. Aussi n’aurions-nous pas pris soin de répondre aux critiques 
de ces auteurs dont les observations n’ont pas été poussées assez loin, 
si une occasion exceptionnelle ne nous était offerte. 

IT. — En examinant à l’état vivant différents organes de la fleur 
d'Iris germanica dans le but de rechercher comment S’effectue la forma- 
tion de l’anthocyane, nous avons été frappé par la facilité avec laquelle 
on peut observer.le chondriome. Les cellules des pétales et du stigmate 
sont énormes et offrent un cytoplasme peu abondant, très transparent, 
qui laisse admirablement distinguer le noyauet le chondriome, presque 
aussi bien qu’une préparation colorée. Il suffit, pour observer le chon- 
driome et suivre son évolution, de détacher un fragment de l’épiderme 
des pétales ou du stigmate et de le placer sur une lame avec une goutte 
de solution isotonique de sel marin. On peut aussi observer de la même 
manière les papilles qui tapissent à la base l’épiderme interne des sépales. 


Si l’on examine, par exemple, une cellule très jeune de l’épiderme d’un 
pétale, on observe le noyau avec son nucléole et un chondriome (fig. 1 et 2) 
formé par un grand nombre de longs chondriocontes flexueux, parfois 
ramifiés, et par quelques milochondries granuleuses. Ces éléments sont 
répartis dans tout le cytoplasme de la cellule, et souvent plus nombreux au 
voisinage du noyau. Le cytoplasme renferme en outre un corpuscule beau- 
coup plus brillant que les mitochondries, d'aspect oléagineux, qui représente 
le cyanoplaste décrit récemment par Politis dans un certain nombre de 
fleurs à pigments anthocyaniques. Il ne nous a pas été possible d'observer la 


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Fi. 1 et 2, cellules très jeunes de l’épiderme d'un pétale. En dehors du chon- à 
… driome, on aperçoit un cyanoplaste très petit dans 1 et assez gros dans 2. : 


Fic. 3 et 4, cellules épidermiques plus âgées où les chondriocontes forment des 
leucoplastes. 


Fi. 5, cellules d'une papille des sépales aux transformations des chondriocontes 
en leucoplastes. 


F1G. 6, cellules de la partie supérieure d'une papille avec transformation des chon- 
driocontes en chromoplastes jaunes; teintés ici en gris. à 4 


Fic. 7, portion du cytoplasme d'une cellule d'une papille avec chromoplastes 
adultes. Va 1150). 


Brouoc1Ee. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 89 De 


1282 SOCIÉTÉ DE: BIOLOGIE 


formation de ce corpuscule, qui doit avoir une origine mitochondriale, car 
l’anthocyane, comme nous le démontrerons très prochainement dans d’autres 
plantes, est toujours le produit de l’activité des mitochondries. Ce corpuscule 
d’abord incolore et très petit, grossit peu à peu jusqu à égaler ou surpasser 
le volume du noyau, puis s’imprègne de matière colorante violet bleuâtre, 
Enfin, à un stade ultérieur, il s’introduit dans la vacuole et s’y dissout, don- 
nant à la vacuole une teinte violet bleuâtre très acccusée et uniforme. 


Il est facile de suivre la destinée du chondriome dans les différentes 
cellules épidermiques. Les éléments du chondriome évoluent de deux 
manières différentes. 

Dans la grande majorité des cellules Épideaienee des pétales, dans 
toules celles du stigmate (fig. 3 et 4), enfin dans les portions inférieures 
et moyenne des papilles des sépales (fig. 5), les chondriocontes se 
transforment en leucoplastes inactifs, ne produisant pas d’amidon. 
Cette transformation s'effectue peu à peu, lentement, et selon l’un des 
modes que nous avons décrits dans nos précédentes recherches. Les 
leucoplastes apparaissent sous forme de renflements qui se produisent 
sur le trajet des chondriocontes (fig. 3, 4 et 5). Tantôt il se forme un 
seul renflement au milieu ou à l’une des extrémités d’un chondrioconte, 
tantôt il s’en produit deux, l’un à chacune des extrémités du chondrio- 
conte. Enfin, dans quelques cas, un même chondrioconte peut former à 
lui seul 3 ou 4 leucoplastes. Chacun de ces leucoplastes augmente de 
volume, puis la portion effilée du chondrioconte qui les réunit se 
résorbe et les leucoplastes s’isolent sous forme de gros grains de formes 
sphériques ou ovales. Un certain nombre des chondriocontes subsistent 
toujours dans la cellule après la formation des leucoplastes; ceux-ci 
semblent généralement se transformer en chondriocontes dont les 
grains s’isolent ensuite ; en tout cas, lorsque les leucoplastes ont achevé 
leur développement, on ne rencontre plus guère dans la cellule que des 
mitochondries granuleuses. 

Au contraire, dans certaines cellules épidermiques du pétale, corres- 
pondant aux veines teintées de brun violacé qui ornent le voisinage de 
l'onglet, de même que dans les cellules de la portion supérieure des 
papilles des sépales, les chondriocontes évoluent en chromoplastes ; ces 
derniers naissent exactement par le même processus que les leuco- 
plasies sous forme de renflements développés sur le trajet d’un chon- 
drioconte (fig. 6). Dès le moment où va commencer cette différencia- 
tion, tous les chondriocontes, même avant d’avoir développé leurs ren- 
flements, s'imprègnent de pigment xanthique et apparaissent très nette- 
ment colorés en jaune. Une fois adultes, les chromoplastes se présentent, 
comme les leucoplastes, sous forme de gros corpuscules arrondis, ovoïdes 
ou fusiformes (fig. 7). Il subsiste toujours du côté des chromoplastes 
quelques petits granules incolores qui paraissent être des mitochondries 
granuleuses. La formation du chromoplaste n’est jamais précédée d’une 


PP RAS ONE PPS D EN EE 


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SÉANCE DU À#% JUIN 1283 


_ élaboration d'amidon, contrairement à ce qu’on observe pour la forma- 


lee St. D ad tés AR ES 


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tion de la carotine dans la racine de carotte. Les chromoplastes $e 
forment directement aux dépens des mitochondries sans passer par l’in- 
termédiaire de plastes amylogènes. 

C'est le pigment jaune, qui apparaît au sein de ces chromoplastes, qui 
donne la couleur jaune des papilles des sépales et qui, associé à Fan- 
thocyane dissoute dans le suc cellulaire, RACeE les veines brun violäcé 
de la base des pétales. 

III. — La fleur d’/ris germanica est déne un précieux objet d'étude 
qui permet de suivre avec une remarquable netteté sur le vivant tous 


les stades de la transformation des mitochondries en leuco et chromo- 
_plastes et même avec plus de précision que sur des préparations colorées, 


puisqu'elle permet d'assister à l'apparition du pigment ue ne se con- 
serve pas après fixation. 2) 

Dans une étude récente, Maximow a pu suivre avec autant de netteté 
la formation des chloroplastes aux dépens des mitochondries dans les 
poils des cotylédons de la plantule de courge. Notre observation, jointe 
à celle de Maximow, suffit, sans qu'il soit besoin d’insister davantage, à 
montrer le peu de fondement, des critiques de Meyer, un 
Lundgard et Levi. 

Enfin elle apporte une contribution nouvelle à l’étude encore péu 
connue de la formation des chromoplastes chez les végétaux. Il nous a 
paru intéressant de la signaler au moment où la question de l’origine 
mitochondriale des pigments dans la cellule animale a été mise‘ici 
même à l’ordre du jour à la suite des travaux récents de JON 
Mulon et Prenant. 


NOUVELLE TECHNIQUE DE LA FISTULE PANCRÉATIQUE PERMANENTE. 
PRÉSENTATION D'ANIMAUX ET DE PIÈCES, 


par ALBERT FROUIN. 


Le procédé le plus généralement employé, qui permet d'établir une 
fistule pancréatique permanente el d'utiliser pendant longtemps les 
animaux ayant subi cette opération, est le procédé: de Pawlov- 
Heidenhain. La technique en est décrite ainsi par Pawlov (1) : 


« Dans la paroi du duodénum on découpe un segment losangique compre- 
nant l’orifice normal du canal pancréatique ; la continuité de l'intestin est 
rétablie par rapprochement des parois, en évitant toute modification essen- 


(4) J. P. Pawlov. Le travail des glandes digestives. Traduction française, 
par V. Pachon et I. Sabrazès, Masson et Ci°, édit., 1901. 


STAR PE 


1984 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


J 


tielle dans son calibre intérieur, et le segment de la paroi découpé est suturé 
à l’orifice de la paroi abdominale, la muqueuse tournée à l'extérieur. La réu- 
nion se fait bien, l'opération ne réclame pas une habileté particulière, elle est 
de courte durée (environ une demi-heure) et bien supportée par les animaux. 
Au bout de quinze jours l’animal est prêt pour l'observation. » 


Tous les expérimentateurs qui ont pratiqué cette opération ont 
observé, ainsi que le signale Pawlov, que l’écoulement du suc pro- 
duit une irritation de la peau qui devient sanguinolente sur une surface 
plus ou moins étendue (généralement la majeure partie de l’abdomen 
et souvent aussi la partie interne des paltes postérieures). 

On obtient donc un suc tout à fait impur mélangé avec le suc intes- 
tinal sécrélé par le petit lambeau de muqueuse qui supporte l’orifice du 
canal de Wirsung et l’on sait que le contact du suc pancréatique 
sécrété avec le petit lambeau de muqueuse intestinale suffit pour donner 
au suc pancréatique une aclivité digestive vis-à-vis de l’albumine 
coagulée (1). 

D'autre part, pour fixer à la peau le lambeau de muqueuse portant 
- l'orifice du canal de Wirsung, le canal pancréatique est attiré au travers 
de la paroi abdominale, l'intestin restant dans la cavité est immobilisé 
et fixé au péritoine par deux points de suture. Pendant la cicatrisation 
de la plaie, il se forme du tissu conjonctif qui souvent vient comprimer. 
le canal pancréatique et modifier, par là même, l'écoulement spontané 
du suc. 

Enfin, l’état d'érosion de la peau rend douloureux le moindre contact 
d’un corps étranger. La mise en place d’un entonnoir pour recueillir et 
étudier les variations quantitatives de la sécrétion pancréatique pro- 
voque une douleur telle que souvent la sécrétion s'arrête pendant un 
certain temps. Il peut y avoir aussi simplement des contractions de la 
paroi abdominale qui, déplaçant ou comprimant le canal, modifient ou 
arrêtent l'écoulement du suc. J’ai pu éviter la plupart de ces inconvé- 
nients de la façon suivante : 

L’intestin est fixé aux parois musculaires droite et gauche de l'ouver- 
ture, il sert lui-même à la fermeture de la cavité abdominale. Dans ces 
conditions, les contractions des muscles abdominaux ne s’exercent plus 
sur le canal de Wirsung, mais sur le duodénum qui lui est solidaire et 
qui constitue lui-même une portion de cette paroi. L’écoulement du suc 
n'est donc pas modifié par les contractions spontanées ou réflexes des 
muscles abdominaux. 

Le canal de Wirsung, sectionné le plus près possible de son abouche- 
ment dans le duodénum., est suturé à la peau dans une ouverture faite à 


(1) C. Delezenne et A. Frouin. La sécrétion physiologique dupancréas ne 
possède pas d'action digestive propre vis-à-vis de l’albumine. Comptes rendus 
de la Soc. de Biologie, t. LIV, p. 691, 1902, 


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NUE CPR EN CENT 


SÉANCE BU À4 JUIN 19285 


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lemporte-pièce. Le cathélérisme est facile, le suc n’est jamais souillé 
par la sécrétion entérique. L'état d’érosion de la peau est moins intense 


que chez les animaux opérés suivant le procédé de Pawlov. L'animal 


que je présente à la Société est opéré depuis cinq mois et en parfaite 
santé, le suc s'écoule régulièrement, le cathétérisme est facile. 

Voici, en résumé, les différents temps de cette opération, que je me 
propose de publier prochainement dans un autre recueil, en les illustrant 


de dessins. 


19 Ouverture de la paroi abdominale de 10 centimètres de long sur la 
ligne blanche ou parallèlement et à 3 centimètres de la ligne blanche 
du côté droit; 

2° Attirer le duodénum et passer un fil sous le canal de Wirung. Disséquer 
le canal dans la séreuse et la musculeuse de l'intestin et le sectionner au ni- 
veau de son abouchement dans l'intestin ; 

30 Placer deux points de suture pour assurer la réunion séro-séreuse de 


. l’intestin sur l'étendue du canal pancréatique disséqué et enlevé; 


40 Suturer le duodénum à la paroi musculaire de chaque côté de l’ouverture 
abdominale, de facon que le bord mésentérique soit fixé à la paroi muscu- 
laire du côté gauche de l’ouverture; 

5° La peau est disséquée et percée à l’emporte-pièce au niveau du plan de 


… projection du canal de Wirsung, c'est-à-dire à environ 2 centimètres de la 


surface de section. Souvent il est utile de faire, dans les muscles mêmes de 
cette paroi, une incision transversale de 1 ou 2 centimètres pour passer ce 
canal. Le canal est placé dans cette échancrure et fixé à la peau par trois ou 
quatre points de suture. J’emploie dans ce but les aiguilles fines et le fil de 
soie qui me servent habituellement pour la suture des vaisseaux; 

6° La peau est réunie au moyen d’agrafes de Michel. 

L'opération fournit d'excellents résultats, mais elle peut cependant donner 
lieu à deux complications. La première, et la plus grave, c’est qu'il peut se 


… produire une occlusion intestinale. On évite cet accident (que j'ai observé 


une fois sur sept animaux opérés) en libérant complètement le duodénum 
par la section du ligament de Treitz. 

La deuxième, c’est que si l'on n’a pas soin d’éverser suffisamment le canal 
pancréatique lorsqu'on le fixe à la peau, la fistule peut s’oblitérer au bout de 


- un à deux mois. La peau se reforme, rétrécit l’orifice du canal et finit par 


l’obturer complètement, ainsi qu'on peut le constater sur les pièces que je 


» présente ; mais, parallèlement à cette oblitération et comme conséquence, il 


se produit une dilatation du canal. L’un de ces canaux pancréatiques a 
13 millimètres de diamètre. On peut, lorsque l’orifice est devenu ponctiforme, 
disséquer le canal et le fixer à nouveau à la peau en l’éversant largement, ce 
qui devient facile à cause de la dilatation qu'il a subie. 


En résumé, la technique que j'ai établie présente les avantages 
suivants : 

En fixant le duodénum dans l'ouverture abdominale, c’est-à-dire en 
se servant de cette portion d’intestin pour reconstituer la paroi abdo- 


1286 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


minale, les contractions musculaires spontanées ou réflexes ne s'exer- 
cent plus sur le canal de Wirsung, mais sur le duodénum qui lui est 
solidaire, et ne modifient pas l'écoulement du suc. 


SUR UNE HÉMOGRÉGARINE DE LA VIPÈRE FER DE LANCE ET SES FORMES 
DE MULTIPLICATION ENDOGÈNE, 


: par M°° PHisALIx. 

Sur deux exemplaires de ces gros Viperidæ : Lachesis lanceolatus (syn. 
Trigonocephalus lanceolatus Oppel, Bothrops lanceolatus...) arrivés 
récemment du serpentarium de Butantan (Brésil), etexaminés au moment 
de leur entrée à la ménagerie du Muséum, un seul présentait des hémo- 
grégarines dans le sang. C'était une grosse femelle pesant 950 grammes 
et mesurant 1%35 de long. 

‘Elle n'avait aucun parasite cutané ; mais dans le tissu conjonctif péri- 
viscéral se trouvaient enclavées des larves de vers formant un abondant . 
semis, tandis que de grands nématodes incolores, longs de 10 à 15 cen- 
timètres, se rencontraient dans l’æsophage et l'estomac, et qu'une autre 
espèce très petile, filiforme et pigmentée pullulait à l'intérieur de l’in- 
Lestin. | 

Le broyage des larves et des deux sortes de vers n’a d’ailleurs fourni 
aucune forme que l’on puisse rapporter à un parasite du sang. 

En 1907, Sambon et Seligmann (1) ont signalé et figuré, chez une 
vipère de la même espèce, les formes adultes libres et endoglobulaires 
d'une hémogrégarine, qu'ils ont appelée Hæmogregarina Plimmeri. Plim- 
mer (2) en a tout récemment retrouvé la forme libre adulte chez un sujet 
du jardin zoologique de Londres. 

Mais ils n’ont apercu aucune forme de multiplication du parasite. 

Toutefois, d’après les dimensions et les caractères qu'ils donnent de ce 
parasite, il y a tout lieu d'admettre qu’il est le même que celui qu'éber- 
geait notre sujet, etqui se multiplierait par kystes, comme nous l'avons 
vu, dans le serpent lui-même. 

‘1° Formes endoglobulaires. — Les formes les plus petites que nous 

ayons rencontrées ont de 10 à 114 5 de long sur 2y 5 de large, et pré- 
_sentent déjà l'aspect et les caractères de colorabilité des formes plus 
âgées, mais n’ont pas de capsule. Le karyosome est arrondi et central, 
le protoplasme finement granuleux (fig. 2). 


(1) The Hemogregarines of the Snakes. Trans. of the patholog. Soc.of London, 
1907. 
(2) Proc. Zool. Soc. of London, 1912. 


SÉANCE DU 14 JUIN 1987. 


Les grandes formes se présentent comme des vermicules arrondis à. 
l’une de leurs extrémités, effilés et recourbés à l’autre. Leur longueur, 
en les supposant déployés, est de 16 y, leur largeur moyenne de 2 y. 5. 
Dans la moitié qui correspond à l'extrémité effilée se trouve un karyo- 
some arrondi ou ovalaire, qui, par le Giemsa, se colore en violet; le 
protoplasme, sans inclusions, se teinte en bleu azur. 

L'hémogrégarine peut occuper toutes les posilions par rapport au 


Différentes formes de l’hémogrégarine de Lachesis lanceolatus. 


1, Hématie normale ; 2 et 3, formes moyennes endoglobulaires ; 4, 5,6, grandes 
formes endoglobulaires ; 1, hématie contenant3 parasites à divers degrés de dévelop- 
pement ; 8,9, grandes formes libres ; 10, très jeune kyste contenant deux hémogré- 
garines ; 11, jeune kyste au moment où s'effectue la multiplication des noyaux 
(Grossissement : 1190 D. environ). | 


noyau de l’hématie; elle est fréquemment reployée en V à branches 
inégales. 

La plupart des hématies n'abritent qu'un seul parasite ; mais il peut 
y en avoir davantage, 3 au plus (fig. 7), d'ordinaire à divers degrés de 
développement. Dans ce dernier cas, l’hématie est légèrement hypertro- 
phiée ; mais elle conserve le plus souvent ses formes et ses dimensions 
normales de 20 à 22 de long sur 10 de large. 

Les éléments pigmentés des capillaires des organes ne contiennent 
aucune forme de parasite. 

2 Formes libres. — Elles ont la forme de vermicules arqués, arrondis 
à une extrémité, amincis et recourbés à l’autre. Les unes sont encore 
encapsulées, les autres nues ; mais dans les frottis du foie elles se mon- 


1988 6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


trent loujours aréolées d’un mince liséré incolore dû à la rétraction de 
leur protoplasma. 

Le karyosome ovoïde se trouve apparemment décentré et se voit dans 
la portion amincie du parasite. 

Dépouillées de leur capsule et déployées, les formes libres mesurent 
16 25 de long sur 2 u 5 de large (fig. 8 et 9); par le Giemsa, le karyo- 
some secolore en violet, le protoplasma en bleu clair. 

3° Kystes de multiplication. — I] n'en existe que d'une seule espèce 
dans le sujet parasité; et encore ne se rencontrent-ils qu'en petit nom- 
bre, situés, comme le montrent les coupes, dans les capillaires du foie. 
Ces kystes sont ovoïdes et un peu plus allongés que les hématies ; ils 
mesurent 25 y de long sur 10 de large. 

Dans la fig. 10 qui correspond au stade le plus jeune, il y a deux para- 
sites en voie d’enkystement; le plus généralement on n’en rencontre 
qu’un. 

Le karyosome est gonflé en un amas de granulations réunies par des 
filaments chromatiques ; le protoplasme a également augmenté de 
volume ; l’un et l’autre sont moins colorables qu'avant enkystement, 
mais se détachent néanmoins assez neltement dans le kyste incolore 
dont on ne distingue pas encore la membrane. 

La fig. 11 montre un autre kyste de même espèce à un stade plus 
avancé. Les dimensions en sont les mêmes, mais le contenu bien difré- 
rent : il est formé par une masse uniformément granuleuse, remplissant 
toute la cavité kystique, et dans cette masse se distinguent 2 à 4 noyaux. 
Par le Giemsa, ces noyaux se colorent en violet, la masse granuleuse en 
bleu azur. La membrane du kyste, épaisse et à double contour, reste 
incolore. 

Nous avons enfin trouvé des kystes mûrs, de 30 w de long sur 20 v de 
large, contenant deux macromérozoïtes disposés en sens inverse suivant 
la plus grande longueur du kyste. Ces mérozoïtes mesurent 204 de long 
et possèdent un petit noyau rond de 2 y 5 de diamètre qui fixefortement 
les colorants. 

Cette forme du kyste est si rare dans les frottis qu’il faut examiner 
plusieurs lames avant d’en rencontrer un; c’est pourquoi il nous avait 
d’abord échappé et ne se trouve pas représenté sur les figures ci-jointes. 


(Laboratoire d'Herpélologie du Muséum.) 


à SÉANCE DU 14 JUIN 1289 


DE L'IMMUNITÉ GÉNÉRALE CONTRE LES MALADIES INFECTIEUSES 
(Première note). 


Note de Marcez BELIN, présentée par G. Moussu. 


La communication de MM. P. Lassablière et Ch. Richet, faite au cours 
de la séance du 31 mai dernier, m'oblige à interrompre momentanément 
la relation de mes recherches sur l’action des substances oxydantes 
dans l’évolution des maladies infectieuses, pour faire connaitre dès 
maintenant quelques expériences concernant l’immunité générale dans 
ces mêmes maladies infectieuses. 

Ces expériences n’ont pas été relatées plus tôt parce qu’elles se rap- 
portent à la deuxième partie des recherches que je poursuis au sujet 
des rapports qui existententre l’anaphylaxie et l’immunité (1); mais, étant 
donné la grosse importance de la question soulevée par ces deux expé- 
rimentateurs et désirant personnellement conserver la priorité, je dois 
dès maintenant faire connaître les résultats que j'ai obtenus. poursuivre 
l'étude de cette question et chercher à interpréter ces faits. 

Il semble, en effet, résulter de ces expériences que l’immunité géné- 
rale, autrement dit que l’immunité conférée d'emblée, sinon contre 
toutes, du moins contre un certain nombre de maladies infectieuses, est 
pratiquement et facilement réalisable. Je ferai connaître en deux notes 
trois expériences qui semblent le démontrer nettement. 


Exp. I. — Le 8 juin 1911, trois lapins reçoivent dans les muscles 1/2 c.c. du 
produit de broyage, en sérum physiologique, d’un cerveau de lapin tué par 
du virus rabique (virus fixe). L'un d’eux recut pendant douze jours du carbo- 
nate de sodium en solution dans l’eau distillée (solution de 2 centigrammes 
par centimètre cube) à raison de 2 centigrammes par kilogramme trois fois 
par jour. Deux de ces animaux ne manifestèrent aucun symptôme rabique; 
le troisième succomba. Le 11 juillet, soit vingt et un jours après la dernière 
injection saline, j'injecte dans le péritoine de chacun d'eux 1/2 c.c. d’une 
culture de streptocoques en bouillon glycériné tuant un lapin témoin en 
vingt-quatre heures. 

Le lapin témoin de l'expérience précédente meurt en vingt-quatre heures. 

Le sujet antérieurement traité par le carbonate de sodium ne présente 
aucun trouble. 


Les variations thermiques ont donc été à peu près nulles; les varia- 
tions de poids ont pu passer inapercues. 


Le 29 juillet, je lui injecte 1 c.c. d’une culture identique de stfreptocoques : 
aucun trouble. 


(41) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 24 mai 1912. 


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SOCIETE DE BIOLOGIE 


1290 


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SÉANCE DU 14 JUIN 1291 


Le 28 octobre 1911, soit près de cinq mois après l'injection de virus rabique, 
je lui administre par la voie péritonéale 3/4 de c. c. de culture en bouillon de 
vingt-quatre heures de coli-bacilles. 

Trois témoins de poids à peu près égaux meurent en dix-neuf, quatorze et 
vingt-trois heures. 

L'injection à été faite à 13 h. 30; le soir, la température de l’animal était 
normale. Ultérieurement les variations thermiques furent à peu près nulles, 
ainsi que l’indique le tableau ci-contre. Toutefois, la pesée, faite le 3° jour, 
accusa une perte de poids de 215 grammes. 

Donc, près de cinq mois après la fin des injections salines, l’animal 
possédait encore une immunité générale. 


(Laboratoire de bactériologie de l’Institut vaccinal de Tours.) 


SUR UNE CHENILLE DE VER A SOIE (Bombyx mori) EN MOSAÏQUE, 


par L. BLARINGHEM. 


La chenille présentée à la Société m'a été envoyée, il y a quinze jours, 
par M. Delonca, industriel, graineur de Vers à soie à l'Ille-sur-Têt (Fyré- 
nées-Orientales). Elle à été découverte par un des magnaniers chargés 
par M. Delonca d'élever les Vers destinés à la sélection et à la production 
des œufs ou « graines » de la variété « Ver rayé de noir ». Les trente- 
huit chambrées de l'élevage de 1913 renferment une moyenne de 30.000 
à 35.000 Vers chacun ayant passé la quatrième mue ; cette chenille, la 
seule de tout l'élevage offrant ce caractère, est donc l'unique mosaïque 
sur un million deux cent mille individus environ: Elle est très vigou- 
reuse ; envoyée par la poste à Paris, où je n’habite pas en ce moment, 
elle a passé quatre jours en boîte, avant d’être nourrie de nouveau de 
_ feuilles de müûrier noir qu'elle dévore avec avidité. J'ai pu la promener 
à Paris toute la journée avant de vous la présenter ce soir. 

Cette chenille offre ceci de remarquable qu'elle est par le côté gauche 
un Ver à soie rayé type avec le ton grisaille renforcé çà et là de noir 
plus sombre (1°, 3 et 8° anneaux), alternant à partir de ce huitième 
anneau avec des bandes blanches ou crème dont l’étalement fait paraître 
la région postérieure gris crème tachetée de plages noires; ces varia- 
tions de teintes, plus ou moins accusées, sont fréquentes sur les graines 
des légumineuses (Phaseolus et Vicia, Lathyrus, par exemple) et le 
caractère macules est regardé comme un caractère mendélien. Les 
travaux de Toyama (1906), Kellogg (1908), E. Quajat (1902 et 1911) sur 
l’hérédité des couleurs des Vers à soie permettent d'identifier le compor- 
tement du caractère rayé de cette variété avec celui des macules des 
graines de légumineuses. Ces macules ainsi que le fond grisaillé font 


1292 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


complètement défaut sur le côté droit de l'animal qui est d’un blanc 
mat uniforme, sur lequel apparaissent par contraste les points noirs qui 
sont les orifices des stigmates. Sur la face ventrale, la division est aussi 
très nette ; depuis la tête jusqu’à la première paire de fausses pattes, la 
partie gauche est d’un brun uniforme, la partie droite d'un blanc laiteux. 

Ce phénomène est d'ailleurs connu des éleveurs de Vers à soie, mais 
assez rare puisque, dans l'élevage en question, et malgré les primes 
offertes pour leur découverte, on n’en à obtenu qu'un seul cas sur 
1.200.000 individus. IL donne l'impression d’un individu complexe, 
mosaique de deux variétés, la partie gauche de la variété Ver rayé lype, 
la partie droite de la variété blanche récessive qu il est presque impos- 
sible de faire disparaître des sélections répétées pendant des séries de 
générations. Voir: Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Histoire naturelle des 
règnes organiques, t. VE. 

On peut donner plusieurs explications de cette anomalie, qu'il sera 
sans doute difficile de vérifier. Chez les végétaux, la mosaïque apparait 
souvent par simple variation de bourgeon ; c’est le cas des rameaux 
panachés qui se développent sur les arbustes verts et inversement. Pour 
le Pelargonium zonale même (E. Baur, 1909-1911), pour le Haricot 
(Johannsen, 1911), la greffe de bourgeons ou de secteurs albinos sur des 
supports à feuilles vertes ou panachées permet de récolter des graines 
qui donnent des albinos. Il s’agit là de mutations véritables dont l’origine 
ne peut être cherchée dans des hybridalions antérieures. 

Cependant, je considère plutôt ma chenille mosaïque (M. Coutagne 
/1902) en a trouvé trois, qui n’ont pas vécu, dans le croisement Ver 
blanc X Ver moricaud) comme un cas de disjonction hybride en mosaïque, 
dont j'ai donné récemment plusieurs exemples détaillés dans le règne 
végétal (1). L'hybridité du Ver à soie rayé avec une forme Ver blanc 
doit remonter à 40 générations au moins (2); la faible proportion de 
Vers blancs qui réapparaissent régulièrement montre que la disjonc- 
tion ne suit pas strictement les règles de Mendel et c'est dans ces cas 
limites que les phénomènes d’hérédilé en mosaïque sont les plus fré- 

, quents chez les végétaux. 
_ D'ailleurs, pour compléter cette argumentation, je puis invoquer 


(1) L. Blaringhem. Sur l’hérédité en mosaïque. 1V® Conférence internationale 
de génétique, septembre 1911. Rapports, p. 101 à 131, et: Cas remarquable 
d'hérédité en mosaïque chez des hybrides d'Orges. Comptes rendus de l’Acad. 
des Sciences, Paris, 31 mars 1913. 

(2) La famille de M. Delonca et lui-même sélectionnent le Ver rayé depuis 
plus de quarante ans en ayant soin d'éliminer les aberrations de leurs élites 
destinées à la graine. Depuis plusieurs années ils adoptent les élevages 
pédigrés selon les principes du Laboratoire d'essais de semences de Svalôf 
(Suède). 


PIRATES VE 


SÉANCE DU A4 JUIN 1293 


l'opinion de zoologistes qui ont observé des insectes adultes, surtout des 
Papillons, offrant sur le côté droit les caractères d’une espèce et sur le 
côté gauche ceux d'une autre espèce ou variété. Souvent aussi, les sexes 
sont différents à droite et à gauche, ce qui se traduit par des coloris 
nettement séparés par la ligne médiane comme dans la larve de Vers à 
soie en question. On trouvera une description de ces aberrations pour 
Melittea didyma par F. Klug (1829), pour Ocnaria dispar par Neuman 
(1862) et de nombreux auteurs, pour Argynnis paphia par O. Schultz et 
surtout par K. Wenke (1906) qui en a fait l'étude anatomique (1). 
M. Cuénot (2) en cite plusieurs cas fort intéressants, car il met en relief 
la nature hybride des individus sur lesquels ce phénomène a été observé. 


ELECTRODIAGNOSTIC AU MOYEN D'UN CONDENSATEUR A CAPACITÉ RÉGLABLE. 
PROCÉDÉS DE MESURE DE LA CARACTÉRISTIQUE D'EXCITABILITÉ. 


Note de J. CLuzET, présentée par G. Weiss. 


Un condensateur pourl’électrodiagnoslic, à capacité réglable de 0,005 
à 10 microfarads (Boulilte, constructeur), me permet d’effectuer, chez 
les malades, soit la mesure de la caractéristique d’excitabilité, soit une 
recherche rapide de la «réaction de dégénérescence ». 

Pour les mesures de l’excitabilité, dont il sera seulement question 
dans cette première note, on peut se baser soit sur la formule de Weiss, 
(CV = a + bt), soit sur la formule de Hoorweg (CV — a + b RC). Ces deux 
formules, que l'on a quelquefois considérées comme analogues, sont 
au fond complètement différentes et elles ne peuvent être identifiées 
qu’en supposant la durée d’excitalion ({t) égale au produit de la résistance 
(R) par la capacité (C) : or, en réalité, on a 


ERE DE (a) 


V étant le potentiel de charge liminaire du condensateur et v le po- 
tentiel au-dessous duquel toute décharge est inactive. L'influence du 


V : 
facteur L ” est surtout considérable pour les fortes capacités. La rela- 


lion précédente, que j'ai établie en 1904, a été vérifiée par un grand 
nombre d'expériences, par celles de L. Hermann, notamment (3). 


(1) K. Wenke. Anatomie eines Argynnis Paphia Zwitters nebst vorglei- 
chenden anatomischen Betrachtungen über den Hermaphroditismus bei Lepi- 
dopteren. Zeits. für w. Zool., t. LXXXIV, p. 95-138, 1906. 

(2) La Genèse des espèces animales, p. 98, 1911. 

(3) Sutherland. Arch. f.d. g. Physiol., 1906, t. CXV, p. 622. — Cluzet. Comptes 
rendus de la Soc. de Biologie, 31 mai 1907. 


1994 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Procédés cliniques basés sur la loi de Weiss. — On détermine la durée 
oplima des décharges (rapport , des coefficients de Weiss), dont la valeur 


est indépendante des conditions expérimentales étrangères à l’excitabi- 
lité. Deux procédés peuvent être employés. | 


I. — On peut d’abord utiliser la relation 
<= 1,26. RC, (4). 


C, représentant la capacité optima, c'est-à-dire dont la décharge donne 
le seul avec le minimum d'énergie. 

Il suffit de chercher cette capacité au moyen du condensateur réglable, 
d'un réducteur de potentiel et d’un voltmètre. Quant à la résistance R, 
on la mesure en effectuant une deuxième détermination de la capacité 
oplima (soit C') après avoir introduit une résistance additionnelle 
connue (r); on a alors 


—(R+7r) © 


et l’on peut tirer de là la valeur de R. La détermination de la résistance 


peut encore se faire en employant la méthode de Wertheim-Salo- 
monson (2). 


IL. — On peut encore évaluer les coefficients a et b par les formules (1), 


HET 
a 036 OV be 


puis effectuer leur rapport. 


C, et V, représentent respectivement la capacité optima et le voltage 
liminaire correspondant ; on les mesure au moyen du condensateur 
réglable, d’un réducteur de potentiel et d’un voltmètre. La résistance 
est évaluée par la méthode de Wertheim-Salomonson. 


Procédé clinique basé sur la formule de Hoorweqg. — Si l’on veut se con- 


tenter d'une évaluation approximative de la durée optima, on peut iden- 
tifier la formule de Hoorweg à celle de Weiss, en négligeant le facteur 


V ; : 
L — de la relation (o). Les coefficients a et b de Weiss sont alors déter- 
(2) ‘ 


minés facilement, tout au moins d’une manière approchée. 
On choisit deux capacités cet c’ du condensateur réglable eton cherche 
les voltages liminaires V et V' correspondants ; puis, on intercale une 


(1) Cluzet. Thèse Faculté des Sciences, Paris, 1905, p. 43. 
(2) Cluzet. Précis de Physique médicale, p. 68. 


>. 


= SÉANCE DU 14 JUIN 19295 


résistance de 2.000 ohms et on détermine les deux nouveaux voltages 
liminaires V, et V',. On a, par exemple, 


Gül  __ _V,—V 


he 
ere 7 2,000 


si l'on néglige les variations subies par a et b, lorsqu'on ajoute les 
2.000 ohms. 


a — (V — V') 


(22 
LOUE 
durée optima, pourra caractériser approximativement l’excitabilité du 
nerf ou du muscle examiné. 


On effectue ensuite le quotient —, dont la valeur, bien qu’éloignée de la 


Dans un prochain mémoire, je ferai connaitre les résultats obtenus 
chez divers malades par les procédés qui viennent d’être indiqués. 


(Travail du laboratoire de Physique médicale de la Faculté 
de Médecine de Lyon.) 


ERRATUM 


Note DE G. FRANCHINI. 


T. LXXIV, p. 1198, ligne 1, lire : Baccellia au lieu de B accellie; ligne 3, lire” 
anophelei au lieu de anophelie. 


IIS PRES. UE 
AE, 


4296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE È 


ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE. 
Liste de présentation. 


Première ligne : M. Legendre. 

Deuxième ligne : M. Pinoy. 

Troisième ligne (ordre alphabétique) : M. Chatton, M Loyez, 
MM. Piéron et Terroine. 


Vote. 
Premier tour. — Votants : 48. 


M Legendre, 2 20 PV Obrente Avon 
M. Laignel-Lavastine 4% 4. — 
MES PhiSalix er ENCEETR  ic E — 4 — 
M" PIérON- MR NM PET AR AU AE — 
MÉRPANONE MAR ENRRNRE PRE — 
MÉSSACUÉDÉE RARE RE — 
M. Terroine.FriiUéteeMarne re — 
MAELOyeze Avr rer ee ere — 
MÉAMNAEQ "ETC ARE — 
M. Armand-Delille. . . . . . .. — 
MiGhatton ec anses ee — 
M JAVA ee ee EE — 
MES PAUNON SEC D PACE — 


Q2 C0 CO CE 


EE À 1 
| 


Deuxième tour. — Votants : 30. 


M. Legendre. © . 4/7 obtient.- 24 voix It. 
M. Laignel-Lavastine: . . . _ 
Mi PINOY 020 NAT -— 
MONA AE EP CREER — 
M Ter One M RARE — 


= & NO NN 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassettei 


1297 


SÉANCE DU 21 


Bern (MARCEL) : De l’immunité gé- 
nérale contre les maladies infec- 
tieuses (Deuxième note) 

Bicaro (G.) et Barpès (L.) : 
troanaphylaxie ou rétroprotéotoxie. 

Bizzarp (G.) et Fronor (L.): Sur la 
fixation locale du chlorhydrate de co- 
caïne par le bleu de méthylène. .. 

Bosc (F.-J.) : Inclusions leucocy- 
taires du sang dans le rhumatisme 
LI LOIR RE 

Camus (JEAN) et Porax (RENÉ) : 
Insuffisance surrénale et sensibilité 
aux poisons. Action du mélange 
adrénaline et strychnine. . .. ... 

Czuzer (J.): Electrodiagnostic au 
moyen d'un condensateur à capacité 
réglable. Recherche de la « réaction 
de dégénérescence » 

Couvreur (E.) : Sur la germina- 
tion des pommes de terre. . . . .. 

Doyen, LYrTcHKowWwSskY, BROWNE et 
Suvrnorr (Mile) : Culture de tissus 
normaux et de tumeurs dans le 
plasma d’un autre animal. . .... 

Doxvon (M:) et Sarvonar (F.) 
Action de divers corps sur le pou- 
voir coagulant du sérum. . .. ... 

Dunor (E.) : L’albuminose des li- 
quides céphalo-rachidiens, caracté- 
risée parlesréactions d’anaphylaxie. 

Kervizy (MICHEL DE) : Variations 
de structure de la membrane basale 
des bronches chez le fœtus humain. 

Levaprri (C.) et MureruiLzcx (Sr.) : 
Action du venin de cobra sur la vie 
et la multiplication des cellules in 
NAN) Bu SUR: ES DAS RENE Re LEE 

Marie (Pierre), Roussy (Gusrave) 
et Larocue (Guy) : Sur la reproduc- 
tion expérimentale des pachymé- 


OMOLNO MOT ONU 


CMOS EEE AT) 


ningites hémorragiques . . . . . .. 
MÉNARD (PIERRE-JEAN) Eosino- 
philie expérimentale (Première 
DOS) ot RS 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. 


JUIN 1913 


SOMMAIRE 


1300 


1320 


1329 


1305 


Mesxiz (F.) et SARRAILHÉ (A.) : 
Toxoplasmose expérimentale de la 
souris : passage par les muqueuses ; 
conservation du virus dans le ca- 
ANTON EE EN MR ee 

MureruiLca ($S.) et Bankoswxi (J.) : 
Les phénomènes d’adsorption dans 
la production des anaphylatoxines 
(Brenmierenote) MCE ren 

REGAUD (CL.) et LAGASSAGNE (ANT. ) : 
Sur la radiosensibilité (aux rayons X) 
des cellules épithéliales des folli- 
cules ovariens, chez la lapine . . 

WegEr (A.) : À propos des forces 
en jeu dans la caryocinèse. .. . .. 

WEILz (P.-Eurre) et NorRé : Note 
sur un milieu de culture pour le 
GONOCOQUE ae PNEU 

WeEinserG (M.) et Ciuca (A.) : Re- 
cherches sur l’anaphylaxiehydatique 
expérimentale (Troisième note) 
Anaphylaxie hydatique passive. . . 


1314 


1318 


Réunion biologique de Marseille. 


DAUMÉzON (G.) : Sur une contami- 
nation microbienne de l'œuf de 
DOUCEMENT EN RAT RAA Are 

GERBER (C.) : Action du bichlorure 
de mercure, de l'iode et de l’eau 
oxygénée sur la digestion de la ca- 
séine et de la fibrine par les pan- 
créatines des latex de Figuier et de 
Broussonetia. — Comparaison arec 
les présures correspondantes . .. 

GERBER (C.) : Résistance à ia cha- 
leur des caséases et des trypsives 
des pancréatines des latex. de Fi- 
guier et de Broussonetia. — Com- 
paraison avec les présures corres- 
JOUE . HORS EEE 

GERBER (C.) et Guroz (H.) : Les 
ferments proléolytiques des pan- 
créalines des latex sont des trypsi- 
nes 


Er te. lol elle ter ait) Met en ete nÈse 


LXXIV. 


1333 


. 1341 


1298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Jozsaun (A.) : [. Examen critique Marmorron : Pupillomètre à trous 


de la valeur des principaux carac- SUÉNMOPÉIQUE SPP NP 1360 
tères sur lesquels a été fondé le Moreaux (R.): Sur le moded'’action 
genre Scillælepas Seg. — Observa- . | de la rééducation auditive dans le 
tions sur quelques espèces fossiles traitement de la surdité. . . : 1354 
appartenant à ce genre ou que l’on . MoreAux (R.) : Sur l'emploi de va- 
a supposé pouvoir y appartenir . . 1334 | peurs diode en thérapeutique oto- 
rhino-laryngologique. : . . . . . .. 1352 
D " s SARTORY (A.) et ORTICONI (A.) : 
Réunion biologique de Nancy. Remarques au sujet d'un cas de 
SDOPOIMICNOSE NE 1346 
Cozxin (R.) : Les mitochondries SARTORY, (A.) et ORTIcONI (A.) : 
du cylindraxe, des dendrites et du Sur un cas de stomatite. . . . . .. 1347 
corps des cellules ganglionnaires SPILLMANN (M.)et Warin (J.) : 
DORÉ INOS ANS As CARE 1358 | Lésions histologiques dans un cas : 
Durour (M.) : Les lunettes Distal . 1348 | de xanthome papuleux généralisé. 1357 
Durour (M.) : Sur le mélange op- SPILLMANN (L.) et WATRIN (J.) : 
tique des iCOUEULS NN PRE , 1349 | Recherche du tréponème dans les 
Durour (M.) : La vision binocu- taches de la roséole syphilitique. . 1356 
laire chez les sujets qui ont un œil ZiLGIEN (H.) : Influence des sels 
aDhAQUE NN ANTENNES Ce Lie 1350 | d’ammoniaque à l'éfat naissant sur 
JEANDELIZE (P.) : Présentation de la transformation du calomel en 
l'album diploscopique du D' Rémy. 1344 | sels solubles de mercure . . . . . 1362 


Deere de M. Dastre. 


ÉOSINOPHILIE EXPÉRIMENTALE 
(Première note), 


par PIERRE-JEAN MÉNARD. 


Dans les recherches antérieures, résumées en une communication sur 
les broncho-pneumonies expérimentales secondaires à l'injection intra- 
trachéale de lipoïdes du bacille diphtérique (1), j'avais signalé, aux pre- 
miers stades du processus, la production d’éosinophilie intense trachéo- 
broncho-pulmonaire. La constance de la réaction m'a poussé à faire 
quelques recherches sur le déterminisme de l’éosinophilie locale. Ge sont 
ces recherches que je voudrais résumer ici, dans leurs points essentiels. 

La technique opératoire est des plus simples. Elle consiste à injecter 
dans la trachée une certaine quantité de lipoides, mis en suspension 
dans du sérum physiologique ou de l’eau distillée simple, selon la tech- 
nique que j'ai antérieurement indiquée. Pour ce qui est des corps à 


(1) P.-J. Ménard. Les lipoïdes du bacille diphtérique. Broncho-pneumonies 
expérimentales. Eosinophilie trachéo-broncho-pulmonaire. Con ptes rendus 
de la Soc. de Biologie, 29 juin 1912. 


te 4 


SÉANCE DU 21 JUIN 1299 


injecter, je m'élais d’abord servi d'extraits éthéro-alcooliques de bacilles 
diphtériques. Mais j'ai reconnu depuis qu’on pouvait obtenir les mêmes 


résultats avec des extraits de diverses natures microbiennes el autres. 
J'ai usé ainsi avec succès d’un extrait obtenu avec un pus d’abces froid. 
On a donc là un moyen très simple d'obtenir à coup sûr une éosinophilie 
intense, qu'il est dès lors aisé de suivre dans son évolution. 

Les résultats que je vais rapporter ont été cherchés chez le cobaye. 
Mais j'ai obtenu les mêmes chez le lapin et le chat. Voici le résumé des 
examens histologiques de trachées de 4 cobayes sacrifiés de cinq 
minutes en cinq minutes après l'injection intratrachéale. 


Cobaye n° 1. — Sacriié cinq minutes après une injection intratrachéale 
d'extrait éthéro-alcoolique de bacilles diphtériques en suspension dans du 
sérum physiologique. 

Fixation Dominici. Color. Hématéine. Eosine. 

Epithélium trachéal : normal. 

Couche sous-épithéliale : léger œdème. Mais pas d'éosinophiles. 

Capillaires sous-muqueux : béants, la plupart sont remplis d’hématies et de 
leucocytes; les leucocytes sont disposés en bordure contre la paroi du vais- 
seau ,: c'est la margination leucocytaire typique. Ces leucocytes sont des 
polynucléaires ; les uns rares, apparaissent sans granulations, ce sont des 
neutrophiles banaux; le plus grand nombre ont des granulations. Ces granu- 
lations, plus ou moins nombreuses selon les leucocytes dans lesquels ils sont 
contenus, sont très acidophiles. Elles sont très inégales, mais n’atteignent 
jamais le volume des granulations éosinophiles normales. Nulle part on 
n'aperçoit d'éosinophiles vrais. 

Cobaye n° 2. — Sacrifié dix minutes après l'injection, 

Les leucocytes ont émigré hors du capillaire et ont changé d'aspect. 

Dans les capillaires, beaucoup présentent les fines granulations acidophiles 


irrégulières déjà signalées. D’autres ont des granulations prenant une teinte 


métachromatique. D’autres enfin ont de grosses granulations éosinophiles, ce 
sont des éosinophiles. Tous les intermédiaires s'observent d’ailleurs entre cet 
éosinophile vrai et le leucocyte à fines granulations acidophiles irrégulières. 

Hors des vaisseaux enfin, on trouve des leucocytes émigrés les uns dans le 
tissu cellulo-conjonctif périchondral, les autres rares, déjà engagés entre les 
cullules épitheliales. 

Cobaye n° 3. — Sacrifié un quart d'heure après l'Injection. La muqueuse 
est parsemée d’éosinophiles typhiques, disséminés dans toute l'épaisseur, 
mais eriblant surtout l'épithélium et formant en certains points de véritables 
grappes dissociant des cellules, 

On en retrouve jusque dans les tissus péri-æsophagiens. 

La forme même des éosinophiles est variable : noyau type en balance, 
noyau en double masse arrondie, noyau en une seule masse arrondie petite, 
très basophile. 

Cobaye n° 4. — Sacrifié vingt minutes après l'injection. Infiltration massive 
de toute la muqueuse trachéale par des éosinophiles extrèmement nombreux, 
dont beaucoup sont mononucléés. 


1300 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


A côté d'eux, dans les vaisseaux, apparaissent des polynucléaires banaux. 
Dans la lumière trachéale enfin,’on trouve un abondant exsudat fait d'un 
magma d'apparence muqueuse et d’éosinophiles très abondants. 


Le sang examiné dans les mêmes temps sur ces cobayes et sur 
nombre d'autres n’a décelé aucune modification appréciable de la 
formule, comme nous le montrerons dans une autre note. 

En résumé, l'injection d’extrait éthéro-alcoolique de bacilles diphté- 
riques ou tout simplement de pus d’abcès, détermine localement une 
éosinophilie intense sans qu'il y ait modification de la formule sanguine 
générale. Les choses se passent de telle sorte que les éosinophiles semblent 
se former in situ en majeure parlie par transformation locale des polynu- 
cléaires normaux du sang. 


DE L'IMMUNITÉ GÉNÉRALE CONTRE LES MALADIES INFECTIEUSES 


(Deuxième note). 


Note de MarcEL BELIN, présentée par G. Moussu. 


Exp. Il. — Trois lapins pesant 2 kil. 350, 2kil. 1450 et 2kil.350 reçoivent le 
23 juillet 1911 1/2 c.c. de culture de vingt-quatre heures de sfreptocoques en 
bouillon, sous la peau. 

On injecte à l’un d’eux du carbonate de sodiumà raison de 3 nee 
par kilogramme sous la peau 3 fois par jour pendant 3 jours, 2 fois par jour 
ensuite pendant 7 jours. 

A l’un des deux autres je fais des injections de chlorure de calcium dans 
les mêmes conditions. 

Je ne puis malheureusement pas rapporter ici la courbe thermique et celle 
des poids, étant données leurs dimensions, j: me contenterai de donner quel- 
ques indications. 

Après les injections de streptocoques, les 3 lapins eurent des oscillations 
thermiques présentant leur maximum le soir, oscillations variantde quelques 
dixièmes de degré à 1%. Tous maigrirent légèrement tout d’abord, puis leur 
poids redevint ce qu'il était primitivement. 

Le 2 août, soit 10 jours après l'injection de streptocoques, on inocule dans 
le péritoine de chaque lapin 1/4 de c.c. d’une culture de vingt-quatre heures 
du choléra des poules en bouillon. 

Le témoin meurt en dix-huit heures. 


Les deux autres ont eu comme le témoin une température dépassant 
41 degrés quelques heures après l’injection, mais rapidement la courbe 
a repris le caractère oscillant qu’elle avait précédemment, l'amplitudedes 
oscillations s'amoindrissant peu à peu. 

Le lapin carbonate de sodium n’a présenté aucun trouble, son poids 


SÉANCE DU 21 JUIN 1301 


n’a pas varié. Le lapin chlorure de calcium a eu de la diarrhée muco- 
membraneuse le lendemain de l'injection ; le deuxième jour, la diarrhée 
avait cessé. Il maigrit de 400 grammes en une dizaine de jours, puis son 
poids augmenta régulièrement. 

Les injections salines furent continuées pendant cinq jours. 

Or, j'ai constaté à plusieurs reprises que de telles injections n'avaient 
aucune action sur l’évolution d’une affection suraiguë quand elles étaient 
pratiquées après l'injection microbienne. 

Le lapin carbonate de sodium mourut brusquement vingt-trois jours 
après l'injection de choléra des poules, alors que rien, ni dans sa tempé- 
rature ni dans sa courbe des poids, ne pouvait le laisser prévoir. Je ne 
pus en faire l’autopsie. 

Le 27 octobre, soit plus de deux mois après l'injection de re deu 
ques, on injecte au lapin chlorure de calcium 3/4 de centimètre cube de 
culture de coli-bacilles tuant les témoins en 18 à 24 heures ; mort en 
trente heures. 


Exp. III. — A 3 lapins on injecte sous la peau 1/2 c.c. d'une culture de 
vingt-quatre heures de choléra des poules en bouillon, le 18 août 1911. Ces 
lapins pèsent 2.070, 2.555 et 2.240. 

Deux d'entre eux recoivent, l’un pendant 7 jours du chlorure de cal- 
cium, l’autre du carbonate de sodium, à raison de 2 injections chaque jour, 
3 centigrammes par kilogramme d'animal. 

Cinq jours après la dernière injection, on injecte à chacun d'eux 1/2 c.c 
d’une culture de vingt-quatre heures de coli-bacilles en bouillon par la voie 
péritonéale. 

Le témoin meurt en quarante-huit heures. 


Les deux autres ne présentent aucun trouble, ils n’eurent pas d’hyper- 
thermie après l'injection. Le lapin carbonate de sodium avait 39°2 avant 
l'injection, il eut 39°2 ensuite et 395 le lendemain matin ;le lapin chlorure 
de calcium 39 degrés avant l'injection, il eut 39°3 après et 39 degrés le 
lendemain matin. 

Les poids ne subirent aucune variation. 

Le 27 octobre, c’est-à-dire près de trois mois après l'injection de choléra 
des poules, je fis à ces deux animaux une injection 3/4 c.c. de culture 
de vingt-quatre heures de coli-bacilles en bouillon ; le lapin carbonate de 
sodium mourut en dix-neuf heures, le lapin chlorure de calcium suc- 
comba en trente-deux heures. 

Conclusion. — Les résultats expérimentaux permettent de conclure 
qu'il esl possible de créer un état d’immunité protégeant sinon contre 
toules, au moins contre un certain nombre de maladies infectieuses. 

_ Je chercherai à préciser dans quelles conditions on peut créer cet état 
d'immunité et par quel mécanisme il s'établit. 


(Laboratoire de Bactériologie de l'Institut vaccinal de Tours.) 


1302 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ACTION DE DIVERS CORPS SUR LE POUVOIR COAGULANT DU SÉRUM, 


par M. Doyon et F. SaRvoNar. 


[.— On sait que le sérum sanguin possèdela propriété de déterminerla 
coagulation du plasma oxalaté. Nous avons montré que le nucléinate de 


soude enlève au sérum cette propriété. Nous avons recherché si les. 


divers phosphates se comportent comme le nucléinate. Nous avons 


constaté qu'ils agissent tous; toutefois, le métaphosphate est plus parti- 


culièrement actif. 


Conditions. — On répartit dans des tubes à essai 5 c.c. de plasma oxalaté. 
On ajoute aux échantillons 1/2 c.c. de sérum frais, mélangé à 1/2 c.c. d'une 
solution de phosphate. Nous avons employé des solutions d'ortho, pyro et 


métaphosphate de soude fraichement préparées et définies par la teneur en 


P°0°, cette teneur étant déterminée par un dosage à urane (1). 


P?0° p. 100. 
NÉ 
k 0,8 0.4 
Orthophosphate. . Prise en masse, Prise en masse. Prise en masse. 
Pyrophosphate . . Perdu. Caïllots flottants. Prise em Masse. 
Métaphosphate . . Incoagulable. Incoagulable. Incoagulable. 


II. — Nous avons comparé le métaphosphate, dans les mêmes condi- 
tions expérimentales, à divers sels : chlorure de sodium, sulfate de 
soude, carbonate de soude (solutions normales n/2, n/4), et constaté 
que le métaphosphate est particulièrement actif. 


P. 100 Après 24 heures 


= 


Incoagulable. 
D Incoagulable. 
Incoagulable. 


Prise en masse. 
Prise en masse. 
Prise en masse. 
Prise en masse. 
» Prise en masse. 
» Prise en masse. 
6 Incoagulable. 

Incoagulable. 

Prise en masse. 


Métaphosphate . 


Chlorure TES OUR 


Oo &x 


æ 2 


QUAS CO SOU AR e 6 


. 
e . 
CRI CSP DS 


HO DIOR = NOT 9 


Carbonate de soude ag. . . . . . 


nt ©] 
+ 


III, — Le chloroforme, l’éther, le toluène, même en très grand excès, 


n’'empêchent pas l’action du sérum sur le plasma oxalaté. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine 
de Lyon.) 


(1) Le sang provenait du chien ; le plasma était préparé en recevant le sang 


sur une solution d’oxalate, 3 c.c. d’une solution à 24 p. 100 de sang; le 


mélange était ensuite centrifugé. 


me 


émane 2 “és de d'a: 


| 
3 
; 
Ë. 
1 
| 
} 


SÉANCE DU 21 JUIN 1303 


SUR LA REPRODUCTION EXPÉRIMENTALE DES PACHYMÉNINGITES HÉMORRAGIQUES, 


par PIERRE MARIE, GUSTAVE Roussx et GUY LAROCHE. 


La pathogénie des hémorragies méningées est loin d’être établie 
d’une façon définitive, et les rapports quiunissent les processus hémor- 
ragiques et les réactions inflammatoires des méuinges sont encore 
discutés. Si, en effet, le rôle joué par l’inflammation dans la pachymé- 
ningite hémorragique est admis sans conteste dans la plupart des cas, 
la méningite précédant et créant l’hémorragie, on discute encore pour 
Savoir si, dans certaïnes conditions, l’'hémorragie peut ètre primitive et 
conditionner les réactions inflammatoires des méninges. L'observation 
anatomoclinique n'ayant pu jusqu'ici apporter de solution à ce pro- 
blème, en permettant de saisir l’organisation d’un caillot primitif jus- 
qu'à la fausse membrane, on s’est adressé à l’expérimentation. 

Or, la reproduction expérimentale des pachyméningites hémorra- 
giques chez l'animal, plusieurs fois tentée, a donné des résultats 
jusqu'iei peu précis. Alors que pour certains l'injection de sang de la 
dure-mère ne peut suffire à déterminer le processus pachyméningitique, 
d'autres ont obtenu des résultats positifs avec le sang non défibriné 
(Sperling). Devant l’inconstance des résultals. nous avons repris une 
série de recherches sur le lapin et sur le chien. 

Nos expériences ont consisté à injecter sous la dure-mère, dans la 
région rolandique, soit du sang pur, non défibriné, soit du sang 
additionné de staphylocoques chauffés pendant une demi-heure à 
56 degrés, soit un mélange irritant composé d'acides gras et de nucléi- 
nate de soude (mélange de Jean Camus). 


Dans une première série, 3 lapins reçoivent de 2 à 4 cc. de sang de lapin 
pris à la veine de l'oreille. 

Sacrifiés du 11° au 15° jour après l'opération, ils ne présentent aucune 
réaction méningée; les méninges sont tout à fait normales, pas même 
teintées, le sang ayant été complètement résorbé. Chez un 4° lapin, les inocu- 
lations répétées à 3 reprises différentes de 0,5 ce. de sang, à l'intervalle de 
quinze jours chacune, ne domnent aucun résultat; l'animal a été sacrifié 

. deux mois après la dernière injection. 

Deux chiens reçoivent chacun 5 cc. de sang de chien, pris à la veine 
saphène et sont sacrifiés le 22° jour sans aucun résultat. 

Dans une deuxième série, 2 lapins inoculés sous la dure-mère d’un seul côté 
avec le mélange de sang et de siaphylocoque tués par la chaleur (0,5 ce. de 
sang et 0,1 cc. d’émulsion louche de staphylocoque). Sacrifiés le 30° jour, 
ils ne présentent aucune trace de pachyméningite; le côté injecté ne peut se 
différencier du côté sain à l’autopsie. 

Deux chiens sont inoculés avec 5 cc. de sang additionné de 0,5 ce. de 
l’émulsion microbienne. L’un deux, sacrifié le 26° jour, présente une dure- 


Ed 


1304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


mère intacte; le second, sacrifié au 12° jour, ne présente qu'une réaction très 
légèrement inflammatoire, à tendance hémorragique discrète du côté 
inoculé. ; 

Dans une troisième série, les injections de liquide irritant (acide gras, 
nucléinate de soude) sont faites à 3 lapins et 4 chiens. 

Chez les lapins, l'injection de 0,5 cc. du mélange ne donne aucun résul- 
tat, chez le premier, et détermine une réaction inflammatoire simple, non 
hémorragique chez le second. 

Les chiens recoivent de 1 à 4 cc. de la solution. 

Le premier, sacrifié le 20° jour, présente une dure-mère épaissie et d'appa- 
rence hémorragique. Sur les coupes histologiques : formation néo-membra- 
neuse des plus nettes sur la face interne de la dure-mère avec début de 
clivage et très belle hémorragie en nappe dans les feuillets néo-membraneux. 

Un second, inoculé à deux reprises avec 1 puis 4 cc. de la solution, à un 
mois d'intervalle, dans la même région, meurt le 70° jour. A l’autopsie, on 
trouve un épaississement blanchâtre de la dure-mère du côté injecté; sur les 
coupes existait une grosse réaction inflammatoire et scléreuse autour de 
cristaux d'acide gras, sans hémorragie. 

Un troisième chien, sacrifié le 72° jour après l'injection de 1 cc. de la 
solution, présente un état laiteux pseudo-membraneux de la dure-mère. Au 
microscope, lésions du type précédent, mais avec infiltration légère de 
pigment ocre. 

Le quatrième (injecté dans l’espace atloïdo-axoïdien pour des recher- 
ches d’un autre ordre que l’un de nous poursuit avec Jean Camus) est 
sacrifié au bout de cinq mois. An niveau de la face interne de la dure-mère 
cérébelleuse recouvrant le vermis supérieur, existe un piqueté ocreux assez 
abondant, avec un léger épaississement méningé. Les réactions chimiques et 
l'examen histologique montrent qu’il s’agit de pigment ferrique. Get état est 
identique à une forme que nous observons souvent chez les vieillards et sur 
laquelle nous reviendrons prochainement. 


_De l’ensemble de ces expériences, ayant porté sur 17 animaux, il 
résulte que : 

1° Le sang pur, injecté en quantité de 2 à 3 cc. en une ou plusieurs 
fois, ne détermine pas de réactions inflammatoires des méninges, 
appréciables au 41° et 60° jour. Le sang est complètement résorbé dans 
les premiers jours (11° au 15° jour); 

2 Le sang, additionné de staphylocoques dorés chauffés à 56 degrés, 
n'a déterminé qu'une fois une très légère réaction inflammatoire à : 
tendance hémorragique diserète; 

3° Au contraire, l'injection de substances irritantes, sans addition de 
sang, a donné 4 résultats positifs sur 4 chiens mis en expérience : 

Deux fois un état blanchâtre (pachyméningite non hémorragique); 
une fois un état blanchâire néo-membraneux avec piqueté hémorra- 
gique donnant au microscope l'aspect le plus typique de la pachymé- 
ningite hémorragique ; une fois enfin un état ocreux. 

Ces faits nous semblent montrer que le sang aseptique ne constitue 


SÉANCE DU 21 JUIN 1305 


pas un irritant capable de déterminer, du côté des méninges, une réac- 
tion inflammatoire assez durable pour aboulir à la pachyméningite 
hémorragique. 1ls sont donc contraires à la théorie des hémorragies pri- 
mitives déterminant les pachyméningites. 

Au contraire, le sang additionné de microbes peu virulents et surtout 
l’action de substances irritantes peut réaliser chez l'animal des lésions 
de pachyméningite, pouvant aller jusqu'au type hémorragique et rap- 


pelant celles qu’on observe chez l’homme, au début du processus ms LA 
{ 


méningitique. Ai 
(Laboratoire d’'Anatomie pathologique NE 
. . Rey LE 
de la Faculté de médecine de Paris.) las 3 


ACTION DU VENIN DE COBRA SUR LA VIE ET LA MULTIPLICATION DES CELLU 
in vitro, 


par C. Levanirr et Sr. MUTERMILCH. 


Dans une note-présentée antérieurement à la Société (1), nous annon- 
cions des expériences en cours concernant le mode d'action du venin 
de Cobra sur la survie et la multiplication des cellules in vitro. Nous 
apportons aujourd’hui les résultats de nos recherches. 


Nous nous sommes servis d'organes (cœur et rate) d'embryon de poulet, 
placés dans du plasma de poule (procédé de Burrows-Harrison, modifié par 
Carrel). Le venin de Cobra, que nous devons à l’obligeance de M. Calmette, 
était dissous à 1 gr. pour 100 dans de l’eau salée rOMRer puis filtré à tra- 
vers une bougie Berkefeld. 


I. — Le venin empêche la mulliplication des cellules fusiformes con- 
: jonctives du cœur; il détruit également les éléments migrateurs de la rate 
et s'oppose ainsi à l'apparition des auréoles autour des fragments de 
cœur et de rale. 


Le venin à 1 : 100 est dilué au 10°, au 100, au 1000, etc. 10 gouttes de 
chaque solution sont versées dans un verre de montre et on y ajoute les 
fragments d'organes. Temps de contact : quinze minutes à la température de 
la chambre. On prélève les fragments et on les place dans 3-4 gouttes de 
Ringer, auxquelles on ajoute 10 à 12 gouttes de plasma. En général, dans 
les plaques qui contiennent les fragments dont le tissu conjonctif, sous 
l'influence du venin (solutions concentrées), ne pullule pas, le plasma se 
trouble et devient granuleux, surtout autour de ces fragments. Parfois, cette 
zone de plasma trouble s’éclaircit au bout de quelques jours; on voit alors 


(1) Levaditi et Mutermilch. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, 
LAEXXIV, p. 379. 


1306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


une pullulation tardive des cellules conjonctives se faire précisément à l’en- 
droit où le plasma s’est clarifié. 


Fragments de cœur, 


CŒUR ‘CŒUR. 
CŒUR 
d — VENIN + VENIN —+ VENIN 
27 VENIN aux aux au 
au millième/|40 millièmes!|100 millièmes|millionième 


CŒUR CŒUR. 
+ VENIN 
aux 10 


millionièm'es 


CŒUR 
TÉMOIN 


LEUR Tr. 000 b. tr. ©. 


0,0,0,0,0,0.[0, 0, 0, 0, 0.|0,0,b,0,0,0 |0, 0, tr, 0. 


22 Job he 


0000 + 0 +.|0 peu tr. 0. 


3° jour . . peu, peu, 


ne) rc 


Cette expérience montre que, en ce qui concerne la pullulation des 
cellules conjonctives du cœur, le venin même dilué au 10.000.000° pro- 
voque un retard manifeste, appréciable au bout de vingt-quatre heures. 
Les résultats enregistrés Le deuxième et le troisième jour, montrent que 


l’aclion destrutive est presque complète pour la solution au 1000°, et 


parlielle pour la solution au 10.000°; quant aux fragments ayant été en 
contact avec les solutions moins concentrées en venin, ils finissent par 
pulluler comme le témoin. 


Fragments de rate. 
(Méme disposition que dans l'expérience précédente.) 


EE + + trpeu, + + HE EEE EC 
ans +. 


3 RATE + VENIN RATE — VENIN RATE + VENIN 
JOURS RATE TÉMOIN Ness NPA LE à 
au centième au milliorième aux 10 millionièmes || 
der jour .|Blle sortie cellulaire.| Destr. complète. 0000 Mt, See. | 
ê 00000 | 
one. Id. Destr. complète. |Trace de sortie cel- ARR TEUESE 
lulaire. Dégénéres-| App. de cell. fusi- 
cence, formes. 
3e jour . Id. Destr. complète. |Sortie ‘de cellules Id. 
rondes et prolif. de 
cell. fusiformes. 


La rate se comporte donc comme le cœur, au point de vue de l’action 
du venin. À retenir le retard dans l'apparition du phénomène de la 
sortie cellulaire, provoqué par les solutions faibles de venin. 


Il. — Ze venin, chauffé à 100 degrés, en tube fermé, continue à exercer 
son action toxique sur le tissu conjonctif du cœur et les éléments migra- 


“che site iacca SEL 'aRÈtt 


SÉANCE DU 21 JUIN 


1307 


teurs de la rate. Nous nous sommes servis de la solution de venin au 100”, 
chauffée pendant dix minutes à 100 degrés. Après quinze minutes de 
contact à la température du laboratoire, l’action toxique a été complète. 


IT. — Temps d'action. Nous avons tenté de préciser quel est le minimum 
de temps de contact entre le venin et les tissus, pour qu'il y ait action 
toxique manifeste. Solution de venin au 1000, 20 gouttes. Le temps d'action 
a varié de trente secondes à vingt minutes; lavage ultérieur dans environ 
40 c.c. de Ringer (à deux reprises, dans deux boîtes de Petri). 


Temps d'action. 


DEMPS D'ACTION DU VENIN 
JOURS CŒUR TÉMOIN 
30 secondes| 2 minutes 5 minutes | 10 minutes | 20 minutes 
1 jour . .| Début de prolif.|000. 000000. 000000. 00000. 00000. 
22 jour . [+ +++ LL. |0, tr. O. 0000, tr., 00. |00 + peu, 00. |000000. 00000. 
3e jour . .|+ +++ +. 0, +,tr. tr., +, 0, 0, + 000 tr. | peu, tr. 0000.|00 tr. tr. O. 
0, peu, tr. 
int 
4e jour +. .|LÆ ++ EL +, | +, peu, tr. |0, +, 0, 0,|[+, peu, tr.\000 + Oitr. |peu, 0, + 
peu, tr. 0 00. O0. 


Gette expérience montre que trente secondes de contact entre les lissus 
el Le venin (au 1000°) suffisent pour qu'il y ait fixation de la toxine et 
action empéchante manifeste. L'absorption du venin par les éléments cellu- 
- laires paraît donc s'opérer très rapidement. 


IV. — Delezenne et M!° Ledebt (1) ont montré que, si l'on ajoute des 
traces de venin de Cobra à du jaune d'œuf, on obtient une substance 
(que nous appellerons substance D) infiniment plus toxique que le venin, 
en injection intraveineuse. Nous avons recherehé si la substance en 
question agissait sur le tissu conjonctif du cœur et si sa toxicité sur ce 
tissu correspondait à celle qu'elle possède, lorsqu'on l’introduit dans 


la circulation générale. 


On mélange à 12 c.c. de jaune d'œuf, 18 c.c. d’eau salée et on filtre sur 
coton de verre. On ajoute à 20 c.c. de ce filtrat, 0 c.c. 2 d’une solution de 
venin à 4 p.100. On essaye la toxicité de ce mélange, après trois heures de 
contact à la température de la chambre. 4 c.c. injectés dans les veines d'un 
lapin de 2.240 gremmes, le tue en quelques secondes ; 0,75 provoque la mort 
d'un petit poussin en deux-trois minutes. 


(1) Delezenne et MM: Ledebt. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1911, 


t. LXXI, p. 121. 


1308 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Toxicité sur les fragments de cœur. — On emploie, comme témoin, une solu- 
tion de venin dans l’eau salée, au même titre. Temps d'action : quinze 
minutes. 


VENIN TÉMOIN ‘ SUBSTANCE D 


CŒUR 


témoin Pur 


(sol. mère) Au dixième |Au centième Pure Au dixième [Au centième 


derj.l+. +, +,10,0,0, 0,0,0.10, 0, 0, 0, 0.10, 0, 0, 0, 0.10, 0, 0, 0, 0.0, 0,0, 0,0, 0. 0, tr.,0,0, tr. 
peu, peu. à 


2e j.|+, +, +, +,10,0,0, 0, 0,0.10, 0, 0, 0, tr.|Peu, part.,|0, 0, 0, 0, 0.10, peu, part.,|Peu, part. 0, 
+. 0. +,  part., 0, 0, 0. part, + +. 
part. 


32 j.|+, +, +,—+,10,0,0,0, 0,0. 0, 0, tr., 0, 0,|Part., +, +,10, 0, 0, 0, 0.10,tr.,Opart.,|+,+,+Æ,+, 
+. part. +, +, +. part, tr. ‘| part. < 


Il en résulte que, dans ces conditions, ü n'y a pas de parallélisme 
entre l’action toxique exercée par la substance D in vivo et celle qu’elle 
manifeste sur la vie et la multiplication des cellules conjonctives in 
vitro. Cette substance tue instantanément l’animal en injection intra- 
veineuse, et cependant elle n’agit pas plus que le venin sur les éléments 
fusiformes du cœur, cultivés hors de l’organisme. Comme, d'autre part, 
la même substance exerce, sur les hématies lavées de poussin, une 
action hémolytique de beaucoup plus intense que celle du venin, il y 
a lieu de rapprocher ses propriétés hémolysantes de son action toxique 
in vivo, el les séparer de ses qualités cytotoxiques, appréciées d’après 
le procédé employé par nous. 


SUR LA RADIOSENSIBILITÉ (AUX RAYONS X) DES CELLULES ÉPITHÉLIALES 
DES FOLLICULES OVARIENS, CHEZ LA LAPINE, 


par CL. REGAUD et ANT. LACASSAGNE. 


Nous devons distinguer, dans l’histoire des cellules épithéliales d'un 
follicule de l’ovaire adulte, les deux périodes successives, qui corres- 
pondent l'une au follicule proprement dit, l’autre au corps jaune. 


PÉRIODE CORRESPONDANT AU FOLLICULE. — #ollicule primaire. — Tant 
que l'épithélium folliculaire reste constitué par une couche unique et 
mince de cellules plates, son état d'activité fonctionnelle est rudimen- 
taire. Il ne semble pas queles cellules folliculeuses soient radiosensibles 
à ce stade. En effet, l'irradiation ne les empêche nullement d'exercer 
leur fonction phagocytaire sur l'ovocyte nécrobiosé. Il est vrai qu'elles 


SÉANCE DU 21 JUIN 1309 


disparaissent ensuite, par autolyse suivie de résorption ; mais il ne faut 
pas oublier qu’elles ont le même sort chaque fois qu’un follicule pri- 
maire entre en atrésie, quelle que soit la cause de celle-ci. 

Follicules en voie de croissance. — Pendant la longue croissance du 
follicule, les cellules épithéliales se multiplient et se stratifient ; inter- 
posées entre l’ovocyte, qui fabrique ses réserves vitellines, et le milieu 
vasculo-conjonctif, elles recoivent de ce milieu des substances qu'elles 
élaborent, soit pour les transmettre à l'ovocyte, soit pour en faire le 
liquide, qui s’accumule en quantité de plus en plus grande dans la cavité 
folliculaire. 

Pendant cette période de fonctionnement glandulaire, la radiosensi- 
bilité des cellules folliculeuses s'accroît peu à peu; elle est d'autant 
plus grande que le follicule est plus près de son achèvement : cela résulte 
avec certitude de nos observations. 

Tant que le follicule est encore non cavitaire, l’irradiation ne détruit 
que peu de cellules folliculeuses, celles qui sont saisies en état de multi- 
plicalion ; les autres, qui subsistent en grande majorilé, participent 
encore à la liquidation de l’ovocyte dégénéré, en immigrant dans son 
corps cellulaire. Lorsque le follicule est devenu cavitaire, les cellules 
épithéliales succombent à l’irradiation en nombre de plus en plus con- 
sidérable. Tant pour ce motif qu'en raison de l’obstacle plus grand 
opposé par la membrane pellucide, l’épithélium folliculaire participe de 
moins en moins à la liquidation de l’ovocyte; c’est pourquoi celle-ci 
devient très lente. 

Follicules achevés. — L'épithélium des follicules achevés n’a plus, 
selon toute probabilité, qu’une activité glandulaire très diminuée : aussi 
bien parce que l’ovocyte a fini de constituer son vitellus, qu’à cause de 
l'achèvement du liquide folliculaire. 

C’est pourtant à ce moment que la radiosensibilité de l’épithélium 
folliculaire est à son maximum. En effet, aucun follicule de ce stade ne 
résiste à une irradiation, même modérée. La région pariétale de l’épi- 
thélium est plus sensible que la corona radiata. Il ne peut plus être 
question d’une participation quelconque de l’épithélium à la liquidation 
de l’ovocyte : aussi celui-ci disparaît avec une extrême lenteur. 


PÉRIODE CORRESPONDANT AU CORPS JAUNE. — Aussitôt après la déhis- 
cence du follicule, les cellules épithéliales qui restent en place com- 
mencent la transformation si remarquable, d’où elles sortiront, après 
quelques jours, cellules de corps jaune (1). 


(1) Nous devons déclarer que nous admettons, dans son intransigeance, la 
manière de voir de Sobotta, d’après laquelle les cellules propres du corps 
jaune proviennent exclusivement de la transformation des cellules follicu- 
leuses. Les cellules de la thèque édifient la partie vasculo-conjonctive du 
corps jaune, mais ne fournissent aucune de ses cellules propres. 


1310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Or, il résulte de nos expériences que la radiosensibilité des cellules 
épithéliales du follicule diminue rapidement à parlir de la déhiscence, 
si bien que les cellules du corps jaune constitué sont absolument réfrac- 
taires. | 

Si, en effet, on irradie les ovaires de la lapine entre le moment de 
l'accouplement et celui de la rupture des follieules (intervalle d'environ 
dix heures), les cellules épithéliales des follicules mürs sont toutes 
détruites, et aucun corps jaune ne se développe. 

Si on fait agir les rayons entre le moment de la rupture des follicules 
et la fin du deuxième jour, la formation du corps jaune est d'autant plus 
troublée que l’irradiation a été plus précoce. Les cellules commencent, 
il est vai, leur transformation constatable dans un premier ovaixe 
enlevé au bout d’un jour de survie. Mais la dégénérescence les surprend 
avant que le corps jaune soit constitué : celui-ci n'existe pas, ou bien est 
rudimentaire, dans le second ovaire examiné au huitième ouau dixième 
jour. 

Si enfin on irradie, même intensément, les ovaires huit jours après 
l’accouplement, ou bien plus tard, en tout cas à partir du moment où les 
corps jaunes ont acquis leur complet développement, on ne les modifie 
en rien. 


RÉSUMÉ. — La radiosensibilité des cellules folliculeuses apparaît à 
partir du moment où commence l'accroissement du follicule ; elle aug- 
mente peu à peu, pendant la phase d'activité glandulaire maxima; elle 
atteint son maximum après que cette phase est passée, au moment de 
la maturité du follieule. Après la déhiscence, pendant que les cellules 
épithéliales se transforment en cellules propres du corps jaune, leur 
radiosensibilité décroît rapidement ; après que leur transformation est 
achevée, les anciennes cellules folliculeuses sont devenues complète- 
ment réfractaires. 


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES ET CONCLUSIONS. — Il est certain que les 
cellules folliculeuses remplissent, par rapport à l'ovocyte, un rôle ana- 
logue à celui des cellules nourricières de l’épithélium séminal par 
rapport aux cellules de la lignée spermalique. Dans les deux sexes, les 
cellules nourricières a) font la première élaboration des substances 
qu'assimilent (ou accumulent) ensuite les cellules germinales, b) sécré- 
tent le liquide du tube séminal ou du cavum folliculi. 

L’un de nous a montré (1) que le maximum de la radiosensibilité des 
éléments de Sertoli de l’épithélium séminal coïneide avec le maximum 
de leur activité nourricière à l’égard des spermies. Il est possible que le 
facteur « activité glandulaire » intervienne aussi dans l'augmentation de 


(1) Regaud. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 14 juin 4943. 


Ë 
L- 


SÉANCE DU 21 JUIN 1311 


la radiosensibilité des cellules folliculeuses. Mais il est dans ce cas 
dominé par un facteur nouveau, qui agit dans le même sens. Le maxi- 
mum de radiosensibilité des cellules follicuteuses est atteint, en effet, 
après que le maximum de leur activité glandulaire est depuis longtemps 
passé et a fait place à une phase de repos, tant au point de vue de la 
multiplication cellulaire qu’à celui de l’activité sécrétoire. 

Nous sommes ainsi amenés à penser que l’imminente transformation 
des cellules folliculeuses en un type cellulaire nouveau, celui du corps 


jaune, conditionne cette augmentation imprévue de la radiosensibilité. 


De plus en plus donc, conformément aux déductions déjà anciennes 
de l'un de nous (Regaud, 1906, 1908), la radiosensibilité et la radio- 
résistance des cellules semblent être surtout fonctions d'un certain état 
d'équilibre physico-chimique, inconnu, de la matière héréditaire que 
renferme la chromatine des noyaux. 


(Laboratoire d'Anatomie générale et d’Æistologie 
de la Faculté de médecine de Lyon.) 


\ 


LES PHÉNOMÈNES D'ADSORPTION DANS LA PRODUCTION DES ANAPHYLATOXINES 


(Première note), 


par S. Murermicca et J. BANKOwSkI. 


_ Inspiré par les travaux de Wassermann et Keysser (1) et de Sachs et 
Ritz (2), Dœrr (3) a formulé une théorie physique des anaphylatoxines 
et de l’anaphylaxie. L'opinion de Bauer (4) se rapproche de celle de 
Dœærr. Dans un travail précédent, l’un de nous (5) a soutenu cette hypo- 
thèse se basant sur des expériences personnelles, concernant les anaphy- 
latoxines trypanosomiée, spirillée et kaolinée. Ces expériences ont 
montré que les émulsions de spirilles et de trypanosomes, ainsi que le. 
kaolin, mis en contact avec du sérum frais de cobaye, ne rendaient ce 
sérum toxique qu à condition que le complément soit en partie fixé. 
Bordet (6) s’est déclaré, de son côté, partisan de la théorie physique de 
l’anaphylaxie et l’a appuyée par de nouvelles expériences sur l'anaphy- 


 latoxine gélosée. Enfin, tout dernièrement Tchernoroutsky (7), du labo- 


Folia urologica, 1911, n° 7. 
Berl. klin. Woch., 1911, n° 22. 
Wiener klin. Woch., 1912, n° 9. 


1312 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ratoire de M. Besredka, tout en confirmant les expériences de Bordet, 
soutient que les anaphylatoxines et la peptotoxine paraissent être la 
même substance et conclut, comme nous, qu’ « il faut admettre que la 
conception physique de la génèse des anaphylatoxines, de même que la 
théorie physique des accidents anaphylactiques, mérité d’être notée et 
d’être étudiée plus profondément ». 

Nous avons continué nos recherches en nous proposant d’éiudier les 
deux questions suivantes : 1° si dans la production des anaphylatoxines 
microbiennes et gélosées il y a toujours une disparition du complément ; 
2° est-il possible de trouver d’autres substances, de préférence anorga- 
niques, capables de rendre les sérums de cobaye toxiques? Dans cette 
première note nous relatons nos expériences se rapportant à la première 
de ces questions. 

Nous avons effeclué nos expériences avec les microbes suivants : 
Bac. prodigiosus, bacille dysentérique, le streptocoque et le bacille 
tuberculeux, et nous avons vu que les sérums mis en contact avec des. 
quantités variables de ces microbes, ne produisent des anaphylatoxines 
qu'à la condition qu'il y ait une adsorption du complément. Ce sont le 
Bac. prodigiosus et le dysentérique, qui donnent lieu à la formation de 
toxine aclive le plus facilement et à toutes petites doses (0 gr. 01 de 
poudre de microbes sur 10 centimètres de sérum) et ces doses suffisent 
également pour faire disparaître le complément (0,2 à 0,3 de sérum 
n’hémolysent que partiellement 1 c.c. de globules de mouton sensibi- 
lisés, tandis que le sérum contrôle hémolyse à la dose d’environ 0,025), 
Au contraire, il faut employer de fortes doses de bacilles tuberculeux, 
jusqu'à 1 gramme pour la masse bacillaire (qui reste après l'extraction 
de la tuberculine) et jusqu'à 0 gr. 5 pour les bacilles dégraissés (mis à 
notre disposition par M. Ostrowsky), pour obtenir des anaphylatoxines 
actives; nous avons constaté, en même temps, que seulement à ces fortes 
doses il y a une fixation marquée du complément (0, 2, 0,3 de sérum 
hémolyse partielle). 

Nous avons observé le même parallélisme entre la toxicité des sérums 
et la fixation de l’alexine dans nos expériences sur l’anaphylatoxine 
gélosée de Bordet. Des quantités variables de cette subslance (0 gr. 1 à 
5 grammes pour 10 centimètres de sérum) mises'en contact avec du sérum 
frais de cobaye, ne rendaient ce dernier toxique que lorsqu'il était 
dépourvu de son alexine (0,2, 0,3 centimètre de sérum n’hémolysait que - 
partiellement 1 centimètre de globules de mouton sensibilisés); au- 
dessous de cette limite, nous n’avons obtenu que des symptômes légers 
ou rien du tout. Ces constatalions sont basées sur de très nombreuses 
expériences dont les résultats ont été toujours constants. Nous avons 
employé dans nos expériences la technique suivante : les cultures de 
microbes ont été râclées, et soit desséchées, soil suspendues dans l’eau, 
et stérilisées par la chaleur ; des quantités variables de ces microbes ont 


at Le EE Éd OR À r'- 2! 
: : = 


SÉANCE DU 21 JUIN 1313 


été mises à 37 degrés pour deux heures avec 6 c. c. de sérum frais de 
cobaye et ensuite centrifugées ; on injectait 4 à 5 c.c. de sérum à des 
cobayes dont le poids variait entre 200 et 250 grammes. 


Conczusions. — La toxicité des sérums mis en contact avec les microbes 
et la gélose va de pair avec la disparition du complément; dans les cas 
où la fixation du complément se trouve au-dessous d’une limite donnée 
(0,2 à 0,3 de sérum hémolyse partielle), ou il n'y a pas de toxicité, ou bien 
celte toxicité est faible. 


(Travail du laboratoire de M. Levaditi, à l’Institut Pasteur.) 


À PROPOS DES FORCES EN JEU DANS LA CARYOCINÈSE, 


par À. WEBER. 


Cette question, à l’ordre du jour après les intéressantes mises au 
point de Prenant et de Gallardo, ne semble pas complètement élucidée. 
À la suite des expériences de Pentimalli et de Mac Clendon, Gallardo et 
Enriques admettent que les forces mises en jeu dans la caryocinèse sont 
d'ordre électrique. Les chromosomes auraient une charge électrique 
négative, les centrosomes une charge positive. La figure fusoriale pro- 
viendrait des phénomènes de diffusion qui résultent de ces charges 
électriques et de la tension élastique du milieu cellulaire où se déplacent 
les centrosomes. 

Cette théorie confirmée par un certain nombre d’expériences sur des 
cellules normales s’applique-t-elle aussi à des caryocinèses atypiques ou 
dégénératives ? Gallardo ne voit aucun obstacle à l’explicalion de cer- 
taines mitoses pluripolaires. 

D’autres faits sont peut-être plus difficiles à interpréter. Ainsi, j'ai 
observé un certain nombre de cellules qui dégénèrent tout en se mulli- 
pliant et qui présentent des aspects, à ce que je crois, non encore 
décrits. 

Il s’agit d'éléments situés à la face profonde du tube nerveux chez de 


jeunes embryons de Raie (3 à 4 millimètres). Ce sont des cellules germi- 


natives dont les divisions successives ont donné naissance à de nombreux 
neuroblastes. Ces éléments germinatifs ont une activité caryocinétique 
considérable. Dans les premières phases du développement du tube 
nerveux On n'en voit pas au repos. Sitôt une mitose achevée, les cellules 
filles entrent de nouveau en division. 

Aux stades que j'ai en vue dans cette note, un grand nombre de ces 


cellules germinatives, leur fonction achevée, dégénèrent. Cette invo- 


BIoLOG1E. COMPTES RENDUS. —— 1913. T. LXXIV. 91 


1314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


lution n’intéresse d’abord que le noyau et tardivement après le cyto- 
plasme. Lorsque la cellule paraît complètement morte, ses débris sont 
en général expulsés dans la cavité du tube nerveux où ils disparaïssent 
progressivement. Le 

La première manifestation de ces dégénérescences porte tout d'abord 
sur la chromatine nucléaire ; elle devient indistincte et n’est plus repré- 
sentée que par quelques granules plongés dans une masse amorphe très 
légèrement teintée par l'hématoxyline ferrique. La membrane nucléaire 
disparait ensuite et les dernières traces du noyau semblent se dissoudre 
complètement dans le cytoplasme ; il s'agit là de dégénérescence par 
caryorrhexis. Quelquefois, dans ce noyau en pleine involution, appa- 
raissent des traces d'activité mitotique. Dans la masse amorphe légère- 


ment granuleuse se produit comme une ombre de peloton chromatique; . 


mais le plus souvent, les phénomènes de division que je vais exposer ne 
sont précédés d'aucune modification dans l'aspect du noyau nécrobio- 
tique. 

Un fait est frappant dans presque toutes ces cellules dont le noyau 
dégénère, c'est la netteté avec laquelle sont visibles le centrosome et ses 
irradiations. L'aspect de cet organite cellulaire parait parfaitement nor- 
mal ; il semble aussi que l’activité de ce centre seconserve à côté d’un 
noyau en agonie. Le centrosome se divise ; les deux nouvelles sphères, 
dans lesquelles sont visibles un ou deux centrioles, se placent à deux 
extrémités de la cellule ; un fuseau apparaît entre elles. Dans Ja masse 
nucléaire en caryorrhexis, les granulalions prennent parfois un arran- 
gement plus ou moins régulier, rappelant de petits chromosomes, puis 
la masse nucléaire s'étrangle comme dans une division directe. Della 
Valle a signalé dans les globules rouges du sang, chez des larves de Sala- 
mandre, des aspects comparables ; ce sont, d’après lui, des divisions 
aphanimères, mais ici on n’a pas affaire à une cellule normale; il s’agit 
d’un noyau presque complètement dégénéré, à peine colorable, qui, 
sitôt la division terminée et la membrane cellulaire formée entre les 
deux nouveaux éléments, se dissout dans le cytoplasme. 


En somme, dans ces cellules germinatives en pleine agonie, on peut 


observer des divisions mitotiques où les centrosomes el l’appareïl fusorial 
normalement développés semblent agir sur une masse nucléaire mou- 
rante et en pleine dégénérescence. Cettemasse nucléaire oùapparaissent 
parfois des ombres de chromosomes peut-elle étre considérée comme le 
support d'une charge électrique suivant la théorie de Gallardo ? Cela 
paraît bien improbable. Par leur aspect et par leur inégalité fréquente, 
ces divisions agoniques me font croire que seuls les centrosomes sont 
encore actifs dans ces cellules et qu'ils exercent leur action sur une 
masse nucléaire presque inerte. 


(Laboratoire d'anatomie de l'Université d'Alger.) 


-  SÉANCE DU 2 JUIN. 1349 


SUR LA GERMINATION DES POMMES DE TERRE, 


par E. Couvreur. 


. Tout le monde sait que les tubercules de pommes de terre, au printemps, 

et même avant si les circonstances sont favorables, sont le siège d’une véri- 
“ table germination; les bourgeons ou yeux qui les garnissent se développent 
- en tiges qui servent à la multiplication du végétal. Cette germination 
… s'accompagne de phénomènes analogues à ceux que l’on constate dans les 
… graines, les réserves, particulièrement l’amidon, étant utilisées pour la 
…_ poussée des tiges, après transformation préalable due à l’action d’une zymase. 
Mais les différents auteurs qui se sont occupés de la question ne sont pas 
- d'accord sur certains points, pourtant d'une importance réelle, tels que le 
- moment et le lieu d'apparition du sucre, la nature de celui-ci, la présence ou 
- l'absence de la zymase aux différents stades de la vie du tubercule; aussi 
- n’avons-nous pas cru inutile de reprendre les recherches à ces différents 
._ points de vue. 


… LE. -— Moment d'apparition du sucre et de la zymase. Baranetzky (1) prétend 
3 qu’on rencontre la diastase dans les tubercules au repos; Prunet, au con- 
traire (2), soutient qu'on ne rencontre ni ferment ni sucre avant la germina- 
— tion. Un certain nombre de faits semblent donner raison à Prunet : 

—._ 1° Des pommes de terre de l’année (juillet), broyées et examinées au point 
… de vue de la présence du sucre, soit immédiatement, soit le lendemain, ont 
4 donné un résultat négatif. 

…— 2° Des germes de pommes de terre de l’année précédente renfermaient du 
- sucre en abondance, ainsi que du ferment. 


— Mais un fait constaté simultanément nous amena à examiner les 
… choses de plus près. Au moment de la germination de ces anciennes 
“pommes de terre, nous avions rencontré sucre el ferment non seu- 
“lement dans les bourgeons, mais aussi dans le parenchyme, et actuel- 
lement on ne pouvait plus les y déceler. Nous nous souvinmes alors que 
… Baranetzky avait montré que la zymase n’agit sur l’amidon cru qu’en 
. milieu acide alors que sur l’amidon cuit elle exerce son action en milieu 
indifférent. Nous mimes nos pommes de terre broyées en présence 
“d'amidon cuit et nous pûmes, quelques heures après ou le lendemain, 
au plus tard, constater la présence du sucre. Il faut donc se ranger à 
l'opinion de Baranetzky, avec cette petite restriclion que le ferment est 
souvent à l'état de proferment, comme nous le montrerons tout à 
l'heure, et retenir des assertions de Prunet que quelquefois on ne trouve 
pas de sucre dans le tubercule. 


4 (4) Baranetzky. Die Stirkeumbildende Fermente, 1878. 
(2) Prunet. Mécauisme de la dissolution de l'amidon dans les plantes. 
—. Comptes rendus, 1892. 


1316 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE se 


II. — Lieu d'apparition du sucre et de la zymase. Cette question peut 
recevoir une solution un peu différente suivant que l’on fait un examen 
immédiat ou que l’on atterd au lendemain. Les faits que nous allons exposer 
permeltent de comprendre pourquoi Petit (1) et Bourquelot (2) ont obtenu 
dés résultats dissemblables dans l’orge en germination. 


Nous avons pris au milieu de novembre des pommes de terre de 
l’année qui commencaient à germer. Les bourgeons avaient à ce 
moment un demi-cenlimètre de longueur environ. Quand on broyait 
ces bourgeons dans l’eau, le liquide filtré, examiné immédiatement, 
présentait du sucre en abondance; la même opération, réalisée avec 
une tranche de parenchyme prise à quelques millimètres au-dessous du 
bourgeon, faisait conclure à l'absence de sucre. Donc, au moins au début 
de la germination, on ne peut déceler de sucre dans le parenchyme du 
tubercule. La présence du ferment dans la pousse se montre facilement 
par l'expérience suivante : si l’on fait macérer des bourgeons broyés 
dans l’amidon cuit, on voit assez rapidement apparaître en traitant par 
‘l’eau d’iode la teinte rose de l’érythrodextrine. | 

L'absence de sucre dans le parenchyme est-elle due à l'absence de 
ferment? Voici deux faits montrant quil existe au moins un pro/ferment. 


1° Si, en effet, le suc de parenchyme broyé colore en bleu l’eau d’iode et 
ne réduit pas la liqueur de Fehling aussitôt après le broyage, il n’en est plus 
de même le lendemain. On obtient alors à la fois la teinte rose de l’érythro- 
dextrine et la réduction de la liqueur de Fehling. 

2° Les pommes de terre désermées aussitôt après l'apparition du bourgeon 
se comportent indéfiniment comme les pommes de terre au début de la germi- 
nation, c’est-à-dire que ce n’est que le lendemain que l’on peut déceler; dans 
le parenchyme broyé, sucre et ferment. 


IT. — Nature du sucre. Il est t1è- généralement admis que ce sucre 
est du maltose; néanmoins, en présence des assertions de Guérin et 
Varry (3), que ce sucre est semblible au sucre de raisin, nous avons 
voulu voir si, par l’acétate de phénylhydrazine, on ne pouvait pas 
former plusieurs osazones. Les :ristaux obtenus étant tous insolubles 
dans l’eau chaude ne pouvaient êlre que de glucosazone ou de malto- 
sazone : comme, séchés au benzène e: traités par l’acétone, ils se dissol- 
vaient complètément dans ce vehicule, il s'agissait exclusivement de 
maltosazone. 


Conczusions. — Dans la germin lion des pommes de terre : 
1° Le sucre et le ferment peuvent être mis immédiatement en évidence 


(1) Petit. Variation des matières s crées pendant la germination de l'orge. 
Comptes rendus, 1895. + 

(2) Bourquelot. article « Diastase », Dictionnaire de Richet. 

(3) Guérin et Varry. Annales de ! Linie et de Physique, 1835. 


SÉANCE DU 21 JUIN 1317 


- dans les pousses, dès le début. 2° Dans les pommes de lerre d'un certain 


âge, sauf celles qu’on a dégermées, la même constatation peut être faite 
aussi dans la profondeur du parenchyme. 3° En tous temps le sucre et 
le ferment peuvent se rencontrer dans les tissus broyés depuis la 


veille (1). Le ferment serait donc, dans les pommes de terre au début de 


la germination et dans les vieilles pommes de terre dégermées, seule- 

ment à l’état de proferment dans leur parenchyme. Il est au contraire à 

. l’état actif dans les pousses seules des jeunes pommes de terre, et dans 

tous les tissus de celles d'un certain âge. 4° Le sucre formé est du 
maltose ; il se forme en même temps des dextrines. 

Nous avons constaté des faits analogues dans les haricots et les 

marrons d'Inde; ces observations feront l’objet d’une prochaine note. 


(Laboratoire de physiologie générale et comparée de Lyon.) 


VARIATIONS DE STRUCTURE 
DE LA MEMBRANE BASALE DES BRONCHES CHEZ LE FŒTUS HUMAIN, 


par MIicHEL DE KERVILY. 


= La membrane basale des tubes bronchiques présente de grandes varia- 

: tions dans sa structure chez l'embryon et le fœtus de l'Homme. D'une 

- facon générale, elle est formée par les cellules mésenchymateuses les 

- plus voisines de l’épithélium et l’on ne voit aucune participation des 
cellules épithéliales. 

Chez un embryon de 8 millimètres, l'épithélium des ramifications 
bronchiques ne repose pas partout sur une véritable membrane basale 
différenciée. Dans les petites bronches et dans les dilatalions ampul- 
laires, il repose directement sur le proloplasme des cellules sous-épithé- 

 liales qui peut se condenser sans présenter les réactions du collagène. 

- Cet élat persiste longtemps au niveau de la moitié distale de la dilatation 
terminale des tubes bronchiques : on le voit chez des fœtus ayant plus 
de 17 centimètres de longueur lotale. La membrane basale est alors 
protoplasmique. 

La première différenciation d'une véritable membrane basale est due 
à la formation d'une lame collagène qui se fait aux dépens de la partie 
du protoplasma des cellules sous-épithéliales qui est au contact de la 
base des cellules épithéliales. On voit déjà celte lame collagène dans la 

- paroi de certaines brouches d’un embryon de 8 millimètres. Il est vrai- 


(4) Si le milieu n’est pas acide, pas de sucre : le ferment peut toujours être 
montré par l’amidon cuit. 


1928 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


semblable qu’on peut la voir aussi chez des embryons plus petits. Ainsi 
la membrane basale est collagène. ’ 

Chez les embryons de 35/42 millimètres à 51/69 millimèlres, la 
membrane basale collagène est parcourue par des fibrilles préélastiques 
très fines et parallèles. Ces fibrilles sont formées dans les cellules sous- 
épithéhales, et elles deviennent véritablement élastiques chez embryon 
de 57/79 millimètres. La membrane basale est alors collagène élastique. 

Dans les bronches assez grosses des fœtus plus grands, il n’y a plus 
de véritable membrane basale, car l’épithélium repose sur des fibrilles 
conjonctives parmi lesquelles se trouvent quelques cellules conjonctives, 
et la couche élastique est alors repoussée en dehors. 


(Travail du Laboratoire d'histologie de la Faculté de Médecine de Paris.) 


RECHERCHES SUR L'ANAPHYLAXIE HYDATIQUE EXPÉRIMENTALE 


(Troisième note). 
ANAPHYLAXIE HYDATIQUE PASSIVE, 


par M. WeinBerG et À, CIucaA. 


Quelques auteurs ont essayé de provoquer l'anaphylaxie passive chez 
le cobaye préparé par le sérum de porteurs d’échinocoques. Presque 
toutes ces tentatives ont échoué; seul, Pantoni a noté quelques résultats 
positifs. Ses recherches ont porté sur un petit nombre de sérums, lesquels 
du reste ont été insuffisamment étudiés. ob 

Il y deux ans, l’un de nous a fait (soit seul, soit en collaboration avec 
Bronfenbrenner) un certain nombre de recherches sur ce sujet. Les 
résultats obtenus n’ont pas été pris en considération, parce qu'on n’ar- 
rivait pas à provoquer chez les animaux préparés le choc anaphylae- 
tique mortel. Cette année, nous avons eu l’occasion d'étudier 45 sérums . 
provenant de malades suspects d’échinocoecose. Après avoir étudié ces 
sérums par la réaction de fixation et par celle des précipitines, nous 
avons recherché s'ils étaient capables de conférer au cobaye un état 
d’anaphylaxie passive. 

Suivant la quantité de sérum disponible, chaque expérience portait 
sur quatre à huit cobayes, sans compter les témoins. Les cobayes rece- 
vaient 3 à 5e.c. de sérum (de vingt-quatre heures) en injection sous- 
cutamée.L’injection déchaînante (2 à 3 c.c.de liquide hydatique-de pore, : 
de mouton, de bœuf ou de cheval) a été pratiquée dans tous les cas par 
voie intraveineuse, quarante-huit à soixante heures après l'injection 
de sérum. On éprouvait les témoins par l'injection intraveineuse de 6 à - 
8 c. c. de liquide hydatique. 


À 


—_ 


dr" 


SÉANCE DU 2 JUIN 4349 


Sur 45 malades étudiés, chez 12 l'opération à montré la présence de 
kyste hydatique; 3 étaient d'anciens porteurs, enfin les 28 autres 
n’ébaient pas atteints d'échinococcose. 

_ Les 12 sérums de porteurs d’échinocoque ont donné une réaction de 
fixation positive; 11 seulement ont conféré au cobaye une anaphylaxie 
passive cerlaine. Les phénomènes que nous avons observés chez les 
cobayes préparés avec ces sérums sont bien de nature anaphylactique, 
et cela pour deux raisons : 1° les cobayes témoins préparés avec les 
sérums de sujets sains ne réagissent pas à l'injection de liquide hyda- 
tique; 2° les cobayes neufs supportent en injection intraveineuse des 
doses considérables de liquide hydatique. L’injection de 2à 5 c.c. ne 
provoque chez eux aucun phénomène; on observe quelquefois une 
légère accélération de la respiration et un abaissement de la tempéra- 
ture à la suite d’une injection de 7 à 8 c. c. 

Nous n’avons pas observé le choc anaphylactique mortel, mais les 
cobayes malades ont présenté des symptômes d'anaphylaxie sérique 
aiguë non mortelle (démangeaisons, frissons prolongés et répétés, 
poils hérissés, dyspnée, abattement, contractions des museles de la tête, 
contractions générales, ténesme rectal, émission involontaire d'urine, 
parésie du train postérieur, etc..….). Souvent le cobaye tombe et s’immo- 
bilise pendant quelque temps, puis se relève et reste triste, serré en 
boule, pendant quelques heures. Les cobayeés préparés avec certains 
sérums sont tous morts dans les quarante-huit heures qui ont suivi 
l'injection déchaînante. 

Nous avons pris régulièrement là température de nos cobayés avant 
et quinze à quarante minutes après l'injection déchaînante. L'abaisse- 
ment de température est très ineonstant. D'autre part, il est en général 
léger (de 1 degré, très rarement de 2 degrés); nous n'attachons donc 
pas une grande importance à ce symptôme. 

Comme nous l’avons vu plus haut, lé sérum d’un malade renfermant 
des anticorps hydatiques n’a pas conféré d’anaphylaxie passive au 

* eobaye. 11 est possible qu'il s'agissé d’un malade qui était dans l’état 
d’anti-anaphylaxie, car quinze jours avant l'opération il a présenté subi- 
tement des symptômes qui pourraient très bien ressortir de l’anaphy- 
laxie active. 

Nous avons également étudié le sérum d'anciens porteurs et nous 
avons pu ainsi constater qu'un sérum qui ne donne plus de réaction de 
fixation peut encore être anaphylactique. 

Sur 28 sérums appartenant à des sujets chez lesquels l’évolution ou 
l'opération n'indiquait pas la présence de kyste hydatique, 26 ne renfer- 
maient pas de substances anaphylactiques. Les animaux préparés avec 
deux autres sérums ont présenté, lors de l'injection déchaïnante, des 
phénomènes légers. Les malades qui ont fourni ces derniers sérums 
sont morts, mais leur autopsie n a pu être pratiquée. 


\ è 


1320 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Il résulte de nos recherches que presque tous les sérums de porteurs 
d’échinocoque donnant la réaction de fixation positive peuvent conférer 
au cobaye un état d’anaphylaxie passive. La recherche des propriétés 
anaphylactiques du sérum des sujets suspects d’échinococcose pourra 
avoir une réelle importance, s’il est démontré qu’un sérum d’un porteur 
d’échinocoque à réaction de fixation négative peut conférer au cobaye 
un état d’anaphylaxie passive. Nous espérons bientôt apporter des ren- 
seignements précis sur ce sujet. 


RÉTROANAPHYLAXIE OU RÉTROPROTÉOTOXIE. 


Note de G. Brizarp et L. BARBÈS, présentée par E. GzEy. 


Dans un remarquable travail, paru dans le Livre jubilaire du pro- 
fesseur Richet, Arthus a décrit l’Æoloprotéotoxie avec une précision qui 
devrait aujourd'hui nous permettre de différencier nettement les 
accidents anaphylactiques des accidents holoprotéotoxiques. 

Nous devons avouer cependant que nous n'avons pu interpréter 
encore d'une manière ferme, dans le ‘sens de l’une ou de l’autre de ces 
intoxications, les faits suivants que nous avons observés chez le lapin 
et chez le cobaye. 

En effet, nous avons obtenu chez ces animaux, traités depuis plusieurs 
mois, des phénomènes de rétroactivation d’anaphylaxie chez les uns, 
et de rélroprotéotoxie chez les autres. 

Ainsi une série de lapins anaphylactisés au sérum de cheval ont 
reçu une injection déchaïnante qui a provoqué des accidents graves 
mais non mortels; plusieurs mois après, nous avons pu par une 
injection intrapéritonéale de bleu de méthylène concentré (1 à 2 c.c.) 


reproduire chez ces mêmes animaux des accidents anaphylactiques 


aussi graves que ceux produits antérieurement par l'injection 
déchainante. 

De même sur des lapins ou des cobayes ayant recu plusieurs mois 
avant (jusqu'à six mois) des doses mortelles ou hypermortelles (qui 
par un procédé de vaccination, qui est particulier à l’un de nous, ont 
permis la survie de ces animaux), nous avons pu par une injection 
intrapéritonéale de bleu de méthylène provoquer la mort ou des acei- 
dents extrêmement graves chez des animaux en apparence parfaitement 
sains (1). 


(1) Ceci confirme cette idée émise par le professeur Richet, que, lorsqu'un 
organisme a été pollué par une albumine étrangère, c’est pour le restant de 
ses jours. 


SÉANCE DU 21 JUIN 1321 


Nous supposons que dans l’un et l’autre cas le bleu de méthylène, 
par suite de sa fixation élective sur le système nerveux, a dû entrainer 
avec lui par adsorption les albumines toxiques circulantes. 

Or, il ne paraît pas douteux que dans le premier cas nous avons 
provoqué une crise d'anaphylaxie récurrente; dans le deuxième, si 
nous nous en rapportons aux travaux d'Arthus, nous avions lors de 
l'injection du venin affaire uniquement à l’holoprotéotoxie, mais dans 
ce cas devons-nous supposer qu'il s'agit de phénomènes anaphylac- 
_ tiques analogues à ceux décrits tout récemment par Bordet (1). 

Quoi qu’il en soit, nous nous efforcons actuellement de préciser ce 
point, mais nous avons cru qu'il était immédiatement d'un très haut 
intérêt de signaler les faits que nous venons de décrire brièvement. 

Il paraît en effet surprenant de voir un corps inoffensif comme le bleu 
de méthylène provoquer des accidents aussi graves que ceux que nous 
avons observés ; nous ajouterons que nous avons pu sauver quelques 
cobayes mourants à la suite d'injection de bleu par une injection égale à 
la dose mortelle d’une substance ayant une affinité sans doute plus 
grande que la sienne pour le système nerveux. Il s’agit du chlorhydrate 
de cocaïne. 

De même, d'autres recherches actuellement en train nous ont assez 
nettement montré que les poisons électifs du système nerveux comme 
certains venins et la toxine tétanique injectée préalablement peuvent 
alténuer le choc anaphylactique. 

Il nous apparait douc à l’heure actuelle qu'il existe là un champ 
d'investigations immense dans lequel nous poursuivons nos recherches. 


NOTE SUR UN MILIEU DE CULTURE POUR LE GONOCOQUE, 


par P.-EmLE WErz et Notré. 


Nous avons utilisé pour cultiver le gonocoque le milieu de culture 
conseillé par Sabouraud et Noiré pour les staphylocoques. Ce milieu est 
très supérieur à la gélose-ascite de Wertheim. 

Non seulement nous avons constamment obtenu des cultures pures, 
(en expériences) en partant de blennorragies récentes, mais des pus 
blennorragiques anciens (8 jours, 15 jours, À mois et même 5 mois) 
nous ont toujours donné des colonies de gonocoques, souvent mélangées 


à des impurelés. La seule précaution est d’ensemencer largement et de 


(1) Il nous paraît très probable que les cryptotoxies du professeur Achard 
doivent rentrer dans le cadre de la rétroanaphylaxie et de la rélropro- 
téotoxie. 


13922 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


mettre aussitôt à l'étuve. Nos premières cellules sont plus riches, plus 
abondantes que celles faites parallèlement sur milieu de Wertheim; de 
même nos réensemencements sont plus volumineux. 

La durée de vie du gonocoque sur ce milieu est longue : au bout de 
15 jours, et même de 20 jours, on peut repiquer avec succès le microbe. 

La composition du milieu donnée par Sabouraud et Noiré est la sui- 
vante : 

On prend lesérum du lait, déjà conseillé jadis par M. Géhed pour 
l’obtention d’autres cultures, en le préparant de la sorte : om précipile 
la caséine d’un litre de lait par 2 c.c. d’acide chlorhydrique, on passe 
sur un linge mouillé et l'on neutralise avec une solution normale de 
soude. Le sérum du lait est alors additionné de moitié de son volume 
d’eau peptonée à 2 p. 100 et enrichi de 4 p. 100 saecharose, et de 0,35 à 
0,40 urée, et l’on fait une gélose avec 1,60 p. 100 d’agar ; après stéri- 
lisation et filtration, on répartit en tubes, qu’on stérilise de nouveau, 

Ce milieu, stérilisable et de préparation facile, est, nous semble-t}, 
un progrès sur les milieux antérieurement utilisés. 


INCLUSIONS ÉEUCOCYTATRES DO SANG DANS LE RHUMATISME AÏGU. 


Note de F.-J. Bosc, présentée par E. GLey. 


J'ai observé en janvier 1913 et nous avons étudié avec mon élève 
Marcel Carrieu des inclusions enfermées dans les grandes cellules du 
liquide articulaire de rhumatisants (1). 

Il existe des 2nclusions de même ordre, mais plus rares, dans le sang 
de malades atteints de rhumatisme articulaire aigu vrai (à la période 
d'état et avant tout traitement). Elle sont enfermées dans les grands et 
très grands mononucléaires elairs ; je n'en ai pas rencontré dans . 
polynucléaires. me 

Technique. — Étalement du sang obtenu par ponction de la veine, 
dessiccation rapide à l’air, fixation par l'alcool, l’alcool-éther, la chaleur ; 
coloration par le Gram, l'hématéine-éosine, la thionine, les HE 
bleus et surtout le Mae de Giemsa. 

Nous avons conslaté les formes suivantes d'inclusions : 

1° Des corpuscules extrémement fins, réunis em petits amas situés 
dans le protoplasma, le plus souvent au voisinage du noyau, où dans 
sa concavité: 

2 Des formes micrococciques et cocciques, au nombre de quatre à six, 
disposées dans le protoplasma irrégulièrement, souvent en ligne et, en 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 14 juin 1943. 


SÉANCE DU 21 JUIN 1393 


général, du même côté du leucocyte ; elles sont arrondies, réfringentes, 
entourées d’un léger halo. 

3° Des formes arrondies plus volumineuses de 1 x 1/2 à 3 11, à centre 
réfringent, souvent mélangées à des formes cocciques et micrococ- 
ciques, constituant ainsi un amas sans densité et à corps inégaux, qui 
parsèment le protoplasma clair du leucocyte dont le noyau est refoulé 
d'un côté. | 

Ces inclusions présentent une différenciation précise : 

Elle ne prennent pas le Gram, ne sont pas colorées distinctement par 
les bleus ni par la thionine, ni par le Ziehl. Elles sont éosinophiles, 
mais la coloration par l'hématéine-éosine les laisse indistinctes; seul, 
le liquide de Giemsa les différencie neltement. 

Après coloration par le (Giemsa, les très fins corpuscules et les 
formes cocciques sont colorés en rose net, les formes plus volumi- 
neuses également, mais avec une teinte un peu plus pâle, surtout 
au centre. 

Ces inelusions tranchent nettement, par leur couleur, leur réfrm- 
gence et leur aréole, sur le protoplasma bleu foncé des grands leu- 
cocytes sombres homogènes et sur le protoplasma clair, à peine 
bleuté, des grands leucocytes clairs. 

Dans les grands monos granuleux (myélocytes), on constate parfois, 
parmi les granulations violet bleuâtre ou rosâtre, de très fins cor- 
puscules rouges réunis en petits amas irréguliers. 

Toutes ces inclusions ont été constatées dans des leucocytes jeunes et 
sans altération dégénérative du protoplasma ou du noyau. £ 


Conclusion. — Les grands mononucléaires du sang, dans le rhuma- 
tisme articulaire aigu, renferment des inclusions de forme corpus- 
culaire ou coccique, identiques par leur formes et leurs réactions à 
celles que nous avons notées dans le liquide articulaire et à celles que 
Von constate dans les cellules de la clavelée, de la variole, de la vaccine. 
Elles sont vraisembhiablement de nature parasitaire. 


| 


L’ALBUMINOSE DES LIQUIDES CÉPHALO-RACHIDIENS, CARACTÉRISÉE 
PAR LES RÉACTIONS D ANAPHYLAXIE, 


par E. Dumor. 


Les recherches de Fleig et Mestrezat démontrant par la méthode des 
précipitines que les albumines du liquide céphalo-rachidien sont iden- 
tiques à celles du sang, il élait intéressant de rechercher si cetle iden- 
tité était confirmée par les réactions d’anaphylaxie. Déjà Marie Maei- 


1324 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


nesco à pu provoquer des phénomènes anaphylactiques sans choc mor- 
telchez desanimaux sensibilisés par de fortes quantités deliquide céphalo- 
 rachidien normal (5, 6, 10 c.c.), en utilisant le sérum humain en injec- 
tion déchaïnante. Nos expériences ont porté surtout sur des liquides 
pathologiques nettement albumineux qui nous ont fourni des résultats 
particulièrement nets. Ces liquides précipitaient abondamment par la 
chaleur et par l'acide trichloro-acétique. Leur provenance était la sui- 
vante : H..., dix-neuf ans, méningite syphilitique, lymphocytose intense, 
Wasserman positif; H..., cinquante-quatre ans, syndrome hémi-bulbaire 
chez un ancien syphilitique, lymphocytose absente, Wasserman négatif ; 
F..., 28 ans, céphalée syphilitique secondaire en cours de traitement, 
lymphocytose latente, Wasserman négatif. 

Dans une première expérience, 3 séries de 3 cobayes ont recu en 
injection sous-cutanée 4 c.c. de ces liquides albumineux. Eprouvés 
16 jours après par injection intraveineuse, les uns avec 1 c.c. des 
mêmes liquides soumis préalablement à la dialyse, puis concentrés par 
évaporaltion dans le vide jusqu'à réduction au dixième de leur volume 
primitif et rendus isotoniques, les autres avec 1 c.c. de sérum humain 
chauffé, ces animaux ont présenté des phénomènes évidents d'anaphy- 
laxie : prurit, toux, dyspnée, secousses convulsives, relâchement des 
sphincters, mais pas de choc mortel; 3 autres cobayes qui avaient recu 
en injection préparante 1 e.c. de liquide céphalo-rachidien normal, 
non albumineux, n'ont pas réagi à l'injection déchaïinante. 

Dans une seconde expérience, 3 cobayes ont été sensibilisés avec 
1 c.c. du mélange concentré (comme nous l'avons dit ci-dessus) des 
liquides céphalo-rachidiens albumineux. 

Eprouvés de même 16 jours après par injection intra-veineuse de 
4 c.c. de sérum humain chauffé, le premier est mort três rapidement 
après quelques secousses convulsives, le deuxième est mort en quelques 
minutes avec le syndrome complet des accidents anaphylactiques, le 
troisième a survécu après avoir présenté des troubles très graves : pru- 
rit intense, toux, dyspnée avec cornage, convulsions généralisées à plu- 
sieurs reprises. 


Nous croyons pouvoir tirer de ces faits les conclusions suivantes : 

Un liquide céphalo-rachidien pathologique albumineux est capable 
de sensibiliser le cobaye vis-à-vis de ce liquide concentré et vis-à-vis du 
sérum humain. En opérant avec le liquide concentré à 1/10, cette sensi- 
bilisation peut aller jusqu'à permettre de déchaîner ultérieurement le 
choc anaphylactique mortel. 

L'albuminose pathologique du liquide céphalo-rachidien renferme 
dans ses constituants des albumines identiques à celles du sérum au 
regard de l’anaphylaxie; cette dernière méthode nous amène donc à son 
tour à considérer cette albuminose comme due à des albumines de 


ne SÉANCE DU 2[L JUIN - 13925 


qq qq qq gg 


transsudation et fonction de « l'exode sérique », suivant l’expression de 
Mestrezat. 
Ces résultats sont parallèles à ceux obtenus par la méthode des pré- 
cipitines, où la précipitation est plus accusée avec les liquides albumi- 
_neux pathologiques. 
(Anstitut Pasteur de Lille.) 


TOXOPLASMOSE EXPÉRIMENTALE DE LA SOURIS: PASSAGE PAR LES MUQUEUSES ; 
CONSERVATION DU VIRUS DANS LE CADAVRE, 


par F. MESNIL et À. SARRAILHÉ. 


Les recherches récentes de Ch. Nicolle et de M°° Conor, à l’amabilité 
desquels nous devons notre virus, ont établi la sensibilité constante et 
régulière de la souris à l'infection toxoplasmique (7'oxoplasma gondi, 
C. Nic. et Manc.) (1). 

C'est donc de cet animal que nous nous sommes servis pour réaliser 

- un certain nombre d'expériences relatives aux voies d'introduction du 
virus, et aussi à sa conservalion dans le cadavre. 


I. — Nous avons recherché si le toxoplasme {raverse les muqueuses 
non lésées. 

Dans une expérience préliminaire, nous avons déposé, chez deux 
souris, à la fois dans le vagin et sur la conjonctive, une goutte de séro- 
sité ascitique de souris infectée de Z'oxoplasma par la voie péritonéale. 
Les deux souris ont contracté une infection généralisée. L'une d'elles a 
montré une inflammation très inlense du vagin, avec pus vaginal riche 
en toxoplasmes; chez l’autre, on a observé un léger suintement de l'œil 
inoculé, renfermant des toxoplasmes. 

Ces faits acquis, nous avons fait de nouvelles expériences en cher- 
chant le passage à travers une seule muqueuse. 

Nous résumons dans un tableau l’ensemble de nos résultats : 


RÉSULTATS DURÉE MOYENNE 
MUQUEUSE D e 
Positifs. Négatifs. l'infection. 

Vacinnnet ue : 4 () 10 jours. 
Fourreau préputial . 0 2 — 
Conjonctive . . . . . . . 1 0 13 jours et demi. 
Vagin et conjonctive. . 2 0 10 jours. 
BOUCHE UMR ETATS 2 il 14 jours et demi. 


(t) Voir Ch. Nicolle et M. Conor. Bull. Soc. Path. exot., t. VI, mars 1913 ; — 
Laveran et Marullaz. Ibid., avril-juin 1913; Comptes rendus de l'Acad. des 
Sciences, 25 mars et 28 avril 1913. 


1326 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Toutes les précautions ont élé prises pour éviter, au cours de l’inocu- 
lation, quelque lésion de la muqueuse. 5 

Pour le cas de la boache, deux souris ont recu à la pipette une cer- 
taine quantité d’exsudat péritonéal dilué (seule, une des deux souris 
s'est infectée); la troisième a mangé du pain imprégné d’ ana es (foie, 
rate, poumons) de souris infectée. 

Comme on le voit, nous avons obtenu des résultats positifs avec toutes 
les muqueuses, sauf celle du pénis. Nous pensons que de nouvelles 
expériences nou$ montreront que cette muqueuse ne fait pas exception. 

Cette propriété de se laisser traverser par les toxoplasmes serait 
propre aux muqueuses, car nous avons eu des résultats négatifs en 
cherchant à faire traverser la peau intacte: exsudat virulent dilué, 
déposé, dans un cas, sur la peau du dos, dans l’autre sur la peau du 
crâne, à la base des deux oreilles. 

Dans toutes ces infections par la voie des muqueuses, on obtient une 
généralisation des toxoplasmes. L’infection est retardée : les chiffres 


moyens ci-dessus sont égaux ou supérieurs à dix Jours, alors que, par 


la voie péritonéale, nous avons obtenu, d'accord avec les auteurs, une 
moyenne de six Jours, par la voie intraveineuse trois Jours et demi 
(sauf un cas exceptionnel de dix jours), enfin par la voie sous-cutanée, 
peuf jours et demi. 

Les différences ne nous paraissent pas imputables aux quantités de 
virus inoculé, car nous avons conslaté qu’une goutte d’exsudat asci- 
tique, dilué au 500°, Luait les souris par la voie péritonéale presque 
aussi rapidement qu’une goutte non diluée (sept jours et demi au lieu de 
Six )- 

Le tableau anatomo-pathologique des souris infectées par la voie des 
muqueuses ne diffère pas sensiblement de celui que l’on observe après 
inoculation sous-cutanée, par exemple. Nous le résumerons en disant 
que tous les organes (rate, foie, ganglions Ilymphatiques, thymus, 
thyroïde, parotides, rein, capsule surrénale, poumons) renferment des 
parasites en plus ou moins grand nombre. Nous appellerons seulement 
l'attention sur l'abondance des parasites dans le thymus et les ganglions 


lymphatiques (toujours hypertrophiés) et l'existence presque constante 


d'un liquide pleurétique abondant, riche en parasites (1). 

Dans le cas de l'infection par le vagin, on observe une inflammalion 
locale plus ou moins intense. Quelques jours après l'introduction du 
virus, on constate l'exsudation d’un liquide séro-purulent, visqueux, 
contenant des leucocytes et des toxoplasmes libres ou intracellulaires. 
Les parasites ont l'aspect normal et nous avons vérifié qu’ils ont con- 


(1) I existe aussi un liquide pleurétique abondant chez le chien (deux jeu- 
nes animaux ayant done en six jours et demi) et le lapin, infectés par 
la voie veineuse. 


RE CON VE ARS AUS ET A à à LS 


SÉANCE DU 21 JUIN 1327 


| servé toule leur virulence. Dans la moitié des cas, la muqueuse vulvo- 

vaginale devient tuméfiée, rouge et suintante. Ces infections vaginales 
se compliquent de péritonite, sans doute par voie ascendante (on ren- 
contre des toxoplasmes dans l'utérus et dans les trompes); la ponction 
du péritoine ramène un liquide infecté. 


II. — Nous avons eu, au cours de notre étude, l'occasion de rechercher 
si le parasite se conserve longtemps vivant dans l’ascite d’une souris 
qui à succombé à l'infection par voie péritonéale. 

Nous avons constaté que cette ascite reste viralente jusqu’à dix-huit 
heures environ après la mort de la souris, dont le cadavre est conservé 
dans Île laboratoire. Nous avons encore eu un résultat positif avec un 
cadavre gardé au moins trente heures. En revanche, nous avons eu 
deux résultats négatifs en partant de deux souris mortes depuis vingt- 
quatre et trente heures. Dès que la mort remonte à plus de douze 
heures, l'exsudat péritonéal renferme des bactéries, parfois très abon- 
dantes. 


ÉLECTRODIAGNOSTIC AU MOYEN D'UN CONDENSATEUR 
A CAPACITÉ RÉGLABLE. 
RECHERCHE DE LA « RÉACTION DE DÉGÉNÉRESCENCE », 


par J. CLUZET. 


J'ai indiqué (1) les procédés cliniques qui permettent de mesurer, en 
utilisant un condensateur à capacité réglable de 0,005 à 10 mierofarads, 
la caractéristique d'excilabilité des nerfs et des muscles. Pour effectuer 
cette mesure, il est nécessaire de charger le condensateur à un potentiel 
variable, que l’on gradue au moyen d'un réducteur de potentiel et que l’on 
mesure avec un voltmètre. Au contraire, pour rechercher la réaction de 
dégénérescence, point n’est besoin de ces deux derniers appareils, et l'on 
peut relier directement les fils de charge aux pôles d'une source de 
courant continu (secteur ou batterie). Le potentiel de charge du conden- 
sateur réglable est alors constant (110 ou 220 volts en général) et l’on 
cherche à produire le seuil de la contraction musculaire, en augmentant 
peu à peu la capacité. Les nerfs et les muscles sont ainsi parcoarus par 
des décharges de plus en plus longues et qui mettent en jeu des quan- 
tités d’électricilé de plus en plus grandes. 

_Awec un potentiel de charge de 110 volls, les nerfs et les muscles 
normaux commencent, en général, à être excités par la décharge de 
2 centièmes microfarad, les électrodes active et indifférente ayant 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 juin 1913. 


1328 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


respectivement 1 et 100 centimètres carrés comme surface de contact. 

Dans les cas où l'examen électrique ordinaire révèle une À.1). com- 
plèle, au contraire, les nerfs altérés sont complètement inexcitables et 
les muscles ne sont excités qu’au moyen de fortes capacités, supérieures 
à 1 microfarad en général; de plus, la Secousse obtenue ainsi présente, 
aussi bien qu’à l'excitation par courants galvaniques, la lenteur de la 
secousse, l’inversion des actions polaires, la réaction longitudinale. 

Lorsque la R. D. est partielle, les nerfs sont encore excitables par les 
fortes capacités, et les muscles par les moyennes capacités {0,1 à 
1 microfarad, en général). 

Voici donc comment s'expriment les résultats d’un examen électrique 
ayant pour but la recherche de la R.D., au moyen du condensateur 
réglable.Chaque nerfou muscle estsimplementcaractérisé parla capacité 
dont la décharge produit le seuil. Les muscles pour lesquels on obtient 
une capacité liminaire voisine de 0,02 sont normaux; ceux pour lesquels 
on obtient un nombre beaucoup plus fort (0,1 à 1 microfarad, en général), 
mais qui jouissent encore d'une certaine excitabilité indirecte, pré- 
sentent la À. D. partielle ; enfin, les muscles pour lesquels on obtient 
une capacité liminaire supérieure à 1 microfarad et une abolition com- 
plète de l’excitabilité indirecte présentent la À. D. complète. 

Bien entendu, plus le nombre obtenu dans chaque cas est élevé, et 
plus la R. D. est accusée. On met ainsi en évidence, dans la réaction de 
dégénérescence, toute une série de degrés que l’ancienne méthode était 
impuissante à révéler. D'ailleurs, s’il s'agit vraiment de À. D. partielle ou 
complète, on constate facilement, au moyen des décharges longues, la 
lenteur de la secousse et l’inversion des actions polaires, signes qui 
n'apparaissent pas, au contraire, s'il s’agit d'une simple diminution 
d’excitabilité, comme celle que l'on rencontre dans les myopathies 
primitives. 

La méthode qui vient d’être décrite, et que j'emploie depuis plusieurs 
années (1), a été reconnue par Lewis Jones (2) comme préférable à la 
méthode classique. Cet auteur a constaté, en outre, que, dans certains 
cas de À. D. complète très accusée, il faut, pour faire apparaître une 
secousse, allonger encore la décharge des plus forles capacités en 
ajoutant une résistance supplémentaire. J'avais aussi observé ce phéno- 
mène et, pour cette raison, le condensateur à capacité réglable est muni 
de trois résistances (1.000,2.000 et 5,000 ohms). J'ai constalé, d’ailleurs, 
que les résistances sont bien plus efficaces lorsqu'elles présentent une 
certaine self induction. Ainsi, une bobine à fil fin de 5.000 ohms, à 
enroulement ordinaire et à noyau de fer, produit des effets beaucoup 


(1) Cluzet. Lyon médical, 26 novembre 1911, 6 juin 1912; Paris médical, 
avril 1912. 
(2) Lewis Jones. Proceedings of the Royal Society of med., 19143, vol. VI, p. 49. 


ESSOR LT Tr, 


RE D 


SÉANCE DU 21 JUIN 1329 


plus considérables, sur les muscles présentant la R. D., qu'une résistance 
de 5.000 ohms liquide, ou en graphite. 

En résumé, un condensateur à capacité réglable permet de mettre en 
évidence, par une seule détermination pour chaque nerf ou muscle et 
sans aucun calcul, les divers degrés que peut présenter la réaction de 
dégénérescence. Cette nouvelle méthode est plus simple et plus précise 
que la méthode classique. 


(1ravail du laboratoire de Physique médicale de la Faculté 
de médecine de Lyon.) 


INSUFFISANCE SURRÉNALE ET SENSIBILITÉ AUX POISONS. 
ACTION DU MÉLANGE ADRÉNALINE ET STRYCHNINE, 


par JEAN Camus et RENÉ PoRak. 


De nombreux auteurs ont noté la diminution de résistance à diffé- 
rents poisons des individus ou des animaux en état d'insuffisance 
surrénale. Nous-mêmes avons observé que les lapins privés expérimen- 
talement de leurs capsules surrénales sont plus sensibles aux intoxica- 
tions par le curare et la strychnine (1). 

Nous nous sommes demandé si cette sensibilité des animaux décap- 
sulés était due à un défaut de neutralisation des poisons par les prin- 
cipes nés dans les glandes surrénales. 

Tout d’abord, remarquons qu'il est assez peu vraisemblable qu'il 
s'agisse d'une action spécifique des produits surrénaux sur les poisons 
injectés. L'influence d'un assez grand nombre de substances toxiques 
a été en effet recherchée sur les animaux décapsulés et ceux-ci se sont 
montrés, dans la plupart des cas, plus sensibles que les animaux nor- 
maux. Cette sensibilité apparaît pour des substances d'action différente, 
par exemple dans nos recherches pour le curare, poison paralysant, 
et pour la strychnine, poison convulsivant. 

De plus, si nous comparons les quantités de poisons qui déterminent 


des accidents chez des animaux décapsulés à celles qui les font appa- 


raitre chez les animaux normaux, nous voyons que, malgré une diffé- 
rence très nette dans la résistance de ces derniers, l'écart entre les 
doses toxiques est peu considérable. C’est ainsi que, la dose toxique 


(4) Jean Camus et René Porak. Insuffisance surrénale et curarisation, 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 février 1913, t. LXXIV, p. 357; Insuf- 
fisance surrénale et sensibilité à la strychnine, ibid., 22 février 4913, t. LXXIV, 
p. 387. 


Bioocie. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 92 


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1330 à SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


étant de 2 pour l'animal décapsuié, elle sera par exemple de 3 ou 4 
pour l’animal normal. Cet écart assez faible est peu ‘en faveur d'une 
action antitoxique spécifique exercée par les produits surrénaux. 

Si cette action spécifique existait, on devrait pouvoir diminuer l’acti- 
vité des poisons en les mélangeant in vitro à des produits capsulaires 
ou en injectant ces extraîts capsulaires aux animaux en mênre temps 
que les substances toxiques. | 

Or, il n’en est rien; la toxicité du curare et de la strychnine n'est 
pas diminuée, encore moins neutralisée par l'adjonction extemporanée 
in vitro ou in vivo d’adrénaline ou d’extrait capsulaire. Tout au con- 
traire, l'injection simultanée de strychnine et d’adrénaline détermine 
des accidents plus graves que la strychnine seule, et ce mélange cause 
la mort avec une dose de strychnine qui ne tuerait pas par elle seule. 

Il y a lieu de croire que la sensibilité des animaux décapsulés aux 


poisons n’est pas due à un défaut de neutralisation de ces poisons par 


les glandes surrénales, mais plutôt à un trouble général dans leur nutri- 
tion, dans leurs sécrétions ou dans la résistance de leur système nerveux. 

Ces animaux ont des troubles circulatoires; leurs sécrétions sont 
moins actives. Ces modifications cireulatoires, sécrétoires, doivent jouer 
un rôle dans l'absorption, la fixation et l'élimination des poisons. Elles 
sont surtout importantes quand il s’agit d'actions toxiques très rapides 
comme celles de la strychnine ou du curare injectés dans les veines. 
L'effet de ces poisons est souvent produit en moins d'une minute, et, 
si l’animal n’est pas tué rapidement, l'élimination de ces toxiques se 
fait promptement. 

Dans ces conditions, des variations cireulatoires générales, des modi- 
fications dans la sécrétion rénale peuvent favoriser l'absorption des 
toxiques et rendre les accidents plus durables, plus intenses, en retar- 
dant leur élimination, changer par conséquent, en l’accentuant, le 
tableau symptomatique de l’intoxication. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine.) 


SUR LA FIXATION LOCALE DU CHLORHYDRATE DE COCAÏNE 
PAR LE BLEU DE MÉTHYLÈNE. 


Note de G. BizzarD et L. FicaoTt, présentée par E. Guey. 


Dans une note antérieure communiquée à la Société de Biologie. nous 
avons montré qu'il était facile de faire fixer au point voulu, clest-à-dire 
au niveau d’une racine dentaire par exemple et pendant un temps assez 
long pour permettre l'intervention chirurgicale rapide, une dose de 


SÉANCE DU 2 JUIN 1331 


chlorhydrate de cocaïne grâce à ladjonetion à celle-ci de quelques 
gouttes d’une solution de peptone (Byla). À ce moment, mous avions 
supposé que la cocaïne était maintenue localement par un phénomène 
d'adhésion à la peptone. 

À l'heure actuelle, nous avons obtenu des résultats absolument iden- 
tiques avec de très petites doses de bleu de méthylène. 

Nous développerons ultérieurement les avantages qui nous paraissent 
ressortir de cette technique dont plusieurs centaines de malades ont 
déjà bénéficié. 


CULTURE DE TISSUS NORMAUX EN DE ÆUMEURS 
DANS LE PLASMA D'UN AUTRE ANIMAL, 


par Doyen, Lyrenrowsry, BRowNE et M!° Suyrnorr. 


Nous avons essayé d'obtenir la survie de fragments de tissus et de 
tumeurs dans le plasma d'un autre animal. 

Première expérience (9 juin). — Sur quatre fragments du cœur d'une 
souris nouvellement née, et placés dans du plasma de cobaye, un frag- 
ment de cœur a commencé à battre deux heures et demie après 

. l'inclusion, 480 pulsations par minute. 
… Un autre fragment à commencé à battre vingt-sept heures après 
l'inclusion. 

Ces deux fragments laissés à la lumière du jour cessent de battre après 
trois ou quatre minutes, et ils restent sans mouvement si on les place à 
l'abri de la lumière. Si on les expose subitement à une forte lumière, 

- particulièrement au voisinage d'une lampe à incandescence de cent 
bougies, ils recommencent à battre. Cette excitation des contractions 
des fragments du cœur de souris par une vive lumière est un fait nou- 
veau et que nous allons étudier. ; 

Les fragments du cœur n'ont pas donné de végétations. 

Des fragments du rein et de la rate de la souris :ouvellement née ont 

- donné, au contraire, des végétations très rapides et très nettes dans le 
sérum de cobaye. 

Des fragments de rate ont montré d'abord une sortie des cellules 
amiboïdes; on observe ensuite la formation de cellules fusiformes 
rayonnées qui se divisent, puis s’anastomosent. 

… Dans le rein, au bout de trente-six heures, se sont développées des 

. cellules fusiformes rayonnées; sur deux fragments, se sont produits 
deux aspects de kystes conjonctifs. Ces kystes sont formés par des 
cellules épithéliales.-Cette constatation est du plus haut intérêt au point 
de vue pathologique. 


A2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SARCOME DU RAT. — Première expérience (10 juin). — Douze petits 
fragments de sarcomes du rat, provenant du laboratoire de M. Baschford, 
ont été placés dans la solution de Ringer, puis dans du plasma de 
cobaye. Au bout de douze heures, tous les fragments sans exception se 
sont entourés de nombreux prolongements cellulaires rayonnés. Au bout 
de vingt-quatre heures, une légère liquéfaction du plasma s’est produite 
autour des petits fragments de sarcome. Au bout de trente-six heures, 
la liquéfaction continue, mais il n'y a pas de dégénérescence des cellules 
du sarcome. 

Deuxième expérience (13 juin). — Dix-huit fragments d'un fibro- 
sarcome analogue, provenant d'un autre rat, ont été inclus dans le 
plasma de cobaye. Tous les fragments sans exception étaient entourés 
déjà au bout de douze heures de nombreux filaments rayonnés. 


Conclusions. — Ces expériences montrent que les tissus normaux 
d’une souris ou bien le sarcome du rat peuvent présenter des phéno- 


mènes de survie et une multiplication cellulaire dans le sérum de 
cobaye. 


ERRATUM 


Note DE CL. REGAUD. 


T. LXXIV, p. 1258, 7° et 8° lignes, au lieu de : contractent avec les noyaux de 
Sertoli des connexions internes (spermatophores), lire : des connexions intimes 
(spermatophores). 


2 Hi ji té Shi: dire nt | 
\ 


1333 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


SÉANCE DU {17 JUIN 1913 


SOMMAIRE 
Daumézon /G.) : Sur une contami- guier et de Broussonetia. — Com- 
nation microbienne de l'œuf de paraison avec les présures corres- 
FOIS La 6: 0 ORNE AE 18392 Mpond ane Sr APN 1339 
GERBER (C.) : Action du bichlorure GERBER (C.) et Guror (H.): Les fer- 
de mercure, de l’iode et de l'eau ments proléolytiques des pancréa- 
oxygénée sur la digestion de la tines des latex sont des trypsines . 1336 
caséine et de la fibrine par les pan- JozEAuD (A.) : I. Examen critique 
créatines des latex de Figuier et de de la valeur des principaux carac- 
Broussonetia. — Comparaison avec tères sur lesquels a été fondé le 
les présures correspondantes. . . . 1341 | genre Scillælepas Seg. — Observa- 
GERBER (C.) : Résistance à la cha- tions sur quelques espèces fossiles 
leur des caséases et des trypsines appartenant à ce genre ou que l’on 
des pancréatines des latex de Fi- a supposé pouvoir y appartenir, : . 1334 


Présidence de M. Fr. Arnaud. 


SUR UNE CONTAMINATION MICROBIENNE DE L'ŒUF DE POULE, 


par G. DAUMÉZON. 


En préparant des milieux à l’albumine, nous avons élé amenés par 
hasard à constater chez un œuf de poule une contamination qui nous 
parait digne d’être signalée. 

Notre attention avait été attirée au mirage par un halo situé près du 
petit pôle; la surface entière de l’œuf ayant été aseptisée suivant la 
technique ordinaire, puis cautérisée avec précaution au-dessus de 
ce point, nous avons aspiré avec une pipette stérile À c.c. environ 
d'albumine périphérique. L'aspiration a fait monter un flocon mem- 
braneux diffluent et blanchâtre, englobé dans une auréole réfringente, 
le tout atteignant au plus un volume de 1/3 à 1/4 de c.c. Après attou- 
chement rapide sur deux lames bien flambées, le contenu de la pipette 
a élé rejeté immédiatement dans un tube de bouillon fraîchement 
stérilisé. 


1334 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE ’ 


L’œuf ouvert ensuite dans une assiette avait bel aspect et ne Pis 
tait à la vue rien d’anormal. 4 

Un. premier examen des lames nous à montré de nombreux cocci 
faciles à colorer par le violet de gentiane en solution non alcoolique, 
isolés ou groupés en amas staphylomorphes bien significatifs. Nous les 
avons retrouvés au bout de douze heures dans le bouillon franchement 
troublé; la méthode de Gram a donné un résultat OA Les cultures 
ont présenté les caractères suivants : 


Bouillon : Trouble rapide et permanent, dépôt restant blanc. 

Agar : Isolement en stries sur plaques dans des flacons mexicains : 
chapelets de colonies confluant en une bande restant blanchâtre au delà du 
vingtième jour. Pas de colonies jaunes. 

Gélatine :Liquéfaction lente et laiteuse, piqüresuperficielle en tube donuant 
bien l'aspect sacciforme. 

Pomme de terre : Bande mince et sèche, coloration se décidant vers le 
sixième jour, mais ne parvenant pas franchement at jaune foncé. ; 

Lait : Coagulation. 

Virulence : Inoculation sous-cutanée de culture de vingt-quatre heures au 
lapin à la dose de 1 c.c. par kilogramme : réaction anodine et localisée. [On 
a employé la culture pure la plus rapprochée de l’origine.] 


L'ensemble des caractères ci-dessus amène à conclure à la présence 
de Staphylococcus pyogenes identifié sous la forme albus. L'isolement 
sur gélose ne nous a pas révélé d'autre germe-distinct. 

Il nous à paru intéressant de rapprocher ce fait de contamination 
microbienne du blanc de l’œuf des cas déjà signalés et pour lesquels 
diverses interprétations ont été fournies au point de vue étiologique. 


[. EXAMEN CRITIQUE DE LA VALEUR DES PRINCIPAUX CARACTÈRES SUR LESQUELS 
A ÉTÉ FONDÉ LE GENRE Scillælepas SEG. — OBSERVATIONS SUR QUEL- 
QUES ESPÈCES FOSSILES APPARTENANT A CE GENRE OU QUE L'ON A SUPPOSÉ 
POUVOIR Y APPARTENIR, 


par À. JoTEAUD. 


Seguenza avait attribué à son genre Scillælepas (1872) des caractères 
spéciaux que l’on peut résumer comme il suit : 

Valves, 13 ; — Scuta de forme exactement triangulaire; —- pas de su- 
pralatéraux, — mais deux rostrolatéraux, deux carénolatéraux et deux 
infralatéraux insérés avec le rostre et la carène à une même hauteur et 
formant ensemble un verticille unique. 

Mais la constitution du capitule de Scillælepas échappe-t-elle réelle- 
ment ainsi à la règle générale? Evidemment non. C'est une erreur ma - 


SÉANCE DU 47 JUIN 1335 


nifeste de Seguenza d'avoir considéré comme formant un verticille unique 
des plaques qu'il a figurées lui-même dans des cycles différents (1) ; il 
n'y a pas plus de verticille inférieur unique ici que dans MWitella. Et 
c'est une autre erreur d'avoir pris des plaques appartenant à la série 
médiane de Scillælepas pour des infralatérales. Dans les figures qui en 
ont été données, on voit en effet Les bords de ces plaques recouverts par- 
ticulièrement par s° et t’; elles ne peuvent donc représenter que m°. Si 
elles correspondaient à m*, elles seraient externes par rapport à s° et t°.. 


Ce qui est vrai toutefois, c'est que le nom de latéral supérieur ne convient 
guère à la plaque m° d’un Scillælepas en raison de son insertion vers la base 
du capitule. Quand Darwin établissait (1851) la nomenclature des plaques des 
Pédonculés avec son Scalpellum fossula du crétacé supérieur, il avait sous les 
yeux un véritable upper latus que l’évolution avait porté presque à mi-hauteur 
du capitule. Seguenza, cherchant plus tard (1876) dans la nomenclature darwi- 
nienne quelle désignation il convenait d'appliquer à la plaque médiane de 
Scillælepas carimata de l’Astien de Messine, jugeait, par la place très basse 
qu'elle orcupait, que ce ne pouvait être qu'un inframedio lato, sans se rendre 
compte que cefte plaque étaitmorphologiquement équivalente à l’upper latus 
de Scalp. fossula. Gelte confusion fâcheuse a persisté dans les ouvrages Les 
plus récents et n’a peut-être pas été sans influence sur le peu de faveur qu'a 
rencontré le genre Scillælepas dont les formes les plus légitimes ont été 
maintenues par leurs auteurs dans le genre Scalpellum. 


Tel que nous le concevons, Le genre Scillælepas se reconnaïtra aux 
caractères suivants : 

Plaques à wmbo apical, de forme presque triangulaire, souvent épaisses, 
formant 5 verticilles complets de 4 plaques chacun avec un quatrième ver- 
“icille représenté soit par c* seulement, soit par c'etr*. S°et T' plus où moins 
arliculés entre eux. — Plaques m°insérées presque aussi bas que s° et t}, 
mais en dedans de celles-ci et pouvant, par leur sommet libre, se projeter 
à plus du 1/3 de la hauteur du capitule (S.gemma) oun'en atteindre que le 
1/7 seulement (S. trispinosum, S. Cazioti). — Carène à secteur 2 étroit, 
se terminant à la base même de la plaque. 

Un tel capitule répond à la formule suivante : 

BP — 1 2 î LE — . 
: LUS = 7. à … " di L 1 " mn, a QUE DES. 


On a attribué au genre Scillælepas les espèces fossiles ci-après : 
Scillælepas carinata — Pollicipes carinatus Philippi, 1835, des cal- 
caires, sables et marnes astiens de Sicile. 


()V-Seguenza Ricerche paleontologiche intorno ai Cirripedi terziarii della pro- 
vincia di Messina. Parte IL, tav. I, fig. 6, 14, 27. — Aurivillius. Sfudien über 
Civripeden, Taf. 3, fig. 3, 4, 5. — Pilsbry. The Barnacles of the U. S. National 
Museum fig. 2 et 3. 


1336 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


Scill. ornata Seguenza, 1876, des mêmes formations. 

Seill. Paronæ de Alessandri, 1906, des sables miocènes des Cite de 
Turin. 

Scill. Cazioti À et L. Joleaud, 1913, des marnes astiennes de Nice. 

I] convient d'y ajouter : ; 

Scill.. Zancleanum — Scalpellum Zancleanum Seguenza, 1876, des 
mêmes formations que S.carinala et S. ornata. Par la forme de ses pla- 
ques m° analogues à celles de S. ornala, S. Paronæ, S. Cazioti, comme 
par l’ensemble de ses caractères, ce beau fossile est un véritable Scillæ- 
lepas, bien qu'il n'ait pas été reconnu pour tel par Seguenza, son auteur. 


Ce paléontologiste avait émis, par contre, l'hypothèse que certaines 


espèces fossiles du crélacé supérieur du Nord de l'Europe étaient peut- 
être des Scillælepas, savoir : 

Pollicipes dorsatus Steenstrup. — P. elegans Darwin. — P. rigidus 
Sowerby. — P. validus Steenstrup. — ?. gracilis Rômer. | 

Ces espèces étaient et sont encore imparfaitement connues. L'année 
dernière cependant, M. Brünnich Nielsen dans les Wedelelser fra Dansk 
geologisk Forening à apporté une intéressante contribution à l'étude de 
plusieurs d’entre elles. 

Il a ainsi décrit et figuré diverses petites plaques de P. dorsatus dont 
la forme m'incline fort à croire que c’est bien là un Scillælepas. Mal- 
heureusement m° et c* y restent encore inconnus. L'auteur à, d’ailleurs, 
tenté une restitution qui est bien peu vraisemblable. 

M. Brünnich Nielsen a publiéégalement certaines plaques nouvelles de 
P. elegans, parmi lesquelles m° se montre semblable, dit-il, au latéral 
supérieur de Brachylepas fallax figuré par Woodword dans les « Cirrhi- 
pèdes de Trimmingham ». Ici le doute est levé : P. elegans n'est pas un 
Scillælepas. 

Pour les trois autres espèces aucune contribution nouvelle n’est venue 
à ma connaissance qui permette de les introduire dans le genre Scillæ- 
lepas dont elles s'éloignent par divers caractères. 


LES KFERMENTS PROTÉOLYTIQUES DES PANCRÉATINES DES LATEX 
SONT DES TRYPSINES, 


par C. GERBER et H. Guioz. 


Après action pendant trois heures à 50 degrés en présence de doses 
croissantes d'HCI ou de NaOH, de O0 gr. 33 de pancréatine de Figuier ou 
de Broussonétia sur un mélange de 4 gr. 16 de poudre de fibrine du 
sang et de 100 c.c. d’eau distillée, mélange préalablement maintenu une 


demi-heure à cette température, il a fallu les quantités suivantes de 


… 


SÉANCE DU 17 JUIN | 1337 


liqueur normale de soude pour saturer les acides aminés formés aux 
dépens de la fibrine par ces pancréatines. 


HCI ou NaOH PAR LITRE 
De LA 
DD NE ERNEST NÉCESSAIRES À LA SATURATION 


CENT. CUBES NaOH NoRMAL 


Mol. milligr. Crammes. 


At à 2 Pepsine In Trypsine 
HCI HÉN Broussonetia. |psolie Poulenc. Merck. 


ee 
HO U OOo 


RW VEeSS 
LD I © OUT I OUI 
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So vtow ut 0 
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DOOOCShVRÉ = 


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D 
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0. 
0. 
0.2: 
0. 
0. 
0. 
ONE 


On voit que : 

À. — Figuier. La fibrine est très bien digérée en milieu neutre par la 
pancréatine du figuier; une faible acidité ne modifie pas sa digestibi- 
lité; une acidité moyenne la rend moins forte; une acidité élevée la 
rend nulle. C’est ainsi que 18 mol. milligr. d’'HCI par litre de macération 
de fibrine n'ont fait passer la quantité de NaOH normal nécessaire pour 
saturer les acides aminés formés dans 100 c.c. de cette macération que 
de 3c.c.5 à2c.c. 7; par contre 30 mol. milligr. l’ont réduite à 0 c.c.5, 
60 mol. milligr. à 0 c.c. 2 et 90 mol. milligr. à 0 e.c. 0. 

Les alcalis sont un peu plus nuisibles que les acides. C’est ainsi qu'il 
a suffi de 6 mol. milligr. de NaOH par litre pour faire passer la quantité 
de liqueur normale de soude nécessaire à la saturation des acides 
aminés de 3 c.c. 5 à 8 c.c. alors qu'avec la même dose d'HCIla quantité 
de liqueur normale de NaOH nécessaire était restée 3 c.c. 5; avec 
12 mol. milligr. NaOA, il ne faut plus que 1 c.c. 7 de NaOH normal el 
avec 18 mol. milligr. que 1 c. c. 2. 

Nous n’avons pas utilisé des doses plus fortes d’alcali étant donnée 


l'altération que la fibrine manifeste en milieu fortement alealin et qui 


se traduit par la formation d'H°S dont l’odeur est manifeste quand on 
neutralise la base. 

B. — Broussonetia. Les acides, tout en agissant, d’une façon générale, 
sur la digestion de la fibrine par le ferment protéolytique de Brousso- 
netia dans le même sens que dans le cas de la pancréatine du Figuier, 
sont cependant plus nuisibles. 6 mol. milligr. d'HCI par litre ont, en 
effet, fait tomber la quantité de NaOH normal nécessaire à la saturation 
des acides aminés de 3 c.c. 5 à 3 c.c. 0, 18 mol. milligr. à 1 c.c. 8, 


30 mol. milligr. à 0 c.c. 3 et 60 mol. milligr. à 0 e.c. 0. 


l 


1338 . RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


——— 


Quant aux alcalis, ils se comportent d’une facon toute différente. Is 
sont favorisants et d'autant plus que leur quantité est plus élevée. On 
voit, en effet, que 12 mol. milligr. de NaOH ont fait monter la quantité 
de liqueur normale de NaOË nécessaire pour la saturation des acides 
aminés de 3 c.c. 5 à 3 c.c. Jet 18 mol. milligr. à 4 c.c. 9. 

Si l’on compare maintenant les chiffres des colonnes consacrées dans 
le tableau aux diastases de Ficus carica et de Broussonelia papyrifera à 
ceux des colonnes consacrées à la pepsine et à la trypsine animales, om 
voit que, d'une façon générale, nos deux ferments protéolytiques 
végétaux doivent être opposés à la pepsineet rapprochés de la trypsine, 
cependant ils n’occupent pas la même place par rapport à la trypsine. Si, 
en effet, les acides sont moins défavorables à la digestion de la fibriné 
par nos deux ferments protéolytiques végétaux que par la trypsine, les 


x 


alcalis sont légèrement nuisibles à cette dernière comme au ferment 


protéolytique du figuier, alors que nous venons de voir qu'ils favorisent 


le ferment protéolytique de Broussonetia papyrifera. 

Il en résulte que le ferment protéolytique du Figuïer a un caractère 
trypsinique moins accentué que la trypsine animale et doit être placé 
entre elle et la pepsine ; le ferment protéolytique du Broussonnetia, au 


contraire, a un caractère trypsinique plusaccentué que la trypsine animale 


et plus éloigné qu’elle de la pepsine animale. Pareil classement peut être 


établi pour les diverses caséases. 1 suffit de comparer les chiffres ci- 


dessous obtenus en remplaçant dans les expériences à 50 degrés d’une 
note précédente (1) les doses des deux pancréatines végétales par Oigr. 04 
de pepsine absolue Poulenc et 0 gr. 01 de trypsine animale Merck à ceux 
du tableau de cette note pour voir, en effet, que la digestion du lait 
bouilli en présence des alcalis, gênée même pour des doses faibles de 
bases dans le cas du figuier, l’est seulement pour des doses fortes dans 
le cas de la trypsine animale Merck (les doses faibles moyennes étant 
indifférentes) ; elle est, au contraire, favorisée par ces doses faibles et 
moyennes dans le cas du Broussonetia. 


MOLÉCULES MILLIGRAMMES ÉLECTROLYTE PAR LITRE LAIT BOUILLI 
EE — —  ———— 
HCI NaOH 


Cent.cubes NaOHnormale nécessaire à lasaturalion des acides aminés 


0.0 | 0.0 | 0.0 
i5 | 0:9 0.# 


0.0 
15 


0.0 


Brypsine 10 0N M0 ONRO"2 Due ASUS ES | AE 


Pepsine ne "1M0"0 | 0.0 | 0.0 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologre, t. LXXIV, p. 1143. 


SÉANCE DU 47 JUIN 1339 


RÉSISTANCE A LA CHALEUR DES CASÉASES ET DES TRYPSINES DES PANCRÉA- 
TINES DES LATEX DE FIGUIER ET DE BROUSSONETIA. — COMPARAISON AVEC 
LES PRÉSURES CORRESPONDANTES, 


par C. GERBER. 


Nous avons fait agir, à 50 degrés, dans les conditions relatées en tête 
du tableau ci-dessous, sur du lait bouilli et sur dela fibrine, une dosedéter- 
minée des pancréatines des latex de Figuier et de Broussonelia, dose qui, 
en solution dans la liqueur physiologique, a été préalablement main- 
tenue pendant des temps croissants à des températures croissantes. 

a) Figuier. — Les chiffres du tableau montrent que caséase et tryp- 
sine du Figuier présentent le même degré de résistance à la chaleur. 
Après un séjour de trente minutes à 60 degrés ou de cinq mimutes à 
10 degrés, elles sont devenues deux fois moins actives, et il à suffi de 
les maintenir cinq minutes à 80° et 1 minute à 85° pour leur faire per- 
dre tout pouvoir protéolytique. 

b) Broussonetia. — Lemême tableau montre également que la caséase 
de Broussonetia est influencée de la même façon par la chaleur que la 
trypsine correspondante. L'une et l’autre ont besoin de 30 minutes de 
séjour à 75° pour devenir deux fois moins actives et elles ne perdent 
tout pouvoir protéolytique qu'après un pareil temps de séjour à 90°. 

La comparaison de ces chiffres à ceux cités plus haut pour le Figuier 
montre qu'il faut à la caséase et à la trypsine de Broussonetia une tem- 
pérature plus élevée de 15 degrés pour déterminer la même altération 
que chez la caséase et la trypsine du Figuier. Elles sont donc beaucoup 
plus thermostabiles que ces dernières. 

c) Comparaison avec les présures. — Nous avons placé, à côté des 
chiffres représentant le nombre de cent. cubes de soude normale néces- 
saire pour saturer les acides aminés, formés par les caséases et les tryp- 
sines, ceux représentant les temps nécessaires à la coagulation du lait 
par les présures correspondantes (1). La comparaison de ces chiffres 
montre que ces dernières présentent le même degré de résistance à la 
chaleur que les caséases et les trypsines des mêmes latex. En résumé : 
Dans une note précédente, nous avons montré la différence profonde qui 
existe entre la caséase du Fiquier et celle de Broussonetia. Tandis que la 
première est inactive vis-à-vis de la caséine du lait cru, mais drgère très 
bien celle du lait bouilli, la seconde agit sur le lait cru. Or nous avons 
établi autrefois que, tandis que la présure du Fiquier n'agit pas sur le lait 
cru, mais coaqule très bien le lait bouilli, celle de Broussonetia agit très 
bien sur le lait cru. Présure et caséase du latex du Fiquier ont donc un 


(1) Empruntés à notre mémoire de la Soc. Bot. de France, de 1912. 


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REUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


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4 
[ 


DR fe D OS NS EU Es) M OA RL ST ERA? 


SÉANCE DU A7 JUIN 1341 


. caractère commun, celui d'être des diastases du lait bouilli; présure el 
caséase du latex de Broussonetia en ont un également, celui d’être des 
diastases du lait cru. La note actuelle ajoute un autre caractère commun 
aux deux ferments précédents et rapproche de ceux-ci la trypsine corres- 
pondante. Présure, caséase et trypsine du Fiquier présentent la même résis- 
tance à la chaleur; présure, caséase et trypsine du Broussonetia égale- 
ment ; les trois premières diastases étant bien moins thermostabiles que les 
trois dernières. 


ACTION DU BICHLORURE DE MERCURE, DE L'IODE ET DE L'EAU OXYGÉNÉE 
SUR LA DIGESTION DE LA CASÉINE ET DE LA FIBRINE PAR LES PANCRÉA- 
TINES DES LATEX DE FIGUIER ET DE BROUSSONETIA. COMPARAISON AVEC 
LES PRÉSURES CORRESPONDANTES, 


par C. GERBER. 


Nous avons fait agir à 50 degrés, dans les conditions relatées en tête 
du tableau ci-dessous, sur du lait bouilli et sur de la fibrine délayée 
dans de l’eau distillée, une dose déterminée des pancréatines des latex 
de Æicus carica et de Broussonelia papyrifera, en présence de doses 
croissantes de bichlorure de mercure (pris comme type des sels de Ag, 
Zn, Cd, Cu, Hg, Au, Pt, etc., qui se comportent de la même facon), 
d'iode et d’eau oxygénée. 

a) AgCF. — Les chiffres de la première partie du tableau montrent 
que les digestions par la caséase et la trypsine du Figuier sont défavo- 
rablement influencées, et au même degré, par des traces de ce sel, 
tandis que celles par la caséase et la trypsine de Broussonetia ne le 
sont, et au même degré, que par des doses fortes. Il à suffi, en 
effet, de 0,16 mol. milligr. (0 gr. 043) HgCÏË par litre de liquide à 
digérer pour empêcher toute formation d'acides aminés dans le lait 
et la fibrine par la pancréatine du Figuier, alors qu'une dose 2 fois 
plus forte (0 gr. 087) a été sans action sur la digestion de ces sub- 
stances par la pancréatine de Broussonetia, qu’une dose 20 fois plus 
forte (0 gr. 868) n'a fait devenir la quantité d’acides aminés formés 
que la moitié de ce qu'elle est en absence de HgCE et qu'il a fallu 
une dose 40 fois plus forte (1 gr. 736) pour rendre la digestion très 
faible. 

b) /o°. — Les chiffres de la seconde partie du tableau montrent que 
l'Iode agit comme le bichlorure de mercure; néanmoins les différences 
entre Figuier et Broussonetia sont un peu moins fortes. On voit, en 
effet, que, dans le cas de la fibrine par exemple, 1 mol. milligr. 5 
Iode (0 gr. 368) par litre de liquide à digérer empêche toute formation 
d'acides aminés par la pancréatine du Figuier; il suffit d’une dose 


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REUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


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1342 


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SÉANCE DU 17 JUIN . 1343 


2 fois plus forte (0 gr. 736) pour réduire la quantité d'acides aminés 
formés par la pancréatine de Broussonetia à près de la moitié de ce 
qu’elle est en absence de lo; néanmoins, il faut une dose 6-7 fois plus 
forte (2 gr. 46) pour rendre la digestion de la fibrine très faible. 

c) 4°0°. — Les chiffres de la troisième partie du tableau montrent que 
l'eau oxygénée agit comme le bichlorure de mercure, mais que les diffé- 
rences entre Figuier et Broussonetia sont plus fortes. On voit, en effet, 
qu'il a suffi de 0,16 c. c. de perhydrol par litre de liquide à digérer pour 
empêcher toute formation d'acides aminés dans le lait et la fibrine aux 
dépens de la pancréatine du Figuier, alors qu'une dose 40 fois plus 
élevée (6,4 e. c.) a été sans action sur la digestion de ces substances par 
la pancréatine de Broussonetia. 

d) Comparaison avec les présures. — Nous avons placé à côté des 
chiffres représentant le nombre de centimètres cubes de soude normale 
nécessaires pour saturer les acides aminés formés ceux représentant 
les temps nécessaires à la coagulation du lait par les présures corres- 
pondantes (1). La comparaison de ces divers chiffres montre que ces 
dernières se comportent, en présence de HgCF, lo” et HO”, absolu- 
ment de la même facon que les caséases et les trypsines des mêmes 
latex, d’où un caractère important de plus, commun à la présure, à la 
easéase et à la trypsine d’un même latex, soit de Figuier, soit de Brous- 
sonetia. | 


(1) Empruntés à nos notes de la Réunion biol. de Marseille, du 18 juin 1912, 
et de la Soc. biologique, du 1° juin 1912. 


ERRATUM 


NoTE DE C. GERBER. 


T. LXXIV, p. 1109, ligne 4, au lieu de : Morus alba, lire : Morus nigra. 


AA A CA RSR AA T2 EE er ee de DE DE ES QU à ÉRtESES 
RTS IN SAT RER en Cp DCE CE ds is 
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1344 . 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


SÉANCE DU 17 JUIN 1913 


SOMMAIRE 


Corrin (R.) : Les mitochondries vapeurs d'iode en thérapeutique 
du cylindraxe, des dendrites et du oto-rhino-laryngologique . . . . . . 80 
corps des cellules ganglionnaires SARTORY (A.) et OnTIcont (A.) : 
CET EINE RARE re ae 86 | Remarques au sujet d’un cas de 
Durour (M:) : Les lunettes Distal. 16 | sporotrichose . . : . 7% 
Durour (M.) : Sur le mélange opti- SARTORY (A.) et ORTICONI (A.) : Sur 
Uedes COEUR CRT EME 11 | un cas de stomatite . . . . . . . .. ee 
Durour (M.) : La vision binocu- SPILLMANN (M.) et WatriN (J.) : 
laire chez les sujets qui ont un œil Lésions histologiques dans un cas 
BONUS SAME Or = pue re Doi où à 18 | de xanthome papuleux généralisé. 85 
JEANDELIZE (P.) : Présentation de SPILLMANN (L.) et WaATrIN (J.) : 
l'album diploscopique du Dr Rémy. 72 | Recherche du tréponème dans les 
Marmorron : Pupillomètre à trous taches de la roséole syphilitique. . 84 
STÉMODÉLQUE SC M EU 88 ZiLGtEN (A.) : Influence des sels 
Moreaux (R.) : Sur le mode d’ac- d’ammoniaque à l’état naissant sur 
tionde la rééducation auditive dans la transformation du calomel en 
le traitement de la surdité . . . .. 82 | sels solubles de mercure. . . . …. 90 


Moreaux (R.) : Sur l'emploi de 


Présidence de M. Meyer. 


PRÉSENTATION DE L'ALBUM DIPLOSCOPIQUE DU D' RÉmy, 


par P. JEANDELIZE. 


L'intéressante communication que M. Dufour a faite à notre dernière 
séance (20 mai 1913) sur le diploscope et la simulation m'invite à vous 
parler de l'album diploscopique du D' Rémy. 

Cet album n'est pas de date récente. M. Rémy en a déposé des exem- 
plaires à différents congrès (Naples, 1909 ; Oxford, 1909; Budapest, 1910: 
Bruxelles, 1910 ; Palerme 1911); la bibliothèque de l'École de pharmacie 
de Paris en possède un. Mais, en somme, cet album a été peu divulgué ; 
or, il y a deux ans environ, M. Rémy m'a autorisé à en calquer les 
planches et ce sont ces calques que je soumets à votre attention avec 
l’assentiment de l’auteur. 


VAT 


SÉANCE DU 17 JUIN 1345 


de n’ai pas l'intention de vous parler aujourd’hui du dip:oscope, cet 
instrument merveilleux de simplicité et d’une utilité inappréciable dans 
le traitement de l’amblyopie ex anopsia, du strabisme, de l’anisomé- 
tropie et dans la recherche de la simulation. M. Dufour vous en a dit 
quelques mots à plusieurs reprises, et moi-même je vous ai déjà pré- 
senté l'appareil. Qu'il me suffise de vous en mettre un modèle sous les 
yeux et de vous dire que cet instrument, dont M. Rémy est l’auteur, 
permet d'étudier la vision simultanée et la vision binoculaire, et d’en 
redresser certaines anomalies. 

Suivant la disposition donnée, par le jeu d’obturateurs, aux huit trous 
de l'écran perforé, et suivant celle des cartons portant des lettres impri- 
mées, on obtient des images, dont les unes sont vues binoculairement et 
dont les autres sont vues en vision simultanée directe ou croisée. On peut 
ainsi réaliser des expériences dites à 2, 3, 4, 5,6, 11 et 12 lettres. 

Cest le détail de ces expériences qui se trouve schématisé dans 
l'album de M. Rémy. Il se compose de 17 planches. Sur chaque se trouve 
indiquée la disposition à donner aux trous de l'écran perforé et aux 
lettres des cartons pour faire telle ou telle expérience. Les lettres vues 
par l'œil droit sont représentées en rouge, celles vues par l’œil gauche 
en bleu, celles vues en même temps par les deux yeux en rouge et 
bleu. 

Ces planches traduisent-en quelque sorte la ligne de conduite à tenir 
dans les différentes expériences, qu'il s'agisse de traiter un strabique 
par la méthode orthoptique, de corriger un anisométrope, ou de dépister 
un simulateur. | 

À ce dernier point de vue, je vous signale tout spécialement les 
planches XVI et XVII, qui représentent une combinaison complexe de 
lettres, où se mélangent, en maints endroits, la vision binoculaire, la 
vision simultanée ; ces expériences sont, comme vous le voyez, tellement 
bien établies, que, si elles sont bien conduites par l'observateur, elles 
doivent, à coup sûr, surprendre le simulateur le plus habile. L’observa- 
teur devra toutefois faire attention de ne pas prendre pour une simula- 
tion ia fusion de deux lettres avec neutralisation de l’une d'elles, comme 
cela peut se produire pour certains lests, où la vision simullanée existe 
seule sans le contrôle de la vision binoculaire, 


En terminant, j'adresse à M. Rémy mes remerciements pour m'avoir 
permis de vous présenter son remarquable album trop peu connu. 


BioLocie. Compres RENDUuS. — 1913. T. LXXIV. 03 


1346 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY . (74Y 


REMARQUES AU SUJET D'UN CAS DE SPOROTRICHOSE, 


par A. Sarrory et A. ORTICONI. 


Dans une commumieation récente à la Société de Biologie, nous avons 
relaté le cas d'un jeune soldat atteint de Sporotrichose. Ge malade est 
aujourd'hui presque complètement guéri. Maisil faut remarquer quelques 
particularités intéressantes aù cours du traitement de cette affection. 


1° L'iodure de potassium semble ne pas avoir activé la guérison tant 


que le malade n'a pas été soumis au régime déchloruré. 


DOSES DOSES | DOSÈS 
DAITES de DATES de DATES de 


= 
Loue | 
| al 
Len 
a 
Lou! 


mars. > Sr. avril. ST. mai gT. 
DO np Re ASE AR EN 1: D L 4 
PILE 3 DAS 5 2 4 
22. 4 dE 5 3 % 
23. 0) 4. D ! 4 4 
24, 6 D. 5) ) 4 
25 > 6. > 6 4 
26. 4 1 6 1 4 
20 6] 8. T 8 2 
28. > og 8 9 4 
DU D) 40. S 
30. ni ie 7 

12. ss 

algye 6 

14, 6 

15e 1 

T6. di 

AE 5) 

18. 6 

HE î 


Le 9 mai, cure de déchloruration qui:a continué jusqu’à la fin. 


% Le hasard a voulu qu'au moment de la déchloruration le malade à 


cessé de prendre de l'iodure de potassium par suite d'un oubli adminis- 
tratif. On a constaté pendant des dix jours où le malade était soumis au 
régime déchloruré (sans prendre d'iodure de potassium) une diminution 
très nette du gonflement de là région atteinte. — 

3° À partir du 49 mai, l’iodure de potassium est donné à da dose de 
4 grammes jusqu'à ce qu'on âtteigne progressivement da dose de 
10 grammes par jour (quantité très bien supportée sans provoquer de 
phénomènes d’iodisme). 

l'amélioration est alors de plus en plus sensible. Lexnalade a éliminé 
deux petits séquestres osseux. Il persiste néanmoins un écoulement 
purulent et la cicatrisation complète n’est pas obtenue à la date du 
1% juin. ; 


Il n’existe plus aucune impotence fonctionnelle, le malade se. sert de 


son pouce aussi bien que de ses autres doigts pour prendre des objets 
assez lourds (tels qu'une bouteille pleine par exemple) 


(75) SÉANCE DU 47 JUIN 1347 


L'élimination de séquestres osseux est une conséquence des curet- 
tages pratiqués au mois de février dernier et le gonflement qui persiste 


_ encore autour de l'articulation mélacarpo-phalangienne parait être la 


conséquence de l'arthrite infectieuse provoquée par le staphylocoque. 


(Travail du daboratoire‘de mycologie de l'Ecole supérieure de Pharmacie 
de Nancy’et du Lahoratoire de Bactériologie du 2° corps d'armée.) 


SUR UN CAS DE STOMATITE, 
» 


par À. Sarvony et À. ORTICONI. 


HI s'agit d'un malade qui est très fatigué depuis le 15 avril. Il entre 


_ à dtüinfirmerie régimentaire pour anémieet faiblesse. Le 17 avril, il recoit 
- trois injections de cacodylate de soude. Même traitement les 49, 20 et 
. 91 avril. Quelques jours après, les lèvres sont recouvertes d’un enduit 
adhérent, grisâtre, faisant corps avec la muqueuse. À la face interne des 
_ joues, on voit quelques vésicules «et quelques uleérations superficielles 


grisätres. En même temps, om voit des végétations d'aspect fibrineux 
blanc grisätre, assez épaisses, tapissant ila face ‘interne des joues et 
prenant l'empreinte des dents. 


L’appétit est conservé ; ni nausées, ni vomissements. Le 25:avril, les - 
_ deux lèvres présentent un aspect grisätre, par suite de 1én fltentioe de 


la muqueuse. La face interne des deux joues est tapissée d'un exsudat 
blanc grisâtre, épais, prenant la forme des dents ; le bord gauche de la 


. bouche présente une infiltration blanc grisâtre. 


Es 


Sur le voile du palais on voit une vésicule de la dimension d’une 


- lentille. La salivation est très abondante et le malade se gargarise 


presque constamment pour rafraichir sa bouche. Il se plaint de soif 
vive. 
Le 4% mai, en arrière et à droite, à 15 centimètres de la base droite, 


léger souffle. Respiration et expiration avec foyer de räles sous-crépi- 
. tantts. Expectoration purulente très abondante. 


Le 2 mai, la stomatite est guérie, il n'y a plus de points grisätres sauf 
sur Ja luette. 

L'examen Miprique de l'exsudat nous signale : 4° un bactïite ; 
99 une levure blanche; 3° un‘organisme mycélien. 

ous ces organismes furent cultivés séparémentien plaque de gélatine, 
sur gélose, sur pomme de terre, sérum, carotte, lait et sur bouïllon suc- 


- charosé, glucosé et lactosé. 


Culture. du bacille. — 4° Ce microbe se ru facilement sur tous les 


_ milieux, il pousse à partir de 410 degrés et est neltement anaérobie 


1348 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (76) 


facultatif. Sur plaque de gélatine on observe au bout de deux ou trois 


jours dans l’intérieur de la gelée de petites colonies rondes. En piqüre: 


le long du canal, on observe un amas de petites colonies blanches 
et rondes, c'est l'aspect de la culture dite en clou. Sur gélose le 
bacille s’étale en formant une bande muqueuse. Sur pomme de terre, 
culture épaisse d'un blanc jaunâtre dans laquelle se forment à l’étuve 
à + 24 degrés des bulles de gaz. Dans le bouillon, trouble rapide et dépôt 


muqueux au fond du vase. Le lait est coagulé le vingt-quatrième jour. 


Les bouillons glucosé, saccharosé et lactosé fermentent. Les produits de 
fermentation sont de l'alcool éthylique, de l'acide lactique gauche et de 
l'acide sucecinique. 

Morphologie : Bâtonnets courts et trapus à extrémités arrondies, longs 
de 1m à 1x5, avec une largeur un peu moindre, entourés d'une capsule. 
Les éléments sont immobiles. 

Coloration : Il se colore très facilement aux solutions colorantes 
habituelles. Bacille et capsule ne se colorent pas par la méthode de 
Gram. Nous l'identifions avec le pneumo-bacille de Friedländer. 

2° L'organisme blanc que nous dénommions levure était l'£Endomyces 
albicans Vuillemin (Muguet,. 

3° L'organisme rose est un champignon présentant tous les caractères 
d'un oïdium. Il végète à une température de + 37 degrés. 

Nous en ferons une description complète dans une prochaine note. 


(Travail du laboratoire de pharmacie chimique de l'Ecole supérieure de 
pharmacie de Nancy et du laboratoire de bactériologie du 20° corps 
d'armée.) 


LES LUNETTES DiIsTAL, 


par M. Durour. 


La lunette de Galilée, élément de nos jumelles de théâtre, se compose 
d’une lentille convergente F (objeclif), associée à une lentille diver- 
gente f (oculaire). On établit dans les/cours de physique élémentaire 
que, si la lunette doit servir à un œil emmétrope non accommodé, son 
tirage, distance de l'objectif à l'oculaire, est égal à la différence des 
distances focales F — f. Le grossissement est égal au rapport des 
distances focales F/f. Pour un instrument de faible grossissement F/f 
est voisin de l'unité ; par suite, f est presque aussi grand que F et la 
longueur de l'instrument F — f est très réduite. On sait de plus que, 
quand un myope veut se servir d’un instrument d'optique mis au point 
pour un œil emmétrope non accommodé, il doit d'une manière générale 
enfoncer l’oculaire, c’est-à-dire raccourcir l'instrument. 


ae -—: 


PO Po 


A 


HU SÉANCE DU Â7 JUIN 1349 


La maison Carl Zeiss (d'Iena) construit aujourd'hui sous le nom de 
lunettes Distal (Distalbrillen) des lunettes de Galilée à faible grossisse- 
ment et par conséquent très courtes pouvant être fixées devant les yeux 
avec une monture de lunettes analogue à celle des verres correcteurs 
ordinaires. Avec les verres correcteurs ordinaires, placés devant l’œil 
dans les conditions habituelles, l’image rétinienne a la même grandeur 
pour l'œil présentant une amétropie axile que pour l'œil emmétrope. 
Les lunettes Distal permettent d'obtenir des images un peu plus grandes. 
Leur épaisseur n’est pas bien considérable. Le poids d’un des éléments 
est d'environ 13 grammes ; le poids total de la paire de lunettes est 
d'environ 31 grammes. : 

Les surfaces des verres sont calculées de façon à donner des images 
satisfaisantes pour une position bien déterminée des yeux derrière les 
lunettes ; mais il faut que l'exactitude de cette position soit très bien 
assurée par la construction de l'instrument. Les lunettes Distal reposent 
sur la racine du nez par l'intermédiaire d’un pont médian et de deux 
ponts latéraux, qui en assurent la fixilé. 

Des verres complémentaires se plaçant sur les objectifs transforment 
les lunettes pour voir de loin en lunettes pour voir de près, et des verres 
astigmates se plaçant sur les oculaires rendent les lunettes utilisables 
par les sujets astigmates. 

Les grossissements adoptés sont de 1,3 fois et de 2 fois. 


SUR LE MÉLANGE OPTIQUE DES COULEURS, 


par M. Durour. 


On peut employer divers procédés pour réaliser le mélange optique 
des couleurs. On peut mélanger des couleurs spectrales, ou mélanger les 
couleurs de certains pigments. 

Les artistes emploient pour obtenir certains effets des hachures ou 
pointillés des couleurs dont ils veulent réaliser le mélange optique. Les 
impressions lumineuses sur la rétine se fusionnent si on regarde le 
tableau d’un peu loin, mais la préparation de planches destinées à 
montrer systématiquement le mélange d'un grand nombre de couleurs 
serait assez longue et fastidieuse. 

On peut projeter sur un même écran deux faisceaux lumineux diver- 
sement colorés, empiétant l’un sur l’autre. La plage commune aux deux 
faisceaux apparaît avec la couleur du mélange ; on doit rapprocher de 
cette facon de faire celle qui censiste à regarder à travers un prisme 
bi-réfringent deux couleurs juxtaposées. Il me semble que la facon Îla 
plus simple de mélanger les couleurs consiste à placer deux écrans 


1350 RÉUNION BIOLOGIQUE DB NANCY +478) 


transparents diversement colorés devant les deux trous de l'expérience 
de Scheiner, et à regarder à travers le petit appareil ainsi disposé le ciel 
ou. toute autre Surface très éclairée. Il se forme. alors sur la rétine de 
l'observateur deux taches de diffusion empiétant l’une-sur l’autre : leur 
partie commune présente la couleur du mélange. Le procédé a lavan- 
tage d’une grande simplicité. On peut de la sorte montrer à peu de frais 
le résultat du mélange optique d’un grand.nombre de couleurs sans avoir 
à manier d'appareils compliqués, encombrants et coûteux. Comme écrans 
colorés, on peut employer de petits morceaux de verre, de gélatine, de 
cellophane. Il peut être intéressant de connaître immédiatement ce que 
donne le mélange oplique des couleurs de deux papiers colorés, par 
exemple des papiers employés par les oculistes pour l'étude du sens des 
couleurs. Avec des écrans en papier, on obtient encore de bons résultats 
en: faisant l'expérience avec des trous relativement gros eten se pi 
tout près d'une source lumineuse intense. : 

En prenant deux trous de grosseur différente, on peut mélanger les 
deux couleurs en diverses proportions. Si l’on couvre un seul trou avec 
un écran coloré en laissant libre l’autre trou, on peut étudier le mélange 
de la lumière blanche avec une lumière colorée et se rendre compte de 
la proportion considérable de lumière colorée qu’on peut ajouter à dela 
lumière blanche sans en changer l’aspect. La partie commune aux deux 
cercles de diffusion demeure tout à fait pareille au reste de la tache de 
diffusion blanche, alors même quela tache de diffusion colorée présente 
un certain éclat. : | 

Si l’on trouve que les teintes des écrans dont on dispose ne sont pas 
suffisamment saturées, rien n’est plus simple que de superposer l'un à 
l’autre deux écrans identiques. 

Avec un écran percé de trois ou quatre trous très rapprochés, on 
pourrait de même avoir le mélange optique de trois ou quatre couleurs. 


° 


LA VISTON BINOCULAIRE CHEZ LES SUJETS QUI ONT UN ŒIL APHAQUE, 


par M. Durour. 


Quand, par l'opération de la cataracte, l’oculiste a enlevé le:-cristallin, 
l'image rétinienne dans l'œil opéré, corrigé par un verre convenable, est 
plus grande que l’image rétinienne du même objet vu à la même dis- 
tance par le même œïl avant l’opération. L'application du calcul en 
dioptries aux données numériques fournies par le professeur Gullstrand 
permet de calculer la grandeur de l’image rétinienne dans les divers 
cas. ; ( 
Gette inégalité des images à généralement pour conséquence de 


ROME CET M AE AUTRE UE 
x ES REP je PHARES 12 ef 


Y. 


(19) SÉANCE BU 17: JUIN | #35 


supprimer la vision Dinoculaire chez les personnes qui ont un œil 
aphaque. Pourtant, on constate l’existerce de la vision binoculaire chez 
certains opérés qui ont um œil aphaque. Ces sujets sont donc capables 
de fusionner des images rétiniennes d’inégale grandeur. Le fait ne 
cadre pas avec la théorie des points identiques des rétines. On peut le 
rapprocher d’une expérience indiquée par le professeur A. Stühr (4). 
Avec deux systèmes de cercles concentriques, l'écartement des centres 
étant égal à la distance des centres des pupilles de l'observateur regar- 
dant droit devant lui, il n’est pas nécessaire, pour obtenir la vision 
simple ou haploscopique, que les cercles des deux systèmes aient des 
rayons égaux. M. Stôhr propose, par exemple, pour les cercles vus par 
l'œil gauche, des rayons de 4,5, 9, 18,5 et 18 millimètres, et, pour les 
cercles vus par l’œil droit, 5, 10, 45 et 20 millimètres. Dans ces condi- 
tions, on n’apercoit que quatre cercles. Ce résultat n’est d’ailleurs pas 
obtenu par là neutralisation de l'une des images : on peut s’en assurer 
en colorant diversement diverses régions de l’image droite et de l'image 
gauche. Si onne pense pas que les yeux puissent rendre égales les deux 
images rétiniennes, il faut, pour expliquer l'expérience, attribuer à notre 
“esprit une force d'hallucination négative à laquelle M. Stühr à peine à 
croire. Le problème se simplifierait si l’on admettait que la rétine est 
susceptible de se contracter par sa propre élasticité, et de se dilater sous 
l’action du système méridien de la musculature interne de l'œil. « Phy- 
siquement, il n'y a que deux moyens d'agrandir l'image : modifier 
Pobjet ou modifier l’image. Mais, physiologiquement, il y en a un troi- 
sième : modifier les éléments percepteurs sans toucher à l’objet el sans 
altérer d’une manière Sensible l'image, au moins en ce qui concerne sa 
projection sur la rétine. Toute contraction de la rétine sera ressentie 
comme un agrandissement de ce qu'on voit, toute dilatation de la rétine 
comme une diminution de ce qu’on voit. » L'égalisation physiologique 
des images pourrait ainsi se produire de diverses facons. Pour une cer- 
taine distance, l’une des rétines se contracterait, l’autre restant fixe; 
pour une autre distance, une des rétines se dilaterait, l’autre restant 
fixe. Dans le premier cas, on aurait un grossissement unilaléral; dane 
le second cas, une diminution unilatérale. Il pourrait arriver aussi que, 
entre ces deux cas extrêmes, les deux rétines jouent chacune leur rôle, 
et que, pour une distance déterminée, elles se partagent également la 
tâche. Dans l'expérience que je viens d'indiquer d’après M. A. Stôhr, il 
ne faut pas que l'inégalité entre les cercles correspondants soit trop 
marquée, sans quoi l'expérience ne réussit pas, le fusionnement ne se 
produit pas. 
Dans une conférence faite récemment à l’hôpital Lariboisière (Cours 
complémentaire d'ophtalmologie pour spécialistes), j'ai eu l’occasion 


(4) À. Stôhr. Grundfragen der physiologischen Optik, p. 25. 


1352 : RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (80) 


d'indiquer à mes auditeurs l'intérêt qu'il y aurait à recueillir des docu- 
ments à ce sujet. Depuis lors, M. le D' Marbaix, de Tournai, a bien voulu 
me communiquer, à ce propos, l'observation d’un de ses malades, et 
il se propose de faire quelques expériences à cet égard. 


SUR L'EMPLOI DE VAPEURS D'IODE 
EN THÉRAPEUTIQUE OTO-RHINO-LARYNGOLOGIQUE, 


par R. MOREAUXx. 


Depuis longtemps l'iode est employé en thérapeutique sous les formes 
les plus diverses, et depuis quelques années en particulier on en use 
sous forme de vapeurs, qui présentent l’avantage considérable d’une 
pénétration dans les cavités les plus inaccessibles. 

De nombreux travaux ont été publiés sur l’enfumage iodé et le 
D' Raillard a soutenu en 1912 une thèse sur un essai d'emploi de vapeurs 
d'iode naissant en thérapeutique oto-rhino-laryngologique. £ 

La simple lecture de ce titre ouvre au praticien un horizon d’indica- 
tions thérapeutiques et l'emploi de l’iode naissant à l’état de vapeurs 
autorise nombreuses espérances. 

Mais il nous est permis de nous demander, de prime abord, quelles 
sont les conditions nécessaires pour faire agir sur un tissu malade des 
vapeurs d'iode à l'état naissant. 

Disons ‘de suite qu'il est indispensable pour atteindre ce but de 
produire les vapeurs d'iode au sein même du tissu, ou tout au moins en 
un point extrèmement voisin de lui. La raison en est la suivante : l'iode 
considéré à l'état naissant a pour formule I; c’est ainsi que si l'on 
décompose l’iodoforme par la chaleur, au moment même de leur formation, 
les vapeurs d’iode ont pour formule [; mais immédiatement à l'air l’iode 
se combine à lui-même et prend pour formule [°, qui ne représente 
plus de l'iode naissant; donc l'iode n’est pas transportable à l’état 
naissant, sous forme de vapeurs à des températures inférieures à 
800 degrés, .or, à celle-ci il ne peut plus étre employé en thérapeutique. 

Pratiquement il est possible de faire agir l’iode à l’état naissant sur les 
tissus malades et cela par voie humide suivant la méthode de 
Paul Laurens; il suffit de déplacer l'iode d’un iodure en faisant agir 
sur celui-ci de l’eau oxygénée ; c’est ainsi que l’on emploie une solution 
d'iodure de sodium à 30 p. 100 en instillation ou en pulvérisation et sur 
laquelle on fait agir de même par instillation ou pulvérisation de l’eau 
oxygénée à12 volumes. On comprend que par ce procédé l’iode, se formant 
au contact même des tissus, agit sur eux à l’état naissant. 

Quant à la méthode de Louge, dite de l’enfumage iodé, qui consiste à 


(81) SÉANCE DU ÀÂ7 JUIN 1353 


brûler un tampon de coton saupoudré d’iodoforme, ou celle de Delie, 
reprise par Raillard, consistant à chauffer de l’iodoforme dans un ballon 
et à chasser les vapeurs sur le point malade au moyen d’une soufflerie, 
peut-on dire qu’elles agissent de la même facon que celle de Laurens ? 
- Nous ne le croyons pas. 

Si l'on chauffe de l’iodoforme de formule CHI, ce corps entre en 
fusion vers 120 degrés, se vaporise en partie et se décompose d'autre 
part pour donner de l'acide iodhydrique et des vapeurs d'iode, tandis 
que demeure un résidu de charbon. Les vapeurs violeltes qui se dégagent 
sont donc constituées à la fois par de l'iodoforme, de l'acide iodhydrique 
et de l’iode. 

Comme ces vapeurs doivent être transportées de leur point de forma- 
tion jusqu'aux tissus malades, nous pouvons affirmer qu’au moment de 
leur action l’iode n’est plus à l’état naissant. 

En outre, il n’est pas démontré que parmi les trois éléments consti- 
tuants des vapeurs violettes, c’est à l’iode seul qu’il faut prêter Les pro- 
priétés thérapeutiques.Quoiqu'ils soienten quantité minime, l’iodoforme 
et surtout l’acide iodhydrique ne sont-ils pas des antiseptiques de 
premier ordre; n’a-t-on pas jadis tenté de traiter la tuberculose pulmo- 
naire par des inhalations d'acide fluorhydrique convenablement dosé? 

Pour élucider la question, il serait nécessaire d'étudier l’action théra- 
peutique des vapeurs d’iode émises par chauffage d’iode métalloïdique ; 
si les résultats étaient les mêmes que lors de la décomposition de l'iodo- 
forme, c'est que ce sont les vapeurs d’iode qui constituent l'agent 
thérapeutique efficace ; au cas contraire, on pourrait attribuer l'efficacité 
à l’iodoforme et surtout à l'acide iodhydrique ou au mélange des trois 
Corps. 

. En admettant, par anticipation, que ce soit bien à l’iode qu'il faille 
attribuer les propriétés thérapeutiques, nous pouvons affirmer qu'il est 
inutile de chercher à l’extraire de l’iodoforme et qu'il suffit d'employer 
les vapeurs produites par chauffage d'iode métalloïdique, car dans les 
deux cas ce ne sont pas des vapeurs d’iode naissant que l’on porte sur les 
tissus. 

En résumé nous pouvons dire : 


1° Le principal intérêt que présente l'emploi de vapeurs d’iode ou des 
vapeurs de décomposition de l’iodoforme, c'est la facilité de pénétration 
en des points difficilement accessibles. 

2° Seule la méthode par voie humide, en décomposant un iodure par 
un peroxyde au contact des tissus, assure la production d’iode naissant, 
et son action sur ces tissus. 

3° La décomposition de l'iodoforme par la chaleur donne, sous forme 
de vapeurs, des antiseptiques aussi puissants que l’iode et qui peuvent 
agir de la même façon que lui; mais il est certain que par cette méthode 


1354 RÉUNIGN BIOLOGIQUE DE NANCY 182) 


il est impossible, aux températures ordinaires, . faire agir l'iode à 
l'élat naissant sur les surfaces malades. 

49 Si l'on attribue à l'iode l’action thérapeutique des vapeurs violettes, 
comme on ne peut l’employer à l’état naissant, if est inutile de recourir 
à l'iodoforme, et il suffit de décomposer par la chaleur de l’iode métal- 
loïdique. 

En terminant, nous pouvons dire que, dans plusieurs états chroniques, 
nous avons employé la méthode par voie humide de Laurens, et celle de 
la décomposition de l'iodoforme, et nous avons obtenu dans les deux eas 
des guérisons rapides, en particulier dans des otites chroniques suppu- 
rées anciennes, des sinusites et desrhino-pharyngites chroniques. 


SUR LE MODE D'ACTION DE LA RÉÉDUCATION AUDITIVE 
DANS LE TRAITEMENT DE LA SURDITÉ, 


par R. MorEaux. 


Un certain nombre de travaux ont déjà été publiés sur une méthode 
nouvelle de traitement de la surdité, nous voulons parler de la réédu- 
cation auditive; et la plupart d’entre eux ont pour auteur notre con- 
frère, le D' Raoult, de Nancy, qui a su mettre en évidence l'effieacité de 
la méthode. 

À l’une des dernières réunions de la Société biologique, le D' Raoult 
faisait ici une communication intéressante sur le mode d’action de la 
rééducation auditive. 

À ce propos, nous regretions de me pouvoir être en tous points 


d'accord avec luiet voici, en quelques mots, l'objet de nos contradictions. 


L'auteur écrit : « la rééducation compte deux actes différents: : 4° la 
rééducation proprement dite... ; 2 l'excitation de la sensibilité textile 
provoquée par le passage de courants induils dans le cireuit mieropho- 


nique ; ce phénomène produit un trémolo très rapide des sons et pro- 


voque ce chatouillement qui ne doit pas être douloureux ». 
Un peu plus loin, à propos de l'excitation des muscles de l'oreille 


moyenne, il dit encore: « cette contraction provoquée par Les vibrations 


sonores produit les bourdonnements et le chatouiïllement. Ce dernier 
serait dû au réveil de la sensibilité museulaire ». Puis peu après : « si 
le chatouillement n'existe pas chez les seléreux anciens, c’est que 
les fibres des muscles de l'oreille moyenne, noyées dans le tissu scléreux 
ou dégénérées, ne se contractent plus sous l’action des vibrations... Les 
contractions musculaires, dues aux vibrations, ainsi que les mouve- 
ments de tous les autres organes de transmission, agissent sur la vaso- 
motricité et provoquent l'irrigation sanguine de tous: les tissus. La 


; 


x 


| 


1°; ANSE SÉANGE DU A1 JUIN 1355 


 réapparilion de l'audition des sons est due à l'assouplissement des 
organes de l’oreille moyenne et surtout au massage vibratoire des 
mauseles ». ; 


En somme, si nous comprenons bien l’ensemble de ces-idées, pour le 
D! Raoult : 4° les: vibrations sonores provoquent des contractions mus- 
-culaires entraînant, elles, une sensation de chatouillement; 2° les con- 
tractions museulaires et les mouvements des organes de transmission 
provoquent l'irrigation sanguine des tissus ; 3° la réapparition de l'andi- 
tion des sons est due surtout au massage vibratoire des museles. 

. Nous ne nous arrêterons pas longuement sur cette phrase : que l’exci- 
tation de la sensibilité textile est provoquée par le passage de courants 
induits dans le circuit mierophonique ; ce n'est pas à ce passage qu'il 
faut attribuer cette action et d'ailleurs l’auteur lui-même l'attribue 
ensuite au massage vibratoire. En outre, nous croyons que le courant 
induit, d’ailleurs le seul employé dans les appareils rééducateurs, passe 
dans des récepteurs, non mierophoniques, mais téléphoniques. 

Un. point qui a attiré particulièrement notre attention, c'est l’action 
spéciale de la rééducation, auditive sur le système musculaire de 
l'oreille moyenne et nous nous sommes demandé tout d’abord quels 
moyens d'investigation avaient permis de constater si nettement cette 
action. En outre, à propos de la provocation du chatouillement par con- 
traction musculaire, nous pouvons dire que le D' Maurice, de Paris, a 
plusieurs fois placé les récepteurs téléphoniques de son appareil réé- 
ducateur contre les pavillons dévidés et a provoqué chez les sujets la 
sensation de chatouillement; nous-même avons fait l'expérience, une 
fois chez un évidé, une autre fois chez un malade qu'une longue sup- 
puration avait privé de tous ses organes transmetteurs, et, dans les 
deux cas, nous avons provoqué ke chatouillement. Nous croyons donc 
pouvoir affirmer que le chatouillement n’est pas dû aux contractions 
museulaires. Ne serait-il pas plus normal de croire à la sensibilité 
des téguments, à l'irritation du filet auriculaire du pneumogastrique ? 
le chatouillement n'est-il pas d’ailleurs provoqué par la vibration d'un 
diapason au voisinage du pavilion ou la titillation au stylet du conduit 
auditif externe ! 

Quant à l'irrigation sanguine intense des tissus, nous ne croyons pas, 
noæ plus, devoir lattribuer aux contractions musculaires ou aux mou- 
vements des organes transmetteurs, car, chez les deux malades dont 
nous venons de parler, chez l’évidé en particulier, nous avons, par 
quelques minutes de rééducation, provoqué une vive hyperémie de 


_ l'oreille moyenne. 


Si maintenant on admet, que la réapparition de Faudition est due 
surtout au massage vibratoire des muscles, on abolit par le fait même 
la belle théorie issue des nombreux travaux de Zimmermann, qui 


1356 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (84) 


n’attribue aux osselets et à leurs muscles qu'un rôle accommodateur dans 
la perception des ondes sonores. 

Pour terminer, nous dirons que nous ne croyons pas que, par ses 
vibrations sonores, la rééducation auditive agisse d'une façon toute 
particulière sur les muscles des osselets en provoquant leurs contrac- 
tions, car les vibrations, étant continues, doivent alors produire très 
rapidement la tétanisation des muscles ; or il nous semble que ce phé- 
nomène serait plutôt désastreux pour le système musculaire et, partant, 
pour la fonction auditive. 

Nous regrettons vivement d'émettre ces quelques considérations 
au sujet de l’article du D' Raoull; mais nous tenons à déclarer que si. 
nos conceptions diffèrent des siennes au point de vue du mode d’action 
de la rééducation auditive, nous ue sommes pas moins convaincu que 
cette méthode constitue un procédé efficace de traitement de certaines 
surdités. 

Nous possédons, depuis un temps assez court, un appareil réédu- 
cateur du D’ Maurice et nous avons déjà obtenu des améliorations con- 
sidérables, comme le prouveront un certain nombre d’observations de 
malades que nous publierons prochainement. 


RECHERCHE DU TRÉPONÈME DANS LES TACHES DE LA ROSÉOLE SYPHILITIQUF, 


par L: SeILLMANN et J. WATRIN. 


Dès la découverte du tréponème par Schaudinn et Hoffmann on a 
cherché le parasite dans les différentes lésions cutanées ou muqueuses 
des périodes primaires, secondaires et tertiaires de la maladie et 
notamment dans les laches ou macules de la roséole. 

Un certain nombre d’auteurs n’ont pas réussi dans leurs recherches : 
Bertarelli, Volpino, Bovero, Bodin, Nobl, Minossian, Tiecle, etc. 
D'autres ont pu déceler des tréponèmes en employant des techniques 
différentes. Les uns, comme Levaditi, appliquent de petits vésicatoires 
sur les taches et trouvent des tréponèmes dans la sérosité; d'autres, 
comme Spitzer, en trouvent dans le liquide des scarifications effectuées 
au niveau de la lésion cutanée. Veillon et Girard ont bien étudié cette 
localisation du tréponème. Ils prélèvent par biopsie un fragment de 
peau au niveau d’une tache de roséole et emploient, pour l’examiner, la 
méthode de Levaditi. Ils constatent alors, au niveau des papilles, dans 
les capillaires terminaux très distendus et dans quelques vaisseaux 
sous-papillaires également gorgés de sang, la présence de nombreux 
tréponèmes. Quelques parasites se rencontrent même déjà hors des 
capillaires, bien qu'il y eût absence complète d’hémorragie. Ces 


(85) SÉANCE DU 17 JUIN 1557 


recherches ont permis de montrer que la roséole de la syphilis 
paraissait due à une accumulation de parasites au niveau des vaisseaux 
papillaires, cette accumulation provoquant la congestion vasculaire 
intense visible au travers de l’épiderme sous forme de tache rosée. Ces 
différentes recherches montraient bien, dans la roséole, la présence 
des tréponèmes dans la peau, au-dessous de l’épiderme, mais les 
lésions examinées étaient des lésions fermées, c'est-à-dire non conta- 
gieuses. Il fallait pour appeler les tréponèmes à l'extérieur de véritables 
traumatismes qui transformaient ces lésions fermées en lésions 
ouvertes. . 

Nous avons effectué de nouvelles recherches qui nous ont permis de 
trouver, avec la plus grande netteté, des tréponèmes dans les quelques 
gouttes de sérosité qui s'écoulaient à la suite d’une très petite éraillure 
de l’épiderme, au niveau d'une macule de roséole, les gouttes de sérosité 
étant examinées avec un condensateur à fond obscur. 

Nous avons cru bon de signaler à nouveau ce fait parce qu'il permet 
de constater que les lésions de la roséole, considérées habituellement 
comme insignifiantes parce que non contagieuses, pouvaient devenir 
dangereuses en cas de plaie superficielle des téguments. Il suffirait bien 
certainement d'un simple coup d’ongle pour mettre en liberté des para- 
sites nocifs et il paraît évident que, dans certaines conditions, les 
taches de roséole peuvent être considérées comme l’origine possible de 
la contamination syphilitique, au même titre que toutes les lésians 
ouvertes, cutanées ou muqueuses. Le fait est d'autant plus intéressant 
à signaler que la plupart de ces recherches ont été faites sur une 
femme qui présentait une roséole confluente dont le diagnostic exact 
était resté en suspens parce qu'on ne trouvait ni la trace du chancre 
ni l'adénopathie qui, si souvent, permet d'affirmer rétrospectivement 
l'existence de la syphilis. 


(Travail de la Clinique complémentaire de Dermatologie.) 


LÉSIONS HISTOLOGIQUES DANS UN CAS DE XANTHOME PAPULEUX GÉNÉRALISÉ, 


par L. SPILLMANN et J. WaATRIN. 


L'observation clinique de ce cas de Xanthome papuleux généralisé a 


été présentée d'une façon complète à la Société de Médecine de Nancy 


par l’un de nous, en mai dernier. 
Nous voudrions seulement attirer l'attention sur les lésions histolo- 
giques que nous avons constatées au niveau de deux éléments papuleux 


prélevés par biopsie. 


"ra 


1398 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (86) 


Ces fragments ont été fixés dans le liquide de Flemming pendant 
vingt-quatre heures; lescoupes, colorées à la Safranine et au Picrobleu 
de Dubreuil, ont été montées au‘baume au chloroforme. é 
_ Ces lésions ne diffèrent pas essentiellement de celles qui ‘ont été 
signalées jusqu’à présent ; ce qu'il y a de particulier ici, c'estle groupe- 
ment des cellules xanthélasmiques en un syncitium, en une cellule 


géante : ces cellules géantes sont'très nombreuses et'se voient dans tous 


les étages du derme, aussi bien dans le corps papillaire que dans le 
chorion; leur centre forme une masse homogène colorée en gris fonté 
par l'acide osmique que renferme le liquide de Flemming; il est 
entouré d'une couronne de huit à douze noyaux colorés d’une facon 
intense par la Safranine; cette couronne nucléaire ne borde pas la 
cellule car, en dehors d'elle, existe un réseau à fines maïlles qui est le 
réticulam protoplasmique. 

Sur des préparations fraîchement montées, Le réseau protoplasmique 
etiles noyaux de ce syncitium étaient masqués par une masse homoé6gène 
fortement iteintée en noir et qui a disparu en quelques heures, dissoute 

‘par le baume. 

- y a donc, dans les mailles de ces cellules géantes, deux substances 
différentes : une qui a disparu et qui avait les réactions ‘des graisses 
ordinaires, et une autre plus stable; colorée en gris foncé, qui, d'après 
les recherches de Peck et Pinkus ét de Chauffard, est un éther gras ‘de 
Cholestérine; Chauffard à montré, en outre, que ce dépôt local de 
Cholestérine avait une origine sanguine. 


Sans vouloir diseuter la pathogénie du Xanthome, nous nous conten-. 
tons de signaler cette disposition presque ‘exclusive, dans le cas parti 


culier,des cellules xanthélasmiques en syncitium : noas tàcherons dans 


desrecherches ultérieures d'élucider cette disposition qui a frappé, il y 


longtemps déjà, Unna et le professeur Renaut, de Lyon. 


(Travail de la Clinique complémentaire de Dermatologie 
et du Laboratoire d'anatomie normale de Nancy.) 


LES MITOCHONDRIES DU CYLINDRAXE, 
DES DENDRITES ET DU CORPS DES CELLULES GANGLIONNAIRES DE LA RÉTINE, 


par R. COLLIN. de 


Dans l'exposé de ses belles recherches sur la structure histologique 
de la fibre nerveuse publiées en 1910, Nageotte a signalé la présence 
« de ‘très fins chondriomites longitudinaux » ‘dans les cylindraxes très 
larges des espaces interannulaires examinés à l’état frais. Le même 


Re éme EN LES ARLON TE et 
F RON PAIE DA Lt 
 BORE ’ AT CRUE ES id 


PL 1er) ; SÉANCE DU 17 JUIN 1359 


auteur a indiqué que la méthode vitale d'Ehrlich-Bethe au bleu de 
| méthylènemolybdate d'ammoniaque jouit de la propriété de colorer le 
. . chondriome de la gaine de myéline. L'examen des figures de Nageotti 
_ montre, en outre, que cette dernière méthode met en évidence les chon- 
driomites du cylindraxe de part et-d'autre du double bracelet épineux. 
% Nous n'avons pas connaissance que d’autres observateurs aient décrit 
lessmitochondries de Ja fibre nerveuse, et la note récente de Schiroko- 
à goroff, dans l'Anatomischer Anzeiger, ne contient, à cet égard, qu’une 
phrase vague et conditionnelle. Schirokogoroff parait d’ailleurs ignorer 
> totalement les iravaux de Nageotte. 
| En examinant des rétines cokorées jadis par M.P. Bouin suivant la 
- méthode d'Ehrlich-Bethe; nous avons ‘eu la surprise d'y observer des 
images extrêmement mettes des chondriomites du cylindraxe, des S 
dendxiteset-du corps des cellules ganglionnaires. : 
La méthode d'£bhrlich-Bethe imprègne les neurones d’une facon assez 
variable. Tantôt la cellule et ses expansions sont teintées en bleu foncé 
d’une manière diffuse et homogène, tantôt le colorant met en évidence 
des éléments constitutifs du cytoplasma nerveux tels que les neuro- 
fibrilles, les corps de Nissl et les mitochondries. En ce qui concerne les 
axones, nous avons observé quatre images bien différentes : fibres 
homogènes teintées en bleu foncé; fibres où seules les neurofibrilles 
sont colorées (dans un ton légèrement métachromatique); fibres où les 
neurofibilles et les mitochondries sont misès en évidence simultanément ; 
enfin, fibres où seules les mitochondries sont colorées. Dans ce dernier 
cas, les mitochondries apparaissent sous des aspects variables, vraisem- 
blablement en rapport avec l’état physiologique de la fibre ‘à laquelle 
elles appartiennent, peut-ètre aussi avec des altérations toujours 
possibles. Tamtôt ce sont des grains irrégulièrement sphériques d'un 
diarnètre égal ou inférieur à lu, tantôt ce sont des bâtonnets bacilli- 
formes mesurant 1 y de longueur sur 0 x 20 de largeur, tantôt de petits 
fuseaux pouvant mesurer jusqu à 2 uw de longueur. Les mitochondries 
sont plus où moins serrées suivant leur variété morphologique : les | 
_ petits grains mitochondriaux forment un semis extrémement dense et Le 
| régulier, les bâtonnels el surtout les faseaux dessinent un chondriome 
= plus che. I1semble bien que le nembre des milochonäries du eykn- 
dra%e soit en raïson inverse de leur taille. Quand on suit un axone 
sur ‘une certaine longueur, on constate qu'à des parties formées de 
petits grains mitochondriaux succèdent progressivement des parties 
formées ‘de bâlonnets et de fuseaux. 1l apparaît, en somme, que la 
masse mitochondriale restant constante pour un diamètre de fibre 
donné, le nombre, la forme et le volume des éléments miltochondriaux 
varrent dans des proportions considérables. Le neuroplasma des renfle- 
metits variqueux qu'on observe si fréquemment par la méthode 
d'Ehrläch contient une accumulation de mitochondries. 


1 


1360 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (88) 


Les dendriles renferment aussi une incroyable quantité de mito- 
chondries. Celles-ci sont du type granuleux et surtout du type en 
bâtonnet. Il nous a semblé que les grains, plus nombreux dans les gros 
troncs protoplasmiques, faisaient, place peu à péu à des bâtonnets de 
plus en plus longs au fur et à mesure de la ramification. Les plus fines 
branchilles renferment une seule file de chondriocontes placés bout à 
bout. L'emplacement des cônes de bifurcation et des fuseaux de Nisslest 
occupé par des mitochondries plus serrées que dans les parties voisines. 

Le corps cellulaire contient un chondriome disposé semblablement à 
celui qui a été décrit dans d’autres cellules nerveuses. Ses éléments 
sont d’un ton légèrement métachromatique. 

En somme, les cellules ganglionnaires de la rétine qui offrent l’avan-" 
tage d’être étudiables dans toute leur étendue montrent que le chon- 
driome des neurones peut être poursuivi jusqu'au bout des dernières 
ramifications des expansions. Ce chondriome n'est pas semblable à 
lui-même d’une fibre à l'autre et dans la continuité d’une même fibre, 
fait important au point de vue du métabolisme de ces éléments. 


(Travail du laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine 
: de Nancy.) 


PUPILLOMÈTRE A TROUS STÉNOPÉIQUES, 


par MARMoIroN. 


Le modèle de pupillomètre à trous sténopéiques que j'ai l'honneur 
de vous présenter est la mise en œuvre de principes exposés par Badal, 
il y à plus de trente-six ans. 

Dans plusieurs publications, consacrées à l'étude de la « mesure du 
diamètre de la pupille et des cercles de diffusion », cet auteur a établi, 
en 1876, que, dans un œil emmétrope ou rendu tel, « toutes les fois où 
deux points lumineux dessinent sur la rétine des cercles de diffusion 
qui se touchent, le diamètre de la pupille est précisément égal à l’écar- 
tement de ces points lumineux, quelle que soit leur distance à l'œil ». 
Javal et Sulzer ont déjà utilisé ces données pour la construction de 
pupillomètres subjectifs et l'instrument que j'ai fait établir dérive direc- 
tement de celui qu'utilisait Javal au début de l'affection glaucomateuse 
qui l’a conduit à la cécité. 

Le pupillomètre de Javal était conslitué par une plaque métallique 
mince percée de cinq paires de trous, dont les orifices étaient séparés 
par des intervalles progressivement croissants de 2, 2,5, 3, 3,5 et 4 mil- 
limètres. En augmentant le nombre de paires de trous de ce dispo- 


bee svt 


(89) SÉANCE DU Â7 JUIN | 1361 


sitif, il -est facile de mesurer des diamètres pupillaires supérieurs à 
4 millimètres. C’est ce que j'ai réalisé dans ce modèle, constitué par une 
règle métallique, qui présente vingt-huit paires d’orifices, séparées l’une 
de l’autre par un intervalle de 5 millimètres, et où la distance entre les 
orifices de chaque paire, qui varie de 2 à 10 millimètres, croît réguliè- 
rement d'un tiers de millimètre en passant d’une paire à la suivante. 
J'ai ajouté à l’échelle de trous sténopéiques un curseur percé d’une 
fenêtre, d'une hauteur telle qu’elle ne découvre à la fois qu'une seule 
paire de trous. Sur la face correspondant à la graduation de l’échelle ce 
curseur porte un trait de repère, qui permet de déterminer facilement 
la paire d’orifices sténopéiques encadrée par la fenêtre. L'addition de 
ce curseur et de son trait de repère est indispensable pour rendre l’ins- 
trument d’un usage réellement pratique. Au cours de nombreuses expé- 
riences, j'ai remarqué que, si l’on néglige de les utiliser, il est souvent 
très difficile de reconnaître la paire d’orifices servant à l'observation des 
cercles de diffusion. ; 
Pratiquement, le maniement de ce pupillomètre se fait à la facon de 
celui d'une règle à skioscopie. Le sujet à examiner amène successivement 
devant son œil, et dans l’ouverture de la fenêtre du curseur, chacune 
des paires de trous, en commencant par celle dont les orifices sont le 
plus rapprochés (1 millimètre). Lorsque la paire de trous placée devant 
l'œil correspond à un diamètre pupillaire inférieur à celui du patient, 
les cercles de diffusion de ces orifices empiètent l’un sur l’autre. Si, au 
contraire, les deux trous se trouvent à une distance supérieure à la 


. largeur de la pupille, les cercles de diffusion sont séparés par un inter- 


valle obscur. Il n'y a qu'une seule paire d'’orifices pour laquelle les 
cercles de diffusion soient tangents, c’est celle qui correspond exacte- 
ment au diamètre pupillaire. 

Il est nécessaire que le patient conserve les deux yeux largement 
ouverts pendant cet examen, afin d'éviter, grâce à l'intervention du 
réflexe consensuel, la dilatation pupillaire que provoquerait dans l'œil 
en expérience l'opposition du pupillomètre si cet œil restait seul ouvert. 
Il faut aussi que le sujet examiné dirige son regard vers une surface 


bien éclairée et suffisamment éloignée pour que l’action de la conver- 


_gence et de l’accommodation sur les dimensions de la pupillen'entre pas 


en jeu. 

L'examen direct de la pupille ne peut donner que des renseignements 
incomplets et inexacts sur ses dimensions, tandis qu'un pupillomètre du 
genre de celui que j'ai fait établir peut déceler une anisocorie de l’ordre 
du 1/4 de millimètre (095), si les dispositions en avaient été étudiées 


pour obtenir une telle approximation. 


Malgré la supériorité de la pupillométrie subjective sur les méthodes 
objectives, au point de vue de l'exactitude des mensurations, il est 
difficile d'apprécier par ce procédé des variations du diamètre pupillaire 

Biocoere. Compres RENDUS. — 1913. T. LXXIV. de 


1362 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (90) 


inférieures à un tiers de millimètre ou les très faibles degrés d’aniso- 
corie. En tout cas, si l’on peut obtenir, avec une certaine habitude, une 
précision plus grande, surtout lorsque l'iris est complètement immobile, 
il est impossible, par suite des mouvements incessants de l'iris [hippus 
physiologique], d'apprécier sur un œil normal le diamètre pupillaire 
avec une exactitude supérieure à celle que peut donner un instrument 
gradué au 1/4 de millimètre. | 

Le point faible de cette méthode d'examen est la nécessité d’ de 
la collaboration du patient et, par conséquent, l'impossibilité d'yrecourir 
chez l’enfant et chez les sujets dont l'intelligence ou l’acuité visuelle ne 
permet pas l'appréciation des phénomènes sur lesquels elle repose. 
Mais, chez l'adulte, même peu cultivé, on arrive facilement, après de 
brèves explications et quelques essais, à obtenir des réponses exactes 
et précises. 

C'est dans la comparaison du diamètre des deux pupilles que ce modèle 
de pupillomètre peut rendre les plus grands services, surtout si l’on a 
soin de faire successivement deux séries de mesures, l’une à une lumière 
intense (rétrécissement de la pupille), l’autre à un faible éclairage. On 
recueille ainsi des données précises sur l'intégrité et l'intensité des 
mouvements de l'iris sous l'influence des variations d'éclairement. Si 
l’on veut pratiquer une série de mensurations comparables entre elles, 
qu'elles soient faites chez un même individu à différentes époques ou 
chez des sujets différents, il faut évidemment se placer constamment 
dans des conditions identiques, éliminer l’action de l’accommodation et 
de la convergence en demandant au patient de regarder une surface 
lumineuse située à une distance invariable. L’examen en chambre noire 
avec un éclairage d'intensité réglable et connue réalise les meilleures 
conditions d'expérimentation. 


INFLUENCE DES SELS D'AMMONIAQUE A L'ÉTAT NAISSANT 
SUR LA TRANSFORMATION DU CALOMEL EN SELS SOLUBLES DE MERCURE, 


par H. ZILGIEN. 


L’acide chlorhydrique et l’acide lactique, à doses physiologiques, n’ont 
aucune influence immédiate sur la transformation du calomel en sels 
insolubles de mercure. 

Il en est de même de la solution d’ammoniaque à condition de n'em- 
ployer que des doses déterminées. C’est ainsi que 0,50 de calomel mis 
en présence de 10 c. c. d’eau simple ou distillée et de 0,25 c.c. d’ammo- 
niaque ne sont pas décomposés. | 

Si à cette même dose d’ammoniaque on ajoute trois gouttes d'acide 


(9 SÉANCE DU 17 JUIN 1363 


lactique ou trois gouttes d'acide chlorhydrique, on obtient, après filtra- 
tion et passage d’un courant d'hydrogène sulfuré, un précipité notable; 
le précipité pesé sur des filtres, tarés après passage à l’étuve à 95 degrés, 
donne les poids suivants : 


POIDS DU PRÉCIPITÉ 


CALOMEL EAU ACIDE LACTIQUE AzH° Aves lee 
0250Nc:c- 40 c.c. III gouttes. 0,25 c.c. 0,007 milligr. 
— _ IV gouttes. — 0,008 — 

— — V gouttes. — 0,010 — 

(acide chlorhydrique). 
: = — III gouttes. — 0,003 _ 
— — IV gouttes. — 0,005 — 
— — V gouttes, = 0,007 — 


De l’acide chlorhydrique et de l’acide lactique, c’est donc la combi- 
naison naissante de ce dernier avec l’ammoniaque qui donne la plus 
forte proportion de sels solubles de mercure. Pour une même dose d’am- 
moniaque, cette proportion progresse régulièrement avec le degré 
d’acidité. 

Si aux 0,50 de calomel et 10 c. c. d’eau on ajoute un centimètre cube 
de lactate d’ammoniaque préparé à l'avance, le résultat reste négatif. Il 
ne devient positif qu'avec 2 c. c. de lactate d'ammoniaque et encore l'on 
-n’obtient que des traces de mercure soluble. 

Avec le chlorure d’'ammonium, il faut un gramme de sel préparé à 
l'avance et deux heures d’étuve à 37 degrés pour obtenir un précipité 
notable. 

Les résultats sont constamment négatifs avec le chlorure de sodium, 
soit à l’état préformé, soit à l’état naissant. 


La première conclusion est que les sels d’ammoniaque à l’état naissant 
transforment immédiatement une partie du calomel en sels solubles de 
mercure. Le même résultat n’est atteint avec les sels d'ammoniaque 
préformés que lentement et à dose beaucoup plus élevée. 

Si l’on réalise les expériences précédentes avec de l’eau distillée et 
qu'au filtrat d’un mélange de calomel, d’eau distillée, d'acide lactique et 
d'ammoniaque on ajoute quelques gouttes d’une solution de nitrate 
d'argent, on obtient un précipité blanc de chlorure mercurique. 

La deuxiéme conclusion est donc que les sels d’ammoniaque à l’état 
naissant donnent, en présence du calomel, du bichlorure de mercure. 

Dans 10 c.c. d’eau, l'on fait passer une ou deux bulles d'hydrogène 
sulfuré, puis l’on verse 0,50 de calomel : du sulfure de mercure se pro- 
duit instantanément. Ce calomel ainsi transformé ne réagit plus à aucune 
des réactions actives que nous venons de signaler. 

La troisième conclusion est, par suite, que la transformation du calomel 
en bichlorure de mercure doit se faire exclusivement dans l’estomac où 


1364 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (92) 


se trouvent réalisées physiologiquement les conditions de formation de 
sels d'ammoniaque à l'état naissant. 

Dans l'estomac, en effet, se trouvent d’une part, Soit de l'acide chlor- 
hydrique, soit de l'acide lactique en cas de fermentations bactériennes. 

D'autre part le foie laisse passer une cerlaine quantité de produits 
ammoniacaux véhiculés par la veine porte sans les transformer en urée, 
puisque l'urine de vingt-quatre heures renferme de 0,70 à 0,80 dé 
produits ammoniacaux; or ceux-ci s'éliminent aussi par la muqueuse 
gastrique. 

Ainsi se trouvent réalisées, dans l estomac, les conditions de formation 
de sels ammoôniacaux à l'état naissant et propres ainsi à fournir du 
bichlorure de mercure aux dépens du calomel. Le NaC, les alcalins, les 
acides, et surtout l'acide lactique, peuvent augmenter cette réaction 
physiologiquement et chimiquement. 

Les analyses chimiques du suc gastrique montrent en effet la présence 
de chlorure d’ammonium dans l'estomac d'animaux (A. Gauthier). Il ya 
tout lieu de penser qu'il en est de même chez l'homme. 

Les expériences physiologiques que je poursuis actuellement con- 
firment les données chimiques etles hypothèses précédentes. 

Ces réactions chimiques fournies par les sels d'ammoniaque à l'état 
naissant et le calomel s'appliquent à d'autres corps insolubles : le sous- 
nitrate de bismuth, par exemple. Cette substance est également solu- 
bilisée par l'acide SUTTE seul. 

Il semble donc s'agir d'un principe général s'appliquant àun grand 
nombre de substances thérapeutiques en apparence insolubles dans les 
milieux digestifs. 


ELECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE 


M. OrTicont est élu à l'unanimité des votants. 


Le Gérant : OCTAVE POoRÉE. 


Paris — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassétte. 


« 


SÉANCE DU 28 JUIN 


1365 


(913 


SOMMAIRE 


Bosc (F.-J.) et Carrieu (M.) : For- 
mule ‘hémoleucocytaire dans le 
rhumatisme articulaire aigu . . 

Camus (JEAN) : Présentation d’un 
nouveau cyliudre enregistreur . 

Cauus (JEAN) et Roussy (GUSTAVE) : 
Présentation de sept chiens hy- 
pophysectomisés depuis quelques 
NOUS col OR RER EE 

CRUVEILHIER (Louis) : Traitement 
des complications utéro-annexielles 


. 1388 


. . 1382 


1386 


de la blennorragie au moyen d’'in- 


jections sous-cutanées de virus- 
vaccins sensibilisés. . . . . . . . .. 
Doxox (M.) et Sarvonar (K.) : 
tion de diverses antithrombines sur 
le pouvoir coagulant du sérum. . . 
Fauré-Freuter (E.) : Un albumi- 
noïde des spermatozoïdes de l’As- 
caris megalocephala . . . . . .... 
FrouIn (AzBerr) : Action inhibi- 
trice de la-bile sur l'activation du 
suc paricréatique par les sels de 
CRC. MARS EE Ae 
GrasA (J.) : Sur la digestion des 
manno-galactanes chez les oiseaux. 
Hrzor (E.) : Nouvel autoclave élec- 
ÉDITER TR re ee à Mec 
KuG (C.): Epidémiologie de la 
BOammeteRs 2. en. 9 
Lapicque (L. et M.) : Quelques 
points de l’action du curare. . . .. 
LE FILLIATRE : Analgésie géné- 
rale parla rachicocaïnisation lombo- 
SOBRÉE 5 CN OR EEE 
Levapiri (C.) et MurermiLcu (Sr.) : 
Sérothérapie antivenimeuse sur des 
cellules en état de vie prolongée et 
de multiplication in vitro . . . . . . 
May (Er.) : La résistance globu- 
laire aux solutions hypotoniques 
après les soustractions sanguines. 
MAYER (ANDRE) et  SCHAEFFER 
(GEORGES) : Une hypothèse de travail 
sur le rôle physiologique des mito- 
chondries 


BI10LoG1E. Compres RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 


1319 


1313 


MurErMILCH (S.) et BaAnxowsxr 
(J.) : Les phénomènes d’adsorption 
dans la production des anaphyla- 
toxines (Deuxiemennoie) "#7 

RETTERER (Ep.) et LELIÈVRE (AuG.) : 
Influence de la castration sur l’évo- 
lution et les transformations cellu- 


cholestérinémie des syphilitiques. 
Inluence due 60 RE Et 

STASSANO (H.) et Gompez (M.) : De 
la toxicité des différents sels de 
MMETOULE RENE RE RER PRE 

WEINB8ERG (M.) et SÉGuIN (P.) : A 
l’occasion de la note de P.-J. Mé- 
nard, sur l’éosinophilie locale. . . 

WESSBERGE (HERMANN) : Variations 
de poids, subies par des encéphales 
d'oiseaux immergés dans des solu- 
tions salines 


à OMR OCTO OL CAT 


1371 


1369 


. 1366 


Réunion biologique de Bucarest. 


CrocaLTeu : L’épandage agricole 
etlesEmicerobes2 near re 

JAcoBson (GRÉGOIRE) et SraAncEscu 
(CorNELIU) : Sensibilisation et im- 
munisation à la tuberculine par cu- 
tiréactions répétées . . . . , . . . 

Jonesco-Mraaïestt (C.) : Sur la toxi- 
cité du sérum de lapin immunisé et 
ses relations avec les phénomènes 
d'anaphylagie nn nr 

Jonesco-MinaïesTt1(C.) : Etude, sur 
le cobaye, de la toxicité du sérum 
de lapin immunisé”. 0, 

MarRinesco (G.) et Papazoru (Mme 
ALEXx.) : Sur la spécificité des fer- 
ments présents dans le sang des 
parkinsSoniens er ie 

Nitesco (J.-J) : Sur la constante 
urémique d'Ambard dans les affec- 
tions du cœur et dans les scléroses 
cardio-vasculaire, pulmonaireetcar- 
dio-révale 


1411 


. 1413 


l414 


1416 


1419 


1566 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Mesnil, puis de M. Dastre. 


À PROPOS DU PROCÈS-VERP'AL. 


À L'OCGASTON DE LA NOTE DE P.-J. MÉNARD, SUR L'ÉOSINOPHILIE LOCALE, 


par M. WEïNBEre et P: SÉGUIN. 


Nous avons lu ce matin lx nete que M. Ménard & communiquée: il y a 
quinze jours à la Société. Bien que cetauteur'ne nous cite pas, les conclu- 
sions de son travail sont en contradiction telle avec les résultats de nos 
propres recherches que nous croyons devoir faire quelques: réserves: à 
leur sujet. 

P.-k. Ménard prétend avoir provoqué dans la trachée du ms une 
osinophilie locale intense, sansque la formule sanguine aitétémodifiée- 
Qv,.il nous donne le résultat de recherches. ayant porté sur 4 cobayes 
dont iln’indique pas la formule sanguine, qui aurait du être établie dans 
ces cas d'une facon très minutieuse avant et après l’injection de lipoïdes 
dans la trachée. 

Si nous reprenons-en détail ces observations, nous voyons que, sur 
4 cobayes, À fois l’éosinophilie a manqué après l’injection de lipoïdes, 
ce qui d’après nes recherches $explique tout nee par l’absence 
d'éosinophiles dans le sang circulant: 

Dans toutes ces observations, l’afflux. leucocytaire et. l'infiltration de 


cellules éosinophiles dans les: tissus suivent une marche semblable à 


celle que nous avons indiquée dans nos recherches publiées antérieu- 
rement,. 
Quant à la transformation des Fini neutrophilesen éosinophiles, 
la question.est bien vieille et a fait l'objet de nombreux travaux contra- 
dictoires. Actuellement, nous ne connaissons pas de: spécialistesenhéma- 
tologie qui soutiennent encore cette facon de voir. La question est 
particulièrement difficile à trancher chez le cobaye qui ne possède pas 
de polynucléaires neutrophiles comparables à ceux de: l'homme. Les 
éléments polynucléaires correspondants du cobaye ont des affinités 
chromatiques spéciales qui les ont souvent fait classer comme pseudo- 
éosinophiles. Notre expérience personnelle nous a appris qu'il est sou- 
vent très difficile, chez le cobaye, de distinguer, en employant les colo- 


SÉANCE. DU 28 JUIN 1367 


rants utilisés par M. Ménard (hématéime-éosine), les éosinophiles vrais 
des pseudo-éosinophiles. 

D'ailleurs, on: s’expliquerait très diffrcilement, même en admettant 
l'hypothèse: de Mi. Mémard, que le noyau des pseudo-éosinophiles, qui est 
toujours: très segmenté, puisse se tramsformer en quelques minutes en 
un noyau bilobé qui caractérise presque toujours les éosinophiles: du 
sang. LUE 

D'autre part, il serait prudent, comme l'a aussi conseillé M. Martin, 
de vérifier si les lipoïdes digérés par les pseudo-éosinophiles ne sont 
pas capables de modifier les réactions tinctoriales de ces cellules. 

Toutesces réserves faites sur la technique employée par M. Ménard et 
sur les conclusions de son travail, nous sommes heureux qu’il ait trouvé 
un nouveau produit qui provoque si facilement une éosinophilie locale. 


ÉPIDÉMIOLOGIE DE LA POLIOMYÉLITE, 


Note de C. KLiNG, présentée par C. LEVADITI. 


L'étude des épidémies de poliomyélite montre que la maladie sévit 
sous:forme épidémique surtout à la campagne, tandis que dans les villes 
on n'observe que des cas sporadiques ou de tout petits foyers. Cette 
particularité a été invoquée comme argument contre la théorie de la 
progagation par contact humain ; en effet, Le contact est plus intime dans 
les villes et les grosses agglomérations qu'à la campagne. Cependant, 
nous savons actuellement. depuis Les recherches de Kling, Petterssonet 
Wernstedt, de Kling et Levaditi. de Flexner, Clark et Fraser, de Lucas et 
Osgood, que le virus de la poliomyélite exisle dans les sécrétions naso- 
pharyngées et le contenu intestinal chez les malades et chez les sujets 
bien porlants, porteurs de virus. Il à été établi, d'autre part (Kling et 
Levaditi), que les individus sains qui vivent au milieu de foyers de para- 
lysie infantile, sans se contaminer, renferment des anticorps dans le 
sang. Ces fails expérimentaux montrent, d’une part, que la maladie se 
transmet par contact humain, et, d'autre -part, que dans les foyers de 
paralysie infantile, le virus est répandu beaucoup plus que l'indique la 
fréquence. des cas typiques ou abortifs. Or, les mêmes conditions doivent 
présider à la propagation de l'infection dans les villes: pourquoi alors 
cette morbidité relativement faible que nous constatons dans les agglo- 
mérations humaines” Nous pensons qu'elle doit être attribuée à une 
- création lente et progressive d'un état réfractaire parmi la population 
des villes. Cet état réfractaire est réalisé par des attaques légères et 
restées inaperçues (formes abortives), et favorisé précisément parla fré- 
quence du contact. 


1368 ie SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


J'ai essayé de vérifier cette hypothèse et j'ai étudié les cas de polio- 
myélite (sujets âgés de plus de quatorze ans) dans deux grandes villes de 
Suède, Stockholm el Gothembourg, où la maladie a sévi au cours des 
années 1911-1912. Je donne ici le résumé de mes constatations, dont les 
détails seront publiés ailleurs. Les cas que j'ai étudiés, et dont le chiffre 
total monte à 56, sont répartis en deux catégories : 

1° Ceux qui sont nés dans la ville ef y ont vécu pendant leur enfance 

20 Ceux qui sont nés à la campagne, y ont été élevés et sont arrivés plus 
tard à la ville pour y habiter. 


TYPE DE LA MALADIE 


A ——, 
CATÉGORIE TOTAL 
Parésies légères 


as mortels ou graves. à 
Ê ÉD et passagères. 


Nés à la ville. 23 — L — p. 100. 18 RD MIUDE 


Nés à la campagne.| 33 — É ; 12) 400 NU JR SpA AUDE 


OA Total : 22 


Parmi les 56 cas étudiés, 23 étaient nés et élevés à la ville et 33 étaient 
nés et élevés à la campagne: ces derniers sont arrivés à Gothembourg ou 
Stockholm après l’âge de l’adolescence. Le tableau ci-dessus montre que 
la morbidité a été un peu plus grande parmi les sujets de cette dernière 
catégorie (59 p. 100), soit les campagnards immigrés à la ville. Mais 
cette différence devient plus marquée, si l’on tient compte du mode 
d'évolution de la maladie. En effet, parmi les 33 campagnards, 24 ont 
été atteints d'une forme grave ou mortelle, ce qui donne un pourcentage | 
de 72 p. 100, tandis que la même proportion, parmi les sujets nés à la 
ville, a été de 43 p. 100 (10 cas graves seulement au lieu de 24, et parmi 
les 13 cas légers, 10 étaient des poliomyélites tout à fait nos. La 
paralysie infantile évolue donc, chez les citadins, d'une façon généra- 
lement plus légère, tandis que chez les campagnards arrivés à la ville elle 
offre un pronostic beaucoup plus grave. D'ailleurs, la plupart des 
malades qui arrivaient de la campagne et qui ont contracté la polio-. 
myélite à la ville, avait fait un séjour relativement court à Gothembourg 
ou à Stockholm (de plusieurs semaines à deux ou trois ans). 

Il en résulte que les citadins offrent une résistance plus marquée que 
les campagnards. Cet élat réfractaire relatif est dü, très probablement, 
à des infections antérieures, lègères, restées méconnues, et favorisées 
par le contact plus intime des habitants des grandes villes. 


(Travail de l'Institut médical de l'État, à Stockholm.) 


SÉANCE l: 28 JUIN 1369 


DE LA TOXICITÉ DES DIFFÉRENTS SELS DE MERCURE. 


Note de H. Srassano et M. GoMPEL: 


L'activité bactéricide des acides ou des bases est, comme dans les 
réactions chimiques in vitro, proportionnelle à leur degré de dissociation 
électrolytique. Il en est de même du pouvoir bactéricide des sels métal- 
liques, tels que le sublimé et le nitrate d'argent. A l'égard du staphylo- 
coque doré, par exemple, la toxicité des sels de mercure s’échelonne 
exactement d’après leur « coefficient d'activité chimique » ou degré de 
dissociation électrolytique. | 

Si nous prenons, à la place d'une bactérie, le têtard comme réactif de 
la toxicité de ces mêmes sels de mercure, la plus grande indépendance 
éclate, tout au moins en apparence, entre leur degré de dissociation 
électrolytique et leur coefficient d'activité toxique : 

Nous préparons des solutions équimoléculaires de différentes concen- 
trations de benzoate, biiodure, bichlorure et cyanure de mercure dans 
de l’eau de source, L’extrêmement faible solubilité du benzoate et du 
biiodure, surtout, nous force à préparer, pour ces deux sels, des solu- 
tions mères déjà très étendues à n/25.000 pour le benzoate et à n/50.000 
pour le biiodure. Nous sommes arrivés de la sorte à dissoudre ces sels 
au bout de quelques jours sans avoir recours, ni à l'addition de dissol- 
vants, qui compliqueraient la comparaison des résultats, ni au chauffage, 
qui provoquerait la formation de précipités dans l’eau de source. 

Un même volume (1/2 litre) de chaque solution est essayé vis-à-vis 
d'un même nombre (4) de têtards de la même taille. La résistance de 
ces animaux varie, en effet, sensiblement avec leur taille. Nous formons 
ainsi quatre séries de récipients, dont chacune correspond à l'un des 
quatre sels de mercure ci-dessus. 

Les têtards plongés simultanément dans ces différents milieux appa- 
raissent tous au début très agités, mais bientôt ils se calment. 

Contre toute attente, les têlards qui meurent les premiers sont ceux 
plongés dans les solutions de biiodure, qui sont les plus étendues et 
formées avec le sel de beaucoup moins dissocié. Au bout d’une heure, 
les têtards de la solution n/50.000 cessent de bouger et entre une à 
deux heures ceux des solutions à n/100.000 et n/200.000. 

Avec à peu près la même rapidité meurent les têtards de la série du 
bichlorure, mais à des concentrations autrement plus fortes, en 1 heure 
environ à n/1000 ; de 2 à 3 h. à n/5000 et n/10.000. Les têtards, plongés 
dans la solution à n/50.000 de bichlorure et au-dessus, semblent encore 
en parfait élat de vie, alors que ceux plongés dans les concentrations 
correspondantes de biiodure ont cessé de vivre depuis 8 à 10 h. 

Dans la série du benzoate la mort se produit, en 4 à 5 heures, à 1/25.000, 
et en 7 à 8 heures, à n/50.000. 


4370 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Enfin, dans les solutions de cyanure, les têtards survivent plus 
longtemps. Ce n'est, en effet, qu'aux concentrations très fortes n/100 que 
la mort survient assez rapidement, «en 2 à 3theures, c’est-à-dire, dans le 
même laps de temps que dans la solution à n/100.000 de biiodure. 

D'après ces résultats, l’action ‘toxique, pour le têtard, de ces«diffé- 
rents sels de mercure, s'échelomne dans l’ordre suivant : biïiodure, 
bichlorure, benzoate, cyanure, où, d’un côté, le biiodure l’emporteude 
beaucowp par son exceptionnelle toxicité -sur le sublimé «et où, de 
l'autre, le cyanure s'écarte considérablement de tous par son-extrême- 
ment faible toxicité. Il s'ensuit que, vis-à-vis du tétard, tont rapport 
cesse d'exister entre la dissociation électrolytique et l'activité toxique 


des sels de mercure, rapport quise vérifie, au contraire, «en :ce quicon- . 


cerne les bactéries. 

Cependant, en diminuant le degré de dissociation ‘électrolytique de 
chacun de ces différents «sels, par addition d'hyposulfite de soude, 
comme l'ont déjà fait Sabbatani (1) pour le sublimé et quelques sels 
d'argentet de cuivre, et Pigorini (2) pour le nitrate d'argent, nous dimi- 
nuons parallèlement leur degré de toxicité vis-à-vis du têtardégalement. 
Les tétards, en effet, mourront avec une heure ‘de retard, dans la solu- 
tion à n/50:000 de briodure; de 24 heures dans la solution à m/50:000 
de bichlorure et de n/25.000 de benzoate,:additionnées respectivement 
de 4 ou 2 équivalents d'hyposulfite. 

Par contre, cette même addition d’hyposulfite de soude aux solutions 
de cyanure de mercure, au lieu d'en diminuer parallèlement da toxicité 
déjà restreinte, par la formation de sels doubles moins dissociés comme 
cela a lieu pour le biodure, le bichlorure et le benzoate, l’augmente 
très fortement. Les têtards qui, dans ‘une solution à n/1.000 de 
cyanure, mouraïent au bout de 24 heures seulement, meurent en 2 ou 
3 heures à la suite de l’addition du dernier équivalent d'hyposulfite. 
Cette conception tient à la libération d’acide eyanhydrique provoquée 
par l'addition d’hyposulfite. On peut s'en assurer par la réaction très 
sensible et caractéristique de Denigès. 

Les ‘expériences que nous venons de résumer montrent donc que, si, 
d'une part, la toxicité des différents sels de mercure vis-à-vis ‘du têtard 
ne s'échelonne pas d’après leur degré de dissociation électrolytique, 


elles montrent, de l’autre, que le pouvoir toxique de chacun de «es sels | 


diminue lorsque diminue le nombre de :ses ions libres, ce qui est, au 
contraire, en parfait accord avec le principe général qui fait dépendre 
l’activité d'une substance quelconque de sa dissociation électrolytique. 


(1) Sabbatani. La dissociazione electrolitica e la tossicità dell’ argento 
rame e mercurio. Arch. di Psicol. med. leg., XXV, 1905. 

(2) Pigorimi. La diminuzione della ‘tossicità del nitrato di argento trattato 
con tiosolfato sodico. Rendiconti R. Acc. dei Lincei, 1907. 


| 
MES RTE NE 


SÉANCE DU 28 JUIN 4971 


Nous-sommes conduits ainsià Chercher, dans le mode d’action parti- 
eulier à chacun des sels de mercure étudiés dans ‘cette note, l’explica- 
tion «du désaccord ‘surprenant que nous venons de constater entre leur 
‘toxicité vis-à-vis du tétard et ce principe. 


(Lravail du Laboratoire de physiologie-dle la Sorbonne.) 


LES PHÉNOMÈNES D'ADSORPTION DANS ‘LA PRODUCTION DES ANAPHYLATOXINES 
(Deuxième note), 


par $S. MurermiLos et J. (BANKOwWSKI. 


bes ‘expériences rrelatées antérieurement par lun de nous (4), ül 
‘résulte que la production des ‘anaphyÿlatoxines ‘est toujours accom- 
pagnée d'une disparition du complément,et que le tale, commelekaolin, 
peut rendre les:sérums partiellement ‘toxiques, tandis que le BaSO est 
dépourvu de ‘cette propriété. :Il était donc intéressant ‘de ‘rechercher 
d'autres ‘produits, capables ‘de ‘rendre le sérum de cobaye toxique. 
Nous nous sommes servis de plusieurs substances :anorganiques, soit 
sous forme de poudre, soit sous forme deigelée, substances insolubles 
dans l’eau. Comme poudres, nous avons essayé : le charbon animal, le 
‘Fl;Ca et lasilice etnous avons constaté que tous ces produits, mélangés 
à “du sérurn de cobaye à ‘proportions variables (de 0 gr. À à 5 gr. 
pour'10-e.c.de sérum), et mis à l'étuve à 37 degrés pendant plusieurs 
heures, ou’agités pendant quatre à cinq heures, ne rendaïent jamais Île 
sérumttoxique ; nous avons vu également que l’adsorption ‘du complé- 
ment dans toutes ces expériences était nulle ou très faïble; se sont com- 
portés de la même façon les sérums mis en contact avec du mastix 
préparé d’après les indications de Gengou (2). 

Nous:avons obtenu-des résultats différents avec quelques substances 
colloïdales sous forme de gelée : 


a)Silice colloidale, 6btenue par la précipitalion de silicate de soude 
par d'acide chlorhydrique, jusqu'à la réaction neutre, et lavée à l'eau; 

D) Silice colloïidale, préparée par le procédé Grimaux (3); 

c) Alumine :colloïdale, obtenue par la “précipitation de Palun par 
l'ammoniaque et lavée à l'eau. | 

Tous ces colloïdes se sont montrés doués de ‘propriétés ‘adsorbantes 


(4) Annales de l'Institut Pasteur, n°4, 1912. 
(2) Zeitschr. f. Immunitätsforsch, v. XI, 1911, p. 725. 
(3) Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1884, t. XCVILL, p. 1434. 


1372 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pour le complément {environ 1 gramme de substance pour 8 c.c. de sé- 
rum, déterminait une disparition partielle du complément). 

Quant à la toxicité du sérum de cobaye mis en contact avec ces 
colloïdes, nous avons vu qu’elle était nulle dans tous les cas où il n’y 
avait pas d'adsorption du complément; mais, contre nos prévisions, 
dans les cas où le sérum était plus ou moins dépourvu de son alexine 
(0,3 à 0,5 de sérum, pas d’hémolyse), il ne s’est pas montré constamment 
mortel pour les cobayes, quoique son injection provoquait des symp- 
tômes anaphylactiques (toux, tremblements, démangeaisons, mastica- 
tion). En tout, sur 40 cobayes, nous avons eu 4 cobayes morts, dont 
2 cas mortels avec la silice préparée à l’aide d'HCI, 1 cas avec la silice 
Grimaux et 1 cas avec l’alumine colloïdale ; les autres 36 cobayes ont 
présenté des accidents anaphylactiques indiscutables. Les cas mortels 
ont été accompagnés des symptômes anaphylactiques habituels. Ajou- 
tons que les cobayes témoins, injectés avec la même quantité d’eau ou 
de sérum inactivé par la chaleur, mis en contact avec la même quantité 
des colloïdes, n’ont jamais présenté des symptômes appréciables. Nous 
avons varié dans nos expériences le temps d’action (de dix minutes à 
six heures), la température (de 37 à 50 degrés); nous avons aussi soumis 
nos mélanges à l'agitation, mais nous ne sommes pas arrivés à déter- 
miner les conditions dans lesquelles on pourrait créer une anaphyla- 
toxine constamment mortelle. 


Conclusions. — 1° Les substances anorganiques sous forme de poudre 
(FI,Ca, charbon animal et la silice), ainsi que le mastix, ne se sont 
jamais montrées capables de produire des anaphylatoxines actives et, 
en même temps, leur pouvoir adsorptif pour le complément était nul. 

2° Les substances anorganiques sous forme de gelée se sont montrées . 
capables de produire des anaphylatoxines actives, mais ces dernières 
sont rarement mortelles et, dans la plupart des cas, leur injection n'en- 
gendre chez le cobaye que des accidents anaphylactiques passagers 
plus ou moins marqués; pourtant les sérums mis en contact avec 
ces colloïdes perdent facilement leur alexine. Il y a donc lieu à conclure 
que la production des anaphylatoxines, quel que soit leur mode de 
préparation, s'accompagne toujours d’une disparition du complément 
du sérum. Cela montre que les agents qui rendent le sérum toxique 
déterminent des modifications profondes dans la constitution du sérum, 
manifestations d'ordre très probablement physique. Mais, de l’autre 
côté, cette disparition de l’alexine peut avoir lieu sans qu’il y ait fatale- 
ment formation d’anaphylatoxine mortelle. La disparition du complé- 
ment n'est donc pas la cause de la production de l’anaphylatoxine, mais 
plutôt un phénomène qui évolue parallèlement à cette disparition, et 
qui paraît en être indépendant. | 

L’inconstance des accidents mortels dans nos expériences avec les 


SÉANCE DU 28 JUIN 1373 


colloïdes, loin de pouvoir être invoquée contre la conception physique 
. des anaphylaloxines, vient au contraire à l'appui de cette théorie. On 
sait en effet que les substances colloïdales anorganiques sont des corps 
éminemment instables et que la structure physique, pour une substance 
donnée, peut différer d’un cas à l’autre, suivant le mode de préparalion, 
la réaction, le temps de conservation, etc. 


(Travail du laboratoire de M. Levadili à l’Institut Pasteur.) 


LA RÉSISTANCE GLOBULAIRE AUX SOLUTIONS HYPOTONIQUES 
APRÈS LES SOUSTRACTIONS SANGUINES, 


par ÉT. May. 


Iln’'estpas exceptionnel d'observer, au cours de divers états anémiques, 
une augmentation de la résistance globulaire. 

Ces faits ont été étudiés notamment par Morawitz et Pratt (1), et par 
Itami et Pratt (2), chez des lapins rendus anémiques par des injections 
de phénylhydrazine ; ces auteurs pensent qu'il s’agit là d'une immuni- 
sation des hémalies circulantes, et une opinion analogue a été défendue 
récemment par M. Iscovesco (3). Des faits analogues ont été signalés par 
MM. Guillain et Troisier (4), qui les expliquent par la destruction des 
hématies les plus fragiles. 

Les faits visés par ces différents auteurs se rapportent tous à des 
hyperrésistances globales affectant aussi bien l’hémolyse initiale que 
l’hémolyse totale. Or, il peut arriver au cours des anémies, que seule la 
résistance maxima soit augmentée, les résistances minima et moyenne 
restant tout à fait normales. Nous nous sommes demandé si ce type 
d'hyperrésistance partielle n’avait pas une signification particulière, 
liée à l’état de régénération du sang, et nous avons étudié dans ce but 
un certain nombre d'anémies post-hémorragiques. Les résultats suivants 
montrent qu’en effet, après d’abondantes soustractions sanguines, la 
résistance maxima augmente d’une facon sensible ; par contre, la résis- 
tance minima et la résistance moyenne n’ont jamais subi d'augmen- 
tations appréciables. Tout se passe done comme s'il existait dans le sang 
un petit nombre de globules particulièrement résistants, les autres 
hématies n'ayant pas subi de modificalions. 


(1) Morawitz et Pratt. Munchner med. Woch., 1908, LV, p. 1817-1819. 
(2) Itami et Pratt. Biochem. Zeitschr., 1909, XVIII, p. 3-5. 
(3) Iscovesco. Semaine médicale, 25 septembre 1912. 
(4) Guillain et Troisier. Rapport au XII Congrès français de Médecine, 
Lyon, 1911. 


1374 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


O8s. 1. — Homme ayant De des épistaxis considérables à la suite du 
grattage d’un cornet. 
HÉMATIES HÉMOLYSE TOTALE 
17 juillet . NU 1.470 1000 0,30 -p. 400 
22 pete ENT RENE Re 1.830000 0,20 — 
Ogs. IL. — Femme ayant présenté des hémorragies intestinales extrême- 
ment abondantes. 
HÉMATIES : HÉMOLYSE TOTALE 
HISEPLEMOEC EN ENRE CNE 1.210.000 0,30 p. 100 
IRSEDICMDTENMERER NC 1.950.000 0:18 — 


Dans les deux observations suivantes, l'examen de la résistance globu- 
laire n’a pu être faît qu'une fois, quelque temps après la production de 


l'hémorragie ;: mais la résistance maxima s’v est montrée notablement 
dl 


augmentée par rapport aux individus normaux. 


Oes. III. — Femme ayant présenté une‘semaine avantl’examen d'abondantes 
hématémèses: 


HÉTRATIES. APPUI CR ES TU 
Hémélysestopale) LL EEE AR EE SD ES pp #RO0 
O8s. IV. — Femme ayant présenté pendant trois mois des métrorragies 


continues résultant d’un placenta prævia. Au moment de l'accouchement, le 


nombre des hématies était tombé à 1.500.000 ; l'examen de la résistance 
globulaire fut fait une dizaine de jours plus tard. 


HÉROS se 4 RES te « AÉUReEre 20e A 0086900 
1HÉMOINSE SOA le ES SE 20 ODA 


Des résultats tout à fait comparables ont été obtenus chez des chiens 
soumis à des saignées abondantes et répétées, comme en témoigne le 
tableau suivant. 


CHIEN N° J CHIEN N° II GRIEN N° IE 
RE 0 ZT 
Avant Après Avant Après Avant Après 
la saionée. la saignée. la saionée. la saignée. la saignée. la saienée. 


Hémolyse 


iotale : 0,30 p.100 O0,12p.100 0,28 p.100 0,20 p.100  0,22p.100 0,04 p.100 


Il semble,enrésumé, qu'il faille compter avec deux variétés d’augmen- 
tation de la résistance globulaire. Dans la première, ils'agit d’une hyper- 
résistance globale portant à la fois sur toutes les hématies ; c’est ce qui 
se passe dans les ictères d’origine hépatique, et au cours de diverses 
anémies toxiques ; et il semble bien qu'il s'agisse, dans ces cas, d'une 
modification des hématies.circulantes. La seconde variété est.constituée 
par une hyperrésistance parlielle, ne-portant que sur un petit nombre 
d'hématies, et cette variété parait constante toutes les fois sue le sang 
est en voie de régénération. 


CUS SOIN, DS 


SÉANCE DU 98 JUIN 4375 


De telsifaits qui complètent des résultats déjà anciens de M. Lapicque 
et de ses ‘élèves, apportent un argument à la théorie qui veut que les 
“différences. de résistance entre les globules soient fonction de leur âge, 
Jes plus jeunes étant les plusrésistants. D'autre part, le retard de l’hémo- 
lyse totale peut prendre place:en clinique à côté des modifications de la 
formule hématologique, parmides caractères. de Ia régénération du sang. 


SUR LA DIGESTION [DES IMANNO-GALACTANES CHEZ LES OISEAUX, 


par J. Gray. 


Chez les mammifères, on n'a pas trouvé de ferments capables d'hydro- 
lyser les manno-galactanes, aussi est-il presque certain que ces hydrates 
de carbone n'ont pas pour eux de valeur alimentaire. Par contre, la 
présence de tels ferments chez des animaux inférieurs est chose 
démontrée. Biedermann et Moritz (1) ont observé la liquéfaction de 
tissus végétaux contenant des manno-galactanes, sous l'influence du 
suc digestif de l’escargot. Bierry et moi (2) avons trouvé chez les mol- 
lusques et les crustacés des ferments hydrolysant les manno-galactanes, 
de différentes origines (du dattier, de la luzerne, du fenugrec, du 
corrozo, elc.), aussi, pour ces animaux, les manno-galactanes doivent 
avoir une valeur alimentaire. Il était intéressant d'examiner cette 
question chez les oiseaux granivores, étant donnée la présence de 
manno-galactanes dans de très nombreuses graines. Dans ce but, les 
expériences suivantes ont été exécutées chez le coq. 


1. Influence des ferments du pancréas et de l'intestin. 

Les macérations de pancréas et de muqueuse intestinale sont sans 
action sur les manno-galactanes de la graine de luzerne et de la graine 
de fenugrec. 

Ées expériences étaient faites à la température de 38 degrés, en pré- 
sence d'antiseptiques (Na F1, toluol, thymol) ou aseptiquement en stéri- 
lisant le liquide de macération par les rayons ultra-violets (3). Dans 
aucun cas, on ne put constater l'apparition de sucre réducteur. 


(1) Pflüger's Archiv, 73 (247), 1898. 

(2) Comptes rendus de l’Aead. des sciences, 22 février 1909, et Biochem. 
Leitschr., 40 (370), 1912. 

(3) En employant les rayons ultra-violets, j'ai réussi à obtenir des macéra- 
tions de muqueuse intestinale complètement stériles, sans que l’activité des 
ferments en soit atteinte. Aïnsi, j'ai fait des digestions stériles d’amidon par 
les macérations d'intestin grêle de fœtus de chien. Je reviendrai prochaime- 
ment sur la technique employée. 


‘ 


1376 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Il. Disparition des manno-galactanes le long du tube digestif. 

À) On introduit chez un coq porteur d’une fistule permanente du jabot, 
5 grammes de manno-galactane de fenugrec à l’état d’empois, dans le 
jabot. Le coq a préalablement jeûné pendant trois jours. On recueille 
ses excréments pendant les trois jours qui suivent en lui administrant 
à la fin un purgatif salin. Il n’y à pas de sucre réducteur dans les 
excréments. 

Après hydrolyse par l'acide sulfurique, ils fournissent du sucre 
réducteur qui correspond à peu près à 1 gr. 5 de manno-galactane. Ce 
sucre est représenté par du mannose et du galactose, caractérisés l’un 
par son hydrazone, l’autre par son osazone. © 

B) Coq porteur d’une fistule intestinale permanente, qui s’abouche 
avec l'anse contenant le pancréas. Après deux jours de jeùne, on intro- 
duit par la fistule 5 grammes de manno-galactane de fenugrec sous 
forme d’empois. On recueille les excréments comme il a été dit plus 
haut. Après hydrolyse, ils fournissent du mannose et du galactose cor- 
respondant à 1 gr. 9 environ de manno-galactane. 

D'après ces deux expériences, on voit qu’il a disparu le long du tube 


digestif 70 p. 100 de manno-galactane et, le long de l'intestin, environ 
62 p. 100. 


III. Alimentation par la graine de luzerne. 

A) Graine entière. Le coq ne mange pas volontiers la graine de 
luzerne, même après plusieurs jours de jeûne. 

Du reste, on retrouve la presque totalité des graines ingérées ou 
introduites par la fistule du jabot, intactes dans les excréments. 

B) Graine moulue. On donne à un coq pesant 2.495 grammes, à 
volonté, de la graine de luzerne moulue délayée dans un peu d'eau. 
Après un mois de ce régime. le coq a perdu 535 grammes de son poids. 

C) Gavage. On gave un coq pesant 2.185 grammes, de graines de 


luzerne moulue, de facon que le jabot ne reste un seul instant vide. Au 


bout d’un mois de gavage, le coq a perdu 338 grammes de son 
poids. 


Résumé. — Dans l'intestin et le pancréas du coq, il n'y a pas de 
ferments attaquant les manno-galactanes de la graine de luzerne et de 
la graine de fenugrec. 

Le long du tube digestif il disparaît environ 70 p. 100 de la manno- 
galactane de fénugrec ingérée. Cette disparition a lieu presque exclusi- 
vement le long de l'intestin. 

Il est impossible de maintenir en équilibre de poids le coq, en le 
nourrissant ou en le gavant de graine de luzerne, soit entière, soit sous 
forme de farine. 

De tout ce qui précède, on peut déduire que les manno-galactanes en 


SÉANCE DU 28 JUIN agi 7 


question ne sont pas digérées par le coq et qu'elles n'ont pas pour lui 
de valeur nutritive. Leur disparition partielle le long du tube digestif 
est due sans doute aux actions microbiennes dans l'intestin. 


TRAITEMENT DES COMPLICATIONS UTÉRO-ANNEXIELLES DE LA BLENNORRAGIE 
AU MOYEN D'INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DE VIRUS-VACCINS SENSIBILISÉS 
DE BESREDKA, 


par Louis CRUVEILUIER. 


La métrite et la salpingite sont des complications redoutables de la 
blennorragie qui peuvent se prolonger pendant de longues années dans 
un état de chronicité qui fait des malheureuses patientes « des infirmes 
du ventre » et nécessitent trop souvent de graves interventions chirur- 
gicales. Aussi, nous a-t-il paru particulièrement intéressant d'essayer 
contre ces localisations de l'infection blennorragique chez la femme la 
méthode des virus-vaccins sensibilisés que nous avons été les premiers 
à appliquer au gonocoque (1) et qui nous a donné des résultats si encou- 
rageants au cours du trailement de l’orchite (2). 

Dans les services hospitaliers, les métro-salpingites purement gono- 
cocciques sont rares et la plupart des malades atteintes de celte locali- 
sation de l'infection blennorragique que nous avons traitées nous ont 
été amenées à l’Institut Pasteur par des maris que nous soignions et qui 
avaient contaminé leur femme par ignorance ou insouciance. 

Il en était ainsi de M®° M..., âgée de quarante ans, dont nous devons 
l'observation à notre ami le D' Ch. Fouquet, ancien chef de clinique à 
l'hôpital Saint-Louis. 


Mne M..., deux mois et demi après la contamination conjugale, malgré que 
dès le début ait été institué un traitement fort bien conduit, présentait des 
douleurs violentes dans tout le bas-ventre, qui était très sensible à la palpation. 
Les pertes étaient abondantes, la température s’élevait le soir à 3904, l’état 
général était mauvais et menaçait de devenir inquiétant, de sorte que la 
malade gardait le lit. 

Au toucher, on constatait un col volumineux, l'utérus était mobile. Il n’y 


_avait pas apparence de collection salpingienne, mais on percevait une douleur 


très nette à l'embouchure des trompes dans l'utérus. Au spéculum, on 
observait des érosions sanguinolentes, sur Le col de l’orifice duquel s’échappait 
un écoulement verdâtre abondant. 

La première injection du virus-vaccin sensibilisé est pratiquée le 14 juin et 


. Cruveilhier. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 4 janvier 1913. 


(1) L 
) L. Cruveilhier. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 19 avril 1913. 


(2 


ÂA37S SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


donne lieu & une réaction: générale: assez: vive. Le surlendemiain, le 47 juin, 
la malade accuseune grande amélioration. Les pertes: ont diminué; au dire.de 
la malade, dans une très forte proportion et on ne- perçoit. plus qu'un. léger 
suintement. 

Le ventre est devenu souple et, à la palpation comme au toucher, il a cessé 
d'être douloureux, si bien que la malade peut remettre son corset. 

Quoique Mn° M... se considère comme complètement rétablie, on la décide 
à recevoir une seconde injection de virus-vaccin, qui est suivie d’une réaction 
moinsvive: que: la première. 

Le 25 juin, la malade, qui est trèssatisfaite et dont l’état général est devenu 
excellent, vient se faire examiner, L'utérus apparaît alors complètement 
décongestionné, les annexes sont souples. ef on ne constate plus qu'un 
suintement glaireux absolument insignifiant dans lequel on ne reconnaît pas 
là présence du gonocoque. Ë 


La méthode des. virus-vaccins. sensibilisés ne nous. à pas. donné de 
moins bons résultats: dans. le cas de métro-salpingite avec collection 
salpingienne, comme en témoigne l'observation de M! D.., âgée: de 
vingt-neuf ans, couturière, qui nous à été adressée à l’Institut Pasteur, 
par notre ami le: D' Ch. Fouquet. 


Cette malade, dont la contamination. datait de six semaines, accusait une 
douleur spontanée assez vive dans tout le bas-ventre, mais particulièrement 
du côté droit. Les pertes, de couleur jaune-verdâtre, étaient abondantes et 
tachaïent le linge; le toucher combiné à la palpation abdominale démontrait 
l'existence, au niveau de la trompe: droite, d’une tumeur’ évaluée pa&r’ le: 
Dr Fouquet aux dimensions d’un trèsgros œuf de: poule: Le 6 mai, onpratique 
une première-injectionde virus-vaccimsensibilisé. Dès le-lendemain:;, lamalade 
accuse une: diminution manifeste: des: phénomènes douloureux et les pertes 
ont une consistance. moins épaisse. Le: S mal, on. pratique au laboratoire une 
seconde injection et, le lendemain, la malade prétend. ne plus souffrir du. 
ventre. On réveille cependant à la palpation encore une légère douleur au 
niveau de la trompe droite. Les pertes ont presque totalement disparu. 

Le 12 mai, on procède à une troisième piqüre, suivie d’une amélioration non 
moins manifeste. 

Le 14 mai, on constate que la douleur n’est plus perceptible, même à la 
palpation du ventre; la.malade ne souffre plus à l'introduction de la canule à 
injections vaginales et les pertes ont complètement disparu. On pratique 
néanmoins une quatrième piqüre le 17 mai, et, le 19, nous constatons que 
l’état général de la malade s’est amélioré d’une façon très nette. Mie D... 
n'accuse plus de maux de tête et ne se plaint plus de douleurs dans les 
jambes et de faiblesse générale. ; | 

Le 25 mai, la malade dont, les règles viennent de se terminer et n’ont 
provoqué. aucune souffrance, est examinée par le D° Fouquet, qui constate la 
disparation complète de la tuméfaction formée par la trompe droite comme 
en même temps de la douleur. On constate seulement une légère sensibilité 
en un point limité à l’abouchement de la trompe dans l'utérus. La malade 
n'est plus réinjectée mais veut bien venir à l’Institut Pasteur le 45: juin et 


SÉANCE! DU 28: JUIN 19379 


nous'avons: alors la satisfaction de: constater la persistance de là guérison, car! 
M'e D..., en parfait état de santé, n’accuse plus aucun trouble du côté du base 
ventre. 


La méthode des virus-vaccins sensibilisés semble encore active même 
dans les cas anciens de métro-salpingite et nous avons obtenu une 
cessation complète des phénomènes douloureux et del'écoulement chez 
une femme dont la contamination remontaït à neuf ans, époque de son 
mariage. 


(Travail du laboratoire de M. Roux, à l'Institut Pasteur.) 


v 


SÉROTHÉRAPIE ANTIVENIMEUSE SUR DES CELLULES-EN ÉTAT DE VIE PROLONGÉE 
ET DE MULTIPLIGATION 4 VilT0, 


par C. Lbevaptrr et Sr. MUTERMECE. 


Des expériences faites avec la toxine et l’antitoxine diphtérique nous 
ont montré que le procédé de la survie et la multiplication des cellules 
mésodermiques in vitro permet d'étudier le mécanisme de l’action des 
toxines et des antitoxines (1). Nous avons précisé, entre autres, le 
moment où l’on peut encore désintoxiquer les éléments cellulaires 
influencés par la toxine diphtérique, en faisant intervenir le sérum anti- 
toxique;.et nous avons montré que lantitoxine se fixe: intimement sur 
certaines cellules, auxquelles elle confère l’état réfractaire. Nous avons 
entrepris des recherches analogues avec le venin de Cobra: et l'antivenin 
(de l’Institut Pasteur de Lille) et nous avons obtenu les résultats sui- 
vants : 


I. — Les mélanges de venin et de sérum antivenimeux, neutres au point 
de vue de la toxicité in vivo et de l'hémolyse, le sont également en ce qui 
concerne l'action cytolytique appréciée sur les fragments de cœur d’em- 
bryon de poulet, cultivés dans du plasma. 


Nous avons mélangé 0 c.c. 1 dela solution de venin au 100€, à des quan- 
_tités variables de sérum (de 1 c.c.9 à 0 c.c. 1) et nous avons essayé : 1° le 
pouvoir hémolytique de ces mélanges vis-à-vis du sang de poule, à 5/100; 
22 leur toxicité pour des petits canards de cinq-six jours (0 c.c.5 en injection 
intra-musculaire). La limite de la neutralisation du pouvoir hémolytique et 
toxique de 0 c.c. 1 de la solution de venin a été atteinte par Oic.e. 5 de sérum. 


: Nous avans fait agir les mêmes mélanges sur des fragments de cœur (temps 


(1) Levaditi et Mutermilch. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, 
t. LXXEN, p. 644. 


1380 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


d'action — 20 minutes). Des mélanges de sérum normal et de venin servent 
comme témoin. 


CŒUR —- VENIN + SÉRUM (ANTIVENIMEUX ET NORMAL) 


CŒUR CŒUR d 5 ch 
1 cm. 5 sér. 0 cm.5 0 cm. 1 
TÉMOIN |: VENIN 


] 
Im. Norm. Im. Norm. Im. Norm. 


Début de 00000 Début de 00000 Début de 00000 00000 00000 
prolif. prolif. prolif. 


44444) 0000 tr. Î+++++| 00000 |4++++4| 0000 tr. |0, tr. 000 | 00 tr. © 


+++++1.0000 peu. | ++ 2 00000 |+++++1000 peu 0.|++Otr 0| 000 + 


4e j. |H++++] 0000 peu. |Æ+++<H| 000 + + |+++++ 00 peu peu|+ + + 00| ++ 00 


peu. 


La neutralisation du pouvoir cytotoxique a donc été obtenue par une E 
dose de sérum égale à 0 c.c. 5 ; cette dose correspond à celle indiquée 
par l’hémolyse et par l’action toxique in vive. 


Il. — Peut-on guérir des fragments du cœur intoxiqués, par le venin de 
cobra, en faisant agir ultérieurement l’antivenin? 


Des fragments de cœur ont été placés dans 0 c.c. 6 de la solution de venin 
au 100° pendant un temps qui a varié de une à quarante minutes. Ces frag- 
ments sont ensuite placés dans du sérum antivenimeux pur pendant vingt 
minutes, puis dans du plasma de poule. 


, 


LES FRAGMENTS TRAITÉS PAR LE VENIN SONT PLACÉS 


CŒUR CŒUR 2 AVE ë S ; 
JOURS| , À 1 minute 5 minutes | 10 minutes | 20 minutes | 40 minutes 
TÉMOIN | SÉRUM F 
Sér. | Ringer | Sér. | Ringer | Sér. | Ringer | Sér. | Ringer | Sér. | Rnger 


+++++) + | 0 | 0 


RH + EE 


EH 


Cette expérience montre que la guérison des fragments de cœur 
intoæiqués par le venin est possible si l’on fait agir le sérum antivenimeux 


SÉANCE DU 28 JUIN 1381 


de dix à vingt minutes après le premier contact entre les lissus el le poison. 

Plus tard, cette guérison n’a plus lieu, l'intoxication, ou, en d’autres 
termes, la fixation du venin sur les éléments cellulaires, étant devenue 
définitive. La durée de ce temps, pendant lequel l’action curative de 
l’antivenin est encore efficace, correspond, à peu près, à celle indiquée 
par nos expériences sur la toxine et l’antitoxine diphtériques (de cing à 
vingt minutes). Ces données sont à rapprocher des constatations de 
Dônitz (4) (antitoxine diphtérique ?n vivo) et de Madsen (2) (sérothérapie 
in vitro des hématies traitées au préalable par la tétanolyÿsine). 

Il. — Enfin, nous nous sommes demandé si des fragments de cœur tout 
d'abord plongés dans de l’antivenin, et lavés à fond ultérieurement, 
acquièrent, de par ce premier contacl avec l’anticorps, une résistance 
appréciable à l'égard du venin. 


Des fragments de cœur ont été mis en contact avec 0 c.c. 6 de sérum-pen- 
dant un temps qui a varié de cinq à soixante minutes, et lavés ensuite dans 


40 c.c. de Ringer pendant vingt minutes. On les soumet alors à l'action du 
venin au 1/100°.. 


L'expérience a montré que, malgré un contact d’une heure avec l'anti- 
venin, les fragments de cœur sont tout aussi sensibles au venin que ceux 
qui ont été traités par le sérum normal pris comme témoin. Or, dans nos 
recherches sur la toxine et l’antitoxinediphtériques, nous avons constaté 
au contraire, que l’antitoxine se fixait sur les tissus et leur conférait 
ainsi une résistance manifeste à l'égard du poison. Il semblerait donc. 
au premier abord, que l’antitoxine diphtérique diffère de l’antivenin, en 
ce qui concerne cette fixation sur les tissus. Nous ne pensons pas ce- 

- pendart qu'il y ait réellement une différence à ce point de vue, entre ces 
deux anticorps, pour le motif suivant : 

Etant donné la faible surface d’adsorption des fragments d'organes, 
il est à admettre que la quantité de sérum fixée par les Lissus est vérita- 
blement minime. Or, par rapport au volume, le pouvoir antitoxique du 
sérum antidiphtérique dépasse de beaucoup celui du sérum antiveni- 
meux, puisque pour neutraliser 0,5 de venin au 1/100°, il faut environ 

* le même volume de sérum, tandis que dans 4c.c. de sérum antidiphté- 
rique de l'Institut Pasteur, il y à au moins 250 unités immunisantes. Il 


découle de là que l’anticorps antivenimeux peut fort bien sefixer, comme 


l'anticorps antidiphtérique, sur les éléments cellulaires, mais étant donné 
son faible pouvoir antitoxique, il est incapable de cônférer à ces élé- 
ments un état réfractaire appréciable. 


Nous avons, dans notre travail sur le poison diphtérique, émis l'hypo- - 


thèse que l'immunité antitoxique passive ne se borne pas à une simple 
p P 


(1) Dôünitz. Arch. de Pharmacodynamie, 4899, L. V 
(2) Madsen. Zeitsch. für Hygiene, 1899, v. 32, p. 


Bioocie. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 


, p. 425. 
214. 


1382 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


persistance des anticorps dans les humeurs ; celte immunité paraît éga- 
lement liée à une véritable fixation de cet anticorps sur les tissus, les- 
quels acquièrent ainsi un état réfractaire qui leur est propre (1). Nos 
expériences sur l’antivenin, qui, au premier abord, semblent venir à 
l'encontre de cette hypothèse, plaident au contraire en sa faveur, si 
l'on tient compte du faible pouvoir antitoxique de l’antivenin, par 
rapport à la force neutralisante intense de l’antitoxine diphtérique. 


PRÉSENTATION D'UN NOUVEAU CYLINDRE ENREGISTREUR, 


par Jean Camus. 


Mon frère, Lucien Camus, a fait construire, il y a quelques années, un 
cylindre enregistreur qui présentait sur les modèles antérieurs plu- 
sieurs avantages, entre autres celui de pouvoir se déplacer deux fois 
SULTAN E 

Cet appareil était muni de régulateur Pickering, qui, comme on le 
sait, donne une régularité parfaite et permet, en se servant d’une vis 
micrométrique, de varier les vitesses à l'infini. 

Ce cylindre, quelque vitesse qu'on lui imprime, tourne toujours dans 
le même sens et il n’est nullement besoin de le déplacer pour en modi- 
fier la vitesse. 

L'appareil fonctionne dans la position verticale et dans la position 
horizontale. 

Le modèle que je présente aujourd’hui, en dehors des avantages pré- 
cédents, a subi les modifications suivantes : 


1° Le diamètre du cylindre a été porlé à 30 centimètres et sa lon- 
gueur également à 30 centimètres. 

20 La longueur du bâli, afin de permettre-encore deux fois le dépla- 
cement sur l'axe, est de 108 centimètres. 

3° En raison du grand diamètre du cylindre, il importait d'obtenir 
des vitesses plus lentes. C'est pourquoi le mouvement le plus lent est 
maintenant de 1 tour en 30 minutes. 

Les quatre vitesses fondamentales sont ainsi de 1 tour en 30 minutes, 
À tour en À minute, 6 tours et 36 tours à la minute. 

Ces vitesses fondamentales peuvent varier insensiblement jusqu’à 
une rapidité double, soit 1 tour en 15 minutes, 2 tours, 12 tours, 
72 tours à la minute. 


(1) Des expériences faites in vivo, et que nous publierons bientôt, compléte- 
rons ces données. 


SÉANCE DU 28 JUIN 1383 


Ces vitesses sont d’ailleurs encore modifiables à l'aide d’un volant 
ralentisseur qu’on fabrique soi-même avec une plaque de liège. 

Æ La manivelle du remontoir a été placée latéralement, ce qui 
permet, l'appareil étant dans la posilion verticale, pour un tracé de 
_ pression artérielle par exemple, de ne pas être obligé de le remettre 
dans la position horizontale pour le remonter. Cet inconvénient avec 
d’autres systèmes est considérable et nécessite une interruption dans 
le tracé, un déplacement du manomètre, des tambours incripteurs, 
et une remise au point de ces instruments. 

Grâce à ce nouveau cylindre, grâce à son diamètre, à sa longueur, à 


Cylindre enregistreur, construit sur les indications du D’ Jean Camus. 


Longueur de bâti : 108 centimètres. Longueur et diamètre du cylindre : 30 et 
30 centimètres. Vitesses de 1/30e à 72 tours à la minute. Remontoir sur le côté. — 
Poids : 25 kilogrammes. 


son déplacement deux fois sur l’axe, il est possible, avec la vitesse lente, 
de continuer un tracé pendant deux heures et même plus sans modifier 
le dispositif inilial. 

Ces avantages existent partiellement avec le cylindre double de Marey. 
Mais cet appareil ne fonctionne que dans la position verticale, il est 
assez encombrant, l’enfumage du papier et son vernissage sont diffi- 
ciles, etc. 

Le cylindre que je présente est construit en cuivre, par conséquent, il 
est assez lourd, étant donnés sa hauteur et son diamètre, aussi, à la 
quatrième vitesse, de 36 à 72 tours, le mécanisme est-il insuffisant 
_ pour l’entrainer. Je mme suis contenté, pour utiliser cette vitesse, de 
faire fabriquer un cylindre plus petit et plus léger. Mais il serait aisé de 
faire construire un gros cylindre en aluminium. 

L'appareil que je présente me semble offrir plusieurs nouveaux 
avantages sur les modèles antérieurs et j'ajoute que le prix établi 
par les constructeurs en a été peu sensiblement élevé. 


1384 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ÜNE HYPOTHÈSE DE TRAVAIL 
SUR LE ROLE PHYSIOLOGIQUE DES MITOCHONDRIES, 


par ANDRÉ MAYER et GEORGES SCHAEFFER. 


À. Connaissances actuelles sur les mitochondries. 


I. — Présence universelle des mitochondries. On aura bientôt trouvé 
des mitochondries dans toutes les cellules où on les aura cherchées. Les 
travaux des cytologistes tendent à prouver que le chondriome est un 
des constituants fondamentaux du protoplasma. 


IT. — Aôles physiologiques qu’on leur attribue. En même temps qu'on 
en découvre partout, et que partout elles présentent les mêmes 


caractères de fixation et de coloration, on attribue aux mitochondries 


les rôles les plus divers. Sans énumérer toutes les fonctions dont on les 
a dotées, rappellons qu'elles choisissent les éléments du ehyle et de 
l'urine pour l'assimilation et l’excrétion; qu’elles fabriquent les sucs 
digestifs, diastases et proferments, les venins; que c’est d'elles que 
proviennent, directement ou indirectement, l’amidon, la graisse, les 
pigments animaux et végétaux, les éléments azotés de la fibre muscu- 
laire, etc., etc. Elles seront bientôt l’origine de toutes les substances 
connues de la chimie biologique. 

À la vérité, quand ils disent que les mitochondries « forment » ces 
diverses substances, les cytologistes n’explicitent pas exactement ce 
qu'ils entendent par là; et il est difficile de saisir l’idée qui les fait 
passer de la constatation morphologique à l'hypothèse physiologique. 
Entendent-ils dire que la substance même des mitochondries setransforme 
chimiquement en corps variés? Du fait que, dans les cellules végétales 
ou dans les glandes, il apparaît dans les mitochondries ou à leur voisi- 
nage une vésicule dans laquelle on pourra plus tard apercevoir de 
l’amidon, des pigments, ou des produits de sécrétion (urine, sucs 
digestifs); ou du fait qu'à un moment donné les mitochondries s'imprè- 
gnent visiblement de pigments; ou du fait encore qu’elles changent de 
forme dans une cellule glandulaire en activité, s’ensuit-il pour eux que 
la substance mitochondriale se transforme chimiquement en amidon, en 
pigments, en éléments du suc digestif, en urine, etc.? On peut sans 
doute faire cette hypothèse. Mais alors nous remarquerons tout d’abord 
qu’elle nese rattache à rien de ce qu'on connaît sur la substance mitochon- 
driale : on n’a décelé jusqu'ici dans les mitochondres ni les substances 
diverses aux dépens desquelles naïîtraient ces corps, ni le noyau protée 
susceptible de suffire à toutes ces synthèses. Et, d'autre part, nous 
pouvons dire que cette hypothèse est complètement hors de nos 
prises, qu’elle ne peut éveiller l’imagination expérimentale. Aussi bien 


x pins £ LS 
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SÉANCE DU 28 JUIN 1385 


la plapart des auteurs ne la formulent-ils pas nettement. Ils se bornent 
à indiquer que les mitochondries participent à toutes les transformations 
que nous avons rappelées, mais ils ne précisent pas de quelle manière: 
et les termes « ségrégation, élaboration » sont naturellement trop 
vagues pour mener à l'expérience. 

Laissant de côté pour le moment tout ce qui concerne l'aspect mor- 
phologique des mitochondries (existence ou non à l'état frais; aspects et 
variations sous l'influence des fixateurs), nous ne retiendrons des hypo- 
thèses émises sur leur rôle physiologique que cette constatation @e fait : 
à savoir qu'il y a morphologiquement simultanéité de présence et même 
parfois contiquité absolue dans les cellules douées de grande activité 
physiologique, entre les mitochondries et les produits cellulaires eux- 
mêmes, ou les vacuoles qui la contiennent, 


IH. — Constitution chimique des mitochondries. Nous considérons 
comme établi, et d’autres expérimentateurs comme nous, que les 
mitochondries sont, au moins pour une part, constituées par un 
élément chimique commun, un élément lipoïde. Nous ajoutons que cet 
élément doit contenir des acides gras présentant des liaisons éthylé- 
niques. C'est ce qui nous a permis, avec Fauré-Fremiet, Mulon, Rathervy, 
d'expliquer les méthodes générales de fixation et de coloration des 
mitochondries ; et, avec Guerbet, de nous rendre compte d’une partie 
du mécanisme de la réaction de Gram. 


B. Æypothèse nouvelle de travail. 


Est-il possible, en n'utilisant que les trois grands faits qui nous 


_ paraissent indiscutables : présence universelle des mitochondries, et 


particulièrement dans les cellules actives: contiguïlé avec les produits 
cellulaires ; composition partiellement lipoïde comportant des acides 
gras à double liaison, de formuler une hypothèse simple sur le rôle 
physiologique des mitochondries? Par hypothèse simple, nous entendons 
qu'elle doit être en concordance avec les faits établis, ne faire appel qu’à 
eux et se rattacher d'assez près à nos connaissances actuelles pour 
pouvoir donner lieu à des recherches expérimentales. À quelles 
conditions cette hypothèse devra-t-elle satisfaire? Si nous dotons la 
substance mitochondriale d’un rôle physiologique, il faudra : a) que ce 
rôle soit universel et qu’elles le remplissent dans toutes les cellules 
animales et végétales; b) cette fonction doit traduire toutes les formes 
d'activité cellulaire (assimilation, désassimilation, sécrétion, ete.); c) il 
faut enfin qu'elle puisse avoir pour support un lipoïde contenant des 
acides gras à liaisons éthyléniques. 

Or, une telle fonction existe. C’est la fonction d'oxydation et de 
réduclion. Et l'hypothèse que des substances lipoïdes en peuvent être 
les supports n’est pas une nouveauté. Esquissée par Waldemar Koch, 


1386 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


elle a été formellement explicitée par Fränkel et Dimitz en 1909 (1). Pour 
ces auteurs, les acides gras à double liaison contenus dans les phospha- 
tides jouent le rôle de corps autoxydables. Ce sont des « substances 
respiratoires intermédiaires », c'est-à-dire des vecteurs d'oxygène. Cette 
idée se rattache à tout un ensemble de recherches concordantes. 
Rappelons, entre autres, que les corps qui s’altaquent aux lipoïdes 
touchent en même temps aux oxydations cellulaires, par exemple, les 
anesthésiques dans leur action sur les cellules animales (Vernon) ou 
végétales (Palladin); que les phosphatides extraits des tissus sont 
réducteurs, précisément dans la mesure où Ehrlich a montré que ces 
tissus le sont eux-mêmes {Fränkel et Nogueira : Réduction du bleu de 
méthylène, etc.). Ils sont même, comme le pense Leathes, un lieu de 
désaturation des acides gras. Ce pouvoir de réduction se traduit 
par le fait que, hors de l'organisme, ils sont éminemment oxydables 
(Erlandsen), oxydation qui peut même être catalysée (Thunberg, : 
Warburg). Cependant, dans l'organisme, cette oxydation doit être 
réversible. Les agents pharmacologiques ou autres, qui rendent cette 
oxydation irréversible causent, en effet, la mort cellulaire. Pour rendre : 
comple de cette réversibilité, il faut admettre que les phosphatides sont 
autoxydateurs. Or, dans leur constitution, rien ne s'oppose à ce qu'ils le. 
deviennent par l’un des divers mécanismes actuellement connus 
(formation d'oxyde instable, schéma de Traube, Fränkel; formation 
de perox ydes réversibles, schéma d’Engler, Bach; formation d'hydrates 
réversibles, schéma de Werner; intervention consécutive d'un agent 
réducteur, ferment ou groupement sulphydrile, schéma de Heffter, 
Thunberg). 

Tenant compte des faits connus, et assez proche d'eux pour mener à 
l'expérience, l'hypothèse que nous formulons, à savoir que les mito- 
chondries sont un support et un lieu des processus d’oxydation nous paraît 
donc bien présenter les caractères et les avantages d'une hypothèse de 
travail. 


PRÉSENTATION DE SEPT CHIENS HYPOPHYSECTOMISÉS DEPUIS QUELQUES MOIS, 


par JEAN Camus et GUsTaAvE Roussy. 
Depuis plusieurs mois, nous avons réalisé un assez grand nombre 
d'hypophysectomies partielles ou totales chez différents animaux, et nous 


publierons ultérieurement la statistique de ces opérations et les détails 
techniques des interventions. 


(1) Wiener Elinische Wochenschrift, XXII, n° 51, 23 décembre 1909, p. 4777. 


SÉANCE DU 28 JUIN 1387 


Nous voulons seulement aujourd'hui présenter sept chiens hypophy- 
sectomisés depuis 4 mois, 3 mois, 2 mois, 1 mois. 

- Tous les chiens de cette série ont été opérés par voie palatine. 

_ 1° Chien braque. Poids, 10 kilogrammes (chien jeune, à sa deuxième 
dentition). — Le 18 février 1913, on a enlevé deux fragments de la zone 
glandulaire de l’hypophyse (constatés histologiquement) et le reste de 
l'organe a élé cautérisé fortement en tout sens avec un fil de mélal 
porté au rouge. 

2 Chien épagneul. Poids, 9 kilogrammes (chien adulte). — Le 11 mars 
1913, on a enlevé plusieurs fragments de l'hypophyse. L'examen histo- 
logique montre qu’une grande partie du lobe nerveux, sinon la totalité 
de ce lobe, a été enlevé, ainsi qu'une minime partie du lobe glandulaire. 

3° Chien basset. Poids, 6 kil. 500 (chien jeune, à sa deuxième dentition). 
— Le 1% avril 1913, on extirpe une partie importante de l'hypophyse. 
L'examen histologique montre que l’ablation a porté sur la presque 
totalité du lobe glandulaire et un fragment de l'infundibulum. 

4° Chien griffon, ägé de quelques semaines, a été atteint avant l’opé- 
ration de lésions poliomyélitiques qui ont laissé de l’atrophie et de la 
parésie des muscles du train postérieur. 

Au moment de l'opération, il pèse 1.800 grammes et a toutes ses dents 
de la première dentition. Le 1° avril, on a enlevé la plus grande partie 
(vraisemblablement la totalité) du lobe nerveux et une partie du lobe 
glandulaire. 

Le développement de l’animal paraît depuis avoir été entravé, il pèse 
actuellement 2.600 gr.; cependant, les dents de la deuxième dentition 
se montrent en ce moment. 

5° Chien loulou. Poids, 5 kil. 600. — Le 15 avril, on a enlevé le lobe 
nerveux de l'hypophyse et quelques gouttes d’acide gras ont été injec- 
tées dans la loge hypophysaire, afin de réaliser des lésions chroniques 
de la région. 

Ce chien a présenté à la suite des phénomènes inflammatoires des con- 
joncetives et des cornées et a perdu la vue. Ces accidents oculaires, à un 
degré moins grave, ont été assez souvent observés par nous. 

6° Chien griffon. Poids, 6 kil. 500 (chien à sa deuxième dentition). — 
Le 24 avril, il a subit l’ablation totale de l'hypophyse. L'examen histolo- 


_ gique montre la totalité du lobe nerveux et deux fragments quiparaissent 


répondre à la totalité du lobe glandulaire. 

1° Chien genre roquet. Poids, 11 kilogrammes (chien à sa deuxième 
dentition). — Le 3 juin, il à subit l'ablation totale de l'hypophyse; 
grâce à l’absence d’hémorragie, la loge a pu être curettée très à fond. 
L'ablation totale parait confirmée histologiquement. 

Sur ces chiens, nous avons poursuivi plusieurs ordres de recherches 
qui sont encore en cours à l'heure actuelle et dont nous ne parlerons 
pas maintenant. | : 


1388 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nous insistons seulement dans cette première note : sur l'excellent 
état général de nos opérés; sur l'absence complète jusqu'ici de tout 
signe somatique (exception faite peut-être pour le n° 4); enfin et surtout 
Sur la survie déjà assez longue. La question de l'avenir des animaux 
qui ont subi l'hypophysectomie totale est très controversée. La plupart 
des expérimentateurs avec Paulesco (1907), Livon (1908-11), Cushing 
(4910-13) considèrent l’extirpation totale de l’hypophyse incompatible 
avec la vie, l'élément essentiel étant représenté par le lobe antérieur 
où linfundibulum. D'autres, au contraire, avec Handelsmann et 
V. Horsley (1911), Ascoli et Legnani (1912), Athner (1912), affirment 


que l'hypophyse n'est pas un organe essentiel, indispensable à la 


vie, et que la mort relève de lésions de voisinage. 

Deux des chiens que nous présentons (n° 6 et 7) ont subi, autant que 
nous avons pu en juger au cours de l'opération et par l'examen de L'or- 
gane enlevé, l'ablation totale de l’hÿpophyse; ils sont remarquablement 
bien portants en ce moment. L'autopsie nous dira un jour s’il n'est pas 
resté une parcelle d'hypophyse et nous communiquerons le résultat des 
examens anatomiques qui seront faits à ce momént. 


(Travail des Laboratoires d'Anatomie pathologique et de Physiologie 
de la Faculté de Médecine de Paris.) 


FORMULE HÉMOLEUCOCYTAIRE DANS LE RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU. 


NoTE DE F.-J. Bosc et M. CARRIEU, 
présentée par E. GLEY. 


Nous avons recherché la formule leucocytaire du sang dans 12 cas de 


rhumatisme articulaire vrai, à la période d'état, avant tout traitement. 
(fixation par l’alcool-éther ; coloration par l’hématéine-éosine, le bleu | 


polychrome, la thionine, l’Ehrlich, le Giemsa) 


I. — Le nombre des leucocytes est normal ou légèrement augmenté ; 
dans trois cas, il existait de l’hypoleucocytose. 


Il. — Proportion des formes leucocytaires : À. La moyenne des cas 
montre une mononucléosenette (42,5 p. 100 de mono) avec prédominance 
des moyens, grands et très grands mononucléaires : 


Lymphocytes, .: . 24 p. 100 
Polynucléaires . 51,5 p. 100 ) Petits mono . . . 13 p. 100 | 
Mononucléaires : 42,5 p. 100 ) Moyens mono. . . 35 p: 100 6 { 15 p: 100 
Grands mono. . . 21 p. 100 2 | 


B. L'examen des divers cas permet de constater, dans la majorité, 


SÉANCE DU 28 JUIN 1389 


l'existence d’une mononucléose forte (51 p. 100) ou moyenne (AL p. 100) 
et, dans trois cas, l'existence d’une polynucléose légère (T1.p. 109). 

a) Dans les mononucléoses, il y a prédominance tantôt des moyens, 
tantôt des grands et très grands mono. £'xemple : 


Lymphocytes. . . 20 p. 100 
Petits mono. . . . 13 p: 100 
Moyens mono: . . 41 p. 100 63 16 p. 100 
Grand mono. . . . 21 p. 100 


Dans deux cas, il existait une /ymphocylose nette (jusqu’à 51 p. 100) : 


Lymphocytes. . . 48 p. 100 


Pettsmono- "M9 p.100 
EE SN ER Moyens mono. . . 24 p. 100 36 51 p. 400 
Grands mono. . . 10 p. 100 \ 


b) Dans lés cas de polynucléose, une proportion très élevée de moyens 
ét surtout de grands et très grands mono (avec diminution de lympho- 
cytes) demeure caractéristique du rhumatisme : 


Lymphocytes . . 11  p. 100 
Polynucléaires . . ‘1 p. 100 ) Petits mono .. 13 p. 100 
Mononucléaires. . 29 p. 100 } Moyens. . . . . 36 p. 160 / -. { 88 p. 100 
Grande ee 39,5 "p. 100 . ° 


IT. — Qualité des leucocytes : a) Les polynucléaires éosinophiles sont 
absents ou au-dessous de la normale ; dans trois cas, ils existaient dans 
la proportion de 3, 4 et8 p. 100. 

_ à) Les mononucléaires foncés moyens et grands (basophiles homogènes) 
sont assez nombreux : 

c) Les mononucléaires granuleux (mryélocytes) surtout basophiles 
existent en proportion élevée : plus de 50 p. 100 des petits mono- 
nucléaires et près de 30 p. 100 des moyens présentent des granulations 
basophiles ; les grands et très grands mono à granulations basophiles, 
mais surtout à grains neutrophiles, sont nombreux. 


IV. — A là convalescence, la mononucléose persiste et s'accompagne 
d'éosinophilie (14 p. 100). 


Conclusions. — I. La forme hémoleucocytaire du rhumatisme articu- 
laire aigu à la période d'état est caractérisée : 1° par une légère augmen- 
tation du nombre de leucocytes (parfois leucopénie) ; 2° par une monc- 
nucléose avec myélocytose surtout basophile, et par une proportion élevée 
_de moyens, grands et très grands mono qui (en dehors de quelques cas 
dé Iymphocytose) caractérise la formule leucocytaire du rhumatisme, 
même quand il y à polyÿnucléose. 

IT. À la convalescente, mononucléose persistante avec éosinophilie. 


1390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


NOUVEL AUTOCLAVE ÉLECTRIQUE, 


par E. Hipor. 


L'appareil que j'ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie est 
un autoclave Chamberland, muni du chauffage électrique. On a déjà 
construit de tels autoclaves qui présentaient l'inconvénient de dépenser 
trop de courant et dont les éléments de chauffage se détérioraient rapi- 
dement. Ces deux inconvénients qui sont connexes provenaient de 
l'emploi de résistances électriques trop intensives et de faible surface de 
chauffe afin de gagner sur l'encombrement. 
C'est ainsi que, pour un autoclave de 25 cen- 
timètres de diamètre, on dépensait facile- 
ment 40 ampères sous 110 volts pour la mise 
en train; naturellement, les résistances, ren- 
fermées dans des éléments présentant le 
minimum de surface possible, ne cédaient 
pas complètement leur calories à l’eau, se 
surchauffaient et pouvaient brüler si l’eau 
venait à manquer. Quant au réglage de la 
pression ou de la température, on l’obtenait 
au moyen d’un rhéostat extérieur à l’appa- 
reil dont l’échauffement restait sans profit. : 
Le dispositif que j'ai adopté dans mon appa- 
reil est juste opposé de ce qui précède. Les 
résistances employées au chauffage sont 
telles que leur température n'’atteint jamais 
le rouge, et pour compenser leur moindre 
intensivité, j'en ai beaucoup augmenté fa sur- 
face afin d'obtenir une parfaite utilisation 
de la chaleur dégagée par le courant élec- 
trique. 

Ainsi, dans mon appareil de 25 centimètres de diamètre, soit de 15 litres 
de capacité utile (fig. du texte), il y a 4 éléments de chauffage constitués 
par des serpentins spiraloïdes de 2 mètres de longueur utile, en cuivre 
rouge étamé de 8 millimètres de diamètre extérieur, renfermant un fil 
de ferro-nickel de 5/10 de millimètre enroulé en hélice au pas de 1 mil- 
limètre sur un cordon d'amiante et recouvert lui-même par un double 
fil d'amiante pour assurer l'isolement. Les serpentins (dont deux. 
seulement sont représentés dans la figure) ont une longueur totale de 
22,19, car les extrémités qui sortent du fond de l’autoclave par des tubu- 
lures à presse-étoupe absolument étanches ne sont pas en contact avec 
l’eau. Le fond de l’auloclave porte donc 8 de ces tubulures par lesquelles 


SÉANCE DU 28 JUIN 1391 


sortent les extrémités des serpentins et par suite les extrémités du fil 
résistant qui sont alors reliées à un petit tableau de distribution du 
courant. 

Évidemment, la difficulté consistait ici à obtenir une parfaite élan- 
chéité des tubulures de sortie pour les serpentins. Cette difficulté et 
d’autres encore ont été résolues avec succès par les constructeurs, 
MM. Testu, ainsi que pourront s’en rendre compte ceux qui examineront 
l'appareil que j'ai fait apporter ici. Sur le côté de l’autoclave, un petit 
tableau porte une prise de courant et 4 boutons permettant de mettre 
en circuit chacun des 4 éléments. Pour la mise en irain,on met tous les 
serpentins eu action ce qui, à raison de 3 ampères par serpentin, fait 
une dépense de 12 ampères sous 110 volts en courant continu, mono ou 
triphasé. Lorsqu'au bout de quinze à dix-huit minutes, pour l’autoclave 
de 15 litres, l'ébullition est atteinte et la purge terminée, on coupe le 
courant dans 1, 2 ou 3 serpentins selon le régime qu’on veut adopter; 
1 seul serpentin, c’est-à-dire une dépense de 3 ampères, suffit à main- 
_ tenir la température à 120 degrés. 


Pour terminer, jedois dire que le rendement calorifiqueaété de 90 p.100 
de l'énergie dépensée ; quant à la dépense, elle est réglée par le prix de 
l'énergie. Si, comme dans l'exemple ci-dessus, en hiver, avec 2 lit. 1/2 
d'eau à 7 degrés et une température extérieure de 10 degrés, on a mis 
irente minutes pour atteindre la température de 120 degrés, le compteur 
d'électricité indique une dépense de 13 heciowatts, soit 6,5 hectowatts- 
heure ce qui, à raison de 7 cent. 1/2 l'hectowatt de lumière, fait une 
dépense de 0 fr. 48; mais sur le compteur de force, la dépense n’est 
plus que de 0 fr. 24; il ya même des cas où l’hectowatt ne coûte que 
_{ centime, alors la dépense n’est guère supérieure à celle du gaz, qui est 
de 5 centimes pour le même cas. La dépense d'entretien à 120 degrés 
par exemple, pour une stérilisation, est d'environ 1/8 en plus. La dépense 
est donc supérieure à celle du gaz. Mais il ne faut pas oublier les incon- 
vénients de ce moyen de chauffage, des brûleurs dans un lieu confiné, 
de l'odeur; enfin, le gaz n'existe pas partout; au contraire, l'électricité 
est destinée à se répandre de plus en plus. 

Le prix d'un appareil électrique est à peine supérieur à celui d’un 
appareil à gaz : l’autoclave de 15 litres revient à 370 francs à la maison 
E. Testu, 8, rue Campagne-Première, à Paris (1). 


(1) Je remercie MM. d’'Arsonval et Desgrez de m'avoir aidé, par leurs con- 
seils autorisés, à mener à bien la construction et les essais de cet appareil. 


1392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


QUELQUES POINTS DE L'ACTION DU CURARE, 


par L. et M. LapicQuE. 


1° Modification de l'excitabilité musculaire et nerveuse dans les pre- 
miers stades de l’intoxication. 


Nos premières recherches ne nous avaient pas permis de suivre cette évolu- 
tion (1). À celte époque, en effet, pour caractériser l’excitabilité, nous nous 
servions des constantes de la formule de Hoorweg ou de Weiss, rectifiée au 
besoin quand son erreur devenait importante ; il nous fallait déterminer une 
série d’intensités liminaires pour une série de capacités diverses ou de durées 
diverses de courant constant; d’où, par le calcul, nous tirions les constantes 
et leur rapport; cette facon de procéder suppose une excitabilité invariable 
pendant la série de déterminations; or, l'excitabilité est en variation continue 
pendant que l’intoxication s’installe. 

Depuis 1909, nous employons un procédé qui est à la fois plus précis et 
beaucoup plus rapide (2) : deux déterminations seulement sont nécessaires, 
etelles fournissent directement la mesure des deux paramètres caractéris- 
tiques : intensité liminaire pour les temps longs ou les grandes capacités 
(rhéobase) ; durée ou capacité liminaire pour une intensité double de la rhéo- 
base (chronatie) (3); ces deux déterminations, pour être effectuées avec une 
bonne précision (dans une expérience toute montée, réglée, et où l’ordre des 
grandeurs cherchées est déjà connu) ne demandent pas plus d'une minute. La 
variation d’excitabilité pendant ce temps est en général négligeable. Nous 
avons suivi de cette façon la marche de l’intoxication sur le sciatique et le 
gastrocnémien de divers Batraciens après injection de curare sous la peau 
du dos. 


Sur le nerf, la rhéobase monte progressivement, la chronaxie ne 
change pas, quelle que soit la dose injectée. La durée de la phase où l'on 
peut faire ces mesures varie avec la dose du poison injectée : avecla dose 
limite, l'inexcitabilité indirecte n’est totale qu'au bout d’ure heure ou 
une heure et demie. Si, pendant ce temps, on interroge l’excitabilité 
dite directe, on obtient, en somme, les mêmes résultats : élévation de 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 9 juin 1906. 

(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 24 juillet 1909. 

(3) Pour obtenir la chronaxie en temps absolu à partir de la décharge de 
condensateur qui est liminaire sous le potentiel double du potentiel rhéoba- 
sique, il suffit de multiplier la constante du temps de cette décharge, (produit 
de la résistance par la capacité) par le facteur 0,37. Si on veut avoir, non pas 
la chronaxie en valeur absolue, mais seulement la mesure de ses variations, 


dans uue expérience où la résistance reste constante, on peut noter seulement 


dans chaque cas la capacité liminaire pour ce potentiel, la chronaxie restant 
toujours proportionnelle à cette capacité caractéristique. 


27 UNE VE de Eb nb NU | PCT AN MONT 1 


SÉANCE DU 28 JUIN 1393 


la rhéobase, sans changement de la chronaxie, sauf quand on approche 
de la disparition de l’excitabilité indirecte. Sur la grenouille, il est 
presque impossible de saisir un intermédiaire entre la valeur primitive 
de la chronaxie et la valeur double; ensuite, sauf pour la dose limite, 
on la voit augmenter d’une façon continue d'autant plus que la dose a 
été plus forte. 

C'est-à-dire que nous avons affaire encore à l'excitation indirecte, 
même en appliquant les électrodes au corps du muscle. Dans le courant 
-qui diffuse à travers le mélange de fibres musculaires et nerveuses, 
celles-ci sont, normalement, les premières excitées, et c’est seulement 
quand l'hétérochronisme est arrivé à rendre le passage difficile (grande 
élévation de la rhéobase du nerf), que se produit une véritable excitation 
directe des fibres musculaires dont la chronaxie peut alors être appré- 
ciée; jusque-là, sa variation progressive depuis le début de l’intoxica- 
-tion était masquée. 


20 Addition latente dans la curarisation. 
L'addition latente existe à peine sur le gastrocnémien normal de la 
grenouille, même pour des excitations extrèmement brèveset des rythmes 
rapides. Sur le muscle curarisé, le phénomène devient apparent ; il est 
d'autant plus marqué pour une même excitation que la curarisation est 


plus forte, ou, pour une curarisation donnée, que l'excitation est plus 
brève. 


EXEMPLES : £xpérience du 17 novembre 1912. — 2 milligrammes de 
curare. La capacité caractéristique passe de 0,2 à 1 microfarad. Avec 
0,05 microfarad, le voltage liminaiïre pour une excitation unique est 
40.8 ; pour 30 excitations en une seconde, 6 v.9, soit 36 p.100 en moins. 
Avec 1 microfarad, on ne peut obtenir aucun abaissement du seuil par 
la sommation. Le voltage rhéobasique est 0 v.8. 

Expériences du 15 novembre. — 8 milligrammes du curare. La capa- 
cité caractéristique passe de 0,1 à 7 microfarad. Avec 0,1 microfarad, 
seuil pour l'excitation unique, 5,8 ;pour la sommation, 4,6, soit 40 p. 100 : 
en moins ; avec 0,05 microfarad, seuil pour l'excitation unique, 11,6; 
pour la sommation, 6,2, soit 48 p.100 en moins. Le voltage rhéobasique 
est 1 volt. Ù 

Le résultat est entièrement d'accord avec la loi que nous avons posée 

- pour l'addition latente en général (1). | 

Mais ily avait un intérêt tout particulier à examiner l’addition latente 

par le nerf. En effet, l’un de nous a formulé (2) pour le réflexe, les vaso- 


(1) Académie des Sciences, 21 mars 1910. 1 


(2)L. Lapicque. Académie des Sciences, 1 juillet 1912, et Mélanges biologi- 
ques, dédiés à Ch, Richet, 1912. AN Von “AL, 


1394 SOCIÉTE DE BIOLOGIE 


moteurs, etc., une théorie des nerfs itératifs qui suppose, à la base du 
fonctionnement des appareils de ce type, un hétérochronisme entre la 
fibre afférente et l'organe de réponse. Dansla eurarisation, l'hétérochro- 
nisme parait supprimer tout fonctionnement, et non conditionner un 
fonctionnement itératif. 

En réalité, on peutobtenir entre nerf moteur et muscle un fonctionne- 
ment itératif, mais seulement pendant un stade fugace de l’intoxication. 
C'est même un fait bien connu, et d'observation banale sous la forme 
suivante : en recherchantavec un chariot de Du Bois Raymond le moment 
où la curarisation est atteinte, quand l’excitation unique du nerf, même 
au O du chariot, devient inefficace, la mise en marche du trembleur 
(excitation tétanisante) donne encore une contraction du muscle. 

Avec une dose de curare soigneusement ménagée, on peut faire un 
certain nombre des mesures sur ce phénomène; on constate alors que 
l'addition latente par le nerf n’est pas fonction de la capacité du conden- 
sateur, c’est-à-dire de la durée de l’excitation instrumentale. 


Exempies : Expérience du 30 mai 1913. — Bufo calamita (4) 0,5 milli- 
grammes de curare. Excitation du sciatique. Voltage rhéobasique 0 v.18; 
capacité caractéristique, 0,2 microfarad. Après 10 minutes : voltage rhéo- 
basique, 0,7; capacité caractéristique, 0,2 microfarad ; pour capacité 
0,03 microfarad, excitation unique, seuil à 7 v.7 ; sommation, seuil à 
4,1, soit 42 p. 100 en moins. Un instant après, pour capacité 0,2 micro- 
farad, excitation unique, seuil à 3,1; sommation, seuil à 1,8, soit 42 p. 
100 en moins. 

Ce résultat est conforme à la théorie des nerfs itératifs, où l’addition 
latente dépend de la brièveté de l’onde fonctionnelle de la fibre afférente 
et non de la brièveté de l'excitation qui a provoqué l’apparition de cette 
onde. 

Mais ce phénomène ne peut être saisi, sur la grenouille ou mieux sur 
les muscles rapides en général, que dansune marge extrèmementétroite. 
C’est que le pouvoir de sommation de tels muscles est exceptionnellement 
faible ; ainsi, dans l'expérience du 15 novembre rapportée ci-dessus, le 
gastrocnémien de grenouille curarisé présente une chronaxie voisine 
de la chronaxie normale du pied de l’escargot; avec une capacité de 


0,5 microfarad (résistance comptant pour le temps : 3.000 w), il ne mon- 


tre pas d'addition latente appréciable; pour cette même rapidité de 
décharge, sur le pied de l’escargot, toute choseégale d’ailleurs, l'addition 
latente permet de baisser le seuil de 26 p. 100. Or, la durée de l'onde 
nerveuse du sciatique est de même ordre que la durée de cette décharge. 


(1) Bufo calamita court beaucoup plus agi‘ement que B. vulgaris ; ses mus- 
cles ont la même chronaxie que ceux de la grenouille et se curarisent pour 
les mêmes doses de curare. 


l 


SÉANCE DU 28 JUIN 1395 


On comprend donc que l'addition latente ne permette pas d’une façon 
utile le fonctionnement itératif du nerf moteur après l’hétérochronisme 
curarique, puisque le phénomène est très petit précisément sur les mus- 
cles très sensibles au curare. 


ACTION DE DIVERSES ANTITHROMBINES SUR LE POUVOIR COAGULANT 
DU SÉRUM, 


par M. Doyon et F. SARVONAT. 


Quelle que soit leur origine, les diverses substances, connues sous 
le nom d’antithrombine, annihilent le pouvoir coagulant du sérum. 
L'expérience suivante le démontre. 


PAPA Ooxalaté". ne LE, 5 c.c. Incoagulable. 


5 c.c. Incoagulable. 
SÉEUMMIEATS 0 LMI RT AR UC, 1/2 1 1/2 
Sol. denucléo-protéide hépatique. 17/2 1/2 
PÉRBASMANOXAlA LE. Pen. 5 c.c. Incoagulable. 5 c.c. Incoagulable. 
DÉBUTA SE. eee ie Ge ir ei) 1/2 ae 
Blasmandepeptone #00 1/2 1/2 
D PSmaoxalalé . : .  .". , .. 5 c.c. Incoagulable. 5 c.c. Incoagulable. 
DÉRMERIEISE 1e 2e 0 de . 1/2 1 1/2 
Extrait de sangsues . . . . . . . 1/2 1/2 
HMS Maroxa la tés 4... 5 c.c. Incoagulable. 
ÉMIS LS ER NE Se 1/2 
Sol. de la nucléo-protéide active, 
extraite du plasma de peptone. 1/2 
DÉRPISSMOIOX A IATÉREN EN 20e UT 5 c:c. Prise en masse après quelques heures. 
SÉRUIMILATSNS Ne Uliun Tue 1/2 Echantillon témoin. . 


Plasma et sérum provenaient de chien; plasma oxalaté : 3 c.c. d’'oxalate à 
24 sur 400 p. 100 de sang; plasma de peptone : 0,3 de peptone Witte par kilo- 
gramme d'animal; saignée quatre minutes après l’injection dans la saphène. 
La nucléo-protéide hépatique active provenait du foie d’un chien. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine 
de Lyon.) 


1396 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


LA CHOLESTÉRINÉMIE DSS SYPHILITIQUES. 
INFLUENCE DU « 606 


Note de RouzAUD, SucQuET et CABANIS, présentée par M. Vinoenr. 


Nous avons étudié la cholestérinémie chez 22 syphilitiques en période 
d'accident, et qui n’avaient, en général, subi aucun traitement mercuriel 


dans les mêmes conditions et avec la même méthode que nous avons 


déjà utilisée dans nos recherches antérieures (1). 

Trois malades présentaient un accident primaire; chez eux, le taux 
cholestérinémique élait normal. Quinze présentaient des accidents 
secondaires et leur cholestérinémie était abaissée, légèrement dans dix 
cas, notablement dans trois cas : dans deux cas seulement, le taux était 
normal. Quatre présentaient des accidents tertiaires. La cholestérinémie 
avant le traitement par le « 606 » était légèrement supérieure dans un 
cas d’aortite, légèrement abaissée, dans deux cas de gommes. 

Ces fails ne concordent pas pleinement avec les résultats obtenus 
antérieurement par Gaucher, Paris et Desmoulières. 

Aussitôt après la première injection de « 606 », certains malades ont 
présenté une légère diminution de la cholestérinémie, très passagère 
d'ailleurs, et à laquelle succédait régulièrement une élévation progres- 
sive après les deuxième et troisième injections. 

Ainsi le taux moyen subit les variati ns suivantes : 


Taux moyen. 


Avant la 1'e injection (19 résultats) . l'gr. 26 
24 h. ou 36 h. après la 1re injection (5 résultats). Se US 
8 jours après la 2e injection (18 résultats) . L'gr. 55 
8 jours après la 3° injection (12 résultats) . 1 gr. 8ù 


À la suite de nos nombreuses recherches chez des sujets sains, de 
vingt à vingt-cinq ans, nous pensons que les variations physiologiques 
de ce taux sont très minimes et oscillent de 4 gr. 50 à 1 gr. 60 non seule- 
ment pour le même sujet, mais pour des sujets différents. Lorsque le 
taux est inférieur à 1 gr. 40 ou supérieur à 1 gr. 70, il semble done que 
nous tombions dans le domaine pathologique. 1 

Sous l'influence du 606, l'élévation du taux cholestérinémique était 
surtout marquée chez des sujets présentant des accidents secondaires 
ou tertiaires (2 grammes.dans 3 cas : ces malades présentent de l'ictère). 
Il s'agissait d'hypercholestérinémies d’origine hépatique (2). 


(1) Rouzaud et Cabanis. Influence Au sommeil et de la marche sur la choles- 
térinémie. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1* mars 1913. Influence de 
l'alimentation. 1bidem, 19 avril 1913. Variation de la cholestérinémie au cours 
de la vaccination antityphique. La Presse Médicale, 12 mars 1913. 

(2) Biscons et Piauzaud. Variations de la cholestérinémie chez les hépa- 
tiques. Revue de médecine, 9 juin 1913. 


she bete nf de te 


SÉANCE DU 28 JUIN 


AVANT 24 ou 8 jours 8 jours 


NOMS 48 heures 


A après la 


après la 
injection | injection | injection 


grammes | grammes | grammes 


1,60 » 1,70 


après la 


et âges | Première | sremière deuxième | troisième 


injection 


grammes 


OBSERVATIONS 


Chancre. 


Chancre. 


Chancre spécifique. 

Plaques muqueuses. Céphalée. 
Papules. 

Plaques muqueuses. 

Roséole. Papules. 

Roséole. Papules. (+) Subictère. 
Roséole. 


Roséole papuleuse intense. Plaques 
muqueuses amygdaliennes. Guérison. 


Roséole. Plaques muqueuses (+). Gué- 
rison (+) subictère après la 3injec- 
tion. 


Plaques muqueuses. 


Roséole. Plaques muqueuses. Guérison. 


Accidents secondaires. 
Roséole. 

Papules. 

Roséole. Plaques muqueuses. 


Accidents secondaires. 


Aortite d'origine spécifique probable(?). 


Tertiarisme. (+) Plaques du nez, subic- 
tère. ÿ 


Accident primitif il y a 4 ans. Leuco- 
plasie. 


Accident primitif ancien. Actuellement 
gomme de la-jambe. Guérison. 


Biococre. Comptes RENDUS. — 41913. T, LXXIV. 97 


1397 


| 


1398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


- ne a 


Celte élévation du taux cholestérinémique était parallèle à l’amélio- 
ralion des symptômes cliniques, observés sous l'influence du « 606 ». 


Résumé. — Le cycle cholestérinémique, dans la syphilis en période 
d'accident, parait être analogue à celui que Chauffard et ses élèves ont 
décrit dans les infections aiguës. Le taux cholestérinémique, sensible- 
ment normal à la période primaire de l'accident local, s’abaisse réguliè- 
rement à la période secondaire d'infection généràle. Le « 606 » ramène 
le taux au-dessus de la normale. 


VARIATIONS DE POIDS SUBIES PAR DES ENCÉPHALES D'OISEAUX (1) 
IMMERGÉS DANS DES SOLUTIONS SALINES, 


par HERMANN WESSBERGE. 


Les résultats sont très réguliers. Nous insistons sur ce fait, car, sur 
des muscles de grenouilles, nous avions été frappé dela discordance 
fréquente des résultats obtenus avec des gastrocnémiens appartenant à 
des animaux différents et même provenant de la même grenouille et 
immergés dans la même solution. 

L'ensemble de nos résultats sur les encéphales est représenté par la 
série des courbes de la figure ci-jointe; en ordonnée, sont portées les 
augmentations en centièmes du poids initial; en abscisse, sont portés 
les temps en heures. 

On voit que l’on peut distinguer trois cas. 

Cas I. — Dans les solulions de faible concentration, les cerveaux 
augmentent de poids dès le début de l'immersion. 

Cas Il. — Dans quelques solutions (il n’en n’a été représenté qu’une 
pour ne pas nuire à la clarté du tableau), l'augmentation de poids, 
d’ailleurs constante, ne se manifeste qu'après plusieurs heures. Pendant 
les premières heures (deux, trois heures) le poids initial reste sensible- 
ment le même. 

Cas III. — Enfin, dans les solutions très concentrées, les encéphales 
subissent constamment une diminution de poids dès le début de leur 
immersion; puis, après un temps variable, le poids augmente de 
Ppouveau. 


Cas I. — A l'extrême, eau distillée pure (hypotonie absolue), le poids 
s’accroit d'emblée, et d’une facon continue pendant environ cinq heures. 
La vitesse d’accroissement diminue à mesure que l’on approche du 
maximum. 


(4) Lowia oryrivora, passereau de la taille du moineau. 


SÉANCE DU 28 JUIN 1399 


eo 


— ——————————————————————.— ——…—…—……—_— .…._……"_… …—….…—…—"_—"—"—_——_— ————————— ———————————— — 


L'accroissement de poids atteint environ 64 p. 100 du poids initial ; 
mais dès que Le maximum est atteint, le cerveau diminue de poids. 
Gelte seconde phase (phase descendante) se fait plus lentement que la 
phase ascendante, et ne redescend jamais jusqu’au poids initial. 

Les solutions salines de plus en plus concentrées dans leur ensemble 
donnent un schéma semblable à celui que nous donnait l’eau distillée, 


c'est-à-dire à une phase ascendante suivie immédiatement d'une phase 
descendante. (Cette dernière n’a été qu'ébauchée sur le graphique pour 
ne pas le compliquer.) Les courbes se différencient les unes des autres 
par la variation de deux facteurs principaux : 

1° Par la vitesse d'accroissement : Plus la solution est concentrée, 
moins la vitesse d'accroissement est grande. : 

2° Par la valeur de l'accroissement de poids : Plus la concentration est 
forte, moins le maximum est élevé. 

Fait remarquable, les solutions à 7 p. 1000 et celles de concentrations 
voisines (10 et 12 p. 1000) produisent une augmentation de-poids consi- 


1400 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dérable. Bien plus, cette imbibition des tissus s’observe encore dans 
des solutions à 14, 29 et 58 p. 1000! II doit donc y avoir dans l’orga- 
nisme vivant un mécanisme particulier qui empêche le sérum sanguin, 
comparable au point de vue minéral à une solution de NaCI de concen- 
tration voisine de 7 p. 1000, d’agir comme les solutions salines. 

Cas IT. — Dans nos expériences, il a fallu atteindre des concentra- 
tions voisines de 70 p, 1000 pour arriver aux solutions du cas II. Ces 
solutions agissent dans les premières heures comme si elles étaient 
isotoniques avec tissus immergés, el, après les premières heurés, 
comme des solutions du cas I, c’est-à-dire comme des solutions hypoto- 
niques. Nous pourrions appeler ces solutions « solutions-limites », car 
dès que l’on dépasse les concentrations très voisines de 70 p. 1000, on 
observe immédiatement une diminution de poids dès le début de l’expé- 
rience, ce qui nous amène au cas [T. . 


Cas III. — Comme Læb l'avait déjà noté pour le muscle, la diminu- 


tion de poids du début est toujours suivie après quelques heures d’un 
phénomène inverse, c’est-à-dire d'une augmentation de poids. On voit 
par les graphiques que la descente du début est d'autant plus grande 
et le temps nécessaire pour parvenir au minimum de poids est d'autant 
plus long que la concentration est forte. 

L'excès du poids final sur le poids initial est d'autant plus faible que 
la concentration est forte. (Dans la solution d'extrême concentration la 
montée qui succède à la descente du début n'arrive pas à faire récu- 
pérer au cerveau son poids initial.) 

Les solutions de KCL se comportent d’une façon anslogue à celles de 
NaCI. 

Sur les muscles, Lœb s'était demandé si la phase ascendante suc- 
cédant à la descente initiale des solutions du cas IIT n’était pas due à ce 
que les lissus, désorganisés par les solutions salines de forte concen- 


tration, se laissaient simplement imprégner comme une masse de 


gélatine. 

Or, si on plonge un cerveau dans une solution hypertonique (1,6 N par 
exemple) et si, après avoir attendu que la phase ascendante se soit 
nettement établie, on plonge ce même cerveau dans une solution plus 
concentrée (à 2,1 N par exemple), on voit qu'il se produit une nouvelle 
diminution de poids suivie elle-même d'une nouvelle augmentation. Tout 
se passe donc dans la seconde partie de l'expérience comme si on 
opérait sur un cerveau neuf. L’explication de ces faits doit donc être 
cherchée ailleurs que dans la désorganisation de la membrane cellulaire. 


(Travail du laboratoire de Physiologie générale du Muséum.) 


a ——— ——_— ——_——]_—_—_—_—_—_—]—— —"—— 


REA OR TE RE Re RE PO EE 


SÉANCE * 28 JUIN 1401 


ANALGÉSIE GÉNÉRALE PAR RACHICOCAÏNISATION LOMBO-SACRÉE, 


par G. LE FiLLIATRE. 


Après plus de 2.000 rachicocaïnisations (1), sans aucun accident, et 
dix ans de pratique de rachianesthésie lombaire, je suis arrivé à obtenir, 
depuis deux ans, d’une façon constante, non seulement l’analgésie du 
tronc et des membres supérieurs, mais encore de la tête et du cou, en 
pratiquant loujours l'injection et la ponction au niveau de la première 
vertèbre sacrée. 

Pour procéder à l’analgésie de l'individu, je ponctionne le lac lombo- 
sacré, au niveau de la première vertèbre sacrée, au-dessous de la 
cinquième lombaire; je laisse couler 10 c.c. de liquide céphalo-rachi- 
dien pour l’analgésie de la-partie sous-ombilicale de l'individu, 45 c.c. 
pour la région sus-ombilicale non compris le cou et la tête et 20 c.c. 
pour le cou et la têle. Si le sujet présente une forte lension de son 
liquide, j'augmente ces chiffres de 5 c.c. J'injecte ensuite de 2 c.c. 1/2 
à 3 c.c. de ma solution de cocaïne préparée extemporanément et pra- 
tique une injection hypodermique dans la cuisse de 2 milligrammes de 
sulfate neutre de strychnine et de 5 centigrammes de spartéine. Le 
malade est allongé la tête légèrement relevée par un coussin, et pen- 
dant cinq à six minutes je lui ordonne de tousser. Au bout de dix à 
quinze minutes, on obtient une anesthésie totale et intensive de la tête 

et du cou. 

Un peu de pâäleur de la face, une diminution parfois assez marquée 

de l'intensité des battements de l'artèro radiale sans que le rythme soit 
influencé, parfois mais rarement quelques nausées : tels sont les symp- 
tômes que l’on peut rencontrer pendant la première demi-heure qui 
suit l'injection, symptômes passagers auxquels une expérience de 
douze ans ne me fait plus atlacher aucune importance. L'analgésié con- 
serve avec une respiration normale sa motilité, ses réflexes, toute son 
intelligence et différencie le chaud du froid sans accuser la moindre 
sensation de brülure. La durée de l’analgésie varie suivant la dose de 
“cocaïne injectée : pour la tête et le cou, d’une demi-heure à une heure; 
pour le thorax et les membres supérieurs, de une heure à une heure 
et demie; pour la région sous-ombilicale, de une heure et demie à 
trois heures. Le malade peut ensuite maager et boire. Vingt-quatre 
heures après, la ponction lombaire nous permet de constater que le 
liquide céphalo-rachidien est parfaitement normal. 


(1) Pour plus amples renseignements, se reporter à la dernière thèse, faite 
dans mon service, sur ce sujet : Bettinger, De la Rachicocaïnisation de la 
moitié supérieure du corps, suivant le procédé du D' Le Filliatre. Paris, Vigot, 
19142. 


1402 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Avec ce procédé, nous n'avons plus à craindre d’intoxiquer le globule 
sanguin, ni de troubler en un mot, comme avec le chloroforme, la 
secrétion rénale et le fonctionnement normal du foie, ce qui, pour le 
chirurgien, présente un intérêt de la plus haute importance et, en parti- 
culier, chez les cardiaques, les cachectiques, les albuminuriques et les 
vieillards. C’est ainsi que depuis deux ans, j'ai pu pratiquer 27 analgésies 
de la tête et du cou sans avoir subi jamais le moindre échec. Pour 
permettre au lecteur de se faire une idée aussi exacte que possible de 
ce mode d’analgésie, je rapporterai ici, comme exemple, la dernière 
opération que je fis il y a quelques jours à l’Infirmerie centrale des 
Prisons pour l’énucléation d’un œil, assisté des internes, MM. Bertrand 
et Decroq. 


Le nommé M... V..., âgé de dix-neufans, m'est adressé par M. Dehenne 
, àg P 


pour brûlure chimique et destruction de la cornée avec symblépharon 
complet. Le malade à jeun, après ponction et évacuation de 20 c.c. de 
liquide céphalo-rachidien, j'injecte 3 c.c. de ma solution fraîche de 
cocaïne; injection hypodermique de 1 milligr. 1/2 de sirychnine et de 
5 centigrammes de spartéine. Je fais tousser le malade à plusieurs 
reprises afin de faciliter la diffusion de notre solution dans le liquide 
céphalo-rachidien. Le malade est étendu horizontalement, la tête relevée 
par un coussin. Au bout de dix minutes, l’analgésie est générale des 
pieds au cuir chevelu. Le malade, un peu pâle, se trouve bien, la respi- 
ration régulière à 18 par minute, l'artère radiale bal un peu moinsfort, 
mais avec le rythme de 78 à la minute comme avant, le malade répond 
à toutes les questions qu'on lui pose et exécute pendant l'opération 
avec les membres et l’œil sain les mouvements demandés : c’est ainsi 
qu'au cours de l’énucléation le malade déplaçait le globe oculaire à 
ma convenance suivant que je lui demandais de regarder à gauche, à 
droite, en haut ou en bas. Pendant l'intervention, le malade se trouve 
bien et n'accuse ni douleur, ni gêne quelconque. Les traclions sur le 
globe oculaire, les sections des muscles de l'œil, la libération de la 


sclérotique, de la capsule de Tenon, la section du nerf optique sont. 


autant de temps opératoires qui laissent le malade indifférent. Durée 
de l’anesthésie pour la tête : une heure passée. Le soir, tout est normal 
et le malade se lève le lendemain malin : il ne présente plus qu’une 
plaie banale. 

Avec cette méthode, nous pratiquons aujourd'hui toutes les opérations 
chirurgicales quelle que soit la région à laquelle elles s'appliquent et 
quel que soit l’état général du sujet. Nous sommes loin de partager 
l’avis de M. Chaput quand il déclare que la rachianesthésie lombaire 
n’est une anesthésie idéale que pour les membres inférieurs et la région 
ano-génitale:; il est vrai que M. Chaput emploie la novocaine, qui ne 
permet pas une diffusion dans le liquide céphalo-rachidien au delà des: 
dernières dorsales. 


SÉANCE DU 28 JUIN 1403 


INFLUENCE DE LA CASTRATION SUR L'ÉVOLUTION 
ET LES TRANSFORMATIONS CELLULAIRES, 


par Én. Rerrerer et AUG. LELIÈVRE. 


En 1887, l’un de nous a observé (1) sur les chats chätrés des forma- 
tions épithéliales sous la forme de bourgeons glandulaïres à la place des 
épines cornées qui garnissent le gland des chats entiers. 

Plus récemment (2), nous avons repris cette quéstion, sans saisir les 
relations qu'ont les épines cornées avec les formations épithéliaies intra- 


dermiques. 

Étendant ces recherches, nous croyons être arrivés à des résultats qui 
jettent quelque lumière sur l’évolution et les transformations cellulaires 
que subissent les tissus du gland sous l'influence de la castration. 


A. Chat entier. — La base du gland est armée de six à huit séries annu- 
laires d’épines ou crochets cornés dont la tige recourbée en arrière se termine 
par une pointe acérée. Celle-ci fait une saillie libre (3) haute de O"®1 et 
émerge d'une fossette large de 0222 et profonde de 02205 à Omn07, C’est au 
fond de la fossette que s'implante la papille qui supporte l’épine cornée. Kile 
est entourée d’un fossé de circonvallation, limitée par les contours mêmes 
de la: fossette. La papille que coiffe le cône épithélial est large de Ov et 
haute de Onm2 à Onm95, dont la base est large de 02"2, tandis que la pointe, 
n'a que 0""02, La couche cornée, composée decellules nucléées comme l’ongle, 
est épaisse de 023. Le revêtement épithélial du gland, ainsi que celui de la 
fossette qui contient l’épine cornée, sont pavimenteux, stratifiés et épais 
de Orm| àa-0mm12. 

La plupart des épines cornées sont solitaires; cependant il n’est pas rare 
d'en trouver deux dans une fossette qui atteint alors une largeur de 03, 

B. Chat châtré. — Le gland des chats châtrés reste plus petit, bien qu'il 
continue à présenter du tissu érectile et un os pénien, de dimensions, il est 
vrai, plus réduites. L’épithélium de revêtement du gland n’a plus qu’une 
épaisseur de 0"*07, et nulle part on n'observe d’épine cornée. Cependant, en 
étudiant les coupes sériées, surtout longitudinales, on remarque sur la base 
du gland : 1° des dépressions ou fossettes d’une étendue et d’une profondeur 
de Qu" à O2; des bourgeons épithéliaux pleins affectant la forme de 
sourdes longues de 022. Les parois de la fossette possèdent la même structure 
que le revêtement du gland; son fond ou celui des bourgeons épithéliaux 
montrent également un nodule mésodermique, mais très réduit et simulant 
une papille atrophiée. 

En résumé, les végétations épithéliales se réncontrent sur le gland du chat 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 2 avril 1887, p. 207. 

(2) Tbid., 20 juillet 1912, p. 184. 

(3) IL est probable que, lors de l'érection, la fossette se déplisse, de sorte 
que toute l’épine cornée fait saillie à la surface du tégument pénien. 


4404 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


châtré et entier. Sur le premier, elles ont la forme et la structure de dépres- 
sions et de bourgeons formés d’un épithélium indifférent ou banal et ne 
donnent pas naissance à des produits cornés; ce sont des cryptes. Sur le 
second (chat entier), au contraire, le revêtement épithélial des papilles subit 


la kératinisation et édifie une formation dure et saillante. Ces phanères, dont, 


le nombre s'élève à plus de cent, constituent une puissante armature géni- 
tale. Vu leur richesse nerveuse, ces papilles cornées semblent jouer le rôle 
d'organes d’excitation à la fois passifs et actifs. 


Résulta!s el critique. — La spermatogenèse imprime au type mâle des 
caractères particuliers : la barbe pousse, la crinière s’allonge chez l'éta- 
lon, l’encolure devient puissante, le larynx prend un grand développe- 
ment, les épiphyses se soudent, etc. Si les testicules ont été enlevés dans 
le jeune âge, la période de croissance se prolonge, les os des membres 
tardent à perdre leurs cartilages de conjugaison et ils subissent un allon- 
gement très prononcé. 

Les phénomènes sont tout autres en ce qui concerne l’appareil génital 
privé des testicules : Le pénis, l’os pénien, les glandes annexes du tractus 
génital semblent, chez le chat châtré, demeurer dans un état embryon- 
naire. 

Le revêtement ch du gland, en particulier, est le siège d’une 
évolution toute différente chez le chat châtré et le chat entier : Chez ce 
dernier, les cellules épithéliales qui revêtent les papilles balaniques 
donnent naissance à un étui corné de même consistance et de même 
structure que l’ongle ou la griffe. Chez le premier (chat châtré), l’épithé- 
lium balanique végète et produit des dépressions ou des bourgeons 


épithéliaux, mais ces végétations demeurent à l'état de rudiments, 


leurs cellules épithéliales restent indifférentes ou banales, sans se 
kératiniser, et le derme n’édifie que des ébauches de papilles. Alors que 
les classiques font des réserves sur la métaplasie des cellules épithé- 
liales et invoquent, pour expliquer les faits, l'hypothèse des germes 
aberrants, nous voyons, sous l'influence testiculaire, une seule et même 
espèce cellulaire se transformer en un tissu offrant des formes et des 
réactions microchimiques tout autres. 

Le testicule imprime aux organes génitaux des modificalions évolu- 
tives à une époque bien antérieure à la formation des spermatozoïdes. 
A l’origine, l'extrémité distale du pénis forme une masse indivise; elle 
se différencie en gland et en prépuce grâce à une inyagination épithé- 
liale qui sépare ou décolle la portion axiale d'avecle revêtement cutané (1). 
-Jusqu’après la naissance, il persiste, chez la plupart des mammifères, une 
lame conjonctivo-vasculaire qui relie la face postérieure ou dorsale 
du gland au prépuce. C'est le frein préputial qui, chez l'homme par 


(4) Voir Éd. Retterer : Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 11 et 18 octobre, 
8 novembre 1890, et Journal de l’Anat., 1892, p. 225. 


PR PENSE 


SÉANCE DU 28 JUIN 1405 


exemple, ne disparait point. Chez le cheval, le taureau, le pore, le chien 
et le lapin, le frein du prépuce existe jusqu'après la naissance et c’est 
alors seulement que l'invagination glando-préputiale l’entame et le 
tranche progressivement. Si les veaux ou les pores sont châtrés avant 
la disparition physiologique du frein, celui-ci persistera toute la vie. 
Oehmke (1897) à observé le fait sur les porcs mäles qui ont été châtrés 
de bonne heure, de sorte que le gland continue, chez ces animaux, à être 
soudé, sur presque toute sa longueur, au fourreau de la verge ou 
prépuce. 

La canié où sac préputial se forme après la naissance par désagré- 
gation et fonte des cellules centrales de l'invaginalion glando-préputiale 
qui, à l'origine, constitue une lamelle épithéliale, unique et pleine. Si 
les animaux sont châtrés jeunes, celte lamelle glando-préputiale persiste 
et soude le gland au prépuce. Sur quatre-vingt-dix bœufs qu'a exa- 
minés Mäder (1907) à cet égard, soixante-quatorze d’entre eux présen- 
taient encore un gland soudé au fourreau de la verge. Comme sur les 
pores châtrés, il y avait, sur quelques bœufs, une lame médiane, fibreuse 
et vasculaire, épaisse de 025, qui reliait le gland au prépuce; elle 
représentait le frein préputial qui avait persisté. Pour séparer ces deux 
organes, il fallait sectionner le frein. 


Conclusion. — Si la castration est pratiquée sur des sujets jeunes, 
ceux-ci deviennent plus hauts sur jambe, mais le restant de leur appareil 
génital subit un arrêt de développement et les éléments persistent sous 
une forme rudimentaire ou évoluent dans un sens diflérent de celui 
qu’on observe chez l'animal entier. Les invaginations épithétiales du 
revêtement balanique demeurent, chez le chat chätré, à l'état d’ébauches 
ou de cryptes. Sur le chat entier, ces invaginations donnent naissance à 
de grosses papilles saillantes qui édifient un étui corné et prennent la 
forme de phanères. 


ACTION INHIBITRICE DE LA BILE SUR L' ACTIVATION DU SUC PANCRÉATIQUE 
PAR LES SELS DE CALCIUM, 


par ALBERT FROUIN. 


Le suc pancréatique de fistules temporaires recueilli, avec les pré- 
cautions d’asepsie, après injection de sécrétine, est inactif vis-à-vis de 
l’albumine coagulée. Ce suc peut digérer cette même albumine après 
ladjonction de suc intestinal ou d’un sel soluble de calcium. Ce der- 
nier fait, mis en évidence par Delezenne {1), est intéressant au point de 


(1) CG. Delezenne. Activation du suc pancréatique par les sels de calcium. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LVII, p. 476, p. 478, p. 523, 1905. 


1406 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


vue théorique et expérimental, mais il semble avoir recu de la part de 
quelques auteurs une interprétation qui lui donne, en outre, un intérêt 
pratique. 

En assimilant le suc pancréatique de fistules temporaires aw suc 
normal de fistules permanentes, et l’action activante des sels de chaux à 
l’action kinasique du suc intestinal, certains auteurs ont admis en effet, 
que, dans les conditions normales, les sels de calcium peuvent rem- 
placer le suc intestinal dans l'activation du suc paneréatique et assurer 
la digestion trypsique des albuminoïdes. 

C’est là une conclusion logique, il est vrai, mais c’est aussi une géné- 
ralisation qui nécessite un contrôle expérimental. 

En admettant que le suc pancréatique ne rencontre pas de sécrétion 
entérique dans l'intestin, il se trouve au moins mélangé avec les 
sécrétions gastrique et biliaire qui s'y déversent. 

Il y a donc lieu d'étudier l’action de la bile et du suc gas ne sur le 
suc pancréatique en présence des sels de calcium. 

J'étudie seulement dans cette note l’action de la bile sur le pouvoir 
protéolytique du sue pancréatique additionné de sels de chaux. 

Mes expériences ont été faites sur le suc obtenu après injection de. 
sécrétine ou sur le même suc dialysé vis-à-vis du NaC! à 9 p. 1000. Dans 
l’un ou l’autre cas, on opère de la facon suivante : le suc pancréatique, 
2 c.c., est placé dans un tube à essai. On ajoute soit 0 c.c-8, 0 c.c.6, 
0 c.c. 4 d'une solulion normale de CaCl. On ajoute dans chaque tube 
0 c.c. 1 à O0 c.c. 5 de bile, c’est-à-dire des quantités comprises entre 
1/20 et 1/4 du volume du suc pancréalique employé. On place dans cha- 
que tube un cube d'albumine. On ajoute du toluène et on porte au 
thermostat à 40 degrés. 
Le tableau suivant renferme un protocole d'expérience de cette na- 


ture. 
RÉSULTA®S DE LA DIGESTION 


NANTURE DES MÉLANGES sorts 
24 h. 48 h. T2) 
Suc panc., 2 cc. Cac, 0 cc. 8 totale. » » 
Suc panc., 2 c.c. + CaCl, 0 c.c. 6. totale. » » 
SuUC panc., 2 c.c. + CaCl?, 0 c.c. 4. : totale. » » 
Suc panc., 2 c.c. + CaClE, 0 c:c.8 si ile, 0 GC: 5 0 0 0 
Suc panc., 2 c.c. + CaCl, 0 c.c. 8 + Bile, 0 c.c. 1. 0 0 0 
Suc panc., 2 c.c. + CaCl?, 0 c.c. 6 + Bile, 0 ç.c. 5. () 0 0 
Suc panc., 2 cc. + CaCl?, 0 c.c. 6 + Biïle, 0 c.c. 1. 0 ( 0 
Suc panc., 2 c.c. + CaCl, 0 c.c. 4 + Bile, 0 c.c. 5. 0 0. 0 
Suc panc., 2 c.c. + CaCEË, 0 c.c. 4 Æ Bile, O'c.c. 1. 0 0 0 


D’autres expériences faites avec du suc pancréatique dialysé ont 
fourni des résultats identiques. On voit, d’après ces expériences, que 
la présence d'une petite quantité de bile s'oppose à l’activation du suc 
pancréatique par les sels de chaux. On doit done admettre que, dans 


SÉANCE DU 28 JUIN 1407 


les conditions habituelles de la digestion, les sels de chaux ne peu- 
vent remplacer le sue intestinal que s’il y a déficience ou diminution 
considérable de sa sécrétion biliaire. 


UN ALBUMINOÏDE DES SPERMATOZOÏDES DE L'Ascaris megalocephala, 


par E. FAURÉ-FREMIEY. 


On sait que les spermatozoïdes de l’Ascaris megalocephala renferment 
un corps réfringent conique qui résulte du fusionnement de granules 
particuliers, les « grains brillants » de Van Beneden, inclus dans le 
cytoplasma des spermatocytes. J'ai montré précédemment (1) comment 
se forment ces granules, tout à fait indépendants, d’ailleurs, des autres 
éléments intracytoplasmiques : mitochondries et globules graisseux; et 
comment on peut extraire leur substance et l’étudier in vitro. 

Propriétés des grains brillants in situ. — Ces grains se présentent, in 
vivo, sous l'aspect de. globules très réfringents, sans action sur la 
lumière polarisée. Ils:sont insolubles dans tous les solvants des graisses, 
et solubles dans l’eau vers 70 degrés centigrades. Ils ne se colorent ni 
par le Soudan III, ni par le Scarlach; ils se colorent électivement par le 
violet dahlia, le rouge neutre, les bleu de méthylène, de Nil et azur, 
qui leur communiquent une teinte verte métachromatique. Après 
fixation, ils prennent tous les colorants avec intensité. Ils semblent 
fixer l'iode qui les colore en jaune, et prennent le Gram avec une 
intensité remarquable. Ce caractère est très important pour leur mise 
en évidence. 

Extraction. — Les testicules d’'Ascaris frais sont jetés dans l'alcool à 


_ 70-80 degrés dans lequel on les laisse macérer vingt-quatre heures. Les 


graisses et les lipoides histologiquement décelables sont dissous (2) et le 
cytoplasma est précipité. Les. testicules sont ensuite lavés à l’alcoo!, 
essorés, et traités par l’eau distillée à 80 degrés centigrades. Le 
liquide est filtré à chaud, et par refroidissement laisse déposer un 
abondant précipité de globules présentant /outes les propriétés des 
«grains brillants ». Geux-ei sont réunis par centrifugation, redissous et 
reprécipités un certainnombre de fois jusqu à ce que leur solution chaude 
soit parfaitement limpide et incolore. Le précipité de grains brillants 
est alors recueilli, lavé à l'alcool, épuisé par l’éther, et desséché. I se 
présente sous l'aspect d’une substance blanche, dure, cassante, friable. 


(1) In Comptes rendus de l Assoc. des Anafomistes, 1911. 
(2) J'ai montré que le phosphatide des mitochondries des cellules sexuelles 
de l’Ascaris est insoluble dans l'alcool absolu 


1408 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Composition. — La substance des grains brillants, que je nommerai 
provisoirement « Ascaridine », est une substance azotée. M. Leroux a 
bien voulu déterminer la quantité d'azote et a trouvé : N — 17,5 p. 100. 

L’Ascaridine ne contient ni phosphore, ni soufre. Elle ne dorne, par 
hydrolyse, aucun produit réducteur. 

Caractères généraux. — L'Ascaridine donne la réaction du biuret et la 
réaction de Millon. 

Elle est précipitée par : le réactif de Millon, les acides phosphomo- 
lybdique et phosphotungstique en présence de SO'H, le bichlorure de 
mercure (légèrement) et le chlorure d'or, les sulfates d’ ammoniaque et 
de magnésie à saturation. 

Elle n’est pas précipitée par les acides (sulfurique, nitrique, chlorhy- 
drique, picrique, acétique, trichloracétique), la liqueur de Brücke, le 
nitrate d'argent, le bichlorure de mercure acétique, les réactifs iodo- 
iodurés. l 

Elle est soluble à froid en milieu alcalin (potasse, soude, ammoniaque), 
insoluble à froid et soluble à chaud en milieu acide. Elle est incoagu- 
lable par la chaleur. 

L'ensemble de ces caractères permet de considérer l’Ascaridine 
comme une substance albuminoïde sans que l'on puisse préciser le 
groupe auquel elle appartient. 

Il est possible que la solubilité apparente de l’ascaridine dans l’eau 
chaude soit liée à un état physique de cette substance. Si l’on centrifuge 
fortement le précipité à froid d’ascaridine dans l’eau distillée, les glo- 
bules confluent et forment une masse translucide, jaunâtre, de consis- 
tance cornée, qui ne se dissout plus dans l’eau chaude où elle prend un 
aspect visqueux. Mais si l’on dissout cette substance en présence de 
soude ou de potasse, et si l’on neutralise à froid sa solution, les globules 
se reforment et leur propriété de se dissoudre au-dessus de 70 degrés 
centigrades est régénérée. 

Ilsemble, d'autre part, qu'une Horse on progressive et de nature 
indéterminée se produise dans les suspensions d'ascaridine. Si l'on 
abandonne une solution d’ascaridine parfaitement limpide et stérilisée 
par l’ébullition ou bien à l’autoclave et si on la chauffe de temps à autre 
pour dissoudre le précipité, on constate qu'il s’est formé, après quelques 
jours, un certain nombre de flocons insolubles. Au bout de quelques 
mois, la quantité d'ascaridine soluble est extrèmement faible, et ne 
donne plus la réaction du biuret, tandis qu’elle donne bien nettement 
celle de Millon et reste précipitable par le réactif phosphotungstique et 
le sulfate d’ammoniaque. Les flocons insolubles, très abondants, 
donnent toujours les deux réactions. Si l’on dissout les flocons en 
milieu alcalin, et si on neutralise leur solution à froid, les globules 
reparaissent, comme dans le cas cité plus haut, et toutes leurs propriétés 
initiales sont régénérées. 


SÉANCE DU 28 JUIN 1409 


Rôle de l'ascaridine dans la fécondation. — Après la pénétration du 
spermatozoïde dans l'œuf d'Ascaris, on voit le corps réfringent se 
dissoudre peu à peu dans le cytoplasma ovulaire, peut-être sous l'in- 
fluence de l’alcalinité de celui-ci; or, pendant ce temps, l'œuf subit 
d'importantes variations de tension superficielle : toutes ses inclusions 
passent à la périphérie et la goutte protoplasmique constituant l'œuf 
proprement dit se rétracte. Il est vraisemblable d'admettre que ce 
phénomène est dû à la dissolution du corps réfringent, car, si l’on 
observe, avec le compte-gouttes de Duclaux, l'écoulement d’une solu- 


à L : a 0,5 
tion alcaline d'ascaridine à TS » on voit que celle-ci donne 118 gouttes, 


alors que la liqueur alcaline témoin en donne seulement 101. 
Le sort ultérieur de l’ascaridine dissoute dans le cytoplasma ovulaire 
est inconnu. 


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RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


SÉANCE DU 29 MAI 1913 


SOMMAIRE 
Ciocarreu : L'épandage agricole le cobaye, de la toxicité du sérum 
ÉLMESSMEROMES". 0 Mile IN A4 1 deMdapin IMMAMISE . à. N . . à ON 1416 
JACOBSON (GRÉGOIRE) et STANCESOU Manrinesco (G.) et Papazozu (Mme 
(CorNezIu) : Sensibilisation et im- ALEx.) : Sur la spécificité des fer- 
munisation à la tuberculine par cu- ments présents dans le sang des 
HHÉACLIONSMTÉPELÉe SL ER OM DAT SOMIER SEE EEE EE 1419 
Jonesco-Minaresrr(C.) : Sur la toxi- Niresco (J.-J.) : Sur la constante 
cité du sérum de lapin immunisé et urémique d'Ambard dans les affec- 
ses relations avec les phénomènes tions du cœur et dans les scléroses 
danaphylame. rie ... . n. . 1414 | cardio-vasculaire, pulmonaire et 
Joxesco-Mraaïestr (C.) : Etude, sur CHR NOMENAIE 6506006 0 00 6 do to 1491 


Présidence de M. G. Marinesco, président. 


L'ÉPANDAGE AGRICOLE ET LES MICROBES, 


par CIOCALTEU. 


Nous avons cherché à contribuer expérimentalement à la solution 
d’un important problème agricolo-hygiénique, à savoir : si les microbes 
arrivés sur un champ d'épandage pénètrent dans les plantes qu'on y 
cultive. 

Nous avons employé la technique suivante : 


On fait une culture de plantes potagères en pots de terre dans la chambre 
du laboratoire. Après maints essais, nous avons pris pour nos expériences le 
haricot qui convient mieux à cause, entre autres, de la conformation et de Ia 
succulence de ses tiges. 

Le terrain de culture a été régulièrement arrosé avec une eau dans laquelle 
on avait délayé des cultures pures de microbes en bouillon. Cet arrosement 
a été faitdès le début de l'ensemencement de la graine, de sorte que l’éclosion 
même du germe s'est opérée en milieu largement infecté. 


1412 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Les microbes employés ont été le bacille de la fièvre typhoïde et celui de 
la dysenterie, comme germes pathogènes, et le bacille pyocyanique. 

La recherche des microbes dans l'intimité de la plante a été faite par tous 
les moyens usités de culture et d'identification. La plante était examinée à 
différents moments de son évolution. C’est ainsi que notre examen a porté sur 
des plantes de 5 à 20 centimèlres de hauteur. 

Nous procédions à cet examen de la manière suivante: 

La tige de la plante est sectionnée transversalement, à différentes hauteurs, 
_ à l’aide d’une lame chauffée au rouge. Tout son pourtour latéral est stérilisé 
de la même manière sur une étendue de quelques centimètres, en partant 
de cette surface de section. 

A travers la surface de section carbonisée on introduit la pointe effilée d'une 
fine pipette en verre, stérilisée aussi. Nous avons toujours eu soin de rester avec 
la pointe de la pipette dans la substance de la plante, bien en decà de la partie 
carbonisée. Par des pressions douces opérées en dessous de cette partie carbo- 
nisée de la plante, et par des aspirations soutenues sur le bout libre de la 
pipette, on arrive toujours à aspirer quelques gouttes de suc, que nous croyons, 
grâce à ces précautions, provenir, sans aucune souillure extérieure, de l’inti- 
mité de la plante. 

Le contenu de la pipette est ensuite introduit dans un ou plusieurs tubes de 
bouillon nutritif, maintenus plusieurs jours à 37 degrés. Au plus léger trouble 
du bouillon, on commence les opérations d'isolement et d'identification d s 
microbes. 


En procédant ainsi, les résultats paraissent au début contradictoires. 
Mais la contradiction n’a été qu’apparente. Ainsi, dans un certain nombre . 
d'essais, il nous a été impossible de déceler aucun germe dans nos 
ensemencements. Ce résultat négatif serait d’ailleurs une preuve de la 
correction de notre technique, d’une part ; et, d'autre part, il nous 
autoriserait à conclure que les germes contenus dans l’eau d'irrigation ne 
pénètrent pas dans la plante par ses radicules. 

Mais — et c'est la contradiction apparente dont nous parlions — dans 
un nombre sensiblement égal d'essais nos ensemencements ont été 
fertiles. Nous n’avons pris en considération que les cas dans lesquels on 
parvenait à isoler et identifier le germe qui avait été employé en irri- 
gation. De la sorte toutes les chances possibles d'erreur étaient évitées. 

Nous avons cru au commencement que les germes isolés provenaient 
quand même de l'extérieur. Mais une constatation ultérieure est venue 
détruire notre incertitude. 

Dans une seconde série de recherches, la presque totalité des cas de 
cette seconde catégorie, par un examen attentif et souvent laborieux, 
nous a fait découvrir que la partie souterraine de la plante portait, sur 
un point de son étendue, une perle de substance semblable à une gercure 
microscopique, déterminée probablement par un petit corps dur, 
minéral ou autre, que la plante avait rencontré dans son chemin vers 
l'extérieur. 


SÉANCE DU 29 MAI 1413 


Nous avons constaté, sans exception, l'infection des plantes auxquelles 

on avait pratiqué artificiellement et avec intention une perte de subs- 

- tance dans leur partie souterraine. Cela nous confirme dans notre ma- 
nière de voir, à savoir : que celle-ci est la porte d’entrée des germes au 
sein de la plante. De sorte que notre première conclusion doit être com- 
plétée de la sorte : les microbes arrivés dans le terrain de cullure ne pénê: 
trent dans les plantes qu'on y cultive qu'à la faveur des pertes de subs- 
tance des parties de la plante en contact avec le terrain. Mais ces portes 
d'entrée sont malheureusement très nombreuses. 

Dans une prochaine note nous nous proposons d'étudier ce que de- 
viennent les microbes pathogènes ainsi arrivés dans le corps des 
plantes. 

Nos recherches, en désaccordavec celles de P.Remlingeret O.Nouri{1), 


confirment au contraire celle-de Ellrodt (2) et de Manara (cité d’après 
Remlinger). 


(Travail du laboratoire d'hygiène de la Faculté de Médecine de Bucarest.) 


SENSIBILISATION ET IMMUNISATION A LA TUBERCULINE 
PAR CUTIRÉACTIONS RÉPÉTÉES, 


par GRÉGOIRE JACOBSON et CORNELIU STANCESCU. 


Nous avons pratiqué chez un grand nombre d'enfants fréquentant la 
consultation de l'hôpital Brancovan des cutiréactions en série. Voici le 
résultat de nos observations : 

1° Sur 94 enfants soumis à des cutiréactions répétées de huit en huit 
jours, nous avons observé d’une facon à peu près constante les phéno- 
mènes de sensibilisation déjà signalés par divers auteurs et bien décrits 
par Ellermann et Erlandsen. 

En général, les cutiréactions augmentaient d'intensité jusque vers la 4. 
Tandis que les premières étaient souvent très légères, représentées 
seulement par un cercle érythémateux et parfois négatives, les réactions 
suivantes se caractérisaient par une papulation de plus en plus intense. 
La réaction la plus forte (généralement la 4°) se traduisait souvent par 
une énorme tuméfaction, d'aspect parfois phlegmoneux et surmontée de 
vésicules ; 

20 Les réactions suivantes étaientitoujours de moins en moins intenses. — 
Ce dernier fait, qui, croyons-nous, n'a pas été encore signalé, indique 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, n° 3, 1910. 
(2) Centralblatt f. Bakter., 2 Abth., n° 17, 1902. 


BioLoaie. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXIV. 98 


FAX RÉUNION BIOLOGIQUE ‘DE BUCAREST 


indubitablement qu'il :s'est produit à un moment donné un certain 
degré d’immunité. Cette:immunité n’estpas seulement locale, comme 
nous avons pu nous 'en assurer en pratiquant nos réactions sur des 
pointsitrès éloignésiles uns:des autres ; 

3° Nous n'avons pas pu jusqu'ici, même au bout de 15 cutiréactions, 
arriver à faire disparaître complètement la réaction. Mais plusieurstde 
nos malades qui avaient des ‘réactions ‘violentes ne réagissent 
aujourd'hui que d’une facon à peine appréciable ; 

4° De même que Ellermann et :Erlandsen;mous in’avons jamais“pu 
sensibiliser des enfants non ‘tubereuleux. Dans 12 cas (dont 7 mour- 
rissons) où la réaction a été absolument négative à la 3° tentative,lles 
enfants n'ont pas réagi davantage aux cutiréactions ultérieures; 

5 Nous avons employé une technique quelque: peu différente ‘de la 
technique habituelle. Comme nous:cherchionsà obtenir des phénomènes 
de sensibilisation ou d’immunisation, nous avons tâché de fairepénétrer 
dans l’organisme une quantité de tuberculine plus forte qu’on ne le fait 
généralement. Pour cela,nos'cutiréactions étaient praliquéesiavec de la 
tuberculine glycérinée brute (provenant de l'Ecole vétérinaire de 
Bucarest) après grattage de l’épiderme sur une surface d'environ 1/4de 
centimètre carré (à chaque réaction 3 grattages dont 2 recouverts de 
tuberculine et 1 servant de témoin); 

6° Nous nous réservons de revenir plus tard sur les effets thérapeu- 
tiques de cette méthode qui a déjà donné de très beaux succès à Wolff- 
lisner, Klotz et Sahli. Les résultats obtenus par nous ont été rémar- 
quables : chez tous les enfants ainsi traités, on remarquait une 
augmentation de poids, un retour de l'appétit et ‘une améhorätion 
incontestable de l’état général et parfois de l’état local. 


(Service du D' Jacobson à la Policlinique de l'hôpital Brancovan.) 


SUR LA TOXICITÉ DU SÉRUM PE LAPIN IMMUNISÉ 
ET SES RELATIONS AVEC LES PHÉNOMÈNES D ANAPHYLAXIE, 


par C. JonEsco-MIHAIESTI. 


Friedbergeret ses élèves, ainsique plusieurs autres expérimentateurs, 
avaient observé que le sérum des lapins préparés avec un -antigène 
donné.est souvent:très toxique pour le cobaye neuf (inoculation dans la 
veine, le péritoine. ou même sous la peau).Cette toxicité, d'après des 
recherches de Dœærr, se manifeste très régulièrement si on emploie le. 


sérum d’un lapin préparé avec du sang de mouton (sérum:ou hématies 


lavées). 


SÉANCE DU 29 MAI . AS 


——— —_ —— 


Depuis ces premières recherches, les travaux se sont multipliés sur 
cette question, et quoique la plupart des auteursrangent les phénomènes 
observés dans la catégorie des manifestations d’anaphylaxie, on est 
encore loin d'avoir démontré, sinon l'identité, du moins une parenté 
très étroite de ces phénomènes avec ces manifestations. 

D'autre part, les dernières communications de J. Bordet, sur l’ana- 
phylatoxine et ses propriétés, précisent la notion de l’anaphylaxie et en 
éclaireissent en partiele mécanisme. Nous sommes en état, à la suite 
de ces recherches, de définir d'une manière plus précise l'extension 
de cettemnotion et de nous rendre compte si les phénomènes toxiques 
engendrés chez le cobaye neuf, à la suite de l’inoculation de sérum de 
lapin préparé, s’y rattachent. 

Nous avons déjà depuis quelque temps repris l’étude de celte « toxi- 
cité primitive du sérum », comme l’appellent Dærr et ses élèves, en l’en- 
visageant surtout dans ses relations avec l’'anaphylaxie. Nous exposerons 
dans ces communications préliminaires un résumé de nos recherches et 
les résultats obtenus. 

Wechnique et expériences. — Nous nous sommes servi du sérum de 
lapin ayant recu plusieurs inoculations intraveineuses d'hématies de 
mouton (six à quatorze inoculations, à cinq ou six Jours d'intervalle ; 
chacune de 1 à 3 c.c. d’hématies lavées). 

_ En conformité avec les résultats de. Dœrr, nous avons aussi constaté 
que c'est vers le quatrième ou cinquième jour après la dernière inocu- 
lation de l’antigène que ce sérum est le plus toxique. Cette toxicité est 
très variable d'un lapin à un autre. Elle varie aussi avec le nombre des 
inoculations. En général, elle augmente et cette augmentation de la 
toxicité (pour le cobaye) va de pair avec l’amaigrissement et le dépéris- 
sement du lapin traité. Il semble bien d'après nos observations que plus 
un änimal maigrit vite au cours du traitement, plus son sérum est 
toxique pour le cobave neuf. 

Lapin n° 5. — Au début de l'expérience, le 26 janvier, poids : 3.200 gram- 
mes ; le 18 mars, 2.100 grammes; il avait recu dans l'intervalle huit inocula- 
tions d'hématies de mouton; son sérum titré le 24 mars est toxique à la 
dose de 0.4 c. c. (choc mortel chez le cobaye neuf). 

Lapin n° 14. — Commencé le 26 janvier, poids : 3.060 grammes; le 18 mars. 
2.900 grammes; il avait reçu dans l'intervalle le même nombre d’inoculations. 
Son sérum titré en même temps n’est toxique qu’à la dose de 2 c. c. 


Très souvent, au cours du traitement les lapins présentent des phéno- 
mènes aigus d’'anaphylaxie à la suite de l’inoculation d’une nouvelle 
dose d’antigène. On peut se mettre à l'abri de ces accidents de choc si 
on pralique soigneusement l’anti-apaphylaxie d’après la méthode de 
Besredka. Il arrive pourtant fréquemment que malgré ces précautions 
les animaux succombent vers le troisième où quatrième jour après Ja 


41416 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


dernière inoculation. Les animaux ayant succombé sont précisément 
ceux qui avaient le plus perdu de leur poids au cours du traitement. A 
l'autopsie les ensemencements du sang du cœur ne donnent rien. Les 
lésions macroscopiques des organes ne présentent rien de particulier, 
excepté le rein, quien général présente de la dégénérescence parenchy- 
naleuse assez avancée. Ces phénomènes de cachexie suivis ou non de 
mort sont accompagnés d’une augmentation remarquable de la toxicité 
du sérum (0.1 c.c.). Il semble donc d'après ces observations qu'il advient 
aussi des phénomènes d’auto-intoxication, de même nature et à la suite 
du même mécanisme que dans l’hétéro-intoxication, chez le cobaye. 

Il existe une différence assez nette entre la coagulabilité du sang de 
lapin immunisé et celle du sang de lapin normal. 

Si on saigne à blanc dans la carotide un lapin immunisé, dont le sérum 
est très toxique, on observe que le caillot se forme très difficilement, 
avec un notable retard, et se rétracte mal, en comparaison avec le sang 
d’un lapin normal saigné d’après la même méthode. 


Lapin n°5.— Le sérum est obtenu par une saignée à l'oreille : dose toxique 
0,5c.c.; on saigne l’animal à blanc, dans la carotide, par le procédé de 
Latapie en tube effilé stérile. Après une demi-heure à 37 degrés et une heure 
à la température de la chambre, le sang n’est pas encore complètement 
pris en caillot. 

Lapin normal témoin. — On le saigne dans les mêmes conditions. Circu- 
lation vingt minutes après, le sang est coagulé. Le caillot est résistant et facr- 
lement séparable de la paroi du tube. 


L'’amaigrissement progressif de l’animal, l'augmentation de la toxicité 
de son sérum el la diminution de la coagulabilité du sang retiré de 
l’artère sont des phénomènes très fréquemment associés. IL semble 
même, d'après nos recherches, qu’il existe une étroite relation entre ces 
diverses manifestations de l’immunisation. 


(Travail du Laboratoire de médecine expérimentale, 
professeur D" J. Cantacuzène, Bucarest.) 


ÉTUDE, SUR LE COBAYE, DE LA TOXICITÉ DU SÉRUM DE LAPIN IMMUNISÉ, 


par GC. JonEsco-MIHAIESTI. 

I. — Le sérum frais (48 heures) de lapin immunisé avec des globules 
rouges de mouton est très toxique pour le cobaye neuf. Cette toxicité. 
varie suivant la voie d’inoculation. 

_ Par voie intraveineuse, certains sérums (les plus toxiques) ont pro- 
duit un choc mortel en 3-6 minutes à la dose de 0,1 à 0,4 c.c. et d’autres 


SÉANCE DU 29 MAI 1417 


(les moins toxiques) à la dose de 0,5 à 2 c.c. Pour obtenir les mêmes 
effets toxiques, par inoculation dans le péritoine, une dose cinq fois pius 
forte est en général nécessaire. L’incubalion est souvent plus longue et 
les phénomènes qui s’ensuivent, quoique se terminant par la mort de 
l'animal, sont plus silencieux. 

Nous n'avons Jamais pu provoquer de chocs mortels, ni même des 
symptômes immédiats d’anaphylaxie, par inoculation sous la peau chez 
le cobaye; seules les lésions locales que l’on observe chez le lapin ayant 
reçu plusieurs inoculations de sérum de cheval sous la peau (syndrome 
d’Arthus) ont apparu dans leur ordre classique. 


Expérience. — Lapin n° 40 (ayant reçu 14 inoculations de globules rouges). 
Saignée du 4 mai. Le 6 mai, on titre le sérum. 

Cobaye de 330 grammes, inoculé dans la veine jugulaire : choc mortel en 
3 minutes, à la dose de 0,4 c.c. Cobaye de 360 grammes, inoculé dans le 
péritoine : mort en 40 minutes, à la dose de 2 c.c. 50. Cobaye de 280 grammes, 
 inoculé sous la peau, à la dose de 5 c.c. : 24 heures après, énorme œdème 
gélatineux occupant la plus grande étendue de la peau de l’abdomen et une 
partie du thorax; le lendemain, l’æœdème devient dur et il se circonscrit; 
48 heures plus tard, à la place de l’inoculation, gangrène de l’étendue d’une 
pièce de 5 francs, bientôt suivie d'élimination; 12 jours après, la cicatrisation 
n’est pas encore faite. 


Il. — Le même sérum, chauffé pendant une heure à 58 degrés, garde 
intégralement sa toxicité. 


Expérience. — Cobaye de 360 gr., recoit dans la veine 0,75 c.c. de sérum 
frais : choc mortel en 15 minutes. Cobaye de 350 gr., reçoit par la même voie 
0,15 c.c. du même sérum chauffé : choc mortel en 12 minutes. 

Cette expérience est répétée un certain nombre de fois avec des sérums de 
lapins immunisés dont la dose toxique a varié de 0,05 à 2 c.c. Les résul- 
tats ont été toujours les mêmes. 


III. — Le même sérum, gardé pendant 22 jours à la température de 
la chambre et à la lumière diffuse, semble avoir perdu en partie sa 
toxicité. 


Expérience. — Le sérum de lapin n° 5 à l’état frais (48 heures), inoculé dans 
la veine sur un cobaye neuf, est toxique à la dose de 0,4 c.c. Titré 22 jours 
plus tard, il ne provoque plus de choc mortel qu'à la dose de 2 c.c. par la 
même voie. 


IV. — Les symptômes observés chez le cobaye varient avec la voie 
d'inoculalion et la dose. Nous avons déjà indiqué succinctement ces 
variations par rapport à la voie d'introduction du sérum. Nous men- 


tionnerons rapidement ce qu'on observe quand on varie les doses. LTÉE TT- 
En pioyant un même sérum À, dont le titre toxique (toujours. choc» me L 
ES AO s af 
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ei 


LALS RÉUNION! BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


mortel en 3 à 6 minutes par voie intraveineuse) est, par exemple, de 
0,5 c.c. pour 350 grammes de cobaye, on constate ce qui suit : 

À la dose de 5 c.c., la mort arrive généralement en 3 à 6 minutes: 
elle est précédée d'un cortège symptomatique, toujours à peu près le 
même, et consistant en agitation, après courte période d’incubaätion, 
polypnée, quelques hoquets, convulsions peu marquées et de courte 
durée; parésie postérieure et mort. À l’autopsie, les poumons sont! très 
pèles, emphysémateux etle sang du cœur reste longtemps'incoagulable. 

Si on diminue cette dose, par exemple d’un tiers, les phénomènes 
tardent beaucoup à se manifester, nous avons pu constater des périodes 
d’incubation variant entre 15 et 40 minutes jusqu’à l'apparition des 
hoquets. C'est surtout dans ces cas que le cortège symptomatique se 
rapproche le plus du choc anaphylactique classique. Nous avons cons- 
tamment observé un écoulement considérable de liquide mousseux- 
sanguinolent, par le nezetla bouche de l’animal, pendant les 2-3 secondes 
qui précèdent l'arrêt de la respiration. A l’autopsie, on trouve un ædème 
pulmonaire énorme, avec des lobes entiers hémorragiques et des diffu- 
sions sanguines des séreuses. 

Si on augmente la dose toxique, la mort arrive avec une rapidité 
foudroyante. Les lésions, à l’autopsie, sont à peu près nulles. Pourtant 
l'incoagulabilité du sang du cœur est tout aussi marquée que dans les 
cas précédents. 

V. — Nous avons enfin essayé d’antianaphylactiser les cobayes pour 
ce sérum. Nous avons employé dans ce but la méthode de Besredka 
(inoculations répétées, subintrantes). Voici deux expériences : 


Cobaye «, poids 420 grammes, recoit dans la veine, dans un intervalle de 
2 heures, 5 c.c. d’un sérum toxique à la dose de 0,5 c. c. (0,3 c.c.; 10 mi- 
nutes après : 0,7 c.c.; 20 minutes après : 1,5 c.c.; 30 minutes après : 2 c.c.; 
30 minutes après, encore 1 c.c.). À la suite de chacune de ces inoculations, 
l'animal présente de légers accidents d’anaphylaxie : polypnée et quelques 
hoquets. Il se remet, mais il succombe dans la nuit (l'expérience avait été 
faite à 2 heures de l’après-midi). 

Cobaye fB, poids 470 grammes, reçoit, de la même manière, 8 c:c. d’un 
sérum beaucoup moins toxique {titre : choc mortel à la dose de 2 c.c.). Ikse 
comporte comme le précédent. On le trouve mort dans la nuit. = 


On ne peut donc pas vacciner le cobaye contre la dose toxique de ce 
sérum, du moins dans nos conditions expérimentales. On peut éviter le 
choc mortel immédiat; on n'empêche pas ces troubles mortels « silen- 
cieux », comparables à ceux constatés chez les lapins en voie d’immu- 
nité (voir la note précédente). 

Dans une prochaine communication, nous, exposerons l'étude des 
propriétés de ce sérum 2 vitro. 

(Travail du Laboratoire de Médecine expérimentale. 
Faculté de Médecine de Bucarest.) 


/ 


SÉANCE DU 29: MAI 1419 


SUR LA SPÉCIFICITÉ DES FERMENTS PRÉSENTS DANS LE SANG 
f DES PARKINSONIENS, 


par G. MariNESco et M AxEx. PAPAZOLU. 


Quelques cas de paralysie agitante nous ont permis de mettre en 
évidence, dans le sang de ces malades, la présence de ferments de 
protection contre la sécrétion du corps thyroïde et des glandes para- 
thyroïdes. Voici, brièvement résumé, le résultat de nos recherches. 

Cas I. — 7... B..., âgé de svixante-trois ans, présente les signes carac- 
téristiques de la maladie de Parkinson. Le malade marche à petits 
pas et se plaint de sensations de chaleur et de fourmillements dans 
les membres. Des tremblements accompagnent ces symptômes. Vu la 
marche progressive de la maladieet l’inefficacité des traitements actuels, 
d'une part, et, d'autre part, les considérations pathogéniques et l'hypo- 
thèse de Lundborg qui a voulu voir une relation pathogénique entre 
les glandes parathyroïdes et la paralysie agitante, nous avons proposé 
au malade l'hémi-thyro-parathyroïdectomie, qui a élé acceptée sans 
hésitation. 


I. — a) 1 c.c. du sérum de ce malade est laissé vingt heures à la dialyse 
avec 4/2 c.c. de sa propre glande parathyroïde. Dans le dialysat, on met en 
évidence par la réaction de la ninhydrin et du biuret des produits de digestion. 
Comme intensité de coloration, nous allons désigner la coloration par +++ 
fortement positive. 

b) 1/2 c.c. sérum T.B.+ 1 c.c. de son propre corps thyroïde donne dans 
le dialysat une réaction de la ninhydrin et du biuret positive ++. 

c) L c.c. sérum T.B. laissé tout seul vingt heures à la dialyse donne une 
réaction du biuret et de la ninhydrin négative —. 

d) 1 c.c. sérum T.B. + 1 c.c. corps thyroïde normal : réaction négative —. 

e) À c.c. 1/2 sérum normal + 1 c.c. corps thyroïde Parkinson : réaction 
négative —. 

f)1c.c. 1/2 sérum d'épileptique—1 c.c. corps thyroïde parkinsonien, 
réaction négative. 


Cas II. — 4... I..., dgée de cinquante ans. La maladie à commencé par 
des tremblements des membres droits supérieur et inférieur. Actuelle- 
ment, on constate : masque parkinsonien, rigidité généralisée et 
besoin presque continuel de mouvement, hypertrophie du lobe thyroïde 
droit, dilatation des veines de la base du cou, vaso-dilatation et trans- 
piration abondante de la face. 


a) 1 c.c. 1/2 sérum H.I. + 1 c.c. corps thyroïde Parkinson donne dans le 
dialysat la réaction du biuret et de la ninhydrin positive ++. 

b)4 c.c. 1/2 sérum H.I. +1 c.c. corps thyroïde normal, réaction nêga- 
tive —. 

c) 1 c.c. sérum H.L., tout seul à la dialyse, réaction négative —. 


1420 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Cas LIL. — D... G..., dgé de cinquante-trois ans. La maladie de Parkin- 
son a débuté par une gêne dans la fonction du membre supérieur droit 
et des troubles dans les mouvements du membre inférieur. Ensuite 
sont apparus au membre supérieur droit des tremblements qui 
s'arrêtaient pendant les mouvements volontaires. Actuellement, le 
malade présente le facies, l'attitude et la marche des parkinsoniens. 

a) 4 c.c. 1/2 sérum D. G. +1 c.c. corps thyroïde Parkinson après 20 heures 
de dialyse donne dans le dialysat la réaction positive +. 


b)1c.c. 1/2 D.G. + 1 c.c. corps thyroïde normal, réaction négative —. 
c) 1 c.c. 1/2 sérum D.G.+1 c.c. goitre kystique, réaction négative —. 
d) 1c.c. sérum D.G. laissé tout seul à la dialyse, réaction négative —. 


Cas IV. — £... C..…., âgée de cinquante-huit ans. La maladie débute 
par des douleurs et des fourmillements dans les membres. Actuellement, 
les membres supérieur et inférieur droits sont agités de tremblements 
continuels ; le supérieur et l’inférieur gauches sont presque indemnes. La 
malade présente, outre le facies et l’attitude des parkinsoniens, une 
rigidité très accusée des membres atteints. 


a) 1 c.c. 1/2 sérum E.C.—+1 c.c. corps thyroïde Parkinson donne à la 
dialyse la réaction positive +. 

b) 1 c.c. 1/2 sérum E.C. + 1 c.c. corps thyroïde normal, réaction négative —. 

c) 4 c.c. 1/2 sérum E. C. laissé tout seul vingt heures à la dialyse, réaction 
négative —. 

d) 1 c.c. 1/2 sérum E.C. +1 c.c. goitre kystique, réaction négative —. 


La conclusion à laquelle nous conduisent ces expériences, en dehors 
de la présence de ferments de protection dans le sang des parkinsoniens, 
c'est la spécificité de ces ferments. Le sérum normal et le sérum d’épi- 
leptique ne présentent pas de ferments contre Le produit de sécrétion 
du corps thyroïde parkinsonien. 

La sécrétion du corps thyroïde ainsi que celle de la glande para- 
thyroïde dans la paralysie agitante n’est pas une sécrétion normale. 
D'autre part, les ferments présents dans le sérum des parkinsoniens ne 
digèrent point le corps thyroïde normal, pas plus qu’un corps thyroïde 
pathologique quelconque, un goitre kystique par exemple. 

Ces deux organes, le corps thyroïde et la glande parathyroïde, sont-ils 
les seuls dont la sécrétion viciée fait réagir l'organisme des parkinso- 
niens par la production des ferments de protection ? Il est probable que 
d’autres glandes à secrétion interne sont également troublées dans 
leur fonction. 


SÉANCE DU 29 MAI 1491 


SUR LA CONSTANTE URÉMIQUE D'AMBARD DANS LES AFFECTIONS DU COUR 
ET DANS LES SCLÉROSES CARDIO-VASCULAIRE, PULMONAIRE ET CARDIO- 
RÉNALE (1), 

par J.-J. NiTEsco. 


_ L — Nous avons cherché la teneur du sang en urée et l'élimination 

_ de cette substance chez les cardiaques valvulaires compensés, chez les 
scléreux cardio-vasculaires et pulmonaires, affections dans lesquelles, 
au moins cliniquement, les reins semblent exempts de lésions. 


Dans 12 cas d'insuffisance mitrale avec ou sans sténose, insuffisance 
aortique avec ou sans lésion mitrale, myocardite, aortite chronique 
avee ou sans insuffisance, nous avons trouvé la constante d'Ambard 
oscillant entre 0,09 — 0,33,, donc assez élevée. Cela prouve que la 
perméabilité du rein pour l’urée est affaiblie chez ces malades. Cette 
perméabilité varie jusqu’à un certain point en raison inverse de l’âge. 

- Elle est aussi plus affaiblie dans les affections scléreuses du cœur et des 
vaisseaux. 


Dans 8 cas de bronchite chronique et d’emphysème pulmonaire nous 
avons trouvé aussi une conslante élevée : 0,1 — 0,26. Cette fois, encore, 
elle était en raison directe de l’âge du malade. Chez tous ces malades 
nous n'avons pu déceler aucun symptôme qui traduisit une perméabilité 
défectueuse du rein pour l’urée. Dans un cas d’emphysème avec accès 
diurne d'asthme la constante à été 0,14, quoique l’urée du sang fût 
0,41 p. 1.000, et quoique aucun symptôme clinique n’attirât l'attention 
du côté du rein. Le diagnostic d'asthme urémique établi, un régime 
hypoazoté combiné avec une médicalion diurétique soulagea le 
malade. 


De ces observations nous pouvons conclure que chez les malades 
âgés, qui présentent une affection cardiaque et surtout une sclérose 
cardiaque, cardio-vasculaire, ou pulmonaire, il faut toujours chercher 
la perméabilité uréique du rein afin d’instituer un traitement complet. 


I. — Dans 8 cas de sclérose cardio-rénale nous avons trouvé toujours 
une constante élevée de 0,14 — 0,2 — 0,35. Le défaut de l'élimination 
uréique ne se traduisait par aucun symptôme d’azotémie, en dehors de 
l'hypertension et bruit de galop. Dans deux cas seulement il y avait 


(4) J'ai déterminé aussi le coefficient (R) de Balavoine et Onfray, mais j'ai 
préféré la constante (K) d'Ambard. 
Le dosage de l’urée a été fait par le procédé de Moog. 


0, 50 pe. 100 d'albatine et | quelques : symptômes 
| ns 


PR 


de Gérant : 


2 


doses de glycose, 573. — 


TABLE DES 


MATIÈRES 


PAR NOMS D'AUTEURS 


ANNÉE 1913. — PREMIER SEMESTRE. 


A 


Achard (Gh.) et Desbouis (G.). Re- 
cherche clinique de l'insuffisance glycoly- 
tique par l'étude du quotient respiratoire, 
385. — L’insuffisance glycolytique provo- 
quée par l'extrait d'hypophyse et par 
l'adrénaline, 461. — Recherche de l'insuf- 
fisance glycolytique par ingestion de petites 
Insuffisance 
galactolytique, 1153. 

Achard (Ch.)et Flandin (Ch.). Toxi- 
cité du cerveau dans le choc peptonique 
et dans le choc anaphylactique, 660. — Sur 
la recherche de la toxicité cérébrale dans 
le choc anaphylactique, 892. 

Achard ({Ch.) et Foix (Ch. Sur le 
pouvoir hémolytique thermostabile du 
sérum normal, 658. 

Achard (Gh.), et Ribot (A.). Effets du 
bicarbonate de soude et du chlorure de 
sodium sur l'excrétion uréique et chloru- 
rique, 534. 

Albahary (J.-M.). Sur les toxines tu- 
berculeuses et leurs antitoxines, 175. 

Alexandrescu (Ml: P.). Cytologie de 
l'humeur aqueuse, 967. 

Ancel (P.) et Bouin (P.). Sur les soi- 
disant néphrophagocytes utérins et la 
signification des cellules myométriales, 352. 
— Sur la recherche des cellules excrétrices 
par la méthode des injections physiolo- 


_ giques de matières colorantes (première 


note), 808. — La méthode des injections 


physiologiques et la détermination des 


cellules excrétrices- (réponse à MM. Cué- 
nt, Bruntz et Mercier), 1209. Voir Bouin 
mr) 
Andouard (P.). Voir Gouin (André). 


Biococre. TABLes. — 1913. T. LXXIV.: 


Ardin-Delteil, Nègre (L.\ et Ray- 
naud (M.). Recherches sur les réactions 
humoraies des malades atteints de fièvre 
iyphoïde traités par le vaccin de Besredka, 
aile 

Argaud (R.)et Fallouey (M.). Sur la 
structure du tarse palpébral et son indé- 
pendance vis-à-vis de la glande de Meiï- 
bomius, 1068. — Les glandes de Moll chez 
le porc, 1272. 

Arinkine. Voir Tchistovitch. 

Arloing (Fernand. Diagnostic histo- 
logique différentiel des formes étiologiques 


de la diphtérie aviaire, 441. 


Armand-Delille (P.). 
anaphylatoxines, 562. 

Armand-Delille (P.) et Launoy (L.). 
A propos des travaux récents de 
MM. Bernstein et Kaliski et de M. Eisen- 
berg sur les hématies formolées, 461. 

Armand-Delille (P.), Mayer (A.), 
Schæîffer (G.) et Terroine (E.). Culture 
du bacille de Koch en milieu chimique- 
ment défini, 272. 

Armand-Delille (P.), Rist et Vau- 
cher. Valeur comparée de la déviation du 
complément chez les tuberculeux, avec la 
tuberculine brute et les antigènes de 
Calmette, 191. 

Arthus (Maurice) et Martin (Ml: 
Frida). Nole sur le centre vaso-tonique 
bulbaïre, 744. 

Athanasiu. Allocution, 2. 

Aubel (E.) et Colin (H.). Nature de 
l’aliment azoté et production de pyocya- 
nine par le bacille pyocyanique, 190. 

Aviragnet (E.-C.), Dorlencourt (H.) 
et Bloch (Michel). Étude comparée sur 
la digestion tryptique du lait cru et du 
lait desséché par surchauffage, 885. 

Aynaud (Marcel). Action du sérum 
antisglobulin x vivo, 193. — A propos 


99 


A propos des 


232 


1492 AYNAUL — BINET 


de la note de Pagniez (Ph.), 204. — Sur le 
sérum antiglobulin-(réponse à M. Ph. Pa- 
gniez), 2175. — À propos des remarques de 
M. Ph. Pagniez, 218. 

Aynaud (Marcel, et Pettit (Au- 
guste). Sur les globulins de la Poule (avec 
présentation de préparations), 313. Voir 
Briot (Augustin). 


B 


Babinski (J.) et Weiïll (G.-A.). Dé- 
sorientation et déséquilibration spontanée 
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l'extrait de prostate humaine sur la vessie 
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Belin (Marcel). De la toxicité des sé- 
rums : moyen d'y remédier, 19. — Traite- 
ment des accidents sériques, 173. — De 
l’action des oxydants sur l'évolution des 
maladies infectieuses (première note), 1100. 
— De l’action des substances oxydantes 
dans l’évolution des maladies infectieuses 


(deuxième note), 1169. — De l'immunité 
générale contre les maladies infectieuses 
(première note), 1289. — De l’immunité 


générale contre les maladies infectieuses 
(deuxième note), 1300. Voir Chaumier 
(Edmond). Ù 


Bellet (A.). Nouvelle méthode de do- 
sage de l'acide lactique, 900. 

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des vaisseaux arlériels dans la peau du 
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Bertrand (D.-M.). Étude d’un bacille 
lactique de l'appareil digestif du faisan, 96: 
— Recherches sur le catarrhe oculo-nasal 
du faisan, 683. 

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quelques cas de métrite et traitement par 
les virus vaccins sensibilisés, 1224. Voir 
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anaphylaxie ou rétroprotéotoxie, 1320. 

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sérum de cheval, 1018. À 

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fixation locale du chlorhydrate de cocaïne 
par le bleu de méthylène, 1330. 

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cations des réactions anaphylactiques sous 
l'influence du traitement par les eaux mi- 
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Billard (G) et Mougeot (A). La 
courbe de l’action peroxydasique des eaux 
thermo-minérales de Royat (Puy-de- 
Dôme), 1235. — L'activité peroxydasique 
des eaux thermales de Royat embou- 
teillées, 1271. 

Binet, Desbouis et Langlois (J.-P.). 
Circulation pulmonaire au cours des hy- 
drothorax et des pneumothorax, 545. 


BLANC 


Blanc (G.-R) et Hedin (H.). Disto- 
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884. 

Blanchetièré 
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Blaringhem (L.). Sur une chenille de 
vers à soie (Bombyx mori) en mosaïque, 
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Blaye (R. Le) et Fage (A). Note 
sur le parasite du lepothrix (Trichomyces 


(A.). Voir Claude 


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Bloch (Michel), Voir Aviragnet 
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Boiïinet. Vaccinothérapie de la fièvre 


typhoïde par le virus sensibilisé de Bes- 
redka, 507. 

Bonnamour, Badolle (Albert) et 
Escallon. Décalcification et lésions os- 
seuses chez le lapin, sous l'influence du 
lactose en injections intraveineuses, 1106. 

Bonnamour, Sarvonat, Badolle 
Albert) et Escallon. Influence de l’adré- 
naline associée au chlorure de calcium sur 
les échanges minéraux au niveau des os, 
1019. 

Bonnier (Pierre) La sollicitation 
: naso-bulbaiïre et l'incontinence d'urine, 
433. — Le réglage naso-bulbaire et le pru- 
rit, 524 

Bonnin. Voir Mongour (Ch.). 

Bordet (J.). Le mécanisme de l’ana- 
phylaxie, 225. — Gélose et anaphylatoxine, 
811. 

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associations cellulaires, 1215. 

Bory (Louis). Voir Garnier (Marcel). 

Bosc (F.-J.). Inclusions leucocytaires du 
sang dans le rhumatisme aigu, 1322. 

Bosc (F.-G.) et Carrieu (M. Le vi- 
rus du rhumatisme articulaire aigu n’est 
pas de nature bactérienne, 1165. — Le 
bacille d'Achalme est un saprophyte banal, 
hôte habituel de la peau des rhumatisants 
et dépourvu de toute spécificité pour le 
rhumatlisme, 1229. — [nclusions intracellu- 
laires daus le liquide articulaire du rhu-. 
matisme articulaire aigu, 1262. — Formule 
hémoleucocytaire dans le rhumatisme ar- 
ticulaire aigu, 1588. 

Botelho Junior. Technique de la bio- 
.chromoréaction appliquée au diagnostic 
bactériologique de la fièvre typhoïde, 
118. 

- Bouilliez (M.). 
expérimentales sur 
singes, 1070. 

Bouin (P.) et Ancel (P.). Sur les cel- 
lules du myométrium qui prennent le 
-carmin des injections physiologiques, 728. 
— Détermination des cellules excrétrices 
par le procédé des injections physiologi- 


Nouvelles recherches 
un Plasmodium des 


BUSQUET 1495 


ques de matières colorantes 
note), 890. Voir Ancel (P.). 

Boulet (L.). Sur les mouvements de 
l'uretère humain. Action de quelques 
substances sur leur rythme, 1111. Voir 
Battez, Dubois (Ch.). 

Boulud. Voir Chalier (J.), Lépine 
(R.). 

Bourguet (M.). Des vasa nervorum, 
656. — Sur la topographie des voies bi- 
liaires. Etude radiographique, 131, 849. 

Bourguignon (G.). Electrodes impo- 
larisables pour l'excitation des nerfs et 
muscles de l'homme, 1250. 

Bourquelot (Em. et Bridel (M\). 
L'activité hydrolysante et l’activité syn- 
thétisante de l’émulsine sont identiques, 
858. = 

Breton (M.). Essais de chimiothérapie 
par les sels d’or, dans la tuberculose expé- 
rimentale du cobaye, 1200. 

Breton (M.), Massol (L.) et Bruyant 
(H.). Technique de la tr ansfusion mi sang 
chez le cobaye, 23. 

Breton (M.), Massol (L.) et Duhot 
(Æ). Recherche du bacille de Koch dans le 
sang au cours de l'infection expérimentale 
du cobaye, 192. Voir Massol ‘L.). 

Bridel (M.). Voir Bourquelot (Em.). 

Briot (Augustin) et Aynaud (Mar- 
cel). Hypersensibilité du cobaye au sérum 
de cheval, 180. 

Brissaud. Voir Rebattu. 

Brocq-Rousseu. Voir Gain (E.). 

Brodin (P.). Modification de la teneur 
azotée du sérum sanguin au cours de l'in- 
suffisance hépatique, 26. 

Broquin-Lacombe. Sur un pigment 
bleu du Bacillus mesentericus niger, 331. 

Broughton-Alcock. Essais de vacci- 
nothérapie par des virus-vaccinssensihi- 
lisés de Besredka, 623. 

Browne. Voir Doyen. 

Bruhl (I) et Buc (E.. 


(deuxième 


Note sur le 


‘traitement de la tuberculose pulmonaire 


par les injections intraveiueuses de chlo- 
rure de calcium, 880. 
Bruntz (L.). À propos des néphrocytes 


et des néphrophagocytes. [Réponse à 
MM. Ancel (P.) et Bouin), 643, 645. Voir 
Cuénot. 

Bruyant (L.) Sur le développement 
de la larve de Trombidium lrigonum 
Herm, 509. Voir Breton (M.), Massol 
(D). 
| Fr (E.). Voir Bruhl (9). 


Burnet (Et.). Streptothricée dans une 
adénopathie cervicale, 674. 

Busquet (H.). Arrêt diastolique des 
ventricules par fibrillation des oreillettes 
sur le cœur affaibli du lapin: £31. | 


14926 CABANIS — 


C 


Cakbanis. Voir Rouzaudl. 

Calmette (A.), Guérin (CG. et Grysez 
(V..). Jufection tuberculeuse expérimentale 
du cobaye par la conjonctive oculaire, 310. 

Calmette (A.) et Massol (L.). Recher- 
ches sur le Bacille tuberculigène de Ferran, 
21e 

Camus (Jean). Arrêt de la polypnée 
thermiqueparl'apomorphine, 399. — Action 
antagoniste de quelques alcaloïdes sur la 
polypnée thermique, 553. — Paralysie 


expérimentale des centres respiratoires, - 


161. — Présentation d'un nouveau cylin- 
ure enregistreur, 1382. 

Gamus (Jean) et Porak (René). In- 
suffisance surrénale et curarisation, 351. 
— Insuffisance surrénale et sensibilité à 
la strychnine, 381. — Insuffisance surré- 
nale et sensibilité aux poisons. Action du 
mélange adrénaline et strychnine, 1329. 

Camus (Jean) et Roussy (Gustave). 
Présentation de sept chiens hypophysec- 
tomisés depuis quelques mois, 1386. 

Camus (L.).Le virus vaccinal passe-t-il 
dans l'humeur aqueuse? 1044. 

Cantacuzène (J ). Recherches sur la 
production expérimentale d'anticorps chez 
quelques invertébrés marins, 111. — Obser- 
vations relatives à certaines propriétés du 
sang de Carcinus mænas parasité par la 
sacculine, 109. — Sur la production d’anti- 
corps artificiels chez Æupagurus pri- 
deauxii, 293. — Sur la présence d'une 
oxydase dans le sang de Phallusia mamil- 
lala, 633. 

Carcanague et Maurel. Recherches 
chromométriques sur l'intoxication satur- 
nine, 317. — Influence du saturnisme sur 
le poids du lapin, 452. 

Gardot (H}) et Laugier (H). Loi 
d'excitation d'ouverture sur différents 


tixsus, 1000. 

Garnot (Paul) Sur l'hypertrophie 
cothpensatrice du rein après néphrectomie 
unilatérale, 1086. — Les mouvements de 


l'estomac et du duodénum étudiés par la 
né hode de la perfusion, 1265. 

Carnot (Paul) et Glénard (Roger). 
De l’aclion du séné sur les mouvements de 
l'intestin perfusé, 120. — De la perfusion 
intestinale chez l'animal vivant, 328. 

Carrieu (M.). Voir Bosc (F.-J). 

Ghaïlanier (H.) et Joachimides (D.). 
Remarques sur le dosage du chlorure de 
sodium dans le sérum par la méthode de 
MM, Ambard et Weïill, 849. 


CHAUFFARD 


Chabanier (H.) et Lobo-Onell (C.). 
Indépendance de la sécrélion uréique et 
de la sécrétion glucosique provoquée par 
la phloridzine, 681. — Réaction des urines 
et débits chlorurés, 850. Voir Morel (L.). 


Chaine (J.). Traitement des buis contre 


le Monarthropalpus buxi Lab., 156. 

Chalier (J.), Nové-Josserand (Let 
Boulud. Sur la sidérose viscérale, 440. 
— Sur l'hémolyse sidérogène, 508. — A 
propos de l’hémolyse sidérogène. Docu 
ments concernant les anémies pernicieuses 
et la tuberculose, 565. — A propos de 
l’'hémolyse sidérogène. Documents concer- 
nant les cirrhoses du foie et diverses affec- 
tions, 566. 

Ghalier (J.). Voir Bérard 'L.). 

Champy (Gh.). Conservations des sper- 
matozoïdes en divers milieux, 12. — De 
l'existence duu tissu glandulaire endo- 
crine temporaire dans le testicule (corps 
jaune testiculaire), 361. — La dégénéres- 
cence oviforme des cellules mères du tes- 
ticule et l'origine de certains filaments 
qu'on rencontre dans le cytoplasme des 
œufs, 458. — Sur la torsion des sperma- 
tozoïdes chez divers vertébrés, 663. 

Chantemesse. Sur la validité des vac 
cins chauffés, 924, 1027. — (A propos du 
procès-verbal.) Sur la validité des vaccins 
typhiques chauffés, 1038. — Remarques à 
propos de la communication de M. Vin- 
cent, 1042. — Réponse à M. Nelter, 104%. 

Chassevant (A), Galup (J.) et Poi- 
rot-Delpech. Existe-t-il une action désa- 
naphylactisante propre aux eaux miné- 
rales ? — ]. Recherches sur quelques eaux 
transportées, 679. 

Chatton (Edouard). Position systéma- 
tique et signification phylogénique des 
Trypanosomes malpighiens des muscides. 
Le genre Rhynchoidomonas Palton, 551. — 
L'ordre, la succession et l'importance re- 
lative des stades, dans l’évolution des try- 
panosomides, chez les insectes, 1145. 

Chatton (Edouard) et Leger (Mar- 
cel). L’autonomie des trypanosemes pro- 
pres aux Muscides, démontrée par les 
élevages purs indéfinis, 549. 

Chatton (Édouard) et Pérard (Ch). 
Schizophytes du cæcum du cobaye. — I. 
Oscillospira Guilliermondi n. g., n. sp. : 
1159. — II. Melabaclerium polypora n. g., 


mmisp, 41232. 


Chauffard (A), Laroche (Guy) et 
Grigaut (A.). Recherches sur l’origine 
de la cholestérine biliaire, 1005. — Recher- 
ches expérimentales sur la cholesté- 
rinémie après ligature du cholédoque, 


1093. È 


dés Lip, ue SE QE Ut rh à 


se 


CHAUMIER —- 


Chaumier (Edmond et Belin (Mar- 


… cel). Une maladie éruptive non décrite, 


déterminée chez l'âne par l’inoculation de 
produits varioliques humains, 138. 

Ghelle (L.). Voir Denigès. 

Chevallier (P.). Voir Roger (M.). 

Chewyreuv (Iv.). Le rôle des femelles 
dans la détermination du sexe de leur 
descendance dans le groupe des Ichneu- 
monides (première communication), 695. 
— Le rôle des femelles dans la détermina- 
tion du sexe de leur descendance dans le 
groupe des Ichneumonides (deuxième 
communication), 698. 

Giocalteu. L’épandage agricole et les 
microbes, 1411. 

Giuca (M.) et Danielopolu (D.). Re- 
cherches sur la perméabilité des méninges 
aux albumines hétérologues et aux préci- 
pitines, 115. — Recherches sur la perméa- 
bilité des méninges pour les albumines 
hétérologues (deuxième note), 909. Voir 
Henry (A.), Slatinéano (A.), Wein- 
berg (M.). : 

Claude (Henri) et Blanchetière (A.). 
Sur la toxicité des composés azotés de 
l'urine, 1049. 

Claude (Henri), Baudouin (A. et 
Porak (R.). La glycosurie hypophysaire 


chez l'homme et l'animal tuberculeux, 529. 


Claude (Henri) et Porak (René). 
Sur l’action cardio-vasculaire de certains 
extraits d'hypophyse, 205. — De l’action 
cardio-vasculaire de l'extrait d'hypophyse 
dans les états d'insuffisance surrénale 

aiguë, 1021. 
Claude (Henri), Porak (René) et 


. Routier (Daniel). Action cardiovascu- 


laire de certains extraits hypophysaires 
(deuxième note), 360. — L'action de l’ex- 
trait de lobe postérieur d'hypophyse sur 
la conductibilité auriculo-ventriculaire, 996. 
1075. 

Clément (Hugues). Action de l'ar- 
gent sur la végétation de l’Aspergillus 
niger, 149. 

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Cluzet (J.). Electrodiagnostic au moyen 
d'un condensateur à capacité réglable. Pro- 
cédés de mesure de la caractéristique d’ex- 
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moyen d'un condensateur à capacité ré- 
glable. Recherche de la « réaction de dé- 
générescence », 1327. 

Codur (J.) et Thiry (G.). Aspergillus 
et argent métallique, 487. 

Cohendy (Michel) et Bertrand 
(D.-M.). Virus « sensibilisé » antipneu- 
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DANILA 1497 


de la substance grise chez l’homme, 1121. 
— Les mitochondries des cellules névro- 
gliques à expansions longues dans la sub- 
stance blanche de la moelle chez l'homme, 
1128. — Les mitochondries du cylindraxe, 
des dendrites et du corps des cellules gan- 
glionnaires de la rétine, 1358. 

Comandon (J.), Levaditi (G.) et 
Mutermilch (S.). Etude de la vie et de 
la croissance des cellules in vitro à l’aide de 
l'enregistrement cinématographique, 464. 

Costa (S.). Sur la présence d'un blas- 
tomycète dans le sang des rougeoleux 
(note préliminaire), 62. 

Cotte (J.). Remarques au sujet de la 
dispersion de Parapodia sinaica Krauenf. 
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Courmont (Paul), Nogier et Du- 
fourt (A.). Disparition de l’alexine des 
sérums par les rayons ultra-violets, 1152. 

CGouvreur (E.). Sur la germination des 
pommes de terre, 1315. 

Crémieux (R.). Voir Regaud (C1.). 

Grendiropoulo. Voir Ruffer (Marc- 
Armand. 

Creyx (A.). Sur la teneur comparative 
en urée du sérum et du caillot sanguin à 
l'état normal et dans quelques affections, 
631. 

Gruveilhier (E.). Traitement antigo- 
nococcique au moyen d'injections sous- 
cutanées de virus-vaccins sensibilisés 
vivants, 10. — Traitement de l’orchite 
blennorragique, au moyen d'injections 
sous-cutanées de virus-vaccins sensibilisés 
de Besredka, 806. — Traitement des com- 
plications utéro-annexielles de la blennor- 
ragie au moyen d'injections sous-cutanées 
de virus-vaccins sensibilisés, 1371. 

Cuénot. Excrétion et phagocytose chez 
les sipunculiens, 159. — Remarques à pro- 
pos de la communication de M. Bruntz, 645. 

Cuénot, Bruntz et Mercier. Examen 
des critiques faites à la méthode des in- 
jections physiologiques (réponse à MM. P. 
Bouin et Ancel), 1124. — Les cœurs bran- 
chiaux des Céphalopodes ont-ils une fonc- 
tion excrétrice? (Réponse à MM. P. Bouin 
et Ancel), 1126. — Quelques remarques 
physiologiques sur les néphrocytes (ré- 
ponse à MM. P. Bouin et Ancel), 1128. 


D 


Dalimier (R.) et Lancereaux (Edl.). 
Le milieu de culture d’acides aminés com- 
plets pour les micro-organismes, 1081. 

Danila (P.). Récidive de la kératite sy- 
philitique du lapin, 910. 


Danila (F.) et Stroe (A.). Culture du 
spirochète refringens dans la chambre an- 
térieure de l'œil du lapin, 298. — Syphilis 
généralisée du lapin, 912. — Quelques 
formes rares de kératite syphilitique chez 
le lapin, 1241. : 

Danielopolu (D.). Sur la fragilité des 
hématies du chien et sur l’action hémoly- 
tique du sérum et du liquide céphalo-ra- 
chidien, 113. — Recherches sur l’atropine. 


Action du sérum de lapin sur l’atropine | 


in vitro, 297. — Rôle du pneumogastrique 
dans le ralentissement du rythme et dans 
le bigéminisme provoqués par la digitale 
au cours de l’arythmie complète (fibrilla- 
tion auriculaire), 974. 

Danielopolu (D.), Dumitrescu (A). 
et Popescu (A.). La constante uréo-sé- 
crétoire chez lés cardiaques asystoliques. 
Action de la digitale, 295. — Nouvelles re- 
cherches sur la constante uréo-sécrétoire 
chez les cardiaques. Action de la digitale, 
969. Voir Giuca (M.). 

Danulesco (V.). Essais de culture du 
spirille de la poule, 369. 

Danysz (J.) et Skszynski. De lin- 
fluence du régime alimentaire sur le dé- 
veloppement du cancer inoculé des souris 
blanches, 1144, 

Daumézon (G.) Sur une contami- 
nation microbienne de l'œuf de poule, 
1989: 

Daunay et Ecalle. De l'examen du 
sérum de la femme enceinte, et du sé- 
rum de la femme non enceinte par la mé- 
thode de dialyse d'E. Abderhalden, 4190. 

Daupeyroux (R.). Voir Billard (G.). 
_. Debeyre (A.). Vésicule ombilicale d'un 

embryon humain de 4nm5, 670. 

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Dejust. Recherche et dosage du glu- 
cose dans les matières fécales, 518. 

Delaby (R.). Voir Gérard (Er.). 

Delacarte (J.). Voir Tournade (A.). 

Delaunay (H.) Sur la répartition de 
l'azote restant du sang et du liquide cavi- 
taire de quelques invertébrés, 151. — Sur 
quelques faits particuliers à la répartition 
de l’azote dans le liquide cavitaire des vers 
(Aphrodite aculeata, Sipunculus nudus, 
154. — Sur le dosage de l’azote restant dans 
le sang des vertébrés, 639. — Sur l'azote 
restant du plasma de quelques vertébrés, 
641. — Sur l'azote restant du sang avant 
et pendant l’absorptionintestinaie del’azote 
alimentaire, 761. — Sur l'azote restant du 
sang, avant et pendant l'absorption d'un 
mélange d'acides aminés introduit dans 
l'intestin, 769. 

Delmas (Jean)et Puyhaubert. Note - 


DANILA — DUBREUIL 


—— 


sur la topographie du canal de Sténon, 616. 
Voir Rouvière (H.\. 

Denigès (G.)et Chelle (L.). Détermi- 
nation rapide des bromures dans les 
urines, 152. 

Desbouis (G.). 
Binet. 


Dévé (F.). Les localisations de l'échino- 
coccose primitive chez l'homme. Nécessité 
d'une revision des statistiques, 135.—ŒEchi- 


nococcose primitive avec euvahissement 
viscéral massif chez l'homme, 781. 
Distaso (A). 


l'homme adulte normal, 206. 


Dorlencourt (H.) Essai d'accoutu-- 


mance à la spartéine, 801. — Etude sur la 


destruction « in vivo » du chlorhydrate de 
d'animaux | 
accoutumés et non accoutumés, 895. Voir. 


morphine par les organes 

Aviragnet (E.-C.). 
Doyen, Lytchkowsky et Browne. 

La survie des tissus séparés de l'organisme. 


et les greffes d'organes. — I. Essais de 
culture des tissus du cobaye et du lapin, 


1084. 

Doyen, Lytchkowsky, Browne et 
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maux et de tumeurs dans le plasma d'un 
autre animal, 1331. 

Doyon (M.) et Sarvonat (F') Pas- 
sage d'une nucléo-protéide anticoagulante 
dans le sang, 18. .— Propriétés anticoagu- 
lantes de l'acide nucléinique extrait des 


globules du sang des oiseaux, 312.— Action 
anticoagulante de l'hématogène, 368. — 


Action comparée des divers phosphates 
sur la coagulation du sang, 460, 560. — 
Action du nucléinate de sonde sur la gly- 


colyse, 569. — Action comparée du nu- 


cléinate de soude :sur la coagulation du 


sang et sur la coagulation dulait, 165. — 


Pouvoir glycolytique du sang prélevé pen- 
dant l'intoxication provoquée par les 
peptones, 179. Nucléinate de soude et pou- 
voir coagulant du sérum, 872. — Action de 
divers corps sur le pouvoir coagulant du 


sérum, 1302. — Action de diverses anti- 


thrombines sur le pouvoir coagulant du 
sérum, 1395. ë 

Dubois (CGh.). Sur les effets de la dou- 
ble vagotomie chez le jeune cobaye, 40517. 

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Dubreuil (G.). La croissance des os des 
Mammifères. — 1. Méthode de précision 
pour lamesure de la croissance des os, 156. 
— II. Croissance au niveau du cartilage 


‘de conjugaison, 888. — III. L’accroisse- 


ment interstitiel n'existe pas dans les os 


Voir Achard (Ch) 


Contribution à l'étude. 
de la composition de la flore intestinale de. 


» L 


a 
Fa 
à 
È 


ÿ 


x 


DUFOUR —— FLANDIN 


1429 


> Hongs. 935. — La « couche marginale in- 


terne » de la couche annulaire, dans le 
muscle moteur intestinal, 1016. 

Duîour (M.). Sur la vision stéréosco- 
pique, 41. — Vision binoculaire et fatigue, 
43. — Miroir grossissant destiné à donner 
de bonnes images par réflexion sous l'in- 
cidence oblique, 161. — Sur l'emploi des 
lunettes hétérochromes, 488. — Sur l’éclai- 
rage endoscopique (première note), 827. — 
Quelques expériences à propos du phéno- 
mène de Troxler, 829. — Diploscope et si- 
mulation, 1130. — Sur l'éclairage endosco- 


pique (deuxième note), 1131. — Les lu- 
nettes Distal, 1348. — Sur le mélange 
optique des couleurs, 1349. — La vision 


binoculaire chez les sujets qui ont un œil 
aphaque, 1350. | 

Dufourt (A.). Voir Courmont (Paul), 
Weill (E.). 

Duhame! (B.-G.). Sur la toxicité du 

_ fer colloïdal électrique, 511. — Localisa- 
tions du fr colloïdal électrique dans les 
organes, à 6. — Action du fer colloïdal 
électrique sur l’éxcrétion urinaire, 186. 

Duhot (E.). L'albuminose des liquides 
céphalo-rachidiens, caractérisée par les 
réactions d'anaphylaxie, 1323. Voir Bre- 
ton. 

Dujardin-Beaumetz, Prévotet Ra- 
mon. Sur les réactions normales et anor- 
males d'hypersensibilité chez les chevaux 
soumis à des injections de bacilles pes- 
teux, 556. 

Dumitrescu (D.). 
polu (D.), Romalo (E.). 

Duret (B). Voir Étienne (G.). 

Durubpt (A.). Une nouvelle méthode de 
numération et d'examen des éléments 
figurés dans les liquides organiques et le 
liquidecéphalo-rachidien en particulier, 391: 

Duvillier (E.). Voir Battez (G.). 


Voir Danielo- 


E 


Ecalle. Voir Daunay. 

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dans les matières fécales, 902, 965. 

Embleton (D.). Voir Thiele (E.-H.). 

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ment expérimental, 390. 

Emile-Weil (P.)cet Noiré. Note sur un 
milieu de culture pour le sonocoque, 1321. 

Enesco |(I.). Contribution à l’étudehisto- 
physiologique de la cellule du tube con- 
tourné et de l’anse ascendante de Henle 
chez quelques mammifères, sous l'in- 
fluence des substances diurétiques (pre- 


mière note), 914, — Contribution à l'étude | 


! histo-physiologique de la cellule rénale 


chez quelques mammifères sous l'influence 
des substances diurétiques ‘deuxième 
note), 973. 

Enriquez |Ed.) et Gutmann (R.-A.). 
Sur les injections intraveineuses de solu- 
tions sucrées hypertoniques au cours des 
états toxi-infectieux. Action sur la diurèse 
et sur l’état général, 75. 

Escande et Soula. Etude de la protéo- 
lyse de la substance nerveuse. Influence 
de l'élévation de la température des cen- 
tres nerveux sur la protéolyse de la subs- 
tance nerveuse, 818. 

Escallon. Voir Bonnamour. 

Etienne (G.). L'intersystole du cœur 
humain normal, 44. 

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FE 


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Faure (Ch) et Soula (C.). Etude de 
la protéolyse de la substance nerveuse. Re- 
lations entre la protéolyse et la chroma- 
tolyse fonctionnelles des centres dans la 
fatigue (note préliminaire), 350. Voir Tour- 
neux (F.). 

Fauré-Fremiet (E.). La cellule intes- 
tinale et le liquide cavitaire de l’Ascaris 
megalocephala, 567. — La formation de la 
membrane interne de l'œuf d'Ascaris me- 
galocephala, 1183. — Un albuminoïde des 
spermatozoïdes de l'Ascaris megaloce- 
phala, 1407. Voir Lapicque (L.). 

Favre (M.) et Regaud (C1.). Sur les 
mitochondries däns les cellules des sar- 
comes, 608. — Sur les formations mito- 
chondriales dans les cellules néoplasiques. 
des épithéliomes de la peau et des mu- 
queuses dermo-papillaires, 688. 

Feigin. Voir Bertrand (D.-M.). 

Ferran (Jaime). Réponse à la note 
du professeur Calmette : « Recherches sur 
le bacilletuberculigène de J. Ferran », 172. 

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Flandin (Ch. et Tzanck. Diagnostic 
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par l'épreuve de l'anaphylaxie passive 


1430 


provoquée chez le cobaye, 945. Voir 
Achard (Ch.). 

Foix (Ch.). Voir Achard (Ch). | 

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tielle du cœur des mammifères au moyen 
d'air liquide, 1181. 

Froment (J.) et Rochaix (A.). Sur 
un bacille d'Eberth authentique non agglu- 
tinable, 197. 

Frouin (Albert). Action des acides 
aminés sur la sécrétion pancréatique, 131. 
— Action du sulfate de lanthane sur le 
développement du B. subtilis, 196. — In- 
fluence des sels d'uranium et de thorium 
sur le développement du bacille tubercu- 
leux, 282. — Culture du bacille tubercu- 
leux sur des milieux renfermant quatre, 
six ou huit grammes de soude par litre, 
1184. — Le milieu de culture d’acides ami- 
nés complets pour microorganismes. Re- 
marques à propos de la note de MM. R. 
Dalimier et Edg. Lancereaux, 1238. —Nou- 
velle technique de la fistule pancréatique 
permanente. Présentation d'animaux et de 
pièces, 1283. — Action inhibitrice de la bile 
sur l'activation du suc pancréatique par les 
sels de calcium, 1405. 

Frouin (Albert) et Mercier (Vic- 
tor). Action anticoagulante des sels de 
terres rares sur le sang in vitro, 317. — 
Action des sels de terres rares sur la coa- 
gulation du lait par la présure, 990. 


G 


Gain (Edmond) et Brocq-Rousseu. 
Résistance à l'iodure de potassium de 
l’Acremonium potronii Nuill., 46. 

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Garnier (Marcel) et Bory (Louis). 
Toxicité des extraits de foie et de rein nor- 
maux et autolysés, 344, 625. 

Garrelon (L.), Langlois (J.-P. et 
Poy(G.). Pneumogastriques et polypnées, 
541. : 

Gautier (G1l.). Nouvelles recherches 
sur la toxicité de l’indol pour la grenouille, 
536. — Contribution à l'étude de l’anti- 
thrombine directe du suc hépatopancréa- 
tique des crustacés, 583. — Expériences 
sur l’antithrombine directe du suc hépato- 
pancréatique des crustacés, 1222. 

Gérard (Er.) et Delaby (R.). Contri- 
bution à la composition chimique des 
lipoïdes. — IL. Ferrométrie des lipoïdes, 94. 


FOIX — GERBER 


Gérard (Georges). Sur les variations 
d'origine et de nombre des artères géni- 
tales, spermatiques ou ovariennes de 
l’homme, 118. — Sur un cas de solidarité 
artérielle entre le rein et la surrénale FE 
che chez l’homme, 857. 

Gerber (C.). Analogies entire la coagu- : 
lation du jaune d'œuf et la caséification du 
lait par le latex de l’euphorbe des vallons 
(Euphorbia Characias L.), 53. — Difié- 
rences entre la coagulation du jaune d'œuf 
et la caséification du lait par le latex de 
l'euphorbe des vallons (Euphorbia Chara- 
cias L.), 55. — Les lipases des latex. — I. 
Activité lipolytique des divers latex. Va- 
riation saisonnière. Résistance à la cha- 
leur, 250. — II. Saponification du jaune 


. d'œuf cru par la lipase du latex de Euphor- 


bia Characias,118.— III. Saponification du 
jaune d’œuf cuit par la lipase du latex de, 
Euphorbia Characias, 120, — IV. Action des 
acides sur la saponification du jaune d'œuf 
par la lipase du latex de Euphorbia Cha- 
racias, 822. — V. Action des acides sur la 
saponification du jaune d'œuf par la lipase 
des graines de ricin, 824. — Digestion des 
laits cru et bouilli par les caséases des pan- 
créatines des latex, 1111. — Les diastases 
hydrolysantes des latex du mûrier blanc et 
du mürier noir, 1109, 1343. — Résistance 
à la chaleur des caséases et des trypsines 
des pancréatines des latex de Figuier et de 
Broussonetia. — Comparaison avec les pré- 
sures correspondantes, 1339. — Action du 
bichlorure de mercure, de l’iode et de l’eau 
oxygénée sur la digestion de la caséine et 
de la fibrine par les pancréatines des latex 
de Figuier et de Broussonetia. — Compa- 
raison avec les présures correspondantes, 
1341. 

Gerber (G.) et Guiol (H.). Action des 
acides, des bases et des sels de calcium 
sur la digestion du lait parles caséases des 
pancréatines des latex, 1113. — Les fer- 
ments protéolytiques des pancréatines des 
latex sont des trypsines, 1336. 

Gerber (C.), Guiol (H.) et Salkind 
(J.). Action physiologique des latex. — IIL. 
Pancréatine du latex de Broussonetia papy- 
rifera. Comparaison avec la trypsine et la 
pepsine, 425. 

Gerber (G.) et Salkind (J.) Action 
physiologique des latex. L. Injections sous- 
cutanées de latex décaoutchouté ou non de 
Fieus carica L. chez le pigeon, 65. — II. 
Injections sous-cutanées, sous-péritonéales 
et intramusculaires de latex de Ficus co- 
ronata Reinw., chez Mus decumanus var. 
alba, Columba domeslica, Tarentula mau- 
riltanica, Rana temporaria et Maena jus- 
culum, 253. — IV. Intoxication aiguë par 


GIAJA — HOLLANDE 


le latex de Broussonetia papyrifera. 427. — 
N. Injections sous-cutanées des latex frais 
ou bouillis de Maclura aurantiaca, Morus 
 nigra, Morus alba chez le pigeon, le rat, 
la grenouille et le sarran, 721. 

Giaja (J.). Sur la digestion des manno- 
galactanes chez les oiseaux, 1315. 

Gilbert (A.) et Villaret (Maurice). 
Contribution à l'étude du syndrome d’'hy- 
. pertension portale. L'examen chimique des 
ascites cirrhotiques à l’aide de quelques 
réactions destinées à différencier les traus- 
sudats des exsudats, 930. 

Gilbert (A.), Villaret (Maurice) et 
Pichancourt (M.). Contribution à l'étude 
du syndrome d’hypertension portale. Note 
sur la tension des liquides d’ascite sympto- 
matique des cirrhoses alcooliques, 1204. 

Gineste (Ch.). Chromidies et dualité 
nucléaire chez les flagellés, 405. — L’ « ap- 
pareil nucléaire » de quelques Cercomo- 
nades, 408 — Stérilisation des milieux 
putrides par la suraération, 770. 

Girard (Pierre). Sur les relations 
osmotiques des globules rouges avec leur 


milieu : influence de l’état électrique de 
la paroi, 520. 
 Glénard (Roger). Voir Carnot 
(Paul). : 

Gobert (FE... Nouvel essai négatif de 


désanaphylactisation par une eau miné- 
rale, 1240. 

Goéré (J.). Le choléra et la fièvre ty- 
phoïde peuvent-ils être propagés par les 
lézards? 91. 

Gompel (Marcel) et Henri (Victor). 
Etude quantitative de l'absorption des 
rayons ultra-violets par les alcaloïdes., — 
I. Atropine, apoatropine et cocaïne, 1066. 
Voir Stassano (H.). 

Gouin (André) et Andouard (P.). 
Des échanges azotés de l’organisme, 192. 
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(Deuxième note), 1082. 

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lurobiline et de la bilirubine dans les 
fèces par l'oxydation directe, 265. Voir 
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dosage de l’urée par l'hypobromite, 951, 
1063. 

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sérum sanguin, 898. 

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Guérin (C.) Voir Galmette (A. 


14531 


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tive dans les cæcums entériques d’Anilo- 
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Guilliermond (A.).Sur les mitochon- 
dries des champignons, 618. — Sur l'étude 
vitale du chondriome de l’épiderme des 
pétales d'Iris germanica et de son évolu- 
tion en leuco et chromoplates, 1280. 

Guinier (Ph.). Un cas de spécialisation 
parasitaire chez une urédinée. (Parasi- 
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sur une mouche, Drosophila ampelophila 
Low. — I. Possibilité de vie aseptique 
pour l'individu et la lignée, 97. — II. Rôle 


: des levures dans l'alimentation, 118. — 


III. Changement de milieu et adaptation, 
223. — IV. Nutrition des larves et fécon- 
dité, 210. — V. Nutrition des adultes et fé- 
condité, 332. — VI. Résorption des sper- 
matozoïdes et avortements des œufs, 389. 
— VII. Le déterminisme de la ponte, 443. 


H 


Haibe (A.). A propos des infections de 
laboratoire à bacilles typhiques, 998. — 
Sur la cholécystite typhique, 1046. 

Hallion (L., Morel (L.) et Papin 
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l'extrait prosfatique, 401. 

Hanns et Jacquot.Phagocytose du ba- 
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chidien, 490. 

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tique possède-t-il une propriété antidia- 
bétique? 238. 

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de la sécrétine dans la muqueuse intestinale 
après l’extirpation totale du pancréas, 315. 

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1432 


HUGOUNENQ — LABBÉ 


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(xanthydrol) pour le dosage de l’urée dans 
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Iline (V.). Le rôle défensif des sto- 
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Ivanov (J.. Action de l'alcool sur les 
sper matozoïdes des mammifères (première 
communication), 480. — Expériences sur 
la fécondation des mammifères avec le 
sperme mélangé d'alcool (deuxième com- 
munication), 482. Voir Faltz-Fein. 


J 


Jacobson (Grégoire) et Stancescu 
(Gorneliu). Sensibilisation et immunisa- 


tion à la tuberculine par cutiréaction 
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des genres Zymonema et Mycoderma, 1134. 

Javai(A.). Le rapport dit «azoturique » 
dans les diverses sérosités de l’organisme, 
319. — Elévation du rapport azoturique 
humoral chez les azotémiques, 397. — Di- 
minution azoturique humoral dans difé- 
rents états pathologiques, 543. 

Jeandelize (P.). Présentation de l’al- 
bum diploscopique du D' Rémy, 1342. 

Joachimides (D.) Voir Ghabanier 
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Joleaud (A.). Séries longitudinales 
et séries transversales de plaques dans 
les cirrhipèdes primitifs et dans les cir- 
rhipèdes pédonculés. Simplification de la 
nomenclature. L'évolution dans le genre 
Loricula, 58. — Le genre Mitella, 417. — 
La capitule dans le genre Pollicipes. Aff- 
nités de Pollicipes avec Archæolepa et de 
Mitella avec Loricula, 420. — Caractères 
fondamentaux du genre Scalpellum. Pol- 
licipes (Calantica) villosus. Le genre Scil- 
lælepas, 422. — Examen critique de la 
valeur des principaux caractères sur les- 
quels a été fondé le genre Scillælepas Seg. 
Observations sur quelques espèces fossiles 
appartenant à ce genre ou que l'on a 
supposé pouvoir y appartenir, 1334 


Joleaud (A.et L.). I. Un nouveau cir- 
rhipède pédonculé fossile : 
cazioti, 123: 

Jolly (J.). À propos du procès-verbal. 
Sur la vitesse du mouvement de reptation 
des leucocytes, 504. — Sur les organes 
lympho-épithéliaux, 540. — Nouvelles oh- 


‘servations sur la survie des leucocytes. 


Limites de la survie, 872. 


Jonnesco V.). Voir Laignel Lors 


tine. 


Jonesco-Mihaiesti (C.). Sur la toxi- 
cité du sérum de lapin immunisé et ses » 
relations avec les phénomènes d'anaphy- 


laxie, 1414. — Etude sur le cobaye de l& 


toxicité du sérum de lapin immunisé, 146. 


Jong (Mc de). Voir Mulon (EP. 


Josué (0.) et Belloir (F.). Contribu- 
tion à l'étude du ralentissement digitali- : 


que du pouls, 1218. 
Joukoff (N.-M.). 
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Julien (A.). Voir Weinberg (M... 
Joustchénko (A.). Contribution à la 
physiologie du corps thyroïde. La teneur 
en azote, en phosphore, 


dectomisés, 145, 


K 


Kchichkowsky (K 
vations sur la physiologie des animaux 
inférieurs, 100. 

Keïlin (D.). Sur les conditions de nu- 


trition de certaines larves de diptères : 


parasites de fruits, 24. 


Kervily (Michel de). Sur l'époque, le 


lieu et le mode d'apparition de diverses 


élaborations dans le mésenchyme pulmo- 


naire chez l'embrÿon humaïn, 1208.— Va- 
riations de structure de la membrane 
basale des bronches chez le fœtus humain, 
1317. À 

Kholodkowsky (N.-A.. 
pèces biologiques, 143. 


Kling G.). Epidémiologie de la polie= 


myélite, 1367. 


Kling et Levaditi. Etude sur la polio- 5 


myélite aiguë endémique, 316. 
Koch R.). Voir Socor. 


É 


Labbé (H.). Dosages de l'azote uréique 


et de l'azote résiduel dans le sérum san-. 


guin, 191. 


Scillælepas 


Culture du parasite 


en lipoïdes de . 
différents organes des animaux thyroï- 


.). Quelques obser- 


Sur les es- 


LABBÉ — 


.) et Debré (R.). Formol-ti- 
199. — 


Labbé (H 
“ration du sérum et des humeurs, 
Causes de la formol-titration du ‘sérum 


‘sanguin, 289. — Facteurs influencant la 
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Labat (Paul). Voir Mongour (Ch.). 
Lacassagne (Ant) Voir Regaud 
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Laïgnel-Lavastine et Jonnesco 
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sur l'autolyse aseptique du rein de cobaye. 
70. 


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Langlois (J.-P.) et Socor (E.). 


Echanges respiratoires en milieux chauds, 
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de la strychnine sur le nerf; hétérochro- 
nismes non curarisants; poisons curari- 
sants, 1012. — Quelques points de l’action 
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Lapicque (L.) et Fauré-Fremiet). 
Mesure de l'excitabilité électrique de la 
Morticelle, 1194. 

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Laroche (G.), Richet fils (Ch.) et 
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De l'immunité leucocytaire, 146. — De 
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munité (lencocytaire) générale, 1167. 

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de Bacillus Le Monnieri, nov. spec. an | 
préliminaire), 41. — Influence du fer sur 
la végétation et la coloration des cultures 
de diverses Bactéries, 496. 

Lasseur (Ph.\ et Thiry (G.). Nou- 
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Laugier (H.) et Richet (Ch.). Les 
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sionnel, 816. Voir Gardot (Æ.). 

Launoy (L.) et Levaditi (C.). Nou- 
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Launoy (L.) et Lévy-Bruhl (M... 
Les variations numériques et morphologi- 


Voir Grimbert (L:.), 


LEVADITI 1433 


ques des globules blancs chez les poules 
infectées de Spirillose Gallinarum, 154. 

Launoy (L.) et Œchslin E..). Sur 
une méthode de préparation de la sécré- 
tine (note préliminaire), 338. Voir Ar- 
mand-Delillé. 

Laveran (A.) et Franchini (G.) : 
Trypanosoma talpæ chez Palæopsylla gra- 
cillis, 12584. 

Laveran (A.) et Marullaz (M.). 
sujet du Trypanosoma talpæ, 1007. 

Lécaïllon (A.). Infécondité de certains 
œufs contenus dans les cocons ovigères 
des araignées, 285. 

Le Dantec (A.). Note sur un myco- 
derme rencontré dans les fècès de deux 
matelots béribériques, 412. — Mycoder- 
mose intestinale dans divers états patho- 
logiques, 414. 

Legendre (R.). À propos du pigment 
des cellulesnerveuses d’Helix pomatia, 262. 

Leger (Marcel). Voir Ghatton (Ed.). 

Le F'illiatre. Analgésie générale par 
la rachicocaïnisation 1ombo- -sacrée, 1401. 

Lelièvre (Aug.). Voir Retterer(Ed.). 

Lematte (L). Séparation et dosage 
V olumétrique de l'urée et de l ammoniaque 
urinaires, 211. — Dosage des acides ami- 
nés dens lurine, 280. 

Le Noir et Théry. De l’action êu 
bicarbonate de soude à doses moyennes 
sur l'élimination rénale provoquée, 432. 

Le Noir, Théry et Verpy. Action du 


Au 


bicarbonate de soude à dose moyenne sur 


l'élimination rénale provoquée, 538. 

Léopold-Lévi. Psoriasis et fhuma- 
tisme chronique. Transformation par l’opo- 
thérapie thyroïdienne et testiculaire, 1156. 

Lépine (R.) et Boulud. A propos des 
sucres du sang. — I. Sur l'existence du 
maltose dans le sang, 16. — II. — Sur le 
sucre faiblement combiné dans le sang, 16. 

Lesieur (Ch.). Voir Bérard (L.). 

Le Sourd (L.) et Pagniez (Ph... 
Recherches sur l'origine des plaquettes, 
580. — Recherches sur l’origine des pla- 
quettes (deuxième note), 188. — Action 
sur la pression sanguine de produits dé- 

rivés des plaquettes, 1259. 

Levaditi (G.). Symbiose entre le virus 
de la poliomyélite et les cellules des 
ganglions spinaux, à l'état de vie pro- 
longée in vitro, 119. 

Levaditi (C.) et Mutermilch (St.). 
Action de la toxine diphtérique sur la 
survie des cellules in vilro, 319. — Con- 
tractilité des fragments de cœur d'em- 
bryon de poulet in vitro, 462. — Action 
de la ricine sur la vie et la multiplication 
des cellules 2n vitro, 611. — La sérothéra-_ 
pie antidiphtérique préventive et curative 


1434 


des éléments cellulaires, à l’élat de vie 
prolongée in vilro, 614. — Mode d'action 
des rayons sur la vie et la multiplication 
des cellules in vitro. (Première note.) 
Rayons ultra-violets, 1180. — Action du 
venin de cobra sur la vie et la multiplica- 


tion des cellules in vitro, 1305. — Séro- 


thérapie antivenimeuse sur des cellules 
en état de vie prolongée et de multiplica- 
tion in vitro, 1379. Voir Comandon, 
Kling, Launoy (L.), Marie (A.). 

Lévy (Fernand). Y a-til des albu- 
minueries d'origine vésicale, 355. 

Lévy-Bruhl(M.). Voir Launoy (L.). 

Lian (C.) et Morel (L.). De l'exac- 
titude de la méthode de Riva-Rocci, dans 
la mesure de la pression artérielle maxima 
(première note), 1148. 

Lisbonne (Marcel). Une RUE à 
rapide et précise du dosage du sucre dans 
le sang, 474. — Mesure du pouvoir glyco- 
\ytique par l'étude de l'élimination azotée, 
947. — Le coefficient d'acidose chez le 
chien dépancréaté, 804. Voir Hédon (E.). 

Livon (Ch) et Peyron. Sur les phé- 
nomènes de stase de la substance col- 
loïde dans la région interlobaire de l’hy- 
pophyse, 61. 

Lobo-Onell (Gh.). 
(H.). 

Loris-Mélikow (J.. Présence du 
B. satelitis dans les huîtres, 111. — Mesure 
de la putréfaction, 229. 

Loris-Mélikow et Ostrovsky. Tu- 
berculose et B. perfringens, 227. 

Loyez (M'° Marie). Rôle du tissu 
conjonctif dans l’atrésie folliculaire phy- 
siologique de la femme, 92. 

Lytchkowsky. Voir Doyen. 


Voir Chabanier 


M 


Magne (H.. Pathogénie de l'hyper- 
glycémie curarique, 30. 

Magnan (A.). Observations anatomi- 
ques chez les Dauphins, 406. — Varia- 
tions du poids de la rate chez les mam- 
mifères, 209. 

Maillard (L.-C.) Remarques à pro- 
pos de la note de M. A. Grigaut, 266. 

Manoukhine (J.-J.) Sur les leuco- 
cytolysines et les antileucocytolysines 
dans l’anaphylaxie, 1149. — Sur le rôle 
des globules blancs et de la rate dans la 
production de l’alexine, des hémolysines, 
des agglutinines et des bactériolysines, 
1221. — Sur l'influence de l'irradiation de 
la rate sur la tuberculose chez des singes 
et des cobayes, 1183, 


LÉVY — MAYER 


Marie (A.). Glandes surrénales et toxi- 
infections (troisième note), 221. : 
Marie (A.), .evaditi (T.) et Ban- 
kowski. Prése ce du Treponema pulli- 
dum dans le cerveau des paralytiques gé- 
néraux, 194. — Présence constante du tré- 


ponème dans le cerveau des para BÈdUee 


généraux morts en ictus, 1009. 

Marie (Pierre), Roussy (Gustave) 
et Laroche (Guy). Sur la reproduction 
expérimentale des en hé- 
morragiques, 1303. 

Marinesco (G.). Remarques à propos 
de la note de Mn° Papazolu, 304. 

Marinesco (G.) et Minea (J.). Sur 
le rajeunissement des cultures de gan- 
glions spinaux, 299. — Association de mé- 
ningite syphilitique et de paralysie géné- 
rale : présence de Tréponèmes dans les 


méninges, 109. — Présence du tréponème 
pâle däns le cerveau des paralytiques gé- 
néraux, 149. — Présence du Treponema 


pailidum dans le paralysie générale, 975. 

Marinesco(G.)et Papazolu (M::°Al.). 
Sur la spécificité des ferments présents 
dans le sang des parkinsonieus, 1419., 

Marmoiton. Pupillomètre à trous sté- 
nopéiques, 1360. 

Martin (M'e Frida). 
(Maurice). 

Martin (Louis). Notice sur Paul Yvon 
(1848-1913) (Mémoire), 908. ï 

Marullaz (M.\et Roudsky (D... Con- 
tribution à l'étude de Hæmogregarina 
terziüi Sambon et Seligmann, 128. Voir 
Laveran (A). 

Mironesco. Voir Neumann. 

Massol (L.). Recherche comparative 
de la toxicité de la tuberculine de Koch 


Voir Arthus 


chez les cobayes infectés de tuberculose 


par injection sous-cutanée ou par instilla- 
tion dans l'œil, 1260. 

Massol (L.), Breton (M.) et 
Bruyant (L.). Transmission au cobaye 


sain de l’hypersensibilité de la tubercu-. 


line, au moyen de transfusion du sang du 
cobaye tuberculeux, 183, 2417. Voir Bre- 
ton (M.), Galmette. 

Mathieu (P.). Voir Parisot (J.). 

Maupas (E) et Seurat (L.-G.). 
La mue et l'enkystement chez les Stron- 
gles du tube digestif, 34. 

Maurel (E.) Contribution à l'étude 
des modifications subies par les éléments 
figurés du sang dans l’intoxication satur- 
nine, 341. Voir Garcanague. 

May (Et.). 
aux solutions hypotoniques 
soustractions sanguines, 1313. 


après les 


Mayer (André). Remarque à propos. 


de la communication de M. Frouin, 1186. 


La résistance globulaire 


MAMAN 


Mayer (André), Schaeîffer (G.) et 
Rathery (F.) Valeur de quelques mé- 
thodes histologiques pour la fixation des 
corps gras, 241. — L'eau d’'imbibition des 
tissus. Constance pour un même organe: 
inégalité de répartition dans un même or- 
ganisme, 150. — Une hypothèse de {ravail 
sur le rôle physiologique des mitochon- 
dries, 1384. Voir Armand-Delille (P.). 

Mawas (J.) Sur la nature de la pla- 
que blanche rétinienne et sur les lipoïdes 
de la rétine dans un cas de rétinite albu- 
minurique, 86. — Structure de la mem- 
brane propre du tube contourné du rein, 
189. — Sur un nouveau procédé de dépig- 
mentation des coupes histologiques (ac- 
tion de l’acide chromique sur les pigments 
oculaires et la mélanine des tumeurs, 
519, 694. 

Meillière (G.). Recherche et caracté- 
risation des acides biliaires dans l'urine, 
844. 

Mello (Ugo). Étude du sérum de che- 
vaux porteurs de tumeurs malignes par 
la méthode de Freund et Kaminer, 231. 

Ménard (Pierre-Jean). Éosinophilie 
expérimentale (première note), 1298. 

Mercier (L.). A propos des néphro- 
phagocytes de l'ulérus de la lapine ges- 
tante, 165. — A propos du déterminisme 
de la sécrétion mammaire chez la la- 
pine, 646. — Etat de nos connaissances 
sur le déterminisme de l'apparition du lait 
chez la lapine gestante, 887. — Voir Cué- 
not. 

Mercier (V.}). Voir Frouin (A.). 

Merland (L.) Voir Tournade (A.). 

Mesnil (F.) et Sarrailhé (A }. Toxo- 
plasmose expérimentale de la souris : pas- 
sage par les muqueuses: conservation du 
virus dans le cadavre, 1395. 

Metalnikov (S.). Sur la faculté des 
infusoires « d'apprendre.» à choisir lanour- 
riture, 101. — Comment les infusoires se 
comportent vis-à-vis des mélanges de di- 
verses matières colorantes, 104. 

Michaïil (D.). Sur la nature anaphy- 
lactique de la conjonctive blennorragique 
endogène (métastatique), 978. 

Minea (J.). Voir Marinesco (G.). 

Mocincesco (Marie). Recherches sur 
le liquide céphalo-rachidien normal em- 
ployé comme antigène, 916. 

Mongour (Ch.), Bonnin et Labat 
(Paul). Index mercurique de Chelle. Note 
sur ses variations dans certains étais pa- 
thologiques, 113. 

Moog (R.). Sur le degré de précision 
de la méthode à l'acide trichloracétique 
pour le dosage de l'azote uréique dans le 
sérum, 325. 


NETTER 


Moreaux (R.). Sur l'emploi de vapeurs 
d'iode en thérapeutique oto-rhino-laryngo- 
logique, 1352. — Sur le mode d'action de la 
rééducation auditive dans le traitement 
de la surdité, 1354. 

Morel (Albert). Voir Hugounenqg 
(Louis). 

Morel (L.). Les relations fonctionnelles 
entre le foie et les parathyroïdes, 28. 

Morel (L.) et Chabanier (H.). L'éo- 
sinophilie des prostatiques (première 
note), 948. 

Morel (L.) et Verliac (H.). L'hyper- 
trophie rénale compensatrice, 1202. Voir 
Hallion, Lian (C.). 

Mougeot (A.). Voir Billard (G.). 

Moulinier(R.) Reproduction synthé- 


tique du pouls veineux jugulaire, 410. 


Mulon (P.): Rapport de la cholesté- 
rine avec la pigmentation, 587. — Re- 
marques à propos de la communication 
de M. A. Prenant, 929. — Du rôle des li- 
poïdes dans la pigmentogénèse, 1023. 

Mulon (P.) et Jong (M!e de). Corps 
jaunes atrésiques de La femme. Leur pig- 
mentation, 58). 

Murard (Jean). Sur les résultats de la 
néphrotomie chez le lapin, 455. 

Mutermilch (S.) et Bankowski 
(J.). Les phénomènes d'adsorption daus 
la production des anaphylatoxines (pre- 
miére note), 1311. — Les phénomènes d’ad- 
sorption dans la production des anaphy- 
latoxines (deuxième note), 1371. Voir 
Comandon, Levaditi (C.). 


N 


:Nageotte (J.) Image paradoxale du 
calibre intérieur des tubes à parois réfrin- 
gentes (deuxième note), 235. 

Navassart (E.). Sur la nature de 
l’alexine, 1243. 

Nefedoff (V }. Contribution à l'étude 
de l’anaphylaxie microbienne;, 612. 

Nègre (L.). Bactéries thermophiles 
des sables du Sahara, 814. — Bactéries 
thermophiles des eaux de Figuig, 867. — 
Recherches comparatives sur les réactions 
humorales des lapins immunisés avec des 
bacilles typhiques vivants Sensibilisés, 
tués par la chaleur et tués par l'éther, 
ANS 1 
Nègre (L.) et Raynaud (M. Dé- 
viations du complément avec le melilensis 
et le paramelitensis, 1115. Voir Ardin- 
Delteil, Trabut (C.). 

Netter. Réponse à M. Chantemesse, 
1043: 


1430 NETIER — POIARKOW 


Netter et Weil (Mathieu-Pierre. 
La déviation du complément par le ba- 
cille de Bordet et Gengou dans la coque- 
luche (première note), 236. 

Neumann et Mironesco (TH). Conu- 
tribution à l'étude du filtrat de virus ra- 
bique, 712. 

Nicloux (Maurice). Sur le dosage 
et la distillation des traces d'alcool éthyli- 
que. Application au dosage dans le sang, 
l'urine et les tissus, 267. 

Nicloux (Maurice) et Nowicka 
(Victoire). Sur le pouvoir d'absorption 
dé la véssie, 313. — Sur la perméabilité 
de la vessie, 394. 

Nitesco (J.-J.). Sur la constante uré- 
imique d’Ambard dans les affections du 
cœur et dans les scléroses cardio-vascu- 
laire, pulmonaire et cardio-rénale, 1491. 

Nogier. Voir Gourmont (Paul). 

Noguchi (Hideyo) Découverte du 
tréponème pâle dans les cerveaux de pa- 
ralytiques généraux, 349. — Des moyens 
de reconnaître le tréponème pâle en cul- 
tures pures, 98%. 

Noiré. Voir Emile-Weil (P.). 

Nové Josserand. Voir Ghalier (J.). 

Nowicka (Victoire). Voir Nicloux 
(Maurice). 


O 


Œchslin (K.). Voir Launoy (L.). 

Oddo (C.) et Payan (L.). Coïnci- 
dences de la courbe des chlorures uri- 
naïres avec les manifestations épilepti- 
ques, 249. 

Orticoni (A.). Voir Sartory (A.). 

Ostrovsky. Voir Loris-Mélikov. 


P 


Pagniez (Ph) A propos du procès- 
verbal. Remarques au sujet dela note de 
M. Aynaud: Action du sérum antiglobu- 
lin in vivo, 204. — Remarques à propos de 
la réponse de M. M. Aynaud, 276. Voir 
Le Sourd. . 

Papazolu (Mme Alex.) Sur la pro- 
duction des substances biurétiques dans 
les centres nerveux malades (épilepsie, 
démence précoce, paralysie générale) et 
dans le corps thyroïde (goitre), le thymus 
ct l'ovaire des ba:cdowiens, par le sérum 
:»s individus attei !{S de ces mêmes mala- 

>s, 202, — Sur l1 présence et la spéci- 
i. ité des ferment: dans le sang des ma- 


lades atteints d'atrophie musculaire, 99. 
— Voir Marinesco. 

Papin (E.) Voir Hallion (I.). 

Parisot (Jacques) et Mathieu (P.). 
Modifications de la nutrition générale 
sous l'influence de l'hyperglycémie expé- 
rimentale, 43. — Hyperglycémie expéri- 
mentale et diurèse, 168. — Absorption et. 
élimination du sucre au cours de l'hyper- 
glycémie expérimentale, 492. — Quelques 
réactions de l'organisme dans l'hypergly- 
cémie expérimentale, 494. 

Parisot (J.). Voir Robert (N.). 

Pateïin (G.) et Roux (E.) Contribu- 
tion à l'étude des propriétés hémolysantes! 
du sérum sanguin, 1061. 

Paulesco (N.-C.). Chez un chien 
inanitié, le foie subit une diminution de 
glycogène uniformément répartie dans 
tous les lobes? (première note prélimi- 
naiïre), 627. — Chez un chien alimenté, le 
glycogène est-il distribué d'une facon 
égale danstous les lobes du foie? (deuxième 
note préliminaire), 629. 

Payan (L.). Voir Oddo (C:.. 

Pawlowski (E.). Sur la destruction 
des glandes à venin de certains poissons et 
en particulier de Plotosus, 1038 

Pérard (Gh.). Voir Chatton (Ed.). 

Pérard et Ramon. De l'existence des 
tuberculides des bovidés, 133. 

Pettit (Auguste). Procédé simple 
pour prélever du sang chez les petits ron- 


geurs, 11. — Action de la toxine diphté- 
rique sur le rat, 1198. Voir Aynaud 
(Marcel). 


Peyron. Voir Livon (Ch.). 
Pezzi (Ch. Si l’on exerce sur uñe 
artère une contre-pression égale à la pres- 


sion diastolique, la pression systolique 


augmente en aval, 321. — Le phénomène. 
de Ehret et les dimensions du brassard 
dans la mesure de la pression artérielle 
chez l'homme, 436. — Sur un accident 
particulier du cardiogramme humain, 


1002. s 


Pezzi (C.) et Gierc (A.. Comtrac- 
tions ventriculaires ie et aryth- 
mie complète, 190: 

Phisalix (M°). Sur une hémogréga- 
rine du python molure et ses formes de 
multiplication endogène, 1052. — Sur une: 
hémogrégarine de la vipère fer de lance 
et ses formes de multiplication endogène, 
1286. 

Pichancourt (M.). Voir Gilbert (A.). 

Piéron (Henri). A propos de la: ca- 
talepsie des Phasmides, 1079. 

Poïarkow ‘E.). L'influence du jeüne 
sur le travail des glandes sexuelles du 
chien (communication préliminaire), 141. 


ATEN 


: le chien 
quelques points de la structure du mus- 
_ cle du marteau chez le chien (deuxième 


Poirot-Delpech. Voir Chassevant 
(A). ; 

Policard (A.). Sur quelques points de 
la structure du muscle du marteau chez 
(première note), 101. — Sur 


note), 181. 
Policard (A.) et Regaud (C1. Sur 
la signification de la rétention du chrome, 


en technique histologique, au point de 


vue des lipoïdes et des mitochondries. — 
11. Résultats et conclusions, 558. Voir 
Regaud ({C1.). 

Ponselle (A ). Recherches sur la-cul- 
ture in vitro du Trypanosoma granulosum 
Laveran et Mesnil, 1902. — Une nouvelle 
modification au milieu de Novy et Mac Neal, 
339. — Recherches sur la culture in vitro 
du trypanosome de l’anguille (Trypano- 
soma granulosum Laveran et Mesnil, 1902). 
— Une nouvelle modification au milieu de 
Navy et Mac Neal, 522. — Culture in vitro 
du Trypanoplasma varium Leger, 683. — 
Technique pour la coloration des Trypa- 
nosomes et Trypanoplasmes de culture, 
1072. 

Popea. Voir Preda. 

Porak (René). Voir Camus (Jean), 
Claude (Henri). 

Portier (P.). Voir Bierry (H:.). 

Poy (G:). \oir Garrelon (L). 

Pozerski (E.). Indépeudance de l'in- 
coagulabilité du sang et de la disparition 
du pouvoir hémolytique provoquées par 
l'injection de peptone, 571. 

Preda (G.) et Popea. Recherches ex- 
périmentales sur l’épilepsie, 918. — Re- 
cherches expérimentales sur le sérum des 
‘épileptiques, 920. 

Prévot. Voir Dujardin-Beaumetz. 

Puyhaubert. Voir Delmas. 

Prenant (A). Sur l’origine mitochon- 
driale des grains de pigment, 926. 

Proca (G.). Action de l’adrénaline sur 
des hématies, 713. 


R 


Radulesco Mie). Voir Sion (S.-V.\. 

Raïlliet (A.) et Henry (A. Sur les 
Douves de l'intestin du chien, 929. 

Ramadier (Jacques). Note sur la to- 
pographie de l’antre mastoïdien et de 
« Paditus ad antrum », chez l’adulte, 215. 

Ramon. Voir Dujardin-Beaumetz, 
Pérard. 

Ranc (Albert). Voir Fandard Lucie). 


POIROT-DELPECH — RETTERER 


‘1437 


Ranque et Sénez. Action de l'iode 


sur le bacille d'Éberth (note prélimi- 
naire), 57. 

Rathery (F.) Voir Mayer (An- 
dré). 


Raybaud (Laurent). Sur la présence 
et la persistance de l'acide cyanhydrique 
dans quelques graminées des pays chauds, 
1116. 

Raynaud (M.). Voir Ardin-Delteil, 
Nègre (L.), Trabut (C.. 

Rebattu, Brissaud et Richard. 
Modifications de la formule neutrophile 
sanguine d'Arneth sous l'influence de 
l’inhalation de l’émanation du radium, 471. 

Rebière (G.). Dosage colorimétrique 
du fer colloïdal électrique, 571. 

Regaud (C1l.). Sur les variations de la 
radiosensibilité (aux rayons X) des cel- 
lules nourricières de l’épithélium séminal 
chez le rat, 1256, 4332. 

Regaud (Cl. et Crémieu (R.). La 
leucocytose polynucléaire dans le thymus 
rüntgénisé, 862. — Sur la formation tem- 
poraire du tissu myéloïde dans le thymus, 
pendant l’involution de cet organe consé- 
cutive à l’action des rayons X, 960. 

Regaud (Gi.) et Lacassagne (Ant... 
Sur l’évolution générale des phénomènes 
déterminés dans l’ovaire de la lapine par 
les rayons X, 601. — Sur les conditions de 
la stérilisation des ovaires par les rayons X, 
783. — Sur les processus de la dégéné- 
rescence des follicules dans les ovaires 
rontgénisés de la lapine, 869. — Sur la ra- 
diosensibilité (aux rayons X) des cellules 
épithéliales des follicules ovariens, chez 
la lapine, 1308. 

Regaud (Gl.) et Policard (A... Sur 
la signification de la rétention du chrome 
par les tissus en technique histologique 
au point de vue des lipoïdes et des mito- 
chondries. — I. Fixation « morphologi- 
que » et fixation « de substances », #49. 
Voir Faure (M.), Policard. 

Regnier et Tiffeneau. Elude phy- 
siologique des chloraloses mono- et bi 
déchlorés, 874. 

Remlinger (P.). Contribution à l'étude 

de Discomyces maduræ Vincent. 516. 

Rénon (Louis), Degrais et Thi- 
baut. De la non-intervention de la rate 
dans l’action leucogénique du radium sur 
la leucémie myéloïde, 937. 

Rénon  (L.) et Thibaut. Rapports 
entre l'hémolyse et la toxicité du sérum 
humain. Influence de la réactivation, 89, 
139. 

Retterer (Éd.) et Lelièvre (Aug.. 
De l'amygdale d'un supplicié, S3. — 


1438 


RIBOT — SARTORY 


D ———————————  — 


Transformations normales, chez le lièvre et 
le lapin, d'une bourse muqueuse en une ca- 
vité à parois cartilagineuses, 123. — Nou- 
velles recherches sur la bourse de Fabri- 
_ cius, 182. — Homologies de la bourse de 

Fabricius, 382. — Hématopoïèse dans le 
thymus, 435. — Évolution histogénétique 
du thymus du bœuf, 593. — De la nature 
et de l'origine des corpuscules salivaires, 
661. — Structure de la cellule pancréa- 
tique de quelques mammifères, 940. — 
Origine et valeur cellulaire des éléments 
qui constituent les follicules clos tégu- 
mentaires, 1141. — Développement des 
hématies dans les ganglions lymphaliques 
du porc, 1226. — Dès son apparition, le 
ganglion lymphatique est hématiforma- 
teur, 1274. — Influence de la castration 
sur l’évolution et les transformations cel- 
lulaires, 1403. 

Ribot (A.). Voir Achard (Ch.). 

Richard. Voir Rebattu. 

Richet (Charles). Une race de fer- 
ment lactique arsénicophile (accoutumée 
aux doses fortes d'arsenic), 1252. — Voir 
Laugier ‘Henri), Lassablière (P.). 

Richet fils (Ch.). Voir Laroche (G.). 

Rimbaud (L.). Voir Vallet. 

Rist. Voir Armand-Delille. 

Robert (H.) et Parisot (J.). Carac- 
térisalion de la globine dans l'urine, en 
présence des autres albumines urinaires, 
836. — Étude de quelques cas cliniques de 
globinurie, 838. 

Rochaix (A. Nouveau milieu végé- 
tal pour cultures microbiennes (agar au 
jus de carotte), 604 — Nouveau caractère 
différentiel des bacilles du groupe coli- 
Eberth, 606. Voir Froment (J.). 

Rodet (A.). Action du bacille d'Eberth 
‘sur les éléments figurés du sang. Pouvoir 
hémolytique, 6. — Observations sur les 
variations des éléments figurés du sang 
chez les chevaux fournisseurs du sérum 
anlityphique, 80. 

Roger (H.) et Ghevallier (P.). De 
l'uraturie paroxystique, 335. 

Romalo (E.) et Dumitresco (D.. 
Concentration en chlorure de sodium de 
la sérosité de l’œdème par rapport au 
sérum sanguin, 1244. 

Ronchèse (A. Sur le séro-diagnostic 
de Ia mélitococcie avec des cultures 
tuées par le formol, 210. 

Rosenthal (Georges).Conditions d'in- 
nocuité et de réveil de la spore de l’anhé- 
mobacille du rhumatisme articulaire aigu, 
L 10%: 

Roubier (Ch.; Voir Sarvonat (F.). 

Roudsky (D.). Quelques remarques à 
propos de l'immunité naturelle et de la 


spécificité parasitaire, 3. — Voir Marul- 
laz (M.). 
Rougentzoff (D.). La fermentation 


de divers sucres par le B. co et la pro- 
duction de l’indol, 1098. 

Rouslacroix. Histologie dès lésions 
cutanées initiales du mycosis fongoïde, 
255. 


Roussy (Gustave), Voir Camus 
(Jean), Marie (Pierre). 

Routier (Daniel. Voir Claude 
(Henri). ; 

Rouvière (H.). Note sur les con- 


nexions que présente le palatin avec le 
cornet inférieur et le maxillaire supérieur, 
1048. 

Rouvière (H.) et Delmas (J.). Note 
sur le développement du canal carotidien 
chez l'homme, 731. 

Roux (E.). Voir Patein (G.). 

Roux (Jean-Charles) et Taillan- 
dier. De l'apparition de la créatine dans 
l'urine des lapins, après l’ablation des cap- 
sules surrénales, 1206. 

Rouzaud et Cabanis. Contribution 
à l’étude de la cholestérinémie physiolo- 
logique (influence de la marche et du 
sommeil), 469. — Contribution à l'étude 
de la cholestérinémie physiologique. In- 
fluence de l'alimentation, 813. 

Rouzaud, Sucquet et Cabanis. La 
cholestérinémie des syphilitiques : In- 
fluence du « 606 », 1396. 

Ruffer (Marc-Armand) et Crendi- 
ropoulo. Sur la guérison du tétanos 
expérimental chez le cobaye, 1271. 


Saint-Girons. Voir Laroche (G.). 

Salkind {J.). Sur la thymectomie chez 
le crapaud, 66. Voir Gerber. 

Salmon (Paul). L'acridine dans le 
traitement de la maladie du sommeil ex- 
périmentale, 134. 

Sarrailhé (A.). Voir Mesnil (F.). 

Sartory (A.) : Études morphologique 
et biologique d’un bacille rouge, 51. — 
Sur la présence d'Aspergillus fumigalus 
Fr. sur des cigare:, 650. — Note sur un 
nouveau champignon pathogène du genre 
Cospora W., 166. , 

Sartory (A.) et Bainier (G). Etude 
d'un Champignon nouveau du genre Gym- 
noascus, Gymnoascus confluens, n. sp., 498. 

Sartory (A.) et Orticoni (A.). Étude 
d'un Sporotricum provenant d’une. sporo- 
trichose d'un métacarpien, 1133. — Re- 


SARVONAT — THOMAS 


marques au sujet d'un cas de spotri- 
chose, 1346. — Sur un cas de stomatite, 
1341. 

Sarvonat (F.) et Roubier (CGh.). Ac- 
tion de l'hyperthyroïdisation expérimen- 
tale sur la teneur du sang en chaux, 897, 

1027. Voir Doyon (M.), Bonnamour. 
Sauton (R.) Sur la sporulation de 
Aspergillus fumigalus, 38. — Sur la sporu- 
lation de l'Aspergillus niger et de l’Asper- 
gillus fumigalus, 263. — Sur l’action anti- 
septique de l'or et de l'argent, 1268. 

 Schaeîfer (G.) Voir Armand-De- 
lille (P.), Mayer (André). 

Schereschewsky (J.). Effets prophy- 
lactiques de la pommade à la quinine 
dans la syphilis. Durée de l’action pro- 
phylactique, 1147. 

Schmidt (P.-J.). 
phasmides, 705. 

Séguin (P.). Voir Weinberg (M.). 

Sénez. Voir Ranque. 

Seurat (L.-G.). Sur un dispharage 
de la chevêche et les affinités du genre 
Acuaria Bremser, 103. — Sur l’évalution 
du Spirura gastrophila Mull., 286. — Sur 
deux spiroptères du chat ganté (Felis 
ocreata Gmel.), 616.— Le Gundi, nouvel hôte 
du Nematodirus filicollis (Rud.), 954 — 
Sur un cas de pϾcilogonie chez un 
_ oxyure, 1089. Voir Maupas (E.). 

Sieber-Choumov (Mnu:). Sur l’action 
dissolvante de l'eau oxygénée sur les ba- 
cilles tuberculeux, 478. 

Sion (S.-V.) et Radulesco (M'e M... 
Généralisation du vaccin, 715. 

Skszynski. Voir Danysz (J.). 

Slatineano (A.) et Giuca (M.). Pou- 
voir toxique du sérum normal de cobaye 
et réactivation par un colloïde de ce sé- 
rum ayant perdu sa toxicité en vieillis- 
sant, 631. 

Smyrnoîf (M'e). Voir Doyen. 

Socor (E.) et Koch (B.). Action de la 
ventilation sur les échanges des animaux 
normaux au repos dans un milieu hu- 
mide et chaud, 515. Voir Langlois (J.-P.). 

Solacolu (T.). Les saponines, aliments 
hydrocarbonés pour les végétaux, 304. 

Soula (L.-G.). Sur le mécanisme de 
l’anaphylaxie. Modifications du coefficient 
d’autoprotéolyse dans les centres nerveux 
et modifications des urines après l’injec- 
tion d’un antigène, 244. — Influence de la 
toxine tétanique et de la toxine diphté- 
rique sur la protéolyse et l’aminogenèse 
des centres nerveux, 476. — Des rapports 
entre l’anaphylaxie et l’autoprotéolyse des 
centres nerveux, 592. — Des rapports 
entre l’anaphylaxie, l’immunité et l’auto- 
protéolyse des centres nerveux, 692. — 


Brococre. TABLES. — 1913. T. LXXIV, 


La catalepsie des 


1439 


Influence de la castration sur les pro- 
cessus de protéolyse d'aminogenèse dans 
les centres nerveux, 158. — L'élimination 
urinaire de la chaux au cours de la pé- 
riode de sensibilité anaphylactique, 880. 
— Influence d’une injection préalable d’ex- 
trait de cerveau de lapin normal autolysé 
sur des effets dépresseurs de l’urohypo- 
tensine, 934. Voir Escande, Faure. 
Spillmann (L.) et Watrin (J.). Re- 
cherche du tréponème dans les taches de 
la roséole syphilitique, 1356. — Lésions 
histologiques dans un cas de xanthome 
papuleux généralisé, 1351. 
Stancescu. Voir Jacobson. 
Stassano (H.) et Gompel (M.). De la 
toxicité des différents sels de mercure, 1369. 
Stenstrôm (O.), Fréquence des cas 
de sarcome chez des bêtes à cornes, 521. 
Stern (I..). Voir Battelli (F.). 
Stillmunkes (A.). Voir Bardier (E.). 
Stoïcesco (G.). Sur la distinction des 
albumines du sang et du muscle par l’ana- 
phylaxie, 326. — Sur la perméabilité du 
rectum aux albuminoïdes, 951, 
Stroe (A.). Voir Danila (P.). 
Sucquet. Voir Rouzaud. 


T 


Tchernoroutzky. Le cerveau est-il 
toxique pendant le choc anaphylactique ? 
142. — Sur l’anaphylatoxine de Bordet, 
1913. 

Tchistovitch et Arinkine (M.). Pou- 
voir phagocytaire des leucocytes dans les 
leucémies, 147. 

Teissonnière (Maurice). Contrôle de 
l’inactivation des sérums en expérience 
dans la réaction de Wassermann, 821. 

Terroine (E.). Voir Armand-Delille 
(P.). 
Théry. Voir Le Noir. 

Thibaut. Voir Rénon (Louis). 

Thiele (E.-H.) et Embleton (D. De 
l’exaltation de la virulence des bactéries 
pathogènes, 729. 

Thiry (G.) L'anguillule stercorale 
Strongyloïdes stercoralis (Bavay, 1871), 
chez les mineurs de fer de la Lorraine, 
500. — Bacillus pyocyaneus et lactophé- 


_nine, 651. — De faibles doses d’antisepüi- 


ques exaltent la virulence et les fonctions 
des microorganismes, 652. Voir Codur, 
Guérin (G.), Jacques (P.), Lasseur 
(Ph), Vernier |(P.). 

Thomas (Pierre). Recherche et do- 
sage de l’'ammoniaque dans le liquide cé- 
phalo-rachidien, 621, 


100 


1420 THIEFENEAU — WEILL 


Tiffeneau. Voir Regnier. 

Tillandier. Voir Roux (Jean-Char- 
les). 

Tinel (F.) et Leroïide (J.). Recher- 
ches sur la perméabilité à l’arsenic des 
méninges normales et pathologiques, 1073. 
, Voir Lerocide (J.). 

Tournade (A.). Différence de motilité 
des spermatozoïdes prélevés dans les di- 
vers segments de l'épididyme, 138. — Sur 
les délais de régénération du vague chez 
le rat blanc, 956. : 

Tournade (A.) et Delacarte (J.). 
Longue vitalité des spermatozoïdes dans 
les voies différentielles, 861. 

Toürnade (A.) et Merland (L.). Mo- 
tilité nulle des spermatozoïdes enkystés 
dans le tissu conjonctif, 739. 

Tourneux (F.) et Faure (Ch. Evo- 
lution de la cloison pharyngo-œsopha- 
gienne chez l'embryon du Viperus aspis, 
219. 

Trabut (C.), Nègre ({L.) et Ray- 
naud (M.). Le traitement du trachome 
par des inoculations sous-conjonctivales 
de virus tragchomiteux, 1176. 

Tzank. Voir Flandin (Ch.). 


Ü 


Uleau. Voir Bassat. 


V 


Vallée (H.). Sur la concentration des 
anticorps coagulants, 1065. 1 

Vallet et Rimbaud (L.). Etude ex- 
périmentale de l’agglutination du Micro- 
coccus melitensis, 323. 

Vaney (Clément). La pénétration 
des Gastropodes parasites dans leur hôte, 
598, 166. 

Vaucher. Voir Armand-Delille, 

Vaudremer (Albert). Action de lex- 
trait filtré d'Aspergillus fumigatus sur les 
bacilles tuberculeux, 278, 752. 

Verliac (H.). Voir Morel (L.). 

Vernier (P.) et Thiry (G.). Du ver- 
dissement de l'artichaut par des bacilles 
du groupe du Bacillus subtilis, 840. Voir 
Jannin (I). 

Verpy. Voir Le Noir. 

Viguier (G.) et Weber (A.). Les mi- 
tochondries de l'Fæmogregarina sergen- 
tium durant son évolution dans le sang 
du Gongyle, 664 — Nouvelles observa- 
tions sur l’altération des hématies sous 


l'influence d'une Hémogrégarine chez le 
Gongyle, 160. 

Villaret (Maurice). Contribution à 
l'étude comparée de quelques réactions 
destinées à différencier les exsudats des. 
transsudats (réactions de Rivalta, de 
Gangi et du collargol), 932. — Contribu- 
tion à l'étude du syndrome d'hyperten- 


sion portale. Note sur les imodifications 


de la tension artérielle normale et au 
cours des cirrhoses alcooliques, sous l'in- 
fluence de l’orthostatisme et de la diges- 
tion, 1158. Voir Gilbert (A.). 

Vincent (H.). Influence de la tempé- 
rature de stérilisation sur la validité des 
vaccins antityphiques « chauffés », 847. — 


Sur le pouvoir immunigène des vaccins an- 


tityphiques chauffés, 982. — Remarques à 
propos de la communication de M. Haïbe, 
4000. — Les vaccins chauffés à 120 de- 
grés sont-ils immunigènes? Réponse à 
M. Chantemesse, 1040. 

Viès (Fred). À propos de l'image d'un 
tube de verre, 126, 247. — Image du ca- 


libre d’un tube de verre (deuxième note), 


364, 471. 


Voïinov (D.). L'origine des centrosomes 


en forme de V et leurs rapports avec 
les formations vésiculaires, à propos d'um 


travail de M. le professeur Tchasso- 


wnikow, 1245. 


W 


Watrin (J.) Voir Spillmann (M.). 
Weber (A.). À propos de la structure 


des filaments achromatiques de l’Aster, 


240. — L'origine de l’hypocorde chez les 
Sélaciens, 119. — Sur l'existence de mé- 
tanucléoles durant les premières phases 
du développement ‘embryonnaire, 865. — 
A propos des [forces en jeu dans la 
caryocinèse, 1313. Voir Viguier (Gr.). 

Weill (Mathieu-Pierre). La dévia- 
tion du complément vis-à-vis du bacille 
de Bordet et Gengou dans la coqueluche- 
(deuxième note), 260. Voir Netter (A.). 

Weill (André). Voir Grimbert (L.), 
Widal (F.). 

Weïll (C.-A.). Voir Babinski (J.). 

Weill (Jeanne) Mécanisme de la 
curarisation par la spartéine, 308. — Ac- 
tion de la solanine, de l’aconitine et de la 
delphinine sur l’excitabilité nerveuse et 
musculaire, 1014. 

Weill (E.) et Dufourt (A). Effets 
des injections de bicarbonate de soude 
sur la teneur en alexine du milieu san- 
guin, 802. 


4 


| . phylaxie hydatique passive, 1318. 


WEINBERG 


— ZILGIEN LA 


Weinberg (M.) et Ciuca (A. Re- 
cherches sur l’anaphylaxie hydatique ex- 
périmentale (première note), 958. — 
Anaphylaxie hydatique expérimentale 
(deuxième note). Analogie des symptômes 
de l’anaphylaxie expérimentale avec les 
accidents observés chez l’homme, 987. — 
Recherches sur l’anaphylaxie hydatique 
expérimentale (troisième note). Ana- 


Weinberg (M.) et Julien (A.). Ac- 
cidents mortels observés chez le cheval à 
la suite d'instillation de foxine ascari- 
dienne, 1162. 
._ Weiïinberg (M. et Séguin (P.. 
Quelques observations sur la toxine asca- 
ridienne. Dissociation des effets produits : 
neutralisation de l’action toxique par le 
sérum de chevaux spontanément immu- 
nisés. 855. — Recherches sur l’éosino- 
philie (première note). Éosinophilie locale 
expérimentale, 1059. — Recherches sur 
Péosinophile et l'éosinophilie (deuxième 


- note). Explication de l’abaissement consi- 


dérable du taux de l'éosinophilie après 
l'opération du kyste hydatique, 1096. — 
A l'occasion de la note de P.-J. Ménard, 
sur l’éosinophilie locale, 1366, t. LXX V, 27. 

Wesshberge (Hermann). Variations 
de poids subies par des encéphales d'oi- 
seaux immergés dans des solutions sali- 
nes, 1398. 

Widal (F., Weill (André) et Lau- 
dat (M. Etude comparative du taux de 
la cholestérine libre et de ses éthers dans 
le sérum sanguin, 892. 


Z 


Zeliony (G.-P.). Observations sur des 
chiens auxquels on a enlevé les hémi- 
sphères cérébraux, 107. 

Zilgien (H.). influence des sels d’am- 
moniaque à l’état naissant sur la transfor- 
mation du calomel en sels solubles de 
mercure, 1362. 


NÉ 0 


» 4 2 | 


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CAE, PSS 


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TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES < 


Axnés 1913. — 


PREMIER SEMESTRE. 


— suivi d'un mot commençant par une minuscule, implique que le mot souche 


est sous-entendu. 


Lorsqu'une page débute par —, le mot souche est encore sous-entendu; le 
. lecteur le trouvera au titre courant de la page visée. 


A 


ABDERHALDEN. Méthode pour l’exa- 
men du sérum de la femme enceinte. 
Daunay et Ecazze, 1190. 

ABSORPTION. Voir VESSIE. 

ACGUARIA. SEuRAT (L.-G.), 103. 

ACCIDENTS sériques. Traitement. BE- 
LIN (MARCEL), 113. 

ACCOUTUMANCE à 
Dorrencourt (H.), 801. 

ACIDES. Action sur la digestion du lait 
par les caséases des pancréatines des 
latex. GERBER (C.) et Guror (H.), 1113. 

— AMINES. Dosage dans l'urine. Le- 
MOTTE (L.), 280. 

_ — Milieux de culture pour les microorga- 

… nismes. DazimiEr (R.) et LANCEREAUX 
(Enc.), 1081. Frouin (Ar.\, 1238. 

— Action sur la sécrétion pancréatique. 
FRouin (Ar.), 131. 

_ — introduits dans l'intestin. DELAUNAY (H.), 
169. 

— BILIAIRES dans l'urine. MEILLièRE 
(G.), 844. 

— CYANHYDRIQUE. | Présence dans 
les graminées. Raypaup (L.), 1116. 

— LACTIQUE. Dosage. BeLLet (A.), 900. 

— NUCLÉINIQUE. Propriétés anti- 
coagulantes. Doyon (M.) et Sarvonar 
HAT E RE 

— TRICHLORACÉTIQUE dans le do- 
sage de l'azote uréique. Mooc (R.), 325. 


la spartéine. 


ACIDOSE. Coefficient chez le chien 
dépancréaté. LiSBonnE (MARCEL), 804. 
AGONITINE. Action sur l'excitabilité 
nerveuse et musculaire. WEILL (JEANNE). 

1014. 

ACREMONIUM. Résistance à l'iodure 
de potassium. Gain (E.) et Broco-Rous- 
SEU, 46. 

ACTINOMYCES mordoré. 
dans un kyste paradentaire. JACQuEs (P.) 
et Tarrv (H,), 835. 

ADAPTATION ei changement de milieu 
de Drosophila ampelophila. Guxénor (E.), 
223. 

ADÉNOPATHIE cervicale. Présence de 
streptothricée. BUuRNET (Er.). 674. 

ADITUS ad anftrum. RAMADIER (J.), 
INDE 

ADRÉNALINE. Voir SURRÉNALE. 

ADSORPTION dans l'anaphylotoxine. 
MurermiLcx (S.) et Baxxowskt (D.), 1311. 

AGAR ou jus de carotte. Nouveau mi- 


Présence. 


lieu de culture microbienne. Rocnaix 
(A.), 604. 
AGGLUTINATION de Micrococcus 


melitensis. VAzLEr et RimBauD (L.), 323. 
— d’un bacille d'Eberth. FroMENT (J.) et 
RocHaïx (A.), 191. 
AKRIDINE. Traitement dans la ma- 
ladie du sommeil. SaLMoN (Pau), 134. 
ALBUMINES. Distinction par l'ana- 
phylaxie. Sroïcesco (G.), 326. 

— hétérologues. Perméabilité des ménin- 
ges. Cruca (M.) et DanteLopoLu (D.), 115, 
909. 


1424 


ALBUMINOIDE d'A. 
‘ FauRÉ-FrRemrer (E.), 1407. 

— Perméabilité du rectum. Sroïcesco (G.), 
957. 

ALBUMINOSE des liquides céphalo- 
rachidiens. Dunor (E.), 1323. 

ALBUMINURIE vésicale. 
355. 

— Plaques blanches et lipoides de la 
rétine. Mawas (J.), 86. 

ALGALOIDES. Absorption des rayons 
ultra-violets. Gompez (M.) et Henri (V.), 
1066. 

— Action sur 


megalocephalu. 


Levy (F.), 


la polypnée thermique. 

.. Camus (J.), 553. 
ALCOOL. Action sur les spermatozoïdes. 
Ivanov (J.), 480, 482. 

— éthylique. Dosage. Niccoux (M.), 261. 

ALEXINE. Action des rayons ultra- 
violets. Courmonr (P.), Nocrer et Du- 
FOURT (A.), 1152. 

— Rôle des globules blancs et de la rate. 
MTANOUMENE (RPM? 

— Nature. Navassarr (E.), 1243. 

ALIMENTATION. Influence sur la 
cholestérinémie physiologique. RouzAuD 
et CABANIS, 813. 

AMINÉS. Voir ACIDES. 


AMINOGENÈSE des centres nerveux. 


Influence de la castration. Soura (.-C.), 
158. 

— Influence des toxines tétanique et 
diphtérique. SouLa (L.-C.), 476. 

AMMONIAQUE. Dosage dans leliquide 
céphalo-rachidien. Taomas (P.), 621. 

— Influence des sels sur la transforma- 
tion du calomel en sels -solubles de 
mercure. ZILGIEN (H.), 1362. 

— urinaire. Séparation et dosage. LEMATTE 
(L.), 247. 

AMYGDALE.Rerrerer (Év.) et LELIÈVRE 
(AuG.), 83. 

ANALGÉSIE générale par la rachico- 
caïnisation. Le Frzrrarre, 1401. 

ANAPHVLAXIE. Borper (J.), 811. Jo- 
nesco-Minaïesrr (C.), 1414. 

— alimentaire. FLanDpin (CH.)et Tzanx, 945. 

— de l’ovoalbumine. LarocnE (G.), Ricer 
fils (Cx.) et SarnT-GIRONS/ 81. 

— aux eaux minérales. Birzarp (G.), 99. 
Brrzarp (G.) et Dawreyroux (R.}), 1018. 
BizcaRD (G.) et GRELLETY (R.), 666. 

— dans Ja conjonctivite blennorragique 
endogène. MrcHarz (D.), 978. 

— hydatique expérimentale. WervserG (M. 
et Cruca (A.), 1958, 987, 1318. 

— microbienne. Nereporr (V.), 672. 

— passive. Weinsere (M) et Cruca (A), 
1318. 

— Distinction des  albumines. 
(G.), 826. 


STOÏCESCO 


ALBUMINOIDES — ANTISEPTIQUES à 


— et autoprotéolyse des centres nerveux. 
SouLA (L.-C.), 592. 

— et immunité. SouLA (L.-C.), 692. 

— Elimination urinaire de la chaux au 
cours de la période de sensibilité. 
SouLa (L.-C.), 880. - 

— Désanaphylactisalion. Gogerr (E.), 1240, 
CHASSEVANT (A.), 
DeLreca, 619. 


Gazur (J.) et Porror- 


— Mécanisme. “ii (J.), 225. SouLA Fa 


G.), 244. 

— Leucocytolysine et antileucocytolysine. 
ManoukHINE (J.-J.), 1149. 

— Réaction des albuminoses des liquides 


céphalo-rachidiens. Dunor (E.), 1393. 


— Rétroanaphylaxie. 
BARBES (L.), 1320. 
— Toxicité du cerveau dans le 


BiLcarp (G.) et 


choc. 


ACHARD (CH.) et FLANDIN (Cu), 660. TcHER— 


NOROUTZKY, 142, 892. 
— Traitement des accidents sériques. BE- 
LIN, 173. Voir PESTE. 
ANAPHYELOTOXINES. ArmMann-De- 


LILLE (P.), 562. MutermiLox (S.) et Ban- 
KkowskI (J.), 1311, 1311. TGHERNOROUTZKI 
(M.), 1213. 


ANE. Voir VARIOLE. 


ANÉMIE pernicieuse. Hémolyse sidéro- 


gène. CHaLIER (J.) et Nové-Josseranp (L.), 
565. 

ANGUILLULE stercorale. Tarrv (G.), 
500. 

ANHÉMOBACILLE du rhumatisme. 
ROSENTHAL (G.), 1104. 

ANILOCRA. Zone germinative dune Jes 
cæcums entériques. GUIEYSSE-PELLISSIER, 
392. 

ANOPHELES maculipennis. Nouveau 
parasite. FRancHint (G.), 1196, 1295. 


ANTICORPS coagulants. Concentra- 
tion. VALLÉE (H.), 1065. 
— des invertébrés marins. CANTACUZÈNE 


(d.), 114, 293. 

— Recherche dansle sérum delapinporteur 
de Cœnurus. Henry (A.)et Cruca(A.), 14. 

ANTIGÈNES de Calmette. Déviation du 
complément chez le tuberculeux. ARr- 
manp-DeLcizce, Risr et Vaucner, 191. 

— Liquide céphalo-rachidien normal. Mo- 
cINCESCO (M.), 916. 

— Modification de l'urine après l'injec- 
tion d’antigéne. Soura (L.-(C.), 244. 

ANTIGLOBULIN. Voir SANG. 


[l 


ANTILEUCOCYTOLYSINE et leu- 


cocytolysine dans l’anaphylaxie. Manou- 


KHINE (J.-J.), 1149. 
ANTISEPSIE, Action de l'or et de 
l'argent. Sauron (L.), 1268. 


ANTISEPTIQUES à faible dose exal- 


tant la virulence et les fonctions des 
microorganismes. Tairy (G.), 652. 


‘ 


> 


“À 
Ces 
F 
A 
Pol 
ne 


ANTITHROMNBINE 


a ————————— — — 


ANTITHROMBINE du suc hépato- 


pancréatique. Gauïrrer (CL.), 583, 1222. 


-_ — Action sur la coagulation du sérum. 


Doxon (M.) et Sarvonar (F.), 1395. 


ANTRE mastoidien. Ramapier (J.), 215. 


APHRODITE. Répartition de l'azote 
dans le liquide cavitaire. DELAUNAY (H.), 
154. 


APOMORPHINE. Arrêt de la polypnée 


thermique. Camus (JEAN), 399. 


APPENDICITE et arythmies. BENARD 


(R.), 1094. 


ARAIGNÉE. Infécondité de certains 


œufs. LÉCAILLON (A.), 285. 
ARCHŒOLEPAS. Jorearp (A.), 420. 


ARGENT. Action antiseptique. SAUTON 


(B.), 1268. 

— Action sur la végétation d'A. niger. 
CLémenr (Huaues), 149. Copur (J.) et 
TarrY (G.), 481. 

ARSENIC. Perméabilité des méninges. 
TMinez (J.) et Leroïne (J.), 1073. 


— Race de ferment lactique arsénicophile. 


Ricner (Cn.), 1232. 


ARTÈRES des membres. BELLOCQ-IRAGUE 


(Mme), 439, 607. 
— génitales. GÉRARD (GErORGES), 1178. 
— Coutre-pression. Pezzr (C.), 321. 


ARTICHAUT. Verdissemeut par des 


bacilles du groupe du B. subtilis. VERNIER 
(P.) et THiky (G.), 840. 


-ASGARIS. Albuminoïdes des spermato- 


zoïdes. FAURÉ-FrReutet (E.), 1407. 

— Cellule intestinale et liquide cavitaire. 
Fauré-FRemrer (E.), 561. 

— Formation de la membrane interne de 
l'œuf. Fauré-FREMIET (E.), 1083. 

ASCGITE cirrhotique. Examen chimique. 
Gicgerr (A.)et VirLarer (Maurice), 930. 


— symptomatique. Tension des liquides 


dans les cirrhoses alcooliques. GILBERT 
(A=), Vrccarer (M.) et Prcnancourt (N.), 
1204. 

ASEPSIE de Drosophila ampelophilu. 
Guxénor (E.), 97. 


_ ASPERGILLUS. Sporulation. Savrox 


(B.), 38, 263. 

— Action de l'argent. Créuenr (Hwueues), 
149, Covur (J ) et Tairy (G.), 487. Voir 

BACILLE TUBERCULEUX, CI- 
GARES. $ 

ASYSTOLIE constante uréosécrétoire. 
Action de ia digitale. Danreroporu (A.) 
et Duurrrescu (A }, 295. 

ATRÉSIE. Voir OVAIRE. 

ATROPHIE musculaire. Présence de 
ferments spécifiques dans le sang des 
malades. Papazozu, 979. 

ATROPINE. Action du sérum de lapin. 
-DanrELOoPoOLU (A.). 297, 

AUTOCLAVEélectrique. Hrrpr(E.), 1390. 


— BACILEE ROUGE 


1445 


AUTOILYSE aseptique du rein. LAIGNEL- 
LAVASTINE (M.) et Joxxesco (V.), 10. 

AUTOPROTÉOLYSE.Ceutres nerveux 
et anaphylaxie. Soura (L.-C.), 592, 692. 

— Modification du coefficient. Soura 
(L.:C.), 244. 

AVORTEMENT des œufs chez Droso- 
phila ampelophila. Guvénor (E.), 389. 


AZOTE alimentaire. DeLaunay (H.), 7617. 


— Echange dans l'organisme. Gouin (A.) 
et AnpouaARD (P.), 192. 

— restant du sang. DELaunay (H.), 639, 641. 

— uréique du sérum. Dosage. LaBsé (H.), 
197. Mooc (R:.), 325. 

— Nature de l’aliment azoté et production 
de pyocyanine par le bacille pyocyanique. 
AuBeL (E.) et CoLix (H.), 190. 

AZOTURIE. Java (A.), 319, 397, 543. 


B 


BACCELLIE. Voir ANOPHELES. 

BACILLE D'ACHALME daus le rhu- 
malisme. Bosc (F.-J.) et Carereu (M.), 
1299: ED 

— DE BORDET-GENGOU. Déviation 
du complément. Nerrer (A.) et WEIL 
(NL-P.), 236. Wei (M.-P.), 260. 

— COLI. Sucres et indol. ROUGENTZOFF 
(D.), 1098. 

— Différenciation avec Eberth. Rocarx 
(A.), 606. 

— D'EBERTH. Action de l’iode. RANQUE 
et SÉNEZ, 51. 

— Agglutination. FromENT. (J.) et ROCHAIx 
CAR)AMIONT: $ 
— Infection de laboratoire. Haise (A.) 

998. VINCENT (H.), 1000. 

— Propagation par Les lézards. Gofré (J.), 
ge 

— Biochromoréaction. BoTHEL&O JUNIOR, 
118. 

— Cholécystite typhique. Harez (A.), 1046. 
Voir VAGCINS. 

— DE KOCH. Voir TUBERCULOSE. 

— LACTIQUE de l'appareil digestif du 
faisan. BerrrAnD (D.-M.), 96. . - 

— LE MONNIERI. Lasseur (Pu.). 47. 

— MESENTERICUS.BroQuim-LacoMEeE, 
SOU 

— PERFRINGENS. Loris-Mérixor et 
Osrrovskv, 227. 

— PYOCYANEUS et lacto-phénine. 
Turex (G.), 651. 

— Nature de l’aliment azoté et production 
de pyocyanine. Ausez (E.) et Corn (H.), 
790: 

— ROUGE. Morphologie 
Sarrory (A.), 51. 


et biologie. 


1416 


: BACILLE SATELITIS — CELLULES 


— SATELITIS. Présence dans les hui- 
tres. Loris-MéziKov (J.), 177. 

— SUBTILIS. Action du sulfate de lan- 
thane. Frouix (A.), 196. 

— Verdissement de l'artichaut. 
(P.) et Tarry (G.), 840. 

— TUBERCULIGENE de Ferran. Voir 


VERNIER 


TUBERCULOSE. 

BACILLURIE lépreuse. Lacane (L.), 
16. 

BACTÉRIES. Influence du fer sur la 


végétation et la coloration. Lasseur (Pux.), 
196. 

— thermophiles des eaux. NRGRE (L.), 867. 

— thermophiles des sables. NéGre (L.), 814. 

BACTÉRIOLYSINES. Rôle des glo- 
bules blancs et de la rate. DONS 
(L. I), 1291. 

BASES. Action sur la digestion du Jont 
par les caséases des pancréatines des 
latex. GERBER (C.) et Guror (H.), 1113. 

BÉRIBÉRI. Mycoderme des fèces. Le 
DanrTec (A.), 412. 

BICARBONATE de soude. Action sur 
l'élimination rénale. Le Noïr et Tnéry, 
532. Le Noïr, Taéry et VErRPy, 538. 

— Effet des injections sur la teneur en 
alexine du milieu sanguin. Werzz (E.) 
et Durourt (A.), 802. 

— Effet sur l’excrétion uréique et chloru- 
rique. AcnarD (Cx.) et RiBor (A.), 534. 
BICHLORURE de mercure. Action sur 
la digestion de la caséine et de la fibrine 
par la pancréatine des latex. GEerBEr (C.), 

1341. 

BIGÉMINISME provoqué par la digi- 
tale au cours de l'arythmie complète. 
DaAnrELoPoLu (D.), 971. 

BILE. Voir FOIE. 

BILIRUBINE. Voir FOIE. 

BINOCULAIRE. Voir VISION. 

BIURÉTIQUES. Production de sub- 
stances biurétiques dans les organes. 
Papazozu (A.), 302. MarINesco, 304. 

BLEU de méthylène. Fixation locale de 
chlorhydrate de cocaïne. Brcrarp (G.) et 
Frcuor (L.), 1330. 

BLENNORRAGIE. Nature anaphylac- 
tique de la conjonctivite. Mrcnaiz (D.), 
918. Voir VACCINS. 

BOMBYX. Chenille en mosaique. BLA- 
RINGHEU (L.), 1291. 

BOURSE DE FABRICIUS. RETTERER 
(Éo.) et Lecrèvre (Auc.), 189, 382. 

— muqueuse du lièvre et du lapin. Ret- 
TERER (Éo.) et LELIÈVRE (AUG.), 193. 

BOVIDÉS. Tuberculides. Pérarp et 
Ramon, 133. ; 

BRONCHES. Voir POUMON. 

BROMURES dans les urines. 


DENIGÈS 
(G.) et CHELLE (L.), 152. 5 


_ 


BROUSSONETIA. Latex. Grrger (C.) 


1 


1339, 1341, GergBrr (C.), GuroL (H.) et Sar- 


KIND (J.), 425, GERBER et SALKIND, 421. 
BUIS. Traitement contre le To 
palpus. Cuaïne (J.), 156. 
BULBE. Centre vaso-tonique. 
(M.) et MaRrTIN (F.), 744. 


ARTHUS 


C 


CAFÉINE. Action sur l'excitabilité de 
la moelle. LAPprcous (M.), 32 

CALCIUM. Action sur le suc pancréa- 
tique. Frouin (A.), 1405. 

— Action sur la digestion du lait par les 
caséases des pancréatines des latex. 
GErRBER (C.) et Güroz (H.), 1113. 

— Action sur l’hyperthyroïdisation. Sar- 
VONAT (F.) et Rougier (Cn.), 897, 4021. 
Voir GHLORURES. 

CALOMEZL. Transformation en sels 
solubles de mercure par les sels d’am- 
moniaque. ZILGIEN (H.), 1362. 

GANAL  carotidien. Développement. 
Rouviëre (H.) et Decwas (J.), 737. 


CANCER. Influence du régime alimen- 
taire chez la souris. DaAnysz et SKSZYNSKT, 


1144. 
GARCINUS. Voir SACCULINE. Z 
CGARDIOGRAMME. Voir GŒUR. 
GASÉASE des latex. Gerger (C.), 1111, 
1339. GEr8ER et Guro (H.), 1113. 
CASÉINE. Digestion par les pancréa- 
tines des latex. GERBER (C.), 1341. 


CASTRATION. Rertersr (Én.) et LE- 


LIÈVRE (AUG.), 1403, Souza (L.-C.), 758. 


GATALEPSIE des Phasmides. 
(Henri), 1079, Scaminr (P.-J.), 705. 
CATARRHE oculo-nasal du faisan. 


BERTRAND (D.-M.), 683. 

CELLULES excrétrices. Ancez (P.) et 
Bouin (P.), 352, 808, 890, 1209. Brenrz (L.), 
643. Cuénor, Brunrz et Mercier, 1124, 
1126. MERGIER (L.), 165. - 

— intestinales d'A. megalocephala. FAURÉ- 
FREMIET (E.), 567. 

— myométriales. ANGEL (P.) et Bouin (P.), 
352. Bouin et ANGEL, 128. 

— nerveuses d'Helix pomatia. LEGENDRE 
(R.), 262. 

— à sphérules du sang d'Helerogynis pe- 
nella. HoLLANDE (A.-Cx.), 1188. 

— Culture in vibro. Comannon, LevaDrrr et 
MuTERMILCH, 464. Doyen, Lyrcaxowsky et 
BRrowne, 1084. Doyen, LyYrICHKOWSKY, 
BRowne et Smvenorr, 1331. 
Murermizca, 641, 614, 1305, 1379. Marr- 
NESCO (G.) et Mina (J.), 299. 


LEvaDITI et . 


PréRrOoN- 


CENTRES 


CENTRES nerveux. Rapport de l’auto- 
protéolyse avec l’aminogenèse, l'ana- 
phylaxie et la castration. Soura (L.-C.), 

592, 756. Voir GERVEAU. 

CENTRIFUGATION. Tube à fond 
plat. BaupouIN (A.) et Français (H.), 347. 

GENTROSOME en forme de V. Vonov 
(D.), 1245. 

CÉPHALOPODES. Cœurs branchiaux. 
Cuénor, BrunTrz et MercIER, 1126. 

CGCERCOMONADES. Noyau. 

De [Cn.); 205. 

CERVEAU. Ablation partielle du cer- 
veau. ZELIONY (G.-P.), 707. 

— Streptothricée. Burner (Er.), 674. 

— Toxicité dans le choc peptonique et 
dans le choc anaphylactique. AcnarD 
(Ca.) et FLranpx (Cn.), 660. Tcaerno- 
RouTzkY, 742, 892. Voir TRÉPONÈME. 

CHAMPIGNONS. Mitochondries. Guiz- 
LIERMOND (A.}, 618. 

— pathogènes. SarToRY (A.), 166. 

CHEVAL. Voir SANG. 

CHEVÊCHE. Dispharage parasite. SEU- 
RAT, (L.-G.), 103. 

CHIMIOTHERAPIE. Voir TUBER- 
CGULOSE. 

CHLORALOSES mono- et bidéch'orés. 
IREGNIER el TiFFENEAU, 914. 


GINESTE 


CHLORURES. Excrétion. AcHarD (Cur.) 


et RrBoT (A.), 534. CHABANIER (H.) et Loso- 
ONELL (C.), 850: Onpo (G.) ét Payan (L.), 
229; 

— Influence du chlorure de calcium asso- 
cié à l'adrénaline sur les échanges 
minéraux au niveau des os. BONNAMOUR, 
SARVONAT, BADOLLE el EScALLON, 1019. 

— Traitement de la tuberculose. BrüHL 
(L:) et Buc (E.), 880. 

_— de sodium. «Dosage dans le sérum. 
CuABANTER (H.) et Joacarmines (D.), 849. 

— Concentration de la sérosité de l’œdème 
par rapport au sérum sanguin. RomaLo 
(E.) et Dumrrresco (D.), 1244. 

— Effet sur l’excrétion uréique et chloru- 

rique. AcHarD (Ca.) et RiBor (A.), 534. 
CHOLÉCYSTITE. Voir FOIE. 

_ CHOLÉDOQUE. Voir FOIE. 

CHOLÉRA. Propagation par les lézards. 
GOÉRÉ (J.), 94. 

— Action protéolytique et hémolytique du 
vibrion. BAuJEAN (M.), 799. 

CHOLESTÉRINE. Voir FOIE. 

CHOLESTÉRINÉMIE. Voir FOIE. 

CHROME. Rétention par les tissus. 
RecauD (CL.) et Porrcarp (A.\, 449, 558. 

CHROMIDIES chez les flagellés. Gr- 
NESTE (CH.), 405. 

— chez Jris, Gurcrermonp (A.), 1280. 

CHROMATOLYSE fonctionnelle, FAURE 
(Cn.) et Souza (C), 350. 


 UOEUR 


1447 


CHROMOPLASTES des pétales d'iris. 
GUILLIERMOND (A.), 1280. 

CIGARES. Présence. d'A. fumigatus. 
SARTORY (A.), 650. 

CIRCULATION. Action des extraits 
d'hypophyse. CLaupe (HENRI) et Porak 
(RENÉ), 205. Czaune (HENRI). PoRAK (RE) 
et RouriEr (DAnïEL). 360. 

— Action des extraits de prostate. Dugors 
(Cx.) et Bouer (L.), 811. 

— Mesure de la pression artérielle par la 
méthode de Riva-Rocci. Lran (G.) et 
MoreL (L.), 1148. 

— pulmonaire au cours des hydrothorax 
et pneumothorax. Biner, Despouts et 
LancLors (J.-P.), 545. 

— Hypertension portale. Syndrome. G1L- 
BERT (A.), ViLLaner (MAURICE) et PrcHAN- 
court (M.), 1204. 

— Centre vaso-tonique du bulbe. Arraus 
(M.) et Martin (F.), 744. Voir ARTÈRE, 
VEINE, CŒUR, CYLINDRE, 
EHRET, JUGULAIRE, PRES- 
SION, POULS, etc. 

CINÉMATOGRAPHE appliqué à l’his- 
tologie. Gomanpon (J.), LEevaprti (C.) et 
MurerMmiLzcx (S.), 464. 

CIRRHIPEDES. Joceaup !A.), 58. Jo- 
LEAUD (A. et L.), 723. Voir MITELLA, 
POLLICIPES, SCALPELLUM, 
SCILLŒLEPAS 

CIRRHOSE. Voir FOIE. 

COBAYE. Oscillospira et Melabacterium. 
CHATToN (Ep.) et PéRaRD (Cu), 1459, 1232. 
Voir SANG. 

COBRA. Voir VENIN. 

CGOCAINE. Fixation locale par le bleu 
de méthylène. BizzarD (G.) et Fronor (L.), 
1330. 

— Analgésie générale. Le FiccrATRE, 1401. 

CŒLOME. Voir LIQUIDE CAVI- 
TAIRE. 

CŒNURUS SERIALIS. Anticorps 
spécifiques. Henry (A.) et Ciuca (A.), 14. 


CŒUR 
_ Physiologie. 
— Action des extraits hypophysaires. 


Czauos (H.) et Porax (R.), 205, 1021. 
CLatoe (H.), Porak (R.) et Rourter (D), 
360. : 

— Action de la digitale. Danrecopozu (D.) 
et Diurtrrescu (D.), 969: 

— Arrêt diastolique. Busquer (I.), 831. 

— Cardiogramme. Pezzr (C.), 1002. 

— Conductibilité auriculo-ventriculaire. 
CLAuDE (I.), Porak (R.) et Rourter (D. 
996, 1015. : 


LAXS 


— Congélation au moyen d'air liquide. 
Frepertco (HENRI), 1181. 

— Contractilité in vitro. Levanrrr et Mu- 
TERMILCH, 462. 

— Intersystolie. ETIENNE (G.), 44. 


Physiologie comparée. 


— Cœurs branchiaux des Céphalopodes. 
Cuéxor, Brunrz et Mercrer, 1126. 


Pathologie. 
— Arythmie. Pezzi (G.) et Crerc (A.), 190. 
— Arythmie dans  l'appendicite. BENARD 


(R.), 1094. 

— Brachycardie dans l’appendicite. BexarD 
(R.), 1094. 

— Extrasystole. BENARD (RENÉ), 1094. 

— Rôle du pneumogastrique dans le 
ralentissement du rythme et dans le 
bigéminisme provoqués par la digitale. 
DanreLopouu (D.), 971. 


— Constante uréo-sécrétoire dans les 
affections cardiaques. Nrresco (d.J.), 
1421. 


COLLOIDE. Voir HYPOPHYSE. 

GOLLOIDES. Toxicité du fer colloïdal, 
DunAMEL (B:-G.), 11. 

— Localisation du fer colloïdal par or- 
ganes.: DUHAMEL (B.-G.), 596. 

— Rôle dans la toxicité du sérum. Scarr- 
NEANO (D.) et Ciuca (M.), 631. 

GOLCRATION. Lasseur (Pn.) et Taiuy 
(G.1, 163. MeraLniIkov, 104. PoNSELLE (A), 
1072. 

COMPLÉMENT. Voir IMMUNITÉ. 

CONDENSATEUR. Usage pour l'élec- 
trodiagnostic. CLuzer (J ), 1293, 1327. 

CONGÉLATION partielle du cœur des 
mammifères au moyen d'air liquide, 
Frepertco (Henkr), 1187. 

GONJONCTIVITE blennorragique. Na- 
ture anaphylactique. Mrcaxiz (D.), 978. 

CONSTANTE URÉO-SÉCRÉ- 
TOIRE. DaxrcoProiv (D.) et Dumrrrescu 
(D.),°969. Nrresco, 1421. 

COQUELUCHE. Déviation du complé- 
ment. Nerrer (A.) et Wei (M.-P.), 236. 
Werc (M.-P.), 260. 

CORNET INFÉRIEUR. Connexion 
avec le palatin. Rouvière (H.), 1048. 

CORPS JAUNE. Voir OVAIRE. 

CORPUSCULES salivaires. Voir 
LIVE. 

Rd taper ee Mélanges optiques. Durour 
(M.), 134 

Cd Thymectomie. Sarrinp, 66. 

CRÉATINE. Apparition dans l'urine des 
lapins après surrénalectomie. Roux (J.- 
CH.) et TAILLANDIER, 1206. 


SA- 


COŒUR — DIPHMÉRIE 


CRUSTACÉS. Antithrombine du sue 
hépatopancréatique. Gaurier (C£.), 583, 
1222. Voir IMMUNITE. 

CUISSE. Distribution des vaisseaux arté- 
riels dans la peau. Becroco-IrAcus (G.), 
607. 

CULTURES. Nouveau milieu végétai.. 
Rocxarx (A.), 604. 

— Nouveau milieu 
DaLIMrEr (R.). et LancEerEAUx (E.), 1081. 
FrouIx (A.), 1238. Voir CELLULE et 
MICROBES DIVERS. 

CURARE. Action. Laprcoue (L, et M), 
1392 


a 


avec acides aminés. à 


— os de l'hyperglycémie. MAGNE 


(H)?8 
— He surrénale. 
Porax (R.), 351. 
— Spartéine. WaiLL(J.), 308. 
CUTIRÉACTION à la tuberculine. 
JacoBsox (G.) et Srancescu (C.), 1413. 
CYLINDRE ENREGISTREUR. Ca- 
MUS (J-), 1382. 


Cavus (J.) et 


D 


DAUPHIN. Anatomie. Mana (A), 106 
DÉCALCIFICATION et lésions osseu- 
ses chez le lapin, sous l'influence du 
lactose. BoNNAMOUR, BADOLLE (ALBERT) et 
EscarLoN, 1106. 
DÉCÈS de Lord AveBüRry, 
— de M. Yvox. 844 
DÉGÉNÉRESCENCE. Electrodiagnos- 
tic pour la réaction de dégénérescenre. 
Ccuzer (SSI TE 
DELPHININE. Action sur l'excitabilité 
nerveuse et musculaire. Wagrzz{J.), 101%. 
DÉSORIENTATION et déséquilibra- 


1138. 


tion spontanée et provoquée. BABINSKI 


(J.) et Wercz (G.-A.), 852. 
DIABÈTE. Propriété du sang veineux 
pancréatique. Hépon (E.), 258. 


_ 


DIASTASES hydrolysantes des latex 


des müriers. Ger8er (C.), 1109, 1343, 
DIGESTION. Influence sur la tension 
artérielle normale et au cours des cir- 
rhoses alcooliques. ViLLARET (Me 
1158. 
DIGITALE. Ralentissement du pouls. 


Josué (O.; et Bezroir (F.), 1218. Voir. 
CŒUR. 

DIPHTÉRIE. Action de la toxine sur 
le rat. Perrit (A.), 1198. 


— Action de la toxine sur la cellule ir 
vitro. Levaprri (C.) et MurteruiLcn (ST.), 
319: 

— Sérothérapie des cellules in vitro. LEva- 
pret (C.) et Morericcx (Sr.), 614. 


DIPHPÉRIE 


. — aviaire. Diagnostic histologique. Ar- 
LOING (F.), 441. 


DIPLOSCOPE et simulation. Durour 


(M.), 1130. 
DIPTÈRES. Condition de nutrition de 
certaines larves parasites de fruits. 


KerzIN (D.), 24. 

DISCOMYCES MADURZÆ. REMLINGER 
(BP), 516. 

DISPHARAGE de la chevêche. SEURAT 
(B:.-G.), 103. 

DISTOMES de l'intestin du chien, à 
Montpellier. BLanc (G.-R.) et Hennx (H.), 
848. 

DIURÈSE. Voir REIN. 

DOUVE de l'intestin du chien. 
L1ET (A.) et Henry (A.), 929. 
DROSOPHILA. Biologie. Guyénor (E.), 

: "197, 178, 223, 2710, 332, 389, 443. 

DUODÉNUM. Mouvements. Caror (P.), 
1265. 


RAIL- 


= 


EAUX MINÉRALES. Action peroxy- 
dasique des eaux de Royat. Bizraro (G.) 
et Moucror (A.), 

- PHYLAXIE. 

‘EAU OXYGÉNÉE. Action sur le 
bacille tuberculeux. SiErEr-CHouuoy, 418. 

— Action sur la digestion de la caséine et 
de la fibrine par les pancréatines des 
latex: GERBER (C.), 1341. 

ECBALLIUM elaterium. 

_ BERG (A.), 63. 

ECHINOCOCCOSE. DÉve (F.),735, 181. 

EHRET. Phénomène d'Ehret et dimen- 
sion du brassard dans la mesure de la 
pression artérielle. Pez:1 (C.), 456. 

ÉLABORATIONS diverses dans le mé- 
senchyme pulmonaire chez l'embryon 

_ humain. Keuvicy (Michez DE), 1208. 

ELECTIONS Ge membres titulaires. 

Czerc, 965. LEGENDRE, 1296. RATHERY, 404. 
_Rovre, 201. 

ÉLECTRODES impolarisables pour 
l'excitation des nerfs et muscles de 
l'homme. BourGui6nox (G.), 1250. 

ÉLECTRODIAGNOSTIC au moyen 
d'un condensateur. CLuzer (J.). 1293, 1327. 

ÉLIMINATION azotée pour l'étude de 
la mesure du pouvoir glycolytique. 
Macxe (H.), 9417. 

EMBRYON d'homme. Vésicule ombili- 
cale. DEBEYRE (A.), 670. 

— de poulet. Levaprri (C.) et Muresmircu 

._ (Sr.), 462. 
EMULSINE. Activité hydrolysante et 


Peroxydase. 


1235, 1274. Voir ANA- 


—— FERMENT 


1449 


synthétisante. BourqueLor (Em.)et BRIDEL 
(M.), 858. 

ENCÉPHALES d'oiseaux. Variations 
de poids subies dans les solutions sali- 
nes. WESSBERGE (N.), 1598. 

ENDOSCOPIE. Eclairage. Durour (M.), 
1131. 

ÉOSINOPHILIE. Ménaro (J.-P.), 1298. 
Morec (L.) et CHABANIER (H.), 948. WEIN- 
BERG (M.) et Seau (P.), 1059, 1366. 

ÉPANDAGE agricole et microbes. Cro- 
CALTEU, 1411. 

ÉPILEPSIE.Coïncidences avec la courbe 


des chlorures urinaires. Oro (C.) et 
Pavyan (L.), 249. 

— Recherches expérimentales. Preva et 
PoPea, 918, 920. 

ESPÈCE biologique. Kocrrowsky, 143. 


— Spécificité parasitaire. 
648. Roupsky (D.), 5. 
ESTOMAC. Mouvements. 
1265. 

EUPAGURUS. Production d'anticorps 
artificiels. CANTACUZÈNE (J.), 295. 

EUPHORBIA. Latex. GErser (C.). 55, 
55, 118,120: 

EXCITABILITÉ. Technique pour 
mesure. CLUzET (J.), 1293. 

— Vorticelle. Laprcoue (L.) et Fauré-Fre- 
MIET (E.), 119% 


Guier (PH.;, 


Carnor (P), 


la 


| — Muscles et nerfs. Wæizz (J.), 101%. 


EXCRÉTION. Sipunculiens. Cuénor(L.), 
ES 

— uréique et chlorurique. AcuarD (CK.) et 
Risor (A.), 534. Voir GELLULES. 

EXSUDATS. Réactions de différencia- 
tion avec les transsudats. ViLLARET (M), 


Q : 
932% 


F 


FAISAN. Bacille lactique de l'appareil 
digestif. BerrranD (D.-M.), 96. Voir CA- 
TARRHE. 

FATIGUE. Vision. Durour (M.), 43. 

— Centres nerveux. Faure (Cn.) et SourA 
(C.), 350. 

FÉCONDATION avec spermes mélan- 
gés d'alcool: [vanov (J.), 452. 

FÉCONDITÉ de Drosophila. Guxénor 


(E.); 332. 

FELIS ocreata. Spiroptère. SeurAT (L.-G.), 
676. 

FER. Influence sur la coloration et la 


végétation des bactéries. Lasseur (Px.), 
496. Voir GOLTOIDES. 

FERMENT lactique. Race arsénicophile. 
RicHet (Ca.), 1252. 


1450 FERMENT — GLANDES 


— protéolytique des pancréatines de latex. 
GERBER (C.) et GuioL (N.), 1336. 

— chez les malades atteints d'alrophie 
musculaire, PapAzoLu, 919- 

— chez les parkinsoniens. MariNesco (G.) 
et PArazozu (Mme ArEex.), 1419. 

FERMENTATION des divers sucres 
et production d'indol par B. coli. Row- 
GENTZOEr (D.), 1098. 

FERROMÉTRIE des lipoides. GérarD 
(E.) et DELaBy (R.), 94. 

FIBRES nerveuses à moyéline. Voir 
IMAGE D'UN TUBE DE VERRE. 

FIBRINE. Digestion pir les pancréa- 
tines des latex de Figuier et de Brousso- 
netia. GERBER (C.), 1341. 

FIBRO-CARTILAGE. RETtTERER (Eb.) 
et LEwÈVRE (AUG.), 123. 

FIÈVRE typhoïde. Voir BACILLE 
D EBERTH. 

FIGUS. Action des latex. GEr8ER (C.),1339, 
1341. GERBER (C.) et SALKIND (J.), 65, 253. 

FILAMENTS achromatiques. Voir KA- 
RYOKINÈSE. 

FISTULE pancréatique. Nouvelle tech- 
nique. FrouIN (ALBERT), 1283. 

FIXATION histologique. 
et P: crcarD (A.), 449, 558. Mayer (ANDRÉ), 
SCHAEFFER (G.) et RATRERy (F.), 241 

FLAGELLÉS.Chromidies.Gineste (Cu.), 
405. 

FLORE intestinale chez l'homme. Dirs- 
TASO (A.), 206. 


FOIE 


Anatomie. 
— Voies biliaires. BourGuer (Cx.), 131, 819. 
Physiologie. 


— Antithrombine du suc hépato-pancréa- 
tique des crustacés. GaurTier (CL.), 583, 
19Dp? 

— (Glycogène. PAuresco (N.-C:), 627, 629. 

— Relations fonctionnelles entre le foie et 
les parathyroïdes. Morez (L.), 28. 

— Toxicité des extraits. GaRNIER (MARCEL) 
et Bory (Louis), 344, 625. 


Chimie physiologique. 


— Action de la bile sur le suc pancréa- 
tique achevé. FrouIn (A.), 1405. 

— Bilirubine. Recherche dans les fèces. 
GRIGAUT (A.), 265. Marccarp (L.-C.), 266. 

— Origine de la cholestérine. CHaurrarp 

- (A.), Gux Larocue et GriGaur (A.), 1005. 

— Cholestérine libre dans le sérum san- 
guin. WipaL (F.), Weizz (Anpré) et Lau- 
par (M.), 882. 


ReGaup (Cr) 


— Rapport de la cholestérine avec la pig- 
mentation. MuLon (P.), 587. 

— Cholestérinémie physiologique. Rouzaup 
et Capaxis, 469, 813. 

— Cholestérinémie après ligature du cho- - 
lédoque. CHaurrarD (A.), LarocHE (G.) et 
GrieaurT (A.), 1093. 

— Cholestérinémie dans la syphilis. Ror- 
ZAUD, SUGQUET et CABANIS, 1396. 


Pathologie. 


— Insuffisance hépatique. Modification de 
la teneur azotée du sérum sanguin. 
Bropin (P.), 26. 

— Hémolyse sidérogène dans la cirrhose 
du foie. Caazter (J.) et NovÉé-JossERAND 
(L.), 566. - 

— Tension des liquides d'ascite sympto- 
matique de cirrhoses. GiLBErr (A.), Vrr- 
LARET (M.) et Prcaancourt (M.), 1204. 

— Réaction chimique des ascites cirrho- 
tiques. Gizsert (A.) et Viccarer (M.), 930. 

— Voir GLYCÉMIE, HYPERGLY- 
CÉMIE. SUCRES. 

FOLLICULES clos tégumentaires. REt- 
TÉRER (Eo.) et LELIÈVRE (AuG.), 1141. 

FORMOLTITRATION du sérum et 
des humeurs. LaABBé (N.) et DEBré (R.), 
199, 289, 563. 

FOSSE. Voir RÉACTIF. 


G 


GALACTOLYSE. Insuffisance. Acranp 
(A.) et DeBouis (G-), 1153. 

GANGLIONS lymphatiques; hémato- 
poièse.RETIERER (En.) et LELIÈVRE (AuG.), 
1226, 1274. 


— spinaux. Rajeunissement des cultures. 


MAriNEsco (G.) et MInÉA (J.), 299. 

— Symbiose entre le virus de la polio- 
myélite et les cellules des ganglions spi- 
paux. Levaniri (C.), 1119. 

GASTROPODES parasites. Vanxey (CL.), 
598, 766. 

GAZ. Absorption par la vessie. Bassar et 
ULEAu, 214. 

— d'éclairage. Echanges respiratoires: Lan- 
GLois (J.-P.) et Socor (E.), 992. 

GÉLOSE et anaphylotoxine. Borper (J.), 
8:71. 

GERMINATION de la pomme de terre. 
Couvreur (E.), 1315. 

GLANDES DE MOLL chez le Porc. 
ArGAUD (R.) et FaAzLouey (M.), 1272. 

GLANDES salivaires. Topographie du 
canal de Sténon. DeLzmas (J.) et PuxHAU- 
BERT, 616. 


SET Pelé EVER 


GLANDES — IMMUNITÉ 


— Corpuscules salivaires. Rerrerer (Én.) 
et LELIÈVRE (A.), 661. 

— Action des substances hypotensives 
sur la sécrétion. BATTEZ (G.) et DUVILLIER 
(E.), 1230. 

© sexuelles. Influence du jeûne Poïarkow, 

141. Voir OVAIRE, TESTICULE. 
— à venin de poissons. PawLowsxy (E.), 
1033. 
GLOBINE. Voir REIN. 
 GLOBULIN. Voir SANG. 
GLUÜUCOSE. Dosage dans les matières 
fécales. Desusr, 518. 
— Sécrétion provoquée par la phloridzine. 
CHaBANIER (H.) et LoBo-Oxezz (C.), 681. 
GLYCOGÈNE. Pauresco (N.-C.}, 627, 
629. 

GLYCOLYSE. Voir SUCRES. 

GLYCOSURIE. Voir URINE. 

GOITRE. BérauD (L.), Lesreur (Cx.) et 
CHazrer (J.), 133. 

GONOCGOQUE. Milieu de culture. EMILE- 
Weiz et Norré, 1321. Voir VACCINS. 

GRAISSE. Fixation histologique. MAYER 
(ANDRÉ), SCHAEFFER (G.) et RArxEery (KF.), 
241. 

GRAMINÉES. Présence d'acide cyanhy- 
drique. RayBaup (L.), 1116. 

GRANULATIONS LIPOIDES. Voir 
LIPOIDES. 

GREFFES. Voir CELLULE. 

GROSSESSE. Réaction d'Abderhalden. 
Daunay et EcazLe, 1190. 

GUN DI. Nematodirus. Seurar {L.-G.), 954. 

GYMNOASCUS confluens. SARTORY (A.) 
et BAINIER (G.), 498. 


H 


HÆMOGREGARINA piimmert. 
SALIX, 1286. 

— pocochki. Parsazix, 1052. 

— terzit. MaruLLAZ (M.) et Roupsxy, 198. 

— Mitochondries. Vicurgr (G.) et WEBER 
(A.), 664. 

— Altérations de hématies. VIGutEr (G.) 
et Weger (A.), 760. 

ris Voir SAN C-. 

HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX. Voir 
CERVEAU. 

HÉPATOPANCRÉAS. Antithrombine. 
GAUTIER (CL.), 583, 12922. 

HETEROGYNIS. Cellule à sphérules 
du sang. HOLLANDE (A.-Cn.), 1188. 
HUITRES. Présence du B. salelitis. 
Loris MéLcikov (J.), 171. 

HUMEURS. Formoltitration. Laëré (N.) 
et DEBRÉ (R.), 199. 


Prr- 


1451 


HUMEUR AQUEUSE. Voir ŒIL. 


HYDATIQUE. Voir KYSTE. 


HYDRATES DE CARBONE du sang 
de la tortue de mer. Faxpauo (L.) et Rance 
(A.), 740. 

HYDROLYSE. Diastases des latex des 
müûriers. GERBER (C.), 1109, 1343. 

— parl'émulsine.BourqueLor Ex.) et BRIDEL 
(M.), 858. 

HYDROTHORAX. Circulation pulmo- 
naire. BiNeT, DesBouts et LanGLois (J.-P.), 
b45. 

HYPERGLYCÉMIE. Voir SUCRE. 

HYPOCORDE. Origine chez les séla- 
ciens. Wéger (A.), 119. 

HYPOPHYSE. Action cardio-vasculaire 
des extraits. CLAUDE (H.) et Porakx (R.), 
205, 1021. Craupe (H.), l’orAx (R.) et 
Routier (D.), 360. 

— Action sur l'insuffisance glycolytique. 
AcHARD (CH.) et DesBours (G.), 461. ; 

— Action sur la conductibilité auriculo- 
ventriculaire. CLaupe (H.), PoraKx (R.) et 
Routier (D.), 996, 1075. 

— Principe actif. BaupouIn (A.), 1138. 

— Glycosurie. CLAUDE (H.), BaupouIn (A.) 
et PoRax (R.), 529: 

— Stase de la substance colloïde. 

_(Cu.) et PEyroN, 61. 

— Ablation. Camus (J.) et Roussx (G.), 
1386. 

HYPOTENSIVES. Action des substan- 
ces hypotensives sur la sécrétion sali- 
vaire. BATTEZ (G.) et Duviczier (E.), 1230. 


LIVON 


ICHNEUMONIDES. Rôle des femelles 
dans la détermination du sexe. CHewy- 
REUV (Iv.), 695, 698. 

IMAGE d'un tube de verre. NAGEOTTE (J.), 
233. VLès (Fren.), 126, 247, 364, 471. 

IMMUNITÉ. Ben (M.), 1289, 1300. La- 
ROCHE (G.), RICHET (Cx.) fils et Saint- 
Girows, 81. RoupsKky (D.), 3. 

— vis-à-vis du bacille d'Eberth. Neue ll 
IT 

— vis-à-vis de la tuberculine. 
(G.) et Srancesou (C.), 1413. 

— Toxicité du sérum. Jonesco-MrnAïESTT, 
1414, 1416. 

— Rôle des leucocytes. LAssABLière (P.) et 
Ricuer (Cu.), 146, 116, 1147. MANOUKHINE, 
1221. 

— Rôle des cellules. Prrir (A.), 1198. 

— Complément. ARmAND-DELiLce, Risr et 
VaucnEr, 191. BELONOvVSKY et BATCHINSKY, 
484. NèGRe (L.) et RAynaun (M), 1175. 


JACOBSON 


4452 


Nerrer (A.) et Weis (M.-P.), 236. We 
(M.-P.), 260. 

— Alexine. NAvaAssaRT, 1243. 

— Action des rayons ultra-violets 
l'alexine. Courmoxt (P.), 
FOURT (A.) 1152. 

— Rapport avec l'anaphylaxie et l'auto- 
protéolyse des centres nerveux. SOULA 
(L.-C.), 692. Voir ANTICORPS, AN- 

TIGÈNE, WASSERMANN. 
INCIDENCE OBLIQUE. Miroir à 

images. Durour (M.), 161. 

INDEX MERCGURIQUE DE CHEL- 
LE à l'état pathologique. Moxcour (Cx.), 
Bonn et Lapar, 713. 

INDOL. Production par le B. coli. Rou- 
GEnTzorr (D.), 1098. 

— Toxicité pour la grenouille. 
(Oz), 536. 

INFUSOIRES. Faculté d'apprendre à 
choisir la nourriture. Mersznikorr (S.), 
101. 

— Réactions vis-à-vis des mélanges des 
matières colorantes. MEraLntKxov. (S.), 
104. ÿ 

IMBIBITION des tissus. MAYER (ANDRÉ) 
et SCHAEFFER (GEORGES), 150. 

INTESTIN. Muscle moteur intestinal. 
DuBreuiz (G.), 1016. 

— Perfusion. Carnot (PauL) 
(Rocen), 120, 328. 

— Douve chez le chien. Raïccret et HENRY, 
929: 

— Flore chez l'homme. Disraso (A.), 206. 

— Mycodermose. LE Danrec (A.), 414. 

’INTOXICATION saturnine. Voir SA- 
TURNISME. 

— vermineuse. Lésions des organes à sé- 
crétion interne. Benson (S.-Px.), 994. 

IODE. Action sur le bacille d'Eberth. 
RANQUE et SÉNEZ, 51. 

— Action sur la digestion de la caséine 
et de la fibrine par la paacréatine des 
latex. GERBER (C.), 1341. 

— Emploi des vapeurs en oto-rhino-laryn- 
gologie. MorEaux (R.), 1352. 

IODURE de potassium. Résistance d’A- 
cromonium potronii. Ga (E.) et Broco- 
RoussEu, 46. 

IRIS germanica. Chondriome de l’épi- 
derme des pétales. GuirciermoxD (A.), 
1280. 


sur 


et GLÉNARD 


J 


JEUNE. Influence sur le travail des glan- 
des sexuelles. Poïarxov (E.), 141. 

JUGULATRE. Pouls veineux. Mourinier 
(R.), 410. 


Nocrer et Du- | 


GAUTIER ) 


IMMUNITÉ —— LÉZARDS 


mr 


K 


KARYOKINÈSE. Forces en jeu. WEBER 
(A.), 1313. 


— Filaments achromatiques. Wesee (A.), 


“]; 


240. 

KÉRATITE. Voir ŒIL. 

KYSTE bydatique. Abaisseinent des éosi- 
nophiles après l'opération. Wæmrere 
(M.) et Sécuix (P.), 1096. 

— Anaphylaxie ‘expérimentale. Weiser@ 
(M.) et Cruca (A.), 958, 987, 1348. 

— paradentaire. Présence d’Actinomyces. 
Jacques (P.) et Tarry (N.), 835.- 


L 


LACTOPHÉNINE et B. Pyocyaneus. 
Tarryx (G.), 651. 

LACTOSE. Production de décalcification 
et des lésions osseuses chez le lapin. 


Bonxamour, BADOLLE(A.)et EscarLow, 1106. 


LAIT. Action de terres rares sur la coa- 
gulation par la présure. Froux (A.) et 
MERCIER (V.), 990. 

— Action du nucléinate de soude sur la 
coagulation. Dovox (M.) et Sarvowar(F.), 
505: 

— Caséification par le latex d'Euphorbia. 
GERBER (C.), 53 et 55. 

— Digestion par les caséases des pan- 
créatines des latex. GErBErR (Q.), 1114: 
GErger (C.) et Guroz (H.), 1113. 

— Digestion tryptique. Aviracner (E.-C.), 
Dorcexcourt (H.) et Boon (Micner), 885. 

— Déterminisme de l'apparition du lait 
chez la lapine gestante. MercreR (L.), 881, 

LANTHANE. Voir SULFATE. 

LATEX. Action physiologique. GERBER 


(G.), 250, 718, 720, 1109, 1343. GerBEr (C.) 


et Guioz (H.), 1113. GERBER (C.) et SaL- 
KIND (J.), 65, 253, 427, 721. GerBer (C.), 
Guior (H.) et SAzxinD (J.), 425. 


LÈPRE. Bacillurie lépreuse. LAGANE (L.), 


16. 

LEPOTHRIX. Parasité par Trichomyces 
axillæ. BLAYE (R. Le) et FAGE (A.), 1173. 

LEUCÉMIE. Voir SANG. 

LEUCOCYTES. Voir SANG. 

LEUCOPLASTES de l'épiderme des 
pétales d’iris. Guiziiermon» (A.), 1280. 

LEVURES. Rôle dans l'alimentation 
de Drosophila ampelophila. Guxénor(E.). 
118. 

LÉZARDS. Rôle dans la typhoïde et le 
choléra, GOËRE, 91. 


} 
+ 


LIPASES — MOELLE 


LIPASES des latex. 
TS, 120, 822, 824. 
LIPOIDES. Composition chimique et 
- ferrométrie. GérARD (Er.) et DELABy (R.), 

94. 
— kRétention du chrome par la fixation. 
Recaur (CL.) et Porrcarn (A.), 449, 558. 
— Dosage dans le sérum sanguin. GRrim- 
Bert (L.), LaupatT (M.) et Were (A.), 898. 
— de la moelle épinière. Cozzin (R.), 121, 
Larenez-LavasrTiNE et Jonnesco (V.), 12. 
— de la rétine dans l’albuminurie. Mawas 
(J:), 86. 


GERBER (C.), 250, 


= — Rôle dans la pigmentogenèse. MuLon 
(P.), 1023. 
LIQUIDE CAVITAIRE d'A. megalo- 


#À 


cephola. Fauret-FRemtEr (E.), 561. 

— Répartition de l'azote chez quelques 
invertébrés. DELAUNAY (H.), 151, 154. 

— CÉPHALO-RACHIDIEN. Albumi- 
noses caractérisées par les réactions 
d'anaphylaxie. Dunor (E.), 1323. 

— normal employé comme antigène. Mo- 
cinEsco (M.), 916. 

— Dosage de l’ammoniaque. Tomas (P.), 
627. 

— Numération des éléments figurés. Du- 
RUPT (A.), 391. 

— Phagocytose du bacille de Koch. Hanxs 
et JAcouort, 490. 

LORICULA. Joceaup (A.), 58, 420. 

LUNETTES hétérochromes. Durour (M.), 
488. 

— Distal. Durour (M.), 1348. 

LYMPHO-ÉPITHÉLIAUX. 
Jozzx (J.), 540. 


Organes. 


M 


MALADIES INFECTIEUSES. Action 


des oxydases sur l’évolution, BEL 
(M.), 1100. 

— Immunité générale. Becx (M.), 1289, 
1300. 

MALADIE DU SOMMEIL. Voir 
TRYPANOSOMIASE. 

MALTOSE dans le sang. Lépine (R.) et 
BouLop, 16. 


MAMELLE. Sécrétion. Mercter (L.), 646. 

MANNO-GALACTANES. Digestion 
chez les oiseaux. Graja (J.), 1375. 

MATIÈRES FÉCALES. Dosage du 
glucose. Dejusr, 518. 

— Recherche du sang. Erros (S.), 902, 965. 

MAXILLAIRE SUPÉRIEUR. Con- 
nexion avec palatin. Rouviëre (H.), 1048. 

MÉLANINE. Action de l'acide chro- 
mique. Mawas (J.), 579, 694. 


1453 


! MÉLITOCOCCIE, séro-diagnostic. Rox- 


CHÈSE (A.), 210. Vaczer et RimsauD (L.), 
dd 

— Distinction du melilensis et du paru- 
melilensis. NèGRE (L.) et Ravxaun (M.), 
ETES 

MEMBRANE BASALE des bronches 
du fœtus humain. Kervizy (Micuez D), 
1317: 

MÉNINGES. Perméabilité à l'arsenic. 
Tec (J.) et Leroine (J.), 1075. 

— Perméabilité aux albumines hétérogènes 
et aux précipitines. Ciuca (M.) et DANIE- 
LOPOLU (D.), 115, 909. 

— Pachyméningite hémorragique. Marre 
(P.), Roussy (G.) et LaROCHE (G.), 1303. 
— Méningite syphilitique. Marinesco (G.) 
et Mivéa (J.), 109. Voir SYPHILIS. 
MERCURE. Toxicité des différents sels. 

STAssANO (M.) et GompeLz (M.), 1369. 

MÉSENCHYME PULMONAIRE. 
Diverses élaborations chez l'embryon 
humain. Kervizy (Micugz 0E), 1208. 

METABACTERIUM polyspora. Schi- 
zophyte du cæcum du cobaye. CHATTON 
(E.) et PéRARD (Cn.), 1232. 

MÉTRITE. Traitement par les virus 
vaccins sensibilisés. BERTRAND (D.-M.) et 
FerGuin (Mie B.), 1224. 

MICROBES et épandage agricole. Cro- 
CALTEU, 1411. 

MICROCOCCUS melitensis. Voir ME- 
LITOGOCCIE. 

MICROORGANISME. Milieu de cul- 
ture d'acides aminés complets. DAzImIER 
(R.) et Lancereaux (EDc.), 1081. FRouIN 
(AzBerr), 1238. 

MILIEU. Adaptation de Drosophilaampe- 
lophila. Guyénor (Eure), 223. 

MINEURS DE FER. Anguillule ster- 
corale. Taiky (G.), 500. 

MIROIR à images par réflexion sous 
l'incidence oblique. Durour (M.), 161. 

MITELILA. JoceauD (A.), 411, 420. 

MITOCHONDRIES d'hémogrégarine. 
ViGutrEr (G.) et Weser (A.), 664. 

— des cellules de la rétine. Cox (R.), 
1358. 

— des cellules néoplasiques. Favre (M.) et 
RecauDp (CL.), 608, 688. 

— des cellules névrogliques. CoLzin (R.), 
1123. 

— des champignons. GuI£LIERMOND (A.), 618. 

— Hypothèse de travail. Mayer (AnDRé) et 
SCHAECTER (GEORGES), 1384. 

— Origine mitochondriale des grains de 
pigment. Mucon, 929. PRENANT (A.), 920. 

— Rétention du chrome par la fixation. 
Recaup (Cr.) et PorrcarD (A.), 419, 558. 

MOELLE. Action de l’excitabililé de la 
caféine. LAaPicouE (MARCELLE), 32. 


1454 


— Mitochondries des cellules névrogliques 
chez l'homme. Cou (R.), 1123. 

— Recherche histologique des lipoïdes. 
LaIGNeL-Lavasmne et Jonnesco (V.), 12. 

MOLL. Glandes de Moll, chez le Porc. 
ARGauD (R.) et FALLOUEY (M. ), 1272: 

MONARTHROPALPUS buxi. Traite- 
ment. CHAINE (J.), 1156. 

MORPHINE. Destruction in vitro par 
les organes d'animaux, Dorcencourr (H.), 
895. 

— Echanges respiratoires. LanaLors (J.-P.) 
et Socor (E.), 992. 

MOSAIQUE. Chenille de vers à soie en 
mosaïque. BLARINGHEM (L.), 1291. 

MUSCLE du marteau. Structure chez le 
chien. Porrcarp (A.), 101, 187. 

— intestinal. Dusreuiz (G.), 1016. 

— Mycodermose intestinale. LE Danrec 
(A.), 414. 

MYCODERME des fèces des béribéri- 
ques. LE Danrec (A.), 412. Voir INTES- 
TIN, MYCODERMA. 

MYCOSIS FONGOIDE. Histologie des 
lésions cutanées. RousLacroix, 255. 

MYÉLOIDE Formation detissumyéloïde 
danslethymus consécutivement à l’action 
des rayons X. Recaup (CL.) et CRÉMIEU 
(R.), 960. 

MYOMÉTRIUM, Cellules sécrétantes. 
Bouin (P.) et Ancer (P.), 128. 


N 


NASO-BULBAIRE. Réglage et prurit. 
Bonnier (P.), 524. 

NEMATODIRUS filicollis, parasite du 
Gundi. SEURAT (L.-G.), 954. 

NÉPHRECTOMIE et NÉPHROTO- 
MIE. Voir REIN. 

NEPHROCYTES. Voir CELLULES 
excrétrices. 

NERF. Action locale de la strychnine. 
LarrcouE (L. et M.), 1012. 
— Vasa nervorum.  BoURGUET (M), 656. 
Voir IMAGE d'un tube de verre. 

NEUTROPHILES. Voir SANG. 


NÉVROGLIE. Mitochondries. Cou 
(R2) 1411193: 
NITRITE d'amyle. Epreuve. BELLOIR 


(F.) et Dupas, 1241. 
NOYAU. Cercomonades. 
408. 
— Pseudo-noyaux d'hématies. Feurzuté(E.), 
1102. 
— Métanucléole. Weser (A.), 865. 
NUCLÉINATE de soude. Action sur la 
coagulation du sang et du lait. Dowon 
(M) et SARVONAT (F, 165. 


GINESTE (CH.), 


MOELLE 


M OS 


— Action sur la glycolyse. Doxox (M.) et 


SARVONAT (F.). 669. 
— Rapport avec le pouvoir coagulant du 
sérum. Doyon (M.) et SArvonAm (F.), 872. 
NUCLÉO-PROTÉIDE. Passage dans 
le sang. Doxon (M.) et Sarvonar (F.), 78. 


NUTRITION. Action du sucre. Gouin 


(A.) et Axpouarp (P.), 1082. 


— Modification sous l'influence de Fhy- 
perglycémie. Parisor (J.) et Marareu (P.), 


48. 

— des diptères. Guyénor (E.), 210. KgIuN 
(D:), 24. 

— des infusoires. Meraznrxkow (S.), 701: 


O 


ŒIL 


— Cytologie de l'humeur aqueuse. ALExAN- 
DRESCU, 967. 

— Glande de Meiïbomius. Arcaup (R.) et 
FazLouey (M.), 1068. 

— Passage du virus vaccinal dans l’hu- 
meur aqueuse. Camus (L.), 1044 

— Tarse palpébral. ArGavp (R.) et Far- 
LOUEY (M.), 1068. 

— Pupillomètre. Marmorrow, 1360. 

— Mitochondries de la rétine. Corn (R. h 
1358. 

— Plaques blanches et lipoides de fl'ré- 
tine dans l’albuminurie. Mawas (J.), 186. 

— aphaque. Durour (M.), 1350. 

— Kératite syphilitique du lapin. Danrra 
(P.), 910. Dawrza et STROE (A.), 1241. Voir 
TRACHOME. 

ŒUF. Voir OVAIRE. 

OIDIUM lactis. GUÉGUEN (FERNAND), 943. 

OOSPORA pathogène. SarTory (A.), 166. 

OPOTHÉRAPIE thyroïdienne. Léororn- 
Lévr, 1156. 


OR. Action antiseptique. SAurON (B.), 1268. 


— (Chimiothérapie dans la tuberculose. 
Breton (M.), 1200. 

ORCHITE blennorragique. Traitement. 
Cruverzurer (L.), 806. 

OREILLE. Voir ADITUS. 

ORTHOSTATISME. Influence sur la 
tension artérielle normale et au cours 
des cirrhoses alcooliques. Vizcarer, 1158. 

OS des mammifères. DuBreurz (G.). 156, 
888, 935. 

— Echanges minéraux sous lPinfluence de 
l'adrénaline associée au chlorure de cal- 
cium. BONNAMOUR, SARVONAT, BADOLLE 
(AzBerr) et EscaLLon, 1019. 

— Lésions chez le lapin sous l'influence 
du lactose. BonnAmour, BADOLLE (ALBERT) 
et EscaLLon, 1106. 


PALUDISME. Culture 


OSCILLOSPIRA — PHLORIDIZINE 


4455 


OSCILLOSPIRA guilliermondi. Caar- 

. Ton (EpouaRp) et PérarD (Cu.), 4159. 

OSMOSE,. Relation des globules rouges 
avec leur milieu. (GrrArD (P.), 520. 

OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE. 
Traitement par les vapeurs d’iode. Mor- 
BAR) 95220 

OVAIRE. OEuf d’araignée. LÉCAILLON(A.), 
285. 

— d’A.megalocephala.FAURÉ-FREMIET, 1183, 

— de Drosophila. Guvénor, 389. 

— Atrésie des follicules. Lovez (M.), 92. 

— Corps jaunes. Muzon (P.) et Jonc, 
585. 

— Action des rayons X sur l'ovaire. RE- 
GauD (CL.) et LacassacxEe (A:), 601, 783, 
869, 1308. 

— Coagulation du jaune d'œuf par le 
latex d'Euphorbia. Gerger (G.), 53 et 55 

— Contamination microbienne de l'œuf de 
poule. Daumézon (G.), 1333. 

OVOALBUMINE. Anaphylaxie et ir- 
munité. Larocue (G.), Riouer fils (Cu.) et 
SAINT-GIRONS, 87, 

OXYDASES. Caractères distinctifs avec 
les oxydones. Barrezut (F.) et-Srern (L.), 
212: 

— du sang de Phallusia. Canracuzèse (J.), 
633. 


— Action sur l'évolution des maladies in- 


fectieuses. Bezin (M.), 1100, 4169. 
OXYDONES. Barrezzr (F.)et Srerx (L.), 
92 481. 


_OXYURE. Poecilogonie. Seurar (L:-G.), 


1089. 


P 


PACHYMÉNINGITE. Voir MÉNIN- 


GES. 

PALAEOPSYLLA. Hôte de Trypano- 
soma talpæ. LAVERAN (A.) et FRANCHINI 
(G.), 1954, 

PALATIN. Rouviène (H.), 1048. 

du parasite. 
Jouxorr (V.-M.), 136. 

PANCRÉAS. Structure de la cellule. 
ReTTEREX (Ép.) et LELIÈVRE (AUG.), 940. 
— Nouvelle technique de la fistule. FRou:N 

(ALBERT), 1283. 

— Coefficient d’acidose chez le chien dé- 
pancréaté. LISBONNE (M.), 804. 

— Action des acides aminés sur la sécré- 
tion. FRouIn (A.), 131. 

— Action de la bile sur le suc. FrouIn 
(A.), 1405. 

— Action du calcium sur le suc. 
-(A:), 42405. 


FrouIx 


BIOLOGIE. TABLES. — 1913, T. LXXIV. 


— Persistance de la sécrétine chez le 
chien dépancréaté.Hépon (E.) et LisBoNxE 
(M°) 375; 

— Propriété antidiabétique du sang vei- 
neux. HÉDon (E.), 238. 

— Suc hépato-pancréatique des crustacés. 
GaurTrer (CL.), 583. 

PANCRÉATINES. Voir LATEX. 

PARALYSIE expérimentale des centres 
respiratoires. Camus (J.), 164. 

— générale. Voir SYPHILIS. 

PARAPODIA. Corte (J.), 1117. 

PARASITES. Spécificité. Guinier (Pu.), 
648. Roupsxy (D.), 3. Voir GASTRO- 
PODES. 

PARATHYROIDES. Relations fonc- 
tionnelles entre le foie et les parathy- 
roides. MoreL (L.), 28. 

PARKINSONIENS.Ferments du sang. 
MaARINESCO (G.) et PApazozu, 1419. 

PAUPIÈRES. Voir ŒIL. 

PEAU. Arlères. Bezcoco-IrAGuE, 439, 607. 

PÉNIS. Action de l'extrait prostatique. 
Hazzron (L.), Morez (L.) et Pari (E.), 
401. 

PEPSINE. Comparaison avec la tryp- 
sine. GERBER (C.), Guroc (H.) et SALKIND 
(J.), 425. 

PEPTONE. Action sur l'incoagulabilité 
du sang et sur le pouvoir hémolytique., 
POZERSKt (DAME 
— intoxication. Doxox (M.) et Saryonar 
(F.), 719. 

— Toxicité du cerveau dans le choc pepto- 
nique. AcHArD (CH.) et FLaNDIN (Cx.), 660. 
TcnerNorourzxy, 142, 892. 

PERFUSION intestinale chez l'animal 
vivant. CArNor (Pauz) et GLÉNARD (Rocer), 
328. 

PEROXYDASE. Eaux de Royat. Brr- 
LARD (G.) et Mouceor (A.), 1235, 4271. 

PESTE. Hypersensibilité des chevaux 

soumis à l'injection de bacilles pesteux. 
DusArDin-BrAuMErz, PRÉvOs" et Ramon, 556. 

PHAGOCGYTOSE du bacille de Koch 
dans le liquide céphalo-rachidien. Hanws 
et JaAcquor, 490. 

— chez {es sipunculiens. Cuénor (L.), 159. 
— Pouvoir des leucocytes dans les leu- 
cémies. TonIsroviren et ARINKINE, 141. 
PHALLUSIA. Oxydase du sang. Can- 

TACUZÈNE (J.), 633. 

PHARYNX. Cloison pharyngo-Ͼsopha- 
giennpe chez l'embryon de Vipera. Tour- 
NEUX (F.) et FAURE (Cu.), 219, 

PHASMIDES. Catalepsie. PIéRoN (HENRI), 
1079. Scnmipr (P.-J.), 705. 

PHLORIDZINE. Indépendance de la- 
sécrétion uréique et de la sécrétion glu- 
cosique provoquée par la phloridzine. 
CHABANIER (N.) et LoBo-OxeLc (C.), 681 


104 


1456 


PHOSPHATES — QUOTIENT 


PHOSPHATES. Aclion sur la coagula- 


tion du sang. Dovon (M 
460, 560. 

PHYSIOLOGIE des animaux inférieurs, 
Kenicuxowsxky (K.). 700. 

PIGMENT. Dépigmentation. Mawas (J.), 
519, 694. 

— Pigments du B. mesentericus. BROQUIN- 
LACOMBE, 331. 

— Pigment d'Helix. LeGENDRE R.), 262. 

— Pigment de mammifères. BoRREz (A), 
1215; * 

— Pigment des corps jaunes. Mucon (P. 
et Jonc, 585. 

— Chromoplastes. GuiLLIERMOND, 1280. 

— Rôle de la cholestérine. MuLon (P.). 
587. 

— Rôle des lipoiïdes. Mucox (P.), 1023. 

— Rôle des mitochondries.MuLon (P.), 929. 
PRENANT (A.), 926. 

PLASMODIUM des singes. 
(M.), 1070. 

PLAQUETTES. Voir SANG. 

PNEUMOGASTRIQUE ei polypnée. 
GaRRELOoN (L.), LanGLois et Po (G.), 547. 

— Rôle dans le ralentissement du rythme 
et dans le bigéminisme provoqués par 
la digitale au cours de l’arythmie com- 

.  plète. DanreLopoLu (D.), 971. 

PNEUMONIE. Voir POUMON. 

PNEUMOTHORAX. Voir POUMON. 

POECILOGONIE chez un oxyÿure. 
SEURAT (L.-G.), 1089. 

POLARISATION. Electrodes impola- 
risables. BourGUIGNON (G.), 1250. 

POLIOMYÉLITE. Kuw6e(G.),1367.KLING 
et Levanirr, 316. 

— Symbiose entre le virus et les cellules 
des ganglions spinaux. Levanirs (C.), 
1179. 

POLLICIPES. Joraup (A.), 420, 422. 

POLYPNÉE.Rôle du pneumogastrique. 
GarRrELON (L.), LanaLors (J.-P.) et Poy (G.), 
D47. 

— thermique. Camus (J.), 555. 

— Arrèt par l'apomorphine. Camus (J.), 339. 

POMME DE TERRE. Germination. 
Couvreur (E.), 1315. 

PONTE. Déterminisme chez Drosophila. 
Guyénor (E.), 443. 

POULET. Contractilité des fragments du 
cœur în vitro. Levaniti (C.) et Muzer- 
MILCH (Sr.), 462. 

POULS.Ralentissementdigitalique.Josué 
(O.) et BezLorr (F.), 1218. 

— veineux jugulaire. MOuLINIER {R.), 410. 

POUMON. Embryologie.Kerviry (M.DE), 
1208. 

— Structure de la membrane bssale des 
bronches. Kerviry (M. de), 1317. 

— Circulation dans l'hydrothorax et le 


.)et SARVONAT (F.). 


BouILLIEZ 


pneumothorax. Biner, Dessouis et Lan- 
GLOIS, 545. 

— Respiration. Camus (J.), 761. LanGLois 
(J.-P.) et Socor (E.), 992. 

— Pneumonie. Virus sensibilisé antipneu- 
monique. ConEnoy (M.) et BERTRAND 
(D.-M.), 532. - 

— Pneumothorax. Circulation pulmonaire: 


-Biver, Despouis et LanGLots (J.-P.), 545. 


— Quotient respiratoire. Acaarp (Cu.) et 
DesBouts (G.), 385. 

PRECIPITINE. Perméabilité des mé- 
ninges. Cruca (M.) et DAnIELOPOLU (D.), 
115. 


PRESSION artérielle. Lran (C.) et Morez 


(L.), 1148. Paæzzr (C.), 321. 

— Action de l'extrait de prostate humaine. 
BarTTey (G.) et BouLer (L.), 8. 

— Phénomène de Ehret et dimension du 
brassard. Pezzr (C.), 456. 


— Tension artérielle normale et au cours. 


des cirrhoses. ViLLARET (M.), 1158. 
— Action de produits dérivés des globu- 
lins. Le Souro (L.) et Pacniez (Pu.), 1259. 
PRÉSURE. Action des sels de terres 
rares sur la coagulation du lait. Frouin 
(Az8Ert) et Mercier (Vicror), 990. 


PROSTATE. Action des extraits sur la 


circulation, la pression, la vessie et le 
pénis. Dugors (Cu.) et Bourer (L.), 8, 811. 
Hazzi0n (L.), More (L.) et Papin (E.), 401. 

— Eosinophilie des prostatiques. DORE ) 
et CHABANIER (H.), 948. 


PROTÉOLYSE. Action de quelques vi- ë 


brions cholériques. BAUJEAN (M.), 799. 

— des centres nerveux. ESCANDE et SourA 
(G.), 878. Faure (Cn.) et Souca (C.), 350. 
SOULA, 416. 

PROTEUS vulgaris. Caractères spé- 
cifiques. BerTHELOT (A.), 515, 694. 

PRURIT et réglage naso-bulbaire. Bon- 
NIER (PIERRE), 524. 

PSORIASIS et rhumatisme chronique, 
transformation par DORE LÉéo- 
POLD-LÉvr, 1156. 

PUPILLOMÈTRE. MARMOITON, 1360. 

PUTRÉFACTION. Loris-MéLiKov, 229. 

PYOCYANINE. Voir BACILLE. 

PYTHON. Hémogrégarine HS Pai- 
SALIX, 1052. 


Q 


QUININE. Pommade à la quinine dans 
la syphilis. ScHERESCHEWSKY (J.), 1147. 

QUOTIENT respiratoire dans l’insuff 
sance glycolytique. AcHaARp (Cx.) et DEs- 
BouIS (G.), 385. 


RACHICOCAINISATION — SAIGNÉE 


R 


 RACHICOCAINISATION. Le Fi- 


LIATRE (G.), 1401.. 
RADIOGRAPHIE. Topographie des 
voies biliaires. BourGuer (M.), 131, 819. 
RADIUM. Action sur les neutrophiles. 
Resarru, Brissaun et RICHARD, 411. 
— Action sur la leucémie myéloïde. Ré- 
Non (L.), Decraïs et TaiBauT, 937. Voir 
: OVAIRE, RATE. 
RAGE. Filtrat de virus rabique. NEUMANN 
et Mrronesco (Ta.), 712. 


RATE. Influence de l’irradiation sur la 


tuberculose. MAnoukuine (1.-I.), 1263. 


_ — Leucémie myéloïde. RÉNox (L.), DEGRAIS 


et THiBauT, 937. 

— Rôle dans la production de l’alexine, 
des hémolysines, des agglutinines et des 
bactériolysines. Manoukuine (1.-I.), 1221. 


_— Variation du poids chez les mammi- 


fères. Macnan (A.), 209. 

RAYONS X. Action sur la formation de 
tissu myéloïde dans le thymus. REGAuD 
(CL.) et CRÉMIEU (R.), 960. 


— Action sur les follicules dans l'ovaire 


de la lapine. Recaup (C£.) et LACASSAGNE 
(Anr.), 869. 

— Action sur les polymorphes du thymus. 
ReGaub (CL.) et CRéMIEU (R.), 862. 

— Action sur le testicule. Recaun (GL.) 
1256,1332. 

— Action sur l'ovaire. ReGaub (CL.) et La- 
CASSAGNE (A.), 601, 1308. 

— ULTRA-VIOLETS. Absorption par 
les alcaloïdes. Gompez (M.) et HENRI (V |, 
1066. 

— Disparition de l’alexine des sérums. 
Courmonr (P.), Nocier et Durourr (A.), 
1152. 

— Mode d'action sur la vie et la multipli- 
cation des cellules èn vitro. Levantmi (C.) 
et MurermirCu (Sr.), 1180. 

REACTIF de Fosse pour dosage de l’urée. 

. HuGouxexo (L.) et More (A.), 1055. 

RECTUM. Perméabilité aux albumi- 
noïdes. Srotcesco (G.), 951. 

REGENERATION du vague chez le 
rat blanc. TourNane (A.), 956. 

RÉGIME ALIMENTAIRE. Influence 
sur le développement du cancer chez la 
souris. Danysz (I.) et Skszvnskr, 1144. 


1 


REIN 


Anatomie. 


— Arlères. GÉRARD (G.), 857. 


1457 


Histologie. 


— Action des diurétiques.Enesco (J.), 914. 
Gex 

— Membrane propre. Mawas (J.), 189. 

— Autolyse. LaiGNez-LAVASTINE (M.) et 
Jonnesco (V.), 10. 


Physiologie. 


— Action du bicarbonate. Le Noir et 
Taéry, 432. LE Noir, THÉéRy et VErPuy, 
538. 

— Action des diurétiques. Enesco (L.), 914, 
973. 

— Action du fer colloïdal. DunameL, 186. 

— Action des sucres. Parisot {J.) et MA- 
THIEU (P.), 168. 

— Constante uréo-sécrétoire. DANIELOPOLU 
(D.) et Dimirresct (D.), 969. 

— Toxicité des extraits. Garnier (M.) et 
Bory (L.), 344, 625. 

— Hypertrophie compensatrice dans la 
suite de néphrectomie unilatérale. Carnor 
(P.), 1086. ? 

— Néphrotomie. More (L.} et Vercrac (H.), 
1202. Murarp (J.), 455. 

— Uretère. Ses mouvements. Bourer (L.), 
11171. Voir URINE. 

RESPIRATION en divers milieux. Lan- 
GLOIS (J.-P.) et Socor (F.), 992. 

— Paralysie expérimentale des centres 
respiratoires. Camus (JEAN), 761. 

RETINE. Voir ŒIL. 

RHUMATISME articulaire. Bosc (F.-J.) 
et CARRIEU (M.), 1165. 

— Formule hémoleucocytaire. Bosc (F.-J.) 
et CARRIEU (M.), 1388. 

— Rôle du bacille d'Achalme. Bosc (F.-J.) 
el CarRIEU (M.), 1229. Rosenruaz (G.), 

: MODE. 

— lnclusions intracellulaires. Bosc (F.-J.), 
1322. Bosc (F.-J.) et Carrreu (M.), 1262. 
— Rhumatisme chronique lraité par l’opo- 

thérapie. Léoporn-Lévr, 1156. 

RHYNCHOIDOMONAS. CHarron (E.), 
551. 

RICINE. Action sur les cellules in vitro. 
Levaprrt (C.) et MurTerMiLca (Sr.), 611. 
RIVA-ROCCI. Mesure de la pression 

artérielle maxima. Lran (C.)etMorer (L.), 
1148. 
ROSÉOLE. Voir SYPHILIS. 


S 


SAIGNÉE. Procédé simple pour prélever 
du sang. Perrier (A.), 11. 
— expérimentale. Emize-Werz (P.), 590. 


1458 \ SALIVE — SANG 


SALIVE. Voir GLANDE SALI- se 


VAIRE. : Histologie et Physiologie . e 
SAGCGULINE. Action sur le sang de comparées. We. 


Carcinus maenas. CANrAGUZzÈNE (J.), 409. ; 5 . À 
— Cellules à sphérules d'Heferogynis. 


Hozcanpe (A.-Cu.), 1188. 


SANG 
Hématies. pie k 
Technique. — Pseudo-noyaux. FeuiLLié (E.), 1102. CRUE 
Rens ; — Relation osmotique avec leur milieu 
— Procédé simple pour prélever du sang. GinarD (P.), 520. : 
Perrir (A.), to j — Action de l’adrénaline. Proca (G.), 513. Ë 
— Numération des éléments figurés. Du- ske . 
RUPT (A.), 391. rez : 3 
— Saignée. Euire- Wei (P.), 590. Réfiionce, sonne : 
— Transfusion. Breton (M.), MassoL (L.) | __ Danreroporu (D.), 143. May (E.), 1373. 
et Bruyant (L.), 23. 
— Utilisation du caïllot dans la réaction 3 3 
de Wassermann. BENarD (R.), 1140. ed à 73 
— Emploi des hématies formolées. ARmanD- | __ Sidérogène. CnaLrer (J.), Nové-Josse- 20e 
Dericze et Launoy (L.), 461. RAND (L.) et Bourup, 508, 565, 566. HS 
— Action du liquide céphalo-rachidien du 
Propriétés générales. chien. DanreLopocu (D.), 113. ; 
— Action du sérum. AcaArD (Cn.) et Foix ue 
— Action du sérum sur l'atropine. DAnïE- (Cr.), 658. Parenx (G.)et Roux (E.), 1061. 
LoPoLU (A.), 297. — Action des globules blancs et de la rate. 
— Hypersensibilité du cobaye au sérum ManOUKHINE (1.-I1.), 1221. Le ns 
de cheval. Brior (Aueusrin) et Avnaun | — ACtion du bacille d'Eberth. Roper (A.), 6. 08 
(MaRcEL). 180. — Action des vibrions cholériques. Bau- à 
JEAN (M.), 199. d 
Chimie. Leucocytes. 
— Alcool. Nrczoux (M.), 261. — Survie. JoLLy (J.), 872. 
— Azote. Bropin (P.), 26. Decaunay (H.), | Reptation. Jozzy (J.), 504. 
151, 154, 639, 641, 169. LasBé (H.), 197. | __ Pouvoir phagocytaire. Tcuisrovircn et } 
Mooc (R.), 325. ARINKINE (M.), 447. NE 
— Chaux. Sarvonar (F.) et Rousier (OH.), | Action du radium sur les neutrophiles. L 
897, 1027. ÿ ReBarru, BrissauD et Richaro, 471. # 
— Chlorure de sodium. CHaBaniER (H.)et | Organes lympho-épithéliaux. Jozzy (J.), : 
JoAcaIMIDES (D.), 849. 840. 4 
— Cholestérine. Wipaz (F.), WeILz (A.) et ; JANET 
Laupar (M.), 882. ca Fi nue d 
— Formol titration. Lassé (H.) et Desré | —- Globulins de la poule. Aynaun (M.) et ns: 
(R.), 199, 289. Perrir (A.), 313. 21 
— Sucres. Bierry (H.) et Porrier (P.), 5%0. | — Origine dés globulins. Le Sourp (L.) et de 
: Dovox (M.) et Sanvonar (F.), 779. Lépine Pacniez (Pn.), 580, 188. La 
(R.) et Boczun, 76. Lissonne (M.), 474. | __ Sérum antiglobulin. Avwaup (M.), 493, 
Parisor (Jacques) et Marureu (P.), 492. 215, 278. PAGNIEZ (Pn.), 204, 276. 
— Hydrate de carbone. Fanparb (L.) et | — Action de produits dérivés des glo- an 
Ranc (A.), 140. bulins sur la pression sanguine. Le Sourn F2 


— Lipoïdes. Grimsert (L.), LAupat (M.) et (L.) et PAGnrEz (Pa), 4259. 
We:iLL (A,), 898. S 


— Maltose. Lépine (R.) et BouLun, 16. | Formules hémo-leucocytaires. Re. 
— Nucléoprotéides. Doxon (M.) et Sar- if 
VONAT (F.), 78. — Eosinophilie. MéÉnarp (J.-P.), 1298. Morer 
— Oxydase. CANTAGUZÈNE (J.), 633. (L.) et CnaBantER (H.),948. WerngerG (M) 
— Urée. Creyx (A.), 637. Huaounexo (L et SÉGuIN (P.),1059, 1096, 1366, — t. LXXV, £ 
et MoreL, 1055. pre ci 
- — Recherche du sang dans les matières | — Variation vis-à-vis de l'urohypotensine, k 
fécales. Erros (S.), 902, 965. | BARDIER (E.) et STiLLMUNKES (A.), 4163. $ ; 


= 4 
sn. 


S É 


SANG — SÉCRÉTINE 


— Variation chez les chevaux fournisseurs 
- de sérum antityphique. Roper (A.), 80. 


_ — Variation chez les poules infectées de 


Spirochæta gallinarum. Lauxox (L.) et 
Lévy-BruaL (M.), 754. 


- — Variation sous influence du radium. 


Repatru, BrissauD et RicHarDd, 471. RE- 
GAUD (CL.) et CRÉMIEU (R.), 862. 


Hémopoïëèse. 


— Rôle des ganglions lymphatiques. Ret- 
TERER (Ep.) et LELIÉVRE (Auc.), 1226, 
1274. 

Coagulation. 


— Acide nucléinique. Doyon (M.) et Sar- 
VonAT (F.), 312, 1302. 
— Anticorps. VALLÉE, 1065. 


_ — Antithrombine. Doyon (M.) et SARvONAT 


(F.), 1395. 

— Hématogène. Dovon (M.) et SARVONAT 
(F.), 368. 

— Nucléinate de soude. Doxox (M.) et Sar- 
VONAT (F.), 165, 872. 

— Peptone. Pozersxi (E.), 537. 

_— Phosphates.Doxon(M.)et SARvONAT (F.), 
460, 560. 

— Terres rares. FrouIN(A.) et MErcIER (V.), 
317. 

Toxicité du sang. - 


_— Toxicité du sérum et rapport avec l’hé- 

molyse. RÉNON (L.) et Tarsaur, 89, 139. 

— Toxicité du sérum de lapin immunisé. 
_ Jonesco-Mraaïesri (C.), 1414, 1416. 


_— Toxines du sérum. BELIN (M.), 79. 


._  — Pouvoir toxique, chez le cobaye. SLarI- 


2 
Pa 


NÉANO (A.) et Cruca (M.), 631. 
— Pouvoir toxique du sérum humain. 
RÉNON (L.) et TaiBauT, 89, 139. 


Influence des conditions 
pathologiques. 


— Anémie pernicieuse. CHaLIER (J.), Nové- 
JosserAND (L.) et BouLup, 565. 

— Diabète. Hepon (E.), 1238. 

— Epilepsies. PreDa et PoPra, 920. 

— Intoxication saturnine. Maures (E.) 
341. S 

— Maladie de Parkinson. Mariesco (G.) 
et PApazozu (Mme Arex.), 1419. 

— Leucémie myéloïde. RÉNON (L.), Decrars 
et TnisauT, 937, 


Immunité et anaphylaxie. 


— Âlexine. Weïzz (E.) et Düurourr (A.), 802. 
— Agglutinines. MANOUKHINE (I.-1.), 1291. 

* — Inactivation du sérum dans la réaction 

de Wassermann. TerssonnièRE (M.), 821. 


1459 


— Leucocyles. LASsagLière (P.) et Richer 
(Cn.), 146, 116, 1167. 

— Leucocytolysine et antileucocytolysine 
dans l’anaphylaxie. Manouknine (1.-I.), 
1149. 

Accidents sériques. 


— Traitement. BEzIN (M.), 173. 


Séro-diagnostic. 


— Tumeurs malignes. MEcLo, 231, 


Parasitologie. 


— Altérations sous l'influence d'une hé- 
mogrégarine chez le Gongyle. Vicurer (G.) 
et Weger (A.), 760. 

— Présence d'un blastomycète chez les 
rougeoleux. Cosra (S.), 62. 

— Sang de Carcinus Mmœnas, parasité par 
la sacculine. CANTAGUZÈNE (J.), 109. 


Bactériologie. 


— Action du bacille d’Eberth sur les élé- 
ments figurés du sang. Rover (A.), 6. 
— Recherche du bacille de Koch au cours 
de l'infection expérimentale du cobaye. 
BRETON (M.), Massoz (L.) et Dunor (E.), 

192. 
Transfusion. 


— Technique de la transfusion chez le co- 
baye. Breton (M.), Massor (L.) et Bruvanr 

- (L.), 93. 

SAPONIFICATION du jaune d'œuf 
par la lipase végétale. GERRER (C.), 718, 
120, 822, 824. 

SAPONINES. Aliments hydrocarbonés 
pour les végétaux. Soracozu (T.), 304. 
SARCGINES. Présence dans une urine 

humaïne. (UÉRIN (G.) et Tairy (G.), 853. 

SARCOME chez des bêtes à cornes. 
STENSTRÔM (O.), 521. 

— Mitochondries. Favre (M.) et Recaup 
(GL.), 608. 

SATURNISME. Influence sur le poids 
du lapin. CARCANAGUE et MaAuREL, 452. 

— Intoxication. Recherches chromomé- 
triques. CaARcANAGUE et Maurez, 377. 

— Modification des éléments figurés du 
sang. MAuUREL (E.), 341. 

SCALPELLUM. Jorraup (A.), 422. 

SCHIZOPHYTES du cæcum du cobaye. 
CHaTron (E.) et PérarD (Cx.), 1159, 1932 

SCILLAELEPAS. Joreaup (A.), 1334. 

SCLÉROSES. Constante urémique d'Am- 
bard. Nrresco (J.-J.), 1421. 

SEÉCRETINE. Persistance après l’extir- 
pation du pancréas. Hépon (E.)-et Lis- 
BONNE (M.), 315. 


1460 


— Préparation. Launay (L.)et OEcasran (K.), 
338. - : 

SÉCRÉTION interne. Brpson (C.-Pa.), 
994%, 

— mammaire. MERCIER (L.), 646. 

— Action des substances hypotensives. 
Barrey (G.) et Duvizzier (E.), 1230. Voir 
CELLULE, REIN. 

SÉLACIENS. Origine de l’hypocorde. 
Weper (A.), 119. 


SÉNÉ. Action sur l’intestin perfusé. Car-° 


nor (Paur) et GLÉNARD (Rocer), 120. 

SÉROSITÉ. Rapport azoturique. JAvAL 
(A.), 349. 

— de l’æœdème. RomaLo (E.) et DumITRESCO 
(D.), 1244. 

SÉROTHÉRAPIE antidiphtérique in 
vitro. LevaDiri (C.) et Murermiccx (ST.), 
614. 

— avtivenimeuse in vitro. LevaDiti (C.) et 

- Murermiccx (ST.), 1379. . 

SEXE. Rôle des femelles dans la déter- 
mination. CHEWYREUY (1v.), 695, 698. 

SIDÉROSE. CHauier (J.), Nové-JossEkAND 
et BouLup, 440. 508. 

SIPUNCULIENS. Excrétion et phago- 
cytose. Cuénor (L.), 459. 

— Répartition de l’azote dans le liquide ca- 
vitaire. Decaunay (H.), 154. 

SOUDE. Culture du bacille tuberculeux. 
FrouIn (ALBERT), 1184. Mayer, 1186. 

SOLANINE. Action sur l’excitabilité 
nerveuse et musculaire. WEILL (JEANNE), 
1014. 

SPARTÉINE. Accoutumance. DoRLEN- 
courT (H.), 801. 

— Curarisation. Weizz (J.), 308. 

SPERMATOZOIDES. Voir TESTI- 
CULE. 

SPIRILLE. Culture. Danizesco (V.), 369. 

— thérapeutique mercurielle. Lauxoy (L.) 
et Levanrrr (C.), 18. 

SPIROCHEÈTE. Leucocytose chez la 
poule infectée. LaAunoyx (L.) et Lévy- 
BruaLz (M.), 154. 

— Sp. refringens dans la chambre anté- 
rieure du lapin.DaniLa (P.) et STROE (A.), 
298. Voir SYPHILIS. 

SPIROPTERE du chat ganté. SEurar 
(L.-G.), 676. 

SPIRURA. Evolution. Seurar (L.-G.), 286. 

SPOROTRICHOSE. Sarrory (A.) et 
OrrTIcont (A.), 1133, 1346. 

SPORULATION d’'Aspergillus. SAUTON 
(B.), 263. 

STÉNON. 
VAIRE. 

STÉRÉOSCOPE. Vision. Durour(M.), 41. 

STÉRILISATION des milieux putrides 
par la suraération. GINEsTE (Cn.), 710. 

Æ Voir OVAIRE. 


Voir GLANDE SALI- 


SÉCRÉTINE — SURRÉNALE 


STOMATES. Rôle défensif. Izune (V.), 
1031. : 
STOMATITE. Sarrory (A.) et Ormconr 
(A.), 1347. : 
STREPTOTHRICÉE dans une adéno- 
pathie cervicale. Burner (Et.), 674. 
STRONGLE. Mue et enkystement. Mau- 
PAS (E.) et SEURAT (L.-G.), 34. & 
STRONGYLOIDES stercoralis chez les 
mineurs de fer. Tarry (G.), 500. 


STRYCHNINE. Action locale sur le 


nerf. LaprcouE (L. et M.), 1012. 
— Sensibilité dans l'insuffisance surrénale. 
Camus (JEAN) et Porak (RENÉ), 387. 
SUBVENTIONS. 908. 


SUC hépatopancréatique. Antithrombine. \ 


GAUTIER (CL.), 583, 1222. 
SURAËRATION. Stérilisation des mi- 
lieux putrides. GINESTE (CH.), 710. 


ÿ SUCRES 

— Dosage dans le sang.Brerry (H.) et Pon- 
TIER (P.), 510. LÉPINE (R.) et BouLup, 56. 
LiSBONNE (M.), 474. - 

— Action sur la nutrition. GouIN (ANpné) 
et AxpouARrD (P.), 1082. 

— Injections intraveineuses chez les toxi- 
infectieux. ENRIQUEZ (Ep.) et GUTMANN 
(R.-A.), 73. 

— Absorption et élimination dans l’hyper- 
glycémie expérimentale. Parisot (J.) et 
Marareu (P.), 492. 


— Action sur la glycolyse des nucléinates. 


Dovon (M.) et SARvONAT (F.), 569. 


— Insuffisance glycolytique. AcHarD (Cu ) . 


et Despours (G.), 385, 4617, 513. 

— Pouvoir glycolytique. Dovon (M.) et 
SarvonaT (F.), 119. Max (H.), 30, 947. 
Parisor (J.) et MATRIEU (P.), 48, 168, 492, 
494. Voir GLUCOSE, MALTOSE et 
SANG. 

SURDITÉ. Rééducation auditive. Mo- 
REAUX (R.), 1354. 


SULFATE de lanthane. Action sur le dé- 1500 


veloppement du B. subtilis. FrouIN (A.), 
196. 


SURRÉNALE 


— Solidarité artérielle avec le rein. Gt- 
- RARD (G.), 87. 


— [nfluence de la capsulectomie sur l'urine. 


Roux (J.) et TAILLANDIER, 1206. 


— Insuffisance. Camus (J.) et Porak (BR)! 


351, 381, 1329. CLaunE (H.) et PoRAK (R.), 
1021. 

— Toxi-infection. MaRïE (A.), 221. 

— Action de l’adrénaline sur les hématies. 
Proca (G.), 143. 


PA 


SURRÉNALE — TOXINE 


1461 


— Action de l’adrénaline sur l'insuffisance 


_ : glycolytique. AcHarn (Cn.) et Despouis 


. (G.), 467. 

— Action de l’adrénaline sur les échanges 
des minéraux au niveau des os. BONNA- 
MouRr, SARVONAT, BADOLLE (A.) et ESCALLON, 
1049. \ 

SURVIE des cellules. Voir GELLU- 
LES. 

SYMBIOSE entre le virus de la polio- 
myélite et les cellules des ganglions 
spinaux. Levavrrt (C.), 1179. 

SYNTHESE par l'émulsine. BourQuELOT 
(Em.) et BribeL (M.), 858. 


SYPHILIS expérimentale. DaniLa (P.), 


910. DaniLa (P.) et STRoE (A.), 912. Lau- 
noy (L.) et Levanrri (G.), 18. 

— Cholestérinémie. RouzAUD, SUCQUET et 
CaBanis, 1396. 

— Action de la quinine. SCHERESCHEWSKY 
(J.), 1147. 

— Culture du Tréponème. Nocucar (H.), 
984. 

— Recherche du Tréponème dans divers 


tissus au cours de l'infection syphiliti- . 


que. Marïe (A.), Levapirr (G.) et Banko- 
wsK1, 194, 1009. Marinesco (G.) et MINEA 
(J.), 709, 749, 975. Nocucar (H.), 349. 
SPILLMANN (M.) et WaTRiN (J.), 1356. 


T 


TARSE PALPÉBRAL. Voir ŒIL. 

TÉLÉEGONIE. Farrz-Fein et [vanov(IL.), 
1029. 

TEMPÉRATURE. Influence sur la 


protéolyse de la substance nerveuse. : 


EScanNDE et SouLa, 8178. 

— Influence de la stérilisation sur la vali- 
dité des vaccins antityphiques chauffés. 
Vincent (H.), 841. 

TEMPS de réaction. Veir TRAVAIL. 

TERRES RARES. Action des sels sur 


la coagulation du lait par la présure. 


Frouin (A.) et MERCIEK (V.), 990. 

— Action anticoagulante. FrouIN (A.) et 
MErGIER (V.), 317. Voir TUBERCU- 
LOSE. 

TESTICULE. Dégénérescence des cel- 
lules mères. CHamPy (Cx.), 458. 

— Existence d’un tissu glandulaire endo- 
crine. CHAMPY (CH.), 3617. 

— Spermatozoïdes d'Ascaris. FAURÉ- FRE- 
MIET, 1407. 

— Action de l'alcool. Ivanov (L.), 480, 482. 

— Conservation des spermatozoïdes. CHampy 
(CH.), 72. 

— Spermatozoïdes enkystés dans le tissu 


conjouctif. Tournape (A.) et Merrann (L.), 
139. 

— Motilité des spermatozoïdes. TourNanr 
(A.), 138. TouRNADE (A.) et Merranp (L.), 
JR 

— Résorption des spermatozoïdes chez 
Drosophila ampelophila.Guvénor (Eure), 
389. 

— Torsion des spermatozoïdes chez divers 
vertébrés. Craupy (Car), 663. 

— Vitalité des spermatozoïdes dans les 
voies déférentielles. TourNape (A.) et DE- 
LACARTE (J.), 861. 

— Orchite; traitement. CruveiLuiEer (L.), 
806. 

TÉTANOS expérimental. Guérison chez 
le cobaye. Rurrer (Marc-ARMAND) et 
CRENDIROPOULO, 12711. 

THORIUM. Influence sur le bacille tu- 
berculeux. FrouIn (A.), 282. 

THYMUS. Histogénèse. RETTERER (Ep.) 
et LELIÈVRE (AuG.), 593. 

— Hématopoïèse. RETTERER (Ep.) et LeE- 
LIÈVRE (A.), 445. 

— Polynucléose consécutive à la rôntge- 
nisation. REGauD (CL.) et CrÉémIEU (R.), 
862. 

— Thymectomie chez le crapaud. Sazkinn 
(I.), 66. 

— Tissus myéloïdes consécutivement à 
l’action des rayons X. Recaun (Cr.) et 
CRéMIEU (R.), 960. 

— Organes lympho-épithéliaux. Jozx (J.), 
540. 

THYROIDE. Influence de la thyroïdec- 
tomie sur les lipoïdes. JoustTcnÉNKo (A.), 
145. 

— Action de l’hyperthyroïdisation sur la 
teneur du sang en chaux. SArvowAr (F.) 
et Roupie (Cr.), 897, 1027. 

— Opothérapie. LéoPozn-Lévr, 1156. 

— Parathyroïdes. Relations avec le foie. 
Morez (L.). 28. Voir GOITRE. 

TISSUS. Dosage de l'alcool. Niccoux 
(MauRIcE), 267, $ 

— Inhibition. Mayer (A.) et SCHAEFFER (G.), 
150. 

— Loi d’excitation d'ouverture. CArnor (H.) 
et LauGrEeR (H.), 1000. Voir IMAGE 
d’un tube de verre et cellules. 

TORTUE. Voir HYDRATES. 

TOXINE ascaridienne. WeïngerG (M.)et 
SÉGUIN (P.), 855. 

— Accidents mortels chez le cheval à la 
suite d’instillation de toxine. WEINBERG 
(M) et Jucren (A.), 1162. 

— DIPHTÉRIQUE. Action sur les 
cellules in vitro. Levanrrt (C.) et Murer- 
MILCH (ST.), 379. 

— Immunité du rat. Perrrr (A.), 1198. 

— TÉTANIQUE et diphtérique. Action 


1462 - TOXI-INFECTION — URÉE 


sur la protéolyse et l’aminogenèse 
SouULA (L.-C.), 416. Voir SANG. 
TOXI-INFECTION et surrénales. MariE 
(A.), 221. 
TOXOPLASMOSE expérimentale. MEs- 
NIL (F.) et SARRAILHÉ (A.), 1325. 
TRACHOME. Traitement par le virus 
trachomateux. TragBut (C.), NÈGRE (L.) et 
RavnauD (M.), 1176. 
TRANSSUDATS. Différenciation avec 
les exsudats. VizLARET (M.), 932. 
TRAVAIL PROFESSIONNEL. Va- 


riations de temps de réaction. LAUGIER - 


(H.) et Ricner (Cu.), 816. 
TRÉPONEÈME. Voir SYPHILIS. 
TRICHOMYCES. Parasite du Lepo- 

thrix. BLAYE (R: LE) et FAGE (A.), 1175. 
TROMBIDIUM frigonum. Développe- 

ment. Bruant (L.), 509. 

TROXLER. Phénomène de Troxler. Du- 
Four (M.), 829. 

TRYPANOSOME. Coloration des cul- 
tures. PonseLze (A.), 1072. 

— Culture de T. granulosum et de T. va- 
rium. PonSELLE (A.), 522, 685. 

— Evolution morphologique et classifica- 
tion. CaarTrTon (Ep.), 551, 1145. 

— Trypanosomes des Muscides. CHATTON 
(Ep.) et LEGER (M.), 549. 

— Trypanosomes malpighiens. 
(Ev.), 551. 

— Trypanosoma talÿæ. LAVERAN (A.) et 
MaruLzaz (M.), 1007. 

— Trypanosoma talpæ transmis par Pa- 
læopsylla gracilis. LAVERAN (A.) et Fran- 
oHINI (G.), 1254. 

— Immunité. Roupsky (D.), 3. 

— Traitement de la maladie du sommeil 
par l’akridine. Sarmon (P.), 134. 

TRYPSINES végétales. GerBer(C.),1339, 
GERBER (C.) et Guioz (H.), 1336. GERBER 
(C.), Guioz (H.) et Sazkinp (J.), 425. 

TUBE à centrifugation. Baupoun (A.) et 
FRANÇAIS (H.), 347. 

— CONTOURNÉ. Voir REIN. 

— DE VERRE. Interprétation de l'image 
fournie et application à l'étude. de la 
fibre à la myéline. Vis (F.), 126, 247, 
364, 471. 


CHATTON 


TUBERCULOSE 


Bacille. 


— Culture. ArmAND-DELLILE (P.), MAveRr (A), 
SCHÆEEER (G.) et TERRoINE (E.), 272. 
FrouIn (A.), 1184. MAYER (A.), 1186. 

— Action de l’eau oxygénée. SIEBER-CHOU- 
MOV, 478. 

— Action de l'extrait d'A. f'umigatus. VNaAu- 
DREMER (A.), 278. 


— Action des sels d'uranium et de tho- 
rium. FROUIN (ALBERT), 282. 


— Phagocytose dans le liquide céphalora- 


chidien. Hanns et Jacquor, 490. 

— Recherche dans le sang au cours de 
l'infection expérimentale. Breron (M.), 
Massoz (L.) et Dunor (E.), 792. 

— Bacille de Ferran. Caruerre (A.) et 
MassoL (L.), 21. FERRAN (J.), 172. 


Anatomie pathologique. 


— Tuberculides des bovidés. PErarp et 
RAMoNw, 133. - 


Physiologie pathologique. 


— Déviation du complément. Armanp- 
DerrLze, Rist et VAuCHER, 971. 

— Glycosurie hypophysaire. CLAune (H.), 
BaupouIn (A.) et PoraK (R.), 529. 

— Infection du cobaye par la conjonctive. 
CALMETTE (A.), Guérin (C.) et Grysez (V.), 
310. 

— Hémolysesidérogène. CHALrer (J.), Nové- 
JosseranD (L.) et Bourup, 565. 


Tuberculine. 


— ARMAND-DELILLE, Risr et VAucHER, 191. 
JAcOBsON et STANCESCU, 1413. Massor (L.), 
1260. Massoz (L.), Breron (M.) et Bruyant 
(L.), 185, 247. 


Traitement. 


— Aspergillus. VAUDREMER (A.), 278. 

— Bacillus perfringens. Loris-Merixo et 
OsrrovskY, 2271. ) 

— Calcium. Bruëz (J.) et Buc (E.), 880. 

— Irradiation de la rate. MANOUKRINE, 1263. 

— Or. BRErON (M.), 1200. 

TUMEURS. Sérologie. Merco (U.), 231. 
Mitochondries. Favre (M.) et Recaun 
(Cz.), 688. Voir CELLULE. k 

TYPHOIDE. Voir B. D'EBERTH, 
VACGCIN. 


Ü 


URANIUM. influence sur le bacille 
tuberculeux. FrouIN (A.), 282. 

URATURIE paroxystique. Rocer (H.) 
et CHEVAILIER (P.), 335. 

URÉDINÉE. Spécialisation parasitaire. 
Guinter (PH.), 648. 

URÉE. Dosage. Grimserr (L.) et Laupar 
(M.), 954, 1063. Lemamre (L.), 217. 

— Excrétion, AcxArp (Cx.) et RrBor (A.), 
534. . 


3 


URÉE — VESSIE 


1463 


a ————————"""——————— 


— Excrétion provoquée par la phloridzine. 
Caaganrer (H.) et Loso-OneLLz (C.),-681. 

_— Teneur du sérum et du caillot. CREYx 
(LEE 

URÉOSÉCRÉTION chez les asystoli- 

n . ques. DanreLopoLu (A.) el DumirRESCU 
Ge (A:),/205. 

URÉMIE dans les affections du cœur et 

4 dans les scléroses. Mrresco (J.-J.), 1421. 

E URETÈRE. Voir REIN. 


URINE 
‘Chimie. 


* — Acides‘aminés. LEMATTE (L.), 280. 
— Acides biliaires. MeILLIÈRE (G.), 844. 
— Alcool. Nrezoux (M.), 267. 
— Bromures. Dencès (G.) et CHELLE (L.), 
152: 
. — Globine. Roëert (H.) et Parisor (J.), 836. 


à Physiologie. 


— Action du fer colloiïdal sur l’excrétion. 
Dunauez (B.-G.), 786. 
2 — Débit chloruré. Caapanier et Loso-Ong£z 
(G.), 850. 

— Globinurie. Rogerr et Parisor, 838. 

— Influence de la surrénalectomie. Roux 
(J.-Cu.) et TarLLANDiER, 1206. 

— Moxicité des composés azotés. CLAUDE 
(Henri) et BLANCHETIÈRE (A.), 1049. 

— Urohypotensine. Barpier (E.) et SriLL- 
MUNKES (A.), 1163, ÉrIEnne (G.) et Durer 
(R.), 652. Soura (L.-C.), 934. | 

 — Incontinence et sollicitation naso- 
bulbaire. Bonnrer (P.), 433. 


= 


Pathologie. 


— Globinurie. ROBERT et PARISOT, 838. 
— Glycosurie hypophysaire. CLaupe (H.). 
BaupouIn (A.)et Porak (R.), 529. 
— Présence de bacilles lépreux. LAGAnr, 
16. = 
— Présence de sarcine. GuériN (G.) et 
Tarry (G.), 833. Voir AGIDOSE, CONS- 
TANTE, REIN, SUCRES, URÉE. 
UROBILINE. Recherche dans les fèces. 
_ GriGAurt (A.), 265. MarccarD (L.-C.), 266. 
UROHYPOTENSINE. Voir URINE. 
UTERUS. Néphrophagocytose chez la 
lapine gestante. Mercier (L.), 165. Voir 
CELLULES EXCRÉTRICES. 


V. 


 VACCINE. Voir VACCINS, 


VACCINS 
Vaccin antityphique. 


— Pouvoir immunigène. CHANrEeMEsse (A), 
924, 1027, 1038. NerTer (A.), 1043. Vin- 
CENT (H.), 982, 1040. 

— Réactions humorales. AnrDin-DELTEIL, 
NèGre (L.) et RaywauD (M), 371. 

— Stérilisation du vaccin. Vincenr (H.), 847. 


Vaccin jennerien. 


— Passage du virus vaccinal dans l'hu- 
meur aqueuse. Camus (L.), 1044. 

— Généralisation. Sion (S.-V.) et - Rapu- 
LESCO (M.), 715. 


Virus vaccins sensibilisés.… 
th 


62 

— Pneumonie. CoHenpy et BERTRAND, 53 

— Gonocoque. CRUVEILHIER (E.), 410, 80 
1371. 

— Typhoïde. Borner, 507. k 

VAGUE. Récénération. TourNApe (A.), 956. 

— Vagotomie. Dugois (Cx.), 1057. 

VARIOLE chez l'âne. Cnaumier (E.), et 
BELIN (M.), 138. Voir VACCINS. 

VASA NERVORUM. Bourcurr (M.), 
656. 

VASO-DILATATION pénienne sous 
l'influence de l'extrait prostatique. HAL- 
LION (L.), Morez (L.), et Papin (E.), 401. 

VASOTONIQUE. Centre bulbaire va- 
sotonique. Artaus (M.) et Martin (F.), 
144. 

VENIN DE GOBRA. Action sur la 
multiplication des cellules in vilro. LE= 
vaDiTti {C.) et Murermir ca (Sr.), 1305. 

VENTILATION. Action sur les échan- 
ges des animaux. Socor (E.) et Kocu (R.), 
515 

VER A SCIE. Voir BOMBYX. 

VERS. Azote du liquide cavitaire. DELAU- 
NAY (H.), 154. Voir INTOXICATION 
VERMINEUSE. 

VÉSICULE ombilicale. DEBeyRE 
670. 

VESSIE. Absorption de gaz. Bassar et 
ULEau, 214. 

— Action de l'extrait de prostate humaine. 
Bartez (G.) et Bourer (L.), 8. 

— Perméabilité. Niccoux (Maurice) et 
NowickA (Vicroire), 394. 

— Pouvoir d'absorption. Nrezoux (M) et 
Nowicxa (V.), 313. 

— Origine vésicale des 
Lévy (F.), 355. 


(A), 


albuminuries, 


A 


| VIBRION — ZYMONEMA | Le 


VIBRION CHOLÉRIQUE. Voir GHO- 


LÉRA._ 


VIPERA aspis; cloison pharyngo- ŒSo- 
_ phagienne chez l'embryon. TouRNEUx (ee } 


et FAURE (CH.), 219. > 

NIRULENCE des microorganismes. 
Tayry (G.), 652. Tue (E.-H.) et EM8LE- 
Ton (D.), 129. | 3 

— des microorganismes, exaltée par des 
petites doses d’antiseptiques. THIRY (G.), 
652. 

VIRUS vaccins sensibilisés. Var VAC- 
CINS. 

VISION binoculaire. 
1350. r 

— stéréoscopique. Durour (M.), 41. 

VORTICELLE. Mesure de l’excitabilité 


électrique. Lapicoue (L.) et FAURÉ-FRE- 


. MIET, 1194. 


W 


WASSERMANN. Réaction. Contrôle de 
de l’inactivation des sérums. TEISSONNIÈRE 
(NL), 821. 


Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 


Durour (M.), 43, 


— Utilisation des hémalties : Lu caillot. 
BENARD (R.), 1140. 


. ’ ”2 


x 


XANTHOME. PAPULEUX. Sru 
MANN (M.) et WaTrin (J.), 1351. 

XANTHYDROL. Dosage de l'urée par 
le réactif de Fosse. HucounenQ (L.) et 
Moxec (A.), 1055. 


é | VAR 


YVON (PAUL). Notice par Marmin (L.), 
905. 


é 


Z 


ZYMONEMA el Mycolerma. Jan (L. IE 
et Vernier (L.), 1154. 


‘, 


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