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Full text of "Comptes rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales"

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COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES 


DES SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


PARIS — L. MARETHEUX, IMPRIMEUR 


1, rue Cassette, 1 


COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES 


DES SÉANCES ET MÉMOIRES 


DE LA 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


(65° Année) Par 


ANNÉE 1913 — TOME DEUXIÈME 


(SOIXANTE-QUINZIÈME DE LA COLLECTION) 


PARIS 
MASSON ET C* ÉDITEURS 
LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 


120, ROULEVARD SAINT-GERMAIN (6°) 


1945 


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COMPTES RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Le EE RL ES PP RS RE 


SÉANCE DU 5 JUILLET 1913 


AuBEL (E.) et Cozin (H.) : Action 
des sucres sur la fonction pigmen- 
taire du bacille pyocyanique . . .. 

Bosc (F.-J.) et Carmieu (M.) : Cor- 
puscules intramicroscopiques et fil- 
trants dans le rhumatisme articu- 
DATE A EU PAUSE RP ne 

CarNoT (PAUL) : Sur l'hyperplasie 
compensatrice du rein après action 
de divers agents thérapeutiques . . 

CruvEILHIER (Louis) : Traitement 
durhumatismeblennorragique aigu, 
au moyen de la méthode des virus- 
vaccins sensibilisés de Besredka. . 

Daéré (Cu.) : Sur l'emploi des ré- 
seaux de diffraction dans l'étude 
photographique du spectre d’ab- 
sorption de l’oxyhémoglobine. . .. 

FRENKEL (M.) : Créatine et hypo- 
Dromitereeve en ru he 

KRoLUNITSKY (G.-A.) Première 


BIOLOGIE, COMPTES RENDUS, — 1913. 


25 


Lo) 


ii 


SOMMAIRE 


note sur la leucocytolyse digestive. 
La leucocytolyse psychique . . .. 

RETTERER (Eo.) et LELIÈVRE (AUG.) : 
Origine et évolution des ilots de 
HANDERIATO ET Ie ee Cie dre 

RoGer (H.) : Les produits autoly- 
tiques du poumon ; leur action sur 
la#pressionssanguine rt... 

RoussyY (GUSTAVE) : Sur les réac- 
tions cytologiques produites dans les 
tissus par les dépôts locaux de cris- 
taux de cholestérine. {Présentation 
de microphotographies en couleurs). 

WEINBERG (M.) et Cruca (A.): Re- 
cherches sur l’anaphylaxie hydati- 
que expérimentale. L'anaphylaxie 
hydatique n’est pas une anaphylaxie 
sérique (Quatrième note). ..... 

WERTHEIMEIR (E.) et BATTEZ (G.) : 
Salivation provoquée par augmen- 
tation de la pression artérielle . . . 


D EXXY. 1 


Æ 


18 


21 


9 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Mesnil, puis de M. Dastre. 


TRAITEMENT DU RHUMATISME BLENNORRAGIQUE AIGU, 
AU MOYEN DE LA MÉTHODE DES VIRUS-VACCINS SENSIBILISÉS DE BESREDKA, 


par Louis CRUVEILHIER. 


Il est amplement démontré, aujourd'hui, que les diverses manifesta- 
tions pathologiques intéressant les séreuses articulaires ou tendineuses, 
qui apparaissent au cours ou à la fin de l’urétrite blennorragique, 
dépendent d’une infection générale de l'organisme d'origine gonococ- 
cique. Il était donc rationnel d'essayer particulièrement contre celte 
complication de la blennorragie la méthode des virus-vaccins sensi- 
bilisés que nous avons été les premiers à appliquer au gonocoque (1) et 
qui nous a donné des résultats si encourageants au cours du traitement 
de l'orchite et de la métro-salpingite gonococciques. Le rhumatisme 
blennorragique diffère suivant les formes envisagées. Nous sommes 
intervenus dans cinq cas de rhumalisme blennorragique à forme arthral- 
gique. 

Chez nos cinq malades, on ne constatait rien d'anormal au niveau des 
jointures, mais on percevait une douleur vive, exaspérée par le moindre 
mouvement quis’amendait dès le lendemain de la piqüre pour dispa- 
raître d’une façon absolue au bout d’un temps variable dont la durée n'a 
jamais dépassé deux semaines. 


D'ordinaire, toutefois, l’action du virus-vaccin a été plus rapide, comme 
dans le cas que nous devons à l’obligeance de notre ami le D' Fouquet, de 
M. B..., garçon de café, âgé de vingt-huit ans, atteint d’une blennorragie 
depuis dix-huit mois, et accusant depuis un mois et demi une douleur vive 
localisée particulièrement au niveau des articulations tibio-tarsiennes et 
tarso-métatarsiennes du pied droit. Injecté, pour la première fois, le 
9 avril, puis successivement les 10, 12 et 17 avril, le malade demande qu’on 
cesse les piqûres, car il n’éprouve plus aucune douleur ni aucune gêne sous 
l'influence des mouvements du pied et même de la marche prolongée. 
Le 10 mai, soit environ quinze jours après la dernière piqüre, M. B... revient 
se faire examiner, ainsi qu’il en avait été prié, et on ne constate aucun réveil 
des phénomènes douloureux; le malade se félicite d'être redevenu fort et 
vigoureux, comme avant le début de sa blennorragie. : 


(1) Louis Cruveilhier. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 4 janvier, 
19 avril, 28 juin 1913. 


NX 


SÉANCE DU D JUILLET 3 


La caractéristique du rhumatisme blennorragique à forme d'hydar- 
throse est, dit M. le D' Georges Luys, « son extrême lenteur à diminuer 
et à disparaitre ». 


Or, il n’en a pas été ainsi de M. N.., âgé de seize ans, entré le 12 mai 1913 
à Lariboisière, dans le service du D' Florent, pour douleurs très vives au 
genou gauche l’empêchant de marcher dont, nous devons l'observation à 
l’obligeance de M. Malleterre (1). 

L'examen du malade, à son entrée à l'hôpital, décelait un épanchement 
assez abondant dans l'articulation du genou. On percevait le choc rotulien 
avec une grande netteté, mais cette manœuvre provoquait de très vives 
douleurs. Le genou était légèrement en flexion. La température oscillait 
“autour de 38 degrés. Le 16, nous pratiquons une première injection de virus- 
vaccin et, dès le lendemain, le malade accuse une diminution manifeste des 
douleurs. Pour la première fois, depuis le début de la maladie, il passe une 
nuit calme. On répète les piqûres le 19, puis le 21, et enfin le 26 mai. Le 
27 mai, le malade est examiné minutieusement, et on constate que « le genou 
est devenu tout à fait indolore sur tous ses points ». Le malade plie tout à 
fait normalement son articulation et marche avec la plus grande facilité. La 
circonférence du genou est descendue de 38 cent. 1/2 à 34 centimètres. Le 
malade, qui se considère et peut être considéré comme guéri, quitte l'hôpital. 


La forme arthrilique uiquë est, certes, la plus commune des formes du 
rhumatisme blennorragique: Des cinq cas que nous avons traités, nous 
retenons celui d’un malade qui nous a été adressé par M. le D° Ravaut 
et que nous avons suivi avec le concours du D' Maralo. 


Il s’agit d’un homme âgé de trente-quatre ans, représentant de commerce, 
qui, en mars dernier, anrait constaté, en même temps qu'un écoulement 
urétral, des symptômes très douloureux de sciatique qui bientôt l'obligeaient 
à garder le lit. Malgré l’administration de cachets d'aspirine, de salophène, 
de phénacétine et de valériane, en dépit de l'application de sinapismes et de 
vésicatoires, bien que furent fréquemment répétées les pulvérisations de 
chlorure d’éthyle et les frictions avec divers baumes et en particulier avec le 
baume Bengué, le malade souffrait terriblement, mangeait mal, digérait 

_“plus mal encore et ne dormait pas, quoique les piqüres de morphine fussent 
très fréquemment renouvelées. Les progrès du mal étaient tels qu’au 
15 avril dernier la colonne vertébrale était douloureuse sur toute sa hauteur, 
et le malade accusait au niveau des reins des élancements si pénibles qu'il 
était contraint de rester immobile sur le dos. On essaye vainement d'apnorter 
quelque soulagement par des lavemenis au salicylate, puis à l’antipyrine, du 
massage vibratoire, des ventouses, des applications d'air chaud, des injec- 
tions, sous la peau du ventre, de sang prélevé dans la veine du bras, et le 

: 10 mai la cheville et le genou droit se prennent. Le 11 juin, la première 
injection de virus-vaccin sensibilisé est pratiquée, en même temps que lout 
médicament et toute application locale sont supprimés. 


(4) Malleterre. Thèse dé Paris, 1913. 


, SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Dès le lendemain de la piqûre, le malade accuse une diminution manifeste : 
des douleurs au niveau de la colonne vertébrale. Le 13 juin, on pratique une 
seconde piqüre suivie d'une réaction assez vive, mais qui amène une diminu- 
tion très sensible des phénomènes douloureux, si bien que, pour la première 
. fois, depuis le début de sa maladie, le malade peut se lever de son lit sans 
l'aide de personne. Le 17 juin, une troisième piqûre est faite, à la suite de 
laquelle la douleur de la cheville et celle du genou disparaissent complète- 
ment. Le 20 juin, on pratique une quatrième piqüre. Dès lors, le malade 
n’accuse plus qu’une douleur sourde à la partie supérieure de la colonne ver- 
tébrale ; il peut s'asseoir, se coucher, se relever, demeurer dans la station 
debout sans l’aide de personne. Les nuits sont devenues excellentes, il peut 
monter et descendre les escaliers. On renouvelle toutefois les piqüres tous 
les trois jours jusqu à la fin du mois. 


ORIGINE ET ÉVOLUTION DES ILOTS DE LANGERHANS, 


par ÉD. RETTERER et AUG. LELIÈVRE. 


Si les théories insulaires se comptent par dizaines, nous sommes 
cependant loin d'être fixés sur la nature et les fonctions des ilots de 
Langerhans. Pendant que nous avons étudié la structure des culs-de-sac 
glandulaires du pancréas, c'est-à-dire les cellules acineuses, nous avons 
observé plusieurs faits qui nous ont portés à expérimenter afin de nous 
éclairer sur l'origine et l’évolution des éléments des îlots, c'est-à-dire 
des cellules insulaires. À cet effet, nous avons soumis des cobayes à une 
alimentation insuffisante. 


Voici, à titre d'échantillons, le résumé de deux expériences : 

Cobaye A, pesant 530 grammes, est descendu en 9 jours au poids de 
325 grammes; c’est-à-dire qu'il a diminué de 25 grammes par jour. 

Cobaye B, pesant 590 grammes, est arrivé au 7° jour au poids de 
425 grammes et a été sacrifié après avoir diminué de 23 grammes environ 
par jour. 

En comparant les régions correspondantes de leur pancréas (fixé dans le 
Zenker-formol et coloré par l’hématoxyline puis par l’éosine-orange-aurantia) 
avec celles de cobayes physiologiques, voici nos résultats. 

Exposé des fuits. — Sur le cobaye normal, on trouve dans un lobule, long de 
| millimètre, large de Omm5, deux ou trois îlots : sur les cobayes inanitiés 
par le jeûne, on observait, par contre, neuf îlots de 70 à 120 & et une 
quantité considérable de petits îlots ne comprenant chacun que 3 à 8 cellules. 
Près de canaux excréteurs, on rencontre de plus des îlots composés longs 
de 0n,6 et larges.de 0,3. 

Les cellules acineuses se colorent de la façon suivante : leur reticulum 
chromophile se teint en violet ou en noir par l’hématoxyline et leur hyalo- 
plasma en rouge par l’éosine. C'est au milieu de ces cellules acineuses, 


xs 


SÉANCE DU 5 JUILLET 


O6 


c'est-à-dire en plein cul-de-sac, qu'apparaissent des cellules dont le cyto- 
plasma montre un réticulum et des granulations non plus hématoxylino- 
philes, mais se colorant en rouge intense par l’éosine, ces cellules, claires 
sur les préparations non colorées par l’éosine, ont, autour du noyau, une 
zone cytoplasmique de 3 s environ. Elles sont polyédriques, et, par groupes 
de 3 à 4 cellules, elles forment un îlot au premier stade. Plus nombreuses, 
elles se disposent en traînées ou cordons, séparés par les capillaires. 

La comparaison des noyaux des cellules acineuses et insulaires est intéres- 
sante : les noyaux acineux sont, la plupart, arrondis, de 4,5 u, les autres, 
moins nombreux, sont ovalaires, longs de 5,6 v et larges de 2,8 . Les noyaux 
insulaires ont même diamètre, mais la plupart ont une figure ovalaire. Ces 
deux sortes de noyaux se distinguent par leurs réactions colorantes : les 
noyaux acineux montrent 5 à 6 grains hématoxylinophiles que relient des 
filaments également hématoxylinophiles, de sorte que tout le noyau est 
coloré en violet ou en noir et qu’il présente à peine une nuance rouge sous 
l'influence de l’éosine. Les noyaux insulaires contiennent les mêmes granu- 
lations hématoxylinophiles, mais le réticulum a disparu et tout le caryo- 
plasma se teint en rouge par l’éosine. 

De même que les noyaux, le cytoplasma de l’ilot au deuxième stade perd 
son réticulum hématoxylinophile ; ensuite, il se vacuolise; d’où l'aspect spon- 
gieux qu'offre alors l'ilot. A mesure que le cytoplasma se vacuolise et se 
résorbe, les noyaux se colorent par l'orange et l’aurantia, comme les hématies 
intra-vasculaires. La disparition du cytoplasma met enfin en liberté les 
noyaux hémoglobiques qui donnent ainsi naissance aux hématies extra- 
vasculaires. Enfin, ces amas d’hématies sont mis en communication avec le 
réseau capillaire dont ils représentent des prolongements en cæcum. 

Près des canaux excréteurs, les îlots composés se continuent avec du tissu 
conjonctif dense, très vasculaire; partout ailleurs, les îlots s'entourent d’une 
atmosphère conjonctivo-adipeuse, se présentant sous la forme d’alvéoles à 
minces trabécules conjonctives, comme dans le thymus adulte. 


Résultats et critique. — Les îlots Jeunes sont formés de cellules à 
disposition épithéliale; les îlots plus âgés sont constitués par des 
groupes cellulaires à cytoplasma fusionné (syncytium). 

Au troisième stade, l’ilot devient réticulé, à mailles vides. 

Laguesse a raison d'attribuer au cytoplasma une structure réticulée 
(architecture alvéolaire); mais il faut ajouter que le réticulum des 
cellules insulaires a d'autres caractères tinctoriaux que celui des 
cellules acineuses dont le réticulum et surtout les points nodaux sont 
essentiellement basophiles, tandis que le réticulum et les points nodaux 
des cellules insulaires sont éosinophiles. Piazza (1911) a montré que les 
-granulations des cellules insulaires se colorent en noir par le nitrate 
d'argent, représenteraient les éléments de la sécrétion interne. 

Pour nous, les granulations et le réticulum éosinophile des cellules 
insulaires sont dus à la transformation acidophile des parties basophiles, 
des cellules acineuses (évolution régressive). 

Dans les ilots plus étendus et plus âgés, les granulations sont plus 


6 : ù SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


4 


rares ou bien ont disparu, et le cytoplasma, clair, s'est différencié : 


1° en fibrilles anastomotiques, acidophiles, et 2 en hyaloplasma qui ne 
tarde pas à se résorber. C’est la disparition de l'hyaloplasma qui donne 


alors à l'ilot son aspect alvéolaire. En certains points, le eytoplasma 


s'organise en fibrilles conjonctives, formant des travées qui eloisonnent 
les restes de l'ilot, et qui contiennent des vaisseaux sanguins. 

En ce qui concerne le réseau vasculaire de l'ilot, il est représenté 
dans les jeunes ilots par le même réseau qui existe entre les culs-de-sac 


glandulaires. Dans les ilots plus développés, il s’en distingue par La : 
largeur et les contours sinueux des capillaires; aussi Kühne et Lea 


l'ont-ils, à juste titre, comparé à un glomérule. Tous les observateurs 
ont confirmé le fait et insisté sur l'ampleur et le trajet tortueux des 
vaisseaux insulaires. Renaut, puis Pensa ont montré de plus que les 
capillaires de l'ilot sont souvent munis de prolongements qui se 
terminent en culs-de-sac ou cæcum. 


Laguesse, chez le fœtus, Giannelli et Pochon, chez l'adulte, ont vu 


des hématies entre les cellules épithéliales, c'est-à-dire en dehors du 
revêtement endothélial. Laguesse interprète la présence des hématies 
en plein tissu insulaire en admettant : 1° une fonte cellulaire due aux 
produits de la sécrétion interne; 2° un épanchement d’hématies intra- 


vasculaires dans la poche ainsi créée. Pour nous, les cellules insulaires : 


naissent aux dépens des cellules acineuses. Celles-ci perdent leur réti- 
culum basophile, et, devenu clair, leur cytoplasma se différencie en 
réticulum acidophile et en hyaloplasma peu colorable. Quant aux 
noyaux qui, à l'origine, c’est-à-dire dans les acini glandulaires, sont 
principalement basophiles, ils commencent, dans l'ilot, par devenir 


’ 


éosinophiles tout en montrant encore quelques grosses granulations 


Rématoxylinophiles. À mesure que le cytoplasma se résorbe, les noyaux 
deviennent orangeophiles comme les hématies intra-vasculaires. Par la 
disparition du cytoplasma, ces noyaux hémoglobiques sont mis en 
liberté et figurent les amas d’hématies qui constituent les culs-de-sac 
terminaux du réseau vasculaire de l’ilot. Leur développement est iden- 
tique à celui des amas sanguins qu'on observe dans les ganglions. 

Le jeûne hâte cetle évolution et provoque l'augmentation de nombre 
et d'étendue des îlots. En renourrissant les animaux qu'on avait soumis 
à l'inanilion, plusieurs expérimentateurs ont retrouvé dans le pancréas 
des îlots en étendue et en nombre physiologiques. [ls ont expliqué le 
fait en admettant que les cellules insulaires sont redevenues cellules 
acineuses. De même qu'une cellule conjonctive représente, à notre avis, 
un élément plus avancé en évolution qu'une cellule épithéliale, de 
même, la cellule insulaire, qui descend d'une cellule acineuse, figure, 
en comparaison de celle-là, un élément plus âgé, incapable de retourner 
en arrière pour se rajeunir et recommencer le même cycle. Pour nous, 
l'interprétation des faits est celle qui a été émise, sinon adoptée, par 


= 


SÉAXGE DU D JUILLET 


Swale Vincent et Thomson, en 1907 : les cellules insulaires, après avoir 
atteint le terme de leur carrière, dégénèrent et disparaissent. La vacuo- 
lisation et la résorption du cytoplasma, la transformation de leurs 
noyaux en hématies sont autant de preuves en faveur de cette théorie. 


Conclusion. — Lorsque les cellules acineuses se transforment en 
cellules insulaires, leur réticulum et leurs granulations basophiles 
deviennent acidophiles. L'aspect clair des îlots est dû à cette modifica- 
tion; peu à peu, l'ilot se transforme en tissu réticulé à mailles pleines 
d'hyaloplasma (syncytiur). Par la résorption de l'hyaloplasma et Ia 
_ désagrégation du réticulum, le cytoplasma insulaire fournit du plasma 

pendant que les noyaux, devenus hémoglobiques, forment des hématies. 
L'origine et l'évolution des îlots de Langerhans sont identiques à celles 
des follicules clos tégumentaires. 


CORPUSCULES INTRAMICROSCOPIQUES ET FILTRANTS 
DANS LE RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU, 


par F.-J. Bosc et M: CaRRIEU. 


Nous avons montré (notes précédentes) la non-origine bactérienne 
du rhumatisme et la présence, dans le liquide articulaire et dans le sang, 
d'inclusions intraleucocytaires dont les formes corpusculaires les plus 
fines sont identiques à celles que l’un denous a décrites, pour la première 
fois, dans la vaccine, la variole, la clavelée (1). Ces recherches nous 
autorisent déjà à penser que le rhumatisme doit être rangé parmi les 
maladies bryocytiques (Bosc), maladies à virus filtrant (2). 

Les faits suivants apportent des arguments nouveaux en faveur de la 
nature protozoairienne du rhuimatisme : 


I. — L'examen du liquide articulaire à l’ultramicroscope nous a permis de 
constater l'existence de corpuscules libres, très fins, très difficiles à colorer 
(roses par le Giemsa), identiques aux corpuscules intraleucocytaires et qui 
présentent des mouvements actifs de scintillement. 

IT. — Ces corpuscules traversent les filtres : dans ie filtratum du liquide 
articulaire passé sur bougie Beikefeld V, et qui ne cultive pas, on constate, à 
lPultramicroscope, les mêmes corpuscules fins et scintillants que dans le 
liquide articulaire non filtré. 


(1) F..J, Bosc. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1903 et années sui- 
vantes. 

(2) Cette dénomination n'indique, en effet, qu'une particularité morpholo- 
gique du virus insuffisante pour une détermination de nature. 


8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


III. — En bouillon testicule cacheté ensemencé avec le liquide articulaire, 
nous avons constaté : deux fois, un trouble homogène, sans dépôt, et, à 
l’ultramicroscope, des corpuscules scintillants nombreux; on retrouve ces 
corpuscules après passage sur bougie Berkefeld. Les corpuscules étaient plus 
abondants que dans le liquide articulaire, de sorte qu'il paraît y avoir eu 
culture positive de ces corpuscules. Les réensencements ont été négatifs. 

IV. — Les caractères essentiels du rhumatisme, tant symptomatiques (angine 
érythémateuse, arthrite séro-fibrineuse, troubles ‘cortico-bulbaires) que 
lésionnels (mononucléose avec myélocytose du sang, lésions cérébrales), sont 
également typiques des infections aiguës à protozoaires. 

V.— L'absence d’un animal sensible au virus rhumatismal ne nous a pas 
permis de faire la preuve expérimentale absolue de la spécificité de nos cor- 
puscules. Nous avons cependant observé, chez deux lapins, une diminution 
brutale de poids et des paralysies du train postérieur qui sont encore caracté- 
ristiques des infections aiguës à protozoaires. 


Conclusions. — Le liquide articulaire des rhumatisants renferme des 
inclusions intracellulaires dont les plus fines sont identiques à celles 
que l’un de nous a décrites, pour la première fois, dans la variole, la vac- 
cine, etc. 

Ces corpuscules, libérés dans le liquide articulaire, sont très difficiles 
à colorer, mais sont visibles à l'ultramicroscope et peuvent traverser les 
filtres (Berkefeld V). 

L'absence d’un animal sensible ne permet pas d’affirmer la spécificité 
de ces corpuscules, mais : l'identité de ces corpuscules avec ceux de la 
vaccine et de la variole, — leur passage à travers les bougies, — la res- 
semblance des symptômes et des lésions du rhumatisme avec ceux des 
infections à protozoaires, constituent un ensemble suffisant pour nous 
faire admettre que ces corpuscules constituent le virus spécifique du 
rhumatisme, et que l'infection rhumatismale doit prendre place dans le 
grand groupe des infections aiguës à protozoaires. 


SUR L’HYPERPLASIE COMPENSATRICE DU REIN 
APRÈS ACTION DE DIVERS AGENTS THÉRAPEUTIQUES, 


par PAUL CARNOT. 


Dans une précédente note (1), nous avons montré qu'après néphrec- 
tomie unilatérale, chez le lapin ou le cobaye, le rein conservé augmente 
rapidement de poids : cette plus-value ne peut être attribuée, les premiers 
jours, qu’à de l’ædème, de la congestion ou à l'accumulation de réserves 
nutritives; mais à partir de la troisième semaine, elle correspond de 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 24 mai 1913. 


SÉANCE DU 5 JUILLET 9 
LH 


T 


plus en plus à une prolifération cellulaire et à une régénération réelle, 
à la fois anatomique et fonctionnelle. MM. Morel et Verliac (1) ont 
obtenu, chez le rat blanc, des résultats de même ordreet acceptent cette 
interprétalion. 

Nous avons cherché à modifier l’évolution de cette régénération 
rénale par intervention d’une série d'agents thérapeutiques, d'ordre 
physique, chimique ou biologique. En publiant ici quelques-uns de nos 
résultats, nous attirons l'attention sur le fait que l’on observe, d’un 
sujet à l’autre, des variations considérables qui doivent nous rendre 
très réservés sur l'interprétation des phénomènes et qui ne permettent 
de retenir que des moyennes très étendues ou des hypertrophies excep- 


> v/ T4 Là A LA 
tionnelles, assez considérables pour ne pouvoir être contestées. 


Parmi les agents physiques dont nous avons recherché l’action sur la 
régénération rénale, nous signalerons principalement les rayons X, dont 
nous avons étudié l’action, avec Bonniot, sur douze animaux néphrecto- 
misés : de petites irradiations (4 à 6 H) sur la région lombaire, en une 
ou plusieurs séances, avant ou après néphrectomie unilatérale, nous ont 
paru provoquer le plus souvent (mais non toujours) une hyperplasie 
rénale manifeste, parfois même très considérable. 

Dans un cas notamment l’augmenlation de poids du rein restant a été, 
en quinze jours, de 88 p. 100 (poids du rein enlevé : 6 gr. 75; poids du 
rein conservé et irradié avec 4 H., quinze jours après : 12 gr. 70). Cette 
augmentation pondérale, si supérieure à la normale, est la plus forte 
que nous ayons obtenue sur l'ensemble de nos animaux néphrec- 
tomisés. 

Dans plusieurs autres cas, l’augmentation, tout en étant moins 
exceptionnelle, est cependant nettement supérieure à celle des témoins, 
puisqu'elle a atteint 65 p. 100; 60 p. 100 ; 44 p. 100; 40 p. 100. 

Enfin il est des cas où l'augmentation a été égale, ou inférieure à 


celle des témoins; dans un cas même, le rein conservé a été trouvé de 


poids inférieur à celui du rein enlevé, et ce. pour une irradiation 
similaire aux cas précédents. 

Malgré ces divergences, on peut, semble-t-il, conclure que, dans la 
majorité des cas, des irradiations faibles provoquent une stimulation 
proliférative, et bien que, parfois, elles produisent l'effet inverse : cette 
stimulation à pu presque doubler (88 p. 100), en quinze jours, le poids 
du parenchyme rénal conservé. 


Parmi les nombreux agents chimiques dont avons recherché l’action 
sur la régénération rénale, une mention doit être faite pour les diuré- 


tiques et pour certaines substances à action proliférative propre. 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 7 juin 1913. 


10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les diurétiques nous avaient paru, « priori, susceptibles de favoriser 


l'hypertrophie rénale : en effet, si la fonction fait l'organe, on pouvait 
penser que l'exagération de fonction entrainait, peut-être, l'exagération 
de développement. 

En fait, les résultats n’ont pas confirmé neltement ceite- pos 
Certains diurétiques, tels que la théobromine, nous ont donné des 
résultats assez variables (35 p.100 d'augmentation dans un cas; 3 p.100 
seulement dans un autre cas); le lactose nous a donné un pourcentage 
à peu près normal (27 p. 100). Enfin les injections massives d’eau salée 
physiologique ou d'eau glucosée, loin de favoriser la prolifération, 
semblent l'avoir entravée. Peut-être l’hyperfonctionnement des cellules 
rénales, en accaparant leur activité physiologique, gène-t-il leur proli- 


féralion, qui, on le sait, exige un certain recueillement. En tout cas, : 


d'autres expériences sont nécessaires avant de conclure. 

Il en est de même pour certains agents réputés comme proliférali/s 
{au moins à faible dose) qui n'ont pas donné de résultats nets : 
tels la cantharide {augmentation de 12 p. 100 seulement), le scarlach- 
roth (19 p. 100; 43 p. 109). 

La plupart des poisons, à dose subtoxique, ont diminué nettement le 
pourcentage de prolifération rénale. 


Parmi les agents physiologiques, nous avons étudié l'urine, les extraits 
de reins, l'extrait thyroïdien, l'extrait hypophysaire, l'adrénaline, ete. 

L'urine a donné, presque constamment (20 c.c. par jour d'urine stéri- 
lisée en injection hypodermique, ou 2 c.c. par jour d'urine fraîche en 
injection intraveineuse) une diminution notable de prolifération rénale 
après quinze jours (0 p. 100; 3.8 p. 100; 2.4 p. 100). 

L'urée, par contre, nous a donné un pourcentage supérieur à la nor- 
male (60 p. 100 dans un cas; 35 p. 100 dans l’autre). 

Les extraits rénaux ont habituellement favorisé l'hypertrophie com- 
pensatrice (33 p. 100; 39 p. 100; 55 p. 100; 60 p. 100); l'extrait de 
rein régénéré s'est montré particulièrement actif à cet égard. 

Les extraits de fœtus ont paru, eux aussi, no E ses nettement la 
prolifération rénale {50 p. 100; 53 p. 100). 

L'extrait thyroïidien ne semble avoir eu de ‘une faible action prolifé- 
rative (32 p. 100;. 

L'extruit hypophysaire nous a donné, par contre, des chiffres 
élevés (44 p. 100; 48 p. 100; et même 61 p. 100. à) 

De ces expériences, on peut tirer plusieurs déductions. 

Tout d'abord, il semble qu’il y ait, au point de vue de la prolifération 
cellulaire, des différences individuelles après action d'un même médi- 
cament, comme il y a déjà des différences normales de croissance : ces 
différences enlèvent d’ailleurs aux résultats obtenus une partie de leur 
précision. Cependant, si, pour beaucoup de substances, les résultats 


SÉANCE DU D JUILLET 1! 


sont, par là même, assez aléatoires, il semble que certaines sub- 
stances aient une action empêchante vis-à-vis de l'hyperplasie com- 
pensatrice, et d’autres une action favorisante manifeste. 

Parmi les substances empêéchantes, nous citerons la plupart des 
substances toxiques et particulièrement l'urine. 

Parmi les substances favorisantes, nous citerons principalement 
l'extrait de rein, les extraits de fœtus, les extraits hypophysaires. 

Les rayons X, à petites doses, ont, semble-t-il, une action stimulante 
énergique dans la plupart des cas. 


CRÉATININE ET HYPOBROMITE, 


par M. FRENKEL. 


Magnier de la Source a montré que l'hÿpobromite de soude dégage, à 
froid, tout l'azote de la créatine. Mais il n'existe pas, à notre connais- 
sance, de données numériques sur la quantité d'azote dégagé de la eréa- 
tinine par la lessive bromée. Ce dégagement est assez lent à ia tempé- 
rature ordinaire ;'ilestplus rapide à 25-30 degrés. Si à 4 c.c.d'une solution 
d'urée à 7 gr. 5 par litre, à la-température initiale de 20 degrés, on 
ajoute 8 c.c. de lessive bromée ayant une température également de 
20 degrés, on observe, au moment où se produit la décomposition de 
l’urée, une élévation de la température à 27 degrés. 

Si la solution d'urée contient de la créatinine, celle-ci se décompose 
rapidement à la faveur de l’échaufement produit par la réaction prin- 
cipale. Mais des solutions de créalinine pure sont décomposées par 
l'hypobromite de soude, même à froid ; seulement, la réaction s'achève 
plus lentement et demande une à deux heures. La décomposition nest 
jamais totale : la moitié de l'azote contenu dans la créatinine est mise en 
liberté par l'hypobromite, 

Nous avons trouvé qu'aussi bien dans les solutions concentrées que 
dans les solutions diluées la créatinine dégage avec l'hypobromite en 
moyenne 18,5 p. 100 d'azote (moyenne de 12 essais bien concordants). 
La créatinine en contient 37,17 p. 100. 

Cette constatation doit être prise en considération en face de la méthode 
du dosage de l’ammoniaque urinaire, proposée par M. Lematte (1). 

En effet, dans cette méthode, l'ammoniaque se calcule d’après la diffé- 
rence entre le volume d'azote dégagé par l’hypobromite de l'urine 
déféquée par le sous-acélate de plomb et le volume d'azote dégagé par 
l’'hybromile de l'urine déféquée par l'acide phosphotungstique. 


D 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1°* février 1913, t. LXXIV, p. 217. 


12 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Comme ce dernier réactif enlève à l'urine et l’ammoniaque et la créa- 
tinine, et comme le sous-acétate de plomb ne précipite aucune de ces 
. deux substances, la différence indiquera non seulement l’ammoniaque, 
mais aussi la créatinine. L'erreur qui en découle est considérable. 

Par exemple, pour une urine contenant 2 grammes de créatinine par 
litre, on trouverait 0 gr. 32 d'azote (323 c. c. à 20 degrés et 760 milli- 
mètres de pression) provenant de la créatiuine. Cela ferait 0 gr. 451 NH°. 
Si cette urine contenait 0 gr. 5 NH° par litre, on trouverait par la méthode 
de M. Lematte 0 gr. 951, ou presque le double de la teneur réelle. 

Il y a lieu de remarquer que les acides oxyprotéiques de l'urine sont 
également décomposés par la lessive bromée et qu'ils ne sont pas préci- 
pités par l'acide phosphotungstique, mais bien par le sous-acétate de 
plomb, ce qui ajoute à l'erreur inhérente à cette méthode. Pour le dosage 
précis de l’ammoniaque urinaire (comme d'ailleurs pour celui de l’urée) 
les méthodes à l'hypobromite sont, je crois, à rejeter. 


LES PRODUITS AUTOLYTIQUES DU POUMON ; LEUR ACTION 
SUR LA PRESSION SANGUINE, 


par H. RoGEr. 


Les extraits obtenus en faisant macérer du tissu pulmonaire dans de 
l’eau froide sont extrêmement toxiques (1). Injectés dans les veines, 
ils provoquent de fortes hypotensions et entraînent rapidement la mort. 
La dose qui tue 1 kilogramme d'animal correspond à l'extrait de 
0 gr. 06 ou 0 gr. 07 de tissu et renferme environ 0 gr. 006 de matières 
solides. 

En diluant de plus en plus les extraits, on constate que leur toxicité 
est de moins en moins forte et leur pouvoir hypotenseur de moins en 
moins marqué. il arrive même un moment où la pression, au lieu de 
baisser, s'élève légèrement, ce qui lient en partie au renforcement des 
contractions cardiaques. 

Devant ces résultats, on peut se demander s’il est exact de classer le 
poumon parmi les glandes hypotensives. Les substances que cet organe 
déverse dans le sang doivent être fort peu abondantes. Étant diluées 
dans une grande masse liquide, il est rationnel de penser qu’elles 
tendent à élever plutôt qu’à abaisser la pression. Mais une objection 
fort grave peut être faite à toutes les recherches de ce genre. Il n’est 


(1) Roger. Toxicité des extraits pulmonaires. Archives de médecine expéri- 
mentale, janvier 1911. — Influence du sérum sanguin sur la toxicité des 
extraits pulmonaires. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 20 juillet 1912. 


LQ 


SÉANCE DU 9 JUILLET 13 


nullement prouvé que les substances abandonnées par un organe, au 
cours de son fonctionnement normal, soient identiques à celles qui 
diffusent quand on pratique un extrait. Elles sont bien plutôt analogues 
aux produits qui prennent naissance au cours de l’autolyse. 
J'ai donc continué mes recherches en injectant à des lapins, par la 
voie intraveineuse, les extraits obtenus en faisant macérer dans de l’eau 
- des poumons de lapin conservés aseptiquement pendant plusieurs 
jours. Pour éviter la putréfaction, il suffit d'avoir versé dans le tube 
scellé où l'on enferme l'organe, quelques gouttes d'essence de cannelle. 
Dans ces conditions, la toxicité des extraits diminue rapidement. 
Notablement affaiblie, au bout de vingt-quatre heures, elle est à peu 
près nulle à partir du troisième jour. C'est ce que démontrent les 
_ chiffres consignés dans le tableau suivant. Pour faciliter la comparaison, 
j'ai rapporté les résultats d'une expérience antérieure faite avec la 
macération d'un poumon frais. 


DURÉE TAUX RÉSIDU QUANTITÉ INJECTÉE PAR KIL. 


de de la sec : RÉSULTATS 

- RE : de la du HSsu du résidu 

l'autolyse macération p. 100 TS pul- ee 
monaire 


ua 


CC. 


SE SU a se 1,08 
24 heures .| 10 4,28 
710 heures . 15,55 

4 jours. . 18,23 
10 jours. . 38,83 
25} Jours: 1252 17,14 


Mortimmédiate.ll 
Mort rapide. 
Survie. 
Survie. 
Survie. 
Survie. 


MoN) 


SOS See 
©2 NÙ NN © 


HOUR © © 


L’autolyse n’a pas seulement pour effet de diminuer la toxicité des 
extraits pulmonaires, elle leur confère encore une action très remar- 
quable sur la pression sanguine. L'injection intraveineuse d'extraits 
autolysés provoque constamment une élévation, plus ou moins marquée, 
de la pression. 

Les tracés revêtent deux aspects un peu différents : tantôt la pression 
s’abaisse primilivement pour s'élever ensuite, tantôt elle monte 
d'emblée sans dépression initiale. 

Dans le premier cas l’abaissement est léger et, presque aussitôt, se 
produisent de fortes systoles; la pression se relève, dépasse de 2 à 
5 centimètres le chiffre initial, puis, au bout d’une ou deux minutes, 
elle revient, par une descente très régulière, à son point de départ. 

Dans le second cas, dès que l'injection est faite, les systoles aug- 
mentent d'amplitude, la pression monte rapidement pour revenir lente- 
ment et régulièrement à son chiffre initial. 

Les injections successives provoquent des hypertensions de plus en 
plus marquées et de plus en plus durables. 


14 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Ainsi, dans une expérience, j'avais préparé avec un poumon con- 
servé pendant huit jours un extrait à 20 p. 100. Un lapin de 
1.800 grammes recut dans les veines quatre injections successives de 
6 c.c.; chaque fois la pression s’éleva sans abaissement initial. Voici 
les chiffres qu'elle atteignit : 


INJECTIONS ELEVATION DURÉE 


successives. eue , des 
pression. l'hypertension. 
LT PO U e 16 millimètres. 25 secondes. 
HSE IS Mere MEN RE see es 28 — où — 
MLANSEZ ON, PU PERTE en 58 — DD — 
EVÉ scmntes 2e ee ons Pen fe 52 — 65 — 


En admettant que l’autolyse donne naissance aux mêmes produits 
que la dénutrition, on peut conclure de mes recherches que les sub- 
stances rejetées dans le sang par le tissu pulmonaire ont pour effet de 
renforcer les systoles cardiaques et d'élever la pression artérielle. 


PREMIÈRE NOTE SUR LA LEUCOGYTOLYSE DIGESTIVE. 
LA LEUCOCYTOLYSE PSYCHIQUE, 


par G.-A. KROLUNITSKY. 


Dans la présente note, nous donnons les résultats de 21 expériences, 
faites sur la leucocytolyse digestive. 


Technique. — Notre techique est celle de J.-J. Manoukhine (1) : Numération 
des globules blancs dans 100 champs microscopiques (obj. 6 ; oc. 2, Stiassnie). 
Étude des leucocytolysines à l’étuve à 37 degrés pour les sérums humains et 
pour 3 sérums de chien. Les autres sérums de chien (3 plasmas hirudinés 
y compris), à la glacière, avec la solution de l’hirudine au millième, comme 
substance anlicoagulante. Les sujets et les chiens, toujours à jeun avant 
l'expérience. 


Homme : Nous avons étudié le sang surtout pendant la première 
heure de la digestion. Toutes les sortes de nourritures (jambon, esca- 
lope froide, lait, petits suisses, œufs, thé sucré) provoquent la leuco- 
cytolyse digestive. Parallèlement à la diminution des leucocytes 
(951 gl: en moyenne) apparaissent déjà, cinq minutes après le repas, 


(1) J.-J, Manoukhine. Sur la leucocytose. Thèse de Suint-Pétersbourg, 1914. 
— Recherches cliniques sur l'origine des leucocytolysines et des antileuco- 
cytolysines. Archives des maladies du cœur, 1913, n° 2. — Valeur de la leuco- 
cytolyse dans la pneumonie. Jbid., 1912, p. 385. — Vralch, 1908, n°5 42-46. 


L 


SÉANCE DU D JUILLET 15 


des propriétés leucocytolytiques dans le sérum. Ainsi, en faisant la 
moyenne de 9 expériences, les sérums, recueillis immédiatement avant 
lerepas, détruisaient 8,6 p. 100 des globules blancs, tandis que les 
sérums pris cinq minutes après le début du repas en détruisaient déjà 
29,9 p. 100. Habituellement, le pouvoir leucocytolytique du sérum va 
en croissant, avec quelques oscillations jusqu’à la fin de la première 
heure et, au bout de ce temps, il peut atteindre 48,5 p. 100. 

Une expérience a duré douze heures : le sujet prit, à 9 h. 25 du 
matin, deux grands verres de thé bien sucré el, à 1 heure de l’après- 
midi, un abondant repas. Celte expérience nous a montré que les leuco- 
cytolysines apparues dans le sérum après le repas en disparaissent 
complètement au bout de quatre heures, c'est-à-dire au moment qui 
correspond à la leucocytose digestive. Cette dernière fut de courte 
durée, puisque, cinq heures après le début du repas, il se produisit une 
nouvelle chute leucocytaire avec apparition de leucocytolysine dans le 
sérum. Cet état se maintenait pendant la sixième et la septième heure. 
Sept heures plus tard, nous avons constalé une nouvelle leucocytose 
avec existence d’antileucocytolysine dans le sérum. 

Le thé sucré provoque aussi la leucocytolyse pendant deux heures au 
plus. On sait que l’eau est un excitant de La sécrétion gastrique. 

Admettant, avec l’école de Pavloff, que la sécrétion gastrique (« phase 
psychique » de la digestion) débute exactement cinq minutes après la 
prise de la nourriture, nous avons examiné le sérum une fois une 
minute et demie, deux fois trois minutes et une fois trois minutes et 
demie après le début du repas. Nous avons toujours observé la pré- 
sence d’antileucocytolysine dans ces sérums. 

Le fait de mâcher une escalope froide pendant quinze minutes avec 
rejet de salive a provoqué, mais au bout d'une demi-heure, l'apparition 
toute fugace de leucocytolysine (40,9 p. 100), suivie, au bout de quinze 
minutes, d'une forte leucocytose avec antileucocytolysine. 

Chiens : 2 chiens (17 kil. 850 et 14 kil. 500); 12 expériences avec la 
viande crue (500 grammes, 1 kilogramme) et le lait (4 litre). 


Dans ces expériences, nous avons étudié principalement la leucocytolyse 
psychique dont l'existence était à prévoir d'après l'expérience précédente. 
Nous nous sommes placé seul avec l'animal dans une chambre séparée du 
reste du laboratoire. Le chien était maintenu debout dans un appareil spécial 
pendant toute la durée de l'expérience. Tout était préparé et mis à sa place 
avant l’arrivée du chien. Les prises de sang étaient faites dans la saphène 
externe avec une aiguille stérile. On procédait de la facon suivante : on allu- 
mail tout d’abord un bec de gaz muni d'un verre rouge, et ensuite on donnait ou 
on montrait la viande. L'animal a pu ainsi associer l'idée de la lumière rouge et 
celle de la nourriture. 


Le sérum détruisait, avant la prise de nourriture, 9,5 p. 100 des 
globules blancs (moyenne des expériences); cinq minutes après, il en 


16 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


détruisait 32,7 p. 100; à ce moment, la numération indiquait la dis- 
parition de 2.138 leucocytes en moyenne par millimètre cube de sang. 
Comme chez l’homme, le phénomène s’est montré constant. 

Le fait (5 expériences) de montrer au chien la viande et de l'exciter 
en la promenant devant son nez, provoquait toujours une baisse consi- 
dérable du nombre des leucocyles (1.366 en moyenne) et l'apparition 
dans le sérum de teucocytolysine (jusqu'à 54,5 p. 100). Le fait d'allumer 
(3 expériences) le bec de gaz muni de verre rouge, sans montrer la 
viande (reproduction bien qu'imparfaite des expériences sur les « réflexes 
conditionnels » de Pavloff) provoquait cinq minutes après une baisse de 
1.401 leucocytes en moyenne et l'apparition de leucocytolysine dans le 
sérum (40,7 p. 100; 14,5 p. 100 ; 21,1 p. 100). : 

Ainsi, parallèlement à la sécrétion psychique de l'estomac et dans le 
même sens, il existe une leucocytolyse psychique. Cette dernière est 
caractérisée par sa fugacilé : elle disparaît au bout de vingt-deux, 
vingt-cinq, vingt-huit, vingt-neuf, trente-cinq minutes, et est remplacée 
par l’antileucoeytolyse psychique. 

Nos expériences démontrent clairement l'influence du système 
nerveux central, du psychisme (appétit), sur la morphologie et sur les 
propriétés bio-chimiques du sang. Elles démontrent aussi le rôle que 
jouent les deux glandes à sécrétion interne, le foie, producteur d’anti- 
leucocytolysine, et la rate, producteur de leucocytolysine, dans le 
processus très complexe de la digestion. 


(Travail du laboratoire de pathologie expérimentale et comparée.) 


SALIVATION PROVOQUÉE PAR AUGMENTATION DE LA PRESSION ARTÉRIELTE, 


par E. WERTHEIMER et G. BATTEZ. 


On sait que l'excitation d’un nerf de sensibilité générale détermine un 
écoulement abondant de salive. Owsjanikow et Tschiriew, qui ont les 
premiers signalé ce fait (1), avaient admis que c'est l'augmentation de 
la pression sanguine, produite par cette excitation, qui agit directement 
sur la glande pour la congestionner et activer ainsi la sécrétion. Ces 
physiologistes avaient pensé trouver une preuve en faveur de leur inter- 
prétation dans les résultats de l'excitation du nerfsplanchnique, laquelle 
est suivie des mêmes effets que celle du sciatique. Mais Grützner et 
Chtopowsky (2), ainsi que Vulpian (3), ont fait remarquer que le bout 


(1) Bulletin de l'Acad. impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. VI. 
(2) Arch. de Pflüger, t. VIF, p. 522, 1873. 
(3) Lecons sur l'appareil vuso-moteur, t. I, p. 433, 1875. 


ke 


SÉANCE DU D JUILLET 17 


périphérique du splanchnique est doué d’une sensibilité récurrente très 
prononcée, que son excitation n’agit pas autrement que celle du scialique, 
c'est-à-dire par voie réflexe. 

Il est certain cependant que l'augmentation de pression peut, par 
elle-même, provoquer la sécrétion salivaire, mais par un mécanisme 
tout différent de celui qu'avaient invoqué Owsjanikow et Tschiriew. 
C'est ce que prouve l'expérience suivante. 

Chez un chien curarisé, on introduit une canule dans chacun des 
conduits de Wharton : on sectionne la moelle vers la troisième vertèbre 
dorsale et les pneumogastriques au cou. Après ces opérations, la sensi-: 
bilité récurrente du splanchnique ne peut plus entrer en jeu ; l'excitation 
de ce nerf amènera une augmentation parfois considérable de la pression 
sans qu'elle-même puisse se transmettre au bulbe. 

Chez le même animal, il est facile d'étudier comparativement les effets 
de l’excitation d'un nerf sensitif, indépendants de l'élévation de pression. 
Il suffit d'opérer sur les filets sensibles des nerfs du creux axillaire, sur 
lesquels on peutappliquer le courant électrique sans HOBIHer la pression 
puisque la moelle dorsale est coupée. 

Lorsque, dans ces conditions, on excite le nerf splanchique, on voit la 
salivation s'établir ou augmenter, en même temps que la pression 
s'élève. Le résultat n’est pas constant, sans doute parce que la section 
de la moelle, jointe à la curarisation, diminue l’excitabilité de l'appareil 
sécréteur ; cependant, nous l’avons obtenu à peu près une fois sur deux. 
D'ailleurs, l'excitation des nerfs du plexus brachial est elle-même plus 
souvent infructueuse que celle du splanchique ; mais elle est efficace: 
dans certains cas, et cela, sans que le niveau de la pression se soit 
élevé. 

Cette expérience démontre donc qu'il y a bien une relation de cause 
à effet entre la variation de pression et la sécrétion salivaire, mais non 
dans le sens où l’entendaient Owsjanikow et Tschiriew. Ce n’est pas 
immédiatement que l'augmentation de la tension artérielle agit sur la 
glande, mais par l'intermédiaire du système nerveux central. 

Par conséquent, lors de l'excitation d’un nerf sensitif, deux influences 
concourent pour provoquer la salivation : l’une réflexe, l’autre directe, 
du moins quant à son mode d'action sur le centre bulbaire de la sécrétion. 
Les deux influences peuvent, comme nous venons de le montrer, se 
dissocier expérimentalement. 

On remarquera aussi que, dans notre expérience, l'excitation bulbaire 
se transmet exclusivement à la glande par la corde du tympan, puisque 
- les filets sécréteurs du sympathique étaient sectionnés avec le pneumo- 
gastrique. Lorsque la corde était également coupée d’un côté, la glande 
du côté correspondant ne réagissait plus à l'augmentation de pression. 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. LREX XV, 2 


SOCIÉTÉ, DE BIOLOGIE 


joe 
GE 


SUR LES RÉACTIONS CYTOLOGIQUES PRODUITES DANS LES TISSUS 
PAR LES DÉPÔTS LOCAUX DE CRISTAUX DE CHOLESTÉRINE 


(Présentation de microphotographies en couleurs), 
par GUSTAYE RoUssy. 


Au cours d'une série de recherches personnelles, faites dans le but 
d'établir la pathogénie et la nature des tumeurs dites « cholestéalomes », 


j'ai été conduit à étudier particulièrement les réactions cellulaires pro- 


voquées dans ces néoplasies par les dépôts locaux de cristaux de choles- 
térine (1). 

Or, depuis que mon attention a été attirée sur ces faits, j'ai retrouvé 
tout à fait par hasard des images histologiques identiques, soit à la 
périphérie de tumeurs, le plus souvent kystiques, soit au sein même 
de tissus chroniquement enflammés. Il s'agit là d'un aspect histolo 
gique peu ou point décrit jusqu'ici, très caractéristique en lui-même et 
qui cependant a fait souvent l'objet d'interprétations erronées. 


Dans l’athérome aortique, la présence de cristaux de cholestérine et 


d'acide gras est un fait d'observation courante, mais les lésions dégénéra- 

tives et nécrotiques y sont trop prononcées pour permettre de se rendre 

compte des stades réaclionnels initiaux déterminés par les cristaux. 
Voici les faits sur lesquels ont porté mes observations : 


a Deux cas de parois de vésicules lithiasiques (sur sept examinées), 
enlevées chirurgicalement, et dans le liquide desquelles rien ne permettait 
de supposer la présence de cristaux de cholestérine. 


2. — Une paroi de vaginale, dans un cas d’hydrocèle essentielle avec liquide 
jaune citrin. 
3. — Un kyste ancien et à paroi très fibreuse du corps thyroïde. A l’ouver- 


ture le liquide, d'aspect blanchàâtre, contenait de nombreuses paillettes de 
cholestérine. 

4. — Un kyste du mésentère dont la face interne de la paroi présentait à 
l'œil nu de nombreuses petites taches jaunes d'aspect surrénaloïde. Rien de 
particulier dans le liquide. 

5. — Une tumeur inflammatoire de la gencive légèrement ulcérée avec en 
un point une zone nécrotique. 

6. — Un fibro-adénome du sein en transformation épithéliale maligne avec 
en un point une petite zone hémorragique. 

7. — Un épithélioma primitif du rein à lype papillaire avec formation 
kystique dans le liquide de laquelle existait de nombreuses paillettes de cho- 
lestérine. 

8. — Une tumeur volumineuse de la région pararénale très nécrosée en 
certains points, ossifiée en d’autres points (émbryome probable). 


(4) Gaston Roussy. Les cholestéatomes. Bull. Associat. française pour 
l'étude du cancer. Décembre 1942. 


Fr 


2 


SÉANCE DU D JUILLET 49 


9. — Un épithélioma malpighien de la main, montrant au moment de l'extir- 
pation de petites zones nécrotiques et hémorragiques dans la profondeur. 


Dans toutes ces observations, on trouve sur les préparations histolo- 
giques un aspect très particulier, ainsi qu'en témoignent les dessins 
ci-joints. Ce sont des fentes ou lacunes allongées, fusiformes le plus 


4, Épithélioma malpighien. — 2, Paroi de vésicule biliaire. 
3, Kyste du corps thyroïde. — 4, Épithélioma papillaire du rein. 


souvent, quadrangulaires quelquefois, qui sont, soit orientées en tous 
sens, soit parallèles, et qui forment par leur groupement des amas en 
un ou plusieurs points de la préparation : ces lacunes enfin sont vides 
de contenu. 

Leurs parois sont formées par des cellules aplaties du type endothélial, 
ou encore par de véritables cellules épithélioïdes ou enfin par de vastes 
masses plasmodiales. Ces cellules géantes se retrouvent également en 
très grande abondance dans les zones interlacunaires et ce sont elles qui 


Ve 


20 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


quelquefois attirent l'attention par leur nombre et leur volume. Avec 
leur cytoplasme de forme irrégulière, allongée plus qu'arrondie, à réac- 
tion plutôt basophile, avec leurs noyaux très chromophiles et nombreux, 
aussi bien centraux que périphériques, ces cellules ont tous les carac- 
tères de cellules dites « de corps étrangers ». 

Dans les tissus avoisinants ce sont, soit des réactions conjonctives, 
du type inflammatoire subaigu : métaplasie lymphoïde, mononucléaire, 
fibroblastique jeune ou adulte avec sécrétion de collagène: soit des 
réactions nécrotiques plus ou moins prononcées avec dépôt, même de 
sels calcaires, rappelant un peu celles des foyers athéromateux sans 
cependant en atteindre l'intensité. | 

Dans un cas (vésicule biliaire) où l'étude de la pièce a pu être faite 
sur coupes à la congélation, l'examen au microscope polarisant a montré 
que dans les fentes existaient de fines aiguilles nettement biréfringentes, 
se colorant en rouge orange par le Sudan III, en violet lilacé ou en bleu 
par le Nilblau; ce sont les réactions optiques et microchimiques des 
éthers de la cholestérine mélangés vraisemblablement aux acides gras. 
Dans les autres cas, qui tous constituent des constatations de hasard 
faites au microscope sur pièces incluses, les cristaux étaient dissous par 
le passage dans les alcools. Mais l'aspect histologique est identique à 
celui qu'on observe dans les cholestéatomes des plexus choroïdes du 
cheval. L’analogie est absolue et permet de rapprocher ces deux ordres 
de faits comme type de dépôts locaux de cristaux de cholestérine. 


En résumé, ces faits me semblent présenter un double intérèt : 

a) Au point de vue cytologique pur, ils montrent que la présence de 
cristaux de cholestérine et d'acide gras dans les lissus donne une image 
très particulière et très caractéristique, difficile sinon impossible à 
interpréter au premier abord, et qui, par contre, se reconnaît facilement 
quand on est prévenu, même sur des préparations ordinaires après 
passage dans les alcools. 

b) A un point de vue plus général, ils montrent l'existence et la 
fréquence des dépôts locaux de cholestérine sous forme cristalline, se 
faisant secondairement dans les tissus, au cours des processus inflam- 
matoires ou néoplasiques (surtout kystiques), dépôts secondaires qui 
sont à rapprocher des dépôts locaux primitifs déjà connus et étudiés 
récemment en France par MM. Chauffard, Guy-Laroche et Grigaut. 


(Laboratoire d'Anatomie pathologique de la Faculté de médecine de Paris.) 


SÉANCE DU D JUILLET DA 


RECHERCHES SUR L'ANAPHYLAXIE HYDATIQUE EXPÉRIMENTALE. 
L'ANAPHYLAXIE UYDATIQUE N’EST PAS UNE ANAPIYLAXIE SÉRIQUE 


(Quatrième note), 


par M. WEINBERG et A. CIuca. 


Dans un travail publié il y a environ un an (1), Graetz affirme que le 
liquide hydatique agit par les substances albuminoïdes du sérum quiont 
traversé le kyste parasitaire et que l’anaphylaxie hydatique expérimen- 
tale n’est, en somme, qu'un exemple d'anaphylaxie sérique. De plus, 
certains phénomènes graves qu'on observe chez les porteurs d'échino- 
coques ne seraient nullement, d’après lui, de nature anaphylactique, 
mais seraient dus, tout simplement, à la résorption des produits de dés- 
agrégation des albumines du sérum passées dans le liquide hydatique. 

A l'appui de sa manière de voir, Graetz apporte les résultats de ses 
expériences. Il aurait d’abord obtenu un précipité très net, en traitant un 
anti-sérum lapin-homme avec le liquide hydatique humain et, dans une 
autre expérience, un anti-sérum lapin-bœuf avec le liquide hydatique 
de bœuf. D'autre part, les cobayes qu'il avait sensibilisés avec le liquide 
hydatique de bœuf n’auraient pas présenté de phénomènes anaphylac- 
tiques lors de l'injection déchaînante, pratiquée avec le liquide hydatique 
humain. Éprouvés le lendemain avec le sérum de bœuf, ces cobayes 
seraient morts d'anaphylaxie classique. Une expérience analogue, faite 
sur des cobayes sensibilisés avec le liquide hydatique humain à 
donné les mêmes résultats. 

Déjà, certaines de nos expériences, publiées dans les notes précé- 
dentes, nous fournissent un argument très sérieux contre l'hypothèse 
de Graetz. Nous avons vu, en effet, que les cobayes sensibilisés par 
le’liquide hydatique d'espèce quelconque (mouton, par exemple) 
présentent des phénomènes anaphylactiques, que l'injection déchai- 
nante ait été pratiquée avec le liquide hydatique de même espèce 
(mouton) ou bien avec celui d’une autre espèce (homme, porc, bœuf, 
cheval, âne, ete.). Or, si même le liquide hydatique du mouton renfer- 
mait des substances albuminoïdes provenant du sérum de mouton, ces 
dernières ne pourraient se retrouver dans les liquides hydatiques 
d'homme, de porc, etc. Comme, d'autre part, l'anaphylaxie sérique est 
spécifique, il est certain que le fait que nous avons mis en évidence va 
à l'encontre des idées de Graetz. Nous avons, cependant, tenu à refaire 
les expériences de cet auteur. 


(1) Graetz. Sind bei Punktionen oder Rupturen von Hydatidencysten 
auftretenden Schockzustände als Anaphylaxie zu deuten? Zeitschrift f. 
Immunitätsf., Originale, vol. XV, n° 1, p. 60-96. 


29 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


A. — Expériences de précipilation. Nous avons préparé un anti-sérum, 
lapin-mouton, un autre lapin-porc. Le titre du premier est de 6.400, 
celui du second 4.000. Chacun de ces sérums a été étudié avec 3 échan- 
lillons différents de liquide hydatique de mouton et avec autant 
d'échantillons de liquide hydatique de porc. Nous n'avons pas obtenu 
la moindre trace de précipité avec aucun de ces liquides, même dans 
les tubes où le liquide hydatique et le sérum ont élé mélangés à parties 
égales. 

B. — Expériences d'anaphylaxie. a) 10 cobayes sont sensibilisés par 
l'injection sous-cutanée de 1 à 2 c.c. de liquide hydatique de mouton; 
neuf jours après, un lot de à cobayes a élé éprouvé par injection intra- 
veineuse de 2 à 3 c.c. de même liquide hydatique, un autre lot avec la 
même quantité de liquide hydatique de pore. 5 cobayes, sur 10, ont pré- 
senté des phénomènes anaphylacliques (4 légers, 1 graves), quelle que 
soit la provenance du liquide injecté. Le lendemain, aucun de ces co- 
bayes, injectés dans la veine avec 1/2 à 2 c. c. de sérum de mouton, n'a 
présenté de phénomènes morbides. se 

b) La deuxième expérience, faite dans les mêmes conditions que 
la première, mais où une nouvelle série de cobayes a été préparée par 
l'injection de liquide hydatique de porc, a donné des résultats à peu 
près semblables : 6 cobayes ont présenté des phénomènes anaphylac- 
tiques légers, un autre a été très malade. L’injection intraveineuse de 
sérum de porc (4 c.c. à 1 e.c. 1/2), pratiquée vingt-quatre heures après 
celle de liquide hydatique, n’a provoqué chez ces animaux aucun phé- 
nomène morbide. 

Ajoutons que tous les liquides que nous avons utilisés dans ces expé- 
riences élaient riches en antigène; certains donnaient encore la réaction 
de fixation très nette (avec un sérum échinococcique) même après 
dilution à 1 p. 25. 

Nous ne pouvons expliquer les résultats obtenus par Graetz que par 
deux hypothèses : il se serait servi de liquides hydatiques impropres à 
l'expérience ou bien il aurait suivi une technique insuffisante. Les liquides 
hydatiques employés par lui auraient été pathologiques ou mélangés 
avec une petite quantité de sang au moment de la ponction du kyste. 

Graetz dit dans son travail qu’il croit d'autant moins à l’anaphylaxie 
hydatique active qu'il r'est nullement démontré que le sérum des por- 
teurs d’échinocoques soit capable de conférer aux animaux un état 
d’anaphylaxie passive. Or, les expériences que nous avons résumées 
dans une note précédente (séance du 24 juin) montrent précisément que 
le sérum de la plupart des sujets atteints d'échinococcose renferme des 
substances anaphylactiques. 


En résumé, des recherches précédentes nous ont fourni un argument 
contre l'hypothèse de Graetz. D'autre ‘part, ayant répété les expé- 


SÉANCE DU D JUILLET 93 


riences de cet auteur, nous avons obtenu des résultats opposés aux 
siens. [l est done évident que le liquide hydatique normal ne doit pas 
son action à des substances albuminoïdes identiques à celles du sé- 
rum. L’antigène hydatique ne vient pas du sérum, mais il est élaboré 
par le parasite lui-même. Il est incontestable que l’échinocoque élabore 
cette substance spécifique aux dépens des éléments nutritifs qu'il puise 
dans l'organisme, probablement dans le sérum; mais il est aussi vrai 
que l’antigène hydatique représente, par ses caractères biologiques, un 


produit nouveau complètement distinct des albumines du sérum de 
l’hôte. 


SUR L'EMPLOI DES RÉSEAUX DE DIFFRACTION DANS L'ÉTUDE PHOTOGRAPHIQUE 
DU SPECTRE D'ABSORPTION DE L'OXYHÉMOGLOBINE, 


par CH. DnÉré. 


On saït que l'emploi des réseaux de diffraction permet d'obtenir des 
spectres dits normaux dans lesquels l'intervalle qui existe entre deux radia- 
_ tions présentant une même différence de longueur d'onde reste à peu près 
constant quelle que soit la ‘région spectrale considérée. Avec les réseaux 
métalliques par réflexion, on peut photographier — outre le spectre visible — 
tout le spectre ultraviolet. Avec les rayons par (ransmission (copie des réseaux 
par réflexion) qui sont habituellement montés sur des plaques de verre 
ordinaire, on ne peut photographier le spectre ultraviolet que dans sa portion 
initiale. Néanmoins, dans ce dernier cas, même en se servant d'objectifs 
achromatiques ordinaires, j'ai constaté qu'on parvient aisément à photogra- 
phier encore la raie du zinc À 330 u u. 

À cause de leur mode de dispersion et de luminosité relativement grande 
dans l’ultraviolet, les spectrographes à réseau par transmission avec système 

optique en verre sont certainement bien préférables aux spectrographes à 
prisme avec système optique en verre pour l'étude des spectres d'absorption 
compris entre À 700 uuet À 350 uu, mais à une condition pourtant : c'est 
qu'on dispose d’une source lumineuse suffisamment puissante, car il n’y a 
qu'une très petite fraction de l'énergie lumineuse ayant pénétré par la fente 
du collimateur qui se retrouve dans le spectre photographié. 


On doit à d'Arsonval (1890) les premières tentatives de photographie 
. du spectre d’absorption du sang en utilisant un réseau coneave par 
réflexion tracé sur métal. Depuis, plusieurs auteurs allemands ont 
publié des photographies du même spectre obtenues au moyen de 
réseaux par transmission ; ce sont : Lewin, Miethe et Stenger (1906), 
Rost, Franz et Heise (1909), Schumm (1910-13), feubner et Rosen- 
berg (1912). À notre avis, les spectrogrammes de Rosi sont les meilleurs 
qui aient été publiés jusqu'à présent (1). 


(1) Voir les Arbeiten aus dem Kaiserlichen Gesundheitsamte, t. XXX{I, 1909. 


LO 
Se 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


En vue de diverses études, nous nous sommes occupé depuis un an 
et demi de la photographie des spectres d'absorption que fournissent 
les réseaux par transmission. Nous nous sommes efforcé de perfec- 
tionner la technique employée par nos devanciers; le spectrogramme 
que nous reproduisons ici (en grandeur naturelle et sans aucune 


rponémri rte tspennnae ere 


Oxy orme glË ne 


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busammoricrasre 


retouche) permettra d'apprécier dans quelle mesure nous y avons 
réussi (1). 

(4) Nous nous sommes servi d’un spectrographe construit par la maison 
Leiss, auquel nous avons apporté diverses modifications, dont les principales 
sont : l'adaptation de dispositifs permettant de régler en hauteur la fente 
verticale du collimateur et la fente horizontale près de la plaque sensible, 
d'écrans interceptant la lumière diffusée par l’image blanche de la fente et 
par les spectres d'ordre supérieur au spectre de premier ordre utilisé, d’une 
manivelle pour la translation du châssis, d’une glissière pour le déplacement 
angulaire de la chambre photographique (le patin est muni d’un vernier qui 
glisse le long d’un limbe gradué). Ce spectrographe est pourvu d’un réseau 
de Thorp à 14.484 traits par pouce. 


SÉANCE DU D JUILLET 25 


Il s’agit, comme on le voit en examinant la figure ci-dessus, du spectre 
d'absorption de l'oxyhémoglobine, plus exactement du spectre d'absorp- 
tion fourni par du sang de porc défibriné, bien oxygéné et étendu avec 
une solution de CO°Na” anhydre à 1 p. 1000. L’épaisseur de la liqueur 
restant constante et égale à 10 millimètres, on a fait croître la concen- 
tration suivant une progression géométrique de raison 2; mais, cette 
progression étant trop rapide, on a intercalé dans chaque cas le spectre 
correspondant à une concentration intermédiaire moyenne. La source 
de lumière était constituée par un filament de lampe Nernst, placé au 
foyer principal d'une lentille achromatique. Les rayons, rendus ainsi 
parallèles, passaient à travers le sang dilué et étaient condensés et pro- 
jetés sur la fente du collimateur au moyen, également, d’une lentille 
achromatique. La pose a élé uniformément de 150 secondes. Pour 
les spectres de l'hélium, qui se trouvent aux deux extrémités, la pose 
n’a été que de 30 secondes. La fente est restée, dans tous les cas, égale 
à Omu8. Plaque Wratten « M ». 

La série des spectres d'absorption étant disposée, sur notre spectro- 
gramme, en superposition exacte, on peut embrasser d'un seul coup 
d'œil la variation en fonction de la concentration de l'absorption de la 
lumière dans les régions correspondant aux trois bandes z, 8 et y de 
l’oxyhémoglobine (1). II nous semble qu'il y aurait lieu d'introduire, 
dans les traités de physiologie, la reproduction de tels spectrogrammes 
normaux (ou leur représentation graphique) à côté du graphique clas- 
sique de Rollett. graphique se rapportant à la dispersion prismatique et 
ne comprenant que les bandes c et &. 


(Facullé des sciences de Fribourg en Suisse.) 


ACTION DES SUCRES SUR LA FONCTION PIGMENTAIRE 
DU BACILIE PYOCYANIQUE, 


par Ë. AUBEL et H. Coin. 


Parmi les substances qui s'opposent à l’élaboration de la pyocyanine 
par le Bacille pyocyanique, Wasserzug (2) cite les sucres : si l’on ajoute 
à du bouillon de veau des doses croissantes de glucose, la coloration 


(1) La bande d, ayant pour axe À 275 uu (Cf. Dhéré, Comptes rendus de la Soc. 
de Biologie, 1906), ne pouvait être photographiée avec notre spectrographe 
normal à système optique en verre. Nous espérons pouvoir la photographier 
avec un spectrographe à objectifs de quartz, en employant une copie de réseau 
montée entre 2? plaques de quartz que nous a fournie, en septembre 1912, 
la maison Gaertner (deChicago). 

(2) Wasserzug. Annales de l'Institut Pasteur, t. 1, p. 586, 1887. 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


LH 
Sd 


bleue des milieux diminue d'intensité et bientôt disparaît. Une concen- 
tration relativement faible de glucose serait suffisante pour entraver 
complètement la production de pyocyanine. Wasserzug signalait cette 
action des sucres sur la pigmentation comme un phénomène curieux, 
dont l'explication lui échappait. 

Nos recherches nous ont mis sur la voie de l'interprétation qu'il con- 
vient d'apporter à ces faits. 

Le B. pyocyanique se développant sur milieux organiques : DoniHon 
de viande, peptone, par conséquent dans les conditions reconnues les 
plus favorables à l'élaboration du pigment, s’y conduit, d'une facon 
absolument constante, comme un ferment ammoniacal, élaborant de 
l’ammoniaque aux dépens de l'azote organique et alcalinisant le liquide 
de culture. 

Cette propriété est mise en lumière par les dosages qui suivent et qui 
se rapportent à des cultures faites à 35 degrés, sur milieu Giltay, dont 
la source azotée est la peptone à la concentration de 2 grammes p. 100 


AGE AZOTE AMMONIACAL ALCALINITÉ 
des cultures. pour 100 c.c. exprimée en normalité. 
DOUTE à 0 mg. 0 
5 jours Éd e 35 mo 0,07 N 
LDMOUTS ARE ER 88 mg. 0,09 N 


Si l’on introduit, dans la culture sur peptone, du glucose, ou, d'une 
facon plus générale, des hydrates de carbone assimilables, ceux-ci 
modifient la physiologie du bacille dans ses deux traits essentiels : ils 
restreignent la production d'ammoniaqueet aciditient le milieu (1). Nous 
avons établi ces deux points par des cultures sériées sur milieu Giltay à 
l'asparagine, dans lesquelles le glucose élait ajouté en proportions 
croissantes à la solution nutritive. Les cultures, placées à l'étuve à 
35 degrés, élaient dosées trois jours après l’'ensemencement. 


N. AMMONIACAL 


GLUCOSE P. 100 Ts ALCALINITÉ PIGMENT 

0 gramme. 53 mg. 0,026 N Pyocyanine abondante. 
1 gramine. 50 mg. 0,020 N Pyocyanine. 

2 grammes. 39 mg. 0.012 N » 

4 grammes. 92 ME. 0.007 N Pyocyanine, traces. 

6 grammes. 11 mg. — 0,002 N 0 Pyocyanine. 

8 grammes. 0 mg. — 0.010 N 0 Pyocyanine, 


La production de la pyocyanine étant soumise à certaines conditions 
de réaction du milieu déjà précisées par Wasserzug, c'esi donc indirec- 


(1) Occasionnellement, Charrin et Dissard avaient déjà signalé cette acidi- 
fication du milieu de culture sous l’inftuence des sucres. Comptes rendus de la 
Soc. de Biologie, t. XLV, p. 183, 1893. 


? 


La) 
CA | 


SÉANCE DU D JUILLET 


tement, en agissant sur la réaction du milieu, que les sucres s'opposent 
à l'élaboration du pigment. 

L’acidification du liquide de culture par les sucres est la conséquence 
de la diminution d’ammoniaque qui, en leur absence, s'accumule dans 
la liqueur sous forme de carbonate d’ammoniaque, et de l'évacuation, 
dans le milieu, d'acides organiques résultant de l’assimilation des 
sucres par le bacille. 

Il va sans dire qu'un sucre qui ne serait pas assimilé n’exercerail 
d'autre action que celle de sa pression dans la solution. Le saccharose, 
par exemple, qui ne peut servir d’aliment au B.pyocyanique, ce dernier 
ne sécrétant pas d’inverline, n'empêche aucunement, même à la concen- 
tration de 10 p. 100, la production de pyocyanine. 


ERRATUM 


Note DE M. WEINBERG ET P. SÉGUIN. 


T. LXXIV, p. 1367, 6e ligne, au lieu de : presque toujours les, lire : la plupart des. 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Me A" 
P'ris. — L, MARETBEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


au 
SAUT 


SÉANCE DU 


BEnrranD (D.-M.) et BRoNISLAWA 
Feicix (Mie) : Contribution à l'étude 
de la flore bactérienne des infec- 


F2. J'UTCEEST 


Hors 


SOMMAIRE 


Lyrcakowsxy et RouGEnTzorr : De 
la toxicité des extraits de poumons 
d'animaux normaux (Première com- 


L'ONSPULÉTINES ANA MAROU MP rs Gllmunication) reset ER Anne 
BoBEAU (G.) Importance des MassoxnaT (E.) et VanEey (O.) 
affections mycosiques en Cochin- Etiologie et pupation chez les Di- 
chine (Note préliminaire) . . . . .. 69 | ptères pupipares et les OEstrides. . 

Broucaron-ALcock et Tzanck (A.) : Moycno (VENCESLAS) : Analyse phy- 
Un cas de réaction locale précoce siologique de l'action des rayons 
au cours de vaccination antigono- ultraviolets sur l'oreille du lapin. . 
COCCINELLE Laine 54 Mucox (P.) : Processus cytologi- 

CRuvEILRIER (Louis) : Traitement ques de la sécrétion examinés sur 
durhumatisme blennorragique chro- pièces fraiches ou pièces d’autopsie 
pique, au moyen de la méthode des dans la médullaire surrénale . . .. 
virus vascins sensibilisés de Bes- Niccoux (Maurice) : Appareil pour 
TAN NN A LAN CASE M re SRE 67 | l'extraction de l’'oxyde de carbone 

Fauré-Freutert (E.) : À propos des du sang. Applications . . . . . . 
« Iyosomes » de M. Champy. . 30 Rarnerv (FR.) et TERROINE (Ém.-F.): 

GAuUTRELET (Jean) et BRIAULT (Paul. Mitochondries et graisse décelable 
L.) : Influence de l'adrénaline sur histologiquement dans la cellule hé- 
l'anesthésie par le chloralose (Pre- patique, au cours de régimes variés. 
HNIETE NOÉ) a di SRE MIRE ee cine 40 RicaauD (A.) et Pezzr (C.) : Car- 

GiaJA (J.) : Influence Ges produits diographe à traction et à inscription 
de dédoublement de l’amygdaline HORIZON LAINE RER 
sur le rapport dans lequel ceux-ci STAssano (H.) et GomPEz (M.) : Du 
apparaissent au cours de l'hydro- mode d’action différent de quelques 
lyse diastasique de ce glucoside. . . 33 | sels de mercure. . . ......... 

KARAFFA-KORBOUTT : Sur quelques 
changements dans le sérum san- s : 
guin, provoqués par l'introduction Réunion biologique de Bordeaux. 
de mellins food dans l'organisme 
DTA ER ROME ee RL ec 41 Aucaé et Portuanx : Réaction de 

LapicQuE (Louis) : Sur l'isobolisme l'antigène appliquée à l'étude des 
de la fibre musculaire striée. . . . . 33 | différents types de bacilles tuber- 

LÉcaiLLon (A.) : Sur la différen- culeux et à celle des laits tubercu- 
ciation, en ovules définitifs et en dE RE A NT AE RUE TANT CARPE 
cellules vitellogènes, des oocytes Porruanx : Réaction de l’antigène 
contenus dans l'ovaire des collem- appliquée au diagnostic de la tuber- 
boles (Première réponse à MM. Wil- culose humaïne et à celui des laits 
lemietide=MANteR) ess See r ÉSMININDERCUIEUXSe ne. 0e RE | 

BioLocie, Compres RENDUS. — 1913. T. LXXV. 3 


Æ 
er 


EE 
19 


30 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Mesnil, puis de M. Dastre. k 


PRÉSENTATION D OUVRAGE. 


M. M. CauLrLerY remet à la Société, au nom du Comité de la souscrip 
tion A. Giard, le tome II et dernier des (Æuvres diverses de À. Grarp (1), 
que le Comité a pu rééditer avec les fonds recueillis. : 

Dans ce second volume, on a réuni toutes les publications de GARD 
qui se rapportaient plus spécialement à la faune ou à la flore du Bou- 
lonnais. Une seconde partie est faite de travaux sur des sujets variés : 
130 notes ou articles composent le volume. Un appendice contient des 
données biographiques sur Giard, la liste complète de ses travaux par 
ordre chronologique, el un index alphabétique détaillé des noms figurant 
dans cette liste; cet index facilitera beaucoup la recherche. 

Le Comité ne pouvait songer à rééditer toute l'œuvre de Giard. Il à 
écarté de cette réimpression tous les gros mémoires, que leur étendue 
défend suffisamment contre l'oubli; il a trouvé plus utile, à la fois pour 
le mémoire de Giard et pour l’utilisation des faits renfermés dans cette 
œuvre, de réunir en un ensemble un grand nombre de notes ou d’ar- 
ticles courts, dispersés dans des recueils variés, et par suite difficiles à 
retrouver. Leur juxtaposition fait ressortir, en outre, l'unité et l’am- 
pleur de vue biologique qu'ont appréciées chez Giard, tous ceux qui 
l'ont approché ou qui ont recu son enseignement. 


À PROPOS DES « LYOSOMES » DE M. CHAMPY, 


par E. FAURÉ-FREMIET. 
M. Champy (2) a montré que « l’iodure d’osmium » (3) est réduit par 
des granulations intracellulaires dont l'existence est très générale et 
qu'il nomme « lyosomes » en raison de leur pouvoir réducteur. Il 


(1) Azrren Grarp. OEuvres diverses, réunies et rééditées par les soins d'un 
groupe d'élèves et d'amis. Paris (Laboratoire d'Evolution des êtres organisés, 
3, rue d'Ulm). In-80, t. 1 (1911) : Biologie générale {xr1-590 pages, avec por- 
éralt)out. MI 14948): FAURE et flore de Wimereux, notes diverses de zoologie 
(vur-586 pages avec portrait, 5 planches hors texte et figures dans le texte). 

(2) Granules et substances réduisant l'iodure d’osmium. Journ. anat. el 
physiol., 1913, n° 4. 

(3) Je laisse à l’auteur toute la responsabilité de ce terme. 


SÉANCE DU 12 JUILLET 31 


admet, étant donné leurs rapports avec les mitochondries et les grains 
_ de sécrétion, et leur identité avec certains grains de présécrétion, que 
les lyosomes « représentent une souche commune » d’où dérivent les 
enclaves cellulaires les plus variées. à 

Champy admet que | « iodure d’osmium » doit être très dissociable, 
car « les solutions renferment toujours une certaine quantité de 
tétroxyde d’osmium libre ». Mais l’iodure diffusant plus vite que OsO*, 
le milieu seulement des pièces fixées par une solution de ce corps 
montre les « Iyosomes », tandis que la périphérie présente l'aspect ordi- 
naire des préparations osmiques. Il a fait une étude détaillée des 
réactions microchimiques que peut donnerl'«ïiodure d’osmium »;et bien 
qu'il réserve ses conclusions à cet égard, les résultats étant peu démon- 
stratifs, il est permis d'espérer d'après son travail que ce nouveau 
réactif saura donner d'importantes indicalions. 

Le grand intérêt cytologique que pourraient présenter les résultats 
obtenus par Champy demande une critique plus approfondie de sa 
méthode. | 

Le réactif de Champy est fait en mélangeant : 


CSD ASE D AO PA ENE EE r NE e e Re ed partie. 
NAS RD RS IO0D ES RP NRRNE RE er Te rte os DAT ILES: 


Le mélange se colore en jaune, et Champy croit démontrer qu'il s’est 
formé un iodure d'osmium ou un iodosmiate de soude. 

Or on sait que l’iode est sans action sur l’osmium même en présence 
d'iodures alealins, et pour obtenir des composés iodés d'osmium il faut 
employer des moyens plus énergiques. 

Morath et Wischin, par exemple, ont obtenu l’iodure Osl* en traitant 
le peroxyde d’osmium Os0° par l'acide iodhydrique. Il se forme une 
liqueur brune dont se séparent des cristaux noir violet d'iodure. Si, 
d'autre part, on chauffe Os0* avec KI et HCI, on obtient une liqueur 
colorée en vert émeraude par le composé Os 2HI. Enfin, en réduisant 
Os par l'hydrogène, on obtient en faible quantité un sublimé jaune 
Os. | 

Il paraît certain qu'aucun de ces iodures d’osmium n'est à considérer 
dans le réactif de Champy. Nous devons done songer aux sels d’osmium 
plus complexes que Wintrebert (1903) (1) a étudiés dans un travail qui 
devrait être classique en histologite. Cet auteur n’a pu obtenir que des 
iodosmiates tels que Osl'K*:; ce corps est peu soluble et sa dissolution 
est violet opaque comme celle des iodosmiates d’ammonium$ ele. Il se 
prépare en traitant par l'acide iodhydrique un osmyloxynitrite : 


OsOS(NO® PK? + 8HI — Osl'K* + 2NO'H + 3H°0. 


(1) Recherches sur quelques sels complexes de l’osmium hexavalent. Ann. 
chimie et physique, vol. XXVII. 


32 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - 


On ne peut davantage admettre qu'il s'agisse de ce composé dans le 
réactif de Champy. Il faut alors penser aux osmylsels dérivés de 
l'osmium hexavalent et dont la formule est, d'après Wintrebert : 


OsO?X:M°, 


X étant un radical acide monovalent et M un métal monovalent. 
Ils peuvent être formés à partir de OsO‘ par l’action d'un réducteur 
convenable en présence d'une base telle que KOH. Or, « bien que, dit 
Wintrebert, HCI puisse difficilement être considéré comme réducteur », 
la réaction suivante est possible : 


Os0' + 4HCI + 2KC1 — OsO°CIK? + CI + 2H°0. 


« Ce n'est pas, ajoute l'auteur, une véritable préparation, mais une 
simple production attestant l’analogie du composé obtenu avec les 
autres osmylsels ». 

I semble qu'avec l'acide iodhydrique et un iodure une telle réaction 
soit a fortiori possible suivant l'équation similaire : 


Os0 + 4HI + 2Nal — OsOiNa® I? + 2H°0, 


et l’on pourrait admettre qu'il se produise ainsi dans le réaclif de 
Champy des traces d'un osmyliodure à côté d'un excès de peroxyde non 
attaqué. Les osmylsels forment avec la potasse et la soude en excès des 
osmiates de K et de Na de couleur rouge, ce qui explique que le réactif 
de Champy fonce et vire au rougeâtre par l'addition de ces bases. 

Au point de vue cytologique, le point important à retenir si cette 
dernière hypothèse est exacte, serait dans le fait que les osmylsels sont 
essentiellement instables en milieu neutre; l'eau pure les décompose, 
mais la liqueur devient alors acide, ce qui permet au sel non altéré de 
se dissoudre : 


OsOXIM? + 2H°0 — OsO‘H?  2MX — 2HX. 


La réduction d'un osmylsel localisée à des grains et à des vacuoles intra- 
cellulaires, peut donc être due uniquement à la réaction de telles inclusions 
et à celles du milieu environnant, bien plus qu'à un pouvoir réducteur qui 
leur soit propre; et ce pouvoir serait d'ailleurs beaucoup moins spéci- 
fique encore que le cas réducteur du peroxyde d’osmium avec Îles 
graisses. 

Il serait donc intéressant d'examiner l’aclion d’une série d'osmylsels 
purs, et le terme « lyosome » paraît un peu aventuré actuellement. 


SÉANCE DU 12 JUILLET 33 


INFLUENCE DES PRODUITS DE DÉDOUBLEMENT DE L'AMYGDALINE SUR LE RAPPORT 
DANS LEQUEL CEUX-CI APPARAISSENT AU COURS DE L'HYDROLYSE DIASTA- 
SIQUE DE CE GLUCOSINE, 


par J. GïaJa. 


Lorsque l’on étudie la marche de l’hydrolyse de l’amygdaline sous 
l'influence de l’émulsine d'amandes et sous l'influence du suc digestif de 
Helix pomatia, à la température de 38°, on constate une différence essen- 
tielle entre l’action de ces deux agents d'hydrolyse : dans le premier cas, 
on trouve au cours de la réaction un excès de sucre réducteur (calculé 
en glucose) par rapport à l'acide cyanhydrique et à l’aldéhyde benzoïque 
(la proportion normale qu'on trouve lorsque la réaction est terminée est 
de 2 molécules de glucose contre 1 molécule d'acide cyanhydrique et 
1 molécule d’aldéhyde benzoïque); dans le second cas, on trouve par 
contre un déficit en glucose par rapport à CNH et C‘H*COH. 


En essayant d’influencer ce rapport dans lequel apparaissent les produits 
de dédoublement de l’amygdaline, j'ai obtenu les meilleurs résultats enemplo- 
yant dans ce but ces mêmes produits : glucose, acide cyanhydrique etaldéhyde 
benzoïque. J'ai déjà montré que le glucose ralentit la mise en liberté du 
glucose sous l'influence du suc d'Helix saus avoir d'influence sur l’äpparition 
de l’acide cyanhydrique {1). 


Dans la présente note, j’exposerai brièvement les résultats concernant 
l'influence des produits de dédoublement de l’amygdaline sur l'hydrolyse 
de ce glucoside par le suc d'Helix et par l'émulsine d'amandes. 


I. Suc pb HELIxX. — a) Le glucose n’a pas d'influence sur la mise en 
liberté de CNH ‘2), mais il ralentit celle du glucose. 

b) L’acide cyanhydrique est empêchant envers l'acide cyanhydrique. 
I ralentit aussi très peu la mise en liberté du glucose. 


IT faut remarquer que l’action de CNH n’est sensible que lorsque la 
- réaction diastasique est suffisamment avancée. 

c) L'aldéhyde benzoïque exerce une action retardatrice très marquée 
sur la mise en liberté de CNH et du glucose. Mais l'action envers CNH 
est encore plus marquée que celle envers le glucose, de telle facon que 


(1) J. Giaja. Sur l'empêchement de la production de sucre réducteur dans 
l’'hydrolyse diastasique de l'amygdaline, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
ALXXI,-p. 509, 19414. 

(2) J'ai constaté que l’aldéhyde benzoïque apparaît toujours parallèlement à 
l'acide cyanhydrique en quantités équimoléculaires. Par conséquent, ce qui 
est dit sur l'apparition de l'acide cyanhydrique s'applique également à l’appa- 
rition de l’aldéhyde benzoïque. 


34 ___ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


l'excès de CNH que l’on trouve ordinairement par rapport au glucose, 

peut disparaître sous l'influence del’aldéhyde benzoïque, et alors on peut 
trouver à un certain moment de la réaction le glucose et CNH en propor- 

tion théorique. 

IT. EMULSINE D'AMANDES. — a) Le glucose ralentit l'apparition ie CNH, 
mais cette action empêchante est encore plus prononcée envers le glu- 
cose. De telle façon, par adjonction de glucose, on peut trouver, au cours 
de la réaction, l'acide cyanhydrique et le glucose prop Ant de l'amyg- 
daline, en proportion presque théorique, tandis qu'on trouve cross 
rement, comme nous l’avons dit, un excès de glucose. 

b) L'acide cyanhydrique a une action retardatrice assez faible, qui est 
un peu plus prononcée enversl'acide cyanhydrique qu’envers le glucose. 

c) L’aldéhyde benzoïque retarde énergiquement la mise en liberté de 
CNH et du glucose. Toutefois son action est plus énergique envers CNH 
qu'envers le glucose. 

Montrons maintenant que les résultats exposés peuvent être ramenés 
à la règle suivante : Les produits de dédoublement de l’amygdaline (CNH, 
CH°COH et glucose) influencent l'action des ferments (émulsine d'amandes 

et suc d'Hélix) sur ce glucoside, en retardant chacun la mise en liberté du 
même corps aux dépens de l'amygdaline. 
_ Rappelons que sous l’action du suc d'Hélix l'amygdaline se dédouble 
en deux temps comme il suit : 


CAOHYOUN + H°0 — CNH + CSHSCOH + C'H201, (2) 
CeH#04 + H°0 = 2 C'H!206, (2) 


Sous l'action de l'émulsine d'amandes la réaction se fait également 
en deux temps, mais d'une autre manière : 


COHSOUN Æ H°0 — CSH#06 -E CHAHITONN, (1) 
CHIOS N + H°0 CNE + CHSCOH + CSH05. (3) 


I 


En appliquant la règle que nous avons exposée plus haut, voyons comment 
agira le glucose sur l’activité du suc d’Hélix. La réaction (1) ne sera pas 
influencée puisqu'il n’y a pas de mise en liberté de glucose. Mais comme dans 
cette réaction tout l'acide cyanhydrique et l’aldéhyde benzoïque de la 
molécule d’amygdaline sont mis en liberté, il en résulte que la marche de 
l'apparition de ces deux corps ne sera pas iafluencée par le glucose. Dans la 
réaction (2), il s’agit de l’hydrolyse d’un disaccharide fournissant exclusive- 
ment du glucose ; cette réaction sera retardée par le glucose. .Le résultat final 
sera que le glucose n’agit pas sur la mise en liberté du CNH et de C‘H*COH, 
mais retarde celle du glucose. C’est ce qu’on observe, comme nous l'avons vu. 

Pour l'émulsine d'amandes, nous voyons qu'il y a dans la réaction (1), appa- 
rition d’'amygdonitrileglucoside et d’une molécule de glucose. Par consé- 
quent le glucose retardera cette réaction. Dans la réaction (2), il ya également 
mise en liberté de glucose; par conséquent, cette réaction sera également 
retardée. Mais comme la mise en liberté de CNH et de CHSCOH dépend dans 


SÉANCE DU Â2 JUILLET 39 


cette dernière réaction de la mise en liberté de la molécule du glucose, il 
s’ensuit que leur production sera également retardée, l’action retardatrice du 
glucose est plus intense dans la réaction (1) que dans la réaction (2). 

En ce qui concerne CNH dans son influence d’action sur l'Hélix, il doit y 
avoir ralentissement de la réaction (1), qui se traduit par une production 
moindre de CNH, de C°H>COH et du disaccharide en même temps. Dans la 
réaction (2), CNH n’exercera pas d'influence, mais par ce fait que la pro- 
duction de disaccharide a ét£ ralentie en (1), le ferment se trouvant dans la 
réaction (2) en présence d'une quantité moindre de ce corps à hydrolyser, il. 
y aura également moins de glucose de produit. On constate que le ralentis- 
sement produit en (1) est plus intense que celui produit en (2) et qui n’est que 
la conséquence du premier. Ce qui vient d’être dit de CNH s'applique égale- 
ment à C°HSCOH (1),avec cette différence que l’action empêchante de ce corps 
est plus intense que celle de CNH. 

Dans le cas de l’émulsine d'amandes, CNH n’a pas d'influence sur la 
réaction (1), qui met en liberté 1 mol. de glucose et 4 mol. d'amygdoni- 
trileglucoside, mais il influence la réaction (2) en retariant la mise enliherté 
de CNH, CH°COH et de la seconde molécule de glucose. Le résultat final sera : 
ralentissement de la mise en liberté de tous les trois produits d'hydrolyse de 
l'amygdaline, mais surtout de l'acide cyanhydrique et de l’aldéhyde ben- 
zoique. 


SUR L'ISOBOLISME DE LA FIBRE MUSCULAIRE STRIÉE, 


par Louis LAPICQUE. 


Verworn a récemment créé le mot isobolique, appliqué à la fibre du 
nerf moteur, pour signifier que le fonctionnement de cette fibre obéirait 
à la loi du « tout ou rien ». Le fait avait été affirmé par Gotch, en 1902, 
d’après des expériences sur la variation négative ; Verworn pense en 
trouver une nouvelle preuve dans des expériences sur l'asphyxie du 
nerf (2). È 

Pour le nerf, je me demande si les expériences en question ne peuvent 
pas s’interpréter autrement, car un certain nombre de mes observations 
impliquent, il me semble, que l'amplitude de l’influx nerveux est fonction 
de la grandeur de l’excitation (3). 

Mais pour la fibre musculaire striée, Keith Lucas a affirmé aussi la 
loi du « tout ou rien » sur le terrain suivant ; la grandeur de la réponse 


(1) L’aldéhyde benzoïque peut agir non seulement sur l’action diastasique, 
mais aussi sur les ferments, en les détruisant plus ou moins lentement, Je 
reviendrai sur cette question dans un mémoire qui paraitra ailleurs. 

(2) Zeitsch. f. allgemeine Physiologie, 1912. 

(3) Par exemple, l'élévation de la rhéobase du nerf dans les premiers stades 
de la curarisation. Comptes rendus de la Soc. de Bologie. 28 juin 1943. 


36 , SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


d'un muscle dépend du nombre des fibres qui entrent en jeu; des exci- 
tations d'intensité croissante atteignant de nouvelles fibres les unes 
après les autres, l'accroissement de la réponse se fait par paliers. 
K. Lucas a pu dans certains cas mettre une telle discontinuité en 
évidence, et tout récemment, sous sa direction, Mines en a obtenu des 
exemples remarquables sur le couturier (1). 

Des expériences d’une nature toute différente m'ont amené à la même 
opinion que je formulerai ainsi: la ‘bre musculaire striée répond à une 
excitation unique, quelle que soit cette excitation, par une contraction 
qui est toujours pareille à elle-même (isobolique), ou bien ellene répond 
pas du tout. 

Voici l'énoncé de quelques faits que j'ai observés en reprenant cet 
hiver, avec M Lapicque, l'étude de l’excitabilité non plus seulement 
pour le seuil, comme dans presque toutes nos recherches antérieures, 
mais pour diverses grandeurs de réponse et pour le maximum. : 

L'objet de ces recherches est essentiellement le gastrocnémien et le 
sciatique de la grenouille et de quelques animaux voisins ; le muscle est 
attelé à un myographe de Gilardoni et trace ses raccourcissements sur 
le cylindre immobile, sous forme de petits ares faciles à mesurer et à 
comparer entre eux; l’excitalion consiste en courants constants 
limités. 


1° Znfluence de la durée de l'excitation sur la grandeur de la réponse. 

La grandeur de la réponse s’accroit avec la durée de l’excitation, 
jusqu'à une certaine durée limite qui est, dans tous les cas, la même que 
la limite pour l'obtention du seuil. 

Par exemple, on fait une fermeture brusque de courant constant 
prolongé (excitation indirecte), et on cherche l'intensité liminaire (rhéo- 
base); puis on raccourcit le temps du passage jusqu'au moment où la 
contraction minimale disparaît (on trouve aiasi, pour le gastrocnémien 
de la grenouille verte, à la température de 16 degrés, une durée voisine 
de 3 5). On recommence l'expérience avec une intensité un peu plus 
forte, de façon à obtenir par le courant prolongé, une contraction net- 
tement plus haute, mais encore sous-maximale; en raccourcissant 
progressivement le temps du passage, on voit cette hauteur de con- 
traction commencer à diminuer juste à la durée pour laquelle la con- 
traction minimale disparaissait. Symétriquement, si l'on prend une 
intensité quelconque plus élevée que la rhéobase, sous l'influence de 
durées successives croissantes, la contraction grandit, mais jamais 
au delà de cette même limite reconnue pour le seuil ; le maximum peut 
être atteint pour des durées plus courtes si l'intensité est suffisante, mais 
s’il n’est pas alteint, disons à trois millièmes de seconde suivant le type 


(4) Journal of Physiology, 1905, 1909 et 1913. 


SÉANCE DU 12 JUILLET 31 


ordinaire, l'augmentation de la durée du passage ne produira plus 
aucun accroissement dans la contraction (1). 

Si l’on prend un courant progressif (de forme exponentielle, au moyen 
d'une capacité introduite convenablement en dérivalion), il faut une 
durée plus grande, jusqu'au centième de seconde et au delà pour que 
l'onde liminaire atteigne le seuil (2). On peut faire varier cette limite 
suivant la capacité. Dans chaque cas, la limite est la même pour le seuil 
et pour le maximum. 


20 Grandeur de la marge d’excitations sous-maximales. 

A partir du niveau où l'on atteint le seuil, dans quelle proportion 
faut-il augmenter l'intensité pour atteindre le maximum? Je suis 
surpris de ne trouver dans la bibliographie à peu près aucune détermi- 
nation sur ce point. 

La comparaison de l’excitation directe et indirecte d’un même muscle 
donne lieu à la constatation suivante, facile à faire, mais que je n'ai vue 
signalée nulle part : la marge est beaucoup plus petite dans l'excitation 
indirecte que dans l'excitation directe; si on fait égale à 100 l'intensité 
liminaire, le maximum sera atteint à 130 ou 140 dans l'excitation 
indirecte, à 400 ou 500 dans l'excitabilité directe (gastrocnémien non 
curarisé, cathode seule sur le nerf ou sur le muscle, anode diffuse). 

En variant les conditions de diffusion du courant, on agit sur cette 
marge; si au lieu d'une cathode sur le muscle, on en met deux, trois ou 
quatre convenablement distribuées, la marge est en général nota- 
blement diminuée. 

D'autre part, on arrive à des résultats intéressants en modifiant 


(1) Pour des courants un peu forts, il y a, pour des durées plus longues, 
après une certaine zone de contraction invariable, un nouvel accroissement 
(secousse hypermaximale de Fick). C’est un phénomène nouveau, qui, dans 
certains cas au moins, s'explique par l'addition d’une excitation d'ouverture; 
je reviendrai plus tard sur ces faits. Mais il faut se rappeler que l'effet 
maximal d'une excitation unique n’est jamais le maximum de la contraction 
du muscle, celui-ci ne pouvant être atteint que par une sommation d’excita- 
tion. K. Lucas et Mines ont insisté sur ce point, et fait les réserves nécessaires 
sur la signification ici du «tout ou rien ». C’est pour cela que je renonce 
à cette expression et reprends celle de Verworn, qui me paraît adéquate. 

(2) Journal de Physiologie et de Pathologie générale, 1908, p. 624. — L’ortho- 
rhéonome à gouttière de sulfate de zinc ne convient pas pour ces recherches; 
il donne des résultats irréguliers, souvent des contractions plus grandes que 
le maximum de l'excitation unique. En présence de tels résultats, Schott a 
pensé que le courant progressif était plus excitant que le courant brusque 
(Archives de Pfiüger, t. XLVIIT, 1891). Je me suis convaincu qu'il s’agit de 
sommation d’excitations par suite de soubresauts dans l'établissement du 
courant. 


38 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dans un sens connu l'excitabilité d’une partie des fibres; le muscle 
est placé entre deux tubes de verre longitudinaux maintenus par 
des courants d'eau à deux températures différant de 10 à 13 degrés; 5 
l’électrode excitante est placée tantôt du côté chaud, tantôt du côté 
froid; et on excite tantôt par des passages longs, tantôt par des 
passages brefs de courant, pour lesquels l’excitabilité est modifiée en 
sens inverse par la température. Le phénomène est trop complexe pour 
être exposé en détail ici. Mais les variations de la marge dans ces 
conditions, comme dans les conditions précédentes, ainsi que les 
considérations sur l'influence de la durée s'accordent au mieux avec  . 
l'idée que la grandeur de la réponse dépend, non du degré de raccour- 11 
cissement de chaque fibre, mais seulement du nombre des fibres qui se 
contractent. . 

La discussion des Zeitreise, de von Kries, conduit encore à la 
même conclusion. 

Cette conception entraîne des modifications profondes dans la facon 
dont nous devons nous représenter l’influx nerveux volontaire. Mais ces : 
conséquences, si elles troublent nos habitudes, ne présentent, dans la 
mesure où je les ai examinées, aucune contradiclion avec les expé- 
riences. Au contraire, les recherches électrophysiologiques récentes sur | 
cet influx, comme des observations anciennes restées plus ou moins 
paradoxales, s'expliquent d’une facon satisfaisante en partant du 
fonctionnement isobolique de la fibre striée. 


CR 


(Travail du laboratoire de Physiologie générale du Muséum.) 


ANALYSE PHYSIOLOGIQUE 
DE L'ACTION DES RAYONS ULTRAVIOLEHTS SUR L'OREILLE DU LAPIN, 


par VENxcEsLas Moycno. \ 


Après avoir décrit les effets bruts de l’action des rayons ultraviolets 
sur l'oreille de lapin, déterminé la nature des radiations actives (1), étudié 
l'influence de l'intensité du rayonnement, montré la sensibilité de cer- 
tains tissus de l'oreille aux rayons ultraviolets et la longue persistance 
des effets intracellulaires (2), il étail intéressant de préciser l’action des 
rayons ultraviolets au point de vue physiologique et particulièrement 
l'influence du système nerveux. Cette influence peut être étudiée par 
deux méthodes : section des nerfs et l'emploi des poisons. 


(1) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, 17 février 1913. 
(2) Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 21 avril 1943. 


/ 


SÉANCE DU AÂ2 JUILLET 39 


Section des nerfs. — 4° Section des nerfs après irradiation. On irradie 
des points symétriques sur les deux oreilles d’un lapin pendant la 
même durée. Une demi-heure à trois heures après, on sectionne asepti- 
quement le nerf sympathique et auriculaire d’un seul côté. On compare 
les effets des irradiations de deux oreilles. 

a) Temps de réaction. — La durée qui s'écoule entre le moment d'irra- 
diation et l'apparition visible de la rougeur est plus pelite du côté des 
nerfs sectionnés. Ainsi, dans les conditions d'expérimentation, cette 
durée du côté opposé est égale de six heures à neuf heures; pour le côté 
normal, elle est généralement plus grande que douze heures. 

b) Intensité de la réaction. — La comparaison des stades correspon- 
dants des effets des irradiations, par exemple le maximum de la rougeur, 
montre que l'intensité de ce phénomène est plus forte du côté opéré que 
du côté normal. 

c) Persistance des effets. — Malgré l'intensité plus forte des effets 
d'irradiation sur l'oreille opérée, on observe sur cette oreille par com- 
paraison avec la normale : 

«. Que les effets disparaissent plus rapidement, au bout de six à 
neuf jours ; 

8. Que la desquamation se produit rarement et le pigment ne se forme 
pas d'une manière visible comme il est de règle; 

y. Que le système pileux est stimulé sur toute oreille, mais d'une 
facon plus intense aux endroits irradiés. 

Donc, la section des nerfs de l'oreille externe de lapin produit : une 
accélération de l’apparition visible des effets d'irradiation, un renfor- 
cement de l'intensité des phénomènes inflammatoires, enfin un rétablis- 
sement plus rapide. | 

2° Comparaison des effets des irradiations faites avant et après la section 
des nerfs. — On irradie une oreille dans un ou plusieurs points. Après 
avoir sectionné une demi-heure à trois heures plus tard le nerf sym- 
pathique et auriculaire du même côté, on irradie de nouveau la même 
oreille aux endroits voisins des irradiations précédentes et pendant les 
mêmes durées. 

Les deux séries d’irradiations, antérieure et postérieure à la section, 
ne présentent aucune différence sensible dans l’évolution des réactions. 
En outre, par rapport aux irradiations de la même durée sur l'oreille 
normale, les deux séries d’irradiations de l'oreille opérée présentent 
même accélération dans l'apparition des effets, même augmentation 
de l'intensité des réactions inflammatoires, même accélération dans la 
disparition des effets. 

Des résultats tout à fait pareils ont été obtenus par les irradiations 
faites quelques heures, quelques jours ou même quelques semaines après 
la section des nerfs. 

Par conséquent, il ne semble pas que le système nerveux intervienne 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


& 
(==) 


d'une facon directe sur les effets des irradiations. Les changements 
qu'on observe après la section des nerfs doivent être attribués plutôt 
aux modifications vasculaires et celles de nutrition qui en résultent 
dans les tissus de l'oreille. Des résultats assez analogues à la section 
des nerfs sont obtenus par l'élévation de la température. La température 
à laquelle l'animal est maintenu après l'irradiation, favorise l'apparition 
plus rapide, augmente l'intensité des réactions inflammatoires. 

En outre, il résulte de ces expériences que l’état des vaisseaux au 
moment d'irradiation ne joue aucun rôle sensible. Que les vaisseaux 
soient contractés, comme ils le sont avant la section des nerfs, ou qu'ils 
soient dilatés comme cela a lieu après la section des nerfs, les effets 
restent les mêmes. 


INFLUENCE DE L’ADRÉNALINE SUR L’ANESTHÉSIE PAR LE CHLORALOSE 
(Première note), 


par JEAN GAUTRELET et PauL-L. BRIAULT. 


On sait qu'à dose anesthésique le chloralose en injection intraveineuse 
provoque tout d'abord chez Le chien une phase d’excitation plus ou moins 
marquée. C’est ce que nous avons d’ailleurs maintes fois vérifié. 

Nous avons observé que si l'animal avait recu auparavant une petite 
quantité de suprarénine ou d’adrénaline (1 milligramme par exemple), 
la phase d’excitation était supprimée (1). 

L'injection primitive de suprarénine avait été faite à des moments 
extrêmement variables et parfois cependant très éloignés de l'injection 
consécutive de chloralose. 

Nos observalions portent sur 9 chiens: 


1 heure d'intervalle entre les injections de suprarénine (Creil) et de chlo- 
ralose chez Passy; 
4 heures d'intervalle, chez Favori ; 
24 heures, chez Argent, Descartes, Sulpice ; 
48 heures, chez Fox, Maine ; 
20 jours, chez Léon ; 
23 jours, chez Prodique. 


Ces animaux tombèrent comme une masse lors de l'injection de 
chloralose, sans le moindre cri, sans le moindre soubresaut ; les tracés 
manométriques, pris lors de l'injection, en témoignent. 


(1) Nous ferons remarquer que nous employons le chloralose à la dose de 
0 gr. 12 par kilogramme et que nous le diluons dans le minimum de liquide. 


SÉANCE DU 12 JUILLET Al 


A noter également que, dans les premiers moments tout au moins qui 
suivirent l'injection de chloralose, ces chiens ne manifestèrent pas 
l'hyperexcitabilité médullaire caractéristique de cette anésthésie. 

On sait d’ailleurs que l’adrénaline favorise l’action des anesthésiques 
locaux comme la cocaïne (Schultz considère l’adrénaline comme jouant 
le rôle de mordant vis-à-vis des anesthésiques), et même généraux 
comme le chloroforme. 

On sait également que l'adrénaline peut jouer le rôle d'antidote de Ia 
strychnine (Falta et Iveovic) ; récemment d’ailleurs, J. CamusetR. Porak 
démontraient que les animaux privés de surrénales sont plus sensibles à 
la strychnine. 

Nous avons, en outre, pu observer nous-mêmes que À milligramme 
de suprarénine était susceptible d'arrêter immédiatement les convul- 
sions cloniques que provoquaient les matières colorantes, la thionine 
en particulier, dans certaines conditions (Denis et Fox). 


SUR QUELQUES CHANGEMENTS DANS LE SÉRUM SANGUIN, PROVOQUÉS PAR 
L'INTRODUCTION DE MELLINS FOOD DANS L'ORGANISME ANIMAL, 


par KARAFFA-KORBOUTT. 


On a fait plusieurs fois des essais pour provoquer la production des 
anticorps spécifiques par l'introduction des corps chimiques de consti- 
tution relativement simple, par exemple des alcaloïdes; si on fait 
abstraction de la formation des précipitines après l'immunisation des 
animaux avec divers corps albuminoïdes, ces essais n'ont pas donné de 
résultats positifs. 

Sur la proposition de M. Metchnikoff, nous avons étudié les change- 
ments qui ont lieu dans les sérums des animaux immunisés avec 
Mellins food (farine alimentaire pour les enfants). 

_ Mellins food est un mélange homogène de différentes substance 
(matières albuminoïdes, principalement de provenance animale, graisse, 
amidon. lactose). La composition moyenne est, d’après Stuzer, Mansfeld, 
la suivante : eau, 6,15 p. 100; matières albuminoïdes, 7,81 p. 100; 
-graisse, 0,29 p. 100 ; amidon, 6,93 p. 100; sucre, 75,65 p. 100: cendres, 
3,17 p. 100. Nous nous sommes servi, pour l'introduction par voie 
intrapéritonéale aux cobayes, et par voie intraveineuse aux lapins, d'une 
émulsion à 10 p. 100 dans l'eau physiologique à NaCÏ. On stérilisait 
l’'émulsion en une seule fois à 100 degrés, ou, à plusieurs reprises, 
à 60 degrés. La préparation des animaux, comprenant 4 à 5 injeclions, 
se faisait pendant un intervalle de 7 à neuf jours. 

On a étudié le sérum au point de vue de la teneur en précipitines et 


A) SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


en alexine, et aussi au point de vue de la fixation de l’alexine ; on se 
servait comme antigène du Mellins food lui-même ou de ses parties 
composantes, prises dans des proportions correspondantes. On a étudié 
aussi dans les mêmes conditions l’exsudat de la cavité péritonéale. 

Les résultats obtenus permettent d'établir les changements suivants 
dans le sérum des animaux préparés par rapport au sérum des témoins : 

La quantité de l’alexine augmente dès le deuxième jour; le maximum 
de l’alexine accumulé est atteint environ au moment de la dernière 


injection; la quantité de l’alexine augmente d'une fois et demie à deux 


fois et demie. 

Le sérum des animaux préparés combiné avec du Mellins food 
(antigène) fixe plus d’alexine que le sérum des témoins; la fixation de 
l’alexine aiteint 3 à 4 unités, c'est-à-dire, dans les conditions de nos 
expériences, 15 à 20 millièmes de centimètre cube. 

Si on prend comme antigène, non pas le Mellins food, mais les 
substances qui le composent {caséine, peptone, amidon, sucre), en ne 
changeant rien aux autres conditions, on n'obtient pas de fixation de 
l’alexine. 

Dans l’exsudat péritonéal des animaux préparés, on constate une 
faible augmentation de l’alexine par rapport aux témoins; cet exsudat 
fixe de même un peu plus d’alexine que l’exsudat des cobayes normaux; 
ces deux phénomènes se manifestent cependant d’une manière considé- 
rablement plus faible dans l’exsudat que dans le sérum. 

Il faut ajouter que, par l'introduction dans le sang de la peptone pure, 
on est arrivé à augmenter la quantité de l'alexine dans le sérum, mais 
le sérum n'a pas acquis la propriété de fixer l'alexine en présence de la 
peptone (antigène). 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Metchniko/ff.) 


DU MODE D'ACTION DIFFÉRENT DE QUELQUES SELS DE MERCURE, 


par H. STassano et M. Gompeu. 


Dans une note antérieure (1), nous avons montré que vis-à-vis du 
tètard la toxicité des différents sels de mercure ne s'échelonne pas 
d’après leur degré différent de dissociation électrolytique, conformément 
au principe général qui considère ce facteur comme synonyme de 
« coefficient d'activité » d’une substance. 


(1) Stassano et Gompel. De la toxicité des différents sels de mercure. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 28 juin 1913. 


SÉANCE DU 12 JUILLET 43 


Nous avons montré, d'autre part, dans celte même note, qu’en ce qui 
concerne en particulier chacun des sels de mercure sur lesquels 
portaient nos expériences, la toxicité pour le têtard diminue parallè- 
lement à la diminution que nous causions dans le degré de dissociation 
du sel en expérience par addition d’hyposulfite de soude. Ce qui, au 
contraire, est conforme au principe ci-dessus Cnoncé. 

Ces résultats contradictoires nous ont amenés à chercher dans le 
mode d'action particulier à chacun des quatre sels de mercure étudiés 
par nous, l'explication du désaccord que nous venons de signaler. 

Rapidité d'action. — La durée de l'immersion des têtards dans les 
différentes solutions mercurielles, capables de provoquer les effets 
toxiques consignés dans la note antérieure, est-elle la même pour les 
différents sels? | 

Les têtards, après un séjour de 15, de 30, de 45 ou, enfin, de 
60 minutes, dans chacune des solutions en étude, sont rincés dans l'eau 
de source et laissés après en observation dans cette même eau. 

Pour obtenir des résultats démonstratifs, il faut expérimenter sur des 
solutions déterminant la mort des têtards en deux ou trois heures. Nous 
choisissons ainsi pour le biiodure, la concentration n/50.000; pour le 
benzoate, la concentration n/25.000: pour le bichlorure, les concen- 
trations n/10.000, n/20.000 et n/40.000; et enfin, pour le cyanure, les 
solutions très concentrées n/100, n/500 et n/1.000. 


Voici les résultats : 1° L’immersion de 15 minutes dans La solution de 
biiodure est suffisante pour amener la mort du têtard; la mort survient 
seulement avec un léger retard vis-à-vis des têtards témoins, c’est- 
à-dire des tétards laissés à demeure dans la solution mercurielle 
correspondante. 

2° Pour le bichlorure à la concentration de n/10.000, cette durée 
d'immersion n'est pas suffisante pour provoquer la mort; avec la so- 
lution plus concentrée, n/5.000, la mort survient, mais avec un retard 
considérable, de presque 2% heures; toutefois, avec la concentration 
encore plus forte, n/1.000, les têtards qui n'y ont séjourné que 
15 minutes meurent seulement avec un petit retard sur les têlards 
témoins, environ une demi-heure après. 

3° Pour le benzoate, l'immersion de quinze minules n’est pas mor- 
telle; l'immersion d'une durée double, trente minutes, l’est au contraire; 
mais la mort ne survient que très tardivement, vingt-quatre à quarante- 
huit heures après la mort des têtards témoins. 

4° Pour le cyanure, avec l'emploi de concentrations relativement con- 
sidérables, pour obtenir la mort des têtards, il faut augmenter encore 
la durée de l'immersion. Aussi, même à la concentration de n/100, 
l'immersion pendant quinze minutes n’est pas mortelle; il faut que les 
tétards restent au moins trente minutes dans cette concentration pour 


44 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 
être atteints mortellement : néanmoins leur mort daus ce cas ne sur- 
vient que tardivement, le lendemain. 

Effets toxiques lointains. — Les têlards qui échappent à la mort à la 
suite d’une immersion insuffisante dans ces différentes solulions mor- 
telles, particulièrement ceux ayant subi l’action des solutions de cyanure, 
présentent à la longue des accidents hydropisiques. Chez les têtards 
ayant séjourné dans les solutions concentrées de cyanure, ces accidents 
sont constants et semblent se borner aux téguments les plus superfi- 
ciels, à l'épithélium qui recouvre leur corps. 

Chez les têtards ayant subi l'action des autres sels, du biiodure par 
exemple à la concentration très faible n/200.000, ces accidents, au con- 
traire, sont très rares. On les constate sur un nombre très restreint 
d'individus. De plus, ils affectent, en outre de l’épithélium, le corps 
même du têtard, dont plusieurs régions apparaissent distendues. 

Chez les têtards qui ont plongé pendant une heure dans une solution 
de cyanure à n/500 et ont été passés ensuite dans l’eau de source, dès 
le troisième ou le quatrième jour, Fépithélium apparaît gonflé, l'espace 
clair qui le sépare des tissus sous-jacents mesure déjà 2 à 3 millimètres 
d'épaisseur; au niveau des points d'insertion, surtout autour des yeux, 
des épanchements hémorragiques se produisent. L'espace libre entre 
l’épithélium et le corps grandit rapidement dans la suite et atteint son 
maximum vers le 12° jour. À ce moment, le têtard présente un aspect 
bien étrange ; son corps visiblement normal est placé comme au milieu 
d'une vessie gonflée, transparente ; ses mouvements sont très gênés ; il 
nage par saccades et, au repos, se place sur le dos. 

La mort survient vers le15° jour. [l y a des têtards qui en réchappent; 
chez ceux-là, les accidents hydropisiques disparaissent peu à peu. 


Conclusions. — 1° Le biiodure se signale par une grande rapidité 
d'action, même aux faibles concentrations; rapidité d'action qui l’em- 
porte sur celles des autres sels étudiés par nous, y compris le bichlo- 
rure à de fortes concentrations. Chez les lêtards qui échappent à une 
action mortelle, des accidents hydropisiques, ayant leur siège au niveau 
de la tête et de la queue, témoignent de son action à l’intérieur de l’or- 
ganisme ; 

2° Le cyanure se fait remarquer par son action beaucoup pluslenteet 
qui semble s'arrêter aux léguments les plus superficiels du têtard ; 

3° Le benzoate et le bichlorure occupent une place intermédiaire entre 
le biiodure et le cyanure, en tant que rapidité d'action et pouvoir de 
pénétration dans les tissus du têtard. 


(Travail du laboratoire d2 physiologie de la Sorbonne.) 


SÉANCE DU 12 JUILLET 


LE 
Q6 


DE LA TOXICITÉ DES EXTRAITS DE POUMONS D'ANIMAUX NORMAUX 
(Première communication), 


par LYTcHKOwskY et ROUGENTZOFF. 


Pour coaguler le fibrinogène du sang il faudrait, suivant la théorie de 
Morawitz, l’action combinée de la prothrombine, de la thrombokinase et des 
sels de calcium. 

D'après la même théorie, la prothrombine et les sels de calcium seraient 
toujours présents dans le sang circulant. Quant à la thrombokinase, elle tire- 
rait l’origine des éléments figurés du sang et des cellules des tissus. 

Les recherches du D' Lytchkowsky (1) faites à la clinique du professeur 
Oppel, à Saint-Pétersbourg, avaient montré que l'organe le plus actif pour la 
formation de la thrombokinase étaient les poumons des lapins. 

Le but de notre travail actuel est de continuer l'étude de l’action de la 
thrombokinase pulmonaire sur les lapins et les cobayes à l’aide d’injections 
intraveineuses d'extraits de poumons dans leurs différents états et dans leur 
combinaison avec des sérums. 


Nous nous sommes servis pour nos expériences d'extraits de poumons de 
lapins et de cobayes. 


Ces extraits furent préparés d’après la formule que le Dr Litchkowsky donne 
dans la thèse citée plus haut. 


Nous avions à notre disposition six sortes d'extraits, dont quatre furent 
dans les proportions suivantes : { gramme de poumon pour 10 de l’eau phy- 


siologique à NaCI avec 0,25 p. 100 de phénol. L’extrait 2 était à 1 p. 20et le 5 
à 1 p. 40. 


Les résultats de nos recherches que au mois d'octobre et de novembre 
1912 furent les suivants : 


I. — Sur dix-huit lapins nous avons constaté que les extraits de 
poumons des lapins normaux, préparés de telle facon qu'une partie de 
poumons exprimée était mélangée à dix parties de l’eau physiologique 
à NaCl et à 0,25 p. 100 de phénol, tuaient les lapins en cinquante ou 
cent vingt secondes, à condition d'introduire ces extraits dans la veine 
auriculaire à la dose de 0,1 p. 1000 grammes du poids de lapin. Des 
doses moindres (0,6-0,08 p. 1000 grammes du poids d'animal) provo- 
quent des phénomènes très graves ou une mort latente. 

I. — Sur dix autres lapins on avait vu que les mêmes extraits chauffés 
une demi-heure à la température de 56 degrés au bain-marie perdaient 


leur pouvoir toxique et ne tuaient pas les lapins même à la dose de 
0,15-0,7 ec. c. pour 1000 grammes d'animal. 


(4) M. Lytchkowsky. De l’hémophilie. Thèse de 1911. 
BioLoGie. CoMpTes RENDUS. — 1913, T. LXXV. 


ES 


46 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


III. — Sur onze lapins nous avons constaté que les extraits pulmo- 
naires qui ont perdu leur pouvoir toxique après chauffage à 56 degrés 
pendant une demi-heure redevenaient actifs et mortels pour les lapins 
à la dose de 0,1-0,95 c.c., si immédiatement avant l'injection on les 
mélangeait avec 0,2-0,3 c.c. p. 1000 grammes du poids d'animal de 
sérum normal de lapin. 


IV. — Des injections d'extraits chauffés une demi-heure à 56 degrés : 


et mélangés à du sérum normal de lapin également chauffé pendant une 


demi-heure à la température de 56 degrés et à la dose sûrement mor- 


telle pour le mélange non chauffé n’ont eu aucune action évidente sur : 


deux de nos lapins. 

V. — Sur sept lapins nous avons remarqué que le sérum des lapins 
même, pris dans la quantité de 0,3-0,7 c.c. p. 1000 grammes du poids 
d'animal et injecté dans les veines, ne provoquait aucune action 
évidente, même si on le mélange à une dose d'un extrait de poumon 


chauffé ne dépassant pas 0,05 c. c. p. 1000 grammes du poids d'animal. 


Une dose non mortelle de l'extrait chauffé (0,5 c. c. p. 1000 grammes) 
étant mélangée avec 0,05 c.c. de sérum de lapin s'était montrée mortelle 
pour un lapin dont le poids était de 2130 grammes. 

VI. — Le tableau de la mort des animaux en expérience portait dans 
tous nos cas à peu près le même caractère : au bout de vingt à qua- 
rante secondes survenait une sorte d'inquiétude, la respiration devenait 
difficile, les animaux titubaient: ils poussaient parfois des cris, faisaient 
des sauts, et on remarquait ensuite : chute sur le côté, opisthotonos et 
la mort. 

A l’autopsie, les poumons étaient atélectasiés; le cœur droit, la veine 
cave et la veine porte étaient remplis de caillots sanguins avec une 
toute petite quantité de sang liquide. L'’aorte, dans la plupart des cas, 
paraissait complètement thrombosée. Dans les intestins, on remarquait 


des phénomènes de stase. 


Conclusions. — 1° La mort, provoquée chez des animaux par l’injec- 


tion intraveineuse d'extraits actifs de poumon, doit s'expliquer par la 


rapide coagulation du sang dans les vaisseaux. 

2° Pour que telle action se produise, deux facteurs sont nécessaires : 
un thermostabile et l’autre thermolabile. Ces deux substances se trouvent 
dans les extraits frais de poumons de lapin. 

La présence de la deuxième substance (substance thermolabile) se 


constate facilement dans les sérums frais de lapins en les ajoutant aux. 


extraits chauffés de poumons qui, par cela même, deviennent actifs. 
3° Ni l’une ni l’autre substance ne doivent se trouver en quantité 
suffisante dans le sang circulant, puisque l'introduction dans la veine 
de l’une d'elles, et à la dose sûrement mortelle, ne tue pas l'animal. 
4° I] nous semble bien que la substance thermostabile doit corres- 


SÉANCE DU Â2 JUILLET % 


1 


pondre au « cytozyme de Bordet et de Delange » (4), et la substance 
thermolabile au « serozyme des mêmes auteurs ». 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Metchnikoff.) 


MITOCHONDRIES ET GRAISSE DÉCELABLE HISTOLOGIQUEMENT 
DANS LA CELLULE HÉPATIQUE, AU COURS DE RÉGIMES VARIÉS, 


par Fr. RarTuery et Ém.-F. TERROINE. 


Dans un travail antérieur (2), nous avons examinéles mitochondries ou 
granulations des cellules hépatiques du lapin soumis à des régimes 
variés. Il résultait de notre examen que les mitochondries n'offrent pas 
de changements appréciables, quelle que soit la nourriture de l'animal; 
elles semblent indépendantes de l'alimentation. Il était indiqué de 
reprendre la même étude sur le chien: Nous avons donc fait porter 
l'examen histologique sur les animaux qui, au cours des recherches 
systématiques poursuivies au laboratoire sur la teneur des org&nes en 
graisses et en lipoïdes, sont soumis à des régimes différents (3). Rappelons 
que ces recherches ont montré que la teneur du foie, comme celle des 
autres parenchymes, en acides gras fixes et en cholestérine oscille peu 
autour d’une valeur constante, valeur qui semble largement indépen- 
dante des états nutritifs (inanition, suralimentation). En particulier, la 
suralimentation à l’aide de matières grasses ou de lécithine ne la fait 
pas varier. Nous avons recherché s'il existait un parallélisme entre les 
résultats de l'analyse chimique et de l'examen histologique. 


I. — Aspect’ des mitochondries. Nous avons recherché et examiné les 
mitochondries, chez des animaux normaux pris au hasard. Les mito- 
chondries du chien apparaissent sous forme de bâtonnets trapus, volu- 
mineux, de dimensions différentes dans une même cellule : tantôt ce 
sont des granulations un peu allongées, tantôt de véritables bätonnets. 
Ces formations sont extrêmement abondantes dans la cellule hépa- 
tique normale du chien: elles sont plus volumineuses, plus épaisses 
que chez le lapin. Elles se colorent électivement en rouge par la colo- 
ration de Galeotti. 

À. — Nous avons examiné des chiens soit en état de jeûne, soil en 
pleine digestion : Les mitochondries ne présentent aucune modification, 
ni de nombre, ni de forme, ni de volume, au cours de la digestion; 


) Annales de l'Institut Pasteur, n°° 9 et 10 de 1912. 
) Ces Comptes rendus, t. LXVIIE, mars 1910. 
3) V. notamment, Journ. de Physiol., t. XV, n°3; mai 1913, p. 549-563. 


18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


celle-ci ne semble donc pas influer notablement sur ces formations. 

B. — Nous avons ensuite fait porter nos recherches sur des chiens 
suralimentés, la suralimentation étant effectuée au moyen d'aliments 
différents : 

1° Protéiques et hydrocarbonés : Un chien de 6 kilogrammes recoit 
quotidiennement, pendant vingt-six jours, 500 grammes de viande de 
cheval crue, 50 grammes de riz bouilli, 140 grammes de sucre. 

2° Graisses : Les chiens (12 kilogrammes) ingèrent tous les jours, l’un 
pendant vingt-six jours, le second pendant soixante jours, une soupe 
composée de pain, de 250 grammes de viande de cheval et de 
250 grammes de graisse (veau, porc, cheval). 

3° Graisses et lécithine : Un chien de 7 kilogrammes recoit pendant 
vingt et un jours la même ration de pain et de viande que les précédents 
et, en plus, douze jaunes d’œuf par jour. 

Tous ces animaux présentent des mitochondries normales; dans la 
suralimentation grasse, on a parfois trouvé des mitochondries plus abon- 
dantes et colorées en rose violacé. 

C. — Enfin nous avons examiné les organes de chiens soumis à une 
inanition prolongée, vingt-six et soixante-huit jours. Les formations 
mitochondriales semblent modifiées surtout dans l’inanition très pro- 
longée; la cellule hépatique paraît constituée par ses granulations volu- 
mineuses, sans bàätonnets, irrégulières, nullement comparables aux 
granulations mitochondriales normales et se colorant intensément par 
la fuchsine. Il se surajoule certainement des lésions de la cellule hépa- 
tique constituée par places par de l’homogénéisation. 


Il. — Graisse décelable par l’acide osmique. — La cellule hépatique 
normale ne présente pas d’une façon conslante des granulations colorées 
en noir par l'acide osmique. On trouve seulement dans certaines cellules 
de petites granulations noires très fines, peu abondantes et variables. 

Chez les animaux en digestion ou soumis à la suralimentation grasse, 
on constate quelquefois des modifications. Les granulations noires 
peuvent devenir plus abondantes ; cependant il est à noter que la diffé- 
rence est toujours peu marquée. Même chez l'animal ayant ingéré des 
corps gras surabondamment pendant soixante jours, il n’y a que peu de. 
granulations grasses. 

Au contraire, chez le chien dont l’inanition a duré soixante-huit jours 
et qui a été sacrifié dans la période préagonique, la quantité de graisse 
histologiquement décelable était considérable; elle se présentait sous 
deux formes : soit sous celle de grosses masses occupant presque toute 
la cellule, soit sous celle de fines granulations. D'ailleurs, dans certaines 
cellules, les formations mitochondriales ayant subi l'homogénéisation 
prennent une coloration rouge violacée intense ; il devient alors difficile 
de les distinguer des amas graisseux. 


SÉANCE DU A2 JUILLET 49 


Si l'on compare les résultats de l'examen histologique à ceux de 
l'analyse chimique, on constate que lorsque la teneur du foie de chien 
- en acides gras fixes ne s’écarte pas de sa valeur normale, que son indice 

lipocytique est normal (10,5 p. 100 du poids sec) (1), il n'y a ni graisse 
_histologiquement décelable, ni varialion des mitochondries. 

Dans tous les cas où des gouttelettes abondantes de graisse ont 
apparu, le taux des acides gras, l'indice lipocytique étaient plus élevés 
que la normale; la quantité de graisse histologiquement décelable est 
d'autant plus grande que cet indice est plus élevé. 


EÉTHOLOGIE ET PUPATION CHEZ LES DIPTÈRES PUPIPARES ET LES OESTRIDES, 


par E. Massonxar et C. VANEY. 


Au cours de nos études sur les Diptères pupipares et les OEstrides 
nous avons essayé d'obtenir des imagos par des élevages artificiels de 
larves. Ces élevages ne réussissent pas toujours et présentent parfois de 
grandes difficultés. 

Parmi les Diptères pupipares, les larves de Melophagus ovinus L. et 
d'Hippobosca equina L., rejetées avant leur complète maturité, restent 
blanches et ne subissent qu'une évolution incomplète n’aboutissant 
jamais à des adultes. Cette ponte prématurée de larve immature peut 
être provoquée artificiellement en comprimant légèrement l’abdomen 
des femelles en état de gestation avancée. Quels que soient la grosseur 
et l’état de ces larves prématurément pondues, elles restent toujours 
blanches et ne continuent pas à se développer, tandis que les larves, 
pondues normalement, brunissent dans l’espace de deux à trois heures. 
Les larves de ces Diptères pupipares ne peuvent donc évoluer que si 
elles ont atteint leur complète maturation à l’intérieur de l'utérus 
maternel et si elles y sont restées incluses jusqu'au début de la 
nymphose. 

Des faits assez comparables s'observent chez l’Æypoderma bovis de Geer. 
Les larves nous ayant fourni des adultes ont été exclusivement celles 
qui étaient sorties naturellement de la peau de l'hôte. Pour évoluer 
normalement la larve d'Hypoderma bovis doit donc rester parasite jus- 
qu'au moment de son entrée en pupation. 

Il n’en est plus de même des larves de deux autres OEstrides : le 
Gastrophilus equi Fabr. et l'Œstrus ovis L. En juin-juillet, un grand 
nombre de larves détachées soit de l'estomac du Cheval, soit des fosses 
nasales du Mouton, peuvent rester un à trois jours sur des milieux non 


(4) Journ. de Physiol. et Path. génér., t. XV, mai 1913. 


50 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


nutritifs où elles achèvent leur maturation; elles entrent ensuite en 
pupation et donnent facilement des adultes. Cette maturation hors 
de l'hôte, chez ces CEstrides, tient à ce que leurs larves ont un parasi- 
tisme moins accentué que celles de l'Hypoderme du bœuf. L'adaptation 
plus ou moins grande au parasitisme se traduit d’ailleurs dans Ja 
mobilité de la larve avant la pupation. 

Le dernier stade larvaire de l'Hypoderme fournit une larve essentiel- 
lement sédentaire qui ne présente que des mouvements excessivement 
restreints. Lorsque cette larve est arrivée à complète maturité, elle. 
élargit l'ouverture de la peau et tombe sur le sol. Elle noircit alors 
presque immédiatement et, en même temps, elle offre quelques mouve- 
ments de lorsion sur elle-même; puis en une période de deux heures 
elle se transforme en une pupe rigide. 

Avant d'entrer en pupation, la larve du Gastrophilus equi subit quel- 
ques déplacements : déposée sur de la terre meuble, riche en humus, 
elle s’y enfonce en partie. Elle est done plus mobile que la larve de l'Hy- 
poderme; mais elle est beaucoup moins active que la larve de l’OEstre 
du mouton qui peut même s'échapper du cristallisoir qui la renferme. 

La mobilité de la larve de ces OEstrides avant la pupation paraît être 
fonction du parasitisme. Elle est très grande chez l'(Æstrus ovis qui est 
un CEstride cavicole logé dans les fosses nasales ; eile est faible chez le 
(rastrophilus equi, OEstride gastricole fixé dans une partie de l'estomac 
du Cheval, et elle est presque nulle chez l’#ypoderma bovis dont la larve, 
après avoir traversé la paroi intestinale, chemine dans Le corps de l’hôte 
et vient se localiser dans la peau de Ïa région lombaire du Bovidé. 

Chez les Diptères larvipares, la mobilité de la larve avant la pupation 
paraît être également fonction du degré de larviparité. C’est ainsi que 
d'après Roubaud (1), chez Glossina palpalis R. Desv., la larve qui vient 
d'être pondue subit des déplacements très marqués, tandis que, chez le 
Melophaqus ovinus et l'Hippobosca equina, les larves pondues sont 
complètement immobiles; celles-ci n'ont d'ailleurs aucun muséle 
permettant la progression et les seuls muscles de la paroi de leur corps 
sont dorso-ventraux et servent exclusivement à la respiration. 

En résumé, dans ces deux groupes de Diptères, on constate que chez 
la forme la plus parasite (/ypoderma bovis) et chez les formes les plus 
larvipares (Melophaqus, Hippobosca), les larves ne peuvent entrer en 
pupation et continuer leur développement que si elles ont atteint leur 
complète maturation, soit dans leur hôte, soit dans l’utérus maternel; 
elles ne présentent à ce moment que des mouvements fort limités et 
même nuls. Il y a là des phénomènes de convergence qui tiennent à ce 
que les conditions de vie des larves sont à peu près identiques : La larwvi- 


(1) E. Roubaud. La Glossina palpalis, sa biologie, son rôle dans l’étiologie 
des Trypanosomiases, 1909. 


SÉANCE DU 12 JUILLET 51 


parité, en effet, peut être considérée comme une sorte de parasitisme 
aux dépens de l'individu maternel provoquant chez celui-ci des modifi- 
cations anatomiques très importantes qui assurent la respiration et la 
nutrition des larves. 

Chez ces Diptères, la durée de la pupation est fonction de la tempé- 
rature. Pour Æippobosca equina, elle varie de 28 à 35 jours à une tem- 
pérature moyenne de 20 à 21 degrés; maintenues dans une étuve à 
35 degrés, ces pupes évoluent en 25 jours; tandis qu'une pupe trans- 
formée en août au Mont Pilat, à 700 mètres d'altitude, a mis 50 jours 
pour évoluer. L'ÜÆstrus ovis subit sa métamorphose en 27-29 jours à 
une température constante de 35 degrés. 

L’Aypoderma bovis, qui se trouve, pendant toute sa période larvaire, 
dans des conditions de température bien constante et de nutrition 
abondante, présente malgré cela d'assez grandes variations individuelles; 
en effet, des pupes, qui proviennent d'un même hôte, placées dans des 
conditions identiques, se développent en un temps variant de 20 à 
26 jours pour une température moyenne de 20 degrés. 


CARDIOGRAPHE A TRACTION ET A INSCRIPTION HORIZONTALE, 


par A. RicnauD et C. PEzzI. 


Pour l'inscription des contractions cardiaques de la grenouille deux 
méthodes sont en présence. L’une, utilisée surtout à l'étranger et 
connue sous le nom de méthode de la suspension (Engelmann), consiste 
dans l'emploi d'un petit crochet fixé dans la paroi ventriculaire et relié 
par un fil à un levier inscripteur. Les mouÿements du cœur transmis 
au levier s'inscrivent sur un cylindre vertical. En France, par contre, 
on utilise généralement la pince cardiaque de Marey et les contractions 
cardiaques s’inserivent sur un cylindre horizontal. Mais cet appareil 
présente quelques inconvénients, surtout dans des recherches ayant 
pour but de déterminer l'action pharmacodynamique de certaines 
substances. En effet, sans parler de la facilité avec laquelle le cœur 
s'échappe des euillerons, la pince de Marey inscrit non seulement les 
modifications de force du cœur, mais aussi les modifications de volume. 
Il peut donc arriver que, dans l'appréciation de l’action pharmacodyna- 
mique d’une drogue déterminée, les modifications de volume du cœur, 
se traduisant par une amplification du tracé, en imposent pour une 
action cardio-tonique qui, en réalité, ne s’est pas manifestée. Nous 
avons donc pensé qu'il y aurait intérêt, tout en conservant le principe 
de la méthode de la suspension, par laquelle on a exclusivement les 
modifications de force du cœur, à employer un dispositif permettant 


SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


O3 
LC 


l'inscription horizontale au lieu de l'inscription verticale. L'inscription 
horizontale présente, en effet, plusieurs avantages (facilité de contrôle 
de l'inscription, diminution de l’inertie du levier, montage plus facile 
de l’expérience...). Dans ce but, nous avons fait construire par G. 
Boulitte (1) le cardiographe représenté sur la figure 1 et dont les carac - 
téristiques sont les suivantes : 

L'appareil inscrit les contractions cardiaques par traction. Il est 


Î n: we 


FiG. 1. — Cardiographe à traction et à inscription horizontale. 


constitué par un levier avec style inscripteur actionné par un 6l relié à 
la pointe du cœur par l'intermédiaire d'une serre-fine ; la force antago- 
niste est fournie par un poids (poids de 10 grammes habituellement) 
agissant sur le levier par l'intermédiaire d’un fil qui s'enroule sur une 
petite poulie concentrique à l'axe de rotation du système. Le fil de 
traction passe sur une poulie très mobile P qui lui permet d'agir sur 
le levier inscripteur parallèlement au plan d'oscillation de celui-ci et sur 
le cœur dans une direction verticale. Cette dernière peut, d'ailleurs, 


(4) G. Boulitte, 7, rue Linné, à Paris. 


SÉANCE DU Â2 JUILLET 


O6 
we) 


être modifiée à volonté, tout le système étant coulissant dans le tube 
_accolé à la virole servant à le fixer. L’amplitude des tracés peut être 
choisie au gré de l’expérimentateur, car l’appareil est à sensibilité 
variable. Le point d'attache du fil au levier se trouve, en effet, sur le 
curseur C qui peut être déplacé sur le levier; d'autre part, la poulie P 
étant montée sur un support à coulisse T peut toujours être amenée en 
face du dit curseur. Le fil de traction antagoniste passe sur un 
galet S et traverse le tube R dans toute sa longueur pour venir actionner 


F16. 2, — Tracés recueillis sur deux grenouilles à des vitesses différentes ; 
a, soulèvement dû à la systole de l'oreillette. 


le levier. De cette manière il est complètement protégé dans son 
parcours horizontal et ne peut occasionner aucune gêne dans les opéra- 
tions préalables de réglage pendant le montage de l'expérience. 


A titre d'exemple, nous reproduisons (fig. 2) deux tracés normaux 
pris sur deux grenouilles rousses. Le tracé inférieur montre très nette- 
ment sur la partie enregistrée à grande vitesse un soulèvement (a) dû à 
la contraction auriculaire. Ajoutons que ce pelit appareil peut également 
servir pour l'inscription des contractions cardiaques dans les expériences 
sur le cœur isolé de mammifère. 


(Laboratoire de Physiologie, Faculté de Médecine de Paris.) 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


© 
re 


UN CAS DE RÉACTION LOCALE PRÉCOCE 
AU COURS DE VACCINATION ANTIGONOCOCCIQUE, 


par M. BrouGaToN-ALcocx et A. TzANCK. 


Les réactions que nous observons d'habitude au cours de la vaccina- 
tion microbienne ne surviennent guère avant les quatre premières 
heures; le cas présent mérite, pensons-nous, d’être signalé, en raison 
de la précocité surprenante de la réaction locale et de l'intensité excep- 
tionnelle de cette réaction. 


OBSERVATION. — Jeune homme de 26 ans, venu consulter dans le service 
du D’ Darier, à l'hôpital Saint-Louis, pour une orchite umilatérale, datant de 
quinze jours. [Il avait présenté un écoulement blennorragique pendant 
un mois; cet écoulement s'était tari huit jours après l'apparition de l’orchite. 
Le malade ne fut pas hospitalisé, on lui recommanda de porter un suspensoir 
et il fut soumis au seul traitement de la vaccination. 

Nous devons donner ici quelques détails sur les doses et les de du 
traitement. 

Le 14 mai, le malade recoit, dans le tissu cellulaire sous-cutané, 1/2 c. c. 
d'une culture de cinq espèces de gonocoques (culture datant de 48 heures, 
sensibilisée avec un sérum spécifique de cheval, selon la méthode de 
Besredka et diluée dans 10 c.c. d’eau physiologique); résultat : 17 mai, 
réaction locale légère, l’orchite est moins douloureuse et diminuée de 
volume. On répète la même dose; résultat : 19 mai, pas de réaction, plus de 
douleur, la diminution de volume s'accentue. On fait une injection de 2 c.c. 
d'un vaccin analogue mais non sensibilisé; résullat : 21 mai, réaction locale 
légère. On injecte alors 1 c.c. 3/4 d’une culture d’un gonocoque qui pousse 
sur gélose ordinaire sans peptone préparée comme vacéin de la même façon 
que précédemment; résultat : 24 mai, pas de réaction, état local stationnaire; 
on injecte 1 c. c. du même vaccin; résultat : 26 mai, SAuRes Ge évidente de 
volume du testicule (1). On injecte cette fois 2 c.c. 1/2 du même vaccin; 
nous étions alors à treize jours de la première injection et c'était la dernière 
que nous avions l'intention de faire à ce malade. L’injection faite à 11 heures 
avait été poussée dans le lissu cellulaire sous-cutané à la hauteur du nombril, 
et juste sur le bord externe du grand droit. 

Le malade signale qu’une douleur vive a commencé très peu-après et a 
progressé jusqu'à midi et demi, au point qu'il ne pouvait plus se tenir 
debout. Vers quatre heures il se présente à l'hôpital dans un état suffisam- 
ment alarmant pour que nous ayons jugé prudent de l'hospitaliser. La 
douleur était intense au point de gêner la respiration. Le malade était très 
pâle, angoissé, couvert de sueurs froides, le pouls était petit, rapide, la tem- 
pérature à atteint 38° 3. La nuit fut relativement bonne et le lendemain 


(4) L'un de nous a déjà insisté sur ce fait dans une autre communicalion, 
séance du 15 mars 1913. 


SÉANCE DU 12 JUILLET 55 


matin, le malade était complètement rétabli, la température était normale. 
Le malade nous dit qu'au siège de l'inoculation la région avait augmenté et 
rougi progressivement et demeurait encore extrêmement douloureuse, attei- 
gnant un diamètre de 15 à 20 centimètres, une heure après l'injection, et 
augmentant jusqu'à huit heures du soir, au point d’atteindre un diamètre de 
près de 30 centimètres. Le lendemain matin, à l'examen, le diamètre n'avait 
pas diminué, mais la douleur était beaucoup moins intense. 

D'autre part, le testicule et l’épididyme étaient revenus à leurs dimensions 
normales comme si la réaction locale avait produit une dérivation inflam- 
matoire. 


Nous devons faire remarquer que, sur cinquante cas de la même 
maladie lraités par des méthodes à peu près semblables, jamais nous 
n'avons vu une résorption complèle aussi rapide. S 

Nous nous sommes servis du même vaccin pour d’autres malades, ce 
qui élimine l'idée d'une infection de ce vaccin; et dans ce cas, d’ailleurs, 
rien n'expliquerait la précocité de la réaction. | 

Comment interpréter ces accidents? 

Nous ne pensons pas que l’on soit en présence d'un phénomène 
anaphylactique local ou général. Toujours est-il que ces phénomènes 
ont coïncidé avec l'amélioration rapide de la maladie. 


(Laboratoire du professeur Metchnikoff, à l'Institut Pasteur, 
et du D* Darier, à l'hôpital Saint-Louis.) 


SUR LA DIFFÉRENCIATION, EN OVULES DÉFINITIFS ET EN CELLULES 
VITELLOGÈNES, DES OOCYTES CONTENUS DANS L'OVAIRE DES COLLEMBOLES 


(Première réponse à MM. Wicrem et pbE WINTER), 


par-AÀ. LÉCAILLON. 


Chez les Collemboles, qui sont les insectes les moins élevés en organi- 
sation, on rencontre, dans l'ovaire, des ovules proprement dits et des 
cellules vitellogènes. Ces derniers éléments élaborent des matériaux 
nutritifs servant à l'alimentation des ovules, puis se dissolvent complè- 
tement avant la maturité complète de ceux-ci. J'ai décrit, avec délail, 
dans un mémoire publié en 1901 (1), l'évolution complète de l'ovaire et 
des éléments cellulaires que cet organe renferme. , 

L'une des conclusions principales de mon travail fut que, dans un 
mémoire sur les Collemboles publié, en 1900, par Willem, il avait été 
fait une confusion entre les ovules véritables et les cellules vitellogènes, 


(1) Recherches sur l'ovaire des Collemboles (Arch. d'anat. micr., t. IV, 1901). 


56 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


de sorte que la théorie de l’ovogenèse chez les insectes inférieurs, 
qu'avait proposée l’auteur belge, tombait d'elle-même (1). 

Dans un travail récent fait au laboratoire du professeur Willem, un 
étudiant en médecine, L. de Winter, a donné une explication du méca- 
nisme suivant lequel, d’après lui, certains oocyles évolueraient pour 
donner les ovules définitifs, tandis que certains autres se transforme- 
raient en cellules vitellogènes (2). D’après l'étudiant belge, les oocytes se 
transformeraient en ovules définitifs quandils sont placés contre la paroi 
- dela poche ovarienne, tandis qu'ils deviendraient des cellules vitellogènes 
quand ils restent dans la région centrale de celle-ci. Dans le premier 
cas ils ne sont séparés du sang de l'animal que par la paroi de l'ovaire, 
tandis que dans le second ils sont moins favorablement placés BOSEE se 
nourrir. 

C'est donc purement une question de nutrition plus ou moins facile 
qui déterminerait le sort définitif des oocytes, lesquels seraient, jusqu'à 
un stade avancé, capables de donner soit des ovules définitifs, soit des 
cellules vittellogènes. 

Voici les raisons, basées sur mes observations, qui ne permettent pas 
d'admettre l'hypothèse émise par de Winter et acceptée par Willem : 

4° Si la position des oocytes contre la paroi ovarienne décidait du 
sort final de ceux-ci, on ne devrait trouver, contre ladite paroi, aucune 
cellule vitellogène. Or, on observe le contraire, et les figures mêmes 
données dans le travail de de Winter le démontrent. 

2° On ne devrait de même trouver aucun ovule définitif à l’intérieur 
de la poche ovarienne. Or, c’est le contraire qui est vrai. 

3° Quand la poche ovarienne est adossée sur une partie de son 
étendue contre le tube-digestif, on ne devrait trouver, dans cette région, 
aucun ovule définitif, puisque le sang ne baigne pas directement, à 
ce niveau, la paroi ovarienne. Or, Willem et de Winter ont donné eux- 
mêmes des figures qui prouvent qu'il en est autrement. 

4° Il est enfin une autre preuve qui, à elle seule, est suffisamment 


(1) Willem ne se rallia pas immédiatement à ma manière de voir. Dans une 
lettre qu’il m'écrivit le 30 juin 1901, il m'annonça qu'il se proposait de faire 
de nouvelles recherches sur la question. Le 2 mai 1913, soit douze ans plus 
tard, je reçus une nouvelle lettre dans laquelle l’auteur belge m'informait qu'il 
avait « abandonné depuis longtemps la manière de voir extraordinaire » qu'il 
avait défendue, mais qu'avec de Winter, son élève, dont il m’envoyait le 
mémoire, il se séparait de moi sur certains points d'importance moindre. En 
réalité, le mémoire de de Winter consiste avant tout en une critique acerbe 
et outrée (à diverses reprises l’auteur m'accuse d'être de parti pris et d'avoir 
des idées préconçues) du travail dans lequel j'ai démontré l’inexactitude des 
faits sur lesquels Willem avait basé sa théorie de l’ovogenèse. 

(2) Etudes sur l’ovogenèse chez les podures, par L. de Winter (Arch. de 
Biologie, 1913). 


SÉANCE DU 12 JUILLET 57 


démonstralive, et qui rend complètement insoutenable l'hypothèse de 
MM. Willem et de Winter. Les oocytes définitifs et les cellules vitello- 
gènes sont différenciés beaucoup plus tôt que ne le croient les deux 
auteurs belges. Peu après le stade synapsis, des différences précises se 
montrent, au point de vue cytologique, entre les deux sortes d'éléments, 
ainsi que je l’ai décrit avec détail dans mon mémoire de 1901. Il est vrai 
que MM. Willem et de Winter n'ont pas réussi à voir les différences 
caractéristiques dont il s’agit, mais, comme j'ai suivi l'évolution des 
ovules tout aussi bien que des cellules vitellogènes depuis ces stades 
précoces jusqu’à la fin des transformations que subissent ces éléments, 
je suis en mesure d'affirmer, sans aucune restriction, que ma description 
de 1901 est rigoureusement exacte. A ce sujet, de Winter écrit dans son 
mémoire que « ce n’est pas dans des phénomènes nucléaires d’origine 
inconnue, sorte de prédestination mystérieuse, qu'il faut voir la cause de 
l’évolution des oocytes en ovules ». A cela, il suffit de répondre que 
l'aspect très différent des noyaux — et, d’ailleurs, des cytoplasmas — 
des ovules d’une part, et des cellules vitellogènes d'autre part, qu'il soit 
actuellement explicable ou non, n’en suffit pas moins à prouver qu'il 
s'agit là de deux sortes d'éléments cellulaires distincts. 

En résumé, je conclus que le moment de la différenciation des oocytes 
de l'ovaire des Collemboles en ovules définitifs et en cellules vitellogènes 
est bien celui que j'ai indiqué, il y a douze ans, et que la question de 
nutrition plus ou moins facile de ces oocytes, n'intervient en aucune 
manière dans le mécanisme de cette différenciation. 


APPAREIL POUR L'EXTRACTION DE L'OXYDE DE CARBONE DU SANG. 
APPLICATIONS, 


par MAURICE NICLoUx. 


L'appareil (1) très simple que je vais décrire permet une extraction 
rapide et complète de l’oxyde de carbone du sang et évite ainsi l'emploi 
de la pompe à mercure. En voici tout d’abord la description et le 


fonctionnement. 
Description. — Un ballon à long col A, de 200, 100 ou 40 c.c., suivant le 


volume de sang à analyser, est fermé par un bouchon rodé creux, traversé 
par le tube { qui pénètre jusqu’au fond du ballon et terminé à sa parle 


(1) Leune, constructeur, 28 bis, rue du Cardinal-Lemoine, Paris. L'appareil 
a fonctionné devant les membres de la Société de Biologie, dans la salle 
attenante à celle des séances, le 5 juillet 1913 (séance précédente.) 


58 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


supérieure par le tube {’. Chacun de ces tubes est muni d’un robinet R et R'’ 
et porte, le premier un appendice rodé, le second un renflement également 
rodé auxquels s'adaptent respectivement une éprouvette E et une tulipe C; 
à cette tulipe, que l’on peut remplir d’eau, aboutit la partie supérieure s du 
tube #’. Un manchon M, dans lequel circule un courant d’eau froide, entoure 
le col de l'appareil, il sert de réfrigérant et forme fermeture hydraulique 
autour du bouchon. 

Le ballon de 200 c.c. convient pour les analyses de 25, 20 et 15 c. c. de sang, 
celui de 100 c.c, pour les analyses de 10 et 
5 c.c., celui de 40 c.c. pour les quantités infé- 
rieures. 

Fonctionnement. — Nous supposerons, ce qui 
sera le cas le plus ordinaire, que l'analyse se fait 
sur 25 c.c. de sang. 

Dans le ballon A (de 200 c.c.) on introduit 
40 c.c. d'acide phosphorique à 45° B. (1 fois 1/2 
le volume du sang environ) et 25 c.c. (le volume 
du sang) d’eau distillée, on agite. On dispose le 
réfrigérant sur sa bague de caoutchouc et on 
ferme le ballon avec son bouchon en ayant 
soin : de remplir le tube { d’eau distillée, de 
fermer le robinet R. d'ouvie le robinet R'. On 
plonge l'appareil aux deux tiers dans un bain de 
chlorure de calcium à 110 degrés (1), on fait 
fonctionner le réfrigérant. Le robinet R' étant 
ouvert comme il vient d’être dit, on fait le vide 
au moyen d'une trompe à eau reliée à la partie 
supérieure s du tube {’. L’acide phosphorique 
étendu entre en ébullition immédiatement, et 
en quelques secondes le vide est fait, on ferme 
le robinet R' et on introduit de l'eau dans le 
renflement supérieur du tube #". | 

L'éprouvette E, étant adaptée à son rodage, on 
y introduit le sang mesuré à la pipette, puis on 
ouvre très doucement le robinet R, le sang entre 
alors lentement dans le ballon et donne une mousse extrêmement abondante 
dont on ne se préoccupe pas, du moins à cet instant; l'introduction du sang 
faite, on lave l'éprouvette E et le tube £ avec 15 c.c. d’eau distiilée en trois fois. 

Le sang dès qu'il est au contact de l'acide phosphorique abandonne son 
oxyde de carbone, le pigment et la matière albuminoïde sont en même 
temps, en partie dissous, en partie précipités, à l’état d’un coagulum d'une 
finesse extrême (2); la mousse qui envahissait tout l'appareil tombe presque 


(1) Ce bain est préférable à l’eau ordinaire : 1° il n’émet pas de vapeur ; 
2° la température de 110 (au lieu de 100) fait tomber la mousse plus aisément. 

(2) Dans quelques cas fort rares, j'ai eu à traiter des échantillons de sang de 
porc qui ont fourni un th partiel, à la vérité peu abondant, qui n’a 
d’ailleurs pas gêné l'analyse ultérieure. 


SÉANCE DU 1Â2 JUILLET 59 


tout de suite dans le ballon mais subsiste dans le col. Après sepl à huit minutes, 
on retire le ballon du bain, on le refroiïdit légèrement par un jet de pissette, 
on adapte un tube à entonnoir à l'ouverture s (entouré de sa tulipe), on le 
remplit d’eau distillée bouillie (10 à 15 c. c.) très chaude et on ouvre brusque- 
ment le robinet R', en le refermant aussitôt pour éviter l'entrée de l’air; l’eau 
‘aspirée violemment dans le col entraîne la mousse jusque dans le ballon où, 
par une immersion dans le bain de chlorure de calcium, elle disparaît en 
quelques instants. On répète la manœuvre deux ou trois fois si c'est néces- 
saire. Dès lors le col du ballon est parfaitement indemne de mousse et l’ébul- 
lition se poursuit tranquillement; on la maintient de telle facon que la totalité 
des opérations demande 15 à 20 minutes. On retire alors le ballon du 
bain de chlorure de calcium, on le refroidit comme plus haut et on y fait 
arriver doucement par le robinet R, grâce à l’éprouvette E, de l’eau distillée 
bouillie chaude ou très chaude. L’eau pénètre tant qu'il subsiste un vide par- 
tiel; à un moment donné elle ne s'écoule plus et le gaz se trouve alors empri- 
sonné à la partie supérieure du col; on ouvre alors le robinet R'et, sur la 
tulipe servant de cuve à eau, on recueille le gaz dans une cloche appropriée 
pour en faire ensuite l’analyse (1). 


RÉSULTATS. — Voici maintenant le tableau des résultats de trois séries 
d'expériences de contrôle destinées à éprouver cette méthode : 


À. — Comparativement avec la pompe. 

B. — Pour des quantités de sang oxycarboné de 20,15,10et5 ce. c. 

C. — Pour des quantités de sang oxycarboné de 20, 15,5 c.c. auxquels 
on ajoutait respectivement 5, 10, 20 c.c. de sang normal pour obtenir 
un volume toujours le même de 25 c.c. 


Ces résultats sont, comme on va le voir, d’une exactitude telle qu'il 
est absolument inutile d’en faire le moindre commentaire (tous les 


volumes d'oxyde de carbone sont exprimés en c. c.). 


| Hé . 
À.— Comparaison avec la pompe. 


OXYDE DE CARBONE 
à 0 et 760, p. 100 c.c. de différents échantillons de sang. 
CE 


Pompe. : Appareil. 
DO OP RE EE cure ere cite 21,65 
DORO DR TS A RE D et 19,6 
DOTO DT TUE AU à re masi al Pret 410,00 
DA De ME ane tele et ep 21,6 
ADO NN PERRET FR de 24;1 
22,03. 21,8 


(4) On se débarrasse de CO? par la potasse et on effectue sur le résidu une 
analyse eudiométrique avec l’eudiomètre simplifié de Gréhant; c'est du moins 
ce que je conseille; on peut faire aussi l'analyse par absorption (Cu*°CF acide) 
en prenant les précautions d'usage. Je tiens à faire remarquer qu'une petite 

rentrée éventuelle d'air ne compromettrait en rien l'analyse. 


[4 


60 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


B. — Quantités de sang inférieures à 25 c. c. 


OXYDE DE CARBONE A 0 ET 160 
ER EE CE 


Théorique. ‘Trouvé. 

Sur, 20 cc. 4,39 4,32 

Même échantillon de sang Sur 15 — 3,29 3,31 
a21%C.c.108 de COLp100c:c. Sur 10 — 2,495 2475 
Sur à — 1,097 1,103 

Echantillon à 19,4 p. 100. Sur 5 — 0,910 0,971 


— Sang oxycarboné dilué par du sang normal. 


SANG OXYCARBONÉ CO THÉORIQUE RE 
SANG ee  — —* ne CO TROUVÉ 
normal. Volume. Teneur en CO Quantité P. 100 c.c. du p. 100 c.c. 
pi100rc:c: absolue. mélange de sang. 
HACNC, 20: C:C: 20,85 4,17 16,68 16,85 
15 — 10 — 20,85 2,085 8,34 5.31 
20 — D — 19,25 0,9625 3,8 919 
Applications. — Elles sont de deux ordres: 


1° L'appareil peut convenir à l'extraction de tout gaz, peu soluble 
dans l’eau, dégagé par la réaction de deux substances l’une sur l’autre. 

2° Au point de vue particulier de l'extraction de l’oxyde de carbone 
du sang, cet appareil permettra de déterminer aisément le coefficient 
d'empoisonnement (1) dans l'intoxication mortelle oxycarbonique. 
J'ajoute que, pour ce cas spécial, ma méthode présenterail une petite 
erreur systématique en moins par rapport à la pompe, — on a vu qu’elle 
est si faible que, dans certains cas, elle est de l'ordre des erreurs d’expé- 
riences ; —— cela n'aurait aucun inconvénient, car cette petite erreur 
influerait les deux termes du rapport. D'ailleurs les analyses de la 
série G sont en définitive des mesures de coefficient d'empoisonnement 
qui, théoriquement, étaient de 


An Qri— - == A me 

20,85 — 08 20,85 — 0» 19,75 0,2 
et pour lesquelles l'expérience a donné 

16,85 Re 8,31 | 8,79 

90.85 — 081 5g.88 — 039% j9.75 — 0,19, 


résultats qui sont très salisfaisants. 


(1) Rapport de la quantité d'oxyde de carbone contenu dans le saug à la 
quantité que ce même sang peut absorber lorsqu'il est saturé. Voir pour 
plus de détails V. Balthazard et Maurice Nicloux. Coefficient d'empoisonne- 
ment dans l'intoxication mortelle oxycarbonique chez l'homme. Comptes 
rencus de l’Acad. des Sciences, 1911, t. CLII, p. 1787. 


SEANCE DU À2 JUILLET 64 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA FLORE BACTÉRIENNE 
DES INFECTIONS UTÉRINES, 


par D.-M. BerTRanD et Mie BRONISLAWA FEIGIN. 


Au cours des recherches que nous avons entreprises sur la flore micro- 
bienne dans les infections de l'utérus, nous avons, les prélèvements 
étant faits dans des conditions rigoureuses d’asepsie que nous avons 
données précédemment (1), dans quatre cas trouvé à l'état pur une 
bactérie qui, au simple examen microscopique, ressemblait à un 2. coli 
de petite taille. Or, au cours des déjà très nombreux examens que nous 
avons faits jusqu'à présent, il nous a été presque impossible de trouver 
une espèce bactérienne qui puisse rentrer dans ce groupe. 

Le microbe que nous avons isolé dans ces quatre cas est un cocco- 
bacille qui ne prend pas le Gram, ses dimensions varient deu à 13 
sur 0 4 4 à 0 L6; il est très mobile, sauf dans un des quatre échantillons 
où la mobilité n’était pas très grande. 

Les cultures sur gélose sans peptone poussent lrès rapidement, 
donnant en vingt-quatre heures, à 37 degrés, des colonies blanches, 
légèrement transparentes et très régulièrement arrondies ; le milieu de 
culture présente dans toute son épaisseur une coloration vert elair qui 
ne fonce jamais et qui, au contraire, s’affaiblit lorsqu'on laisse les tubes 
à la température du laboratoire pendant plusieurs jours. 

Dans la gélatine en piqüre, il pousse à la partie supérieure, donnant 
une coloration verte au milieu sur une hauteur de deux centimètres 
environ; la gélatine n'est pas liquéfiée. 

Le lait tournesolé est alcalin après une semaine, il n'y a ni coagu- 
lation, ni attaque de la caséine. 

Sur pomme de terre glycérinée, il pousse abondamment, donnantune 
culture variant du café au lait au brun, grasse, d'aspect vernissé. La 
glycérine qui se trouve dans le culot est très trouble et présente une 
belle coloration verte, et à sa surface se trouve un voile plus ou moins 
épais. 

Le bouillon est uniformément troublé avec une collerette adhérente 
aux parois du tube. 

Nous l’avons ensuite étudié dans les sucres et alcools polyatomiques 
suivants, glucose, glycérine, galactose, lactose, saccharose, maltose, man- 
nite, dulcite et érythrite ; trois échantillons n'avaient d'action que sur le 
glucose et le galactose ; un autre morphologiquement le même, ayant les 
mêmes caractères culturaux, faisait, en plus du glucose et du galactose, 


.(4) D.-M. Bertrand et Bronislawa Feigin. Comptes rendus de la Soc. de Bio- 
logie, 7 juin 1913. 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXV. 5 


62 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE 


fermenter la glycérine et la dulcite. Tous ont un caractère commun, 
c'est de donner un pigment vert sur le bouillon glycériné. 

Ils donnent des nitrites aux dépens des nitrates. 

Ils ne donnent pas d’ indol. 

Sur le sérum de cheval liquide, ils donnent des ondes moirées et 
une légère collerette, le milieu reste alcalin après plusieurs jours. 

Les cultures sur les différents milieux ne développent aucune odeur. 
Nous avons essayé le pouvoir pathogène sur différents animaux, voici 
les résultats. 

La souris blanche recoit sous la peau 1/4de c.c. de culture en bouillon 
de vingt-quatre heures ; quelques heures après, elle a le poil hérissé, 
semble malade, puis le deuxième jour redevient normale. 

Celle qui areçu 1/2 c.c. de la même culture sous la peau meurt treize 
heures après l'injection, on trouve le microbe dans le sang du cœur. 

Un cobaye de 520 grammes reçoit sous la peau 4 e.c. sans aucun 
résultat ; un autre de 560 grammes reçoit 1 c.c. dans le ÉGALE sans 
présenter aucun trouble. 

Enfin, un lapin reçoit impunément 1 c.c. dans la veine. 

Quant au pigment que développe cette bactérie, il ressemble beaucoup 
à celui de B. fluorescens liquefaciens. Il pousse, avons-nous dit, très 
abondamment dans les milieux glycérinés, également dans le boulllon 
avec sérum de cheval. Ce pigment est dissous dans le milieu; si l’on 
filtre le sérum sur bougie, le filtrat est coloré en vert. 

Dans un milieu formé par les acides aminés de la caséine et du trypto- 
phane donné par À. Berthelot (à) pour la recherche de lindol, il pousse 
très abondamment, donnant, après vingt-quatre heures de séjour à 
l’étuve à 37 degrés, une coloration verte très intense. Ce pigment vert 
est insoluble dans l’éther, le chloroforme, le toluène, un peu soluble dans 
l'alcool absolu. 

Lorsqu'on ajoute quelques gouttes de lessive de soude, la coloration 
s'accentue ; quand on verse quelques gouttes d’un acide minéral, comme 
l'acide sulfurique, ou d'un acide organique, comme l'acide lactique, la 
coloration disparait pour apparaître de nouveau si l’on sature cet acide 
avec de l’'ammoniaque ou de la soude. 

Son rôle pathogène pour la femme semble établi non pas par le fait 
seulementqu'ilexistaitàl'étatpur dansles pertes verdàtres quis'écoulaient 
de l'utérus, mais surtout parce que dans l'un de ces cas nous avons 
préparé un vaccin. Après la première injection, les pertes furent plus 
abondantes pour cesser complètement après la cinquième dose alors que 
celte bactérie avait disparu du col utérin. 

Ce microbe, par la nature de son pigment, se rapproche du B. fluorescens 
liquefaciens, bien qu'il donne la coloration à 37 degrés, tandis que celui- 


1) A. Berthelot. Comptes rendus de ia Soc. de Biologie, 20 avril 1942. 


SÉANCE DU ÀÂ2 JUILLET 63 


ci ne la donne qu'à des températures bien inférieures ; en outre, il n'y a 
pas de fluorescence, la couleur reste toujours la même. Le pouvoir 
fermentatif sur quelques sucres les différencient encore, de sorte que 

nous proposons pour cette bactériacée le nom de Bacillus viridis metrilis. 


(Laboratoire de M, Metchnikoff.) 


PROCESSUS CYTOLOGIQUES DE LA SÉCRÉTION EXAMINÉS SUR PIÈCES FRAICHES OU 
PIÈCES D'AUTOPSIE DANS LA MÉDULLAIRE SURRÉNALE, 


par P. MuLon. 


Pour apprécier l’état fonctionnel de la médullaire surrénale chez 
l’homme, les cliniciens et les anatomo-pathologistes se sont, surtout 
jusqu’à présent, appuyés sur l'importance plus ou moins grande de la 
masse de cette glande. 

- C’est là un criterium qui peut être infidèle, parce que la quantité de 
médullaire varie selon les régions d’une surrénale, parce que l’hyper- 
trophie constatée peut être le fait de l'immigration d'éléments jeunes 
encore indéférenciés (Wiesel) ou de lymphocytes (Aschaff, Kohn) et ne 
pas entrainer, par conséquent, une augmentation de la puissance 
fonctionnelle. Il serait évidemment préférable de constater l’état des 
cellules glandulaires et de voir à quel stade du processus sécrétoire 
elles se trouvent. 

Malheureusement, une telle constatation ne peut être faite que très 
incomplètement, chez l'homme, à cause de l’état déplorable où se trou- 
vent les pièces humaines du fait des règlements surannés qui règlent la 
pratique des autopsies. 

Deux moyens — outre la violation des dits règlements — me sem- 
blent propres à tourner cette difficulté : 

1° Fixer aussi bien que possible les surrénales dès après la mort sans 
ouverture apparente du cadavre ; 

2° Chercher lesquels, des caractères cytologiques, résistent à vingt- 
quatre heures d’autolyse. 

Fixation. — Pour la médullaire, enfermée au centre d'une écorce 
extrèmement riche en lipoïdes, qui la protège, il est insuffisant 
de pratiquer sur le cadavre une injection périsurrénale de fixateur. 
J'ai eu l'occasion d'observer une fixation presque tout à fait bonne, 
sur la médullaire d’un supplicié plusieurs mois après la mort. Or la 
pièce n'avait pas été fixée histologiquement : le cadavre avait été injecté 
totalement avec un mélange d'alcool et de formol. Ce fait m'engage à 
suggérer ici l'idée de pratiquer un tel embaumement, dans les cas inté- 
ressants, par une artère superficielle. 


64 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Caractères cytologiques relativement résistants à l'autolyse. 

1° J'examinerai d’abord le Cycle sécrétoire de l'adrénaline. 

a) Phase de sécrétion. Nulpian a, le premier, déclaré que la cellule 
médullaire déversait sa sécrélion dansles vaisseaux sanguins. Si, depuis 
celle époque, certains ont douté de la nature glandulaire de la cellule à 
adrénaline, aujourd’hui aucune hésitation n’est plus permise à ce sujet. 

La cellule à adrénaline possède : 

1° Sou chondriome (Mulon) sous les deux formes habituelles de chon- 
driocontes (forme de repos) et de mitochondries (forme d'activité). 

2° Les plastes élaborateurs, ou grains de sécrétion, de ségrégation, 
grains chromaffines de Grynfeltt. Ceux-ci supportent la substance sécré- 
tée, l’adrénaline (Grynfellt, Ciaccio, Mulon). On peut les considérer 
comme des mitochondries chargées de cette substance. Ils l’élaborent, 
en ce sens que c’est sur eux qu’apparait d’abord, puis augmente d’inten- 
sité, la réaction chromaffine. On constate en effel des cellules dont les 
grains sont très petits et à peine colorés par le chrome, d’autres dont 
les grains sont plus gros et plus colorés. 

3° La cellule contient enfin la substance sécrélée à même dans son 
hyaloplasma, ainsi qu’il résulte de la constatation auniveau de cet hyalo- 
plasma des réactions de l’adrénaline {Henle, Vulpian, Ciaccio, Mulon, 
Stærck et Haberer). 

Au cours du processus de sécrétion la cellule à adrénaline reste claire 
et parait turgescente tant que l’hyaloplasma ne contient pas d’adréna- 
line. Dèsle moment qu'il en contient, la cellule devient très sombre et 
semble s'affaisser. Ces différences d'aspect tiennent sans doute à des 
différences dans la tension osmotique : la cellule en charge étant hypo- 
tonique, la cellule chargée étant hypertonique vis-à-vis du sérum san- 
guin. Le noyau clair et régulier dans les cellules claires et turgescentes 
peut devenir chromaffine (Henle), sombre et déformé dans les cellules 
.sombres. 

b) Phase d'excrétion. L’excrétion du produit sécrété dans les vaisseaux 
est mise hors de doute par la constatation des réactions colorantes de 
l’adrénaline au niveau du plasma sanguin (Vulpian, Stærck et Haberer). 
Le passage de l’adrénaline dans les vaisseaux sanguins se traduit à nos 
yeux par une série d'aspects tels que les cellules sombres (chargées 
d’adrénaline) semblent comprimées, exprimées par les cellules claires 
(en voie d'élaboration). L'excrétion, qui est, tout d'abord, certainement 
du mode mérocrine, s'accompagne, surtout chez l’homme, d’une telle 
déformation de la cellule et du noyau qu’on peut se demander s’il n'y à 
pas mort de la cellule. Il y aurait alors excrétion entraînant une consom- 
mation cellulaire (mode holocrine). Les aspects que j'ai observés chez 
des suppliciés de vingt-deux et quarante-cinq ans, et qui sont figurés 
ci-contre, montrent certaines cellules réduites à un corps effilé, res- 
serré entre deux cellules claires, fortement chromaffines, munies d’un 


SÉANCE DU 12 JUILLET 65 


noyau rétracté. Deux, trois de ces noyaux peuvent être au contact dans 
nn seul de ces territoires sombres, comme si l’on avait affaire, non à 
une cellule, mais à un agglomérat de débris cellulaires. 

Ces aspects nucléaires ou cytoplasmiques ne sont point dus à une 
mauvaise fixation, car je les ai observés au maximum dans la médullaire 
la mieux fixée que je possède. Ils ne sont pas dus à un début de cada- 


FiG. 1. — Médullaire surrénale de supplicié — recueillie 1 h. 20 après la mort. 
Gr. 1.000. — Cellules claires, et cellules sombres, à noyau plissé, contracté : cel- 
lule en excrétion. 

Fi. 2. — Médullaire surrénale. Homme, autopsie. Gr. 1.000, montrant la persistance 
des cellules en excrétion. 

Fic. 3. — Différents groupes de noyaux irréguliers. Médullaire surrénale. {lomme. 
Supplicié ou autopsié. Gr. 1.000. 


vérisalion car ils existent chez l'animal : cheval, mouton, bœuf, et ils 
n'existent pas davantage, chez l'animal, une ou deux heures après la 
mort. 

Je tiens donc les cellules sombres, déprimées, à noyau chromaffine 
déformé, pour les éléments normaux au dernier stade de l’excré- 
tion. 


66 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


c) Modifications nucléaires. Chez certains animaux, comme le cheval, 
le bœuf, l'homme, on observe une irrégularité parfois considérable dans 
la taille et la forme des noyaux. Dans la médullaire, on peut, avec 
Eberth, Wiesel, Alezais et Peyron, déctiré à part certaines cellules en 
palissade autour des vaisseaux. A côté de celles-là, en sont d’autres irré- 
gulièrement disposées en cordons. Or, les noyaux de tailles irrégulières 
s’observent presque exclusivement dans les cellules qui ne sont pas 
rangées en palissade. Chez l’homme, j'ai pu constaler la fragmentation 
des plus gros noyaux. Il y a donc genèse de noyaux dans la capsule 
humaine et même chez les individus âgés (femme de soixante-quatre, 
ans). V. Ebner à, d’ailleurs, trouvé de rares miltosés dans la médulaire. 
Cette genèse de cellules cadrerait avec l'usure cellulaire que nous 
admettions plus haut. 

2° À côté de l’adrénaline, il existe dans la cellule un lipoide. Ce lipoïde 
médullaire a été signalé par Plecniek dans la capsule humaine, plus 
abondant chez l'enfant que chez l'adulte. 

Il y existe, en effet, constamment, à peu près aussi abondant à tout 
âge; bien plus abondant chez cértains animaux comme le cheval. 
Isotrope, incolorable par le Scarlach à létat frais, chez l'homme et le 
cheval, colorable par le Scarlach après fixation ou mordançage acide 
chez le cheval, colorable et fixable par OSO", sa nature exacte et son 
origine échappent encore (1). Sa destinée semble d'être excrété dans les 
vaisseaux. Peut-êlre sert-il de vecteur à l’adrénaline dont il pourrait 
corriger l'action toxique. 

De tous les faits que nous venons d'exposer, quels sont ceux qui per- 
sistent sur les pièces d’autopsie? 

Il convient tout d’abord de ne tenir compte que sous toutes réserves 
du lipoïde, des boules plus ou moins « colloïdes » qui le représentent; 
l’autolyse du tissu modifié complètement la quantité et l'aspect du 
lipoïde par adjonction des corps myélinoïdes (Launoy). 

Quant au cycle de l’adrénaline, les premières phases en sont compiè- 
tement méconnaissables : pas de chondriome, à peine de grains. Mais la 
dernière phase y est encore visible; les cellules en excrétion, les cellules 
sombres sont, à moins de putréfaction complète, encore colorables sur 
les pièces d'autopsie. Certains auteurs les ont vues et les considèrent, à 
tort, comme des produits artificiels, cadavériques. Enfin, les modifica- 
lions nucléaires sont très visibles : on peut parfaitement voir la taille et 
l'aspect des noyaux. 

Nombre de cellules sombres; irrégularités, fragmentation, plissement 
et chromacité exagérée des noyaux, tels sont les caractères d'ordre cyto- 
logique, encore constatables sur pièces d’autopsie, et qui peuvent 


(1) Certaines boules décrites par les auteurs (Laiguel-Lavastine) dans les 
cellules médullaires correspondent à ce lipoide. 


SÉANCE DU Â2 JUILLET 67 


s'ajouter à l'hyper ou l'hypotrophie, pour apprécier l’état fonctionnel 
d'une médullaire surrénale humaine (1). 


TRAITEMENT DU RHUMATISME BLENNORRAGIQUE CHRONIQUE, AU MOYEN DE LA 
MÉTHODE DES VIRUS VACCINS SENSIBILISÉS DE BESREDKA, 


par LOUIS CRÜVEÏLHIER 


.  Lé rhumatisme blennorragiqué chronique est, de l'avis de tous les 
cliniciens, particulièrement rebelle à toute thérapeutique, si bien qu'on 
a pu dire que « son véritable traitement doit être surtout préventif, 
consistant à guérir les arthriles gonococciques, pendant leur phase aiguë, 
avant de les laisser passer à la chronicilé ». Or, il nous a semblé que la 
méthode des virus vaccins sensibilisés pouvait être d'une grande utilité 
dans ces formes cliniques. 


Il en a été ainsi dans le cas d’un malade, âgé de vingt-huit ans, qui nous a 
été adressé par M, le professeur Dopter et présentait des manifestations articu- 
laires, dont l’origine remontait à plus d'un an et intéressaient, du côté droit, 
tout à la fois le pied, le coude, le genou et la hanche, tandis que, du côté 
gauche, le talon, le genou et le poignet étaient pris. 

La douleur, assez vive et exaspérée par les moindres mouvements, et, en 
particulier, par la marche, n'avait pu étre inflüencée par le traitement élec- 
trique, plus que par les massages, les enveloppements ouatés, le salicylate 
de soude, ainsi que les divers changements de climat auxquels le malade s’est 
astreint. La douleur restait particulièrement localisée à la face inférieure du 
talon gauche, au-dessous dé 14 malléole et en arrière de la gaine des tendons 
péroniers ainsi qu’au tälon et aux articulations métatarso-phalangiens droites, 
de telle sorte que la marche était devenue absolument impossible. 

Sans qu'elle fût très élevée, la temipérature était toutefois supérieure à la 
normale. 

Le 29 avril, M. le professeur Dopter nous demande d'intervenir et nous 
pratiquons une première piqüre. 

Le lendemain, le malade accuse une amélioration très manifeste. Le 1° mai, 
puis les 6, 8, 12 et 14 mai, on renouvelle les injections. On note alors une 
diminution notable des phénomènes douloureux et en particulier de la talalgie. 
On répète les injections les 16, 24 et 2% mai. 

Bien que le malade ne soit pas complètement rétabli, on reconnaît une 
amélioration manifeste et, le 2 juin, la douleur n’est plus perceptible qu'en un 
point localisé aux articulations phälangiennes des deux derniers ofteils droits. 
Le malade ne boite plus et la marche se fait dé plus en plus facilement, de 


(1) Il faudrait encore ajouter l'abondance des cellules en palissade (Wiesel, 
Alezais et Peyron) comme signe d'hyperactivité. 


C8 -  SOCIÉTE DE BIOLOGIE 


telle sorte qu'on est en droit d'espérer une guérison complète à l'aide de 
quelques autres piqûres. 


Le cas de M. B..., dont nous devons l'observation également à M. le 
professeur Dopter, ne nous à pas paru moins concluant. 


Il s’agit d'un malade, âgé de vingt-sept ans, atteint d’une arthrite de la 
hanche consécutive à une chute de cheval faite en décembre 1911, qui n’a pu 
être améliorée d’une facon durable par le traitement habituel et sur laquelle, 
n'ont pu avoir aucune action la révulsion locale la plus énergique, le massage 
méthodique, les bains sulfureux, etc. 

La douleur n'existe pas ou peu au repos, mais elle est très vive dès que le 
malade mobilise son articulation. Les mouvements de flexion et de rotation 
sont particulièrement pénibles, et c’est avec beaucoup de peine et au prix de 
grands efforts, qu’à l’aide deses deux mains, le malade arrive à fléchir sur le 
bassin, le cuisse qu'ilne peut soulever à une hauteur deplusde dix centimètres 
du plan du lit. Gomme le malade accuse avoir contracté une blennorragie au 
début de l’année 1910 et qu'une orchite lui est survenue en octobre 1912, 
nous nous décidons à recourir à la méthode des virus sensibilisés. 

La première piqûre pratiquée le 14 juin est suivie d’une amélioration très 
nette; les mouvements d'extension et de rotation de la cuisse sont moins 
douloureux et le malade peut soulever, sans l’aide de ses mains, son membre 
inférieur à 5 ou 6 centimètres du lit. Les deuxième, troisième et quatrième pi- 
qüres pratiquées les 17, 20 et 23 juin, amènent une amélioration de plus en 
plus grande chez le malade, qui éprouve un grand soulagement à pouvoir 
désormais se coucher sur le côté gauche. 

Depuis le 23 juin, M. B.. reçoit trois fois par semaine une injection de 
virus vaccin et, après chaque piqüre, on note une diminution manifeste de la 
tuméfaction de la hanche, tandis que peu à peu les ganglions deviennent 
normaux et que les mouvements apparaissent de plus en plus faciles. Désor- 
mais, le malade que M. le professeur Dopter considérait comme «voué irrémé- 
diablement au décubitus dorsal », non seulement se remue aisément, mais peut 
s'asseoir et se lever pour mettre pied à terre, de telle sorte qu’on est en droit 
d'espérer que, sans tarder, après quelques piqûres encore, le malade récupé- 
rera tous ses mouvements et sera définitivement rétabli. 


Tout dernièrement enfin, nous avons eu l’occasion de traiter quatre 
malades, accusant depuis quatre, cinq, neuf et dix ans des douleurs 
articulaires sur lesquelles le traitement habituel du rhumatisme et, en 
particulier, le salicylate de soude et l'aspirine, ne semblaient avoir 
aucune action. Comme ces malades étaient d'anciens blennorragiens, 
nous avons pensé que nous étions en droit d'essayer chez eux la méthode 
des virus vaccins sensibilisés et, après 2, 3 et 4 piqûres, nous avons eu 
la satisfaction de constater, soit une grande amélioration, soit une dis- 
parition complète des douleurs articulaires. 

Des observations comme celles-ci nous amènent à penser qu’un grand 
nombre d’'arthropathies, attribuées au rhumatisme, rentrent dans le. 


SÉANCE DU 12 JUILLET 69 


cadre de l'infection gonococcique, et que, dans tous les cas de rbuma- 
tismes non modifiés parle traitement habituel, surtoutlorsque la recher- 
che de ia déviation du complément vis-à-vis du gonocoque est positive, 
il y a lieu d’avoir recours à la vaccination par le virus sensibilisé anti- 
gcnococcique. 


(Travail du laboratoire de M. Roux, à l'Institut Pasteur.) 


IMPORTANCE DES AFFECTIONS MYCOSIQUES EN COCHINCHINE 


(Note préliminaire), 


par G. BOBEAU. 


Ayant eu l'occasion, dès mon arrivée en Cochinchine, d'examiner au 
point de vue histo-pathologique un certain nombre de tumeurs indi- 
gènes, je fus frappé du nombre considérable de celles d’entre elles qui 
présentaient, dans leurs tissus, des filaments mycéliens. Je fus amené 
de la sorte à chercher systématiquement les champignons pathogènes 
dans les nombreuses pièces que je pus me procurer (autopsies, biopsies, 
interventions chirurgicales), et pus constater combien grande était leur 
fréquence, tant chez les indigènes que chez les Européens. 

Il me semble dès à présent possible d'établir que, chez les indigènes, 
les mycoses produisent surtout des lésions cellulaires et tissulaires 
formant, suivant les cas, ou bien tumeurs, ou bien pertes de substance; 
tandis que, chez l'Européen vivant en ces pays, on les rencontre surtout 
accompagnant des affections organiques : abcès du foie et dysenteries. 

Chez les indigènes. — Le cas qui m'a paru le plus intéressant consiste 
en faux épithéliomas de la verge. À l'hôpital municipal de Cholon, où je 
fis ces observations, cette affection, relativement très fréquente, était 
auparavant traitée chirurgicalement; il en résultait un nombre trop 
considérable d'amputations de l’organe. Depuis que, systématiquement, 
on fait dans ce cas une biopsie pour examen histologique, il n’y a pas eu 
d’amputation, toutes les tumeurs examinées ayant montré leur origine 
mycosique. Leur résorption fut rapidement amenée par le simple 
traitement ioduré. 

En outre de ces affections de la verge, il m'a été donné d'observer 
encore, chez les indigènes, diverses mycoses cutanées et une forme 
atypique de pied de Madura. 

Chez les Européens. — En examinant les coupes d'un abcès du foie, je 
constatai, non sans surprise, que la paroi dudit abcès (au niveau où le 
tissu hépatique encore reconnaissable cède la place à la zone nécrosée) 
était littéralement lapissée d'un feutrage mycélien. J'examinai alors les 


70 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


coupes intéressant des ulcérations intestinales provenant du même 
sujet : les bords et lé fond de ces ulcérations me montrèrent le même 
mycélium. 

J'ai pu dépuis obtenir d’autres pièces provenant dé l’autopsie de 
malades morts d’abcès du foie, et dans ces deux cas éñcoré j'ai 
rencontré des filaments mycéliens autour de l'abcès hépatique. Là aussi, 
la lésion mycosique se retrouve au niveau des ulcérations intestinales. 
Cependant, chez l’un de ces deux derniers sujets, le mycélium n'est plus 
situé dans la muqueuse : on le rencontre entre la séreuse et la muscu- 
leuse; ses filaments ne s’épanouissent en bouquet et ne pénètrent vers 
la profondeur de la paroi intestinale qu’au point précis où siège l’ulcé- 
ralion de la muqueuse. L'appendice, trouvé gangrené lors de l’autopsie, 
était lui aussi envahi par le mycélium de la même région inter- 
musculo-séreuse. 

Le dernier cas se compliquait d'une propagation pulmonaire : les 
coupes y montrent dans lé poumon, la plèvre et le point diaphragmati- 
que intéressé, les mêmes éléments mycéliéns. Enfin dansles trois cas, on 
rencontre de place en place des vaisseaux gorgés de filaments, origine 
probable des métastases. 

Il semble donc que l’on puisse, en présence de ces faits, pensér äune 
relälion possible entre champignons parasites et dysenteries suivies 
d’abcès du foie. En tout cas, élant données, d'une part, la fréquence dés 
affections mycosiques rencontrées en ce pays et, d'aulre part, les 
conditions optima fournies aux champignons pathogènes pour leur 
développement par le climat chaud et humide de la Cochinchine, il me 
paraît indiqué de continuer les travaux qu'annonce cette note préli- 
minaire, Leur but est de tenter d'établir la raison exacte de la présence, 
dans les affections graves que sont les dysenteries et les abcès du foie, 
dés champignons que j'y rénéontre acluellement, et de savoir si leur 
rôle est simplement saprophÿtique où bien réellement pathogène. 


({nstitut Pasteur de Sdigon.) 


REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


SÉANCÉE DU {* JUILLET 1913 


SOMMAIRE 
AUCRÉ et Porruanx : Réaction de PorTMANN : Réaction de l’antigène 
l'antigène appliquée à l'étude des appliquée au diagnostic de la tuber- 
différents types de bacilles tubercu- culose humaine et à celui des laits 
leux et à celle des laits tuberculeux. 71 | tuberculeux . . : : . ....: ...:; 13 


Se eme me ns 2 


Présidence de M. Le Dantec. 


RÉACTION DE L’ANTIGÈNE APPLIQUÉE À L'ÉTUDE DES DIFFÉRENTS TYPES 
DE BACILLES TUBERCULEUX ET À CELLE DES LAITS TUBERCULEUX, 


par AUCHÉ et PORTMANN. 


La recherche de l’antigène dans le sérum a été appliquée par 
Marmorek au diagnostic de la tuberculose en général et de la tuber- 
culose pulmonaire en particulier. Elle a été appliquée ultérieurement 
par MM. R. Debré et J. Paraf au diagnostic des tuberculoses locales, 
notamment au diagnostic des tuberculoses de l'appareil urinaire. 

Étant donnée la nature des bacilles tuberculeux employés pour 
la préparation des anticorps, nous nous sommes demandés, d’une part, 
si la réaction de l’antigène donnerait des résultats différents suivant les 
divers types de bacilles tuberculeux ; d'autre part, si cette réaction, qui 
permet d'établir la présence d'antigène dans divers liquides d’exsuda- 
tion et de sécrétion, ne pourrait pas aussi être employée pour l’élude du 
lait, produit de sécrétion. 

Comme on le sait, la présence des bacilles tubereuleux dans le lait 
est assez difficilement reconnue et, seule, l’inoculation aux animaux est 
susceptible de donner des résultats précis; mais il s'agit là d'un pro- 


12 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


cédé long et dispendieux. Si la réaclion de l’antigène pouvait s'appli- 
quer aux laits, nous aurions Jà un procédé plus simple et surtout beau- 
coup plus rapide pour le diagnostic des luits tuberculeux. Ce sont les 
résultats obtenus dans ces deux ordres de recherches que nous dési- 
rons faire connaître aujourd’hui. 


I. — Dans l’application de la réaction de l'antigène à l'étude des 
divers types de bacilles tuberculeux, nous avons employé un sérum 
anti-tuberculeux que M. le professeur Vallée a bien voulu nous envoyer, 
et trois types de bacilles tuberculeux existant dans notre laboratoire : 
type humain, type bovin, tvpe aviaire. 

Pour la réalisation des expériences nous avons dilué, dans du sérum 
physiologique, tantôt des bacilles tuberculeux, soit humains, soit 
bovins, soit aviaires, pris dans des cultures sur gélose glycérinée à 
6 p. 100, vieilles de six semaines ; tantôt du bouillon, privé de germes, 
sur lequel s'étaient développées pendant six semaines des cultures des 
bacilles précités. La quantité de bacilles ou de toxine ajoutée au 
bouillon a toujours été très minime. Les résultats obtenus ont été les 
suivants : 


Bacilles et toxine du type humain : pas d’hémolyse, done dévialion 
du complément. Résultat positif. 

Bacilles et toxine du type bovin : pas d'hémolyse. Même résultat. 

Bacilles et toxine du type aviaire : hémolyse totale, donc pas de 
déviation du complément. Résultat négatif. 


Nous nous proposons de faire les mêmes recherches avec les bacilles 
tuberculeux des animaux à sang froid et avec quelques bacilles acido- 
résistants. 


Il. — A défaut de laits de provenance sûrement tuberculeuse nous 
avons, pour l'application de la réaction de l’antigène à ces liquides, _ 
infecté du lait avec des bacilles tuberculeux humains et bovins, dans les 
mêmes conditions que l’eau physiologique au cours des expériences 
précédentes. 

Le procédé employé pour la recherche de l’antigène a été modifié par 
l’un de nous, comme il est indiqué dans la note suivante. 

Les résultats obtenus sont les suivants : 


Lait additionné de bacilles tuberculeux bovins ou humains ou de leur 
toxine : pas d'hémolyse, déviation du complément. Résultat positif. 

Lait non additionné de bacilles ou de toxine : hémolyse totale, pas 
de déviation du complément. Résultat négatif. 


La quantité de bacilles tuberculeux ou de toxine ajoutée au lait étant 
vraisemblablement lrès supérieure à celle que contiennent les laits 


SÉANCE DU °° JUILLET 73 


naturellement infectés par Ja tuberculose, nous nous garderons, malgré 
ces résultats positifs, de conclure d'une façon définitive à la possibilité 
de diagnostiquer la présence des bacilles luberculeux dans le lait par la 
réaction de l’antigène. 


Des recherches que nous poursuivons actuellement sur divers échan- 
tillons de lait pris au hasard, chez les lailiers de la ville, nous montre- 
rons, sans doute, si le procédé peut ou non servir au diagnostic des 
laits tuberculeux. 


RÉACTION DE L’'ANTIGÈNE APPLIQUÉE AU DIAGNOSTIC 
DE LA TUBERCULOSE HUMAINE ET A CELUI DES LAITS TUBERCULEUX, 


par PORTMANN. 


La réaction de MM. Debré et Paraf nécessitant une grande quantité de 
liquide, et un matériel compliqué, nous avons essayé de simplifier un 
peu la technique employée par ces auteurs. 

La réaction consiste à rechercher un antigène, l’antigène tuberculeux, 
au moyen d’un anticorps. 

Cel antigène sera donc représenté par le liquide à examiner; 

L'anticorps sera constitué par du sérum antitubereuleux ; 

L’alexine par du sérum frais de cobaye, non chauffé et dilué au 1/4. 


Il nous faudra enfin mettre en évidence les résultats de la réaction, 
c'est-à-dire s'il y a ou non déviation du complément ; pour cela, un 
système hémolytique sera nécessaire (globules de mouton lavés à 5 p.100 
et sérum hémolytique). 

Suivant la nature du liquide à examiner, nous devons exécuter des 
manipulations différentes : 


Avec les liquides de pieurésie ou d’ascile, chauffage à 56 degrés pen- 
dant une demi-heure pour faire disparaitre l’alexine naturelle qu'ils 
peuvent contenir ; 

Avec les liquides non coagulables, tels que l’urine, le pus, chauffage à 
72 degrés pendant une heure pour détruire les anticorps libres qui pour- 
raient y être contenus et fausser les résultats ; 

Avec le lait, centrifugation ; le liquide clair situé à la partie inférieure 
du tube étant seul employé. 


Enfin, les liquides expérimentaux dont il a été parlé dans la note I 
ont été constitués soit par du bouillon sur lequel s'étaient développées 
pendant six semaines des cultures de bacilles tuberculeux, bouillon 


74 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX. 


centrifugé et dilué au 1/20 dans du sérum physiologique, soit par des 
bacilles tuberculeux lavés 3 fois à l’eau physiologique. | 

La réaction nécessite 7 tubes divisés en 3 groupes : Groupe À. 
Chaque tube contient des doses progressivement croissantes de liquide 
antigène, du sérum antituberculeux, et de l’alexine. | 

Le Groupe B diffère du groupe À en ce qu'il ne contient pas d’anti- 
corps, c’est-à-dire de sérum antiluberculeux : c'est donc un premier 
contrôle. - 

Le Groupe C diffère du groupe À en ce qu’il ne contient pas d’alexine: 
c'est donc un deuxième témoin contrôle. 

Dans tous les tubes on ajoute de l’eau physiologique jusqu’à 3 c.c. 
pour faciliter la lecture des résultats. 

Tous ces tubes sont portés à l’étuve à 37 degrés pendant deux heures. 
On ajoute alors le système hémolytique, on replace les lubes à l'étuve 
pendant vingt minutes et on lit les résultats : 


Voici le dispositif de nos expériences : 


LIQUIDE 
autioène. 


ALEXINE 
HÉMATIES 
SÉRUM 


anti-tuberculeux. 


Groupe A. 
1 


Pas 
d'hémolyse. 


Hémolyse 
totale. 


Groupe C. Pas 
1 d'hémol yse. 


La réaction précédente faite en même temps que les réactions de 
MM. Debré et Paraf a toujours donné des résultats identiques à celle-ci. 


Les doses précédentes, suffisantes pour tous les liquides d’ascite, de 
pleurésie, l'urine, le liquide céphalo-rachidien, et aussi pour le sérum 
physiologique additionné de bacilles ou de toxine tuberculeuse, n’ont 
donné aucun résultat avec le lait. Il nous a fallu les modifier dans le 


SÉANCE DU À° JUILLET 75 


sens qu'indique le tableau ci-dessous, en augmentant les quantités 
d’alexine et de sérum hémolytique employées. 


(=) © a 
© 5 : e 
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Es & © a. 5 = 2 E «= 
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Groupe A. 
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2 (A7 0,3 0,2 0,6 1 0,2 d'hémolyse. 
3 1» 0,3 0,2 0,3 À 0,2 
Groupe B. 
il 0,4 » 0,2 52 il 0,2 Hémolyse 
2 0,7 » 052 059 Il {, 2:- totale. 
3 Lo» » 0,2 0,6 l 0,2 
Groupe C. , Pas 
il 0,6 0,3 » 0,9 1 0,2 d'hémolyse. 


Cette technique, emplovée en ce moment dans le laboratoire avec les 
différents laits de Bordeaux, nous a toujours donné des résultats satis- 
faisants qui seront d’ailleurs contrôlés par les résultats de l'inoculation 
faite aux animaux. 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


P ris — L, MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette, 


De sm 


SÉANCE DU 19 JUILLET 1913 


SOMMAIRE 


ACHALME (P.) : A propos du ba- 
cille durhumatisme articulaire aigu. 
AcnarD (Cu.) et DEsBouis (G:.) : 
L'analyse des gaz du sang veineux 
pour la recherche de l’utilisation 
TES SSUCT ES Re eme pdt A pme te à 
ARLO (J.) : Essai de séparation 
des sensibilisatrices 
Baginski (J.) et WEizz (G.-A.) : 
Mouvements réactionnels d’origine 
vestibulaire et mouvements contre- 
réactionnels 
BELIN (MarceL) : De l’action des 
oxydants sur l’évolution des mala- 
dies infectieuses. (Troisième note.) 
Fièvre typhoïde expérimentale . . 
BierrY (H.), FeuiLLié (E.), Hazaro 


ele dote tee atie—s 


(R.) et Ranc (A.) : Dosage des acides 


BorreL (A.) : Réseau fondamental 
pigmentaire chez Alyles obstelri- 
cans, et apparition des cellules 
MIPTENTALTE SERRE him Fe 

Boverr (PIERRE) : Lésions aorti- 
ques d’origine syphilitique chez le 
SIDE Re ee eee eee de ce 

BRIAULT (PAUL-L.) et GAUTRELET 
(JEAN) : Contributions à l'étude des 
phénomènes circulatoires dans l’ana- 
phylaxie adrénalique (Deuxième 
note) 

Busquet (H.) et Tireeneau (M.) : 
Sur l'augmentation d'amplitude des 
postextrasystoles après les contrac- 
tions supplémentaires interpolées. 

CarNoT (P.) et Dumont (J.) : In- 
fluence de divers tiquides perfusés 
sur la survie de la muqueuse gas- 
tro=imtestinole 22207 Rae 

CaaupyY (Cx.) : A propos des corps 
réduisant les mélanges d'iodures 
alcalins et de tétroxyde d'osmium 
(Réponse à M. Fauré-Fremiet) . .. 


einem emo liege, sise sie leMentien je Loge 1e 


105 


142 


145 


CHATTON (Ébouarp) Coccidias- 
cus Legeri, n. g., n. sp., levure 
acosporée parasite des cellules in- 
testinales de Drosophila funebris 
FAP AE nt A verse 

CaaucaarD (Mc), CHAucHARD (A.) 
et PGrTIER {P.) : Sur la tension su- 


perficielle des liquides digestifs 
dinverteDrésr 0 APR 


Dévé (F.) : Echinococcose secon- 
daire embolique périphérique. . . . 
Dominict (H.), Lasorpe (Mme A.) et 
LABoRpE (A.) : De la fixation, par 
le squelette, du radium injecté à 
Fétot solaire RASE 
Duguissox (MAURICE) : Sur le calcul 
de l’angle de dévialion dans une 
figure d'illusion d'optique. . .... 
FAURÉ-FREMIET (E.) : La segmen- 
tation de l'œuf d’Ascaris au poiut 
de vüuerénergétique: se. 
GUILLIERMOND (A.) : Sur la signi- 


fication du chromatophore des 
AE COS Ne PRE EL PPS 
JoLLY (J.) : Modifications de la 


bourse de. Fabricius à la suite de 
l'irradiation par les rayons X. ... 

LAGUESSE (E.) : À propos des «ilots 
à hématies » du pancréas . . . . .. 

LéGer (L.) et Dusosco (0.) : Sur 
les premiers stades du développe- 
ment des Grégarines du genre Po- 
rospora (— Nematopsis) 

Levapiri (C.) et MuTtEermiLcx (Sr.) : 
Mécanisme de l'immunité antitoxi- 
que passive 

Lyronrowsky et RouGenrzorr : De 
la toxicité des extraits de poumons 
d'animauxnormaux (Deuxième com- 
MUNICANON)E ER EE te 

MAYER (ANDRÉ), RaATuErv (FR.) et 
SCHAEFFER (GEORGES) : Action des 
fixateurs chromo-osmiques sur les 


se Na e) nl el et at et Mets 


BioLoGie. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXV. 6 


116 


100 


78 


— |. 


lipoides des tissus. Action 
hydrolysante. Action oxydante. .. 

NAGEOTTE (J.) : Note sur la pré- 
sence de fibres névrogliques dans 
les nerfs périphériques dégénérés. 

Paisazix (Mme Marie) : Essai d’in- 
fection sur la Vipère aspic et les 
Couleuvres Tropidonotes ävec Hæ- 
mogregarina-Roulei.. 0". ue 2. 

PorrTier (P.) : Du rôle de la ten- 
sion superficielle dans le mécanisme 
des phénomènes d'absorption. . .. 

Réxox (Louis) et GÉRAUDEL (E.) : 
Richesse du nœud de Keith et Flack 
et du faisceau de His, en fibrilles 
élastiques 

RerTerERr (Éb.) : Méthode et hypo- 
thèses concernant les ilots de Lan- 
gerhans (Réponse à M. Laguesse). . 

Rocer (H.) : . Note sur les pro- 
priétés de l’albumine contenue 
dans les expectorations . . . . , .. 

VINCENT, (H.) : Remarque sur les 
vaccins antityphoïdiques chauffés. 


sos jets) ee eo Je Verre, je: 06 + 


8 


10 


S 


() 


3 


4 


\ 


SOCIÉTÉ DE. BIOLOGIE 


Réunion biologique de Marseille. 


GERBER (C.) : Digestion des laits 
cru et bouilli par les caséases du 
latex desséché de Vasconcellea quer- 
cifolia, de la papayotine Merck 
et de la trypsine animale Merck. — 
Comparaison avec les présures cor- 
respondantes L 

GergBer (C.) : Action du bichlorure 
de mercure, de l'iode et de l’eau 
oxygénée sur la digestion de la ca- 
séiae et de la fibrine par les ca- 
séases et trypsines du latex dessé- 
ché de Fasconcellea quercifolia, de 
la papayotine et de la trypsine ani- 
male. Comparaison avec les pré- 
sures correspondantes . . . . . . .. 

GErBErR (C.) et GuioL (H.) : Les 
lipases des pancréatines des latex 
de Ficus carica et de Broussonetia 


PADUTUETAN M NAS Re 


c'e rt Re te Deere do fellle 


JorEaup /A.) :.1. Considérations 


sur la dispersion des espèces appar- 
tenant au genre Scillælepas. . . .. 


Présidence de M. Mesnil, puis de M. Dastre. 


OUVRAGE OFFERT. 


147 


À. AUGIER. — Aecherches sur l'os frontal de l'homme, son développe- 
ment normal et anormal, avec 38 Ggures dans le texte. Paris, Legrand. 


1943. 


SÉANCE: DU 19 JUILLET 79 


À PROPOS DES « ILOTS A HÉMATIES » DU PANCRÉAS, 


par E. LAGUESSE. 


Je lis, dans les Comples rendus de la séance du 5 juillet, une note de 
MM. Retterer et Lelièvre, aboutissant à cette: conclusion: que : « l’origine 
et l’évolution des îlots de Langerhans sont identiques à celles des folli- 
cules clos tégumentaires », ce qui amènerait à considérer l'ensemble des 
îlots, ce que j'ai appelé la glande: endocrine du. pancréas, comme une 
sorte d’amygdale ou tonsille pancréatique. 

Voici vingt ans que, m'appuyant sur des faits recueillis dans toute la 
série des vertébrés, je combats cette conception, et je ne veux point. 
fatiguer mes lecteurs en ressassant les arguments que j'ai fournis. 

IH est un point pourtant sur lequel je. dois attirer l'attention. 
MM. Retterer et Lelièvre s'appuient sur ma propre description de certains 
« ilots à hémalies » pour soutenir leur théorie, selon laquelle les 
noyaux des cellules épithéliales de ces ilots seraient destinés à se trans- 
former en hématies. Or, il y à là un malentendu, je ne crois pas avoir 
fourni des faits à l'appui de cette théorie, bien au contraire. I me suffira, 
pour le montrer, de rappeler les constatations suivantes : 


1° Les îlots à hématies, très abondants chez l'embryon, sont très rares 
chez l'adulte. (Fascicule V de la Revue générale d’Histologie, p. 110:) Je 
n'en ai rencontré que quelques-uns, de façon tout exceptionnelle, chez 
mes suppliciés. Je ne les ai guère revus, en somme, que dans les 
-pancréas pathologiques du D' Gellé. Le plus souvent alors ils différaient 
de ceux de l'embryon, et se présentaient comme: de: véritables hémor- 
ragies, provenant de ruptures vasculaires. Il m'est done impossible de 
considérer ces formations comme: représentant un stade normal de 
l'évolution des îlots chez l'adulte. 


2° J'ai bien constaté l'existence. d'hématies dans certaines cellules de 
ces ilots chez l'embryon, mais accompagnées de débris hématiques 
témoignant non d’une formation, mais d’une destruction. IL n'existe 
parfois qu'une seule hématie dans chaque cellule, mais le plus souvent 
il y'en a plusieurs; j'ai pu en compter jusqu'à trente. Le noyau persiste 
à côté d'elles, et par conséquent, n’y en eût-il qu'une seule, elle ne pro- 
viendrait pas de sa transformation. Les cellules contenant des hématies 
sont d’ailleurs en général de gros éléments parfaitement limités, et 
même à « couche membraneuse épaisse » : il n’y a pas de syncytium en 
ces points et à ce moment. (Journal de l'Anatomie, 1896, p. 218 à 222.) 


80 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


MÉTHODE ET HYPOTHÈSES CONCERNANT LES ÎLOTS DE LANGERHANS 
(RÉPONSE À M. LAGUESSE), 


par Éo. RETTERER. 


Nous ne nous appuyons sur la description d'aucun auteur pour for- 
muler nos conclusions; si plusieurs histologistes ont vu des amas 
d'hématies dans les ilots, nous croyons avoir été les premiers à en 
suivre le développement histogénétique. N’est-il pas louable d'apporter 
des précisions et des faits nouveaux là où vingt théories ont échoué? 

On peut classer les diverses opinions sous les chefs suivants 
1° les lots sont des formations spécifiques, distinctes des acini; à 
n'existe pas de formé de transition entre les ilots et les acini; 2° les îlots : 
ne sont que des acini à un autre stade structural et fonctionnel; ils des- 
cendent des acini et peuvent redevenir acint; 3° les ilots sont aux acini ce 
que les follicules clos téqumentaires sont aux glandes ouvertes : débutant 
à l'état épithélial, ils finissent par le stade conjonctivo-vasculaire. 

Les résultats embryologiques et morphologiques ne sauraient être en 
opposition avec les faits expérimentaux ou pathologiques : ce sont tou- 
jours les mêmes éléments qui sont en cause; mais fonctionnant dans 
des conditions différentes, les îlots subissent des modifications morpho- 
logiques qui entraînent forcément des variations fonctionnelles. C’est 
l'indéterminisme des conditions qui trouble les résultats. La ligature 
des conduits excréteurs ne produit pas l’atrophie des seuls acini; elle 
provoque, comme l’a montré Lombroso (1904), la disparition partielle des 
acini et des îlots, tandis que le reste des acini et des îlots demeurent 
intacts. Voilà pourquoi les animaux en expérience ne deviennent pas 
diabétiques ; les femelles ainsi opérées ont une gestation normale et 
mettent bas des petits qu'elles allaitent. 

L’injection de phloridzine amène, selon les uns, l'atrophie, selon 
d'autres, l'hypertrophie desilots. Les expériences ont montré à Grinew (1) 
que le jeûne, le régime de l’eau ou celui du glycose, les injections de 
glycose augmentent le nombre des îlots chez le cobaye et le rat, mais 
ne semblent exercer que peu ou aucune influence sur ceux du chien. 

Si les données anatomo-pathologiques ne sont pas concordantes (9), 
c'est que la maladie crée des conditions plus complexes encore que ne 
le fait l’'expérimentation. 

Dans les trois ou quatre cents mémoires qui ont paru sur les ilots de 
Langerhans, on s’est peu préoccupé de la nature et de l’âge des cellules 
qui constituent ces formations. Pour la plupart, il s’agit de cellules spé- 


(1) Archives des Sciences biologiques, t. XVII, p. 13,4912: 
(2) Voir U. Lombroso. Ergebn. der Physiol., 9° année, 1910, p. 83. 


SÉANCE DU 19 JUILLET 81 


cifiques dont les modifications structurales sont dues uniquement au 
stade fonctionnel. La destinée de ces cellules n’a pas été examinée. 

Leur spécificité ou leur mutation a été interprétée non pas d’après l’ob- 
servation directe, mais à l’aide des théories embryologiques et histolo- 
giques à la mode. Les uns regardent la cellule épithéliale d’une part, l’élé- 
ment mésodermique où corjonctif de l’autre, comme appartenant à des 
espèces distinctes, incapables de se transformer l’une dans l'autre; les 
autres croient à la mutation non seulement de la cellule épithéliale en élé- 
ments conjonctifs, mais encore au retour de la cellule conjonctive à l’état 
de cellule épithéliale. C'est sur cette dernière hypothèse qu'est fondée la 
théorie du balancement structural et fonctionnel, artistement construite, 
mais qui, en réalité, n’est qu'un système artificiel. Jamais organisme, 
jamais cellule ne passe ainsi par des alternatives de jeunesse et de 
vieillesse, ne change tour à tour de nature et d'espèce pour élaborer 
un produit totalement différent. Toutes ces vues sont en opposition avec 
les faits d’histogenèse et d'évolution dont la constance ne s’est jamais 
démentie dans mes recherches et que je puis résumer dans les propo- 
sitions suivantes : 1° la cellule épithéliale est la souche de tous les autres 
éléments; 2 elle peut se transformer, à tout âge, en éléments conjonctifs 
el vasculaires qui, comparés à la cellule épithéliale, représentent des stades 
évolutifs plus vieux ; 3° jamais un élément conjonctif ou vasculaire ne 
retourne à l'état épithélial ; car ce serait le rebours de l'évolution. 

Or, les faits que nous avons observés dans le pancréas confirment ces 
principes généraux de l’évolution protoplasmique : les cellules insulaires 
descendent des cellules acineuses, mais elles ne sauraient redevenir des 
cellules acineuses; toujours elles finissent par se transformer en éléments 
conjonctivo-vasculaires. 

C'est faute d’avoir déterminé les conditions expérimentales et les 
modifications structurales que les résultats deviennent douteux. 

MM. Labbé et Thaon (1), par exemple, ont bien établi, par l’alimenta- 
tion à la fois végétale et carnée à laquelle ils ont soumis les cobayes, 
que les îlots augmentent de nombre et de dimensions. Seulement ils ont 
oublié de peser les animaux en expérience et ne nous disent pas si pareil 
régime augmente ou diminue le poids du corps. 

Sans nous renseigner sur les processus histogénétiques, MM. Labbé et 
Thaon admettent « la prolifération et l'hyperplasie des îlots (2) » et, pour 
expliquer leurs résultats, ils émettent, sans se prononcer, trois hypo- 
phèses : 1° le régime carné produirait une intoxication lente des cellules 
insulaires; 2° il commencerait par provoquer une excitation pancréa- 
tique pour aboutir secondairement à une hyperplasie des îlots par exci- 


(1) Journal de Physiol. et de Pathologie générale, t. XIV, p. 1154, 1912. 
(2) Pas plus que Grinew, nous n'avons vu dans les îlots de division cellu- 
laire ni directe ni indirecte. ‘ 


égal] 
. D 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tation des éléments acineux; 3° le régime carné déterminerait une 
intoxication hématogène qui modifierait secondairementiles îlots. 

Les conditions du régime mi-végétarien,mi-carné, sont indéterminées 
et ne peuvent être comparées aux conditions simples et bien détermi- . 
nées de l’alimentation naturelle, mais insuffisante. Quant à la structure 
des îlots, MM. Labbé et Thaon parlent uniquement de cellules-volumi- 
neuses, de cellules petites et de formes intermédiaires, entre lesquelles 
ils n'établissent aucune relation génétique. A notre avis, les cellules 
insulaires débutent à l'état de cellules épithéliales qui, essentiellement 
basophiles, deviennent peu à peu acidophiles. Pendant cette transforma- 
tion, le cytoplasma de chaque cellule perd ses limites netles et sefusionne 
avec celui des cellules voisines. Ensuite, il se raréfie, se résorbe ou se 
désagrège, pendant que les noyaux deviennent hémoglobiques. 


En résumé, l'étude méthodique et expérimentale des ilots de Langer- 
hans montre que leurs éléments ont même origine et même ‘évolution 
que les follicules clos tégumentaires et qu'ils élaborent, comme ces 
derniers, du plasma et des hématies. 


À PROPOS DU BACILLE DU RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU, 


par P. ACHALME. 


En quelques lignes, d'allure définitive, MM. Bosc et Carrieu exécutent 
le bacille que, il y a plus de vingt ans (séance du 95 juillet 4891), j'ai 
décrit dans une note présentée à la Société de Biologie comme l'agent 
pathogène du rhumatisme articulaire aigu. Nousdevons donc examiner 
quels sont les faits nouveaux, apportés à l'appui d'aussi catégoriques 
conclusions : 

4° En premier lieu, MM. Bosc et Carrieu n'ont pas trouvé le bacille 
dans le sang. Ils ne sont ni les premiers, ni les seuls, Moi-même, je n’ai 
que rarement obtenu de cultures directes du sang des rhumatisants ; et 
même la présence du microorganisme, constatée par de nombreux 
auteurs que, plus charitable que MM. Bosc et Carrieu, je n'ai aucune 
raison de soupconner de fautes grossières de technique, n’a été pour 
rien dans ma conviction, uniquementétayée sur les seules constatations 
nécroscopiques. Ces dernières, faites dans des conditions exceptionnel- 
lement favorables, m'ont permis de rencontrer le bacille décrit dans le 
myocarde, le péricarde et l’endocarde seuls, en telle abondance que les 
coupes, soumises aux plus sévères critiques, ont entraîné la conviction 
des plus sceptiques. 

D'autre part, mes expériences m'ont montré que le sérum sanguin 


* SÉANCE DU 19 JUILLET 83 


exerce une puissante action empêchante sur les cultures. Il faut donc à 
la fois opérer sur une quantité assez grande de sang et diluer celle-ci 
dans une très grande quantité de lait (1 c. c.de sang dans 200 grammes 

de lait). C'est en employant cette méthode que Stévenin a obtenu de 

nombreux résultats positifs. Les examens négatifs de MM. Bosc et 

Carrieu pourraient donc bien n'être dus qu'à l'insuffisance de -leur 

méthode; 

2° MM. Bosc et Carrieu n'ont pas trouvé le bacille d'Achalme dans le 
liquide articulaire. Mais personne non plus ne l'y a jamais rencontré, 
ce qui est du reste d'accord avec la théorie suivant laquelle le rhuma- 
tisme articulaire aigu est une myocardite toxigène, les manifestations 
articulaires -apparaissant comme des réactions, souvent tardives, non 
de l'infection, mais de l’intoxication de l'organisme; 

3° D’après MM. Bosc et Carrieu, le bacille d’Achalme est un microor- 
ganisme banal. La moindre recherche bibliographique aurait montré a 
MM. Bosc et Carrieu que cette assertion est loin d’avoir le mérite de la 
nouveauté. En 4900, au Congrès de Médecine (section de parasitologie 
et de bactériologie, pp. 63-68), j'ai signalé Le fait. Dans un mémoire très 
étendu (Annales de l'Institut Pasteur, 1902, t. XVI, pp. 641-662), j'ai 
établi que le bacille dont j'avais esquissé l’histoire en 1891, et dont j'avais, 
en 1897 (Annales de l'Institut Pasteur, 1897, t. II, pp. 845-859), donné 
une description complète, avait été ultérieurement décrit par Welch et 
Nutlal (1892), sous le nom de bacillus cadaveris butyricus : par Fränkel 
(1893), sous le nom de bacillus emphysematosus : par Klein (1895), sous 
le nom de bacillus enteritidis sporogenes : par Veillon et Zuber (1898), 
sous le nom de bacillus perfringens, cette dernière description étant, de 
toutes, la plus incomplète et la plus erronée. Je me demande, du reste, 
comment MM. Bosc et Carrieu, n'ayant jamais obtenu de cultures du 
bacille d'Achalme, ont pu le comparer expérimentalement au bacillus 
perfringens. Ils n’ont, dans tous les cas, enfoncé là qu’une porte large- 
ment ouverte; 

4° Du fait que le bacille d'Achalme est un bacille banal, MM. Bosc et 
Carrieu concluent qu'il n’a rien à voir avec le rhumatisme. Il est à noter 
qu'un semblableraisonnement pourrait s'appliquer, au streptocoque dans 
l'érysipèle, au staphylocoque dans l’ostéomyélite, au colibacille dans les 
infections paralyphoïdes. Nous croyons avoir répondu par avance à cet 
argument, qui ne semble pas basé sur une connaissance très approfondie 
de la pathogénie humaine. 

« Les uns ont voulu considérer ce pouvoir pathogène comme sans 
importance, le microbe dont il s’agit étant, d’après eux, un microbe banal. 
Mais cette qualification, un grand nombre de microbes jouant un rôle 
capital dans la pathogénie humaine ne la méritent-ils pas au même 
titre ? D'autre part, l'étiologie du rhumatisme articulaire aigu n'est-elle 
pas elle-même une étiologie banale dans laquelle la fatigue et le froid 


SA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tiennent la première place? Les choses ne se passent pas, en effet, comme 
si le malade était brusquement infecté par un microbe spécifique, mais 
comme si, sous l'influence de certaines conditions, l'organisme devenait 
la proie d'un microbe toujours présent. » (Congrès de Médecine, 1900.) 

« .… I s’agit là d'un microbe banal, commensal habituel de l'intestin, 
qui, dans des conditions spéciales ou, grâce à des associations, peut 
envahir l'organisme et donner lieu aux manifestations les plus variées. 

« La plus caractéristique semble être le rhumatisme articulaire aigu. 
Le bacille, pénétrant au niveau de l'intestin, peut arriver au cœur par la 
circulation générale. Si, sous des influences diverses (froid, surmenage 
musculaire), des conditions de vie sans air deviennent possibles à ce 
niveau, le bacille envahit le muscle cardiaque, où la consommation con- 
tinuelle d'oxygène, et la présence des déchets dus à la contraction, lui 
créent une atmosphère favorable, etc. » (Traité d'Hygiène, Brouardel et 
Mosny, t. XVIII, p. 92.) 

Si donc les méthodes techniques de MM. Bosc et Carrieu ne sont pas 
plus rigoureuses que leurs déductions et leur documentation bibliogra- 
phique, les conclusions que j'ai formulées il y a plus de vingt ans, et 
qui ont été vérifiées par les travaux de Thiroloix, Triboulet et Coyon, 
Savtchenko, Carrière, Pic et Lesieur, Souques, de Bettencourt, Hewlelt, 
Georges Rosenthal, Stévenin, etc., n’ont rien à craindre d'attaques où 
le dogmatisme de la forme dissimule mal la fragilité des bases expéri- 
mentales. 


REMARQUE SUR LES VACCINS ANTITYPHOÏDIQUES CHAUFFÉS, 


par H. VINCENT. 


J'ai démontré (25 avril et 9 mai 1913) que le chauffage à 120 et 
à 100 degrés détruit entièrement les propriétés immunigènes du vaccin 
antityphique. Friedberger et Moreschi avaient précédemment établi que 
la température de 120 degrés lui enlève son pouvoir bactéricide. 

Un rapport récent de la Commission scientifique anglaise, chargée 
d'étudier la vaccination antityphoïdique, apporte une nouvelle contri- 
bution à la question des vaccins chauffés (/eport of he antityphoïd 
Committee, London, 1913, publ. par H. M. Stationery Office, p. 20 et 21). 

La Commission a inoculé, à deux reprises, au lapin, une émulsion de 
bacilles typhiques, âgée de vingt-quatre heures elcontenant 1.283 millions 
de bacilles par centimètre cube. Cette émulsion avait été préalable- 
ment chauffée à 65 degrés pendant 20 minutes. 

Il résulte de ces expériences qu'il n'y a eu aucun développement de 
substance bactéricide dans le sang des lapins ayant recu le vaccin. 
chauffé à 65 degrés. 


SÉANCE DU 19 JUILLET 85 


La Commission conclut textuellement comme il suit : « Le chauffage 
à 65 degrés donne un vaccin de valeur insignifiante, comme on peut en 
juger par l'absence de développement des substances protectrices 
caractéristiques ». 

Ces expériences fournissent donc une nouvelle preuve de l’inefficacité 
des vaccins chauffés à 100 et 120 degrés, et renforcent même la conclu- 
sion que j'avais formulée puisque les propriétés du vaccin disparaissent 
déjà à 65 degrés. 


SUR LA SIGNIFICATION DU CHROMATOPHORE DES ALGUES, 


par À. GUILLIERMOND. 


EL. — Nos recherches ont démontré que les formations qu'on désigne 
chez les végétaux supérieurs sous le nom de plastes (plastes amylogènes, 
plastes chlorophylliens) résultent d’une différenciation de mitochon- 
dries et peuvent être considérés en quelque sorte comme des mitochon- 
dries plus évoluées et différenciées en vue d’une fonction spéciale, 

Ces résultats nettement établis se concilient difficilement avec ce que 
l’on observe chez les Algues, qui le plus souvent ne renferment qu'un 
seul chloroplaste ou chromatophore (1). Get organe volumineux se pré- 
sente suivant les espèces avec des formes très variées : lame aplatie ou 
étoilée, ruban spiralé ou réticulum, et occupe à lui seul la majeure 
partie du contenu de la cellule. Le chromatophore est un organe per- 
manent de la cellule, au même titre que le noyau : il se divise pendant 
le partage cellulaire et se perpétue par l'œuf. 

Quelle relation existe-t-il entre le chromatophore des Algues et le 
chloroplaste des végétaux supérieurs, que représente le chromatophore 
vis-à-vis des mitochondries? Telle est la question que nous nous sommes 
posée. 


Il. — Pour essayer de la résoudre, nous nous sommes adressé à plusieurs 
Algues où le chromatophore présente son plus haut degré de différenciation : 
Spirogyres, Mésocarpes, Cladophores, Desmidiées. 

Prenons comme exemple une Spirogyre que nous avons spécialement 
étudiée. On sait que dans les Spirogyres le chromatophore est un ruban 
enroulé en spirale dans le sens de la longueur de la cellule et occupant la 
plus grande partie de la cellule. 

Dans l'intérieur de ce ruban uniformément imprégné de chlorophylle, se 


(1) Chloroplaste et chromatophore sont deux termes synonymes. Néanmoins, 
pour distinguer le chloroplaste spécial des Algues des chloroplastes des végé- 
taux supérieurs, nous lui réserverons ici exclusivement le nom de chromo- 
plaste. 


86 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


x 


irouvent alignés à intervalles réguliers des corpuscules incolores nommés 
pyrénoïdes et dont la signification est encore obscure : c'est autour de ces 
corpuscules que naissent les grains d’amidon. 

Il est facile de constater que ces chromatophores présentent exactement les 
mêmes caractères histo-chimiques que les chioroplastes des végétaux supé- 
rieurs : comme eux, ils se colorent électivement et de la même manière que 
les mitochondries par les méthodes de Regaud, Benda, Altmann et Sjowal. 
Ces méthodes font apparaître dans le chromatophore une structure spon- 
gieuse, formée d’un fin réseau, se colorant comme la substance mitochon- 
driale et limitant de petits espaces incolores ou peu colorés. Les pyrénoïdes 
eux aussi se colorent comme les mitochondries : ils sont entourés d’une col- 
lerette de grains d'amidon inclus de toute part dans la substance colorable 
qui constitue le réseau du chromatophore. 

Nos observations nous ont permis de constater en outre dans le chroma- 
tophore la présence presque constante de globules de graisse colorables en 
brun foncé par l'acide osmique et de corpuscules métachromatiques. Ces 
deux catégories de corps sont réparties surtout autour des grains d'amidon 
et des pyrénoïdes. La formation des corpuscules métachromatiques aux 
dépens du chromatophore, déjà soupconnée par A. Heger, a été mise en évi- 
dence tout récemment par Mn° Moreau. , 

Ainsi le chromatophore des Algues par ses caractères histo-chimiques me 
diffère en aucune manière des chloroplastes des végétaux supérieurs, et se 
montre constitué par une substance incontestablement très voisine de la 
substance mitochondriale. Cependant cette substance, comme celle des chlo- 
roplastes des végétaux supérieurs, s'écarte de la substance mitochondriale par 
sa beaucoup plus grande résistance vis-à-vis des agents de fixation ordinaires 
qui attirent les mitochondries. ; 

Une autre particularité qui se dégage de nos recherches est le fait que la 
cellule de la Spirogyre que nous avons étudiée ne paraît pas avoir de mito- 
chondries. Elle renferme un cytoplasme peu abondant, dans lequel il nous a 
été impossible d'observer des mitochondries. 

Les autres Algues observées nous ont fourni des résultats en tous points 
analogues. Partout nous avons pu consfater dans le chromatophore la pré- 
sence de corpuscules métachromatiques et de globules de graisse et parfois 
aussi d’autres granulations colorables. Ceci semble donc démontrer que les 
globules de graisse et les corpuscules métachromatiques sont toujours les 
produits de l'activité du chromatophoreet que, lorsqu'on les rencontre dans ces 
mêmes Algues en dehors du chromatophore, ils ont dû être formés antérieu- 
rement dans cet organe. 


IE. — Tels sont les faits que nous avons observés. Comment mainte- 
nant peut-on les interpréter ? Il semble d’abord que les cellules des 
Algues que nous avons observées sont dépourvues de mitochondries et 
en cela ontune organisation différente des autres cellules. D'autre part, 
le chromatophore est un organe spécial aux Algues, permanent et pré- 
sentant un développement considérable et une structure très complexe 
qui le distinguent des chloroplastes des végétaux supérieurs. Il offre 
cependant les mêmes caractères histo-chimiques que ceux-ci et semble 


SÉANCE DU Â9 JUILLET 87 


renfermer comme eux de la substance milochondriale. En dehors de 
cette analogie chimique, le chromatophore des Algues possède en com- 
mun avec les mitochondries à la fois des caractères morphologiques et 
physiologiques. 

Morphologiquement, bien que totalement différent de toutes les 
formations mitochondriales connues jusqu'ici, il offre en commun ‘avec 
Jesmitochondries le caractère d’être un organe permanent de la cellule, 
se divisant lors du partage cellulaire et se transmettant de cellule en 
cellule. | 

Physiologiquement, enfin, il joue le même rôle que les mitochondries, 
puisqu'il élabore les produits de sécrétion de la cellule (chlorophylle, 
amidon, graisses, corpuscules métachromatiques) qui sont erdinaire- 
ment les produits de l’activité des mitochondries. 

Dès lors, et en s'appuyant surtout sur la fonction physiologique de cet 
organe, il semble permis de penser que le chromatophore des Algues 
serait homologable au chondriome des cellules ordinaires. Tandis que, 
dans la grande majorité des cellules, le chondriome serait représenté 
par un très grand nombre d'éléments mitochondriaux disséminés dans 
le cytoplasme et pouvant être pourvus chacun d’une fonction spéciale, 
dans la cellule des Algues, il serait au contraire condensé en un organe 
particulier, réunissant à lui seul toutes les fonctions physiologiques 
réparties entre les différents éléments du chondriome ordinaire. 


Remarquons que si cette interprétation (1) est exacte, elle peut contribuer 
à éclaircir singulièrement certaines questions encore très discutées de l’évo- 
lution et du rôle physiologique des mitochondries. Elle tendrait à prouver 
définitivement que les mitochondries sont des organites ne se formant que 
par division et incapables de naître de nouveau dans le cytoplasme, théorie 
généralement admise, mais non démontrée. En outre, elle démontrerait que, 
contrairement à l'opinion soutenue encore par un grand nombre d'auteurs, 
les mitochondries n'ont aucun rôle dans l’hérédité. En effet, bien que la 
question ne soit pas encore résolue pour toutes les Algues, il est aujourd’hui 
démontré que, pour certaines espèces, pendant la fécondation, le chromato- 
phore mâle dégénère, après s'être introduit avec le cytoplasme dans l'œuf, et 
que seul le chromatophore femelle fournit par division les chromatophores 
des cellules issues du développement de l'œuf. 


(1) Cette théorie ne s'applique pas à toutes les Algues, car dans les Algues 
les plus évoluées (Phéophycées par exemple), il va généralement dans chaque 
cellule de nombreux chloroplastes analogues à ceux des végétaux supérieurs. 
Il semble résulter des observations récentes de Le Touzé que ces chloroplastes : 
résultent de la différenciation de mitochondries. 


88 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ESSAI DE SÉPARATION DES SENSIBILISATRICES, 


par J. ARLO. 


Les sérums naturellement hémolytiques pour les globules de certains 
animaux, précipités par l'acide acétique, perdent, une fois reconstitués 
par l'addition de globuline au liquide restant, leurs propriétés hémoly- 
tiques. Leurs parties reconstituantes prises isolément n'hémolysent 
plus (1). 

On sait d'autre part que, sous l’action de 8 à 10 volumes d’eau distillée 
etd’acide carbonique, les globulines du sérum sont précipitées (Liefman). 
Il nous a paru intéressant de rechercher si, après précipitation par l’eau 
distillée et l'acide carkLonique, les sérums hémeolytiques et les sérums 
antitoxiques perdaieut leurs propriétés hémolytiques et antitoxiques, 
alors même qu'on réunit leurs éléments constituants. 

Dans le sérum dilué par addition de dix fois son volume d’eau dis- 
tillée, nous avons fait passer un courant d'acide carbonique pendant 
trente minutes. Le précipité obtenu est séparé par centrifugation. Le 
liquide clair décanté est, par concentration dans le vide à 55 et 37 degrés, 
ramené au volume primilif du sérum. 

Le précipité émulsionné dans l’eau distillée est isotonisé et ramené 
au volume primitif du sérum employé. 


L. — Sérum hémolytique antichèvre. — Nous avons recherché la pré- 
sence des hémolysines dans : 

1° Le liquide; 

2° Le précipité; 

3° Le liquide reconstitué avant centrifugation ; 

4° Le liquide reconstitué après centrifugation. 

Nous avons employé des doses fractionnées des liquides ci-dessus et 
une quantité fixe d'alexine (0 c.c. 05 de sérum frais 1 cobaye) et de 
globules (0 c.c. 025 de globules de chèvre). 

Le liquide hémolyse à la dose de 0 e. c. 005. 

Le précipité n'hémolyse pas pour une dose dix fois supérieure, 
0:C-c205, 

Le liquide reconstitué avant centrifugalionu hémolyse à la dose de 
0 c.c. 005. 

Le liquide reconstitué après centrifugation hémolyse à la dose de 
0 c.c. 005. 

Les manipulations n'ont pas modifié l'hémolysine, dont la majeure 
partie reste dans le liquide décanté. 


(1) Patein et E. Roux. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 17 mai 1913. 


SÉANCE DU 19 JUILLET 89 


——— 


IT. — Sérum antivenimeux antineurotoxique et antihémolytique. — Nous 
avons recherché aussi dans quelle partie du sérum, liquide ou précipité, 
passait le pouvoir antineurotoxique et antihémolytique du sérum anti- 
cobra. : 

Nous avons employé le même procédé que plus haut, pour la sépara- 
tion du liquide et du précipité. 

Le sérum antivenimeux titré, neutralise 1 milligramme de venin par 
centimètre cube de sérum. 


À. — Pouvoir antineurotoxique. — À une dose fixe de venin, 1 c.c. 

d'une solution à 2,5 p. 1000 (dose cent fois mortelle), on ajoute des doses 

croissantes de liquide ou de précipité. On injecte 1 c.c. du mélange sous 
la peau d’une souris : soit O0 milligr. 5 de venin. 


D de ave Pac rt 
2 mgr. 5 2:0.6.5 2:65» h430 45 minutes. 
2-mor.l5 DACACRD TNCACAES 18 heures. 40 minutes. 
2 mgr. 5 SCC 0 LC CH Survie. 30 minutes. 
2 mgr. 5 4 C.c. » 0 Sur\ie. 40 minutes, 


L’antineurotoxine se retrouve donc complètement dans la partie 
liquide décantée. 


B. — Pouvoir antihémolytique. — Nous avons déterminé la valeur 
antinémolytique de chaque fraction du sérum par l'emploi de doses crois- 
santes. Le sérum et le liquide possèdent sensiblement la même valeur 
antihémolytique : À c.c. neutralise À milligramme de venin. Le préci- 
pité ne renferme que des traces d'antihémolysine. 


Conclusions. — Il résulte des expériences ci-dessus que : 

1° La méthode employée ne modifie pas les propriétés étudiées du 
sérum hémolytique antichèvre et du sérum antivenimeux; 

2° Le pouvoir hémolytique de notre sérum antichèvre passe dans le 
liquide après précipitation par l'eau distillée et l’acide carbonique ; les 
globulines précipitées sont inactives ; 

3° La substance antineurotoxique et la substance antihémolytique 
du sérum antivenimeux restent aussi dans le liquide, les globulines 
précipitées sont inactives. 


(Institut Pasteur de Lille.) 


90 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - 
LA. SEGMENTATION DE L'OŒEUF D’Ascaris AU POINT DE VUE. ÉNERGÉTIQUE, 


par E. FAURÉ-FREMIET. 


La fécondation transforme l’oocyte del'Ascaris en un système chimique 
fermé, protégé par une membrane imperméable d'acide ascarylique, et 
par une deuxième membrane de chitine ; mais elle ne détermine pas la 
segmentation. Celle-ci ne commence qu'à partir du moment où l'œuf est 
mis en contact avec l'oxygène; à partir de ce moment, la durée de la 
segmentation est fonction de la température. 

: L’œuf d’Ascaris renferme deux sortes de substances de réserves : une: 
graisse neutre ressemblant parses caractères microchimiques à un trigly- 
céride possédant au moins une molécule d’un acide gras non saturé; 
et du glycogène. La segmentation de l’œuf ne pouvant se faire qu'en 


présence de 0°, il est vraisemblable d'admettre qu’une partie de ces : 


substances est brülée, et fournit l'énergie nécessaire à la segmentation. 


Variation de poids. — L'œuf d’Ascaris perd de son poids pendant la 
sep anoRe Lorsque l'embryon est constitué, le système a perdu en 
moyenne 5,7 p. 100 de son poids sec primitif. 

lentes gazeux. — Pendant la segmentation, l'œuf d’Ascaris absorbe 
de l'oxygène et élimine de l'acide carbonique. 

Les échanges totaux, rapportés au poids s sec de l'œuf, COespond As 
en moyenne aux chiffres suivants : 


7,8 p. 100: de O* absorbé. 
8,6 p. 100 de. CO? éliminé. 


H s'ensuit une perte moyenne de 2,3 p. 100 de carbone provenant des 
réserves de l'œuf. Cetle perte de carbone s’accompagne probablement 
d’une formation d’eau; si l’on calcule celle-ci en admettant que l'acide 
carbonique formé provient de la combustion d’une graisse neutre ana-- 


logue: à la tripalmitine, on trouve comme quantité d'eau 3,3 p. 100: Or, 


le total C : 2,34 H°0 : 3,3 —5,6. 
La perte moyenne de substance calculée d’après les échanges gazeux 
est donc identique à la perte de poids moyenne trouvée: directement. 


a 


Quotient respiratoire. — Le rapport Sr varie pendant la durée de La. 


segmentation. À la température de 37°C., on trouve de vingt-quatre en 
vingt-quatre heures les valeurs suivantes : 


» 0,82 0,80 0,74 0,90 0,92 


Ces chiffres semblent indiquer que pendant la période la plus active 


de la segmentation les combustions portent surtout sur les graisses, 
tandi qu’à la fin elles portent principalement sur les hydrates de 


SÉANCE DU 19 JUILLET 91 


carbone. C'est ce que vérifie exactement l’étude microchimique de l’em- 
_ bryon à ces différents stades. 
_ Je montrerai dans une autre note que des expériences faites avec 
MM. Victor Henri et R. Wurmser sur l’action des rayons ultra-violets sur 
la vitesse de segmentation de l'œuf d’Ascaris apportent encore un argu- 
ment à l'appui de ces constatations. 
- Chaleur de combustion. — Les chaleurs de combustion avant et après 
développement ont été déterminées à la bombe calorimétrique dans le 
laboratoire de M. le professeur Jungfleisch. 

Comme il est nécessaire d' opérer chaque fois sur une grande quantité 
d'œufs, et comme il est impossible d'obtenir des lots mr homo- 
gènes, les déterminations représentent des valeurs approchées. Les 
chiffres moyens sont : 


OPUÉSENON sSESMeNntéss ra . . . . 5.680 calories grammes. 
OEufs a terme de: la rent or se ge 400 calories grammes. 


La segmentation de 1: gramme d'œuf d'Ascaris (poids-see) libère: donc 
près de 300 calories (4). Le chiffre calculé d’après la quantité moyenne 
de G0° formé, en admettant qu'il provienne de la combustion des 
graisses, est d'environ 280 calories. 

Travail de segmentation. — I est intéressant de rapporter ces chiffres 
non plus à À gramme de substance sèche, mais à un œuf normal. La 
densité de l'œuf d'Ascaris étant E,08 et son volume 2,88.107 c.c., son 
“poids réel est de 3,11.107 grammes. La quantité de chaleur libérée pen- 
dant la segmentation, rapportée au poids de substance humide, est de 
539.107 calories par œuf, et le travail de formation, pour un embryon 
d'Ascaris, est. d'environ 2953 ergs. 

D'après la marche des échanges gazeux, on peutadmettre que: pendant 
trois jours, à la température de 37°C., l'œuf d’Ascaris libère la même 
quantité d'énergie par unité de temps. On peut done apprécier le travail 
correspondant à la première mitose de la segmentation par exemple; sa 
valeur est d'environ 56-70 ergs. Or, il est intéressant de constater que 
le minimum d'énergie nécessaire pour obtenir au moyen des rayons 
ultra-violets l’arrêt complet de cette première division est une valeur 
du même ordre, soit 45 à 50 ergs.. 


Conclusion. — La segmentation de l'œuf d'Ascaris ne doït pas être 
confondue avec un développement proprement dit, car l'énergie prove- 
nant de [a combustion des réserves n’est pas utilisée à accroître le masse 
de substance vivante, mais seulement, peut-on supposer, à effectuer le 


(4) EL faut remarquer qu'une grande partie de la chaleur de combustion de 
l'œuf est certainement due à l'acide ascarylique et à la chitine des mem- 
branes d’enveloppe, qui ne peuvent servir comme substances de réserve. 


992 SOCIÉTE DE BIOLOGIE 


travail de division et de différenciation. L’œuf à l'état initial est un 
système fermé qui se dégrade peu à peu en un système ouvert plus 
complexe et apauvri, mais capable alors de se développer au sens propre 
du mot pendant son évolution post-embryonnaire. 


MÉCANISME DE L'IMMUNITÉ ANTITOXIQUE PASSIVE, 


par C. LEvVADITI et ST. MUTERMILCH. 


Des recherches antérieures (1), concernant le mode d'action de la 
toxine et de l’antitoxine diphtériques sur la survie et la multiplication 
des cellules in vitro, nous ont amenés à envisager autrement qu’on ne 
l'a fait jusqu’à présent, le mécanisme de l’immunité antitoxique passive. 
On admettait auparavant que l’antitoxine protège l'organisme contre 
l'empoisonnement causé par la toxine, en neutralisant cette toxine hors 
des éléments cellulaires. Administrée à un animal donné, l’antitoxine 
persiste dans le sang circulant pendant un certain temps, puis elle 
s'élimine peu à peu et finit par disparaître complètement; or, disait-on, 
tant que l’antitoxine existe dans le système circulatoire, elle arrête la 
toxine dans son chemin vers les cellules sensibles, la neutralise et 
met ainsi l'organisme à l'abri de l'intoxication. Nos recherches nous ont 
montré cependant, qu'en dehors de ce mode de protection antitoxique, 
il y en a un autre, que voici : l'antitoxine ne se borne pas à circuler dans 
le sang, elle se fixe aussi sur certaines cellules et leur confère ainsi un 
degré d'immunité passive appréciable. Nos expériences ont été faites 
in vitro. On était donc en droit de nous objecter que ce qui se passe 
dans le tube à essai peut ne pas avoir lieu dans l'organisme vivant, et 
que, par conséquent, il était nécessaire, avant de conclure d'une façon 
définitive, de contrôler nos recherches par des essais faits in vivo. Nous 
avons comblé cette lacune et nous apportons aujourd'hui de nouveaux 
faits qui viennent confirmer notre hypothèse. 


Technique. — On injecte à des petits poussins, dans les muscles, 1 c.c. de 
sérum antidiphtérique de l'Institut Pasteur (au moins 250 unités). Les. ani- 
maux sont sacrifiés vingt-quatre heures ou plusieurs jours après l'injection, 
el on prélève aseptiquement un fragment de cœur. On découpe ce fragment 
en tout petits morceaux, que l’on lave à deux reprises dans des boîtes de 
Petri contenant du liquide de Ringer. On les soumet ensuite à l’action de 
la toxine diphtérique (0 c.c. 3, dilutions variables) pendant vingt-cinq minutes, 


(1) Levaditi et Mutermilch. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 mars 
1913, t. LXXIV, p. 614. 


FANS 


SÉANCE DU 19 JUILLET 93 


puis on les place dans du plasma de poule (boîtes de Gabritchewski). Des 
fragments de cœur d’un poussin normal servent comme témoin. 


ExPÉRIENCE. — La sensibilité des fragments du cœur, appréciée d’après la 
capacité proliférative du tissu conjonctif, a été examinée vingt-quatre heures, 
deux jours et cing jours après l'injection du sérum antidiphtérique. 


Immunité passive des fragments de cœur. 


TEMPS | JOURS TOXINE AU 1/50 | ToxiNe AU 1/100 | roxINE AU 1/500 
après | 'obser- CŒUR CŒUR 
inject. ! 

d'anti- | Vation imm,. témoin 


: Lee cœur cœur cœur cœur cœur cœur 
toxine |2nvilro 


imm. témoin imm. |témoin inm. témoin |} 


le jour.| Début. Début. 0000 0009 0000 0000 
Part: ++++| 0000 .|++++| 0000 : 0000 
+++ ++++) 0000 |++++| 0000 0000 


24 heures. 


Ra 0000-22 0) 0000 1 0000 


0000 0000 0000 0000 0000 0000 00 0000 


Part. Trace. Part. 0000 Part. 0000 0000 


+++ Part. +++ 0! 0000 dis 0000 0000 
part. 
LIL [LH part.| +++ 0000 |+++-L| 0000 0000 

part. 


1er jour. 0000 0000 0000 0000 0000 0000 
— Trace. Trace. Trace. | 0000 Trace. 0000 


Part. AA Part. 0000 | Partiel,| 0000 
part. 
+ part. |+++++ 0000 +++ 0000 
+ 0 part. ir. 
part. 


ÿ jours. 


Ce tableau montre que vingt-quatre heures, deux et cinq jours après 
l'injection de l’antitoxine dans les muscles du poussin, les fragments de 
cœur, débarrassés de l’antitoxine circulante par des lavages repétés, se 
montrent réfractaires à l'égard de la toxine diphtérique diluée au 50°, 
au 100° etau 500°. Il en résulte que les éléments cellulaires, en particulier 
les cellules du tissu conjonctif, fixentin vivo l'anticorps et acquièrent ainsi 
un certain degré d’'immunité, indépendante de la présence de l'antitoxine 
dans le sang. D’autres expériences, disposées de la même manière, nous 
ont montré que ce degré d’immunité fléchit au fur et à mesure que l'on 
s'éloigne du moment de l’inoculation de l’antitoxine. À quel moment 
disparait-il complètement? Cette disparition concorde-t-elle ou non, 
avec celle de l’immunité générale conférée par l’antitoxine, ce sont là des 
questions que nous envisagerons ultérieurement. 

Pour le moment, nous nous sommes demandé si cet état réfractaire 


n 
(l 


Brococie, CompTEs RENDUS. — 1913, T. LXXV. 


94 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


acquis par les tissus est héréditaire, en d’autres mots, si les éléments 
cellulaires de générations ultérieures, issus de cellules mères vaccinées passi- 
vement, continuent à résister à la toxine. L'expérience suivante répond à 
celte question. 


ExpÉRIENCE. — Cœur prélevé 24 heures après l'injection de l’antitoxine. 
1 CŒUR SANS TOXINE CŒUR + TOXINE 1/100 
A 
È JOURS 
Cœur Imm. Cœur Norm. Cœur Imm. Cœur Norm. 
À DEN EM Trace. Part. +++ peu. 0000 
JÉSEERE RON Part ++ ++ SRE TETT 0000 
IPC +++ ++++ ++++ 0000 
PASSAGE DANS TOXINE AU 1/100 NOUVEAU PASSAGE DANS TOXINE AU 1/100 
et plasma et plasma 
î JOURS 


Plasma Toxine | Plasma | Toxine | Plasma Toxine 


RER ETES + tr. 000 |tr. O tr. | 0 0 0 O |peu, peu.| 0 000 
flo À ES AN O 0 el 0 0/00 NO 00 
RER +4 00,000, |# 22) 000.01! 26101000 
TRE eo 00 0 EL 00-0100 2e 0 0001000 


Cette expérience montre que les cellules de générations ultérieures, 
issues d'éléments réfractaires à la toxine, se comportent comme les cellules 
témoin à l'égard de cette toxine ; elles ont perdu l’immunité passive dont 
jouissaient leurs cellules mères. Ce fait, établi par desexpériences in vitro, 
concorde donc avec la non-transmissibilité héréditaire de l’immunité 
antitoxique. 


Nous avons fait des recherches analogues avec le venin et le sérum anti- 
venimeux; elles nous ont montré que le cœur des poussins ayant reçu de 
l'antivenin, ne jouit d'aucun état réfractaire propre. Ici aussi, l'expérience 
in vivo concorde donc avec ce que nous avons constaté in vitre (1). 

Comme nous l'avons déjà dit dans notre travail sur le venin, le faible pou- 
voir antitoxique du sérum antivenimeux, comparé à celui de l’antitoxine 
diphtérique, explique la dissemblance entre le mode d'action de l’antivenin 
d’une part, et celui de l’antitoxine diphtérique, d'autre part. 


Conclusion. — Cesrecherches montrent que les anticorps antiloxiques, 


surtout lorsqu'ils proviennent d'une espèce animale étrangère, se fixent sur 


(4) Levaditi et Mutermilch. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, p. 1379,. 
t. LXXIV, 4943. 


SÉANCE DU Â9 JUILLET 1:95 


les éléments cellulaires. Ils leur confèrent ainsiun élatréfractaire propre qui 
s'ajoute a celui qu'assurent, de leur côté, les antitoxines circulantes. Mais 
il se peut aussi que, par le même mécanisme, les anticorps rendent ces 
cellules hypersensibles. On peut admettre, en effet, que dans l’anaphy- 
laxie passive, l’anticorps anaphylactique se fixe, comme le fait l'anti- 
toxine diphtérique, sur certains éléments cellulaires et attire ainsi 
l'antigène sur ces éléments. Le choc anaphylactique serait dü à la com- 
binaison brusque, au niveau de la cellule, entre l'anticorps fixé et 
l'antigène injecté ultérieurement (1). 


SUR LES PREMIERS STADES DU DÉVELOPPEMENT DES GRÉGARINES 
DU GENRE Porospora (— Nematopsis), 


par L. LÉGER et O. DuBosca. 


Dans une note récente (2), nous avons montré que les Vematopsis 
des Lamellibranches n'étaient pas, comme on le croyait jusqu'ici, des 
Sporozoaires autonomes, mais qu'ils représentaient seulement la gamo- 
gonie des Grégarines du genre Porospora, dont la schizogonie se passe 
chez les Crustacés décapodes. Nous reviendrons aujourd'hui sur les 
premiers stades de l’évolution chez le Crustacé. Nous distinguerons suc- 
cessivement la déhiscence de la spore, le stade de sporozoïte libre, le 
stade de céphalin et le stade de sporadin. 

Déhiscence de la spore. — Les spores nématopsidiennes se rencontrant 
chez beaucoup de Lamellibranches (Solen, Tapes, Tellina, Mactra, 
Donax, Cardium, Mytilus), on peut prévoir que la spécificité parasitaire 
-est assez étroite et que les espèces de Porospora sont nombreuses. Ainsi, 
d’après leur forme, leur taille et leur groupement, les spores de Poros- 
pora (Nematopsis) Schneideri LÉGER, de Mytilus edulis L. sont différentes 
des spores nématopsidiennes qu'on trouve chez Mytilus galloprovin- 
cialis Lur. et ne s'identifient pas davantage avec celles de Mytilus 
minimus PoLr qui représentent une troisième espèce. Cette systématique 
sera longue à préciser. Pour savoir à quelles Porospora des Crustacés 
correspondent jes divers Vemalopsis, des infestations minutieusement 
suivies seront nécessaires. La simple constatation de la déhiscence de la 
spore ne suffit pas à dépister l'hôte véritable. Les spores des Vema- 
topsis des Moules s'ouvrent indifféremment dans un #omarus, un 
Carcinus ou un Portunus, mais le sporozoïte mis en liberté dans 


(1) L’incubation qu’exige la création de l’anaphylaxie passive représenterait 
le temps nécessité par la fixation de l'anticorps sur les cellules. 
(2) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, 23 juin 1913. 


96 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


l'intestin de ces Crustacés ne s’y développe jamais. Il est entraîné dans 
le rectum, devient plus lrapu en se raccourcissant, et une boule sarco- 
dique, qui apparaît à sa partie antérieure, est l'annonce certaine de sa 
dégénérescence. 

Etant donné que le Pinnotheres pisum PER. et le Nematopsis Schnei- 
deri LéGEr n'existent jamais l’un sans l’autre chez Mytilus edulis, la 
Grégarine Cephaloidophora fossor LÉGER du petit crabe mytilicole pour- 
rait bien être une Porospora, qui tomberait alors en syÿnonymie avec 
Nematopsis Schneider. 

Jusqu'ici, nous avons seulement suivi le développement des spores 
nématopsidiennes des branchies de Cardium edule L. On peut observer 
leur déhiscence presque aussi bien dans un Pachygrapsus où un £riphia 
que dans un Carcinus ou un Portunus, mais le sporozoïte mis en liberté 
ne se fixe et ne se développe en Grégarine que chez les Carcinus ou les 
Portunus. : F 

Nous avons déjà décrit cette Spore monozoïque de Porospora portu- 
nidarum FRENZEL avec son épaisse épispore mucoïde et son endospore 
mince et résistante percée d’un micropyie apical (fig. 41). Quand ces 
spores sont avalées par un Portunus depurator LEACH, au bout de cinq 
à six heures beaucoup d’entre elles sont ouvertes sous l’action du suc 
intestinal et on peut assister à la déhiscence de celles qui ne le sont pas. 
L'épispore se gonfle légèrement, puis est digérée progressivement, la 
dissolution commençant par le gros bout (fig. 2) et s'étendant de proche 
en proche jusqu'au sommet micropylaire, où une mince calotte de 
substance épisporale plus condensée persiste assez longtemps (fig. 3). 
Dès qu'elle est disparue, le sporozoïte sort par le micropyle (fig. 4). 

Sporozoïles libres. — Le sporozoïte de Porospora portunidarum n'a 
guère plus de 22 y quand il vient de sortir de la spore (fig. 5). Bien qu'il 
soit capable de se piquer sur une cellule dès sa sortie, il mène souvent 
dans la lumière intestinale du Crabe une vie libre pendant laquelle il 
grandit notablement. Nous avons observé des sporozoïtes libres ayant 
jusqu'à 34 v (fig. 6) et on en trouve de cette taille qui viennent de se 
fixer (fig. 7). Peut-être d'ailleurs existe-t-il une première période où le 
sporozoïte s'attache aux cellules et s’en détache tour à tour. : 

Céphalins. — Dans le stade de céphalin, nous distinguerons deux 
phases, une phase de tassement et une phase d'accroissement. 

Le sporozoïte se pique généralement dans les dépressions qui 
séparent les bouquets de cellules müres, mais aussi bien sur les cellules 
jeunes formant le fond de la dépression que sur les flancs ou le plateau 
des cellules mûres qui la bordent (fig. 7). Dès qu'il s'est fixé définitive- 
ment, il change de forme. On le voit se tasser jusqu'à devenir globuleux 
et n'avoir au plus que 7 w de hauteur (fig. 10,13). C'est alors à peu près 
une sphère dont on aurait enlevé une calotte et qui s'appliquerait sur la 
cellule par la surface de section. 


Comptes rendus de la Soc. de Biologie. TOuE) LXXV, "PL 1 


(L. Léger et O. Duboscq.) 


> % 
x 
Re VS 
Re, 
N 
© 
S 


4 


APTOATS 


Porospora portunidarum FRENZEL. 


1. Spore némalopsidienne des branchies du Cardium edule L.; 2. 3. 4. Digestion 
de l’épispore et sortie du sporozoïte; 5. Sporozoïte récemment sorti (Giemsa); 
6. Sporozoïte sorti depuis plusieurs heures; 7. Sporozoïtes fixés; 8. 9. 10. Phase de 
tassement sur le flanc d'une cellule müre; 11. 12. 13. Phase de tassement sur le 
plateau d’une cellule jeune ; 14, 15, 16. Accroissement du céphalin; 17, 18, 19. 
Sporadins. X 1500. 


re 


E 
: 
. PE: : 


- + 
4 2 


6 
EN 


SÉANCE DU 19 JUILLET 97 


Pour arriver à cette forme caractéristique de la phase de tassement, 
le sporozoïte prend des aspects variables selon les cas et déterminés par 


son orientation première. S'il s’est fixé sur le flanc d'une cellule mûre, 


il s’accole à elle par toute une partie latérale de son corps (fig. 8) et en 
se condensant s’affaisse comme une jeune Vina (fig. 9). S'est-il, au con- 
traire, piqué sur une cellule jeune, alors il se tient toujours perpendi- 
culaire à la surface du plateau, se raccourcit en restant cylindrique 
(fig. 11), s'applique ensuite plus largement sur le plateau cellulaire en 
devenant conique (fig. 12),et, par le progrès de la contraction, atteint la 


forme en dôme caractéristique de la fin du tassement (fig. 43). Dans 


cette transformation, qui est rapide, les jeunes stades ne changent guère 
de volume. 
A la phase de tassement succède la phase d’accroissement (fig.14,15,16) 


- pendant laquelle (stade de 10 x) apparaît une cloison délimitant un 


_protomérite et un deutomérite. Quand elle à 10 x, la jeune Grégarine 


peut se détacher définitivement de l’épithélium (fig. 18). En général, elle 
y resle fixée jusqu'à 13 met on trouve même des céphaline mesurant 
ARE 

Nous avons observé chez la Porospora du Homard de très jeunes 
céphalins dont la taille ne dépassait guère ceux de Porospora portuni- 
darum. Mais on en trouve aussi de beaucoup plus longs et il n’est pas 
rare d'observer, encore fixées à l’épithélium, des Porospora gigantea 
E. v. Bexen. de plus de 100 . Cette particularité doit être en relation 
avec l’absence fréquente d’accouplement des sporadins. Ceux-ci, lors- 
qu'ils ne se conjuguent pas, doivent être capables de se fixer de nou- 
veau à l’aide de leur mucron, qui s'étale en ventouse. 

Sporadins. — Tandis que chez Porospora giganteale stade de céphalin 


peut durer longtemps, chez Porospora portunidarum, la petite Grégarine 


quitte définitivement l'épithélium dès le quatrième ou le cinquième 
jour. C’est qu'ici l’accouplement est très constant et très précoce. On 
trouve souvent de jeunes couples où le satellite ne dépasse pas 13 & 
(fig. 19). Généralement, il est vrai, le primite est plus grand, mais la 
règle n’est pas absolue. 
_ Sans insister sur l’enkystement, notons que nous avons observé chez 
Porospora portunidarum des kystes solitaires, des kystes doubles et des 
kystes à trois conjugués. Les kystes doubles sont de beaucoup les plus 
communs. Ils sont certainement plus favorables à ia propagation de 
l'espèce que les kystes solitaires. La réunion en un même kyste d’indi- 
vidus de sexe différent assure le transport simultané, dans le Lamelli- 
branche, de germes des deux sexes,et par conséquent favorise la copu- 
lation. É 

Au fond, l’accouplement des Porospora précédant l'enkystement a la 
même signification sexuelle que chez les autres Grégarines. Il reste 
comparable, par exemple, à celui des Clepsidrines auxquelles les Poros- 


! 


98 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pora ressemblent par plusieurs caractères : développement extracellu- 
laire, accouplement précoce et alignement en chaînes. Les stades intra- 
cellulaires que nous avons signalés, et qui sont certains, ne semblent 
pas faire partie de l’évolution normale. 


+ 


MOUVEMENTS RÉACTIONNELS D'ORIGINE .VESTIBULAIRE 
ET MOUVEMENTS CONTRE-RÉACTIONNELS, 


par J. Bapinskr et G.-A. WEILL. 


Les mouvements réactionnels décrits par Barany, s’observent au 
cours des différentes épreuves vestibulaires et dans les différents. 
segments du corps. Nous n'insisterons pas sur ces faits aujourd’hui 
bien connus. 

Les mouvements d'inclination et de rotation de la tête et du tronc sont 
des mouvements réactionnels qu'on peut obtenir par différents exci- 
tants : les courants continus (Breuer, Ewald, Pollak, Babinski); la 
giration (Marsh, Egger); l'épreuve calorique et la compression ou raré… 
faction d'air dans le conduit auditif (Baldenwek). 

La déviation dela marche constitue un mouvement réactionnel 
complexe où interviennent simultanément les différentes parties du 
corps. Etudiée par Buys (1). après les épreuves caloriques, par Gèzes(2), 
après les épreuves giratoires, elle a été décrite ici par nous, précédem- 
ment. Nous avons élabli pour sa recherche une technique spéciale. Nous 
avons indiqué comment on peut observer et mesurer une déviation 
angulaire spontanée, une déviation voltaïque, calorique ou giratoire (3).. 

À l’état normal, tous les mouvements réactionnels, toutes les épreuves 
de la déviation angulaire obéissent'à une même règle : leur direction 
est inverse de celle du nystagmus effectif ou « latent » résultant de 
chaque épreuve. 

Pour obtenir un mouvement réactionnel avec son [maximum d’am- 
plitude, il faut chercher à obtenir le nystagmus le plus caractérisé. 
Mais ce mouvement réactionnel se produira même si l'épreuve est 
arrêtée avant d’avoir provoqué un nystagmus {visible ou décelé par la 
nystagmographie (Buys); dans ce cas, on suppose qu'il s’agit d'un nys- 
tagmus latent. 

L'inscription des mouvements réactionnels a été réalisée par l’un de 


(1) Buys. Journal médical de Bruxelles, 1912, n° 43. 

(2) Gèzes. Revue hebdomadaire de Laryng.-Ot.-Rhin., 15 mars 1913. — Bulle- 
tins de la Société Française d'Oto-rhino-laryngologie, mai 1913. 
(3) J. Babinski et G.-A. Weill. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
26 avril 1913. 


SÉANCE DU 19 JUILLET 99 


nous pour le membre supérieur par le procédé suivant (1) : sur une 
feuille de papier fixée verticalement, le sujet, un crayon à la main, les 
yeux fermés, trace de haut en bas, et de bas en haut des lignes qui 
doivent se recouvrir à peu près s’il n’y a pas de déviation du bras. 

S'il existe une déviation, elle se traduira par une ligne brisée indi- 
quant la direction et l'amplitude de ce déplacement. 

L'étude de la déviation anvsulaire et des tracés obtenus par le procédé 
qui vient d'être décrit nous démontre l'existence de mouvements 
contre-réactionnels qui succèdent aux mouvements réactionnels. 

Nous connaissons déjà le post-post-nystagmus décrit par Barany ; 
Buys (2) atrouvé, gràce à son nystagmographe unnystagmus «inverse de 
rotation », qui apparaît après vingt tours de giration succédant au nys- 
tagmus direct du début de l'épreuve. 

Ces faits peuvent être généralisés : on peut dire qu'après chaque 
épreuve vestibulaire il se produit, en sens inverse de la réaction et après 
elle, une contre-réaction. Cette contre-réaction est immédiatement con- 
sécutive à l'épreuve dans le cas du vertige voltaïque : elle n’apparaït que 
quelques instants après dans la giralion ou l'épreuve calorique. 

La durée de cette contre-réaction et son amplitude peuvent atteindre 
et dépasser celles du mouvement réactionnel primitif. Cette exagé- 
ration est en particulier très nette dans les cas pathologiques, et se 
manifeste dans le sens où l’on à d'abord cbservé les déviations spon- 
tanées ou provoquées les plus accentuées. 

L'existence des mouvements contre-réactionnels explique la varia- 
bilité des mouvements observés après l'épreuve giratoire. Au moment 
de l’arrêt pour l'épreuve normale des dix tours en vingt secondes, il se 
produit un post-nystagmus durant une demi-minute environ; c'est 
pendant ce temps que se manifestera la déviation angulaire ou la dévia- 
tion du bras. Si la giration a duré moins ou plus que la quantité optima, 
le post-nystagmus sera écourté, ne durera que quelques secondes, et 
quand on voudra rechercher Ia déviation elle ne sera déjà plus dans le 
sens prévu (inverse du post-nystagmus). Au post-nystagmus aura 
succédé le post-post-nystagmus qui imposera à la déviation unenouvelle 
direction inverse de la première, ce sera une contre-réaction. On voit 
que, suivant la durée du post-nystagmus ou le degré d’excitabilité du 
vestibule ou des centres réactionnels, on aura soit le mouvement réac- 
tionnel suivi de la contre-réaction, soit la contre-réaction seule. La 
contre-réaction peut aussi faire défaut de même que peut manquer le 
_post-post-nystagmus, et dans ce cas c’estla réaction seule que l'on obser- 
vera. On voit, d’après ce qui précède, la complexité des résultats que 
donne la giration et la difficulté qu’on éprouverait à interpréter des faits 


(1) G.-A. Weill. Société parisienne d'oto-rhino-laryngologie, 10 juillet 1913. 
(2) Buys. Presse oto-laryngologique belye, décembre 1912, 


100 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pathologiques au moyen des déviations qui succèdent à cette épreuve, 
si on négligeait les autres symptômes. 

Les excitations portant directement sur le vestibule ne sont pas 
seules capables de déterminer des mouvements réactionnels ou contre- 
réactionnels. 

En provoquant directement des mouvements conjugués des yeux, on 
obtient des mouvements réactionnels et contre-réactionnels (4). 

Un point lumineux latéral est ménagé dans les coquilles de Iunettes 
complètement opaques; on fail fixer le regard du sujet vers ce point 
pendant l'épreuve de la déviation angulaire. Soit que le mouvement 
conjugué des yeux représente uniquement le mouvement lent d’un nys- 
tagmus, soit qu'il détermine réellement des secousses nystagmiques, 
on obtiendra une déviation angulaire tantôt dans le sens du regard, 
tantôt en sens inverse : c’est un mouvement réactionnel. 

En produisant avant l'épreuve dela déviation angulaire un nystagmus 
panoramique par déplacement de traits colorés devant les yeux du 
sujet, il se manifestera, dans un grand nombre de cas, une déviation de 
même sens que le nystagmus provoqué auquel elle succède. €e phéno- 
mène a donc les caractères d’une contre-réaction. 

D'autres mouvements réactionnels peuvent probablement être 
obtenus par excitation de la plupart des groupes musculaires du corps. 
Exemple : la déviation angulaire se manifeste si l'on fait porter à la 
main d'un seul côté, le bras pendant, un poids de cinq kilogrammes; 
elle se produit généralement du côté où le poids est porté. 

Ces mouvemerts réactionnels sont moins constants et moins amples 
que ceux qui sont obtenus par excitation vestibulaire directe. 


ECHINOCOCCOSE SECONDAIRE EMBOLIQUE PÉRIPHÉRIQUE, 


par FE. DÉvE. 


Il y a douze ans que, dans une note communiquée à cette Société, 
nous avons apporté la première démonstration expérimentale du pro- 
cessus de l'échinococcose secondaire embolique ou métastatique. Par ino- 
culation de sable hydatique dans la veine de l'oreille du Lapin, nous 
avions réussi à provoquer le développement de kystes pulmonaires (2). 
Ce résultat a été confirmé, depuis lors, en Argentine, par Lagos Garcia 
(1905) et récemment, en Allemagne, par Hosemann (4914). 


(1) G.-A. Weill. Loc. cit. 
(2) F. Dévé. De l'échinococcose secondaire embolique. Comptes rendus de la 
Soc. de Bioloyie, 8 juin 1901, p. 608. 


SÉANCE DU 19 JUILLET 1014 


L'expérience dont il s’agit reproduisait certains faits, observés en 
pathologie humaine, dans lesquels un kyste hydatique du cœur droit 
ou du foie (exceptionnellement un kyste de la région iliaque), s'étant 
rompu dans le système veineux cave, a pu donner naissance à des 
métastases pulmonaires qui ont continué d'évoluer. Or, à côté de cette 
échinocoecose embolique de la petite circulation, existe une échinococcose 
secondaire mélastasique de la grande circulation (cerveau, rein, rate, 
muscles), consécutive à la rupture d'un kyste du cœur dans les cavités 
cardiaques gauche (1). | | 

Il n’était pas sans intérêt de réaliser expérimentalement cette modalité 
pathogénique d'échinococcose qu'aucun auteur, à notre connaissance, 
n’a jusqu'ici tenté de reproduire. 


Radiographie des deux moitiés du maxillaire inférieur d’un Lapin. 
Kyste hydatique métastatique, dans la moitié gauche (3). 


Expérience. — Le 23 janvier 1913, nous injections dans le bout périphérique 
de la carotide primitive gauche d'un lapin un quart de centimètre cube de 
liquide hydatique tenant en suspension du sable échinococcique. Ligature de 
la carotide. Aucun trouble immédiat ni consécutif. L'animal est sacrifié le 
13 juillet (près de six mois après l'inoculation). 

À l’autopsie, nous trouvons: 

1° Dans la région carotidienne gauche, un kyste hydatique uniloculaire, du 
volume d’un gros pois, en relation avec la carotide oblitérée ; 

20 Une granulation pseudo-tuberculeuse, de nature échinococcique 
(contrôlée histologiquement), dans un muscle préorbitaire gauche ; 

3° Un kyste uniloculaire, du- volume d'un grain de raisin, dans l'orbite 
gauche ; ; 

4° Un kyste échinococcique multiloculaire développé dans l'épaisseur du 
maxillaire inférieur (moitié gauche) et ayant écarté, luxé, les dents molaires 
(radiographie). 


(1) CE F: Dévé. De l'échinococcose secondaire. Thèse de Paris, 1901, pp. 122- 
124, 163-168, 195-196. 
(2) Radiographie due à l’obligeance de notre collègue, le professeur Cerné. 


102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


De cette expérience, nous voulons seulement retenir, pour aujourd’hui, 
le fait qu'on peut, par inoculation d'éléments échinococciques micro- 
scopiques (scolex) dans le sang artériel, obtenir le dÉCRPDERLEE de 
‘kystes périphériques métastasiques. 

Nous poursuivons l'étude expérimentale de cette question, que nous 
nous proposons d'envisager ullérieurement dans un travail d'ensemble 
ayant pour objet : les embolies échinococciques et l'échinococcose secondaire 
embolique. 


(Laboratoire de Bactériologie de l'Ecole de Médecine de Rouen.) 


LÉSIONS AORTIQUES D'ORIGINE SYPHILITIQUE CUEZ LE SINGE, 


par PIERRE BOVERI. 


Ea octobre 1912, au Congrès de médecine de Rome, dont les comptes 
rendus viennent de paraitre, Devoto insistait sur ce fait que « l’aortite 
syphilitique présente la particularité de ne donner lieu qu'à des lésions 
calcifiées, qu'à des ramollissements. Ces lésions s’observent pourtant 
souvent chez d'anciens syphilitiques »; ce sont alors les cas dans 
lesquels, en plus de la syphilis, existaient, à titre de causes associées 
«le saturnisme, le surmenage physique, l'alcoolisme, le tabagisme, etc. » 

Cette notion est très importante en clinique, parce qu’elle apporte 
plus de précisions dans l’étiologie de l’artériosclérose et de l’athérome. 
Jusqu'à présent, la syphilis passait pour pouvoir produire à elle seule 
tous les degrés de lésions vasculaires, depuis la sclérose jusqu’à 
l’'athérome : d’après ces idées nouvelles, exprimées aussi par Chiari et 
ses élèves, la syphilis préparerait seulement le terrain aux lésions 
graves de l’athérome, mais celui-ci ne pourrait être causé par la 
syphilis à elle seule. 

Je crois être en mesure de confirmer expérimentalement cette con- 
ception : étudiant, il y a quelques années, à l'Institut Pasteur de Paris, 
la question de lartériosclérose expérimentale, j'ai pu obtenir de 
l'athérome aortique chez le singe par l'administration d'adrénaline et de 
tabac (4). J’ai eu alors l’occasion d'examiner un grand nombre d’aortes 
de singes, rendus expérimentalement syphilitiques. Dans aucun cas, je 
n'ai constaté d'athérome, même chez des singes syphilisés depuis 
plusieurs années. 

L'intérêt d'une telle constatation n'échappe à personne ; tandis que 


(1) Atti di Congresso di medicina interna. Roma, 1908. Comptes rendus de la 
Soc. de Biologie, 12 décembre 1908 et 8 mai 1909. 


SÉANCE DU 1Â9 JUILLET 103 


l’adrénaline et le tabac peuvent engendrer de l’athérome en peu de 
temps, la syphilis au contraire ne donnait lieu à aucune lésion athéro- 
mateuse. Cependant, l'aorte ne garde pas sa structure normale; dans 
certains cas, il y avait des lésions de sclérose manifestes, mais, je le 
répèle, jamais je n’ai constaté d’athérome. 

Il m'a paru intéressant de rapporter en quelques mots ce fait expé- 
rimental qui vient à l'appui de la clinique : l’adrénaline et le tabac 
peuvent être considérés comme des facteurs d’athérome, la syphilis 
n’exerce pas de la même façon son influence nocive ; elle produit de la 
sclérose, et, sur ce terrain, l'intervention d’autres causes associées 
pourra donner lieu au développement de Fathérome. 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Metchnikoff 
et de la clinique des maladies professionnelles de Milan (prof. Devoto). 


NOTE SUR LES PROPRIÉTÉS DE L'ALBUMINE, 
_ CONTENUE DANS LES EXPECTORATIONS, 


par H. ROGER. 


On sait que les expectorations des malades atteints de bronchite 
simple, aiguë ou chronique, ne renferment pas d’albumine. Si la bron- 
chite est symptomatique d’une affection cardiaque ou d'une affection 
rénale, la recherche de l’albumine est souvent positive. Mais cette 
substance est surtout abondante quand le parenchyme pulmonaire est 
_atteint ; qu'il s'agisse de tuberculose, de pneumonie ou de broncho- 
pneumonie, l’albumino-expectoration ou leucoptysie est constante. 

D'où provient l’albumine qu’on trouve dans les crachats ? 

Presque tous les auteurs lui assignent une origine hématique ; ce 
serait de l’albumine sanguine transsudée dans le poumon malade. 

Les recherches que j'ai faites m'ont conduit à une tout autre con- 
clusion : l’albumine des expectorations diffère de l’albumine du sang, 
au moins par ses propriétés dynamiques. C'est ce qu’on peut constater en 
injectant à des lapins, par la voie veineuse, des extraits de crachats 
provenant de malades atteints de tuberculose ou de pneumonie. 

Pour préparer ces extraits, il suffit de prendre les expectorations et de 
les délayer dans de l’eau salée à 7 p. 1.000. Après avoir ajouté quelques 
gouttes d’acide acétique pour coaguler le mucus, on jette sur un filtre, 
on recueille le liquide qui passe et on le neutralise avec du bicarbonate 
de soude. L’extrait äinsi obtenu contient de Ogr.2 à Ogr.66 d'albumine 
pour 400. Injecté dans les veines, il provoque simplement une légère 
dyspnée. Il ne faut pas conclure qu’il soit inactif; car, si l'on enregistre 


+ 
\ . . 


104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


} 


la pression artérielle, on observe un abaissement de la courbe ; la 
dépression varie suivant la dose introduite et suivant l'échantillon 
utilisé, mais le phénomène est constant et durable; l'hypotension se 5 
prolonge de quinze à vingt minutes, en 

Voici, à litre d'exemple, les résultats obtenus dans quatre expé- 
riences ue : 


PRESSION. | ALBUMINE 


= mn 
£ lu © ; 
ORIGINE \ A CRT RS SR CC eue | Dé 
des S<|8 2 
expectorations. 5 | Ah: pe dans. 
; S &f initiale. ter p. 100. L 


TAUX 
de la dilution 


minale. la dose injectée. 


IV 
Pneumonie. ‘© |1/2.|2200| 3 »| 104 52 0,663 0,019 


[ gr. |c.c. | millier. | milligr. | 
Tuberculose. 1/8 12020! 2 »| 103 S4 082035 | 08004 | 
— » 4 » » _S4 Te (0) 008 
EN EPA TT, 60 0202 0,072 
1/4 | » Ho» 5 44 0,407 | 0,04 
Il i 
Tuberculose. 1/4 |1980! 1 »f° 121 62 0,225 0,002 0.047 
» » |20 » » 28 0,045 D 
DE ; | 
Broncho-pneumonie. {1/4 |2150| 0,34 415 S4 0: 398 0,001 
» » 2 » » 6$ = 0,008 0.087 
» » 40 » » 68. — {0 ,039 2 
» » 10 » » 44 = 0 039 \ 


Les expectorations des tuberculeux et des pneumoniques renfermant 
constamment des peptones, on peut se demander si les effets observés 
ne dépendent pas de l'action exercée par cessubstances sur la pression. 
Pour déterminer la valeur de cette objection, j'ai coagulé l’albumine en 
chauffant les extraits légèrement acidifiés. 

Après filtration, j'ai obtenu un liquide qui, neutralisé par le bicarbo- 
nate de soude, donnait nettement la réaction du biuret. Injecté dans les 
veines, il provoqua un renforcement des systoles et, loin d’abaisser la 
pression, la fit monter légèrement. 

Par comparaison, j'ai recherché l’action d’extraits préparés avec des 
crachats de bronchitiques ne contenant pas d'albumine. Comme il était 

facile de le prévoir, la pression n'a subi aucune modification. 

Ce qui est plus intéressant, c’est une expérience faile avec les expec- 
torations d’un cardiaque. L'extrait obtenu renfermait Ogr.03 d'albumine 
pour 100. Une dose de 18 c.c. contenant Ogr.0054 d'albumine fut 
injectée dans les veines d’un lapin de 1.830 grammes. On observa simple- 
ment une très légère élévation de la pression. 

Enfin, je savais, par des recherches antérieures, que le sérum du sang 
humain, injecté dans les veines, ne modifie presque pas la pression. J'ai 
recommencé l'expérience avec le sérum d'un tuberculeux. Ce sérum était 
fort toxique et une dose de 6 c.c. entraîna la mort. Mais en injectant 


‘SÉANCE DU 19 JUILLET #05 


% c.c., l'animal a survécu et, malgré la forte proportion d'albumine qui 
avait été introduite, la pression n’a pas varié. 

Conclusions. — Les recherches que je viens d'exposer brièvement me 
permettent de conclure que les extraits préparés avec les expectorations 
des malades atteints de tuberculose ou de pneumonie exercent sur la 
pression artérielle une action hypotensive. 

Cette action semble due à l’albumine que renferment constamment 
ces expectorations; car, après coagulation decette substance, les extraits, 
bien que renfermant de Ia peptone, n’abaissent plus la pression ; ils _ 
tendent, au contraire, à la faire monter. 

Les injections de sérum sanguin ne modifiant pas la pression, on peut 
affirmer que l’albumine des expectoralions diffère de l’albumine san- 
guine ; elle provient vraisemblablement du parenchyme pulmonaire qui 
renferme en effet des matières protéiques hypotensives. 

Cette conclusion ne s'applique qu’aux expectorations des malades dont 
le parenchyme pulmonaire estatteint. Car l’albumine contenue dans les 
expectorations d'un cardiaque n’a pas produit les mêmes effets. Si ce 
dernier fait se confirme, il faudra distinguer deux grandes variétés de 
leucoptysie : l'une d’origine pulmonaire, l’autre d'origine sanguine. 


CS 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PHÉNOMÈNES CIRCULATOIRES 
DANS L'ANAPHYLAXIE ADRÉNALIQUE 


(Deuxième note), 


par Pauz L. BRIAULT et JEAN GAUTRELET. 


Pourquoi, contrairement aux faits observés dans la note précédente, 
3 chiens : Nord, Picarde et Basset, ont-ils, au contraire, manifesté une 
agitation marquée lors de l'injection de chloralose, malgré qu'ils aient 
recu auparavant de 1 à 3 milligrammes de suprarénine. 

Nous avons tout lieu de supposer que nous nous trouvions en présence 
de convulsions ressortissant de l’anaphylaxie. L'expérience le prouve : 


À. — Picarde, 8 kilogrammes, recoit 2 milligrammes de suprarénine (dans 
la saphène, comme les autres chiens d’ailleurs), sans aucun trouble. Après 
10 jours, à l'injection de 1 gramme de chloralose, à 2 h. 40, violentes convul- 
sions. La pression (1) de 12 à 13 centimètres s'élève à 16, puis, subitement, 
baisse à 3 centimètres à 3 heures. 3 h. 10, vomissements; la pression revient 
peu à peu à son chiffre primitif, mais le cœur est ralenti. À 3 h. 45, injection 
de 5 c.c. de thionine saturée à froid. Cette substance, normalement inactive 


(4) On sait que, normalement, et nous l'avons vérifié, l'injection de chlora- 
lose ne modifie pas sensiblement la pression sanguine. 


106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


vis-à-vis du cœur et de la pression, produit ici un ralentissement du rythme 
et une augmentation de l'amplitude du cœur: en même temps, secousses 
convulsives. Ces mêmes phénomènes sont encore accentués par une nouvelle 
injection de 5 c.c. de thionine à # h. 15. 

À 5 h.10, alors que tout est rentré dans l’ordre, injection de 1 ne nd 
de suprarénine (dans la saphène opposée à celle de l'injection de thionine, 
comme nous l'avons toujours pratiqué). Aussitôt la pression monte de 
13 à 22 avec uu ralentissement du cœur très marqué. Le tracé donne 
une chute de la pression pendant quelques secondes à 3 centimètres (Cf. Exci- 
tation du pneumogastrique). Au bout d'une minute, la pression est rede- 
venue normale à 13, le cœur est ample et lent; l'animal, subitement, ne 
respire plus, ne réagit plus aux excitations, le sang est noirâtre : l'animal 
est mort asphyxié. Le cœur continue à battre SponAnemens présentant une 
suite d’oscillations cardiaques amples et TÉL jusqu’à 5 h. 20.(V. Tracés, 
réduits de moitié.) à 

A l'autopsie : estomac rempli de bile, congestion intense des organes 
abdominaux. 

B. — Nord, 8 kilogrammes, a reçu 1 milligramme de suprarénine sans 
aucun malaise, le 24 mai. 23 jours après, le 2 juin, pression normale (15 à 20); 

2 h. 48, 1 gramme de chloralose: agitation très marquée et efforts de 
ent la pression, qui s’est élevée passagèrement à Fe tombe à 2, 
puis revient (2 h. 55) à 12-13. 

A 3 heures, le cœur est ralenti et légèrement plus ample. A 3h. 15, 10 c.c. 
de thionine: convulsions qui cessent rapidement. La pression monte à 28, 
puis tombe (3 h. 20) à 7, pour remonter à 32, après une série d’énergiques 
contractions cardiaques. 

A 3 h. 30, la pression est redevenue normale, mais une nouvelle injection 
de 10 c.c. de thionine à 4 h. 10 provoque une légère chute de pression et la 
mort de l'animal par asphyxie; le cœur, comme précédemment, manifeste 
une série de grandes contractions avant de s'arrêter définitivement. (V. Tracés, 
réduits de moitié.) 

C. — Basset, 11 kilogrammes, a reçu 3 milligrammes de suprarénine, 
le 13 juin, sans phénomènes toxiques. 24 jours après, le 7 juillet, pression 
normale (14-16). À 2 h. #1, 1 gr. 2 de chloralose : légère agitation, efforts de 
vomissements. À 3 h. 23, 10 c.c. de thionine : agitation marquée. À 3 h. 26, le 
cœur devient plus ample (pression 15 à 21, se maintenant jusqu'à 3 h. 47). 
À 3h. 58, nouvelle injection de 5 c.c. de thionine : agitation de l'animal. 
Subitement (4 h. 15), le cœur devient extrêmement ample, légèrement ralenti 
(pression : 8 à 22) et ce pendant un quart d'heure. 

Une injection de 1 milligramme de suprarénine à 4 h. 55 produit un ralen- 
tissement du cœur, une élévation de la seule pression maximale à 20, et la 
mort subite de l’animal : sang asphyxique. 

À l’autopsie, piqueté hémorragique viscéral et bile dans l'estomac. 

D. — Nous rapprocherons de ces 3 animaux Walakoff, 6 kilogrammes, qui, 
ayant reçu 1 milligramme de suprarénine, le 11 juin, sans malaise, est mort 
sans avoir été au préalable chloralosé, à la suite d’une injection de 5 c.c. de 
thionine. Celle-ci, après avoir provoqué une hausse de pression de 6 centi- 
mètres, ct la mort par asphyxie avec tracé cardiaque caractéristique. 


JUILLET 


19 


E DU 


SÉANC 


Fa 20 


408 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


. Nous croyons pouvoir tout à fait comparer la manière de se comporter 
de ces 4 animaux et considérer comme phénomènes anaphylactiques, 
tant la mort de Picarde et de Basset sous l'influence déchaïînante de 
l'adrénaline, que de Malakoff et de Nord à la suite de la seule injection 
(seconde) de fhionine. 

Cette substance, de par ses Pro TELE adsorbantes et électives pour le 
système nerveux, provoque-t-elle l’anaphylaxie en fixant les produits 
de la sécrétion surrénale déversés dans la circulation et qui joueraient 
le rôle d’apotoxine? Nous ne saurions dire pour le moment si nous nous 
trouvons en présence d’un cas particulier ou si la thionine peut jouer 
d'une facon générale le rôle de substance déchainante : nous poursui- 
vons des recherches dans ce sens. e 

Sans parler des phénomènes généraux concomitants : vomissements, 
convulsions, diarrhée, hémorragies viscérales, nous ferons remarquer 
que les phénomènes circulatoires enregistrés sont caractéristiques de 
l’anaphylaxie. Richet, dès 1902, puis Arthus, Bield et Kraus, en particu- 
lier, ont fait de la chute de pression un symptôme caractéristique de 
l’anaphylaxie. Lœwit (1912) a signalé chez le lapin que le poison anaphy- 
lactique produisait d’abord une élévation de pression, puis une excitation 
du pneumogastrique arxec chute de la pression sanguine. Pearce, enfin 
(1910), a signalé la chute de pression chez le chien anaphylactisé, même 
pendant l’anesthésie. 

Nous insisterons, pour terminer, sur certains phénomènes cireula- 
toires, observés dans les expériences qui précèdent lors de l'injection 
de thionine et dont l’anaphylaxie sérique ne donne pas l'équivalent: 
contractions cardiaques de grande amplitude et hausse de pression 
des plus considérables rappelant l’adrénaline primitivement injectée. 


DE LA FIXATION, PAR LE SQUELETTE, DU RADIUM INJECTÉ À L'ÉTAT SOLUBLE, 


par H. Dommacr, M®° A. LABoRDpE et A. LABORDE. 


Dans une précédente note (1), nous nous sommes plus spécialement 
attachés à comparer la facon dont se répartissent respectivement, dans 
l'organisme, les sels de radium injectés à l’état soluble et à l’état inso- 
luble 

Robe emente ce qu'avaient paru supposer certains auteurs, nous 
avons vu que les sels de radium solubles séjournent un temps prolongé 
dans l'organisme des animaux d'expérience, et nous avons recherché 
quel est plus spécialement le lieu de fixation. 


(1) Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 7 avril 1943. 


SÉANCE DU 49 JUILLET 109 


. 


Dans nos expériences antérieures, des fragments de tissu osseux 
s'étant constamment montrés radioactifs, nous avons voulu, par l’expé- 
rience suivante, faire un départ précis entre les quantités de radium 
fixées par le squelette, les muscles, les viscères et la peau: 

Un lapin a été tué trente-trois jours après une injection intraveineuse 
de 0 milligr. 06 de bromure de radium pur associé d'un poids égal de 
bromure de baryum. Tout le squelette, soigneusement dépourvu des 
muscles et tendons, puis les muscles, les viscères, la peau, l'oreille où a 
été poussée l'injection, ont été incinérés séparément. 

Les -cendres de chacune des parties de l'animal ont été pesées, et 
nous avons mesuré leur radioactivité par la méthode du quartz piézo- 
électrique de Curie, l'oxyde noir d'Uranium (U*05) étant pris comme 
unité. 

Les nombres exprimant l’activité sont proportionnels à la concentra- 
tion du radium dans l'échantillon mesuré. 

Le produit du poids de l'échantillon par son activité, s'exprimant en 
activité-grammes, est un nombre proportionnel à la quantité totale du 
radium qu'il contient. 

Nous avons expérimentalement déterminé que, dans le cas des cendres 
ainsi obtenues, 100 activités-grammes correspondent à 0 milligr. 02 de 
bromure de radium. 


Tableau résumant l'expérience. 


ACTIVITÉ| POIDS ACTIVITÉ-GRAMMES 
Os. 0,88 156 gr. » 49,28 
Résidu d'os incomplétement dépouillés de 
-muscles.l:.1. ee en dure 0 00m O0 ET.» 16,80 
MIUS CLÉS SRE RSR ES Re res 0000 ITOESn. 2 0,42 
MS CELES RES se neo eee à us ne da le De OUC LATOeT, 9 0,47 
PEAU NE RP ER ON 2 ee ere | 0: 09250 6T."1» 0:12 
OreeR re. Meme e  er eu es MOQ MAO EE OheTr30 0,03 
Total des activités-grammes . SA RE AAR 61,72 
Poids de bramure de radium ee 0 mg. U1R. 


L'examen de ce tableau montre que le radium s’est fixé sur le sque- 
lette (os et moelle des os) de préférence aux autres parties de l'organisme, 
où on ne le retrouve qu’en quantité minime. 

Cette constatation permet de penser que les injections de bromure de 
radium sont susceptibles de provoquer des effets à longue distance, 
malgré la solubilité de ce sel. Ilest logique de supposer que tout ce qui 
n'a pas été éliminé s'insolubilise et se comporte alors comme un sel 
insoluble demeurant un temps prolongé au point où s’est produite cette 
insolubilisation. 


. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. -— 14913. T, LXXV. 


(#2) 


410 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nous n'avons pas fait d'expérience sur l'ingeslion des sels de radium 
mais, étant donnée l'affinité connue du squelette pour les sels de calcium 
et de strontium introduits dans l'organisme par cette voie, il est tout à 
fait probable qu'une partie des sels de radium ingérés se comporterait 
comme se sont comportés, dans nos expériences, les sels solubles 
injectés. 

Des recherches seront nécessaires pour connaître comment le radium 
ainsi fixé agit sur l'organisme, et en particulier sur les os, la moelle des 
os et les tissus adjacents. Cette action sera particulièrement intéres- 
sante à étudier chez les jeunes animaux en voie d’accroissement. 


(Fravail du Laboratoire de la polyclinique H. de Rothschild.) 


Essaï D'INFECTION SUR LA VIPÈRE ASPIC ET LES COULEUVRES TROPIDONOTES 
AVEC HÆMOGREGARINA ROULEI, 


par M°° MARIE PuisaLix. 


L'infection hémogrégarinienne est jusqu’à présent considérée comme 
non transmissible par inoculation. Des auteurs, comme Simond, le 
disent nettement, d'autres taisent les essais infructueux qu'ils ont faits 
dans cette voie. 

Si l'infection peut être réalisée, il semble que ce doive être principa- 
lement avec les formes libres du parasite, dont la minceur vermiculaire 
et les mouvements en facilitent la pénétration dans les tissus. Je l'ai 
tentée avec le sang et la pulpe du foie de Lachesis alternatus, contenant 
en abondance des formes endoglobulaires et, en proportion moindre, 
des formes libres, jeunes et adultes de l'Âæmogreqarina Roulei, que 
M. Laveran et moi avons récemment décrite (1). 

Les sujets récepteurs ont été choisis parmi ceux de nos serpents indi- 
gènes qui ne se montrent que très exceptionnellement infectés : Vipera 
aspis, Tropidonotus nalrix et viperinus. 

Technique. — Le sang ou la pulpe de foie délayée dans l’eau salée 
physiologique sont introduits, sans effraction, par dépôt direct, sur 
l’épithélium pulmonaire ou sur la muqueuse gastrique de sujets dont le 
sang, préalablement examiné, est reconnu indemne d'hémogrégarines. 

L'introduction du liquide infectant dans le poumon se fait aisément 
au moyen d'une seringue à canule mousse que l'on place dans la tra- 
chée, laquelle s'avance, comme on le sait, sur le plancher buccal 
jusqu'à son tiers antérieur. L’orifice en biseau qui la termine s'ouvre et 


(1) Bulletin de la Société de Pathologie exotique, t. NT, p. 330, 1913. 


dd, EE RES 


SÉANCE DU Â9 JUILLET alt 


se ferme d'une facon rythmique, permettant de saisir le moment 
opportun et de ne pas blesser l'animal. Tenant le serpent par la peau 
du cou, corps pendant, on pousse très doucement le liquide de facon à 
ce qu il tombe goutte à goutte dans la trachée et s'étale en nappe sur la 
surface interne du poumon. 

Pour porter le liquide sur la muqueuse gastrique, il suffit d'introduire 
dans l'œsophage une sonde en gutta, ou simplement la tige bien bordée 
d'un petit entonnoir en verre, sonde ou tige dans lesquelles on laisse 
couler doucement le liquide infectant, en tenant, comme précédemment, 
le serpent suspendu par la peau du cou. Avec ces simples précautions, 
on évite dans les deux cas tout rejet du liquide introduit. 

Seize animaux répartis en 4 groupes, comprenant chacun 2 Vipères 
et 2 Couleuvres, ont ainsi respectivement reçu 4 c.c. 5 de sang ou 
de pulpe de foie de Lachesis daus le poumon ou dans l'estomac. 

Résultats. — La pulpe de foie de Lachesis se montre douée d'une 


certaine toxicité, car, sur les 8 sujets qui en ont recu, 5 sont morts : 


3 à bref délai, en 48 heures, 2 plus tardivement, au bout de 3 semaines, 
alors que les 3 autres, ainsi que les 8 qui ont recu du sang, ont survécu. 

Les survivants ont été sacrifiés au bout d’un mois. Le sang el les 
organes de tous les serpents morts ou sacrifiés ont été examinés au 
point de vue de la présence des hémogrégarines. 

Or, chez un seul sujet, une Vipère ayant reçu 1 c.c. 5 de sang de 
Lachesis dans le poumon et morte vingt-cinq jours après, le sang du 
cœur contenait l'hémogrégarine. Celle-ci était représentée par un petit 
nombre de formes libres et de formes endoglobulaires. 

Les frottis du foie, de la rate et du rein de cette Vipère ne mon- 
traient aucune forme du parasite ni de kystes de multiplication; le 


_ poumon contenait encore un peu du sang injecté avec ses parasites 


tous libres et la plupart encore vivants. 

Tous les autres serpents étaient indemnes. 

Il est probable que les formes trouvées dans le sang de la Vipère 
aspic proviennent toutes des formes libres du sang de Lachesis, dont 
les globules morphologiquement indistincts de ceux de la Vipère aspic 
ne traversent cependant pas les parois pulmonaires, Car ces parois 
arrêtent, comme je l'ai constaté sur trois sujets, les globules rouges 
de la Souris, globules de diamètre bien moindre. 

Comme les formes libres n'existaient que dans la proportion de 
5 p. 100 globules rouges dans le sang de Lachesis, on conçoit que 
l'hémogrégarine soit assez rare dans le sang de la Vipère qui les a 
reçues ; mais d'autre part ces formes ne s’y sont pas multipliées ; elles 
n ont pas créé d'infection, ce qui montre que la réalisation de celle-ci 
dépend plus de la réceptivité des sujets que de l'hémogrégarine 
introduite. 

(Laboratoire d'Erpétologie du Muséum.) 


\—= 


412 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


L — 


INFLUENCE DE DIVERS LIQUIDES PERFUSÉS 
SUR LA SURVIE DE LA MUQUEUSE GASTRO-INTESTINALE, 


par P..CarNoT et J. Dumonr. 


La méthode de perfusion appliquée à l'estomac et à l'inteslin isolés, 
méthode que nous avons étudiée avec M. R. Glénard dans une série de 


notes antérieures, donne d’excellents résultats pour l'étude physio- 
logique du muscle ; mais elle doit être modifiée pour l'étude fonction- 


nelle de la muqueuse. La perfusion au moyen de liquide de Locke oxy- 
géné ne peut, en effet, permettre une bonne étude expérimentale des 
secrétions digestives, car elle entraîne des lésions considérables de lä 
muqueuse : il se produit assez rapidement une transsudation anormale - 


\ 


du liquide perfusé dans la cavité intestinale; ce liquide est louche et. 


très riche en cellules épithéliales ou lymphoïdes desquamées; enfin sur 


les coupes prélevées après deux heures de perfusion on constate que 


l’épithélium de surface est complètement abrasé ; il ne persiste que les 
culs-de-sac des glandes de Lieberkühn; les vaisseaux sont dilatés, leur 
endothélium desquamé ; fréquemment ils sont rompus à l'extrémité des 
villosités. Le chorion de la muqueuse est œdématié et se colore mal, les 
îlots lymphoïdes sont pauvres en cellules, leur tissu réticulé rétracté et 
brisé, etc. 

Quelles que soient la vitesse ou la pression du liquide circulant, les 
lésions sont toujours considérables; elles semblent donc tenir plus à la 
qualité du liquide perfusé qu'aux conditions physiques dans lesquelles 
il circule. 


Nous avons essayé de remédier à ces défauts en utilisant des sérums. 


artificiels rendus iso-visqueux par l'adjonction de gomme ou de géla- 


tine ; on diminue ainsi la desquamation épithéliale, mais elle se produit 


encore et suffit à vicier l'étude des sécrétions et de l'absorption intes- 


tinales. | 
Nous avons alors étudié l'action d'une série de liquides organiques 


(liquides pleuraux, ascitiques, sérum, sang défibriné, etc.). Un liquide 


pleural provenant d’une pleurésie humaine, très inflammatoire, séro- 
fibrineuse, ne nous a pas donné de très bons résultats quant à la des- 
quamation épithéliale. 

La perfusion avec du liquide d'ascite humaine nous à paru plus 
favorable; elle provoque de la vaso-dilatation et une action lympha- 
gogue très nette : les Iymphatiques du mésentère et du hile hépatique 
s'injectent d'un liquide clair qui les rend apparents. La transsudation 
intestinale est beaucoup moindre qu'avec le liquide de Locke ; la des- 
quamation épithéliale est bien moindre, les ruptures vasculaires moins 
nombreuses; ces résullats sont particulièrement favorables chez le 


) SÉANCE DU 19 JUILLET 112 


chat et (à un degré moindré) chez le lapin. Malgré la présence d’albu- 
mines hétérogènes, les résultats de la perfusion avec Le liquide d’ascite 

__ sont donc assez satisfaisants el permettent, grâce à la facilité avec 
laquelle on se le procure, d'aborder dans d’assez bonnes conditions 
plusieurs questions relatives aux sécrétions digestives. 

Les circulations artificielles avec du sang défibriné, du plasma ou du 

sérum sanguin d'animaux de même espèce que ceux sur lesquels on 
expérimente nous ont donné des résultats encore meilleurs. Si l’on 
prend soin de ne pas exagérer la pression vasculaire, les lésions épithé- 
liales ou conjonctives restent modérées ; la muqueuse garde, en majeure 
partie, son aspect normal, même après un assez long temps (deux 
heures et plus) de circulation artificielle. Par là même, Le tube gastro- 
intestinal doit être encore capable de sécréler des ferments diges- 
tifs et cette sécrétion sera la preuve de l'intégrité fonctionnelle de la 

- muqueuse. C'est cette preuve qu’apportent, d'ores et déjà, les quelques 
faits suivants, encore très incompiets, d’ailleurs, 

4° Dans l'estomac, l'empois d'amidon est parfois hydrolysé et réduit la 
liquew de Fehling, ce qui est dû, probablement, à un reflux bilio-pan- 

_créatique que prouve, d’ailleurs, la teinte jaune du contenu gastrique. 

Le lait de vache, introduit dans l'estomac du chat ou du lapin, se 
coagule en moins de dix minutes, d'abord sous forme de petits flocons 
menus et transparents, puis sous forme de gros caillots difficilement 
désagrégeables. Sion répète plusieurs fois l'expérience en vidant l'estomac 
et en y introduisant à nouveau du lait, on peut obtenir plusieurs fois 
de suite cette coagulation qui ne se produit pas quand l'épithélium est 
altéré et, de facon très inconstante, après perfusion avec le liquide de 
Locke. 

Le liquide gastrique, recueilli dans ces conditions, est légèrement 
acide au tournesol et doué de propriétés digestives. En l’acidulant à un 
taux fixe d'HCI (2 p. 1000), il peut digérer en vingt-quatre heures 
6 mill. de tube de Mett à l'ovalbumine, 12 mill. de tube capillaire au 
plasma musculaire de porc. Il digère complètement et rapidement la 
fibrine. 

L'introduction dans l'estomac d'alcool au 1/3 provoque également une 
sécrétion faiblement acide et faiblement digestive. Ici encore, le pouvoir 
digestif du contenu parait lié à l'intégrité de la muqueuse et n'existe pas 
après perfusion avec le liquide de Locke. 

__ 2 Dans l'intestin, on constate facilement la sécrétion d’invertine; une 
solution de saccharose à 2 p. 100 introduite dans une anse intestinale 
-perfusée, vidée de son contenu et liée à ses deux extrémités, est assez 
rapidement transformée en un produit réduisant la liqueur de Fehling. 

- Nos recherches sur la transformation des peptones ne sont pas encore à 
- l'abri de la critique; notons, cependant, ss l'introduction, dans une 

anse intestinale, d'une solution de peptone à 2 p. 100 produit un épa- 


114 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


nouissement de cette anse, une vasodilatation des veines mésentériques 
et une injection des chylifères. Le liquide de perfusion contient une 
pelite quantité de peptones; mais en contiendrait-il encore si la 
muqueuse était entièrement saine? Quant à la désintégration des pep- 
tones en amino-acides, d’autres recherches sont encore nécessaires sur 
des muqueuses de conservation irréprochable. 

3° Enfin, en conservant le foie dans la circulation artificielle, nous avons 
constaté nettement en comparant les liquides porte et sus-hépatique la 
rétention de glucose introduit dans une anse intestinale. 

En résumé, l'étude des processus glandulaires et épithéliaux que la 
méthode de perfusion permettrait d'aborder facilement est, par contre, 
gènée par les altérations considérables que provoque la perfusion de 
liquides salins, et il est indispensable de tenir le plus grand compte de 
l’élat histologique de l’épithélium après cette perfusion. Malgré les 
grandes facilités que leur simplicité de composition apporterait aux 
études chimiques, les liquides artificiels doivent être abandonnés pour 
cette élude. 


Seuls les liquides iso-visqueux, plus particulièrement ceux qui se . 


rapprochent de la composition du milieu interslitiel (ascite, æœdème) et 
contenant, si possible, des albumines homogènes (sérum d’un animal 
de même espèce), peuvent actuellement être utilisés. Avec une circula- 


tion de semblables liquides la muqueuse gastrique en survie reste. 


capable de sécréter du ferment lab et de la pepsine, la muqueuse intes- 
tinale de l'invertine et probablement de l’érepsine, ces sécrétions étant 
les témoins d’une intégrité relative, assez satisfaisante encore, des 
muqueuses digestives perfusées. 


DU RÔLE DE LA TENSION SUPERFICIELLE 
DANS LE MÉCANISME DES PHÉNOMÈNES D'ABSORPTION, 


par P. PorTIER. 


Le point de départ des recherches dont j'exposerai les résultats dans 
une série de communications est le suivant: 

En étudiant la physiologie des insectes aquatiques, j'ai montré que le 
principal facteur qui s’opposait à [a pénétration de l’eau ambiante dans 
les trachées des insectes ouvertes à la surface du corps était un anneau 
de chitine imprégné d’une substance non miscible à l'eau et possédant 
une tension superficielle assez basse pour ne pas se laisser mouiller. 

Dès que la tension superficielle du liquide qui entoure l’insecte est 
suffisamment abaissée, la barrière physique précédemment décrite est 
franchie et le liquide envahit le système trachéen. 


SÉANCE DU 19 JUILLET 115 


Les phénomènes d'absorption au niveau de la muqueuse intestinale 
ne seraient-ils pas commandés par le même mécanisme ? 

C'est là évidemment une conception bien simpliste. Elle m'a semblé 
cependant devoir être retenue a priori pour diverses raisons : 

1° Lorsqu'on plonge un insecte dans un liquide coloré à tension super- 
ficielle suffisamment basse (eau de savon additionnée d’une couleur 
d’aniline), on constate que c’est non seulement Le système trachéen qui 
est envahi, mais aussi la lumière du tube digestif. Les parois elles- 
mêmes de celle-ei sont franchies et le liquide coloré envahit le milieu 
intérieur de l’insecte ; 

2° On sait que la bile, ses solutions aqueuses, ou plus exactement les : 
solutions de sels biliaires, possèdent une tension superficielle très basse. 
Or, l'écoulement de bile se produit dans le tube digestif dans une région 
et à un moment où l'absorption est maxima. 

D'ailleurs, en se plaçant à un point de vue purement physique, on peut 
affirmer a priori que le liquide à tension superficlelle très basse contenu 
dans la lumière du tube digestif doit nécessairement envahir lamuqueuse 
imprégnée d’un liquide à tension superficielle plus forte et, de là, gagner 
le torrent circulatoire. On sait, en effet, qu'un liquide à faible tension 
superficielle chasse devant lui un liquide à forte tension superficielle et 
se substitue peu à peu à lui. ; 

Cette manière d'envisager le mécanisme de la résorption n'est d’ail- 
leurs pas entièrement nouvelle. 

G. Billard (1) (de Clermont-Ferrand) me parait être le premier expé- 
rimentateur qui ait appelé l'attention sur ce facteur. A l'étranger, d’autres 
savants, notamment J. Traube, ont aussi étudié ce phénomène. 

Cependant ces quelques travaux semblent n'avoir guère attiré l’atten- 
tion des physiologistes. Aucun livre classique, à ma connaissance, n’en 
fait la moindre mention et, parmi les propriétés physiologiques attri- 
buées à la bile, celle de sa tension superficielle remarquablement faible 
est à peine citée et seulement utilisée par les cliniciens dans la réaction 
de Hay. 

Pourquoi cette théorie a-t-elle eu si peu de succès ? Pour cette bonne 
raison que cette théorie soumise au contrôle de l'expérience ne donne 
que des résultats très incertains et souvent même contradictoires (2). 

Cela tient à ce que, même en laissant de côté les phénomènes d’os- 
mose, la tension superficielle n’est pas le seul facteur qui soit en Jeu. 

En effet, à côté de l’'abaissement de tension qui est, si l'on veut, le 
moteur, il y a, comme dans la plupart des mécanismes biologiques. un 
frein, et celui-ci est constitué par la viscosité des liquides qui imprègnent 
la muqueuse. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1904, 1905 et 1906. 
(2) Voyez par exemple : Buglia. Bioch. Zeitschrift, vol. XXIL, p. 1. 


116 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Il faut remarquer d'autre part que la mucine, cause d'un retard con- 
sidérable dans le déplacement des liquides, peut se renouveler d’une 
“manière plus ou moins rapide par le jeu de la sécrétion: 

Il en résulte qu’en laissant de côté provisoirement le phénomène 
d’osmose, l'absorption est conditionnée par : 


1° La différence de tension superficielle entre le liquide qui imprègne 
la muqueuse et celui qui existe dans la lumière du tube digestif; 

2% Le degré de viscosité du liquide qui recouvre la muqueuse et qui 
varie considérablement avec divers facteurs, en partieulier la réaction ; 
3° Les contractions musculaires de l'intestin qui « expriment » la 
muqueuse et qui, combinées avec les phénomènes circulatoires, amènent 
le renouvellement du liquide dans la paroi de l’intestin. 

Ce mécanisme dont je ne fais qu'indiquer aujourd'hui brièvement les 
grandes lignes sera développé plus tard à mesure que j'apporterai les 
résultats des expériences auxquelles j'ai soumis ces vues théoriques. 


(Travail du Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 


SUR LA TENSION SUPERFICIELLE DES LIQUIDES DIGESTIFS D'INVERTÉBRÉS, 


par Me À. CHAUCHARD, À. CaaucHARD et P. PoRTIER. 


Une objection de grande valeur paraît tout d’abord se dresser contre 
la théorie de l'absorption brièvement énoncée dans la communication 
précédente. 

En effet, on sait que, seuls, les Vertébrés possèdent une bile: véri- 
table, c'est-à-dire un liquide digestif renfermant des sels biliaires. Le 
mécanisme de l'absorption, fondé sur l'intervention d’un liquide à 
faible tension superficielle, semble donc n'être plus valable pour l'im- 
mense majorité des animaux. 

S'il en était bien ainsi, ce serait, à notre sens, une très grosse objec- 
tion. 1l s'imposait cc au début de ces recherches, de solutionner 
tout d'abord ce problème. Nous avons fait de très nombreuses déter- 
minations à ce sujet. 

De ces recherches, il résulte que : : 

1° Tous les sucs digestifs des invertébrés étudiés sont bien dépourvus 
d'acides biliaires ; 

2 Mais que ces sucs digestifs, recueillis dans la lumière du tube 
digestif, possèdent {oujours une tension superficielle très basse, plus basse 
parfois que la bile des Vertébrés. 


SÉANCE DU À9 JUILLET 417 


- Voici quelques chiffres, la tension superficielle de l’eau distillée étant 
* prise égale à 1.000 : 


Ma S QUI LTO AE NT MARS ET SU MR Nr GES 
= = DOS 1 ER EM EE Een ER RES PERRET RES ASE 
= — RERO RE Free PR Sn Rent 2 CS" (40 
Carcinus mænas PT SM SE nn ei ANA TOR te vas 500 
ALTO DUMRCALLRES ARR De tord ana RE ent anse y. OUO 

— = 675 

— NT ee Au ane 20 Home ne SE ve RU M Ur se Co 2020 
Helix pomaltia. 169 
OHrSINS : 191 


3° La tension superficielle de ces sucs se conserve très basse, même 
après un séjour très long dans le tube digestif. C’est ainsi que le liquide 
digestif de l’escargot commun possède la même tension superficielle 
très basse à la fin de l'hibernation, c'est-à-dire après plusieurs mois 
de jeüne ; : | 

4 Cette tension superficielle très basse est une propriété Lhermo- 
stabile. Elle résiste à l'ébullition à 100 degrés et même à une stérilisa- 
tion à 120 degrés. | 

Nous montrerons, dans une prochaine communication, à quelle 
substance elle est due. 


(Travail du laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) 


GOCCIDIASCUS LEGERI n.9., n.8p., LEVURE ASCOSPORÉE PARASITE 
DES CELLULES INTESTINALES DE Drosophila funebris FaBr., 


par ÉnouarD CnarTon. 


Les insectes sont très fréquemment parasités par des levures 
(Lindner, Mercier, Sulc, Buchner...), et, chez beaucoup d’entre eux, par- 
ticulièrement chez les hémiptères homoptères, ces champignons sont si 

constamment et si intimement liés à leurs hôtes qu'on est amené à con- 
cevoir qu'ils forment avec eux un complexe symbiotique. Dans tous ces 
cas, c'est la cavité générale et le corps adipeux qui sont le siège du 
champignon, et celui-ci ne s’y trouve guère qu’à l’état végétatif. 

Tout autrement se présente la levure qui fait l’objet de cette note. 

Son hôte est un Muscide du genre Drosophila, D. funebris Fabr., mouche 
spéciale aux vinaigreries, qui se nourrit, à l'état larvaire et adulte, de 
la mère du vinaigre. Il y a environ 10 p. 100 d'individus parasités, 
La levure infeste les cellules de l'intestin moyen, où, contenue dans 
une vacuole, elle se multiplie par bourgeonnement. Cette multiplication 
terminée, elle fructifie sur place, sous forme d’asques très différenciés 


118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 5 


arqués en bananes et qui, disposés pour l’utilisation maximale de 
l'espace dans lequel ils se trouvent, constituent des amas en barillets 
dont l’image correspond beaucoup plus que les coccidiés elles-mêmes à 
ces clichés trop schématiques de schizogonie eimérienne que l'on 
trouve encore dans certains manuels. Chacun de ces asques contient 
huit ascospores aciculaires disposées en hélice. I s’agit ici d’un 
véritable parasite qui finit par envahir et détruire tout l’épithélium 


Coccidiascus Legeri n. g., n. sp. 


1. 2. Formes levures végétatives dans les cellules intestinales de Drosophila fune- 


bris. — 3. Copulation? et formation des asques jeunes. — 4. Asques mûrs. — 
5. 6. Levures bourgeonnantes. — 7. Copulation? — 8. Asque jeune. — 9. Asque 
mûr. — 10. Ascospores issues d'un asque éclaté. — 11. Ascospore in vivo. — 


12. Ascospore colorée. 


intestinal. Le bourgeonnement assure la mulliplication intracellulaire ; 
l’asque, et l’ascospore, dont la forme aciculée favorise la pénétration, 
sont les agents de l’expansion extérieure du champignon. 


Les éléments végétatifs que l’on trouve, en petit nombre, dans une vacuole 
de cellule intestinale, récemment infectée, sont sphériques. Ils ne se mul- 
tiplient que par bourgeonnement. Aucune trace de filaments mycéliens. 
Au fur et à mesure qu'ils se multiplient, la vacuole cellulaire s’accroit. 

A cette période de bourgeonnement, succède une période où les éléments 
qui tendent vers une forme oblongue arquée sont souvent accolés bout à. 


SÉANCE DU 49 JUILLET 119 


bout. Et l’on peut voir tous les intermédiaires entre ces éléments géminés 
qui ont chacun un noyau et les corps arqués en banane, uninucléés, qui sont 
les asques jeunes. il est probable que ces éléments géminés, qui sont très 
différents des formes bourgeonnantes, représentent la fécondation qui 
précède la fructification, phénomène dont Guilliermond a démontré l’exis- 
tence et la généralité chez les Saccharomycétées. 

Cette évolution est à peu près synchrone pour tous les éléments d'une 
même vacuole, et l’hétérochronie qui peut exister est compensée au cours de 
la maturation des asques qui est toujours simultanée. 

Dans l'asque jeune, on distingue un contenu cytoplasmique indivis, et on 
colore un, deux ou même quatre noyaux. Dans l’asque mûr, on ne reconnait 
in vivo la présence des spores et leur disposition que par une fine strialion 
. longitudinale et hélicoïdale croisée, el on ne peut colorer leur noyau. Peur 
distinguer la forme des spores, il faut faire éclater l'asque par pression. Les 
spores ainsi mises en liberté ont la forme d'aiguilles aplaties et tordues en 
hélice. Fixées et colorées, elles montrent vers l’une de leurs extrémités un 
renflement où se trouve un très petit noyau dificile à colorer. 


La forme aciculée des spores et le mode de fructification dans l'hôte 
rapprochent la levure de Drosophila funebris de la levure parasite de la 
cavité générale des Daphnies décrite par Metchnikoff (1884) sous le 
nom de Monospora cuspidata et dont des formes voisines existent 
chez les Nématodes {Bütschli), chez les Annélides (Caullery et Mesnil) 
et les Copépodes. Mais ici l’asque est monosporé. Au point de vue 
du nombre de spores, notre parasite rappelle aussi le Nematospora 
coryli, levure trouvée par Peglion sur des noyaux de noiseltes moisies, 
dont les asques contiennent huit spores lancéolées en deux rangées. 

Mais c'est surtout avec Aaphidospora Le Danteci, parasite des 
cellules intestinales d'Olocrates gibbus, découvert par L. Léger, que sont 
ses affinités. Même habitat, même évolution : formes végélatives se mul- 
lipliant (par bourgeonnement?) dans unc vacuole cellulaire, puis s’allon- 
geant en bâtonnets elfilés, x asques, ou sporocystes », disposés en 
raphides, et contenant chacun quatre germes filiformes hélicoïdaux. 
Léger ne se. prononce pas d'une manière décisive sur les affinités de 
cet organisme, qui, dit-il, tout en présentant de nombreux rapports avec 
certaines formes de blastomycètes telles que Wonospora, n'est pas non 
plus sans analogie avec cerlains sporozoaires. 

I ne me semble plus douteux qu'il s'agisse là d’une levure. Je crois 
pouvoir en distinguer génériquement le parasite de Drosophila funebris 
par la forme en banane de ses asques et le nombre de ses spores. Je 
l’appellerai Coccidiascus Legeri, le dédiant au sävant protistologue de 
Grenoble. À 

De ces levures parasites qui fruclifient in situ dans leur hôte en 
asques très différenciés, il faudra peut-être rapprocher les corpuseules 
de l’endoplasme de certaines grégarines vus d’abord par Claparède puis 
par L. Léger et dont Caullery et Mesnil ont démontré la nature parasi- 


120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


taire, et dont ils ont fait le genre Metchnikovella. Les Metchnikovella 
des Sicia (L. Léger) se présentent sous forme de corps arqués à mem- 
brane épaisse, rappelant bien les asques de Coccidiascus. 

Chez Gregarina spionis, Caullery et Mesnil ont vu les stades végé- 
tatifs, cellules sphériques qui se multiplient par bourgeonnement. et 
par scissiparité dans des vacuoles ou dans des canaux de l’endoplasme. 
Dans les « kystes », qui sont peut-être des asques, se forment 8, 16 ou 
32 spores arrondies. Mais M. Mesnil a eu l'amabilité de me faire voir 
des croquis inédits d'une autre espèce dont les spores sont aciculaires. 


\ 


({nstitut Pasteur. Laboratoire de M. Mesnil.) 


MODIFICATIONS DE LA BOURSE DE FABRICIUS 
A LA SUITE DE L'IRRADIATION PAR LES RAYONS X, 


par. J. JOLLY: 


‘ 


Dans des communications précédentes (1), j'ai eu l’occasion de 
montrer les effets du jeûne sur la bourse de Fabricius des Oiseaux. Le 
jeune provoque une rapide diminution de volume et de poids qui, par 
exemple, chez un pigeon de deux mois, pour un jeûne aigu de huit 
jours, atteint 60 à 80 p. 100. 

Comme on le constate à l'examen histologique, ces modifications sont 
dues à l’atrophie des follicules : le-jeüne fait disparaître les lympho- 
cytes et respecte la charpente épithéliale. Le jeûne produit exactement 
les mêmes effets sur le thymus. On trouve dans ces faits expérimentaux 
des raisons de rapprocher ces deux organes, et de sérieux arguments en 
faveur de l'idée de leur structure lÿmpho-épithéliale : les cellules Iym- 
phoïdes réagissent d’une manière particulière; elles sont touchées 
électivement et semblent distinctes de la charpente épithéliale. On sait 
que l’irradiation du thymus (Rudberg, Crémieu et Regaud) produit 
des lésions analogues. Si le rapprochement que j'avais fait entre la 
bourse de Fabricius et le thymus était juste, on devait oblenir les 
mêmes effets par l'irradiation de la bourse. C’est ce qui résulte déjà des 
expériences de Unzeitig (2) qui, à la suite de la publication des conclu- 


(1) J. Jolly et S. Levin. Sur les modifications de poids des organes lym- 
phoïdes à la suite du jeûne. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 28 octobre 
4944, p. 320. — J. Jolly. Sur les modifications histologiques de la bourse de 
Fabricius, à la suite du jeûne. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
28 octobre 1911, p. 323. 

(2) Hans Unzeitig. Ueber die Einwirkung der Rüntgenstrablen auf die Bursa 
Fabricii und einige andere Organe junger Hühner. An. Anzeiger, XLII Bd, 
1912, n° 1, p. 22. 


SÉANCE DU A9 JUILLET 194 


sions de mes expériences sur le jeûne, a fait agir les rayons X et obtenu 
une atrophie des follicules par disparition des lymphocytes. 

Grâce à l'obligeance de mon ami M. Regaud, qui a bien voulu se 
charger d’irradier mes animaux, j'ai pu étudier l’action des rayons X 
sur la bourse du pigeon. Les oiseaux, immobilisés sur le dos dans une 
gouttière, et les pattes maintenues écartées, étaient irradiés sur la 
région cloacale. Dose : 10 à 20 unités H. — Filtre aluminium : 258, 
Distance peau-anticathode : 19 centimètres environ. — Durée de res 
diation : une à deux heures, suivant les expériences. Comme dans les 
expériences faites avec le jeûne, j'ai choisi des pigeons âgés de deux 
mois, nourris et observés au laboratoire depuis une quinzaine de jours, 
utilisant le plus souvent, comme témoin, un des animaux de la même 
paire. 

Les effets produits par l'irradiation sont intenses et rapides. Au bout 

de dix-huit heures, on peut déjà les apprécier facilement. La bourse est 
diminuée de volume et de poids. En viagt-quatre heures, cette dimi- 
nution de poids, calculée d'après les témoins, peut atteindre quelquefois 
15 p. 100, résultat que l’on n'obtient qu’en huit jours environ avec le 
jeûne. 

Les lésions qu'on observe au microscope rendent compte de cette 
diminulion de volume et de poids. Les follicules sont plus petits. Les 
lymphocytes ont en partie disparu ou sont en voie de destruction. La 
substance corticale de chaque foilicule est nettement diminuée d’épais- 
seur; par places, elle n'existe plus. Dans la substance médullaire, les 
lymphocytes sont raréfiés; le réticulum cellulaire apparaît avec netteté; 
dans ses mailles, on voit beaucoup de lymphocytes en pycnose et des 
boules volumineuses plus ou moins ag sslomérées d'une substance 
homogène, prenant l’hématoxyline assez fortement, et qui représente 
des résidus de lymphocytes détruits. À un stade plus avancé, les lym- 
phocytes sont encore plus raréfiés, la substance corticale n ’exisle plus, 
le follicule est réduit à la substance médullaire limitée par une couche 
bordante épithéliale très régulière. La charpente cellulaire apparaît 
comme une fine dentelle dont la plupart des lymphocytes ont été chassés, 
comme dans les coupes de ganglions traitées par le pinceau. Les lym- 
phocytes en destruction s'accumulent dans des kystes et dans l’antre 
du follicule et sont rejetés par masses considérables dans la cavité de 
la bourse. 

Le réticulum épithélial, privé de la plus grande partie de ses Iympho- 
cytes, subit alors une contraction qui transforme le follicule en un petit 
lobule épithélial compact, souvent kystique, ou bien en une ampoule 
ou cul-de-sac dont le revêtement épithélial, d'épaisseur variable, se 
continue sans ligne de démarcation avec celui qui revêt la cavité de Ia 
bourse. Par ce mécanisme, un certain nombre de follicules s’effacent et 
disparaissent. Finalement, la bourse est transformée en un organe 


199 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


purement épithélial : les follicules n'apparaissent plus que sous forme 
de bourgeons ou de culs-de-sac épithéliaux, comme au début de l'histo- 
genèse. - 

Ces lésions produites par l’irradiation sont absolument du même 
ordre que celles qu’on obtient dans le thymus par la même cause. Mais, 
par suite de la disposition spéciale des follicules de la bourse (conti- 
nualion de la substance médullaire avec l’épithélium de revêtement), la 
transformation d'un organe lymphoïde en un organe épithélial est ici 
beaucoup plus nette. Les résultats ressemblent à ceux qu'on obtient 
avec le jeûne, mais les lésions sont beaucoup plus brutales et précoces. 
Avec les rayons X, la majorité des lymphocytes sont détruits et éliminés 
par la cavité de la glande. Dans le jeûne, ces phénomènes de destruc- 
tion sont beaucoup moins intenses; ils se produisent lentement, pro- 
gressivement; une partie des lymphocytes semble être résorbée. Mais 
le phénomène essentiel, la disparition élective des lymphocytes, est le 
même. Toutes ces observations sont en faveur du rapprochement que 
j'ai eu l’occasion de faire à plusieurs reprises entre la bourse et le 
thymus; elles sont aussi en faveur de la nature lympho-épithéliale de 
ces organes. 


(Laboratoire d'histologie de l'École des Hauts Études au Collège de France. 


NOTE SUR LA PRÉSENCE DE FIBRES NÉVROGLIQUES 
DANS LES NERFS PÉRIPHÉRIQUES DÉGÉNÉRÉS, 


par J. NAGEOTTE. 


Si quelques doutes subsistaient encore touchant l’origine névroglique 
de la cellule de Schwann, ils seraient levés par l'observation de ce 
qui se passe dans la phase tardive de la dégénération wallérienne. 

J'ai étudié des nerfs sciatiques de lapin, cinq, six, quatorze et quinze 
mois après la section suivie d’arrachement du bout supérieur. Les 
animaux étaient jeunes au moment de l'opération (itrois mois en 
moyenne); au moment de l’autopsie, ils pesaient plus du double de 
leur poids initial; grâce aux soins dont ils avaient été entourés, les 
escarres et les mutilations des orteils étaient réduites au minimum et 
il n'existait aucune lésion inflammatoire du membre opéré; le ganglion 
poplité n’était pas tuméfié. 

Le nerf dégénéré était ferme, translucide, plongé dans une atmo- 
sphère adhérente de graisse; son volume était notablement inférieur à 
celui du côté sain; il se lerminait en haut par un renflement adhérent 
aux muscles et entouré de tissu fibreux plus ou moins abondant; dans 
un cas, ce tissu fibreux contenait une aiguille d’os vrai. 


SÉANCE DU 1Â9 JUILLET 193 


La méthode de Cajal et celle de Bielschowski ne m'ont permis de 
colorer qu'un nombre infime de fibres régénérées. 

Les coupes transversales el longitudinales après fixation par le 
liquide J de Laguesse, colorées par la safranine violet acide, par la 
méthode d'Altmann et par l’'hématoxyline au fer, donnent de bonnes 
images du syncytium de Schwann persistant. Il est facile de se con- 
vaincre que les éléments satellites de la fibre nerveuse ont survécu à la 
disparition du neurite et se sont transformés pour s'adapter définitive- 
ment aux nouvelles conditions d'existence. 

Après la période de destruction et d'enlèvement du neurite, que j'ai 
étudiée précédemment, le tube formé par l'appareil syncytial de Schwann 
s'affaisse et se transforme en un filament, dont la membrane limi- 
tante amincie représente la gaine de Schwann. Mais ce n’est là qu'une 
phase transitoire, bientôt suivie d’un processus hypertrophique. 

Chaque filament syncytial se dilate et reprend un volume qui peut 
être égal à celui de la fibre nerveuse normale. La gaine de Schwann est 
épaissie et forme de nouveau un tube, à l'intérieur duquel se trouvent 
le proloplasma et les noyaux du syncytium. Ces derniers, moins nom- 
breux qu’au moment de la période réactionnelle, prennent la forme de 
bâtons extrémement longs. Le protoplasma se dispose en couche 
périnucléaire et en réticulum à mailles allongées dans le sens longitudi- 
nal; dans les coupes longitudinales, ce que l’on voit, c’est une série de fila- 
ments onduleux entremêlés qui cheminent dans le sens de la longueur: 
dans les coupes transversales, on apercoit un réseau protoplasmique 
assez lâche, dont les travées s'appuient à la membrane de Schwann. Le 
centre de l'appareil ainsi constitué est généralement vide, ou bien les 
mailles y sont plus lâches qu’à la périphérie. 

En somme, il s’agit d’un tube membraneux dans lequel siègent des 
cellules étoilées à prolongements filiformes, anastomosés en un réseau 
dont les éléments sont étirés dans le sens de la longueur. La constitu- 
tion de ce reste de fibre nerveuse à myéline s'éloigne donc beaucoup 
de celle du syncytium de Schwann des fibres de fRiemak, auquel il 
ressemblait dans les premières phases de la dégénération wallérienne. 
Par contre, elle se rapproche beaucoup de celle du syncytium de 
Schwann des plexus de la cornée, que j'ai décrit précédemment. 

Déjà cet aspect rappellerait celui de la névroglie des centres nerveux; 
mais l'homologie peut être démontrée d'une façon rigoureuse. En effet, 
dans les coupes de pièces fixées par le liquide J de Laguesse, l'héma- 
toxyline au fer colore électivement des fibrilles différenciées et des 
granulations dans le protoplasma des cellules de Schwann. Les fibrilles 
se colorent, en outre, après fixation à l'alcool et mordançage au 
chrome, par le sulfo-alizarinate de soude-bleu de toluidine suivant la 
méthode élective de Benda pour la névroglie. 

Dans les coupes transversales on en voit une dizaine par appareil de 


A Ée SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Sehwann. Elies siègent dans les travées protoplasmiques et sont souvent 
rangées contre la membrane d’enveloppe. Dans les coupes longitudi- 


nales elles cheminent, onduleuses, tranchant très RÉNALE sur les 


travées protoplasmiques qui les contiennent. 
Ges fibrilles, qui présentent ainsi la forme, la disposition et les réac- 


tions caractéristiques des fibrilles de la névroglie, peuvent aussi être 


aperçues par les méthodes non électives; elles se colorent, en effet, plus 
vivement que le protoplasma par les couleurs acides, comme le font, 
d’ailleurs, les fibrilles névrogliques des centres nerveux. 
En résumé, les faits observés démontrent que la cellule de Schwann, 
issue, à la période embryonnaire, de l'appareil névroglique descentres, 
mais spécialisée dans les fonctions d’élément satellite d'un neurite péri- 
phérique et dépourvue de fibrilles différenciées, a conservé en puis- 


sance la faculté d'élaborer de telles fibrilles ; lorsque la mort et la dispa- 


rition du neurite viennent bouleverser ses conditions d'existence, elle 
perd ses fonclions de cellule nourricière, sans que sa vitalité s'atténue, 
ét redevient une cellule névroglique pourvue de fibrilles différenciées, 
comme celles de ses congénères qui sont restées dans la substance 
blanche des cordons médullaires. 
Je n'ai pas besoin d'insister sur l'intérêt que présentent ces constata- 
tions, au point de vue général. Mais il est utile d'ajouter que, si la capa- 


cité d'élaborer des fibrilles différenciées reste latente dans la cellule de 


Schwann à l'état normal, inversement les aptitudes nourricières à 
l'égard des neurites persistent en puissance dans la cellule deSchwann 
transformée en cellule névroglique. En effet, si l'on pratique l’homo- 
transplantation d’un fragment de nerf anciennement dégénéré à l’extré- 
mité d’un nerf fraîchement sectionné, les appareils de Schwann trans- 


formés attirenlles nouveaux cylindraxes avec la même énergie que ceux 


du bout périphérique rapproché du bout central après une section 
nerveuse. : 

Quelle que soit l'ancienneté du processus, un nerf dégénéré reste donc 
toujours capable d'attirer et de conduire à destination les cylindraxes 
de remplacement dont on provoque l'apparition. 

D'autres phénomènes moins importants se passent dans le nerf 
anciennement dégénéré. Outre la présence d'une atmosphère adipeuse 
adhérente à la périphérie des fascicules nerveux, on constate une hyper- 
trophie considérable du périnèvre et de l’endonèvre ainsi que des gaines 
conjonctives propres des fibres nerveuses. Enfin, il apparaît dans l'en- 
donèvre une assez grande quantité de fibres élastiques. La sclérose 
conjonctive est naturellement portée à son maximum à l'extrémité 
proximale du nerf dégénéré. 

Je reviendrai prochainement sur la structure du tissu qui coiffe cette 
extrémité et qui lui donne une forme renflée, cop à celle des 
névromes dits d’amputation ou de régénération. 


\ 


Por CPR: 


PE DT PE DE TP ET ER ES À Le SO ERP VUS 


RE ES 


SÉANCE DU 19 JUILLET 195 


L’ANALYSE DES GAZ DU SANG VEINEUX 
POUR LA RECHERCHE DE L'UTILISATION DES SUCRES, 


par Cu. Acnarb et G. DEsBours. 


Dans plusieurs communications précédentes (1), nous avons montré 
le parti que l'on peut tirer de l'appareil de Haldane pour étudier, au 
moyen de l'analyse des gaz respiratoires, l'utilisation des sucres dans 
l'organisme et notamment chez les malades. 

Haldane (2) a imaginé un autre appareil fort simple qui permet 
d'analyser les gaz du sang. Cet appareil consiste essentiellement en un 
réservoir en verre, qui plonge dans une cuve à eau pour permettre 
d'opérer à température constante, et dans lequel est suspendue une 
coupelle destinée à recevoir les réactifs. Ce réservoir recoit le sang, 
laqué dans l'eau ammoniacale. Il communique avec un système qui 
permet de mesurer le dégagement gazeux par la dénivellation de l’eau 
dans deux tubes réunis en bas par une ampoule de caoutchouc, dont on 
peut régler la capacité par une vis, de manière à maintenir constant le 
volume du gaz contenu dans l'appareil. Le sang est recueilli par ponction 
veineuse et oxalaté : on en verse, à l'abri de l'air, dans le réservoir À c.c. 
avec 2c.c. d'eau ammoniacale à 2 p. 1000. Pour dégager l'oxygène, on 
place dans la cupule une solution de ferri-cyanure de potassium à 
saturation. Pour dégager le gaz carbonique (libre ou combiné) on y 
place une solution d'acide phosphorique à 15 p. 100. Le réactif est mis 
en contact avec le sang par agilation. 

Il était à présumer que, pour l'étude de l’utilisation des sucres, 
l'analyse des gaz du sang donnerait les mêmes résultats que celle des 
gaz respiratoires et que l’augmentation du gaz carbonique provenant de 
la combustion des sucres assimilables se retrouverait dans le sang 
veineux comme dans l'air expiré. 

Nous avons pu nous en assurer tout d'abord par une expérience sur 
le chien. 


Chienne de 145 kilogrammes. Prises successives de sang veineux. Volumes 
de gaz en centimètres cubes pour 100 de sang : 


O GO: 

VAN AA} CLON SAS MONA MANS EEE NUE 16,2 49 :5 
Injection intraveineuse de 12 gr. de glycose : 

1ASNEUTC ADRES CT Res cEate Den conne LO22 43,6 

MAÉNEUTÉ Apr SAP MR RE EE nr 0 42,9 

3ÆEdheure apres AMEN ME LRU EN SE ete: 10,9 42,6 

TÉHEUTENADIÉ SIREN RON re eo Ar l0S2 42 ,È 


(1) CÊ. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 février, 1° mars, 15 mars et 
a4imai 1913 ;-t. LXXIV, p.:385, 467, 573 et 1153. 
(2) Forster et Haldane. The investigation of mine air. Londres, 1905. 


Biozocrr. Compres RExDuSs. — 1913. T. LXX V. S) 


426 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Ÿ 


Chez l’homme nous avons analysé les gaz du sang après l'introduction 
de glycose par la bouche. Mais tandis qu'il nous suffisait, pour apprécier 
l'utilisation du sucre au moyen des gaz respiratoires, d'une dose de 
20 grammes, il nous a fallu donner une dose de 40 grammes pour 
obtenir avec le sang des différences nettes, au bout de trois quarts 
d'heure après l'ingestion. 

Nous avons observé de cette manière l’utilisation du glycose chez un 
sujet normal, un convalescent de méningite cérébro-spinale, un cardiaque 
et un cirrhotique dont nous avions vérifié l'aptitude glycolytique par 
l'épreuve de la glycosurie alimentaire et par l'étude des échanges respi- 
ratoires. 

Par contre, nous avons constaté l'insuffisance glycolytique chez deux 
diabétiques et chez trois typhiques en période d'état, qui eurent de la 
glycosurie alimentaire par ingestion de 150 grammes de glycose. 

Voici les résultats que nous avons obtenus : 


AVANT APRÈS . DIFFÉRENCE 


mn. PUS a CR e 

0? FCO? 07 CO? Co? 
p Sujet mormal .:.. . . . . 17,5 -44 #7,6 44,9 + 0,9 
; SE Convalescent de Re [88:49 7 18,8 44,1 + 1,4 
d'insuffisance À 2 
è Ris 3 | Cardiaque avec gros foie « 19,8 43,6 20 244,9 + 0,7 

DU 

PR Ne M Cierhore M mie 18,8 46 19 46,9 + 0,9 
Diabète: léger hrs 49,92 26 19,2 ‘46 0 

enrécence Diabète franc. -:.". 2.71. 1 : 19,8 44,9 19,8 44,9 0 
glycolytique. \ Fièvre typhoïde. . . . . . 20 46 ‘© : 20 46 0 
Fievrétyphoidermes 7e 19524408 12,9 4455 + 0,2 

Fièvre typhoïde. . . . . . 19,5 44,9 49,1 44,9 0 


La substitution de l'analyse des gaz du sang à celle des gaz respira- 
toires peut avoir des avantages pour les recherches cliniques, car il 
n'est pas toujours possible, chez les malades, d'obtenir dans de bonnes 
conditions les gaz de la respiration, par exemple en cas de dyspnée 
vive, de coma, de troubles psychiques ou simplement d'indocilité. 

Elle peut encore avoir son utilité dans les recherches expérimentales. 
En effet, pour mesurer les échanges respiratoires chez les animaux, il 
Æaut les trachéotomiser afin d'apprécier la ventilation pulmonaire. En 
utilisant les gaz du sang veineux, on évite cette opération et, par suite, 
on peut conserver plus longtemps les animaux et prolonger les expé- 
riences. 


SÉANCE DU 19 JUIELET 197 


—————— 


nt 
DE LA TOXICITÉ DES EXIRAITS DE POUMONS D'ANIMAUX NORMAUX 


(Deuxième communication), 


par LYTcakowsky et ROUGENTZOFF. 


Dans notre première communication, nous avons exposé les résultats 
de nos expériences qui avaient pour but d’éludier l’action de la throm- 
bokinase pulmonaire de lapin, dans son état naturel, après chauffage 
et enfin en combinaison avec le sérum chauffé et non chauffé du lapin 
même. Nous avous continué nos expériences et avons oblenu des résul- 
tats suivants : 


I. — Nous avons pris comme substance thermolabile, pour activer 
l'extrait de poumon de lapin (chauffé à 56 degrés pendant une demi- 
heure), non pas le sérum de lapin comme dans nos expériences précé- 
dentes, mais celui d’autres animaux, et nous avons pu constater que Île 
sérum du cheval, de la vache et du porc agissaient d'une façon analogue, 
tandis que celui de la chèvre, du mouton et du cobaye ne paraissait pas 
posséder cette propriélé activante. 


Il. — Le titrage du complément de sérums actifs par rapport à 
l'extrait chauffé de poumon de lapin, comme celui de sérums non actifs 
des cobayes, avait montré que tous les sérums de lapins étaient qualre 


ou dix fois plus faibles, par rapport à la quantité du complément, que 
les sérums des cobayes. 


III. — Les expériences de Lytchkowsky (1), faites au laboratoire du 
professeur Oppel, avaient montré que l'introduction dans la veine du 
lapin d'une dose non mortelle d'un extrait pulmonaire provoquait dans 
l'organisme, au bout de deux minules, une antiréaction constatable par 
le retard de la coagulation du sang : quatre à onze minutes, à la place 
de deux minutes et demie. Ayant en vue ce fait, nous avons essayé 
l'injection de petites doses d'extraits de poumons dans leurs combinai- 
sons variées pour pouvoir suivre leur action sur l'introduction ulté- 
rieure de doses mortelles. Nous avons constaté sur cinq lapins que la 
coagulation du sang baïssait d’une facon évidente deux minutes après 
l'iutroduction dans la veine d’une dose non mortelle-et que l'injection 
successive au bout de 2, 30, 40, 60 et 90 minutes d’une dose sûrement 
mortelle d'extrait n’était plus capable de provoquer la mort de l'animal, 


IV. — Les recherches de M. Lytchkowsky avaient démontré que 
l'introduction dans la veine du lapin de 5 à 10 c.c. d’une solution de 
peptone à 10 p. 100 n’avait aucune action sur la coagulation du sang. 


(4) M. L. Lytchkowsky. L'étude de l'hémophilie, Thèse, 1911. 


128 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE 


Ce fait nous a permis de supposer que l'introduction au pr&alable de 
peptone n'aura pas d'action retardatrice sur les doses mortelles d’extrails 
de poumons. Et, en effet, après avoir introduit dans la veine des trois 
lapins de 7 à 10 e.c. d'une solution de peptone à 10 p. 100, nous avons 
injecté, au bout de 2, 30 et 40 minutes, une dose mortelle habituelle 
d'extrait pulmonaire, et la mort est survenue au bout de 20-60 
secondes. : 


Conclusions. — 1° La substance thermolabile qui active les extraits 
chauffés de poumons de lapin n’est pas spécifique. Elle est constatable 
non pas seulement dans le sérum du lapin, mais dans celui d’autres 
animaux tels que le cheval, la vache et Le porc. Le sérum de la chèvre, 
du mouton et du cobaye ne paraît pas posséder cette substance. 

2° Cette substance non spécifique n’est pas analogue à l’alexine. 

3° L'introduction d’une dose non mortelle d’un extrait de poumon 
dans la veine du lapin provoque un abaissement net de la coagulation 
sanguine, mais par cela même protège l'animal contre l’action fatale 
d’une dose mortelle ultérieure de la thrombokinase de poumon. 

4° L'introduction préalable de peptone dans la veine du lapin, 
peptone qui n’abaisse pas la coagulation du sang, ne le protège pas 
contre la dose mortelle d'un extrait de poumon. 


; 
NS DRE RUE AN SON TT SEE + NOR UES E D ES TE DEN ASUS 


en dar Ana 
D po D D NA ES dé gx à 


fat 
POTTER à 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Metchnikoff.) 


RICHESSE DU NŒUD DE KEITH ET FLACK ET DU FAISCEAU DE His 
EN FIBRILLES ÉLASTIQUES, 


par Louis RÉNON et E. GÉRAUDEL. 


Les formations spéciales, rapportées au « tube cardiaque primitif », 
nœud sino-auriculaire de Keith et Flack, faisceau atrio-ventriculaire de 
His, ne sont pas différenciées aisément des fibres auriculaires aux- 
quelles elles sont mêlées, quand on emploie pour colorer le myocarde 
les méthodes histologiques courantes. 

Les fibres musculaires, qu'il s'agisse des fibres spéciales de eon- 
duction{ou desifibres communes de contraction, se ressemblent toutes. 
Ni dans le protoplasma, ni dans le noyau, on ne trouve de différences 
sensibles et pratiquement utilisables. Par contre, il existe une diffé- 
rence très marquée dans le réseau conjonctivo-élastique qui se mêle 
aux fibres myocardiques, suivant qu'on examine le myocarde pro- 
prement dit ou le faisceau atrio-ventriculaire. Les fibrilles élastiques sont 
très développées au niveau de cette dernière formation, ainsi qu'au niveau 


SÉANCE DU Â19 JUILLET 129 


du nœud sino-auriculaire. Elles sont très rares partout ailleurs. Il en 
résulte qu’en traitant au préalable les coupes avec un colorant électif 
des fibrilles élastiques, orcéine ou mieux encore fuchsiline de Weïgert, 
on obtient des images où se repèrent aisément ces formations parti- 
culières. 

Nous avons associé la fuchsiline de Weigert soit à l'hématéine-éosine- 
orange, soit à l'hématoxyline de Weigert-Van-Gieson, soit au bleu poly- 
chrome de Unna-Van-Gieson. Cette dernière association donne les 
images les plus démonstratives. 

Cette richesse du nœud de Keith et Flack et du faisceau de His en 
fibrilles élastiques permet de différencier facilement ces productions 
spéciales au cours des recherches histologiques normales et patholo- 
logiques. 


Il est permis de se demander la signification de ce réseau élastique, si 
développé rapidement, au niveau des restes du tube cardiaque pri- 
mitif : nœud de Keith et Flack, faisceau atrio-ventriculaire de His. La 
richesse du tissu élastique du myocarde va de pair en somme avec sa 
différenciation non comme tissu contractile, mais comme tissu conduc- 
teur d’excitation motrice. Il nous semble plausible d'admettre que le 
réseau élastique, par sa présence au niveau des fibres de conduction, 
supplée en quelque sorte au faible degré de contractilité de ces fibres 
myocardiques spéciales. Grâce à lui, ces fibres conductrices s’accom- 
modent aux alternatives de tension et de relâchement, de raccourcisse- 
ment et d'allongement des faisceaux myocardiques contractiles au 

milieu desquels elles sont plongées. Ainsi se trouve assuré, malgré les 
changements incessants dans une atmosphère musculaire, l'état d'équi- 
libre nécessaire au bon fonctionnement des éléments conducteurs sino- 
atrio-ventriculaires. 


(Travail du laboratoire du D' L. Rénon à l'hôpital Necker.) 


DOSAGE DES ACIDES AMINÉS, 


par H. BrerRY, E. FEuiLcié, R. Hazarp et A, Ranc. 


Dans les recherches que nous avons entreprises touchant le passage 
in vivo des protéiques en hydrates de carbone, nous avons été amenés 
à étudier le métabolisme azoté dans le sang et dans l'urine. A cet effet, 
il nous à été nécessaire tout d’abord d'étudier les méthodes proposées 
pour doserles acides aminés, eten particulier la méthode à l'acide nitreux 
utilisée en Angleterre et en Allemagne. 


d'absorber le bioxyde d'azote et de ne laisser finalement subsister dans 


130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


LE 


On sait que l’acide nitreux est capable de libérer l'azote du groupe 
aminé des amino-acides suivant l’ équation 
R — NH° R — OH : 
| + HNO°— | 4-N° + H°0 
COOH COOH 


et que cette réaclion, d'après lestravaux de Sachsse et Kormann, Horace 
Brown et Millar, peut être appliquée à une méthode de dosage de ces 
corps. Van Slyke (1) a repris cette méthode et l’a utilisée à l'aide d’un 
appareil spécial dans un certain nombre de recherches. L'appareil de 
cel auteur se compose: 1° d'un générateur d'acide nitreux (obtenu par 
l'action de l'acide acétique sur du nitrite de soude en solution concen- 
trée) dans lequel on introduit l’amino-acide à doser ; 2 d'une cloche 
graduée oùse rendentles gaz dégagés (azote et bioxyde d azote) ; 3° d'une 
pipette de Hempel, remplie d'une solution alcaline de permanganate de 
potassium, qui est réunie à la cloche et où on fait arriver le gaz afin 


la cloche pour la mesure que l’azote seul. 

Van Slyke qui a fait une étude très complète de cette méthode a montré 
que les acides + aminés, sauf la Ivsine, réagissent quantitativement dans 
un temps relativement très court (5 minutes) alors que des corps comme 
l'urée demandent huit heures pour libérer la totalité de leur azote. Abder- 
halden el Van Slyke (2) ont vu également que dans ces conditions les 
polypeptides réagissaient seulement par leur groupement aminé, le 
groupement imine restant inattaqué. 


Nous avons tout d’abord, pour l'emploi de cette méthode, utilisé l’ap- 
pareil de Van Slyke auquel nous avons fait subir un certain nombre de 
modifications. Au cours de nos recherches, il nous a paru beaucoup plus 
simple de réaliser la réaction quantitative de l'acide nitreux sur les 
amino-acides, non plus dans l'appareil de Van Slyke, mais dans une 
cloche graduée analogue à l’uréométre de Desgrez et Feuillié (3). 

Le maniement de l'appareil de Van Slyke exige en effet un certain 
nombre de manipulations assez délicates : élimination de l’air de l’ap- 
pareil par balayage, entraînement de l’azote formé du générateur dans 
la cloche, puis de la cloche dans le laveur et vice versa. Ces ditférentes 
manœuvres nécessitant l'emploi de robinets qu'on a toujours intérêt à 
supprimer dans une méthode gazométrique. 


(4) D. D. Van Slyke. J. Biol. Chem., 1910, 7; Proc., XXXIV-XXX VI; J. Biol. 
Chem., 19114, 9, 185-204 ; 1911-10, 15-55. 

(2) Abderhaläen und D. D. Van Slyke. Zeits. physiol. Chem., 1911, 74, 505« 
508. | 
(3) Desgrez et Feuillié. Comptes rendus de T Acad. des Sciences, 11 novembre | 
4914. 


SÉANCE DU Â9 JUILLET 131 


Pour nous, toutes ces opérations : réaction, lavages, mesure, se font 
dans un même tube qui est d’abord placé sur la cuve à mercure (1) puis 
sur la cuve à eau. 

Mode opératoire. — Dans l’uréomètre placé sur la cuve et rempli de 
mercure, on introduit d’abord 5 c. ce. de la solution d’amino-acide qui 
ne doit pas renfermer plus de 15 milligrammes d'azoteaminé, puis 16e. c. 
d'une solution de nitrite de soude à 30 p. 100 dans l’eau bouillie; on 
ajoute enfin 4 c. c. d'acide acétique cristallisable. On mélange, puis on 
agite de façon convenable pendant 5 minutes. On élimine ensuite les 
réactifs par lavages à l’eau, le bioxyde d'azote par lavages des gaz par 
le permanganate de potassium en solution alcaline (solution renfer- 
mant 50 grammes de Mno'K et 25 grammes de potasse caustique par 
litre). La lecture a lieu enfin sur la euve à eau avec les précautions 
habituelles ; les calculs se font ee les corrections de température et 
de pression. 

Il est de toute nécessité de faire un dosage à blanc pour déterminer 
l'erreur résultantdes impuretés des réactifs; du reste, la même opération 
doit s'effectuer avec l'appareil de Van Slyke. 


Voici, à titre d’exemple,les poids obtenus pour l’azote aminé, en opé- 
rant successivement sur 5 €. c., 4 €. c., 8 c.c., 2 c.c., À c. c. d’une solu- 
tion à 1 p.100 d'alanine dont nous avons vérifié la pureté et dosé l'azote 
total par le Kjeldahl : 


AZOTE AMINÉ 
ER ER 


Calculé. Obtenu. 
Pour:5:c.c.:de solution + 2... .:. .: 0 2r. 00786 0 gr. 0078 
Pour % cc. de solution... .:...0 gr: 00629 0 gr. 0062 
Pour 3/C.c. de solution, .). 20 em DUT 0 gr. 0046 
Pour? CT. de solution .:2:1:,7, 1} QOrigr:100344 0 gr. 0032 
Pour 1-c.c. de Solution: 22012 0 or. 10045 0 gr. 0015 


La méthode de dosage de l'azote aminé par l'acide nitreux peut donc 
êlre utilisée avec ce dispositif expérimental. 


(1) Dans les conditions où nous opérons, si l'attaque du mercure se produit 
elle est très faible, et, dans tous les cas, il ne peut y avoir qu’un dégagement 
de bioxyde d'azote (V. H. Veley. Philosophical Transactions of the Royal Society, 
À, 182, 1891), gaz absorbable par le permanganate alcalin. 


+ D CE rs 7 
SENS ee 


132 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SUR LE CALCUL 
DE L'ANGLE DE DÉVIATION DANS UNE FIGURE D'ILLUSION D'OPTIQUE, 


par MAURICE DUBUISSON. 


Les illusions d'optique ont été étudiées jusqu à présent à un point de 
vue surtout descriptif; et c'est dans la description plus que dans l’ana- 
lyse que les auteurs ont cherché l'explication des illusions. 

Dans un travail récent (1), M. Charles Henry a cherché à calculer les 
illusions d'optique pour en corriger les effets 
dans les lignes architecturales à l'exemple des 
anciens Grecs. Le point de départ du calcul de 
cet auteur est l'illusion du carré de Helmholtz 
(un carré géométrique semblant plus haut que 
large), d’où il en déduit l'illusion de Züllner (2). 

A l'exemple de M. C. Henry nous tâcherons 
d’élucider l'origine des illusions de Züllner 
par le calcul; mais, comme on en pourra juger 
par ce travail, il ne semble pas y avoir de 
relation directe évidente entre l'illusion de 
Helmholtz et celle de Zülilner. 


FiG. 1. faisons prolonger par un sujet) les droites ab, 

ab" (fig. 2) jusqu’à leur point de rencontre fictif 

(ceci se fait au crayon et à main levée) (3). Nous caleulons, par une for- 

mule simple du calcul des angles dans un triangle rectangle, l'angle 8 

formé par la prolongation fictive b et par la prolongation réelle bf de ab. 

Cet angle 8 affecte un rapport régulier avec l'angle « d’inclinaison des 

droites cd, c'd' sur ab. Quand « augmente, 8 augmente également; dans 
quel rapport? C’est ce qu’il nous reste à montrer. 


Considérons la figure 3 : NN’ normaleaupointbsurcd:i— N'of = œ 


sin 2 
r=a—$. Posons =, nous constatons par le calcul des sinus des 


(4) Sensation et Énergie, par M. C. Henry, 4911, p. 195, 203-213. 

(2) L'illusion de Züliner, telle qu’on la représente ordinairement (fig. 1), 
consiste en deux droites parallèles ab, a'b' coupées par des obliques; les 
parallèles semblent se rejoindre du côté où les obliques s’écartent, c’est-à- 
dire vers b, b'. La figure 2 est une illusion de Züllner que j'ai un peu modifiée; 
mais le résultat est sensiblement le même. 

(3) Bieu entendu ces figures doivent être dessinées à même distance de 
l'œil. 


Sn LÉ A ET ET etai Ces 


Pour établir ce calcu:, nous prolongeons (ou. 


SÉANCE DU 19 JUILLET 133 


: : sin ? 
angles ? et » quelles que soient les valeurs de «, Sn 7, — Constante —=h, 
n) 


indice d’illusion. Voici les résultats sur deux sujets différents : 


“ Morse ñ, n, M. Gu.…. : ñ; n, 
BOOT, Dee ETS 1,0115 1,0219 1,0255 
HO Eire 02155 1,0129 1,0254 1,0274 
HORS ES RE 0175 1,0158 1,0276 1,0237 
GRO er sen er 1 0207 1,0130 1,0219 1,0227 
600 1,0214 1,0144 1,0270 1,0272 
Moyennes 0#-f.t5162041%0198 1,0135 1,0247 1,0253 


Ces indices ont été calculés dans deux positions de ab : en hau- 
teur (»,), en longueur (»,), par rapport à l'observateur. En général ils 


sont plus forts en hauteur qu'en longueur (carré de Helmholtz); voici 
d’autres indices : 


MAD. MH; 
RÉ TE de den ere danse 2 026 1,0343 
a seen aies ee nn ed eee a 010 1,0298 


Tous ces indices sont variables selon les individus et voisins de 
1,024 pour la position en hauteur. 

La longueur des droites obliques cd, c'd'n'a qu'une influence minime 
sur l'indice, car aussitôt que celles-ci ont acquis une certaine valeur 
l'indice ne varie plus. Il n'en est pas de même de ab, l'indice étant 
inversement proportionnel à cette longueur. 

L'illusion d'optique peut se représenter ainsi: une droite cd indéfinie 
fait obstacle à une droite ab qui est déviée' de sa direction réelle et de 
ce fait occupe dans notre représentation psychique une nouvelle direc- 
tion virtuelle faisant avec la précédente un angle i—r—k$. 

Il semble donc que mentalement les droites (ab) soient prolongées. 
car des lignes qui ne coupent leur direction qu'à leur exlrémitè le d) 
influent sur leur direction virtuelle. 


(Travail fait au laboratoire du service du D' Nageotte, à la Salpétrière.) 


134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


DE L'ACTION DES OXYDANTS SUR L'ÉVOLUTION DES MALADIES INFECTIEUSES 
(s#mote) 
FIÈVRE TYPHOÏDE EXPÉRIMENTALE. 


Note de MarceL BELIN, présentée par G. Moussu. 


Exp. [. — Six cobayes reçoivent dans le péritoine 1 c.c. par kilogramme, 
d’une culture de vingt-quätre heures, en bouillon, de bacilles d'Eberth, à 
vingt-deux heures. Le lendemain, à 8 heures, soit dix heures après l'injection 
microbienne, trois cobayes sont en hypothermie très accusée; deux de ceux-ci 
sont laissés comme témoins ; aux quatres autres on injecte du chlorate de 
sodium à la dose de 1 centigramme par kilogramme par la voie sous-cutanée. 
Tous pèsent environ 500 grammes. 


TABLEAU I. 


due MO AR lose 6 los [48 
spas) see ele ls 
Témoin I: . . .| 3904 1370»| °? ® Mort » » » ) » » » [15 » 
. IL. . .|.388 1365] Mort | ‘» » « » » » » » » SA FRS » 

Mort 
Œraité 1. ,#.109005 ? à ? Ë ? ? à » » » | » » » 
1] Traité 38051380» |137%08|3606|. ? | Mort » » » » » » » » 

309113909139 91400 4140°51400814603/40051 Mort » » » » CL 
[| Traité IV . . .| 3994 139%» 1386/3900» 1405 4002 4005 [410740024108 l410113908{ ?: | Mort » 
hj. | Inj. | Mi | Wj. | Mj. À Wj. | Hj. | hj. | » » » » » 


Les températures sont toujours prises avant les injections salines. 
Donc tous les traités ont eu la vie prolongée, même le traité I qui était 
en hypothermie très accentuée dix heures après l'injection micro- 
bienne. Les traités IIT et IV ont eu une survie remarquable, bien qu'il 
s'agisse là d'une affection suraiguë tuant les témoins en des temps 
variant de treize à vingt et une heures. / 


{ 


Exp. II. — Trois cobayes, pesant 560, 450 et 480 grammes, reçoivent en 
injection intrapéritonéale 1/2 c.c. d’une culture de vingt-quatre heures: de 
bacilles d'Eberth, en bouillon. Le plus gros est pris comme témoin. Aux 
autres, il est injecté du chlorate de sodium à la dose de 8 centigrammes par 
kilogramme (solution 4 centigrammes par centimètre cube). Le traitement est 
commencé dix heures après. On obtient les résultats suivants. 


SÉANCE DU 19 JUILLET 135 


TaBLEAu 1. 


MAI | - 8 rar 1913 È & rar 4948 À 5 mar 4913 


gen. fon [PU A7 nan.) M. |-S. | M. |. 


/ 

Témoin, 560 gr. 3806 | 375 | 3305 | 310» | 8697 | Mort. ] » » 

Traité I, 450 or.| 3806 | 3901 | 38°4 | 37°8 | 376 | 376-| Mort. 

Traité IT, 480 or.| 3898 |. 39°5 | 3905 | 393 | 8906 | 39°; 3904 .| 395 | 3904 209 
» » Injeeun) ten Inj. 


Il n’a donc été fait ici que cinq injections de chlorate de sodium qui 
ont suffi à prolonger considérablement la vie de l’un des traités. 


Exe. II. — A quatre cobayes, on injecte dans le péritoine 1 c.c. d’une 
culture en bouillon de bacille d'Eberth, ayant séjourné vingt-six heures à 
l'étuve à 37 degrés et neuf heures à la température du laboratoire. Poids : 
450, 410, 360 et 275 grammes. Les injections microbiennes sont faites à 
6 h. 1/2; on commence le traitement, à l’aide du chlorate de sodium injecté 
dans les mêmes conditions que précédemment, trois heures et demie après 
l’injection microbienne. 
TABLEAU LL. 


16 mar 1943 47 mar 1913 pe 
6h.1/2| 10 h. | 13 h.|16 h. | 19 h. | 22 h. 
Témoin, 3802 | 3801. .36°2 9 2? [Mortdans pat] > » » 
360 gr. nait. 
Traité I, 38°» | 3893 | 370» | 3604 ? ? 369 | 3506 | Mort. » « 
275 er. Ë Guérison 
Traité II; | 8802 | 4005 | 3909 | 3909 | 3$06 | 3808 | 3808 » » 38°5 | complète. 
410 or. Guérison 
Traité III, | ‘8806 | 395 | 380» | 3806 | 3804 | 3809 À 3803 » » 3803 | complète. 
450 er. Inj.au 
nel 
» » Inj. | Inj. Inj;:% Inj.2|" Inj. | »5=;lseule: » » » 
ment. 


Si le traitement est commencé plus tard les résultats sont nuls. 


Ainsi, des inoculations microbiennes sont faites de la même facon et aux 


mêmes doses, le soir à 23 heures à six cobayes; le lendemain matin à 7 heures 
ils étaient tous en hypothermie telle que la température ne put être notée, 
sauf pour l’un d'eux (3702). On fait des injections. 


A Theures ... . . ,.:, 4. ... . 142 centigr., par kilogramme. 
AglAleheures Es per ME RELEre. : -e.-10 — par kilogramme. 
ALORS DRE me fe, +10 — par kilogramme. 
A AT AE Semen ep s SAIS — par kilogramme. 
ATOS HS DE NE 2e, 0 — par kilogramme. 
AA NES ON ER PAPE NT SAT EC ATS AIS par kilogramme. 


136 » SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les témoins et traités moururent à peu près ensemble. On nota seulement 
une amélioration de l’état général après chaque injection. 

Des résultats semblables ont été obtenus en employant les bacilles 
paratyphiques À et B. 


(Laboratoire de bactériologie de l'Institut vaccinal de Tours.) 


ACTION DES FIXATEURS CHROMO-OSMIQUES SUR LES LIPOIÏDES DES TISSUS. 


I. — ACTION HYDROLYSANTE. ACTION OXYDANTE, 


par ANDRÉ MAYER, FR. RATHERY, GEORGES SCHAEFFER. 


Au cours de nos recherches antérieures sur les mitochondries, nous 
avons insisté sur le fait que les méthodes destinées à mettre ces forma- 
tions en évidence, les méthodes de fixation dites milochondriales (et 
notamment celles qui utilisent les liquides chromo-osmiques), avaient 
un caractère commun fondamental : l'emploi de réaclifs oxydants. 

D'autre part, nous avons pu nous convaincre qu’un au moins des 
constituants des mitochondries présentait les caractères (solubilité, 
précipitabilité) des phosphatides. Dès lors, il était naturel de penser que 
l’action oxydante des réactifs portait sur ces composés, phénomène 
analogue à celui qui se produit au cours de la fixation des lipoïdes du 
système nerveux par la méthode de Marchi (comme l'ont montré Lorrain 
Smith, Mayr et Thorpe). 4 

Le résultat de cette action oxydante serait le suivant : les lipoïdes 3 
cellulaires contiennent des acides gras à liaisons éthyléniques (fait 
démontré pour le. foie, par exemple, par Leathes, Hartley). Les réactifs 
chromo-osmiques provoqueraient une modification qualitative de ces ; 
acides : il se formerait des oxyacides. Le schéma de cette réaction, pour | 

î 
! 


l'acide linoléique du foie (formule de Hartley), par exemple, est celui-ci : 


CH3 (CH°?), CH — CHCH°CH = CH (CH°), COOH 
Acide linoléique. transformé en : 
CH3(CH°?),[CHOH CHOH CH°{CHOH.CHOH](CH*), COOH 
Acide tétraoxystéarique. "| 


Or, nous avons montré, avec Fauré-Fremiet, que les oxyacides, peu 
solubles dans l'alcool froid, prennent directement les colorations dites 
mitochondriales. Ils donnent donc aux complexes et aux précipités 
dont ils font partie les caractères des mitochondries fixées. C’est là une % 
démonstration indirecte de l'action oxydante des fixateurs chromo- à 
osmiques. À 

Cependant, cette action ne semble pas, aux veux des histologistes, la -4 
plus importante de celles que provoquent ces réactifs. Par exemple, 2 


nn || 


SÉANCE DU 19 JUILLET 137 


MM. Regaud et Policard, étudiant récemment l’action du chrome, ne 
signalent que sa fixation sur les albuminoïdes et les corps gras et son 
rôle subséquent de mordant. Il nous a donc semblé utile d'étudier de 
plus près, et d’une facon directe, comment agissent les fixateurs chro- 
mo-osmiques sur les lipoïdes cellulaires. 


Dans les notes qui vont suivre, nous ne donnerons que quelques exemples 
des expériences poursuivies par nous. Au pointde vue des techniques suivies, 
voir nos mémoires (Journ. de Physiol. et Path. générale, 1913). Les saponifica- 
tions ont été faites par la méthode de Kumagawa. Les indices d'iode ont été 
déterminés par la méthode de Wijs. 


Ï. — ACTION HYDROLYSANTE SUR LES LIPOIDES DES TISSUS. Si l'on fait 
d’un tissu un extrait alcoolique à chaud (dans l'appareil de Kumagawa) 
puis qu'on reprenne par l'éther,on recueille — à 2 p.100 près — tous les 
lipoïdes de ce tissu, et notamment les lipoïdes phosphorés. On peut 
émulsionner directement ces lipoïdes dans l’eau, ou faire une émulsion 
aqueuse de leur solution éthérée, et les mettre en contact avec un 
réactif chromoosmique. 

Dans ces conditions, on constate les faits suivants : une partie des 

“acides gras des lipoïdes est libérée de ses combinaisons, comme il fallait 
s’y attendre (hydrolyse acide), et comme on peut le constater directe- 
ment : en effet, l'indice de neutralisation (acidité) des lipoïdes augmente 
toujours. Parmi les acides gras libérés, se trouvent précisément des 
acides gras non saturés. En effet, l'indice d'iode des lipoïdes totaux 
qu'on recueille après action des réactifs a augmenté notablement. 


Par exemple les lipoides totaux extraits du foie de chien donnent : 
Ind. d’iode — 65. Après l’action, pendant vingt-quatre heures, d'un mélange 
chromoosmique : Ind. diode — 96. 


La même action se produit si on fait agir le mélange chromo-osmique, 
non plus sur les lipoïdes extraits du tissu, mais sur le tissu lui-même. 

IT. — ACTION OXYDANTE SUR LES LIPOIDES DES 118SUs. L’acide chromique 
et ses composés sont employés classiquement, en chimie organique, 
comme oxydants. On peut montrer directement cette action sur Îles 
lipoïdes des tissus. 

1°) Action sur lesacides gras, produits de saponification totale des tissus. 
On fait une saponification totale d'un fragment de foie de chien. On 
recueille les acides gras; on en mesure l'indice d’iode. Puis on fait agir 
sur eux les mélanges chromo-osmiques. On reprend par l’éther, l'éther 
de pétrole ; on mesure de nouveau l'indice d'iode. Exemple : 

Indice d'iode des acides gras: 138 ; après action (24 heures) du mélange 
chromo-osmique : 88; après action du liquide de Laguesse : 75. 

2°) Action sur les lipoides extraits des tissus. — On fait un extrait 
alcoolique, à chaud, du foie de chien. On reprend par l'éther. Une par- 


138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RTS 


tie est saponifiée à froid par l'éthylate de soude; on recueille les acides 
gras et on en mesure l'indice d’iode. Une partie est soumise à l’action du 
réactif chromoosmique (vingt-quatre heures), puis saponifiée également 
à froid (1). On en mesure l'indice d'iode : 


Lipoïdes/non SaponiRéS 02 EN TES 


DiPoDISSSeEeRE ACidesteraside-cestlipoides "2,502, smMtuic 
Lipoides traités 
psr: le; mélange © Acides gras- de ces lipoides. . . + 42, 522770 
chromo-osmique. 


3° Action sur les tissus. — Des fragments de tissu de chien, découpés 


en cubes de 4 à 5 millimètres d'arête (comme pour la fixation histolo- 
gique), sont placés dansunréactif chromo-osmique (liquide de Laguesse) 
pendantvingt-quatre heures, puis lavés douze heures à l'alcool froid. 

On saponifie un fragment de tissu témoin ainsi que le fragment traité; 
on cherche l'indice d’iode des acides gras de ces deux portions. Voici 
uné de nos expériences : 


TISSU D'UN CHIEN 
Indice d'iode des acides gras avant et après passage de tissu par le liquide 
de Laguesse. 


Foie. Rein. Cœur. Poumon. 
Avant 121 Avantes# 6:00 192 Avant... 2. 2408 Avant 2,4% 2109 
Apres: "5: 21108 ADrès-."....1":169 Aprés-:.#21.1,93 Après #11297 


Il résulte nettement de ces trois ordres d'expériences que, par action 
des réaclifs chromo-osmiques soit sur les acides gras extraits des 
tissus, soit sur les lipoïdes non saponifiés, dont ils font partie, soit sur 
les tissus eux-mêmes, in toto, les acides gras ont baissé considérablement 
d'indice d'iode, ce qui correspond à une saturation des doubles liaisons, 
c'est-à-dire à une oxydation (2). | 

Il nous paraît donc démontré que, lorsqu'on fait agir sur les tissus un 
fixateur chromo-osmique, il se produit tout d'abord deux phénomènes : 
1° une hydrolyse partielle des lipoïdes qui y sont contenus, avec mise 


en liberté d'acides gras non saturés; 2° une oxydation très intense: 


d’une partie des acides gras à liaison éthylénique qui s'y Irouvent con- 
tenus. 


(1) La sapouification est faite à froid par l’éthylate pour éviter l'action 
oxydante à chaud du chrome fixé sur les tissus. 

‘2) Quand on prend directement l'indice d’iode d’un lipoide sur lequel on a 
fait agir un mélange chromo-osmique, on mesure donc le résultat global 
d'actions complexes : d’une part, l'hydrolyse, libérant des acides gras non 
saturés, a pour effet d'augmenter l'indice d'iode total; d'autre part, l’oxy- 
dation, portant sur le lipoïde non-hydrolysé et les acides gras libérés, à pour 
effet de l’abaisser. La mesure obtenue est donc la résultante de deux actions 
de sens contraire. 


PE SE M NS ENT TE à, ENS NP 


\ 


SÉANCE DU 19 JUILLET 439 


Quel est le résultat de cette action au point de vue de la fixation, de 
l'insolubilisation des lipoïdes, et de leur colorabilité, c'est ce que nous 
examinerons dans une prochaine note. 


> (Travail du laboratoire de physiologie physico-chimique. 


Ecole des Hautes-Études. Coliège de France.) 


RÉSEAU FONDAMENTAL PIGMENTAIRE CHEZ ÀAlytes obsletricans 
ET APPARITION DES CELLULES PIGMENTAIRES, 


par À. Borrez. 


Je désire communiquer à la Société le résultat de recherches entre- 


prises sur le mode d'apparition des cellules pigmentaires chez Alytes 


obstetricans, et je veux, tout d’abord, remercier M. Wintrebert et 
Mx° Phisalix du matériel d'étude qu’ils m'ont si aimablement procuré. 

J'ai suivi, jour par jour, l’évolution de l'embryon à partir du moment 
où paraissent les premières cellules pigmentaires; en extirpant les 
embryons et en les examinant entiers, soit à l'état frais, soit après 
fixation, soit après fixation et coloration, soit en coloration vitale par 
le Giemsa. 

Le réseau des cellules pigmentaires apparait d’abord au niveau de 
l'œil constitué, il s'étend ensuite progressivement et en descendant sur 
la face dorsale, il s'étale en même temps transversalement de la face 
dersale vers la face ventrale d’abord au niveau du corps, puis, en 
dernier lieu, au niveau de la. queue. C'est exclusivement la zone 
d'euvahissement qui est intéressante à étudier chez les tout jeunes 
embryons encore contenus dans l'œuf (qui lui-même ne parait pas 
encore pigmenté, ou commence à peine à se pigmenter). 

On voit alors que les cellules pigmentaires apparaissent comme des 
éléments différenciés, dans un réseau fondamental dont l'étude est des 


_ plus intéressantes et des plus suggestives. 


En 1909, MIE Asvadourova, citée par Prenant, dans une note à l’Asso- 
ciation des anatomistes, avait signalé un réseau étendu dans toute la 
lame caudale du têtard de l’Alvtes et admirablement vu par coloration 
vitale au rouge neutre, la coloration élective des grains qui rem- 
plissent les boyaux nucléés du réseau et la formation de grains 
probablement pigmentaires dans les plastes du réseau. M. Prenant 
fait remarquer dans sa note qu'il s'agit évidemment là d’un réseau 
lymphatique. 

Sans connaitre le travail précité, nous avons fait la même observa- 
tion en employant comme colorant vital chez le têtard, non pas le rouge 


140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


FF 


neutre, mais le Giemsa dilué; au bout de quelques minutes, on voit 
apparailre un admirable réseau électivement coloré et seul coloré: Le 


Fic. 1. — Un segment de la queue d’un Têtard d’Alyÿtes; 
réseau vu par coloration vila'e, (Giemsa dilué.) 


FIG? Fi&. 2 bis, 


HiG. 2er: 


F1G. 2, — Formation de deux cellules pigmentaires vues en coloration vitale chez. 
le Têtard. — Fic. 2 bis et ler. — Photographie de la région caudalc d’un jeune 


embryon; apparition des cellules pigmentaires qui s’isolent sur le réteau. 


Giemsa dilué colore exclusivement les granules si bien étudiés par 
M'e Asvadourova. Or le Giemsa nous a permis de voir que ce réseau 


SÉANCE DU 19 JUILLET 141 


—————————————.  "" " """ 


exactement sous-épidermique enveloppe l'animal à la facon d’une 
résille dont le plan suit exactement le plan cutané; au niveau de la 
queue, le réseau est double et, au microscope, on voit successivement 
un plan épidermique, un plan quadrillé, un plan vasculaire et, de 
nouveau, plan quadrillé, plan épidermique. S'agit-il d'un réseau lym- 
_ phatique? Un fait est certain, ce quadrillage est formé par la conjonc- 
tion de cellules à prolongements très longs se réunissant ou quelquefois 
s'affrontant seulement, toujours à angle droit; ces cellules et leurs pro- 
longements sont situés, je le répète, sur un seul plan et ne pénètrent 


F16. 3. — {Photographie directe du réseauj{pigmentaire sans aucune coloration. 
Région frontale d’un embryon. 


pas en profondeur, il n’y a pas de portion du réseau plus renflé à la péri- 
phérie ou au centre; à la périphérie de la queue, il y a terminaison en 
pointe ou en boucle. Il n'y à aucune espèce de relation avec les 
vaisseaux. - 

Quand on attend la disparition de la couleur vitale, on constate que 
le réseau cellulaire qui contenait les granules de place en place esl 
encore marqué par des granules pigmentaires authentiques : on peut, 
en observant longtemps, constater des déplacements de granules ou 
même de boucle ou réseau. 

Nous désignerons cette formation sous le nom de réseau fondamental 
pigmentaire à cause du rôle capital de ce réseau dans la formation des 
cellules pigmentaires. 

Chez le têtard, après la naissance, la plupart des cellules pigmen- 
taires étant déjà formées, il est à peu près impossible de se rendre 


BioLocie. CompTEs RENDUS. — 1013. T. LXXV. 10 


142 ee | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


compte de leur appari tion, les céllules en formation sont an rares, | 


mais il en est tout autrement chez l'embryon dans l'œuf. 

Cet embryon peut être éludié, soit à l’état frais, soit fixé et coloré 
in toto; les coupes doivent être évitées et il est facile de voir que les 
cellules pigmentaires en formation s’isolent du réseau fondamental; 
tous Les stades peuvent être notés parce que, à l'état frais et même 
sans coloration vitale, le quadrillage est parfaitement visible par les 
grains pigmentaires ; on voit que la cellule pigmentaire est d’abord un 
point de rassemblement pour le pigment qui se concentre à l’un des 
carrefours du réseau ; le pigment s’accumule de plus en plus, la cellule 


perd peu à peu ses ao avec le réseau, elle devient libre et ce. 


processus est le même pour les cellules pigmentaires blanches en 
certains points aussi abondantes que les cellules pigmentaires noires; 


la cellule pigmentaire vivra désormais d’une vie indépendante, le FÉSEAU” 


se reforme par de nouvelles connections. 

De ces cellules, les unes se dirigent vers l'épiderme et envoient de 
prolongements qui s’insinuent dans les mailles du réseau malpighien ; 
les autres s’étalent dans le plan du réseau fondamental sous forme de 
rosaces foliacées et forment ainsi un véritable voile, d’autres se diri- 
gent vers le plan profond et vont engainer de véritables manchons 
pigmentés, les vaisseaux de la région. 


sl 


Nous conclurons donc que le réseau ci-dessus décrit doit être consi- 


déré comme la matrice des cellules pigmentaires chez l’Alytes obste- 
tricans.. 


SUR L'AUGMENTATION D'AMPLITUDE DES POSTEXTRASYSTOLES 
APRÈS LES CONTRACTIONS SUPPLÉMENTAIRES INTERPOLÉES, 


par H. BusqQuET et M. TIFFENEAU. 


Comme on le sait depuis les travaux de Langendorff (1) chez la grenouille 
et ceux de E. Gley (2) chez les mammifères, la systole postcompensatrice est 
plus ample que les autres contractions cardiaques. Cette particularité a été 
tout naturellement rapportée à l'existence antécédente d’un repos compensa- 
teur et, en effet, l'intervention de ce facteur ne saurait être niée, si l’on songe 
à la hauteur exagérée de la systole survenant après une pause diastolique 
prolongée, de quelque nature qu’elle soit (arrêts par le pneumogastrique, 
rythmes périodiques, etc.). Toutefois, l'interprétation précédente est manifes- 
tement sans valeur pour expliquer l'augmentation d'amplitude après les extra- 
systoles interpolées [Woodworth (3), Rihl (4)]. Dans ce dernier cas, la signifi- 


(1) Langendorff. Arch. f. Anat. und Physiol., 1885, 287. 
(2) E. Gley. Arch. de physiol. norm. et palh., 1889, 505. 
(3) S. Woodworth. Amer. Journ. oj physiol., 1903, VII, 213-249. 
(4) 3 Rihl. Zeitsch. f. exp. Path. und Ther., 1906, LIT, 1. 


; 


De / à 
+ SÉANCE DU 49 JUILLET _ 145 


cation du phénomène est demeurée indécise; aussi nous a-t-il paru intéressant 
de rapporter des expériences personnelles susceptibles de fournir sur cette 
question des éléments d’information nouveaux. 

- Technique. — Ges expériences ont été faites sur des cœurs isolés de lapin. 
. Les systoles supplémentaires étaient provoquées par des choes d'induction 
_ {excitalion liminaire de rupture) obtenus avec le petit chariot de Gaiffe. Nous 
inscrivions les battements cardiaques avec le myographe direct de Marey relié 
au ventricule gauche par un fil réfléchi sur une poulie. 


I. Localisation de l'accroissement de l'amplitude sur la deuxième post- 
extrasystole. — Jusqu'à présent, on considérait que le renforcement 
cardiaque consécutif à la contraction supplémentaire portait nécessai- 
rement sur la première postextrasystole. Assurément, il en est ainsi 
fréquemment, mais il résulte de nos expériences que l'augmentation 
d'amplitude peut siéger sur la deuxième postextrasystole, la première 
étant de hauteur normale. D'autres fois, la première contraction après 
l’extrasystole est un peu plus élevée que les contractions spontanées 
précédentes, mais le maximum de l'augmentation de hauteur se localise 
sur la deuxième postlextrasystole (1). Dans le cas de rythme bigéminé (2), 
une contraction supplémentaire se greffant sur la petite systole d’un 
couple peut ne pas accroître l'amplitude habituelle de la contraction 
suivante (grande contraction du couple postextrasystolique) el aug- 
menter la hauteur de la deuxième contraction (petite contraction du 
même couple); de cette manière, l'inégalité des deux systoles bigémi- 
nées disparaît temporairement et même s’inverse quelquefois. 

IH. L'augmentation d'amplitude après l'extrasystole interpolée résulte 
d'une augmentation de la contractilité, — Rihl a déjà émis l'opinion, sans 
appuyer, il est vrai, sur des preuves objectives directes, que l’augmen- 
tation postextrasystolique de l'amplitude cardiaque résulterait de 
l'exagération passagère d’une propriété myocardique, la contractilité. 


Le raisonnement semble confirmer l'exactitude de cette conception. Dans 
un muscle ordinaire, l'accroissement d'amplitude de la réponse à un stimulus 
relève de l'augmentation d’un des facteurs suivants : {° intensité de l’excitant : 
2° excitabilité (action bathmotrope d'Engelmann); 3° contractilité ou force 
(action inotrope). En ce qui concerne le cœur, le premier facteur peut être 
éliminé d'emblée en raison de la loi du fout ou rien. En vertu de cette même 


(4) E. Gley (loc. cit.), confirmé par Rihl (loc. cit.), avait déjà signalé la loca- 
lisation de l'augmentation d'amplitude sur plusieurs systoles post-compensa- 
trices, dont la première était la plus élevée. Dans quelques observations 
de Rihl, l'accroissement de hauteur portait sur la première postextrasystole, 
mais avait son maximum sur la seconde, comme nous l'avons nous-mêmes 
constaté. 

(2) On sait que dans ce rythme, il y a succession d’une grande et d'une 
petite contraction, cette dernière étant plus près de la grande qui la précède 
_ que de la grande qui la suit. 


144 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


loi, l'augmentation du second facteur, toutes choses égales d’ailleurs, ne 
saurait modifier la hauteur des contractions cardiaques ; une action bathmo- 
trope positive pourra rendre efficace un stimulus primitivement trop faible et 
transformer un stimulus tout d’abord liminaire en stimulus supraliminaire ; 
mais la réponse ne doit pas devenir plus ampie. 


Nous pouvons, d’ailleurs, réaliser plusieurs expériences démontrant 
directement l'absence de toute augmentation d’excitabilité et la réalité 
d'une action inotrope positive provoquée par l'extrasystole : 

1° Déterminons comparativement l'excitation minimale, nécessaire 
pour greffer une extrasystole : a) sur une contraction cardiaque ordi- 
naire ; b) sur une postextrasystole; on constate que le seuil et par 
conséquent l’excitabilité sont les mêmes dans les deux cas (1) ; 

2 Sur un cœur à rythme très lent (vingt contractions par minute), 
provoquons une extrasystole avec une excitation liminaire; quandle 
tracé est revenu à la ligne des abscisses, lançons sur le ventricule (avant 
la contraction normale suivante) une deuxième excitation, mais légè- 
rement inframinimale : nous constatons qu'elle est inefficace. Au moment 
où survient la deuxième excitation, l’extrasystole antécédente n’a donc 
pas augmenté l'excitabilité. Notre troisième expérience montre que, 
néanmoins, à cet instant précis, le cœur était capable de répondre à 
une stimulation suffisante avec une amplitude accrue ; 

3° Sur ce même cœur, en effet, lançcons deux excitations liminaires 
dans l'intervalle de deux contractions normales : nous obtenons dans ce 
cas deux extrasystoles interpolées dont la deuxième est, en général, 
plus ample que les systoles ordinaires. La première contraction supplé- 
mentaire avait donc accru la contractilité du myocarde. 


Il resterait à déterminer le mécanisme intime de cette augmentation de la 
contractilité. Il est, à vrai dire, inconnu ; toutefois il convient de rappelèr ici 
l’intéressante conception de Woodworth. Cet expérimentateur a montré que, 
sur le cœur du chien, l'accélération brusque du rythme des excitations 
électriques entretenant les battements dans cet organe développe une 
augmentation d'amplitude des réponses et provoque le ÿhénomène de l'escalier. 
De même, l’extrasystole interpolée accroît passagèrement la fréquence des 
contractions cardiaques et, à ce titre, donne naissance à une exagération de 
la réactivité. 

Résumé: 1° Sur le cœur isolé de lapin, l'augmentation d'amplitude 
cardiaque produite par l'apparition antécédente d'une extrasystole 
interpolée peut se manifester, non sur la première, mais sur la deuxième 
contraction postextrasystolique ; 

2 L'exagération postextrasystolique de l'amplitude cardiaque relève 
d’une action inotrope positive exercée par l'extrasystole sur le myocarde. 


(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) 


(1) CF. H. Krouecker. Arch. intern. de Physiol., 1904-1905, IT, 211-222. 


SÉANCE DU 19 JUILLET 4145 


EE — 


À PROPOS DES CORPS RÉDUISANT LES MÉLANGES D'IODURES ALCALINS ET DE 
TETROXYDE D'OSMIUM 


(RÉPONSE A M. FAURÉ-FREMIET), 


par Cu. CHAMPY. 


Dans les comptes rendus d’une des dernières séances de la Société de 
Biologie, Fauré-Fremiet a attaqué très vivement une note que j'ai fait 
paraître dans le Journal de l’Anatomie. 

M. Fauré-Fremiet me reproche d’avoir cru démontrer qu'il s'est formé un 
iodure d’osmium dans le liquide que j'emploie pour imprégner certaines 
- granulations du protoplasme. Il émet l'hypothèse qu'il s’est formé dans 
ma solution un osmyliodure et sur cela base une critique de tous mes 
résultats cytologiques sur lesquels seuls j'ai insisté. 

On ne peut, sion m'a bienlu, direque je crois avoir démontré qu'ils’'agil 
d’un iodure d’osmium ou d'un iodosmiale, alors que j’ai écrit en têle de 
mon travail : Je n'ai pu, dans un laboratoire qui n'est pas outillé pour ce 
genre de recherches, déterminer même approximaltivement ce que peut être 
ce corps; etsila note qui devait indiquer que le mot « iodure d'osmium » 
est employé dans le titre par abréviation et provisoirement a été omise, 
la lecture de mon court mémoire où j'emploie constamment des expres- 
sions telles que « le corps nouveau », «le corps produit dans ces con- 
ditions », ne peut laisser le moindre doute. 

Les résultats cytologiques dont j'ai fait état à l'exclusion de toule autre 
chose sont, d’ailleurs, indépendants de la nature du réactif que j'ignore 
encore malgré un certain nombre d'expériences. Je n'ai, d’ailleurs, pas 
fait allusion à ces expériences dans ma note, qui n’est, ainsi que je l’ai 
indiqué, qu’une note préliminaire. 

Fauré-Fremiet prétend qu'il ne saurait s'agir d’un iodure d’osmium; 
il ne saurait, en effet, s'agir d'aucun des iodures connus et je n'ai jamais 
dit qu’il en soit autrement. « Il faut, dit-il, penser aux osmylsels, et 
on pourrait admettre qu'il se forme dans le réactif de Champy un osmyl- 
iodure. » J’y ai d'autant plus pensé que l’on obtient des composés ana- 
logues avec OsO*+ KGy, Os0°+ FeCy°K* (1). Contrairement à l'attente de 
M. Fauré-Fremiet, qui semble avoir fait ici de la chimie beaucoup moins 
avec des réactifs qu'avec des déductions et un peu d'imagination, on 
n'obtient rien de semblable avec les chlorures et les bromures. D'autre 


(1) Ces mélanges se colorent en jaune comme le mélange Os0O:+ Naïl. Ce 
dernier se réduit sur les mêmes granulations du cytoplasme. Le premier, trop 
alcalin, ne peut être employé. Le mélange Os0O'+ FeCy°K* est moins stable 
que celui dont j'ai indiqué la formule, ce qui m'en a fait rejeter l'emploi, 
Cela est dû sans doute au pouvoir réducteur du ferrocyanure. 


4146 $ . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


part, les propriétés de mon réactif ne sont pas semblables aux propriétés - 


indiquées des osmylsels (1). 


Contrairement à ce que M. Fauré-Fremiet sait a priori, mon réactif est. 
très stable ét ne se décompose nullement spontanément, ni si on l'étend 


d’eau; il est au moins aussi stable que les solutions de tétroxyde. J'ai 


donc rejeté l'hypothèse qu'il s'agit d'un osmylsel après l'avoir examiné, 
et, ne pouvant identifier ce corps avec aucun des composés de l’osmium 
que j'ai étudiés, j'ai écrit cetle phrase citée plus haut : « J'ignore abso- 
lument ce que peut être ce corps. » Même après La note de M. Fauré- 
Fremiet j'attends encore qu'un chimiste compétent en démontre la 
nature non avec des hypothèses en l'air, mais avec des expériences et. 


avec des faits. 


Comme conclusion, M. Fauré-Fremiet dénie à ces granulations que’ 
j'ai montrées tout pouvoir réducteur et semble admettre qu'elles me 
représentent qu’un précipité. Leur localisation dans la cellule, :le fait 
qu'elles sontsuperposables à des granulations révélées autrement ‘montre 
qu'il n'en est rien. Quant à leur pouvoir réducteur, je crois que ces 
corps ayant ramené l’osmium à l’état métallique, il n’est pas excessif de 


dire qu'ils ont réduit la solution. 


Il est de fait qu’on peut obtenir la précipitation de ma solation etla 
production de précipités dans les tissus, mais c’est lorsqu'on emploie 
mal la technique. Quand on lemploie correctement, on obtient des 


résultats cytologiques, constants et, je crois, intéressants, que j'aisignalés 


sans m'occuper dans ma note de la nature du composé produit dans 
mon réactif. J'ignore ce qu'il est, et M. Fauré-Fremiet semble l’ignorer 
au moins autant que moi. En somme, jusqu'ici, il m’attaque sur des 
choses que je n’ai pas dites, avec des expériences qu'il n’a pas faites. 


(ls Jeme puis indiquer en détail ces propriétés, n'ayant pas ici mes notes; 
je me ULE seulement qu'elles diffèrent de celles des osmyliodures, qu'avec 
OsO*-LH{ on obtient tout autre chose qu'avec Os0* —L KI. Dans la note 
énoubée j'ai indiqué seulement les réactions vis-à-vis des quelques com- 
posés organiques, réactions qui pouvaient donner quelques indications sur la 


nature chimique des grains protoplasmiques imprégnés. 


ERRATA 


NoTE DE M. Cu. DHÉRé. 


T. LXXV, p. 93, ligne 19, au lieu de : rayons, lire : réseaux; au lieu de : 


dire : copies. 5 
— Ligne 25, au lieu de : de luminosité, lire : de leur luminosité. 
P, 25, ligne 16, au lieu de : OnmmS, lire : OmmO8, 
— En note, première ligne, au lieu de : bande d, lire : bande à. 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


SÉANCE DU 8 JUILLET 1913 


© GERBER (C.) : Digestion des laits 
cru et bouilli par les caséases du 
latex desséché de Fasconcellea quer- 


SOMMAIRE 


ché de Vasconcellea quercifolia, de 
la papayotine et de la trypsine ani- 
male. Comparaison avec les pré- 


cifolia, de la papayotine Merck et sures correspondantes. . , . . + . . - 149 

de la trypsine animale Merck. — ; 

Comparaison avecles présures cor- li nes (EURE UD pi ] ee 

FESPONTANLES se en Mmes e laure 147 PRO LÈES DÉMARERNSE se ERP 
Gereer (C.) : A con Le biébloure de Ficus carica et de Broussonetia 

de mercure, de l’iode et de leau OP ET ns en ee De ee 


oxygénée sur la digestion de la ca- 
séine et de la fibrine par les ca- 
séases et trypsines du latex dessé- 


JocEauD (A.).: [. Considérations 
sur la dispersion des espèces appar- 
tenant au genre Scillælepas. .. .. 


Présidence de M. Fr. Arnaud. 


€ 


DIGESTION DES LAITS CRU ET BOUILLI PAR LES CASÉASES DU LATEX DES- 
SÉCHÉ DE Vasconcellea quercifolia, DE LA PAPAYOTINE MERCK ET DE 
LA TRYPSINE ANIMALE MERCK. — COMPARAISON AVEC LES PRÉSURES COR- 
RESPONDANTES, 

par C. GERBER. 


Les caséases du latex de Vasconcellea et de la papayotine se com- 
portent comme celle du Figuier, et la caséase de la trypsine animale, 
comme celle de Broussonetia papyrifera. Les premières, en effet, sont 
incapables de former des acides aminés aux dépens de la caséine du 
lait cru, pour des doses qui agissent énergiquement sur la caséine du 
. lait bouilli; la dernière digère à toutes doses le lait cru comme le lait 
bouilli, la quantité d'acides aminés formés étant seulement un peu plus 
faible dans le cas du premier liquide que dans celui du second. 

Le même rapprochement, constalé au sujet des pancréatines du 
Figuier et de Broussonetia s'impose entre les températures de coagula- 


A8 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


tion par la chaleur, de la lactoglobuline et de la lactalbumine contenues 
dans le lait cru, et les températures limites de TInUUSR de résistance 
de ce liquide aux trois caséases étudiées ici. 


fl. MINUTES 
de chauffe 
préalable 
du lait pur. 640 


À. — CENT. CURES LIQUEUR NORMALE NaOH NÉCESSAIRE POUR NEUTRALISER 
: LES ACIDES AMINÉS FORMÉS DANS 400 C.C. LAIT PAR L'ACTION, A 50 DEGRÉS 
 PENDANT 2 H. 30 MINUTES, DE : 


I. Latex desséché de Vasconcellea quercipolia, 0 gr. 33. 


22 DD = © 


) 
2 
? 
? 
1 


| 
| 


ine Merck, 0 gr: 014. 


ESS SS 
LL NN N N 
DO CR 


B. — MINUTES NÉCESSAIRES A LA COAGULATION NE Ÿ C.C. LAIT, EMPRÉ- |] 
SURÉ AVEC 0 G.c. 08 D'UNE SOLUTION AU 1/200 pe Try PSINE MERCK, 
DANS L'EAU SALÉE À 14/100. 


1. 38 degrés. Lait à 10 mol. milligr. HCI par litre. 
4,30 4,30 3 3,30 4,30 
4,30 4,30 » 3,45 
4,30 4,90 45 3,15 
4,20 4,10 3,30 s 

4 à à 15 


Co 2 CO U2 Go 
SOS SOS © 


TS STS 


Le lableau ci-dessous montre, en effet que, comme pour les deux 
pancréatines précédentes, le lait cru, chauffé au-dessous de 67 degrés, 
ne modifie pas sa résistance vis à-vis de nos trois caséases. De 67 degrés 
aux environs de 77 degrés (coag. de lactoglobuline), la quantité des 


SÉANCE DU 8 JUILLET 149 


acides aminés formée atteint rapidement une valeur qui, quelle que soit 
la durée du temps de chauffe, se maintient bien au-dessous de celle 
formée avec le lait bouilli; à partir de 70 degrés (coag. de lactalbu- 
mine), celte quantité croit avec la durée du temps de chauffe et atteint 
toujours celle formée avec le lait bouilli. 

La marche de la diminution de résistance du lait cru chauffé à ces 
diverses températures vis-à-vis de nos trois caséases, est résumée dans 
les chiffres suivants : 


Température de chauffe du lait cru : 
640 670 720 740 77 840 1000 


Cent. cubes liq. normale Na OH pour saturer acides formés (maximum) : 


Vasconcelleas.".2.70;0 0,3 1,0 151 3,0 4,0 4,0 
Papayotine . . . . O,U 0,2 0,8 1,4 31 3,6 3,6 
LYDSIN EDS Er 2 2,6 2,8 BUui 39 350 ane) 


La comparaison de la première partie du tableau à la seconde partie 
et au tableau I des Comptes rendus de l'Acad. des Sciences du 9 mai 1910, 
montrent que nos trois caséases et les présures qui les accompagnent 
se comportent de la même façon. | 

Présures et caséases des latex du Vasconcellea et du Papayer ont donc, 
comme les mêmes diastases du latex de Fiquier, un caractère commun, 
celui d’être des diastases du. lait bouilli; présures et caséases de la Tryp- 
sine Merck, comme les mêmes diastases du latex de Broussonetia en ont un 
également : celui d'être des diastases du lait cru. 


ACTION DU BICHLORURE DE MERCURE, DE L'IODE ET DE L'EAU OXYGÉNÉE SUR 
LA DIGESTION DE LA CASÉINE ET DE LA FIBRINE PAR LES CASÉASES ET 
TRYPSINES DU LATEX DESSÉCHÉ DE Vasconcellea quercifolia, DE LA 
PAPAYOTINE ET DE LA TRYPSINE ANIMALE. COMPARAISON AVEC LES PRÉSUREÉS 
CORRESPONDANTES, 

par C. GERBER. 


Les caséases et trypsines du latex de Vasconcellea et de la papayotine 
se comportent, comme celles du latex de Figuier, en présence des sels 
d'Ag, de Zn, de Cd, de Cu, de Hg, de Au, de Pt, etc., des halogènes et 
de l’eau oxygénée ; et Les ferments protéolytiques de la trypsine animale, 
comme la caséase et la trypsine du latex de Broussonelia. 

Letableau ci-dessous montre, eneffet,que,comme pourlapancréatine du 
Figuier, ila suffi de 0,16 mol. milligr. de bichlorure de mercure, de 0,16 
cent. cubes de perhydrol Merck à 100 vol. et de 1,5 mol. milligr. diode 
par litre de lait bouilli ou de macéré de fibrine sèche à 33,3 p. 1000 dans 
l’eau distillée, pour empêcher toute formation d'acides aminés par le 


fe 


150 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


latex de Vasconcellea et la papayotine, alors que, comme pour là pan- 
créatine de Broussonetia, une dose deux fois plus forte de ces trois élec- 
trolytes n’a pas diminué (Hg CE, H°0*) ou n’a que très peu diminué (iode) 


la quantité de ces acides formés par la trypsine animale. Ajoutons que. 


les différences dans la sensibilité des digestions de caséineet de fibrine, 
en présence de doses massives de H°0° et de Hg Cl,sont de même 
grandeurpourlatrypsineanimale quepourlapancréatinede Broussonetia. 
Le tableau ci-dessous et celui d’une précédente note montrent, en effet, 
qu'une dose quarante fois plus forte que celle qui empêche toute 
formation d'acides aminés par leslatex de Figuier, de Vasconcellea et de: 
Papayer [6,4 centimètres cubes (Perhydrol) ou mol. milligr. (HgCl)] ne 
diminue pas (Broussonetia) ou à peine (Trypsine Merck) la quantité 
d'acides aminés formés, dans le cas de l’eau oxygénée, alors qu'elle la 
fait tomber au 1/5 ou 1/10 de sa valeur dans celui du bichlorure de 
mercure. 


ll! CENT. CUNES LIQUEUR NORMALE NaOH NÉCESSAIRES POUR SATURER LES ACIDES 
|| AMINÉS FORMÉS DANS 100 c.c. LAIT BOUILLI OU MÉLANGE DE 3 GR. 33 FIPRINE PULVÉ- 
RISÉE ET DE 100 C.C. EAU DISTILLÉE, PAR L'ACTION, A 50 DEGRÉS, SOIT SUR LE LAIT PEN- 
DANT 3 HEURES DE 0 GR. 33 | VASCONCELLEA, V.; PAPAYOTINE, P.): Ou DE 0 Gr. 054 
(TRYPSINE ANIMALE MERCK, T.), SOIT SUR LA FIBRINE PENDANT 1 H. 30 (TRYPSINE ANIMALE 
| MERCK) Où 6 HEURES (VASCONCELLEA, PAPAYOTINE), DE Ü GR. 33 DES TROIS TRYPSINES 
|| CI-DESSOUS, EN PRÉSENCE -DE DOSES CROISSANTES DES ÉLECTROLYTES SUIVANIS: 


[ — Bichlorure de mercure. 
[| Mol. milligr. HgCl par litre.| 0.00 .04[ 0.08] 0.16[ 0.32 


rss 


Ÿ 


P. 
Fibrine. 4 V. 
EE 


© WW 


CeX'Sr 


j| Cms NaOH 
ë 15 
Lait -. V. 

qe 


noce Ho © (en 


[v-Kerk ©] 
pr O0) 


. — lode. 


[æ] 


Mol. milligr. Lo° par litre. . 


Æ 42 


Fibrine. « 


+0 


|| Cms NaOH . 


( 
( 
Lait. 


ao OO © 


oxygénée. 
= Cm perhydrol par litre. . . .00 30 D.08|'° 0.16 


0.0 


Fibrine. 0.0 


|| Cm$ NaOH . 
E Lait 


Minutes nécessaires 
|| pour coaguler le lait.. 


L 
ë 


ss AS al and 


RER 


SÉANCE DU 8 JUILLET 154 


Comparaison avec les Présures. — La comparaison des chiffres du 
tableau ei-contre avec ceux représentant les minutes nécessaires à la 
coagulation du lait par les trois-présures correspondantes, que nous 
avons publiés autrefois et dont nous ne donnons ici que ceux concernant 
l’eau oxygénée, montre que ces dernières se comportent, en présence de 
nos {rois électrolytes types, absolument de la même facon que les 

_caséases et les trypsines qui les accompagnent. Présure, caséase el tryp- 
sine du latex de Vasconcellea ont donc, comme caractère commun à elles 
trois et aux présures, caséases et trypsines de la popayotine el du latex de 
Fiquier, celui de ne pouvoir digérer ‘la fibrine, ni coaguler et digérer la 
caséine, en présence de traces de Hg CÙ, de HO et de I}. Présure, caséase 
et trypsine du suc pancréatique animal ont également comme caractère 
commun à elles trois et à la présure, la caséase et la trypsine du latex de 
Broussonetia, celui de pouvoir coaguleret digérer ces substances en présence 
non seulement de traces, maïs encorede doses fortes de ces trois électrolytes. 


LES LIPASES DES PANCRÉATINES DES LATEX DE ficus carica 
ET DE Broussonetia papyrifera, 


par-C. GERBER et H. Gutoz. 


a) Existence d'une lipase. — Nous avons employé la méthode de 
Stade pour doser la quantité d'acides gras mis en liberté par les pan= 
créatines aux dépens du jaune d'œuf. Dans six tubes à essai, nous avons 
mis 15 c.c. d'une émulsion de jaune d'œuf au tiers dans l’eau distillée 
avec 0 gr. 40 de pancréatine de Broussonelia papyrifera, de pancréatine 
de Ficus carica, de trypsine animale Merck non chauffées ou maintenues 
préalablement pendant trente minutes à 100 degrés, puis nous avons 
placé les mélanges au thermostat pendant six heures à 50 degrés. Ge 
temps-là écoulé, nous avons ajouté à ces liquides 60 c.c. d’éther ordi- 
naire et avons laissé en contact pendant deux heures en agitant toutes 
les dix minutes. Nous avons prélevé ensuite 30 c.c. des extraits éthérés 
surnageants et les avons placés dans de petits ballons contenant déjà 
20 c.c. d'alcool neutre à 90 degrés et III gouttes d’une solution al- 
coolique de phénolphtaléine. I1 a fallu, pour neutraliser, ajouter les 
quantités suivantes de liqueur décinormale de soude : 


Broussonetia Broussonetia Ficus carica Ficus carica  Trypsine Trypsine 
non chauffé. chauffé. non chauffé. chaufté. non chauffée. chauffée. 
TSCe: El OC 4 ACC A 0"C:e: 4 DC 0 c.c. -4 


Nous avons ajouté ensuite 3 c.c. de liqueur alcoolique normale de 
soude dans-chacun des ballons et avons abandonné les mélanges rouges 
pendant vingt-quatre heures à la température du laboratoire. Ce laps 
de temps suffit pour obtenir une saponification totale des graisses. 


152 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


Le mélange contient dès lors tous les corps gras extraits sous forme 
de savon, plus un excès de soude. Nous avons additionné le mélange 
de 3 c.c. de solution normale d’acide chlorhydrique; une partie de 
l’acide neutralise l'excès de soude ; le reste met en liberté exactement 
tous les acides gras, et les liquides perdent leur coloration rouge. Pour 
faire réapparaitre cette dernière, il a fallu les quantités suivantes de 
liqueur décinormale de soude : 


Broussonetia  Broussonelia Ficus carica Ficus carica  Trypsine Trypsine 
non chauffé. chauffé. non chauffé. chauffé. non chauffée. chauffée. 
19=CRCA 21 CSC 20NC.C- 07 21.60 3 19/:c. 0:74 21:02 


Ces chiffres nous montrent qu’il existe dans nos deux pancréatines 
végétales une lipodiastase. Le pourcentage des graisses saponifiées par 
cette diastase est : 


Broussonetia. Ficus carica. Trypsine. 
(1,7 — 0,4) 100 (1,1 — 0,4) 100 (2 — 0,4) 100 


SAS NERLR Qu En TP OR ET RTE A EUR RE CR EE he 0 aa | RP nee le AT 
SU Tee ur 19,4 + (2 — 0,4) 


07 1,1 —0,4) mie 


On voit que la lipodiastase de la pancréatine de Proussonetia est à 
peu près aussi active que celle de la trypsine animale. Quant à celle de 
Ficus carica, elle est deux fois plus faible. La comparaison de ces 
chiffres avec ceux obtenus par l’un de nous en opérant sur le latex, tels 
qu’on les trouve dans son mémoire de la Société botanique de France, 
montre que les pancréalines sont proportionnellement moins actives 
que les latex d'où elles parviennent. On sait qu'il en est de même pour 
la pancréatine animale. Notons que l'écart entre les pouvoirs lipoly- 
tiques de nos deux pancréatines végétales est beaucoup moins fort que 
celui des deux latex correspondants. Les rapports des pouvoirs lipoly- 


tiques sont, en effet, pour les pancréatines nb en 0,5 et pour les 
7 
l e 
atex Be 3,9 — 071 
b) Résistance à la chaleur de la lipase. — Placons pendant trente 


minutes à des températures croissantes 0 gr. 40 de pancréatine de Ficus 
carica et de Broussonetia dissous dans 3 c.c. d’eau distillée, puis ajou- 
tons-les à 15 c.c. de jaune d’œuf au tiers à 50 degrés. On obtient, au 
bout de six heures, le pourcentage suivant de corps gras : 


Tempé Aderchau etes hi re CE. 500 55° 600 650 70° 750 80° 
Acides gras p.100 Fig. 40 0,3 Pal 0,5 0,0 0,0 0,0 0,0 
ACides ras 1p. 100 Br. 0267 Late 4,5 1,6 0,6 0,2 0,0 


On voit que la lipodiastase de Ficus carica est beaucoup moins résis- 
tante à la chaleur que celle de Broussonetia. Elle devient en effet six fois 
moins active après un séjour de trente minutes à 60 degrés qui‘altère 
à peine la lipase de Proussonetia, et elle est complètement détruite 


ACT © 


SÉANCE DU 8 JUILLET 153 


après un pareil séjour à 65 degrés, alors que celle de Broussonelia n’est 
devenue que quatre fois plus faible et que cette dernière n’est détruite 
qu'après un séjour de trente minutes à 80 degrés. 

c) Action des acides. — Si nous faisons agir, à 50 degrés, 0 gr. 40 de 
nos deux pancréatines sur 15 c.c. de jaune d'œuf au tiers préalable- 
ment additionné de 15 mol. milligramme d'acide chlorhydrique par 
litre, nous obtenons, au bout de six heures, dans le cas du Ficus carica, 
8,2 p. 100 d'acides gras et dans celui du Broussonetia 4,1 p. 100. L’aci- 
dité du milieu accélère donc la saponification par la lipase de la pan- 
créatine de Ficus carica et retarde, au contraire, celle par la lipase de 
Broussonetia. En résumé, il existe dans la pancréatine de Ficus carica une 
lipodiastase peu active en milieu neutre, environ deux fois plus fuible que 
celle de la pancréatine de Broussonetia, laquelle est presque aussi forte 
que la lipase contenue dans la trypsine animale Merck. La lipase de la 
pancréatine de Ficus carica agit beaucoup mieux en milieu acide contrai- 
rement à celle de Broussonetia. Æn cela, elle se rapproche beaucoup de 
la lipase des graines grasses el en particulier de celle du Ricin qui n'agit 
qu'en milieu suffisamment acide, tandis que celle de Broussonetia s'en 
éloigne. Enfin, la lipase de la pancréatine de Ficus carica est peu résis- 


tante à la chaleur et en cela elle se distingue de celle de Broussonetia qui 
est très thermostabile (4). 


J. — CONSIDÉRATIONS SUR LA DISPERSION DES ESPÈCES 
APPARTENANT AU GENRE SCILI.ÆLEPAS, 


par A. JoLEAUD (2). 


Des sept espèces vivantes connues du genre Scillælepas, deux 
-(Scill. trispinosum Hæœk et Scill. eos Pilsbry) habitent les eaux du 
Pacifique occidental, près du Japon et des Philippines, et les cinq autres 
(Scill. gemma, Scill. Grimaldi, Scill. falcatum, Scill. calyculus Auriv., 
Scill. superbum Pilsbry) la zone abyssale de l'Océan Atlantique. Les 
premières ont élé draguées à des profondeurs variant entre 130 et 
190 mètres (3), les secondes, entre 450 et 1.800 mètres. 


(1) Communiquée dans la séance du 17 juin 1913. 

(2) Voir Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXIX, LXX, LXXIT, LXXIV, 
LXXV. 

(3) Scill. superbum toutefois a été recueilli entre les îles Bahama et le cap 
Fear (Nord-Caroline) à 352 brasses de profondeur, la température du fond 
étant de 43°7 F. et un plus au sud par 440 brasses (805 mètres), la tempéra- 


ture du fond étant de 45°6 (7° 5/9 centigrades). D’après Pilsbry, Barnacles in 
the U. S. Nat. Museum. 


I5Æ RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


Les espèces abyssales d’un même groupe ayant, en général, une 


- vaste dispersion et de grandes affinités s’expliquant par l'uniformité de 
la température du milieu qui, au-dessous de 600 mètres, oscille simple- 
ment entre +5 et 0, on conçoit que nos espèces atlantiques soient 
unies par d'’étroits rapports de structure et qu’elles diffèrent sensible- 
ment des formes pacifiques. Celles-ci, caractérisées par la très faible 


hauteur de leurs plaques inférieures, qui ne recouvrent que très peu la 


base des plaques supérieures, peuvent être séparées comme formant 
dans le genre Scillælepas une section distincte de celle qui comprend 


les types atlantiques; mais cette division doit être considérée comme 


indépendante de la répartition géographique des espèces. 

Si, actuellement, en effet, chaque groupe à un habitat propre, il 
semble bien qu'il n’en ait pas toujours été ainsi. On peut remarquer, en 
effet, que des espèces fossiles vraiment typiques, Scil{. carinata Phil., 


Seill. ornata Seg. et Scill. zancleana Seg., se trouvent ensemble, sui 


vant Seguenza, dans les calcaires, sables et marnes de l’Astien de 
là province de Messine (Zaneléen supérieur) alors que la première, par 
tous ses caractères, se rattache aux espèces atlantiques, tandis que les 
deux autres rappellent les formes du Pacifique. Les (rois espèces 
vivaient peut-être, d’ailleurs, à des profondeurs intermédiaires entre 
celles qu'habitent nos espèces actuelles dans uit d'une part, 
et le Pacifique, de l'autre. 

Quant à Scillælepas Cazioti A. et L. Joleaud de l'Astien de Nice, il 
ct évidemment placé dans des conditions bathymétriques correspon- 
dant à celles des Scillælepas du Pacifique : il se trouve associé, en effet, 
à Megerleia truncata Gmel., Terebratulina caput serpentis Lam., Argiope 
decollata Chemnitz, espèces de la Zone des coraux de mer profonde, qui, 
suivant les auteurs, s'étend de 92 à 183 mètres (100 brasses) et plus. 

Scill. Paronæ de Alessandri, que l’on trouve dans les sables serpen- 
tineux miocènes des collines de Turin et de Baldissero, vivait vraisem- 
blablement à la même profondeur, comme aussi Pollicipes dorsatus 
Steenstrup. du Danien (calcaire à bryozoaires) de Faxü, qui est sans 
doute un Scillælepas (1). 

Je dois ajouter que Scill. carinata Phil., qui est connu, non seulement 
de l’Astien de la Sicile, mais aussi des sables de même âge du Monte 
Mario et qui remonte, suivant Seguenza, jusque dans le Pléistocène 
Lyell ressemble étonnamment à Scill. (Grimaldi Aur. Celui-ci paraît 
ainsi fournir l'exemple d’une forme tertiaire conservée jusqu'à nos 
jours dans la région abyssale de l'Atlantique. 

S'il en est bien ainsi, le genre Scillælepas, après s'être montré au 


(4) Dans une note sur les cirrhipèdes du terrain crétacé de la Crimée; 
N. Karakasch cite Pollicipes validus Steenstrup — P. dorsatus du même auteur, 
qu'il identifie à tort avec P. validus Darwin. 


X 


TU upér eur dans le nord de l'Europe, s "est de au tertiaire 
se Géosynelinal méditerranéen aux deux extrémités duquel « on le 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. . 


a 


SÉANCE DU 26 JUILLET 1913 


BorDeT (J.) et DELANGE (L.) : In- 
jections intraveineuses de cytozyme 
et coagulabilité du sang 

BoRREL (A.) : À propos du sys- 
tème pigmentaire chez Alyles obs- 
ÉCLRICONS EAST NAME EN SFR | 

BourqueLor (Em.), HÉéRissey (H.) 
et CoiRRE (J.) : Synthèse biochimi- 
que d'hexobioses par action de 
l’'émulsine des amaudes sur le glu- 
COSCRS ere here Riom et eee e 

CALMETTE (A.) et MassoL (L.) : 
tigènes et anticorps tuberculeux. — 
Réaction d'inhibition. = : : : : -.. 

Caarrox (Énouarp) : Culture de 
quelques protistes marins. Amibes 
cystigènes et acystigènes . . . . . . 

Disraso (A.) : Sur la production 
de l’indol par le B. coli en mitieux 
au tryptophane et sucrés . . . . .. 

Distraso (A.) et MARTINEZ (J.) : 
Une méthode pour étudier les pro- 
priétés biologiques des microbes 
ANA ÉRODLE Se M ie 

Fauré-FreuIeT (E.) : A propos des 
lyosomes. Réponse à M. Champy. . 

FiLperMaN (L.) : Autoclave élec- 
ÉTIU ONE Ne Se RIRE TA AE RUE 

GAUTRELET (JEAN) et Briaurr 
(Pauz-L.\ : De l'obtention à l’aide 
de la thionine de réactions cardio- 
vasculaires caractéristiques d'une 
injection antérieure d’adrénaline 
(Froïisièemesnote) 2-44 mr. 2 

GILBERT (A.), VILLARET (MAURICE) 
et Picaancourt (M.) : Contribution 
à l'étude du syndrome d'hyperten- 
sion portale. Note sur les rapports 
de la pression ascitique et de la 
tension artérielle au cours des cir- 
rhoses alcooliques . . . . . .. TEE: 

GRüNBauM (M'eS$.) : Sur la cellule 
calcigère et ses corpuscules dans 
lestoread Hein ARE 


SOMMAIRE 


168 


211 


160 


178 


200 


201 


158 


196 


206 


[Re] 
19 
©2 


208 


Henri (Vicror) et WuRMSER (RENÉ) : 
Considérations générales sur l'ac- 
tion des coferments et des poisons 
derfermentsse Ml se Serres 

Le Sourp (L.) et Pacnrez (Px.) : 
Recherches sur l’action hypoten- 
sive d'extraits de plaquettes . . 

Levapiri (C.): Virus de la polio- 
myélite et culture des cellules in 
VÉRINS EE AE AMEN IE TEE FANS 

Lyrcakowsky et RouGEenrzore : De 
la toxicité des extraits de poumons 
d'animaux normaux (Troisième com- 
MIUNICALION) ENS LPNE D  ReUe 

MaRTINESCO et TIFFENEAU : Action 
des digitaliques sur la diurèse et les 
VAlSSÉAUXITEN AUX A... PU ee 

Massoz (L.) et GRysez (V.) : An- 
tigènes etanticorps typhiques. Réac- 
tion dainmhibition es "er r ex 

Masson (P.;, Imprégnation ar- 
gentique duypigment, - . . . x 

Marrer (Cu.) : Modifications leu- 
cocytaires au cours de l’auto-héma- 
LOLHÉTADIC Re PERTE Sr VA 

Mayer (ANDRÉ), RaTHERyx (FR.) et 
SCHAEFFER (GEORGES) : Action des 
fixateurs chromo-osmiques sur les 
lipoïdes des tissus. — IIL. Action in- 
solubilisante. — IV. Action sur la 


MESswiz (F.), Caarrton (E.) et PE- 
RARD (Cx.) : Recherches sur la toxi- 
cité d'extraits de sarcospuridies et 
d'autres Sporozoaires.h: 4.00 

Moycuo (VENCESLAS) : Étude phy- 
siologique de l’action des rayons 
ultra-violets sur l'oreille du lapin. 
Etude de quelques poisons . . . .. 

Mucox (P.) : Disparition des en- 
claves de cholestérine de la surré- 
nale au cours de la tétanisation 
faradique ou strychnique . . . . . . 

NAGEoTTE (J.) : Note sur la crois- 


Biozocie. CoMPres RENDUS. — 1913. T. LXXV. 11 


157 


Lo) 
Fe 


202 


159 


158 


sance des appareils de Schwann à 
l'extrémité proximale du bout péri- 
phérique des nerfs sectionnés, lors- 
que la régénération a été rendue 


LIN POSSIDIER PPT TEE Te ER 

Nicozce (CaaRrLes} et CoNsiz (E.) : 
Reproduction expérimentale des 
oreillons chez de singe. .:. - ... 


Puisauix (Mme) : Formes de multi- 
plication d'Hæmogregarina Roulei, 
chez Lachesis alternatus. . . . . .. 

ReTreRER (Ép.) et NEUvILLE (H.) : 
L’os pénien et clitoridien de quel- 
QUES TÉNNS EEE APE NT ER UE 

RosenTuA£ (GEorGes) : Technique 
de la trachéofistulisation chez le 
chien et le lapin 

RuBiNsTrEIN (M.) et JULIEN (A.) : 
Examen des sérums de chevaux 
atteints d'ascaridiose par la mé- 
thode d’Abderhalden . .. . . . . .: 

SCHERESCHEWSKY (J.) : Essais sur 
la vaccination spécifique de la sy- 


Ste >. 


philis (Note préliminaire). . . . .. 
SERGENT (EDM.) Infection de 


fièvre récurrente par les muqueuses 
chez Lhommes tres eh 

WEIngEr.G (M.) et SéGuin (P.) : Re- 
cherches sur léosinophile et l’éosi- 


186 


217 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


nophilie. Propriétés phagocytaires 
de l'éosinophile (Troisième note). 

WipaL(F.)et WEIssENBACE (R.-J.) : 
Contribution à l’étude des sensibili- 
satrices hémolytiques naturelles du 
sérum humain. — Nouvelle techni- 
que de recherche de l’isosensibili- 
satrice. — Résultats de l'examen de 
cinquante sérums normaux et pa- 
thologiques 


e jo jose je, Ve eee tfsllieine 


Réunion biologique de Bucarest. 


lonesco-MinatesTr (C.) : Sur la 
toxicité du sérum de lapin immu- 
nisé et sur ses relations avec les 
phénomènes d'anaphylaxie (Troi- 
sième communication). . . . . . . . 

JAcozson (Gr.) : Réaction inflam- 
matoire à l’occasion d'une nouvelle 
vaccination, au niveau d'une cica- 
trice vaccinale datant de un an. . . 

Marinesco (G.) et Minxea (J.) : Re- 
lation entre les « treponema pallida» 
et les lésions de la paralysie géné- 
Pale Rs ST RO PP EE 

Pauresco (N.-C.) : 
DIYCOSÈNE: 5 HS TN ARR MEME 


Présidence de M. Mesnil, vice-président. 


À PROPOS 


DES 


LYOSOMES. 


RÉPONSE À M. Camp, 


par E. FAURÉ-FREMIET. 


170 


236 


236 


M. Champy, en répondant à ma note précédente sur les « lyosomes », 
montre que j'ai mal compris son texte et que, dans les cas du réactif 
qu'il nomme par abréviation « iodure d’osmium » ou « iodosmiate », il 
ne s’agit « d'aucun des icdures connus ». Je regrette donc de m'être 
rendu coupable de psittacisme; cependant, je tiens à revenir sur deux 
inexactitudes contenues dans la réponse de Champy. 

1° Champy avait songé, comme moi, à l'hypothèse d’après laquelle 
son réactif, fait en mélangeant Os0" et Nal, renfermerait un osmylsel: 
mais il l’a abandonnée, car son réactif « est bien stable et ne se décom- 
pose nullement spontanément, contrairement à ce que M. Fauré-Fremiet 


sait & prior? ». 


SÉANCE DU 26 JUILLET 159 


M. Champy n’a donc plus pensé, en écrivant ceci, qu'un osmylsel, 
lorsqu'il se décompose au contact de l'eau pure, met en liberté de l'acide 


_ osmique (Wintrebert) suivant l'équation suivante : 


F* 


Os0# X*M? + 2H20 = Os0*H? + 2MX + 2HX, 
STE 


acide osmique 


et qu’en présence d’une trace d'acide, l'osmylsel ne se décompose plus; 
d'où il résulte qu’une solution de ce corps peut rester indéfiniment 


stable à partir du moment où elle n’est plus neutre. Il n’a pas songé non 
plus qu'ayant rappelé ce fait dans ma note, je ne puis en même temps 
« savoir a priori » le contraire, ce qui serait illogique. 

2° Champy écrit : « Fauré-Fremiet dénie à ces granulations tout pou- 
voir réducteur et semble admettre qu'elles ne représentent qu'un préci- 
pité. » Champy a montré que les lyosomes sont, dans certains cas, 
superposables à des granules visibles avec d’autres méthodes, et je n'ai 
rien écrit qui ressemble à la fin de cette phrase; l’objet de ma critique 
est différent. Le cytoplasma cellulaire ne présente généralement pas, 
que je sache, une réaction acide : il est neutre ou alcalin; donc, au 
moment où l’osmylsel supposé pénètre le cytoplasma (1), il doit recou- 
vrer son instabilité et pouvoir se décomposer soil dans le cytoplasma, 


soit dans des vacuoles ou dans toute autre inclusion, ce phénomène 


pouvant dépendre uniquement de la réaction de ces éléments. Il en 

: « a”: . : AE : É 
résulte qu'un grain coloré en noir dans ces conditions peut bien avoir 
une existence réelle, mais n’est pas nécessairement réducteur. Cela ne 


_ veut pas dire qu'un osmylsel ne puisse être également décomposé, 
_ comme Os0”, par des corps réducteurs. 


En résumé, M. Champy s’est servi d’un réactif dont il ignore, comme 
mot, la composition ; il n’a pas démontré que ce réactif ne renferme pas 
d'osmylsel; donc, il n’a pas démontré la proposition suivante : à savoir 
que les « lyosomes ayant ramené l'osmium à l’état métallique, il n'est 
pas excessif de dire qu'ils ont réduit la solution ». 

Voici seulement ce que j'ai voulu dire. Et maintenant, loin de moi 
l'idée de critiquer l’autre conclusion (2) de Champy : « Il faut consi- 
dérer les lyosomes comme un élément de la structure du protoplasma, 
cette structure étant envisagée au point de vue dynamique et non dans 
un esprit morphologique. Ils témoignent de la transformation incessante 
de la substance vivante, et ce n’est pas leur moindre intérêt que de mon- 
trer qu'une telle transformation s'indique dans tous les éléments, même 
dans ceux où elle n’aboutit pas. » Il me serait trop audacieux de lui 
apporter la moindre objection. 


(1) Les lyosomes n'apparaissent, d’après Ghampy, qu’au centre des pièces, là 
où l’action de OsO* ne s'est pas fait sentir. 
(2) Champy. Journ. de l’'Anat., 1913. 


160 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ANTIGÈNES ET ANTICORPS TUBERCULEUX. — RÉACTION D'INHIBITION, 
par À. CALMETITE et L. MassoL. 


Il résulte de nos recherches antérieures (1) que certains sérums sen- 
sibilisants et même précipitants (sérum de Ruppel et Rickmann, par 
exemple), décèlent, par la réaction de Bordet-Gengou, les plus faibles 


quantités de nos antigènes B' (soluble dans l’eau) et B° (soluble seule- 


ment dans l’eau peptonée); que d’autres sérums sensibilisants et préci- 
pitants (sérums de bovidés hyperimmuns de l'Institut Pasteur de Lille, 
sérum de cheval de Vallée) ne donnent la déviation du complément 
qu'avec des quantités limitées et en présence de l’anligène B° employé 
à des doses environ trois fois supérieures. En outre, un excès de ces 
derniers sérums fait disparaître la fixation : c’est pour cette raison que 
nous les avons appelés inhibants. Ils exercent aussi cette propriété 


vis-à-vis des premiers sérums mis en présence de l’antigène B' ou B”; 


l'inhibition est masquée par une quantité plus grande d’antigène. 

Nous nous proposons d'établir que l'inhibitrice est distincte des 
sensibilisatrices, des agglutinines et des précipitines. Le sérum de 
Ruppel et Rickmann, qui n’est pas inhiban!’ et qui possède au plus haut 
point ces rois dernières propriétés, en est déjà une preuve. Nous allons 
eu fournir une seconde avec nos sérums de bovidés. On sait (2) que, 
même chauffés à 57 degrés, ils précipitent abondamment par dilution 


dans l’eau distillée. Pour obtenir une séparation plus complète, il est 


préférable de faire agir un courant d'acide carbonique pendant trente 
minutes sur le sérum préalablement dilué dans neuf volumes d’eau 
distillée. Après centrifugation, on décante le liquide qu’on isotonise et 
on reprend le précipité par l’eau salée physiologique. On constate que 
le liquide décanté renferme les sensibilisatrices et les agglutinines, et 
que le précipité contient les inhibitrices et les précipitines. 

A. — Le liquide décanté possède les sensibilisatrices ne correspon- 
dant qu'à l’antigène B”, ainsi que le sérum initial; employé en excès, il 
n’est pas inhibant, soit vis-à-vis de lui-même et de l’antigène B’, soit 
vis-à-vis du sérum de Ruppel et Rickmann et de l’antigène B'. Il en 
résulte que la réaction de déviation du complément s'obtient avec ce 
liquide décanté dans un intervalle beaucoup plus grand qu'avec le 
sérum non traité. On parvient, en outre, par cette méthode, à déceler 
d'aussi faibles quantités d’anligène qu'avec les sérums non inhibants. 
D'après l’état de nos recherches, il semble possible de tirer parti de ces 


1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 13 octobre 1909, 5 février 1910, 
28 octobre 1911 et 15 juillet 1912. | 
(2; Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 28 juillet 1910. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 161 


propriétés pour la pratique de la réaction de Bordet-Gengou, dans la 
tuberculose, la syphilis, etc. 

Les agglutinines se mettent aussi plus facilement en évidence : alors 
que le sérum entier n’agglutine le bacille bilié que depuis À p. 2.400 
jusqu'à 1 p. 6.000, le liquide décanté agglutine depuis 1 p. 120 jusqu'à 
4 p. 6.000. 

B. — Le précipité, trois fois plus abondant que pour un sérum homo- 
logue normal, retient la propriété inhibante du sérum dont il provient. 
Celle-ci ne s'exerce d'une facon nette que vis-à-vis de l’antigène tuber- 
culeux et de sa sensibilisatrice. En outre, un précipité de sérum homo- 
logue d'animal sain, de sérum antipesteux, ou de sérum de Ruppel et 
Rickmann, ne possède pas d’action inhibante employé à une dose cinq 
à dix fois plus forte. 

Les précipitines se retrouvent dans le précipité et celui-ci est inca- 
pable, en présence d’antigène, de donner la déviation du complément, 
comme le fait le liquide décanté qui conserve les sensibilisatrices du 
sérum initial. Les préeipitines sont donc bien distinctes des sensibilisa- 
trices. D'ailleurs, la réaction de précipitation s’observe en présence de 
_tuberculine antigène ou non (c'est-à-dire susceptible de donner la 
réaction de déviation du complément en présence d'un sérum sensibili- 
sant) : si le précipité obtenu donne une légère fixation, nous pensons 
qu'elle est purement mécanique et qu'elle ne dépend pas de la loi de 
Bordet-Gengou : elle est analogue aux déviations. qui s’obtiennent par 
des précipités non spécifiques. En outre, un sérum inhibant épuisé en 
précipitines par une tuberculine non antigène ou même par la malléine, 
qui ne masquent pas l'inhibitrice, conserve presque intégralement ses 
propriétés inhibantes dans le liquide décanté après centrifugation. 
L'action de la chaleur est encore différente : les précipitines s’atténuent 
plus que l’inhibitrice. Nous ferons aussi remarquer que les sensibilisa- 
trices correspondant à l’antigène B° et les inhibitrices apparaissent 
dans l’ordre avant les précipitines. 


En résumé, le barbotage d'acide carbonique dans un sérum inhibant 
dilué au dixième dans l’eau distillée permet de scinder le sérum en deux 
parties : le liquide, privé de la propriété inhibante, conserve les agglu- 
tinines et les sensibilisatrices plus facilement décelables que dans le 
sérum initial; le précipité, beaucoup plus abondant que dans le sérum 
d'un animal sain, retient les propriétés inhibante et précipitante qui 
nous semblent bien distinctes. 


({nstitut Pasteur de Lille.) 


162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES SENSIBILISATRICES HÉMOLYTIQUES NATURELLES 
DU SÉRUM HUMAIN. — NOUVELLE TECHNIQUE DE RECHERCHE DE L'ISOSEN- 
SIBILISATRICE. — RÉSULTATS DE L'EXAMEN DE CINQUANTE SÉRUMS NOR-- 
MAUX ET PATHOLOGIQUES, 


par F. Wipar et R.-J. WEISSENBACH. 


Au cours de certains états pathologiques, dans la genèse desquels on 
pourrait incriminer l’action d’hémolysines, la recherche des propriétés 
hémolytiques du sérum par le procédé classique (1) donne souvent des 
résultats négatifs. 

Dans cerlains cas, où la méthode classique était impuissante à mettre 
en évidence l'existence d'une hémolysinelibre dans le sérum, nous avons 
pu, grâce à une modification de technique, déceler la présence d’une 
sensibilisatrice (isosensibilisatrice) capable de provoquer, en présence 
d'alexine, l’'hémolyse des hématies humaines normales et démontrer 
ainsi, indirectement, l'existence, dans les sérums étudiés, de propriétés 
spéciales, empêchant l’hémolyse. 

La modification que nous proposons dérive de procédés couramment 
employés dans les expériences sur l’hémolyse par les sérums préparés, 
mais qui, à notre connaissance, n’ont jamais été appliqués systémati- 
quement à l’étude du sérum humain normal ou pathologique. 


Technique. — On dispose six tubes à hémolyse. Dans les deux premiers, on 
verse XX gouttes du sérum à étudier, prélevé par ponction veineuse et non 
chauffé; dans les deux suivants, XX gouttes d’un sérum normal; dans les deux 
derniers, XX gouttes de la solution de NaCl à 9 p.1.000. On ajoute dans‘ tous 
les tubes une goutte d’hématies humaines normales lavées. Les tubes 2, 3, 4, 
5 et 6 servent de témoins; ils sont indispensables. 

On laisse à l’étuve à 37 degrés pendant une demi-heure. On centrifuge, on 
décante le sérum, on lave une fois les hématies. On ajoute XX gouttes de 
solution de NaCI à 9 p. 1.000 dans les tubes n°° 2, 4 et 6; dans les tubes n°1, 
3 et 5, XV gouttes de solution de NaClet V gouttes de sérum frais de cobaye, 
comme alexine, dose qui nous a paru toujours suffisante, après plusieurs 
essais comparatifs. On note les résultats après un nouveau séjour d’une 
demi-heure à l’étuve à 37 degrés. 

L'absence d'hémolyse dans le tube 6 démontre que les diverses manipu- 
lations, dans le temps nécessité par l'expérience, ne sont pas capables d’altérer 
les hématies. L'absence d’hémolyse dans le tube 5 démontre que le sérum de 
cobaye est, à la dose employée, sans action sur les hématies utilisées. L’ab- 
sence d'hémolyse dans les tubes 3 et 4 montre que le sérum normal avecou 

L7 


(4) À XX où XXV gouttes de sérum frais on ajoute I goutte d’hématies 


humaines de résistance normale. On porte à l’étuve à 37 degrés, et, après une 
demi-heure, on note les résultats. ! 


SÉANCE DU 26 JUILLET 163 


sans addition ultérieure d'alexine est de même sans action sur les hématies. 
L'absence d’'hémolyse dans le tube 2 démontre que le sérum étudié est inca- 
pable, sans alexine, de dissoudre les hématies. L’hémolyse, si on la constate 
dans le premier tube seul, démontre que, pendant le temps de contact à 
l’étuve du sérum et des globules, ceux-ci se sont sensibilisés et que l'addition 
d’alexine à dose convenable en provoque l’hémolyse. 

On vérifiera, par les épreuves habituelles, que les propriétés lytiques du 
sérum présentent les caractères des sensibilisatrices. 

Résultats. — La recherche nous à donné un résultat constamment négatif 
avec les sérums suivants, provenant d'individus normaux ou atteints d’affec- 
tions variées : 


Individus normaux 22e Arai EE chine res" O ons. 
ASyBLOUES AR TE RE Me Tee tn TNT ALT 7 
Aortite syphilitique. 

Hypertension DES PER Poe 

Néphrite chronique sans de ; 

Néphrite chronique avec azotémie . 
Albuminurie , 

Artériosclérose., HE 

Erythème pneumococcique. 

Pneumonieu#.0 

Ictère catarrhal . 

Syphilis secondaire . 

Tuberculose pulmonaire Dies DE 
Grippe. . : 

Fièvre typhoidé : : 
Convalescence de rhumatisme SCiculaine) aigu . 


ER NU RRÉREEREDEER D = 


Même résultat négatif dans les cas suivants, qui s’'accompagnaient d’anémie 


plus ou moins marquée : 
Globules rouges. 


Cancer de l'intestin, avec généralisation péritonéale . 1.700.000 
Canceridesllestomac tee "eme Re ne 2.120.000 
Tuberculose aiguë . LES 3.040.000 
Purpura avec hémorragies Dieralose 2.070.000 
Métrorragie par fibrome utérin 3.060.000 
ANÉMIC TOXIQUE LL eee Are 1.790.000 
Cancer intestinal avec anémie de ne ue ae 900.000 


La recherche nous a donné un résultat positif, à des examens répétés, avec 
différents échantillons de globules normaux {1/10 au moins de l’hémolyse 
totale) dans les cas suivants : 


Anémie pernicieuse cryptogénétique . . . . . LR ASANMEONCAST 
Anémie de 3° degré avec splénomégalie sans ictôrs: us bo 
Anémie de type pernicieux dans un cas de cancer de 
eStOMaC-ME SR ER NE lee CRIE IL dec 
Anémie de 3e degré CHE un io tereulaux MS EP 1 — 


Anémie de 3° degré chez une femme atteinte 4 fbibme 
HVéchémorapies he Mras to tiennent : Aie 

Ictère hémolytique acquis en poussée . . . . . . . . . . 1 — 

Ancien ictère hémolytique acquis, actuellement guéri. . . 1 — 


164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Le sérum de deux des trois cas d’anémie pernicieuse présentait par inter- 
mittence une isohémolysine libre décelable par le procédé classique. 


Les propriétés hémolytiques, que nous avons ainsi mises en évidence dans 
ces neuf sérums, présentent les caractères des sensibilisatrices : résistance 
au chauffage à 56 degrés pendant une demi-heure, disparition après chauffage 
à 66-68 degrés, fixation à 0 degré sur les hématies pour certains échantillons 
de sérum. Le sérum mis en contact avec une quantité suffisante de globules 
rouges perd le pouvoir de sensibiliser des hématies neuves; conservé en 
tubes bouchés, à l'obscurité et à la température du laboratoire, le sérum garde 
longtemps (jusqu'à trois mois pour un échantillon) ses propriétés sensibili- 
satrices. 

Etant donnée l'existence de ce pouvoir sensibilisateur du sérum, il n’en est 
pas moins curieux de constater que, tant que sérum et globules sont en pré- 
sence, l'hémolyse ne se produit pas. Il ne s’agit pas d’un simple défaut de 
complément dans le sérum étudié, car l’addition à ce sérum d’alexine de 
cobaye ne provoque pas l’hémolyse que produit une dose égale et même 
beaucoup moindre, lorsque les globules sont séparés du sérum. D'ailleurs, 
ajouté à un complexe hémolytique lapin antihumain ou lapin antimouton, le 
sérum étudié possède le plus souventun pouvoir alexique sensiblement égal 
à celui de sérums normaux pris comme témoins. La constatation même de 
ce pouvoir alexique rend douteuse, et dans tous les cas de démonstration 
difficile, la coexistence d’un pouvoir anticomplémentaire. Il ne s'agit pas non 
plus de propriétés antisensibilisatrices, puisque pendant le temps de contact 
du sérum et des globules, ceux-ci se sont sensibilisés. 

On en est réduit, sans pouvoir en donner une interprétation satisfaisante, à 
constater un fait, le suivant : tant que sérum et globules sont en présence, 
l’hémolyse ne se produit pas et pourtant les globules ont été sensibilisés 
pendant le temps de contact, puisque, séparés du sérum, ils hémolysent en 


8 


présence d’alexine. ! 


La modification de technique que nous proposons nous semble réa- 
liser un procédé plus sensible, mais légitime, pour déceler la présence, 
dans le sérum humain, de propriétés isohémolytiques, ou mieux d'une 
isosensibilisatrice hémolytique, procédé auquel il faudra recourir 
chaque fois que la méthode classique donnera un résultat négatif. C’est, 
en même temps, un moyen indirect de mettre en évidence dans le sérum 
l'existence de propriétés antagonistes empêchant l'hémolyse. 

L'existence de ces propriétés nouvelles, acquises par les sérums, est 
certainement un fait pathologique, mais leur signification peut prêter à 
discussion. Nous ne les avons jamais constatées en étudiant des 
sérums normaux. Elles font défaut dans la plupart des sérums patholo- 
giques que nous avons examinés, et dont quelques-uns provenaient 
d'individus atteints d'anémie. 

Dans huit cas sur neuf, où la recherche, plusieurs fois répétée, de la 
sensibilisatrice hémolytique nous à donné un résultat positif, il s’agis- 
sait d'individus atteints d'affections où, primitive ou secondaire, la des- 


SÉANCE DU 26 JUILLET 165 


truction globulaire était évidente, traduite par une anémie grave, de 
3° ou de 4° degré, malgré des signes de rénovation sanguine. 

Dans un cas seulement, il s'agissait d'une femme en bonne santé appa- 
rente, non anémique, dont la résistance globulaire était normale, mais 
qui avait antérieurement présenté des poussées d’ictère hémolytique par 
fragilité globulaire, accompagné d’'anémie extrême. Il nous semble 
inutile d'insister sur l'intérêt de cette constatation. 


L'oS PÉNIEN ET CLITORIDIEN DE QUELQUES FÉLINS, 


par Év. RETTERER et H. NEUVILLE. 


En 1756, Daubenton signala dans le gland du chat « un petit os long 
de deux lignes et aussi mince qu’une soie de cochon ». Chez le lion, il 
trouva un os pénien, long de trois lignes et demie et large, à sa base, de 
deux lignes. Chez le serval, il n’en rencontra point. « [Il n’y avait point 
d'os dans le gland du serval », dit Daubenton. 

En 1666, Claude Perrault, disséquant trois lionnes, écrivit : « Le gland 
du clitoris élait osseux, ainsi que nous l'avons trouvé dans une loutre et 
d’autres animaux ». Quant à l'os clitoridien de la chatte, son existence 
est admise par les uns, niée par les autres : pour Cuvier, Claus, Chau- 
veau et Arloing (1879), Saint-Cyr, Bournay, l'os clitoridien est constant. 
F. Müller, Eichbaum, Ellenberger et Baum, Chauveau et Arloing (1900) 
ne voient qu'un nodule cartilagineux dans le clitoris. Pour Owen (1868), 
les félins femelles n’ont ni os ni cartilage « dans le prépuce ». De même 
Schmalltz (1911) ne décrit dans le gland clitoridien du chat qu'un pro- 
longement fibreux du corps caverneux. 

Voici ce que l'étude anatomique et microscopique de ces organes nous 
a montré chez plusieurs lions et lionnes, une panthère, un serval, ainsi 
que sur nombre de chats et chattes : 


I. Os pénien. — À. Le gland de trois lions adultes contient un os pénien, long 
de 1 centimètre environ, qui se termine vers le sommet du gland par une 
pointe fibreuse. Dans la portion osseuse, l'os pénien a un diamètre antéro- 
postérieur de 1m5 et un diamètre latéral de 08. En avant de sa base, qui 
fait suite au septum des corps caverneux, l’os est muni de deux prolonge- 
ments ou ailerons latéraux. 

B. Un serval jeune, adulte, montrait un os pénien long de 6 millimètres, 
encore cartilagineux en certains points; comme chez le lion, il est aplati laté- 
ralement. 

C. L’os pénien du chat domestique est long de 5 millimètres et large de Ommÿ 
en moyenne; près de sa base, il se prolonge en deux ailerons latéraux. Chez 
le Felis mitis, l'os pénien, long de 8 millimètres, est une tigelle osseuse à 


166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


diamètre antéro-postérieur de 0®"6 et à diamètre latéral de Ommn04. Cet osse- 
let, dépourvu d’ailerons latéraux, occupe le septum médian du corps caver- 
neux qui s'étend jusqu'au sommet du gland. 

IT. Squelette clitoridien. — Un lionceau femelle et une Jeune panthère présen- 
taient, dans le gland du clitoris, un cordon de tissu conjonctif serré, analogue 
‘à celui des corps caverneux embryonnaires et se continuant à sa base avec 
les corps caverneux. Sur une lionne adulte, les corps caverneux se prolongent 
dans le gland sous la forme d’un cordon aplati latéralement, d’un diamètre 
antéro-postérieur d’un millimètre et d’un diamètre transversal de 07, Dans 
l’axe de ce cordon s'étend, sur une longueur de 2 millimètres environ, un 
osselet d’un diamètre dorso-ventral de Om®4 à Omn8 et d’un diamètre latéral 
de Onm?, Cet osselet se termine, en avant et en arrière, en pointe. 

La plupart des chattes que nous avons examinées avaient dans le gland du 
clitoris un cordon fibreux large de 02, correspondant à la portion moyenne 
et fibreuse des corps caverneux qu'il prolongeait du côté distal. Ce cordon 
était formé de tissu fibreux ou vésiculo-fibreux à lamelles concentriques. Sur 
une chatte, âgée de trois ans environ, nous avons rencontré, dans ce cordon, 
un nodule osseux long d’un demi-millimètre, d’un diamètre dorso-ventral de 
OmmOS et d'un diamètre latéral de O""1{. Cet osselet montrait sur la coupe quatre 
ou cinq rangées de cellules osseuses d'avant en arrière, et neuf à dix rangées 
de cellules osseuses de droite à gauche. Sans l'examen microscopique, il aurait 
été impossible de voir cet osselet. 


Résultats et critique. — Les félins possèdent donc un os pénien. 
Quant au squelette glandaire du elitoris, il est représenté d'abord, comme 
celui du pénis, par un prolongement fibreux ou vésiculo-fibreux du corps 
caverneux; plus tard, il peut se transformer partiellement en tissu 
OSseUx. 

Ces faits offrent un grand intérêt au point de vue morphologique et 
histogénétique. On sait que, primitivement, les conduits excréteurs du 
rein et l'utérus s'ouvrent dans une cavité commune, ou sinus urogénital. 

Dans le sexe mâle, le sinus urogénital reste indivis et aboutit à la base 
du tubercule génital dont la face postérieure est creusée en gouttière, 
limitée laléralement par les replis urogénitaux. Cette gouttière se trans- 
forme peu à peu en canal urétral par la soudure postérieure ou dorsale 
des replis urogénitaux. Dans le sexe femelle, le sinus urogénital se 
cloisonne dans sa portion proximale et se divise en un canal inférieur 
ou ventral (urètre) et un canal supérieur ou dorsal (vagin) (1). Chez les 
félins, le cloisonnement ne porte que sur la portion proximale du sinus 
urogénital, dont la portion distale persiste à l’état d'un long canal com- 
mun aux organes urinaires et génitaux; ce canal commun est le vesti- 
bule urogénital où génito-urinaire. I s'ouvre en dehors par une fente 
antéro-postérieure ou vulve, limitée par le rebord cutané des petites 


(4) Voir Retterer. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 9 mai 1891, p. 313, 
et Journal de l’Anat., 1892, p. 269. 


| 


SÉANCE DU 26 JUILLET 4167 


lèvres. La commissure supérieure de la vulve répond au périnée et sa 
commissure inférieure loge le clitoris. 

Chez la femelle, le tubercule génital ou ébauche du clitoris possède 
les mêmes matériaux que celle du pénis, mais ses replis latéraux ou 
urogénitaux, qui chez le mâle s’accroissent en longueur en suivant 
l'allongement du pénis, s'étendent sur toute la hauteur de la fente 
vulvaire dont ils constituent le bord libre ou les petites lèvres. Comme 
l’urètre mâle, la gouttière sus-clitoridienne (1) se munit d'un plexus 
veineux ou érectile continu avec les bulbes du vestibule. 

Le gland clitoridien est bifide dans sa moitié inférieure et les replis 
qui limitent la gouttière sus-glandaire se continuent avec les petites 
lèvres. La moitié supérieure, ou gland proprement dit, ‘est la termi- 
naison même du corps caverneux et de ses enveloppes (2). 

Chez la femelle, une invagination glando-préputiale sépare et décolle 
la portion supérieure ou dorsale du clitoris d'avec la portion axiale du 
gland; elle gagne les faces latérales, mais n’arrive pas à entamer la face 
inférieure du gland, laquelle, de chaque côté, se continue avec les 
petites lèvres (frein du clitoris). De plus, l'invagination glando-clitori- 
dienne reste longtemps, sinon toujours, à l’état de lame épithéliale 
pleine; ce n’est que par places que nous avons observé, chez la femelle 
adulte de félins, des corps concentriques semblables à ceux qui prési- 
dent, chez le mâle, au détachement du prépuce d'avec le gland. Les 
femelles présentent done à cet égard un retard de développement ana- 
logue à celui que nous avons signalé (3) dans l'invagination glando- 
préputiale des mâles chätrés. 

Si, chez la femelle, le gland clitoridien continue à rester relié aux 
replis génitaux, si l'invagination glando-préputiale se limite en bas et 
sur les côtés, si la lame épithéliale persiste à l’état plein, tous ces phé- 
nomènes prouvent la persistance d'un stade embryonnaire en ce qui 
concerne la croissance du tubercule génital femelle. II en va tout autre- 
ment du vestibule urogénital qui, par son accroissement en largeur et 
en hauteur, l'emporte considérablement sur la portion homologue du 
canal urétral du mâle. 

Quant aux cellules qui constituent le clitoris, elles possèdent les mêmes 


(1) Nous décrivons les parties en supposant l'animal debout sur ses quatre 
membres. 

(2) I faut décidément abandonner l'erreur, qu’on trouve encore un peu 
partout dans les auteurs, à savoir que le gland du pénis ou du clitoris est le 
renflement antérieur du corps spongieux ou des bulbes du vestibule. Les 
corps caverneux se prolongent dans le gland et s'étendent de chaque côté de 
l'os pénien, dont l'extrémité postérieure se développe dans le septum médian 
même des corps caverneux. 

(3) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 28 juin 1913, p. 1405. 


168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


qualités originelles et évolutives que chez le mâle : le prolongement 
glandaire des corps caverneux débute à l’état d’un cordon de cellules 
conjonctives serrées, et, par places, elles se transforment chez l'adulte 
en tissu osseux. Les ébauches des organes génitaux externes sont iden- 
tiques dans les deux sexes; si leur croissance est inégale et si la diffé- 
renciation se fait déjà pendant la période embryonnaire, c’est-à-dire 
sous la seule influence du testicule ou de l'ovaire, elles ne conservent 
pas moins les mêmes propriétés d'élaborer des tissus de même espèce 
dans l’un et l’autre sexe. Il est vrai que cette évolution des parties se 
fait, chez le mâle et la femelle, dans des proportions différentes. 


INJECTIONS INTRAVEINEUSES DE CYTOZYME ET COAGULABILITÉ DU SANG, 


par J. BorDET et L. DELANGE. 


Nous avons montré antérieurement (1) que l’un des éléments forma- 
teurs de la thrombine, le cytozyme, répandu en abondance dans les 
plaquettes sanguines et les extraits de tissus, est un lipoïde qu’on peut 
obtenir aisément en solution dans l'alcool, le toluol, le chloroforme, etc. 
Ce lipoïde s’unit à un élément présent dans le sérum (et que nous avons 
nommé Sérozyme) pour donner de la thrombine. 

Sous forme d’émulsion obtenue en délayant dans un peu de solution 
physiologique le résidu de l’évaporation d’une solution alcoolique ou 
toluolée, le cytozyme hâte considérablement la coagulation lorsqu'on 
l’ajoute soit à du sang complet qu'on vient d'extraire, soit à du plasma 
oxalaté, débarrassé des éléments cellulaires par centrifugation pro- 
longée ou (suivant la technique de Cramer et Pringle) par filtration à 
travers la bougie Berkefeld, et auquel on restitue des sels calciques 
solubles. 

Dans ces conditions, les suspensions de cytozyme ne seraient-elles pas 
justiciables de certaines applications thérapeutiques, soit pour com- 
battre les états hémophiliques, soit surtout pour arrêter les hémorragies? 
On conçoit combien il serait désirable, en obstétrique notamment, de 
posséder un médicament capable d'activer la prise en caillot du sang 
sorti des vaisseaux, tout en ne compromettant pas la fluidité du sang 
circulant. 

Nous savions déjà par nos expériences antérieures que l'injection de 
cylozyme dans les veines du lapin est bien tolérée, mais il fallait recher- 
cher si le sang, extrait peu de temps après une pareille injection, se 


(1) Bulletin de la Société royale des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, 
octobre 1912, et Annales de l'Institut Pasteur, mai 1913, 


SÉANCE DU 26 JUILLET 169 


coagule avec une rapidité inusitée. Nous nous bornons, dans la présente 
note, à considérer celte question. L'expérience répond affirmativement, 
et de la manière la plus nette. 

Du muscle de lapin, préalablement desséché, est traité par l'alcool ; 
cet extrait filtré, puis évaporé, laisse un résidu qu'on reprend par le 
toluol : on a ainsi une solution toluolée très riche en cytozyme. On en 
évapore une certaine quantité (2 c.c. par exemple). Le résidu onctueux 
et jaunâtre est délayé dans 5 c.c. de solution physiologique stérile et 
donne une émulsion très trouble que l'agitation rend bien homogène. 
On met à nu la carotide d'un lapin, on extrait, à l’aide d’un tube paraf- 
finé, une dizaine de centimètres cubes de sang, qu’on verse dans un 
large tube de verre, lequel est préservé ensuite de toute agitation. Immé- 
diatement après cette première saignée, on injecte dans-la veine de 
l'oreille l’émulsion de cylozyme. On n'observe aucun symptôme. Environ 
deux minutes plus tard, on fait une nouvelle prise de sang, qu'on 
déverse comme la première fois en tube de verre. Dans les deux tubes, 
la coagulation débute, comme on peut le prévoir, rapidement contre la 
paroi. Mais dans le premier, le revètement de caillot ne s’épaissit que 
très lentement. Dans le second, au contraire, la coagulation gagne le 
centre du liquide avec une promptitude surprenante : le sang est coagulé 
en bloc sept à huit minutes après la saignée; on peut retourner le lube 
sans que rien ne s'écoule. On retourne le premier tube une demi-heure 
après la saignée; la presque totalité du sang se répand, on ne trouve 
qu'un mince manteau solide tapissant la paroi. 

Donc, l'injection de cytozyme ne détermine pas d'accidents, mais pro- 
duit cet effet remarquable d'activer grandement, dans le sang extrait, la 
propagation de la coagulation à la masse entière du liquide et de pro- 
voquer ainsi la formation du caillot compact. 

On peut aussi, au lieu de saigner le même lapin à deux reprises, avant 
et après l'injection de cytozyme, prendre deux lapins de même poids, 
injecter l’un de cytozyme, puis les saigner tous deux. La différence de 
coagulabilité est très grande, les résultats confirment entièrement ceux 
que nous venons de signaler. 

Chose remarquable, la paraffine ne protège pas efficacement contre la 
coagulation le sang provenant de lapins injectés de cytozyme. Ce sang 
se solidifie promptement même si on le maintient en vase paraffiné. À 
cet égard, la différence avec le sang normal est extrêmement frappante. 
Ceci corrobore l’idée que le contact avec le verre, qui favorise si nette- 
ment la coagulation, agit notamment en libérant le cytozyme des pla- 
quettes. 

Nous avons recherché siles animaux injectés de cytozyme ne présentent 
pas, après quelque temps, en raison d'un phénomène réactionnel, une 
phase négative, c’est-à-dire de faible coagulabilité ou d'incoagulabilité 
du sang. Nous n'avons rien constaté de semblable. Mais les effets de l'in- 


170 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


jection ne semblent pas être très persistants : après une demi-heure 
par exemple, le sang extraitne montre plus qu'une coagulabilité légère- 
ment supérieure à la normale. À vrai dire, pour l'utilisation éventuelle 
du cytozyme en cas d'hémorragie, l'essentiel serait que le sang s’échap- 
pant pendant les premiers moments après l'injection, fût très riche en 
principe coagulant de manière à pouvoir se transformer promptement 
en caillot. 

Il va sans dire que des recherches complémentaires s'imposent avant 
qu'on puisse tenter l'emploi thérapeutique du cytozyme. Notamment, 
il convient de préciser la dose minimale active ; nous comptons étudier 
aussi, comparativement, l'influence coagulante sur le sang humain, des 
cytozymes d'origines animale et humaine, etc. 


v 


({nslilut Pasteur de Bruxelles.) 


RECHERCHES SUR L'ÉOSINOPHILE ET L'ÉOSINOPHILIE. 
PROPRIÉTÉS PHAGOCGYTAIRES DE L'ÉOSINOPHILE 


(Troisième note), 


par M. WEINBerG et P. SÉGUIN. 


Mesnil (14895) a constaté, le premier, que les éosinophiles des 
vertébrés inférieurs sont capables d’englober et, jusqu'à un certain 
point, de digérer les bactéries. Nattan-Larrier et Parvu (1909) ont 
étudié in vitro les propriélés phagocytaires des éosinophiles du sang de 
l'homme vis-à-vis du bacille typhique et du staphylocoque. Paschef (1911) 
a signalé, dans des frottis de pus de conjonctivite, quelques staphylo- 
coques englobés par des éosinophiles. Ces faits intéressants n'ont 
cependant pas suscité, à notre connaissance, des recherches systéma- 
tiques sur les propriétés phagocytaires des éosinophiles. 


Pour pratiquer nos expériences, nous avons choisi des cobayes neufs dont 
l’exsudat péritonéal était riche en éosinophiles (20 à 40 p. 100). A côté des 
éosinophiles polynucléaires et quelquefois mononucléaires, on ne rencontre le 
plus souvent dans de tels exsudats que des monocytes à l'exclusion de toute 
autre forme de leucocytes granuleux. 

Technique. — On prélève quelques gouttes d'exsudat en ponctionnant 
aseptiquement le péritoine d'un cobaye avec une pipette effilée. On mélange 
trois gouttes d'exsudat et une goutte d'une émulsion préparée en diluant, 
dans de l’eau physiologique stérile, les corps phagocytables (poussières, 
microbes, cellules végétales et animales, etc...). On reprend le mélange dans 
une pipette capillaire que l’on ferme à la veilleuse et que l’on porte dans une 
étuve réglée à 38-39 degrés. Après une heure, on fait des frottis que l’on 
traite par la méthode de Pappenheim (May-Giemsa). 


l 


SÉANCE DU 6 JUILLET 171 


Nous avons obtenu les résultats suivants : 

1° Les éosinophiles englobent les poussières inertes (noir animal 
finement pulvérisé) ; quelquefois les particules englobées sont nettement 
contenues dans des vacuoles; 2° toutes les espèces microbiennes que 
nous avons utilisées dans nos expériences ont été englobées par les 
éosinophiles de l’exsudat (staphylocoque, sareine jaune, streptocoque, 
gonosoque, méningocoque, B. typhique, 8.coli, B.subtilis, B. anthracis, 
B. diphtérique, B. tuberculeux, Spirochaete qallinarum). Les meilleurs 
résultats ont été obtenus avec staphylocoque, sarcine, gonocoque, 
B. typhique, B. coli, B. tuberculeux. Il n’est pas rare de rencontrer 10 à 
15 microbes et plus dans une seule cellule. Les microbes sont très 
souvent contenus dans des vacuoles digestives. Les éosinophiles mono- 
nucléaires de l’exsudat phagocytent les microbes aussi bien que les 
polynucléaires éosinophiles. Nous avons suivi la digestion intracellulair 2 
du Z. subtilis. Déjà, au bout d’une heure, certains bacilles englobés 
prennent mal le Gram. Ils ont un aspect granuleux caractéristique. Puis 
les bacilles passent du bleu clair au bleu très pâle et deviennent 
acidophiles. À partir de ce stade, ils sont difficilement observables et 
disparaissent au milieu des granulations éosinophiles; 3° Les éosino- 
philes phagocytent les spores de Monilia albicans et avec plus 
d'intensité encore celles de Sporotrichum Beurmanni. Les éosinophiles 
sont parfois bourrés de spores jusqu’à en éclater, leur noyau étant 
souvent comprimé et déformé par les spores englobées ; 

4° Dans le cæcum du cobaye on rencontre fréquemment une grande 
abondance de petits flagellés piriformes à 4 cils antérieurs. En 
mélangeant une dilution de contenu intestinal à de l’exsudat périlonéal, 
nous avons observé quelques flagellés indiscutablement phagocytés par 


les éosinophiles. Le protozoaire est englobé entièrement par le 
_.leucocyte; son noyau se colore faiblement, son protoplasme pâlit et, 


quand la digestion est complète, on peut observer une grande vacuole 


claire à côté du noyau de l’éosinophile. On oblient des résultats 
analogues en mélangeant à de l’exsudat péritonéal du sang de souris 


fortement infestée par le trypanosome du surra. Les trypanosomes 


englobés sont très altérés, reconnaissables surtout à leur noyau et à leur 
blépharoblaste ; 

5° Enfin les globules rouges (souris, mouton, poule) peuvent excep- 
tionnellement être phagocylés par les éosinophiles. Englobés entie- 
rement par le leucocyte, on voit leur protoplasme de rouge brique 
devenir jaune päle et disparaitre complètement dans une grande 
vacuole claire. Au cours de la digestion les globules rouges ne se 
désagrègent pas pour former des granulalions éosinophiles. 

En résumé, malgré la surcharge de leurs granulations, les éosino- 
philes sont capables d’englober et de digérer tous les corps phago- 
cytables par les autres variétés leucocytaires. Ils se comportent 


ELA IC 


172 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


réellement comme des pantophages, lorsque, in vitro, on met un grand 


nombre de ces cellules en présence d'un objet approprié. Il y a tout 
lieu de penser que dans l'organisme les éosinophiles ont rarement 
l'occasion de phagocyter des microbes et surtout des cellules, ces 
fonctions étant normalement remplies par des leucocytes mieux 


à 


adaptés à l'englobement et à la digestion des corps étrangers. Par 
contre, les éosinophiles seraient plus adaptés à la résorption de 
certains produits toxiques. Nous avons montré récemment que les 
éosinophiles étaient attirés, de préférence aux autres leucocytes, par des 
produits toxiques, spécialement parles toxines vermineuses. Nous avons 
prouvé de plus que l’on pouvait, par des injections répétées de produits 
parasitaires, obtenir des éosinophilies intenses en renforçant ainsi la 
sensibilité chimiotactique de ces leucocytes. Les faits suivants nous 
paraissent prouver encore l’affinité spéciale des éosinophiles pour les 
toxines vermineuses. 

Nous avons pu provoquer chez un cobaye à forte éosinophilie 
sanguine, sensibilisé par des injections répétées de liquide hydatique, 
une éosinophilie péritonéale intense par injection dans le péritoine de 
5 c.c. de liquide hydatique. L'activité phagocytaire des éosinophiles 
de cet exsudat s'est montrée très fortement diminuée alors que celle des 
autres leucocytes est restée très marquée. Les éosinophiles ayant subi 
in vivo le contact prolongé de la toxine vermineuse sont devenus 
impropres à remplir leurs fonctions de phagocytes in vitro. 

Nous avons étudié les propriétés phagocytaires des éosinophiies de 
l’exsudat normal du cobaye mis en contact in vitro avec du liquide 
hydatique (3 gouttes d’exsudat péritonéal, 1 goutte de liquide hydatique 
pur ou dilué). 

Nous avons pu ainsi constater les faits suivants : 


1° Si l’on mélange à l’exsudat péritonéal des microbes dilués dans du 


liquide hydatique, la phagocytose se produit à peu près comme dans 
l'expérience témoin sans liquide hydatique; 2° si on laisse en contact, 
pendant une heure à l’étuve à 38 degrés, le mélange exsudat-liquide 
hydatique et qu'au bout de ce temps l’on ajoute des microbes à ce 
mélange, les éosinophiles deviennent presque complètement incapables 
de phagocyter les bactéries : 3° cette inhibition est spécifique ; les autres 
cellules de l’exsudat gardent leurs propriétés phagocytaires, après con- 
act avec la toxine vermineuse; 4° l’inhibition de la phagocytose est 
d'autant plus intense que le liquide hydatique est plus riche en anti- 
gène; 5° en employant un liquide hydatique fortement dilué (par 
exemple au 1/20), on n'empêche que très faiblement la phagocytose. 

Pour expliquer ces résultats, nous supposons que les éosinophiles 
absorbent l’antigène hydatique avee lequel on les met en contact. Une 
résorption trop. grande d’antigène hydatique les rendrait inaptes à 


, 


SÉANCE DU 26 JUILLET 173 


remplir leurs fonctions phagocytaires. Nous espérons vérifier bientôt 
cette hypothèse et apporter des preuves expérimentales de l'absorption 
des toxines vermineuses par les éosinophiles. 


DE LA TOXICITÉ DES EXTRAITS DE POUMONS D'ANIMAUX NORMAUX 


(Troisième communication), 


par Lyrcakowsky et ROUGENTZOFF. 


Dans uos deux communications précédentes, nous avons exposé les 
résultats de nos expériences sur des lapins auxquels nous avons injecté 
des extraits de poumons de lapins mêmes. Dans nos recherches sui- 
vantes, nous nous sommes servis des cobayes pour étudier sur eux 
l’action d'extraits de poumons de cobayes et de lapins. 


La préparation de ces extraits était analogue à celle que nous avons em- 
ployée pour les extraits de poumons de lapins. 

Pour débarrasser l'organisme de son sang, nous l’avons lavé par l'aorte 
abdominale et par la trachée. 4 

Après avoir retiré les poumons de la cage thoracique, nous les avons bien 
exprimés, mis sous presse entre des feuilles de papier filtré et stérilisé, 
broyés dans un mortier jusqu’à la consistance d’une bouillie. Après cela, nous 
avons pesé ses extraits, nous les avons mélangés à de l’eau physiologique 
avec 1/4 p. 100 d’acide phénique dans une proportion telle qu'un gramme de 
poumon correspondit à 10 c.c. d’eau physiologique. 

On l’extrayait à froid pendant vingt-quatre heures, et cet extrait on le 
filtrait ensuite. 


L'extrait préparé de cette façon fut injecté aux cobayes dans la veine 
jugulaire et les résultats furent les suivants : 


EL. — L'extrait pulmonaire du cobaye, injecté à la dose de 0,1 c.c. pour 
100 gr. de poids d'animal, n'avait provoqué aucune réaction. 
II. — Mélangé à du sérum frais du cobaye à la dose de 0,93 pour 


100 gr. de poids, cet extrait n'a pas paru être mortel pour six de nos 
cobayes. 

Dans un cas où le sérum de cobaye fut remplacé par celui de lapin, 
le cobaye fut tué une demi-heure après l'injection. 

Nous avons étudié de plus la toxicité d'extraits de poumons de lapin 
sur des cobayes. Ces extraits ont été employés soit dans leur état pri- 
mitif, soit en combinaison avec des sérums, et les résultats furent les 
suivants : 


I. — Des extraits pulmonaires de lapins, qui tuaient le lapin à la 
dose de 0,1 pour 1.000 gr. de poids d'animal, ayant été injectés dans 


Bioocre. Comptes RENDUS. — 1913, T. LXX V. 12 


A7 ‘ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - 


la veine jugulaire aux cinq cobayes à la dose de 0,1 pour 100 gr. de 
poids, n'avait tué aucun d’eux, et chez deux seulement nous avons 
remarqué des accès de faiblesse apparus peu après l’injection. 

IT. — Ces mêmes extrails chauffés une demi-heure à la température 
de 56 degrés, pris à la dose de 0,1 gr. pour 100 gr. d'animal et mélangés 
à du sérum de cobaye à la dose de 0.23 c.c. pour 100 gr. de poids, n’ont 
pas été mortels pour nos cobayes. 

III. — Sur douze cobayes, nous avons constaté que si on aclivait les 
extraits chauflés de lapins avec du sérum de lapin même, le mélange 
devenait mortel pour nos cobayes à la condition de prendre une quan- 
tité suffisante de sérum, c’est-à-dire pas moins de 0,23 si la dose 
d'extrait est de 0,1 pour 100 gr. de poids d'animal. 

L'innocuité du sérum de lapin seul pour le cobaye a été contrôlée. 

IV. — Nos dernières expériences nous permettent de supposer que 
l’innocuilé relative des extraits de poumons de lapin pour les cobayes 
tient à la quantilé iasuflisante de la substance thermolabile qui, pour 
agir sur les cobayes, devrait être prise dans des proportions plus fortes. 

Nous avons essayé de renforcer les extraits non chauffés d'extraits de 
poumons de lapins en leur ajoutant du sérum de lapin, et nous avons 
vu, dans six expériences, qu'une telle combinaison pouvait être mor- 
telle pour le cobaye, à une dose de sérum relativement moindre (0,2c.c 
pour 100 gr. de poids) que celle qu'on prendrait pour combiner l'extrait 
chauffé et le sérum. 

V. — Le tableau de la mort des cobayes auxquels on introduit dans 
la veine les extraits aclifs de poumons de lapins, diffère légèremeut de 
celui que nous avons observé chez les lapins. L'animal, aussitôt après 
l'injection, fait quelques mouvements convulsifs assez violents; retiré 
de la table d'opération, il se met sur le côté, respire difficilement, 
réagit faiblement sur les exitalions extérieures, la patte de derrière est 
paralysée, la mort survient lentement. 

À l'autopsie : les poumons sont atélectasiés, le cœur est rempli de 
sang veineux; il y à du sang liquide et des caillots dans la veine cave, 
l’aorte est vide et, dans l'intestin, on remarque des phénomènes de 
slase. 


Conclusions. — 1° Les extraits de poumons de cobayes, à la dose de 
0,1 c.c. pour 100 gr. de poids d'animal, employés tels que ou en combi- 
naison avec le sérum d'animal du même espèce, ne tuent pas le cobaye. 

20 L’extrait non chauffé de poumon de lapin, pris à la dose dix fois 
plus forte (suivant le poids d'animal) que celle qui est mortelle pour le 
lapin, ne produit aucune action évidente sur le cobaye. 

3° Dans nos expériences sur les cobayes, son sérum, comme agent 
activant des extraits de poumon de lapin, nous à paru insuffisant, 
comme nous l'avons déjà observé dans nos expériences sur des lapins. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 475 


% Le sérum de lapin active l'extrait chauffé de poumon de lapin à la 
dose de 0,23 c.c. pour 100 gr. de poids. 

5° L'action faible sur le cobaye de l'extrait non chauffé de poumon de 

lapin s'explique par la trop petite quantité de substance thermolabile. 
6° La substance thermostabile de l'extrait de poumons de lapins en 
combinaison avec une quantité suffisante de substance thermolabile a 
une action coagulante sur le sang circulant du cobaye. 


(Travail du laboratoire de M. le professeur Metchnikoff.) 


RECHERCHES SUR LA TOXICITÉ D'EXTRAITS 
DE SARCOSPORIDIES ET D'AUTRES SPOROZOAIRES, 


par F. MESsniz, E. CuaATronN et Ca. PÉRARD. 


L'action toxique des grosses sarcosporidies de l'æœsophage du mouton 
a été découverte par L. Pfeiffer (1); les caractères du poison (action 
spécifique sur le lapin, passage à la bougie de porcelaine, sensihilité à la 
chaleur et aux agents chimiques) ont été déterminés par Laveran et 
Mesnil (2), qui l'ont appelé sarcocystine. Récemment, Teichmann et 
Braun (3) ont complété nos connaissances sur cette toxine et préparé 
un sérum antitoxique. 

L'extrait glycériné des grosses sarcosporidies de f’æsophage des 
buffles des pusatas hongrois à les mêmes propriétés toxiques spéci- 
fiques pour le lapin (4). Il en est probablement de même de la sarcocys- 
tine du lama, d'après les expériences de Rievel et Behrens (5), bien que 
ces auteurs aient parlé aussi d’une action toxique pour les souris. 

Dans tous ces cas, il s'agit des grosses sarcosporidies ovoïdes, qui ne 
sont plus à proprement parler des parasites de la fibre musculaire. 

Sabrazès et Muratet (6) ont montré les premiers que les sarcosporidies 
intramyoplasmiques, fusiformes ou filamenteuses, renferment aussi 


(1) L. Pfeiffer. Die Protozoen als Krankheitserreger, p. 123, 2° édition, Iena, 
Fischer, 1891. 

(2) Laveran et Mesnil. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. XLI, 29 avril 1909, 
p- 311. 

(3) Teichmann. Arch. f. Protistenk, t. XX, 1910, p.97; Teichmann et Braun, 
Ibid., t. XXI, 4911, p. 351. 

(4) Voir analyse par F. Mesnil du travail de Rievel et Behrens (Bull, Inst. 
Pusteur)-p. 218,1 JL 

(5) Rievel et Behrens. Centralbl. f. Bakter., 1, Origin., t. XXXV, 1913, p. 341. 
. (6) Sabrazès et Muratet. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXX, 1943, 
p. 661. 


# 


176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


une toxine pour le lapin, en expérimentant avec les longues sarcospori-- 
dies du cheval. Ils n’ont pas établi l'action spécifique. 

Nous avons voulu compléter cette étude comparée et l’étendre à 
d’autres sporozoaires. Nous donnons aujourd’hui nos premiers résultats. 

Nous avons d’abord reconnu que les sarcosporidies du porc ren- 
ferment une sarcocystine. En raison des faibles dimensions de ces 
parasites, nous n'avons pas essayé de les séparer du muscle qui les ren- 
ferme (l'extrait glycériné de muscle de porc est inoffensif pour le lapin) 
et nous avons passé au broyeur Latapie des muscles de porc assez forte- 
ment parasités. Le produit du broyage a été mélangé avec une fois ou 
une fois et demie son poids de glycérine et conservé dans ces condi- 
tions. Au moment des injections, nous diluions une quantité déterminée 
de ce mélange glycériné, — passé auparavant, ou non, à travers un 
linge, — dans deux fois environ son volume d’eau physiologique, et 
nous injections le liquide surnageant sous la peau de lapins de 500 à 
900 grammes. La quantité injectée, évaluée en poids de muscle sar- 
cosporidié, a varié de 1 à 2 grammes, renfermant au plus 0,1 à 
0,2 grammes de parasites. 

Dans tous les cas, les lapins ont été pris, au bout de deux heures 
environ, de diarrhée ; la température s'est abaissée de 3 à 5 degrés et 
les animaux (cinq en tout) ont succombé de cinq heures et demie à sept 
heures et demie après l'injection. Ces phénomènes sont identiques à 
ceux que l’on obtient avec la sarcocystine du mouton. 

L'action de la même toxine sur le cobaye, le rat et la souris, n’est pas 
appréciable. 

Nos essais, pour mettre en évidence, chez le lapin, une toxine de la 
sarcosporidie de la souris, ont été infructueux. Nous sommmes partis de 
muscles très fortement sarcosporidiés, tels qu'on les observe au moment 
de la mort dans les infections spontanées des souris (1). Dans une 
première expérience, nous avons cherché à extraire le poison par 
broyage dans l’eau distillée ; le liquide, filtré au Berkefeld, s’est montré 
sans action sur le lapin. Dans tous les autres cas, qui ont porté sur 
quatre souris sarcosporidiées, les muscles ont été traités par la glycé- 
rine, après avoir été finement coupés et broyés avec adjonction, ou non, 
de sable. Cinq lapins (un adulte et 4 jeunes, l'un d'eux ne pesant que 
370 grammes) ont résisté à l'injection d'une dose d'extrait correspon- 
dant à 0,5 à 1,5 grammes de muscles contenant près de la moitié de 


leur poids de parasites. 
Des essais d'intoxication du rat et de la souris sont également restés 


sans effet. 
Ce résultat, chez le lapin, nous a de prime abord surpris. Mais il con- 


(1) Ces souris proviennent de l'élevage de M. Borrel, à l’Institut Pasteur. 
Nous sommes reconnaissants à M. Contamin de nous les avoir procurées. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 177 


| 
vient de remarquer que, dans tous les cas où une action a été notée, il 
s'agissait de sarcosporidies d'animaux (Ruminants, cheval, porc) très 
éloignés zoologiquement du lapin. Peut-être l'animal sensible à la sar- 
cocystine de souris est-il à trouver en dehors des Rongeurs. Un essai 
sur un Jeune chat a été infructueux. 

L'an dernier, Besnoit et Robin (1), de l'Ecole vétérinaire de Toulouse, 
ont fait la très intéressante découverte de parasites dermiques de la 
vache, qu'ils ont classés parmi les sarcosporidies. Ils ont eu l’idée de 
rechercher une sarcocystine dans ces kystes cutanés, et ils ont constaté 
que l'extrait glycériné, inoculé dans la veine du lapin, tue cet animal 
avec les symptômes que produit la sarcocystine ; et même, à la dose 
de 40 centigrammes de lésion fraiche en extrait glycériné, le lapin 
succombe en deux heures et demie. Ce poison agit aussi en injection 
sous-cutanée (renseignements épistolaires du professeur Besnoit). Il est 
sans action chez le cobaye et le rat. 

M. Besnoit a eu l’amabilité de nous envoyer quelques fragments 
de lésions dans la glycérine. L’extrait que nous en avons obtenu a été 
injecté, dilué dans l’eau physiologique, sous la peau ou dans la veine 
de jeunes lapins. Un lapin inoculé sous la peau et un autre dans la 
veine, à des’ doses correspondant environ à 0,50 — 0,30 gr. de matière 
fraiche, n'ont pas réagi. Mais un troisième animal, plus jeune (de 
310 grammes), qui a recu sous la peau l'extrait de près de 1 gramme de 
substance, a montré tous les symptômes de l’empoisonnement sar- 
cocystinien (mort en six heures, température au-dessous de 36 degrés). 
Nos résultats ne diffèrent donc de ceux de Besnoit et Robin qu'au point 
de vue quantitatif. 

Toujours grâce à l’amabilité de M. Besnoit, nous avons pu étudier 
histologiquement le parasite en question et nous nous sommes con- 
vaincus qu'il est très voisin du (Gastrocystis qiruthi, de la caillette du 
mouton, auquel l’un de nous a consacré une étude (2), et dont la place 
systématique reste énigmatique. Nous avons cherché à mettre en évi- 
dence une toxine de ce (rastrocystis et, à cet effet, nous avons préparé 
un extrait glycériné d’une cinquantaine de kystes parasitaires pouvant 
peser en tout 3 milligrammes. Le lapin, de 800 grammes, inoculé sous 
la peau avec l'extrait dilué dans l’eau physiologique, n’a réagi que 
par une élévation thermique. La dose élait évidemment faible, mais 
pourtant comparable. aux doses minima mortelles indiquées par 
Besnoit et Robin. 

Nous avons encore fait quelques essais infructueux sur divers spo- 
rozoaires. 

Un lapin de 670 grammes, inoculé avec l'extrait glycériné de 1 e.c. 


(1) Besnoït et Robin. Revue vétérinaire, novembre 1912. 
(2)2Chatton.'Arch::Zool."expér, (5),°t, IV, 4910, N'ebR.;:p: 119. 


178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


de broyage de l'intestin d’un jeune lapin très fortement coccidié, n’a 
succombé qu’au bout de huit jours. 

Des extraits glycérinés de deux Cnidosporidies ont été préparés par 
l’un de nous au laboratoire de Banyuls-sur-Mer : extrait d’une centaine 
de disques de 3 millimètres de diamètre, et moins, de Sphæromyxa 
balbianii de la vésicule biliaire du poisson marin Cepola rubescens ; 
extrait de foie au même poisson fortement infiltré de Vosema (ou 
(ilugea) ovoidea. La moitié de chacun de ces extraits a été inoculée à un 
lapin de 600 grammes; un quart à une souris; le dernier quart à une 
grenouille. Tous ces animaux ont survécu. 

Nous nous proposons de continuer ces recherches avant d'en tirer des 
conclusions. 


CULTURE DE QUELQUES PROTISTES MARINS. 
AMIBES CYSTIGÈNES ET ACYSTIGÈNES, 


par ÉDouARD CHATTON. 


Au mois d'octobre 1911, au laboratoire Arago à Banyuls-sur-Mer, j'ai 
ensemencé soit sur un milieu de Musgrave et Clegg, dont l’eau de 
condensation était remplacée par une égale quantité d’eau de mer 
stérile, soit sur un milieu de composition analogue à celui de Musgrave 
et Clegg, mais à base d’eau de mer, des matériaux variés, algues, posi- 
donies, vase, pris dans la mer, ou dans les bacs de l'aquarium du 
laboratoire Arago. 

J'ai obtenu ainsi des cultures de divers protozoaires : 

1° Amibe pelliculée ne formant pas de kystes (A); 

Zv Deux petites amibes du genre Vahlkampfia également acystigènes 
(Bet C); 

3° Une grosse et deux petites Vahlkampfia cystigènes (D, E et F); 

4° Une Labyrinthula acystigène ; 

5° Un Bodo cystigène; 

6° Un cilié, Anophrys sarcophaga, cystigène. 

La culture de Labyrinthula s'est éteinte au bout de six mois, après le 
huitième passage. 

Les autres cullures, au contraire, sont encore prospères. Toutes se 
font en présence de piusieurs espèces bactériennes, dont certaines 
(culture À par exemple) ont la propriété rare de liquéfier la gélose. Je 
reviendrai sur ce point ultérieurement. 

J’attribue au fait de n’avoir pas réalisé la culture de ces protistes en 
présence d’une seule espèce bactérienne sélectionnée, les grandes 
variations constatées dans la végétation de quelques-unes des formes 
cultivées, en particulier le Æodo. Certains repiquages faits alors que 


SÉANCE DU 26 JUILLET 179 


le tube ne montrait ni kyste ni forme végélative, ont donné lieu 
dans le tube suivant à des cultures luxuriantes. Dans un cas, 
celles-ci sont réapparues après trois cultures sans développement 
apparent. 

C'est très vraisemblablement à de telles variations qu'est due, comme 
l'a suggéré Klebs (1), l'apparition soudaine de formes Zodo dans la série 
des cultures réalisées par Jollos (2), du Gymnodinium fucorum, formes 
que cet auteur, en raison même de leur survenance, tenait pour les ga- 
mètes du Péridinien. Il n'y a pas lieu d’insister plus sur la culture 
de ce flagellé. Des Podo ou des Prowazekia ont été déjà cultivés sur gé- 
lose par divers auteurs, notamment par Mathis et Leger (3). 

Le Cilié hétérotriche Anophrys sarcophaga Cohn se comporte en 
culture comme lesamibes cystigènes. Au bout de trois ou quatre jours, 
il forme des kystes ellipsoïdaux dont la vitalité est prolongée, et 
desquels les infusoires sortent dès que les conditions leur sont favorables. 
Et ceci se produit souvent sur un petit nombre de kystes il est vrai, 
dans des cultures non repiquées. Un tube ensemencé le 6 mars 1912 à 
montré le 22 juillet 1913, parmi de nombreux kystes, dont beaucoup 
présentaient un contenu altéré, des individus libres en très bon état. Je 
reviendrai ultérieurement sur l’enkystement et la conjugaison. 

Les cultures d’amibes sont d’un intérêt particulier, parce qu'elles 
m'ont permis de mettre en évidence l'existence, dans la mer, d'amibes 
incapables de s'enkyster dans des conditions culturales où toutes les 
amibes terrestres, dulcaquicoles ou commensales passent par une forme 
de résistance. 

Je n'ai pas connaissance que des auteurs aient signalé des amibes 
complètement acystigènes en culture. Gauducheau (4), par culture de 
sa Vahlkampfia phagocytoides, sur milieu riche, gélose-bouillon peptoné, 
relarde considérablement l'enkystement. Mais il ne dit pas explicite- 
ment dans ses notes s’il arrive à le supprimer, ni ce que deviennent les 
amibes qui ont épuisé l'aliment bactérien. 

Les amibes acystigènes (gelliculée À, Vahlkampfia B et (©) dont il est 
question ici, sont cultivées dans les conditions mêmes où les cystigènes 
forment leurs kystes. Deux d’entre elles appartiennent morphologique- 
ment au genre Valkamp/ia, dont toutes les espèces sont cystigènes en 
culture. 

Sur 29 tubes de passage de l'amibe À, 26, dont le premier du 
13 octobre 1911, ont montré des amibes parfaitement mobiles sans 
involution. Dans 3 tubes, la culture s'est éteinte. D'enkystement nulle 
part. 


(4) Verhandl. der Naturhist.-med. Vereins zu Heidelberg, t. XI, 1912. 

(2) Arch. f. Protistenk., t. XIX, 1910. 

(3) Parasitologie et path. hum. et anim. au Tonkin, 1911, Paris, Masson. 
(4) Bull. Soc. Path. exot., t. 11, 1909, p. 247 et 370. 


180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les amibes £'et C sont plus fragiles. Au bout de trois ou quatre mois 
les cultures s'éteignent sans production de kystes. 

L'incapacité d'enkystement apparaîtra comme une conséquence de 
l'habitat dans ce milieu constant qu'est l'eau de mer. Mais il ne faudrait 
pas en conclure que les acystigènes sont plus étroitement adaptées que 
les cystigènes, ce serait inexact. Des trois cystigènes marines que 


je cultive, l’une est incapable de supporter la dilution du milieu Mus- 


grave et Clegg normal. Je poursuis l'étude de ces phénomènes, dont 
l'interprétation rigoureuse est subordonnée d’abord à la réalisation de 
cultures pures mixtes. 

Les trois amibes marines cystigènes forment leurs kystes dans les 
huit premiers, ou même dans les quatre premiers jours de la culture, 
comme les amibes terrestres, celles des infusions ou les commensales 
intestinales, dont nous conservons une vingtaine d'espèces au labo- 
ratoire. Les acystigènes À et C sont capables de végéter sur milieu 
Musgrave et Clegg normal sans modifications DOM ARE ou 
biologiques. PB s’y vacuolise et ne s’y cultive pas. 


(Laboratoire de M. le professeur Mesnil, à l'Institut Pasteur.) 


EXAMEN DES SÉRUMS DE CHEVAUX ATTEINTS D’ASCARIDIOSE 
PAR LA MÉTHODE D'ABDERHALDEN, 


par M. RUBINSTEIN et A. JULIEN. 


Abderhalden a montré que le sérum de femmes enceintes renferme 
des ferments protéolytiques capables de désagréger in vitro le tissu pla- 
centaire coagulé. Des ferments spécifiques analogues ont été également 
trouvés dans quelques maladies, comme cancer, tuberculose, maladie 
de Basedow, etc. Nous nous sommes demandé si le sérum d’animaux 
infestés par les helminthes renfermait également des ferments spéci- 
fiques vis-à-vis des substances albuminoïdes des toxines vermineuses. 

Le champ de nos recherches à été nécessairement bien restreint, car 
les toxines vermineuses ne renferment en général qu'une très petite 
quantité d'albumine. Le liquide péri-entérique de l’ascaride est un des 
rares produits parasitaires qui soient riches en substances albumi- 
noïdes. Nous avons donc porté nos recherches sur le sérum de chevaux 
infestés par l’Ascaris megalocephala. 

Nous allons donner d’abord la technique exacte du procédé employé, 
car il est très facile d'obtenir des résultats contradictoires si l'on ne suit 
pas rigoureusement tous les détails de la méthode d'Abderhalden. 


Technique. — Le liquide péri-entérique d’ascaride est porté à l’ébullition; 
la substance coagulée est jetée sur filtre et lavée à l’eau courante pendant 


SÉANCE DU 26 JUILLET 181 


trente minutes. L’albumine lavée est bouillie pendant cinq minutes avec 
cinq fois son volume d’eau. Cette dernière opération est répétée plusieurs 
fois, jusqu’à ce que 5 c.c. de liquide filtré ne donnent plus de teinte bleue 
avec 1 c.c. d'une solution aqueuse de ninhydrine à 4 p. 100. L’albumine est 
conservée dans de l’eau distillée stérilisée entre une couche de chloroforme 
et une couche de toluol. Avant de s’en servir, il est nécessaire de vérifier si 
cette albumine préparée est utilisable pour la réaction (bouillir l’albumine et 
voir si l'eau d’ébullition après filtration donne la teinte bleue avec la ninhy- 
drine). 

Les sérums ont été utilisés le jour même où le sang a été recueilli; on ne 
s’est servi que de sérums absolument exempts d'hémoglobine. 

Nous nous sommes servis de sacs à dialyse n°5794 de la maison Schleicher 
et Schüll. Les sacs ont été vérifiés d’une part par une solution de peptonede 
soie à À p. 100 et d’autre part par une solution albumineuse à 5 p. 100. 

La pratique de l'expérience. — On verse dans un sac à dialyse 2 c.c. de 
sérum de cheval et on y ajoute un bloc d’albumine de 0,5 à 1 gramme. Le 
sac de contrôle ne reçoit que 2 c: c. de sérum. On dialyse contre 20 c.c. d’eau 
distillée stérile. L'eau distillée est protégée contre la souillure microbienne 
par une couche de chloroforme et de toluol; on verse également dans les 
sacs à dialyse une couche de toluol. On laisse l'appareil à dialyse pendant 
vingt heures à l'étuve à 37 degrés. Au bout de ce temps, on prélève 10 c.c. de 
dialysat qu'on fait bouillir avec 0,2 c.c. d’une solution de ninhydrine à 
4 p. 100 pendant une minute. On commence par faire bouillir à la grande 
flamme de Bunsen, puis on continue pendant une minute à la veilleuse. On 
laisse refroidir et on note la coloration du liquide au bout de trente 
minutes. Quelquefois, on obtient immédiatement après le chauffage une 
teinte brune, à laquelle succède la coloration bleue caractéristique de la 
réaction. Parfois aussi Le tube garde une coloration mauve non spécifique. 


Nous avons étudié par cette méthode 31 sérums provenant de chevaux 
tués à l’abattoir hippophagique. La plupart de ces sérums ont été 
recueillis au moment même de l’abatage,; on notait ensuite, à l'autopsie 
des chevaux, tous les parasites qui se trouvaient dans leur canal. 
intestinal. 

Sur 20 sérums provenant de chevaux infestés par les ascarides, 18 ont 
donné une réaction d'Abderhalden franchement positive. Deux fois le 
sérum seul a donné aussi une réaction positive. Ce fait ne nous surprend 
pas, car Weinberg et Séguin ont montré que le sérum de chevaux por- 
teurs d’un grand nombre d’ascarides peut renfermer une certaine quan- 
tité dé toxine ascaridienne. Or, le liquide péri-entérique (riche en pep- 
tones) donne à lui seul la réaction de la ninhydrine. 

De 11 sérums témoins provenant de chevaux infestés par d’autres 
parasites, 8 ont donné une réaction négative. Sur 3 autres, 2 ont donné 
des résultats erronés parce qu'ils étaient un peu teintés par l'hémo- 
globine ; le troisième, parce que le sac à dialyse vérifié dans la suite s’est 
montré inutilisable. 

Il résulte de nos expériences que le sérum des chevaux infestés par 


182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


les ascarides renferme des ferments capables d’atlaquer in vitro les 
substances albuminoïdes du liquide péri-entérique du parasite hébergé. 

Les faits que nous venons d'exposer prouvent une fois de plus que les 
sujets porteurs d'helminthes résorbent leur toxine vermineuse et éla- 
borent des substances spécifiques vis-à-vis de l'antigène. 


({nstitut Pasteur, Laboratoire de M. Weinbergq.) 


SYNTHÈSE BIOCHIMIQUE D'HEXOBIOSES PAR ACTION DE L'ÉMULSINE 
DES AMANDES SUR LE GLUCOSE, 


par Em. BourQuELoT, H. HÉRissey et J. Corrre. 


La synthèse biochimique de divers polyoses, au moyen des ferments 
solubles, a déjà été tentée par plusieurs auteurs (Croft-Hill, Emmerling, 
Em. Fischer, E. F. Armstrong, elc.). D'une façon générale, on peut dire, 
de toutes les recherches tentées dans cette direction, ou bien que les 
chercheurs ont obtenu d'autres principes que ceux dont ils prévoyaient 
la synthèse, ou bien que les produits formés n'ont pas été caractérisés 
avec une précision suffisante. 

La réalité de la réversibilité des actions fermentaires étant à l'heure 
actuelle bien démontrée, il semble que nous soyons de ce fait mieux 
armés que nos devanciers pour poursuivre la résolution du problème 
proposé. 

Il est indiscutable que la synthèse biochimique, au moyen de l'inver- 
tine, du sucre de canne, hexobiose si répandu dans la nature, serait un 
résultat tout à fait suggestif, permeltant d’entrevoir la possibilité de la 
synthèse des autres polyoses naturels. Il se produit bien, en réalité, dans 
l’action de l’invertine sur un mélange de glucose et de lévulose, une 
action synthélisante démontrée par le changement de rotation de la 
solution ; le phénomène peut être observé en particulier dans l'alcool 
à 85 degrés (Em. Bourquelot et M. Bridel, expérience inédite). Mais de 
très grandes difficultés surgissent lors de l'extraction du saccharose 
éventuellement formé ; jusqu'à présent, on n’a pu réussir,sans le détruire 
lui-même, à le débarrasser du glucose et du lévulose qui restent non 
combinés, en grand excès. 

La question de la plus ou moins grande facilité d'extraction de l'hexo- 
biose formé a donc une importance pratique capitale. Il nous a paru 
par là même qu'il y aurait avantage à diriger nos recherches vers la 
synthèse biochimique d'hexobioses plus faciles à isoler que le sucre de 
canne. Ces synthèses, si elles se réalisaient, n’en seraient d’ailleurs 
pas moins décisives que celle de ce dernier, touchant la possibilité de 
l’action réversible des ferments qui hydrolysent les polyoses de lous 
ordres (hexobioses, hexotrioses, hexotétroses, etc.). 


SÉANCE DU 26 JUILLET 183 


Une première simplification qui, au point de vue expérimental, appa- 
rait comme tout à fait rationnelle, a consisté à partir d’un hexose 
unique, le glucose d, et non d’un mélange d’hexoses. 

Parmi les sucres composés de deux molécules de glucose, actuelle- 
ment connus, nous avons envisagé successivement le maltose, le tréha- 
lose, le gentiobiose. 

La synthèse biochimique du maltose à été essayée par Croft-Hill, qui 
pense en avoir démontré la réalité, mais qui n’a pu extraire le maltose 
des produits de la réaction. 

Si la synthèse biochimique du tréhalose était ee on peut entre- 
voir que l'isolement de ce sucre serait grandement favorisée par son 
infermentescibilité au contact de la levure de bière; mais la tréhalase, 
agent présumé de celte synthèse, est communément accompagnée dans 
les organismes qui le sécrètent (Champignons par exemple) d’un grand 
nombre d’âutres enzymes dont l’action agirait sûrement comme pertur- 
batrice, au cours des expériences. 

Le gentiobiose peut être facilement débarrassé du glucose par la levure 
de bière haute; ïl est, d'autre part, hydrolysé par l’émulsine des 
amandes; aussi, nous a-t-il semblé que l'élude de sa synthèse biochi- 
mique pourrait être abordée avec profit. Nous n'avons pas oublié cepen- 
dant que l’émulsine des amandes est encore un ferment très complexe 
et qu'elle contient en particulier de la cellase, pouvant déterminer la 
formation de cellose, sucre isomère du gentiobiose ; mais on ne connaît 
malheureusement pas à l'heure actuelle de source de gentiobiose pure 
el nous ne pouvions pas retrancher autant de termes que nous l’aurions 
désiré à la complexité des phénomènes que nous voulions aborder. 
Quoi qu'il en soit, nous avons déjà obtenu des résultats très démonstratifs 
que nous sommes obligés de résumer très schématiquement et très briè- 
vement, dans cette note préliminaire : 

Sous l'influence de l’émulsine des amandes (0 gr. 25 à O gr. 50 pour 
100 c.c.), des solutions aqueuses concentrées de glucose, additionnées 
soit de thymol, soit de phénol, soit de toluène, conservées à la tempé- 
rature du laboratoire, accusent une diminution notable de la rotation 
primitive. Exemples : 


1. — Une solution aqueuse contenant sensiblement 40 grammes de glucose 
pour 100 c.c., additionnée de thymol, a passé en vingt-huit jours de +-40°24 
(1—2) à + 3704". Il y a donc en une diminution de 3°20)'. 

IL. — Une solution aqueuse contenant sensiblement 50 grammes de glucose 
pour 100 c.c.,additionnée de toluène, a passé en trente-huit Jours de +590°40" 
à + 44036"; soit une différence de 604’. 


Les solutions qui ont subi l'action de l’émulsine sont chauffées pour 
détruire ce dernier ferment, puis diluées et soumises à l'action de la 
levure de bière haute. Lorsque la fermentation est terminée, on constate 


184 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 

RE PE UD CRE AE RE 

que la liqueur reste réductrice et conserve un léger pouvoir rotatoire 
droit. Par chauffage avec l’acétate de phénylhydrazine, on observe la 
formation d'une osazone soluble à chaud, précipitable par refroidisse- 
ment. Sous l'influence de l'acide sulfurique dilué, à la température du 
bain-marie bouillant, on voit s’accroiître la rotation droite de la liqueur 
en même temps que le pouvoir réducteur; il en est de même par action 
de l’émulsine. 

Dans toutes les séries d'expériences, on a largement usé d'essais 
témoins (en vue de la marche de la réaction, de la vérification du glu- 
cose formé, etc.). 

Ces résultats indiquent nettement qu'il s’est produit par snlhèse 
biochimique, sous l'influence de l'émulsine des amandes, un ou plusieurs 
polyoses réducteurs, infermentescibles par la levure haute, hydrolysables 
par les acides minéraux étendus et bouillants et par l’émulsine des 
amandes. Le gentiobiose et le cellose rentrent dans cette catégorie de 
polyoses ; l'indice de réduction enzymolytique trouvé est intermédiaire 
entre ceux de ces deux sucres, mais se rapproche beaucoup plus de 
celui du gentiobiose que de celui du cellose. 

La formation du gentiobiose, tout à fait probable d’après les essais 
précédents, ne serait définitivement prouvée que par l'extraction de ce 
sucre à l'état cristallisé et pur. Ce résultat n'a pas jusqu’à présent été 
complètement atteint. En soumettant à des épuisements méthodiques 
par des alcools éthyliques de degré variable les extraits provenant des 
liqueurs fermentées ci-dessus mentionnées, nous avons obtenu des solu- 
tions cristallisant sur amorce de gentiobiose, mais le produit cristallisé 
renfermait toujours des cendres riches en magnésie, apportées par 
l'émulsine et par la levure et était quelquefois presque exclusivement 
minéral. Cependant, au cours d'une extraction, toujours sur amorce de 
gentiobiose, nous avons obtenu un produit cristallisé, complètement 
blanc, présentant les propriétés suivantes, quoique mélangé encore 
d'une certaine proportion de matières minérales : en solution aqueuse, 
il'est d'abord lévogyre et devient ensuite dextrogyre ; il est réducteur, il 
est hydrolysable par l'acide sulfurique dilué et bouillant, et l’'augmen- 
tation du pouvoir réducteur déterminée par ce traitement correspond à 
celle que fournirait le gentiobiose dans des conditions identiques. 

Les résultats de ces recherches, qui sont poursuivies, sont donc tout 
à fait d'accord avec hypothèse de la formation de gentiobiose par action 
de l’'émulsine des amandes sur le glucose, en solution aqueuse con- 
centrée. Comme la théorie le fait entrevoir, les faits semblent indiquer 
que ce sucre ne se formerait pas seul dans la réaction; on conçoit qu’en 
dehors de la synthèse du gentiobiose peuvent se faire celles du cellose, 
d’autres hexobioses inconnus et même de polyoses contenant trois ou 
un plus grand nombre de molécules de glucose dans leur molécule 
propre. Il suffit, pour prévoir la formation de ces composés, d'admettre 


« 


SÉANCE DU 20 JUILLET 185 


que l’émulsine des amandes contienne les ferments qui seraient capables 
de les hydroiyser et par là même de les synthétiser (1). 


INFECTION DE FIÈVRE RÉCURRENTE PAR LES MUQUEUSES CHEZ L'HOMME, 


par EDM. SERGENT. 


Dans leur récent mémoire sur l'étiologie de la fièvre récurrente (2), 
C. Nicolle, L. Blaizot et E. Conseil émettent l'hypothèse que l'homme 
s'inocule la fièvre récurrente par écrasement des poux infectés qu'il 
porte, et par excoriation de la peau au moyen de ses ongles souillés du 
liquide lacunaire, ou dépôt de celui-ci sur la conjonctive. Déjà, en 1909, 
L. Nattan-Larrier (3) avait montré que le spirille de la fièvre récurrente 
traverse les téguments et les muqueuses intacts. 

Nous croyons intéressant de rapporter à ce sujet l'expérience invo- 
lontaire suivante : 

Le 22 mai 1911, trois personnes sont occupées à inoculer sous la peau, 
à un singe, du sang spirillaire (spirille algérien). A la suite d’un brusque 
mouvement du singe, la seringue se détache légèrement de l'aiguille, 
un jet de sang circulaire est pulvérisé sur les fronts et Les yeux des trois 
personnes penchées sur l'animal. Deux de ces personnes n’ont ni 
lunettes ni lorgnon. Huit jours plus tard, elles commencent toutes deux 
une fièvre récurrente, d’allure grave dans un des cas (4), et sont guéries 
d’ailleurs subitement par l’arsénobenzol. La troisième personne, qui 
porte des lunettes, a les verres de celles-ci couverts de sang ainsi que 
son front, mais les yeux restent intacts : elle ne prend pas la fièvre 
récurrente (pas d’alteinte antérieure). 

Il semble donc bien que les deux premières personnes ont été inocu- 
lées par les muqueuses de l'œil, et que la troisième n'a été épargnée 
que grâce à ses lunettes. 


({nstitut Pasteur d'Algérie.) 


(1) E. F. Armstrong, qui a fait agir pendant deux mois, à 25 degrés, 
4 gramme d’émulsine sur une solution de 50 grammes de glucose dans 75 c.c. 
d’eau, a conclu, en particulier, d’après l'obtention d’une osazone soluble dans 
l’eau bouillante, qu'il s’était formé du maltose dans la réaction (Proceed. of 
the Roy. Soc., B. LXX VI, 599, 1905). Cette conclusion, au point de vue théorique, 
est en désaccord complet avec les données actuelles sur la réversibilité: 
d'autre part, la diminution du pouvoir rotatoire que nous avons observée est 
contradictoire avec la formation, au moins exclusive, de maltose. 

(2) Annales de l’Institut Pasteur, t. XX VII, n° 3, 25 mars 1913, p. 204. 

(3) Bull. Soc. Path. Exot., t. IX, 1909, p. 239. 

(4) Bull. Soc. Path. Exot., t. IV, 1911, p. #40 et Comptes rendus de la Soc. 
de Biologie, t. LXX, 24 juin 1911, p. 1039. 


186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


NOTE SUR LA CROISSANCE DES APPAREILS DE SCHWANN A L’EXTRÉMITÉ PROXI- 
MALE DU BOUT PÉRIPHÉRIQUE DES NERFS SECTIONNÉS, LORSQUE LA RÉGÉNÉ- 
RATION A ÉTÉ RENDUE IMPOSSIBLE, 


par J. NAGEOTTE. 

La fibre nerveuse périphérique est constituée : 1° par un neurite; 
2° par une gaine satellite d’origine névroglique, l'appareil de Schwann ; 
3° par une gaine conjonctive propre. Dans la dernière séance, j'ai montré 
qu'après la disparilion du neurile, consécutive à la dégénération 
wallérienne, la persistance de la gaine satellite et de Ja gaine conjonc- 
tive est indéfinie; la première modifie sa forme, tout en gardant sa 


FiG. 1. — Lapin, scialique dégénéré depuis six mois (le bout supérieur élant 
arraché). Coupe transversale d'un fascicule. Membrane de Schwann, protoplasma et 
noyaux des appareils satellites; fibres uévrogliques, rangées pour la plupart contre 
la membrane de Schwann ; quelques-unes éparses dans le protoplasma. Fibres élas- 
tiques en dehors des appareils de Schwann. — Laguesse J, hématoxyline au fer. 
Obj. 2 mm., apochr. Zeiss. Oc. 4; 1140 diamètres. 


membrane limitante, la membrane de Schwann ; son protoplasme syn- 
cytial élabore des fibrilles névrogliques (fig. 1); la seconde s'hypertrophie 
simplement. 

Il me reste à faire connaître une propriété nouvelle de cette fibre 
« dégénérée », ou mieux « décomplétée ». De même que la fibre ner- 
veuse complète pendant la période embryonnaire ou pendant les phé- 
nomènes consécutifs à une section nerveuse, le syncytium de Schwann 
privé de son neurite est capable de s’accroître en longueur et d’envahir 
les Lissus voisins. 

À cette propriété est due la formation du renflement que j'ai observé 


SÉANCE DU 26 JUILLET 187 


à l'extrémité supérieure du bout périphérique de nerfs sciatiques dégé- 
nérés, dans mes expériences pratiquées sur le lapin. 

L'aspect de ce renflement, dans les coupes transversales et longitu- 
dinales, est en effet le même que celui du névrome dit « d’amputation » 
ou « de régénération » formé à l'extrémité du bout central des nerfs 
sectionnés, lorsque la réunion avec le bout périphérique n’a pas pu 
s'effectuer. La seule différence est que les éléments néoformés sont des 
fibres à myéline complètes dans le névrome d'amputation, des gaines 
privées de neurites, mais pourvues de fibrilles névrogliques, dans le 
renflement qui couronne le bout périphérique après section du nerf et 
arrachement de son bout central. Si l'on donne le nom de névrome au 


4 


Fi1G. 2. — Méme pièce. Coupe transversale du gliome à l'extrémité supérieure du 
nerf dégénéré. De gauche à droite : enveloppe fibreuse, gliome, fascicule dégénéré 
avec sa gaine lamelleuse. Obj. apochr. 16 mm. Oc. 4; 112 diamètres. 


renflement de l'extrémité distale du bout central d'un nerf sectionné, 
celui de gliome convient au renflement de l'extrémité proximale du bout 
périphérique, lorsque la régénération nerveuse est empêchée — les 
mêmes arguments peuvent êlre invoquées pour et contre l’une et 
l’autre dénomination (fig. 2). 

La gaine lamelleuse conservée permet de reconnaitre facilement les 
limites des fascicules dégénérés du nerf sectionné. Dans le tissu fibreux 
qui enveloppe ces fascicules, au voisinage du point de section, il existe 
une infiltration très étendue et très dense de fibres nerveuses incom- 
plètes, c'est-à-dire dépourvues de neurites et constituées exactement 
comme celles qui ont persisté, après dégénération wallérienne, à l'inté- 
rieur des fascicules. Ces fibres s’échappent des fascicules au niveau de 
la surface de section; elles cheminent dans les interstices du tissu 
fibreux, d'autant plus nombreuses que l’on se rapproche davantage de 
leur lieu d’origine ; elles descendent dans les gaines du nerf dégénéré 
parallèlement aux fascicules anciens, jusqu'à une assez grande distance ; 


188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Î s 

elles possèdent une membrane de Schwann formant un tube rempli de 
cellules à protoplasma fasciculé, qui ont élaboré des fibrilles névro- 
gliques ; elles sont enveloppées d’une gaine conjonctive propre, souvent ; 
plus épaisse que celle des fibres intrafasciculaires. | ; 

Il est à noter que, pendant leur croissance, ces fibres incomplètes 
ont, comme les fibres à myéline néoformées, mais à un moindre degré, 
une tendance à se grouper avec leurs voisines pour constituer de 
petits nerfs, pourvus d’un névrilemme conjonctif (fig. 3), lequel se 


comporte de la même facon que le stroma d’un nécplasme épithélial. 


PSE 


FiG6. 3. — Détail de la coupe représentée fig. 2; à gauche, le 'gliome; à droite, le 
fascicule dégénéré et sa gaine lamelleuse. Obj. apochr. 8. Oc. 4.; 340 diamètres. 


Ceci prouve que l'appareil de Schwann, lorsque sa continuité a été 
interrompue, possède un pouvoir de croissance et probablement aussi 
des tropismes analogues à ceux de la fibre nerveuse complète. Sans 
parler de ce qui se passe pendant la croissance des nerfs à la période 
embryonnaire, il reste à préciser le rôle et la modalité de cette activité 
propre de la névroglie dans les processus de réparation du nerf coupé, 
au cours de la traversée de la cicatrice conjonctive. On connaît la fonc- 
tion des appareils de Schwann du bout périphérique à partir du 
moment où les neurites néoformés les ont atteints : ils conduisent ces 
derniers à destination. Mais les faits que j'ai observés laissent supposer 
que ces mêmes appareils de Schwann envahissent la cicatrice conjonc- 
tive et vont au-devant des neurites, qui s’avancent convoyés, et peut- 
être conduits, par les appareils de Schwann du bout central. 

Il est probable que les « cellules apotrophiques » de Marinesco ne 
sont autre chose que la forme jeune des appareils de Schwann en voie 
de croissance dans la cicatrice des nerfs. La disposition de ces appareils 


SÉANCE DU 26 JUILLET 189 


dans les cicatrices anciennes mises à l'abri de l'invasion des neurites, 
où ils forment des fibres individualisées, continues et peut-être non 
anastomosées entre elles, prouve, à mon sens, que, dès leur apparition, 
les éléments dont elles se composent ne sont pas isolés, mais consti- 
tuent des trainées syncytiales dont chacune pousse à l'extrémité d’une 
gaine satellite coupée, de la même facon que chaque neurite régénéré 
résulte de la croissance d'un neurite à partir de la surface de section. 
Mais tandis que la croissance des neurites n’a lieu que dans un sens, 
celle des appareils de Schwann doit être bilatérale et convergente. 


DISPARITION DES ENCLAVES DE CHOLESTÉRINE DE LA SURRÉNALE 
AU COURS DE LA TÉTANISATION FARADIQUE OU STRYCHNIQUE, 


par P. MuLon. 


Par enclaves de cholestérine surrénale, j'entends les enclaves lipoïdes 
totalement solubles à l'état frais, qui sont visibles dans les cellules corti- 
cales des mammifères et qui se retrouvent chez les autres vertébrés. 

Choix d'un animai d'expérience. - Expérimentation sur Rana esculenta 
et temporaria. 

Chez la plupart des mammifères, la quantité de ces enclaves est nor- 
malement variable selon l’âge et même selon les individus. 

Il est donc souvent difficile de fixer un type de teneur en enclaves 
lipo-cholestériques, que l’on puisse dénommer normal. 

Par suite, il peut être délicat d'apprécier dans quelle mesure une 
intervention expérimentale est la cause des variations du lipoïde que 
l’on constate, surtout si ces variations sont faibles. 

Pour entreprendre des rect erches autant que possible à l'abri d'erreurs 
de ce genre, il y a lieu de s'adresser à des capsules « homogènes » c'est- 
à-dire ne contenant à peu près qu’un seul type de cellule. La capsule de 
la grenouille répond à ce desideratum, car, si l’on met à part les cellules 
dites d'été et les cellules à adrénaline, très facilement reconnaissables 
toutes deux, l'organe est presque tout entier constitué par des cellules 
du type « spongiocyte » de Guieysse, c'est-à-dire bourrées de gouttes 
lipoïdes. 

La plupart de ces gouttelettes diffèrent, à vrai dire, de celles des mam- 
mifères : 1° parce qu’elles sont toutes pigmentées : celles des mammi- 
fères ne l'étant qu’en minorité, infime chez certaines espèces ; 2° parce 
qu’elles sont anisotropes en très faible proportion : celles des 
mammifères l’étant en majorité. Mais toules ces gouttelettes donnent 
la réaction de Salkowsky (couleur rouge orangé sous l'action de SO'H”) 
et la capsule, dans son ensemble fournit une forte réaction de Lieber- 


BioLocie. ComPTES RENDUS. — 1913. T. LXXV. 13 


190 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


mann (couleur verle quand on fait agir acide acétique et sulfurique sur 
un extrait chloroformique). Il n'y a donc pas de doute que les gouttes 
lipoïdes de la surrénale de Rana ne contiennent, comme les « grains 
corticaux » des mammifères, de fortes proportions de cholestérine. 


Expérimentation. — Strychnine. J'ai d'abord examiné les capsules de Rana 
temporaria (mois de mars), qui avaient reçu dans le sac lymphatique dorsal 
22 milligrammes de sulfate de strychnine par kilogramme (1). Cette dose 
n’était en général pas mortelle, mais provoquait une violente tétanisation de 
l'animal, tétanisation qui se prolongeait dix à douze jours, puis était suivie 
d’un lent retour à l’état normal. 

On été examinées : 


3 capsules, provenant de grenouilles en tétanisation depuis onze el quinze 
jours (cas A); 

2 capsules, provenant de grenouilles ayant été télanisées pendant douze 
jours et revenues à l’état normal depuis trois et cinq jours (cas B); 

1 capsule, provenant d’une grenouille ayant été tétanisée pendant onze 
jours et revenues (Cas C) à l’état normal depuis un mois. 


Cas A. -— A l'œil nu, les surrénales sont presque invisibles. Diminution du 
lipoide allant presque à la disparition complète, comme en font foi les pho- 
tographies ci-contre. Cellules très diminuées de volume. 

Cas B. — Surrénales très peu visibles. Diminution du lipoide : irrégularité 
des gouttelettes qui sont diminuées çà et là. La diminution du lipoide est 
surtout centrale. 

Cas C. — Surrénale normale comme aspect macroscopique et microsco- 
pique. 

En dehors des modifications de la teneur en enclaves lipoiïdes, des modifi- 
calions du chondriome ont été observées qui seront analysées ailleurs. 


Faradisation. — La disparition des enclaves cholestériques était-elle 
due à l’action directe du poison ou à celle des substances de déchet 
élaborées au cours de la contraction musculaire ? 

Pour élucider ce point, j'ai soumis des grenouilles à une lélanisa- 
tion par courant faradique (2). 


Une tétanisation de sept heures ne produit aucune modification. 

Une tétanisation de douze heures dans deux cas a produit la disparition 
presque complète des gouttelettes lipoïdes. 

Une tétanisation de vingt-quatre heures dans deux cas, sur deux grenouilles 
de forte taille (37 et 42 gr.), n’a provoqué qu’une diminution du calibre des 
gouttelettes, une grande irrégularité dans leur aspect. 


(4) Animaux provenant d'expériences entreprises par Me C. Mulon dans un 
but de recherche tout différent. 

(2) Avec le concours de M. Laugier, à l’aide de matériel très obligeamment 
mis à ma disposition par l’Institut Marey. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 191 


Une tétanisation de quatre jours a amené la disparition presque complète 
des enclaves graisseuses, la perte de l’état spongiocytique. 

Dans deux cas enfin, il n’y a eu aucune modification : les animaux en 
expériences sont morts après quarante-huit heures de tétanisation faradique. 


Des modifications du chondriome ont été en outre observées, qui sont 
différentes de celles causées par la strychnine. 

Ainsi, la faradisation et, vraisemblablement, par la contraction mus- 
culaire qu'elle provoque, peut, à elle 
seule, entraîner ia disparition des en- 
claves cholestriques de la surrénale. 


Expérimentation sur le lapin. — Les 
mêmes faits peuvent s'observer chez les 
mammifères ainsi qu'une première expé- 
rience pratiquée sur le lapin permet de 
le croire. 


De trois lapins de deux mois provenant 
d'une même portée, l’un est pris comme 
témoin; les deux autres sont tétanisés 
pendant soixante-neuf et soixante-douze 
heures. 


Le lapin témoin — une femelle, il est En bas : Surrénale de grenouille 
vrai : mais je me suis assuré qu'il n'y avait normale : la graisse “ee nOIE 
: A . . {(e. d A oé : 7 1 
à cet âge point de différence entre la cap-  (C0uPe par congélation colorée a 


Scarlach, très faible grossisse- 
ment). 
En haut : Surrénale de gre- 


sule du mâle et celle de la femelle — pré- 
sente une corticale riche en enclaves 
lipoïdes sur toute sa hauteur : la moitié huile en tétanisation strychni- 
externe est constituée par de véritables que depuis dix jours : il ny a 
« spongiocytes » comme chez le lapin de plus de graisse (même technique). 
six mois. Le lapin tétanisé soixante-neuf 


heures est mort spontanément : l'état spongiocytique n'existe plus que dans 
la sous-glomérulaire. 


Le lapin tétanisé soixante-douze heures et qui a été tué n’a plus du tout de 
spongiocyte sur toute la hauteur de sa corticale. 


Je n'aurais pas déjà relaté cette expérience encore unique, si ses 
résultats ne concordaient pas d’une part avec ceux obtenus chez la gre- 
nouille, d'autre part avec les faits que l’on peut constater dans d’autres 
conditions. 


C’est ainsi que, en cas de capsulectomie unilatérale, j'ai pu constater 
l« amaigrissement» de la capsule laissée en place (vingt-quatre heures). 
(Comptes rendus de la Soc. de Biologie.) Dans un cas de chorée de 
Huntchinson publié avec Porak (Comptes rendus de la Soc. de Biologie), 


nous avons observé une absence presque complète des enclaves 


199 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


lipoïdes. Après capsulectomie unilatérale, Stillniff et certains auteurs 
russes ont observé chez le cobaye des äspects macroscopiques des 
capsules laissées en place qui s’interprètent dans le sens d’un amaigris- 
sement de la capsule. Au contraire, dans la résolution musculaire pro- 
voquée par la narcose chloroformique, Delbet et Herrenschmidt ont vu 
une augmentation du lipoïde surrénal chéz le cobaye. 


Conclusion. — Comme il est classique d'admettre que la sutrénale 
corticale a comme fonction la neutralisation ou le remäniement de 
déchets résultant de l’activité de la fibre musculaire, les modifications 
que nous venons d'observer au cours de tétanisations, peuvent être 


logiquement considérées comme traduisant à nos yeux le fonctionne-. 


ment de la glande. 


Mais la glande à fonctionné avec excès du fait de l'excessive contrac- 


tion musculaire, et la cellule à cholestérine a vu ses enclaves disparaître 
plus ou moins complètement. 

Nous sommes dès 16r5 en droit d'admettre que le fonctionnement 
normal tend seulément à  ener cette disparition. Il entraine l’usure, 
la consommation des gou es lipo-cholestériques qui apparaissent 
ainsi comme des résérves (4, : ; 

Et puisque le fonctionnement de la glande entraine l'usure du 
lipoïde, l'hyperfonctionnement (hyperépinéphrie de Bernard et Bigard) 
serait bien plutôt traduit à nos yeux par une hypo que par une hyper- 
adipose (2), par une diminution du nombre des spongiocytes, plutôt que 
par une augmentation de ces cellules, comme on l’admet couramment. 


ÉTUDE PHYSIOLOGIQUE DE L'ACTION DES RAYONS ULTRA-VIOLETS 
SUR L'OREILLE DE LAPIN. 
ÉTUDE DE QUELQUES POISONS, 


par VENCESLAS Moycuo. 


Après avoir étudié l'influence des nerfs vasculaires de l'oreille de 
lapin par la section mécanique, nous avons cherché à réaliser la section 
physiologique par l'emploi des poisons. Il y a peu de substances qui se 


(1) Si tant est que l’on puisse s’en tenir à ce seul caractère pour établir le 
bilan des processus divers qui se passent dans la cellule corticale. 

(2) La substance lipo-cholestérique qui constitue les enclaves sont-elles de la 
cellule, ou y reste-t-elle sous une äutre forme ? Pour la grenouille, la diminu- 
tion de là taille des cellules ñe laisse point de doute que le lipoïde cholesté- 
rique n'ait quitté là cellule et là glande. Pour les mammifères, la question 
ne me semble pas encore résolue. 


SÉANCE DU. 26 JUILLET 193 


prêtent à cette étude et surtout dans notre cas par suite de la longue 
durée du temps de réaction. 


Î. — Nicotine. Nous l’employons dans le but d'obtenir la section du 
nerf sympathique et d'étudier en même temps l'influence de l’état des 
vaisseaux. 

D’après les travaux de Langley, la nicotine suspend, au niveau des 
ganglions, le passage de l’influx nerveux desfibres préganglionnaires aux 
fibres postganglionnaires. 

On détermine sur une oreille de lapin la durée du seuilet la vitesse de 
l'apparition des effets d'irradiations. Le lendemain, on injecte 10 à 
20 milligrammes de nicotine dans une veine marginale de l’autre oreille 
du même lapin. 4 à 3 minutes après l'injection, on irradie de nouveau 
l'oreille étudiée déjà la veille. 

Aussitôt après l'injection, il se produit une forte vaso-dilatation aux 
deux oreilles : elle se maintient pendant une demi-heure à trois quarts 
d'heure, après quoi les vaisseaux reviennent à l'état normal. L'observa- 
tion montre que ni la durée du seuil, ni le temps de réaction des irra- 
diations faites immédiatement après l'injection de la nicotine ne sont 
modifiées d'une façon nette. 

De même encore nous n'observons aucune différence entre les effets 
des irradialions de même durée et sur le même lapin, faites aussitôt 
avant et aussitôt après l'injection de la nicotine. 

Il résulte de ces expériences : 1° que le nerf sympathique n'intervient 
pas dans la production des effets des irradiations ; 2° nous avons admis 

dans la note précédente (12 juillet 1903) que les modifications de l’inten- 
sité et de la vitesse de l'apparition des effets des irradiations observées 
à la suitede la section des nerfs, doivent être attribuées aux changements 
de vascularisationet de nutrition et non à l'absence des nerfs eux-mêmes. 
Cette supposition est confirmée par les résultats obtenus avec la nicotine. 
Dans ce dernier cas, les changements vasculaires et nutritifs sont de 
courte durée (une demi-heure à trois quarts d'heure), et l’on n’observe, 
en effet, aucune modification des effets des irradialions. 

3° L'état des vaisseaux ne joue aucun rôle visible sur l’évolution des 
effets. 


I. — Adrénaline. Nous avons employé l’adrénaline dans le but 
d'étudier l'influence de l’état des vaisseaux sur les effets des irradiations. 

Cette substance produit une vaso-constriction. Langley admet qu’elle 
agit directement sur les muscles lisses des vaisseaux; d'après Brodie et 
Dixon, elle exciterait les terminaisons périphériques des nerfs vaso- 
constricteurs. 

Le procédé d'injection et d'étude est tout à fait analogue à celui employé 
pour la nicotine. La dose d’adrénaline injectée est de deux gouttes 
d'une solution à 1 p. 1000, 


194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


L'observation montre que les effets des irradiations après l'injection 
ne présentent aucune modification. 

De même encore pas de différence entre les irradiations faites immé- 
diatement avant et après l'injection. 

Donc, il résulte de ces expériences faites avec l’adrénaline que l'état 
des vaisseaux n’influe d'aucune manière sensible sur l'efficacité des irra- 
diations. 

En résumé, l'étude des poisons nous montre que les nerfs, du moins 
le nerf sympathique, n’interviennent pas dans les effets des irradiations 
sur l'oreille de lapin, et que ces effets sont indépendants de lPétat 
contracté ou dilaté des vaisseaux. 

Les faits observés au sujet de l'influence de différents facteurs (tem- 
pérature, innervation, action des poisons) montrent que l'état des 
vaisseaux au moment de l'irradiation ne joue aucun rôle sur l'efficacité 
des rayons ultra-violets et qu'au contraire la vascularisation et la 
nutrition plus active et plus prolongée favorisent l’action des irradia- 
tions. Nous sommes amenés à celte conclusion importante que l’action 
des rayons ultra-violets porte sur les éléments voisins des vaisseaux et 
non sur les vaisseaux eux-mêmes. : 


FORMES DE MULTIPLICATION b'Amogregarina Rouler, 
cuez Lachesis alternatus, 


par M PuisaLix. 


M. Laveran et moi avons récemment décrit (1) chez une grosse vipère 
du Brésil, le ZLachesis allernatus, une hémogrégarine nouvelle dont les 
formes libres ou endoglobulaires étaient très nombreuses dans le sang. 

Les viscères de ce sujet, foie, poumon, rate, rein, contenaient en 
outre deux sortes de kystes de multiplication du parasite. 

1° Aystes à macromérozoiles. — 11s se rencontrent à leurs différents 
stades de développement dans les frottis de tous les organes, où ils se 
trouvent, comme le montrent les coupes, localisés dans les capillaires. 
Les plus jeunes mesurent de 224 5 de long sur 10 de large. Ils se pré- 
sentent sous forme de petits corps régulièrement elliptiques; dans leur 
masse incolore, on distingue l’hémogrégarine en voie d’enkystement. Le 
protoplasme en est gonflé et parsemé de granulations chromatiques 
qu'on retrouve dans le noyau, lequel est dissocié en un réseau lâche peu 
colorable. 


Au stade suivant, le kyste est enveloppé d'une membrane épaisse 


(1) Bull. de la Soc. de Path. exotique, t. VI, p. 330, 1913. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 4195 


anhyste, que remplit exactement un protoplasme granuleux. Le noyau 
a subi deux bipartitions successives, et les deux ou quatre noyaux que 
l’on observe occupent les pôles du kystes. 

Par le giemsa, le protoplasme se teint en bleu azur, les noyaux en 
violet, tandis que la membrane reste incolore. 

Au dernier stade, le kyste a augmenté de volume: il atteint 35% de 
long et 25 de large; mais il conserve sa forme elliptique. A l’intérieur 
se trouvent de 2 à 6 mérozoïtes plus ou moins colorés suivantla perméa- 
bilité de la membrane qui reste épaisse et incolore. Leur noyau arrondi 
se teint en violet foncé, leur protoplasme finement granuleux, en rose. 
Ils mesurent comme l'hémogrégarine adulte de 15 à 16 4 de long et ont 
une forme allongée, arrondie à un bout, amincie à l’autre. 

I! est probable que, dans ces kystes, les mérozoïtes ne sont pas encore 
à maturation complète, car on n’en rencontre pas de formes libres ou 
incluses dans les gros éléments pigmentés des capillaires. Ils sont sem- 
blables à ceux que j'ai rencontrés chez Lachesis lanceolatus, où ils exis- 
taient seuls. 

2° Aystes à micromérozoiles. Ils se rencontrent également dans tous les 
organes précédemment indiqués. Leur premier stade est représenté par 
des cellules sphériques ou ovoïdes de 20 à 25% de long sur 15 à 20 de 
large, qui existent en grand nombre dans les frottis du foie et de la rate. 

La membrane en est mince et s'applique sur un protoplasma unifor- 
mément granuleux qui se colore en bleu sombre par le Giemsa. Le noyau 
assez gros, central ou excentrique se teint simultanément en violet. 

Quand les kystes se développent, leur membrane, contrairement à 
celle des premiers, reste mince; le protoplasma reste granuleux, mais 
fixe moins fortement les colorants; le noyau subit d’abord deux bipar- 
titions successives donnant 4 noyaux que l’on trouve situés deux par 
deux au voisinage des extrémités. Les plus gros de ces kystes ont 35 
de long sur 25 de large. Ils se distinguent de ceux des premiers au même 
stade granuleux du protoplasme, non seulement par leurs dimensions 
et leur membrane mince, mais par leur forme ovoïde, arrondis à une 
extrémité, légèrement amincis à l’autre. 

Au stade suivant, la multiplication des noyaux a continué, donnant 
une quantité incomptable de petits corps chromatiques qui se trouvent 
plongés dans un protoplasme ayant perdu son caractère granuleux. 

Parle Giemsa, les corps chromatiques, qui sont les noyaux des micro- 
mérozoiïtes, se colorent en violet, le protoplasme en bleu clair. 

Ces kystes, qui peuvent atteindre 45 y de long sur 30 de large, conser- 
vent la forme ovoïde du stade précédent. Le protoplasme se condense 
autour des nombreux petits noyaux des kystes pour former des micro- 
mérozoïtes qui sont mis en liberté dans le plasma, comme le montrent 
les préparations, sous forme de petits cylindres incurvés, mesurant 
de 7 à 7 uw 5 de long sur 3 de large, et que l’on voit assaillir les globules 


196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


rouges dans lesquels ils se développeront et donneront une forme adulte 
de l’hémogrégarine. Les kystes mürs, dont on trouve aussi des coques 
vides, sont moins nombreux que les tout jeunes kystes de la même 
espèce : il se préparait donc, au moment où le sujet a été sacrifié, une 
nouvelie poussée de l'infection. Et 
Ces kystes à micromérozoïtes, fréquents chez les serpents non veni- 
meux, n'ont pas encore été observés chez les serpents venimeux du 
groupe des Viperidæ. 


(Laboratoire d'Herpétologie du Mustum.) 


AUTOCLAYE ÉLECTRIQUE. 


Note de L. FILDERMAN, présentée par M. Levaprrt. 


À propos de la présentation par M. Hildt (1) d'un autoclave électrique, 
nous désirons signaler un appareil identique construit suivant nos 
indications et dont le brevet belge porte la date du 26 octobre 1911. 

L'appareil présente cette particularité que la résistance chauffante se 
trouve nue à l'intérieur de l’autoclave et n’est séparée par aucun écran 
de l'air contenu dans l'appareil. L’isolement en est assuré par le relief 
que fait le bord libre d’un plat en terre dans lequel est logée la résistance. 
L'air baignant la surface chauffée se dilate brusquement au contact du 
fil chauffé et est obligé de s'échapper par un robinel-sifflet, avant même 
que l’eau (laquelle est séparée par l'écran métallique que constitue le 
récipient qui la contient) soit chauffée. 

La purge de l'air se fait donc avant la production de la vapeur d'eau ; 
il n’y a pas de perte de vapeur et, par conséquent, de calorique. 

Un rhéostat, dont le curseur glisse sur une tige graduée, permet 
d'obtenir et de conserver, pendant le temps que l’on désire, une tempé- 
rature déterminée. La section du fil chauffant, variable avec la capacité 
de l’autoclave, est toujours assez forte pour éviter sa fusion, même si 
l’eau venait à manquer. 

D'ailleurs, pour la stérilisation chirurgicale, la mise en marche 6e fait 
l'appareil étant à sec ; au bout de trois ou quatre minutes, la purge d'air 
est presque terminée. On injecte alors, à l’aide d'une seringue deGuyon, 
150 grammes d'eau ; cette eau se vaporise brusquement et achève la 
purge d'air. On ferme le robinet et, au bout de quinze minutes, la tempé- 
rature de 134 degrés (sous 2 kilos de pression] étant atteinte, on coupe 
le courant, on ouvre le robinet qui fait passer la vapeur par un serpentin 


(4) Hildf. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 28 juin 1943. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 197 


réfrigérant, de facon à éviter l'invasion du laboratoire par la vapeur, et 
la stérilisation est alors terminée. 

Cette manière de faire permet une stérilisation parfaite, comme nous 
l'ont prouvé nos expériences faites avee du subtilis pourvu de spores. 

Les instruments ne s’oxydent pas, leur contact avec l'air et la vapeur 
d'eau se faisant successivement, et à aucun moment simultanément. 
L'économie de temps et de calorique résulte surtout de la facon dont 
nous assurons la purge d'air préalablement à toute production de 
vapeur ; aussi nous suffit-il d’une quantité d’eau dix à douze fois moindre 
que dans les appareils analogues, el cependant nous atteignons des 
températures et des pressions supérieures, tout en conservant un résidu 
d’eau non vaporisée, ce qui estindispensable afin d'éviter la production 
de vapeur gazéifiée. Faisons remarquer, pour terminer, que n'importe 
quel autoclave peut être équipé électriquement d’après ce système. 


ACTION DES DIGITALIQUES SUR LA DIURÈSE ET LES VAISSEAUX RÉNAUX, 


par MARTINESCO et TIFFENEAU. 


Pfaff (4) a montré le premier que, chez les animaux sains, les faibles 
doses de digitaliques peuvent favoriser la diurèse, indépendamment de 
toute modification de la pression sanguine. Jonesco et Lœwi (2) ont 
observé le même phénomène, et montré qu'il s'accompagne de vasodila- 
tation rénale. D'après Schlayer et Takavasu (3) ces effets sont plus 
HER encore dans les cas pathologiques; ces auteurs ont constaté, 
qu'au début des néphrites tubulaires expérimentales, la sensibilité aux 
réactions vasomotrices (aussi bien constrictives que dilatatrices) est 
accrue. Hedinger (4) a confirmé à la fois toutes ces recherches ; enfin 
Gottlieb (3) compare cet effet vasodilatateur rénal des petites doses de 
digitaliques, à leur action diastolique cardiaque. 

À notre tour, nous avons repris cette étude en l'appliquant à la digita- 
line cristallisée qu'aucun des auteurs précités n'avait examinée et en 
utilisant comme matériel expérimental le chien chloralosé; chez cet 
animal, en effet, l’action diurétique (sonde dans la vessie ou canule 
dans l’uretère) et les réactions vasomotrices rénales (oncomètre) sont 
au moins aussi nettes que chez le lapin et le chat. Nous avons, en outre, 


1) Pfaff. Arch. f. exp. Path. et Ph. A (1893), 1 
2) Jonesco et Lœwi. Id., LIX (1908), 7 

3) Arch. f. klin. Med., XQVIIT 11900), 1 

4) Arch. f. klin. Méd., C (1910), 305. 

(5) Therapeutische Monatshefte, XXVI (1912), 479. 


DE 


SOCIÉTÉ 


BIOLOGIE 


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26 JUILLET 


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200 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


étudié comparativement diverses préparations de digitale : infusion, 
extrait physiologique, etc.; dans chaque cas, nous avons noté la durée 
des phénomènes. 


Résultats. — Chez le chien normal, les doses faibles de digitaliques 


peuvent déterminer presque immédiatement une augmentation notable 
de la diurèse sans modification sensible de la pression artérielle ; ce 
phénomène peut durer plusieurs heures ; il est le plus souvent accom- 
pagné d’une vasodilatation rénale lente qui croit progressivement pen- 
dant les vingt ou trente premières minutes et qui se maintient ensuite 
pendant un temps plus ou moins long; cet effet rénal est toujours pré- 
cédé, quand la dose est suffisante, d’une action vasoconstrictive passa- 
gère sans répereussion sur la pression (voir fig. 2), mais proyoquant 
une diminution correspondante de la diurèse. Quand la dose est forte, 
cet effet passager peut être intense; il est alors bientôt suivi de la 
vasoconstriction rénale durable déjà Sas par { Gottlieb et Magnus (ae 


Conclusions. — Comme les autres digitaliques, la digitaline cristal- 


lisée et l'extrait physiologique de digitale sont susceptibles à faible dose 


d'améliorer la diurèse chez le chien normal chloralosé. 

Cet effet peu se manifester sans que la pression sanguine soit 
modifiée et il s'accompagne le plus souvent d'une vasodilatation rénale 
durable, précédée ou non d'une vasoconstriction brusque et de courte 
durée. 


(Laboratoire de Phusiologie de la Faculté de médecine de Paris.) 


SUR LA PRODUCTION DE L'INDOL 
PAR LE B. COLI EN MILIEUX AU TRYPTOPHANE ET SUCRÉS. 


Note de A. Disraso, présentée par M. LEYAnITI. 


Dans une note précédente (2), nous avons démontré que les différentes 
races du B. coli produisent toujours de l'indol en milieu au tryptophane. 
En plus, nous avons constaté qu'il y à aussi production d'indol quand, à 
ce milieu, on ajoute 4 p. 100 de glucose ou de lactose, et cela même 
lorsque la réaction du milieu est acide. On sait, d'autre part, que le B. 

coli en milieux peptonés et sucrés ne forme pas d'indol. 

Dans le but d'éclaircir cette question, nous avons entrepris les expé- 
riences suivantes. Ainsi, au milieu au tryptophane, nous avons ajouté de 
l'asparagine. La réaction ici se fait comme dans le milieu au tryplophane 


(4) Gottlieb et Magnus. Arch. f. exp. Ph., t. XLVIL (1902). 
(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 206, 1913. 


} 


SÉANCE DU 26 JUILLET 201 


seul. À ce milieu asparagine-tryptophane, on äjoute respectivement du 
glucose et du lactose à 1. p. 100. 

Dans les tubes avec le lactose (acide), la réaction de l’indol est positive, 
quoique colorimétriquement plus faible, tandis que, dans les tubes au Glu- 
cose (acide), la réaction est absente ou si faible qu'elle est négligeable. 

À quoi tient cette différence ? Selon nous, Le B. coli agit selon une loi 
de biologie générale : se mouvoir avec le moindre effort. 

Dans le premier cas, notre microbe trouvait le tryptophane comme 
unique source azotée, le dédoublait et produisait l'indol. Ensuite, il atta- 
quaitle glucose quand l’indol était déjà produit. Dans le deuxième cas, 
il attaquait l’asparagine d’abord et ensuite se tournait vers le glucose, 
en laissant de côté le tryptophane. 

Au contraire, dans le cas du lactose, la production de l’indol était 
constante. [ci, il n’y a qu'une explication possible : c'est que le Z. col 
sécrète l’invertase très tardivement, ou qu'elle est très peu active. 

Cesexpériences peuvent-elles expliquer ce qui se passe dans les milieux 
peptonés et sucrés ? La peptone est une substance très complexe, elle 
contient des noyaux beaucoup plus simples que celui du tryptophane, qui 
sont attaqués préalablement comme dans le cas de notre milieu à 
asparagine ; ensuite les microbes, en ayant leur nourriture azotée, se 
tournent vers les sucres, laissent de côté le lryptophane et par consé- 
quent l'indol n’est pas formé. 

Donc ce n’est pas l'acidité, comme on l’a soutenu, quiempêche la pro- 
duction de l’indol, mais la facilité avec laquelle certains microbes dé- 
gradent des substances moins complexes d'abord. 

Qu'est-ce quise passe dans l'intestin del’hommeadulte ? Dans plusieurs 
selles extrêmement acides, nous avons distillé une grande quantité 
d'indol. 


(Royal Institute 6f Public Health, Londres.) 


ÜNE MÉTHODE POUR ÉTUDIER LES PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES 
DES MICROBES ANAÉROBIES. 


Note de À. Disraso et J. MARTINEZ, présentée par M. LEVADITLI. 


L'étude des microbes anaérobies a été négligée à cause des difficultés 
qu'elle présente. Difficiles à isoler, ces organismes sont aussi difficiles 
à étudier, car tout cela demande beaucoup de travail et des dépenses. 
En outre, il y à des anaérobies qui ne poussent pas dans les milieux 
liquides, même lorsqu'on fait le vide le plus parfait ét un ensemence- 
ment abondant. 

Ea méthode que nous recommandons est celle employée pour l'étude 


202 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


des microbes anaérobies facullatifs, c'est-à-dire la gélose tournesolée, 
addilionnée de différents sucres à 1 p. 400, en couche profonde (une 
douzaine de centimètres dans un tube). 

Quand on a les microbes en culture pure, on retire une colonie au 
moyen d’une pipette Pasteur et on en fait une piqüre dans la gélose 
sucrée, en ayant soin de laisser refroidir cette gélose jusqu’à consistance 
molle et en soufflant légèrement la semence dans le milieu. Le long de 
la piqüre on a une croissance abondante. On aspire alors la semence 
dans une pipette Pasteur et on ensemence de la même manière qu'aupa- 
ravant dans les différents tubes. 

Les essais comparatifs que nous avons poursuivis pendant deux ans, 
nous ont montré que cette méthode ne laisse rien à désirer au point 
de vue de l'exactitude : nous croyons même qu'elle est plus sensible que 
les méthodes employées jusqu'à présent, comme le démontre, par 
exemple, l'étude des propriétés biologiques du 2. bifidus. 


MILIEU LIQUIDE MILIEU SOLIDE 
Acidifie le glucose, lactose, saccharose. Acidifie le glucose, lactose, saccharose. 
Attaque insignifiante, presque négli- | Attaque évidente du maltose. 


geable du maltose. 


Getle méthode n'est pas seulement plus sensible, plus maniable et 
plus économique, mais elle permet aussi de suivre au jour le jour les 
changements qui se font dans le milieu. Le procédé, associé à celui du 
bouchon de gélose pour la gélatine, permet aisément l'étude des anaérobies 
les plus fragiles. Pour le bouillon et le lait, il faut faire le vide, mais dans 
ces deux milieux, quand ils sont frais, beaucoup d’anaérobies poussent 
même sans faire le vide. 

Ainsi, grâce à cette méthode, l'étude des microbes anaérobies est de 
beaucoup simplifiée et peut être faite dans tous les laboratoires. 


(foyal Institule of Public Health, Londres.) 


VIRUS DE LA POLIOMYÉLITE ET CULTURE DES CELLULES 4n vitro, 
par C. LEvapiti. / 
La culture du virus de la poliomyélite a fait l’objet de quelques tenta- 
üives dont lesrésultatsn'ontpas été très satisfaisants. Flexner etLewis (1) 


ont ensemencé les filtrats virulents dans du bouillon additionné de 
liquide d’ascite ou de sérum ; is ont obtenu un trouble du milieu et 


(1) Fiexner et Lewis. Journal of the Americ. med. Assoc., 1° janvier 1910. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 203 


une courte conservation de la virulence à 37 degrés. Levaditi (1) s'est 
servi de la même technique, a constaté le même trouble du bouillon, et 
a vu qu'après quinze jours de séjour à 37 degrés, la culture était encore 
virulente pour le singe. Il a décelé, dans le culot de centrifugation, 
coloré par le Giemsa ou le procédé de Lœffler, des corpuscules parti- 
culiers, extrêmement fins, ronds ou ovalaires, souvent disposés en diplo- 
coques. Enfin, en février 1913, Flexner et Noguchi (2), dans une note 
préliminaire, décrivent un nouveau procédé de culture du microbe de la 
paralysie infantile, basé sur l'emploi des fragments d'organes. Toute- 
fois, ce procédé ne nous a pas fourni, jusqu'à présent, les résultats 
indiqués par les auteurs, malgré de nombreux essais entrepris dans 
cette voie, avec Danulesco et Kling. 

Dans une courte note présentée à la Société de Biologie (3) nous avons 
décrit un procédé permettant la conservation et peut-être la culture du 
virus poliomyélilique à 37 degrés, basé sur l'emploi de la méthode de la 
survie et la multiplication des cellules in vitro. Nous apportons 
aujourd’hui les détails de nos constatations. 


Technique. — Nous avons montré, avec Landsteiner et Danulesco, que 
les ganglions rachidiens de singes infectés renferment des quantités 
relativement considérables de virus. D'un autre côlé, Marinesco et 
Minea (4) ont réalisé la survie des cellules ganglionnaires et du tissu 
conjonctif des ganglions spinaux, en se servant du procédé de Harrison- 
Burrows, modifié par Carrel (ganglions de lapin et de jeune chat). Nous 
avons donc prélevé aseptiquement des ganglions rachidiens de singes 
ayant contracté la poliomyélite, nous les avons découpés en pelits 
fragments et nous les avons ensemencés dans du plasma de singe 
(boites de Gabitchewski). 

Des passages réguliers dans du plasma frais étaient pratiqués tous les 
quatre ou cinq jours et on essayait la virulence par inoculation au singe. 
Dans deux de nos expériences, nous avons ajouté, de temps en temps, 
des ganglions de singe neuf aux fragments virulents ensemencés au 
début. Enfin, l'examen direct et le procédé des coupes nous ont permis 
de suivre pas à pas l'évolution des éléments anatomiques. 

Constatation. — Le premier phénomène que l’on constate après l’ense- 
mencement, c’est l'apparition, autour de certains fragments ganglion- 


(1) Levaditi. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 8 janvier 1910; Presse 
médicale, 19 janvier 1910, n° 6. 

(2) Flexner et Noguchi. Journal of the Americ. med. Assoc., 1°* février 1913, 
LX;n05. 

(3) Levaditi. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, t. LXXIV, p. 1179. 

(4) Marinesco et Minea. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXAXIIT, 
p. 346 ; Bull. de l'Acad. de Médecine, 11 février 1913. 


204 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


naires, d’une zone constituée par des leucocytes polynucléaires. Ces 
leucocytes abandonnent le fragment pour se répandre dans le plasma; 
ils proviennent des foyers inflammatoires provoqués par le virus dans 
le tissu interstitiel du ganglion et au niveau des cellules nerveuses. Au 
cours des passages ultérieurs, apparaîtla multiplication karyokynétique 
du tissu conjonctif capsulaire, sous forme d’une zone de cellules fusi- 
formes et étoilées. 


Exp. I. — Ensemencement de trois ganglions dans quatre boîtes. Le lende- : 
main, belle sortie leucocytaire; le quatrième jour, apparition de cellules fusi- 
formes. On pratique quatre passages consécutifs, le 5°, le 11°, le 14e et le 
21° jour. La sortie leucocytaire se répète lors du second passage, la proliféra- 
tion du tissu conjonctif, lors du second, du troisième et même du quatrième 
passage. 

Voici le résultat des essais de virulence (1). 


ler Passage, le 5e jour. Rhesus 439 . . . . . Incub. 5 jours, lésions typiques. 
Ile Passage, le 11° jour.  Sinicus 471. . . . . Incub. 11 jours, lésions typiques. 
Cynomolgus 415. . . AIncub. 7 jours, lésions typiques. 


IVe Passage, le 21° jour. ou É a à 

4 1 Sinicus 414. . . . . AIncub. 10 jours, lésions typiques. 

Le nombre des boîtes ensemencées avec les trois ganglions primitifs a été 
de seize. 


Cette expérience montre que le virus delapoliomyélite peut être retrouvé 
avec sa virulence initiale, au bout de vingt et un jours de séjour à 3T° et 
après quatre passages. S’agit-l d'une véritable culture? Nous le 
pensons, attendu que le matériel ensemencé au début a été minime, qu'il a 
servi à faire 16 plaques et qu'à chacun des quatre passages, nous en avôns 
prélevé une partie pour inoculer nos singes. 


Exe. Il. — Huit passages ont été réalisés dans cette expérience, qui a duré 
quarante-trois jours. Nous avons ajouté de temps en temps des ganglions de 
singe neuf. Le phénomène de la sortie leucocytaire et de la prolifération du 
tissu conjonclif aété observé ici aussi. Les inoculations ont donné les résultats 
suivants : 


1cr Passage, le 5e jour. Sinicus 13 . . . . . . Incub. S jours, lésions typiques. 
Ile Passage, le 13° jour. Rhesus 14. . . . . . , Incub. 13 jours, lésions typiques. 


Les inoculations pratiquées lors des passages ultérieurs sont restées sans 
effet. 

Exp. Il. — Six passages; durée de l'expérience : vingt-quatre jours. Seules 
les inoculations du premier passage (sept jours) et du second ensemencement 
(treize jours) ont donné la poliomyélite au singe. 


(1) À chaque passage, nous avous prélevé un ou deux petits fragments de 


ganglion et un peu du plasma environnant, nous les avons triturés avec de 
l'eau salée et inoculé dans le cerveau (0,5) et le péritoine. 


SÉANCE DU 26-JUILLET 20) 


OG 


La méthode de la survie el de la multiplication des cellules in vitro 
permet donc la conservation et très probablement aussi la culture du virus 
de la poliomyélite hors de l'organisme. 

Nous nous sommes demandé si, dans ces conditions, il s’agit d’une 
véritable symbiose entre le microbe et les éléments cellulaires ense- 
mencés. Dans ce but, nous avons, au cours de notre première expé- 
rience, fait un passage, non pas avec un fragment ganglionnaire, mais 
tout simplement avec du plasma dépourvu de cellules. La culture s’est 
montrée totalement dépourvue de virulence, ce qui semble prouver que 
les cellules sont indispensables à la conservation et à la pullulation du 
microbe in vitro. 

D'un autre côlé, nous avons fait l'examen histologique des fragments 
prélevés à chaque passage et apprécié ainsi l’état des tissus. Cet 
examen nous a montré que l'élément le plus fragile, celui qui se détruit 
le plus vite dans le ganglion, c’est la cellule nerveuse. Si le deuxième et 
le cinquième jour, dans le ganglion fortement enflammé, on retrouve 
encore çà et là des cellules nerveuses apparemment bien conservées, 
ces cellules ne sont qu'à l'état de vestiges le onzième et le vingt et 
unième Jour. Toute la partie centrale du ganglion est nécrobiosée, les 
cellules ganglionnaires n'ont plus de noyau colorable, leur protoplasma 
est homogène, comme coagulé (1). Ce n’est qu'à la périphérie que l’on 
trouve, au-delà du onzième jour, des cellules vivantes. Ce sont les élé- 
ments conjonctifs du stroma, ceux qui entrent dans la constitution des 
racines nerveuses et surtout les cellules capsulaires qui survivent le 
plus longtemps. Ces cellules capsulaires forment une auréole à plusieurs 
couches autour de la cellule nerveuse dégénérée ; elles paraissent pro- 
liférer au fur et à mesure que le neurone dégénère et meurt. Enfin, des 
signes de multiplication karyokynétique active se montrent, même le 
vingt et unième jour, dans l’auréole de cellules fusiformes qui entoure 
certains fragments ganglionnaires. 

Il en résulte que s'il y a symbiose entre les cellules ensemencées et le 
virus, celle symbiose n'intéresse pas forcément les cellules nerveuses ; ces 
dernières peuvent, en effet, avoir perdu depuis longtemps leur vitalité, 
sans qu'il y ait, pour cela, arrêt dans la vie et la multiplication du 
microbe. Les éléments du tissu conjonctif et les cellules capsulaires 
assurent à eux seuls les conditions qui favorisent in vitro la conserva- 
tion et la pullulation du virus de la poliomyélite. 


(4) Il renferme parfois des formations irrégulières colorables par l’'héma- 
toxyline. 


BiocoGie. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXV. ë 14 


206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


DE L'OBTENTION A L'AIDE DE LA THIONINE DE RÉACTIONS CARDIO-VASCULAIRES 


CARACTÉRISTIQUES D'UNE INJECTION ANTÉRIEURE D'ADRÉNALINE 


(Troisième note), 


par JEAN GAUTRELET et PAUL-L. BRIAULT. 


Nous avons insisté précédemment (note I) sur les contractions car- 
diaques d’allure adrénalique que produisait, en période d’anaphylaxie, 
une injection de lhionine chez des chiens ayant recu primitivement une 
faible dose d’adrénaline. Le tracé ci-joint de Basset est lypique à cet 
égard. 

Nous croyons devoir signaler aujourd'hui l'apparition de tels rappels 
adrénaliques chez un certain nombre de chiens qui, plus ou moins 
longtemps après une injeclion première de suprarénine, reçurent une 
injection de chloralose où de thionine sans manifester cependant de 
réaction anaphylactique aiguë. 

Mais, nous devons le dire, ces phénomènes ne s'observent pas de 
facon constante. 


A. — C'est ainsi que 4 chiens, bien qu'ayant recu antérieurement de 
l’ädrénaline, n'ont pas réagi particulièrement, se sont comportés 
comme des chiens neufs. Aucune modification sensible de la pression, 
aucun symptôme toxique après le chloralose et 2 ou même 4 c.c. par 
kilogramme de thionine dans les veines chez Favori, alors qu'il a reçu 
4 heures auparavant 1 milligramme de suprarénine. 

Sulpice reçoit 24 heures après une injection de 1 milligramme de 
suprarénine, 2 c.c. de thionine par kilogramme sans réaction 
manifeste. 

Pour Léon, après 19 jours, aucune modification. De même pour 
Prodique, 33 jours d'intervalle entre les injections de 4 milligramme de 
suprarénine d’une part, d'autre part de chloralose et de thionine (3 c.c. 
par kilogramme). 

Nous mentionnerons à part Maine 7 kgs, chez lequel 1 milligramme 
de suprarénine a provoqué, après 90 jours, des phénomènes d’ana- 
phylaxie subaiguë et qui ne réagit nullement, le surlendemain, à 
la thionine (3 c.c. par kilogramme) à la suite de chloralose. On 
n'observe donc pas chez lui les phénomènes intéressants de rétroana- 
phylaxie obtenus par Billard avec le bleu de méthylène, après plusieurs 
mois 1l est vrai. 

B. — Six chiens au contraire, ont présenté, lors de l'injection de 
chloralose et surtout de la thionine, de grandes amplitudes en même 
temps qu'un léger ralentissement durythme du cœur, rappelant l'injection 
d'adrénaline primitive. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 


Ces. phénomènes 
sontparticulièrement 
marqués : 

Dans la journée 
chez 3 chiens : 

Agrégé, 10 kilo- 
grammes, chloralosé, 
recoit À milligr. de 
suprarénine à 9h. 41. 
Deux injections de 
5: -c:c. de ‘thionine 
sont inefficaces à 
10 h. 50 et 11 h. 50. 
À 2 heures, au con- 
traire, 3 C.c. provo- 
quent une série de 
grandes amplitudes 
cardiaques (pression 
—11-22) avec ralen- 
tissement du rythme. 

Chez Marchois et 
Boulogne, résultats à 
peu près identiques, 
mais Moins Marqués. 

Après 24 heures 
_<hez 2 chiens : 

Descartes. Le chlo- 
ralose ainsi que 1 c.c. 
par kilogramme de 
thionine provoquent 
de grandes amplitu- 
des!(6 centimètres) et 
une diminution du 
rythme du cœur. 

Argent donne des 
phénomènes de mé- 
me sens mais moins 
nets, d’ailleurs avec 
le bleu delméthylène. 

Après É48 heures, 
chez un chien : 

Fox présente avant 
lachloralose de gran- 
-des”’contraclions car- 


Bussel (Chien de 11 kilogs.) a reçu 3 milligrammes de suprarénine, 24 jours auparavant. 


208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


diaques (H—12-19). Vingt minutes après l'anesthésique, cœur très 
ample (12-24); 1 milligramme de suprarénine provoque par deux fois 
une hausse de pression considérable — 32. 

À la suite de l'injection de chloralose et de thionine, nous avons donc 
pu — et c'est la conclusion générale des notes qui précèdent — mettre 
en évidence ce fait, que, d’une manière générale, une faible injection 
première d'adrénaline, faite quelques heures ou même 24 jours aupa- 
ravant, a imprégné suffisamment l'organisme pour que ces substances 
provoquent, dans nombre de cas, des réactions fonctionnelles, de même 
sens, rappels de l'injection première et trouvant leur place à côlé des 
réactions générales (anaphylaxie) que nous avons étudiées précé- 
demment. 

Ces rappels traduisent-ils eux-mêmes une hypersensibilité anaphylac- 
tique (Cf. Cesaris Demel, Launoy) fruste, nous ne saurions pour le 
moment affirmer qu'il en est ainsi, ou les considérer comme des phéno- 
mènes indépendants; les chiffres particulièrement élevés de pression 
que provoque souvent l'injection déchaînante d’adrénaline lors de 
l’anaphylaxie et signalés en fin d'une note précédente, tendent à nous 
faire admettre une hypersensibilité cardio-vasculaire : on observerait 
une anaphylaxie fonctionnelle comparable à l’anaphylaxie locale. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris 
et de biologie expérimentale de l'école des Hautes Etudes.) 


SUR LA CELLULE CALCIGÈRE ET SES CORPUSCULES DANS LE FOIE D'AHelix, 


par M'E S. GRüNBAUM. 


Les travaux de Barfurth et de Frenzel nous renseignent sur l'existence 
de la cellule calcaire et de ses corpuscules dans le foie des Gasté- 
ropodes pulmonés. 

Tous deux distinguent trois sortes de cellules : 


x 


1° Les cellules hépatiques de Barfurth, cellules à granulations de 


Frenzel ; 
2% Les cellules à ferments, cellules excrétrices des auteurs mo- 


dernes ; 
3° Les cellules calcaires, à corpuscules brillants, lesquels, d’après 


l'analyse macrochimique de Barfurth, sont composés de phosphate de 
calcium et, d’après Frenzel, doivent contenir un stromaorganique ou être 
constitués d’un composé organique de la cellule. 

Frenzel, dans un travail ultérieur, est arrivé à nier sa première classi- 


SÉANCE DU 26 JUILLET 209 


fication : ses cellules à ferments contiennent le phosphore et le calcium 

et à certains moments ces substances se déposent. 

__ Biedermann et Moritz trouvent que dans les cellules calcaires s'accu- 
mulent les réserves de phosphate de la cellule, des graisses et du 

glycogène. 

D'après ines observations, la cellule calcaire est telle que l’a décrite 
Schneider ; triangulaire, large vers sa base, elle arrive rarement à la 
lumière glandulaire ; si elle l’atteint, elle est couverte d’une bordure 

en brosse nette. 

Le noyau est polymorphe avec un ou plusieurs nucléoles. Quelquefois 
il est multiple. À côté du noyau ou vers la partie apicale de la cellule, 
on voit une ou plusieurs masses d’une forme plus ou moins définie, le 
plus souvent ronde. Ces masses acidophiles prennent l’éosine, l’aliza- 
rine, et sont quelquefois neutrophiles. Elles sont analogues à des para- 
somes. Les préparations mitochondriales et le tissu in vivo montrent le 
réseau protoplasmique riche en milochondries, lesquelles vers la partie 
apicale de la cellule s’alignent parallèlement à la bordure en brosse. Le 
réseau est riche en graisses. 

Le plus souvent, vers la partie périphérique de la cellule, on voit des 
corpuscules d'excrétion jaunes, isolés ou réunis dans une vacuole. Les 
colorations vitales, au rouge neutre et au bleu de méthylène, les 
montrent en voie de formation ; le violet de dahlia les fait voir amassés 
dans une vacuole autour d’un stroma jaune. J'ai cherché le point de 
départ de ces corpuscules d’excrétion ; les pièces fixées au formol et 
colorées par l'hématoxyline au fer et les colorations par le violet de 
dahlia semblent donner des preuves de l’origine mitochondriale des 
corpuscules d’excrétion. Pourtant, on voit sur certaines préparations 
qu'il peut y avoir des relations entre les corpuscules calcaires et les 
corpuscules d’excrétion; certains corpuscules calcaires situés vers la péri- 
phérie de la cellule et avoisinant immédiatement les corpuscules d’ex- 
crétion, semblent avoir subi une modification; ils ne se colorent plus ou 
que très peu par l'hématoxyline. 

Les corpuscules calcaires, qui remplissent les mailles du réseau proto- 
plasmique, s'’amassent surtout autour du noyau et peuvent être logés 
dans ses anfractuosités. Parfaitement ronds avec un noyau et des stries 
concentriques, ils sont le plus souvent d'une grandeur inégale dans la 
même cellule. Leur composition n’est pas connue d’une manière précise. 
Les réactions coloratives indicatrices, grâce auxquelles on met en évi- 
dence les corpuscules calcaires et leur structure, ne sont pas de vraies 
réactions microchimiques spécifiques ; on les a attribuées à tour de rôle 
à la présence du phosphore, du calcium, du fer, des corps gras. Kossa 
et Stoelzner attribuèrent aux sels de calcium l’affinité pour les métaux 
lourds. Mais peu après Kossa lui-même et Koehl ont vu que cette réac- 
tion peut-tenir à la présence du phosphore, pour lequel d’ailleurs elle 


210 me SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


n’est pas spécifique. L'azotate d'argent forme à la lumière un précipité 
qui se dépose à la surface du corpuscule, en montre le noyau et en 
dessine la striation corcentrique; les petits corpuscules semblent plutôt 
être uniformes. L’hématoxyline donne les mêmes images, colore avec 
intensité les petits corpuscules, avec moins d'intensité les grands, et. 
montre surtout leur striation concentrique. Cette coloration par l’héma- 
toxyline, considérée par Macallum comme caractéristique du fer, a été 
envisagée par Koehl comme liée à la présence du calcium. Le fer existe 
dans les corpuscules calcaires du foie, et les images données par le préci- 
pité de bleu de Prusse peuvent être superposées à celles de l’acétate 
d'argent et de l'hématoxyline. On voit aussi une ligne bleue allant du 
centre du corpuscule vers sa périphérie, ce qui semble être une déchi- 
rure de l'enveloppe du corpuscule; cette enveloppe visible et colorable 
par l'hématoxyline contient du fer. Le rôle du fer, ici, serait-il celui 
d'un catalyseur qui, charriant l'oxygène, aide la décomposition des 
substances organiques pour arriver par l'intermédiaire d’acides biba- 
siques à C0”? 

Je ne peux pas affirmer l'existence d'un stroma organique bien net : 
les réactifs fixateurs décalcifiants conservent quelquefois sur place le 
stroma qui garde la forme du corpuscule; d'autres fois ils laissent le 
stroma peu distinct. La décalcification des corpuscules fixés au formotk 
par les acides et la méthode de Bædecker (inclusion à la celloïdine aci- 
ditiée par l'acide acétique) ne m'ont pas donné de résultats satisfaisants. 

La cellule calcaire (ou mieux calcigère) du foie d'Helix contient donc: 
des corpuscules calcaires qui en occupent la grande partie, des graisses, 
des corpuscules d’excrétion. La présence des corps analogues aux para- 
somes indique son activité glandulaire intense. 

Les corpuscules de Harting, que j'ai vus se former dans des milieux 
différents, l’albumine de l'œuf, lalbumine et la globuline pures, la géla- 
tine, semblent donner quelquefois, avec l’azotate d'argent et l'héma- 
toxyline, des images analogues à celles des corpuscules calcaires du 
foie d'Helix. 


(Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Paris.) 


IMPRÉGNATION ARGENTIQUE DU PIGMENT, 


par P. Masson. 


Depuis longtemps, les histologistes et les bactériologistes ‘ont intro- 
duit les sels d’or et d'argent dans leur technique. Ils se sont aperçus 
que ces sels ont une affinité particulière pour les granulations pigmen- 
laires. 


SÉANCE DU 26 ZUILLET 211 


Malheureusement, les diverses méthodes employées jusqu'ici ne don- 
nent pas de résultats absolument constants à cet égard et, surtout, des 
précipités très gênants rendent les préparations inutilisables pour la 
recherche du pigment. 

Voici un procédé extrêmement simple que nous employons depuis 
quelque temps et qui nous paraît réunir les propriétés de constance et 
de propreté désirées. 

Les coupes de matériel fixées au Bouin sont lavées à l’eau de source 
jusqu'à élimination complète de l'acide picrique, puis à l’eau distillée 
pendant un quart d'heure à une heure pour extraire toute trace de 
chlorures. 

Elles sont mises ensuite pendant quarante-huit heures à l’obscurité 
dans le mélange de Fontana préparé comme suit : 

À une solution d'AzO‘Ag à 5 p. 100, on ajoute de l'ammoniaque jus- 
qu'à redissolution du précipité. On verse ensuite goutte à goutte de 
l’'AzO‘Ag à 5 p. 100, jusqu'à opalescence du liquide. On laisse reposer 
et on conserve à l'obscurité. 

En quarante-huit heures, le pigment peu visible ou invisible sans 
artifice, et lui seul, est devenu noir. 

On lave à l’eau distillée pendant quelques minutes, puis on traite 
pendant cinq minutes par un virage-fixage au plomb. 

Laver à l’eau. 

On peut ensuite colorer les coupes par un procédé histologique quel- 
conque. 

Cette méthode ne donne aucun résultat pour les recherches bactério- 
logiques et, en particulier, pour le tréponème de Schaudinn. 


À PROPOS DU SYSTÈME PIGMENTAIRE CHEZ Alytes obstetricans, 


par À BORREL. 


Je désire revenir sur la question qui a fait l'objet de la discussion 
avec M. Prenant, dans la séance dernière, puisque les affirmations de 
mon distingué contradicteur n'ont pas paru dans les Comptes rendus 
de la Société. 

M. Prenant a affirmé que le réseau en question n'a aucun rapport 
avec le système pigmentaire, qu'il n’y pas de grains ou de bâtonnets 
pigmentaires dans les mailles du réseau, que les soi-disant grains ou 
bâtonnets pigmentaires sont des artifices de préparation. 

Je répondrai que même chez le Tétard, il est facile de se rendre 
compte quil y a du pigment authentique dans les boyaux qui con- 
slituent le réseau et que ce réseau appartient au système pigmentaire. 


219 SOCIËÈTÉ DE BIOLOGIE 


Chez le Tétard encore, on voit très bien, si on balaye, après fixation et 


coloration de la queue, les épithéliums superficiels, ou encore mieux si 
on imprègne à l'argent, que ce réseau, véritable organe decireulation 
pigmentaire, limite dans certaines places et dans le même plan pigmen- 

Ë 


Fi&. 1. — Extrémité de la queue d’un Téêtard né depuis dix jours. Réseau par la 
coloration vitale. Photographie directe. Les vaisseaux sanguins ne sont pas visibles. 


taire sous-épidermique des cellules pigmentaires à prolongements 
foliacés d’une minceur extrême, formant comme un voile continu; le 
quadrillage cellulaire du réseau a-t-il un rôle dans l'extension ou la 
contraction de tout le plan pigmentaire, les cellules non différenciées 
pourraient-elles fonctionner comme cellules contractiles? C'est là un 
cûté de la question qui mérite d’être envisagé. 

Chez le Tétard très gros, et même chez le Tétard en voie de trans- 


SÉANCE DU 26 JUILLET 212 


formation, le réseau est visible avec des mailles de plus en plus larges. 

C'est surtout chez l'embryon encore contenu dans l'œuf, au moment 
de l’apparition des cellules pigmentaires et surtout dans la région 
caudale, qu'on peut voir la connexion du réseau en question avec le 
système pigmentaire et le mode d'apparition des cellules sur le réseau : 
les figures sont de toute évidence et je ne doute pas que M. Prenant 
l'eût vu s’il avait examiné de pareils embryons : voici une figure prise 
sur un embryon ayant 4 millimètres de diamètre; on voit très bien la 
formation des cellules pigmentaires au carrefour du réseau et toutes 
les transitions entre les cellules pigmentaires ayant encore des 


F16. 2. — Un segment de la queue chez un embryon cinq jours avant l’éclosion. 
Photographie d'un dessin qui montre le réseau pigmenté et les cellules pigmen- 
taires en connexion avec le réseau. Les vaisseaux sanguins sont dans un plan infé- 
rieur. 


connexions à angle droit avec le quadrillage du réseau et les cellules 
pigmentaires authentiques, devenues libres. 

Nous considérerons donc le cas de l'Alyte comme particulièrement 
intéressant au point de vue du système pigmentaire, puisqu'il démontre 
la présence d’un réseau, d’une sorte de damier sur lequel naissent les 
cellules pigmentaires, cellules pigmentaires devenant libres ou restant 
dans le plan du réseau formant voile. Nous pensons que la symétrie, la 
régularité de certaines pigmentations, les zébrures chez les différentes 
espèces animales est liée à quelque disposition homologue. 

Y a-t-il, par exemple, une pigmentation plus régulière et plus 
symétrique que celle de la Seicke. 

Nous développerons plus tard à propos de l’œil ou de tumeurs méla- 
niques les raisons qui nous font penser que le système pigmentaire 


244 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dans son ensemble dérive d'une assise cellulaire qui pourrait être 
placée au point de vue embryogénique entre l’ectoderme et le 
mésoderme. 


RECHERCHES SUR L'ACTION HYPOTENSIVE D'EXTRAITS DE PLAQUETTES, 


par L. LE Sourp et PH. PAGNIEZz. 


Poursuivant les recherches dont nous avons indiqué les premiers 
résultats dans une note précédente, nous avons constaté les fails sui- 
vants : 

Le produit hypotenseur qu'on extrait des plaquettes du lapin par 
l’eau distillée peut facilement donner des chutes de pression allant 
jusqu'à six et sepl centimètres de mercure, après injection intra- 
veineuse chez le lapin. L'importance de l'effet hypotenseur est propor- 
tionnelle à lx quantité de produit injecté. 

Toute injection est suivie de chute de pression et on n’observe pas de 
phénomènes de tachyphylaxie. 

La substance hypotensive résiste à la chaleur : l'extrait aqueux de 
plaquettes soumis à l’ébullilion conserve son activilé; un séjour à l’au- 
toclave à 120 degrés pendant dix minutes n’altère par ses propriétés. 

La substance active est soluble dans l'alcool. En traitant des pla- 
quettes par 20 volumes d'alcool absolu, on obtient par dessiccation un 
produit qui se dissout incomplètement dans l’eau et présente une forte 
activité hypotensive. 


(Laboratoire des travaux pratiques de physiologie 
de la Facullé de médecine de Paris.) 


ACTION DES FIXATEURS CHROMO-OSMIQUES SUR LES LIPOÏDES DES TISSUS. 
ITT. — ACTION INSOLUBILISANTE. IV. — ACTION SUR LA COLORABILITÉ, 


par ANDRÉ MAYER, FR. RATBERY et GEORGES SCHAEFFER. 


Dans notre précédente note, nous avons montré que les « fixateurs » 
chromiques et chromo-osmiques exercent sur les lipoïdes des tissus une 
action hydrolysante et une forle action oxydante. Cette action a-t-elle 
pour résultat de « fixer », d’insolubiliser dans l'alcool et le xylol les 
lipoïdes cellulaires? Cette insolubilisation est-elle totale ? Les lipoïdes 
sont-ils intégralement conservés? Dans une coupe fixée, qu'on examine, 
le pourcentage des lipoïdes est-il le même que dans les tissus vivants? 
C'est ce que nous allons examiner. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 


245 


III. — ACTION INSOLUBILISANTE. Une première étude sur le foie du 
lapin nous a fait voir que les fixateurs chromo-osmiques n’insolubilisent 
qu'une part des lipoïdes du tissu. Mais, au moins, la proportion de 
lipoïdes perdus est-elle toujours la même ? L'expérience répond négati- 


vement : 


1° Chez un même animal, les différents tissus, après action des 
fixateurs chromo-osmiques et passage dans l'alcool, subissent des pertes 


en lipoïdes inégales ; 


2 Chez différents individus d’une même espèce, les mêmes tissus, 
après action de ces fixateurs et passage dans l'alcool, subissent des pertes 
P 


en lipoïdes inégales. 


Exemple : 


CHIEN Î : 


Avant fixation 


Après 24 h., dans liq. de 
Laguesse; 12 h. dans alcool. 


Perte pour 100 
CHIEN II : 
AVAL EUR eee 
Après 


Perte pour 100 


Cholestér. 


Ac. gras. 


3° Chez des animaux d'espèces 


Exemple : 


INITIAL 


TER ER CE 


AC. gras. 


10.20 


» 


|.12.60 


Cholestér 


Cholestér. 


POUMON COEUR 
Rs CO RS ES ) 
dc. gras. | Cholestér. fc. gras. [Cholestér. 


10.50 


différentes, les tissus des organes 
homologues, après action des fixateurs, et passage dans l’alcool, subis- 
sent des pertes inégales. 


APRÈS LIQ. DE 
Muller 24 h. 
NES ER 


Ac. gras. 


Cholestér. | Ac.g 


0.09 


APRÈS LIQ. DE | APRÈS LIQ. DE || 
Regaud 24 h. |Laguesse 24 h. 


LT EL TS 


Cholestér. À Ac. gras. | Cholestér.|k 


216 SOCIÉTÉ DE BICLOGIE 


Ainsi, la « fixation » l'insolubilisation par les fixateurs chromo- 
osmiques n’est que partielle. Mais, de plus, elle est extrêmement variable. 
De sorte qu'un même fixateur appliqué au même tissu chez divers indi- 
vidus d'une même espèce ou chez des individus d'espèces différentes 
« fixe » des quantités de lipoïdes différentes. 


IV. — ACTION SUR LA COLORABILITÉ. (Coloration par la fuchsine, 
Altmann-Galeotti). Les réactifs chromo-osmiques provoquent, avons- 
nous dit, l'oxydation des acides gras non saturés, et les oxyacides formés 
prennent les colorations mitochondriales. On peut montrer par l’expé- 
rience que les réactifs chromiques jouent un rôle indispensable dans la 
colorabilité des lipoïdes fixés. S'il ne s'agissait en effet, pour mettre en 
évidence les lipoïdes des tissus, que de les insolubiliser, les précipiter, 
on pourrait facilement imaginer des fixateurs remplissant plus complè- 
tement ce rôle que les réactifs chromo-osmiques.lIl suffirait de s'adresser 
aux mélanges dont on sait qu'ils sont de bons précipitants des phos- 
phatides ou des complexes colloïdaux d'albuminoïdes et de lipoïdes. 
C'est ainsi que nous avons pu constituer de bons fixateurs par l’asso- 
ciation d’acétone dilué et de sels de métaux lourds (Ca, Mg, Cu, Zn, Fe). 
Par exemple, on obtient de très bonnes fixations par l'emploi d’un 
liquide composé de CaCl 0 gr. 20; acétone 40 c.c.; eau 60 c. c. Ce 
liquide, qui permet l'obtention de belles images histologiques, insolu- 
bilise une très grande partie des lipoïdes cellulaires. 


Exemple : 


FOIE DE LAPIN FOIE DE CHIEN 


Ac. gras  Cholestérine : Ac. gras  Cholestérine 
Mssutnitial.. Mur 066 0,96 Tissu ANAL AE MO SO 
Après 3 h. [acétone Ca]. Après fixation ou liqueur 

12 h., alcool absolu. . 7,87 0,56 de Laguesse, et 12 h., 

Il alcool-absolu:£:1,.##:56199 0,49 
MSSU INTIMES MN RES S 0,91 
Après 3 h.|acétone Ca]. Après 3 h. [acétone Ca]. 

12 h., alcool absolu. . 13,0 1,02 12 h., alcool absolu. . 10,17 0,66 


Or, si l’on examine les pièces ainsi fixées, pièces qui contiennent plus 
de lipoïdes que les pièces témoins fixées par le liquide chromo-osmique, 
elles ne prennent pas ou prennent mal les colorations mitochondriales, 
notamment celles d’Altmann et de Galeotti. 

Par contre, si après passage pendant trois heures dans le liquide acé- 
tonique, on traite pendant douze heures par un mélange chrome- 
osmique, les coupes prennent les colorations mitochondriales. 

Pour expliquer cette action des réactifs chromo-osmiques sur la colo- 
rabilité, est-il nécessaire de faire intervenir une action sur les albumi- 
noïdes fixés du tissu ? L'expérience répond négativement 


SÉANCE DU 26 JUILLET $ 9217 


En 


En effet, si l'on extrait les phosphatides d’un tissu, et qu'on fasse agir 
directement sur eux le mélange chromo-osmique, le produit globai 
obtenu prend les colorations mitochondriales d’'Altmann et de Galeotti. 
C'est donc bien aux lipoïdes qu'est due la propriété des réactifs 
chromo-osmiques. 

Comment agissent-ils sur les lipoïdes? Ils le peuvent faire de deux 
manières. Quand on examine le tissu fixé, on a affaire en effet: à une 
partie plus ou moins grande suivant les cas, des lipoïdes de la cellule 
primitive; de ces lipoïdes restants, une portion est inattaquée, une 
portion est hydrolysée et comprend des acides non saturés ; une portion 
comprend des oxyacides. Or, les acides gras ayant adsorbé du chrome 
sont mordancés et fixent la fuchsine ; et les oxyacides se colorent direc- 
tement par elle. La coloration qu'on constate est le résultat de ce 
phénomène complexe. Les mélanges chromo-osmiques dont on sait 
déjà qu'ils sont des précipitants brulaux des albuminoïdes, agissent donc 
aussi sur les lipoïdes des tissus et notamment les phosphatides. Ils 
agissent comme hydrolysants, comme oxydants, comme partiellement 
insolubilisants, comme mordançants. C’est le résultat de ces actions 
physiques et chimiques multiples qu’on examine sur les coupes fixées. 


(Travail du laboratoire de physiologie physico-chimique. 
Ecole des Hautes Etudes, Collège de France.) 


REPRODUCTION EXPÉRIMENTALE DES OREILLONS CHEZ LE SINGE, 


par CHARLES NICOLLE et E. CONSEIL. 


L'étude microbiologique des oreillons a donné jusqu’à présent des 
résultats contradictoires. Alors que Pasteur et Roux, dans des expériences 
anciennes (1), avaient constaté la stérilité du sang des malades, divers 
savants ont isolé de ce liquide, de l’exsudat parotidien ou d’autres 
humeurs, des microbes divers. De ces supposés agents pathogènes, seul 
le microcoque de Laveran et Catrin (2), qui peut-être aurait été retrouvé 
chez le chien par Busquet et Boudeaud (3), mérite d'être retenu, mais 
ni son inoculation, ni celle des autres microbes décrits n'avait permis 
la reproduction expérimentale des oreilions chez les animaux. 


(4) Cités par Vedrènes. Rec. des mém. de méd. militaire, 1882, p. 179. 

(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 28 janvier 1893, p. 95, et 20 mai 
1893, p. 528. 

(3) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 7 juillet 1900, p. 675 et Presse médi- 
cale, 28 octobre 1901. 


218 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Des examens répétés du liquide parotidien dans les oreillons ne nous 


ayant montré la présence d'aucune forme microbienne, aussi bien à 
l’'ultramicroscope qu’au microscope, sans chercher à isoler le germe 
spécifique par des cultures peut-être impossibles, nous avons tenté de 
réaliser la reproduction des oreillons chez le singe par inoculation intra- 
parotidienne du virus même, c'est-à-dire du produit de ponction des 
parotides enflammées. Dans trois cas, nous avons obtenu des résullats 
assez intéressants pour être publiés. 


Exp. I. — Un enfant, atteint depuis deux jours de parotidite ourlienne du 
côté droit, présente le 41 janvier sa seconde parotidite à gauche. Ce même 


COURBE 1. 


jour, nous pratiquons sur cette parotide une ponction à la seringue. Une 
quantité minime de sérosilé, mélangée de sang, est recueillie (1/8 de centi- 
mètre cube environ). Nous injectons aussitôt ce liquide dans la parotide d’un 
singe femelle et jeune (Bonnet chinois 1). Aucune réaction locale consécutive. 
Le 6 février (vingt-septième jour), l'animal, demeuré jusqu'alors bien portant, 
présente, avec une élévation de température, de l'inquiétude et des frisson- 
nements; même état, le lendemain. La fièvre dure sept jours (voir la Courbe 1); 
pendant ce temps, des examens journaliers du sang sont pratiqués au micros- 
cope et à l’ultramicroscope, nulle forme parasitaire n’y est décelée. À aucun 
moment, il n’y a eu de gontlement net des parotides. 


Exr. II. — Chez un enfant malade d’oreillons doubles, nous pratiquons, au 


cinquième jour, la ponction de la parotide atteinte la première ; une quantité 


notable (un quart de centimètre cube) de sérosité sanguinolente en est extrait 
et inoculé dans la parotide d’un singe mâle et jeune (Bonnet chinois IT). Aucune 
réaction locale consécutive. Ce singe a présenté, du seizième au dix-neuvième 
jour, une fièvre nette, sans gonflement appréciable des parotides ou des 
testicules. (Voir la Courbe 2.) 


ExP. TL. — Trois frères, atteints depuis quelques jours d'oreillons doubles, 
ont permis la récolte d'un matériel important, qui a été inoculé de suite, 


SÉANCE DU 26 JUILLET 249 
Dh Bee UE NOR à RU er OR ER EE CP RENE. 
partie dans la parotide gauche d'un singe bonnet chinois mäle neuf et jeune 


(Bonnet Iil), partie dans celle du bonnet chinois II antérieurement infecté. 
Aucune réaction locale consécutive chez les deux singes. 


N 


COURBE 


Le bonnet III a présenté, du vingt-sixième au trentième jour, une fièvre sans 
symptômes généraux, mais accompagnée d’un léger gonflement de la parotide 
gauche et d'une impotence douloureuse de l'articulation temporo-maxillaire du 


ES sf lo is! £o 


COURBE 3. 


même côté. Cette impotence se traduit par l'impossibilité pour ce singe de 
vider sa bajoue gauche, qu’il conserve pendant une demi-journée tendue et 
remplie de sa bouillie du matin (riz). 

Aucun parasite à l'examen du sang (microscope et ultramicroscope); for- 
mule leucocytaire: mononucléose (50 polynucléaires, 50 mono) pendant la 
durée de la fièvre. (Cf. Courbe 3.) 

Le bonnet II, antérieurement infecté, n’a présenté aucune fièvre. 


2920 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Exe. IV. — Cette expérience, pratiquée de même manière, mais avec une 
quantité extrêmement faible de liquide ourlien, n’a déterminé aucune élévation 
thermique chez le bonnet chinois IV. 


D'autre part, l’inoculation du sang de deux des ‘enfants “HQE, pratiquée 
dans la cavité péritonéale des bonnets V et VI(T et 4 c.c.), n’a été suivie ni de 
symptômes, ni de fièvre. 


La signification de ces expériences paraît claire. La sérosité des oreil- 
lons est virulente pour le bonnet chinois par inoculation intraparo- 
tidienne ; la maladie se réduit ordinairement chez l'animal à une 
élévation fébrile de quatre à sept jours de durée, les symptômes généraux 
sont faibles ou nuls, le gonflement des parolides généralement inappré- 
ciable. Si fruste que soit cette infection, elle n’en est pas moins spéci- 
fique, puisqu'une première alteinte expérimentale vaccine contre l’ino- 
culation d'épreuve. On remarque d’ailleurs parfois chez l'enfant des 
formes où la lésion parotidienne est sensiblement aussi atténuée. La 
longue durée de l’incubation de la maladie expérimentale cadre bién 
avec celle de la maladie naturelle (jusqu’à vingt jours, Rendu ; vingt-six, 
Rilliet et Lombard ; trente, Antony). 

Enfin, la mononucléose se rencontre également chez l'enfant et chez 
le singe. 

(Institut Pasteur de Tunis.) 


ANTIGÈNES ET ANTICORPS TYPHIQUES. RÉACTION D'INHIBITION, 


par L. Massoz et V. GRYSEz. 


Nous nous sommes proposé de rechercher si les phénomènes d’inhi- 
bition que l’on observe lorsqu'on pratique les réactions de fixation avec 
certains sérums vis-à-vis du bacille tuberculeux, se manifestent aussi 
vis-à-vis du bacille typhique (1). 

Après divers essais, nous avons choisi comme antigène une culture de 
bacille d'Eberth en bouillon de trente-six à quarante-huit heures : les 
cultures sur gélose ont toujours une forte action anticomplémentaire 
due sans doute à de petites parties de gélose entrainée (2). D'après nos 
essais, L milligramme de gélose (calculée en poids à l’état sec) suffit 
pour faire décroître le pouvoir alexique d’un centimètre cube de sérum 
de cobaye de 200 à 3 unités. Hàtons-nous d'ajouter que la présence de 
peptone n’a pas d’inconvénients, comme on peut s'en assurer avec un 


(1) A. Calmette et L. Massol. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 5 février 
1910, 26 juillet 1913. 
(2) J. Bordet. Comptes rendus de la Soc. de la Biologie, 1°" février 1913. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 291 


milieu témoin non ensemencé ou encore ensemencé de coli ou de para- 
typhiques À ou B, etc. Nous reviendrons d’ailleurs sur ce dernier fait à 
propos de la différenciation de ces organismes. 

Le sérum à anticorps employé est un sérum de cheval préparé, à pou- 
voir agglutinant très élevé (1/80.000). 

Dans une première série d'expériences, nous constatons qu'ilsuffit de 
0c.c.05 de sérum et de Oc.c.04 d'antigène, chauffé ou non à 62 degrés, 
pour dévier 0 c.c.05 de sérum frais de cobaye, soit dix doses minima 
hémolytiques. 


A. — L'excès de sérum masque la fixation. — Nous employons une dose uni- 
forme d'antigène : Oc.c.04 (déterminée ci-dessus). Le sérum utilisé varie 
d’une série de tubes à l’autre ; l’alexine varie de la même façon dans chaque 
série. Nous débarrassons l'expérience de tous ses tubes témoins, d'ailleurs 
tous hémolysés. 


ALEXINE SÉRUM ANTITYPHIQUE 

(Sérum 

frais 
de cobaye,)|0 ce. c. 00110 c.c. 00210 c.c. 005! 0 c.c. 01! 9 c.c. 0210 c.c. 05! 0 c.c. 1 | 0 c.c. 2 
ONCECHOT — — — — — _— — Sr 
Onc*c-102 — —— — — — — — + 
OKcAc-103 —- — — — — — 2 + 
0°c.c.04 + a — — — — + + 
Orcier 052 + . se = == SA Te Ar 

Nola : + indique une hémolyse complète, + une hémolyse partielle, — une hémolyse nulle. 


L'action inhibante du sérum se fait sentir à partir de 0 c.c.02 pour être 
totale à 0 c.c. 2. 


B. — L'exces d'antigène fait disparaitre l'inhibition. — Nous employons une 


seule quantité inhibante de sérum, O0c.c.2, déterminée en A, et des doses 
variables d’antigène et d’alexine. Voici les résultats : 


ALEXINE ANTIGÈNE TYPHIQUE 
(Sérum 
frais 


de cobaye). 0 c.c. 04 | Oc.c. 05 0 c.c. 08 | O0 c.c. 12 0 c.c. 16 0 c.c. 2 


0:c.c. 01 ee — == — = Es 
0'c.c. 02 + + = = _ Le 
0 c.c. 03 + + it _ ee RE 
0sc.c. 0% + _. + 3E — — 
Oc2'e: 05 . + L +- 2E — 
Nota : + indique une hémolyse complète, + une hémolyse partielle, — une hémolyse nulle. 


BroLociEe. ComprEs RENDUS. — 1913. T. LXXV. 15 


299 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


Li dom 


Au fur et à mesure que la quantité d'antigène croit, l’inhibition est masquée 
et la fixation apparaît d'autant mieux que la dose d’antigène est plus élevée. 

C. — La dilution du sérum'antityphique dans neuf volumes d eau distillée 
avec barbotage d'acide carbonique pendant trente minutes permet de séparer 
par centrifugation un précipité de globulines. On constate que le liquide 
décanté renferme 80 p. 100 des agglutinines et la presque totalité des sensi- 
bilisatrices (anticorps). Une expérience comparable à celle relatée en À 
montre que le sérum & été privé de sa propriété inhibante, qui est passée 
dans le précipité, comme on peut s'en rendre compte en ajoutant ce dernier 
sur le complexe antigène + anticorps : la déviation du complément est alors 
supprimée. Un précipité de sérum normal ou tuberculeux (inhibant) est inca- 
pablie de donner le même résultat à des doses comparables. 


En résumé : 1° Le sérum antityphique qué nous avons utilisé ne 
donne la déviation du complément qu'avec le bacille d'Eberth. 

2° L'inhibition de la réaction de fixation de l’alexine apparait avec un 
excès de sérum. L'emploi de plus fortes doses d’antigène masque l'inhi- 
bition et la déviation du complément se reproduit. 

3° Ainsi que pour les sérums inhibants tuberculeux, le barbotage 
d'acide carbonique dans le sérum dilué au dixième avec de l’eau 
distillée permet de scinder le sérum en deux parties. Le liquide, privé 
de lapropriétéinhibante, conserve les agglutinines et les sensibilisatrices 
du sérum initial. Le précipité renferme la propriété inhibante, par con- 
séquent distincte des sensibilisatrices. Il en résulte qu'un sérum anti- 
typhique, comme un sérum antituberculeux, donne, quand il est débar- 
rassé de ses globulines (chaîinon moyen), la réaction de fixation dans un 
intervalle beaucoup plus étendu que quand on l’emploie complet. 


(institut Pasteur de Lille.) 


ESSAIS SUR LA VACCINATION SPÉCIFIQUE DE LA SYPHILIS 
(Note préliminaire), 


par d. SCHERESCHEWSKY. 


Dans la Deutsche medisinische Wochenschrift (1912), nous avons publié 
que les singes inoculés avec nos cultures de spirochètes impures n’ont 
pas pris la syphilis, mais se sont montrés réfractaires à la réinoculation, 
pratiquée au même point de la peau (sur l’arcade sourciliaire). Lorsque 
nous avons élé en état d'expérimenter avec des cultures pures, nous 
avons essayé l’action immunisante des divers extraits de spirochètes. Je 
vais rapporter très brièvement les résultats d’une série d'expériences, 
faites en employant comme vaccin des cultures (en milieu sérum de 
cheval coagulé) traitées par antiformine et chauffées à 60 degrés. 


| 
| 


SÉANCE DU 26 JUILLET 293 


L'expérience a porté sur 6 singes (rhesus et cynomolgus). Un rhesus a 
été inoculé trois fois, au cours d’une semaine, dans la racine de la 
queue avec des cultures vivantes, à la dose chaque fois de 1 c.c. 5. 
Quatre autres singes ont recu de la même manière le vaccin men- 
tionné ci-dessus. Six jours après la dernière injection, les 6 singes ont 
été inoculés en même temps (dans la région sourcilière) avec le même 
virus (Condylomata lala d'une malade de l'hôpital Broca). 

Après 14 jours, le rhesus qui avait reçu les cultures vivantes présente 
au point d'inoculation du virus humain des macules, qui les jours 
suivants devinrent des ulcérations syphilitiques étendues. Les lésions 
ont été d'une intensité rare; elles durent encore le 28° jour après leur 
apparition. Dans ce cas l'injection de cullures a agi comme un stimulant 
de l'infection syphilitique. Chez le singe témoin, les accidents syphi- 
litiques typiques ont apparu au point de l'inoculation le 28° jour. 

Deux des singes vaccinés (les deux autres sont morts peu après 
l’inoculation pour une cause tout à fait étrangère) n'ont jusqu'ici aucun 
accident syphilitique ; ils ont été en observation pendant six semaines, 
temps absolument suffisant pour considérer l'expérience comme 
terminée. 

J'ai recommencé la même expérience à l'Institut Pasteur sur 6 singes, 
en inoculant cette fois le vaccin dans la veine. Le vaccin possède une 
action antigène très marquée : chez le lapin, l'inoculation intraveineuse 
de 1,5 c.c. produit en huit jours des précipitines et des substances 
fixant le complément dans la réaction de Wassermann avec les antigènes 
du laboratoire (foie syphilitique) et avec le vaccin lui-même, employé 
comme antigène. Il donne la cuti-réaction chez les syphilitiques. 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU SYNDROME D HYPERTENSION PORTALE. 
NOTE SUR LES RAPPORTS DE LA PRESSION ASCITIQUE ET DE LA TENSION 
ARTÉRIELLE AU COURS DES CIRRHOSES ALCOOLIQUES, 


par À. GILBERT, MAURICE VILLARET et M. PicHaNcoURT. 


On sait qu'au cours de l'hypertension portale, la tension artérielle, du 
fait de l'hypophléborrhée sus-hépatique et de la diminution de la masse 
du sang de la circulation générale concomitantes, se trouve toujours, 
dans les cas purs, plus ou moins notablement abaissée. Nous avons eu 
l’occasion, par ailleurs, de donner de cette hypotension artérielle des 
preuves cliniques et expérimentales. 

Nous avons done été amenés à rechercher quelle pouvait être 
l'influence des modifications de l’ascite symptomatique de l'hyper- 
tension portale sur l’hypotension artérielle des cirrhotiques. 


19 
ig 
rs 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Dans ce but, nous avons mesuré systémaliquement la tension 
artérielle de plusieurs inalades porteurs de cirrhoses alcooliques 
ascitiques, concurremment avec la pression du liquide péritonéal, 
pendant et entre les paracentèses. | 

Nous nous sommes servis, pour cette étude, à la fois du sphygmoma- 
nomètre de Potain, du sphygmotensiomètre de Vaquez et de l’oscillo- 
mètre de Pachon, en prenant la précaution, pour ce dernier appareil, 
d'inscrire chaque fois la courbe exacte de la tension maxima, de la 
tension minima et de l'amplitude des oscillations. Dans ces conditions, 
nous avons obtenu les résultats suivants : 

1° Pendant la paracentèse, la pression artérielle augmente, en 
général, du commencement à la fin de la ponction, à mesure que 
diminue la tension du liquide d’ascite. 

2° Après la paracentèse, la lension artérielle baisse immédiatement, 
pendant que la tension ascitique augmente très rapidement et dans les 
premières heures. Parfois, cependant, la tension artérielle monte 
encore après la ponction, pendant un temps qui peut varier entre 
quelques heures et quelques jours. D'autres fois, la tension artérielle 
commence à baisser avant la fin de la paracentèse. 

Quoi qu'il en soit, on peut dire qu'à mesure que l'ascite se reproduit, 
à mesure que le poids augmente de nouveau et que les œdèmes se 
résorbent, la pression artérielle tend à revenir progressivement à son 
niveau antérieur à la ponction. Cette diminution est d’autant plus 
rapide que la transsudation intrapéritonéale s'opère plus vite. 

Au contraire, si l’ascite tend à ne pas se reproduire, la tension 
artérielle, mesurée systémaliquement après la paracentèse, ne nous a 
pas semblé subir de diminution et peut même continuer à monter. 

Avec l’oscillomètre de Pachon, la tension maxima seule nous a paru 
subir nettement cette influence de la paracentèse ; au contraire, la tension 
minima ne se modifie guère. Quant à l'intensité de l'amplitude des 
oscillations, elle est, en général, parallèle aux variations de la pression 
Maxima. 


TECHNIQUE DE LA TRACHÉOFISTULISATION CHEZ LE CHIEN ET LE LAPIN, 
par GEORGES ROSENTHAL. 
Sous le nom de tfrachéofistulisalion, nous venons de décrire une 


technique de traitement méthodique local des infections broncho-pul- 
monaires graves, fétides et tuberculeuses (1). Cette technique consiste 


(1) Société de médecine de Paris, 9 mai 1913. Société de thérapeutique, mai 1913. 
Archives générales de médecine, juillet 1913. Société des praticiens, avril 1913, etc. 


1O 
9 
Où 


ISÉANCE DU 26 JUILLET 
D 1e HAE RCE EE tre 
dans l'exécution, sous anesthésie locale, d’une trachéotomie en miniature 
avec mise en demeure d’une canule montée comme une canule de tra- 
chéotomie, ayant courbure et longueur semblables, mais avec un dia- 
mètre de deux millimètres, ou de deux millimètres et demi. Cette canule 
peut servir à l'expérimentation chez le chien; chez le lapin, nous 
utilisons une canule analogue, mais coudée à angle droit, en forme de 
baïonnette, due également à l’habileté de notre ami Aubry. 

Les deux dessins ci-joints précisent l’instrumentation. 


FIG, 1: F16. 2. — Technique de la trachéofistulisation 
La canule en baïonnette chez le chien. Trocart d'introduction, canule 
du lapin. à demeure, mandrin mousse de protection. 


Chez le chien, comme chez le lapin, l’anesthésie locale à la novocaïne 
à 1 p. 200 doit être préférée à l’anesthésie générale. Il suffit même au 
niveau du bord inférieur du cricoïde de faire une injection hypoder- 
mique avec l'aiguille poussée horizontalement de 1/3 à 2/3 de c. c., après 
toilette de la peau à la teinture d'iode. 

Incision transversale de 1 cent. 4/2 à 2 centimètres, dissection ver- 
ticale, écart des muscles et découverte de la trachée. Petite ponction de 
la trachée au bistouri. Nous repoussons l'introduction en un temps que 
permet néanmoins notre trocart. 

Le point sur lequel nous voulons attirer l'attention est l'utilité de 
passer les soies de suture cutanée avant la mise en place de la canule. 
Deux soies sont passées de part et d'autre de la ligne médiane en croix 
ou de façon que les fils laissent entre eux un intervalle de 3 millimètres 
environ. Soies latérales, selon l’incision. Mise en place de la canule. 

Les fils médians sont alors noués, puis leurs extrémités supérieures et 
leurs extrémités inférieures sont nouées entre elles, pour éviter tout 
jeu et tout relâchement de la plaie. 

Un ruban chez le lapin autour du cou ; un fil de bronze chez le chien 
suffisent à maintenir en place la canule de trachéolfistulisation. 


(Laboratoire de la Clinique chirurgicale de l'Hôtel-Dieu.) 


296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ACTION DES COFERMENTS 
ET DES POISONS DE FERMENTS, 


par Vicror HENRI et RENÉ WURMSER. 


L'étude de l’action desdiastases a conduit un grand nombre d'auteurs 


à admettre que beaucoup de diastases ne peuvent agir qu'en présence de 


différents corps adjuvants, existant en faible quantité, et que l’on a sou- 
vent désignés sous le nom de « coferments », « kinases », ferments 
de ferments », etc. De plus, on a trouvé qu’un grand nombre de corps 
empêchent l’action des diastases; ce sont les « poisons » qui, comme on 
le dit souvent, tuent les ferments. La théorie colloïdale des diastases 
avait apporté une première explication detous ces phénomènes, en intro- 
duisant l’idée de complexes et de « composés d’adsorption » qui se 
forment entre le « ferment » et le « coferment » et qui déterminent le 
passage du « proferment » au ferment lui-même. En somme, la théorie 
des proferments,des coferments et des antiferments ou poisons de fer- 
ments est admise universellement. 

En 1899, Bredig avait apporté des faits nouveaux extrêmement impor- 
tants : les métaux colloïdaux jouissent d’une série de propriétés com- 
munes aux diastases et l’auteur les avait même désignés sous lenom de 
« ferments anorganiques ». Le point qui rapproche le plus l’action des 
métaux colloïdaux de celle des diastases est l’action des poisons : tous 
les poisons des ferments sont également des poisons des métaux colloï- 
daux ; ainsi par exemple le sublimé, les cyanures, l’iode, l'hydrogène 
sulfuré additionnés à des doses très faibles, des millionièmes, retar- 
dent ou arrêtent l’action catalytique des métaux colloïdaux sur l’eau 
oxygénée. De plus, on sait que les diastases sont très sensibles à la 
réaction du milieu : une trace d'alcali ou d'acide modifie considérablement 
la vitesse de la réaction. Il en est de même des métaux colloïdaux. Un 
grand nombre de travaux faits, depuis quinze ans, sur les métaux colloï- 
daux ont étendu la liste des poisons et ont conduit à une série d’études 
théoriques, dans lesquelles on admettail que les poisons se fixent par 
adsorption sur le colloïde et empêchent ainsi son action catalytique. Gette 
théorie pouvait difficilement être contrôlée, puisque la quantité de fer- 
ment est très faible, sa composition complexe, et que de plus la quan- 
tité de poison ou de coferment est elle-même aussi très faible, de sorte 
que l’analyse du mécanisme de cette exaltation ou paralysie de l'action 
des diastases devenait presque impossible. 


Au cours d'expériences diverses sur les réactions produites par les : 


rayons ultraviolets, nous avons été amenés à étudier l'influence produite 
par de faibles quantités d’alcali, d'acide ou d’autres corps différents. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 297 


Nous donnons ici seulement les résultats pour la décomposition de l'eau 
oxygénée par les rayons ultravio:ets. 
Les tableaux suivants indiquent les vitesses de réaction de décompo- 


, RÉ LDE 
sition de l’eau oxygénée prise toujours à la concentration 5p n0rmale ; 


la vitesse de réaction dans la solution aqueuse pure est représentée 
par 100. 


SOLUTIONS ACIDES H?S0* SOL. ALCALINES NaOH 
D D 

OL De dat nr D eo nl initie 
20 20000 10000 4000 2000 200 20 | 20000 2000 200 

Vitesse : 100 93 87 65 40 33 39 60 20 0 


n NES en 22 à 
Iode 3000000 Sublimé 70000 Cyanure de K 8000 


Vitesse : 100 60 33 


On voit très nettement que de faibles quantités d’acide ou d’alcali 
ralentissent la réaction; l’alcalinilé agit bien plus fortement que l'acidité 
Les « poisons » tels que l’iode, le sublimé et le cyanure de potassium, 

_ralentissent très considérablement la réaction et cela à des doses infini- 
tésimales, comparables à celles qui agissent dans les réactions des dias- 
tases et des métaux colloïdaux. 


Il ressort donc cette conclusion que les poisons des diastases peuvent 
agir non sur les ferments eux-mêmes, mais sur le corps qui est attaqué 
par les ferments. C’est sur l’eau oxygénée que se produit l’action de 
l’iode ou du sublimé et non sur le platine colloïdal ou la catalase, 
comme on le pensail jusqu'ici. 

Ce résultat permet donc d'envisager dans un grand nombre de cas 
l'action des coferments et celle des antiferments comme se produisant 
sur le corps à transformer et non sur le ferment, de facon à rendre le 
corps, soit apte à être attaqué par un catalysateur qui estle ferment, soit 
au contraire résistant à son action. C’est donc une orientation nouvelle 
de la question. 


298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


MODIFICATIONS LEUCGOCYTAIRES AU COURS DE L'AUTO-HÉMATOTHÉRAPIE (1), 


par Cu. MarTrer. 


Après les travaux de Mayer et Linser, de Freud, injectant chez la 
femme gravide malade du sérum de femme saine et les essais de Muller 
traitant par le sérum humain les nourrissons athrepsiques ou infectés, 
Spiethoff pratiqua l’autosérothérapie. Ravaut, tout récemment, préco- 
nisa une nouvelle méthode : l’auto-hématothérapie. « Il place une liga- 
ture au bras et prélève, dans une veine, au moyen d’une seringue en 
verre munie d'une aiguille assez grosse, la quantité de sang qu'il veut 
réinjecter, puis, aussitôt ce prélèvement fait, le sang est réinjecté sous 
la peau ou même dans l'épaisseur des muscles fessiers. En opérant 
rapidement, on n’a pas à redouter la coagulation. » Ravaut pratiquait 
ainsi les injections tous les huit jours; il paraît préférable de faire tous 
les deux jours, voire même quotidiennement, une injection de 20 à 
25 ce. c. Différentes affections cutanées, deux cas d’orchite blennorragique 
ont été ainsi traités avec les meilleurs résultats. 

Sous la direction de notre maître, M. le professeur Alezais, il nous 
a été donné d'utiliser l’auto-hématothérapie dans la variole (injec- 
tion quotidienne de 20 c. €.) : « Au point de vue clinique, modifications 
peu appréciables chez les quatre malades traités. » 

L'examen du sang au point de vue leucocytaire avait été dans chacun 
des cas pratiqué au débat, puis après chaque injection nouvelle, c’est-à- 
dire chaque jour à la même heure. Il nous fut donné de noter une hyper- 

-leucocytose progressive. Sans rattacher absolument à l’auto-hématothé- 

rapie ce phénomène assez normal dans la variole en évolution, il fut 
pratiqué dans la suite de nouveaux essais sur des malades à formule 
leucocytaire peu variable, et chez un sujet sain. 

Il a été donné ainsi d'observer dans le service de MM. les professeurs 
Alezais et Oddo trois typhiques et un sujet normal. Chez les trois 
typhiques se trouvant entre le 8° et le 15° jour de leur maladie, la leu- 
copénie, habituelle en pareil cas, mettait à l’abri de l'erreur. Voici les 
résultats obtenus. (Voir le tableau ci-contre.) 


Ainsi donc dans tous les cas, hyperleucocytose absolue au point de vue 
quantitatif. Peu ou pas de modificalions pour les hématies. Au point 
de vue qualitatif, les éléments qui deviennent plus nombreux sont les 
moyens mononucléaires dans 3 cas, les lymphocytes dans l’obser- 
vation IV: en même temps, apparaissent d'assez nombreuses formes de 


(1) Communication faite à la Réunion biologique de Marseille, dans la 
séance du 8 juillet. 


SÉANCE DU 26 JUILLET 299 
RE Re OT PI MEN De ere D EU 


transition; dans la suite, les polynucléaires reprennent leur nombre 
normal. 


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2 © CEE En El F E 
4 FA 
O8s. I. — Typhique. 
Avant toute injection. . .15.387.000| 4.650165,5 4%! 33 %1 2 115,5115,5] 1,5] B. | N. |» 
24 h. après la 1re injection. |5.177.000| 5.828159 37 1 |21,9/14,5! » il 3 » 
24 h. après la 2e injection . 5.657.000 12.500159 On d7121%7118;0i|b 0,51N0;2 2% 
24 h. après la 3e injection. |5.425.000|13 175165 27 1,9117,5/8 » 1 » [95,0 
4 jours après la 3einjection.|5.285.000| 8.060157 34 1,3116 |5 3 » » |6 
Os. II. — Typhique. 
Avant toute injection . . .[5.766.000! 6.975, 78 %1 22 %1 5 114,5] 2,5] » | B. | N. |» 
24 h. après la 1re injection.|5.687.000| 8.673] 60 39 4 [20 |15 » | 0,51 0,51» 
24 h. après la 2e injection.|5.795.000|13.500| 62 22:,8:|"2:3116 2951 oe EEE OEUTS 
24 h. après la 3e injection.|5.223.500/14.725| 65 27 1,5117,5| 8 D oi 4102)6 
4 jours après la 3einjection.|5.828.000| 7.535] 51 435541192123 2 MT, 5) 512» » [5,5 


Ogs. III. — Typhique. 


Avant toute injection . . - |3.103.100| 5.270| 71 %1 20 %I 7 9 | 4 2IRB NN TES 
24 h. après la {re injection. |2.799.300)10.850| 58 30 » | 20 |10 » » » |12 
24 h. après la 2e injection. |2.875.700| 8.122| 66 29 (DEAD TRE ns » 20 |NS 
24 h. après la 3e injection.|2.914.000!13.020! 78 18 2 14% |°2 » » » #3 
Malade encore en observ. » » » » » » » » » » | » 


Ogs. IV. — Sujet normal : Epileplique au régime déchloruré (en dehors des crises). 


Avant toute injection . . .[4.619.000! 3.472] 65 %1 35 %1 v» [14 21 » » » |» 
24 h. après la 1re injection.|4.991.000! 8.525| 52 44 » |14 30 » » » |4 
24 h. après la 2e injection.|4.850.000/13.650| 51 40 » |12 28 » » » |9 
24 h. après la 3e injection. |4.650.000!18.600! 65,5 | 28,5 | 1,5119 8 » » » [6 
4 j. après la dernière inject.[5.365.000! 7.750! 62,5 | 35 3,5119,51|1 42 » » PRES 


Si on cesse les injections, on note une diminution du nombre des leu- 
cocytes, puis un retour très lent à l’état normal en quatre jours généra- 
lement. Dans l'observation IIL, il est à noter que la dose de 20 €.c. 
n'ayant pu être atteinte, la malade reçut seulement 5 c.c. de sang. La 
numération suivante accusa un nombre de leucocytes inférieur au total 
précédent. 

Il faut observer également que ces injections pratiquées aussi asepti- 
quement que possible, n’ont jamais donné lieu à aucun phénomène 
douloureux ou inflammatoire. 

Telles sont les données obtenues par une rapide observation. On peut 
rapprocher aussi ces modifications desrésultats obtenus par Hamburger 
et Reuss, qui provoquèrent l’hyperleucocytose chez le lapin en lui injec- 
tant du sérum de lapin; l'hypoleucocytose, au contraire, en utilisant du 
sérum d'animaux divers. 

Même contraste dans les résultats obtenus par Gabritchewsky et 


230 SOCIÉTÉ DE .BIOLOGIE 


Billing, Schlesinger Ettone, Paris, chez l'enfant traité par le sérum 
antidiphtérique ; ici, hypoleucocytose comme chez les adultes traités 
par le sérum de cheval préalablement saigné (Thèse de Seta). 


(Travail du laboratoire d'anatomie pathologique du professeur Alezais.) 


ERRATA 


NoTE DE M. FRENKEL. 
T. LXXV, page 1, ligne 19 du sommaire, au lieu de : Créatine et hypobromite, 
lire : Créatinine et hypobromite. 
NOTE DE J. GIAJA. 
T. LXXV, page 35, ligne 4, au lieu de : d'action sur l'Hélix, lire : sur l’action du 
suc d'Helix, 
Note DE H. Busoquer ET M. TiFrENEAU. 


T. LXXV, p.144, ligne 30, au lieu de : le cœur de chien, lire : la pointe du cœur 
de chien; ligne 31, au lieu de : dans cet organe, lire : dans ce fragment d'organe. 


Vacances de la Société. 


En raison des vacances de la Société, la prochaine séance aura lieu 
le 148 octobre. 


REUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


SÉANCE DU 19 JUIN 1913 


SOMMAIRE 
Ioxesco-Mraaïestr (C.) : Sur la vaccination, au niveau d'une cica- 

- toxicité du sérum de lapin immu- trice vaccinale datant de un an .. 236 
nisé et sur ses relations avec les MaRiNesco (G.) et Mina (J.) : Rela- 
phénomènes d’anaphylaxie. (Troi- tion entre les Treponema pallida et 
sième communication). . . . . ... 236 | les lésions de la paralysie générale. 231 

Jaco8son (GR.) : Réaction inflam- Pauresco (N.-C.) : Origines du 
matoire à l’occasion d’une nouvelle DIVCOPONER ER EE MT een 233 


Présidence de M. G. Marinesco, président. 


RELATION ENTRE LES « TREPONEMA PALLIDA » ET LES 
LÉSIONS DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE, 


par G. MariNesco et J. MINEA. 


La remarquable découverte de Noguchi, confirmée par nous-mêmes, 
puis par MM. Marie, Levaditi et Bankowski, est de nature à ouvrir des 
horizons nouveaux à l'étude de la paralysie générale au triple point 
de vue de sanature, de la marche clinique et de l'anatomie patho- 
logique comme au point de vue du traitement. En ce qui concerne 
la nature de la maladie, on doit rejeter l'hypothèse que la maladie de 
Bayle serait une toxicose due à quelques produits solubles du tréponème 
pâle, mais il s’agit bien dans cette affection d'une spiriliose. Il n’y a 
pas de véritable paralysie générale en dehors de l’action des spirochæte 
pallida ; il est vrai qu’on peut toujours objecter à cette manière de voir 
que le tréponème päle n’a pas été décelé dans tous les cas de paralysie 
générale, mais cette objection est facile à réfuter. En effet, déjà Nogu- 
chi, dans son second travail, a trouvé que le pourcentage des cas posi- 
tifs est plus considérable lorsqu'on étudie une pius grande surface de 


239 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


cerveau ; puis, nous avons pu découvrir, au niveau des circonvolutions 
frontales, des tréponèmes dans deux nouveaux cas de paralysie générale 
à l’aide de l’ultramicroscope. Dans le premier, il s'agissait d'un adulte 
âgé de 45 ans, présentant des phénomènes de démence peu accusés, 
sans troubles délirants, le malade étant mort à la suite des attaques 
épileptiformes répélées. Dans le second, il s’agit d’un sujet âgé de 
vingt ans, atteint de paralysie générale juvénile avec Wassermann 
positive dans le sang et le liquide céphalo-rachidien, paralysie due, 
suivant toutes les probabilités, à la syphilis héréditaire. En faisant usage 
de la ponction du cerveau au niveau du pied de la Il° frontale, nous avons 
pu constater quelques rares tréponèmes. Presque en même temps que 
nous (1), MM. Marie, Levaditi et Bankowski ont attiré l'attention sur 
la présence constante du tréponème dans le cerveau des paralytiques 
généraux mort en ictus el signalé en même temps comme nous l’avions 
fait auparavant, l'imperfection de l’imprégnation des tissus de la mé- 
thode à l'argent. 

Les cas négatifs, car nous avons examiné un très grand nombre de 
cerveaux de paralysie générale, peuvent s'expliquer de deux manières 
différentes : 1° Quelle que soit la méthode d'imprégnation, on ne peut 
mettre en évidence le tréponème que dans un nombre restreint 
de cas, el encore faut-il examiner systématiquement les différentes 
régions de chaque circonvolution, car les spirochètes ne sont jamais 
répandus dans toute la masse d’une circonvolution, mais sont réunis en 
groupes dans certaines régions de l'écorce où ils forment des foyers 
limités en général sur un versant de la circonvolution, tandis qu’au 
voisinage ils fontcomplètement défautoù s’y trouvent disséminés aupoint 
qu’on n’en rencontre que quelques-uns sur une coupe. En ce qui concerne 
la technique nécessaire pour mettre les spirilles en évidence par la 
méthode d'imprégnation à l’argent, nous ferons remarquer qu’en géné- 
ral celle de Cajal à l'alcool ammoniacal permet de les retrouver dans 
tous les organes et dans les méninges; il n’en est pas de même pour le 
système nerveux central. Ici, à cause du grand nombre de fibres ner- 
veuses, il faut recourir à la méthode lente préconisée par Levaditi ou 
celle plus récente de Noguchi. 

2° Il est certain que les spirochètes, après avoir pullulé dans une 
région donnée de la substance grise, émigrent ensuite dans le voisinage 
à travers les espaces libres qui se trouvent entre les lissus nerveux et 
névrogliques. Dans ce trajet, ils déterminent des réactions chimio- 


(1) Nous avons présenté à la Société des Sciences médicales de Bucarest 
(séance du 9 mai 1913), une note dans laquelle nous avons mis en évidence 
les relations qui existent entre le tréponème pâle et les lésions de la para- 
lysie générale et les différences anatomiques qui existent entre cette dernière 
et la syphilis cérébrale. 


) SÉANCE DU 19 JUIN 233 


toxiques et des lésions parenchymateuses; ceci se comprend facilement 
si l’on tient compte que les spirilles sont animés de mouvements de 
progression. En outre, leur multiplication leur permet de constituer de 
nouveaux foyers, mais, fait important, ils ne déterminent pas à ce niveau 
des lésions comparables à celles d’un syphilome ou à celles de la syphilis 
méningitique dans cetie affection héréditaire ou dans la syphilis 
acquise. On sait en effet que, dans la paralysie générale, il n°v a pas de 
lésions endartérites ou périartérites comme cela a lieu dans les syphi- 
lomes, mais les spirochètes déterminent l'apparition d'un nombre plus 
ou moins grand de cellules plasmatiques dans la gaine périvaseulaire 
des vaisseaux, lésions qui constituent en sommel'un des éléments essen- 
tiels du substratum anatomo-pathologique de la paralysie générale. Du 
reste, ni au point de vue de la constitution histologique des lésions de 
cette maladie, ni au point de vue de son évolution, on ne peut pas éta- 
blir d'identité entre elle et le syphilome. 

Donc, nous considérerons la paralysie générale corime une syphilose 
- diffuse où l'on ne trouve pas de lésions en foyer contrairement à ce qui 
peut arriver dans la syphilis héréditaire (Ranke) ou dans la syphilis 
cérébrale. Du reste, si l’on fait des coupes sériées d'une circonvolution 
frontale, on s'aperçoit que la lésion a gagné toute son étendue tandis 
que les spirochètes y sont cantonnés à une région très limitée, ne dépas- 
sant pas même un millimètre. C’est là également une particularité très 
caractéristique des lésions de la paralysie générale. Par conséquent, 
nous nous croyons autorisés d'admettre que le tréponème, apporté le 
plus souvent par la cérébrale antérieure, circule dans la gaine adventice 
des artères nourricières de l'écorce et se localise de préférence dans 
les capillaires polygonaux silués au-dessous de la deuxième couche et, 
de là, diffusent dans le parenchyme de la III couche, où ils produisent 
des lésions du côté des tissus nerveux; plus tard, ils peuvent envahir 
les capillaires profonds. 


ORIGINES DU GLYCOGÈNE, 


par N.-C. PAULESCo. 


I. — Procédé expérimental. 


Pour arriver à connaître quelles sont les sources d'où dérive le glyco- 
gène (1), nous avons employé la méthode de l'ingestion. 


Cette méthode peut être appliquée des deux manières : 
4° Dans un premier procédé, on expérimente sur deux animaux. 


(1) Pour la bibliographie et pourles détails expérimentaux, voyez Paulesco, 
Travaux du laboratoire, qui va paraître chez Vigot, édit., Paris. 


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SÉANCE DU 149 JUIN DS 


O8 


L'un d’eux est d’abord mis à l’inanition, pendant un certain temps. Puis, 
il est nourri avec des aliments déterminés. Finalement, il est tué et l’on dose, 
dans le foie, — et aussi dans d'autres organes, — le glycogène formé par suite 
de cette alimentation. 

L'autre animal sert de témoin. Il est maintenu au jeûne pendant le même 
temps que le précédent. Ensuite, — sans avoir recu aucune nourriture, — il 
est sacrifié et l’on cherche la teneur en glycogène du foie et des autres organes. 

Ce dernier animal est censé rendre compte de la quantité de glycogène 

qui serait restée chez le premier animal après l’inanition et avant d'avoir pris 
des aliments. 

En réalité, ce procédé est fort défectueux et expose à des erreurs, car les 
expériences manquent de point précis de comparaison. 

2° Dans un deuxième procédé, on expérimente sur un seul et même animal. 
Cet animal est d’abord soumis à un Jeüne de plusieurs jours. Puis on lui 
extirpe chirurgicalement un lobe du foie, dans lequel on dose le glycogène. 
Lorsque les troubles qui tiennent à l'opération se sont dissipés, on lui fait 
ingérer la substance qu'on étudie; — après cela, on le tue et on détermine 
la quantité de glycogène du reste du foie et aussi des autres organes, tels que 
les muscles. 

On a ainsi, d’une facon précise, la teneur en glycogène au foie du même 
animal, avant et après une alimentation déterminée. 

C’est ce procédé que nous avons suivi dans nos recherches. 


Il. — Les hydrates de carbone. 


Nous avons cherchésiles substances hydro-carbonnées, — le glycose, 
le saccharose, le lactose, le mallose, les dextrines, l’amidon, — consti- 
tuent véritablement des sources de glycogène. 

Nous avons expérimenté sur des chiens de taille moyenne qui, après 
un jeûne de six à quatorze jours, ont subi l’ablation d’un lobe du foie. 

Le lendemain ou le surlendemain, on leur a fait ingérer, pendant deux 
_ à quatre jours, une certaine quantité (de 50 grammes à 700 grammes) des 
divers hydrates de carbone à étudier. Puis on les a tués par la section du 
bulbe et ona pris du foie, du cœur et des muscles. 

Le dosage du glycogène, fait par la méthode de Pflüger, est rapporté 
dans le tableau ci-dessus. 


Conclusion. — Les substances hydro-carbonées, — glycose, saccha- 
rose, lactose, maltose, dextrine, amidon, — constituent des sources cer- 
taines de glycogène, qui s’accumule surtout dans le foie. 


9236 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


RÉACTION INFLAMMATOIRE A L'OCCASION D'UNE NOUVELLE VACCINATION, 
AU NIVEAU D'UNE CICATRICE VACCINALE DATANT DE UN AN, 


par Gr. JACOBSON. 


J'ai publié à la Réunion biologique de Bucarest (séance du 
30 janvier 1908) l'observation d'une dame qui, revaccinée par moi, a 
présenté à l’occasion de cette vaccination une réaction inflammatoire 
autour d’une ancienne cicatrice vaccinale datant de l’enfance. 

J'apporte aujourd'hui une observation du même genre : 

P J 8 


L'enfant M. E... a été vaccinée au bras par un confrère au commence- 
ment de mai 1912. Au dire de la mère de l'enfant, il y a eu une petite 
pustule vaccinale qui à duré une quinzaine de jours en tout. Celte 
vaccination a laissé une toute petite cicatrice. 

Or, cette année, devant vacciner la sœur de cette enfant, les parents 
m'ont demandé de revacciner également M. E.., n'étant pas certains, 
disaient-ils, que le vaccin eût pris. Je fais 3 inoculations au mollet le 
14 mai 1913. Le 25 mai, étant passé revoir l'enfant, je constate au mollet 
3 pustules vaccinales en plein développement. En même temps, la mère 
me montre le bras de l'enfant, sur lequel on voit, exactement sur 
l’ancienne cicatrice vaccinale, un groupe de vésicules d’herpès 
strictement limilé en ce point. Les vésicules ont duré autant que les 
boutons de vaccin et ont disparu au moment de la dessiccation des 
pustules. 


SUR LA TOXICITÉ DU SÉRUM DE LAPIN IMMUNISÉ 
ET SUR SES RELATIONS AVEC LES PHÉNOMÈNES D'ANAPHYLAXIE 


(Troisième communication), 


par C. Ionesco-MinaiEsri. 


I. — Le sérum de lapin, immunisé contre les hématies de mouton, 
et inoculé dans la veine du cobaye, provoque des accidents en tous 
points comparables à ceux qui accompagnent le choc anaphylactique. 
Avec une dose convenable (variable d’un sérum à un autre), on peut 
produire un choc rapidement mortel. La mort de l'animal est toujours 
accompagnée d'un abaissement considérable du pouvoir complémen- 
taire (pour un système hémolytique 56 degrés) de son sérum. 

Pour mettre en évidence cette propriété, nous nous sommes servis de 
deux échantillons de sérum de cobaye : Le n° 4 prélevé avant l’inocula- 


= | 


SÉANCE DU 19 JUIN 23 


tion du sérum de lapin, et le n° 2 prélevé pendant le choc et immédiate- 
ment après la fin de la période des convulsions. Ces sérums étaient 
mis en contact en proportions variables avec un système hémolytique 
inactivé (dilution de sérum hémolytique 56 degrés + hématies corres- 
pondantes en émulsion à 5 p. 100). Après une demi-heure d’étuve à 
31 degrés et vingt-quatre heures de glacière, les résultats sont soi- 
gneusement notés. 


Dans ces conditions, nous avons pu constater, en général, une dispa- 
rition presque complète du pouvoir alexique du sérum de cobaye, après 
le choc. 

Si le système hémolytique inactivé dont nous nous servons pour 
mettre en évidence la disparition de l'alexine est un système anti- 
mouton, l'abaissement du pouvoir alexique est moins marqué, en 
apparence, Île titrage de l’alexine du cobaye inoculé, étant, dans ce 
cas, faussée par l'introduction avec le sérum toxique d’une certaine 
quantité d'anticorps hémolytiques pour les globules de mouton. On 
sait, d'autre part, que l'augmentation de l’ambocepteur dans un sys- 
tème hémolytique compense, jusqu'à un certain point, le manque 
d’alexine. 


II. — Ce même sérum (lapin immunisé avec des hématies de mouton) 
précipite avec le sérum frais de cobaye. Cette précipitation est variable 
d'un sérum à un autre : elle est très accentuée dans certains cas. Il ne 
nous à pas été possible d'observer une proportionnalité directe entre 
le degré de précipitation et l’activité toxique du sérum. 


Voici le détail d’une de ces expériences : 


SERUM SÉRUM EAU ; 
cobaye lapin physiologiqne RÉSULTATS NOTÉS APRÈS 24 HEURES 
dilution 1 p. 1. vacciné. 9 p. 100. 
1 CAC + 0,2 cc + SEC: — Précipitation nulle. 
2° AN C7C + 0,4 cc + 1ENCEC: — Précipitation nulle. 
3. 1 c.c 10:38 c.c:2—7 12 c. c. — Précipitation à peine visible (léger trouble). 
4. IMC: C: ne mdi0iC- CE 10Ëc.c: — Précipitation peu marquée. 
5. 1 c.c. + 2,0 c.c. + 00 c.c — Précipitation marquée (dépôt). 


Les tubes sont mis pendant une heure à 37 degrés et gardés vingt heures à 
la glacière. Dans les mêmes conditions, un sérum de lapin normal ne donne 
aucune précipitation. 


IT. — Si l’on ajoute à du plasma oxalaté (lapin ou cobaye) quelques 
gouttes de ce sérum toxique et précipitant, et si l’on recalcifie ensuite, 
on observe un notable retard de la coagulation du plasma dans les 
tubes où nous avons ajouté ce sérum. 


BioLoGie. Coupres RENDuS. — 1913. T. LXXV. 46 


238 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Voici comment nous avons disposé notre expérience : 


COAGULATION Fi 

CR." ES 

152209074307 
T. 1.9 c.c. Call* 0,35 0/0 + sér.-lapin 5 : 4 g. + 0,5 c.c. Plasma cob. oxal. 1 °/o0 = 0 0 cn 
9. 210.02 —00,35 Lost, =) 15: 810.705 ic.c. — 1795560) 0 + 
F.23./9 ‘cc... —: 0,35 0/60: 47 — : 5 1,19-g: HE 0,5°c.c. — 4590/6070 0 + 
Te. 4 9-c.cf =" "0,85 2/00 Æ Ÿ =: 57: 20 ge. + 0,5-:c.'c: — 1e SA 0 0 + 
T. 5. 2 c.c. — 0,35 °/09 + lap. normal : 5 g. + 0,5 c.c. — PER 0 + 
T. 6.2 c.c. — 0,35 °Jo0 + — 28 g. + 10,5 cc: — 10) Go Are 
Re 27.94c:c;—. 0,3500/60 +4, — 12/9000 CAC: — 10/60 EE 
HR 9 (CC HO 3500 2180 gp "E00,5"c:c: = 1:50 Co SE SE Sr 
T. 9.2 cc. — 0,35 0/0 +  — 5 + 0,5 c.c — 1000 #k 2 
Te 10. 2 cie. —. 0,385 /n + — + 0,5 c.c = TOY REEE LESC 


Les mélanges sont gardés à la température de la chambre et observés de 
5 en 5 minutes. Les résultats ont été notés après 15, 20 et 30 minutes. 


Il résulte donc de cette expérience que le sérum toxique et préci- 
pitant exerce une action empéchante sur la coagulation du plasma 
oxalaté et recalcifié. Cette action anticoagulante se manifeste par un 
retard (de 15 à 25 minutes) sur les tubes témoins. 

Dans toutes ces expériences, nous avons employé uniformément le 
sérum toxique trois jours après la saignée. Nous avons cherché à 
déterminer l’action anticoagulante de ce sérum sur le plasma oxalaté 
du lapin. Nous n'avons pas observé de différences appréciables entre la 
coagulation de ce plasma et celui du cobaye. 


(Travail du laboratoire de médecine expérimentale. 
Faculté de médecine de Bucarest.) 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


SÉANCE DU 


18 OCTOBRE 


1913 


SOMMAIRE 


* Camus (JEAN) et PoraKk (RENÉ) : 
Ablation rapide et destruction lente 
des capsules surrénales . . , . .. 
CARNOT (PAUL) Remarques à 
propos de la communication de 
MAS KGON BOIRE Re Se ee 
DunaMEL (B.-G.) : Action compa- 
rée des injections intraveineuses 
de métaux colloïdaux électriques et 
de sels métalliques sur le cœur du 
Eee GO) RE RS 
Grysez (V.) : Influence des inha- 
lations répétées de bacilles tuber- 
culeux virulents ou modifiés sur 
l'évolution de la tuberculose chez 
eRCODAy ER PRE NE ee 
GRYsEz (V.) et CERTAIN (B.) : 
la vaccination contre la peste par 
la voie conjonctivale à l’aide de ba- 
cilles sensibilisés vivants . . . . .. 
Iscovesco (H.) : Poids normaux 
absolus et relatifs de quelques orga- 
nes et de quelques glandes à sécré- 
tion interne chez le lapin ..... 
KzinG (Carr) : Vaccination pré- 
ventive contre la varicelle. . . . . . 
KronGozp (Sopnie) : Note sur la 
transplantation de l'intestin d’em- 
bryon du rat sous la peau de lani- 
mal adulte de la même espèce . .. 
Laron (G.) : Sur le passage de la 
sécrétion interne au pancréas du 
HetUSAd 18 Mere. .1.250 he eee 
Lauxoy (L.) : Le fer du sang chez 
la poule normale et dans l'infection 
par le Spirochæta gallinarum Mar- 
CHOUXSES AUNMEDENI, EM ee 
Launoy (L.) et Lévy-BrunLz (M. : 
Sur l’anémie observée chez la poule 
au cours de l'infection par le Spi- 
POCRÆLG GAILINATUM. 1.8 à .C. 
LEGENDRE (R.) : Action de quel- 
ques chlorures sur les cellules ner- 
veuses des ganglions spinaux isolés 
de l’organisme 


elle re te cote. #01 8e ects 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. = 1913, 


253 


279 


281 


246 


Manceaux (L.) : Sur les polynu- 
cléaires éosinophiles hématophages. 
MarottTe et Morvan : L’éosino- 
philie dans la filariose. . . . . . .. 
Muzox et Porax (RENÉ) : Struc- 
ture de surrénales accessoires en 
état de suppléance fonctionnelle . . 
OcGawa (M.) : Sur un trypanosome 
de Triton pyrrhogaäster. . . . . . .. 
REGNAULT (FÉLIx) : De l'emploi du 
mélronome de poche dans la marche. 
Rerrerer (Éb.) et FÉNIS (F. DE) : 
Des disques adhésifs de certaines 
Chauves SOULIS TARN à 
Roupsky (D.) Sur la culture 
aseptique de Zea mais en milieu 
liquide, où l'azote minéral est rem- 
placé dès le début par du sérum 
sanguin du cheval (Communication 
DrélimiInaire)e ee. 
RouGEenTzorr (D.) : De l'immunité 
acquise par les animaux auxquels 
on fait à la queue des vaccinations 
préventives de cultures du microbe 
de la péripneumonie. . ........ 
SouLa (L.-C.): Le mécanisme de 
l’anaphylaxie. 'Anaphylaxie et sa- 
vonsh{Sixrème note) CL. 
WEINBERG : Remarques à propos 
de la communication de M. Man- 


Réunion biologique de Nancy. 


BEAUVERIE (J.) : Corpuscules mé- 
tachromatiques et phagocytose tee 
lESAVÉDÉTAUX eee Re 

BusQuEr (H.) : Modification, sous 
l'influence de la pilocarpine, de la 
réaction ventriculaire consécutive 
à la fibrillation des oreillettes, chez 
le CHIENS, DR ue 

SARTORY (A.) et GIMEL (G.) 


T, LXXV. 17 


239 


240 


10 
—1 
(er) 


211 


213 


287 


240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


voir antiseptique du perborate de cencerlécithinique, 24 ne 29% 
soude associé à l’iodure de potas- SOKOLOv : Contribution au pro- 
sium, en présence de l'eau. . . .. 290 | blème de la régénération des pro- 
tozooaires. (Première communica- 

Réunion biologique de St-Pétersbourg. | tion) .......:.......... 297 
: Soxozov : Contribution au pro- 
ILUNE (M.-D.) : Sur la physiologie blème de la régénération des pro- 
AU ÉDÉSIO RES de ete 293 | tozoaires (Deuxième communica- 

PITCHOUGUINE : Sur la dégénéres- DON) 2 D CRT CRT RS 299 


Présidence de M. Dastre. 


OUVRAGE OFFERT. 


M. Josué. — J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de la Société un 
exemplaire de mon rapport au XVII Congrès international de Londres, 
sur tes « localisations cardiaques ». - 

J'ai montré, dans ce travail, d’une part, sur quelles données physio- 
logiques et anatomiques repose cette notion nouvelle et, d'autre part, à 
l'aide de quelles méthodes d'exploration et par quels signes on arrive à 
préciser Les localisations cardiaques chez le malade. 


SUR LES POLYNUCLÉAIRES ÉOSTNOPHILES HÉMATOPHAGES, 


par L. MANCEAUX. 


Dans une communication récente au sujet des fonctions phagoey- . 
taires des polynueléaires éosinophiles, M. Weinberg et P. Séguin, à la 
suite d'études in vitro, déclaraient que ces leucocytes étaient capables 
de digérer non seulement des bactéries, maïs aussi des globules rouges. 

En ce qui concerne les fonctions hématophages de ces polynueléaires, 
nous pouvons relater deux observations qui ajoutent à ces expériences 
faites in vitro la confirmation résultant de la constatation in vivo des 
mêmes phénomènes. 

En examinant des exsudats pleurétiques où l’on rencontre, comme 
on le sait, presque toujours des globules sanguins et assez souvent des 
éosinophiles, nous avons observé, dans deux cas récents et successifs, 
des polynucléaires éosinophiles hématophages. Dans un premier cas, 
nous avons noté un de ces leucocytes non douteux (coloration de 
Giemsa) englobant un globule sanguin. 

Dans le second cas, deux éosinophiles présentaient des hématies en 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 944 


inclusion. Les figures étaient fort nettes. Les cellules sanguines avaient 
conservé leur forme et leur caractère colorant; elles étaient nettement 
englobées dans le protoplasma, refoulant le noyau sur le côté, et 
entourées par les granulations acidophiles. 

De telles constatations sont évidemment fort suggestives et montrent 
nettement le rôle hématophage des polynucléaires éosinophiles. Reste 
à savoir si ce rôle est accidentel ou constitue une fonction habituelle. 


(Laboratoire de bactériologie du VI corps d'armée.) 


M. WeinBER6. — L'observation de M. Manceaux est très intéressante ; 
elle concorde avec les constatations inédites que nous avons faites avec 
M. Séguin. En effet, les propriétés phagocytaires des éosinophiles 
peuvent se manifester aussi bien in vitro qu'in vivo. 

En ce qui concerne la phagocytose des hématies, nous avons 
observé non seulement l'englobement, mais aussi la digestion complète 
des globules rouges (de cheval) par les éosinophiles, à la suite de l'injec- 
tion de ces globules rouges dans la cavité péritonéale du cobaye. 


L’ÉOSINOPHILIE DANS LA FILARIOSE. 


Note de MARoTTE et Morvan, présentée par CLERC. 


L'éosinophilie a été maintes fois signalée dans la Filariose et les 
auteurs s'accordent sur sa constance chez les malades alteints de 
F. loa. De même sa fréquence a été relevée chez les sujets infestés par 
F. bancrofthi. Par contre, jusqu'à ce jour, elle n’a pas été mise au 
compte de #”, perslans. À s’en référer à ces observalions, les modifica- 

tions leucocytaires seraient parallèles à la périodicité et au nombre 
des embryons circulant dans le sang périphérique; elle s’atténuerait ou 
même disparaitrait après l'extraction ou la mort des filaires. Les filaires 
possédant des embryons sanguicoles ne sont pas seules capables de 
déterminer l'éosinophilie. Le #. medinensis la provoque également. 
D'autre part, elle a été constatée dans les filarioses animales (chien, 
cheval). 

Nous avons eu l’occasion d'étudier de très près un groupe impor- 
tant de Noirs appartenant au bataillon Sénégalais d'Algérie comprenant 
1.339 indigènes, dont 811 tirailleurs, 386 femmes, 142 enfants (4). 
Chaque individu a fait l'objet d'examens hématologiques diurnes et 


(4) Marotte et Morvan. La Filariose au bataillon Sénégalais d'Algérie. Arch. 
de Méd. et de Ph. militaires, n° 1, 4913. 


249 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


noclurnes, souvent même répétés. Plus de 3.000 lames colorées ont été 

étudiées. Dans ces conditions d'observation, nous avons dépisté 
313 porteurs de microfilaires, soit 23,37 p. 100. Étant donné le nombre 

élevé des sujets filariés, il semble que l’éosinophilie aurait dû se 
montrer très commune au bataillon sénégalais d'Algérie, d'autant plus 
qu'on s'accorde à reconnaitre aux Noirs un parasitisme intestinal très 
fréquent, lui-même facteur d’éosinophilie. Or, voici les résultats de 
notre enquête : 


Sur 3 porteurs de micr. F. Loa. . . . . . . 2 cas d’éosinophilie: 
88 — de micr. F. Bancrofti. . . . 0 — — 
208 — de micr. F. Perstans + . 1 = = 
14 — de micr. F."associés. , 0 — — 


Un Noir porteur de #”. loa avec manifestation oculaire typique, hos- 
pitalisé pour bronchite, chez lequel, d’ailleurs, aucune microfilaire ne 
pût être décélée malgré des examens répétés, fournissait une proportion 
moyenne de 21 p. 100 d’éosinophilie. Il ÿ avait, en outre, auto- 
agglutination des hématies. 

Chez un second indigène, simplement porteur de micr. #. loa sans 
phénomènes cliniques, la proportion d’éosinophilie était moins accusée 
(8 p. 100). Aucun porteur de micr. #. banrrofli ne présentait d’éosino- 
philie appréciable. Une seule fois, sur 208 porteurs de micr. 
F. perstans, la réaction oxyphile a été relevée, d'ailleurs discrète 
(5 p. 100) et seulement à l’examen nocturne. Le sang élail très riche en 
micr. F. perstans de la variété petite. Nous pouvons ajouter que l’éosi- 
nophilie manquait chez 3 porteurs actuels de ver de Guinée, évoluant 
discrètement, et chez 23 Noirs qui en avaient expulsé dans les six derniers 
mois; el de même chez 6 lépreux et 2 bilharziés. Pourtant plusieurs de 
ces sujets véhiculaient aussi des hémomicrofilaires diverses. Au tolal. 
sur 313 filariés, examinés de jour et de nuit, l’éosinophilie n'a été 
relevée que 3 fois. Chez 2 porteurs sains, elle était discrète ou peu 
accusée. Le seul Noir malade, atteint de manisfeslation filarienne | 
typique, est aussi le seul qui ait fourni un pourcentage élevé d’éosi-. 
nophiles. 

Sans doute, ces constatations ne concordent pas, à première vue, avec 
l’ensemble des observations publiées ; mais il faut bien remarquer que, 
à l'inverse des sujets qui en font l’objet, — malades hospitalisés pour 
accidents filariens, —- les Sénégalais du bataillon d'Algérie constituaient 
un groupemont sain, jeune et vigoureux, en excellent état général. Un 
seul cas excepté, leur filariose était absolument latente, uniquement 
relevée par le microscope. Les résultats négatifs de notre enquête, 
approfondie et pratiquée sur une vaste échelle, autorisent donc à con- 
clure que l'éosinophilie n’est pas un témoin fidèle et banal de la Fila- 
riose simplement limitée à « l'habitat de l'organisme par des filiaires » 


SÉANCE DU Â18 OCTOBRE 243 


_ (Le Dantec). Réaction de défense, elle n'apparait appréciable et per- 
_manente que si le parasitisme s'accompagne de manifestations cliniques 
plus ou moins sérieuses. 
L'éosinophilie n'est pas fonction directe de la filariose, mais des 
accidents qu'elle provoque. 


DES DISQUES ADHÉSIFS DE CERTAINES CHAUVES-SOURIS, 


par Éo. ReTTERER et F. DE FÉNIS. 


Jimenez de la Espada, puis Dobson (1) ont signalé et étudié les disques 
qu'on observe sur les membres d’une chauve-souris de l'Amérique tro- 
picale, le Thyroptera tricolor. Le disque de l’aile siège sur la première 
phalange du pouce et celui du membre abdominal sur la plante du pied, 
près du talon. Pour le premier de ces auteurs, ces organes adhérent 
comme des ventouses contractiles ; selon le second, leur périphérie seule 
s'applique sur les surfaces lisses, tandis que le centre s'excavant, ils 
fonctionnent comme des ventouses à air raréfié. 

Voici les résultats que nous avons obtenus par l'étude anatomique et 
histologique des disques adhésifs du thyroptère que nous devons à 
M. Anthony, du Muséum. 


Le thyroptère pèse (au sortir du formol) 6 grammes. Le disque de l'aile 
siège sur Le tégument de la première phalange du pouce. La phalange n’a qu'un 
calibre de Omm{10 à Omm12, tandis que le disque ovalaire a un grand diamètre 
(parallèle au grand axe du pouce) de 4 millimètres et un petit diamètre de 3Mm5, 
Le disque du membre abdominal est moitié plus petit; il est situé, non pas 
près du talon, mais sur la face plantaire du tarse. Malgré ces différences de 
position et de dimensions, les disques de l'aile et du pied présentent une 
structure identique. Les disques ont une épaisseur de 0"®4 en moyenne. 

Leur face externe est plane ou légèrement excavée; leur face interne est 
libre sur la périphérie, tandis que sa portion centrale est rattachée aux tégu- 
ments de l’aile ou du pied. Le disque n'est en réalité qu’une tubérosité ou une 
excroissance tégumentaire, dont les éléments ont subi diverses modifications. 
Sur les bords et la face interne du disque, l’'épiderme à la structure de celui 
du reste du corps et il est aussi pigmenté que ce dernier. Quant à l'épiderme 
de la face externe, il est moitié plus épais (18 à 20 ) et comprend une couche 
malpighienne, un stratum granulosum, très riche en éléidine et une couche 
cornée. Il émet par sa face profonde des bourgeons épithéliaux longs de 0P#5 
à Onn6 et larges de 18 u. 

Ea ce qui concerne les glandes, elles se divisent en glandes sébacées qui 
sont confinées à la face inférieure et sur les bords du disque et en glandes 


(1) Proceedings of the Zoological Society, 1876, p. 582. 


944 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : 


sudoripares qui sont répandues dans toute l'épaisseur du disque. Les tubes 
sécréteurs, larges de 18 u, sont très contournés et se continuent avec un con- 
duit excréteur qui se dirige vers l’épiderme de la face externe où il atteint 
un diamètre de 50 y. 

La modification la plus intéressante est celle du tissu conjonctif du derme, 
surtout dans le centre et la portion proximale du disque. 

En ces points, il s’est transformé en une plaque de tissu ferme, épaisse 
de Omm{ à Omm2, La plaque est fenêtrée, car de nombreuses glandes sudori- 
pares semblent la dissocier en territoires qui, selon les hasards de la coupe, 
offrent l’image de traînées radiaires ou d’une masse perforée d’orifices.Jimenez 
de la Espada et Dobson ont décrit la plaque comme formée de tissu cartila- 
gineux ; de fait, ce n’est pas du cartilage hyalin. La plaque est constituée par un 
tissu analogue à celui du nodule sésamoïde du tendon d'Achille de la gre- 
nouille : la masse intercellulaire se compose d’un feutrage de fibrilles conjonc- 
üves et d’une substance amorphe. Quant aux cellules, elles sont arrondies et 
ovalaires : leur noyau a 6 à 8 w; leur corps cellulaire mesure 40 à 12 w et est ; 
formé par un cytoplasma clair que circonscrit une membrane fine, colorée par 
l'hématoxyline. La plaque se compose donc de tissu vésiculo-fibreux. 

En résumé, le disque de l'aile ou du pied du thyroptère n’est qu'une portion 
saillante et modifiée du tégument : sa face libre ou externe montre unépiderme 
hypertrophié ; ses éléments dermiques se sont partiellement transformés en 
une plaque vésiculo-fibreuse et ses glandes sudoripares ont acquis un déve-. 
loppement considérable. 


Résultats et critique. — D'autres espèces de chauves-souris présentent, 
sur le pouce de l'aile et la face plantaire du pied, des dispositions qui 
figurent des ébauches de disques adhésifs sous la forme d’épaississe- 
ments cutanés. Selon Dobson, les Vesperugo nanus, tylopus et pacyhpus 
possèdent des formationsanalogues, de même que le genre Myxopoda de 
Madagasear(1). Cependant le derme et le tissu sous-cutané y sont moins : 
développés, moins hypertrophiés. On considère d'ordinaire ces organes 
comme fonctionnant à la façon de ventouses contractiles. L'absence de … 
fibres musculaires dans l’intérieur du disque ne parle pas en faveur de 
cette manière de voir. Les fibres musculaires striées qui s’attachent à 
sa face profonde peuvent tout au plus mouvoir ou déplacer l'organe. 
Une fois appliqués sur une surface ou un objet lisse, les disques peu- 
vent-ils être soulevés par leur portion centrale de façon à faire office de 
ventouses ? En tenant compte de la présence de la plaque vésiculo- 
fibreuse et de l'épiderme épais et corné, il nous semble que la produc- 
tion d’une pareille excavation est peu probable. La sueur versée par les 
nombreuses glandes sudoripares nous paraît humecter non seulement 
la circonférence du disque, mais encore toute sa face externe. En se 
répandant entre l'objet que touche la chauve-souris et le disque, la sueur 
constitue une couche intermédiaire qui adhère à la surface de l’un et 


(1) Voir : Leche, Bronns’ Thierreich. 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 245 


de l’autre. Elle représente ainsi une couche liquide dont le rôle est iden- 
tique aux liquides qu'on verse entre deux plaques métalliques appli- 
quées par leurs faces planes. On sait qu'il faut une grande force pour 
les séparer et que l’adhérence est due à la cohésion même des parti- 
cules liquides. Le thyroptera tricolor pèse 6 grammes en moyenne, de 
sorte que le poids du corps est insuffisant pour détacher les disques 
appliqués sur un objet. Le mécanisme de l’adhérence de la chauve- 
souris nous paraît comparable à celui des rainettes qui sont capables 
de marcher et de grimper sur des parois ou des surfaces lisses. La 
structure du bout des doigts et des pelotes adhésives de la rainette rap- 
pelle d’ailleurs singulièrement celle des disques du thyropière : l’abon- 
dance de glandes cutanées et l’épaississement fibreux du derme sont 
analogues à ce que nous montre le disque de la chauve-souris. 

Comment ces formations ont-elles pris naissance ? Elles siègent sur le 
pied et l'aile en des points qui permettent leur application simultanée sur 
une même paroi lorsque la chauve-souris veut prendre contact sur un 
plan lisse, vertical, par exemple. L’épiderme, épaissi et recouvert d'une 
forte couche cornée à la face libre du disque, reconnait même origine que 
les callosités qui se développent aux mains des ouvriers. Elles sont dues 
manifestement aux frottements. Quant à la plaque vésiculo-fibreuse qui 
existe dans le derme, elle ne saurait avoir d'autre origine que les sésa- 
moïdes vésiculo-fibreux, cartilagineux ou osseux que nous voyons se 
former dans les points où les capsules articulaires, les ligaments et les 
tendons glissent et frottent sur des parties dures. Si les disques adhésifs 
contiennent les mêmes matériaux que les téguments, la seule explica- 
tion rationnelle est la suivante : les excitations mécaniques plus intenses 
y ont provoqué une hypertrophie de leurs éléments, et, ensuite, la trans- 
formation du tissu conjonctif en tissu vésiculo-fibreux. Il est difficile de 
fournir la preuve que la langue du pic et du fourmilier s’est allongée 
par l'habitude de ces animaux de chercher leur nourriture dans Îles 
fentes étroites et profondes ou bien que le cou de la girafe s’est étendu 
en longueur sous les efforts que faisait ce mammifère pour atteindre et 
brouter le feuillage des arbres élevés. Il en va tout autrement pour les 
disques adhésifs : les contractions musculaires et leurs effets mécaniques 
suffisent amplement pour expliquer le mode de développement et la 
constitution de ces formations qui nous semblent avoir pris naissance 
de la façon suivante. 

En appliquant avec force certaines régions de ses membres sur les 
parois des rochers, le thyroptère a excité et irrité mécaniquement les 
parties correspondantes de ses téguments. L’épiderme a répondu par 
l'hyperplasie et l’hypertrophie de ses éléments qui ont élaboré une 
épaisse couche cornée; le derme s’est transformé en ces points en une 
plaque vésiculo-fibreuse, de même que les glandes sudoripares se sont 
multipliées et hypertrophiées. De là, évolution progressive et modifi- 


2/6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


cations de toutes les parties constitutives du tégument irrité et forma- 
tion des disques adhésifs. 


ACTION DE QUELQUES CHLORURES SUR LES CELLULES NERVEUSES 
DES GANGLIONS SPINAUX ISOLÉS DE L'ORGANISME, 


par R. LEGENDRE. 


Dans une série de notes publiées en collaboration avec H. Minot (1), 
j'ai étudié les phénomènes de survie que présentent les cellules ner- 
veuses des ganglions spinaux conservés in vitro dans du sang défibriné, 
et leurs variations sous l'influence de divers facteurs physiques : iso- 
tonie, température, agitation. 

Continuant ces recherches, j'ai substitué au sang défibriné quelques 
sérums artificiels : solution physiologique de NaCl, liquide de Ringer, 
liquide de Locke. Aucun de ces milieux n’a été suffisant pour remplacer 
le sang défibriné; aucun n'a provoqué de néoformations abondantes; 
dans tous, les cellules nerveuses des ganglions spinaux n'ont guère 
présenté que de banaux phénomènes de cytolyse. 

Désireux de connaître l’action des divers constituants des liquides de 
Ringer et de Locke, j'ai placé des ganglions spinaux de chiens, suivant 
la technique déjà décrite, dans divers chlorures uni- et bivalents, en 
solutions isatoniques. Voici les résultats de ces expériences. 


1. CHLORURES UNIVALENTS. — /VaCl à 9. p. 1.000 : Bühler avait déjà 
constaté que, dans la solution physiologique de NaCl, la substance chro- 
matophile des cellules des ganglions spinaux disparait en vingt-quatre 
heures; il interprétait ce fait comme une dissolution; il est plus vrai- 
semblable que c'est un phénomène d'’autolyse. Dans mes expériences, 
au bout de vingt-quatre heures, les cellules nerveuses sont un peu dimi- 
nuées de volume, leur noyau beaucoup plus; beaucoup ont perdu plus ou 
moins complètement leur substance chromatophile; celles du centre du 
ganglion se colorent en rose par l’éosine; à la périphérie, quelques-unes 
ont encore des corps de Nissl nettement individualisés, d’autres ne 
prennent plus qu'une teinte bleu pâle uniforme; les cellules névro- 
gliques sont très nombreuses à la périphérie où l'on observe quelques 
néoformations nerveuses. Après quarante-huit heures, l'augmentation 
de la névroglie et les néoformations ont cessé; la chromatolyse continue. 
Les troisième el quatrième jours, toutes les cellules nerveuses se colo- 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXVHIT, 1910, p. 795, 839, 885; 
t. LXIX, 4910, 618; t. LXX, 1941, p. 18, 1034; t. LXXI, 1911, p. 372. 


L© 


à SÉANCE DU 18 OCTOBRE AT 


rent en rose, quelques-unes seulement fixent un peu de bleu sur leur 
noyau. 

KCT à 11,46 p. 1000 : Dans la solution isotonique de KCI, les cellules 
nerveuses s’altèrent plus rapidement et plus profondément. Après 
vingt-quatre heures, celles de la périphérie sont très déformées, rata- 
tinées, déchiquetées, étoilées et forment souvent des masses bieues 
irrégulières, sans structure nette; celles du centre sont mieux con- 
servées, mais ne se colorent plus du tout par le bleu de méthylène. La 
névroglie n'est pas augmentée et l’on n'observe aucun bourgeonne- 
«ment. Après deux jours, les déformations cellulaires ont progressé, la 
substance chromatophile a disparu de presque toutes les cellules. Les 
troisième et quatrième jours, elles se colorent toutes en rose uniformé- 
ment (sauf quelques noyaux bleutés). 

NH°CI à 8,93 p. 1000 : La solution isotonique de NH*CI provoque sur- 
tout la vacuolisation des cellules nerveuses. Celles-ci diminuent de 
volume et se creusent rapidement de nombreuses vacuoles sphériques. 
La névroglie ne réagit pas. On n’observe aucun bourgeonnement. La 

- substance chromatophile se dissout dans le cytoplasma qui prend une 
teinte bleue uniforme, puis disparaît, d’abord au centre du ganglion, à 
la périphérie ensuite. 


2. CHLORURES BIVALENTS. — CaCl? à 17,07 p. 1.000 : La solution isoto- 
nique de CaCl provoque une diminution légère du corps cellulaire et 
une plus grande du noyau. Les cellules névrogliques n'augmentent pas 
sensiblement de nombre; les cellules nerveuses ne bourgeonnent pas. 
Mais la substance chromatophile ne disparaît pas, mème après quatre 
Jours, et reste sous forme de corps de Niss! ou de fins grumeaux. 

MgCE à 14,61 p. 1.000 : Même action que la solution de CaCl; les 
noyaux sont diminués, la substance chromatophile conserve sa forme 
normale et, même au bout de quatre jours, l'aspect du ganglion est peu 
modifié. 

BaCË à 32 p. 1.000 : La solution isotonique de BaCl? a la même action 
que celle de MgCl et conserve tout aussi bien la structure normale du 
ganglion. 

De cette série d'expériences résulte donc que, si les chlorures univa- 
lents {NaCI, KCI, NH'CI) sont incapables d'arrêter la chromatolyse des 
cellules nerveuses des ganglions spinaux isolés du corps et conservés à 
39 degrés, au contraire, les chlorures bivalents (CaCl°, MgCF, BaCl) 
l'empêchent absolument. 

Bien plus, ils rendent très stable la coloration au bleu de méthylène, 
puisque toutes mes préparations microscopiques de ganglions sortant 
d'une solution de chlorure bivalent, traitées simplement par l’éosine- 
bleu, ne se sont pas décolorées depuis plus d'un an qu’elles sont faites 
Peut-être cette observation pourrait-elle être utilisée pour rendre moins 


248 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


fugitives les colorations au bleu de méthylène, par exemple, en ajoutant 
un peu de chlorure de magnésium ou de baryum à l’alcool employé 
comme fixaleur ; je fais en ce moment des essais à ce sujet. 


LE FER DU SANG CHEZ LA POULE NORMALE ET DANS L'INFECTION 
PAR LE Spirochæta gallinarum MarRcHOUX ET SALIMBENI, 


par L. LaAunoy. 


Nos recherches avec M. Lévy-Brhuel, sur les modifications morpho- 
logiques et numériquesfdes éléments du sang, au cours de la spirillose 
de la poule nous ont conduit à déterminer la richesse du sang de la 
poule en fer. ion 

La technique employée dans ce but était la suivante : 

a) Récolle du sang. — Incision de 2 à 3 centimètres à la partie supé- 
rieure du cou; mise à nu d'une carotide; isolement de celle-ei, ponction 
avec les précautions aseptiques d'usage au moyen d’un tube effilé; on 
prélève 6 à 7 c.c. de sang; le liquide est transvasé dans un verre à 
précipité, stérile. Avec une pipette de À c.c. on transporte 5 c.c. de ce 
sang dans un matras à destruction; la pipette est ensuite lavée soigneu- 
sement avec 2 à 3 c.c. d’eau redistillée, de facon à entraîner par hémo- 
iyse la matière colorante des globules fixés sur la paroi de la pipette. 
Le sang de poule bien prélevé ne coagule dans ces conditions que très 
lentement, on a donc tout le temps voulu pour faire cette pelite mani- 
pulalion; si la prise est mal faite, le sang coagule très vite au contraire, 
même avant d’être transvasé, la coagulation se faisant en bloc ou bien 
sous forme de petits caillots mous. Tout sang qui nous a présenté des 
caillots, même très petits, n’a pas été employé. C’est done sur le sang 
total, bien liquide, n'ayant subi aucun début de coagulation que nos 
dosages ont été effectués. : 

b) Dosage du fer. — Le sang est additionné de 8 c. c. d'SO'H* chimi- 
quement pur à 66 degrés (procédé Bertrand); la destruction est faite à 
chaud sans addition d'acide nitrique ; la liqueur claire obtenue est égale 
à 2ou3c.c.; on l’additionne de 30 à 40 c. c. d’eau ‘redistillée bouillie. 
Le sel ferrique est réduit par HS au bain-marie à l'ébullition. Quand la 
réduction est totale, on chasse H°S en excès par un fort courant d'acide 
carbonique, à chaud. On laisse refroidir dans un courant de CO”, on titre 
dans le matras même par une solution de permanganate N/100 titrée 
par l'acide oxalique. Le titre de notre solution de permanganate était 
vérifié fréquemment. 

Une précaution à prendre pour la chasse rapide de H°S en excès con- 
siste dans le remplacement de tout le système : bouchon de caoutchouc 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 249 


et tubes abducteur et adducteur des gaz quand on passe de H°S à CO”. 
L'opération est donc conduile depuis la prise de sang jusques et y 
compris la titration dans un seul récipient. 
Pour 9 cas, nous avons trouvé les chiffres suivants : 


FER GLOBULES ROUGES 
POULES pour 100cent. cubes par | 
de sang. millimètre cube. 
1 0,046 » 
PE 0,049 
SH 0 ,046 ) 
APRES RU RE PRE a 0,038 ) 
4 b (8 jours après 4 a). . 0,039 
DAC RENE VS 0 EM eon D RTE eee Le 0,03 
[| 5 b (8 jours après 5a) . 0,042 » 
JEERERR REP EE ETS 0,047 2.640.600 
7. 0,043 2.520.000 
[Ho 0,044 2.640.000 
de 0,056 2.920.000 


Ces chiffres indiquent done une grande stabilité dans la teneur en fer 
du sang de poule. En effet, à part les cas 4 et 9 qui sont un peu aberrants, 
la teneur pour les sept autres cas est comprise dans les limites très 
étroites de : 0,042-0,047; pour ces neuf exemples, la moyenne est de 
0,045. 

Chez la poule spirillosée, la teneur du fer calculée sur le saug prélevé 
dans les cinq à six jours qui suivent l'infection est notablement 
au-dessous de cette moyenne : 

Exemples : 


GLOBULES FER FER 
POULES avant avant après © jours 
l'infection. l'infection. de maladie. 


1° 2.140.000 » 0,031 
JE 2.599.000 » 0,034 
EE 2.520.000 0,043 0,053 
4: 2.926.000 6,056 0,044 


Conclusions.— a) La leneur du sang de la poule est égale pour 100 €.c. 
à 0,045 (moyenne de 9 cas). 

b) Une saignée de 7 à 8 c.c. n'exerce aucune iufluence sur la teneur 
du sang, en fer. 

c) Dans la spirillose des poules, le sang prélevé cinq jours après 
l'infection montre une teneur en fer de 25 p.100 inférieure à la moyenne. 


250 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SUR L'ANÉMIE OBSERVÉE CHEZ LA POULÉ AU COURS DE L'INFECTION 
PAR LE Spirochæta gallinarum, 


par L. Launoy et M. Lévy-BRUEL. 


Nous avons apporté précédemment (1) les résultats de nos recherches 
sur les variations numériques et qualitatives présentées par les glo- 
bules blancs des poules infectées par le Spirochæta gallinarum (Mar- 
choux et Malimbeni). 


Incidemment, nous avons noté les phénomènes d’anémie déjà signalés 
par quelques auteurs. Dans une nouvelle série d’expériences faites avec 
le même virus, relativement atténué (apparition des spirilles après qua- 
rante-huit heures, disparition au 5°-6° jour, maladie assez bénigne et 
prompt rétablissement de l'animal, pourcentage de mort très minime), 
nous avons étudié plus particulièrement cette anémie, si frappante par 
sa précocité, son intensité et encore mal connue dans ses détails. Nous 
l'avons mesurée par l'étude de deux éléments, le nombre des hématies 
et la quantité de fer contenu dans le sang. 


Technique. — La numération des hématies était faite en séries avec 
l'hématimètre de Malassez après prise d'une goutte de sang à la crête; 
en même temps, nous faisions des étalements sur lames, on colorait ces 
dernières au May-Giemsa. 

Variations numériques. — À l’état normal, nous avons trouvé des 
chiffres de globules rouges compris entre 2.180.000 et 3.160.000. En 
suivant les variations des globules rouges au cours de la maladie, nous 
le voyons diminuer au bout de quarante-huit heures (apparition des spi- 
rilles) et s’abaisser progressivement jusqu'à tomber vers le 5° jour à la 
moitié environ du chiffre primitif. 


Exemples : 
ss AVANT APRÈS APRÈS APRÈS APRÈS 

OPLES l'infection. 2 jours. 3 jours. 5 jours. 6 jours. 
Ii 2.740.000 2.135.000 1.950.000 1.800.000 Saignée. 
J! 2.881.200 2.435.000 2.250.000 1.340.000 Saignée. 
ILE 2.520.000 » » 1.445.000 1.460.000 
O! 2.929.007 » 2.140.000 1.800.000 1.820.000 
Z 2.890.000 2.540.000 2.280.000 1.470.000 1.260.000 


Au 5° jour, on atteint habituellement le point d’anémie maximum; 
cette chute est suivie d’une augmentation progressive, de telle sorte que 
le chiffre normal est récupéré vers les 42° et 13° jours. 


(4) L. Launoy et M. Lévy-Bruhl. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
42 avril 1913, p. 754. 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 251 


Le dosage du fer pratiqué quand l’anémie globulaire est à son 
maximum donne des chiffres notablement diminués, mais proportion- 
nellement moins que le nombre des globules rouges; la teneur du fer 
est diminué de 95 p. 100 environ, la richesse globulaire est diminuée de 
moitié (1). 

- Dans l'hypothèse où tout le fer du sang serait fixé sur les hématies, on 
doit en conclure que la valeur globulaire est nettement augmentée. 
Done, encore que le chiffre des globules ne soit jamais inférieur à 
1.000.000 par millimètre cube, cette constatalion ainsi que la polychroma- 
tophilie rapprocherait l’anémie spirillaire des anémies dites pernicieuses. 
Mais l’anémie spirillaire est très vite réparable, et, quinze jours après 


l'infection, la teneur du sang en globules et fer est habituellement 
redevenue normale. 


Variations morphologiques. — L'examen du sang à l’état frais après 
dilution dans le liquide de Marcano montre l'apparition, au cours de la 
maladie, à côlé des globules normaux, d'un certain nombre d'hématies 
qui en diffèrent par leurs formes et leurs dimensions. Les uns sont 
petits et arrondis, d’autres très grands. Un certain nombre présente un 
gros noyau très réfringent entouré d'un mince protoplasma. L'examen 
sur lames colorées dénole, à côté de ces variations de forme et de dimen- 
sion une grande diversité dans les réactions colorantes, d'où un aspect 
très polymorphe (Polychromatophilie) surtout marqué du 5° au 8° jour. 
A côté des globules normaux et des globules altérés nécrotiques 
en petit nombre, on trouve de grands éléments ovalaires peu co- 
lorés par l’éosine, d’autres tout à fait incolores, enfin, des hématies 
basophiles de forme arrondie; notons également la présence d'assez 
nombreux globules volumineux, à protoplasma très éosinophile. Les 
éléments, pauvres en hémoglobine, qui sont des formes jeunes. se ren- 
contrent du 3° au 10° jour de la maladie; ils font place aux éléments 
normaux, le sang reprend son aspect habituel vers le 15° jour. 


Résistance globulaire. — L'épreuve faite sur le sang total (une goutte 
dans 4 c.c. de solution saline) ne nous à montré en pleine anémie 
qu'une très légère diminution de la résistance globulaire. À l'état 
normal, les hématies de la poule ont un début d’hémolyse à 0,35; au 
5° jour de la maladie, le début de l'hémolyse se place à 0,40. 

Dans une nouvelle série d'expériences faites avec un virus pius actif 
(spirilles apparaissant après vingt-quatre heures, maladie grave, mort 
dans 30 à 40 p. 100 des cas), nous avons observé une anémie d’appa- 
rition très précoce, mais de même ordre et de même allure que celle 
déterminée par le virus atténué. 


(4) L. Launoy. Comptes rendus de la Soc. de Biologie. Ce numéro. 


9252 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Exemple : 
AVANT APRÈS APRÈS APRÈS APRÈS 
POULE l'infection. 2 jours. 4 jours. 1 jours. 9 jours. 
Ri 3.120.000 2.270.000 1.960.000 2.760.000 2.850.000 


Au contraire, en ce qui concerne les variations des leucocytes, l'in- 
fection avec ce virus plus actif nous à donné des résultats différents de 
ceux obtenus avec ce virus atténué. Nous reviendrons ultérieurement 
sur ces faits qui font l’objet d'expériences en cours. 

Conclusions.— L'infection par le Srirochæta gallinarum produit chez la 
roule une anémie marquée; cette anémie se rapproche par certains 
points des anémies pernicieuses, mais elle s'en écarte par la réparation 
rapide et totale dont elle est suivie. 


POIDS NORMAUX ABSOLUS ET RELATIFS DE QUELQUES ORGANES 
ET DE QUELQUES GLANDES A SÉCRÉTION INTERNE CHEZ LE LAPEN, 


par H. Iscovesco. 


On n a pas beaucoup de données précises sur les poids normaux des 
différents organes chez le lapin. 

Un auteur allemand, Krause, a donné les chiffres suivants assez diffé- 
rents, ainsi qu'on le verra, de ceux que j'apporte et que je suis tenté 
d'expliquer par les différences de race des animaux. 

D’après cet auteur, le foie pèse en moyenne, chez le lapin normal, 
82 grammes. La rate, 0,65 (12 heures après le repas); Le pancréas, 0,64; 
le rein, 7,3 à 7,5 chaque; les 2 capsules surrénales, 6,44 ensemble ; chaque 
testicule, 1 gr. 45; les ovaires, 0,50 (les deux ensemble); les 2thyroïdes, 
0,20 ; le cœur vide, 4 gr. 50. | 

Voici les résultats moyens d'une cinquantaine d'observations person- 
nelles. L'âge des animaux étudiés variant de einq à vingt mois. Tous les 
animaux provenaient de la Touraine. 

Les capsules surrénales chez le lapin adulte pèsent en moyenne,les 
deux ensemble, 0,23 chez le mâle et 0,35 chez la femelle. 

Le cœur pèse, chez le mâle adulte, 7 gr. 10, et chez la femelle, 6 gr. 20. 

Le foie, 90 gr. 50 chez le mâle, et 102 grammes chez la femelle. 

La rate, de 0,93 à 2 gr. 20 suivant le moment où l’animalestsacrifié (à 
jeun ou six heures après le repas). Le poids de la rate peut varier dans 
ces condilions du simple au triple. Les ovaires pèsent ensemble chez 
l'adulte vierge, 0,20. 

Chaque testicule pèse chez l'animal adulte et en pleine activité géni- 
tale 2 gr. 50. Chez le mâle jeune, 0,75, avant qu'il n'ait pratiqué le coït. 


SÉANCE BU A8 OCTOBRE 253 


Ces chiffres représentent des moyennes arithmétiques, car Les varia- 
tions qu'on trouve de chez un individu à l’autre sont souvent assez 
grandes et peuvent dépasser 10 p. 100. 

Mais si on exprime les poids des organes par rapport au poids général 
de l'animal, on trouve des chiffres qui sont d’une constance suffisante, 
à condition naturellement que les animaux soient tous adultes et qu'ils 
proviennent d’un même pays. 

Voici ces poids relatifs. 

Capsules surrénales (les 2) 9,3 - 10° (93 millionièmes du poids de 
l'animal) chez lemäle, et 12,5 chez la femelle. 

Le cœur 2,6 + 10° (26 dix-millièmes) chez le mâle et 2,7 : 10° chez 
la femelle. 

Le foie 3,4 + 10° (34 millièmes du poids de l'animal) chez le mâle et 
3,6 - 40° chez la femelle. 

L'ovaire (les 2) 9,2 - 10° (92 millionièmes du poids de l'animal. 

La rate 3,6 - 10° (36 cent millièmes du poids de l'animal) sixheures 
après les repas. 

Ees reins (les 2) 3,9 - 10° (59 dix millièmes du poids de l'animal) chez 
le mäle et 6,3 - 10 chez la femelle. 

Les testicules (les 2) 20 - 10° (deux millièmes du poids de l'animal) 
chez l'adulte en pleine activité génitale et 10 . 10 chez l'animal jeune. 

Les deux thyroïdes 5,6 - 10° (56 millionièmes du poids total) chez le 
mäle et 7,7 + 10° chez la femelle. 

L'utérus de la femelle adulte vierge 14 : 10° (13 dix millièmes du poids 
de l’animal). 

Ainsi qu'il est facile de se convaincre d'après ces chiffres, plusieurs 
organes et en particulier les capsules surrénales et les thyroïdes pèsent 
plus chez les femelles que chez les mâles. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 


ACTION COMPARÉE DES INJECTIONS INTRAVEINEUSES DE MÉTAUX COLLOÏDAUX 
ÉLECTRIQUES ET DE SELS MÉTALLIQUES SUR LE COEUR DU LAPIN. 


Note de B.-G. DuHAuEz, présentée par V. HEnRt. 


Nous avons opéré sur l’animal normal et sans dissection, en nous 
servant d’un petit Cardiographe à aiguille dérivé du type que nous 
avons présenté à la Société de Biologie (séance du 21 janvier 1911). 

Nous avons injecté, dans la veine marginale de plusieurs lapins, 
diverses solutions de métaux colloïdaux électriques. Nous avons pratiqué 


des injections de 5 e. c. chaque fois. L’aiguille étant introduite dans la 


254 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


veine et immobilisée, on poursuivait le tracé cardiographique normal 
pour éliminer les modifications réflexes dues à la légère douleur, 
modifications qui, chez certains animaux, sont très sensibles. Le tracé 
étant ainsi bien normal, on commencait à pousser le liquide, à des 
vitesses variables, en uotant le commencement et [a fin de l'injection 
sur le tracé même. 

En opérant dans ces conditions, nous avons introduit de l'argent 
colloïdal électrique et du palladium colloïdal électrique titrant 0 gr. 25 
de métal p. 1.000, du fer colloïdal électrique, du mercure colloïdal 
électrique titrant 1 gramme de métal pour 1.000, et du sélénium colloïdal 
électrique titrant 0 gr. 20 de métalloïde au litre. 

Nous avons observé que ces solutions colloïdales, lorsqu'elles n'étaient 
pas rendues isotoniques au sérum sanguin, donnaient des phénomènes 
immédiats absolument identiques à ceux que provoque l’eau distillée : 
augmentation d'amplitude des contractions cardiaques, mouvements 
convulsifs de l'animal, troubles de fréquence et de rythme. 

Si le colloïde est soigneusement rendu isotonique, soit au moyen de 
chlorure de sodium, soit au moyen de saccharose, les résultats sont 
tout à fait différents : quand l'injection est poussée vite, on observe 
parfois une fugace accélération des contractions cardiaques, sans 
mouvement de l'animal; si l'injection est poussée lentement, on ne 
peut rien déceler dans le tracé qui trahisse une action immédiate sur le 
cœur. Nous avons vérifié cela pour les cinq colloïdes précités choisis 
comme types entre tous les métaux colloïdaux. Cette absence d'influence 
immédiate, sur le cœur, d'une solution colloïdale soigneusement isoto- 
uisée et présentant une concentration moyenne, permet d'identifier, à 
ce point de vue, les colloïdes avec le sérum artificiel dont l'injection 
intraveineuse pratiquée lentement à la dose de 5 c.c. ne donne ni plus 
ni moins de phénomènes réactionnels. 

Il est à remarquer que, si l'hypotonie provoque un effet marqué et 
constant sur le cœur, l'hypertonie a beaucoup moins d'importance, 
nous avons pu injecter dans les veines des solutions colloïdales présen- 
tant une tonicité double ou triple de la tonicité du sérum sanguin sans 
noter la moindre modification cardiaque. 

Il nous a paru intéressant de comparer, à cet égard, l’action d'un 
même corps à l’état colloïdal et à l'état salin. Nous l'avons fait d'abord 
pour le mercure, dont certains sels comme le cyanure sont fréquem- 
ment injectés dans les veines. Nous l'avons également fait pour le fer et 
pour le sélénium. 

Or, 5 c.c. de mercure colloïdal électrique, représentant 0 gr. 005 de 
métal, ne provoquent, nous l'avons dit, aucune action immédiate sur 
le cœur. Mais l'injection intraveineuse, dans 5 c.c. de sérum physiolo- 
gique, de 0 gr. 005 de ri de mercure (ce qui représente moins de 


« 


mercure métallique que 5 . de colloïde) provoque presque immé- 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 255 


diatement, outre les phénomènes généraux graves (dyspnée et convul- 
sions), une arythmie prononcée, avec accélération, puis ralentissement 
du cœur, et enfin très pénible retour à la normale. Le bichlorure de 
mercure, moins toxique que le cyanure, injecté à la dose dix fois moins 
forte de 0 gr. 0005 dans 5 c.c. de liquide isotonique, donne encore de 
l'accélération cardiaque avec troubles arythmiques. (On emploie cette 
faible dose en solution salée pour éviter la coagulation des liquides du 
sang.) | 

Alors que 5 c.c. de fer colloïdal électrique à 1 p. 1000 ne déterminent 
pas de réaction, 5 c.c. d’une solution de citrate de fer vert, isotonique, 
et représentant le même titre en fer que le colloïde, provoquent immé- 
diatement des troubles rythmiques, avec accélération des contractions 
et augmentation d'amplitude. 

Enfin, pour le sélénium, nous avons pris comme terme de compa- 
raison une solution isotonique d'acide sélénieux contenant 0 gr. 20 de 
sélénium métalloïdique au litre; cette solution a donné des réactions 
cardiaques intenses que le colloïde ne provoque pas. 

On est donc en droit de conclure que les solutions colloïdales de 
certains métaux et métalloïdes, introduites dans les veines, demeurent 
sans action sur le cœur, alors que des solutions salines des mêmes 
corps provoquent dans les mêmes conditions des troubles cardiaques 
marqués. 


NOTE SUR LA TRANSPLANTATION DE L'INTESTIN D'EMBRYON DU RAT SOUS LA 
PEAU DE L'ANIMAL ADULTE DE LA MÊME ESPÈCE. 


par SOPHIE KRONGOLD. 


Quelques auteurs, dans un but de thérapeutique chirurgicale, ont 
tenté de greffer des muqueuses sur les animaux adultes. 

Tietze (1) [1899), sans succès; Carnot (2) [1909] et Debernardi 
Lorenzo (3) [1910], avec des résultats positifs, transplantent sur les 
chiens adultes les lambeaux de la muqueuse de l'intestin et de l'estomac. 

On ne voit pas, dans la littérature, d'étude sur la greffe de muqueuse 
embryonnaire. D'autre part, dans toutes les recherches qui ontété faites 
sur la greffe de tissus divers de l'embryon, on voit que les tissus les 
moins avancés en évolution donnent les meilleurs résultats, tels : le 
cartilage, l'os. La greffe d'organes différenciés réussit rarement. 

Dans nos expériences, nous nous sommes proposé d'éludier l’évo- 

(1) Brun's Beiträge zur klinischen Chirurgie, vol. XXV, p. #11, 1899. 
(2) Arch. demédec. expérim., 1905 et 1908. 

à) 


3) Münch. med. Wochenschrift, 1910, n° 31, p. 1677. 
BtocoGie. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXV. 18 


{ 
{ 


256 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Real 


lution des organes d’embryon du rat, isolés complètement de tissus 
voisins et transplantés sous la peau de l’animal adulte de la même 
espèce. Nous communiquons aujourd’hui les résultats que nous ont 
donnés les greffes de l'intestin embryonnaire. Le volume de la masse 
intestinale prélevée dans le péritoine de l'embryon du rat était environ 
de 4 à 2 millimètres de diamètre. 

Les rats porteurs-greffe étaient mâles ou femelles, de taille grande, 
petite ou moyenne. 

Les embryons dont l'intestin devaitservir à la greffe étaientégalement 
d'ige différent, âge que nous avons évalué d’après leur poids, lequel 
variait de À gr.5 à 4 grammes. Nous avons pratiqué la greffe de l'intestin 
embryonnaire sur 63 rats dont 34 nous ont donné des résultats positifs. 
Dès les premiers jours, après la greffe, c'est-à-dire huit à dix jours, 
nous notons une augmentation appréciable de volume, il grossit ensuite 
toujours plus. À l'heure actuelle, nous possédons une greffe de l'intestin, 
laquelle date du 43 juin 1913, est par conséquent de quatre mois; elle 
s'étend en longueur de 4 à 5 centimètres et présente à un endroit un 
kyste très grand. Cette greffe continue toujours à évoluer. 


Pour nos recherches microscopiques, nous avons sacrifié quelques 
animaux, à des intervalles de temps variant de quinze jours à soixante- 
sept jours. La coupe montre d’une manière générale l'évolution kystique. 
La muqueuse intestinale présente de nombreux plis et villosités, et envoie 
dans la profondeur du tissu conjonctif des cryptes. La villosité montre 
sur tout son pourtour un épithélium de revêtement ininterrompu, lequel, 
ainsi que les glandes de Lieberkühn y annexées. sécrète abondamment 
du mucus par ses cellules caliciformes. Dans l’épithélium glandulaire, 
même après soixante-sept jours, les figures karyokinétiques sont très 
fréquentes. Le fond des cryptes repose sur une couche museulaire lisse 
longitudinale (muscularis mucosæ) laquelle constitueune couche continue 
autour de la villosité, L’étade histologique comparative de témoins — 
frères des intestins greffés — nous a montré qu'au moment de la greffe, 
l'intestin embryonnaire était encore au stade précoce de son dévelop- 
pement; la muqueuse était simple, formée de cellules épithéliales 
cylindriques, toutes semblables ; pas de cellules muqueuses ni de 
formations glandulaires différenciées. 

Le facteur qui semble particulièrement influencer la greffe de l'intestin 
est l'âge de l'embryon dont l'organe sert à la grefle. Nous avons 
remarqué que la greffe de l'intestin réussit le mieux et presque toujours 
lorsque l'embryon pèse 2 grammes. Le poids de l'embryon étant 3 gr.5 
à, À grammes, la greffe de l'intestin restait toujours négative. L'âge de 
l'animal porte-greffe joue certainement un rôle important dans la greffe 
de l'intestin embryonnaire ;: les rats jeunes de taille petite ou moyenne 
se prêtent le mieux à celte greffe. 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 


Lo 
Ce 
= 


En résumé : la muqueuse intestinale de l'embryon du rat encore non 
différenciée fonctionnellement et transplantée sous la peau de l'animal! 
adulte de la même espèce continue à se développer. Elle évolue jusqu à 
sa fonction sécrétrice. Celle-ci est accompagnée et conditionnée par une 
prolifération cellulaire intense. 


{Laboratoire de M. le professeur Borrel, à l'Institut Pasteur.) 


M. Pauz Carnot. — Les intéressants résultats qui viennent de nous 
ètre communiqués sur les greffes d’intestin embryonnaire concordent 
avee ceux que nous avons obtenus il y a quelques années et commu- 
niqués ici même (1), sur les greffes de muqueuses adultes. 

Nos greffes étaient faites chez le chien, soit à la surface séreuse de 

l'intestin, soit sur l'épiploon, soit sous la peau, soit même à l’intérieur 
de différents viscères, du foie notamment. Nous obtenions (principa- 
lement dans les cas d’autogreffes) le développement régulier des cavités 
kystiques et polykystiques, atteignant le volume d’une noisette ou d'une 
noix, parfois juxtaposées en petites grappes, bombant à l'intérieur du 
péritoine s'il s'agissait de greffes séreuses ou refoulant le tissu voisin 
à la facon d'adénomes kystiques s'il s'agissait de greffes intraviscérales. 
Ces kystes étaient tendus et remplis d'un liquide aqueux contenant 
du mucus. Les kystes développés aux dépens des greffes d'’intestin ne 
contenaient pas de ferments intestinaux : ceux développés aux dépens 
de greffes d'estomac ne contenaient ni acide chlorhydrique ni pepsine. 

L'examen histologique de ces kystes montre, en effet, une simpli- 
fication progressive de l'épithélium greffé. Par exemple, avec la 
muqueuse gastrique, les cellules principales et bordantes disparaissaient 
assez vite de la muqueuse greffée et n’apparaissaient pas dans le revè- 
tement kystique nouveau. Seules, des cellules épithéliales peu différen- 
ciées, disposées en surface et aplaties par la pression du liquide 
kystique, constituaient le revêtement cellulaire, avec interposition de 

cellules caliciformes sécrétant le mucus. Mais, arrivé à ce degré de 
simplification, l'épithélium greffé persiste fort longtemps, comme les 

kystes eux-mêmes, et nous n’en avons pas observé la régression ulté- 
rieure, même après plusieurs mois. Les greffes de certaines muqueuses, 
telles que la muqueuse biliaire, conservent une tendance particulière 
au bourgeonnement vers la cavité et poussent des éperons, voire même 
de longues et fines arborisations comme à l'intérieur de la vésicule 
biliaire elle-même : nous en avons figuré quelques-unes dans notre 
mémoire. 


La tendance des greffes muqueuses à constituer des néoformations 


- (1) C. R, Soc. de Biologie, 1904 et 1905, et Arch. méd. exper.. mai 1905. 


258 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


kystiques se rencontre même lorsqu'on greffe une muqueuse gastrique 
ou intestinale sur un uleère expérimental de la muqueuse. Mais 
c'est alors seulement sur les bords de la greffe que l’on peul observer 
de petits kystes; sur le reste de l’ulcus, la greffe prolifère rapidement 
et reconstitue la muqueuse abrasée, ce qui nous a donné la pensée 
d'utiliser ces greffes dans la thérapeutique de l’ulcus gastrique. Ici, les 
conditions vitales étant meilleures, une différenciation ultérieure des 
épithéliums et l’invagination de tubes glandulaires peuvent se produire, 
après la simplification initiale de la muqueuse greffée. 

On peut, nous semble-t-il, expliquer la production de cavités kystiques 
aux dépens des greffes muqueuses par la propriélé qu'ont les muqueuses 
de ne pas adhérer à elles-mêmes, propriété d'où dérive normalement 
leur forme cavitaire. 

Cette propriété est susceplible d'expliquer, par le développement 
d'inclusions épithéliales, muqueuses ou cutanées, la production patholo- 
sique de kystes congénitaux ou acquis, et le développement de certains 
adénomes ou de certaines tumeurs kystiques. 

Il ne faudrait pas cependant conclure de ces expériences que le déve- 
loppement sous forme de kystes ou de cavités est obligatoirement lié à 
l'évolution de ces épithéliums. On sait, en effet, que les greffes néopla- 
siques, secondaires à une tumeur de l'estomac ou de l'intestin, n’ontpas, 
le plus habituellement, une évolution kystique. Si la tendance à la 
production de cavités est une propriété générale des muqueuses, qui 
persiste dans les greffes simples lorsque celles-ci sont transplantées à 
l'intérieur d'une séreuse ou d’un viscère, par contre cette propriélé 
disparait dans le cas de développement trop rapide ou trop exubérant: 
la prolifération se fait alors en profondeur ou par infiltration, les 
cellules muqueuses étant ainsi dépossédées d’un de leurs attributs 
physiologiques (4). 


STRUCTURE DE SURRÉNALES ACCESSOIRES 
EN ÉTAT DE SUPPLÉANCE FONCTIONNELLE, 


par MuLon et RENÉ PoRAK. 


A l'aide d’une technique, dont on trouvera l’exposé dans une note 
voisine, l’un de nous a réalisé, avec J. Camus, un certain nombre 
d'expériences de destruction des surrénales chez le lapin. Les ani- 
maux ainsi plus ou moins complètement privés de leurs cap- 


sules principales pouvaient survivre longtemps. Trois d’entre eux, au 


moment où on les sacrifia, furent trouvés porteurs de capsules surré- 


(4) C. R. de la Soc. de Biologie, et Arch. med. exp., 1908. 


19 
QE 
oO 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 


nales accessoires. C’est là un fait fréquent chez le lapin. Mais il nous à 
paru intéressant d'examiner histologiquement ces capsules, car elles se 
trouvaient évidemment en état de suppléance fonctionnelle, étant donné 
les conditions expérimentales : destruction plus ou moins complète des 
deux capsules principales coexistant avec la survie de l'animal. 

Voici le détail des expériences et les faits histologiques observés : 

I. — Lapin n° 2, ç*, 17 oct. 1912, 2.060 grammes. Injection d’acide 
gras de coton dans les deux surrénales. — 28 oct., 1.350 grammes. — 
Le 29 octobre, à la suite de plusieurs injections de curare, l'animal 
meurt et est immédiatement autopsié. La surrénale qauche est complè- 
tement détruite : elle forme un magma d'apparence caséeuse et hémor- 
ragique. 


A et B. Fragments de coupes de surrénales 
accessoires normales de lapin s'étendant de- 
puis la périphérie jusqu'au centre de la 
glande. En haut, la zone claire exempte de 
sraisse est la zone glomérulaire. Tout le reste 
de la coupe, en noir, représente la zone fas- 
ciculée et la zone réticulée extrèmement riches 
en cellules graisseuses. (Spongiocytes.) 


C. Coupe transversale d’une des surrénales 
accessoires du lapin n° 2 en suppléance fonc- 
tionnelle. 

À la périphérie, une zone glomérulaire 
chargée d’enclaves grasses. Au centre, une 
teinte grise due à quelques enclaves grasses 
et surtout à de la congestion. La zone fasciculée 
est claire, totalement exempte de cellules 
graisseuses. (Spongiocytes.) 


La surrénale droite est en partie conservée : une moitié est con- 
stituée par un caillot; l’autre est blanc rosé au lieu de blanc mat, 
couleur normale. Sur des coupes par congélalion, cette moitié blanche 
de la glande droite apparaît avec la structure typique de la corticale. 
Mais on ne peut y déceler, à l’aide du scharlach ou de OSO*, qu’une très 
petite quantité de lipoïde. Celui-ci est disposé par petits îlots irrégu- 
liers disséminés soit dans la fasciculée, soit dans la profondeur de la 
réticulée. Il est très peu anisotrope. Sur coupe fine, on constate que les 
travées de la fasciculée ou de la réticulée sont formées de cellules 
maigres, c'est-à-dire non spongiocytiques. Il n'y a pas d’enclaves pig- 
mentées en dehors de cristaux d’hémine dus aux foyers hémorragiques 
voisins. Bref, ce qui reste des deux capsules principales est caractérisé 
par la pauvreté en enclaves lipo-cholestériques. 

L'animal est porteur de deux surrénales accessoires, l’une accolée à 
la veine cave, de 4 millimètres sur 25, L'autre, située au-dessus de 
l'ovaire gauche, sphérique, mesure 225 de diamètre. Toutes deux sont 


260 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


à peu près de la couleur rouge de la glande thyroïde, ce qui nous a fait 
croire d'abord qu'il s'agissait de petites glandes hémolymphaliques. 
Après fixation au formol, toutes deux sont identiques et présen- 
tent sur une section médiane transversale une zone centrale très 
minime et franchement brune, une zone moyenne légèrement colorée 
en jaune, une zone périphérique très mince et plus claire, presque 
blanche. 

Au microscope, on constate, dès l’abord, que les zones centrale et 
moyenne sont parcourues par de nombreux capillaires gorgés d'héma- 
ties : c’est à ce fait qu'elles doivent leur coloration. Le lipoïde surrénal, 
isotrope, est à peu près exclusivement situé dans la zone périphérique à 
laquelle il donne sa couleur blanche. Ce lipoïde est cantonné dans une 
zone qui correspond exactement à la zone glomérulaire des deux surré- 
nales principales. Tout le reste du parenchyme des glandes accessoires 
consiste en une fasciculée et une réticulée ne contenant que très peu 
de lipoïde et conslituées par des cellules maigres, diffusément'osmo- 
philes; des cellules massives diffluentes, tout à fait noires, s’observent 
sur toute la hauteur de la coupe, maïs surtout dans la zone centrale 
(zone réticulée), riche en vaisseaux. Bref, comme pour les vestiges de 
la surrénale droite, ce qui caractérise ces deux capsules accessoires 
est la pauvreté en lipoïde et la richesse en cellules osmophiles dif- 


fluentes (lipoïdes mitochondriaux). En outre, elles sont fortement con- 
gestionnées. 


IE. — Lapin n° 40, &, 2.050 grammes. — Le 5 février #915, surré- 
palectomie gauche. — Le 12 mars 1913, injection d'acide gras dans la 
surrénale droite. — Le 26 avril, 1 kil, 940. — Le 9 mai, l’animal 


ayant les apparences de la bonne santé est sacrifié. 

Autopsie : Aucune lésion viscérale. La surrénale droite est blan- 
châtre ; à la coupe, elle crie sous le scalpel. Au microscope, c'est un 
bloc de tissu sclérosé sans trace de parenchyme glandulaire. Le long de 
son bord interne, on voit une glande accessoire, de couleur blane rosé, 
de la grosseur d’une demi-capsule normale. Sur coupes par congéla- 
tion, le scharlach ne décèle, dans cette glande accessoïre, aucune enelave 
lipoïde ; les coupes fines pratiquées en d’autres points ne montrent 
d'ailleurs que de très rares spongiocytes. On peut dire que toutes les 
cellules qui constituent la glande sont maigres, massives, teintées en 
gris ou en noir par OSU'; des cellules diffluentes colorées en noir sont 
surtout nombreuses dans la zone centrale, congestionnée. Bref, dans 
cette surrénale accessoire, qui, à elle seule, suffisait à maintenir en vie 
l'animal décapsulé, depuis environ deux mois, les enclaves lipoïdes 
sont à peu près complètement absentes. C'est, encore exagéré, le cas du 
lapin n° 2. : 

IT. —- Lapin n° 95, 5, 2060 grammes. — Le 10 février 1913, injec- 
ion d'acide gras dans les deux surrénales. — 19 février, 2.015 grammes. 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 261 


— Le % mai, l'animal présente une dyspnée qui augmente peu à peu. !l 
est sacrifié lè 6 mai. 

Autopsie : OEdème généralisé des poumons avec foyers hémorra- 
giques. La surrénale droite est complètement détruite et est flanquée de 
deux surrénales accessoires de 3 centimètres de diamètre. La surrénale 
gauche n'est détruite que dans sa partie supérieure par sclérose. Le pôle 
inférieur de consistance ferme est blanc rosé. Sa structure glandulaire 
est conservée. Il reste donc environ un quart du tissu cortical normal. 

Les capsules accessoires sont constituées par des cellules tenant Île 
milieu entre les spongiocytes et les cellules maigres : éléments riches 
en cytoplasma au pourtour du noyau et comportant des enciaves 
lipoïdes à leur périphérie seulement. De très nombreuses cellules dif- 
fluentes, massives, s’observent dans les zones centrales. Bref, chez céi 
animal décapsulé seulement aux trois quarts, deux capsules accessoires 
montrent non une disparition, mais seulement une forte diminution des 
enclaves lipoïdes. 

Ainsi, dans les trois expériences que nous venons de rapporter, nous 
n'avons trouvé dans les capsules accessoires vicariantes que très peu où 
pas d'enclaves lipoides. La quantité de celles-ci variait en raison inverse 
de la quantité de tissu cortical épargné par la destruction. 

Nous nous sommes assurés : 1° que cette pauvreté en lipoïdes n'était 
pas la règle au niveau des capsules accessoires (voir la description des 
capsules accessoires normales publiée à la prochaine séance). 

2° Que la diminution du lipoïde ne pouvait être attribuée à une 
action spécifique des acides gras injectés. Au cours d'expériences qui 
seront relatées ailleurs, l’un de nous a en effet injecté à des animaux, 
en dehors des capsules surrénales, des acides gras variés sans con£- 
tater de diminution du lipoïde surrénal. 

Ainsi donc, sont pauvres en enclaves lipoïdes les capsules surrénales 
accessoires que l'on rencontre chez des lapins dont les surrénalés 
principales ont été en tout ou en partie détruites par injections inters- 
tüitielles d'acides gras. 

Cette pauvreté n’est pas l’état normal des Capsules accessoires du 
lapin. Cette pauvreté n’est pas due à l’action directe des’acides gras 
employés à la destruction des surrénales principales; elle ne peut être 
que la conséquence d'un fonctionnement intensif par vicariance. 

Comme dans les expériences de capsulectomie unilatérale, faites par 
l’un de nous (1); comme dans le cas de chorée de Huntington, rapporté 
par nous (2); comme dans les expériences de faradisation ou d’intoxica- 
on, publiées récemment par l’un de nous (3), il appert ici que /e fonc- 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 18 mai 1907. 
(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie. Mulon et Porak, 27 juillet 1912. 
(3) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, juillet 1913. 


262 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


hionnement de la corticale entraîne la consommation des enclaves choles= 
tériques. 


ABLATION RAPIDE ET DESTRUCTION LENTE DES CAPSULES SURRÉNALES, 


par JEAN Camus et RENÉ PORaK. 


Au cours des recherches assez nombreuses dont nous avons publié 
les résultats dans les Comptes rendus de la Société (1), nous avons eu 
l’occasion d'essayer quelques techniques pour arriver à une suppression 
fonctionnelle plus ou moins complète des glandes surrénales chez le 
lapin. : 

Nous avons voulu réaliser, d’une part, une ablation rapide par l’un 
des procédés opératoires recommandés et, d'autre part, dans un petit 
nombre de cas, une destruction lente des cellules glandulaires. 

C’est simplement dans le but d'éviter à d’autres les tâtonnements par 
lesquels nous sommes passés que nous croyons utile d'indiquer les 
techniques qui nous ont donné les résultats les meilleurs. 

Dans la plupart de nos expériences, nous avons fait en un temps 
l’ablation des deux capsules surrénales. Voici le procédé qui nous a 
paru le plus pratique. 

On fixe le lapin à plat ventre, les quatre pattes attachées sur le.pla- 
teau. On coupe largement les poils de la région dorso-lombaire. On 
nettoie à la teinture d'iode la place du champ opératoire échancré et, 
l'animal étant anesthésié prudemment au chloroforme, on fait une 
incision médiane de la peau sur une longueur d'environ 10 centimètres. 

On tire ensuite légèrement l’orifice cutané de manière à découvrir 
l'interstice musculaire latéral. On effondre doucement cet interstice et, 
en décollant avec précaution les muscles, en les soulevant avec un écar- 
teur, on parvient à découvrir la région vertébrale antérieure et à voir 
l’une des capsules facilement reconnaissable. 

Un aide placé derrière l’opérateur projette dans le champ opératoire 
la lumière d’une lampe électrique. 

Nous avons toujours abordé la capsule gauche la première; elle est 
plus facile à enlever ; on peut arriver, à l’aide d’un passe-fil courbe, à 
placer un fil sur son pédicule et à l'enlever en totalité, on peut encore 


(4) Jean Camus et René Porak. Insuffisance surrénale et curarisation, 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 février 1913. — Insuffisance surré- 
nale et sensibilité à la strychnine, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
22 février 1913. — Insuffisance surrénale et sensibilité aux poisons. Action 
du mélange adrénaline et strychnine, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
24 juin 1913. 


PTS Ve eo) 


PRE Re PS © DA RSS Ÿ 


SÉANCE DU 148 OUTOBRE 263 


pincer et tordre le pédicule ou, ce qui nous à semblé plus commode, 
placer sur le pédicule ; une petite pince en zinc qu’on met à cheval sur 
le pédicule on écrase cette pince et on la laisse en place après ablation 
de la capsule. 

L'emploi de cette petite pince de zinc est surtout précieux pour l’abla- 
tion de la capsule droite. Celle-ci est souvent collée littéralement par 
une longue surface sur la veine cave inférieure et l'ablation complète 
de la glande est à peu près impossible dans de nombreux cas. 

On coupe une petite bande de zinc longue de 3 centimètres environ, 
large de 2 à 3 millimètres, et on la plie au milieu en forme d'U. La 
capsule ayant été séparée autant qu'il a été possible de la veine cave 
avec un instrument mousse, on glisse cet U de manière à ce qu’il 
embrasse la surface adhérente de la capsule à la veine et on l’écrase 
vigoureusement avec une forte pince. 

De cette manière, ce qui pourrait rester de tissu capsulaire adhérent 
à la veine cave est pris dans les mors de la pince de zinc, écrasé vio- 
lemment et supprimé fonctionnellement. On peut, d’ailleurs, passer sur 
les bords de la pince de zinc un instrument porté au rouge, de manière 
à assurer une destruction complète. 

La pince de zinc est laissée en place sans qu'il soit besoin d'une autre 
ligature. 

L'inconvénient du procédé est qu’on est exposé à pincer latéralement 
la paroi de la veine cave, mais cet inconvénient est minime, il pourrait 
entrainer une escarre de la paroi veineuse avec hémorragie mortelle 
tardive. Mais avant que celle-ci ait pu se produire, la mort survient par 
insuffisance capsulaire aiguë. 

Grâce à ces petites pinces de zinc, on supprime les ligalures longues 
et difficiles à faire dans la profondeur, on gagne du temps et on assure 
une bonne hémostase. 

On termine par trois sutures, deux sutures latérales des interstices 
musculaires et une suture médiane de la peau. Chez le lapin, la peau est 
très lâche et la mémeincision cutanée sert pour les deux capsules surré- 
nales, les sutures musculaires et la suture cutanée ne se correspondent 
pas, ce qui est un avantage. 

Le nombre d'heures de survie de la capaulectormie double n’est pas la 
même pour tous les auteurs. 

Par le procédé que nous avons employé, la mort ne se fait guère 
altendre plus de vingl-quatre à trente-six heures. Le choc opératoire 
n'est cependant pas très considérable car, après une opération rapide, 
le lapin, aussitôt après avoir été détaché, court souvent très correcte- 
ment dans le laboratoire; il n’a donc pas subi un très gros trauma- 
tisme. 

Le second procédé que nous avons adopté avait pour but de réaliser 
une insuffisance surrénale lente, chronique. 


264 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


L'un de nous, en cellaboration avec Ph. Pagniez, a montré que les 
acides gras des huiles végétales injectées dans les organes déterminent 
des lésions curieuses de caséification, de sclérose, etc: Ce sont ces acides 
gras que nous avons injectés en très petites quantités dans les capsules 
surrénales laissées en place. 


A la suite, les animaux maigrissent, perdent leurs forces et, suivant 


l'étendue des lésions, se cachectisent. Ils peuvent mourir en quelques 
semaines ou résister. 

À J'autopsie, on trouve le tissu surrénal soit détruit en totalité, soit 
détruit par places avec congestion ou hyperfonctionnement du tissu 
restant. 

Quand il existe des surrénales supplémentaires, elles sont roses au 
lieu d’être blanches et en état d'activité supplémentaire. 

Mulon, qui a bien voulu examiner les pièces d'une autopsie, à vu que 
l'une des capsules était complètement supprimée fonctionnellement et 
que l’autre, ainsi que deux capsules supplémentaires, ne contenaient 
plus de lipoïdes en gouttelettes. 

Des deux procédés que nous indiquons ici, le premier qui réalise la 
capsulectomie totale par voie postérieure a déjà été employé par beau- 
coup d'auteurs avec des modifications diverses, l'usage des petites 
pinces à demeure y apporte un perfectionnement; le second, qui réalise 
la destruction lente, se rapproche davantage des processus patholo- 
giques observés en clinique. 


Travail du laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine.) 


VACCINATION PRÉVENTIVE CONTRE LA VARICELLE. 


Note de Carz KLING, présentée par LEVADITI. 


La varicelle a été considérée jusqu'ici comme une maladié peu 
dangereuse, n’exigeant pas de traitement. Toutefois, si cette opinion, 
dans la majorité des cas, est juste, l'expérience a prouvé que la 
varicelle, surtout quand elle pénètre dans des établissements où sont 
soignés un grand nombre de nourrissons, peut prendre un caractère 
malin. Des cas provoquant des cicatrices ne sont nullement rares; des 
infections secondaires, des cas d’érysipèle partant des vésicules ont été 
souvent constatés. Des gangrènes culanées, des pneumonies, des 
népbrites ont été également observées. Le médecin a donc lé devoir de 
chercher un moyen préventif contre la propagation de celte maladie. 

L'idée s'impose de provoquer par inoculation de la varicelle une 
orme bénigne de maladie créant l’immunité. Si une telle inoculation 


-SÉANCE DU ÎS OCTOBRE 265 


préventive n’a pas encore été opérée, cela s'explique par le fait qu'on 
suppose que la varicelle ne peut pas être inoculée sur unindividu sain. 
Cette opinion est basée sur les nombreuses tentatives avortées faites 
surtout au commencement du xix° siècle et aussi plus récemment. 


A la mi-août de cette année, une épidémie de varicelle apparut à 
l’hospice des enfants à Stockolm. Jusqu'à présent, 32 cas ont été constatés; 
tous ont manifesté des symptômes typiques. Une occasion favorable s’offrit 
donc d’éprouver la possibilité d'inoculer la varicelle sur des nourrissons bien 
portants. 

Jusqu'ici l’inoculation a donné des résultats positifs dans 49 cas; elle n’a 
échoué qu’exceptionnellement. Je me propose de donner ici un compte 
* rendu succincet des résultats déjà obtenus relatifs aux varicellæ inoculatæ; 
plus tard je fournirai de plus amples détails. 

Technique. — Prélever la lymphe sur une vésicule varicelleuse, de date 
récente, au moyen d'une lancette ordinaire; faire dans la peau de l'un des 
bras une piqüre légère, en évitant, si possible, les hémorragies. La réaction: 
traumatique ayant disparu, les points d’inoculation pendant les jours 
suivants sont exempts de toute inflammation visible. Au huitième jour se 
manifeste au lieu d’inoculation une ou, en général, plusieurs papules rouges. 
Le lendemain ces papules sont en règle transformées en vésicules varicel- 
leuses typiques. Les vésicules sont entourées d'une petite zone rouge 
rappelant l'aréole du cow-pox, quoique de plus petite étendue. Au cours des 
deux ou trois jours suivants, la zone rouge augmente et s'arrête quand elle a 
atteint un diamètre d’un centimètre. Elle est légèrement élevée, avec des bords 
diffus. Au troisième ou au quatrième jour la dessiccation des vésicules com- 
mence; la zone rouge pälit et l’on ne voit qu’une petite croûte brune à la 
peau environnante, päle et légèrement desquamante. Après environ deux 
semaines et demie, les croûtes sont disparues et l’on ne découvre qu'avec 
difficulté de petites marques légères. Souvent on voit les efflorescences se 
développer chez le même sujet après une incubation différente. Ainsi la 
première peut apparaitre au huitième jour, la deuxième au neuvième, la 
troisième au dixième, enfin par exception pincubation peut même se pro- 
ionger jusqu'à freize jours. 


Ce mode d'évolution des varicellæ inoculatæ s'accorde donc avec les 
poussées successives des vésicules de la varicelle naturelle. 

Ces efflorescences artificielles se laissent inoculer d'un individu à 
l’autre. Nous sommes même parvenus jusqu’à la cinquième génération. 
Ces vésicules se développent de la même manière et ont le même aspect 
que celles de la première génération. 

Un grand nombre des enfants chez lesquels la vaccination varicel- 
leuse a pris avaient été inoculés avantageusement de cow-pox, 
quelques semaines ou quelques mois auparavant. On peut donc conclure 
que, très vraisemblablement, le virus de la varicelle et celui du cow-pox 
sont de nature différente. É 

Dans la plupart des cas le processus s'effectue sans troubles de la 


19 
© 
So 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


santé générale. L'enfant se comporte comme d'habitude. La courbe 
normale de température ne subit pas de changement. Dans quelques 
cas, une légère élévation de température a été constatée (jusqu'à 
38 degrés G.\ en même temps qu'apparaissent les efflorescences. Ge qui 
est frappant, c’est que, par l’inoculation de la lymphe varicelleuse, 
une maladie si légère, restreinte aux lieux de vaccination, est provoquée 
sans généralisation. Nous avons pourtant à faire remarquer que chez 


6 sur les 49 enfants vaccinés avec succès, quelques papules rouges ou 


des plaques urticaires se sont manifestées çà et là sur la peau, deux ou 
trois jours après l'apparition des vésicules artificielles. Il est difficile de 
décider si, dans ces cas, il s’agit d’une généralisation, ce qui est Le plus 
vraisemblable, ou bien d’une forme de varicelle causée par une 
infection naturelle et mitigée par la vaccination. Pour trancher la 
question, des expériences ultérieures sont nécessaires. 

Or, on se demande : ces enfants sont-ils réfractaires au virus varicel- 
leux? Dès à présent nous croyons pouvoir dire qu'ils le sont, quoique 
un temps assez long ne se soit pas encore écoulé, pour que nous 
puissions donner une réponse définitive à cette question. 

Sur les 95 nourrissons soignés dans les deux services de l'hospice où 
s'est propagée l’épidémie, 31 ont été inoculés avec succès; à présent plus 
d'un mois s'est passé depuis l’inoculation de la plupart de ces nourrissons. 
Sur ces 31, un seul enfant a pris une varicelle constatée, mais bénigne, 
avec des efflorescences très rares et sans fièvre. Parmi les autres 64 non 
vaccinés, 32, soit la moitié, ont déjà été atteints par la maladie, en 
général assez gravement, avec le développement d'un grand nombre de 
vésicules et une élévation de température (jusqu'à 39 ou 40° cent- 
grades). Vu la grande prédisposition des nourrissons à cette maladie, il 
faut convenir que ces chiffres sont suggestifs ; le résultat définitif sera 
publié aussitôt que l'épidémie aura cessé. 


(Travail de l'Hospice public des enfants, à Stockholm. Médecin en chef, 
M. O. Medin.) 


SUR LE PASSAGE DE LA SÉCRÉTION INTERNE DU PANCRÉAS DU FOŒTUS 
A LA MÈRE. 


Note de G. LAFoN, présentée par E. GLE*. 


Carlson et Drennan (1) ont enlevé le pancréas à une chienne pleine, à 
la fin de la gestation, et ont constaté l'absence de glycosurie après cette 


1) Amer. Journ. of Physiology, t. XXVIITI, 1911. 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 267 


e 


opération ; le diabète est apparu après extraction des fœtus par l’opéra- 
tion césarienne. 

Cette constatation n'avait pas été confirmée jusqu'ici par d’autres 
expérimentateurs. Hédon (4) a fait une expérience dans ce sens, mais 
sans succès; la première urine rendue renfermait 27 grammes de sucre 
par litre, la chienne avorta le quatrième jour et mourut de péritonite. 
Il semble d’ailleurs, si l'on s’en rapporte à leur poids (81 grammes sur 
une chienne de 16 kilogrammes), que les fœtus étaient encore peu déve- 
loppés, ce qui peut expliquer l'insuccès constaté, la sécrétion interne du 
pancréas fœtal étant insuffisante pour agir d'une facon efficace. 

Ayant eu à ma disposilion une chienne pleine (du poids de 20 kilo- 
grammes) et près du terme, j'ai pratiqué l’extirpation du pancréas le 
20 juin 19143. L'animal se remit très bien de l'opération et la plaie abdo- 
minale cicatrisa par première intention; toutefois, la chienne refusa sa 
nourriture pendant les trois premiers jours. 

L'analyse de l'urine a donné les résultats suivants (chaque analyse 
porte sur l'urine des vingt-quatre heures): 


DUSJUIN Re EE 0e 50e Urée 20 0r. Hihpar.litre Sucre 20 
DOMTUIN RE ei A0 MON UTÉS ENST — Sucre : 0 
23 Juin. 01-900 "Urée- :126227. 05 - Sucre : 0 

2% juin. — Dans la nuit, la chienne a expulsé un petit paraissant à 


terme (poids 252 grammes) et trouvé mort dans sa cage; elle prend un 
peu de soupe au lait (150 grammes environ). 


Urinee a 02 M5 Urée M osor 0pardlitre sucre 40 


À quatre beures, expulsion de deux petits vivants. 

A cinq heures, expulsion de deux autres petits également vivants. 

25 juin. — La chienne a encore mis bas pendant la nuit trois petits, 
elle accepte sa-soupe au lait (250 grammes environ). 

On a recueillietanalysé séparément les urines de lasoirée du 24, celles 
de la nuit et celles du malin : 


4 


à € S 
Urine du soir 01 -480aUrées 219 9r par: Sucre Over. ——= 0 gr. 
u 
Urine de la nuit . 21.150 Urée : 6 gr. 25 — Sucre : 4 gr. 34 — 0 gr. 69 
Ürine dumatin.:. 01.460 Urée : Sigr. 50 : — Sucre : 8'gre 0S—, lgr.'06 
26 Juin. 
Urineires tt 10041:3957 Urée::9 gr7500%1—=% Sucre :-95 er. "»., —:-"2:gr. 6à 


Les jours suivants, la glycosurie s’est poursuivie aussi intense, avec 
un régime exclusif de viande, jusqu'au {1 juillet où la chienne a été 
sacrifiée. 

Ainsi la glycosurie ne s’est pas manifestée après l’extirpation du pan- 


(4) Arch. intern. de Physiologie, t. XIII, 1913. 


268 ! SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


créas, tant qu'il y a eu des fœtus dans la cavité utérine, et c'est au 
moment précis où tous les fœtus ont été expulsés que le diabète a fait 
son apparition. Il est donc vraisemblable que le produit de la sécrétion 
interne du pancréas du fœtus a diffusé dans le sang de la mère et a 
suppléé chez celle-ci la fonction du pancréas enlevé. | 

Il y a lieu toutefois de faire quelques réserves et de se demander si 
l'absence de glyvcosurie ne peut pas être attribuée à l'action propre du 
placenta ou à la consommation du sucre par les tissus des fœtus. 

Enfin ia dépense d’albumine, calculée d’après l'urée éliminée, a atteint 
2 gr. 82 par kilogramme et par vingt-quatre heures, chiffre qui parait 
un peu élevé ; on ne peut affirmer cependant qu'il y a eu azoturie, car 
nous ne sommes pas fixés sur la mesure de l’excrétion azotée, pendant 
le jeûne, chez la femelle en état de gestation. 


SUR UN  TRYPANOSOME DE J'rüon pyrrhogaster. 


Note de M. OGawa, présentée par F. MEsxir. 


Sous le nom de f'rypanosoma diemyctuli, Tobey (1), en 1906, a décrit 
ua parasite qu'il a trouvé chez un Triton américain, Diemyctulus viri- 
descens. À ma connaissance. ce parasite est le seul trypanosome de 
Balracien urodèle décrit jusqu'ici. A cette liste, je voudrais ajouter un 
grand trypanosome que j'ai rencontré chez 7riton pyrrhogaster, à la 
ville de Fukuoka au sud du Japon. Je résume simplement mes observa- 
tions sur ce trypanosome. 

Sur une cinquantaine de 'riton pyrrhogaster examinés en juin 1913, 
la très grande majorité étaient trypanosomés, bien que l'infection fût 
généralement fort légère 

Le irypanosome présente, à l’état frais, entre lame et lamelle, des 
mouvements de plissement et d'enroulement sur lui-même. Il se 
recourbe parfois en arc de cercle. Pourtant, malgré sa grande vivacité, 
ce flagellé n’a que de faibles mouvements de translation et se déplace à 
peine dans le champ du microscope. 

Les frottis de sang ont été fixés aux vapeurs osmiques solution 
aqueuse à 1 p. 100), à l'état humide quinze minutes, surfixés à l'alcool 
absolu et colorés par le Giemsa (fig. 1 et 2. 

Le protoplasme granuleux se colore en bleu intense. Le corps montre 

eux extrémités effilées : l’'antérieure s’atlénue progressivement, la pos- 
térieure s'effile aussi graduellement et se termine en pointe. Le proto- 


(4) Voir. Laveran et Mesnil. Trypanosomes et Trypanosomiases, Paris, 1912, 
p. 880. 


à 
er Ce NS à Co 2 à A dd NS SU Ce) dE 


plasme renferme des granulations chromophiles colorées en rouge 
foncé, irrégulièrement distribuées. Près du blépharoplaste, se présente 
une vacuole ronde ou ovalaire. 

Le noyau sphérique est légèrement plus rapproché de l'extrémité 
antérieure que de la postérieure. Il se colore en rouge vif. Le blépharo- 
plaste se présente comme un grain sphérique ou ovalaire situé à une 
assez grande distance de l'extrémité postérieure. 

La membrane ondulante, située sur la convexité du corps, est bien 
développée, formant de huit à dix sréneaux. Elle est bordée par un 
flagelle libre assez long. 

Les dimensions du trypanosome en & sont les suivantes : 


De l'extrémité postérieure au blépharoplaste . 4,8 à 11,2 u 
Da blépharoplaste au bord postérieur du noyau . 21:28 312 
Du bord postérieur au bord antérieur du noyau . 3,2 à 4.8 
Du bord antérieur du noyau à l'extrémité antérieure . 22,4 à 33.6 
La longueur du corps protoplasmique est de. . . . . 57,6 à 80.8 v 


Le flagelle libre mesure 14,4 à 17,6 y. 
La largeur maxima du corps varie de 2.4 à 6,4 u. 


J'ai cultivé avec la plus grande facilité ce lrypanosome sur milieu 
gélose-sang de Novy-Mc Neal. En outre, je me suis servi avec succès de 
milieu bouillon nutritif ordinaire auquel j'ai ajouté du sang défibriné de 
lapin. On prépare le bouillon-sang suivant la formule ci-jointe : 


Bouillon nutritii ordinaires en... 2: 1910) 0. C- 
SANPAUCHDTINEMAeNADIT ER RAT US 2 CUS CC: 


Dès le troisième jour après l'ensemencement, on trouve des formes 
crithidia. La culture s'enrichit de plus en plus et au boat d'un mois, à la 
température du laboratoire, les formes sont encore très nombreuses et 
très mobiles. 

Les formes leishmania (fig. 3) qui apparaissent d'abord dans les cu 
tures mesurent 6 y de diamètre environ. Les formes crithidia (fig. 
- 7-10) ont des dimensions très variables. Les unes mesurent 23 y de long 
sur une largeur maxima de 4 à 6 y; les autres atteignent jusqu'à 35 
de long sur 3 w de large. Notamment sur milieu bouillon-sang, au 
douzième jour de culture, j'ai observé des formes très allongées et 
étroites, dont la longueur totale, compris le flagelle libre, était de 76 », 
la largeur maxima de 1,5 u (fig. 14. 

Dans les cultures âgées, en fait dès le douzième jour, sur "milieu 
gélose-sang, se présentent des formes arrondies sans flagelle libre. Elles 
mesurent de 3 à 8 de diamètre (fig. 15-18). Comme aspect, elles rap- 
pellent surtout des formes arrondies de culture, obtenues avec le 771,- 


PA 
4, 


270 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


panosoma rotalorium des Grenouilles (1). Dans le protoplasme, on 
remarque en général la présence de plus ou moins grandes vacuoles. Il 


Dessinées sur le plan de la table, avec une chambre claire Nachet. 
Grossissement 1.200 D. environ. 


F1G. 1 et 2. Trypanosomes dans le sang, 3-18, diverses formes de culture. 

F1G. 1-6, 13 et 14, fixation aux vapeurs osmiques, coloration au Giemsa. F6. 7-12 
et 15-18, fixation au liquide de Schaudinn, coloration à l’hématoxyline au fer. 

F1G. 3. Formes leishmania. — 4. Formes crithidia en rosace. — 5 et 6. Formes en 
voie de division — 7-10. Formes crithidia. — 11 et 12. Individus en forme de massue. 
— 13 et 14. Formes allongées. — 15-18. Formes arrondies sans flagelle. L. 


est d'ailleurs intéressant de faire remarquer que les formes arrondies 
possèdent souvent plusieurs noyaux et en même temps plusieurs blé- 
pharoplastes (fig. 16 et 17). 4 


(4) Ogawa. Studien über die Trypanosomen des Frosches. Arch. f. Protis- 
tenkunde, t. XXIX, 1913. 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE OA 


Pour l'étude de la structure nucléaire des formes culturales, je me 
suis servi avec les meilleurs résultats de la fixation, en frottis humides, 
au liquide de Schaudinn et de la coloration à l’hématoxyline au fer 
d'Heidenhain (fig. 7-12 et 15-18). Le noyau sphérique a une membrane 
nucléaire distincte. Un caryosome compact se montre au milieu. On 
constate avec la plus grande netteté des masses de chromatine (huit en 
moyenne) rangées contre la membrane. Elles sont réunies au carÿosome 
par des filaments chromatiques. Le blépharoplaste se présente comme 
un grain ou une baguette de chromaline, plus ou moins volumineuse, 
quelquefois entourée d'une auréole claire. 

Comme ce trypanosome du triton diffère notablement par ses dimen- 
sions du 77. diemyctuli, le seul trypanosome de batracien urodèle 
jusqu'ici connu, nous croyons devoir en faire une espèce nouvelle que 
nous appellerons 77. frilonis. 


(fnstitut d'Hygiène de l'Université de Fukuoka, Japon.) 


DE L'IMNUNITÉ ACQUISE PAR LES ANIMAUX AUXQUELS ON FAÏT A LA QUEUE 
DES VAGCINATIONS PRÉVENTIVES DE CULTURES DU MICROBE DE LA 
PÉRIPNEUMONIE, 

par D. ROUGENTZ0FF. 


Le ministère russe des Affaires de l'Intérieur, qui à engagé la lutte 

contre l'épizootie de la péripneumonie à l’aide de vaccinations Re 
‘ventives de cultures, à voulu en même temps éprouver l'immunité des 
animaux vaccinés. La question qui fut posée avant toutes autres était 
celle de savoir quel devait être le degré d'intensité de la réaction au 
vacein pour obtenir une immunité solide et sûre. 

L'étude de cette question fut proposée à l’auteur, qui, chargé de cetie 
mission scientifique, fut envoyé en Sibérie. Comme les sultures avec 
lesquelles on vaccinait les animaux en Sibérie provenaient, les unes 
de l’Institut Pasteur, et les autres du service de la péripneumonie du 
laboratoire vétérinaire au ministère de l'Intérieur à Saint-Pétersbourg, 
on a fait des expériences sur deux groupes d'animaux. L'étude d’ani- 
maux vaccinés avec la culture de l'Institut Pasteur fut faite à Kourgan, 
du département de Tobolsk, et celle des animaux qui ont recu la 
culture de Saint-Pétersbourg fut entreprise à Omsk. 

La marche de ces deux expériences fut identique : les animaux {bœuts 
et vaches) qui ont élé vaccinés deux ou trois mois auparavant provenaieni 
des régions où la péripneumonie ne sévissait pas. Ces animaux furent 
divisés en trois groupes, d’après la réaction qu'ils présentaient À la suite de 
la vaccination. 


B10LOGIE. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXV. 19 


272 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Groupe !. — Animaux qui ont réagi très fortement à la vaccination : OŒEdème 
de la queue avec complications ‘elles que : chute d’une plus ou moins grande 
partie de la queue. 

Groupe Il. — Animaux qui ont réagi d'une façon moyenne : OEdème plus ou 
moins grand de la queue, qui s’est résorbé ultérieurement. 

Groupe III. — Animaux qui n'avaient pas de réaction locale visible. 

À chacune de ces expériences fut joint un certain nombre d'animaux de 
contrôle, qui servaient de témoins et qui provenaient, eux aussi, des endroits 
où il n’y avait pas d’épizooties. 

Pendant plusieurs jours de suite, on prenait la température de ces animaux 
et, quand la moyenne fut établie, on injectait à tous les animaux, sous la 
peau, dans la région de l’omoplate, 1 c.c. de lymphe pulmonaire prélevée 
chez des animaux à la période la plus aiguë de la péripneumonie. 

Tous les animaux en expérience furent soumis à des examens soigneux : 
on prenait leur température deux fois dans les vingt-quatre heures. On 
marquait tous les jours la modification de l’œdème. En cas de mort, on 
autopsiait l'animal et on notait ce qu’on observait. 


Les résultats de nos expériences furent les suivants : 


EXPÉRIENCE A KOURGAN EXPÉRIENCE à Omsk 
Immunité après vaccination, Immunilé après vaccination, 
avec la culture de l'Institut Pasteur. avec la culture de Saint-Pétersbourg. 

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LA La LA Le LA x 
ere | eDmmmeTeRS | nee | mms | mms | cmmemmsemmes | ammencce | mens 
I 15 1 3 21008) EE I 15 0 û 3 12 
Il 80 | 2 11 12 5 Il 24 0 1 4 19 
LIT 15 8 6 2 4 If 15 1: VA 2 2 10 
Tém. 1b 10 0 3 2 |Tém. 15 116 2) (0 0 
L 


De nos expériences nous voyons que : 

EL. — Dans l'épreuve de l'immunité obtenue par la vaccination de 
cultures de l'Institut Pasteur, le virus, qui fut mortel pour 10 de 
15 animaux témoins (66,66 p. 100), le fut a) pour un seul animal du 
premier groupe (6,66 p. 100); b) pour 2 du deuxième (6,66 p. 100) et 
pour 3 animaux du lroisième groupe (20 p. 100). 

II. — Dans l'épreuve de l'immunité obtenue par la culture du service 
de la péripneumonie à Saint-Pétersbourg, le virus, qui fut mortel pour 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 9273 


13 des 15 animaux témoins (86,66 p. 100), le fut seulement pour un 
animal du troisième groupe ; pas un animal du deuxième et du premier 
groupe n'avait succombé. 

III. — Il semblerait qu'une réaction plus intense donne l’immunité 
plus forte. Mais la différence n’est pas très grande (il suffit de comparer 
les groupes I et Il). 

IV. — Prenant en considération ce fait que ia mortalité chez les 
animaux du troisième groupe avait baissé après l'injection du virus (à 
Kourgan, de 66,66 p. 100 à 20 p. 100; et à Omsk, de 86,66 p. 100 à 
6,66 p. 100), il faut croire que même les animaux qui ne présentent 
pas de réaction locale ont acquis une certaine résistance au virus de la 
péripneumonie. 

V. — En comparant nos deux épreuves, nous voyons que le virus de 
la péripneumonie, à Omsk, était plus fort (86,66 p. 100 de mortalité 
chez des animaux témoins) que celui de Kourgan {66,66 p. 100 de 
mortalité chez des animaux témoins), et cependant les animaux qui ont 
recu le premier virus (ces animaux furent vaccinés avec les cultures de 
Saint-Pétersbourg qui ont eu leur origine en Sibérie) ont paru plus 
résistants que les animaux qui furent vaccinés avec des cultures de 
l'Institut Pasteur, cultures qui tirent leur origine des épizooties, de la 
 péripneumonie en Europe occidentale. 


(Travail du service de la péripneumonie du laboratoire vétérinaire 
au Ministère russe de l'Intérieur, à Saint-Pétersbourg.) 


LE MÉCANISME DE L'ANAPHYLAXIE. ANAPHYLAXIE ET SAVONS 
(Sixième note), 


par L.-C. SouLa. 


J'ai, dans des notes antérieures, montré que l'état de sensibilité ana- 
phylactique s'accompagne et paraît être sous la dépendance d'une dégé- 
nérescence de certaines parties des centres nerveux. Cetle dégénéres- 
cence est révélée par les modifications très notables de la constitution 
chimique de la substance nerveuse. Dans celle-ci, en effet, apparaissent 
en quantité beaucoup plus considérable qu'à l’état normal les produits 
d’autolyse des substances protéiques, ainsi que je l’avais déjà montré (1). 
Des recherches nouvelles m'ont permis de constater aussi des modifi- 
cations intéressantes du côté du catabolisme des matières grasses. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biol. (4°* février, 15 mars, 12 et 26 avril et 
3 mai 1913). 


274 ‘ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Le fait initial, mis en lumière par MM. Abelous et Bardier le pou- 

voir anaphylactigène du suc d’autolyse cérébrale, laisse à déterminer 
quels sont les constituants de ce suc qui lui confèrent eette pro- 
priété. 
Guidé par ce fait qu’une injection préalable de savon [inoffensive par 
elle-même)exerce une influence anaphylactigène très marquée vis-à-vis 
de l'urohypotensine, j'ai dosé systématiquement les savons : 1° dans la 
pulpe cérébrale soumise à l'autolyse en milieu aseptique ; 2° dans le 
sang et les centres nerveux d'animaux (chiens et lapins) ayant recu 
une injection préparante de cet antigène. Pour la première série d’expé- 
riences, j'ai constaté que la quantité de savons croît proportionnellement 
à la durée de l’autolyse. Pour la deuxième série, j'ai pu constater que, 
sous l'influence d’une injection d'urohvpotensine, le rapport des savons 
à l'extrait éthéroalcoolique total, rapport que j'appelle le coefficient de 
saporification, augmente progressivement pour atteindre son maximum 
aux environs du vingtième jour, époque qui est, comme on le sait, celle 
où la sensibilité anaphylactique est maximsa. À partir de cette époque, 
le coefficient diminue progressivement pour rejoindre sa valeur normale. 
vers le 40-45° jour. À ce moment, comme-je l'ai montré antérieurement, 
la crise anaphylactique est terminée et l'animal est immunisé. 


Technique. — J'ai pour le dosage des savons eu recours au procédé de 


Hoppe-Seyler, légèrement modifié. Je décrirai donc brièvement ma tech- 


nique. 

Le sang ou la pulpe cérébrale sont pesés et immédiatement traités par 
l'alcool à 95 degrés chaud. Le mélange est broyé avec du sable, puis jeté sur 
un filtre. Le filtre est lavé à l'alcool chaud et essoré. Le filtrat atteignant 
cinq à six fois le volume de sang traité est distillé à l’ébullition dans 
jusqu'à obtention d'un résidu sec. Ce résidu sec est repris plu- 
sieurs fois par l’éther anhydre. L’éther ayant servi à ces lavages est 
recueilli. Le résidu insoluble ue l’éther est repris plusieurs fois par l’alcool 
absolu chaud. 

L'alcool absolu de ces lavages et l’éther précédemment recueillis sont 
mélangés. Évaporé au bain-marie, le mélange laisse un résidu constitué par 
les savons, des graisses et des lipoïdes. Il reste à séparer les savons des 
graisses pour définir la part de chacun de ces deux ordres de composés dans 
la constitution de l'extrait éthéro-alcoolique. 

Le résidu sec est repris par l'eau bouillante. Les savons sont dissous, une 
simple filtration à la trompe sépare graisses et lipoïdes (que l'on pèse) de la 
solution de savons. Cette filtration est longue et difficile. 

La solution aqueuse de savons est acidifiée. Les acides gras insolubies $e 
séparent. On les extrait par l’éther. L’éther est évaporé et l’on pèse le résidu 
après neutralisation. 

J'ai vérifié la pureté des savons ainsi isolés par l’acide csmique qui prend 
à la longue une teinte pourpre, phénomène très différent de celui qui se pro- 


le vide.: 


duit en présence de traces de graisses. 


Se Ci de EE 


SÉANCE DU À18 OCTOBRE 275 


————————"——"———“————— 0 


Voici les résultats obtenus (exprimés en milligrammes) : 


SANG a] CERVEAU S 
QE Mae 
(pour 1000 grammes). & (pour 100 grammes), Æ 
De Gros 
<< © 4 © 
ne ne 
Graisses | 5 Graisses |& à 
Savons. et = Savons. et (Es 
= : 
lipoïdes. | 3 lipoïdes. | S 


1500 


3660 


Chien normal. . 


Chien ‘ayant reçu 0 gr. 015 
d'urohypotensine par kilogr. | 
1 


Sacriié de 21t;jour.;: 4 14.7: 4. 298 9300 3 1300 2750 


| (EU CO EL RARE EEE LE PR 


Lapins ayant reçu 0 gr. 05 
d'urohypotensine par kilogr. 


Lapin OA LES HN 2 Re nu nee 233 » » » | » 


Sacritré de: Sejour + Li. 1, sud 5820 10 625 6875 9 
Sacritiés le A0JOUT... un 212,978 4300 6 200 1315 à 
SACLIHé leo loue T86 4060 19 2284 100 77 
Sacrifié ‘ke 20° jour . . . . . . .| 710 2200 35 2630 1988 130 
Sacrée JeHPbPSJONr, 5e 2e nes 1720 25 1380 2300 60 
Sacritié le #5 Jour. : % :: . 1011 #60 9220 6 6t4 8500 | 7 


L'examen de ce tableau montre bien que la période de sensibilité 
anaphylactique s'accompagne de modifications profondes dans la com- 
posilion de l'extrait éthéré du sang et du cerveau. 

Il est permis de se demander, en présence de la sensibilisation des 
animaux vis-à-vis de l’urohypotensine par une injection préalable de 
savons alcalins, si l’action anaphylactigène du suc d'autolyse cérébrale 
démontrée par MM. Abelous et Bardier n’est pas due à la présence de 
savons en excès dans le sang et les centres nerveux. Si on se rappelle 
que, comme l'ont montré ces auleurs, la décalcification des centres 
nerveux les rend particulièrement sensibles à l’action de l'urohypoten- 
sine et que, d'autre part, les savons sont des agents décalcifiants très 
énergiques, on peut, à bon droit, supposer que la sensibilité anmaphylac- 
tique est en grande partie la conséquence de cette saponification 
exagérée. 

(l'ravail de l'Institut de physiologie 
de la Facullé de médecine de Toulouse.) 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


& 
© 


SUR LA CULTURE ASEPTIQUE DE Ze4 mais 
EN MILIEU LIQUIDE OU L’AZOTE MINÉRAL EST REMPLACÉ DÈS LE DÉBUT 
PAR DU SÉRUM SANGUIN DU CHEVAL. 


(Communication préliminaire.) 


Note de D. Roupsky, présentée par A. LAVERAN. 


Dans ses recherches sur la nutrition des plantes, P. Mazé (1) a 
montré que les plantes supérieures peuvent absorber des matières 
colloïdales telles que la peptone et l’humus. M. Molliard (2), de son côté, 
a établi que le radis assimile l’acide urique. Mais ce dernier est une 
substance organique soluble et les expériences de Mazé ont porté sur 
des plantes qui se développaient jusqu’à un état assez avancé dans une 
solution où l’aliment azoté était du sulfate ou du chlorure d’ammonium. 
Ce n'est que lorsque la plante a déjà atteint un poids sec d'environ 
12 grammes qu’elle est privée de sa solution nutritive primitive qui est 
remplacée par une solution peptonée additionnée d’un sel d'ammonium. 

Dans mes expériences, j'ai essayé de substituer, dès le début, des 
matières albuminoïdes à l’azote minéral sans que la plante reçüt trace 
d'azote minéral. 

A cet effet, des graines de maïs sont stérilisées et mises à germer dans 
des tubes à essai sur du coton, au-dessus de l’eau distillée, chimique- 
ment pure et stérilisée. Quand la plantule a à peu près épuisé toutes les 
réserves de la graine, elle est transvasée avec toutes les précautions 
d'asepsie nécessaires dans une solution nutritive minérale (3) dépourvue 
d'azote, mais renfermant environ 400 c.c.de sérum sanguin du cheval 
pour 3 litres de solution minérale. 

Les plantes transvasées le 14 juin étaient très en retard par compa- 
raison aux plantes ayant poussé dans une solution minérale azotée. Les 
feuilles se sont redressées également, avec un retard appréciable. 
Les racines se développent très mal. En un mot, la plante paraît 


1) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, t. CLII, p. 783. 

(2) Ibid., t. CLIIT, p. 958. 

(3) J'ai employé la solution minérale suivante d'après la formule préconisée 
par P. Mazé. 


Phosphate tripotassique . . . . . . PNR TRE) cc D 1 gr: » 
Sullate de magnésium + aq. . + no 0 gr. 20 
Sulfate ferreux +7 aq. . . . . . . . NS RE UP AVE 0 gr. 10 
Chlorure de manganèse + 4 aq. . . . ... . . . . .. 0 gr. 05 
Chlorure fle Zinc. TERME En A Nr en: 0 gr. 0ù 
SiliCate depotassium 22 n0E ir ER MUR A 0 gr. 05 
Corponate de Calcium ne 7e er ne Con 29r. 


SÉSANCE DU 18 OCTOBRE PAT 


souffrir dans cette solution. Vers le milieu du mois de juillet deux 
plantes commencent à s'adapter à ce nouveau milieu et deviennent 
vigoureuses. Les feuilles prennent un aspect normal. Les racines, 


très courtes jusqu'alors et étalées en nappe à la surface du liquide, 
se ramifient abondamment et descendent de plus en plus dans 
la profondeur de la solution (1). La teinte rougeätre, communiquée à 
celte dernière par l'hémoglobine du sérum sanguin, diminue graduelle- 


(1) Je reviendrai ultérieurement sur la description des modifications mor- 
phologiques. 


278 


Né 
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ment de la surface à la profondeur. Cette décoloration est limitée presque 
au tiers supérieur de la solution qui correspond au plus grand épanouis- 
sement du système radiculaire. Celui-ci reste, en effet, plus développé à 
la surface et les radicelles très courtes et rigides présentent de très 
nombreuses ramifications qui ne descendent pas pour la plupart dans la 
profondeur. L'ensemble du système radiculaire se présente comme un 
buisson d'épines, rappelant l'aspect caractéristique des racines signalé 


par 


Mazé (1) dans les cas de concentration des solutions de sulfate 


d'ammioniüm. 
La photographie page 277 représente une de ces plantes dans les pre- 
miers jours du mois d'août. À la fin du même mois, cette plante était 


en 


fleurs. Elle est sacrifiée le 1° septembre. Entre le 14 juin et le 


4% septembre, la plante a transpiré 850 grammes d'H°O. Le liquide de 
la solution reste neutre au tournesol. 
Une expérience parallèle a été faite avec deux plants de maïs que 


M. 


Mazé à mis obligeamment à ma disposition et qui ont poussé 


jusqu'à la floraison dans une solu lion nutritive contenant un 


sel 


Le 14 juin, ces plantes ont épuisé environ les 3/4 de leur Solution 
nutritive primitive; j'ajoute une solution minérale et du sérum de - 
cheval. Les plantes, malgré leur vigueur, n’ont pas pu s'adapter à ce 
nouveau milieu et elles ont péri vers la fin du mois de juillet. 

On voit donc qu'une phanérogame peut, dans certaines conditions, 
détruire par ses propres moyens les molécules d'un composé azoté 
complexe d'origine animale et s'emparer de son azote. IH est infiniment 
probable que la plante, pour s'adapter à de telles conditions, doit 
élaborer des diastases qui n'existent peut-être pas dans des conditions 
normales, comme c’est le cas pour divers animaux soumis à certains 
régimes alimentaires. La plante adulte paraît être moins plastique dans 
ses besoins d'adaptation. 

Plusieurs questions se posent : il faudrait notamment déterminer la 
façon et l'endroit où se produit la dégradation de la ‘molécule albumi- 
noïde dont la plante assimile l'élément azoté. Les composés azotés 
complexes sont-ils absorbés tels quels par les racines et digérés ensuite 
dans les cellules, ou bien sont-ils préalablement disloqués sur place au 
fur et à mesure par une sécrétion radiculaire? Cette dernière hypothèse 
semble trouver un appui dans le fait de la réduction de l’hémoglo- 


d'ammonium. 


RE 22e M DIU MS UT 


bine &u niveau du système radiculaire, à moins que ce pigment ne soit 


absorbé plus rapidement que d’autres éléments de la solution. 
Je mé propose de continuer ces recherches. 


(4) Annales de l’Institut Pasteur, 1910, p. 722. 4 


(Travail des laboratoires de MM. A. Laveran et P. Mazé.) 


79 


SÉANCE DU Â8 OCTOBRE 279 


INFLUENCE DES INHALATIONS RÉPÉTÉÉS DE BACILLES TUBERCULEUX VIRULENTS 
OÙ MOPTFIÉS SUR L'ÉVOLUTION DE LA TUBERCULOSE CHEZ LE COBAYE, 


par V. GRYSEz. 


Dans une note précédente, étudiant avec D. Petit l’action chez le 
cobaye des inhalations de bacilles tuberculeux mis en suspension dans 
l’eau physiologique, nous avions attiré l'attention sur ce fait que des 
inhalations répétées à quelques heures d'intervalle provoquent l'appa- 
rition de lésions moinsétendueset moinsgraves que sielles sont séparées 
par un intervalle de plusieurs jours. Nous avions émis l'hypothèse qu'il 
s'agissait là d'une aptitude de l'organisme porteur de germes à éliminer 
les bacilles par les différentes voies d’'excrétion quand un nouvel apport 
de ceux-ci luiestfait. Sur les conseils de M. Calmette, nous avons cherché 
à vérifier cette hypothèse, en soumettant à des inhalations de bacilles 
tuberculeux des cobayes déjà tuberculisés depuis peu de temps par ino- 
culation. 

Nos cobayes ontété tuberculisés par injection sous-cutanée de 0 %001 
de tuberculose bovine. Les inhalations ont été faites un mois après. A 
ce moment, un témoin sacrifié ne présentait qu’une adénite correspon- 
dant au point d’inoculaiion et quelques tubercules disséminés dans la 
rate et le pancréas. 

Nous avons fait inhaler aux uns des bacilles bovins vivants, à d’autres 
des bacilles tués, ou des bacilles dégraissés ou des bacilles biliés. Ces 
bacilles étaient mis en suspension dans l’eau salée physiologique au taux 
de 5 centigrammes pour 50 c.c. 


Les inhalations étaientpratiquées à l’aide du dispositif suivant: Une allonge 
en verre à large ouverture, d’une capacité de 500 c.c., munie d'une tubulure 
latérale, était fixée horizontalement sur une table en bois dans laquelle elle 
s'encastrait jusqu à la moitié de son diamètre. Son extrémité allongée était 
mise en communication directe avec un pulvérisateur de Büchner, l’autre 
extrémité était fermée par une membrane de caoutchouc solidement fixée 
sur son pourtour et percée en son-milieu d'une fente verticale de 4 centi- 
mètres. La tubulure était reliée par un tube en caoutchouc à un barboteur 
_ contenant de l'acide sulfurique. La tête du cobaye était introduite dans la 

fente de la membrane élastique, puis l'animal était allongé sur la table et 
immobilisé dans cette position par quatre liens fixés aux pattes. Dès que 
le pulvérisateur fonctionne, les gouttelettes liquides emplissent l'allonge, 
puis s'échappent par la tubulure latérale et vont se condenser dans 
l’acide sulfurique. 

Les séances d'inhalation ont été d’un quart d'heure. 


Nous avons d'abord déterminé, comme nous l'avions fait pour les 
bacilles vivants, l’action des bacilles tués, dégraissés ou biliés, sur le 
cobaye sain. : 


280 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les inhalations de bacilles tués, uniques ou répétées, ont laissé les cobayes 
indemnes de toute lésion, même après 6 mois. 

Les inhalations de bacilles dégraissés, faites une seule fois, ont provoqué 
l'apparition de lésions pulmonaires fibreuses très minimes accompagnées 
parfois de pleurésie ; répétées deux fois à un jour d'intervalle, elles n’ont plus 
produit aucune lésion, répétées deux fois à quinze jours d'intervalle, elles ont 
donné lieu à une hypertrophie marquée des ganglions trachéo-bronchiques 
sans autre lésion macroscopique. 

Les inhalations de bacilles biliés uniques ou répétées à un jour d'intervalle 
n’ont donné lieu à aucune lésion ; répétées à quinze jours d'intervalle, elles 
ont provoqué deux fois sur quatre des lésions étendues des poumons avec 
nécrose du tissu, formation de cavernes et pleurésie, les autres organes étant 
sains. 


De semblables inhalations et des inhalations de bacilles vivants pra- 
tiquées chez des cobayes tuberculisés un mois auparavant par voie sous- 
cutanée ont en général modifié d’une façon manifeste l’évolution de la 
tuberculose chez les animaux. 

Chez quatre témoins ayant reçu uniquement une inoculation sous- 
cutänée de bacilles tuberculeux, la mort est survenue en moyenne en 
quatre-vingt-dix jours avec des lésions caséeuses généralisées à tous les 
organes et à tous les ganglions. | 

La survie a été plus longue et les lésions moins étendues chez les 
animaux soumis auxinhalalions ; ces résultatsont varié suivantla nature 
des inhalations faites. 

Les modifications les plus neltes et les plus favorables ont suivi les 
inhalations de bacilles biliés pratiquées 2 fois à un jour d'intervalle, un 
mois après l'infection sous-cutanée. La survie dans ce cas a été de 
cent neuf jours en moyenne. Les poumons ne présentaient que quelques 
granulations grises, les ganglions trachéo-bronchiques étaient simple- 
ment hypertrophiés 3 fois sur 4, les autres ganglions hypertrophiés, la 
rate et Le foie très augmentés de volume et nécrosés, 

Les inhalations de bacilles vivants répétées dans les mêmes conditions 
deux fois à un jour d'intervalle ont donné à peu près lesmêmes résultats : 
survie moyenne de cent onze jours, lésions discrètes des poumons s’ar- 
rêtant pour la plupart au stade de granulations grises, maisaccompagnées 
de petits noyaux de pneumonie ; ganglions trachéo-bronchiques caséeux 
2 fois sur 4; autres ganglions hypertrophiés; rate et foie farcis de tuber- 
cules caséeux. 

À la suite des inhalations de bacilles {ués répétées deux fois à un jour 
d'intervalle, la survie moyenne a été de quatre-vingt-dix-neuf jours; les 
lésions pulmonaires étaient beaucoup moins avancées que celles des 
témoins, mais les autres organes présentaient exactement le même aspect 
que chez ceux-ci. ; 

Il en a élé de même chez les animaux ayant reçu deux inhalations de 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 281 


bacilles vivants espacées l’une de l’autre de quinze jours, la première 
faite un mois après l'infection sous-cutanée. 

Quant aux inhalations de bacilles dégraissés, elles n’ont pas sensible- 
ment modifié l’évolution de la tuberculose chez les animaux qui y ont 
été soumis. 

(Institut Pasteur de Lille.) 


SUR LA VACCINATION CONTRE LA PESTE PAR LA VOIE CONJONCTIVALE 
A L'AIDE DE BACILLES SENSIBILISÉS VIVANTS, 


par V. GRyYsEz et B. CERTAIN. 


Partant de cette idée que, dans les formes pneumonique ou septicé- 
mique de la peste, le bacille d’Yersin emprunte souvent la voie con- 
jonctivale pour se disséminer dans l'organisme, nous avons tenté de 
vacciner par la même voie des cobayes contre cette affection. 

Nous avons eu recours à du vaccin sensibilisé vivant, préparé selon le 
principe de Besredka. 

Nous avons d’abord déterminé la dose minima non mortelle de ce 
vaccin par voie conjonctivale et par voie sous-cultanée. 

1° Seize cobayes ont recu sur la conjonctive une goutte de vaccin pur 
ou dilué dars les proportions suivantes : 


9 cobayes ont recu du vaccin pur. 


Cobayes vaccinés 2 cobayes — du vaccin dilué . . au 1/2 
par voie conjonctivale. } 2 cobayes — du vaccin dilué . . au 1/4 
2 cobayes — du vaccin dilué . . au 1/10 


Parmi les 9 cobayes instillés à l'aide de vaccin pur, 1 est mort de 
peste le 7° jour; tous les autres ont survécu au moins 16 jours. 
2° Six cobayes ont recu sous la peau les doses suivantes de vaccin : 


1cobaye.arecu. . .. . 1/2- C:c. de vaccin. 


Cobayes vaccinés 

à 2 dt 2/cobayes-ont\recu. . #1 4/5) 1c.0. — 
al v us-cutanée. / . 
P SLCODAVES ONEETECUL 0.0 2 1/20NC.C. — 


Le cobaye ayant reçu 1/2 c.c. dé vaccin est mort de peste Le 7° jour; 
les 5 autres ont survécu au moins 16 jours, temps au bout duquel les 
premières inoculations d'épreuve ont été pratiquées. 

Un vaccin sensibilisé vivant n’est donc pas dangereux pour le 
cobaye, à qui on l’instille sur la conjonctive ou à qui on l’inocule sous 
la peau. Dans ce dernier cas, il ne faut pas dépasser 1/5 de c.c. 

Nous avons déterminé ensuite à quel moment apparaissait l'immu- 
nité et l'influence de la quantité de vaccin sur sa production. 


2892 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Cobayes vaccinés par voie conjonctivale. 


NOMBRE NOMBRE 
de cobayes VACCIN PUR de jours écoulés 
ayant reçu : depuis la vaccination. 


À Mort. 14 


il Survie. 16 


2 Survie. 18 


4 Survie. 20 


Éprouvés | Al Survie. 24 


par voie conjonctivale 1 Survie. 52 


à l'aide de 1/2.000 


Vaccin dilué au 1/2. 


de culture de 24 heures 


2 Mort. 20 


sur tube de gélose 


inclinée. | Cie É 
| l accin dilué au 1/4. 


1© 


Mort. 25 


| Vaccin dilué au1/10 


(9) Mert. 33 


Éprouvés par la voie Vaccin pur. 
sous-cutanée à l’aide de 1/2.000 


| de culture par 24 heures. À Mort. | 20 | 


Des témoins inoculés dans les mêmes conditions avec les mêmes dilu- 
tions de culture de peste virulente mouraient du 3° au 5° jour, soit de 
pneumonie, soit de septicémie pesteuse. 


Cobayes vaccinés par voie sous-cutanée. 


NOMBRE NOMBRE VACCIN VACCIN 


de de jours écoulés inoculé | inoculé 
: depuis la vaccination, 1/5 1/20 
cobayes. sous-cutanée. detc:cAlidetcuc: 


; 1 16 Survie. » 
Eprouvés par voie conjonctivale | 
à l’aide de 4! 16 » . Mort. 

1/2.000 de culture. 


À 90 » Survie. 


Éprouvés par voie sous-cutanée | 5:41! 26 | Survie. » 
à l’aide | | 
24 | » Mort. 


de 1/2.000 de culture. 4," 
; | 


re ee 


Ÿ 
À 
di 


SÉANCE DU 18 OCTOBRE 282 


Conclusions. — 1° La vaccination par voie conjonctivale avec du 
vaccin sensibilisé vivant est efficace contre l'infection par voie conjonc- 
tivale par 1/2.000 de culture virulente de peste, mais non contre l’inocu-_ 
lation sous-cutanée de la même dose de culture. 

92 L'immunité se manifeste du 16° au 18° jour et elle durait encore 
52 jours après linstillation vaccinante. 

3° L'immunité par vaccination sous-cutanée s'obtient également bien, 
. mais elle paraît exiger une plus forte dose de vacein (1/5 de c.c. au lieu 
de 1/20) ou quelques jours de plus (20 au lieu de 16). Elle permet, par 
contre,au cobaye de résister à une inoculalion sous-cutanée de 11.000 
de culture. 

- 4° La vaccination conjonctivale par virus pesteux sensibilisé ne 
paraît offrir aucun avantage pratique sur la vaccination sous-cutanée. 


(Jnstitut Pasteur de Lille.) 


DE L'EMPLOI DU-MÉTRONOME DE POCHE DANS LA MARCHE, 


par FÉLIX REGNAULT. 


Je présente un nouvel instrument, le métronome de poche, inventé 
par M. Collery (de la Chaux-de-Fonds), qui l’a destiné aux musiciens. 
j'ai trouvé qu'il offrait un grand avantage dans l'étude de la marche et 
peut-être pourra-t-il être utile dans d’autres recherches physiologiques. 

Le métronome a le volume et la forme d’une montre {1}. Il suflit de 
le remonter comme une montre pour mettre le balancier en meuve- 
ment; on peut en régler de suite la cadence en mettant l'aiguille au 
chiffre désiré entre 40 et 200 à la minute. 

Le métronome tenu à la main par un homme en marche fonclionne 
comme au repos, c'est-à-dire avec une précision de + 2 p. 100. 

Le critique musical s’en sert en ajustani ses battements aux mou- 
vements du morceau qu'il écoute; il peut ainsi s'assurer si le morceau 
est joué conformément aux idées de son auteur. 

en est de même pour le marcheur. Le sujet qui veut s'entraîner, 


(1} M. Collery nous rapporte que bien des essais furent tentés dans cet 
ordre d'idées, notamment par Bienaimé Fournier, à Amiens, en 1824; Becket 
et Wood, à Montréal; Silbermann, en Suisse; Rosenrath, à Berlin; Frémont, 
à Paris, etc. Ils ne réalisèrent point leurs conceptions. M. Collery y arriva 
en créant un organe nouveau, remplaçant le pendule du métronome de 
Maelzel : c'est un balancier circulaire à ressort, réglant mobile dontle nombre 
d'oscillations à la minute puisse être modifié entre des limites très écartées 
suivant une loi mathématique bien définie. 


284 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


soit à la marche, soit au pas gymnastique, le fait suivant certaines 
règles. Des tableaux indiquent à quelle cadence il doit commencer la 
marche, comment il doit l’augmenter peu à peu, la modifier suivant le 
nombre des leçons. Il sera très difficile au débutant de suivre ces indi- 
cations, s’il n'a pas un professeur qui marche en même temps que lui. 
Au contraire, avec le métronome de poche, rien n'est plus facile. 
L'élève le règle au nombre voulu, part en adaptant sa cadence à celle du 
balancier et en augmente les battements suivant les indications fournies 
par sa méthode. Il faut se rappeler qu’un battement du métronome 
doit correspondre à un demi-pas et non à un pas complet. 

Autre avantage : un instructeur veut-il savoir à quelle cadence 
marchent ses élèves. Il lui suffira de faire concorder les battements de son 
métronome avec la cadence des pas de ses sujets. Il obtient ainsi cette 
connaissance de suite, comme le musicien sait de suite suivant quel 
rythme on joue son morceau. Les essais que j'ai pratiqués m'ont tou- 
jours parfaitement réussi, et je crois que ce petit instrument sera utile 
aux gens qui s'occupent de sport. 


ERRATUM 


NOTE DE À. GUILLIERMOND. 


T. LXXV, page 86, ligne 4. Au lieu de : il est facile de constater que ces chro- 
matophores, lire : il est facile de constater que ce chromatophore, — et mettre au 
singulier tout ce qui se rapporte dans la phrase à chromatophore. 

— Ligne 19, au lieu de : A. Heger, lire : À. Meyer. 

— Ligne 27, au lieu de : qui attirent les mitochondries, lire : qui altérent les mito- 
chondries, 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


SÉANCE DU 15 JUILLET 1913 


SOMMAIRE 
BEAUvERIE (J.) : Corpuscules mé- la fibrillation des oreillettes, chez le 
tachromatiques et phagocytose chez CHERE NEPAL RE En 95 
leSvérÉtaUx M TN RC Te 93 SARTORY (A.) et GIMEL (G.) : Pou- 
Busquet (H.) : Modification, sous voir antiseptique du Perborate de 
l'ivfluence de la pilocarpine, de la soude associé à l’iodure de potas- 
réaction ventriculaire consécutive à sium, en présence de l’eau . .... 98 


Présidence de M. Meyer. 


CORPUSCULES MÉTACHROMATIQUES ET PHAGOCYTOSE CHEZ LES VÉGÉTAUX, 


par J. BEAUVERIE. 


Ayant eu récemment connaissance d’une note de M. et M°° Moreau, 
intitulée « Les corpuscules métachromatiques et la phagocytose » (1 
où nous nous trouvons quelque peu mis en cause, nous voudrions 
dégager ici notre opinion. 

« Il paraît résulter des notes de Beauverie (y est-il dit), bien que cet 
auteur ne l'ait pas expressément écrit, que la production des corpuscules 
mélachromatiques dans les hyphes des Urédinées est liée à la phagocy- 
tose de ces derniers par les cellules hospitalières et que leur présence 
est un témoignage de la victoire de la plante supérieure dans la lutte 
qu'elle livre au champignon qui l’envahit. » 

Non seulement, nous n'avons pas écrit que cette production esf liée à 
la phagocytose, mais nous ne l'avons jamais pensé. Voici ce que nous 
avons dit pour le cas des Urédinées (2) : A la suite de l'action destruc- 


(1) Bull. de la Soc. mycologique de France, t. XXIX, p. 170-173, 1913. 
(2) Comptes rendus de l’Acad, des Sciences, 6 mars 1911; Comptes rendus de la 
Soc. de Biologie, 25 mars 1911. 


NE 


286 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY LEON 


trice des cellules de l'hôte, les hyphes se désorganisent progressivement 


et un certain nombre des corpuscules métachromatiques (qui préexis- 


taient dans le filament) arriventàen constituer les derniers vestiges ; leur. 


assemblage en rappellemême pendant quelque temps la forme. Quant à 


l'idée que les corpuscules métachromatiques sont des produits de dégé- 


nérescence qui n'apparaissent qu'à la suite de l’action phagocytaire de 
l'hôte, elle ne doit pas venir à l'esprit de quiconque connaît la question 
des corpuscules métachromatiques. Pour nous en tenir à nos propres 
recherches, déjà en 1903, dans un mémoire en collaboration avec 
Guilliermond, où nous faisions l'étude cytologique aussi complète que 
possible du Botrytis cinerea (Centr.f. Bak., &. X), nous concluons à leur 
rôle de substance de réserve en nousbasantsurtout sur les faits suivants : 
« leur apparition dans les filaments les plus jeunes, leur disparilion dans 
les têtes sporifères et leur réapparition dans les conidies, leur abondance 
dans les sclérotes ». Plus tard, dans nos études sur l’aleurone, nous avons 
constaté que la substance organique du globoïde servant de substratum 
aux matières minérales, paraît très voisine de la substance des corpus- 
cules métachromatiques (c’est aussi l'opinion de À. Meyer et de Guillier- 


mond) : le rôle de substance de réserve n’est encore pas douteux dans 


ce cas. Nous avons toujours constaté l'abondance particulière des corpus- 
cules métachromatiques dans les stroma qui servent de substratum aux 
tores à urédospores ou à télentospores des rouilles des Graminées. Dans 
les mycorhizes d'Orchidées, nous retrouvons encore ces organites fort 
abondants dans les hyphes avant leur destruction, mais, fait à signaler, 
ils persistent encore en grand nombre dans les pelotons où les fila- 
ments sont déjà indistincts. Nous poursuivons parallèlement l'étude 
cytologique des faits de symbiose chez ies Grchidées et de parasitisme 
dans le cas des rouilles des Graminées dans l'espoir de voir ces faits 
s'éclairer mutuellement. Nous avons retrouvé chez les rouilles des 
Graminées, sur le bord des taches, des faits analogues à celui que nous 
venons de signaler : destruction des filaments dans certaines cellules et 
persistance pendant quelque temps des corpuscules métachromaliques 
qu'ils renfermaient. Ce sont ces corpuscules épars que nous avons assi- 
milés aux « nucléoles » sur l'existence desquels Eriksson croit pouvoir 
élayer sa théorie du mycoplasma. Nous les avons aussi comparés aux 
corps que Zach a signalés dans detelles celiules et qu’il considère comme 
des produits de dégénérescence des hyphes sous l’action phagocytaire de 
l'hôte. Comme nous prenions la précaution de l’annoncer dans notre 
note, nous ne connaissions alors le mémoire de Zach que par une brève 
analyse ; l'examen du texte et des figures, ne nous permet pas de main- 
tenir notre comparaison que semblait autoriser l'assimilation que Zach 
avait fait de ses corps avec les nucléoles d’Eriksson. Les corps de Zack 
ne sont donc pas des corpuscules métachromatiques, et par suite, ils ne 


sont pas les « nucléoles » d'Eriksson ; ils sont plutôt assimilables à cer- 


(95) =  SÉANCE DU 15 JUILLET 287 


taines vésicules ou globules, résultant notoirement de la dégénérescence 
des hyphes, que l’on trouve chez quelques mycorhizes. 

Nous profiterons de l’occasion pour attirer l’attention sur certains faits 
très fréquents dans l’évolution des corpuscules métachromatiques et qui 
sont inexplicables par la seule hypothèse matière de réserve : Ces corps 
existentencore plus ou moins abondants dans les vieilles cultures (Botry- 
tis cinerea); ils ne disparaissaient pas complètement dans l’eau distillée 
(id.) ; ils persistent après la destruction des hyphes sous l'action phago- 
cytaire (?) de l'hôte (rouilles des Graminées, mycorhizes d’Orchidées où 
on les trouve à l'état de très nombreux petits grains rouges dans le 
peloton mycélien déjà presque amorphe) et mème, si l'on admet le 
rapprochement que nous avons fait dans le cas de l'aleurone, la subs- 
tance métachromatique du globoïde, persiste partiellement à la germ:- 
nation, après la digestion de tous les autres éléments du grain d’aleurone. 
Cette persistance d'une partie des corpuscules métachromaliques à la 
suite des processus de destruction des éléments qui les renferment, nous 
a depuis longtemps frappé. Nousle signalons en même temps que l'intérêt 
qu'il y aurait à en découvrir l'explication. 

En résumé, comme M. et M"° Moreau, nous pensons que les corpus- 
cules métachromatiques ne sauraient être assimilés à des produits de 
dégénérescence des filaments mycéliens se produisant sous l'influence 
d’une sorte d'action phagocytaire. Nos recherches antérieures ont d’ail- 
leurs contribué, depuis longtemps, à démontrer leur fréquence ehez les 
plantes et leur rôle principal de substance de réserve. Les corps de Zach 
ne doivent être assimilés ni à des corpuseules métachromatiques, ni 
aux nucléoles d’Eriksson, mais bien plutôt à certains corps d’excrétion 
que l'on trouve chez quelques mycorhizes d'Orchidées. Enfin nous 
signalonsun caractère assez fréquent des corpuscules métachromatiques : 
leur persistance après la destruction des éléments où ils s'étaient 
formés (hyphes généralement); la signification de ce fait reste encore 
à expliquer. 


MODIFICATION, SOUS L'INFLUENCE DE LA PILOCARPINE, DE LA RÉACTION VEN- 
TRICULAIRE CONSÉCUTIVE A LA FIBRILLATION DES OREILLETTES, CHEZ LE 
CHIEN, 

par H. BUSQUET. 


Depuis les travaux de Philips (1) et de L. Fredericq (2), on sait que 
la fibrillation des oreilletles rend irréguliers et plus fréquents les bat- 
tements des ventricules. Ce mode général de réaction de ces cavités 


( 


1) F. Philips. Arch. int. de Physiol., 1904-1905, II, 271-280. 
(2) L. 


 Frédéricq. Arch. int. de Physiol., 1904-1905, IT, 281-285. 


Brococie. CompTEs RENDUS. — 4913, T. LXXV. 20 


288 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (96) 


comporte, néanmoins, quelques exceptions. Nous avons déjà montré (1; 
que, sur le cœur affaibli de lapin, la trémulation des oreillettes pro- 
voque immédiatement l'arrêt des ventricules en diastole. Sur le cœur 
affaibli de chien, nous n'avons jamais observé ce dernier phénomène; 
toutefois, nous avons réalisé chez cet animal, grâce à la pilocarpine, des 


conditions-où la faradisation des oreillettes produit une réponse ventri- 


culaire lout à fait spéciale. 


Technique. — Chez des chiens chloralosés et soumis à la respiration artifi- 
cielle, le thorax est ouvert et le cœur mis à nu. Deux hamecons piqués l’un 
dans une oreillette et l’autre dans un ventricule sont réunis par des fils à un 
système de tambours convenablement agencés pour inscrire simultanément 
les battements auriculaires et ventriculaires. À un moment donné, l'animal 
recoit par la veine saphène 0 gr. 00! à 0 gr. 0015 de nitrate de pilocarpine par 
kilo ; deux ou trois minutes après cette injection, les oreillettes sont fara- 
disées et mises en trémulation. 

Résultats. — La pilocarpine provoque, comme on le sait, un ralentissement 
notable des battements cardiaques. Sur le cœur ainsi ralenti, la faradisation 
des oreillettes met ces cavités en fibrillation et, contrairement à ce qui se 
passe pour le cœur normal, la trémulation auriculaire persiste très longtemps 
(15 à 20 minutes) après .la cessation de l'excitation électrique ; c'est là, 
d’ailleurs, un fait qu'a déjà signalé Winterberg (2) et qui s’observe avec 
d'autres poisons excitant l'appareil cardio-inhibiteur (nicotine, physostigmine). 


Le cœur pilocarpiné à oreillettes trémulantes présente un rythme 
ventriculaire différent de celui qu'ont décrit Philips et Fredericq : les 
ventricules sont très irréguliers comme chez le chien normal, mais au 
lieu d'être accélérés, ils batlent avec une lenteur encore plus grande 
qu'avant la fibrillation auriculaire. Le tableau ci-dessous rend nettement 
compte de ce dernier phénomène. 


NOMBRE DE BATTEMENTS PAR MINUTE 
CT EE 0 M + 


Avant l'injection Après l'injection Avant la 
de pilocarpine. de pilocarpine. fibrillation auriculaire. 
120 70 41 
111 89 d0 
102 32 25 
96 60 33 
91 3) 2% 
34 41 | 27 


Comme on le voit d’après ces résultats, le ralentissement ventriculaire 
observé pendant la trémulation des oreillettes ne doit pas être considéré 
comme une coïncidence pure et simple entre l'effet spécifique de 


1) H. Busquet. C.R. Réunion biol., Nancy, 1913, 831. 
(2) H. Winterberg. Pfluger’s Archiv, 1908, CXXI, 361-379. 


ee TS TN I PS UN le Te PTT 


CPI Er NET 


à 


+97) SÉANCE DU 45 JUILLET ‘289 


l'alcaloïde employé et la fibrillation. Celle-ci exagérant la bradycardie 
pilocarpinique antécédente, il est bien évident que la trémulation auri- 
culaireet le ralentissement des ventricules sont liés par un rapport de 
cause à effet. 


On sait, depuis les travaux de Winterberg, que l’atropine arrête les fibril- 
lations auriculaires entretenues par la pilocarpine. Comme on pouvait le 
prévoir, l’atropine fait également disparaître le ralentissement ventriculaire 
spécial que nous avons décrit; immédiatement après l'injection de 0,005 de 
cette substance, les battements des ventricules deviennent réguliers et accélérés. 


Interprétation du ralentissement ventriculaire provoqué par la fibril- 
lation des oreillettes. — On sait que la section expérimentale du faisceau 
de His chez le chien (Fredericq) ou les lésions diminuant sa conductibilité 
chez l'homme (Lewis et Mack) (1) empêchent la fibrillation des oveillettes 
de produire l’affolement des ventricules; l’irrégularité et l'accélération 
de ces dernières cavités, dans le cas de trémulation auriculaire, tiennent 
done vraisemblablement au passage, à travers le faisceau de His, d’ondu- 
lations multiples et désordonnées parties des oreillettes. Le phénomène 
spécial observé après l'injection de pilocarpine semble indiquer, au 
contraire, qu'un très petit nombre de ces faibles ondulations auriculaires 
parvient à franchir le faisceau unissant et qu'il se produit, sous 
Pinfluence de l’alcaloïde, un block partiel du pont atrio-ventriculaire. 
Cette hypothèse, d'ailleurs, est d'autant plus légitime que la pilocarpine 
excite l'appareil cardio-inhibiteur et que l’activité de cet appareil a pour 
effet, on le sait, de diminuer la conductibilité du faisceau de His. L'’inter- 
prétation du fait décrit dans cette note est, au fond, identique à celle que 
nous avons récemment proposée pour expliquer l’arrêl ventriculaire du 
cœur affaibli de lapin à oreillettes trémulantes. Toutefois, chez le chien 


-pilocarpiné, on n’observe pas une suspension totale des battements, soil 


que le block du pont unissant soit moins complet que chez le lapin, soit 
que les ventricules possèdent chez le chien un automatisme dont serait 


dépourvu le cœur affaibli de l'autre animal. 


En résumé, chez le chien, après une dose convenable de pilocarpine, 


la fibrillation auriculaire expérimentale, loin de produire l’affolement 


des ventricules, fait apparaître dans ces cavités un rythme encore plus 
lent que le rythme pilocarpinique proprement dit. 

Ce phénomène reconnait vraisemblablement pour cause un block 
partiel provoqué par la pilocarpine au niveau du faisceau de His. 


(1) T. Lewis et E.-G. Mack. Quart. Journ. of Med., 1909-1910, HIE, 273. 


Q 


,* 


290 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (98) 


“ 


POUVOIR ANTISEPTIQUE DU PERBORATE DE SOUDE 
ASSOCIÉ A L'IODURE DE POTASSIUM, EN PRÉSENCE DE L'EAU, 


par A. SARTORY et G. GIMEL. 


On connaît, depuis assez longtemps déjà, un certain nombre de sels 
oxygénés, les carbonates et les borates alcalins, notamment, doués de 
la propriété de fixer, dans certaines conditions, un atome d'oxygène 
supplémentaire sur leur molécule. Cette fixation d'un atome d'oxygène 
supplémentaire dans la molécule de ces sels est toujours assez faible 
pour que les composés péroxydés ainsi obtenus abandonnent facile- 
ment leur atome d'oxygène supplémentaire sous des influences peu 
énergiques. 

Le Perborate de soude, par exemple, qui a comme formule 
BoONa + 4 HO, simplement dissous dans l’eau, abandonne sponta- 
nément cet atome d'oxygène, et celui-ci, au lieu de se dégager, se fixe 
immédiatement sur l’eau de dissolution, donnant ainsi de l'eau 
oxygénée H°0*°. 

Si nous associons maintenant à ce Perborate de soude une certaine 
quantité d’iodure de potassium et d’eau (BoO°Na + 4 H°O + IK), le 
premier de ces produits donnera naissance à du métaborate de soude, 
plus de l’oxygène; BoONa dissous — Bo’Na + O, du tétraborate 
B'O'Na* et BoO'H®. 

Le deuxième produit (l’iodure de potassium) donnera de l’iode à l’état 
transitoire, des iodates alcalins et périodates, terme ultime de l’oxyda- 
tion. Il y aura, en outre, comme nous l’avons vu plus haut, formation 
d’eau oxygénée H°0° et dégagement abondant et instantané d'oxygène. 

Notre solution contiendra donc trois éléments antiseptiques, bore, 
iode et oxygène. 

Nous avons voulu mesurer le pouvoir antiseptique du mélange de ces 
deux sels, suivant le rapport ci-dessous : 


10 centigrammes. . . . . IK + 0 gr. 90 de perborate de soude. 
A5- centigrammes. ,:. .7. °° 1K + 0 gr. 85 — 
20 centigrammes. . . . . [K + 0 gr. 80 — 


Nous avons ainsi pu déterminer les doses antibiodiques pour les 
cultures de B. d’'Eberth, de PB. coli, de streptocoque et de staphylo- 
coque doré. 

Voici quels ont été nos résultats : 

Disons de suite que les doses de O0 gr. 20 d’iodure de potassium + 0,80 
de Perborate (pour un litre d’eau ou de bouillon nutritif) fournissent 
le pouvoir antiseptique le plus élevé. 

Après avoir effectué le mélange de sel dans un litre de bouillon ou 


(99) SÉANCE DU 15 JUILLET 291 


d’eau stérilisée, préalabiement ensemencé avec les bactéries désignées 
ci-dessus, nous avons pu constater que ces bactéries ne rendaient pas 
une fois la réaction terminée. Des ensemencements avec ces bouil- 
lons ou ces eaux dans du bouillon nutritif neuf ne cultivaient plus 
(0 gr. 20 KI + 0, 80 Perborate). 

Pour un mélange de 0 gr. 10 de KI +0 gr. 90 de Perborate, nous 
avons pu constater que quatre fois sur sept (cela avec du B. coli de 
différentes provenances) l’action antiseptique du mélange de sel n'était 
pas suffisante pour empêcher la végétation du 2. coli et du streptocoque. 

Le Bacillus sublilis résiste à tous ces mélanges de sels. La dose de 
0,85 Perborate + 0 gr. 13 IK empêche la végétation du Z. coli et du 
B. tvphique. 

-_ Nous avons terminé nos essais en effectuant les expériences sui- 
vantes : 

Trois bouteilles de-un litre non stérilisées étaient remplies avec de 
l’eau du robinet (325 bactéries par centimètre cube). Dans chacun de 
ces récipients, nous extroduisons un des trois mélanges ci-dessus dési- 
gnés et, la réaction une fois terminée (une heure après environ), nous 
ensemencions des bouillons nutritifs avec cette eau chargée de sels. 

Nous constations, dans les trois cas, que nos bouillons ne cultivaient 
pas et que l’eau était privée de bactéries vivantes. Les moisissures 
seules végétaient dans ces mélanges (Penicillium glaucum, Mercor 
niger, etc.). Ce procédé semble même très commode pour priver un 
mélange de culture de ses bactéries et laisser subsister seulement les 

espèces cryptogamiques. 

_ En résumé, ce mélange de Perborate et d'iodure semble doué d’un 
pouvoir antiseplique appréciable. Nous ferons connaître, dans un pro- 
chain travail, d’autres résultats bactériologiques en ce moment en 
cours d’études. 


ni me cr 


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: 


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=. 


293 


RÉUNION BIOLOGIQUE 


DE SAINT-PÉTERSBOURG 


SÉANGE.DU. 7 'OCTOBRE:I98 


SOMMAIRE 
ILE (M.-D.) : Sur la physiologie tozoaires (Première communica- 
AUS SÉSICR MATE NO RP EN TT 209% ONE IE INR MES cn ane 297 
PirchouGuINE : Sur la dégénéres- SorkoLov : Contribution au pro- 
cence Jlécithinique :.. ." …. … ... 294 | blème de la régénération des pro- 
SoroLov : Contribution au pro- tozoaires (Deuxième communica- 
blème de la régénération des pro- HONTE Mr iris 299 


Présidence de M. Kholodkovsky. 


SUR LA PHYSIOLOGIE DU GÉSIER, 


par M. D. ILInINE. 


Pour élucider le rôle physiologique du gésier chez les Oiseaux, pour 
savoir si cet organe ne sert qu'à chauffer et à macérer la nourriture ou 
s’il la digère aussi partiellement, l’auteur a fait l'expérience suivante (1) : 

L'auteur se servait des poules et des coqs destinés à l'engraissement 
et qui, recevant deux fois par jour 250 à 306 grammes et parfois 500 gram- 
mes d'une pâte demi-liquide par un caoutchouc, avaient un gésier 
élargi; il lavait le gésier de l'oiseau en y introduisant deux fois de l’eau 
chaude à l’aide d’une sonde, il versait ensuite dans le gésier 300 à 
400 grammes d'amidon liquide ne donnant pas la réaction de Trommer. 
Quinze à vingt minutes après, il siphonnait par la sonde une partie 


de l’amidon et l’examinait au Trommer au point de vue de sa teneur 


(1) Les expériences ont été faites à l’école spéciale de Mme Orlova (St. Voro- 
venka, gouv. de Novgorod). 


294 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


en sucre. La réaction était positive; il faut donc supposer que la. 
muqueuse du gésier produit une diastase transformant l’amidon en 
sucre. À l'objection que la diastase pouvait venir de la bouche, on peut 
opposer le fait que les oiseaux n’ont pas de glandes salivaires produi- 
sant une diastase. 

Pour éliminer toute cause d'erreur, l’auteur a fait l'expérience sui- 
vante : il à extirpé le gésier à un poussin qui venait de sortir de 
l'œuf et n'ayant encore recu aucune nourriture, il l'a broyé et en a 
fait une macération dans une solution de NaCI à 0,5 p. 100 additionnée 
de thymol. Mélangée avec de la colle d'amidon et placée à l’éluve dans 
des conditions antliseptiques,; la macération réduisait le réactif de 
Trommer; la supposition de l’action saccharifiante du gésier se trouve 
ainsi vérifiée. 

Signalons encore, en passant, ce fait physiologique intéressant que les 
organes digestifs produisent des ferments déjà au cours de la vie 
embryonnaire, avant l'absorption de toute nourriture par les voies 
digestives; l’auteur a constaté que la macération de la muqueuse de 
l'estomac des poussins, pris un ou deux jours avant leur sortie de l'œuf, 
digère la fibrine (on s'est servi pour la préparation de la macération 
d'une solution faible de HCI). 

Le rôle physiologique des ferments digestifs ne se borne donc pas à la 
digestion, autrement ils ne seraient pas produits si tôt par l'organisme. 
On sait d’ailleurs que les glandes digestives produisent des ferments 
pendant le temps où l'organisme n'absorbe pas de nourriture et même 
pendant un jeûne prolongé. 

L'auteur a proposé l'étude détaillée du rôle physiologique du gésier 
el de la production des ferments pendant la vie embryonnaire à 
M. Alekseiev qui travaille dans son laboratoire. 


SUR LA DÉGÉNÉRESCENCE LÉCITHINIQUE, 


par PITCHOUGUINE. 


Afin d'élucider, en se servant de la méthode de Ciaceio (1), le pro- 
blème de savoir si la lécithine et les produits qui se rapprochent de cette 
substance jouent un rôle dans le mécanisme de la formation de la 
graisse dans la dégénérescence graisseuse, nous avons entrepris une 
série d'expériences sur des animaux que l'on intoxiquait par le phos- 
phore, l’arsenie, le chloroforme, la toxine diphtérique, la Loluylènedia- 


(1) Ciaccio. Centralbl. f. allg: Path., t. XX, 1909, n°5 9 et 17; — Virchow’s 
Arch. t. CIC; — Anatom. Anzeiger, 1910, t. XXXV, p. 17. 


SÉANCE DU 7 OCTOBRE 9295 


mine et des expériences dans lesquelles on provoquait l’anémie chez des 
lapins par des saignées. 


Afin de voir si la lécithine se fixe réellement d’après la méthode de 
Ciaccio, nous avons fait une série d'expériences de contrôle préliminaires en 
nous servant de frottis des émulsions de diverses substances graisseuses (dont 
plusieurs chimiquement pures) et en injectant ces substances dans le péri- 
toine, le foie, les reins et les muscles des animaux de laboratoire. Ces expé- 
riences ont montré que la lécithine de Kahlbaum et de Merck se fixe. en effet, 
d'après la méthode de Ciaccio et ne se dissout pas ensuite dans les divers 
alcools et le xylol, tandis que les acides cléique, palmitique et stéarique de 
Kahlbaum, la cholestérine (Kahlbaum), le suif et en partie l’oléinate de soude 
de Merck se dissolvent après la fixation dans les dissolvants cités. 


En étudiant l'accroissement successif de l'intensité de la dégénéres- 
cence graisseuse, nous avons observé le fait important suivant : au 
début de l'expérience, on constate l'apparition d’une dégénérescence 
lécithinique qui, après avoir atteint son maximum de développement, 
diminue peu à peu, et, chose intéressante, au moment où la dégéné- 
rescence lécithinique commençait à diminuer, nous avons observé 
l'apparition d’une dégénérescence graisseuse; à mesure que l'intensité 
de la dégénérescence lécithinique diminuait, l'intensité de la dégéné- 
rescence graisseuse augmentlait, de telle manière que sur quelques- 
unes de nos préparations nous n'avons constaté enfin que les carac- 
tères de la dégénérescence graisseuse. 

Nous avons ainsi établi, en nous servant de la méthode de Ciaccio, ce 
fait important qu'au cours des premiers stades de la dégénérescence 
graisseuse, c’est presque exclusivement la lécithine qui apparait dans les 
cellules ; peu à peu cette substance disparaît, en se dédoublant en ses 
parties composantes, et fournit probablement les matériaux servant à 
la formation des autres substances graisseuses. 

Comme on le sait, la lécithine se rencontre dans presque toutes les 
cellules de l'organisme et forme, à côté des matières protéiques, une 
partie importante du protoplasme vivant. C'est pourquoi le rapport éta- 
bli plus haut entre la dégénérescence lécithinique et la dégénérescence 
graisseuse nous donne le droit d'affirmer avec une grande probabilité 
que la lécithine du protoplasme cellulaire est la source de la graisse des 
organes à dégénérescence graisseuse de nos animaux d'expériences. 

Le noyau de la cellule, à ce qu'il paraît, ne joue pas de rûle dans la 
formalion de la graisse, parce qu'on n’y observe que très rarement 
l'apparition de la lécithine. 

Nos expériences établissent ainsi le fait que la graisse que l’on constate 
dans les cellules à dégénérescence graisseuse n’est pas due, comme l'ont 
cru beaucoup d'auteurs, à une infiltration, mais qu’elle se forme proba- 
blement aussi aux dépens du protoplasme de la cellule elle-mèéme. 


296 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


Nous avons constaté que, dans les organes éludiés par nous (le foie, 
les reins, le cœur), le phénomène du passage de la dégénérescence léci- 
thinique à la dégénérescence graisseuse présente des variations suivant 
les organes : il est plus prononcé dans le foie, moins dans les reins. 
Dans le cœur ce phénomène a été observé seulement à la suite d’une 
intoxication par le chloroforme, et même dans ce cas il s’est manifesté 


d'une manière peu prononcée; l'intoxication par l’arsenic et la toxine 


diphlérique nous a permis d'observer du début des expériences à la fin 
presque exclusivement la dégénérescence lécithinique. 


Nos expériences ont montré ensuite que la dégénérescence lécithinique ne 
se manifestait pas simultanément dans tous les organes étudiés par nous; 
ainsi, à la suite de l’intoxication de lapins par le phosphore et ie chloroforme 
et de cobayes par la toxine diphtérique, la dégénérescence lécithinique 
apparaît tout d’abord dans le foie, tandis que dans le cas de l’intoxication par 
l’arsenic c'est le cœur qui est le premier envahi par la dégénérescence. 

Les expériences sur l'intoxication par la toluylènediamine et sur la provoca- 
tion de l'anémie par des saignées n'ont pas donné de résultats positifs. 

L'intensité la plus prononcée de la dégénérescence lécithinique ne se mani- 
feste pas simultanément dans tous les organes. L’intoxication des animaux 
par de grandes äoses de phosphore et d’arsenic provoque une dégénéres- 
cence extrêmement marquée du foie (dans le cas de l’arsenic aussi des reins). 
A la suite de l’intoxication de lapins par le chloroforme (après la première 
séance) et par de grandes doses de toxine diphtérique le cœur presque entier 
a été envahi par la dégénérescence lécithinique, tandis que dans le foie et 
les reins la dégénérescence s’est manifestée d’une manière plus modérée ou 
faible. 


Nous avons aussi examiné, en nous servant de la méthode de Ciaccio, 
le foie, le cœur et les reins dans 55 cas anatomo-pathologiques et nous 
avons constaté le même phénomène du passage de la dégénérescence 
lécithinique à la dégénérescence graisseuse. [Il faut pourtant signaler 
que nous n'avons pas observé souvent de dégénérescence lécithinique 
très prononcée, mais en général pas beaucoup plus rarement que la 
dégénérescence graisseuse à intensité égale. Des trois organes qui ont 
fait l'objet de nos études, c'est dans les reins et dans le cœur que nous 
avons observé principalement la dégénérescence lécithinique soit 
modérée, soit forte. 


({nslilut d'anatomie pathologique de l'Université de Kazan.) 


Æ 


PÉTER SA 


er 


SÉANCE DU 1 OCTOBRE- 297 


CONTRIBUTION AU PROBLÈME DE LA RÉGÉNÉRATION DES PROTOZOAÏIRES 
(Première communication), 


par SOKOLOV. 


Nous voulons rapporter, dans la présente communication, les résultats 
d’une série d'expériences concernant le problème de la faculté de régé- 
nération chez les protozoaires. Nous avons étudié la régénération des 
protozoaires dans leur milieu normal et dans des solutions minérales. 
Nous nous sommes servis de sels neutres parce que nous voulions 
aussi étudier le problème de la neutralisalion des ions qui ne sera pas 
traité ici. 

Les expériences ont porté sur deux infusoires : le Spirostomum et le 
Dyleptus, infusoires qui, grâce à leurs dimensions et à la lenteur de 
leurs mouvements, se prêtent bien à ces expériences. 


Une série d'auteurs, Balbiani, Massart, Lilie, Morgan, etc., se sont occupés 
du problème de la régénération chez les protozoaires eu général, et chez les 
infusoires en particulier. La conclusion fondamentale de toutes ces recherches 
est que la régénération dépend de la substance uucléaire; la thèse, selon 
laquelle ce ne sont que les segments contenant une partie de noyau qui se 
régénèrent, peut être considérée presque comme une vérilé incontestable. 
Certains de ces auteurs ont aussi constaté que l’on réussil à régénérer de 
très petits segments: ainsi Lilie a montré que 1/27 d’un Stentor se régénère; 
suivant Morgan même 1/60 d’un Stentor peut se régénérer ef former um nouvel 
infusoire. 


_ J'ai dirigé mes expériences tout d'abord dans cette voie. J'ai réussi à 
observer la régénération de segments extrêmement petits, dont le volume 
était presque égal à la centième partie du volume primitif. J'ai pu 
obtenir d’aussi petits segments grâce à emploi de l'aiguille oculaire. 

Mes expériences ont montré qu’au-dessous de la centième partie de la 
grandeur primitive les segments ne se régénèrent plus, ils peuvent 
cependant se mouvoir et vivre pendant quelque temps : une à deux 
heures. L'examen histologique a montré que quelques-uns de ces seg- 
ments contenaient des éléments nucléaires. C’est pourquoi on doit con- 
clure que, sices segments ne se sont pas régénérés, ce n'est qu'à cause de 
leurs top petites dimensions. 

Les segments à dimension égale à la centième partie de l’infusoire 
ne se régénèrent que très rarement. Sur plusieurs dizaines d'expériences 


-je n'ai réussi à oblenir une régénération que dans 2 ou 3 cas, lorsque 


les infusoires divisés ont eu de très grandes dimensions (grandeur du 
segment 02095). 
Au-dessus d’un centième de la grandeur primitive, les segments se 


298 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


régénéraient habituellement. La présence de la substance nucléaire est 
une condilion nécessaire pour la régénération. 


Par des expériences ultérieures, j’ai cherché la relation qu'il y a entre la 
vitesse de la régénération et la grandeur absolue et relative des segments. 
Je suis arrivé à la conclusion suivante : plus petite est la grandeur absolue et 
relative des segments, plus la régénération se fait lentement et plus de lemps il 
est nécessaire pour la formation complète de l'infusoire. La régénéralion de 
grands segments égaux à 1/2, 1/3, 1/4 de la grandeur primitive se fait en 


deux heures en moyenne. La formation complète de segments de. 085 à 


1 millimètre {grandeur absolue) ou 1/6, 1/8, 1/10 (grandeur relative) exige 
plus de temps : deux heures quarante minutes. La régénération des segments 
plus petits marche encore p'us lentement et exige trois à quatre heures. 
Comme je l'ai déjà indiqué, les segments dont la grandeur est inférieure à 
O"m025 ne se régénèrent plus. 


En ce qui concerne le problème de l'influence de la position du 


segment sur la faculté de la régénération, je dois de nouveau insister 


sur la relation qui existe entre la régénération et le noyau. Des seg- 
ments dépourvus de matière nucléaire, comme par exemple l’extré- 
mité de la trompe du Dyleptus ou la partie terminale du Spirostomum, 
périrent toujours, parce que dépourvues de faculté de se régénérer. 
Mais tous les segments à substance nucléaire et de même grandeur 
n'ont pas la faculté de se régénérer au même degré : les uns se 
régénèrent plus rapidement, les autres plus lentement. Pour déter- 
miner la vitesse de la régénération j'ai pris pour critère l'accroisse- 
ment (relatif et absolu) en une unité de temps (une demi-heure à une 
heure). 

On faisait les expériences de la manière suivante : on divisait 
l'infusoire en un nombre déterminé de parties égales (5, 10, 15, etc.), 
on mesurait les segments après l'opération et on les plaçait dans des 
verres numérotés. On déterminait toutes les demi-heures l’acerois- 
sement. Les résultats ont élé les suivants : si on coupe l'infusoire en 
2 à 5 parties égales, tous les segments se régénèrent à peu près après 
le même laps de temps, l’accroissement est partout le même. Si l'on 
diminue les segments, si l’on divise, par exemple, en 30 à 50 parlies, 
alors tous les segments ne 5e régénèrent pas avec la même vitesse, ce 
sont les segments moyens qui croissent le plus rapidement et les 
segments extrêmes le plus lentement (exp. sur le Spirostomum). 

Il est intéressant de signaler que la grandeur minima nécessaire 
pour la régénération est plus grande pour les segments extrêmes que 
pour les segments moyens. La grandeur-limite était, dans un cas, pour 
le dernier segment à peu près 0"08, tandis que pour les segments du 
milieu elle était de 0"204. 


- 
à 
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| 


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A: 


SÉANCE DU 7 OCTOBRE 299 


CONTRIBUTION AU PROBLÈME DE LA RÉGÉNÉRATION DES PROTOZOAIRES 
(Deuxième communication), 


par SOKOLOV. 


Dans les expériences sur la régénération en milieu artificiel, nous 
avons employé deux sels neutres: chlorure de sodium et chlorure de 
calcium (solutions dans l’eau distillée). Nous avons expérimenté surtout 
sur le Dyleptus. 


Il faut tout l’abord signaler que cet infusoire ne supporte pas de concen- 
trations fortes des sels cités (1 p. 100, 0,5 p. 100, 0,25 p. 100), ils y périssent 
en quinze à vingt minutes, c’est pourquoi la régénération est impossible dans 
ces conditions. 

Dans une solution de NaCI à 0,1 p.100, les Dyleptus vivent près d’une heure, 
les grands segments de cet infusoire (1/2, 1/3) restent aussi vivants tdent 
cinquante à soixante minutes. On n'observe pas dans ce cas de régénération. 
Les segments de dimensions plus petites périssent plus rapidement : en une 
demi-heure. 

Dans les solutions que les Dyleptus supportent bien et dans lesquelles ils 
peuvent vivre pendant des heures, on observe déjà des régénérations. Ainsi 
dans une solution de NaCI à 0,025 p. 100, dans laquelle ils vivent pendant 
trois heures, les trompes coupées se régénèrent à condition que le segment 
ne soit pas inférieur au quart de la grandeur primitive. Les segments au- 
dessous de 0mmÿ ne se régénèrent pas ordinairement, tout en restant vivants 
pendant deux à trois heures. 

Les segments très pelits périssaient dans cette Scluoon rapidement (en 
quinze à vingt minutes). En général, plus petit est le segment, plus vite il périt. 
Dans les solutions plus faibles, on observait le phénomène analogue,seulement 
la faculté régénérative des segments augmentait ; c’est ainsi que, dans la 
solution à 0,01 p. 100 de NaCI, de grands segments (1/2, 1/3, 1/4) se régéné- 
raient en deux heures à deux Mann et demie; en d’autres termes, [a régé- 
nération de segments aussi grands se fait d'une facon normale. Les segments à 
dimensions de 1/10 à 1/20 de la grandeur primitive avaient besoin d’au moins 
quatre heures pour se régénérer complètement, la régénération des segments 
moyens élait ainsi retardée. Les petits segments (1/70 à 1/100) ne se régé- 
néraient pas, mais continuaient à vivre pendant deux à trois heures, proba- 
blement dans un état de « désintégration » (Child, 1913). J'ai obtenu à peu 
près les mêmes résultats dans les expériences avec CaCF. 


Pour conclure, je me permets de m'arrêter brièvement au problème 
de la physiologie de la régénéralion. 

Les Dyleptus se nourrissant de Colpidies, on doit, d'une part, sup- 
poser que la régénération se fait forcément dans des conditions de 
jeüne; d'autre part, il résulte de mes expériences que la régénération 
de grands segments marche aussi vite dans l’eau coulante et les solu- 


300 ___ RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


tions faibles que dans le milieu ordinaire; c’est pourquoi on a des 
raisons de supposer qu’en présence de certaines condilions intérieures 
la régénération est complètement indépendante des facteurs physico- 
chimiques. 

En ce qui concerne les autres résultats de mes expériences, il est 
d'abord intéressant de citer le fait que de très petits segments ne sont 
pas capables de se régénérer, autrement dit que leur potentialité, si l'on en 
juge d'après ses manifestations, est nulle. La limite minima de la grandeur - 
qui peut se régénérer n'est pas constante et dépend de facteurs 
extérieurs. : ra 

Il faut encore noter que les segments que l’on obtient lorsque l'on 
divise un infusoire peuvent présenter, outre Les stades de régénération 
et de désintégration ou destruction, encore cet état particulier d'équilibre 
instable dans lequel 11s se trouvent lorsqu'ils vivent sans se régénérer. 
Cet état est propre aux pelits segments dont la grandeur se rapproche 
de la limite. Tout segment, s’il a la faculté de se régénérer, peut se déve- 
lopper et former un nouvel infusoire, c’est pourquoi on peut considérer 
tout infusoire comme un sysième harmonique équipotentiel à pouvoir 
régulateur primaire (primäre Regulation de Driesch) simplifié. En tant 
que la potentialité totale du segment dépend du pouvoir régulateur pri- 
maire, en tant celui-ci dépend, à son tour, des agents extérieurs ; c’est 
pourquoi dans les cas où les conditions extérieures troublent l'équilibre 
du pouvoir régulateur primaire, nous observons des troubles et même la 
disparition de la potentialité ou, pour mieux dire, de ses manifestations. 
Mais si le pouvoir régulateur primaire n’est pas troublé, comme c’est le 
cas pour les grands segments, la faculté de se régénérer se manifeste iou- 
jours avec la même intensité, ce qui veut dire que la potentialité totale est 
constante. 

Regardons en effet qu'est-ce qui a lieu lorsqu'il s'agit d'une petite 
porlion (1/70) de l’infusoire ; en présence des conditions normales favo- 
rables, les segments se régénèrent, mais toujours lentement, parce que 
le segment à besoin d'un certain temps pour rétablir l'harmonie intérieure 
du pouvoir régulateur primaire ; ce n’est qu'après le rétablissement de 
cette harmonie que le processus de régénération est possible ; plus le 
morceau est petit, plus il lui faut de temps pour le rétablissement de 
l'harmonie ; les segments trop petits sont incapables de rétablir l'équi- 
libre du pouvoir régulateur troublé, c'est pourquoi il y a désintégration 
et le segment périt. On comprend maintenant pourquoi les variations 
des conditions extérieures retentissent d'une manière si prononcée sur 
la faculté de se régénérer de petits segments. Les troubles de l'équilibre 
du pouvoir régulateur primaire étant chez les petits segments trop 
grands, ils ne peuvent pas lutter contre l'influence desagents extérieurs, 
el périssent; si l’action nuisible n’est pas trop grande et les segments 
ne sont pas trop petits, ils peuvent survivre et se régénérer. Par contre, 


SÉANCE DU 7 OCTOBRE 0! 


dans le cas de grands segments, le processus de régénération marche 
toujours avec une vitesse égale ; ici, l'équilibre du pouvoir régulateur 
n'est pas troublé dès le premier moment, la potentialité totale exerce 
tout de suite son action et régénère rapidement et d’une manière tou- 
jours égale le segment. 


(Service de zoologie du laboratoire biologique de Saint-Pétersbourg.) 


Le (Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


303 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1913 


SOMMAIRE 

Brocu (MarcEL) et VERNES (AR- ture des capsules surrénales acces- 
TBUR) : Les [lymphocytes du liquide soiresichezdle-lapin: nr. 710 313 
céphalo-rachidien normal . . . . .. aile) ParzLaRD (H.) : La topographie de 

DeLcaxoE (P.) : De la broncho- la pneumonie du sommet chez 
pneumonie chronique des rats . . . 322 | l'adulte, d’après l'aspect radiolo- 

ExriQuez (E.), WegiLz (MATHIEU- CICR ES VD Eee Let 320 
PrerRE) et CARRIÉ (P.-A.) : Note pré- Racamanow (A.) : Lésions ner- 
limigaire sur la recherche d’anti- veuses dans l’anaphylaxie vermi- 
corps dans le sang et le liquide neUSCHET SÉTIUE METRE 317 
céphalo-rachidien des cancéreux . . 310 ReTrerer (Éb.) et NeuviILLE (H.) : 

Gaurier (CL.) : L'évolution phy- Du.gland des;fTélins.:;1 40. . 504 314 
siologique des acides aminés dans SciLLer (J.) : Les microbes amy- 
l'organisme de la grenouille. — lolytiques de la flore intestinale de 
1. Expériences:ayec le glycocollé. . : 305 | l'éléphant. . ...: . .5 : , 5:34... 304 

Iscovesco (Henri) : Croissance nor- SERGENT (En. et Ér.), Bécuer (M.) 
malesdes- lapins meer ui. 311 et PLANTIER (A.) : Sur la culture 

KRoOLUNITSKY (G.-A.) : Deuxième « in vitro » du parasite du palu- 
note sur la leucocytolyse digestive. disme d’après la méthode de Bass. 324 
La leucocytose consécutive à l’ab- SEURAT (L.-G.) : Sur l'existence 
sorption des liquides injectés dans d'un anneau vulvaire, consécutif à 
VOTE CU SEE a re du 308 | l’accouplement, chez un nématode. 326 


Muzox (P.) et Porax (RENÉ) : Struc- 


Présidence de M. F. Mesnil, vice-président. 


OUVRAGE OFFERT. 


M. L.-C. Marccaro. — J'ai l'honneur d'offrir à la Société un ouvrage 
intitulé : Genèse des matières protéiques et des matières humiques (1 vol. 
in-8°, x1-423 pages, Paris, Masson et C°, 1913). Comme l'indique le 
sous-titre, ce volume est consacré à mes recherches sur l'Action de la 
glycérine et des sucres sur les acides a-aminés, recherches dont j'ai déjà 
entretenu sommairement la Société. L'action de la glycérine associe lcs 
acides aminés en formant des polypeptides, et tout porte à croire que 
l’éthérification glycérique est bien le mécanisme naturel par lequelnotre 
organisme reconstruitses malières protéiques spécifiques, à partir des 
aminoacides d’origine digestive. Quant aux sucres, l'action des acides 
aminés les transforme, avec une facilité surprenante, en matières 
humiques azotées, identiques à celles des fumiers, des sols, des 


Biococi£. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXV. 2{ 


304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tourbes, etc. : ce phénomène présente de l'intérêt pour l'agronomie et 
la géologie. 

Il m'a semblé utile, en outre, de réunir et de discuter en des chapitres 
de bibliographie critique tout ce que l’on savait antérieurement sur les 
tentatives de synthèse des albuminoïdes et sur la genèse des matières 
humiques. Je serais heureux que ce travail d'ensemble pût épargner. 
des pertes de temps aux chercheurs futurs. 


\ 
LES MICROBES AMYLOLYTIQUES DE LA FLORE INTESTINALE DE L'ÉLÉPHANT, 


par J. SCHILLER. 


Les microbes qui attaquent l’amidon se trouvent en très grande 
quantité dans la flore intestinale de l'éléphant. Ils se présentent sous 
forme d'anaérobie stricte, d'anaérobie facultative et d’aérobie stricte. La 
plupart transforment l’amidon en sucres; d’autres produisent des sucres 
qu’ils transforment après en acides; d’autres encore brülent les sucres 
formés. Les producteurs des sucres occupent la place prépondérante. 
Parmi les microbes amylolytiques, il faut distinguer deux groupes, 
dont l’un est composé de microbes protéolytiques et l’autre de pepto- 
lytiques. 

I. — Les microbes amylolytiques protéolytiques. 


a) Anaëérobies : 
Bacillus perfringens. Nous l'avons rencontré dans tous les cas exa- 
minés. Le liquide de Fehling accuse toujours la présence de sucres 
dans l’amidon; ce dernier reste neutre. 


Groupe du B. sporogenes. L'amidon est énergiquement attaqué, mais 


les sucres formés sont brûlés. Le milieu reste neutre. 
b) Anaérobies facultatifs : 

B. megaterium de Bary. Il est très fréquent. L'action sur l’amidon est 
très rapide; il y a production de sucre. 

B. mesentericus fuscus (ÿ compris plusieurs variétés). C'est un agent 
très énergique de saccharificalion. Le milieu reste toujours neutre. 

B. glycobacter liquefaciens n. sp. Ce microbe est assez rare dans les 
selles en question. Au point de vue morphologique, il ne diffère de rien 
du Glycobacter peptolyticus Wollman. Le lait est digéré après vingt- 
quatre heures avec précipitation préalable de la caséine. Dans les 
milieux lactosés, les spores se forment en petite quantité. En gélose 
inclinée, les colonies sont grasses, blanches, jaunâtres. Les spores sont 
formées au bout de douze à dix-huit heures. L'amidon est attaqué après 
dix-huit heures, les spores y sont très rares. Le sucre est produit en 
grande quantité. En pomme de terre, les colonies sont à peine visibles. 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 305 


En bouillon ordinaire, le microbe pousse en formant un léger voile. La 
gélatine est liquéfiée au bout de trois semaines. Dans les milieux à blanc 
d'œuf (Achalme-Passini), il y a une faible production d'indol. Le blanc 
d'œuf est légèrement attaqué. 
c) Aérobies stricts : 
B. subtilis. 


II. — Les microbes amylolytiques peptolytiques. 


B. glycobacter peptolyticus Wollman. Il est d’une fréquence surpre- 
nante dans la flore de l'éléphant; on peut l'isoler en employant n’im- 
porte quel milieu. 

B. glycobacler coaqulans n. sp. Il se distingue du précédent seule- 
ment par sa propriété de coaguler le lait. Il donne une acidité d'arrêt 
de 1°5 évaluée en H,SO.. La coagulation se fait au bout de quatre à cinq 
jours. Il n’est pas très fréquent. 

Streptococcus amylolyticus n. sp. Nous l’avons isolé en partant des 
milieux d'Omeliansky. Il est immobile, prend le Gram; en gélose incli- 
née, il pousse d’une manière imperceplible à cause de sa transparence. 
Il n’y a pas de production de gaz en gélose profonde glycosée; dans ce 
milieu, les colonies sont rondes, à bords lisses. L’amidon est attaqué au 
bout de vingt-quatre heures avec production de sucre. Ce dernier carac- 
tère le distingue des streptocoques ordinaires. 


ACTIONS DES GLYCOBACTÈRES (Var. peplolyticus, liquefaciens el coagulans) 
SUR LES DIFFÉRENTS SUCRES. 


Espèces. Glycose. Lactose. Mannite. Dextrose. Galactose. 


B. glycobacter liquefaciens . Du - —- + — 
B. glycobacter peptolyticus W.. + + — — — 
B. glycobacter coagulans . . .. + 


À 


(Genève, Institut pour l'étude des maladies microbiennes, 
Dir. Henry Spatlinger.) 


L'ÉVOLUTION PHYSIOLOGIQUE DES ACIDES AMINÉS 
DANS L'ORGANISME DE LA GRENOUILLE. 


I. — EXPÉRIENCES AVEC LE GLYCOCOLLE. 


Note de CL. GAUTIER, présentée par L.-C. MaïLLarn. 


Je ferai connaître à la Société de Biologie les résultats expérimentaux 
de nombreuses recherches sur l’évolution des acides aminés chez la 
grenouille, conformément à un plan que j'ai publiquement exposé à la 
Société des Médecins praticiens de Lyon le 10 octobre 1943. 

Je me suis tout d’abord demandé si les acides aminés injectés dans 


306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


l’inteslin grêle ou dans les sacs lymphatiques dorsaux de la grenouille 
ne passent pas tels quels, au moins en partie, dans l'urine. Cette 
recherche m'était directement suggérée par le fait, antérieurement cons- 
talé par moi, que l'indol ou le scatol, injectés dans le gros intestin ou 
dans les sacs dorsaux de la grenouille, passent en partie sans subir de 
transformation dans l'urine de cet animal. 


I. — Mes premières recherches ont porté sur le glycocolle. Des 
réactions de cette substance, la plus sensible m'a paru la coloration bleue 
qu'elle donne lorsqu'on la chauffe avec un peu de carbonate de cuivre 
(glycocollate de cuivre). La réaction au perchlorure de fer (coloration 
rouge, ou, suivant la concentration en glycocolle, plus ou moins 
orangée jaune) est beaucoup moins sensible. Quant à la réaction avec le 
phénol et l'hypochlorite de sodium, elle n’est pas applicable à l'urine de 
grenouille. Aucune de ces réations n’est spécifique. Celle avec le car- 
bonate de cuivre est une réaction générale des acides aminés. 


Exp. [. — Cinq grenouilles (pesant 56, 70, 50, 58 et 52 grammes) apportées 
au laboratoire depuis trois jours, placées dans des récipients de verre et régu- 
lièrement lavées tous les jours, comme je l’ai décrit (1), sont opérées le soir 
du troisième jour. On ouvre le ventre un peu à gauche (par rapport à l'opé- 
rateur) et en bas de la ligne médiane; avec des pinces, on attire au dehors le 
gros intestin, puis, cet organe appuyé contre un doigt, on presse avec une 
baguette, de haut en bas, sur son contenu, de facon à chasser ce dernier 
dans le cloaque, d’où l’animal ne tardera pas à l’expulser au dehors. Puis on 
place deux ligatures, l'une à la terminaison de l'intestin grêle, l’autre à celle 
du gros intestin, de facon à recueillir des urines pures. Le lendemain matin, 
à 6 heures, les animaux sont lavés, sondés let cette urine est rejetée), puis 
toutes les 4 heures on les sonde à nouveau, de facon à recueillir les urines 
témoins. On récolte ainsi en 24 heures 18 c.c. 1/2 d'urine. On les filtre, on 
les porte à l'ébullition pendant quelques minutes, on les filtre à nouveau, 
puis on les concentre doucement à chaud jusqu’à 4 c.c. De cette quantité, 
2 c.c. sont additionnés d’une petite pincée de carbonate de cuivre pur, puis 
chauffés jusqu'à l’ébullition. Il ne se produit pas trace de coloration bleue; 
lorsque le carbonate de cuivre s’est déposé, le liquide surnageant est incolore, 
ou plus exactement présente un pâle reflet vert d’eau. Les 2 c.c. restants sont 
additionnés d’une goutte de perchlorure de fer officinal; coloration jaune 
pâle. 

Le lendemain matin, à la même heure, après le dernier sondage, les ani- 
maux sont ouverts à nouveau, à droite de la ligne médiane cette fois, de 
façon à attirer au dehors la partie inférieure de l'estomac et le début de 
l'intestin grêle. On passe une ligature que l’on ne serre pas, autour du pylore, 
puis, saisissant l'estomac entre deux doigts, on y introduit l'aiguille d'une 


D 


seringue ; on la fait pénétrer dans l'intestin grêle. Un aide serre la ligature 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIT, 1912, p. 483. 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 307 


sur l'aiguille en même temps qu'on injecte lentement 1 c.c. de solution d’eau 
ordinaire renfermant 0 gr. 15 de glycocolle par centimètre cube. On retire 
l'aiguille, en achevant de serrer la ligature. L'animal, refermé par deux 
sutures, musculaire et cutanée, est remis dans son récipient. Quatre heures 
après, on le sonde, et cette urine est recueillie, puis on le lave et, de 4 en 
4 heures, on récolte les urines. Le premier {avant le lavage) et le second son- 
dage fournissent peu ‘d'urine {choc traumatique). On obtient en 24 heures 
20 c.c. d'urine que l’on traite comme plus haut. Après concentration à 4 c.c., 
2 c.c. d'urine donnent avec le carbonate de cuivre une belle coloration d’un 
bleu transparent; avec 1 goutte de perchlorure de fer officinal, les 2 c.c. res- 
tant donnent une coloration d’un bel orange jaune. | 

Dans les 24 heures suivantes on récolte 16 c.c. 3/4 d'urine. 2 c.c. de ces 
urines, concentrées à 4 c.c., donnent avec le carbonate de cuivre une colo- 
ration bleue, moins intense que la veille. 

Le troisième jour, on n'obtient plus avec le carbonate de cuivre qu’une 
réaction douteuse. 


Exp. Il. — A 5 grenouilles pesant 57, 55, 58, 46, 43 gr., on pratique comme 
plus haut la ligature de l'intestin grêle et du gros intestin. Le lendemain 
matin, lavage, sondage {on rejette ces urines), puis, de # en # heures, récolte 
des urines d'essai. On obtient en 24 heures 22 c.c. d'urine que l’on traite 
comme dans l’exp. I. Pas de réaction avec le carbonate de cuivre; avec le 
perchlorure de fer, coloration jaune pâle. 

Le lendemain matin, immédiatement après le dernier sondage, on injecte 
dans les sacs dorsaux 1 c.c. d’une solution renfermant 0 gr. 15 de glycocolle 
par centimètre cube d’eau salée (à 6 de NaCI p. 1000). Puis les animaux sont 
lavés. On récolte dans les 24 heures 19 c. c. d’urine que l’on concentre à 
4 c.c. : 2 c.c. donnent avec le carbonate de cuivre une coloration d’un bleu 
superbe, beaucoup plus intense encore que celle obtenue avec les urines du 
jour correspondant de l’exp. I. Les 2 c.c. restants donnent avec 2 gouttes de 
perchlorure de fer une coloration d’un rouge un peu brülé. Dans les 24 heures 
suivantes on récolte 22 c.c. d'urine, qui ne donnent plus avec le carbonate 
de cuivre qu'une coloration bleue plus pâle que celle fournie par les urines 
du jour correspondant de l’exp. I. 


Conclusion. — Des faits exposés et de la comparaison colorimétrique 
grossière obtenue avecles urines d’une part, avec des solutions variables 
de glycocolle d’autre part, je conclurai : 

Après injection de glycocolle dans l'intestin grèle ou dans les sacs 
dorsaux de la grenouille, une minime partie de cette substance (par 
rapport à la dose totale injectée) passe telle quelle dans les urines. 
L'élimination est maximale au début de l'expérience. 

_ Je ne discuterai à fond ces résultats qu'après avoir exposé l’ensemble 
de mes recherches sur les acides aminés. 


308 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


DEUXIÈME NOTE SUR LA LEUCOCYTOLYSE DIGESTIVE. 


LA LEUCOCYTOSE CONSÉCUTIVE A L'ABSORPTION DES LIQUIDES INJECTÉS 
DANS LE RECTUM, 


par G.-A. KROLUNITSKY. 


J.-J. Manoukhine (voir sa thèse) ayant étudié le pouvoir leucocytoly- 
tique de dix-neuf sérums, recueillis avant et après le diner et une fois 
après le déjeuner, explique la leucocytolyse observée par lui dans les 
sérums déjà au bout de 25 et de 35 minutes après le début du repas 
(obs. L) ainsi que suit : « Il faut admettre, écrit-il, .… qu’elle (la leucocy- 
tolyse) apparaît... dans le but de fixer, de neutraliser des substances 
nocives, qui se mêlent, peut-être, dans une certaine mesure, aux substances 
nutrilives et s'absorbent avec ces dernières au cours de la digestion ». 
Ayant constaté une fois (obs. I) la leucocytolyse dans son sérum avant 
le diner, il suppose, en outre, qu’elle est due à « l'influence psychique sur 
la sécrétion des ferments leucocytolytiques », dont il trouve l’analogie dans 
le suc psychique de Pavloff. En généralisant ce fait, il suppose que l’or- 
ganisme peut sécréter les leucocytolysines par un réflexe nerveux sur 
les organes, — alors inconnus, — producteurs de ces ferments, «unique- 
ment sous l'influence de l'idée de la digestion ». Ayant ainsi formulé le pre- 
mier l’hypothèse de la sécrétion psychique des leucocytolysines, mais 
influencé par la première hypothèse du but général de la leucocytolyse 
digestive (« de neutraliser des substances nocives » absorbées), il attri- 
bue cette sécrétion psychique à « l'idée de la digestion », et non-pas à 
« l’idée de la nourriture ». 

Nous avons démontré, dans la note du 5 juillet dernier, que la leuco- 
cytolyse débute exactement 5 minutes après le repas et pas avant (dans 
les conditions habituelles de l'expérience). D'après les travaux de l’école 
de Pavloff, la sécrétion gastrique, elle aussi, débute 5 minutes après Le” 
repas. Donc, le lien entre ces deux sécrétions est évident. Mais pour 
trancher définitivement cette question, il fallait démontrer que la sécré- 
tion gastrique est toujours suivie de sécrétion des leucocytolysines. Nous … 
avons excité le chien par la vue de la viande et, 5 minutes après, nous 
avons constaté l'apparition des leucocytolysines dans le sang. Pourquoi? 
Parce que par la vue de la viande nous avons provoqué la sécrélion psy- - 
chique de l'estomac. Mais on sait que la sécrétion gastrique dure plusieurs 
heures au cours de la digestion, tandis que la leucocylolyse, nous l'avons 
démontré, ne dure que 3-4 heures. Pour expliquer cette différence, nous … 
avons entrepris les onze expériences suivantes : 


Technique des leucocytolysines de Manoukhine. Injection rectale à 
l’aide d’une sonde élastique enfoncée à 25-30 centimètres de 20 c.c.. 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 


d'eau distillée ou de peptone de 
Witte à 1 p. 100 et 3 p. 100 (4 


expériences sur le lapin) ; 250 c.c.” 


de mélange du lait, jaune d’œuf 
et d’eau en lavement nutritif (7 ex- 
périence sur l'homme); 60-100 c.c. 
de peptone de Wilte à 1-1/2 p. 100 
ou d'acides aminés (pour prépara- 
tion, voir « Digestion et Nutri- 
tion », de M. Roger), ou de mé- 
langes d'acides aminés et de pep- 
tone à 1 p. 100 (6 expériences sur 
le chien). Chez le chien, nous 
combinons cette injection, qui {an- 
tôt précède, tantôt suit le repas, 
avec l'excitation psychique et avec 
le repas de viande. 

Nous ne rapportons pour le mo- 
ment que cinq expériences, les 
autres ne différant de celles-ci que 
par des détails. On voit par ce ta- 
bleau que parfois déjà 5 minutes 
après l'injection la leucocytolyse 
préexistante disparaît (n° 1). Mais 
c'est surtout au bout de 14-25 mi- 
nutes, quand l’absorption des liqui- 
des a eu le temps de s'effectuer, que 
le phénomène indiqué a lieu. Chez 
le chien (n° 6) sans injection, l'exci- 
tation psychique et le repas sont 
toujours suivis d’une baisse leu- 
cocytaire et d’une apparition de 
leucocytolysine (voir aussi notre 

note du 5 juillet). Aw contraire, 
l'injection de liquides nutritifs dans 
le rectum avant ou après le repas 
change complètement le tableau. Au 
lieu d’une baisse leucocytaire, on 
observe l'augmentation du nombre 
_ des leucocytes; la leucocytolysine 
est partout remplacée par l’anti- 
leucocytolysine ou au moins elle 
est inhibée. Ainsi donc, c'est l’ab- 
sorption des produits injectés qui 


Injections intrarectales; étude leucocytolytique des sérums. 


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309 


310 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE 


fait disparaître la leucocytolyse digestive. Par quel mécanisme? Le pro- 
duit absorbé arrive nécessairement par la veine porte dans le foie produc- 
teur d'antileucocytolysine. La glande hépatique, excilée à mesure qu’elle 
recoit les produits absorhés, sécrète l’antileucocytolysine, qui neutralise 
la leucocytolysine sécrétée par la rate. De même, dans les conditions 
normales, 3-4 heures après l'ingestion des aliments, les produits 
digérés commencent à s’absorber et à exciter le foie qui sécrète l’antileu- 
cocytolysine, et la leucocytose digestive apparaît. Les expériences que 
nous rapportons le démontrent clairement. 


(Travail du laboratoire de pathologie expérimentale et comparée.) 


NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LA RECHERCHE D ANTICORPS 
DANS LE SANG ET LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DES CANCÉREUX, 


par E. ENRIQUEZ, MaTuIEU-PIERRE WEIL el P.-A. CARRIÉ. 


Étudiant, au cours d'un précédent travail (1), les résultats obtenus 
chez les cancéreux par l'application de la méthode générale de Bordet 
et Gengou, nous disions que cette méthode « HIERILE d’être perfec- 
tionnée et aboutira ainsi, très vraisemblablement, à des résultats plus 
encourageants que ceux obtenus jusqu'ici ». 

De nombreuses recherches que nous avons entreprises dans ce sens 
nous permettent de conclure à l'existence de sensibilisatrices dans le 
sang et dans le liquide céphalo-rachidien des cancérés opérés ou non. 

La mise en évidence de ces sensibilisatrices anticancéreuses est très 
délicate, et les causes d'erreur sont multiples. 

La première de ces causes tient à ce fait que ces anticorps sont à la 
fois très fragiles et en quantité minime. C’est ainsi que le chauffage à 
56-58 degrés, nuisible dans bien des cas aux sensibilisatrices, semble 
l'être particulièrement pour les sensibilisatrices anticancéreuses : aussi 
doit-il être évité. Mais dès lors, si on utilise l’alexine du sérum, on se 
trouve en présence d’une nouvelle cause d'erreur qui nous a paru con- 
sidérable et qui reste la même pour toute réaction de fixation faite sur 
un sérum non chauffé, à savoir : la très grande variabilité de la richesse 
alexique des sérums humains. Une telle réaction doit donc toujours 
être précédée, soit d’un titrage de la richesse alexique du sérum examiné, 
soit de la suppression de l’alexine par un procédé autre que le 


(1j Enriquez et Mathieu-Pierre Weil. Le diagnostic biologique du cancer de 
l'estomac par les méthodes récentes. Archives des Maladies de l'appareil digestif 
et de la Nutrition, oct. 1912, n° 10, p. 563. 


PA 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 911 


chauffage, car aussi bien un défaut qu'un excès d’alexine trouble la 
réaction et fausse ses résultats. 

En second lieu, la parenté qui existe, affinité chimique ou biologique, 
entre les anticorps cancéreux et d’autres anticorps ajoute à la difficulté 
du problème. C’est ainsi que les anticorps syphilitiques présentent des 
propriétés très voisines : en présence de l’antigène cancéreux, le sérum 
des syphilitiques peut dévier plus ou moins le complément, et, inverse- 
ment, le sérum des cancéreux peut le dévier en présence de l’antigène 

_ de Wassermann. Il y a là une identité dans les résullats des deux réac- 
tions qu'il importe de dissocier. Il nous a semblé que les deux anticorps 
cancéreux et syphilitique se comportaient différemment vis-à-vis du 
chauffage à 56-58 degrés, le sérum des cancéreux étant beaucoup plus 
sensible à ce chauffage que le sérum des syphilitiques; tandis qu'il est 
rare que le sérum des syphilitiques, après avoir dévié le complément 
sans être chauffé, cesse de le dévier après chauffage, le fait est fréquent 
pour le sérum des cancéreux. 

En troisième lieu, la préparation d’un bon antigène est délicate et 
infidèle. De divers extraits préparés dans des conditions biologiques 
identiques, les uns donnent de bons antigènes, les autres de mauvais. 
Ce sont les extraits acétoniques qui semblent donner les meilleurs 
résultats. Nous en préciserons ultérieurement le mode de préparation. 


CROISSANCE NORMALE DES LAPINS, 


par HENRI Iscovesco. 


Ayant à étudier l'influence exercée par certains lipoïdes sur la crois- 
sance, j'ai dû me préoccuper de me munir de données précises sur la 
croissance normale des animaux en expérience : des lapins. 

J'ai donc étudié la croissance normale de 20 animaux de même âge 
(6 semaines) (10 mâles et 10 femelles) jusqu’à l’âge de 14 mois. 

Ces animaux ont été soumis à une alimentation normale; on les lais- 
sait libres de manger autant qu'ils le voulaient. Un lot de 4 mâles était 
âgé de 42 jours, un autre lot de 6 mâles était âgé de 46 jours. Un lot de 
3 femelles était âgé de 43 jours, un second lot de 5 femelles âgé de 

- 44 jours et enfin 2 femelles de 42 jours. 

Les animaux ont été tenus en observation 375 jours. 

Pendant les 20 premiers Jours, ils ont été pesés tous les deux jours; 
ensuite, pendant les 120 jours suivants, ils ont été pesés tous les 5 jours; 
enfin depuis cette époque jusqu'à la fin de l'expérience, ils n'ont plus été 

_ pesés que toutes les semaines. 
J'ai soigneusement évité tout contact entre les animaux de sexe diffé- 
rent ; aucune femelle n’a été pleine. 


312 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


‘J'ai constaté que les courbes de poids qu'on vbservait chez lesfemelles 


étaient absolument semblables et parallèles à celles qu'on observait chez 


les mâles. 


J'ai pris les moyennes arithmétiques de tous les chiffres initiaux et 


les moyennes de tous les chiffres obtenus successivement. 

Le poids moyen initial était de 1.200 grammes. É 

La courbe de croissance ne présente pas la régularité qu'on observe 
chez l'homme. Elle a cela de commun avecce quis’observechez le chien. 

Le lapin atteint son poids définitif vers Le trois centième jour de sa 
vie. À partir de ce moment, le poids subit dés oscillations et, dans 
certains cas favorables, il peut encore augmenter de 200 grammes en 
deux ou trois mois. 

Voici maintenant les chiffres moyens. Je n'en donne que quelques-uns 
faute d'espace: 


Are Al EOUTS: ee Me 1. na ec boidse- 2008 
— CORONTSE PERMET E SR SR TRUE — 1.420 gr. 
= HS AOUTS. MIE NO, Ps JR ET == 1.650 gr. 
= JOTOUTSSS RS CARS aurions 1.800 gr. 
— ADS JOUrS Let mrrmul — 1.860 gr. 
— TOUJOURS Nr Me EE ee — 1.940 gr. 
— 15) MOUTS EE RES Te — 2.130 gr. 
= LOOMTOUTS RUN UE RL — 2.410 gr. 
— lGHÉTOUT SN ter EP RE et — 2552018r 
— ASOMOURES" Er SN uns Rue — 2.600 gr 
— 1OO JOURS LR ER APUL EL re ee — 2.860 gr 
— 210 TOUTES SE Ter Ar. — 2.960 gr 
— DDDEIOURSS der ee NP Se OR ee — 2.900 gr 
— PAU AJOUTS RER re D 0e — 3.400 gr 
— DDD MOULE Er re Ci re ARE Re — 3.460 gr 
= DO JOUES ES. en Merde — 3.520 gr 
— DSDJOULSS Ses ianus - Calendar — 3.580 gr 
— SUD OUTRE rater. RE ne — - 3.120 gr 
— 315 jours —— 3.180 gr. 
2 4 OS4S I OUTS 0 Lt RE EURE ER NS MOU er 
= 4 1878: jours nuits, veste nie tin AS TBONen 
— AUS TOURS: 1 eme nt tte ae de — 3.980 gr. 
— AO OUTS ES AUTRES tee ere — 3.950 gr 


Si on construit une courbe sur une échelle millimétrique de Schleicher 


avec ces données et si on réunit par une ligne droite les deux extrémités 


de cette courbe, on constate que chez le lapin la diagonale est inclinée 


de 30 degrés sur l'horizontale et que la courbe tout entière se trouve 


au-dessus de la diagonale. 

Chez l’homme, la courbe de croissance de 0 à 15 ans est composée de 
deux portions : une première de 0 à 4 ans à concavité inférieure et une 
deuxième de 4 à 15 ans àconcavité supérieure. : 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 313 


STRUCTURE DES CAPSULES SURRÉNALES ACCESSOIRES CHEZ LE LAPIN, 


par P. Mucox et RENÉ Porax. 

Pour élablir une base aux recherches expérimentales exposées dans 
la note de la séance précédente, nous avons examiné la structure des 
capsules surrénales accessoires que l’on rencontre fréquemment chez 
le lapin normal (6 cas examinés : 3 mâles et 3 femelles de 1.800 à 
2.400 grammes). 

Ces organes sont blancs ou blane rosé. A l'état frais, leur surface 
de section est plus rouge au centre : le formol vire en brun cette zone 
rouge centrale. 

Cette coloration centrale est due à des capillaires nombreux gorgés 
d'hématies et non pas à du pigment. 

Dans 6 cas sur 6 (plus les 5 examinés dans la note de la séance pré- 
cédente), les capsules accessoires se sont montrées privées de cellules 
à adrénaline, c'est-à-dire de substance médullaire. Ce sont donc pure- 
ment des corticales surrénales. 

Elles sont constituées, comme les surrénales principales, par des cor- 

4 dons de cellules radiairement disposés dans leurs deux tiers périphé- 
riques : zones glomérulaire et fasciculée, entrecroisées dans tous les 
plans dans leur tiers central: zone réticulée. Celle-ci est particulière- 
ment riche en capillaires sanguins. 

Le terme de zone glomérulaire est d’ailleurs très impropre, appliqué 
à la capsule de lapin: l'extrémité périphérique des cordons de cellules 
qui forment la fasciculée ne se pelotonne en effet nullement en une 
« glomérule ». Une zone spéciale s'individualise pourtant à la périphé- 
rie par suite de la disposition des enclaves grasses. ainsi que nous 
allons le voir. 

Sur coupes par congélation colorées au Scharlach, dans 5 cas sur 6, la 
périphérie de Îa coupe, sur une hauteur de 60 y environ, s’est montrée 

_ complètement privée de graisse. Au contraire, la zone fasciculée et la 
| zone réticulée élaient bourrées d’enclaves lipoïdes. Dans le sixième cas 
— (5), la zone la plus périphérique contenait aussi des enclaves grasses, 
mais en cerlains points seulement. La zone réticulée était, par contre, 
assez pauvre en gouttelettes lipoïdes. Par OSO* sur coupes par congéla- 
tion, on trouve très peu de cellules osmiophiles; dans un seul cas 
existaient quelques cellules diffluentes au niveau de la réticulée. 

Sur coupes à la paraffine, la zone la plus périphérique, exempte de 
graisse, est constituée par des cellules relativement plus petites, mais 
dont le caractère le plus saillant est d'être massives, de ne pas contenir 
d’alvéoles ; les zones fasciculée et réticulée sont formeés de spongiocytes 
typiques, ée 


314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Dans l'unique cas où la réticulée était relativement pauvre en graisse 
sur les coupes par congélation, on y observait quelques cellules homo- 
gènes, noires. 

En résumé, dans les six cas examinés, les capsules accessoires 
comportent : 

À leur périphérie, une zone de cellules en majeure partie privées 
d’enclaves, cellules de réserve — zone dite glomérulaire; plus au centre, 
une zone fasciculée et une zone réliculée à peu près exclusivement cons- 
tituée par des spongiocvytes, c'est-à-dire extrêmement riches en enclaves 
lipoïdes. 

Ces enclaves sont anisotropes, et présentent les réaclions de la 
cholestérine. 

La zone réticulée est riche en capillaires sanguins et peut contenir 
de rares cellules maigres, osmiophiles. 

Nous rappelons que, dans une note précédente, nous avons décrit 
des surrénales accessoires vicariantes dont la structure différait com- 
plètement de ces surrénales accessoires normales, par suite d’une dimi- 
nution considérable de leurs enclaves lipoïdes. 


Du GLAND DES FÉLINS 


par Ép. RETrERER et H. NEUVILLE. 
Après avoir éludié le gland du chat, nous avons, au Laboratoire 
d’Anatomie comparée du Muséum, étendu [nos recherches sur celui des 
félins. Voici les résultats essentiels que nous avons obtenus. 


I. Chat viverrin (Felis viverrina Bennett). — Le gland, conique, est long de 
9 miliimètres; sa base est large de 5 millimètres et son sommet de 4 milli- 
mètre. Comme chez le chat, le squelette glandaire est une tigelle sus-urétrale, 
d'un demi-millimètre de diamètre, qui se termine en avant par un cordon 
fibreux, et qui est osseux sur le reste de son étendue. Vers sa base, cet axe 
squelettique émet deux ailerons latéraux et se termine en arrière par deux 
pointes osseuses, l’une supérieure, l’autre inférieure, occupant le septum 
médian des corps caverneux. L’os disparaît en avant de la base du gland, 
occupée par les deux corps caverneux. Les deux tiers postérieurs du gland 
sont garnis de nombreuses épines cornées, hautes de Omm1. 

IT. Serval (Felis serval Schreber). — Le gland du serval est long de 10 milli- 
mètres ; sa base est large de 5 millimètres et son sommet de 128. Le sque- 
lette glandaire se compose d’une tigelle fibreuse et fibro-cartilagineuse, puis 
d'un os, d’abord aplati latéralement et ensuite de haut en bas, et finissant par 
un prolongement qui s’avance dans le septum médian. Les épines cornées, 
hautes d’un demi-millimètre, sont implantées, par une base de 023, sur les 
deux tiers postérieurs de Ja muqueuse balanique. 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE ns D) 


IT. Guépard (Cynaïlurus jubatus Erxl.). — Long de 12 millimètres, le gland 
du guépard est large de 12 millimètres à sa base. Les épines cornées, hautes 
de 0mn3 à 0"®4, recouvrent ses deux tiers postérieurs. La portion du gland 
où se trouve l'os avait été excisée sur les pièces dont nous disposions. 

[V. Panthère. — Le gland est long de 14 millimètres et large de 8 milli- 
mètres à sa base. Le squelette s'étend dans ses deux tiers antérieurs: fibreux, 
puis fibro-cartilagineux, en avant, il est ensuite constitué par une tigelle 
osseuse de 1 millimètre de diamètre en moyenne, arrondie dans sa portion 
antérieure, puis aplatie de haut en bas vers la base, qui se termine par 
une lame verticale, haute de 15 et large de 0226, incluse dans le septum 
médian des corps caverneux. La totalité du gland était hérissée de papilles 
coniques ayant perdu leur revêtement épithélial. 

V. Lion. — Selon l’âge, et peut-être aussi selon la race, le gland du lion 
varie entre 18 et 25 millimètres. Sa base est large de 9 à 12 millimètres. 
Le squelette glandaire est, d'avant en arrière, fibreux, puis fibro-carti- 
lagineux; sa plus grande partie est constituée par un os mesurant 15 de 
haut en bas et 0mm8 de droite à gauche. Vers son extrémité basale, cet os est 
pourvu d’ailerons latéraux; il se termine bien avant la base du gland. Les 
faces latérales de celle-ci montrent de nombreuses saillies, hautes de Om 
environ et séparées les unes des autres par un intervalle de 3 à 4 millimètres; 
ces saillies sont des papiiles cornées, 

VI. Tigre. — Le gland du tigre est long de 19 millimètres et large, à sa 
base, de 8 millimètres. Le squelette glandaire s'étend jusqu’à une distance de 
8 millimètres en avant de la base du gland. Il a la même constitution et la 
même forme que celui du lion. Il en va de même pour les saillies ou papilles 
cornées. 

VIT. Fossa de Madagascar (Cryptoprocta ferox Bennett). — Le gland, long de 
11 cent. 5, montre un segment antérieur de 3 cent. 5 et un segment posté- 
rieur de 3 centimètres recouverts d’une muqueuse non cornée. Une partie 
intermédiaire, longue de 5 centimètres, se compose de deux renflements dont 
la surface est hérissée d'une multitude d’épines cornées longues de 08 à 
2 millimètres. L'os occupe l'extrémité antérieure du gland et sa base arrive 
au niveau du second renflement épineux; il est long de 6 centimètres et son 
corps présente, sur une coupe transversale, une figure rappelant celle d’un os 
Tong et mesurant 6 millimètres de haut en bas et 3"m5 de droite à gauche. 
Le canal médullaire mesure, dans les sens correspondants, 2 millimètres et 
1 millimètre. 


Résultats et critique. — Daubenton signala l’os pénien du lion et du 
caracal ; il ne put trouver celui du serval. Les tubercules de la muqueuse 
furent pris par cet anatomiste pour des glandes. Owen parla des 
« papilles calleuses » du gland du lion et du tigre, mais il ne fit pas 
mention de l'os. Rüder (1894) mit en doute la nature cornée des épines 
qui garnissent le gland des grands félins. En ce qui concerne le sque- 
lette glandaire de ces mêmes animaux, Th. Gilbert (1892), puis 
U. Gerhardt (1905), se bornent à dire que leur pénis possède un os rudi- 
mentaire et un gland égalementrudimentaire. D’autres, tels que Schmaltz 


316 = SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


(4944), vont plus loin encore : à leur avis, les félins manquent de gland 
et la partie correspondante de leur pénis, qui affecte une forme conique, 
doit être appelée « coiffe pointue » (Spitzenkappe). 

La partie terminale du pénis des félins, qui est revêtue d’une 
muqueuse, est l'homologue du gland de l’homme, du cheval ou du chien, 
bien que son bout terminal soit pointu et recourbé vers le bas. Sa base 
comprend les deux corps caverneux et l'urètre; sa charpente est cons- 
tituée, outre l'os, par une masse fibreuse creusée d'espaces sanguins, 
identique au tissu érectile du gland du chien, du cheval ou de l’homme. 
Cette masse érectile est distincte de celle du corps spongieux de 
l’urètre glandaire et en est séparée, sur les neuf dixièmes de salongueur, 
par une membrane fibreuse qui entoure le corps spongieux et n’est pas 
traversée par des anasitomoses vasculaires. 

La portion libre et recouverte de muqueuse du pénis des félins est 
donc bien, comme nous venons de le dire, lhomologue du gland de 
l'homme, du chien ou du cheval, car toutes les parties de la verge 
prennent part à sa constitution : les corps caverneux, le corps spon- 
gieux et le manchon fibreux et érectile qui les enveloppe. 

L'étude anatomique et histologique du gland des félins donne une 
nouvelle preuve de l'erreur où sont ceux qui décrivent le gland comme 
le renflement érectile antérieur du corps spongieux, de même que le 
bulbe en représente le renflement érectile postérieur. Les corps caver- 
neux érectiles et adipeux se prolongent dans la base du gland des félins 
et se continuent avec l'os glandaire qui s'étend jusqu’à la pointe de 
l'organe. Chez le chien et le chat, où nous avons étudié (1) le dévelop- 
pement du squelette glandaire, les corps caverneux et l’ébauche du 
squelette glandaire constituent une masse de tissu fibreux embryon- 
naire qui se transforme ultérieuremeut, dans la portion distale du 
pénis, en tissu osseux. Dans leur cas, comme dans celui des félins en 
général, il persiste constamment, chez l'adulte, une tigelle fibreuse dans 
la pointe du gland. Chez les félins, la pointe est même uniquement 
constituée par ce prolongement terminal et l'enveloppe fibreuse de l'os, 
car le méat urinaire se trouve sur la face inférieure du gland et ses 
bords se prolongent en deux replis latéraux, restes des replis uro-géni- 
taux qui ne se sont pas soudés. 

Les félins présentent ainsi, normalement, uneébauche d'hypospadias. 

Leur squelette pénien se caractérise par le fait suivant : l’os occupe le 
gland seul el son extrémité postérieure ne dépasse ni n’atteint même pas 
la base du gland. L’os pénien des félins n'est que glandaire ou balanique. 

Quant aux papilles qui munissent leur gland, elles sont, sur les deux 
tiers postérieurs de celui-ci, revêtues d’un étui corné. Leur pointe est 


(1) Voir Éd. Retterer. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 2 juillet 1887, 
p. 128. 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE a 17 


aiguë chez les uns, mousse chez les autres ; malgré leurs dimensions et 
leur forme différentes, elles représentent des piquants, des épines 
cornées, de même structure que les odontoïdes de la muqueuse buccale 
de nombreux vertébrés. 

Conclusion. — Malgré sa forme conique, le gland des félins est 
l’homologue du gland de l’homme, de celui du chien, ou de celui du 
cheval : il est essentiellement constitué par le prolongement des corps 
caverneux, d’abord érectiles et adipeux, puis finissant par devenir 
osseux. Chez tous les félins, la muqueuse balanique possède des papilles 
saillantes qui, à la base du gland, se revêtent d’un étui corné et repré- 
sentent des organes d’excitation sexuelle. 


LÉSIONS NERVEUSES DANS L'ANAPHYLAXIE VERMINEUSE ET SÉRIQUE. 


Note de A. Racamanow, présentée par M. WEINBERG. 
LL 

Au cours de nos recherches sur les lésions du système nerveux dans 
l’inloxicalion vermineuse, nous avons été amenés à éludier l'état du 
cerveau et de la moelle épinière dans l’intoxication indirecte, c’est- 
à-dire dans l’anaphylaxie. 

Ayant observé un cerlain nombre de modifications pathologiques 
dans l’anaphylaxie vermineuse, nous avons tenu à les comparer avec 
celles de l’anaphylaxie sérique. 

Nos expériences ont porté sur le cobaye. Les animaux ont été sensi- 
bilisés soit avec le liquide hydatique, soit avec le liquide ascaridien. En 
variant les doses d’épreuve déchainante, nous avons provoqué chez le 
cobaye les différents accidents anaphylactiques, depuis le choc suraigu 
mortel jusqu'aux accidents les plus bénins et passagers. 


Nous avons étudié la moelle et le cerveau soit des animaux ayant suc- 
combé à l'anaphylaxie, soit de ceux qui ont été sacrifiés au moment où ils 
commencaient à se remettre des accidents graves. Les pièces ont été fixées 
dans l’alcoo! à 95 degrés, daus le liquide de Weigert (méthode de la neuro- 
glie), ou bien dans le formol à 10 p. 100; les coupes ont été colorées par 
plusieurs méthodes (Nissl, hématoxyline de Mallory-Alzheimer, Mallory- 
Alzheimer-Jakob, Bielschowsky et Rachmanow, etc...) 


Il faut tout d’abord noter qu'en général il est impossible de déceler, 
avec la technique histologique moderne, la moindre lésion du système 
_ nerveux central chez le cobaye ayant succombé à l'anaphylaxie suraiguë. 
On ne trouve de lésions nerveuses très marquées que chez les animaux 

chez lesquels les phénomènes anaphylactiques ont duré de vingt-cinq 
_ minutes à une heure et plus longtemps. 


318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les lésions sont toujours plus intenses au niveau de la moelle épi- 
nière que dans le cerveau. Elles sont d'autant plus marquées que les 
phénomènes anaphylactiques sont plus graves et de durée plus longue. 
On trouve des lésions dans la cellule nerveuse. dans la cellule neuro- 
glique ainsi qu'au niveau des fibres nerveuses. 

Lorsque les lésions sont légères, on ne trouve dans la cellule nerveuse 
qu'un certain degré de « chromatolyse » ; à la place des corpuscules de 
Nissl, on voit apparaître dans le protoplasma un grand nombre de gra- 
nulations très fines se colorant en bleu par le bleu de méthylène. Quel- 
quefois ces granulations se groupent de façon à former un réticulum 
dans toute l’épaisseur du protoplasma; enfin, dans certains cas, elles 
sont tellement serrées que la cellule devient très opaque. 

On peut trouver dans les cellules nerveuses, présentant une des 
lésions que nous venons de décrire, des formations intraprotoplas- 
miques qui ressemblent à celles connues sous le nom de canaux de 
Holmgren. Ces canaux, tantôt droits, tantôt sinueux, sont localisés dans 
un point de la cellule ou bien disséminés dans tout le protoplasma. 

Nous ne pouvons pas interpréter ces formations comme artifices de 
préparation, car nous les avons retrouvées après différentes fixations et 
dans les coupes colorées par différents procédés. 

Lorsque les lésions sont légères, le noyau garde sa situation et sa 
forme; dans les cas graves. il se déplace à la périphérie, se ratatine et 
montre un nucléole déformé. Les neurofibrilles sont intactes dans l'ana- 
phylaxie légère, mais disparaissent complètement lorsque les accidents 
sont graves et d'une certaine durée. Quant aux fibres de la substance 
blanche, elles sont quelquefois tuméfiées, mais de façon irrégulière. 

Les cellules de la neuroglie sont également atteintes; leurs noyaux 
sont très souvent picnoliques. Quelquefois, surtout dans les cas graves, 
on peut observer, aussi bien dans le cerveau que dans la moelle, des 
éléments neurogliques amiboïdes décrits par Alzheimer. On constate 
aussi par places un léger degré de neurophagie; les cellules neuro- 
gliques ne présentent cependant pas à ce niveau de granulations grais- 
seuses. 

Nous avons également étudié le système nerveux d'un certain nombre 
de cobayes sensibilisés avec le sérum de cheval, chez lesquels nous avions 
provoqué les mêmes accidents anaphylactiques que nous avions. 
observés dans l'anaphylaxie vermineuse. Nous y avons trouvé des lésions 
absolument superposables à celles conslatées dans la première partie de 
notre travail. 

En résumé, le système nerveux central présente les mêmes lésions 
dans l’anaphylaxie vermineuse et dans l'anaphylaxie sérique. Ges 
lésions sont nulles ou minimes lorsque l'animal succombe très rapide- 
ment, en trois à dix minutes, à l'injection d'épreuve. Elles sont au con- 
traire très importantes quand les accidents anaphylactiques sont graves 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 319 


et durent un cerlain temps. Lorsque l'animal se remet de la crise ana- 
phylactique, la réparation de la cellule nerveuse commence aussitôt (1). 


(Jnstitut Pasteur, laboratoire de M. Weinberq.) 


LES LYMPHOCYTES DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN NORMAL, 


par MarcEz BLoca et ARTHUR VERNES. 


On sait, qu'après centrifugation énergique d'un liquide céphalo- 
rachidien normal, l’examen sur lame sèche de la goutte recueillie au 
fond du tube effilé ne montre que quelques très rares lymphocytes 
(moins d’une dizaine pour toute une préparation après centrifugation 
de 2 à 3 c.c. de liquide). A l'examen direct en cellule graduée du type 
Nageotte et Lévy-Valensi, la limite de la Ilymphocytose normale est, 
d’après les auteurs, de 2 à 3 par millim. cube (1, 8, pour Nageotte; 
2 pour Jeanselme et Chevallier ; 2, pour Levy-Valensi); « au-dessous de 
3, on ne peut conclure à un élat pathologique (2) ». 

Or, certains auteurs contestent la fidélité des résultats obtenus par 
l'examen direct en cellule graduée, quand il s’agit de lymphocytoses 
faibles. Des liquides considérés comme normaux après examen à la 
cellule, — c’est-à-dire à 2 ou 3 par millim. eube, — traités par la 
méthode de Widal, Sicard, Ravaut, centrifugation et examen du culot 
sur lame sèche, montrent souvent un nombre d'éléments par champ 
assez considérable pour qu’il faille conclure à une lymphocytose patho- 
logique. 

Le désaccord entre les deux méthodes n'est, à notre avis, qu’appa- 
rent. Ayant eu l'occasion d'examiner un nombre très considérable 
de liquides céphalo-rachidiens normaux (ponction systématique des 
syphilitiques pour la recherche des méningites latentes) nous avons pu 
constater que les chiffres de 1,8, 2, 3 lymphocytes par millim. eube 
donnés par les auteurs comme taux Iymphocytaire normal sont trop 
élevés. Un liquide absolument normal contient moins de 1 lymphocyte 
par millimètre cube. Le plus grand nombre de liquides normaux con- 
tiennent même moins de 0, par millim. eube et il est assez fréquent de 


(4) Au moment où ce travail était très avancé, parut le mémoire de 
Rosenthal qui traite de la transformation amiboïde de la neuroglie. Au cours 
de son travail, l’auteur cite brièvement des lésions constatées par lui dans 
l'anaphylaxie sérique. Les résultats de ses recherches concordent avec les 
nôtres. 

(2) Lévy-Valensi. Paris-Médieal, 11 novembre 1911. 


[Ne] 
Lea) 


BIOLOGIE. Compres RENDuS. — 1913. T. LXXV. 


320 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


rencontrer des liquides où on ne trouve aucun lymphocyte, même à plu- 
sieurs examens successifs et toutes causes d'erreur (sédimentation) 
écartées. (Cela se voit surtout quand on a prélevé une assez grande 
masse de liquide, 5 à 7 c.c. par exemple). : 

De ceei, il faut conclure que les liquides contenant 2 ou 3 lymphocytes 
par millimètre cube sont faiblement mais manifestement pathologiques, 
comme nous avons pu nous en convaincre par la recherche parallèle 
d’autres anomalies, telle que l’hyper-albuminose. 

Ce fait a une certaine importance pour la recherche des réactions 
méningées très légères ou débutantes. Il explique, d'autre part, la dis- 
cordance apparente de certains résultats comparés des deux méthodes 
de recherche de la Ilymphocytose. 


LA TOPOGRAPHIE DE LA PNEUMONIE DU SOMMET CHEZ L'ADULTE, 
D'APRÈS L'ASPECT RADIOLOGIQUE, 


par H. PAïELARD. 


L'aspect radiologique et la topographie de la pneumonie du sommet 
chez l'enfant ont été précisés par les travaux de Variot, de Weiïll et 
Mouriquand. Ces derniers auteurs ont insisté sur la forme triangulaire 
de l'ombre pneumonique : triangle à base axillaire, à sommet affleurant 
l'ombre cardio-aortique ; cette ombre est très nette soit au début, soit 
lors de la défervescence de la maladie ; elle peut se surcharger d’une 
opacité plus diffuse lors de la période d'état; le sommet même du 
poumon n’est pas compris dans le triangle, mais peut être moinenta- 
nément opaque à la période d'état. 

Mollard (de Lyon) à retrouvé cette même ombre M ie chez 
l'adulte, lors de pneumonies à évolution traîinante. Nos propres consta- 
tations nous permettent d'affirmer que l'aspect radiologique de la 
pneumonie du sommet chez l'adulte est comparable à celui que Weill et 
Mouriquand ont décrit chez l'enfant, au moins lorsqu'il s’agit d'infection 
pneumococcique. 

Nous avons observé une pneumonie du sommet, chez une femme de 


trente ans, avec hyperthermie, douleur et dyspnée intenses, signes 


physiques d'apparition tardive, d'abord localisés à l'aisselle, puis 
étendus secondairement à la région postéro-supérieure du poumon :; 
chez cette malade, la radioscopie a montré une ombre triangulaire à 
base axillaire très large (6 à 8 travers de doigt) et à sommet obtus 
plongeant dans la profondeur du poumon, sans atteindre l'ombre rachi- 
dienne ; après la défervescence thermique, l'ombre rachidienne persista 
quelques jours, puis disparut définitivement. 


>. 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 324 


—— 


Chez une autre femme ägée de vingt-six ans, nous avons constaté un 
aspect radiologiq" : comparable ; les signes généraux et fonctionnels 
- nous invitaient à sorter le diagnostic de pneumonie, mais, à part une 
légère obscurité respiratoire dans l'aisselle, on ne constatait aucun 
signe physique ; la radioscopie montra une ombre triangulaire à base 
axillaire, sensiblement moins étendue que dans le cas précédent 
(4 travers de doigt) et à sommet aigu atteignant à peu près l’ombre 
rachidienne. Cliniquement, on pouvait dire qu'il s'agissait d’une 
pneumonie centrale ; radiologiquement le foyer affleurait la corticalité. 
Tout se passa, d'ailleurs, à peu près normalement lors de cette 
pneumonie : la température tomba et l'ombre disparut. 

Enfin, chez une troisième malade, nous avons constaté les signes 
cliniques d'une pneumonie du sommet qui nous paraissait, d'abord, 
tout à fait banale ; mais la radiologie nous montra une ombre différente 
de celle que nous avions observée jusque-là : ombre diffuse du sommei 
avec deux noyaux plus sombres, des dimensions d’une grosse noix 
environ. Chez cette malade, la résolution ne se produisit pas, les râles 
devinrent de plus en plus gros et l’on put mettre en évidence d'abondants 
bacilles de Koch dans l’expectoration. Il s'agissait donc ici d’une 
pneumonie ou broncho-pneumonie tuberculeuse aiguë du sommet, dont 
l'aspect radiologique était, on le voit, tout différent. 


De ces trois observations, il résulte done : 

1° Que la pneumonie du sommet a, chez l'adulte, la topographie qu’elle 
possède chez l'enfant el se présente aux rayons X sous la forme d’une 
ombre triangulaire à base axillaire, le sommet même étant respecté (1); 

2 Que la pneumonie dite « centrale » peut offrir un aspect analogue 
el affleurer la corticalité ; 

3° Que la pneumonie tuberculeuse aiguë est susceptible de réaliser 
une ombre différente : noyaux isolés au milieu d'un sommet complè- 
tement gris. 


(1) Cette ombre « suspendue » diffère de celle de la pleurésie interlobaire 
par sa régularité et par son caractère transitoire ; mais il est possible qu’une 
telle pneumonie, située bien près de la scissure, évolue ensuité vers la pleurésie 
interlobaire et qu'on ait là l'explication des pleurésies interlobaires dites pri- 
mitives, que la plupart des auteurs estiment être secondaires à une affection 
pulmonaire méconnue. 


329 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


{ 


DE LA BRONCHO-PNEUMONIE CHRONIQUE DES RATS. 
1T 


Note de P. DELANOE, présentée par E. MarcHoux. 


Outre de nombreux kystes de Carini dans les poumons (1), les rats 
de l’élevage de M. Borrel présentaient, presque tous, à des degrés divers, 
une broncho-pneumonie à marche essentiellement chronique ; maladie 
spontanée, tant des rats d’égout que des rats blancs, qui est encore 
fort mal connue. 

A la surface des poumons et dans leur épaisseur, on distingue, 
confluentes ou isolées, de petites granulations de grosseur variable, 
pouvant aller jusqu’à celle d’une lentille et qui rappellent tout à fait, 
par leur aspect translucide, les granulations tuberculeuses à leur début. 
Elles s’en distinguent cependant par deux caractères qui nous ont paru 
nets : d’abord, au centre des lésions, on ne voit pas trace de caséifica- 
tion, même lorsque les granulations sont relativement grosses ou 
réunies en blocs susceptibles de tenir tout ou partie d’un lobe pulmo- 
naire. Ensuite, on ne distingue pas autour des granulations cette mince 
auréole congestive, si nette dans le cas des granulations tuberculeuses, 
congestion périphymique. A la palpation, le tissu pulmonaire lésé a perdu 
de son élasticité. Il donne la sensation d’un tissu homogène et friable. 
A l'épreuve de l’eau, il surnage. Les granulations ne sont ni isolables, 
ni énucléables: lorsqu'on veut les disséquer avec des aiguilles montées, 
on enlève avec elles des fragments du tissu voisin. 

A la coupe des lésions confluentes, il s'écoule ung glaire muco- 
purulente, assez consistante, mais facile à dissocier dans l’eau phy- 
siologique : elle est formée d'un grand nombre de leucocytes, à 
noyaux polymorphes ou non, de globules rouges et de traînées de 
fibrine visibles sans coloration spéciale. Il est parfois possible, en pres- 
sant l'arbre trachéo-bronchique, de faire s'écouler un muco-pus iden- 
tique à celui des lésions et composé de même facon. Dans le cas où il 
s’agit de rats inoculés de 7. Rhodesiense, on constate quantité de trypa- 
nosomes dans le mucus des voies bronchiques. 7. Rhodesiense passe 
donc abondamment dans les voies aériennes ; ce fait corrobore ce que 
nous a fait connaître Sauerbeck chez le rat inoculé de 7’. Brucei. 

A un faible grossissement, on constate, parsemées dans le poumon, 
des accumulalions cellulaires réunies en foyers, bien limitées par la 
lumière des alvéoles qui les entourent. On remarque, en outre, que tout 
le tissu pulmonaire est plus ou moins infiltré par des cellules. Autour 
des bronches, comme autour de leur artère satellite, dans la lumière des 
alvéoles comme dans leurs parois, dans tout le poumon, en un mot, il 


1) M. et Mue Delanoë. Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, octobre 1912. 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 323 


y a réaction cellui. ire, Au sens propre du mot, il y a donc broncho- 
pneumonie. Seulainent, les lésions sont loin d’être systématisées ici 
comme dans le fa‘neux nodule péribronchique de Charcot. 

Les granulations sont constituées par de nombreuses cellules baso- 
philes, lassées les unes contre les autres. L’encombrement est tel qu'il 
est bien difficile d'y reconnaître la trace des alvéoles, des bronches et 
des artérioles qui ont dû certainement plus ou moins participer à leur 
édification. Il y a simplement de nombreux mononucléaires, de rares 
lymphocytes, de rares polynucléaires, des noyaux en caryolyse, et beau- 
coup de cellules fusiformes, à contours anguleux, se prolongeant en 
fibrilles plus ou moins nettes, en voie d'organisation conjonctive. On 
note l’absence de globules rouges et de mégacaryocytes. Assez fréquem- 
ment,on y distingue une, deux ou trois cellules géantes non disposées 
de manière concentrique. Pas de caséum au centre des granulations. 
Les nodules les plus avancés en organisation paraissent formés de 
cellules conjonctives jeunes ; la tendance scléreuse ne parait pas aboutir 
à une véritable dégénérescence fibreuse. 

Dans les alvéoles, ce qu’on note avant tout, c’est une desquamalion 
très accentuée de l’endothélium alvéolaire. Certaines alvéoles paraissent 
même uniquement encombrées par des cellules endothéliales desqua- 
mées. Celles-ci, une fois desquamées, prennent un contour sphérique 
ou légèrement polygonal. Elles sont très facilement reconnaissables à 
leurs noyaux vésiculeux, comme froissés, à leur abondant cytoplasme, 
légèrement acidophile, et dont la trame spongioplasmique se détache 
très nette, colorée franchement en bleu. Dans ces cellules endothé- 
liales, parfois des enclaves chromatiques, ce qui atteste leur rôle 
phagocytaire. À côté des cellules endothéliales, on note des mononu- 
cléaires, des macrophages, de rares poly, quelques globules rouges et 
_ des noyaux en karyolyse. L’épithélium des lumières bronchiques est 
fréquemment desquamé en masse, l’action du fixateur ne doit pas être 
étrangère à ce phénomène. En dedans de la rangée des cellules bron- 
chiques, un granulé acidophile amorphe, des leucocytes, des globules 
_ rouges. Tout autour de la paroi des bronches, en dehors de la zone des 
fibres musculaires, une infiltration intense par des globules blancs 
mononucléaires, des macrophages. On y note des cellules en dégéné- 
rescence et des noyaux en karyolyse. 

Les vaisseaux, et notamment les vaisseaux artériels, même lorsqu'ils 
sont en bordure des lésions, ne sont pas oblitérés. Ils sont modérément 
remplis de globules rouges. Les leucocytes sont fréquemment marginés, 
ce qui, vraisemblablement, est en rapport avec la diapédèse de ces 
éléments. La couche musculaire n’est pas infiltrée, mais tout autour de 
celle-ci un abondant appel de globules blancs. 

Nous avons pu nous convaincre qu'il n'y à aucun rapport entre les 
kystes de Carini et cette broncho-pneumonie chronique. 


324 à SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


{ 
er 
SUR LA CULTURE &IN VITRO » DU PARASITE DU ! ‘ALUDISME, 
D'APRÈS LA MÉTHODE DE BASS, 


par Eom. et Ér. SERGENT, M. BÉGuer et À. PLANTIER. 


Nous avons tenté, dans plusieurs cas de paludisme observés en Algé- 
rie, la culture in vitro de l’lasmodium præcox, déjà obtenue en Amérique, 
à Liverpool, à Berlin et Hambourg, d’après la méthode de Bass (1). 


Prélèvement, dans une veine du pli du coude, sur une couche de teinture 
d’iode, de 20 c.c. de sang que l’on défibrine dans un gros tube contenant des 
effilures de verre, et roulé entre les mains en évitant la formation de bulles 
d'air. Transvasement, à l’aide d’une grosse pipette, du sang défbriné dans 
des tubes stériles contenant 0 c.c. 2 d’une solution de glucose à 50 p. 100 par 
40 c.c. de sang. La hauteur du sang mesure au moins 10 centimètres dans le 
tube. Les tubes sont placés de suite dans des bouteilles isolantes à 38 degrés 
pour leur transport au laboratoire (étuve à 3705). 

Os. — S... Tierce maligne non quininisée. Prélèvement le 24 septembre à 
47 h. 30. Dans le sang, petites formes annulaires non pigmentées {rès nom- 
breuses mesurant le 1/6 du globule rouge. Croissants rares. 

Au bout de quinze heures, des formes pigmentées occupant le tiers du glo- 
bule apparaissent. 

Après dix-huit heures, les formes occupant le tiers du globule sont Le 
plus nombreuses. % 

Le développement s'arrête au bout de vingt-quatre heures avant d'arriver à 
la division. 

O8s. II. — M... Tierce maligne non quininisée. Prélèvement le 24 septembre 
à 17 heures dans le sang : tous les parasites sont des formes pigmentées 
occupant les 3/4 du diamètre des globules. Pas de petites formes annulaires. 

Après quinze heures : formes très pigmentées qui occupent tout le globule. 
Quelques-unes sont au dernierterme de leur stade de divisionetmontrentdes 
rosaces de mérozoïtes. Constatation de tout j&unes hématozoaires parasitant 
des hématies. Ces toutes jeunes formes représentent environ le dixième du 
nombre des parasites. On ne constate pas leur développement ultérieur. 


(4) Bass et Johns. The cultivation of malarial Piasmodia. Journ. of. exp. med. 
1942, t. XVI, n°:4, p: 567. 

H. Ziemann. Arch. f. Sch. u. Tropenhyg., L. XVII, 1913, p. 361-392. 

J.-G. Thomson Es S.-W. Mac Lellan. Ann. of Trop. med. and Paras., VI, 
n° 4, déc. 1912, p. 449-459. 

J.-G. Thomson et D. Thomson. Ann. of Trop. med. and Paras., t. VII, mars 
1913, p. 153-164. 

Lavinder. Journ. of Amer. med. Assoc., 4 janvier 1913. 

H. da Rocha-Lima et H. Werner. Arch. f. Sch. u. Tropenhyg., t. XVII, 4943, 


# 


p. 541-551. 


\ 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 325 


Os. III. — Y... Tiercé maligne (déja quininisée). Prélèvement le 3 octobre à 
18 h. 30. Dans le sang, la taille de tous les parasites est inférieure au tiers 
du diamètre d’un globule ; pas de pigment. 

Après treize heures, la taille de la majorité des parasites dépasse notable- 
ment le tiers du diamètre d'un globule. Formes pigmentées amiboïdes. Cons- 
tatation de quelques grosses formes de division au stade à mérozoites. 


Conclusions. — I. En suivant la méthode originelle de Bass (1), il est 
possible de mener à son terme n vitro l’évolution complète d'une géné- 
ration de Plasmodium præcoæ (obs. IIT) depuis le stade de la petite 
forme annulaire jusqu'au stade à mérozoïtes. Lorsque le prélèvement 
est pratiqué au moment où les parasites sont au stade de jeunes 
schizontes (obs. Il), l’évolution dépasse le stade à mérozoïtes, et l’on 
peut constater in vitro l'infection de globules rouges par de très jeunes 
parasites. Ceux-ci semblent bien être les représentants d’une nouvelle 
génération qui a envahiin vitro des hématies humaines. 

À part celte dernière observation, 1l n'a pas été constaté d'évolution 
portant sur plus d’une génération. Les conditions où nous travaillions 
ne nous ont pas permis d'appliquer les techniques plus compliquées qui 
ont permis à Bass et à Ziemann, en supprimant les leucocytes et en 
inactivantle sérum, d'obtenir une deuxième et une troisième génération. 

IT. La constance d’une température supérieure à 37 degrés semble 
être une condition nécessaire à l’évolution ; des tubes de sang prélevés : 
suivant la même technique, mais conservés à 20 degrés environ pendant 
quelques heures avant d’être placés à l’étuve à 375, n'ont donné aucun 
dévéloppement. 

HI. Dans ces tubes où les parasites ne continuent pas à évoluer, on 
assiste à leur mort, qui survient de deux facons : ou bien englobement 
par les phagocytes, surtout les grands mononucléaires qui se chargent 
-de pigments. Ou bien Iysis analogue à celle que l’on observe à la suite 
de l’action de la quinine : le parasite semble d'abord se contracter en 
forme d’obus, la chromatine au culot, le protoplasma en pointe. Le pro- 
toplasma dégénère le premier, et ensuite la chromatine. 

IV. Dans tous les tubes, les croissants, après avoir pris une forme 
elliptique, subsistent longtemps, sans montrer aucune trace d'activité 
parthénogénétique. 

V. Dans les cultures positives, à côté de nombreuses formes évoluant 
nettement, un certain nombre restaient stationnaires plusieurs jours, 
sans apparence de développement ni de dégénérescence. Cette vie 


ralentie a été signalée déjà par H. da Rocha-Lima et H. Werner. La 


survivance de petites formes pourrait en imposer pour l'apparition de 


(4) Nous avons adopté les petites modifications de 1.-G. Thomson, 
S.-W. Mac Lellan et de H. Ziemann. 


326 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


jeunes formes de nouvelle génération, cause d'erreur dont il faut se 
méfier. 

L'évolution complète d'une génération de Plasmodium præcox a duré 
dans nos tubes, à 37°5, quinze heures environ, chiffre qui se rapproche 
de ceux de J.-G. Thomson et S.-W. Mac Lellan (vingt-cinq heures), 
tandis que Bass indique le chiffre de trente heures à 41 degrés et 
H. Ziemann de quarante à quarante-huit heures à 39°5, pour le même 
Plasmodium præcox. 


(Institut Pasteur d'Algérie.) 


SUR L'EXISTENCE D'UN ANNEAU VULVAIRE, 
CONSÉCUTIF A L'ACCOUPLEMENT, CHEZ UN NÉMATODE, 


par L.-G. SEURAT. 


Nous avons décrit précédemment, sous le nom de Maupasiella Weissi (1), 
un Nématode trouvé dans le cæcum du Macroscélide, petit Insectivore qui 
habite les endroits arides et rocailleux des Hauts plateaux du Nord africain; 
les échantillons ayant servi à la description nous avaient été envoyés des 
Matmata (Tunisie) par M. Weiss. 

En juin et en septembre derniers, nous avons retrouvé, à Bou Saäda 
(Algérie), ce Nématode vivant dans les mêmes conditions. Presque tous les 
Macroscélides examinés étant porteurs du parasite et certains en hébergeant 
jusqu'à 35 exemplaires, nous avons pu examiner un grand nombre d’indi- 
vidus à l’état vivant et étudier leur organisation d'une façon attentive. Les 
détails qui vont suivre sont relatifs à l’appareil génital femelle qui présente 
une disposition tout à fait remarquable. 


La particularité la plus curieuse est l'existence, chez la femelle 
adulte, d'un anneau chitineux de coüleur brune ou noir-poix, d’un 
millimètre de hauteur, qui entoure complètement l'extrémité posté- 
rieure du corps, cachant la vulve et l’anus et ne laissant libre que la 
pointe caudale (fig. 1). Cet anneau est accolé à la paroi du corps et ne 
se détache pas quand on plonge l'animal dans un réactif; il n'y a toute- 
fois aucune adhérence, car on peut arriver à le détacher facilement, 
sans provoquer de blessure, en le poussant avec une aiguille à dissec- 
tion. La région postérieure du corps de la femelle se présente alors sous 
l'aspect représenté par la figure 2; elle est remarquable par un brusque 
étranglement du corps immédiatement en avant de la vulve (diamètre 


(4) Bulletin de la Société d'histoire naturelle de l'Afrique du Nord, 1913, n° 6, 
p. 127. Le nom de Maupasiella ayant été donné par Cépède à un Infusoire, 
nous adoptons pour notre forme celui de Maupasiella. 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 397 


du corps en avant de l’étranglement : 4404; diamètre au niveau de la 
vulve : 1804). Avant de nous prononcer sur le rôle de cet anneau, il 
est indispensable de donner 
une idée de l'appareil géni- 
tal femelle du Maupasina 
Weissi, dont la structure est 
très spéciale. 

La vulve, orifice ovale de 
70 y de longueur sur 40% de 
largeur, limitée par une 
lèvre inférieure très sail- 
lante, est en rapport avec 
un tube cylindrique de près 
d’un millimètre de longueur, 
tapissé intérieurement d'une 
épaisse assise de chitine; ce 
tube musculo-chitineux re- 
présente le vestibule et le 
sphincter réunis. 


LÉGENDES DES FIGURES. 


Maupasina Weissi Seurat. 


F1G. 1. — Extrémité postérieure 
du corps d’une femelle adulte, 
montrant l’anneau vulvaire. /, li- 
gne latérale. 


F16. 2. — Extrémité postérieure 
du corps de la même, débarrassée 
de l’anneau. à, intestin; R, récep- 
tacle séminal; T, trompe: é, li- 
mite de la trompe et du sphincter 
(endroit où s'arrête le revêtement 
chitineux interne.) 


Fic. 3. — Ovaire et oviducte: 


0, ovaire: o', oviducte. 


(L'échelle est la même 
pour ces trois fiqures.) 


Au delà (fig. 2, 4), la chiline n'existe plus et est remplacée par un 
épithélium à grandes cellules polygonales, à noyau très apparent; un 
peu plus loin, la trompe présente un diverticule ventral très allongé, 


328 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


piriforme, rempli de spermatozoïdes et remontant vers l'avant sur près 
de 2 millimètres chez l'adulte. La structure de ce réceptacle séminal est 
celle de la trompe, à savoir une assise externe de museles circulaires, à 
noyaux très apparents, et une assise épithéliale interne à grandes cellules 


Maupasina Weissi Seurat. 


Fic. 4. — Extrémité postérieure du corps d'une larve du quatrième stade {de 
12 millimètres de longueur) montrant l'étranglement prévulvaire. g. c., glande 
caudale; «, anus; v, vulve (recouverte par la cuticule larvaire). 


Fic. 5. — Extréinité postérieure du corps d’une femelle montrant l'anneau en 
voie de formation dans la région de l'étranglement prévulvaire. /, ligne latérale; 
p. c., papille caudale. 


Fic. 6. — Extrémité postérieure du corps d’une femelle fécondée, avec l'anneau 
cachant la vulve, mais s’arrêtant en avant de l'anus. 


(L'échelle de 100 y. se rapporte aux fiqures 4 et 5.) 


polygonales; les cellules musculaires, très serrées dans la région proxi- 
male, s'espacent vers l'extrémité libre, aveugle, du réceptacle. On 
trouve généralement, dans ce réceptacle séminal, des œufs mûrs, larvés 
en petit nombre, égarés sans aucun doute. Chez une femelle vierge 


* 


SÉANCE DU 25 OCTOBRE 329 


mesurant 182%5 de longueur (trouvée isolée dans le cæcum d'un 
Maeroscélide), le réceptacle séminal était complètement rempli par 
une quarantaine d'œufs non enveloppés de leur coque. 

La trompe, dans sa région attenante au réceptacle séminal, a la même 
structure musculo-épithéliale que ce dernier; elle se continue vers 
l'avant sur une longueur de 5""3 et se divise ensuite en deux branches 
qui vont rejoindre Les deux utérus; ceux-ci, bourrés d'œufs à tous les 
stades de développement, remplissent presque toute la cavité du 
Corps. 

Les ovaires (fig. 3), remarquables par leur couleur foncée due à la 
grande quantité de vitellus qu'ils contiennent, sont situés côte à côte, 
dans la région postérieure du corps, leur extrémité libre immédiate- 
ment en avant du réceptacle séminal. 


Les œufs fécondés ont une enveloppe épaisse, divisée comme les carreaux 
d'une mosaique; les œufs mûrs, larvés, présentent en outre une coque 
externe épaisse, qui laisse toutefois apercevoir la mosaïque de l’assise interne 
(cette structure de l'œuf rappelle celle signalée par Gendre pour les œufs de 
son Heterakis Leprincei). 


Il nous reste à préciser l'époque d'apparition de la ceinture vulvaire 
signalée plus haut; elle n'existe, avec la disposition que nous avons 
décrite, que chez la femelle adulte (1) ; la larve du quatrième stade 
(12 millimètres de longueur), qui montre cependant déjà le rétrécisse- 
ment prévulvaire du corps (fig. 2), en est complètement dépourvue; une 
jeune femelle de 1825 de longueur, non fécondée, n’en présente égale- 
ment aucune trace. 


L’anneau apparaît tout d’abord dans la région du rétrécissement prévul- 
vaire, comme le montre la figure 5, en sorte qu'au début de sa formation, 
l'orifice de la vulve est libre ; à un état plus avancé (femelle de 21mm5 de lon- 
gueur) l'anneau, de couleur brune, de 360 y de hauteur, couvre la vulve (fig. 6), 
mais s'arrête en avant de l’anus (à 85 » de celui-ci, la distance de la ie : 
l'anus étant de 180 u); enfin, chez l'adulte, vulve et anus sont cachés (fig. 1 

La formation de la bague protectrice de la vulve est, comme on le va 


une conséquence de l'acte de la fécondation; la femelle est mise ainsi à l'abri 


des assauts du mâle et n’a plus d'autre rôle que celui d'assurer l’évolution 
des œufs jusqu'à la formation de la larve. 

L'appareil génital femelle du Maupasina Weissi, par la présence d’un récep- 
tacle séminal nettement individualisé, formé. aux dépens d’une évagination 
de la région initiale de la trompe, représente un type de struclure tout parti- 


(4) Sur 24 individus provenant d'un même Macroscélide, nous avons 


: compté 14 larves des troisième et quatrième stades, 5 mâles, 4 femelles sans 
anneau et une femelle avec un anneau de couleur noire, 


330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


culier chez les Nématodes; à notre connaissance, une telle disposition n'a élé 
signalée chez aucun autre animal de ce groupe (1). L'existence de ce récep- 
tacle séminal est manifestement en relation avec celle de la ceinture vulvaire. 


(1) Beaucoup de Nématodes, le Physaloptera clausa Rud., par exemple, ont 
deux poches copulatrices bien individualisées, mais elles sont formées par 
une dilatation de la région ultime des utérus, à la naissance de l’oviducte, et 
n’ont, par conséquent, pas la valeur morphologique du réceptacle séminal 
du Maupasina Weissi. 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


ee se OS EE RER 
Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


331 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE (1913 


SOMMAIRE 


Bezix (Marcez) : Culture du virus 
vaccinal « in vitro » 
Besnorr (Cn.) et Rogin (V.) : Les 
réactions cellulaires dans la sarco- 
sporidiose cutanée . 
Bosc (F.-J.) : A propos de la note 
de M. Achalme, au sujet de nos re- 
cherches sur le rhumatisme articu- 
AIT ATEN RU en tes 
Camus (L.) : A propos de la vacci- 
nation préventive contre la varicelle. 
Desusr et Constant : Conditions 
d'apparition de sucres réducteurs 
dans les matières fécales. . 
Dusuisson (Maurice) : Déviation 
de la ligne de marche après passage 
ŒUMODSTACIE ME MS Em 
FAURÉ-FREMIET (E.) : Sur les » né- 
matocystes » de Polykrikos et de 
CaMDAneLlQ EME NE He Re 
FressiNGEr (CaRrLes et NoEL) : Evo- 
lution comparée de la tension arté- 
rielle et de la constante d'Ambard 
chez les néphro-scléreux. . . . . .. 
Gautier (GL.) : Sur la glucosurie 
adrénalinique chez la grenouille . . 
GuicremaARD (H.) et REGNIER (G.) : 
Recherches sur les variations de la 
pression artérielle en haute montagne 
HuGouxexa (L.)et GuiLzemARD (H.): 
Recherches sur l’action biochimique 


Under abs, cartel» 


dela lumière polarisée. , .:. . . .. 218) 


Iscovesco (HENR:) : Action physio- 
logique, en particulier sur la crois- 
sance d'un lipoide (1IBa) extrait de 
SR YTOÏIde) ER M En ee 

KRoOLUNITSkY (G.-A.) : Troisième 
note sur la leucocytolyse digestive. 
Marche de la leucocytose après 
injection intrarectale d’aliments 
combinée avec un repas et une ex- 
CITAUIONPSVCHIQUE ce 

LaGuesse (E.) : Sur l'origine em- 
bryonnaire des lamelles de sub- 


Biozocie. Comeres RENDUS. — 1913. T, LXXV. 


390 


366 


361 


333 


stance conjonctive fondamentale 
hyaline chez la torpille.. . . . . .. 
Lauxoy (L.) et Lévy-Bruuz (M.) : 
L'infection spirillaire chez les poules 
éthyroïdées ; pouvoir vaccinant de 
lUPÉSÉTUMER PP EUR .. 
Marcnoux : Remarques à propos 
de la note de M. A. Raybaud. ... 
MicaeL (L.):Sur l'emploi des mem- 
branes en collodion, trés perméables, 
dans les recherches biologiques . 
PELSENEER (PAUL) : Un parasite 
immédiat (Odostomia rissoides) et un 
parasite médiat (Monstrilla helgo- 
landica) de la moule commune... 
RaysauD (A.) : De la broncho- 
pneumonie chronique des rats. A 
propos de la note de P. Delanoë . . 
RETTERER (Ep.) et NEUVILLE (H.) : 
De la structure du gland de quel- 
QUES TONDEUTS SE ee deg elens 
SALMON (Pau) : Sur le mécanisme 
de la zomothérapie. . .. ...... 
Vicxes (Henri) : L’extirpation de 
la masse-hihernantes 70007 


Réunion biologique de St-Pétersbourg. 


_ Beconevsky (G.-D.) : Sur la pro- 
longation de la vitalité du bacille 
DUISATC RE MR RTE CT ral Le 

Ivanov (E.) : Expériences sur la 
fécondation artificielle des oiseaux 
(Première communication) . . . .. 

Ivaxov (E.) : Expériences sur la 
fécondation artificielle des oiseaux 
(Deuxième communication) . .. .. 

Ivanov (E.) : Sur la fécondité de 
Bison bonasus X Bos taurus (Bona- 
SOUQUTOTOES NU Etre ere 

SOROKINA-AGAFONOwWA (Mme) : Sur 
les modifications du système péri- 
phérique nerveux chez les insectes, 
durant la métamorphose 


ro 
C9 


376 


‘332 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Hallion, Vice-Président, 


puis de M. Dastre, Président. 


MM. E. Maurez et Resaun, Membres correspondants, assistent à la 
séance. 


À PROPOS DE LA NOTE DE M. ACHALME, AU SUJET DE NOS RÉCHERCHES 
SUR LE RHÜMATISME ARTICULAIRE AIGU, 


par F.-J. Bosc. 

Je n’ai pris connaissance que ces jours-ei de la uote de M. Achalme (1) 
au sujet de nos recherches, avec M. Marcel Carrieu, sur le virus du 
rhumatisme articulaire aigu. Cette note va un peu loin, elle ne répond 
en rien à la réalité. Nous renvoy.ns simplement à la thèse de M. Carrieu - 
(Montpellier, 1913) : sa lecture montrera combien les accusations de 
M. Achalme sont peu fondées. 

Au sujet de la réflexion terminale de M. Achalme, je pense qu'il eût 
été bien plus digne de réserver un semblable argument. 1] serait, d'ail 
leurs, trop facile de renvoyer ce même reproche à M. Achalme en lui … 
laissant entendre combien il est peu dans la voie scientifique actuelle 
lorsqu'il affirme, sans autres preuves, que le rhumatisme arliculaire 
aigu vrai n'est pas une maladie infectieuse aiguë par action directe et 
rapide d'un virus figuré en circulation dans le sang, mais le résultat 
d'une sorte d'intoxication. 


DE LA BRONCHO-PNEUMONIE CHRONIQUE DES RATS. 
À PROPOS DE Lä NOTE DE P. DELANOE, 


par A. RAYBAUD. 


A la séance du 95 octobre, M. E. Marchoux a présenté une note de 
M. Delanoë, décrivant chez les rats des lésions spontanées de broncho- 
pneumonie chronique. Nous observons fréquemment, parmi les milliers 
de cadavres de rats que nous ouvrons chaque année au laboratoire 
du Service sanitaire maritime de Marseille, ces lésions pseudo-tubercu- 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, LXXV, 82, 1913. - 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE : 3393 


leuses. M. J. Const. Gauthier en a fait une étude attentive, malheureu- 
sement interrompue par des circonstances indépendantes de sa volonté, 
et résumée dans deux notes présentées à la Réunion biologique de 
Marseille, le 20 juin 1905 (1) .et Le 20 février 1906 (2). A la suite de faits 
d'observation, il croyait pouvoir rattacher ces lésions pulmonaires 


à une infection par le Plasmodiophora brassicæ Woronine, agent d'une 


mycose parasitaire du chou qui se sérait transmise au rat par voie ali- 
mentaire; mais ayant entrepris de vérifier cette hypothèse. par des 
recherches expérimentales poursuivies suivant la méthode de Pinoy, 
M. Gauthier ne put obtenir des résultats prcbants et formula des 
réserves sur le rôle du champignon. À défaut de recherches expérimen- 
tales définitives qui n'ont pu être effectuées dans notre laboratoire et 
qu'il serait intéressant de voir reprendre, je mentionnerai toutefois ce 
fait. : nos élevages de rats blancs étaient décimés par celte broncho- 
pneumonie chronique pseudo-tuberculeuse tant qu'il leur était fourni, 
parmi d’autres herbages, des morceaux de choux ; la maladie a disparu 
depuis que nous avons supprimé complètement le chou de l'alimenta- 
tion de nos animaux. 


> M. Marcoux. — Il me suffira, à la suite de la petite note de MM. Gau- 
thier et Raybaud, de rappeler que M. Delanoë s’est borné, dans son 
travail paru dans le dernier numéro, à étudier l'histologie pathologique 


de la broncho-pneumonie chronique des rats. 


TROISIÈME NOTE SUR LA LEUCOCYTOLYSE DIGESTIVE. 
MARCHE DE LA LEUCOCYTOSE APRÈS INJECTION INTRARECTALE D'ALIMENTS 
COMBINÉE AVEC UN REPAS ET UNE EXCITATION PSYCHIQUE (3). 


Note de G. A. KROLUNITSKY, présentée par M. GARNIER. 


_ Le deuxième moment de la réaction sanguine au cours de la diges- 
tion, la leucocytose digestive, est dû à l'absorption des produits digérés. 
Ces produits absorbés arrivent par la veine porte dans le foie et excitent 
cet organe. Les antileucocytolysines, sécrétées par le foie, neutralisent 
dans le plasma les leucocytolysines, sécrétées par la rate, d’où l'appa- 
rition de l'hyperleucocytose sanguine. L'analyse attentitive de nos 


(1) Chytriomycose spontanée. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1905, 
p. 1094. 
(2; Lésions pseudo-tuberculeuses du rat. Comptes rendus de la Soc. de Bio- 


 dogie, 1906, p. 441. 


(3) Note présentée dans la séance du 25 octobre. 


3934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


expériences d’injections intrarec- 


Injections intrarectales, étude leucocytolytique des sérums (1). 


ROM . 
RÉ ue £ tales chez le chien nous montre 

LS | HE È qu'une lutte véritable entre deux 

ES SNS eSe es) lie ferments opposés a lieu dans le sang. 

SË Fe ee : On voit par ce tableau que l'on 

a | ae. = | arrive presque toujours à neutra- 

NME RE ES & liser aussi bien les leucocytolysines 

ER | TESSEE a psychiques que celles, apparues à la 

È S Séssoo | À suite de repas. 

LPS S wondos | 2 Une expérience (n° 10 du tableau) 

ST 8-2 |» | est particulièrement instructive. On 

SU Le PTE FE < À injecte des acides aminésnon dilués, 

+ “Ne 5 | mais le liquide est irritant pour la 

z® SRRSSRES | 3 | muqueuse intestinale. L'absorption 

ñ en de £ commence, la leucocytolysine est 
= SE 26e 2S 5: en train d’être inhibée. Mais après 
s & | le repas, à 4 h. 10, le liquide irritant 
S one Alt provoque une diarrhée, il est rejeté 

£ £ = 2248682 5 ||. avec les matières. 

SE 4 Eee SE 1 De nouvelles quantités d'acides 
Ê SSRSÈSE . L aminés n'arrivant plus au foie, l'ex- 
Es ssiéédéise | $ citation de cette glande n'est plus 
= cc ne suffisante et la leucocytolyse l'em- 
= EN Re porte. Ainsi donc la rate est toujours 
= ue = | en activité, son ferment lulte avec 

6Ë | S22828. | = | le ferment du foie. 

CON LE 2 Un autre fait est à noter. Dans les 
de RRPRERE ; expériences où nous nous bornons 
8 Sdssésss | s à injecter un liquide dans le rectum 

ui PE eos È sans intervenir autrement (lapin, 

= eee Le, homme), la courbe leucocytaire 

É RAS : monte régulièrement après injec- 

BE | LBRSeSS | & tion et l'on n'observe presque pas 

Se Fee rire É (sauf le cas n° 1 de la note précé- 

LE nn È dente) de ces bonds véritables de la 

z A à || courbe leucocytaire, comme c’est 

É Sen © le cas chez le chien où, en outre 

e Ses sie d'injection, nous apportons une 

ed $ See 2 | excitation psychique et un repas 

SE 2Éxzs = (voir aussi le tableau de la note 2). 

£ à es (1) Ce tableau fait suite à celui de 

se Sssissss Sim la note précédente communiquée le 


18 octobre dernier. 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 335 


Comment expliquer ce fait? Dans le premier cas (lapins, homme), nous 
n'intervenons pas activement dans la lutte des ferments, nous ne faisons 
en somme que suivre la marche régulière de deux sécrétions opposées. 
Au contraire, en excitant le chien par la vue de viande (toujours pendant 
cinq minutes) et en lui donnant à manger, nous intervenons activement 
dans la sécrélion des leucocytolysines, en fouettant pour ainsi dire cette 
sécrélion. Il est facile à comprendre que la leucocytolyse est un acte com- 
plexe : au moins deux facteurs y prennent part. D'une part, la sécrétion du 
ferment leucocytolytique, destructeur des leucocytes, et de l’autre, la 
production de ces leucocytes par la moelle osseuse. Par notre injection 
intrarectale nous dissocions cet acte, en supprimant un des facteurs, la leuco- 
cytolyse, en la neutralisant à l’aide d'antileucocytolysine, produite par le 
foie excité. Mais l’autre facteur, la production des leucocytes, subsiste. 
Le fait que, dans le cas où l’on ne fait pas d'injection intrarectale, il se 
produit à la suite de l’excitation psychique et du repas, une baisse de 
1 à 2.000 globules blancs et que le nombre des leucocytes, où l’on 
fait une injection intrarectale, augmente exactement de ce chiffre après 
l’excitalion psychique ou après Le repas, ce fait nous indique qu'il existe 
des relations fonctionnelles entre la rate et la moelle osseuse, se faisant par 
l'intermédiaire du système nerveux ou par tout autre mécanisme. Dès que 
la rate entre en activité, la moelle osseuse fait de même pour réparer les 
pertes leucocytaires dues à l’apparilion des leucocytolysines dans le 
plasma. L'augmentation brusque du nombre des leucocytes juste après 
l'excitation psychique ou après le repas, c’est-à-dire au moment où ce 
nombre diminue, quand l'injection intrarectale n’a pas lieu, doit être 
expliquée par la suppression d’un des facteurs — la leucocytolysine — et 
par l’activité non entravée de l’autre — la production leucocytaire. La 
leucocytose digestive, comme celle que nous provoquons artificiellement 
dans nos expériences, indique pour nous que les deux facteurs men- 
tionnés plus haut sont en aclivité, mais que l'entrée en jeu du foie neu- 
tralise l'effet d’un facteur, la leucocytolysine. 


(Travail du laboratoire de pathologie expérimentale et comparée.) 


UN PARASITE IMMÉDIAT (Odostomia rissoides) ET UN PARASITE MÉDIAT 
(Monstrilla helgolandica) DE LA MOULE COMMUNE, 


par PAUL PELSENEER. 


Parmi les Crustacés Copépodes pélagiques, il existe un groupe qui 
est dépourvu de tube digestif : ce sont les Monstrillides. 

Il y a un petit nombre d'années seulement, on a reconnu, pour 
quelques-uns d’entre eux, que cette disposition est due à un parasitisme 


336: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


qui dure depuis le Nauplius jusqu’à l'élat adulte, le Monstrillide ne rede- 
venant libre que pour se reproduire. Cette découverte est l’œuvre exelu- 
sive de naturalistes francais, notamment de Mesnil.et Giard, Malaquin, 
Caullery et Mesnil. Toutes les espèces qu'ils ont étudiées avaient one 
hôte des Annélides Polychètes. 

D'autre part, il existe de petits Mollusques Esstonotee 
dépourvus de radula ; on en a conclu qu’ils sont parasites leur vie durant, - 
sans avoir pu jusqu'ici déterminer aucun de leurs hôtes. Toutefois, 
l'an dernier, j'avais trouvé deux espèces du groupe des Odostomia dans 
la cavité palléale de Lamellibranches exotiques. J'en avais inféré que: 
d’autres Lamellibranches seraient vraisemblablement les hôtes de divers 
Odostomia. 

Des recherches inspirées par cette induction m'ont permis de recon-. 
naître, par une seuleet même observation, l'hôte d’un Odostomia et l'hôte 
d’un Monstrilla, et de constater, comme l'indique le titre de cette note, 
que ces deux organismes sont respectivement parasite direct et parasite 
indirect de la Moule commune. : 

C'est ce qui ressort des constatations suivantes : 

I. Parasitisme de Odostomia rissoides. — Dans le byssus des moules 
les plus voisines de la basse mer, on trouve parfois, à la Tour de Croy et 
à la Crèche (Wimereux), des O. rissoides en grand nombre. 

Si l’on place dans une même cuvette une moule bien vivante et quel- 
ques Üdoslomia, ces derniers vont se placer plus ou moins vite auprès 
du bord de la coquille du Lamellibranche. Puis, lorsque les deux valves 
de ce dernier s’entre-bäillent, chacun d'eux dévaginesa trompe, l’enfonce, 
en la recourbant, entre les deux lobes palléaux, et va la fixer enfin sur 
la paroï intérieure du manteau, pour un temps souvent fort long. 

IT. Parasitisme de Monstrilla helgolandica. — Sur un grand nombre . 
d'Odostomia examinés avant la fin de l'été, quelques-uns montrent, au 
travers de leur coquille transparente, un parasite de couleur brun 
sombre, logé dans la région nuchale du corps. | $ 

Il arrive même que l’un ou l’autre de ces parasites, ayant atteint sa 
maturité sexuelle, quitte son hôte et vienne nager librement, permettant. 
ainsi de le reconnaitre comme un HMonstrilla helgolandica. 

Par contre, si l’on ouvre un Odostomia ainsi parasité, mais dont le 
parasite soit encore à une phase moins avancée, on observe que celui-ci 
est enfermé dans une sorte d’étui chilineux et pourvu de trois paires 
d'appendices externes, dont la première (bifurquée) et la troisième (sim- 
ple) sont fort longues et profondément enfoncées dans l'organisme de : 
l'hôte. L’étui et les appendices en question sont abandonnés dans l’Odos- 
tomia, au moment de |’ « éclosion » du Monstrilla. — La présence de ce 
dernier, dans les cas examinés, n'avait pas déterminé la castration para- 
sitaire de son hôte. 

(Station zoologique de Wimereux.\ 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 331 


SUR L'ORIGINE EMBRYONNAIRE DES LAMELLES 
DE SUBSTANCE CONJONCTIVE FONDAMENTALE HYALINE CHEZ LA TORPTELLE, 


par E. LAGUESSE. 


Dans une séance antérieure (octobre 1911), j'avais montré que le tissu 
-sous-cutané des fœtus de Torpille fournit un excellent Tr de. la 
structure lamellaire du tissu conjonctif lâche. 

Depuis, j'ai eu l’occasion de poursuivre mes recherches sur cette 
espèce, et je désirerais aujourd’hui attirer l'attention sur deux points 
nouveaux. 

FE. — En premier lieu, j'ai étudié des sujets adultes, et puis affirmer 
que la structure lamellaire s’y estconservée avec des modifications d'ordre 
secondaire ; il ne s'agit donc pas d'une disposition fœtale et transitoire 
de peu d'importance. 

IT. — En second lieu, j'ai pu suivre sur des embryons plus jeunes de 
développement des lamelles, et c’est ici que j'ai observé les faits les plus 
intéressants. 

Prenons une série de fœtus dont les plus jeunes n’ont que 33 milli- 
mètres de longueur, et dont les plus âgés atteignent 55 millimètres. 
L'histogénèse est d’ailleurs inégalement avancée selon les points du 
corps que l’on étudie, et le même sujet nous montrera souvent côte à 
côte diverses phases de la différenciation. 

Au début, le tissu conjonclif sous-cutané n'est représenté que par un 
amas assez épais de cellules anastomosées en réseau. Les mailles de ce 
réseau sont vides, ou, plus exactement, remplies par de la Iymphe iïn- 
terstitielle. 

De bonne heure, c'est-à-dire déjà presque partout sur les fœtus de 
33 millimètres, ces cellules s'aplatissent parallèlement à la surface, et, 
sur de larges plages, tendent à s’ordonner en un certain nombre de 
plans principaux, encore reliés entre eux par de nombreuses et fines 
anastomoses. Ajoutons de suite que ces anastomoses plus ou moins 
perpendieulaires à la surface tendront bientôt à disparaitre en majeure 
partie, libérant ainsi chaque plan, qui restera seulement enté sur les 
voisins par de larges dédoublements obliques. Fait plus important 
encore : presque partout la différenciation cylologique a déjà commencé. 
Même dans les points où elle débute seulement, les prolongements anas- 
tomotiques élargis, qui rayonnent à la périphérie du corps cellulaire 
aplati, n’ont plus les mêmes réactions que la zone périnuecléaire. Tandis 
que celle-ci reste formée d’un cytoplasme granuleux, neltement colo- 
rable en rouge par la safranine dans la double coloration safranine 
piero-noir naphtol, les prolongements, amineis, tordus, sont générale- 
devenus homogènes ou vaguement granulo-striés, et se teignent en 


338 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


bleu noir. Cette homogénéisation s'étend souvent déjà au corps cellu- 
laire aplati lui-même,ne respectant qu'une étroite zone granuleuse péri- 
nucléaire. 

De sorte que bientôt chaque cellule n’est plus représentée que par une 
large plaque homogène, irrégulièrement étoilée, s’effilochant à la péri- 
phérie en des prolongements rubanés de même nature par lesquels elle 
s’anastomose avec les voisines, et présentant vers son centre, reléguée 
généralement sur une de ses faces, une zone périnucléaire de cytoplasme 
granuleux. Cette dernière, d’abord assez mal limitée, se différencie 
mieux de son support, et finit par se munir d'assez larges prolongements 
également granuleux, ramifiés à la surface de la plaque hyaline. Dès ce 
moment, la cellule primitive a subi une transformation capitale : elle est 
devenue une lamelle exoplasmique anhiste, ou, si l'on préfère, une 
lamelle de substance conjonctive amorphe, supportant vers son centre 
un noyau aplati entouré d’un endoplasme granuleux étoilé, qui, pour un 
observateur non prévenu, représenterait à lui seul tout l'élément, et 
auquel seul, pour obéir à la nomenclature habituelle, je suis obligé de 
réserver, à partir de maintenant, le nom de cellule. 

Ainsi donc, de chaque cellule primitive du tissu conjonctif lèche sous- 
cutané sont dérivées, d’une part une lamelle de substance amorphe (ou 
plus exactement hyaline), d'autre part une cellule fixe du fœtus âgé et 
de l’adulte (1). Les prolongements qui unissent la première à ses voi- 
sines dans un même plan vont s'élargissant, ne laissant bientôt plus 


entre eux que des trous ovalaires ou arrondis. Ces trous deviennent de 


plus en plus étroits, et finissent par disparaître presque complètement, 


de sorte que chaque lamelle finit par former une large et mince mem- 


brane continue, dédoublée par places dans son épaisseur à la périphérie, 
et soudée aux voisines sur toute cette périphérie, Ainsi se constitue peu 
à peu la texture caractéristique en « gäleau feuilleté » décrite chez les 
fœtus âgés et chez l'adulte. 

La plupart des lamelles semblent dériver chacune d’une seule cellule 
primitive. Pourtant on trouve sur certaines lamelles fœtales plusieurs 
endoplasmes, parfois en voie de caryocinèse. Je ne prétends par con- 
séquent aucunement ériger la proposition ci-dessus en règle générale, 
et encore moins l’étendre à d’autres espèces animales, où plusieurs 
cellules doivent contribuer à l'édification d'une même lamelle. Mais le 
fait intéressant, me semble-t-il, c'est que, dans certains cas au moins, 
une lamelle anhiste de 4 à 5 dixièmes de millimètre de largeur puisse 
dériver d’une seule cellule par étalement et par simple modification 
ph ysico-chimique au cours de la cytogénèse. 


(1) J'ajoute de suite que sur ce dernier, chez la Torpille tout au moins, 
le cytoplasme granuleux a fini par disparaître presque complètement, et le 
noyau est resté presque nu. 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 239 


A peine les lamelles sont-elles ébauchées que l’on rencontre dans leur 
épaisseur de très fines fibrilles conjonctives qui deviennent de plus en 
_ plus abondantes et de plus en plus larges. Elles semblent se différencier 
dans la substance amorphe même, mais je resterai provisoirement dans 
la plus grande réserve en ce qui concerne leur première apparition et 
leurs relations possibles avec les chondriosomes, mon matériel de 
Torpille n'ayant pas été fixé comme il aurait convenu pour ce genre de 
recherches. 


SUR LA GLUCOSURIE ADRÉNALINIQUE CHEZ LA GRENOUILLE, 


Note de CL. GAUTIER, présentée par L.-C. MarzLarn. 


Dans un travail récent, Ivar Bang rapporte quelques expériences 
concernant la glucosurie adrénalinique chez la grenouille. Les doses 
d'adrénaline (chlorhydrate) injectées dans les sacs dorsaux variaient 
entre un demi et un milligramme. Bien avant Bang, j'ai montré (1) que 
chez les grenouilles injectées d’adrénaline dans les sacs dorsaux, et 
jusqu’à la dose de 0 gr. 0001, l’urine donne un précipité d’oxydule de 
cuivre à l'épreuve de Worm-Müller. Mais, précisément jusqu’à cette 
même dose (fréquemment), et constamment pour les doses supérieures, 
une certaine quantité d’adrénaline passe dans les premières portions 
d'urine recueillies. Comme les méthodes de Bang pour le dosage du 
sucre reposent sur la réduction des sels de cuivre, comme il n’a pas 
tenu compte de l’adrénaline urinaire en tant que facteur de réduction, 
ses résultats, ainsi que les miens antérieurs, sont en partie entachés 
d'erreur. J’ai donc tenu à préciser si l’adrénaline provoque de la gluco- 
surie chez la grenouille. 


EXPÉRIENCE (15 octobre 1913). — Afin d'augmenter leur glycogène 
hépatique, on injecte par la bouche dans l'estomac, à six grenouilles, 
au moyen d’une seringue munie d’un petit tube de caoutchouc durei, 
2 c.c. d’une solution faite à chaud de 7 gr. 50 de glucose pure pour 
20 grammes d’eau. 

En retirant le tube, un peu de liquide reflue parfois dans la bouche, et 
l'animal peut en rejeter quelques gouttes. Les animaux sont ensuite 
régulièrement lavés tous les matins à 8 heures, comme je l'ai plusieurs 
fois décrit. Une semaine après, le soir, on pose à ces six animaux une 
ligature sur la terminaison du rectum, un peu au-dessus de son union 
avec la vessie, afin de recueillir par sondage des urines pures. Le len- 
demain matin on sonde les grenouilles après les avoir lavées, et l'urine 


(1) Comptes rendus de ia Soc. de Biologie, t. LXV, p. #72, 21 novembre 1908. 


340 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE 


recueillie est rejelée. Puis, de quatre heures en quatre. heures, on les 
sonde à nouveau, et l'on récolte ainsi dans les vingt-quatre heures 
27 c.c. d'urine (urine témoin). On leur injecte alors dans Les sacs 
dorsaux 4 €.c. d’une solution neutre d'adrénaline (chlorhydrate) à 
1 p. 4.000. Sitôt l'aiguille sortie, on cautérise l’orifice d'injection. Quatre 
heures après l'injection les animaux sont sondés : 1/2 c.c. de l'urine 
recueillie alors donne, avec l'acide sulfurique et l’«-naphtol, une réaction 
intense. À ce moment, les animaux sont lavés à nouveau pour les 
débarrasser de leurs sécrétions cutanées, puis sondés (ce dernier 
sondage ne fournit d’ailleurs rien). Ensuite, de quatre heures en quatre 
heures, on sonde les grenouilles. On récolle ainsi 30 c.e. d'urine dans les 
vingt-quatre heures. 

Essais. — 1° Réaction furfurolique. On met dans un tube à essai 
1/2 c.c. d'urine témoin, au-dessous de laquelle on introduit, avec une 
pipette,2 e.c. d'acide sulfurique pur, concentré. On fait ensuite tomber 
sur l'urine quelques cristaux d'x-naphtol, on agite le tout, on obtient 
une légère coloration rose violacé (comme la donne l'x-naphtol avec 
SO'H” en milieu aqueux), — 1/2 c.c. d'urine prélevé sur la totalité de 
l'urine récoltée après l'injection d’adréraline, traité de la même façon, 
donne une coloration rouge violet sombre, vineuse, opaque, fonçant de 
plus en plus, et devenant de plus en plus violet rouge (sombre comme 
de l'encre) puis violet sombre. 

2 Epreuve de Worm-Müller modifiée par Pflüger (4). C’est celle que 
j'avais employée dans mes premières recherches. 5 c.c. d'urine témoin, 
bouillie et filtrée, sont versés dans une coupelle; dans une autre, on met 
3 c.c. d’une solution de sulfate de cuivre à 2,5 p.100 et 2 c. c. 1/2 d’une 
solution renfermant 10 p. 100 de sel de Seignelte et 4 p. 100 de soude. 
On mélange soigneusement les solutions cuivrique et alcaline. Puis 
urine et solution cupro-polassique sont portées en même temps à l’ébul- 
lition. Celle-ci atteinte, on éteint la flamme en même temps des deux 
côtés; on attend vingt secondes, puis l’on verse l'urine dans la solution 
cuivrique. Pas trace de réduction, la liqueur est parfaitement bleue. 
5 c.c. d'urine d’après l'injection, traitées de la même facon, réduisent 
totalement la solution cupro-alcaline, en donnant un magnifique dépôt 
rouge vif d'oxydule de cuivre. 

3° Phénylglucosazone. On ramène par l’ébullition à 5 c.c. tout ce qui 
reste d’une part de l'urine témoin, d’autre part de l'urine d’après l’injec- 
tion, on filtre, et l’on essaie de faire l’osazone. J'ai employé le procédé 
de Kowarski. Dans un tube à essai, on fait tomber 5 gouttes de phényl- 
hydrazine pure, liquéfiée, puis 10 gouttes d'acide acétique glacial, on 
agite et l’on additionne de 1 c. c. de solution aqueuse, saturée, de NaCÏ. 


(1) E. Pflüger. Untersuchungen über den Pankreasdiabetes. Arch. f. ges. 
Physiologie, 1907, p. 265 : texte visé, p. 292. 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 341 


Immédiatement il se forme un magma blanc, solide et dégageant une 
odeur désagréable. On ajoute alors 3 c. c. d'urine témoin concentrée et 
l’on chauffe pendant deux minutes. La solution, qui se forme à chaud, 
devient jaune päle, puis opalescente, mais il ne se forme pas trace de 
dépôt d'osazone. Dans les mêmes conditions, l'urine concentrée d’après 
l'injection donne, quelques instants après cessation du chauffage, un 
précipité d’osazone tel, qu'après dépôt, il s'élève à plus des trois quarts 
de la hauteur de l'essai. L’osazone formée ne se différencie en rien, 
quant à la couleur, l’aspeet, la solubilité dans l’eau et dans l'alcool 
méthylique. la propriété réductrice, de celle obtenue comparativement 
avec une solulion aqueuse concentrée de glucose. 


RECHERCHES SUR L'ACTION BIOCHIMIQUE DE LA LUMIÈRE POLARISÉE, 


par L. HuGouneno et H. GUILLEMARD. 


La lumière polarisée exerce-t-elle une action sur le développement, la 
morphologie, le biochimisme des êtres vivants? Nous avons consacré à 
l'étude de cette question, sur laquelle il n'existe à notre connaissance 
aucune donnée, une série d'expériences qui ont porté sur diverses levures 
et dont nous allons exposer brièvement la technique et les résultats. 

Une source lumineuse (lampe électrique) est placée au centre d'une 
boîte métallique étanche à la lumière ; l’une des faces laisse passer un 
faisceau lumineux qui traverse un nicol ; par la face opposée s'échappe 
un faisceau lumineux de même section qui traverse une série de lames 
de verre disposées normalement à son axe et destinées à faire varier à 
volonté l'intensité de l'éclairage. Grâce à ce dispositif, les cultures de 
levures, ensemencées dans deux boîtes de Petri, recevaient de Fa source 
lumineuse sensiblement les mêmes quantités de lumière et de chaleur. 
Le tout était enfermé dans une étuve obscure à température constante. 
On réalisait ainsi, de part et d'autre, des conditions identiques, sauf en 
ce qui concerne la qualité de la lumière, naturelle d'un côté, polarisée 
de l’autre. 

Une première série d'expériences a porté sur le développement des 
levures. Nous avors étudié à ce point de vue la Wäillia anomala Hansen, 
les Saccharomyces ellipsoïdeus, ludvigii et octosporus. Ces levures étaient 
ensemencées sur eau de levure sucrée et gélosée. Malgré un grand 
nombre d'ensemencements successifs, pratiqués à deux ou trois jours 
d'intervalle (jusqu'à 13 pour le S. ellipsoideus,, l'examen microscopique 
ne révéla aucune différence, soit dans le développement des deux 
. cultures, soit dans leur tendance à sporuler. 

Une étude comparative de la fermentation alcoolique montra de même 


349 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


que dans les deux cas la quantité de sucre consommé reste sensiblement 
la même dans le même temps. 

Il semble donc que la lumière polarisée n’exerce aucune action spé- 
ciale soit sur le développement, soit sur l'activité biochimique des 
levures. 

M. Guilliermond a bien voulu nous apporter l’aide de sa grande compé- 
tence en matière de levures; nous lui adressons ici nos remerciements. 


RECHERCHES SUR LES VARIATIONS DE LA PRESSION ARTÉRIELLE 
EN HAUTE MONTAGNE, 


par H. GUILLEMARD et G. REGNIER. 


Cette étude offre un intérêt pratique à une époque où se multiplient 
les funiculaires de grande altitude (1) ; l'accès des hautes cimes réservée 
jusqu'ici à une élite de grimpeurs jeunes et entraînés va être mis à la 
portée de tous et, si une dépression assez rapide de l'atmosphère devait 
se traduire par une variation notable de la pression artérielle, on conçoit 
que de graves dangers seraient à craindre pour les sujets porteurs de 
lésions cardio-vasculaires ‘hémorragies chez les artério-scléreux ou les 
tuberculeux...). Remarquons que, a priori, la diminution de la pression 
atmosphérique, en tant que phénomène physique, ne saurait influer sur 
la tension artérielle, toutes conditions égales d’ailleurs, la baisse de 
pression s’exerçant à la fois sur la surface externe des artères et sur 
celle de l'organe propulseur du sang, le cœur. Une variation de tension 
artérielle ne saurait résulter que de la réaction de l'organisme contre 
l’anoxyhémie (accélération du rythme cardiaque, azotémie avec oligurie). 

Les recherches antérieures (P. Bert, Frankel et Geppert, Regnard, 
Mosso, L. Camus) ne signalent pour la plupart aucune variation de 
pression sanguine sous l'influence de la décompression. Nous avons fait 
sur ce sujet quelques recherches. au cours de nos derniers séjours au 
Mont-Blanc. Les premières (1919), effectuées à l’aide d’un sphygmomètre 
à ressort de Verdin, modifié par Chéron, ne nous ont indiqué aucune 
variation de la tension sanguine (2). Le peu de sensibilité de cette 
méthode nous a conduits à employer en 1911 l'oscillomètre du professeur 
Pachon; cette campagne fut malheureusement interrompue par un 
accident mortel survenu à un de nos guides ; les résultats acquis nous 


(1) On en construit deux actuellement dans la vallée de Chamonix; l’un 
doit atteindre l'aiguille du Midi (3.843 mètres) et l’autre l'aiguille du Goûter 
(3,873 mètres). 

(2) G. Regnier. Le mal de montagne. Thèse de Paris, 1911. 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 343 


ont permis néanmoins de confirmer nos conclusions précédentes (1). 
Nous sommes en mesure aujourd’hui de donner des résultats précis. Le 
tableau suivant groupe les moyennes de nombreuses observations faites 
dans des conditions aussi comparables que possible (matin à jeun après 
un repos prolongé). 


SSSR PE GE 


TENSIONS TENSIONS AMPLITUDES n 
LIEUX maxima. minima. des oscillations. | «= £ 
et ER PR EN Mean En a UT £ 2 
ALTITUDES s > 
G.R.|H.G.|A.T.IG.R.|H.G.|A.T.IG.R.|H.G.|A.T. Æ, 
Plaines: 14 | 14 » 6 1 » | 5 3:50 » 
14 14 » 7 8 » 4 90 » ») 
Chamonmmeems ee, sl lE AZ » 7l 7 »5162:31*2;5) mom Ir200 
(050 MA) EE 14 | 424 » J! 8 DA 1N2 3 205 IE A7 0 
14 | 44 » 7 fl DA 2, 3109 » | 210 
44 | 44 | 45 6 7 1,1 2,9142,5114 190 
Grands-Mulets (3.050 m.). . .| 1% | 13 |,49 7 1 to 1e 2 1, DH 80 
OBs.Vallot (4:350 mm). : 7.143] 15 | 112 7 S OPA) { 6° 
Es) fl 8 (ue MES) PA tag 0° 
3 m1 3 7 9 821 1/61241%5 2155 151909 
12-| 14 | 43 +1 ù 601105155220 
Mont-Blanc ete 010011071010 7 1 LIN] rl) ni il 10 
(RS TOUME) AT Nr. re eee 9 EE EA9 1 8 TM RÉ: 2) À Lo 
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On voit que les tensions maxima et minima ne présentent aucune 
variation caractéristique. Quant à l’amplitude des oscillations, elle suit 
une courbe sensiblement parallèle à celle de la température extérieure ; 
il semble donc bien que les faibles amplitudes observées au Mont-Blanc 
sont sous la dépendance de la vaso-constriction périphérique due au 
froid et ne sauraient être altribuées à des variations de l'impulsion 
cardiaque. 
© Nous concluons donc qu'aucun changement de la pression sanguine 
n'est à craindre du fait de la décompression qui résulte d'une ascension 
à l'altitude de 4.810 mètres. 


(1) Rapports scientifiques de la Caisse des recherches scientifiques, 1912. 


344 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


À PROPOS DE LA VACCINATION PRÉVENTIVE CONTRE LA VARICELLE, 
par L. Camus. 


Dans la séance du 18 octobre dernier, notre collègue M. Levaditi a 


communiqué une note très intéressante de M. Carl Kling, sur la vacci- 


nation préventive contre la varicelle, à propos de laquelle je désire pré- 


senter une remarque. Des résultats publiés dans cette note je n’ai rien à 


dire, ils confirment certaines notions déjà bien établies et nous font 
connaître la marche d’une expérience très complète sur l'inoculation en 
série de la varicelle. 

Le point sur lequel je crois utile d'attirer l'attention est relatif aux 
conditions mêmes de l'expérience, et c'est un point qui peut intéresser 
nos confrères français qui seraient tentés de reprendre cette étude ou de 
se livrer à quelques recherches analogues. 

- Depuis que la méthode jennerienne (vaccination de bras à bras)'a été 


reconnue coupable de nombreuses inoculations de syphilis, depuissurtout 


qu'il a été démontré que la vaccination animale met à l'abri de ce dan- 
ger, la vaccination de bras à bras est tombée dans un discrédit dont n'ont 
pu la tirer les meilleurs arguments ou les modifications de technique 
proposés par ses partisans les plus irréductibies. 

Ceux-ci ont eu beau insister sur la garantie que donne l'examen 
minutieux du vaccinifère, ils ont eu beau montrer que l'inoculation 
d'une lymphe limpide exempte de sang et recueillie sur un syphilitique 
peut ne pas transmettre la syphilis, quand on vaccine superficiellement 
sans faire saigner, ils ne sont pas parvenus à ramener la cou ni à 
faire revivre l'ancienne méthode. 

Aussi, l’Académie de Médecine et le Comité consultatif d'Hygiène 
publique de France, consultés à propos de l’application de la loi sur la 
vaccination obligatoire, ont-ils été d'accord avec l'ensemble du corps 
médical pour drone que les vaccinations publiques soient exelusi- 
vement pratiquées avec des vaccins d’ origine animale (4). 

Certes, le médecin dans sa clientèle privée ou dans sa clinique reste 
libre, dans certaines conditions, bien déterminées, d'innover des 
méthodes ou de poursuivre des recherches originales, mais il assume 
une grosse responsabilité quand il se met en opposition avec les dispo- 
sitions légales ou lorsqu'il a recours à certains procédés reconnus EEE 
reux par l'ensemble du corps médical. | 

C'est une assez grave intervention à l'heure actuelle, que l’inoculation 


(1) « Les vaccinations et revaccinations publiques sont pratiquées exclusi- 
vement avec le vaccin animal. » (Article premier de l'arrêté ministériel du 
28 mars 1904.) 


PP RSR 


Mr END 


DE 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 345 


de sérosité ou de lymphe humaine non stérilisée. Quand de nouvelles 
recherches obligent à utiliser ces liquides pour l'étude des germes qu'ils 
renferment, on doit, autant que possible, s'abstenir de faire des cultures 
directes d'homme à homme, et se préoccuper, avant tout, de trouver un 
milieu intermédiaire, vivant ou artificiel, qui permette de faire la sélec- 
tion de l’agent pathogène intéressant. 

S'exposer, à l'occasion d’études sur la vaccination contre la varicelle, 
aux dangers de la vaccination de bras à bras, c'est actuellement, en 
France tout au moins, prendre une responsabilité bien lourde qui ne se 
justifie pas suffisamment par l'importance du résultat convoité. 


DE LA STRUCTURE DU GLAND DE QUELQUES RONGEURS, 


par Ép. ReTTerer et H. NEuviLre. 


Découvert par Cl. Perrault (1666) chez le castor et « l'écurieu », par 
R. de Graaf chez le loir, l'os pénien des rongeurs fut décrit par Dau- 
benton sur une quinzaine d'espèces de cet ordre. Après l'étude micro- 
_ scopique du gland de plusieurs rongeurs domestiques (1), il nous a paru 
intéressant d'examiner, au point de vue structural, cet organe sur 
quelques espèces sauvages. 


I. Ecureuil (Sciurus vulgaris L.). — Le gland de l’écureuil, long de 1 centi- 
mètre environ, a une base cylindrique et une extrémité libre évasée en cuil- 
leron. À deux millimètres du bord libre, et sur la face concave du cuilleron, 
s'ouvre l’urètre. Le long de la face supérieure du gland s'étend un os dont 
l'extrémité antérieure ou distale reproduit la forme en cuilleron de la partie 
correspondante du gland. À partir du méat urinaire, le corps de l'os change 
de forme : son diamètre supéro-inférieur s’allonge, tandis que son diamètre 
latéral diminue. De plus, la face gauche de l'os est bordée, ou longée, par 
une traînée fibreuse qui détermine la formation d’une saillie « en pas de 
vis » (Daubenton) ou d’une crête en forme de S (Cuvier), allant se prolonger 
jusqu’à la base du gland. Cette traînée fibreuse produit une asymétrie du 
gländ, car l’urètre n’occupe pas le plan médian de l'organe; il s'étend le 
- long de la face inférieure et de la partie médiane de l'os pénien. 


Il. Marmotte (Arctomys marmotta Schreb.). — Le gland de la marmotte est 
conique et son extrémité terminale, privée d’urètre, n’est formée que par le 
bout distal de l’os pénien et son revêtement cutané. Vers la partie moyenne 
du gland, la face inférieure est pourvue de deux replis (un de chaque côté), 
qui, en se réunissant, circonscrivent un orifice urétral à grand diamètre 
transversal. À partir du point où l’urètre est constitué, l'os pénien cesse 


(4) Voir Éd. Retterer. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 23 juillet 1887, 
p. 497. 


346 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


d'exister et ce sont les deux corps caverneux, en grande partie adipeux, qui 
forment le squelette de la base du gland. 


HT. Hamster (Cricetus frumentarius Pall.). — L'os pénien occupe toute 
l'étendue du gland, long de 1 centimètre environ. Son extrémité postérieure, 
correspondant à la base du gland, est cylindrique et mesure 1 millimètre 
environ de diamètre. Le corps, ou partie moyenne, émet de chaque côté un 
prolongement en forme d’aileron. Son extrémité antérieure ou distale se di- 
vise en lrois branches cartilagineuses : l’une, médiane et inférieure, est sus- 
urétrale, les deux autres sont latérales. Vers le sommet du gland, les trois 
branches se placent sur un même plan horizontal. L'urètre ne dépasse pas 
le squelette pénien, de sorte que la pointe du gland est plissée et les replis 
semblent figurer les prolongements des bords du méat urinaire. 

Toute la surface du gland est revêtue de papilles cornées qui ressemblent 
à celles de la souris et du rat. 


IV. Gerboise (Dipus ægyptius Hass.). — L'os pénien de la gerboise se pré- 
sente sous une forme singulière : son extrémité antérieure est aplatie de haut 
en bas, large de 05 et épais de 095. En se dirigeant en arrière, l'os 
s’arrondit, puis devient triangulaire, c'est-à-dire qu’en coupe, il figure une 
étoile à trois branches. Plus en arrière, les arêtes du triangle ainsi formé 
s’aliongent : l’arête médiane et supérieure, haute de 1"m5, s'implante à 
angle droit au milieu des deux arêtes latérales qui représentent une lame 
horizontale, large de 2"%7, En un mot, la base de l'os pénien affecte l’appa- 
rence d'une équerre double dont les branches osseuses ne sont épaisses que 
de Om®{ en moyenne. Toute la surface du gland est recouverte de papilles 
hautes de 0210 et larges de 02208, chacune surmontée de papilles secondaires 
et rappelant les papilles corolliformes de la langue. Vers le sommet de la 
face supérieure, il existe de plus deux pointes ou odontoïdes cornées, lon- 
gues de plusieurs millimètres et épaisses d'un demi-millimètre. 


Résultats et critiques. — Daubenton a pris pour du cartilage la bande 
fibreuse qui s'étend en pas de vis à gauche du gland de l’écureuil : 
Cuvier l’a décrite sous le nom de crête en S; T. Tullberg enfin (1896-99) 
a insisté sur l’asymétrie du gland de plusieurs rongeurs, qu'il attribue 
à l'os pénien. Les coupes sériées montrent que l'os est symétrique et 
que l’urêtre s'étend au-dessous de l'axe médian de l'os; la bande 
fibreuse seule, qui, à gauche, contourne le gland, détermine l’asymétrie 
de celui-ci. 

Sulzer (1774), Th. Gilbert (1892) et Tullberg, ont signalé la trifurcation 
de l'os pénien du hamster, et ce dernier auteur a montré que l'extrémité 
terminale de chacune de ces branches, ou dentes ossis penis, soulève la 
muqueuse du gland, figurant à leur niveau trois papilles analogues à 
celle qui correspond au bout de l’urètre. Par les coupes sériées, on se 
convainc que l'extrémité distale de l'os pénien émet trois prolongements 
cartilagineux qui soulèvent la surface du gland et figurent, hors de 
l'état d'érection, des papilles saillantes. Nous n’avons pas vu les « poils 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 347 


fins » dont serait hérissé, selon Cuvier, le gland du hamster. Cuvier 
seul a bien décrit le gland de la marmotte dont « la pointe terminale est 
formée uniquement par l’os qu'il renferme » ; mais il a oublié de dire 
que l’os est limité à cette pointe et ne s'étend pas, comme sur les autres 
rongeurs, jusqu’à la base du gland. 

Le hamster et la gerboise ont le gland recouvert d'odontoïdes. 
Duvernoy (1) a mentionné de plus « les deux cornes, contenues chacune 
dans un fourreau » qu'on voit sur la face dorsale du gland de la ger- 
boise. « Cette organisation, conclut-il, rappelle celle du cochon d'Inde. » 
L'étude microscopique confirme de tous points cetle proposition, car les 
deux cornes, dites « colossales » par Tullberg, ont la même structure 
que celles du cobaye (2). 

Queile est la signification du squelette pénien et de l’armature du 
gland ? Hors l’état d'érection, les piquants des odontoïdes sont cachés 
dans les replis cutanés ou les dépressions de la muqueuse. D'autre 
part, l'os glandaire prête au pénis une rigidité suftisante pour rendre 
facile son introduction dans les organes génitaux femelles. À mesure 
que l'érection devient plus complète, les odontoïdes sortent de leurs 
dépressions ou de leurs gaines et se présentent dès lors comme des 
pointes faisant saillie et transformant le gland en un organe hérissé de 
piquants. On sait que les arborisations terminales des nerfs péniens 
aboutissent aux odontoïdes, de sorte que les impressions et les excita- 
lions qui prennent naissance à la surface du gland sont multipliées. 
S'il en résulte une exaltation des sensations génitales chez le mâle, les 
frottements de cet organe, transformé «en hérisson », contribuent 
d'autre part à exciter et à exagérer chez la femelle la sensibilité des 
organes génitaux externes. En un mot, le squelette du gland et les odon- 
toïdes facilitent mécaniquement la copulation et doivent ainsi, en aug- 
mentant les sensalions spéciales, dites voluptueuses, contribuer à 
inciter l’un et l’autre sexe au rapprochement. 


SUR LE MÉCANISME DE LA ZOMOTHÉRAPIE, 


par PAUL SALMON. 


Richet et Héricourt ont démontré l’action curative de la viande crue 
dans la tuberculose du chien; la substance thérapeutique est contenue, 
non dans la fibre, mais dans le plasma musculaire ; la cuisson détruit 
la vertu antituberculeuse de cette albumine. 


(1) Anatomie comparée de Cuvier, 2e éd., t. VIIL, p. 226. 
(2) Voir Éd. Retterer, Loc. cit., 23 juillet 1887, p. 497. 


Biococie. Comptes RENDuS. — 1913. T, LXX V. 9 


Fr 


E 


348 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


S'agit-il d'une sorte d'antitoxine contenue dans la viande crue, ou 
d'une albumine efficace par fixation sur le système nerveux? Ou bien 
simplement d'un phénomène de nutrition favorable avec augmentation 
de résistance de l’animal infecté? Dans une note précédente à la Société 
de Biologie, nous confirmions les résultats remarquables de l’expé- 
rience de Richet et Héricourt, et nous insistions sur le relèvement du 
poids des chiens soumis au suc de viande, augmentation due en parti- 
culier à la synthèse des graisses. 

Nous avons repris le même problème sur des lapins tuberculisés 
(tuberculose bovine de Calmette préparée par Jupille). Au lieu 
d'utiliser la voie digestive, nous avons injecté Le plasma musculaire 
dans la veine à la dose journalière de 2 à 5 c.c. Tandis que le suc de 
viande de bœuf est relativement bien supporté, le suc de cheval est 
mal toléré, provoquant parfois des accidents Re mortelle. 
Voici le protocole d’une de nos expériences : 


Un lapin de 2.240 grammes reçoit dans la veine une émulsion de bacilles 
tuberculeux bovins. Les 6°, 7°, 8°, 10°, 12€, 13° et 14° jour après l'infection, 
l'animal recoit des doses croissantes de 2, 3, puis 5 c.c. de suc musculaire 
de bœuf. Le 19° jour le lapin est sacrifié : fins tubercules disséminés dans le 


poumon. 


Dans d’autres cas où le plasma a été injecté plus tardivement, moins 
préventivement, même échec de nos tentatives d'immunisation. 

Ces faits, où le suc de viande ne peut empêcher le développement des 
tubercules chez le lapin, sont à rapprocher de l’inefficacité de la viande 
crue dans la tuberculose de la poule et dans l'infection tuberculeuse 
humaine. La guérison du chien par ce procédé constitue une exception 
très intéressante. 


(Laboratoire du professeur Melchnikoff.) 


CULTURE DU VIRUS VACCINAL & IN VITRO ». 


Note de Marcez BELIN, présentée par G. Moussu. 


J'ai déposé le 29 novembre 1909, en pli cacheté, à l’Académie des 
Sciences, un travail sur « la culture du virus vaccinal in vitro ». Les 
expériences de Fornet ayant tout récemment (1) amené cet expérimen- 
tateur à employer un milieu semblable à celui qui m’a permis d'obtenir 
des cultures pures de virus vaccinal, j'ai fait ouvrir ce pli. Ge sont les 


(1) Congrès international de médecine de Londres. 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 349 


résultats de ces recherches et ceux obtenus depuis que je vais relater 
dans cette communication (1). 


Dans le but d'obtenir des filtrats riches en virus vaccinal, j'ai cherché tout 
d’abord à obtenir la multiplication de ce virus en mettant à sa disposition des 
fragments de peau prélevés surdes lapins vivants ; ces éléments cutanés étaient 

immédiatement placés dans du sérum physiologique sortant de l’étuve et 
lensemencement était fait avec de la pulpe vaccinale glycérinée ; les tubes 
_ étaient remis ensuite à l’étuve à 37 degrés. Or, tandis qu’une dilution vaëci- 
_- nale perd son activité à l’étuve vers la 72° heure, c'est précisément à ce 
moment que mes dilutions devenaient actives, et tandis que les 1°", 2 et 
3° jours elles ne donnaient chez le lapin, après dilutions à 1/2.000, que quel- 
ques pustules, à partir du 4° jour les pustules devenaient confluentes et cela 
quelquefois jusqu’au 14° jour. 

Ces résultats toutefois n'étaient pas absolument constants, sans que j'aie pu 
encore en déterminer la raison, peut-être y a-t-il une action empêchante de 
certains germes adventices de la pulpe. 


Le filtrat obtenu avec une culture de cinq jours, filtrat ayant donné 
ultérieurement quelques rares papules chez le lapin, fut ensemencé 
dans différents milieux. Un seul me donna des résultats: ce fut un 
mélange d'une partie de bouillon peptoné pour deux parties de sérum 
d'âne, le tout ayant élé chauffé à 58°-60° une heure par jour pendant sept 
jours. Les tubes furent laissés à 22 degrés, température à laquelle j'eus 
avec le milieu sérum physiologique-peau de lapin des cultures compa- 
_ rables à celles obtenues à 37 degrés. 

La culture de quatre jours, inoculée au lapin, donnait quelques 
pustules, celle de cinq jours donna lieu à une éruption confluente de pus- 
tules vaccinales typiques. Un repiquage fail le huitième jour se montra 
constamment avirulent. Des cultures furent obtenues de la même facon 
en partant d’autres filtrats également très pauvres en virus vaccinal. 

La difficulté que j'éprouvais à me procurer de la pulpe dépourvue de 
_ germes adventices fut une des raisons pour lesquelles j’arrêtai pendant 
quelque temps ces expériences. 

Ayant eu récemment l’occasion d'étudier le procédé de Blaxall pour 
l’épuration de la pulpe vaccinale, j'arrivai à disposer de matériel 
-actif complètement épuré. J’ensemencçai le 29 juillet dans des ampoules 
du sérum d'âne ayant été chauffées accidentellement de telle façon que 
le sérum devint gélatineux, sans cependant avoir perdu sa trunsparénce. 
Les ensemencements furent faits en surface (l’ampoule ayant été légè- 
rement agitée après l’ensemencement), par piqüre et en profondeur : en 
surface, il se produisit peu à peu un trouble assez accusé atteignant une 
hauteur d’un demi-centimètre ; par piqure, il se forma lentement une 


(1) Ee détail des expériences paraîtra dans la Revue internationdle de la 
vaccine. 


390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sorte de voile très Lénu ressemblant à une toile d'araignée, dirigé suivant 
la ligne d’ensemencement; en profondeur, le développement fut plus 
lent, il présenta le même aspect en toile d'araignée et il se fit de bas en 
haut. 

Dans ces cultures, je n’ai trouvé aucun microbe connu ; mais, par 
contre, à l’ultra-microscope, j'ai retrouvé «les corpuscules ultra-micro- 
scopiques, microscopiques, les cellules souches et les flagelles » que j'ai 
décrits au Congrès de Pathologie comparée (1). Le repiquage de l’une de 


ces cullures après un séjour d'environ trois mois à l’étuve à 37 degrés, : 


donne lieu actuellement, à peu de distance de la surface, à un dévelop- 
pement semblable au premier. 

Or, il se trouve que ce milieu est précisément l’un de ceux qu'a 
employés également Fornet avec succès. 


Conclusion. — La culture du virus vaccinal est réalisable in vitro, 
dans ces trois milieux en particulier ; je me propose d'étudier le déve- 
loppement du bouillon-sérum en présence d'un fragment de peau de 
lapin frais, slérilisé par l’éther. 


(Laboratoire de bactériologie de l’Institut vaccinal de Tours.) 


DÉVIATION DE LA LIGNE DE MARCHE APRÈS PASSAGE D'UN OBSTACLE, 


par MAURICE DUBuISsON. 


On peut facilement constater ce fait: qu'un léger obstacle, bordure 
de trottoir, planche posée à terre, change à l'insu du sujet la direction 
primitive de la marche si celle-ci est oblique par rapport à l'obstacle (2). 
Cette déviation se fait de telle facon que la direction après passage de 
l'obstacle se rapproche de la normale au dit obstacle. 

J'ai tâché de préciser ce fait en dirigeant quelques expériences, fort 
simples, faites principalement sur les enfants arriérés du service du 
D' Nageotte à la Salpêtrière. 

Une planche, épaisse de 7 centimètres, large de 46 centimètres, 
longue de 4 mètres, est disposée sur le sol dans la cour du service. Une 
corde, fixée au milieu de la planche, indique la direclion que le sujet 
doit suivre pour atteindre l'obstacle : la planche. 


(4) Belin. Morphologie du virus vaccinal. Congrès de Path. comparée, 1912; 
— Revue internationale de la vaccine, septembre-octobre 1912, 

(2) On recommande au sujet de marcher droit, en regardant à terre, afin 
d'éviter la prise inconsciente des points de repère. 


Ce 
pe 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 35 


On fait marcher ou courir le sujet sur cette direction à inclinaison 
variable en lui recommandant « d'aller droit ». Un mètre ou deux après 
le passage de l'obstacle, on lui commande de s'arrêter; une marque, 
tracée sur le sable, médiane entre la position des talons, permet de 
calculer l’angle de cette direction nouvelle avec la normale à l'ob- 
stacle (1). 

La valeur des déviations qui tendent à rapprocher la direction de 
. marche vers la normale à l'obstacle augmente avec l'angle d'incidence 
et est sensiblement constante, à vitesse de marche égale pour le même 
angle. 

Voici quelques mesures faites sur la marche de Séné : 


&, ANGLE D'INCIDENCE : B, ANGLES APRÈS PASSAGE DE L'OPSTACLE : 
28° DO RD 5200 22025 01-2008 2322940 
LO0S (EE GS le NS TS OS Sol) 2706 269395002830 
56° 2980021626 23280%07108 049802263082 0300830237103000280: 


Il est remarquable que la première série de mesure donne des 
angles plus constants que dans la seconde et la troisième ; le sujet se 
fatiguait et son attention se relächait. 

En faisant varier l'angle d'incidence, il semble qu'on puisse obtenir 
un rapport intéressant, entre le sinus de celui-ci et le sinus de l'angle 

que la nouvelle direction fait avec la normale. 

Voici des nombres obtenus sur deux sujets: 


nr Sin & es , sin & 
GUHDE x 8 sin & SÉNÉ2 œ B sin 8 

k 31° 330 0,89 24° Bo30 74,5 
460 440 1,02 30 130304 2,33 
60° 350 1229 31030/ 80 4,51 
13° 490 1,40 450307 140307 1,78 

810 510 1,28 340 24030/. 2,07 

860 550 1,21 60 240 2,11 

880 610 1 4 670 260 2,09 

800 56030 1,18 

< SIN œ à ; L : 
La constance du rapport sin Ë est loin d'être parfaite, mais les causes 


d'erreurs énormes en justifient l'imperfection. Erreurs de mesure, erreurs 
dues aux variations de la vitesse de marche du sujet, etc. Du reste, ce 
rapport n’est marqué qu à titre d'indication. 

Très naturellement on peut se demander si ce n’est pas la position 
du pied sur l'obstacle qui oblige la déviation? On obtient des résultats 
analogues en faisant enjamber l'obstacle au sujet. Mais on peut fe 


(1) Je n’insiste pas sur le calcul facile à faire par des formules simples 
de trigonométrie. 1 


32 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


supprimer en opérant ainsi: Une droite est tracée sur le sable, une 
demi-droite y aboutit obliquement. Cette demi-droite est suivie parle 
sujet, que l’on arrête au moment où il atteint la droite qu’on lui fait 
considérer. On lui commande alors de continuer sa direction primitive; 
celle-ci est toujours déviée vers la normale, comme j'ai pu le constater 
-sur de nombreux sujets en particulier sur : Four., Sam., Boul. - ‘ 
Ilest difficile, dans l’état actuel de la question, de donner une expli- 
cation du fait. Nous ne pouvons que résumer celui-ci en disant que 
l'obstacle fictif ou réel agit en ramenant, à l'insu du sujet, vers la | 
normale la ligne de marche et que l'angle de déviation «-B augmente 
avec x, angle d'incidence. 5 


(Travail du service du D' Nageotte à la Salpétrière.) 


L'INFECTION SPIRILLAIRE CHEZ LES POULES ÉTHYROÏDÉES. 
POUVOIR VACCINANT DE LEUR SÉRUM, 


par L. Launoy et M. LÉévy-BRuuL. 


L'observation de l'hypertrophie d’une glande thyroïde chez une poule | 
atteinte de spirillose expérimentale nous a conduits à étudier comment 
les poules éthyroïdées, puis infectées avec le Spirochæta gallinarum, 
résistaient à cette infection. ; 

Les observations de M'® Fassin (1) sur la diminution de l’alexine 
hémolytique et bactéricide après thyroïdectomie, celles de Marbé (2). 
sur la diminution des pouvoirs opsonique et phagocytaire dans les 
mêmes conditions, ont contribué à faire admettre que, dans un orga- 
nisme infecté, la thyroïde participe à l'établissement de l’état d’immu- 
nité active. Frouin (3) a partiellement confirmé les faits relatifs à la 
diminution de l’alexine, mais il a vu, d'autre part, que les chiens éthy- 
roïdés, immunisés contre la toxine iétanique, fournissent un sérum dont … 
les propriétés antitoxiques sont plutôt supérieures à celles du sérum 
des animaux normaux pareillement traités. & 

Par ailleurs, G. Lerda et S. Diez (4) ont conclu que les cobayes thy- À 
roïdectomisés résistaient aux intoxications (toxines tétanique et diph- : 
térique, strychnine, caféine), à peu près aussi bien que les cobayes . 


(4) Mie Fassin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 20 avril 4907, p. 647... 
(2) Marbé. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 20 juin 1908, p. 1413, et À 

26 juin 1909, p. 1073. h | 
(3) Frouim. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 39 juillet 1910, p. 237. 
4) Lerda et S. Diez. R. Accad. di Med. di Torino, XI, 18 mars 1905. 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 393 


LS 


normaux. De son côté, Fjeldstad (1) n’a pas trouvé de différence appré- 
ciable dans le degré d'immunité et dans la rapidité de son développe- 
ment chez les lapins thyroïdectomisés et les lapins normaux, vaccinés 
avec le bacille d'Eberth. 
Nos expériences ont porté sur cinq svilee simplement éthyroïdées, 
ou éthyroïdées et partiellement paraéthyroïdées. 
Voici les résultats obtenus : 


PREMIÈRE SÉRIE. — Poule 1. 9 juin 1913, ablation des deux thyroïdes et d'un 
groupe parathyroïde à gauche. 13 juin, injection de 0 c.c. 5 de virus, relati- 
vement atténué. Le 16, très rares spirilles; le 18, plus de spirilles. Signes 
cliniques habituels; le 20, l'animal est complètement guéri. L’autopsie vérifie 
l'intervention. 

Poule IT, témoin. Infection le 43 avec 0 c.c.8 du même virus. Spirilles dans 
le sang les 16, 17 et 18. Donc, perdant 24 heures de plus que la poule I. 


DEuxIÈME série. — Poule III, 4 kil. 520 gr. 11 juin, ablation des deux thy- 
roïdes et du groupe parathyroïdien droit. Infection le 27, avec © c.c. 2 de 
virus Argas (premier passage). Spirilles les 28, 29 et a Suites normales. 
Survie. L’autopsie confirme l’ablation glandulaire (2). 

Poule IV, 1 kil. 700 gr. 21 juin, ablation des deux thyroïdes; le 27, infec- 
tion avec 0 c.c. 2 de virus Argas. Spirilles du 28 juin au 2 juillet inclus. 
Survie. L’autopsie confirme l'intervention. 

Poule V, témoin des deux précédentes. 27 juin, infection avec 0 c.c. 2 du 
- même virus. Spiriles du 29 juin au 1° juillet inclus. Survie. 


TROISIÈME SÉRIE. — Poule VI. 26 juin, ablation des deux thyroides et du 
groupe parathyroïdien gauche. Le 27, injection de 0 c.c. 5 de virus Argas. 
4 jours de septicémie. Survie. L’autopsie confirme l’exérèse. 

Poule VIT, témoin. Infection le 27, avec Q. c.c. 5 de virus Argas. 5 jours de 
septicémie. Mort le 2 juillet. 


QUATRIÈME SÉRIE. — Poule VIII. 2 juillet, thyroïidectomie bilatérale. Le 
3 juillet, 0 c.c. 5 virus Argas. 3 jours de septicémie. Survie. 

Poule IX. Normale, simulacre d'opération. Le 14 juillet, 0 c.c.5 virus 
Argas. Le 16 juillet, rares spirilles; le 17, très nombreux spirilles. Mort dans 
la soirée. 


. Ainsi, chez des animaux respectivement infectés de Spirochaeta qalli- 
narum : À, 4, 6, 16 jours après l’ablation des thyroïdes, avec ou sans 
parathyroïdectomie partielle, la résistance à l'infection n’a nullement 
été diminuée. Les 5 poules one ont survécu, 2 témoins sur 4 ont 
succombé. 


(1) Fjeldstad. Amer. Journ. of Physiology, vol. XX VI, p. 72, 1910. 

(2} Nous désignons sous le nom de « virus Argas », le virus obtenu chez 
une poule infectée au moyen du sang d’un animal auquel la maladie avait été 
transmise par des Argas spirillosés. Nous devons ce virus à l’obligeance de 

M. Marchoux ; nous lui adressons nos vifs remerciements. 


354 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


La recherche du pouvoir immunisant du sérum après infection nous 
a montré que le sérum des poules éthyroïdées était aussi actif que celui 
des animaux témoins ayant survécu. Celte étude a été faite sur 8 pous- 
sins dont le poids variait entre 167 et 190 grammes. 

Chez trois animaux pesant respectivement 167, 187 et 190 grammes, 
l'injection intraveineuse — faite 24 heures avant l'infection — de 
0 c.c. 5 du sérum de la poule Il (éthyroïdée) a protégé d’une facon 
absolue contre l'infection avec 0 c. e. 15 de virus Argas conservé 27 jours 
à la glacière. 

Chez trois autres poussins de 467, 159 et 18% grammes, l'injection 
intraveineuse, préventive, de 0 c.c. 5 de sérum de la poule V (non 
éthyroïdée), a protégé intégralement dans deux cas contre l'infection 
par le même virus; dans le troisième cas, nous avons eu une septicémie 
très atténuée qui n'a duré que 24 heures. 

Les deux autres animaux injectés avec 0 e.c. 5 de sérum physio- 
logique et 0 c.c. 15 du même virus ont succombé tous deux au bout de 
12 à 15 jours après guérison apparente de la spirillose et cachexie 
consécutive. 


Conclusions. — Chez les poules adultes, injectées de Spirochæta 
gallinarum, les glandes thyroïdes ne paraissent jouer aucun rôle essen- 
tiel dans la résistance de ces animaux à l'infection, ainsi que dans la 
rapidité et l'intensité de formation des anticorps spirillaires. 


({nstitut Pasteur : Laboratoire de Chimie thérapeulique.) 


CONDITIONS D’APPARITION DE SUCRES RÉDUCTEURS DANS LES MATIÈRES FÉCALES, 


par DEJUST et CONSTANT. 


Nous nous sommes proposé d'étudier quelques circonstances provo- … 


quant l'apparition de sucres réducteurs dans les matières fécales. 

Comme technique de dosage des sucres réducteurs dans les matières 
fécales, nous avons utilisé celle indiquée antérieurement par l’un de 
nous ici même, et exposée en détail dans les Annales de l'Institut Pasteur 
(juillet 1913). 


l. — Ingestion de doses massives de sucre réducteur. — Nous n'avons 


as adopté le glucose comme éri ‘expérience, tant à raison de son 
pas adopté le gl matériel d'expé e, tant à raison d 


prix élevé à l’état pur — seul état qui convienne pour de semblables 
recherches — qu'en raison de sa saveur fade el écœurante, nauséeuse 
lorsqu'il est ingéré en grande quantité. 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 35) 


a — 


Nous avons utilisé du miel du Gâtinais. Nous y avons titré exacte- 
ment les sucres réducteurs (glucose et lévulose). Il en contenait exacte- 
ment 75,0 p. 100. 


Technique des expériences. — On faisaitingérer aux sujets — sains au 
point de vue gastro-intestinal — la quantité de miel indiquée au tableau 
ci-dessous. Les sujets étaient autorisés à manger simultanément. 
50 grammes de pain, destiné à faciliter l'ingestion de pareilles masses 
sucrées. On leur donnait à boire 500 c.c. d'eau ou de café très léger. En 
recueillantles selles, on évitait avecle plus grand soin qu’elles ne fussent 
souillées de quelques gouttes d'urine dont la haute teneur en sucre 
réducteur aurait complètement faussé l'expérience. Les selles étaient 
immédiatement traitées suivant la technique indiquée. 


NOS | HEURE QUANTITÉ HEURE SUCUE RÉDUCTEUR || 
de | side de d'émission p. 1000 
l’expérience.| l'ingestion. miel ingéré. de la selle. dans les fèces Ë 
1 | 8 200 gr. 10 heures. | (] 
2 8 250 gr. 15 heures. 1 p. 1000 
» » » 20 h. 112: 0 
3 8 500 gr. 11Wh2472° 0 
4 | 8 .-.500 gr. 16 heures. 0 
6] $ 500 gr. 20: h.74/2. 0 
6 8 500 gr. 14 h:.1/2. 0 
7 $ 500 gr. 14 heures. 0 
8 | 8 500 gr. 16 heures 2 p. 1000 
| (diarrhéique). 
1 


La plus forte teneur en glucose s’est rencontrée dans un cas de diarrhée 
très liquide (expérience n° 8). 

Les autres sujets, dontles selles étaient normales, n'ont point éliminé 
de ce sucre, sauf le sujet n° 2, dont les selles en renfermaient une très 
faible proportion, sans être cependant des selles de diarrhée. Mais il 
faut remarquer qu'entre les diarrhées typiques et les selles normales, 
on rencontre tous les intermédiaires. 


IL. — /njection intra-veineuse du glucose. — MM. Enriquez et Gutman 
ayant injecté à des malades dans un but thérapeutique, des doses élevées 
de sérum glucosé très hypertonique (300 grammes de glucose par litre), 
nous en avons profité pour étudier dans ce cas l'élimination fécale du 
glucose. 

M. Enriquez, dans le service duquel fut poursuivi le présent travail, 
a bien voulu nous permettre d'utiliser cette circonstance heureuse pour 
nous. Nous ne pouvons présenter que 5 cas pour lesquels ce traitement 
était institué dans un but thérapeutique, car nous ne croyons pas pou- 


396. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


voir nous permettre sur l’homme de pareilles interventiors dans un but 
exclusivement expérimental. Voici nos résultats : 


N°s QUANTITÉ DE SÉRUM HEURE HEURE D'ÉMISSION GLUGOSE 
de l'exp. glucosé-à 300 p. 1000. [de l'injection. de la selle. p- 1000. 


300 11 heures. 16 heure. 
500 11 heures. 16 heures. 
500 11h. 1/4. 15 heures. 
500 11 heures. 23 heures. 
(Selle diarrhéique). 
500 \1#h554192; 14 h..1/2 2,6 p. 4000 
(Selle diarrhéique). | 


1 
D 
a 
D] 
_4 


Cr 


Aucun des sujets dont les selles n'étaient pas diarrhéiques n'a éliminé 
de glucose par ses matières fécales. Ceci est tout à fait conforme avec 
les données classiques ainsi que la présence du glucose dans les selles 
diarrhéiques du malade n° 5. à 

Mais on pourrait être surpris de l'absence de ce sucre dans les selles 
également diarrhéiques du sujet n° 4. Celte apparente contradiction cesse 
si l’on veut bien remarquer combien de temps après l'injection ces 
deux malades ont émis leurs selles. 

Alors que dans le cas n° 5, la selle fut émise trois heures après le 
début de l'injection, dans le cas 4 la défécation n'eut lieu que 
douze heures après l'injection. Or l'examen de l'élimination urinaire qui 
fut faite par nous, dans un nombre important de cas d’injections hyper- 
toniques de glucose, a montré que l'élimination urinaire de ce sucre 
cesse environ huit heures après l'injection. 

Au moment où la selle fut émise par le sujet n° 4, il n'était plus en 
état d'hyperglycémie et n'avait donc aucune raison pour éliminer du 
glucose. 


Nos résultats sont tout à fait conformes à ceux de Richet fils (4). Nous 
croyons pouvoir conclure aussi bien desexpériences faites par ingestion 
que de celles faites par injection que l'élimination fécale du glucose se 
produit seulement sous l'influence simultanée de la diarrhée et de 
l’'hyperglycémie. 


(1) Étude expérimentale et clinique des entériles. Thèse de médecine, 
Paris, 1912. | 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 351 


LES RÉACTIONS CELLULAIRES DANS LA SARCOSPORIDIOSE CUTANÉE. 


Note de Ch. BESNOIT et V. RoBin, présentée par F. MESNIL. 


Nous avons étudié, il y a quelque temps, une maladie cutanée nou- 
velle des bovins due à la pullulation, dans l'épaisseur du derme, d'une 
forme parasitaire non encore décrite (1). 

Dans ce premier travail, nous avions surtout cherché à définir les 
caractéristiques morphologiques du parasite; nous avions pu ainsi le 
classer provisoirement dans le groupe des Sarcosporidies en attendant 
que sa place soit mieux précisée. 

Depuis cette époque, nous nous sommes attachés à étudier les réac- 
tions cellulaires des tissus parasités. Nous avions déjà signalé, sans y 
insister d’ailleurs, une infiltration leucocytaire au voisinage de certains 
parasites et un contraste frappant entre l’exubérance de la pullulation 
parasitaire et la discrétion de la réaction de défense. Nos études plus 
récentes, poursuivies aux divers stades de la maladie, nous ont montré 
que, par endroits, l’afflux leucocytaire est extrêmement abondant et 
aboutit à la constitution de nodules inflammatoires dont l'aspect varie, 
d’ailleurs, suivant les points examinés et l'ancienneté du processus. 

La formation nodulaire type s’amorce soit autour d’une sarcosporidie 
isolée, soit, plus souvent, autour d’un groupe de parasites (fig. 1). Après 
complet développement du nodule, sa structure rappelle celle du folli- 
cule tuberculeux : à la périphérie, une couche plus ou moins épaisse de 
cellules rondes à gros noyaux, fortement tassées les unes contre les 
autres; au centre, une ou plusieurs rangées de gros mononucléaires 
allongés perpendieulairement à la surface du parasite et disposés côte à 
côte en couronne rayonnante autour de celui-ci. Leur protoplasma, étiré 
en pseudopode, se dirige vers la sarcosporidie, dont la membrane 
externe est parfois déjà intéressée, tandis que le noyau, moins mobile, 
reste à la périphérie, dans la partie élargie de la cellule. 

Certains de ces éléments subissent la transformation épithélioïde ; 
d’autres fusionnent leur protoplasma et donnent naissance à de nom- 
breuses cellules géantes. La formation des cellules géantes par coales- 
cence est ici particulièrement évidente, et nous nous proposons de 
revenir sur ce point dans une note ultérieure. 

Pendant longtemps le parasite reste intact. Toutefois, les troubles 
nutrilifs ou toxiques résultant de l'action leucocytaire peuvent en 
entrainer la mort prématurée. Dans certains nodules, en effet, malgré 
l'intégrité de la membrane d’enveloppe, les spores forment un bloc 
homogène, sans apparence de structure et sans électivité colorante. 


(4) Besnoït et Robin. Sarcosporidiose cutanée chez une vache. Revue vétéri- 
naire, 1% novembre 1912, p. 649, 


358 SOCIÉTE DE BIOLOGIE 


Quelquefois la paroi kystique du parasite oppose une barrière défini- 
tivement infranchissable aux éléments agresseurs et à leurs produits de 
sécrélion. L'évolution du tubercule vers la sclérose entraine alors une 
compression de la sarcosporidie, qui apparaît déformée, aplatie, mais 
encore vivante. 

Généralement les leucocytes arrivent à franchir la double membrane 
d'enveloppe; ils pénètrent à l'intérieur de l’utricule et on assiste à la 
disparition progressive des corps falciformes. Lorsque les spores ont été 


Fi. 1. 
Tubercule pleuriparasitaire avec ébauche d’une couronne de cellules géantes. 
(Phot. Ch. Morel.) 


ainsi entièrement phagocytées, le tubercule est souvent édifié au sein 
même du sac parasitaire, qui est alors rempli de mononucléaires, de 
cellules épithélioïdes et de cellules géantes. Parmi ces éléments ainsi 
immigrés, quelques-uns succombent au cours de la lutte, dégénèrent 
rapidement et ne subsistent que sous forme de granulations amorphes, 
mal colorables. Le plus grand nombre résiste, s'immobilise, et le tuber- 
cule se transforme en foyer de sclérose (fig. 2). 

Tandis que la mince membrane interne du parasite est détruite de 
bonne heure, parfois même avant l'invasion leucocytaire, la cuticule 
persiste longtemps: elle finit cependant par disparaître dans les vieux 
ilots scléreux, où la présence antérieure d’un parasite n’est plus décelée 
que par la disposition pelotonnée des éléments conjonctifs adultes. 


hé 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 399 


A cette période et dans ces points, le processus peut être considéré 
comme terminé. La guérison locale se traduit cliniquement par des 
plaques cicatricielles irrégulières, étoilées, blanchâtres et nettement en 
dépression ; à leur niveau, les parasites sont presque introuvables ; ceux 
qui ont persisté sont très petits et comme étouffés par la sclérose. 

Ajoutons que les nodules types peuvent se constituer soit à l'inté- 
rieur, soit à l'extérieur du parasite, et, dans quelques cas aussi, à la 
fois à l’intérieur et à l'extérieur. 


Fic. 2. 


Parasite phagocyté en voie de transformation scléreuse. 
(Phot. Ch. Morel.) 


r 
2 


Aux stades moins avancés, les nodules, d'autant moins caractéris- 
tiques qu'ils sont plus jeunes, sont souvent à peine ébauchés; ils ne 
comprennent parfois qu’un simple amas leucocytaire qui peut alors 
occuper les situations les plus inattendues. Certains parasites ont 
pénétré, sans doute par effraction, dans les vaisseaux, déterminant au 
voisinage un afflux leucocytaire insignifiant; d'autres se sont logés 
à l’intérieur des troncs nerveux, provoquant, à la surface du névri- 
lemme et dans le point correspondant, la formation d'un amas plus ou 
moins volumineux de cellules rondes. 

En somme, la réaction nodulaire de la sarcosporidiose cutanée est un 


processus général de défense analogue à celui que l’on retrouve dans 
différentes autres maladies parasilaires. Il rappelle notamment, avec 


360 es SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - 


quelques légères différences, les lésions cutanées pseudo-tuberculeuses, 
dues à Demodex folliculorum, signalées autrefois par Laulanié dans la 
gale démodécique du chien (1). Abstraction faite des cellules géantes, il 
mérite aussi d'être rapproché des nodules inflammatoires décrits par Le 
même auteur dans la sarcosporidiose musculaire du pore (2). 


(Ecole vétérinaire de Toulouse.) 


L'EXTIRPATION DE LA MASSE UIBERNANTE, 


par HENRI VIGNES. 


Sous le nom de masse hibernante, je désignerai la masse brune inter- 
scapulaire déjà décrite par nombre d'auteurs sous le nom de glande 
hibernante ou hibernale. On sait qu'on rêtrouve cette masse, non seule- 
ment chez les hibernants, mais encore chez des animaux non hiber- 
nants, teis que le rat et la souris : j'ajouterai que chez eux elle existe en 
quantité notable, puisque je lui ai trouvé un poids de 2 gr. 10 chez un 
rat blanc de 330 grammes en aoûl, et de 7 grammes chez dix-neuf rats 
d'égouts pesant ensemble 2.100 grammes en novembre. Chez eux, il n’y 
a pas de variations de poids saisonnières, à l'inverse de ce qui se passe 
chez la marmotte et le hérisson. 

J'ai étudié la masse depuis deux ans sur plus de deux cents individus 
appartenant à treize espèces, et je l'ai trouvée notamment chez le sper- 
mophile, le campagnol, la taupe et dans certains cas chez Le cobaye. On 
l'a signalée chez l’ ob: humain (Shinkiski Hataï). 

Cet organe a jusqu'ici été considéré comme une simple réserve nutri- 
tive. 

J'ai été amené, étant donnée l'abondance du tissu adipeux banal chez 
les hibernants que j'ai observés, à me demander si ce tissu brun, de 
structure bien spéciale, ne jouait pas un rôle plus actif et en particulier 
s'il n’était pas un régulateur de certaines fonctions, principalement au 
cours de l’hibernation. : 

La masse est composée en grande partie d'une substance soluble dans 
le chloroforme et l’éther, insoluble dans l’acétone, voisine des lécithines 
et que mon ami Béchamp a reconnu être une jécorine: 

L'extirpation complète de la masse (hibernectomie) est impossible 
chez le hérisson parce qu’elle exige de très grands délabremients. Chez 


.. (4) Laulanié. Revue vétérinaire, 1885, p. 1, et Comptes rendus de la Soe. de 
Biologie, 3 décembre 1884. 
(2) Laulanié. Revue vétérinaire, 1884, p. 57. 


01 


le rat blanc et la souris, c'est une opération relativement facile, à condi- 
tion de ne pas employer danesthésie, de faire très rapidement l’hémo- 
stase d'une grosse veine médiane qui s'enfonce entre les muscles des 
goutlières et enfin de réchauffer les opérés. La plupart des rats survivent 
à l'opération, mais leur poids baisse, ils ne mangent pas, leur poil 
devient terne, ils présentent une émaciation extrème et meurent. Une 
moitié meurt rapidement : un rat blanc de 191 grammes, opéré le 
17 avril 1913, pèse 155 grammes le 24, 127 le 93, et meurt le 24. Un 
autre de330 grammes, opéré le 26 août, pèse 275 grammes le 28,255 le 29, 
210 le 30, 208 le 1" septembre, et meurt le 2. L’autre moitié meurt 
_ moins rapidement en trois semaines ou un mois. Deux seulement ont 
survécu plus longtemps; 11 octobre au 15 janvier, 5 octobre au 
19 février. 

Par contre, chez les souris, l'opération plus difficile à cause de 
l’'hémostase donne des survies indéfinies après une perte de poids sou- 
vent très inarquée. 

Les souris opérées et rétablies ont aussi bien supporté le séjour à 
la glacière à 2 degrés que les témoins. 

Des résultats obtenus chez les rats, je erois pouvoir conclure que la 
masse hibernante ne saurait être considérée simplement comme une 
réserve nutritive et que son rôle physiologique est au contraire impor- 
tant, puisque sa suppression chez certains animaux, pourtant non hiber- 
nants, entraine constamment leur mort. 


(Travail du laboratoire du D' Salimbeni à l'Institut Pasteur.) 


ACTION PHYSIOLOGIQUE, EN PARTICULIER SUR LA CROISSANCE D'UN LIPOÏDE 
(IIBa) EXTRAIT DE LA THYROÏDE, 


par HENRI IScovEsco. 


J'ai isolé de K thyroïde parmi un grand nombre de lipoïdes très difté- 
rents les uns des autres, quant à leur constitution chimique et à leurs 
propriétés physiologiques, un lipoïde dont j'ai déjà étudié quelques- 
unes des propriétés physiologiques (1) et dont j'ai indiqué la prépa- 
ration (2). 

Je rappelle que l'indication IIBa signifie qu'ils’agit du lipoïde soluble 
dans l’éther de pétrole, de la portion insoluble dans l’acétone du groupe 
obtenu par extraction éthérée. 


(1) Bulletin et Mémoires de la Soc. médicale des Hôpitaux de Paris, 20 décembre 
1912, et Académie des Sciences, 20 novembre 1912. 
(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1912, I, p. 818. 


362 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


J'ai montré que ce lipoïde, injecté à des animaux à la dose de 1 à 
2 cenligrammes par kilo d'animal et par jour, provoquait à la longue 
(au bout de deux mois) une hypertrophie de la thyroïde et du cœur, de 
la tachycardie et une véritable exophtalmie. 

Ce lipoïde thyroïdien a, en outre, la propriété d’exciter différentes 
glandes à sécrétion interne. Je donne ci-dessous un tableau comparatif. 
Les poids des organes sont exprimés en chiffres donnant le poids en 
grammes de chaque organe par kilo de lapin. 

Tous les animaux pesaient, au moment où ils furent sacrifiés, à peu 
près le même poids, entre 2.715 et 2.820 grammes. Les chiffres donnés 
sont les moyennes arithmétiques : 


ANIMAUX CAPSULES | CŒUR FOIE OVAIRE RATE REIN [TESTIQULES| THYROIDE | UTÉRUS 
Témoins mâles. -| 0,086 2,65 34 » 0,36 } 5,70 |. 1,90:1 10,060 » 
Traités mâles. . | 0,162! 2,90 32 » 0,82 | 7,20 | 2,40 | 0,110 » 

AR OR EE AP PRE ee 
Témoins femelles.| 0,136| 2,69 36 0,090!.0,48 | G.4 » 0.076! 1,28 
Traités femelles | 0,221| 3,55 31 | 0,190! 0,89 | 6,35 » 0,190! 2,80 


On voit que le lipoïde thyroïdien (IIBa) excite fortement les capsules 
surrénales, les ovaires et l'utérus chez la femelle, les testicules chez les 
mäles. Il excite le cœur, plus chez les femelles que chez les mäles. Il 
excite légèrement la rate, n’excite les reins que chez les mâles, excite 
fortement le thyroïde, plus chez les femelles que chez les mâles. 

Voici donc une sécrétion intense qui à une action légèrement diffé- 
rente suivant le sexe de l’animal chez lequel on l’emploie. 

J'ai étudié aussi son action sur la croissance des animaux. Je l'ai fait 
sur trois groupes d'animaux différents. 

GROUPE À. — 5 lapins âgés de quarante-cinq jours reçoivent tous les 
jours, sous forme d'injection hypodermique, 1 centigramme de lipoïde 
thyroïdien IIBa. 


POIDS 10° 20: 


initial. | jour. | jour. 


Témoins”! , 1,4% 0, . 459) 4910 34300,1 1400 


Animaux injeclés. 


Les animaux soignés ont une courbe de poids beaucoup plus régu- 
lière que les témoins. Le lipoïde thyroïdien agit comme un véritable 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 363 


régulateur de la croissance et comme un activateur, car les animaux 
témoins gagnent en soixante jours 57 p. 100 de leur poids initial et les 
animaux traités seulement 53 p. 100. 

Groupe If. — Comprenait des animaux âgés de quatre mois et demi. 

Ce lot était composé de 3 témoins et 5 animaux traités comme ceux du 
groupe précédent. L'expérience a duré cent trente jours. 
-: La moyenne des poids initiaux des témoins était de 2.170 grammes 
et celle des animaux traités de 1.900 grarnmes. J'ai pu constater ici une 
régularisation remarquable de la courbe de croissance. Chez les témoins, 
elle est absolument irrégulière. 

Chez les animaux-traités, l'ascension se fait rapidement en ligne 
droite jusqu’au soixante-dixième jour. À partir de ce jour jusqu'à la fin, 
on à une nouvelle ligne droite beaucoup plus lente. Dans ce groupe, il 
s'agit surtout d’une régularisation, car les animaux lémoins ont gagné 
en tout 29 p. 100 de leur poids initial-et les animaux traités 35,7 p. 100, 
ces derniers pesant un peu moins que les témoins au début de lexpé- 
rience. L'aclion activante du lipoïde sur la croissance est donc soute- 
nable, mais insuffisamment démontrée. 

GROUPE IIF. — Auimaux âgés de quatorze mois. Dans ce groupe, com- 
posé de 3 témoins pesant en moyenne 4.070 grammes et de 5 animaux 
lraités pesant en moyenne 4.250 grammes, les témoins ont gagné dans 
les soixante jours qu'a duré l'expérience 2,2 p. 400 de leur poids initial 
et tous les animaux traités ont perdu 4 p. 100 de leur poids initial. 

Le lipoïde thyroïdien (IIBa) régularise donc l'augmentation du poids 
et la croissance chez les animaux jeunes et en voie de croissance et, au 
contraire, diminue le poids chez les adultes. 


(Travail du laboraloire de physiologie de la Sorbonne.) 


SUR L'EMPLOI DES MEMBRANES EN COLLODION, TRÈS PERMÉABLES, 
DANS LES RECHERCHES BIOLOGIQUES. 


Note de L. Micuez, présentée par C. DELEZENNE. 


On à appelé ultra-filtration la méthode qui consiste à séparer des 
milieux hétérogènes les particules excessivement fines qui traversent 
les filtres en papier, et même ceux en porcelaine. Dans ce but, on s’est 
servi jusqu'ici de membranes en collodion, à texture très serrée, 
donnant par conséquent un débit très faible. 

I nous a paru intéressant, à M. Malfitano et à moi, de préparer de 
ces membranes à pores plus larges, dont le débit serait plus considé- 
rable, et qui ne retiendraient pas les particules très petites. Pareilles 


BioLoGie. Comptes RENDUS. — 1913, T. LXXV. 25 


364 “ __ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


membranes pourraient être employées dans les recherches biologiques 
et particulièrement bactériologiques, lorsqu'on se propose, comme il 
arrive souvent, de séparer des cellules ou des microorganismes d'un 
milieu, sans priver celui-ci des diastases ou des toxines qu'il contient. 

J'ai réussi à préparer de pareilles membranes. Elles sont en forme de 
sacs de 11 ou 6 millimètres de diamètre et de 180 ou 40 millimètres de 


Titiltiuil &æ ©. 
(Br A 


Lil 


LE Poulenc FLE 


longueur. Elles résistent à une pression intérieure respectivement de 
20 et 30 centimètres de mercure. Leur débit-heure est, pour l'eau à la 
température ordinaire, de 8 à 10 c.c. par centimètre carré de surface 
filtrante, sous une pression équivalente à 10 centimètres de mercure. 

Pour préparer ces membranes, j'ai employé du collodion obtenu en 
dissolvant dans un mélange à parties égales d'éther à 66 degrés et 
d'acide acétique cristallisable, 2 gr. 5 p. 100 de coton azotique. La ni- 
trification et les manipulations successives du coton employé néces- 
sitent des soins dont les détails ne trouveraient pas leur place ici. 


SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 11 509 


Ces membranes s'adaptent sur les appareils représentés parles figures 
ci-contre. 

En A,un ballon-filtre stérilisable à l’autoclave; en B, un dispositif 
où, la partie filtrante étant seule stérilisée dans la vapeur, on évite les 
modifications de concentration des liquides. 

- Il fallait démontrer que les toxines ne sont pasretenues par ces mem- 

branes. C’est ce que j'ai pu établir grâce à l'obligeance de M. Césari, qui 
a essayé sur les animaux l’action de diverses toxines ou venins que 
_ j'avais filtrés, d’une part, sur bougies Berkefeld, très perméables 
(type V), et, d'autre part, sur les membranes décrites ici. Les résultats 
sont consignés dans le tableau suivant : 


MORT DES ANIMAUX INJECTÉS |E 
VOLUME | ANIMAL avec liquide filtré sur 


; VOIE | 
TOXINES FILTRÉES de filtrat | xexpe- AT RE || 
injecté. riencen. | dinjécHton. | Bougies 


Membranes. Bérkefeld: 


Al Tétanique . . .|Cobaye.|Intramus.|En 1 jour. [Eu 
— En ‘#1-j:1/2:|En 
— En 6 jours.|En 
Sous-cuta.| En 1 j.1/2.|En 
— En 3 jours.|En 2 j.1/2.} 
— Eschare Eschare. 
Intravein.|En 3 min. [En 7 min. 
— En min. |En 16 min. |f 
— En min. [En 6 min. | 
— En min. [En 7 min. || 
Sous-cuta,|En jour. [En 1 jour. | 


1 Diphtérique . 


Staphylococcique 


Du B. Chauvæi . 


C.C 
CC: 
C. C. 
CC: 
GC: 
C:,.C: 
C. C. 
C. C. 
CC. 
C.C. 
CCE 


RiCInER Se 2e 
Venin de Crotalus ada- 

mantus . Intravein. in. [En min. 
ï /4.| En he 

min. 


| Venin de Cobra. . À 
b.3/1.| 


O6 OO © 
8600 0Q 


On voit que les liquides filtrés sur ces membranes possèdent la même 
activité que ceux filtrés sur bougies. Les ensemencements de ces 
liquides sont toujours restés stériles. 

Je dirai enfin quels sont les avantages qu'offre l'emploi de ces mem- 
branes : 

4° Possibilité de filtrer, sans perte, des petites quantités de liquides 
(moins de‘Lc:c.); 

2% Facilité de recueillir sans altération le résidu de la filtration ; 

3° Ces membranes permettent, grâce à leur transparence, de voir ce 
qui se passe perdant la filtration, et d'examiner ensuile au microscope 
les résidus reslés adhérents. 


(Travail fail au laboratoire de M. G. Malfitano et de M. M. Nicolle, 
à l’Institut Pasteur de Paris.) 


366 SOCIÊTÉ DE BIOLOGIE 


ÉVOLUTION COMPARÉE DE LA TENSION ARTÉRIELLE 
ET DE LA CONSTANTE D'AMBARD CHEZ LES NÉPHRO-SCLÉREUX, 


par CHARLES et NoEz FIESSINGER. 


Ayant pratiqué une série de 40 constantes d’Ambard au cours de la 
néphrite atrophique lente, nous avons été frappés de l'existence de deux 
séries de cas : dans les uns (peu fréquents, 6 sur 40), la constante est 
normale; dans les autres (34), la constante est élevée. Dans les premiers, 
il s’agit cependant de néphro-scléreux, comme permet de l’affirmer l’exis- 
tence de trace d'albumine, d'hypertension artérielle et de bruit de galop” 
léger, disparaissant par le repos. Seulement, les accidents sont de dates” 
récentes. Dans les seconds, les signes sont au complet, les petits œdè- 
mes apparaissent et la dyspnée devient intense. Il s’agit alors de ma- 
lades à une période plus éloignée du début de leur affection. L’élévation 

de la constante peut atteindre 6,20 el plus au lieu de 0,07. Cette éléva- 
lion s'accentue encore à la période terminale quand apparaissent ies 
signes asystoliques. Si, d'autre part, on étudie l’évolution de la tension 
artérielle maxima et minima, on observe à la première période une ten- 
sion maxima à 24-26, une tension minima à 11 ou 42, à la deuxième 


période la tension maxima s’abaisse à 20-21 ou au-dessous, etla minima « 


monte à 13-14. L'étude des observations cliniques nous fait considérer 
la période hypertensive du début comme une période de défense com- 
pensatrice. L'hypertension artérielle apparaît comme une réaction salu- 
laire cherchant à augmenter l’excrétion d’un rein déjà imperméable. Le 
résultat de cette hypertension aboutit sans doute à une excrétion plus 
massive d’urée urinaire, et ce fait explique que, malgré l’existence de 
signes déjà certains de néphrites, la constante uréo-sécrétoire puisse 
être normale ou presque normale. Aussi nous nous sommes demandé 
si dans ces cas on ne pourrait pas calculer la constante pour une ten- 
sion moyenne de 12. En tout cas, on doit tenir compte de l'hyperten- 
sion artérielle quand une constante d'Ambard est normale, et recher- 
cher les petits signes du début de la néphro-sclérose, 
L'hypertension peut, en effet, être une réaction contre une atleinte 
rénale au début, encore latente si on interroge la constante d'Ambard. 


Sur LES « NÉMaTocySTES » DE Polykrikos Et DE Campanella, 


par Ë. FAURÉ-FREMIET. 


On sait, depuis les observations de Bütschli, qu'un Dinoflagellate, le 
Polykrikos, possède dans son cytoplasma des éléments particuliers, plus 
compliqués que des trychocysles, et comparables dans une certaine 
mesure aux némalocystes des Hydraires et des Actinies. 


SÉANCE BU 8 NOVEMBRE 367 


À 


J'ai repris leur étude, ayant rencontré cet été, dans le plankton de la 
baie du Croisic, un très grand nombre de Polykrihos,.et j'ai constaté que 
le cytoplasma de ce microorganisme renferme à la fois des trichocystes 

_vrais, et des nématocystes.  - 

Trichocystes. — Les trichocystes de Polykrikos sont des bâtonnets 

réfringents, courts, très nombreux dans toute la région périphérique du 
corps de ce Protozoaire. L’acide osmique permet de les fixer sans les 
_ faire éclater; ils sont fortement colorables par le bleu de méthylène 
_ et l'azur, et apparaissent très nettement, lorsque, après l’action de ces 
substances, on différencie par l'acide acétique. Ces trichocystes explosent 
très facilementet le Polykrikos apparait alors entouré de longs filaments 
_flexueux et ondulés. 
Nématocystes. — Les nématocystes, que l’on rencontre sans excep- 
tion au nombre de 40 à 15, chez tous les individus, sont de petits corps 
ovoïdes allongés présentant une extrémité aiguë (postérieure), el une 
autre obtuse (antérieure). Ils sont constilués par une sorte de capsule 
réfringente, rigide, insoluble dans la soude et la potasse ; cette capsule 
- est surmontée à l'extrémité antérieure par une petite collerette. Elle 
renferme à l'intérieur, vers l'extrémité postérieure, une sorte de 
papille réfringente dont la partie apicale porte un bâtonnet colorable 
auquel fait suite un long filament bien visible #n vivo et roulé en une 
spirale serrée qui occupe tout le reste de la capsule. 

Au moment de l'explosion qui se produit sous l’action d'un certain 
nombre d'agents chimiques, tels que le sérum iodé par exemple, l'extré- 
milé postérieure de la capsule se déchire, la papille se renverse en 
dehors et le filament se déroule brusquement. 

Formation des némalocystes. — La formation intracytoplasmique des 
nématocyste me semble se faire de la manière suivante : de petites 
vacuoles à contenu réfringent et fortement colorables par l'acide 
picrique apparaissent tout d’abord dans le cytoplasma ; puis ces globules 
s'allongent et montrent à l'une de leurs extrémités un point colorable 
par les couleurs d’aniline. Ils se transforment en un bâtonnet court et 
trapu, qui ne se distingue des trichocystes que par sa très faible affinité 
pour l’azur et le bleu de méthylène. Ce bâtonnet s'élargit peu à peu, 

mais sa substance reste réfringente et homogène. Il s’accroil ensuite, et 

l’on voit se différencier à son intérieur un espace clair qui occupe la 
place de la future papille et une masse colorable par l’azur, striée, qui 
n’est autre que le filament dont on distingue encore à peine la structure 
_ in vivo. On trouve toujours de telles formes rudimentaires de némato- 
 eystes dans le cytoplasma du Polykrikos en nombre à peu près égal à 
= celui de nématocystes parfaits, et on peut les considérer comme des 
nématocystes de réserve. Dans certains cas, en effet, on peut voir toutes 
les transitions entre ces deux formes. 
Conclusions. — Il ressort de ces faits ainsi résumés brièvement que 


ROMEO où | 


PO Mt 
LA 


368 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


les nématocystes du Polykrikos sont bien des différenciations cytoplas- 
niques propres à cet organisme, et comme pendant la formation ils 
présentent à un eerlain stade le même aspect que les trichocystes, on 
peut se demander s'ils ne représentent pas un degré de complication 
plus considérable de ces éléments et si l'origine des uns et des autres 
n'est point la même. 


ENS 


L'PAETE 


Nématocystes de Campanella. — Campanella umbellaria estune grande 
Vorlicellide assez commune dans les eaux douces et dans le cytoplasma 
de laquelle quelques auteurs ont décrit des nématocystes assez sembla- 
bles àceux du Polykrikos et groupés deux à deux. Cependant ces élé- 
ments n'existent pas toujours; Schrüder, qui a soigneusement étudié cet 
Infusoire, ne les a jamais vus; moi-même, bien qu'ayant observé sou- 
vent Campanella, je n’ai trouvé qu'une seule fois des individus porteurs 
de ces nématocystes, et je n'ai pu étudier complètement la structure de 
ces éléments. Cependant, il m'a semblé que les némalocystes de cette 
Vorticellide diffèrentde ceux de Polykrikos non seulement par leur incons- 
tance, mais encore par leur structure ; en effet, la plus grande partie du 
némalocyste de Campanella serait constituée par une masse colorable. 
persistant même après la sortie du filament, et celui-ci serait pelo- 
tonné dans une vacuole située à l’une des extrémités de l'élément. Cette 
structure avait fait penser à Chatton que ces prétendus nématocystes 
étaient peut-être une Microsporidie parasite de l'Infusoire. Nous avons 
vainement cherché depuis des C'ampanella à nématocystes qui puissent 
nous permettre de vérifier cette hypothèse. J'ai tenu néanmoins à la 
citer ici, parce que les nématocystes de Campanella ressemblent, à 
première vue, à ceux du Polykrikos, lesquels me semblent bien n'avoir 
aucun rapport avec un parasite, et représenteraient seulement une dif- 
férenciation cytoplasmique analogue aux trichocystes, mais beaucoup 
plus complexe. 


É 


à 


ERRATA 


Note DE R. LEGENDRE. 


T. LXXV, p. 247, 14e ligne, au lieu de : la solution isotonique de NH“CI:.; lire : 
la solution équimoléculaire de NH#CI. 


NOTE DE L.-G. SEURAT. 


T. LXXV, p. 326. Rétablir la note de la façon suivante : « Jullelin de la Société 
d'Histoire nalurelle de l'Afrique du Nord, 1913, n° 6, p. 127. Le nom de Maupasella 
ayant été donné par Cépède à un infusoire, nous adoptons pour notre forme celui 
de AMaupasina ». 


369 


RÉUNION BIOLOGIQUE 


DE SAINT-PÉTERSBOURG 


SÉANCE DU 27: OCTOBRE 1-9+3 


SOMMAIRE 

BELonovsky (G.-D.) : Sur la pro- (Deuxième communication) . . . .. 373 
longation de la vitalité du bacille Ivaxov (E.) : Sur la fécondité de 
DulsaTe ee nee lois 374 | Bison bonasus X Bos taurus (Bona- 

Ivaxov (E.) : Expériences sur la sotauroides):.=:. .. PTS Re 316 
fécondation artificielle des oiseaux SOROKINA-AGAFONOWA (Mme) : Sur 
(Première communication). . . . . . 311 | les modifications du système péri- 

Ivaxov (E.) : Expériences sur la phérique nerveux chez les insectes, 
fécondation artificielle des oiseaux durant la métamorphose. . . . ... 369 


Présidence de M. Kholodkovsky. 


SUR LES MODIFICATIONS DU SYSTÈME PÉRIPHÉRIQUE NERVEUX 
CHEZ LES INSECTES, DURANT LA MÉTAMORPHOSE, 


par M"° SOROKINA-AGAFONOWA. 


I. — Nous avons étudié le développement des pattes des nymphes 
Tenebrio molilor L. pendant toute la durée de ia métamorphose. 

Nous avons employé, comme colorant, le bleu de méthylène, d’après 
la méthode de Dogel. 

IT. — Réservant pour plus tard l'étude de l’origine des éléments 
nerveux dans les pattes, nous commencerons la deseription à partir des 
premières heures de la nymphose. 

La patte représente un sac oblong où les articulations sont faiblement 
ébauchées. L'analyse histologique faite sur les coupes (liquide de 
Zenker) montre que l'hypoderme, renfermant le sac, est composé d'une 
seule couche et rempli d’un contenu liquide amorphe (albumineux) dans 


370 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


lequel nagent la trachée et le tronc nerveux avec leurs embranchements 
respectifs. 

Dans le fémur, la museulature est déjà nettement ébauchée ; dans le 
tibia, au même degré de développement, quelques cellules sphériques 
multinucléaires commencent à apparaître, ce sont des myoblastes, ainsi 
qu'on le verra plus loin. 

III. — Le tronc nerveux, dont il vient d’être fait mention, s'étend à 
travers toute la patte et est muni d’une quantité déterminée de colla- 
téraux aboutissant à l'hypoderme et se terminant par des cellules bipo- 
laires. La constance de cet aspect et le nombre toujours égal de cellules 
dans de très nombreuses préparations prouve que la distribution des 
collatéraux est toujours uniforme, et aussiquela quantité descollatéraux 
et des cellules à la période du développement en question est 
insignifiante. | 

Si nous comparons le dit aspect avec celui de préparations exécutées 
de la même façon au cours des dernières périodes de la nymphose et où 
toutes les parties de la patte sont parsemées de centaines de cellules 
bipolaires réunies avec des filaments de chitine, la question suivante se 
pose : de quelle manière a lieu l'augmentation du nombre des éléments 
nerveux ? 

D'aprèsnos préparations, il nous parait fort probable qu'ils proviennent 
d'une multiplication très intensive de cellules bipolaires préexistantes 
en effet, à une période déterminée de développement, on ne trouve, au 
lieu de cellules mononucléaires que des cellules multinucléaires situées 
sur les mêmes collatéraux. 

Chaque cellule multinucléaire se divise en un nombre de cellules 
bipolaires correspondant au nombre de noyaux, et le tout forme une 
petite grappe. Plus tard, à la suite de la pousse de leurs tiges, les cel- 
lules nouvellement formées s'étendent el viennentse fixer définitivement 
à la base des filaments de chitine. De cette façon, l'union entre les cel- 
lules nerveuses et les organes récepteurs n’est pas primaire, mais 
secondaire. 

IV. — En ce qui concerne le développement du tronc moteur dans le 
tibia et son union au système musculaire, nous nous bornerons aux 
observations suivantes : 


Les jeunes myoblastes s'approchent du tronc moteur et forment une 


chaine irrégulière. 

Avee leurs prolongements multiples, ils produisent l'impression de 
cellules amiboïdes, et nous avons pu constater plusieurs fois la liaison 
de quelques prolongements avec de minces fils partant du troncnerveux ; 
ces fils présentent souvent une bifurcation 

Les myoblasles se transforment ultérieurement en de longues bandes 
à noyaux périphériques el présentent des striations transversales. 

Par conséquent, ici aussi on ne peut interpréter cet aspect que dans le 


k 
S 


SÉANCE DU 27 OCTOBRE O1 


, 0 , \ 
sens d'une union secondaire entre les nerfs et les muscles, tout en cons- 
tatant que, selon les apparences, le rôle actif appartient aux musclés. 


(Laboratoire du professeur Gurvoilch, à l'Université des femmes, 
à Saint-Pétersbourg.) | 


EXPÉRIENCES SUR LA FÉCONDATION ARTIFICIELLE DES OIS&AUX 
(Première communication), 


par E. Ivanov. 


Mes premières expériences sur la fécondation artificielle des oiseaux 
remontent à l'année 1902. Les circonstances ne m'ont permis d'aborder 
de nouveau ce problème et de continuer mes expériences que pendant 
les étés de 1912 et 1913. 

Je me suis servi, dans mes expériences, de poules et de faisans. Les 
poules et les coqs appartenaient aux races mélangées; quant aux faisans, 
ils étaient des races caucasienne et oreillard (ouchastaïa), du pare z00- 
logique appartenant à M. Faltz-Fein (1). 

Le but que je poursuivais dans mes expériences était d'arriver à une 
technique plus parfaite de Ia fécondation artificielle des oiseaux et 
de l’appliquer ensuite en vue d'obtenir des poussins vivants et des 
hybrides de la poule et du faisan. 

La technique est la suivante : on tue le coq et on ouvre ensuite le 
cloaque et La cavité péritonéale par une incision médiane du ventre. Le 
rectum est coupé à sa base aux ciseaux et l'intestin est enlevé de la 
cavité péritonéale. Le cloaque est soigneusement nettoyé pour éliminer 
_ les excreta. On tire le sperme des parties terminales des canaux sémini- 
fères qui s'ouvrent aux deux côtés du cloaque. Si les expériences se 
font à la période de pleine maturité sexuelle des oiseaux (le printemps 
pour les formes sauvages, le printemps et l'été pour les formes domes- 
tiques), les glandes sexuelles et leurs canaux sont très développés 
et gonflés de la masse des spermatozoïdes qui les remplit. Il suflit 
alors de presser légèrement la partie terminale gonflée du canal sécréteur 
pour recueillir une curette d’une masse épaisse de spermatozoïdes. 

Pour l'injection, on procède de la manière suivante : l’aide tient Ja 
poule entre les genoux, la tête en bas, le ventre vers lui; à l’aide des 
- doigts, ce dernier ouvre le cloaque de la poule en ayant soin de ne pas 
_ écorcher la muqueuse; il faut ouvrir le cloaque de telle manière que 


_ (4) Je saisis l’occasion pour remercier M. Faltz-Fein de faisans qu’il a mis à 
- ma disposition. 


212) RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


l'on puisse voir, dans la profondeur, les ouvertures du rectum et de 
l'oviducte. Dans la position de la poule, comme elle est indiquée plus 
haut, la partie terminale de l’oviducte (col de l'utérus) se trouve dans 
le cloaque à droite de l’ouverture anale. 

Le sperme, examiné préalablement au microscope au point de vue de 
la mobilité des spermatozoïdes, est placé au niveau et à une certaine 
profondeur du col de l'utérus à l’aide de la curette. On peut aussi intro- 
duire le sperme à l’aide d’une seringue munie d'une petite canule. On 
introduit une à deux gouttes de sperme. 

Après l'introduction du sperme, la poule est mise en liberté. S'il est 
nécessaire d'utiliser le sperme du coq d'une manière plus complète on 
peut, en pressant à l'aide d'une pince ou des deux doigts le canal 
excréteur d'abord à l'ouverture et ensuite en remontant, exprimer une 
quantité de sperme suffisante pour la fécondation de quinze poules et 
plus (cela dépend de la grandeur du coq et de l'intensité de production 
de ses glandes sexuelles). 

Les spermatozoïdes recueillis de cette manière manifestent habituel- 


lement des mouvements énergiques qui peuvent se naintenir, en 


goutte pendante, à la température ordinaire pendant plusieurs heures. 
Des mouvements moins énergiques se maintiennent pendant quarante- 
huit heures, des mouvements faibles 6nt été observés soixante-huit 
heures après. 


Cinq heures après l’introduction du sperme dans le col de l'utérus de. 


la poule, des spermatozoïdes à mouvements énergiques ont été constatés 
le long de tout l’oviducte jusqu'au pavillon. Il est intéressant de signaler 
que les œufs qui se trouvent dans l'oviducte ne gênent pas la péné- 
tration des spermatozoïdes dans la profondeur. 


Les poules destinées aux expériences doivent être isolées du coq pas 
plus lard que trois semaines avant l'expérience. Les œufs que la poule 
pond pendant la période d'isolement doivent être examinés au point de 
vue de leur faculté de se développer. A cet effet, il suffit de laisser 
séjourner les œufs pendant quarante-huit heures à l’étuve à 39-40 degrés 
dessous une poule couveuse ; on examine ensuite le jaune d’œuf. Déjà 


vingt-quatre heures après on peut, d'après les dimensions de la zone 


embryonnaire du jaune d'œuf, déterminer si l’on a affaire à un œuf 
fécondé ou non. Si les œufs doivent être conservés, on les laisse au 
moins six jours à l’incubateur et on les examine avec l’ovoscope pour 
constater la présence de l'embryon. 


SÉANCE DU 27 OCTOBRE 313 


EXPÉRIENCES SUR LA FÉCONDATION ARTIFICIELLE DES OISEAUX 
(Deuxième communication), 


par E. Ivanov. 


Pendant l'année 1912, 15 poules ont été isolées du coq au moins 
trois semaines avant le commencement de l’expérience. 

Au début des expériences, quelques-unes de ces poules ont pondu 
des œufs, mais ceux-ci n'étaient pas fécondés. Trois de ces poules ont 
été gardées pour la fécondation naturelle par accouplement. Une de 
ces poules à donné après fécondation naturelle 9 œufs fécondés, dont 
un à été pondu dix-neuf jours après l’accouplement, une autre a pondu 
4 œufs et la troisième 3 œufs. 

L'expérience sur la fécondation artificielle de 11 poules, avec des 
spermatozoïdes placés dans unesolution de NaCI (0, 85 p.100)additionnée 
d'une solution isotonique de glucose (5,6 p. 100) n’a pas donné de résul- 
tats positifs, les poules ont pondu des œufs non fécondés. Sur 8 poules, 
2 ont pondu, après fécondation avec des spermatozoïdes non dilués, 
6 œufs fécondés (une 4, l’autre 2). En 1912, il a été impossible, faute de 
temps, de faire éclore les œufs obtenus -par la fécondation artificielle. 

Cette année, plus de 30 poules ont été utilisées pour ces expériences 
et isolées du coq plus de trois semaines avant le commencement des 
expériences. | 

Une partie des poules a été réservée pour la fécondation avec du sperme 
de coq, l’autre partie a élé réservée pour la fécondation avec du sperme 
de faisan. Deux poules faisanes appartenant à la race oreillards (ou- 

chastaïa), qui sont restées stériles à cause de l'impuissance du mäle, ont 
été aussi utilisées pour ces expériences. La fécondation se faisait avec des 
spermatozoïdes non dilués. Le 16 mai, 17 poules ont été fécondées et le 
20 mai 21 poules. Il y avait suffisamment de sperme, surtout chez le 
deuxième coq. Depuis le 24 mai, les poules étaient placées pour la ponte 
dans des cages séparées ; sur chaque œuf pondu, on notait le numéro 
de la poule et la date de la ponte ; jusqu'au 24 mai, pendant le temps 
où il n'y avait pas de cages, toutes les poules porteuses des œufs étaient 
séparées des autres pour la ponte; elles ont pondu pendant ces quel- 
ques jours 43 œufs, dont 4 seulement étaient fécondés ; un de ces œufs 
a été pondu le 19 mai, un autre le 20 mai et les deux derniers le 24 mai. 

L'expérience de la fécondation artificielle de poules avec du sperme de 
coq à été répétée : le 24 mai, sur 21 poules; le 4 juin, sur 11 poules; 
le 12 juin, sur 41 poules; le 41 juillet, sur 14 poules; le 42 juillet, sur 
10 poules, etenfin, le 13 juillet, sur 10 poules. 

Parmi le grand nombre d'œufs pondus par les poules pendant ce 
temps il n’y eut que 13 œufs fécondés : ces œufs se rapportent aux dates 


314 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


_— = en 2 


suivantes : 25 mai, 1 œuf; 26 mai, 1; 27 mai, 1; 28 mai, 1; 6 juin, 


2-œufs; 9 juin, 4; 17:juin, 4; 16 juillet, 1:48" juillét, 4° 49juillet, L:; 
20 juillet, 4 œuf. 17 œufs ont été obtenus ainsi au cours de cette année, 
à l’aide de la fécondation artificielle. L'incubation se faisait dans l’appa- 
reil de Sartorius. Seulement les 12 premiers œufs ont été réservés pour 
l'incubation. Dans 5 de ces œufs, l'embryon ne s’est pas développé, 2 ont 
donné des poussins vivants, 7 ont été cassés après un séjour d’une 
semaine dans l’incubateur. Un poussin se trouvait jusqu'à l'éclosion 
dans l’incubateur, l’autre aété couvé pendantles deux dernières semaines 
par une poule couveuse. Les deux poussins se sont développés norma- 
lement après la sortie de l'œuf. Le poussin que l’on a fait éclore, et que 
l’on a élevé artificiellement, était arriéré, quant à son développement, 
par rapport au poussin élevé par la poule couveuse. Le premier à eu des 
pattes torses, tandis que le deuxième était très bien développé. 
L'auteur a fait aussi des expériences de croisement des poules avec 
des faisans; ces poules ont été fécondées avec le sperme de faisan du 


Caucase ; la fécondation a été faite quatre fois ; le nombre de poules qui 
ont servi à ces expériences s'élevait à 46. Ces expériences n'ont pas 


donné de résultats positifs. 

L'injection de sperme de faisan du Caucase aux poules faisanes, dont 
nous avons parlé plus haut, n’a pas donné non plus de résultats positifs. 
Il y a lieu de signaler iei que, vers la fin du mois de mai, lorsque ces 
expériences ont été faites, il y avait des signes manifestes de régression 
dans le développement des glandes sexuelles des faisans. 


4 


(Station zootechnique du Ministère de l'Intérieur à Askaniia-Nova.) 


SUR LA PROLONGATION DE LA VITALITÉ DU BACILLE BULGARE, 


par G.-D. BELONOvsKY. 


Dans les observations qui font l'objet de là présente communication, 
nous nous sommes occupé de l'agent de la fermentation lactique dans 
le yougourt ou le lait caillé bulgare, du microbe de la « Lactobacilline » 
qui, selon M. Melchnikoff, joue un rêle actif dans la lutte contre la flore 
nuisible de l'intestin. Dans la pratique des lactobacillines, on se heurte 
souvent à une difficulté : leur pouvoir fermentatif ne se manifeste pas 
toujours. 

Les recherches (4) ont montré, en effet, que le bâtonnet bulgare n’est 


(1) Belonovsky. Influence du ferment lactique. Annales de l'Institut Pas- 
teur, 1907. . 


SÉANCE DU 27 OCTOBRE ‘ 3175 


pas très résistant: la culture de ce microbe dans le lait à la température 
ordinaire est stérile déjà au dix-neuvième jour; le lait ensemencé avec 
une culture âgée de dix-sept jours se coagule, non dans seize à vingl- 
quatre heures, mais seulement six jours après l’ensemencement. Si on 
le garde à froid (6 à 8 degrés), il conserve sa vitalité plus longtemps, 
jusqu’à un mois. 
On doit chercher la cause de cette courte vitalité non seulement dans 
les autoloxines qui ont été étudiées par Conradi et Kuprjuweit (2), 
mais aussi dans l'excès de l'acide lactique produit par le microbe et 
qui a une influence défavorable sur le microbe lactique lui-même 


[Makrinov (3)|. 

C'est pourquoi on doit supposer déjà a priori que les processus qui 
neutralisent le milieu, à mesure que le microbe se développe, augmen- 
tent aussi sa vitalité. Les expériences de l’auteur (1) ont prouvé que 
l'addition de l’excès de la craie au milieu où se développe le B. coli, 
qui produit aussi l’acide lactique, augmente fortement sa résistance et 
accentue sa propriélé de décomposer le substrat, etc. Les recherches 
de Meyer el Blumenthal (2) et de Makrinov ont conduit aux mêmes 
résultats en ce qui concerne les bacilles lactiques ordinaires (B. lactis 
acidi). M. Makrinov a constalé que l’aetivité et la muliiplication de ces 
microbes diminuent avec l'augmentation de l'acidité du milieu : plus le 
milieu est acide, et plus longtemps l'acide agit sur le microbe, plus son 
activité et sa propriété de se multiplier sont faibles. Makrinov a constaté 
ensuile que la craie est un moyen approprié pour la neutralisation; en 
présence d’un excès de la craie, l’activité du B. lactis reste sans chan- 
gement pendant un temps assez long. L'auteur n'indique pas, malheu- 
reusement, le pourcentage de la craie. 

Par nos expériences, nous avons voulu élucider l'influence de l’addi- 
tion de la craie au milieu de culture sur la vitalité du bacille bulgare. 
L'auteur s’est servi de ballons contenant 250 c.c. de lait additionné de 
2 grammes, 5 grammes, 10 grammes, 15 grammes et 25 grammes de 
craie (0,8 p. 100, 2-p. 400, 4 p. 100, 6 p. 100 et 10 p. 100); les ballons 
ont été stérilisés vingt minutes à 110 degrés et ensemencés avec une 
culture du bacille bulgare de vingt-quatre heures (qui coagule le lait 
en vingt à vingt-quatre heures à la température de l'étuve); après 
vingt-quatre heures d’étuve, on placait les ballons à la température 
ordinaire. Des tubes à essais contenant du lail (10 c.c.) furent ensuite 
ensemencés à divers intervalles avec une anse de cullure que l’on 
prélevait dans les ballons; on déterminait Le laps de temps après lequel 


) Conradi et Kuprjuweit. Münch. med. Woch., 1905, n°S 37, 45, 46. 
) Makrinov. Travaux du laboratoire de bactérioloyie agricole, 1912. 
) Biochem. Zeitschr., 1907, t. VI. 

) Wüirchow's Archiv, 1895, t. GXLVE. 


3 
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316 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG K 


se fait la coagulation à l’étuve (35 degrés). Les expériences ont duré 
quatre mois (elles ont élé commencées le 24 mars 1913). Elles sont 
résumées dans le tableau ci-dessous. \. 


COMBIEN D'HEURES APRÈS L'ENSEMENCEMENT 
SE COAGULAIT LE LAIT GARDÉ A 32 DEGRÉS- 
QUANTITÉ DE CaCO3 
additionnée Pire de 


à la culture. À | 
RS a | 


15 jours. | 4 mois. | 2 mois. | 3 mois. | 4 mois. 


! Expérience de coutrôle sans CaCO$).| 100 + + » » 
2erammes CAO MEANS, 24 48 — » » 
grammes — 2% 24 70 100 — 
10 grammes — 24 94 24 24 48 

15 grammes — 24 24 24 24 24 
28 grammes — 24 24 24 24 24 


Il résulte de ces expériences que l'addition de la craie au lait dans 
lequel on cultive le bacille bulgare favorise la vitalité du microbe. La 
présence de 0,8 p. 100 de craie prolonge de deux fois la vie du microbe; 
dans les cultures contenant 4 p. 100 et plus de CaGO*, le microbe est 
resté vivant pendant toute la période de l'observation, c'est-à-dire 
quatre mois. 


SUR LA FÉCONDITÉ 
DE Bison bonasus X Bos taurus (Bonasotauroides) (4), 


par E. [vanov. 


À Askantia-Nova, où il y a une série d'hybrides, une hybride prove- 
nant du croisement de Bos taurus avec Bison bonasus a atteint, en 1942, 
la maturité sexuelle. Le problème de la fécondité de cet hybride pré- 
sente un intérêt tout d'abord parce qu'il s’agit d’une nouvelle forme. 
Le mérite d’avoir obtenu cet hybride appartient au propriétaire 
d'Askaniia-Nova, M. Faltz-Fein, connu par ses expériences d’acclimata- 
tion et d'élevage d’hybrides. 

En se basant sur les données concernant la fécondité des hybrides 
provenant du croisement de Bison americanus et Bos taurus (2) et sur 


(1) D’après la terminologie proposée par le professeur Pol et El. Ivanov. 
Annuaire zoologique du Musée de l'Académie Impériale des Sciences, t. XVI, 
1911. 

2) Bioloyisches Centralblatt, t. XXXI, n° 1. 


© 
En 
1 


SÉANCE DU 27 OCTOBRE ‘ 


les faits qui établissent l’étroite parenté entre Bison bonas et Bison 
americanus (1), on pouvait supposer, «a priori, que les mâles de Bonaso- 
tauroides doivent être stériles, tandis que les femelles sont fécordes. 
La fécondité de la femelle a été, en effet, constatée déjà plus d’une fois à 
- Askaniia-Nova ; quant à la fécondité des mâles, on ne l’a pas encore 
étudiée jusqu’à présent. Les mâles, ainsi que les femelles, ont été 
obtenus à Askaniia-Nova par le croisement de l’auroch avec la vache 
d'Ukraine. Le Bonasotaurvides se distingue nettement de l’Arnericano- 
tauroides ;: la différence se manifeste surtout dans la forme de la tête 
et dans la proportion entre la partie antérieure et la partie postérieure 
du corps. Que ce soit un mâle ou une femelle, Ponasolauroides, d’après 
son habitat, se rapproche plus de Bos taurus que l’Americanotauroides. 
La tête est plus légère, les poils y sont moins développés, à la suite 
_du développement plus régulier de la partie antérieure et de la partie 
postérieure du corps, le dos est plus horizontal. On le voit aussi dans 
les nuances de la couleur. Bien que la teinte foncée domine neltement 
ici, néanmoins la nuance grise de la vache d'Ukraine se remarque 
même à un regard superficiel sur l’animal; on le voit surtout chez la 
femelle. 

Le mâle (âgé de trois ans) de Bonasotauroides, que nous avons étudié, 
provient du croisement d’une vache d'Ukraine avec un auroch amené 
de Belovéje. Le sperme a été recueilli par la méthode ordinaire à l’aide 
d'une éponge. Le sperme est un liquide à nuance nettement jaunâtre; 
on a recueilli en tout 30 c.c. L'examen du sperme, sous le microscope, 
a montré l'absence complète de spermatozoïdes. Pour la solution défi- 
nitive du problème, l'animal a été châtré. 

Déjà, d’après l'examen macroscopique simple, on pouvait supposer 
_quiln'y a pas de cellules séminales parce que le contenu de l’épididyme 
était d'une consistance molie et n'avait pas la couleur crème caracté- 
ristique. L'examen microscopique a pleinement confirmé cetle suppo- 
sition de l’absence de spermatozoïdes dans le contenu de l’épididyme. 
Les testicules ont été fixés pour l'étude détaillée de la structure de 
glandes sexuelles de cet hybride. Si l'on se rapporte à ce cas, on trouve 
une analogie complète entre la fécondité des hybrides Bonasotauroides 
et celle des Americanotauroides; dans les deux cas, les mäles sont 
stériles et les femelles fécondes. 

En ce qui concerne la fécondité de 3/4 sang de Bonasotauroides 
(B 1/2+B1/4 T 1/4), nous ne pouvons pas encore nous prononcer, 
faute de matériaux. Nous disposons de données indirectes qui permet- 
tent de croire que ces hybrides, ainsi que des hybrides semblables du 
type Americanotauroides doivent être féconds. Dans le pare zoologique 
. d'Askaniia-Nova, il y a plusieurs hybrides B 1/2 + À 1/4 T 1/4 (hybrides 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXX, p. 584. 


378 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


de 3/4 sang Pison avec 1/4 sang Pos taurus) ayant atteint la maturité 
sexuelle. L'examen du sperme de l’un de ces hybrides a permis de 
constater la présence de spermatozoïdes vivants et bien mobiles. 

Les faits cités plus haut apportent de nouveau une preuve au fait 
qu'il existe, ou bien de parenté très proche entre Pison americanus et 
Bison bonasus, parce que le croisement de ces deux ‘espèces donne 
non seulement des hybrides à fécondité illimitée, mais encore le croise- 
ment de ces espèces avec Fos laurus et ses hybrides (A 1/2. T. 1/2 ©) 
fournit des hybrides à degrés de fécondité analogues. 

Les considérations théoriques ci-dessus peuvent avoir un intérêt pra- 
tique ; on doit se demander si l’on ne pourrait pas lutter contre la dispa- 
rition des aurochs et des bisons par l'emploi, en qualité de producteur 
des hybrides, d’aurochs et de bisons (Bonaso americanoïdes) ; apport 
du sang de ces hybrides pourrait peut-être être utile. Les hybrides pro- 
venant du croisement des aurochs et des bisons sont des animaux qui 
ne sont pas inférieurs à leurs parents par leur beauté et leurs autres 
qualités. 


Slalion zootechnique du ministère de l'Intérieur à Askontia-Nova. 
( fl 


Le Gérant : OcTAvE PoRÉe. 


Paris. - 1. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. 


SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1913 


SOMMAIRE 
AYNAUD (MARCEL) : Sur le rôle des MarFAN, FEUILLIÉ (E.) et Sainr- 
sels dans la rétraction du caillot. , 385 | Grrons (Rr.) : Contribution à l'étude 
Duczoux (D.) : Sur la vaccination de la cytologie du lait de femme, 
auticlaveleuse par le claveleau en dehors de la période colostrale. 
CHAUITÉ Eee PE NS ee 380 | Origine épithéliale des cellules du 
Iscovesco (H.) : Action d'un li- lait normal ..... Te Tue. 381 
poide (VDc) extrait de l'ovaire, sur ReMLINGER (P.): Contribution à 
ÉOTHAMISME RE MAEUMRE tite 393 | l'étude de la vaccinothérapie anti- 
KroOLUNITSKY (G.-A.) : Quatrième SOHOCOCCIAU ES ARS Re ie 384 
note sur la leucocytolyse digestive. RETTERER (Eo.) et NEUVILLE (H.} : 
Moment d'apparition de la leuco- Du gland et du prépuce de quel- 
cytose digestive chez le chien sui- QUES ICHÉITOPDLÈLES NPA CR Er - Le 381 
vant les aliments et dans les repas Vicnes (HENR1) : Influence de la 
TÉPÉLÉS TR ER ee et TL ee AS he 394 | masse hibernale sur diverses intoxi- 
LABBÉ (MarceL) et DAUPHIN : cations (adrénaline — chloroforme 
L'azote colloïdal urinaire. Son ori- — toxines tétanique)., ms. 1.0 397 
gine et sa signification clinique . . 391 
Laggé (Marcez) et Bira (HENRY) : Réunion biologique de Bordeaux. 
L'azote titrable au formol dans le 
sérum sanguin et ses variations . . 395 CuaAINE (J,) : Observations sur le 
LesaiLLy (C.) : Sur les spirochètes danger du transport des bois et 
de l'intestin des Oiseaux . . .... 00m |MMEUDIÈSSTELMILÉS. AMAR A Al 


Présidence de M. Dastre, Président. 


PRÉSENTATION D'OUVRAGE. 


M. CauLLERY. — J'ai l'honneur de faire hommage à la Société de Bio- 
logie d’un ouvrage que je viens de publier sous le litre : Les Problèmes 
de la Sexualité (1). On sait quelle large place ont tenue dans la Biologie 
générale, pendant ces dernières années, les questions qui, directement 
ou indirectement, se rattachent ausexe : déterminisme de la différencia- 


(1) Bibliothèque de philosophie scientifique (Flammarion, éditeur). 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXV, 26 


380 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tion des caractères sexuels secondaires, facteurs de la détermination du 
sexe lui-même, parthénogenèse, elc. Je me suis efforcé de condenser 

. dans ce petit volume, à l'usage du public cultivé maïs non spécialiste, 
les principaux résultats de faits qui se dégagent de toutes ces recherches 
et de mettre en évidence les liens qui les rattachent, d'une part entre 
eux, de l’autre aux tendances actuellement prédominantes, notamment 
en ce qui concerne la cytologie, les problèmes de l’hérédité, etc. 


M. HÉponx, membre correspondant, assiste à la séance. 


Ur L 


SUR ELA VACCINATION ANTICLAVELEUSE PAR LE CLAVELEAU CHAUFFÉ. 


Note de E. DucLoux, présentée par G. Moussu. 


Nous avons démontré, dans deux notes adressées à la Société de 
Biologie (1), la possibilité de protéger les ovins contre l'infection clave- 
leuse par une inoculation sous-cutanée de virus claveleux chauffé. Nous 

‘faisions connaître la technique que nous préconisions pour préparer ce 

vacein et pratiquer ensuite, sans danger, les opérations d’immuni- 
sation. Nous signalions également les résultats efficaces de plusieurs 
séries d'expériences instituées sur différents troupeaux et nous termi- 
aions en disant : « Il n’est pas douteux que cette méthode d’immuni- 
sation rende d’utiles services chaque fois qu’on aura à combattre des 
épizooties de clavelée et aussi, à titre préventif, dans les régions où 
cette affection sévit en permanence. » 

Aujourd'hui, nous ne retranchons rien à ce que nous annoncions en 
février et mai 1912. ; 

Depuis celte époque, nous avons eu plusieurs fois l’occasion d’appli- 
quer cette méthode, à titre de moyen prophylactique, pour combattre 
les épizooties de clavelée sévissant sur plusieurs troupeaux de moutons 
du nord et du sud de la Tunisie. Partout où ces vaccinations étaient 
effectuées, la clavelée s’arrêtait rapidement. Îl nous paraît inutile de 
donner ici les détails de toutes ces opérations d’immunisation qui 
témoignent d’ailleurs toujours dans le même sens, à savoir l'efficacité 
at l’innocuité du virus claveleux chauffé. 

De ces constatations, il résulte que la vaccination contre l'infection 


(4) E. Ducloux. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 17 février 1912 et 
4 mai 1912. 


SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 381 


claveleuse est faite à l’aide du claveau traité par le chauffage. Dans ces 
conditions, nous n'hésitons pas à déclarer, à nouveau, que cette méthode 
«permettra de combaitre efficacement les épizooties de clavelée et 
qu’elle pourra être utilisée dans les pays où cette affection sévit en 
_ permanence ». 3 
En outre, nous croyons utile de faire connaitre, à titre de renseigne- 
ment, qu'il est passé en Tunisie, au cours de la dernière campagne 
d'exportation, plusieurs lots de moutons d'origine algérienne et destinés 
à la Tripolitaine. Ces animaux avaient recu du virus sensibilisé et 
étaient porteurs, à l'oreille, de la marque distinclive. Sur un certain 
nombre de ces sujets, il a été constaté, aux points d’inoculation, des 
pustules qui présentaient tous les caractères de la pustule claveleuse 
obtenue à l’aide du claveau ordinaire. 
Pour terminer, et sans vouloir faire aucune comparaison entre le 
_claveau traité par la chaleur et le virus claveleux sensibilisé, nous 
dirons simplement que nous préférons employer Le premier plutôt que 
le second. Nous ne ferons donc pas état des appréciations données sur 
nos expériences par Bridé et Boquet dans leur note sur la vaccination 
contre la clavelée par virus sensibilisé (4). 


(Direction de l'Elevage, à Tunis.) 


Du GLAND ET DU PRÉPUCE DE QUELQUES CHÉIROPTÈRES, 


par Éo. RETTERER et H. NEUVILLE. 


Outre les mamelles pectorales,les chauves-souris ont, comme l’homme 
et les singes, une verge pendante. Daubenton (1760) a découvert dans 
le pénis de la noctule un osselet en forme d’épingle, tandis qu'il n’a pas 
vu d'os dans le gland de la roussette, pas plus que Gerhardt (1905), qui 
s’est d’ailleurs contenté, comme moyen d'investigation, de la simple 
inspection et du toucher. 

D'autre part, le prépuce ferait défaut chez certaines espèces de chauves- 
souris (Cuvier, Ercolani, Disselhorst, Th. Gilbert, Gerhardt), et Le gland 
serait couvert de poils. 

Voici ce que nous avons observé dans les trois espèces suivantes de 
chauves-souris. 


I. Pipistrelle (Vesperugo pipistrellus Schreb.). — La pipistrelle pèse environ 
à grammes; la portion libre ou pendante du pénis n’est longue que de 2 à 


(1) Annales de l'Institut Pasteur, n° 10, 1943. 


382 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


3 millimètres et partout recouverte de poils. L’extrémité distale est recourbée 
en bas et formée d'un prépuce, large de 1"2,5 et contenant un gland long 
de 02%,45 et d'un diamètre de 0,2 à sa base. Toute la longueur du gland est 
occupée par un osselet d’un diamètre de 02,05. L'extrémité postérieure ou 


proximale de l’os dépasse la base du gland et se bifurque en deux branches: 


ayant chacune un diamètre latéral de 0®®,08 et un diamètre supéro-inférieur 
de Oum,2, Chaque branche de bifurcation a la texture d’un os long avec un 
canal médullaire de 0®,02. L’urètre, à surface plissée et à lumière large 
de 0,04 à 0%,05, occupe l'angle des deux branches de bifurcation, puis la 
face inférieure de l'os glandaire. À 

Chez la plupart des mammifères qui possèdent un os pénien, les corps 
caverneux sont devenus partiellement adipeux. Il n'en va pas de même chez 
la pipistrelle. Bien que l’os pénien se prolonge jusque près du pubis, les corps 
caverneux s'étendent Jusque dans le gland : d’un diamètre supéro-inférieur 
de 0®m,6, d’un diamètre latéral de 0mn,3, chaque corps caverneux est cons- 
titué par du tissu éminemment érectile : les espace sanguins y atteignent les 
dimensions de 0®®,1 à 0n®,2 et sont séparés les uns des autres par des travées 
conjonctivo-musculaires de 0,01 à 0,02. Ils sont enveloppés d’une albuginée 
de Onm,3 d’où part un septum médian, large de 0,05, qui va, en s'amincis- 
sant, gagner le périoste reliant les deux branches de bifurcation de l’os pénien. 
Le tissu érectile du gland est également très développé, car il forme entre 
la muqueuse glandaire, d'une part, l'os pénien et l’urètre, d'autre part, un 
lacis de sinus sanguins dont les aréoles vasculaires ont une longueur de 0,06. 


[T. Rhinolophe (Rhinolophus ferrum equinum Schreb.). — Plus long que chez 
la pipistrelle et d'un calibre de 42,5, le gland du rhinolophe est également 
contenu dans un prépuce. Il se termine par un sommet pointu. Sur toute 
sa longueur s'étend un osselet d’un diamètre de 0,24, dont l'extrémité 
postérieure ne dépasse pas la base du gland. 


IT. Roussette (Pteropus medius Temminck). — La portion libre du pénis de 
la roussette est longue de 3 centimètres et se termine par un gland d’une 
étendue de 1 centimètre. Daubenton comparait la forme du gland aux lèvres 
d'une carpe ; cette forme est plutôt celle d’une spatule, dont l'extrémité 
arrondie tient au pénis, tandis que l'extrémité libre s'étale en présentant une 
face supérieure convexe et une face inférieure concave. Gette extrémité libre 
contient une lamelle osseuse qui a la même forme spatulée et qui est épaisse 
de Owm,%; pleine, en fer à cheval en avant, avec trois prolongements posté- 
rieurs, cette lamelle osseuse change de forme dans la partie moyenne et la 
base du gland : le prolongement ou corne médiane s’effile, puis disparaît, 
tandis que les cornes latérales se prolongent en arrière pour se placer à la face 
interne ou médiane de chacun des corps caverneux. Les prolongements posté- 
rieurs de l'os pénien se comportent comme chezla pipistrelle, avec cette diffé- 
rence que, chez la roussette, ils ne dépassent pas la base du gland. 


Résullals et critique. — Libre et pendant, le pénis des chauves-souris 
est couvert de poils et contient un osselet s'étendant sur la plus grande 
partie de l'organe chez la pipistrelle, et n'occupant que le gland chez 


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SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 383 


le rhinolophe et la roussette. Si l’os pénien de celle-e1 a échappé à Dau- 
benton et à Gerhardt, c’est qu'il est constitué par une lamelle mince et 
souple que l’on ne peut séparer par la simple dissection du tissu glan- 
daire; A. Robin (1881), en parlant de l'os pénien des pféropodides, 
dit : « Sa forme est extrêmement variable, depuis celle d’une selle enve- 
loppant tout le gland jusqu'à celle d’un stylet à peine visible, » 

Le gland est revêtu d'un épithélium pavimenteux stratifié, non kéra- 
tinisé. 

Un recouvrement pileux lui a été attribué chez de nombreuses chauves- 
souris; Cuvier, par exemple, décrit des poils rudes sur le gland de la 
sérotine ; À. Robin (1881) représente des poils sur celui du rhinolophe 
fer-à-cheval ; Th. Gilbert (1892) et Gerhardt (1905) affirment que le 
prépuce manque chez le murin et la sérotine; enfin Gilbert représente 
le gland du murin recouvert de longs poils. 

Le pénis des chauves-souris pourrait, au point de vue de sa confor- 
mation et de ses relations avec le prépuce, être comparé à celui des 
Primates. Or, chez l'homme adulte, en particulier, la peau du pénis, 
ainsi que la surface externe du prépuce présentent des poils rudimen- 
taires et clairsemés. Chez le fœtus humain, ils sont plus nombreux, et, 
comme nous l'avons constaté souvent au cours de nos recherches sur 
le développement des organes génitaux externes, la surface externe du 
prépuce possède à cette époque de nombreux follicules pileux avec des 
ébauches de poils. Chez les chauves-souris, la répartition et le dévelop- 
pement des poils sont, sur le pénis, plus abondants que dans l'espèce 
humaine, car la surface externe du pénis et du prépuce possède une 
véritable forêt de poils aussi longs que ceux du corps. Comme, d’autre 
part, le prépuce recouvre immédiatement un gland fort petit, auquel il 
est souvent accolé, un examen superficiel pourrait faire croire que 
l'extrémité libre du pénis ne fût formée que par le gland recouvert de 
poils. Des coupes fines et sériées lèvent tous les doutes et font cesser 


toutes les contradictions : le prépuce entoure de tous côtés le gland et 


le dépasse de beaucoup en avant; par places, l’épithélium de la face 
interne du prépuce est soudé, surtout chez les animaux jeunes, à celui 
du gland ; mais, chez l'animal adulte, il existe une cavité préputiale, 
partout circonscrite et délimitée par un épithélium pavimenteux stra- 
tifié, sans trace de follicules pileux, et, par suite, de poils. 


Conclusion. — Le gland des chauves-souris est revêtu d’un épithélium 
pavimenteux, stratifié, sans couche cornée, et entouré d'un prépuce 
dont la surface externe est recouverte de poils. Le pénis des chéiroptères 
se caractérise : 1° par le grand développement du tissu érectile aussi 
bien dans les corps caverneux que dans le gland ; 2° par l'existence d’un 
os qui est limité au gland chez les uns, et qui, chez les autres, s'étend 
fort loin en arrière de la base du gland. 


384 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA VACCINOTHÉRAPIE ANTIGONOCOCCIQUE, 


par P. REMLINGER. 


Grâce à l'extrême amabilité de MM. C. Nicolle et L. Blaizot, nous. 
avons pu expérimenter à Tanger, dès le mois de juillet 4913, le vaccin 
antigonococcique atoxique, décrit par ces auteurs à la séance du 
6 octobre de l'Académie des Sciences. 

Le vaccin nous était adressé de Tunis en ampoules scellées. Lors un 
malade se présentait, il suffisait d'ouvrir l’ampoule, d'y prélever quel- 
ques gouttes du liquide (IT à XV) et de les a diluées dans 
2 à 5 cent. cubes de solution physiologique sous la peau de l’abdomen. 
Les inoculations étaient répétées, suivant les cas, Lous les deux jours 


ou tous les jours, jusqu'à complète guérison. Celle-ci ne s’est jamais 


fait attendre et les résultats que nous avons obtenus chez quinze per- 
sonnes atteintes d'orchile aiguë, de cystite aiguë, de rhumatisme arti- 
culaire suraigu ou au contraire en passe de devenir chronique (1), ont 
été remarquables par leur rapidité et leur intégralité. Toutes ces per- 
sonnes ont été guéries après cinq à sept jours de traitement, soit après. 
quatre à huit injections. 

L'élément sur lequel le vaccin paraît avoir l’action la plus immédiate 
et la plus complète est la douleur. Quelque violente que soit celle-ci, 
quelque résistance qu’elle ait montrée aux divers analgésiques usités 
en pareil cas, elle s'atténue le plus souvent dans des proportions ines- 
pérées quelques heures après la première inoculation, pour cesser 
complètement après la deuxième ou la troisième injection. Dès la 
première injection également, la fièvre tombe brusquement. L'état 
général, souvent sérieusement atteint dans le rhumatisme blennor- 
ragique, s'améliore rapidement et le malade peut de suite vaquer dere- 
chef à ses occupations et même reprendre un métier fatigant. Les 
phénomènes objectifs locaux : augmentation de volume et induration 
de l’épididyme, gonflement articulaire et épaississement des extrémités 
osseuses, suppuration de la vessie et de l’urètre, sont les derniers à dis-- 
paraitre. L'action du vaccin ne nous a pas paru différer suivant qu’il 
était employé dès le commencement de la maladie, ou, au contraire, 
plusieurs mois après son début. Ce vaccin présente, d'autre part, une 
fixité remarquable. Conservé à l'abri de la chaleur et de la lumière pen- 
dant deux mois, il ne montrait à ce moment aucune atténuation et avait 
une activité égale à celle qui avait été constatée au moment de sa 
réception. On conçoit l'intérêt pratique de cette propriété. | 

Même à doses élevées (1 cent. cube dilué dans 2-5 cent. cubes de solu- 


(1) Les observations détaillées seront publiées ultérieurement. 


enh «u l'on he à rtf 


SÉANCE BU 15 NOVEMBRE 385 


tion physiologique) le vaccin antigonococcique atoxique ne détermine 
ni fièvre, ni courbature, ni réaction générale d'aucune sorte. Au con- 
traire, les malades accusent fréquemment, trois ou quatre heures après 
l'injection, une grande sensation de bien-être, due à la disparition ou 
tout au moins à une atténuation très sensible des douleurs, La réaction 


_ locale n’est guère plus marquée. Elle consiste simplement en un léger 


érythème, très faiblement douloureux, sur lequel, le plus souvent, les 


inoculés n’attirent même pas l'attention. On remédie à cet inconvénient 


en pratiquant l'inoculation, non pas comme nous l'avons fait chez l& 
plupart de nos malades, sous la peau de l'abdomen, mais, ainsi que le 
conseillent MM. Nicolle et Blaizot (1), dans les muscles de la fesse. 

La facilité du maniement du vaccin antigonococcique atoxique est 
extrême et il peut être mis entre les mains du praticien le plus modeste. 
Cette circonstance jointe à son inaltérabilité, à son innocuité absolue, 
et, avant tout, à la rapidité, à l'intégralité et à la constance de son 
action, l'appellent à rendre des services inappréciables dans le traite- 
ment des complications, souvent si redoutables, de la blennorragie. 


({nstitut Pasteur du Maroc, Tanger. 


SUR LE RÔLE DES SELS DANS LA RÉTRACTION DU CAILLOT, 


par MARCEL AYNAUD. 


L'importance des sels dans la coagulation du sang est bien connue: on 
sait, en particulier, que l’adjonction au sang, à sa sortie des vaisseaux, 
de sels neutres des métaux alcalins ou alcalino-terreux, permet 
d'obtenir des plasmas non spontanément coagulables, dont on peut 
ensuite, après dilution avec de l’eau distillée, obtenir facilement la 
coagulation. Il ne semble pas que l'intervention possible des sels dans 
la rétraction du caillot ait retenu l'attention des auteurs : on sait que [a 
rétraction est généralement attribuée à une intervention spéciale des 
globulins ou à une modification de la fibrine (fibrine rétractile ou 
irrétractile). 

Des expériences très simples montrent qu'en faisant simplement 
varier la concentration saline, on peut produire à volonté des caillots 
irrétractiles. 

On recoit du sang de cheval, provenant directement de la jugulaire, à 


raison de 10 c.c. par tube. dans une série de tubes contenant 10 c. c. des solu- 


(4) €. Nicolle. Un vaccin antigonococcique. Communication à l'Association 
d'Urologie, séance du 10 octobre 1913. 


386 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


tions de NaCI de concentrations décroissantes : 10 p. 100, 5 p. 100, 1 p.100, 
0,5 p. 100, 0,25 p. 100, 0,125 p. 100. On met à l'étuve à 37 degrés : après 
quarante-huit heures, on observe les résultats suivants : dans la solution à 
10 p. 100, le sang est liquide; à 5 p. 100, coagulation sans rétraction, à 
4 p.100, coagulation et rétraction; à 0,5 p. 100, rétraction très forte ; à partir 
de 0,25 p. 100 le sérum est hémolysé. 


On obtient des résultats absolument superposables en déterminant la 
coagulalion d'un plasma magnésien en présence de solutions de moins 
en moins concentrées de chlorure de sodium ou de sulfate de magnésie : 
voici les résultats de l'expérience avec le chlorare de sodium. 


On reçoit 100 c. c. de sang de cheval dans 200 c. c. d’une solution de sulfate de 
magnésie à 30 p. 100. A 10 c.c. de plasma, on ajoute 1 c.c. de sérum frais, et 
on complète le volume à 40 c.c. avec de l’eau distillée. A 1 c.c. du mélange, 
on ajoute 5 c.c. de solutions de chlorure de sodium de concentrations 
décroissantes. Voici les résultats après quatre jours : à 20 p. 100 de NaCI, pas 
de coagulation; à 10 p. 100, coagulation incomplète; à 5 p. 100, caillot non 
rétractile; à 2,5 p. 100, rétraction légère; à 1 p. 100, rétraction presque 
normale; à 5 p. 100, 4 p. 100, 0,5 p. 100, rétraction très forte, moindre 
cependant que dans l’eau distillée. 


Il résulte de ces expériences que, pour un même échantillon de sang à 
la même dilution, c’est-à-dire pour la même quantité de fibrinogène et de 
globulins, en faisant simplement varier la concentration saline, on peut 
obtenir l’incoagulabilité avec les concentrations élevées, la coagulation 
sans rétraction avec les doses moyennes, la coagulation avec rétraction 
de plus en plus marquée avec des concentrations salines plus faibles.Ces 
expériences expliquent pourquoi les caillots obtenus par coagulation de 
plasmas salés, magnésiens, sulfates, sodiques, sont irrétractiles et 
comment il est possible, par une dilution suffisante, d'obtenir la rétrac- 
tilité des caillots. Tenant compte de ces notions sur le rôle de la con- 
centration saline et de ces dilutions, je n’ai, pour ma part, obtenu 
aucune différence dans la rétractilité du caillot, suivant l’adjonction 
ou non de globulins. 

D'autres causes interviennent sans doute dans la rétraction du caillot, 
mais il n'en reste pas moins acquis qu'en se plaçant dans des condi- 
tions rigoureusement identiques, la rétractilité de la fibrine est fonc- 
tion de la concentration saline du milieu. D'autre part, entre l'incoagu- 
labilité complète et la coagulation avec rétraction, on observe tous les 
degrés, dont le stade intermédiaire est marqué par la coagulation avec 
absence de rétraction. /n vivo, chez les chiens soumis à des injections 
de peptone, suivant la dose, on observe ces mêmes degrés dans l’incoa- 
gulabilité sanguine (1). Les observations in vivo et in vitro s'accordent 


(4) E. Gley. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1896, p. 1075. 


SÉANCE DU 45 NOVEMBRE 387 


donc pour montrer que la rétraction du caillot n’est pas un phénomène à 
part, mais que, incoaqulabilité et irrétratililé sont bien des troubles du 
même ordre. 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA CYTOLOGIE DU LAIT DE FEMME, 
EN DEHORS DE LA PÉRIODE COLOSTRALE. 
ORIGINE ÉPITHÉLIALE DES CELLULES DU LAIT NORMAL, 


par MaRFAN, E. FEUILLIÉ et FR. SAINT-GIRONS. 


Contrairement aux cellules du colostrum, les cellules du lait defemme 
ont été fort peu étudiées jusqu'ici ; les quelques auteurs qui en ont fait 
mention se sont bornés à les considérer comme des leucocytes mono- 
nucléaires ou des leucocytes. Nous en avons repris l'étude, et nos 
recherches nous ont conduits à regarder comme dérivant de l’épithélium 
mammaire les cellules communes du lait de femme. 

Nous avons examiné un grand nombre de laits, provenant de nour- 
rices saines, en pleine lactalion, et dont le nourrisson ne présentait 
aucun trouble pouvant être imputé à l'alimentation. 


Le lait est centrifugé aussitôt après qu'il a été recueilli. Le culot minime 
ainsi obtenu est réparti sur des lames de verre. Les préparations sont colorées 
ensuite avec le liquide de Leishmann, le brillant-crésyl blau en coloration 
vitale, et enfin le bleu de méthylène suivant le procédé de Sabrazès (solution 
aqueuse à 1/500 employée sans fixation préalable, en déposant une goutte du 
colorant sur la préparation et en recouvrant d’une lamelle. 


Nous avons constaté ainsi, contrairement à d’autres auteurs, qu'il 
existe presque toujours dans le lait des éléments assez nombreux. 

Quelques-uns sont certainement des leucocytes (polynucléaires neutro- 
philes ou lymphocytes). Les polynucléaires neutrophiles se rencontrent 
dans la plupart des laits normaux, en petit nombre du reste (1 à 5 par 
lame). Il faut remarquer d’ailleurs que, fréquemment, leur noyau est 
assez altéré pour être difficilement reconnaissable. Ce sont alors les 
fines granulations neutrophiles, bien colorées, qui permettent d'iden- 
tifier l'élément d’une façon certaine. Quant aux lymphocytes, nous ne 
nions pas qu'on puisse en trouver dans le lait ; mais leur présence nous 
semble exceptionnelle, et presque toujours les cellules mononucléées du 
lait sont d'origine épithéliale. 

Les cellules communes du lait offrent des aspects variables, mais ces 
aspects se rapportent à une seule et même espèce d'éléments, car l'on 
voit toutes les formes de passage entre ces variétés et elles présentent 
des caractères communs qui permettront de les identifier. 


388 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÊRe 


On peut distinguer quatre variétés principales de ces cellules : 

1° Quelques-unes sont complètes, arrondies, volumineuses. Leur 
protoplasma est abondant, homogène, assez fortement basophile. Leur 
noyau est unique, parfaitement arrondi, souvent excentrique. D’autres 
èléments sont plus volumineux, ont un protoplasma identique, mais 
possèdent deux et même trois noyaux séparés : 

2% D’autres cellules, de volume variable, diffèrent des précédentes 
parce que leur protoplasma est déchiqueté et renferme des granulations 
graisseuses de diamètre très inégal : à 

3° Dans d’autres éléments, le protoplasma s'est en partie détachéetle 
noyau est entouré d’une couche mince, continue ou non, de cytoplasme 
irès déchiqueté, riche en granulations graisseuses ; 

4° Enfin on trouve des noyaux isolés, les uns à l’état de débris, les 
autres complets. Il est probable que ceux-ci ont dû être interprétés 
souvent comme des lymphocytes. : 

Si l’on étudie les-réactions colorantes du protoplasma, on voit qu’elles 
sont identiques dans ces quatre variétés de cellules ; on trouve aussi 
qu'elles sont les mêmes que celles des masses protoplasmiques dépour- 
vues de noyaux que l’on rencontre, à côté des cellules nucléées, dans le 
dépôt du lait centrifugé, ou que l’on voit accolées aux globules gras, 
dans le lait non centrifugé (corps en croissant, en anneau, en boule). 
Or, l’origine épithéliale de ces masses protoplasmiques n'est pas contes- 
table et n’a jamais été contestée. 

Lorsque la préparation est colorée avec le brillant crésyl-blau, le 
protoplasma des cellules du lait comme celui des masses dépourvues de 
noyaux, n’est pas homogène : il a un aspect grenu, granité, très parti- 
culier, et qu'on ne retrouve pas dans les leucocvtes 


L'étude du noyau des cellules du lait nous a révélé une particularité inté- 
ressante : nous y avons décelé, en effet, la présence d'un nucléole typique, 
assez volumineux, régulièrement arrondi, unique ou double, souvent excen- 
trique. Ces nucléoles apparaissent en bleu clair, sur les préparations colorées 
au Leishmann ; mais cette technique ne ïies met pas en valeur d’une façon 
aisée et constante, et nous préférons de beaucoup le brillant crésyl-blau en 
coloration vitale ; ou sur lames sèches non fixées, le bleu de méthylène 
au 1/500, qui les colore électivement, et très facilement. La présence de 
ces nucléoles est en faveur de l’origine épithéliale des cellules du lait; car 
si l’on admet que, dans certaines conditions, un nucléole puisse être décelé 
dans le noyau des ieucocytes mononucléaires, on ne trouve jamais dans ceux- 
ci l'aspect typique donné par le noyau nucléolé de la cellule épithéliale : 
jamais le noyau du leucocyte ne reproduit l'aspect parfaitement arrondi du 
noyau de la cellule épithéliaie, avec son réseau de nucléine fin et lâche etses 
nucléoles. De plus, ayant pu faire des coupes d’une mamelle de chatte en 
lactation, nous avons constaté dans les cellules de l’épithélium glandulaire w 
l'existence d’un nucléole identique à celui que nous avons décelé dans le lait 
de femme. 


SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 38 


de 


Trois faits plaident donc en faveur de l’origine épithéliale des cellules 
du lait : 

1° La présence de nombreux stades intermédiaires entre les cellules 
entières de la première variété, les noyaux isolés du quatrième groupe, 
et les masses protoplasmiques dépourvues de noyau ; 

2° L'aspect très parliculier du protoplasma, quand on le colore au 
brillant crésyl-blau, très différent de celui des leucocytes, identique 
dans les diverses variétés de cellules du lait, et dans les fragments 

_protoplasmiques dont nul ne conteste l'origine épithéliale ; 
3° L'existence d'un nucléole constant et facile à déceler. 


SUR LES SPIROCHÈTES DE L'INTESTIN DES OISEAUX, 


par C. LEBAILLY. 


Nous avons déjà signalé l'existence dans le rectum des poissons (1) 
de spirochètes très abondantes. Des parasites analogues, localisés éga- 
lement à la dernière portion du tube digestif, et non encore étudiés à 
ma connaissance, existent chez les Oiseaux suivants : le Pluvier à 
collier, Charadrius hiaticula (L.), le Vanneau suisse, Squatarola squata- 
rola (L.), le Bécasseau variable, rolia alpina (L.), le Sanderling des 
sables, Calidris leucophæa(Pall.), la Mouette rieuse, Larus ridibundus(L.), 
l'Étourneau commun, Sturnus vulgaris(L.), la Sarcelle d'été, Querquedula 
querqueduia (L.), le Corbeau corneille, Corvus corone (L.), le Corbeau 
choucas, Colœus monedula (L.), la Perdrix grise, Perdix perdix (L.), la 
Poule, Gallus. Ils se trouvent dans des conditions analogues à celles qui 
sont réalisées chez les poissons, et la présence de cæcums leur fournit 
encore un habitat particulièrement avantageux. C’est là, en effet, qu'on 
les rencontre le plus souvent, et avec le minimum d'associations micro- 
biennes. Ces spirochètes, comme celles des poissons, sont libres dans 
l'intestin et remplissent souvent la lumière des glandes en tube; on les 
trouve aussi fixées aux cellules et intracellulaires. Il est très possible 
qu’elles puissent passer dans la lymphe et dans le sang de l'animal 
vivant, car certaines d'entre elles, examinées à ce point de vue, se sont 
conservées et divisées in vitro dans le sang de leur hôte. Ces spirochètes 
appartiennent à deux types morphologiquement bien distincts, l’un à 
spires lâches, l’autre à spires serrées. 

I. — Spirochètes à spires lâches, du type 7reponema gadi Neumann. 

On les rencontre chez tous les Oiseaux énumérés, excepté la Mouette 


(1) O. Dubosegq et C. Lebailly. Les Spirochètes des Poissons de mer. Archives 
de Zoologie expérimentale, 5° série, t. X et t. LIL. 


390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


rieuse, et la description que nous avons donnée du tréponème de la 
Gode leur est à peu de chose près applicable. Il est probable qu’elles 
appartiennent à un grand nombre d'espèces, très difficiles à caracté- 
riser, nous en distinguerons trois : ) 

Treponema querquedulæ n. sp. Longueur 4 à 11 x, épaisseur 0,20 
à 0,80 , extrémités amincies mais mousses, l’une d'elles étant souvent 
plus effilée que l’autre. Forme le plus souvent en S ou à deux spires, 
parfois trois, mais pas davantage, ces formes correspondant le plus sou- 
vent à un processus de division. Celle-ci est transversale et inégale, lun 
des tréponèmes mesure 2 à 4 & de plus que l’autre. On rencontre le 
Treponema querquedulæ chez la Sarcelle, la Corneille, l'Étourneau, le 
Sanderling, le Bécasseau, le Pluvier à collier. 

Treponema gallicolum n. sp. Longueur 7,5 à 114, épaisseur 0,25 à 
0,55 L.. Forme régulièrement spiralée comprenant deux spires et demie 
à trois spires. [l existe en outre de très petits tréponèmes longs de 4 u, 
épais de 0,15 u, à extrémités effilées, formant des boucles ou des 
anneaux. Nous les rattacherons provisoirement à la même espèce. 

Treponema squatarolæ n. sp. Le tréponème du Vanneau suisse se 
distingue nettement des autres par ses dimensions plus grandes. Il 
mesure 10 à 20 y de long, 0,33 à 0,46 y d'épaisseur. Les formes les plus 
fréquentes ont une spire et demie ou deux spires et demie. Les plus 
grandes, celles de quatre spires, sont en voie de division transversale et 
inégale. 

Il. — Spirochètes à spires serrées peu déformables, du type Trepo- 
nema pallidum Schaudinn. 

Treponema lari n. sp. Ce tréponème se rencontre chez tous les oiseaux 
énumérés au début de cette note, excepté chez le Vanneau, le Pluvier et 
l'Étourneau. Il se trouve surtout en abondance et presque à l'état pur 
dans les cæcums intestinaux de la Mouette rieuse. Il mesure 1,8 à 5 
de long sur 0,30 &. d'épaisseur, il est relativement trapu. Il possède trois 
à six spires régulières et serrées, plus épaisses au centre qu'aux extré- 
mités. Son allure est caractéristique : à une phase de repos succèdent 
des séries de déplacements en avant, en arrière, exécutés avec la rapidité 
d’une flèche ; le départ et l'arrêt sont extrêmement brusques. Au repos, 
il est difficile de le distinguer au milieu des cellules et du mucus:; 
lorsqu'il est en mouvement, il évolue avec beaucoup d’aisance parmi les 
obstacles du frottis. On le trouve dans la lumière du rectum ou dans 
les glandes en tube des cæcums. Mais il pénètre dans l'intérieur des 
cellules, où l’on peut déceler sa présence par l’imprégnation au nitrate 
d'argent. Suivant les Oiseaux, il y a des différences de taille entre 
ces parasites ; ceux du Bécasseau variable semblent plus volumineux ; 
ceux de la Corneille. du Choucas, de la Perdrix et de la Poule paraissent 
plus petits. Signalons enfin la présence d’un tréponème analogue, mais 
peu abondant dans le rectum de plusieurs mammifères : Rat, Souris, 


SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 391 


Lapin, Hérisson, Cobaye (distinct de celui qui a été observé dans le 
sang de ce dernier animal par de Gaspari) et que nous rattacherons à la 
même espèce. 

Tous ces tréponèmes habitent l'intestin en compagnie de nombreuses 
bactéries, parmi lesquelles on retrouve constamment un gros spirille et 
ün bacille légèrement fusiforme, présentant le plus souvent deux grosses 
inclusions fortement colorables et faisant hernie sous la membrane. 


(Laboratoire de zoologie de Caen et de Luc-sur-Mer.) 


L’AZOTE COLLOÏDAL URINAIRE. SON ORIGINE ET SA SIGNIFICATION CLINIQUE, 


par MarcEL LAaBBé et DAUPHIN. 


Divers auteurs ayant montré l'intérêt de la recherche de l’azote col- 
loïdal indialysable dans les urines, nous nous sommes attachés à 
étudier par le procédé de Salkowski et Kojo l’excrétion d’azote colloïdal 
chez les sujets sains et dans divers cas pathologiques. 

Chez les sujets sains, à divers régimes, l’azote colloïdal a varié de 

AND à 
0,031 à 0,201 par vingt-quatre heures. Le rapport y de l'azote colloïdal 
à l’azote total a varié de 0,25 p. 100 à 1,45 p. 100. L’excrétion varie chez 
le même sujet avec le régime alimentaire. C’est avec le régime lacté 
qu'elle est la plus faible ; c’est avec le régime carné qu’elle est la plus 
forte. 


N 
Chez les sujets atteints de cancer du tube digestif, le rapport Kg 


a varié de 0,80 à 6,6 p. 100; le chiffre le plus élevé a été trouvé dans un 
cancer du foie. Dans les cancers extra-digestifs, le rapport a varié de 
1,50 à 1,64 p. 100. En somme, l'azote colloïdal est en général augmenté 
dans les urines des cancéreux, mais il ne nous semble pas qu’on puisse 
en faire un signe diagnostic du cancer, comine certains auteurs l’avaient 
soutenu; nous avons trouvé en effet des chiffres aussi élevés dans des 
affections non cancéreuses. 

Au cours des affections hépatiques, dans les cirrhoses, le coefficient a 
varié de 1,49 à 5,5 p. 100. C’est aussi ce qu'avait trouvé Mancini et ce 
qui avait induit cet auteur à faire de l'augmentation de l'azote colloïdal 
urinaire un signe d'insuffisance hépatique. 

Au cours des affections gastriques (atonie, hypochlorhydrie), nous 
avons trouvé une augmentation de l'azote colloïdal (2,5 et 3,2 p. 100), 
ce qui semble indiquer que le trouble digestif gastrique influe sur le 


. métabolisme ultérieur des albuminoïdes. 


392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 
NA LE EE ME PS SEE ss 

Chez les cardiaques asystoliques, avec gros foie, nous avons trouvé 
des chiffres de 4 à 4,7 p. 100; ici encore le foie nous semble jouer un 
rôle ; dans les affections cardiaques compensées, divers auteurs ont en 
effet trouvé une excrétion normale d’azote colloïdal. 

Chez les tuberculeux pulmonaires, l’excrétion d'azote colloïdal est 
généralement faibie. 

Dans la leucémie nous avons trouvé une excrétion normale 
(1,27 p. 100). Par contre, au cours d’une splénomégalie avec lésions 
hépatiques, le rapport de était élevé (2,75 p. 100:. 

Au cours des diverses maladies aiguës nous avons trouvé l'azote col- 
loïdal augmenté. Ainsi, au cours de la fièvre typhoïde, le chiffre trouvé 
a Loujours dépassé la moyenne normale. C’est en particulier pendant la 
période d'état, dans les cas graves compliqués d'insuffisance hépatique, 
où le rapport _ s'est élevé à 2,75 p. 100; d'autre part, au début de la 
convalescence, au moment de la crise polyurique qui entraine tous les 
déchets organiques retenus pendant la maladie, il peut s'élever à 
4,10 p. 100. 

Au cours du rhumatisme articulaire aigu, il était compris entre 1,7 et 
3,8 p. 100. Dans la pneumonie, on le trouve élevé au cours de la crise 
polyurique de convalescence, pour la même raison que dans la fièvre 
typhoïde. 

Dans le diabète sans dénutrition, le rapport reste faible entre 0,8 et 
2,24 p. 100. C'est dans le diabète avec dénutrition et acidose que nous 
avons trouvé les rapports les plus élevés; ils ont varié entre 3,25 et 
7 p. 100. Or, dans cette maladie, l'augmentation d'azote colloïdal 
coïncide avec l'augmentation de l’indialysable urinaire trouvé dans le. 
diabète maigre par H. Labbé et Vitry, et qui probablement est formé 
en majeure partie d'azote colloïdal. En ôutre, on retrouve dans cette 
même maladie d’autres troubles du métabolisme azoté, l'amino-acidurie, 
l’'amminurie, l’abaissement du coefficient azoturique. 


En résumé, l'augmentation de l'azote colloïdal urinaire est l'indice 
d’un trouble du métabolisme azoté, au même titre que l’hyperamino- 
acidurie, l'hyperammoniurie et l’imperfection uréogénique. Elle peut 
servir à déceler l'insuffisance fonctionnelle du foie, mais elle ne parait 
pas pouvoir servir au diagnostic du cancer. 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1998 


ACTION D'UN LIPOÏDE (VDC) EXTRAIT DE L'OVAIRE, SUR L'ORGANISME, 


par H. Iscovesco. 
} 


J'ai indiqué dans une note précédente (1) la technique qui m'a permis 
de séparer dans l'ovaire un certain nombre de groupes de lipoïdes 
_ dont le plus important est le cinquième; ear il contient un lipoïde 
qui, ainsi que je l'ai signalé (2), injecté à des lapins pendant trois mois, 
tous les jours à la dose de 1 centigramme par kilo, exerce une action 
stimulante des plus nettes sur l’appareil utéro-ovarien, caractérisée 
par une hypertrophie importante de ces organes, constatable à 
l’autopsie. 

Ce lipoïde est le même, quel que soit l'animal dont il provienne. On le 
retrouve identique dans les ovaires de vache, de jument, de truie, etc. 

Pour obtenir des résultats très nets, il faut que les femelles traitées, 
ainsi que les témoins, soient vierges, qu'elles soient âgées de trois mois 
environ. Des portées antérieures modifient tellement les dimensions des 
organes génitaux qu'il est impossible de faire des comparaisons 
valables. 

J'ai traité dans ces conditions à nouveau 7 lapines, en gardant 
5 témoins. Tous ces animaux étaient de même âge et-à 50 grammes près 
de même poids. 

Les animaux soignés ont reçu tous les deux jours dans la nuque en 
injection hypodermique une solution huileuse contenant À centi- 
gramme par kilo d'animal, du lipoïde VDe. Le tableau suivant exprime 
les poids des organes trouvés à l’autopsie en grammes par kilo d’animäl. 

L'expérience a duré trois mois. 


POIDS MOY. | CAPSULES | CŒUR FOIE | OVAIRES | RATE REINS | vrone 


Témoins: =. .::| 2710 |-0,136| 2,6! ,09 | 0,48 


Animaux traités .| 2750 | 0,132] 2,1: 4 0,212! 0,53 


On voit à la lecture de ce tableau que l’action du lipoïde ovarien VDe 
est limitée presque exclusivement à l'ovaire, l'utérus et la thyroïde. 
L'action du lipoïde est nulle ou insignifiante sur les capsules surrénales, 
le cœur, le foie, la rate et les reins. 

Les animaux traités ont 21 centigrammes d’ovaires par kilo alors que 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1912, IE, p. 16. 
(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1912, EF, p. 124. 


394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


les témoins n'ont que 9 et 2 gr. 12 d'utérus, alors que les témoins 
n'ont que 50 centigrammes d’utérus par kilo. En dehors de cette action 
il y à aussi un retentissement sur l'appareil thyroïdien : 12 centi- 
grammes au lieu de 7. 


J'ai étudié aussi l’action du lipoiïde VDc de l'ovaire sur la croissance. 
Je me suis servi à cet effet d’un groupe de lapines âgées de deux mois 
(7 sujets en expérience et 4 témoins). Les animaux ont recu À centi- 
gramme de lipoïde dans la nuque tous les deux jours. L'expérience a 
duré 60 jours. La croissance a été régularisée chez les animaux traités 
exactement comme pour les animaux soignés au lipoïde thyroïdien (4); 
de plus, la croissance a élé accélérée. En effet, alors que les témoins n’ont 
gagné en 60 jours que 57 p. 100 de leur poids primitif, les animaux 
soignés ont gagné 91 p. 100, 


En résumé donc: 


1° Il existe dans l'ovaire un lipoïde (VDc), toujours le même quel que 
soit l'animal dont il provienne, qui a la propriété d’exciter les ovaires 
et surtout l’utérus et de provoquer à la longue leur hypertrophie ; 

2° Ce lipoïde excite aussi la thyroïde; 

3° Il régularise et accélère la croissance chez les individus jeunes. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 


QUATRIÈME NOTE SUR LA LEUCOCYTOLYSE DIGESTIVE. 


MOMENT D'APPARITION DE LA LEUCOCYTOSE DIGESTIVE CHEZ LE CHIEN 
SUIVANT LES ALIMENTS ET DANS LES REPAS RÉPÉTÉS. 


Note de G.-A. KROLUNITSKY, présentée par M. GaRNIER. 


On peut vérifier l'exactitude de l'interprétation du mécanisme de la 
leucocytose digestive que nous avons donnée dans deux précédentes 
notes, par un procédé direct. En effet, s'il est vrai que la leucocytose 
dite digestive est due à l'excitation du foie par les produits absorbés au 
cours de la digestion et à la sécrétion consécutive d’antileucocytolysine, 
qui neutralisera dans le plasma la leucocytolysine, sécrétée par la rate, 
la lenucocytose devra apparaître soit plus tôt, soit plus tard, suivant que 
l'aliment est plus ou moins facilement attaquable par les sucs digestifs 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, IT, séance du 8 novembre. 


< SÉANCE DU Â15 NOVEMBRE 


395 


et de ce fait plus ou moins 
rapidementabsorbable. Les 
expériences que nous rap- 
portonsici confirment plei- 
nement notre manière de 
voir. 

Au chien, qui nous à 
servi pour la plupart de nos 
expériences précédemment 
rapportées, nous donnons 
tantôt de la viande crueen 
gros morceaux, tantôt de la 
viande hachée ou cuite, 
tantôt du bouillon de 
viande, tantôt enfin du lait. 
À priori, nous devrions 
admettre, si notre manière 
de voir était juste, que 
l'absorption ou — ce quiest 
pour nous la même chose 
— la leucocytose aurait 
lieu rapidement après le 
repas du bouillon, du lait, 
puis après celui de viande 
hachée et de viande crue, 
et la leucocytose devait être 
la plus tardive avec la 
viande cuite. Le tableau 
nous montre qu'en réalité 
l’ordre de l’apparition de la 
leucocytose digestive est le 
suivant : À h. 30 minutes 
après le repas de bouillon; 
2 heures après le repas de 
viande hachée ; entre 2 et 
3 heures après le repas de 
lait; 4 heures après le re- 
pas de viande crue en gros 
morceaux, et 4 h. 30 mi- 
nutes après le repas de 
viande cuite. Ainsi la dif- 
férence de l’état physico- 
chimique des alimenis en- 
traine fatalement une difré- 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913, T. LXXV. 


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Etude leucocytolytique des sérums de chien. 


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396 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE \ À 


rence dans le moment d'apparition de la leucocytose. Cette dernière 
dévrait être appelée la leucocytose d'absorption, tandis que c'est 
l'hypoleucocytose seule qui devra être dénommée digestive. Ayant 
constaté que dans le repas de viande crue la leucocytose a lieu 4 heures 
après le repas, nous avons voulu vérifier encore une fois notre affirma- 
tion, à savoir, qu'au moment d'apparition de la. leucocytose a lieu une 
lutte véritable des deux sécrétions opposées et l'hypothèse qu'il existe 
des relations fonctionnelles entre la rate et la moelle osseuse. 

Dans trois expériences, nous avons procédé ainsi qu’il suit : le matin, 
nous donnons au chien un repas de viande; 4 heures après que l’absorp- 
tion des aliments digérés commence à se produire, nous donnons un 
second repas de viande crue et nous suivons, cette fois-ci, la courbe 
leucocÿtaire et examinons les propriétés leucocytolytiques du sérum. 
Comme dans les expériences avec injection intrarectale, nous n’obser- 
vons pas ici de leucocytolysine dans le sérum, malgré le repas; mais. 
toujours, comme dans ces expériences, nous observons des bonds, des 
sauts véritables de la courbe leucocytaire. La courbe leucocytaire est 
inverse, dans ces trois expériences, de celle observée au cours du 
premier repas. Quelle est donc la différence, dans les conditions maté- 
rielles, de ces deux sortes d'expériences? Cette différence consiste 
uniquement en ce qu'avant le premier repas l'animal était à jeun, ses 
glandes — Île foie et la rate — étaient au repos, tandis qu'avant le 
second repas ces glandes sont en activité toutes les deux. L’antileuco- 
cytolisine du foie excité par les produits absorbés du premier repas 
neutralise la leucocytolysine de la rate, dont la fonction sécrétoire est 
fouettée par le second repas. En supprimant ainsi la leucocytolysine et 
son effet extérieur, l'hypoleucocytose, cette neutralisation nous relève 
la suractivité de la moelle osseuse pendant la sécrétion leucocyto- 
lytique. Mais dans notre vie, comme dans celle des animaux, les condi- 
tions des repas repétés se présentent à chaque instant. 

Si l'organisme ne souffre pas de cette absence de leucocytolyse 
pendant le deuxième, troisième, etc., repas, c'est que la phase chimique 
de la sécrétion gastrique du précédent repas lui assure largement la 
continuité de la sécrétion. Zl nous semble donc fort probable d'admettre 
que l'organisme n'a besoin de la leucocytolyse que pendant la première 
phase de la digestion du premier repas pendant sa phase psychique. 


(Laboratoire de pathologie expérimentale et comparée.) 


… 


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SÉANCE DU Â5 NOVEMBRE 307 


INFLUENCE DE LA MASSE HIBERNALE SUR DIVERSES INTOXICATIONS 
(ADRÉNALINE — CHLOROFORME — TOXINE TÉTANIQUE, 


par HENRI VIGNES. 


J'ai recherché sur le rat et la souris si l'hibernectomie a une influence 
sur la résistance aux intoxications ou si l'action d'une substance toxique 
est modifiée par des extraits de masse. Je rapporte ici les plus typiques 
de ces expériences. 

Adrénaline. — Un rat hibernectomisé depuis vingt jours et un témoin 
recoivent 0 milligr. 6 d'adrénaline en injection sous-cutanée ; le témoin 


-est trouvé mort le lendemain, l’opéré survit. Le lendemain, on injecte à 


ce survivant et à un témoin 0 milligr. 25 d'adrénaline. Le témoin meurt 
vingt minutes après et l’opéré survit pendant dix jours. Il semble donc 
que l’hibernectomie augmente la résistance du rat à l’intoxication par 
l’adrénaline. Ce fait est d'autant plus intéressant que l'hibernectomie 
est d’un pronostic à peu près fatal, ainsi que je l’ai démontré dans une 
note précédente. 

Chloroforme. — Un rat opéré et un témoin sont mis sous un cristal- 
lisoir avec du chloroforme dans une boîte de Pétri. Au bout de 
8 minutes, on enlève le cristallisoir. Au bout de 11 minutes. le témoin 
se relève et se met à marcher de suite. L’opéré se relève pour la pre- 
mière fois au bout de 15 minutes et ne marche pas encore au bout de 
20 minutes. L'hibernectomie semble donc avoir diminué sa résistance 
au chloroforme. PE 

Toxine tétanique. — Le 19 février 1913, j'injecte à trois souris À e.c. 
de toxine tétanique diluée à 1/1.500, 1/750 et 1/500, et à trois autres les 


mêmes doses, auxquelles j'ajoute 1/2 c.c. d’un extrait de masse 


hibernale de rat blanc (préparé en triturant 1 gr. 25 de masse dans 
3 c.c. d'eau physiologique). L'injection est faite avec une pipette. Le 


: 


91 février, les deux souris qui ont recu les solutions à 1/500 meurent; 


le 29, les souris qui ont recu la toxine à 1/750 et 1/1.500 additionnée 
d'extrait, meurent. Le 8 mars, les deux souris qui ont recu la toxine à 
1/750 et 1/1.500 sans extrait vivent encore. J'ai eu des résultats compa- 
rables avec onze autres souris, chez lesquelles j'ai ajouté à la toxine 
des lipoïdes extraits de la masse hibernale du hérisson au moyen de 


… l’éther monochlorhydrique de la glycérine. Ceslipoïdes étaient en émul- 
- sion à des doses variables, mais non toxiques, ainsi que je men suis 
assuré. Ces onze souris sont mortes plus vite que les onze témoins qui 


avaient recu seulement de la toxine, ou bien elles sont mortes alors que 
celles-ci survivaient, ou bien s’il s'agissait de doses non mortelles, elles 
ont présenté des accidents tétaniques bien plus accentués. La masse 


. renforce donc l'action de la toxine tétanique. 


398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - 


Autres substances toxiques. — Les expériences avec la morphine (sept 
souris opérées et-huit témoins) n’ont donné aucun résultat net. Il en a 
été de même pour les expériences avec la strychnine (deux rats et 
quatre souris opérés avec autant de témoins). 

Le venin de cobra semble tuer un peu moins vite les opérés (cinq rats 
et deux souris) que les témoins, du moins quand il s'agit d'une pre- 
mière injection. Enfin, le rat, qui est naturellement HHRUENE à l'atro- 
pine, l'est encore après l'hibernectomie. 

En résumé, la masse hibernale intervient vis-à-vis des substances 
toxiques tantôt comme empêchant, tantôtcomme activant. Je montrerai 
dans une note ultérieure qu’il en est de même pour les IST ÈSIE de 


l’organisme. 


(Travail du laboratoire du D' Salimbeni, 
à l'Institut Pasteur.) 


L'AZOTE TITRABLE AU FORMOL DANS LE SÉRUM SANGUIN ET SES VARIATIONS, 


par MARCEL LaBBÉ et HENRY BiTu. 


Nous avons recherché si le dosage des acides aminés pouvait être 
pratiqué dans le sérum sanguin et si l'on pouvait en tirer des rensei- 
gnements aussi intéressants pour la clinique que du dosage des acides 
aminés urinaires. 


Nous nous sommes servis, pour ces dosages, de la méthode de Bournigault, 
que nous avons décrite antérieurement : après précipitation des sels ammo- 
niacaux à l'état de phosphate ammoniaco-magnésien, on pratique après 
neutralisation le dosage de l'acidité mise en liberté par addition de formol et 
correspondant aux acides aminés. 


Si l'on pratique cette recherche sur le sérum sanguin complet non 
désalbuminé, on obtient toujours un résultat positif que l’on trouve 
compris, pour les sérums normaux, par litre entre 0,20 et 0,40 centi- 
grammes, évalués en azote; H. Labbé a trouvé des chiffres comparables. 

Mais si l'on désalbumine le sérum sanguin et qu’on fasse un litrage 
au formol sur le filtrat, le dosage est négatif ou ne donne que des 
chiffres insignifiants (quelques milligrammes). C'est ce qu'ont constalé 
aussi H. Labbé et R. Debré. On obtient avec toutes les méthodes de 
désalbumination le même résultat : nous nous sommes servis successi- 
vement de la chaleur après légère acidification, du métaphosphate de 
soude, de l'acide trichloracétique, de l’acool, de l’alcool-éther, de l’acide 


phosphotungstique. 
Or, si l'on expérimente avec des acides aminés purs solubilisés 


SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 399 


(glycocolle, alanine), on roit qu'ils ne sont nullement précipités par les 
desalbuminants et qu’on les retrouve entièrement dans le filtrat. 

Il ne semble donc pas y avoir d'acides aminés libres dans le sérum 
sanguin. Pourtant de nombreux auteurs en ont irouvé : Delaunay (1), 
Hohlwey et Meyer (2), Van Slycke et Meyer (3). 

Au contraire, Lutscher et Seeman (4) n’en trouvent pas. H. Labbé et 
Debré (5), qui ont fait des recherches très complètes sur la formol- 
titration dans le sérum, obtiennent des résultats identiques à ceux que 
nous avons rapportés, et ils pensent que la formol-titration positive 
dans le sérum avant désalbumination est due aux protéines dissoutes 
dans le sérum, car, comme l'ont montré Obermeyer et Wilhem (6), les 
substances albuminoïdes en solution sont titrables par le formol, grâce 
à leur molécule aminée libre. 

On peut se demander si la désalbumination, en précipitant les albu- 
mines, n’entraine pas, dans le précipité des acides aminés libres. Alors 
que H. Labbé et Debré, d’après leurs recherches, pensent que le précipilé 
albuminique n’est pas susceptible d’adsorber les molécules aminées en 
quantité notable (10 à 14 p. 100 tout au plus), nous avons observé au 
contraire plusieurs fois un entrainement notable d'acides aminés par la 
formation du précipité, de 20 à 25 °/,. 

Aussi pensons-nous que, lorsque les acides aminés sont en petite 
quantité comme dans le sérum sanguin, ils sont entraînés par les désal- 
buminants. La recherche des acides aminés dans le sérum désalbuminé 
est donc dépourvue d'intérêt. 

Quant au dosage de l'azote titrable au formol dans le sérum non 
désalbuminé, il nous fait connaître d’une part peut-être une petite 
quantité d'azote aminé libre, d’autre part les molécules aminées des 
protéines solubles. (Il est possible d’ailleurs que le métabolisme aminé 
dans l’économie se fasse par l'intermédiaire des protéines.) 

Nous avons recherché les variations pathologiques de cet azote 
titrable au formol. Alors que, comme nous l'avons dit, on trouve dans 
le sérum normal de 0,10 à 0,40 centigrammes d'azote (formol) par litre, 
dans toutes les affections où le métabolisme des albuminoïdes est troublé, 
ce chiffre s'élève ; c'est ainsi que dans les maladies où le foie est malade 
(ictère chronique, ictère grave, cancer du foie, fièvre typhoïde avec 
insuffisance hépatique), on trouve de 0,45 à 0,70 centigrammes, alors 


‘ 


(1) Thèse de Bordeaux, 1910. Comptes rendus de la Soc. de Biologre, 
18 avril, 1913, p. 367. 
2) Beitr. zur Chem. Physiol. und Path., XI, 381, 1908. 
) Journ. of Biol. Chem. XI, p. 399. 
) Zeitsch. f. physiol. Chem. XXXIV, p. 528, 1902. 
) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 31 janvier, 1#février, 21 mars 1913. 
) 


400 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


que dans les icitères catarrhaux nous avons trouvé un chiffre normal. 
Dans le diabète avec acidose, pour les mêmes raisons, grosse augmen- 
talion : O gr. 90; À gr. 05. 

Ces élévalions de l'azote titrable au formol dans le sérum corres- 
pondent à des affections où l’amino-acidurie est la règle. 

Par contre, nous avons observé une augmentation notable de l’azote 
(formol) dans l’urémie (0,50; 0,55) alors que les amino-acides urinaires 
sont en faiblè quantité; il semble que cet azote (formol) soit LOREDSS : 
de la rétention des produits azotés dans le sang. 

Au cours de la pneurnonie, du collapsus cardiaque, de la fièvre 
iyphoïde, de l'hémorragie cérébrale, de la congestion pulmonaire, du 
rhumatisme articulaire aigu, et dans les néphrites chroniques ‘ avec 
légère ou sans azotémie, les chiffres d'azote (formol) sont normaux. 

L'azote (formol) du sérum a un rapport assez variable avec l'azote 
iotal du sérum non désalbuminé, dont le taux est de 8 à 12 grammes. Le 
rapport varie de 0,5 à 4 p. 100. Dans les insuffisances hépatiques, dans 
le diabète avec acidose, dans l’urémie, ce rapport s'élève et peut monter 
jusqu’à 8 p. 100. 

En somme, bien que dans cette recherche nous ne connaissions pas 
exactement la nature des produits dosés, les résultats que peut en tirer 
la clinique pour le diagnostic et le pronostic de l’état du foie, du rein 
et de la nutrition, sont intéressants. 


ERRATUM 


NoïTE DE H. VIGxeEs. 


T, LXXV, p. 360, lire dans le titre, et dans tout le cours de l’article : hibernale, 
au lieu de : hibernante. 


SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1913 


SOMMAIRE 


CHAINE (J.) : Observations sur le MeuDleSRÉerMILIÉS er ms 00e 401 
danger du transport des bois et 


Présidence de M. Buard. 


OBSERVATIONS SUR LE DANGER DU TRANSPORT DES BOIS ET MEUBLES TERMITÉS, 


par J. CHAINE. 


Dans un travail récemment communiqué à l'Académie des Sciences (4), 
j'aimontré queles nouvelles colonies de Termites pouvaient se constiluer 
de deux facons, par essaimage et par bouturage, c’est-à-dire par le trans- 
port en un endroit sain de matériaux déjà envahis par ces êtres. Dans 
ma note à l'Académie, limité par la place, je n’ai pas pu donner à l'étude 
de ce dernier mode de propagation tout le développement qu’il néces- 
sitait, aussi fournirai-je ici quelques renseignements complémentaires. 

Certains propriétaires, lorsqu'ils fontconstruire, ousimplementréparer 
une maison, ou mieux encore un chai ou un hangar, au lieu d'employer 
des bois neufs, utilisent des matériaux de démolition qu'ils achètent 
dans un but d'économie. Si ces bois sont termités, on transporte avec 
eux les Termites qu'ils contiennent, et ceux-ci, dans le nouveau local où 
_on les place, deviennent le point de départ d’une colonie par l'entrée en 
action de sexués de remplacement. 

Je pourrais citer plusieurs cas de formation de colonie par ce processus, 
mais je me bornerai au suivant, qui me parait suffisamment démons- 
tratif. Dans une petite commune du département de la Charente-[nfé- 


(4), 3. Chaine. Les {lots de termites. C. R. Acad. Sciences, 20 oct. 1913. 


A02 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


rieure, on construisit dans une maison jusque-là indemne un plancher 
avec des bois de démolition provenant de La Rochelle. Quelque temps 
après, on s'aperçut que les planches étaient minées par les Termites; on 
intervint aussitôt avec énergie. Les bois furent immédiatement brûlés 
et le sol de la pièce rigoureusement désinfecté. Depuis lors, il y a de 
cela treize ans, les Termites ne furent plus signalés dans ce local. 

Cet exemple montre non seulement que le bouturage est possible, 
mais aussi que, comme je le disais dans ma note à l'Académie, lorsqu'une 
telle invasion est prise à temps et sérieusement combattue, «elle cède 
le plus souvent sans aucun autre dommage pour le reste de l'immeuble». 
Il n’en est malheureusement pas toujours ainsi. Sirien, en effet, ne vient 
inquiéter la nouvelle colonie et si elle peut prospérer en paix, elle s'étend 
peu à peu, en même temps qu’en des points voisins se créent de nou- 
velles taches par essaimage dont les premiers venus sont l’origine et 
qui augmentent d'autant l'étendue de la partie envahie. C'est ce qui s’est 
produit pour un faubourg de La Rochelle, qui, autrefois, n'avait pas de 
Termites, comme d’ailleurs n’en ont pas encore aujourd'hui les 
communes qui l'avoisinent. Il y a quelques années, on y construisit et 
répara un certain nombre d'immeubles très souvent en se servant de 
matériaux de démolition de maisons rochelaises. La conséquence de 
cette manière de faire est qu'actuellement le faubourg est termité. 

Les bois de démolition ne sont pas toujours employés à de nouvelles 
constructions ; lorsqu'ils sont par trop mauvais, on les destine au chauf- 
fage. Ces derniers ne sont pas moins dangereux que ceux employés à la 
réfection des boiseries et une invasion par leur intermédiaire est tou- 
- jours à redouter. Un seul exemple suffira amplement à démontrer le fait. 

Dans une commune voisine de La Rochelle, un propriétaire fit démolir 
de vieilles servitudes consistant en écurie, remise et hangar, celles-ci 
menaçant ruine sous l'attaque des Termites. Il fit débiter les bois pro- 
venant de cette démolition et, les réservant pour le chauffage, il les fit 
placer en tas dans la cour même de son immeuble, contre son habitation; 
il l’entrait ensuite dans sa demeure, au fur et à mesure des besoins. 
Jusqu'à cette époque, on n'avait jamais vu de Termites dans la maison, 
depuis ce moment elle est envahie en diverses de ses parties. Si, dans ce 
cas, l'envahissement a pu se produire dans de telles conditions, il est 
facile de comprendre que lorsqu'on entre directement les bois dans les 
caves, greniers ou chais, comme c’est la coutume la plus fréquente, la 
contamination n’en est que plus sûre et plus rapide. | 

Il me reste enfin à indiquer la contagion par le transport de meubles. 

Tout comme les planches, les poutres et autres boiseries d’une maison, 
les meubles peuvent être envahis par les Termites ; ceux-ci pénètrent, 
presque loujours, par les pieds reposant sur le parquet, d'une façon insi- 
dieuse, sans laisser de traces extérieures, de sorte qu’à moins d'examens 
minutieux et répélés l'invasion passe le plus souvent inapercue. Lorsque 


SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 403 


les Termites sont dans la place, ils progressent comme ils le font dans 
une pièce de bois quelconque, et, si l’on transporte un tel meuble dans 
un local sain, il peut y devenir le point de départ d’une colonisation 
par bouturage, de la même façon que peut le devenir une poutre, une 
porte ou une planche également envahie. Je citerai trois exemples. 

Le curé d’une paroisse de la Charente-Inférieure avait acheté à La 
Rochelle une armoire d'occasion. Au bout de quelque temps, il s’aperçut 
que uon seulement son armoire était envahie par les Termites, mais aussi 
que le parqaet de la pièce commençait à l'être. 

Une autre personne avait acquis un bahut dans une localité infestée 
par les Termiltes ; elle le porta dans un chalet qu'elle possède dans une 
station balnéaire des bords de la Gironde. Le même fait que dans le cas 

précédent se produisit, mais le mal fut plus grand. 

__ Quant au troisième exemple que j'ai à indiquer, il me fut signalé par 
lettre à la suite de ma communication à l'Académie, « dans le but 
d'apporter une contribution à mes recherches »; jene saurais trop remer- 
cier ici mon correspondant pour son amabilité. « L'année dernière, 
m'écrivit-il, vers cette époque, j'ai été victime d'une invasion de Ter- 
mites qui on! dévoré deux pieds de derrière d'une grande armoire à 
glace et, avec, le plancher immédiatement au-dessous, avec les lam- 
bourdes sur lesquelles reposait celui-ci. » L’armoire provenait d'une 
ville termitée. 


Le (Gérant : OCTAVE PoRrÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, |, rue Cassette. 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1913 


SOMMAIRE 
ArTHUS (MAURICE) : Anesthésies (H.) : Effets de la ligature complète, 
par le protoxyde d'azote. . . . . .. 408 | totale et définitive d'une veine ré- 
BERTRAND (D.-M.) et VALADIER nale chezale Chiens 05 ue 
(C.-A.) : Essai de traitement des NÈGrE (L.) : Recherches compara- 
pyorrhées alvéolaires par les virus- tives sur la disparition des réactions 
D 'ACCINS Tee 2 se ee ei es « 432 | humorales des lapins immunisés 
Beswort (CH.) et Rogin (V.) : Sur avec des bacilles typhiques vivants 
l'histogénèse du tubercule. . . . .. 442 | sensibilisés, tués par la chaleur et 
Cauus (Jean) : Recherches sur la DUÉS DATÉE NEC RE EP 
régulation thermique. Mort par arrêt PiTRES (EbGaRD) : À propos de la 
de la polypnée thermique. . . . .. 421 | note de MM. Ruffer et Crendiro- 
CruveiLzuier (Louis) : Traitement poulo « Sur la guérison du tétanos 
de la blennorragie chez la femme expérimental chez le cobaye » . . 
par la méthode des virus-vaccins Rarpnx : Sur une espèce bacillaire 
sensibilisés de Besredka. . . . . .. 416 ; nouvelle isolée, en Vendée et dans 
Dumas (JuLrEN) et PETTIT (AUGUSTE) : épidémie de Cholet ERA 
Lésions trachéales provoquées par Î Rerrerer (Én.) et LELIÈVRE (AUG.) : 
des lipoides extraits du bacille De l'ossification primitive du rachis. 
diphiériquer.-=#0 sem Les, 440 SCHILLER (J.) : Les microbes aci- 
GuiLziERMoND (A.) : Nouvelles re- dophiles de la flore intestinale de 
marques sur la signification des LélÉPRAN ER EN RS rh 
plastes de W. Schimper par rapport Vicnes (HENRI) : Influence de la 
aux mitochondries actuelles. . . .. 436 | masse hibernale du rat sur quelques 
Iscovesco (HENRI) : Action physio- ferments de l'organisme: . . .. + 
logique d’un lipoide (II Bb) extrait WipaL (F.), ABraur (P.) et Bris- 
duntesticule 2er een ln 445 | sauD (Er.) : Recherches sur l’'hémo- 
JAvVAL (A.) : Recherche sur la ten- globinurie paroxystique «& frigore. 
sion artérielle dans l’air comprimé. 413 | Première note.— Etude du processus 
MirANDE (MARCEL) : Sur quelques hémolytique in vitro.Action du froid 
plantes nouvelles à acide cyauhy- sur la fixation de la sensibilisatrice 
CRT QUE RS En eee Le 434 | et du complément sur les hématies. 


MoreL (L.), Papin (E.) et VERLIAC 


Présidence de M. Hallion, Vice-président. 


PRÉSENTATION 


D'OUVRAGE. 


419 


ps 
re 
C2] 


429 


M. Maurice Niccoux dépose sur le bureau au nom de M. A. Kling, direc- 
teur du Laboratoiremunicipal de Paris, et deses collaborateurs, MM.D,. Flo- 
rentin, E. Gelin, P. Huchet, M. Drecq,lJ. Saphores, P. Pourquery, un exem- 
plaire de leur ouvrage : Les Progrès de la chimie en 1912 (1), traduction 


(4) 4 vol. in-8°, 411 pages, 1913, Hermann et fils, éditeurs, Paris. 


BIOLOGIE. ComMpTES RENDUS. — 1913. T. LXXV. 28 


406 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


des Annual Reports on the Progress of Chemistry for 1912, publiés par la- 
Chemical Society of London. Le lecteur y trouvera, sous le titre : Chimie 
physiologique, chimie agricole et végétale, une très intéressante revue 
des travaux concernant ces sciences biologiques. 


OUVRAGES OFFERTS. 


E.-G. Degaur. — Étude zoologique et ostéologique des Suidés de la 
Corse et de la Sardaigne. Matériaux pour servir à Fhistoire zoologique et 
paléontologique des îles de Corse et de Sardaigne. In-%°, 12 pages, 
12 planches. Fascicule [V. Paris. 


P. Gopix. — La croissance pendant l'âge scolaire. Kn-16, 296 pages, 
16 planches. Paris et Neufchâtel, Delachaux et Niestlé. 


H. Prgirrer. — Das Problem der Verbrühungstodes. In-8°, 272 pages, 
4 planches. Wien, E. Hülzels. 


À PROPOS DE LA NOTE DE MM. RUFFER ET CRENDIROPOULO 
& SUR LA GUÉRISON DU TÉTANOS EXPÉRIMENTAL CHEZ LE COBAYE », 


par EoGarD PITRES. 


Dans une communication récente (1), MM. Ruffer et Crendiropoulo 
donnaient connaissance d'un nouveau mode de traitement du tétanos 
expérimental. Se basant sur ce fait, constaté par eux (loc. cit.), que 
l'extrait musculaire de cobayes morts tétaniques était capable : d’une 
part de neutraliser in vitro, 10 à 20 doses mortelles de loxine tétanique ; 
d'autre part de favoriser, in vivo, l'action de cette toxine, ils injectaient 
dans le péritoine de leurs animaux un mélange composé de 6 parties 


d'extrait de muscles de cobaves morts tétaniques pour 4 parties de 


sérum antitétanique. Le traitement commencé 18, 24 et même dans 
certains cas 836 heures après l'intoxication, amenait la guérison dans 
60 p. 100 des cas sur l'ensemble de leurs expériences. 

Ces faits élaient fort intéressants. Seuls les résultats obtenus par les 
injections intracérébrales semblaient pouvoir leur être comparés. 

Toutefois, reprises à l'Institut Pasteur, les expériences de Ruffer et 
Crendiropoulo n’ont pu être confirmées, Nous nous permettrons de con- 
signer ici nos résultats. 

(4) C£. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 1% juin 1913. 


x 


= 


“ SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 407 


L'extrait musculaire étant préparé suivant la méthode indiquée par ces 


auteurs, nous avons recherché les propriétés qu'ils lui assignaient. 


4o « L'extrait musculaire de cobayes morts tétaniques favorise, in vivo, l’action 
de la toxine. » 

Cette propriété nous a paru la moins intéressante. Nous ne l'avons 
recherchée que sur un nombre restreint d'animaux (6). Nous ne l’avons pas 


retrouvée. Peut-être en employant des doses très faibles de toxine pourrait-on 


ie déceler. 

20 « L'extrait musculaire de cobayes morts tétaniques neutralise, in vitro, 
jusqu à 10 et 20 doses mortelles de toæine. » 

Nos animaux sont divisés en quatre groupes, qui recoivenut chacun : 


Groupe A : 
ÆOxine..s.: .\: NT EEE PER D EC 
Eau physiologique Ses teurs RAI 2e \ 
Groupe B : 
Foxine . RE ME Me pr ES en 
Extrait musculaire tétanique DAT DEV Til PSE De 
Groupe C : 
Toxines. NN EL TR ER CU D 
Extrait musculaire SATA ER, DM dre Re 
Groupe D : 
Toxine: .: . . ee PE D Let ne Dole sl een en ea) Cr Gs 
Sérum antitétanique. re aline ous ce [NV DOUELESS 


AMC C: 


‘ dar le CaC- 


_ préparés en même temps et maintenus, suivant les expériences, depuis quel- 


ques instants jusqu'à 6 heures à la température du laboratoire et à l’abri de 


_ Ja lumière, les mélanges sont injectés dans les muscles de la cuisse. 


Les cobayes À, B, C meurent dans les mêmes limites de temps, soit de la 
70e à la 78° heure. Les cobayes D, bien qu'ayant recu une dose deux fois plus 


forte de toxine, ne présentent aucun symptôme de la maladie. 


1 


i 


De même, des souris. injectées dans les muscles de la hanche avec les 


mélanges A, B, C, mouraient en 42 heures environ; tandis que celles qui 
_recevaient le mélange D n'étaient même pas malades. 


3° « Traitement du tétanos déclaré par l'injection intrapéritonéale du mélange 
- de Ruffer et Crendiropoulo. » 

Les animaux sont divisés en quatre groupes : 

A) Non traités; B) Traités par le mélange de Ruffer et Crendiropoulo; 
:C) Traités par le mélange extrait des muscles de cobayes sains et sérum 


- antitétanique (ce mélange est préparé suivant les mêmes données que le 
_ précédent); D) Traités par le sérum antitétanique injecté dans le péritoine. 
- (Ces animaux reccivent la même quantité de sérum que les précédents, diluée 
_ dans un volume d'eau physiologique égal au volume d'extrait musculaire.) 


Dans une première expérience, les témoins À meurent de la 72 à 


la 82° heure. Le tr&itement des autres animaux est commencé 18 heures 
_après l’intoxication (4 c.c. des mélanges) et continué pendant 5 jours avec 
_des doses progressivement et également décroissantes des diverses solutions. 
Dans chacun des groupes B, C, D, 2 animaux sur 3 meurent au eours de la 
Are semaine, bien que, chez tous, la marche ascendante du tétanos ait paru 


arrêtée au 4° jour du traitement. Des trois survivants, aucun n'a guéri. Ils 


sont morts : B 3 semaines, G 5 semaines, D 8 semaines après l’intoxication. 


108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


En employant des doses plus faibles de toxine, nous avons pu obtenir 
quelques guérisons, mais les animaux traités par le mélange B ne guéris- 
saient ni mieux, ni plus vite que ceux traités par les préparations C ou D. 
Dans une expérience toute récente les témoins À meurent de la 108 à 
la 410° heure. Le traitement commencé à la 30° heure amène la guérison de 
tous les animaux des groupes C et D. (Cette guérison n’est pas encore com- 
plète à l'heure actuelle.) Au contraire, dans le groupe B, 2 animaux sur 3 
meurent dans les mêmes limites de temps que les témoins; le troisième 
survit et guérit comme C et D. 

Ces expériences faites tantôt avec Ja toxine desséchée de l’Institut Pasteur, . 
tantôt avec de la toxine glycérinée que M. M. Nicolle a eu l'extrême obli- 
geance de nous donner, ont donné des résultats identiques dans les deux cas. 


En somme, il nous a été impossible de retrouver aucune des pro- 
priétés signalées par MM. Ruffer et Crendiropoulo dans l'extrait mus- 
culaire de cobayes morts tétaniques. Le mélange qu'ils proposaient 
d'employer pour le traitement ne s'est pas montré plus actif qu’un 
mélange similaire fait avec de l'extrait musculaire de cobayes sains; 
pas plus actif non plus que le sérum seul injecté par la même voie. 
Notons que nous n'avons jamais vu les animaux traités par le sérum 
seul mourir, comme le disent ces auteurs, en même temps ou plus tôt 
que les témoins non traités. 


(Laboratoire de M. le professeur Borrel à l'Institut Pasteur.) 


ANESTHÉSIES PAR LE PROTOXYDE D'AZOTE, 


par MAURICE ARTHUS. 


J'ai longtemps hésilé à publier cette note, convaincu que la question | 
qui y est traitée a dû s'imposer aux expérimentateurs qui ont étudié 
l'anesthésie par le protoxyde d'azote. Mes recherches pour en trouver | 
trace dans la littérature scientifique ayant été infructueuses, je me 
décide à publier mes résultats, tout disposé à reconnaître la priorité 
d'un devancier, si quelque chercheur plus heureux que moi parvient à 
le découvrir. 

On sait que pour réiliser un état donné d'anesthésie chez un animal, 
en employant le chloroforme, il faut lui faire respirer de l'air renfer- | 
mant une proportion donnée de chloroforme, proportion rigoureuse- | 
ment déterminée. On sait d'autre part que le même état d’anesthésie f| 
peut être obtenu chez le même animal avec une proportion moindre de 4 
chloroforme dans l'air respiré, si l’on a au préalable soumis l'animal à. 
l'action du chloral à dose non anesthésique ou à l’action de la mor- 
phine; dans ces anesthésies mixtes, on réalise l’économie du chloro- } 
forme. 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 409 


Pour anesthésier à l’aide de protoxyde d'azote, il faut, comme on 
sait, faire respirer ce gaz pur à la tension de 1 atmospère. Dès lors, pour 
assurer à la fois la vie et l’anesthésie du sujet, il faut lui faire respirer 
un mélange de cinq parlies de protoxyde d’azote et de une partie 
d'oxygène sous une pression de 1 1/5 atmosphère, de façon à lui 
fournir le protoxyde d'azote sous la tension anesthésique d’une atmo- 

sphère et l'oxygène sous la tension de 1 1/5 atmosphère, afin 

d'assurer une hématose normale. L'anesthésie prolongée par le pro- 
toxyde d'azote n'est dès lors réalisable que dans des enceintes pou- 
vant résister à une pression de 1 1/5 «tmosphère, et sila chose n’est pas 
impossible, elle est si compliquée et si délicate qu'on y a pratiquement 
renoncé. 

Mais ne pourrait-on pas rendre pratique l’anesthésie par Le protoxyde 
d'azote en ayant recours à une anesthésie mixte, en pratiquant l’éco- 
nomie du protoxyde d'azote? 

J'ai soumis des animaux à l’action du chloral ou à l’action de la mor- 
phine, puis je leur ai fait respirer un mélange formé de quatre parties 
de protoxyde d’azote el de une partie d'oxygène. Je n'ai jamais obtenu 
d’anesthésie. 

Les expériences ont été faites sur des cobayes, des lapins, des chiens 
et des pigeons. Les résullats ont été toujours négatifs, quel que soit 
l’animal employé, et quelque grande qu'’ait été la dose de chloral {le 
chloral évidemment ne peut être employé à dose anesthésique; il s’agit 
donc ici de doses subanesthésiques voisines des doses anesthésiques) 
ou de morphine. 

On ne peut donc pas réaliser l’économie du protoxyde d'azote en sou- 
mettant préalablement l'animal à l’action de la morphine ou du chbloral. 
Le protoxyde d’azote diffère donc par là profondément du chloroforme 
et de l’éther; car on sait qu’il est possible d’oblenir, chez les animaux 

_chloralés ou morphinés, une anesthésie parfaile, avec des proportions de 
chloroforme ou d'éther qui ne représentent que la moilié ou le tiers de 
la proportion anesthésique pour l'animal normal. 

Cette première série d'essais ne m'ayant pas donné les résultats 
attendus, je {is une lentative dans une autre direction. 

On peut obtenir l’anesthésie d’un animal en lui faisant respirer des 
mélanges formés d'air et de chloroforme ou d'éther, la proportion de 
chloroforme ou d’éther étant par exemple a ou b p. 100. On peut 
obtenir la même anesthésie en faisant respirer au même animal un air 


a b a 
contenant = p. 100 de chloroforme et > d’éther, ou n de chloroforme et 


3! b . y 
“TA d'éther, etc. Les actions anesthésiques de l'éther et du chloroforme 


s'ajoutent arilhmétiquement. N'en serait-il point de même pour des 
mélanges de chloroforme et de protoxyde d'azote? 


A0 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


J'ai préparé des mélanges d'oxygène, de protoxyde d'azote et de 
vapeurs chloroformiques renfermant jusqu’à 66 p. 100 de protoxyde 
d'azote (deux tiers de la dose anesthésiante)etla vapeur fournie par 4 cen- 
timètres cubes de chloroforme pour 100 litres de gaz (deux tiers de la : 
dose anesthésiante), et je n’ai pas obtenu d’anesthésie en opérant sur le 
cobaye, sur le lapin, sur le pigeon. Les résultats ont été également 
négatifs tant que la dose de chloroforme employée a été inférieure à la 
dose capable d’anesthésier seule sans protoxyde d'azote. 

Le chloroforme et le protoxyde d'azote n'additionnent pas leurs 
actions anesthésiques, comme le font le chloroforme et l’éther. 

On peut donc raisonnablement admettre que le chloroforme et le pro- 
toxyde d'azote n’agissent pas sur les mêmes éléments organisés, ou tout 
au moins qu'ils n’agissent pas de la même facon pour provoquer l’anes- 
thésie. «| 

Les diverses séries d'expériences qui conduisent à ces conclusions | 
ont été décrites dans les thèses faites dans mon laboratoire et présentées | 
à la Faculté de Médecine de Lausanne par mes élèves, Siegel-Socolsky, 
Gourfinkel, Tritchel, Trachtmann et Karakacheff. 


SUR UNE ESPÈCE BACILLAIRE NOUVELLE ISOLÉE, 
EN VENDÉE ET DANS L'ÉPIDÉMIE DE CHOLET, 


par RaAPpPin. 


Commis judiciairement, il y a peu de temps, en vue de diriger des 
recherches microbiologiques sur l’origine de cas présentant la plus | 
grande similitude avec ceux que l’on observe ‘si malheureusement à | 
Cholet, je crois devoir publier, dans cette première note, les résultats | 
que j'ai obtenus dans mes expériences, aussi bien dans les cas dont | 
l'étude m'était confiée que dans ceux que j'ai étudiés provenant de | 
Cholet. 


Les premiers cas d'infection que j'ai étudiés se sont manifestés à la suite | 
de l’ingestion de caillebottes et de lait. Vingt personnes furent atteintes 
gravement, et l’une d'elles, jeune fille de vingt ans, succomba rapidement, 
et avec des symptômes qui rappellent ceux que présentèrent les malades de 
Cholet (diarrhée, vomissements, selles fréquentes, matières jaunes-verdâtres, 
anurie. 

Les conditions dans lesquelles les organes m'ont été remis par mon excel= 
lent confrère, le D: Blé, étaient défavorables, car ils étaient en état absolu de 
décomposition : c’est surtout en anaér ee que j'ai pu obtenir l'isolement 
du microorganisme que je décris ici. 


Il s’agit d'un bacille assez trapu, mais de dimensions variées (1 à 4ow 


| 


SÉANCE BU 22 NOVEMBRE ZA 


5 environ de longueur), il est immobile, se colore bien par toutes 
les couleurs d’aniline, mais présente ainsi des aspects variables: il ne 
prend pas le Gram; son protoplasma n'est pas homogène, se colorant 
parfois à la partie médiane ou aux pôles. II possède une capsule plutôt 
très développée. Il est à la fois aérobie et anaérobie. Sur gélatine, il 
donne une bande gris-jaunâtre ; en piqüre, il se développe le long du 
-trait, donnant une nappe sinueuse. La culture sur gélose est grasse, 
épaisse et blanchâtre. Il trouble le bouillon en produisant non un voile, 
mais un anneau de culture sur les parois du tube. Il ne coagule pas 
franchement le lait, ou tout au moins la coagulation semble se dissoudre 
à la longue. Sur pomme de terre, la culture est abondante. Sur sérum, 
il se développe moins. Il fail virer énergiquement la gélose de Wurtz, 
mais l’alcalinise ensuite, il fait fermenter activement le bouillon lactosé 
et carbonaté, il donne rapidement de l'indol en eau peptonée. Ce bacille 
est éminemment pathogène, il tue le cobaye et le lapin en moins de 
douze heures en injection péritonéale et en un peu plus de temps sous la 
peau. La souris paraît moins sensible. 

Dans l’enquête qui m’a été soumise, j'ai retrouvé à la fois ce germe 
dans les organes et ie sang de la personne décédée et aussi dans les 
urines d’un autre malade. Je l'ai isolé en même temps dans le Jait 
soupçonné d'être la cause de ces accidents : d'autre part, les résultats 
de l'examen chimique étant demeurés négatifs, il y a lieu de considérer 
que ce germe a bien été dans ces faits l'organisme pathogène. 

J'ai eu, au cours de ma carrière, l’occasion d'observer ce même germe 
à différentes reprises, d'abord il ya vingt ans dans l'urine d’éclamptique, 
puis dans des eaux et aussi dans des urines soumises à mes examens. 
C'est un germe éminemment pathogène et qui constitue une espèce non 
décrite encore, bien que l’on puisse la rapprocher du pneumobacille de 
Friedländer. Cette espèce est toute différente des paratyphiques où du 
proteus. En raison de l'intensité de son action, je proposerais de donner 
au moins préalablement à ce bacille l'appellation de Bacillus hyper- 
toxicus. 


D'autre part, M. Chantemesse ayant bien voulu me confier quelques gouttes 
de sang d’une des personnes frappées par l'épidémie de Cholet, je l'ai retrouvé 
dans ce cas. Je l'ai retrouvé également dans les vomissements etles matières 
de trois autres malades de la même épidémie avec les mêmes caractères de 
morphologie, de coloration et de cultures et aussi la même virulence pour les 
animaux que celui que j'avais isolé précédemment. 

Tout récemment encore, j'ai eu à examiner des selles provenant d'un 
malade d’une région voisine, soupçonné atteint de dysentérie et dont le jeune 
enfant venait de succomber à des symptômes analogues, et l'étude du germe 
isolé montre bien qu'il s'agit du même baciile. 


Tous ces faits tendent bien à démontrer que l’on a affaire, dans les 


419 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


circonstances actuelles, à de véritables foyers épidémiquesrelevant dela 
même étiologie et sous la dépendance de l'espèce bacillaire nouvelle que 
je décris ici et dont je poursuis l'étude. 


RECHERCHES COMPARATIVES SUR LA DISPARITION DES RÉACTIONS HUMORALES 
DES LAPINS IMMUNISÉS AVEC DES BACILLES TYPHIQUES VIVANTS SENSI- 
BILISÉS, TUÉS PAR LA CHALEUR ET TUÉS PAR L'ÉTHER, 


par L. NÈGRE. 


Dans une précédente note (1\, nous avons étudié comparativement 
les réactions humorales de trois séries de quatre lapins immunisés, la 
première série avec des bacilles typhiques vivants sensibilisés, la 
deuxième série avec des bacilles typhiques tués par la chaleur (une 
heure de chauffage à 56 degrés), la troisième série avec des bacilles 
typhiques tués par l’éther. 

Après avoir vu comment s'établissaient les réactions humorales 
(pouvoir agglutinant, pouvoir bactéricide et anticorps) dans ces trois 
séries de lapins, nous avons pensé qu'il serait intéressant de se rendre 
compte comment elles disparaissaient chez ces mêmes animaux. Nous 
avons employé la même technique que dans nos premières recherches. 


19 POUVOIR AGGLUTINANT. 


Après la dernière Après Après Après 
injection. 1 mois. 3 mois. 6 mois. 

SenSiDIlISéS.1. Pi. 1,1000 1/100 1/50 (Ù 
Chauffés . . . . . . . 17000 1/1000 1/500 1/50 
Éthére te Me 1/10000 1/3000 1/100 1/50 


20 Pouvoir BACTÉRICIDE. 


Après la dernière Après Après Après 

inoculation. 1 mois. 3 Mois. 6 mois. 
Culture témoin . . . . . . .—.. .- 4200 1400 1100 1200 
1 c.c. sérum pur. 150 300 90 900 
Sensibilisés. 1 c.c. sérum 1/10. 400 600 120 500 
4 c.c. sérum 1/50. 1100 1200 1000 1100 

1 c.c. sérum pur. 41000 1100 900 1200 
Chauffés . . . 1 c.c. sérum 1/10. 700 SO0û 1100 1100 
4 c.c. sérum 1/50. 1300 1400 1200 1200 
A c.c. sérum pure 1100 1300 1000 1200 

Éther A c.c. sérum 1/10, 900 800 1100 1200 
1 c.c. sérum 1/50. 1200 1400 1200 1200 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 31 mai 1913. 


D SES PET PL T9 Etre 


GA fa 


ERP 


CRE re S 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE A3 


3° ANTICORPS. 


Après la dernière Après Après Après 
injection. 1 mois. 3 mois. 6 mois. 


S'eENSINITISÉS Se RE Te 14,5 0 0 0 
Chaufré sise eee ne As 1358 0 0 0 
LS SR STE 4,5 û 0 0 


En résumé, le pouvoir agglutinant a disparu en six mois chez les 
lapins immunisés avec les bacilles vivants sensibilisés. Les lapins, 
immunisés avec les bacilles chauffés et tués par l’éther, qui avaient 
après la dernière inoculation un pouvoir agglutinant beaucoup plus 
élevé, conservent encore au bout de cette période le pouvoir d'agglu- 
tiner le bacille typhique au 1/50. 

Le pouvoir bactéricide, qui après la dernière injection était faible 
chez les lapins immunisés avec les bacilles chauffés et tués par l'éther, 
a disparu chez ces animaux au bout de trois mois. 

Les lapins, immunisés avec les bacilles vivants sensibilisés, sont donc 
les seuls à conserver encore après six mois un pouvoir bactéricide très 
actif. 

Les anticorps ont disparu après un mois dans trois séries de lapins. 

Comme conclusion, nous soulignerons la persistance du pouvoir 
bactéricide chez les lapins immunisés avec les bacilles typhiques vivants 
sensibilisés. 

({nstitut Pasteur d'Algérie.) 


RECHERCHE SUR LA TENSION ARTÉRIELLE DANS L'AIR COMPRIMÉ, 


par À. JAvaL. 


Ayant eu l'occasion de descendre à différentes reprises dans des 
caissons, nous en avons profité pour mesurer comparativement à l'air 
libre et dans l'air comprimé les tensions artérielles des ouvriers. Nous 
nous sommes servi de l’oscillomètre de Pachon, muni du double 
brassard de Enriquez et Cottet. 


Nous avons pris d’abord la tension artérielle maxima et minima des 
tubistes et surveillants au repos et à l’air libre quelques instants avant 
l'entrée dans le caisson. Puis nous nous sommes éclusé avec eux. L'enfon- 
cement du caisson nécessitait, au moment de nos expériences, une sur- 
pression de { atmosphère environ (exactement 0,9 la première fois et 1,1 la 
dernière), et, conformément aux règlements en vigueur, nous mettions cinq 
minutes pour nous « comprimer », et à peu près le même temps, à la fin de 
l'opération, pour nous « décomprimer ». 

Lorsque nous avions atteint la pression voulue, nous prenions à nouveau, 


414 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sans quitter le sas à air, les tensions artérielles des tubistes restés avec nous. 


Ceux qui étaient descendus dans la chambre de travail remontaient se faire 
examiner, et, avant de pratiquer nos mesures, nous avions soin de laisser. 


reposer un instant ceux qui avaient fourni un travail effectif. 


NOMS 


29 oct. 1913. 


FAR 


Be... 


PROFESSION 


Tubiste. 


Chef chantier. 


Surveillant. 


Tubiste. 


Tubisie. 


ANNÉES 
D'AIR 
comprimé 


Tubiste.… 
Chef chantier. 
Surveillant. 
Tubiste. 


Tubiste. 


12 nov 


Lef.….. 


Tubiste. 


Tubiste. 


Cond. mun. 


Tubiste. 


Tubiste. 


Jubiste. 


Surveillant. 


Conducteur. 
| 


Tubiste. 


Adjoint. 


12 
©2 


Hole ON] 


+ 
© 


72 


dans 
| le 
| CAISSON 


| 


19 
Æ 


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POULS COUPS 
dans den 
le PRESSION 
CAISSON| antérieurs 


POULS 
à 
L'AIR 


Un seul. 
. Un seul. 


Plusieurs. ÎE 


Pa. 
À 


OPA PPS AU RTE PIE 


AR Te CAE 


TÉL 


PNR LAS 


OF 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 4 


Il résulte de notre tableau que, dans nos conditions d'expérience, la 
tension maxima nous est apparue légèrement augmentée dans l'air 
comprimé. Les différences sont faibles, puisqu'elles n’ont atteint que 
deux fois 3 cent. de mercure, et se réduisent le plus souvent à À ou 
2 cent., mais la constance de l’augmentation (que nous trouvons 17 fois 
sur 20) mérite de retenir l'attention. D'ailleurs, en faisant la contre- 
épreuve chez cinq sujets, c'est-à-dire en reprenant la tension à l'air 
libre après la sortie, nous avons retrouvé pour la pression maxima soit 
le chiffre primitif, soit un chiffre inférieur. 

Nous pensons que, dans cette expérience, nous nous sommes mis 
dans les conditions les plus favorables pour observer l'effet, sur la 
tension artérielle, des variations de la pression extérieure (sauf cepen- 
dant en ce qui concerne le chiffre de la pression, car on dépasse 
couramment, même à Paris, des surpressions de 1 atmosphère). 

Cette influence de la pression extérieure sur la tension artérielle a été 
recherchée chez les aéronautes, chez les alpinistes et, plus récemment, 
chez les aviateurs. Crouzon ({) a publié dans le cas de deux aviateurs 
des résultats comparables aux nôtres, Guillemard et Reynier (2) n'ont 
pas trouvé de différence chez des alpinistes faisant l'ascension du mont 
Blanc. Mais il faut remarquer que la hauteur moyenne barométrique au 
mont Blanc étant de 432 millimètres, et l'ascension, même en partant de 
Chamonix, durant une grande journée, ces expérimentateurs ont mis 
longtemps pour obtenir une différence de 3 à 4 dixièmes d’atmosphère. 

Dans notre caisson, au contraire, nous mettons cinq minutes pour 
arriver à une différence d’une atmosphère; il n'est donc pas étonnant que 
nous saisissions, grâce à des variations de pression considérables et 
rapides, les faibles écarts de la tension artérielle qu'on ne peut percevoir 
avec des variations de pression atmosphérique moindres et lentes. 


Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer en passant que surles 
vingt hommes examinés, trois élaient de très notables hypertendus. 
Tous les règlements du travail dans l'air comprimé (il vient de paraitre 
encore un décret à ce sujet dans le Journal officiel du 12 octobre 1913) 
prescrivent des visites médicales, contre-visites et certificats délivrés 
aux ouvriers. On peut se demander sur quoi porte cette visite médicale, 
sice n'est pas sur la tension artérielle. 


1) Crouzon. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1912, I, p. 530. 
(2) Guillemard et Reynier. Comptes rendus de la Soc: de Biologie, 1913, I, 
p. 342. 


416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


TRAITEMENT DE LA BLENNORRAGIE CHEZ LA FEMME PAR LA MÉTHODE 
DES VIRUS-VACCINS SENSIBILISÉS DE BESREDKA, 


par Louis CRUVEILHIER. 


La blennorragie chez la femme est une affection sérieuse, en raison 
principalement de sa désespérante ténacité, de sorte qu'il nous a semblé 
intéressant d'essayer contre elle l’action des virus-vaccins sensibilisés 
qui nous ont donné des résultats très encourageants, en particulier au 
cours du traitement des complications utéro-annexielles de la blen- 
norragie. 

Parmi les malades atteintes de blennorragie que nous avons eu 
l’occasion de traiter, il en est deux dont l'observation, que nous devons 
à notre ami le D" Misset, nous a paru particulièrement concluante. Il 
s'agit de deux jeunes filles qui nous avaient été confiées par notre con- 
frère le D' Leroy, peu de temps après leur contamination, alors qu’elles 
étaient en période aiguë. 


Première observation. — Me B..., âgée de quinze ans, se présente six 
semaines après sa contamination. On constate un écoulement très abon- 
dant de couleur jaune-verdâtre. La face interne des cuisses et les 
grandes lèvres sont couvertes de végétations et d’érosions ; la muqueuse 
vulvaire est rouge vif, sa surface est granuleuse. Le méat urinaire, 
tuméfié, laisse sourdre un pus abondant et les mictions déterminent une 
vive cuisson. La vaginite est intense; on perçoil cependant au toucher 
un col petit, de consistance normale. Par contre, au moyen du palper 
bimanuel, on arrive à pincer chacune des trompes, qui paraissent un 
peu dures et rigides et sont nettement douloureuses. 

La présence de douleurs spontanées dans les deux cuisses confirme 
l'hypothèse de salpingite double au début. A la suite de la première 
piqüre, on ne constate pas une forte réaction, mais, dès le lendemain, la 
malade accuse une diminution de la douleur qui, après la deuxième 
piqûre, pratiquée le 24 octobre, va jusqu'à la sédation complète. 

Le 28, les végétations sont aplaties et se flétrissent. La muqueuse 
vulvaire n'est presque plus enflammée. Le toucher, bien supporté cette 
fois, révèle encore la présence d’un empâtement de la trompe droite, qui 
tend cependant à redevenir souple et n'est plus douloureuse au palper. 
L'écoulement vaginal devenu grisätre est absolument insignifiant. On 
pratique cependant une troisième piqüre, et la malade, qui se croit com- 
plètement rétablie, ne vient se faire examiner que le 7 novembre. Les 
culs-de-sac apparaissent au toucher complètement libres. On pratique 
cependant une quatrième piqüre le 7 novembre, et une cinquième le 
11 novembre. À cette date, la muqueuse vulvaire a repris son aspect 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 417 


normal, et dans l'exsudat vaginal, devenu de plus en plus discret, on ne 
percoit plus de gonocoques. 


Deuxième observation. —M!!° D..., âgée de seize ans, se présente à nous 
au dixième jour de sa blennorragie. Elle souffre à tel point de la région 
périnéo-vulvaire que la marche est devenue excessivement pénible. Les 
mictions sont fréquentes et M! D... se plaint d’éprouver, en urinant, 
des douleurs à exacerbations terminales. 

L'état général, très mauvais, dénote une profonde intoxication; les 
pertes, franchement vertes, répandent une odeur particulièrement fétide. 
Comme chez la malade précédente, les végétations et les ulcérations 
sont nombreuses, et il existe une vive inflammation de la muqueuse, de 
telle sorte qu'on est contraint de renoncer à toucher la malade. 

On pratique la première piqûre le 24 octobre, et on n’observe à la 
suite de cette intervention aucune réaction. 

Le 928 octobre, l'inflammation vulvaire s’est dissipée. Les végétations 
sont moins exubérantes. L’écoulement, encore abondant, est devenu 
moins fétide. La marche ne détermine plus de douleurs. Seules quelques 
cuissons persistent à l’occasion des mictions. 

La deuxième piqüre est pratiquée le 29 octobre et la troisième le 
4 novembre. Alors, le toucher peut s'effectuer sans aucune difficulté et 
ne révèle ni métrite, ni aucune complication du côté des annexes. 

Une quatrième piqûre a lieu le 7 novembre et on constate que l’écou- 
lement urétral est tari. Quant à l'écoulement vaginal, il est réduit 
désormais à un léger exsudat grisâtre et ne contient plus de gono- 
coques. 


Dans une commuñication ultérieure, nous rendrons compte des 
résultats encourageants que déjà nous avons obtenus en mettant en 
présence de la lésion gonococcique et du microbe lui-même le sérum, 
ainsi que l’a imaginé le D' Louis Martin, à propos de la diphtérie. 

Pour ce faire, depuis déjà quelques mois, nous introduisons dans les 
cavités infectées, suivant les cas, des crayons, des bougies, des ovules 
ou des suppositoires auxquels a été incorporée une grande proportion 
de sérum antigonococcique. 

De la sorte, nous pensons produire une sorte de sensibilisation in 
vivo. Cette méthode nous a semblé avoir des effets heureux particuliè- 
rement au cours des urétrites, des métrites et des vulvo-vaginites. 


{Travail du laboratoire de M. Roux à l'Institut Pasteur.) 


418 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


INFLUENCE DE LA MASSE HIBERNALE DU RAT 
SUR QUELQUES FERMENTS DE L'ORGANISME, 


par HEnRr VIGNES. 


J'ai montré, dans une note précédente, que la masse hibernale modi- 
fiait l’action de certaines substances toxiques. J'ai été amené à me 
demander si elle n’inlervenait pas également dans l'action des ferments 
de l'organisme, et j'ai institué un certain nombre d'expériences dont je 
résume ici les principales. 

L'hibernectomie diminue chez le rat la quantité de. séro-lipase. — Je 
mets À c.c. de sérum de rat à l’étuve de 37 degrés en présence de 
16 c.e. de monobutyrine à À p. 100. Pour neutraliser l'acidité produite, 
il me faut 22 gouttes de carbonate de soude à 2,42 p. 1.000 au bout de 
vingt minutes, 5 gouttes après dix autres minutes et 45 gouttes après 
vingt autres minutes. Quand j'emploie du sérum de rat hibernectomisé 
depuis quinze jours, il me faut dans les mêmes temps seulement qua- 
torze, deux et neuf gouttes. Le tube témoin de monobutyrine demande 
ZéTO, ZérO, puis une goutte. 

La masse hibernale contient une lipase. — Je mets un gramme de 
masse en présence de 10 c.e. de monobutyrine dans un premier tube, 
dans un second je mets À gramme de masse en présence de sérum de 
cheval et de monobutyrine, et dans un troisième du sérum de cheval et 
de la monobutyrine. Je dose l'acidité au bout de vingt minutes, puis 
trente minutes après ce premier dosage. Dans le premier tube, je dois 
ajouter 14, puis 9 gouttes de carbonate de soude, dans le second 40, 
puis 31, dans le troisième 39, puis 21. 

Pouvoir amylolytique. — Dans un premier ballon, je constate que la 
masse ne saccharifie pas l'empois d'amidon. Dans un second, je mets 
du sérum de rat hibernectomisé en présence d’empois d’amidon à 
4 p. 100 pendant vingt-quatre heures à l’étuve à 52 degrés; il faut 
24 c.c. de cette solution pour réduire 10 c.c. de liqueur de Fehling. Le 
troisième ballon est préparé avec du sérum de rat non opéré : il faut 
seulement 17 c.c. pour réduire la même quantité deliqueur de Fehling. 
Le pouvoir amylolytique semble done diminuer après l'hibernectomie. 

La masse à un pouvoir antitryptique. — Dans un premier tube je 
mets du sérum de cheval et 25 grammes de poudre de pancréas Choay; 
dans un deuxième, du sérum et 1 gramme de masse fraîche; dans un 
troisième, du sérum, de la masse et du pancréas. Je dose par la méthode 
de Sürensen les acides aminés après onze heures de séjour à l'étuve. 
Pour Île premier tube, il me faut 23 c.c. de soude décinormale, pour le 
second 15 €.c., pour le troisième 4 c.c. 5 et pour un tube témoin conte- 
nant du sérum, 5 c.c. 


: 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 419 


J'obtiens des chiffres proportionnels après vingt et une heures. 

J'obtiens des résultats analogues avec de l’ovalbumine (vingt-neuf 
heures à l’étuve); pour le premier tube |pancréas), il faut 4,9 c.c. de 
soude; pour le deuxième (pancréas et masse), il faut seulement #1 €.c.; 
les deux autres (masse seule, témoin) ne contiennent pas d'acides 
aminés. La masse a donc, in vitro, une action empêchante sur la 
trypsine ; cette constatation s'accorde avec ce que nous savons de la 
lécithine, qui est un agent d'épargne pour l'azote. 


En résumé : la masse peut être considérée comme intervenant pour 
économiser les albuminoïdes et utiliser les réserves d'hydrocarbone et 
de graisse. Le fait est intéressant pour les animaux hibernants, puisque 
chez eux elle est si développée au début de lhibernation. Je crois, de 

plus, que l'étude physiologique de cet organe, entièrement composé de 
_« graisse noble », présente un grand intérêt pour mieux connaître le 
rôle des phosphatides dans le métabolisme. 


Ca 


(Travail du laboratoire du D' Salimbeni à l'Institut Pasteur.) 


EFFETS DE LA LIGATURE COMPLÈTE, TOTALE ET DÉFINITIVE 
D'UNE VEINE RÉNALE, CHEZ LE CHIEN (1), 


par L. Morez, E. Papin et H. VERLIAC. 


LE. — Technique employée. Sur le chien, le pédicule rénal étant décou- 
vert, on fait au péritoine qui le recouvre une brèche juste suffisante 
pour passer autour de la veine isolée un gros fil de ligature. On ne 
détruit aucun rapport du rein, on ne rompt aucun vaisseau. Les ani- 
maux sont soigneusement observés au point de vue des symptômes 
post-opératoires. Les pièces (reins et foie) sont prélevées sitôt après la 
. mort. Quelques-unes ont été injectées au vermillon. 

IL. — Résultats obtenus: 1° Dans 60 p. 100 des cas, la ligature unilaté- 
rale complète (serrée à fond) totale (sur le tronc de la veine) et défini- 
tive de la veine rénale, chez le chien, entraîne la mort. La mort survient 

du premier au troisième jour après la ligature ; 
_ 2° Dans 40 p. 400 des cas, les animaux survivent sans trouble appa- 
rent, pendant des semaines; 

3 La mort, quand elle survient. n'est précédée ni de convulsions, ni 
d'anurie, ni d'hémoglobinurie. On note seulement dépression, abatte- 
ment, oligurie, albumine inconstante. 


(1) Séance du 15 novembre 1913. 


420 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


4° Les constatations macroscopiques varient: 

a) Lorsque l'animal a succombé : augmentation considérable du 
volume du rein dont la veine a étéliée. Ce rein est violacé, tendu, éclaté, 
recouvert d'hématomes qui fusent dans la loge péri-rénale. Le rein 
opposé est d'aspect normal ; 

b) Lorsque l’animal a survécu, si on le sacrifie ultérieurement, on 
constate l'établissement d’une circulation veineuse collatérale qui 
semble avoir assuré la survie du rein et de l'animal. 

:) Des veines urétériques, en regard du pôle inférieur du rein, se 
détache une veine qui va rejoindre la veine cave ou la veine rénale en 
aval de la ligalure. C’est la voie principale. 

8) Accessoirement, de la capsule du rein, face antérieure, partent des 
veines qui vont aux veines génitales ou aux veines lombaires. 

y) Enfin du pôle supérieur de la capsule du rein, un rameau monte 
vers les veines lombaires, surrénales ou vers la veine cave au-dessus 
du rein. 

5° Les lésions histologiques varient si l'animal à succombé ou 
survécu : 

a) Sur les animaux morts rapidement après la ligature veineuse, on 
trouve des lésions constantes du rein dont la veine est liée et des 
lésions inconstantes des deux reins. 

Les lésions constantes du rein dont la veine est liée sont : 

L'infiltration sanguine considérable de la capsule adipeuse du rein et de 
la graisse du hile. Lorsque l'animal a survécu plus de trente-six heures, 
une couche de polynucléaires entoure généralement la veine rénale et 
quelquefois la capsule fibreuse du rein. 

L'hémorragie intrarénale dilacérant les tubes sans les rompre, plus 
marquée dans la région corticaie que dans la médullaire, sauf dans les 
cas de selérose rénale, où l'hémorragie est plus abondante dans la zone 
médullaire. 

Les lésions des tubes du rein allant de la cytolyse légère à la nécrose et 
dont la gravité est en rapport direct avec l'intensité de l’épanchement 
hémorragique. 

A ces lésions, ilest intéressant d'opposer l'intégrité habituelle des glo- 
mérules, l'absence habituelle de sang dans les tubes et dans le bassinet. 

Les lésions inconstantes du rein dont la veine est liée sont : 

Dans un cas, la capsule fibreuse du rein était dilacérée par l'épanche- 
ment hémorragique. Dans deux cas, l'abondance de l’'hémorragie avait 
décollé du parenchyme rénale la capsule fibreuse. 

Dans un cas, les cavités glomérulaires étaient dilatées et contenaient 
avec quelques cellules un exsudat granuleux. Dans deux cas, il y avait 
congestion glomérulaire, épanchement sanguin dans la capsule et 
rupture de la capsule dans un lac sanguin voisin : dans ces deux mêmes 
cas, quelques tubes en certains points contenaient du sang. 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 421 


Dans un cas, l’uretère présentait une hémorragie sous-endothéliale 
et intramusculaire. 

Le rein opposé présentait trois fois de la cytolyse légère et trois fois 
de la congeslion. 

b) Sur les animaux qui ont survécu : sclérose rénale à prédominance 
corticale avec congestion intense de la pyramide et zones d'hypertrophie 
compensatrice. Autour des veines oblitérées existait une infiltration 
cellulaire assez abondante dans les cas récents. 


IT. — Conclusions. La ligature complète, totale et définitive d’une 
seule veine rénale est souvent mortelle; elle est beaucoup plus grave 
que la ligature de l'artère ou de la veine et de l'artère. 

La mort n’est pas due à l'hémorragie périrénale ou intrarénale quine 
saigne pas l'animal à blanc. 

La mort survient trop rapidement pour être due à des’ « néphro- 
toxines » prenant leur origine dans le rein du côté lié et altérant l’autre 
rein. 

La survie est due à l’établissement d’une circulation collatérale vei- 
neuse, rétablissant dans le rein la voie sanguine de retour. 


(Travail des laboratoires de la clinique des voies urinaires 
de la Faculté de Médecine; professeur Lequeu.) 


RECHERCHES SUR LA RÉGULATION THERMIQUE. 
MORT PAR ARRÉT DE LA POLYPNÉE THERMIQUE, 


par JEAN CAMus. 


Dans des communications antérieures (1), j'ai montré que l'injection 
d'une très faible dose d'apomorphine à un chien en état de polypnée 
thermique arrête instantanément la polypnée. 

On sait, depuis les travaux classiques de Ch. Richet, quelle est 
l'importance de la polypnée dans la régulation thermique du chien. 

J'avais observé, chez les animaux en polypnée, l’élevation de là 
température après l'injection d'apomorphine et j'avais recherché 
jusqu'où pouvait aller cette élévation thermique. Quelques causes 
d'erreur, dans les expériences que j'avais poursuivies l'hiver dernier, 
m'avaient empêché d'arriver à des conclusions précises. 


(1) Jean Camus. Arrêt de la polypnée thermique par l’apomorphine. 
Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 février 1913. — Jean Camus. Action 
antagoniste de quelques alcaloïdes sur la polypnée thermique. Comptes rendus 
de la Soc. de Biologie, 8 mars 1913. 


BiozociE. COMPTES RENDUS. — 41913, T. LXXV. 29 


2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


En effet, je plaçais deux chiens dans une étuve assez vaste et, dès 
l'apparition de la polypnée, j'injectais à l’un d'eux une solution faible 
d'apomorphine, l’autre servait de témoin. Mais l’aération de mon étuve 
n'était pas parfaite; de plus, les urines, les sécrétionsbuccales abon- 
dantes des chiens chargeaient l’atmosphère de l’étuve de vapeur d’eau, 
conditions défavorables à l’évaporation pulmonaire. 

J'ai donc attendu les chaleurs de l'été pour reprendre ces recherches 
et me servir de l'exposition au soleil afin de provoquer la polypnée 
thermique. 

Je donne ci-dessous le résumé de quelques expériences : 


Exp. I — Chien épagneul blanc, à poil peu fourni. Poids : 9 kilogrammes. 

14 h. 30. Temp. rectale : 40 degrés. On l’endort au chloralose et on le 
place sur une terrasse au soleil (1). 

15 h. 15. Temp. : 4095. Injection intra-veineuse de 4 c.c. de solution 
apomorphine, 1 p. 1000. Arrêt de la polypnée. 

15 h. 25. Temp. : 4293. Injection de même dose d’apomorphine. Arrêt de 
la polypnée, qui était reparue. 

15 h. 57. Temp. : 43°6. Injection de même dose d'’apomorphine. 

16 h. 1. Temp. : 44 degrés ; 16 h. 10, respiration se ralentit; temp. : 4407 

16 h. 35. Mort. La température monte à 46 degrés, après la mort. 

Chiqn témoin, roquet noir. Poids : 11 kilogrammes. Endormi au chloralose et 
exposé de la même manière. Sa température est au début de 3993 et elle ne 
dépasse pas #1°7 pendant la durée de l'expérience. grâce à la polypnée ; les 
jours suivants l'animal va très bien. 


Exp. Il. — Chien noir et blanc genre Griffon. Poids : 10 kil. 700. Endormi au 
chloralose. 

1% h. 10. Temp. : 39°2 exposition au soleil. La polypnée apparaît à 
14 h. 50. Chaque fois que la polypnée se montre, on injecte dans la veine 
saphène 2 c.c. d'apomorphine à 1 p. 1.000 et chaque fois on observe un arrêt 
de la polypnée avec vomissements (non observés dans l'expérience pré- 
cédente). 

16 h. 9. La mort se produit avec une température rectale de 45 degrés. 

Chienne témoin blanche et grise. Poids : T kil. 500. 

Placée dans des conditions identiques, sa température est à 14 h. 15 de 
3808 et à 16 h. 10 de 4205. Les jours suivants elle va très bien. 


Chez les chiens non endormis les effets observés sont dans le même 
sens, mais je n'ai pas poussé les expériences jusqu'à la mort des 
animaux. 

Exp. IT. — Chien mouton à longs poils frisés gris-noir. Poids : 43 Eil. 200. 


12 h. 10. On le met sur la terrasse au soleil. Temp. rectale : 38 degrés. 
12 h. 35. Polypnée apparaît. 


(4) Cette lerrasse est celle du laboratoire de chimie de la Faculté de Méde- 
cine que le professeur Desgrez a bien voulu mettre à ma disposition 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1923 


13 h. 2. Temp. : 38°3. Une injection intra-veineuse de 1 c.c. de solution 
d'äpomorphine 1 p. 10.000 arrête aussitôt la polypnée pendant plusieurs 
minutes. 

Chaque fois que la polypnée reparaît, l'injection de doses variables d’apo- 
morphine l’arrête. Les vomissements apparaissent quand on injecte 1 c.c. de 
solution à 1 p. 1.000. ” 

» 145 h. 19. Temp. rectale : 4193. 

Chienne jaune à poils demi-longs. Poids : 8 l:ilogrammes (témoin). 

12 h. 10. Temp. : 3806. 15 h. 19. Temp. : 39 degrés. 

Elle à eu de la polypnée pendant toute l'expérience. 


Exp. IV. — Quatre jours plus tard, la même expérience est pratiquée 
en prenant le premier chien comme témoin et en injectant de l’apomor- 
phine à la chienne jaune. La température de celle-ci passe alors de 38°8 
à 4197 et celle du chien mouton passe pendant le même temps de 38 degrés à 
3806 après avoir été un instant à 3902. 


Le lapin non endormi résiste moins que le chien aux influences 
réunies de la température et de l’apomorphine ; il peut cependant 
résister. Dans l'expérience suivante il a succombé. 


Lapine. Poids : 2 kilogrammes. 1% h. #7. Temp. : 4006. Mise au soleil, la 

_ polypnée apparaît rapidement. | ; 

H Trois injections de 0 c.-C.5, 4, C.Cc:, 2 ©. d'äpomorphine à 4 p: 4.000 
sont faites au cours de l'expérience. Chaque injection ralentit ou arrête la 
polypnée et provoque de l'agitation. La température rectale monte progressi- 
vement et atteint 4501 à 15 h. 58. 

A 16 h. 8 elle est de 4593. La mort survient. 

Lapine. Poids : 1.600 grammes (sœur de la précédente). Placée dans les 
mêmes conditions sans apomorphine. 

14 h. 46. Sa température est de 40°5, elle passe successivement à 4102, 
4201, 4204 avec une polypnée extrême, elle est de 4197 au moment de la mortde 
la lapine précédente. 


Conclusions. — 1° L’apomorphine fait cesser la polypnée et monter la 
température chez les animaux endormis et non endormis. L'élévation 
thermique peut aller jusqu'à la mort, alors que les témoins résistent. 
- 20 La dose qui tue ainsi l'animal par hyperthermie peut être cent fois 
moindre que celle qui détermine la mort d'un animal normal {17° expé- 
rience, chien blanc mort avec 3 milligrammes, alors qu'on estime la 
dose mortelle à 20 ou 40 centigrammes chez un chien de poids moyen. 
3° Une dose infime peut arrêter la polypnée ; 4 c.c. d'une solution à 
4 p. 10.000 agit encore, soit moins de 4/100 de milligramme par kilo- 
gramme d'animal (3° expérience, chien mouton). 
4 L'expérience doit être assez rapidement faite; la chaleur solaire 
par conséquent doit être vive, sinon les injections répétées d'apomor- 
| phine n’agissent plus (accoutumance ou immunisation), ne déterminent 
plus ni vomissement, ni arrêt de la polypnée, partant pas d'élévation 


494 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


thermique. Il ne semble pas s'agir ici d’un phénomène d’épuisement de 
l'animal, car son organisme continue à régler sa température et les ani- 
maux survivent. 

5° L’élévation thermique est liée à l'absence de polypnée ; la produc- 
tion ou l'absence de vomissement l'influence peu ou pas (4"° expérience, 
chien blanc n’a pas vomi, 2° expérience, chien noir et blanc a vomi). 

On voit combien est merveilleux ce mécanisme de régulation ther 
mique, mais aussi combien il est sensible et facilement troublé. f 

Chaque été beaucoup d'animaux meurent d'insolation ; les chasseurs 
en particulier déplorent parfois la perte de leurs chiens occa- 
sionnée par le soleil. Il paraît évident, à la lecture des expériences que 
je viens de citer, qu'une perturbation minime, indigestion, intoxica- 
tion, infection légère, qui aurait été sans conséquence dans les conditions 
ordinaires, peut entraîner la mort chez des animaux exposés au soleil 
en troublant le délicat mécanisme de la régulalion thermique. 

Chez l’homme, l’appareil régulateur exerce autrement son action, 
mais de nombreux faits physiologiques et pathologiques prouvent 
également sa grande sensibilité. 


(Travail du Laboratoire de physiologie 
de la Faculté de Médecine de Paris.) 


DE L'OSSIFICATION PRIMITIVE DU RACHIS, 


par ÉD. RETTERER et AUG. LELIÈVRE. 


En 1905, nous avons étudié le développement du rachis cartilagi- 
neux (4) (cobaye, lapin, chien, chat). Depuis cette époque, nous avons | 
recueilli les matériaux pour éludier dans le rachis cartilagineux l’oc- | 
téogenèse qui, on le sait, continue à être discutée. Dans ces recherches, | 
nous avons eu recours à la méthode des coupes sériées. 

Voici un résumé de nos observations : 


I. Embryon humain long de 4 centimètres du vertex au coccyx (9 ou | 
40e semaine). — Dans le corps vertébral à l'état de cartilage fœtal non vascu- | 
laire, se trouve un point ou îlot opaque de 0203 à l’état de cartilage hyper- 
trophique. A la face interne du segment latéral de l’are neural, on observe un 
îlot semblable. 

Il. Embryon long de 6 centimètres du vertex au coccyx et ayant une hauteur M 
6 cent. 


Fan) (10° ou 11° semaine). — Mêmts 
{ ° À 


totale (du vertex au talon) de 3 cent. 5 ( 


(4) Retterer. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 6 mai 1905, p. 743. 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 495 


points opaques : les points latéraux ont un diamètre dorso-ventral de On®5 à 
026 et un diamètre latéral de 0"®2 à Omw3, Le point central a O5 de dia- 
mètre. Les points opaques sont formés sur leur plus grande étendue de car- 
tilage hypertrophique ; mais leur centre commence à montrer une ébauche de 
tissu dit spongoïde, chondro-calcaire ou ostéoïde, tissu que nous appellerons 
spongo-réticulé. 

9'cent. 
42 cent. 
large de 3 à 4 millimètres et d’un diamètre antéro-postérieur de 2 à 3 milli- 
mètres, présente un cartilage très vasculaire. Son point opaque possède 


IT. Embryon long de (13° ou 14° semaine). — Le corps vertébral, 


un noyau spongo-réticulé de 06, entouré d’une couronne de cartilage 


hypertrophique. Les points latéraux sont composés d’un noyau spongo-réti- 
culé d’un diamètre latéral de 0w"3 et d’un diamètre dorso-ventral de 0®n6. 
À ce noyau fait suite de part et d'autre une zone de cartilage hypertrophique. 
11 cent. 

1T cent. | 
corps vertébral a pris la forme d’un ovoïde d’un diamètre latéral de 2270; 
sa face centrale n’est recouverte que d’un cartilage épais de Owm5 ; sur le plan 
médian, sa face dorsale émet un prolongement sous la forme d’une lame haute 
de 12"20 et large de 0®®45 dont le bord libre atteint le canal vertébral. En un 
mot, le point opaque affecte, sur la coupe transversale, la forme d’un prisme 
à faces latérales cannelées. Il comprend : 1° un noyau central, à travées 
osseuses ; 2° une zone moyenne, composée de tissu spongo-réticulé, et 3° une 
couronne périphérique de cartilage hypertrophique. Quant aux points 
latéraux, ils ont un diamètre transversal de 06 à Omm8. La partie moyenne 
du point latéral est osseuse et a un diamètre dorso-ventral de 1 à 2 milli- 


IV. Embryon long de 44e ou 15° semaine). — Le point opaque du 


. mètres, suivi de part et d’autre d'une zone de tissu spongo-réticulé, puis de 


[ 


cartilage hypertrophique. 

17 cent. 
28 cent. 
vertébral est arrondi et sa plus grande partie est constituée par du tissu 
osseux ; les points latéraux se sont étendus jusqu'au corps vertébral et vers 


V. Fœtus long de (19e ou 20° semaine). — Le point opaque du corps 


| l'apophyse épineuse. 


En résumé, les points opaques qui se développent dans le rachis car- 
tilagineux des embryons longs de 35 à 40 millimètres (7° à 9° semaine) ne 


| sont constitués que par du cartilage hypertrophique. Ils débutent dans les 
| segments latéraux de l'arc neural (région cervicale); puis ils apparaissent 
| dans le corps vertébral des dernières vertèbres thoraciques pour s'étendre de 
| là de haut en bas ainsi que de bas en haut. Jusqu'à la 13° ou 14° semaine, ces 
| points opaques ne montrent que du cartilage hypertrophique avec un noyau 
central de tissu spongo-réticulé ; c’est seulement à partir de la 15° semaine 
| qu'apparaissent les lamelles osseuses dans le tissu spongo-réliculé. Le déve- 


loppement du tissu osseux se fait plus vite, c'est-à-dire qu'il est plus précoce, 
dans l’arc neural que dans le corps ou centre vertébral. 


Résultats et critique. — Multiples sont les causes qui obscurcissent 


| l'histoire de l’ossification du rachis : complication des phénomènes et 
|terminologie confuse ou vague. Pour nous reconnaître, nous séparerons 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 7 


En 
HO 
lp 


les faits d'observation de l'interprétation qu'on a donnée. Kerckring(1670), 
puis Daubenton (4749) signalèrent les points opaques qui apparaissent 
dans le rachis cartilaginéux. Pour mieux les voir, on eut, tour à tour, 
recours à la dissection, à l'examen à la loupe, aux coupes microsco- 
piques, à l'éclaircissement des tissus mous ou à la radioscopie. On leur 
donna d'abord le nom de points osseux et ensuite ceux de points d'ossi- M 
fication (puncitum ossificationis, ossification center, Verknücherungskern 
ou Punki, Knochenkern ou Punkt, DÉC A OUTA te.) 
Tout le monde est d'accord pour dire qu'un seul point préside à l'ossi- 
fication de chaque moitié latérale de l’are neural. Quant au corps où 
centre veriébral, les uns, qui ont examiné à l'œil nu ou au microscope 
(Meckel, Serres, Gegenbaur, Disse, ete.), soutiennent que son point 
d’ossification est, à l’origine, double et composé de deux moitiés laté- 
rales et symétriques; pour les autres (Béclard, 1819; Bade, 1990; “à 
F.-P. Mall, 4906, qui ont employé lemême procédé ou éclairci l'embryon. 
par un séjour dans un mélange de glycérine et de potasse ou bien 
encore ont jugé d'après les images radioscopiques), ce point serait tou- 
jours unique ; pour d’autres encore, lels que Rambaud et Renault, 1864 
(dissection), et Lambertz, 1906 (radioscopie), l’ossification primitive du 
corps vertébral se ferait aux dépens : 4° d’un point principal qui appa- 
raitrait du côté ventral, et 2° d’un point complémentaire qui s'y ajou- 
terait du côté dorsal. 
Notre exposé de faits montre que chacune de ces théories répond à un 
phénomène objectif. Le seul tort des observateurs a été de s’en tenir à. 
un procédé d'examen superficiel et d'ignorer les notions d'évolution. 
et de transformations, qui, seules, caractérisent la matière vivante. 
Autre cause d'erreur : les entités cartilagineuses dégénéreraient à un 
moment donné, et d’autres entités, les osseuses, viendraient prendre leur 
place. IL ne suffit pas, en effet, de constater par un procédé quelconque 
que des points opaques ont apparu dans un tissu jusqu ‘alors trans 
parent: il faut, comme nous l'avons fait pour le développement du sque- 
lette des extrémités (4), préciser le stade évolutif où se trouve le poin 
opaque qui passe successivement par l'état de cartilage hypertrophique. 
puis spongoïde ou ostéoïde, et enfin osseux. Si l’on se contente du terme 
« point d'ossification » pour désigner ces trois stades évolutifs, on con 
fond trois choses différentes et, au lieu d'arriver à résoudre la difficité: 
ou la recouvre d'un voile. On se complait dans l’à peu près et la filiation. 
des phénomènes évolulifs est impossible à établir. La meilleure preuve. 
en faveur de notre critique et de la valeur de notre méthode, c'est que. 
nos observations nous mettent à même de dire pourquoi et comment 


(4) Retterer. Journal de l’Anatomie, 1884, p. 549 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 497 


tissus en voie d'ossificalion affectent, à un âge donné, la forme d’un 
ovoïde muni d’un prolongement médian et dorsal. Si, par la dissection, 
on sépare, l’une de j’autre, les parties latérales de l’ovoïde, on obtient 
l’image de deux points d'ossification symétriques et pairs. D'autre part, 
en dissociant la lame médiane et dorsale d'avec l’ovoïde, ou bien en 
éclairant de côté le point d’ossificalion, on aperçoit sur la plaque, en 
arrière de la tache principale, une ombre légère, qu’on attribue à la pré- 
sence d’un grain ou point complémentaire. 

L'étude microscopique rectifie ce mauvais jugement et permet de 
prouver qu’il s’agit, non point de centres distincts d’ossification, mais 
de parties d'un même tout dont les unes sont au stade de cartilage 
hypertrophique, les autres à l’état de tissu spongo-réticulé et d’autres 
encore au stade osseux. 

Pour contrôler ces résultats, nous avons étudié l’ossification du rachis 
sur d’autres mammifères. Les embryons de porc, longs de 4 centimètres, 
ceux de chat de 3 à 4 centimètres, ceux de cheval, longs de 5 à 7 centi- 
mètres, ont des points opaques à l’état de cartilage hypertrophique. Les 
embryons de chien de 5 cent. 5 ont des centres d’ossification au stade de 
noyau spongo-réticulé et entourés d’une couronne de cartilage hyper- 


trophique. Chez les embryons de chat de 7 centimètres, ou ceux de lapin 


de 8 centimètres, le tissu osseux s'est ajouté aux tissus précédents. 


Cgnclusion. — Les procédés expéditifs (dissection, macération, éclair- 
cissement, radioscopie) ne font qu'indiquer l’époque d'apparition et le 
nombre probable des points opaques, mais ils ne sauraient donner que 
la notion vague de point où centre d’ossification. L'analyse microseo- 
pique seule est capable de déterminer et de fixer la nature, ainsi que la 
structure, du point opaque; elle seule nous renseigne sur ses phases 
évolutives, qui débutent constamment par le cartilage hypertrophique, 
se poursuivent par le développement du tissu spongo-réticulé et 
s’'achèvent par l'élaboration du tissu osseux proprement dit. 


LES MICROBES ACIDOPIHILES DE LA FLORE INTESTINALE DE L'ÉLÉPHANT, 


par J. SCHILLER. 


Les acidophiles que nousavons rencontrés se rattachent pourlamajeure 
partie au groupe de Mereshkowsky I; l'acidophile de Moro (Meresh- 
kowskyIl n’a été rencontré que trois fois au cours de nos études. En plus, 
nous avons isolé des microbes qui sont apparentés seulement par quelques 
caractères au groupe de Mereshkowsky 1 et qui forment un groupe à 
part de microbes acidophiles. Les groupes mentionnés abondent telle- 


498 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ment dans la flore intestinale en question que les moyens habituels 
d'isolement suffisent pour en obtenir des cultures. 


Groupe du B. de Mereshkowsky I. 

Nous avons isolé quatre espèces différentes qui se distinguent par la 
quantité d'acide formé dans le lait, le temps qu'elles mettent à le 
coaguler et par l'aspect morphologique des bâtonnets. En plus, elles 
ont différentes actions sur les sucres. 


ACIDITÉ TEUPS NÉCESSAIRE 

Nos |évaluéeen| pour coaguler | GLYCOSE | SACCHAROSE | LACTOSE | MALTOSE | MANNITE | DEXTR. | GALACTOSE 
H°S0+ le lait. 

1 [3 0/00 | 36 heures. — — + + ar. + ab 

2 | 2,4 0/00 | 48 heures. : El à ee 

3 | 2,5 0/00 24 heures. | re #2 2E de 

4 | 2 0/00 | 48 heures. —+ : —- “ — + dk 

5 | 2,3 0/00 24 heures. _e dE + + + + = 


Groupe de microbes acidophiles, n'ayant pas les caractéres des groupes 
Moro et Mereshkowsky TI. 

Bacillus acidophilus flavus. — Ce bacille donne sur gélose inclinée des 
colonies grasses, colorées en jaune vif. Il forme de longues chaïnegttes 
dont chaque anneau est représenté par un bâtonnet très court, presque 
carré ; il est immobile et prend le Gram. L’acidité est de 2 p. 1.000. Le 
microbe ne pousse pas sur la surface de la pomme de terre. En gélose 
profonde glucosée, les colonies sont lenticulaires. Il ne produit pas 
d'indol. 

Coccus acidi subflavus. — C'est un gros coccus en courtes chaînettes 
ou en diplocoque, immobile et prenant le Gram. Il coagule le lait au 
bout de quarante-huit heures. L’acidité est de 1,5 p. 1.000. Après trais 
jours, le coagulum est régulièrement partagé en une partie supérieure 
et une autre inférieure. Le coccus forme en géloseinclinée des colonies 
jaunâtres et grasses. Le microbe ne pousse pas sur la pomme de terre. 

Acidophilus albus. — Le microbe est un bâtonnet mince et grêle ; 
souvent il forme de courtes chaîneltes. Ilesttantôt droit, tantôt incurvé. 
Le bacille est immobile et prend le Gram. Le lait est coagulé au bout de 
trois jours, l'acidité est de 41,5 p. 4.000. En gélose inclinée, il forme une 
couche épaisse, d’une teinte blanche. Les colonies en gélose profonde 
glucosée sont rondes, à bords lisses. Ce microbe ne pousse pas en bouillon 
ordinaire non sucré ; il ue pousse non plus sur pomme de terre en sur- 
face et en gélatine par piqüre. 

Coccus banani Distaso. — Voy. : « Roussette et microbes », dans les 
Annales de l'Institut Pasteur 1909. 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 499 


Coccus acidi flavus. — C'est un des microbes les plus fréquents dansles 
selles de l'éléphant. Il coagule le lait au bout de vingt-quatre heures ; 
l'acidité est de 1,5 p. 1.000. Les colonies en gélose inclinée sont grasses 
et jaunâtres. Ce microbe attaque légèrement l’amidon en produisant des 
traces de sucre. Sur pomme de terre en surface, les colonies sont 
blanches et brillantes. Dans les milieux liquides, le microbe pousse en 
produisant des voiles qui tombent au fond du tube. Le coccus est immo- 
bile, il ne donne pas d'indol. 

B. glycobacter coagulans (1). — C'est un des rares microbes à spores 
qui coagulent le lait. 


ACTION DES MICROBES DE CE GROUPE SUR DIFFÉRENTS SUCRES. 


ESPÈCES GLUCOSE | SACCHAROSE | LACTOSE | MALTOSE | MANNITE | DEXTR. | GALACTOSE 


Bacillus acidophilus flavus. — 
Cocus acidi subflavus . . 
Acidophilus albus . 
Cocus acidi flavus . 


({nstilut pour l'étude des maladies microbiennes, Dir. H. Spahlinger). 


RECHERCHES SUR L'HÉMOGLOBINURIE PAROXYSTIQUE « A FRIGORE ». 
PREMIÈRE NOTE. — ÉTUDE DU PROCESSUS HÉMOLYTIQUE « IN VITRO ». ACTION 
DU FROID SUR LA FIXATION DE LA SENSIBILISATRICE ET DU COMPLÉMENT 
SUR LES HÉMATIES, 


par F. Wipaz, P. ABramI et ET. BRISSAUD. : 


Ayant eu l’occasion d'observer, depuis deux ans, quatre sujets atteints 
d'hémoglobinurie paroxystique a frigore, nous avons repris l'étude du 
processus hémolytique, dont le mécanisme a été, en ces dernières 
années, envisagé de façons assez contradictoires. 

La réaction de Donath et Landsteiner, qui permet de reproduire, ?n 
vitro, l’hémolvyse par le froid, s’est montrée entre les mains de plusieurs 
auteurs si souvent négative, que sa valeur et même sa signification ont 
été contestées. Nous pensons pouvoir conclure de nos expériences que 
cette réaction est au contraire constante dans l'hémoglobinurie et que 
les résultats négatifs observés tiennent à ce que les conditions de l’expé- 
rience ont été jusqu'ici incomplètement déterminées. 


(1) Voy. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXV, p. 304. 


430 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2 Ê 


ES 


On sait en quoi consiste la réaction de Donath et Landsteiner. Si l'on 
ajoute à un sérum d’hémoglobinurique, recueilli en dehors des crises, 
des hématies humaines de provenance quelconque et qu’on expose le 
mélange à l'action du froid pendant un temps variable suivant les sujets, 
son transport à l’étuve à 37 degrés fait apparaitre une hémolyse intense. 
Cette hémolyse fait défaut, quand le mélange n’a pas été préalablement 
refroidi. TRE 

Nos expériences nous ont montré que l'étude de cette réaclion néces- 
site cependant une {echnique très rigoureuse, dont chaque détail a une 
importance telle que son oubli peut suffire à fausser entièrement le 
résultat. < 


En premier lieu, il est nécessaire de recueillir le sang du malade dans un 
récipient maintenu à la température de 37 ou 38 degrés. Cette précaution est 
indispensable. Les altérations produites par le froid dans le sang des hémo- 
globinuriques peuvent s'effectuer avec une rapidité telle, que quelques 
minutes suffisent pour provoquer la fixation, sur les hématies, des substances 
hémolysantes contenues dans le plasma. D'autre part, Le degré du refroidis- 
sement nécessaire est très variable non seulement d’un sujet à l’autre, mais 
encore chez le même sujet, d’un jour à l’autre : le simple fait de recueillir 
le sang dans un récipient froid, et de l'y laisser séjourner, ne fût-ce que le * 
temps nécessaire à son transport jusqu'à l’étuve, où s’achèvera la coagula- 
tion, suffit dans certains cas à produire une véritable réaction de Donath et 
Landsteiner. Le sérum recueilli dans ces conditions sera laqué. Nous l'avons, 
nous-mêmes, observé plus d'une fois, lorsque nous opérions la prise de sang 
comme il est classique de le faire; nous ne l'avons jamais noté, par contre, 
en nous astreignant à suivre la technique que nous allons décrire. 

Le sang, recueilli par ponction veineuse, est reçu dans un tube en verre 
stérile, constamment maintenu à une température de 37 à 38 degrés, par 
immersion dans de l’eau chaude. Sitôt la prise effectuée, le tube contenant le 
sang est porté, toujours baignant dans l'eau chaude, jusqu’au laboratoire, où … 
il est placé dans l'étuve à 37 degrés. à 

Lorsque la coagulation est complète et le caillot rétracté, on prélève le 
sérum, dans un tube également chaud, et, pour le débarrasser des hématies … 
qu'il tient en suspension, on le centrifuge très rapidement. Afin de réduire 
au minimum l’action du refroidissement, le porte-tube de la centrifugeuse a 
été plongé quelques minutes dans l’eau bouillante et renferme en outre de 
l’eau chaude. 

Quant aux hématies destinées à être mises au contact du sérum, on les * 
recueille sur un individu normal, par le procédé du sang déplasmatisé ; elles 
sont lavées à trois reprises dans l’eau chlorurée à 9 p. 4000. 


Parmi nos quatre hémoglobinuriques, trois nous ont donné un sérum 
qui, constamment, provoquait le phénomène de Donath et Landstei- 
ner, dans les conditions habituelles de l'expérience. Le mélange 
de XXX gouttes de sérum et de II gouttes d'hématies, placé d’abord 
dans de la glace pilée, pendant une demi-heure, puis déposé à l’étuve » : 


SÉANCE DU 22 NOYEMBRE 431 


à 37 degrés pendant une demi-heure, se montrait toujours très forte- 
ment hémolysé. Chez notre quatrième malade, au contraire, la réaction 
effectuée de la sorte a toujours été négative. 

Nous allons analyser, tout d’abord, dans cette note, ce qui se produit 
dans le premier cas, c’est-à-dire lorsque la réaction de Donath et Land- 
steiner est typique. 

Les deux substances dont on suppose avant tout l'intervention au 
cours de cette réaction sont la sensibilisatrice et le complément. Il est 
donc nécessaire de s’efforcer d'isoler l’action de chacune d'elles, d'abord 
pendant le refroidissement du mélange, puis pendant son séjour à 
37 degrés. 

Lorsque le mélange sort de la glace, il est facile de s'assurer que la 
sensibilisatrice s’est toujours fixée sur les hématies. Il suffit, après avoir 
centrifugé le mélange et lavé les hématies à deux reprises, avec de l’eau 
glacée, salée à 9 p. 1.000, de les additionner d'une petite quantité de 
complément (sérum frais de cobaye), puis de les transporter à l’étuve, 
pour observer, en quelques minutes, la production d’une hémolyse 
intense. 

Le même résultat est obtenu si, au lieu d'employer le sérum frais de 
l'hémoglobinurique, on s'adresse à son sérum décomplémenté par vieil- 
lissement à la glacière, ou par chauffage à + 55 degrés. Il est donc 
certain qu’à O degré, la sensibilisatrice hémolytique, présente dans le 
sérum des hémoglobinuriques, se fixe sur les hématies. 

En ce qui concerne le complément, l'opinion classique, depuis les 
recherches d’Ehrlich et Morgenroth, est qu’il est incapable de se fixer 
. à 0 degré, et que c’est pendant le séjour à l’étuve que s'opère son absorp- 
tion par les globules rouges sensibilisés. Cette opinion a été acceptée, 
en ce qui concerne l’hémoglobinurie a frigore, par tous les auteurs qui 
se sont occupés du mécanisme de l'hématolyse. 

Nous pouvons affirmer, au contraire, que le complément, comme la 
sensibilisatrice, se fixe à 0 degré sur les hématies. Deux séries d’expé- 
riences, que nous avons effectuées à maintes reprises chez nos trois 
malades le démontrent à l'évidence. 

Après que le mélange sérum-hématies a séjourné à 0 degré, pendant 
une demi-heure, centrifugeons-le rapidement, dans le porte-tube 
rempli de glace pilée de la centrifugeuse : décantons le sérum, lavons 
les globules à laide d’eau salée glacée, puis portons-les à l'étuve, 
après les avoir simplement émulsionnées dans un peu d’eau chlorurée à 
9 p. 1.000 : nous constatons, au bout d’une demi-heure, que ces globules 
sont franchement hémolysés. 

Bien entendu, ce phénomène ne se produit plus si, au lieu d’un sérum 
frais d'hémoglobinurique, nous employons un sérum décomplémenté 
par vieillissement ou par chauffage. 

Ea fixation du complément à 0 degré, par les hématies sensibilisées, 


439 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


est encore attestée par les résultats que donne le dosage du complément 
dans un sérum, avant et après qu'il a séjourné dans la glace en contact 
avec les hématies : on note, d’une façon constante, une diminution con- 
sidérable du complément. Si l'on prolonge pendant plusieurs heures le 
séjour à la glace, le sérum peut être totalement dépouillé de son com- 
plément. | 

La tixation du complément à 0 degré, est donc certaine. Elle présente 
deux particularités importantes. D'abord elle est plus lente, moins com- 
plète, que celle de la sensibilisatrice. Lorsqu'on additionne le sérum 
d’une hémoglobinurique d’une quantité suffisante d’hématies, on par- 
vient presque toujours à épuiser, en une demi-heure de refroidissement 
à 0 degré, toute la sensibilisatrice renfermée dans ce sérum; il est 
exceptionnel, dans le même temps, d'observer une fixation également 
totale du complément. En second lieu, la fixation à 0 degré du complé- 
ment sur l'hématie sensibilisée, ne suffit pas pour que l’hémolyse en 
résulte; il faut encore que le mélange soit réchauffé à 37 degrés. En 
d’autres termes, on doit distinguer, dans la fonction du complément, 
deux actes successifs : un acte de fixation, qui s'effectue déjà à 0 degré, 
et un acte d'hématolyse, qui s'effectue à la température optima de 
+ 37 degrés. Cr 

Les deux particularités précédentes expliquent, sans doute, qu’on ait 
cru jusqu'ici à l’inactivité du complément pendant le séjour du mélange 
sérum-hématies à la glace. 


ESSAI DE TRAITEMENT DES PYORRHÉES ALVÉOLAIRES PAR LES VIRUS-VACCINS, 


æ 


par D.-M. BERTRAND et C.-A. VALADIER. 


La pyorrhée alvéolaire est une affection gingivale extrêmement 
fréquente et tenace, dont la répercussion se fait souvent sentir sur les 
autres parties du tube digestif. On était, jusqu'à présent, presque 
désarmé contre elle, car, sauf au début de la maladie, le traitement 
purement local ne donnait pas des résultats très encourageants. D’un 
autre côté, les essais de vaccinothérapie tentés par différents auteurs, 
Allen, Mac Watters, Goadby, etc., en Angleterre, et Williams, en Amé- 
rique, n'avaient pas mis les malades à l'abri de récidives parfois très 
rapides. 

Les malades viennent, en effet, très rarement consulter au début de 
leur affection, mais seulement lorsque les dents sont branlantes à 
l’intérieur des alvéoles et que le pus s'écoule facilement à la moindre 
pression sur les gencives. À ce moment, se sont constituées des poches 
purulentes, remontant parfois très haut à l’intérieur des tissus malades, 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 433 


en partie sphacélés, où la nutrition se fait mal, et où, par conséquent, 
l'élaboration des anticorps destinés à lutter contre les bactéries infec- 
tantes est très faible, sinon nulle. 

Cette mauvaise nutrition et celte circulation défectueuse sont encore 

les obstacles où va se heurter la vaccinothérapie, car les anticorps qui 
auront pris naissance sur un autre point de l'organisme vont avoir la 
plus grande peine à atteindre les micro-organismes virulents contre 
lesquels ils sont destinés à lutter. 
_ Il était, par conséquent, d'une importance capitale d'arriver à la fois 
à immuriser l'organisme et à détruire ces tissus qui entretiennent indé- 
finiment l'infection, et, enfin, à provoquer la prolifération d’un tissu 
nouveau et sain, capable de maintenir la dent dans l’alvéole. 

Le principe qui nous à guidés était le suivant : au moyen des virus- 
vaccins, nous voulions entreprendre l’immunisation de l'organisme 
contre les bactéries en cause dans le cas de pyorrhée; puis, quand une 
certaine immunité apparaissait, intervenir avec un traitement méca- 
uique et antiseptique, se poursuivant parallèlement avec la vaccino- 
thérapie (1). Nous pouvions ainsi détruire les tissus sphacélés, nettoyer 
complètement la dent jusqu'à sa racine, la réparation pouvait alors se 
faire à l’abri de la réinfection par les mêmes micro-organismes. 

Essayant d'appliquer ces principes, nous avons tenté le traitement 
d’un certain nombre de cas de pyorrhées alvéolaires rebelles, datant de 
plusieurs années et sur lesquelles différents traitements avaient déjà 
échoué. 


En premier lieu, nous devions procéder à l'examen bactériologique 
du pus et à son ensemencement. D'abord, il fallait enlever le tartre, puis, 
au moment du prélèvement, la bouche était soigneusement lavée à l’eau 
bouillie, après un nettoyage des dents et des espaces inlerdentaires. 

Au moyen d’une pipette fine, on prélevait un peu de pus, qui était 
ensemencé sur gélose sans peptone, sur gélose au sang et sur sérum 
solidifié. En outre, dans le but de rechercher les espèces anaérobies 
qui pouvaient y exister, nous inoculions quelques tubes de gélose 
sucrée profonde. Un peu de pus était, en outre, étalé sur deux lames 
qui étaient colorées, l’une avec le procédé de Gram-Nicolle, l’autre avec 
le Giemsa. | 

Dans presque tous les cas que nous avons examinés, il y avait une 
associalion microbienne. Dans tous existait le streptocoque, qui, tant 
par le nombre de ses colonies que par sa grande abondance dans les 
préparations, était nettement l'espèce prédominante. Plus les cas sont 
récents, plus le streptocoque prédomine. Dans trois cas, nous l'avons 


(4) La place manque ici pour expliquer ce traitement en détail, aussi nous 
le publierons ailleurs ultérieurement. 


234 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


trouvé à l’état pur dans les milieux et sur les préparations; il élait une 
fois associé avec un spirochète que nous n'avons pas cultivé. 

À plusieurs reprises, le streptocoque était associé avec le Siaphylo- 
coccus dureus (dans deux cas), le Staphylococcus albus dans deux aütres 
cas, et le Staphylococcus citreus dans plusieurs autres. À deux reprises, 
nous l'avons trouvé associé au Bacillus pneumoniæ de Friedländer, qui 
y était en très grande abondance. Plusieurs fois, il était associé au 
Micrococcus catarrhalis, et deux fois au pneumocoque. 

Nous avons alors préparé, suivant la technique ordinaire, dés virus 
sensibilisés contre les streptocoques, staphylocoques, pneumocoques, 
et bacilles de Friedländer. Pour le Hicrococcus catarrhalis, nous avons 
fait un vaccin suivant la technique de Wright, car nous n'avions pas 
d'animaux préparés pour avoir de la sensibilisatrice. 

Nous avons pu, à ée moment, commencer l'immunisätion par injections 
intrafessières, de grañdes quantités de microbes, comme le permet la 
sensibilisation, Après un temps variant de quatre à six injections, il était 
impossible de déceler, par des cultures, la présence des bactéries que 
nous avions obtenues avant le début du traitement. Nous faisions 
d’ailleurs, peur plus de sûreté, trois ou quatre injections supplémen- 
taires. 

Après plus de six mois, nous avons revu quelques-uns de ces 
malades qui n'avaient aucune récidive. Ces résultats semblent donc 
encourageants; nous poursuivons encoré actuellement ces essais. Les 
points qui semblent les plus importants et nouveaux sont l'immuni- 
sation préalable contre les bactéries infectantes et le traitement local 
qui avait, semble-t-il, été trop négligé dans les essais faits jusqu'ici. 


(Laboratoire du professeur Metchnikof.) 


SUR QUELQUES PLANTES NOUVELLES A ACIDE CYANHYDRIQUE, 


par MARCEL MIRANDE. 


Les théories bio-chimiques et un certain nombre de recherches et 
expériences déjà faites sur les végétaux à acide cyanhydrique semblent 
indiquer que cette substance joue un rôle important dans la synthèse de 
la matière vivante. Quoique encore obscur et controversé, le problème 
de la cyanogénèse végétale a une grande importance au point de vue 
botanique et au point de vue chimique. Dans le but de contribuer à 
l'étude de cette question, j'ai signalé dernièrement, dans plusieurs notes 
à l'Académie des Sciences, la présence de composés cyanogénétiques 
dans quelques plantes. Je désire signaler ici un certain nombre d’autres 
plantes dans lesquelles j'ai constaté la présence de tels composés. L'énu- 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 


NS 
Co 
O6 


mération ci-dessous, faite dans l'ordre systématique, contient, en outre, 
l'indication des plantes sur lesquelles j'ai déjà appelé l'attention. 


COMMÉLINACGÉES. — J'ai signalé l'existence d’un principe cCyanogénétique 
dans le Tinantia fugax Scheidw. (Tinantia erecta Schlecht; Tradescantia erecta 
Jacq.) (C. R. Acad., 4 nov. 1912). 

RENONCULACÉES. — Présence d'acide cyanhydrique dans le Thalictrum 
fœtidum L., des Alpés. Cette espèce s'ajoute à deux autres, le Th. aquilegifolium 
L. et le Th. angustifolium L., dans lesquelles la présence d’une substance 
cyanique était déjà connue. 

L'Isopyrum thalictroides L., plante de floraison printanière, est assez riche 
en contenu cyanique ; un échantillon m'a donné, en mars, pour 100 grammes 
de feuilles fraiches, 0 gr. 042 d'acide cyanhydrique. Les fleurs en contiennent 
aussi une petite quantité. 

MaGnoLiACÉEs. — [l est intéressant de signaler la présence de l'acide 
cyanhydrique dans le Tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera L.). C’est 
l'un des plus grands arbres et des plus précieux de l'Amérique. Acclimaté 

depuis longtemps dans nos parcs. Un des arbres que j’ai examinés contenait, 
pour {00 grammes de féuilles fraîches, au mois de mai 0 gr. 049 d'acide 
cyanhydrique, au mois d'août 0 gr. O1. 

CALYCANTHACÉES. — J'ai signalé la présence de l’acide cyanhydrique dans 
les plantes de cette petite famille, notamment dans: Calycanthus floridus L., 
C. lœvigata Willd, C. occidentalis Hook, Chimonanthus fragrans Lind. (C. R. 
Acad., 21 oct. 1912). Je puis ajouter que l'acide est contenu aussi dans les 
fleurs du Chimonanthus. 


PAPAVÉRAGÉES. — J'ai signalé la présence d’un contenu cyanogénétique 
dans le Papaver nudicaule L. (C. R. Acad., 27 oct. 1913). 
FUMARIACÉES. — Présence de l'acide cyanhydrique dans le Dicentra spec- 


tabilis DC. (Diclytra et Dielytra DC.) plante originaire de la Chine, commune 
dans les jardins. 

CRASSULACÉES. — Les Orpins sont à étudier au point de vue de l'acide 
cyanhydrique. J'ai pu déceler la présence de cette substance dans le Sedum 
anopetalum DC, et le S. altissimum Poir. 

Rosacées. — Parmi les Amygdalées, le genre Prunus est un genre classique 
de plantes à acide cyanhydrique. On ne s’étonnera pas de la présence de cet 
acide dans le Prunus brigantiaca Vill., le Prunier de Briançon, plante assez 
rare de nos Alpes. 

PAPILIONACÉES. — Présence de l'acide cyanhydrique dans le Lotus ornitho- 
podioides L. de la région méditerranéenne. Cette espèce s'ajoute aux L. 
arabicus L. et L. australis Andr. déjà connus comme plantes cyaniques. 

J'ai enfin signalé dernièrement la présence d'un contenu cyanique dans le 
Frifolium repens L., cette plante si commune autour de nous, où la présence 
de l’acide cyanhydrique était restée jusqu'à ce jour insoupconnée (C. R. Acad., 
1 oct. 1912). 

ÆNOTHÉRACÉES. — Présence de l'acide cyanhydrique dans le Gaura biennis 
L., surtout dans les feuilles de la première année. Gette espèce, originaire de 
l'Amérique du Nord, est cultivée dans les jardins botaniques. 

. HALoRaGacéEs. — J'ai constaté la présence d'un composé cyanogénétique 


436 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dans l’Haloragis alata Jacq. (Cercodia erecta Murr.), plante de l'Australie 
cultivée dans les jardins botaniques. 


Ericacées. — Acide cyanhydrique dans lErica multiflora L., surtout au 
moment de la pleine floraison. 
CAMPANULACÉES. — Présence de l’acide dans le one garganica Tenore 


qui croît en Italie et en Grèce. 

Composées. — J'ai signalé déjà la présence d’une substance cyanique dans 
le Centaurea Crocodylium L. (C. R. Acad., 4 nov. 1912). J'ajoute ici une plante 
nouvelle à cette famille, le Florestina pedata Cass., plante du Mexique cultivée 
dans certains jardins botaniques. 


En résumé, il faut ajouter les 21 espèces nouvelles énumérées ci-dessus 
à la liste des plantes déjà connues comme plantes à principes cyano- 
génétiques. 

Ces 21 espèces se répartissent en 14 genres nouveaux : Tinantia, 
Isopyrum, Liriodendron, Calycanthus, Chimonanthus, Papaver, Dicentra, 
Sedum, Trifolium, Gaura, Haloragis, Erica, Campanula, Florestina; et 
en 10 familles nouvelles : Commélinacées, Magnoliacées, Calycanthacées, 
Papavéracées, Fumariacées, Crassulacées, OEnothéracées, Haloragacées, 
Ericacées, Campanulacées. 


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NOUVELLES REMARQUES SUR LA SIGNIFICATION DES PLASTES DE W. SCHIMPER 
PAR RAPPORT AUX MITOCHONDRIES ACTUELLES, 


par À. GUILLIERMOND 


I. — En cytologie animale, on admet généralement qu’une des fonc- 
tions principales des mitochondries consiste à élaborer les divers pro- 
duits de sécrétion de la cellule. 

En cytologie végétale, nos recherches ont définitivement établi ce 
rôle en démontrant que les mitochondries engendrent en se différen- 
ciant les plastes où plastides de W. Schimper, dont le fonctionnement 
est depuis longtemps connu. Mais que représentent exactement les > 
plastes de Schimper vis-à-vis des mitochondries actuelles? C'est là une 
question délicate que nous nous sommes posée dès le début de nos 
recherches, que nous avons déjà discutée ici (1) et que nos travaux 
d'ensemble sur les milochondries des cellules végétales nous permettent 
aujourd’hui de préciser. 


IT. — Rappelons très sommairement les principaux résultats de nos 
recherches antérieures sur la formation des plastes. 


a) Les chloroplastes se forment d’une manière générale comme il suit : les 
chondriocontes des cellules des méristèmes commencent à élaborer de la 


(1) Mitochondries et plastes. C. R. de la Soc. de Biologie, t. LXXIIT, 1912, p. 7. 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 437 


chlorophylle et à verdir avant leur différenciation en plastes; ils se trans- 
forment ensuite en haltères dont les deux têtes se séparent, grossissent et 
deviennent des chloroplastes (schéma 1). 

b) Les chromoplastes (formateurs de pigments xanthophylliens et caroti- 
niens) résultent de processus semblables (schéma 2). 

c) Quant aux leucoplastes ou amyloplastes, ils se différencient de manière 
très variable selon les espèces; ils peuvent provenir d’une différenciation 
plus ou moins accusée, soit de mitochondries granuleuses (schéma #), soit de 
chondriocontes {schéma 6). Dans beaucoup de cas, la différenciation est 
presque nulle et c’est la mitochondrie elle-même qui joue le rôle d'amylo- 
plaste et élabore directement à son intérieur le grain d’amidon (schémas 3 
et 5). Les schémas 3 à 6 représentent les principaux types de formation 
d’amidon que nous avons observés au cours de nos recherches et nous dis- 
pensent de les décrire. 

d) Nos recherches les plus récentes ont démontré que le tannin et les 
pigments anthocyaniques qui se trouvent localisés dans les vacuoles de beau- 
coup de cellules des Phanérogames, sont élaborés au sein de mitochondries, 
mais directement, sans l'intermédiaire de plastes. Elles ont démontré égale- 
ment qu'il en est de même pour les corpuscules métachromatiques des 
champignons (schéma 7). 

En cytologie animale, on sait que le produit sécrété peut être élaboré, soit 
directement par la mitochondrie (schéma 8), soit indirectement par un 
corpuscule plus gros résultant d’une différenciation de la mitochondrie et 
auquel Prenant a donné le nom de plaste, par analogie avec les plastes de 
Schimper. 


III. — D'après ce qui précède, on voit qu'il est très difficile d'établir 
une limite précise entre les mitochondries et les plastes de Schimper, 
puisque, d'une part, la chlorophylle et les pigments anthophylliens ei 
carotiniens commencent à être élaborés par les chondriocontes avant 
leur différenciation en plastes, et puisque, d'autre part, l’amidon peut 
être élaboré indifféremment soit par un amyloplaste issu d’une mito- 
chondrie, soit directement par une mitochondrie. Cette délimitation 
devient encore plus malaisée si l’on considère que les plastes sont des 
formations qui conservent à peu près les caractères histo-chimiques des 
mitochondries. El, cependant, les chloroplastes (fig. 9) et certains 
amyloplastes (schémas 4% et 5) semblent tellement différer par leurs 
dimensions des mitochondries ordinaires, qu’on éprouve une réelle 
hésitation à les assimiler simplement à des formations mitochondriales. 


D'après tous les faits que nous avons observés dans nos recherches ei 
d’après tous les faits antérieurement connus en botanique, il nous semble 
que les amyloplastes ne sont autre chose que des mitochondries accrues pa: 
la nutrition. L’amyloplaste devient ainsi un état purement transitoire de 
l’évolution de certaines mitochondries, lequel précède immédiatement l’éla- 
boration du produit. Il paraît en être de même des chromoplastes xantho- 
phylliens et carotiniens, et probablement aussi des plastes des cellules 
animales. Ce qui prouve que l’amyloplaste n’est qu’un état transitoire de la 


BIOLOGIE. CoupTEes RENDUS. — 1913. T, LXXV, 30 


LOS VON 


mitochondrie, c'est que, dans une cellule adulte qui élabore de l’amidon, on 
observe généralement toutes les formes de transition entre les mitochon- 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dries, les amyloplastes et les grains d’amidon définitivement formés et ayant 


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épuisé leur écorce mitochondriale. La différenciation des amyloplastes se fait 
donc successivement dans une cellule au fur et à mesure que le besoin s’en 
fait sentir. On a soutenu que les amyloplasties sont susceptibles de se diviser, 
mais nos recherches semblent démontrer que cette assertion est erronée. 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 439 


EXPLICATION DE LA FIGURE. 


. Schéma 1. — Stades successifs de la formation de deux chloroplastes aux dépens 
d'un chondrioconte. La chlorophylle est représentée par la teinte grise. 
Schéma 2. — Stades successifs de la formation de deux chromopiastes xantho- 


phylliens aux dépens d'un chondrioconte. La xanthophylle est représentée par la 
teinte grise. 


Schéma 3. — Stades successifs de l'élaboration d’un grain d'amidon dans l'inté- 
rieur d'une mitochondrie granuleuse dans le tubercule de pomme de terre. 
Schéma 4. — Stades successifs de l'élaboration d’un grain d’amidon dans un 


amyloplaste résultant de la différenciation d’une mitochondrie granuleuse dans la 
racine de Ficaria ranunculoïides. 


Schéma 5. — Stades successifs de l'élaboration de deux grains d'amidon composés 
dans un chondrioconte, suivant le mode qu'on observe dans les racines de haricot, 
ricin, maïs. 

Schéma 6. — Stades successifs de l’élaboration d'un grain d’amidon dans un 
amyloplaste résultant de la différenciation d'un chondrioconte dans la racine de 
Phajus grandiflorius. 

Schéma T. — Stades successifs de l'élaboration d'un corpuscule métachromatique 
dans un chondrioconte dans Puslularia vesiculos«. 

Schéma 8. — Stades successifs de l'élaboration de globules graisseux dans une 
cellule adipeuse (d’après Dubreuil). 

Figure 9. — Cellule parenchymateuse d'une feuille d'Elodea canadensis, à l'état 
vivant, montrant des chloroplastes, dont quelques-uns, en biscuit, sont en voie de 
se diviser. 


Figures 10 et 11. — Chloroplastes en voie d'élaborer de l’amidon, dessinés dans 
une cellule vivante d'Elodea (grossissement : environ 1.500). 


Au contraire, les chloroplastes ne se comportent pas comme Îles autres 
plastes. Il est depuis longtemps démontré que les chloroplastes, une fois 
différenciés dans une cellule, sont capables de se multiplier par division. Le 
fait est indéniable, et il est facile de suivre sur le vivant tous les stades de 
la division des chloroplastes (fig. 9). D'autre part, on sait par nos observations 
que, lorsque, dans une cellule, ies chloroplastes se différencient, cette diffé- 
renciation s'effectue simultanément sur tous les chondriocontes, et presque 
tous les éléments du chondriome se transforment en même temps en chloro- 
plastes, si bien qu'après cette différenciation il ne subsiste plus dans la 
cellule que très peu de mitochondries ayant échappé à la transformation. 
Les chloroplastes se distinguent nettement des amylopiastes en ce qu'ils ne 
représentent pas un état transitoire de l’évolulion des mitochondries. Ils 
marquent, au contraire, le début d’une évolution secondaire des mitochon- 
dries, un stade initial à partir duquel ces éléments continueront leur exis- 
tence en se multipliant et en étant doués d’une fonction spéciale. Etant 
donné qu'ils ont la propriété de se diviser, qu'ils ont un rôle élaborateur tout 
comme les mitochondries, enfin qu'ils ne diffèrent guère des mitochondries 
que par leurs dimensions, il nous semble qu’on puisse les considérer comme 
des mitochonüries beaucoup plus évoluées que les mitochondries ordinaires 
et différenciées en vue de la fonction spéciale et très complexe qu'est la fonc- 
tion chlorophyllienne. Ce seraient en quelque sorte des mitochondries à un 
état d'évolution supérieur résultant &’une différenciation secondaire des 

- mitochondries ordinaires et dont l'existence chez les végétaux s’expliquerait 


440 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


par la fonction chlorophyllienne qui leur est propre. Les chloroplastes ont 
d’ailleurs une fonction infiniment plus complexe que les mitochondries 
ordinaires, puisque ce sont des appareils de synthèse qui, grâce à la chloro- 
phylle qu'ils élaborent, et avec.le concours des radiations solaires, fabriquent 
de toutes pièces les matières hydrocarbonées et, entre autres, l’amidon, à 
partir du carbone atmosphérique. 


IV. — En résumé, il résulte de l’ensemble de nos recherches : 

1° Que les mitochondries sont des organites qui ont pour une de 
leurs fonctions principales d'élaborer les produits de sécrétion de la 
cellule, fonction analogue à celle des plastes depuis longtemps connus 
chez les végétaux ; 

2° Que les plastes de Schimper sont assimilables aux mitochondries ; 

3° Qu'au moment de son fonctionnement dans l'acte sécrétoire, la 
mitochondrie peut, ou bien ne subir aucune différenciation, ou bien se 
différencier en un plaste qui n’est lui-méme qu'une mitochondrie 
grossie; 

4 Que les chloroplastes semblent représenter des formations ditfé- 
rentes des plastes ordinaires: ils sont en quelque sorte des mitochon- 
dries d'ordre supérieur spécialisées pour la fonction chlorophyllienne 
dont ils sont le siège. 


LÉSIONS TRACHÉALES PROVOQUÉES 
PAR DES LIPOÏDES EXTRAITS DU BACILLE DIPHTÉRIQUE, 


par JULIEN DÜMAS et AUGUSTE PETTIT. 


La diversité des réactions (1), que provoque le bacille de Loeffler 
chez les différentes espèces animales, nous a conduits à rechercher le 
mode d'action propre aux facteurs de toxicité de ce microbe vis-à-vis 
des tissus. 

Dans la présente note, nous consignons les résultats relatifs à l’action 
sur l’épithélium trachéal de certains corps gras, extraits par l’éther de 
bacilles diphtériques cultivés en bouillon et préalablement desséchés 
dans le vide: sans rien préjuger de leur nature réelle, nous désignerons 
les substances en question sous le nom de lipoïdes. 

Les expériences ont été pratiquées sur le cobaye, le lapin et le rat. 
Afin d'éliminer l’action d’un véhicule, les lipoides sont injectés dans la 
trachée, au moyen d’une seringue munie d'une aiguille coudée, en 
nature, à l'état semi-liquide. A cet effet, lipoïdes et seringues sont placés 
à l’étuve à 37 degrés une demi-heure avant l'injection. Les animaux = 
sont sacrifiés après un laps de temps variable et nécropsiés. Les tra- 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p.. 1198-1200, 1913. 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 4414 


chées sont examinées immédiatement au point de vue macroscopique, 
puis étudiées histologiquement. 

. Un premier fait retient l'attention: la Ra d'action des lipoïdes 
sur l’épithélium trachéal du cobaye. Vingt minutes après l'instillation, 
les modifications sont déjà très marquées; au bout d’une heure, 
l’épithélium est complètement abrasé, la muqueuse congestionnée et 
les vaisseaux gorgés de globules, parmi lesquels prédominent les leuco- 
cytes à noyaux polymorphes. Dans tous les cas, le pourcentage des 
leucocytes à granulations acidophiles reste toujours peu élevé. 

Dans une trachée ainsi lésée, la lumière est en grande partie obstruée 
par une fausse membrane, formée par un réticulum à mailles irrégu- 
lières, englobant des débris du revêtement épithélial, de nombreux 
leucocytes à noyaux polymorphes, des hématies en général peu 
abondantes, des leucocytes à granulations acidophiles toujours assez 
rares. 

Les réactions histo-chimiques du réseau sont les suivantes : pas de 
coloration par le mucicarmin; coloration élective en violet par la 
méthode de Weigert pour la fibrine; coloration noire par la méthode de 
Kôckel, modifiée par G. Loiseau et G. Faroy. 

Ainsi, certains lipoïdes extraits des bacilles diphtériques provoquent 
au niveau de la trachée une réaction fibrino-plastique intense, qui 
évolue avec une rapidité inconnue jusqu'ici. 

Dans des conditions analogues, J. Auclair, puis P.-J. Ménard ont 
bien signalé la formation d’exsudats fibrineux sous la peau ou dans le 
poumon; mais, d’après les observations de ces auleurs, un laps de 
temps assez prolongé est nécessaire pour la production d’aitérations 
graves. 

D'ailleurs, il s'agit là d’une réaction banale que les lipoïdes extraits 
de l’œuf de la poule peuvent provoquer également, mais à l’état 
d’esquisse, et le pouvoir fibrino-plastique en question est complètement 
indépendant de celui dont jouit la toxine; c’est tout au moins ce que 
semblent démontrer les faits suivants : 

a) Un cobaye, qui a recu vingt-quatre heures auparavant 2 centimètres 
cubes de sérum antidiphtérique, est aussi sensible à l’action des lipoïdes 
que l'animal neuf; 

b) Le rat, dont l’immunité cellulaire vis-à-vis de la toxine est si 
remarquable, présente, consécutivement à l'instillation de lipoïdes, 
des lésions comparables à celles du cobaye, tant au point de vue de leur 
nature que de leur intensité. 

Vraisemblablement, les lipoïdes du bacille de Lœæffler, toujours peu 
abondants, ne prennent pas en pathologie humaine une part prépondé- 
rante à la production de la fausse membrane; en effet, le sérum 
antidiphtérique, qui, chez l'animal, reste sans effet vis-à-vis des lipoïdes. 
arrête la formation des exsudats fibrineux chez l'homme. 


EN 
rs 
[NS] 


SOCIËTÉ DE BIOLOGIE 


Pourtant, le rôle de ces lipoïdes n’est peut-être pas complètement 
négligeable. En effet, les expérimentateurs, qui ont tenté de reproduire 
chez l'animal, au moyen de bacilles diphtériques, la fausse membrane 
trachéale, se sont heurtés pendant longtemps à des insuceès, et ceux qui 
ont obtenu les résultats les plus probants (1) n’ont réussi qu'à la condi-= 
tion de déterminer, préalablement, une lésion de l’épithélium (2). 

On est ainsi conduit à se demander si l’action de la toxine chez 
l'homme n'est pas favorisée par les lipoïdes du bacille diphtérique. 


SUR L'HISTOGÉNÈSE DU TUBERCULE. 


Note de Cu. Besnorr et V. RoBin, présentée par F. MESsniz. 


Malgré les innombrables travaux publiés sur cette question, on est 
loin d’être d'accord à l'heure actuelle sur la nature, l’origine et le rôle 
des éléments cellulaires qui entrent dans la constitution du tubercule. 

Pour Baumgarten et ses élèves, le rôle prépondérant dans l'édification . 
du tubercule revient aux éléments du tissu ambiant qui prolifèrent 
abondamment par voie de kariokynèse. Au contraire, l'école de Metchni- 
koff, avec Borrel, Morel et Dalous, etc, affirme la nature exclusive- 
ment lymphatique des cellules du follicule tuberculeux. 

Nos études anatomo-pathologiques sur une pseudo-tuberculose 
cutanée des bovins due à la présence dans le derme d’un parasite de la 
classe des sporozoaires (3) nous ont permis de recueillir quelques 
données intéressantes qui apportent, à notre avis, une puissante contri- 
bution à la thèse de Metchnikoff et de ses adeptes. 

Nous avons antérieurement montré que, dans les lésions de la sar- 
cosporidiose, la réaction de défense aboutit à la production, au pourtour 
des parasites et parfois dans leur intérieur, de nodules inflammatoires 
absolument comparables au follicule tuberculeux (4). Les éléments les 
plus intéressants de ces formations sont en contact immédiat avec la. 
paroi de la sarcosporidie; ce sont des cellules allongées et disposées 
côte à côte perpendiculairement à la surface du parasite. Le noyau 


(1) Pour ce qui a trait à la production expérimentale des fausses mem- 
branes trachéales, voir le récent mémoire de G. Faroy et G. Loiseau. ‘| 

(2) Rappelons cependant que H. Roger et R. Bayeux ont obtenu, chez le | 
lapin, par simple instillation de toxine, des fausses membranes dont ils n’ont | 
malheureusement pas fait connaître la structure. 

(3) Besnoit et Robin. Revue vétérinaire, nov. 1912. 

ni Besnoit et Robin. Comptes rendus de la Soc. de Bistogies t. LXXV, 1913, 

pe 357 


», 


à SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 413 


est toujours situé au bord excentrique de la cellule et dans la partie 
élargie de celle-ci, tandis que le protoplasma forme une bande allongée, 
parfois étirée en pointe, et dirigée vers le centre du nodule (fig. 1). 

La nature migratile de tels éléments ne paraît point douteuse. Il s’agit 
incontestablement de gros mononucléaires sortis des vaisseaux et 
attirés vers le parasite. Leur amiboïsme se manifeste par la formation 
d’un pseudopode protoplasmique entraînant le noyau à sa suite; cette 
déformation, analogue à celle que l’on constate sur les globules blancs 
franchissant les rétrécissements capillaires du système circulatoire ou 
passant à travers la paroi d'un vaisseau, n’est jamais rencontrée ni sur 
les cellules fixes du tissu conjonctif, ni sur les cellules épithéliales, 
beaucoup moins plastiques. D'ailleurs, ces mononucléaires se trans- 
forment rapidement en cellules épithélioïdes, et, sur nos figures, il est 
facile de suivre les diverses phases de cette évolution. 

Mais l’origine leucocytaire des cellules du tubereule apparaît encore 
plus nette lorsque le follicule s’est développé à l’intérieur même du 
parasite. Dans ce cas, les spores falciformes, primitivement contenues 
à l’intérieur de l’utricule, ont fait place à des cellules embryonnaires, 
épithélioïdes et géantes, qui remplissent plus ou moins complètement la 
cavité (fig. 2). Il n’est point possible, dans le cas présent, de prétendre 
que ces divers éléments ont pu se développer par la multiplication des 
cellules fixes du tissu ambiant puisqu'on les rencontre, en effet, dans le 
parasile même, c’est-à-dire dans une région où primitivement il n’en 
existait aucune. Le tubercule intraparagsitaire n’a pu se constituer que 
par l'immigration d'éléments mobiles, d'origine leucocytaire par consé- 
queni. 

Dans ia suite, ces cellules lymphatiques s'immobilisent définitive- 
ment: elles deviennent complètement assimilables aux éléments con- 


jonctifs adultes et le tubercule est transformé en un foyer seléreux. 


Nous avons pu, d’autre part, assister à la formation de cellules 
géantes, particulièrement abondantes dans leslésions de sarcosporidiose. 
On sait que le mode de formation de ces cellules plasmodiales d'origine 
irritative est assez discuté; pour les uns. elles résultent de la multipliea- 
tion des noyaux d’une cellule initiale ; pour d’autres, de la pénétration 
de noyaux leucocytaires dans un bloc protoplasmique dégénéré ; pour 
d’autres encore, de la soudure de plusieurs leucocytes adjacents. Dans 
les nodules pseudo-tuberculeux que nous avons étudiés, il semble bien 
que les cellules géantes se soient formées par ce dernier mode. Dans les 
couronnes de leucocytes allongés perpendiculairement à la surface du 
parasite, on trouve fréquemment des cellules plurinucléées, dont les 
noyaux sont disposés en rangée linéaire sur le bord excentrique de Ia 


_cellule dans l'alignement des noyaux périphériques des leucocytes voi- 


sins (fig. 1). De toute évidence, il y a eu simple accolement de plusieurs 
mononucléaires contigus par leurs faces adjacentes et fusion des proto- 


— Parasite en voie de sclérose. 


Couronne de cellules géantes et de leucocytes allongés, en marche vers le parasite. 


Frc. 1, 


(Phot. Ch. Morel.) 


«à 


Le 


Tubercules intra et extraparasitaires avec cellules géantes. 


Fic. 2. 


Morel.) 


Ch. 


(Phot. 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 44 


OC 


plasmas en un bloc homogène ; en certains points même, la coalescence 
est encore incomplète et on peut deviner une ligne de démarcation entre 
deux cellules en voie de fusionnement. 

Cette agglomération d'éléments leucocytaires semble avoir pour but 
de faciliter l’'englobement et la destruction de l’énorme proie constituée 
par le parasite. Le rôle phagocytaire des cellules géantes ainsi formées 
est d’ailleurs hors de doute; leur parfaite colorabilité nous oblige à les 
considérer comme des éléments bien vivants; d’ailleurs, quelques-unes 
d’entre elles présentent, au sein de leur protoplasma, des granulations 
qui, par leur forme et leurs réactions colorantes, doivent être rapportées 
à des spores falciformes en voie de disparition. 

En conclusion, les productions tuberculiformes rencontrées dans la 
sarcosporidiose cutanée sont entièrement constituées par des éléments 
lymphatiques immigrés; ceux-ci sont en outre capables, afin de lutter 
plus efficacement contre le parasite, de fusionner leur protoplasma pour 
former des cellules géantes, dont le rôle phagocytaire, souvent contesté 
jusqu'ici, nous paraît, ainsi, définitivement démontré. 


ACTION PHYSIOLOGIQUE D'UN LIPOÏDE (II Bb) EXTRAIT DU TESTICULE, 


par H. Iscovesco. 


J'ai indiqué déjà, dans des notes publiées ailleurs (1), que j'avais isolé 
du testicule un lipoïde qui, injecté à des animaux, sous forme de solution 
à 1 p. 100 dans le tissu cellulaire sous-cutané de la nuque, à la dose de 
1 centigramme par kilo, pendant deux ou trois mois, provoquait une 
hypertrophie des testicules. 

J'ai repris ces mêmes recherches et les ai poursuivies et complétées. 
C'est le résumé de ces nouveaux résultats que j'apporte ici. 

Mes expériences ont porté sur un groupe de lapins jeunes, âgés de 
deux mois, et sur un groupe d'adultes. 

J'ai fait à 40 lapins adultes tous les deux jours, dans la nuque, une 
injection d'une solution huileuse à 1 p. 100 du lipoïde en question. La 
dose employée était de 1 centigramme par kilo d'animal. 5 animaux 
ont été gardés comme témoins. Au bout de trois mois, tous ont élé 
sacrifies, tous les organes ont été pesés et. je done dans le tableau 
ci-après les moyennes des poids des organes de la série témoin et de 
la série traitée. 

Quoique les animaux témoins et les animaux traités aient été choisis 


(1) Les lipoïdes. Presse médicale, 15 octobre 1912, et Académie des Sciences, 
25 novembre 1912. 


446 SOCIËÈTÉ DE BIOLOGIE 


de façon à avoir les mêmes poids à 20 grammes près, la série trailée 
pesait en moyenne 145 grammes de plus que l’autre, parce qu’en effet 
le lipoïde testiculaire augmente le poids des animaux, ainsi que nous le 
verrons plus loin 

Voici d’abord des poids des organes exprimés en grammes par kilo- 
gramme d'animal. 


POIDS MOYENS | SURRÉNALES CŒUR FOIE RATE REIN LTESTICULES | THYROIDE 


Animaux témoins. 2675 0.056 2,65 34 0,56: 5,70 442450: 060 


Animaux traités .| 2820 0,090 | 2,80 | 35 | 0,52 | 6,80 | 2,40 |0,081 


Comme on le voit, le lipoïde testiculaire (II Bb) n’a pas d'action sur les 
capsules surrénales, ni sur le cœur, ni sur le foie, ni sur la rate. 

Il excite légèrement le rein : 6 gr. 80 de rein par kilo chez les animaux 
traités, 5 gr. 70 chez les témoins. Il excite fortement les testicules: les 
animaux traités ont 2 gr. 40 de testicule par kilo contre 1 gr. 15 chez les 
animaux témoins; enfin il excite légèrement la thyroïde. 

Ce lipoïde se montre donc comme un homologue de celui de l'ovaire 
que J'ai décrit ici même dans la séance précédente. 

Si on emploie des doses très fortes (5 centigrammes par kilo d'animal) 
et des sujets très jeunes, on provoque de l’amaigrissement et en 
forçant et répétant les doses des paraplégies, qui cèdent dès qu’on cesse 
les injections. Ce fait prouve que le lipoïde en question excite bien un 
centre médullaire et qu'en forçant les doses à l'extrême on peut rem- 
placer l'excitation physiologique par une inflammation. | 

Je reviendrai d’ailleurs plus tard sur cette question très importante 
du mécanisme d'action des lipoïdes hémostimulants. 

J’ai étudié aussi l’action de ce lipoïde sur la croissance. 

Chez des animaux très jeunes (45 à 50 jours), un centigramme par 
kilogramme, administré tous les jours par voie hypodermique, donne 
les résultats suivants (5 témoins, 5 animaux traités) : 


Poids 10° 20° .30° &Q°: * 5Q° 60° 

initiaux. jour. jour. jour. jour. jour. jour. 
Animaux témoins. 1220 1320 1:10 1650 1680 1790 1910 
Animaux traités . 1000 1140 1230 1250 1600 1805 2000 


On voit que les animaux traités ont eu une croissance plus régulière 

et plus rapide. Les témoins ont gagné en 60 jours 57 p. 100 de leur 

poids initial et les animaux traités 100 p. 100. : 
Le second groupe d'adultes äügés de 8 mois (5 témoins, 5 animaux 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 147 


. \traités) a donné les résultats suivants, quant à l'augmentation du 


poids : 
- Poids 10m 20° 30° 40° 50° 60° 
initiaux. jour. jour. jour. jour. jour. jour. 
Animaux témoins. 2840 2870 2890 2880 2880 2900 2960 
_ Animaux traités . 2690 : 2780 2880 3010 3120 3230 3370 


Comme on le voit, il y a une augmentation très régulière et impor- 


- tante du poids des animaux traités. 


. Le lipoïde testiculaire que j'ai isolé a donc les propriétés physiolo- 
giques suivantes : 


1° I stimule fortement le testicule, probablement en se fixant électi- 
vement sur les centres génito-spinaux. 

J'ajoute que les animaux traités sont très excilés et présentent des 
phénomènes de rut très accentué; 

2° Il excite aussi légèrement le rein, alors que le lipoïde correspon- 
dant qui se trouve dans l'ovaire est sans action sur le rein; 

3° Il excite un peu la thyroïde, mais moins que ne le fait le lipoïde 
ovarien chez la femelle ; 

4° IT provoque une accélération et une augmentation de la croissance 
chez les sujets jeunes et une augmentation importante du poids chez 
les adultes. 

J'ajoute enfin, pour terminer, que les résultats cliniques qu'on obtient 


chez l’homme avec la dose journalière de2 cg. de ce lipoïde en injection 


hypodermique, confirmentpleinement les résultats de l'expérimentation 
physiologique. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne. 


418 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE. 


Liste de présentation. 


Première ligne : M. Pinoy. 
Deuxième ligne : M. Piéron. 


Troisième ligne (ordre alphabétique) : MM. Ambard, Chatton, Mi: Loyez, 
M. Terroine. 


Vote. 


Votants : 51. 


M Pinoy.: use. cu,.# "mobtient:" 27 voile 
Mer oNie See ER — 1 — 
M" PIérON PAM E ie es — 5 — 
M. Laignel-Lavastine. . . . — À — 
MÉLONEZ RSR ee. Re — 4 — 
MAP PRISANK ES ENT LE — 2 — 
MAMA PETER. A — L — 
M. Armand-Delille . . . .. _ 1 — 


Le Gérant : OcTaAvE PoRÉE. 


Paris. - L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1913 


Borper (E.), DoxzeLor (E.) et Pezzr 
(G.) : Sur un cas d’alternance car- 
diaque mécanique et électrique ob- 
servée Chez l'homme... "120. 

Camus (JEAN) : Rapport sur le prix 
de la fondation Laborde en 1913. . . 

Camus (JEAN) et Roussy (GUSTAVE) : 
Hypophysectomie et polyurie expé- 
BiMentaleS ice civic 

Cuaussix (J.) : Jeu compensateur 
des concentrations uréiques et chlo- 
rurées dans l'élimination urinaire. 

ComanDvon (J.) et Joy (J.) : Dé- 
monstration cinématographique des 
phénomènes nucléaires de la divi- 
Sion Cellulaire. tel rene 

Couruonr (Pauz) et Durourt (A.): 
Action des métaux ou métalloïdes 
colloïdaux sur les cultures homo- 
gènes du bacille de Koch. . . ... 

Emize-WeEiL (P.) et CHEVALLIER 
(Pauz) : Influence de certaines so- 
lutions salines et, en particulier, de 
la solution isotonique de chlorure de 
sodium, sur les propriétés lytiques 
du sérum chez un malade atteint 
d'hémoglobinurie paroxystique. . . 

FressinGer (Nogz) et Roupowska 
(L.) : Dissemblances anatomo-pa- 
thologiques de la cirrhose biliaire 
de l'homme et de la cirhose biliaire 
expérimentale : 1° L'ictère (première 
MOIS) MEME LS RAR ee 

GUILLIERMOND (A.) : Quelques re- 
marques nouvelles sur la forma- 
tion des pigmeuts anthocyaniques 
au sein des mitochondries. À propos 
d'une note récente de M. Pensa . . 

Iscovesco (H.) : Contribution à la 
- physiologie du lobe antérieur de 
l'hypophyse. Le lipoïde (II Bd) du 
lobe-antérieur 207 02. 

KrozuxirskY (G.-A.) : Cinquième 
note sur la leucocytolyse digestive. 
La leucocytolyse provoquée par l'ex- 


SOMMAIRE 


475 


citation électrique du nerf pneumo- 
GAS (TIQUE EN, Se PER M. Lee 

Macxe (H.) : Sur le rôle thermo- 
gène des organes splanchniques. 


MassoL (L.) et Breron (M.) : La 
bacillémie tuberculeuse au cours de 
l'infection expérimentale du co- 
ÉCRAN RAR RE ER RTE 

MÉNARD (PIERRE-JEAN) : Les lipoides 
dB HPRIÉIQUE. 1, rene 

MorELz (L.) et Pari : Nouvelle 
technique pour la production e xpé- 
rimentale des hydronéphroses . . . 

Perrir (Auc.): Remarques à propos 
de la note de M. P.-J. Ménard... 

SACQUÉPÉE (E.) : Propagation des 
bacilles d'intoxications alimentaires 
dans les viandes rs. mb ce 

SAGASTUME (C.-A.) : Contribution 
à l'étude des antigènes artificiels 
dans la réaction de Wassermann. . 

STASSANO (E.) et Gomupez (M.) : Des 
différences dans l’action de l’albu- 
mine sur la toxicité de quelques 
SeISIUe MÉTCUTE A 

Socor (E.) : Des échanges respi- 
piratoires en milieux secs ou hu- 
mides, avec ou sans brassage d'air. 


490 


461 


485 


Réunion biologique de Marseille. 


FLouRENs (P.) et GERBER (C.) : Ac- 
tion physiologique des latex. — 
IV. Injections sous-cutanées de 
trypsine de Calotropis procera RBr 
chez le rat blanc, le lapin et la poule. 

FLourens(P.)et GEerBER (C.) : Action 
physiologique des latex. — VII. [n- 
toxication aiguë produite par l’in- 
jection sous-cutanée de trypsine 
de Calolropis procera RBr chez le 
cobaye, le pigeon et les animaux à 
sang froid; sa cause 


BiocociE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXV. 31 


rs 
de) 


150 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Weiss, ancien Vice-président. 


CONTRIBUTION A LA PHYSIOLOGIE DU LOBE ANTÉRIEUR DE L'HYPOPHYSE. 
LE 1iPoïnE (II Bd) DU LOBE ANTÉRIEUR, 


par H. IScovEsco. 


On peut extraire du lobe antérieur de l'hypophyse un lipoïde qui a 
des propriétés remarquables. Ce lipoïde représente la partie soluble 
dans l’alcool-éther de la fraction insoluble dans l’acétone de la portion 
soluble dans l'alcool du précipite obtenu par l’acétone de l'extrait 
éthéré, post-alcoolique du lobe antérieur de lhypophyse. 

Injecté à des lapins pendant un cerlain temps à la dose journalière 
de 1/2 centigramme par kilogramme d'animal, on constate les phéno- 
mènes suivants : 

1° Les animaux présentent une agitation, un besoin de mouvement 
continuel. Ils deviennent batailleurs et on est obligé de les séparer dans 
des cages spéciales. En général, ce changement de caractère ne devient 
évident qu’au bout de quelque temps : un mois à six semaines, 

2° La sécrétion rénale augmente. Ainsi le lapin 38 pesant 2.660 gr., 
urine pendant 8 jours, en moyenne 118 grammes par jour. On lui fait 
tous les jours une injection hypodermique de 1 centigramme du lipoïde 
en question pendant 8 jours, la moyenne monte à 140 grammes. On 
cesse pendant 8 jours, la moyenne tombe à 124. On recommence une 
série de piqüres, la moyenne monte à 152. On cesse, elle retombe à 404. 
Le lapin 31, pesant 2.850 grammes, urine en moyenne pendant 8 jours, 
94 grammes par Jour. On lui fait L centigr. 1/2 du lipoïde Hypophysaire 
pendant 8 jours, la moyenne journalière de l'urine monte à 193. On 
supprime les injections, la moyenne tombe à 77. On recommence, elle 
remonte à 113. On supprime à nouveau, elle retombe à 89 c. c. 

Voici maintenant les analyses de ces urines faites très obligeamment 
par M. V. Borrien : 


Lapin 38 st 13 gr. 60 30 4539 
_ Pendant injections 54 gr. » 1,94 L,3% 
Lapia »1 14 gr. 90 2,66 0,32 
— 48 gr. 56 3,91 (),42 


Je ne donne que ces deux exemples 


sner l’espace. 


3° L'appétit des animaux est augmenté. La consommation d'aliments | 


URÉE 


CHLORURES AC. PHOSPHORIQUE 


de mes expériences afin d'épar- 


| 
| 
| 
= 
| 


| 
| 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 451 


chez les animaux soignés est de 20 p. 100 supérieure à celle qu'on 
observe chez les témoins. Cette augmentation d’appétil paraît être direc- 
tement en rapport avec la mobilité plus grande et l'agitation des animaux 
injectés. 

4° Le lipoïde en question à été étudié aussi au point de vue de son 
action sur l'augmentation de poids et la croissance. 

Cette étude a été faite sur deux groupes de lapins. 

Un de ces groupes comprenait 10 animaux âgés de 8 mois, dont 4 ont 
servi de témoins et 6 ont recu tous les 2 jours, dans la nuque, en injec- 
tion hypodermique, 1 c. c. de solution huileuse à £ p.100 du lipoïde 
hypophysaire. 

L'expérience a duré 2 mois. On à constaté que le poids des animaux 
n’était pas modifié par le lipoïde hypophysaire. En effet, au bout 
de 60 jours, les animaux soignés ont gagné 5,58 p. 100 de leur poids 
primitif, tandis que les témoins en avaient gagné 3,40 p. 100. 

Un deuxième groupe était composé de 14 lapins âgés de 4 mois 17/2 
environ. 6 furent gardés comme témoins et 8 soignés avec le lipoïde 
hypophysaire comme ceux du groupe précédent. L'expérience a duré 
115 jours et ses résultats peuvent ètre résumés de la manière suivante : 

Les lapins témoins ont gagné, en 115 jours, 27 p. 100 de leur poids 
initial, tandis que les animaux soignés ont gagné 40 p. 100. 

La croissance à été nettement favorisée dans ce groupe, lentement 
pendant les 45 premiers jours de l'expérience et beaucoup plus acti- 
vement dans les 75 derniers jours. 

Les animaux qui ont servi à cette expérience ont été sacrifiés au bout 
de 115 jours. Tous leurs organes ont été pesés et voici les résultais 
(moyennes) de ces pesées; les poids des organes étant exprimés e’. 
grammes par kilo d'animal: 


ANIMAUX POIDS | SURRÉNALES | CŒUR FOIE OVAIRE RATE REINS UTÉRUS  ITESTICULE | THÏROIDE 
d témoins.|2675| 0,086 | 2,65 34 — 6,56 | 5,70 —- 1,90 |0,06 
traités. .12800!| 0,164 | 3 » 36 — 0,53 | 6,80 — 1,85 10,07 
Q Témoins.|2750| 0,136 | 2,69 | 36 | 0,09 | 0,48 | 6,40 | 1,98 | — |0,076 
traitées: .[2910) 0,226 | 3 » 36 0,0% | 0,47 | T5 | 4,48 —  |0,072 


Les poids de l’hypophyse ne sont pas donnés parce qu'ils ontété con- 
servés dans la selle turcique et gardés intacts pour leur examen 
histologique, dont les résultats seront communiqués ultérieurement, 

On voit, à l'inspection de ce tableau, que le Iypoïde hypophysaire 
excite les surrénales, le cœur et les reins. Son action sur les organes 
génitaux et sur la thyroïde est insignifiante. 


A52 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Employé chez l’homme à la dose de 2 à 5 c. c. en injection hypoder- 
mique, on constate au début une accélération passagère des pulsations, 
une augmentation légère de la sécrétion rénale, une augmentation de 
l'appétit et Surtout, chez les asthéniques, une augmentation manifeste 
de l'aptitude au travail. 

Employé chez des malades atteints de myocardite, on observe au bout 
d'un certain temps un relèvement de la pression artérielle et une régu- 
larisation des battements du cœur. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 


SUR LE ROLE THERMOGÈNE DES ORGANES SPLANCHNIQUES. 
INFLUENCE DU CURARE, 


par H. MaGne. 


On attribue généralement au foie, depuis les expériences de CI. Ber- 
nard (1) et les recherches plus récentes de Cavazzani (2) et de 
Lefèvre (3), une part importante dans la production calorifique totale. 
Cependant Arthus (4) met en doute cette production, au moins à l'état 
normal. 

Cl. Bernard fit ses premières recherches sur des animaux normaux, 
mais sa technique n'était pas irréprochable, puisque la circulation était 
interrompue dans les vaisseaux mis à découvert et exposés au refroidis- 
sement pendant la durée de l'observation. Il reprit plus tard la question 
dans des conditions meilleures, en opérant sur des animaux curarisés, 
etil trouva comme précédemment que le sang veineux atteint son 
maximum de température au niveau des veines sus-hépatiques. Mais on 
peut objecter, bien que CI. Bernard s'en défende, que les animaux 
curarisés ne sont pas dans un état de thermogénèse normal par suite 
de la paralysie du système musculaire. Et pourtant, comme il le fait 
remarquer, ces animaux se refroidissent relativement peu. Cavazzani a 
trouvé chez des chiens en différents états, la température du foie supé- 
rieure à celle du sang carotidien, de la vessie et du rectum et Lefèvre 
l'a vue dépasser de 1 degré environ celle du rectum. Mais, dans ceite 


(4) CI. Bernard, Leçons sur les liquides de l'organisme. Paris, 1859, t. I, : 
4° leçon. — Leçons sur la chaleur animale. Paris, 1876, T° lecon. 

(2) Gavazzani. Sur la température du foie. Arch. ital. de Biologie, t. XXIE, 
1895, p. 13-25. 

(3) Lefèvre. Chaleur animale et bioénergétique. Paris, 1911, p. 832. 

(4) Arthus. Eléments de physiologie. Paris, 1905, p. 419. 


Qe 
Co 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 45 


question, il ne s’agit pas de savoir si le foie a une température supé- 
rieure à celle d’autres organes, mais bien si le sang gagne de ia chaleur 
en le traversant ets’il en sort plus chaud qu'il n'y est entré. Il est égale- 
ment intéressant de connaître la part qui revient à l'intestin dans cet 
échauffement du sang sortant du territoire de la veine porte. 


Au moyen de sondes thermo-électriques donnant facilement une approxi- 
mation du centième de degré, nous avons comparé sur des chiens chloralosés, 
ayant conservé, par conséquent, le tonus musculaire, la température des 
sangs artériel, porte et sus-hépatique. Une sonde A, introduite par une 
artère fémorale, est poussée dans l’aorte abdominale, une autre P par une 
des veines intestinales (après ouverture rapide de l'abdomen) dans le tronc 
de la veine porte, et une troisième H est placée dans une des veines sus- 
hépatiques en passant par une jugulaire. On peut ainsi connaître, en connec- 
tant convenablement les sondes au galvanomètre, les deux valeurs A-P et P-H; 
leur somme doit être égale à A-H mesuré directement, ce qui fournit un con- 
trôle de l'exactitude des mesures. 


Chez l'animal chloralosé à jeun, le sang, en traversant l'intestin et le 
foie, s'échauffe relativement peu. Quelquefois même, les différences de 
température sont si faibles qu'elles rentrent dans les limites de l'erreur 
expérimentale. Mais si l’on soumet l’animal à l'influence du curare avec 
respiration artificielle, l'échauffement augmente considérablement. La 
température rectale reste sensiblement constante, au moins au début. 


Exemple : Echauffement du sang porte par rapport au sang artériel et du 
sang sus-hépatique par rapport au sang porte, en degrés. 


I Il [III IV V VA VII 
Avant curare. — — : — — — _ 
SAIT ÉPORte rs. + 0.26 — 0.03 + 0.05 20:04 +4- 0.15 + 0.06 + 0.95 
Sang sus-hépatiqne . — 0.10 + 0.01 + 0.10 0.00 + 0.09 + 0.21 + 0.13 
Gainsiotalh ir. eue + 0.16 — 0.02 + 0.15 — 0.04 + 0.24 + 0.97 + 0.38 
Après curare. 
Sang porte . . . . . + 0.56 + 0.18 + 0.27 » + 0,38 + 0.22 + 0.37 
Sang sus-hépatique . + 0.30 + 0.09 + 0.28 » + 0.31 + 0.19 + 0.23 
Gainytotal. 2.7... + 0.85 + 0.97 + 0.55 » + 0.69 + 0.41 + 0.68 


On voit que chez le chien chloralosé, l'intestin participe environ pour 
moitié à l'échauffement du sang dans le territoire de la veine porte. Sous 
l'influence du curare, la thermogénèse augmente beaucoup dans les 
organes splanchniques comme pour suppléer la production musculaire 
qui baisse. Ce fait peut faire attribuer au foie une importance trop 
grande dans la production calorifique normale et il explique la chute 
relativement faible de la température générale. 


(Laboratoire de physiologie de l'Ecole d'Alfort.) 


454 AS SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 7 


ACTION DES MÉTAUX OU MÉTALLOÏDES COLLOÏDAUX 
SUR LES CULTURES HOMOGÈNES DU BACILLE DE Kocn, 


par Pauz CourMonT et À. DurourrT. 


Nous avons expérimenté in vitro l’action de certains métalloïdes ou 
métaux colloïdaux sur les cultures homogènes du bacille de Koch, en 
milieux liquides. 

Nous avons employé le bacille homogène A de $. Arloing. Ces cul- 
tures ont été ensemencées à la dose de HI gouttes dans des tubes ren- 
fermant 4 c.c. de milieu nutritif additionné de doses croissantes, soit 
HA, VI, IX, XIT et XV goutles de suspensions colloïdales électriques à 
petits grains de la maison Clin. 

Nous avons usé de deux milieux : 1° bouillon peptoné glycériné 
habituel; 2° liquide d’ascite pur. Ce second milieu a été choisi pour 

mpêcher la précipitation des colloïdaux qui se produit dans les 
bouillons. 

Les corps utilisés ont été les suivants : platine, or, cuivre, argent, 
palladium, rhodium, sélénium. L’ensemencement une fois pratiqué, les 
cultures furent mises à l'étuve à +37 degrés. Des tubes témoins con- 
tenant la même dose de colloïdaux dans les mêmes milieux furent 
placés à côté, sans être ensemencés. Ils devaient nous servir pour 
l'appréciation du développement futur des cultures. 

Nous avons pratiqué des cultures témoins dans des tubes renfermant 
du bouillon peptoné glycériné ou du liquide d’ascite pur, sans addition 
de produits colloïdaux. 

Les résullats ont été contrôlés macroscopiquement et microscopique- 
ment, de huit en huit jours, pendant trois mois. 

Résultats. — Trois de ces métaux se sont montrés complètement 
inactifs, même aux plus fortes doses indiquées plus haut : ce sont 
e palladium, le platine, l'argent. Deux autres n’ont eu sur le dévelop- 
pement des cultures qu'une action à peine appréciable, et seulement 
dans les tubes renfermant XV gouttes de suspension métallique col- 
loïdale : ce sont le rhodium et le cuivre. 

Enfin deux corps, l'or et le sélénium, ont eu une action nettement | 
empêchante, d'autant plus marquée que les tubes en renfermaient 
davantage. 
_ Cependant les bacilles avaient gardé à la fois vitalité et virulence. En 
effet, quelques gouttes prélevées sur ces tubes et ensemencées en 
bouillon glycériné ont donné de nouvelles cultures, et trois lapins 
inoculés dans la veine de l'oreille à la dose de 4 c.c. sont morts de sep-w 
ticémie bacillaire aussi rapidement que des lapins témoins inoculés à. 
dose correspondante avec les cultures normales de bacilles homogènes. | 


‘y 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 455 


Il est intéressant de signaler que cette action empêchante légère de 
l'or et du sélénium s’est exercée anssi bien en bouillon qu’en liquide 
d'ascite. Étant donnée la précipitalion dans le bouillon, on peut donc 
supposer que l’action empêchante tient davantage à la nature du corps 
qu'à la persistance de son état colloïdal. 


Conclusions. — 1° Dans les conditions où nous nous sommes placés, 
les métaux colloïdaux électriques à petits grains que nous avons 
employés se sont pour la plupart montrés inactifs, soit en bouillon 
glycériné, soit en liquide d’aseite, sur le développement des cultures 
homogènes du bacille de Koch. 

2° Le palladium, le platine et l'argent n’ont exercé aucune action. 
Le cuivre et le rhodium en ont une à peine appréciable. Le sélénium'et 
l'or, seuls, ont arrêté le développement des cultures aux doses de 


IIT gouttes par centimètre cube, sans cependant détruire leur vitalité. 


LA BACILLÉMIE TUBERCULEUSE 
AU COURS DE L'INFECTION EXPÉRIMENTALE DU COBAYE, 


par L. Massoz et M. BRETON. 


Dans une note précédente (1), nous avons montré, à l’aide de la trans- 
fusion, la fréquence de la bacillémie chezle cobaye infecté par injection 
intraveineuse ou sous-cutanée de bacilles tuberculeux virulents. Nous 
nous proposons maintenant d'étudier l'influence du degré d'infection, 
du temps écoulé entre l’inoculation et la transfusion, et de la virulence 
du bacille sur l’apparition de cette bacillémie. 

Nous avons réalisé les expériences dans l’ordre que nous allons indi- 
quer : 

1° 60 cobayes sont injectés sous la peau de la cuisse avec 1/10° de 
milligramme de bacilles bovins (Souche Nocard-lait). Ces animaux 
transfuseurs donnent leur sang à un nombre égal de cobayes sains à 
des temps variant du 4% au 47° jour après l'infection. De ces cobayes 
transfusés, les uns sont morts, les autres sont sacrifiés 100 jours au 
plus après la transfusion. L’autopsie montre que les animaux trans- 
fusés 10, 25, 31, 36 jours après l'infection de leurs transfuseurs et ayant 
succombé, ont des lésions tuberculeuses généralisées ; que ceux trans- 
fusés aux périodes intermédiaires de 1, 2, 3, 4, 5, 20 et 47 jours et 
sacrifiés, n’ont que des lésions ganglionnaires spléniques diserètes 
mais aucun n’est indemne. On constate en outre que le maximum d'in- 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 19 avril 1943. 


456 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


fection tuberculeuse du sang s’observe, dans les conditions où nous 
avons expérimenté, le 10° jour après l’inoculation. 

Il résulte de ces faits qu'après une période d’immobilisation des 
bacilles, nette au 20° jour, la bacillémie redevient évidente du 25° au 
26° jour, pour s'atténuer vers le 47°. Ces résultats obtenus avec une 
dose infectante de 1/10° de milligramme sont superposables à ceux 
observés lorsque l'inoculation virulente est plus massive et atteint 
1 milligramme, avec cette différence que l'infection sanguine se pro- 
longe alors jusqu’à deux mois. Si l'infection est produite par 1/100°, 
1/1000°, 1/10.000°, 1/100.000° de milligramme, la bacillémie se mani- 
feste après 11, 30, 41 et 46 jours ; mais les réactions provoquées chez les 
cobayes transfusés sont limitées aux organes lymphatiques et inté- 
ressent exceptionnellement les viscères abdominaux et thoraciques, ainsi 
que nous nous en sommes assurés par l'examen microscopique. 

De ces faits, nous concluons que l'importance de la bacillémie est 
fonction de la dose de bacilles injectée à l’animal fournisseur de sang; 
qu'elle se produit même avec des doses infectantes très minimes 
(4/400.000° de milligramme), mais qu'alors chez le transfusé, l’infec- 
tion tuberculeuse des organes reste longtemps limitée au système lym- 
pho-hématique. 

2 Dans une autre série d'expériences, nous avons cherché à fixer le 
rôle de la virulence des bacilles dans l'infection sanguine des cobayes 
tuberculeux. La souche dont nous nous étions servi précédemment, 
étant virulente pour le cobaye à la dose minima de 1 millionième de 
milligramme (1), nous nous sommes adressés à une race un peu atténuée 
dont la dose minima mortelle en trois mois environ est de 1/10.000° de 
milligramme. Trois cobayes transfuseurs, injectés avec 1/10° de mil- 
ligramme, ne fournissent après dix jours par transfusion qu’un seul cas 
d'infection tuberculeuse; deux autres cobayes sont restés indemnes. Un 
mois après l’inoculation d’une dose infectante semblable, provenant de 
la même souche, 43 cobayes donnent leur sang à un nombre égal d’ani- 
maux sains. De ceux-ci, 10 succombent à une tuberculose généralisée; 
> sacrifiés sont porteurs de lésions assez étendues ; 20 autres ont quel- 
ques rares lésions ganglionnaires, 8 sont en apparence indemnes. Ces 
résultats nous montrent combien la bacillémie se révèle irrégulière; si 
le virus est peu actif. Les variations de virulence aussi bien que la 
dose de bacilles infectants, interviennent donc pour déterminer l'inten- 
sité de l'infection sanguine par le bacille tuberculeux. 


(1) Un milligramme représente environ 36 à 40.000.000 de bacilles, 36 à 
40 bacilles suffisent donc à donner une infection sanguine généralisée. L'opé- 
ration de la transfusion portant sur le quart du sang circulant, il en résulte 


que la transfusion ne révèle la bacillémie que si le chiffre des bacilles circu- 
lants est d'au moins 150. 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 457 


En résumé, au cours de l'infection expérimentale du cobaye par voie 
sous-cutanée, la bacillémie se manifeste bientôt et, dans nos expé- 
riences, atteint son maximum d'intensité au dixième jour; elle est d’au- 
tant plus intense et précoce que les bacilles employés pour l'infection 
des animaux transfuseurs sont plus virulents ou inoculés à dose plus 
massive. 

(/nstilut Pasteur de Lille.) 


DÉMONSTRATION CINÉMATOGRAPHIQUE DES PHÉNOMÈNES NUCLÉAIRES 
DE LA DIVISION CELLULAIRE, 


par J. Comanpon et J. JoLLy. 


Nous désirons donner aujourd’hui à la Société la représentation ciné- 
matographique de la division cellulaire. Comme on le sait, certains 
objets se prêtent à celte observation. Mais, dans la plupart d’entre eux, 
comme les œufs d’oursins et de nématodes, par exemple, les phéno- 
mènes nucléaires sont absolument invisibles et, seuls, l'allongement et 
la section transversale de la cellule peuvent être distingués avec sécu- 
rité. Dans quelques rares objets, on peut apercevoir les chromosomes à 
l'état vivant; mais les stades successifs, fort pénibles à observer, ne 
sont que très difficilement suivis d'un bout à l’autre du phénomène. I] 
existe cependant des cellules qui, par les dimensions considérables de 
leurs chromosomes, dont la réfringence diffère, de plus, notablement du 
protoplasma environnant, se prêtent mieux que les autres à ces obser- 
vations : ce sont les hématies du Triton. C’est là, comme l’a montré l'un 
de nous, il y a dix ans, un objet d'étude remarquable (1), avec lequel 


(4) 3. Jolly. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1902 et 1903, et Recherches 
expérimentales sur la division indirecte des globules rouges, in Archives 
d'Anatomie microscopique, t. VI, avril 1904, p. 455-632. C'est avant tout une 
question d'objet d'étude et non de grossissement ou de technique. Les œufs 
d'oursins et de nématodes, très volumineux, ne montrent, à l’état vivant, 
que fort peu de chose de la figure nucléaire. Les hématies du jeune embryon 
de poulet, si riches en divisions indirectes, ne permettent de distinguer, 
vivantes, que la phase d’étranglement protoplasmique. Il en est de même 
des cellules médullaires, endothéliales, mésenchymateuses des oiseaux et 
des mammifères. Dans la démonstration cinématographique que M. Levaditi 
a faite avec l’un de nous, à la Société, il y a quelques mois, on voyait nette- 
ment les cellules mésenchymateuses se sectionner sous les yeux du specta- 
teur, avec des mouvements amiboïdes beaucoup plus intenses que ceux qui 
se passent ici; mais les détails de la figure nucléaire étaient à peu près 
invisibles. 


458 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


l'influence de certains facteurs extérieurs sur la division cellulaire a 
déjà pu être étudiée avec précision. De plus, la disposition spéciale de 
ces cellules, libres dans un plasma, est encore une condition favorable 
aux observations. 

On recueille le sang du cœur de Tritons abondamment nourris après 
un long jeûne et dont beaucoup d'hématies sont en train 1 subir la 
division indirecte. 

Nous renvoyons au mémoire cité pour la technique de la prépa- 
ration des animaux et de la prise de sang et pour l'étude détaiilée des 
phases. Les enregistrements D a ont été faits à une 
température de 22 degrés environ, à un grossissement de 150 diamètres 
sur le film donnant environ diamètres sur l'écran, et à 
raison d’une image toutes les secondes, toutes les deux secondes et 
demie ou toutes les trois secondes. Dans la projection, la vitesse du phé- 
nomène est multipliée, 40 fois dans certaines projections, 80 fois dans 
d'autres ; par exemple, la phase d'étranglement protoplasmique qui dure 
dix minules à la température de l'observation, durera ici, pour le spec- 
tateur, 15 secondes avec la vitesse moindre, 7 à 8 secondes avec la plus 
grande. 

La projection cinémalographique confirme et montre avec une vérité 
saisissante un grand nombre de faits qui ne sont visibles que par une 
observation longue et pénible. Le fait qui frappe tout d’abord, ce sont 
les mouvements de la figure nucléaire; non seulement cette figure se 
modifie progressivement et passe par les stades successifs connus, 
mais dans chaque phase les chromosomes sont mobiles et animés d’un 
mouvement vermiforme. Aux stades de spirem et d'étoile-mère, c'est 
un véritable grouillement de la figure nucléaire. La section du spirem 
en anses chromatiques, la disposition de ces anses autour d’un centre 
unique, la formation de deux centres d'attraction vers lesquels sont 
régulièrement attirés les chromosomes, l'étranglement protoplasmique, 
la contraction de la figure nucléaire, la reconstitution du réseau en 
damier dans les cellules filles, sont des phases suivies ici avec la plus 
grande facilité. 

En dehors des jeunes hématies prêtes à se diviser etreconnaissables à 
leur forme globuleuse, à leur faible teneur en hémoglobine et à leur 
volumineux noyau arrondi, on peut assister aux mouvements amiboïdes 
des leucocytes voisins et aux mouvements de déplissement des héma- 
ties; ces derniers mouvements, d’un ordre tout différent, sont dus à l’exis- 
tence d'un cercle élastique périphérique de l'hématie décrit par Meves, 
sous le nom de « Randreifen » et dont les torsions et détorsions 
brusques sont ici très visibles. 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 459 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES ANTIGÈNES ARTIFICIELS 
BANS LA RÉACTION DE WASSERMANN. 


Note de C.-A. SAGASTUME, présentée par C. LEVapIrI. 


La diffusion chaque jour plus grande de la réaction de Wassermann et 
surtout les résultats discordants fournis par les différents laboratoires, 
ont provoqué des recherches dans le but de découvrir un antigène arti- 
ficiel, de composition connue et qui permettrait de se placer none 
dans les mêmes conditions d'expérience. 

Parmi les quatre substances qui entrent dans la réaction de Wasser- 
mann, trois sont toujours constantes, ce sont: le complément, le sérum 
hémolytique et la suspension globulaire. Il n’en est pas de même de 
l'antigène. En effet, quoiqu'il s'agisse d'extraits de foie d’hérédo, la 
marge entre la dose maxima et minima est presque toujours différente 
d’un antigène à l’autre, 

Pour remédier à cet inconvénient, il faut rechercher des antigènes de 
composition connue et toujours la même, pouvant provoquer la fixa- 
tion du complément tout aussi bien que les bons extraits de foie. Il y a 
lieu de déterminer également la dilution maxima des sérums positifs 
capable de fixer le complément en présence d’un tel antigène. 

Nous avons entrepris une série de recherches dans cette voie et nous 
relatons aujourd’hui les résultats que nous avons enregistrés avec les 
antigènes de Desmoulière et de Sachs et Rondoni. 


I, — Antigène Desmoulière (1). 


Formules : 
Cholestérine . . . . ; L gr. 
Solution de 0 gr. 50 de lécithine, daus LUS: ii Alcool san 
pourifaire 100 cc. , . : ac doceve CDURC:C: 
Solution à 31 p. 1000 de savon Te Cr sec ce l'alcool 
ASODEUOPTES TN RAA MR Rte Ar ere FIAT É ee ALICE: 
AlcoolMabSolu qe s*pourrfaires Un TA A PU pAQUace: 


Nous avons suivi exactement la technique indiquée par l’auteur pour 
la préparation de son antigène. 

Nous avons fait tout d’abord le titrage de l’alexine à 40 p. 100 en pré- 
sence de 0,1 c.c., 0,2 c.c. et 0,3 c.c. d’antigène dilué au 1/15. 

Pour l'interprétation des résultats nous nous sommes bornés à 
classer les sérums en trois catégories : 

À. — Négatifs : Ceux où l’hémolyse a été complète. 


(1) À. Desmoulière. L’antigène dans la réaction de Wassermann. Comptes 
rendus de l’Acad. des Sciences, 27 janvier 1913. 


460 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


B. — Partiellement positifs : Ceux qui ont laissé un dépôt de globules 


rouges sans dissoudre. 

C. — Positifs : Ceux où 1 hémolyse à été nulle et le liquide surnageant 
incolore. | 

Nous avons essayé l’antigène mentionné sur plus de deux cents 
sérums des malades envoyés au service de séro-diagnostic de M. Leva- 
diti, à l’Institut Pasteur, et nous avons comparé les résultats obtenus à 
ceux fournis par un très bon antigène de foie d’hérédo, que M. Latapie 
a eu l'obligeance de mettre à notre disposition. 

Voici les résultats que nous avons enregistrés : 

Sur cent sérums tout à fait positifs vis-à-vis de l’antigène de foie 
d'hérédo, convenablement contrôlés, l’antigène Desmoulière nous a 
fourni les résultats suivants : 


41 cas positifs, 
33 cas partiellement positifs, 
20 cas négatifs. 
Sur cent sérums négatifs vis-à-vis de l’antigène, nous avons obtenu 


89 cas négatifs, 
1 cas partiellement positifs, 


# 


4 cas positifs. 


Voici les conclusions qui se dégagent de ces expériences : 

L’antigène artificiel de Desmoulière n'est ni très hémolytique, ni très 
empêchant; tout simplement, il manque d’une spécificité suffisante pour 
qu'on puisse l'employer comme moyen sûr de diagnostic. 


II. — Antigène de Sachs et Rondoni (1). 


Dléate de RO RET  Pe CUcc e 2 gr. 50 
ÉCRIN EE RENE re na ie er 2 gr. 50 
Noidesolétque ae PP ECC ENT 0 gr. 7 
Dan MENÉS ARE TP 412 gr. 5 
Alcool absolu, q. s. pour faire. . . . . . AA ANRT à 1.000 c.c. 


Les expériences pratiquées avec cet antigène nous ont conduit aux 
résultats suivants : 
Sur cent sérums positifs vis-à-vis de l’antigène de foie d'hérédo, nous 
avons obtenu : 
35 cas positifs, 
17 cas partiellement positifs, 
48 cas négatifs. 


Tandis que sur cent sérums où la fixation avait été nulle en présence 
de l’antigène spécifique, l'antigène Sachs et Rondoni nous a donné exac- 
tement le même résultat, c’est-à-dire cent cas négatifs. 


(1) Kolle und Wassermann, II, Supplement, 1909, p. 532. 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 461 


Ces faits montrent que l’antigène en question est un mélange assez 
hémolytique et dont nous ne conseillons pas l'emploi, car le pourcen- 
tage de sérums négatifs est trop élevé chez des malades certainement 
atteints de syphilis (chancre, roséole, plaques). 

Notre avis est que le problème de l’antigène artificiel est encore à 
résoudre. Nous reviendrons prochainement sur cette question. 


DES DIFFÉRENCES DANS L'ACTION DE L'ALBUMINE SUR LA TOXICITÉ 
DE QUELQUES SELS DE MERCURE. 


Note de H. Srassano et M. Gompetz. 


En poursuivant nos recherches sur le mode d'action de quelques sels 
de mercure (1), nous avons été amenés à étudier l'influence que l’albu- 
mine exerce sur leur pouvoir toxique. 

On savait que les albumines fixent les sels de mercure ainsi que les 
sels des autres métaux à poids moléculaire élevé, en formant, par 
adsorption, dans des proportions variables, ces complexes colloïdaux 
désignés depuis longtemps sous le nom d’albuminates. 

On savait encore que l'albumine immobilise, par ce mécanisme 
physique, ces sels métalliques et leur enlève le pouvoir toxique dont 
ils sont doués à différents degrés. 

Nous avons cherché à établir dans quelle mesure l’albumine d'œuf 
atténue, avant de la supprimer entièrement, la toxicité des sels sur les- 
quels ont porté nos recherches antérieures, à savoir : le benzoate, le 
bichlorure, le biodure et le cyanure de mercure. 

Des essais préalables nous ont fait choisir la dose de 1 c. c. d’albumine 
fraiche d'œuf par litre de chacune des solutions métalliques en étude, 
comme la dose la plus convenable pour faire ressortir l’action protectrice 
de l’albumine, sans toutefois effacer entièrement l'effet toxique des 
différents sels vis-à-vis du têtard de grenouille, notre réactif habituel. 

Pour trois de ces sels, le benzoate, le bichlorure et le biiodure, les 
concentrations moléculaires permettant d'atteindre ce but sont com- 

n n 
prises entre 77 660 ©! 320.000 
nous a obligés de nous servir de concentrations autrement plus fortes, 


+ L'extrêmement faible toxicité du cyanure 


n 


n 
3.000 ©! 1.000 


(1) De la toxicité de différents sels de mercure. Comptes rendus de la Soc. 
de Biologie, 28 juin 1913. 

— Du mode d'action différent de quelques sels de mercure. Comptes rendus 
de la Soc. de Biologie, 12 juillet 1913. 


; d'où l’impossibililé d'avoir pour ce sel des résultats 


162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


entièrement et immédiatement comparables aux résultats que l’on 
obtient avec les sels précédents. 

Les quatre solutions sur lesquelles porte l’essai comparatif dont il 
s'agit sont distribuées dans quatre lots de bocaux à large ouverture; 
deux bocaux par solution; un litre de chacun par bocal. Dans le pre- 
mier récipient, on ajoute 1 c.c. d’albumine fraiche d'œuf, le second 
récipient sert de témoin. 

Voici le résumé d’un des essais ainsi conduit, la concentration des 


n : ONE Fe 
solutions employées étant de 20.000 L'expérience est lancée à 1 h. 45. 


Les trois têtards de la solution de biodure additionnée d'albumine 
meurent à 3 h. 40, en même temps que les trois têtards Lémoins : donc 
pas d’effet d'atténuation de la toxicité. 

À 3 h. 45 meurent les têtards du bocal témoin de la solution de 
bichlorure ; de 6 à 7 heures meurent, à leur tour, les têtards de la solu- 
tion correspondante de bichlorure additionnée d'albumine : l'influence 
de l’albumine est ici certaine; elle retarde du simple au double la durée 
de la survie. 

De 6 à 7 heures cessent de vivre les trois Lêtards témoins de la solu- 
tion pure de benzoate; les trois têtards de la solution de ce même sel 
additionnée d’albumine meurent seulement quarante-huit heures après 
le début de l'expérience. Dans ce cas, l'action de l’albumine est aussi 
nette et la survie encore plus longue, quoiqu’elle concerne un genre de 
mort moins rapide que celui dû au bichlorure (mort en deux heures 
dans ce dernier cas au lieu de la mort en cinq à six heures dans le cas 
du benzoate). 


Pour une solution de cyanure à l'effet de l’albumine (1c.c. par 


r 
litre) est faible, mais assez appréciable. Les tétards témoins meurent en 
dix-huit à vingt heures, alors que les tétards de la solution correspon- 
dante additionnée d’albumine ne meurent que quatre heures environ 
plus tard. 

Conclusions. — T'autres essais exécutés à cette concentration de 

n EL . : 

30.000 ©! à des concentrations moléculaires encore plus faibles, nous 
ont donné des résultats concordant avec les précédents. Nous croyons 
donc pouvoir tirer les conclusions suivantes : 

1° L’albumine d'œuf ne diminue pas ou très faiblement la toxicité 
du biiodure de mercure vis-à-vis du têtard. 

2° Celte action de l’albumine est plus accusée en ce qui concerne 
le benzoate. 

3° Autant qu'il est possible de provoquer des phénomènes toxiques 
chez le tétard avec le re l'albumine semble exercer une action 
non moins manifeste à l'égard de ce sel. 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 463 


4° C'est sans nul doute sur le bichlorure que l'albumine exerce son 
action protectrice la plus forte et qui lui a valu d'être considérée 
comme l’antidote du sublimé. 


(Travail du Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) 


SUR LA LEUCOCYTOLYSE DIGESTIVE, 


par J.-J. MANOUKRHINE. 


M. Krolunitskyÿ vient de présenter à la Société de Biologie quatre notes. 
L'expérience fondamentale de cet auteur, sur laquelle il base ses con- 
clusions prineipales, consiste en ceci, qu'après l'injection rectale au chien 
el au lapin de différentes substances, une augmentation progressive du 
nombre de leucocyles se manifeste dans le sang de ces animaux (1). 

Il existe cependant une quantité énorme de données bibliographiques 
dont beaucoup appartenant aux représentants les plus illustres de la 
science médicale, concernant l’action de l’une des substances qui ont 
été employées par l’auteur, notamment de la peptone de Witte. De ces 
données, le fait fondamental ayant presque la signification d'une loi se 
dégage, à savoir que : quelle que soit la voie par laquelle on introduit la 
pepione dans le sang, on observe toujours d'abord une diminution du 
nombre de leucocytes qui est remplacée par une leucocylose, on ne cons- 
tale que des variations en ce qui concerne le moment de l'apparition de 
chacun de ces deux processus et leur intensité; ses variations dépendent, 
d'une part, de la proportion entre la quantité de peptone et le poids de 
FPanimal, d'autre part, de la voie par laquelle la peptone a été injectée. 

Il nous semble qu'il est du devoir d’un auteur de connaître la biblio- 
graphie du problème qu’il étudie; le travail de M. Krolunitsky ne 
témoigne pas d'une telle connaissance, il aurait pu pourtant trouver 
la plus grande partie de données bibliographiques dans ma thèse qu'il 
a citée dans deux de ces notes. 

M. Krolunitsky ne semble pas avoir fait d’une manière correcte les nu- 
mérations de globules blancs et ne s’est pas familiarisé non plus avec ma 
méthode de détermination des propriétés leucocytolytiques du sang. Il 
paraît n'avoir retenu qu un seul résultat de mes recherches (2), nolam- 
ment que la teneur du sang en globules blancs est réglée par deux 
sortes de ferments, que leur destruction est produite par des leucocyto- 
lysines, et que la leucocytose a lieu, pour la plupart, grâce aux ferments 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biolcgie, n° 30, p. 309. 
(2) De la leucocytolyse. Thèse de Saint-Pétersbourg, 1911. 


ce 
£ ere 
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464 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


qui retardent la destruction de globules blancs, c'est-à-dire aux anti- 


leucocytolysines ; c'est pourquoi, parallèlement à l'apparition inoppor- 
tune de la leucocytose dans le sang, dans les expériences de M. Krolu- 
nitsky il y a aussi une augmentation inopportune de la quantité d’anti- 
leucocytolysines. 

M. Krolunitsky aurait dû obtenir dans ces expériences le schéma 
suivant, qui se dégage d'une expérience que j'ai faite à cet effet. J'ai 
introduit à un chien par voie rectale 20 c.c. de peptone de Witte à 
4 p. 100. 


NOMBRE DE LEUCOCYTES POUVOIR LEUCOCYTOLYTIQUE 


(sang de l'oreille). du sérum. 

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10 h. 35 m. Repas de viande. ) » 
1OMN- 222 MAMNE LR ARTE 9190 19,4  — 
10h 52m 0 2 En TE 9.099 25,6 — 
148 20m, PRIRENT 8.216 28,1 — 


La leucocytolyse devait se manifester d'une manière plus forte encore 
et plus efficace chez les lapins que chez les chiens après l'introduction de 
solutions de peptone plus concentrées (1,5 p. 100 et 3 p. 100) qui ont été 
employées par M. Krolunitsky. 

L'organisme réagit de la même manière à l’apparition d’autres substances 


dans le sang. 
On trouve dans les notes de M. Krolunitsky encore d’autres erreurs (3). 


Comme l'ont établi un grand nombre d'auteurs et comme j'ai eu l'occa- 
sion de le confirmer dans ma thèse, le schéma de la leucocytolyse 
digestive chez l'homme et chez les animaux est le suivant : au début, il 
se manifeste une leucocytolyse grâce aux leucocytolysines qui sont, 
comme je l'ai démontré (4), produites par la rate et qui apparaissent 
dans le sang; puis, des leucocytolysines qui, suivant mes recherches 
(loc. cit.), sont produites par le foie, apparaissent et s'accumulent dans 
le sang, et la leucocytolyse est remplacée par une leucocytlose; cette 
dernière, à son tour, est probablement de nouveau remplacée par une 
leucocytolyse. Comme j'ai réussi à le démontrer le premier, la leucocy- 
tolyse primaire est parfois en partie une leucocytolyse psychique (5) 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, n° 32, p. 395, etc. 

(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 décembre 1912, p. 686 et Arch. 
mal. du cœur et du sang, février 1913. 

(3) De la leucocytolyse. Thèse de Saint-Pétersbourg, 19141, p. #71. 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 465 


( 


qui évidemment se produit à la suite de ce que l’homme ou l'animal 
soumis à l'expérience se représente ou voit la nourriture. En ce qui con- 
cerne le remplacement des leucocylolysines par les antileucocytolysines, 
ce phénomène, comme j'ai eu l’occasion de le constater, se produit grâce 
à la neutralisation des premières par les secondes (1); il faut encore 
signaler que la leucocytolyse ne détruit pas seulement les leucocytes, 
mais stimule encore la production des giobules blanes 2). 


CINQUIÈME NOTE SUR LA LEUCOCYTOLYSE DIGESTIVE. 


LA LEUCOCYTOLYSE, PROVOQUÉE PAR L'EXCITATION ÉLECTRIQUE 
DU NERF PNEUMOGASTRIQUE, 


: Note de G.-A. KRoLUNITSKY, présentée par M. Garnier. 

Après ce que nous avons appris sur la leucocytolyse digestive, il nous 
paraissait difficile d'admettre que l'hypoleucocytose consécutive à 
l'excitation électrique du vague est due à une chute de la pression arté- 
rielle provoquée par une excitation des filets cardiaques de ce nerf 
[(Winogradoff, Decastello et Crinner, Camus et Pagniez (3) |. Les expé- 
riences rapportées (n° 1-6 du tableau) montrent, en effet, qu'à côté de 
l’hypoleucocytolyse, l'excitation électrique du vague pendant 5 minutes 
fait accroître le pouvoir leucocytolytique du sérum dans la proportion 
de 9,6 p. 100 à 36,5 p. 100 des globules détruits dans les mélanges. 
Mais, l'excitation terminée, le chiffre des leucocytes et le pouvoir leuco- 
eytolylique tendent à revenir au taux initial. Le nombre des globules 
blancs peut dépasser le chiffre initial déjà au bout de 30 minutes (expé- 
rience 6). La seconde excitation du vague pendant 10 à 15 minutes 
provoque cette fois une leucocytolyse beaucoup plus durable et on 
observe même 36 minutes [expérience 4) et 50 minutes après l'excitation 
(expérience 5) une hypoleucocytose plus prononcée et un pouvoir 
leucocytolytique du sérum plus intense que dans le eas de l'excitation 
de 5 minutes. 


On peut donc dire que l’hypoleucocylose et le pouvoir leucocytolytique 
du sérum sont directement proportionnels à la durée de l'excitation du 
pneumogastrique. 


(4) Thèse et Arch. mal. du cœur et du sang, juin 1942. 

(2) La Semaine médicale, 21 mai 1913, p. 242. 

(3) Voir la bibliographie dans la note de Camus et Pagniez. Comptes rendus 
de la Soc. de Biologie, 1908, p. 120. 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXV. 32 


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SOCIÉTÉ DE .BIOLOGIE 


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SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 267 


Il ya une analogie manifeste entre ces expériences et celles ayant 
rapport à la leucocytolyse digestive. Dans les deux cas, l'excitation, 
tantôt psychique, tantôt électrique, passe par le pneumogastrique 
et se transmel par une voie nerveuse inconnue à la rate. Si on pou- 
vait soupçonner ce mécanisme déjà dans les expériences sur la leuco- 
cytolyse digestive, l'excitation électrique du vague permet de le 
considérer comme tout à fait réel. L’hypoleucocytose consécutive à 
l'excitation du pneumogastrique ne peut être expliquée par la baisse 
de la pression sanguine. En effet, si, par un procédé quelconque, on 
neutralise la sécrétionleucocytolytique provoquée par une excitation du 
vague, on n'observe plus d'hypoleucocytose dans le sang, malgré Ja 
baisse de la pression sanguine. Pour réaliser cette neutralisation, nous 
disposons de deux procédés : nous pouvons exciter l’organe, qui sécrète 
l’antileucocytolysine (le foie), soit par son irradiation (Manoukhine), 
soit par une injection intrarectale. Nous pouvons aussi enlever l’organe 
producteur de leucocytolysine (la rate). Chez le lapin dont le foie est 
irradié pendant 10 minutes ‘expériences 7 et 8), l'excitation électrique 
dans un cas n’a pas modifié la formule sanguine, ni les propriétés leu- 
cocytolytiques du sérum, et dans l’autre a retardé de beaucoup l'appa- 
rition du phénomène qui, sans cette condition, s'observe immédiatement 
après l’excilation, La leucocytolysine doit d'abord neutraliser l’antileu- 
cocytolysine, produite par le foie excité, avant de se révéler par.une 
hypoleucoeytose. Les expériences 9 et 10 chez le lapin splénectomisé 
montrent de même que l'excitation du vague n'influe nullement. sur les 
propriétés sériques. Si on y observe quelque diminution dés leucocytes 
après l'excitation (expérience 10), cette diminution n'est pas constante 
(expérience 9), et elle est due, probablement, aux troubles mécaniques 
apportés par une longue excitation. L'expérience 11, où on a ingecte 
préalablement un liquide nutritif dans le rectum et excité ainsi le foie, 
est tout à fait superposable aux précédentes. Toutes ces expériences 
montrent clairement que c'est à la rate que se transmet l'excitation 
du vague, nerf sécréteur de l’estomac. Didi É 


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(Laboratoire de pathologie expérimentale el comparée.; 0 


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468 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SUR UN CAS D'ALTERNANCE CARDIAQUE MÉCANIQUE 
ET ÉLECTRIQUE OBSERVÉE CHEZ L'HOMME, 


par E. Bonnet, E. DonzELor et C. PEzzr. 


L'étude expérimentale du cœur alternant au moyen de l'électrocar- 
diographie a été faite surtout par Hering (1), par Kahn et Starkenstein (2), 
et plus récemment par H. Fredericq (3). I résulte de ces recherches que 
les alternances électrique et mécanique peuvent être de même sens ou 
de sens contraire, et que parfois l'alternance peut faire complètement 
défaut sur lélectrocardiogramme tout en étant très marquée sur le 
tracé mécanique du pouls. Sur ces derniers tracés, d’ailleurs, l’aller- 
nance est en général beaucoup plus manifeste que sur les courbes 
électriques. 

Mais, tandis que pour les trois premiers auteurs, l’électrocardio- 
gramme, en dehors de la hauteur variable de ses sommets, est toujours 
normal au cours de l'alternance cardiaque, par contre, H. Fredericq 
admet qu'il peut être modifié dans sa forme et dans sa durée. La systole 
mécanique faible serait le plus souvent celle dont le tracé électrique est 
le plus long et le plus compliqué. En un mot, d’après cet auteur, la 
nature de la systole forte n'est pas toujours identique à celle de la 
systole faible. 

L'alternance cardiaque étant un phénomène qui se rencontre en 
clinique, il y a donc intérêt à l'étudier au moyen de la méthode électro- 
cardiographique pour en -rapprocher les résultats de ceux obtenus en 
expérimentation. 

À ce point de vue, les recherches cliniques sont très peu nombreuses. 
Ainsi, dans deux cas de pouls alternant observés par Hoffmann (4), 
l'électrocardiogramme n'était nullement modifié; il en était de même 
dans un eas de Joachim (5) et dans un autre de Davenport Winde2 (6). 
Tout dernièrement, Münzer et Keil (7) ont publié une observation où 
l'alternance très nelte sur le tracé du pouls huméral ne paraît pas 
se traduire sur le tracé électrique. A notre connaissance, le seul cas où 
l'alternance ait été constatée en même temps sur le tracé du poulset sur 
l’électrocardiogramme est celui de Lewis (8). 


Hering. Zeitschr. f. exp. Path. u. Ther., 1909, VIF, 363. 

Kahn et Starkenstein. Pflhüger’s Arch., 1910, CXXXHI, 579. 
Fredericq. Arch. intern. de Physiol., 1912, XIT, 96. 

) Hoffmann. Münch. mediz. Wochenschr., 1909, 2259. 

(5) Joachim. M'inch. mediz. Wochenschr., 1911, 1950. 

Daveoport Windle. Quart. journ. of med., 1910-14, IV, 435. 
Münzer et Keil. Zentralbl. f. Her: u. Gefässkrankh., 1913, V, 249. 
Lewis. Quart. journ. of. med., 1910-11, IV, 141. 


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SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 469 


Nous avons eu l'occasion d'observer chez un malade de la consulla- 
tion de notre maitre M. Vaquez, une alternance cardiaque qui persiste 
depuis le mois de mars dernier. Il s’agit d'un homme âgé de soixante 
ans, brigthique (pression maxima 22-23, minima 13-14 centimètres 
de Hg à l'appareil de Vaquez). En l’examinant à des intervalles assez 

rapprochés, nous avons toujours constaté chez lui une alternance du 


Fic. 1. — Inscription simultanée du pouls fémoral et de l’électrocardiogramme 
(dérivation 1). Sur la partie supérieure, alternance mécanique et électrique de 
même sens, les sommets À et T plus petits correspondent à la faible pulsation de 
l'artère, et vice versa. Sur la partie inférieure, l'alternance mécanique et l'élec- 
trique sont encore de même sens, mais cette dernière porte exclusivement sur le 
sommet T. 


cœur et du pouls de même sens. L’alternance du cœur semble être, 
d’ailleurs, exclusivement limitéé à la région apexienne, car le cardio- 
gramme enregistré sur une partie plus haute a toujours été régulier. 

Le tracé du pouls fémoral et l’électrocardiogramme représentés sur 
la figure 1 ont été pris simultanément le 22 novembre 1913. L'alternance 
mécanique est très nette; la pulsation faible est plus rapprochée de la 


470 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


pulsation forte qui la suit, que de la pulsation forte qui la précède. Sur 
l’électrocardiogramme supérieur, l'alternance intéresse le sommet À et 
le sommet 7° (négatif), elle est de même sens que celle de la fémorale, 
car les sommets À et 7 plus petits correspondent à la faible pulsation 
de l'artère, et vice versa. Sur l’électrocardiogramme inférieur l’alternance 
est toujours de même sens, mais elle intéresse exclusivement le som- 
met 7°. Nous ferons, enfin, remarquer que l'alternance mécanique est 
beaucoup plus manifeste que l'alternance électrique, que les sommets 
R'sont équidistants et que la forme de l'électrocardiogramme, en 
dehors des varialions de hauteur de ses sommets, est la même quelle 
que soit la systole considérée. Bref, la marche dans le cœur de l’onde 
d'excitation est toujours normale. Les constatations faites dans notre 
cas sont donc superposables aux constatations expérimentales de 
Hering et de Kahn et Starkenstein. 


Ç 


(Service de M. le I} Vaquez, hépital Saint-Antoine, Paris.) 


: DISSEMBLANCES ANATOMO-PATHOLOGIQUES DE LA CIRRHOSE BILIAIRE 
DE L'HOMME ET DE LA CIRRHOSE BILIAIRE EXPÉRIMENTALE : L'ICTÈRE 


(Première note), 


par NoEL FIESsiNGER el L. ROUPOoWsKA. 


Nous avons repris les expériences classiques de cirrhose biliaire pro- 
voquée chez le lapin par la ligature du cholédoque. Elles ont été 
exécutées antérieurement par Charcot et Gombault, Chambard, 


. Beloussow, Ribadeau-Dumas et Lecène, etc. En employant une tech- 


nique rigoureusement{ aseptique, nous avons obtenu une survie particu- 
lièrement longue qui a atteint chez un de nos animaux la durée de six 
mois. Les phénomènes et Les lésions observés se distinguent nettement 
de ce qu'il est classique de constater chez l’homme à la suite de 
sténose biliaire. C’est sur ce point, plus spécialement, que nous désirons 
insister. 

Au point de vue pathologique, une différence nous est donnée par 
l’évolution de l'ictère. 

Tous nos animaux ont eu de l'ictère. Cet ictère débute vers le qua- 
trième jour. Il se montre très accusé dans les premiers jours chez les 
animaux auxquels, ou bien on a injecté dans le péritoine des globules 
rouges, où bien on a provoqué durant l'intervention une hémorragie 
Res | 

La durée de cet ictère est le plus souvent longue. Il ne faudrait pas 


SÉANCE DU :29 NOVEMBRE 4TA 


croire cependant que l'ictère persiste jusqu'à la mort, comme il en est 
chez l’homme, au cours des sténoses cancéreuses. Chez les animaux 
dont les ligatures ont permis des survies de trois à six mois, l’ictère 
pälit à partir du quinzième Jour environ. Lentement il s’efface, si bien, 
que deux mois après la ligature, l’ictère a entièrement disparu et cepen- 
dant l'obstacle biliaire persiste, comme le prouve la persistance de la 
rétention et de l'hypertension biliaire. On ne peut attribuer cette dispo- 
sition de l'ictère à une insuffisance hépatique. Les animaux ne pré- 
sentent aucun signe d’une insuffisance complète et le parenchyme 
‘hépatique n’en présente aucune des lésions. Il n'y à, à notre avis, qu'une 
facon d'expliquer cette disposition de l’ictère, c'est d'admettre qu'il s’est 
produit une véritable inhibition de la fonction biliaire. L'évolution de 
la sécrétion biliaire après la ligature cholédocienne traverse done trois 
étapes : 


1° Sécrétion biliaire dans les voies biliaires : distension expressive. 
Durée : quatre jours ; 

2° Sécrétion biliaire dans le sang : ictère. Durée : un à deux mois; 

3° Inhibition biliaire complète : cessation de l’ictère après deux mois. 


Ces faits sont entièrement différents de ceux observés chez les mam- 
mifères supérieurs et chez l’homme, où l'ictère persiste durant toute 
l’évolution de la sténose biliaire. 

Pourquoi une telle différence avec l’homme où nous ne retrouvons que 
les deux premières étapes ? C'est que chez l’homme, la fonction biliaire 
est plus différenciée que chez l'animal. Plus on s'élève dans l'échelle 
des mammifères, plus on voit s’accuser la différenciation entre les deux 
fonctions endocrine et exocrine. Chez les animaux, comme le cobaye et 
le lapin, où le foie est surlout une glande endocrine, une cause telle 
que l'arrêt de la sécrétion peut encore inhiber la sécrétion biliaire, 
comme la ligature urétérale inhibe la sécrétion urinaire. La fonction 
biliaire s’efface et le foie ne continue que sa fonction endrocrinienne. 
Nous verrons comment l'anatomie confirme cette transformation fonc- 
tionnelle. Mais chez l'homme, la glande s’est perfectionnée dans son 
rôle de glande biliaire, elle est à la fois une glande endocrine comme 
chez le cobaye et une glande exocrine comme chez les mammifères 
inférieurs. Et l’inhibition biliaire n'est plus possible. 


472 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


JEU COMPENSATEUR DES CONCENTRATIONS URÉIQUES ET CHLORURÉES 
DANS L'ÉLIMINATION URINAIRE, 


par J. CHAUSSIN. 


Dans une note précédente (1), nous notions, sans encore établir de 
rapport, la coïncidence entre les faibles concentrations des chlorures 
pendant le sommeil et les fortes concentrations uréiques correspon- 
dantes ; notre réserve était d'autant plus commandée que l'opinion (2) 
qui semblait prévaloir affirmait une complète indépendance. 

Poursuivant ces recherches, nous avons, sur nous-même, en dehors 
d’un certain nombre d'expériences sans régime fixe, institué cinq séries 
de courte durée, formant un ensemble de plus d'un mois d'expériences, 
en régimes strictement déterminés. Les urines des vingt-quatre heures 
étaient recueillies et analysées en une quinzaine d'échantillons. Dans 
chaque série, les repas (au nombre de deux par jour seulement, midi 
et demi et 8 heures et demie du soir) étaient tous identiques, la quan- 
tité de sel variant seule, de façon à faire se rencontrer les chlorures et 
l’urée avec des concentrations diverses. 

Les séries successives ont compris : régimes hypo-azoté, moyen, 
hyperazoté, lacté: suppression des boissons. 

En dehors du sens de la variation des concentrations de l’urée et des 
chlorures, nous avons considéré la somme de ces concentrations; ces 
substances ayant des poids moléculaires voisins, 60 et 58,5, cette 
somme conserve une signification moléculaire. 

Nous n'avons pas, en première approximation, tenu compte de la 
dissociation électrolytique du NaCl; d’ailleurs, les coefficieuts établis 
pour l’eau sont inapplicables au complexe qu'est l'urine. 

Les régimes moyennement azoté el hÿpoazoté ont permis de pousser 
jusqu'aux fortes doses de sel et d’atteindre ainsi facilement une concen- 
tration de 23 grammes pour les chlorures, qui, se maintenant constante 
dans les éliminations successives, malgré de nouvelles absorptions de 
sel, nous a paru voisine de la concentration limite. 

En régime hyperazoté, nous avons atteint très rapidement des concen- 


(1) J. Chaussin. Elimination des chlorures pendant le sommeil. Comptes 
rendus de la Soc. de Biologie, 16 mars 1912. 

(2) Ambard et Papin. « Il y a indépendance entre les concentrations des 
diverses substances excrétées dans l'urine; c’est-à-dire que chacune d'elles 
passe comme si elle était seule. » {Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
9 janvier 1909.) Chabanier et Lobo Onell. « L'activité de concentration n’est 
pas une activité globale, les activités de concentration pour chaque substance 
sont indépendantes. » (Archives urologiques de la clinique de Necker, t. I, fase. 2.) 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 


TA SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE 


-- Voici un exemple emprunté au régime lacté;-il y a un mouvement 
inverse des concentrations uréiques et chlorurées, bien manifeste sur 
le graphique correspondant. 


CONCENTRATION | CONCENTRATION 
des de - 
chlorures. l’urée. 


SOMME 
urée-chlorures. 


DÉBIT 


C F 
EU MISSION inai 
HEURE D ÉMISSION urinaire. 


!| De 9 h. du soir (coucher) à minuit. 


RS 
1©S 


2 heures 
5 heures 
(Lever) 7 heures . 
10 heures . 
11 heures 
Midi. 


CREER S 


D'une façon générale, nous avons constaté dans toutes nos séries 
que : Lorsque les concentrations uréiques allaient en décroissant, les 
concentrations chlorurées allaient en croissant, et inversement, toutes les 
fois que le débit urinaire ne subissait pas de notables varialions; ce mou- 
pement en sens inverse paraissant faire tendre la somme urée-chlorures 
vers une constante qui est évidemment différente suivant les régimes. 

Sur les nombres donnés par M. Balthazard (1), au sujet d’une ques- 
tion différente, nous avons pu, en calculant les concentrations, vérifier 
qu'il y avait un parallélisme assez constant entre les sommes des con- 
centralions urée-chlorures et le A cryoscopique. 

Dans quelques expériences, nous avons dosé, outre les chlorures et 
l’urée, les phosphates et les sulfates; ceux-ci nous ont paru concourir, 
par les variations de leurs concentrations, au jeu compensateur dont 
l’urée et Les chlorures sont les éléments principaux. 

Quelques sensations subjectives, ressenties au cours de nos expé- 
riences, nous paraissent présenter un intérêt : 

Le jeûne de vingt-quatre heures (suppression du repas du soir), très 
bien supporté en régime moyennement chloruré, a été accompagné de 
sensations pénibles presque angoissantes en régime hypochloruré. 

En régime hyperazoté, l'usage des doses croissantes de sel, bien 
accepté dans les régimes hypoazoté et moyen, est devenu rapidement 
difficile à supporter, au point de faire cesser la progression, bien avant 
d'avoir atteint la concentration de 23 grammes pour les chlorures, pré- 
cédemment obtenue facilement avec les autres régimes. Nous pensons 
que nous aurions pu l’atteindre, mais avec des sensations très pénibles. … 


(Travail du laboratoire de physiologie générale 4 
au Muséum d'histoire naturelle.) 


1) Comptes rendus «de la Soc. de Biologie, mars 1901. 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 475 


INFLUENCE DÉ CERTAINES SOLUTIONS SALINES ET, EN PARTICULIER, DE LA 
SOLUTION ISOTONIQUE DE CHLORURE DE SODIUM, SUR LES PROPRIÉTÉS LYTIQUES 
DU SÉRUM CHEZ UN MALADE ATTEINT D'HÉMOGLOBINURIE PAROXYSTIQUE, 


par P. EmiLe-WEIL et PAUL CHEVALLIER. 


En étudiant le sang d'un malade atteint d'hémoglobinurie paroxys- 
tique, nous avons été frappés des modificalions considérables apportées 
aux propriétes sériques par l'addition de chlorure de sodium en solulion 
physiologique. Les faits que nous rapportons ne sont pas inconnus, 
mais leur importance théorique et pratique mérite qu'on y insiste. 


I. La réaction de Donath et Landsteiner devient négalive quand on 
emploie du sérum étendu d’eau chlorurée physiologique au lieu de sérum 
pur. — Le sérum du malade contenait des iso- et des hétérolysines 
faciles à mettre en évidence par l'épreuve de Donath et Landsteiner 
(mise en présence des globules et sérum une demi-heure à 0 degré, puis 
séjour à 37 degrés), à condition de faire agir du sérum pur sur les 


globules déplasmatisés. L'addition à parties égales d'eau chlorurée 
entravait l'hémolyse. Par exemple, on avait : 


EAU CHLORURÉE 


SÉRUM GLOBULES à 8 p. 1000 
ENTEE 1 goutte. Die nr ee El Arette. 
1 c.c. 1 goutte. ICE CRE US M su IE Et 
ou bien : 
4 c.c. 1 goutte. ONG CP UE PS ne HR For Ée: 
Acc: 1 goutte. AC. Cannes. ct. tréspfaible. 


les résultats étant lus après addition d'eau physiologique aux tubes 
contenant du sérum pur, afin de ramener au même volume. 

Le plus souvent, pour obtenir une hémolyse forte, il fallait ajouter du 
sérum de cobaye. Dans ce cas, l'hémolyse était certes plus marquée 
qu'auparavant dans les tubes contenant de l'eau chlorurée, mais elle 
devenait intense dans ceux qui n’en contenaient point. Dans ces der- 
niers, l'hémolyse initiale apparaissait par l’adjonction d’une petite 
quantité de complément, alors qu’une quantité assez grande était 
nécessaire pour faire naître l’hémolyse en présence de l'eau chlorurée. 


II. La réaction de Kumagaï et Inoue est positive si les globules sont 
lavés, négative s'il reste des traces de sérum. — Lorsque, à l'exemple 
d'Ehrlich et Morgenroth, on met en présence sérum et globules (fixation 
de la sensibilisatrice sérique sur les globules) et qu'ensuite on lave (il ne 
faut pas laver trop pour ne pas désensibiliser les globules), les globules 
sont hémolysés par du sérum de cobaye en présence d'eau chlorurée. 


476 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nous avons fait cette épreuve en sensibilisant les globules, d’une 
part, à 37 degrés, d'autre part, à 0 degré (épreuve de. Kumagaï et 
Inoue). 

Notre expérience était disposée de la façon suivante : 


nes É z | CENTRIFUGATIONS ; EAU RÉSOMLAGE AERES 
ps & pl = s É SÉRUM 
E e2 < = énergiques. Z|:chlorurée:| eau 
E | à £ : de cobaye| ; s c 
S (2 puis : à 8 p. 100/1/2 h. à 3%| 18 h. à 37% 
1 c.c.[i goutte|= , Lavage, 1 fois. 0.1 fAGAIC H. faible. | H. moyenne. 
| — — S& — 02 1#CAC H. forte H. forte. 
| — — . [5-1 Pas de lavage. 0.1 1c.c. |H, début. |H. début. 
— = — 19 1 CC H. faible. |H. faible. 
DAC ie |diéoutie| =: Lavage. 0.1 CRC Sat eu H. tr. faible. 
6 — _ :È 27 0.2 1 c.c. |H. début. |A. faible. 
7 — | — et Pas de lavage. 0.1 100: Ce Ale H. 0 
8 — — LR Pas de lavage. 0-2 CAC 0H Ren0 H. 0 


Tous les tubes témoins, néanmoins, étaient ajoutés pour compléter 
l'expérience. Notre malade étant hémoglobinurique, il est naturel que 
ce soit dans les tubes 1 à 4, mis dans la glace pilée, qu'apparaissent les 
propriétés Iytiques. 

On remarque que, lorsque les globules n’ont pas été lavés avant d’être 
mis en présence de l’eau chlorurée et de sérum de cobaye, l’'hémolyse 
est nulle ou très inférieure à celle qui se produit quand les hématies 
ont été lavées une fois. 

Les épreuves de Donath et Landsteiner et de Kumagaï el Inoue sont 
simultanément positives. — Kumagaï et Inoue ont proposé leur réaction 
pour mettre en évidence des hémolysines que le procédé classique ne 
révélait pas. Ils admettent que le sérum contient un anticomplément qui 
empêche, même à l’état de traces, la destruction des érythrocytes. Mais 
ici, uous ne pouvons admettre des propriétés anti, puisque l'hémolyse 
se produit très bien en laissant sérum et globules en contact. 

Seul, le MÉLANGE de sérum et d'eau chlorurée entrave l'hémolyse. — Ce 
qui entrave ici l'hémolyse, ce n’est pas la présence de sérum, c’est celle 
d'eau chlorurée physiologique. Résumons en effet ces résultats. 

L’hémolyse est obtenue par la mise en présence de complément et de : 
1° sérum pur et globules déplasmatisés; 2 eau chlorurée et globules 
sensibilisés lavés. 

L'hémolyse ne se produit pas si sérum et eau chlorurée sont mêlés, 
soit que les deux liquides se trouvent à parties égales, soit que le sérum 
ne reste qu’en très pelite quantité avec les globules sensibilisés. 

L'eau chlorurée n'agit pas en atténuant le complément, puisque des 
globules sensibilisés lavés sont hémolysés par une solution de sérum 
de cobaye dans l’eau physiologique. 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 411 


C'est donc le mélange, et seulement le mélange de sérum et d'eau chlo- 
rurée, qui entrave l’hémolyse. 


I. Le chlorure de sodium n'est pas le seul sel qui possède la propriété 
de former avec le sérum un mélange antihémolytique: le citrate de soude a 
le même effet. Nous avons recherché l’action hémolytique du plasma 
citraté, et nous n'avons pas obtenu d’hémolyse nette. Nous avons alors 
ajouté au sérum la même quantité de citrate : l'hémolyse a été empêchée 
et il nous a semblé que l’action du citrate est encore plus grande que 
celle du chlorure de sodium (1). 

Nous nous proposons de vérifier si l’action empêchante du chlorure 
de sodium s'exerce contre la plupart des hémolysines avec une puis- 
sance. comparable à celle que nous signalons, et si l’on doit ranger 
l’hémolysine de l’hémoglobinurie paroxystique dans un groupe spécial, 
à côté de certains autres liquides hémolysants (2). Au point de vue 
strictement pratique, lorsque, pour rechercher des propriétés lytiques, 
on a mélangé le sérum d’eau chlorurée, les résultats doivent être tenus 
pour suspects. 


(Travail du service de M. le professeur Roger.) 


(1) A dose égale de citrate, le sérum est cependant plus hémolytique que le 
plasma : on peut se demander si les propriétés lytiques ne sont pas en partie 
artificielles et ne se développent pas pendant la coagulation. 

(2) Luzzato (L'hémolyse produite par le tellurate sodique, Archives italiennes 
de Biologie, t. LVIFN, 15 mars 1912, p. 14-27) a montré que le tellurate de 
sodium n’a presque plus d'action destructive sur les globules rouges, lorsque 
ceux-ci sont restés longtemps au contact d’une solution isotonique de chlorure 
de sodium. Le citrate de soude est encore plus antihémolytique. Le phéno- 
mène ne peut s'expliquer par l’immobilisation de l’ion-calcium; Luzzato tend à 
attribuer l'intégrité des globules rouges à l’augmentation de leur résistance; 
cette pachydermie (Itami) résulterait peut-être, d’après les travaux de Bang, 
Hamburger.., de ce que les chlorures, anions protecteurs, se fixent plus 
rapidement sur les récepteurs globulaires que les anions lytiques. 

Cette explication ne peut valoir pour nos faits, puisque l’hémolyse se pro- 
duit très bien en présence du NaCI sous la seule condition que toute trace de 
sérum ait disparu. 

Luzzato se demande, d’ailleurs, « si le sérum n'intervient pas, lui aussi, 
dans ces phénomènes; les sels modifieraient les propriétés physico-chimiques 
du sérum, auquel ils feraient perdre, par des mécanismes peut-être très 
_ complexes, ses propriétés sensibilisatrices.. » 


478 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


QUELQUES REMARQUES NOUVELLES SUR LA FORMATION 
DES PIGMENTS ANTHOCYANIQUES AU SEIN DES MITOCHONDRIES. 


A PROPOS D'UNE NOTE RÉCENTE DE M. PENSA, 


par À. GUILLIERMOND. 


[. — Nous avons démontré dans une note récente (Comptes rendus de 
l’'Acad. des Sciences, juillet 1913) que les pigments anthocyaniques sont, 
comme les autres pigments végétaux, le produit de l’activité des mito- 
chondries. Cette démonstration à été faite non seulement sur des pré- 
parations fixées et colorées par les méthodes mitochondriales, mais 
aussi par l'étude vitale des cellules qui élaborent l’anthocyane. Nous 
avons été assez heureux, en effet, pour trouver un objet d'étude excep- 
tionnellement favorable à l'observation vitale du phénomène : les jeunes 
feuilles de rosier. C’est dans les dents de ces feuilles que le pigment 
commence à apparaitre, de sorte qu'en observant au microscope dans 
l'eau un fragment de feuille renfermant quelques dents, on peut suivre 
tous les stades de la pigmentation des mitochondries et du développe- 
ment ultérieur du pigment avec une admirable netteté. On observe 
d’abord dans chaque cellule de nombreux chondriocontes minces, 
allongés et flexueux, disposés tout autour du noyau. Ceux-ci s’épais- 
sissent peu à peu et s’imprègnent de pigment rouge (fig. 1), puis se 
transforment chacun en haltères (fig. 2), dont les deux têtes se séparent 
par rupture de la partie effilée qui les réunit, prennent la forme de 
sphérules qui grossissent peu à peu et s’introduisent dans de petites 
vacuoles préformées dans la cellule, où elles se dissolvent (fig.3). 

L'observation vitale de ce phénomène présente un très grand intérêt 
parce qu'elle donne à nos résultats la rigueur d’une démonstration 
expérimentale. Aussi avons-nous cru devoir montrer des préparations 
vitales de la formation de l’anthocyane dans la feuille de' rosier, au 
dernier Congrès de l’Association des Anatomistes (Lausanne; juillet 1913). 
À la suite de ce Congrès, un histologiste italien, qui y'assistait, 
M. Pensa, très impressionné par l'examen de ces préparations, a immé- 
diatement répété nos observations, et vient de publier une note (1) où, 
tout en constatant, comme nous, que le pigment anthocyanique apparait 
dans des éléments analogues à des mitochondries, il arrive cependant 
à des conclusions très différentes des nôtres. 

Bien que nos recherches doivent être Cahiers l'objet d'un 
mémoire définitif, la publication de cette note nous oblige : à discuter 
immédiatement les conclusions de M. Pensa. d 


1) Anatomischer Anzeiger, novembre 1913. 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 179 


= = ua ne + ER = a 


vΠ


FiG. 1. — Extrémité d'une dent d'une jeune feuille de rosier au début de la pis- 
mentation, à l’état vivant. É , 
#16. 2. — Extrémité d'une dent d'une jeune feuille de rosier au début de La pig- 


Fic. 4. — Cellules épid-rmiques de la même feuille au moment de la pigmentation. 


480 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


IT. — Ces conclusions s'écartent des nôtres sur deux points que nous 
examinerons successivement. 


a) Au point de vue des processus de l'élaboration du pigment, M. Pensa ne 

croit pas que le schéma que nous avons décrit soit exact. Il constate que 
l'anthocyane ne se forme pas exclusivement dans des chondriocontes, comme 
nous l’avons observé, mais aussi dans des mitochondries granuleuses et des 
chondriomites. En outre, ces éléments ne subissent pas l’évolution que nous : 
avons décrite. Selon M. Pensa, ils s’anastomoseraient les uns aux autres et se 
transformeraient en une sorte de réseau, qui finirait par se condenser en 
une énorme masse pigmentaire de structure spongieuse. Remarquons tout 
de suite que la plupart des stades décrits par M. Pensa ont été observés 
dans une préparation vitale montée dans l’eau et examinée pendant une 
heure. 
_ Des observations vitales approfondies que nous avons souvent répétées sur 
des jeunes feuilles de Rosier et d’autres végétaux depuis plusieurs mois, ne 
nous permettent pas de confirmer les vues de M. Pensa. Dans les dents de 
jeunes feuilles de rosier, le chondriome renferme bien, à côté des chon- 
driocontes, quelques mitochondries granuleuses, comme il résulte de l'examen 
de préparations fixées et colorées, mais celles-ci ne se voient généralement 
pas dans les cellules vivantes et ne paraissent pas participer à l’élabo- 
ration du pigment. Les mitochondries et les chondriomites observés par 
M. Pensa nous semblent résulter d'aspects provoqués par les extrémités de 
chondriocontes flexueux et enchevêtrés les uns dans les autres. Quant aux 
processus ultérieurs décrits par M. Pensa : formation d’un réseau, puis 
d'une masse spongieuse, ce sont des figures que nous avons observées avant 
M. Pensa, mais dont nous n'avons pas parlé parce qu’elles ne se rencontrent 
jamais dans des préparations fraîches qu'on vient de monter, et n’appa- 
raissent que lorsque la dent a séjourné pendant un certain temps dans l'eau. 
Comme, d'autre part, ces figures ne correspondent pas à ce qu’on constate dans 
les préparations fixées et colorées par les méthodes mitochondriales, on peut 
donc considérer comme cerlain qu'elles ne sont dues qu'à des altérations du 
contenu cellulaire sous l'action prolongée de l'eau. L’anthocyane, composé phéno- 
lique, est très soluble dans l’eau et l’on comprend facilement que, dans des 
. observations de longue durée dans l’eau, il puisse s’effectuer des dissolutions 
du pigment contenu dans les mitochondries et qui déterminent des altéra- 
tions de ces crganites. 

Il y a d’ailleurs des procédés qui permettent de faire ressortir plus distinc- 
tement les mitochondries dans les feuilles vivantes. On sait que les composés 
phénoliques fixent le bleu de méthylène et réduisent l’acide osmique. En 
montant la préparation dans une solution très diluée de bleu de méthylène, 
on obtient la coloration vitale de chondriocontes qui sont imprégnés parle 
pigment. D'autre part, en traitant la préparation par l'acide osmique, on 
obtient une très bonne fixation du contenu cellulaire et un brunissement 
intense des chondriocontes qui renferment l’anthocyane. Or, ces procédés qui 
accentuent le contour des mitochondries pigmentées permettent de vérifier 
entièrement le schéma que nous avons donné des processus de la formation 
de l’anthocyane. 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 481 


Enfin, l'étude de ces processus sur des préparations fixées et colorées par 
les méthodes de Regaud ou de Benda que n’a pas effectuée M. Pensa, 
montre des figures absolument superposables à celles que nous avons 
observées sur le frais et qui ne correspondent en aucune manière aux des- 
criptions de M. Pensa. Les feuilles de rosier se fixent mal par les méthodes 
mitochondriales, mais les feuilles de noyer, où nous avons observé sur le 
vivant des processus identiques à ceux qui s'effectuent dans les feuilles de 
rosier, sont tout à fait favorables à cette étude, Dans les cellules qui n'ont 
pas encore élaboré de pigment, on constate un chondriome constitué par de 
nombreux chondriocontes et quelques mitochondries granuleuses (fig. 3). 
Lors de la pigmentation, les chondriocontes s’épaississent et cet épaissis- 
sement est provoqué par l’apparition du pigment sur toute la longueur des 
chondriocontes (fig. #). Ce pigment, en raison de sa nature chimique, 
apparaît coloré en jaune par le bichromate de potassium (méthode de 
Regaud) ou en brun par l’acide osmique (méthode de Benda), et se trouve 
disposé sur toute la partie axiale des chondriocontes, dont l'écorce conserve 
la coloration caractéristique des mitochondries. Plus tard, les chondriocontes 
se transforment en haltères, dont les deux têtes se séparent sous forme de 
vésicules mitochondriales dont le centre est occupé parle pigment. Ces vési- 
cules grossissent, épuisent leur écorce mitochondriale, puis s’introduisent 
sous forme de boules pigmentaires dans les vacuoles, s’y fusionnent et fina- 
lement s’y dissolvent (fig. 5 et 6). 


b) Au point de vue de l'interprétation générale de ces phénomènes, 
M. Pensa ne pense pas que les éléments ressemblant à des mitochondries 
qui s’imprègnent du pigment anthocyanique, pas plus d'ailleurs que les 
éléments de même forme qui donnent naissance chez les végétaux à la 
chlorophylle et à l'amidon, soient de véritables mitochondries, identi- 
fiables aux mitochondries des cellules animales. Cette question, déjà 
soulevée au Congrès de Lausanne par M. Pensa et un autre savant 
italien, M. Lévi, ne mérite pas que nous nous y atlardions. Les mito- 
chondries des cellules végétales présentent : 1° les mêmes formes carac- 
téristiques (chondriocontes, chondriomites, mitochondries granuleuses), 
les mêmes caractères histo-chimiques (altération par l’alcool et l'acide 
acétique, coloration élective par les méthodes de Regaud, Benda et 
Altmann), les mêmes particularités d'évolution, et enfin le même rôle phy- 
siologique (participation aux sécrétions) que les mitochondries des 
cellules animales. On sait, par les récentes recherches de MM. Prenant, 
Policard, Mulon et M'° Asvadourova que, dans les cellules animales, un 
grand nombre de pigments sont élaborés au sein de mitochondries, 
comme dans la cellule végétale. Il n’est donc pas permis d’hésiter à 
identifier les mitochondries des cellules végétales aux mitochondries 
des cellules animales, et il serait superflu de discuter plus longtemps 
cette question. 


Biozocie. Comptes RENDUS. — 1913, T, LXXV. 33 


582 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Z = = = D RP ETRLE = __—_— SR ONE, SE 


DONS TECHNIQUE POUR LA PRODUCTION EXPÉRIMENTALE 
DES HYDRONÉPHROSES, 


par L. Morez et E. Papin. 


Il peut y avoir intérêt à reproduire expérimentalement l’hydroné- 
phrose, soit qu'on veuille saisir les lésions de début dans le rein ou le 
bassinet, soit qu'on veuille étudier le fonctionnement du rein hydroné- 
phrotique, soit enfin qu’on veuille effectuer des recherches expérimen- 
tales sur la chirurgie plastique du rein. 

On a proposé pour reproduire l'hydronéphrose de nombreux procédés 
‘que Kawasoye a récemment réunis et expérimentés : tous aboutissent à 
la section, à la ligature ou au pincement de l'uretère; tous sont à rejeter 


Hile du rein : 


A, Artère rénale; 
V, Veine rénale ; 
U, U', Uretère. 
1. Premier procédé : l'uretère décrit 
une demi-boucle autour des vaisseaux. 


Il. Deuxième procédé : l'uretère dé- 
crit une boucle complète autour des 
vaisseaux. 


parce qu'ils introduisent dans l'expérience un facteur ee 
impossible à évaluer la lésion de l’uretère. 

Nous avons imaginé un procédé nouveau d'exécution étonnamment 
facile, et qui ne fait que reproduire l’anomalie congénitale si souvent 
en cause dans les hydronéphroses chez l’homme. Voici en quoi consiste 
ce procédé que nous avons employé dix-huit fois sur le chien. É. 

Le rein est mis à nu et décollé de sa capsule graisseuse. On isole le 
pédicule vasculaire ainsi que le tiers supérieur de l’uretère (l'opération 
est plus facile à gauche). Prenant alors l'uretère entre le pouce «et 
l'index de la main droite, on l’attire en dehors, formant ainsi un arc 
à concavité interne; on fait ensuite glisser le rein de haut en bas, en 
même lemps qu’on ramène l'are urétéral sur le bord convexe du rein, 
puis au-devant de lui. Le résultat final, c’est qu'on a luxé l’uretère \ 
autour du rein et que, maintenant, l’uretère partant du bassinet, décrit … 
un coude pour passer par-dessus les vaisseaux rénaux et au-devant 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 483 


d'eux. Ceci constitue le chevauchement simple de l’uretère : la luxatiôn 
s'est faite par-dessus le pôle supérieur du rein (1). + 

Mais on peut agir en sens inverse et luxer l'uretère par-dessous le 
pôle inférieur du rein, pour le ramener ensuite en avant. Dans ces 
conditions, l'uretère parti du bassinet passe sous les vaisseaux rénaux, 
puis devant eux, puis en arrière (IT). 

Quel que soit le procédé, nous voyons que l’uretère n’est ni coupé, ni 
lié, ni pincé, mais simplement placé en situation anormale, che auchant 
sur les vaisseaux rénaux. Ce sont précisément les conditions anato- 
miques réalisées dans l'hydronéphrose par vaisseaux anormaux. 
L'emploi de ce procédé nous a permis de faire les constatations sui- 
vantes : 

1° Dans presque tous les cas, qu’il y ait enroulement par-dessus le 
pôle supérieur ou enroulement complet autour du pédicule, on obtient 
une hydronéphrose. 

2° La produclion en est extrêmement rapide, la dilatation est faite au 
bout de quelques jours. . 

3° Au bout de un ou deux mois, la dilatation est considérable, elle 
est aussi à son maximum. 

° L'opération faite des deux côtés est dangereuse et a provoqué dans 
plusieurs cas la mort rapide. 

5° L'opération faite d’un seul côté a toujours été parfaitement sup- 
portée. | 

6° Dans 3 cas sur 18, l'hydronéphrose ne s’est pas produite, parce que 
le rein s'était abaissé et que l’uretère n'avait pas été comprimé. 


(Travail du laboratoire d'urologie exsérimentale 
de la Clinique des voies urinaires; professeur Legueu.) 


HYPOPHYSECTOMIE ET POLYURIE EXPÉRIMENTALES, 


par JEAN Camus et GUSTAVE Roussy. 


Au mois de juin dernier, nous avons présenté à la Société des chiens 
-sur lesquels nous avions pratiqué des hypophysectomies partielles ou 
supposées totales. Dans cette première note, nous avons insisté 
uniquement sur l’excellent état de nos opérés, 1, 2, 3 et 4 mois après 
l'intervention. 

Nous avons depuis poursuivi nos recherches et pratiqué un grand 
nombre d'ablations de l’'hypophyse sur des chiens et des chats tant 

adultes que nouveau-nés. Tous ces animaux-ontété l’objet de recherches 
-d’ordre divers, parmi lesquelles nous ne retiendrons aujourd’hui qu’un 


484 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


phénomène, la polyurie, qui nous parait dès maintenant se dégager 
assez nettement de nos expériences pour mériter d’être mise en valeur. 
Parmi celles-ci, nous en citerons trois qui sont typiques. 


I. Tigrette, chienne à poil ras. Poids, 9 kilogrammes. 

À partir du 7 octobre, elle est mise dans une cage qui permet de recueillir 
la totalité des urines. Elle reçoit chaque jour 250 grammes de viande crue de 
cheval, on lui donne de l’eau à volonté. 

Le 22 octobre, à 10heures, elle est endormie au chloralose,on enlève l’hypo- 
physe par la voie buccale; l'ablation, autant qu’on peut en juger par l'examen 
histologique, paraît totale. 

Dans les 24 heures qui suivent l'opération, ainsique le montre la courbe, le 
volume des urines devient 10 fois plus grand qu'avant l'opération, puis le len- 
demain et surlendemain la quantité diminue et revient à peu près à ce qu'elle 
était. La réunion de l'incision du voile du palais s’est faite par première 
intention. Gette chienne est à l'heure actuelle très bien portante. 


I. Annibal, chien noir à poil ras. Poids, 11 kilogrammes. 

À partir du 34 octobre, il est mis dans les mêmes conditions que la chienne 
précédente. 

Pendant 3 jours consécutifs, le volume de ses urines est de 170, 160, 
50 C.c. 

Le 3 novembre, il est endormi au chlorolose : on enlève par voie buccale la 
plus grande partie des deux lobes de l'hypophyse (vérification faite histologi- 
quement). Le # novembre, le volume des urines passe à 900 c. c., le 5 novembre 
à 4.150 c.c., le 6 novembre il retombe à 270 c.c., le 7 on trouve 350 c.c. et le 
8, 400 c.c. Il est à noter qu’un ou deux points de suture du voile du palais 
ant làché et que, de ce fait, l'animal fut gêné considérablement pour boire ; 
c'est là, croyons-nous, un facteur très important. 


IX. Un autre chien dog, du poids de 14 kilogrammes(Spartacus), nous a fourni 
un bel exemple de polyurie post-opératoire. Nous ne donnerons pas ici le. 
graphique du volume des urines, car nous n'avons pu les recueillir en tota- 
lité, surpris par leur grande abondance. Ce chien avait avant l'hypophysecto- 
mie (l'ablation parut complète à l'examen histologique et à la vérification 
nécropsique) une moyenne de 500 grammes d'urine par 24 heures. Un récipient 
placé sous la cage avait une capacité d'environ 1 litre ; en une nuit ce vase 
était rempli et débordait largement dans l’infirmerie. Ge chien eut pendant 
quelques jours une polyurie de 2.820, 2.120 par 2# heures. Puis la polyurie 
diminua ossez vite. Il fut sacrifié 3 semaines après l'opération, ayant 
conservé jusque-là un excellent état général. 


La polyurié dans les trois expériences précédentes fut assez fugace, 
elle peut se prolonger plus longtemps. En voici un exemple : 


IV. Un chien griffon (Aftila) de 9 kil. 500 émettait avant l'opération une 
moyenne de 700 à 800 c.c. d'urine en 24 heures. Le 31 juillet, on lui enlève 
la plus grande partie de l'hypophyse (le lobe nerveux et une partie du lobe 
glandulaire), le volume des urines dépassa trois litres, puis pendant plusieurs 


SRE TANT TUE RTE RENE 
LE fais PRNe Nid 


MR ES US EE 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 485 


jours se maintint autour de deux litres. Le 14 août, les urines étaient 
encore de 1.270 c.c. et le 22 août, de 1.200 c. c. 


Parfois, la polydvpsie qui se voit en même temps que la polyurie 
(nous discuterons dans un travail ultérieur quel est le phénomène 
primitif), devient considérable. 


Fig. 1. — Chienne Tigrette Fi. 2, — Chien Annibal 
opérée le 22 octobre. opéré le 3 novembre. 
(Graphique des volumes d'urine.) (Graphique des volumes d'urine.) 


- V. Nous avons observé un chien (Alexandre), de 11 kilogrammes, qui urinait 
avant l'opération, de 300 à 400 c.c. d'urine en 24 heures ; après l'opération 
(ablation du lobe nerveux et d’une partie du lobe glandulaire), il urinait plus 
de 3 litres par 24 heures. 

Il buvait trois litres d’eau en une après-midi ou en une nuit, et quand on 


. remplissait son récipient, il se jetait avec frénésie sur cette eau sous l'empire 


d’une soif ardente. 

Ce chien avait, en outre, des vomissements peul-être dus à l'énorme quantité 
de liquide qu'il ingurgitait gloutonnement. 

Ces vomissements, en effet, disparaissaient quand on rationnait la quantité 
d'eau. 

Il guérit parfaitement d'ailleurs des suites opératoires. 


Voici donc cinq chiens qui, après ablation d’une grande partie ou de 
la totalité de l’hypophyse, ont présenté de la polyurie nette, abondante, 
sans glycosurie. Cette polyurie apparut dans les 24 heures qui suivirent 


_ l'intervention et persista pendant une durée variable. 


Ces faits sont à rapprocher d’une part de ceux observés en clinique, où 


486 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


.la polyurie pure ou associée à la glycosurie est assez fréquemment notée 

au cours des syndromes hypophysaires, comme du reste dans les 
affections de la base du cerveau. Ils sont à rapprocher d'autre part, : 
dans le domaine expérimental, de constatations analogues faites tout 
récemment par Dean Lewis et L. A. Matthews et par Harvey Cushing. 
Mais en clinique, comme chez l'animal opéré, ce phénomène est incons- 
tant et partant discuté, tant dans son mécanisme intime que dans sa 
valeur comme trouble relevant de l’hypophyse. 

S'agit-il en réalité d’un trouble dû à la lésion, à l’ablation de l’hypo- 
physe ou à une atteinte de la région cérébrale parahy pophysaire ? Nous 
discuterons prochainement cette question ; disons cependant que nous 
avons des faits expérimentaux qui montrent l'importance considérable 
des lésions parahypophysaires dans la production de la polyurie. 


\ 


(Travail des laborutoires d'anatomie pathologique et de physiologie 
de la Faculté de Médecine de Paris). 4 


LES LiIPOÏDES DU B. DIPHTÉRIQUE, 


par PIERRE-JEAN MEÉNARD. 


À propos de la communication de MM. J. Dumas et A. Pettit, sur les 
«lésions trachéales provoquées par des lipoïdes extraits du bacille 
diphtérique », je tiens à rappeler que les résullats rapportés par ces 
auteurs sont une confirmation des études expérimentales que je pour- 
suis depuis 1910, sur les lipoïdes du B. diphtérique, et que j'ai consi- 
signées dans ma thèse (1). k 

Si je n’y ai pas fait particulièrement l’étade des exsudats fibrineux 
intratrachéaux, c'est que je les ai jugés moins intéressants que ceux 
obtenus par d’autres voies, en particulier par les voies oculaire, caroti- 
dienne et péritonéale. : 

Les exsudations fibrineuses intratrachéales n’ont pas toujours l’im- 
portance de celles décrites par MM. Dumas et Pettit, et on ne peut juger 
de leur formation qu'en sacrifiant l'animal. 

Il en va tout autrement quand on fait agir les lipoïdes sur la 
muqueuse conjonclivale et palpébrale, soit en application directe, soit 
en instillation, comme en ont usé MM. Morax et Elmiassan avec la toxine 
soluble. On voit alors dans le sillon conjonctival se produire des exsu- 
dats fibrineux vite balayés par les larmes dans le grand angle de l'œil. 


e 


LT TR SRE As th HS ait RÉ nie A SE EE dm pt on à @SÉ à  L ENCe 


ne 


RÉ 


(1) Etude expérimentale de quelques poisons constitutifs du bacille diphté- 
rique, par Le Dr Pierre-Jean Ménard. Thèse de Paris, janvier 1913. 


SÉANGE, DU- 29 NOVEMBRE 487 


Si préalablement on a provoqué une ulcération de la muqueuse palpé- 
brale, ou. de la cornée, cette ulcération devient le siège de productions 
pseudo-membraneuses plus abondantes et plus fixes, et sur la cornée. 
on peut. voir se développer une opacité comme en ont obtenu MM.Morax 
et Elmiassan avec la. toxine soluble. 

Mais. les résultats sont encore plus intéressants quand on injecte les 
lipoïdes diphtériques dans la carotide. Pour peu. que la quantité de 
lipoïdes employée atteigne 15 à 20 centigrammes, on produit à coup sûr 
et en quelques heures des lésions caractérisées d’abord par de la conges- 
tion des tuniques oculaires, iris, conjonctive, muqueuse palpébrale. 
puis par des exsudats pseudo-membraneux souvent très importants 
_S'organisant au sein de l’humeur aqueuse et même sur la conjonctive. 

Tous ces résultats sont consignés dans ma thèse avec ceux obtenus 
par des voies très diverses. 


M. Perrir. — M. P.-J. Ménard tient à rappeler que les résultats 
rapportés par Dumas et moi « sont une confirmation des études expéri- 
mentales » qu'il a consignées dans sa thèse. 

.  Relativement à une confirmation nouvelle du pouvoir fibrinoplastique 

général des lipoïdes du Bacille diphtérique, un nom est à citer, celui de 
M. Auclair: pour notre part, nous n'y avons pas manqué (p. 441, 
23° ligne. 

Au point de vue spécial des lésions trachéales, comment nous serait-il 
possible de confirmer M. Ménard? Comme référence bibliographique, 
M. Ménard fait une mention globale de sa thèse; malgré mon insis- 
tance; je ne peux obtenir qu'il précise le passage où il est question des 
exsudats fibrineux intratrachéaux. 

M. Ménard a bien pratiqué des injections intratrachéales de lipoïdes, 
mais, aux pages 51-52 de sa thèse, il en résume les effets de la facon 
suivante : « L'injection intratrachéale est suivie de lésions pulmonaires 
plus ou moins marquées : congestion simple, ou le plus souvent broncho- 
pneumonie, affectant une réaction éosinophilique très particulière. » A 
. la page 34 du même travail, il déclare que : « Généralement, on ne 
trouve rien d’anormal dans le larynx, la trachée et les bronches. Dans 
un seulcas, ils étaient tapissés d’un exsudatgrisätre, collant, cohérent. » 

Dans sa communication du 21 juin 1913 (1), sur 4 cobayes, M. Mé- 
nard note, dans un cas, un exsudat intratrachéal fait « d’un magma 
d'apparence muqueuse et d'éosinophiles très abondants » (2). Loin de 


\ 


confirmer cette constatation, nous observons, au contraire, consécuti- 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 1300, 1913. 
(2) Voir, à ce sujet, les critiques de M. Weiuberg et P. Séguin. Comptes 
rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 1366-1367, 1913. 


488 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


vement à l'injection intratrachéale de lipoïdes, la production de fausses 
membranes fibrineuses, englobant des éléments cellulaires divers. 

Ces assertions n’empêchent pas M. Ménard d'écrire, dans sa dernière 
note, la phrase suivante, à propos de sa thèse : « Si je n'ai pas fait 
particulièrement l'étude des exsudats fibrineux intratrachéaux, e’est 
que je les ai jugés moins intéressants que ceux obtenus par d’autres 
voies... » La première partie de cette cilation comporte une inexactitude 
manifeste, à moins que ne pas faire particulièrement l'étude d’une ques- 
tion consiste à n'en point parler; mais, j'aurais mauvaise grâce à ne 
point m'incliner devant le jugement de mon distingué contradicteur, 
lorsqu'il estime moins intéressants que les siens propres les résultats 
obtenus par le procédé employé par Dumas et moi. 

En somme, M. Ménard formule, contre Dumas et moi-même, une 
réclamation dont il lui est impossible d’établir le bien-fondé. 


DES ÉCHANGES RESPIRATOIRES EN MILIEUX SECS OU HUMIDES, 
AVEC OU SANS BRASSAGE D'AIR, 


par E. Socor. 


I. — En suivant la technique exposée dans les notes précédentes (4) 
nous avons fait porter les recherches sur l'influence des différentes 
vapeurs ou gaz, rencontrés dans les ateliers et avec la teneur existant 
dans les établissements industriels. 

Dans les 160 litres de la cage hermétiquement fermée, on versait dès 
le début 1 c.c. de la substance étudiée. Dans ces conditions, la tension 
des gaz était toujours insuffisante pour provoquer des symptômes 
morbides apparents chez les animaux : 


Ether de pétrole à 70 degrés. 
\ Essence de térébenthine pure. 


Hydrocarbunes he Cine Bensiue, D: 940, 
| Toluëène, D : 820. 
( Alcool méthylique. 
AÏCOOÏIS ET Se, ee —  éthylique, à 90 degrés. 
—  amylique, 128 à 132 degrés. 
Sulfure de carbone. . . . . . .: . D’:41,97. Late 


Dans nos recherches antérieures, nous avons insisté sur ce fait nou- 
veau de l'influence des conditions du milieu extérieur sur la courbe des 
échanges respiraloires. Nous avons montré que l’on observe une varia- 


(4) J.-P. Langlois et Socor. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, 
p. 992; p. 515, année 1913. — Journal de Physiologie et de Pathologie générale. 
t. XV, n° 5, septembre 1913. 


MAR ETS NES 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 489 


SU 2 ON UE 1e CN = SN 


tion brusque dans la courbe de CO* éliminé (déclanchement) vers la 
troisième demi-heure, quand les animaux se trouvent eu milieu chaud 
(36 degrés humide et ventilé), déclanchement qui n’a pas lieu dans les 
autres conditions ou encore quand l'atmosphère renferme de l'oxyde 
de carbone. Dans nos expériences avec les vapeurs à faibles doses, les 
animaux ont obéi aux mêmes lois que dans l'air normal : déclanche- 
ment en milieu humide ventilé, échanges réguliers en milieu non ven- 
tilé. L'observation avec CO reste donc exceptionnelle. 


POURCENTAGE 
de CO° 


pour 100 e.c. 


ÉTAT 


moyenne 
individuel 


psychrométrique 


NOMBRE 
de 
cobayes 
HEURES 
POIDS FINAL 
pourcentage 


Gr. I. 


3,165 Humide ventilé. 340-360 


1,800/Sec non ventilé.120-200 


IT. — Au lieu de modifier le milieu extérieur, nous avons modifié l’or- 
ganisme lui-même en étudiant l’activité des échanges chez des animaux, 
non pas en état d'inanition complète, mais en état d'alimentation insuf- 
fisante constatée par une perte de poids journalière de 4 à 5 p. 100 
du poids normal. 

À 36°, milieu humide et ventilé : déclanchement à la troisième demi- 
heure ; milieu sec, non ventilé: pas de déclanchement; par suite, l'état 
de jeûne partiel ne modifie pas les réactions. La courbe est encore pa- 


490 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


reille et suit les mêmes lignes quand les animaux sont placés à 20 de- 
grés. 

Les animaux subissant un amaigrissement progressif et rapide, nous : 
avons dü, pourétablir des courbes comparables, ramener tous Les chiffre s 
des échanges, non au poids des animaux, mais à leur surface. 

Pour déterminer les surfaces corporelles qui ont servi à établir la- 
dernière colonne du tableau, on utilisait la formule suivante, variante 
de la formule de Mech, S — K V/P° : 


Surface totale = K VE Kr, 
à 


P étant le poids global des n animaux, K une constante =: 11 pour le 
cobaye. 
Ce déclanchement de la troisième demi-heure observé en milieu 
humide et ventilé paraît donc être constant (à une exception près), que 
l'on opère en milieu renfermant des vapeurs toxiques ou avec des ani- 

maux en état de moindre résistance. 


(Travail du laboratoire des travaux pratiques de Physiologie 
de la Faculté de médecine de Paris.) 


\ 


PROPAGATION DES BACILLES D'INTOXICATIONS ALIMENTAIRES DANS LES VIANDES, 


par E. SACQUÉPÉE. 


En raison de l'importance des bacilles carnés (ou bacilles d’intoxi- 
cations alimentaires, types Gärtter el Aertrycke) dans l’étiologie des 
empoisonnements par les viandes, nous avons étudié la propagation de 
ces bacilles dans les viandes saines. On a employé la viande de bœuf, 
crue, trente à quarante heures après l’abatage. Les deux bacilles, Gärtner 
et Aertrycke, donnent les mêmes résultats. 


1. — Développement des bacilles carnés en surface. — Le développe- 
ment en surface est fonction d’une série de circonstances contingentes, 
dont nous avons étudié celles qui paraissent les plus importantes. 

Développement en vase clos, à diverses températures, dans le sens hori- 
sontal. — Technique : des tranches de viande de 2 centimètres d’épais- 
seur sont disposées horizontalement sur supports métalliques, ense- 
mencés en un point de la périphérie et conservés sous cloche, àdiverses 
températures. = 

La ‘rapidité de développement varie suivant la lempérature. L'infec- 
ion s'étend, par 24 heures :. 


A 192 deprés 0e A TRI ET Ne 2 centimètres. 
AB: denrées, | desk SERRE Rene es 4 — 
AfBrdeenés,, de, slt". ie rt 7 = 


Ac SL AORRES. de, de 7 He amsn vs ere SUIbra 1e — 


: s SÉANCE DU 29 NOVEMBRE A914 


En vase clos, à l'abri de toute évaporation, Finfection s'étend donc 
très vite dans le sens horizontal. Elle gagne d'autant plus rapidement 
- que la température se rapproche davantage de la température eugéné- 
sique. 

Pour donner une idée approximative de l'intensité du développement 
microbien, citons un chiffre : à 37 degrés, en 24 heures, à 5 centi- 
mètres du point d'inoculation, on trouve, par gramme de viande, 
20.500.000 bacilles. 

Influence du sens de la propagation. — Comparativement aux expé- 
riences précédentes, d’autres tranches de viande ont été suspendues en 
vases clos et infectées à leur partie inférieure. L’infection se propage 
alors, par 24 heures : 


À 18 degrés, de. . . . . ANUS . 1 centimèetre. 
ARDONTOS NÉS EU ed UE EN ER Se ee rcentimetres: 
À 37 degrés, de. Î — 

La propagation de bas en haut est donc sensiblement moins rapide 
que la propagation dans le sens horizontal. 

Influence de l’évaporation.— Les expériences précédentes ontété faites 
en vases clos, à l'abri de l’évaporation. Mais il y avait lieu d'étudier le 
développement des tranches de viande laissées à l'air libre, et soumises 
par conséquent à l’évaporation spontanée. 

Dans ces conditions, aussi bien dans le sens horizontal que de bas en 
haut, et quelle que soit la température, on ne constate jamais de propa- 
gation appréciable ; jamais au delà de 4 à 3 centimètres en quarante- 
huit heures. 

Il intervient en effet en pareil cas deux influences opposées : ou bien 
la température extérieure est élevée (au-dessus de 20 degrés), et l'éva- 
poration étant irès intense, la surface se dessèche : sur cette surface 
racornie, toute multiplication microbienne est arrêtée; ou bien la tem- 
pérature extérieure est relativement basse, l’évaporation et la dessic- 
cation sont moindres, mais cette dessiccation légère suffit néanmoins à 
arrêter le développement, toujours minime à basse température. 


IT. — Développement en profondeur. Technique : de gros morceaux de 
viande (1 à 2 kilogrammes) sont suspendus en vases clos; on infecte la 
partie inférieure. Des prélèvements sont effectués dans la profondeur de 
la masse après un temps variable d’incubation. 

L'infection progresse, en profondeur, par vingt-quatre |heures 
à 32 degrés, de À à 1,5 centimètre; à 37 degrés, de 2 à 2,5 centimètres. 

L'infection en profondeur est donc peu marquée, en tous cas beaucoup 
moins rapide que l'infection en surface, quand cette dernière peut se 


- produire. 


IT. — Conclusions. — La propagation des bacilles carnés dans Îles 


492 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


viandes dépend essentiellement de leur extension en surface ; la propa- 
galion en profondeur demeure minime. 

En ce qui concerne le développement en surface : l’éxtension se fait 
surtout quand l'évaporation ne peut se faire et quand la température 
ambiante se rapproche de 37 degrés; inversement, la propagation est 
faible ou nulle lorsque la température ambiante est basse, ou lorsque 
l’évaporation peut s'effectuer sans contrainte. 


(Laboratoire de la Section technique de Santé, Val-de-Gräce.) 


MÉMOIRES 


RAPPORT 


SUR 


LE PRIX DE LA FONDATION LABORDE 


en 1913 (!) 


Commission : MM. NAGEOTTE, GRIMBERT et 
Jean CAMUS, RAPPORTEUR 


M. Ambard a publié depuis une dizaine d’années un certain nombre 
de travaux concernant la sécrétion pancréatique, la sécrétion gastrique, 
l'hyperglobulie des altitudes, l’anesthésie par le protoxyde d'azote sous 
pression et la sécrétion rénale. Je résumerai en quelques mots les résul- 
tats auxquels il est arrivé à la suite de ses diverses recherches, et je 
donnerai quelques détails sur ses travaux concernant la sécrétion 
rénale. 

M. Ambard a montré qu'on pouvait, par certains artifices, provoquer 
chez l’homme l'élimination d'une grande quantité de suc pancréatique 
dans les fèces et apprécier d'une manière assez grossière il est vrai, 
mais cependant utile dans certains cas, l’état de la sécrétion pancréa- 
tique chez l'homme. En ce qui concerne la sécrétion chlorhydrique de 
l'estomac, il a montré qu’il y avait une relation précise, mais d'une 
forme assez complexe, entre la quantilé de sel ingéré et de l'acide 
sécrété par l'estomac. Contrairement à ce qu'avaient pensé quelques 
auteurs, il a établi que l'hypoglobulie « aiguë » des altitudes n’exis- 
tait pas. 

Au point de vue de l’anesthésie par le proltoxyde d’azote sous pres- 
sion, — méthode qui n’avait plus été étudiée depuis 1883, — il n’est pas 
encore arrivé à des conclusions précises, l’appareillage indispensable 
pour ces études n'offrant pas les facilités d'usage nécessaires. Je 
désirerais entrer dans plus de détails à propos de ses recherches sur la 
sécrétion urinaire. Au cours de ses études, M. Ambard a institué certaines 
techniques nouvelles qui peuvent être utilisées par ceux que la question 
de la physiologie rénale intéresse, et il est arrivé, en appliquant ces 


(1) Rapport lu dans la séance du 29 novembre 1913, 


194 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


techniques, à des résultats qui modifient d'une manière intéressante 
nos notions classiques sur le fonctionnement du rein. 

Si l’on considère l'ensemble des notions acquises jusqu'à ces dernières 
années sur le fonctionnement rénal, on s’apercoit, qu’en somme, nous 
ne connaissions rien de précis sur ce chapitre de la physiologie. Tout 
l'effort des expérimentateurs depuis Ludwig avaient eu surtout pour but 
de montrer que le volume de la diurèse était influencé par la pression 
artérielle intrarénale, ou plus exactement par la vitesse de la circulation 
rénale subordonnée à la pression artérielle. Cette acquisition était-elle 
vraiment importante? Il est permis d’en douter un peu, car MM. Lamy 
et Mayer ont pu démontrer, qu'en dehors de loute variation de la circu- 
lation rénale, on peut observer des variations importantes du débit 
aqueux. Il y avait eu également d'assez nombreuses recherches exé- 
cutées sur les rapports hypothétiques de la composition du sang et de 
la composition des urines. Ces recherches, on le sait, n'avaient pas 
abouti à des conclusions précises. | 

Pour l'étude de ces divers problèmes, M. Ambard nous a d’abord 
apporté une technique très utile. 

Lorsqu'on expérimente sur le rein, l’on est toujours exposé à altérer 
l'organe que l’on étudie, et l’on conçoit que si, au cours de l’expérience, 
la capacité fonctionnelle de l'organe n'est plus constante, les conclusions 
tirées des résullats numériques sont entachées d'erreur. M. Ambard a 
montré qu’on pouvait étalonner la capacité fonctionnelle du rein d’après 
sa capacité de concentrer l’urée au maximum et juger ainsi, d'après 
la concentration maxima, si l'organe était identique à lui-même au 
cours des diverses investigations. Fort de ce contrôle, il a pu successive- 
ment établir que le rapport de la quantité d'une substance excrétée 
dans l’urine et de la quantité de cette substance dans le sang était un 
rapport constant pour chaque organisme; que ce rapport était très 
général, si l’on voulait bien considérer que parmi les substances con- 
tenues dans l'urine il en est de deux espèces : celles qui ont un seuil et 
celles qui n’en ont pas. Enfin il a pu établir, en usant toujours des 
mêmes techniques, le rôle peu connu de la quantité du parenchyme 
dans la sécrétion, le rôle du système nerveux rénal, etc. 

Dans ce domaine, M. Ambard a donc plus fait qu'apporter des faits 
nouveaux et des données numériques, il a apporté des techniques 
simples et précises susceptibles d’être utilisées par tous ceux qui seront 
tentés d’élucider quelque point de la physiologie rénale. C’est à ce titre 
que nous voulions retenir l'attention de la Société. 


Tels sont les travaux poursuivis par M. Ambard ; votre Commission 
vous propose d'accorder le prix Laborde à M. Ambard. 


— Les conclusions de là Commission sont adoptées à l'unanimité. 


495 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 1913 


SOMMAIRE 
FLOURENS (P.) et GERBER (C.) : Ac- physiologique des latex. — VII. In- 
tion physiologique des latex. — toxication aiguë produite par l'in- 
VI. Injections sous-cutanées de jection sous-cutanée de trypsine de 
trypsine de Calotropis procera RBr Calotropis procera RBr chez le 
chez le rat blanc, le lapin et la cobaye, le pigeon et les animaux 
POLE ner LUS Ua AU AT 495 | à sang froid; sa cause. . . . .. SP 


FLourEns(P.)et GERBER (C.): Action 


Présidence de M. Fr. Arnaud. 


ACTION PHYSIOLOGIQUE DES LATEX. 


VI. — INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DE TRYPSINE DE Calotropis procera RBr 
CHEZ LE RAT BLANC, LE LAPIN ET LA POULE, 


par P. FLourens et C. GERBER. 


Cette asclépiadée, dont le rôle économique pour nos possessions afri- 
caines vient d’être mis en évidence d’une facon si complète par M. Berteau, 
contient un latex qui, comme ceux de beaucoup d'autres plantes, étudiés 
par l’un des auteurs de cette note, jouit à la fois de propriétés protéolv- 
tiques et de propriétés toxiques, les unes et les autres très énergiques. 

Nous étudierons ici les premières, dont nous avons signalé l'existence 
dans un travail préliminaire, l’an dernier. 

La trypsine que nous avons employée dans nos injections a été pré- 
parée d’après la méthode utilisée pour Ficus carica (1). (Séparation, 
dans une ampoule à décantation, du sérum de latex, salé à 20 p. 100 au 
moment de la récolte, d'avec le caoutchouc; dialvyse, pendant huit 
heures, à l’eau courante et à basse température ; évaporation, égale- 


. 4) C. Gerber et H. Guiol. Extraction et essai des pancréetines du figuier et 
du müûrier à papier. B. Soc. Bot. Fr.,t. LIX, 1942. 


496 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


ment à basse température en présence de SO‘H° du liquide dialysé). 
Elle est en paillettes blanc-jaunâtre, à odeur vireuse spéciale. Ses solu- 
tions aqueuses ou dans la liqueur physiologique sont malheureusement 
de 8 à 10 fois moins actives, pour une même concentration, que le 
sérum d'où elles proviennent. Cette méthode de préparation n'en est pas 
moins la meilleure, car l’atténuation du ferment est 4 à 5 fois plus con- 
sidérable encore, si l’on emploie la précipitation par l'alcool. 

Cette trypsine est très résistante à la chaleur. Un séjour de trente 
minutes à 65 degrés, cinq minutes à 70 degrés, ou de deux minutes à 
15 degrés, ne la rend que 2 fois moins active, et il faut la maintenir 
trente minutes à la dernière température pour lui faire perdre tout pou- 
voir protéolytique. 

Elle est plus active en milieu alcalin qu’en milieu neutre. L'optimum 
est aux environs de 20 molécules milligrammes de soude par litre de 
lait ou de macération de fibrine à digérer. 

Elle est, enfin, très sensible aux sels d'argent, de cuivre, de mer- 
cure, d’or, de platine, etc., aux halogènes, à l’eau oxygénée, aux albu- 
minoïdes du lait coagulables par la chaleur. C’est ainsi qu'il a suffi, 
par litre de liquide à digérer, de 0 mol. milligr. 32 HgCI°, de 0 mol. 
milligr. 64 AgNo’, de 4 mol. milligr. [,* ou de O c.c. 080 d’eau oxygé- 
née neutre à 100 volumes; pour s'opposer à la coagulation du lait 
bouilli, ainsi qu'à la digestion de la caséine de ce lait et de la fibrine 
du sang, par une dose de trypsine très active en l’absence de ces corps. 
C'est ainsi, également, qu'une dose de O0 c. c. 160 de latex dilué au 1/100 
a été incapable de déterminer, à 55 degrés, la coagulation de 5 c.c. de 
lait cru, alors qu’elle coagulait le même volume de lait bouilli en trois 
minutes, et qu’une dose de 16 fois plus faible déterminait la prise en 
masse de ce liquide en soixante-cinq minutes. 

Les doses injectées ont été de 2 c.c. 500 d’une solution au 25° de 
trypsine en paillettes, dans la liqueur physiologique. Le pouvoir pro- 
téolytique de ces solutions était tel qu'il en fallait O0 c.c. 600 pour pro- 
voquer en quatre minutes, à 31 degrés, la coagulation de 5 c.c. de lait 
bouilli à 10 mol. milligr. CaCÉ par litre. La quantité de diastase injectée 
était donc environ 48 fois (Ficus carica, Ficus coronata, trypsine Merck, 
pepsine absolue Poulenc), 12 fois (Maclura aurantiaca), 6 fois (Morus 
nigra), 4 fois (Morus alba), 3 fois (Broussonetia papyrifera) plus petite 
que celle des plantes et produits animaux ci-dessus injectée autrefois 
par l’un de nous, au cours de recherches qui ont fait l'objet de commu- 
nications antérieures (1). 

Les régions injectées ont été : paroi abdominale (5 rats blancs); cuisses 
postérieures (2 lapins, 2 poules). 

(4) C. Gerber, H. Guiol et J. Salkind, In Comptes rendus de la Soc. de Bio- 
logie, 1912. 


SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 497 


Rat blanc, lapin. — La région injectée perd rapidement ses poils ; au 
bout d’une heure environ, i’épiderme tombe, laissant le derme dénudé, 
rouge, suintant une sérosité sanguinolente ; après incision, on trouve le 
tissu cellulaire sous-culané œdématié, gélatineux, avec une vaso-dilata- 
tion intense. Les muscles peauciers et ceux de la paroi présentent un 
état de désintégration résultant d'un commencement de digestion. 
Vingt-quatre heures après l'injection, on constate, au point lésé, une 
forte rétraction des tissus superficiels; une escarre tend à se former 
qui, peu à peu, se délimite, devient noirâtre, de consistance cornée, et 
tombe du 6° au 8° jour, laissant après elle une cicatrice rosée qui se 
recouvre de poils et disparaît sans laisser de trace. À aucun moment 
l'animal n'a présenté de troubles fonctionnels importants. 

Poule. — Chez la poule, alors que l’épiderme de la cuisse injectée est 
resté indemne, ou du moins ne présente qu'une légère teinte violacée, 
s'étendant peu à peu vers l’abdomen, passant au bout de quelques jours 
au vert et disparaissant finalement, les phénomènes de digestion sous- 
dermique se sont montrés identiques à ceux que nous venons de 
signaler chez le rat et le lapin. 

Les phénomènes observés sont donc, chez ces trois animaux, identiques à 
ceux que l’un de nous a signalés, précédemment, dans le cas des ferments 
protéolytiques animaux. Comme pour ces derniers, et à l'encontre de ce 
qui se passe avec les pancréalines de Ficus, de Broussonetia, de Morus, 
de Maclura, etc., il n'y a pas d'issue fatale, mais simple digestion de la 
région injectée avec ou sans élimination de lissus nécrosés. 


ACTION PHYSIOLOGIQUE DES LATEX. 


VII. — INTOXICATION AIGUE IPRODUITE PAR L'INJECTION SOUS-CUTANÉE DE 
TRYPSINE DE Calotropis procera RBR CHEZ LE COBAYE, LE PIGEON ET 
LES ANIMAUX A SANG FROID; SA CAUSE, 


par P. FLouRENs et C. GERBER. 


a) Cobaye, Pigeon. — Ces deux animaux chez lesquels l'injection 
semble, au début, ne provoquer aucun trouble, meurent, soit au bout 
d'un quart d’heure et subitement (pigeon), soit au bout d’une demi- 
heure et après avoir présenté les symptômes suivants dans les dix der- 
nières minutes (cobaye) : les mouvements respiratoires augmentent en 
nombre et en intensité; la dyspnée s'installe; l'animal est pris de 
tremblements convulsifs; les membres antérieurs sont paralysés. Au 
repos, le cobaye prend point d'appui sur son maxillaire inférieur; dans 
les mouvements de progression, il ne se sert que de ses membres 
postérieurs, d'où une allure saccadée très caractéristique. Les membres 
se paralysent à leur tour; l'animal tombe sur le flanc. Mis sur le dos, il 


Brococre. ComerEs RENDUS. — 4913. T. LXXV. 34 


498 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 
é à 


ne peut se redresser. Quelques inspirations profondes précèdent la 
mort. À l’autopsie, on constate, aussi bien chez le pigeon que chez le 
cobaye, de la vasodilatation au point d’inoculation, de la congestion 
pulmonaire, de la vasodilatation splanchnique. Le cœur est arrêté en 
systole. Très faible digestion du tissu cellulaire sous-cutané chez le 
cobaye ; pas de digestion chez le pigeon. 

b) Animaux à sang froid. — Se comportent : les uns comme le pigeon, 
les autres comme le cobaye. Les premiers meurent subitement et 
rapidement : la tortue en dix minutes, les poissons (Sarran, Chusele) 
en quinze minutes, la grenouille en trente minutes, et les phénomènes 
de digestion in vivo sont à peine marqués ; les seconds meurent après 
avoir présenté une série de symptômes caractéristiques, et lentement. 
C'est ainsi qu'on constate chez Octapus vulgaris, aussitôt après l’injec- 
tion, des phénomènes d’agitation. {{ lâche plusieurs fois le noir, accélère 
notablement les mouvements des siphons qui, dans un cas, sont passés 
de 20 à 48 à la minute. Ses bras s’enroulent et se déroulent fréquem- 
ment; puis il entre dans une phase de torpeur, tombe au fond de 
l'aquarium, les bras recroquevillés; la mort survient enfin quelques 
heures après l'injection, l’adhérence des ventouses disparaissant en 
dernier lieu. Au point d’inoculation, on voit apparaître une tache 
pigmentaire qui, peu à peu, s'étend en surface en se dépigmentant au 
centre et présentant alors un contour polycyclique. Ses dimensions sont 
en rapport avec la survie de l'animal. On constate, dans toute la partie 
décolorée de la tache, des phénomènes de protéolyse assez avancée et 
que confirme l'étude histologique. Nous avons répété les expériences 
précédentes en remplacant la solution de trypsine par un même vo- 
lume de cette liqueur maintenue trente minutes au bain-marie d’eau 
bouillante. Les résultats furent identiques; seuls les phénomènes de 
protéolyse firent défaut. Il existe donc, dans notre trypsine en paillettes 
de Calotropis, une substance toxique non détruite à 100 degrés et accom- 
pagnant la diastase protéolytique. Ce poison peut-êlre extrait par macé- 
ralion dans l'alcool à 95 degrés, filtration, évaporation de la teinture 
ainsi obtenue, reprise de l'extrait alcoolique par l’eau et évaporation à 
sec du filtrat. C’est avec une solution au cinquantième, dans la liqueur 
physiologique, du produit brun ainsi obtenu, que nous avons fait les 
injections sous-cutanées réunies dans le tableau suivant : 


NOM ne CENTIGRAMMES DURÉE. DOSE MORTELLE 
de l'animal. d’extr. injecté. de la survie: par kilogr. 
Poulpe. 430 gr. 2 3 heures. » 
Poulpe. 690 gr. 2 4 heures. » 
Poulpe. 1.285 gr. 2 1 heures. << 0 gr. 016 
Cobaye. 850 gr. 2 30 minutes. < 0 gr. 023 
Pigeon. 515 gr. 2 45 minutes. << 0 gr. 038 
Lapin. 1.470 gr. 6 > 30 jours. >.0:gr..051 
Poule. 960 gr. 6 > 30 jours. > 0 gr. 064 
Rat blanc. "35 gr. 2 > 30 jours. > 0 gr. 570 


SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 499 


} 


On voit que : 1° Pour une même espèce animale (poulpe) et une même 
dose de poison, la survie est d'autant plus longue que le poids de l'individu 
est plus élevé; la première ne croît pas, néanmoins, aussi vite que le 
second ; - 

2° Le cobaye et le poulpe (1.285 grammes) sont tués par des doses 
respectivement 95 et 36 fois plus faibles que celle à laquelle résiste le 
rat : La sensibilité de l'organisme au poison varie donc considérablement 
avec l'espèce ; 

3° Pour un même poids d'animal, le lapin et la poule résistent à des 
doses respectivement 2,5 et 2 fois plus fortes que celles qui tuent le 
cobaye et le pigeon. Z{ existe donc de très grandes différences dans la 
sensibilité au poison d'espèces voisines. 

L'extrait obtenu avec le sérum non salé, non dialysé, par dessiccation, 
possède le même pouvoir toxique que celui retiré de notre trypsine; 
mais il est environ 4 fois plus abondant; aussi sommes-nous en droit 
d'attribuer les phénomènes d'intoxication observés sur certains animaux 
ayant reçu une injection sous-cutanée de trypsine de Calotropis procere, 
au poison cardiaque coexistant dans le latex (1) avec le ferment protéo- 
lytique et qu'il est difficile de séparer de cette trypsine, par suite de Ia 
grande labilité de celle-ci vis-à-vis des solvants dudit poison (alcool) et 
du caractère peu dialysable de ce dernier. 


(1) Lewin va jusqu’à admettre que le sérum de ce latex peut constituer un 
précieux médicament cardiaque. Nos recherches, interrompues momentané- 
ment par la grave maladie (fièvre jaune), contractée par l’un de nous au 
pays des Calotropis, ne nous permettent pas d’être aussi optimistes. 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


| 


l 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1913 


SOMMAIRE 


Beux (MarceL) : De l’action des 
oxydants sur l'évolution des mala- 
dies infectieuses (Quatrième note). 

CHauey (CHR.) : Réapparition d’une 
prolifération active dans des tissus 
différenciés d'animaux adultes cul- 
tivés en dehors de l'organisme. . . 

CRUVEILHIER (Louis) : Traitement 
de la cystite blennorragique au 
moyen de la méthode des virus- 
vaccins sensibilisés de Besredka . . 

Desré (RogerTt) et Parar (JEAN) : 
Bases expérimentales de la séro- 
thérapie antigonococcique. I. — 
Ophtalmie expérimentale du lapin. 
Son traitement par un sérum spé- 
CIque, se. DA TR Nr SCT 

FiessiNGER (Noër) et Rounowska 
(L.) : Dissemblances anatomo-pa- 
thologiques de la cirrhose biliaire 
de l’homme et de la cirrhose expé- 
rimentale : La cirrhose (Deuxième 
NO UC) le -pR he de dee DiE 

FRouIx (ALBERT), MAYER (ANDRÉ) et 
Raraery (G.) : Sur les effets des li- 


gatures temporaires des veines 
ÉD A LE See nn dede mt lan nues 
GILBERT (A.), CHABROL (E.) et Bi- 


xARD (HENRI) : Dissociation des sub- 
stances hémolysantes et antihémo- 
lytiques par la méthode « des 
hématies sensibilisées et lavées ». . 

HExri (Vicror) Remarques à 
propos de la communication de 
MM. A. Tzanck et R.-A. Gutman .. 

Iscovesco (H.) : Sur les propriétés 
d'un lipoïde (IL Bd) extrait de fla 
partie corticale des capsules surré- 
MOVE SR AE AE A ve 

KROLUNITSKY (G.-A.) : À propos de 
la note de M. Manoukhine sur la 
leucocytolyse digestive. . . .. ... 

Lageé (HENRI) et Virey (GEORGES) : 
Application de la méthode de Grim- 
bert à l'étude de l'acidité urinaire 
chez les tuberculeux 


506 


BA IPA 


Levaoiti (C.) : Virus rabique et 
culture des cellules in vitro. . . .. 

Lucas (A.) : De l'emploi d'un sé- 
rum agglutinant pour la recherche 
du bacille de Koch dans les humeurs 
de l'organisme. Technique de l’exa- 
MENNTESUTINESE. AE Lee TA Te 

MoreL (L.), Papin (E.) et VERLIAC 
(H.) : Sur l'interruption temporaire 
de la circulation dans les deux 
VÉITeSATÉNAlES REP NT 

Pozerskt (E.)\ : Des ferments con- 
tenus dans le suc du fruit du 
CANICAIPAPAYLR ISERE NUE" 

SEURAT (L.-G.) : Sur l'évolution du 
Physocephalus sexalalus (Molin) .. 

TaoupsoN (WiLzram R.) : Sur la 
spécificité des parasites entomo- 
DIRES E SR A RP Se, MOD UE 

WipaL (F.), Agraur(P.) et BraissauD 
(Er.) : Recherches sur l’hémoglo- 
binurie paroxystique « a frigore ». 
Deuxième note. — Étude du pro- 
cessus hémolytique « in vitro ». In- 
tervention constante d’une sub- 
stance antihémolytique dans la 
réaction typique de Donath et Land- 
steiner 


alien den of le Lie ain ou » Ce eile es 


501 


505 


509 


Réunion biologique de St-Pétersbourg 


Dawyporr (C.) : La théorie des 
feuillets embryonnaires à la lumière 
des données de l’embryologie expé- 
MMeNtAlC RER SES 

PawLowsky (E.) : Quelques ré- 
flexions sur les animaux venimeux. 

SLovrzov (B.), Souparova (V.) et 
GLAGOLEV (P.) : Sur le problème du 
chimisme de l’action de la présure 
(Première communication) . . . .. 

SLOvTrzov (B.), Soupakova (V.) et 
GLAGOLEV (P.) : Sur le problème du 
chimisme de l’action de la présure 
(Deuxième communication) 


BioLoGir, CouprEs RENDCS. — 1913. T. LXXV, 35 


502: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ÿ 


Présidence de M. Mesnil, Vice-président. 


RECHERCHES SUR L'HÉMOGLOBINURIE PAROXYSTIQUE « A FRIGORE ». 


DEUXIÈME NOTE. — ÉTUDE DU PROCESSUS HÉMOLYTIQUE « IN VITRO ». INTER-: 
VENTION CONSTANTE D'UNE SUBSTANCE ANTIHÉMOLYTIQUE DANS LA RÉACTION 
TYPIQUE DE DONATH ET LANDSTEINER, 


. par F. Wipar, P. ABRaMI et ET. BRrissaun. 


La caractéristique essentielle de l’hémolyse, chez les hémoglobinu- 
riques, aussi bien in vivo qu'in vitro, c'est la nécessité de l'intervention 
du froid. Pour l'expliquer, Donath et Landsteiner ont supposé que la 
sensibilisatrice du sérum de ces malades ne pouvait agir qu'à basse 
température, différant en cela de toutes les autres sensibilisatrices. 

Contrairement à cette opinion, l'un de nous (1) avait admis, avec 
Roslaine, que le sang des hémoglobinuriques contient les mêmes sub- 
stances que celui des sujets normaux : sensibilisatrice, antisensibili- 
satrice et complément; et que ces trois substances, à la température 
de 37 degrés, se neutralisent toujours et parfaitement. Mais chez l'hémo- 
globinurique l'équilibre est instable; il se rompt sous l'influence du 
refroidissement, et la sensibilisatrice, libérée de son antisensibilisatrice, 
se fixe alors sur les hématies. Tout se résumait donc dans la séparation 
de la sensibilisatrice et de son antisensibilisatrice. Los 

Les expériences que nous avons entreprises depuis deux ans avec le . 
sérum de nos trois hémoglobinuriques nous ont montré l'existence 
constante, à côté du complément et de la sensibilisatrice, d’une sub- 
stance antihémolytique ; elles confirment ce fait que ces trois substances, 
qui se maintiennent mutuellement à l’état de neutralité à la tempéra- 
ture de 37 degrés, sont séparées par le refroidissement; mais, contrai- 
rement à notre opinion première, la substance empêchante n’est pas 
seulement antisensibilisatrice, elle est aussi et surtout anlicomplémen- 
taire. 

L'existence de cette antihémolysine est démontrée par les expériences 
qui suivent. 

On sait que le sérum d’hémoglobinurique qui a été dépouillé de son 
complément par le chauffage à 55 degrés a perdu le pouvoir d'hémolyser 
les hématies, lorsque après le séjour habituel du mélange sérum-héma- 
ties à O0 degré on réactive à l’aide d'un complément neuf. Certains 


(4) Widal et Rostaine. Etudes sur l’hémoglobinurie. Comptes rendus de la 
Soc. de Biologie, 18 février 1905, 25 février 1905. 


L 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 503 


auteurs en ont conclu, avec Landsteiner, que le chauffage atteignait 
non seulement le complément, mais aussi la sensibilisatrice. Cetle 
explication allait à l'encontre de tout ce qu'on sait sur la résistance 
des sensibilisatrices à la chaleur. Cette inactivalion de la sensibilisa- 
trice par le chauffage du sérum à 55 degrés est, nous allons le voir, seu- 
lement apparente; la substance, thermostable comme toute sensibili- 
satrice, demeure intacte et se fixe réellement sur les hématies, à 0 degré; 
le défaut d'hémolyse, après l’adjonction du complément, est dû préci- 
sément à l’action empêchante d'une antihémolysine, restée libre dans le 
mélange pendant la durée du refroidissement. 


Chauffons à + 55 degrés le sérum d’un de nos hémoglobinuriques. A 
XXX gouttes de ce sérum, ajoutons I gouttes d’hématies lavées et laissons ce 
mélange à 0 degré pendant une demi-heure. Au sortir de la glace, ajoutons 
III gouttes de complément (sérum frais de cobaye) et portons le tube à l’étuve 
à 37 degrés. Aucune hémolyse n'apparait, même après une heure : on pour- 
rait croire à la destruction de la sensibilisatrice. 

Reprenonsl'expérience ; mais, au sortir de la glace, centrifugeons le mélange, 
séparons les hématies, et, après les avoir lavées une fois, additionnons-les 
d'un mélange de Il gouttes de complément et de XXVIII gouttes d’eau salée : 
cette fois, le résultat sera inverse ; l'hémolyse se produira dans l’étuve en une 
demi-heure, aussi intense que si le sérum n'avait pas été chauffé. 


Cette expérience, dont le résultat posilif s'est répété constamment, 
chez nos trois malades, prouve d’abord que la sensibilisatrice n’a nulle- 
ment été détruite par le chauffage à 55 degrés, et que les hématies l'ont 
fixée, comme d'habitude, pendant le séjour à la glace. Elle prouve en 
outre que le sérum contient réellement une substance empêchante, une 
antihémolysine. Incapable de s'opposer à 0 degré à la fixation de la 
sensibilisatrice sur les hématies, cette antihémolysine reste en liberté 
dans le mélange; son action empêchante s'exerce au contraire à 37 degrés, 
puisque, malgré l’adjonction de complément, l’hémolvse ne se produit 
plus à cette température. 

Une autre expérience va nous montrer que cette substance antihémo- 
_ lytique, inactive à O0 degré sur la fixation de la sensibilisatrice, l'est 
également, dans les mêmes conditions, contre la fixation du complément 
sur les hématies sensibilisées. 


Nous savons que le mélange de XXX gouttes de sérum d’hémoglobinurique 
chauffé à 55 degrés et de IT gouttes d'hématies, refroidi d’abord trente 
minutes à 0 degré, puis additionné de Il gouttes de complément, ne présente 
pas d'hémolyse, lorsqu'on le place à l’étuve. Mais si l’on réactive le mélange 
avant même de l’exposer au froid, on constatera au contraire une hémolyse des 
plus nettes. Il ést facile de s’assurer que c'est bien pendant le séjour à 0 degré 
que s’est opérée la fixation du complément (1) : les hématies, séparées du 


(4) Widal, Abrami et Brissaud. Action du froid sur la fixation du complé- 
ment. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 novembre 1913, 


504 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sérum par centrilugation, au sortir de la glace, puis lavées et additionnées 
simplement d’eau salée, hémolysent en effet à 37 degrés. 


Nous avons cherché à mettre en évidence l'existence de cette antihé- 
molysine par d’autres procédés. 

Un fait a depuis longtemps frappé les observateurs. Lorsque au lieu de 
laisser pendant une demi-heure seulement à la glace le mélange de 
sérum frais d'hémoglobinurique et d'hématies, on prolonge ce séjour 
pendant plusieurs heures (douze heures, dans les expériences de Land- 
steiner), on constate que l'hémolyse, à l'étuve, ne se produit plus. 

Pour expliquer ce fait d'apparence paradoxale, l'un de nous avait, 
avec Rostaine, émis l'hypothèse que « l’antisensibilisatrice, d’abord 
surprise par le froid, finit par s'attacher à la sensibilisatrice déjà fixée 
sur les hématies et par en neutraliser les effets ». Les faits que nous 
apportons aujourd’hui vérifient cette hypothèse; ils montrent toutefois 
que cette action neutralisante s'exerce non seulement sur la sensibili- 
satrice, mais sur le complément, et que l'antihémolysine, d’abord 
séparée de ses deux corps antagonistes par le froid, finit, malgré le 
froid, par se combiner de nouveau avec eux, sur l’hématie, pour en 
neutraliser les effets. 

Lorsque: nous abandonnons longtemps à la glace le mélange de glo- 
bules et de sérum frais de nos hémoglobinuriques, il ne se produit 
ensuite aucune hémolyse à la température de létuve : ce résultat est 
acquis après un temps de refroidissement qui, suivant les sujets et 
suivant les jours, varie de quatre heures à treize heures. Or, si l’on 
recherche, par dosage, dans le sérum ainsi refroidi au contact des héma- 
ties, ce que sont devenus les facteurs de l’hémolvyse, sensibilisatriee et 
complément, on constate qu'ils ont été fotalement absorbés par les glo- 
bules rouges. Comment expliquer l'absence d'hémolyse malgré cette 
fixation complète des substances hémolytiques? L'étude des hématies va: 
le montrer. 


Séparons, par centrifugation, les globules ainsi chargés de sensibilisatrice 
et de complément. Après lavage et addition d’eau salée, portons-les à la tem- 
pérature de 37 degrés, pendant une heure. Lorsque la durée du refroidisse- 
ment a été très longue, aucune hémolyse ne se produit ; lorsqu'elle a été plus 
courte, on n'observe qu'une hémolyse très légère. En d’autres termes, ces 
hématies, surchargées de sensibilisatrice et de complément et qui devraient 
se détruire par leur simple exposition à 37 degrés, ne subissent qu'une des- 
truction insignifiante ou même absolument nulle. 


C'est donc que l’action Ivtique des deux corps hémolysants se trouve 
neutralisée, sur l’hémalie elle-même, par une substance antagoniste, 
qui est venue s'unir à eux à la faveur de la prolongation du froid. 

L'expérience suivante permet de constater à quel point est puissante 
celle action empêchante de l’antihémolvysine fixée sur les hématies. 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 505 


Nous avons vu que si l’on ajoute à XXX gouttes du sérum de nos hémoglo- 
_binuriques chauffé à 55 degrés III gouttes d’hématies, et qu'après refroidis- 
sement à 0 degré pendant une demi-heure on centrifuge le mélange et décante 
le sérum, il suffit d'ajouter aux hématies lavées IT gouttes de complément 
dans XXVIIT gouttes d’eau salée pour en provoquer l’hémolyse à 37 degrés. 
_ Or, si l’on répète la même série de manipulations, en employant cette fois du 

sérum nou chauffé d'hémoglobinurique et en prolongeant l’action de Ia glace 
pendant plusieurs heures, on s’apercoit qu'il faut des quantités trois, quatre, 
six fois plus fortes de complément pour obtenir l’'hémolyse. Et cependant, ces 
hématies avaient, pendant le refroidissement, déjà absorbé tout le complément 
renfermé dans le sérum de l’hémoglobinurique. 


On voit ici, à l'évidence, la fixation secondaire, sur l’hématie sensibi- 
lisée et complémentée, de l’antihémolysine restée d’abord inactive dans 
le sérum. 


VIRUS RABIQUE ET CULTURE DES CELLULES « IN VITRO », 


par C. LEVADITI. 


Dans deux notes (1), présentées le 31 mai et le 26 juillet 1913 à la 
Société de Biologie, j'ai montré que le virus de la poliomyélite vit en 
symbiose avec les éléments cellulaires des ganglions spinaux, àn vitro 
et à 37 degrés, pendant au moins vingt et un jours. La méthode de la 
survie et de la multiplication des cellules hors de l'organisme permet la 
conservation et très probablement aussi la culture du virus de la 
poliomyélite. 

Depuis, j'ai fait des expériences analogues avec le virus de la rage. 
Me servant de la technique de Burrows-Harrison-Carrel, j'ai cultivé 
des ganglions rachidiens de singes rabiques dans du plasma de singe. 
Des passages réguliers dans du plasma neuf ont été faits tous les cinq à 
six jours. J’ai constaté que dans ces conditions, le virus de la rage 
conserve intacte sa virulence pour le lapin, au moins pendant un mois, 
à 37 degrés. Les lapins, inoculés à chaque passage, avec des parcelles 
de ganglions cultivés, ont contracté la rage: les deux lapins injectés 
dans le cerveau avec le virus du 5° passage et après trente jours de 
culture, sont devenus rabiques après une ineubalion de dix et onze 
jours. 

Je poursuis ces recherches, que je ne fais qu'indiquer dans cette note 
préliminaire. Dans une prochaine note, je décrirai les détails tech- 
niques et mes observations morphologiques. 


(1) Levaditi. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, t. LXXIV, p. 1179; 
t. LXXV, p. 202. 


506 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


DE L'ACTION DES OXYDANTS SUR L'ÉVOLUTION DES MALADIES INFECTIEUSES 


(Quatrième note). 


Note de MarCEL BELIN, présentée par G. Moussu. 


Les recherches que j'ai communiquées antérieurement ont montré 


à quel point l’évolution du tétanos, de la coli-bacillose, des infections 
typhique et paratyphique expérimentales pouvaient être influencées 


par les injections de substances très oxydantes; j'ai cherché à voir si 
ces substances, qui sont capables de transformer des affections très 


suraiguës en affections chroniques ou de guérir complètement, se 
c 


omportent de même au cours d'autres maladies infectieuses de types. 


variés; c'est ainsi que j'ai cherché à influencer de la sorte la strepto- 
coccie, le choléra des poules, la vaccine, la tuberculose (1). 
L'évolution des streplococcies expérimentales est très favorablement 
influencée par les injections intra-veineuses de terpène ozoné, et surtout 
par les injections sous-cutanées de chlorate de potassium ou de sodium ; 
Je suis parvenu à avoir des survies atteignant six jours en ne traitant 
que les deux premiers jours, suivant la technique qui m'a servi dans les 
expériences relatées antérieurement, les streptocoques étant injectés 
par la voie péritonéale. Toutefois, ici, l’action des substances oxydantes 


est moins nette que dans la coli-bacillose par exemple; je suis arrivé le. 


plus souvent à retarder notablement la mort, mais jamais à l'empêcher. 

Dans le choléra des poules, l'action est absolument nulle. J'ai expé- 
rimenté à l’aide de 30 cobayes et 16 lapins, en 15 expériences, faites 
dans toutes les conditions possibles, sans arriver à constater une action 
quelconque d’un tel mode de traitement; que les injections micro- 


biennes soient faites dans le péritoine, qu'elles soient failes sous la 


peau (lapins), que les injections salines soient faites LôL ou tard, à faible 
ou forte dose, quel que soit l'oxydant choisi, la maladie évolue chez les 
traités comme chez les témoins et la mort survient dans le même 
temps. 


Il en est exactement de même dans la rage, que le virus soit injecté 


directement dans le cerveau, dans la éhambre antérieure de l'œil ou 


dans les muscles. 


La vaccine également est, chez le lapin, fort peu influencée par une 


telle intervention. 


Dans la {uberculose, l'action est des plus intéressantes : le chlorate de. 


sodium, injecté à des lapins, aux doses habituelles, au moment où la 


courbe de température commence à s'élever (les bacilles tuberculeux w 


(1) Le détail de ces expériences sera publié dans le Journal.de Physiologie: 


et de Pathologie générale. 


2 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 507 


-étant ‘injectés dans les veines), à raison de deux injections par jour, 
arrête tout d'abord l’ascension thermique, la température redevient 
normale pendant quelques jours, puis la courbe s'élève brusquement, 
et, autant que chez les témoins, elle se maintient alors en plateau très 
longtemps, au lieu de s’abaisser lentement, comme celle des témoins, 
et, environ deux jours avant la mort, elle s’abaisse presque en ligne 
droîte; la mort survient en même temps ou avant celle des témoins. 

S'il n’est fait qu'une seule injection saline par jour, l'action est 
identique, mais moins nette. 

Les résultats sont les mêmes chez les cobayes qui ont recu les bacilles 
tuberculeux dans le péritoine et qui ont été traités au même moment: 
même retard dans l'ascension thermique, même plateau, même chute 
brusque de la courbe. 

Si done au début de l’évolution de la tuberculose l'emploi des 
oxydanis énergiques peut paraître inutile et même dangereux, je mon- 
trerai ultérieurement qu’il n'en est pas de même pour les sels moins 
riches en oxygène qui ont une action plus nettement positive. 


(Laboratoire de bactériologie de l’Institut vaccinal de Tours.) 


DES FERMENTS CONTENUS DANS LE SUC DU FRUIT DU Carica papaya, 


par E. PozErskt. 


Etant en possession de quelques papayes, nous avons recherché dans 
le suc de ces fruits les propriétés que nous avions étudiées il y à 
quelques années dans le latex du papayer; en particulier, la présence 
d'un ferment protéolytique digérant instantanément l’albumine du 
sérum. 

Au cours de cette étude, nous avons fait quelques observations que 
nous relatons ici. 


FE — Recherche du pouvoir protéolytique. Le suc, obtenu par expression 
du fruit, mélangé à parties égales avec du sérum de cheval, est porté à 
des températures variables entre 40 et 100 degrés, pendant cinq minutes. 
En employant la précipitation par l'acide trichloracétique, on constate 
qu'il n’y à pas trace de digestion dans les échantillons étudiés. 

Le suc des papayes étudiées ne contient donc pas, à l'inverse du latex 
de l'arbre, de ferment protéolytique digérant le sérum à de hautes 
températures. 

IT, — Aecherche du pouvoir escharrifiant. Le latex du papayer desséché 
puis repris par l’eau provoque, quand on l'injecte sous la peau des 


508 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


cobayes, des escharres caractéristiques. Le suc du fruit peut être impu- 
nément injecté sous la peau. Il ne contient donc pas, à l'inverse du latex, 
de ferment escharrifiant. 

[I — Recherche du pouvoir présurant. Le suc des papayes, qui ne 
contient pas de ferment protéolytique, contient cependant de la présure. 
En effet, 5 c.c. de suc de papaye coagulent 10 c. c. de lait en vingt minutes 
à 39 degrés. 1 c.c. de suc coagule 10 c.c. de lait en trois heures à 
39 degrés. 

Cette coagulation n’est pas due à la faible acidité du suc de papayes 
(0,36 pour 1.000 en HCI). Elle est due à une présure ; en effet, le suc perd 
son pouvoir après un chauffage de dix minutes au bain-marie à 
100 degrés. 

Il est intéressant, au point de vue de la distinction entre les protéases 
et le lab, de constater que le suc des papayes étudiées, qui est dépourvu 
de pouvoir proléolytique, présente un pouvoir présurant très accentué. 

IV. — Coagulation du suc de papayes. Le suc des papayes que nous 
avions à notre disposition était très peu acide. 0 c.c. 6 de soude déci- 
normale faisait virer au rouge la phlaléine ajoutée à 10 c.c. de suc de 
fruit. Ce liquide rosé porté à l’étuve à 37 degrés pâlissait peu à peu; 
au moment de devenir complètement blanc, il se prenait en un caillot 
homogène. 

Cette coagulation se fait plus rapidement à 37 degrés qu'à la tempé- 
ralure du laboratoire. Elle ne se produit jamais ni en milieu nettement 
alcalin, ni en milieu nettement acide. Elle ne se produit qu’en milieu 
neutre. 

Celte coagulation est d'ordre diastasique ; en effet, elle ne se produit 
plus quand le suc de papaye a été préalablement bouilli. 

Cette coagulation est propre au suc de papaye. Elle ne se produit pas, 
par exemple, avec le suc de l’ananas, dont le pouvoir protéolytique est 
bien connu. 

Le liquide exsudé par le caillot après la coagulation du suc de papaye 
ne contient ni ferment protéolytique, ni ferment escharrifiant. Il contient 
au contraire de la présure. 


Nous nous proposons de revenir, dans une note ultérieure, sur cette 
coagulation du suc de Ja papaye. 


(Travail du laboratoire de physiologie de l'Institut Pasteur.) 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 509 


DE L'EMPLOI D'UN SÉRUM AGGLUTINANT POUR LA RECHERCHE 
DU BACILLE DE KOCH DANS LES HUMEURS DE L'ORGANISME. 
TECHNIQUE DE L'EXAMEN DES URINES, 


par À. Lucas. 


Dans une précédente communication que nous avions l'honneur 
d'adresser à la Société, et dans notre thèse inaugurale sur l’homogé- 
néisation des crachats, nous avons montré tout le parti et les avantages 
que l’on pouvait retirer de l’addition au liquide d'homogénéisation de 
quelques gouttes d’un sérum agglutinant (en l'espèce celui de Marmorek), 
avantages se traduisant par un enrichissement bacillaire considé- 
rable. Nous écrivions que cette méthode pouvait être appliquée à la 
recherche du bacille de Koch dans les différentes humeurs de l'orga- 
nisme, qu'elle nous avait donné des résultats remarquables dans l'étude 
des épanchements pleuraux et des urines, et nous montrions que dans 
ce dernier cas elle nous avait donné des résultats positifs par simple 
sédimentation, alors que même après centrifugation, maissans addition 
de sérum, d’une quantité double de la même urine, nous n'avions pu 
découvrir un seul bacille. Depuis que nous avonsinauguré cette nouvelle 
méthode et en même temps généralisé sou emploi, elle a recu son appli- 
cation journalière dans les services des professeurs Desplats et Vouters, 
et, depuis bientôt deux ans, elle trouve son emploi systématique dans la 
recherche du bacille de la tuberculose dans les diverses humeurs orga- 
niques. Quel que soit le liquide examiné, qu’il s'agisse de crachats, 
d'urines, de sang, de pus, d’abcès froid, d’épanchement pleural, de 
liquide céphalo-rachidien ou d’ascite, le principe de la méthode reste le 
même et se résume dans l’action agglulinante du sérum, comme vous 
l'avons déjà écrit; et, dans tous ces cas, ce mode d'action se traduit par 
une multiplication importante des bacilles, et encore, dans plusieurs 
circonstances (tuberculose rénale, bacillémies, granulie, épanchements 
pleuraux, abcès froid même), nous avons été assez heureux pour déceler 
le bacille de Koch, alors que par divers procédés les résullats avaient 
été entièrement négatifs. 

Nous ne décrirons pas les différents temps de cette technique, qui 
varie tant soit peu suivant qu'il faille ou non l'associer à une homogé- 
néisation (sang, liquide pleural). 

Le fait essentiel et la caractéristique de notre procédé résident dans 
l’utilisation d'un sérum agglutinant. La dose de sérum à employer varie, 
suivant sans doule la teneur première en agglutinines des substances à 
examiner, dose plus forte pour le liquide pleural par exemple que pour 
les crachats, et plus forle encore pour les urines. Cette dose n'est 
d’ailleurs pas absolument fixe, mais, pour préciser, nous dirons que nos 


510 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


expériences el nos numérations comparatives nous ont montré qu’en ce 


qui concerne les urines, la dose de choix toujours suffisante ést de 
Il gouttes par 10 c.e. el 0. 

Nous devons faire remarquer toutefois que ce procédé n exclut nulle- 
ment l’obligalion de suivre cerlaines indications que nous considérons. 
comme primordiales, telles que l’abaissement de la densité du liquide 
au-dessous de la densité minima du bacille (1.010). Sans cette précau- 
tion, on court le risque de résultats erronés. Lee 

La recherche du bacille tuberculeux dans les urines étant une opéra- 
tion journalière, sa découverte difficile et aléatoire, nous TIRER 
brièvement la technique que nous utilisons : AE 


{° Ajouter à une quantité donnée d’urine (100 à 125 c.c.) II gouttes de- 
sérum par 10 c.c. Abaïsser la densité à 0,999 au moyen d'alcool à 60 degrés, 


agiter en tous sens ; 
2e Après sédimentation de vingt-quatre heures, recueillir la portion inté- 


rieure de l’urine (30 c.c.), sur laquelle portera l’examen; 
39 Agir différemment suivant les cas et suivant la nature du dépôt constitué: 
par : as 
a) des phosphates : clarifier par l'acide acétique ; 
b) des urates : chauffer légèrement ; 
c) du pus : traiter par la lessive de soude ([ goutte par c.c. de pus}; em 
fait, ce traitement n'offre aucun avantage; 
4° Centrifugation d’une demi-heure ; 
° Coloration au Ziehl-Neelsen rigoureux. 


Nous ne pouvons que préconiser notre méthode au sérum : elle nous: 
a constamment donné des résultats bien supérieurs, et, relativement 
aux urines, supérieurs à ceux des procédés habituels (sédimentation ou 
centrifugation d'une grande quantité d'urine, procédé de. Biedert. 
Hallion, Trévéthick). Nos numérations comparatives dénotent un enri- 
chissement bacillaire toujours considérable, et, dans plusieurs observa- 


tions, seule notre méthode a pu nous donner satisfaction en assurant le. 


diagnostic clinique. 


SUR LES PROPRIÉTÉS D'UN LIPOÏDE (II Bd) 
EXTRAIT DE LA PARTIE CORTICALE DES CAPSULES SURRÉNALES, 


par H. Iscovesco. 


On peut isoler des parties corticales des capsules surrénales uw 


lipoïde qui représente une fraction du groupe éthéré post-alcoolique. : 


Il est insoluble dans l’acétone, difficilement soluble dans le benzol. 
partiellement soluble dans l'alcool, soluble dans le chloroforme, laps 
éther et l’éther de pétrole. 


BEST EES PAU É Ep nr L 
D D ST EP 


Vas 


RASE 


%# 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 511 


f 

J'ai injecté à 12 lapins âgés de 135 jours tous les deux jours dans la 
nuque un demi-centigramme de ce lipoïde par kilogramme d'animal, en 
solution huileuse. L'expérience x été poursuivie pendant #30 jours. J'ai 
gardé plusieurs lapins du même lot comme témoins. Au bout de 
130 jours, tous les animaux ont été sacrifiés et tous les organes pesés. 
Voici, comparativement aux poids des organes des témoins, les poids 
moyens des organes des animaux soignés mâles et femelles. 

Les poids sont donnés en grammes par kilogramme d'animal. 


POIDS TOTAL CAPSULES CŒUR FOIE RATE REINS | TESTICULE THYROIDE | 


Anim. témoins g.| 2675 0,086 |2,65 | 34 | 0,56 | 5.70 | 1.90 [0,060 | 


Animaux soignés. 2570 0,291 2,70 37 0,60 | 8,50 | 2 » [0,067 


P. TOTAL! CAPSULES | CŒUR FOIE OVAIRES | RATE REINS | THYROIDE| UTÉRUS 


Animaux témoins.| 2750 | 0,136| 2,69 36 0,068! 0,48 | 6,40 | 0,076 


Animaux soignés .| 2915 | 0.198| 2,30 40 | 0,070] 0,52 | 7,20 | 0,070 


La simple inspection de ces chiffres montre que ce lipoïde est homo- 
stimulant. Il excite fortement les surrénales, et l'hypertrophie porte 
presque exclusivement sur la portion corlicale, la pression artérielle 
n’est pas augwentée, et les cœurs des animaux traités sont normaux. 

Un autre fait, c’est que ce lipoïde excite les reins, plus chez les mâles 
que chez les femelles. Enfin les animaux traités présentent un poil beau- 
coup plus abondant et mieux fourni que les témoins; de plus, il y a eu 
chez mes animaux des troubles de pigmentalion. ; 

Il a été possible ainsi de suivre sur tous ces animaux les modifica- 
tions des poids. Les animaux traités, aussi bien que des témoins, ont 
été pesés régulièrement, et j'ai constaté que les animaux soignés ont 
gagné, au bout des 430 jours d'expérience, 36 p. 100 de leur poids 
initial, alors que les témoins n’ont gagné que 30 p. 100. L'action sur la 
croissance et sur l’augmentation de poids est donc insignifiante. 

En résumé, au point de vue expérimental, ce lipoïde excite fortement 
les capsules (partie corticale) et un peu les reins et le foie. Il est sans 
action sur le cœur, et a une action excitante des plus nettes sur le 
système pileux. 

J'ai eu l’occasion de l’essayer à plusieurs reprises chez l'homme. 
Lorsqu'on injecte à un adulte une dose variant de 2 à 5 centigrammes 
de ce lipoïde {solution huileuse par voie hypodermique), on constate 
trois phénomènes : 


512 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


1° Une accélération importante du pouls. Les battements montent de 
10 à 90 et même plus, dans les deux ou trois premières heures qui 
suivent l'injection. Cette accélération du pouls est accompagnée d'une 
diminution de la tension artérielle qui, avec le Potain, tombe de 17 à 
1% ou 13. Ces deux phénomènes sont parallèles, et au bout de quelques 
heures tout revient à la normale. 

2° Il est très fréquent (dans 60 p. 100 des cas) d'observer chez les 
personnes ainsi traitées une sudation aboudante. Celle-ci dure plusieurs, 
quelquefois même vingt-quatre heures. Elle est plutôt nocturne. J'ai 
pensé que ce phénomène est lié à celui que j'ai signalé plus haut quant 
à l'excitation du système pileux chez mes lapins. Ce fait donne peut- 
être aussi une explicalion des sueurs nocturnes des phtisiques, qui 
seraient expliquées par une exeitation de la partie corticale des capsules 
surrénales. Je pense que chaque fois que dans la phtisie, ou toute autre 
infection, il y a eu, pendant la vie, des sueurs nocturnes, on devra trouver 
à l’autopsie des lésions ou des traces d'excitation des parties corlicales 
des glandes surrénales. Je pense aussi que, dans la maladie d’Addison, 
l’asthénie et les troubles de la circulation sont liés à des lésions de la 
partie médullaire et que la pigmentation et les troubles cutanés sont 
liés à l'excitation de la partie corticale. 

3° Les gens à qui on injecte le lipoïde en question, à la dose journa- 
lière de 1 à 2 centigrammes seulement, présentent une augmentation des 
forces, un sentiment de bien-être qui est utilisable dans les affections 
cachectisantes. 


{Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 


BASES EXPÉRIMENTALES DE LA SÉROTHÉRAPIE ANTIGONOCOCCIQUE. 


[. — OPHTALMIE EXPÉRIMENTALE DU LAPIN. 
SON TRAITEMENT PAR UN SÉRUM SPÉCIFIQUE, 


par ROBERT DEBRÉ et JEAN PARAF. 


Depuis plusieurs années (1909), nous avons essayé de préparer un 
sérum antigonococcique. Le point de départ de nos recherches a été le 
suivant : ayant pu constater la haute efficacité du sérum antiménin- 
sococcique bien appliqué, et connaissant les ressemblances entre ménin- 
gocoque et gonocoque, nous avons pensé qu'on pouvait préparer un 
sérum antigonococcique, en profitant de l'expérience acquise avec le 
diplocoque de Weichselbaum. 

D'autre part, on sait que, pour le traitement de la méningite cérébro- 
spinale, le sérum doit être appliqué à doses massives, en injections 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 543 


répétées au lieu même où pullulent les germes pathogènes. Cette 
notion, si elle était reconnue valable pour l'infection gonococcique, 
expliquerait l'insuccès de la sérothérapie antigonococcique, qui a été 
pratiquée jusqu'à présent par voie sous-cutanée, et justifierait l'appli- 
cation locale et massive d’un sérum fortement antimicrobien. 

Pour parvenir au but que nous nous sommes assigné, trois conditions 
élaient à remplir : 


1° Obtenir un sérum actif antimicrobien, polyvalent, en immunisant 
un animal de laboratoire ; 

2° Réaliser chez un animal de laboratoire une infection expérimentale 
à gonocoques, dont l'évolution serait régulière et bien connue, ce qui 
permettrait de titrer le pouvoir bactéricide du sérum, etde n'appliquer à 
l’homme, comme on doit le faire à notre avis, qu'un sérum avant déjà 
fourni chez l'animal des preuves de son efficacité ; 

3° Imaginer un mode d'application, variable pour les différentes loca- 
lisations du gonocoque chez l'homme, qui permettrait de laisser au 
contact du foyer infecté, pendant un temps suffisant, une quantité suffi- 
sante du sérum thérapeutique. 

Les deux premières conditions sont actuellement réalisées : nous 
avons pu préparer un sérum antimicrobien actif in vivo et réaliser chez 
l'animal une infection expérimentale qui permet de juger de la valeur 
thérapeutique de notre sérum. , : 

Après maints essais infructueux sur les différents animaux de labora- 
toire, en variant de loute facon le mode d'injection, nous avons réussi à 
déterminer une ophtalmie suppurée chez le lapin et une méningite 
mortelle chez le singe. Nous signalons dans cette note les expériences 
sur le lapin (4). 

Lorsqu'on injecte au lapin, dans la chambre antérieure de Fœil, après 
évacuation de quelques gouttes d'humeur aqueuse, I à IV gouttes d'une 
émulsion trouble d'une culture de gonocoques sur gélose aseite de 
36 heures, représentant environ 200 à 300 millions de germes, on réalise 
à coup sûr chez cet animal une ophtalmie purulente d'une extrême gra- 
vité. L'œil tout entier est au bout de deux à trois jours en pleine fonte 
suppurative ; parfois se produisent des perforations spontanées de la 
cornée; on observe également le plus souvent une conjonctivite sup 
purée concomitante. Ceite panophtalmie évolue en un mois environ; 
à la phase de suppuration fait suite une atrophie du globe oculaire 
(phtisie du globe). 

Nous avons vérifié que cette ophtalmie était bien due exclusivement 
au pullulement du gonacoque injecté. 


(4: Nos collègues Ducamp et Dantrelle nous ont obligeamment aidés pour 
ces expériences ; nous tenons à les remercier, 


514 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Après avoir établi ce résultat, nous avons injecté aux animaux 
notre sérum antigonococcique. Nous avons procédé de la facon sui- 
vante : 

A un lot de lapins, nous avons injecté, quatre heures après l’inocu- 
lation du gonocoque, II gouttes de notre sérum dans la chambre anté- 
rieure de l’œil. À un autre lot d'animaux, nous avons fait la même 
injection vingt-quatre heures après l'inoculation. Enfin, à un troisième 
lot d'animaux, nous avons fait l'injection de sérum trente-six heures 
après l’inoculation de microbes. Chez tous ces animaux, les injections de 
sérum ont été répétées, tantôt trois, tantôt quatre fois et même, dans un 
cas, six fois. Et nous avons vu alors, sous l'influence du sérum, un 
arrêt rapide des troubles morbides; la panophtalmie a régressé et la 
guérison est survenue. F 

A l'heure aclueile, les yeux de nos animaux traités sont sains et ne 
présentent que la cicatrice des inoculations, tandis que les témoins 
injectés simultanément montrent une destruction complète de l'œil 
infecté. 

À un lot de lapins, nous avons injecté un mélange de sérum antigono- 
coccique et de gonocoques ; nons n’avons alors observé aucune autre 
lésion que des exsudats et des coagulations (inhérentes à l'injection de 
pareilles substances dans la chambre antérieure de l'œil), qui se sont 
résorbés rapidement. 

Nous avons vérifié que le sérum de lapin non préparé, soit injecté 
simultanément, soit inoculé par la suite, ne possédait à aucun degré 
l’action d'empêcher ou d'arrêter l’évolution des troubles morbides. 

Ces expériences témoignent bien du pouvoir antimicrobien spécifique 
de notre sérum. 

Les expériences sur le singe, le mode de préparation du sérum et les 
premières applications à l’homme feront l'objet de notes ultérieures. 


DISSOCIATION DES SUBSTANCES HÉMOLYSANTES ET ANTIHÉMOLYSANTES 
PAR LA MÉTHODE &« DES HÉMATIES SENSIBILISÉES ET LAVÉES », 


par À. GILBERT, E. CHABROL et HENRI BÉNARD. 


Pour étudier les substances hémolysantes des sérums humains, On a 
eu recours de différents côtés à une méthode un peu particulière qui 
donne des résultats positifs dans des cas où les techniques usuelles se 
trouvent en défaut. 


Cette méthode peut être ainsi résumée : le mélange des globules 


rouges et du milieu hémolysant est placé pendant une demi-heure soit 
à l’étuve à 37 degrés, soit à la température de 0 degré; les globules 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE À 51 


OO 


sont ensuite lavés après centrifugation et reportés à l'étuve dans une 
solution chlorurée physiologique. 

. Nous rappellerons que nous avons eu l'occasion de mettre en évidence 
les bons résultats de cette technique dans nos récherches sur le pouvoir 
hémolysant de l'extrait splénique du chien. Si l’on place des globules 
rouges de chien au contact du suc de rate correspondant, et qu'on 
maintienne le contact durant un laps de temps insuffisant pour que 
l'hémolyse se produise, il est aisé de reconnaître que ces globules 
rouges qui n'ont encore perdu aucune trace d’hémoglobine sont cepen- 
dant des globules sensibilisés. Soigneusement lavés et remis à l'étuve 
dans de l'eau chlorurée, ils hémolÿsent d’une façon plus rapide et 
même plus intense que les globules témoins qui ont continué à 
-séjourner dans le sue de rate. On sait que l'extrait splénique du chien 
contient un mélange de substances hémolysantes et de substances 
antagonistes; dans l'expérience précédente tout se passe, en somme, 
comme si les globules rouges avaient entrainé avec eux la substance 
hémolysante et laissé dans le suc de rate la majeure partie de la 
substance antagoniste. Ce phénomène a été signalé et interprété dans 
Ja thèse de l’un de nous (1). 

C’est une constatation de même ordre que Kumagaï et Inoue, Widal 
-et Weissenbach (2), ont pu faire sur des sérums humains. Toutefois, il 
æonvient de noter que la méthode de Kumagaï, Widal et Weissenbach 
diffère un peu de la précédente, en ce sens que ces auteurs ajoutent 
-dans le deuxième temps de la réaction une certaine quantité de complé- 
-ment à l'eau physiologique. 

Pour éludier l'action hémolysante de l'extrait splénique, l'addition du 
“complément n’est pas nécessaire; la substance active se fixe en masse 
sur les globules rouges dans le premier temps de l'expérience et ne 
-produit leur destruction que dans le deuxième temps. 

, La fixation en masse du complexe hémolysant, sans hémolyse immé- 
«hate, peut d’ailleurs s'observer pour les sérums humains; chez 
des syphilitiques hémoglobinuriques, nous avons constaté, comme 
MM. Widal, Abrami et Brissaud (3), que le complément se fixait avec 
a sensibilisatrice dès la première partie de l'expérience de Donath et 
Laudsteiner, l’hémolyse ne survenant que plus tard, après une sorte 
d’incubation dans l'étuve à 37 degrés. Chez deux de nos malades, la 
présence du complément dans le premier temps de la réaction était 
même nécessaire. L'hémolyse, positive avec le sérum pur et la méthode 


(1) Bénard. Recherches sur la fonction érythrolytique de la rate. Thèse de 
Paris, février 1913, p. 106. 
- (2) Widal et Weïssenbach. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, juillet 1913. 
(3) Widal, Abrami et Brissaud. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
29 novembre 1913. 


516 SOCIÉTE DE BIOLOGIE 


classique, devenait au contraire négative lorsqu'on disposait l'expérience 
de la facon suivante : 1% temps à O degré, globules rouges et sérum 
hémoglobinurique chaufté à 55 degrés: 2° {emps à 371 degrés, adjonction 
au mélange de sérum de cobaye. 

Chez les malades de Kumagaï, Widal et Weissenbach, comme dans 
nos recherches sur l'extrait splénique, il semble bien que la substance 
hémolysante se soit fixée plus rapidement sur les globules rouges que 
la substance antihémolysante, et c'est grâce à cette différence de rapidité 
dans la fixation que l’on peut réussir à dissocier les deux substances 
antagonistes. On concoit qu'en prolongeant le contact avec le froid 
pendant plusieurs heures, on puisse, à l’exemple de Donath et Land- 
steiner (1), voir la réaction devenir négative. Il est vraisemblable que 
dans ces conditions la substance anti-hémolysante se fixe à son tour 
sur ies hématies. 

Ajoutons, en ce qui concerne l’extrait splénique du chien, que la 
méthode de sensibilisation et de lavage des hématies se combine fort 
utilement à la méthode des dilutions préconisée par M. Nolf; on sait 
que, sous l'influence de Ia dilution, la substance anti-hémolysante de 
l'extrait splénique s’affaiblit plus vite que la substance hémolysante. 

Si la méthode des dilutions facilite l'étude du suc de rale de chien, 
par contre, elle semble exercer une action absolument inverse sur 
certains sérums hémoglobinuriques, comme en témoigne l'observation 
récente de MM. P.-Emile Weil et Chevallier (2). En additionnant le sérum 
de leur malade d’une certaine quantité d'eau physiologique, ces auteurs 
ont pu faire disparaitre une réaction de Donath et Landsteiner qui était 
positive avec le sérum pur. Ces différences nous montrent une fois 
de plus la complexité des substances hémolysantes et de leurs anta- 
gonisles qui interviennent loujours de pair dans les phénomènes de 
l'hémolyse et dont on peut faire varier à l'infini les conditions d'équi- 
libre. Il n’est pas sans intérêt de souligner, qu’en dépit de ces diffé- 
rences dans les effets de la dilution, chez le malade de MM. P.-Emile 
Weil et Chevallier et au cours de nos expériences sur l'extrait splé- 
nique du chien, une même méthode, celle des hématies sensibilisées el 
lavées, permettait d'éliminer les substances antihémolysantes et d’ob- 
tenir ainsi un résultat positif. 


(4) Donath et Landsteiner. Münch. med. Woch., 6 septembre 1904. 
(2) P.-Émile Weil et Chevallier. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 
décembre 1913. 


SÉANCE BU Ô DÉCEMBRE 517 


SUR L'ÉVOLUTION DU Physocephalus sexalatus (MoziN), 


° par L.-G. SEURAr. 


L'examen du contenu de l'estomac d'un Ane sacrifié à Bou Saäda (octobre 
1912) nous a permis de recueillir, parmi des milliers d'individus adultes du 
Physocephalus sexalatus (Molin) des larves aux troisième et quatrième stades ; 
ces larves, retrouvées ensuite avec une trentaine d'adultes dans l'estomac 
d’un Porc (Bou Saäda, octobre 1912), nous permettent de tracer, en partie, 
l’évolution de ce Spiroptère. 


Les œufs du Physocephalus sexalatus, pondus par paquets nombreux 
(300 à la fois), donnent, à l’éclosion, une larve de 195 x de longueur qui 
meurt, dans la goutte d’eau où on l’a placée, avant de parvenir à sortir 
complètement de sa coque. Celte larve du premier stade est incapable 
de vivre à l’état libre et n’éclôt normalement qu à l'intérieur du tube 
digestif d’un insecte. 

Larve du troisième stade. — La plus jeune larve que nous pouvons 
rapporter avec certitude au Physocerhalus sexalalus est au troisième 
stade; cette larve, dont la taille oscille entre 2 millimètres et 225, pré- 
sente la plus grande ressemblance avec la larve du inême äge du Spiro- 
ptère du Chien (Spirocerca sanguinolenta Rud.) : dans les deux formes, 
la bouche est limitée par deux lèvres saillantes, dorsale et ventrale, 
avec deux papilles près de leurs points d'insertion; le pore excréteur, 
ventral, est situé en arrière de l'anneau nerveux; queue terminée (fig. 4) 
par un petit bouton, garni de pointes à sa surface. Le tube digestif a 
la même conformation dans les deux larves; toutefois, la cavité buccale 
du Physoc-phalus sexalatus est un long lube cylindrique à parois 
épaisses, très refringentes, tandis qu'elle est courte chez le Spirucerca 
sanguinolenta (fig. 2). 

L'examen de la région antérieure, par la face ventrale, permet de 
constater des différences très appréciables entre les deux formes : la 
larve du Physocephalus sexalalus est ornée de deux ailes latérales, 
striées transversalement, prenant naissance au riveau de l’origine de 
l'œsophage et s'étendant Jusqu'au tiers postérieur de la longueur du 
corps (fig. 1). Sur l’aile droite, se trouve une papille sensorielle située en 
arrière de l’anneau nerveux, à peu près au niveau du pore excréteur ; 
en avant de l'aile gauche,on observe une papille précervicale. Signalons 
enfin une papille sensorielle impaire dans la région postérieure du 
corps, sur le côté gauche, à 435 & de la pointe caudale. 

La larve du Spiroptère du Chien (fig. 2) ne présente aucune trace 
d'ailes latérales, mais seulement deux papilles cervicales symétriques, 
situées au niveau de l’anneau nerveux, bien en avant du pore excré- 
teur. Cette absence d'ailes est sans doute en relation avec le genre de 


BioLoGie. Compres RENDUS. — 4913, T. LXXV. 36 


518 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


vie de cette larve, qui reste enfermée dans une capsule sécrétée par 
l’hôte. | 


Les carac'éristiques de la larve du troisième stade du PAyocephalus sræalatus 
sont les suivantes : longueur totale, 2,125 pu; largeur maxima, 93m; cavité 
buccale, 125 &; œsophage entier, 785 a; œsophage musculaire, 112 u ; queue, 
53u; distance du pore excréteur de l'extrémité antérieure, 180 w; papilles cervi- 
cales respectivement situées à une distance de l’extrémité antérieure, la 
droite de 170 u., la gauche de 85 u.; cuticule finement striée transversalement, 
les stries étant espacées de 5 p. ; ; 


T'roisième mue. Quatrième stade (1). — L'une de ces larves, mesurant 
285 de longueur, à été surprise au moment où, effectuant sa troisième 
mue, elle passe au quatrième stade (fig. 3). La nouvelle larvediffèrede la 
précédente par la conformation de la cavité buccale, qui présente les 
épaississementsenanneausicaracteristiques de l'adulte; laqueueaperdu 
lebouton garni de pointes,étant maintenant sensiblement arrondie, avec 


quelques aspérités du côté ventral. Les organes génitaux ont un déve-. 


loppement plus ou moins avancé, suivant la longueur de la larve 
considérée. : 

Les papilles cervicales et les ailes latérales montrent la mème disposi- 
tion qu'au troisième stade. La larve, au sortir immédiat de la mue, ne 
présente pas d'ailes latérales; celles-ci se développent d'ailleurs aussitôt, 
car on les trouve complètement formées chez un individu de 3""2 de 
longueur, 

La longueur des larves du qua!rième stade oscille entre 22%5 et 56 
à 9 millimètres, suivant leur sexe. Parvenues à leur taille d'finitive, 
elles effectuent leur quatrième et dernière mue. 

Quatrième mue. — La larve du quatrième stade, surprise au moment 
de la mue (fig. 4et 4'\, a la cuticule larvaire ueltement détachée de la 
cuticule imaginale; les deux cavités buccales, larvaireet définitive, sont 


emboîlées; cependant la cavité buccale larvaire s'est, en partie, dégagée 


de son étui; elle sera rejetée, ainsi que le revêtement chilineux du 
rectum, avec la dépouille exuviale. 

La larve mâle, parvenue à la fin du quatrième stade, laisse recon- 
naître, sous la cuticule larvaire, le mâle bien caractérisé parles spicules, 
le gorgeret, les quatre paires de papilles préanales, la papille impaire 
attenante au bord postérieur du cloique et le groupe des 8 petites 
papilles peu discernabl:s situées à la face ventrale, un peu en avant de 
l'extrémité caudale (fig. 4). Mais ce mâle qui va éclore ne présente 


(1) Nous avons observé et fait connaitre précédemment la troisième mue 


de la larve du Spiroptère du chi-n. Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, © 


t. CLIV, p. 82-8#. 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 519 


pas de bursa (1); les six ailes lalérales caractéristiques de l'adulte 
p'exislent pas non plus; cs formations cuticulaires apparaissent peu 
après la mue. La jeune femelle, surprise au moment de la mue, quitte 
également la cuticule larvaire sans que ses ailes soient formées. 


Fic. 1. — Extrémité antérieure d’une larve de Physocephalus sexalatus, au troi- 
sième stade, vue par la face ventrale, montrant les üiles, &, et les papilles cervi- 
cales p;e, pore +xcréteur. 


Fig. 1’. — Extrérité caudale de la même, avec le bouton garni de pointes. 
r, gl nes rertiles; l, liyne latérale ; c, glaud- anale. 
Fi. 2. — Extremit: antérieure d’une larve du même âge du Spirocerca sançqui- 


_nôlenta, vue par la face venträle. e, pore excréteur (Le grossissement, identique 
“ pour ces tris figures, est indiqué par l'échelle 100 u). 


Fic. 3. — Larte de Physocephulus sexalalus, parvenue à la fin du troisième stade 


et passant au quatrième. 3, dépouille exuviale; e, pore excréteur (Le grossissement 


est indiqué par l'échelle 00 vu. 


Frs 4et 4, — Extrénntés antérieure et postérieure d’une larve mâle de Physoce- 


phalus sexalalus effectuant sa ueruiére mue. 4, cuticuleexuviale;5, cuticule definitive. 


{1) Nous avons également vérifié l'absence de la bursa chez le mâle du 


- Spirura gastrophila Müller surpiis au moment de la mue. 


520 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les données qui précèdent nous renseignent sur la valeur à accorder, dans 
la discussion des affinités des espèces, à des productions cuticulaires telles 
que la bursa ou les ailes latérales : celles-ci sont des organes acquis secon- 
dairement et les caractères qu'elles fournissent doivent le céder à ceux 
tirés de l’organisation interne, du nombre et de l’arrangement des papilles 
de la région cloacale, de ia forme des spicules chez le mâle. 

D'autre part, la grande similitude signalée au début de cette note des 
larves du Spirocerca sanguinolenta et du Physocephalus sexalatus est certaine- 
ment l'indice d'une parenté entre deux formes, qui se rapprochent d’ailleurs 
par maints délails de leur organisation (oéjecteur, etc.), et dont les dissem- 
blances résultent d’adaptations à un genre de vie différent. 


SUR LA SPÉCIFICITÉ DES PARASITES ENTOMOPHAGES. 


Note de Wiccram R. Taompsox, présentée par M. CAULLERY. 


La « lutte naturelle », contre les insectes nuisibles à l’agriculture, à 
l’aide des parasites entomophages, a eu dans ces dernières années une 
vogue considérable. On a même voulu y voir, dans certains pays, ure 
sorte de panacée universelle, Dans des cas spéciaux, elle a certaine- 
ment donné et peut donner des résultats considérables. M4is malgré 
l'élégance théorique de cette méthode, le plus souvent, les espé- 
rances conçues ou les assurances données en son nom ont été basées 
sur des connaissances tout à fait insuffisantes du sujet; les tentatives 
faites pour utiliser les insectes entomophages ont fréquemment échoué, 
ou n'ont en que des eflels insignifiants. 


Dans l’utilisation des parasites entomophages, deux cas se présentent le 


plus souvent : 

1° On transiorte de son pays d’origine A le parasite P d’un insecte H, pour 
l'introduire dans une contrée B où l'hôte original H n'existe pas, mais où il 
y a d’autres insectes nuisibles, voisins de H au point de vue taxonomique, 
insectes auxquels on espère que P s’adaptera ; ; 

2° L’hôte original H du parasite P, en À, s’est déjà acclimaté en B, où P 
n’a pu encore le suivre; on introduit P en B, en espérant rétablir l'équilibre 
naturel entre l'hôte et le parasite. Dans ce second cas, il y a lieu de distiu- 
-guer deux possibilités : ou bien (a) le parasite P peut accomplir toutes ses 
générations annuelles dans If, formant ainsi avec lui un complexe biologique 


fermé, ou bien (b), il est forcé (même dans le pays d’origine A) de passer, . 


pendant une ou plusieurs générations, par d’autres hôtes H', H". 


Dans cette note et une qui suivra, je voudrais présenter quelques observa- 


tions jetant une certaine lumière sur des échecs éprouvés dans des tentatives 
qui se rapportent au premier (1°) et au troisi-me (2b) de ces trois cas cités. 


On sait depuis longlemps qu'une espèce d’insecte parasite ne s'attaque. 


pas à des hôtes quelconques; quoique la liste des hôtes de certains de 


SÉANCE DU 6 DÉCKMBRE 521 


ces parasites soit assez longue, le régime de beaucoup d'espèces est 
bien limité. Cela s'applique surtout, je crois, aux parasites primaires. 
Les hyperparasites et les espèces qui sont parfois primaires, parfois 
hyperparasites, sont moins spécifiques. 


Dans ces deux dernières années, j'ai eu l’occasion d'étudier les parasites de 
deux Coléoptères Rhynchophores, le Phytonomus posticus GylL. et l'Hypera punc- 
tata Fabr., qui se montrent fort différents en ce qui concerne leurs para-ites. 
On réunissait récemment encore ces deux espèces dans le même genre. Elles 
s’attaquent à des Légumineuses, et on les trouve très souvent dans un même 
champ de luzerne. L'une et l’autre déposent leurs œufs à l’intérieur des tiges 
des plantes infestées. Ces œufs sont à peu près de même couleur, et ne 
montrent à la loupe qu'une différence de taille. Les larves ont à peu près le 
même aspect (surtout dans les stades jeunes) etles mêmes mœurs; elles filent, 
de la même facon, des cocons construits sur le même modèle; l’{/ypera seul 
descend dans la terre avant de filer. Au point de vue morphologique, il y a 
une correspondance étroite entre elles, dans les d'fférents organes internes 
et externes. Les poils de la cuticule se trouvent même en nombres presque 
identiques et dans les mêmes positions. La seule différence remarquable 
se rapporte aux tubes de Malpighi; chez Hypera, ils sont incolores, leur 
_ lumière est remplie d'une grande quantité de grosses granulations transpa- 
rentes, blanches en masse; chez Phytonomus, ils sont plus grêles, fortement 
pigmentés en brun foncé par des granulations intracellulaires. 


Dans l'Italie méridionale, le Phytonomus posticus est infes!é par plu- 
sieurs parasites, parmi lesquels il y en a neuf fréquents et aisés à distin- 
guer. Trois s’attaquent aux œufs et six aux larves, ou aux larves et aux 
pupes, y compris un Champignon (Entomophtorée). 

L'Hypera punclata, au contraire (même quand il se trouve dans les 
mêmes champs que le Phylonomus posticus), n’est parasité que par trois 
espèces: un Mymaride parasite des œufs, un Champignon et un Ichneu- 
monide parasite des larves. Les deux premiers sont également des para- 
sites de P. posticus: le dernier est parasite « spécifique », pour ainsi dire, 
de Æ. punclata, et s'il s'attaque à P. posticus, ce n’est que très rarement. 

Deux parasites ichneumonides de Phytonomus posticus ne s'attaquent 
à celui-ei qu'après le filage du cocon. Aussi pourrait-on imaginer que 
la situation hypogée de ce cocon explique dans une certaine mesure 
l'absence de ces deux espèces dans la faune parasite de l'Aypera; mais 
c'est là, je crois, une explication trop simpliste. En tout cas, ces deux 
Coléoptères assez voisins, éthologiquement et morphologiquement, 

_nont que deux parasites communs : le Mymaride (qui s’altaque aux 
œufs à peine pondus, alors que la spécificité physico-chimique doit 
être peu accentuée) et l’£ntomophthora sphærospermæ. Ce champignon 
se rencontre d'ailleurs chez beaucoup d’autres insectes. 


522 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE FPE s 


A PROPOS DE LA NOTE DE M. MANOUKHINE 
‘ SUR LA LEUCOCYTOLYSE DIGESTIVE, : 


par G. À. KROLUNITSKY. 


J'ai montré dans mes notes du 25 octobre et du 8 novembre que 
l'injection intrarectale de peptone ou d’autres substances alimentaires 
détermine chez le chien, chez le lapin et chez l'homme une leucocytose 
dès que ces substances commencent à êlre absorbées. Cette donnée, 
confirmée dans son interprétation par les expériences, rapporlées dans 
les notes du 21 novembre et du 5 aécembre, vient à l'appui des travaux 
de Ouvaroff, Rencki et Ziarko, qui seuls, à ma connaissance, ont 
étudié les modifications sanguines consécutives aux lavements nutritifs. 

Il n'y a rien d'étonnant dans ce fait. On sait, en effet, et M. Manou- 
khine paraît seul l’ignorer, que l'injection d'une substance dans le 
système de la veine porte où son absorption par une m'iqueuse qui en 
est tributaire donne des résultats complètement différents de ceux 
obtenus par l'injection de la même substance dans une veine périphé- 
rique. M. Manoukhine me reproche de ne pas avoir fait une bibliogra- 
phie complète. J'ai cru, et je continue à croire, qu'à la Société de : 
Biologie il vaut mieux apporter des faits nouveaux qu'un index biblio- 
graphique. Il aura bientôt satisfaction, dans un travail d'ensemble que 
je prépare sur la question. 3 

Je ferai seulement remarquer que M. Syrensky (1908) est seul à avoir : 
étudié systématiquement le schéma de Ia réaction sanguine au cours de 
la digestion, c’est-à-dire l'hypo ei l'hyperleucocytose digestives. Il est le 
premier qui ait étudié la « leucocytolyse digestive » suivant latechnique » 
de E. Botkine, c'est-à-dire d'après « les formes de destruction » des : 
leucocytes. La différence des lechniques que nous employons fait que i 
nos conclusions diffèrent en plusieurs points, mais je n’ai pu discuter ; 
ses conclusions dans les courtes notes présentées à la Société de Bio-. “ 
logie. M. Manoukhine n’a jamais étudié le schéma de la leucocytolyse “ 

1 


su 


PAT NS 


digestive, son travail étant borné à l'étude des propriétés leucocytolytiques 
de 19 sérums, sans qu'il ait jamais étudié les variations du nombre des. 
leucocytes au cours de la digestion. Dans mes notes, j'étudie surtout le” 
mécanisme du schéma établi par M. Syrensky. ne. 
Si M. Manoukhine n'arrive pas, dans l'expérience unique qu'il oppose. 
à mes recherches sur le chien, le lapin et l’homme, aux mêmes conclu 
sions que moi, c’est qu'il injecte une quantité de peptone manifestement À 
insuftisante : il introduit dans le rectum du chien la dose que j'injectew 
au lapin. La notion des doses a une importance capitale, si on admet 
l'idée de la lutte des ferments en question. La leucocytolyse préexiste & 
dans le sérum de son chien. 1 


£ | SÉANGE DU 6 DÉCEMBRE 523 


_ Je ne me permettrai pas de contester l’habileté de M. Manoukhine à 
compter les globules blancs; je lui demanderai seulement de vouloir 
bien relire avec soin sa thèse el mes noles; il verra ainsi que, s’il signale 
le premivr la porsibililé de la leucocytolyse psychique sous l'influence 
de l’idée (le digestion, fait que je n'ai jamais contesté (1), j'ai établi par 
mes expériences la réalité de ertte leucocytolyse psychique, et j'ai 
montré qu'elle apparaît sous l'influence de l’idée de nourriture et qu’elle 
est en rapport étroit avec la sécrétion psychique de l'estomac. 


TRAITEMENT DE LA CYSTITE BLENNORRAGIQUE AU MOYEN DE LA MÉTHODE 
DES VIRUS-VACCINS SENSIBILISÉS DE BESREDKA, 


pe 


par Louis CRUVEILHIER. 


Les cystites de la période terminale de la blennorragie sont souvent 
très graves, du fait principalement de la menace perpétuelle des réci- 
dives et de la tendance à la chronicité. En raison des douleurs, souvent 
intolérables, qu’elles occasionnent, à chaque miction, il est nécessaire 
d'agir rapidement, au cours de ces cystites. Or, si parfois le nitrate 
d'argent, en instillation intravésicale, donne des succès brillants, on 
ne peut utiliser ce traitement lorsque l’état du canal ne permet pas le 
passage de l'instillateur, de sorte qu'il nous a paru indiqué d'essayer, 
au cours de cette affection, la méthode des virus-vaccins sensibilisés. 

Chez les divers malades atteints de cystile blennorragique que nous 
avons observés, nous avons toujours oblenu des résullats excellents. 


Il en a été ainsi en particulier des deux malades suivants, dont nous 


devons l'observation à notre ami le D' Misset. 


Première observation. — M. G..., âgé de vingt-sept ans, étudiant, 
nous est envoyé le 24 novembre par le D° Papin, chef de clinique à 
l'hôpital Necker. Atteint pour la quatrième fois d'urétriteblennorragique, 
M. G... est souffrant depuis un mois. L’écoulement, qui a été très abon- 
dant, est en décroissance. On y lrouve de nombreux gonocoques. Depuis 
deux ou trois jours, les symptômes de eystite ont apparu. Les mictions, 
sans avoir, il est vrai, augmenté de fréquence d’une façon notable, 
s’accompagnent d’épreintes termisales parfois très vives, de sorte que 
les dernières gouttes apparaissent sanguinolentes. On pratique Ia 
. première injection le 24 novembre. Le 28 du même mois, les douleurs 
terminales ont disparu et les mictions, exclusivement diürnes, ne se 
répêtent que quatre fois. Les urines apparaissent limpides dans le 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, voir notre note du 25 octobre 1913. 


524 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dernier verre. On pratique cependant une seconde piqûre. Les résul- 
tats obtenus par la première injection se maintiennent et la cystite est 
guérie, de sorte que le traitement ne s'adresse plus désormais qu'à 
l'urétrite, qui finit elle-même par disparaitre. 


Seconde observation. — M. M... âgé de vingt-sept ans, cavalier, 
nous est adressé par M. le D' Ligouzat, et accuse des symptômes de. 
cystite. Celle-ci a débuté il y a quelques jours, au cours d’une urétrite 
blennorragique qui dure depuis deux mois environ. 

On note de la pollakiurie diurne et nocturne ainsi que des douleurs 
vives terminales avec pyurie. Le 4 novembre, la première injection est 
pratiquée. Dès le lendemain, les phénomènes de dysurie s’atténuent et, 
deux jours après, ils ont disparu. La guérison s’est maintenue depuis. 
Ces deux observations, dont la brièveté elle-même prouve en faveur 
de la méthode, nous amènent à penser que l’on a toujours intérêt à 
s'adresser aux virus-vaccins sensibilisés au cours du traitement des 
cyslites blennorragiques. 


(Travail du laboratoire du D* Roux, à l'Intitut Pasteur.) 


DISSEMBLANCES ANATOMO-PATHOLOGIQUES 
DE LA CIRRHOSE BILIAIRE DE L'HOMME ET DE LA CIRRHOSE EXPÉRIMENTALE. 
LA CIRRHOSE. 


(Deuxième note), 


par NOEL FIESSINGER et L. ROUDOWSKA. 


La dissemblance est encore plus grande quand on étudie le mode de 
la réaction fibreuse. 

Chez le lapin, le processus cirrhotique se montre sous deux aspects : 
1° un processus péribiliaire et 2° un processus parabiliaire. 

Nous insisterons surtout sur le premier. C'est de beaucoup le plus 
constant. [l est d'une remarquable précocité. Dix jours après la ligature, 
on voit déjà ce processus se manifester. Les amas de cellules conjonc- 
tives jeunes ne se font pas autour des canaux biliaires, mais à la péri- 
phérie de l’espace de Kiernan, c'est-à-dire au contact des cellules les 
plus périphériques du lobule hépatique. La charpente connective prend 
un aspect réticulé et le tissu s’infiltre de cellules conjonctives jeunes, 
lymphocytes, plasmazellen, mastzellen, figures de macrophagie, cellules 
étendues à plusieurs noyaux ayant les caractères de plasmodes. Ce tissu 
présente une remarquable vitalité avec des figures de karyokinèse. Ce 
tissu de néoformation s'infiltre à la périphérie du lobule hépatique, 


ot 
1© 
Of 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 


pénètre entre les travées les plus périphériques, cherchant à dissocier 
et à prendre la place des cellules hépatiques dégénérées de cette région. 

Plus tard, on n’observe que la transformation de ces foyers primitifs et 
l'apparition de foyers semblables au voisinage. Les fibres conjonctives 
apparaissent dans l'interstice des cellules jeunes; celles-ci, en même 
temps, se sont transformées en cellules fusiformes. Lentement, on arrive 
ainsi au tissu cirrhotique adulte. 

Primitivement, la cirrhose se borne à la formation d'étoiles autour 
des espaces biliaires. Cette cirrhose biliaire étoilée ne tarde pas à 
affecter une disposition que nous qualifierons de palmée. En effet, les 
rameaux de l'arbre biliaire s'unissent les uns aux autres par faisceaux 
fibreux, formant de véritables membranes intermédiaires. 

Un mois déjà après la ligature, les îlots et leurs prolongements 
dessinent une cirrhose très avancée. Cette cirrhose est souvent péri- 
lobulaire, mais elle peut pénétrer dans le lobule pour atteindre par une 
pointe la veine centro-lobulaire. Souvent, il arrive de retrouver les 
deux aspects de cirrhose biliaire et biveineuse sur des coupes provenant 
d'un même foie. La forme de la cirrhose est subordonnée à l'étendue et 
au siège de l'atteinte parenchymateuse. 

Chez un lapin conservé presque six mois avec une ligature cholédo- 
cienne, on retrouve une lésion fréquente dans la cirrhose annulaire 
sous la forme de circulation collatérale très développée. Le foie est pâle, 
il crie sous le couteau, sa surface est cloutée. Histologiquement, il 
s’agit d'une cirrhose annulaire. Les veines centro-lobulaires sont déjà 
le siège de lésions scléreuses. On ne peut en aucune facon retrouver 
sur cette cirrhose les caractères formulés par Charcot et Gombault pour 
les cirrhoses biliaires de l’homme et de l’animal : insulaire, monolobu- 
laire et intralobulaire. Par contre, on y décèle les caractères d’une 
cirrhose vulgaire : annulaire, multilobulaire, interlobulaire. 

Ces lésions aboutissentà ce que nous dénommerons leslésions d’enkys- 
tement. Il se fait après la ligature du cholédoque une évolution vers un 
enkystement biliaire. La cirrhose se développe comme si non seule- 
ment toute communication était coupée entre le parenchyme d'une 
part, et l'arbre biliaire de l’autre, mais encore comme s'il était néces- 
saire d'isoler l'arbre biliaire par un enkystement défensif. 

Tous ces caractères distinguent la cirrhose expérimentale de Ja 
cirrhose de l'homme qui est beaucoup plus tardive, biliaire, insulaire el 
pénètre à l'intérieur du lobule. Il est donc dangereux de conclure de 
l'animal à l'homme, comme il est fait par de nombreux auteurs après 
Charcot. Un seul point est commun entre ces cirrhoses : la précession 
de la lésion parenchymateuse. : 


526 = SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SUR L'INTERRUPTION TEMPORAIRE DE LA CIRCULATION 
DANS LES DEUX VEINES RÉNALES, i 


par Po E. Papin et H. VERLIAC. 


En liant temporairement pendant dix minutes les deux veines rénales, 
MM. Chirié et André Mayer ont obtenu sur 7 chiens : 4° dans tous les 
cas, la mort rapide; 2 dans 4 cas, des crises convulsives systéina- 
tisées (1). Ces crises rappelaient celles äe l'épilepsie, de l’urémie, de 
l’'éclampsie, de l'excitation électrique de l'écorce cérébrale, A l’autopsie, 
on lrouva des reins dont l'examen histologique montra «les lésions 
épithéliales peu accusées, et une congestion intense, surtout de la zone 
pyramidale. Le foie, tout spécialement dans la zone sus-hépatique, pré- 
sentait des lésions dégénéralives graves (apoplexies capilliires, nécrose 
de coagulation, disparition complète du noyau) étendues à tout l’or- 
gane ». Fe EE 

Au total : mort constante, phénomènes convulsifs dans plus de la 
moitié des cas; lésions minimes des reins, altérations considérables du 
foie. | 

Par contre, Carrel (2) conclut de trois expériences qu’il à faites 
qu'après arrêt de la circulation des veines rénales (13-16 minutes), « les 
animaux sont restés en parfaite santé et n'ont pas présenté la moindre 
crise épileplique. Il serait intéressant de connaître la raison des résul- 
tats obtenus par Chirié et Mayer. Car il est certain que la simple-inter- 
ruption de la circulalion des veines rénales pendant douze ou seize 
minutes ne produit pas de lésions incompatibles avec le fonctionnement 
parfait des reins ». 

Nous avons répélé ces expériences sur une première série de 23 chiens 
et chiennes, dont deux gravides, de tous âges (y compris 3 chiots de 
un mois). 


I. — Technique employée. La veine rénale enuese est prise entre 
les mors doux d'une pince à vis de Collin, qu’on serre à bloc. Immédia- 
tement le rein prend une leinte lie de vin, augmente de volume et de 
consistance. L'opération est répétée du côté opposé. L'interruption 
bilatérale de la circulation veineuse est maintenue en général dix 
minutes (dans trois cas quinze minutes, et dans un cas vingt). Les 
pinces enlevées, la plaie recousue, l'animal est maintenu dans des 


conditions diverses : température élevée (30 degrés) ou basse (5 degrés); 
régime exclusivement carné ou lacté. Au bout de 1,2,3, 4, 6,8, 10; jours, 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 13 avril 1907. 
(2) Comptes rendus cle la Soc. de Biologie, 27 mars 1909. 


1 


\ 


SE EAN A PET PT OS TIR SN 


SÉANCE DU Ô DÉCEMBRE 527 
les pièces à examiner sont prélevées sur l'animal par biopsie, immédia- 
tement fixées (formol, formol-bichromate, van Gehuchten). Les organes 
examinés (rein et foie) out élé colorés à l’hémaloxyline-éosine et au 
van Gieson. Les résuliats ci-dessous sont relatifs à des compressions 
veineuses bilatérales de dix minutes. 


Il. — Résultats obtenus. Aucun animal n’a succombé. Aucun n’a pré- 
senté le moindre symptôme, le moindre trouble de la fonction rénale 
dans les jours, semaines, mois qui ont suivi la compression. Plusieurs 
ont élé conservés pour observation plus prolongée, d’autres ont servi 
depuis à des recherches sur l'anesthésie et les ont parfaitement sup- 
portées. Enfin un certain nombre ont été sacrifiés à des intervalles 
déterminés, en vue d'un examen histologique : 


> 


DURFE 


DOS NIonS ÉTAT DU FOIE ÉTAT DES REINS REMARQUES 


2 jours. Congestion. Congestion généra- 
lisée. 

infiltration,  grais- 
seuse probablement, de 
la zone sus hépatique. 


3 jours. Congestion de quel-| Congestion glomé-| Sclérose périvascu-|f 
ques zones sus-hépa-|rulaire. laire et début de eclé-|f 
tiques. rose glomérulaire. 

Quelques petites hé- 
morragies extratubu- 
laires et extrarénales. 

Dilatation des anses de 

Henle. 


6 jours. Légère infiltration] Congestion et quel-| Sclérose antérieure 
probablement grais-[ques petites hémorra-|périvasculaire et glo-|| 
seuse, surtout péripor-|giesintraglomérulaires.| mérulaire. 

tale. 
Tubes normaux. 


10 jours. Un peu de conges-| Congestion généra- 
tion sus-hépatique. lisée, surtout corti- 
cale. 


Aucune lésion cellu- 
laire. 


LIL. — Conclusions. La compression des deux veines rénales, pro- 
longée pendant dix minutes, a toujours été supportée dans les 49 cas où 
aous l'avons réalisée chez le chien. 

Les animaux n'ont présenté aucun trouble appréciable. 

La fonction rénale ne semble pas avoir élé altérée. 

Les lésions rénales se réduisaient chez eux à de la congestion plus ou 
moins intense sans aucune altération cellulaire. 


528 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Les lésions hépatiques consistent en congestion, qu'on retrouve encore 
nette au dixième jour, et en infiltration graisseuse des cellules, peu 
accentuée, et qui s'est montrée inconstante. 


\ 
(Travail des laboratoires de la Clinique des voies urinaires de la Faculté 
de Médecine ; professeur Lequeu.) 


SUR LES LKFFETS DES LIGATURES TEMPORAIRES DES VEINES RÉNALES, 


par ALBERT FROUIN, ANDRE MAYER et Fr. RATHERY. 


Au cours d'un travail fait en collaboration avec Chirié, et dont les 
résultats ont été communiqués à la Société (1), l’un de nous à observé 
les faits suivants : si on lie temporairement les veines rénales du chien 
pendant dix minutes et qu'on laisse la circulation se rétablir, on peut 
observer consécutivement des accidents, des lésions histologiques, et 
enfin la mort des animaux. 

Accidents. — Les accidents ont élé observés quatre fois, dans une 
première série d'expériences exécutées sur sept chiens. Ils consistent 
en crises épileptiques typiques, survenant 30 minutes à 4 h. 30 après 
la levée de la ligature. L'élévation de la pression artérielle et la vaso- 
constriction des organes abdominaux (épilepsie interne) ont pu être 
enregistrées (2). Ces accidents mènent rapidement l'animal à la mort. 

Mort. — La mort des animaux a été observée quatorze fois, dans une 
série de quinze expériences. Elle est toujours survenue dansles quarante 
heures qui ont suivi la ligature. 

Lésions histologiques. — En dehors des lésions anatomiques termi- 
nales, que présentent les animaux qui succombent en état de mal, ceux 
qui meurent sans avoir eu de crises ont des lésions histologiques du 
rein, mais légères et fugaces. Par contre, ils présentent des lésions très 


accentuées du foie (nécroses sus-hépatiques). Ces lésions ne se réparent 


que très lentement. 

M. Carrel, ayant essayé de reproduire ces effets, a opéré trois chiens 
et n'a pu obtenir les mêmes résultats (3). Cela nous a déterminés à 
reprendre ces expériences. 

Dix-huit chiens ont servi à cette nouvelle série. Voici le résultat de 
nos observations : 


) Ces Comptes rendus, 13 avril 1907, p. 599, et 22 février 1908, p. 319. 
)} Le tracé à été publié in Thèse de Chirié, Paris, 1907: « Hypertension arté- 
e el accès éclamptiques », p. #1. 

| Ces Comptes rendus, 27 mars 1909, p. 528. 


(1 
(2 


riell 
D: 
[2] 


SÉANCE DU OÔ DÉCEMBRE 529 : 


Accidents. — Aucun des chiens de cette série n’a présenté de crises 
épileptiques. | 

Mort. — Aucun des chiens de cette série n’est mort des suites de la 
ligature. 

Lésions histologiques. — Les animaux sacrifiés quarante-huit heures, 
quatre jours et six jours après la ligature ont tous présenté des lésions. 
_a) Rein. — Le protoplasma des tubes contournés présente de grandes 


vacuoles protoplasmiques ; dans beaucoup de tubes contournés, on note 
des lésions de cytolyse du premier et, parfois, du second degré localisées 
par ilots. 

b) Foie. — Les lésions du foie sont beaucoup plus intenses. Elles 
consistent en une cylolyse typique atteignant presque parlout le 
troisième degré. 

Toutes ces lésions sont réparables. Quinze jours et même parfois 
huit jours après la ligature temporaire, elles ont disparu. 

Cette deuxième série d'expériences a donc donné un résultat très dif- 
férent de la première. Nous avons cherché à nous rendre compte des 
raisons de cette différence. 

a) Anesthésie. — Elle ne peut résider dans l’anesihésie. Nous avons 
employé le chloroforme après injection de morphine, dans le second 
comme dans le premier cas. 

b) Manuel opératoire. — Nous avons varié le manuel opératoire; la 
ligature a été faite brutalement et à fond, ou doucement et progressi- 
vement ; les fils ont été remplacés par des pinces. Le résultat n'a pas 
varié. 

c) Alimentation antérieure de l'animal. — Nous avons, huit jours avant 
l'opération, mis des animaux au régime carné absolu, ou hydrocarboné, 
ou mixte ; nous avons donné à quelques-uns une alimentation riche, à 
d’autres une alimentation très pauvre en sels. Les effets de la ligature 
n’en ont été ni plus ni moins marqués. 

Il nous faut donc conclure que: 1° les lésions histologiques du rein 
et surtout du foie consécutifs à la ligature temporaire simultanée des 
veines rénales sont des phénomènes constants, mais plus ou moins 
accentués. Les allérations hépatiques sont plus intenses que les lésions 
rénales (1); 

2° Les accidents et la mort sont des phénomènes inconstants, et le 
déterminisme nous en échappe encore. 


(4) Les reins et les foies des animaux ont été étudiés sur des pièces fixées 
aux liquides de Sauer et de Laguesse. Les lésions que pourrait provoquer 
l’anesthésie seule sout beaucoup moins intenses et bien plus fugaces que celles 
que nous indiquons. 


530 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


APPLICATION DE LA MÉTHODE DE GRIMBERT A L'ÉTUDE DE L'ACIDITÉ URINAIRE - 


CHEZ LES TUBERCULEUX, 


par HENRI LABBÉ et GEORGES VITRY. 


La détermination de l'acidité urinaire s'effectue le plus communément 
par un titrâge acidimétrique en présence de phtaléine comme indicateur. 


Mais on n'obtient ainsi, pour des raisons qui ont été bien résumées par. 


MM. Grimbert et Morel (1), que l'acidité apparente. En écartant diverses 
causes d'erreur, cette t-chnique simple paraît cependant de nature à 
donner l'acidité utile et réelle de l'urine. MM. Grimbert et Morel ont 


cherché à écarter ces causes d’erreur, par l'application d’une technique: 


modifiée, qui comporte la correction de l'effet retardateur des sels ammo- 
niacaux et de l'erreur due à la présence des sels de chaux. 


En utilisant cette technique, nous avons eu l’occasion d° étudier l'aci-- 
dité d’une série de sujets tuberculeux, en la comparant à la moyenne 


d'une série de sujets normaux. 


Nous résumons ci-dessous les résultats de cette ne du pro- 


cédé qui est en lui-même fort simple et très rapide. 


Moyennes (24 heures). 


MALADES TUBERCULEUX 
SUJETS 


normaux. 


l'hôpital. | {re période. | 2 période. | 3° période. 


Acidité R (P20*),. 
Acidité P 
Acidilé & . 


LS 
Rx: 


L'interprétation de ce tableau fait ressortir divers résultats. On doit 
signaler d'abord que les sujets normaux, pris en dehors de l'hôpital, 
ont une acidité R un peu plus élevée que des malades de l'hôpital, non 
tuberculeux, à nutrition sensiblement normale en apparence. La diffé- 
rence atteint 23,8 p. 400 en moyenne. Elle s’accentué beaucoup si on 
envisage les valeurs d’acidité phosphatique et, dans ce cas, elle atteint 
près de 50 p. 100. 

Nous pensons qu’on doit faire intervenir dans l'explication du fait une 
différence générale dans les apports alimentaires chez des sujets normaux 
non hospitalisés et les sujets qui consomment la nourriture de l'hôpital. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIT, p. 179. 


de NS 4 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 531 


Cette différence s’accentue si on envisage l'acidité organique (4) de 
Grimbert et Morel. L'écart en faveur de cette acidité de nature orga- 
nique atteint 54 p. 100 chez les sujets hospi'alisés. Ce résullat fait que 


le rapport & de Grimbert et Morel, qui ne dépasse pas 16,1 p. 100 chez 


nos sujets normäux, monte à 36,7 p. 100 chez nos sujets hospitalisés. 
Chez nos sujets tub-rculeux (tous hospitalisés), les résultat< obtenus, 
pour la première période de la maladie, sont assez comparables à ceux 
que donnent nos sujets hospitalisés non tuberculeux. Il semble que les 
caractères imprimés par l'évolution morbide puissent être considérés 
comme peu importants en comparaison de ceux qui sont commandés par 
la composition générale du régime alimentaire qui règle les échanges. 
Cependant l'acidité apparente R d’une valeur de 1,34, est notablement 
plus élevée que celle des sujets non tuberculeux hospitalisés, quoique 
un peu inlérieure à celle des sujets normaux. Il y a là une difficulté 
d'interprétation des chiffres au point de vue de l’urologie clinique que 
nous ne saurions encore trancher. Par contre, l'acidité suivant les 
périodes croissautes d'évolution de la tuberculose décroît continûment 
pouratleindre une valeur très basse au troisième degré. L’acidité pho-pha- 
-tique, suivant Grimbertl, suit exactement la même courbe de décroissance. 


Il en résulte que le rapport F croit continument de la première à la 


troi-ième période. Ce rapport, sensiblement égal, pour la première 
période, à celui que présente l'urine des malades non lubercuieux de 
l'hôpital, monte à 44,3 p. 109 dans la seconde période, pour atteindre 
la valeur de 48,6 p. 100 à la troisième période. 

Quelle est, d'autre part, l'influence des manœuvres correctives du 
procédé de Grimbert sur la valeur des chiffres d'acidité? Le tibleau ci- 
dessous répond à cette queslion : 


ABAISSEMENTS D'ACIDITÉ 
nn mme CO ES Ne, 


Première correction. Jeuxième correction. Me 
SUJETS (Décalcifica ion.) (Sels ammoniacaux.) Correction totale. 
| I © | I em || 


Pour Pour 100 Pour Pour 100 Pour Pour 100 
24 heures |du chiffre brut| 24 heures |du chittre brut| 24 heures |du chitfre brut 


Normaux.|0 gr. 15 (*) 8,40 0 gr. 03 1,60 gr. 48 
| 1er degré.|0 gr. 18 7,60 0 gr. 13 5:50 gr. 31 
2e degré .|0 gr. 13 1-22 0 gr. 19 10,50 gr. 32 
3° degré .|0 gr. 09 12,62 0 gr. 05 7,04 0 gr. 14 


"2 ee | 


(*) Évalués en acide sulfurique. 


532 SOCIÉTÉ D£ BIOLOGIE 


Ainsi l'on voit que la correction est de 10 p.100 environ du chiffre 
primitif chez les sujets normaux, mais qu'elle peut devenir double, soit 
19,64 p. 100 chez les tuberculeux du troisième degré. Pour cette dernière 
catégorie de malades, l'erreur, si l’on ne tient pas compte des manœuvres 
correctives, est assez considérable : environ 1/5. 


(Travail du laboratoire de la Clinique Médicale Laënnec. 
Professeur Landouzy.) 


RÉAPPARITION D'UNE PROLIFÉRATION ACTIVE DANS DES TISSUS DIFFÉRENCIÉS 
D'ANIMAUX ADULTES CULTIVÉS EN DEHORS DE L'ORGANISME, 


par CHR. CHampy. 


J'ai montré dans une série de notes (1) que si les tissus embryon 


naires continuent à se multiplier activement en dehors de l'organisme, 


cette multiplication s'accompagne d'une dédifférenciation rapide, La- 
P 5 P 


rapidité de la dédifférenciation est, pour les tissus d'un embryon donné, 
fonction de la rapidité avec laquelle ces tissus prolifèrent par mitose. 

On sait que les lissus adultes peuvent aussi donner lieu à des cultures, 
mais le fait a éte montré pour des tissus où la prolifération est norma- 
lement active : rate (Oppel) testicule (1). 

J'ai pu voir la faculté de se mitoser réapparailre dans des tissus 
qui chez un animal adulte ne se mitosent presque plus ou pas du tout. 

Du muscie lisse de la vessie du lapin (lapin de 3 kilog. 500) devient le 
siège d’une prolifération active et, après un temps de latence très long, 
les mitoses réapparaissent nombreuses dans les fibres musculaires. Dès 
ce moment, la dédifférenciation se produit rapidement. On peut faire 
la même observation pour divers autres muscles qui, dans l'organisme 
où on les a pris, ne sont le siège d'aucune multiplication. 

On sait cependant que, dans des condilions particulières, les fibres 
musculaires lisses peuvent se diviser (muscle utérin pendant la gros- 
sesse : Retterer et Lelièvre). Il faut remarquer toutefois que, dans Îles 
cultures, ce n’est pas un excitant nouveau qui provoque la multipli- 
cation, mais l'absence des excitants qui normalement viennent du reste 
de l'organisme. 

Un fait des plus intéressants que j'ai eu à enregistrer récemment est 
l’apparilion de rmitoses dans des éléments névrogliques : les cellules 


(1) Voir : Comptes rendus de la Soc. de Biologie, juin 1912; — Le Mouvement 
médical, avril 1913; — Bibliographie anatomique, avril 1913 ; — Revue générale 
des sciences, 15 novembre 1913. 


En 
FRA ENT NT EP 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 5933 


de Müller de la rétine. Dans les cultures de rétine, on voit rapidement 
tous les éléments nerveux dégénérer ; seuls les éléments névrogliques, 
notamment les fibres de Müller, persistent. Au bout de plusieurs jours, 
les noyaux de ces cellules se mitosent, donnant lieu à des éléments qui 
perdent le caractère des cellules dont ils proviennent ; ce sont bientôt 
des cellules complètement indifférentes. Il est à noter que dans le cas 
de la névroglie, comme dans quelques autres, la période de mitose 
semble être précédée d’une période de division amitotique qui, elle, ne 
s'accompagne pas de dédifférenciation. Des faits du même genre s'obser- 
vent dans d’autres tissus. Dans les nerfs, les cellules de la gaine de 
Schwann se gonflent, dissolvent la myéline et finissent par se mitoser. 
Dans divers épithéliums, on voit aussi la division mitotique, accom- 
pagnée de dédifférenciation succéder à la division directe qui n'avait 
pas permis ce phénomène; mais cela se produit dans des conditions trop 
complexes pour que je tente de les exposer ici. En somme, les cellules 
d'animaux adultes séparées de l'organisme, ou bien finissent par 
dégénérer lorsqu'elles sont trop différenciées pour subir une évolution 
régressive (c'est le cas des cellules nerveuses, au moins dans les expé- 
riences faites jusqu'ici), ou bien ces cellules libérées de l’inhibition qui 
leur venait du reste de l'organisme se remettent à proliférer en se 
dédifférenciant. 


Il m'est impossible de tirer ici de ces observations les diverses con- 
clusions tant biologiques que pathologiques qu’elles peuvent com- 
porter, je renvoie pour leur exposé aux notes plus développées que je 
publierai prochainement sur cette question. 


ERRATUM 


NOTE DE A. PETrit. 


T. LXXV, p. 488, ligne 4, au lieu de : Si je n'ai pas fait. lire : Si je n'y ai pas fait. 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXV. 31 


REUNION BIOLOGIQUE 


DE SAINT-PÉTERSBOURG 


SÉANCE DU-I3 NOVEMBRE 1913 


SOMMAIRE 

Dawvoorr (C.) : La théorie des GLAGOLEV (P.) : Sur le problème du 
feuillets embryonnaires à lalumière chimisme de l'action de ka présure 
des données de l'embryologie expé- Première communication) . . . .. ñ37 
LNENÉAlE EST pe teen sn 541 SLovrzov (B.), Sounarova (V.) et 

Paweowskgy (E.) : Quelques ré- GLAGOLEV (P.) : Sur le problème du 
ftexions sur les animaux venhmeux. 535 | chimisme de l'action de la présure 

SLowrzov (B.), Soupakova (V., et Deuxième communication) . . . , . 539 


Présidence de M. N. Kholodkovsky. 


QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LES ANIMAUX VENIMEUX 


? 


par E. PawLOwsKky. 


Le fait seul que l’on ne peut définir d’une facon exacte la notion de 
poison montre qu'il est impossible de donner une définition logique et 
exacte de la notion de « l'animal venimeux ». Les substances toxiques 
on vénéneuses ne peuvent être nettement délimitées des substances 
nutritives ou médicamenteuses, de même que les animaux qui con- 
tiennent, sous une forme quelconque, des principes venimeux, ne 
représentent pas, à leur tour, un groupe qui peut être défini au point 
de vue biologique, comme, par exemple, le groupe des parasites. Bien 
que le groupe d'animaux venimeux ne puisse être nettement délimité, 
il faut cependant s'entendre sur les animaux qui doivent être considérés 
comme venimeux: il nous parait suffisant de nous en tenir pour cette 
définition au terme courant du pouvoir venimeux. 

Au point de vue biologique, il faut considérer comme venimeux un 


536 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


animal dont le pouvoir venimeux est un caractère constant ou périodique 
de l'espèce. En se tenant à cette définition, il faut exclure du groupe 
des animaux venimeux les espèces dont les individus isolés peuvent 
acquérir des propriétés venimeuses sous l'influence de différentes 
causes pendant la vie même de l'animal (maladie, conditions d’alimen- 
tation, etc.) ou après sa mort (sous l'influence de la décomposition). 
Tous les animaux venimeux, dont les caractères suffisent à la définition 
citée plus haut, peuvent se diviser en deux groupes se distinguant nette- 
ment l’un de l'autre. Au premier groupe appartiennent les espèces dont le 
pouvoir venimeux est lié aux particularités de leur structure anatomique. 


Tels sont les animaux qui possèdent des appareils venimeux ou des 
dispositions qui servent à l'introduction du poison dans le sang de l’orga- 
nisme qui doit être empoisonné, ou qui agissent sur l'épiderme ou les 
muqueuses de cet organisme. Des animaux semblables peuvent user de leur 
pouvoir toxique un nombre illimité de fois au cours de leur vie. Comme 
«xemples d'animaux à appareils venimeux, on peut citer : les scorpions, les 
articulés à glandes buccales venimeuses (araignées, myriapodes, hémiptères); 
les poissons à glandes cutanées situées sur les nageoires ow les os 
cérébraux; les serpents, etc. Les glandes, dont les sécrétions agissent sur 
la peau, se rencontrent chez les amphibies (glandes cutanées); myriapodes 
(Fontaria, Julus); les insectes (glandes anales de plusieurs coléoptères). 
A la même catégorie, appartiennent les animaux à sang venimeux (Meloe, 
Eugaster, etc.). 


Au second groupe appartiennent les animaux qui n’ont pas d'appareil 
venimeux spécialisé, mais dont le pouvoir venimeux, lié à la composi- 
tion de différents organes et lissus, ne se manifeste que lorsqu'ils sont 
ingérés comme nourriture; ces animaux ne peuvent, par conséquent, 
faire emploi de cette propriété qu'une fois au cours de leur vie. 

Comme exemples d'animaux semblables, on peut citer différentes 
espèces de fetrodon, dont l'ovaire contient de la tétroïdine et de l'acide 
tétroïdique (Y. Tahara), des insectes dont le corps contient de Ia cantha- 
ridine {Lylta vesicaloria, Meloe, etc.), etc. - 


Au point de vue de la sélection naturelle directe, il est difficile d'expliquer 
l'apparition etle développement du pouvoir venimeux des animaux qui n’em- 
poisonneut que lorsqu'ils sont ingérés, car leur pouvoir venimeux ne se 
manifeste qu'au moment où l'animal périt, ce qui exclut le facteur nécessaire 
de la sélection, la survie des individus les plus adaptés ! Maïs le développement 
indubitable de cette propriété et l'avantage qu’elle fournit, qui est prouvé 
d’ailleurs par l'existence des formes qui imitent des animaux semblables, 
peuvent être expliqués par l'influence de la sélection indirecte lorsque, 
parallèlement à l'apparition et au développement du pouvoir venimeux des 
organes, il se développe un caractère extérieur qui distingue l'animal 
porteur de l'organe venimeux. 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 537 


Si on fait abstraclion du point de vue utilitaire, on doit considérer 
comme critère pour la définition du pouvoir venimeux d’un animal, non 
seulement l’homme, mais tous les concurrents dans la lutte pour l’exis- 
tence avec lesquels l'animal donné se rencontre dans un milieu biolo- 
gique déterminé. Dans ce cas, il faut considérer comme animaux indu- 
bitablement venimeux les mollusques dont les glandes salivaires éla- 
borent de l'acide sulfurique à 4 p. 100, qui sert à la dissolution du 
squelette calcaire des échinodermes ( Dolium, Calsidaria, T'ritonium, etc.), 
les némertines, etc. 

En terminant, il me reste à exprimer le désir que, dans la littérature 
casuistique concernant l’empoisonnement par des animaux, on fasse 
attention à la cause du pouvoir vénimeux de l'animal, car ce n’est que 
dans ce cas que l’on pourra établir une classification plus ou moins utile 
des animaux d’après les causes de leur pouvoir venimeux et les moyens 
par lesquels il se manifeste: il faut ajouter qu’une pareille classification 
ne sortira pas des limites du groupe des animaux venimeux. 


(Laboratoire de Zoologie de l’Académie de Médecine mititaire, 
Saint-Pétersbourg.) 


SUR LE PROBLÈME DU CHIMISME DE L'ACTION DE LA PRÉSURE 


(Première communication), 


par B. SLovrzov, V. Souparova et P. GLAGOLEv. 


La réaction originale, décrite en 1886 par A. Danilevsky, montre que 
sous l’action de la présure les albumoses et les peptones passent à une 
forme insoluble et se précipitent de la solution. M. Danilevsky et ses 
élèves Okounev, Lavrov, Kouraïev, etc., ont décrit d'une manière 
détaillée les conditions de ce phénomène. 


Au début, il parut évident qu'au cours de ce phénomène il se passe comme 
une régénération de l'albumine. En effet, l’albumine précipitée sous l’action 
de la présure a tous les caractères d’une albumine anhydre, elle ne se 
dissout pas notamment dans l’eau, elle donne la réaction violette du biuret, etc. 
L'analyse élémentaire de ces produits (Kouraïev, Zavialov et d'autres) a 
montré pourtant que les plastéines sont toujours relativement pauvres en 
azote, c’est pourquoi elles peuvent à peine être considérées comme identiques 
aux albumines qui ont donné naissance aux peptones et aux albumoses. 

Mais l’idée que le processus de l’action de la présure est un phénomène 
inverse de l’action protéolytique des ferments n’a pas été tout à fait aban- 
donnée. Elle se basait tout d’abord sur le fait que le pouvoir coagulant de la 
présure se rencontre partout où il y a une action protéolytique, et l’école de 


538 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


Pavlov a présenté une série de preuves suivant lesquelles il y a une propor- 
tionnalité régulière entre le pouvoir de coaguler le lait et le pouvoir de 
le digérer. La preuve directe du fait que la présure est, au point de vue 
du chimisme, opposé au ferment protéolytique manquait cependant. 

Lorsque Sôrensen a trouvé une méthode de détermination quantitative de 
groupes aminés dans des solutions, Henriquez et Gialbek l'ont appliquée 
à l'étude de la plastéinisation. On a constaté que, sous l’action de la présure, 
la quantité de groupes amidés diminue, tandis qu’à la suite de la protéolyse 
cette quantité augmente. Glagolev, dans une étude dans laquelle il a vérifié 
ces constatations, à souligné le fait que la plastéinisation est un pro- 
cessus inverse de la protéoliyse et qui varie suivant la concentration de la 
peptone, la quantité du ferment et l’acidité. 


Dans le présent travail, Glagolev a étudié l'action de la présure en 
présence d’une quantité minima de sels et l'influence de sels (NaCl 
et GaCF) et de l'acidité sur le processus de la plastéinisalion, mesurée 
par le déplacement de l'azote amidé. 

Les résultats de l'influence de l'acidité sont résumés dans le tableau 
ci-après 


QUANTITÉ VARIATION 
de CIH de l'azole amidé 
p. 100. (Lilration d'apres Sürensen). 
0,296 — 2,60 
0,446 — 4,10 
0,966 — 0,80 
1,126 — 0,15 . 


Comme le montre le tableau ci-dessus, la présence ou l'absence 
de NaCÏ et de CaCE n’agit pas sur la quantité de l'azote amidé déplacé. 


On a ajouté : Ë 
5 a. £ $ T. NS fl 
CIH Fe 100f0,6r, 200 AS Pan à | CHANGEMENTS PHYSIQUES 
aCl CaCl? See 
| d'après Sürensen | 
10 — — | — — 0,80 Précipité. 
— 2,0 — — 0,75 Grand précipité floconneux. 
—— — 2.0 — 0,80 Précipité gélatineux. = 
20. a) 0,5 — — — 0,85 Précipité peu considérable. 
b).0,5| 2,0 | — 0,85 Grand précipité, au fond du tube à 
| | | essais. 
c) 0,5 _ | —. 4 —.0,95 Précipité gélatineux. | 
39 a) 3,0, — | — — 0,35 Opalescence, gélatinisation peu pro-. 
| noncée. 
b) 8,01! 2,0 |. — — 0,15 Trouble clair, opalescence peu pro- ||. 
noncée. 
c) 3,0 — | — 2.0 — 0,15 Trouble clair. 


Le processus de plastéinisation a lieu aussi en présence du phosphate 
bipotassique sans la présence d'acide chlorhydrique libre. 

Suivant ces constatations, deux phénomènes ont lieu au cours du 
processus de la plastéinisation : le déplacement de l'azote amidé et la 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 539 


formation d’un précipité. Ces deux phénomènes ne coïncident pas, 
mais se suivent en formant ainsi deux phases dans le processus de 
la plastéinisation. 


SUR LE PROBLÈME DU CHIMISME DE L'ACTION DE LA PRÉSURE 


(Deuxième communication), 


par B./SLovrzov, V. Souparova et P. GLAGOLEv. 


Soudakova a poussé plus loin l'étude du processus de la plastéinisa- 
tion. Elle à essayé de déterminer les changements de la molécule albu- 
minoïde au point de vue de la propriété de l'albumine, de neutraliser 
des acides et des bases. Elle a utilisé à cet effet la méthode de Spiro 
et Pemsel, qui consiste à ajouter à une quantité déterminée d’albumine 
un volume déterminé d’un acide ou d’une base de 4/10 N. L’albuminate 
de l’acide ou de l’alcali obtenu ainsi est précipité par du sulfate d'am- 
moniaque et filtré ; par titration, on détermine dans le filtrat lexeès de 
l'acide ou de la base. On calcule la quantité d'acide ou d’aleali neutra- 
lisée par une unité d'azote. 

Comme on le voit sur les lableaux ci-dessous, la propriété de l’albu- 
mine de neutraliser les acides ou les bases, au cours du processus de la 
plastéinisation, varie avec l'acidité et la quantité du ferment. 


: QUANTITÉ D'ACIDE NEUTRALISÉE | QUANTITÉ D'ALCALI NEUTRALISÉE 

QUANTITÉ! calculée pour 1 gr. d'azole calculée pour 1 gr. d'azote 

de CIH 
en p. 100 Ferment Ferment MEL e Ferment | Ferment ET CNRS 
vivant bouilli Différence vivant | bouilli Différence 
a a 

pe e £ 1 | # € O< 
0,0% 25,98 22:,10 + 3:8& 16,27 | 13,44 + 3,83 
0,14 20,31 | 16,27 + 4,04 | 21.50 | SE | +4,79 
0,30 15,94 | 18,47 DAS 19:, 94 dut IS 07 


Si l’on fait varier la quantité de ferment, on maintient la même acidité, 


le processus marche de la manière suivante : 


Acidité : 0,3 p. 100. 
| 3 QUANTITÉ D'ACIDE NEUTRALISÉE QUANTITÉ D ALCALI NEUTRALISÉE 
QUANTITE calculée pour 1 gr. d'azote calculée pour 4 gr. d'azote 
de 
ferment Ferment Ferment SE de Ferment Ferment enanne 
bouilli vivant Diférenc: bouilli vivant Différence 


es | GORE ere | CREER EE 


| 
23,85 | 20.28 | 


0,2 17,35 15,94 —À,41 2227 
0,4 18,41 15,94 9153 23,18 19,94 er 
0,8 19,20 17,35 85 22,46 21.01 — 1,45 
1,6 18,40 | 17,73 =). 26 22,82 20,60 — 2,92 
3,2 18,47 | 20,98 + 1,81 29 ,82 99 ,82 0 


| 


540 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


Si l’on admet que la propriété des albumines de neutraliser des acides 
et des bases dépend de la présence de groupes libres amidés ou car- 
boxyls, on doit conclure, en se basant sur les résultats de Soudakova, 
qu'au cours du processus de la plastéinisation, la quantité de ces deux 
groupes augmente, ou diminue simultanément, c’est-à-dire, qu'il 
s'effectue ou bien comme une combinaison des peptides entre eux ou 
bien comme une décomposition de peptides en corps plus simples. 

Si la présure provoque en effet la combinaison des groupes aminés 
ou des groupes carboxyls, il était naturel d'essayer de reproduire ce 
processus en se servant des acides aminés purs. Dans des solutions 
aqueuses, ce processus n'avait pas lieu. Les expériences avec des solu- 
tions saturées de glycocolle et d’alanine en glycérine ont mieux réussi. 
On faisait d'ordinaire trois essais : 1° portion avec le ferment bouilli; 
2° portion avec le ferment vivant; 3° portion avec de l’eau. Avant la 
titration de l’azote amidé, on diluait avec de l’eau. On se servait parfois 
pour ce contrôle de la méthode de Slyk. On faisait varier la quantité 
de ferment, l'acidité et le temps de l’action. 

Comme exemple, citons le tableau ci-dessous : 


Acidité : 0,2 p. 100. 


NOMBRE DE C.C. D'ALCALI 


TEMPS employé pour pANuon d'un VOlUME  RRÉRENCE Penn AU 
de la solution en glycérine 

Dans 48 heures.| Exp. de contrôle avec de l'eau. 10,4 — » 
Ferment bouilli . . ... . . . 10,3 — 0,1 » 
Ferment vivant. : : 9,8 — 0,6 — 5,8 

Dans 96 heures.| Exp. de contrôle avec de l’eau. 13,0 — » 
Fermentiboutili: 2402022190 _— » 
Ferment vivants . ... :-. . . 42,1 — 0,9 — 7,9 


La première portion a donné en quarante-huit heures, d'après la 
méthode de Slyk, 17,1 à 17,0 c.c. d'azote pour 1 c.c. de liquide; 
moyenne 17,05; dans le liquide avec le ferment, on a constaté 16,2 à 
16,1; moyenne 16 c.c. 15; le déplacement est égal à 5,3 p. 100 de l'azote 
total. 

La présure diminue, à ce qu'il paraît, en présence de certaines con- 
ditions la quantité d'azote des acides aminés titrée d'après Sôrensen. Si 
ce fait se confirme dans un nombre plus grand d’expériences et si l’on 
réussit à obtenir un dipeptide de ce liquide, on pourra considérer 
comme probable que la présure joue un rôle dans la combinaison des 
acides aminés entre eux. 


(TA 
Le 
x 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 


LA THÉORIE DES FEUILLETS EMBRYONNAIRES 
A LA LUMIÈRE DES DONNÉES DE L'EMBRYOLOGIE EXPÉRIMENTALE, 


par CG. DawYporr. 


Au cours des vingt dernières années, la théorie des feuillets embryonnaires 
a été fortement attaquée, tant du côté des morphologistes que du côté des 
partisans de la zoologie expérimentale. Il est vrai que la plupart des faits qui 
ont été cités contre les feuillets embryonnaires par les morphologistes 
n'ont pas été confirmés ensuite (l'origine quasi ectodermique de l'intestin 
moyen chez les insectes, d’après Heymons, et chez les myriapodes, d'après 
Heathcote, sa nature quasi mésodermique chez les céphalopodes, d’après 
Faussek, etc.); cependant, on ne peut pas prétendre que la position de la 
théorie soit stable. Cet état peu stable s’est fait remarquer surtout, lorsqu'on 
a commencé à comparer chez le même animal le processus de dévelop- 
pement embryonnaire avec le bourgeonnement et la régénération. Toute une 
série d'auteurs ont affirmé que les processus de régénération se trouvent en 
cpposition avec la théorie des feuillets embryonnaires. Selon ces auteurs, 
l'organisme dispose de son matériel cellulaire dans des limites très étendues, 
à savoir, qu'un organe qui s’est formé au cours du développement embryon- 
naire de l’endoderme peut, lors d'une régénération, dériver de l’ectoderme 
ou du mésoderme, ce qui veut dire que le feuillet embryonnaire n’existe pas 
comme unité morphologique. Il est vrai que des conceptions semblables sont 
souvent basées sur des recherches unilatérales et superficielles et sont 
souvent caractérisées par un parti pris, mais il faul cependant reconnaitre 
que l'on a dernièrement décrit des faits qui menacent d’ébranler les fon- 
dements de la théorie de la spécificité des feuillets embryonnaires. Des faits 
semblables ont été fournis par l'étude de la régénération chez les némertines, 


En 1910, j'ai publié une communication préliminaire (1) concernant 
mes expériences sur Lineus lacteus (deux mois avant, au cours de la 
même année, a été publiée la communication préliminaire de Nussbaum 
et Oxner (2) sur des expériences semblables faites sur L. rubes, mais 
mes collègues polonais n'ont pas bien compris le processus; dans un 
travail publié en 19192, ils ont confirmé les principaux points de mes 
observations). 

J'ai fait une sorte d'expérience cruciale. L. lacteus a été amputé de la 
portion précéphalique ; la partie séparée ainsi était complètement privée 


(1) Bull. de l'Acad. Imp. des Sc. de Saint-Pétersbourg, 1910 (présentée en 
mars 4910), Zoolog. Anzeiger, t. XXX VI, 1910. 

(2) La communication de Nussbaum et Oxner a été publiée au mois de 
janvier 1910 dans un organe peu répandu (Bull. Acad. Cracovie), n'ayant pas 
de caractère zoologique ni biologique en général; c’est pourquoi je n'ai pris 
connaissance du travail des deux auteurs cités que six mois après son appa- 
rition et je n’ai pu le citer dans mes communications préliminaires. 


542 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


d'endoderme, parce que ne contenant pas d’intestin, tout l'intestin, la 
bouche incluse, restait dans l’autre partie. Des portions semblables de 
L. lacteus privées d'endoderme ont régénéré tout l'intestin, l'examen a 
montré que l'intestin dérive dans ces cas du mésoderme, notamment 
des éléments du parenchyme, des parois différenciées de vaisseaux 
latéraux et de la musculature. La nature mésodermique de l'intestin qui 
se forme dans les portions de Z. rubes et L. lacteus privées d’endoderme 
a été constatée aussi par Nussbaum et Oxner (4910, 1911, 1912). 

Comment faire cadrer avec la théorie des feuillets embryonnaires ce 
fait que l'intestin, habituellement d'origine endodermique, dérive dans 
ce cas particulier du mésoderme? J'ai cru tout d'abord que ee fait por- 
teraït un coup fatal à la théorie des feuillets, mais après analyse du 
processus, je suis arrivé à la conclusion que notre cas n'infirme aucu- 
nement la théorie des feuillets embryonnaires. : 

En effet, comme l'ont montré les recherches de Arnold (1898), 
Salensky (1909, 1912), Loe (1897), Nussbaum et Oxner (1913), le méso- 
derme de némertines est un cœloblaste (1) (mésoblaste des autres 
auteurs). Le noint de départ de ce mésoderme est rigoureusement loca- 
lisé, et son développement est bilatéralement symétrique; chez L. rubes, 
il dérive du blastomère %d, du méme blastomère dont dérive le cœlo- 
blaste des annélides et des mollusques. 


Analysons à présent la notion du cœloblaste. Le cœloblaste dérive de l’endo- 
derme. Mais ce n'est pas tout. Suivant la théorie moderne des feuillets 
embryonnaires, au moment de son apparition, les éléments embryonnaires du 
cœloblaste contiennent des éléments de l’endouüerme; chez tous les cælomata, le 
blastomère 4d, qui donne naissance au cœloblaste, différencie plusieurs cel- 
lules endodermiques que l’on désigne sous le nom d’ « entéroblastes ». Ces 
entéroblastes, qui se sont séparés du blastomère mésodermique primaire 4d, 
prennent parfois part à la formation de l'intestin moyen (chez plusieurs 
Polychètes, Mollusques,etc., suivant les observations classiques de Conclin, 
Wilson, etc.), mais parfois, à ce qu'il paraît, ils peuvent rester passifs durant 
toute la vie, en se mélangeant avec les éléments du cœloblaste. Dans ce cas, 
le mésoderme d'un organisme adulte contiendra, durant toute sa vie, des 
éléments de l’endoderme. 

Il peut se présenter aussi des cas où les entéroblastes ne se différencieront 
pas du blastomère mésodermique 4d, et alors le mésoderme formé de ce 
blastomère contiendra des éléments embryonnaires de l'endoderme, sinon 
sous la forme de cellules, du moins sous la forme d’un potentiel endoder- 
mique. En un mot, suivant la théorie moderne du mésoderme, ce n’est que 
dans le cas où les entéroblastes différenciés font partie de l’endoderme de 
l'embryon, c'est-à-dire dans le cas où ils ont pris part à la formation de l’in- 
testin moyen, que le cœloblaste ne possède pas de propriétés endodermiques. 


(4) Par cæloblaste, je désigne au lieu de mésoblaste) le mésoderme qni 
donne naissance aux sacs cœlomiques. 


‘ 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE s 


L> 
CS 


On doit se demander ce qui se passe en ce qui concerne le cœlo- 
blaste chez les némertines. Si l'on en juge d’après les dessins du 
travail de Loe, ce n’est que chez C'erebratulus que l’on peut supposer, à 
l'heure actuelle, l'existence des entéroblastes. Mais si les éléments endo- 
dermiques se différencient du cœlo-mésoblaste, nous n'avons pas de 
raisons de croire que les éléments endodermiques embryonnaires qui se 
sont séparés prennent part à la formation de l'intestin moyen. On est 
ainsi en droit de supposer que le mésoderme définitif d’une némertine 
adulte contient des éléments endodermiques. Ces éléments endoder- 
miques embryonnaires restent d'ordinaire passifs, mais dans des cas 
exceptionnels, par exemple dans les conditions de l'expérience citée 
plus haut, lorsque tout l'intestin est enlevé, et, par conséquent, tout 
l'endoderme actif est aussi enlevé, les éléments endodermiques passifs, 
qui se trouvent dans le mésoderme sortent de leur état latent, deviennent 
actifs et créent un nouvel intestin (4). 

Ainsi, conformément à l'hypothèse citée ci-dessus, le nouvel intestin 
qui se forme dans les portions de Zineus privées de l'intestin prend 
naissance non dans le mésoderme, mais dans l’endoderme. Par consé- 
quent, les expériences faites par moi et par mes collègues polonais qui 
ont paru, au premier abord, fatales à la théorie des feuillets embryon- 
naires, non seulement n'infirment pas cette théorie, mais la confirment 
en donnant une base expérimentale au fondement morphologique de la 
théorie moderne du mésoderme, créée par les travaux de Conclin, 
Wilson, Salensky et d’autres auteurs. 


(Laboraloire de Zoologie, Acadéimie Impériale des Sciences 
à Saint-Pétershourg.) 


(1) El est intéressant que chez Cerebratulus, chez lequel, en me basant sur 
les dessins de Loe, je suppose l'existence des entéroblastes qui, peut-être, 
prennent part à la formation de l'intestin et chez lequel, par conséquent, le 
mésoderme est privé de potentiel endodermique, il ne se forme pas, dans les 
portions précéphaliques, d’intestin nouveau. 


ne nm 


Le (rérant : OcTAVE PORÉE. 


L. MAREr8Eeux, imprimeur, {, rue Cassette. 


SÉANCE DU 


ARLO (J.) et CERTAIN (F.) : Forma- 
tion des hémolysines dans le sang 
desanimaux préparés. Influence des 
injections répétées d’hématies sur 
le pouvoir hémolytique . ...... 

DEBRÉ (ROBERT) et Parar (JEAN) : 
Bases expérimentales de la séro- 
thérapie antigonococcique.— Il. Mé- 
ningite cérébro-spinale aiguë déter- 
minée chez le singe. Son traitement 
par le sérum antigonococcique . . . 

DEJERINE (J.) : Le syndrome des 
fibres radiculaires longues des cor- 
HONS POSLÉLIEULSE 0e eee. 

GILBERT (A.), TzANCKk (A.) et GUIMANN 
(R.-A.) : Les bruits n’ont pas de 
tonalité 

Gouix (ANDRÉé) et AnpouarD (P.) : 
De l'influence du sucre sur la diges- 
H'onsdenltazote.tmer 210 PUR 

Hexrr (Victor) Remarques à 
propos de la communication de A. 
Gilbert, Tzanck (A.) et Gutmann 
(R.-A.) 

Iscovesco (H.) : Propriétés physio- 
logiques d’un lipoïde (Il Bd) extrait 
de la partie médullaire des capsules 
surrénales 

Levaniri (C.), Marie (de Villejuif) 
et MarTez (DE) : Traitement de la 
paralysie générale par injection de 
sérum salvarsanisé sous la dure- 
mère cérébrale 

Mawas (Jacques), MAYER (ANDRÉ) 
et Scaærrer (GEORGES) : Action de 
quelques fixateurs des cellules ner- 
veuses sur la composition chimique 
du tissu 

OECHNSNER DE CONnINCK ( W.) : Quel- 
ques remarques au sujet de la réac- 
tondeldmurexide te etre 

OzLivE et COLLIGNON : 
de l'épidémie de Cholet ....... 

ReTTerer (En.) et NEUVILLE 
Structure du gland de quelques 
Carnivores 

Taomsox (Wizciam R.) : La spéci- 
ficité des parasites entomophages 
(Deuxième note.) . 


a Net av vitelets, she la 


es een leliaene. je lo coute dia ets Re  » 


seiho de Messie) oi eve ie DE ver ele 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913: T. LXXV. 


13 DÉCEMBRE 1913 


SOMMAIRE 


571 


Ot 
ra 
œ 


567 


259 


e 


WEISS (GEORGES) : À propos des 
sons et des bruits. , ..... Le 


Réunion biologique de Bucarest. 


ATHANASIU ([.) et DraGoru : Sur 
les capillaires aériens des fibres 
musculaires chez les insectes. . . . 

Bages (V.), AUREL et BABES (A.) : 
Un cas de maladie de Gaucher, avec 
grandes cellules éosinophiles. .. 

MARINESCO (G.) : Sur le mécanisme 
chimico-colloïdal de la sénilité et le 
problème de la mort naturelle . . . 

ManinescO (G.) et Minea (J.) 
Quelques différences physico-chi- 
miques entre les cellules des gan- 


glious spinaux et leur axone.. 
OBreGrA (A.) et Prruresco : La 

séro-réaction d'Abderhalden dans 

latpellanrene secs EN 
OBREGIA ‘(A.). UrEcHrA (C.-J.) et 


PorerA (A.) : Le coefficient uréo-sé- 
crétoire d'Ambard dans ia paralysie 
DONÉPAS: re DE Re 

PAuLesco (N) : Origines du glyco- 
gène. Acides gras, glycérine, alcool 
éthylique.(suife), :, . .. ARE 

PauLesco (N.) : Signification de 
ÉalbOMINURER EE RENE ARE 

Urecaia (J.) et Popgra (A.) : La 
méthode d'Abderhalden chez les ani- 
maux en état de tétanie expérimen- 
tale 


sn oo ln teur miel s re) te ie de: le ea ee 


Réunion biologique de Bordeaux. 


AUCHÉ (B.) : Le lait des femmes 
tuberculeuses . . . .. eee 

Bonxerox et Lacoste : Nouvelles 
recherches expérimentales sur la 
transplantation de la cornée et 
l’évolution histologique des gref- 
fons 


Réunion biologique de Nancy. 


BroouiN-LACOMBE (A.) : Sur un ca- 
ractère différentiel entre Bacillus 


38 


546 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


mesentericus niger et Bacillus lactis raine d’Orchestia botltæ Milne Edw. 603 
RAT BTE date ein Re dell one 598 Mercier (L.) : Recherches sur la 
Cozzix (R.) : Les relations des spermatogénèse chez Panorpa ger- 
corps de Nissl'et des neurofibrilles manie lite en RATS de 605 
dans la cellule nerveuse. . . . . .. 600 SARTORY (A.) : Localisation de la , 
Durour (M.) : Sur le centrage des muscarine dans Amanita muscaria 
verres de lunettes (Première note.). 601 | L. (Fausse Oronge). . . . . ..... 607 


LIENRART (R.) : Présence en Lor- 


% 


Présidence de M. Dastre, Président. 


MM. GuizciermonD et MENDELSSONN, membres correspondants, assistent 
à la séance. 


PRÉSENTATION D OUVRAGE. 


M. DoprTEr. — Au nom de M. Sacquépée, professeur agrégé du Val- 
de-Gräce, et au mien, j'ai l'honneur de faire hommage à la Société de 
Biologie d'un ouvrage auquel nous avons tous deux collaboré. C’est un 
Manuel de bactériologie ; ce livre a été conçu dans le sens suivant : 

Après avoir exposé les caractères généraux des bactéries et leur: 


physiologie, nous avons résumé les doctrines actuelles de l’immunité 


et de l’anaphylaxie. Puis, après une étude sur les propriétés du sérum 
des animaux immunisés, nous avons entrepris celle de chaque germe 
en nous attachant, leur description une fois faite, à montrer comment 
devait s'effectuer le diagnostic de l'infection produite chez l’organisme 
malade. Enfin, nous avons consacré un certain nombre de pages à 
l’analyse bactériologique des humeurs, en montrant comment le bacté- 
riologiste, mis en présence d'un pus, d'un exsudat, etc., devait conduire 
son expertise pour arriver au diagnostic cherché. 

Le but que nous avons poursuivi sera atteint si notre livre peut 
rendre service non seulement à l’homme de laboratoire, maïs aussi au 
praticien, voire même à l'étudiant. 


À PROPOS DE L'ÉPIDÉMIE DE CHOLET. 


Note de Ozcive et COLLIGNON, présentée par VINCENT. 


Nous avons observé quatre malades, victimes d’une toxi-infection 
attribuée à l’ingestion d'une crème dans un repas de noces à Cholet. 

Celle crème, préparée le lundi après-midi, fut consommée le mardi 
à 9 heures du soir. Les premiers accidents apparurent chez nos malades 
quatre à cinq heures après la fin du repas. 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 


Cr 
re 
1 


Nous avons prélevé, dans la veine de M" L... et de sa fille, du sang, 
qui fut ensemencé et mis en culture aérobie et anaérobie. 

En outre, des ensemencements furent faits, en gélose aérobie et 
anaérobie, avec les vomissements et l'urine de M"° L... et avec Îles 
matières fécales de sa fille. 

Trois hémocultures furent négatives, mais la culture 2n milieu 
anaérobie du sang de M L... nous permit de déceler à l'état pur un 
microbe nouveau retrouvé, avec facililé, dans les vomissements, les 
urines et les matières fécales soumis à notre analyse. I s’agit de 
bacilles trapus, longs de 3 à 5 et larges de 1 v, à extrémités arrondies, 
souvent réunis en amas. 

Ces éléments sont émmobiles et dépourvus de cils. Dans le sang, ils 
présentent une capsule qui disparaît dans les cultures, sauf dans les 
cultures jeunes, en milieux solides. 

Ce bacille se décolore par la méthode de Grain. I n'est pas acido- 
résistant. Son protoplasma n'a pas un aspect homogène ; il se colore Le 
plus souvent aux deux pôles. 

Ce microbe est anaérobie facultatif. Dans les cultures sur gélose, à 
l'abri de l'air, il donne des gaz. Il pousse très vite sur tous les milieux 
de culture usuels. Il se développe déjà bien à 15 degrés: sa tempé- 
rature optima est de 37 degrés. 

Dans la gélatine à 22 degrés, ce bacille présente, dès le quatrième 
jour, des colonies d’aspects crémeux, blanchâtres. La gélatine n’est pas 
liquéfiée. En gélatine-piqüre, il se développe le long du trajet et donne 
à la surface une nappe sinueuse, d'aspect crémeux. En strie, il se pro- 
duit une bande opaque, blanc-grisâtre à reflets brillants. 

Sur pélose et pomme de terre, culture grasse, épaisse, jaunètre, moins 
abondante sur sérum coaqulié. 

Dans le bouillon, trouble rapide. avec formation d'un dépôt muqueux. 
Dans le lait, en général, pas de coaqulalion. 

La gélose sanglante est un excellent milieu de culture. 

Le bouillon au neutral-roth est viré avec fluorescence verdâtre., // 
donne de l'’indol en eau peptonée. Il pousse dans le bouillon phéniqué à 
0,65 p. 1000 à 41 degrés. 

Il fermente activement lactose, maltose el lévulose. La gélose de 
Wurtz est rougie, alcalinisée ensuite. 

Ce germe n’est pas agglutinable par le sang des malades ni par ie 
sang des animaux morts après inoculation. 

La vitalité de ce germe paraît grande. Ensemencé depuis dix jours 
dans l’eau stérilisée, il s’y maintient vivant. 

Il persistait à l’état vivant dans les vomissements et les matières 
fécales de nos malades, vingt jours après leur prélèvement. 

Ensemencé dans de la terre stérilisée el maintenu à la température 
- ordinaire, il se conserve parfaitement depuis dix jours. 


548 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Sa virulence esl considérable. Inoculé dans le péritoine à la dose de 
1/2 à 4 c.c. de bouillon de vingt-quatre heures, il tue les animaux de 
laboratoire en moins de douze heures. 

Sa toxine agit de même. Elle tue le cobaye en trois jours. 

À l'aulopsie des animaux morts après inoculation, on remarque une 
sérosité filante dans les plèvres et le péritoine. Le foie est gros, la rate 
normale, les intestins sont rougeàtres. Le sang du cœur est noir et 
fluide. 

Les organes et le sang renferment en abondance le bacille inoculé. 

Ce bacille, qui se rapproche du groupe des Salmonelloses par cer- 
lains caractères, doit cependant en être séparé. Il est en effet immobile 
et capsulé; il ne présente pas le phénomène de l’agqlutination. 

On doit le ranger dans la classe des bacilles capsulés à côté du Bacillus 
lactis aerogenes et surtout du bacille de Friedlander, dont il ne diffère 
que par la production de l’indol et par certains caractères de ses 
cultures. 

C'est, en somme. une variété de bacille de Friedlænder. 

Nous avons préparé une crème faite de lait bouilli, de blancs d'œufs 
et de sucre mélangés dans un tube à essai; le tube ensemencé avec 
notre germe a été abandonné pendant vingt-quatre heures. 

Ce mélange, injecté ensuite dans l'estomac d’un cobaye, l’a tué en 
quarante-huit heures. 

Nous pensons que le lait ou les blancs d'œufs, en cas d'épidémie, sont 
contaminés par les mouches qui se sont trouvées en contact avec les 
vomissements ou les matières fécales de malades précédemment atteints 
par un germe moins virulent peut-être, ou par les mains souillées de 
personnes appelées à confectionner les aliments. Les cas sporadiques 
bénins peuvent servir d'intermédiaires aux cas épidémiques. 

Le bacille a sécrété dans un milieu de culture si favorable des toxines 
très actives qui expliquent la précocité des symptômes cliniques. Ces 
toxines ont provoqué la mort si rapide de certains malades. 

Dans les formes plus prolongées, comme celles que nous avons vues, 
le bacille a gagné le sang, ce qui nous à permis de le retrouver: 
l'intoxication du début est devenue une toxi-infection. 


PROPRIÉTÉS PHYSIOLOGIQUES D'UN LIPOÏDE (IT Bd) 
EXTRAIT DE LA PARTIE MÉDULLAIRE DES CAPSULES SURRÉNALES, 


par H. Iscovesco. 


J'ai exposé, dans la séance précédente de la Société de Biologie, Les 
résultats que j'ai obtenus en injectant à des animaux et à des hommes, 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 549 


un lipoïde que j'ai extrait des parties corlicales des glandes surrénales. 

J'ai extrait de la partie médullaire des capsules surrénales le lipoïde 
homologue (Il Bd) qui a des propriétés tout à fait différentes, que 
je vais exposer ci-après. | 

Ce lipoïde s'obtient des parties médullaires par la même technique 
qui a servi à l'extraction du lipoïde cortical. Il représente la partie 
insoluble dans l'acétone, de la partie soluble dans l'alcool, de la portion 
soluble dans l'éther de pétrole, de la fraction soluble dans le benzol 
et insoluble dans l’acétone du groupe II, c'est-à-dire du groupe soluble 
dans l’éther et insoluble dans l'alcool de la partie médullaire des 
capsules surrénales. 

J'ai injecté à six lapins, âgés de quatorze mois, tous ies jours un 
demi-centimèêtre de ce lipoïde par kilo d'animal. Le lipoïde était 
en solution huileuse et l'injection hypodermique était faite dans le tissu 
cellulaire lâche de la nuque. 

Les animaux traités ainsi que les témoins ont été sacrifiés le soixan- 
tième jour de l'expérience. Tous les organes ont été pesés, et je donne 
ci-après le poids des organes des animaux traités (en grammes par kilo 
d'animal ainsi que ceux des animaux témoins). 

Tous les animaux traités étaient en parfaite santé. Pendant ces 
deux mois qu'a duré l'expérience, les animaux traités ont gagné 
2,5 p. 100 de leur poids initial, tandis que les témoins n’ont gagné 
que 4,40 p. 100 de leur poids. 

Ceci prouve que le traitement n’a troublé en rien la santé générale 
des animaux soignés. J'ajoute que ces derniers ne présentaient pas 
d'athérome vasculaire et que leurs aortes étaient normales. 

Voici maintenant le poids des organes. Tous les animaux étaient des 
femelles : 


POIDS MOYENS! CAPSULES |  CŒUR FOIB JOVAIRES) RATE | REINS [THYROIDE| UTÉRUS 


Témoins norm.. ,136 | 2,69 | 3,6010.,090! 0,48! 6.40 


Animaux traités.| 27 BAT 3,80 | 3,6010,135| 0,82| 7.50 | 0,081| U,80 


On voit que ce lipoïde excite légèrement les capsules, mais beaucoup 
moins que le lipoïde provenant de la partie corticale; de plus, cette 
excitation porte surtout sur la portion médullaire, parce qu'elle est 
accompagnée d’un relèvement de la pression artérielle et d’un ralentis- 
sement du pouls (observations faites sur l’homme). 

Ce lipoïde excite le cœur en ce sens que, au bout de soixante jours, 
au lieu de 2 g. 69 de cœur par kilo d'animal on en trouve 3 g. 80. 

. Son action sur les autres organes à sécrétion interne est nulle ou insi- 


550 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


gnifiante, à part cependant les organes génitaux dont l'excitation 
n'est pas négligeable. Injecté à l’homme à la dose de 2 à 3 centimètres 
par jour, on observe : | 

1° Un ralentissement du pouls et une augmentation de la pression 
artérielle qui durent douze à vingt-quatre heures et plus ; 

2° Un sentiment de bien-être extrêmement net surtout chez des 
hypotendus et, en particulier, dans les cas de tuberculose pulmonaire 
accompagnés d'hypotension ; 

3° Une aptitude plus grande au travail. 

Les propriétés différentes de ce lipoïde et de celui que j'ai décrit . 
dans la séänce précédente, permettent de penser que dans la maladie 
d'Addison, lasthénie et les troubles cardiovasculaires sont liés à 
une altération de la partie médullaire des capsules surrénales, et qu’au 
contraire la pigmentation et les troubles cutanés sont liés à une lésion 
irritalive primitive ou secondaire des parties corticales. 


(Travail du Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 


DE L'INFLUENCE DU SUCRE SUR LA DIGESTION DE L'AZOTE, 


par ANDRÉ GouiIx et P. ANDOUARD. 


Nous avions déjà constaté (1) que, chez les bovidés en croissance, le 
sucre diminuait l’activité des échanges organiques et réduisait le taux 
des dépenses vitales. Nous avons recommencé une étude semblable sur 
le porc. 

La ration journalière de notre sujet, un jeune animal, comprenait 
500. grammes de tourteau d’arachides et 70 grammes de farine d'os 
dégelatinés; nous lui avons donné, en outre, sans limiter son appétit, 
du manioc pendant 42 jours, puis des topinambours desséchés, pendant 
également 42 jours. 

Nous avons recueilli, pesé et analysé l’ensemble des déjections ; nous. 
avons fait de même pour les aliments. 

Le porc gagnaït 667 grammes au régime de l’amidon, 595 grammes 
au régime sucré. La croissance et l’engraissement se faisant simultané- 
ment dans la race porcine, et les moyens pratiques d’apprécier les 
progrès de ce dernier manquant totalement, nous ne saurions dire si le 
taux des dépenses vitales s’est maintenu sans changement avec le sucre, 
comme avec l'amidon. 

Toutefois, alors que l'amidon du manioc était intégralement digéré, 
nous avons remarqué qu'il n’en élait pas ainsi pour le sucre du topinam- 


(1) Séances des 12 juillet 1912 et 2% mai 1913. / 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 


Déré 


bour. Au cours de la digestion, celui-ci produit des déchets volumineux, 
dans lesquels sont englobés des fragments encore intacts et qui échap- 
pent jusqu'au bout à l'action des sues digestifs. 

Dans cette expérience, comme dans les précédentes, l’action du suere 
sur la digestion des matières azotées nous parait très caractérisée. Cet 
hydrate de carbone oppose certainement un obstacle à l'action des 
microbes, qui vivent dans l'intestin aux dépens des albuminoïdes 
ingérés et qui provoquent la déperdition d’une partie de leur azote à 
l'état gazeux : il diminue, en effet, notablement les pertes dans le bilan 


azoté. 


Il agit, en outre, d’une facon très marquée, pour augmenter la pro- 
portion de l'azote non digéré, sans que nous puissions dire par quel 
mécanisme. Ces effets ressortent du tableau suivant. 
Dans nos calculs, les quantités de protéine, fixées par kilogramme 
gagné, ont été évaluées à 180 grammes pour les bovidés, à 165 grammes 
pour le porc. Un peu plus ou un peu moins ne changerait guère les 


résultats que nous présentons ici. 


Régime. 


Durée de l'expérience (jours) . 


Répartition de l'azote, p. 100 : fèces. 
Fuile. RES nes bre ne à 


Urine. 


Croit. 


-lamidon| sucre |amidon| sucre 


VELLE 


TN | 


GÉNISSE, 
TR 
amidon 


9% ,1T 


100,00! 100,00/100,00[ 100,00 


28.64 
9,26| 45, 
100 ,00/100, 00! 


Le sucre agit encore comme conservateur de l'azote dans les excré- 
ments; on peut en, juger d’après la proportion des pertes par volatili- 
sation, pendant la dessiceation des échantillons recueillis : 


10,39 p. 100 0,62 p. 100 6,80 p. 100 


5,33 p. 100 12,72 p. 100 


1,80 p. 100 


Sans entrer dans de plus longs détails, nous mentionnerons seulement 
que notre porc a consommé, pendant chaque période de 42 jours: 


Protéine, tourteau et os. . 10.776 pr. 
—,  Mamioc. + . . . . 4.116 gr. 
11.892 or. 

Brotémestécale =... 3.861 or. 


Proportion ete 0228.930p 100 


Protéine, tourteau et os. . 


Protéine; topinambours . 


Protéine fécale . 
Proportion. . . 


11,327 8e 
6.128 gr. 
17.455 gr. 
8.506 gr 
18,73 p. 400 


552 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Quelque précaution que l’on prenne, pour les bovidés, les bilans 
nutritifs de longue haleine comportent toujours une balance de l'azote 
très supérieure à celle que légitiment les progrès de la croissance. Un 
des nombreux bilans que nous avons établis au cours des dix dernières 
années a fait exception. 

Dans ce bilan, d’une durée de 56 jours, l'azote s’est ainsi réparti: 


HéCES mur TETE ee CAR ne 22 412 SDL 0 0 
DTA des De LORS LA REA 4 1,44 — 
UNE LR NC AN EE PET SNS OA Eee 3 5102 — 
COL LT EE ER en 2 0e — 

100,00 p. 100 


L'animal était au régime sucré ; il consommait une forte quantité de 
mélasse. Pour lui aussi, le sucre avait réduit sensiblement la digestion 
de l'azote et s'était opposé à sa déperdition par fermentation. 

Cette expérience avait lieu en 1904. Nous n'avions pu alors nous 
rendre compte de l'enseignement qu'elle comportait ; le nombre de nos 
observations était encore restreint. Les études sur la nutrition ont 
souvent besoin de s’éclairer, les unes les autres, avant qu’on puisse 
arriver à en Lirer des conclusions sérieuses. 


FORMATION DES HÉMOLYSINES DANS LE SANG DES ANIMAUX PRÉPARÉS. 
INFLUENCE DES INJECTIONS RÉPÉTÉES D'HÉMATIES SUR LE POUVOIR HÉMOLYTIQUE, 


par J. ARLO et B. CERTAIN. 


Il nous à paru intéressant de rechercher si Les hémolysines apparais- 
sent dans le sang d'un animal préparé dès le lendemain de l'injection 
d’hématies; de vérifier quel est le nombre optimum d'injections néces- 
saires pour obtenir le pouvoir hémolytique maximum, et l'influence des 
injections répétés d'hématies sur le pouvoir hémolytique. 

Trois lapins recoivent : 

Le n° 1, une injection de 41 c.c. d’hématies lavées de chèvre sous 
la peau (correspondant à 1 e.c. de sang initial); 

Le n° 2, deux injections à trois jours d'intervalle; 

Le n° 3, trois injections à trois jours d'intervalle. 


Les lapins 1 et 2 recoivent 2 c.c. d'hémalies, le neuvième et le dix- 


neuvième jour; le lapin 3 recoit 2 c.c. d’hématies le douzième et le 
vingt-deuxième jour. 
Les animaux sont saignés dès le lendemain de la première injection. 
Le pouvoir hémolytique est dosé dans le sérum avec de l'alexine 
fraiche de cobaye et des hématies lavées de chèvre (0 c.c. 05 d’alexine 
et0 c.c. 225 d'hémalies, volume correspondant au sang initial). 


SANSER 2 TIOITRTE 


(TA 
Co 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 55 


L'examen des courbes ci-dessous montre que l’hémolysine apparait 


TRE 15 | FER 
350 1h. EE FAAIERTE ke 
ÉT ENE 


DE 


700. 


| 
Er En ÉRURRRE 
RE | ns 


D ASE: SPHEEZErET 24 © 26 2 re 
Eee) 
PE A CSS = En me 


dans le sérum dès le lendemain de la première injection pour croilre 
peu à peu. La deuxième injection amène une chute, bientôt suivie d’une 


554 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


——_——— 


nouvelle augmentation du pouvoir hémolvtique. Ce fait se reproduit 
après chaque injection. 

Le sérum a atteint son pouvoir maximum, pour le lapin II, cinq 
jours après la quatrième injection, c’est-à-dire le dix-septième jour; 
pour le lapin IT, le quatorzième jour, c'est-à-dire après trois injections; 
pour le lapin [, le quatorzième jour, c'est-à-dire après deux injections. 
Le maximum une fois atteint, il se produit une baisse rapide, et les 
injections suivantes ne reproduisent plus un taux hémolytique aussi 
élevé. 

En résumé, les hémoltysines apparaissent dans le sérum dès le len- 
demain de l'injection d'hématies ; 

Deux injections d'hématies, faites à huit jours d'intervalle, sont suffi- 
santes pour donner au sérum son pouvoir hémolytique le plus élevé; 

Une nouvelle injection d’hématies amène une baisse du pouvoir 
hémolytique, suivie, après deux à quatre jours, d’une ascension rapide. 


(Institut Pasteur de Lille.) 


LE SYNDROME DES FIBRES RADICULAIRES LONGUES DES CORDONS POSTÉRIEURS, 


par J. DEJERINE. 


Je désigne, sous ce nom, un mode spécial de dissociation de la sensi- 
bilité que j'ai constaté dans trois cas de sclérose des cordons posté- 
rieurs accompagnée de sclérose des cordons latéraux, et dont un a été 
suivi d'autopsie et d'examen histologique. 

Il existe tout un groupe de parapiégies accompagnées d’incoordina- 
tion des mouvements — tabes alaxo-spasmodique — et dans lequel on 
peut, au point de vue anatomo-pathologique, distinguer deux variétés 
très différentes l’une de l'autre. Dans la première, il s'agit de tabes clas- 
sique compliqué d'une sclérose des cordons latéraux — sclérose com- 
binée —, À l’aulopsie, on trouve les lésions du tabes banal : atrophie 
des racines et des cornes postérieures avec sclérose des cordons corres- 
pondants, accompagnée d'une sclérose des cordons latéraux. La para- 
plégie est lantôt flasque, tantôt spasmodique, elles membres supérieurs 
peuvent parfois être pris. L'ataxie est plus ou moins marquée. Il existe 
des douleurs fulgurantes, du signe d’Argyll-Robertson; les troubles de 
la sensibilité sont les mêmes que dans le tabes classique et présentent 
les caractères de la dissociation dite « tabétique », à savoir : altération 
très marquée de la sensibilité tactile avec intégrité complète ou presque 
complète des sensibilités douloureuse et thermique — le trouble pré- 
senté par les malades du côté de ces derniers modes de sensibilité, 


po 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 555 


. consistant bien plus dans un ralentissement de la transmission des 
sensations de douleur et de température que dans une diminution de 
l'intensité de la perception de ces sensations —. Il existe, en outre, des 
altérations très intenses de tous les modes de la sensibilité profonde 
— sens des attitudes, sensibilité osseuse, sensibilité à la pression dou- 
loureuse profonde — et du sens stéréognostique. Les réflexes tendineux 
sont exagérés ou abolis suivant les cas, le signe des orteils est constant. 

IL existe une deuxième variété de sclérose combinée à marche dite 
« subaiguë », relevant non de la syphilis comme la précédente, mais de 
processus infectieux où toxiques encore mal déterminées ou de lanémie 
pernicieuse, débutant elle aussi par des accidents de paralysie, le plus 
souvent spasmodique, accompagnée d’ataxie etenvahissant les membres 
supérieurs (Lichtheim, Minnich, Dejerine et Thomas, etce.). Les réflexes 
tendineux sont exagérés ou abolis, le signe des orteils est habituel. [n’y 
a pas de douleurs fulgurantes, les pupilles ont des réaclions normales 
et les troubles de la sensibilité présentent, ainsi que j'ai pu le constater 
dans les trois eas que j'ai observés, des caractères très différents de ceux 
que l’on observe dans la première variété de selérose combinée — tabes 
compliqué de selérose des cordons latéraux —. Dans la sclérose com- 
binée subaiguë, en effet, on n'observe pas le mode de dissociation de la 
sensibilité dite « tabétique », mais un autre mode de dissociation, 
caractérisé par l'intégrité de tous les modes de la sensibilité superfi- 
cielle, de la sensibilité tactile en particulier. Quant aux sensibilités 
profondes — sens des attitudes, sensibilité osseuse, sensibilité à la 
pression profonde — et àù sens stéréognostique, ils sont, comme dans 
le Labes, très altérés ou abolis. 

Cette intégrité des sensibilités superficielles, et en particulier de la 
sensibilité tactile dans les seléroses combinées à marche subaiguë, 
alors que cette sensibilité tactile est très altérée dans le tabes et dans 
les scléroses combinées tabétiques, me paraît conditionnée uniquement 
par le mode de localisation de la lésion dans les cordons postérieurs, 
dans l’une et l’autre variété. Dans le tabes comme dans la slérose com- 
binée tabétique, la partie externe du cordon de Burdaeh est toujours 
sclérosée, c’est par là que débute le processus tabétique, qui n’est du 
reste que la continuation, dans les cordons postérieurs, de la lésion des 
racines correspondantes. Lorsque le tabes est suffisamment avancé 
dans son évolution, les cordons postérieurs sont selérosés au prorata 
du nombre et du siège des racines atteintes : les cordons de Goll et de 
Bardach peuvent l'être dans toute leur étendue, sauf au niveau de la 
zone cornu-commissurale, où il existe des fibres endogènes en assez 
grand nombre. La corne postérieure, enfin, est toujours atrophiée. 

Duns l-s scléroses combinées, à marche subaiguë, la sclérose des 
cordons postérieurs n'est pas d'origine radiculaire, car les racines et 
les cornes postérieures sont intactes, et les cordons postérieurs, comme 


556 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


——— 


les cordons latéraux, se prennent par eux-mêmes, sous l'influence d'une . 


cause infectieuse ou toxique. Enfin, et c’est là le point sur lequel je 
veux insister dans cette communication, dans cette variété de sclérose 
combinée, la topographie de la sclérose des cordons postérieurs n’est 
pas la même que dans le tabes ou dans la sclérose combinée tabétique, 
car la partie externe du faisceau de Burdach — lieu d'entrée dans la 
moelle des fibres courtes et moyennes des racines postérieures, conduc- 
trices des sensibilités tactile, douloureuse et thermique — est respectée 
par la lésion, quelque ancienne que soit l'affection. 

En d’autres termes, dans la sclérose combinée subaiguë, seules les 
fibres longues des cordons postérieurs — cordon de Goll et partie 
adjacente du cordon de Burdach — sont lésées. Or, nous savons aujour- 
d'hui que les différents modes de la sensibilité profonde — sens des 
attitudes, sensibilité osseuse, sensibilité douloureuse à la pression 
profonde — et le sens stéréognostique passent seulement par les fibres 
longues des cordons postérieurs, et ce système des fibres longues est 
le seul qui soit lésé dans les cordons postérieurs au cours des seléroses 
combinées subaiguës. Telle est la raison de la conservation des sensi- 
bilités superficielles, de la sensibilité tactile en particulier. 

Ce syndrome sensitif si spécial, caractérisé par l'intégrité des sensi- 
bilités superficielles avec altération très marquée des sensibilités pro- 
fondes, je le désigne sous le nom de Syndrome des fibres radiculaires 
lonques du cordon postérieur. 


BASES EXPÉRIMENTALES DE LA SÉROTHÉRAPIE ANTIGONOCOCCIQUE 


IT. MÉNINGITE CÉRÉBRO-SPINALE AIGUE DÉTERMINÉE CHEZ L£ SINGE. 
SON TRAITEMENT PAR LE SÉRUM ANTIGONOCOCCIQUE, 


par ROBERT DEBRÉ et JEAN PARAr. 


Nous avons indiqué dans une précédente note que, pour vérifier 
l’action de notre sérum antigonococcique, nous avions déterminé chez 
le lapin une panophtalmie, et pu guérir cette affection par l'injection 
intra-oculaire de notre sérum. 

Nos expériences sur le singe ont confirmé ces premiers résultats. Nous 
avons injecté une émulsion de gonocoques dans le canal rachidien de 
trois singes (deux Macacus rhesus et un Macacus cynomolqus). 

L'injection est faite sous anesthésie chloroformique, après rachicen- 
tèse. Pour être sûr que l'injection intrarachidienne a été convenablement 
pratiquée, il est indispensable d'attendre que quelques gouttes de liquide 
céphalo-rachidien se soient écoulées par l'aiguille. 

Nous avons injecté à chacun de ces animaux une culture sur gélose- 


" 
4 
k 

z 

. 


À: 


OC 
O6 
+ 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 


ascite de trente-six heures, émulsionnée dans une très petite quantité 
d’eau physiologique (moins d’un centimètre cube.) Les trois singes ont 
été injectés avec des gonocoques de provenances différentes. 

Quelques heures (quatre à cinq heures) après l'injection, commencent 
à se manifester des symptômes morbides qui s'aggravent rapidement, 

L'animal est prostré, immobile dans sa cage, présente des crises de 
raideur paroxystique avec rétraction de la nuque, et est pris à plu- 
sieurs reprises de vomissements. 

Puis, les animaux se couchent dans un coin de leur cage et succom- 
bent. La mort est survenue au buut de huit heures pour un singe ; le 
second est mort au bout de dix-huit heures, le troisième, trente- 
huit heures après l'injection. Ce dernier a présenté des signes de para- 
plégie flasque des membres inférieurs. 

Les ponctions lombaires, faites au cours de l’évolution de cette ménin- 
gite aiguë, témoignent de l'intensité du processus de réaction méningée. 
On retire, en effet, un liquide purulent, qui rappelle exactement le 
liquide retiré au cours de la méningite cérébro-spinale due au diplocoque 
de Weichselbaum, tant par ses caractères macroscopiques que par sa 
formule eylologique et l'aspect des nombreux diplocoques intra et extra- 
cellulaires. 

A l’autopsie, nous avons constaté l'existence d’une méningite suppurée 
diffuse cérébrale et spinale. Chez le singe mort au bout de huit heures, 
la réaction était surtout congestive et il n'existait qu'un léger exsudat 
sur le cerveau. 

Dans tous les cas, les gonocoques pullulaient au niveau des méninges 
cérébrales et spinales ; dans un cas, nous avons pu déceler le gonocoque 
(par culture) dans le sang du cœur. Dans les deux cas où nous l'avons 
recherché, nous avons pu relrouver le gonocoque au niveau de la 
muqueuse des fosses nasales dans la zone qui recouvre la lame criblée 
de l’ethmoïde. 

À trois autres singes inoculés de la même façon, nous avons injecté 
par la suite, dans le canal rachidien, notre sérum antigonococcique. 
Chacun de ces animaux avait été inoculé en méme temps qu'un témoin 
et avait reçu une quantité égale d'un germe de même provenance. 

Ces trois animaux présentaient, au moment de l'injection de sérum, 
tous les symptômes cliniques d’une meningite aiguë, et la rachicentèse a 
ramené chaque fois une goutte de pus. 

Un des singes recut ainsi 6 c.c. de sérum en trois fois, un autre 7 c.c., 
le troisième 5 c.c. 

Après chaque injection, on pouvait constater une amélioration dans 
les symptômes cliniques et des modifications concomitantes du liquide 
céphalo-rachidien, au point de vue cytologique et au point de vue de la 
teneur en germes pathogènes. 

Les trois animaux traités par le sérum ont parfaitement guéri. 


58 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


QUELQUES REMARQUES AU SUJET DE LA RÉACTION DE LA MUREXIDE, 
par W. OECHSNER DE CONINCK. 


La réaction de la murexide a rendu de grands services dans Îles 
recherches biologiques : elle est appelée à en rendre encore, puisqu'elle 
paraît s'appliquer à ces nombreux acides aminés, que l’on étudie de 
plus en plus. J'ai donc cherché à fixer la technique de cette réaction, 
espérant ainsi rendre service aux biologistes, qui trouvent dans les 
livres des indications contradictoires et, en général, un peu vagues. Je 
me suis d'abord attaché à l’étude de la réaction de l'acide azotique sur 
l'acide urique et les urates acides, ou diurates. 

Lorsque, sur quelques milligrammes d'acide urique, on instille 
quelques gouttes d’acide azotique blanc ordinaire, et qu'on chauffe très 
doucement, on voit se former un corps rouge, mais, en même temps, il 
se produit, en général, un corps jaune qui correspond à un degré 
d’oxydation inférieur. En effet, si on chauffe plus longtemps, ef toujours 
aussi doucement, il devient bientôt orangé, rouge orangé, puis rouge. Il 
devient aussi rouge au contact des alcalis, tels que la lithine en solution 
aqueuse concentrée, l’eau de chaux saturée, etc., et il ne tarde pas 
à s'y dissoudre. Les auteurs recommandent de traiter le corps rouge 
par une petite quantité d'ammoniaque, ce qui donne une couleur rouge 
pourpre, ou de potasse, ce qui fournit une coloration bleue {bleu franc, 
bleu violet). Ici, je ferai remarquer que si l'on emploie la potasse comme 
réactif, il faut avoir soin d'employer de Ia polasse très pure (potasse 
à l'alcool). Lorsqu'une potasse renferme diverses impuretés, et notam- 
ment du carbonate de potasse, les teintes obtenues peuvent varier ; 
on obtient ainsi des colorations qui s’approchent plus du carmin que du 
bleu ou du bleu violacé. J'ai alors recherché quelles étaient les colora- 
tions que fournissaientles principaux réactifs alcalinsetalcalino-terreux. 

Lessive de soude : belle coloration violet foncé. 

Lessive de lithine : belle coloration rouge pourpre. 

Carbonate de potassium ‘solution concentrée) : coloration d’abord 
rouge carmin, virant bientôt au lilas, puis au violet foncé. 

Carbonate de sodium (solution concentrée) : coloration d’abord rouge 
carmin clair, devenant plus foncée, puis virant au violet carminé. 

Eau de baryte : coloration d’un beau violet purpurin. 

Eau de strontiane : coloration rouge carmin foncé. 

Eau de chaux : coloration lilas franc, virant bientôt au violetfoncé pur. 

Lorsqu'on a terminé l'attaque, par l'acide azotique, de l'acide urique 
ou d’un diurate, on laisse la capsule se refroidir pendant quelques ins- 
tants, et, alors qu'elle est encore tiède, on laisse couler, avec une pipette, 
le réactif alcalin sur le corps rouge. La présence d’un peu du corps 


À L G Xe 
Gr AN SN ee Lg co ie ne à LD EE € SD Ga CS Se GS 


Gent ER En 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 539 


= 
jaune ne gêne pas: seulement, dans ce cas, il est bon d'ajouter une plus 
grande quantité du réactif, après avoir, de nouveau, chauffé légèrement 
la capsule. 

({nstitut de chimie générale, Montpellier.) 


LA SPÉCIFICITÉ DES PARASITES ENTOMOPHAGES 


(Deuxième note), 


par WILLIAM R. THompson. 


En 1910, en travaillant dans un des laboratoires de M. le D'L. 0. 
Howard, j'ai fait quelques expériences avec la Tachinaire Stur- 
mia scutellata R.-D., parasite très important du Lépidoptère Por- 
thetria dispar L. Ce parasite dépose de très petits œufs sur les feuilles 
des arbres attaqués par P. dispar. Ingérés avec la nourriture, les œufs 
éclosent dans l'intestin de l’hôte, et les larves du parasite, passant à 
travers la paroi intestinale, se localisent dans des muscles sous-hypo- 
dermiques. 

J'ai donné comme nourriture des feuilles portant des œufs de Sfurmia 
aux chenilles de plusieurs Lépidoptères : Porthetria dispar, Clisiocampa 
disstria et americana, Vanessa anliopa, Hemerocampa leucostigma 
et Parorgyia antiqua. Chez les trois premières espèces, les parasites 
ont effectué leur développement normal; ils ne se développèrent pas 
chez la Vanessa, mais je n’ai pu déterminer leur sort. 

Quant aux deux dernières espèces (1), J'ai donné les œufs du parasite, 
en grand nombre, à plus de deux cent cinquante de leurs chenilles. Je 
n'ai obtenu aucune larve müre du parasite. Sur 44 jeunes larves de 
Sturmia scutellita, trouvées à la dissection, une seule avait grandi. 
Au lieu d’être dans un muscle comme chez l'hôte normal, elle était libre 
dans la cavité générale et de taille inférieure à celle des larves du 
même âge. 42 autres larves (dont 2 étaient dans la même chenille 
que la précédente) étaient mortes, enlourées par des amas phagocy- 
taires, et en dégénérescence ; une dernière, morte d'ailleurs, n’était pas 
entourée de phagocytes. Je n'ai rien vu qui indique une dispersion 
ultérieure des cellules des amas phagocytaires (2). 


(1) Elles se trouvaient ensemble dans presque toutes les expériences, et 
l'on re peut faire un départ exact des résultats entre elles; mais il n’y a 
point lieu de supposer qu'elles se comportent de manières différentes. 

(2) Sans discuter ici en détail ces expériences, je crois pouvoir affirmer 
que les phagocytes s’accumulaient seulement autour de larves déjà malades 
ou mortes. 


560 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Ainsi, on voit que Sturmia scutellata ne peut vivre et se développer 


dans le milieu biologique que ces deux hôtes peuvent lui fournir. Or,. 


ces hôtes sont des Ziparidae, comme P. dispar, l'hôte normal de 
Sturmia sculellata; d'autre part, Clisiocampa disstria et americana, où 
le parasite s’est développé, appartiennent à la famille des Zasiocampidae, 
assez éloignée des Liparidae. Ce sont là deux espèces américaines, que 
Sturmia sculellita — Tachinaire paléaretique — n'a pas attaquées jus- 
qu'ici en milieu libre, mais qui lui offrent (comme le montrent les 
expériences précédentes) des conditions favorables, équivalentes à 
celles qu’elle trouve chez P. dispar ; elle est donc pour ainsi dire adaptée 
d'avance à ces deux espèces américaines. 

Il n'ya pas, comme on le voit, de relation nécessaire entre la taxo- 
nomie des Lépidoptères et la spécificité de leurs parasites. D'autre part, 
comme je l’ai montré dans la première note (1), dans la nature aussi, les 
divers parasites se cantonnent souvent sur un nombre restreint d'hôtes, 
sous l’action des facteurs éthologiques que nous ne savons pas encore 
préciser. Des facteurs de cet ordre doivent éliminer du grand nombre 
des hôtes possibles, de nombreuses espèces, chez lesquelles des para- 
sites donnés pourraient très bien se développer. 


ACTION DE QUELQUES FIXATEURS DES CELLULES NERVEUSES 
SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DU TISSU, 


par JAGQUES Mawas, ANDRÉ MAYER et GEORGES SCHÆFFER. 


Les cytologistes décrivent, dans les cellules nerveuses, un certain 
nombre de formations diverses caractéristiques : corps de Nissl, réseau 
de neurofibriiles, réseau de Golgi, mitochondries, réseau de Kopsch, 
canalicules de Holmgren, ete., etc. Ils admettent que toutes ces forma- 
tions existent dans la cellule vivante et y sont présentes simultané- 
ment. 

Certains auteurs, et notamment Legendre, ont cependant fait remar- 
quer qu'à l’état frais, lorsqu'on examine la cellule nerveuse immédiate- 
ment après le prélèvement, on ne discerne dans le protoplasma aucune 
structure. Il faudrait donc penser, ou que les structures décrites 
n'existent point dans la cellule vivante, ou qu'elles sont composées de 
substances ayant toutes le même indice de réfraction. 

D'autre part, et à ne s’en tenir qu'aux constatations sur pièces fixées, 
on peut faire observer que les formations décrites dépendent étroite- 
ment des fixateurs employés, c'est-à-dire : 1° que la mise en évidence de 


(4) W, R. Thompson. Sur la spécificité des parasites entomophages, 


Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 6 décembre 1913. 


Hurt 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 561 


chacune de ces formations est conditionnée par l'emploi d'un fixateur 

-spécial; 2° qu’on peut à la vérité voir quelquefois simultanément deux 
d’entre elles (par exemple mitochondries et corps de Nissl) en laissant 
les pièces plus ou moins longtemps dans certains fixateurs; mais qu'on 
ne les voit jamais toutes ensemble (mitochondries, corps de Nissl, 
neurofbrilles). \ 

Les cytologistes semblent exiger que les théories physiologiques 
touchant le fonctionnement du système nerveux soient en accord avec 
leurs constatations. Pour les raisons énumérées ci-dessus, il nous 
paraît qu'une investigation préalable est nécessaire. Il nous faut être 
exactement renseignés sur l'action chimique des fixateurs emplovés, 
savoir ce qu ils permettent ou non de conserver des constituants proto- 
plasmiques. C'est seulement après les résultats de cette enquête qu'on 
pourra se demander si les structures observées sont bien réelles, et 
quelle valeur on doit leur atlribuer au point de vue physiologique. 

Nous ne nous arrêterons pas à la constatation d'ordre général. qui 
concerne la déshydratation par les fixateurs. Le système nerveux 
renferme 78 à 80 p. 100 d’eau, qui est un constituant protoplasmique 
fondamental. Après action des fixateurs, on examine fataiement, sur les 
coupes, un précipité déshydraté. Ce précipité renferme-t-il au moins 
tous les éléments du protoplasma, moins l’eau? C’est ce qu'il importe de 
rechercher. 

Le protoplasma de la cellule nerveuse est caractérisé par sa très 
grande teneur en éléments lipoïdes. Il renferme plus de 30 p. 100 de 
son poids sec de ces corps. Nous nous sommes demandé ce que 
deviennent ces lipoïdes lorsqu'on traite les cellules nerveuses par cer- 
taines méthodes cytologiques. Après avoir recherché la teneur en 
acides gras totaux, en cholestérine, en phosphore lipoïdique, d'hémi- 
sphères cérébraux de lapins où de rats normaux, nous avons fait agir 
une série de fixateurs sur des cerveaux d'animaux de même espèce et 
de même poids. Nous avons ensuite dosé les éléments lipoïdes des 
pièces fixées. 

Les résultats sont consignés dans les tableaux suivants. Les dosages d'acides. 
gras et de cholestérine, faits sur des cerveaux de lapins pris au hasard, ont 

été pratiqués par la méthode indiquée dans nos mémoires antérieurs (1). Les 
résultats sont rapportés à 100 grammes secs du tissu normal, ou du tissu, 
après action du fixateur. Sauf dans un cas, après passage par les liquides 
fixateurs, la cholestérine était en quantité indosable, Les dosages de phos- 
phore lié aux lipoïdes phosphore lipoïdique total, faits sur des cerveaux de 
rats, ont été pratiqués par les méthodes que nous avons données dans nos 
mémoires (2). Les dosages étaient faits sur 4 cerveaux réunis. Les résultats 
sont exprimés en P pour 100 grammes du tissu frais primitif. 
; (4) Journal de Physiol. et de Pathol. gén., t. XV, p. 510-594 et 773-783, 1912. 

2) Ibid. 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. —. 1913, T. LXXV. 20 


562 


2 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


1: — Cerveaux de lapins. Proportion des acides gras et de la choles- 
térine dans le tissu fixé avant le passage dans la parafñfine (1). 


ACIDE |CHOLES- 
gras |TÉRINE 


D 


Animal normal. 
Animal normal. 
Animal normal. 


ACIDE |CHOLES- 


FIXATEURS EMPLOYÉS oras [TÉRINE 


Alcool à 70°, 24 heures; | 
alcools; toluène. 


Alcool à 95°, 24 heures: 
alcools ; toluène. 


SaAUER (alcool-chloro- 
forme, acide acétique), 
24 heures; alcools; 1o- 
luène. 


ZENKER (bicromate-su- 
blimé acétique), 24 heu- 
res; alcools; toluène. 


ReGaAup (bichromate 

.lformol), 24 heures ; bi- 

‘[chromate à 37°, 7 jours; 
eau: alcools; toluène. 


ReGAUD (bichrormate 

salformol), 24 heures ; bi- 

"[chromate, 10 jours; eau; 
alcools ; toluène. 


(4) On voit que, sauf dans un cas, après passage dans les liquides fixateurs, , 


ACIDE 
gras 


Animal normal. 27.19:+: 


Ds" 


Animal normal. 27.86 


ACIDE 


FIXATEURS EMPLOYÉ 
ATEU f YÉS gras 


Formol10p.100,24 heu- 


res ; alcools; toluène. 


TELLYESNICKkI (bichro- 
mate acétique), 24 heu- 
res; alcools; toluène. 


THOMASELLI (alcool 
absolu 100 NH3 5 gouttes) 
7 heures; pyridine, 48 
heures à l’étuve; alcools; 
toluène. 


CAgJAL (alcool ammo- 


6|niaque), 24 h., NOSAg ; 


alcools ; toluène. 


CAaJAL (alcool ammo- 
niaque), 24 h., NOSAg ; 
1 semaine: alcools; to- 
luène. 


la cholestérine était en quantité indosable. 


D'autre part, dans le cas du liquide Regaud, il semble que la quantité 
d'acides gras soit supérieure à celle du tissu frais. Mais il ne faut pas perdre 
de vue qu'il s’agit en réalité d'une teneur relative, rapportée aux autres cons- 


tituants du tissu conservés au moment de l'examen. 


Enfin nous devons faire observer qu'après passage dans les fixateurs au 
bichromate, le chiffre des acides gras trouvés à l'analyse doit être considéré 
comme un peu trop fort : il y a en effet toujours une petite quantité de 
chrome entraînée sous forme de laque avec les acides gras, et dont on ne 


peut se défaire. 


CHOLES- 
TÉRINE 


6.86 


G:86 


CHOLES- S 
TÉRINE "à 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 5693 


II. — Cerveaux de rats. Teneur en phosphore lipoïdique total de 
100 grammes de cerveau frais avant et après passage dans les 
fixateurs. 

CERVEAUX PHOSPHORE CERVEAUX | l'HOSPHORE 
d'animaux nouveaux lipoïdique passés dans les fixateurs lipoïdique 
us —_ 

di | Cerveau normal. 0,272 | DoxAGG10. | 4,089 

f| 2 ) 0,252 2? | Formol, puis DONAGGI0 9,079 
3 » 0,252 3 CAJAL. 0,039 


On voit que, d’une facon générale, la plupart des méthodes usitées : 
en cytologie nerveuse font disparaître une grande partie des éléments 
lipoïdes, que l’on mesure leur action par des dosages d’acides gras 
totaux, de choleslérine, ou de phosphatides. On pouvait s’y attendre, 
étant donnés les solvants énergiques qu'elles mettent en œuvre (alcools, 
chloroforme, alcool ammoniacal, pyrydine, elc.). En particulier, les 
méthodes qui montrent le mieux des neurofibrilles ne le font qu'à con- 
dition d'éliminer jusqu’à plus de 80 p. 100 des lipoïdes cellulaires 
— soit la presque totalité des 30 p. 100 du protoplasma que ceux-ci 
constituent. | 

De cette première enquête, il résulte done qu'une partie essentielle 
de la cellule n’est plus représentée dans les images que les cytologistes 
ont sous les yeux. La proportion de substances disparues varie 
d’ailleurs, pour un même fixateur, avec les conditions de son action. 
Elle varie d'un fixateur à l’autre. Comment alors interpréter les images 

obtenues? En ce qui concerne, par exemple, les neurofibrilles, quelle 
idée s’en faire? On pourrait être mené, par les constatations que nous 
venons de relater, à l’idée qu'elles constituent un résidu résistant, un 
« squelette ». Mais comme, pour les observer, on a soumis le proto- 
_ plasma à une précipitation, à une déshydratation, et à une extraction, 

on est en droit de douter de la valeur représentative de ce prétendu 
« squelette ». En réalité, rien n'indique que le protoplasma des élé- 
ments nerveux ne constitue pas un gel homogène. El en tous cas, nos 
connaissances sur la structure fine de la cellule nerveuse ne compor- 
tent peut-être pas un degré de certitude suffisant pour permeitre 
d’édifier ou de combattre des hypothèses physiologiques. 


{Travail des laboratoires de physiologie physico-chimique 
et d'histologie générale de l'Ecole des Hautes-Etudes.) 


564 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


STRUCTURE DU GLAND DE QUELQUES CARNIVORES, 
par Éo. RETTERER et H. NEUVILLE. 


Dans des notes antérieures (1), nous avons décrit la structure du gland 
de plusieurs Félins, Rongeurs et Chéiroptères. Voici ce que nous avons 
observé sur d’autres Carnivores. 


1. Guépard (Cynailurus jubatus Erxi.). — Outre les épines cornées, déjà 
décrites (loc. cit., p. 315), le gland de ce guépard (qui, arrivé jeune à la 
Ménagerie du Muséum, y à vécu deux ans et demi et qui était donc jeune- 
adulte) montrait la structure suivante : les corps caverneux se prolongent | 
jusqu’au tiers distal du gland, long de 4°%5. À partir de ce point, l’albuginée, 
épaisse de 025, entoure-une tigelle de cartilage hyalin, large de 1 millimètre 
et épaisse de 06, Au niveau du méat urinaire, un cordon fibreux fait suite 
au cartilage. , 
Il. Hyène tachetée (Hyaena crocuta Erxl.). — Très vieille; elle a vécu, en 
effet, vingt-quatre ans au Muséum. Le gland, long de 3°%5, aplati de haut en 
bas, se compose : 4° d’un manteau érectile et, 2° d’un axe fibreux, qui ne - 
s'étend que dans la moitié distale de l'organe. A partir de là, la masse fibreuse 
se continue avec l’albuginée des corps caverneux qui, dans la moitié proxi- 
male du gland, sont larges de 4 millimètres et épais de 2"m5. Il y a de nom- 
breuses odontoiïdes sur la base du gland. 
III. Mangouste grise (Herpestes griseus Et. Geof.). — Le gland, long de 1 centi- 
mètre, est hérissé d’odontoiïdes: sa moitié distale est comprimée sur les côtés. 
Les corps caverneux, arrivés au tiers proximal, se continuent avec un os dont 
l'extrémité postérieure est en forme de sablier et dont le corps arrondi, épais 
de Omm75, se termine en avant par un cordon fibreux. 

IV. Paradoxure (Paradozurus typus F. Cuv.). — Dans le gland, long de 
19 millimètres, on distingue trois parties : une partie distale, longue de 7 mil-_ 
limètres, qui représente une pointe conique épaisse de 1 à 3 millimètres; une 
partie moyenne, longue de 6 millimètres et épaisse de 5 à 6 millimètres et une 
partie proximale de même longueur, mais d’une épaisseur de 7 à 8 millimètres. 
Les corps caverneux, érectiles, occupent l'axe des trois segments du gland. 
L'urètre s'ouvre à la jonction des segments moyen et distal, ce dernier n'étant 
constitué que par les corps caverneux et le manteau dermique et vasculaire. 
Le tissu érectile forme sur les côtés et sur le bord supérieur des segments. 
moyen et postérieur, des renflements considérables. Les épines cornées sont 
très abondantes sur les segments moyen et postérieur ; on en voit également, 
quoique plus rares, à la base du s‘gment distal. 

V. Ictide noir de Bornéo (Ictis nudipes Desm. ?) — Le gland est long de 15 mil- 
limètres; son bout distal, long de 5 millimètres, est dépourvu d’urètre. Il y a 
des odontoïdes sur toute l'étendue du gland, dont l'axe est occupé par les 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 25 octobre, 8 novembre 1913, p. 344 
15 et 381. | 


SÉANCE DU À3 DÉCEMBRE 565 


corps caverneux, érectiles; le manteau périphérique du gland est épais et 
très vasculaire. ; 

VI. Nandinie à deux taches (Nandinia binotata Reinw.). — Le gland est long 
de 4 millimètres, aplati de haut en bas, large de 4 millimètres et épais de 3 mil- 
limètres. Un os pénien occupe toute sa longueur et se prolonge en arrière, 
en se bifurquant pour se terminer en pointe dans le septum médian des corps 
caverneux. Ce gland manque d’odontoïdes. 

VII. Galidie (Galidia elegans Is. Geof.). — Le gland est long de 13 milli- 
mètres, et recourbé en cuilleron; de nombreuses épines cornées arment sa 
surface de la base jusqu’au sommet. Un os, large de 3 millimètres et épais 
de 1"m5 (partie moyenne) occupe l’axe des trois quarts antérieurs du gland 
dont la base contient les prolongements des corps caverneux. 

VII. Civette (Viverra civetta Schreb.). — Le gland est long de 18 millimètres, 
conique, et son bout est recourbé en bas. Son extrémité libre possède, au lieu 
d'un squelette cartilagineux ou osseux, un corps fibreux en fer de cheval 
{sur la coupe) et embrassant l’urètre sur une longueur de 7 millimètres. Sa 
partie moyenne contient un os large de 225 et d’un diamètre supéro-infé- 
rieur de 18. Sa base du gland renferme les prolongements des corps caver- 
neux. Le manchon périphérique et érectile est très développé sur ce gland, 
qui est dépourvu d’'odontoïdes. 


Résultats. — L’'hyène (famille des hyénidés), le paradoxure et l'ictide 
noir de Bornéo (famille des Viverridés) possèdent un squelette glandaire 
fibreux. Giebel (1855) et L. Pohl (1911) non plus n’avaient pu trouver 
d'os sur le paradoxure. « L'éminence pointue et cartilagineuse » que 
Cuvier a vu à l'œil nu et au toucher dans le gland de l'hyène n’est que le 
prolongement fbreux de l’albuginée des corps caverneux. Si L. Pohl a 
constaté sur une hyène rayée la présence d’un os glandaire, il le consi- 
dère lui-même comme une formation pathologique. 

De nombreux caractères font de la nandinie des régions tropicales un 
type primilif et la placent entre les Chats et les Mangoustes (herpes- 
tinés); or, nous venons de voir que, chez la nandinie, l'os pénien se 
prolonge en arrière du gland, comme il le fait chez le chien et certaines 

chauves-souris. De plus, comme chez ces derniers, le gland manque 
d’odontoïdes, alors que chez l'hyène (particularité déjà signalée par 
Daubenton) et la plupart des espèces susmentionnées, le gland est 
armé de piquants ou épines cornées. 
__ L'os pénien atteint le plus souvent l’extrémité libre du gland : celui 
de la civette que nous avons étudiée était au contraire limité à la partie 
moyenne de l'organe. Nous nous demandons si c'est là une disposition 
spécifique ou si nous n'avons eu affaire qu’à un jeune animal. Brandt 
et Ratzeburg (1831), puis L. Pohl (1911) ont parlé de cet os pénien de 
la civette, mais ils se sont bornés à en décrire la configuration et les 
dimensions, sans se soucier des connexions que l'extrémité distale 
affecte avec le gland. 

Chez l'Ictis ermineus et l'I. nivalis, il existe un os pénien; il est 


506 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


remarquable de constater son absence chez l'ictide noir de Bornéo. 

L'urètre s'ouvre, chez la plupart des Carnivores, à la face inférieure ét 
près du sommet du bout distal du gland. Cette disposition est exagérée 
chez le paradoxure et l'ictide noir de Bornéo, où le méat urinaire est 
situé à l'union des tiers antérieur et moyen du gland. La marmotte offre 
même particularité, avec cette différence que le bout distal, (ADR 
d’urèêtre, est soutenu par los glandaire. 

Les facteurs externes où internes qui déterminent ces variations et. 
ces divergences dans les types actuels nous échappent complètement. 
Néanmoins, le développement nous montré que la formé originelle des 
organes génitaux externes ést constituée par des cellules dé même 
espèce. : 

En effet, l'ébauche des corps caverneux (1) apparaît chez les divers 
mammifères comme un. tissu avasculaire, constitué par des cellules 4 
conjonctives serrées les unes contre les autres. Ce tissu évolue ensuite | 
daus des sens différents : chez les uns, il devient très vaseulaire et M 
érectile et ce n’est que dans l’axe du gland que persiste une charpente 
fibreuse, entourée d’un manchon dermique érectile (homme, hÿène, 
lapin, cheval, etc.). 

Chez d’autres (taureau), la charpente fibreuse du gland s’énrichit en 
cellules cartilagineuses (2), fait confirmé par Eberth en 1904. 

Chez d'autres encore (chat, chien, cobaye, rat), la partie proximälé 
seule de l'ébaucheé des corps caverneux subit la transformation vascu= 
laire, tandis que ses parties distales évoluent en tissu libreux, fibro- : 
cartilagineux, cartilagineux ou osseux. : 

Nous savons enfin que, chez le chat, la présence des testicules est 
nécessaire pour l'intégrité et la persistance des épines cornées du gland. 
et l'histologie comparée nous a appris d'autre part que le glissement et N 
le frottement provoquent dans les organes conjonctifs la formation du 
cartilage ou de l'os. Tant que nous ignorerons les conditions (mécaniques 
physiques ou biologiques) dans lesquelles l’ébauche conjonctivé des” 
corps Caverneux évolue pour faire soit du tissu vasculaire, soit du tissu 
fibro-Cartilagineux, du cartilage ou de l'os, tant que nous ne connaîtrons 
pas la nature de l'excitation fonctionnelle qui à transformé les papilles 
ordinaires du gland en épines cornées, il ne faut pas songer à produire 
par voie expérimentale ces transformations dans les organes génitaux. Et 
cependant, au point de vue fonctionnel, cés variations de structure sont 
loin d'être indifférentes, car les épines cornées représentent des organes” 
PARUS as aux A ordinaires, et le be ou los 


fäcilités l'intromission avant l éréctiôn PR EU du pénis. 


(4) Voir Retterer. Comptes rendus de la Sne. de Biologie, 25 juin 1887. 
(2) Voir Retterer. Ibid., 26 décembre 1887, p. 695. 


SÉANCE DU À13 DÉCEMBRE 507 


TRAITEMENT DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE 
PAR INJECTION DE SÉKUM SALVARSANISÉ SOUS LA BURE-MÈRE CÉRÉBRALE, 


par C. Levapiri, MARIE (de Villejuif) et DE MARTEL. 


Dans une note présentée à la Société médicale des Hôpitaux (1) (séance 
du 28 novembre 1913), nous avons exposé les résultats de nos essais 
concernant le traitement de la paralysie générale par des injections de 
néo-salvarsan dans le canal rachidien. Nous avons insisté sur la néces- 
sité de l'introduction des médicaments antisyphilitiques sous la dure- 
mère cérébrale, afin de réaliser un contact plus intime entre ces médi- 
caments etles tréponèmes,etnous annoncions nos recherches expérimen- 
tales destinées à préciser Les meilleures conditions de cette thérapeu- 
tique intracranienne. 

Nous apportons aujourd’hui les résultats des deux premières tenta- 
lives faites sur l'homme. Quoique le temps écoulé depuis l'intervention 
soit trop court pour que la méthode puisse être jugée définitivement, 
les faits que nous relatons nous renseignent sur la technique à 
employer et sur les effets immédiats de ce mode de traitement. 

Nous nous sommes servis comme agent thérapeutique du sérum de 
lapins ayant recu du salvarsan dans les veines. Levaditi et Mutermilch(2) 
ont constaté, en juin 1911, que le sérum des animaux qui recoivent 
du 606 dans le péritoine jouit d’un pouvoir microbicide intense 
in vitro, pouvoir qui diminue au fur et à mesure que l’on s'éloigne 
du moment où l’on à pratiqué l'injection du médicament, et qui per- 
siste après le chauffage de ce sérum à 55 degrés. Ces recherches, 
restées inédites, sont d'accord avec les résultats publiés récemment par 
Ellis et Swift (3); ces auteurs ont d’ailleurs recommandé l'emploi du 
sérum en queslion pour [a thérapeutique du tabes et de la syphilis 
médullaire en injection intrarachidienne 

Nous nous sommes adressés au sérum de lapins salvarsanisés afin 
d'éviter l’action inflammatoire de la plupart des médicaments antisy- 
philitiques employés en nature. | 

Voici les détails de nos recherches : 


Un lapin de 2.600 grammes reçoit dans les veines 0 gr. 07 de salvarsan par 
kilogramme, dans la circulation générale. L'injection produit un choc violent, 


(1) Marie et Levaditi. Bullet. de la Société médicale des Hôpitaux, 1903, 
t. XXIX, n° 35, p. 675. 
(2) Levaditi et Mutermilch. Soc. de Pathologie exotique, séance du 10 décembre 
1943, | 

(3) Ellis et Swift. The Journal of experim. Med., juillet 1913, p. 429. — 
München. med. Woch., 1913. 


568 x SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


mais l'animal se remet rapidement; on le saigne à blanc une heure après 
linoculation, le sérum est décanté et chauffé pendant quarante-cinq 
ininutes à 55 degrés. Des expériences faites in vitro, avec les trypanosomes du 
Nagana et les spirilles de la fièvre récurrente montrent que ce sérum jouit 
d'un pouvoir trypanocide et spirillicide intense (destruction totale des para- 
sites après une heure de contact à 37 degrés). Ce sérum injecté sous la dure- 
mère d’un Macacus cynomolgus à raison de 1 c.c. pour chaque hémisphère 
cérébral (trépanation bilatérale), ne produit aucun trouble apparent; l'animal 
survit indéfiniment. ; 


Le 1° décembre 1913, les malades Co... et Ri..., atteints de paralysie 
générale, sont traités de la facon suivante : trépanation bilatérale sous 
anesthésie chloroformique, pratiquée avec le trépan de de Martel, à la 
partie antérieure de la région temporale; injection de 5 c. c. de sérum, 
de chaque côté, en dirigeant la pointe de l'aiguille recourbée tout 
d'abord en avant, ensuite vers la région pariétale; introduction du 
liquide sous la dure-mère, lentement et progressivement; suture des 
deux plaies. 


OBs. !. — Co... quarante-sept ans. Syphilis en 1884. Réaction de Wasser- 
mann positive (sérum), réaction à la luétine également positive. Paralysie 
générale avancée ‘reconnue en avril 1913). À cette époque on note faiblesse 
musculaire, tremblements et incoordination, euphorie; en mai, gâtisme, 
paralysie générale avancée. Quelques jours avant le traitement, ictus épilep- 
tiforme. 

L'opération a eu lieu dans la clinique du D' de Martel, à onze heures du 
matin. Rien de particulier jusqu’à deux heures : conscience intacte, parle, 
essaie d'enlever son pansement. À ce moment le malade pousse des cris; à 
2 h. 1/2 il se retourne sur le côté et a une crise convulsive d’une durée de 
quatre minutes. Les crises se répètent fréquemment de 2 h. 30 à 5 h. 45; 
elles sont au nombre de onze.Température 39 degrés. Le lendemain, ? décembre, 
à 8 heures du matin, respiration fréquente (30), quelques convulsions par- 
tielles des muscles de la face, difficulté de la déglutition, état de torpeur. Il 
se réveille à 11 heures pour se replonger dans le sommeil à midi. A 3 heures, 
Cheyne-Stockes incomplet, à courtes périodes ; à 5 heures, légère attaque con- 
vulsive et vomissements. Température 3995. Le 3 décembre, plus calme, boit 
son lait, dort tranquillement. Température 3808. Le 4 décembre, tranquille, lit 
son journal; vers le soir un peu agité. Température 38 degrés. Le lendemain, 
la température revient à la normale et tout rentre dans l’ordre. 

Actuellement, pas d’inégalité pupillaire {les pupilles réagissent bien), ni fort 
embarras de la parole; réflexes rotuliens exagérés des deux côtés, aucun 
trouble moteur. On est obligé de prendre des mesures pour l'empêcher 
l'enlever son pansement. Intellectuellement on note une certaine activité 
d'association, mais le malade suit ses idées et ne paraît pas comprendre ce 
qu'on lui dit (les questions qu'on lui pose excitent ses propres associations). 
La parésie faciale droite, qu'il montrait avant l'opération, a disparu complète- 
ment. 


À 
3 
74 


ae dé MN CHE NT dE EL he da cr CHU à À 


20e 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 569 


O8s. IE. —— Ri.…, trente-deux ans. Syphilis ancienne (1902), Wassermann 
positif (sang et liquide céphalo-rachidien). En février 1913, on diagnostique la 
paralysie générale : embarras de la parole, monologues confus, possède des 
millions, etc. Eu mars 1913, troubles mentaux caractérisés par du délire de 
persécution, idées de richesse, agitation. Traité le 13 juin 1913 par une injec- 
tion rachidienne de néo-salvarsan (0 gr. 01). Avant le traitement actuel, le 
malade travaille et n’a plus de délire, la mémoire est meilleure, mais on 
constate un tremblement accusé de la langue, des pupilles inégales et 
dilatées, et une exophtalmie de l’œil gauche. 

Le 1°" décembre, jour de l'opération, le malade dort de midi à une heure, 
puis il s’éveille en se plaignant de la tête; bâillements fréquents. Nausées et 
vomissements jusque vers le milieu de la nuit. Température 38 degrés. Le 
lendemain, il cherche vainement une position satisfaisante,répond par mono- 
syllabes, vomissements. Température 36°5. Dans la nuit, secousses muscu- 
laires dans le bras gauche (à 5 reprises). Le 3 décembre, même état. Tempé- 
rature 39 degrés. Le lendemain, le malade est plus tranquiile, mais garde 
une certaine confusion mentale. Température 38 degrés le matin, 37°2 le 
soir. Le 6 décembre, on note des mouvements catathoniques, confusion 
mentale presque disparue. Tout rentre dans l’ordre le 7 décembre. 

Actuellement : la dilatation pupillaire persiste, mais l’'exophtalmie a presque 
disparu, les pupilles réagissent lentement à la lumière et à l'accommodation. 
La parole est peu embarrassée, même pour les mots d'épreuve. Etat général 
très satisfaisant, marche bien, même les yeux fermés. Réflexes normaux. 
Intellectuellement la mémoire est bonne, les réponses parfaites, aucune 
euphorie. Le malade rit des extravagances d'avant. Un tremblement léger de 
la langue persiste. 


Ces deux observations montrent que l'injection, sous la dure-mère 
cérébrale, du sérum salvarsanisé chez les paralytiques généraux, malgré 
les accidents inquiétants du début, est supportée sans produire de 
troubles persistants. Ces accidents (fièvre intense, vomissements, pros- 
tration, convulsions partielles, catathonie) ne paraissent pas dus au 
sérum, mais au médicament qu’il contient, attendu que ce sérum a été 
chauffé à 55 degrés et que Roux et Borrel ne les ont pas enregistrés chez 
leurs malades tétaniques, auxquels ils injectaient dans le cerveau des 
masses plus considérables de sérum. Le sérum salvarsanisé paraît pro- 
voquer une réaction intense (1) des méninges cérébrales et il y a lieu 
d'espérer que cette réaction, associée à l’action spirillicide spécifique du 
médicament, pourra amener une stérilisation de l'écorce cérébrale. Ce 
qui est-hors de doute, c’est que nos deux malades ont été sensiblement 
améliorés par ce mode de traitement, surtout le second, dont la para- 
lysie générale est moins avancée que chez le premier. 


(1) Réaction d'Herxheimer ? 


570 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


LES BRUITS N'ONT PAS DE TONALITÉ (1) 


par A. GizmerT, À. Tzanck et R.-A. Gurmann. 


Etudiant la percussion, aux points de vue théorique et clinique, 
nous avons élé amenés à chercher à contrôler les notions générales 
d'acoustique sur lesquelles repose cette question. 

Un point important et qui n'a pas été envisagé par les physiciens 
avec le soin qu'il mérite est celui de la distinction à établir entre les 
sons et les bruits. | 

Actuellement en effet, en percussion, on décrit indifféremment les uns 
et les autres. Dans les lrailés de physique, après l'étude des sons basée 
sur les lois établies par Helmholtz, on décrit les bruits comme formés 
d'un mélange de sons discordants, et l’on admet qu'ils sont susceptibles, 
comme les tons musicaux, de varier dans leur hauteur, dans leur timbre 
et dans leur intensité. 

Toute l'étude des bruits est d’ailleurs rudimentaire. Deux expériences 
servent de base à ces idées. L'une est l'expérience de Vulner, destinée à 
montrer que les bruits ont une tonalité, l'autre, l'expérience de Wundt, 
qui doit prouver que les bruits sont formés de sons discordants. 

L'expérience de Vulner consiste à prendre huit morceaux de bois de 
taille telle que, percutés librement, ils donnent la gamme. Si l’on pro- 
jette l’un de ces morceaux de bois sur le sol, on obtient un bruit sans 
tonalité précise; si l'on fait successivement tomber par terre les huit 
morceaux de bois, dans leur ordre de grandeur, on oblient la gamme. 

L'expérience de Wundt renouvelée de Seebeck consiste à opposer à 
la sirène ordinaire, percée de trous équidistants, une sirène dont le 
plateau supérieur est perforé de lrous irrégulièrement disposés. Alors 
que dans le premier cas on obtient une note, dans le second cas, pour 
Wundt, on observe un bruit. Wundt fait observer qu'il y a dans cette 
sirène un cerlain nombre de trous qui, s'ils étaient seuls, donneraient 
une note; les diverses notes discordantes émises simultanément se 
gênent l'une l’autre et il en résulte un bruit. 

L'expérience de Vulner ne nous parait vraiment pas concluante. En 
faisant tomber les morceaux de bois, on les fait vibrer, comme si on 
les percutait à la façon d'un xylophone. En même temps que ce son, 
il se produit un bruit; ce bruit restant constant et le son variant selon 
la dimension des morceaux de bois, dans l'expérience de Vulner, on ne 
remarque que le son (2). Si l'on percute les morceaux de bois à la 

(1) Communication faite dans la séance du 6 décembre 1913. 

(2) Seebeck avait d'ailleurs observé, lui, la production de plusieurs sons 
simultanés, comme le rapport Terquem (Comptes rendus de l'Acad. «es 
Sciences, 1871, p. 165). 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE SA 


façon médicale, avec un doigt interposé, on dissocie le son, qu'on 
étouffe et qui disparait, et le bruit, qui reste le même, sans tonalité, 
quel que soit le morceau de bois percuté. 

Quant à l'expérience de Wundt, nous avons essayé de la reproduire 
mais nous avons constaté qu'avec la sirène irrégulièrement percée, 
on percevait une note à caractère musical, comme dans la sirène régu- 
lière. Cé fait tient à ce que, étant donnée la vitesse de rotation et la 
faible circonférence du plateau tournant, les trous irrégulièrement 
distribués reviennent néanmoins à des intervalles réguliers. 

H s'agissait de produire, non plus dés vibrations régulièrement 
apériodiques, mais bien des vibrations qui fussent provoquées par des 
chocs vraimeñt irréguliers. Sur l'indication de M. le professeur Weiss, 
nous avons réalisé un dispositif composé d’une longue bande de cel- 
luloïd, mise en mouvement très rapide par un moteur et défilant 
devant l'ouverture d’une soufflerie. On faisait, selon les cas, défiler une 
bande percée d'orifices régulièrement espacés ou une bande percée 
d'orifices espacés sans aucun ordre. Dans le premier cas, nous avons 
obsérvé une note très aisément reconnaissable. Dans le second cas, un 
bruit analogue à un crépitement très rapide. 

Mais ce qu'il y a de capital, c'est que, en faisant varier he vitesse du 
moteur, on déterminait dans le premier cas des notes dont la hauteur 
était d'autant plus élevée que la vitesse de rotation était plus grande. 
Dans Île second cas, quelle que fût la vitesse de rotation, jamais on 
n'observait de variations de tonalité. 

Ce dispositif, entièrement nouveau, est bien différent de ceux em- 
ployés, d’ailleurs, pour l'étude des sons et jamais pour celle des bruits, 
et basés sur l'enregistrement photographique des vibrations. 

Cette expérience prouve qu'il existe entre les bruits et les sons une 
différence non pas de complexité, mais de nature 

Un bruit pur né comporte pas de tonalité. 


(Travail du laboratoire de physique de la Faculté de Médecine.) 


M. Vicror HENRI. — Je tiens à remarquer que l’élude des bruits, 
c'est-à-dire des ébranlements de l'air non périodiques et irréguliers, a 
donné lieu à un certain nombre de recherches très précises. 

En particulier, une méthode d’enregistrement et de reproduction a 
été élaborée et étudiée avec beaucoup de soin par M. Lifschitz au labo- 
ratoire de M. Dastre, il y a plusieurs années; cette méthode consiste à 
enregistrer les vibrations sur un film cinématographique, à découper 
dans ce film des ouvertures correspondant aux vibrations et à faire 
dérouler cè film plus ou moins vite devant une fente par laquelle 
s'échappe un courant d'air. 


Ge 
Le 
tO 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


A PROPOS DES SONS ET DES BRUITS, 


par GEORGES WEIss. 


A la suite de la communication faite dans la dernière séance par 
MM. Gilbert, Tzanck et Gutmann, j'ai désiré attirer l'attention de la 
Sociélé de Biologie sur l'intérêt de leurs recherches. « C’est la première 
fois, ai-je dit, à ma connaissance du moins, que les bruits sont l'objet 


d'une étude systématique. Les traités d’acoustique ne font que men- 


tionner les bruits et en donnent souvent une définition inexacte; leurs 
auteurs nese préoccupent guère que des qualités des sons, c'est-à-dire 
des mouvements vibratoires périodiques de la matière. » 


M. Victor Henri a cru devoir me signaler les travaux de M. Lifschitz, 
auxquels, d’après lui, ceux de MM. Gilbert, Tzanck et Gulmann n'’ap- 
porteraient aucune contribution nouvelle. Il à rappelé aussi les noms 
de Ludimar, Hermann et de Terquem. 


J'ai encore entre les mains un mémoire autographe de Hermann, où 
il exposait ses travaux; il l'avait envoyé à M. Marey, qui me l'avait 
donné pour en faire l’objet d’un article de la Aevue générale des 
Sciences pures et appliquées ; il n’a aucun rapport avec les recherches 
de MM. Gilbert, Tzanck et Gutmann. D'autre part, n'ayant jamais cherché 
dans l’acoustique de sujet pour mes études personnelles, je n'avais pas 
lu dans le texte les travaux de Terquem et de M. Lifschitz. Qu'il me 
soit permis de dire, aujourd’hui que je m'y suis reporté, combien je 
suis étonné d'entendre M. Victor Henri, qui connaît bien ces travaux, 
les citer dans le cas présent. Il résulte, en effet, de leur titre même, de 
leur contenu, de la méthode mise en œuvre par les auteurs, des déve- 
loppements en série par la formule de Fourier, que Terquem aussi bien 
que M. Lifschitz n’ont eu en vue que l'étude des sons, c’est-à-dire des 
ébranlements périodiques, et que, par conséquent, ils rentrent dans le 
fonds habituel des traités d'acoustique, comme je l'avais dit à la suite 
de la communication de MM. Gilbert, Tzanck et Gutmann. 


A. TERQUEM. — Etude sur le timbre des sons produits par des chocs 
discontinus et en particulier par la sirène. Annales scientifiques de 
l'Ecole normale supérieure, vol. VII (1870), p. 269-365. 

S. Lirscnirz. — La reproduction sonore d'une courbe périodique. 
Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. CLII (1911), p. 401-404. 

In. — La photographie et la reproduction d’une courbe sonore. Journ. 
de Physique (4911), p. 565-575. — M. Lifschitz précise, du reste,ile but 


\ 


STE 


SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 573 


de ses recherches, car, après avoir cité Terquem et avoir dit que cet 
auteur s’est limité au cas de la sinussoïde, il écrit : « Nous avons essayé 
d'examiner en détail le cas plus général d'un phénomène périodique 
quelconque. » 


ERRATUM 
NOTE DE MARCEL BELIN, S 


T. LXXV, p. 507, le dernier alinéa doit être modifié ainsi : 

Si donc, au début de l’évolution de la tuberculose, l'emploi des oxydants éner- 
giques peut paraître utile, il n’en est plus de même ultérieurement. ce traitement 
devenant inutile et même dangereux; je montrerai.... 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1913 


SOMMAIRE 


ATHANASIU (L.) et DraGoic : Sur les Séro-réaction d'Abderhalden dans la 
capillaires aériens des fibres mus- DEA RE Lt te ee 587 
culaires chez les insectes . . . . . . 518 OBrEGIA (A.), Urecura (C.-J.) et 

Bares (V.), AUREL et BABES (A.: Porera ({A.) : Le coefficient uréo-sé- 

Un cas de maladie de Gaucher, crétoire d'Ambard dans la paralysie 
avec grandes cellules  éosino- DÉNETAlE er de ee iron 586 
DRHES ES AMEN Re CR. 575 PauLesco (N.) : Origines du glyco- 

MaRinesco (G.): Sur le mécanisme gène. Acides gras, glycérine, al- 
chimico-colloïdal de la sénilité et le Cool-éthylique (suite) 4... +... 5ssS 
problème de la mort naturelle . . . 5S2 Pauresco (N.): Signification de 

Marinesco (G.) et MinE4a (J.) : lalbüminuries he pepe ira, 390 
Quelques différences physico-chi- Urecais (J.) et Popera (A.) : La 
miques entre les cellules des gan- méthode d'Abderhalden chez les ani- 
glions spinaux et leur axone . . . . 584 | maux en état de tétanie expérimen- 

OBREGI4 (A.) et Prruresco : La ATOS PR ROME Sr CA DE AT 594 


Présidence de M. G. Marinesco, président. 


UN CAS DE MALADIE DE GAUCHER, AVEC GRANDES CELLULES ÉOSINOPHILES, 


par V. BABES, AUREL et À. BABES (1). 


L'origine des grandes cellules qu'on trouve dans la maladie de 
Gaucher est encore controversée. Avant eu l’occasion d'étudier une rate 
type Gaucher, enlevée par le D' Leonte, nous v avons constaté l’exis- 

_ tence de certaines particularités qui n'ont pas encore été signalées. 


-. La malade, B... V..., âgée de vingt-deux ans, est recue le 27 janvier, à 


l'hôpital Brancovan, dans le service du professeur Leonte, pour une tumeur 
abdominale, qui occupe une grande partie de la moitié gauche de l'abdomen. 


(1) Communication faite dans la séance du 19 juin 1913. 


576 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Le père et la mère de la malade sont en bonne santé; un frère plus jeune, 
entré plusieurs fois à l'hôpital, pour une péritonite bacillaire à forme asci- 
tique, en est mort; deux frères plus âgés sont bien portants. Vers huit ans, 
la malade fit une fièvre typhoïde; depuis deux ans, elle ressent des douleurs 
dans l'hypocondre gauche ainsi que dans l’épigastre: depuis un an s’est 
déclarée la tuméfaction de l'abdomen. La malade n'a pas de fièvre, l’urine 
ne renferme ni albumine, ni sucre; pas d'adénopathie. La fumeur est rela- 
tivement mobile, solide, sensible à la pression et présente à sa partie 
antérieure les échancrures caractéristiques de la rate. L'examen du sang, 


fait le 4 février, donne : 4.816.000 hématies; elles ont conservé leur forme 


et leurs dimensions normales; pas de modifications dans la formule hémo- 


leucocytaire; pas d’éosinophilie. Le 15 février, le D' Leonte enlève la tumeur. 


L'examen du sang, fait huit jours après l'opération, ne donne pas de modi- 
fications appréciables. 


Cette rate pèse 4.400 grammes et a 30 centimètres de long. La capsule, 
légèrement épaissie, est rouge foncé. Pas de ganglions dans le hile. La 
section a l'aspect à peu près homogène, la pulpe se laisse râcler plus 
facilement, sans être diffluente, et les follicules sont un peu plus appa- 
rents que dans une rate normale. 

Sous le microscope, la rate se présente d'une manière différente selon 
la coloration des sections : avec l’hémaloxyline-éosine, on distingue 
un grand nombre de petits foyers, pâles, arrondis, formés de grandes 
cellules spéciales; entre ces foyers, un réseau épais de cellules bien 
colorées, rondes ou ovales; entre ces foyers, on trouve des espaces 
lacunaires, tapissés d’une couche endothéliale en prolifération et des 
vaisseaux où l'on trouve des hématies et une quantité de cellules rondes, 
à grands noyaux, en partie d'origine endethéliale, Les foyers ont un 
diamètre moyen de 80 », et sont formés de grandes cellules, d’un dia- 
mètre de 20 à 40 u; ils sont colorés en rose pâle; leur masse présente 
çà et là des noyaux relativement petits. Avec un fort grossissement, on 
constate que cette masse n’est pas homogène, car entre les cellules on 
trouve des régions de petite étendue, sans noyaux. Ces cellules n'ont 
pas de limite distincte. Un certain nombre d’entre elles présentent deux 
noyaux ou plus. Certaines grandes cellules dont le protoplasma est 
homogène, rose pâle, ont un noyau central, rond, à peu près homogène, 
avec une ou deux nucléoles; d’autres, à protoplasma plus foncé, ont des 
noyaux plus petits et foncés, situés souvent vers la périphérie. Dans les 
foyers même, on trouve en outre de petites cellules peu colorées, ayant 
peu de protoplasma, mais moins homogène, et des noyaux cireulaires 
homogènes et bien colorés. Enfin à l’intérieur des grandes cellules 
même, et entre elles, on peut voir des bâtonnets et des fragments de 
réseaux, rigides, colorés de facon intense en rouge vitlet. Ces for- 
mations donnent parfois l’impre-sion de microbes ou de fragments 
de mycélium, mais ils sont inégaux de forme et de grosseur et, pas- 


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PAS PO NE TEA si U 


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SÉANCE -DU 20 NOVEMBRE 57 


EN | 


sant dans une masse homogène rouge, ils ressemblent davantage à 
des réseaux d’hyalins ou de kérato-hyalins. Ordinairement les foyers à 
grandes cellules sont bien délimités par une couche de tissu conjonctif, 
revêlue elle-même exlérieurement d’une sorte de périthélium formé 
de cellules assez régulières. Dans les préparations colorées par le 
procédé de Lentz, les foyers à grandes cellules sont colorés en rouge 
intense, les cellules paraissent plus écartées les unes des autres et 
leur protoplasma a une teinte homogène rose, plus intense à la 
périphérie de la cellule qu'au centre; les noyaux ont une couleur 
bleu pâle. Les foyers, de même que le tissu inlerslitiel, sont complè- 
tement infiltrés par des globules rouges; on y trouve aussi un grand 
nombre de cellules éosinophiles, plus grandes que d’habilude, pourvues 
d'un seul noyau rond, plus ou moins coloré. Ces cellules éosinophiles 
se trouvent surtout à l’intérieur des foyers cellulaires, mais on en voit 
également dans le tissu qui entoure les foyers. Le tissu interstitiel est 


formé de petits groupes de cellules rondes, petites et à noyau rond et 


bien coloré. On y distingue bien des sinus veineux avec leur endo- 
thélium proliféré, en partie pigmenté ou détaché, et de rares polynu- 
cléaires et des lymphocytes. 

Dans les préparations colorées au Scharlach, les cellules des foyers 
sont légèrement colorées en rose violet, et le reste des cellules est en 
bleu. Cette coloration met mieux en évidence les limites des grandes 
cellules à l'intérieur des foyers. Les cellules sont plus arrondies et leur 


_noyau est souvent coloré en bleu pâle. Même avec un très fort gros- 


sissement, on n’y constate pas de granulations graisseuses ou des 
lipoïdes. Cette coloration met également en évidence les deux sortes de 
cellules décrites. Avec un fort grossissement, on voit que leur proto- 
plasma n’est pas homogène, mais qu'il est formé de fibres très minces, 


éosinophiles, disposées parallèlement, ou radialement, et formant des 


faisceaux confluents ressemblant à certains cristalloïdes. Entre ces 
fibres un peu réfringentes, il y a une substance homogène incolore. 
Les foyers renferment une quantité d'hématies, de même que des éosi- 
nophiles, dont les granulations sont colorées en bleu pàäle tout comme 
les hématies. On constate encore soit une hypertrophie simple, soit une 
hypertrophie avec dégénérescence ou même parfois nécrose du centre. 
La dégénérescence consiste en un gonflement des cellules germinatrices 
qui deviennent pàles et dont le noyau disparait peu à peu. Ces cellules 
sont bientôt remplacées par des éléments plus grands, renfermant par 
place des gouttelettes de graisse. L'artère du follicule est devenue très 
pâle et ses noyaux ne se colorent plus. 

En traitant la rate de facon à mettre en évidence les lipoïdes, on 
trouve d’abord des granulations qui se colorent en noir par les mé- 
thodes de Ciaecio, et par celle de Smith-Dietrich ou de van Gieson- 
Weigert; de telles granulations existent dans les éosinophiles et dans 


Brococie. Comptes RENDUS. — 1913. T. LXXV. 40 


5718 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


certaines cellules dégénérées, au centre des follicules; par ces mêmes 
méthodes, le protoplasma des grandes cellules se colore en gris plus ou 
moins foncé. La coloration grise est beaucoup moins prononcée après le 
séjour préalable des pièces dans l’alcool-éther. D'après Ciaccio et” 
Nilblau, le protoplasma des grandes cellules est coloré en bleu violet 
päle, La coloration d'après Fischler est peu caractéristique. Les grandes 
cellules ne renferment pas de substances bi-réfringentes. Il nous a été 
impossible de préciser de plus près la nature de ces lipoïdes à cause du 
séjour de l'organe pendant plusieurs jours dans le formol. 

Le cas présent parait important, particulièrement à cause de l'éosino- 
philie protoplasmique des grandes cellules, en même temps que de 
l'extraordinaire multiplication des leucocytes éosinophiles et du rapport 
réciproque de ces deux sortes de cellules. L'augmentation des éosino- 
philes dans la rate peut être en rapport avec une cause spécifique ; elle 
peut encore résulter d’une phagocytose, les cellules éosinophiles pro- 
venant en partie des grandes cellules ou bien des hématies. IL serait 
encore plus difficile de se prononcer sur l'origine des grandes cellules 
présentant dans notre cas cette éosinophilie prononcée. 

Comme les cas de maladie de Gaucher ont un caractère familial, et 
comme Schulze-Braunschweig (1) a décrit dernièrement un cas de dia- 
bête avec mégalosplénie à grandes cellules, il faut se demander si la for- 
mation de ces grandes cellules n'est pas en rapport avec des échanges 
nutritifsanormaux. Dans ce cas, on pourrait supposer que certaines subs- 
lances de nature lipoïdique, peut-être des mélanges cholestériniques, 
s'accumulent dans la rate, dans le foie, la moelle osseuse, etc., où elles 
sont englobées par certaines cellules, qui, en augmentant de volume. 
deviennent de grande cellules, caractéristiques avec protoplasma éosi- 
nophileetrenfermant des quantités plus oumoins abondantes de lipoïdes. 


(Travail fait à l'Institut de pathologie et de bactériologqie de Bucarest.) 


SUR LES CAPILLAIRES AËRIENS DES FIBRES MUSCULAIRES CHEZ LES INSECTES, 


par {[. ATHANASIU et DRraGort. 


Avant les recherches de Cajal (2) (1894), on ne savait rien sur les rapports 
que lés ramifications trachéennes des insectes entretiennent avec les fibres 
musculaires, parce que ces ramifications, et surtout les capillaires, ne se 


1) R. Cajal. Coloration, par la méthode de Golgi, des terminaisons des 
trachées et des nerfs dans les muscles des ailes des insectes. Zestsch. f. wiss. 
Mikrosk, und mikr. Technik, 1811, Bd VII, p. 332. 

(2) Über grosen der ellige Hyperplasie der Milz bei Lipoidaemie. Verhandlung 
deutschen-Path. Gesellschaft, 1942. è 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 379 


colorent par aucune substance colorante employée en histologie. En appli- 
_ quant aux muscles de ces animaux l'imprégnation par le chromate d'argent 
_ (méthode de Golgi), Cajal a vu que les trachées donnent de nombreuses 
_ ramifications qui pénètrent dans les fibres musculaires des ailes, où elles se 
divisent abondammeni. Mais il ne se prononce pas sur la question de savoir 
-si toutes ces ramifications sont creuses ou non. Le chromate d'argent ne 
permet pas, en effet, de voir facilement la lumière de ces petits canalicules 
trachéens. : 
:  Veratti (1) (4962), se servant de la même méthode d'imprégnation, est arrivé 
à cette conclusion que les trachées ne traversent pas le sarcolemme, 
. Sanchez (2) (1907} retrouve la disposition déjà décrite par Cajal et ne crait 
pas que les trachées de la fibre musculaire soient tubulées. 
Holmgren (3) (4907) a employé aussi la méthode d'imprégnation de Golgi, 
et il arrive à la conclusion que les trachées se terminent dans les cellules 
_ conjonctives qui entourent les fibres musculaires. Ces cellules (Trachealen 
Endzellen) donneraient, à leur tour, des ramifications tubulaires qui 
pénètrent dans la fibre musculaire et qui se transforment, après un court 
trajet, en filaments pleins logés entre les colonnettes musculaires (‘bimen 
Zelligen Fadenvetze}. Ils sont des trophosponges d’après cet auteur. 
Prenant (4) (1911) conclut de ses études sur les cellules musculaires de 
l’æstre, que les trachées tubuleuses ne dépassent guère le sarcolemme. 


En poursuivant nos recherches sur l'association des éléments. 
conjonctive-élastiques et contractiles, dans les muscles lisses et dans 
les muscles striés, nous avons été amenés à étudier aussi les muscles 

_ des insectes. Nous nous sommes servis dans cette étude, comme dans 
. les précédentes (8), de l'imprégnation par le nitrate d'argent réduit, 


(1) Veratti. Sur la fine structure des fibres musculaires striées. Areh, ifal. 
«le Biol., 1902, t. XXX VII, p. 449. 

-_ (2) D. Sanchez. L'appareil réticulaire de Cajal. Fusion des muscies striés. 
Trav. du Labur. des rech. biol. Université de Madrid, 1907, t, V, p. 155, 

(3) E. Holmgren. Ueber die Trophospongien der quergestreiften Muskelr- 
fasern, nebsl Beneer kungen uber den allgemeine Ban dieser Fasern, Arch. 
f. mikr. Anat., 1907, Ba LXXI, p. 165. 

(4) A. Prenant. Problèmes cytologiques généraux soulevés par l'étude 
des cellules musculaires. Journ. de l'Anat. et de la Physiol,, 1914, t, XEVE, 
p. 601. 

(3) L. Athanasiu et L Dragoiu. Association des éléments élastiques et con- 
tractiles dans les muscles lisses et striés des mammifères. Comptes rendus de 
lAcad. des Sciences, 1910. 

— Association des éléments conjonctivo-élastiques et contractiies dans les 
muscles lisses et striés des mammifères. Annales de Biologie, 194%, £, I, 
p. 105. 

— Association des éléments conjonctivo-élastiques et contractiles dans 
le myocarde des rnemmifères. Comptes rendus de la Soc. de Biologie. 

— Association des éléments conjonclivo-élastiques et contractiles dans 
Île myocarde de grenouille. Comptes rendus de la Soc.de Biologie. 


580 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


suivant la méthode de Cajal, seule ou combinée avec le virage par le 
chlorure d’or. Nous avons employé aussi la méthode de Golgi. Nos 
recherches ont porté sur les muscles des ailes et des pattes de 
l’hydrophile. 


A. — Huscles des ailes. Les branches trachéennes ou trachéoles 
abordent la fibre musculaire en de nombreux points. Arrivées sous 
le sarcolemme, elles se divisent en un grand nombre de capillaires qui 
pénètrent parmi les colonnettes de la fibre musculaire et se disposent, 
les uns parallèlement à la direction de ces colonnettes, les autres trans- 
versalement à celte direction. Sur la coupe longitudinale des fibres 
musculaires (fig. 1), on voit bien que l'espace entre deux colonnettes 
contractiles est occupé par un capillaire aérien, dont le diamètre est 
approximativement de 0 mm. 001. Cetle préparation a été obtenue 
au moyen de l’imprégnalion par le nitrate d'argent réduit avec virage 
des coupes par le chlorure d’or. Le chlorure d’or, s’il agit modérément, 
enlève une bonne partie du dépôt d'argent et rend la lumière du 
capillaire aérien très visible. 

En examinant un plan supérieur de la même préparation, on voit 
que l'espace entre les colonnettes contractiles est occupé par de petits 
cercles noirs, qui ne sont autre chose que les sections transver- 
sales des capillaires aériens dont ia direction est perpendiculaire à 


celle des colonnetles (fig. 2}. Ces capillaires sont généralement au 


niveau de la strie de Hensen {membrane M) du disque sombre. Chacun 
de ces disques se trouve par conséquent en rapport par deux de ses 
faces avec les capillaires longitudinaux et par les deux autres avec les 
capillaires transversaux. , 

Quand on voit, sur les préparations bien imprégnées, l'extraordinaire 
richesse en capillaires aériens, des fibres musculaires des ailes, on com- 
prend, parfaitement bien, la disposition en colonnettes de la substance 


contractile de ces fibres. Les espaces, que tous les histologistes ont 


décrit, entre ces colonnettes, ne sont pas remplis avec du sarcoplasme 


seulement, mais aussi et surtout avec des capillaires aériens. Ces capil- & 


laires entretiennent certains rapports avec les colonnettes contractiles. 
Ainsi, on peut voir sur la figure 1 de minces filaments, qui relient la 
paroi des capillaires aux disques sombres vers le milieu de ceux-ci. A 
cet endroit existe un petit corpuscule un peu plus gros que le fila- 
ment. De pareils corpuscules se trouvent aussi sur lés parois des 


capillaires aériens. Si l'on suit le trajet de ces filaments, on voit 
qu'ils traversent les disques sombres et correspondent à la mem-. 


brane 7, ou la strie de Hensen, ainsi que cela a été vu par Cajal, 
Veratti et Holmgren. Ces filaments sont beaucoup plus visibles sur les 
préparations effectuées suivant la méthode de Golgi. 


Les {rachéoles donnent. avant de traverser le sarcolemme, de nom- 


SÉANCE DU 20 NOYEMBRE 581 


breux capillaires aux cellules conjoncetives qui se trouvent à la surface 
de la fibre musculaire. | 
Tous ces détails ne peuvent pas être vus sur les préparations par la 
méthode de Golgi, et c'est là qu'il faut chercher la cause de l'erreur de 
- Holmgrèn, qui a prétendu que les trachéoles se terminent dans ces 
cellules trophospongiales. 
B. — Muscles des pattes. Nous n'avons pu trouver ni par la méthode de 


[12 


FiG. 1. — Coupe longitudinale de la 
fibre musculaire des ailes. Imprégnation 
par le nitrate d'argent réduit et virage 
par le chlorure d'or. Obj. immers. Oc. 4. 


Fie. 2. — Un plan différent de la même 
préparation dans lequel on voit la sec- 
tion des capillaires aériens disposés 
transversalement à la direction des 
colonnettes musculaires. 


Reichert. 


Cajal, ni par celle de Golgi, de capillaires aériens dans les fibres mus- 
culaires des pattes de l’hydrophile. Ces capillaires s'arrêtent dans le 
sarcolemme de ces fibres, qui est ici beaucoup plus apparent que dans 
les muscles des ailes. 

La distribution des capillaires aériens dans les fibres musculaires des 
ailes et leur absence dans celles des pattes se comprend aisément si l'on 
tient compte du travail que ces deux sortes de muscles doivent fournir 
pendant leur fonctionnement. 

Les muscles des ailes ont à développer une puissance considérable 
surtout chez les espèces d'insectes dont les coups d’aile sont très nom- 


2. 


582 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


breux dans l'unité de temps. De là le besoin de beaucoup d'oxygène et, 
par conséquent, d'une ventilation parfaite dans la substance contractile 
de la fibre musculaire. es 

La puissance développée par les muscles des pattes étant au contraire 
beaucoup plus réduite, les capillaires aériens s'arrêtent dans le sarco- 
lemme et l'oxygène qu’ils apportent est suffisant pour les fibres muscu- 
laires. 


(Travail de l’Institut de Physiologie de Bucarest.) 


SUR LE MÉCANISME CHIMICO-COLLOÏDAL DE LA SÉNILITÉ 
ET LE PROBLÈME DE LA MORT NATURELLE, 


par G. MARINESCO. 4 


La sénilité représente un processus excessivement complexe, et c'est … 
pour n'avoir pas envisagé son problème dans toute sa complexité que 
les auteurs sont arrivés à des conclusions très différentes, et même 
erronées, à un cerlain point de vue. En effet, si la vieillesse s’ac- 
compagne de modifications anatomiques et hislologiques plus ou 
moins profondes, elle comporte aussi des modifications du chimisme 
cellulaire et avant tout des changements dans l’état colloïdal des cellules 
ces différents tissus. Or, si la plupart des auteurs se sont appliqués à 
étudier les phénomènes histologiques de la vieillesse, ils en ont négligé 
presque complètement le côté chimique, et ils ont tout à fait ignoré les 
changements de l'état colloïdal des cellules. Cependant, la chimie 
physique a réalisé des progrès assez considérables pour nous permettre 
d'envisager le problème de la vieillesse à la lumière de cetle science. 
Nous savons aujourd’hui que tous les colloïdes organiques ou inorga- 
niques ont une courbe vitale et, par conséquent, suivent dans leur 
évolution une trajectoire fixe, plus ou moins analogue à celle des 
éléments vivants. 

La sénescence des colloïdes est un phénomène général qui s’observe 
aussi bien dans les globulines, le sérum-albumine, que dans les hydro- 
carbonates et les lipoïdes. Les recherches récentes de Samec ont montré 
que, dans le vieillissement des colloïdes, il s'agit d’un processus de 
déshydratation des granulations colloïdales dont les conséquences sont 
la réduction de volume de ces granulations, leur agglomération suivie 
de précipitation et même un commencement d'agglutination ; le degré 
de dispersion des granulations diminue. 

Zsygmondy et Bachmann ont constaté que le palmitate de sodium 
récemment gélifié se présente comme une formation cristalline, tandis 
que les préparations vieilles de cette substance offrent un aspect fibreux. 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 583 


A priori, il était à prévoir que si les colloïdes simples, tels que les 
globulines, les albumines, les hydrocarbonates, etc., ont une courbe 
vitale, le complexus des colloïdes qui constituent les cellules animales 
doit obéir à la même loi. Différents observateurs ont montré qu'il se 
produit une déshydratation des tissus animaux qui commence déjà pen- 
dant la vie fœtale. Cette déshydratation progressive de l'organisme a une 
action marquée sur tous les phénomènes de la vie, tels que la tension 
superficielle, la diffusion, la nutrition et la fonction des cellules. Nous 
n'allons pas analyser tous ces phénomènes dans leurs rapports avec le 
dégonflement progressif des cellules pendant leur évolution, nous tixe- 
rons seulement notre attention sur quelques-unes des modifications que 
subit l'état physique des éléments constitutifs du protoplasma avec 
l’âge. Nous ajouterons également quelques détails sur les changements 
_ chimiques du noyau des cellules nerveuses. 

Si l'on étudie une suspension de cellules des ganglions spinaux d'un 
chien nouveau-né et d'un chien adulte, on constate que, chez le pre- 
mier, les cellules sont très sensibles à l’action des agents di-solvants. 
En effet, les substances alcalines et d'autres substances nocives, telles 
que l’antipyrine, l’urée, l’eau distillée, etc. produisent tout d’abord un 
gonflement du cytoplasma et puis une action cytolytique, de sorte que 
la cellule est détruite complètement. Il n’en est pas de même pour les 
cellules des ganglions de l’animal adulte. Chez celui-ci, toutes les sub- 
stances que nous venons d’enumérer agissent plus lentement sur les 
cellules, et leur action n'aboutit pas à la dissolution du protoplasma 
cellulaire et à la liquéfaction ; elles produisent seulement un gonflement 
plus ou moins considérable. A partir d'un certain âge, variable avec 
l'espèce animale, les particules colloïdales tendent à se réunir en amas 
et, à leur surface, il se dépose des matières grasses qui leur donnent 
des nuances différentes: ainsi, se forment les granules pigmentaires. 
Chacun de ceux-ci est constitué de granulations colloïdales de la cellule 
nerveuse et d’une matière colorante représentée par des lipoïdes et des 
matières grasses non saturées. Le pigment des cellules nerveuses est 
une substance isotrope, mais on peut retrouver dans les cellules glan- 
dulaires des sujets ägés et, surtout dans celles de l'hypophyse, des gra- 
nulations bi-réfringentes. G. Roussy et U. Laroche ont vu dans le névraxe 
des vieillards des corpuscules bi-réfringents siégeant au voisinage des 
vaisseaux, ou bien même dans la gaine périvasculaire. Enfin, on peut 
retrouver, dans le cerveau de sujets âgés, et surtout dans l’archipallium, 
_ dans cerlaines cellules de l'écorce, des neurofibrilles remarquables par 
leur épaississement considérable et leur imprégnation lrès accusée. 
Certaines travées du réseau cytoplasmique s’épaississent et constituent 
des espèces de cordonnets qui tranchent par leur teinte foncée sur le 
reste du réseau. 

En somme, les modifications des granulations colloïdales et des 


584 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


neurofibrilles aboutissent à une réduction de leur surface. Or, une ditfé- 
rence fondamentale qui existe entre l'état physique de la matière inor- 
_ganique et de la matière vivante, c'est que, dans la première, cette 
surface n'existe pour ainsi dire pas, tandis que, dans la seconde, elle 
joue un rôle considérable dans l’état colloïdal auquel sont liés les phéno- 
mènes de la vie. Le développement superficiel est favorable anx échanges 
qui caractérisent la vie. Il y a donc, dans la vieillesse, une dégradation 
de la richesse physiologique et, d'autre part, dégradation de l'énergie 
chimique, car la nucléine, si riche en phosphore, diminue dans les 
cellules vieilles, et la capacité de synthèse chimique du novau est réduite 
également. Enfin, la tension osmotique et la diffusion sont diminuées 
dans les cellules vieilles, car la diffusion des cristalloïdes est inverse- 
ment proportionnelle avec la densité du gel; or, les cellules nerveuses 
âgées ont une consistance plus grande et résistent à la compression. 


QUELQUES DIFFÉRENCES PHYSICO-CHIMIQUES ENTRE LES CELLULES 
DES GANGLIONS SPINAUX ET LEUR AXONE, 


par G. MariNesco et J. MINEA. 


Nous avons employé la technique suivante : On prend un mélange de 
rouge neutre et de bleu de méthylène en solution à 0.50 p. 100 qu’on met 
dans un verre de montre dans l'étuve à 37 degrés. Après desséchement, 
on ajoute à la pellicule de couleur une quantité égale de sérum pris 
sur l'animal sur lequel on veut pratiquer l'injection. La couleur se 
dissout dans le sérum. A l’aide d’une aiguille très mince, on injecte le 
liquide ainsi obtenu le long de la racine postérieure dans un ganglion 
mis à nu sur l'animal. On résèque le ganglion après des temps plus ou 
moins longs, soit entre une demi-heure et deux heures après cette 
injection ; ensuite on dissocie avec attention les cellules. Les résultats 
obtenus varient avec le séjour de la matière colorante dans le ganglion. 
On obtient des-résultats favorables tant que l'animal est en vie; celui-ci 
mort, ils sont tout différents. 

Nos éludes à l’ultramicroscope nous avaient déjà montré des diffé- 
rences entre la constilution physique de l’axone et du cylindraxe. En 
effet, nous avons pu constater des granulations colloïdales, non 
seulement dans le cytoplasma et les prolongements protoplasmiques, 
mais encore dans l’axone. Si le cytoplasma est fortement lumineux, 
l'axone l'est aussi et vice versa, mais d'habitude la luminosité de l’axone 
n'est pas aussi accentuée que celle du cytoplasma. Il n’en est pas de 
même pour le cylindraxe qui est homogène et offre un vide optique 
presque complet. Or, la coloration vitale localisée, telle que nous venons 


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Re AU NS ONE OM ENT D Po RS 


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SÉANCE DU 20 NOVEMBRE sg 


de l’exposer plus haut, permet non seulement de confirmer les données 
fournies par l’ultramicroscopie, mais apporle encore quelques nou- 
veaux éléments, qui sont de nature à éclaircir, dans une certaine 
mesure, les différences physico-chimiques existant entre la cellule et 
l'axone d’une part et, d'autre part, entre ce dernier et le cylindraxe. En 
effet, de une demi-heure à une heure après l'injection du mélange rouge 
neutre et de bleu de méthylène dans le ganglion de l'animal, on constate 
que la plupart des cellules nerveuses se colorent en rouge carminé. 
coloration due à la teinte des granulations colloïdales, tandis que l'axone, 
son glomérule et même les cylindraxes attirent le bleu de méthylène. Le 
pigment des cellules nerveuses se colore d’une façon intensive en rouge 
brique et il peut être coloré alors que les autres granulations de la 
cellule sont à peine teintées. Mais en dehors de ces différences chroma- 
tiques qui attirent notre attention à première vue, nous constatons 
aussi certaines différences de siructure entre le cytoplasma, l’axone et 
le cylindraxe. Ces différences ne sont pas très accusées dans toutes les 
cellules. Nous constatons tout d’abord qu'à l'origine de l’axone il existe, 
sur un court trajet, des espèces de bâtonnets de longueurs différentes, 
assez denses à l'émergence, et disposés parallèlement et se colorant en 
outre d’une facon intense par le bleu de méthylène. Dans un autre 
groupe de cellules les bàätonnets sont plus denses à l’origine de l’axone 
et disparaissent après un court trajet. Enfin, dans une autre catégorie, 
nous trouvons à l'émergence de l’axone, non pas des bàätonnets, mais 
des granulations qui diffèrent par leur teinte et par leur volume de celles 
du cytoplasma. De plus, lorsque nous examinons les ganglions réséqués 
après un temps plus long, une heure et demie, par exemple, après 
l'injection, nous voyons, à la surface des cellules nerveuses, les cellules 
amiboïdes de Cajal apparaître, colorées en bleu foncé avec une netteté 
peu commune. 

Les constatations histologiques que nous venons de faire comportent 
quelques considérations qui vont nous arrêter un instant. Tout d'abord, 
nous devons rappeler que si l’on examine le ganglion peu de temps 
après l'injection du mélange colorant, il n'y a de colorées que les cellules 
nerveuses en rouge carminé, tandis que l’axone et le cylindraxe sont 
absolument incolores. Si l’on tient compte de la diffusion des couleurs 
dans les gels, on doit admettre que la densité du gel qui constitue 
l'axone et le cylindraxe est plus grande que celle du cytoplasma. On 
sait que la diffusion des couleurs dans les gels est inversement propor- 
tionnelle avec la densité de ces derniers. Du reste, des recherches anté- 
rieures ont montré que les cellules nerveuses sont plus riches en eau que 
les eylindraxes. Il est plus difficile peut-être de comprendre la diffé- 
rence de réaction chromatique entre le cytoplasma, l'axone et le 
cylindraxe. Le premier est érytrophile, attire le rouge neutre ; les seconds 
sont cyanophiles et se teignent par le bleu de méthvylène. Faut-il voir 


586 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


dans cette différence un phénomène d'affinilé chimique ? Le fait est 
possible si l'on considère que M. Calugareanu à trouvé que le rouge 
neutre est un peu plus fortement électro-positif que le bleu de méthylène. 
Il reste à présent à nous demander quelle est la nature des granulations 
et des bâtonnets que nous avons décrits au niveau de l’origine de 
l’axone. La première impression serait qu'il s’agit là de mitechondries, 
et cette hypothèse aurait une certaine consistance si l’on prenait en 
considération que quelques auteurs ont mis en évidence, à l’aide de la 
coloration vitale, les mitochondries aussi bien dans les cellules conjonc- 
tives que dans les cellules nerveuses. Mais nous reviendrons sur cette 
question dans une prochaine note, pour le moment, nous attirerons 
simplement l'attention sur ce fait, qu'avec la méthode que nous avons 
employée, nous n'avons jamais trouvé de granulations ni des fila- 
ments dansle cylindraxe, et que, d'autre part, les mitochondries décrites 
par les auteurs dans le cylindraxe sont invisibles à l’ultramicroscope. 


® LE COEFFICIENT URÉO-SÉCRÉTOIRE D’AMBARD 
DANS LA PARALYSIE GÉNÉRALE, 


par À. OBREGIA, C.-J. URECuIA et À. PopEra. 


L’urine des paralyliques en ce qui concerne la quantité d’urée a été 
déjà étudiée par un grand nombre d'auteurs et, de. l’ensemble de leurs 
recherches, il résulte que l'hypouzoturie serait particulièrement fré- 
quente (Fésé, Baudin, Briand, Rouillard, 1889; Laïll, 4890; Klippel et 
Serveaux, Sieemund, 1893; Rieder, Furner 1895; Dupré et Sébilleau 
1903). H. Labbé et Gallais (1912) constatent une forte élimination d'azote 
ammoniacal et une diminution de l’azote uréique dans la période 
prémortelle de cette maladie ; dans les autres périodes de la maladie, ils 
constatent de l'hypoazoturie (sur 15 malades). Kaufmarn (14910), sur 
7 cas examinés au point de vue des échanges en général, trouve de 
srandes irrégularités dans le bilan de l'azote. 

En présence de cette élimination plus ou moins troublée de l'azote, 
nous croyons nécessaire de rappeler que les reins et le foie des para- 
lyliques sont vaso-paralytiques et insulfisants, faits que l'épreuve de la 
perméabilité au bleu de méthylène (Dupré et Fissot) et à la lévulosine 
alimentaire (Jach) prouvent aussi. Séguin et Vassale vont même plus 
loin — trop loin peut-être — quand ils voient dans les ictus des para- 
lytiques des crises d’urémie cérébrale. 

L'urée du sang, cependant, de même que le coefficient d’Ambard, 
méthode qui nous permet d'apprécier plus exactement les fonctions uréo- 
sécréloires du rein, n'ont pas élé éludiés, à notre connaissance, etc’est ce 


\ 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 587 


que nous nous sommes proposé de faire sur 50 cas pris aux diverses 
phases de la maladie. 

Pour le dosage de l’urée, nous avons employé l'appareil d’Ambard 
et Hallion; nous avons précipité les albumines du sérum sanguin el du 


liquide céphalo-rachidien par la méthode de Moog. Les résultats obtenus 


se réparlissent comme il suit : 


K — 0,01 TOI TE D DD de EE fois 
K — 0,02 BE 61e Ke: 0 DR M LT Et larme G 
K — 0,03 ARR de Ed ON D Dee 
K — 0,04. 6 KR — 010: Dr 
K = 0,03. . 2 LE — 0,12. RE 
K = 0,06. . 33, | K —0,13. je 


Il résulte de nos recherches que le coefficient a été trouvé normal 
dans la proportion de 34 p. 100 (17 fois) ; si le cofficient a montré une 
hyperfonction du rein, ce qui est en concordance avec sa congestion 
habituelle : l’hyperfonction serait done dans la proportion de 42 p. 190. 
12 fuis, le coefficient nous montre une rétention (de 0,08 à 0,15), donc 
dans la proportion de 24 p. 100. 

Chez un de nos malades examiné une demi-heure avant l’ictus le 
coefficient a été de 0,10; et chez un autre douze heures après licrus, le 
coefficient a été de 0,06. 

En ce qui concerne les deux phases de la maladie, nous constatons 
des coefficients plus grands chez les malades avancés et gàteux. 

Chez quatre de nos malades qui sont morts par des ictus (35-50 jours), 
après nos dosages le coefficient fut de 0,02, 0,04, 0,06, 0,09. 

En résumé, dans les périodes d'état, le coefficient d'Ambard nous 
montre une hyperfonction ou reste normal, tandis que dans les périodes 
avancées il nous montre en général une rétention plus ou moins 
prononcée. 


LA SÉRO-RÉACTION D'ABDERHALDEN DANS LA PELLAGRE, 
par A. OBREGIA et PITULESCO. 
Sur une série de plus de 50 cas de différentes psychopathies dans les- 


quelles nous avons appliqué la séroréaction d'Abderhalden avec des 
résultats que nous communiquerons plus tard, nous défalquons un 


groupe de 7 cas de pellagre, qui nous ont donné l’occasion de faire les 


constatations suivantes : 

Parmi les cas mentionnés, deux appartiennent à la pellagre commen- 
cante,ayant seulement des troubles cutanés et gastro-inlestinaux, tandis 
que les cinq autres étaient des formes avancées avec manifestations 
psychiques plus ou moins graves ‘confusionnelles ou mélancoliformes). 


588 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Le procédé dont nous nous sommes servis est la dialyse, nous 
conformant en tout à la technique d’Abderhalden et Fauser.Les organes 
employés ont été récoltés sur un ancien pellagreux qui a succombé 
dans le service. 

L'un des deux sujets atteints de pellagre commençante élait encore, 
au moment de l'examen, porteur de manifestations cutänées et gastro- 
intestinales. La séro-réaction chez lui nous a donné des résultats 
posilifs avec le sympathique (solaire et cervical), faiblement positifs 
avec le corps thyroïde, et négatifs avec l'écorce cérébrale et Les glandes 
génitales. 

L'autre cas de peliagre incipiente n'était plus porteur des troubles 
manifestes du côté de la peau ou du tube digestif, et, guéri, attendait 
son exeat. La séro-réaction a été négative avec tous les organes cités. 

Les cinq cas suivants ont réagi comme suit : tous les cinq positive- 
ment et très fortement avec l'écorce cérébrale; faiblement avec le 
sympathique (4 cas Sur 5); tout aussi faiblement, mais plus rarement, 
avec le corps thyroïde (3 sur 5), et avec le foie et le cœur (2 sur 5). 
Avec les glandes génitales la réaction a été négative dans tous les cas. 

La première conclusion qui se dégagé de ces constatations, c’est que 
le seul tissu qui ait donné des résultats positifs dans les manifestations 
récentes ainsi que dans les anciennes de la pellagre, c’est le sympa- 
thique ; ce qui indiquerait que ce dernier organe est en disfonction, état 
qui, à son tour, pourrait expliquer la disfonction thyroïdienne, qui 
coexiste souvent. 

D'autre part, la réaction positive que l'écorce a donnée dans les cinq 
cas avancés iudiquerait une disfonction intensive de la corticalité. 

Quant aux réactions plus ou moins positives que les autres organes 
ont données, sans vouloir trop insister, on pourrait les attribuer au 
retentissement disfonctionnel sur l’économie en général. 


(Travail du laboratoire de l'hôpital militaire R. E. de Bucarest.) 


ORIGINES DU CLYCOGÈNE. 
ACIDES GRAS, GLYCÉRINE, ALCOOL ÉTHYLIQUE (suite), 


par N. PAULESCO. 
Nous avons recherché (1) si les composants des substances grasses — 
c'est-à-dire les acides gras et la glycérine — constituent des sources de 


glvcogène. Nous avons aussi étudie, à ce point de vue, l'alcool éthylique, 
qui, par ses propriélés, ressemble à la glycérine. 


(1) Voyez aussi Travaux du laboratoire, qui vont paraître chez Vigot, Paris. 


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590 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


Nous avons expérimenté sur des chiens de taille moyenne. 

Après un jeûne de 7 à 17 jours, ces animaux ont subi l'ablation d'un 
lobe de foie, dont on a dosé le glycogène. 

Le lendemain et surtout le surlendemain ou noue trois Jours après. 
on leur a fait ingérer, — et cela pendant 2 à 7 jours, — une certaine 
quantité (50 à 1.085 grammes) des diverses substances que nous avons 
étudiées. 

Puis, les chiens sont lués par la section du bulbe et l'on prélève du foie, 
du cœur et des muscles, pour y doser le glycogène. 


Conclusions. — 1° Les acides gras (oléique et palmitique), ingérés, 
ne constituent pas des sources de glycogène; 

2° La glycérine, ingérée, est une source importante de glycogène; 

3° L'alcool. ingéré, ne produit pas de qghycogène. 


SIGNIFICATION DE L ALBUMINURIE, 


par N. PAULESCO. 


Des recherches expérimentales, sur lesquelles nous reviendrons en 
détail (4), et qui confirment et précisent les données cliniques, — il 
résulte que : 

4° L'albuminurie reconnait comme causes : des agents physiques 
(vefroidissement, hyperthermie), des agents chimiques (empoisonne- 
ments exogènes et endogènes), des agents biotiques (maladies micro- 
biennes), les stases sanguines des reins (ligature de l'artère ou de la 
veine rénale, asystolie, thromboses veineuses), les stases urinaires 
(ligature des uretères, obstruction ou compression de ces conduits par 
un calcul ou par une tumeur (2); 

2° Les albumines de l'urine ne proviennent pas du plasma sanguin 
des glomérules rénaux, parce qu’elles s’y trouvent dans d’autres propor- 
lions que dans le sang (prédominance de la globuline, absence de la 
substance fibrinogène) et parce qu'on y rencontre aussi des albumines 
autres que celles du sang; par exemple, l’albumine, ou plutôt la globu- 
line coagulable qui constitue les cylindres ; 


e 


1) Voyez aussi : Travaux du laboratoire, volume qui va paraître, chez 
Vigot (Paris). 

(2) En clinique, l’albuminurie reconnait aussi pour causes cerlaines 
uéoplasies rénales (adénomes ou reins polykystiques) et certains troubles 
nerveux, surtout trophiques, survenus au cours des névroses (neuro-arthri- 
tisme ou herpélisme). 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 591 


3° Les albumines de l'urine proviennent de l'épithélium sécréteur du 
rein qui renferme une proportion de globulines considérable par 
rapport à la sérine. C'est ce que l'on peut reconnaitre facilement dans 
les cas de néphrites intenses, où l'on voit se former des vésicules ou des 
boules dans le protaplasma cellulaire, pour tomber ensuite dans Île 
canalicule urinifère. Là, ces formations pathologiques se dissolvent dans 
l'urine ou bien se concrètent pour former les cylindres : 

4 L'albuminurie se comporte comme le produit d'une sécrétion anor- 
inale du rein et peut être comparée à la sécrétion muqueuse du catarrhe 
des voies respiratoires, qui survient du reste dans les mêmes conditions 
étiologiques qu'elle. 


L'albuminurie est donc l'expression d'un calarrhe rénal, e’est-à-dire 
d'un état de congestion, avec troubles nutritifs des cellules glandu- 
laires et sécrétion anormale consécutive. 


LA MÉTHODE D'ABDERHALDEN CHEZ LES ANIMAUX EN ÉTAT 
DE TÉTANIE EXPÉRIMENTALE, 


par J. UREcCuia et À. Poprtra. 


Entre les diverses glandes à sécrétion interne existent des liens de 
parenté embryologique, d’analogies fonctionnelles, de ressemblance 
structurale etc., et une des tendances de la physiologie actuelle est de 
voir dans ces liens communs des preuves de leur solidarité synergique. 

L'étude systématique des relations physiologiques entre les diverses 
glandes, entreprise par les méthodes anatomo-pathologique, clinique où 
chimico-physique, a donné déjà bon nombre de résultats intéressants. 
Nous nous sommes demandé si la réaction d'Abderhalden pour les 
« Abwehrfermente », appliquée à l'étude des glandes à sécrétion interne, 
ne pourrait pas nous donner dés résultats qui pussent contribuer à 
éclaircir les rapports fonctionnels interglandulaires, et dans cette pre- 
mière nôle nous apportons les résultats obtenus chez des animaux 
(chiens) ayant subi l’extirpation de l'appareil thyro-parathyroïdien. La 
méthode employée par nous a été celle de la dyalyse. 


I. — Chien adulte de 18 kilogrammes : après l’extirpation complète de 
l'appareil thyroparathyroïdien, l'animal succombe avec des phénomènes 
de tétanie évidente le troisième jour après l'opération. 

Le sérum de cet animai nous a donné une réaction intense avec le 
pancréas (+), modérée avec la surrénale, le cerveau, et nulle avec le 
testicule, le rein et Le foie, 


592 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST 


II. — Chienne adulte de 9 kilogrammes; sacrifiée six jours après 
l'opération en plein accès tétanique. 

Le sérum nous donna une réaction intense (+ +) avec le pancréas, 
et très faible avec la surrénale et le foie; réaction négative avec l'ovaire, 
la rate, l'écorce cerébrale et le rein. 


IT. — Chien adulte de 13 kilogrammes; sacrifié en plein accès de _ 


tétanie le quatrième jour après l'opération. - 

Le sérum nous donna une réaction positive (+) avec le pancréas et la 
rate, très faible avec le foie et la surrénale, et nulle avec le testicule, le 
cerveau, le rein et l'hypophyse (1). | 

IV. — Chienne adulte de 10 kilogrammes; sacrifiée le quatrième jour 
de l’opération. 

Le sérum nous donna une réaction positive (+ +) avec le pancréas et 
la rate, faible avec la surrénale et nulle avec le foie, le rein, l'ovaire et 
le cerveau. 


Tableau comparatif des réactions des quatre cas. 


Z Ë 3 2 a 
< A 2 Cl | al a 
£ ; a m Z > pc = 
= Z a = = < Le | ë = 
G “2 « © > 2 = | 4 A 
2 Ex # E = $ ÉRPRURS si 
< cf = Fe © Al 
és 2 ‘ 5 E 


De ces quatre expériences, il résulle que le pancréas a toujours donné 
une réaction positive, intense; la surrénale a donné une réaction faible, 
mais conslante; la rate a donné trois fois une réaction posilive et une 
fois nulle: le foie a donné une réaction très faible trois fois et nulle 
une fois. L’écorce cérébrale nous donna une réaction positive dans un 
seul cas (avec du sang récolté immédiatement après la mort de l'animal): 
le rein, l'ovaire, le testicule nous ont donné toujours une réaction néga- 
live; l’hypophyse, que nous avons employée dans un seul cas, nous à 
donné une réaction négative. 

La chose qui frappe surtout dans ces expériences, c'est la réaction du 
pancréas, qui a été constante et la plus intense, et ce fait viendrait à 


l'appui de ceux qui plaident pour un anlagonisme entre le pancréas et: 


1) Nous avons employé l’hypophyse dans ce cas seulement, car il nous a 
‘allu dix chiens pour nous procurer la quantité néeessaire pour une réaction. 


acéh, dub à 25 


Pois: à as 


dia * Dirgn Seb ue LA tr tiré à es 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE + 593 


la thyroïde (Lorand, Eppinger, Falta et Rudinger, Falta et Bertelli, 
Dicini). 

En ce qui concerne la surrénale, ses rapports avec la thyroïde et la 
parathyroïde ont été déjà constatés par Parhon, Gulere, etc.). En ce qui 
concerne les autres glandes qui ont donné des réactions variables, des 
statistiques plus étendues sont encore à faire pour se faire une idée 
précise. 


Nous tenons à apporter nos vifs remerciements au D" P. Pitulesco, qui 
a mis à notre disposition son matériel de technique. 


(J’ravail du laboratoire de l'hôpital militaire. La Section mologique 
du médecin capitaine Pitulesco.) 


BiOLOG1E. Compres RENDES. — 1043. T. LXX\. 1 


REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


SÉANCE DU 2 DÉCEMBREN9IS 


SOMMAIRE e 
AUcHÉ (B.) : Le lait des femmes transplantation de la cornée et 
tuberculeuses . . . . .. 5 + + +. + + 094 | l'évolution histologique des gref- 
Bonneron et Lacoste : Nouvelles Fons SM TE POP RS TES He 


. recherches expérimentales sur la 


Présidence de M. Bergonié, président. 


LE LAIT DES FEMMES TUBERCULEUSES, 


par B. AUCRÉ. 


Le passage des bacilles tuberculeux dans lelait des nourrices atteintes 
de luberculose pulmonaire a fait l’objet de recherches nombreuses 
depuis Escherich, qui semble avoir été le premier auteur à s'occuper de 
ce sujet. La méthode employée pour la recherche des bacilles a toujours 
été celle des inoculations au cobaye et au lapin. MM. Kurashige, 
Mayeyama et Yamada seuls, dans ces derniers temps, ont employé la 
méthode à la formaline dont s'est servi Kurashige pour la mise en 
évidence des bacilles dans le sang circulant. Les résultats obtenus par 
les auteurs sont des plus variables : 

La plupart, employant la méthode des inoculations au cobaye, n’ont 
jamais constaté la présence des bacilles tuberculeux dans le lait. De ce 
nombre sont MM. Fedé,de Bonis, Pasquale de Michele, Füster, Mathilde 
de Biehler, Czerny-Keller, Schlossmann. Les premiers, MM. Roger et 
Garnier, à l’aide de la même méthode, ont obtenu un résultat positif et 
démontré que le lait d'une phtysique peut se montrer virulent. 

A l’occasion d'une communication à la Société de Biologie (7 juillet 
4907), sur «la recherche de la tuberculine dans le lait des femmes 
tuberculeuses », MM. Guillemet. Rappin, Fortineau et Patron disent 
incidemment qu'ils ont pu tuberculiser des animaux en leur inoculant 


SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 595 


2 c.c. de lait cru de femmes tuberculeuses ne présentant aucune lésion 
appréciable de la mamelle. Après cette communication, M. Moussu 
(d’Alfort) fait connaître que, dans les mêmes conditions, il a tuberculisé 
environ un dixième des cobayes inoculés. Patron, en injectant 2 à3 c.c. 
de lait, dit avoir obtenu des résultats positifs 4 fois sur 11 inoculations, 
c'est-à-dire dans 36,36 p. 100 des cas. 

Enfin, par l'emploi de l'antiformine, MM. Kurashige, Mayeyama et 
_ Yamada ont constaté la présence des bacilles tuberculeux dans le lait 
des femmes tuberculeuses dans la proportion de 85 p. 400 des cas. Ils 
l'ont trouvé dans tous les cas de tuberculose au 2° et au 3° degré el 
dans la proportion de 76,6 p. 100 des nourrices à la période de prétuber- 
culose et au 1°" degré de la tuberculose. 

Depuis plusieurs années, nous avons étudié tous les cas, au nombre 
de 6, qui se sont présentés à nous. Chaque fois le lait a été recueilli 
aussi aseptiquement que possible. après lavage au savon et à l'alcool 
des seins et des mains, dans des récipients stérilisés. L’inoculation du 
lait a toujours été faite dans la cavité péritonéale des cobayes, sauf dans 
la dernière observation, où l'inoculation à été pratiquée dans le tissu 
cellulaire sous-cutané. Les seins des femmes observées n’ont jamais 
présenté des signes cliniques de tuberculose mammaire. Voici, très 
résumées. les observations de nos malades et le résultat de nos inocu- 
lations : 


Os, I. — Mu D..., vingt-six ans, allaite son enfant depuis un mois et demi. 
Tuberculose pulmonaire au 2° degré. Injection au cobaye de 10 c.c. de lait. 
Animal est sacrifié au bout de trois mois et dix jours : pas de lésions tuber- 
culeuses. 

Oss. II. — Mae C..., vingt ans, nourrit au sein depuis quatre mois. Tuber- 
culose pulmonaire au 2° degré. Inoculation intrapéritonéale de 10 c. c. de lait, 
_ Animal est sacrifié au bout de deux mois : pas de lésions tuberculeuses. 

Oss. III. — Mme M..,trente-deux ans, nourrit depuis huit mois. Tuberculose 
pulmonaire au 1° degré. Inoculation intrapéritonéale de 12 c.c. de lait. 
Animal est sacrifié au bout de deux mois et demi : pas de lésions tubercu- 
- leuses- 

Ogs. IV. — Mne S.., vingt-cinq ans, nourrit au sein depuis douze jours. 
. Tuberculose pulmonaire au 1°r degré. Injection intrapéritonéale de 6 c.c. de 
 Jait. Animal est sacrifié au bout de quatre mois : pas de lésions tubercu- 

leuses. 

Os. V. — Mme M. vingt-trois ans, nourrit au sein depuis vingt jours. 
Tuberculose pulmonaire au 2° degré. Injection intrapéritonéale de 10 c.c. de 
- Jait. Animal sacrifié au bout de deux mois et vingt jours : pas de lésions 
tuberculeuses. 

O8s. VI. — Mu G.., nourrit depuis un mois. Tuberculose pulmonaire au 

2e degré. Injection sous-cutanée de 10 c.c, de lait. L'animal vit depuis le 
“25 mai 1912, date de l'injection, Jusqu'au 15 mars 1913, date à laquelle il est 
sacrifié : pas de lésions tuherculeuses, 


596 ; RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 


En résumé, l'inoculation au cobaye du lait de 6 femmes, dont 4 sont 


atteintes de tuberculose au 2° degré et dont 2 présentent les symptômes 
du 1°’ degré, n’a jamais déterminé la production de lésions tuberculeuses. 
Bien que négatives, nous avons tenu à faire connaître ces quelques 
recherches. Elles montrent la discordance entre les résullats obtenus 


par les auteurs et montrent que la question reste ouverte et appelle 


de nouvelles recherches. 


NOUVELLES RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA TRANSPLANTATION 
DE LA CORNÉE ET L'ÉVOLUTION HISTOLOGIQUE DES GREFFONS, 


par BONNEFON et LACOSTE. 


Après avoir étudié les résultats donnés par l’autopiastie cornéenne (1), 
nous avons cherché à obtenir des greffes hétéroplastiques. En trans- 
plantant sur des pertes de substances creusées sur des cornées de lapin 
des fragments de cornée empruntés, soit au cobaye, soit à la poule, 
nous avons obtenu des résullats absolument comparables, au point de 
vue dela conservation de la transparence, aux résultats déjà mentionnés 
de kératoplastie autoplastique (lapin sur lapin), dont il est permis de 
constater après huit mois la parfaite transparence. 

Au point de vue histologique, il nous à été donné d'observer des 
différences importantes entre ces trois variétés de greffe. 

Tout d’abord, nous avons pu apporter une démonstration nouvelle et 
beaucoup plus précise d’un fait que l’autoplastie cornéenne nous avait 
déjà laissé entrevoir : la néerose précoce des cellules fixes du transplant 
et leur remplacement rapide par des cellules jeunes venues de l'hôte et 
qui régénèrent la cellule fixe normale. 

Des caractères anatomiques très nets différencient les cellules épithé- 
liales et conjonctives de la cornée du lapin de celles de la poule et du 
cobaye. Dans l'hétéroplastie lapin-cobaye, tout comme dans l’autoplastie, 


les cellules fixes du transplant meurent; les éléments régénérateurs qui 


pénètrent la greffe y reproduisent, à la place des cellules de cobayes 
mortes et déblayées, des cellules de lapin de type normal. 

Seul, l'épithélium du greffon persiste avec les caractères morpho- 
logiques de l’épithélium normal de cobaye. Au bout de six mois, le 
fragment de cornée de cobaye inclus dans la cornée du lapin ne peut 
ètre différencié de cette dernière que par son revêtement épithélial. 


L'évolution de l'hétéroplastie lapin-poule, dont nous vous présentons . 


aujourd'hui un échantillon vivant, est tout à fait différente. 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, novembre 1912. 


PONT PNR UE VAS VRP 


© 
© 
1 


SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 


Le greffon perd rapidement son revêtement épithélial propre, auquel 
se substitue l’épithélium du lapin. Les cellules fixes dégénèrent lente- 
ment, mais ne sont remplacées par aucun élément venu de l'hôte. La 
greffe réduite à un squelette conjonctif, diminue lentement de volume et 
des paquets de fibrilles venues de la cornée de lapin la pénètrent par 
ses bords. Ces phénomènes sont entièrement comparables à ceux que 
Volgas a observés en greffant des fragments de cornée conservés au 
formol. Il s'agit, dans les deux cas, d'un processus d’inelusion d’un 
véritable corps étranger aseptique, progressivement résorbé, Mais cette 
résorption s'accompagne d’une régénération lente de la cornée transpa- 
rente du porte-greffe et le résultat macroscopique demeure, comme on 
peut en juger, des plus satisfaisants. 

Au point de vue pratique, il est permis de tirer quelques déductions 
intéressantes de ces observations. 

La kératoplastie n’a donné jusqu’à présent, dans le traitement des 
taies de la cornée, que des résultats médiocres ou nuls qui eontrastent 
singulièrement avec les résultats parfaits de la transplantation expéri- 
mentale. SM 

Nos expériences, qui mettent en lumière le rôle passif du greffon et le 
rôle actif du porte-greffe, qui demeure dans tous les cas le véritable 
agent de la régénération transparente, tendent à démontrer que la greffe 
en tissu cicatriciel est, par définition, vouée à l'insuccès, puisque les 
éléments de régénération qui remanieront le greffon seront eux-mêmes 
dérivés d’un tissu pathologique. 

Au point de vue biologique, l'hypothèse de la survie du greffon au 
sein de l'organisme porte-greffe ne résiste pas au contrôle de l'analyse 
microscopique. 


598 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


EX 
SEANCE DU 8 DÉCEMBRE 1913 
"+. SOMMAIRE 
BraoquiN-LAcOusE (A.) : Sur un ca- LieNHARt (R.): Présence en Lor- . 
ractère différentiel entre Bacillus raine d'Orcheslia bottæ Milne Edw. 106. 
mesentericus niger et Bacillus lactis Mercier (L.) : Recherches sur la 
FO LA RS RER DEC RE AT OT EN 191 | spermatogenèse chez Panorpa ger- 
Cozzin (R.) : Les relations des à MANGA Lt TEEN RS De 108 
corps de Nissl et des neurofibrilles Sartory (A.) : Localisation de là 
dans la cellule nerveuse . . .. . .. 103 | muscarine dans Amanila muscaria 
Durour (M.\ : Sur le centrage des L. (Fausse Orange) : + 2%. 14 410 


verres de lunettes (Première note). 104 


Présidence de M. Meyer. 


SUR UN CARACTÈRE DIFFÉRENTIEL ENTRE Bacillus mesentericus niger 
ET Bacillus lactis niger, 


par A. BROQUIN-LACOMRE. 


En 1896, lorsque Biel (4) isola un Bacille, de la pomme de terre, pro- 
duisant un pigment noir, cet auteur émit l'hypothèse que la production 
bactérienne d’une semblable matière colorante n’avait pas été décrite. 
Or, Gorini (2) rappela qu’en 1894 il avait découvert une Bactérie qu'il 
avait appelée : Bacillus laclis niger, en raison de son origine et de la 
coloration des cultures sur pomme de terre et agar. : 

Ce dernier savant se dispensa toutefois de décrire la Bactérie nouvelle 

et la rapprocha du Bacillus lactis albus de Lüffer landis qu'il rapprocha 
le Bacille noir de Biel du Bacillus mesentericus de Flugge. 


(1) Biel. Sn einen schwarze Pigmentbildenden Kartoffelbacillus. Cen- 
tralbl. für Bakt, 2. Abt. Band XI, 1896, p. 137. 

(2) G. Gorini. jrs die schwarze Pigmentbildenden Bakterien. Centralbl.. 
für Bakt., t. XX, 1896, p. 94. | 


( 


= 


(102) SÉANCE DU $ DÉCEMBRE 594 


Les auteurs modernes ne sont pas catégoriques sur la différenee à 
établir entre facillus mesentericus niger et Bacillus lactis niger. C'est 
ainsi que pour Macé (1) le dernier ne se distinguerait du premier que 
par l'absence des plis dans les colonies et même, pour Miquel et Gam- 
bier (2) leur identité serait possible. « 

Ces dernières assertions nous ont donc amené à rechercher s’il n'exis- 
tait pas entre ces deux Bacilles chromogènes d’autres caractères distinc- 
üfs que le plissement des colonies qui ne se produit d’ pause qu’assez 
tard dans ces dernières. 

Nous avons expérimenté avec des Bacilles provenant des collections 
de Kral, Courmont, Beyerinck et fait des cultures sur milieu synthétique 
de Lasseur (3). Le liquide nutritif à été réparti à la dose de 10 c.c. dans 
des ballons à fond plat de 60 à 79 c.c., puis ensemencé avec des frag- 
ments de voile provenant de cultures âgées de cinq à six jours et placé 
à l’étuve à 37 degrés C. Toutes les cultures ayant été faites dans les 
mèmes conditions, nous avons toujours obtenu les mêmes différences 
de coloration indiquées ci-après : 


Ée COLORATIONS DU VOILE COLORATIONS DU LIQUIDE 
Bacillus mesentericus niger. . . Blanche, ‘ Bleu par réflexion 
Ardoisée, et violet par transparence, 
re Noire. puis noir. 
Bacillus lactis niger.. .:... .. Blanche. Incolore. 


Eu outre, sur ces cultures en milieu synthétique, comme celles obte- 
nues par Biel, le voile est plissé par Bacillus mesentericus niger tandis 
qu'il est lisse pour le Bacille de Gorini. Nous tenons cependant à faire 
remarquer, en ce qui concerne ce dernier caractère, que nous ne lui 
attribuons qu'une valeur relative, car nous avons pu observer sur un 


assez grand nombre de cultures de Bacillus ineseñtericus niger et surtout 


de Bacillus mesentericus vulgaius, que le plissement du voile est variable 
suivant des causes très diverses. 


En résumé, si les deux microbes étudiés présentent un grand nombre 
de caractères semblables que nous nous réservons de faire connaître 
plus tard, ainsi que les nouveaux caractères différentiels que nous pour- 
rions observer, nous croyons d'ores et déjà pouvoir formuler les conclu- 
sions suivantes : 

i° Le plissage du voile n'est pas le seul caractère différentiel entre 
Bacillus mesentericus niger et Bacillus lactis niger. La coloration du voile 


) Macé. Traité pratique de Bactériologie. 5° édition, Baïllière, Paris, p. 445. 
) Miquel et Gambier. Traité de Bactériologie. Masson, Paris, p. 709. 

) Lasseur. Contribution à l’étude de B. chlororaphis Guignard et Sauva- 
geau. Thèse de doctorat ès sciences, Nancy, 1911, p. 56. 


(1) 
(2 
3 


600" RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY No (103) 


et de la culture en milieu synthétique les différencient avec beaucoup 
plus de netteté et de certitude. | 

20 Bacillus mesentericus niger n'est donc pas dent à NbE 
lactis niger. 


LES RELATIONS DES CORPS DE NISSL ET DES NEUROFIBRILLES 
DANS LA CELLULE NERVILUSE, 


par R. CoLLix. 


Les récentes recherches de Marinesco sur la structure colloïdale des 
cellules nerveuses ont ramené l'attention des histologistes sur la struc- 
ture fine de ces éléments. Il semble démontré aujourd’hui qu'il n'existe 
pas de corpuscules de Nissi préformés aux formes géométriques tels 
qu'on les observe d'habitude sur les neurones fixés et colorés. 

En effet, l'examen des cellules vivantes pratiqué à l’ultramicroscope 
montre que leur cytoplasma contient un nombre considérable de granu- 
lations de couleur, de volume, de densité variable avec l’âge et l'espèce 
de l'animal, granulations que certains réactifs peuvent précipiter sous 
les veux de l'observateur en provoquant en même temps la mort de la 


cellule. Toutefois, les résultats de l’expérimentation convenablement. 


variée permettent de se demander si la précipitation des granulations 
colloïdales, sous forme de corpuscules de Nissl, constitue tout simple- 
ment un phénomène artificiel, créé de toutes pièces par les réactifs, 
ou bien s'il ne préexiste pas un certain arrangement invisible à la 
lumière directe et à l'éclairage latéral que les réactifs précipitants 
mettent en évidence. Marinesco est enclin à admettre cette dernière 


manière de voir. Je pense à mon tour que la même conclusion se dégage. 


si l’on précise convenablement les rapports de la substance chromato- 
phile et de la charpente neurofibrillaire sur des pièces fixées et colorées 
successivement par la méthode à l'argent réduit et par le bleu de Nissl. 

Dans les travaux de Donaggio, Cajal, Van Gehuchten et les miens, on 
trouve la mention que l'image obtenue par la méthode de Nissl n’est pas 
le négatif de l'image obtenue par les méthodes neurofibrillaires, ainsi 
que le pensait Bethe, mais que « dans chaque bloc de substance chroma- 
tophile se trouve incorporée une partie du réseau protoplasmatique et 
principalement les trabécules unissantes des neurofibrilles » (1). Néan- 
moins, les auteurs précités n’ont pas précisé suffisamment les rapports 
de ces deux formations. Pour apporter une nouvelle contribution à 
l'étude de cette question, j'ai examiné diverses variétés de neurones et 
voici les résultats auxquels je suis arrivé. 


(4) Van Gehuchten. 


Le Eu CE né Aer ED COUR 7 a) di sé e dne 9 is ré 


(104) = SÉANCE DU 8 DÉCENBRE 601 


Parmi les cellules funiculaires de la moelle épinière chez le Chat 
nouveau-né ou ägé de quelques jours, il n’est pas rare de rencontrer 
des neurones triangulaires ou fusiformes où dominentles neurofibrilles 
primaires longues. Ces neurofibrilles sont d'habitude groupées en un 
faisceau puissant qui traverse l'élément d’un dendrite à l’autre en reje- 
tant le noyau sur le côté. On ne trouve pas de corps de Nissl sur les 
faisceaux en question, mais seulement dans les points de la cellule où 
la charpente neurofibrillaire forme un réseau de fines travées de-second 
ordre. On peut faire la même observation sur ces cellules des cordons, 
plus compliquées, où il existe plusieurs fascicules de neurofibrilles pri- 
maires qui convergent vers le noyau. Ici encore les corps de Nissi ne 
sont observables que dans les points où il existe un réseau indubitable 
formé par les neurofibrilles secondaires. Enfin, au niveau du cône de 
bifurcation, il existe toujours, dans l’espace angulaire limité latéralement 
par deux faisceaux convergents de neurofibrilles longues, de fines 
anastomoses qui les relient transversalement ou obliquement. Ce sont 
des neurofibrilles secondaires qui sont englobées dans la masse du 
cône de bifurcation. On peut multiplier de pareilles observations et 
conclure que les faisceaux épais de neurofibrilles primaires restent 
toujours indépendants des corps de Nissl et que ceux-ci peuvent être 
considérés comme annexés à la charpente réticulaire constituée par les 
seules neurofibrilles secondaires dont leur substance incruste et épaissit 
les travées. 

Ces faits permettent de penser que si la substance chromatophile 
n'est pas préformée sous la forme de corps de Nissl proprement dits, 
les granulations colloïdales dont la précipitation donne naissance à 
ces derniers sont disposées de préférence dans les points de la cellule 
où l'on trouve un fin réseau neurofibrillaire, en dehors des trajets recti- 
lignes ou flexueux constitués par les faisceaux de neurofibrilles longues 
primaires. 


(Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de Médecine de Nancy.) 


SUR LE CENTRAGE DES VERRES DE LUNETTES 


(Première note), 


par M. Durour. 


Quand les oculistes déterminent des verres correcteurs à la clinique, 
ils cherchent d'ordinaire à remplir certaines conditions : le patient 
regardant droit devant lui, le verre qu’on essaie pour un œil est placé 
dans un plan de front, de facon à être traversé normalement en son 


. 


centre par les rayons lumineux utiles. Si le porteur ne place pas ses 
verres dans ces conditions correctes, il n’en tire pas tout le profil qu il 
pourrait en tirer : la chose est facile à comprendre. 

Les théories ordinaires de l'optique, que pratiquement nous pouvons 
appliquer en première approximation, supposent que les rayons 
lumineux passent au voisinage immédiat du centre des surfaces réfrin- 

sentes qui composent le système centré : si cette première condition : 
n'est pas satisfaite, des aberrations interviennent. La théorie suppose 
ercore que les rayons lumineux sont sensiblement normaux aux sur- 
faces réfringentes et dirigés suivant l’axe de la lentille. Si un verre est 
placé obliquement sur le rayon visuel, les images présentent de 
l’astigmatisme. ï 

Ce qui précède s'applique aux verres correcteurs agissant pour chaque 
œil pris isolément. Mais, si les deux yeux doivent concourir à la pro- 
duction de la vision binoculaire, il y a encore autre chose à signaler. 
Quand devant un œil on déplace un verre de lunettes convergent ou 
divergent, la direction dans laquelle où voit un objet déterminé dépend 
de la position du centre du verre devant l’œil. L'effet du décentrement 
des verres dans les lunettes est employé couramment pour corriger 
certains strabismes. Pour cette raison encore, il importe que le verre 
correcteur soit-bien centré devant l'œil. 

Or il n’est pas besoin d’être oculiste pour remarquer autour de soi, 
dans la rue ou ailleurs, combien les verres correcteurs sont souvent 
piacés de facon bizarre devant les yeux de ceux qui les portent : ils 
sont rarement dans un plan de front, leur écartement ne correspond 
pas à l’écartement des yeux, la même monture de lunettes ou de pince- 
nez semblant appliquée indistinctement aux enfants et aux vieillards, 
un verre se trouvant plus haut que l’autre, etc... Nous sommes donc 
amenés à nous demander comment il se fait que les défauts des images 
qu'eniraine la position incorrecte des verres ne gênent pas beaucoup les 
porteurs. 

Nos yeux sont assez lolérants pour lécartement des verres : il est 
facile d'en faire l'expérience en prenant une monture d'essai à écar- 
tement variable. Pour mon compte, je supporte, avec mes verres 
correcteurs de — 4,5 dioptries, tous les écarts que comporte ma lunette 
d'essai, écarts variant de 5 centimètres à 7 centimètres. Si, au liéu 
de faire rapidement l'expérience avec des luneites d'essai, je la 
prolonge avec des pince-nez pour lesquels l'écartement des verres 
diffère notablement de l'écart-ment de mes yeux, je perçois au bout 
d'un certain lemps assez variable, une heure ou deux par exemple, une 
gène qui peut aller jusqu'au mal de tête. Il est certain que la manière 
dont l’espace visuel est rempli par les images des objets qu’on regarde 
doit varier avec l'écartement des verres, mais dans la pratique on ne 
remarque là rien de frappant. 


(106) - SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 603 


Si je place mes verres correcteurs de manière à ce que leurs centres 
ne soient pas à la même hauteur, je vois tout d’abord deux images, 
puis, en déplaçant un peu la têle, j'arrive à les fusionner et je m'habitue 
à cette position des verres, tout comme certains sujets ayant un peu de 
diplopie arrivent à fusionner des images par une posilion convenable 
de la tête. 

Notre organisme présente donc des ressources physiologiques qui lui 
permettent de s'adapter à des circonstances s’écartant de la normale. 
C'est cette adaptation une fois faite qui nous rend parfois si chers des 
sutils défectueux : je connais, par exemple, des astigmates intelligents 
qui préfèrent porler des verres sphériques inclinés sur la ligne du 
regard par une monture de pince-nez défectueuse, plutôt que des verres 
sphéro-cylindriques leur donnant pourtant une meilleure acuité 
- visuelle. Il faut bien remarquer que l’on ne fait pas toujours grande 
attention à la qualité des images rétiniennes perçues: bien souvent, il 
aous suffit pour nous conduire dans la vie d’avoir des indications assez 
grossières, tout comme nous lisons sans difficulté un journal dont 
- l'impression est défectueuse. Mais dans les cas où il est nécessaire 
d'avoir de bonnes images rétiniennes, il faut absolument apporter 
beaucoup de soin au choix des montures; je me propose de lexposer 
dans une prochaine note. 


PRÉSENCE EN- LORRAINE D'Ürchestia botiæ Miixe EDw., 


par R. LIENHART. 

Au mois de juin de cette année, en recherchant des Insectes à la mare 
salée de l'usine de Sainte-Valdrée, près de Laneuveville devant Nancy, 
- j'ai été surpris de trouver le long du principal canal de décharge de 
lusine un Amphipode sauteur très abondant. Par ses allures il rappelle 
les Talitres, vulgairement nommés Puces de mer, que l'on trouve si 
nombreux sur tout le liltoral dans les débris d’Algues et de Zostères 
rejetés sur la plage à chaque marée. 

Bien que, à Sainte-Valdrée, ces Amphipodes soient très nombreux, il 
est cependant assez difficile de s’en saisir. Ils sont très agiles et le sol 
qu'ils habitent, formé de scories, offre de faciles retrailes. Cet Amphi- 


_  phode n'était autre qu'Orchestia bottæ (4) H. Milne Edw., espèce rare 


partout et jusqu'ici inconnue en Lorraine. En effet, elle n’a élé signalée 
en France qu’à Chinon au bord de la Viénne sous des pierres, à Nantes 


(1) Je suis heureux de remercier ici M. Chevreux qui a bien voulu vérifier 
_ma détermination. 


60% | RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 


dans un puits, à Epinay-sur-Seine au bord d’un lac et à Cambrai en 1906, 
par M. l’abbé Godon, au bord du canal de Saint-Quentin. Constatons 
que cette espèce bien que terrestre a toujours été trouvée dans le voisi- 
nage de l’eau; elle aime en effet les sols frais el présentant des anfrac- 
tuosités. 

Mon but n'est pas de donner ici une description morphologique 
détaillée de cette espèce, ni d'exposer ses mœurs que je n’ai pu encore 
étudier qu'imparfaitement, je réserve ces études pour un autre travail. 
Je me propose seulement de rechercher depuis quand et comment cette 
espèce s’est élablie à Sainte-Valdrée. Depuis 1908, je chasse des Insectes 
en cet endroit et jamais jusqu'au mois de juin dernier, je n'ai vu 
d’Orchesties. Leur venue en ce lieu doit être très récente, autrement je 
ne puis m'expliquer que ces amphipodes, aujourd’hui si nombreux, aient 
pu jusqu'ici échapper à ma vue. 

Orchestia bottæ est évidemment une forme marine, une espèce voisine 
abonde sous les pierres du littoral, très euryhaline elle a facilement pu 
gagner l'intérieur des terres. Il est probable quelle se trouve un peu 
partout sur le continent, mais localisée en certains points. J’ai trouvé à 
Sainte-Valdrée une de ces stalions, et les circonstances m'y aidant, je 
pense avoir saisi le mécanisme spécial de la dissémination de cette 
espèce. 

Quelques mètres à peine séparent la mare Sainte-Valdrée du canal 
de la Marne au Rhin; il était vraisemblable de penser que c'était par 
cette voie, le long des berges par exemple qu'Orchestia bottæ avait pu 
venir. De consciencieuses recherches m'ont démontré qu'on ne trouve 
pas actuellement cet Amphipode le long du canal, la partie émergée des 
berges est d’ailleurs peu considérable. Mais il y a peu d'années, le canal 
de la Marne au Rhin fut mis à sec sur un très long parcours. Celte mise 
à sec dura quelques semaines; à ce moment les berges du canal entiè- 
rement mises à découvert, mais cependant encore très humides et 
pleines d’anfractuosilés devenaient pour Orchestia bottæ un passage 
très possible; la mare Sainte-Valdrée toute proche, offrait à cette espèce 
un lieu propice et une colonie n'a pas tardé à s'y établir. Puis les eaux 
rendues au canal, la communication fut coupée et la colonie de Sainte- 
Valdrée est désormais isolée jusqu’au jour ou une nouvelle baisse des 
eaux du canal permettra aux Orchesties d’aller fonder plus loin une 
nouvelle colonie. 

Manquant de preuves, je ne puis accorder à ce procédé de dissémi- 
nalion d'une espèce que la valeur d’une hypothèse ; je la crois cepen- 
dant acceptable, et de plus, les circonstances dans lesquelles l'abbé 
Godon a trouvé Orchestia “bottæ à Cambrai viennent sérieusement 
lappuyer. 

« J'ai trouvé, dit l'abbé Godon, Orchestia bottæ à Cambrai, au canal 
de Saint-Quentin, entre l'écluse de Cantimpré et l'écluse de Froville, 


(108) SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 605 


surtout près du pont Marquoin. Avant le doublement des écluses, le 
chômage de la navigation avait lieu presque annuellement : lors de la 
baisse des eaux, on pouvait capturer en abondance cet Amphipode sur 
la vase du bord. Ma dernière récolte a été faite le 16 juin 1906 (1). » 

Les rives du canal de Saint-Quentin, tout comme (je le suppose du 
moins) celles du canal de la Marne au Rhin, ne furent donc que des 
stations temporaires, détruites dès que les eaux sont revenues à leur 
niveau normal. 

Etant donné ces faits, je crois qu’il m'est permis de hasarder l’hypo- 
thèse suivante : Orchestia botlæ, espèce venue des bords de la mer et 
très euryhaline, emploie pour se répandre dans l’intérieur des terres les 
chemins vaseux laissés sur les berges des cours d’eau lors des baisses 
de niveau naturelles ou provoquées par l'Homme. 


(Travail du laboratoire de zoologie de la Faculté des Sciences de Nancy.) 


RECHERCHES SUR LA SPERMATOGENÈSE CHEZ Panorpa germanica L., 


par L. MERCIER. 


L'anatomie des testicules des Panorpes nous est connue depuis les 
recherches de Dufour et de Lüw; mais nous ne savons presque rien, à 
ma connaissance tout au moins, de l’évolution de ces organes. Aussi, je 
me propose d'établir dans cette note préliminaire les principales étapes 
de la spermatogenèse chez Panorpa germanica L., l'une des quatre 
espèces de Panorpes (2) que l’on peut capturer dans les environs 
immédiats de Nancy. 

Les testicules de P. germanica adulte sont situés vers le tiers posté- 
rieur de l'abdomen ; ils forment deux masses ellipsoïdales bien séparées 
et enveloppées chacune d’une tunique de couleur brun rougeätre. 
L'extrémité antérieure de chaque testicule se prolonge en une petite 
pointe presque subuliforme ; l'extrémité postérieure se continue par un 
canal déférent. 

Des coupes transversales de testicule montrent que cet organe est 
typiquement (3) constitué par trois loges oblongues, cylindroïdes, bien 


(1) Abbé J. Godon. Les Crustacés Amphipodes des eaux douces «le la région 
du nord de la France, page 17. Lefebvre, éditeur, Cambrai, 1912. 

(2) Ces quatre espèces sont : P. germanica L., P. communis L., P. cognata 
Raus., P. alpina Ras. 

(3) Je dis typiquement constitué par trois loges, car il peut y avoir des 
exceptions à cette règle. C’est ainsi que chez une larve de P. germanica à la 
phase de repos, j'ai constaté l'existence de quatre loges dans l'un des 
testicules. 


CO6 - RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY- (109) - 


séparées les unes des autres, mais réunies sous une enveloppe com- 
mune. La structure de chacune de ces loges, étudiée sur des coupes 
longitudinales de testicules prélevés sur des imagos âgés de quatre, 


vingt-quatre et quarante-huit heures, peut être schématisée de la facon 


suivante : la pointe subulée antérieure renferme des spermatogonies à 
différents stades de développement: ensuite vient une seconde région 
dans laquelle se trouvent des spermatocytes de premier ordre, des 
spermatocytes de second ordre, des spermatides. Une troisième région, 
de beaucoup la plus étendue, puisqu'elle occupe à elle seule près des 
deux tiers de la longueur de la loge, renferme des spermatides en voie 
d'évolution et des spermatozoïdes qui, par leur aspect, paraissent être 
au terme de leur développement. Les cellules sexuelles de tout ordre 
sont disposées dans la loge en petits paquets qui occupent les alvéoles 
d'un réseau constitué par des travées cytoplasmiques parsemées de 
noyaux; ce sont ces alvéoles avec leur contenu que les auteurs ont 
appelées ampoules testiculaires ou spermatocystesou cystes; les cellules 
sexuelles contenues dans chacune d’elles sont sensiblement à un même 
stade d'évolution. . 

Le réseau formé par les travées cytoplasmiques constituant les parois 
des cystes se raccorde intimement par des dilatations triangulaires avec 
les cellules formant la couche interne de la paroi de la loge, et cela à 
tel point qu'il est difficile de dire si les noyaux que l’on observe souvent 
dans les dilatations triangulaires appartiennent à la paroi particulière 
des cystes ou à la paroi de la loge. Mais, tandis que dans les zones des 
spermatogonies, des spermatocyies et des spermatides, les parois des 
cystes sont formées d'une mince couche cytoplasmique renfermant des 
noyaux de petite taille, dans la zone des spermatozoïdes mûrs, au 
contraire, ces parois ont acquis une grande épaisseur. Elles sont consti- 
tuées par une couche épaisse de cytoplasme et celle-ci, dans la région 
en rapport avec les têtes des spermatozoïdes, forme une grosse saillie 
dans laquelle se trouve un énorme noyau. Cette évolution des cellules de 
la paroi des cystes confirme bien ce que l’on suppose de son rôle dans la 
nutrition des cellules de la lignée sexuelle (voir Henneguy, Les Insectes, 
Paris, 1904) ; c’est äans la région où les spermatozoïdes sont déjà bien 
constilués, alors que leur noyau contenant une chromatine très con- 
densée n'est plus capable de présider à leur nutrition, que ces cellules 
acquièrent leur maximum de développement. 


On sait que chez les Insectes, l'évolution des testicules peut être pré- 
coce ou tardive, que chez certains, les produits sexuels arrivent à matu- 
rité pendant la fin du stade nymphal, tandis que chez d’autres les 
processus de la spermatogenèse ne s’achèvent que chez l'adulte. Or, on 
vient de voir que les testicules d'un imago de P. germanica, vieux 


seulement de quatre heures, renferment des spermatozoïdes ; on peut 


Le 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 607 


donc en conclure que l'évolution spermatogénitique doit se manifester 
déjà à un stade larvaire. 

Les recherches de Brauer nous ont appris que de l'œuf des Panorpes 
sort une larve qui acquiert son complet développement en trente jours. 
À ce moment, la larve entre dans une période de repos qui dure de deux 
à trois semaines. Au bout de ce temps, la larve devient une nymphe; la 
phase nymphale dure également de deux à trois semaines (1). 

Chez des larves âgées de dix-sept jours, c’est-à-dire se trouvant à la 
période de croissance, les testicules se présentent déjà avec leur struc- 
ture caractéristique; mais les loges ne renferment que des cellules 


germinatives, des spermatogonies et des 


spermatocytes en voie 


d’accroissement. C’est seulement chez des larves parvenues à la période 


. 


de repos et àägées de quarante-deux à quarante-trois jours que j'ai 
constaté une évolution spermatogénilique complète, jusque et y compris 
l'existence de spermatozoïdes. 

En résumé, on voit que chez P. germanica les testicules sont en pleine 


activité 


fonctionnelle chez 


des larves âgées de quarante-deux à 


quarante-trois jours et que celle-ci se poursuit chez l'adulte un certain 
temps après la métamorphose. 


(Travail du laboratoire de zoologie de la Faculté des Sciences de Nancy. 


LOCALISATION DE LA MUSCARINE DANS Amanita muscaria L. 


(FAUSSE ORONGE, 


par À. SARTORY. 


Depuis quelques années nous poursuivons l'étude des poisons con- 
tenus dans Amanita muscaria L. Une ample récolte en 1912 et 1913 nous 
a permis de déterminer la quantité de muscarine contenue dans les 
_ divers éléments de la fausse oronge. 
Voici nos résultats pour 400 grammes de produits : 


Échantillons 
des Vosges 
et de 


Meurthe-et-Moselle. | 


1° Cuticule. . PA 0 gr. 054 
202Chapeaux ef lamelles. : . :=:2,. 0,026. p. 100 
SOBPIE TURN EM ET EMA traces 
4° Bulbe. 0,029 p. 100 


Nos recherches physiologiques sur les animaux (cobayes et lapins) 
confirment d’ailleurs nos recherches chimiques. 
Le suc exprimé de la cuticule et du bulbe est de beaucoup Île plus 


(1) Ceci étant dit pour la première génération. 


608 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (141) 


toxique. Le suc du chapeau est assez toxique. Le suc du pied n’occa- 
Sionne aucun trouble chez ces animaux (injections sous-cutanées). Cecr 
a, d’ailleurs, été mis en évidence déjà par plusieurs auteurs, par diverses 
autres méthodes. Ci-joint un tableau indiquant la quantité de muscarine 
contenue dans divers échantillons provenant de diverses régions de la 


France. 


Nous pouvons constater par ce tableau l’inégale teneur en muscarine 
de ces divers échantillons. 

Dans une prochaine communication, nous aborderons les poisons de 
l’'Amanila muscaria. 


(Travail du laboratoire de pharmacie chimique 
de l'Ecole supérieure de Pharmacie de Nancy.) 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L, MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


ÉCHANTILLONS : __ [DOSE DE MUSCARINE 
DÉPARTEMENTS ET VILLES ANNÉES| pour 100 grammes 
complets. de champignon. 
|| Amanita muscaria.| Vosges : Remiremont . . . . . .| 1913 0 gr. 023 
|| Amanita muscaria.|Gard : près Nimes. . . . . . . .| 1912 0 gr. 010 
!| Amanila muscaria.|Gard : Genolhac. . . . An 0 gr. 008 
Amanita muscaria.|Seine-et-Oise : Bois, près Versailles.| 1912 0 gr. 027 
Amanila muscaria.|Forèêt de Haye : près Nancy . . .| 4913 0 gr. 023 
Amanila muscaria.|Forêt de Marly. . . . | 1913 0 gr. 023 
Amanita muscaria.|Forêt des Gonards : prè s Versailles. | 1913 0 gr. 025 
{| Amanila muscaria.| Vosges : Remiremont. . . . . . .| 1943 0 gr, 024 
| Amanita muscaria.|Gard : Saint-Gilles. . . . . . . .| 1913 0 gr. 013 
Amanita muscaria.|Charente : Angoulême. . . . . .| 1913 0 gr, 012 
Amanita muscaria.|Suisse : près Meiringen . . . . .| 1913 0 gr. 027 
| Amanita muscaria.|Jura : prés Saint-Claude. . . . .| 1913 0 gr. 024 
Amanila muscaria.|Côte-d'Or : près Dijon. . . . . .| 1913 0 gr. 016 


3 


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 (GKORGES) 


609 


3 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 


(913 


SOMMAIRE 


Camus (JEAN) et Roussy (GUSTAVE) : 
Polyurie expérimentale par lésions 
de la base du cerveau. La polyurie 
dite-hypophysaire: heu 
, Cauvs(L.): Appareil pour remplir 
lesitubes-de vaccins 7. #0 

Carxot (Pauz) : De l’action des 
selles diarrhéiques sur le péristal- 
tisme intestinal. . . . .. 

C£auDE (HENRI) et RourLLarp-(J.) : 
Rachitisme expérimental chez de 


jeunes animaux issus de procréa- 


teurstéthyroidés: 2% Lure late 

DévÉé (F.) et Guerger (M.) : Nou- 
veau cas de suppuration gazeuse 
spontanée d’un kyste hydatique du 
foie avec présence exclusive d’un 


: microbe strictement anaérobie . . . 


FRancois-FRANCKk (CH.-A.) Re- 
anatomo-physiologiques 
sur le cœur et l'appareil circula- 
toire des Poissons et des Mollus- 
ques céphalopodes. — 1. Cœur et 
circulation coronaire des Sélaciens. 

GAUTIER ({L.) : Suc hépatopancréa- 
tique antithrombique des crustacés 
et coagulation du fibrinogène par 
la chaleur à 56 degrés . 

GUIELIERMOND (A.) : Nouvelles 0b- 
servations sur le chondriome de 
lasque de Pustularia vesiculosa. 
Évolution du chondriome pendant 
les mitoses et la formation des 
sporesi. Ge 

Jozy (J.) : L'involution physio- 
logique de la bourse de Fabricius 
et ses relations avec l'apparition de 
Ta maturité sexuelle . . . 2. ...... 

Krozunirsky (G.-A:) : L'irradiation 
du foie chez le chien et ses effets 


sur la leucorytolyse digestive. . .. 


Marrucuor (L.) et Deskocae (P.) : 
Sur la végétation sulfureuse de la 
Pièce d'eau des Suisses, à Versailles. 

MorEz (AL8Err) et MouriQuanD 
: Comparaison entre le 
sang du fœtus à terme et le sang 
de la mère au point de vue de la 


Bi9LOGIE, COMPTES RENDUS. 


628 


627 


617 


610 


répartition naturelle des substances 
azotées (urée, amiuoacides, etc.) . . 

NAGeottE (J.) : Structure des nerfs 
dans les phases tardives de la dégé- 
nération wallérienne. Note addi- 
tionnelle pm rretne Net Aer 

Pinox : Remarques à propos de la 
note de MM. L. Matruchot et P. Des- 
FOChE +. 

Rerrerer (Éo.) et NEuvILLE (H.) : 
Du squelette pénien de quelques 
MUSTÉ NAS EEE RS Por du 

SALIN (H.) et Reizzy (J.) : Origine 
et passage des anticorps dans le 
liquide céphalo-rachidien (Première 
DOTE) RE ER ele eee de 

STASSANO (H.) et GOMPEL (M. de 
pouvoir coagulant différent de quel- 
ques sels de mercure envers l’albu- 
MIDPNŒNES Sr rs NAT 

Wipaz (F.), Apraui(P.) et BrissauD 
(Er.) : Recherches sur l’hémoglo- 
bine paroxystique « a frigore ». 
Troisième note. Etude du processus 
hémolyiique «in vitro ». Les ano- 
malies de la réaction de Donath et 
Landsteiner . 


nef: nm je Sora le eee 


ele 9 © 0, :f # 6 + 0 # » 


613 


651 


Réunion biologique de St-Pétersbourg. 


CaapcHEev (K.) : Sur les propriétés 
de certaines précipitines agissant 
sur des albumirnes dénaturées (Pre- 
mière Ce DhnPAnee) RPPEMRLE 

CHapcuev (K.) : Sur les propriétés 
des précipitines obtenues parlimmu- 
nisation de lapins par les alhbumines 
musculaires dénaturées (Deuxième 


communication) .:.. .':"5:.. 
SALENSKY (W.) : Sur le dévelop- 
pementedesisalpess.l sie . 


ZELiowy (G.-P.): Procédé technique 
pour l’étude de réflexes musculaires 
conditionnels (Première communi- 
cation). - 

ZEriony (G.-P.) : Contribution à 
l'étude deréflexes musculaires condi- 
tionnels (Deuxième communication). 


— 1913, T, LXXW 42 


657 


6140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


France du Trypanosoma vesperli- 


Réunion biologique de Marseille. hionis Battaglia 04e 663 
RANQUE et SÉNEZ : Appareil pour 
ALEZAIS (H.) et MaTier (Cu.) : la préparation du vaccin antlity- 
L'atrophie thyroïdienne chez les phique iodé et remplisseur asep- : 
athFeDSIQuES RER 667 "tique d'ampoulest ARR 670 
DAUMÉZON (G.) : Sur un germe SÉNEZ et RanQuE : Vaccination 
wicrobien isolé d'une ascidie ali- antityphique par le vaccin iodé. 
MPENLAITE RE ec Re ce eue 665 | Résultats fournis par 4.000 injec- 
PRiNGaAULT (E.) : Existence en tions chez homme ere 669 


Présidence de M. Mesnil, Vice-Président. 


MM. Cu. Livon et Ep. SERGENT, membres correspondants, assistent 
à la séance. 


SUC HÉPATOPANCRÉATIQUE ANTITHROMBIQUE DES CRUSTACÉS 
ET COAGULATION DU FIBRINOGÈNE PAR LA CHALEUR A 56 DEGRÉS. 


Note de C£. GAUTIER, présentée par L.-C. Marcrarn. 


J'ai employé le suc hépatopancréatique de très grosses écrevisses 
italiennes ; ce sue a été retiré de l'estomac de ces animaux au moyen 
d'une pipelte introduite par l'orifice buceal. Le liquide obtenu a été 
filtré (ces sues filtrent très facilement; il m'a paru un peu plus rou- 
geâtre que le suc hépatopancréatique des écrevisses du Khin. 


Exp. I, — Sang de bœuf. 10 c.c. de sang de bœuf, recueilli à la saignée, 
sont aussitôt recus sur 4 c.c. de suc hépatopancréalique; on mélange en 
renversant à trois ou quatre reprises le tube bouché avec le pouce. Le sang 
reste parfaitement incoagulé ; il en est de même dans la journée du len- 
demain. Un autre échantillon, renfermant les mêmes proportions de suc et 
de sang, est centrifugé à la centrifugeuse électrique : le plasma recueilli est 
un peu teinté par de l’hémoglobine dissoute. 3 c.c. de ce plasma sont 
chauffés au bain-marie dans un tube de petit calibre, le thermomètre étant 
placé dans le plasma. On chauffe jusqu’à 57-58°, sans dépasser cette tempé- 
rature : le fibrinogène ne tarde pas à coaguler, et les flocons abondants se 
précipitent au fond du tube. 

Exp. I. — Sang de grenouille. Sur XX gouttes du même suc hépatopancréa- 
tique, on recoit dans un verre à pied le sang de trois grosses grenouilles. Ce 
sang est obtenu par section du bras très peu au-dessus du coude : il coule 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 611 


très rapidement. Au fur et à mesure que les gouttes tombent, la main qui ne 
tient pas l'animal imprime au verre un mouvement de rotation dans les deux 
sens, sur le plan, afin de bien mélanger le sang et le suc. On ajoute alors V 
nouvelles gouttes (1) de suc, et l’on saigne encore dans les mêmes conditions 
deux autres grenouilles. Le sang recueilli (7 c.c. 7), on attend une demi- 
heure : il ne se produit pas trace de coagulum, le sang est parfaitement 
liquide. On le centrifuge alors et l’on obtient 4 c.c. 5 d’un plasma jaune d’or, 
dont 3 c. c. sont chauffés dans les mêmes conditions que le plasma de bœuf. 
Après 20 minutes de chauffage entre 57° et 58°, on pousse le chauffage jusqu'à 
64° pendant 5 minutes. Il ne se produit pas trace de coagulation par la 
chaleur. Lorsqu'on retire Le tube, le plasma qu'il contient est analogue au 
plasma restant; à peine présente-t-il, en plus, un léger reflet opalescent, assez 
difficilement appréciable. 


Conclusion. — Dans le plasma de sang de bœuf rendu incoagulable 
par le suc hépatopancréatique d'écrevisse, on peut mettre en évidence le 
fibrinogène par sa propriété de coagulation par la chaleur à 56°. 

Dans le sang de Grenouille rendu incoaqulable par le même suc, il ne se 
produit aucune coagulation d'un protéique entre 56° et 64°. 

Je reviendrai ullérieurement sur cette absence de coagulation du 
fibrinogène par la chaleur dans le plasma de grenouille. Je ferai aussi 
connaitre des recherches relatives : 1° à l’action du suc hépatopancréa- 
tique des crustacés sur le fibrinogène et sur le fibrinferment isolés, au 
point de vue de la coagulation ; 2° à la comparaison du principe actif 
du suc avec la vaso-dilatine de Popielski, avec la 5-imidazoléthylamine, 
avec l’antithrombine de Doyon. A propos de la vaso-dilatine et de 
l'histamine, dont on a soutenu l'identité, je pense qu’il serait intéres- 
sant de rechercher leur action sur la production des hémorragies et des 
ulcérations multiples du tube digestif, ainsi que leur présence possible 

dans les « toxines » microbiennes à action hypotensive marquée. 


SUR LA VÉGÉTATION SULFUREUSE DE LA PIÈCE L'EAU DES SUISSES, 
A VERSAILLES, 


par L. Marrucuor et P. DESROCEE. 


Nous avons eu l'occasion, depuis quelques mois, d'étudier les déga- 
gements d'hydrogène sulfuré qui se produisent dans la Pièce d'eau des 
Suisses à Versailles. Ce gaz résulte de fermentations sulfhydriques 
anaérobies ; il est détruit, au fur et à mesure de sa formation, par 
différents facteurs, en particulier par l'oxygène dissous dans l’eau, qui 


(4) Les XXV gouttes correspondaient à 0 c.c. 8 de suc. 


612 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE FE 


l’oxyde sous l'influence de la lumière, et par un agent biologique qui va 
seul retenir ici notre attention ; nous voulons parler des Algues 
sulfureuses (1). mp "2 

Ces Algues existent en abondance dans la Pièce d'eau. Ce sont sur- 
tout, parmi les formes incolores, des T'hothrix ; parmi les formes à 
pigment pourpre, des C'hromatium. C’est principalement sur les bords de 
la Pièce d’eau qu'onles rencontre. Ce fait tient, en particulier, à ce que 
l'hydrogène sulfuré existe toujours et en abondance au voisinage des 
bords; les fermentations sulfhydriques y sont plus actives qu’au large, 
à cause de la plus grande abondance de matières organiques venant 
d'apports divers, peut-être aussi à cause de l’échauffement plus facile en 
été de la vase recouverte par une moindre épaisseur d’eau. Il en résulte 
qu'au voisinage des rives existe une bande continue, de largeur 
variable, où le moindre échantillon prélevé contient à profusion des … 
Algues sulfureuses. . 

En certains points de celte bande, celles-ci sont si abondantes qu’elles : 
.masquent complètement le fond sur de larges surfaces. L'aspect est 
alors très particulier ; la vase paraît couverte d’une sorte de tapis. 
grisâtre, formé de T'hiothrix ; par places, ce tapis est comme déchiré, 
percé d'ouvertures irrégulières, de dimensions, de forme et de position. 
variables d’un jour à l’autre, au iravers desquelles on aperçoit une dou-. 
blure pourpre formée par des Chromatium ; cette doublure s'étend, en. 
dehors des déchirures, sous toute la surface inférieure du tapis de. 
Thiothrix. 


Cet aspect remarquable peut s'expliquer de la façon suivante: les” À 
Chromatium sont des plantes d'ombre, que la lumière ralentit dans leur 
développement, et peut-être même peut détruire ; les Thiothrix, au contraire, | 1 
supportent facilement la lumière. D'autre part, les premiers ont besoin pour. 
se développer d’une assez grande quantité d'hydrogène sulfuré. La position 
relative des deux formes sur le foud de la Pièce d’eau s'explique alors tout” 
naturellement, les Chromatium se développant au contact immédiat de la vase, 
où se produit l hydrogène sulfuré, et sous la végétation de Thiotrix, qui lesk 
protège coutre la lumière. Mais les Chromatium, une fois établis sous 
les Thiothrix, consomment l'hyürogène sulfuré au fur et à mesure de £a 
production; ces derniers en sont dès lors privés et meurent, d’où la formation 
des déchirures découvrant les Chromatium. Enfin, par les déchirures pénètren 
la lumière ; les Chromatium disparaissent à leur tour, et la végétation dem 
Thiothrix peut se rétablir ; d'où les variations de forme, de taille et de position” 
des déchirures. ne. 

Gest là évidemment une conception schématique ; elle doit cependant sel 
rapproc her de la réalité. Le fait que les Chromatium craignent la lumière seh 


(4) Pour l'étude détaillée de la question, voy. L. Matruchot et P. Desroche;wl 
Etude sur les mauvaises odeurs dégagées par la Pièce d'eau des Suisses à Ver 
sailles, avec 26 figures, A. Colin, 1913. 


< 
A 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE ._. 6143 


met facilement en évidence en cultivant ces Algues dans une terrine dont 
une moitié est recouverte par un écran opaque; les Chromatium ne se déve- 
loppent qu'à l'abri de cet écran, les Thiothrix, au contraire, croissent dans 
des cristallisoirs à la lumière. Cet autre fait, que les Chromatium (et d’ailleurs 
toutes les Algues sulfureuses) consomment l'hydrogène sulfuré, est bien 
connu depuis les travaux de Winogradski. Quant à l’activité de cette consom- 
mation dans les conditions naturelles, nous avons pu nous en rendre compte 
en faisant une prise d’eau dans la Pièce d’eauimmédiatement au-dessus d'un 
tapis d'Algues sulfureuses ; dans cette eau, nous n'avons pas trouvé trace 
d'hydrogène sulfuré ; au contraire, en faisant une prise d’eau dans la vase 
qui se trouve au-dessous de ce tapis, nous avons constaté la présence de gaz 
sulfhydrique abondant. Le tapis d’Algues sulfureuses forme donc unesorte de 
filtre vivant, imperméable à l'hydrogène sulfuré, même lorsque ce tapis est 
constitué uniquement par des Chromatium. 
A cette expérience on pourrait objecter que drone sulfuré est détruit 
non seulement par les Algues sulfureuses, mais aussi etsurtout par l’oxygène 
- en présence de la lumière. Nous avouslevé cette objection en recommençant 
l'expérience précédente au lever du jour, c’est-à-dire à un moment où le gaz 
sulfhydrique ne pouvait pas encore avoir été détruit sous l'influence de la 
lumière : cette nouvelle expérience a donné les mêmes résultats. 


De l'antagonisme entre les agents producteurs d'hydrogène sulfuré 
(bactéries anaérobies vivant dans la vase) et les facteurs destructeurs de 
ce gaz (Algues sulfureuses, oxygène et lumière) résulte un état d’équi- 
Hbre mobile. Le gaz produit dans le fond de la Pièce d’eau tend à 
diffuser versle haut. En temps normal les Algues sulfureuses, aidées par 
l'oxygène dissous agissant en présence de la lumière, suffisent à arrêter 
cette diffusion, et la Pièce d’eau ne dégage aucune mauvaise odeur. Mais 
il arrive que, sous l'influence de divers facteurs (température élevée, 


_ stagnation prolongée de l'eau, faible luminosité du ciel), l'activité des 


agents producteurs s’exagère, ou que celle des facteurs de destruction 


_ faiblisse. Le gaz sulfhydrique envahit alors toute la masse de l’eau, tue 


les poissons, et, se dégageant dans l'atmosphère, produit ce qu'à 
Versailles on appelle une « infection ». Le fait s’est, par exemple, produit 


* en 1912 ; 5 000 kilogrammes de poissons moururent pendant la seule 


auit du 49 au 29 juillet,et, pendant les jours qui suivirent, l'hydrogène 


_ sulfuré se répandit dans la ville, noircissant les peintures et les objets 


métalliques, et incommodant par son odeur la population. 
(Laboratoire de botanique de l'Ecole normale supérieure.) 


._ M. Pixoy. — Faisant partie de la Commission chargée en 1912 de 
rechercher les causes des odeurs dégagées par la Pièce d’eau des 
| Suisses, je suis particulièrement intéressé par la note de MM. Matruchot 
et Desroche. Sans contester que, dans des conditions normales, la 
symbiose Zhiothrir et Chromatium ne puisse fonctionner comme 


G14 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


lindiquent ces auteurs, je ne pense pas qu'il faille attribuer à un trouble 
dans ce fonctionnement le fort dégagement d'hydrogène sulfuré survenu 
dans la Pièce d'eau en 1912. $ 


Cela n’expliquerait pas l'élévation concomitante de la teneur de l’eau 
en chlorure de sodium jusqu’à plus de 100 milligrammes par litre. Cette 
quantité de chlorure de sodium est manifestement due à l'apport de 
matières fermentescibles (urines, purin, matières fécales, etc.). 


DE L'ACTION DES SELLES DIARRHÉIQUES 
SUR LE PÉRISTALTISME INTESTINAL, 


par PAUL CARNOT. 


Mettant à profit la méthode des perfusions intestinales, telle que nous 
l'avons indiquée avec R. Glénard, nous avons étudié l’action des 
matières fécales normales, des selles diarrhéiques, toxiques ou infec- | 
tieuses (principalement des selles typhiques) sur les mouvements de 
l'intestin, É 

Technique. — Une anse d’intestin grêle, isolée et munie d'une fine canule 
de verre introduite dans son artère mésentérique, est perfusée, à vitesse et à 
température constantes, avec du liquide de Locke oxygéné, du sang de lapin 
défibriné ou du liquide d’ascite humaine. 

Le liquide de Locke oxygéné, nettement hypertonique (A = — 0.67) a, par 
lui-même, une action péristaltogène et exagère, le plus habituellement, les . 
mouvements de l'intestin perfusé : de plus, il provoque, même à vitesse … 
réduite, une transsudation intestinale abondante et anormale; enfin, ilaltère 
rapidement les épithéliums qu'il décolle et qui tombent dans la tumeur 
intestinale, en même temps que se produit une abondante exsudation 4 
muqueuse; aussi le liquide de Locke, très intéressant lorsqu'il s'agit seu- « 
lement d'analyser la survie des fibres musculaires, est-il à rejeter pour des » 
recherches plus précises sur la valeur de diverses substances péristaltogènes. 

Le sang défibriné (et oxygéné) de lapin, pur ou mélangé à une certaine pro- « 
portion d’eau salée isotonique ou de liquide de Locke, a une action tonique . 
supérieure à celle du liquide de Locke pur : ainsi que nous l'avons déjà signalé, 
les mouvements intestinaux sont alors moins tumultueux, mais plusampleset 
plus prolongés : la transsudation est beaucoup moindre; les épithéliums # 
beaucoup mieux conservés. 4 

Le liquide d'ascite humaine (A= —0.57), pur ou dilué du sérum de Locke 
ramené à l’isotonie, a été employé fréquemment par nous, pour la recherche. 
de diverses actions péristaltogènes : en effet, il a l'avantage de provoquer, « 
par lui seul, des phénomènes remarquables de vaso-dilatation et d'entéro-w 
dilatation : les veines deviennent énormes et ont un diamètre double ou 
triple du diamètre antérieur : l’anse intestinale perfusée s’élargit de même fi 
et s'étale; ses mouvements sont réduits au minimum et cependant leur 


ee 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE G15 


contractilité n’est pas perdue, puisque l'addition à ce liquide de substances 
péristaltogènes fait réapparaiître aussitôt de belles contractions, d'autant 
plus appréciables qu'il n’y en avait pas auparavant. 

Le repos relatif de l'intestin, provoqué par le liquide d’ascite, constitue, 
somme toute, une condition expérimentale favorable pour la mise en évidence 
de l’action des diverses substances sur la motricité intestinale. La transsuda- 
tion aqueuse est d'autre part faible et la conservation des épithéliums assez 
favorable. 

Nous avons étudié l’action, sur le péristaltisme intestinal, des matières 
fécales (ou plutôt de leur extrait aqueux) à l'état normal, après purgation 
ou dans des cas pathologiques (diarrhée des nourrissons, gastro-entérite 
aiguë et, surlout, fièvre typhoïde). 

Les matières fécales, diarrhéiques ou non, diluées dans une certaine quan- 

tité d’eau, maintenues quelques heures à la glacière, puis filtrées, étaient 
_ introduites soit dans la cavité intestinale de l’anse perfusée (à ladose de 1 c. c. 
environ), soit dans le liquide de perfusion (à la dose de quelques gouttes seu- 
lement). Dans d’autres expériences, l'extrait àäqueux, filtré à la bougie, était 
introduit par inje-tion intraveineuse ou sous-cutanée dans l'organisme 
vivant; l’animal, sacrifié après quelques heures, était alors étudié au point de 
vue de l’excitabilité contractile des anses perfusées. 


a) Selles humaines normales. — Assez généralement l'extrait aqueux 
de selles normales introduit dans l'intestin et surtout dans le sys- 
tème circulatoire, provoque une exagération du péristaltisme intes- 
tinal; cependant cette action n'est généralement pas très énergique 
et n'est même pas toujours bien évidente. Si donc, à l’état normal, 
on peut admettre la présence, dans le contenu intestinal, de substances 
péristallogènes, il ne s’agit Ià que d’un phènomène peu intense qui 
s’exagère, par contre, beaucoup dans certaines circonstances. 

Il nous à paru que les selles de constipés manquaient souvent de ce 
pouvoir périslaltogène normal : mais peut-être leur déshydratation et, 
par là même, leur faible teneur en substances solubles dans l’eau est- 
elle la principale cause de cette particularité. 


b) Selles humaines de purgation. — Nous avons déjà, antérieurement, 
montré que le contenu intestinal ou les fèces d'animaux purgés {sulfate 
de soude, séné, eau de-vie allemande, etc.), provoque sur une anse intes- 
tinale perfusée une exagération notable du péristaltisme et des contrac- 
tions; nous avons vu, de même, que le sang des animaux purgés a 
aussi des propriétés péristaltogènes ; enfin, nous avons constaté que, 
longtemps après la purgation, l'intestin d’un animal purgé, débarrassé 
cependant de tout purgatif, reste encore anormalement excitable et 
présente, à la moindre cause (contact, chaleur, etc.), une exagération 
remarquable de sa motricité. 

Avec les selles humaines de purgation, on constate, de même, 
nettement pareille exagération de la motricité intestinale. Les selles 


616 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


diarrhéiques, provoquées par le sulfate de soude par exemple, produisent 
une augmentation manifeste et immédiate des mouvements de l'anse 
perfusée : l'intestin, très mobile pendant fort longtemps, se rétracte 
en corde, avec production de bagues, de segments contractiles, etc., 


alors même qu'après la &° ou 7e selle, le sulfate de soude 4 disparu 


du contenu diarrhéique. 


c) Diarrhées pathologiques. — Nous avons eu l'occasion d'étudier: 
l’action, sur la motricité intestinale, de plusieurs variétés de selles diar- 
rhéiques pathologiques. 


La diarrhée des nourrissons, notamment, manifeste une action ire £ 


intense sur la motricité intestinale. : 

De même, la diarrhée d'une gastro-entérite aiguë, une diarrhée 
cyclique chez un cirrhotique, une diarrhée d'élimination loxique chez un 
urémique, elc. : | 


Nous avons étudié surtout, à cet égard, la diarrhée infectieuse de 


plusieurs cas de fièvre typhoïide. L'exagéralion des contractions intesti- 
nales s'est, en pareil cas, montrée si manifeste, qu'après introduction 
d’une seule goutte de liquide diarrhéique, dilué, puis filtré, dans le 
liquide de perfusion, il se produit des mouvements d'une grande énergie 
et même d’une grande violence, avec production de bagues de contrac- 
tion, avec rétraction de l'intestin en corde, et avec cheminement rapide 
et évacuation du contenu intestinal. 

Pareille exagéralion de contractions peut se manifester pendant 
plusieurs heures: dans un cas, l'intestin, vigoureusement agité pen- 
dant plus de deux heures, fut remis vingt-quatre heures à la glacière : 
le lendemain, perfusé à nouveau, il manifestait encore des contractions 
nettes. 

D'ailleurs, avec ces produits péristaltogènes, si particulièrement éner- 
giques, l'action peut se manifester en dehors de toute perfusion, sur une 
anse intestinale prélevée plusieurs heures après la mort et simplement 


immergée, suivant la technique de Magnus, dans un bain de liquide 


de Locke additionné de selles typhiques. 

D'une façon générale, l’action est cependant beaucoup plus énergique 
quand il y a addition de cette substance dans le liquide du perfusé : de 
très minimes quantités ajoutées au liquide perfusé agissent plus éner- 
giquement que des quantilés dix fois plus fortes dans la cavité intes- 
tinale. Enfin un animal, soumis quelques heures avant sa mort à l’in- 
jection sous-cutanée ou veineuse de selles typhiques filtrées à la bougie, 
a un inteslin très excitable, qui, perfusé, apparaît longtemps extrème- 
ment mobile. 

Le liquide filtré à la bougie, le liquide diarrhéique soumis à une tem- 
pérature de 100 degrés, possèdent encore la même action péristaltogène 
sur l'intestin. Celle-ci se manifeste même en dehors de toute présence 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 617 


\ 


de bile. Il semble, d'autre part (en raison même de la différence d'ori- 
gine des diarrhées envisagées), que la substance péristaltogène est 
d'origine humorale (d'origine intestinale probablement) plutôt que 
d'origine infectieuse. 

Des recherches en cours nous permettront peut-être d'en mieux pré- 
ciser la nature et l’origine. 

Il semble donc que, si la diarrhée est parfois provoquée par l’élimi- 
nation trop rapide du contenu encore liquide de l'intestin grêle sous 
l'influence d'une exagération de péristaltisme, inversement, les liquides 
diarrhéiques provoquent par eux-mêmes une exagération considérable 
des mouvements qui aboutissent à leur évacuation rapide : on sait d’ail- 
leurs que les liquides diarrhéiques de purgation ou d'infection sont le 
plus souvent évacués par le fait des coliques qu'ils provoquent. 

La substance péristaltogène probablement d'origine intestinale, qui 
se trouve dans les selles diarrhéiques, toxiques ou infectieuses, a vrai- 
semblablement un rôle utile en provoquant leur élimination rapide. 


RECHERCHES ANATOMO-PHYSIOLOGIQUES SUR LE COŒUR 
ET L'APPAREIL CIRCULATOIRE DES POISSONS ET DES MOLLUSQUES CÉPHALOPODES, 


I. CŒUR ET CIRCULATION CORONAIRE DES SÉLACIENS, 


par Cu.-A. FRANCOIS-FRANCK. 


- 


J'ai poursuivi depuis plusieurs années, dans mon laboratoire du cap 
Ferret, sar la côte est de la baie d'Arcachon, des recherches graphiques 
et cinématographiques sur les fonctions locomotrice, respiratoire et cir- 
culatoire de nombreux animaux marins (4). 


L'anatomie des appareils sur lesquels portaient mes expériences est traitée 
d'une manière approfondie dans les ouvrages classiques et dans les mono- 
graphies. Il m'a paru nécessaire, cependant, d'exécuter pour mon instruction 
personnelle, et avec une orientation physiologique, de nouvelles préparations 
anatomiques pouvant servir de guide dans les interventions expérimentales. 

J'ai eu surtout en vue l'appareil circulatoire et respiratoire des Poissons 
(Sélaciens et Téléostéens) et des mollusques céphalopodes que la région 
fournit en abondance. 

Je présente aujourd'hui quelques pièces extraites de ma collection, et uni- 
quement relatives au cœur et à l'appareil circulatoire des Sélaciens, tout 
spécialement de la Torpille (pièces d'ensemble, coupes, etc.). 


(4) Les animaux nous ont été gracieusement fournis par la station bioio- 
gique d'Arcachon et par la direction des Pêcheries nouvelles ; nous en avons 
également capturé nous-même sur les côtes et au large du bassin. 


G18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


men + 


Presque toutes mes préparations ont été reproduites par la photographie 
sous l’eau et plusieurs d’entre elles, montées en pièces tournantes, ont été 
cinématographiées pour montrer leurs contours sous différents angles (1). 


La topographie de l'appareil coronaire artério-veineux. Déductions 
physiologiques. 

L'irrigation artérielle du cœur des Poissons ‘seule question sur 
laquelle je m’arrêterai dans cette première note) est réalisée comme on 
le sait depuis Duverney, Cuvier, Hvrtl, H. Milne-Edwards, par un 
système complètement indépendant du ventricule et provenant de 
l'appareil branchial par les artères épibranchiales. H. Martin a donné, 
dans sa thèse de 1894, une description assez détaillée de cette disposition 
chez la Raie; sa description a été reproduite dans le Dictionnaire de 
Richet en 1900. 

J'ai tout particulièrement étudié l’origine, le trajet et la répartition de 
ces vaisseaux afférents coronaires chez la Torpille et quelques grands 
sélaciens (Ange de mer, elc.), ainsi que la topographie de l'appareil 
veineux cardiaque : il est à peine question de celui-ci dans les monogra- 
phies depuis Hyrtl qui en fait mention. La grande discussion de Hvrtl 
et de Brücke donne à ces recherches un véritable intérêt. 


Les pièces que je soumets à mes collègues (et dont la figure ci-jointe montre 
un type d'ensemble) précisent ces divers points. 

On y voit que les artères coronaires droite et gauche, fournies par les 
artères épibranchiales postérieures, acconipagnent le tronc commun desartères 
branchiales postérieures qui leur servent de support; elles traversent le péri- 
carde et s'appliquent sur le bulbe artériel auquel elles fournissent de fins 
réseaux sans pénétrer dans la couche musculaire ; elles sont bridées par le 
feuillet fibreux du péricarde viscéral et subissent l'effet de l'expansion dias- 
tatique du bulbe ainsi que celui de son retrait systolique actif; au niveau de 
l'émergence ventriculaire du bulbe un large collier établit entre les deux artères 
coronaires une anastomose à plein canal (anastomose qui s'opère chez la Raie, 
plus haut, en dehors du péricarde [H. Martin}), de telle sorte que l'injection 
poussée vers le cœur par le bout périphérique de l’une des coronaires revient 
vers l'appareil branchio-aortique en suivant le coronaire opposé : on peut 
ainsi injecter l’animal tout entier soit avec une injection anatomique, soit 
avec une perfusion de sérum artificiel. 

La compression ou la ligature de la seconde coronaire au cours de l’injec- 
sion poussée par la première (voy. fig.) assure seule une bonne pénétration 
de la matière à injection dans les fins réseaux du myocarde. 

Les artères coronaires fournissent aux deux faces, à la base et aux bords 


(1) Il est bien entendu que toute ma collection de pièces, de figures et de 
chronophotographies est à la disposition de mes collègues; je ne tirerai en 
effet que très incomplètement parti de ce matériel important, et serais 
heureux de le voir plus largement utilisé par les biologistes. 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 619 


du ventricule, de grosses branches de forme hélicine qui pénètrent dans l'é- 
paisseur du myocarde et s'y résolvent rapidement en larges réseaux capil- 
laires inter et intra-musculaires, comme le montrent les injections pénétrantes 
avec le Ripolin dilué par l’essence de térébenthine ; d'importants rameaux se 
. détachernt des coronaires, de la £auche en particulier, pour se répandre à la 
surface et dans l'épaisseur de l'oreillette, du sinus et gagner la paroi des ca- 
naux de Cuvier; déjà les artères épibranchial:s avaient abandonné des ramus- 


cules aux artères branchiales : nos préparations transparentes montrent net- 
tement cette topographie qui complète les descriptions antéricures. 

La face interne du ventricule et de l'oreillette est sillonnée par d'impor- 
tants réseaux artériels qui forment un collier à mailles serrées autour de 
l'orifice auriculo-ventriculaire, sans dépasser la zone d'insertion des valves 
fibreuses; de même les valves de la valvule sinu-auriculaire sont irriguées, la 
gauche surtout, par des rameaux provenant des réseaux musculaires voisins. 

De larges réseaux capillaires laissent facilement passer l'injection artérielle 
coronaire qui va remplir les radicules et les troncs veineux; ceux-ci s'ouvrent 
à droite et à gauche à la base de l'oreillette par des orifices dépourvus de 
valvules, subissant l'effet des contractions et relâchements des parois muscu- 


620 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


laires voisines et permettant sur le cœur relâché le reflux danstout lesystème 
veineux cardiaque du liquide poussé par un canal de Cuvier. 
Ces notionsanatomiques, qui ne peuvent être que rapidementindiquées ici, 
comportent quelques déductions physiologiques et des applications à la 
technique des perfusions du cœur chez les Poissons. ; 
= Une circulation artificielle de sérum approprié (formule de Lœæb pour ani 
maux marins, additionnée, bien entendu, de la forte proportion d’urée indiquée 
par Baglioni), pratiquée par un canal de Cuvier l’autre étant lié, ne peut 
aborder les parois cardiaques que si le cœur est encore en rapport avec les 

capillaires branchiaux par les artères branchiales: dans ce cas, le courant de 
sérum suit le trajet que parcourt le sang chez l'animal intact et emprunte 
aussi le détour branchial pour arriver aux coronaires. 

Si le cœur est isolé, la même circulation artificielle ne peut passer dans les 
vaisseaux pariétaux, c’est-à-dire intervenir comme circulation nutritive du 
myocarde; elle ne fait que traverser les cavités du cœur en en imprégnant 
incomplètement les parois. Toutefois, si la pression d’afflux est assez élevée, 
(mauvaise condition pour le fonctionnement sinu-auriculaire), le liquidepeut 
passer dans l'appareil veineux coronaire. On voit alors, si les artères coro- 
naires sont restées béantes, le liquide qui a suivi la voie rétrograde s’écouler 
par les orifices de ces artères ; le myocarde a été irrigué au passage par les 
capillaires : au point de vue de l'irrigation nutritive, le résultat est le même 
que si le courant avait été établi par une artère coronaire, ce qui explique: 
sans doute la survie prolongée du cœur des poissons que l’on soumet à ce 
mode de circulation artificielle. 

L'indépendance des courants intracardiaque et pariétal permet d'établir sur 
le cœur isolé une double circulation artificielle, l’une par la voie veineuse 
avec courant qui s'opère de la cavité sinu-auriculo-ventriculaire vers la cavité 
artérielle branchiale, — l'autre qui s'établit par la voie artérielle coronaire, 
dans le sens normal, avec irrigation pariétale et déversement dans l'oreillette; 

à ce niveau les deux courants confondus sout ee hors des cavités car- 
diaques par les systoles ventriculaires. 

On comprend, sans autres détails, que le cœur des poissons ne peut être 
traité, dans les expériences de perfusion, comme le cœur des animaux dont le. 
ventricule fournit les artères coronaires ; on voiten outre la possibilité d'établir 
simultanément une circulation éntracardiaque avec un sérum et une circu- 
lation pariétale avec un autre sérum de composition différente. De là tout un 
programme d'expériences comparatives doni j'ai entamé l'exécution. 


(Laboratoire de Physiologie comparée du Cap Ferret.) 


STRUCTURE DES NERFS DANS LES PHASES TARDIVES 
DE LA DÉGÉNÉRATION WALLÉRIENNE. NOTE ADDITIONNELLE, 


par J. NAGEOTTE. 


J'ai repris, avec un nouveau matériel, les recherches que j'avais com- 
mencées sur les phases tardives de la dégénération wallérienne et dont 


: SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE - 624 


j'ai déjà entretenu la Société. J'ai retrouvé la même hypertrophie 
secondaire de l'appareil de Schwann des fibres dégénérées, avec forma- 
tion, à l’intérieur de cet appareil, de fibrilles longitudinales. Mais mes 
nouvelles constatations me ramènent à une interprétation de ces faits 
que j'avais été conduit à rejeter. En utilisant, non plus la méthode de 
Cajal à l’alcool-ammoniaque, mais la méthode à l'alcool pur, j'ai pu, 
cette fois, colorer parfaitement les fibrilles en question; il est ainsi 
prouvé que ces fibrilles sont, au moins pour la plupart, des axones 
amyéliniques et non des fibrilles névrogliques, comme je l'avais admis 
pour des raisons de technique, et aussi pour des raisons expérimen- 
tales que j'ai passées sous silence et sur lesquelles je me réserve de 
reveuir plus tard. 

Les cellules de Schwann forment bien, par leurs prolongements proto- 
plasmiques minces et allongés, un feutrage étiré longitudinalement et 
enfermé dans la gaine hypertrophiée, mais la ressemblance qu'elles 
prennent avec les cellules névrogliques s'arrête là et ne va probable- 
ment pas jusqu'à la formation de fibrilles différenciées. 

Diverses raisons conduisent à admettre que les axones amyéliniques 
qui ont envahi ces fibres dégénérées proviennent du sympathique. Il 
s’agit ici, comme dans la fibre de Remak normale, d'axones multiples 
siégeant dans un même syncytium de Schwann; mais, tandis que, dans 
les nerfs de la rate du bœuf, les axones forment la plus grande masse 
de la fibre et ne sont séparés les uns des autres que par de très minces 
cloisons continues de protoplasma, dans le nerf sciatique dégénéré du 
- lapin, ils se perdent dans un réticulum protoplasmique dont la masse 
est énorme par rapport à la leur. 

Les axones du sympathique sont donc attirés par les appareils de 
Schwann déshabilés des fibres à myéline; ils peuvent s'acclimater sur 
ce terrain nouveau, où ils apportent leur habitude de vivre en com- 
mun au sein d’une fibre composée. Mais le contraste qui existe entre 
une telle fibre anormale et Ia fibre de Remak véritable prouve que 
F adaptation n'est pas parfaite, au moins en ce qui concerne l'appareil de 
Schwann, qui prend un aspect monstrueux. 

Daus mes expériences, le 1% et le 2 ganglions sacrés ont élé arrachés, 
avec les racines postérieures et antérieures correspondantes, et j'ai 
cherché en vain des fibres régénérées à partir de la chaine du sympa- 
thique dans l’échancrure sciatique. On pourrait supposer que les axones 
régénérés proviennent des vaisseaux sectionnés à [a partie supérieure 
de la cuisse; mais en réalité, les choses ne sont probablement pas 
aussi simples. J'aurai bientôt l’occasion de revenir sur ce point, qui est 
particulièrement intéressant. 


s 


622 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Du SQUELETTE PÉNIEN DE QUELQUES MUSTÉLIDÉS, 


par ÉD. RETTERER et H. NEUVILLE. 


Le squelette pénien des Mustélidés offre une forme et une organisa- 
tion particulières et pleines d'enseignements. 


I. Fouine (Mustela foina L.). —L'’os pénien, long de 7 centimètres, représente 


un bâtonnet d’un diamètre moyen de 25.11 s'étend du bout du gland jusque 


près de la bifurcation des corps caverneux. Son extrémité di-tale est percée 
d’un trou et son extrémité proximale s’effile en fer de lance « de sorte que 
cet os a quelque ressemblance avec une aisuille mousse et courbe » {Dauben- 
ton, 1758). Le bout distal est relevé et figure une lamelle osseuse, large de 
3 millimètres et épaisse de 1 millimètre, en forme de cuilleron, excavée inférieu- 
rement. Le segment suivant se-compo-e de deux osselets pairs, ayant chacun 
un diamètre de 1%m5, Après un trajet de 35, ces deux osselets s’accolent, 


puis se fusionnent; montrant d’abord deux cavités médullaires, ils n’en: 


présentent ensuite plus qu une seule jusqu’à l'extrémité proximale de l'os. 
L'urètre s'ouvre à 1 centimètre du bout terminal, au-dessous de la lame 
fibreuse qui réunit les deux osselets. 

En résumé, les corps caverneux, quiré-ultent de la fusion des deux racines, 
se continuent avec un os impair qui devient pair vers la pointe du gland et se 
termine par une lamelle impaire. L'intervalle conjonctif entre les deux 
osselets donne naissanc+, après macération, au trou de l'os pénien. 

Il. Blaireau (Meles taxus Pall.). — Aplati sur les côtés à son extrémité posté- 
rieure, qui est rétroglandaire, l'os pénien du blaireau se continue dans le 
gland par deux ossel-ts pairs, large chacun de 25 et épais de 1 millimètre. 
Sur le blaireau jeune que nous avons étudié, un cerdon fibreux fait suite en 
avant à chaque osselet et se termine au bout du gland en se fusionnant avec 
son congénère pour former un nodule fibreux impair ; chez l'adulte, les cor- 
dons et le nodule sont ossifiés. L’extrémité distale « est creusée en cuiller 
sur sa face inférieure; il y a trois lignes de distance de l'extrémité de l'os » 
(Daubenton, 1758). 

I. Loutre (Lutra vulgaris Erxl.). — L’os pénien de la jeune loutre que nous 
avons étudiée est un bâton prismatique dont l'extrémité proximale, d'un 
diamètre de 6 millimètre-, se prolonge en arrière du gland. C:t os, épais de 
6 millimètres, ne montre qu’une seule cavité médullaire en arrière et à la 
base du gland ; à 15 millimêtres du sommet du gland, il est pourvu de deux 
cavités médullaires, et, plus avant, il est formé de deux osselets distincts, pairs 
et séparés par une lame ronjonctive; cha-un de ces osselets se termine par 
un cordon fibreux qui s: fusinne avec son congénère dans le bout du gland. 

IV. Belette (Mustela vulgaris L.). — L'extremité proximale de l'os pénien est 
rétroglandaire, arrondie et d'un diamètre de 1 millimètre; vers le gland, 
l'os se comprime sur es côtés, et, à l’intérieur de celui-ci, il se creuse en 
gouttiere au-des-us de l’urètre. Près du sommet du gland, sa coupe présente 
la forme de deux croissants a-colés par leur face convexe, et, vers sa termi- 
naison, il se divise en deux lamelles osseuses réunies par du tissu conjonctif. 


% 
# 


SÉANCE DU 20 DÉCIMBRE 623 


V. Moufette (Mephilis d'espèce indéterminée). — L'osselet, d’un diamètre 
supéro-inférieur de À millimètre et d'un diamètre latéral de 0226, occupe 
toute l'étendue du gland, long de 20 millimètres, et se prolonge de quelques 
millimètres en arrière de ce dernier. 


En résumé, Vos pénien des mustélidés susmentionnés est glandaire et 
rétroglandaire : chez la moufette, il est impair; chez la belette, il l’est égale- 
ment, sauf à son extrémité distale qui et représeutée par deux osselets pairs ; 
chez la loutre, le blaireau et la fouine, il est impair dans ses neuf dixièmes 
proximaux; mais dans sa portion distale, l'os se continue avec deux osselets 
pairs et symétriques. Chez les sujets jeunes. chaque osselet se prolonge en 
avant en un cordon fibreux qui se réunit, au bout du gland, avec son congé- 
nère en une masse fibreuse commune; chez l adulte, les cordons fibreux et 
la masse commune terminale sont ossiliés, bien que les osselets restent dis- 
tincts encore sur une ceriaine étendue. 


Résultats et critique. — Sur les 50 espèces de mammifères dont Dau- 
benton a décrit l'os pénien, il y a 17 types de carnivores. La description 
et les figures qu'il en a laissées demeurent des modèles et sont complète- 
ment passés sous silence par les auteurs modernes. Ignorant ou voulant 
ignorer Daubenton, Arndt (1889), Th. Gilbert (1892), Gerhardt (1905) et 
Lothar Pohl (1909) se flattent d’avoir les premiers éludié, sinon dévou- 
vert, l'os péuien des carnivores. Les uns et les autres en sont restés à 
l’'énumération des variations de forme ‘u de dimensions, ainsi qu'aux 
minulies desrriptives, sans s'éclairer des lumières que nous devons à 
la morphologie générale et à l'histologie comparée. 

Les corps caverneux où ligam nts n-rveux des anciens représentent-ils 
des organes pairs ou un organe impair qui se bifurquerait en arrière 
pour s'attacher aux branches is“hio pubiennes? Pour ce qui est de 
l'espèce humaïne, Sabatier, Chaussi-r et Cloquet, se fondant sur lexis- 
tence d’une cloison incomplète entre les deux moitiés du corps caver- 
neux et de larges anastomoses vasculaires, soutinrent, au début du 
xIx° siècle, qu'il n°y a qu’un seul corps caverneux, impair. Cuvier inclina, 
de par l’anatomie comparée, à cetie opinion : « les branches ou racines 
des corps caverneux, dit-il, se confondent très souvent en un seul corps, 
dès qu’elles se sont rapprochées ». Chauveau et Arloing (1879) décrivent 
au cheval et aux mammifères domestiques un seul corps caverneux, 
bien qu’une lame fibreuse verticale semble les diviser en deux moitiés. 
Schimaltz (19114) est du même avis, car 1l n'admet qu'un corpus caverno- 
sum, impair; d’autres, voyant peu de vaisseaux dans le corps caverneux 
de certains animaux, en font un ‘orpus fibrosum. Et cependant, dès la 
première moitié du xix° siècle, Serres a montré que tout organe impair 
se développe aux dépens de deux noitiés, l’une droite, Fautre gauche, 
qui, s’'avançaut l’une vers l’autre, finiront par se réunir et se confondre 
(lois de symétrie et de conjugaison. Ces faits étaieut bien connus des 


624 ©} SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Allemands contemporains de Serres qui donnèrent à la première de ces 
lois le nom de lex Serriana. | | 
L’embryologie seule ne donne pas la solution de l’ébauche, paire ou 


impaire, du squelette pénien: les deux racines des corps caverneux sont 


en effet, constituées, à l’origine, par des cellules conjonctives serrées, 
toutes semblables, et, au point où les deux racines se réunissent, le 


corps unique et impair qui en résulte possède la même structure dans 


toute sa masse. Chez les animaux où les corps caverneux deviennent 
vasculaires, il s'établit de larges communications vasculaires entre les 
deux moités, de sorte que, malgré l'existence d’une cloison médiane et 
verticale, plus ou moins complète, ces deux corps caverneux peuvent 
passer pour un Organe impair et médian, ou bien pour un organe dü 
à la coalescence de deux moitiés latérales. L'analomie comparée semble 
corroborer cette manière de voir, car lorsque, comme chez le chien, le 
chat et les félins en général, le pénis possède un os, celui-ci se déve- 
loppe comme un segment osseux unique, aux dépens d’un seul centre 
d'ossification. 

Les observations que nous venons de résumer sur les Mustélidés 
nous permettent d'envisager la question à un point de vue plus géné- 
ra! encore : après s'être rapprochées et accolées, les parties distales des 
deux corps caverneux non seulement restent séparées sur une certaine 
longueur, mais chaque corps caverneux s’ossifie à part et se transforme 
en un osselet distinct. 

Autre preuve à l'appui de cette manière de voir : chez le jeune mus- 
télidé, chacun des deux osselets se continue, vers le sommet du gland, 
avec un cordon fibreux réuni à son congénère par du tissu conjonctif. 
Ce n’est qu'au sommet même du gland que les deux bouts fibreux se 
joignent en une masse commune qui est l'homologue de tout le squelette 
glandaire des félins. Comme ce dernier, la masse terminale s’y trans- 
forme en un os unique, mais en arrière de l’os impair, les deux osselets 
demeurent,chez certains mustélidés, complètement distinets : d’où l’œùil 
de l'aiguille osseuse de leur pénis. 

Conclusions générales. — Chez les mammifères monodelphes, les 
ébauches des corps cav erneux sont paires. Après s'ètre rapprochées et 
accolées, elles figurent un organe impair et médian, séparé plus ou 
moins complètement par un septum. Chez les mammifères qui ont un 
cartilage ou un os pénien, l’ébauche impaire du bout distal du corps 
caverneux se transforme par un seul point de chondrification ou d’ossi- 
fication en cartilage ou en os (félins, beaucoup de carnivores, rongeurs 
et chéiroptères). Chez quelques mustélidés enfin, le bout terminal du 
squelette pénien apparait impair; sur sa plus grande longueur, ébauche 
fibreuse ou osseuse se développe à l’état de deux moitiés latérales et ce 


n’est qu'ultérieurement que les deux os se fusionnent, et ençore partiel- 


lement, en un os unique et impair. 


id 


RÉ St ot nd nd de à 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 625 


——— ————————]—]_— —_—_—_———…—…—…—…—— ——— ——————— 


L'IRRADIATION DU FOIE CHEZ LE CHIEN 
ET SES EFFETS SUR LA LEUCOCYTOLYSE DIGESTIVE. 


Note de G.-A. KROLUNITSKY, présentée par M. GARNIER. 


On sait que M. Manoukhine a eu l'idée (1) d'utiliser les propriétés 
excilantes des rayons X, employés à doses thérapeutiques, pour exciter 
fonctionnellement des organes. Cette idée lui a permis entre autres de 
démontrer que le foie et la rate produisent l’un l’antileucocytolysine et 
autre la leucocytolysine. 

Nous avons utilisé à notre tour, d’après les indications de cet auteur, 
lies propriétés mentionnées des rayons X pour étudier l'influence de 
l'irradiation du foie sur les propriétés leucocytolytiques du sérum et sur 
les variations quantitatives des leucocytes au cours de la digestion. 

Pour cela, nous avons irradié 5 fois le foie du chien attaché debout 
dans l'appareil qui nous sert pour nos expériences, en tout pendant 
45 minutes et dans un intervalle de 12 jours. Pendant ces 12 jours le 
chien recevait en plus de sa ration de laboratoire, près d’une livre de 
viande crue tous les jours. Nous avons fait 4 expériences avec irradia- 
tion du foie pendant 10 minutes et une fois le lendemain de la première 
expérience nous avons irradié le foie pendant 5 minules. 

Une fois après la quatrième expérience nous avons, pour nous con- 
trôler, irradié la rate du même chien pendant 10 minutes et étudié le 
sang avant et après cette irradiation dans les mêmes conditions d’expé- 
rience, c'est-à-dire avec un repas de viande. Enfin, une autre fois, 
toujours après la quatrième expérience, nous avons examiné le sang 
avant et après le repas sans que l'irradiation eût lieu. Ces deux expé- 
riences de contrôle nous ont montré que les variations leucocytaires el 
celles du pouvoir leucocytolytique du sang de ce chien existaient dans 
le même sens, que dans les expériences exposées par nous précé- 
demment. 

Nous rapportons ici deux expériences : 


EXPÉRIFNCE [. EXPÉRIENCE IL. 
2h30! 11.281 gl. bl. 25,1 0/0 gl. détruits | 2h50! à 3h; irradiation du foie. 
2h48! à 2h58! ; irraliation du foie. 3h25! 9.792 gl. bl. 24,3 0/0 gl. détruits 
4h. » 12.566 gl. bl. 21,0 0/0 gl. détruits | 3h27'; on montre la viande. 
4h25! repas de 150 gr. de viande crue. 3248! 9.192 gl. bl. 24,4 0/0 gl. détruits 


4645! 14.484 gl. bl. 15,3 0/0 gl. détruits | 3b50'; repas de 500 gr. de viande crue. 
50! 15.198 gl. bl. 5,8 0/0 gl. détruits | 2v15/ 12.586 gl. bL. 6,6 0/0 gl. détruits 
050! 12.036 gl. bl. 7,8 0/0 gl. détruits 


(4) Voir à ce sujet : Manoukhine. Recherches cliniques sur l'origine des 
leucocytolysines et antileucocytolysines. Archives âu' cœur, février 1913; — 
Soc. de Biologie, 21 décembre 1912; — Semaine médicale, 21 mars 1913. 


BI0LOG1E. COMPTES RENDUS. — 1913. T. LXXV. 13 


626 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


L'irradiation du foie a eu pour effet, comme l'injection intrarectale 
des substances alimentaires, de juguler, quoique moins effectivement, 
la leucocytolyse, provoquée par le repas de viande. C’est qu’on n'irradie 
qu'une parlie du foie el l'excitation de l'organe n'est pas totale et uni- 
forme comme dans le cas d'injection intrarectale, On observe dans ces 
expériences comme dans celles avec injection intrarectale des éléva- 
tions brusques du nombre des leucocytes au moment où devrait appa- 
raître la leucocytolysine provoquée par le repas. Cette dernière est 
neutralisée plus ou moins efficacement par l’antileucocytolysine du foie 
irradié et ne peut pas se révéler par l'hypoleucocytose sanguine. En 


outre, l'irradiation du foie nous a permis de faire les constatations 


suivantes : le poids du chien pris le lendemain de la 3° irradiation est 
tombé de 16 kil. 200 grammes à 14 kil. 600 grammes trois jours après 
la 5° irradiation et se maintint à peu près à ce niveau dans la suite. Le 
même fait a été observé, comme on le sait, par Hudelot et Tribondeau (1), 
après l'irradiation du foie des lapins et des chats. De plus, l’irradiation 
du foie a provoqué des fermentations intestinales intenses déterminant - 
un météorisme tel qu’il était parfois fort difficile, surtout pendant les 
4° et 5° irradiations, de supporter l'odeur des gaz rendus per anum par 
‘le chien en expérience. Les selles sont devenues tout à fait noires, 
molles, presque semi-liquides à odeur des matières en putréfaction. 
Notons, en passant, qu'un chien splénectomisé que nous observons en 
ce moment présente des selles ayant des caractères analogues pendant 
l'alimentation exclusivement carnée. En même temps, le chien a pré- 
senté un prurit intense avec apparition de vésicules purulentes sur le” 
ventre, dans les creux axillaires, dans les oreilles, sur les membres 
antérieurs et postérieurs et point au niveau de la région irradiée. Ces 
lésions cutanées ont abouti peu de temps après à une lichénisation des. 
régions, qui étaient le siège de l’éruption vésiculaire. Ce n’est qu'après 
un mois et demi que nous avons pu, par des soins spéciaux, débarrasser 
définitivement le chien de ces lésions cutanées. Dans notre étude du 
sang après l'irradiation du foie nous avons constaté enfin un retard très 
considérable de la coagulation du sang. C'est ainsi que nous avons 
constaté plusieurs fois la coagulation seulement au bout de 8 minutes, 
tandis que chez le même chien dans les -conditions habituelles de: 
l'expérience le sang se coagulait fréquemment daus l'aiguille pendant 
les prises sanguines vers la fin de la première heure après le repas. 
Cette constatation vient à l’appui des travaux modernes qui ont établi 
le rôle du foie dans la coagulation. 


(Laboratoire de pathologie expérimentale el comparée.) 
(1) Hudelot. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1906, p. 639; Tribondeau 


et Hudelot. Comptes rendus du Congrès de l'Association francaise pour l’avance- 
ment des Sciences, 1908. 


À 


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PS TT ES VON D 


+ 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 62 


b 
1 


NOUVEAU CAS DE SUPPURATION GAZEUSE SPONTANÉE D'UN KYSTE HYDA- 
TIQUE DU FOIE AVEC PRÉSENCE EXCLUSIVE D'UN MICROBE STRICTEMENT 
ANAÉROBIE, ; 

par F. DÉvÉ et M. GUERBET. 


Nous avons précédemment rapporté ici une observation de suppu- 
ration gazeuse spontanée d’un kyste hydatique du foie due à la pré- 
sence exclusive du Streplococcus tenuis, anaéorobie strict (1): Avant 
nous, Lippmann avait publié un cas analogue, dans lequel il avait isolé 
trois espèces microbiennes strictement anaérobies, à l'exclusion de 
tout germe aérobie (2). 

C'est un nouveau fait du même ordre que nous communiquons 
aujourd’hui. 

. Chez un homme de soixante ans, entré à l'hôpital pour une congestlion 
pulmonaire, l’un de nous découvre, dans la région hépatique, une 
étroite zone tympanique, mobile avec l'attitude du malade. Se basant 
sur les signes cliniques et sur les anamnestiques, il conclut au siège 
intrahépatique de la collection gazeuse et à sa nature hydatique 
probable, en dépit de l'absence de tout signe clinique d'échinc- 
coceose hépatique (3). Le diagnostic est vérifié par une ponction, 
immédiatement suivie de l'opération. Mort dans la soirée. L'autopsie à 
permis de constater que le kyste suppuré évacué communiquait avec la 
branche droite du canal hépatique. 

Recherches bactériologiques. — L'examen direct du pus a montré la 
présence exclusive d'un gros bâlonnet prenant le Gram. 

Les cultures aérobies sont restées négatives. Par contre, les cultures 
anaérobies ont permis d'isoler un microbe présentant les caractères 
suivants: 

Bätonnet trapu, de la dimension de la bactéridie charbonneuse, à extré- 
mités obtuses, prenant le Gram. Anaérobie strict. Non mobile. En bouillon, 
culture visqueuse avec filaments se déposant au fond du tube; odeur aigrelette, 
non putride. Ne sporifie pas. Ne liqurfie pas la gélatine. Coagule le lait, mais ne 
digère pas le caillot de caséine. Fait fermenter saccharose, lactose, glucose, 


(1) Dévé et Guerbet, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 12 octobre 1907. 

(2) Lippmann. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 février 1902. — Rap- 
pelons à ce sujet que J. Hallé et C. Bacaloglu sontles premiers à avoir signalé 
la présence de microbes strictement anaérobies dans un kyste hydatique 
suppuré du foie (Arch. de méd. expérim., 1900, p. 689); mais, dans leur cas, 
les ana*robies étaient accompagnés de germes aérobies et il ne s'agissait pas 
de suppuration gazeuse. 

(3) L'observation clinique de ce cas a été communiquée à la Société de 
médecine de Rouen, dans la séance du 13 octobre 1913, In Normandie 
médicale, 1° novembre 1913. 


628 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


lévulose, maltose, inuline. Ne fait pas fermenter arabinose ni mannite. L'inocu- 
lation au cobaye provoque un œdème gazeux localisé, qui s'ulcère. Aucune 
réaction générale. L'animal ne meurt pas. A l’autopsie, faite après quinze 
jour, lésions locales de décollement et d’ulcérations. 


Le microbe que nous avons isolé présente donc de nombreux points 
communs avec le Z. perfringens. Toutefois, certains caractères parais- 
sant l’en séparer, nous avons tenu à demander, à ce sujet, l'opinion 
particulièrement compétente de M. L. Guillemot. Après avoir étudié nos 
préparations et nos cultures et confirmé les caractères énumérés 
ci-dessus — auquels il a joint ceux de la culture en gélose de Veillon : 
(anaérobie strict, de poussée très rapide, fortement gazogène, disloquant 
le milieu, ayant l'odeur butyrique), — M. Guillemot conclut c à l'identi- 
fication de ce microbe avec le Barillus perfringens de Veillon et Zuber ». 

Nous acceptons celle conclusion autorisée. Cependant, nous tenons à 
souligner, chez notre microbe, l'absence de deux caractères importants 
du B. perfringens: 1° la sporification en liquides albumineux; 2 la 
liquéfaction de la gélatine. ; 

Quoi qu'il en soit, cette observation apporte une nouvelle démons- 
tration du rôle joué par les germes anaérobies dans la suppuration 
gazeuse des kystes hydatiques du foie. 


(Laboratoire de bactériologie de l'Ecole de Médecine de Rouen.) 


POLYURIE EXPÉRIMENTALE PAR LÉSIONS DE LA BASE DU CERYEAU. 
LA POLYURIE DITE HYPOPHYSAIRE, 


par JEAN Camus et GusTAvE Roussy. 


Dans une récente communication (1), nous avons apporté les résultats 
de recherches relatives à l'influence de l’hypophysectomie expérimentale 
sur la polyurie. Dans ce précédent travail, nous n'avons pas abordé 
l'étude du mécanisme de la polyurie, mais laissé seulement entrevoir 
le rôle joué par les lésions de la base du cerveau souvent intéressée au 
cours de l'hypophysectomie. 

Voici des faits qui nous permettent de préciser celte manière de voir. 

Afin de connaître la part qui dans la polyurie revient à l'hypophyse, 
et celle qui appartient aux lésions de voisinage, nous avons délerminé 
sur des chiens des lésions de la base du cerveau sans enlever l’hypo- 
physe. Chez d'autres nous avons, dans une première opération, enlevé 
l'hypophyse, puis deux ou trois semaines plus tard, lésé la base du 


1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 29 novembre 1913. 


ME te APE ENT 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 629 


cerveau ; chez d’autres enfin nous avons essayé d'enlever l'hypophyse 
de façon complète sans blesser les parties voisines. 


I. — Chien griffon (Moustachu). Poids, 13 kilogrammes. 

Le 27 octobre, après avoir recueilli et mesuré les urines pendant quelques 
jours, on trépane, en passant par le voile du palais, l'apophyse basilaire du 
sphénoïde, et on enfonce dans la région hypophysaire, de manière à pénétrer 
jusque dans le 3° ventricule,-une aiguille portée au rouge. Cette aiguille lèse 
l'hypophyse, mais on n’enlève aucune partie de l'organe. 


FT 


Lal2512e 
locée3e 


Fi. 1. — Polyurie expérimentale 
par piqûre à travers l'hypophyse de la base du cerveau (Moustachu). 
Le chien a été opéré le 27 octobre; la po'yurie persiste encore aujourd'hui, soit 
sept semaines après l’opération. 


Le graphique n° { montre une polyurie consécutive qui va en augmentant 
pendant plusieurs jours et dépasse le chiffre énorme de à litres. 
. Cette polyurie de plus est durable, fait très important, puisque nous la 
voyons persister six semaines après l'intervention. 
© ILy a là une vérituble réalisation expérimentale du diabète insipide d'origine 
nerveuse. 

‘Ce chien a présenté de plus une atrophie progressive des testicules, fait sur 
lequel nous avons insisté ailleurs (1). 


(1) Société de Neurologie, Séance du 4 décembre 1913. 


630 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


IL. — Chien roquet adulte (Romulus). Poids, 8 kilogrammes. ke 

Le 9 décembre nous avons pratiqué une piqûre dans la région de la base du 
cerveau située immédiatement derrière | hypophyse et nous avons essayé de 
léser le moins possible ce dernier organe. 

La polyurie comme l'indique le graphique n° 2 a été rapide, en et. 
dure encore. 


DANS PNA ET PT AS OU MST D IE | Mes Ur r ut (DEN 


1500 ; 

: 2 

9000 LL ; 

1500 4 

1000 Dre é 

ER 

Een | 0 

devés al À 

| ! 

Fire, 2. — Polyurie par piqüre dans la région de la base du cerveau 
immédiatement en arrière de l’hypophyse. Opération le 9 décembre (Romulus). 
HT. — Chien roquet vieux { Alexandre). Poids, 11 kil. 500. 
Le 1# octobre, ablation de la totalité ou de la presque totalité de l'hypophyse. \ 
À la suite grosse polyurie indiquée par le graphique n° 3. Cette polar ) 
disparait peu à peu. = | 


12113144 


geoVes PS 


pr | . ÿ 
If 1 me tn 


HL op 2 


F1G. 3. — Polyurie consécutive d’abord à l’ablation de l'hypophyse le 14 octobre. 
Cette polyurie disparaît peu à peu. 


Le 25 novembre, piqûre profonde dans la région de l’infundibulum suivie d’une 
polyurie plus durable que la première fois (Alexandre). 


Le 25 novembre, piqûre profonde dans la région de l'infundibulum, suivie 
d’une polyurie plus durable que la première fois. On s ‘aperçoit en outre plus 4 
tard que les testicules diminuent de volume. 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 631 


ee 


IV. — Chien roquet (Annibal). Poids, 11 kilogrammes. 

Le 3 novembre, ablation de la presque totalité de l’hypophyse, nous avons 
donné le graphique de la polyurie consécutive dans notre dernière note, 
nous le reproduisons ici (n° #). 


3 500 
9 000 LT 


! 5090 he 


i 000 


15 


91122 


FTP 


Fic. 4. — Polyurie consécutive d'abord à l’ablation de l'hypophyse, 
le 3 novembre. 
Le 20 novembre, piqüre profonde dans la région de l'infundibulum, suivie d’une 
; polyurie plus marquée (Annibal). 


Le 20 novembre, piqüre dans da région de l’infundibnlum suivie d'une 
nouvelle apparition de polyurie, mais l'animal meurt deux jours après de 
méningite. 


V. — Chienne griffon vieille (Agrippine). Poids, 7 kil. 200. 

Le 5 décembre, on enlève avec de graudes précautions la totalité de l'hypo- 
physe en s’efforçant de ne pas léser la base du cerveau. À la suite pas de 
polyurie comme le montre le graphique n° 5. 


3l4lalé|2l8 5| 
de:| ÎX | 


Fi. 5. — Ablation totale de l’hypophyse, le 5 décembre. ë 
Absence de polyurie (Agrippine). 


Pour nous mettre à l'abri de toute cause d'erreur et nous assurer que 
le chloralose n’était pour rien dans la production de la polyurie, nous 
avons varié chez nos animaux le mode d’anesthésie. 

C'est ainsi que le premier chien, Woustachu, fut endormi au chloralose:; 


632 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


le deuxième, Fomulus, à l’éther; le troisième, Alexandre, les deux fois au 


chloralose, ainsi que le quatrième, Annibal. La chienne Agrippine fut 
endormie à l’éther. 

Enfin nous avons, toujours à titre de contrôle, pratiqué l'expérience 
suivante : 


Chez deux chiens, Amilcar, opéré le 27 novembre (fig. 6), et Scipion, 


opéré le 2 décembre (fig. 7), tous deux endormis au chloralose, nous 


avons fait le simulacre complet de l'opération de l'hypophysectomie : : 


incision du voile, graltage du sphénoïde, trépanation jusqu'au voisi- 
nage de l'hypophyse (sans la découvrir), obturation, suture. 


Fic. 6. — Simulacre de l'opération, FiG. 7. — Simulacre de l'opération 
le 27 novembre, anesthésie. le 2 décembre; anesthésie au chloralose. 
Absence de polyurie (4milcar). Absence de polyurie (Scipion). 


Ces deux animaux n’ont pas présenté de polyurie. 

Il résulte de ces recherches que la polyurie dite hypophysaire semble 
due beaucoup plus, et peut-être uniquement, à la lésion de la région 
interpédonculaire de la base du cerveau. 

Les lésions de celte région donnent en effet une polyurie plus consi- 
dérable, plus durable que celle qui suit l’ablation de l'hypophyse. 


Sur le cerveau que nous présentons et provenant du chien Annibal, on peut 
se rendre compte du type et du siège des lésions que nous pratiquons. A la 
base du cerveau, cette lésion siège en plein tuber cinereum et atteint légè- 
rement en avant le chiasma optique et en arrière les tubercules mamillaires. 
Sur la coupe interhémisphérique, on voit qu’elle intéresse surtout l'hémi- 
sphère gauche et qu'elle pénètre profondément, à travers le 3° ventricule 
jusqu’à la partie inférieure de la couche optique (fig. 8). 


Ajoutons que dans aucun de nos cas, la polyurie ne s'accompagne 
de glycosurie et que chez un de nos animaux elle est non seulement 
considérable (5 litres pour un chien de 13 kilogrammes), mais dure 
encore sept semaines après l'intervention, réalisant ainsi un véritable 
diabèle nerveux insipide. 


De plus cette polyurie est accompagnée d'atrophie génitale chez deux | 


: SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 633 


de nos animaux. La même lésion ou la lésion de deux régions très 
voisines l'une de l’autre réalise donc comme ea clinique humaine deux 
symptômes souvent associés : l’'atrophie génitale et la polyurie, 


FiG. $. — Lésions profondes provoquées par une épingle chauffée au rouge. 
1, Lésion expérimentale; 2, Chiasma optique ; 3, Tubercules mamillaires. 


Quant au siège exact des centres ou des groupements cellulaires dont 
la lésion cause ces troubles, il ne pourra être déterminé que par un 
examen histologique détaillé, 


(Travail des laboratoires de physiologie et d'anatomie pathologique 
de la Faculté de Médecine de Paris.) 


DU POUVOIR COAGULANT DIFFÉRENT DE QUELQUES SELS DE MERCURE 
ENVERS L'ALBUMINE D'OŒEUF, 


par H. Srassano et M. GompeL. 


Nous avons montré, dans notre note précédente (1), que l'albumine 
d'œuf aliénue à un degré différent la toxicité, vis-à-vis du tétard, du 
benzoate, du biiodure, du bichlorure et du cyanure de mercure. 

Dans la présente note, nous étudions le pouvoir coagulant que ces 
mêmes sels manifestent, également à un degré différent, à l'égard 
de l’albumine d'œuf. 


(1) Des différences dans l’action de l’albumine sur la toxicité de quelques 
sels de mercure. Comptes rendus de la Soc.de Biologie, 29 novembre 1913. 


634 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE z 


Les résultats de ces deux séries parallèles d'essais nous aideront, ce 
nous semble, à expliqueriles quelques particularités de l’action de ces 
différents sels, dont nous poursuivons l'étude. 

Nous avions déjà remarqué, au cours des expériences consignées 


dans notre note précédente, que l'addition de 1 c.c. d’albumine d'œuf à 
un litre de chacune des différentes solutions mercurielles dans l'eau 
de source sur lesquelles nous opérions, provoquait dans les solutions 


de bichlorure et de cyanure une opalescence, alors que les deux autres, 
notamment la solution de biodure, ne présentaient presque aucun 
irouble : à peine quelques filaments d’albumine. Il semblait donc que le 
bichlorure et le cyanure étaient doués d’un pouvoir coagulant envers 
l’albumine, beaucoup plus considérable que le benzoate et surtout que 
le biiodure. 

Nous avons cherché à établir s’il en était vraiment ainsi. Nous nous 
sommes tout d’abord heurtés à l'impossibilité de doser l’albumine pré- 
cipitée, coagulée par ces différents sels, l'extrêmement faible solubilité 
du benzoate et surtout du biiodure nous obligeant à n’opérer que sur 
des solulions très étendues et avec des quantités infiniment petites 
d’albumine. 

Une deuxième difficullé s'est présentée ensuite. Aucun de ces quatre 


, papes 4 
sels de mercure à la concentration de S5-DU0 (la plus forte à laquelle on 


peut dissoudre, dans l’eau distillée et à chaud, le biiodure) ne provoque 


de précipité d’albumine. Pas le moindre trouble ne se forme dans leurs 
solutions lorsqu'on y ajoute de l’albumine d'œuf, à n'importe quelle 
dose. 


Enfin, le choix des toutes petites quantités d'albumine à mettre en 
présence, sans atteindre les doses amenant la redissolution des préci-. 


pités, la réversibilité des effets produits; le choix de la température la 
plus convenable pour faire ressortir, sans le masquer, le différent 


pouvoir coagulant des sels dont il s’agit, constituait un troisième ordre 


de difficultés, et non des moindres. 


Essais. — Nous opérons comme il suit : la concentration des différents 
sels est la même, EG 00: à 10 c.c. de chaque solution, nous ajoutons 
1 c.c. d’une suspension filtrée d’albumine d'œuf dans l’eau distillée, de 
1 à 10 p. 100. Ces différents mélanges sont chauffés quinze minutes à 
55 degrés au thermostat, la forme, les dimensions des récipients étant 
les mêmes 

L'action du bichlorure est la première à apparaître. Avec l'albumine 
à 4 p. 100, il se produit rapidement une cpalescence très accusée dans 
la solution de bichlorure, alors que dans les autres solutions et dans 
l’eau distillée (tube témoin) on ne remarque pas de changement, si ce 


4 
$ 

È 
à 
1 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 635 


n’est une toute légère coloration bleuàtre, dans la solution de cyanure 
et dans le tube témoin. 

En ajoutant davantage d’albuimine, l’opalescence augmente d’abord 
un peu et diminue ensuite, à partir de l'addition de l’albumine à 
2 p. 100; dans la solution de cyanure et dans l’eau distillée, au con- 
traire, l'opalescence continue de s’accroître jusqu’à l'addition d’albu- 
mine à à p. 100, dans le premier cas, et à 4 p. 100 dans le second cas. 
Elle décroît ensuite, comme lorsqu'il s’agit de la solution de bichlorure, 
à partir de la concentration optima. 

Il est à remarquer qu'à la température de 65 degrés et avec les faibles 
additions d'albumine que nous pratiquons, l’opalescence qui se produit 
dans l’eau distillée pure (les tubes témoins) se maintient toujours 
inférieure à celle que ce même chauffage provoque en présence de 
bichlorure ou de cyanure, ce qui permet de suivre les modifications 
que ces sels provoquent dans la coagulabilité de l'albumine par la 
chaleur. 

Avec l'addition d’albumine à 3 p. 100, l’opalescence devient, à son 
tour, assez sensible dans la solution de benzoate. On l’apercevait déjà 
avec l’äddition d’albumine à 2 p. 100. Son maximum se produit avec 
l’albumine à 5 ou 6 p. 100. Ce maximum, cependant, est loin d'atteindre 
en intensité celui qui se produit dans les solutions de bichlorure et de 
cyanure. 

Enfin, l’opalescence, mais une extrêmement faible opalescence, - à 
peine visible sur un fond noir, se montre dans la solution de biiodure 
avec des additions d'albumine à 6 et 7 p. 100. 

En résumé, selon cet ordre d’apparition et d'atténuation successive 
de l’opalescence, le bichlorure est le sel de mercure qui agit le plus 
promptement et efficacement sur l'albumine, en augmentant sa coagu- 
labilité naturelle par la chaleur. Le syanure suit de près. Le benzoate 
se place troisième et en tout dernier lieu le biiodure. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 


ORIGINE ET PASSAGE DES ANTICORPS DANS LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN 


(Première note), 


par H. Sauin et J. ReïLi. 


Le liquide céphalo-rachidién à l’état normal ne contient pas d'anti- 
corps. Widal et Sicard l’ont démontré au cours de la fièvre typhoïde, 
leursconclusions ontélé confirmées pour diverses maladies parAchard et 
Bensaude, Courmont, Roger et Mestrezat, etc. La présence d'anticorps: 


636 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


dans le liquide C. R. est liée, en effet, à l'existence d’altérations 
méningées. Les lésions anatomiques modifient la perméabilité des 
méninges et permettent le passage des anticorps de la grande cireulation 
dans la cavité sous-arachnoïdienne. Il est très aisé de s’en rendre 
compte expérimentalement: il suffit pour cela, chez un chien contenant 
dans le sang des anticorps typhiques, de provoquer une méningite 
aseptique par injection de 2 milligrammes de cyanure de mercure pour 
constater aussitôt l'apparition des anticorps dans le liquide céphalo- 
rachidien, La méningite ainsi créée est d’ailleurs de courte durée et, au 
bout de huit jours, le liquide C. R. ne contient plus d'anticorps. 

Par contre, le mécanisme de formation des anticorps dans les infec- 
tions primitivement localisées aux méninges est beaucoup moins bien 
connu. 

C'est pourquoi nous avons expérimentalement étudié la façon dont se 
formaient les anticorps après injections locales d'antigène dans l’espace 
sous-arachnoïdien. Les résultats que nous avons obtenus sont complè- 
tement différents suivant l’antigène employé. Nous avons injecté dans le 
liquide céphalo-rachidien du bacille d'Eberth chauffé d'une part, du 
bacille de Koch d’autre part; dans le premier cas, les anticorps (aggluti- 
nines) sont apparus d’abord dans le plasma; dans le deuxième cas les 
anticorps (sensibilisatrices) ont eu une origine locale, et n’ont été décelés 
que plus tardivement dans le plasma — voici le résumé de ces deux 
expériences. 


Exp. 1. — Injection à un chien, le 18 octobre 1913, par ponction atloïdo- 
occipitale de IT gouttes d'une émulsion très riche de bacilles d’'Eberth 
(culture de vingt-quatre heures sur gélose), chauffés pendant une heure à 
56 degrés. 

Le. 20 octobre. — Réaction méningée très marquée; albumine augmentée; 
polynucléose très abondante; agglutination négative dans le liquide et dans 
le sérum. 

Le 25 octobre. — Ponction ailoïdo-occipitale; mononucléose presque pure; 
albumine normale; agelutination négative dans le sérum et dans le liquide; 
on pratique une deuxième injection de bacilles d'Eberth chauffés. 

Le 29 octibre. — La lymphocytose a diminué; albumine normale; 
nouvelle injection de bacilles d’Eberth chauffés. L’agglutination est positive 
dans le sang au 1/20, elle est nulle dans le liquide. : 

Le 3 novembre. — Grosse réaction méningée à prédominance de polynu- 
cléaires. Le sérum sanguin agglautine au 1/60. Le liquide céphalo-rachidien 
agglutine au 1/10 et faiblement au 1/30; deux nouvelles injections de 
bacilles sont pratiquées le 7 et le 12 novembre. Les deux fois. l’agglutination 
positive au 1/69 dans le sang ne l’est qu'au 1/30 dans le liquide. 

Le chien meurt le 24 novembre. À l’autopsie aucune lésion macrosco- 
pique, pas d’altéra'ions histologiques de la moelle des méninges et des 
ganglions rachidiens. Cette expérience, renouvelée plusieurs fois, a toujours 
donné des résultats identiques. 


1 
3 
« 
À 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 637 


En résumé, l'injection de bacilles typhiques chauffés dans le liquide 
céphalo-rachidien provoque l'apparition d'anticorps d’abord dans la 
circulation générale, ce n'est que plus tardivement qu'on constate leur 
présence daus le liquide céphalo-rachidien et à un taux inférieur pen- 
dant un certain temps à celui du sang. 


Exe. Il. 10 avril 1913. Injection par voie intrarachidienne de baciiles tuber- 
culeux humains tués par la chaleur (2 onces de culture brovées et émulsion- 
nées dans 5c.c. d’eau salée physiologique. À la suite de cette injection, 
l'animal est triste et somnole constarnr ment. | 

Le 28 avril, ponction atloïdo-occipitale, forte réaction méningée, formule 
cytologique à prédominance de polynucléaires, forte albumine, sucre 
normal. 

Le 29 avril. Recherche des anticorps tuberculeux par la méthode de dévia- 
tion du complémeht. Antigène : émulsion de bacilles humains dans l’eau 
salée physiologique; sérum de chien, V gouttes; liquide céphalo-rachidien, 
XXV gouttes ; deux sérums témoins. 

La réaction de fixation est très positive dans le liquide céphalo-rachidien, 
négative dans le sérum. 

Le 15 mi. La réaction méningée est toujours très intense. La réaction de 
fixation toujours très fortement positive dans le liquide est faiblement posi- 
tive dans le sérum. 

Le 20 mai. La réaction de fixation est franchement positive dans le sérum 
et dans le liquide céphalo-rachidien, L'animal est très somnolent, très 
amaigri. Il meurt le 3 juin ; à l’autopsie, on trouve des lésions taberculeuses, 
fibrocaséeuses formant un bourrelet très épais autour de la moelle cervicale. 


En résumé, l'on peut assister à la formation locale d'anticorps tuber- 
culeux dans l’espace sous-arachnoïdien. L'apparition des anticorps dans 
le sang est progressive et sensiblement plus tardive. 

Il semble résulter de ces deux séries d'expériences que, suivant 
l’'antigère injecté dans le liquide céphalo-rachidien, le lieu de formation 
des anticorps est différent — origine locale pour le bacille tubercu- 
leux — origine sanguine pour le bacille d’Eberth. Ces faits, en appa- 
rence paradoxaux, s'expliquent cependant, si l'on considère que l'inges- 
lion des deux antigènes provoque des réactions anatomiques tout à fait 
dissemblables. 

L'injection de bacilles d'Eberth chauffés entraîne une réaction mé- 
ningée, intense mais fugace aboutissant probablement rapidement à 
l'élimination des bacilles et entrainant l'apparition des anticorps dansle 
sang. Par contre, ies bacilles tuberculeux chauffés provoquent une véri- 
table lésion locale, se développant pelit à petit et progressivement; on 
comprend que ce soit sur place que s’élaborent dans ces condtiions les 
anticorps tuberculeux. 


(Travail du laboraloire de M. le professeur agrégé Sicard.) 


638 F* SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


L'INVOLUTION PHYSIOLOGIQUE DE LA BOURSE DE FABRICIUS 
ET SES RELATIONS AVEC L'APPARITION DE LA MATURITÉ SEXUELLE, 


par J. Jocrxy. 


On sait depuis longtemps que la bourse de Fabricius n'existe que chez 
les jeunes oiseaux et disparaît chez l'adulte; mais on connaît mal le 


moment. précis de cette disparition. Les dissections que j'avais faites 


pour étudier le mécanisme histologique de l'involution (4) m'avaient 
montré une coïncidence entre ce phénomène et l’apparilion de la matu- 
rité sexuelle, mais ces relations avaient besoin d'être précisées par une 
série de pesées et d'examens histologiques concernant à la fois les glandes 
génitales et les organes lymphoïdes. Le tableau que je donne ici 
résume l'observation de 21 poulets mâles (2). Un fait frappant se dégage 
ds sa lecture. Le maximum de développement de la bourse de Fabricius 
se trouve chez les animaux de 4 mois, au début du 5° mois de la vie 
par conséquent. C’est à ce moment un organe du volume d’un petit œuf 
de pigeon, qui pèse environ 3 grammes et mesure en chiffres ronds 


30 millimètres de haut, 20 millimètres de large et 40 millimètres dans le 


sens antéro postérieur. À ce moment, les testicules sont encore très 
petits; chez certains individus, l'épithélium est à peine différencié:; 
chez d’autres, on y observe une différenciation plus ou moins avancée; 
la spermatogenèse se prépare. 

Chez les poulets de 4 mois 1/2 à 5 mois, ces phénomènes de matu- 
ration s'accentuent, mais les testicules sont encore petits elil n'existe pas 
de spermatozoïdes mûrs. La bourse de Fabricius est encore fort bien 
développée, mais la moyenne des pesées donne un chiffre un peu plus 
faible; il n'existe cependant, dans la majorité des cas. aucun phénomène 
d'involution. Chez la plupart des poulets de 5 mois, les testicules sont 
_ gros, la maturité sexuelle est survenue, des spermatozoïdes mûr: 
existent dans les tubes testiculaires:; on les trouve vivants et mobiles 
dans les canaux déférents. Chez tous ces animaux qui viennent d'arriver 
à maturité sexuelle, et sans exception, la bourse de Fabricius est en 
pleine involution; elle est petite et déjà atrophiée et partiellement 
fibreuse. Ce changement a été extrêmement rapide, de même que l’aug- 
mentation de volume des testicules, qui pèsent maintenant sept ou huit 
fois ce qu’ils pesaient le mois précédent. Un fait montre que l'involution 
de la bourse est rapide et liée au développement sexuel. Chez les poulets 


(4) J. Jolly. Sur l’involution de la bourse de Fabricius. Comptes rendus de la 
Soc. de Biologie, 8 avril 1911,t. LXX, p. 564. 

(2) Tous sacrifiés en août et septembre, sauf celui de 12 mois, sacrifié en 
avril, 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 639 


de 5 mois qui ne sont pas encore arrivés à maturité sexuelle, la bourse 
est encore bien développée ou ne présente que des signes très légers 
d’involution, Mais chez tous ceux du même âge qui ont des spermato- 
zoïdes mûrs dans les voies génitales, la bourse est en pleine involution. 
Chez les poulets de 6 et 7 mois, l’atrophie de la bourse est encore plus 
accentuée : c’est alors un petit organe dur, conique, fibreux; les testi- 
cules pèsent environ 9 grammes. À partir de ce moment, la bourse 
n'existe plus en tant qu'organe, bien qu’on puisse en retrouver des 
traces chez des animaux âgés d’un an et plus, sous forme d’un petit 
cul-de-säc du cloaque à parois relativement minces. 


Poulets. 
POIDS | POIDS POIDS POIDS ÉTAT 
AGE POIDS de la | par gr. du ne des 2 des 
bourse | d'animal.| thymus SAT |'testicules testicules 
2 mois 367 gr.| 0.63 |0,00177 0.41 |0,00116 0.065 Immatures. 
(2 ‘ 
individus). 
3 mois | 558 gr.| 1.35 |0,00231 | 1.42 |0,00265 | 0.39 Immatures. 
(3 indiv.). 
4 mois |1209 gr.| 3.35 |0,00278 3.13 |0,00258 0.72 Immatures. 
(3 indiv.). Spermatogenèse |} 
en préparation. 
4 m. 1/2 |1102.gr.| 2.51 |0,00195 2.97. l0,00197 1.06 Immatures. 
‘ 5 mois Spermatogenèse 
(5 indiv.). en préparation. 
5 mois |1615 gr.| 0.97 |0,000131, 4.36 |0,00275 7.43 Matures. 
(3 indiv.). 
6 mois |1697 gr.| 0.22 |0,000132| 2.51 |0,00145 9.05 Matures. 
(2 indiv.). 
1 mois |2060 gr.| 0.26-10,000125| 4.10 |0,00196 8.20 Matures. 
(2 indiv.). k 
49 mois |2000 gr.| 0.12 |0,00006 2,50:110,00125%|;26%%» Matures. 
(1 intiv ). 


Il résulte donc de ces faits que le maximum de développement de la 
bourse de Fabricius se trouve à unmoment où les testicules sont encore 
petits et immatures, mais où la spermatogenèse est en préparation, el 
que le début de linvolution coïncide à peu près exactement avec l’appa- 
rition de la maturité sexuelle. I est probable qu'il n'y a pas là une 
simple coïncidence et il y aura lieu de contrôler cette manière de voir 
par des expériences d'ablation de la bourse et de castration. On sait 
que des recherches analogues ont été faites avec le thymus. Certaines 
expériences tendent à montrer que la castration retentit sur l'involution 


640 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


physiologique du thymus en la modérant, en la ralentissant. Chez les 
oiseaux, la courbe de l'involution physiologique du thymus n'est pas 
encore connue ; les documents qui existent sur ce sujet sont peu nets, 
contradictoires et en tous cas insuffisants. Chez les oiseaux, l'involution 
physiologique du thymus est lente et soumise à de nombreuses fluctua- 
tions causées par l’état de la nutrition générale et par l'influence sai- 
sonnière. Je ne suis pas encore en mesure d’en donner la courbe, mais 
un fait déjà se dégage du tableau ci-joint, c'est qu'au moment où la 
maturité sexuelle survient, alors que pour la première fois, des sperma- 
tozoïdes vivants parviennent dans les voies génitales, et que la bourse 
de Fabricius est en train de subir une involulion rapide, le thymus a 
atteint son maximum de développement pondéral et ne présente aucun 
signe d’involution ; sa substance corticale est parfaitement développée. 
La bourse de Fabricius involue done avant le thymus et il y a là proba- 
blement un phénomène de suppléance. 

Les résultats que j'apporte iei concernent seulement le poulet. Je ne 
sais s'ils sont applicables aux autres espèces d'oiseaux: mais les dissec- 
tions que j'ai faites jusqu'ici montrent que la bourse est d'une manière 
générale involuée chez tous les individus arrivés à maturité sexuelle. 

En résumé, il existe une relation entre la bourse de Fabricius et les 
testicules : la bourse involue, chez le poulet, exactement au moment où 
les testicules arrivent à maturité. 


(Laboratoire d'histologie de l'Ecole des Hautes-Etudes 
au Coilège de France.) 


RACHITISME EXPÉRIMENTAL CHEZ DE JEUNES ANIMAUX 
ISSUS DE PROCRHÉATEURS ÉTHYROÏDÉS, 


par HENRI CLAUDE et J. ROUILLARD. 


La pathogénie du rachitisme est encore aujourd’hui l'objet de nom- 
breuses discussions. Malgré des tentatives variées, on n’est arrivé que 
rarement à reproduire chez l'animal des lésions comparables à celles 
qu'on observe chez l'enfant. Les résultats expérimentaux de Spillmann, 
de Jorane et Forte, de Vaglio sont les plus démonstratifs, car ils ont 
pu être contrôlés histologiquement. 

Dans toutes ces recherches, les auteurs s'étaient proposé de réaliser 
le rachitisme chez l’animal en experience ; les résultats que nous 
apportons ici ont été obtenus dans des conditions différentes. Nous 
avons cherché, en effet, à provoquer, chez les procréateurs, avant 
l’'accouplement, un état de dysfonctionnement glandulaire, pour étudier 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE GAL 


ensuite, d'une facon très générale, les altéralions que pouvaient pré- 
senter les descendants : c'est dans ces conditions que nous avons 
observé, chez de jeunes lapins, nés de parents éthyroïdés avant l'accou- 
plement, des dystrophies squeleltiques de nature rachitique que nous 
allons décrire. 


Une lapine de 3 kilogrammes et un lapin mâle de 2 kil. 275 furent thyroi- 
dectomisés le 25 mars et Le 1° avril; l'extirpation, faite au bistouri, fut facile, 
complète ; et les animaux ne présentèrent, par la suite, aucun accident qui, 
traduisit l'insuflisance thyroïdienne. 

La lapine, après une gestation normale, mit bas le 15 mai, huit petits par- 
faitement constitués, qu'elle éleva dans de bonnes conditions et allaita pen- 
dant quarante jours. Quatre des petits moururent vers la 3° semaine, avec 
du ballonnement du ventre ; ils ne présentaient aucune déformation 
squelettique apparente. Les survivants se développèrent bien jusqu'à l’âge 
de six semaines environ ; à ce moment, ils cessèrent de grandir ; leur poids 
restait stationnaire ; ils parurent abattus, somnoleuts, sans qu'on notât 
pourtant rien de pathologique au niveau des téguments. Plus tard, leur ventre 
grossit, ils avaient de la faiblesse des membres, marchaient avec difficulté ; 
enfin apparurent des troubles digestifs. 

L'un d’eux mourut le 7 juillet, pesant #15 grammes (poids du témoin 850 gr.), 
un autre, le 17 juillet, pesant 455 grammes (poids du témoin 1.150 gr.). Le 
troisième, atteint d’une impotence musculaire très prononcée, mourut cachec- 
tique le 16 août (pesant 564 gr). Quant au dernier, il a survécu et son déve- 
loppement ultérieur a été normal. 

L'’autopsie de ces trois animaux nous a montré des lésions squelettiques 
très importantes : chez tous trois, une réduction uniforme et proportionnée 
du squelette. 


LAPINS RACHITIQUES LAPINS TÉMOINS 
n° { no 2 | n° .3 
1 sem. 9 sem. 15 sem. HS emae Al0ËS en. 
Omoplate pre etes en. 3 | » 38 30 
Humérus A PERTE 30 38 32 45 60 
RATS ET Les ARE "50 38 31 47 58 
GODTEUS EN, PES ee 38 45 91 0e 67 
Carpe et métacarpe . . .| 12 13 Il 18 22 
BNC RE OR EE NE à 50 12 65 82 
SITES, MÉMANSSINE éneun) POU Te reg 48 12 40 
Tarse et métatarse . . .| 37 40 40 47 63 


Tous trois présentaient des déformations fhoraciques très accen tuées, 
caractérisées par l’aplatissement de la paroi antérieure, des incurvations 
sternales. et une scoliose assez forte; des nodosités fusiformes ou irrégu- 
jières au niveau des articulations costo-vertébrales et chondro-costales 
{chapelet costal); une augmentation de volume des épiphyses radiales, cubi- 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913, T. LXXV. 4! 


SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


en) 
nes 
LS 


tales et tibiales, avec allongement très marqué du cartilage de conjugaison, 
accroissement de la couche chondroïde et vascularisation excessive ; enfin une 
médullisation très intense des os courts et plats. Chez tous, le bassin était 
extrêmement rétréci. Enfin, l’un d'eux présentait des malformations dentaires 
Üincurvation postérieure et latérale des incisives). 

En examinant au microscope des coupes d’articulations chondro-costales, 
nous avons constaté l'existence d’altérations tout à fait comparables à celles 
du rachitisme humain : légère prolifération des cellules du cartilage hyalin ; 
disposition irrégulière des cellules de la couche striée, dont le nombre n’est 
pourtant pas augmenté; dans la couche hypertrophique, la substance fonda- 
mentale, calcifiée, forme des travées de largeur variable ; les cellules ont proli- 
féré de façon très active, à la périphérie, tandis qu’au centre existe une large 
zone de tissu spongoïde ; à ce niveau le cartilage est envahi par des bourgeons 
vasculaires ou médullaires qui dissocient les travées, et isolent des îlots de 
cellules cartilagineuses; de tels ilots se rencontrent en situation anormale 
très loin de la ligne d’ossification. L’os nouvellement formé est constitué par 
du tissu ostéoïde, ainsi qu'en témoignent la structure plus fibrillaire, l'aspect 
des ostéoblastes, et les affinités tinctoriales. Enfin la. moelle est en proliféra- 
tion active. Les cellules médullaires sont à peu près en proportion normale, 
mais on note par place des îlots de globules rouges anucléés qui paraissent 
être des infarctus hémorragiques ou des vaisseaux dilatés; de plus, le réticu- 
lum fibreux de la moelle est très développé et l’on note la présence de nom- 
breuses cellules conjonctives. L’os, examiné à quelque distance, paraît raréfié ; 
etles canaux qui se dirigent de la couche sous-périostée versle tissu spongieux 
sont dilatés, bourrés de cellules conjonctives et médullaires. Sous le périoste, 
s'étale une épaisse couche de cellules conjonctives, étoilées ou fusiformes, où 
l'on voit parfois des amas de cellules médullaires ou de globules rouges. 

Chez deux lapins, les articulations chondro-costales présentent des lésions 
mixtes : rachitisme, du fait de l’enchevêtrement du cartilage et du tissu mé- 
dulaire en certains points; ailleurs, ostéite condensante, par production 
d'une couche osseuse extrêmement épaisse, où se voient quelques rares bour- 
geons vasculaires qui ne peuvent pénétrer dans les travées cartilagineuses. 
Cette hyperplasie osseuse explique l'augmentation de volume de l'extrémité 
antérieure de la côte, et rend compte de la disposition irrégulière, en éven- 
tail, des cellules du cartilage hypertrophique. 

Les mêmes animaux, de nouveau accouplés, eurent une seconde portée, 
qui apparut normale au début, puis les petits moururent également 
jeunes, ayant présenté un développement insuffisant, mais les lésions osseuses 
étaient moins caractéristiques du rachitisme. 


Ainsi donc la thyroïdectomie pratiquée sur les deux procréateurs, un 
peu avant l’accouplement, n’a pas empêché la reproduction, n’a pas 
modifié la gestation, ni la lactation; mais elle a déterminé, chez les 
descendants, d’une part, un arrêt de développement très net, et, d'autre 
part, des signes indiscutables de rachilisme. Sans que nous puissions 
en préciser le mécanisme pathogénique, ce sont là des conséquences 
directes ou indirectes de l'insuffisance thyroïdienne des procréaleurs. 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 643 


— —————_——- 


On ne peut, en effet, attribuer ces dystrophies ni à l'insuffisance 
d'allaitement, ni à des conditions hygiéniques défectueuses, ni aux 
troubles digestifs, qui sont survenus tardivement, et qui d’ailleurs, chez 
le lapin, ne provoquent pas de lésions rachitiques. 

On sait qu’en clinique, hypotrophie et rachitisme existent parfois iso- 
lément; plus souvent ces deux états se combinent en proportions 
variables. Nos constatations expérimentales permettent de supposer que 
de semblables dystrophies relèvent parfois d'une insuffisance thyroï- 
dienne des parents. Des arguments d'ordre clinique et thérapeutique 
viennent à l'appui de celte thèse : d’une part, chez les enfants dont la 
mère ou la nourrice présente des signes nets d'hypothyroïdie, on a 
observé fréquemment des manifestations pathologiques allant du 
myxæœdème franc ou de l'infantilisme, jusqu'au simple retard du déve- 
loppement physique ou intellectuel; le rachitisme aurait, dans certains 
cas, une semblable origine. 

D'autre part, l'opothérapie thyroïdienne a donné de bons résultats 
dans le rachitisme, même chez des enfants qui ne présentaient aucun 
signe d'hypothyroïdie. 

Nous pensons donc qu'il faut peut-être accorder, dans la pathogénie 
du rachitisme, un certain rôle à l'insuffisance thyroïdienne héréditaire 
ou acquise, que celle-ci soit primitive ou secondaire à des états toxi- 
infectieux, et ajouter peut-être, de préférence, cette cause nouvelle à 
toutes celles qu'on invoque généralement : intoxications alimentaires, 
troubles digestifs, syphilis, tuberculose, broncho-pneumonies prolon- 
gées, pyodermites chroniques, dont l'influence causale n’est pas encore 
démontrée. 


COMPARAISON ENTRE LE SANG DU FOETUS A TERME ET LE SANG DE LA MÈRE AU 
POINT DE VUE DE LA RÉPARTITION NATURELLE DES SUBSTANCES AZOTÉES (URÉE, 
AMINOACIDES, ETC.). 


Note de ALBERT MorEz et GEORGES MOURIQUAND, 
présentée par MAURICE NiIcLoUx. 


But du travail. — Le passage des substances chimiques à travers le 
placenta a déjà fait l’objet de nombreuses recherches. Celles-ci ont 
surtout porté sur des produits étrangers à l'organisme (oxyde de carbone, 
alcoo!, éther, chloroforme, etc.). 

La substance naturelle, faisant partie du cycle des matières protéiques, 
_ qui à été le plus étudiée, l’urée, a surtout été envisagée au point de vue 
- des effets des injections de ce-corps, introduit artificiellement dans la 
circulation d'animaux (Charpentier et Butte, Feis, etc.). 

Sa leneur dans le sang fœtal humain a cependant été déterminée par 


644 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


queiques auteurs (Jolyet et Lefour, Sauvage et Clogne), lesquels, à 
l'exception de Cavazzani et Levi, ne paraissent pas avoir effectué de … 
dosages concomitants sur le sang de la mère. ; 

Nous avons pensé quil serait intéressant de rechercher par des 
comparaisons sur le sang fœtal et le sang maternel, s’il y a équilibre de 
part et d’autre du placenta, non seulement pour l’urée, mais encore 
pour le groupe si important des aminoacides et pour l’ensemble des : 
corps azotés non protéiques. à 

Conditions expérimentales. — Nous avons effectué six expériences … 
comparatives : quatre sur des sangs humains et deux sur des sangs de … 
lapin. 

1° Ætat des sujets (Clinique du professeur Fabre) : 

a) Sujets humains (1). — Trois des groupes que nous avons étudiés 
étaient cliniquement normaux; l'accouchement venait de se faire, à 
terme, normalement (dans le premier cas seulement une injection de 
pituitrine avait élé pratiquée). Le quatrième groupe humain (IV. H.) était 
anormal : l'enfant syphilitique présentait du pemphigus: il pesait 
1.400 grammes, et le placenta 480 grammes. Les femmes étaient toutes … 
à une diète relative depuis la veille, n'ayant pris qu'un petit polage 
plusieurs heures avant l'accouchement. 

b) Lapins. — Les lapines étaient à la veille du terme, nourries 
abondamment et normalement de végétaux. (Nous reviendrons dans 
une autre communication sur les variations de la répartition de l'azote 
dans le sang sous l'influence des divers régimes alimentaires chez les : 
herbivores.) 

2 Prises de sang: 

a) Sang humain. — La femme venant d’accoucher, nous prélevions … 
simultanément 30 c.c. de sang du cordon et par ponction veineuse 25 à 
30 c.c. de sang maternel. Ces sangs, recueillis dans de petits flacons 
que l'on bouchait au liège, étaient détibrinés par agitation avec du 
quartz. Toutes les opérations subséquentes : mesure du volume, désal- 
bumination par l'alcool, étaient effectuées sans aucun délai. 

b) Sang de lapin. — La lapine était superficiellement anesthésiée à | 
l’éther. Nous lut prélevions par une canule placée dans une artère 95 à . 
30 c.c. de sang. Immédiatement après, nous ouvrions l'utérus, dont. 
nous extrayons aussi rapidement que possible les fœtus, lesquels ont 
été au nombre de six dans chacun de nos cas. 

Nous saignions les fœtus par section du cou, après les avoir lavés à 
l’eau et séchés complètement. Les sangs étaient traités comme les sangs - 
humains. We 

3° J'echniques chimiques. — Nous avons suivi pour les dosagesw 


(1) Nous remercions le professeur Fabre et le D' Bourret de leur précieux 
concours. 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE $ 645 


d'azote non protéique total et d’urée les méthodes microchimiques 
d'Otto Folin (1), dont nous avons contrôlé à plusieurs reprises la 
précision et l'exactitude. Pour les dosages de l’azote des aminoacides, 
nous avons employé la méthode par désamination à l'acide nitreux, en 
nous servant de l'appareil (nouveau modèle) de Van Slyke (2), qui nous 
a donné toute satisfaction. 

Résultats (en grammes), pour 1.000 c.e. de sang : 


| N. N. 
non LRE N: N. des COEFFICIENT 
protéique PR BE d'urée. résiduel. amino- azoturique. 
total. acides. 
i° Sang humain. 
I. H. Maternel. 0.199 0.238 0.111 0.089 0.068 0.55 
Fœtal. 0.197 0.240 0.112 0.083 0.065 0.57 
| 11. H. Maternel.| 0.181 0.184 0.086 0.095 0.061 0.47 
Fœtal. 0.181 0.180 0.084 0.097, 2k4010:059 0.46 
AIT. H. Maternel.| 0.154 0.201 0.094 0.060 | * 0.039 0.61 
À Fœætal. 0.183 0.202 0.094 0.089 . 0.087 0.52 
{ LV. H. Maternel.| 0.114 0.103 0.048 0.066 0.054 0.34 
ï Fatal (syphil.) 0.147 0.088 0.041 0.106 0.078 0.28 
20 Sang de lapin. 

I. L. Maternel.| 0.312 0.236 0.110 0.202 0.117 0.33 
Fætal. 0.286 0.208 0.097 0.189 0.119 0.34 
IT. L. Maternel.| 0.269 0.272 0.127 0.142 0.063 0.47 
É Fœtal. 0.294 0.274 0.128 0.164 0.068 0.44 


Conclusions. — 11 semble résulter de nos analyses comparatives que 
le sang du fœtus à terme n'a pas, au point de vue de la répartition des 
substances azotées non protéiques, de caractéristique propre; sacompo- 
sition suit celle du sang de la mère. 

Chez les sujets normaux, les taux de l'urée très voisins ou même 
identiques, les taux de l’azote résiduel el de l'azote des aminoacides 
très rapprochés, montrent que le placenta n’est pas une barrière non 
seulement pour l’urée, corps éminemment diffusible, mais aussi pour 
les autres corps azotés non protéiques, en particulier pour les amino- 
acides. 


(4) Otto Folin et W. Denis. Journal of biological Chemistry, vol. XI, n° &, 
juin 1912, p. 307. 

(2) Donald Van Slyke. Journal of biological Chemistry, vol. XII, août 1912, et 
Handbuch der biochemischen Arbeiten Methoden, vol. VI, p. 278. 


646 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Dans un de nos cas (IV. H), où le coefficient azoturique très abaissé 


est un symptôme chimique d’une viciation profonde de la nutrition, le 
sang du fœtus s’écarte un peu plus que chez les normaux du sang de la 
mère ; il s’agit d’un fœtus syphilitique. 


NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LE CHONDRIOME DE L'ASQUE DE Pustularia 
vesiculosa. ÉVOLUTION DU CHONDRIOME PENDANT LES MITOSES ET LA É. 


FORMATION DES SPORES, { 


par À. GUILLIERMOND. 


“ 


Dans deux notes antérieures (1), nous avons suivi une partie de l’évo- 
lution du chondriome dans l’asque de Pustularia vesiculosa, mais nous 
n'avons pu observer la manière dont se comporte le chondriome dans 
les stades de la division nucléaire et de la formation des spores. 
Janssens et van de Puite (2), qui ont repris après nous cette étude et ont 
confirmé nos résultats, se sont eux aussi bornés à l’observation du 
chondriome pendant les premiers stades du développement de l’asque. 
Nous nous proposons aujourd'hui de combler cette lacune. 


On voit par nos recherches antérieures qu’au début de son développement, 
après avoir acquis une certaine longueur, l’asque présente la structure 
suivante : il renferme au milieu une mince bande de cytoplasme très dense 
occupé par le noyau, et à son extrémité supérieure une sorte de calotte formée 
également par un cyloplasme très dense; tout le reste de la cellule est occupé 
par de petites vacuoles. Le chondriome, constitué presque exclusivement par 
de longs chondriocontes, participe alors à l'élaboration des corpuscules méla- 
chromatiques ; les chondriocontes forment sur leur trajet de petites vésicules 
au sein desquelles naissent ces corpuscules. C’est à ce stade que s'arrêtent 
nos observations antérieures. 

A ce même stade, on constate également l'élaboration d’un petit nombre 
de globules de graisse dans le cytoplasme périnucléaire et dans le cyto- 
plasme apical. Nos nouvelles observations nous ont permis de constater par 
les méthodes de Benda et de Meves, que ces globules qui brunissent forte- 


ment par l'acide osmique paraissent souvent être insérés à l'extrémité de 4 


certains chondriocontes, ce qui semblerait indiquer qu'ils naissent, comme les 
corpuscules métachromatiques, dans l’intérieur de ces derniers (fig. 1). 

Un peu plus tard, la partie vacuolaire de l’asque située au-dessous du noyau 
est le siège d'une élimination très active de glÿcogène. Elle présente de nom- 
breux et longs chondriocontes répartis dans toute la trame cytoplasmique qui 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 mars 1913 et Comptes rendus de 
l’'Ac. des Sciences, juillet 4943. 
(2) La Cellule, 15 avril 1913. 


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SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 647 


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les vacuoles : la plupart de ceux-ci offrent à l’une de leurs extrémités 


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ou en plusieurs points de leur trajet des vésicules (fig. 2) un peu plus grosses 
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. 1. — Extrémité d’un asque pendant l'élaboration des globules de graisse. 


ces globules apparaissenl sous forme de petits corpuscules colorés en brun foncé 


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acide osmique. 


2. — Partie basale d'un asque pendant l'élaboration du glycogène. 
3. — Partie supérieure d'un asque un peu avant la première mitose. 
.&et5. — Première mitose. 


. 6. — Troisième mitose vue transversalement. 

7. — Troisième mitose vue longitudinalement. 

. 8,9 et 10. — Délimitation des spores. 

. 1T et 12. — Jeunes spores. 

. 13. — Portion d’un asque avec spores plus âgées. 


(Méthode de Meves. — Grossissement : 1150.) 


que celles qui, au stade précédent, étaient le point de départ de la formation 
des corpuscules métachromatiques. Comme elles occupent exactement la 


648 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


région de fa cellule où s’élabore le glycogène, il est permis de penser que 
c'est à leur intérieur que ce produit prend naissance. Toutefois, on ne peut 
obtenir la démonstration de cette hypothèse, parce que les méthodes mito- 
chondriales ne permettent pas la fixation du glycogène, et qu'il est par con- 
séquent impossible de différencier le glycogène à l'intériear des mitochon- 
dries au moyen de l’iodo-iodure de potassium, comme nous l'avons fait pour 
l’amidon dans les végétaux supérieurs. Cependant l'observation d'asques 
frais traités par l’iodo-iodure au moment où commence l'élaboration du gly- 
cogène permet de constater que le glycogène apparait d'abord dans la trame 
cytoplasmique sous forme de petits granules de la dimension des vésicules 
mitochondriales, ce qui donne une certaine vraisemblance à cette hypothèse. 


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A un stade ultérieur, l’asque subit une transformation très notable: il 
se remplit dans toute sa moitié supérieure d'un cytoplasme très dense 
et homogène, aux dépens duquel se constitueront les spores, tandis que 
sa moitié inférieure reste vacuolaire. Le cytoplasme dense de la moitié 
supérieure, au milieu duquel se trouve le noyau, renferme un très grand 
nombre de longs chondriocontes, minces et flexueux, ordinairement 
orientés dans le sens longitudinal de la cellule (fig. 3). À ce moment, les 
globules de graisse élaborés au stade précédent se sont résorbés et 
l'élaboration des corpuscules métachromatiques semble achevée. Aucun 
des chondriocontes de la moitié supérieure de l’asque ne présente de 
vésicules analogues à celles, qui au stade précédent, ont donné naissance 
à ces corpuscules. 

Quant à la moitié inférieure de l’asque, elle est remplie de glycogène 
et ne renferme plus à ce moment qu'un petit nombre de chondriocontes 
allongés et tendant à se résoudre en chondriocontes et mitochondries 
granuleuses. Ces chondriocontes n'offrent plus aucune vésicule de 
réaction. 

C'est au stade suivant que commencent les divisions nucléaires de 
l’asque. Pendant ces divisions, on constate que les éléments du chon- 
driome ne semblent jouer aucun rôle dans ce phénomène : ils s’écartent 
seulement des deux pôles du noyau, repoussés par les aslers, et laissent 
un petit espace dépourvu de mitochondries, correspondant aux régions L 
occupées par les asters qui ne se différencient pas par les méthodes 
mitochondriales. En outre, au voisinage des espaces occupés par les 
asters, les chondriocontes semblent subir une cerlaine orientation plus 5 
ou moins parallèle à la direction des fibrilles des asters (fig. 4 à 7). à 

Au contraire, l'évolution du chondriome présente au stade ultérieur, : 
pendant la délimitation des spores, des phénomènes très intéressants. 
Après les trois mitoses successives de l’asque, les chondriocontes se 
trouvent toujours disséminés en très grand nombre dans tout le cyto- 
plasme, sauf au voisinage des asters qui persistent à l’un des pôles de 
chaque noyau, mais ils sont maintenant beaucoup plus courts qu'aux 
stades précédents. On sait qu'à ce moment les noyaux restent réunis 


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SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 649 


par un petit bec à leurs centrosomes respectifs encore entourés de leurs 
asters et que les spores se délimitent, comme l’a démontré Harper, au 
moyen des fibrilles de l’aster : celles-ci se recourbent autour du noyau 
comme les baleines d'un parapluie et délimitent un petit espace cyto- 
plasmique arrondi qui est l'ébauche de la spore. Or, pendant ce phéno- 
mène, les chondriocontes de la moitié supérieure de l’asque {celle où se 
différencient les spores), qui étaient restés disséminés dans tout le 
cyloplasme, viennent en majeure parlie s’introduire dans les ébauches 
des 8 spores. Au début de la délimitation de ces spores, les ébauches 
des spores offrent une forme hémisphérique dont le sommet est occupé 
par le centrosome. Le noyau est placé au-dessous du centrosome, dans 
un cytoplasme dense et homogène, complètement dépourvu de mito- 
chondries, qui correspond à la région occupée par les fibrilles de l’aster 
recourbé autour du noyau et que les méthodes mitochondriales ne per- 
mettent pas de distinguer. Ce n’est qu’au pôle de la spore opposée au 
centrosome que se localisent les chondriocontes ; ceux-ci sont agglo- 
mérés dans cette région en une masse confuse (fig. 8 à 10). À un stade 
ultérieur, les spores s’enveloppent d'une membrane cellulosique, puis 
s’allongent et prennent une forme ovale. Pendant ce temps, le noyau 
reste toujours situé à l’un des pôles de la spore et se trouve entouré 
d'un cytoplasme exempt de mitochondries correspondant aux fibrilles 
de l’aster qui à ce stade persistent encore en partie. Le chondriome 
occupe loujours la partie de la spore située au-dessous du noyau et 
apparait sous forme d’une masse mitochondriale confuse (fig. 11 et 12). 
Plus tard, lorsque les spores ont augmenté de volume, eiles perdent 
toute trace des fibrilles de l’aster et leur novau vient se placer dans la 
région médiane. À ce moment, les bätonnets mitochondriaux viennent 
se disséminer dans tout Le cytoplasme de la spore et se transforment en 
longs chondriocontes (fig. 13). 

Après la délimitation des spores, le cytoplasme de la moitié supé- 
rieure de l’asque qui n’a pas été utilisé à la formation desspores ne ren- 
ferme plus que peu de mitochondries, la plus grande partie des élé- 
ments du chondriome de cette région s’est introduite dans les spores. 


APPAREIL POUR REMPLIR LES TUBES DE VACCIN, 


par L. Camus. 


La question des remplisseurs à grand et petit débit ayant été, il y a 
quelque temps, l'occasion de discussions assez vives entre certains 
vaccinateurs, j'avais ajourné la présentation de ce petit instrument en 
service alors à l’Académie de Médecine. 


650 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Cet appareil, qui me donne satisfaction et qui a été favorablement 
apprécié par plusieurs personnes, se classe par son volume restreint 
dans la catégorie des remplisseurs à petit débit. 

C'est, comme le montre la figure, une sorte de seringue à corps et 
piston de verre, qui présente quelques analogies et certaines différences 
avec celles déjà employées à cet usage. Parmi ses avantages, on peut 
signaler celui de ne mettre en aucun point le produit en contact avec 
; du métal, Son chargement, son nettoyage et sa stérilisation sont des 
opérations simples qui ne méritent pas d’être décrites. 

Aucun ressort, plus ou moins sujet à s’altérer, ne met le produit sous 


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pression, point de robinet à entretenir ou à manœuvrer; il suffit de 
faire tourner dans un sens ou dans l’autre, avec le pouce de la main 
gauche, une roue dentée, pour que le vaccin avance ou rétrograde dans 
le tube placé à l'extrémité de l'appareil. Très vite on s’habitue à exé- 
cuter avec le pouce le mouvement juste suffisant pour remplir convena- 
blement le tube, et la confection d’un grand nombre de tubes semblables 
devient très aisée. 

Quand les tubes sont bien calibrés, on peut encore utiliser un 
dispositif très simple de réglage automatique et distribuer des quantités 
de vaccin toujours identiques. On voit à gauche et à la partie supérieure 
de l'instrument un petit bouton d’encliquetage sur lequel il suffit 
d'appuyer pour obtenir ce résultat. La petite fiche retenue sur le côté 
par une chaînette sert au réglage du volume à distribuer. 

Grâce à l’emploi de tubes ou d’ampoules dont les extrémités sont 
étirées à l’avance, le remplissage et la fermeture se font on ne peut plus 
simplement et avec une remarquable propreté. Les extrémités du tube 
qui viennent d’être fermées à la flamme sont nettes et n’ont pas cet 
aspect noir que donne la combustion des matières organiques, quand 
le bout du tube a un large diamètre, et qui fait craindre qu'une partie 
du produit enfermé ait été stérilisée par un chautfage trop prolongé. 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 651 


Si je vous ai présenté cet instrument comme distributeur de vaccin, 
c'est que je l'emploie habituellement à cet usage, mais on conçoit, sans 
difficulté, qu'il pourrait tout aussi bien servir à mettre en tubes ou en 
ampoules un produit quelconque. 


_ RECHERCHES SUR L'HÉMOGLOBINURIE PAROXYSTIQUE « A FRIGORE ». 
TROISIÈME NOTE. ÉTUDE DU PROCESSUS HÉMOLYTIQUE « IN VITRO », 


LES ANOMALIES DE LA RÉACTION DE DONATH ET LANDSTEINER, 


par F. Wipar, P. ABramI et ET. BRissaup. 


Des expériences que nous avons antérieurement rapportées (1), se 
dégagent les conclusions suivantes : 

Chez les hémoglobinuriques, qui fournissent une réaction de Donath 
et Landsteiner typique, le sérum renferme trois substances : complé- 
ment, sensibilisatrice et antihémolysine, unies, à 37 degrés, en un 
complexe neutre, inactif. Le froid rompt cette union; et dès lors, avec 
une rapidité inégale, ces trois substances vont se fixer sur l’hématie. 
Lorsque l'action du froid ne dure qu'une demi-heure, la sensibilisatrice 
d'abord, puis le complément se fixent en grande partie; l’antihémo- 
lysine, au contraire, reste en suspension dans le sérum. Si le mélange 
est porté à 37 degrés, l’hémolyse se produira, l’action lytique du com- 
plément se manifestant avant que l’antihémolysine ait eu le temps de 
se fixer pour la neutraliser. 

L'action du froid se prolonge-t-elle au contraire davantage (trois 
heures, six heures, douze heures), l’antihémolysine parvient à s'unir 
sur les hématies, à la sensibilisatrice et au complément qu'elle neutra- 
lise : le transport du mélange à l’étuve ne détermine plus d’hémo- 
lyse. 

La réaction de Donath et Landsteiner exécutée suivant les prescrip- 
tions classiques peut se montrer négative. Ce fait, aux yeux de certains, 
a compromis tout à fait le caractère de la réaction. 

Or, il nous paraît inadmissible qu'une réaction aussi spéciale, et qui 
reproduitin vitro toutel’évolution du processus hémolytique a frigore,ne 
soit pas constante et qu'une même maladie puisse relever tantôt d’un 
trouble plasmatiqueaussi flagrant,ettantôtd’un processus toutautre,mus- 
culaire, rénal ou globulaire. Avant d'accepler qu’un cas d’hémoglobinurie 
paroxystique ne relève pas de la dissociation du complexe hémolytique, 
parce que la réaction de Donath et Landsteiner se montre négative, il 
nous paraît nécessaire de vérifier si l'échec n’est pas seulement apparent 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 et 29 novembre 1913. 


652 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


et s’il n’est pas possible de rendre la réaction positive, en modifiant les 
conditions de l'expérience. ; 

Déjà Kumagaï et Inoue ont fait connaitre une modification de tech- 
nique qui rend positives certaines réaclions de Donath et Landsteiner 
apparemment négatives. Pour eux, comme pour Hertz et Mamrot, 
l'échec primitif résultait d’un excès d'anticomplément dans le sérum du 
malade, excès dont ils ont prouvé l'existence réelle. Mais il ne nous 
paraît pas démontré que l'excès d'anticomplément ait été dans leurs 
cas la vraie raison du résultat négatif. 

En effet, comment l’anticompiément empêcherait-il l'action du com- 
plément”? Le froid les a séparés; l’un reste dans le sérum pendant que 
l’autre commence à se fixer. Si le complément est déjà sur le globule 
quand on porte à l’étuve, l'anticomplément ne pourra plus rien, quelle 
que soit son abondance. Si, au contraire, le complément est encore 
dans le sérum en présence de son anticomplément, la température de 
31 degrés les réunit immédiatement; la neutralisation qui se fait alors 
— et l'hémolyse impossible — résulte tout simplement de ce que le 
complément a tardé à se fixer. 

L'antihémolysine peut du reste être en quantilé supérieure au com- 
plément sans qu'il en résulte un échec de la réaction de Donath et 
Landsteiner. En prolongeant l’action du froid sur le sérum de trois 
hémoglobinuriques de type « régulier » nous sommes toujours arrivés 
à saturer, sur l'hématie, tout le complément; au bout d'un certain nom- 
bre d'heures qui variait suivant les sujets, l'hémolyse ne se produisait 
plus. 

Enfin, il nous parait impossible de concevoir l’hémolyse in vivo, si 
l’on admet qu'un excès d’anticomplément peut empêcher l'action du 
complément dans l'hémolyse à frigore; il est évident, dans cette hypo- 
thèse, que seuls pourraient réaliser l'hémolyse, in vivo, ceux dont le 
sérum donne une réaction de Donath et Landsteiner positive après une 
demi-heure d’étuve et sans addition de complément. 

Nous pensons, au contraire, que les cas analogues à ceux de Kumagaï 
et [noue, comme d’ailleurs tous ceux où la réaction de Donath et Land- 
steiner semble négative, s'expliquent uniquement par les inégalités 
d'adhésion de l’antihémolysine avec la sensibilisatrice et surtout le com- 
plément. 

On sait depuis longtemps que le lemps de réfrigération nécessaire à 
la dissociation du complexe est très variable. S'il faut en général 
une demi-heure, cinq minutes, trente secondes même peuvent suffire. 
Il est naturel de penser que, dans certains cas, la durée d’une demi- 
heure peut êlre insuffisante pour libérer le complément de l'anti- 
hémolysine, bien que la sensibilisatrice se soit déjà fixée. Dans ces con- 
ditions, pour faire apparaïtre l'hémolyse, il doit suffire soit de remplacer, 


/ 


au sortir de la glace, le sérum par du complément de cobaye (expé- 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 653 


rience de Kumagaï et Inoue), soit de saturer l’antihémolysine par un 
excès de complément (Meyer et Emmerich). 

L'apparence négative de la réaction de Donath et Landsteiner peut 
lenir non plus à une adhésion trop forte de l’antihémolysine au com- 
plément, mais à la rapidité avec laquelle elle rejoint le complément sur 
l'hémalie et Je neutralise. 

Le temps de refroidissement nécessaire à cette reconstitulion, sur 
l'hématie, du complexe neutre, est, nous l’avons vu, des plus variables 
(douze heures Landsteiner, trois heures Widal et Rostaine). 

Or, la durée habituelle d’une demi-heure peut être déjà excessive. Ce 
qu'on n'a pas dit, c'est que /a brièveté du refroidissement devient parfois 
une nécessité absolue de la réaction. L'observation de notre quatrième 
malade est à ce point de vue des plus démonstratives. 

Chez lui, la réaction de Donath et Landsteiner, recherchée par la 
méthode classique. s'est toujours montrée négative. 

Avant de porter à 37 degrés le mélange de son sérum et d'hématies, 
nous l'avons addilionné de complément; le résultat est toujours resté le 
même : le complément n’est donc pas ce qui manque à son sérum. 

Nous avons encore éliminé la possibililé d'une action anti-complé- 
mentaire du sérum en séparant les hématies, après le refroidissement, 
par centrifugation et lavage; nous ajoutions le complément de cobaye 
aux hématies lavées. L'hémolyse ne se produisait pas. 

Il devenait évident pour nous que les globules, quand nous retirions 
le mélange de la glacière, étaient déjà chargés non seulement de 
sensibilisatrice el de complément, mais aussi de l’antihémolysine. La 
reconstitulion du complexe s'était sans doute faile en moins d'une demi- 
heure. 

En effet, il nous a suffi de réduire à dix minutes la durée de l’exposi- 
tion au froid pour réaliser aussitôt l’hémolvyse avec le sérum de cet 
hémoglobinurique. 

En somme, toute réaction de Landsteiner comporte inévitablement 
une phase pendant laquelle le complément a opéré sa fixation, au moins 
en partie, alors que l’antihémolysine est encore libre dans le sérum. 
C'est à ce moment, c'est dans les strictes limites de cette phase que nous 
devons faire cesser l’action du froid et porter le mélange a l’étuve; 
alors le complément fixé profite de l'éloignement de l'antihémolvsine et 
il a le temps, avant que celle-ci ne se fixe à son tour, d'achever la disso- 
lution du globule. Or, il arrive souvent, par notre faute, parce que nous 
n'avons pas reconnu le moment propice, que le changement de tempé- 
rature intervienne lrop tard, ou trop tôt. Dans le premier cas, l’anti- 
hémolysine s'est déjà fixée en quantité suffisante pour neutraliser le 
complément sur l'hématie. Dans le second cas, le complément n’a pas 
encore commencé sa fixalion, il est encore dans le sérum en présence 
de l’anlihémolysine, et le relèvement de la température provoque leur 


654 SOCIÉTÉ DK BIOLOGIE 


union immédiate et la neutralisation. Ici réside assurément la princi- 
pale cause d'erreur de la réaction de Donath et Landsteiner. 

L’adhésion inégale des éléments hémolytiques explique donc les 
variations qu'on observe dans la réaction de Landsteiner. 

Elle explique aussi la possibilité de l’hémolyse a frigore dans Lo 
nisme de tous les hémoglobinuriques. Le sang refroidi dans les vais- 
seaux superficiels rejoint les vaisseaux profonds, où il se réchauffe, 
avec une vitesse très variable. Tel globule retourne aux régions chaudes 
par la voie la plus courte, tel autre suit des voies capillaires beaucoup 
plus longues et s'expose plus longtemps, avec le plasma qui le conduit, 
à l'influence du froid. Le temps de réfrigération qui convient sera dans 
tous les cas réalisé quelque part. 


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RÉUNION BIOLOGIQUE 
DE SAINT-PÉTERSBOURG 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1913 
SOMMAIRE 

CHaPcHev (K.) : Sur les propriétés DEMENtUeS SIDE SEA ere cer 655 
de certaines précipitines agissant ZELIONY (G.-P.) : Procédé technique 
sur des albumines dénaturées (Pre- pour l'étude de réflexes musculaires 
mière communication). . . . . . .. 657 | conditionnels (Première communi- 

CHarcHEv (K.) : Sur les propriétés CAHON) MENT ie er MS RTE ce ee 659 
des précipitines obtenues par l’im- ZELIONY (G.-P.) : Contribution à 
munisation de lapins par les al- l'étude de réflexes musculaires con- 
bumines musculaires dénaturées ditionnels (Deuxième communica-- 
(Deuxième communication). . . .. CSA TION LRU ART EN TN Er 661 

SaLENSskY (W.) : Sur le dévelop- 

Présidence de M. N. Kholodkovsky. 
SUR LE DÉVELOPPEMENT DES SALPES, 
par W. SALENSKY. 
I. — Mes recherches m'ont amené à confirmer le point de vue que 


j'ai défendu auparavant, à savoir que l'embryon dérive, chez les salpes, 
principalement des éléments non fécondés, provenant de l’épithélium 
folliculaire; il faut ajouter que, parmi les éléments qui prennent part à 
la formation de l'embryon, se trouvent aussi des descendants des élé- 
ments fécondés. 

II. — L'opinion soutenue par d’autres auteurs, suivant laquelle les 
éléments fécondés dévorent les éléments non fécondés, n’est pas fondée. 

III. — Les blastomères se divisent d’abord par voie mitotique, puis à 
partir de la dixième division par voie amitotique, ce qui présente cel 
avantage que la division s'effectue beaucoup plus énergiquement et 
rapidement. 


656 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


IV. — Lorsque la segmentation s'est terminée, il se forme la cavité 
intestinale primitive et la cavité cloacale, dont les paroïs représentent 
l’endoderme. Il se différencie en même temps une couche cellulaire 
externe qui forme l’ectoderme. Les cellules qui se trouvent entre ces 
deux couches forment le mésoderme. Les feuillets embryonnaires qui 
se différencient ainsi et qui donnent naissance aux organes dérivent 
d'éléments fécondés ainsi que d'éléments non fécondés. 


V. — La formation des organes s'effectue d'après le type qui res- 
semble au lype général de l’organogenèse chez les tuniciers. 
VI. — Le ganglion nerveux se forme aux dépens de l’ectodermr. 


Parmi les phénomènes qui ont lieu au cours du développement du 
ganglion nerveux, il est intéressant de signaler la division du ganglion 
en trois vésicules cérébrales, ressemblant aux vésicules qui apparaissent 
au cours du développement du cerveau chez les vertébrés. 

VII. — Le péricarde apparaît sous la forme de deux excroissances de 
la cavité intestinale primitive, qui présentent une ressemblance complète 
avec les procardes des ascidies. Ces excroissances se fondent ensemble et 
forment un seul sac péricardial; en s’enfoncant, ce sac donne naissance 
au cœur. 

VII. — La cavilé intestinale primitive qui se transforme en cavité 
respiratoire est, de très bonne heure, rompue symétriquement en deux 
endroits et communique ainsi par deux ouvertures symétriques avee la 
cavité cloacale. Ces ouvertures forment les ouvertures branchiales. 

IX. — La cavité intestinale primitive forme de grands appendices qui 
s’enfoncent dans le placenta et le divisent en placenta embryonnaire; 
celui-ci reste dans l'embryon et est, dans la suite, absorbé par ce 
dernier, tandis que le placenta mailernel reste dans le corps de la mère. 

X.— Le canal digestif apparait d'abord comme un appendice sur la 


partie postérieure de la cavité intestinale primaire. Il est intéressant 


de signaler que le canal digestif s'unit à l’éléoblaste, qui dérive du 
mésoderme. L'éléoblaste présente un sac vide. L'union de l’éléoblaste à 
l'intestin se fait de très bonne heure au début du développement et se 
rompt à la fin du développement. Ce phénomène joue probablement un 
rôle dans la nutrition de l'embryon. 


(Laboratoire de zoologie de l'Académie des sciences à Saint-Pélersbourq.) 


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SEANCE DU Ô DÉCEMBRE 657 


SUR LES PROPRIÉTÉS DE CERTAINES PRÉCIPITINES 
AGISSANT SUR DES ALBUMINES DÉNATURÉES 


(Première communication), 


par K. CHAPCHEV. 


La réaction des précipitines, qui est employée souvent pour l'examen 
de produits de charcuterie, préparés avec de la viande crue, donne des 
résultats peu sûrs si on analyse des produits contenant de la viande qui 
a subi des transformations par chauffage. Les essais pour rendre cette 
réaction propre à l’analyse des produits chauffés se font dans trois 
directions: 

1° On perfectionne la technique de l'analyse par des antisérums, 
d’une part, afin de pouvoir utiliser pour la réaction toutes les aibumines 
qui peuvent encore réagir avec les antisérums ordinaires; d'autre part, 
afin de rendre la réaction plus sensible, on augmente la durée de l'ac- 
tion du sérum ou la quantité d’albumines dans la solution, etc. ; 

2° On tâche d'obtenir des précipitines spéciales qui puissent agir sur 
des albumines chauffées (Hitze-Präcipitin) ; 

3° On tâche d'obtenir des précipitines spéciales qui agissent sur des 
albumines chauffées, ainsi que sur des albumines dénaturées par des 
alcalis (Hitze-Alkali-Präcipitin). 

W.-A: Schmidt a proposé d'immuniser, pour l'obtention de ces 
dernières précipitines, des lapins par un sérum coagulé par chauffage 
et dissout ensuile par l’action d’un alcali. Les précipitines que l’on 
obtient de cette manière donnent des précipités avec le sérum dont les 
albumines ont été coagulées par chauffage et dissoutes ensuite par 
addition d’alcali. 

Pour obtenir les précipitines d'après la méthode de Schmidt, j'ai 
dénaturé le sérum de la manière suivante : le sérum additionné d’un 
volume égal d’eau physiologique est chauffé pendant trente minutes au 
bain-marie à 70 degrés; additionné ensuite d’une solution normale de 
soude dans la proportion de 1:12, le sérum est chauffé pendant quinze 
minutes à la même tempéralure ; les expériences que j'ai faites avec les 
précipitines obtenues par l’immunisation de lapins par ce sérum déna- 
turé ont donné Îles résultats suivants. 

Les précipitines de Schmidt agissent : 

1° Sur leur propre antigène, c'est-à-dire sur le sérum qui a subi les 
transformations indiquées plus haut ; 

2° Sur le sérum chauffé à 100 degrés ; 

3° Sur le sérum desséché à 100 degrés el dissout dans un aleali, rela- 
tivement faible (à la suite d’une action plus forte de l’alcali la réaction 
ne se produit pas toujours); 


BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1913, T, LXXV. 45 


ss 


658 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


4° Sur le sérum non dénaturé (Schmidt n’a pas obtenu cette réac- 
tion): Fe Ro: 
5° Sur jdes extraits de viande et de différents organes; pour cette 
réaction, on a pris soit des extraits ordinaires, soit des extraits déna- 
turés d’après la méthode de Schmidt, soit des extraits altérés par 
chauffage (la réaction est, dans ce cas aussi, moins sensible). 


SUR LES PROPRIÉTÉS DES PRÉCIPITINES OBTENUES PAR L'IMMUNISATION 
DE LAPINS PAR LES ALBUMINES MUSCULAIRES DÉNATURÉES 


(Deuxième communication), 


par K. CHAPCHEV. 


Mes expériences m'ayant montré que les précipitines ordinaires, tout 
en formant des précipitines avec le sérum chauffé pendant 30 minutes 
à une température qui ne dépasse pas 85 degrés, n’agissent pas sur le 
sérum qui a subi des transformations semblables à celles subies par 
l'antigène de Schmidt, ni sur le sérum chauffé à 100 degrés, on peut 
affirmer que les précipitines de Schmidt ont un pouvoir précipitant 
plus étendu, c’est-à-dire qu’elles agissent sur un nombre de corps plus 
grand. Malgré cet avantage des précipitines de Schmidt, elles ont deux 
propriétés qui les rendent peu propres à l'application pratique : 


I. — La spécificité de la réaction de ces précipitines vis-à-vis des 
albumines dénaturées est relativement faiblement prononcée; 
IT. — La réaction de ces précipitines vis-à-vis des albumines muscu- 


culaires dénaturées est très faible. 

Vu ces défauts des précitines de Schmidt, on aessayé de les remplacer 
par des précipliines oblenues par l'immunisation de lapins par des albumines 
musculaires dénaturées d'après la méthode de Schmidt. Les précipitines 
musculaires obtenues ainsi possèdent, au même degré que les précitines 
sériques de Schmidt, la propriété d'agir sur les albumines sériques 
dénaturées, de même qu'une spéciticité aussi faiblement prononcée, mais 
elles agissent d'une manière plus forte sur les albumines musculaires 
dénaturées. Celte dernière propriété à une certaine importance parce 
qu’elle rend les précipitines plus propres à l'analyse des produits de 
charcuterie dénaturés par la chaleur. 

Pour obtenir ces précipitines des albumines musculaires, j'ai immu- 
nisé des lapins par les trois préparations musculaires suivantes : 


I. — Extraits de viande obtenu par la macération de viande hachée 
dans un poids égal d’eau physiologique. 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 659 


IT. — Extraits de viande obtenus par la macération de viande hachée 
dans de l’eau physiologique additionnée de 0,1 p. 100 de carbonate de 
soude ou d’une solution de 0,1 p. 100 de soude. 

IT, — Jus de viande exprimé. 

Tous ces extraits ont été dénaturés d’après la méthode de Schmidt. 

De tous ces antigènes, le dernier a donné le sérum le plus sensible, 
Les antigènes traités par de l’alcali viennent ensuite. 


Ii résulte de ces constatations que, pour l'analyse des produits de 
charcuterie ayant subi l’action de la chaleur, analyse qui a en vue de 
dépister l’addition de viande non permise, il est plus rationnel d'em- 
ployer les précipilines des albumines musculaires de Schmidt, obtenues 
par l’immunisation de lapins par le jus exprimé de la viande. Il ne faut 
pas toutefois perdre de vue que ces précipitines ne sont que faiblement 
spécifiques et qu’elles ne sont pas actives si l'on se sert de titres trop 
dilués. 

J'ai étudié chemin faisant les précipitines obtenues par l'immunisa- 
tion de lapins par des albumines musculaires non allérées. J’ai constaté 
que ces précipitines, ayant un pouvoir précipitant aussi limité que Les 
précipitines sériques, agissent d'une manière plus prononcée sur les 
albumines musculaires, ce qui présente un avantage pour l'analyse de 
produits de charcuterie. 

On a insisté sur la difficulté d'obtenir ces précipilines à cause de la 
toxicité des extraits musculaires pour les lapins; on prétend que les 
lapins immunisés par ces extraits périssent souvent. Je crois que cette 
toxicité doit être attribuée à ce que les extraits employés ne sont pas 
toujours stériles ; on peut éliminer les facteurs de la toxicité en soumet- 
tant les extraits pendant plusieurs jours à l’action du chloroforme. 


({nstitut d'hygiène du professeur E, Chepilevsky, à Jouriev.) 


PROCÉDÉ TECHNIQUE POUR L'ÉTUDE DE RÉFLEXES MUSCULAIRES CONDITIONNELS 


(Première communication), 


par G.-P. ZELIONY. 


Je veux décrire dans la présente communication une méthode exacte 
et commode pour l'étude des réactions des animaux vis-à-vis du milieu 
extérieur. 


J’ai pris comme critérium de la réaction dans mes expériences le fait 


660 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


que l'animal accourt à un endroit déterminé sous l'influence d’un exci- 
tant déterminé (1). 4 

Au point de vue de la méthode, cetle réaction présente les avantages 
suivants : 

1° Elle peut être enregistrée d’une manière objective {par voie 
graphique); 

2° Elle peut êlre mesurée quantitativement ; 

3° Elle permet de faire les expériences dans des conditions naturelles 
parce qu'il ne faut pas, dans ces cas, immobiliser l’animal sur un 
appareil; 

4° On peut l’'éludier chez presque tous les animaux, ce qui est rnb 
tant au point de vue de la physiologie comparée. 

J'ai fait mes expériences sur des souris blanches ; les animaux accou- 
raieat à un endroit déterminé sous l’action du son F,; le réflexe condi- 
tionnel dû au bruit était atteint grâce au fait que l’on produisait ce 
bruit à un endroit déterminé au moment où on donnait à l'animal sa 
nourriture à cet endroit. La souris se (rouvait dans une chambre cons- 
truite spécialement à cet effet; le réflexe conditionnel consistait en ceci 
que l’animal courait d’un bout de la chambre à l’autre sous l’action 
du son F,. Le plancher de la chambre était couvert de papier enfumé; 
la souris {racait ainsi avec ses pattes une ligne lorsqu'elle accourait 
à l'endroit en question. | 

On pouvait évaluer quantitalivement l'excitation en se basant sur 


trois crilères : 

1° La sinuosité de la ligne parcourue par la souris; 

2 Le temps employé; 

3° La grandeur des pas. 

L'auteur à constaté que plus l'excitation est grande : 4° plus la ligne 
parcourue est droite; 2° moins le temps employé pour le parcours est … 
grand ; 3° plus la grandeur des pas est considérable. 

En mesurant toutes ces données, on peut ainsi évaluer la force de 
l'excitation qui provoque la réaction réflexe. 

Comme on le sait, les réflexes salivaires conditionnels qui apparais- 
sent à la suite de la combinaison d'un facteur excitateur conditionnel 
avec un réflexe dû à l'excitation de la cavité buccale par la nourriture 
deviennent plus faibles, à mesure que l'animal se rassasie. 

J'ai constaté dans mes expériences que, à mesure que la souris se » 
rassasiait, la réaction qui était liée à l'apparition de réflexes condilion- 
nels subissait [es changements suivants : la vitesse avec laquelle lPani- 
mal parcourait la chambre et la grandeur des pas de l'animal dimi- 
nuaient, la ligne de parcours devenait plus sinueuse. On constatait les 


(1) Les premières expériences dans cette direction ont élé faites en 1907 
sur le chat. Cf. Centralblatt f. Physiologie, t. XXXIT. 


SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 661 


mêmes phénomènes lors de l'emploi d’autres facteurs excilateurs 
gènants et aussi lorsque le réflexe conditionnel manifestait une ten- 
dance à disparaître. 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE RÉFLEXES MUSCULAIRES CONDITIONNELS 


(Deuxième communication), 


par G.-P. ZELIONY. 


En suivant la méthode indiquée dans la précédente communication, 
j'ai effectué sur la souris blanche des expériences analogues à celles que 
j'ai faites en 1906 (1) en me servant de réflexes conditionnels salivaires 
sur la faculté auditive chez le chien. J'ai constaté au cours de ces expé- 
riences que si un son déterminé joue le rôle d'excilateur dela salivation, 
les sons qui lui sont voisins provoquent aussi, chez la plupart des chiens, 
une salivation ; mais il faut ajouter que celle-ci est, dans ces cas, moins 
prononcée. Si l’on répète ces sons voisins, mais sion ne lesaccompagne 
pis de l’offre de nourriture au chien, ces sons cessent de provoquer le 
réflexe conditionnel. 

Avec la réaction, qui consiste en ceci, que la souris accourt au son F, 
on oblient des résultats analogues. Les sons voisins, au point de vue de 
la hauteur, provoquent aussi le réflexe conditionnel {la souris accourt) 
mais la ligne de parcours devient plus sinueuse, la vitesse avec laquelle 
la souris court et la grandeur des pas diminuent. Ces phénomènes se 
mavuifestent d'autant plus nettement que le son que l’on essaie est situé 
plus loin du son F.. 

Ces phénomènes se manifestent déjà nettement lorsqu'on essaie 
le son A. 

A la suite du premier essai avec le son E, on n'a pas constaté de par- 
ticularités dans les phénomènes par lesquels se manifeste la réaction. 
Mais ensuite, lorsqu'on répétait ce son E, (il faut faire remarquer que 
la production de ce son n’était pas accompagnée d offre de nourriture 
à la souris), on observait dans la réaction les changements cités plus 
haut: à la fin, le son E, ne provoquait plus de réaction, tandis que le 
son F, continuait de provoquer le réflexe conditionnel. 

Il suit de ces constatations que la souris distingue les sons E et F, 
comme des excitateurs différents. Le problème de savoir si la souris peut 
distinguer des sons encore plus rapprochés n’a pas été étudié par moi. 

Bien que je ne sois qu’au début de l'application de la méthode décrite 


i) G.-P. Zeliony. L'orientation du chien dans le domaine des sons. Travaux 
de la. Société de médecine russe à Saint-Pétersbourg, 1906. — Documents concer- 
nant le problème de la réaction du chien vis-à-vis des eæcitations auditives, 1907. 


662 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG 


plus haut, j'ai pu, néanmoins, déjà constater qu'il existe une régularité 
rigoureuse dans un acte aussi arbitraire et volontaire que l'acte qui 
consiste dass le fait, que l’animal accourt à un endroit déterminé, 
En nous basant sur les données immédiates de la conscience, nous 
-divisons les réactions vis-à-vis des excitations extérieures en réactions 
arbilraires ou volontaires et en réactions non volontaires. Que cette 
division soit justifiée ou non justifiée, il est incontestable que ce ne 
sont que les expériences qui peuvent résoudre le problème de savoir si : 
les mêmes lois régissent les deux formes de réactions. A cet effet, il est … 
intéressant de comparer la réaction que nous venons de déerire avec les 
éflexes salivaires conditionnels. 5 


(Laboratoire de Physiologie de l'Académie impériale des Sciences 
à Saint-Pétersbourg.) 


663 


RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1913 


SOMMAIRE 

ALEZAIS (H.) et Marrer (Cu.) : RanQUE et SÉNEZ : Appareil pour 
L’atrophie thyroïdienne chez les la préparation du vaccin antity- 
ATHTEPSIQUES eee eee 667 | phique iodé et remplisseur asep- 

Daumézon (G.) : Sur un germe tique d'ampoules®: 77/1/1002: 670 
micr ‘bien isolé d'une ascidie ali- SÉNEZ et Raxque : Vaccination 
DNS NEINT Re Mode ed ro de E)phe 665 | antityphique par le vaccin iodé. 

PRINGAULT (E.) : Existence en Résultats fournis par 4.000 injec- 
France du Trypanosoma vesperti- tions/Chez l'homme. cr ven, 669 
lonisebattanliar see Es 663 


Présidence de M. Fr. Arnaud. 


EXISTENCE EN FRANCE DU Jrypanosoma vespertilionis BATTAGLIA, 


par E. PRINGAULT. 


Le Trypanosoma vespertilionis Baltaglia a été trouvé jusqu'à présent 
en italie, Afrique septentrionale, Angleterre, Portugal, Allemagne et 
Indes, chez les espèces suivantes : Vesperugo (Vesperus) noctula Schrb., 
Vesperugo serotinus K. et B., Vespertilio (pipistrellus) Kuhli Natter, 
Vespertilio pipistrellus Schrb., Vespertilio natteri Kuhl, Vespertilio 
(Myotis) murinus Schrb., et chez quelques autres espèces. 


Dans le sang d’un jeune Vesperugo Kuhli Natt., capturé dans le labo- 
ratoire de M. le professeur Alezais, nous avons trouvé de nombreux 
trypanosomes. Son infection était intense ; le nombre des trypanosomes 
était considérable, surtout si on le compare à celui que l’on trouve 
d'ordinaire chez Vespertilio Xuhli, chez lequel nous n'avons jamais vu 
une aussi grande quantité de parasites. 


664 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


Tous les trypanosomes que nous avons rencontrés dans le sang appar- 
tenaient à la petite forme et un exemplaire bien étalé mesurait : 


Longueur totale du parasite (flagelle compris) . AT p. 6 
Largeur-duparasitens etes ep ter 2 p A 
De l'extrémité postérieure au centrosome. 5 uw 1 
Du centrosome au noyau. . 2 y 2 
Longueur du noyau . . 2 UN? 
Largeur du noyau . 105 
Du noyau au flagelle . tr 45 
Longueur du parasite sans Aecelle : Ai pu 6 
Flagelle . . 6 p » 


L'examen a porté sur trois préparations entre lame et lamelle lutées à 
la paraffine, sans addition de sérum sanguin, ni de sérum physiologique 
et un frottis coloré au Giemsa. 

Le Trypanosoma vespertilionis Battaglia, entre lame et Iamelle, se 
présente sous la forme d’un vermicule se déplacant rapidement par 
saccade, ployant son corps, puis le redressant brusquement. Peu de 
temps après la prise de sang, le trypanosome traverse le champ du 
microscope (ob;. 7, Reichert; oculaire 2) en quelques secondes. Après 
dix-huit heures, le mouvement se ralentissant, on distingue une légère 
oscillation du flagelle et on peut déjà distinguer une granulation sombre 
correspondant au centrosome et une autre plus réfringente qui est le 
novau. On n'aperçoit pas encore de granulations. 

Le 3° jour apparaissent dans le protoplasme de grosses vacuoles 
(2 ou 3 par trypanosome) et la largeur du parasite est légèrement aug- 
mentée. Le 4° jour, au matin, 2 trypanosomes sont réunis par leurs 
extrémités postérieures et sont aussi mobiles que les trypanosomes 
isolés rencontrés dans la même préparalion. Dans la soirée du 4° jour, 
nous les trouvons séparés, leur protoplasme est très vascularisé et les 
trypanosomes augmentent de largeur, surtout dans la partie postérieure 
où les vacuoles sont très nombreuses. Le 5° jour, un seul trypanosome 
est mobile, mais il est très déformé. Son protoplasme contient huit 
vacuoles. Nous ne lrouvons plus un seul trypanosome vivant le 6° jour. 

Aclion de la température. — La durée de conservation dans le sang 
recueilli avec pureté, sans adjonction de sérum sanguin ni de sérum 
physiologique, est d'autant plus longue que la température est plus 
basse. | 

Dans une préparalion conservée à la température extérieure, qui était 
d'environ 10 à 12 degrés, nous avons trouvé des trypanosomes vivants 
plus de cent heures après la prise de sang. Dans une lame de sang 
placée à une température de 38 degrés, les trypanosomes ne paraissaient 
pas souffrir et ont vécu soixante-quinze heures environ. À 45 degrés, 
au bout d'une heure, nous n'avons pas rencontré de trypanosomes 
vivants. 


% LS ge 


SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 665 


Telle est l'observation que nous a fournie l'observation du sang d’un 
Vesperugo Kuhli Natt. de Marseille. Intéressante par plusieurs points : 

1° Présence du 7'rypanosoma vespertilionis Battaglia, que nous signa- 
lons ainsi pour la première fois en France chez ce chéiroptère; 

2° Abondance de parasites dans le sang ; 

3° Sa longue vitalité entre lame et lamelle, infiniment plus marquée 
que les données de certains auteurs ne le laisseraient supposer. 

Nous remercions très respectueusement M. le professeur Vayssière, 
qui à bien voulu identifier notre chauve-souris. 


(Travail du laboratoire d'anatomie pathologique.) 


SUR UN GERME MICROBIEN ISOLÉ D'UNE ASCIDIE ALIMENTAIRE, 


par G. DAUMÉZ0N. 


En continuant nos recherches antérieures sur la contamination 
microbienne et l'épuration des coquillages comestibles, nous avons été 
amené à cultiver et isoler certaines bactéries vivant dans leur cavité et 
destinées à passer dans le tube digestif du consommateur. Chez les 
huîtres et autres types entrebâillant leur coquille pendant le transport 
ou l'exposition, on doit s'attendre, naturellement, à trouver des germes 
non marins provenant, par exemple, de l’eau de trempage ou 
d'aspersion. 

Mais ici, nous nous sommes adressé à une Ascidie alimentaire très 
appréciée (Wicrocosmus violaceus el Sabatieri), qui, par sa conformation 
analomique, s'oppose très efficacement à toute contamination survenant 
après la pêche. 

La tunique très épaisse, les sphincters siphonaux très puissants et 
obstinément rétractés, rendent très difficiles les infiltralions. 

Cet intéressant Tunicier alimentaire représente done un milieu 
intérieur confiné, détaché du fond de la mer, alors qu'il était en commu- 
nication avec elle et conservé vierge jusqu’à notre table. 

Nous avons déjà étudié, ici même, la disparition chez Ciona inteslinalis 
de l'oxygène libre dans la cavité palléale, et nous avons vu que dans cet 
espace asphyxique la tendance à l'anaérobiose doit rapidement s'établir. 
Ce milieu, isolé et purement marin, subit longuement une température 
élevée pendant le transport et pendant la vente, qui, ne l’oublions pas, 
s'effectue en été. Nous avons cherché quels sont les germes qui 
triomphent de Ia concurrence vitale des autres espèces dans ces 
conditions biologiques anormales etsubsistent au moment de la consom- 
malion. Nous nous sommes adressé en mai, juillet, septembre et 


666 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


octobre à des Ascidies provenant des côtes du Narbonnaïs (7 fois), de 
Cette (6 fois), de Port-Vendres et Collioure (4 fois), de Marseille (1 fois). 
Les unes avaient subi toutes les vicissitudes du commerce, les autres 
provenaient directement de la drague. 

Chaque individu a été plongé six heures dans un bain de chlorure 
mercurique à 1 p. 1.000, lavé à l’eau stérile, puis transpercé largement 
un peu au-dessous du niveau de la gouitière péricoronale avec un fer 
rouge. Des prélèvements profonds étaient faits aseptiquement avec une 
mince pipette calibrée. Une goutte montrait, à l’examen direct, des 
bactéries en nombre variable suivant l’âge de la denrée et mêlées à 
d’abondants Péridiniens. Des flacons mexicains contenant un peu d’agar 
liquide ensemencé étaient couchés à plat pour le refroidissement, puis 
redressés et placés debout. Sur les plaques verticales ainsi obtenues, on 
voyait apparaître de très bonne heure des colonies nacrées qui, ayant 
atteint 2 millimètres de diamètre, s’écoulaient à la surface de l’agar en 


très longues larmes blanches, à la façon d’un latex. Le germe est un 


spirille à tours lâches, le protoplasme contient souvent un gros corpus- 
cule semblable à une spore et produisant à son niveau un renflement 
médian ou terminal. La division est transversale. Les vieilles formes 
d'involution figurent fréquemment une L. Les: éléments de tout âge 


sont libres ou groupés en chaînettes et dans ce dernier cas moins 


flexueux. 

Mais l'aspect spirillaire n’est pas le seul : nous avons aperçu à travers 
la série des cultures sur milieux différents un polymorphisme bien 
marqué : notamment des formes bacillaires et coccobacillaires à 
éléments libres très mobiles ou réunis en chaînes. On aperçoit des 
corpuscules métachromatiques dans les différentes formes et toutes les 
transitions entre l'aspect spirillaire et bacillaire. Chez le bacille, Ia 
méthode de coloration ciliaire de Lôffler nous a montré une abondante 
broussaille péritriche. Certaines jeunes cultures sont riches en diplo- 
coccobacilles très chevelus. 

Les piqûres liquéfient entièrement les tubes de gélatine au bout d'une 
trentaine de jours; le bouillon forme un voile et s’éclaircit avec dépôt 
brun ; la décoction d’ascidie dans l’eau de mer donne des aspects très 
flexueux, le lait est coagulé, la pomme de terre fournit de larges 
plaques déprimées et luisantes. 

L'injection sous-cutanée au rat blanc (1) de 1/2 c.c. de culture pure 
de vingt-quatre heures a produit un œdème guéri au quinzième jour. 

Le germe se rapproche de la forme Proteus. L'aspect caractéristique 
de ses colonies sur gélose verticale permet de reconnaître qu'il existe 


(1) Nous remercions ici M. le professeur Gerber, qui nous a procuré obli- 
geamment des animaux et qui, de plus, en cette circonstance et en plusieurs 
autres, a très efficicacement facilité notre bibliographie. : 


US Un lee UNE CRE eee di sa sl ui à ME EG ste 


E 


ÿ 
À 


SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 667 


toujours en proportions très élevées parmi les espèces concomitantes. 
Nous avons isolé et étudié un certain nombre de ces dernières. 

La présence constante de ce germe à des époques différentes, à des 
endroits différents, son abondance dans une ascidie alimentaire fraîche 
et à l'abri des macérations, m'a semblé constituer un fait intéressant, 
même en dehors de toute question d'origine. On connaît, en effet, 
l'importance du ?. vulgaris et des formes voisines considérées soit en 
association, soit isolément. 


L’ATROPHIE THYROÏDIENNE CHEZ LES ATHREPSIQUES, 


par H. ALEzaIS et Cu. MATTEr. 


La glande thyroïde est le siège d'altérations manifestes dans l’athrepsie 
(Lucien, Thompson). Lucien, dans une note préliminaire à la Société 
de Biologie (1908), dit que l'organe est diminué de poids et de volume, 
qu'il est le siège d'une sclérose envahissante étouffant les acini. Nous 
avons étudié ces lésions sur quinze corps thyroïdes d'athrepsiques, 
prélevés et fixés au Bouin peu de temps après la mort, pour réduire au 
minimum la possibilité d'altérations cadavériques. 

Macroscopiquement, l'organe est petit, rougeàtre, de consistance très 
ferme, fibreuse, entre les doigts et sous le couteau. Son poids qui, à 
l’état normal, atteint 3 grammes à l’âge où ont été faites nos observa- 
tions, ne dépasse pas, au maximum, À gr. 60 chez nos sujets. La glande 
représente alors la 1/2370 partie du poids du corps, au lieu de la 1/1666 
qui est la proportion normale. 

L'étude microscopique des pièces colorées par l'hémalun-Van Gieson 
ou l’'hémalun éosine-orange révèle les données suivantes : 

1° Lésions de l'acinus. — Dans certains acini, qui paraissent être le 
siège de lésions dégénératives au début, on note que le revêtement 
épithélial encore normal dans sa disposition possède des éléments 
cellulaires de structure très variable. Dans les uns, le noyau présente 
un état clair pseudo-vacuolaire; il est volumineux et arrondi, tranchant 
par son aspect pâle au milieu des autres. Autour de lui, cytolyse légère 
dans le corps cellulaire. Ce dernier est généralement augmenté de 
volume; son apex, déchiqueté irrégulièrement, fait saillie dans la 
lumière de l'acinus. 

D'autres cellules ont des noyaux en bâtonnets, renflés et crénelés, ou 
encore offrant l'aspect de pelites formations nucléaires irrégulièrement 
ovales. Le caryoplasme est dense, vaguement grenu; il fixe très inten- 
sément les colorants nucléaires, se montrant coloré en violet noir par 
l’hémalun. De beaucoup plus nombreux que les noyaux clairs, ils sont 


668 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


souvent tassés les uns contre les autres. Le cytoplasme qui les entoure 
est rose-rouge par l'éosine-orange, jaunâtre par le Van Gieson, indis- 
tinct de la colloïde et amorphe en apparence comme elle. Ailleurs, les 
altérations du follicule thyroïdien sont marquées par le désordre, dans 
la rangée cellulaire, du revêtement épithélial. Les cellules à noyau 
pycnotiques augmentent de nombre. Quelques-uns des éléments cellu- 
laires s’avancent vers le centre de l’acinus, dont la lumière est notable- 
ment rétrécie. En d’autres endroits, l'acinus découronné a sa cavité 
occupée en partie par des noyaux apparemment dépourvus d’enveloppe 
protoplasmique et réunis en amas compacts. Enfin, il est fréquent de 
rencontrer des acini dont la paroi est réduite à la basale conjonctive, 
ou simplement dessinée par le contour de la masse colloïde plus chro- 
mophile. La lumière entière est comblée de noyaux pycnotiques amassés 
sans ordre dans la colloïde et simulant ainsi des îlots cellulaires 
pleins. 

A mesure que ces lésions cellulaires s'organisent {a colloïde est pro- 
gressivement méconnaissable : entourant des amas de noyaux altérés 
répandus dans le stroma ou s’infiltrant en trainées assez larges au 
milieu des fibres conjonctives, cette substance possède en certains 
endroits toutes les affinités colorantes qui lui sont propres, puis sa 
teinte va en se dégradant insensiblement, supprimant ainsi toute tran- 
silion entre elle et Le tissu conjonctif ambiant. Ce sont d’ailleurs les alté- 
rations de ce {issu conjonctif qui présentent le plus grand intérêt dans 
cette étude. On trouve encore en quelques endroits, dans les régions 
interacineuses par exemple, des fibrilles normales assez fines, mais la 
plupart des fibres du stroma, surtout dans les plages un peu étendues, 
s'épaississent, perdent leur aspect lamelleux. Les noyaux gardent leur 
disposition habituelle fusiforme. Ils paraissent très clairsemés ; ils sont 
en réalité disséminés, séparés les uns des autres par la tuméfaction 
extrême du corps des fibres. Celles-ci offrent l'aspect de boyaux hyalins 
volumineux et contournés. Ces gros cordons dégénérés ne sont pas inti- 
memeut accolés, les volutes qu’ils dessinent ménagent entre eux des 
interslices qui sont tantôt des capillaires aplatis et étouffés, à lumière 
allongée, rappelant les capillaires péri-acineux, tantôt au contraire de 
simples fentes interfibrillaires dans lesquelles sont disposées en assez 
grande abondance de petits blocs ou des trainées de colloïde. Par leurs 
bords ces vestiges colloïdiens se continuent insensiblement avec la sub- 
stance hyaline des boyaux. 

Il y à aussi cà et là, noyés dans le tissu conjonctif des noyaux 
nucléaires pycnotiques d'abord très sombres, puis de plus en plus 
pàles et paraissant se fondre peu à peu dans le tissu environnant, 

Cette néoformation conjonetive ne semblant pas précédée du travail 
inflammatoire qui accompagne la sclérose ordinaire (néo-vaisseaux, 
plasmazellen, multiplication des éléments conjonctifs) paraît présenter 


SÉANCE DU A6 DÉCEMBRE 669 


en somme les caractères d’une sclérose dystrophique d’un genre parti- 
culier. 


(Laboraloire d'anatomie pathologique de l'Ecole de Médecine.) 


VACCINATION ANTITYPHIQUE PAR LE VACCIN IODÉ. 
RÉSULTATS FOURNIS PAR 4.000 INJECTIONS CHEZ L'HOMME, 


par SÉNEZ et RANQUE. 


Dans une note communiquée antérieurement, nous avions signalé les 
premiers résultats de nos recherches concernant l’action de l'iode sur 
le bacille d'Eberth et l’utilisation de cet antiseptique. pour préparer un 
vaccin antityphique. 

Nous avons, depuis, apporté les quelques modifications suivantes à 
notre technique primitive. 

1° La solution iodo-iodurée à 2 p. 100 n’est plus utilisée que dans la 
proportion de 1 p. 100 au lieu de 5 p. 100, taux dont nous nous servions 
d'abord. 

20 La décantalion du vaccin ne présentant pas d'avantages appré- 
ciables, ce temps-là a été supprimé et nous employons maintenant le 
vaccin total — bacilles dans la solution chlorurée isotonique. 

3° Nous déterminons ainsi quil suit le titre exact du vaccin : 

L'émulsion bactérienne provenant des boîtes d'ensemencement est 
additionnée d’une quantité connue d'eau physiologique. On mélange 
une partie de cette dilution à une partie de teinture d'iode du Codex 
iodurée. Quelques gouttes sont déposées dans la cellule d'un hémati- 
mètre de Malassez; on recouvre d’une lamelle après avoir luté les bords 
à la vaseline; on laisse décanter deux heures environ. Après ce lemps, 
les bacilles sont parfaitement numérables. La moyenne des nombres 
fournis par un petit carré multipliée par le taux de la dilution et multi- 
pliée par deux millions, donne la quantité de bacilles contenue dans 
4 c.c. La dilution mère est ainsi étendue d'eau physiologique pour 
contenir 500 millions de bacilles par centimètre cube. 

Le vaccin ainsi obtenu et distribué en ampoules de facon rigoureu- 
sement asepiique grâce aux appareils dont nous donnons la description 
ailleurs, est injecté dans le tissu cellulaire aux doses de 0 c.c.5, 1 c.c., 
ACC 92e 0: 

Chaque injection est séparée de la précédente par un intervalle mini- 
um de huit jours. Depuis un an, nous avons utilisé ou vu utiliser plus 
de 4.000 doses de notre vaccin iodé. 

Les applications que nous avons pu faire nous-mêmes ou qui ont été 
faites par de nombreux médecins nous ont permis de constater la pro- 


670 : RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


portion remarquablement faible des réactions générales consécutives. 
Celles-ci, en effet, toujours moyennes, n’ont été observées que dans la 
proportion très peu élevée de 3 p. 1.000 des cas. 
D'autre part, l'efficacité des vaccinations paraît établie par ces faits : 
1° Aucun des vaccinés n’a contracté la fièvre typhoïde. 


2° Pourtant de nombreuses personnes soumises à la vaccination se 


trouvaient en plein foyer d'épidémie, notamment au Muy, dans le Var, 
et à Grans, commune des Bouches-du-Rhône, où le dixième de la popu- 
lation était atteint par la fièvre typhoïde. 

3° Nous avons vacciné tout le personnel d’une importante usine de 
filature de soie, dont l’infirmerie enregistrait annuellement de 8 à 12 cas 
de fièvre typhoïde. Depuis la vaccination, on n’a observé aucun cas de 
fièvre Lyphoïde en l’année 1913, où pourtant la morbidité typhique a été 
aussi élevée si ce n’est plus que les années précédentes à Marseille. 

M. le professeur Guérin-Valmale et M. le D' Vayssière, son chef de 
clinique, ont pratiqué une centaine d'injections de vaccin iodé chez la 
femme enceinte et n’ont observé aucun accident. 


APPAREIL POUR LA PRÉPARATION DU VACCIN ANTITYPHIQUE IODÉ 
ET REMPLISSEUR ASEPTIQUE D'AMPOULES, 


par RANQUE el S£NEZ. 


Le Appareil à vaccin. — Il est constitué par un grand ballon, dont le 
col scellé livre passage à trois tubes À, B, F. Le tube À, qui plonge 
jusqu'au fond du ballon, se recourbe et est scellé à la lampe à son extré- 
milé extérieure. 

Le tube B, très court, est un tube d'aspiration muni d’un filtre à air. 
Le tube F, très court également, est relié par un tube en caoutchouc 
à un récipient secondaire E, qui est agrafé contre le col du grand ballon. 

Ce récipient, formé d'une éprouvette scellée aux deux extrémités, 
livre passage à deux tubes; le premier, très court, est un filtre à air; le 
second, qui plonge jusqu'au fond de l'appareil, est relié au tube F du 
grand ballon par un tube en caoutchouc. A l'intérieur de ce tube, se 
trouve une pointe de verre scellée qui intercepte la communication 
entre les deux récipients. Mais, par pression sur le tube de caoutchouc, 
cette pointe peut se briser, laissant communiquer les deux récipients 
entre eux. 

Fonctionnement. — Le récipient E est rempli de la solution d’hypo- 
sulfile et tout l'appareil est siérilisé à l'autoclave à 130 degrés. L’extré- 
mité du tube À est alors brisée et introduite dans le matras qui contient 
l’'émulsion microbienne, additionnée d'iode. On aspire par le tube B et 


# 
= 
& 
& 


A RÉ RRR EP eR MD 


SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 671 


toute l’émulsion iodée passe dans le grand ballon. Le tube A est scellé 
à la lampe. 

Lorsque l'iode a agi pendant le temps voulu, on brise la pointe 
scellée D. On aspire à nouveau par le tube B, l'hyposulfite vient tomber 
goutte à goutte dans le grand ballon par le tube F. Lorsque tout l’iode 


NE LA 


[= 


Schema de ÜAfpared à Varun.… Schéma Du Remplisseur d'ampoules 


est neutralisé, brusquement la teinte brune disparaît, l'émulsion est 
stérilisée, mais tout antiseptique a disparu. On arrête l'aspiration et Le 
vaccin est prêt à être réparti en ampoules. 

2° Remplisseur aseptique d'ampoules. — Cet appareil permet en une 
seule fois et automatiquement : 1° de stériliser les ampoules ; 2 de les 
remplir de vaccin; 3° d’en opérer le scellement provisoire pour éviter 
toute pollution. Ces trois opérations se passent à l'intérieur d’un appareil 
stérilisé sans aucun contact avec l'air extérieur. L'appareil comprend 
une chaudière d'autoclave portant les modifications indiquées sur le 
schéma ci-joint. 


672 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 


Les ampoules à remplir sont disposées côte à côte la pointe en bas 
dans le récipient R. Ce récipient supporte en son centre une cheminée 
d’adduction E, dont l'extrémité évasée en entonnoir coiffe la partie infé- 
rieure de tous les tubes traversant le couvercle. 

Fonctionnement. — La chaudière préalablement garnie d’eau est 
chauffée. On laisse la vapeur d'eau s'échapper pendantcinq à dix minutes 
par la tubulure d'échappement. Tout l'air contenu dans l’autoclave est 
chassé. Le tube d'échappement est alors fermé et l'appareil est chauffé 
à 195 degrés pendant un quart d'heure. Les ampoules sant stérilisées. 

L'appareil est abandonné au refroidissement ; quand celui-ci est 
complet, le vide est presque absolu dans l'appareil. : 

Le tube À après flambage est raccordé au tube À de l'appareil à vaccin 
par un embout stérilisé. Le robinet commandant ce tube est ouvert et 
le vide de l’autoclave aspire la quantité de vaccin voulue. Celui-ci est 
conduit dans le récipient à ampoules grâce à la cheminée E. Le tube A 
est fermé et on laisse arriver de l'air filtré par le tube B. 

Sous l'influence de la pression atmosphérique le vaccin ascensionne 
dans les ampoules et les remplit. | 

À ce moment, par le moyen du tube C qui porte une bouilloire ad hoc, 
on introduit de la paraffine fondue et bouillante qui vient s’étaler au 
fond du récipient à ampoules, obturant l'extrémité de chacune des tiges 
qui y plongent. 

Après refroidissement de la couche de paraffine, toute communication 
entre les ampoules pleines et l'extérieur est interceptée, chaque tige 
d'ampoule ayant à son intérieur un petit bouchon de paraffine aseptique 
solidifiée. On ouvre alors l'appareil, les ampoules en sont retirées une à 
une et scellées à la lampe d’un trait de chalumeau dirigé entre le corps 
de l’ampoule et le petit bouchon de paraffine. 

L’asepsie de la mise en ampoules est ainsi rigoureusement absolue. 


ÉLECTIONS DU BUREAU POUR L'ANNÉE 1914. 


Sont élus : 


Vice-président : M. ALEZAIS. 
Secrétaire général : M. J. CoTTE. 
Secrétaires des séances : MM. JEAN Livon et ROUSLACROIX. 


Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. 


DRE ER 


TR 


673 


SEANCE DU 27 DÉCEMBRE 1913 


SOMMAIRE 


Bayeux (Raour.) Présentation 
d'un nouveau flacon pour doser 
l'oxygène et l'anhydride carbonique 


BonniEr (PIERRE) : Sons, tons et 
DRUIÉS RCE SR Re ANR EE 

Canus (L.) : De l'emploi des anes- 
thésiques pour la purification des 
VACCINS ee PR eu 0 oem usine 

CHaury (CHRISTIAN) Nouvelles 
observations de réapparition de la 
prolifération dans les tissus d’ani- 
maux adultes cultivés en dehors 
de l'organisme (Note prélimi- 
TNA LE NS Near Etienne Dee ee 

Francois-FRANCK (CH.-A.) : Re- 
cherches anatomo-physiologiques 
sur le cœur et l'appareil circula- 
toire des poissons. — Il. Cœur de 
la torpille et du congre. (Chrono- 
pholographies des pièces analomi- 
GR EE: SRI PR NE RRE fera aline 

Gautier (CL.) : Glucosurie par la 
pilocarpine chez la grenouille. lin- 
portance de la voie d'introduction 
du poison 

GILBERT (A.), GUTMANN (R.-A.) et 
Tzanck : Note sur une des condi- 
tions différentes de formation des 
bruits et des sons 

Iscovesco (H.) : Propriétés phy- 
siologiques d'un lipoïde (II Bb) 


siUie Jectelie, ol eo e 


ExXÉLAITTUMPaANCrÉRS RE en, 
LANZENBERG (A.) : À propos du 
dosage des acides aminés . . . ... 


Lesreur (Cn.) et MaGnix (L.) : Sur 
quelques levures rencontrées dans 
la-pulpe vaccinale. =," .:. pe 


616 


655 


GOT 


706 


681 


708 


Le SourDp (L.) et Pacntez (P.) : 
D'un rapport entre la tension arté- 
rielle et la quantité des plaquettes 
du sang chez l'homme 

Macxe (H.) : Sur le lieu où se 
produit l’évaporation réfrigérante 
dans la polypnée thermique . 

Marrint (M.) et DÉRIBÉRÉ- DES- 
GARDES (P.): Sur quelques propriétés 
chromogènes d'un Penicillium . 

Muzox (P.) : Sur la corticale sur- 
rénale des téléostéens (Première 
MOTO) NE Role me AUS reine 

PEtrzeraxis : L'épreuve de l'atro- 
pine, du nitrite d'amyle et de Ja 
compression oculaire dans les bra- 
dycardies totales 

Porak (RENÉ) : Les modifications 
du sang des veines surrénales après 
l'injection intraveineu$e de certains 
EXITALES RYPOPRYSAITES EL EU 

RÉxoN (Louis) et GÉRAUDEL (E.) : 
Origine pneumonique inflammatoire 
des lésious nodulaires de la tuber- 
culose pulmonaire 

SALIN (H.) et ReïLLy (J.) : Passage 
et origine des anticorps dans le li- 
quide céphalo-rachidien. (Deuxième 
note). Reproduction de la dissocia- 
Uüonalbumino-cytologique duliquide 
céphalo-rachidien dans les pachy- 
méningites tuberculeuses expéri- 
HVEN LACS PEN EP Re 

SARVONAT (F.) et Rougrer (Cu.) : 
Influence du corps thyroïde sur la 
minéralisation du cobaye. . .... 


e-19.<e %e Vale: Lei ele ‘ee 


s je let miVolmie je: le Les 


BroLoGie. Comptes RENDUS. — 1918. T, LXXV. 46 


69, 


599 


TI 


67/4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Présidence de M. Dastre. 


PRÉSENTATION D’OUVRAGE. 


M. Louis Roue. — J'ai l'honneur de faire hommage à la Société de 
cet exemplaire d’un ouvrage que je viens de publier et qui a pour titre : 
Traité raisonné de la Pisciculture et des Pêches. 

Je ne me serais point permis d'offrir ainsi un tel volume si ce dernier 
ue contenait que des descriptions d'engins de pêche ou d'outillages de 
pisciculture. Mais la méthode que J'ai suivie et la portée que j'ai donnée 
à mon livre sont toutes différentes, et plus amples de beaucoup. Le 
titre complet, que j'ai résumé à cause de sa longueur, eût été : Z'railé 
de la Biologie des Poissons et de ses applicälions rationnelles à la Pisci- 
culture et aux Pêches. Les récents et considérables progrès de l’Ichthyo- 
biologie concernant le développement embryonnaire, les conditions et 
les variations de l’œcologie, les migrations de plusieurs espèces, sont 
exposés selon leur ordre didactique, autant au sujet des Poissons marins 
que de ceux des eaux douces. Les nombreuses figures que cet ouvrage 
contient rendent aisée la lecture du texte. Ainsi disposé, les notiors 
qu renferme appartiennent à l'ensemble de celles dont la Société 
s'occupe, et je suis heureux, par suite, de l'offrir à notre bibliothèque. 


DONS 
M. Troisier offre à la Société les ouvrages suivants : 


Journalde la Physiologie de l'homme et des animaux, de Brown-Séquard, 
1858 à 1861 (4 vol.). 

Archives de Physiologie normale et pathologique, de Brown- -Séquard, 
Charcot et Vulpian, 1868 à 1882 (14 vol.). 


M. Galippe offre les ouvrages suivants : 


ANpRaL : Z'ssai d'hématologie pathologique (Paris, 1843). 

ANDRAL et GAVARRET : /éponse aux principales objections dirigées contre 
les procédés suivis dans les analyses du sang et eontre l'exactitude de 
leurs résultats (Paris, 1842). 

— — Recherches sur les modifications de proportion de quelques 
principes du sang dans les maladies (Paris, 1840). 


\ 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 675 


Comptes rendus des séances et Mémoires de la Société de Biologie (ASTT, 
1878, 1879, 1880). 

ANDraL, Gavarker et DELAFOND : Recherches sur la composition du sang de 
quelques animuux domestiques dans l’état de santé et de maladie (Paris, 
1842). 

Becquerez et RoniEr : Aecherches sur la composition du sang dans l'état 
de santé et dans l’état de maladie (Paris, 184%). 

BicaaT : Traité des membranes (Paris, 1816). 

BLonpLor : Zraité analytique de la digestion (Paris, 1843). 

Corvisarr : Sur une fonclion peu connue du pancréas (1857-1858). 

Cuvier : Rapport historique sur les progrès des sciences naturelles (Paris, 
1828). 

Denis (de Commercy) : Mémoire sur le sang, 1 vol. (Paris, 1859). 

_— Essai sur l'application de la chimie à l'étude physiologique du sany 
de l’homme et à l'étude physiolsgico-pathologique, hygiénique et théra- 
peutique des maladies de cette humeur, 1 vol. (Paris, 1838). 

FLourENs : Aistoire de la découverte de la circulation du sang (Paris, 1857). 

F. Harin : Recherches expérimentales sur l’hémaleucose ou coagulation 
“blanche du sang (Paris, 1840). 

LAVoIsIER : Chimie. 2° édit., 2 vol. (Paris, 1789). 

LEBLANC et TRoussEAU : Recherches expérimentales sur les caractères phy- 
siques du sang dans l'état de santé et dans l'état de maladie (Paris, 1832). 

Le Gazcois : Le sang est-il identique dans tous les vaisseaux qu'il par- 
court? (Paris, 1802). 

M. ParcuaPPpe : Etude sur le sang dans l’état physiologique et l'état patho- 
logique (Paris, 1857). 

PARMENTIER : Recherches sur les végétaux nourrissants qui, dans les temps 
de disette, peuvent remplacer les aliments ordinaires. 4 vol. 

—  Apercu des résultats obtenus dans la fabrication des sirops et des 

conserves de raisins, dans le cours des années 1810 et ASLL. 2 vol. 

— Dissertation sur la nature des eaux de la Seine. 1 vol. 
PARMENTIER et DÉRYEUX : Précis d'expériences et observations sur le lait. 


Perir-RaDez : Essai sur le lait (Paris, 1786). 


J. Rerser : Z. Millon : sa vie, ses travaux de chimie et ses études écono- 
miques et agricoles sur l'Algérie (Paris, 1870). 

Savi : Traité des phénomènes électro-physiologiques des animaux par 
C. MATTEUCCI, suivi d'études anatomiques sur le système nerveux et sur 
l'organe électrique de la torpille (Paris, 1844). 

ScarpA : Mémoires de Physiologie et de Chirurgie pratique. 1 vol. (Paris, 
1804). 

SÉNEBIER : L'art d'observer. 2 vol. (Genève, 1715). 

— Histoire littéraire de Genève, 3 vol. (Genève, 1786). 
— Mémoires physico-chimiques. 3 vol. (Genève, 1782). 
— Manuscrits de (renève. 1 vol. (Genève, 1779. 


676 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


SÉNEBIER : Expériences pour servir à l'histoire de la génération des ani- 


maux el des plantes. 1 vol. (Genève, 1785). 

— Expériences sur la digestion de différentes ‘espèces d'animaux. 
1 vol. (Genève, 1783). 

— Recherches sur l'influence de la lumière solaire. À vol. (Genève, 
1785). 


SPALLANZANI : Opuscules de physique animale el végétale. 2 vol. (Pavie, 


1787). 


— Expériences pour servir à l'histoire de la génération des animaux 


el des plantes (Pavie, 1787). 
TixbMaNx et GMELIN : Recherches sur la digestion, traduites de l'allemand 
par Jourdan. 2 vol. (Paris, 1827). 


M. LE PRÉSIDENT exprime à MM. Gaztpre et TROISIER les remercie- 
ments de la Société. 


NOUVELLES OBSERVATIONS DE RÉAPPARITION DE LA PROLIFÉRATION 
DANS LES TISSUS D'ANIMAUX ADULTES CULTIVÉS EN DEHORS, DE L'ORGANISME 


(Note préliminaire), 


par CHRISTIAN CHAMPY. 


Dans une recente communication, J'ai indiqué qu'une prolifération 
assez active par mitose réapparaissail dans divers tissus adultes cultivés 
en dehors de l'organisme. J’ai indiqué comme exemple celui des cellules 
de Müller de la réline, qui me parait l’un des plus caractéristiques, car 
ces cellules ne se divisent jamais par mitose dans l’organisme. 

J'ai observé dans les mêmes conditions la réapparition d’une divi- 
sion mitolique dans les cellules de diverses glandes (rein, thyroïde, ete.). 
Ce phénomène est donc très général, et (à l'exception toutefois des cel- 
lules nerveuses qui constituent un exemple un peu particulier) on peut 
dire que, dans les conditions réalisées, la faculté de se mitoser réappa- 
rait d’une manière générale dans les divers éléments différenciés de 


l'organisme adulle, chez qui elle semblait être plus ou moins complèle- … 


ment perdue. 
Je veux insister quelque peu sur les phénomènes qui se produisent 
en culture dans le rein et la thyroïde. 


Dans la thyroïde, la mitose réapparaît dans les cellules épithéliales … 


sans que celles-ci subissent auparavant de modifications sensibles. 
Dans le rein (tube contourné), les cellules subissent au contraire des 


transformations importantes avant que la faculté de se mitoser ne. 1 


réapparaisse; la plus grande partie du cytoplasme dégénère et tombe 
dans la lumière du tube rénal avec tous les organes différenciés de 


PR STE ter 


a 


mire 


TRS pee 


SÉANCE BU 27 DÉCEMBRE 677 


la cellule : brosse, bâtonnets, etc., tandis qu'il se reforme autour du 
noyau une zone de cytoplasme hyalin qui grandit peu à peu. C’est dans 
cette cellule préalablement rajeunie que se produit la karyokinèse. 

IL est à noter que le rein de fœtus à terme présente à cet égard des 
différences considérables avec celui de l'adulte : les phénomènes de 
dégénérescence y sont très discrets. 

Il semble donc que plus la cellule renferme d'appareils différenciés, 
plus le retour à un état tel qu’elle puisse mitoser soit difficile. 

Relativement facile dans la thyroïde, le phénomène est très compliqué 
dans le rein ; et dansle rein adulte il l’est plus que dans le rein embryon- 
naire. 

J'ai signalé déjà les différences entre les phénomènes de différencia- 
tion dans un muscle déjà très différencié, comme le muscle vésical, et 
ceux qu'on observe dans un muscle certainernent bien moins évolué, 
comme le muscle de la paroi des capillaires artériels. Ces différences 
sont du même ordre que celles que je signale iei. 


L'ÉPREUVE DE L'ATROPINE, DU NITRITE D'AMYLE 
ET DE LA COMPRESSION OCULAIRE DANS LES BRADYCARDIES TOTALES. 


Note de M. PETrzETAKIS, présentée par G. WEIss. 


Il est de toute nécessité, en présence d’une bradycardie, de résoudre 
les deux problèmes suivants : en premier lieu, la variété de la brady- 
cardie, en second lieu la cause de cette bradycardie. Si le premier 
problème est facilement résolu par la méthode graphique d’une part et 
l'examen clinique d'autre part, il n’en est pas de même pour le 
deuxième problème qui se pose, à savoir, si une bradycardie est d'ori- 
gine nerveuse ou myocardique. L'épreuve de l’atropine est un moyen 
de reconnaître les bradycardies d'origine nerveuse. Mais la longue 
observation que demande cette épreuve et l’inconstance des résultats 
obtenus par cette méthode, ont obligé Josué et Goblewski à la rem- 
placer par l’inhalation du nitrite d'amyle. A côté de ces deux épreuves, 
nous croyons qu'on pourrait ajouter l'épreuve de la compression 
oculaire que Loeper et Mougeot proposaient dans le diagnostic des 
névroses gastriques. 

Cette dernière épreuve serait positive lorsque la compression sur les 
globes oculaires produit le ralentissement du rythme cardiaque, et ce 
serait un moyen de reconnaître les bradycardies d'origine nerveuse 
dans lesquelles elle serait posilive. Nous avons eu l’occasion d'observer 
à l'hôpital Desgenettes 16 cas de bradycardies diagnostiquées comme 
totales par l'examen du pouls veineux. Au point de vue étiologique, ils 


— * 


678 -SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


peuvent se classer de la façon suivante : 1 cas d’origine traumatique 
(contusion grave du rein), 3 cas d’origine rhumatismale, 3 au cours des. 
oreillons, 3 au cours d'ictères, À cas à la suite de scarlatine, 1 con- 
sécutif à une névrose gastro-intestinale, enfin, 4 se rapportaient à des 
bradycardies permanentes physiologiques. Le pouls de ces malades 
variait depuis 40 jusqu’à 56. Il était influencé par la station debout, le 
changement des positions et l'effort, aussi bien que par les inspirations 
forcées ou le mouvement de déglutition, Dans le cas cependant de 
pouls lent ictérique, il ne survenait comme modifications qu'une varia- 
tion de 4 à 5 pulsations par le passage du décubitus à la station debout. 
L'atropine était injectée à la dose de 0,002 milligrammes. Il nous a été 
possible d'observer pendant l’action de l’alropine : a) le ralentissement 
passager du pouls dans les dix premières minutes (de 5 à 10 pulsations) 
dans 6 cas; b) l'absence complète de modification du pouls pendant 
toute la durée de l’action de l’atropine dans 3 cas; c) dans le cas de 
pouls lent ictérique (non modifié par les changements de position) 
l'épreuve était paradoxale, c'est-à-dire que le pouls était ralenti de 
10 pulsations et ne revenait à la normale qu'après une heure et demie 


(1 h. 1/2). Enfin, dans les 12 cas qui ont été influencés, l'accélération 
maxima survenait : 


Dans l'cas, vers la 40° m., et dépassait . . . . le rythme normal de 10 pul. 
Dans 1 cas, vers 1 heure et dépassait. . . . . . = — de 10 pul. 
Dans 6 cas, vers la 30° ou 40° m., et dépassait _ — de 12 à 17 pul. 
Dans % cas, vers la 30° ou 40° m., et dépassait — — de 26 à 30 — 


et dans 1 cas, vers la 302 minute, elle dépassait du double le rythme normal. 


Dans ces cas, le rythme ne revenait à la normale que dans un inter- 
valle variant entre une heure et quatre heures. 

L'épreuve du nitrite d'amyle accélérait le rythme du pouls des 
malades, soit de 40 pulsations, soit du double du nombre de leurs pul- 
sations, ou même davantage, à l'exception du pouls lent ictérique (qui 
était abaissé par l’atropine et ne se modifiait pas par la station debout) 
et chez lequel l'accélération ne dépassait pas 20 pulsations par minute. 

La compression oculaire à été pratiquée chez tous les malades, et | 
cette épreuve a été positive chez tous, à l'exception du cas du pouls … 
lent ictérique signalé ci-dessus et qui n’était non plus notablement 
modifié par le nitrite d’amyle. La compression sur les globes oculaires 
produisait un ralentissement considérable qui variait de 10-15-95 pul- 4 
sations par minute. Au cours de ces recherches, nous avons pu con- 
slater que la compression de l’œil droit donnait les plus grands ralen- 
tissements, celle de l'œil gauche donnait un ralentissement beaucoup 
moins considérable, tandis que la compression combinée des deux yeux « 
produisait aussi un ralentissement considérable, sans atteindre pourtant L: 
celui oblenu:par la compression de l'œil droit seul. La durée des poses 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 679 


que nous obtenions ainsi variait entre 2-3-4 secondes ; par la com- 
pression de l'œil droit chez quelques malades, nous obtenions des 
arrêts du cœur pendant 5 à 6 secondes. 

En résumé, l'épreuve de l’atropine a été positive chez la plupart de 
nos malades ; nous conclurons donc à l’origine nerveuse de ces brady- 
cardies. Mais que faut-il penser des quatre cas chez lesquels l'épreuve de 
l’atropine a été complètement négalive ? Nous sommes obligés, malgré 
l'épreuve négative, de considérer les trois premiers cas comme d'origine 
nerveuse, puisqu'elles étaient modifiées par les changements de position, 
les inspirations forcées et la déglutition. Mais il n’en est pas de même 
du quatrième cas, où il s'agissait d’un pouls lent ictérique, consécutif à 
une imprégnation profonde de l'organisme par les pigments biliaires et 
que nous devons considérer comme une bradycardie totale d'origine 
myocardique. En faveur de cette interprétation, nous invoquerons 
l'épreuve du nitrite d’amyle, qui a été nettement posilive dans les trois 
premiers cas, et négative dans le quatrième. De plus, l'épreuve de Ia 
compression oculaire nous donnait le plus grand ralentissement chez 
les trois premiers malades, tandis que la même épreuve a été négative 
chez le dernier malade. L'atropine dans certains cas serait donc inca- 
pable d'influencer les bradycardies totales d’origine non myocardique, 
Le nitrite d’amyle paraît donner des résultats plus satisfaisants. À côté 
de ces deux épreuves, nous pensons que la recherche de La com- 
pression oculaire pourrait compléter les deux autres épreuves el être 
utile dans le diagnostic différenciel entre les bradycardies d'origine 
nerveuse et celles d’origine myocardique. 


(Travail du service de M. le médecin-major Jude, 
à l'hôpital Desgenettes, de Lyon.) 


SUR LE LIEU OÙ SE PRODUIT L'ÉVAPORATION RÉFRIGÉRANTE 
DANS LA POLYPNÉE THERMIQUE, 


par H. Macne. 


Un ‘grand nombre d’homéothermes luttent contre une élévation de 
leur température centrale par la polypnée thermique. L'évaporation 
réfrigérante à lieu chez ces animaux au niveau de la surface pulmo- 
naire. Cette expression est vague, mais il semble que l’on entende sur- 
tout par là la surface fonctionnelle du poumon, l’endothélium alvéolaire. 
C'est uniquement à son niveau que se produisent les échanges gazeux 
respiratoires, et sa minceur doit aussi bien se prêter, semble-t-il, à une 
évaporation rapide, qui, comme le fait remarquer Richet, n'est pas 


680 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


limitée dans sa grandeur comme l'élimination d'acide carbonique ou 
l'absorption d'oxygène. Mais si, dans son trajet dans les voies respira- 
toires conductrices, l'air ne peut subir aucun changement dans sa com- 
position gazeuse par suite de la barrière qu'oppose à la diffusion l’épi- 
thélium cylindrique, il peut se saturer plus ou moins d'humidité. L’épais- 
seur du conduit n’est plus ici un obstacle par suite de la présence de 
glandes nombreuses, Dans la respiration normale, la saturation de l'air 
se produit donc dans les bronches et aussi dans les alvéoles, puisque le 
sang se concentre en passant dans le poumon et s’y refroidit par suite 
(pour une part tout au moins) de l’évaporation. à 

Nous avons cherché à savoir à quel niveau de l’appareil respiratoire 
se produit, dans la polypnée thermique, la réfrigération du sang. Si 
l'augmentation de l’évaporation a lieu dans l’alvéole, il est évident que 
le sang artériel reviendra plus froid au cœur gauche par les veines pul- 
monaires et que la différence de température entre les deux cavités 
ventriculaires augmentera. Dans le cas contraire, l'évaporation supplé- 
mentaire se produisant dans les premières voies respiratoires portera 
son effet sur le sang veineux, et la différence de température entre les 
deux cœurs restera invariable. Il n’est d'ailleurs pas douteux que, dans 
la polypnée qui permet au chien de produire, d'après Richet, deux fois 
plus de froid qu'il ne produit normalement de chaleur, les variations de 
température soient aisément mesurables. 


Au moyen de sondes thermo-électriques, et en suivant la technique de 
CI. Bernard, nous avons mesuré sur le chien chloralosé la différence de 
température entre les deux cœurs. Dans une première série d’expériences, 
plusieurs lectures étant faites à l’état normal, le chien était mis en polypnée, 
soit par chauffage à l’étuve, soit par tétanisation générale. On faisait alors de 
nouvelles mesures. On laissait ensuite l’animal se refroidir et le rythme res- 
piratoire tomber pour faire une troisième observation. Nous donnons dans le 
tableau suivant, en même temps que le nombre de respirations par 
minute R (1), l'excès de température du cœur droit sur le cœur gauche 
en centièmes de degrés T. 


AVANT PENDANT APRÈS 
LA POLYPNÉE LA POLYPNÉE LA POLYPNÉE 
CT 3 TE LA Ce NL 
E 44 150 170 60 
20 Ai à 3 9 1 10 
Il { R 15 45 45 185 200 40 25 
to 10 31 45 40 44 49 24 
II R 1 165 474 185 30 20 
RE 23 14 6 5 8 11 


Pour éviter d’avoir à-retirer et remettre les sondes, nous avons, dans 
la suite, modifié la technique. L'animal est laissé dans l’étuve sèche à 


(4) Comptées dans les douze secondes précédant la lecture du galvanomètre. 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 681 


40-45 degrés, la tête à l'extérieur, il respire l'air du laboratoire. Les sondes 
sont placées dès que la polypnée est établie et on la fait à volonté cesser pour 
quelques minutes par une injection d'apomorphine (1). Avec cette méthode, il 
n’est plus nécessaire de déplacer les appareils, l'animal reste placé dans les 
mêmes conditions de température, et l'ont peu même, par un dispositif 
simple, inscrire sur le cylindre avec le tracé respiratoire les variations ther- 
mométriques. Nous résumons deux des cinq expériences concordantes que 
nous avons faites. 


I RPeIO DAT 0 75 25 65 SOIN EUR SE 165 150 
et Le 34 35 puis 32 -/35 32 30 228, 25 1%2,271 20 22 
I (R A0 me) ST0) 2811087440 125604108060 90 
or 11 49 23: 22 24 24 25 26 


Le rythme respiratoire n’a donc qu'une influence faible ou nulle sur 
le refroidissement du sang de la petite circulation (2). 

Ces résultats sont en concordance, et constituent même la contre- 
épreuve, avec les anciennes expériences de Heidenhain et Kürner 
(1871) (3), qui ont montré que la différence de température entre les 
deux cœurs à l'avantage du droit persiste avec la même valeur si l’on 
fait respirer à un animal de l'air chaud et saturé d'humidité. 


Conclusion. — Dans la polypnée thermique, l'évaporation réfrigérante 
se produit surtout, peut-être uniquement, dans les voies respiratoires 
conductrices. Mais, comme à ce niveau la muqueuse n'est pas organisée 
pour se prêter à une transsudation physique rapide, il faut admettre 
l’activité de l'appareil glandulaire qui fournit le volume d’eau nécessaire. 


(Laboratoire de physiologie de l'École d'Alfort.) 


PROPRIÉTÉS PHYSIOLOGIQUES D'UN LIPOÏDE (IT B b) EXTRAIT DU PANCRÉAS, 


par H. Iscovesco. 


J'ai isolé du pancréas un lipoïde (Il B b) qui a des propriétés physio- 
logiques intéressantes. Ce lipoïde se prépare en suivant exactement la 
même lechnique que celle qui a servi à préparer le lipoïde de la partie 


(4) J. Camus. Arrêt de la polypnée thermique par l'apomorphine. Comptes 
rendus de la Soc. de Biologie, 22 février 1913. 

(2) Ou bien il faudrait admettre, ce qui est peu probable, que la circulation 
pulmonaire et, par suite, la circulation générale sont accélérées dans la 
mesure de ce refroidissement. Nous avons, d’ailleurs, constaté que la fré- 
quence du pouls et la pression artérielle ne sont pas augmentées par la 
polypnée. 

(3) Cités par CI. Bernard. Lecons sur la chaleur animale, 1876. 5° lecon. 


682 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


corticale des glandes surrénales et que j'ai exposée précédemment (1). 
J'ai injecté tous les deux jours, dans la nuque de 10 lapins, 4 c.c. 
d'une solution huileuse à 2 p. 100 de ce lipoïde. 
Cinq animaux de même âge et de même poids servaient de témoins. 
Tous les animaux étaient âgés de 135 jours et l'expérience a été pour- 
suivie pendant 431 jours. 
Les animaux ont été pesés régulièrement, et je donne ci-après les poids 
successifs des animaux soignés et des animaux témoins. 


POIDS 10° 30° 35e .50° 65° 90° 


initial. 


jour. jour. jour. jour. jour. jour. 


2210 2280 2300 2850 


2910 


Témoins. 


2100 2210 2350 


Anim. Soignés 


On voit que les animaux témoins ont accru leur poids actuel de 
32 p. 100, tandis que les animaux soignés ont gagné 51 p. 100. 

J'ajoute qu'aucun autre lipoïde ne donne dans un même laps de 
temps avec des animaux de cet âge un résultat semblable. 

Si on porte ces chiffres d'augmentation de poids sur un tableau milli- 
métrique de Schleicher et qu'on réunisse par une diagonale les extrémités 
des courbes de croissance ainsi obtenues, on constate que la diagonale 
de croissance des témoins est inclinée de 14 degrés sur l'horizontale, 
tandis que celle des animaux soignés l’est de 22 degrés. 

Le lipoïde pancréatique que j'ai isolé a donc une action des plus favo- 
rables sur la nutrition générale et semble agir par une augmentation de 
l'appétit, car les lapins soignés mangent plus que les autres, ainsi que 
par uue utilisation meilleure des aliments, ainsi que le prouvent les 
analyses d'urine que je publierai ultérieurement dans un mémoire plus 
étendu. 

Les animaux qui ont servi à l'expérience que je viens de décrire ont 
tous été sacrifiés Le 130°*jour. Tous les organes ont été pesés, et voici les 
résultats de ces pesées. Les chiffres expriment les moyennes arithmé- 
tiques des poids de chaque organe en grammes par kilogramme 
d'animal : 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1913, t. LXXV, p. 510. 


su CAPSULES CŒUR FOIE OVAIRES RATE REIN TAYROIDE|  RECTUN 
Témoins.| 2810 0,136 | 2,69 36 0,068 0,48 6,40 | 0,076 1,28 
anim, soignés.| 3440 0,162 3,55 41 0,070 0,51 6,22 | 0,051#| 1,17 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 683 


A ———_———— ne ca 


Je ne puis indiquer l’action sur le pancréas, les pièces étant prélevées 
pour l'examen histologique, car la pesée exacte d'un pancréas de lapin 
est tout à fait illusoire, puisqu'on n'est jamais certain de l’isoler complè- 
tement malgré la dissection la plus attentive. L'examen histologique 
permettra certainement d'avoir des données précises sur son état. 

Je ne parlerai donc de l’action de ce lipoïde sur le pancréas que lors- 
que j'aurai le résultat de l'étude histologique. 

Quant à son action sur les autres organes, on constate une action 
excitante sur les capsules et insignifiante ou nulle sur tous les autres 
organes, excepté la thyroïde, sur laquelle il semble exercer une action 
dépressive. 

Mais le fait le plus important, c'est l'excitation considérable du foie. 

Les animaux soignés avaient 47 grammes de foie par kilogramme, 
alors que les animaux témoins n’en avaient que 36. 

Ce fait est unique. Aucun autre lipoïde n’excite le foie à ce point. En 
aucun cas on ne trouve chez les lapins des foies aussi importants. 

Ces foies ne sont pas gras. Quant à l'examen histologique, il sera 
communiqué ultérieurement. 

Injecté pendant un certain temps à l'homme, à la dose de 1 à 2 centi- 
grammes par jour, On a : 

1° Une légère augmentation de la pression artérielle ; 

2° Une augmentalion constante du poids. 

Injecté aux mêmes doses chez des diabétiques, deux cas se présentent: 

Dans l’un de ces cas, le sucre augmente dans des proportions impor- 
tantes, de 30 à 60 grammes par jour. 

Dans une autre série de cas, au contraire, le sucre diminue et disparaît 
très vite. 

Il semble que les injections de ce lipoïde permettent d'affirmer qu'il y 
a des diabètes par hyperhépatie, qui sont aggravés, et par hyperhépatie. 
qui sont, au contraire, rapidement améliorés par ce lipoïde. 


(Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 


SUR QUELQUES LEVURES RENCONTRÉES DANS LA PULPE VACCINALE, 


par Ou. Lesteur et L. MaGnin. 


La flore du vaccin à été étudiée surtout au point de vue bactériolo- 
gique. Toutefois, les champignons microscopiques que nous nous 
sommes proposé d'y rechercher ont été déjà l'objet d’un certain nombre 
de travaux de la part de Haller et Zurn, Keber (1867), Cohn, Pfeiffer 
(Saccharomyces vaccinæ), Tenholt, Buist, Kirchner, etc. 


684 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Nos recherches (1) ont porté principalement sur le vaccin fourni 
pendant deux mois par l'Institut vaccinogène de Lyon, mais aussi sur 
quelques autres vaccins, généralement âgés de plusieurs mois. Nous avons 
opéré sur la pulpe, soit fraiche, soit glycérinée et broyée : des ensemen- 
cements étaient faits sur gélose mallosée, sur pomme de terre, sur 
carotte, puis sur agar au jus de carotte, en milieu de Raulin, etc. 


Les colonies de levures qui se développaient en trois à quatre jours, 


à la température du laboratoire, ont été puritiées et différenciées suivant 
les méthodes indiquées par Guilliermond dans son livre sur les levures, 
par Lutz et Guéguen, etc. 

La présence de levures s'est montrée constante dans les vingt-cinq 
échantillons de pulpes, fraîches ou glycérinées, âgées de moins de 
soixante jours, que nous avons examinées ainsi. 

Ces levures appartiennent à plusieurs espèces : des quatre formes 
isolées, trois, par leurs caractères morphologiques et biologiques, sont 
des Z'orulas; une se rapproche des formes Mycoderma. Une des T'orulas 
présente des formations zoogléiques que nous croyons non encore 
signalées dans la morphologie des levures. 

Ces champignons existent aussi bien dans la pulpe glycérinée (âgée 
de moins de qualre à cinq mois) que dans la pulpe fraîchement recueillie. 
Leur recherche dans des pulpes âgées de cinq à six mois, conservées 
entre 0 degré et +10 degrés centigrades, a été négative. Les basses 
températures ne sont toutefois pas défavorables à la croissance des 
levures du vaccin. 

Des quatre espèces de levures isolées par nous, aucune ne s’est 
montrée pathogène pour le cobaye ct le lapin ; aucune n’a été rencontrée 
chez l'enfant vacciné. 

Chez les animaux inoculés avec ces levures, le pouvoir agglutinant 
du sérum se montre très faible ; l'hémoculture a permis de les retrouver 
dans le sang du lapin injecté sous la peau. 

L'analyse mycologique du vaccin parait pouvoir présenter un certain 


intérêt prophylactique : il peut être important de déterminer si les 


champignons rencontrés sont saprophytes ou pathogènes. 


(Laboratoire de pathologie et thérapeutique générales de la Faculté 
de médecine de Lyon.) 


(A) Voy. Ch. Lesieur et L. Magnin. Journal de Physiologie et de Pathologie 
générales, septembre 1913; et L. Magnin. Thèse de Lyon, juin 1913. 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 685 


SONS, TONS ET BRUITS, 


par PIERRE BONNIER. 


Dans une récente communication (1), MM. Gilbert, Tzanck el 
Gutmann concluent d'une expérience qu’il existe entre les bruits et les 
sons une différence non de complexité, mais de nature. 

On a trop souvent confondu sons et tons. Tout ce qui est du domaine 
auditif est un son et doit s'appeler son; nous n'avons pas d'autre mot. 
Mais certains sons ont un caractère immédiatement saisissable de {ona- 
lité, et se classent facilement selon leur acuité ; d’autres l'ont très peu, 
ou pas, d’après les auteurs de la note. Les premiers sont des tons, 
les seconds des bruits. Mais tons et bruits sont des sons. 

Et si ce caractère de tonalité peut ainsi varier du ton le plus pur, 
sans mélange de bruit, au bruit le plus pur, sans mélange de ton; il ne 
s'ensuit nullement qu'il y ait là une différence de nature. 

Quand je fais tourner un disque mi-partie rouge, mi-partie vert, jai 
la sensation de deux tons colorés, de tonalités simples et pures, se 
succédant de plus en plus rapidement à mesure que la vitesse de 
rotation augmente. Puis, la pureté de chaque tonalité se perd, par che- 
vauchement d'impresssions persistant sur ma rétine, et un moment 
arrive où je ne vois plus ni rouge ni vert, mais gris. Je ne perds le 
sens des deux premières tonalités que pour prendre celui d’une troi- 
sième, moins pure que ses composantes, puisque du gris m'apparailra 
de même par la confusion d’autres tonalités diverses. Puis-je dire 
qu'entre les tonalités pures du vert et du rouge et la tonalité impure du 
gris il y a différence de nature? Évidemment non. Et en mélangeant, de 
cent façons, diverses tonalités simples, j'obtiendrai des gris qui varieront 
et se distingueront les uns des autres en tonalités grises. Et tel gris. 
qui semblera n'avoir plus aucune tonalité, si on le considère isolément, 
en prendra une aussitôt qu'on le rapprochera d’un autre gris. I y 
a donc, entre le ton lumineux le plus pur et le gris le plus atone, des 
différences de complexité, non de nature. 

Je ne crois pas connaître, parmi les mille bruils que je reconnaitrais, 
un seul dont je ne puisse dire s’il est plus aigu ou plus grave que 
tel autre bruit. Quand des tons, même très purs, se superposent de 
facon à constituer, non un timbre ni un accord, mais un complexe 
de sonorités dysharmoniques, c’est-à-dire qui ne se font pas mutuelle- 
ment valoir, j'ai la sensation de bruit, c'est-à-dire de sonorité grise, 
si je puis ainsi dire. [ei encore je puis classer les bruits aussi bien par 
leur tonalité que par leur intensité ou leur timbre, aussi peu tonal 
que soit ce dernier. 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 13 décembre 1913. 
à) b 9 


686 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


À côté de ce point de définition, je signalerai aux auteurs une 
petite cause d'erreur dans leur façon d’'éexpérimenter. Quand on 
frappe un corps capable de vibrer dans sa lotalité, comme la lame d’un 
xylophone, d'un harmonica, une corde, un diapason ou un simple 
caillou, la mise en vibration totale éveillera toujours un bruit d’une 
tonalité définie, ou même un ton plus où moins pur, dans la genèse 


desquels les dimensions de la partie vibrante joueront naturellement 


leur rôle. Mais si l’on percute, à La facon médicale, ces mêmes corps, on 
peut ne plus solliciter leur vibration totale, et l’ébranlement n'’inté- 
ressera plus qu'un segment limité du corps frappé. Il arrivera même 
que le bruit provienne plus du corps frappant que du corps frappé, 
du marteau que de l’enclume. Il est dès lors assez naturel que le bruit 
varie peu selon le corps frappé et ne tienne même aucun compte 
des dimensions totales de celui-ci, mais qu'il varie au contraire nel- 
tement selon la nature du corps frappant, ce que vérifie facilement 
l'expérience. Si je percute légèrement, médicalement, avec l’ongle une 
série de diapasons dont ma main étouffe la vibration totale, je n'aurai 
jamais que le bruit léger de l’ongle sur l'acier, quel que soit le diapason. 

Enfin, les auteurs considèrent comme décisive une expérience dans 


laquelle ils font passer rapidement devant une soufflerie une bande 


percée de trous espacés sans aucun ordre. Il se produit alors un bruit 
analoque à un crépitement très rapide, lequel ne donne jamais de varia- 
tion de tonalité, quelle que soit la vitesse de déplacement. 

On pourrait supposer, d’après l'expression même des auteurs, que 
puisqu'il n’y à pas variation de tonalité selon la vitesse, c'est qué 
la tonalité ne varie pas, ce qui ferait penser qu'il y en a une. Or, 
les auteurs concluent qu'il n’y en pas... 

Ce bruit analogue à un crépitement est en réalité une succession de 
bruits, et tant qu'il y a sensation de crépitement, on doit admettre que 
la plupart de ces petits bruits successifs et divers restent relativement 
distincts l’un de l'autre. Mais on ne peut pas plus appeler un bruit une 
succession de bruits, qu'on ne pourra appeler ton une succession de 
chocs réguliers restant distincts et ne fusionnant pas en une sensation 
continue. Tant que les ébranlements les plus régulièrement périodiques 
sont assez espacés pour que nous les percevions distinetement, la sen- 
sation tonale n’apparail pas. Nous pouvons en conclure que, physiolo- 
giquement, la sensation totale n'apparait qu’à partir d’une certaine 
vitesse, mais non pas qu'il y a différence de nature entre une pério- 
dicité longue et une périodicité courte. Dans le cas de la bande percée 
de trous irrégulièrement espacés, chaque trou est l’origine d’un choc 
aérien, et quand se produit le choc du trou suivant, cela fait deux 
ébranlements successifs, par suite une période vibratoire, restât-elle 
unique : il y à done une onde, une longueur d'onde, une période, 
et cela suffit à la production d'une sensation tonale. Si les lrous étaient 


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A a A TO EE 


= SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 687 


régulièrement espacés, cette période se renouvellerait, d’autres s'y 
ajouteraient harmoniquement, et la sensation tonale, avec ses har- 
moniques, nous donnerait la sensation d'un timbre défini. Mais dans le 
cas de trous irréguliers, ces compositions harmoniques ne se font 
pas, chaque trou fait avec le trou suivant sa petite période unique, il en 
fait une autre avec un troisième trou, et ainsi de suite. Le second trou 
fait sa petite période avec ses voisins plus ou moins éloignés, et ainsi 
pour tous les trous. Il en résulte une succession de minuscules sono- 
rités naissant respectivement d'ébranlements monopériodiques, mais. 
dont chacun envoie à l'oreille son petit ébranlement sonore. Cette mul- 
tiplicité de pulsations aériennes est en réalité une succession moni- 
liforme de petites tonalités, certaines pouvant se composer harmonique- 
ment entre elles, la plupart disparates et non harmoniques, selon 
les rapports que peuvent affecter entre eux les espacements. De là 
le galimatias sonore que l’on perçoit sous la forme de crépitement. En 
réalité, c’est bien une succession de petits bruits, et non un bruit 
qui puisse s'étudier comparativement avec une tonalité fixe. C’est du 
pointillisme sonore, et, de même que dans une peinture poinlilliste, 
fût-elle composée des tons les plus purs, nous n'obtenons la sensa- 
tion complexe de teinte définie qu’à partir de la distance à laquelle 
les tons composants se fusionnent, de même ne pouvons-nous com- 
parer à une sonorité tonale que le bruit continu qui a perdu son carac- 
tère de crépitement, de division. Gette expérience ne permet donc pas, 
je le crois du moins, d'affirmer qu'un bruit pur ne comporte pas de 
tonalité, puisqu'il s’agit d’une suite de petits bruits et de pulsations 
sonores réduites pour la plupart à une seule période, avec l'imper- 
ceptible tonalité correspondante, et non d'un bruit proprement dit. 

Des erreurs durables peuvent se glisser, par manque de critique, 
dans les définitions scientifiques. J'ai relevé ici même, à propos du 
timbre, une confusion qui s'était établie, non seulement dans les 
manuels, mais dans les esprits. L'analyse de timbres complexes par 
les résonateurs, l'analyse de vibrations composées et leur réduction 
à un ensemble de vibrations simples, pendulaires, avaient peu à peu 
conduit à ne plus considérer que le cas de sonorités coinposées el à 
dire que le timbre d'un son dépendait de sa composition. Or le timbre est 
lié uniquement à la forme de la vibration. Une vibration complexe a 
une forme composée par les formes des vibrations élémentaires, comme 
la forme d’un édifice résulte de la composition des formes respectives 
des pierres qui le composent. C’est cette notion de forme des éléments 
simples, qui s'était éliminée par l'usage, que j'avais dü rétablir. Dire, 
comme on le faisait couramment, que le timbre est lié à la composition 
du son, en venait à laisser supposer que les vibrations simples, pen- 
dulaires, n'étant pas composées, ne devaient avôir ni forme, ni timbre, 
ce qui eût été regrettable, 


688 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


RECHERCHES ANATOMO-PHYSIOLOGIQUES 
SUR LE COUR ET L'APPAREIL CIRCULATOIRE DES POISSONS. 


IT. CŒUR DE LA TORPILLE ET DU CONGRE 


(Chronophotographies des pièces anatomiques), 
par Cn.-A. FRANÇOIS-FRANCK. 


J'ai insisté exclusivement, dans une précédente communication 
(20 décembre 1913), sur la topographie de l'appareil coronaire du cœur 
des sélaciens envisagée, sans détail, au point de vue des expériences. 

Je me propose de présenter aujourd'hui, avec une nouvelle série de 
pièces injectées, insufflées et rendues transparentes par le procédé de 
Spalteholz, quelques indications physiologiques résultant de l'examen 
du cœur lui-même (sinus, oreillette, ventricule, bulbe ou cône artériel), 
chez les sélaciens et chez le congre. 


La reproduction d’une série d'images chronophotographiques fournies par 
un cœur de congre dent les cavités ont été modérément distendues par une 
masse de gélatine, permet de donner sous une forme condensée de nombreux 
documents techniques qui nécessiteraient un exposé oral trop détaillé. (Voy. 
la figure.) 

La pièce est suspendue dans une cuve à faces parallèles remplie d’eau lim- 
pide et tourne lentement sur un pivot vertical : elle se présente ainsi au 
film de l'appareil successivement sous ses différents aspects. 

La lecture des images doit être faite en suivant les numéros d'ordre de 
1 à 15; chaque image est accompagnée d’un renseignement anatomique ou 
technique qui nous permettra plus tard d'exposer sans difficultés les expé- 
riences pratiquées sur le cœur d’un sujet de même espèce (exploration gra- 
phique, n° 6) : ligature du collet qui prolonge le sinus vers le ventricule, 
sans interrompre le courant du liquide nutritif (n°° 5 et 8), en agissant seu- 
lement sur la paroi conductrice de l’onde excitatrice; positions variées des 
électrodes dans les excitations mono et bipolaire du sinus, de l'oreillette ou 
du ventricule (n°s 10 à 15). 

J'attire seulement l'attention sur la disposition anatomique spéciale (congre, 
anguille, baudroie) de l'appareil sinu-auriculo-ventriculaire : un collet nette- 
ment dissocié (bien visible sur les n° 7, 8, 9) permet d'opérer en toute 
sécurité, sans entamer les régions voisines, sur le pont de jonction auriculo- 
ventriculaire. Cette intervention si décisive (compressions, réfrigération, 
cocaïnisation locale), qui crée le « block auri-ventriculaire » et la disso- 
ciation classique, est pratiquement irréalisable sur le cœur des sélaciens 
surtout étudiés par nous (torpille). Chez ces derniers, la paroi auriculaire 
adhére au ventricule par une large surface, et la ligature du type Stannius 
entame nécessairement le tissu ventriculaire, en créant à ce niveau un sillon 
artificiel creusé dans la masse. 

Rien n’est plus simple, au contraire, que de pratiquer chez les sélaciens des 


689 


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— 191. 


BiOLOGIE. COMPTES RENDUS. 


690 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ligatures rigoureusement localisées à chaque canal de Cuvier ou au sinus sur 
sa ligne de jonction avec l'oreillette. De simples notions anatomiques con- 
duisent à fixer le: choix des sujets suivant la nature des interventions. 


Le détail de ces dispositions anatomiques est facile à suivre sur les 
pièces injectées que je présente à la Société. Quelques-unes de ces 
pièces, traitées suivant le procédé de Spalteholz (1911), sans présenter 
la transparence que j'espérais, sont assez translucides cependant pour 
revêtir, en contre-jour, d'intéressants détails de structure. 

On y voit, par exemple (cœur de torpille, d'ange de mer, de roussetle), 
la topographie des orifices valvulaires sinu-auriculaire, ce 
culaire et artériel. ne 


Les deux lèvres de la boutonnière sinu-auriculaire sont renforcées par une 
cravate de faisceaux musculaires émanant de la paroi de l'oreillette. La clôture 
de l'orifice, au moment de la systole auriculaire, s'opère donc à la fois par 
affrontement des: bords de l’orifice et:par rétrécissement actif. 

L’entonnoir auri-ventriculaire largement ouvert dans l'oreillette présente une 
base fibro-musculaire avec anneau contractile et donne insertion à de nom- 
breux faisceaux dissociés, fournis par la musculature auriculaire. Là, encore, 
la clôture de l’orifice est partiellement active, mais l'anneau qui circonserit 
l'entonnoir fait partie de la paroi entniuleite. les quatre à cinq valves de la 

valvule plongent dans la cavité du: ventricule et se continuent avec la paroi 
par des piliers: contractiles plus ou moins dissociés, qui correspondent aux 
muscles papillaires des animaux supérieurs. 

Le défilé du: bulbe artériel qui constitue un canal rétréei dans lequel le 
courant sanguin, émanant de la large cavité ventriculaire, ne forme plus 
qu'un filet animé d’une grande vitesse et visible sur le vivant, à travers la 
paroi bulbaire, est muni d’une série de valvules superposées, en nids de 
pigeon (sigmoïdes), formant trois colonnes parallèles; les valvules sont reliées 
entre elles dans le sens vertical. par des bandelettes fibreuses qui limitent 
leur excursion céntripète quand elles s'ouvrent et s'accolent les-unes aux 
autres. 

Au delà du bolbe, l'artère branchiale présente une brusque dilatation 
extensible et élastique, une véritablé ampoule, dans laquelle s'étale la masse 
sanguine poussée par le ventricule ; le choc sauguin s'y amortit, la force vive 
s'y emmagasine et le courant artériel prend au delà une allure presque con- 
tinue. Ce fonctionnement, qui ne constitue qu'un cas particulier des effets de 
l'élasticité si bien décrite par Marey, a été clairement mis en lumière tout 
spécialement dans la monographie de Wilhelmina Koiff, en 1907: 


Je me borne à ces indications générales, qui découlent directement du 
simple examen des pièces anatomiques présentées ici; j'aurai l’occasion 
d'en Urer parti dans l'exposé ultérieur des résultats de mes expé- 
riences sur les étapes de l’ondeexcitatrice des veines au bulbe artériel, 
sur les particularités des réactions d’excitation électrique localisée aux 
différentes régions du cœur, sur la mécanique circulatoire des poissons : 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE G9E- 


à ce moment, je rappellerai les belles études de Gaskell, de Wesley:Mills 
et de Mac William, les expériences de Schôünlein, de W. Kolff, qui tous 
ont mis à profit leur connaissance de l'anatomie du cœur des poissons. 


(Laboratoire de physiologie comparée du Cap Ferret.) 


GLUCOSURIE PAR LA PILOCARPINE CHEZ LA GRENOUILLE. 
IMPORTANCE DE LA VOIE D'INTRODUCTION DU POISON. 


Note de CL. GAUTIER, présentée par L.-C. MaiLrano. 

Stokvis (1901) observa fréquemment de la eee après injection 
de pilocarpine au lapin ; il crut que cette glucosurie était due à une 
action sur la sécrétion rénale. Dovon (1) montra avec-Kareff que la 

pilocarpine injectée par la veine porte fait disparaitre où diminue le 
_glycogène du foie; avec Kareff et Fenestrier, qu’elle provoque une hyÿpér- 
glycémie transitoire. N. Waterman, au cours de ses recherches âvec la 
pilocarpine (1910), à constaté que cette substance provoque ‘chez'ile 
lapin une glucosurie capricieuse : rarement après une seule injection, 
constamment après une série d’injections, le sucre apparäil dans “les 
urines; cette apparition n'a parfois lieu qu'un certain temps aprés. Je > 
injections, parfois des jours après elles. Celte glucosurie trouv erail sa 
cause dans une augmentation de la perméabilité rénale pour le sucre. 
accompagnée de modifications du sang (minime et brève hyperglycémie. 
suivie d’un retour à la normale et très souvent d'hypoglycémié). 
A Fiühlich et L. Pollak (1913) disent que la pilocarpine: traversant le 
foie de grenouille en circulation artificielle ne lui fait pee sécréter Le 
sucre. RES Roues 


J'ai pu démontrer que la pilocarpine injectée à la grenouille prov oue 
de la glucosurie. à 
Les animaux employés ont eu le rectum lié un peu au- desgus. de: son 
abouchement cloacal, pour obtenir des urines pures. Huit jours avant ù 
l'intervention, ils avaient reçu un peu de glucose dans l estomac; pour. 
augmenter leur glycogène. Régulièrement lavés tous les. matins, da 
récolte des urines témoins est praliquée par sondage, toutes les:quatre, 
heures, à partir de 8 heures du matin. Les procédés employés pour, la 
caractérisation du glycose ont élé ceux décrits dans Ma note du 
8 novembre 1913 (p. 339). 


Exp. [. — 5 grenouilles (59, 5%, 47, 56,47 grammes), préparées comme il à 


a élé dit, reçoivent dans les sacs dorsaux, immédiatement après .le. dennier 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biol., t. LVF, p. 111,191; 1904: 


6a2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sondage destiné à recueillir l'urine témoin, 1 c.c. d’une solution de chlor- 
hydrate de pilocarpine (1) à 2 gr. 5 p. 100 de sérum physiologique (6,5 de 
NaCI p. 1000). Les animaux sont alors lavés. On les sonde ensuite régulière- 
ment toutes les quatre heures. On récolte 14 c.c. 9 d'urine dans les vingt- 
quatre heures. 

Les trois épreuves (réaction furfurolique, épreuve de Worm-Müller, forma- 
tion de phénylglucosazone) sont absolument négatives. 

Four les urines témoins (19 c.c.), les trois épreuves étaient absolument 


négatives. 


Remarques. — Une seule fois, sur dix expériences semblables, j'ai 
obtenu une légère réduction à l'épreuve de Worm-Mäüller. Dans deux 
expériences, j'ai vu une des grenouilles présenter des convulsions (2) 
passagères après injeclion de cette dose de 2 centigr. 1/2 de chlor- 
hydrate de pilocarpine dans les sacs dorsaux. 


Exr. I. -— 5 grenouilles (54, 67, 59, 61, 54 grammes) sont, immédiatement 
après le dernier sondage destiné à Gel l'urine témoin, préparées pour 
recevoir dans la veine abdominale, en injection vers Je rois le chlorhydrate 
de pilocarpine. A cet effet, on incise, à droite par rapport à l'opérateur (3), 
la peau et la paroi musculaire abdominale sur une longueur de 2 centimètres 
et à 4 millimètres de la ligne médiane. L'animal est fixé sur la planchette par 
des liens enserrant les bras et les genoux. On pince alors la paroi muscu- 
laire et la veine à l’aide d'une pince à forcipressure, peu serrée, un peu 
au-dessus de la partie inférieure de l'incision, et l’on retourne la paroi. On 
place immédiatement deux lisatures, l’une, qu'on serre, au-dessous de la 
pince, l'autre, qu'on ne serre pas, trois quarts de centimètre au-dessus. On 
injecte alors le poison, et l’on fait serrer la deuxième ligature en même temps 
qu'on retire l'aiguille. 

Chaque animal recoit ainsi 3/10 de c.c. d'une solution en sérum physiolo- 
gique à 6,5 NaC], de chlorhydrate de pilocarpine, telle que ces trois dixièmes - 
correspondent à 0 gr. 0175 d’alcaloïde. Les parois abdominales sont ensuite 
fermées par deux sutures (musculaire et cutanée). Deux heures après l’opé- 
ration, les animaux sont sondés et leur urine recueillie. On les lave ensuite 
dans leur récipient, et les urines récoltées toutes les quatre heures (sauf la 
dernière récolte) s'élèvent en vingt-quatre heures à 14 c.c. 

Les trois épreuves (réaction furfurolique, épreuve de Worm-Müller, 
formation de phénylglucosazone) sont toutes positives. 

Pour les urines témoins (20 c.c. 5) les trois épreuves étaient absolument 


négatives. 


Remarques. — Pour la réaction furfurolique, j'ai employé 1 c.c. 
d'urine. Dans l'épreuve de Worm-Müller, la réduction de la solution 


(4) Chlorhydrate de pilocarpine d’Adrian. 

(2) Je reviendrai ultérieurement sur ce point. 

(3) L'incision pour la ligature du rectum avait été faite de l’autre côté de la 
ligne médiane. 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 693 


cuivrique, bien qu'aboutissant à un beau dépôt d’oxydule bien rouge, 
n’a jamais été tolale (10 expériences), contrairement à ce qui se produit 
avec les urines d'animaux rendus glucosuriques par l’adrénaline. Aucun 
des animaux n'a présenté de convulsions. 


Exe. II. — Dans une série d'expériences faites comparativement à l'expé- 
rience II, mais dans lesquelles les animaux ne recevaient par a veine abdomi- 
nale en injection vers le foie-que du sérum physiologique à 6,5 NaCI p. 1000 
(1/2 c.c.), il ne s’est jamais produit de glucosurie. 


Conclusion. — La pilocarpine à dose convenable provoque chez la gre- 
nouil'e de la glucosurie. Celte glucosurie est de brève durée. Pour l'obtenir, 
il faut injecter l'alcaloïide directement dans le foie. En injection dans les 
sacs dorsaux, des doses beaucoup plus élevées ne provoquent, en général, 
pas trace de glucosurie. 

J'étudie cette glucosurie après suppression des surrénales et après 
diverses sections nerveuses. 


LES MODIFICATIONS DU SANG DES VEINES SURRÉNALES 
APRÈS L'INJECTION INTRAVEINEUSE DE CERTAINS EXTRAITS HYPOPHYSAIRES, 


par RENE PoRrak. 


Pour évaluer la valeur fonctionnelle des glandes surrénales dans les 
infections et dans les intoxications, les expérimentateurs ont recherché 
l’action cardiovasculaire des extraits de ces glandes. Plus récemment, 
une autre méthode a été utilisée; elle consiste à mesurer le pouvoir 
hypertenseur du sang des veines surrénales. 

Le professeur Gley, dans un remarquable rapport au Congrès de 
Londres (1), a insisté sur les avantages de cette dernière méthode qui 
précise, confirme et complète les résultats fournis par la méthode des 
extraits glandulaires, 

En poursuivant nos recherches sur les critères physiologiques de 
l’activité fonctionnelle des glandes surrénales, nous avons été amené à 
étudier les modifications du sang des surrénales dans les intoxications. 
Nous ne retiendrons dans cette note que l’aclion des poisons cardio- 
vasculaires. 

Tscheboksaroff (2) le premier a étudié l’action de la toxine diphtérique 


(4) XVIII tE international Congres of medicine, London, 1913. 

(2) Tscheboksaroff. Beiträge zur Trage über den Einfluss des Dihpterieloxins 
auf die sekvetorische Funktion der Nebennieren. Berliner klinische Wochen- 
schrift, n° 23, 1911. 


694 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


sur le rang de la veine surrénale ; il observe dans les dix à quinze 
premières heures de la toxi-infection une augmentation de l’adrénaline 
dans le sang efférent des glandes surrénales. Dans les héures qui suivent, 
la quantité d’adrénaline reste encore supérieure à la normale, puis elle 
diminue progressivement. : a — 

Cannon (1), confirmé par Dale, montre que l'injection de: nicotine ae 
mente la sécrétion d'adrénaline (2). 

Nos recherches personnelles portent sur les substances hypotensives 
extraites de l'hypophyse : ces substances signalées pour la première fois 
par Howell ont fait ici même l'objet de plusieurs notes (Henri Claude, 

tené Porak, Daniel Routier). 

Le choix de ces substances est justifié par leur très grande action 

cardio-dépressive. 

Nos expériences ont été faites sur deux chiens et sur trois lapins. 

Pour recueillir le sang de la veine surrénale, nous avons isolé entre 
deux ligatures le segment surrénal de la première veine lombaire chez 
le chien, et le stgment surrénal de la veine rénale chez le lapin. 

Chez un lapin, nous avons dû isoler un segment de la veine cave par 
suite de la disposition anatoinique de l’abouchement des veines sur- 
rénales. 

Une longue canule courbe en verre est introduite dans le segment de 
veine ainsi isolé. De cette facon, on recueille le sang et on peut étudier : 

1° L’écoulement de la veine surrénale ; 

2° Le pouvoir hypertenseur du sang des veines surrénales. 

Nos résultats sont les suivants : 


EL. — Action des produits hypotenseurs de l'hypophyse sur l'écoulement 
de la veine surrénale. 

Dès la première minute qui suit l'injeclion des substances hypophy- 
saires, et quelquefois une ou deux minutes après cette injection, 
l'écoulement des veines surrénales augmente. Chez un de nos chiens, 
il s'écoule XIT gouttes de sang par le segment surrénal de la pre- 
mière veine lombaire avant l'injection des substances hypophysaires et, 
deux minules après l'injection, il s'écoule XL VIII gouttes. 

Chezun de nos lapins, avant l'injection du même produit, on recueille 


(1) Journal of pharm. and exp. ther., UK, p. 379; 1912. 

(2) E. Gley et Alf. Quinquaud, dans une « Contribution à l'étude des inter- 
relations humorales », montrent que les extraits de pancréas, de foie, de 
thyroïde, de testicule et de rein « peuvent faire augmenter la quantité d’adré- 


naline qui passe dans le sang veineux surrénal » (Académie royale de Bel-_ 


qiue, Bulletin de la classe des sciences. Extrait des n°s 9-10; 1913). Les extraits 
employés par. E. Gley et Alf. Quinquaud sont hypotenseurs et peuvent être 
rapprochés des poisons cardio-vasculaires étudiés dans cette note. 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 695 


VEVIT gouttes dans une minute, et après cette injection on recueille 
XITT gouttes. 


II. — Action des produits hypotenseurs de l'hypophyse sur le pouvoir 
hypotenseur du sang des veines surrénales. 

En prenant le même volume du sang surrénal, c'est-à-dire abstrac- 
tion faite de la rapidité d'écoulement, le pouvoir hypertenseur du sang 
surrénal est toujours légèrement augmenté après l'injection des 
substances hypotensives de l’hypophyse. 

Les tracés que nous présentons montrent dans deux cas un pouvoir 
hypertenseur du sang des veines surrénales très augmenté à la suite des 
précédentes injections. > 

Nous n'avons pas retrouvé les mêmes modifications du sang des 
veines surrénales dans l’intoxication chloroformique ; dans trois expé- 
riences, en effet, après l’inhalation massive du chloroforme, détermi- 
nant en quelques minutes la mort de l'animal, nous avons vu d'emblée : 
1° l'écoulement du sang des veines surrénales diminuer ; 2 le pouvoir 
hypertenseur de ce sang fléchir. Peut-être retrouverait-on les modifica- 
tions du sang des veines surrénales que nous venons de décrire après 
l'injection de certains extraits hypophysaires, en réalisant une intoxi- 
cation lente et progressive par le chloroforme, mais on sait que chez 
‘les animaux de laboratoire, chez le lapin en particulier, les accidents 
chloroformiques rapides sont difficiles à éviter. Nous poursuivons ces 
recherches sur l’intoxication chloroformique, et, actuellement, rap- 
prochant nos expériences de celles de Tcheboksaroff, de Cannon et 
d'E. Gley et Alf. Quinquaud, nous concluons que l'injection de certains 
poisons cardio-vasculaires augmente l’excrétion de l’adrénaline. 


D’UN RAPPORT ENTRE LA TENSION ARTÉRIELLE ET LA QUANTITÉ 
DES PLAQUETTES DU SANG CHEZ L'HOMME, 


. par L. Le Souro et PH. PAGNIEz. 


Ayant été amenés par des recherches antérieures (1) à nous occuper 
du rôle hypotenseur des extraits des plaquettes, nous avons accessoi- 
rement cherché s’il existait chez l'homme une relation quelconque entre 
la teneur du sang en plaquettes et le niveau de la pression artérielle. 

La déterminalion de la lension artérielle a été faite avec l'appareil de 
Pachon et, tout en inscrivant les tensions maxima et minima, nous avons 
surtout tenu compte de cette dernière, qui, on le sait, est fournie avec 


(4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 14 juin et 26 juillet 1913. 


696 SOCIÊTÉ DE BIOLOGIE 


une grande précision par l'oscillomètre. La teneur du sang en plaquettes 
a été déterminée par la méthode de M. Aynaud, qui paraît à l'heure 
actuelle le procédé donnant le moins d'erreur à ce sujet (4). 

Nous avons choisi trente sujets atteints d'affections diverses, mais en 
éliminant tous les malades présentant une infection aiguë, telle que 
fièvre typhoïde, érysipèle, pneumonie, ete. Ces sujets ont été choisis en 
raison de l’état de leur tension artérielle et de telle sorte que nous ayons 
dix individus présentant une tension artérielle minima normale, dix de 
l'hypertension, dix de lhypotension. 

Les résultals ont été les suivants : 

Chez les sujets ayant une tension artérielle minima de 8,5 à 10, le 
nombre moyen des plaqueites est de 314.000. 


Chez les sujets ayant une tension arterielle minima de 14 à 15, le” 


nombre moyen des plaquettes est de 236.000. 


Chez les sujets ayant une tension artérielle minima de 6 à 8, lenombre 


moyen des plaquettes est de 420.000. 

Par conséquent, entre le chiffre des plaquettes des hypertendus et 
celui des hypotendus, il y a une différence qui se rapproche du simple 
au double. 

Il n'existe aucun rapport de même ordre pour les leucocrto ou pour 
les globules rouges. En effet, pour chacune des trois catégories ci-dessus, 


les moyennes sont respectivement de 6.655, 6.680, 8.620 pour les leuco- 


eytes ; et 3.710.704, 3.739.500, 3.951.000 pour les hématies. 

La tension minima la plus élevée que nous ayons enregistrée est 
de 15 ; chez ce malade, on constatait 149.000 plaquettes. La tension la 
plus basse était de 6 ; chez ce malade, on comptait 598.000 plaquettes. 

IL nous paraît peu vraisemblable que le rapport que nous avons 
observé soit une simple coïncidence. Néanmoins, d’autres observations 
seront nécessaires pour l'établir définitivement ; nous nous proposons 
de revenir sur la question, ayant simplement voulu aujourd’hui 
l'indiquer. 


(Travail de la consultation de médecine de l'hôpital Broussais.) 


DE L'EMPLOI DES ANESTHÉSIQUES POUR LA PURIFICATION DES VACCINS, 
par L. Camus. 
Les soins donnés aux cultures de vaccin ont pour but d'assurer aux 
récoltes deux qualités également précieuses, une activité spécifique 


(4) Aynaud. Etude clinique et expérimentale sur les variations numériques 
des globulins. Archives des Maladies du cœur, des vaisseaux et du sang, 1911, 
VI, p. 358. 


= 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 697 


suffisante en même lemps qu'une pureté irréprochable. La première de 
ces qualités est plus facile à obtenir que la seconde; du moins a-t-on 
rencontré pendant longtemps plus de vaccins actifs et impurs que 
de vaccins actifs et purs. 

Malgré les progrès et les améliorations des techniques de culture, 
malgré la sélection des semences, la pulpe vaccinale fraîchement 
récoltée se montre toujours plus ou moins riche en germes adventices 
et l'on ne peut avoir de vaccin entièrement dépourvu de microbes que si 
les récoltes ont été secondairement soumises à des opérations métho- 
diques de purification. Les procédés de purification sont tous basés sur 
la différence de résistance du virus vaccinal et des germes adventices, 
aux actions antiseptiques. Le vaccin, sensible aux mêmes agents de 
destruction que les microbes qui se trouvent à ses côtés dans la pulpe, 
se distingue de ceux-ci par une résistance seulement un peu plus 
grande ; aussi, faut-il exercer une surveillance attentive pour limiter 
l’action des antiseptiques à la simple disparition de l'activité micro- 
bienne. Une pulpe bien purifiée ne cultive plus sur les milieux ordi- 
naires usités en bactériologie, et donne, cependant, de belles pustules 
chez les sujets sensibles au vaccin. 

Les antiseptiques les meilleurs sont évidemment ceux dont l’action 
ne se manifeste pas trop rapidement et ceux que l’on peut éliminer le 
plus complètement, quand la purification est obtenue. 

La glycérine, depuis longtemps en usage dans les instituts de vaccine, 
fait disparaître lentement les germes adventices à la température du 
laboratoire et ne rend le vaccin complètement inactif qu'après un temps 
beaucoup plus long. Pour suspendre l'action de la glycérine, pour 
l'empêcher de compromettre le virus, quand la pulpe est convenable- 
ment purifiée, il suflit de conserver les préparations à une basse tempé- 
rature. On peut abréger la durée de la purification en élevant la tempé- 
rature, mais la résistance ultérieure du vaccin est alors en danger. 

A la suite de l'emploi de la glycérine, on a essayé de réaliser la puri- 
fication du vaccin avec de nombreux antiseptiques. Parmiles meilleures 
de ces substances se trouvent incontestablement les corps volatils; c’est 
à ce titre que les anesthésiques, qui peuvent n’exercer qu'une action 
temporaire, devaient être pris en considération. On ne sera pas surpris 
de constater ici, comme on l’a fait en chirurgie pour les opérations de 
courte durée, que ce sont les anesthésiques les plus volatils qui sont 
aussi les moins dangereux. 

Le chlyroforme, si employé en physiologie pour prolonger les diges- 
tions aseptiques, s’est montré un agent très actif dans la purification du 
vaccin; malheureusement, son élimination complète est un peu difficile 
et souvent la virulence de l'agent vaccinal se montre, consécutivement 
au traitement, fortement diminuée. 

L'éther, plus volatil que le chloroforme, après avoir fait ses preuves 


698 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


en bactériologie pour la stérilisation des cultures microbiennes, s'est 
montré supérieur au chloroforme pour la purification des pulpes 
vaccinales; son élimination semble plus facile, et la conservatien du 
virus semble aussi être moins influencée par la manipulation. 

Le chlorure d’éthyle, d'après ses propriétés physico-chimiqueset'ses 
qualités comme anesthésique, devait se montrer au moins égal à l’éther, 
comme agent de stérilisation. J'ai en effet reconnu, dans un très 
grand nombre d'expériences, que la pulpe et les cultures microbiennes 
sont tout aussi bien stérilisées par le chlorure d’éthyle que par l'éther, 
et que l'élimination de ce corps se fait plus DRE Et el plus complè- 
tement encore que celle de l’éther. 

J'indiquerai ailleurs comment on peut facilement, en prenant 
quelques précautions, employer le chlorure d'éthyle sans que les pertes 
soient très appréciables : je voudrais aujourd'hui préciser un peu une 
technique que je crois très recommandable pour la préparation des 
semences pures. 

Les souillures de la pulpe lui étant surtout apportées par la partie 
superficielle de la peau, j'ai pensé qu’il fallait de préférence faire porter 
l'action antiseptique sur la surface culanée, et j'ai cherché à réaliser 
l'asepsie parfaite de la peau avant de procéder à la récolte de la pulpe. 
L'opération est parliculièrement facile avec le lapin; voici comment je 
procède : quand la culture est suffisamment développée, l'animal ‘est 
sacrifié. La’ surface à récolter est rasée et lavée soigneusement ‘dans le : 
but d'éliminer les croûtes et les poils qui pourraient exister, puis, après 
séchage, on découpe la partie cutanée qui porte les pustules et on 
l'immerge dans l'éther ou dans le chlorure d'éthyle. Un séjour dans ces 
liquides de vingt-quatre heures à la température de + 16 degrés à 
+ 18 degrés est suffisant pour obtenir une purification à pen près 
complète (1). La préparation au sortir de l’éther ou du chlorure d’éthyle 
est lavée à plusieurs reprises à l'eau salée physiologique stérilisée ou 
au liquide de Locke stérilisé. Quand l’anesthésique se trouve complè- 
tement éliminé, on étale la peau sur une plaque de liège stérilisée et 
l’on procède à la récolte de la pulpe. 

La pulpe peut être broyée aussitôt récoltée, comme une pulpe ordi- 
naire, et elle est immédiatement utilisable comme semence pure et 
active. Si la récolte ne doit être employée qu'après un long délai, sa 
conservalion sera parfaitement assurée en la mettant au frigorifique 
après l'avoir congelée. 

Ainsi, pour la préparation du vaccin pur, je crois préférable :d’ agir 
de ab sur la peau et de la purifier avant de procéder à la récolte 


(1) La peau recouverte d’une éruption vaccinale supporte très bien un 
contact prolongé de plus de dix jours, voire même d’un mois, dans ces 
liquides, sans que l’activité du virus vaccinal disparaisse. 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 699 


de la pulpe. L'agent vaccinal est moins exposé aux altérations, l’action 
de l'autiseptique est mieux localisée, et son élimination est aussi plus 
aisée. 

- En résumé, d’une facon générale, dans toutes les opérations bactério- 
logiques où une stérilisation ménagée est nécessaire, et en particulier 
dans la préparation des vaccins, l'emploi des anesthésiques peut être 
recommandé.Parmi ces substances, le choix doit porter sur celles qui 
sont les moins solubles dans l’eau et dont le point d’ébullition est le 
plus bas; les combinaisons qu'elles contractent avec les éléments des 
tissus sont moins stables et leur élimination au moment opportun est 
plus facile et plus complète. 


ORIGINE PNEUMONIQUE INFLAMMATOIRE DES LÉSIONS NODULAIRES 
DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE, 


par Louis RÉNON et E. GÉRAUDEL. 


Dans la doctrine classique, l'anatomie pathologique macroscopique de 
la tuberculose pulmonaire décrit Les lésions suivantes : 

4° Des lésions nodulaires, granulations et tubercules ; 

2° Des lésions en nappe, infiltration ; 

3° Des lésions d'inflammation banale, pneumonie et broncho- 
pneumonie. 

Cet ensemble macroscopique s'est constitué progressivement, par 
étapes successives, grâce à la substitution du critère étiologique aucritère 
anatomo-pathologique. La démonstration, expérimentale avec Villemin, 
bactériologique avec Koch, de la parenté étroite de toutes ces lésions, 
résultant toutes de l'infection du poumon par le bacille tuberculeux, a 
établi irréfutablement l'unité fondamentale de tous ces processus. 

Au point de vue microscopique, Les lésions sont actuellement groupées 
en deux elasses : les lésions folliculaires, le follicule étant constitué par 
une ou plusieurs cellules géantes entourées d’une double zone de cellules 
épithélioïdes et de cellules Iymphoïdes, et les lésions non folliculaires, 
inflammatoires. , 

Cette docirine ne nous paraît pas exacte. Dans l’histologie du tuber- 
cule, elle attribue au follicule une valeur structurale qu’il ne possède 
pas. Toutes les lésions de la tuberculose pulmonaire relèvent d’un seul 
et même processus : l'inflammation pulmonaire. Dans le poumon, le 
bacille de Koch réalise purement et simplement des pneumonies avec 
toutes leurs variélés. 

Le fait est hors d2 conteste pour les lésions dites inflammatoires 
(Poncet), non folliculaires (Landouzy, Léon Bernard, Gougerot) 


° 
/ 


700 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


Pour les lésions en nappe, lésions d'infiltration, la question est presque 
jugée. Dans quelques traités classiques récents, la pneumonie caséeuse 
reste encore, comme au Lemps de Charcot, de Grancher, de Thaon, de 
Hanot, formée de l’agglomération de lésions folliculaires, d’où les noms 
de tubercules géants, de tubercules massifs donnés aux foyers de 
pneumonie. Mais pour Tripier (1) et ses élèves, pour Letulle et Nattan- 
Larrier (2), dont la description récente est nette et précise, ces lésions 
bacillaires sont des foyers de pneumonie. 

Les lésions nodulaires, granulations et tubercules, s'expliquent de la 
même manière. La granulation, le tubercule, le nodule sont des figures 
macroscopiques ; ce ne sont pas des réalités histologiques. Ces lésions 
nodulaires sont uniquement des lésions de pneumonie, empruntant leur 
apparence spéciale à leur minime étendue et à leur disposition en 
foyer. 

C'est grâce aux techniques modernes d'histologie que cette conception 
purement inflammatoire du nodule tuberculeux s'impose aux anatomo- 
pathologistes. L'emploi de réactifs électifs très délicats mettant en relief 
l’armature élastique, alvéolaire et vasculaire, du poumon, permet de lire 
avec facilité les lésions nodulaires, forcément indéchiffrables avec les 
anciens procédés. En utilisant l’orcéine ou la fuchsiline de Weigert, qui 
donne des images très nettes, il est aisé, sur des préparations de poumon 
farci de granulalions ou de tubercules, de voir que granulations et 
tubercules ne sont pas constitués par des agglomérats plus ou moins 
complexes de follicules tuberculeux. Granulations et tubercules sont des 
foyers plus ou moins volumineux de pneumonie bacillaire. Le follicule 
n'y apparaît que comme un élément contingent, ni suffisant, ni néces- 
saire ; ni suffisant, puisque l'inclusion expérimentale dans le tissu 
pulmonaire de grains de lycopode, de spicules d’éponge, de brins de fil 
ou de catgut en détermine la production; ni nécessaire, puisque pareilles 
formations peuvent manquer dans les tubercules bacillaires. 

Letulle, étudiant les tubercules crus de Laënnec, n'hésite pas à décrire 
ces tubercules comme des foyers minimes de pneumonie caséeuse, ce 
qui nous paraît tout à fait exact. Les granulations grises, les tubercules 
fibreux, minéralisés ou non, décrits sous le nom de tubercules de 
guérison, sont de même des foyers circonscrits de pneumonie fibreuse. 
Sous ce nom, d’ailleurs, il faut comprendre, comme nous le démontrerons 
ultérieurement, soit la sclérose d'emblée, causée par une infection peu 
virulente et chronique, soit la sclérose cicatricielle, consécutive à un 
raptus inflammatoire décapant l’épithélium et l’endothélium et suivi 


(1) 'Tripier. Traité d'anatomie pathologique générale. Paris, 1904, p. 527 et 
suivantes. 

(2) Letulle et Nattan-Larrier. Précis d'anatomie pathologique, Paris, 1942, t. H, 
p. 780. 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 701 


d'une symphyse du chorion sous-jacent comblant la cavité vasculaire ou 
alvéolaire. 

L'aspect différent de loutes les lésions bacillaires présentant, ici, des 
nappes infiltrées, là, des foyers plus ou moins limités de pneumonie, 
dépend-il des divers modes de pénétration du bacille dans le poumon, 
par la voie canaliculaire ou par la voie sanguine? Il est impossible de le 
dire avec certilude. 

En enlevant au follicule l'importance capitale qu'on lui accordait dans 
l'édification des lésions bacillaires, on rend à l’ensemble de ces lésions, 
qui, toutes, sont fonction de pneumonie, leur unité anatomique. On fait 
ainsi tomber la barrière élevée sans raison entre les lésions bacillaires 
folliculaires et les lésions non folliculaires. 

La bacillose pulmonaire apparaît donc comme formée de pneumonies, 
à foyers plus ou moins étendus, et surtout de pneumonies à modalités 
variées, avec tous les intermédiaires, depuis la pneumonie suraiguë, 
nécrosante et thrombosante, jusqu'à la pneumonie chronique sclérosante. 
L'ensemble des images anatomiques trouvées sur un poumon tuberculeux 
correspond à l’ensemble des poussées pneumoniques successives dont 
se compose l’histoire clinique de toute tuberculose pulmonaire. Sur ces 
lésions de pneumonie viennent ou non s'ajouter cà et là les formations 
folliculaires ; mais, ce qui demeure l'élément essentiel de la lésion, c’est 
la pneumonie. 

Ainsi envisagée, notre conception de la tuberculose pulmonaire diffère 
de celle de Grancher. Cet auteur faisait du tubercule l'élément 
structural des lésions. Pour lui, le tubereule était une néoplasie fibro- 
caséeuse, caséeuse et destructive dans sa partie centrale, fibreuse et 
cicatricielle à sa périphérie. Selon la prédominance du processus, ceutral 
ou périphérique, la lésion s'aggravait ou guérissait. Nous ne pensons 
pas qu'il en soit ainsi. Telle pneumonie tuberculeuse, ressortissant au 
type suraigu, se caséifie d'emblée et demeure caséeuse, qu’elle se limite 
à un foyer (tubercule cru, ou s'étende aux alvéoles et vaisseaux voisins 
du point d'infection initial (pneumonie caséeuse). Telle autre pneumonie, 
ressortissant au type chronique, est et demeure scléreuse d'emblée, soit 
qu’elle reste limitée au foyer minimum qu'est la granulation ou le 
tubercule fibreux, soit qu’elle s'étende progressivement à des régions 
plus importantes (sclérose pulmonaire tuberculeuse). Dès sa formation, 
le foyer preumonique est soit cicatriciel ou fibreux, guéri en naissant 
pour ainsi dire, soit nécrosant, caséeux, sans tendance originelle à la 
guérison. Pour chaque poussée, la lésion bacillaire est, dès son début, 
aiguë ou chronique. 

L'évolution de tout cas donné de tuberculose pulmonaire est en réalité 
la somme d'une série de poussées pneumoniques de modalités variées 
que traduisent anatomiquement ces foyers pneumoniques variés. 
Diagnostic, pronostic et traitement ne peuvent donc s'adresser à 


702 2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


l'ensemble de la maladie ; c'est pour chaque poussée qu'il convient de 
faire un diagnostic, un pronostic et un traitement. 


(Travail du laboratoire du D Renons. à l'hôpital Necher. re 


SUR LA CORTICALE SURRÉNALE DES TÉLÉOSTÉENS 


(Première note), 


par P. MuLon. 


Chez les poissons téléostéens, à l'heure actuelle, les auteurs consi- 
dèrent comme homologues de la substance corlicale des surrénales de 
mammifères : 1° les organes de Stannius (Pettil); 2° un ensemble de 
corps épithéliaux dit « système interrénal antérieur », logé dans le rein 
céphalique ou le long de la partie antérieure des veines cardinales 
postérieures (Giacomini). Se 

Or, ces deux catégories d'organes n’ont pas la même origine embryon- 
naire (Giacomini). Ils n'ont pas non plus la même architecture ni la 
même constitution cytologique, et, dans son dernier mémoire, Giaco- 
mini n'est pas loin de réserver aux seuls corps interrénaux antérieurs 
l'homologie avec la corticale surrénale des autres vertébrés. 

Entre la manière de voir de Giacomini etles expériences si concluantes 
de Pettit, il y a une opposition que l'étude cytologique fine des organes 
en question peut seule lever. 

J'ai donc appliqué aux corps de Stannius et aux corps de Giacomini 
(corps interrénaux antérieurs) les méthodes qui m'ont servi à analyser 
la corticale surrénale des vertébrés. [are 

Organes à l’état frais. — 1° Corps de Stannius (examinés chez 6 an- 
guilles *, 2 brochets mäle et femelle, 2 truites, 1 tanche) se montrent 
translucides, incolores ou blanc mat, parfois lég'rement rosés chez les 
anguilles laissées plusieurs heures hors de l'eau. Ils ne sont pas colorés 
dans la gamme du jaune ou du noir, c’est-à-dire qu'à l'œil nu its nesont: 
pas pigmentés, même chez des poissons relativement âgés (anguille 
de 1 kilog. 250 et brochet de 2 kilog. 500) ; 

2° Corpuscules interrénaux antérieurs, de Giacomini. Sur les sections 
du rein céphalique se détachent comme un point gris clair sur le tissu 
lymphoïde brun sombre, qui les environne, où bien comme de petits 
points blancs sur le pourtour de la veine cardinale. ji 

Dans les 22 cas examinés, ils ne se sont jamais montrés pigmentés à 
l'œil nu. : 

Dissocialions à l'élat frais. — Ni dans les corps de Stannius, ni dans 
les corps de Giacomini, je n'ai pu trouver de corps biréfringents en 
croix Ou en cristaux. 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 703 


Recherche de la cholestérine par la réaction de Liebermann. — Un 
corps de Stannius de 2%"5 de diamètre (anguille de 1 kilog. 250) est des- 
séché, puis écrasé dans 1 c.c. de chloroforme, où il reste plusieurs 
heures; V gouttes d’anhydride acétique et I goutte d'acide sulfurique 
.sont ajoutées à l'extrait chloroformique fillré. Aucune coloration verte 
n apparait. 

La mème réaction pratiquée sur un corpuscule de Giacomini de même 
volume, isolé du tissu lymphoïde du rein céphalique d’un brochet de 
2 kilogrammes, ne donne pas de résultat positif. 

La même réaction pratiquée avec une parcelle beaucoup plus petite de 
corps surrénal de salamandre, donne une coloration verte très nette : 
elle suffit donc à mettre en valeur de très minimes quantités d’éther de 
cholestérine. 


Organes fixés. — Nous ne nous occuperons ici que des corps interrénaux 
antérieurs de Giacomini. 
a) Recherche de la graisse. — Fixation au liquide de Bouin, coupes par con- 


gélation. Chez l’anguille et chez le brochet, on peut, en examinant de nom- 
breuses coupes, trouver quelques cellules contenant de rares enclaves grasses 
colorables par le Scorlach. Ces enclaves sont isotropes, colorables en rouge 
violet par le Nilblau, en bistre foncé par OSO‘ et sont indélébiles après l’action 
de ce réactif. Elles sont laquables en totalité par Phématoxyline après chro- 
mage. Elles ne présentent, en somme, pas les caractères des enclaves de cho- 
lestérine. de la corticale surrénaile des mammifères, oiseaux, reptiles ou 
batraciens, Ce qui coïncide avec le résultat négatif de la réaction de Lieber- 
mann. Elles peuvent être parfois assez nombreuses dans une cellule pour 
que celle-ci ait l'aspect de « spongiocyte » (brochet). Les cellules à graisse, 
toujours très rares, sont parfois cantonnées dans un territoire du corpusenle 
à l'exclusion des autres. Dans le vaisseau voisin d'uue cellule à graisse, on 
peut trouver des gouttes grasses identiques à celles intra-ellulaires (anguille). 

Les corps interrénaux antérieurs de Giacomiui ne renferment donc que très 
peu d’enclaves lipoïdes ; celles-ci ne sont pas des enclaves cholestériques. 

b) Recherche du pigment. — Pièces fixées au formol, coupées par congélation 
ou à la paraffine, examinées sans coloration : on ne trouve jamais une enclave 
pigmentée. 

1) Étude du lipoïide mitochondrial : 


15e Pièces fixées deux jours au Bouin; coupées par He lraitées 
par OSO: à 2 p. 106, à 55 degrés pendant quinze minutes. 


4) Anguille. — Les cellules apparaissent remplies plus ou moins de grains 
osmophiles dont la taille varie de 0,30 v à 1,5 u. Les plus petits de ces grains 
sont des mitochondries. 

On peut suivre leur évolution. Selon les individus et selon les cellules, on 
constate : 1° un gonflement de certaines de ces milochondries, qui ainsi 
deviennent des plastes, puis les rares gouttes grasses signalées plus haut : 
2° un tassement et une augmentation de l’osmophilie de ces mitochondries 
qui amènent leur quasi-confluence, en même temps que le cytoplasma devient 


704 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


lui aussi diffusément osmophile. La cellule ainsi transformée est générale- 
ment étirée au lieu de globuleuse. 

6) Brochet. ar des grains osmophiles beau- 
coup plus irréguliers et en général plus volumineux que chez l’anguille. Chez 
l'animal le plus âgé des deux examinés, la coalescence des USE gros grains 


osmophiles est visible dans certaines EU , qui arrivent alors à ressembler : 


absolument à certaines cellules de la corticale du cobaye. Ces grains osmo- 
philes que le Bouin a fixés de telle sorte qu'ils sont parfaitement visibles sur les 
coupes par congélation, ne se retrouvent plus sur la même pièce incluse dans 
la paraffine. Mais leur disparition n’a pas laissé d’alvéole vide dans la 
cellule : l’action des solvants des graisses n'arrive qu’à les déformer, sans les 
dissvudre. Leur substance reste dans la cellule, mais à perdu sa disposition 
en sphérules. 


2° Pièces fixées au formol bichromate et traitées selon la technique 
de Regaud pour les mitochondries. 


Les résultats sont superposables à ceux fournis par la méthode précédente. 
On constate avec plus de facilité qu’il ya rarement coalescence vraie des mito- 
chondries : le plus souvent (anguille), les mitochondries semblent se dissoudre 
dans le plasma cellulaire, de sorte que l'élément devient sidérophile en 
entier. 


Ainsi, certaines cellules des corps interrénaux antérieurs arrivent à 
ôtre complètement imprégnées par le lipoïde mitochondrial. Ces cellules, 
effilées, polygonales à contours excavés, ont l'air d’être comprimées par 
les éléments voisins. On en trouve de TE petites, réduites à un noyau 
entouré de très peu de cytoplasma sidérophile. Avec de légères variantes, 
elles subissent la même évolution que les cellules osmophiles ou sidé- 
rophiles de la corticale des mammifères et, comme elles, disparaissent 
de la glande. 

En résumé, le corps interrénal antérieur des téléostéens (étudié 
chez anguilla vulgaris, esox lucius, finca vulgaris, lrutta) apparaît dénué 
de pigment et de lipoide cholestérique libre dans les cellules. Sous ces deux 
points de vue, il diffère profondément de la corticale surrénale des 
autres vertébrés (1). 

Mais on rencontre dans le corps interrénal antérieur le troisième mode 
d'évolution des mitochondries que j'ai décrit dans la corticale des mam- 
mifères. Le corps interrénal antérieur peut donc être homologué à la 
corticale surrénale des mammifères en tant qu'il élabore comme elle un 


(4) I me semble probable, d'après ce que j'ai pu observer, que le rôle 
pigmentogène de la surrénale des sauropsidés et des mammifères cs joué 
chez les téléostéens par l’abondant tissu Iymphoïde rénal. 

Quant à l'absence de cholestérine, elle est d'autant plus à remarquer que le 
sang de l’anguille est, de tous les sangs analysés, celui qui contient le plus 
de cholestérine (Mayer et Schæffer). 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 705 


complexe phosphatide-albumine, lequel passe ensuite vraisemblable- 
ment dans les vaisseaux. Il n'y a pas de différence cytologique «essen- 
tielle entre le corps interrénal antérieur des téléostéens et la partie 
profonde de la cortieale du mouton (surrénale maigre). 


SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS CHROMOGÈNES D'UN Penicilliuin, 


par M. Martin et P. DÉRIBÉRÉ-DESGARDES. 


Nous avons rencontré un Penicillium présentant les caractères 
morphologiques du ?. glaucum ordinaire, mais s’en distinguant nette- 
. ment par la propriété de former un mycélium jaune, qui laisse diffuser 
dans le milieu de culture un pigment coloré en jaune. H se distingue du 
P.rubrum et du P. purpurogenum, décrits par Stoll (1), par la forme 
des spores; il diffère également du P. africanum de Doebelt (2) par Îles 
caraclères chimiques du pigment. 

Notre Penicillium se cultive facilement sur tous les milieux courants 
employés en microbiologie; le pigment se trouve localisé en certains 
points du mycélium, comme le montre l'observation microscopique, et 
se produit toujours, quel que soit le milieu de culture employé; les 
nilieux solidifiés par la gélatine se prêtent néanmoins plus facilement 
que les autres milieux solides à l'élaboration du pigment. Nous n'avons 
pas pu constater de changement dans la couleur du pigment eneultivant 
la moisissure sur un milieu peptoné, exempt de sucre, ainsi que l'ont 
observé MM. Sartory et Bainier (3) dans leur étude d'un Penicillium à 
pigment jaune, dont notre Penicillium diffère d’ailleurs par d'autres 
caractères. 

Pour extraire le pigment, l’une des méthodes les plus simples con- 
siste à épuiser par l’éther le mycélium obtenu par culture sur liquide 
de Raulin. La solution éthérée est agitée avec de l’eau ammoniacale, 
qui dissout le pigment avec une coloration rouge; la solution ammo- 
niacale, partiellement concentrée au bain-marie, est acidifiée et épuisée 
à nouveau par l'éther. L’évaporation de l’éther laisse comme résidu 
une poudre rouge brique soluble en jaune dans l'alcool, l’éther, l’éther 
acétique, le chloroforme, le sulfure de carbone, insoluble dans les 
autres solvants usuels et dans l'eau. 

Dans les alcalis, on obtient une solution rouge-cerise, notamment 
. dans l’ammoniaque. La combinaison ammoniacale ne peut être con- 


1) ©. Stoll. Dissertation, Wurzburg, 1904. 

2) Doebelt. Dissertation, Halle, 4909. 

3) Sartory et Bainier. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1944, t. IF, 
22 


BiouOGIE. Comptes RENDUS. -— 1913. T. LXXV. 4S 


706 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


centrée, même dans le vide, sans perdre son ammoniaque, restituant 
finalement le pigment jaune primitif. 

Nous avons mis à profit cette instabilité de la combinaison ammo- 
niacale pour obteuir le pigment à l’état cristallisé; il se dépose soit sous 
la forme de lamelles rectangulaires jaunes, soit, dans d’autres con- 
ditions, sous la forme d’aiguilles jaunes groupées en gerbes rappelant 
la forme cristalline de la tyrosine. 

Examiné au spectroscope en solulion éthérée, le pigmentjaune donne 
une bande d'absorption qui embrasse tout le violet. 

Le pigment résiste à l’eau oxygénée et aux acides, même à l'acide 
sulfureux. Il est décoloré par le chlore et les hypochlorites. Il est pré- 
cipité par l’acétate de plomb, ainsi que par le sulfate de cuivre, qui 
donne une coloration lie de vin. L’aldéhyde formique fait virer au jaune 
la combinaison ammoniacale. 


(Travail du Laboratoire de M. A. Fernbach à l'Institut Pasteur.) 


NOTE SUR UNE DES CONDITIONS DIFFÉSENTES DE FORMATION 
DES BRUITS ET DES SONS, 


par A. GILBERT, R.-A. GUTMANN et A. TzANER 


Dans une précédente note, nous avons étudié par synthèse des sons 
et des bruits, et nous sommes arrivés à cette conclusion qu'ils diffèrent 
entre eux non pas par leur complexité, comme il est classique de le dire, 
mais par leur nature. En particulier, les bruits purs ne comportent pas, 
comme les sons, des tonalités différentes. Dissemblables par leur 
essence, les bruits et les sons doivent avoir des conditions diverses de 
production. Nous voulons appeler l'attention aujourd'hui sur un point 
particulier de ces conditions, relatif à ce qui se passe lorsqu'on per- 
cute des cavités pleines d'air. 

Wintrich s’attacha à l'étude des tonalités différentes qu'il observait 
en percutant au-dessus d’éprouvettes de même calibre, mais dont on 
restreignait la colonne d'air vibrante en remplissant l'éprouvetle d'une 
quantité plus ou moins grande d'eau : les notes, bien précises, observées 
dans ces diverses conditions, étaient d'autant plus hautes que la colonne 
d'air était plus petite et l’ouverture plus large. Il assimilait à ces 
expériences, el d’autres le suivirent dans cette voie, les phénomènes 
observés par la percussion de cavernes pulmonaires, fermées aussi 
bien qu’ouvertes, retrouvant en clinique les diverses tonalités produites 
expérimentalement. Ce n'est pas le lieu ici de discuter les faits 
cliniques : nous étudierons simplement le côté acoustique de la 
question : est-il légitime d’assimiler ce qui se passe dans la percussion 


do 
Here 


be 


Ro Ne nn EE 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 707 


de cavités fermées avec ce qu’on observe dans la percussion de cavités 
ouvertes? 
La plupart des observateurs, tout en notant une différence de 


FiG. 4. — Cavité fermée, pleine de mercure au tiers. 


pureté du son dans les deux cas, concluent à l'assimilation. 

Nous avons étudié ces diverses conditions : et d’abord, à l’oreille, on 
obtient des différences très nettes selon que l'éprouvette ouverte per- 
cutée est plus ou moins remplie de liquide. Dès que l’on vient à fermer 


708 SOCIÉTÉ DE PIOLOGIE 


l'éprouvette avec une couche de tissu assez épais, non tendu, il devient 
impossible d’assigner une tonalité quelconque aux bruits obtenus, 
quelle que soit la hauteur du liquide ; on n'observe qu'une différence 
d'intensité selon le volume d'air subsistant dans l’éprouvette. 

Encore que ces constatations fussent aisées, nous avons voulu nous 
mettre à l'abri des erreurs d'interprétation en inscrivant, à l’aide du 
phonoscope de @. Weiss, les vibrations sonores produites par ces 
percussions. 

Lorsque l'éprouvette élait ouverte, et plus ou moins remplie, la 
percussion produisait des sons variés qui s'enregistraient sur la pelli- 
cule avec leur rythme propre. Lorsque l'éprouvette était fermée, 
quelle que fût la hauteur du liquide, les tracés ont toujours eu la 
même rapidité : les vibrations se sont inscrites selon un rythme unique 
que de nombreuses expériences antérieures (prises en vue d’un autre 
travail qui sera publié ultérieurement) nous avaient montré être le 
rythme propre de la membrane, que l'on observe chaque fois qu'il 
s’agit d'un bruit. Ce rythme dépend par conséquent du diamètre de la 
membrane, tandis que les sons s'inscrivent avec leur rythme propre, 
quel que soit ce diamètre. 

En résumé, nous pouvons dire que la percussion de cavités ouvertes 
produit des sons, variables avec la hauteur de la colonne d'air vibrante. 
La percussion de cavités fermées produit des bruits sans tonalité 
appréciable. 

Beaucoup d'auteurs s'étant servis des expériences de Wintrich pour 
interpréter des signes fournis par la percussion (lympanisme, des ca- 
vernes pulmonaires, bruits de percussion abdominaux), il était néces- 
saire, avant d'étudier les cas cliniques, d'exposer ces faits expérimen- 
taux. 


(Travail du Laboratoire de Physique de la Faculté de Médecine.) 


À PROPOS DU DOSAGE DES ACIDES AMINÉS, - 


par A. LANZENBERG. 


On sait que la méthode au formol de Sæœrensen-Ronchèse, quand on 
l'applique à l'urine ou à un autre liquide physiologique, conduit au 
dosage simultané de l’azote ammoniacal et de l'azote des acides aminés. 
On ne peut, en conséquence, l’employer pour le dosage isolé des acides 
aminés que sur l'urine préalablement débarrassée de ses sels ammo- 
niacaux ; c'est là qu'est le point délicat. 

Dans un volumineux travail d'ensemble sur l’amino-acidurie, 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 109 


M. Bith (1) a préconisé récemment pour l'élimination de l'ammôniaque 
un procédé qu'il indique comme étant à la fois « à l'abri de toute eri- 
tique.…, exact, rapide... » (2), et qui consiste à entraîner NH° dans une 
combinaison insoluble : le phosphate ammoniaco-magnésien. 


La technique se résume à ajouter à un volume donné d'urine (40 €.c. 
de la magnésie en suspension dans l’eau (10 c.c.) et une solution à 40 p. 100 
de phosphate de soude (10 c. c.). Il se formerait, dans ces conditions, le phos- 
phate ammoniaco-magnésien qui entrainerait toute l'ammoniaque; eu 
filtrant après deux ou trois heures de repos, on obtiendrait un liquide ne 
contenant plus d’autre azote litrable au formol que celui des acides aminés, 
qu'on pourrait ainsi doser sur un volume connu du filtrat. 


- Désireux d’être renseigné sur la valeur de celte méthode, en effet très 
simple, J'ai procédé à quelques expériences de contrôle dont je crois 
utile de faire connaître les résultats. 


I. — On a préparé une solution aqueuse (A) d'un sel ammoniacal pur 
(oxalate), telle que sa concentration en NH soit sensiblement celle d'une 
urine normale. pe 

Une prise d'essai de 10 c.c. a été employée pour le dosage exact de l’am- 
mouiaque par la méthode de Ronchèse. 

Un second prélèvement (40 c.c.) a été traité suivant la technique indiquée 
par M. Bith, et dans le filtrat — qui n'aurait pas äù contenir d’ammoniaque si 
réellement celle-ci avait été insolubilisée dans le précipité phospho-magné- 
sien — on a recherché et dosé NH° par la méthode au formol. | 


En rapportant les résultats au litre de liqueur primitive (A), on a 


trouvé : 
NH3 par litre. 


Liqueur primitive sans traitement préalable . . . . . . 0 gr. 850 
Liqueur primitive traitée par MgO + PofHNa°. . . . . O0 gr. 223 


L'insolubilisation de NH° par ce procédé est donc très imparfaite, 
puisque plus du quart (exactement 26,1 p. 100) se refrouve dans le filtrat. 
On n’entrevoit guère de raisons valables permettant de supposer que la 
précipitation doive être plus parfaite dans l'urine ; cependant, pour dis- 
siper tout doute sur ce point, j'ai complété le contrôle par l'expérience 
suivante non moins démonstrative : 


II. — À. Dans une fiole jaugée de 100 c.c., on mesure 10 c.c. d’eau distillée 
et on complète le volume avec une urine normale quelconque. 


* (4) H. Bith. L'amino-acidurie, 1 vol., 196 p., Paris, Maloine, édit., 1943. La 
méthode dont il est question ici a été employée plus récemment encore par 
M. Bith, dans un travail publié en collaboration avec M. M. Labbé (Compte 
rendus de la Soc. de Biologie, 15 novembre 1913, p. 398). 


(2) H. Bith. Loc. cit.; p.44 et 45. 


710 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


B. Dans une seconde fiole jaugée de 100 c.c., on mesure 10 c.c. d'une solu- 
tion d'oxalate d’ammoniaque contenant environ 4 grammes de ce sel, soit 
près de 4 gramme de NH° par litre. On comp'ète le volume avec l’urine nor- 
male qui a servi à compléter le volume en A. 


On possède done ainsi deux urines artificielles : l’une, À, qu'on peut 
considérer comme une uriae normale un peu appauvrie en NH”; l’autre, 
B, comme une urine normale moyennement riche en NH°. Toutes deux 
ont évidemment une égale teneur en acides aminés. 

Si la méthode employée par M. Bith est valable, voici donc ce que 
nous devons trouver : l'azote titrable au formol déterminé directement 
sur chaque urine donnera pour B un chiffre sensiblement plus élevé que 
pour À, tandis que la détermination de l'azote titrable au formol sur Les 
deux urines préalablement traitées par MgO et PO*HNa* devra fournir le 
même chiffre pour À et pour B. Or, voici ce que donne l’expérience 


I. — Azote titrable au formol, sur l'urine directement. Urine À O0 gr. 525 
(Résultats rapportés au litre d'urine) . Urine B 0 gr. 623 


II. — Azote titrable au formol, sur l'urine préalablement { Urine À O0 gr. 224 
traitée par MgO et PO“HNa*. HUE Ro ) 
au litre d'urine). : 


Urine B 0 gr. 308 
ils'en faut de besucoup, on le voit, que le traitement préconisé par 
M. Bith ait ramené les deux urines à un même taux d'azote titrable au 
formol. La presque totalité (plus de 85 p. 100) de l’ammoniaque que B 
contenait en excès par rapport à À se retrouve dans le filtrat! 


En résumé, ces essais montrent clairement que ce que l’on dose sous 
le nom d'acides aminés par cette méthode n’est qu'un mélange (en pro- 
portions d’ailleurs variables) d'azote ammoniacal et d’azote des acides 
aminés, mélange dont la valeur sera d'autant plus élevée que la richesse 
en NH du liquide initial (urine, sang) sera plus grande. 

Ces essais prouvent encore qu’en telle matière, un contrôle préalable, 
presque toujours facile, des méthodes de dosage pourrait souvent éviter 
aux chercheurs le stérile effort d'un travail dont les conclusions sont 
entachées d'erreur. 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE Ai 


PASSAGE ET ORIGINE DES ANTICORPS DANS LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN 
(Deuxième note). 


REPRODUCTION DE LA DISSOCIATION ALBUMINO-CYTOLOGIQUE DU LIQUIDE 
CÉPHALO-RACHIDIEN DANS LES PACHYMÉNINGITES TUBERCULEUSES EXPÉ- 
RIMENTALES, 

par H. Sauin et J. ReiLcy. 


MM. Sicard et Foix ont, les premiers, montré qu'il existait, au cours 
des pachyméningites, et plus particulièrement des pachyméningites 
tuberculeuses, un syndrome de dissociation albumino-cytologique dont 
la recherche pouvait rendre, au point de vue diagnostic, de réels ser- 
vices 1). Nous avons pu, exptrimentalement, reproduire cette dissocia- 
tion et étudier ainsi plus facilement son mécanisme. Voici, brièvement 
résumées, nos expériences : 


Exp. I. — Le 4 juin 1913, on pratique chez le chien une flaminectomie à la 
région dorso-lombaire, mettant la dure-mère à nu sur une étendue de 1 centi- 
mètre environ ; on injecte avec une a guille recourbée le plus haut possible 
dans l’espace épidural 4 à 5 gouttes d’une émulsion de bacilles tuberculeux 
homogènes. 

Le 12 juin 1913. — La réaction de fixation est positive dans le sérum san- 
guin, négative dans le liquide céphalo-rachidien, pas de modification du 
liquide. 

Le 15 juin 1913. — Mêmes résultats. 

Le 20 juin 1913. — Spasticité du train postérieur. Ponction atloïdo-occipi- 
tale. Le liquide est fortement albumineux. Pas de lymphocytose. 

La réaction de fixation est positive dans le sérum sanguin et positive dans 
le liquide céphalo-rachidien. 

Le 27 juin 1913. — Ponction atloïdo-occipitale. Albanmine toujours aug- 
mentée, lymphocytose légère (4 à 5 lymphocytoses par champ d'immersion. 


Exp. II. 27 juin 1913 — On fait chez un chien une laminectomie à la région 
dorsale inférieure. Injection dans l'espace épidorsal de 10 gouttes d'une 
émulsion de bacilles tuberculeux homozènes. 

Le % juillet 1913. — Ponction atioïdo-uccipitale. Liquide clair, un peu 
hypertendu, pas d'hyperalbumine, pas de lymphocytose, réaction de fixation. 
négative dans le iiquide. partiellement positive dans le sérum. 


Le 15 juillet 1913. — Réaction de fixation très positive daus le sérum, néga- 
tive dans le liquide céphalo-rachidien. 
Le 30 juillet 1913. — Ponction atloïdo-occipitale. Liquide clair, l’albumine 


(4) Voir aussi « Réaction du liquide céphalo-rachidien au cours de la 
pachyméningite pottique », Sicard, Foix et Salin, in Presse médicale, 1910, 
n° 104, p. 977. 


112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE y 


est très peu augmentée, pas de lymphocytose. La réaction de fixation est très 

. positive dans le liquide céphalo-rachidien. Et 
Mais on pratique alors une ponction lombaire, et on Gonsale que le 

liquide ainsi obtenu est très fortement albumineux. 


ÆExeP. IL 12 septembre 1913. — Chien griffon.  Laminectomie à la région 
dorsale iuférieure, injection de 4 gouttes d’une émulsion de cultures de 
bacilles Re el humains. 

Le 28 septembre 1913. — Animal très amaigri, paraplégie très accentuée du 
train postérieur. Ponction atloïde-occipitale. Liquide un peu hypertendu, 
albumine uormale, Iymphocytose très légère. 

Le 7 octobre 1913. — Ponction atloïdo-occipitale. Liquide un peu hyper- 
tendu. Albumine très légèrement augmentée. 

On pratique à la région sacrée une laminectomie. Ponction du cul-de-sac 
inférieur. On parvient à retirer quelques gouttes de liquide. Ces quelques 
gouttes add'tionnées de 2 c.c. de sérum donnent avec l'acide nitrique un 
très abondant précipité albumineux. 


L'animal meurt le 8 octobre 1913. À l'autopsie, masses caséeuses énormes 
comblant tout l'espace épidorsal sur la région dorso-lombaire et descendant 
jusqu'à la.3° lombaire. Accollement méningé presque complet. 


Nous pouvons de ces expériences tirer les conclusions suivantes : 


4° [est possible, en provoquant expérimentalement une compression 
médullaire par pachyméningite tuberculeuse, de reproduire le syndrome 
de dissociation albumiuo-cytologique du liquide céphalo-rachidien. 

2° Le taux de l'albumine rachidienne varie suivant le lieu où a été 
faite la ponction. Albumine peu ou point augmentée dans le liquide 
obtenu par ponction atloïdo-occipitale. Albumine très abondante dans 
le liquide recueilli par ponction lombaire ou sacrée. 

Ces fails expérimentaux confirment les recherches cliniques de 
MM. Marie, Foix et Robert, de MM. Laignel-Lavastine et Marcel Bloch. 


3° L'apparition des anticorps tuberculeux dans le liquide céphalo- 
rachidien au cours de nos pachyméningiles tuberculeuses à coïncidé 
avec l’augmentation du taux de l’albumine. Par contre, nous devons 
noter l'absence presque complète d'éléments cellulaires. 


Ceite notion de la dissociation albumino-cytologique a donc non seu- 
lement une réelle importance pratique, mais même une réelle valeur 
doctrinale, puisqu'elle permet de comprendre à la faveur de quelles 
substances les anticorps passent du plasma dans le liquide céphalo- 
rachidien. 


(/ravail du laboratoire de M. le professeur agrégé Sicard.) 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 743 


INFLUENCE DU CORPS THYROÏDE SUR LA MINÉRALISATION DU COBAYE, 
par F. SARVONAT et CH. ROUBIER. 


Nous avons soutenu, à plusieurs reprises, que le corps thyroïde influe 
sur le métabolisme de Ia chaux. Il nous a semblé que l'hyperthyroïdi- 


COBAYES COBAYES TÉMOINS COBAYES TRAITÉS 


DURÉE 


de l'expérience ; s 
Du 14 mai Du 14 mai 
et au 20 oct. 1912 au. 27 sept. 1912 
è Ingestion Ingestion 
dose ingcrée. de Oh. 10 à 0 h. 50|de 0 h. 40 à Oh. 50k 
Ë tous les 2 jours. | tous les 2 jours || 


Poids à la mort 
Poids sq.. 
Poids p. m, 


CaO: ss 
Ba0 p. m.. 
CaO total. . 


CaO p. 100 sq... 
CaO p. 100 p. m. 
CaO p. 106 total . 


POS nre 
P2Opemneenr 
P20$ total 


P205 p. 100 sq. 
P20% D::100°p: mx. 
P?05 p: 100: total-- 


Ca0 5.4. 

Cat p. en 
P205 st. 

PÉ05p. 0 


CaO p 100 s.d. 
Ca0: p. 100 p. ur. 
P205 p. 100 s.q. 
POS pM100E pin 


sation entrainait une augmentation de la chaux du sang (1); nous avons 
vu, d'autre part, le syndrome ostéomalacique accompagner le goitre 


re 


(1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 19 avril 1913. 


AA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


exophtalmique (1). Les observations cliniques de Hünnicke, Marinescu 


et Parhon, les constatations expérimentales de Schiff, Parhon et 
Mie Constance Parhon, Papiniau, Silvestri et Tossah, etc., tendent 
également à attribuer au corps thyroïde un rôle important dans Île 
métabolisme de la chaux; en particulier, certains de ces auteurs 
reconnaissent que le corps thyroïde, au moins à un certain degré 
d'activité, augmente la désassimilation du calcium. 


En nous basant sur nos observations cliniques et expérimentales, 
nous étions amenés à penser que, sous l'influence de l’hyperthyroïdisa- 


COBAYES TÉMOINS COBAYES TRAITÉS 


. 100 sq. 
lO00p. m2. 
00 TO tale 


UD S TEE 
100 im. 
. 400 total . 


CaO p. 100 sq. 
CaO p. 100 p. m.: 


P°05 p. 100 sq. 
POS D: 100 pm. 


tion, la chaux subit une mobilisation qui la fait diminuer dans le sque- 
lette au profit des parties molles. C'est ce que nous avons voulu vérifier 
sur le cobaye; les animaux reçoivent peadant plusieurs mois du corps 
thyroïde de mouton séché, brové et mélangé de lactose, de façon à 
représenter son poids de glande fraiche. A la fin de l'expérience, nous 
avons séparé par dissection et ébullition le squelette et les parties 
molles, et nous avons dosé la chaux et le phosphore dans les deux 
portions. 

Nous avons calculé la teneur moyenne p. 100 de squelette, des 


4) Tolot et Sarvonat. Rev. de Médecine, 1906. 


sdiéetens Obs Le 


| 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 715 


parties molles et du corps entier, en CaO et P°0”, en faisant la moyenne 
des valeurs particulières. Pour calculer la valeur moyenne des rapports 

_ CaO sq. P°0* sq. dre 

—— et =———; nous avons établi les rapports entre les sommes 

CaO p. m.  P‘O°p. m. 

des valeurs particulières. 


Conclusion. — L'hyperthyroïdisation ne modifie pas sensiblement le 
phosphore; par contre, elle produit une décalcification du squelette et 
une hypercalcification des parties molles. Nous pensons que ces phéno- 
mènes sont liés à la mobilisation de la chaux, et nous serions tentés de 
croire que celle-ci possède un rôle antitoxique. 


PRÉSENTATION D'UN NOUVEAU FLACON POUR DOSER L'OXYGÈNE 
ET L'ANHYDRIDE CARBONIQUE DU SANG, 


par RaouL BAYEUx. 


En 1902, Haldane et Barcroft ont élabli une méthode et un appareil 
qui permettent de doser l'oxygène et l'anhydrique carbonique sur un 
même échantillon de 4 c.c. de sang. 

On sait que cette méthode est basée sur la mise en liberté de l'oxygène 
par le ferricyanure de potassium, et du gaz carbonique par l'acide tar- 
trique. 

L'appareil se compose d’un flacon de verre relié à un manomètre à 
air libre dont l'élément mobile est de l’eau teintée. Le flacon se ferme 
par un bouchon de verre auquel est suspendue une petite cupule. 

Pour effectuer un dosage, on sépare le flacon du bouchon, qui reste 
suspendu à l’une des branches du manomètire, l’autre branche commu- 
niquant avec l'atmosphère. Dans la cupule, on verse le premier réactif, 
puis on projette dans le flacon une solution d'ammoniaque au fond de 
laquelle on pousse le centimètre cube de sang rendu incoagulable. On 
ré init le flacon au bouchon et on le porle dans une masse liquide, 
maintenue à une température constante; lorsque le flacon s'est équi- 
libré à la température du bain, on incline horizontalement ce flacon pour 
déverser le réactif dans la dilution ammoniacale du sang, et on agite le 
tout jusqu’à ce que la dénivellation du manoimètre reste stable. On 
calcule alors le volume de l'oxygène dégagé d'après cette dénivellation. 

Pour doser l’anhydride carbonique, on sépare de nouveau le flacon 
d'avec le bouchon, et on emploie le second réactif, qui produit un nou- 
veau changement de niveau. 

Ayant employé cet appareil, avec son flacon primitif, dans une longue 
série de dosages des gaz du sang, à l'Observatoire du Mont-Blanc, en 
1913, avec M. Paul Chevallier, nous lui avons reconnu plusieurs incon- 


716 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


vénients, et j'ai sit fabriquer par M. Mechling un nouveau Hagen que je 
présente aujourd'hui à la Société de Biologie, 

Les inconvénients que nous avons notés avec l'ancien flacon sont les 
suivants : 4° la disjonction du bouchon rend assez fréquente la chute 
du flacon pendant les expériences ; 2° l’inclinaison à l'horizontalité qu’il 
faut imposer au flacon détermine parfois la projection du mélange dans 
la concavité du bouchon, ce qui peut fausser l'analyse ultérieure du 
gaz carbonique ; 3° les manœuvres d'’agitation du flacon nécessitent le 
contact des doigts avec ses parois, ce qui échauffe Fa masse gazeuse et 
retarde la stabilisalion de la température. 


Le flacon que je présente forme une seule pièce avec le tube quile 


DÉPOSÉ 


Flacon de Raoul Bayeux pour doser les gaz du sang. 


relie au manomètre. Son goulot est placé horizontalement sur sa face 
latérale et le bouchon vient s’y placer dans un cône rodé. Ce bouchon 
porte dans son prolongement une cupule horizontale dans laquelle on 
versera les réactifs. Grâce à ce dispositif, le sang ayant été introduit 
dans le flacon et la cupule étant remplie de réactif, on introduit le 
bouchon dans la tubulure latérale, la eupule étant dirigée en haut, et 
lorsque la température est stabilisée dans le bain liquide, il suffit, 
sans relirer le flacon hors de ce bain, d'imprimer au bouchon une rota- 
tion de 180 degrés pour déverser le réactif dans le liquide à analyser. 
L'agitation se fait au moyen du tube terminal du flacon sans porter les 
doigts sur le flacon lui-même. 


Plusieurs savants : Mosso et Marro en 1903, Brodie en. 148910, et 
d’autres encore, avaient déjà modifié le flacon primitif de Haldane et 
Barcroft, mais leurs appareils laissaient subsister l’amovibilité du 
bouchon supérieur : celui que je présente nous à paru, à plusieurs expé- 
rimentaleurs el à moi, réaliser un progrès sur les flacons anciens. 


En T) r EN A à RE # K TE s; RE LS nt 
PRE DE NE ONE PE LT RO PO NE PRES AIS VU NOR PS LE TE ST TE 7 Ie EE à 


Fe NT PP ER TE CU AMEN TETE À EU es TETE D PUIS SERRE à PE Se A 


2 
à 


= 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 


= 


ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE. 
Liste de présentation. 


Première ligne : M. Piéron. 
Deuxième ligne : Ml: Loyez. 
Troisième ligne : MM. Ambard, Chatton, Sacquépée, Terroine. 


Vote. 
Votants : 58. 


M. Piérones 2 ee UE" “obtient 2299. voix. Élu: 


Me PONTOISE sm LEE Dern = 6 — 
MESA DAT dE he MerUre ee = 4 — 
MS ROZ Eee per, 2 —— 4 — 
M: Armand-Delille.-. .,.:.:... =: 3. — 
ME SACHDEPDÉE dm Le: — De 


M. Laignel-Lavastine : . . ... — 2 
MÉDOC SES AN re Ur — 1 — 
Me avale case dE Rent ali — 4 
MONTASS ONE RATE RTS — | 


718 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 


ÉLECTIONS DE FIN D'ANNÉE 


F 


4° ÉLECTIONS DE 7 MEMBRES DU BUREAU 
ET DE 2 MEMBRES DU CONSEIL POUR L'ANNÉE 191 


Votants : 37. 


a)  Vice-présidents : MM. P. MaRCHAL.'. . . ..: . . 37 
ES MARTIN EM 25 0 
DESGREZ PES RME EEE 

DirAwchidistese Me NICEOUX A SR or 

c) Secrétaires ordinaires : MM. CLERc . . . . . . . 37 

LEGENDRE |. : . . . 37 

PINOYS Ca ne ee gT 

RATER EP OT 

d) Membres du conseil: MM. HALLION . . . . . . . 37 
MESNIL Er ES er 


2° ÉLECTIONS DE 3 MEMBRES DE LA COMMISSION CHARGÉE DE DRESSER 
LA LISTE DE PRÉSENTATION AU TITRE DE MEMBRES HONORAIRE, 


ASSOCIÉ ET CORRESPONDANT. 


Votants : 37. 


MMise ACHAT. CUS OR A PE OT AN DIX 
CAMUS AE) A ER SR MONDE 
NIGLOUX LA TRE RAR ER NS EN OIXS 


30 ÉLECTIONS D'UN MEMBRE HONORAIRE, D'UN MEMBRE 
ET DE 14% MEMBRES CORRESPONDANTS. 
Membre honoraire : 
Votants : 54. 
Ma "ÉRRLICH, Mn NE RMS bo 2. it ter DE TOTXS 
Membre associé : 


Volants : 54. 


MA BUTSCHED EAP Re RS DEV RS 


4. 


voix. Élu. 
voix. Élu. 
VOIX. 

voix. Élu. 
voix. Élu. 
voix. Élu. 
voix. Élu. | 
voix. Élu. _. 
voix. Élu. 
voix. Élu. 


ÉTOILES ER PA AS 


NET TAN 


Élu. 
Élu. 
Élu. 


ASSOCIÉ 


Élu. 


Élu. 


SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 


Membres correspondants : 


Votants : 54. 


MM. P. CourMmonr. 
HAMBURGER . 
RSHERTWIG cr te 
LEFÈVRE . 
METALNIKOv. 

VAN DER STRICHT . 
CANTACUZÈNE . 
LAMBERT. 

MOREL. 

STARDINGA SR 7e mp 
POLICARD . 
PELSENEER 
WILLSTATTER . 
ZUNTZ. 

TARASEVITCH 

ALEZAIS. 

ANCEL 

BRACHET . 

GÉVNEBLT RSR Ses, 
JULIN . 

ÉALOU TT. 
ROMITI . 


Prix Laborde : 


PRIX DÉCERNÉ EN 1913. 


M. AMBARD. 


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NoTE DE Ca. A, Frasgors-Franon. ie 


NOTE DE. A: a Le as 


T. nn page 646, ne o, au lieu de : On voit, ire : : On sait. 


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Le Gérant : OGTAVE PORÉE. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


TABLE DES MATIÈRES 


PAR NOMS D'AUTEURS 


ANNÉE 1913. — DEUXIÈME SEMESTRE. 


A 


Abrami(V.). Voir Widal (F.). 

Achalme (P.). À propos du bacille du 
rhumatisme articulaire aigu, 82. 

Achard (Ch.) et Desbouis (G.). L'ana- 
lyse des gaz du sang veineux pour la 
recherche de l’utilisation des sucres, 125. 

Alezais (H.) et Mattei (Gh.). L'atro- 
phie thyroïdienne chez les athrepsiques, 
667. 

Andouard (P.. Voir Gouin (A.). 

Arlo (J.). Essai de séparation des sen- 
sibilisatrices, 8€. 

Arlo (J.) et Certain (F.) Formation 
des hémolysines dansle sang des animaux 
préparés. Influence des injections répétées 
d'hématies sur le pouvoir hémolytique, 
352 ; t. LXX VI, 44. 

Arthes (Maurice, Anesthésies par 
le protoxyde d'azote, 408. 

Athanasiu (I) et Dragoiu. Sur les 
capillaires aériens des fibres musculaires 
chez les insectes, 578. 

Aubel (E.) et Colin (H.). Action des 
sucres sur la fonction pigmentaire du 
bacille pyocyanique, 25. 

Auché (B.). Le lait des femmes tuber 
culeuses, 594. 

Auché et Portmann. Réaction de 
l'antigène appliquée à l'étude des ditfé- 
rents types de bacilles tubereuleux et à 
celle des laits tuberculeux, 71. 

Aurel. Voir Babes (V.\. 

Aynaud (Marcel). Sur le rôle des 
- sels dans la rétraction du caillot, 385. 


B 


Babes (A.). Voir Babes (V.). 
Babes {V.), Aurel et Babes :A.). Un 


Brococre. Tapres. — 1913. T. LXXV. 


cas de maladie de Gaucher, avec grandes 
cellules éosinophiles, 575. 

Babinski (J.) et Weill (G.-A.). Mou- 
vements réactionnels d’origine vestibulaire 
et mouvements contre-réactionnels, 98. 

Battez (G.). Voir Wertheimer (E.. 

Bayeux (Raoul). Présentation d'un 
nouveau flacon pour doser l'oxygène et 
l’anhydride carbonique du sang, 715. 

Beauverie (J.). Corpuscules métachro- 
matiq es et phagocytose chez les végé- 
taux: 22807 

Béguet 'M.). Voir Sergent (Edim. et 
Et.). 

Belin (Marcel). De l'action des oxy- 
dants sur l'évolution des maladies infec- 
tieuses. (Troisième note.) Fièvre typhoïde 
expérimentale, 134. — Culture du virus 
vaccinal ên vitro, 548. — De l’action des 
oxydants sur l'évolution des maladies in- 
fectieuses (Quatrième note), 506, 573. 

Belonovsky (G.-D.). Sur la prolonga- 
tion de la vitalité du bacille bulgare, 374. 

Bénard (H.). Voir Gilbert (A.). 

Bertrand(D.-M.) et Feigin (M: Bro- 
nislawa). Contribution à l'étude de la 
flore bactérienne des infections utérines, 
61. 

Bertrand (D.-M.) et Valadier (C.- 
A.). Essai de traitement des pyorrhées 
alvéolaires par les virus-vaccins, 432. 

Besnoit (Ch.) et Robin (V.). Les 
réactions cellulaires dans la sarcospori- 
diose cutanée, 357. — Sur l’histogénèse 
du tubercule, 442. 

Bierry (H.), Feuillié (E., Hazard 
(R.) et Ranc (A.). Dosage des acides ami- 
nés 129 

Bith (H.). Voir Labbé (M.. 

Bloch (Marcel) et Vernes (Arthur. 
Les lymphocytes du liquide céphalo-rachi- 
dien normal, 319, 

Bobeau (G.). Importance des affections 
mycosiques en Cochinchine (Note préli- 
minaire), 69. 


19 


129 BONNEFON — CHATTON 


Bonneîfon et Lacoste. Nouvelles re- 
cherches expérimentales sur la transplan- 
tation de la cornée et l’évolution histolo- 
gique des greffons, 596. 


Bonnier (Pierre). Sons, tons et bruits, 


685. 

Bordet (E.), Donzelot (E.)et Pezzi 
(G.). Sur un cas d'alternance cardiaque 
mécanique et électrique observée chez 
l'homme, 468. 

Bordet (J.) et Delange (L.). Injec- 
tions intraveineuses de cytozyme et coa- 
gulabilité du sang, 168. 

Borrel (A.). Réseau fondamental pig- 
mentaire chez Alytes obstetricans et appa- 
rition des cellules pigmentaires, 139. — A 
propos du système pigmentaire chez Alytes 
obstetricans, 211. 

Bosc (F.-J.). À propos de la note de 
M. Achalme, au sujet de nos recherches 
sur le rhumatisme articulaire aigu, 332. 

Bose (F.-J.) et Garrieu (M.). Corpus- 
éules ultramicroscopiques et filtrants dans 
le rhumatisme articulaire aigu, 1. 

Bourauelot (Em.), Hérissey (H.) et 
Coirre (J.). Synthèse biochimique d'hexo- 
biose par action de l’émulsine des aman- 
des sur le glucose, 182. 

Boveri (Pierre). Lésions aortiques 
d'origine syphilitique chez le singe, 102. 

Breton (M. Voir Massol (L.). 

Briault (Paul-L.) et Gautrelet 
(Jean). Contributions à l'étude des phé- 
nomèves circulatoires dans l’anaphylaxie 
adrénalique. (Deuxième note), 105. Voir 
Gautrelet (J.). 

 Brissaud (Et:). Voir Widal (F.). 

Broquin-Lacombe (A.). Sur un ca- 
ractère différentiel entre Bacillus mesen- 
tericus niger et Bacillus lactis niger, 598. 

Broughton-Alcock et Tzanck (A.). 
Un cas de réaction locale précoce au cours 
de la vaccination antigonococcique, 54. 

Busquet (H.). Modification, sous l’in- 
flaence de la pilocarpine, de la réaction 
ventriculaire consécutive à la fibrillation 
des oreillettes, chez le chien, 287. 

Busquet (H.) et Tiffeneau (M.). Sur 
l'augmentation d'amplitude des postex- 
trasystoles après les contractions supplé- 
mentaires interpolées, 142, 230. 


C 


Galmette (A.) et Massol (L.) Auti- 
gènes et anticorps tuberculeux. Réaction 
d’inhibition, 160. 

Camus (Jean). Recherches sur la ré- 


gulation thermique. Mort par arrêt de la 
polypnée thermique, 421. — Rapport sur 
le prix de la fondation Laborde en 1913, 
491. 

Camus (Jean) et Porak (René). 
Ablation rapide et destruction lente des 
capsules surrénales, 262. 

Camus (Jean)et Roussy (Gustave). 


Hypophysectomie et polyurie expérimen- 


tales, 483. — Polyurie expérimentale par 
lésions de la base du cerveau. La polyurie 
dite hypophysaire, 628. 

Camus (L.). À propos de la vaccina- 
tion préventive contre la varicelle, 344. — 


Appareil pôur remplir les tubes de vaccin, 


649. — De l'emploi des anesthésiques pour 
la purification des vaccins, 696. ù 
Carnot (P.). Sur l'hyperplasie com- 


pensatrice du rein après action de divers 
agents thérapeutiques, 8. — Remarques à. 


propos de la communication de Mie 
Krongold, 257. De l’action des selles 
diarrhéiques sur le péristaltisme intesti- 
nal, 614. | 
Carnot (P.)et Dumont (J.). Influence 
de divers liquides perfusés sur la survie 
de la muqueuse gastro-intestinale, 112. 
Carrié (P.-A.). Voir Enriquez (E.). 
Carrieu M.) Voir Bosc (F.-J.). 
Caullery (M... Présentation des Œu- 
vres diverses de À. Giard, 30. — Présen- 
tation des Problèmes de la sexualité, 379. 
Certain (B.). Voir Grysez (V.). 
Chabrol (E.). Voir Gilbert (A.). 
Chaine (J.). Observations sur le danger 
du transport des bois et meubles ter- 


‘mités, 401. 


Champy (Ch... A propos des corps 
réduisant les mélanges d’iodures alcalins 
et de tétroxyde d’osmium. (Réponse à 
M. Fauré-Fremiet}, 145. — Réapparition 
d'une prolifération active dans des tissus 
différenciés d'animaux adultes cultivés en 
dehors de l'organisme, 532. — Nouvelles 
observations de réapparition de la proli- 
fération dans les tissus d'animaux adultes 
cultivés en dehors de l'organisme (Note 
préliminaire), 676. 

Chapchev (K.). Sur les propriétés de 
certaines précipitines agissant sur des al- 
bumines dénaturées (Première communi- 
cation), 651. — Sur les propriétés des pré- 
cipitines obtenues par l’immunisation de 
lapins par les albumines musculaires dé- 
naturées (Deuxième communication), 658. 

Chatton (Edouard). Coccidiascus Le- 
geri, n. g., n. sp., levure ascosporée para- 
site des cellules intestinales de Drosophila 
funebris Fabr., 117. — Culture de quelques 
protistes marins. Amibes cystigènes el 
acystigènes, 178. Voir Mesnil (F.). 


CHAUCHARD —- 


DUMONT 723 


Chauchard (A.). Voir Ghauchard 
(M me), 

Chauchard (Me), Chauchard (A. 
et Portier (P.). Sur la tension superfi- 
cielie des liquides digestifs d’invertébrés, 
116. 

Chaussin (J.). Jeu compensateur des 
concentrations uréiques el chlorurées dans 
l'élimiuation urinaire, 412. 

Chevallier (P.) Voir 
(P.). | | 

Giuca (A.). Voir Weinberg (M.). 

Claude (Henri) et Rouïillard (J.). 
Racbitisme expérimental chez de jeunes 
animaux issus de procréateurs éthyroidés, 
640. 

Goirre (J.). Voir Bourquelot (Em. 

Colin (H.). Voir Aubel (E.). 

Gollignon. Voir Ollive. 

Gollin (R.). Les relations des corps de 
Nissl et des neurofbrilles dans la cellule 
nerveuse, 600. 

Comandon (S.) et Jolly (F3.). Démons- 
tration cinématographique des phéno- 
mènes nucléaires de la division cellulaire, 
HET. 

Gonseil (E.). Voir Nicolle (Ch.). 

Constant. Voir Dejust. 

Gourmont (Paul) et Dufourt (A.). 
Action des métaux ou métalloïdes colloï- 
daux sur lescultures homogènes du bacille 
de Koch, 454. 

GCruveilhier (Louis). Traitement du 
rhumatisme blennorragique aigu, aumoyen 
de la méthode des ‘virus-vaccins sensibi- 
lisés de Besredka, 2. — ‘Traitement du 
rhumatisme blennorragique chronique, au 
moyen de la méthode des virus-vaccins 
sensibilisés de Besredka, 67. — Traitement 
de la blennorragie chez la femme par la 
méthode des virus-vaccins sensibilisés de 
Besredka, 416. — Traitement de la cystite 
blennorragique au moyen de la méthode 
des virus-vaccins sensibilisés de Besredka, 


Emile-Weil 


D 


Daumézon G.). Sur un germe mi- 
crobien isolé d'une ascidie alimentaire, 665. 
Dauphin. Voir Labbé (M.). 
Dawydoïff (C.). La théorie des feuil- 
lets embryonnaires à la lumière des don- 
nées de l’embryologie expérimentale, 541. 
Debré (Robert)et Paraf (Fean).bases 
expérimentales de la sérothérapie antigo- 
nococcique. I. Ophtalmie expérimentale du 
lapin. Son traitement par un sérum spéci- 
fique, 512. — II. Méningite cérébro-spinale 


aiguë déterminée chez le singe. Son traite- 
ment par le sérum antigonococcique, 536. 

Dejerine (J.). Le syndrome des fibres 
radiculaires jiongues des cordons posté- 
rieurs, 554. 

Dejust et Constant. Conditions d'ap- 
parition de sucres réducteurs dans les ma- 
tières fécales, 354. 

Delange (1..). Voir Bordet (J.. 

Delanoë (P.). De la broncho-pneumo- 
nie chronique des rats, 322. 

Déribéré-Desgardes (P.). Voir Mar- 
tini (M.). 

Desbouis (G.). Voir Achardä (Ch. 

Desroche (P.). Voir Matruchot (L.). 

Dévé (F'.). Echinococcose secondaire 
embolique périphérique, 100. 

Dévé (F.) et Guerbet (M.). Nouveau 
cas de suppuration gazeuse spontanée d'un 
kyste hydatique du foie avec présence 
exclusive d’un microbe strictement anaé- 
robie, 627 

Dhéré (Ch.). Sur l'emploi des réseaux 
de diffraction dans l'étude photographique 
du spectre d'absorption de l’oxyhémoglo-- 
bine, 23, 146. 

Distaso (A.). Sur la production de 
l'indoi par le B. coli en milieux au trypto- 
phane et sucrés, 200. 

Distaso (A.) et Martinez (J.). Une 
méthode pour étudier les propriétés biolo- 
giques des microbes anaérobies, 201. 

Dominici (H.), Laborde (Mme 4.)et 
Laborde (A }. De la fixation, par le sque- 
lette, du radium injecté à l’état soluble. 
108. 

Donzelot (E.). Voir Bordet (E.). 

Dopter. Présentation d’un Manuel de 
bactériologie. 

Dragoiu. Voir Athanasiv. 

Duboscq (Q.). Voir Léger (L.). 

Dubuisson Maurice). Sur le calcul 
de l'angle de déviation dans une figure 
d'illusion d'optique, 132. — Déviation de 
la ligne de marche après passage d’un 
obstacle, 350. 

Ducloux (D.). Sur la vaccination anti- 
claveleuse par le claveleau chauffé, 380. 

Dufour (M.). Sur le centrage des verres 
de lunettes {Première note), 601. 

Dufourt (A.). Voir Courmont (P.). 

Duhamel (B.-G.). Action comparée des 
injections intraveineuses de métaux colloï- 
daux électriques et de sels métalliques sur 
le cœur du lapin, 253. 

Dumas (Julien) et Pettit (Auguste). 
Lésions trachéales provoquées par des 
lipoïdes extraits du bacille diphtérique, 
440. 

Dumont (J.). Voir Carnot (P.) 


124 


Ë 


Emiie-Weil (P.) et Ghevallier (P.). 
influence de certaines solutions salines et, 
en particulier, de la solution isotonique 
de chlorure de sodium, sur les propriétés 
lytiques du sérum chez un malade atteint 
d'hémoglobinurie paroxystique, 475. 

Enriquez (Ed), Weil (Mathieu- 
Pierre) et Carrié (P.-A.). Note prélimi- 
naire sur la recherche d'anticorps dans le 
liquide céphalo-rachidien des cancéreux, 
310. 


F 


Fauré-Fremiet (E.). À propos des 
« lyosomes » de M. Champy, 30. — La 
segmentation de l'œuf d’Ascaris au point 
de vue énergétique, 90. — A propos des 
lyosomes. Réponse à M. Champy, 158. — 
Sur les « nématocystes » de Polykrikos et 
de Campanella, 366. 

Feigin (Mi: Br.) Voir 
(D.-M.). 

Fenis (F. de). Voir Retterer (Éd). 

Feuillié (E.). Voir Bierry (H.), Mar- 
fan. 

Fiessinger (Charles et Noël). Evolu- 
tion comparée de la tension artérielle et 
de la constante d’Ambard chez les néphro- 
scléreux, 366. 

Fiessinger (Noël) et Roudowska 
(L.).Dissemblances anatomo-pathologiques 
de la cirrhose biliaire de l'homme et de la 
cirrhose biliaire expérimentale : 10 L'ic- 
tère (Première note), 470. —20 La cirrhose 
(Deuxième note), 524. 

Filderman (1.). Autoclave électrique, 
196. 

Flourens (P.) et Gerber (C.). Action 
physiologique :des latex. IV. Injections 
sous-cutanées de trypsine de Calotropis 
procera RBr chez le rat blanc, le lapin et 
la poule, 495. — VII. fntoxication aiguë 
produite par l'injection sous-cutanéé de 
trypsine de Calotropis procera RBr chez le 
cobaye, le pigeon et les animaux à sang 
froid; sa cause, 497. 

Francçois-Franck (Ch.-A.). Recher- 
ches anatomo-physiologiques sur le cœur et 
l'appareil circulatoire des Poissons et des 
Mollusques céphalopodes. 1. Cœur et cir- 
culation coronaire des Sélaciens, 617, 720. 
— ÎE Cœur de la torpille et du congre. 
{(Chronophotographies des pièces anatami- 
ques), 688. 


Bertrand 


ÉMILE-WEIL — GILBERT 


Frenkel (M.). Créatinine et hypobro-. 


mite, 11, 230. 
Frouin (Albert), Mayer (André) et 

Rathery (G.). Sur les etfets des ligatures 

temporaires des veines rénales, 528. 


G 


Galippe offre à la société divers ou- 
vrages, 674. 

Gautier (G1.). L'évolution physiologique 
des acides aminés dans l'organisme de la 
grenouille. 1. Expérience avec le glyco- 
colle, 305. — Sur la gluvosurie adrénali- 
nique chez la grenouille, 339. — Suc hépa- 
topancréatique antithrombique des crus- 
tacés et coagulation du fibrinogène par la 
chaleur à 56 degrés, 610. — Glucosurie par 
la pilocarpine chez la grenouille. Impor- 


tänce de la voie d'introduction du poison, 


691. 

Gautrelet (Jean) et Briault (Paul- 
L.). Influence de l'adrénaline sur l’anes- 
thésie par le chroralose (Première note), 40. 
— De l'obtention à l’aide de la thivnine de 
réactions cardio-vasculaires Caractéristi- 
ques d'une injection antérieure d'adréna- 
line (Troisième note), 206. Voir Briault 
(P.-L.). 

Géraudel (E.). Voir Rénon (L.). 

Gerber (C.). Digestion des laits cru et 
bouilli par les caséases du latex desséché 
de Vasconcelleu quercifotia, de la papayo- 
tine Merck et de la trypsine animale Merck. 
Comparaison avec les présures corres- 
pondantes, 141. — Action du bichlorure 
de mercure, de l’iode et de l'eau oxygénée 
sur la digestion de la caséine et de la 
fibrine par les caséases et trypsines dulatex 
desséché de Vasconcellea quercifolia, de 
la papayotine et de la tryp-ine animale. 
Comparaison avec les présures correspon- 
dantes, 149. 

Gerber (C.) et Guiol (H.). Les lipases 
des pancréatines des latex de Ficus carica 
et de Broussonelia papyrifera, 151. Voir 
Flourens. 

Giaja (J.). Influence des produits de 
dédoublement de l’amygdaline sur le rap- 
port dans lequel ceux-ci apparaissent au 
cours de l'hydrolyse diastasique de ce glu- 
coside, 33, 230. 

Gilbert (A.), Ghabrol (E.) et Bénard 
(Henri). Dissociation des substances hémo- 
lysantes et antihémolytiques par la mé- 


thode « des hématies sensibilisées et 
lavées », 514, 
Gilbert (A.), Gutmann (R.-A.) et 


Tzanck. Note sur une des conditions dif- 


| 
| 
à 
L 
| 


GILBERT — JOLLY 


725 


férentes de formation des bruits et des 
sons, 106. — Les bruits n'ont pas de to- 
 nalité, 570. 

-Gilbert (A), Villaret (Maurice) et 
Pichancourt (M.;. Contribution à l'étude 
du syndrome d'hypertension portale. Note 
sur les rapports de la pression ascitique et 
de la tension artérielle au cours des cir- 
rhoses alcooliques, 223. 

Gimel (G.). Voir Sartory (A.). 

Glagolev (P.). Voir Slovtzov (B.). 

Gompel M). Voir Stassano (N.. 

Gouin (André) et Andouard (P.. 
De l'influence du sucre sur la digestion de 
l'azote, 550. 

Grünbaum (M'e S.). Sur la cellule cal- 
cigère et ses corpuscules dans le foie 
d'Helir, 208. 

Grysez (V.). influence des inhalations 
répétées de bacilles tuberculeux virulents 
ou modifiés sur l’évolution de la tubercu- 
lose chez le cobaye, 219. Voir Massol (L.). 

Grysez (V.) et Certain (B.). Sur la 
vaccination contre la peste par la voie 
conjonctivale à l'aide de bacilles sensibi- 
lisés vivants. 281. 

Guerbet (M.). Voir Dévé (F.). 

Guillemard H.) et Regnier (Gr.. 
Recherches sur les variations de la pres- 
sion artérielle en haute montagne, 342. 
Voir Hugounenq (L.). 

Guiiliermond (A.). Sur la significa- 
tion du chromatophore des algues, 85, 
284. — Nouvelles remarques sur la signi- 
fication des plastes de W. Schimper par 
rapport aux mitochondries actuelles, 436. 
— Quelques remarques nouvelles sur la 
formation des pigments anthocyaniques 
au sein des mitochondries, à propos d’une 
note récente de M. Pensa, 478. — Nou- 
velles observations sur le chondriome de 
l’'asque de Pustulariavesiculosa. Evolution 
du chondriome pendant les mitoses et la 
formation des spores, 646, 720. 

Guiol (H.). Voir Gerber (C.). 

Gutmann (R.-A.). Voir Gilbert (A.. 


H 


Hazard (R.). Voir Bierry (H.. 
Henri Victor). Remarques à propos 
de la commuuication de A. Gilbert, 
Tzanck (A.) et Gutmann (R.-A.), 571. 
Henri (Victor)et Wurmser (René). 
Considérations générales sur l'action des 
coferments et des poisons de ferments, 
226. 
Hérissey 
(Em... 


(H.). Voir Bourquelot 


Hugounengq (LL. et Guillemard 
(H.). Recherches sur l’action biochimique 
de la lumière polarisée, 341. 


Iliine (M.-D.). Sur la physiologie du 
gésier, 293. 

Ionesco-Mihaïesti (G.). Sur la toxi- 
cité du sérum de lapin immunisé et sur 
ses relations avec les phénomènes d’ana- 
phylaxie (Troisième communication), 236. 

Iscovesco (H.). Poids normaux ab- 
solus et relatifs de quelques organes et 
de quelques glandes à sécrétion interne 
chez le lapin, 252. — Croissance normale 
des lapins, 311. — Action physiologique, 
en particulier, sur la croissance d’un li- 
poide (IIBa) extrait de la thyroïde, 361. — 
Action d'un lipoïde (VDc), extrait de l'o- 
vaire, sur l'organisme, 393. — Action phy- 
siologique d’un lipoïde (II Bd) extrait du 
testicule, 445. — Contribution à la phy- 
siologie du lobe antérieur de l’hypophyse. 
Le lipoide (11 8d) du lobe antérieur, 450. 
— Sur les propriétés d’un lipoïde (11 Bd) 
extrait de la partie corticale des capsules 
surrénales, 510. — Propriétés physiolo- 
giques d’un lipoïde (II Bd) extrait de la 
partie médullaire des capsules surrénales, 
548. — Propriétés physiologiques d'un 
lipoïde (IL Bb) extrait du pancréas, 681, 

Ivanov (E.). Expériences sur la fécon- 
dation artificielle des oiseaux (Première 


communication), 311. — Expériences sur 
la fécondation artificielle des oiseaux 
(Deuxième communication), 313. — Sur la 


fécondité de Bison bonasus X Bos laurus 
(Bonasotauroides), 316. 


Jacobson (Gr.). Réaction inflamma- 
toire à l'occasion d’une nouvelle vaccina- 
tion, au niveau d’une cicatrice vaccinale 
datant d’un an, 236, 

Javal (A.). Recherches sur la tension 
artérielle dans l'air comprimé, 413. 

Joleaud (A.). I. Considérations sur la 
dispersion des espèces appartenant au 
genre Scillælepas, 153. 

Jolly (J.). Modifications de labourse de 
Fabricus à la suite de l’irradiation par 
les rayons X, 120. — L'involution physio- 
logique de la bourse de Fabricius et ses 
relations avec l'apparition de la matu- 
rité sexuelle, 638. Voir Gom andon (J.) 


JOSUÉ — LYTCHKOWSKY 


Josué (M.). Présentation de l'ouvrage 
intitulé : Localisation cardiaque, 240. 
Julien (A.). Voir Rubinstein (M... 


K 


Karaffa-Korkoutt.Sur quelques chan- 
gements dans le sérum sanguin, provo- 
qués par l'introduction de mellin food 
dans l'organisme animal, 41. 

Kling (Garl). Vaccination préventive 
contre la varicellé, 264. 

Krolunitsky (G.-A.). Première note 
sûr la leucocytolyse digestive. La leuco- 
cytolyse psychique, 14, — Deuxième note 
sur la leucocytolyse digestive. La leuco- 
cytose consécutive à l'absorption des li- 
quides  injectés dans le rectum, 308. — 
Troisième note sur la leucocytolyse diges- 
tive. Marche de la leucocytose après injec- 
tion intrarectale d'aliments combinés avec 
un repas et une excitation psychique, 333. 
— Quatrième note sur la leucocytolyse di- 
gestive. Moment d'apparition de la leuco- 
cytose digestive chez le chien suivant les 
aliments et dans les repas répétés, 394. — 
Cinquième note sur la leucocytolyse di- 
gestive. La leucocytolyse provoquée par 
l'excitation électrique du nerf pneumogas- 
trique, 465. — A propos de la note de 
M. Manoukhine sur la leucocytolyse diges- 
tive, 522. — L'irradiation du foie chez le 
chien et ses effets sur la leucocytolyse di- 
gestive, 625. 

Krongold (Sophie). Note sur la trans- 
pfantation de l'intestin d'embryon du rat 
sous la peau de l’animaladulte de lamême 
espèce, 255. 


L 


Labbé (Henri) et Vitry (Georges). 
Application de la méthode de Grimbert à 
l'étude de l'acidité urinaire chez les tuber- 
culeux, 530. 

Labbé (Marcel) et Bith (Henry). 
L’azote litrable au formol dans le sérum 
sanguin et ses variations, 398. 

Labbé (Marcel) et Dauphin. L'azote 
colloïdal urinaire. Son origine et sa signi- 
fication clinique, 391. 

Laborde (A.). Voir Dominici (H.). 

Lacoste. Voir Bonunefon. 

Lafon (G.). Sur le passage de la sécré- 


tion interne du pancréas du fœtus à la 


mère, 266. 
Laguesse'(E.). À propos des « ilots à 


Î 


hématies » du pancréas, 79. — Sur l'ori- … 


gine embryonnaire des lamelles de sub- 
stance conjonctive fondamentale hyaline 
chezla torpille, 337. : 

Lanzenberg (A.). À propos ca dosage 
des acides aminés, 708. 

Lapicque (Louis). Sur lisoioleme 
de la fibre musculaire striée, 35. 

Launoy (£L.) Le fer du sang chez la 
poule normale et dans l'infection par le 
Spirochæta gallinarum Marchoux et Sa- 
limbeni, 248. 

Launoy (L.) et Lévy-Bruhl (IM.). 
Sur l’anémie observée chez la poule au 
cours de l'infection par le Spirochæta 
gallinarum, 250. — L'infection spirillaire 
chez les poules éthyroïdées: pouvoir vac- 
cinant de leur sérum, 332. 

Lebailiy (G.). Sur les spirochètes de 
l'intestin des Oiseaux, 389. 

Lécaillon (A.). 


gènes, des oocytes contenus dans l’ovaire 
des Collemboles (Première réponse à 
MM. Willem et de Winter), 55. 
Legendre (R.). Action de quelques 
chlorures sur les cellules nerveuses des 


ganglions spinaux isolés de l'organisme, 


246, 368. 

Léger (I.) et Duboscæ (O.). Sur les 
premiers stades du développement des 
Grégarines du genre Porospora (= Neima- 
lopsis), 95. 


Lelièvre (Aug). Voir Retterer(Ed.). 


Lesieur (Ch.). et Magnin (L.). Sur 
quelques levures rencontrées dans la pulpe 
vaccinale, 683. 

Le Sourd (L.) et Pagniez 
Recherches sur l’action hypotensive d’ex- 
traits de plaquettes, 214. — D'un rapport 
entre la tension artérielle et la quantité 
des plaquettes du sang chez l’homme, 695. 

Levaditi (G.). Virus de la poliomyé- 
lite et culture des cellules in vitro, 202, — 
Virus rabique et culture des cellules în 
vitro, 505. 

Levaditi (C.), Marie (de Villejuif) et 
Martel (de). Traitement de la paralysie 
générale par injection de sérum. salvar- 
sanisé sous la dure-mère cérébrale, 561. 

Levaditi (C.) et Mutermilch (St.). 
Mécanisme de l’immunité antitoxique pas- 
sive, 92. 

Lévy-Bruhl (M.). Voir Launoy (L.). 

Lienhart (R... Présence en Lorraine 
d'Orchestia bottæ Milne Edw., 603. 

Lucas (A) De l'emploi d'un sérum 
agolutinant pour la recherche du bacille 


de Koch dans les humeurs de l'organisme. 


Technique de l'examen des urines, 509. 
Lytchkowsky et Rougentzoff. De 


Sur la différenciation, . 
en ovules définitifs et en cellules vitello- 


(Ph). 


MAGNE : — 


la toxicité des extraits de poumons d'’ani- 
maux normaux (Première communica- 
tion, 45. — De la toxicité des extraits de 
poumons d'animaux normaux (Deuxième 
communication, 427. — De la toxicité des 
extraits de poumons d'animaux normaux 
(Troisième communication), 173. 


M 


Magne H.). Sur le rôle thermogène 
des organes splanchniques. Influence du 
curare, 452. — Sur le lieu où se produit 
l'évaporation réfrigérante dans la po- 
lypnée thermique, 679, 

Magnin (L.). Voir Lesieur (Gh.). 
Maillard (L.-C.). Présentation de 
Genèse des matières protéiques et des mu- 

tières humiques, ?03. 

Manceaux (L.).Sur les polynucléaires 
éosinophiles hématophages, 240. 

Manoukhine(J.-J.). Sur laleucocyto- 
lyse digestive, 463. 

Marchoux. Remarques à propos de la 
note de M. A. Raybaud, 333. 

Marfan, Feuillié {E.) et Saint-Gi- 
rons (Er.). Contribution à l’étude de la 
cytologie du lait de femme, en dehors de 
la période colostrale. Origine épithéliale 
des cellules du lait normal, 387. 

Marie. Voir Levaditi (C.). 

Marinesco (G.). Sur le mécanisme 
chimico-colloïdal de la sénilité et le pro- 
blème de la mort naturelle, 582. 

Marinesco (G.) et Minea (J.) Rela- 


” tion entre les Treponema. pallida et les 


lésions de la paralysie générale, 231. — Quel- 
ques différences physico-chimiques entre 
les cellules des ganglions spinaux et leur 
axone, 584. 

Marotte et Morvan. L'éosinophilie 
dans la filariose, 241. 

Martel (de). Voir Levaditi (C.). 

Martinesco et Tiffeneau. Action des 
digitaliques sur la diurèse et les vaisseaux 
rénaux, 191. É 

Martinez (J.). Voir Distaso (A. 

Martini (M.) et Déribéré-Desgar- 
des (P.). Sur quelques propriétés chro- 
mogènes d'un Penicillium, 705. 

Massol (L.) et Breton (M.). La bacil- 
Jémie tuberculeuse au cours de l'infection 

expérimentale du cobaye, 455. 

Massol (L., et Grysez(V.). Antigènes 
et anticorps typhiques. Réaction d'inhibi- 
tion, 220. Voir Galmette (A.). 

Masson (P.\. Imprégnation argentique 
du pigment, 210. 


MULON 727 


Massonaat (E.) et Vaney (C.). Etio- 
logie et pupation chez les Diptères pupi- 
pares et les OEstrides, 49. 

Matruchot (L.) et Desroche (P.). 
Sur la végétation sulfureuse de la pièce 
d’eau des Suisses, à Versailles, 611. 

Mattei (Ch... Modifications leucocy- 
taires au cours de l’auto-hématothérapie, 
228. Voir Alezais (N). 

Mayer (A.). Voir Frouin (À.) 

Mayer (André), Rathery (Fr.) et 
Schaeîffer Georges).Action desfixateurs 
chromo-osmiques sur leslipoides des tissus. 
I. Action hylrolysante. Action oxydante, 
136. — IT. Action insolubilisante. — IV. 
Action sur la colorabilité, 214. 

Mawas (Jacques), Mayer (André) 
et Schaeffer (Georges). Action de quel- 
ques fixateurs des cellules nerveuses sur 
la composition chimique du tissu, 560. 

Ménard (Pierre-Jean). Les lipoides 
du B. diphtérique, 4x6. 

Mercier (L.). Recherches sur la sper- 
matogénèse chez Panorpa germanicaL.,605° 

Mesnil (F.), Ghatton (E.) et Pérard 
(Ch). Recherches sur la toxicité d'extraits 
de sarcosporidies et d’autres sporozoaires, 
15e 

Michel (E.). Sur l'emploi des membra- 
nes en collodion, très perméables, dans les 
recherches biologiques, 363. 

Minea (J.) Voir Marinesco (G.). 

Mirande (Marcel). Sur quelques plan- 
tes nouvelles à acide cyanhydrique, 434. 

Morel Albert)et Mouriquand(Geor- 
ges). Comparaison entre le sang du fœtus 
à terme et le sang de la mère au point de 
vue de la répartition naturelle des sub- 
stances azotées (urée, aminoacides, etc.), 
643. 

Morel(L.), Papin (E.)et Verliac (H.). 
Effets de la ligature complète, totale et défi- 
nitive d’une veine rénale, chez le chien, 419. 
— Nouvelle technique pour la production 
expérimentale des hydronéphroses, 482. — 
Sur l'interruption temporaire de la circu- 
lation dans les deux veines rénales, 526. 

Morvan. Voir Marotte. 

Mouriquand (G.) Voir Morel (A.). 

Moycho (Venceslas). Analyse physio- 
logique de l’action des rayons ultraviolets 
sur l'oreille du lapin, 38. — Etude physio- 
logique de l'action des rayons ultraviolets 
sur l'oreille du lapin. Etude de quelques 
poisons. 192. 

Mulon (P.). Processus cytologiques de 
la sécrétion examinés sur pièces fraiches 
ou pièces d’autopsie dans la médullaire 
surrénale, 63. — Disparition des enclaves 
de cholestérine de la surrénale au cours de 
la tétanisation faradique ou strychnique 


s 


7928 MULON — PRINGAULT 


189. — Sur la corticale surrénale des télé- 
osiéens (première note), 702. 

Mulon et Porak (René). Structure de 
surrénales accessoires en état de suppléance 
fonctionnelle, 258. — Structure des cap- 
sules surrénales accessoires chez le lapin, 
313. 

Mutermilch (St.). Voir Levaditi (G 


N 


Nageotte (J.). Note sur la présence de 
fibres névrogliques dans les nerfs périphé- 
riques dégénérés, 122. — Note sur la crois- 
sance des appareils de Schwann à l’extré- 
mité proximale du bout périphérique des 
nerfs sectionnés, lorsque la régénération a 
été rendue impossible, 186. — Structure 
des nerfs daus les phases tardives de la 
dégénération wallérienne. Note addition- 
clle. 620. 

Nègre (IL... Recherches comparatives 
sur la disparition des réactions humorales 
des lapins immunisés avec des bacilles 
typhiques vivants sensibilisés, tués par la 
chaleur et tués par l’éther, 412. 

Neuville (H.). Voir Retterer (Ed.). 

Nicloux (Maurice). Appareil pour 
l'extraction de l’oxyde de carbone du sang. 
Applications, 57. — Présentation de : Les 
progrès de la chimie en 1912, 405. 

Nicolle (Charles) et Conseil (E.). 
Reproductiou expérimentale des oreillons 
chez le singe, 217. 


(@) 


Obregia (A.) et Pitulesco. La séro- 
réaction d'Abderhalden dansla pellagre 587. 

Obregia (A), Urechia (C.-J.) et 
Popeia (A.) Le coefficient uréo-sécré- 
toire d'Ambard dans la paralysie générale, 
586. 

Œchsner de Coninck (W.). Quel- 
ques remarques au sujet de la réaction de 
la murexide, 558. 

Ogawa (M.). Sur un trypanosome de 
Trilon pyrrhogaster, 268. 

Ollive et Collignon. A propos de 
l'épidémie de Cholet, 546. 


P 


Pagniez (Ph. 
Paillard (H.). 


Voir Le Sourd (L.). 
La topographie de la 


pneumonie du sommetchezl'adulte, d’° che 
l'aspect radiologique, 320. 

Papin (E.). Voir Morel (L.). 

Paraf (J.). Voir Debré (R.). 

Paulesco (N.-G.. Origines du glyco- 
gène, 233. — Origines du glycogène. Acides 
gras, glycérine, alcool éthylique (suite), 588. 
— Signification de l’albuminurie, 590. 


Pawlowski (E.). Quelques réflexions 


sur les animaux venimeux, 535. 
Peiseneer (Paul). Un parasite immé- 


diat (Odostomia rissoides) et un parasite 


médiat (Monstrilla helgolandica) de la 
moule commune, 335. 

Pérard (Ch.). Voir Mesnil (F.). 

Pettit (Aug.). Remarques à propos de 
la note de M. P.-J. Ménard, 487, 533. Voir 
Dumas (J.). 

Petzetakis. L'épreuve de l’atropine, du 
nitrite d'amyle et de la compression ocu- 
laire dans les bradycardies totales, 677. 

Pezzi (G.) Voir Bordet (E.) 
Richaud (A.). { 

Phisalix (Mne Marie). Essai d'infec- 
tion sur la Vipère aspic et les Couleuvres 
Tropidonotes avec Hæmogregarina Roulei, 
110. — Formes de multiplication d'Hæmo- 
gregarina Roulei, chez Lachesis alternatus, 
194. 

Pichancourt (M.). Voir Gilbert (A.). 

Pinoy. Remarques à propos de la note 
de MM. L. Matruchct et P. Desroche, 615. 

Pitchouguine. Sur la dégéuérescence 
lécithinique, 294. 

Pitres (Edgard). À propos de la note 
de MM. Ruffer et Crendiropoulo « Sur la 
guérison du tétanos expérimental chez le 
cobaye », 406. 

Pitulesco. Voir Obregia (A.). 

Plantier (A. 
Ét.). 

Popeia (A.). 
Urechia (J.). 

Porak (René). Les modifications du 
sang des veines surrénales après l'injection 
intraveineuse de certains extraits hypo- 
physaires, 693. Voir Gamus (J.), Mulon 
(P.). 

Portier (P.). Du rôle de la tension 
superficielle dans le mécanisme des phé- 
nomènes d'absorption. 114. Voir Chau- 
chard (M":). 

Portmann. Réaction de l’antigène ap- 
pliquée au diagnostic de la tuberculose 
humaine et à celui des laits tuberculeux, 72. 
Voir Auché. 

Pozerski (E.). Des ferments contenus 
dans le suc du fruit du Carica papaya, 507. 

Pringault (E.). Existence en France 
du Trypanosoma vesperlilionis Battaglia, 
663. 


Voir Obregia (A.), 


). Voir Sergent (Edm. et 


Ë ) XL 
5 
nr 77 oui ire TPE 


RACHMANOW 


R 


Rachmanow (A.). Lésions nerveuses 
dans l’anaphylaxie vermineuse et sérique, 
347. 

Ranc (A.). Voir Bierry (H.). 

Ranqgue et Sénez. Appareil pour la 
préparation du vaccin antityphique iodéet 
remplisseur aseptique d’ampoules, 610. 

Rappin. Sur une espèce bacillaire nou- 
velle isolée, en Vendée et dans l'épidémie 
de Cholet, 410. 

Rathery (Fr.)et Terroine (Ém.-F.. 
Mitochondries et graisse décelable histolo- 
giquement dans la cellule hépatique, au 
cours de réyimes variés, 47. Voir Frouin 
(A ), Mayer (A.). 

Raybaud A.).Delabroncho-pneumonie 
chronique des rats. À propos de la note de 
P. Delanoë, 332. 

Regnault (Félix). De l'emploi du mé- 
tronome de poche dans la marche, 283. 

Regnier (G.). Voir Guillemard (H |. 

Reilly (J.). Voir Salin (H.) 

Remlinger (P.). Contribution à l'étude 
de la vaccinothérapie antigonococcique, 
384. 

Rénon (Louis) et Géraudel (E.). 
Richesse du nœud de Keith et Flack et du 
faisceau de His, en fibrilles élastiques, 198. 
— Origine pneumonique inflammatoire des 
lésions nodulaires de la tuberculose pulmo- 
naire, 699. à 

Retterer (Ed.). Méthode et hypothèses 
concernant les îlots de Langerhans (Ré- 
ponse à M. Laguesse), 80. 

Retterer (Éd.) et Fénis (F. de). Des 
disques adhésifs de certaines Chauves- 
Souris, 243. 

Retterer (E@.) et Lelièvre (Aug.. 
Origine et évolution des ilots de Lan- 
- gerhans, 4. — De l’ossification primitive 
du rachis, 424 

Retterer (Éd.) et Neuville (H.). L'os 
pénieu et clitorilien de quelques Félins, 
165. — Du gland des Félins, 314. — De la 
structure du gland de quelques Rongeurs. 
345. — Du gland +t du prépuce de quelques 
chéiroptères, 381. — Structure du gland de 
quelques Carnivores, 564. — Du squelette 
pénien de quelques Mustélidés, 622. 

Richaud (A.) et Pezzi (G.). Cardio- 
graphe à traction et à inscription horizon- 
tale, 51. 

Robin (V.. Voir Besnoit (Ch... 

Roger (H.). Les produits autolytiques 
du poumon ; leur action sur la pression 
sanguine, 12. — Note sur les propriétés de 


— SARTORY 729 


l'albumine contenue dans les expectora- 
tions, 103. 

Rosenthal (Georges). Technique de 
la trachéofistulisation chez le chien et le 
lapin, 224... 

Roubier (Ch. Voir Sarvonat (F.). 

Roudowska (L.. Voir Fiessinger 
(N.). 

Roudsky (D.). Sur la culture aseptique 
de Zeu mais en milieu liquide, où l'azote 
minéral est remplacé dès le début par du 
sérum sanguin du cheval. (Communication 
préliminaire), 276. 

Rougentzoff (D.). De l’immunité 
acquise par les animaux auxquels on fait 
à la queue des vaccinations préventives de 
cultures du microbe de la péripneumonie, 
271. Voir Lytchkowsky. 

Rouillard (J.). Voir Claude (H.). 

Roule (L.) Présentation d'un Traité 
raisonné de la Piscicullure el des Pêches. 
674. 

Roussy (Gustave). Sur les réactions 
cytologiques produites dans les tissus par 
les dépôts locaux de cristaux de cholesté- 
rine (Présentation de imicrophotographies 
en couleurs), 18. Voir Gamus (J.). 

Rubinstein (M.)et Julien (A.). Exa- 
menu des sérums de chevaux atteints d’as- 
caridiose par la méthode d’Abderhalden, 
180. 


S 


Sacquépée (E:.). Propagation des ba- 
cilles d'intoxications alimentaires dans les 
viandes, 490. 

Sagastume (G.-A.) Contribution à 
l'étude des antigènes artificiels dans la 
réaction de Wassermann, 459. 

Saint-Girons (Fr.). Voir Marfan. 

Salensky (W.). Sur le développement 
des salpes, 655. 

Salin (H.) et Reilly (J.) Origine et 
passage des anticorps dans le liquide 
céphalo-rachidien (Première note), 635. — 
Passage et origine des anticorps dans le 
liquide céphalo-rachidien (Deuxième note). 
Reproduction de la dissociation albumino- 
cytologique du liquide céphalo-rachidien 
dans les pachyméningites tuberculeuses 
expérimentales, 711. ; 

Salmon (Paul). Sur le mécanisme de 
la zomothérapie, 541. 

Sartory (A.). Localisation de la mus- 
carine dans Amanila muscaria L. (Fausse 
Oronge), 607. 

Sartory (A. et Gimel (G.). Pouvoir 
antiseptique du perborate de soude associé 


730 SARVONAT — WEINBERG 


à l'iodure de potassium, en présence de 
l’eau, 290. 

Sarvonat (F.) et Roubier (Ch... 
Influence du corps thyroïde sur la miné- 
ralisation du cobaye, 713. 

Schaeffer (G.) Voir 
Mawas (J.). 

Schereschewsky (J.). Essais sur la 
vaccination spécifique de la syphilis (Note 
préliminaire), 222. 

Schiller (J.). Les microbes amylolyti- 
ques de la flore intestinale de l'éléphant, 
304. — Les microbes acidophiles de la 
flore intestinale de l'éléphant, 427. : 

Séguin (P.). Voir Weinberg (M.). 

Sénez et Ranque. Vaccination antity- 
phique par le vaccin iodé. Résultats four- 
nis par 4.000 injections chez l'homme, 669, 
Voir Ranque. 

Sergent (Edm.). Infection de fièvre 
récurrente par les muqueuses chez l’homme, 
185. 

Sergent (Edm. el Et.) Béguet (M. 
et Plantier (A.). Sur la culture in vitro 
du parasite du paludisme d’après la mé- 
thode de Bass, 324. 

Seurat (L.-G.). Sur l'existence d’un 
anneau vulvaire, consécutif à l’accouple- 
ment, chez un nématode, 326, 268. — Sur 
l'évolution du Physocephalus sexalalus 
(Molin), 511. 

Slovtzov (B.), Soudakova (V.) et 
Glagolev (P.). Sur le problème du chi- 
misme de l'action de la présure. (Première 
communication), 537. — (Deuxième com- 
munication), 539. 

Socor |E.). Des échanges respiratoires 
en milieux secs où humides, avec ou sans 
brassage d'air, 488. 

Sokolov. Contribution au problème de 
la régénération des protozoaires. (Première 
communication), 297. — (Deuxième com- 
munication), 299. 

Sorokina-Agafonowa (Mme). Sur les 
modifications du système périphérique 
nerveux chez les insectes, durant la mé- 
tamorphose, 369. 

Soudakova ue Voir Slovtzov (5.). 

Soula (L.-C.). Le mécanisme de l’ana- 
phylaxie. Anaphylaxie et savons (Sixième 
note}, 273. 

Stassano (H.) et Gompel M.) Du 
mode d'action différent de quelques sels 
de mercure, 42. — Des différences dans 
l'action de l’albumine sur la toxicité de 
quelques sels de mercure, 461. — Du pou- 
voir coagulant différent de quelques sels 
de mercure envers l’albumine d'œuf, 633. 


Mayer (A.), 


1e 


Terroine 
(Fr.). 
Thompson (William R.). Sur la spé- 
cificité des parasites entomophages, 520. — 


(Em-F.) Voir Rathery 


La spécificité des parasites entomophages . 


(Deuxième note), 559. 


Tiffeneau. Voir Busquet (H.), Mar- 


tinesco. e 
Troisier offre à la société divers ou- 
vrages, 674. 


Tzank (A.). Voir Gilbert (A.). 


U 


Urechia (G.-J., Voir Obregia (A.}. 

Urechia (J.) et Popeia (A.). La mé- 
thode d'Abderhalden chez les animaux en 
état de tétanie expérimentale, 591. 


V 


Valadier (G.-A.). 
M.). 

Vaney (G.). Voir Massonnat (E.). 

Verliac (H.) Voir Morel (L.). 

Vernes (A.). Voir Bloch (M. 

Vignes (Henri). 
masse hibernante, 360, 400. — Influence 
de la masse hibernale sur diverses intoxi- 
cations (adrénaline — chloroforme — toxine 
tétanique), 397. — Influence de la masse 
hibernale du rat sur quelques fermeuts de 
l'organisme, 418. 

Villaret (M... Voir Gilbert (A. 

Vincent (H.). Remarque sur les vaccins 
antityphoïdiques chauffés, 84. 

Vitry (G.). Voir Labbé (H. 


Voir Bertrand (D.- 


W 


Weïll (C.-A.). Voir Babinski (J:): 

Weill (M.). Voir Enriquez (E.). 

Weinberg. Remarques à propos de la 
communication de M. Manceaux, 241. 

Weïinberg (M.) et Ciuca (A). Re- 
cherches sur l’anaphylaxie hydatique ex- 
périmentale. L’ anaphylaxie hydatique n’est 
pas une anaphylaxie sérique (Quatrième 
note), 21. 

Weinberg (M.) et Séguin (P.). Re- 


L'extirpation de Ia 


Ce DRAC dis ne 


- WLISS — ZELIONY 


131 


cherches sur l'éosinophile et l’éosinophi- 
lie. Propriétés phagocytaires de l'éosino- 
_phile (Troisième note), 170. 

Weiss (Georges). À propos des sons 
et des bruits, 512. 

Weissenbach (R.-J.). Voir Widal 
(ES) 
Wertheimer (F.) et Battez (G.). Sa- 
livation provoquée par augmentatton de la 
pression artérielle, 16. 

Widal (F.), Abrami (P.) et Bris- 
saud (Et.). Recherches sur l'hémoglobi- 
nurie paroxystique « frigore (Première 
note). Etude du processus hémolytique in 
vitro. Action du froid sur la fixation de 
‘la sensibilisatrice et du complément sur 
les hématies, 429. — Recherches sur 
l'hémoglobinurie paroxystique « frigore 
(Deuxième note), Etude du processus 
hémolytique in vitro. Intervention cons- 
tante d’une substance antihémolytique 
dans la réaction typique de Donath et Land- 
steiner, 502. — Recherches sur l'hémoglo- 


bine paroxystique «& frigore. (Troisième 
note). Etude du processus hémolytique 
in vitro. Les anomalies de la réaction de 
Donath et Landsteiner, 651. 

Widal (F.) et Weissenbach (R.-J.). 
Contribution à l'étude des sensibilisatrices 
hémolytiques naturelles du sérum humain. 
Nouvelle technique de recherche de l’iso- 
sensibilisatrice. Résultats de l'examen de 
cinquante sérums normaux et patholo- 
giques, 162. 

Wurmser (R.). Voir Henri (V.). 


Z 


Zeliony (G.-P.). Procédé technique 
pour l'étude de réflexes musculaires con- 
ditionnels (Première communication), 659. 
— Contribution à l'étude de réflexes mus- 
culaires conditionnels (Deuxième commu- 
nication), 661, 


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 


ANNÉE 1913. 


DEUXIÈME SEMESTRE. 


— suivi d'un mot commençant par une minuscule, implique que le mot souche 


est sous-entendu. 


Lorsqu'une page débute par —, le mot souche est encore sous-entendu; Ie . 


lecteur le trouvera au titre courant de la page visée. 


À 


ABCÈS du fie. Voir FOIE. 

ABDERHALDEN. Réaction dans l'as- 
caridiose des chevaux. RuBiNsTEIN (M.) el 
JuLIEN (A.), 140. 

— dans la pellagre. OureGiA (A.) et Prru- 
LESCO, 581. 

— dans la tétanie expérimentale. URECHIA 
(J.) et Popera (A.), 591. 

ABSORPTION. hôle de la tension su- 
perficielle. Porrier (P.), 114. 

AGCOUPLEMENT. Anneau vulvaire 
chez un nématode. SEURAT (L.-G.), 326, 
368. 

ACIDES AMINÉS. Dosage. Brerry (H.). 
Feuizzié (E.), Hazarp (R.) et Ranc (A.), 
129. LANZENBERG (A.), 108. 

- Evolution dans l'organisme de la gre- 
nouille. GAUTIER (CL.), 305. 

— Réaction de la murexide. OECHSNER pr 
Conixck (W.), 558. 

ACIDE -CYANHYDRIQUE. Plantes 
nouvelles. MIirANDE (M.), 434. 

ACIDES GRAS. Pauresco (N.), 588. 

ACIDITE urinaire chez les tuberculeux. 
LaëBé (H.) et Virry (G.), 530. 

ACIDOPHILES. Voir ÉLÉPHANT. 

ADRÉNALINE, Voir SURRÉNA- 
LES. 

AIR COMPRIMÉ. Action sur la ten- 
sion artérielle. JAvAL (A.), 413. 


ALBUMINE des expectorations. RoGer 
(H.),: 103. 

- d'œuf. Pouvoir coagulant différent de 
quelques sels de mercure. SraAssano (H.) 
et GomrEL (M.), 633. 

— Différence dans l’action de la toxicité 
de quelques sels de mercure. SrAssaxo 
(H.) et Gowpeez (M.), 461. 

— dénaturées. Propriétés de certaines 
précipitines. Cuarcnev (K.), 657, 658. 
ALBUMINURIE. Signification. Pau- 

LESCO (N.), 590. 

ALCOOÏ, éthylique. PauLesco (N.), 588. 

ALGUE.Signification du chromatophore. 
GUILLIERMOND (A.), 85, 284. 


| ALIMENTATION. Germe microbien 


isolé d’une ascidie. DauMÉzoN (G.), 665. 

ALIMENTS. Intoxication. SACQUÉPÉE 
(E.), 490. 

ALTITUDE. Voir MONTAGNES. 

ALVÉOLES. Traitement des pyorrhées 
alvéolaires. BERTRAND (D.-M.) et VALADIER 
(G.-A.), 482. 

ALYTES OBSTETRIGANS. Système 
pigmentaire. BOKREL (A.). 139, 211. 

AMANDE. Synthèse des hexcbioses par 
l'action des émulsines sur le glucose. 
BourqueLor (Eu.), Hérissey (H.) et CoiRRE 
(15) 2482" 

AMANITA MUSCARIA. Localisation 
de la muscarine. Sarrony (A.), 607. 

AMBARD. Voir GONSTANTE 
URÉO-SÉCRÉTOIRE. 

AMIBES cystigènes et acysligènes. Cul- 
ture. CHarron (E.), 178. 


À 
À 
à 
| 


AMYGDALINE — BACILLE D'INTOXICATION 


AMYGDALINE. Influence des produits 
de dédoublement. GraJA (J.), 33, 230. 

ANAÉROBIES. Méthode pour étudier 
les propriétés biologiques des anaéro- 
bies. Disraso (A.) et MarrTinez (J.), 201. 

:ANAPHYLAXIE adrénaiique, Phéno- 
mènes @rculatoires. BriauLtr (P.-L.) et 
GAUTRELET (J.), 105. 

— hydatique expérimentale. Weinper& (M.) 
et Cruca (A.), 21. 

— vermineuse et sérique. Lésions nerveu- 
ses. RAGHMANOW (A.), 317. 

— Toxicité du sérum de lapin immunisé 
et ses relations avec les phénomènes 
d'anaphylaxie. JonEsco-Minatesrt : (C }. 
236. 

— Mécanisme. SouLa (L.-C.), 273. 

ANESTHÉSIE par le chlolarose. In- 
fluence de l’adrénaline. Gaurrezer (J.) et 
BrrauLr (P.-L.), 40. 

— par le protoxyde d'azote. Arraus (M.), 
108. 

— Anesthésique pour la purification des 
vaccins. Cauus (L.}, 696. 

ANGLE de déviation dans une figure 
d'illusion optique. Dusuisson (M.), 132. 
ANHYDRIDE CARBONIQUE. Fla- 
con pour le doser dans le sang. BAYEUXx 


(RATS: 

ANIMAUX VENIMEUX. PawLowsky 
(E3),-535: 

ANTHOCYANINE. Voir PIG- 
MENTS. 


ANTICORPS. Origine et passage dans 
le liquide céphalo-rachidien. Sarin (H.). 
ELREILEY (9), 635,114. 

— tuberculeux. CaLMettTE (À.) et Massor 
(L.), 160. 

— typhiques. Massoz (L.) et Grysez (V.), 
220. 

ANTIGÈNES artificiels dans la réac- 
tion de Wassermann. SAGASTUME (C.-A.), 
459. 

— tuberculeux. CALMETTE (A.) et Massor 
(L.), 160. 

— appliqués aux différents types de bacilles 
tuberculeux et à des laits tuberculeux. 
AUCHÉ et PORTMANN, 71. PORTMANX, 13. 

— typhiques. Massoz (L.) et GryYsez (V.), 
220. 

ANTITHROMBINE. Suc hépatopan- 
créatique antithrombique des crustacés. 
GaAuTIER (CL.), 610. Voir SANG (coagu- 
lation). . 

ANTITOXINE. Voir IMMUNITE. 

AORTE. Lésions d'origine syphilitique 
chez le singe. Bovert (P.), 102. 

ARGENT. Imprégnation du pigment. 
Masson (P.), 210. 

ARTÈRES. Tension dans l'air comprimé. 
JAVAL (A.), 413, 


— Tension et quantité de globulins dans 
le sang. Le Souro (L.) et PAGnrez (PH.), 
695. ' 

ASCARIS. Segmentation de l'œuf au 
point de vue énergétique. FAURÉ-FREMIET 
(E.), 90. 

— Réaction d'Abderhalden dans l’ascari- 
diose. RUBINSTEIN (M.) et JuLtEN (A.), 180. 

ASCIDIE alimentaire, Germe microbien 
isolé. DAUMÉZON (G.), 665. 

ASCITE. Rapport de la pression asci- 
tique et de la tension artérielle au cours 
des cirrhoses alcooliques. Gizsert (A.), 
ViLLaRET (M.) et Prcaancourt (M.), 223. 

ASQUE de Puslularia vesiculosa. Evo- 
lution du chondriome. GUILLIERMOND (A.). 
646, 720. 

ATHREPSIE. Atrophie thyroiïdienne. 
ALEZAIS (N.) et MaTrer (Ca.), 667. 

ATROPINE dans la bradycardie. PeTzr- 


TAKIS, 6717. 

AUTOCLAVE ÉLECTRIQUE. Fi- 
DERMAN (L.), 196. 

AXONE. Différence physico-chimique 


entre les cellules des ganglions spinaux 
et leur axone. Marinesco (G.) et Minéa 
(J.);.584: 

AZOTE colloïdal urinaire. Laseé (M.) et 
DauPHix, 391. 

— Comparaison entre le sang du fœtus à 
terme et le sang de la mère au point de 
vue de la répartition des substances 
azotées. Morez (A.) et Mouriquanp (G.). 
643. 

— Influence du sucre sur la digestion de 
l'azote. Gouin (A.) et Axpouaro (P.), 550. 

— Remplacemeut de l'azote minéral par 
le sérum sanguin dans la culture asep- 
tique de Zea maïs. Roupskyx (D.), 276. 

— titrable au formol dans le sérum san- 
guin. LaBsé (M.) et Brra (H.), 398. 


B 


BACILLE D'ACHALME. Acnazur 
(PS5 282? ; 

— BULGARE. Prolongation de la vi- 
talité. Beconovsky (G.-D.), 374. 

— GOLI. Production de l'indol. Disraso 
(A.), 200. 

— DIPHTÉRIQUE. Voir DIPHTÉ- 
RIE. \ 

— D'EBERTH. Voir 
PHOIDE. 

— HYPERTOXICOUS. Nouvelle espèce 
isolée dans l’épidemie de Cholet. Rappin, 
410, 

— D'INTOXICATION alimentaire dans 
la viande. SacquépéE (E.), 490. 


FIÈVRE TY- 


= 
IE) 
re 


— DE KOCH. Voir TUBERCULOSE. 

— LACTIS NIGER. Caractère différen- 
tiel avec B. mesentericus niger. BROQUIN- 
Lacomge (A.), 598. 

— PYOCYANIQUE. Action des sucres 
sur la fonction pigmentaire, AUBEL (E.) 
et COLIN (H.), 25. 

BACILELÉMIE tuberculeuse. Massor (L.) 
et BRETON (M.), 455. 
BACTÉRIES. Voir 

rienne. 

BICHLORURE de mercure. Action sur 
la digestion de la caséine et de la fibrine. 
GERBER (C.), 147. 

BISON BONASUS X Bos taurus. Fé- 
condité. Ivaxov (E.), 376. 

BLENNORRAGIE. Voir GONOCO- 
QUE, VACCINS. 

BOIS termités. Danger du 
CHAINE (J.), 401. 

BOS TAURUS. lFécondité des hybrides 
avec Bison bonasus. Ivaxov (E.), 376. 
BOURSE DE FABRIGIUS. Modifca- 
tions à la suite de l'irradiation par les 

rayons X. Jozzy (J.), 120. 

— lavolution et relation avec l'apparition 
de la maturité sexuelle. Jozzy (J.), 638. 

BRONCHE. Voir POUMON. 

BRONCHO-PNEUMONIE. Voir 
POUMON. 

BROUSSONETIA PAPYRIFERA. 
Lipases des latex. GErBer (C.) et GuioL 
(H.), 151. 

BRUITS du cœur. Bonnier (P.), 685. 
GILBERT (A.), Tzancx (A.) et GUTMANN 
(R.-A.), 570, 706. Henri (V.), 571. WEIss 
(Gr) 1572: 


FLORE bacté- 


transport. 


C 


CALOTROPIS PROCERA. Action 
physiologique de la trypsine. FLOURENS 
(P.) et GERBER (C.), 495, 497. 

CAMPANELLA. Nématocystes. FAURÉ- 
FreuIer (E.), 366. 

CANCER. Anticorps du sang et du 
liquide céphalo-rachidien. Enriquez (E.), 
WEiz (M.-P.)et Carrié (P.-A.), 810. 

CAPILLAIRES aériens des fibres mus- 
culaires chez les insectes. ATHANASIU (J.) 
et DraGoiu, 518. 

CARICA PAPAYA. Ferment des sucs 
du fruit. Pozerski (E.), 507. 

CARNIVORES. Structure du gland. 
Rerrerer (ÉD.) et NEUVILLE, 564. 

CASEINE. Digestion. GErper (C.), 141. 

CELLULE calcigère et ses corpuscules 
dans le foie d'Ilelix. Grünpaum (Mie S.), 
208$. 


BACILLE DE KOCH 


—— CIRCULATION 


— nerveuses. Relation des corps de Nissl 
et des neurofibrilles. Cozrn (R.), 600. 

— Action de quelques fixateurs sur la com- 
position chimique du tissu. Mawas (J.), 
MAYER (A.) et SGHAEFFrER (G.), 560. 

— des ganglions spinaux. Différence phy- 
sico-chimique avec leurs axones. Manr- 
NESCO (G.) et Mina (J.), 584. 

— Action de quelques chlorures sur les : 
cellules spinales. LEGENDRE (R.), 246, 368. 

— pigmentaires. Apparition. BoRREz (A.), 
190271: 

— vitellogènes. Voir OVAIRE. 

— Démonstration cinématographique de 
la division nucléaire. Commanbon (J.) et 
JoLLy (J.), 451. 

CENTRAGE des 
Durour (M.), 601. 

CERVEAU. Lésions dans l’anaphylaxie 
vermineuse et sérique. RACHMANOW 
(A.), 317. 

— Lésion de la base et polyurie. Camus (J.) 
et Roussy (G.), 628. 

CHALEUR. Coagulation du fibrinogène. 
GauriEr (CL. ), 610. 

CHÉIROPTÈRES. Disques adhésifs. 
Rerrerer (Ep.) et Fénis (F. DE), 245. 

— Gland et prépuce. RETTERER (Ep.) et - 
NeEuviLLe (H.), 381. 

— Tr. vespertilionis. PrincauLr /F.), 668. 

CHLORALOSE. Voir ANESTHESIE. 

CHLOROFORME. Influence de Ja 
masse hibernale sur l'intoxication. Vi- 
GNES (H.), 391. 

CHLORURES. Action sur les cellules 
nerveuses des ganglions spinaux. LE- 
GENDRE (R.), 246, 368. 

— Jeu compensateur des concentrations 
uréiques et chlorurées dans l'élimination 
urinaire. CHAUSSIN (J.), #72. 

— DE SODIUM. Influence d'une solu- 
tion isotonique sur le sérum dans l'hé- 
moglobinurie paroxystique. EmILe-WEIL 
(P.) et CHEVALLIER (P.), 415. 

CHOLESTÉRINE. Voir FOIE. 

CHOLET. Épidémie. OLLIvR et COLLIGNON, 
546, Rappin, #10. “ 

CHONDRIOME de l'asque de Puslula- 
ria vesiculosa. GUILLIERMOND (A.), 646, 
720. 

CHROMATOPHORE des algues. Guiz- 
LIERMOND (A.), 85, 284. 

CHROMO-OSMIQUES.Action des fixa- 
teurs chromo-osmiques sur les lipoïdes 
des tissus. Mayer (A.), RATRERY (FR.) et 
ScuærrEr (G.), 136, 214. 

CIRCULATION coronaire et cœur des 
Sélaciens. FRaxcois-Fran©k (CH.-A.), 617. 
120. 

— Action hypotensive d'extrait de glo- 
bulins. Le Souro(L.) et PAGNIEZ (Pu.), 214. 


verres de lunettes. 


CIRCULATION 


— Phénomènes circulatoires dans l’ana- 
phylaxie adrénalique. Briauzr (P.-L.) et 
GAUTRELET (J.), 105. 

— Interruption temporaire dans les deux 
veines rénales. MoreL (L.), Papin (E.) et 
VerLrAC (H.). 526. 

— Syndrome d'hypertension portale. GrL- 
BERT (A.), Vizcarer (M.) et PicaANcOURT 
(M.), 293. 

CIRRHOSE. Voir FOIE (Pathologie). 

CLAVELEAU. Vaccination. DucLoux 
(D.), 380. 

CLITORIS. Os clitoridien de quelques 
félins. Rerrerer (En.) et Neuvizce (H.), 
165. 

COAGULATION de l'albumine d'œuf. 
Pouvoir différent de queiques sels de 
mercure. STAssANnO (H.) et GomPez (M.), 
633. Voir SANG. nee 

COCCIDIASOUS LEGERI, parasite 
des cellules intestinales de Drosophila 
funebris. Caarron (E.), 111. 

COCHINCHINE. Importance des af- 
fections mycosiques. BoBeau (G.), 69. 


CŒUR 


Anatomie et Physiologie comparées. 


— Faisceau de His. Richesse en fibrilles 
élastiques. Rénon (L.) et GéÉrAuDEL (E.), 
198. 

— Nœud de Keith et Flack Richesse en 
fibrilles élastiques. RÉNON (L.) et GÉRAU- 
DEL (E.), 128. 

— du Congre. Francors-FRancx (C.-A.), 
688. 

— des Sélaciens. Francois-FRrancx (Cn.-A.), 
617, 120. 

— de la Torpille. FRANcoISs-Francx (Cr.-A.), 
638. 

Physiologie. 


— Cardiographe à traction et à inscription 
horizontale. Ricnaup (A.) et Pezzr (C.), 
bd. 

— Alternance cardiaque mécanique et 
électrique chez l'homme Borper (E.). 
DonzeLAT (E.) et Pezzr (C.), 468. 

— Post-extrasystole. Augmentation d'am- 
plitude après les contrations supplé- 
mentaires interpolées. Busquer (H.) et 
TirFENEAU (M.), 142, 230. 

— Fibrillation des oreillettes. Busquer (H.), 
281. 

— Action comparée des injections intra- 
veineuses de métaux colloïdaux et de 
sels métalliques sur le cœur de lapin. 
DunaueL (B.-G.), 253. 

— Modification, sous l'influence de la pi- 
locarpine, de la réaction ventriculaire 


— CRÉATININE 1939 


consécutive à la fibrillation des oreillet- 
tes. Busquer (H.), 287. 

— Obtention à l'aide de la thionine de 
réactions cardio-vasculaires caractéris- 
tiques d'une injection antérieure d'adré- 
näline. GAUTRELET (J.) et BrrAULT (P.-L.), 
206. 

— Son, ton et bruits. Bonxier (P.), 685. 
GILBERT (A.), GUTMANN (R.-A.) et Tzanck, 
510, 706. Henrt (V.), 511. Weiss (G.), 572. 


Pathologie. 


— Bradycardie totale. Epreuve de l’atro- 
pine, du nitrite d'amyle et de la com- 
pression oculaire. PerzerAKIs, 671. 

COFERMENTS el poisons de ferments,. 
Henrr (V.) et Wurmser (R.), 226. 

COLLEMBOLES. Dilférenciation eu 
‘ovules définitifs et en cellules vitello- 
gènes des oocytes contenus dans l'ovaire. 
LÉCAILLON (A.), 55. 

GOLLODION. Membranes perméables, 
Micnez (L.), 663. 

COLLOIDES. Action des injections in- 
traveineuses sur le cœur. DUHAMEL (B.-G.), 
253: 

— Métaux ou métalloïdes. Action sur les 
cultures de B. de Koch. Couruonr (P.) 
et Durourt (A.), 454. Voir SÉNILITÉ. 

COLORATION. Action des fixateurs 
chromo-osmiques sur la colorabilité des 
lipoïdes. Mayer (A.), RaATHErY (FR.) et 
SCHÆFFER (G.), 214. 

— Imprégnation argentique du pigment. 
Masson (P.), 210. 

COMPLÉMENT. Action du froid sur la 
fixation sur les hématies. Winac (F. 
Agramt (P.) et BrissauD (ET.), 429, 502. 

GOMPRESSION oculaire dans la bra- 
dycardie. Prrzerakis, 611. 

CONGRE. Cœur. FRancois-Franck (Cu. 
A.), 688. 

GONSTANTE d'Ambard et tension ar- 
térielle chez les néphro-scléreux. Fies- 
SINGER (Cu. et N.), 366. 

— dans la paralysie générale. OBrEcGrA (A.), 
Urecnia (C.-J.) et Popera, 586. 
CORDONS POSTÉRIEURS. 

MOELLE. 

CORNÉE. Voir ŒIL. 

CORPUSCULES ultramicroscopiques 
et filtrants dans le rhumatisme articu- 
laire aigu. Bosc (F.-J.) et Carrieu (M.), 
T: 

— métachromatiques et phagocytose chez 
les végétaux. BEAUVERIE (J.), 285. 

CGOULEUVRE. Infection avec Hæmo- 
gregarina roulei. Paisazix (Mme M.), 110. 

CRÉATININE ethypobromite, FRENKBL 
(M.), 11,230. 


\ 
a] 


Voir 


136 


CROISSANCE — FÉLINS 


CROISSANCE normale des lapins. Isco- 
vEsCO (H.), 311. 

— Action d'un lipoiïde extrait de la thy- 
roïde. ISCOvVESCO (H.), 361. 

CRUSTACÉS. Suc hépatopancréatique 
antithrombique. GautIER (CL.), 610. 

CULTURE des cellules in vitro. LEvaDiti 
(G.), 202. 

— du parasite du paludisme. SERGENT (Ex. 
et Ér.), BéÉGuer (M.) et PLANTIER (A.), 
324, 

— de quelques protistes marins. CHATTON 
(He) ie 

— de tissus différenciés d'animaux adul- 
tes en dehors de l'organisme. CnaAuPpx 
(Cu.),-532, 676. 

— aseptique de Zea mais. Rouoskx (D.), 276. 

CGURARE. Influence sur le rôle thermo- 
gène des organes splanchniques. MaGxe 
(H.),1452; 

CGYSTITE blennorragique. Voir GONO- 
COQUE. 

CYTOZYME. injection intraveineuse et 
coagulabilité du sang. Borper (J.) et 
DELANGE (L.), 168. 


D 


DÉGÉNÉRESCENCE 
PrrCHOUGUINE, 294. 

— wallérienne. Structure des nerfs dans 
les phases tardives. NAGEOTTE (J.), 620. 

DENTS. Voir ALVÉOLES. 

DIARRHÉE. Action des selles sur le 
péristaltisme intestinal. CarNor (P.), 614. 

DIASTASE. nr de Lormyes 
daline. Graga (J.), 230. 

DIGESTION de te Influence du 
sucre. Gouin (A.) et AxpouarD (P.), 550. 

— Leucocytolyse digestive et psychique. 
KroLuniTskY (G.-A.), 14, 308, 333, 394, 
465, 522, 625. ManoukuinE (J.-J), 463. 

— Tension superficielle des liquides diges- 
tifs d’'invertébrés. (CHAucrarn (Me), 
CHAUCHARD (À.) et Porrier (P.), 116. 

DIGITALE. Action sur la diurèse et les 
vaisseaux rénaux. MarriNesco et TIrre- 
NEAU, 191. 

DIPHTÉRIE. Lésions trachéales pro- 
voquées par ses lipoïdes. Duuas (J.) el 
Perrit (A.), 440. Méxarp (P.-J.), 486. 
PETTIT (A.), 487, 533. 

DIPTÈRES PUPIPARES. Etiologie 
et pupation. MassonnaT (E.) et Vaner 
(C.), 49. 

DISQUES ADHÉSIFS. Voir TÉGU- 
MENT. 

DIURÈSE. Voir REIN. 

DONATEH et LANDSTEINER. 


lécithinique. 


Réac- 


tion. WioaL (F.), ABrami (P.) et BrissAuD 
(Er.), 502, 651. 

DOSAGE des acides aminés. Brenry (K.), 
FEuILLIÉ (E.), Hazaro (R.) et Raxc (A.), 
129. LanzENBERG (A. , 708. 

DROSOPHILA FUNEBRIS. Cocci- 
diascus legeri parasile des cellules 
intestinales. Cuarron (E.), 117. : 

DYSENTERIE mycosique. Boseau (G... 
69. è 


E 


EAU OXYGÉNÉE. Action sur la diges- 
tion de la caséine et de la fibrine. GEe- 
BER (C.), 141. 

ECHINOCOCCOSE secondaire embo- 
lique périphérique. DÉvé (F.), 100. 

ÉLECTION de membres 

. PiNOY, 448. Préron, 717. 

ÉLECTRICITÉ. Alternance cardiaque 
mécanique el électrique. Bonper (E.), 
DoxzELor (E.) et Pezzr (C.), 468. 

ÉLÉPHANT. Floreintestinale. SGHILLER 
(J.), 304. 

— Microbes acidophiles de la flore intes- 
tinale. Scuizcer (J.), 421. 

EMBOLIE. Echinococcose 
périphérique. DÉvé (F.), 100. 

EMBRYON. Voir FEUILLETS EM- 
BRYONNAIRES. 

ÉMULSINE des amandes. Synthèse dés 
hexobioses. BourquELoT (Em.), HÉRISSEY 
(IL.) et Core (J.), 182. 

ENCLAVES de cholestérine. Dispari- 
tion dans la surrénale au cours de la téta- 
nisation faradique ou strychnique. 1 MuLox 
(P.), 489. 

ENTOMOPHAGES. Spécificité des pa- 
rasites. Taoupsox (W.-R.), 520, 559 

ÉOSINOPHILES. Voir SANG. 

ÉPIDÉMIE de Cholet. OLuve et Corur- 
GNON, 546. RaApPpin, 410. 

EXPECTORATIONS. Albumine. Ro- 
GER (H.), 103. 

EXTRAITS des poumons. 
Lyrcaxkowsky et ROUGENTZOFF, 


titulaires. 


embolique: 


Toxicité. 
45, 127. 


F 


FAISCEAU de His. Voir CŒUR. 
FÉCONDATION artificielle des oiseaux. 
Ivanov (E.), 371, 373. 

FÉCONDITÉ de Bison bonasus X Bos 
taurus. IvANOvV (E.), 376. 
FÉLINS. Gland. ReTrEREr 

VILLE {H.), 314. 


(En.) et Neu- 


FÉLINS — GAUCHER 


131 


— Os pénien et clitoridien. RETTERER (Ep.) 
et NEUvVILE (H.), 165. 

FER iu sang de l1 poule normale et dans 
l'infection par le S. Gallinarum. Launoyx 
(L.), 248. 

FERMENTS de l'organisme du rat. In- 
fluence de la masse hibernale. VIGnEs 
(H.), 418. 

— du suc du fruit du Carica papaya. 
Pozerskt ‘E.), 501. 

FEUILLES embryonnaires. DAviborr 


(C.), 41. 
FIBRES MUSCULAIRES. Voir 
MUSCLES. 


— NÉVROGLIQUES. Voir NERFS. 

— RADICULAIRES. Voir MOELLE. 

FIBRILLATION des oreillettes. Voir 
CŒUR 

FIBRILLES élasliques. Richesse des 
nœuds de Keith et Flack et du faisceau 
de His. RÉNON (L.) et GÉkAUDEL (E.), 128. 

FIBRINE. Diseslion. GERBER /C.), 147. 

FIBRINOGÈNE. Voir SANG. 

FIGUS CARICA. Lipaes des latex. 
GERBER (C.) et Gr1oc (H.), 151. 
FIÈVRE RÉCURRENTE. Infection 

= par la muqueuse chez l'homme. SERGENT 
(E.), 185. 

— TYPHOIDE 
(M.), 134: 

— Immunisation et disparition des réac- 
tions humorales chez des lapins. NÈèGRE 
(L.), 412. 

— Antigène et anticorps d'inhibition. 
Massoz (L.) et GrRysez (V.), 220. 

— Epiiémie de Cholet. OLLIVE et CoLLr- 
GNON, 40. 

— Nouvell: esnèce i-olée dans l'épidémie 
de Cho et. Rappin, 410. Voir VAGCGINS. 

FILARIOSE. Eosinuphilie. MAROTTE et 
Morvan, 241. | 

FILTRATION. Membranes très per- 
méables : n collodion. Micuez (L.), 363. 

FIXATEURS. Action sur la composi- 
tion chmique du tissu. Mawas (J.), 
Mayer (A.) et SCUÆrrERr (G.), 560. 

— chromo-osmiques. Action sur les li- 
poides des Lissus. MAYER (A.), RATHERY 
Fr.) et ScHæ&rrer (G.), 136, 214. 

FLORE nacterenne des infections uté- 
rines. BerTkaND (D.-M.) et Fgercix (Mlle 
Br.), 61. 

— INTESTINALE de l'éléphant. Scuic- 
LER (J.), 304, 421. 


expérimentale. BELIN 


FOIE 
Anatomie. 


— Corpuscules des cellules calcigères dans 
le foie d'Helix. GRünBauu (Mlle 8.), 208. 


BioLocie. TABLES. — 1913. T. LXXV. 


— Mitochondries et graisse de la cellule 
hépatique au cours des régimes variés. 
Raraery (FR.) et TERROINE (Eu.-F.), 41, 


Physiologie. 


— Glycogène. Origine. PauLEsco (N.), 553. 
PauLEsco (N.-C.), 233. 

— Irradiation chez le chien et ses effets 
sur la leucocytolyse digestive. Kror:- 
NITSKY (G.-A.), 625. 

— Suc hépatopancréatique des crustacés 
et coagulation de fibrinogène par la 
chaleur. GAUTIER (CL.), 610. 

— Anaphylaxie hydatique expérimentale. 
NVEINBERG (M.) et Cruca (A.), 21. 


Chimie physiologique. 


— Cholestérine. Disparition des enclaves 
au cours de la tétanisation. MuLon (P.), 
189. 

— Réaction cytologique produite dans les 
tissus par les dépôts locaux de cristaux. 
Rouxsy (G.), 18. 

— Graisse de la cellule hépatique au 
cours de régimes variés. RATrHERY (Fe.; 
et TERROINE (Eu.-F.), 47. 


Pathologie. 


— Abcès mycosique. BonEau (G.), 59. 

— Cirrhose alcoolique. Tension artérielle 
et rarport avec la pression ascitique. 
GILBERT (A.), Viccaret (M.) et Picuan- 
court (M-), 223. 

— Cirrhose biliaire. Dissemblance ana- 
tomo-pathologique chez l’homme et ex- 
périmentale. FixseiGer (N.) et Roy- 
DOWSKA (L.), 470, 524. 

— Suppuration g:zeuse d'un kyste hyda- 
tique du foie. Dévé (F.) et Guernger (M), 
627. 

FROID. Action sur la fixation de la sen- 
sibilisatrice et du complément sur les 
hématies. ‘Winaz (F.), ABraur (P.) ef 
Buissaup (Er.), 429, 52. 


G 


GANGLIONS spinaux. Différence phy- 
sico-chimique entre les cellules et leur 
axone. MariNEsco (G.) et Minéa (J.), 584. 

— Action se quelques chlorures sur les 
cellules nerveuses. LEGENDRE (R.), 246, 
368. 

GAUCHER. Un cas de maladie de Gau- 
cher, avec grandes cellules évsinophiles. 
BABES (V.), AuuEL et BaBes (A.), 575. 


n 


He 


158 


GAZ du sang veineux. Voir SANG. 

GÉSIER. Physiologie. ILune (M.-D.), 293. 

GLAND des carnivores. Structure. REt- 
TERER (Ep.) et NEUVILLE, 564. 

— des chéiroptères. RETTERER (Ep. 
NeuviLLE (H.), 381. 

— des félins. Rerrerer (Ep.) et NEUVILLE 
(H.), 314. qe 

— des rongeurs. 
VILLE (H.), 345. 

GLANDE hibernale. Extirpation. VIGNes 
(H.), 360, 400. 

— Influence sur diverses 
Vicnes (H.), 397. 

— de rat. Influence sur quelques ferments 
de l'organisme. Vianes (H.), 418. 

— Glandes à sécrétion interne. Poids nor- 
maux, absolus et relatifs. Iscovesco (H.), 

GLOBULINS. Voir SANG. 

GLUCOSE. Synthèse des hexobioses par 
l'action de l’émulsine des amandes. 

. .BourQuELOT(Eu.), Hérissey (H.) et CoiRrE 
(95 182: 

GLUCGOSIDE. Amygdaline. Grasa (J.) 
33,230. 

GLYCÉRINE. PauLesco (N.), 588. 

GLYCOCOLLE. Evolution dans l’orga- 
nisme de la grenouille. GAUTIER (CL.), 
305. 

GLYCOGÈNE. Voir FOIE. 

GLYCOSURIE adrénalique chez la gre- 
nouille. Gavïrter (CL.), 339. 

— par la pilocarpine chez la grenouille. 
GauTIER (CL.), 691. 


et 


XETTERER (Eb.) et Neu- 


intoxications. 


GONOCOQUE 


— Traitement de la blennorragie par les 
virus-vaccins sensibilisés. CRUVEILHIER 
(L.), 416. 

— Traitement de la cystite par les virus- 
vaccins seusibilisés. CRUVEILHIER (L.), 
523. : 

— Traitement du rhumatisme par les 
virus-vaccins sensibilisés. CRUVEILHIER 
OS. 

— Réaction locale au cours du traitement. 
BrouGaTon-ALcock et Tzanck (J.), 54. 
— Sérothérapie. DeBré (R.) et Parar (J.), 

512, 556. Voir ŒIL, VACCINS. 

GRAISSE de la cellule hépatique. Voir 
FOIE. 

GREFFONS expérimentaux. BONNErON 
‘et Lacoste, 596. 

GRÉGARINES du genre Porospora. 
Développement. Lécer (L.) et Dusosca 
(0:),195. 

GRENOUILLE .Glycosurie adrénalique. 
GAUTIER (CL.), 339. 


GAZ — ILOTS 


— Glycosurie par la pilocarpine. GAUTIER 
(GL.), 691. | 

GRIMBERT. Méthode de. Larsé (H.) et 
Viry (G.),:530. 


H 


HÆMOGREGARINA ROULEI. In- 
fection de la vipère et des couleuvres. 
Puaisazix (Mme M.), 110. 

— Formes de multiplication. 
(Mwe), 194. l 

HELIX. Corpuscules des cellules calci- 
gères dans le foie. GruNsauM (Mie $.), 
208. Ë ù 

HÉMATIES. Voir SANG. à 

HÉMATOTHÉRAPIE. Modification 
leucocytaire au cours de l’auto-hémato- 
thérapie. Marrer (C.), 228. 

HÉMOGLOBINURIE. Voir SANG. 

HÉMOLYSE. Voir SANG. 


PRISALIX - 


HEXOBIOSES. Synthèse chimique. 
BourQuEeLoT (Eu.), Hérissey (H.) et Corrre 
2(92);:182; À 


HIS. Faisceau de. Voir GŒUR, 

HYBRIDES de Bison bonasus X Bos 
taurus. IVAxOv (E.), 376. 

HYDROLYSE par l’'amygdaline. Graza 
(J.), 33, 230. 

— Action des fixateurs chromo-osmiques 
sur les lipoïdes des tissus. MAYER (A), 
RATHERY (Fr.) et SCHÆFrFER (G.), 136. 

HYDRONÉPHROSE. Voir REIN. 

HYPERPLASIE compensatrice du rein 
après action de divers agents thérapeu- 
tiques. CarNoT (PauL), 8. 

HYPOBROMITE et créatinine. Fren- 
KEL (M.), 11, 230. 

HYPOPHYSE. Lipoides. [Iscovesco (H.), 
450. 

— Modification du sang des veines surré- 
nales après injection de certains extraits 
hypophysaires. Porak (R.), 693. 

— Polyurie expérimentale par lésion de 
la base du cerveau. Camus (J.) et Roussv 
(G.), 628. 

— Hypophysectomie et polyurie expéri- 
mentale. Camus (J.) et Roussx (G:). 
483, 


ICTÈRE. FisssiNGer (N.) et RoupowskaA 
(L.), 470. 

ILLUSION optique. Duguisson (M.),132. 

ILOTS DE LANGERHANS. Voir 
PANCREAS. 


IMMUNITÉ — LIGATURE 79 


IMMUNITÉ acquise des animaux vac- 
cinés par le microbe de la péripneu- 
monie. RouGenrzore (D.), 271. 

— des lapins obtenue avec des bacilles 
typhiques vivants sensibilisés, tués par 

. la chaleur ou par l'éther. NÈGRE (L.),412. 

— antitoxique passive. Mécanisme. LEva- 
prri (C:) et Murermicx (ST.), 92. 

. — Précipitines obtenues par les albumines 
musculaires dénaturées. CnspcHev (K.), 
658. 

— Toxicité du sérum de lapin immunisé 
et ses relations avec les phénomènes 
d'anaphylaxie, Jonesco-Minaresti (C.), 
236. Voir SANG (Hémolyse), VACGCI- 
NATION. 

IMPRÉGNATION argentique du pig- 
ment. Massox (P.), 210. 

INDOL. Production par B. coli. Disraso 
(A.), 200. 

INFECTIONS ultérines. BEertranp (D.- 
M.) et Fercin (Mlle Br.), 61. l 

INFLAMMATION. Origine inflamma- 
toire des lésions nodulaires dans la tu- 
berculose pulmonaire. Rénon (L.) et 
GÉRAUDEL (E.), 699. 

INHIBITION. Réaction vis-à-vis du 
bacille typhique. Massor (L.) et GRysEz 
(VW), 290: 

— Réaction. Antigène et anticorps tuber- 
culeux. CALuETTE (A.) et Massoz (L.), 
160. 

INSECTES. Capillaires aériens des fi- 
bres musculaires. Aruanasru (J.) et Dra- 
GOIU, 578. 

— Modification du système périphérique 
nerveux durant la métamorphose. So- 
ROKINA-AGAFONOWA (Me), 369. 

INTESTIN de D'osophila funebris Coc- 
cidiascus funebris parasite des cellules. 
Cuarrox (E.), 111. 

— des oiseaux. Spirochètes. LEBAILLx (C.), 
389. ; 

— Flore microbienne 

 Soniecer (J.), 304, 427. 

— Influence de divers liquides perfusés 
sur la survie de la muqueuse. Carnor 
(P.) et Dumont (J.), 112. 

— Action des selles diarrhéiques sur le pé- 
ristaltisme. CarnoT (P.), 614. 

— Rôle thermogèëne, Influence du curare. 
Macxe (H.), 452. 

— Transplantation. Kroncozn (S.), 255. 
Carxor (P.). 257. Voir MATIÈRES 
FÉCALES. 

INTOXICATION alimentaire. Propa- 
gation des bacilles dans ‘la viande. 
SACQUÉPÉE. (E.), 490. 

INVERTÉBRÉS. Tension superficielle 
des liquides digestifs. Caaucuarn (Me), 
CnaucaaRD (A.) et PorTier (P.), 116. 


chez l'éléphant. 


de) 


IODE. Action sur la digestion de la ca- 
séine et de la fibrine. GErgBEr (C.), 147. 

IODURES alcalins. Corps réduisant les 
mélanges. CHamPy (Cx.), 145. 

— DE POTASSIUM. Pouvoir antisep- 
tique. Sarrony (A.) et GIMEL (G,), 290. 
IRRADIATION du foie chez le chien 
et ses elfets sur la leucocytolyse diges- 

tive. KROLUNITSKY (G.-A.), 625. 
ISOBOLISME de la fibre musculaire 
striée. Lapicque (L.), 35. 


K 


KARYOKINÈSE. Voir CELLULE. 

KEITH et FLACK. Nœud de. Voir 
CŒUR. 

KYSTE HYDATIQUE. Voir ÉCHI- 
NOCOGCOSE, FOIE. 


Ê 


LACHESIS ALTERNATUS. Formes 
de multiplication d'Hæmogregarina rou- 
lei. Pnisarix (Mme), 194. 

LAIT de femme. Cytologie. Marraw, 
FEuiLée (E.) et Saint-Girons (FR.), 387. 

—, Digestion par les caséases du latex de 
Vasconcellea quercifolia. de la papayo- 
tine et de la trypsine Merk.GerBer (C.), 
147, 449. 

— des femmes tuberculeuses, Aucué (B.). 
594. 

— tuberculeux et antisène. 
PORTMANN, 11. PORTMANN, 173. 
LAMELLES. Voir TISSUS. 
LANGERHANS, ilots. Voir 

CRÉAS. 

LAPIN. Croissance normale. Iscovescc 
CH), 3142 

LATEX de Calolropis procera. Action 
physiologique. KLourexs (P.) et GERBER. 
(C.), 493, 497. 

— de Ficus carica et de Broussonelia pa- 
pyrifera. Gerger {C.) et Guioz (H.), 151. 

— de Vasconcellea  quercifolit. GERBER 
(C:), 147, 149. 

LÉCITHINE. Dégénérescence lécithi- 
nique. PITCHOUGUINE, 294. 

LEUCOCYTES. Voir SANG. 

LEUCOCYTOLYSE digestive et psy- 
chique. KroLunirsky (G.-A.), 14, 308, 
333, 394, 465, 522,625. Maxoukiuine (J.-J.), 
463. 

LEVURES de la pulpe vaccinale. LE- 
SIEUR (Cu&et Macnix (L.), 683. 

LIGATURE des veines rénales. FrouIx 
(A.). Mayer (A.) et RATHERY (G.), 528, 


AuUcuÉ et 


PAN- 


740 


LIPASES des pancréatines du latex de 
F. curicea et de B. papyrifera. GERRER 
(C.\et Guroz (H.), 151. 

LIPOIDES du bacille diphtérique. Lé- 

- sions trachéales.Dumas (J.) et Perrir (A.), 
440. MÉNARD (P.-J.), 486. PerriT (A.), 487, 
533. 

— du lobe antérieur de l'hypophyse. Isco- 
vesco (H.), 450. : 

_— de l'ovaire. Iscovesco (H.), 395. 

— du pancréas. Iscovesco (H.), 681. 

— de la partie corticale des surrénales. 
Iscovesco (H.), 510. 

— de la partie médullaire des 
nales. Iscovesco (IL.), 548. 

— du testicule. Iscovesco (I), 445. 

— de la thyroïde. Iscovesco (H.), 361. 

— des tissus. Action des fixateurs chro- 
mo-osmiques. Mayer (A.), RaTuEnYy (Fr.) 
et Scuærrer (G.), 136, 214. 

LIQUIDE GÉPHALO-RACHIDIEN 
normal. Lymphocytes. BLocn (M.) et 
Verxes (A), 319. 

— Origine et passage des anticorps. SALIN 
(H.) et Rerzcy (J.), 635, 711. 

— des cancéreux. Anticorps. EnrIQuEz(E.), 
Weic (M.-P.)\ et Carré (P.-A.), 310. 

LUMIÈRE polarisée. Action biochi- 
mique. HuaouxexQ (L.) et GUILLEMARD 
(H.). 341. 

LUNETTES. Centrage des verres. Du- 
roun (M.), 601. 

LYMPHOCYTES. Voir LIQUIDE 
CÉPHALO -RACHIDIEN, SANG. 

LYOSOMES. Cuamey (Cur.), 145. FAURÉ- 
FRemier (E.), 30, 158. 


surré- 


M 


MACROPHAGES. Voir PHAGOCY- 
TOSE. 

MALADIES INFECTIEUSES. Ac- 
tion des oxydants. BEzIx (M.), 134, 506, 
513: 

MARCHE. Déviation de la ligne de 
marche après passage d’un obstacle. 
Dugurssox (M.), 350. 

_ Emploi du métronome de poche. Re- 
GNAULT (F.\, 283. 

MATIÈRES FÉCALES. Condition de 
l'apparition de sucres réducteurs. DEscsr 
et CONS'ANT, 304. 

MATURITÉ sexuelle et involution de 
la bourse de Fabricius. Jorzy J.), 638. 
MÉCANIQUE. Alternance cardiaque 
mécanique et électrique. Bonnet (E.), 

Donzecor (E.) et Pezzi (C.), 468. 

MELLIN FOOD. Introduclion dans 


LIPASES —- MORT 


l'organisme animal et changements dans 
le sérum sanguin qu'elle provoque. K1- 
RAFFA-KORBOUTT, 41. 

MEMBRANE perméable en collodion. 
MicueL (L.), 363. 

MENINGITE cérébro-spinale aiguë 
expérimentale. Traitement par le sérum 
antigonococcique. DEBRé (R.) et Parar 
(J.), 356. à 

— Pachyméningile iuberculeuse expéri- 
mentale. Reproduction de la dissocia- 
tion albuminocytologique 
chidienne. Sazin (H.) et Reruzy (J.), 741. 

MERCURE. Mode d'action dilférent 
de quelques sels. Srassaxo (H.) ct 
GoupEc (M.), 42. 

— Dilférence dans l'action de l'albumine 
sur la toxicité de quelques sels de 
mercure. STASSANO (H.) et GomreL(M.), 161. 

— Pouvoir coagulant différent de quelques 
sels envers l'albumine d'œuf. Srassano 
(H.) et Gomrec (M.), 633. 

MEÉTAMORPHOSE. Modification du 
système périphérique nerveux chez les 
insectes. SOROKINA-AGAFONOWA (Mme), 369. 

METRONOME ‘e poche. Emploi dans 
la marche. ReGnauzr (F.), 283. 

MEUSLES termités. Danger de trans- 
port. CHAINE (J.), 401. 

MICROBES acidophiles de la flore in- 
testinale de l'éléphant. Scuicrer (J.), 427. 

— amylolytiques de la fiore intestinale de 
l'éléphant. Scuizcer (J.), 304. 

— anaérobies. Méthode pour étudier les 
propriétés biologiques. Disraso (A.) et 
MaRTinez (J.), 201. 

MINÉRALISATION du cobaye. In- 
fluence du corps thyroïde. Sarvonar (F.) 
et RougiEr (Cn.), 715. 

MITOCHONDRIES de la cellule hépa- 
tique au cours de régimes variés. Ra- 
THERY (FR.) et TERROINE (En.-F.), 47. 

— Rapport avec les plastes de Schimper. 
GUILLIERMOND (A.), 436. 


— Formation des pigments authocyani- 


ques. GUILLIERMOND (A.), 418. 

MOELLE. Lésions dans l’anaphylaxie 
vermineuse et sérique. RaAcamanow (A.), 
347: 

— Syndrome des fibres radicularres lon- 
gues des cordons postérieurs. DEJERINE 
(J.), 554. 

MONSTRILLA HELGOLANDICA. 
Parasite de la poule commune. PELSENEER 
(P.), 335. 

MONTAGNES. Variation de fa pression 
artérielle. GuizcemarD (H.) et REGNIER 
(G.), 342. 

MORT Mécanisme 

MaRi- 


NATURELLE. 
chimico-colloïdal de la sénilité. 
NESCO (G.), 582. 


# 


céphalo-ra- 


À 
\ 


ESS ETES RES RRMME PE Nes 0) 


/ 


MOULE — OXYDANTS 


MOULE. Parasite médiat (Odostomia 
rissoides) et immédiat (Monstrilla helgo- 
landica). PELSENEER (P.), 335. 

MOUVEMENTS d'origine vestibulaire. 
Bagixskt (J.) et Waize (G.-A.), 98. 

MUQUEUSE gastro-intestinale. [n- 
fluence de divers liquides perfusés. 
Carwor (P.) et Duuonr (J.), 112. 

MUREXIDE. Réaction. OECRSNER LE Co- 
NINCK (W.), 558. 

MUSCARINE. Localisation dans Ama- 
nila muscaria. SAKRTORY (A.), 607. 


MUSCLES 


— Fibres musculaires des insectes. Capil- 
laires aériens. ATHANASIU (1.) et DRrAGOIU, 
518. 

— Isobolisme de la fibre 
striée. LAPicquE (L.), 35. 
— Réflexes conditionnels. ZELroNY (G.-P.), 

659, 661. 

— Précipitines obtenues par l'immunisa- 
tion des lapins par les albumines mus- 
culaires dénaturées. CHaPrcHEv (K.), 658. 

MUSTÉLIDES. Squelette pénien. Ret- 
TERER (Ep.) et NEUVILLE ([.), 622. 

MYCOSES..-Boprau (G.), 69. 


musculaire 


N 


NÉMATOCYSTES de lolykrikos et de 
Campanella. Fauré-Freurer (E.), 366. 

NEMATODE. Anneau vulvaire consé- 
cutif à l’accouplement. Seurar (L.-G.), 
326, 368. 

NEMATOPSIS. Voir POROSPORA. 

NEPHRO-SCLÉROSE. Voir REIN. 

NERF. Modification du système péri- 
phérique nerveux chez les insectes du- 
rant la métamorphose. SorOkINA-AGAro- 
Nowa (Mre), 369. 

— Croissance des appareils de Schwann à 
l'extrémité proximale du bout périphé- 
rique des nerfs sectionnés. NAGEOTTE 
J.), 186. 

— périphériques dégénérés. Présence des 
fibres névrogliques. NaGeoTre (J.), 122, 

— Structure dans les phases tardives de 
la dégénération wallérienne. NaGeotte 
(J.),. 620. 

— Fibres névrogliques. Présence dans les 
nerfs périphériques dégénérés. NAGEOTTE 
J5):#102, 

— Neurofibrilles et corps de Nissl. CorLix 
(R.), 600. 

NEVROGLIE. Présence des fibres dans 
les nerfs périphériques dégénérés. Na- 
GEOTTE (J.), 122. 


TA 


NISSL. Corps de Nissl et neuro-fibrilles. 
Coin (R.), 600. 

NITRITE D'AMYLE dans la brady- 
cardie. PETZETAKIS, 611. 

NODULES tuberculeux des poumons. 
Origine inflammatoire. Réxon (L.) et 
GÉRAUDEL (E.), 699. 

NŒUD de Keith et Flack. Voir CŒUR. 

NOYAU. Démonstration cinématogra- 
phique de la division. Comanpox (J.) et 
Jon (Je) 24576 


O 


ODOSTOMIA RISSOIDES. Parasite 
de la moule commune. PELSENEER P.), 
DJ), 

ŒIL. Transplantation expérimentale de 
la cornée. BonNEFON et LACOSTE, 596. 

— Ophtalmie expérimentale du lapin. Trai- 
tement par sérum spécifique. DeBré (R.) 
et Parar (J.), 512. 

ŒSTRIDES. Eliologie et pupation. 
Massonnar (E.) et VANEY (C.), 49. 

ŒUF d'Ascaris. Segmentation au point 
de vue énergétique. FAURÉ-FREMIET (E.), 
90. 

OISEAUX. Fécondation artificielle. Iva- 
nov (E.), 371, 373. 

— Spirochètes de l'intestin. LeBaLLy (C.), 
389. 

OOCYTE. Voir OVAIRE. 

OPHTALMIE. Voir ŒIL. 

ORCHESTIA BOTTÆ. Présence en 
Lorraine. LieNaART (R.), 603. 

ORCHITE. Voir TESTICULE. 

OREILLE du lapin. Action physiolo- 
gique des rayons ultra-violets. Moyxcno 
(V:);:38: 

OREILLETTE. Voir GŒUR. 

OREILLONS. Reproduction expérimen- 
tale chez le singe. NicozLe (Cu.) et Con- 
SEIL (E.), 217. 

ORGANES. Poids normaux, absolus et 
relatifs. Iscovesco (H.), 252. 

OS pénien et clitoridien de quelques fé- 
lins. Rertrerer (En.) et Neuvizce (H.), 165, 

OSMIUM. Tetraoxyde. Corps réduisants. 
CHamey (Cn.), 145. 

OSSIFICATION primitive du rachis. 
Rerrerer (En.) et LELIÈVRE (A.), 424. 

OVAIRE. Sur la différenciation, cn 
ovules définitifs et en cellules vitello- 
gènes, des oocytes contenus dans l’ovaire 
des Collemboles. LÉGAILLON (A.), 255, 

— Lipoïde. Action sur l'organisme. Isco- 
vESsCO (H.), 393. 

OVULES. Voir OVAIRE. 

OXYDANTS. Action sur l'évolution des 


EN | 
pee 
[RS] 


maladies infectieuses. 
506, 573. 

OXYDATION. Action des fixateurs 
chromo-osmiques sur les lipoïdes des 
tissus. Maÿer (A.), RarTHerY (FR.) ei 
SCHAEFFER (G.), 136. 
OXYDE DE CARBONE du sang. Ap- 
pareil pour l'extraction. Niccoux (M.), 5 
OXYGEÈNE. Flacon pour le doser dans 
le sang. Bayeux (R.), 715. 

OXYHÉMOGLOBINE. Sur l'emploi 
des réseaux de diffraction dans l'étude 
photographique du spectre d'absorption. 
Dnéré (Cn.), 23, 146. 


BeLiN (M.), 134, 


P 


PACHYMÉNINGITE. Voir MÉNIN- 
GITE. 

PANCRÉAS. Ilots à hématies. LAGUESSE 
(E.), 19. 

— [lots de Langerhans. RerTErERr (Ep.), 80. 
RETTERER (E0.) et LELIÈVRE (AUG.), 4. 

— Suc hépato-pancréatique des crustacés 
et coagulation de fibrinogène par la 
chaleur. GAUTIER (CL.), 610. 

— Passage de la sécrétion interne du fœtus 
à la mère. Laron (G.), 266. 

— Lipoïde. Iscovesco ([.), 681. 

PANCRÉATINES des latex. 
(G.) et Guioz (H.), 154. 

PANORPA GERMANICA. Sperma- 
togénèse. MErCIER (L.), 605. . 

PAPAYOTINE Merk. Digestion du lait. 
GERGER (C.), 147, 149. 

PARALYSIE générale. Coefficient uréo- 
sécrétoire d'Ambard. OrreGra (A.), URE- 
cuia (C.-J.) et Porera (A.), 586. 

— et Treponema pallida. Marinesco (G.) 
et Minéa (J.), 231. 

— Traitement par le sérum salvarsanisé. 
Levaprti (C.), Marie et MARTEL (DE), 567. 

PARASITES ENTOMOPHAGES. 
Spécificité. THoursox (W.-R.), 520, 559. 

PARATHYROIDE.VoirTHYROIDE 

PEAU. Réactions cellulaires de la sarco- 
sponidiose cutanée.Besnorr (Cu.) et Ronin 

(VA E35T: 

PELLAGRE. Séro-réaction d'Abderhal- 

. den. OnneGra (A.)-et PITuLEsco, 587. 

PENICILLIUM. Propriétés chromo- 
gènes. Manrint (M.) et DERIBÉRÉ-DEsGAR- 
DES (P.), 705. 

PÉNIS. Os pénien de félins. 
(Ev.)et Neuvirce (H.), 165. 

— de Le müstélidés. RETTERER (En.) 
et NEuvILLE (H#), 622. 

PERBORATE DE SOUDE. Pouvoir an- 

lHiseptique. Sarrory (A.)et Guen (G:),290. 


GERBER 


RETTERER 


OXYDATION — POROSPORA 


PERFUSION. Influence de divers liqui- 
des perfusés sur la survie de la mu- 
queuse gastro-intestinale. Carnot (P.) et 
Dumont (J.), 142. 

PÉRIPNEUMONIE. Voir POUMON. 

PÉRISTALTISME intestinal. Action 
des selles diarrhéiques. CarNor (P.), 614. 

PERMÉABILITÉ des membranes en 
collodion. MICHEL (Le), 363. 

PESTE. Vaccin sensibilisé. GRysSEz (v.) 
et CERTAIN (B.), 281. 

PHAGOCYTOSE des éosincphiles. 
MancEAUX (L.), 240. WeinBerG (M.), 241. 
WeiNsErG (M) et SéGuin (P.), 110. 

— chez les végétaux. BEAUVERIE (J.), 285. 

PHYSOCEPHALUS SEXALATUS. 
Evolution. SeuraT (L.-G.), 517. 

PIECE D'EAU des Suisses. Végétation 
sulfureuse. Marrtenor (E.) et DEsRocnE 
(P.), 6141. Pinoy, 613 

PIGMENT. Imprégnation argentique. 
Masson (P.), 210. 


— Système pigmentaire chez Alyles obste- 


lricans. BorREL (A.), 139, 211. 
— anthocyanique. Formation au sein des 
mitochondries. GUuILLIERMOND (A.), 4178. 


— Propriétés chromogènes d'un Penicil- 


lium. Martini (M.) et DÉRIBÉRÉ-DESGARDES 
(P.), 105. 


— Action des sucres sur Ja fonction pig- 


mentaire du bacille pyocyanique. AUBEL 
(E.) et Cour (H.), 25. 
PILOCARPINE. Modification ventri- 


culaire consécutive à la fibrillatior des 


oreillettes. Busquer (H.), 287. 
— Glycosurie. GAUTIER (GL.), 691. 


PLANTES nouvelles à acide cyanhy- 


drique. MiranoE (M.), 434. 
PLAQUETTES. Voir SANG. 
PLASMODIUM PRÆCOX. Culture 

in vilro. SERGENT (Eu. et Er.), 

(M.) et PLANTIER (A ), 324. 
PLASTES de Schimper. Signification et 

rapport avec les mitochondries actuelles. 

GUILLIERNOND (A.), 436. 
PNEUMOGASTRIQUE. Action de 

l'excitation sur la leucocytolyse digestive. 

Krozrniteky (G.-A.), 465. 
PNEUMONIE, Voir POUMON. 
POISON de ferments. 

Wunrnser (R.), 226, 
POLARISATION. Voir LUMIÈRE. 
POLIOMYÉLITE. Virus. Levapiri (C.), 

202. 

POLYKRIKOS. Nématocystes. 

Freuter (E.), 366. 
POLYPNÉE. Voir POUMON. 
POLYURIE expérimentale et hypophy- 

sectomie. Camus (J.)}et Roussy (G.), 483. 
POROSPORA. Développement. LÉGER 
(L.) et Dusosca (0.), 95. : 


\ 


BéGuer 


Hexrr (V.) et 


FAURÉ- 


POULE — REIN 


POULE. Fer du sang normal et dans 
l'infection par le S. gallinarum. LaAuNoy 
(L.), 248. 

POULES. Pouvoir vaccinant du sérum des 
poules éthyroïdées dans l'infection spi- 
rillaire. Launoy (L.) et Lévy-Bruuz (M.), 
352. 

POUMON. Action des produits autoly- 
tiques sur la pression sanguine. ROGEr 

NH), 49: 

— Toxicité des extraits. Lyrcakowsky et 
RouGENTZOrF, 45, 127, 173. 

— Polypnée thermique. Lieu de lévapo- 
ration réfrigéreute. MAGxE (H.), 679. 

— Mort par arrêt de la polypnée. Camus 
(Je) 42L 

— Pneumonie du sommet chez l'adulte. 
Topographie. PaïzLarD (H.), 320, 

— Péripneumonie. Immunité acquise des 
animaux vaccinés. RouGentzorr (D.), 271. 

— Broncho-pneumonie chronique des rats. 
Decawoé (P.), 322. Marcnoux, 333. Ray- 
BAUD (A.), 332. < 

— Origine iuflammatoire des lésions no- 
dulaires de la tuberculose pulmonaire. 
RÉNON (L.) et GérauDeL (E.), 699. 


. PRÉCIPITINES, agissant sur des albu- 


mines dénaturées. CHaApcnEv (K.), 657, 
658. 

PRÉPUCE de chéiroptères. RETTERER 
(Ép.) et NeuviLLE (H.), 381. 

PRESSION artérielle dans l'air compri- 
mé. JAVAL (A.), 413. 

— en haute montagne. GuiLzemaRrD (H.) et 
REGNIER (G.), 342. 

— et quantité de globulins du sang chez 
l’homme. Le Souro (L.) et PAGntez (PH.), 
695. 

— et constante d'Ambard chez les néphro- 
scléreux. FIEssINGER (CH. et N.), 366. 

— Action des produits autolytiques du 
poumon. RoGer (H.), 12. 

— Salivation provoquée par l'augmenta- 
tion de la pression. WERTHEIMER (E.) et 
BATTEZ (G.), 16. 

PRÉSURE. Chimisme. SLovrzov (B.), 
SOUDAKOVA (V.) et GLAGOLEV (P.\, 537, 539. 


PRIX LABORDE décerné à AmBanD, 


TAOE 

PROTEUS isolé d'une ascidie alimen- 
taire. Dauuézon (G.), 665. 

PROTISTES marins. Culture. CnaTrox 
(E.), 178. 

PROTOXYDE 
Arruus (M.), 408. 

PROTOZOAIRES. Régénération. Soko- 
L0V:1297,-299;: 

PULPE VACCINALE. Levures. Lr- 
SIEUR (CH.) et Macnin (L.), 683. 

PUPATION chez les Diptères et les 
OEstrides. Massonnar(E.) et Vaney (C.), 49. 


d'azote. Anesthésies. 


743 


PUSTULARIA VESICU LOSA. Evo- 
lution du chondriome de l’asque. Gurc- 
LIERMOND (A.), 646, 7120. 

PYORRHÉES alvéolaires. Traitement 
par le virus-vaccin. BertranD (D.-M.) et 
VALADIER (C.-A,), 432. 


R 


RACHIS. Ossification primitive. Rerre- 
RER (Ép.) et LELIÈVRE (A.), 424. 

RACHITISME expérimental chez les 
jeunes animaux issus de procréateurs 
éthyroïdés. CLAUDE (H.) et RouiLLarD (J.), 
640. 

RADIUM. Fixation par le squelette. 
Douinicr (H.), LaBoRDE (Mme A.) et Lapsor- 
DE (A.), 108. : 

RAGE. Culture in vitro du virus. Leva- 
DiTI (C.), 505. ; 

RAT. Broncho-pneumonie chronique. 
DELANOÉË (P.), 322. Marcaoux, 333. Ray- 
BAUD (A.), 332. 

RAYONS ULTRA-VIOLETS. Action 
sur l'oreille de lapin. Moycno (V.), 38, 
192. 

RAYONS X. Modifications de la bourse 
de Fabricius. Jozzy (J.), 120. 

RÉACTION d'Abderhalden dans la pel- 
lagre. OBREGrA (A.) et PrTuLesco, 581. 

— de Donath et Landsteiner. Wipar (F.), 
ABRAMI (P.) et BrissauD (Er.), 509, 651. 
— de la murexide. OËcHsner DE ConiNck 

(W.), 558: 

— chez les animaux en tétanie expérimen- 
tale. UrecurA (J.) et PorerA (A.), 591. 

RÉDUCTION. Corps réduisant ies mé- 
langes d'iodures alcalins et de tétraoxyde 
d’osmium. CHampy (Cu.), 145. FAuré- 
Frévuier, 158. 

RÉFLEXES musculaires condilionnels. 
Zeriony (G.-L.), 659, 661. 

RÉGÉNÉRATION des protozoaires. 
SokoLov, 297, 299. 

RÉGIME ALIMENTAIRE. Mitochon- 
dries et graisse de la cellule hépatique. 
Raraery (FR.) et TErROINE (Éw.-F.), 41. 


REIN 


Physiologie. 


— Effet des ligatures temporaires des 
veines rénales. Frouin (A.), Mayer (A.)et 
RATRERY (G.), 528. 

— Effet de la ligature d'une veine rénale 
chez le chien. Morez (L.) et Pari (E.), 
419. 


— Interruption temporaire de la circula- 


1 
LL 
== 


tion dans les deux veines. Morez (L.), 
Papin (E.) et Verzrac (H.), 526. 

— Action des digitaliques sur la diurèse. 
MarrTixesco et TIFFENEAU, 191. 

— Hyperplasie compensatrice après action 
des dive’s agents thérapeutiques. CARNoT 
(PAUL), 8. 


Pathologie. 


— Technique de Ia production expéri- 
mentale de l’hydronéphrose. Morez (L.) 
et Papin, 482. 

— Tension artérielle et constante d'Am- 
bard dans la néphro-sclérose. Fressin- 
GER (Cn. rt N.), 366. 

RÉSEAU DE DIFFRACTION. Em- 
ploi dans l'étude photographique du 
spectre d'absorption de l'oxyhémoglo- 
bin®. DAËRÉ (CH), 23, 146. 

RESPIRATION. Échanges respiratoires 
en milieu sec ou humide, avec ou sans 
brassage d'air. Socor (E.), 488. 

— Lieu de l’évaporation-réfrigérante dans 
la polypnée thermique. MaGxe (H.), 679. 

— Mort par arrêt de la polypnée thermi- 
que. Camus (J.), 421. 

RHUMATISME articulaire aigu. ACHAL- 
ME (P.), 82. Bosc (F.-J.), 332. 

— Corpuscules ultramicroscopiques et fil- 
trants. Bosc (F.-J.) et Carrier (M.), 1. 

— blennorragique aigu. Traitement au 
moyen des virus-vaccins sensibilisés de 
Besredka. Cruveicuier (L.), 2, 61. 

RONGEURS. Structure du gland. Ret- 
TERER (Éo.) et NeuvILLE (H.\, 345. 


S 


SALIVATION provoquée par l'augmen-" 
tation de la pression artérielle. \VERT- 
HEIMER (E.) et BaTTez (G.), 16. 

SALPES. Développement. Sacexsky(\W.), 
605: 

SALVARSAN. Traitement de la para- 
lysie générale par le sérum salvarsanisé. 
Levapirt (C.), Marie et MARTEL (DE), 5671. 


SANG 
Technique et propriétés générales. 


— Appareil pour l'extraction de l'oxyde de 
carbone. Niczoux (M.), 57. 

— Flacon pour doser l’oxygène et l’anhy- 
dride carnonique. Bayeux (R.), 715. 

— Sérum agglutioant pour la recherche 
du bacille de Koch dans les humeurs de 
l'organisme. Lucas (A.), 509. 


REIN — SANG 


j — Sérum sanguin remplaçant l'azote mi- 


néral dans la cultsre aseptique de Zea 
maïs. RocpskY (D.), 276. 


Chimie. 


— Azote titrable au formol. Lagré (M.) et 
Biru (H.), 398. 

— Proportion des substances azotées chez 
le fœtus à terme et chez la mère. MorEL 
(A.) et MouriQuanD (G.), 643. 

— Analyse des gaz du sang veineux pour 
la recherche de l’utilisation des sucres. 
AcHARD (Cu.) et DEsBouis (G.), 1925. 


Hématies. 


— Ilots à hématies du pancréas. LAGUESSE 
(E.), 79. RetrTERER (Év.), 80. RETTERER 
(Éo.) et LELIÈVRE (A.), 4. 

— sensibilisées. Dissociation des substan- 
ces hémolysant-s et antihémolysantes. 
GILBERT (A.), CHABrOL (E.) et BÉNarr 
(H.), 514. à 


Hémolyse. 


— Hémolyse in vitro dans l'hémogichinurie 
paroxystique. WipaL (F.), ABrami (P.) et 
BrissauD (Er.), 429, 502, 651. 

— Influence des solutions isotoniques sur 
les propriétés lytiques du sérum dans 
l'hémoglobinurie paroxystique. ÆEMILe- 
Weir (P.) et CHEVALLIER (P.), 475. 

— Dissociation des substances hémoly- 
santes et antihémolysantes. GILBERT (A.), 
CuaëroL (E.) et BÉNARD (H.), 514. 

— Formation des hémolysines dans le sang 
des animaux préparés. ARLO (J.) et CER- 
TAIN (F.), 552, T. LXXVI, p. #4. 

— Influence des injections répétées d'hé- 
maties sur le pouvoir hémolytique. ARLO 
(J.) et CERTAIN (F.), 552. 

— Sensibilisatrices hémolytiques. Wivar 
(F.) et WEissENBACH (R.-J.), 162. 

— Action du froid sur la fixation de la 
sensibilisatrice et du complément. WivaL 
(F.), ABramt (P.) et BrissauD (ET.), 429, 
502. , 

— Séparation des sensibilisatrices. ARLO 
(J.), 88. 

— Influence de la solution isotonique de 
chlorure de sodium sur les propriétés 
lytiques dans l’'hémoglobinurie paroxys- 
tique. Eu:Le-Weic (P.) et CurvarLter (P.), 


4TE. 
Leucocytes. 


_—— Modification au cours de l’auto-héma- 
tothérapie. Marret (Cn.), 228. 


SANG — SPIROCHÆTA 


=] 
re 
Qt 


— Lymphocytes du liquide céphalo-rachi- 
dien normal. Biocn (M) et VERNES (A), 
319. Voir LEUCOCYTOLYSE. 


Globulins. 
— Action hypo'ensive. Le Souro (L.) et 
PAGNIEz (Ph.:, 214. 


—— Tension artérielle. Le Sourp (L.) et Pa- 
GNIEZ (P4.), 695. 


Coagulation. 


— Coagulabilité et injection intraveineuse 


de cytozyme. Borper (J.) et DELANGE (L.), 


168. 

— Coagulation du fibrinogène par la cha- 
leur. GAUTIER ‘CL.), 610 

— Suc hépatopancréatique antithrombique 
des crustacés. Gaurier (CL.), 610. 

— Rôle des srls dans la rétraction du 
caillot. AynauD (M.), 385. 


Influence des conditions 
physiologiques et pathologiques. 


— Changements provoqués par l’introduc- 
tion de mellin food dans l'organisme ani- 
mal. KararraA-KoORBOuTT, 41. 

— Sang veineux des surrénales. Modifica- 
{ion après injection de certains extraits 
hypuphysaires. Porax (R.), 693. 

— Fer chez la prule normale et dans l'in- 
fection par S. gallinarum. Launoy (L.), 
248. 

— Anémie ch-z la poule infectée par le 
S. gallinarum. Lauxoy (L.) et LÉVY-BRUHL 
(M.), 250. 

— Éosinophilie dans la filariose. MaroTrE 
et Morvan, 241. 

— Éosinophilie dans la maladie de Gau- 
cher. BaBes (V.),  AUREL et BaBes (A.), 

— Sang des cancéreux. Anticorps. Exnri- 
QuEz (E.), Weïic (M.-P.) et Carrteux (P.-A.), 
310. 

— Bacillémie tuberculeuse. Massoz (L.) et 
BRETON (M.), 455. 

— Hémoglobinurie paroxystique. EMiLe- 
Weiz (P.) et CREvALLIER (P }), 475. WipaL 
(F.\, ABrami (P.) et Brissaup (Er.), 429, 
502, 651. 

— Sérum salvarsanisé. Traitement de la 
paralysie générale. Levanrri (C.), Marie et 
MARTEL (DE), 567. 


Immunité et phagocytose. 


— Éosinophiles hématophages. Maxcraux 
(L.), 240. WerxserG (M.), 241. 


— Polynuclsaires hématophazes. 
CEAUX (L ), 240. WEINBERG (M.), 241. 

— Proprietés phagocytaires des évosino- 
philes.-WeivserG (M.) et Secuin (P.). 
170. : 


Max- 


Sérothérapie. 


— Sérum antigonococcique. Deëré (R.) et 
Parar (J.), 512, 556. 

— Pouvoir vaccinaut du sérum d-s poules 
éthyroïdées infectées par Spirochueta 
gullinarum. Lauxoy (L.) et LÉvv-BauaL 
(M.), 352. 

SARCOSPORIDIOSE cutan‘e. Réac- 
tious cellulaires. Besxorr (Gu.) et RoBix 
(V:):2357. 

— Recuerches sur la toxicité des extraits. 
MESNiz (F.), CHarron (E.) et PÉRaRD (U.), 
AN : 

SAVONS et anaphylaxie. SouLa (L.-C.\, 
273. 

SCHIMPER. Voir PLASTES. 

SCHWANN. Croissance des appareils 
de Schwaun du bout périph rique des 
nerfs s-ctionnés. NaGEOTTrE (J.), 185. 

SCILLÆLEPAS. Dispersion des espè- 
ces. JOLEAUD (A.), 153. 

SÉCRÉTION interne du pancréas. Pas- 
sage du fœtus à la mère. Laronr .(G.), 
266. 

SELACIENS. Cœur et circulation coro- 
naire. FRANCOIS-FRANK (CH.-A.), 617, 320. 

SELS MÉIALLIQUES. Actonintra- 
veiueuss sur le cœur. Dunauez (B.-G.), 
253. 

SÉNILITÉ. Mécanisme chimico-coiloi- 
dal. MariNesco (G.), 582. 

SÉROTHÉRAPIE antigouococcique. 
DEBRÉ (R.) et Parar (J.), 556. 

SON, ton et bruits du cœur. BovnEr (P ), 
635. GiczBent (A.), Guruann (R.-4.) et 
Tzanck, 570, 706. HENRI (V.), 571. Weiss 
(Ga)5 128 

SOUFRE. Végétation sulfureuse de la 
pièce eau des Suisses. Marr: cor (L. 
et DEsrocuE (P.), 611. Prxoy, 613. 

SPÉCIFICITÉ des parasites entomo 
phages. laomupsox (W.-R.), 520, 559. 

SPECTRE D ABSORPTION ie l'oxy- 
hétogiobine. Sur l'emploi des réseaux 
de dittraction dans l'étude photugraphi- 
que. Dnér (Cn.), 23, 146. 

SPERMATOGÉNEÈSE chez 
germanica. Mencier (L.), 605. 

SPIROCHÆTA GALLINARUM. 
Annie chez la poule iufectec. LAUNOY 
(L.) et Lévy-BruuL (M.), 250. 

— Le fer du sang chez la poule irfectée, 
LAuxoy (L.), 248. 


Panorpi 


746 SPIROCUÆTA — THYROIDE 


— Infection chez les poules éthyroïdées. 
Launoy (L.) et Lévy-Bruaz (M.), 352. 

SPIROCHÈTES de l'intestin des oi- 
seaux. LEBAILLV (C.), 389. 

SPOROZOAIRES. Toxicité des extraits. 
MEsniz (F.), CHarron (E.) et PéraRD (Cn.), 
115: 

SQUELETTE pénien de quelques mus- 
télidés. Rerrerer (Eo.) et NEuvizre (H.), 
622. 

— Fixation du radium injecté à l’état solu- 
ble. Dominrcr (H.), LaBorpe (Mme A.) et 
LABORDE (A.), 108. 

SUCRE. Influence sur la digestion de 
l'azote. (rouin (A.) et Axpouarp (P.), 550. 

— Utilisation du sucre. Recherche par 
l'analyse des gaz du sang veineux. 
AcHaRD (CH.) et DesBouis {G.), 125. 

— Condition de l'apparition dans les ma- 
tières fécales. DeJusr et CONSTANT, 354. 

—. Action sur la fonction pigmeutaire du 
bacille pyocyanique. Ausez (E.) et COLIN 
(H.), 25. 

SUPPURATION gazeuse d'un kyste 
hydatique du foie. DÉvé (F.) et GuErpet 
(M), 627. 


SURRÉNALE 
. Histologie et physiologie. 


— Processus cytologiques de la sécrétion. 
Muzox (P.), 63. 

— Corticale des téléostéens. MuLox (P.}, 
702. 

— Structure des surrénales accessoires. 
Muzox (P.) et Porax (R.), 258, 313. 

— Disparition de la cholestérine au cours 
de la tétauisation. Mucox (P.), 189. 

— Ablation rapide et destruction lente. 
Camus (J.) et Porax (R.), 262. 

— Modification du sang des veines après 
injection de certains extraits hypophy- 
saires. PoRAK (R.), 695. 

— Propriétés des lipoïdes. Iscovesco (H.), 
510, 548. 


Adrénaline. 


— Influence de la masse hibernale sur 
l’intoxication. ViGne (H.), 397. 

— Glycosurie adrénalique chez la gre- 
uouille. GAUTIER (CL.), 339. 

— Phénomènes circuliatoires dans l’ana: 
phylaxie. Briauzr (P.-L) et Gaurreser 
(J.), 105. 

— Rappel de la réaction cardio-vasculaire 
par la thionine. GauTReLET (J.)et BRrauLT 
(PE) ,:206. 

— Influence sur l’anesthésie par le chlo- 


ralose. GAUTRELET (J.) et BrrauLt (P.-L.),. 


40. 

SYPHILIS. Lésions aortiques chez le 
singe. Bovert (P.), 102. 

— Lésions dans la paralysie générale. 
MariNesco (G.) et Mina (J.), 231. 

— Antigènes artificiels dans la réaction 
de Wassermann. SAGASTUME (C.-A.), 459, 


— Vaccination. SCHERESCHEWSKY (J.), 222. 


Voir SALVARSAN. 


. 


TÉGUMENTS des chauves-souris. Rrr- 


TERER (ED.) et Fénis (F. px), 243. | 

TÉLÉOSTÉENS. Corticale surrénale. 
Mucon (P.), 702. 

TENSION superficielle des liquides di- 
gestifs d'invertébrés. CHaucuaro (Me), 
CaaucHarp (A.) et Porvier (P.), 116. 

— superficielle. Rôle dans le mécanisme 
des phénomènes d'absorption. Portier 
(P.), 144. 

TERMITES. Danger du transport des 
bois et meubles termités. CHAINE (J.), 
401. 

TESTICULE. Action physiologique 
d'un lipoiïde extrait du testicule. [sco- 
vEsco (H.), 445. 

— Traitement de l'orchite. BrouGnTox- 
ALcock et Tzank (A.), 54. 


TÉTANIE expérimentale. Réaction d'Ab- 


derhalden. UrecnrA (J.) et Porera (A.), 
591: 

TÉTANISATION. Disparition de la cho- 
lestérine de la surrénale. Muron(P.),189. 

TÉTANOS expérimental du cobaye. 
Prrres (E.), 406. 

— influence de la .masse hibernale sur 
l'intoxication tétanique. Vicnes (K.), 397. 

THERMOGENESE. Rôle des organes 
splanchniques. Influence du curare. 
Macxe (H.), 452. 

— Régulation thermique. Mort par arrêt 
de la polypnée thermique. Canus (J.), 
421. : 

THIONINE. Obtention des réactions 
cardio-vasculaires caractéristiques d'une 
injection antérieure d'adrénaline. Gau- 
TRELET (J.) et BurAuLrT (P.-L.), 206. 

THYROIDE. Influence sur la minérali- 
salion du cobaye. SarvonaT (F.) et Rou- 
BIER (CH.), 113. 

— Action d'un lipoïde extrait de la thy- 
roïde sur la croissance. Iscovesco (H.), 
201. 

— Atrophie chez les athrepsiques. ALEZAIS 
(H.\ et Marrer (Ou.), 667. 

— Rachitisme expérimentalchez les jeunes 


THYROIDE — VACCIN 


147 


RE ————————"——————"—"—"—]—]———]—]——]—]—]—"] " 


animaux issus de procréateurs éthy- 
roïdés. CL4U0E (H.) et RourzLaRD (J.), 640. 

— Infection spirillaire chez les poules 
éthyroïdées. Pouvoir vaccinant de leur 
sérum. Launoy (L.) et Lévy-Bruuz (M.), 
352. 

THYRO - PARATHYROIDECTO - 
MIE. Réaction d'Abderhalden. URECHIA 
(J.) et Popzra (A.), 591. 

TISSU conjonctif fondamental hyalin. 
Origine chez l'embryon de la torpille. 
LAGUESSE (E.), 331. 

— Action des fixateurs chromo-osmiques 
sur les lipoïdes. Mayer (E.), RaTHerv 
(Fr.) et Scaærrer (G.), 136, 214. 

— Culture en dehors de l'organisme. 
Caamey (Cu.), 532, 576. 

TON du cœur. Boxnter (P.), 685. GILBERT 
(A.). Tzancxk (A.} et GuTuanx (R.-A.), 
510, 706. Henri (V.), 571. Weiss (G.), 
572: 

TORPILELE. Origine embryonnaire des 
lamelles de substance conjonctive fon- 
damentale hyaline. LaGuesse (E.), 331. 

— Cœur. FRANÇOIS-FRANCK (Cn.-A.), 688. 

TOXINE létanique. Voir TÉTANOS. 

TRACHÉE. Lésions provoquées par des 
lipoides extraits du bacille diphtérique, 
Dumas (J.) et Perrir (A.), 440. MÉnarn 
{(P.=J.), 486. Perrrr (A), 487, 533. 

TRACHÉO-FISTULISATION. Tech- 
nique. RosENTHAL (G.), 224. 

TRANSPLANTATION de l'intestin 
de l'embryon du rat sous la peau du rat 
adulte. KronGozD (S.), 255. Carnor (P.). 
DOTE 

TREPONEMA PALLIDA. Voir SY- 
PHILIS. 

TRITON PYRRHOGASTER parasité 
par Trypanosoma trilonis. Ocawa (M.), 
268. 

TRYPANOSOMA TRITONIS de Tri- 
ton pyrrhogaster. OGawa (M.), 268. 

— VESPERTILIONIS. PrinGaurr (E.), 
663. 

TRYPSINE de Calotropis procera. Ac- 
tion physiologique. FLourexs (P.) et 
GERBER (C.), 495, 497. 

— Digestion du lait. GERBER (C.), 147, 149. 

TRYPTOPHANE. Action sur la pro- 
duction de l'indol par B. coli. Disraso 
(A.), 200. 

TUBERCULOSE pulmonaire. Origine 
inflammatoire des lésions nodulaires. 
RÉxox (L.) et GÉRAUDEL (E.), 699. 

— Histogénèse du tubercule. 
(Cx.) et Rogin (V.), 442. 

— Lait des femmes tuberculeuses. AUCHÉ 
(B.), 594. 

— Antigènes et anticorps. CALMETTE (A.) 
et MAssoL (L.). 160. 


BESNOIT 


— Antigène appliqué au diagnostic. Porr- 
MANN. 73. 

— Dissociation albumino-cytologique du 
liquide céphalo-rachidien dans les pa- 
chyméningites. SALIN (H.) et Rerzzy (J.), 
Tu iEA 

— Application de la méthode de 
bert à l'étude de l'acidité 
LaABsé (H.) et Virrv (G.), 530. 

— Influence des inhalations de bacilles 
tuberculeux. GRYSEz (V.), 279. 

— Bacillémie au cours de l'infection ex- 
périmentale du cobaye. Massoz (L.) et 
BRETON (M.), 455. 

— Bacille de Koch dans les urines. Lucas 
(A.), 509. 

— et antigène. ACCHÉ et PoRTMANN. 71. 

— Action des métaux ou métalloïdes colloiï- 
daux sur les cultures. Couruonr (P.) et 
DurourT (A.), 454. 

TYPHOIDE. Voir FIÈVRE TY- 
PHOCIDE. 


Grim- 
urinaire. 


U 


URÉE. Jeu compensateur des concen- 
trations uréiques et chlorurées dans 
l'élimination urinaire. CHaussin (J.), 472. 

URINE. Azote colloïdal. Lagre (M.) et 
DacPaix, 391. 

— Jeu compensateur des concentrations 
uréiques et chlorurées dans l'élimina- 
tion. CHaAussin (J,), 472. 

— Acidité chez les tuberculeux. Lagré (H.) 
et Vitry (G.), 530. 

— Recherches du B. de Koch. Lucas (A.). 
509, Voir GLYCOSURIE. 

UTÉRUS. Flore bactérienne des infec- 
tions. BEerrrAND (D.-M.) et Frrcix (Mie 
Br.), 61. 


V 


VACCINS 


Vaccin anticlaveleux. 
— Duczoux (D.), 380. 
Vaccin antityphique. 


— Vaccination des lapins avec des ba- 
cilles typhiques. Disparition des réac- 
tions humorales. NÈGRE (L.), 412, 

— par le vaccin iodé. RANQUE et SENEZ, 
669. 

— Appareil pour la préparation. RANQUE 
et SENEZ. 610. 


748 


Vaccins  antityphoïdiques 
VincENT (H.), 84. 


chauffés. 


Vaccin jennérien. 


— Culture in vilro. BeLin (M.), 348. 

— Appareil pour remplir les tubes. Camus 
(L.), 649. 

— Emploi des anesthésiques pour la pu- 
rification. Cauus (L.), 696. 

— Levures de la pulpe. Lesrèur (Cn.) et 
Macnix (L.). 683. ; 

— Réaction inflammatoire. JacoBsoN (Gr.), 
236. 


Virus vaccins sensibilisés. 


— BroucaTon-ALcock et Tzancx (A.), 54. 
REMLINGER (P.), 384. 

— Traitement de la blennorragie chez la 
femme. CRUVEILHIER (L.). 416. 

— de la cystite. CruvEILHIER (L.), 528. 

— du rhumatisme blennorragique aigu. 
CBUVEILRIER (L.), 2, 67. 

— Réaction locale au cours du traitement. 
BrouenTox-Accock et Tzancx (J.), 54. 

— de la peste. Grysez (V.) et CERTAIN (B.), 
281. 

— Traitement des pyorrhées alvéolaires. 
BERTRAND (D.-M.) et Viiapier (C.-A.) 
132. ie 

VAGCINATION. Pouvoir vaccinant du 
sérum des poules éthyroïdées dans l'in- 
fection spirillaire. Launoy (L.) et LÉvy- 
Bruuz (M.}), 352. 

— (le la syphilis. ScHEREsCHEwWSKY (J.), 222. 

* — Varicelle. Cauus (L.), 344. KING 
264. Voir VACCINS. 

VASCONCELLEA QUERCIFOLIA. 
Latex. GERBER (C.), 147, 149 

VÉGÉTATION sulfureuse de la pièce 
d'eau des Suisses. Mirrucuor(L.) et Des- 
ROCHE (P.),: 611. Pinoy, 615. 


VACCIN — ZOMOTHÉRAPIE 


VEINES rénales. Ligature. FrouIx (A.) 
Mayer (A.) et RATHERY (G.). 528. Morer 
(L.}; et Parin (E.), #19. 

— Interruption temporaire de la cireula- : 
tion. Morec (L.). Parix (E.) et VeRLIAC 
(H.), 526. 

VENIN. 
MEUX. 

VENTRICULE. Voir GŒUR. 

VESSIE. Cystite blennorragique. Trai- 
tement par virus-vaccin sensibilisé. Cru- 
VEILHIER (L.), 593. 

VESTIBULE.Mouvements réactionnels 


Voir ANIMAUX VENI- 


et contre-réactions. Baginski (J.) et 
WEILL (G.-A.), 98. : 
VIANDE . Voir INTOXIGATION. 
ALIMENTAIRE. 


VIPÈRE ASPIC. Infection avec Hæmo- 
gregarina roulei. Paisacix (Me M.), 410, 
VIRUS RABIQUE. Voir RAGE. 


— VACCINAZL. Culture in vilro. BELIN | 


(M.), 348. 
VITALITÉ. Prolongation chez le bacille 
bulgare. BELonovsky (G.-D.), 374. 
VULVE. Anneau vulvaire consécutif à 
l’accouplement chez un nématode. Seu- 
RAT (L.-G.), 326, 368. 


W 


WALLER. 
CENCE. 
WASSERMANN. Voir SYPHILIS. 


\oi. DÉGÉNÉRES- 


Z 


ZEA MAÏS. Culture aseplique. Rouoskv 
(DA,1216%8 

ZOMOTHÉRAPIE. Mécanisme. SALMON 
(P:);947: : 


mprimerie de 


la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 


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